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in 2012 with funding from
University of Toronto
http://archive.org/details/lagrandeencyclop15dref
LA
GRANDE ENCYCLOPÉDIE
. !
TOURS. — IMPRIMERIE DE E. ARRAULT ET C".
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JUJILkJL 8 " FL B i F JS_
LA
yJCAcdU
Loojn
GRANDE ENCYCLOPEDIE
INVENTAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS
PAR UNE
SOCIÉTÉ DE SAVANTS ET DE GENS DE LETTRES
SOUS LA DIRECTION DE
MM. BKRTHELOT, sénateur, membre de l'Institut.
llarlwig DERENBOURG, professeur à l'École spéciale des
langues orientales.
F.-Camille DREYFUS, député de la Seine.
A. G1RY, professeur à l'École des chartes.
GLASSON, membre de l'Institut, professeur à la Faculté de
droit de Paris.
D' L. HAHN. bibliothécaire en chef de la Faculté de médecine
de Paris.
MM. C.-A. LAISANT, député de la Seine, docteur es sciences
mathématiques.
H. LAURENT, docteur es sciences mathématiques, examinateur
à l'École polytechnique.
E. LEVASSEUR, membre de l'Institut, professeur au Collège
de France.
H. MARION, professeur à la Faculté des lettres de Paris.
E. MUNTZ, conservateur de l'École nationale des beaux-arts
A. VVALTZ, professeur à la Faculté des lettres de Bordeaux.
Secrétaire général : F.-Camille DREYFUS, député de la Seine.
TOME QUINZIÈME
ACCOMPAGNÉ DE DEUX CARTES EN COULEURS, HORS TEXTE
(ECOSSE, EGYPTE)
DUEL. — EŒTVŒS.
v^bl/o
PARIS
H, LAMIRAULT et C;e, EDITEURS
61, RUE DE RENNES, Gl
Tous droits réservés
V.
(o,\j>£oa*)
.$?
LISTE DE MM. LES COLLABORATEURS
DE
LA GRANDE ENCYCLOPEDIE
.V. B. —Cette liste sera reproduite arec les modifications nécessaires en téta de chaque volume, cl une liste générale
sera publiée à la fin de l'ouvrage.
COMITÉ DE DIRECTION
MM BKETHSLOT, sénateur, membre de l'Institut.
Hartwig DERENBOURG, professeur à l'École spéciale
des langues orientales vivantes.
F. -Camille DREYFUS, député de la Seine.
A. G1KY. professeur à l'École des chartes.
GLASSON, membre de l'Institut, professeur à la Faculté
de droit de Paris.
Dr L. HAHN, bibliothécaire en chef de la Faculté de
médecine de Paris.
MM. C.-A. LAISANT, député de la Seine, docteur es scienci -
mathématiques.
H. LAURENT, docteur es sciences mathématiques, ex; -
initiateur à l'Ecole polytechnique.
E. LEVASSEUR, membre de l'Institut, professeur au
Collège de France.
H. MARION, professeur à la Sorbonne.
E. MUNTZ , conservateur de l'École nationale des
beaux-arts.
A. WALTZ, profeS' à la Faculté dos lettres de Bordeaux
Adam, prolesseur à la Faculté de* lettres de Dijon.
AGi'ii -lo.n. ingénieur en chef des mines, prolesseur a l'Ecole
nilionale supérieure des mines.
.axdl'ueht Edouard . publiciste.
Allemagne B. d' , attache a la Bibliothèque de l'Arsenal.
Alpiiandehy. docteur en médecine.
AMDresin Samuel . docteur en médecine.
Amiacd. sous-chef de bureau au Ministère de la justice.
André l."uis . procureur de la République à Provins.
arnodin k. . ingénieur des ans el manufactures.
asse E. . de la Bibliothèque de l'Arsenal.
ailai.d F. -A.), professeur à la Faculté des lettres de Paris.
Babelun (E.), conservateur adjoint du département des
médailles et antiques de la Bibliothèque nationale.
Balle A. . publiciste.
Bapst Germain . membre de la Société nationale des Anti-
quaires de France.
Barre L.l, astronome adjoint à l'Observatoire de Paris.
Barres Maurice), député de Nancy.
Bar Roi \ M. mus . archiviste adjoint aux Archives de la
- ;ne.
Bazii.le, docteur en droit, avocat au Conseil d'Etat.
Baldrii.i.ai.t André . ancien membre de l'Ecole irançaise
de Rome, agrège de l'I niversité.
Rayet. recteui de l'Académie de Lille.
Beaidocin Mondrv . prolesseur à la Faculté des lettres de
Toulouse.
Be.uregard. professeur à la Faculté de droit de Paris.
BEAI VOIs t
Bech>u\> G. , ingénieur en chef, professeur à l'Ecole des
ponts et chaussées, directeur des travaux «le salubrité
de la ville de Paris.
Belugoo.
Bémont Charles), maître de conférences a l'Ecole des Hautes-
Etudes.
Benfdite G. . attaché au musée du Louvre.
Benêt (a.i, archiviste du département <iu Calvados.
t'.ERAiir>, directeur de la poudrerie de Saint-Médard-en-Jalles.
Bére (F.), ingénieur des manufactures de l'I lat.
Beiilet a procureur de la République à Mauriac.
Berger (Philippe), sous-bibliothécaire de l'Institut.
Bkiuurd a. , prolesseur au lycée de Mont-de-Marsan .
Bernard F. . professeur d'économie politique.
Bkmurd Maurice , avocat à la Coui d'appel de Paris.
Berthelf [Joseph . archiviste du département des Deux-
• ' es .
Bf.rthei.ot (André), agrégé d'histoire et de géographie
maiire de conférences à l'Ecole des Hautes-Etudes.
Bertiielot (Daniel;, docteur es sciences, assistant au Mu-
séum d'Histoire naturelle.
Bertiielot (Philippe), licencié es lettres et en droit.
Bertrand (A.), membre de l'Institut, directeur du musée de
Saint- Germain.
Bertrand (AL), professeur à la Faculté des lettres de Lyon.
Besson (Emmanuel , chel à la direction générale de l'Enre-
gistrement.
bétrine (Alcide), professeur d'histoire et de littérature, rédac-
teur au journal /'; tirugrupliie.
BinetiE.:. professeur a la Faculté de droit de Nancy.
Blanchard i Kaphael >, professeur agrégé a la Faculté de
médecine de Paris.
Blahchbt Adrien), attaché au départetnenl des médailles
et antiques de la Bibliothèque nationale
Bloch (G.;, maître de conférences a l'Ecole normale supé-
rieure.
Blondel, prolesseur à la Faculté de droit de Nancy.
Blondel (D* R. . dpcteui es sciences.
iin'M, agrégé de philosophie.
Boehler, docteur en médecine.
BOGHAEM Vai mi (A. , publiciste.
Bonheur Raymond , compositeur de musique.
Bonhoiri: Adrien . préfet 'les Pyrénées Orientales.
BoNNAnniiT François), inspecteur des Travaux historiques
de la ville de Pai is
BoNET-MAtiRt Gaston - professeur à la Faculté de IhtOlogf
prolestante de Paris.
Bordes (Chat les . ci itique musical .
Borna rel F. . agrégé de l'I niversité.
Bossert (A. , inspecteui général de l Instruction publique.
Bouché-Leclercq (A.), professeur a la Faculté des lettres
de Paris.
Boocberom II. . ingénieur, professeur à l'École centrale des
ans <-t manufactures.
Bougehoi S. . archiviste-paléographe.
Ruii. in Stéphane), maître de conférences à la Faculté des
lettres de Bordeaux.
Bourgoin i il |, membre de i Vcadémie de médecine, pro-
fesseur a l'Ecole supérieure de pharmacie.
RoiT.NEvii.i i.. médecin des hôpitaux.
"ii.v>\ o . archiviste-paléographe.
Booteoox (Emile), professeui à lit- acuité des lettres de Paris.
LISTE DK MM. LES COU AliOKATKI RS
Botes i.. , préparateur de botanique et de sylviculture à
l'Ecole d'agriculture de Montpellier.
brenet Michel
isrochakd Victor), chargé de court à la Faculté des lettres
de paris,
Brunet Victor
BaoniTiiai Ferdinand;, maitre de conférences a l'École
normale supérieure.
Britails, archiviste <tu département de la Gironde.
ni i.iim il. professeur de littérature étrangère a la Faculté
des lettres de Caen.
BOLOT Léon , substitut au tribunal de la Seine.
Bi rdf.ai (Auguste), professeur agrégé de philosophie, députe
du Rhône.
Cadillac
Cagnat, professeur au Collège de France.
Caix de Saint-Aymour (vicomte Amédee de1, publiciste.
Camescasse (J.), docteur en médecine.
Carré de MALBERG, docteur en droit.
Castaigne (E.-J.), prolesseur de l'Université.
Castan (A.), correspondant de l'Institut, conservateur de la
Bibliothèque de la ville à Besançon.
Cat (E.), professeur à l'Ecole des lettres d'Alger.
Cauwés (Paul), prolesseur à la Faculté de droit de Paris.
Ciiabry (L.), docteur en médecine et es sciences.
challamkl, conservateur honoraire de la Bibliothèque
Sainte-Geneviève.
Ciiampealx (de), bibliothécaire de l'Union centrale des arts
décoratifs.
Champier (Victor1, directeur de la Revue cl es arts décoratifs.
Chancel (Jules", docteur on droit.
Ciiaravay (Etienne), archiviste-paléographe.
Ciiarlot (Marcel;, sous-chef de bureau au Ministère de
l'instruction publique.
Charpentier ( Paul ), ingénieur des arts et manufactures.
Ciiavegrin. agrégé à la Faculté de droit de Paris.
Ciiervin (Dr). membre du Conseil supérieur de statistique,
directeur de l'Institution des bègues de Paris.
Cbeuvreux (Casimir), avocat à la Cour d'appel de Paris.
Claparéde (A. de), docteur en droit, ancien secrétaire du
Département politique (affaires étrangères} de la Confé-
dération suisse.
Clermont. docteur en médecine.
Cleiziou (Henri du).
Colin (Maurice), professeur agrégé des Facultés de droit.
Collignon (M.), chargé de cours à la Faculté des lettres de
Paris.
CoLLiNEAti, docteur en médecine.
Coljiet d'Aage (Henri), conseiller maître à la Cour des
comptes.
Compayré, recteur de l'Académie de Poitiers.
Cordier (H.), professeur à l'Ecole des langues orientales.
Cosneau (E.), professeur au lycée Henri IV.
Colderc (Camille), sous-bibliothécaire au département des
manuscrits à la Bibliothèque nationale.
Courboin (F.1, sous-bibliothécaire au cabinet des estampes
à la Bibliothèque nationale.
Courdaveaux (V.), prof, à la Faculté des lettres de Lille.
Colstan (Dr A.), médecin-major de \" classe.
Coville (A.-H.l, professeur à la Faculté des lettres de Lyon.
Créhange. professeur à l'Ecole alsacienne.
Crié (A.), publiciste.
Crié Louis), professeur;! la Faculté des sciences de Rennes.
Crozals, prolesseur à la Faculté des lettres de Grenoble.
Cunisset-Carnot (P.), procuieur général à Dijon.
Darmesteter (James), professeur au Collège de France.
Dastre (A.), prolesseur de physiologie à la Faculté des
sciences de Paris
Dadriac iLionel), professeur à la Faculté des lettres de
Montpellier.
Debidour (A.), inspecteur général de l'Instruction publique.
Dehieure (D' Ch), prof, à la Faculté de médecine de Lille.
Declap.fi il J.), docteur en droit, chargé de cours à l'école
de droit d'Alger.
DÉCLIN (H. , docteur en droit, avocat à la cour d'appel de
Nancy.
Delabrousse, ancien commissaire général du gouvernement
auprès des Compagnies de chemins de 1er.
Delavacd (Ch.), inspecteur du service de santé de la
marine, en retraite.
Delavacd L. . secrétaire de l'ambassade de France à Berlin.
Dinikek. docteur es sciences naturelles, bibliothécaire du
Muséum.
Dkrenbourg (Joseph), membre de l'Institut.
Desdouits, ingénieur en chel aux chemins de 1er de l'Etat.
Després (Armand . chirurgien de l'hôpital de la Charité.
professeur agrégé de la Faculté de médecine.
ruDiF.iiJF.AN l.yonnel , avocat.
Diehl, ancien membre de l'F.cole d'Athènes, professeur à
la Faculté des lettres de Nancy.
Dolffis (G.), attaché à la Carte géologique de France.
Dollfi's (Lucien]
Dosson, professeur a la Faculté des lettres de Clermont-
Ferrand.
Dhamaud. conseiller à la cour de Limoges.
Drapeyron (Ludovic1, docteur es lettres, directeur de la
Revue de Géographie.
Droogmam 'ii. . ani li n i hancalier du Consulat général belge
aux Btatl I m-,
Droi in (B, , avocat, membre du conseil de la Boc. asiatique.
Dr i: uu.v. docteur en médecine.
DUBOURDIEU \. .
or a la Faculté de droit de Paris.
bi toi tiiiMi i . . .. \ . ». n t :i |a cour d'appel de Paris.
in i ii i i m ■ i i.i.f Charles , ancien archiviste 4e la Corse.
Duhamel Louis . lu département de Vaueluse.
in hoi i.iv professi ur au
Di i ami Maxime . consul suppléant de France a New- York.
Durand g , archiviste du d< parlement de la Somme.
Durand Gai vu. le, publiciste.
Durkau D'A.), bibliothécaire en chel de l'Académie de méde-
cine.
Dirier (Ch. , vice président du club alpin français, chel de
division au Ministère de la justice.
De Seigneur Maurice critique d'art.
DtbOWSSJ, maitre de conlérences à l'École nationale d agri-
culture de Grignon. explorateur de l'Afrique centrale,
vllred , de la Bibliothèque Sainte-Geneviève.
Esbaecheb (Emile , ancien chel de bureau au Ministère des
postes et télégraphes.
Faliès [Gustave), publiciste.
Farces (Louis), sous-chef du bureau historique au Ministère
des affaires étrangères.
Fauches L. , ingénieur en chef des poudres et salpêtres a
Lille.
Feer (Léon , bibliothécaire au département des manuscrits
de la Bibliothèque nationale.
Ferra loannès , i ïiani eliei de résidence en Indo-Chine.
Flamant a . ingénieur en chef des pontset
Flourac archiviste du département des Basses-Pyrénées.
Foncin (Pierre), inspecteur général de l'Enseignement secon-
daire.
Fonsegrive, prolesseur de philosophie au lycée Buffon.
Fonte Raoul,, professeur d'histoire au collège de Calais.
Fournier (Henri), docteur en médecine.
Foi rnier (Marcel), prolesseur à la Faculté de droitde Caen.
Fournier de flaix. publiciste.
France H.i. professeur à l'Académie royale militaire de
Woolwich.
François (G.), chef comptable de banque.
Fredi Rico (Paul), professeur à l'Université de Gand.
Funck-Brentano Frant2 . attache à la Biblioih. de l'Arsenal.
Gaignière (Henri . substitut du procureur de la République
à Meaùx.
Ganiayre (Cécilio).
Gardeil, prolesseur à la Faculté de droit de Nancv.
Gahnier (E.), membre du Comité de- Sociétés des baux-Arts.
Garnier (L.), rédacteur en chel de la Presse vétérinaire.
GASTf Armand . professeur à la Faculté des lettres de Caen.
Gausseroh, prolesseur au lycée Janson-de-Sailly.
Gauthiez Piene , abrège de ITJniversité.
Galtier Jules . prolesseur au lycée Michelet.
Gavet G.), agrège, à la Faculté de droit de Nai
Gérard Aug. . ministre plénipotentiaire au Brésil.
Giard (A), prolesseur à la Faculté des sciences de Paris.
Gidel, proviseur du lycée Louis-le-Grand.
Giqi'eacx P. . professeur au lycée de Nice.
Girard (Charles . chef du Laboratoire municipal de Paris.
Girard (Paul), maître de conférences à la Faculté des lettres
de Paris.
Girard (P. -F.), agrégé à la Faculté de droit de Paris.
Girodon F. , docteur en droit.
Gley(E. '., prof, agrégé à la Faculté de médecine de Paris.
Gobât (D1). conseiller d'Etat, directeur de l'Education du
canton de Berne.
Goguf.l (P.), professeur de filature à l'Institut industriel du
Nord.
Gonse. membre du Conseil supérieur des Beaux-Arts
Goucf.ix (H.), directeur de l'Ecole des mines de Ouro-Preto
(Brésil).
Golrdon de Genolillac, du comité de la Société des gens
de lettres.
GOURMONT (Remy de . publiciste.
Grand (E.-D.1. archiviste de la ville de Montpello i
Grandjban Charles), secrétaire-rédacteur au Sénat
GKUYER Gustave , publiciste.
GUIGUE Georges . archiviste du départemtul du Rhône.
Gcilaine (louis . rédacteur en chef de la Revue Sud-Amé-
ricaine.
Guillaume, membre de l'Institut, prolesseur au coiièse de
France, directeur de l'Académie de France a Rome.
Cuibaud Paul .chargé de cours à la Faculté des leitresde Paris.
m \ n\ !.. médecin-major de lr« classe.
Heckel, professeur à la Faculté des sciences de Marseille.
Hennegcy (Félix), publiciste.
Herrmann (1)'), prolesseurà la Faculté de médecine de Lille.
llrssr Lucii n .
Un d (l.-A.l. prolesseurà la Faculté des lettres de Poiiiers.
Homollk, membre de l'Institut, directeur de l'Ecole fran-
çaise d'Athènes.
Honore Fernand'. publiciste.
Holdas. prolesseurà l'Ecole des langues orientales.
Hocssate irsène), homme de lettres.
Hibert (Eugène), prolesseur à l'Université de Liège.
I.ISTK DK MM. LES COLUBOKATËUIIS
BonutT (G.), ingénieur dos ponts et ebaussées .i Mois.
Isa u i.ssoun. orientaliste.
Iagqi bmaim iNuma . avocat à la Cour d'appel do Paris.
Jacquimart [A.), député dos Antennes.
Jamais (B. , député du Gard.
Jeaiuot, professeur à la Faculté des lettres de roulouse.
Ioaitmis, docteur es sciences, professeur de chimie indus-
trielle à la Faculté des sciences de Bordeaux.
Iobbé-Duvju [1 • . agrégé a la Faculté de droil de Paris.
s ), professeur .1 Bucarest.
Joaàinu •• . Ingénieur des ans et manufactures.
joobim [L.)« docteur es sciences, maître de conférences à la
Faculté dos sciences de Rennes.
Jillian [Gamine . professeur a la Faculté des lettres de
Bordeaux.
ji «1 kakd, conseiller de l'ambassade de France à Londres.
KiM\ kl [P. I, médecin des asiles de la Seine.
kerlero du Crano, officier de marine en retraite.
KNAR(L.), ingénieur civil, répétiteur à l'Ecole centrale des
arts et manufactures.
Kokhlih [Camille).
KllECHLIN (R.).
Rouler (Ch.), bibliothécaire à la bibliothèque Sainte-Gene-
Yle\o.
Krit.er (F. -H.), professeur à l'Institut des missions évangé-
liques de Paris.
Kchff G.\ docteur en médecine.
M nc ki.l d'HEBCDLAis, aide-naturaliste au Muséum d'histoire
naturelle.
Ki uni:, publiciste.
Kcnstler, prolesseur à la Faculté des sciences de Bordeaux.
LaCOUR P. . attaché à la direction des Beaux-Arts.
Lacour-Gatkt Georges . docteur es lettres, prolesseur d'his-
toire au lycée Saint-Louis.
Lacroix, docteur es sciences.
Lagacue [Célestin), ancien directeur des travaux stenogra-
pbiques de la Chambre des députés.
Lacresii.le (Georges), avocat a la Cour d'appel de Paris.
Lahu liinni lacunes . prolesseur au lycée de Grenoble.
1 ain». agrégé a la Faculté de droit de Paris.
Lambert Mayer . professeur au séminaire Israélite de Paris.
Lambling IV , prolesseur agrégé à la Faculté de médecine
de Lille.
Lanci.ois br P. \ préparateur au laboratoire de physiologie
de la Faculté de médecine de Paris.
Langlois (Ch.-V.-M.), chargé de coursa la Faculté des lettres
de Paris.
Lknjalley.
I uisoii G , professeur de rhétorique au lycée Michelet.
Larbaletrier (A.), professeur à l'Ecole d'agriculture du
Pas-de-Calais.
Lariviere vCh. de., receveur particulier à Gien.
Lacr F. . ingénieur des mines, député de la Seine.
Laurent E. . bibliothécaire du Palais-Bourbon.
I avai.ley Gaston . bibliothécaire <\o la \ilie de Caen.
Laveleye (E. de), professeur à l'Université de Liège.
Lavoix Henrii, conservateur du cabinet des médailles, à
la Bibliothèque nationale.
Lavoix (Henri) fils, administrateur de la bibliothèque Sainte-
Geneviève.
Lechalas M.-C.\ inspecteur général des ponts et chaussées.
Lkchalas [G.), ingénieur en chef des ponts et chaussées.
Lf.ci.erc adhemar), résident à Sanbaur Cambodge).
Lccojuio l . . ingénieur des mines, docteur es sciences.
LÉcamm 1 h. . 1 barge de cours à la Faculté des lettres de
TOUlOUS«.
Ledeboer (P.-H. . docteui es sciences.
Lhfèvbi Charles . professeur à la Faculté de droit de Paris.
Lefèvre (Edouard), ancien président de la Société entoino-
logique de France.
Lefort [Paul), inspecteur des Beaux-Arts.
Lf.franc Abel . archiviste aux Archives nationales.
Léger L. , prolesseur au Collège de France.
Legrani) Emile , professeur à l'Ecole des langues orientales.
i.e Goffiç (CMaiies;. professeui au lya e du Havre.
Leur K. -, prolesseur honoraire de droit à Lausanne.
Lehcgeir :Paui;, prolesseur au lycée Charlemagne.
Lemoine b' Georges professeui à la Faculté de médecine
de Lille.
i.emosof Paul . attaché à la Société do géographie.
Lepriecr Paul, attaché a la conservation du musée du
Luxembi
Le riche, attache au consulat de France à Beyrouth.
:.i aosxfAU.J, archiviste du département de la Haute-Vienne.
Levasseur. luge suppléant à Provins.
i.ivEiLi.i, professeur à la Fa ulté de droit <le Paris.
Ivain , maître de con irences à la Faculté des lettres
de Paris et à l'Ecole des Hautes-Etud
îa\ 1.. , archiviste du dèpai tement de Saône-et-Loire.
Lkvmarie C. . bibliothécaire de la ville de Limoges.
Liard, directeur de l'enseignement supérieur au Ministère
de l'instruction publique.
Lietard, d'icteur en médecine.
Loeb (Isidore), président du comité de publication delà
ie des études juives.
Loret (Victor), maitre de conférences à la Faculté des lettres
de Lyon.
Lucas (Charles), architecte.
LuCIPIA (Louis , membre du Conseil municipal de Pans.
LlOH (Georges), maitre de conlérences à l'Ecole normale
supérieure.
I.yon-iwn i h , professeur à la Faculté de droit de Paris.
Habilli vj.), attaché au laboratoire de malacologie du Mu-
séum a histoire naturelle, secrétaire de la Société mala-
cologique de France.
Maindron, critique d'art.
Maire (Albert , bibliothécaire de l'Université.
UAHCEROH (Félix), conservateur des hypothèques.
Manouvrier, docteur en médecine.
Mantz (Paul) , directeur gênerai honoraire des Beaux-Arts.
Marais (Paul . sous-bibliothécâire a la bibliothèque Mazarine.
Mari el, bibliothécaire de la section de géographie à la Bi-
bliotbèque nationale.
Marchand, juge suppléant à Meaux.
Marchand (Louis), vice-recteur à Aiaccio.
Marlet (Léon . allai lie à la bibliothèque du Sénat.
Harmomer, docteur en droit.
Marre (Aristide), chargé de cours à l'École des langues
orientales.
Martel (E.). avocat.
Uartha (Jules), maître de couféreuces à l'Ecole normale
supérieure.
Martin (A.-J.), ancien préparateur au laboratoire de phy-
siologie de la Faculté de médecine de Paris.
Martin (Henry), bibliothécaire à la bibliothèque de l'Arsenal .
Maktinière (H. -P. de La).
Martinet iA.), commissaire du gouvernement (ires le conseil
de préfecture de la Seine
Maspero, membre de l'Institut, professeur au Collège de
France.
Massebieatj (A.), professeur d'histoire an lycée de Rennes.
Massicli (Ch.), agrégé à la Faculté de droit de Paris.
Macry (P.), docteur es sciences.
May (G.), prolesseur à la Faculté de droit de Nancy.
Mazerolle (Fernand 1, archiviste-paléographe.
Mazon (A.), homme de lettres.
Mélani (Alliedo). professeur à l'Ecole supérieure d'art appli-
qué à l'industrie de Milan.
Melin (G.), docteur en droit, avocat à la Cour d'appel de Nancy.
Mf.i.v (F. de), correspondant du comité des Sociétés dès
Beaux-Arts des départements.
Menant (J.), membre de l'Institut.
MÉNARD (Louis), docteur en médecine.
Merson (Olivier), critique d'art.
Mf.yners d'Estrf.y (comte), docteur en médecine.
MiciiAcr (C), chimiste de la station agronomique de l'Yonne.
Michel (André), prolesseur à l'Ecole spéciale d'architecture,
membre de la commission des monuments historiques.
Michel (Emile;, membre de l'Institut.
Michel (Léon), agrégé à la Faculté de droit de Paris.
Moireac (Aug.), agrégé des lettres.
Molinier (A.), conservateur à la bibliothèque Sainte-Gene-
viève.
Molinier (Ch.), professeur à la Faculté des lettres de Tou-
louse.
Molinier (E.1, prolesseur à l'Ecole du Louvre.
Moncelon, ancien délégué de la Nouvelle-Calédonie au Con-
seil supérieur des Colonies.
Moniez (D' , prolesseur à la Faculté de médecine de Lille.
Monin H. , doi leur es lettres, prolesseur au collège Rollin.
Mi in ni eh M. 1. élève diplômé de l'Ecole des langues orientales.
MoiiEii, médecin-major de tr» classe.
Mortet (Ch.), conservateur adjoint à la bibliothèque Sainte-
Geneviève.
Mohtet Victor), bibliothécaire à la Sorbonne.
Mobtillet g. de), ancien conservateur adjoint du musée de
Saint-Germain.
Mol-tard, examinateur à l'École polytechnique.
Muret, professeur à l'Université de Genève.
Nacbbadb Paul), avocat à la cour d'appel de Nancy.
Ni.mit, architecte de la Sorbonne.
N0LHAC Pierre de), maitre de. conlérences à l'Ecole des
Hautes Etudes, attaché aux musées nationaux.
Olliyifu (M""), correspondante du Journal officiel de Sainl-
Pétersbourg.
Oltramarf., astronome à l'Observatoire de Paris.
iini'im [H.J, bibliothécaire au département des manuscrits
de la Bibliothèque nationale.
Opperi iules , membre de l'Institut, professeur au Collège
de France.
Ottavi P.), élève drogman, attaché au consulat de France
a Zanzibar.
OORÉM Alineida Arcis , vicomte d'j , membre de l'Institut
hist. et geogr. du Brésil, ancien ministre plénipoten-
tiaire du Brésil à Londres.
ocstalet (E.), aide-naturaliste au Muséum d'histoircnaturollc.
Palustre (Léon), directeur honoraire de la Société française
d'archéologie.
Paris, maitre de conlérences à la Faculté des lettres de
Bordeaux.
I'assv (Paul), professeur de langues vivantes, président de
l'Association phonétique des professeurs d'anglais.
Patoret, suii-titui ,ju procureur de la République, a Toulon.
Pauliar, secrétaire rédacteur à la Chambre des députés.
LISTE DE MM. LES COLLABORATEURS
PktiMÈs Benjamin . prolcsseui au collège d< Lectoure.
PàwumiKi Gu itave , bibliographe.
i'! .n D' , chirurgien des hôpitaux
Pelissieb i.. G. . chargé de cours à la Faculté des lettres
de Montpellier.
Pelleta* Camille .député des Boucbes-du-Rbone.
Perati . ancie embre >i<- l'École française de Home.
PI m /. Bernard . publiclste.
î • > iii g. , prolesseui au lycée JJanson-de-Sailly.
petit il'.), membre de la Bociété botanique de France.
Petit (Dr L.-H.), bibliothécaire à la Faculté de médecine
de Paris.
petit-dl-tailly ;ch.), asréyé d'histoire, archiviste -paléo-
graphe.
Pfebder (Charli
Pugbt (A. , docteur es letti i
Picavrt, docteur es lettres, professeur au collège Rollin,
maître de conférences à l'Ecole des Hautes-Etudes.
Picot (Emile), professeur à l'Ecole des langues orientales.
Piécbaud [Adolphe), docteur en médecine, médecin du
Sénat, inspecteur des écoles de Paria.
PiEKHKT (Paul), conservateur du musée égyptien du Louvre.
Pigmot (A.), ancien interne des hôpitaux de Paris, prépara-
teur a la Faculté de médecine.
Pillet (Jules), professeur à l'Ecole des beaux-arts et à
l'Ecole des ponts et chaussées.
Pinard (Ad.), prolesseur à la Faculté de médecine de Paris.
PlNKL-.MAIsoNNt.lVK. doeteUl'On IllédccillP.
Pirenne Henri . professeur à l'Université de Gand.
I'i.aniol, agrège a la Faculté de droit de Paris.
Platon G.), bibliothécaire de la Faculiédedroitde Bonieauv
Poincare (Kaymond), avocat à la Gour d'appel de Paris, député
de la Meuse.
Poucin (Arthur), publiciste.
Poizet (Pli.), agrégé d'histoire.
l'itADO (Eduardo da Siiva . avocat et homme de lettres.
Preux (J.), secrétaire du Comité de législation étrangère.
Prou (M.), bibliothécaire au Cabinet des médailles à la
Bibliothèque nationale.
Prudhomhe, archiviste du département de l'Isère.
Psichari (Jean), maître de conlérences à l'Ecole des Hautes-
Etudes.
Puaux (Franck), publiciste.
Quellien (N.), publiciste.
Quesnel, professeur à l'Ecole des Hautes Etudes commer-
ciales.
Quesnerie (Gustave de La), professeur au lycée Saint-Louis.
Rabier (Elie), directeur de l'enseignement secondaire au
Ministère de l'instruction publique.
Radet, maître de conférences à la Faculté des lettres de
Bordeaux.
Ravaisse (P.), chargé de cours à l'Ecole des langues orientales.
Ravaisson-Mollien (Charlesj, conservateur au Musée du
Louvre.
Rkbouis (E.), bibliothécaire à la bibliothèque de l'Université.
Recelspeuger, docteur en droit.
Reg.xaiid (P.), prolesseur à la Faculté des lettres de Lyon.
Reinach (J. de , membre de la Société d'économie politique.
Renard (Georges), professeur à la Faculté des lettres de
Lausanne.
Renault, professeur à la Faculté de droit de Paris.
Renoli.t, chef du Cabinet du président de la Chambre des
députés.
Réthoré (J.-J.), licencié ès lettres.
Reiire, professeur à l'Ecole des Hautes-Etudes à Lyon.
ViÉviLLON (Tony), député de la Seine.
Révillout (E ), conservateur au Musée du Louvre.
Ribot (Th.), professeur au Collège de France, directeur de
la Revue philosophique.
RiCHET(Charfes), prolesseur à la Faculté de médecine de Paris.
Rio-Branco (J.-M. da Silva-Paranhos, baron de , membre de
l'Institut historique et géographique du Brésil, ancien
député.
Ritti (br Ant.), médecin de la maison nationale de Charenton.
Robinet (D').
Rochebrune (Dr de;, aide-naturaliste au Muséum d'histoire
naturelle.
Rossignol, licencie es lettres, prolesseur à l'Ecole polytech-
nique de Zurich.
Roussel (Félix), avocat à la Cour d'appel de Paris.
Roisselet (Albin .
Ruelle (C.-E.l, conservateur à la bibliothèque Sainte-Gene-
viève.
Ri vm i vv , doctetu i Dâturcllei
Iagmi i Léon . attai hé au Mi travaux publics.
Sagnii.r (Henry), rédacteur en chef du Journal de l'agri-
culture.
SAnn i.
Saini-Mahc, professeur agrégé à la Faculté de droit de Tou-
louse.
Saladin (Henri), architecte.
Salohe, professeur agrégé d'histoire et de géographie au
lyi èc d'Orléans.
Samdel René), sous-blbliothécalre du sénat.
Sahti D' L. de), médecin-major de 2* classe.
Sabr ii , membre de l'institut, ingénieur en < hef d* s poudres
■ i salpêtres.
médecin de l'asile de Buresnes.
Bai cage ii\, directeur de la station aquicole de Boulogne-sur -
M. i
Saviroi Victor . doi iiui en droit.
SayOOS, prolesseur a la Faculté des lettres de Besançon.
membre correspondant de l'Académie hongroise.
BFER G. . bibliothécaire à la bibliothèque de l'Arsenal.
skiimii i.. , conducteur des ponts et chaussées.
< ommandant de l'armée teiritoriale.
Simon (Eugène , ancien président des Sociétés entomologique
et zoologique de France.
soli.'I lt Paul), professeur de philosophie au Ivcée Janson-
de-Sailly.
Sodviroh Alfred), chef de division à la prélecture de la Seine.
Steir h. . archiviste aux Archives nationales.
s m us. prolesseur à la Faculté de médecine de Paris.
Stroi mi in, professeur a l'Université de Genève.
Strtiersei Casimir), professeur agrégé au Ivcée Montaigne.
Bwarte (Victor de), trésorier-paveur général de Seine-et-
Harne.
Tanner? (P.), ingénieur des manufactures de l'État.
Taesserat (Alexandre,, attaché au Ministère des affaires
étrangères.
Tm nv (Edmond), publiciste.
TiiiEi.s (Adolphe . publiciste.
Tholin (G), archiviste du département du Lot-et-Garonne.
Thomas (Antoine), chargé de cours à la Faculté des lettres
de Paris.
Thomas (Dr L.), bibliothécaire à la Faculté de médecine de
Paris.
Tiersot Julien), sous-bibliothécaire au Conservatoire de
musique.
Tournf.ux (Maurice), publiciste.
Travfinski, sous-chef de bureau à la direction des Beaux-
Ans.
Trescaze (A.), directeur honoraire des douanes.
Trouessart, docteur en médecine.
Vaciion (Mari us), secrétaire de l'Union centrale des Arts
décoratils.
ValabrÉgue Antony;, critique d'art.
Varigny C. de .
Varigny (H. de), docteur en médecine, docteur ès sciences
naturelles.
Vast (Henri), prolesseur d'histoire et de géographie au lycée
Condorcet, examinateur d'admission à l'école Saint-
Cyr.
Vavssieue (A.), archiviste du département de l'Allier.
Vilain (Charles), maître de conférences à la Faculté des
sciences de Paris.
Venckoff (Michel), ancien secrétaire général de la Société
de géographie de Russie.
Veugniol (C , professeur agrégé d'histoire au lycée de
Bourges.
Yehneau (Dr), préparateur de la chaire d'anthropologie au
Muséum d'histoire naturelle.
Verses (Maurice), directeur adjoint à l'École des Hautes-
Etudes (section des sciences religieuses).
Viala (Pierre), professeur de viticulture à l'Institut national
agronomique de Paris.
Villedeuil (Ch. de), astronome.
Vinson Julien , professeur à l'Ecole des langues orien-
tales.
Vogel, publiciste.
Vollet( E.-H.), docteur en droit.
Wii.l Louis).
WYRODBOl i
Yriarte (Charles, inspecteur des Beaux-Arts.
Zaborowsri, publiciste. ancien secrétaire de la Société
d'anthropologie de Paris
LA GRANDE ENCYCLOPÉDIE
D
DUEL. I. Grammaire. — On appelle duel la tonne
particulière que prennent les cas des mots déclinables ou
las personnes du verbe peur exprimer qu'on a en vue deux
objets ou une action faite ou subie par deux sujets à la
fois. Le duel existe dans toutes les familles de langues,
en aryen, en sémitique, en touranien, en hottentot, en
australien, et en même temps dans les substantifs et dans
les verbes. Mais on le voit, partout où se développe la
culture intellectuelle, tomber peu à peu en désuétude et
faire place au pluriel. Aussi haut que nous remontions
dans les langues aryennes, le duel, déjà réduit à trois
tonnes casuelles en sanscrit et à deux en grec, n'existe
plus en latin; il est inconnu du grec éolien, du nouvel
ionien, conservé seulement dans quelques formules en
dorien; et en ionien attique où son emploi est très fré-
quent dans les premiers textes, il est allé diminuant si bien
qu'il disparait au 11e siècle des inscriptions, de la prose de
la /.o'.vri, et n'existe plus du tout chez les Septante. 11 est
inadmissible cependant qu'il ait été superflu à l'origine, sans
quoi il n'eût pas existe, et n'existerait pas encore dans les
dialectes sauvages. Son origine doit même être des plus
anciennes et remonter à une période ou la numération
n'allait pas au delà du nombre deux. Certaines langues n'ont
pas encore de noms de nombre supérieurs à deux ; d'autres
n'ont pas de pluriel. Une d'elles exprime le nom de nombre
trois par le mot priai, beaucoup, Peut-être même la racine
aryenne du nom de nombre trois (toôT;, très, tria, three)
est-elle la même que celle des adverbes trans, tardmi
(sk.), througk, au delà. En tous cas, il a dû en être
des premiers nommes comme il en est encore aujourd'hui de
plusieurs peuplades sauvages : l'idée de pluralité telle que
nous la concevons n'existait pas chez eux. De là l'origine
du duel, issu peut-être du redoublement, et affecté à désigner
les objets qui se trouvaient deux par deux, soit par l'effet
du hasard, soit naturellement, comme les parties du corps.
Puis, quand la notion de pluralité s'est éveillée chez l'homme,
il a attribue aux variantes de ces formes primitives la signi-
fication du pluriel. De la l'antiquité des désinences du duel,
l'impossibilité de les expliquer par celles du pluriel , et la
disparition graduelle de ce nombre quand, après la créa-
tion du pluriel, il fut devenu inutile. P. Giqie.ux.
II. Histoire. — Duel judiciaire. — Le duel est, chez
les peuples qui n'ont pas encore une notion claire de l'équité,
le moyen de résoudre les différends. Dans un état de civili-
sation plus avancé, les hommes regardent l'issue du combat
singulier comme la manifestation de la volonté du ciel qui
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
donne la victoire à celui qui a raison en même temps qu'il
confond l'injustice; le duel devient un jugement de Dieu.
Plus tard, la puissance publique s'empare du duel, le sou-
met à des règles déterminées, le fait entrer dans la procé-
dure : il est dès lors un moyen de preuve employé devant
les tribunaux. Ainsi voyons-nous que les Germains, au
dire de Velleius Paterculus (II, 118), terminaient leurs
procès par un combat singulier. Au vue siècle, Grégoire de
Tours et Frédégaire qualifiaient le duel un jugement de
Dieu. En même temps il est inscrit dans les lois au nombre
des preuves ordonnées par les juges. Le roi Gondebaud
l'introduisit dans la Loi (1rs Biirgondcs (art. XEV).Dans
cette loi, la preuve incombe à l'accusé qui se disculpe par
des cojurateurs. Le demandeur peut refuser le serment,
auquel cas le duel a lieu entre le demandeur et l'un des
cojurateurs qui ne doit pas hésiter à combattre ayant
affirmé qu'il connaissait la vérité, car Dieu lui donnera la
victoire. Gondebaud pensait par là éviter les parjures,
puisque dans la procédure d'où le duel était banni chaque
parti prenait le ciel à témoin de sa bonne foi et de son
bon droit. Gomme l'a remarqué M. Paul Viollet, ce moyen
de justifier le duel perdit bientôt toute sa valeur, car, une
fois la procédure du duel établie, le combat étant précédé
des serments de l'une et l'autre partie ne pouvait avoir
lieu sans parjure préalable. La loi salique ne connaît pas
le duel, mais il apparaît dans la seconde partie de la Lai
des Ripuaires. Il est usité quand quelqu'un conteste la
légalité d'une émancipation et que l'émancipé ne peut en
présenter l'auteur pour le défendre; pour s'opposer à la
saisie, quand celui qui en est menacé a négligé de se pré-
senter au tribunal malgré sept citations consécutives ; pour
s'opposer au serment d'un chancelier qui, en l'absence des
témoins présents à la rédaction d'un acte, veut en démon-
trer l'authenticité par son serment et celui de cojurateurs;
enfin, dans les causes relatives à la propriété ou à la li-
bellé. I.e duel judiciaire est mentionné comme moyen de
preuve dans la Loi des Alamans, dans la Loi îles Bava-
rois. On le trouve dans la Lex Thuringorum et dans les
Lois saxonnes. In voyageur arabe, du xc siècle, Ibn
Dost, mentionne l'usage du duel chez les Slaves. D'après
lui, tout procès était décidé par le prince, mais si les par-
ties n'étaient pas satisfaites du jugement, elles recouraient
au duel; le vainqueur imposait au vaincu telle condition
qu'il lui plaisait. Encore en 102-2 il fut convenu entre
deux adversaires que le vainqueur aurait les meubles, les
(■■ires, la femme et les fils du vaincu. En Bohème, au
ni il
■>
\i\ siècle, la vainqueur était obligé de décapiter lui-néme
lo vaincu. Les Anglo-Saxons, qui connaissaient certaiuae
ordalies, comme le jugement par le fer chaud, l'eau bouil-
lante ou l'eau froide, n'avaient jamais recours au duel;
du moins cette preuve n'es) pas mentionnée par les lois
anglo-saxonnes, bille n'apparaît en Angleterre qu'avec le
droit normand, a la Buite de la conquête. Les lois de Luil-
laumele Conquérant n'imposent pas le duel ;m\ Anglais .1
qui il est toujours loisible de se disculper par les ordalies.
Mais l'Anglais peut défier le Normand en duel pour vol,
homicide et autre crime quelconque; mais, s'il ne le fait
pas, le Normand se purge «le l'accusation car cojurateurs.
Les ecclésiastiques, les femmes, les jeunes gens, les vieil-
lards, les malades ne peuvent cire contraints de recourir
au duel, mais ils peuvent, s'il leur convient, se faire rem-
placer par des champions. Chez les Lombards, la théorie
de la preuve conserve dans les luis de Kolharis et de Gri-
iiiuald son caractère germanique. Mais déjà l'édil de Luit-
prand favorise la preuve documentaire et testimoniale, I',n
ce qui touche le droit nordique, les renseignements les
plus anciens ne nous sont fournis que par la littérature,
les sagas. Le duel était très usité. Mais il était convention-
nel ; il n'était pas ordonné par un juge ; il apparaît comme
le résultat d'une convention entre les parties, sans inter-
vention de l'autorité publique. Il en était de même dans
l'ancien droit irlandais. Dans la législation des Capitulaires,
le jugement de Dieu, spécialement le duel, est considéré
comme un moyen de preuve auquel on n'a recours qu'en
l'absence de tout autre, ou, encore, pour contrôler les
autres preuves, quand les divers témoignages ne s'accor-
dent pas entre eux.
C'est surtout dans la période coutumière, du x° au
xii° siècle, que le duel judiciaire fut en vigueur. Il était
déféré par les juges dans toute espèce de causes, au civil
et au criminel. Ce qui a particulièrement favorisé le
développement de ce mode de preuves, c'a été l'ignorance
des lois. Ainsi, un des auteurs des Miracles de saint
Benoit rapporte un fait curieux qui se passa au ixe siècle,
au temps de l'abbé Boson, entre 833 et 840. Un procès
s'étant élevé entre l'avoué de Saint-Benoit et celui de
Saint-Denis au sujet de la possession d'immeubles, les
parties s'en remirent à la décision de maîtres es lois et de
missi royaux. Un premier plaid n'eut pas de résultat : de
tous les personnages présents (Jonas, évêque d'Orléans,
était du nombre) pas un ne connaissait suffisamment la loi
romaine qui régissait les biens d'église. On se transporta à
Orléans dans l'espérance d'y rencontrer des juges plus
instruits ; il n'en fut rien. Un duel, voilà le seul moyen que
les docteurs de l'Orléanais et du Gàtinais trouvèrent pour
mettre fin au différend. Et cela, dit le chroniqueur, parut
juste à tous. Les écus et les bâtons étaient prêts quand an
légiste du Gàtinais proposa de partager les biens en litige
entre les deux avoués. L'assemblée se rallia à cette opi-
nion. Si, au ix1' siècle, on avait aussi facilement recours au
duel, ce fut bien autre chose au xi" siècle. Les églises à
cette époque n'hésitaient plus à trancher leurs débats par
un combat singulier. Citons quelques exemples de procès à
propos de biens d'église, terminés par le duel : en 1061,
une contestation entre les moines de Saint-Serge et ceux
de Saint-Aubin d'Angers; vers 1078, entre l'abbaye de
Saint-Père de Chartres et les héritiers d'un certain Robert;
en 1008, entre l'abbaye de Marinouliers d'une part, ef
celles de Sainte-Croix de Talmont et de Sainte -Marie
d'Angles, d'autre part. On pourrait aligner les exemples à
l'infini. Les seigneurs ecclésiastiques ne durent pas seule-
ment admettre ie duel pour la défense de leurs droits dans
les procès débattus en cour séculière, mais ils furent obli-
gés de recevoir les gages de bataille dans leurs propres
cours. L'évèque de Paris tenait encore régulièrement le
duel dans sa cour temporelle au \m siècle. Dans nn accord
de li"l"2, entre l'évèque de Paris et le roi. pour les droits
de justice dans le bourg de Saint-Germain l'Auxerrois, la
connaissance du meurtre ou du rapt dans la terre de
l'évèque est attribué an roi, niais la preuve du lait devait
te hure par le duel devant la cour de l'évéqui
entendu, il ne s'agit pas ici dea tribunaux ecclésiastiques
proprement dis. m des procès en malien istique,
lulement des justices séculières di . Car la
procédure canonique n'admettait pas le duel.
Nous parlerons plus loin des efforts de l'Eglise et de
divers souverains pour mettre tin .1 un usage aussi bar-
bare. Auparavant, il convient de dire quelques mots de la
procédure du duel en droit coutumier. Quand, dans nn
procès, l'appelant OU celui qui accusait avait lait sa plainte
et avait otiert le duel, si l'appelé ou l'accusé niait le
crime et acceptait l'oflre, le juge ordonnait le duel; cha-
cun-jetait par terre un gantelet que l'autre relevait. Dans
l'action de meurtre, le demandeur, d'après l'Abrégé du turc
des Assises de lu Cour des bourgeois, devait présenter
le cadavre a la cour; puis, si l'adversaire niait le fait
dont il était an use. le demandeur (dirait le combat BU Ma
termes: « Je suis prest et apareillie de mostrer li de mon
cors contre le sien et de rendre le mort on récréant en
une houre dou jour. » Venait ensuite la remise du gage :
« Vessi mon gage. » Si le demandeur ne misait pas ■
plainte suivant les formules voulues, son action était nulle
et il payait nue amende. Citons encore la formule d'accu-
sation des Coutumes de Beauuaisis, rapportée par Beau-
manoir. L'accusation s'adressait au juge : <• Sire, je di SUT
tel (et le doit nommer) que il mauvesement et en trahison
a murdri tele persone (et doit nommer le mort) qui mes
parens étoit; et par son trait et son fait et par son pour-
chas, se il le reconnoit, je vous requiers que vous en
tariez comme de murdrier. Se il le nie je le vuefl prouver
de mon corps contre le sien ou par homme qui 1
puist, et doie pour moi, comme chil qui ai essoine. lequel
je montreray bien en temps et lieu. — El se il ■ppeUoil
sans retenir avoué, il convenroit que il se battist. en sa per-
sonne et ne pourroit plus avoir avoué ou champion. » Le
défendeur ne devait pas se retirer avant d'avoir répondu a
l'appel, c.-à-d. avant d'avoir nié ou avoué le crime, ou
avoir proposé les raisons pour lesquelles il n'y avait lieu
ni à l'appel ni au gage de bataille. L'appel pouvait encore
être dirigé soit contre le jugement, soit contre le serment
de la partie adverse ou de ses témoins. Les formalités de
l'appel du serment de bataille devant la haute cour de Jéru-
salem ont été indiquées par Jean d'Ibelin. Le demandeur
agenouillé sur les évangiles certifie l'exactitude du fait qu'il
invoque. Après qu'il a juré, mais avant qu'il se relève, le
détendeur doit le saisir par la main ou par le bras et dire :
« Ge t'en liève comme faus et parjur. » Si le défendeur
laisse à son adversaire le temps de se relever, il est déchu.
La Coustume anchiene des wages de bataille d'Amiens
décrit la façon dont doit se faire l'appel du serment des
témoins. Aussitôt que le témoin agenouillé s'apprête à
jurer sur les saints, le défendeur doit le saisir par la
main, le lever et dire qu'il est un faux témoin, car jamais
et nulle part on n'a vu ni ouï qu'il ait l'ait ce que ce
témoin déclare. La-dessus il remet son gage de bataille entre
les mains du prévôt: il offre de prouver son dire soit par
son propre corps, soit par un tiers. D'après les anciennes
Constitutions du Cluitelet, l'appelant doit saisir le témoin
parle pan de son vêtement et dire :« Je liève cestui corne faus
tesmoins et desloial » : ensuite vient l'offre du combat.
Dans certaines coutumes, les parties, en outre des gages,
établissaient des cautions. Se mettre en faux gage,
c'étail engager le duel avant que les serments d'usage
n'eussent été faits devant le juge. Une fois les gages
échanges l'accord ne pouvait plus avoir lieu entre les par-
ties qu'avec le consentement du seigneur, et dans
une amende était pavée au seigneur par chacune des par-
ties. L'art, li des Coutumes de barris illaN) porte :
« Si les hommes de Lorris ont donne follement des
de duel et qu'avec l'assentiment du prévol ils se soient
annulés avant de donner des cautions, chaque partie
pavera deux sous et six deniers : et si les cautions ont été
— A —
duf.l
i— iililiifmi chacun payera sept sons et six deniers. » L'im-
position do mb amendes Détail pas en elle-inème de
nature a diminuer le nombre dea provocations; 1rs parties
Msitaîent moins a s'engager dans la procédure du duel,
du moment qu'elles savaient n'être pas forcées de la suivre
jusqu'au bout, jusqu'au champ élus. D'autre part, comme
à deux moments de la procédure on pouvait I interrompre
el conclure DU accord, il est certain que les duels livres
ont du devenir de plus «U (dus rares. Au xni' siècle, le
duel pouvait même être arrête après les premiers coups
échangés, qu'on appelait \ea coups le roi. Mutin, il semble
que. d'après certaines coutumes, un accord pouvait être
conclu même après le duel terminé. Ge qui ne laisserait
pas que d'elle tort étonnant si l'on ne se souvenait qu'au
nioven Age la sentence doit être consentie et approuvée par
la condamné. La eoutume d'Anjou mentionne la paix de
ohott jugée; le jugement rendu sert de hase à la transac-
tion. Beauinanoir prévoit le cas ou la paix est conclue
après la défaite de l'une des parties, lui Beauvaisis, le
consentement du seigneur direct ne sullisait plus, dans ce
cas. pour la conclusion de cet accord; celui du comte de
l'Iernioiit. seigneur haut justicier, devenait nécessaire.
Les hommes libres el les nobles, seuls, étaient admis à
se justifier d'une accusation par le duel ou à provoquer
leur adversaire. Le roi Louis VI en 1408 accorda aux
s. ■ils de Notre— Dame de Paris le privilège de se battre
contre des hommes libres en même temps que le droit de
témoigner contre eux en justice. Les serfs de Sainte-
Geneviève, en I 10!'. de Saint-Martin des Champs, eu Mil.
de Saint-Maur. en IMS, et de Notre-Dame de Chartres en
I 138, obtinrent le même privilège. Les vieillards, les
malades, les femmes, les enfants, les clercs et tous ceux
qui le voulaient ne combattaient pas personnellement, mais
se taisaient remplacer par des champions. Les armes îles
roturiers et des champions étaient l'ecu et le bâton. Les
chevaliers se présentaient au champ clos, à cheval, armes
de pied en cap. Lorsqu'un roturier appelait un noble en
duel, le noble combattait à cheval, avec son èpée et sa
lance, et le roturier a pied et avec son bâton. Si au con-
traire un imble appelait un roturier, il était obligé de
combattre à pied et avec la même arme que le roturier. Si
un noble ayant appelé un roturier se présentait à cheval,
avec ses armes de gentilhomme, et le roturier venait à
pied, le gentilhomme perdait ses armes et devait dès lors
combattre en chemise, sans armure, sans écu, sans bâton.
le vaincu, dans les affaires criminelles, subissait la
peine que méritait son crime; s'il était tué dans le duel
et qu'il eut mérite la i I, son cadavre était pendu. Au
civil, le vaincu perdait son procès et payait une amende ,i
la justice. BUe était de soixante livres pour les nobles, de
soixante sous pour les roturiers. Cependant les coutumes
de l!eaumont-sur-Oise, en 1222, tixent à soixante-sept
sous et demi l'amende à payer pour le vaincu; la charte
de commune de Dijon, en 1183, le fixe à soixante-cinq
sous. Dans certaines coutumes, par exemple à Lorris, les
cautions du vaincu étaient, elles aussi, frappées d'une
amende. L'ne étroite solidarité unissait les pièges à celui
pour qui ils se portaient garants. Dans la Chanson de
Roland, les otages de Pinabel, vaincu par Thierry, subis-
s-nt la même peine que lui. De même, dans Huon de
Bordeaux, l'abbé de Cluny n'hésite pas à se porter caution
pour Huon bien qu'il sache qu'il doive être pendu si Huon
est vaincu.
Voici quelle était la procédure des gages et les cérémo-
nies du duel judiciaire entre nobles d'après le formulaire
qui accompagne une célèbre ordonnance rendue par Phi—
lip[>e le Bel en 1306 et dont nous indiquerons plus loin la
portée. Kn gage de bataille, tout homme qui se prétendait
innocent devait se rendre devant la justice sans ajournement;
oa devait lui dernier toutefois un délai suffisant pour qu'il
put avoir ses amis. L'appelant ne devait pas se contenter,
dans son accusation, de termes généraux, mais « luv con-
vient dire le lieu ou le maléfice a esté fait, le temps et le
jour que sera mort la personne ou que la trahison aura este
faite ; toutes voyes eu telle condition pourrait estre l'in-
formation du maléfice, qu'il ne serait ja besoin de dire
l'heure ne le jour qui pourrait estre occult de sçavoir ».
Si l'une des parties se retirait de la cour après les gages
jetés ''I rems, sans le congé du juge, elle était tenue | •
convaincue. « Et pourcequeil est de coutume que l'appel-
lant el le dell'endant entrent au champ, portails avec, eux
toutes leurs armes, desquelles ils entendent oll'endre l'un
l'autre, et eux deliéndre, partans de leurs hoslels à che-
val, eux et leurs chevaux housse/, et teniclez, avec pare-
mens de leurs armes, les visières baissées, les eseus au
col, les glaives au poing, les épées el dagues chainles, et
en tous estais et manières qu'ils entendront eux combattre,
soit à pied ou à cheval ; car se ils faisoient porter leurs
dites armes par aucuns autres et portassent leurs visières
levées, sans nostre congié ou de leur juge, ce leur porle-
roit telle préjudice qu'ils seraient contraints de combattre
en tel estât qu'ils seroient entrez au champ, selon la cous-
tuiiie de présent et du droit d'armes. » Philippe le Bel
apporta un tempérament à celle coutume et permit aux
combattants de faire porter leurs écus, glaives et autres
armures, et d'arriver dans le champ la visière levée. Avant
d'engager le- combat : « Premièrement, le roy d'armes ou
hérault doit venir à cheval à la porte des lices et là doict
une fois crier que l'appellant viegne ; secondement, une
autre fois crier que l'appelle viegne, quant l'appellant et
l'appelle ou dépendant seront entrez et auront fait au juge
leurs protestations et seront descendus en leurs pavillons.
Et tiercement, quand ils seront retournez de faire leurs
derniers seiements, les rois et hérauts d'armes par la ma-
nière qui s'ensuit, crieront à haute voix : Or, oez, or oez,
seigneurs, chevaliers, esctiyers et toutes manières de gens
que nostre souverain seigneur, par la grâce de Dieu roy
de France, vous commande et deffend, sur peine de perdre
corps et avoir, que nul ne soit armé, ne porte espées ne
autres harnois quelconques, se ce ne sont les gardes du
champ et ceux qui de par ledit roy, nostre sire, en auront
congié. Ainçois le roy, nostre souverain seigneur, vous
défend et comande que nul de quelconque condition qu'il
soit, durant la bataille, ne soit à cheval, et ce aux gentils-
hommes, sur peine de perdre le cheval et aux serviteurs et
'roturiers, sur peine de perdre l'oreille. Et ceux qui con-
voyèrent les combatans, eux descendus devant la porte du
camp, seront tenus de incontinent renvoyer leurs chevaux
sur la peine qui dit est ; ainçois le roi, nostre sire, vous
commande et deffend que nulle personne, de quelconque
condition qu'il soit, ne entre au champ, sinon ceux qui
seront députez, ne ne soient sur les lices, sur peine de
perdre corps et biens ; ainçois le roy. nostre sire, com-
mande et deffend à toutes personnes, de quelques condi-
tions qu'ils soient, qu'ils se assient sur banc ou sur terre,
afin que chacun puisse voir les parties combalre, et ce sur
peine du poing. Ainçois, le roy, nostre sire, vous com-
mande et défend que nul ne parle, ne signe, ne tousse, ne
crache, ne crie, ne fasse aucun semblant quel qu'il soit,
sur peine de perdre corps et avoir. » Les requêtes et pro-
testations auxquelles il a été fait plus haut allusion con-
sistaient dans un renouvellement de provocation de la
part de l'appelant. De plus, celui-ci devait protester si
son ennemi portait des armes non autorisées par la cou-
tume de France et, exiger qu'elles lui fussent ôtées sans
qu'il pût en avoir d'autres. 11 devait, en outre, demander
de porter avec lui la nourriture qui lui était nécessaire et
enfin qu'on lui accordât pour combattre l'espace de tout un
jour, de façon que s'il n'avait déconfit son adversaire avant
le soleil couché, ot devait lui rendre le lendemain le temps
passé dans les diverses cérémonies préliminaires. Ces
diverses requêtes et protestations étaient adressées soit au
connétable commis par le roi et au\ maréchaux, soit au
maréchal du champ; elles pouvaient èire faites non par le
champion, mais par son avocat, à sa place. L'ordonnance
décrit la façon dont doit être entouré le champ, son étendue.
m m
lu place de l'échafoud où siégeait le juge. Lee parties
faisaient, avant de combattre, serment sur le crucifix,
l'une qu'elle avait bon droit, l'autre qu'elle était fausse-
ment accusée. Enfin, loul le monde faisant silence, le
héraut s'avançait au milieu des lices et criait par trois fois:
« Faites mi» devoirs. » Les pavillons des combattants étaient
jetés par-dessus la lice. « El quand tout sera en point, lors
l" mareschal partant, en criant par trois fois: Laissez-les
aller. Et ces paroles dites, jette le gant et alors qui veut
se monte prestement a cheval et qui ne veut en gaige de
querelle soit a son lion plaisir. Mors, les conseillers, sans
plus attendre, s'en partent et laissent la à chacun >a bou-
teillette pleine de vin et un pain, lié en une touaillette, et
fasse chacun le mieux qu'il pourra. »
Le gage «le bataille était «lit oultré quand l'une des
parties confessait sa faute ou quand l'un des combattants
mettait l'autre hors des lices vif ou mort ; le corps était
livré au maréchal pour qu'il en fût fait justice suivant le
bon plaisir du roi. Le formulaire que nous venons d'ana-
lyser se termine pur une exhortation du roi à ses sujets de
ne pas s'engager à la légère dans la procédure du gage de
bataille : « Or, taisons à Dieu prière qu'A garde le droit
à qui l'ha et que chacun bon chrestien se garde d'enchérir
en tel péril, car entre tous les périls qui sont, c'est celuy
que l'on doit plus craindre et redouter, dont maint noble
s'en est trouvé deceu, ayant bon droit ou non, par trop se
confier en leurs engins et en leurs forces, ou aveuglez par
ire et outrecuidance, et aucunes fois par la honte du monde,
donnent ou refusent paix ou convenables parties, dont
maintefois ont depuis porté de vieux péchez, nouvelles
pénitences, en méprisant et nonchalant le jugement de
Dieu. Mais qui se plaint et justice ne trouve, la doit-il de
Dieu requérir. Que si pour intérest sans orgueil et mal
talent, ains seulement pour son bon droit, il requierre
bataille, jà ne doit redouter engin ne force, car Dieu nostre
seigneur Jésus-Christ le vray juge sera pour lui. »
Jetons maintenant un coup d'œil sur les attaques dont
le duel judiciaire a été l'objet au moyen âge. Tout d'abord,
l'Eglise ne sembla pas le désapprouver, car saint Augustin,
dans une lettre à lîoniiace, exprime l'opinion que la guerre
est un jugement de Dieu : « Pendant le combat, Dieu
attend, les cieux ouverts, et il défend la partie qu'il
voit avoir raison. » Quant aux remontrances que saint
Avit, si nous en croyons Agobard, tit à Gondebaud, qui
avait introduit l'usage du duel judiciaire dans ses Etats,
c'est là sans doute une légende. Car, comme nous voyons,
pendant la période barbare, plusieurs conciles avoir recours
aux ordalies, l'on ne voit pas pourquoi l'Eglise aurait dé-
sapprouvé le duel qu'elle considère comme un jugement de
Dieu. Au ixc siècle, tout un parti se forma dans l'Eglise
contre l'usage des ordalies et spécialement du duel. L'un
des écrivains qui ont combattu ce moyen de preuve est le
célèbre Agobard. Le concile de Valence, en 800, condamna
le duel et prescrivit de considérer comme un suicidé l'homme
qui avait péri dans un combat singulier, et comme un
assassin celui qui l'avait tué. Les décisions de ce concile
ne furent pas approuvées par l'empereur et restèrent lettre
morte. Le pape Nicolas rr se prononça contre le duel
judiciaire, mais dans un cas particulier. Le roi Lothaire,
qui voulait divorcer avec Theutberge et qui avait déjà été
condamne à garder sa femme, prétendait prouver par le
duel, au moyen de champions, que Theutberge n'était pas
sa femme légitime et qu'elle était coupable d'adultère. Le
pape ne se prononça pas nettement ni d'une façon générale
contre le duel, mais il répondit d'abord que la cause était
jugée, puisque, s'il était vrai que le duel n'avait été défendu
par aucune loi ecclésiastique, et que même l'histoire sacrée
fournissait un exemple de combat singulier, d'autre part
aucune loi n'en prescrivait l'emploi comme moyen de preuve,
qu'y recourir c'était tenter Dieu. Mais c'est seulement au
xu'' siècle que les papesse prononcèrent avec énergie et en
toutes occasions contre le duel judiciaire. Ainsi, en I 140,
Innocent II désapprouve ce mode de preuve. En 1156,
yrïen l\ écrit ■> krdouin, abbé de Saint -Germain
d'Auxerre, pour loi interdire d'avoir recoins au duel duo-,
les procès relatifs aux biens de son abbaye et déclare nulles
les prétentions de ceux qui ne pourraient prouver leur
droit «outre h- monastère autrement que par le duel, [«h
de Chai ires n'admettait jamais le duel dans les cames ei > i> -
siasliqiies, et dans les autres procès il voulait qu'on n'v
eut recoure qu'en l'absence de tout autre moyen de eoo-
nuire la venté. Au xiii" siècle, un synode de l'aris (1212
mi 1213) deeula que les duels lie devaient avoir lieu ni
dans les cimetières, ni <■» présence des évèques, preetrip-
tion renouvelée deux ans après au concile de Rouen, l •■
quatrième concile de Latran rappela toutes les prohibition-,
promulguées antérieurement. D antres conciles des xi\ -t
x\' siècles se prononcèrent contre le duel jusqu'à cequ'entin
le concile de Trente le condamnai absolument. Des le
xi" siècle, les habitants de certaines villes obtinrent de
leurs seigneurs le droit de se soustraire a toute provoca-
tion en duel devant les tribunaux et h: privilège de se
purger des accusations dont ils étaient l'objet par leur
propre serment et celui des COjurateurs ; ainsi la commune
de Gènes en 1086, celle d'Vpres en 1 116, celb) de Saiut-
Umer en 1127. En Angleterre, l'institution du jury et la
procédure d'enquête portèrent atteinte, dis la tin du
xu' siècle, a la procédure des gages de bataille; elle n'était
plus en usage au xmc siècle que dans les actions de félonie
et de meurtre. Le duel resta toutefois inscrit dans les lois
anglaises pour les actions de meurtre jusqu'en IN'20: il fut
aboli à la suite d'un procès dans lequel le frère de la vic-
time appela en duel l'assassin présumé (nov. 181 K). En Ita-
lie, Frédéric II limita le cas ou l'on pourrait avoir recours au
duel. Voici comment il s'exprimait à ce sujet dans les Gmsti-
tutions de Sicile (l II, tit. XXXIII; Huillard-Bréholles,
llistor. diplom. FridUrici II. t. IV, p. 105, lrc part.) :
« Nous ne voulons pas que le duel ait heu entre nos sujels.
sauf en quelques cas peu nombreux ; ce n'est pas tant une
preuve en effet qu'une divination ; le duel est contre nature,
déroge au droit commun, est en désaccord avec la raison
et l'équité. A peine pourrait-on trouver deux champions
d'égale force... Nous excluons du bénéfice de cette consti-
tution les homicides qui ont tué à l'aide du poison ou par
quelque autre genre de mort furtif : toutefois, ne devra-t-on.
même dans ce cas, avoir recours au duel qu'après avoir
épuisé les moyens de preuve ordinaires... Nous exceptons
aussi le crime de lèse-majesté pour lequel nous conservons
l'usage du combat. Il n'est pas étonnant que nous soumet-
lions à l'épreuve du combat les coupables du crime de lèse-
majesté, les meurtriers et les empoisonneurs, car nous
voulons les effrayer plutùt que les juger: ce n'est pas que
nous estimions juste pour eux ce que nous jugeons injuste
pour les autres, mais en soumettant les homicides, qui
n'ont pas craint de dresser des embûches contre la vie
humaine, à un moyen de preuve terrible, à la vue de tous,
nous pensons les châtier en même temps que donner un
exemple aux autres. Nous les mettons en dehors des limites
de la modération, ces nommes qui ne craignent pas de com-
ploter contre notre sécurité qui est celle de tous nos
sujets. »
En France, saint Louis chercha à faire prévaloir dans
les querelles de meubles et d'héritages, c.-à-d. en matière
civile, une procédure d'où les gages de bataille étaient
exclus et dont la base était l'enquête du droit canonique.
L'ordonnance qui consacrait cette réforme, promulguée
antérieurement à 1258 et probablement en 1254, ne nous
est pas parvenue ; elle était analogue à l'ordonnance sur
la procédure an Cbfttelet. Far une autre ordonnance, dont
une traduction française nous a ete conservée dans le
registre de la chambre des comptes, appelé Livre de Suint-
.lusl. saint Louis abolit aussi le duel dans les procès cri-
minels et lui substitua la preuve par témoins. « Au point
donc la bataille souloit venir, cil qui preuvast par la ba-
taille, se bataille tilt, preuvera par tesmoins, et la justice
fera venir les tesmoins as cousis de celuy qui les requiert,
DUEL
■ Us sont dessous son pouvoir. » Los témoins produits
par nue partie pouvaient être récusés par la partie adverse
sans que celle-ci eut a les provoquer en duel. Cette ordon-
na», attribuée généralement a I année 1460, a été rendue
«ii réalité entre le II nov. 1881 et le 13 oct. 1288. Hais
elle fut mal observée, même dans les tribunaux royaux, et
un grand nombre de seigneurs n'en tinrent aucun compte.
Philippe le Bel renouvela à deux reprises les défenses de
son aïeul; mais beaucoup de malfaiteurs, qu'on ne pouvait
(WUJIMMW par témoins, demeurant impunis, il ordonna en
1306 que « là ou il sperra évidemment homieide, trahison
ou autres griefs, violences ou maléfices, excepté larrecin,
par quoy peine de mort s'en deust ensuivir », si l'accusé
ne |iou\ait être convaincu par témoins, il serait provoqué
en duel. In règlement, dont nous avons plus haut indiqué
les principales dispositions, fixa les cérémonies et forma-
lités du comhat à outrance. Non seulement le duel ne trou-
vait plus place que dans la procédure criminelle, mais
encore les juges ordinaires ne pouvaient le déférer; le roi
seul, en son grand conseil, ou le Parlement pouvaient
l'ordonner. Au milieu du xvie siècle, Etienne Pasquier
écril que le roi seul peut décerner les combats et seulement
entre gentilshommes « lesquels font profession expresse de
l'honneur. Car il n'est plus question de crime, ains seule-
ment de se garantir d'un desmentir quand il est baillé. En
quoy les alfaires se sont tournées de telle façon qu'au lieu
où les anciens accusans quelqu'un, le deffendeur estoit
tenu de proposer les défenses par un desmentir, ny pour
cela il ne perdoit pas sa qualité de deflendeur. Au con-
traire, si j'impute aujourd'huy quelque cas à un homme et
qu'il me desmente, je demeure deslors l'offensé et faut que
pour purger ce desmentir, je demande le combat. Telle-
ment qui' mon enneniy n'est plus fondé que sur la deffen-
sive, ayant un grand avantage sur moy, parce que pour
jouer le personnage de detfendeur, il a le choix des armes
et moy seulement du champ de bataille et se peut aguerrir
souz main à telles armes qu'il lui plaist, dont il me salue
à l'impourveu le jour du combat, qui n'est pas un petit
avantage pour lui, et ainsi le veismes nous pratiquer en
l'an 13 il au combat de Jarnac et la Chastigneraye, au parc
de Saint-Oermain-en-Laye, devant le roy Henry deuxiesme.
Cela est cause que combien que les advocats ne soient plus
appeliez en telles matières, si est-ce que tous ces messieurs
qui traittent les armes apportent une infinité de sophisti-
queries. pour faire tomber le desmentir sur leur ennemy,
afin, s'il est possible, que le choix des armes demeure par
devers eux. » M. Prou.
III. Temps modernes. — l.e xvie siècle marque une
étape importante dans l'histoire du duel. Aux combats
singuliers du moyen âge, où les adversaires bardés de fer
s'attaquent plutôt à coups de massue qu'à l'arme blanche,
frappant d'estoc et de taille et, avant d'atteindre l'homme,
avant a transpercer une cuirasse, va succéder le duel tel
qu'il se pratique encore aujourd'hui, celui de combattants
qui exposent leur poitrine nue ou à peu près, en face d'une
épée et n'ont, pour défendre leur existence, d'autre res-
source que leur habileté à tirer et à parer. I ne évolution
non moins digne de remarque est celle de l'Eglise qui répudie
désormais la pratique du duel, la flétrit et, après avoir admis
qu'il n'était pas de meilleur moyen d'obtenir le jugement de
I ) i • • u . promet les peines éternelles à ceux qui l'emploieront.
Li déclaration du concile de Trente (1548) est assez expli-
cite à cet égard : « L'usage détestable des duels, qui a
esté introduit par l'artifice du Hémon pour perdre lésâmes
après avoir donné cruellement la mort au corps, doit estre
entièrement aboli parmi les Chrétiens... Nous excommu-
nions dès à présent, et sans autre forme de procès, tous
empereurs, tous rois. durs, princes, marquis, comtes et
autres seigneurs temporels, à quelque titre que ce soit, qui
auront assigné et accordé quelque lieu pour le duel entre
les Chrétiens... Pour ceux qui se seront battus, et les
autres, vulgairement nommez leurs parrains, nous voulons
qu'ils encourent la peine de l'excommunication et de la
proscription de tous leurs biens et passent désormais pour
gens infâmes et soient traitez avec la même sévérité que
ies sacrez Canons traitent les homicides; et s'il arrive
qu'ils SOlenl tue/ .dans le combat, ils seront pour jamais
privez de la sépulture en terre sainte. Nous ordonnons, en
outre, que non seulement ceux qui auront approuvé ou
donné conseil de se battre ou qui y auront induit et porté
quelqu'un, en quelque manière que ce soit, mais encore ceux
qui y auront assisté en qualité de spectateurs, soient ex-
communiez, frappez d'anathème perpétuel, sans avoir égard
à aucun privilège ou mauvaise coutume introduite quoique
de temps immémorial. » On sait, d'ailleurs, que c'est à
cause de ces prohibitions que les décisions du concile de
Trente n'eurent pas, en France, force de loi : la menace
d'excommunier les empereurs et rois qui consentiraient à
un duel parut un empiétement trop grand du pouvoir spi-
rituel sur le temporel.
Moins de deux ans après, au reste, avait lieu le fameux
duel de La Chàtaigneraye et de Guy Chabot, sire de
Jarnac. François Pr n'avait jamais voulu l'autoriser : à
peine fut-il mort que les deux ennemis demandèrent à
Henri II la permission de vider leur différend ; non seu-
lement le roi la leur accorda, mais encore il voulut assister
avec toute sa cour au combat qui eut lieu à Saint-Cermain
avec un cérémonial dont on ne peut se faire une idée. On
sait que Jarnac tua son adversaire d'un coup habilement
porté au jarret, d'où la locution restée célèbre de « coup
de Jarnac », à laquelle on attribue souvent le sens de tra-
hison ou de lâcheté, qu'elle ne comporte nullement. Il est
intéressant de savoir dans quelle forme se faisaient alors
les provocations, appelées appels ou cartels. Nous citerons
celui-ci qui est en quelque sorte une formule : « Seigneur,
toutes et quantes fois que vous avez dict, faict dire, escript
ou fait escripre allencontre et au préjudice de mon honneur,
aultant de fovs avez par la gueule menty et, le nyant,avez
semblablement menty. Par escript je ne veux user d'inju-
rieuses vilanies, comme chose plus convenable à vile et
envieuse personne que à chevalier, me réservant, si ce n'est
par vostre deffault, parler à vous les armes au poing. »
A la même époque, l'usage constant dans les duels fut que
chacun des combattants se fit assister de deux et souvent
trois de ses amis, qui eux aussi croisaient le fer entre eux,
tout comme s'ils en eussent eu de véritables raisons d'hon-
neur, ce qui fait dire au bon sens de Montaigne : « C'est une
espèce de lasebeté qui a introduit en nos combats singuliers
cet usage de nous accompagner des seconds et tiers et quarts.
C'étoit anciennement des duels; ce sont, à cette heure, ren-
contres et batailles. Outre l'injustice d'une telle action et
vilenie d'engager à la protection de votre honneur aultre
valeur et force que la vostre, je trouve du désavantage à
mesler sa fortune à celle d'un second. Chacun court assez
de hasard pour soy sans le courir encore pour un aultre. »
Le duel des mignons de Henri III est, avec celui de
Jarnac, le plus célèbre de tous ceux qui se produisirent
durant le xvie siècle. H eut lieu le "11 avr. 1.">78, à la
suite d'une querelle qui, d'après L'Estoile, était « née pour
fort légère occasion », entre Laylus, que le roi aimait sin-
gulièrement, et Antragnet, favori de la maison de Guise.
Caylus eut pour seconds Maugiron et Livarot; Antragnet
amenai- Ribérac. et Schomberg. Au premier choc, Maugiron
et Schomberg tombèrent morts; Ribérac succomba, le len-
demain, aux suites de ses blessures; Caylus, qui en avait
reçu dix-neuf, vécut encore trente-trois jours durant les-
quels le roi ne laissa pas une journée passer sans aller le
voir et panser de ses propres mains; Livarot fut malade
pendant six semaines et guérit; Antragnet seul quitta le
terrain sain et sauf. Il faut lire dans L'Estoile les pièces de
vers, la plupart satiriques et malveillantes, que suggéra
cette meurtrière rencontre : le mémorialiste en enregistre
froidement les résultats; l'histoire ne saurait s'attendrir
plus que lui. Parmi les duellistes et ferrailleurs les plus en
vue de cette époque, nous nommerons encore liussy d'Am-
boise, de Mouv, Chàtcauvillain, Viteaux, le chevalier de
DUEL
Guise, tous vaillante hommes, mais risquant leur vie oomoa
à plaisir pour les cauiei lei plut futiles.
Cette fureur de dueli se calma on peu au siècle suivant;
elle fut il 'ailleurs singulièrement refrénée par L'institution
du tribunal des maréchaux de France, iht tribunal du point
d'honneur, puis par les pénalités extrêmement rigoureuses
que Richelieu et Louis \l\ prescrivirenl gucceesivemenl
contre les duellistes (\. ci-dessous s; Droit criminel). La
peine de mort, la confiscation des biens, la déchéance, le
bannissement étaient la sanction de ces ordonnances, sanc-
tion qui fui plusieurs fois appliquée. L'exemple le plus
retentissant en fut fuit sur François île Montmorency,
comte de Bonite ville, qui, exilé après plusieurs duels,
s était vanté de se battre en pleine place Boyale, et qui
accomplit cette bravade le \i mai 1627, ayant pour
second son cousin le comte des Chapelles et pour adver-
saire M. de Beuvron, assiste de Bussy. Ce dernier seul
trouva la mort dans la rencontre; arrêtés peu après en
Lorraine, Boutteville et des Chapelles furent mis à la Bas-
tille le 111 mai, et condamnés, après un jugement sommaire,
à la peine de mort. L 'arrêt fut exécuté le "H juin, en dépit
des requêtes suppliantes adressées au roi et surtout au
cardinal par la famille de Montmorency. Les courtisans en
demeurèrent consternés et, pendant un temps, aucun duel
ne se produisit. Après la mort de Richelieu et durant la
minorité de Louis XIV eurent lieu quelques rencontres
fameuses et notamment celles des ducs de Beaufort et de
Nemours où, pour la première fois, croyons-nous, fut intro-
duit l'usage du pistolet. Lorsque Louis XIV fut devenu
réellement roi, il employa tous les moyens pour proscrire
le duel et, de fait, nous n'en avons désormais aucun à
signaler jusqu'à sa mort. Il n'en est pas de même après
1715, et l'on peut se croire revenu à plus de cent ans en
arrière; il en sera ainsi jusqu'à la Révolution, et les mé-
moires du siècle dernier sont remplis du récit de ces ren-
contres; on alla jusqu'à se battre à midi, rue de Richelieu,
sans qu'aucune peine fût infligée aux duellistes. Nous nous
bornerons à rappeler, pour l'époque de la Régence, le duel
de deux femmes toutes deux éprises du célèbre due de
Richelieu, Mme de Nesle et Mme de Polignac, et pour le
règne de Louis XVI, le duel entre le duc de Bourbon et le
comte d'Artois (1778).
Au commencement de la Révolution, deux duels célèbres
encore : ceux de Barnave et Cazalès, de Lameth et Cas-
tries qui déterminent de violentes et presque unanimes
protestations, à l'Assemblée comme dans le public, contre
la pratique du duel, « dernier reste d'un passé odieux ».
Anacharsis Clools s'écrie, dans la langue emphatique de
l'époque : « La balle qui enfonce le crâne à Cazalès retarde
la marche de l'opinion publique, et des milliers de victimes
seront étendues dans la poussière que mordit Cazalès. »
Les guerres du premier Empire fournirent trop souvent
d'autres occasions de verser le sang pour que les duels
aient été fréquents alors; la Bestauration vint ensuite, qui
prohiba le duel au nom de l'Eglise, à peu près aussi rigou-
reusement que l'avait fait la dévotion de Louis XIV. Plus
près de nous, il faut rappeler le dramatique combat au
pistolet entre Cartel et Emile de Girardin, où les deux ad-
versaires furent blessés simultanément, le premier mortel-
lement (1885), et des rencontres moins sanglantes heureu-
sement où Thiers, Sainte-Beuve, Edmond Adam, Clément
Thomas, Ledru-Bollin étaient des antagonistes de marque.
Pour notre époque, nous mentionnerons comme les
plus célèbres les duels de M. de Fourtou et Gambetta,
de MM. Uichard et Massas, ou ce dernier fut frappé d'un
coup d'épée en pleine poitrine (3 sept. 188*2), de AI. Flo-
quet et du général Boulanger (13 juil. 1888) qui faillit
être fatal au général, blessé grièvement à la gorge. Les
premiers succès, puis la désagrégation du parti boulangiste
donnèrent lieu à un grand nombre de duels, dont MM. Bo-
chefort, Déroulède, l.aguerre, Caslelm. Alermoix furent
les principaux acteurs; on sait, en effet, que les membres
de ce parti se battirent entre eux plus souvent encore que
contre leurs adversaires politiques. Non-, ne saurions mieux
Caire, au recto, que renvoyer le lecteur, pour plus te dé-
tails sur le duel contemporain, n livre très comptai que
M. G. Letaintnrier vient de consacrer au Duel a irai
1rs âges (V. la Bibliographie).
lu m. \ i. i niAM.i !.. — Mu peut affirmer que toutes les
nations civilisées connaissent le duel, qu'il ■ heu pour Isa
mêmes causes et que sa répression est poursuivie a pan
près de la même façon chez elles qu'en France. Parmi les
(•initiées européennes, la Suisse, toutefois, se distingae a
cet égard par BOB humeur pacifique ; bien que
vingt-quatre cantons aient chacun leur juridiction s|R-ciale
pour la sanction du duel, ce genre de délit n'y est constaté
que fort rarement et dans les sensé cas ou l'honneur de la
femme est enjeu. — En Allemagne, les duels ordinaires sont
semblables aux nôtres, maki il tant due m mot des du»l-
si connus qui ont lieu entre étudiants, et qu'on appelle des
Mensnren. Une tradition fort ancienne des universités
allemandes veut que les étudiants, pour être membres titu-
laires des sociétés dans lesquelles ils ont l'habitude de se
grouper, aient l'ait leurs preuves de bravoure en se battant
au moins une fois en duel avec un de leurs camarades'. Ils
sont donc forcés de provoquer entre eux des querelles qui
puissent avoir leur solution sur le terrain. Ces sortot de
duels se font à la rapière, et les combattants doivent tou-
jours frapper au visage, mais de taille seulement et non de
pointe ; au reste, les yeux sont protégés par des lunettes
spéciales, et ces rencontres, [dus burlesques que aéneuMB,
ont rarement d'autre issue qu'une balafre, Abfuhr, dont la
cicatrice, il est vrai, peut marquer pour toujours le visage
du vaincu (V. Étudiant). — En Hongrie et dans les pays
germaniques, pour les duels proprement dits, on choisit
fréquemment le pistolet ; les conditions de la rencontre sont
plus rigoureuses et les accidents plus fréquents qu'en France.
— Les peuples méridionaux. Italiens, Espagnols, ont souvent
entre eux des occasions de duels, grâce a l'ardeur habituelle
de leur tempérament; mais, dans bien des cas. ils les ter-
minent sur-le-champ par de simples rixes, le cérémonial du
duel s'accommodant mieux avec le caractère froid des gens du
Nord. En Italie, l'arme préférée est le sabre. — Eu Un-
ies duels n'ont guère lieu que pour venger l'honneur d'une
femme ; aussi sont-ils moins fréquents, mais plus souvent
mortels que partout ailleurs. Pour les punir, le code russe
n'a pas moins de vingt articles, et lorsqu'il y a eu mort ou
blessures graves déterminant une infirmité, la peine peut
être celle de la déportation en Sibérie ; dans les autres cas, la
sanction est la détention temporaire dans une forteresse, ou
l'emprisonnement pendant quelques mois. — L'Amérique a
la réputation de connaître des duels d'un raffinement féroce,
ceux par exemple où l'un des deux pistolets est seul chargé,
et où le sort décide qui des combattants s'en servira : ou
bien encore les duels au couteau ou au fusil : mais ce ne
sont là, heureusement, que des pratiques tout à fait excep-
tionnelles, et presque toujours les rencontres sont I
d'après les mêmes conventions que partout ailleurs.
Duel dans l'abuse. — Le sentiment de l'honneur, qui
doit être une des qualités maîtresses de l'armée, exige que.
lorsque deux soldats ont en une altercation vive et que des
propos outrageants ou des voies de fait ont été échangés,
il y ait réparation par les armes. L'affaire ne saurait être
réglée autrement; si l'un des adversaires voulait s'y déro-
ber, il serait coupable de lâcheté et le colonel le contrain-
drait à se battre. Les duels militaires ont lieu, soit au
fleuret démoucheté, soit au sabre : ils sont très fréquents,
mais fort rarement suivis d'une issue fatale. Le maitre
d'armes ûu régiment y assiste toujours et a mission de
détourner les coups mortels ; on pourrait cependant citer
des exemples de pareils duels, où de graves blessures en-
traînant la mort se sonl produites.
RÈGLES nu DUEL. — Par ce que l'on a lu plus haut,
il apparaît clairement que l'usage du duel s'est main-
tenu, en dépit des prohibitions, des poursuites ou des
entraves de toutes sortes que l'Eglise d'abord, puis le
— 7 —
1)1 Kl.
législateur se sont ingénies i créer pour le combattre. Il
est également remarquable que, parmi la boukversafltenl
presque complet apparie par la Révolution dans les insti-
tutions et les mOMirs (lu passe, le duel ail survécu comme
une tradition indestructible de la cheval, rie et des temps
moins éloignes ou un cérémonial, réglé par une rigoureuse
étiquette, l'ut imaginé pour la solution des affairas d'hon-
neur. Ce cérémonial subsiste, en effet, a peu près identique
à ce qu'il était aux siècles passes, et nous allons mainte-
nant l'exposer en quelques mots.
L'écrivain qui fait autorite en la matière, Chàteauvillard,
qualifie en tes ternies, dans son Code du </»<'/, l'offense
qui peut amener une rencontre : « Toute parole, tout
écrit, dassin, ueste, coup blessant l'amour-propre, la déli-
eatesse ou l'honneur d'un tiers, constitue une offeuse. »
l n sentiment spontané, et que chacun a pu ou pourrait
éprouver à l'occasion, t'ait que tout homme de co-ur ne peut
subir l'affront d'une offense de ce genre sans en demander
la retractation. Les circonstances de l'offense sont multiples :
le code de l'honneur n'admet qu'une solution si cette ré-
tractation est refusée : la réparation par les armes, — tel
est le terme consacre. L'offense est le plus souvent assez
grave pour avoir déterminé, de la part de celui qui en est
l'objet, la riposte immédiate d'une offense, plus vive encore,
ou même de voies de t'ait. Tous ces points sont très impor-
tants à déterminer, comme on va le voir, car ils serviront,
si une rencontre est rendue inévitable, à attribuer le choix
des amies a l'un plutôt qu'à l'autre. Il est bien entendu que
lorsque ce premier acte, à savoir l'insulte, se produit, le
devoir des personnes présentes est d'en conjurer immédia-
tement l'effet autant qu'il est en leur pouvoir, c.-à-d. en
sVtlorçant de séparer les adversaires, de les calmer,
d'amener des explications, et par suite une réconciliation.
Si elles n'y réussissent pas, plusieurs cas peuvent se pré-
senter : ou bien le premier injurié répond par une autre
injure, — parfois même par des voies de fait, — ou bien,
et c'est ce qui devrait toujours avoir lieu, il se borne à
dire : « Monsieur, vous m'en rendrez raison », à échanger
sa carte avec celle de son insulteur, et à se retirer aussitôt,
l-orsque l'offense s'est produite sans que les deux parties
fussent en présence, — c'est le cas très fréquent des polé-
miques de presse, — celui qui se juge insulté doit d'abord
réclamer par lettre une satisfaction sous forme de rétrac-
tation: en cas de refus, il adresse à l'insulteur une nou-
velle lettre impérative qui, cette fois, se nomme un cartel.
11 a toujours été de règle que deux adversaires ne doivent
jamais traiter ensemble la solution d'une afJaire d'honneur;
ce rôle appartient à des tiers, appelés autrefois seconds,
et aujourd'hui témoins.
L'homme qui vient d'être offensé doit aussitôt s'adresser
à deux de ses amis, leur exposer dans tous leurs détails les
causes apparentes et réelles de l'offense et leur donner
mandat d'en réclamer satisfaction en son nom. Les deux
témoins se rendent sur-le-champ au domicile de l'agresseur,
l'informent de leur mission et le prient de les mettre en
rapport avec deux de ses amis. On admet généralement
ne toutes ces négociations doivent s'accomplir dans le délai
e vingt-quatre heures, mais il n'y a rien d'absolument
strict à cet égard, car beaucoup de causes peuvent faire
que le délai soit excédé, sans néanmoins que l'on puisse en
prendre texte par la suite a refuser le combat. Il est
. avec les mêmes restrictions, que la solution d'une
■faire d'honneur doit être obtenue dans un délai total de
quarante-huit heures. Dès que les quatre témoins ont été
constitués, les deux adversaires ne pourront plus, sous
aucun prétexte, être mis en présence l'un de l'autre pour
discuter un point quelconque de l'affaire, et même les
témoins de l'un d'eux n'auront plus à conférer avec l'adver-
saire de leur client. On croit communément que le fait
d'avoir constitué des témoins implique fatalement la néces-
sité d'une rencontre : il n'en est rien, et fort souvent, au
contraire, l'entrevue des témoins et les explications qu'ils
échangent, ont pour résultat la déclaration qu' « il n'y a
J
pas lieu I rencontre ». Il est donc d'une extrême impor-
tance que les témoins soient îles hommes doués d'un esprit
juste, d'expérience et de sang-froid : deux existences sont
a ce prix, Chàteauvillard dit encore fort, justement à ce
propos : « La moindre imprévoyance, la moindre faute
d'un témoin peuvent compromettre l'une et l'autre. Il est
le soutien et le juge de celui qui le choisit; il doit mettre
son honneur dans le sien propre, et toute son énergie à ne
laisser échapper aucune occasion avantageuse pour celui
dont il prend la charge. » Le premier devoir des témoins,
après s'être minutieusement enquis des détails de l'affaire
qui les réunit, est do tenter une conciliation; ils doivent,
en effet, s'efforcer avant tout d'éviter le duel et employer
les moyens qui y sont propres, en sauvegardant l'honneur
et la dignité de leurs « clients ». Si l'entente n'a pu se faire,
ils ont à discuter les conditions de la rencontre et recher-
cher tout d'abord quel est l'offensé, car c'est à lui qu'ap-
partient le choix des armes. Cette recherche n'est pas tou-
jours aisée : on admet généralement quo l'offensé est le
premier injurié, mais que si à une simple injure il a élé
riposté par une injure plus grave et surtout par une voio
de fait (il suffit même d'un gant jeté à la figure), l'offensé
devient agresseur et perd le bénéfice du choix des armes.
Sauf de très rares exceptions, il n'y a plus chez nous que
deux sortes de duels en usage : à L'épée ou au fleuret, et
au pistolet de combat. Le duel à l'épée est plus habituelle-
ment choisi parce que les blessures qui en résultent sont
moins graves, ordinairement, que celles qu'amène la péné-
tration d'une balle dans les chairs. Les témoins ont mis-
sion de régler tous les détails du combat, et là encore ils
doivent faire preuve de beaucoup de tact et d'expérience.
Dans le procès-verbal de rencontre qu'ils rédigent, s'il
s'agit d'un duel à l'épée, ils auront à spécifier l'emploi du
gant (gant de ville ou à crispin), la durée des reprises,
l'arrêt du combat soit « au premier sang », soit lorsque
l'un des deux adversaires a été mis par une blessure en
état d'infériorité, a autoriser ou à prohiber les « corps à
corps », les parades avec la main gauche, etc. Si le pistolet
a été préféré, il faut, de même, convenir avec soin des dis-
tances qui sépareront les combattants; pour le duel dit « au
commandement », on les fixe à vingt-cinq ou trente pas ;
pour le duel « à marcher », on admet généralement que les
adversaires, placésà vingt pas, auront la faculté de s'avancer
l'un vers l'autre jusqu'à une distance minima de quinze
pas, tout en ayant le droit de tirer dès que le signal a été
donné. Les témoins accompagnent leurs mandants sur le
terrain; l'un d'eux, choisi et accepté par tous, prend le
titre de directeur du combat; c'est lui qui s'assurera que
les armes apportées sont identiques, que les adversaires
n'ont, sous leur chemise, aucune cuirasse, cotte de mailles,
ceinture, qui puisse les protéger, qui, en un mot, présidera
à l'exécution de toutes les conventions et donnera, par le
mol : « Allez », le signal du combat. A partir de ce moment,
les témoins doivent apporter toute leur attention à voir si
aucune condition n'est violée, et à arrêter le combat; dès
qu'ils s'aperçoivent qu'une blessure vient d'être faite, afin
de constater si elle ne met pas en état d'infériorité celui
qui l'a reçue. Lorsque le duel a pris fin, aux termes des
conventions fixées, les quatre témoins se concertent pour
la rédaction d'un procès-verbal qu'ils signent au nom de
leurs mandants, et qui, presque toujours, est publié par la
voie de la presse, en même temps que le procès-verbal de
rencontre dont il a été parlé plus haut.
Il arrive souvent que les témoins choisis pour le règle-
ment d'une affaire d'honneur ne peuvent se mettre d'accord
soit sur la qualité d'otlensé, soit sur la nécessité même
d'une réparation par les armes, soit sur des conditions de
rencontre exigées par l'un des deux adversaires : leur devoir
est alors de se récuser et de provoquer la constitution d'un
jury d'honneur dont les deux parties acceptent par avance
l'arbitrage et la décision. Cette institution d'un jury d'hon-
neur, rappelant beaucoup celle du tribunal des maréchaux,
mériterait d'être généralisée et appliquée sans exception à
DUKI.
— S —
tous les ras de duel ; elle tarait, ;i n'en pat douter, l'ines-
timable avantage de diminuer considérablement la fréquence
d'une pratique qu'il pareil impossible de nuw entièrement
disparaître de nos mœurs. Fernand Boubwm.
IV. Droit criminel. — Qu'il doive s uiguie an
combat judiciaire, qu'on doive y voir une suite des guerres
privées, en usage .1 l'époque barbare, ou qu'il suit né sim-
plement, au moyen âge, des préjugés, de l'orgueil, d'an
taux point d'honneur, toujours csi-il que le dud se ren-
contre, en France, dès la lin «lu xiv'' siècle et se généralise
au xvc. A partir de Henri 11, nous voyons se succéder les
ordonnances et les édits royaux destinés a le réprimer.
L'Eglise, la première, sévit contre les duellistes : le concile
de Trente prononce l'excommunication, non seulement contre
les duellistes, mais encore contre les parrains et tous les
assistants ; la sépulture chrétienne sera refusée aux com-
battants tués en duel. Une ordonnance, rendue à Moulins,
en 1566, en même temps qu'elle prohibe le duel entre toutes
personnes, de quelque qualité ou condition qu'elles soient,
sous peine de la vie, constitue comme tribunaux d'honneur
les connétables et maréchaux de France et les gouverneurs
des provinces. Malheureusement, les lois ne suffisent point
si l'on ne tient la main à ce qu'elles soient appliquées avec
fermeté : ce qui n'avait point lieu, [/impunité a\ail pour
effet d'accroitre le mal et les duels se multipliaient, déci-
mant la noblesse. L'ordonnance de Iilois eu 1S79 renou-
velle les prohibitions de celle de Moulins, niais sans plus
de succès. Sous Henri IV, le Parlement rend le 26 juin 1599
un arrêt de règlement, qui porte contre les duellistes les
peines les plus rigoureuses, « leur enjoint se pourvoir par-
devant les juges ordinaires, sous peine du crime de lèse-
majesté, confiscation de corps et biens, tant contre les
vivants que les morts : ensemble contre tous gentilshommes
et autres qui auront appelé et favorisé lesdits combats,
assisté aux assemblées faites à l'occasion desdites que-
relles, comme trangresseurs des commandements de Dieu,
rebelles au Roy, intracteurs des ordonnances, violateursde
la justice, perturbateurs du repos et de la tranquillité pu-
blique ». En 1602, nouvel édit sur les duels, qui n'est que
la consécration législative de l'arrêt de règlement de 1599.
Cet édit renouvelle les dispositions de l'ordonnance de
1566 relativement au tribunal d'honneur. La rigueur des
peines portées contre les duellistes allait à rencontre du but
que se proposait l'édit : le roi était assiégé de demandes de
grâces; de 1389 à 1608, sept mille lettres de grâces
furent expédiées et scellées en matière de duel. Comme il
arrive toujours, la trop grande sévérité de la loi aboutissait
à l'impunité. Henri IV, ne pouvant supprimer le mal radi-
calement, essaya, dans un autre édit de juin 1609, de faire
des concessions aux mœurs de l'époque : « Nous avons jugé
nécessaire (art. 5), pour obvier à de plus grands et péril-
leux accidents, de permettre à toute personne qui s'estimera
offensée par une autre en son honneur et réputation, de
s'en plaindre à nous et à nos très chers et aimés cousins
les connétables et maréchaux de France, nous demander ou
à eux le combat, lequel leur sera par nous accordé, selon
que nous jugerons qu'il sera nécessaire pour leur honneur. »
Four les duels non autorisés, l'édit prononçait des peines.
rigoureuses encore, mais graduées suivant la gravité des
suites du combat. Le roi s'interdisait d'accorder aucunes
lettres de grâces en matière de duel. Les résultats de cet
édit furent favorables ; nombre de querelles furent arran-
gées, soit par le roi, soit par ses connétables et maréchaux.
Mais, dès la mort de Henri IV, le mal reprit et nous voyons
se succéder les mesures législatives impuissantes à l'enrayer :
déclaration du Ie* juil. 1611, arrêt de règlement du par-
lement de Paris, du 27 janv. 1614, lettres patentes du
14 juil. 1617, édit de Saint-Ceriiiaiii-en-Laye d'août 1623 :
cet édit supprimait toutes les distinctions établies pur l'édil
de 1609 : tous les participants au duel étaient punis de
mort et des peines du crime de lèse-majesté. Mais trois ans
plus tard, sous l'influence de Richelieu, un nouvel édit, que
le Parlement fut contraint d'enregistrer par des lettres de
|lissinn . |c •_", mari 1646, rétablit les distinctions d.-j;i
laites, suivant la gravité des cas. par l'édil de 1609: la
privation des charges el offices, la confiscation delà moitié
des bien, le bannissement pour trois ans étaient les pauses
de la provocation en duel : la déchéanee de DobWtaa, l'in-
famie on la peine capitale, suivant les cas, étaient las peinât
du duel nnn suivi de mort. Seul, le duel siii\i de mort
emportait les peinas du crime de lèse-majesté. Hais Isa
grâces particulières se multipliant toujours, las usauBtiea
générales venant s'y joindre de temps a autre, les efl
de Richelieu restèrent impuissants. Apres ledit de |tii ;.
dû à l'initiative de Mazann, celui de sept. 1654, il faut
signaler l'erdOBtanee de 1679, connue sous le nom d*édit
des duels, qui établit une législation définitive : d établit,
a la l'ois, des mesures préventives, comme l'intervention du
tribunal des maréchaux, ou des gouverneurs et lieutenants
généraux, en province, chargé de juger les affaires d'hon-
neur, et des mesures répressives graduées suivant la gra-
vité du crime : emprisonnement de deux années, privation
des charges et de leurs revenus pendant trois ans. amende,
peine de mort avec confiscation des biens : si l'un des com-
battants succombait, le procès était l'ait à -a mémoire, son
corps était privé de la sépulture, ses biens confisque-,. >.,us
l'influence de cet édit, des efforts que ht personnellement
Louis XIV, auprès des seigneurs de sa cour, du prof-
iles mollis et de la raison, les duels diminuèrent considé-
rablement, sans cependant disparaître entièrement. Mais
dès la mort du roi. il y eut une recrudescence, qui rendait
nécessaire une déclaration de Louis XV (l'évr. 1723), re-
nouvelant les édits de Louis XIV. Mais les prescriptions
de ces édits n'ayant pas été appliquées avec vigueur, le
mal sévit pendant tout le règne de Louis XV, et nous le
retrouvons sous Louis XVI, faisant chaque année de nom-
breuses victimes. Les cahiers des Etats généraux, parti-
culièrement ceux du clergé et du tiers éUit, renferment des
protestations contre le duel et demandent qu'il soit reprimé.
Pendant la période révolutionnaire, cependant, aucune me-
sure législative ne fut prise : deux projets de loi sur le
duel furent présentés et rejetés. Le code pénal de 1791
et celui du 3 brumaire an IV ne mentionnent pas spécia-
lement le duel.
Le code pénal de 1810 est également muet en ce qui
concerne le duel. De là naquit la question de savoir si le
duel ne constitue pas une infraction à la loi pénale française
ou s'il doit tomber sous le coup des articles punissant
l'assassinat, le meurtre, les coups et blessures. Suivanl
Monseignat, rapporteur du projet de code pénal, livre 11,
chap. 1, les dispositions du code pénal sont applicables an
duels. Merlin, qui prit une part considérable â la rédaction
du code pénal, affirme le contraire. La jurisprudence a
varié : jusqu'en 1837, elle a maintenu que les art. 295 et
304 du onde pénal ne peuvent être appliques a celui qui,
dans les chances réciproques d'un duel, a donne la mort à
son adversaire, sans déloyauté ni perfidie. Des projets de
loi sur le duel furent présentes aux Chambres en 1829 et
1830, sans aboutir. Puis la cour de cassation, par deux
arrêts, l'un du 22 juin, l'autre rendu, toutes chambres
réunies, le L'idée. 1837, sur les conclusions du procureur
général Dupin, déclara, contrairement à sa jurisprudence
antérieure, que l'homicide et les coups et blessures reçus
en duel rentraient dans les dispositions du droit commun.
Celte opinion est généralement admise depuis lors par les
tribunaux. Klle nous parait inexacte : quelque blâmable,
au point de vue moral, que puisse être l'acte du duelliste,
il est impossible d'assimiler légalement un combat loyal et
régulier à l'acte de l'assassin qui attend et frappe lâche-
ment sa victime, la jurisprudence suivie actuellement al>ou-
t irait du reste logiquement à îles conséquences telles qu'elles
en sont la condamnation : dans un duel à mort, n'eut-il pas
même abouti à une blessure, la peine à appliquer légalement,
d'après les l'aies de la tentative et de la complicité, serait
la peine de mort pour les deux combattants et pour les
témoins. Entait, on ne poursuit que très rarement: si
DUEL
,V>i devant la cour d'assises, alla acquitte : si c'est dovanl
le tribunal rurn'i ■tioniiel. il condamne ; M aboutit à celle
■ntïïitrrii qaa les Huets les pois graves sont toujours impu-
nis, que les duels moins sérieux peuvent èlra quelquefois
|iiiihs. A plusieurs reprises, dos projets de loi sur le duel
ut été rédigea : ainsi en 1832, en 1845, en 1850. Le
dernier date de 1 S7T : il fut repoussé par le Sénat le
l r nov. 1885. La plupart des pays étrangers on! îles dis-
|>ositions pénales spéciales sur le duel : C. pénal belge,
ait. rl'A et suiv. : C. peu. allemand, art. "201 et suiv. :
C. pén. luxembourgeois, ait. 123 et suiv. ; C. pén. hongrois,
art. 193 et suiv. ; C. pén. des Pays-Bas, ait. 452etSIÙV. ;
t.. pén. italien, ait. 231 et suiv. E. Gahokii..
V. Morale. — Il ne peut être question ici que du duel
sérieux, on ceux qui se battant cherchent réellement à se
donner la mari l'un à l'autre, tout au moins a se tain» des
blessures ipraves pour laver dans le sang, comme on dit,
une mortelle injure. Car il n'y a pas lieu de discuter gra-
\einent le duel qui n'est qu'une mode, un jeu, une sorte
d'ele^ance : ce jeu imprudent ne relève de la morale que
dans la mesure ou il comporte des risques ; et si les
risques étaient nuls, il ne resterait qu'une bravade puérile
lionne seulement a en imposer aux badauds. Il Tant aussi
éliminer le cas, d'ailleurs rare, du duelliste de profession,
du matamore, qui pour tout et pour rien t'ait blanc de son
épée, sans souci d'avoir pour lui la justice et la raison,
du moment qu'il a la force, (.est de lui que Schopcnhauer
a dit : « On se t'ait accorder par la menace les témoignages
extérieurs de l'estime, que l'on '[dit trop difficile OU su-
perflu d'acquérir réellement : c'est à peu pics comme si
quelqu'un chauffait avec sa main la houle du thermomètre
pour prouver que sa chambre est bien chauffée. » La
question n'est vraiment intéressante qu'ainsi posée: Que
faut-il penser philosophiquement de cette loi de la morale
mondaine, de cet état de nos mœurs, qui fait que le plus
honnête homme, le plus juste et même le plus pacifique
peut se croire obligé d'honneur à se battre en duel dans
îles conditions données ? Est-ce un pur préjugé, un reste
île barbarie? Ou y a-t-il sous ce préjugé un sentiment vrai
de la dignité humaine ? Le duel est-il toujours condamné, ou
peut-il être permis, imposé même quelquefois par la morale?
On peut accorder, semble-t-il, que le duel est de deux
manières un reste de barbarie : d'une part, c'est évidem-
ment un legs des temps ou l'individu, mal protégé parles
lois, avait à se faire respecter lui-même ; et, par suite, il
est a croire qu'il disparaîtrait plus vite dans une société où
tous les droits, même les plus délicats, des personnes
seraient infailliblement sauvegardés. Comme la tendance
i -e faire justice à soi-même est essentiellement antijuri-
dique et destructive de l'état social, un premier point à
poser, c'est que le duel est une faute toutes les fois que le
dommage en question est prévu et suffisamment réprimé
par les lois. En déférant aux tribunaux un insolent agres-
seur contre lequel on est sur d'avoir gain de cause, on le
punit bien mieux qu'en lui taisant l'honneur de s'aligner
avec lui, pour lui faire peut-être une piqûre, mais peut-
être aussi pour en recevoir de lui. Car l'irrémédiable
tort du duel au point de vue du bon sens comme de
l'équité, c'est que l'issue n'en prouve jamais rien, qu'on y
peut triompher ayant tort et succomber ayant cent fois
raison: double monstruosité morale. Et comme l'absurde
ne saurait être obligatoire, on n'aperçoit vraiment aucun
cas où un homme qui ne s'est donné aucun tort puisse être
tenu en conscience de se battre en duel. Il n'a, en effet,
par hypothèse, aucune réparation a accorder, n'ayant causé
aucun dommage; et quant à celles qu'on peut lui devoir,
c'est bien le moins, si la loi ne les lui garantit, qu'il soit
libre de les dédaigner, plutôt que de les demander a un
combat au moins douteux, qui peut ou manquer ou dé-
passer le but. Car vaincu, il sera victime une fois de plus;
vainqueur, sa victoire peut aller fort au delà de son droit
de défende.
Il est très vrai qu'il ne faut pus compter sur les lois
pour nous assurer toujours le respect d'autrui dans toute
la mesure et sous toutes les formes auxquelles nous avons
le droit de prétendre. I.a loi protège les personnes dans
leurs intérêts, par exemple, mieux que dans leur répu-
tation ; et il est certain qu'elle laisse en grande partie a
chacun de nous le soin de taire respecter celle chose si dé-
licate et d'un si grand prix, socialement parlant, qu'on
appelle l'honneur, au sens mondain de ce mot. Mais quand
ou parle morale, on eu appelle de l'opinion ambiante à la
raison : or, quelque prix que la raison nous permette
el nous commande même d'attacher a la considération de
nos semblables (le respect, auquel nous devons tenir, en
est lui-même une manifestation), il est impossible au mo-
raliste d'identifier l'honneur mondain, c.-à-d., en somme,
la réputation, qui si souvent ne dépend pas de nous, avec
l'honneur vrai qui ne peut résider que dans notre carac-
tère. Moralement, il n'y a de déshonneur qu'à faire volon-
tairement le contraire de ce qu'on doit. Il n'appartient donc
à personne de me déshonorer ; moi seul je le puis si je
manque sciemment à l'honneur : l'insulte et la calomnie
déshonorent celui qui s'y livre et non celui qui les subit.
Dans cet ordre d'idées, les justes réparations (savoir la ré-
tractation et les excuses) ne sont jamais refusées par un
galant homme qui s'est trompé ou emporté trop loin : il
s'honore en reconnaissant son erreur : quant aux autres,
c'est duperie pure que de vouloir exiger d'eux plus que la
loi écrite ne les force a donner. El. le cas est le même,
quoique plus douloureux encore, quand il s'agit de l'hon-
neur de nos amis el de nos proches, de l'honneur des
femmes particulièrement. La loi, certes, parait souvent
alors insuffisante ; et la publicité de l'action judiciaire est
de nature à augmenter plutôt le dommage dont on poursuit
la réparation ; mais en quoi le duel est-il plus réparateur
et fait-il moins de scandale? Xon, la seule bonne raison
qu'un homme irréprochable puisse avoir de se battre en
duel, c'est le légitime désir de montrer qu'il n'est pas un
lâche : sentiment respectable , mais qui peut avoir sa
naïveté. L'important, moralement, ce n'est pas de faire dire
qu'on est brave, c'est de l'être, et de réserver son courage
pour de bonnes occasions, qui ne manquent guère ; car
c'est une vertu dont le prix moral est beaucoup dans
l'usage qu'on en fait. Admettons-le aussi, il peut y avoir
des affronts après lesquels un honnête homme trouve la
vie insupportable. Une telle douleur est une circonstance
atténuante pour tout, donc pour le duel aussi, cela va de
soi ; mais elle ne fait pas qu'il soit logique, ni surtout
obligatoire de s'exposer aux coups de celui-là même qui a
déjà tous les torts, et qui ne mérite que le mépris.
Quand on a les torts soi-même, le cas est fort diffèrent.
Comme on doit toutes les réparations, on peut être tenu
d'honneur, après avoir offert toutes celles qui sont possi-
bles, à ne pas refuser même «la réparation par les armes», si
elle est jugée seule acceptable par la personne qu on a offensée.
Mais le duel alors a des obligations particulières : la loyale
observation des règles ordinaires n'empêcherait pas de pa-
raître odieux à tous et d'une insupportable injustice,
le coup dont on frapperait (mortellement surtout) la per-
sonne qu'on a déjà blessée dans ses droits, atteinte dans
son honneur. On a dit du duel qu'il est une tentative
d'homicide compliquée d'un suicide éventuel : eh bien, il
n'est tolérable, dans l'éventualité que nous envisageons,
qu'à condition que l'offenseur en fasse, s'il le faut, une
sorte de suicide plutôt que de risquer d'ajouter l'homicide
à sa faute. — On le voit, le seul cas où ce peut être u\)
vrai devoir de se battre en duel, c'est en expiation d'une
offense irréparable autrement, et c'est à une condition
qu'on trouvera sans doute rigoureuse. Mais on n'a qu'à
ne pas se mettre dans ce cas : quand le vin est tiré il faut
le boire. Si l'obligation de se battre quand ils s'injurient
trop gravement est, comme on le dit parfois, le seul moyen
d'éveiller le sens de l'honneur chez certains soldats et de
leur apprendre à se respecter entre égaux, il n'y a pas
lieu de s'élever si haut contre le duel obligatoire dans
DUE!. — DU FAII.
- m -
l'armée: il m justifie comme lesautrei rigueurs extrêmes de
la discipline militaire. Mais, en thèse générale, on | >*- 1 1 1 dire
que le duel, quelquefois excusable en eomidération de l'in-
suffisance des lois el de l'état deemmurs, ne saurait jamais
être obligatoire pour qui n'aurail manqué à aucune obliga-
tion ; el ni peu) que le condamner en principe, comme
n'offrant aucune garantie de justice el ne pouvant se géné-
raliser sans danger pour l'ordre social. II. Habioh.
VI. Escrime. — Jkii de duel. — Le jeu dit de dnel ou
de terrain diffère sensiblement de l'escrime propremenl dite
qu'on enseigne dans les salles. Il a surtout [mur but d'éviter
les coups pour coups si fréquents au fleuret, même entre
tireurs forts, car si, dans un assaut de salle, il n'y a jamais
qu'un coup qui compte, il n'en esl pas de même sur le terrain.
oo celui qui touche n'importe ou et n'importe comment e
toujours raison. La création de ce jeu est due à M. Jules
Jacob qui préside en ce moment (4892) l'académie d'armes.
Les principes en sont clairement établis dans les leçons
d'épée de ce maitre, rédigées par M. Emile André, directeur
du journal l'Escrime française. La base de ce jeu consiste
principalement à ne faire que des fausses attaques ou des
attaques aux parties avancées du corps, afin de pouvoir
placer utilement une riposte ou encore mieux une contre-
riposte au corps. Il ne faut attaquer à fond au corps que le
moins souvent possible. Dans ce cas, on doit toujours le faire
par des coups simples précédés d'attaques à l'épée : batte-
ment, froissement ou double battement. Les croisés sont
également d'un emploi très utile. Les coups portés doivent
toujours être lamés et non allongés comme dans l'escrime
ordinaire. En outre, après toute attaque au corps, il faut
avoir bien soin de se relever vivement en faisant un bond
en arrière, pour éviter le coup de l'adversaire, qui, quoique
touché, pourrait fort bien riposter. En somme, le tireur
de terrain doit toujours avoir présente à l'esprit la maxime :
« Mieux vaut ne pas toucher que de s'exposer à être
touché. » A. Balle.
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denza e nella pratica ita.lia.na; Florence, 1886, in-s. —
Goilhiermoz, Saint Louis. Les Gages de bataille et la
procédure civile, dans Bihl. de l'Ecole des chartes, 1887.
— J. Tardif, la Date el le caractère de l'ordonnance de
saint frottis sur le duel judiciaire, dans Nouvelle Revue
historique du droit, 1887, p. 163. — D'Arbois db Juuain-
vili.i:, le Duel conventionnel en droit irlandais el cliez les
Celtibériens, dans Nouvelle Revue historique du droit,
1889, p. 729. — F. Patetta, le Ordalie; Turin, 1800, in-8.
Temps modernes. — Brantôme, Discours sur lesduels,
au t. VI des (Euvres publiées par la Société de l'Histoire
de France. — B'", Histoire des duels; Amsterdam, 1720,
in-12. — Comte de Châteauvillard, Essai sur les duels,
183ii, in-8. — Dupin, Question du duel devant la cour de
cassation; réquisitoire de M. Dupin, procureur général,
1837, in-8.— Merk.n m :, Histoire de l'escrime; Paris, 1888,
in-8.— VigeANT, Duels de maîtres d'armes ; Paris, 1884,
in-16. — Baron de Vaux, les Duels célèbres; Paris, 18(4,
in-8.— Jules Jacob, le Jeude iépée ; Paris, 1887, in-8. —
A. Tavermer, l'Art du duel ; Paris, 1889, in-8 et in-12. —
G. I.etainturip.r-Fkadin, (e Duel à travers les âges :
Paris, 1892, in-8.
DU ELLE (Métrol.). Poids ancien, valant t0er-20.
D U E N AS ou DU EN ï AS (Johan ou Juan de). poète espagnol
du w" riéele. <>n ne sait ries it ■ rie, bjbm qu'il fut
prisonnier t Nantes, dans la tour Samt'Viiieeol, probable-
ment après la défaite navale d'Aloaae \. roi d'Aragon, à
Ponza (1435). ni-s vers, éparsea difêreata raoetls, n'ont
jamais été réunis; c'est dans lai m euaapfauna du
Cancionero gênerai qu'il but chercher quelques poésies
de lui ou a la Bibliothèque particulière de Roi, a Madrid,
qui en possède onze encore méditas. I). Eugénie de Bshaa
a publie pour la première t'ois, el d'après un irianuscrii de
la llililiollieque nationale (n° 78-20, Colecciôn de ru
wnttàuas casteUanat), une œuvre importante de Dm
la Nao de Amor, allégorie amoureuse d'un style ol,
et dont bien des passages sont a peu près inintelligibles.
Ce poème, composé dînant la captivité de Napks, compte
vingt-deux strophes de neuf vers chacune, plus quatre
»ere dans lesquels l'auteur s'adresse au roi en terminant.
Voici le titre complet : lu Nao <!<• Amor ijue fixa Johan
de Dueftas, remetida al Bey nuestro Sefior, que Bios
baya. Le roi dont il est question doit être I). Juan II de
bastille, mort en I î.'ii. Lucien Dollfus.
Bihl. : Consulter sur ce poète peu connu, D. Bogenio
de Ochoa, CaUUogo razonado de los manuscritos espa-
noles, etc. ; Paris, 1844, in-4. — Du même, Rimas inédita.s
de D. Ifiiqo Lopez de Mendoza, marqués de Santillana,
Fernan Perez de Guzmany de otros poêlas delsiglo XV ;
Paiis, 1844, in-s. — Il existe encore deux octaves et deux
quatrains de arte menor, inédits, à la Bibliothèque natio-
nale, ms. n° 7- 19.
DUERNE. Com. du dép. du Rhône, arr. de Lyon, cant.
de Saint-Symphorien-sur-Coise ; 70-2 bab. In des villages
les plus élevés du dép. du Rhône, à l'embranchement des
routes de Clermont et de Hontbrison. Duerne est une an-
cienne possession de l'abbaye de Savigny.
DUER0. Fleuve d'Espagne et de Portugal (V. Douro).
DUERO (Marquis del) (V. Concba [Don Manuel]).
DU ES M E. Com. du dép. de la Cote-d'Or, arr. de Chàtillon-
sur-Seine, cant. d'Aignay-le-Duc; 195 bab.
DUEZ (Ernest-Ange), peintre français contemporain, né
à Paris en 1843. Elève de Pils, il débuta au Salon de 1868,
mais ce fut seulement en 1873 que son tableau Lune de
miel fixa l'attention de la critique. L'artiste y révélait un
talent tout parisien, tout moderne, une fine élégance dans
le dessin, et un coloris distingué, d'une harmonie exquise
dans ses tonalités adoucies, limité à cette gamme transpa-
rente et rompue de gris argenté qui est propre à notre
région. En 4874, son diptyque, Splendeur et Misère, sujet
tout parisien, obtint une médaille de3eelasse.Au Salon de
1877 figura le Portrait de Madame I)..., vêtue de rouge
sur un divan rouge, dans une chambre rouge, d'un aspect
plus étrange qu'harmonieux. L'œuvre maltresse de M. Duez
est jusqu'à présent le Saint Cuthbert. grand triptyque
(S. 1879; au inusée du Luxembourg». Les qualités de l'ar-
tiste s'y retrouvent entièrement ; mais les morceaux d'un
réalisme si moderne dans ses détails qui y figurent, et sur-
tout le fond du panneau principal, étude prise probable-
ment près des villas de Sainte-Adresse ou de Villerville.
font un contraste bizarre avec les sujets miraculeux repré-
sentés. Les tableaux les plus remarquables de l'artiste ont
été ensuite les excellents portraits des artistes Ulysse lia tin
(S. 1880) et A. de\euville (S. 1884) ; le Miracle des
roses de saint Français d'Assise (S. IN84) et Yirijib-
s'inspirant dans les bois (1889), panneau décoratif pour
la Sorbonne. Ad. T.
DU FAIL (Noël), sieur do La Hérissaye. écrivain fran-
çais, mort vers 1585. Juge au présidial de Rennes vers
1553, il entra en 1571, comme conseiller, au parlement de
Rrotagne. C'est à peu près tout ce qu'on sait de sa vie.
Conteur agréable et satiriste mordant, il ne s'acquitta pas
moins avec infiniment de gravité des devoirs de sa chu
jusqu'à publier des Mémoires recueillis et extraits des
plus notables et solennels arrêts du Parlement rfV Bre-
tagne (Hennés, ln7!), in-fol.), qui détonent un peu dans
l'ensemble de son œuvre. Citons de Du Fail : Propos rus-
- 44 -
DU FAIL - DUFAURE
lamas de maître Léon Ladulfl (Lyon, 1317, in S), sorte
d'eglogue en prose où Im traits satiriques abondent, qui a
.■t.' réimprimée sous des titres do peu différents comme:
Discours d'aucuns propos rustiques, facétieux etdesin-
gulière récréation (Paris. 1548, in-46, et Lyon, 1849,
ïn-lti>. ou tas Husesel Finesses de Ragot (Paris, 1573,
in-46) ; Bativerneries ou contes nouveaux d'Eutrapel
(Paris, 1548, in-46; Lyon, 1549, in-46), plas connus
encore sous le titre de Contes et discours d'Eutrapel
(Rennes, 1585, m-8). Los Facéties de Du l'ail onl en une
vague considérable et des éditions multiples. Nous ne men-
tionnerons une les recueils : Propos rustiques, baliver—
neries, contes et discours d'Eutrapel avec un essai sur
la vie et les écrits de M. Du Fait par .1. -Marie Guichard
(Paris. 1842, in-42) : ffcuvres facétieuses (Paris, 4874,
2 vol. in-lti), éd. par Assézat.
DUFAU (Fortuné), peintre français, né a Saint-Domin-
gue en 1 770. moi t à Paris en 4S-2 1 . Envoyé fort jeune à
Paris, il entra dans l'atelier de David et alla ensuite se
perfectionner en Italie. Rappelé par la réquisition militaire
et envoyé en Belgique avec son régiment, il fut fait prison-
nier par les Autrichiens et demeura jusqu'à la paix interné
en Hongrie. De retour en France, il exposa divers tableaux,
dont voici les principaux : Ugolin et ses enfants dans
leur prison (S. 4890); le Général Marescot, entouré
de su famille (S. 1896); Saint Vincent de Paul, figure
expressive et austère, qui produisit une profonde sensation
- 1898) : Gustave Wasa haranguant les paysans de
la Dalécarlie (S. 4849; musée de Marseille) ; un Vieillard
en méditation ; ce dernier tableau passe pour son chef-
d'o'iivie. Excellent dessinateur, assez bon coloriste, et
surtout habile à rendre l'expression dramatique dans les
figures, P. Dul'au se vit, à cause de son républicanisme
intransigeant, laissé de coté dans les commandes officielles
de l'Empire et de la Restauration. Ses amis eurent grand-
peine à lui faire obtenir les modestes fonctions de profes-
seur de dessin à l'école de cavalerie de Saint-Germain, puis
à l'école militaire de Saint-Cyr ; il dut même renoncer à
cette dernière place peu d'années avant sa mort. Ad. T.
DUFAU (Pierre- Armand) , publiciste français, né à
Bordeaux en 1795, mort à Paris le 25 août 1X77. Insti-
tuteur (4845), puis directeur (4849-4855) des Jeunes
Aveugles, outre de nombreux articles dans la presse (il
dirigea le Constitutionnel en 1834), il a écrit un grand
nombre d'ouvrages : de médiocres livres d'histoire, des
traités d'économie politique, des œuvres littéraires. Nous
citerons : Collection des chartes, lois fondamentales et
actes additionnels des peuples île V Europe et des deux
Amériques (4824-26, 6vol.); Essai sur V état physique,
moral et intellectuel des aveugles-nés (I83(>); Traité
de statistique nu Théorie des lois d'après lesquelles se
développent les faits sociaux (4849); Notice historique,
statistique et descriptive sur l'institution des Jeunes
Aveugles (4859, in-8).
D U F A U R E (Jules-Armand-Stanislas) , homme d'Etat fran-
çais, né à Saujon (Charente-Inférieure) le 4 déc. 4798,
mort à Rueil le 27 juin 1881. Il fit son droit à Paris, fut
inscrit en 1820 au barreau de Bordeaux où il plaida avec
infiniment de talent et de fougue des causes politiques qui
le mirent en lumière. Il s'occupa bientôt passionnément de
politique active et en 4830 il faisait de la propagande
libérale. « écrivant, dit-il, à tous les électeurs, les relançant,
mettant leurs pièces en règle, rédigeant leurs mémoires et,
le jour, pressé de consultations, partout, dans son cabinet
et au barreau, dans les rues et sur les places publiques ».
Devenu très populaire, il fut élu le 21 juin 4834 député
de Saintes, qui ne cessa de le réélire jusqu'en 18i8. Mem-
bre du tiers parti, il prit peu à peu une influence considé-
rable sur l'assemblée par ses qualités de debater et par la
conscience et la compétence de ses rapports soit sur les
questions d'aflaires, soit sur celles de droit et de pratique
parlementaires. A l'avènement du ministère Thiers, il fut
nommé conseiller d'Etat (juin 1836) et démissionna l'année
suivante avec le cabinet. Il lit partie de la coalition contre
le ministère Moléel après la victoire de cette coalition reçut
le portefeuille des travaux publics (12 mai 1839). Il lit
preuve d'une activité dévorante : lit voter l'amélioration des
grands ports de commerce, et , grâce il son intervention
incessante et à la vigueur de ses arguments et de ses con-
victions, réussit a écarter de la construction des chemins
de fer les obstacles qui l'avaient jusqu'alors entravée et qui
semblaient insurmontables. Tombe le 15 mars 1840 sur la
question de l'apanage du duc de Nemours , Dufaure prit à
tache de mener à bien les travaux qu'il avait entrepris
comme ministre. Il se fit nommer rapporteur de toutes les
lois qu'il avait présentées et ne prit presque aucune part aux
débats politiques. Cependant, en 1841, il attaqua avec une
rare énergie la fameuse loi sur les fortifications de Paris qui
avait surexcité tant de passions, et il appuya le cabinet
Thiers auquel l'opposition voulait refuser des subsides pour
le développement de la conquête de l'Algérie. En 1842, il
fut porté comme candidat à la présidence de la Chambre par
l'opposition qui réunit sur son nom 184 voix contre 227. Il
dut se contenter de la vice-présidence qui lui fut confiée de
nouveau en 4845. Survint la révolution de 1848. Elu à la
Constituante par la Charente-Inférieure, Dufaure fit partie
de la commission de constitution, et le 13 oct. fut nommé
ministre de l'intérieur par Cavaignac. Cette nomination ne
laissa pas que de surprendre le public. Le National écrivait :
« A huit mois du 24 févr., il est naturel qu'on s'étonne de
voir l'ancien adversaire des banquets réformistes devenir le
chef de la politique intérieure de la France républicaine. »
Ces attaques se reproduisant même au sein de l'assemblée,
Dufaure y répondit en ces termes : « De quoi se plaint-on
en réalité? Soyons francs ! on se plaint de ce que le gou-
vernement a fait un pas vers des hommes qui n'étaient pas
républicains la veille du 21 févr. — cela est vrai, et je suis
forcé d'en convenir, — mais qui ont accepté la Bépublique,
qui s'y sont attachés , qui se sont voués à la défendre ! »
Il combattit très vivement les théories des socialistes, défendit
à la tribune, sans grand bonheur, l'expédition deCivita Vec-
chia, et appuya de toutes ses forces la candidature de Cavai-
gnac à la présidence de la Bépublique. Lorsqu'elle eut échoué,
il se retira avec le ministère (20 déc. 1848) et soutint la
proposition de dissolution de l'Assemblée. Réélu à la Légis-
lative le 43 mai 1849, il rentra au ministère de l'intérieur
grâce à l'insistance d'Ûdilon Barrot, réprima la tentative de
Ledru-Rollin, fit mettre en état de siège Paris et plusieurs
départements, interdit les clubs pendant un an, et suspendit
quelques journaux. Ces mesures de rigueur l'exposèrent aux
interpellations incessantes et passionnées de la gauche, et
cependant Louis-Napoléon, prétextant que le cabinet n'avait
ni force ni énergie, le renvoyait brusquement le 31 oct.
1849. Dufaure s'occupa alors presque uniquement de la
grande enquête sur l'état de la marine française. Après
quelques jours de détention, au moment du coup d'Etat du
2 déc, il rentra dans la vie privée. Inscrit au barreau de
Paris, il y plaida avec éclat des procès politiques, fut élu
bâtonnier de l'ordre à la fin de juil. 18fi2 et entra à l'Aca-
démie française le 23 août 18<>3 en remplacement du chan-
celier Pasquier. Ses succès oratoires accrurent encore sa
notoriété. Les libéraux se comptaient sur son nom aux
élections législatives départementales (Charente-Inférieure
en 1837 et 1863, Gironde en -1863, Var en 1868). Dès la
proclamation de la Bépublique , il fut élu à l'Assemblée
nationale par cinq départements : Charente-Inférieure, Gi-
ronde, Hérault, Seine-Inférieure, Var (8 févr. 1871). Il
opta pour la Charente-Inférieure. Le 46 févr., quatre jours
après la constitution de l'Assemblée, il proposait, avec
MM. Grévy, de Malleville, Vitet, Barthélémy Saint-llilaire,
de choisir M. Thiers comme chef du pouvoir exécutif de la
Bépublique française et, cette proposition acceptée ( 17 févr.),
prenait le portefeuille de la justice. Il eut à réorganiser la
magistrature, à reconstituer les actes de l'état civil, à
diriger les poursuites contre les insurgés de la Commune,
à préparer un projet de réorganisation du conseil d'Etat. Il
Ill'KAl RE — Dl PA\
- 12 -
prépara, soutint et iii voter en 1872 la loi rar le jury ; enfin
il lit nommer la oo nmission de trente membres charséi de
régler les attributions des pouvoirs publics et les conditions
de la responsabilité ministérielle. Tombé avec Thiers le
24 mai 1873 devant la coalition des droites, Dufauresiégea
au centre gauche. Il combattit le cabinet de Broglie, et
réclama a plusieurs reprises, sans succès, la mise à l'ordre
du jour des projets de luis constitutionnelles. Il appuya
également M. Wallon et sur cette question capitale île
l'adoption d'une constitution républicaine devint en réalité
le chef des gauches. Le 18 mars 1*73, les sceaux lui étaient
rendus (cabinet Bullet). Il prit alors une part importantes
l'organisation du Sénat et à la discussion îles lois électo-
rales des deux Chambres, tout en combattant avec vigueur
le parti bonapartiste. Il échoua aux élections sénatoriales
dans la Charente-Inférieure, niais fut élu député par l'arr.
de Uarennes le 20 tévr. 1870. M. Buffet, battu dans quatre
circonscriptions, démissionna. Aussitôt Dufaure fut nommé
président du conseil (!) mars). Apres avoir repousse l'am-
nistie pour les insurgés de la Commune, il institua la com-
mission des grâces, puis il créa au ministère de la justice
le comité de législation étrangère auquel il confia la mission
de réunir tous les textes et de publier les traductions de codes
étrangers, il reprit l'élude de la réforme judiciaire, se pro-
digua dans tous les débats importants et porta à l'apogée sa
renommée d'orateur d'affaires, âpre et tenace, clair et con-
vaincant. Il tomba le 12 déc. 1876 sur la question de la
cessation de toutes poursuites nouvelles à l'occasion de la
Commune. Il avait été nommé sénateur inamovible le 14 août
187(i en remplacement de Casimir-Pcrier.il voyagea quelque
peu et revint à Paris pour lutter contre le gouvernement du
16 mai qui n'eut pas d'adversaire plus mordant. Il vota
contre la dissolution de la Chambre et après la victoire des
363 fut chargé (24 déc. 1877) de constituer un ministère
dit « parlementaire ». Il eut à réparer les injustices com-
mises par le cabinet de Broglie-Fourfou, mit sur le chantier
la revision du code d'instruction criminelle, présenta une
loi sur l'extradition, s'occupa delà colonisation algérienne
et de bien d'autres questions avec une puissance de travail
extraordinaire et troublé sans cesse par des sollicitations
qui lui arrachaient des boutades comme celle-ci : « Je ne
sais plus auquel entendre et, si j'en croyais les députés, je
laisserais tout cela pour m'occuper de leurs juges de paix.
Les affaires de l'Etat, la conférence de Berlin, qu'est-ce que
cela ? Les affaires de mon canton, voilà les matières sé-
rieuses! » Lorsque le maréchal de Mac-Mahon eut refusé
d'adhérer au remplacement des commandants de corps
d'armée qui avaient dépassé le terme de trois années fixé
par la loi, Dufaure ne voulut point pliera son désir la déci-
sion du conseil des ministres, et le président de la République
fut ainsi amené à démissionner. Mais aussitôt que M. Grévy
eut été élevé à la présidence, Dufaure remit entre ses mains
la démission du cabinet (3 févr. 187!)) et ne voulut point
entrer dans le nouveau ministère. Depuis lors, il siégea au
Sénat presque silencieux, assombri par la mort de sa femme
(Mllr' Jaubert). Il combattit pourtant en 1880 le fameux
article 7 comme contraire à la liberté, et ce fut son dernier
discours.
Bibl. : Georges Picot, M. Dufaure, sa i'ie et ses dis-
cours; Paris, lss;S, in-12. — P. MOULIN, M. Dufaure et son
fauteuil académique ; Paris, 1S79, in-8.
DUTAURE (Amédée), homme politique français, né à
Paris le 29 nov. 1851. Fils du précédent, il fut d'abord
attaché à la préfecture de la Seine, puis devint, en 1873,
secrétaire de M. Ferdinand Duval, alors préfet. Il entra
ensuite dans la diplomatie, fut successivement secrétaire
d'ambassade à Home et à Madrid, puis revint auprès du
duc Decazes et du marquis de Bonneville, tous deux mi-
nistres des affaires étrangères, jusqu'au jour où, après
avoir été entre temps chef du cabinet de son père, il donna
sa démission. Quatre ans plus tard il fut élu, dans le
Vin* arrondissement (quartier de la Madeleine), conseiller
municipal de Paris et conseiller général de la Seine. Aux
élections du -i-i sept. 1889, M. Amédée Daman
présenté dans l'arr. d'Etampes (Seine-et-Otse), mmim
candidat conservateur libéral, et a été èlo contre M. de
Jonvencel, républicain radical, député sortant. \ l'ouverture
de la session, il a été nommé secrétaire de la Chambre.
DUFAURE m Bessol (Joseph-Arthur), général fran-
çais, m- a Beaulieu (Corrèze) le 23 févr. tx-jx. l
volontaire en l*!7, il entra à Saint-Cyr, en lortil en
1851, et servit en Afrique au bureau arabe de SÛi-bct-
Abbès (1853-4854), fit la campagne de Crimée (!*.'>'»-
36), la campagne d'Italie (1859), et, promu capitaine au
grenadiers de la garde en I859, combattit au Mexique de
1862 a IK07. Le 12 sept. 1870, il fut nommé colonel du
43' de marche, avec fonction de commandant d"une bri-
gade de l'armée do Nord, et promu gênerai le 7 nov. sui-
vant, combattit brillamment a Bezonvflle, a Amiens, à
Saint-Quentin où il reçut trois blessures, livra les COm-
batsde Mézières et Villers-Bretonneux, assista a eeui de
l'on l-.\'oye) les et liapaume. Classé le 16 sept. 1X71 daas
l'etat-major général, il fut nommé le 28 oct. commandant
de la Haute-Garonne. Promu général de division le 11 nov.
1889, il est actuellement (1892) commandant du 19acoraa
d'armée (Alger).
DUFAY ou DU FAY (Guillaume) célèbre compositeur
français, né probablement a Cambrai, vers 1400, mort
a Cambrai le 27 nov. 1174. C'est un de <eux qui, avec
Binchoù et Dumtable (V. ces noms) firent le plus pour
le développement de l'art oiiitivpuinlique. Il fit son édu-
cation musicale comme enfant de cheeur a la cathédrale
de Cambrai. Le 20 déc. 1428, on le trouve mentionne
parmi les chanteurs de la chapelle pontificale, ou il resta
jusqu'en juin 1437. On suit assez vaguement sa trace à la
cour de Bourgogne et à Paris, avant de le retrouver en
1440, puis surtout à partir de 1459, fixé à Cambrai,
comme chanoine de la cathédrale. Ses compositions, long-
temps oubliées, ont été retrouvées récemment en nombre
considérable; on en compte soixanle-deux dans le ms.
37 du Liceo musicale de Bologne ; vingt-cinq dans le
ms. 2216 de l'Université de la même ville ; d'autres,
aux archives de la chapelle pontificale de Saint-Pierre de
Rome, de la cathédrale de Trente, et des bibliothèques de
Modène, Paris (Bibliothèque nationale.ms.fr. 15123),
Bruxelles et Cambrai. Ce sont pour la plupart des mor-
ceaux religieux, messes, fragments de messes, hymnes, etc.,
à deux , trois ou quatre voix , plus quelques pièces de
circonstance, telles qu'une hymne pour le couronnement
de l'empereur Sigismond (1433), et quelques chansons
italiennes et françaises. On doit attendre, pour bien appré-
cier l'étendue des progrès accomplis dans l'art par Dnfav,
qu'un nombre suffisant de ses œuvres ait été publie. Mais
le peu qui en a été donné jusqu'à ce jour a sutli à le placer
au premier rang de l'école française, dans la période im-
médiatement antérieure a Oekeghem. Michel Bbehet.
Bibl.: Il"i doy, Histoire artistique de la cathédrale de
Cambrai, issu. in-1. — Haberl, Bausteine fur Musikge-
schichte, t. I, W. du Fa;t. 1885, in-8. — Brrnet, (i. Du/Sy,
dans te Ménestrel des 15, 22, ■.'!! août, 5, 12, 26 sept. 1886.
DU FAY (Charles-Français de Cistebnat) (V. Fat | Du J).
DUFAY (Louis-Pierre), homme politique français, né à
Paris en 1733. Députe de Saint-Domingue à la Convention,
il n'y siégea qu'à partir du 15 pluviôse an 11. H fil partie
du conseil des Cinq-Cents. On ignore la date de sa mort.
DU FAY (Jean-François-Charles), homme politique fran-
çais, né à Blois (Loir-et-Cher) le 24 juin 1815. Docteur
en médecine, il exerça à Blois de 1843 à 1871. et se dis-
tingua particulièrement lors du choléra de 1849, ce qui
lui valut une médaille d'argent. De bonne heure il avait
fait de la politique libérale, avait dirigé on journal, le II -
publicain de Loir-et-Cher (1848-1849), et, élu conseiller
municipal de Blois en 1869, avait fait partie de la com-
mission chargée provisoirement de l'administration de la
commune pendant la guerre, et rempli les fond ions de
maire durant l'occupation allemande, situation qui fut ré-
gularisée en mai 1871 par décret du chef OU pouvoir
— 13
OUI AV - DUFFERIN
exécutif. Après avoir échoué aux élections «lu 8 févr. 1874
pour L'Assemblée nationale, il fut élu représentant de
l.ou-ri Cher le i juil. de la même année, siégea à la gauche
républicaine et vota les mesures le> plus libérales. Il posa
sans succès sa candidature aux élections sénatoriales du
SOjanv. 1876, mais l'ut élu député de Mois il"' circons
eription) le 20 févr. suivant. Il combaltitle gouvernement
.lu iti mai. l'ut réélu le 14 oct. 1 S77 avec les 363, el le
5ianv. 1879 devint sénateur de Loir-et-Cher. Il a été
reelu au renouvellement triennal du Sjanv. 1888. Dans
la Chambre haute, il a soutenu la politique républicaine et
combatte le boulangisme. Membre d'un certain nombre de
sociétés savantes ou d'associations utilitaires, fondateur
de l'Association médicale <((' Loir-et-Cher et vice-pré-
sident de V Association générale de prévoyance et de
secours mutuels des médecins de France, le Dr Dufay
a collaboré activement à plusieurs recueils scientifiques,
entra autres au Bulletin de la Société de psychologie
physiologique (4888-1890) et à la Revue scientifique
1 1876-4888). Disciple de Claude Bernard, il admet la théo-
rie du déterminisme organique et, en philosophie naturelle,
la doctrine de l'évolution et du transformisme. Citons en-
tera de lui une importante étude biographique et bibliogra-
phique: Un Eruaii au xnf siècle. Armand Baschel
et son oeuvre (Paris, 1887, iu-8).
DUFEY(l'ierre-Joseph-Spiritliou),dit/)t(/<7/(W'Niw//f',
publiciste français, né en 1770, mort aux Balignolles en
dec. IS.'.i. Auïcatà Bordeaux, il y plaida jusqu'en 181-2
et. venu à Paris à peu prés a cette époque, se lança dans
le journalisme. Rédacteur au Nain jaune ( 1 s l r> > , il fonda
ensuite avec Robert Babeuf et G-.-C. Zenovritz le Nain
tricolore, qui n'eut qu'un numéro, supprimé par arrêt de
la cour d'assises delà Seine du H juin 1846 qui con-
damna Dufey a la déportation. En 18-26, il créait un nouvel
organe, le mémorial politique, littéraire et industriel,
qui n'eut pas de succès. Outre sa collaboration active à un
grand nombre de périodiques et de recueils, comme des
Biographies, des Dictionnaires, entre autres le Diction-
naire de la conversation, Dutey a produit un nombre
considérable d'ouvrages dans tous les genres parmi les-
quels nous citerons : Histoire, actes et remontrances
des parlements de France et autres cours souveraines
depuis l'iGI jusqu'à leur suppression (Paris, 1826,
-2 vol. in-8) ; l'Europe et la France en ilihJ et 18i5
(18I5, in-8); Confessions de Napoléon (4846, 2 vol.
in-12), saisi par la police; Nouveau Dictionnaire histo-
rique tles environs de Paris (1825, in-8); Caligny
(18-24, 4vol. in-12); Dunois (1824, 4 vol. in-12); Des
i mêlées aux Champs de Mars ( 1815, in-8) ; Histoire
des communes de France (18-28, in-8); la Bastille
i I 83 i. in-8), etc.
DU FF (Iles). Petit archipel de l'Océanie dont les onze
iles dépendent du groupe voisin desiles Santa-Cruz (V. ce
nom). Il a été découvert en 1797 par le capitaine Wilson
dont le navire s'appelait le Duff.
DU FF, comtes de Fife, famille anglaise. William Duff,
membre de la Chambre des communes pour le Banffshire,
de 17-27 à 1734, fut créé comte de Fife dans la pairie d'Ir-
lande le 26 avr. 4759. Il mourut en 1763. — Son fils
Janvs, grand agronome, augmenta fort la valeur des pro-
priétés patrimoniales dans le nord de l'Ecosse; en 1790,
il fut créé baron Fife dan> la pairie d'Angleterre. 11 mourut
en 1809, et le titre s'éteignil en tant que titre anglais. En
tant que titra irlandais, le comté de File passa à Alexander,
frère (lu dernier comte.
DUFF (Robert), amiral anglais, mort en 1787, Com-
mandantdés 4744, il prit part a l'expédition de 1758 conlie
la Bretagne armoricaine el servit aux Antilles et à Gibraltar.
DUFF (William), publiciste anglais, ne en 1732, mort
en 4845. Il a écrit des sermons (étant pasteur de l'Eglise
d'Ecosse) et des ouvrages de critique morale et littéraire.
DUFF (James), gênerai espagnol, né en 1776, mort en
1857. Entré comme volontaire an service de l'Espagne en
1808, étant riche, il fut nommé tout de suite major géné-
ral ; il se distingua a la bataille de Talavera, et à la défense
de Cadix. En 1811, il succéda à son père comme quatrième
(imite de Fife dans la pairie d'Irlande; il fut crée pair du
lîoyaume-l ni en 1827. Son neveu hérita de ses titres et
de ^es biens.
DUFF (Jaines-Grant), historien anglais, né en 1789,
moi I en 1858. Il lit sa carrière dans l'Inde comme soldat et
comme diplomate. Résidant en 181, s dans le pays des
Maltraites, il v resta cinq années, réunissant les matériaux
d'une grande histoire de ce peuple, histoire qu'il publia,
après son retour en Fcosse en I82ti, sous le titre de Ilis-
tory of the Maltraitas. — L'un de ses lils a élé gouverneur
de Madras de 1881 à 1886.
DUFF (Alexander), missionnaire écossais, né en 4806,
mort en 1878. Après de brillantes éludes à Saint-André
et à Edimbourg, il alla en Inde, en 182!), pour y propa-
ger le christianisme. Au lieu de prêcher dans l'une ou
l'autre langue indigène, il ouvrit une école où il enseignait
l'anglais: cette méthode avait pour but de donner a une
élite indigène accès aux avantages de la civilisation chré-
tienne, et de faire pénétrer ainsi le christianisme par celte
élite dans la niasse du peuple. Du H' débuta avec cinq élèves ;
avant la fin de l'année il en avait trois cents, et dut en
refuser faute de place. Une dysenterie l'obligea à revenir
en Europe en 1834. 11 séjourna encore en Inde de 1840 à
1841) et de 1836 à 1863. Ses écoles se multiplièrent;
mais le résultat le plus clair fut que la méthode de Duff
s'imposa au gouvernement colonial ; elle devint le principe
de la loi qui réorganisa l'instruction publique en 1854.
t luire cela, pendant les congés que Dutf passa en Ecosse et
de 1864 à sa mort, il a su créer au sein de l'Eglise libre
d'Ecosse, séparée de l'Etat depuis 1843 et réduite à ses
propres ressources, un courant d'intérêt sans pareil pour
ies missions étrangères. En effet, cette Eglise qui compte
environ 300,000 membres communiants, entretenait, en
1890, cinquante-un missionnaires en Inde, aux Nouvelles-
Hébrides, en Cafrerie, au lac Nyassa, en Sprie et à Aden,
et a mis durant l'exercice 1889-1890, à la disposition de
sa commission des missions étrangères, la somme de plus
de 2,400,000 fr. Enfin, Duff réussit à créer à Glasgow
une chaire spéciale d'histoire des missions chrétiennes,
dont il fut naturellement le premier titulaire. F. -II. K.
Bim.. : (i. Smith, The Life of A. Duff; Londres, 1879,
2 vol. in-8.
DUFFEL. Com. belge de la prov. d'Anvers, arr. de
Malines, sur la Nèthe, affl. du Rupel; 5,800 hab. Stat.
du chemin de fer de Bruxelles à Rotterdam, à 19 kil.
d'Anvers. Blanchisseries de toiles, fabriques de tissus,
papeteries. Duffel est le lieu de naissance du fameux phi-
lologue Corneille Vankiel, dit Kilianus.
DUFFERIN (Cœlina, lady), femme poète anglaise (V.
Sheridan [Lady IlelenJ).
DUFFERIN (Frederick- Temple -Hamil ton Blackwood,
comte), diplomate anglais contemporain, né à Florence
en juin 1826. Il succéda au titre de son père, le troi-
sième baron Dufferin, le -24 juil. 1841, visita l'Irlande pen-
dant la lamine de 1846-47, l'Islande en yacht en 1859,
et rapporta de ses voyages deux livres intéressants : Nar-
rative of a journey auring the year of the Irish fa-
mine (I8i7) et Letters from hign latitudes ('■>'' édit.,
1867). Sous-secrétaire d'Etat pour l'Inde de 1864 à 1866,
puis de la guerre, il fut nommé chancelier du duché de
Lancastre en 1868 dans le ministère Gladstone, après avoir
publié plusieurs écrits sur la question irlandaise. Gouver-
neur général du Dominion of Canada depuis avr. 187*2, il
visita, accompagné de lady Dufferin, la Colombie anglaise
pendant l'été de INTIi, et resta à ce poste jusqu'en oct.
1878. Ambassadeur à Saint-Pétersbourg (févr. 1879), puis
à Constantinople (mai 1881), il eut à diriger en 1882-83
l'action diplomatique de l'Angleterre près de la Porte,
à l'occasion des événements d'Egypte. En nov. 1884, lord
Dufferin (élevé des 1871 a la dignité de comte) fut investi
hUMïlUNT— Dl un i;
— u —
de la nos-royauté des Indes. Il esl notre ensuite dans la
carrière diplomatique par l'ambassade de Rome (IN*!!)
d'où il a été transféré (déc. 1891) a rambassade de Paris,
vacante par la mort de lordLytton. En 1888, la faveur de
la reine, méritée par d'èminents services, l'a élevé au mar-
quisal (sous le titre de marquis Dufferin el \va); elle lui
a conféré en 1891, après la mort de W.-ll. Smith, la
dignité très honorifique et 1res lucrative de lord gardien
drs < iii<| ui-l '< >i i s. M. IIciii-v Hilton a publié, en 1882,
les Speeches ami adresses île lord Dunerin. Les Letters
front kigh latitudes ont été traduites deux lois eu fran-
çais: Lettres écrites tirs régions polaires d'ans, 1860,
in-8, et. 1882, in-8); ( // Voyage en yacht. Lettre* des
limites latitudes (Montréal, l*7(i, in-8). —.M. Robert
de Cerisy a publié une traduction d'nn livre de la mar-
quise Dunerin et Ava sous le litre : Quatre Itw aux Inde»
anglaises. Notre vice-royauté. Fragment de mon jour-
nul, 1884-1888 (Paris. I890, S vol. in-H).
DUFFET (V. Dootfbi [Gérard]).
DUFFLAS. Tribn de l'Himalaya (V. Hah.as).
DUFFORT. Coin, du <lép. du Gers, arr. de Mirande,
tant, (le Miclan; 416 liai).
DUFFY (Sir Charlès-Gavtm), homme politique anglais,
né en 181ii. Il débuta comme journaliste à Dublin et à
Belfast dans les rangs du parti de la « Jeune Irlande ». Il
fut impliqué en 18*4 dans le procès d'O'Connell , mais
acquitté en appel. Membre du Parlement pour New-Ross
en 1852, il se dérida en 1886 à émigrer pour l'Australie,
fatigué des scissions continuelles du parti irlandais qui
paralysaient son action. A Melbourne, où il exerça la pro-
fession d'avocat, il devint premier ministre de l'Etat de
Victoria en 1871 et reçut le titre de baronnet le 3 1 mai 1873.
lin 1877, il fut élu speaker de l'Assemblée législative de
Victoria. 11 a publié : Young Ireland, a fragment of Irish
history, 1840-1850 (Londres, 1880), et Four Years of
Irish history, 1845-1849 (1883). Ch.-V. L.
DUFIEF (Nicolas GobW-), professeur français, Dé à
Nantes vers 177(1, mort à Pentonville le 12 avr. 1834. Fils
d'un émigré et de la comtesse Victoire-Aimée Libault Gouïn-
Dutief, connue sous le surnom de l'Héroïne de Vendée,
il servit à l'armée des princes en 1792, puisse réfugia en
Angleterre et de là passa aux Indes pour s'établir finale-
ment à Philadelphie où il enseigna le fiançais. Il revint en
Angleterre vers 4818. Très lié avec Priestley et Thomas
Jetlerson, il a écrit un Essai sur la philosophie du lan-
gage qui ne passa pas inaperçu. Nous citerons encore de lui:
Nature displayed in her mode of teaching language
In Mari (Londres, 1818, 2 vol. in-8, qui atteignit jusqu'à
douze éditions du vivant de l'auteur) ; .1 Universal Pro-
nouming and crilieal Freneh-English dictionary
(Londres, 1833, in-8); The French self interpréter or
Pronouncing Grammar (Exeter, 1820, in- 12).
DU FLOS (Claude-Augustin), graveur au burin, né le
11 mai 1700, mort en 1784. Il était élève de Claude
Duflos, son père (né en 1665, mort en 1727), et compte
parmi les meilleurs graveurs du xvni'' siècle. On lui
doit les planches de la Galerie du Président Lambert;
la Naissance de Vénus et /(/ Toilette de Vénus, d'après
Boucher; le Triomphe de Galathée, d'après Coypel; de
jolis frontispices et ornements ; deux pièces humoristiques
et de nombreux portraits, parmi lesquels ceux du Marquis
d'Argenson,<\e Jérôme Bignon, du Marquis de Boujflers
et de /'. de La Brosse, d'après Rigaud.
Bibl. : Portai. i- ci Beraldi, Graveurs du xvni" siècle,
t. II.
DU FOSSÉ (Pierre-Thomas), écrivain janséniste (\.
Thomas | Pierre |, seigneur du fossé).
DU FOUR (Georges-Joseph), -encrai français, né à Saint-
Seine (Bourgogne) en I7.'>N. mort en 1820. Il était atta-
ché à l'administration de la marine à Rochefort, lorsqu'il
lui appelé en 1791 au commandement d'un bataillon de
volontaires. Nommé gênerai de brigade en 1793, il servit
en Vendée, se distingua plus lard a l'armée de llhin-et-
Moaelle ci prit part, tomme général de (tiriaon, .i la dé-
fense de la Hollande en 1799. tprèa l«- eoup d'Etal du
18 brumaire, Dufour, qui était eomu pour son républi-
canisme, ne fui pins employé qu'à l'intérieur h ne tarda
pas ;. être mis a la retraite. Envoyé par h- dép. de la Gi-
ronde a la Chambre des déput i lui
arrêté api es la seconde Restauration et resta en prison
jusqu'en sept. 1816. Mis en liberté, il retoarna .< Bor-
deaux, ou il ne cessa de taire de l'opposition aux Bour-
bons. i . i , ,.,.,.„.
DUFOUR (Alexandre), architecte français, ne en 1761,
mort a Versailles le Ie» févr. 1835. De 1810 i 1831, A
fut architecte du palais de Versailles; on lui doit le mviRact
qui forme le front de l'aile droite de ce palais Dufour lut
membre du conseil consultatif des bâtiments de la cou-
ronne, de 1833 a is;;', .
DUFOUR (François-Bertrand, baron), général français,
ne .i Souillât (Lot) en 171).'». mort en 1832. Parti en \1
avec les volontaires du Lot, il se signala aux armées du
Rhin, de la Moselle, de Sambre-et-Meuse, prit part a la
campagne du Tirol en 1803 et Fat nommé général de bri-
gade après Austerh'to. Il contribua a la prise de Danàf
enleva l'île de Rugen (1807). fait prisonnier a Bnylen, il
ne rentra en fiance qu'après la chute de l'Empire. Pendant
les Cenl-Jours. il lit partie du corps de Grouehy. La
coude Restauration le mit .< la retraite. Il tut envoyée la
Chambre des députes en 1830. B, I ELLES.
DUFOUR (Jean-Marie-Léon), médecin et naturaliste
français, né à Saint-Sever (Landes) le 11 avr. 1780,
mort à Saint-Sever le 18 avr. 1868. Ile INOlia 181 '..
il servit dans l'armée, puis se livra à des travaux d'ento-
mologie et de botanique, qu'il n'interrompit que pour prendre
part, en 1823, a la campagne d'Espagne. De 1811 a lv
il ne publia pas moins de deux cent trente-deux mémoires
d'entomologie, dont la liste est insérée dans les .lunules
de lu Société entomologique de France (1865, p. 216).
Tous ces mémoires sont etincelants de verve . d'esprit .
d'entrain et de poésie. Mais la ou Dnfour s'est le puis dis-
tingué, c'est dans l'étude de l'anatomie et de la physio!
des Arthoropodes ((arabiques, scorpion, cigale, diptères,
hémiptères, lépidoptères, etc., etc.) et dans la recherche
des mœurs et des métamorphoses des Insectes. Citons
encore : Cours sur les propriétés des plantes, etc.
(Neuehàtel, 1855, in-12) ; Essai sur quelques points
l'état actuel de la physique et de la chimie, présenté à
l'Académie de Lausanne (I8:>3, in- i ) : Propriété
végétaux et leurs applications, etc. (Neuehàtel. istil.
in-12). Dnfour eut l'honneur d'être le premier français
couronné du prix Cuvier. Dr L. Un!
DU FOUR (Guillaume-Henri), général suisse, né à I
tance le 13 sept. 1787, ou sa famille s'était réfugiée pour
raisons politiques, mort à Genève le 14 juil. 1875. I.'exil
cessa bientôt et Dufour fut élevé à Genève. Sur le tard, le
jeune homme so prit de passion pour les mathématiques, et
en 1 807, sa patrie étant devenue française, il entrait à ll'cole
polytechnique avec le numéro 1 '.0. Au bout d'un an il avait
ie onzième rang, puis, à la sortie, le numéro 8. Il entra à
l'école de Metz [1809), puis fut envoyé à Corfou exécuter des
travaux défensifs contre les Anglais. Il y resta jusqu'en 181 !
et v devint un maître dans l'art des fortifications. Iprte
Waterloo, le capitaine Dufour se retira derrière la Loire
pour continuer la lutte. Son bonapartisme le fil mettre par
les Bourbons en disponibilité. Il retourna alors a Genève
devenu suisse, et \ devin) coup sur coup professeur de
mathématiques à l'Académie, chef du génie cantonal.
ingénieur civil ilu canton. Les autorités fédérales lui don-
nèrent mission de fonder l'école de Thoune; il fut nomme
colonel fédéral, et fut enfin chargé de dresser la caite de
Suisse. Ce travail dura trente-deux ans (1833-65) : la
ente Dnfour est un modèle souvent cité. Le point culmi-
nant delà carrière de Dnfour est sammination en qualité
de général chargé décommander les troupes fcderalesdans
l'affaire du Sonderbund (séparation de sept cantons catho-
— 45 —
DUFOUK
liques). Le i UT. 1847, la dissolution par Im aunes fut
volée; le 1 1, l'ribourg capitulait ; le 24. Lucarne. Grâce a
une action décisive, à un plan très habilement couru, il n'y
eut DUS quelques centaines tle morts et blessés, la recon-
naissance envers Dufour fut unanime, même chez les vaincus
(|iu avaient ailunre 90D huinanile : on vota au général pan
hV.iteur une récompense nationale de till.OOl) l'r. A trois
repriaea encore, en 1849, 1856 et 1839, Dufbur fut nommé
général en chef, mais l'epee ne l'ut pas tuée. Plusieurs l'ois
la Nusse eut recours a ses relations personnelles a\ec
Napoléon 111. qui avait été SOUS ses ordres a Thoune, pour
relier des conflits internationaux. En 1864, il présida le
congrès d'où allait sortir la Convention de Génère. Sa sta-
tue équestre érigée par souscription nationale et due au
ciseau du sculpteur Toptler s'élève sur une place de Genève.
Ses principaux ouvrages sont : un Mémorial pour les tra-
vail.! iê guerre (4820); un Cours de tactique (1840,
1851); De la Fortification permanente (4850, L854);
la Campagne du Sonderbùnd et les Evénements de
1856 (Paris, 1876), précédée d'une notice biographique.
Dufour est une des gloires les plus pures de l'histoire suisse.
DUFOUR (Le P. J.). jésuite de la maison de Vaugirard,
éditeur du Gradualr Bomanum du P. I.ambillotte, après
la mort de celui-ci, et du livre du même auteur intitulé
Esthétique, théorie et pratique du chant Grégorien.
Eu 1 857 . il défendit l'œuvre du l\ Lainbillotte contre dora
Anselme Schubiger. M. Th. Nisard et l'abbé Gloet dans un
ouvrage intitule Mémoire sur les chant* liturgiques
restaures par le P. Lainbillotte, ite la compagnie de
JéSUS, et publié par le P. D... delà même compagnie.
DUFOUR (Gabriel-Michel), jurisconsulte français, né à
Moulins le 2 mars 1844, mort a Luxeuil (Haute-Saône) le
30 mai 4868. Vvocat au conseil d'Etat et à la cour île cas-
sation en 4839, il représenta le dép. de l'Alliera l'Assem-
blée législative en 1850 ; il y professa des opinions libé-
rales et modérées. Ses principaux ouvrages sont : Traité
(n'itérai ilu droit administratif appliqué (Paris, 4843-
44. 4 vol. in-8 ; 2e éd., 1854-57, (i vol.) ; De l'Expro-
priation et des dommages causés à la propriété (4 o58,
in-8) ; De la Décentralisation (1805, in-8).
DUFOUR (Jean), homme politique français, né à Issou-
dun le 36 mars 1818, mort à Kicheton (Indre) le 30 sept.
4883. Notaire à Paris, il devint, en 1865, maire du
IIe arrondissement. Le 8 févr. 1871, il fut élu représen-
tant de l'Indre à l'Assemblée nationale. Il siégea au centre
droit et appuya le cabinet de lkoglie. Pourtant il vota la
République. Aux élections générales de 187(i, il posa sans
succès sa candidature conservatrice à la Chambre des dé-
putés dans l'air. d'Issoudun. — Son fils Paul-Guillaume.
né à Paris le 23 févr. 1840. fut chargé sous l'Empire de
diverses missions en Amérique, en Chine et au Japon.
Pendant la guerre de 4870, il commanda une compagnie
des mobiles de l'Indre. Le 20 févr. 1876, il fut élu députe
de Cbàteauroux (2e circonscription) avec une profession de
foi bonapartiste. Il appuya le gouvernement du 46 mai.
mais ne fut pas réélu le 14 oct. 1877. Le 4 oct. 4885, il
redevint député de l'Indre, siégea parmi les impérialistes
et, avec son parti, appuya les boulangistes. Le 22 sept.
1889, il n'obtint dans la 2e circonscription de Cbàteauroux
que 3,250 voix contre 5,970 à son concurrent républicain
David.
DUFOUR ( FrauçoLs-Berlrand-Marie-Désiré-Auguste ,
baron), homme politique français, né a Lanzac (Lot) le
3 avr. 1824. Fils du général baron Uufour(V. ci-dessus i,
maire de Lanzac, conseiller général du l-ot, il posa sans
succès sa candidature aux élections pour le Corps législatif
du 24 mai 1869, fut élu député le 20 févr. 4676 par
l'arr. de Gourdon, réélu le 14 oct. 1X77, le 20 avr. 4881
et le 4 oct. 1885. Membre du parti bonapartiste, il se
signala en demandant des poursuites contre les auteurs de
la révolution du 4 septembre, appuya le gouvernement du
46 mai et combattit tous les ministères républicains ; en
4886, notamment, il interpella le ministre de l'intérieur
sur les actes da pression électorale dont le gouvernement
aurait use dans le l.ol, et en 1888 il soutint le parti Imu-
langiste. Aux élections générales de 1889, il échoua dans
l'arr. de Gourdon OÙ il n'obtint que 9,742 voix contre
14,035 à son concurrent républicain l.achiczc.
DUFOUR (L'abbé Valentm), bibliographe et archéo-
logue français contemporain, Dé a Pans eu 1826. Sous-
bibliothécaire a l'Hôtel de Ville de Paris de 1866 à
IS70, aumônier d'un des bataillons de la Seine pendant la
guerre de 1870-4874, enfin premier aumônier de la prison
de .Ma/as. Ses nombreux travaux se rapportent presque
exclusivement a l'histoire de la ville de Paris, surtout à
l'histoire monumentale. On lui doit : les Charniers des
églises de Paris (Paris, 1866-1884, 3 vol. in-S, pi.);
Une Question historique: l'Hippophagie, 1720-1 868
(Paris, 1868, in-8); Recherches sur la Dance macabre
peinte en l 'rJÔ au cimetière des Innocents (1873,
in-4, avec grav.); la Dance macabre des SS. Innocents
de Paris, d'après l'édition de 1484, précédée d'une
étude, etc. (1874, in-8 ; nouv. édit., 1873, in- 4) ; / ne
Famille de peintres parisiens aux xivr et xve siècles;
documents et pièces originales précédés d'un aperçu
sur l'histoire des beaux-ails eu France avant la Re-i
naissanes (4877, in-12, avec grav.); le Vieux Paris,
ses derniers vestiges, dessinés d'après nature et gravés
à V eau- for te par .1. Chauvel et E. Champollion (1878,
12 livr. gr. in-4) ; Collection des anciennes descriptions
de Paris, avec introduction, notes et commentaires
(1878-1883, 10 vol. in-8, avec cartes, plans et illustr.);
Bibliographie artistique, historique et littéraire de
Paris avant 11 89 (4882, in-S, avec pi.). Il a aussi traduit
en français un fragment d'un poème latin d'E. de Knobels-
dorf : Jeanne d'Arc ou la Vierge de Lorraine (Orléans,
1879, in-8). L'abbé Dufour a collaboré à de nombreuses
revues de bibliographie et de bibliophilie. G. P-i.
DUFOUR (Charles), savant suisse, né à Veytaux (cant.
de Vaud) le 20 sept. 1827. Professeur de mathématiques à
Orbe et à Morges (près de Lausanne), il a fait paraître
depuis 1849 dans le Bulletin de la Société de Lausanne,
dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences de
L'aris et dans les Annalen de Poggendorff, une quaran-
taine de mémoires et notes sur la météorologie, l'astrono-
mie et la physique générale. Il a en outre publié à part :
Recherches sur la condensation de la vapeur aqueuse
de l'air au contact de la glace (Genève, 1874, in-8);
Notes sur le problème de la variation du climat (Lau-
sanne, 1873, in-8); Recherches sur la réflexion de la
chaleur solaire à la surface du Léman (Lausanne, 1873,
in-8), etc. L. S.
DUFOUR (Jules), dit Duruof, aéronaute français, né à
Paris le 9 déc. 1841. Fils d'un marchand de vin, il fit son
apprentissage aéronautique sur le fameux Géant de Nadar
(4865), construisit ensuite lui-même des* ballons et opéra
un nombre considérable d'ascensions tant en France qu'à
l'étranger. (Juelques-unes méritent d'être brièvement rela-
tées. Le 46 août 1868, en compagnie de Gaston Tissan-
dier, qui effectuait son premier voyage aérien, il fut à deux
reprises entraîné au-dessus du détroit du Pas de Calais et
de la mer du Nord et ne dut le salut qu'à son sang-froid.
Le 26 sept. 1869, il fut encore poussé au large par un
vent violent, en vue de Monaco cette fois; il parvint à
retarder sa marche en rasant habilement la surface des
flots avec sa nacelle et put ainsi attendre un changement
de vent, qui le ramena à la cote. Pendant le siège de Paris,
il traversa le premier, avec sou Neptune (1,200 m. c),
les lignes prussiennes, le 23 sept. 4870, et fut ensuite
chargé par le gouvernement de Tours d'organiser la com-
pagnie d'aérostiers militaires de l'armée de la Loire. Le
30 août 1X74, il s'éleva de Calais, avec sa jeune femme. Il
était sept heures du soir. Gomme en 1868, son aérostat se
dirigea vers le centre de la mer du Nord ; mais aucun éou-
rant contraire n'arrêta sa marche, et ce fut seulement le
lendemain matin, à huit heures, qu'après de dramatiques
DUFOUR — DUFRÉNOY
— Ifi —
péripéties, les deux voyageurs, exténué», tarent recueillis
par une barque de pêcheurs, a M lieuse t peine di
de Norvège. L. S.
DUFOUR (Théophile-André), èrudh" suisse, né 1 Genève
le \ oct. 1 si t. Il lit à l'aris sesétodea de droit, et suivit
en même tempe les coins de l'Ecole des chartes et de
l'Ecole des hantes étodee. Licencie en droit en 1807, ar-
chivùte-palèographe le 27 janv. 1873 après la soutenance
d'une thèse sur la Diplomatique royale de Bourgogne-
jurane, il retourna à Genève et lut raccessivemenl prési-
dent de la cour d'appel et de la cour de cassation, député
au Grand Conseil, directeur des archives de l'Etat. Il est
depuis quelques années directeur de la bibliothèque de la
ville. Parmi ses publications nous citerons : Notice biblio-
graphique SUT le catéchisme et la confession de foi de
Calvin et sur les livres imprimés à Genève et à Neuchâtel
dans les premiers temps de la Réforme, i 533-1540
(1X78); Jean-Jacques Rousseau et Madame de Warens,
notes sur leur séjour à Annecy, d'après des pièces iné-
dites (1878); Giordano Bruno à Genève, 1519, docu-
ments inédits (1884). É. K.
DU FOU RN EL (François-Adolphe-Adeodat), homme po-
litique français, né à Gray le 30 août 1808, mort à Gray
le 18 déc. 1882. Maitre de forges à Gray, il fut élu député
de cette ville le 9 juil. 1812 et siégea à gauche. Réélu le
1" août 1840, il combattit le cabinet Guizot et prit une
part active à la campagne réformiste. Elu par le dép. de la
Haute-Saone représentant à la Constituante (23 avr. 1848),
il se prononça contre les socialistes et vota loutes les me-
sures dirigées contre eux. Réélu à la Législative le 13 mai
1849, il s'associa par ses votes aux monarchistes, com-
battit la politique de l'Elysée, prit part à la protestation
de la mairie du Xe arrondissement et rentra ensuite dans
la vie privée. Le 24 mai 1809, il se présenta sans succès
aux élections législatives dans la Haute-Saone, mais il fut
élu député de ce département à l'Assemblée nationale le
8 févr. 1871. Membre du centre gauche, il fut élu le
30 janv. 1870 sénateur de la Haute-Saône comme répu-
blicain. Mais il appuya le cabinet de Rroglie et le gouver-
nement du 10 mai et échoua au renouvellement triennal
du 8. janv. 1882.
DUF0URNY (Léon), architecte français, né à Paris le
S mars 1754, mort à Paris le 10 sept. 1818. Il fut élève
de David Leroy et de Peyre le Jeune. Il resta douze années
en Italie, de 1782 à 1794; il construisit le jardin bota-
nique de Païenne de 1789 à 1793. Il fut nommé membre
de l'Institut le 1er août 1790 et professeur d'architecture
à l'Ecole des beaux-arts, en 1803. Dufourny a laissé de
nombreux dessins, croquis et notes de voyage ; il a donné
à l'Ecole des beaux-arts une partie des marbres antiques
qu'il avait réunis. Son portrait se trouve gravé en tète du
catalogue de ses collections. M. D. S.
DUFOURNY itr. Villiers (Louis-Pierre), homme poli-
tique français, né en 1739. En 1789, il était architecte à
Paris. Il fut un des membres les plus actifs du club des
Jacobins et surtout du club des Cordeliers. Electeur de
1792, il lit partie, après le 10 août, du département de
Paris qu'il présida en 1793, et contribua à la journée du
31 mai 1793. En 1794, il fut un des agents nationaux
pour les poudres et salpêtres. Il se prononça fortement
contre les héhertisles, qui l'avaient chassé du club des
Cordeliers, et déposa dans leur procès. Lors du procès de
Danton, il eut le courage de dire que les crimes de cet
homme politique ne lui semblaient pas prouvés. Robes-
pierre le fit, pour ce fait, exclure du club des Jacobins le
10 germinal an 11. il fut arrête et mis en liberté après le
9 thermidor. Le 0 frimaire an III, Cambon l'accusa d'avoir
pris part aux massacres de septembre. Arrêté de nouveau,
il dut la liberté à l'amnistie du '< brumaire an IV. On dit
qu'il mourut peu après. K.-A. A.
DUFO'JRQUET (Jenny) (V. Bastide [M""]).
DUFRAISSE (Marc), homme politique français, ne a
Rihérac le 10 mai 1811. mort a Paris le 22 janv. 1870.
taocaf a Paris, il se signala KM le gouvernement île Jnillei
par si', opinions républicaines, lin notuué eooniasaire de
la République parle jrouvwneaMtri proriaaâre de 1x48 et
la nenie année préfet de l'Indre. I.lu représentant de la
Dordogne à l'Assemblée législative en !*'.'.', il prononça
un discours .i sensation lois de la discussion d'' f*&bn
tion du bannissement de la famille d'Orléans a laquelle d
l'opposait. Adversaire décidé de la politique de l'Elysée, il
essaya de l'opposer au coup d'Etat du i décembre et
lui aussitôt proscrit. D'abord correcteur d'imprimerie a
Bruxelles, il devint professeur de législation comparée à
l'Ecole polytechnique de Zurich. A la chute de l'Empire, il
rentra en France, fut nommé commissaire du gouvernement
de la Défense nationale dans le Midi, puis préfet des Alpes-
Maritimes (1870). Elu représentant de ce département a
l'Assemblée nationale le 8 févr. 1871 en même temps que
par la Seine, il siégea à gauche et combattit en toute occa-
sion la majorité monarchiste. On a de lui : Ce que ce
l'Empire, ses finances, ses traitements (Bruxelles. 1853,
in-18); te Deux-Décembre devant le code pénal (Madrid
[ Bruxelles |, 1853, in-18) ; Histoire du droit de qwrre
et de paix de 118'J a 1815 (Paris, 1867, in-8). '
DUFRANE (Eva), cantatrice dramatique, née à Mons
vers 185N. Elève de M. WamotS au Conservatoire de
Bruxelles, elle y obtint un premier prix de chant, puis
vint se perfectionner a Paris à l'école de M. Obin. Engagée
à l'Opéra, elle y débutait le 10 août 1880 dans Rachel de
lu Juive, et dans l'espace de neuf années chanta tous les
grands rôles du répertoire de forte chanteuse : les Huuuc-
nots, le Prophète, Hubert le Diable, Aida, le Tribut de
Tamara, Don Juan, l'Africaine, Henri \ III. Elle créa
aussi le principal rôle d'un petit opéra de M. Emile Pessard,
Tabarin. En 1889, MUe Dufrane quittait l'Opéra pour
aller donner des représentations à Saint-Péterslwurg, après
quoi elle se faisait entendre à La Haye, à Marseille, a Nice,
à Rouen, puis acceptait un engagement pour le théâtre de
la Monnaie de Bruxelles.
DUFRÉNITE (Miner.). La dufiénite ou bérauti
une variété de fer phosphaté, de coloration vert foncé et
cristallisée en prisme rhomboidal droit. Elle contient 28,53
pour 100 d'acide phosphorique, 54,40 d'oxyde de fer,
4,50 d'alumine et 12,40 d'eau. Elle se trouve en masses
fibreuses, globulaires ou botryoïdes, à Sieeen (Saxe). Ces!
un bon minerai de fer, aujourd'hui que l'on recherche le
phosphore dans les lits de fusion des fontes destinées a la
déphosphoration. L. K.
DUFRÉNOY (Adélaïde-Gillette Billet, dame), femme
de lettres française, née à Paris le 3 déc. 1705, morte a
Paris le 7 mars 1825. Mariée à un procureur au Châtelet
qui perdit sa charge et sa fortune au moment de la Révo-
lution, et qui fut réduit à accepter une place de etreflier
en Italie, elle le seconda dans cette besogne fastidieuse
jusqu'à l'époque de sa mort. Rentrée en France, elle obtint,
par la protection de Fonlanes, une pension du gouverne-
ment impérial et publia divers recueils de poésies ero-
tiques ou élégiaques qui obtinrent près des contemporains,
y compris Béranger, un succès que la postérité n'a pas
confirmé, mais que l'Académie reconnut par de fréquentes
distinctions. Outre deux pièces de théâtre. l'Amour exilé
des deux (1788) et Armand ou le Bienfait des per-
ruques (1799), Mrae Dufrénoy a écrit un roman, la
Femme auteur (1812, 2 vol. in-12), un recueil de nou-
velles, les Françaises (1818. 2 vol. in-l2i et un certain
nombre de livres de vulgarisation historique ou de morale
destinés aux jeunes personnes. Ses Œuvres poét iques ont
été réunies en 1827 (2 vol. in-S et in-12), avec une no-
tice de Jay dont le fils avait épousé la tille de M"10 Du-
frénov. M. Tx.
DUFRÉNOY (Oiirs-Pierre-Armand Petit-i. ingénieur et
savant français, fils de la précédente, ne à Sevran (Seine—
et-Oise) le B sept. 1792. mort le 20 mars 1 S.'.T à Paris.
Sorti de l'Ecole polytechnique en 1813, il entra à l'Ecole
des mines et J resta comme ingénieur, puis il y professa
— 17 —
DIFRÉNOY — DIFRESNY
lu iiiuiéialojiio et devint directeur en 18 IS (il était inspec-
teur titulaire depuis 1836), après la réorganisation de
l'Ecole qui fut son ouvre. Il avait été élu à l'Académie des
sciences en 1840. L'œuvre principale de Dufrénov comme
avant est l'exécution de la carte géologique de la France
en collaboration avec Eue de Beaamont. Lorsque le travail
eut été enfin décidé en 1892, les deux collaborateurs com-
mencèrent en 1 S^i.î par un voyage de préparation en Angle-
terre : leurs observations lurent consignées dans divers
mémoires publies de 1824 à 1827 dans les Annales des
minet et reunis en 1S-J7 sous le titre de Voyage métal-
htraieue en Angleterre. La car te géologique de la France
M 500.000* parut en 1848, et sa publication fut un évé-
nement dans le monde savant. Nul pays à cette date ne
pouvait se glorifier d'une œuvre semblable. Les observa-
tions relevées dans des explorations qui s'étaient pour-
suivies pendant plus de douze ans furent réunies en trois
volumes : Explication de la carte géologique de la
Fruitée, dont le premier parut en 1841, ie second en
1848 et le troisième en 1873. Comme minéralogiste, on
doit à Dttfrénov la découverte de plusieurs espèces nou-
velles. Son enseignement se trouve résumé dans son Traité
de minéralogie dont la première édition, en trois volumes
et atlas, parut de 1841 à 1847. On doit enfin à Dufrénoy,
3ui a parcouru jusqu'au plus haut sommet tous les «rades
u corps des mines, la réorganisation complète de l'Ecole
îles mines de Paris, installée à son arrivée d'une façon
précaire. L. Agijllon.
DU FRESNE (Y. Du Cange).
DUFRESNE (Bertrand), homme politique français, né
à Navarrenx (Basses-Pyrénées) en 1736, mort à Paris le
22 fevr. 1801. Employé de commerce à Bordeaux, il entra
dans les bureaux de la Trésorerie ou il fut remarqué par
Necker qui le poussa. Nommé intendant général de la ma-
rine, il devint en 1788 directeur du Trésor public. Comme
un grand nombre d'anciens fonctionnaires, il fut empri-
sonné sous la Terreur et délivré par le 9 thermidor. Le
21 germinal an Y, il fut élu depnté de la Seine au conseil
des Cinq-Cents ou il s'occupa surtout de questions finan-
cières. Nommé secrétaire du conseil, il en fut exclu à la
suite du coup d'Etat de fructidor. Après le 18 brumaire,
il entra au conseil d'Etat et redevint directeur général de
la Trésorerie où il se signala en centralisant fortement les
écritures et en relevant le crédit public.
DU FRESNE (Jean-Frédéric-Charles), militaire suisse,
né à Yevey en! 773, mort à Yevey en 1858. Entré jeune au
service sarde, il passa, en 1799, comme capitaine à la pre-
mière demi-brigade helvétique à la solde de la France.
Chef de bataillon au bout de quinze jours, il fit avec les
régiments suisses les campagnes du Hhin et du Danube,
pms, en 1805, commanda le lcrrégiment d'infanterie suisse.
Il fit avec lui la campagne de Naples, puis l'expédition de
Calabre (1807-9) ou plusieurs arrondissements lui vo-
tèrent des sabres d'honneur pour services rendus. Après
la campagne de Russie, il sauva Brème du pillage. Il se
retira du service en 1815 avec le rang de colonel et le
grade d'ofticier de la Légion d'honneur, et se fixa dans
le cant. de Yaud. E. K.
DUFRESNE (Abel-Jean-Henri), littérateur français, né
le 8 nov. 1788 à Etampes, mort en 1862. Avocat à Paris,
juge suppléant au tribunal de la Seine en 1815, il fut
destitué par la Restauration. On a de lui : le Monde et la
Retraite (Paris, 1817, 2 vol. in-12) ; Samuel d'Har-
court ou l'Homme de lettres (1820, 2 vol. in-12) ;
Contes U Henriette (1822, in-18) ; 1rs Petites Félicités
(1824, in-12) ; Nouveaux Contes à Henriette (4824,
in-18) ; Pensées, mm unes et caractères (1826, in-8) ;
Leçons de morale pratique à l'usage des classes indus-
trielles (1826, in-18) ; Agenda moral des enfants ou
moyens d'embellir la vie (1829, in-18); l'Art de fixer
les souvenirs (1840, in-18) ; le Livre du pauvre (1854,
in-12), etc., sans compter sa collaboration active au Mer-
cure, h la Pandore et autres recueils littéraires. — On
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
l'a parfois confondu avec son frère Jean-Nicolas, né à
Paris en 1747, mort à Ktampes en 1812, qui prit part à
l'expédition de La Pérousc et laissa un journal manuscrit
relatant les principaux faits de ce voyage.
DUFRESNE (Jules-Auguste), ingénieur et homme poli-
tique français, né à Cherbourg le 28 mars 1800, mort à
Paris le t'ravr. 1885. 11 appartenait au corps des ponts et
chaussées et a exercé avec distinction les fonctions d'in-
génieur en chef du contrôle de l'exploitation de la Compa-
gnie d'Orléans, avant sa nomination au grade d'inspecteur
général. C'est dans ce service du contrôle qu'il avait été
amené à réfléchir sur la nécessité de proportionner les voies
publiques aux services que le pays peut en attendre ; on
cite encore ses Observations sur les chemins de fer d1 in-
térêt local, présentées au conseil général de la Manche,
dont il était membre (Y. Annales des ponts et chaussées,
1872). Sénateur du dép. de la Manche, Dufresne a pris
une part active à toutes les affaires de travaux publics sou-
mises à la haute assemblée. — On a de lui, dans les
Annales des ponts et chaussées : un mémoire sur les
Écluses de Cherbourg (1852); un mémoire sur l'Usage
des rouleaux compresseurs, pour la construction et l'en-
tretien des chaussées d'empierrement (1844). M.-C. L.
DU FRESNE (Gaston) (Y. Beaucourt [Marquis de]).
DUFRESNE de Francheville (Joseph), publiciste fran-
çais, né à Doullens le 18 sept. 1704, mort à Berlin le
9 mai 1781. Il devint membre de l'Académie de Berlin;
on lui doit entre autres ouvrages une Histoire particulière
et générale des finances en 5 vol. in-4 (1738-1740).
DUFRESNE de Saint-Léon (Louis-César-Alexandre),
financier français, né à Paris le 15 avr. 1752, mort à
Paris le 11 janv. 1836. Il devint, sous Necber, premier
commis des finances, et fut nommé, en 1777, liquidateur
du Trésor royal. Il fut chargé par l'Assemblée constituante,
en 1790, de lui présenter un rapport sur la liquidation
financière de l'ancien régime. Il résulte de ce rapport que,
fin 1 790, l'Etat était devenu débiteur de 1 ,1 03,673,604 fr. :
pour la liquidation des offices, 318 millions; offices mili-
taires, 38 millions; dettes du clergé, 132 millions et
autres causes; que 723 millions avaient été liquidés par
décret et 251 millions étaient à liquider. Dufresne de
Saint-Léon, examinant les moyens d'acquitter ce passif,
établit qu'il y sera pourvu sur les 1,800 millions d'assi-
gnats votés par l'assemblée, garantis sur 3 milliards de
biens nationaux. Poursuivi comme réactionnaire, Dufresne
de Saint-Léon dut se réfugier en Suisse; il rentra au
18 brumaire. Louis XVIII l'appela au conseil d'Etat. Ce
n'est qu'en 1824 qu'il publia la première édition de son
livre Du Crédit public et des dettes publiques, réédité
en 1828. Ce livre, très important pour l'époque, utile à
consulter encore, est en harmonie avec le développement
du crédit de la France.
DU FRESNOY(Charles-AIphonse), peintre et littérateur,
né à Paris en 16ll,mortà Villiers-le-Bel le 16 janv. 1668.
Elève de Perrier et Vouet, ses principaux tableaux ont été
peints pour la décoration du Raincy. Le Louvre ne pos-
sède que deux de ses toiles : Sainte Marguerite et les
Naïades. Il a écrit unpoèmelatin,Zte/lr£<;<yr«;)/ncrt(t668),
traduit en français avec des remarques par Roger de Piles :
l'Art de la peinture (Paris, 1673, in-12; souvent réim-
primé depuis).
DUFRESNY (Charles), sieur de La Rivière, auteur dra-
matique fiançais, né à Paris vers 1654, mort à Paris le
6 oct. 1724. Valet de chambre de Louis XIV, il sut plaire
au roi par son enjouement et ses heureuses reparties,
obtint de nombreux privilèges, comme celui de la manu-
facture de glaces, des pensions, le Mercure galant, mais,
grand dépensier, il les aliéna toutes. Il devint contrôleur des
jardins du roi et dessina un plan pour le parc de Versailles.
11 jouit de la même faveur auprès du régent. Dufresny
est l'auteur de quelques comédies agréables et bourrées
d'esprit. Nous citerons : le Double Veuvage (Paris, 1701,
in-12); l'Esprit de contradiction (1700, in-12); le.
DUKRESNY — DUGALD BTEWART
_ 18 -
Faux honnête Homme (1703, in-iâ); le Fana Int
lim-l (11(17, tn-\-l)Jr Jaloux honteux de l'être { 1708,
in-12); <<■ Mariage fait et rompu (17-21, in-l-2); te
Faux Sincère (Vin, in-12); fa Coquette de village
(1715, m-1-2): /*■ WtftY (1717, in-12); etc., enfin te
Chevalier joueur (1697), comédie en cinq actes qui fut
cause de sa brouille avec son ami Regnaro qu'il accusa
de lui avoir pillé son sujet (le Jaunir). On a encore de
Dufresnv dea Batires ami le titre: Amusement* sérieux
et comiques (1705, in-1 "2 ; plus. éd.). Il a été publié plu-
sieurs recueils de ses Œuvres (Paris, 1731, 6 vol. in-l-2;
Paria, 1747 et 1779, 4 vol. in-1 2). Dufresnv avait pris
la rédaction du Mercure galant au mois de juin 1710; il
la continua jusqu'à la lin de 1713. Les volumes qu'il publia
sont considérés comme les meilleurs de la collection. Il
céda son privilège à Lefèvre de Fontenay, moyennant pen-
sion, et le reprit en 1721 avec de La Moque et Fuselier.
DU FRICHE (Mené), baron Desqeiiell.es (Y. ce nom).
DU FRICHE- V alizé (Charles-Eléonor) (Y. Yalazk).
DUGALD STEWART, philosophe écossais, né à Edim-
bourg le 22 nov. 1753, mort à Edimbourg le 1 1 juin IX-2X.
Fils du docteur Mattbcw Stewart, d'abord pasteur à Mo-
seneath, puis successeur de Maclaurin dans la ebaire de
mathématiques d'Edimbourg, il était dans son enfance
d'une constitution faible et délicate. Entré à treize ans au
collège d'Edimbourg, il vint en 1771 à Glasgow ou il enten-
dit Thomas Meid. Dans l'automne de 1772, nous le trou-
vons, âgé de dix-neuf ans, dans la chaire de mathémati-
ques d'Edimbourg, suppléant son père dont il devient le
successeur en 1778. En 1785, il remplace Ferguson dans
la ebaire de philosophie morale de l'Université, ou il devait
avoir pour élèves lord Brougham, lord Palmerston, Walter
Scott, Sydney Smith, Thomas Brown son successeur et
James Mill. En 1809, Dugald Stewart se fait suppléer par
Th. Brown; à la mort de ce dernier, en 1820, il propose
sa succession à sir James Mackintosh ; Mackintosh ayant
refusé, il fait la même proposition à sir William Hamilton ;
mais le professeur Wilson est élu, très propre à l'ensei-
gnement des belles-lettres, peu qualifié pour celui de la
philosophie. Dugald Stewart mourut chez un ami qu'il visi-
tait. Il succomba à une paralysie dont il avait subi déjà
deux atteintes. Dugald Stewart a publié : en 1792, le pre-
mier volume des Eléments de la Philosophie de l'esprit
humain ; en 1793, \es Esquisses de philosophie morale;
en 1793, 1796 et 1802, ses études biographiques sur
Adam Smith, Mobertson et Meid; en 1810, un volume de
Philosophical Essays ; en 1814, le second volume des
Eléments; en 1815, la première partie d'une Disserta-
tion sur les progrès de la Philosophie métaphysique et
morale ; en 1821, la fin de cette Dissertation ; en 1827,
le troisième volume des Eléments ; en 1828, la Philoso-
phie îles facultés actives. Les Lectures sur l'Economie
politique ne furent publiées qu'en 1856 d'après des notes
manuscrites de l'auteur ou de ses élèves. Hamilton et Veitch
ont publié, en dix volumes, une édition des œuvres com-
plètes de Dugald Stewart. Ont été traduits en français : les
Eléments, une première fois par Prévost (Genève, 1808,
2 vol. in— H) et par Farcy (Paris, 1825, in-8). Cette tra-
duction a été revue, continuée et complétée par M. Louis
Peisse (Paris, 1843, 3 vol. in-12). En 1820, M. Buchon
traduisit en trois volumes les Considérations générales
sur les Progrès de la Héla physique. En 1828, Jouflroy
fit paraître une traduction des Esquisses de philosophie
morale avec une mémorable préface. En 1828, parurent
la traduction des Essais philosophiques par Ch. Huret ;
la Philosophie des facultés actives et morales (2 vol.
in-8) fut traduite en 1843 par M. L. Simon. En tète de
sa traduction des œuvres de Meid, Jouflroy a traduit la
biographie de Meid par Dugald Stewart.
Le renom de Dugald Stewart s'est maintenu longtemps
en France, grâce aux enseignements de Victor Cousin et
de Joutfroy. La longue étude de Victor Cousin (dans les
Fragments philosoph iques : Philosoph ie contemporaine)
sur les Esquisses de philosophie moral' de notre philo-
sophe, montre l'accueil fait chez non-, a M liwe, dont on
peut bien dire qu'à l'heure actuelle l'intérêt est tout his-
toriqne. Certain regretteonl rnpcinrfant île m pas le rav
plus souvent aux uianft de nos élèves de l'enseignâmes)!
secondaire, en nÛSOfl de la clarté M la lalii-ile, de l.i liie
(peut-être trop vantée) des analyses, si. pour illustrer cer-
taine pansages de ['Esquisse, oa recourt au\ ouvrages plus
développés, on sera Bien près de paner, croyons- ajans,
qu'eu I). Stewart les qualités et b-^ défauts de l'esprit
écossais ont été portes au plus haut point. Même les admi-
rateurs du « génie métaphysique » de Thomas Meid — et
quand Cousin se range au nombre de ces admirateurs, sa
sincérité ne peut être suspectée — s'accordent a regrette
que Meid ait multiplié les principes première de la connais-
sance et qu'il ait doté l'aine humaine d'un nombre exagéré
de facultés : c'est qu'il était sans doute plus frappé des
différences spécifiques que des rapports génériques et que
l'esprit de synthèse — dont on peut dire que la où manque
la vigueur de pensée, là il manque — faisait début au
maître de Dugald Stewart. Cet esprit fait aussi défaut au dis-
ciple, et l'on s'en aperçoit si l'on parcourt les trois volumes
des Eléments de la philosophie de l'esprit humain.
Comparé aux Essais de Meid, cet ouvrage est de beaucoup
inférieur par l'entente générale du sujet dont l'auteur ne
sait pas embrasser l'ensemble. Peu de définitions précises
et encore moins de formules saisissantes ; le philosophe est
pressé d'en finir avec les grands problèmes. H ne lui parait
pas qu'en ces problèmes, Meid ait laissé à ajouter ni à
reprendre. Dans les chapitres consacrés à la perception
externe, Dugald Stewart juge la réalité du monde extérieur
mise hors de toute contestation par la ruine de la théorie
représentative ; et comme les idées représentatives ont été
pour toujours mises en fuite par Meid, l'idéalisme est
désormais — ainsi Dugald Stewart en juge-t-il — certain
de ne pas survivre a cette déroute. Par instants, D. Ste-
wart semble pressentir que, dans la partie affirmative de
sa théorie, Meid a laissé subsister quelques équivoques,
mais ce n'est point là ce qui l'occupe. D'autres parties de
la science de l'esprit humain l'attirent, et, pour parler la
langue courante, il est plus intéressé par les opérations
de l'esprit que par les facultés intellectuelles. Nul n'a
plus étudié l'abstraction, ['attention, le raisonnement,
et cependant on peut, dans un cours, aborder l'un ou
l'autre de ces problèmes, sans avoir à citer notre philo-
sophe. C'est qu'en effet on se tromperait à croire qu'il
ait sur chacune de ces questions des vues générales per-
sonnelles. Il n'en a ni ne se préoccupe d'en avoir : le détail
des faits seul l'intéresse. C'est un observateur de cas par-
ticuliers, né psychologue, exclusivement psychologue, et à
tel point que, si l'on voulait accentuer les contrastes entre
l'esprit philosophique proprement dit et « l'esprit psycho-
logique », Dugald Stewart serait sans contredit l'un des
meilleurs exemples à citer. Et peut-être cet exemple ser-
virait-il à démontrer que l'esprit de psychologie reste à peu
près stérile lorsque l'esprit philosophique ne le dirige pas.
Ce goût de l'observation des détails, par intérêt pour les
détails eux-mêmes, disposait vraisemblablement notre phi-
losophe à la « psychologie appliquée », celle qui sert de
base à l'art de l'éducation. En effet, Dugald Stewart traite
avec abondance des problèmes de méthodologie, qui sont,
à beaucoup d'égards, problèmes de pédagogie, et, dans
le troisième volume des Eléments, il ébauche une psycho-
logie du métaphysicien et du mathématicien. H est
regrettable que les nécessités de l'enseignement l'aient
détourné de ses aptitudes et l'aient empêché de donner
suite à cette psychologie des types intellectuels, quie
pour être menée à bonne fin ce goût du détail, dominant
chez Stewart, pas au point cependant de se confondre avec
le goût de l'exceptionnel ou de l'inédit. — Sur Dugald Ste-
wart on lira avec profit l'étude si consciencieuse et si fine-
ment exacte que lui consacre M. James Mac Costa dans son
beau livre The Scottish Philosophy (Londres. 1*75 1.
— 19
dugald stewart — dugazon
knà bien, connue rien dans tel écrits to ce philosoplio no
soulève de difficultés »rint«M pi itatioii . il n'y ;i pas. pour le
mieux comprendre, de commentaire à étudier on a tenter.
Tout ee quil a publié se lit couramment, sans qu'il y ait
à lire entre les lignes. En France, en perdant le goût îles
observations superficielles, on s'est désaccoutumé de la
philosophie écossaise; el si l'on ouvre rarement un volume
de Thomas Reid, les occasions de consulter Dugald Stewart
sont encore beaucoup moins fréquentes. L'influence de cet
exact et tin psychologue, naguère si grande, a chez nous
tout I t'ait cessé. Lionel Daumac.
DUGAS ni Bbadued (Jean-Louis) (\ . Bëaulieu).
DUGAS-Momi'.ki. (Jean-Baptiste), helléniste français, né
a S.iint-Chamond le 1(1 niai 1776, mort le 30 nov. 4834.
Il appartenait a une Famille anoblie sous Louis XVI pour
semées rendus dans le commerce des rubans. Après des
études très médiocres à Lyon au collège des Oratoriens, il
fit à contre-cœur son service militaire et à sa sortie de l'ar-
mée prit la profession de ses parents. Les nécessités de son
commerce rappelaient souvent à Taris où, à la suite d'un
ardent désir d'apprendre, il suivit des cours et se lia avec
des hommes de lettres. Il essaya du théâtre et fil jouer à
Paris, en 1800, une comédie-vaudeville, la Femme en
parachute ou le Soupçon. IV retour à Saint-Chamond,
d'où il correspondit avec Ampère et J.-B. Dumas, il fut
nommé en 1803 à l'Académie de Lyon qui venait d'être
gansée. Devenu chef de sa maison de commerce, il
voyagea en Italie, en Allemagne, en Orient; à trente ans,
il M retira et se fixa à Paris en 1810 « pour tacher, comme
il le dit lui-même, de devenir helléniste ». 11 apprend le
grec sous la direction de Grégorios Zalikoglou ; désormais,
il a trouvé sa voie. Il traduisit Vlliadc en 1815, VOdyssce,
la Batrachomyomachie et les Hymnes homériques en
1818. Ces traductions eurent beaucoup de succès, car
Dugas-Montbel, tout en s'attachant à rendre exactement le
texte, donnait à son interprétation une allure pittoresque
et colorée qui plut. Il fit une seconde édition de ces tra-
ductions (4828-33), en 9 vol. in-8, avec un commentaire
et une préface qui sont le résumé des idées de Knight, de
Heyne et de Wolf ; puis une Histoire des poésies homé-
riques où il adopte les théories de Vico et de Wolf, rem-
plaçant l'individualité d'Homère « par un Homère multiple,
et collectif, symbole du peuple grec racontant lui-même,
dans ses poésies nationales, ses origines et sa gloire ». Ce
travail le fit admettre, le 29 nov. 1880, à l'Institut (Aca-
démie des inscriptions et belles-lettres). Le succès de ses
travaux sur Homère l'encouragea à en tenter de semblables
sur les tragiques grecs, mais, en 1830, il entra dans la
vie politique. Trois lois élu député parles Lyonnais (1 830-
34-34), il ne se fit remarquer à la Chambre que dans les
commissions où il soutint les intérêts du commerce et de
l'industrie; il ne parut qu'une seule fois à la tribune pour
demander l'abolition de la peine de mort. M. Dumoulin.
Hihl. : Dumas, Eloge historique de Dugas-Montbel ;
ly ii. Is35, in-8. — G. Lefebvre, la Vie el lès œuvres de
Dugas-Montbel; Saint-Cliamond, 1889, in-8. — Cc^damin,
// ■-'. de Saint-Chnmond; Saint-Chamond, 1890, in-4.
DU GAST (Marquis) (V. Avalos [Alphonse d'J).
DUGAST-Mathelx (Charles), publiciste français, né à
Montaigu (Vendée) en 181 2. Après avoir fait son droit,
il devint secrétaire de Bûchez (V. ce nom) et collabora
avec lui à ['Histoire parlementaire. D'opinions très libé-
rales, il fut inquiété à diverses reprises par le gouverne-
ment et incarcéré notamment en 1832 et en 1853. Nous
citerons de lui : Etats du Poitou sous LouisXIV (Fonlenay-
le-Comte, 1805, in-fy;Notice sur Bachelier, président du
comité révolutionnaire de Nantes (Fontrnav-Vendée,
4849, in-12); Nicolas Trarcrs (Nantes, 18.->7,'in-8); le
Château d'Alix en iï'Jî (4860, in-8); Nantes ancien
■ t le pays nantais (1879, in-8); Carrier à .Van/f.s(18K5,
in-12i: Essai sur la trie de Grégoire (Nantes, 1833);
Notice sur Goupilleau de Fontenay (4844); Docu-
ments relatifs aux Etats généraux de 1789 en Poitou
(1830), etc. Il a de plus publié en collaboration avec
li. Chevaye la Correspondance littéraire inédite de Louis
Racine.
DUGAT (Gustave), orientaliste français, né à Orange
(Vaucluse) en 1824. Elève de l'Ecole des langues orien-
tales de Paris, il fit partie d'une mission en Algérie en
1845. 11 fut chargé, eu 1872, d'un cours d'histoire et de
géographie des peuples musulmans à l'Kcole des langues
orientales. Son titre principal est sa collaboration à l'édi-
tion d'Al-Makkar, Analccles sur l'histoire et la litté-
rature des Arabes d'Espagne (Leyde, 1855-4861). H a
publié en outre : Grammaire arabe-française (1833);
Histoire des orientalistes de l'Europe (1808-70,
2 vol.); Histoire îles philosophes el des théologiens
musulmans (Paris, 1878), et plusieurs traductions d'ou-
vrages arabes. L. 11.
DUGAZON (Jean-Henry GODBGAUD, dit), comédien fran-
çais, né ;\ Marseille le 15 nov. 1740, mort à Sandillon
(Loiret) le 11 oct. 1809. Fils du directeur des hôpitaux
militaires de Marseille, il prit de bonne heure, le parti du
théâtre, comme sa sœur, Mme Vestris, el. commença sa
carrière en province. Il débuta à vingt-quatre ans à la
Comédie-Française, où il aspirait à tenir l'emploi de « grande
casaque », c.-à-d. les premiers comiques. Il plut dès
l'abord au public, et en 1772 devint sociétaire. Lorsque ap-
procha la Dévolution, Dugazon en embrassa les idées avec
transport, et il fut un des plus ardents à provoquer la
scission qui se déclara entre les artistes. Fn 1791 , il émigra
avec Talma, Grandmesnil, sa sœur Mmo Vestris, M1IeDes-
garcins et MUo Lange, au théâtre des Variétés du Palais-
Royal, qui devint grâce à eux une seconde Comédie-Fran-
çaise sous le titre de Théâtre-Français de la rue de
Richelieu, en attendant qu'il prit celui de théâtre de la
République. Après la fermeture de ce théâtre et la dispa-
rition de la Comédie-Française, il se réfugia au théâtre Fey-
deau, rentra à la Comédie lors de sa reconstitution (1799)
dans la salle occupée par elle actuellement. En 1807,
sa santé l'obligea de prendre sa retraite au village de San-
dillon, où il fut bientôt frappé de folie et mourut. Dugazon
a composé trois comédies médiocres de caractère politique,
représentées au théâtre de la République: l'Avènement
île Mustapha au trône ou le Bonnet de vérité (1792) ;
l'Emigrante ou le Père jacobin (1 792); le Modéré [il^'d).
Il avait épousé en 1776 une actrice charmante de la Co-
médie-Italienne, Mlle Rosalie Lefèvre, qui devint célèbre
sous son nom de Mme Dugazon ; cette union ne fut pas
heureuse et les deux époux se séparèrent bientôt, pour
divorcer dès que la loi le leur permit, en 1791. Dugazon
se remaria alors avec une jeune femme qui avait vingt ans
de moins que lui, MUe Céline-Geneviève Aubert.
DUGAZON (Louise-Rose Lefèvre, épouse), actrice fran-
çaise, née à Rerlin en 1753, morte à Paris le 22 sept.
1821. Fille d'un maître de danse, elle commença par
être danseuse, puis devint l'une des meilleures actrices
de notre ancienne Comédie-Italienne. En sept. 1767, elle
se présenta à l'âge de douze ans, avec une de ses sœurs,
au public de la Comédie-Italienne. Ce n'était pas sous ce
rapport qu'elle devait acquérir son immense renommée ;
mais, après quelques essais dans le genre scénique pro-
prement dit, elle débuta sérieusement comme actrice chan-
tante, le 19 juin 1774, dans un opéra de Grétry, Sylvain,
et aussitôt admise comme pensionnaire, fut reçue sociétaire
au bout de deux ans, en avr. 1770. Elle devint bientôt l'ac-
trice la plus célèbre de la Comédie-Italienne. C'est en 1776,
l'année de sa réception, que MUe Rose Lefèvre épousa le
comique Dugazon, déjà fameux à la Comédie-Française ;
mais les deux époux, bientôt séparés, divorcèrent plus
tard. C'est sous ce nom de Mmc Dugazon que pendant près
de vingt ans la grande artiste enchanta tout Paris et attira
la foule à la Comédie-Italienne. Sedaine et Grétry, Marsol-
lier et Dalayrac. Monvel et Dézèdes s'estimèrent heureux
de l'avoir pour interprète dans leurs créations ; Nina ou la
Folle par amour fut un de ses plus grands succès. Elle
ne se montrait pas moins remarquable dans la comédie
DUGAZON — DUGOMMIER
— 20 —
pure, et reprit avec succès plusieurs pièoea de Marivaux,
entre autres le Jeu de l'amour et du hasard. En 1792,
lea événements politiques vinrent pour quelque tempe
éloigner de la scène M"" Dugazon, i|iii avait montré pour
la reine on attachement dangereux. Lorsqu'elle y reparut
après une absence de deux ou trois ans, elle modifia son
emploi, l'âge et l'embonpoint l'obligeant s abandonner
les rôles de jeunes amoureuses qui lui avaient valu tant
de triomphes. Son succès n'en fut pas amoindri. Aprèsune
carrière active de près de trente années, Mme Dugazon
prit sa retraite définitive, en ayant la gloire de laisser son
nom aux deux emplois qu'elle avait successivement rem-
plis. Elle avait en quelque sorte succédé à Mmc Favart,
comme M'"' Saint-Aubin lui succéda elle-même dans son
premier emploi. Ces trois actrices d'un ordre supérieur
sont la gloire de la Comédie-Italienne dans la seconde
moitié du xvme siècle. A. P.
DUGAZONS (Les) (Théâtre). C'est un emploi féminin
du genre lyrique, qui a conservé jusqu'à ce jour le nom
de 1 actrice célèbre par lequel on l'a caractérisé. Au temps
ou Mme Dugazon brillait à la Comédie-Italienne de tout
l'éclat de son talent enchanteur, la musique n'avait pas
pris, dans l'opéra-comique, l'importance que les composi-
teurs lui ont donnée depuis lors. Cette grande artiste eut
l'honneur de voir bientôt son nom attaché à l'emploi
servant à qualifier les rôles créés par elle et qu'on dési-
gnait en disant les « dugazons ». Mais plus tard, et quand
l'opéra-comique eut pris tout son développement musical,
les rôles de Mme Dugazon se trouvèrent n être placés qu'en
seconde ligne au point de vue spécial du chant, les rôles
les plus importants et les plus difficiles sous ce rapport
formant un emploi nouveau, celui des premières chanteuses
ou chanteuses légères. Il en résulte qu'aujourd'hui l'emploi
des dugazons, qui a conservé sa dénomination, ne comprend
plus que des rôles secondaires en ce qui touche le chant,
rôles qui, d'ailleurs, ont autant d'importance au point de
vue scenique que ceux de chanteuses légères. Pour les ca-
ractériser par quelques exemples, nous citerons, pour le
répertoire moderne, ceux de Jenny de la Dame blanche,
de Betty du Chalet, de Berlhe de Simiane des Mousque-
taires de la reine, de Raffaela dans Haydée, d'Olivia
dans le Songe d'une nuit d'été, etc. Il y a aussi certains
rôles plus effacés, qu'on désigne sous le nom de secondes
dugazons. Enfin, il y a aussi les « mères dugazons », nom
sous lequel on caractérise un genre de rôles analogues à
ceux qu'avait adoptés Mmc Dugazon dans la seconde partie
de sa carrière, alors que l'âge et l'embonpoint l'avaient
obligée à modifier son emploi ; ce sont de jeunes mères,
des femmes sur le retour, mais non pas encore des duè-
gnes, comme la reine de la Part du diable ou Marguerite
du Pré aux Clercs. A. Pougin.
t DUGDALE (Sir William), archéologue anglais, né le
12 sept. 1605, mort le 10 févr. 1686. jAttache de bonne
heure à la cour des Stuarts en qualité de héraut d'armes,
il passa par tous les grades, depuis celui de « pour-
suivant » (1638), jusqu'à celui de Norroy , après la
Restauration (1660), pour arriver à être nommé, en 1677,
roi d'armes de la Jarretière. Il consacra sa vie à des
recherches topographiques et généalogiques, que ses fonc-
tions officielles lui lacilitaient. En 1655, il publiait, avec
Roger Dodsworth, le premier volume du Monasticon
anglicanum, sive Pandectœ Cœnobiorum Benedicti-
norum, Cluniaciensium, Cisterciensium, Carthusiano-
rum, dont le second parut en 1661, et le troisième en
1673. Ce dernier ne porte que le nom de Dugdale. Cette
œuvre monumentale, et, malgré quelques erreurs de détail,
de la plus haute importance pour l'histoire, a été plusieurs
fois reimprimée : la meilleure édition est celle de 1817-30,
en 6 vol., avec les 246 planches de Huilai- regravées. Les
autres grands travaux de Dugdale sont : Antiquities of
Warwickshire (16S6), son chef-d'œuvre, dont Dollar fit
également la plupart des illustrations ; History of Saint
Paiirs Cathedra! in London (1658), avec des planches
en majorité dues t Pinden ; Bùtory oj bnbanJàng and
Drayning ofdiven Femu ami Uarihes, both m for-
eign parts ami Uns Kingdom (1662), curieuse étude
historique sur le dessèchement des mania; Origines tu-
lles, orHistorical MemoriaU of the Enghsh Laws,
Courts of Justice, etc. (1666); The Baronage oj En-
gland, or un Historical Account ofthe Idées and tnosi
Mémorables Actions o four Eaglish Noiniity (1675-76),
en 3 vol. in-fol.; A Short View of llie late troubles "/
England (1684), pamphlet anonyme en faveur de la cause
royale, et son autobiographie : The Life of sir William
Dugdale, publiée en 1713. R.-H. Caisskhox.
DUGDALE (Stephen), policier anglais, né vers 1640,
mort en mars 1683. Il joua un rôle considérable dans ce
qu'on appelle le complot papiste de 1678. Ce fut lui qui
dénonça ce complot et fit condamner un grand nombre de
personnes. Il semble avoir été un faux témoin et Unit par
fatiguer les tribunaux de ses prétendues révélations. Il
mourut dans un accès de delirium tremens, s'imaginant
que ses victimes le poursuivaient.
DUGES (Antoine-Louis), médecin et naturaliste fran-
çais, né a Mézières (Ardennes) le 19 déc. 1797, mort à
Montpellier le 1er mai 1838. Il étudia a Paris et y fut
reçu prosecteur en 1820 et agrégé en 1824, puis obtint
la chaire d'accouchement à Montpellier et peu après, pal-
perai utation, celle de pathologie externe et de médecine
opératoire, enfin devient doyen de la Faculté de Montpellier
en 1836. En même temps qu'accoucheur et chirurgien dis-
tingué, Dugès lut un zoologiste degrand renom. Principaux
ouvrages : Recherches sur les maladies les plus impor-
tantes des nouveau-nés (Paris, 1821 , in-4) ; Essai phy-
siologico-patho logique sur la nature de la fièvre, etc.
(Paris, 1823, 2 vol. in-8) ; Manuel d'obstétrique (Paris,
1826, in-12; 3e édil., 1840, in-8) ; Recherches sur
l'ostéologie et la myologie des batraciens (Paris, 1834,
in-4, pi., couronné par l'institut); Recherches sur l'ordre
des acariens, etc. (Paris, 1834, in-8); Traité de phy-
siologie comparée de l'homme et des animaux (Mont-
pellier, 1838, 3 vol. in-8) ; Pratique des accouche-
ments de Mme Lachapelle , etc. (Paris, 1825, 3 vol.
in-8) ; avec Mme Boivin : Traité pratique des maladies
de l'utérus et de ses annexes (Paris, 1833, 2 vol. in-8,
avec atlas de 41 pi.) Dr L. Un.
DUGHET (Gaspard), dit le Guaspre ou le Guaspre-
Poussin, peintre, né à Rome en 1613, mort à Florence en
1675. Elève et beau-frère du Poussin, il travailla quelque
temps sous la direction de celui-ci ; mais son caractère
emporté ne lui permit pas d'accepter longtemps les obser-
vations de son beau-frère, et l'empêcha également de
demeurer près du duc délia Cornia et de Francesco Arili qui
l'avaient attiré près d'eux à la demaude de Pierre de Cor-
tone. Il a exécuté à Florence pour les loges du palais Pitti,
un Paysage peint à fresque ; Un Ouragan ; le Déluge, etc.
Le Louvre possède six de ses tableaux, le musée de
Madrid sept et celui de Vienne quatre. L'exécution excel-
lente et le soin extrême apportés à ses tableaux n'em-
pêchent point que, suivant l'expression de Ch. Blanc, « on
sente dans ses toiles la lumière, mais non la chaleur du
soleil ». F. Courboix.
Bibl. : Ch. Blanc, Histoire des peintres de toutes les
écoles.
DUGNY (Duguey, \ilil). Coin, du dép. de la Meuse,
cant. et arr. de Verdun, sur le Lempire, affi. de la Meuse ;
775 hab. Faisait anciennement partie du Barrois mouvant.
Patrie du baron Louis-Victor de Benoist.
DUGNY. Coin, du dép. de la Seine, arr. et cant. de
Saint-Denis; 643 hab.
DUGOMMIER (Jacques Coquille-), général français, ne
dans la paroisse de Notre-Dame du Mont-Carmel, à la Basse-
Terre (Guadeloupe), le 1er août 1738, tué a la bataille de la
Montagne-Noire le 18 nov. 1794. Entré de bonne heure au
service, il partagea les idées libérales de l'époque et fit partie
de l'assemblée générale coloniale réunie le 1" déc. 1789 au
— 21 —
IH GOMMIER — DUGl AY
Petit-Bourg. Il eonihattit à la tête îles patriotes tlans les
troubles mil-; de la Guadeloupe. Rappelé <>n France en
1791, il tut nommé maréchal de camp le 19 oct. 1792.
Attaché à ramée des Alpes et d'Italie, il lui chargé de
commander les troupes qui opéraient dans le Var et rem-
plaça (.arlau\ devant Toulon le llinov. 1793, avec le tilrc
de général en chef de l'armée d'Italie chargé de la conduite
du sièj;e de Toulon. C'est lui qui eut l'honneur de re-
prendre cette place (17-19 dée. 1793). Il contribua à la
fortune de Bonaparte en le mettant à même, pendant M
siège, d'exécuter ses plans hardis. Nommé général en chef
de l'armée des Pyrénées-Orientales (Iti janv. 1794), il
battit les Espagnols au Boulon (l,r mai), reprit Collioure
(89 mai), Bellegarde(l7 sept.). 11 tut tué au moment où il es-
sayait de forcer le général espagnol La Union dans ses posi-
tions entre Saint-Llorens-de-la-Muga et la mer. F. -A. A.
Hihl. : Yaichklkt. le Général Dugoinmier, dans la
Reçue historique de mars-avr. 1JSS6.
DUGOMMIER (Alphonse-Amaranthe Denis (V. Denis
[Alphonse]).
DUGONG (Zool.) (V. Lamantin et Siréniens).
DUGONICS (André), écrivain hongrois, né à Szegedin
en 1740, mort à Szegedin en 1818. Entré dans l'ordre des
piaristes, puis dans l'enseignement en diverses villes, il ne
cessa de rendre des services éininenlsà la langue magyare et
à la littérature populaire. Pour montrer que son idiome ma-
ternel se prétait à la culture scientifique, il l'employa dans
la rédaction d'un manuel de mathématiques (1784), aussi
bien que dans la composition de deux poèmes classiques sur
Troie et sur Ulysse (1774-1 780). Puis il publia ( 1 788) son ro-
man d'Etelka, récit despremiers temps de l'histoirenationale,
bientôt suivi d'autres romans et de plusieurs drames his-
toriques, qui contrihuèrent puissamment à développer le
sentiment patriotique hongrois. E. Sayous.
Bibi.. : Schwicker, Geschichlc der ungarischen Litté-
ral tir.
DUGUAY-Trouin (René), célèbre corsaire français et
lieutenant général des armées navales, né à Saint-Malo le
10 juin 1(573, mort à Paris le "27 sept. 1736. Il appar-
tenait à une ancienne famille de négociants. II était le cin-
quième des sept enfants de Luc Trouin, sieur de La Barbi-
nais, qui commandait lui-même, en paix ou en guerre, les
vaisseaux qu'il armait. Le nom de Duguay provenait d'une
propriété de la famille dans le village du Gué, ou René
avait été élevé. II fut destiné par son père à la carrière
ecclésiastique, mais ses goûls batailleurs puis sa vocation
maritime décidèrent sa famille à lui permettre d'embarquer
comme volontaire. On était en 1689, en guerre avec les
deux grandes puissances maritimes, la Hollande et l'An-
gleterre. Cette première campagne de Duguay-Trouin fut
très rude et il prit une grande part, tout jeune qu'il était,
dans l'enlèvement à l'abordage d'un corsaire hollandais.
L'année suivante, il embarquait sur une frégate de vingt-
huit canons. Dans l'attaque d'une flotte de quinze vaisseaux
anglais, trois de ces navires fuient pris à l'abordage. Sa
famille lui ayant donné un commandement , durant les
années 1691 et 1692, il captura deux frégates de guerre
anglaises et dix navires marchands. En 1693, des vais-
seaux du roi lui furent confiés pour la course. Ses prises
procurèrent un profit considérable à l'Etat et à ses arma-
teurs. En 1694, étant tombé dans une escadre de six
bâtiments anglais, il soutint un combat opiniâtre et inégal,
dans lequel il fut obligé de se rendre, étant blessé griève-
ment. II fut conduit à Plymouth, d'où il parvint a s'évader
sur une chaloupe, comme avaient fait cinq ans auparavant
Jean Bart et Forbin, et put aborder sur la cote de Bretagne.
Montant un vaisseau de quarante-huit canons, le Fran-
çais, il s'empara, entre autres, de deux navires de guerre
qui escortaient une flotte marchande de soixante voiles
(4 janv. 1695). L'un de ces navires, le Sans-Pareil
était commandé par le capitaine anglais qui avait pris
à l'abordage et fait prisonniers Jean Bart et Forbin,
et qui conservait, trophée précieux, leurs brevets, que
Duguay-Trouin se fit remettre. Cette action valut à celui-ci,
dfl la part du roi, une épée d'honneur. Duguay-Trouin fit
encore de nombreuses prises dans les années suivantes.
C'esl dans le cours de ces campagnes qu'il eut la douleur
de perdre son frère cadet, tué dans une escarmouche a
terre sur la cote d'Espagne (1696). Quelque temps après,
à la tète de cinq vaisseaux, il attaqua trois vaisseaux de
guerre de première force, que commandait le contre-amiral
hollandais de Wassenaer, et qui escortaient la flotte de
Bilbao. Ce combat à l'abordage fut très meurtrier; presque
tous les officiers des deux cotés périrent, et le commandant
hollandais, dangereusement blessé, fut pris les armes à la
main (28 mars 1697). Ce succès si brillant valut à Duguay-
Trouin de passer au service du roi avec le grade de capi-
taine de frégate. Ayant obtenu le commandement de deux
nouveaux vaisseaux, Duguay-Trouin s'apprêtait à une croi-
sière, quand la paix de Ryswick (20 et 30 oct.) fut donnée
à l'Europe. Il n'avait encore que vingt-quatre ans. Dans
ces guerres de la Ligue d'Augsbourg, il avait, malgré sa
jeunesse, égalé ses aines les plus illustres et contribué
avec eux à une paix honorable. La course pratiquée par les
Pointis, les Jean Bart, les Du Casse, les Forbin, les Cas-
sard, entre tant d'autres, avait secondé admirablement
les grandes actions navales des flottes commandées par les
deux d'Estrées, Nesmond, Château-Renault et Tourville.
Lors de la guerre de la succession d'Espagne, Duguay-
Trouin, commandant (1702) trois frégates, alla croiser
d'abord aux Orcades. Un vaisseau de guerre hollandais
s'étant présenté, un combat terrible à l'abordage s'engagea.
Le capitaine hollandais et tous ses officiers furent tués, le
navire fut pris, mais la tempête le fit échouer sur les cotes
d'Ecosse. En 1703, Duguay-Trouin fut chargé de détruire
la pêche des Hollandais sur les côtes du Spitzberg, où il
prit vingt navires baleiniers et en détruisit un plus grand
nombre. Au commencement de 1704, Duguay-Trouin mon-
tra les qualités de l'ingénieur, dans la construction de
deux vaisseaux de cinquante-quatre canons, qu'il nomma
le Jason et l'Auguste. Il monta le premier et alla croiser
aux Sorlingues. Après plusieurs rencontres ennemies, il
ramena au port un vaisseau de guerre de cinquante-quatre
canons, le Couentry, pris à l'abordage, et douze navires
marchands. L'année suivante (1705), Duguay-Trouin monta
de nouveau le Jason, et ayant donné à son jeune frère le
commandement d'une frégate de vingt-six canons, la Va-
leur, il alla croiser, avec ses trois vaisseaux, à l'entrée
de la Manche. Il s'empara d'un vaisseau de guerre de
soixante-douze canons, l'Elisabeth, et d'un corsaire fles-
singuois. Dans ce temps, son frère, après s'être emparé
d'un autre corsaire, puis d'un navire anglais, était mortel-
tellement blessé dans un abordage, au moment de vaincre.
Quelques jours après, Duguay-Trouin, surmontant sa
douleur, partit de Brest avec ses trois vaisseaux. Il tomba
au milieu de l'escadre anglaise. Entouré par quinze de ces
forts navires ennemis, il s'apprêtait à vendre chèrement
sa vie sans jamais baisser pavillon. Mais, grâce à son coup
d'oeil, il sut leur échapper à la faveur d'un vent propice et
de la nuit. Il termina par de nombreuses prises sa glo-
rieuse campagne. L'année suivante (1706), Duguay-Trouin,
montant encore le Jason, reçut ordre d'aller, avec deux
autres bâtiments, à Cadix, menacée, disait-on, d'un siège,
et de se mettre à la disposition du gouverneur, le marquis
de Valdecanas. En même temps il était promu au grade
de capitaine de vaisseau. A Cadix, il ne trouva que de la
mauvaise volonté des Espagnols qu'il venait secourir.
Ayant quitté cette nation, il fit bientôt la rencontre de
quinze navires anglais et s'en empara pour la plupart. Ils
étaient escortés par une frégate de trente-six canons.
La campagne de 1707 fut mémorable. Duguay-Trouin
venait d'être nommé chevalier de Saint-Louis et de rece-
voir l'accolade du roi à Versailles. Il obtint six vaisseaux et
monta le Lys, de soixante-quatorze canons. Forbin, alors chef
d'escadre, se trouvait en rade de Brest avec six vaisseaux.
Tous deux reçurent l'ordre de se rendre ensemble, avec
leurs escadres respectives, aux dunes d'Angleterre, afin de
DUfîl'AY - Dl CI F
- 22
détruire tin? flotte portant dos secours en Portugal et en
Catalogne. On la rencontra à l'entrée de la Manche. Les
transports étaient au nombre de près de deoi cents : il
n'y avait [mur les escorter que cinq vaisseaux de ligne,
mais ils étaient de première force. Le vaisseau comman-
dant, le Cumberland, portait quatre-vingt-deux canons,
le Devonshire en avait quatre-vingt douze, (le l'ut l'escadre
de Duguay-Trouin qui eut le plus de part à la bataille
(21 oct.). Elle fut terrible; les abordages furent très
meurtriers, et le Devonshire périt dans les flammes avec
plus de mille hommes. Le Cumberland et deux des autres
vaisseaux de guerre furent pris, ainsi qu'un très grand
nombre de transports. Le roi ayant offert une pension de
1,000 livres à Duguay-Trouin, celui-ci eut la générosité de
la faire reverser sur son capitaine en second, qui avait eu
la cuisse emportée. Les campagnes de 1708, de 1709 et
1710 ne furent pas heureuses pour Duguay-Trouin, ayant
été contrariées parla tempête, et les riches flottes du Brésil
et de l'Inde lui échappèrent. C'est à la fin de 1709 que
des lettres de noblesse furent octroyées aux deux frères
Trouin. On y lit que lui et son aine, sieur de La Barbinais,
chef de la maison Duguay, avaient pris plus de trois cents
navires marchands et deux cents vaisseaux de guerre ou cor-
saires. Duguay-Trouin formait alors le plan d'une expédition
qui devait donner à son nom le plus d'éclat. Le Portugal
jouait un rôle important et fort dommageable à l'Espagne,
en donnant accès dans ses ports aux marines ennemies.
D'autre part, les armements étaient aussi des sortes d'en-
treprises commerciales. Deux fois, en -1 70(> et en 1708,
les circonstances avaient été défavorables au hardi corsaire,
qui avait laissé échapper les flottes du Brésil. Il songea à
aller chercher ces trésors du Portugal à leur source même.
Avant lui, l'année précédente, un autre avait eu la même
idée, mais le capitaine de vaisseau Duclere avait échoué,
n'ayant pas de forces suffisantes. Il s'était rendu, avec les
sept cents hommes environ qui lui restaient. Comme on
disait qu'il avait été assassiné et que les prisonniers fran-
çais subissaient les plus durs traitements, leur délivrance
et la vengeance à tirer des oppresseurs s'ajoutaient aux
autres motifs pour entreprendre l'expédition. Duguay-
Trouin ayant réussi à y intéresser de riches armateurs et
ayant obtenu l'autorisation du roi, qui lui confia ses vais-
seaux, s'empressa d'armer, le plus discrètement possible,
à Brest et en d'autres ports de France. Il mit à la voile le
3 juin 1711. Il montait le Lys; le nombre total de ses bâ-
timents était de dix-sept, portant environ six mille hommes.
Il arriva, le 12 sept., devant le goulet de la baie de Rio-
de-Janeiro, et sans perdre un instant il força cette entrée,
au milieu des feux croisés des forts et des vaisseaux. Les
fortifications de Rio-de-Janeiro avaient été augmentées ; on y
était préparé à la résistance, aussi fallut-il recourir à un
siège régulier. Dès le 21, l'assaut était donné. Le 23, les
forts se rendirent. Dans l'impossibilité de garder sa con-
quête, Duguay-Trouin accepta la rançon qu'on lui en oflrit
de 010,000 cruzades. Il mit à la voile pour la France le
13 nov. Dans ce voyage, il fut assailli, malheureusement,
par de violentes tempêtes, qui firent périr trois de ses meil-
leurs vaisseaux; une grande partie du butin fut engloutie
dans les flots. Toutefois, il resta encore un profit considé-
rable pour les armateurs, mais bien inférieur au dommage
causé au Portugal, que l'on évalua à 30 millions. Louis XIV
récompensa Duguay-Trouin par une pension de 2,000 livres
et, plus tard (1715), par le grade de chef d'escadre. La
paix générale d'Utrecht, signée le 11 avr. 1713, lui assura
un repos qu'il ne recherchait pas. Son expédition glorieuse
était venue à la fois couronner sa carrière et clôturer l'ère
navale du grand règne.
Duguay-Trouin s'était retiré, à la paix, dans une petite
maison de campagne sur les bords de la Rance, à la Pion-
ne, près de Samt-Servan, où il rédigea ses mémoires. Kn
1723, il fut appelé a Paris pour faire partie du conseil des
Indes. Louis XV le nomma, en 1728, successivement com-
mandeur de l'ordre de Saint-Louis et lieutenant général.
Pois un au après, il reçut le commandement de la BUTÏM
à Brest avec la surveillance des rôles de lin-Ligne. Ko
I7.il, le minière de Maareaas h- choisit peur eoamaader
une escadre destinée à relever le prestige du panUou fran-
çais dans la Méditerranée el ;i Ente raotner dans la devoir
les nations barbaresques, sa abtanant d'ettes les répara-
tions pour les dommages (■au^es au commerce français. S
mission, cette fois toute pacifique, eut les résultats que
l'on en attendait. Ce fut sa dernière campagne. Il était âgé
de cinquante-huit ans et souffrait depuis plusieurs années de
précoces infirmités contractées dans sa fatigante prof>>Mon.
Cependant il oublia ses maux, lorsque, deux ans plus tard,
la guerre sembla se rallumer et qu'on lui confia le com-
mandement d'une escadre à Brest. Mais ce ne fut qu'une
alerte, la paix se rétablit. Duguay-Trouin languit dans ses
souflrances trois ans encore, et mourut à Paris, ou il était
allé chercher les secours de la médecine. Duguay-Trouin
n'était pas marié.
Ce grand homme eut le vrai génie maritime ; intrépide
comme Jean Bart, et capable, si l'occasion s'était présentée,
de conduire de grandes flottes, comme Duquesne et Tour-
ville ; corsaire, il tempéra les maux inséparables de cette
profession, respectant l'ennemi vaincu, mais sachant faire
respecter en lui la dignité nationale ; désintéressé, il ne
profita pas des immenses richesses qu'il eut entre les mains
pour sa fortune personnelle. Duguay-Trouin était de taille
avantageuse; il s'était rompu aux exercices du corps; sa
figure était régulière et agréable. On voit son portrait en
pied à l'hôtel de ville de Saint-Malo ; sa statue en marbre
orne une place de cette ville, depuis 1829. Au nombre
des douze statues en marbre de Carrare des plus illustres
guerriers de France qui se trouvaient sur le pont de la
Concorde à Paris avant d'être transportées dans la cour
d'honneur du palais de Versailles, on remarque celle de
Duguay-Trouin, exécutée en 1822 par Du Pasquier. Les
Mémoires que ce héros écrivit dans ses loisirs forcés sont
d'un style simple et sobre, et l'on y reconnaît l'accent de
la vérité; les seuls authentiques ne datent, pour les pre-
mières éditions, que de 1740. On trouve, entre autres, dans
celle de 1741 (Amsterdam, in-1 2), son portrait, des plan-
ches montrant la disposition des combattants et notamment
le plan de Rio-de-Janeiro, la liste des officiers et équipages,
plusieurs documents, mais non certains détails de la jeu-
nesse de l'auteur que le cardinal de Fleurv lui avait con-
seillé d'enlever. Thomas a prononcé un éloge académique
de Duguay-Trouin (1764). Plusieurs historiens ont écrit sa
vie et raconté ses campagnes, notamment ses compatriotes,
l'abbé Manet et M. Ch. Cunat. G. Delavaud.
Bibl. : L'abbé J. Poulain, Duguay-Trouin el Saint-
Malo, la cité corsaire; Paris, 1882." On trouve dans cet ou-
vrage une indication bibliographique sur : 1° les archives
de Saint-Malo, de Saint-Servan, de la marine à Paris (il
faut y ajouter celles de Brest), et les papiers de plusieurs
familles de corsaires des deux premières villes; 2° les
principaux auteurs c[ui ont écrit sur Duguay-Trouin. tels
que : Kicher, 1784 ; Badin, dans les Marins illustres :
Paris, 186(5 ; de L\ Landelle.
DUGUÉ (Ferdinand), auteur dramatique français, né
à Paris en 1812. Il débuta par divers recueils de vers :
Horizons de la poésie (1836, in-8) ; le Vol des heurts
(1839, in-8) ; les Gouttes de rosée, sonnets (1840, in-8),
écrivit plusieurs romans: lu Semaine de Pâques (1833,
in-8) ; Geoffroy Hmlel (1838, 2 vol. in-8), et des drames
en vers : Castille et Léon ( 1 838) ; Gaifer (1839) ; Salva-
torRosa (Porte-Saint-Martin, 1831) ; Monsieur l'inchard,
drame interdit en France et représenté a Bruxelles ( 1 8S5).
M. Dugué, devenu peu après le collaborateur d'Anicet-
Bourgeois et de M. Dennery, et associé ainsi ;ï quelques-uns
de leurs succès les plus populaires, a donné avec le pre-
mier : /« Fugitifs (Ambigu. 1838) ; les Pirates de la
Savane (Gatté, 1858); la Fille du chiffonnier (1881);
la Bouquetière des innocents (1802); avec le second :
la Prière des naufragés (4847); Cartouche (1838) ;
le Marchand de coco (1860); les Trente-deux Duels île
Jean Gigon (1 801 ) ; Marie Mancini (1804), etc. M. Dugué
— "23 —
DUGIIÉ — DU GlESCLIN
a publié depuis deux volumes de poésies politiques : /<■.<
Eclats tl'olws (4874, in- 18); Salir,* ei Poémet t(4876,
in-8), et commence la réunion de son Théâtre complet
(4894, t. MI). M. Tx.
DUGUÉ d'Assj iJart|ues-Claude), homme politique fran-
çais, oé à Tourouvre (une) le 17 niai 1749, Avocat,
membre du département, juge, il tut élu par l'Orne député
à la Convention. Il y siégea parmi les modérés, et, dans le
procès de Louis \V1, vola pour l'appel au peuple et pour
le bannissement. In des soixante-quatorze signataires de la
protection contre le 2 juin, il fut décrété d'arrestation et
revint a la Convention le 48 frimaire an 111. Membre du
i-ons.'il des Anciens, il rentra ensuite dans l'obscurité et
fut Bons-préfet de Morlagne aux Cent-Jours. On ignore
la date de sa mort. F. -A. A.
DUGUÉ DE La Fauconnerie (Henri-Joseph), homme po-
litique français, né à Paris le 11 mai 1835, neveu de
Ferdinand Dugiu' (Y. ci-dessus). Après avoir fait ses études
de droit à Strasbourg, il entra dans l'administration pré-
fectorale et devint en 1802 sous-préfet de Saint-Jean-
d'Angelv, puis sous-préfet de Marennes en 1864. Il dé-
missionna en 1866 et fut élu député de Mortagne au Corps
li^islat if le 14 mai 1869. Membre de l'extrême droite, il
combattit le cabinet libéral d'Fmile Ollivier et vota la
guerre avec la Prusse. En 1871, il prit la direction d'un
organe bonapartiste, l'Ordre, fut élu député de Mortagne
le 20 févr. 1876, appuya le gouvernement du 16 mai et
fut réélu le 14 oet. 1877. II tenta, grâce à l'influence de
Gambette, de rallier à la République le parti bonapartiste,
mais cette tentative fut peu heureuse pour lui, car ayant
démissionné pour consulter ses électeurs (févr. 1881),
ceux-ci ne le renommèrent pas (6 mars 1881), préférant
voter pour un républicain. M. Dugué de La Fauconnerie se
présenta alors vainement dans son département aux élec-
tions sénatoriales du 8 janv. 1882 et ne fut réélu député
qu'en oct. 1885, après qu'il eut déclaré que la persécution
religieuse ('éloignait de la République. Il siégea à droite et
adhéra avec enthousiasme à la politique du boulangisme,
prenant assez souvent la parole à la Chambre pour dénoncer
les inconvénients du parlementarisme et attaquer la gestion
financière des républicains. Il a été réélu par Mortagne le
22 sept. 1889 par 13,674 voix contre 10,190 à son con-
current républicain Bansard des Bois. Il a publié : le Tri-
bunal de la Rote (Paris, 4859, in-8); la Bretagne et
l'Empire (1861, in-8); Si l'Empire revenait (4875,
in-8); Soyons donc logiques (1878, in-8).
DUGUËRNIER (Louis), dit le Vieux, peintre, minia-
turiste et portraitiste du xvie siècle (V. Guernier).
DU GUESCLIN (Bertrand), connétable de France, né
vers 1320, moitié 43 jnil. 1380. Fils de Robert Du Gues-
clin, chevalier breton, il naquit à La Motte-Broons (arr. de
Dinan). Brutal et laid, peu aimé de ses parents, il ne dut
guère fréquenter l'école et parut toute sa vie avoir beau-
coup de peine à écrire son nom. Un brillant tournoi, à
Rennes, vers 1337. commença sa réputation, et la guerre
de succession de Bretagne (1341) lui permit de l'accroître.
Partisan de Ch. de Rlois. son rôle resta obscur jusqu'en
4354. Il fut parmi les défenseurs de Rennes contre les
Anglais (déc 1342 ou janv. 1343) et, après la bataille
de La Roche-Derrien, qui ruina le parti de Blois (18 ou
20 juin 1347), il lit la guerrede partisan avec cinquante ou
soixanlp hommes. La surprise du château de Fougeray
(4350?) attira l'attention sur lui et il est probable qu'A passa
au service de Jean II des son avènement ('22 août 4350).
Opérant entre Dinan et Pontorson, il se lia bientôt avec
P. de Villiers. capitaine de Pontorson, et le sire d'Audre-
hem, lieutenant du roi dans la contrée. \rmé chevalier a
Montmuran (10 avr. -1354), il fit partie d'une ambassade
qui alla en Angleterre demander la mise en liberté de
Ch. de Blois (tin 1354). Il resta aux environs de Pontor-
son pendant l'invasion anglaise de 1355 et la campagne
qui se termina à Poitiers (19 sept. 1356). Quand le duc
de Lancastre vint assiéger Rennes et Dinan (oct. 1356
et commencement de 1357), Bertrand lui lit beaucoup
de mal. Après son fameux duel avec Th. de Canlerbury,
à Dinan. il parvint à ravitaille? Bennes, que la trêve il.'
Bordeaux délivra (23 mars 1357). Nommé capitaine
de Pontorson (déc. 1357), il se fil un renom légendaire de
protecteur du peuple en combattant les brigands. Il se
distingua au siège de Mrlun (juin 1359), mais, au retour,
se laissa prendre par Robert Knolles. au Pas d'Evran (lin
1359) et paya rançon. Après le traité de Brélignv (8 mai
1360), les ducs d'Orléans et d'Anjou et le comte d Alençon
lui confièrent la garde de leurs domaines, et, durant les
années 1360, 1361, 1362, il combattit sans relâche les
compagnies dans le Maine, le Perche et la Basse-Nor-
mandie : il fut même pris à Juigné (tin 1360). Châtelain
de La Roche-Tesson et conseiller du dauphin (lin 1361),
toujours mêlé aux affaires de Bretagne, il épousa Tiphaine
Raguenel (1364). Charge de saisir les biens du roi de
Navarre (avr. 1364), il prit Mantes et Meulan (avril).
Charles V le fit son chambellan (17 avr.), et, après la vic-
toire de Cocherel, où le captai de Buih fut fait prisonnier
(16 mai), il lui donna le comté de Longueville (27 mai) et le
nomma son lieutenant en Normandie (été de 1361). Mais
Charles de Blois l'appelant en Bretagne, il abandonna son
poste, mécontenta ainsi le roi et alla se faire prendre à
Auray (29 sept.). Après le traité de Guérande (12 avr.
1363), Charles V, Urbain V et Henri de Transtamare
payèrent sa rançon. Chargé de conduire les compagnies en
Espagne, contre Pedro de Castille, il .partit au mois de sept.
1365 et ne leva pas en passant, comme on l'a répété, un
impôt forcé sur les domaines du pape. A son approche,
don Pedro s'enfuit à Bayonne, où il s'allia avec le prince
de Galles, qui passa bientôt en Espagne (févr. 1367). La
bataille de JNajera (3 avr.) rétablit don Pedro et coûta la
liberté à Bertrand. Relâché moyennant 100,000 doubles
d'or, que paya le roi (27 déc.),' il alla guerroyer en Pro-
vence pour le duc d'Anjou et assiéger Tarascon (4 mars-
22 mai 1368). C'est alors qu'il leva 3,000 florins sur le
Comtat. Don Henri étant rentré en Espagne (sept. 1367),
il y retourna et la bataille de Montiel (14 mars 1369),
suivie de la mort de don Pedro (23 mars), rendit le trône
à don Henri. Il nomma Rertrand connétable de Castille,
duc de Molina, etc., et lui donna divers domaines. Rappelé
en 1370 par Charles V, Du Guesclin rejoignit le duc
d'Anjou en Languedoc (mi-juillet) et commença avec lui
une campagne (pie la chevauchée de Knolles interrom-
pit. Malgré quelques succès en Périgord et en Limousin,
il ne pût empêcher le prince Noir de reprendre Limoges
(19 sept. 1370); pourtant Moreau de Fiennes s'étant
démis de l'office de connétable, Du Guesclin fut désigné
comme le plus digne de lui succéder (2 oct.) et le roi
s'empressa de ratifier le choix de son conseil. Le nou-
veau connétable écrasa aussitôt Knolles à Pontvallain
(4 déc). Il joua un grand rôle dans la campagne de Poitou
en 1372. Ce fut lui qui occupa Poitiers (17 août), puis La
Rochelle, Saint-Jean-d'Angely. Saintes (sept.), et Melle
(3 oct.), etc. L'expédition, interrompue par une chevauchée
en Rretagne, se termina par la reddition de Thouars
(I déc), et Rertrand, par sa victoire de Chizé (fin mars
1373), acheva de ruiner l'influence anglaise dans le Poitou.
Il employa l'été à conquérir la Rretagne avec le duc de
Bourbon, mais l'invasion du duc de Lancastre le rappela à
Paris (sept.), avant la reddition des deux dernières places
anglaises, Derval et Brest. Ayant conseillé de ne pas livrer
bataille, il suivit l'ennemi et l'empêcha de s'étendre sur
le pays (nov. -déc). Après avoir épousé en secondes
noces Jeanne de Laval, dame de Tinteniac (1374), il
lit une expédition avec le duc d'Anjou, sur les confins de
l'Agenais et du Bordelais (avr.), puis, au printemps sui-
vant, il commença la conquête de la Saintonge. Froissait
le fait assisler i\ tort au siège et à la capitulation de
Saint-Sauveur-le-Vicomte (21 mai 1375). Après l'expi-
ration des trêves avec l'Angleterre (24 juin 1377)
il contribua à la reddition des places normandes du roi de
m; gi esclin - du iiai.de
Navarre (printemps de 1378), ù la levée du siège « 1«-
S;iini-M;ilii ii alla lui-même assiéger Cherbourg. La confis-
cation de la Bretagne (!) déc. I37K), qu'il n'approuvait
point, l'attrista. Il ne put arrêter les progrès <lu duc de
Bretagne, rentré dans ses Etats (3 août 1379). Accusé
de mauvaise volonté par le conseil royal, il parla de re-
tourner en Castille. Charles Y le retint et il commençait à
purger la France centrale de ses brigands, quand il tomba
malade et mourut devant Chàteauneuf-de-Kandon. Il fut
enterré à Saint-Denis avec des honneurs royaux. On a t'ait
de lui, sous Charles VI, le type du parlait chevalier. H
lut, au contraire, toute sa vie, un soldat brutal ; mais,
grâce à des qualités naturelles, développées par une longue
expérience, il devint le plus habile capitaine de son temps.
E. COSNEAU.
Un».. : Le» chroniques du temps et surtout: Cuvei.iek,
Chron. de B. Du Guexclin, éd. Ciiarkii rk (col. des Doc.
iiifd.i. — Anciens Mémoires duxivs. rein t. à B.DnGuesclin
(coll. Mien au D et PoUJOULAT, 1. 1. — FRoissART,éd.S. Luce,
t. V, VI, VII et VIII; éd. Kervyn de Lkttknbove, t. V,
VI, VII, VIII et IX. — Hav du Chastelet, Hisl. de B. Du
Guesclin; Paris, 1666, in-S. — Bibl. nat., Pinces originales,
t. MCCCCXXXIII. — S. Luce, Hist. de B. Du Guesclin et
de son époque; Paris, 1876, in -8, et un article dans la Re-
vue hist., t. XVI, 91-92.
DU GUET (Jacques-Joseph), théologien et moraliste, né
à Montbrison le 9 déc. 1649, mort à Paris le 25oet.l733.
Il était entré dans la congrégation de l'Oratoire dès 1667 ;
il la quitta en révr. 1685, par suite de la réprobation par
cette congrégation du cartésianisme et du jansénisme, et il se
retira auprès d'Arnauld, à Bruxelles, où il resta pendant cinq
ans. Rentré à Paris en -1690, il s'y recueillit dans une
retraite studieuse. Il avait été un des premiers appelants
contre la bulle Unigenitus; en 1721 , il renouvela son appel.
Mais sa fidélité aux doctrines jansénistes ne l'empêchait pas
de blâmer les écarts du parti ; il sut réprouver les excès de
polémique du journal les Nouvelles ecclésiastiques, et pro-
tester contre les extravagances des convulsionnaires. Sainte-
Beuve le compare à Fénelon. Ses nombreux ouvrages sont
écrits avec une élégance et une onclion rares chez les jan-
sénistes. Les principaux sont : Traité sur les devoirs
d'un évêque (Caen, 1710, in- 12); Règles pour V intelli-
gence des Saintes Ecritures (Paris, 1716, in- 12); Traité
des scrupules (Paris, 1717, in-12); Lettres sur divers
sujets de morale et de piété (Paris, 1718, 3 vol. in-12)
souvent réimprimées et portées jusqu'à 10 vol. in-12;
Pensées d'un magistrat sur la déclaration qui doit
être portée au parlement (in-4) ; Maximes abrégées sur
les décisions de V Eglise et préjugés légitimes contre la
Constitution; Explication du mystère de la Passion
(Paris, 1728, 2 vol. in-12) ; Réflexions sur le mystère de la
sépulture ou le tombeau de Jésus-Christ (Bruxelles, 1 731 ,
2 vol. in-12) ; Traité des principes de la foi chrétienne
(Paris, 1736, 3 vol. in-12); Institution d'un prince
(Leyde, 1729,4vol. in-12; Londres, 1739, in-4), composée
à la demande de Victor-Amédée, roi de Sardaigne ; Confé-
rences ecclésiastiques (Paris, 1 742, 2 vol. in-4). E.-H. V.
Bidl. i. Goujet, Eloge historique de Du Guet: Paris,
1740. — André, Esprit de M. Du Guet; Paris, 1764. in-12.
— Sainte-Beuve, Porl-Royal ; Paris, 1867, t. VI.
DUGUET (L'abbé), maitre de musique à l'église Saint-
Germain l'Auxerrois en 1767 et à Notre-Dame en 1780.
Il a composé de nombreuses messes et des motets, dont
les manuscrits sont conservés dans la bibliothèque de
Notre-Dame de Paris.
DUGUET (Nicolas-Jean-Baptiste), médecin français,
né à Chamery (Marne) le 12 mai 1837. Interne des
hôpitaux (1862), docteur en médecine en 1866, agrégé
de la Faculté de Paris (section de médecine) en 1872, mé-
decin des hôpitaux en 1873. Parmi ses nombreux travaux,
citons : sa thèse d'agrégation, De l'Apoplexie pulmonaire
(1872), dans laquelle il cherchait à établir une pathogénie
nouvelle de cette affection, à l'aide des embolies pulmo-
naires qui ont fait depuis l'objet de recherches publiées
par lui de 1876 à 1881; De l'Angine ulcéreuse et du
muguet de la gorge dans la fièvre typhoïde (1883) ; Sur
tes Tachée bleues, leur production artificielle et leur
râleur séméiologique (in80); Contribution u Fétude
des grossesses extra-^utérines el en particulier de la
grossesse tubaire (1X74), et Goitre* et méil nation
iodée interstitielle (1886). Dr A. Di un .
DU GUILLET (Pernette),feflUM poète, Bée i Lyon vers
1520, morte le 17 juil. 1545. Ses impies sont graeisHaem,
pies et naïves, et lui ont valu une renommée locale
peut-être un peu exagérée. Les Ry mes de gentille et ver-
tueuse dame D. Remette du Guillet, Lyonnaise (Lyon,
1345, pet. in— 8 ; Paris, 1546, in-16; Lyon, 1532, pet.
in-8; ces trois éditions sont fort rares) ont été réim-
primées à Lvon en 1830, in-8; en 1856, pet. in-8 et en
1864, in-12.'
DU HALDE (Jean-Baptiste), savant français, né à Paris
le 1er févr. 1674, mort à Paris le 18 août 1743.
II entra le 8 sept. 1692 dans la Compagnie de Jésus. Se-
crétaire du P. Letellier. confesseur du roi, il a attaché son
nom d'une manière durable à la Chine par les Lettres édi-
fiantes et sa Description de la Chine. On peut consi-
dérer comme l'origine des Lettres édifiantes les lettres
annuelles envoyées du Japon, de la Chine, de Goa et
d'Ethiopie en Europe depuis le xvie siècle par les Pères de
la Compagnie de Jésus, ainsi que les Relations des mis-
sions et les Voyages des évêques français au wne siècle.
Mais la collection connue sous le nom de Lettres édi-
fiantes et curieuses écrites des Missions étrangères par
quelques missionnaires de la Compagnie de Jésus a
été commencée en 1702 par le P. Charles Le Gobien ; les
premiers volumes ont eu plusieurs éditions ; la série com-
plète se compose de 34 volumes ou recueils in-12 (1703-
1776). Chaque recueil est précédé d'une èpitreaux jésuites
de France. Le P. Le Gobien étant mort le 5 mars 1708,
après la publication du huitième recueil, il fut remplacé par
le P. Du Halde,qui continua la série jusqu'au vingt-sixième
recueil (1743). Il eut lui-même pour successeurs les
PP. Patouillet et Maréchal. Cette collection importante a été
réimprimée de 1780 à 1783, chez Mérigot le jeune, en
26 vol. in-12 par Yves-Mathurin-Marie de Querbeuf, et
plusieurs fois depuis, soit en partie, soit en entier ; nous
ne signalerons que l'édition de L. Aimé-Martin, donnée en
4 vol. gr. in-8, dans la collection du Panthéon littéraire
(1838-1843). Le P. J. Stocklein a traduit en allemand
les Lettres édifiantes avec l'addition de bon nombre de
pièces de 1726 à 1758, en 36 vol. in-fol., publiées à
Augsbourg et à Grâtz sous le titre de Der JSeiie Welt-
Bott mit alterhand Nachrichten deren Missionarien
Soc. Iesu. Les Nouvelles Lettres édifiantes des missions
de la Chine et des Indes orientales, publiées chez Adrien
Le Clere de 1818 à 1823, en 8 vol. in-12, et les Annales
de l'Association de la propagation de la foi, commen-
cées en 1826, servent de suite à l'ancienne collection des
Lettres édifiantes. Le second des grands ouvrages du
P. Du Halde a pour titre Description géographique,
historique, chronologique, politique de l'empire de la
Chine et de la Tartarie. chinoise, enrichie des cartes
générales et particulières de ces pays, de la carte générale
et des cartes particulières du Thibet et de la Corée, et ornée
d'un grand nombre de figures et de vignettes gravées en
taille-douce, par le P. J.-B. Du Halde de la Compagnie de
Jésus. A Paris, chez P. -G. Lemercier, imprimeur-libraire,
rue Saint-Jacques, au Livre d'Or, M.DCC.XXXV. Avec
approbation et privilège du Boy (4 vol. in-fol.). Quoique
le P. Du Halde ne soit jamais allé en Chine, son ouvrage
est encore le meilleur qui ait été écrit en français sur ce
vaste empire; il s'est aidé pour la rédaction de son livre
des mémoires des vingt-sept missionnaires suivants :
Martin Martini, Ferdinand Verbiest, Philippe Couplet,
Gabriel Magalhaens, Jean de Fontaney, Joachim Bouvet,
Jean-François Gerbillon, François Noël, Louis Le Comte,
Claude Visdelou, Jean-Baptiste Réijis, Joseph-Henry de
Prémare, François-Xavier Deotreooll.es, Julien-Placide Iler-
vieu, CyrContancin, Pierre de Goville, Jean-Armand Nvel,
— -25 —
1)1 IIAI.DE — DUHESME
Dominique Parrenin, Pierre Jartoni, Vincent <le Tartre,
Joseph-Aniie->laii>- île Mailla, Jean-Alexis Collet, Claude
Jacquemin, Louis Porquet, Emane de Chavagnac, An-
toine Cauhil et Jean-Baptiste Jacques. Cette célèbre des-
cription fut réimprimée l'année suivante a La Haye chez
Henri Sehearleer (4 vol. in-4), avec les cartes de d'An-
ville, qui ont été également réunies en un vol. in-fol.(1737).
Le livre de Du llalde a été traduit en anglais par R. Brookes
(Londres, 1736, '■ sol. in-8; 1738, i vol. m-fol.; 17 il,
'. \ol. in-8) ; en allemand (Hostock, 1747-1736, 4 vol.
in— 4) ; en russe, la première et la seconde partie (Saint-
Pétersbourg, 1774-1777). Parmi les autres ouvrages du
P. Du Halde.nous trouvons une tragédie en musique, Nar~
CÙS0 (Paris, 1707, in-4), un intermède pour la comédie de
Midas (Paris, 170Î), niais la liste complète ne mérite pas
la peine d'être donnée, la réputation du P. Du llalde étant
due entièrement à la publication des Lettres édifiantes
et delà Description de la Chine. Henri Coroikh.
Bim.. : A. de Backer. Bibliothèque des écrivains de la
Compagnie de Jésus. —H. Coroier, Bibliolheca Sinica.
DUHAMEL (Jean-Baptiste), astronome et physicien fran-
çais, ne a Vire, en basse Normandie, le 11 juin 1624,
mort le 6 août 1706. A dix-huit ans, il composa un
petit traité où il expliquait très simplement les trois livres
des Sphériqnes de Th'odose, auxquels il ajouta une Tri-
gonométrie. A l'âge de dix-neuf ans, il entra chez les
Pères de l'Oratoire; il y resta dix ans et en sortit pour
occuper la cure de Neuilly-sur-Marne. En 1660, il fit
imprimer ses deux traités : Asti'onomia physica et De
Meteoris et fossilibus. En 1663, il quitta sa cure et
donna son livre De Consensu veleriset novœ philosophie.
En 1666, Colbert le lit entrer à l'Académie des sciences,
dont il fut le premier secrétaire. Duhamel publia (1670)
son traité De Corporum a/fectionibus. En 167-2 et en
1673, parurent son De Mente humana, et son De Cor-
pore animato. Un ordre supérieur l'engagea à composer
un cours entier de philosophie, selon la forme usitée dans
les collèges. Cet ouvrage parut en 1678 sous le titre de
Philosophia vêtus et nova ail u.sum scholœ accommo-
data. En 1691, il fit imprimer un corps de théologie en
sept tomes, sous le titre de Iheologia speculatrix et
practica juxta S. S. Patruin dogmata vertraetata, et
ml usum scholœ accommodât a. En 1698, il publia, en
latin, une histoire de l'Académie des sciences, depuis son
établissement en 1666jusqu'en 1696 (RegiœScicntiaruni
Academiœ historia ; 2'' édition en 1701). La même année
(1698), il donna un très savant ouvrage théologique
intitulé Institutiones biblicw , seu Scriptural Sacrœ
prolegomena una cum selectis annotationibus in Pen-
tateuchum. En 1701, il publia les Psaumes; en 1703,
les Livres de Salomon, la Sapience et l'Ecclésiaste.
Enfin, en 1705, à l'âge de quatre-vingt-un ans, il donna
une Bible annotée. Il laissa la réputation d'un homme aussi
vertueux que savant. A. Gasté.
Bidl. : Fo.ntknelle, Histoire du renouvellement de
l'Académie royale des sciences en MDCXCIX, et les
Eloges historiques de tous les Académiciens morts depuis
ce renouvellement ; Paris, 1708. — L'abbé Augustin Via-
i.aru, J.-D. Duhamel, thèse pour le doctorat en théologie;
Paris, 1881. — Lui. lit. Mémoire sur la philosophie de
Leibniz et les rapports de sa doctrine avec celle de J.-B.
Duhamel (Bull. acad. de Clermont, mai 1880). — V. encore,
sur J.-B. Duhamel et sur ses frères Georges et Guillaume,
la Bibliographie viroise de F. -M. Morin-La vallée ; Caen,
1879, et le manuscrit du Père Martin, Alhenœ Norman-
norum, conservé à la bibliothèque de Caen.
DUHAMEL (Jean-Marie-Constant), mathématicien fran-
çais, né à Saint-.Malo le 5 févr. 1797, mort à Paris le
29 avt. 1872. Entré a l'Ecole polytechnique en 1816, il
se consacra à l'enseignement, devint répétiteur, puis, en
1834, professeur à l'Ecole polytechnique, ou il occupa suc-
cessivement les chaires d'analyse et de mécanique. Nommé
directeur des études en 1848, il reprit en 18ol la chaire
daualyse, qu'il occupa également à la Faculté des
sciences de Paris depuis la même époque. Son premier
ouvrage, Problèmes et développements sur diverses
parties des mathématiques (1823), fut composé en col-
laboration avec Uevnaud. A partir de 1852, il publia dans
le Journal de l'Ecole polytechnique, jusqu'en 18 48, de
savants mémoires sur la physique mathématique qui lui
ouvrirent, en 1840, les portes de l'Institut. Le Journal
de Liouville, de 1839 à 1856, contient de lui d'autres
articles sur les mêmes matières et des travaux relatifs à la
théorie des séries. Les Mémoires des savants étrangers,
1834 et 1843, et les comptes rendus de l'Académie des
sciences à partir de 1836, renferment également d'assez
nombreuses communications de lui. Il a publié, d'autre
part, son Cours d'analyse de l'Ecole polytechnique,
(1840-1841, 2 vol.), ouvrage complètement refondu dans
si's Eléments de calcul infinitésimal (1860), puis son
Cours de mécanique (1845 et 1846, 2 vol.). Il consacra
enfin la fin de sa vie à la composition d'un ouvrage consi-
dérable, Des Méthodes dans les sciences de raisonne-
ment (1866-1872, 5 vol.), qui n'a pas obtenu tout le
succès qu'il pouvait attendre. — Excellent professeur,
Duhamel a exercé une grande influence par la clarté et la
précision de son enseignement. Esprit plus exact que
profond, s'attachent plutôt à perfectionner les méthodes
qu'à faire progresser la science, il a en tout cas la gloire
d'avoir le premier donné une démonstration rigoureuse des
principes fondamentaux du calcul infinitésimal. Les élèves de
l'Ecole polytechnique ont, de son temps, donné son nom au
verre d'eau sucrée qu'il avait, au début de chaque leçon,
l'habitude de préparer tout en résumant, d'une voix d'abord
à peine perceptible, mais qui s'élevait peu à peu, les théo-
ries exposées dans la précédente leçon. P. Tannery.
DUHAMEL-Dlmonceau (Henri-Louis), physiologiste et
naturaliste français, né à Paris en 1700, mort à Paris le
23 août 1782. Il s'occupa «l'histoire naturelle par goût, et
entra en 1728 a l'Académie des sciences; il remplit en
outre pendant de longues années les fonctions d'inspecteur
général de la marine. Duhamel-Dumonceau a publié une
foule de mémoires sur la botanique, l'agriculture, la phy-
siologie animale (structure et mode d'accroissement des os,
greffe animale), etc. DrL. Hn.
DU HEM (Pierre-Joseph), homme politique français, né
à Lille vers 1760, mort à Mayence le 25 mars 1807. Il
était médecin à Lille en 1789, fut élu juge de paix dans
celte ville en 1790, puis député du Nord à la Législative
et à la Convention, où il siégea parmi les montagnards les
plus exaltés. Dans le procès de Louis XVI, où il émit les
votes les plus rigoureux, il voulut empêcher l'accusé d'avoir
un conseil. Il fut un ennemi acharné des Girondins. La
Convention l'envoya en mission à l'armée du Nord, par
décrets des 30 sept. 1792, 4, 12 et 30 avr. 1793. Adver-
saire de Robespierre, il fut dénoncé par lui aux Jacobins
le 22 frimaire an II et exclu de cette société quatre jours
après. Après la révolution du 9 thermidor qu'il favorisa,
il essaya de combattre les progrès de la réaction et fut
assidu à la tribune, du haut de laquelle (22 fructidor an II)
il appela les députés du centre crapauds du marais.
Enveloppé dans la proscription du 12 germinal, il fut incar-
céré à Ham, puisa Sedan. L'amnistie du 4 brumaire an IV
lui rendit la liberté. Il alla se fixer à Mayence où il devint
médecin en chef de l'hôpital. F. -A. A.
DUHESME (Philippe-Guillaume, comte), général fran-
çais, né au Bourgneuf (Saone-et-Loire) le 7 juil. 1766,
mort à Genappe le 19 juin 1815. Parti avec les volon-
taires de Saone-et-Loire, en 1791, il était colonel en 1792,
général de brigade en 1793, divisionnaire l'année sui-
vante sousMaestricht. Il fit toutes les campagnes du Rhin,
puis celle d'Italie avec Championnet, celle de Marengo ;
gouverneur de Lyon et chef de la 19e' division militaire,
(1802), il fut employée l'armée d'Italie (1805), puis en Es-
pagne (1808). Mais là, il tomba en disgrâce et ne reprit
du service que pour la campagne de France(18I4). Nommé
pair de France aux Cent-Jours, il assista à la bataille de
Waterloo ou il fut mortellement blessé à la tète de la
jeune garde qu'il commandait. P. C.-C.
1)1 MM - DUrVELAND
- H -
OUHM (Bernard), théologien allemand, né à lïingum
(Frise orientale) le 10 oct. I8'>7. Il devint maître de con-
férence, puis professeur de théologie à Gflttingen, en 1*71.
Il a publié: l'iiuli Apostoli de ludcBorum lege iudida
(1873); Die néologie der Propheten (1875). C. P.
DUHORT-Bachkn. (.oui. du dép. des Landes, air. de
Saint-Sewr, canl. d'Ain', sur le Lourden; 1,033 hab. A
Castera, vestiges d'un camp romain. Ancienne abbaye de
Saint-Jean-de-la-Caslellc, l'ondée en 1173, connue aujour-
d'hui sous le nom de Château-Saint-Jean.
DU H RING (Eugen-Karl), philosophe et économiste alle-
mand, né à Berlin le 12 janv. 1833. Privat-docent à l'Uni-
versité de Berlin de 1804 à 1877, il dut se retirer à la suite
d'un conflit avec la faculté. Il a écrit un très grand nombre
d'ouvrages qui attestent une pensée originale et vigoureuse.
En philosophie, il détend le matérialisme, mais se rattache
par bien des points au positivisme des disciples d'A. Comte.
Parmi ses écrits philosophiques, nous citerons : Natùrliche
Dialektik (Berlin, 1865); Der Wert des Lebens (Bres-
lau, 1865; 3e éd., 1881); Kritische Geschichte der
Philosophie (Berlin, 1869; 2e éd., Leipzig, 1879) ; Kri-
tische Geschichte der allgemeinen Prinzipien der
Mechanik (Berlin, 1873; 3e éd., 1878); Kursus der
Philosophie als streng unssenschaftlicher Weltan-
schauung (Leipzig, 1873) ; Der Weg zur hœhern lierufs-
bildung der Frauen (Leipzig, 1877); Logik und Wis-
senschajstheorie (Leipzig, 1878); Rob. Mayer (Chemnitz,
1880); Die Judenfrage als Rassen, Sitten und Kultur-
frage (2e éd., Carlsruhe, 1881); Die Uebcrschœtzung
Lessings und dessen Anwaltschaft fur die Juden
(Carlsruhe, 1881); Neue Grundmittel und Erftndun-
gen in Analysis, Algebra, etc. (Leipzig, 1883). Ses
principaux ouvrages d'économie politique sont : Kapital
und Arbeit (Berlin, 1863) ; Kritische Grundlegung der
Volkwirtschaftslehre (Berlin, 1866) ; Die Yerkleinercr
Careys (Breslau , 1867) ; Kursus der National und
Sozialœkonomie (Berlin, 1873 : 2e éd., Leipzig, 1876);
Kritische Geschichte der Nationalœkonomie und des
Sozialismus (Berlin, 1879, 3e éd.). lia donné, en outre,
Sache, Leben und Feinde (Carlsruhe, 1882).
Bibl. : Vaihinger, Hartman, Duhring und Lange, 1876.
DU IDA. Massif montagneux de l'Amérique du Sud, dans
la république de Venezuela, territoire des Amazones. Le
mont Duida tombe à pic du côté du S. et du côté de l'E.
Son sommet est une roche nue, mais à son pied se dé-
roulent d'immenses forêts vierges. Ce qui rend sa situa-
tion remarquable, c'est que c'est à son pied que commence
la bifurcation de l'Orénoque. Sa hauteur est de 2,475 m.
DUIFFOPRUGGAR (Gaspard Tieffénbrucker, connu
sous le nom de), le plus ancien faiseur de violons connu,
originaire du Tirol. En 1510, il habitait Bologne. Il
parait avoir séjourné plus tard chez le roi de France et le
duc de Lorraine, pour lesquels il paraît avoir travaillé.
Quelques instruments sortis de ses mains, violons et violes,
existent encore et sont comptés parmi les plus rares pièces
de lutherie connues; plusieurs sont datées de Lyon, où
l'artiste semble s'être fixé. On connaît de lui un portrait
daté de 1562. M. Br.
DUIGENAN (Patrick), homme politique irlandais, né
dans le comté de Leitrim en 1735, mort à Westminster le
11 avr. 1816. Inscrit au barreau de Dublin en 1767, il
commença à se faire remarquer par la publication de nom-
breux pamphlets contre l'élection de John Hely Hutchinson
à la prévôté du Trinity Collège. Il obtint de grands succès
d'avocat, fut nommé conseiller du roi en 1784 et avocat
général à la haute cour d'amirauté de Dublin en 1785.
Protestant fervent, il servit avec zèle la cause du gouverne-
ment anglais, et se déclara passionnément en faveur de
L'Union. Aussi fut-il récompensé de ses services par la nomi-
nation de professeur de droit civil au Trinity Collège et
entra-t-il au conseil privé d'Irlande. Il avait été élu membre
de la Chambre des communes d'Irlande en 1790 par Old
Leighlin. Il représenta la cité d'Arraagh au premier parle-
ment de Grande-Bretonne si d'Irlande et ronsena son si'}."
jNsqu'.i ■ mort. Il y fit une opposition violente a lYman-
eipation des eathouques iriandaïa. EL N.
DUILHAC. Corn, du dép. de l'Aude, arr. de (..■
sonne, cant. de Tuchan ; i^'-> hab.
DUILHÉokSaim-I'ioji .■i(Marc-Antoine-Marie-Fniriçois),
publiciste français, né à Toulouse en 1822. Ordonné pi ■
en 1846, il fut professeur de rhétorique et de philosophie
au séminaire de Toulouse et en 1859 nommé chanoine ho-
noraire. Il devint par la suite professeur d'apologétique et
de patrologie à l'institut catholique de cette ville. Fondateur
(1860) de la Revue de l'année religieuse, politique,
philosophique et littéraire, il dirigea ce recueil jusqu'en
1864, rédigea ensuite la Gazette du Languedoc (1861).
organe clérical et royaliste, et se fit beaucoup connaître
par ses conférences et ses fondations. Outre sa collabora-
tion à divers journaux ou revues, on a de lui : Education
Ihéologique de Bossuet (Paris, 1859, in-8); Des Etudes
religieuses en France depuis le xvne siècle jusqu'à nos
jours (1861, in-8); Apologie scientifique de la fui
chrétienne (1885, in-12), etc.
DU I LIA [Gens). Famille plébéienne de l'ancienne Rome,
à laquelle appartient C. Duilius, consul en 494 (260 av.
J.-C), célèbre pour avoir remporté, pendant son consulat,
à Myles, sur la côte N. de la Sicile, la première victoire navale
que les Romains aient remportée sur les Carthaginois. La
reconnaissance des Romains lui vota des honneurs exception-
nels: le soir, quand il rentrait chez lui, il pouvait se faire
précéder d'une torche et d'un joueur de flûte. De plus, on
éleva sur le forum, en souvenir de sa victoire, une colonne
rostrale, e.-à-d. ornée d'éperons de navire. L'inscription
qu'on lisait sur la base a été conservée, sinon dans le texte
original gravé en 260, au moins dans la rédaction nou-
velle qu'on en avait refaite sous le règne de Tibère; elle
est aujourd'hui au musée du Capitule (palais des Conser-
vateurs). G. L.-G.
Bibl. : Sur le texte de la colonne rostrale de Duilius,
V. Mommsen, Corpus inscriptionum lalinarum, I, 37.
DUIM (Métrol.). Mesure de longueur, emplovée dans les
Pays-Bas; vaut 0ra01.
DUINGT. Com.. du dép. de la Haute-Savoie, arr. et
cant. (S.) d'Annecy, sur un promontoire rocheux du lac
d'Annecy; 343 hab. Buines d'un château ancien remplacé
par un élégant château moderne. Sur un Ilot nommé le
Roselet, en avant du château, vestiges de pilotis et d'habi-
tations lacustres.
DUISANS.Com. du dép. du Pas-de-Calais, arr. et cant.
(N.) d'Arras, sur le Gy; 1,139 hab. Fabr. de sucre. Au
hameau du Pont-du-Gy, vestiges d'un camp romain sur une
éminence dominant la rivière.
DUISBURG. Ville d'Allemagne, royaume de Prusse,
district de Dusseldorf (province rhénane), entre le Rhin et
la Ruhr ; 47,519 hab. (en 1883). La ville doit sa rapide
prospérité à l'industrie. Elle n'avait encore, en 1816, que
4,500 hab. Ses principales industries sont la métallurgie
du fer et les produits chimiques qui ont une grande impor-
tance. C'est une vieille ville, Castrum Deutonis des
Romains, Dispargum des rois francs. Clovis y résida ;
Charlemagne la fortifia. Au xue siècle, elle devint ville
impériale, entra dans la ligue rhénane (1255), dans la
Hanse ; mais, en 1290, Rodolphe Ier l'engagea à Thierry
de Clèves et elle perdit son immédiatelé. Souvent des diètes
impériales, des assemblées ecclésiastiques ou laïques s1]
réunirent. Elle passa au Brandebourg, dont l'électeur Fré-
déric-Guillaume y fonda une université (1635) abolie en
1809. Elle possède encore une église du xve siècle.
DUITAGE. Terme qui désigne la manière dont les duites
se succèdent dans un tissu ou leur degré de rapprochement.
DUITE. Nom donné, dans l'industrie du tissage, aux pas-
sages de la trame à travers la chaîne d'un tissu (V. Corde).
'DUIVELAND. Ile de Hollande, prov. de Zélande, sé-
parée de Sehouwen (V. ce nom) par le Dykwasser et le
havre de Zeritzee.
- -27 —
DUJARMN — DUKAS
DUJARDIN (Karel), peintre et graveur, né a Amsterdam
en 1635, mort à Venise le 80 no\ . ItiTS. Elève de Berghem,
il appartient a la série des peintres hollandais qui formaient
à Rome au tm* siècle une cotonie d'artistes plus séduits
par l'Italie elle-même que par l'art italien. L'existence do
Karel Dujardiu parait avoir été accidentée; après avoir
moue joyeuse vie I Rome, il ES décida à revenir à Amster-
dam et épousa, à son passage à Lyon, une veuve laide et
vieille, mais riche, dont la fortune devait le mettre à même
de désintéresser ses créanciers. Une fois de retour dans sa
patrie, fatigué bientôt de sa femme et de la vie d'intérieur.
il partit un beau jour pour le port de Toxel, sous le pré-
texte d'accompagner un ami qui s'y embarquait, et ne s'ar-
rêta qu'à Livourne d'où il passa à Rome puis à Venise, où
il mourut. Le tableau le plus important de Karel Dujardin
se trouve à Anvers; il représente les portraits des Cinq
/; tents de l'hospice d' Anvers { 1665). Le musée du Louvre
possède de lui un Calvaire et les fameux Charlatans
achetés 18,000 livres par M. d'Angiviller en 1783. Les
eaux-fortes du peintre sont au nombre de cinquante-deux,
ravréseatant des Animaux et des Paysages exécutés avec
beaucoup de franchise et une très grande habileté de main ;
sa première Suite d'animaux, datée de 1652, est véritable-
ment extraordinaire, si l'on songe surtout qu'elle est l'œuvre
d'un jeune homme de dix-sept ans. F. Courboin.
Bibl. : Bartscii, te Peintre-Graveur, I, p. 161. — Ch.
Blanc, Histoire des peintres.
DUJARDIN (Bénigne), littérateur français du XVIIIe siè-
cle, plus connu sous son pseudonyme de Boispréaux.
Maître des requêtes au conseil d'Etat (1722-4738). On
peut citer de lui : Anti-Feuilles ou Lettres à Mme de X...
sur quelques jugements portés dans l'Année littéraire
île r'reron,en collaboration avec Sellius et le chevalier de
La Morlière (Paris, 1734, in-12); Histoire de Nicolas
Rienù (1743, in-12); le Mariacje de la Raison avec
l'Esprit, comédie en vers libres (1754, in-8); la Double
Beau té, roman en collaboration avec Sellius (1754, in-12);
la Vie de P. Arétin (La Haye, 1730, pet. in-12); His-
toire générale des Provinces-Unies, avec Sellius (Paris,
1737-1770, 8 vol. in-4); des traductions des Satires de
Pétrone (174-2), de celles de Rabener (1734), etc.
DUJARDIN (Charles-Antoine), homme politique français,
né à Chalon-sur-Saône le "20 oct. 1761, mort à Dijon le
"25 déc. 18-23. Avocat à Chalon, il devint en 179-2 accusa-
teur public près le tribunal criminel de Saône-et-Loire, tut
élu, le 25 vendémiaire an IV, député de ce département au
conseil des Cinq-Cents, où il traita avec beaucoup de com-
pétence les questions de droit civil et de jurisprudence, et
fut nommé le 10 prairial an VIII premier juge au tribunal
criminel de Dijon. Promu procureur général en 1808 et
substitut au parquet de Dijon en 181 1, il reçut de la Res-
tauration sa promotion de conseiller à la cour royale
(15 juil. 1818). On a de lui : Poésie sacrée pour la célé-
bration de l'office divin et des saints mystères (Dijon,
1823, in-12); Poésie sacrée pour la célébration des
saints mystères et des fêtes de ta Vierge (1824, in-12).
DUJARDIN (Félix), naturaliste français, né à Tours le
5 avr. 1801, mort à Rennes le 8 avr. 1862. De 1827 à
1834, il fit a Tours des cours publics de géométrie et de
chimie appliquée aux arts, publia dans cet intervalle des
travaux sur la géologie et une Flore d'Indre-et-Loire
(1833), puis vint à Paris en 1834. Il fut nommé en 1839
professeur de minéralogie et de géologie à la Faculté des
sciences de Toulouse, et lors de la création de la Faculté de
Rennes y accepta la chaire de zoologie. Dans de fréquents
voyages sur les bords de la mer, Dujardin étudia particu-
lièrement les infusoires, et par là fut amené à étudier le
tissu primordial des animaux qu'il nomma sarcoile. Citons
de lui : Histoire naturelle des Infusoires (Paris, 1841,
in-8; ; Histoire naturelle <l>'s Helminthes (Paris, 1844,
in-8) ; Manuel de l'observation au microscope (Paris,
1843, in-8, avec atlas) ; Promenades d'un natura-
liste (Paris, 1837, in-8), etc. DrL. H\.
DUJARDIN (Louis), graveur sur bois, né à Rome le
23 janv. 1808, mort à Paris en 1859. Klèvo de H. Bré-
vière. Ses principales gravures sont : la Vierge à la cerise,
d'après Vander-Weill ; la Nature, d'après Lawrence ; les
Vendanges, d'après Prudhon ; /<• Plaisir îles Jardins,
d'après Mignard, etc. lia collaboré à l'Histoire des pein-
tres, de Ch. Blanc. F. CouRBom.
DUJARDIN-Bkaumetz (George-Saintfort), médecin fran-
çais contemporain, né à Barcelone le 27 nov. 1833. In-
terne des hôpitaux de Paris en 1858, docteur en médecine
en 1862, chef de clinique de la Faculté en IXi>5, médecin
des hôpitaux en 1870, M. Dujardin-Beaumetz s'est occupé
surtout de thérapeutique et il a étudié avec beaucoup de
soin l'action des nouveaux médicaments si nombreux depuis
quelques années. Ses conférences dans les hôpitaux ont été
réunies sous le titre suivant : Leçons de clinique théra-
peutique dont la sixième édition est do 1891 (3 vol.) ou-
vrage traduit en plusieurs langues; Dictionnaire de thé-
rapeutique, de matière médicale, de pharmacologie,
de toxicologie et des eaux minérales (1883-88, 4 vol.);
l'Hygiène alimentaire (1889, 2e éd.); Formulaire
pratique de thérapeutique et de pharmacologie (en col-
laboration avec M. Yvon, 4e édit., 1891); les Nouvelles
Médications (lrc série, 1891, 4e éd.); l'Hygiène thé-
rapeutique : gymnastique, massage, hydrothérapie, clima-
tothérapie (1890, 2e édit.); les Plantes médicinales
exotiques et indigènes (en collaboration avec M. Egasse,
1888); l'Hygiène prophylactique (1889). Nous citerons
encore les Recherches expérimentales sur la puissance
toxique des alcools, en collaboration avec M. Audigé
(1879). M. Dujardin-Beaumetz fait partie de l'Académie
de médecine depuis 1880. Il a pris la direction du Bulletin
général de thérapeutique dès 1878. Dr A. Dureau.
DUJARDINIA (Zool.). Genre d'Annélides Chietopodes
Polych;etes, créé par de Quatrefages. Ce genre doit se
confondre avec le genre Nerilla 0. Schmidt (V. ce mot).
DU J0N (François), mieux connu sous son nom lati-
nisé Junius, théologien réformé, né à Bourges en 1545 ,
mort à Leyde en 1602. Après avoir exercé des fonctions
pastorales dans diverses villes des Pays-Bas et de la vallée
allemande du Rhin, de même que dans le camp du prince
d'Orange durant la malheureuse campagne de 1568, Du
Jon fut chargé de collaborer avec Tremellius (V. ce nom) à
la traduction latine de la Bible à Heidelberg. En 1592, le
duc de Bouillon le rappela en France, où Henri II lui confia
une mission diplomatique en Allemagne. A son retour, il
accepta une chaire de théologie à Leyde et l'occupa avec éclat
jusqu'à sa mort. Ses œuvres forment 2 vol. in-folio, publiés
à Genève en 1607 et de nouveau en 1613. Une autobiogra-
phie en tète du premier volume est intéressante pour l'étude
des mœurs à la fin du xvi° siècle. F. -H. K.
Bibl. : Fr.-W. Cuno, Franc. Junius... sein Leben und
Wirken, seine Schrift. und liriefe...; Amsterdam, 1890,
in-8.
DUKA (Théodore), écrivain hongrois contemporain, né
à Dukafalva le 25 juin 1825. II prit part à la révolution
hongroise de 1848 et se réfugia en Angleterre. Il devint
médecin militaire et fut envoyé aux Indes. Il prit sa retraite
en 1877. Il a publié en 1885 Life andworks of Alexandre
Csoma de Kœrœs et des mémoires dans le Journal of
the Royal Asialic Society.
DUKAS ou DU CAS. Grande famille byzantine qui a fourni
plusieurs souverains à l'empire d'Orient. Les panégyristes des
Dukas rattachaient cette famille aux origines mêmes de l'état
byzantin et la faisaientdescendre d'un duc de Constantinople,
proche parent de Constantin le Grand ; d'autres historiens
racontaient qu'elle devait à des ducs d'Orient sa naissance
et son nom. Quoi qu'il en soit, les Dukas apparaissent dans
l'histoire vers le milieu du ix<; siècle avec Andronic qui, sous
le règne de Michel III, fut chargé de convertir les Pauli-
ciens et les souleva par sa dureté ; et dès le xe siècle la
renommée de la famille était assez grande pour que l'épopée
populaire choisit chez elle quelques-uns de ses héros fa-
Dl'KAS — IHKES
— H —
suris ; le paladin Digénis Akritas n'estautroqueledomee-
ti«|ue usa mIkiIis Pantherios, un neveu de l'usurpateur
Constantin Dukas. Aussi bien les merveilleuse! aventurée
qu'avail eues sons le renie de Léon VI un autre Andronic
Dukas, réfugié chez les Turcs et converti à l'islamisme, la
faveur qu'avait marquée le même, empereur au fils d'An-
(Ironie, Constantin, justifiaient assez là réputation de cette
grande famille: et Constantin put en 912 aspirer I l'em-
pire (V. Constantin Ducas). L'écliec de sa tentative
amena la ruine des Dukas, dont plusieurs furent exécutés,
d'autres envoyés en exil; et ce n'est qu'a la fin du Ie siècle
([u'une branche nouvelle, descendant peut-être par les
femmes seulement de l'antique maison des Dukas, réap-
paraît dans l'histoire. Un Andronic Dukas se compromet
dans la rébellion de Bardas Seleros (976) ; mais ses des-
cendants sont plus heureux que lui : Constantin \II Dukas
arrive à l'empire (4059-1067) (V. Constantin XII). Mi-
chel VII Parapinace, son (ils, règne de 1071 à 1078, et le
(ils de Michel, Constantin, est associé à Alexis Comnène
(V. Constantin Ducas). Le frère de l'empereur Constan-
tin XII, le césar Jean Dukas, ne joue pas un moindre rôle
dans la seconde moitié du xie siècle. Implacable adversaire
de Romain Diogène, puis régent pour Michel VII, lui-même
prétendant malheureux à l'empire, il remplit de ses intrigues
la cour byzantine: et s'il échoue dans ses tentatives ambi-
tieuses, du moins les enfants de son fils Andronic parvien-
dront aux plus brillantes destinées; Anne Dukas épouse un
Paléologue, et Irène Dukas, par son mariage avec Alexis Ier
Comnène, confond sur le trône les droits impériaux des
deux maisons. Unie à ce que Ryzance comptait de plus
illustre, aux Anges, aux Comnènes, aux Dalassènes, aux
Paléologues, aux Vatalzès, la famille des Dukas occupa
durant tout le xue siècle une place considérable dans l'Etat ;
ses membres, que des mariages fréquents allient à la maison
impériale, remplissent les plus hautes charges ; et c'est un
Dukas, Alexis V Murzuphle, qui soutient, en 1204, la lutte
suprême contre les croisés latins (V. Alexis V). Dans la
dissolution de l'empire grec, les différents princes qui se
taillent une souveraineté parmi les débris des provinces
byzantines, les despotes d'Epire, les empereurs de Nicée
comme Jean Dukas Vatatzès, plus tard les sébastocratores
de Mégalovlaquic s'enorgueillissent d'ajouter à leur nom
patronymique celui des Dukas. Au xive siècle encore, un
Dukas joue un grand rôle dans les luttes entre Jean Can-
tacuzène et Jean V Paléologue ; et c'est de ce personnage
que descend l'historien Dukas, qui a raconté les événements
de l'histoire byzantine de 1389 à 1462 et dont le récit est
si précieux pour les luttes suprêmes des Grecs contre les
Ottomans (V. ci-dessous). Ch. Diehl.
Biiil. : Ducange, Familial byzantinx, p. 131 et suiv.
DUKAS (Jean), historien grec du xv° siècle. Il était le
petit-fils de Michel Dukas, qui vivait sous L'empereur de
Constantinople, Jean I'r Paléologue, et descendait de la
famille impériale des Dukas. Après la prise de Constan-
tinople par Mahomet II, en 1453, il se réfugia auprès du
seigneur de Lesbos, Dorino Gateluzzi, qui le prit à son
service et lui confia diverses missions diplomatiques. Il
resta à Lesbos jusqu'en 1462, époque où Mahomet II
s'empara de l'Ile, qui fut dès lors rattachée à l'empire
turc. Le reste de la vie de Dukas est inconnu. Il semble
toutefois qu'il se soit retiré en Italie ou il dut écrire son
Histoire byzantine. Cette histoire, divisée en quarante-
cinq chapitres, débute par une chronique universelle très
abrégée. A partir du régne de Jean I'r Paléologue, elle
devient beaucoup plus détaillée, et ne traite plus guère
alors que de l'empire grec et des iles de l'Archipel. Le
manuscrit de Paris, qui nous l'a conservée, s'arrête brus-
quement en I i62, au milieu d'une phrase, dans le récit
de la prise de Lesbos par les Turcs. L'Histoire byxan-
tine de Dukas est très incorrecte au point de vue de la
forme, mais de la plus haute importance pour les rensei-
gnements qu'on y trouve sur les quatre derniers empereurs
grecs et sur la prise de Constantinople par Mahomet II.
CVst L'enivre d'un écrivain sagane, judicieux al d'une grande
impartialité. Elle a été publiée pour la première bu par
lamaël Boulliaud sous le titre : Historia byiantina a
Johanne PaUcologo I ad Mehemetum II. \ecettii Chro-
nicon brève (Paria, 1649, Ln-JbL), avec une reraion latine
ri des noie-,, l.e Chronicon brève qui raccompagne dans
cette édition \a jusqu'en 1523. I ne nouvelle édition, plus
correcte et accompagnée également d'une version latine, a
été donnée par Em. Bekkerdans ^Collection byzantine
de Bonn : UUCCB, Michœlù Du&B nepotis, hisioria by-
zantina... (Bonn, 1834, in-*). Bekker a fait suivre s.,n
édition d'une traduction italienne du texte grec, trouvée par
Léop. Banke dans an manuscrit de Venise du xve siècle,
plus complet que le manuscrit grec. Il existe une traduction
française de Dukas dans [Histoire de Constantinople,
depuis le règne de l'ancien Justin jtuqu'à la /in de
l'empire par le président Cousin (Paris, 1672, 8 roi.
in-i; Amsterdam, 1684, 8 et 10 vol. in-8). C. Kohler.
Bibl.: FABBICIDS, DM. grxca, \" éd., t. VI, p. 513;
2° éd., t. VIII, p. 33. — Oudin, De Scriptoribus Ecclestie
antiquis; Leipzig, 1722, t. 111, 2001-0. — Stkuve, Biblioth.
iiistor., t. V, I, pp. 275-6. — Cave, Scriplorum ecclesiasl.
historia. litter. ; Oxford, 1743, II, n, p. 109.
DUKE (Richard), poète et théologien anglais, né vers
1659, mort le 10 févr. 1711. Duke est l'auteur de plu-
sieurs pièces de circonstance qui ont été réunies sous ce
titre : Poems upon several occasions (1717). Outre ces
pièces, on lui en attribue un certain nombre d'autres,
notamment A Panegyrick upon Oates (1679) et Fumerai
Tears upon the deathof captain William Bedloe. On
lui doit, en plus, des traductions de passages d'Ovide.
Horace, Théocrite, et quelques poèmes latins originaux. Il
fut l'ami et parfois le collaborateur de Dryden. Peu de temps
avant l'avènement au trône de Jacques II, il entra dans la
carrière ecclésiastique. Comme théologien, il est connu par
quelques sermons publiés après sa mort (1714). G. Q.
Bibl. : I.eslie Stephen, Dictionary of national biogra-
phy ; Londres, 1888.
DUKE-0F-Y0RK (Iles) (V. Duc-d'York).
DUKER (Charles-André), jurisconsulte et érudit alle-
mand, né à Unna (Westpbalie) en 1670, mort à Meyderic,
près de Duisbourg, le 5 nov. 1752. Après avoir suivi à
Franeker les leçons du savant Perizonius et pris le grade
de docteur, il fut, en 1700, professeur d'histoire et d'élo-
quence au gymnase de Herborn, puis, en 1704, sous-rec-
teur à l'école de La Haye. Il se fit connaître par une lettre
sur le fleuve Oaxès insérée dans deux éditions de Vibius
Sequester, celle d'Hesselius (Rotterdam, 1711, pet. in-8)
et celle d'Oberlin (Strasbourg, 1778, in-8). En 1711,
Duker publiait un recueil d'opuscules de jurisconsultes an-
ciens avec des commentaires et des notes, sous le titre de
Opuseula varia de latinitate jurisconsultorum vetc-
nun (1711, 2e éd., 1761). Son maître, Perizonius,
l'avait chargé de compléter un travail qu'il avait commencé
sur Pomponius Mêla ; diverses circonstances l'en empê-
chèrent et il fit simplement imprimer le manuscrit dans les
Miscellaneœ Observationes criticœ (Amsterdam, 1736,
t. VII, et 1737, t. VIII). En 1716, Duker, ainsi que Dia-
kenborch, succédaient à Burmann dans la chaire d'histoire
et d'éloquence a Utrecht; Duker y resta jusqu'en 1734,
époque à laquelle il se retira de renseignement. Il avait
publié aussi une édition de Florus (Leyde, 1722 et 1744);
une édition de Thucydide (Amsterdam, 1731, in-fol., et
1744); des remarques sur le Tite-Liue de Drakenborch
(Leyde, 1738); sur le Sereins de Burmann; sur le Vir-
gile du même (Amsterdam, 1716) ; sur le Suétone d'Ou-
dendorp (Leyde, 1751); sur l'Aristophane de Hurgimnn-
Berglei (Leyde, 1760); enfin, sur les Leges Atlicœ de
Peti't (Leyde. 1742). G. R.
DUKES (Leopold), écrivain allemand, né à Presbourg.
Il a publié un grand nombre d'écrits et d'extraits de ma-
nuscrits relatifs à la littérature juive, notamment : liaschi
zum Pentateugue (Prague, 1833-38, 5 vol.); ZurKennt-
niss der neunebraiseh rcligiœsen Poésie (Francfort,
— 29 -
DCKES — DU LAURENS
l S ; -J ) ; liabbintscbe Blumcnlesc (l.cip/.ig, 1844); Zi<r
rabbinischcu Spruchkund-: (Vienne, 1888), etc.
DUKETOWN (précédemment Nkw-Town). Comptoir an-
glais île la Guinée, au N. de l'estuaire de m rivière Grossou
OyODO, une des Oïl-Hivers ou liivicres d'huile de cette
cote, tait partie de l'ensemble des bourgades désignées
s.nis le nom de Vieux-Calabar. Commerce très actif d'huiles
et d'amandes de palme ; région très malsaine a cause îles
marais. La population européenne y vit à bord de liulks
oh pontons, groupés en ville Bottante. Ces hulks serrent
d'entrepôt et île résidence babituelle : c'est un des traits
originaux de celte rie de commerçants palustres.
DUKINFIELD. Ville d'Angleterre, comté de Chester, en
tire d'.\shtou-on-the-l.yne ; 16,9-43 liab. Cotonnades,
fonderies, etc.
OU LAU (Jean-Marie), archevêque d'Arles, né en 1 7 3<S
au château de la Cote, près de Périgueux, mort le 2 sept.
1792. Il fut archevêque d'Arles dès 1775. Députe du clergé
à l'Assemblée constituante, il s'opposa à toutes les mesures
qui tendaient à réformer l'ancien régime; non seulement il
refusa le serment requis par la constitution civile du clergé,
mais il écrivit et tit publier une Adresse au roi au sujet
au décret du 80 mai 119% prononçant la déportation
contre les prêtres lien assermentés (Paris, 1792, in-8).
Arrêté après le 10 août, il fut tué dans le couvent des
Carmes. Œuvres complètes (Arles, 1817, 2 vol. in-8).
DU LAU RE (Jacques-Antoine), historien et homme poli-
tique français, né a Clermont-Ferrandle3dec. 1755, mort
à Paris le 19 août 1855. Elève feudiste, il prit dans les
archives seigneuriales de l'Auvergne le goût de l'érudition.
Il alla se fixer à Paris en 1779, étudia dans l'atelier de
l'architecte Rondelet, puis devint ingénieur de la compagnie
chargée du projet de canal entre Rayonne et Bordeaux. 11
inventa le pantographe et reçut les félicitations de l'Aca-
démie des sciences. En 1784, il publia un guide du voyageur
à Paris, sous le titre de Nouvelle Description des curio-
sités de Paris (in-l"2) ; puis Description des environs
de Paris (1786, in-12), et Description des principaux
lieux de France (1788-1790, 6 vol. in-12). Très épris
des idées nouvelles, il tit, en 1788, une satire de l'ancien
régime intitulée Singularités historiques, pour laquelle
il fut inquiété et dut se cacher. Bientôt il imprime pam-
phlet sur pamphlet, notamment Histoire critique de la
noblesse (1790, in-8) et Liste des noms des ci-devant
nobles (1791, in-X).ll fut aussi un des journalistes féconds
de la Révolution. Du 19avr. au "20 juil. 1790, il rédigea
les Evangélistes du jour, gazelle dirigée contre les au-
teurs des Actes des Apôtres. 11 collabora au Courrier
français. Il fit paraître, du 11 août 1791 au "25 août
1793, le Thermomètre du jour. Il tit partie du club des
Cordeliers au début, puis des Jacobins. Député du Puy-de-
Dôme a la Convention, il y siégea avec les Girondins, tout
en affectant une grande indépendance. II n'était pas orateur
et son rôle fut insignifiant. Il vota la mort de Louis XVI.
Le 1"2 juin 1793, il publia dans son journal une lettre
justificative de M'" Roland et osa prendre la défense de la
prisonnière ainsi que des proscrits du 2 juin. Décrété d'ac-
cusation avec les 7-4, il passa en Suisse ou il mena une
vie errante et misérable, et fut rappelé à la Convention le
18 frimaire an III. Le 20 janv. suivant, il eut une mission
dans la Corrèze et la Dordogne, où il fut un des agents de
la politique thermidorienne. Député au conseil des Cinq-
Cents, il resta fidèle à la République, s'opposa à Bonaparte
et, dans la séance du 18 brumaire, cria : .1 bas le dicta-
teur ! Hors la loi ! Sous l'Empire, il se réfugia dans la
vie privée et n'accepta que sur les instaaces de ses amis,
vers 1800, un modeste emploi de sous-chef de bureau dans
l'administration de François de Neufchàteau. Ami de
Dupuis, il s'occupa aussi d'étudier, mais avec d'autres
idées, l'origine des cultes et publia sur ce sujet : Des
Cultes qui mil précédé et amené l'idolâtrie ( 1 803, in-8) ;
Du Culte ilu Phallus et des divinités génératrices
(4805, in-8) : Histoire abrégée de tous les cultes (1825,
in-8); il y exprimait les doctrines déistes de son maître
J.-J. Rousseau. Pendant les Cent-Jours, il lit paraître un
pamphlet contre les Bourbons, Causes secrètes des (\nr\
de ta Révolution (1815, in-8). N'ayant pas accepté de
fonctions pendant les Ont-Jours, il ne fut pas compris dans
la proscription de 1816 contre les régicides. H composa
alors son livre le plus populaire, Histoire physique, civile
et morale de Paris (1821-18-22, 7 vol. in-8). Puis il
publia, en collaboration avec Auguis, les Esquisses his-
toriques îles principaux événements de la Révolution
(1823-1825, 4 vol. in-8), dont la seconde édition (1825-
IS29, 6 vol. in-8) renferme des interpolations contre
lesquelles il protesta. Il jouit, dans ses dernières années,
d'un repos bien gagné et d'une sorte de gloire. Il mourut
en philosophe. On a encore de lui : Physionomie de la
Convention nationale (1793, in-8); Supplément aux
crimes des anciens comités de gouvernement (an III,
in-8), et une foule d'opuscules. F.-A. A.
Bibl. : Marcellin Boudet, les Conventionnels d'Au-
vergne, Dulaurc; Paris et Clermont-l''errand, 1874, in-8.
DU LAURENS (André), célèbre médecin et anatomiste
français, né àTarascon le 9 dec. 1558, mort à Paris le
16 août 1009. Il étudia à Avignon et à Montpellier, et fut
nommé professeur à cette dernière université en 1583. La
duchesse d'Uzès le prit pour son médecin et le présenta à
Henri IV qui, par la suite, le nomma son médecin ordinaire
(1594), puis son premier médecin (1000). André du Lau-
rens était seigneur de Ferrières. Ses ouvrages écrits avec
une grande élévation de pensée sont : Historia anatomica
liumani corporis, etc., qui eut un grand nombre d'édi-
tions et a été traduit en français (1639, in-fol.) ; De
Ciisibus (Francfort, 1596, in-8, etc.) ; De Mirabili stru-
mas sanandi vi regibas Galliarum... concessa (Paris,
1609, in-8) ; Discours de la conservation et de l'excel-
lence delà vue (Paris, 1597, in-8), etc. Dr L. Hn.
DU LAURENS (Henri-Joseph Laurens, dit), littérateur
français, né à Douai le 27 mars 1719, mort près de
Mayence en 1797. Fils d'un chirurgien-major au régiment
de La Roche-Guyon, il fit ses études au collège d'Anchin
dirigé par les jésuites, entra dès l'âge de seize ans chez
les trinitaires, et fut reçu comme chanoine régulier le
12 nov. 1737. Son esprit caustique et hargneux lui suscita
diverses querelles avec ses anciens maîtres et lui valut de
fréquentes pénitences infligées par ses supérieurs. La plus
singulière et la plus longue fut une détention de plusieurs
mois dans une sorte de cage de bois suspendue au-dessus
du sol et ou, malgré la privation de plumes et de crayons,
Du Laurens parvint à tracer sur les ais de bois avec une
pointe de 1er toutes sorles d'épigrammes et de quolibets.
11 s'était déjà fait connaître de ses compatriotes par- plu-
sieurs opuscules devenus fort rares, tels que la Vraie Ori-
gine du géant de Douai en vers français, suivie d'un
discours sur la beauté où Von fait mention des belles
decette ville (s. 1. n. d., in-8); Eloge historique de mes-
sire Jérôme Pantiniano , grand aumônier et membre
honoraire de la Fontange (s. I. n. d., in-12, 30 p.),
satire en prose et en vers contre une de ces associations
littéraires comme il en existait beaucoup ; la Thérésiade
ou le Charivari de saint Thomas, poème héroï-co-
mique en cinq chants (s. I. n. d., in-8, 38 p.). Ses dé-
marches pour obtenir sa translation dans l'ordre de Cluny
ayant échoué, il vint protester à Paris contre ce qu'il ap-
pelait un déni de justice, ne fut pas mieux accueilli et
chercha vainement un emploi qui le tirât de la misère. Les
Jésuitiques (Rome [Paris], 1761, in-8), satires composées
avec Groubentall de Linières contre l'ordre fameux sup-
primé par arrêt du conseil, furent saisies ; Du Laurens put
gagner la Hollande, mais son collaborateur subit trois
mois de détention à la Bastille. Tour à tour réfugié à
Amsterdam, à Liège et à Francfort et réduit parfois aux
plus dures extrémités; Du Laurens donna carrière à sa
verve dans le Datai, poème héroi-coniique en dix-huit
chants (1762, in-8) ; l'Arétin ou la Débauche de l'es-
I)i; L.UIŒNS - DULCITE
- 30 -
prit m (ml de bon sens (1763, 2 parties in-12) ; la
Chandails d'Amis, poème héroï-comique en dix-sept
étants (l~6.'i, in-8) : Imirce ou la Fille de la nature
(1765, in- 1 1*> ; le Compère Mathieu ou les Bigarrure*
de V esprit humain (4766, 3 vol. in-8). roman impie H
licencieux, très Bouvent réimprimé au siècle dernier et de
nos jours et plusieurs l'ois condamné par les tribunaux ;
les Abus dans les cérémonies il dont 1rs mœurs déve-
loppés (1767, in-12) ; Je suis pvrrllr. histoire véritable
(17o7, in-12). Par sentence du 30 août 1767 de la
chambre ecclésiastique de Mayence, Du Laurens fut con-
damné à une prison perpétuelle comme auteur d'ouvrages
antireligieux : enfermé dans une maison de refuge et de
correction destinée aux piètres et appelée Marienoaum, il
y passa les vingt dernières années de sa vie. Aux œuvres
citées plus haut, les anciens bibliographes ont parfois
ajouté des livres qui n'ont jamai* appartenu ù l'auteur, tels,
par exemple, que la Théologie portative de d'Holbach,
et Voltaire, à qui l'on avait attribué sans raison le Com-
père Mathieu, s'est servi du nom de Du Laurens pour
publier sa Relation du bannissement des jésuites de
la Chine (1768). M. Tx.
liim.. : Groumîntall de Liniiïkes, Notice en tète d'une
réimpression de la Chandelle d'Arras, 1607, in-12. —
J. Delort, Histoire de la détention des philosophes et des
gens de lettres à la Bastille et a Vincenues, 1829, 3 vol.
in-8. — Duthillœul, Galerie douaisienne ; Douai, 1814,
jn.y. — e. et J. de Concourt, Portraits intimes du
xvni" siècle. — F. Drujon, Catalogue des ouvrages con-
damnés, 1879, in-8.
DU LAU RI ER (Jean-I'aul-Louis-François-Kdouard), orien-
taliste français, né à Toulouse en 1807, mort à Meudon
en 1881. Il étudia d'abord le copte et les hiéroglyphes et
fut chargé, en 1838, par M. de Salvandy, ministre de
l'instruction publique, d'aller étudier en Angleterre les
textes coptes et hiéroglyphiques. Il se mit ensuite à l'étude
des langues océaniennes et fut nommé, en 1841, profes-
seur de malais et de javanais à l'Ecole des langues orien-
tales. Il apprit ensuite l'arabe, l'arménien, le slavon et,
en 1855, il fut chargé de dresser le catalogue des manus-
crits de la Bibliothèque impériale rédigés en ces diverses
langues. En 1862, il fut nommé professeur d'arménien à
l'Ecole des langues orientales et, en 1864, membre de
l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Ses prin-
cipaux ouvrages sont : Examen d'un passage des
Stromates de saint Clément d'Alexandrie, relatif aux
écritures égyptiennes (Paris, 1833) ; Fragment des
relations apocryphes de saint Barthélémy traduit sur
les textes coptes thébains (1835) ; Mémoires, lettres et
rapports sur les cours de langue malaise et javanaise
(1843); Institutions maritimes de l'archipel d'Asie,
texte et traduction (1845) ; Examen de quelques points
des doctrines hiéroglyphiques de J.-F. Champollion
(1847); Récit de la première croisade extrait de ta
chronique de Mathieu d'Edesse et traduit de l'armé-
nien (1850); Histoire, dogmes, traditions et liturgie
de l'Eglise arménienne orientale (1859, 3° éd.); His-
toriens arméniens des croisades (Paris, 1869, in-fol.),
seul paru; Recherches sur la chronologie arménienne.
DU LÇAT (Antoine-Etienne-Sébastien de), diplomate fran-
çais, né à Perpignan le 9 févr. 1823, mort à Quito le
13 juin 1872. Entré aux affaires étrangères comme atta-
ché au cabinet le 15 août 1849, M. de Dulçat avait été
détaché à la commission de délimitation des Pyrénées le
19 déc. 1854 et nommé troisième secrétaire (30 août
1856) quand il fut envoyé comme deuxième secrétaire à
Paranâ le 17 août 1857. Il était à Hanovre en 1864 et fut
nommé, le 23 mars 1868, consul général et chargé d'af-
faires à Quito où il mourut. L. F.
DULCE (Baie) (Y. Costa-Rica).
DULCE. Lac situé à l'E. du Guatemala, divisé en deux
parties: le petit golfe et la lagune d'Izabal ; il communique
avec le golie de Honduras par le rio Duke on Angostura.
DULCHENUS (V. Dolichenius).
DULCIAN0 (Mus.) (V. Dolciane).
dulcibus (Gtommiao dei] (Y. Dota).
DULCIDIO, prélat «spa-nol du i\' nèele. D était prêtre
i Tolède, quand il fut envoyé par Alphonse III on 883
auprès deAbou-Ali oui venait de Etire une taureose ratzis
sur l. s terres des chrétiens. A Cordone, Dulcidu obtint
une paix honorable et même on lui restitua les corps des
martyrs cordouans, Euloge et Leoeritie, dont il lit trans-
porter les reliques aOviedo.D fut appelé plus tard hl'éveebé
de Nalamanque. Pellicer lui attribue une chronique latine
anonyme, dont il y a plusieurs manuscrits et l'a publiée
sous le titre : Chronica de Espaha de Dulcidïo, pretby-
tero de Tolède, obispo de Salamanca y embaxador art
terenàsimo reu I). Alfonso cl magno, lercero deste
nombre, al califo de Côrdova el afio 883, con las ob-
servacinnes dcli. José Pellixer deOsau y de ronor(Bar-
celone. 1663, in-4). Antonio, dans llispania vetuslL I.
pp. 496 et suiv.) explique longuement que cette chronique,
d'ailleurs curieuse, n'eel probablement pas l'ouvre de Dul-
cidio lui-même, mais bien d'un de ses contemporains. E. Cat.
DULCIFICATION (.Mètall.). Premier atti nage qu'on fait
quelquefois subir au plomb avant de passer au pattinso-
nage (V. Plomb).
DULCIGN0. Localité de la côte d'Albanie, à 30 kil. de
Scutari; 7,000 hab. environ. C'est à son port médiocre
qu'aboutit la route de Scutari. Elle a été cédée au Monte»
en échange d'une partie des territoires que lui avait attri-
bués le traité de Berlin, et a été occupée par les Monténégrins
à la suite d'une démonstration navale des flottes européennes
(V. Albanie). C'est le port d'Antivari. L. Del.
DULCIMER (V. Tvmpanon).
DULCIN ou DOLCINO (V. Apostoliques n-rères!).
DULCITE(Chim.).
Form. jEfv 2J=W(HW
( Atom C6Hw06.
Syn. : Mélam pyrite. Evonymitc.
La dulcite est un alcool hexatomique, isomérique avec la
marmite, l'isodulcite et la perséite. Elle a été trouvée par
Laurent dans la manne de Madagascar ; Berthelot en a dé-
terminé la fonction chimique et G. Bouchardat a démontré
que son histoire chimique est calquée sur celle de la man-
nite. Un la prépare en épuisant par l'eau bouillante la
manne de Madagascar; elle cristallise par le refroidissement.
On peut aussi traiter par l'amalgame de sodium un soluté
de galactose ou de sucre de lait, principe qui fixe une mo-
lécule d'hydrogène (B.).
C'2H,2012 -+- H2 = C)SH14012
La dulcite cristallise en prismes assez volumineux, durs,
brillants, appartenant au système du prisme rhomboïdal
oblique; elle est incolore, inodore, à saveur faiblement
sucrée, dépourvue du pouvoir rotatoire ; sa densité est de
1,66 à 15°. L'eau à la température ordinaire n'en prend
guère que 3 °/0, mais elle est beaucoup plus soluble dans
l'eau bouillante, tandis que l'alcool pur n'en prend presque
pas. Elle fond à 188° et se sublime lorsqu'on la chauffe
avec précaution, à la manière de la mannite. Vers 250°,
elle perd de l'eau et se transforme en duleitane, CMHM0M,
corps isomère avec la mannitane; au-dessus de cette tem-
pérature, elle s'altère profondément et laisse comme résidu
un produit charbonneux. L'acide nitrique l'oxyde avec for-
mation d'acide mucique et production d'une petite quantité
d'acide racémique. Avec le permanganate de potassium en
solution neutre, elle fournit une matière sucrée, inactive,
qui jouit de la propriété des glucoses (Fudakowski). Chauffée
avec de l'acide nitrique, elle engendre beaucoup d'acide
oxalique (Lorin). Sous l'influence des Schiumujcètcs. elle
fermente, donne de l'alcool, de l'acide huhriqueet un acide
non volatil (Fitz). Ed. Bouncom.
Bim.. : Bechamp, Comptes rendus, t. LI, 255.— Bbrthr-
lot, Ann. Ch.et Phys., t. IV, 348(3); t. I.1V. 78.— A.B -
niAKHAT, Soc. Ch., t. XV, 21: t. XVI, 11; i. XVII, 1M. —
Carlet, Comptes rendus, t. XLI, 137. — Fitz. Fermenta-
tions par les Schizonu/cétes dans Soc. Ch.. t. XXIX. I7-1 ;
t. XXXHI,188;t. XXXVH1,584: t. XI, III, 393; t. XL, 808.—
I'i uoKowsKi, Soc. c/i.,t.XXYI, 285. 153. -Laurent, Comptes
rendus. t. XXX, 11,339.— Lorin, Soc. ch.. t. XXVII. 518.
- 31 —
DULE — DULLEB
DULE (lelilyol.). Genre de Poissons osseux (TéléOS-
Iiyiis), de l'ordre des Acanthoptérygims perciformes
et de la famille dea PervùUe, avant un euros obkmg eom*
prune, couvert d'écaillés indistinctement oténoïdes : îles
dents eu retours, un préopercule deoticulé el si\ rayons
totnehiostèges. Ce son! «los Poissons babitaDt les eaux
douces des il.'s de la région indo-pacifique el de l'Australie
tropicale. Quoique de petite taille, ils sont recherchés pour
la Doarriture. Rochbr.
Hiiu..: lii'NTiiKR, Stud'i of Finîtes.
DULEAU (Alphonse-Jean-Claude Bourguignon, dit),
né a Pariais 30 avr. 1789, mon du choléra à Paris le
-2<> a\r. 1833. Ingénieur des ponts et chaussées, il coopéra
aux travaux des ponts de Bordeaux el d'Aiguillon, [mis
servit an Alsace et revint à Paris pour les travaux du canal
de l'Oiirc']. C'est à Bordeaux que Duleaufit ses belles expé-
riences sur la résistance du ter. dont il a publié plus tard
le résumé ; (-es expériences avaient été demandées par
Deschamps, à un moment ou l'administration voulait établir
des travées métalliques sur les piles en maçonnerie du pont
de Bordeaux. Professeur adjoint a Brisson, à l'école des ponts
et chaussées, Duleau succéda au grand ingénieur après sa
mort, survenue en 1846; il se trouva jusqu'en 1831 titu-
laire des cours de routes, de ponts, de navigation intérieure
et de travaux maritimes. Au moment où la mort l'a sur-
pris, Duleau venait de rédiger le rapport sur la Théorie
des ondes du colonel Emy, qui a paru en 183"2 dans les
Annales tics ponts et chaussées, avec une note très in te-
rnie sur les travaux de Saint-Jean-de-Luz et l'énergie
des vagues dans le golfe de Gascogne. Duleau était consi-
dère comme appelé a on grand avenir scientifique, au
moment où sa carrière a été brusquement arrêtée par la
mort. M.-C. L.
DU Ll CHI A (Zool.). Crustacés de l'ordre des Amphipodes,
groupe de Crevettines, qui forment à eux seuls une petite
famille. Ce genre, établi par Kroyer, renferme un certain
nombre de petites espèces au corps linéaire, au thorax
très long, formé de sept anneaux, dont l'abdomen recourbé
présente cinq anneaux et porte autant de paires de pattes ;
la paire d'uropodes postérieure n'est pas développée ; les
antennes sont très longues, subpédiformes. 1). spinosis-
sima Island. R. Mz.
DU LIE (Culte de) (V. Adoration).
DULIN ou D'ULIN (Pierre), peintre français, né à Paris
en 1069, mort à Paris le "28 janv. 1748. Elève de Bon
Boulogne, de S. Leclerc, de Lahyrc et de F. de Vaurozc,
cet artiste obtint pendant deux années de suite, en 1696 et
1697, le grand prix de peinture, sur des sujets empruntés
à l'histoire biblique de Joseph. Beçu académicien en 1707,
il donna comme morceau de réception Laomédon puni
par Neptune et Apollon, tableau placé aujourd'hui au
Louvre, et qui n'offre rien d'intéressant, ni comme dessin,
ni comme coloris. On peut citer, parmi les autres ouvrages
de cet artiste, qui fut peintre ordinaire du roi : Jésus-
Christ guérissant leparalytique, et Jésus-Christ guéris-
sant la belle-mère de saint Pierre (S. 1737 ; ces tableaux
étaient placés autrefois dans l'égl. de la Charité) ; llécep-
lion de l'ambassadeur de la Porte, avec son fils et sa
suite à l'Hôtel royal des Invalides (S. 1738). Ver-
sailles et Trianon possèdent aussi quelques-unes de ses
œuvres. Ad. T.
DULK ( Albert-Friedrich-Benno) , poète et philosophe
allemand, né a K;enigsberg le 17 juin 1811», mort à Stutt-
gart le 30 oct. 1884. Fils d'un pharmacien, il étudia
d'abord la médecine et les sciences naturelles à l'Univer-
sité de Konigsberg, et entra ensuite comme aide dans une
pharmacie à Breslao ; mais son humeur inquiète et son
caractère indépendant répugnaient à toute fonction régu-
lière. En 1843, il se retira dans une petite ville de la
Prusse orientale pour écrire son premier drame, Orla
(Zurich et Winterthur, l*U: 2aédrt., Mannheim, 1847).
Il se remit aux études, visita les Universités de Berlin, de
Leipzig, de Halle, et revint à Breslau. Dans l'intervalle,
il était entré en relations avec le parti socialiste, surtout
avec Robert liluin. Sa participation à la révolution de
1848 l'avant forcé a quitter la Prusse, il se rendit a
Vienne, gagna l'Italie à pied et s'embarqua à Naples pour
Alexandrie. Avant de partir, il avait déclare publiquement
qu'il se séparait de l'Eglise protestante, ainsi que de toutes
les confessions chrétiennes. Arrive en Egypte, il apprit la
langue et prit le costume du pays; il remonta le Nil dans
une barque jusqu'aux premières cataractes, puis redescen-
dit jusqu'au Caire; enfui il demeura seul pendant trois
mois dans une caverne, au pied du Sinaï. La crainte de la
peste lui lit reprendre, en 1850, le chemin de l'Europe;
mais il traversa encore l'Asie Mineure et se rembarqua à
Smyrne. Il ne lit que passer en Prusse pour se marier, et
s'établit dans un chalet au-dessus du lac. de Genève, aux
environs de Clarens, où il resta huit ans, livré à ses tra-
vaux poétiques et à ses recherches philosophiques. Depuis
1858, il habita Stuttgart, qu'il ne quitte plus que pour de
courts voyages en Allemagne, en Suisse OU dans les con-
trées du Nord. Dans un de ces voyages, il traversa le lac
de Constance à la nage, de Komanshorn à Friedrichshaven,
sur une largeur de 10 kil., sans vouloir même être suivi
par un bateau. — La vie d'Albert Dulk est l'image de ses
œuvres. Son caractère distinctif est l'originalité, la singu-
larité même; s'il avait pu y joindre seulement un peu de
mesure, son nom aurait marqué dans la littérature con-
temporaine. Parmi les ouvrages dramatiques qui suivirent
Orla, il faut citer surtout : Jésus der Christ, ein Stiick
fur die Yolksbùhne (Stuttgart, 1865), et un drame his-
torique en deux parties, de trois actes chacune, sur l'em-
pereur Conrad II (Leipzig, 1867). Le Jésus avait neuf
actes et un épilogue. La scène populaire à laquelle l'au-
teur le destinait n'existant pas, il en fit des lectures pu-
bliques avant de le faire imprimer. Ce que la pièce contient
d'original, c'est le caractère de Judas, qui dénonce son
maître pour le forcer à se révéler dans la plénitude de sa
puissance et à se déclarer roi ; lorsqu'il s'aperçoit de son
erreur, son désespoir se peint dans une scène éloquente.
La philosophie sociale d'Albert Dulk s'exprime surtout
dans son grand ouvrage, Stimnie der Mensehheit (Leipzig,
1875-1880, 2 vol.). En 1871, dans une brochure intitulée
Patriotismus uni Frômmigkcit, il se prononça contre
la continuation de la guerre et, en général, contre la haine
de la France. A. B.
DU LKEN. Ville d'Allemagne, royaume de Prusse, district
de Dusseldorf; 6,540 hab. Filature, tissage. Italie est citée
dès 1135.
Bihl. 1 Norricnberg, Chronih der Sla<lt Dulken; Vier-
sen, 1874.
DULLAERT (Heyman), peintre hollandais, né à Rotter-
dam en 1636, mort le 6 mai 1684. Doué de dispositions très
précoces pour la peinture, il fut placé par son père, riche
marchand de tableaux, sous la direction de Rembrandt.
L'élève s'assimila si bien la manière de son maître, que
souvent il est difficile de distinguer ses tableaux de ceux
de Rembrandt, lorsqu'ils ne portent pas de signature ; on
cite surtout, dans ce genre, un Ermite à genoux et un
Dieu Mars. Ses toiles, peu nombreuses, se sont toujours
vendues à un prix élevé. D'un esprit délicat et cultivé,
Dullaert parlait plusieurs langues, connaissait les sciences,
la littérature et la musique ; il fut aussi l'auteur de diverses
piècesde théâtre, représentées avec succès, etd'une traduction
hollandaise de la Gerusalemme liberata du Tasse. Ad. T.
Bidl : Descamps, ta Vie des peintres flamands. — IIuu-
imAKEN, la Vie des peintres flamands.
DULLER (Fduard), poète et historien allemand, né à
Vienne le 8 nov. 1809, mort à Wiesbaden le 24 juil.
1853. A dix-sept ans, il fit représenter un drame, Meister
Pilgram ; inquiété pour ses opinions libérales, il se rendit
à Munich où il publia un recueil de ballades sur les Wit-
telsbach (1831), à Trêves, Francfort-sur-le-Main où il
fonda le Pliœnix, puis à Darmstadt où il séjourna de 1836
à 1849, se mêlant au mouvement vieux catholique; en
1851, il était prédicateur de la secte à Mayence. Parmi ses
Dl I.I.KH — Dl MA1NK
— 32
écrits d'un sentiment très humanitaire, Doua citerons : <l*-s
poésies, Der Fûrst der Liebe (Liepzig, 1*42; 2« éd.,
l.x.v,); Gesammetten Gedichte (Berlin, 1845; Za éd.,
Leipzig, 1^77); des romans, Kronen und Ketten (Franc-
fort, 1835,3 Mil.); Loyola iibid., 1836, 3 roi.); Kaiser
il ml l'a psi (Leipzig, 1838, 4 vol.); «les écrits historiques,
Vaterlœndtschen Ùedichte (Francfort, 1852-57, S vol.);
Geschichte des deutschen Voila (Leipzig, 1840; ■'»' éd.,
1846; rééd. par Pierson; 6e éd., Berlin, 4877) ; Die Vœu-
ncr des Volks (Francfort, 1847-1850, 8 vol.), etc.
DULLIN. Coin, du dép. de la Savoie, arr. de Chambéry,
ciin t. de Pont-de-Beauvoisin; 482 bab.
DULON (Friedrich Ludwig), flûtiste allemand, né à Oria-
nembourg, en Prusse, le 14 août 1709, mort à Wurz-
bourg le 7 juil. 1826. Il devint aveugle à l'âge de huit ans.
Il a composé de nombreuses pièces pour son instrument.
DU LONG (Pierre-Louis), physicien et chimiste français,
né à Rouen le 12 ïëv. 1 785, mort à Paris le 19 juil. 1838.
11 perdit ses parents de très bonne heure. Entant, il était
d'une santé délicate; il put cependant entier à seize ans à
l'Ecole polytechnique, mais fut obligé de la quitter à cause
de su santé. 11 se fit alors recevoir docteur en médecine
et exerça dans un quartier très pauvre où sa foi lune,
assez considérable, diminua rapidement, non pas faute de
clientèle, mais, au contraire, parce qu'elle était trop nom-
breuse et que Dulong ne put jamais voir un malheureux
sans lui payer les médicaments nécessaires et sans lui don-
ner en outre des secours en argent pour améliorer sa
situation. Mais, pour le malheur de ses malades, Dulong
cessa d'exercer la médecine pour se consacrer à la bo-
tanique. Les grandes découvertes de chimie qui illus-
trèrent les savants français du commencement de ce siècle
et les belles expériences de Davy l'attirèrent vers cette
science ; il y débuta comme préparateur de Berlhollet.
Après quelques expériences intéressantes, il découvrit le
chlorure d'azote, corps très remarquable par ses propriétés
explosives. Une première expérience, suivie d'une explosion
formidable qui brisa presque tous les instruments du labo-
ratoire et causa à Dulong de graves contusions, ne l'empê-
cha pas de faire de nouvelles tentatives pour déterminer
sa composition; une nouvelle explosion lui enleva un œil
et deux doigts. Dulong continua, malgré cet accident, ses
recherches de chimie en étudiant les composés oxygénés
de l'azote et du phosphore. Comme physicien, Dulong col-
labora avec Petit et eut son mémoire sur le refroidisse-
ment couronné par l'Académie des sciences. Ce mémoire,
très important, était surtout très remarquable pour l'époque
ou il fut publié. Il découvrit aussi avec Petit une des lois les
plus intéressantes qui relient les propriétés physiques aux
propriétés chimiques des corps : si l'on rapporte la quan-
tité de chaleur absorbée parles corps simples pour s'échauf-
fer de 0° à 1° non pas à un kilogr. du corps, mais au
poids atomique de ce corps, on trouve un nombre constant;
ainsi ce que l'on peut appeler la chaleur spécifique ato-
mique est constante. Non seulement cette loi est, au point
de vue philosophique, de la plus haute importance, mais
elle a permis, dans des cas douteux, de fixer la valeur de
certains poids atomiques ; elle a, en outre, servi de guide
à d'autres recherches où l'on a rapporté diverses grandeurs
non à l'unité de poids, mais au poids atomique (exemple :
loi de Raoult, etc.). Dulong étudia aussi la force éhistique
des vapeurs et la loi de Mariotte jusqu'à vingt-sept atmo-
sphères. Il signala les écarts qu'il avait observés entre
cette loi et les expériences, mais n'osa pas affirmer qu'ils
n'étaient pas dus a des erreurs d'expériences. Il fut suc-
cessivement maître de conférences à l'Ecole normale supé-
rieure, professeur a la Faculté des sciences et à l'Ecole
polytechnique dont il devint directeur des études en 1830.
En 1823, il avait été nommé membre de l'Académie des
sciences. « D'une modestie extrême quand il parlait de ses
travaux, dit E. Arago, il se montrait d'une grande bien-
veillance en s'exprimant sur les travaux des autres. On
peut dire que jamais un mot blessant n'est sorti de sa
bouche, jamais no lentimenl de jalousia n'i-lllrura cette
belle aine. Les sciences étaient pour Dulong une ptatton,
mais une passion noble, pure, dégagée de toute me inté-
ressée OU personnelle. » Voici ISS principaux mémoires :
Mémoire sur une nouvelle matière détonante (Mém.
Suc. iTArcueil, III i : Recherches sur les lois de lu dila-
tation des solides, des liquides et des fluides élastiques
et sur la mesure exacte des températures (In//, chim.
phys., 11); Observations sur quelques combinaisons
de l'azote et de l'oxygène ("<.); Mémoire sur les
combinaisons du phosphore arec V oxygène (Mém.
Soc. d'Arcueil, III); Recherches sur la mesure des
températures et sur les lois tic lu communication de
la chaleur (Ann. chim. phus., VII); Recherches sur
quelques points importants de la théorie de la chaleur
(id., t. X); Nouvelle Détermination des proportions
de Veau et de la densité de quelques fluùles élastiques
(id., t. XV) ; Recherches sur les pouvoirs réfringents
des fluides élastiques (id., X); Recherches sur la force
élastique <lc la vapeur d'eau (id., X). A. Joannis.
DULONG (François-Charles), homme politique français,
né à Pacy-sur-Eure le 14 juin 179-2, mort à Paris le
30 janv. 1834. Avocat distingué du barreau de Paris, il
entra au ministère de la justice en 1830 comme directeur
des affaires civiles. Il démissionna en même temps que son
protecteur Dupont de l'Eure, le 9 mars 1831. Le 1er oct.
de cette même année, il fut élu député de Verneuil contre
Villemain. 11 siégea à l'extrême gauche. Le 23 janv. 1834,
il se prit en pleine Chambre de querelle avec Bugeaud
auquel il reprocha le rôle de geôlier qu'il avait rempli à
Blave auprès de la duchesse de Berry. Un duel s'ensuivit
dans lequel Dulong fut mortellement blessé. Cette fin tra-
gique excita dans toute la France une émotion considérable
et à Paris les funérailles de Dulong attirèrent une telle
foule que le gouvernement redouta un moment une
insurrection.
DU LORENS (Jacques), poète français, né à Chàteau-
neuf-en-Thimerais (Eure-et-Loir) vers 1583, mort vers
1650. Avocat à Paris, puis à Chartres, il acheta en 1613
la charge de baillif-vicomte de Châteauneuf, et devint plus
tard lieutenant général du bailliage de Châteauneuf. Il a
écrit des satires mordantes auxquelles Boileau n'a pas dé-
daigné de faire plusieurs emprunts : les Satyres dxi sieur
du Lorens (Paris, 1624, pet. in-8; 1625, in-12; 1633
et 1646, in-4); la Calotte (1619, in-8). M. G. Villemin
a réimprimé l'édition de 1646 (Paris, 18d9, in-12), M. Pr.
Blanchemain celle de 1633 (Genève, 1868, in-12) et une
plus complète que toutes les autres (Paris, 1881, in-12).
C'est Du Lorens qui serait l'auteur de la fameuse épitaphe :
Ci-L'ist ma femme, ah ! qu'elle est bien
Pour son repos et pour le mien.
DU LOT, poète français du xvne siècle auquel Ménage
attribue l'invention des bouts-rimés (V. ce mot).
DU LUTH. Ville des Etats-Unis de l'Amérique du Nord,
Etat de Minnesota, comté de Saint-Louis, à I extrémité de
l'enfoncement S.-O. du lac Supérieur, appelé « Fond du
lac »; 3,483 hab. en 1880. Terminus à l'E. du chem.
de fer Northern Pacific. Entrepôt de céréales, docks,
scieries, port artificiel. Exploitations de mines de cuivre
aux environs. Aug. M.
DULWICH. Faubourg de Londres, comté de Suirev, à
7 kil. au S., du port île Londres, célèbre par son collège
fondé en 1613 par l'acteur E. Alleyn (V. ce nom), qui
renferme la remarquable galerie de tableaux de sir F. Bour-
geois, où l'on remarque des œuvres de Jules Romain, Guido,
Kubens, Murillo, Claude Lorrain, llobliema, Kuysdaèl,
G. Dow, Rembrandt. Poussin, etc.; 4,000 hab.
Bini.. : IIarnktt-Bi.ancii, Dulwich Collei/e and Edward
Alleyn, 1877.
DUMA. Nom d'une tribu arabe issue d'Ismaèl (Gcnès*,
xxv, 14). Un court oracle à'Isaïe vise une tribu du même
nom, qui parait se rattacher à l'Idumée ixxi, 11-12).
DU MAINE, comte du Bourg (V. ce nom).
— 33 —
Dl MAINE — DU MARSA1S
DUMAINE (PnsoK, dit), acteur français, né a Lieusainl
vers 1885. Frère d'une comédienne distinguée, M11*' Per-
aon, il entra fort jeune, el grâce à sa protection, à la Co-
médie-Française. Hais la situation qui lui était faite à ce
théâtre étant trop subalterne, il pari pour la province,
puis revient après quelque temps a Paris, fail un court
séjour à la Galté, et de là passe à l'Ambigu, ou il se fait
remarquer en créant le rôle de Georges dans la Case de
l'oncle Tom, qui mel en relief sa belle prestance, sa
voii d'un timbre pénétrant et de réelles qualités de comé-
dien dramatique et puissant. Depuis cette époque, M. Du-
maine. qui du premier coup avait conquis ^oreille ilu pu-
blic parisien, a appartenu tout à tour et successivement à
tous nos théâtres de drame, allant de l'un à L'autre selon
les circonstances et les besoins du moment II a créé à
l'Ambigu le Château des Tilleuls, le Juif de Venise,
le Paradis perdu, César Borgia, la lourde Londres,
la Madone des Roses, le Pendu, le Dompteur; h l'ancien
Cirque olympique Abd-el-Kader ; à la Galté Cartouche,
les Pirates de la Savane, les Trente-deux Duels de
Jean Gigon, lu Maison du baigneur, Jean-la-Poste\ à
la Porte-Saint-Martin les Mères repenties. Put rie. les
Misérables, le Tour du monde, les Exilés ;ù l'Odéon les
Noces d'Attila ; au Châtelet Michel Strogoff, etc. Quant
aux ouvrages dans lesquels il a repris des rôles à ces
divers théâtres, il serait difficile de les emmurer. On peut
dire de M. Domaine qu'il est l'un des derniers et des plus
distingués interprètes du genre du drame, au service duquel
il a mis un talent remarquable, souvent plein de grandeur
et de passion. A. P.
DUMAISNIEL de Hki.i.kval (Charles-François) (V. Bel-
leval).
DUMANIANT (Antoine-Jean Boirlin, dit), acteur et
auteur dramatique français, né à Germon t-Ferrand le 11
avr. 1752. mort à Paris le 24 sept. 1828. Issu d'une fa-
mrlle de robe, il fut pris de la passion du théâtre, et à
vingt-cinq ans se tit comédien. En 1785, il entra au théâtre
des Variétés du Palais-Royal. Il y demeura jusqu'en 1791,
ou par la transformation de ce théâtre en Théâtre-Français
de la rue Richelieu, il fut obligé d'aller se réfugier au
théâtre delà Cité, qui fit son ouverture le 20 oct. 1792.
Dumaniant tenait la l'emploi des premiers rôles marqués et
des pères nobles, mais au bout d'une année il cessa de pa-
raître sur la scène, pour conserver seulement ses fonctions
de régisseur et de membre du conseil d'administration. Il
faisait en même temps représenter de nombreuses pièces,
dont quelques-unes obtinrent de grands succès et passèrent
plus tard au répertoire de la Comédie-Française. En 1798,
Dumaniant n'appartenait plus au théâtre de la Cité. En
I 803, il prenait la direction de la Porte-Saint-Martin, qu'il
conservait jusqu'en 1805, pour rester seulement à ce
théâtre, pendant une année encore, en qualité d'admi-
nistrateur. En 1808, on le retrouve à l'Odéon, comme
secrétaire général de l'administration, sous la direction
d'Alexandre Duval. Il quitte ce théâtre en 1816, lors de
l'arrivée de Picard comme directeur, et prend le parti de se
taire lui-même directeur en province, et pendant plusieurs
années exploite ainsi les théâtres de Clermont, Bourges,
Nevers, Moulins, Poitiers, Angoulème, Limoges, Co-
gnac, etc. C'est au cours de ces pérégrinations que Duma-
niant fut frappé de la maladie qui devait l'emporter.
Parfait honnête homme et do mœurs fort honorables,
Dumaniant ne doit pas à son talent modeste de comédien
la renommée légitime qui s'attacha naguère à son nom.
C'est comme écrivain dramatique qu'il mérite d'être re-
marque pour >a fécondité. A. P.
DUMANIS. Ancienne ville de Géorgie, au confluent du
Ma-chavei et du Chtzia; èvéché du vc au xvin" siècle.
DUMANOIR ou DU MANOIR. Nom d'une famille de
musiciens français qui vivait au xvne siècle. Le plus ancien
Dumanoir connu, Mathieu, éiait maître joueur d'instru-
meats en 1615 et violon ordinaire de la chambre du roi
en 1640. — Claude Dumanoir, neveu ou fils de Mathieu, fut
GBAHD1 encyclopédie. — XV.
premier violon du cabinet du roi, « roi des violons » et
maître des ménétriers de la confrérie de Saint-Julien,
charge grotesque qui datait de 1331 et avait été confirmée
en 1506 par une ordonnance de Charles VI. — Guillaume
Dumanoir, lils de Mathieu, succéda à Claude en 1659
comme roi des violons. Ces rois des violons prétendaient
obliger tous les musiciens, y compris les organistes, à se
faire recevoir maîtres de danse; cette prétention est exposée
dans un factura grossier de Guillaume Dumanoir, intitulé
le Mariage de la musique avec la dance. — Guillaume-
Michel Dumanoir, qu'on surnomma Dumanoir second, a
été le dernier maitre des ménétriers ; le titre fut aboli du
jour ou il y renonça par un acte passé devant notaire (1 or dée.
1695). A. Ernst.
DUMANOIR (Philippe-François Pinel, dit), auteur dra-
matique français, né à la Guadeloupe le 51 juil. 1806, mort
à Pau le 16 nov. 1865. Après avoir terminé ses études
au collège Bourbon à Paris, il suivit les cours de l'Ecole
de droit, mais le succès obtenu par ses deux premières
tentatives dramatiques, Un Jour de médecine (1827) et
la Semaine des amours, le déterminèrent à s'adonner
exclusivement au théâtre. De 1856 à 1859, il fut direc-
teur des Variétés, et Déjazet lui dut quelques-uns de ses
meilleurs rôles travestis, entre autres, ceux des Premières
Armes de Richelieu (1859), de Létorièrès (1842), de
Gentil Bernard (1846). Parmi les autres pièces de Duma-
noir, nous rappellerons : lu Marquise de Pretintaille
(1855); Indiana et Charlemaqnc (1840) ; la Nuit aux
soufflets (1842) ; Don César de Bazan (1844) ; Cla-
risse Harlowe (1847); le Camp des bourgeoises (1855) ;
l'Ecole des agneaux (1855), comédie à laquelle le minis-
tère d'Etat décerna une médaille d'or ; les Fanfarons du
vice (1856) ; les Toilettes tapageuses (même année) ;
les Femmes terribles (1858) ; C'est l'amour, l'amour,
l'amour... (1859); les Tremb leurs (1861) ; les Inva-
lides du mariage (1862); la Maison sans enfants
(1865) ; les Drames du cabaret (1864), etc. M. Tx.
DUMANOIR le Pei.ley (Pierre-Etienne-René-Marie),
amiral français, né à Granville (Manche) le 2 août 1770,
mort à Paris le 7 juil. 1829. Entré fort jeune dans la ma-
rine, il servit à Saint-Domingue, devint en 1795 lieute-
nant de vaisseau attaché à l'état-majorde l'amiral Martin,
commandant de l'armée navale de l'Océan, et, promu capi-
taine de vaisseau en 1795, lutta brillamment contre les An-
glais, dans la Méditerranée, à Terre-Neuve et sur les côtes
d'Irlande. Il fit partie de l'expédition d'Egypte (1798) et
il commanda un des deux navires qui ramenèrent Bona-
parte en France. Promu contre-amiral en 1 799, il com-
manda à Brest, à Cadix, à Saint-Domingue, combattit à
Trafalgar où il opéra une retraite séparée, mais fut pris
quelques jours plus tard parles Anglaisavecquatre vaisseaux
(4 nov. 1805). Sa conduite fut soumise à un conseil d'en-
quête qui n'y trouva rien de répréhensible, mais sur les
réclamations de l'opinion publique il fut en 1808 traduit
devant un conseil de guerre qui l'acquitta. Dumanoir fut
ensuite nommé commandant à Dantzig(1811); fait prison-
nier par les Russes et interné à Kiev, il ne rentra en
France que sous la Restauration qui le créa comte (2 déc.
1814). Il fut nommé vice-amiral en 1819. Il avait été élu
député de la Manche le 22 août 1815, et réélu en 1817
et 1818.
DUWARESQ (\. AllMAND-DuVfARF.SQ).
DUMAREST (Rambert), graveur en médailles, né à
Saint-Etienne (Loire) en 1760, mort à Paris le 5 avr.
1806. Il a laissé les médailles du Premier îles lirulus, de
Poussin, de Voltaire, de J.-J. Rousseau, etc. Ces deux
dernières faisaient partie d'une Collection des grands
hommes de lu France qu'il n'eut pas le temps de terminer.
Il avait été élu membre de l'Institut le 26 janv. 1X00.
DU MARSAIS (César Cbesread, sieur), grammairien,
philosophe, pédagogue et l'un des principaux encyclopé-
distes, né a Marseille le 17 juil. 1676, mort a Paris le
11 juin 1756. Il fut élevé par les oratoriens, entra même
5
DU HARSAIS - Dl MAS
- 34 -
dans cette congrégation et ne tarde pae b quitter l'Ora-
toire de Marseille pour s'établir à Paris en 1701. Il fut
reçu avocat an I7ni. Hais il se dégoûta vite du droit ;
d'autre part, rompant avec sa femme, il lui abandonna
le peu de bien qu'il ;• v ;i î i et entra comme précepteur
chez le président il»' Biaisons. Il j demeura douze ans
pour passer ensuite ••lie/, lu laineux Law, et, après la chute
de Law, chez le marquis de Baunramont. C'est de nette
époque que datent ses plus importants travaux, cens qui
ont permis à d'Alembert de l'appeler un grammairien pro-
fond et philosophe : notamment son Exposition d'une
méthode raisonnee pour apprendre la langue lutine,
publiée en 1722 et dédiée par Du Marsais à MM. deliauf-
fremont, ses élèves, puis son Traité des Tropes (1780)
qui est devenu classique. Lorsque l'éducation de MM. de
BauSremont fut terminée, Un Marsais ouvrit une pension
au faubourg Saint-Victor ; niais la fortune ne lui sourit
point dans eette entreprise, et il dut se contenter, pour
avoir de quoi vivre, de donner quelques leçons en ville.
Dans la vie précaire et presque misérable de ses vieux
jouis, il eut du moins l'avantage de collaborer à Y Ency-
clopédie, pour la partie grammaticale et philosophique.
« Les articles qu'il lui a fournis et qui sont en grand
nombre dans les six premiers volumes, dit d'Alembert,
feront à jamais un des principaux ornements de cet ou-
vrage ; on a regardé avec raison cette partie de V Encyclo-
pédie comme une des mieux traitées. » Malgré la célébrité
que lui valurent ces derniers travaux, Du Marsais implora
vainement de la cour un secours qui lui assurât le néces-
saire. Heureusement, un particulier généreux, le comte de
Lauraguais, touché de sa situation, répara l'indifférence du
pouvoir et lui servit, jusqu'à la fin de sa vie, une pension
de mille livres.
Sa nouvelle méthode pour apprendre le latin fut vivement
contestée. Du Marsais est fort maltraité dans les Mémoires
de Trévoux (mai 17^5). Par contre, ses procédés gram-
maticaux trouvèrent tout de suite d'ardents approbateurs,
et, plus tard, ce fut des livres de Du Marsais queCondillac
se servit dans l'éducation du prince de Parme. Disons en
peu de mots en quoi consistait cette méthode si diversement
appréciée. Préoccupé de la longueur ordinaire des études
latines, Du Marsais proposait, pour y remédier, des moyens
expéditifs. il remplaçait la langue latine réelle avec ses
inversions, ses ellipses, sa construction propre, par une
langue latine de convention, arrangée et factice, dont les
phrases, disposées à la française, se prêtaient à un mot à
mot vigoureux. L'élève devait être occupé pendant un temps
plus ou moins long à l'étude des textes ainsi transformés
ou toutes les difficultés particulières de syntaxe auront dis-
paru. C'est la première partie de la méthode que Du Mar-
sais appelle la routine et où il n'est fait appel qu'à la mé-
moire, à cette faculté particulièrement développée dans le
jeune âge et que d'Alembert appelle « l'esprit de l'enfance ».
Dans la seconde partie de sa méthode, Du Marsais abor-
dait l'étude de la grammaire proprement dite, des décli-
naisons, des conjugaisons et des règles de la syntaxe : à
l'usage ou à la routine, c.-à-d. à l'étude des mots, succé-
dait la raison, c.-à-d. la grammaire, qui n'est qu'une
sorte de logique. En d'autres termes, Du Marsais jetait
tout de suite le commençant dans l'explication des textes,
et, pour lui rendre ce travail possible, il désorganisait les
phrases latines et les refaisait sur le patron des phrases
françaises ; il reculait l'étude de la grammaire raisonner
jusqu'au moment où l'élève a fait une assez ample provi-
sion de mots de la langue latine, à l'imitation de ce qui se
passe dans l'acquisition delà langue maternelle, ou l'enfant
apprend d'abord à parler, avant d'étudier les règles du
langage. Le but était, tout en suivant la marche de la
nature, de faire apprendre le latin par l'usage, le plus vite
possible. Mais on peut se demander si ces procédés d'abré-
viation et de simplification répondent bien au vrai carac-
tère des études latines, qui sont bien plutôt une gymnastique
de l'esprit qu'une simple acquisition du matériel d'une langue
moi te. Gomme le dit quelque part M. Bréal, il ne s'agit pas
d'abréger le chemin : i ir c'eet le chemin qui est en quelque
sorte la tin qu'on te propose. D'antre part, considérée 'lans
l'application qu'il en a fait, la méthode de Du Mai
présente de graves inconvénients. Pou rendra le latin clair
et intelligible aux débutants, Du Marsan sroposed'y intro-
duire de-, incorrections départi pris. Au heu de isnperante
iuatuto, un fera lue a l'enfant sub imperante Augvslo;
au iieu de manet Lutetias, on écrira manet in urbe 1
tiœ. L'élève qui se sera habitué à ces loléctsmee volon-
taires n'aura-t-il pas beaucoup de peine dans la suite pour
y renoncer .' Le résultat le plus clair do système proposé
par Du Marsais et qu'il avait pris la peine d'appliquer en
réduisant à la construction française les coméoies de
Térence, Y Art poétique d'Honte et VEpitotne de Jouveoej
ne sera-t-il pas d'obliger l'élève à apprendre le latin deux
fois, une fois sous une forme factice et de fantaisie, une
autre fois dans l'ordre réel. Ainsi, la méthode de Du
Marsais, quelque ingénieuse qu'elle fût, n'a point réoasi
et ne méritait pas de réussir.
Du Marsais n'a pas étudié seulement les questions de
grammaire et de méthode d'enseignement. Plusieui-s de ses
ouvrages le classent parmi les philosophes : sa Logique
publiée en 1769, son Exposition de la doctrine de
l'Eglise gallicane, qui ne parut aussi qu'après sa mort,
et un autre livre, que le crédit tout-puissant encore de la
Société de Jésus lui fit faire interdiction de publier : une
R ponse à la Critique de l'Histoire des oracles de t'on-
tenelle, réfutation du père jésuite Baltus, dont il n'avait
écrit que des fragments. Tous ces essais témoignent d'idées
fort libérales. Du Marsais est en philosophie un précurseur
de la libre pensée moderne. Et en politique, il était déjà
républicain, s'il faut en croire un de ses apologistes marseil-
lais, qui ajoute : « Un républicain ne pouvait naître qu'à
Marseille. » Hien, d'ailleurs, d'indiscret ni de violent dans
sa manière de penser et d'écrire. Comme le dit très exac-
tement d'Alembert, « il avait l'esprit plus sage que bril-
lant, la marche plus sûre que rapide. La nécessité ou il
s'était trouvé de parler presque toute sa vie à des enfants
lui avait fait conserver dans la conversation une diffusion qui
passait quelquefois dans ses écrits. » Nulle trace de décla-
mation ni de recherche de langage. Aussi nous parait-il
impossible de lui attribuer, comme l'ont fait les éditeurs
enthousiastes de 1797, qui l'appellent tout simplement
« grand homme », la paternité d'un livre passionné et
emphatique, l'Essai sur les Préjugés, qui parut pour la
première fois en 1750.
Parmi les articles que Du Marsais donna à V Encyclo-
pédie et qui constituent le meilleur, la partie la (dus
durable de son œuvre, nous signalerons celui qui est inti-
tulé Education, et ou il se montre à nous comme tout
pénétré déjà des idées pédagogiques aujourd'hui en vague.
11 faut passer, dit-il, par les idées particulières, avant de
nous élever aux idées générales. « Avant que de parler de
dizaine, sachez si votre jeune homme à l'idée d'un; avant
que de lui parler d'année, montrez-lui un soldat... Le
grand point de la didactique ou de l'art d'enseigner, c'est
de savoir quelles connaissances doivent précéder, quelles
doivent suivre. » En conformité à ces principes, Du Marsais
avait composé un petit ouvrage, malheureusement perdu,
où il s'efforçait de donner aux enfants une idée de la nature,
des arts et des sciences. « J'espère, disait-il, leur rendre
la lecture plus utile et plus amusante par le secours des
figures. » C'était revenir à |la tradition de Coménius et
devancer tous les écrivains pédagogiques qui de notre temps
présentent aux enfants des leçons de choses et des in; -
Les Œuvres de Ihi Marsais ont été publiées en -
volumes (Paris. 1797).
DUMAS (Martial), poète séraphique. plus connu sous
son nom de religion qui était le P. Martial de lirive. né
dans cette petite ville du l'.as-l.imoiisin (aujourd'hui dép.
île la Corrèze) tout à la fin du xvr ou au commence-
ment du xvii" siècle, mort en 1652 ou en 1683 (non
- 38 -
DUMAS
en 1656). Il état tils d'un lieutenant général an présidial
de Drive, mais tit SOS humanités à Paris et son droil a
Toulouse. Entré fort jeune dans l'ordre des capucins de
Saint-François, il se consacra ii la prédication, entreprit
des missions dans plusieurs \illes du Midi, notamment
à Toulouse, a Limoges (ltii~). .ï Agen, et polémisa
même contre un ministre calviniste de Turenne vers 1648.
Mais c'est uniquement comme auteur de cantiques popu-
laires et de paraphrases des psaumes qu'il est connu de
la postérité. Les avis sont partagés sur la valeur littéraire
de ces cantiques, l'on goûtés de l'abbé Goujet et de
Ch. Nodier, ds sont tenus pour médiocres par M. Weiss.
M. Clément-Simon se borne à dire que le P. Martial « est
le meilleur des poètes capucins ». Ses œuvres ont été pu-
bliées à Lyon par Dupuys chez.LaBottièreen 1653 et chez
ruineux en 1658 sous le titre i'OEuvreS poétiques et
sainctes du /.'. /'. Martial de Brive, capucin, et de nou-
veau, en 1660, par le P. Zacharie, chez Demasso, sous ce
titre: le Parnasse séraphique et les derniers soupirs de
la nuise du H. P. Martial de Brive. Le P. Martial a
publié de son vivant, outre quelques-uns des cantiques
réunis en volume après sa mort, le Siècle illuminé nu
Exercice de piété (drive, 1649, aujourd'hui introuvable),
et sous le pseudonyme de Sainte-Colombe un petit dia-
logue sacré intitule Jugement de N.-S.-J.-C.en faveur de
Murie-Magdcleine (Paris, 1651). A. Lei;oux.
Bibi.. : Clément Simon. Martial de Brive, dans le Bull-
de la. Soc. historique de Brive, 1888, \, avec portrait, ex-
traits, notice bibliographique et notes j;énéalo,;:i<|ues. —
Abbé Arcl'.ii.ut, Martial de Brive, dans le Bull, de la
Soc. des lettres de Tulle, NI, 1889; avec extraits et notice
bibliographique.
DUMAS (Louis), écrivain français, né à Nîmes en 1676,
mort prés de Paris le 19 janv. 1744. Fils naturel de Jean-
Louis de Montcalm, sieur de Saint-Véran et de Candiac,
il est surtout connu par l'invention du « bureau typogra-
phique », sorte de machine destinée à enseigner aux enfants
la lecture, l'écriture et la grammaire tout en les amusant.
Dumas a écrit : Art de composer toutes sortes de mu-
siques (171 1, in-4): la Uibliothèijuc des enfants ou les
premiers éléments îles lettres (1733, 3 vol. in-4); l'Art
de la musique enseigné et pratiqué par la méthode
du bureau typographique (4753, m-4); l'Art de la
musique enseigné pour transposition (1758, in-i). etc.
DUMAS (Gabriel-Olivier Benoît-), receveur général des
finances de la généralité d'Orléans, mort à Paris le "20 mai
1777 ; célèbre pour la fortune colossale dont il avait hérité
de son frère Benoit Benoit-Dumas, l'un des directeurs de
la Compagnie des Indes, et plus encore pour les revendi-
cations dont cette fortune n'a cessé d'être l'objet jusqu'à
nos jours. Un arrêt de la Chambre du domaine, du
27 mai 1777. ayant adjugé au roi cette succession à titre
de bâtardise et de déshérence, cette décision n'a cessé
depuis lors d'être attaquée devant les tribunaux par une
foule de gens qui, le plus souvent à l'instigation d'agents
d'affaires, prétendent prouver à la fois la légitimité de la
naissance de Benoit-Dumas et la filiation qui justifie leurs
prétentions.
DUMAS (Guillaume-Mathieu, comte), général et homme
politique français, né à Montpellier le 23 nov. 1753, mort
a Pans le 16 oct. 1837. Fils d'un trésorier des finances
à Montpellier, il était capitaine de chasseurs en 177(1. En
17^11, il suivit le comte de Rochambeau, comme aide de
camp, en Amérique ou il participa brillamment à la guerre
de l'Indépendance. Devenu en France avec le grade de
major, il fut chargé d'aller faire, dans les échelles du
Levant, une reconnaissance des principaux points mili-
taires. En mission en Allemagne et dans les Pays-Bas
pour observer l'insurrection hollandaise, il fut ensuite
promu colonel et nommé directeur du Dépôt de la guerre.
puis aide de camp du maréchal de Broglie. Il prit parti
pour la Dévolution, devint aide de camp de La Fayette,
commissaire pour la formation du dép. de Seine-et-Marne,
puis à Montauban, a Nimes et en Alsace. En juin 1791,
il fut adjoint aux commissaires de la Constituante chargés
de ramener le roi, et nommé ensuite maréchal de camp.
Député de Seine-et-Oise à l'Assemblée législative, il lit
partie du comité militaire et se signala par son éloquence
claire et instructive. Le 20 avr. 1792, il fut un des senl
qui votèrent contre la déclaration de guerre. Son attitude
« feuillantine » le rendit impopulaire. Il combattit ardemment
Brissol ei les Girondins. Il protesta a la tribune contre les
événements «lu 20 juin 1792, et, le 3 juil. suivant, il dé-
fendit Louis XVI contre Vergniaud. Sa compétence mili-
taire était si notoire que, jusqu'en avr. 1793, il fut em-
ployé comme directeur du dépôt des plans do campagne.
Dénoncé par Albitte {Mon., XVI, 83), il émigra et rentra
après le 9 thermidor. Député de Seine-et-Oise au conseil des
Anciens, il y favorisa la politique des « Clichyens », fut pros-
crit au 18 iructidor, et se réfugia à Hambourg. Après le
18 brumaire, Bonaparte le chargea d'organiser l'armée de
réserve de Dijon et le nomma conseiller d'Etat. Général de
division (l'r févr. 1803), il prit part à la campagne
d'Austerlitz où il se signala. Napoléon le donna comme mi-
nistre de la guerre au roi de Naples, Joseph, qu'il suivit
ensuite à Madrid. Rappelé en France, il prit part aux ba-
tailles d'Essling et de Wagram. Directeur général de la
conscription et des revues (2 févr. 1810), comte de l'Em-
pire (14 févr.), intendant général de la Grande-Armée, il
fut fait prisonnier après la capitulation de Dresde. Rallié
aux Bourbons en 1814, employé par Napoléon pendant les
Cent-Jours, disgracié au second retour de Louis XVIII,
réintégré au conseil d'Etat en 1818, exclu de nouveau de
ce corps en 1822, il fut élu député par le premier arron-
dissement de Paris en 1828 et favorisa la révolution de
Juillet, au lendemain de laquelle La Fayette le chargea,
avec le titre d'inspecteur général, de réorganiser les gardes
nationales. Louis-Philippe le fit rentrer au conseil d'Etat
et le nomma pair de France. Dans les dernières années de
sa vie, il rédigea ses mémoires qui ne parurent qu'après
sa mort, sous le titre Souvenirs du lieutenant général
comte Mathieu Dumas de 1110 à 1836, publiés par
son fils (Paris, 1839, 2 vol. in-8). Napoléon affectait,
dans ses moments d'impatience, de faire peu de cas des
talents militaires de Mathieu Dumas (V. à ce sujet, ses
lettres à Joseph en 1806, au tome XIII de la Correspon-
dance). Mais il est très apprécié comme écrivain mili-
taire et on estime son Précis des événements militaires
ou Essais historiques sur les campagnes de 1790 à
1814 (Paris, 1816-1826, 19 vol. in-8 et 8 atlas in-fol.).
Cet ouvrage est inachevé : il s'arrête à la paix de Tilsil
en 1807. F.-A. A.
DUMAS (Alexandre Davy de La Pailletkrie), général
français, né à Jérémie (Saint-Domingue) le 25 mars 1762,
mort à Villers-Cotterets le 26 févr. 1806. Fils naturel
du marquis de La Pailleterie, il entra en 1786 dans les
dragons de la Reine et se signala par divers exploits qui,
rehaussés encore par sa stature gigantesque et sa force
herculéenne, le mirent bientôt en lumière. Général de bri-
gade en juil. 1793, général de division le 3 sept, de la
même année, il passa successivement au commandement de
l'armée des Pyrénées orientales et de l'armée des Alpes.
11 se distingua particulièrement par l'assaut du mont
Saint-Bernard (24 avr. 1794) et la prise du mont Cenis à
la baïonnette. Général en chef de l'armée de l'Ouest le
21 juil. 1794, il commanda en 1797 l'aile droite de l'armée
d'Italie, dirigea la cavalerie de Joubert dans le Tirol, battit
les Autrichiens au pont de Neumarck le 22 avr. 1797 et
accomplit de tels prodiges de bravoure que Bonaparte le
surnomma l'Horatius Coclès du Tirol. Il prit part encore
à la campagne d'Egypte (1798) et coopéra à la prise
d'Alexandrie. 11 fut fait prisonnier et gardé pendant deux
ans par le gouvernement des Deux-Siciles au moment où
il rentrait en France pour raisons de santé. Depuis il
demeura dans la vie privée.
DUMAS (Charles-Louis), médecin français, né à Lyon
le 8 févr. 1765, mort à Montpellier le 28 mars 1813. Reçu
Itl MAS
- 36
docteur à Montpellier en I7k.>, il alla concourir à Parie
pour plusieurs chaires vacantes a la Faculté de médecine,
mais ne réussi! pas ; on lui donna la place de médecin à la
Charité. En nul, il passa :i Montpellier comme rice-pro-
fesseur, et en 1792 a Lyon, comme médecin ;i l'Hôtel-
Dieu; enfin, en I7'.i5, il lut nommé professeur d'anatomie
et de physiologie à L'Ecole de santé de Montpellier; par la
suite il devint doyen de la Faculté et recteur de l'Acadé-
mie, etc. Des nombreux ouvrages de Dumas, nommons
seulement: Principes dt la physiologie, etc. (Paris, 1800,
i vol. in-8 ; Montpellier, 1806, i vol. in-8) ; Doctrine
générale des maladies chroniques, etc. (.Montpellier,
1824, 2 vol. in-K). Levitalisme de Dumas était beaucoup
moins abslraitque celui de l'Ecole de Montpellier; l'influence
de Paris s'y taisait sentir. Dr L. H».
DUMAS }( Jean-Baptiste), chimiste et homme politique
français, né à Alais le 14 juil. 1800, mort à Cannes le
10 avr. 1884. D'abord élève en pharmacie dans sa ville
natale, il eut la bonne fortune d'aller à Genève dans la
pharmacie Le Koyer, ou il se lia avec de Candolle, Th. de
Saussure, Pictet, J. Prévost; en collaboration avec ce der-
nier, il publia sur le sang des recherches qui l'engagèrent
à venir à Paris où il fut nommé répétiteur du cours de
chimie de Thénard à l'Ecole polytechnique. C'est là qu'il
publia ses Remarques sur quelques points de la théorie
atomii/ue, puis ses recherches classiques sur les densités
de vapeur des corps simples, sur les formules de l'alcool
et des éthers, sur l'alcool mèlhylique, sur l'oxainide, etc.,
et principalement sur la théorie des substitutions ; cette
dernière a pris une haute importance à la suite des nom-
breux mémoires de Dumas sur les types chimiques. Ses
travaux sur la composition de l'eau, sur celle de l'air, en
collaboration de Boussingault, sur l'acide carbonique avec
Stas, sur le dosage de l'azote, la découverte d'une nouvelle
classe de corps, les amides, etc., placent Dumas au rang des
maîtres les plus illustres parmi les chimistes du xixe siècle.
En 1829, il fonda l'Ecole centrale avec Péclet, Lavallié et
Olivier; il fit à la Sorbonne des cours brillants, qui eurent
le plus grand retentissement; c'est là, notamment, qu'il
donna sa fameuse classification des métalloïdes et qu'il
jeta les bases d'une classification rationnelle des métaux. Il
fut successivement professeur à l'Ecole polytechnique ou il
remplaça Thénard (il le suppléa aussi pendant un semestre
au Collège de France), professeur à la Sorbonne et doven de
la Faculté des sciences, professeur à l'Ecole de médecine
qu'il abandonna pour laisser la place à Wurtz, l'un de ses
meilleurs élèves, professeur à l'Ecole centrale. Sa parole
facile et élégante et son éloquence parfois un peu apprêtée
lui attiraient un grand concours d'auditeurs ; il a formé
des élèves illustres, tels que H. Sainte-Claire Deville,
Wurtz, Debray, etc. ; il fut envoyé par le dép. du Nord à
l'Assemblée législative (18i9) et fut nommé par Louis-Na-
poléon, ministre de l'agriculture et du commerce (1851),
puis sénateur après le coup d'Etat. Ses travaux ont été
insérés dans les Annules de physique et de chimie dont
il était l'un des rédacteurs, dans les Comptes rendus et
Mémoires de l'Académie des sciences. Nommé membre de
l'Institut en 1832, il fut élu secrétaire perpétuel en 1808. Il
fut, dix ans après, membre de l'Académie française. Il a écrit
un Traité de chimie appliquée aux arts en 8 vol.; le
Cours de philosophie chimique (1837) et un Essai sur
la statique des êtres organisés (1841), en collaboration
avec Boussingault. Ed. Bourgoin.
DUMAS (Alexandre Davy dk La Pailleterie Dumas, dit
Alexandre), illustre auteur dramatique et romancier fran-
çais, fils du général Alexandre Dumas, né à Villers-Cotterets
(Aisne) le 5 thermidor an X (24 juil. 1802), mort à l'uvs,
près de Dieppe, le 5déc. 1870. Les divers épisodes de la vie
de Dumas ont été tant de fois contés par lui-même ou par
d'autres jusque dans leurs moindres détails qu'il suffirait
de résumer brièvement les principales circonstances de celte
existence si prodigieusement active, ainsi que les grandes
œuvres qui en marquent les étapes, puis de grouper, dans
l'ordre chronologique, et par leur nature même, Le* attires
écrits de Dumas, dont la paternité lui a été contestée, ou
ceux-là même qu'on pourrait, de son propre aveu, ntran-
cher de son avoir. La bibliographie placée a la suit*- de Cet
article permettra d'ailleurs à ceux qui voudront approfondir
cette double étude de consulter les sources auxquelles il
leur faudra puiser.
Restée veuve en 1806 et réduite an\ modiques ressources
que lui concédait le titre de son mari. M'" Dumas ie pot
faire donner au fils issu de cette union qu'une éducation
extrêmement sommaire et incomplète. L'enfant tenait, par
contre, de son père, une constitution athlétique, une apti-
tude naturelle à tous les exercices du corps et une saute
robuste. Les premiers chapitres de ses Mémoires renfer-
ment de nombreuses preuves de ce triple privilège, dont
Dumas se montre presque aussi fier que de ses dons intel-
lectuels et qui favorisèrent singulièrement les frasques de son
adolescence, longuement contées aux mêmes pages. D'abord
clerc d'avoué à Villers-Cotterets, puis à Crépy-sur-Oise, il
vint en 1823 à Paris solliciter l'appui des anciens compa-
gnons d'armes de son père, rallies, pour la plupart, à la
Restauration. Econduit de divers côtés, il ne fut accueilli
avec bienveillance que par un membre de l'opposition, le
général Foy qui, aussi frappé de ses talents de calligraphe
qu'affligé de son ignorance, lui procura une place d'expé-
ditionnaire dans les bureaux de la chancellerie du duc
d'Orléans. Le jeune homme, qui se proposait bien un jour
de vivre de sa plume, se trouva néanmoins fort heureux
de devoir à son écriture un traitement de 1,200 fr. qui lui
permettait de ne plus être à la charge de sa mère et lui
laissait assez de loisirs pour apprendre tout ce qu'il ne
savait pas et nommément l'histoire de France. Bientôt il
osa faire imprimer ses premiers essais : une Elégie sur la
mort du général Foy (1825, in-8); un dithyrambe en
l'honneur de Canaris (1820, in-1 2) et un petit volume
de Nouvelles contemporaines (1820, in-1 2). En même
temps, il collaborait à deux vaudevilles, ta Chasse et
r Amour (Ambigu-Comique, 22 sept. 1825) et la Noce
et FEnterrement (Porte Saint-Martin, 21 nov. 1820),
tous deux signés Davy et dont il partagea les minces pro-
fits avec son camarade de jeunesse, Adolphe de Kibbing (de
Leuven), James Rousseau, Lassagne et Gustave Vulpian.
D'autres tentatives dramatiques plus sérieuses, tirées de la
conjuration de Fiesque ou de l'épisode des Gracques, de-
meurèrent alors inédites, tandis qu'un passage d'Anquetil
lui inspirait le drame d'où datent ses véritables débuts :
Henri 111 et sa cour (cinq actes, en prose), représenté
sur le Théâtre-Français le M févr. 1829, et demeuré
depuis au répertoire, lui valut de véritables ovations ; le
duc d'Orléans, bien que fort peu sympathique à son subor-
donné, ne dédaigna pas de donner lui-même le signal des
applaudissements et le nomma bibliothécaire adjoint aux
appointements annuels de 1,500 fr. Alexandre Dumas avait
écrit avant Henri III un autre drame reçu dès le 30 ayr.
1828 par le comité du même théâtre et dont diverses cir-
constances avaient fait ajourner la représentation : ce
drame, c'était Christine ou plutôt, pour lui donner le titre
sous lequel il fut définitivement joué à l'Odéon le 30 mars
1830, Stockholm, Fontainebleau et Home, trilogie en
cinq actes et en vers, avec prologue et épilogue. Son succès
ne fut pas moins vif que celui de Henri III. et Dumas se vit
dès lors considéré comme l'émule de Victor Hugo: mais
cette rivalité n'avait pas encore altéré leurs bons rapports
personnels. Convié par Hugo à une lecture de Manon De-
lorme. alors arrêtée par la censure, il avoua hautement
son admiration ; de son côte, dit-on, Victor Hugo aurait.
aidé d'Alfred de Vigny, retouché une centaine de vers de
Christine, mal accueillis le soir de la première représen-
tation.
Dumas avait depuis quelques mois dit pour toujours
adieu a la vie administrative et travaillait à plusieurs
drames lorsque éclata la révolution de 1830. Il fit le coup
de feu parmi les insurgés et, sur l'ordre de La Fayette.
— 37 —
IH MAS
bb rendit on bâte a Soissons ob, avec le concours de quel-
ques habitants, il protégea une importante poudrière et en
assura la possession au parti vainqueur. Puis il partit pour
la Vendée avec mission d'y provoquer la formation d'une
garde nationale chargée de défendre le pays contre une
nouvelle chouannerie que tout pouvait taire craindre. Admis
au retour a l'aire connaître au roi lui-même son im-
pression sur l'état des esprits, Dumas ne lui dissimula pas
combien le remède lui Semblait dangereux et insista sur la
nécessite d'ouvrir i travers le Bocage et le Marais des voies
de communication qui rendraient plus difficile la guerre
civile qu'on redoutait. Bien que le second de ses conseils
ait été suivi plus tard, le résultat de l'enquête ne raffermit
point le crédit de Dumas auprès de Louis- Philippe; son
élection de capitaine dans l'artillerie de la garde nationale
parisienne, devenue l'un des foyers de l'opposition à la
monarchie du 9 août, une visite intempestive aux Tuileries
avec l'unitorme de ce corps supprimé par décret la veille
même, le refus de prestation de serment exigé pour la
remise du brevet et des insignes de la croix de Juillet, la
présence de Dumas aux obsèques du général Lamarque,
prélude des journées des .'i et (i juin 1832, tels sont les
principaux épisodes de cette période de politique militante
à laquelle, par bonheur, Dumas ne tarda pas à renoncer,
mais qu'il fallait rappeler sommairement ici.
Une violente passion conçue pour Mme Mélanie Waldor
(fille de Villenave), et à laquelle celle-ci, mariée à an
officier, ne pouvait légalement répondre, inspira à Dumas
ce drame où, sous le nom d'Antony, il s'est peint lui-
même, a-t-il dit. « moins l'assassinat » et où il a peint,
sous le nom d'Adèle Hervey, la maîtresse adorée, « moins
la fuite », et qui. merveilleusement interprété par Bocage
et M"" Dorval (Porte-Saint-Martin, 3 mai 1831), obtint
alors une centaine de représentations. En 1834, il fut
question de le transporter à la Comédie-Française, mais un
article du Constitutionnel le dénonça comme immoral ;
L'interdiction, alors prononcée par le ministre de l'inté-
rieur, fut levée seulement à la fin du second Empire, et de
nos jours Antony a repris sa place dans la série des
matinées classiques organisées par l'Odéon. De 1831 à
1843, et sans préjudice des autres œuvres qui seront
rappelées plus loin, Dumas occupa les diverses scènes de
Paris avec les pièces suivantes : Napoléon Bonaparte ou
Trente Ans de l'histoire de France, drame en six actes
(Odéon, 10 janv. 1831), écrit en huit jours chez Harel qui
retenait l'auteur en charlre privée; Charles VII chez- ses
grands vassaux, tragédie en cinq actes (Odéon, 20
oct. 1831), mal accueillie du public, malgré des beautés de
premier ordre ; Richard Darlington, drame en trois actes
et en prose avec un prologue (Porte-Saint-Martin, 10 déc.
1831 ), dû à la collaboration de Beudin et deGoubaux qui en
avaient fourni à Dumas l'idée première, empruntée aux
Chroniques de la Canongate de Walter Scott, et où
Frederick I.emaitre déploya un talent prodigieux ; Térésa,
drame en cinq actes (Opéra-Comique, Théàtre-Yentadour,
(i févr. 1832) dont le scénario primitif était d'Anicet-Bour-
geois ; le Mari de la Veuve, comédie en un acte et en prose
(Théâtre-Français, 4 avr. 1832), avec la collaboration
d'Anicet-Bourgeois et de Durrieu qui ne furent point nommés
>ur le titre de la brochure ; la Tour de Meule, drame en cinq
actes et neuf tableaux (29 mai 1832), l'un des succès les
plus retentissants et les plus prolongés du théâtre contem-
porain, mais qui souleva entre Frédéric Gaillardet, auteur
du texte primitif, Jules Janin qui l'avait retouché et Dumas
qui avait presque entièrement récrit la pièce, une polémique
terminée par un duel avec le premier et par un procès ;
Catherine Howard, drame en cinq actes (Porte-Saint-
Martin. 2 avr. ls.li), tiré par Dumas d'un autre drame
resté inédit et intitulé Edith aux longs cheveux; Angèle,
drame en cinq actes (Porte-Saint-Martin, 28 déc. 1833),
avec la collaboration d'Anicet-Bourgeois; Don Juan de
Maraîia OU la Chute d'un ange, mystère en cinq actes,
musique de Paccini (Porte-Saint-Martin, 30 avr. 1830),
imité en partie des Ames du Purgatoire de Prosper Mé-
rimée; nean, comédie en cinq actes et en prose (Variétés,
31 août 1836), autre grand succès de Frederick Lemaitre
qui se renouvela plus lard à l'Ambigu et à la Porle-Saint-
Maitin; Piauilto, opéra-comique en trois actes avec Gé-
rard de Nerval, musique de Monpou (Opéra-Comique, 31 oct.
IS.'iT); Caligula, tragédie en cinq actes et en vers avec
prologue (Théâtre-Français, 26 déc. 1837), dont la chute
rappela celle de C.harles VII et n'est pas mieux justifiée ;
Paul Jones, drame en cinq actes (Panthéon, 8 oct. 1838),
représenté contre le gré de l'auteur qui avait laissé le ma-
Duscrit à l'agence dramatique Porcher en nantissement
d'un prêt; Mademoiselle île Relle-Isle, drame en cinq
actes et en prose (Théâtre-Français, 2 avr. 1839), resté
au répertoire; l'Alchimiste, drame en cinq artes en vers
(Renaissance, 10 avr. 1839), auquel, selon Quérard, Gérard
de Nerval et Cordeliier-Delanoue auraient collaboré ; Ba-
thilile, drame en trois actes et en prose (salle Venladour,
14 janv. 1839), avec Auguste Maquet (seul nommé sur
l'affiche et sur la brochure) et Cordeliier-Delanoue; Un
Mariage sous Louis XV, comédie en cinq actes, avec
Lcuven et Brunswick (Théâtre-Français, 1er juin 1841),
restée aussi au répertoire; Lorenzino, drame en cinq actes
et en prose, avec les mêmes collaborateurs (Théâtre-
Français, 24 févr. 1842); Halifax, comédie en trois actes
en prose avec prologue (Variétés, 2 déc. 1842); les De-
moiselles de Saint-Cyr, comédie en cinq actes et en prose,
avec Leuven et Brunswick (Théâtre -Français, 25 juil.
1843), qui provoqua entre le principal auteur et Jules
Janin une polémique violente et qui, mal accueillie le soir
de la première représentation, trouva un peu plus tard et
garda le succès dont elle était digne; Louise Bernard,
drame en cinq actes et en prose, avec Leuven et Brunswick
(Porte-Saint-Martin, 18 nov. 1843); le Laird de Dum-
bicky, comédie en cinq actes et en prose, avec les mêmes
(Odéon, 30 déc. 1843); le Garde forestier, comédie en
deux actes en prose avec les mêmes (Variétés, 15 mars
1845). En dépit de sa longueur, cette liste ne renferme que
les pièces signées par Dumas, avouées par lui ou réim-
primées dans les deux éditions collectives de son Théâtre
(1831-1836, 6 vol. in-8, ou 1863-1874, 15 vol. in-12),
mais non celles qu'il tira de la plupart de ses romans.
Il nous faut maintenant revenir en arrière et rappeler
les titres des principaux récits qui ont tour à tour distrait,
ému ou charmé deux ou trois générations et qui se sub-
divisent en impressions de voyages, en romans et en chro-
niques historiques.
Dumas a lui-même raconté comment, après l'insurrection
de juin 1832 et une atteinte de choléra, dont il se ressentit
d'ailleurs une partie de sa vie, les médecins et ses amis lui
conseillèrent de quitter Paris durant quelques mois. De cette
première excursion à travers la Bourgogne et la Suisse datent
ces fameuses bnpressions de voyage qui forment l'une
des parties les plus attrayantes de son oeuvre et qui ont si
légitimement contribué à sa popularité. Ce sont, dans l'ordre
chronologique : Impressions de voyage [en Suisse] (1833,
5 vol. in-8) ; Excursions sur les bonis du Rhin (1841,
3 vol. in-8); Une Année à Florence (1840, 2 vol. in-8);
Nouvelles Impressions de voyage [Midi de la France]
(1841, 3 vol. in-8); le Spcronare (1842, 4 vol. in-8),
voyage en Sicile avec le peintre Jadin et son bouledogue
Mylord; le Corrieolo (1843, 4 vol. in-8); et la Villa
Palmieri (1843, 2 vol. in-8), relatifs au même séjour
dans le sud de l'Italie; De Paris à Cadix (1848, 5 vol.
in-8); le Véloce ou Tanger, Alger et Tunis(\848, 4 vol.
in-8) qui forme la suite du précédent; le Caucase (i Soi),
in-4); De Paris à Astrakan (1860, 3 vol. in-12), réimpr.
sous le titre collertif de : En Russie. A cette série se rat-
tachent, sans en faire cependant partie : l'ouvrage intitulé
Quinze Jours au Sinaï (1839, 2 vol. in-8), rédige sur
les notes du peintre Dauzats, ainsi que l'Arabie heureuse,
pèlerinage d Hadji-Abd-el-Hamid-Bey [Du Couret] (1855,
6 vol. in-8, ou 1860, 3 vol. in-8) ; les Baleiniers, journal
Dl M A. s
- 38 -
d'un voyage aux Antipodes par le l>r Félix ttaynard (1861 ,
2 vol. in-12) el le Journal de M1"" Giovanni ■< Taïti, aux
Iles Marquises el en Californie (1855, '« vol. in-8), pré
sentes comme revus el mis en ordre par Alex. Dumas,
suis que s;i collaboration Boit parfaitement établie.
C'esl par de courtes nouvelles que débuta le romancier
qui devail entreprendre et mener à leur lin les plus lon-
gues et les plus captivantes inventions de la littérature
moderne. /.'■ Cocher île cabriolet. Blanche de Beaulù u
(déjà publiée dans les Nouvelle» contemporaines), Cheru-
bino et Celestini, Antonio, Maria, et le liai masqué,
Jacques Ier et Jacques //ont été réimprimés sous le titre
île Souvenirs d'Antonq (1835, in-8); Pauline et Pas-
cal Bruno ont re'çu le titre collectif de la Salle d'armes
(1838, 2 vol. in-8). Viennent ensuite des œuvres de plus
longue haleine : le Capitaine Paul (1838, 2 vol. in-8),
dont, si l'on en juge par un rx-dono de Dumas, l'idée pre-
mière appartiendrait à Dauzats; Acte, suivi de Monsei-
gneur Gaston de Phebus (1839, 2 vol. in-8) ; Aventures
de John Davy (1840, 4 vol. in-8) ; le Capitaine Pam-
phile (1840, 2 vol. in-8) ; Maître Adam le Calabrais
(1840, in-8) ; Othon V Archer (1840, in-8) ; Aventures
de Lyderic (1842, in-8) ; Praxède, suivi de Don Martin
de Freytas et de Pierre le Cruel (1841, in-8) ; Georges
(1843, 3 vol. in-8), dont, selon Mirecourt, Félicien Male-
fille aurait pu revendiquer la paternité; Ascanio (4843,
5 vol. in-8), sur lequel, toujours d'après le même pam-
phlétaire, M. Paul Meurice aurait pu faire valoir les mêmes
droits; le Chevalier d'Harmcntal (1843, 4 vol, in-8),
d'où date l'alliance intime, féconde et hautement avouée
par le premier, de Dumas et de Maquet à laquelle on a dû
successivement : Sylvandire (1844, 3 vol. in-8); les
Trois Mousquetaires (1844, 8 vol. in-8), le plus amusant
et le plus célèbre des romans de cape et d'épée et ses deux
suites dignes de leur aine: Vingt Ans après (1845,
10 vol. in-8) et Dix Ans plus tard ou le Vicomte de Bra-
gelonne (1848-1850, 26 vol. in-8); le Comte de Monte-
Cristo (1844-1845, 12 vol. in-8), dont Fiorentino réclamait
une part formellement niée par Dumas et restée inconnue à
Maquet ; Une Fille du Régent (1845, 4 vol. in-8); la
Heine Margot (1845, 6 vol. in-8) ; la Guerre des femmes
(1 845-1 84G, 8 vol. in-8) : le Chevalier de Maison-Bouge
(1846,6 vol. in-8); la Dame de Monsoreau (1846,
8 vol. in-8); le Bâtard de Mauléon (1846, 9 vol. in-8);
Mémoire d'un médecin (1846-1848, 19 vol. in-8) et ses
deux suites : Ange Pitou (1853, 8 vol. in-8) et la Com-
tesse deCharny (1853-1855,19 vol. in-8); lesQuaranle-
Cinq, suite et fin de la Dame de Monsoreau (1848,
10 vol. in-8). Alex. Dumas, qui se flattait « d'avoir des
collaborateurs comme Napoléon a eu des généraux », eut
recours encore à llipp. Auger pour Fernande (1844,
3 vol. in-8), à M. Paul Meurice pour Amaury (1844,
4 vol. in-8), à Paul Lacroix pour les Mille et un Fan-
tomes (1849, 2 vol. in-8), la Femme au collier de
velours (1851, 2 vol. in-8), et pour Olympe de Clèvcs
(1852, 9 vol. in-8), etc. Parfois même il lui est arrivé
de mettre ou de laisser mettre son nom sur la couver-
ture de livres qu'il n'avait pas même lus, ainsi qu'il l'a
reconnu plus tard pour les Deux Diane de M. Paul
Meurice (1846-1847, 10 vol. in-8), ou pour le Chas-
seur de Sauvagine de M. G. de Chenille (1859, 2 vol.
in-8), où sa part effective se réduisit, dit-il, à mettre
un point sur l'idu dernier mot du titre. En revanche, on
ne lui a jamais disputé plusieurs autres romans moins cé-
lèbres, il est vrai, que ceux dont le* titres sont rappelés
plus haut : Gabriel Lambert (1844, 2 vol. in-8) ; le
Château d'Eppstein (18'<4, 3 vol. in-8) ; Cécile (1844,
2 vol. in-8) ; les Frères Corses (1855, 2 vol. in-8),
émouvant récit, dédié à Prosper Mérimée.
Malgré cette production sans exemple et qui dépassait
tout ce que la cervelle et même la main humaine avaient
pu jusqu'alors concevoir et exécuter, en dépit des pinces
suscités, et le plus souvent gagnés par les directeurs de
journaux dont les traités restaient en soulliame, Dumas
trouvait encore le temps de ■urvsâlsrlâoouak'iietioai de |g
\illa de Moiiii-i.ri-ii), près de Saint-Germain, etqss en-
gloutil une partie des tommes fabnleosos que lui rapportait
sa plume, de parcourir d'oct. 1846 ;i jan\. IS.'iT lï.sp.-i
et l'Algérie, en compagnie de son fils, de Maquet. de Louis
Boulanger, île Desbarollea el d'Eugène Girand, de prendre
enfin la direction du Théâtre-Historique dont le duc de
Montpensier lui avait fut obtenir lu concession et ou il m
proposait* d'offrir chaque soir u peuple une page de notre
histoire». L'inauguration en eut heu le 20 lien. 1847 tmt
la Heine Margot, drame en cinq actes et treize tableaux,
tue du roman portant le même titre, avec le concours
d'Auguste Maquet qui, outre deux adaptations antérieures
des Mousquetaires (Ambigu, 27 oct. 1845), et de /'/
Fille du Régent (Théâtre-Français, 14 avr. 1846), pro-
duisit dans les mêmes conditions : le Chevalier de Maison-
Rouge (Théâtre-Historique, 5 août 1847), dont le souvenir
s'est perpétué par le fameux refrain Mourir pour la
patrie! devenu peu après le chant patriotique de 1848 ;
Monte-Cristo, drame en quatorze tableaux divisés en deux
« soirées », innovation assez malheureuse, suivie plus tard
de deux autres « soirées » : le Comte de Morcerf et
Villefort (1851); Catilina, drame en cinq actes (Théâtre-
Historique, 14 oct. 1848); la Jeunesse des Mousque-
taires, drame en cinq actes et quatorze tableaux, avec pro-
logue et épilogue (Théâtre-Historique, 1 0 fevr. 1849), l'un
des grands succès de Mélingue ; la Guerre des femmes,
drame en cinq actes et dix tableaux (avr. 1849) ; le Che-
valier d'Harmcntal, drame en cinq actes et dix tableaux
(Théâtre-Historique, 26 juil. 1849); Urbain Grandier,
drame en cinq actes, avec prologue (Théâtre-Historique, 30
mars 1850). C'est sur la même scène que furent encore
représentés le Comte llermann, drame en cinq actes
(22 nov. 1849), interprété par Mélingue, Laferrière et
Rouvière, et une adaptation à'Hamlet, en cinq actes et en
vers, qu'il a signée avec M. Paul Meurice et qui figure au
répertoire actuel de la Comédie-Française (15déc. 1847).
La révolution de févr. 1848 ne fut pour Dumas qu'une
suite de déceptions et le signal du déclin de son extraor-
dinaire fortune. Collaborateur d'une feuille quotidienne
éphémère, la Liberté (mars-juin 1848) , et fondateur
d'une revue politique intitulée le Mois (15 avril), qui
n'eut pas une destinée beaucoup plus brillante, candidat
malheureux dans Seine-et-Oise et dans l'Yonne, bientôt
menacé dans la source principale de ses revenus par
l'amendement Riancey qui assujettissait à un droit fiscal le
roman-feuilleton, traqué par ses créancière personnels et
par ceux du Théâtre-Historique, dont la crise que l'on
traversait avait entraîné la fermeture, il quitta Paris vers
la fin de 1851 et vint se fixer à Bruxelles où il demeura
jusqu'en 1854. C'est là qu'il écrivit : Un Gtil Blas en
Californie (1852, 2 vol. in-8); Mes Mémoires (485î-
1854, 22 vol. in-8) ; Isaac Laquedem (1852, 2 vol.
in-8), sorte de contre-partie du Juif-Errant d'Eugène
Sue, annoncée comme devant former trente volumes, mais
qui fut arrêtée par la censure impériale : le Pasteur
d'Ashbourn (1853, 8 vol. in-8); El Saltéador (4853,
3 vol. in-8); Conscience l'Innocent (1853, 5 vol. in-S| :
Catherine Blum (1854, 2 vol. in-8); Ingénue (In •,.
7 vol. in-8), dont la publication dans le Siècle fut interrom-
pue sur la réclamation d'un descendant de Hestit de la Bre-
tonne ; les Mohicans de Paris ( 1 85 '.-1 858, lit vol. in-8),
dont Paul Bocage fut le collaborateur, ainsi que pour Sal-
vator (1855-1859, 4 vol. in-8), qui en tonne la suite.
Grâce au dévouement de M. Noël Parlait, ancien repré-
sentant du peuple, exilé par le coup d'Etat et qui avait
remis quelque ordre dans les finances de Dumas, celui-ci
put, à son retour en France, retrouver une tranquillité
relative. De 1854 à 1860, il fonda et dirigea le Mousque-
taire, devenu, en 1857. le Monte-Cristo. « rédigé par
M. Dumas seul >>, fit représenter Homulus. comédie en un
acte et en prose (Théâtrc-I'i aurais. I5janv. 185',), dont
- 39 -
DIMAS
o. Feuillet et Paul Boeagt furent les collaborateurs; la
Jeunesse de Louis XIV, comédie M cinq actes al en
pra6e, reçus mais non joiu-c an Théâtre-Français, repré-
sentée au Vaudeville .» Bruxelles le 20 jaav. I8w el
reprise en i S 7 -S- a l'Odéon; la Conscience, drame an cinq
actes (Odéon, T nov. 1854) ; l'&restia, tragédie en trois
têtes et en versiPorte-Saint-Martin. B janv. 1856); le Ver-
rou d<- la reine, comédie en trois actes (Gymnase,
3 dée. 1856), intitulée d'abord la Jeunesse de Louis AT
et remaniée après son interdiction par la censure; l'Invi-
tation à la tàlse, comédie en un acte (ibid., H août ,4857);
l'Honneur est satisfait, comédie en un acte [ibid., 19 juin
1858); . s Gardes forestiers, diwne en cinq actes (Grand-
Théâtre de Marseille, 13 mars 1S."S8), tiré de Catherine
lUum, roman cite plus haut ; la Dame de Monsoreau,
drame en cinq actes avec prologue (Ambigu, 10 nov.
1860), le dernier et l'un des meilleurs que Maquet ait
signés avec lui ; enfin, il écrivit deux de ses meilleurs
romans, ta Compagnons de Jéhu (4857, 7 vol. in-8),
et ta Louves de Machecoul (1839, 10 vol. in-8).
le voyage de Dumas en Italie (4860), la part plus ou
moins effective qu'il prit à l'expédition de (iaribaldi en
Sicile, son séjour à Naples de 1860 à 1864 inaugurent le
début de la dernière période de sa vie. Les œuvres s'y
succèdent encore, de plus en plus hâtives et improvisées,
et sans qu'à de rares exceptions près, on y sente percer,
comme jadis, l'ongle du lion. Il suffira de citer : Madame
de Chamblatj (4863, 2 vol. in-4 -2), dont l'auteur tira un
drame en 18(>8 (Porte-Saint-Martin) ; les Mohicans de
Paris, drame en cinq actes (Gaité, 20 août 1804), in-
terdit par la censure et autorisé par Napoléon III à qui
Dumas avait adressé une curieuse supplique ; la San
Feliee ( 1864-1863, 9 vol. in-18) ; les Blancs et les Bleus
(1807-1868, 3 vol. in-12), épisode des guerres de Ven-
dée, qui fournit aussi le sujet d'un drame joué sous le
même titre au Châtelet en 1809.
Si longue que soit l'énumération qui précède, elle reste-
rait notablement incomplète si l'on n'y faisait point figu-
rer trois séries d'écrits où Dumas, tout en donnant carrière
à son imagination, a entendu raconter sa propre existence,
celle de plusieurs de ses contemporains et de ses amis,
enfin quelques-uns des principaux épisodes de l'histoire de
France. Outre ses Mémoires déjà cités, on trouvera beaucoup
de particularités curieuses, mais le plus souvent sujettes
à contestations, dans un fragment placé en tète de la pre-
mière édition de son Théâtre : Comment je devins auteur
dramatique, dans ses Souvenirs de 1830 à 1842 (1834,
2 vol. in-8) ; dans ses Causeries (1800, 2 vol. in-18);
dans Bric-à-Brac (1861, 2 vol. in-18), enfin dans VHis-
toire de mes bêtes (1808, in-18). Le second groupe est
formé par Un Alchimiste au xixe siècle (le comte de
Kuolz), premier chapitre de la Villa Palmicri, tiré à part;
le Maître d'armes (1844, 3 vol. in-8), mémoires de
Grisier ; Une Vie artiste (1834, 2 vol. in-8), histoire de
la jeunesse et des débuts de Mélingue ; la Dernière Année
de Maris Dorval (1834, in-18), touchant appel à la cha-
rité publique pour parvenir à lui ériger un tombeau ; les
Mémoires de Garihaldi (1800), soi-disant traduits sur le
manuscrit original; ta Morts vont vite (1801, 2 vol.
in-18), intéressantes réminiscences sur Béranger, Musset,
Achille Devéria, Eugène Sue, Chateaubriand, le duc et la
duchesse d'Orléans, etc. Kn 1833, une première étude his-
torique : Gaule et France, était présentée comme devant
former la tète d'une série de Chroniques qui ne fut pas
continuée après la seconde : Isabelle de Bavière (règne
de Charles VI) (l>v!ii, 2 vol. in-X), car on ne peut donner
ce nom aux compilations que Dumas a signées depuis et
qu'il suffit de rappeler pour mémoire : Louis XIV et son
siècle (4845-4846) ; Michel-Ange et Raphaël (4846);
Louis XV (4 849); la Régence (4 849) \Louis XVI (1830);
le Drame de Quatre-vingt-treize (1831); Histoire de
deux siècles (1832); Histoire de la vie politi(jue et
privée de Louis-Philippe (1832); ta Grands Hommes |
m robe de chambre (César, Richelieu) (4857). Mettons
à part la Houle de rarennes (1860, in-18), amusanl
récit d'une excursion en Champagne, d'après l'itinéraire
même de la famille royale, niais où une inexactitude lui
valut un long procès définitivement jugé en sa faveur. A
ces spéculations de librairie, on préférera toujours les deux
ou trois contes écrits pour les enfants et restés des modèles
du genre : Histoire d'un casse-noisette (1843, 2 vol.
in- 12, ill. par liertall); la Bouillie de la comtesse lierthe
(4845, in-12, ill. par le même) elle Père Gigogne (i960,
2 vol. in-12).
Les toutes dernières et si tristes années de la vieillesse
de Dumas furent adoucies par le dévouement de sa fille,
M'"' Petel, et par la sollicitude de son fils, qui finit par
pourvoir à tous les besoins do sa vie matérielle ; ce fut
dans la villa de Puys, près Dieppe, qu'il s'éteignit le 3 déc.
1870, sans avoir conscience des désastres infligés à la
France, et sa mort passa forcément alors inaperçue. Au
mois d'avr. 1872, sa dépouille fut exhumée de la tombo
provisoire où elle était déposée et transportée, selon un
vœu souvent exprimé par lui, au cimetière de Villcrs-Cot-
terets, en présence de la plupart de ses amis, collaborateurs
ou interprètes encore survivants. Le 4 nov. 1883, fut
inauguré sur la place Malesherbes, à Paris, le monument
dû à Gustave Doré, qui n'avait pu en voir l'achèvement et
où il avait placé au pied de la statue assise du grand ro-
mancier le personnage le plus populaire de son œuvre
(d'Artagnan), encadré par deux groupes symbolisant les
diverses classes de lecteurs que charmeront toujours ses
légendaires exploits.
Les indications bibliographiques des œuvres citées au
cours de cet article se réfèrent toutes à leurs éditions ori-
ginales, mais les divers écrits de Dumas (à l'exception de
ses poésies qui n'ont jamais été réunies) ont été l'objet de
deux réimpressions générales en quelque sorte perma-
nentes, l'une en livraisons in— 4 illustrées, l'autre dans le
format in-18 et comprenant beaucoup de romans (authen-
tiques ou apocryphes) parus antérieurement sous d'autres
titres; cette partie de la bibliographie de Dumas n'a pas
été traitée par MM. Parran et Glinel dont les travaux
(V. ci-dessous) n'en sont pas moins fort intéressants et
fort utiles.
Les portraits originaux de Dumas ne sont pas aussi
nombreux que pourrait le faire supposer sa très réelle célé-
brité. On ne peut guère citer, parmi les documents les
plus importants, que deux lithographies d'Achille Devéria,
l'une en pied (sur un canapé), l'autre en buste et toutes
deux fort belles ; un médaillon en bronze de David d'An-
gers; une autre lithographie par Lelièvre (1833); un
pastel par Eugène Giraud (1843); un portrait en costume
de Circassien par Louis Boulanger (Salon de 1339), appar-
tenant au fils du modèle: une statue par Carrier-Belleuse,
à Yillers-Cotterets; de très nombreuses caricatures et un
certain nombre de photographies; l'une d'elles, représen-
tant Dumas en manches de chemise et tenant dans ses
bras une célèbre écuyère américaine, miss Adah Menken,
fut retirée du commerce sur la plainte de la famille.
Maurice Tourneux.
Bibl.: 1» A. Dumas, Mes Mémoires, Souvenirs dramati-
ques. Causeries, les Morts vont vile, Bric-à-Brac, Histoire
de oies bêles (V. ci-dessus). — L. de Loménie, Un Homme
de rien (Galerie des contemporains illustres), 1842, t. Y,
— Ch. Chinchoixe, Alexandre Dumas aujourd'hui, 1869,
gr. in-8, photographies (trois livraisons seulement ont
paru). — A. de Boissieu, Lettres d'un passant, Figures
contemporaines, 1869, in-18. — Jules Janin, Alexandre Du-
mas (mars 1871), 1871, in-12, portrait 6 l'eau-forte par Fla-
— A. liuiiARRY, Quatre Célébrités, 1x74, in-18. —
Cli. Huoo, les Hommes de l'exil, 1875, in-18. — Th. de
Banville, Mes Souvenirs, 1882, in-18. — Le Monument
d'Alexandre Dumas, discours prononcés à cette occasion,
1884, f-'r. in-\ pi. — lf. Pifteau, Alexandre Dumas en
manches de chemise, 1884, in-18. — Ch. Glinel, Alexandre
limitas et son œuvre, Notes biographiques et bibliogra-
phiques; Reims, 1864, in-8.— H. Blaze de Hurv, Alexandre
Dumas, sa vie, son temps, son œuvre, 1*85, in-18. —
Alex. Mil mai x, Souvenirs personnels sur Alexandre
Dumas, 1885,in-18 (anonyme). —A. Davroux, Douze Celé-
1)1 MAs
40 -
britéa du département de l'Aisne; Saint-Quentin, 1886,
in-12. — Bug, Codbmsaux, ancien député de Reims,
Alexandre Dumas; Ch&lons, 1886. 15 p. m-s. ■ Gabriel
Ferry, les Dernières Années d'Alexandre Duma I 64-
1870), 1888, m 15 l'ii. Audebrand, Alexandre Dumas
a /;i tfatson d'or Souvenir de la rédaction du Mi
(aire), 1888, in-12. — Notices diverses, par II. Romand
[Reouedea Deux Mondes, ISjanv. 1831). — Louis Huart,
Galerie de la presse. — Lhuritier de l'Ain, Plutarque
drolatique, 1848, -t. in-8. — 2' Granibr db Cassagnac,
Articles dans le Journal des Débats, l« el '/ nov. 1883,
:i0 juil. 1831. (Sur ers articles qui brouillèrent Dumas
el Victor Hugo, V. Edm. Biré, Victor Hugo après 1830,
t I.) — Lecritique Jules Jauin el le dramaturge Alexandre
Dumas a proposdes « Demoiselles de Saint-Cyr ■■, extraits
du Journal des Débuts el de la Presse, 184», n p. in-12.
Harki., le Succès, comédie en deux actes et en prose
(Odéôn, il mars 1843), 1848, in-8. — Ed. Bergounioux,
M. Bulot et M. A. humus. Lettrée M. Delaunay, directeur
tlu o Journal des artistes, » s. d. (1844), in-K. — Vérité '. sur
les lettres de M. A. Dumas concernant M. Buloz, la Comé-
die-F rançaise el l'art eu général, 1M5, in-S. — liu^r. i>e Mi-
recourt. Fabrique de romans, Maison Alex. Dumas et
compagnie, 1815, lit p. in-8 (beaucoup de déclamations,
d'injures et de calo ies, niais très peu de laits). — Pierre
Ledru, baron ni-: Blaguenpuff, Réponse â l'auteur du
pamphlet intitulé « Maison A. Dumas et G'"' », 1845, in-8,
10 p. (autre pamphlet, plus spirituel que le précédent). —
Michel-Ange Titmarch (w.-M. Thackeray), Lettre a
M. Alex. Dumas {Revue britannique, janv. 1M7 .— I.. Jous-
serandot, les Collaborateurs, comédie en un acte el en
vers (Vaudeville, ti mais 1847). — Alexandre Dumas dé-
voilé pur le marquis de La Raillelerie, 1847, 3li p. in-18. —
Mu,° Clémence BadÈre, le Solej.1 Alcxajidre Dumas, 1855,
81 p. in-8. (Plaintes d'une l'emme de lettres dont une nou-
velle avait été refusée au Mousquetaire.) — Alexandre
Dumas, roi de Najiles, 1800, 32 p. in-8. — 3° J.-M. (Juf.rard,
Il-s Supercheries littéraires dévoilées, etc., 1810-1854, 5 vol.
in-8 ; 2° éd. 18(iU, 3 vol. in-8. (Article en grande partie em-
prunté aux pamphlets énumérés plus haut, mais très
pauvre en indications bibliographiques précises.) — Ad.
CrémIEUX, Plaidoirie pour MM. Michel Lévy frères, 1857,
68 p. in-1. (Important document pour la penése des œuvres
de Dumas.) — A. Parran, Romantiques, Editions origi-
n des, etc., PélrusBorel, A lexandre Dumas; Al ais, 1884, iri-8.
DUMAS (Adolphe), littérateur français, né à Bompas
(Vaucluse) en 180.'), mort le 15 août 1861. Après avoir
chanté la révolution de 1830, dans un dithyrambe intitule
les Parisiennes, il publia un poème philosophique, la Cité
des hommes (1835, in-8) et fit recevoir par le comité du
Théâtre-Français un drame en vers, la Fin de la comé-
die ou la Mort de Faust et de Don Juan, interdit par la
censure avant la représentation. Deux autres drames, le
Camp des croisés (Udéon, 3 févr. 1838) et Mademoi-
selle delà Valliêre (Porte Saint-Martin, 45 mai 1842),
n'eurent aucun succès. Ad. Dumas a encore publié : Pro-
vence (4840, in-8), recueil de poésies, Deux Hommes,
comédie en cinq actes (1849), quelques cantates et quelques
mmvelles en prose. M. Tx.
DUMAS (Michel), peintre français, né à Lyon le 18 juin
181 "2, mort à Lyon le 24 juin 1885. Après avoir fait ses pre-
mières études de dessin à l'école de Lyon, cet artiste partit
pour Paris, en même temps que les deux frères Flandrin,
e. entra dans l'atelier d'Ingres. Il s'y forma un beau talent,
d'un style noble et sévère, plein d'élévation ; mais doué
d'un caractère fier et indépendant, malgré sa douceur et sa
modestie, il ne sut pas flatter son maître et s'assurer son
tout-puissant patronage. 11 le quitta donc au bout de quel-
ques années et débuta au Salon avec quelques toiles qui ne
furent aucunement remarquées : Agar renvoyée par Abra-
ham (S. 1838) ; Souvenir de Rome (S. 1 843) el Fra An-
geîico de Fiesole (S. 1843 ; musée de Langres). Ces œuvres
valaient pourtant mieux que l'accueil qui leur fut tait. Kn
1833, cependant, la Séparation de saint Pierre et de
siint Paul fut acquise par l'Etat et placée au Luxembourg.
Ce fut le point de départ de la réputation que méritait
depuis longtemps déjà Dumas ; il exposa en 1857 : le
I), ■vouement de l'abbé Doulay ; les Saintes Femmes
au tombeau et Mater dolorosa. Le Salvator mundi
qu'il exposa en 1863 (égl. de Saint-Cloud) est son chef-
d'œuvre : li' modelé du torse de ce Christ en croix est réel-
lement admirable dans son affaissement. Les principales
œuvres qu'il a produites ensuite sont : Glorification île
saint Denis (S. |8lili; égl. Notre-Dame de Clignan-
court), Tentation de Jésus-Christ (S. 1872); Notre-
Dame des Sept Douleur» (S. 1878). On doit encore ■> est
artiste, dont le talent, dans eertaini de tes ouvrages, seul
hautement se comparer a celui de Flandrin : les Disciples
d'Emmaûs (4859; cgi. Saint-Louis d'Anlin), tableau dans
lequel l'artiste a fait connaître des qualités de coloriste,
puissant el transparent, qui ne tool pas habituelles dans
sa peinture; la chapelle de Notre-Dame des Sept Doakurs,
à l'égl. de la Trinité, composée de déni panneau, |
lui m afflictorum el Voter dolorosa ; ce dernier pré-
sente un groupe admirable de style et d'expression : el enfin
de nombreux portraits. Lutin, on lui dotl encore la copie
(exécutée en collaboration avec M. Dal/.e el mus la direc-
tion de Ingres), de C Apothéose d'Homère, copie placée au
plafond de l'ancien musée Charles X, à la plate designée
d'abord pour l'original. Lorsqu'il mourut, Dumas étaôl
depuis plusieurs années directeur-profeaseur de l'Eeole des
beaux-arts de Lyon, dont il a réorganisé et réformé l'en-
seignement de la manière la plus avantageuse pour les
études. Ail. Thiers.
DUMAS (Alexandre), célèbre auteur dramatique et
romancier français, (ils d'Alexandre Dumas, né à Paris
le 27 juil. 1824. Placé de très bonne heure dans l'ins-
titution dirigée par Coubaux, l'un des collaborateurs de
son père, il suivit les cours du collège Bourbon (aujour-
d'hui lycée Condorcet) et y remporta quelques succès. Il
avait à peine dix-huit ans quand la Chronique, mue
mensuelle (1842), inséra ses premiers vers, réimprimés
depuis dans un recueil de poésies, intitulé d'abord Pré-
face de la vie, puis Pèches de jeunesse (1847. in-8).
Vers la même époque, il écrivit un roman, présenté sous
le titre de Fabien par son père à divers journaux qui
le refusèrent, et publié sous celui d' Aventures de quatre
femmes el d'un perroquet (1847, 6 vol. in-8). Il fut
bientôt suivi de: Césarine (1848, in-8); le Docteur
Serran (4849, 2 vol. in-8); Antonine (4849, 2 vol.
in-8); Trois Hommes forts (1850, 4 vol. in-8); le
Régent Mustel (1852, 2 vol. in-8), sans parler d'un
recueil de Contes et Nouvelles (1853. in-18), i'Un Cas
de rupture (1831, in-32), et d'une série de romans his-
toriques publiés en feuilletons dans la Gazette de France
sous ce titre collectif : les Quatre Restaurations, et com-
prenant : Tristan le Roux (1849), Henri de Navarre
(1830), les Deux Frondes (1831); Tristan le Roux a
seul été réimprimé en volume; le quatrième épisode n'a
jamais paru.
Malgré les dons heureux que trahissaient ces œuvres de
début, la véritable personnalité de l'auteur ne se fit jour
que lorsqu'il aborda l'étude de la société moderne, ou la
mort de Balzac lui laissait le champ libre. La Dame aux
camélias (1848, 2 vol. in-8) est restée le type le plus
célèbre de cette galerie, où vinrent presque aussitôt prendre
place Diane de Lys (1851, 3 vol. in-8), et lu Dame aux
perles (1854, 3 vol. in-8), qui initiaient le public aux
mœurs et aux mystères de ce que l'auteur lui-même avait
appelé le demi-monde. Après de longues lattes contre la
censure et contre Léon Faucher, ministre de l'intérieur,
M. Dumas fils put enfin, grâce à la protection de M. de
Morny, faire représenter au Vaudeville la Dame aux ca-
mélias (2 févr. 1832), ou l'amour, l'agonie et la mort de
Marie Duplessis obtinrent un succès prolonge, que retrou-
vèrent Diane de Lys (Gymnase, 15 nov. 1833), autre
comédie arrêtée huit mois par la censure, et le Demi-
Monde (Gymnase, 20 mais 1855). La Question d'argent
(Gymnase, 31 janv. 1857) s'attaquait à une des plaies du
jour avec non moins de vigueur et provoqua même les ré-
clamations du fameux Jules Mirés qui crui se reconnaître
dans le personnage de Jean Giraud, imputation contre
laquelle M. Dumas a toujours protesté. Cest encore sur
la scène du Gymnase que furent représentées les comédies
suivantes, où se traitaient coram populo les problèmes les
plus scabreux de ht recherche de la paternité, tlu divorce,
de la séduction, tlu concubinage, tlu proxénétisme et de
— 41 -
DUMAS
l'adultère: te Rfc nature/ (1 6 ianv. 1858): Un PèreprO'
tliqui -['M dot. 1859); l'Ami des femmes (8 murs (864);
/<■.< Idées de M"" Aubray (10 mars 1867); [/n« Ktsifa
(/»• «<><•.-.* (Iti oct 1874); /<? Princesse Georges (8 déc
ISTI); /« Femme de Claude (16 janv. 1873); Monsieur
Alphonse (-hî mu. iSTii. dont les principaux râles eurent
pour créateurs H Rose Chéri, Berton, Ad. Dnpuis, et,
en dernier lieu, Aimée Deselée, et qui toutes suscitèrent
d'ardentes discussions que l'auteur a reprises à son tour
et résumées dans les préfaces il 'une première édition
collective de son Théâtre (1868-1879, ti vol. in— 1 S).
M. Damas tils a donné depuis, au Théâtre-Français,
l' Etrangère, comédie en quatre actes (14 févr. 1876).
qui, mai accueillie du public le premier soir, en dépit d'une
interprétation hors ligne, s'est longtemps maintenue sur
l'affiche, de même que lu Princesse de Bagdad (févr.
1 s s 1 1 . pièce en trois actes, spécialement écrite pour
M"9 t'.roizette : Denise, pièce en quatre actes (19 janv.
1885), et Francillon (17janv. 1887), pièce en trois actes,
dont le talent de l'auteur et celui des artistes appelés à le
>iuier ont fait accepter, non parfois sans résistance, les
invraisemblances et les audaces.
Plus heureux que son père, M. Dumas fils n'a jamais
vu mettre en doute sa puissante originalité et nul ne s'est
avisé de lui prêter des collaborateurs réels ou imaginaires.
Par contre, il lui est arrive plusieurs fois de mettre sa
plume au service d'autrui, notamment pour le Marquis
de Yillemer de George Sand (Odéon, févr. 1804), le
Supplice d'une femme (Théâtre-Français, 29 avr. 186,")),
comédie refaite sur un scénario d'Emile de Girardin, et
HéloiseParaHquet (Gymnase, $0 janv. 1800), entièrement
différente du canevas primitif de M. Durantin. Les démêlés
retentissants qui suivirent ces deux dernières transforma-
tions avaient, disait-on, à jamais dégoûté M. Dumas de la
collaboration ; néanmoins, on peut encore porter à son avoir
littéraire le Filleul de Pompignac, comédie en quatre
actes (Gymnase, 1809) que M. H. Letrançois lui avait sou-
mise et qui fut signée sur l'affiche Gustave de Jalin ;
les Danichcff, draine en cinq actes (Odéon, févr. 1870),
signé Pierre Xewski, et dont la donnée première appar-
tenait à un littérateur russe, M. Pierre Corvin, ainsi que
la Comtesse lîomani, comédie en trois actes (Gymnase,
nov. 1870), signée aussi Gustave de Jalin, pseudonyme
collectif de M. Dumas et de M. G. Fould. lia enfin rendu
le même service à son père lors de la reprise à l'Odéon de
la Jeunesse de Louis A/F (1874), et pour Joseph Balsa-
mo, drame inédit en cinq actes, remanié sur le manuscrit
original (Odéon, mars 1878). Des indiscrétions, inévitables
en pareil cas, ou la reconnaissance même de ses obligés
permettent d'assurer qu'il a tout au moins relu un certain
nombre d'autres pièces, telles que : Comment la trouves-
tu '! comédie-vaudeville par L. Pages et H. de Chambrait
(1857 : Un Mariage dans un chapeau, comédie en un
acte par Vivier (1859) : Comme elles sout toutes, comédie
par Ch. Narrey (1868); Albertine de Merris, comédie
par Ainédèe Achard (1868) : Mademoiselle Du parc, comé-
die par M. L. Denayrouze (1875), etc.
Ce n'est pas seulement sur la scène que M. Dumas a
poursuivi le triomphe des thèses sociales qu'il n'a cessé
de soutenir : un roman présenté sous forme de factum
judiciaire, l'Affaire Clemenceau, Mémoire de l'accusé
1 1 866, in-8), était un plaidoyer en faveur du châtiment de
l'adultère par la main niéme de l'époux outragé. En 1809,
dans une brochure destinée à faire connaître l'établissement
des Madeleines repenties situé à Clichy- la -Garenne, il
reclamait la réhabilitation de la femme déchue par l'expia-
tion. Après une incursion sur le terrain politique dans sa
fameuse Lettre sur les choses du jour (1871, in-18), il
reprit, dans une brochure à titre bizarre, V Homme-Femme
(1872, in-18), la théorie dont la Femme de Claude fut
la démonstration ; il a de plus récemment pris une part
brillante aux discussions soulevées par la Question du di-
vorce (1880, in-8), et par la Recherche de la pater-
nité (188;!, in-18), questions qu'il a examinées sous toutes
leurs faces, dans un certain nombre de préfaces ou de
lettres plus ou moins destinées à la publicité.
Candidat au Fauteuil laissé vacant par Pierre Lebrun,
M. Dumas fut élu par 22 voix contre 1 1 au premier tour
de scrutin le 30 janv. 1874, et vint prendre séance le
Il févr. 1875. Au discours ou il évoquait la gloire pater-
nelle connue son meilleur titre à la bienveillance de l'Aca-
démie, lui rappelant ainsi l'une de ses plus criantes injus-
tices, M. d'Haussonville répondit par une spirituelle cri-
tique du monde spécial où l'auteur avait le plus volontiers
pris ses modèles et de ses théories morales et religieuses.
Depuis, M. Dumas a été chargé comme directeur en 1877
du rapport sur les prix de vertu, et en 1887 de la réponse
à M. Leconte de Lisle, successeur de Victor Hugo.
Ainsi qu'il a été dit plus haut, les diverses pièces de M. Du-
mas, jusques et y compris l'Etrangère, ont été réunies sous
le titre de Théâtre complet avec préfaces inédites (1808-
187!), 0 vol. in-18). L'auteur en a donné une nouvelle
édition, dite des Comédiens, parce qu'elle était exclusive-
ment destinée aux premiers interprètes de ses œuvres,
tirée a quatre-vingt-dix-neuf exemplaires et augmentée de
notes nouvelles souvent très importantes (1882-1880,
0 vol. gr. in-8). A ces deux collections manque Atala,
scène lyrique , musique de Varney, représentée sur le
Théâtre-Historique en 1848, mais on y retrouve une autre
bluette en un acte et en vers, le Verrou de la reine,
jouée en 1845 sur le petit théâtre de l'hôtel Gastellane, et
reprise au Gymnase en 1873. Une Histoire de la loterie
du lingot d'or (1851 , in-8), que les entrepreneurs de cette
spéculation avaient demandée à M. Dumas, et d'autres écrits
de jeunesse, joints à des pages plus récentes et plus graves,
ont été rassemblés sous le titre d'Enlr'actes (1878-1879,
3 vol. in-18); un recueil de nouvelles de la même période,
Thérèse (1875, in-18), a été dédié par l'auteur à M. de
Spoélberch, le savant bibliophile qui les avait exhumées.
Le roman de la Dame aux camélias a été l'objet, entre
autres réimpressions multiples, de trois éditions illustrées
par Gavarni (1858, in-8), par A. de Neuville (1875, in-8),
et par M. Albert Lynch (1880, gr. in-8).
Possesseur d'une très riche collection de tableaux et d'ob-
jets d'art qu'il a plusieurs fois épurée par des ventes pu-
bliques, M. Dumas a été personnellement lié avec la plupart
des grands artistes de ce temps. Parmi ses nombreux portraits,
il faut citer son buste par Carpeaux (placé à la Comédie-
Française), un petit panneau (en pied) de Meissonier, et
un buste (grandeur naturelle) par M. Bonnat, remarquable-
ment gravé sur bois par M. Baude. Maurice Tourneux.
Biiil. : Dumas fils, Préfaces diverses du Théâtre com-
plet. — Jules Ci./Vretie, A. Dumas fils, ISH'i, in-12. —
Paul Bourget, Nouveaux Essais de psychologie contem-
poraine, 1885, in-18.
DUMAS (Ernest-Charles-Jean-Baptiste), administrateur
français, né à Paris le 27 févr. 1827, mort à Paris le
27 févr. 1890, fils du chimiste Dumas. Sorti de l'Ecole
des mines, il fut attaché au ministère de l'agriculture et
du commerce en 1850, dirigea la publication des Annales
agronomiques et publia en 1854 un recueil fort important
de documents concernant le drainage en Angleterre.
Directeur de la Monnaie de Rouen (1852-1857), de la
Monnaie de Bordeaux (1800-1808), il devint ensuite
essayeur au bureau de la garantie de Paris et fit partie du
jury des Expositions universelles de Paris (1855) et de
Londres (1802). Elu député au Corps législatif le 2 août
1807 par le d^p. du Gard, il siégea dans la majorité bona-
partiste et, réélu le 2i mai 1809, vota la guerre avec la
Prusse. Après la guerre, il reprit ses fonctions d'essayeur
à la Monnaie. Il a publié : Essai sur la fabrication des
monnaies (Houen, 1850, in-8) ; Soie sur l'émission
en France des monnaies décimales de bronze (Paris,
1808, in-4) ; Histoire générale des monnaies de cuivre
et de bronxe en France (1873). M. Dumas avait épousé
la fille de A. Milne Edwards, de l'Institut.
DUMAS (Alexandre), homme politique français, né à
1,1 MAS - Dl'MKNY
- M -
Ireignat (Allier) le 7 août 185Î. Receveur de l'enregis-
trement, |»uis notaire a Hontluçon, maire de eette ville,
il b été élu député de la deuxième circonscription < * « - Hont-
Inçon, .m deuxième tour de scrutin, le (i oct. 188'.i, par
T . î m >; » voix contre 5, .'139 à M. Thcurault, bonapartiste, et
1,475 à 0. Justice, boulangiste. Son programme le classe
parmi les radicaux.
DUMAS m; CiiAMi'VAu.iEit (V. Ciiami-valufr).
DUMAST (Auguste-Prosper-François (.intimât de),
littérateur fiançais, né à Nancy le 26 i'évr. 1796, mort à
Nancy en 1X83. Avocat, il abandonna le droit pour l'ar-
mée, devint intendant militaire et démissionna. Membre
d'un grand nombre de sociétés savantes, il fut élu, en
•1863, membre correspondant de l'Académie des inscrip-
tions et belles-lettres. Il fut un des membres fondateurs
de la Société asiatique de Paris. En 1810, il avait été cou-
ronné par l'Académie royale de Nancy pour un Eloge de
Gilbert, et il publia : la Maçonnerie (Paris, 1820, in-N),
poème en trois ebants ; Chios, la Grèce et l'Europe (1822,
gr. in-8), poème lyrique ; la Rime (1819, in-8) ; Rapport
fait à la loge des artistes sur rétablissement de manu-
factures des apprentis pauvres et orphelins (1821,
in-8); le lambeau des deux amants de Clermoni
(1836, in-8); Notice sur Silvio Pellico (4838, in-8);
Nancy, histoire et tableau (1837, in-8) ; Paris fortifié
ou r Avenir de la grande ville (1841, in-8) ; Ce que
la France avait raison de vouloir dans la question
d'Orient (1841, in-8); le Duc Antoine et les Rustauds
(1849, in-8); Philosophie de l'histoire de Lorraine
suivie de Cent Aimées de l'Académie de Stanislas
(Nancy, 1850, in-8); Maximes traduites des Courais
de Tirou-Vallouvar ou la Morale des parias (1854,
in-8); l'Orientalisme rendu classique (1854, in-8);
Sur l'Enseignement supérieur tel qu'il est organisé en
France (1865, in-8) ; Ce que fut jadis la Lorraine et
ce qu'elle est encore (1866, in-12); le Redresseur
(1866, in-12); Sur les Besoins intellectuels de la France
d'à présent (1868, in-8) ; la France et Nancy (1871,
in-8); Couronne poétique de la Lorraine (1874, gr.
in-8) ; Jacques Callot (1875, in-4), etc., et un ouvrage
paru anonymement : Foi et lumières, considérations sur
les rapports actuels de la science et de la croyance
(Nancy, 1845, in-8, 2e éd.).
DU MAY (Pierre), littérateur français, né à Dijon en
1626, mort à Dijon le 26 janv. 1711. Conseiller au par-
lement de Dijon. On peut citer de lui : Euguinneidos liber
primus (Dijon, 1643, in-4); Virgile virai en Bourgui-
gnon (Dijon, 1718, in-12). — Son père, Paul Dumay,né
à Toulouse en 1585, mort à Dijon le 29 déc. 1645, con-
seiller au parlement de Dijon, a écrit divers ouvrages :
Epicedion in funus Brularti (Dijon, 1611, in-8); Dis-
cours sur le trépas de Mgr de Termes (1621 , in-8) ; les
Lauriers de Louis le Juste (Paris, 1624, in-8) ; Inno-
centa III Epistolœ (1625, in-8); De Virgilii prosopeia
(1634, in-4), etc.
DUMAY (Victor), avocat et jurisconsulte français, né à
Dijon le 21 août 1798, mort à Dijon le 29 juil. 1849.
Nommé maire de Dijon le 7 juin 1838, il transforma la
ville par l'installation du gaz, des fontaines publiques,
l'établissement d'un Muséum d'histoire naturelle au jardin
de l'Arquebuse, l'agrandissement de l'Académie, etc., etc.
On a de lui : Commentaire de la loi de 1836 sur les
chemins vicinaux; Annotations sur le domaine publie,
du jurisconsulte Proudbon; Addition à la description
du duché de Bourgogne, de Courtépée, etc.
DUMAY (Jean-Baptiste), homme politique français, né
au Creusot le 10 sept. 1841. Ouvrier mécanicien dans les
établissements du Creusot, puis en diverses villes de
France, il commença à se faire connaître par sa partici-
pation à la grève de 1870 et son adhésion a l'Internatio-
nale. Après la révolution du I sept., il fut nommé maire
du Creusot, se présenta aux élections législatives du 8févr.
1*71 ; mais, ayant adhéré a la Commune (26 mars), il
fut pnur>iii\i et condamne par la cour d'assises aux travaux
forées a perpétuité. Il aviii pas pâmer en Somm aè il
demeura pies de dix ans et travailla a la percée do
Gothard. Apres l'amnistie de l8«o, il t'établit au Creusot
ou il créa la Fédération de Sa&ne-et-Loire et eut de
nouvelles difficultés avec le gouvernement lors de la
de Hontceau-les-Mines. I.n 1*87, il fut élu conseiller
municipal de Paris comme candidat ouvrier, fut (|,
l'Exposition de Boston au 1883, a la conférence interna-
tionale de Paris eu 1*88 et a divers congrès ouvriers. I ■■
6 oct. 1889, il fut élu député du W BiivuduweaBCBl
0" circonscription) de Paris par 5,584 voix contre 3,500
environ à Henri Hochefort. C'est un socialiste possibiliste.
Lors de la discussion de la demande d'amnistie de P. La-
forgue (déc. 1891), il a rejeté l'alliance des rnthnliquon
DUMBARTON. Vili.k. — Ville d'Ecosse, chef-lieu du
comté de ce nom, sur la Clyde, au confluent du Leven;
14,172 hab. On y peut rattacher les localités voisines de
Renton, Bonhill et Alexandria sur le Leven, ce qui dou-
blerait sa population. Le port est médiocre, et Dumbarton,
malgré l'avantage de sa situation s'est laissé supplanter par
Glasgow. La ville a des chantiers de constructions navales,
des fonderies, etc. C'est l'ancienne capitale du royaume de
Strathclyde, hBalclutha d'Ossian, Dun Bretondes vieux
Ecossais. Sur le rocher qui la domine est un château célèbre
dans l'histoire d'Ecosse, ou résidèrent Robert Bruce, Marie
Stuart, Charles Ier, Cromwell.
Comté. — Ancien comté de Lennox. Il a 683 kil. q. et
75,333 kab. (en 1881 ). Il s'étend au N. de la Clvde.
comprenant l'étroite plaine fluviale et la région des High—
lands comprise entre le lac Lomond et la mer (loch Long).
Son plus haut point est le Ben Vorlich (942 m.). 11 y a
environ 17 °/0 du sol labouré, Il °/0 en pâturages. 5 °/0 en
bois. On comptait, en 1884, 14,000 bœufs et 72,000 mou-
lons. On retire du sol de la houille, du ter, de l'ardoise,
des pierres.
D U M B A RTO N (Lord George Douglas, comte de), né vers
1636, mort à Saint-Germain-en-Laye le 20 mars 1692. Il
prit du service dans l'armée française, devint colonel du
régiment écossais à la mort de son père Archibald, et,
lorsque ce régiment fut rappelé par Charles II et incorporé
à l'armée anglaise, fut créé comte de Dumbarton (9 mars
1675). Il fut nommé commandant en chef de l'armée écos-
saise à l'avènement de Jacques II, réprima la rébellion du
comte d'Argyll (1685), et, lorsque la révolution éclata,
accompagna le roi en France où il mourut. — Son fils
George, deuxième comte de Dumbarton, né en avr. 1687,
ambassadeur en Russie en 1716, mourut sans postérité,
et le titre fut éteint.
DUMBÉA. Village de la Nouvelle-Calédonie, à 18 kil.
de Nouméa ; 200 hab. Centre important de colonisation.
Gendarmerie. Postes et télégraphe. Affleurement du grand
bassin Rouiller calédonien.
DUMÉE (Jeanne), astronome française, née à Paris au
xviie siècle. Elle manifesta de bonne heure beaucoup de
goût pour les sciences, se maria à un officier, qui la laissa
veuve à dix-sept ans, et se consacra dès lors entièrement
à l'étude de l'astronomie. On ne connaît d'elle qu'un ou-
vrage, qui ne tut jamais imprimé et dont la Bibliothèque
nationale possède un manuscrit in-4. Entretien sur l'opi-
nion de Copernic touchant la mobilité de la terre. Bue
y expose les doctrines de Copernic et de Galilée, mais,
sans en nier la véracité, déclare leur préférer les enseigne-
ments de Descartes. L S.
Biiil. : Journal des savants, année 1680. — J.-F. Mox-
i ■ i \. Histoire des nuillu'tnatiqxies, an VII, t. II, in-4.
DU II EN Y, chanteur dramatique français, né vers 1650,
mort en 1702. Il avait été d'abord cuisinier chez M. de
Foucauld, intendant de Montauban. I.ully ayant eu l'occa-
sion de savoir qu'il possédait une superbe voix de haute-
contre, le prit a l'Opéra, lui fit donner des leçons, et le tit
débuter en 1677. C'est surtout dans le rôle d'Alphée de
Proserpine, joué par lui en 1680, qu'il donna la mesure
— 43 —
DFMKNY — Dl'MESNIL
de sa valeur. Chanteur médiocre maigre sa très belle voix,
il était dmic il'im sentiment dramatique remarquable, si il
devint bientôt l'idole du publie en dépit de ses écarts, car
il était à la t'ois paresseux, ivrogne ot voleur, et il lui
arrivait parfois d'être tellement ivre qu'il pouvait à peine se
tenir en scène, les succès de Durnény, «pie Lully encou-
rageait beaucoup, turent éclatants dans ses créations de
Persée (Persée), Phaéton (Phaéton), Amadis (Amadis),
Armide (Renaud), Acis et Galathée (Acis), AchilU et
Poly.iene (Achille), Tkétis et /V7<V(IVlée), .WMr (Jason),
\si (Apollon), V.née et Laeinie, Diilon, etc. Durnény,
dépourvu d'instruction première, rustre à la ville, d'une
prestance superbe au théâtre, semble avoir eu tout le tem-
pérament d'un grand artiste. Ses succès d'ailleurs ne se
bornèrent pas a Paris : chaque année, pondant les trois
semaines de fermeture de Pâques, il se rendait à Londres,
d'où il rapportait chaque t'ois, dit-on, jusqu'à mille pistoles,
soin nie assurément énorme pour le temps. A. P.
DUMÉRIL (André-Mario-Constant), médecin et natu-
raliste français, né à Amiens le 1"' jativ. 1774, mort à
Paris le 16 août 1860. Successivement prosecteur et chef
des travaux anatomiquos à la Faculté de médecine de Paris,
il fut nommé, en 1801, professeur ù'anatomie et de phy-
siologie ; dix-huit ans après, il obtint par permutation la
chaire de pathologie interne qu'il occupa jusqu'à sa mort.
En outre, il remplaça pendant quatre ans Cuvier comme pro-
fesseur d'histoire naturelle à l'Ecole centrale du Panthéon,
et tit pendant plus de vingt ans, et comme suppléant de
Lacépède, des cours très suivis d'erpétologie etd'ichtyolo-
gie au Jardin des Plantes. Duméril était, de plus, médecin
de la maison royale de santé, membre de l'Institut ot de
l'Académie de médecine. Parmi ses nombreux ouvrages,
mentionnons : Traite élémentaire d'histoire naturelle
(Paris, 1803, in-8 ; 1807, 2 vol. in-8) ; Zoologie ana-
lytique, etc. (Paris, 1806, in-8) ; avec Bibron, Erpéto-
logie générale, ou Histoire naturelle complète des
reptiles (Paris, 1835-1854, 9 vol. in-8), etc. Dr L. Hn.
DU MÉRIL (Kdelestand Pontas), érudit français, né à
Valognes en 1801, mort à Passy le 24 mai 1871. Philo-
logue distingué, il a publié, principalement sur l'histoire
littéraire du moyen âge, des travaux appréciés. Nous cite-
rons de lui : Des Biens communaux situés dans le dép.
de la Manche (Paris, 18-27, in-8); Des Transactions
offertes aux communes du dép. de la Manche (18-27,
in-S); Philosophie du budget (1835-1886, 2 vol. in-8);
Histoire de la poésie Scandinave (1839, in-8); Essai
philosophique sur le principe et les formes de la versifi-
cation (1841, in-8); Mémoire sur la langue des gloses
malbergiques (1843, in-8); Essai sur l'origine des
runes (1844, in-8); Dictionnaire du patois normand
(Caen, 1849, in-8); Essai philosophique sur la forma-
tion de la langue française (Paris, 1852, in-8); De
F Utage non interrompu jusqu'à nos jours des tablettes
en cire (1861, in-8); Des Formes du mariage et îles
usages qui s'y rattachaient surtout en France pendant
/-' moyen âge (1861, in-8); Etudes sur quelques points
d'archéologie et d'histoire littéraire (1862, in-8); His-
toire delà Comédie (1864-1869, 2 vol. in-8); le Monde
est un théâtre, comédie en cinq actes ; Toutes les sœurs de
charité ne sont pas grises, comédie en trois actes (Paris,
187'.. in-12): Origines latines du théâtre moderne
(1*59, in-8), sans compter la publication de textes du
moyen âge, comme des poésies populaires latines, les poèmes
de Flore et Blaneeflor (1856) et de la Mort de Garin
le Lnherain (lx'*5).
DUMÉRIL (Augu>te-IIenii-André), médecin et natura-
liste français, tils de Anlre-Marie-Constant, né à Paris le
30nov. 1812. mort a Paris le 12 nov. 1X70. Kn 1840, il
devint aide— naturaliste au Muséum, fut chargé de cours
à la Sorbonne de 184-4 à 1846, professeur de géologie
au collège Chaptal depuis 4847, enfin, en 1857, rem-
plaça son père au Muséum : il lut nommé membre libre de
l'Académie des sciences en 1X69. Ouvrages principaux : Des
Odeurs, etc. (Pans, 1843, in-8); De lu Texture intime des
glandes, etc. (Paris, 1845, in-8; thèse de doctorat es
sciences); Histoire naturelle des poissons, t. 1 (Paris,
1865-70, 3 vol. in— 8, pi.). Il collabora en outre à VEr-
pétologie générale de son père. I)r L. Un.
DUMERSAN (Théophile Marton), autour dramatique
et numismatislo français, né au château de Castelnau, près
d'Issoudun, en 1780, mort à Paris en 1849. Il était à peu
près sans ressources lorsque, en 1795, le savant Milita,
conservateur du Cabinet dos médailles, l'appela près do
lui; en 1812, il devint conservateur adjoint de l'établis-
sement scientifique où il avait déjà rendu do réels services
en collaboration avec Mionnot. Mais la numismatique
ne lut jamais pour Dumersan que sa préoccupation secon-
daire ; c'est comme vaudevilliste qu'il s'est illustré : on
peut le considérer à ce point de vue comme le digne pré-
curseur de Labiche. Dès 1798, il donnait, à un théâtre du
boulevard. Arlequin perruquier ou les Têtes à la Titus,
satire des modes du temps. Dans toute sa carrière d'auteur
dramatique, Dumersan a produit deux cent trente-huit
pièces, soit seul, soit en collaboration avec divers auteurs.
Toutes ces œuvres théâtrales, comédies, opéras-comiques,
vaudevilles, bouffonneries, farces, sont d'un goût châtié,
ou la morale est respectée. La plupart sont dos satires des
mœurs contemporaines et pétillent de verve et d'esprit.
Mais comme toutes les œuvres du même genre, si elles
ont beaucoup diverti les contemporains, elles ont vieilli
vite; bien des traits mordants n'ont plus de sel pour
nous, et tel mot nous semble fade qui a eu un succès
de fou rire. La seule, peut-être, des pièces de Dumersan
qu'on joue encore aujourd'hui, parce qu'elle est un véri-
table chef-d'œuvre, ce sont les Saltimbanques. Parmi
les autres œuvres de théâtre de cet auteur si fécond,
nous citerons les suivantes : la Fête du bourgeois de
Paris (1816; en collaboration avec Merle); Maître
André (1807; en collaboration avec Brazier, ainsi que
les cinq suivantes); Sage et Coquette (1815); l'Ecole
du village (1818); le Vieux Berger (1819); les
Bonnes d'enfants (1820); les Paysans (1820); les
Deux Philibert (1816; en collaboration avec Merle et
Brazier); Zoé (1821 ; avec Aubertin); la Pension bour-
geoise (1823; avec Scribe et Dupin); le Chanteur éternel
(1805; avec Désaugiers) ; Tur lupin (1808; avec Désau-
giers), etc. Il a donné, sans collaborateur, entre autres :
l'Original de Poureeaugnac (1816); l'Intrigue sur les
toits (1805); Cadet Roussel, beau-père (1810] i; le Petit
Chaperon rouge (1811); Gargantua ou Rabelais en
voyage (1813); le Tribunal des femmes (1814); Mon-
sieur Bon Enfant (1816); le Grelot magique (1817);
le Méchant malgré lui (1824) ; Paulinr ou Brusque et
bonne (1826); les Brioches à la mode; M. Cagnard ;
Voltaire chez les capucins; MmeGibou et M"1" Poe h et ,
pièce excellente, dont les types sont devenus légendaires.
Il faut citer quelques romans de Dumersan : l'Homme à
deux têtes (1825, 4 vol. in-12.); le Soldat laboureur,
dont tout le monde connaît les couplets patriotiques.
Gomme conservateur du Cabinet des médailles, Dumersan
a été amené à s'occuper d'archéologie, et ii a publié dans
ce domaine quelques travaux qui n'ont plus guère aujour-
d'hui d'intérêt scientifique : Notice des monuments ex-
posés dans le Cabinet des méilailles et antiques de la
Bibliothèque du roi (1819; 3,! éd., 1840, in-8);
Numismatique du voyage du jeune Anacharsis (1818,
2 vol. in-8); Histoire du Cabinet des médailles (Paris,
1838, in-8). E. Babei.on.
DUMES. Corn, du dép. des Landes, arr. et cant. do
Saint-Sever; 202 hab.
DUMESNIL (Mario-Françoise Marchand, dite), tragé-
dienne française, née a Paris le 2 janv. 1713, morte h
Boulogno-sur-Mer le 20 févr. 1803. Elle fut une des plus
grandes actrices, et peut-être la plus grande tragédienne
qu'ait connue la France. Tous les contemporains la placent
au-dessus de sa rivale, M"c Clairon, malgré le grand talent
DUMESNIL - 1)1 MEMES
— 44 —
de cclle-i i, el affirment qu'elle l'emportait sur elle par
l'accent pathétique et la profondeur du lentiment. Elle
avait commencé sa carrière en prorince, i Strasbourg et a
Compiègne, el avail débuté i la Comédie-Française le
6 aool I7H7. par le rôle ibQyUnoaetiTtiaaBlphigénie.
Son physique n'était rien moins que majestueux, mais la
flamme de ses \eiix et la grandeur de son débit la trans-
fonnaienl en scène, el son talent admirable excitait l'ad-
miration du public, (le talent était surtout de nature et d'im-
pression ; eue avait «des entrailles », comme on disait alors,
et elle savait à volonté faire frémir, ou trembler, ou pleurer,
tandis que chez M"c Clairon on sentait parfois un peu trop
l'étude et le travail. M"e Dumesnil était incomparable dans
Clcopàtre de Rodogune, dans Hennione A'Andromaque,
dans Athalie, dans Phèdre, dans Britannicus, et sa ten-
dresse était aussi émouvante que ses fureurs étaient terribles.
Voltaire lui avait voué une admiration profonde, et elle aida
singulièrement à ses triomphes en mainte occasion, notam-
ment lorsqu'elle créa Mérope, que jamais tragédienne n'a
jouée comme elle. Dans le cours d'une carrière qui se pro-
longea pendant près de quarante années, elle fit un grand
nombre d'autres créations. Il faut citer tout particulière-
ment Sémiramis, Or este, Warwick, Guillaume Tell,
Bajazet 1er, les Chérusques, Olympie, Cosroès, Adèle
de Hongrie, Zulime, Edouard III, les Troyennes, les
Héraclides, etc. Cette tragédienne si patbétique et si
émouvante se montrait aussi supérieure lorsque parfois elle
abordait la comédie, et elle trouvait des accents d'un
naturel et d'un comique achevés. Mlle Dumesnil prit sa
retraite à la fermeture de Pâques de 1776, après trente-
neuf ans de services, et mena une vie complètement mo-
deste et retirée jusqu'à sa mort. On sait que MUe Clairon
avait publié des Mémoires dans lesquels elle maltraitait,
avec aussi peu de goût que de justice et de retenue, son
ancienne rivale. Mlle Dumesnil se contenta d'autoriser
Coste d'Arnohat à publier lui-même sous ce titre : Né-
moire de Marie- Françoise Dumesnil, en réponse aux
Mémoires d'Hippolyte Clairon, un livre dans lequel il
réfutait les assertions hasardées de la trop irascible tragé-
dienne. Arthur Polcin.
DUMESNIL (Pierre), imprimeur-libraire et poète fran-
çais, né à Rouen en 1775, mort en 1834.11 est l'auteur,
entre autres, de deux poèmes : Oreste (Paris, 1804 et
1811) et Jeanne d'Arc (1818). G. P-i.
DUMESNIL (Louis-Alexis Lemaithe), écrivain français,
né à Caen le 10 sept. 1783, mort le 27 sept. 1858. Agé de
de seize ans à peine, il combattit dans les rangs des Ven-
déens jusqu'à la pacification. Il s'engagea alors dans l'ar-
mée républicaine. Bientôt il attira l'attention de Bonaparte
par divers actes d'insubordination et par ses manifestations
contre son gouvernement tyrannique. Signalé par la police
comme un homme dangereux, il fut emprisonné au Temple,
puis transféré à Nancy et mis en surveillance à Lunéville.
Il publia alors divers ouvrages : Examen politique, phi-
losophique et moral (Paris, 1800, in-12); l'Esprit des
religions (1810, in-8); l'Esprit de vérité (1810, in-8),
et le Règne de Louis XI et de l'influence qu'il a eue
jusque sur les derniers temps de ta troisième dynas-
tie (1811, in-8), qui lui attira de nouveaux démêles avec
la police impériale, car on y découvrit toutes sortes d'allu-
sions méchantes à Napoléon. A la Restauration, Dumesnil
fut nommé commissaire extraordinaire en Normandie,
commanda les volontaires royaux de ce pays au moment
du retour de l'île d'Elbe et fut pour ce fait arrêté et em-
prisonné. Délivré après les Cent-Jours, il rentra dans la vie
privée. Il collabora au Mercure, à V Album, se fit con-
damner en 1824 à un mois de prison pour des articles
publiés dans ce recueil, au Livre des Cent et un, etc.
Nous citerons encore de lui : Eloge de Biaise Pascal
(Paris, 1813, in-8); Epitre aux Français (181!), in-8);
Histoire de Philippe II d'Espagne (1822, in-8); Con-
sidérations sur les causes el les progrès de la corrup-
tion en France (1824, in-8); la Nation française et
ton roi appelé* a juger lu conspiration permanente <■/
progressive </" parti jésuitique il*-.!.'., in-8); Histoire
de Don Jouit ii' \utriche (iS?o,rn-$);Mœurt politiques
au xix" siècle (1830-4834, :; vol. in-8); Hecetles poli-
tique» (1K'(7. in-8); Histoire de VespritpubtU < n France
depuis 4789 (1840, in-8); le Siècle maudit (1843,
in-8); Epreuves sonates de la Franc- depuis tout \l I
jusqu'à nos jours (184.'>, in-8); la Manifestation de
l'esprit de a rite (1840, in-10): lu Délivrance dupeuple
( 1846, in-10), etc., etc. Il a encore publié les Mémoires
inédits de Sénart(1820, in-K).
DUMESNIL (Antoine-Julesi, homme politique français,
né à Puiseaux (Loiret) le 25 nov. 1805. moit à Orléans
le 21 août 1891. Avocat au conseil d'Etat et à la cour de
cassation, il entra au conseil général du Loiret en 1833,
devint vice-président de cette assemblée en 1871 et fut élu
sénateur du Loiret le 30 janv. 1870. Membre du centre
gauche, il combattit le gouvernement du 16 mai. Réélu le
5 janv. 1879, il ne posa pas sa candidature aux élections
du 5 janv. 1888. Il a écrit : Lois et règlements de la
caisse des dépôts et consignations dans ses rapports
avec les particuliers (Paris, 1839. in-8); Manuel des
pensionnaires de l'Etal (1841, in-18); De l'Organisa-
tion et des attributions des conseils généraux et des
conseils d'arrondissement (1837, 4e éd., 1852, 2 vol.
in-8); Résumé du droit français (1846, in-8); Traité de
la législation spéciale du Trésor public en matière
contenticuse (1846, in-8; nouv. éd., 1881, in-8); Du
Droit des évéques sur les livres d'église (1847, in-8);
Histoire des plus célèbres amateurs (1853-1800, 6 vol.
in-8); Voyageurs français en Italie depuis le xvie siècle
jusqu'à nos jours (1864, in-12); Histoire de Sixte-
Quint (1808, in-8); Histoire de Jules //(1873. in-8).
DUMESNIL (Alexandre Ernest-Armand), administrateur
français, né à l'Ile d'Oléron le 19 sept. 1819. Fonction-
naire de l'instruction publique, il fut nommé, en 1X70,
directeur de l'enseignement supérieur, entra au conseil
d'Etat (service extraordinaire) en 1876 et fut nommé con-
seiller' en service ordinaire en 1879. Il a pris une part
active à la réorganisation de l'enseignement supérieur et
il fait partie du conseil supérieur de l'instruction publique
comme membre nommé par le président de la République.
Il a écrit : Paris et les Allemands, journal d'un témoin.
1870-1871 (Paris, 1872, in-12); Congrès internatio-
nal de Bruxelles. Lettre à M. Jules Ferry (1880, ru-8).
DUMESNIL-Marigny (Jules), économiste français, né
à Dijon en 1810, mort à Paris en 1885. Ingénieur de la
marine, il s'est presque uniquement occupé d'études éco-
nomiques et sociales, et a publié notamment : Aperçus
nouveaux en faveur du libre-échange (Paris, 1857,
in-8); les Lilne-Echangistes et les Protectionnistes
conciliés ( 1800, gr. in-8; ic éd. sous le titre l'Economie
politique devenue science exacte, 1883, in-8) ; Question
tin libre-échange, solution (1801. in-8); De la Liberté
des ventes aux enchères (1802, in-12, 3e éd.); Caté-
chisme de l'économie politique (1863, in-12; 4e éd. sous
le titre le Bien-Etre pour les travailleurs, 1865,
in-12); les Céréales ci la Douane (1866, in-12); le Rôle
de l'industrie française (1868, in-12); Histoire de l'éco-
nomie politique des anciens peuples de l'Inde, de
l'Egypte, de la Judée et de la Crèce (1872, 2 vol.
in-8; 3e éd. augin., 1877, 3 vol. in-8), et plusieurs bro-
chures comme Solution de la question des salaires;
Fin des grèves (1805), etc.
DUMFRIES. Ville. —Ville d'Ecosse, ch.-l. du comté
de ce nom au S.-O. du pays, sur le Nith : 17.092 hab. (en
1881). Située à 10 kit. de la mer. elle possède un petit
port accessible aux bateaux, de 150 tonnes. La flotte locale
comprend trente-cinq bâtiments déplaçant 3.300 tonnes.
Le commerce est uniquement de cabotage. Il fut plus im-
portant jadis, surtout à cause de la contrebande dès active
en ces parages (V. Redgauntlei de Walter Scott). I.a prin-
cipale industrie est celle des lainages. Située à la frontière,
Durafnes eut quelque importance dans les affaires anglo-
écossaises, mais aucun lait considérable ne s'y est accompli.
Comté. — Comté d'Ecosse sur le golfe de Sotoray;
8,71 Ikil. q.et 70,1 10 hab. 11 est essentiellement tonne des
vallées de trois i>etits fleuves tributaires du golfe, la Nith,
l'Annan et l'Esk. L'intérieur est très accidenté ; les col-
luies couvertes de pâturages et de landes sont dominées par
le llartl'ell vSOt m.); elles abritent la cote dont le climat
est assez doux. Le sol renferme du 1er et du plomb argen-
tifère, -21 70 sont pris pour les terres laliourées, 13 % par
les prairies, 5 •/„ par les Liois. On comptait (en ISSI)
54,000 bœufs, 507,000 moutons et -20. 000 porcs.
DUMICHEN (Johannes), égyptologue allemand, né a
Weissholz (près Gross^GIogau) le 15 oct. 1833. Elève de
Lepsius et Brugseh, il se rendit en Egypte en oct. 1862
et pénétra jusqu'au Soudan; revenu en oct. 1865, il re-
partit pour l'Egypte en 18tiS et 1809. En 1S72, il fut
nommé professeur d'égyptologie à l'université de Stras-
bourg. Parmi ses nombreuses publications de textes hiéro-
glyphiques, uous citerons : Bauurkunde der Tempek
von Dendera (Leipzig, 1865) ; Geographischelnschriften
attagyptischer Denkm rler (Leipzig, 1865-68, 4 vol.) ;
Altœgyptisclie Kalenderinschriften (Leipzig, 18(5(5) ;
AUœgyptische Tempelinschriften (Leipzig, 18(57/2 vol.);
Bistortsche Inschriften aUœgyptischer DenkmœUr
(Leipzig, 1867-69, 2vol.) ; Der œgyptische Felsentcm-
pelvon Abu-Simbel (Berlin, 1869); Fine altœgyptis-
che Getreiderechnung (Leipzig, 1870); Résultats einer
urchœologisehen Expédition (avec Graser et R. Hart-
mann) ; Photographische Resultate einer arehœolo-
gischen Expédition (Leipzig, 1871) ; Die Kalendarischen
OpferfesUisten von Uedinet-Habu (Leipzig, 1881). En
outre, il a donné deux ouvrages de luxe : Die Flotte einer
œgyptisehen Kœnigin (Leipzig, 18(58) et Nilbilder (figures
de h. Werner) ; de nombreux articles dans Zeitsclirift
fur œgyptische Spraclie; des ouvrages remarqués : Die
erste sichere angabe uberdie Regierungzeit einesœgyp-
tischen Kœnigs (Leipzig, 1874); Baugeschichte und
Beschriebung des Denderatempeh (Strasbourg, 1877,
avec 59 pi.) ; Die Oasen der Libyscben Wiiste (Stras-
bourg, 1878); Des Grabpalast der Patuamenap in der
tbebanischen Nekropotis (Leipzig, 1884-85) ; enfin l'his-
toire d'Egypte insérée dans la collection Oncken.
DUMILATRE (Jean-Alphonse-Edme-Achille), sculpteur
français, né à Bordeaux (Gironde) le 22 avr. 1844. Elève
de Dumont et Gavelier, il exposa au Salon de 1878 le
modèle du monument funéraire des aéronautes Sivel et
Crocé-Spinelli, les victimes de la catastrophe du Zénith ;
ce monument est au cimetière du Père-Lacbaise. On doit
à cet artiste la statue de Montesquieu à la Faculté de
droit de Bordeaux ; la Poésie lyritjue, statue pierre, au
théâtre de Bordeaux, le modèle d'un monument élevé à La
Fontaine, en collaboration avec l'architecte Frantz-Jour-
dain, Jeune Vendangeur, statue bronze. Ces deux dernières
œuvres et le bronze du monument des aéronautes ont figuré
à l'Exposition universelle de 1889. Le monument de La
Fontaine a été érigé, au moisdejuil. 1891, sur les pelouses
du Ranelagh, à Passy. M. D. S.
DU MIRAL (Claude -Antoine Rcdel), homme politique
français, né à Chauriat (Puy-de-Dôme) en 1719, mort au
chalean du Mirai le 18 juin 1807. Avocat au parlement
de Paris, il se fit inscrire ensuite au barreau de Thiers et
fut élu député du Puy-de-Dôme à la Convention le 7 sept.
1792. Il vota la mort du roi, et travailla activement dans
les comités. Là se borna son rôle politique. Il fut encore
représentant du Puy-de-Dôme au conseil des Anciens
(22 vendémiaire an IV). — Un de ses descendants,
Charles-Godefroy-Francisijuc Rudel, né à Clermunt-
Ferr.nd le 11 avr. 1812, mort au château de Villeneuve
(Creuse) le 14 janv. 1884, avocat général à Riom en 184(5,
se présenta sans succès aux élections de 1848 dans le dép.
du Puy-de-Dôme, et, ayant donné sa démission de magis-
trat, s'occupa beaucoup d'agriculture et fonda une ferme
5 — Dl'Mr'MES — DUMOLARD
modèle à Villeneuve. Conseiller général de la Creuse, il
fut élu députe de ce département au Corps législatif le
29 févr. 1832. Bonapartiste ardent et partisan enthou-
siaste de M. Routier, il fut successivement réélu en 1857,
1863 et 1869. La Chambre le nomma vice-président, et
trois années de suite rapporteur du budget.
D U (VI M L ER (Emst-Ludwig), historien allemand, né à
Berlin le 2 janv. 1830. Elève de Lœbell, Ranke et Wat-
tenbach, il séjourna quelque temps à Vienne, devint pro-
fesseur à l'université de Halle (1855). Il dirige la section
Antiquitates de la publication des Monuincnla Germa-
niœ et a terminé avec Wattenbach les Monumenta Aleui-
niuna de Jaffé (Berlin, 1875). Parmi ses écrits nous
citerons : De Arnulfo Franeorum regc (Berlin, 1852) ;
De Bohemiœ condieione Carolis imperantibus (Halle,
1855) ; Pilgrim von Pa.ssau unit das Erzbisturn Lorch
(Leipzig, 1854) ; Ueber die n'Itère Geschiehle der Sla-
ven in Dalmatien (Vienne, 185(5); Dos Formelbuch
des Bischofs Salomo III von Konstanz (Leipzig, 1857);
son grand ouvrage Geschiclite des Ostfrœnkischeu
Reicns (Berlin, 18(52-05, 2 vol.); Auxilius und Vulya-
rius (Leipzig, 18(56); Gesta Berenqarii impcratoris
(Halle, 187 1 ) ; Anselm, der Peripatetiker (Halle, 1872) ;
Otto des Grosse (Leipzig, 1876) en collaboration avec
R. Kœpke.
DUMNACUS, gaulois, chef des Andes ou Andecaves.
En 51 av. J.-C, après la chute d'Alésia, il essaya do pro-
longer la résistance et, à la tète de plusieurs milliers
d'hommes, il assiégea dans Lemonum (Poitiers) Duratius,
chef gaulois vendu aux Romains. Fabius, le lieutenant de
César, accourut, le força à lever le siège et mit son armée
en déroute sur les bords de la Loire. Vaincu et abandonné
de tous, Dumnacus se réfugia à l'extrémité de la Gaule.
Biul. : César, De Bello Gallico, VIII, 26, 27, 29 et 31.
DUMN0RIX,DUBN0RIX,DUBN0REX,ehefdesEduens,
frère de Divitiacus. En 58 av. J.-C, il favorisa le projet
d'émigration de son beau-père Orgetorix, chef des Helvètes,
et fit des démarches auprès des Séquanais pour lui ouvrir
un passage à travers leur pays. Dans la campagne de Cé-
sar contre les Helvètes, il commanda pour le compte des
Romains la cavalerie auxiliaire des Eduens ; mais, dans des
vues ambitieuses, il trahissait à la fois les Romains et ceux
des Eduens qui se montraient partisans de l'alliance ro-
maine. Ses agissements suspects ayant été révélés au pro-
consul par le vergobret Liscus, il ne dut son salut qu'à
l'intercession de son frère Divitiacus. César se contenta
de le soumettre à une surveillance sévère. Plus tard, en 54,
César, pour couper court aux projets ambitieux de Dum-
norix, résolut de l'emmener dans sa seconde expédition en
Angleterre. Sur son refus motivé par des raisons de santé
et de religion, et après une tentative qu'il fit pour s'é-
chapper du camp romain, il fut assassiné par les cavaliers
envoyés à sa poursuite. L. W.
Bibl. : César, De Bello Gallico, I, 3, 9, 1K-20; V, 6, 7.—
Plutarque, Vie de César, XVIII. — Dion Cassius,
XXXVIII. 31, 32. — Sur les médailles éduennes avec
l'inscription DVBNOREX, DVBNOREIX, V. la col-
lection Récamier, à Paris, et de Saulcy, les Campagnes
de César dans les Gaules ; Paris, 1S62, p. 258.
DUMOLARD (Joseph-Vincent), homme politique fran-
çais, né à La Motte-Saint-Martin (Isère) le 25 nov. 1766,
mort à sa campagne de Villevallier, près de Joigny, le 5 août
1819. Avocat à Grenoble, il fut nommé député de l'Isère
à l'Assemblée législative, où il siégea parmi les modérés, et
fut, pour avoir défendu La Fayette, insulté et menacé dans
la rue le 8 août 1792. Député du même département au
conseil des Cinq-Cents, il y soutint la politique contre-
révolutionnaire des Clichyensel fut compris dans la pros-
cription du 18 fructidor. On l'exila à Oléron. Après le 18
brumaire, il se rallia à Bonaparte. Député au Corps légis-
latif par les dép. du Nord (1805) et de l'Yonne (1811),
il y fit partie de la minorité libérale et adhéra aux Bour-
bons. Député de l'Yonne à la Chambre des Cent-Jours, il rentra
dans la vie privée après la seconde Restauration. F. -A. A.
Ul M01.AIID — IJI'MONS
- M
Bul.1 A. k.„ iias, Biographie du Dauphiné: Paria,
1856, z vol. in-8.
DUMOLARD (Henri-Françoig-Etjeiuie-Bliaahefe Ohckl),
auteur dramatique français, né à Paria le 2 oct. 1771,
rnorl .i Paris le 21 déc. 1845. Secrétaire de l'administra-
tion générale de la police en 1789, puis vérificateur mi
Trésor public et avocat a la cour de Paris, il s'étail fait
connaître par quelques pièces qui eurent du succès dans le
temps. Nous citerons : le Philinthe de Destouches ou la
Suite du Glorieux, comédie en cinq actes, représentée en
1802 au théâtre Molière; le Mari instituteur ou les
Nouveaux Epoux, comédie en un acte el en vers (Porte-
Saint-Martin, 1804) ; la Mort, de .Intime d'Arc, tragédie
en trois actes en vers (Orléans, 1805); Vincent de Paul,
drame en trois actes en vers (Second Théâtre-Français,
1804); Bon Naturel et vanité, comédie {ùL, 4808);
La Fontaine chez Fouquet, comédie (Théâtre-Français,
180!)); Une Heure d'Aïcibiade, vaudeville (théâtre .les
Jeunes-Elèves, 1804); le Pied de Nez (Vaudeville, 1809);
Marmontel et Thomas (/</., 1813); Madame Favart,
en collaboration avec Mon au (id.. 1806); avec le même
collaborateur : les Avant-Postes du maréchal de Saxe
(1808), le Secret de Madame (1810), l'Exil de Ro-
chester (1 811) ; avec Favart : le Rival par amitié (1 809) ;
avec d'autres : les Expédients (1811), le Roman d'un
jour (1812), Calot à Nancy (1813), la Vieillesse de
Fontenelle (1814), etc. Il a encore écrit : Fenelon au
tombeau de Rotrou (1811, in-8), poème; Plan de con-
ciliation entre l'intérêt des contribuables et les ren-
tiers de l'Etat (1830, in-8); Entretiens de l'autre
■monde (1845, in-8), et réuni son Théâtre (Paris, 1834,
m-8). En outre, il a publié les Mémoires de Favart
(1808, 3 vol. in-8).
DU MON (Pierre-Sylvain), homme d'Etat français, né à
Agen en 1797, mort à Paris le 24 févr. 1870. Avocat
libéral sous la Restauration, il obtint de grands succès au
barreau de Paris. Aussi fut-il appelé, peu après les journées
de Juillet (1830) au poste d'avocat général près la cour
royale d'Agen ; il le quitta en 1831 pour aller représenter
sa ville natale à la Chambre des députés. Nommé conseiller
d'Etat en 1832, vice-président du comité de législation en
1850 et membre de la commission chargée des ati'aires
d'Algérie en 1842, il fut peu après appelé au ministère des
travaux publics (1844), ou il eut une grande part à l'or-
ganisation des chemins de fer français. Il échangea son
portefeuille contre celui des finances en 1847, fut rejeté
dans la vie privée par la révolution du 24 février et de-
vint membre de l'Académie des sciences morales et poli-
tiques en 1830. A. Debidour.
DUM0N (Jean-Baptiste-Augustin), homme politique
français, né à Agen le 20 sept. 1820. Elève de l'Ecole
polytechnique et sous-lieutenant d'artillerie en 1841, il
démissionna presque aussitôt pour se consacrer a l'exploi-
tation de vastes vignobles dans le Gers. Conseiller général
de ce département, il fut élu représentant à l'Assemblée
nationale le 8 févr. 1871, siégea à l'extrême droite et vota
contre les lois constitutionnelles. Le 11 déc. 1875, il fut
élu sénateur inamovible par l'Assemblée nationale. II siégea
aussi à l'extrême droite du Sénat, appuya la poStîque du
16 mai et combattit tous les ministères républicains.
DUMON-Dumortikr f Augustin-Aimable), homme po-
litique belge, né à Lille en 1701, mort à Tournai en 1852.
11 lut élu membre du Sénat en 1838 et v siégea jusqu'à sa
mort. Il fut appelé cinq années de suite'à la 'présidence de
la haute assemblée et exerça une grande influence sur les
délibérations. Il appartenait au centre gauche. Le roi Léo-
pold lr avait en lui une profonde confiance et voulut à
trois reprises le charger de constituer un ministère, mais
Dumon déclina chaque fois cette honorable mission, se
bornant à aider de son vote et de ses discours les ministres
libéraux.
DUMONCEAU (Jean-Baptiste), comte de Rf.rgendael,
maréchal de Hollande, né à Bruxelles le 7 nov.1700. mort
le 2!» déc. 1821.11 exerça d'abord la profession d'architecte
et ml part ;i l insurrection du Brabant contre l'Aulrich* en
1 188. Il était devenu colonel d'un corps a l'unil
jaune qu on appelait les canari», quand la défaite de wn parti
l obligea à se réfugier en France. Après avoir combattu
'h. us i Jemmapes, a la tète d'un bataillon de Belges
'!" il aval formé, il fut nommé général de bri ade par la
1 onvenùon en 1794 el combattu sous Pichegru dan, la
laineuse campagne de Hollande qui se termina par la con-
quête de ce pays et la fondation de la République baUve.
Nonuié lieutenant général par cette république, il battit
les Anglo-Russes a Bergen en 1799, et devini commandant
en chef des armées de son pays en 1805. La Hollande
ayant ete érigée en royaume au profit de I nuis Bonaparte
celui-ci créa Dumonceau maréchal en 1807, le nomma con-
seiller il Etat et l'envoya comme ministre plénipotentiaire à
Pans. Rentré en Hollande, il repoussa, deux ans après, les
Anglais qui étaient descendus dans l'île de Walcheren.
Pendant la campagne de Saxe, en 1813, il fut fait prison-
nier a Dresde. Rendu à la liberté en 1814, il commanda
sous la première Restauration la division de Mézières. A la
seconde Restauration, il se relira a Bruxelles oh il mourut.
Dumonceau avait été fait comte de l'Empire par Napoléon
et pourvu d'une riche dotation. C'était un général intrépide
et habile que les soldats appelaient communément le brave
Dumonceau. Sa loyauté égalait son courage et lui avait
valu encore le surnom de général sans tache.
DUMONCHAU (Charles-François), musicien français,
n|* Strasbourg le 11 avr. 1775, mort à Lvon le 21 déc.
1820. Il étudia surtout le piano, sur lequel" il acquit une
grande habileté, particulièrement pour l'exécution des
fugues. Pendant les guerres de la Révolution, il fut em-
ployé dans l'administration des années ; envoyé à Paris,
il s'y ha avec Kreutzer et entra au Conservatoire. Il re-
tourna ensuite à Strasbourg, et se fixa à Lvon en 1809. On
lui doit un opéra-comique, l'U/ficier cosaque, joué à
Pans en 1805, trente-trois sonates pour piano, vingt-
quatre sonates pour piano avec violon ou flûte, deux trios
pour piano, violon et violoncelle, deux concertos de piano,
des airs variés, bagatelles, etc., un concerto pour cor, une
symphonie concertante pour flûte, hautbois et basson. Ces
deux dernières compositions n'ont pas été gravées. A. E.
DUM0NIN (Jean-Edouard), poète de l'école de Ronsard,
ne à :Gy (Haute-Saône) en 1550, mort à Pans le 5 nov.
Io80. Entré comme boursier au collège de Bourgogne,
établissement fondé en l'Université de Paris pour les étu-
diants pauvres de la Franche-Comté, il débuta comme
littérateur, à l'âge de dix-neuf ans , par la publication
d un volume de mélanges poétiques, en langue latine, qui
le fit saluer Phénix par tous ceux dont la Muse en fran-
çais parlait arec et latin : la sienne réussissait à amal-
gamer toutes les langues, ce qui put sembler alors le comble
de l'art. Après avoir produit cinq autres recueils dYlucu-
brations amphigouriques, son impertinence ne connut plus
de limites. Un propos ordurier en langue latine, qu'il afficha
sur la porto d'une femme galante, le lit assassiner. Sa moi t,
à l'âge de vingt-sept ans, fut déplorée par des élégies et
des épitaphes en plusieurs langues. L Castah.
Bibl. : F. I.ixuT, Lettre à mon père sur Jean-Edouard
dti Momn: Pana et Gy, 1810, in-8.— t.. Brunict, art.
Dumonin de l&Biographle générale.
DUNI0NS (Jean-Joseph), peintre fiançais, né à Tulle
le 26 mais 1687, mort à Pans le 25 mars 1770. La pre-
mière fois que le rédacteur du catalogue du Salon de l'Aca-
démie royale eut à s'occuper de Diimons, il corrigea mal
ses épreuves et le livret de 1737 porte en effel le nom de
Dumont. Cette erreur, renouvelée par d'autres, a fait con-
fondre le peintre de Tulle avec son contemporain Dumont le
Romain, el elle a eu pour résultat d'embrouiller un peu leurs
a'inres. Des recherches attentives permettent aujourd'hui de
se rendre compte de la part de gloire qui revient à chacun
d'eux. Celle de Jean-Joseph Dumons est assez, mince. Il l'ut
reçu à l'Académie le 29 oct. 1735 et donna comme morceau
— 47 —
1)1 (IONS — Dl'MONT
il*' réception un tableau. Atltiin et Eve. que te musée na-
tional possédait encore il y a trente ans, mais qu'il n'a
jamais cru devoir montrer au publie, le trouvant trop
t'ail>le. Damans profita de son privilège pour exposer aux
Salons du Louvre. Son nom ligure au catalogue, pour la
première fois en I7;>7, pour la dernière en 1783. Ses
œuvres ne furent pas très remarquées. Cesont des tableaux
d'église, des I estâtes entretenant le feu sacré, l'Amour
pique par hm abeille et quelques autres mythologies
dans le goût du temps. S'il laut en eroire d'Argenville,
Dansas aurait peint pour les capucins de la rue Saint-Ho-
noré les vingt-quatre vieillards prosternés devant le
trône i/<- l'Agneau. Cette peinture, qui a disparu avec le
couvent, était antérieure à 1749, puisqu'elle est men-
tionnée dans la première édition du Voyage pittoresque
de Paris. Les occasions d'exercer sa verve ne manquaient
donc pas à Dumons ; mais il restait confondu dans la foule
des maîtres sans gloire auxquels l'Académie ne conférait
aucun grade; il sentait l'avenir se fermer devant lui;
peut-être avait-il aussi le désir de revoir sa province na-
tale. 11 Sollicita et il obtint une fonction qui le rapprochait
de Tulle. Le 20 mars 1731, un brevet signé par Louis XV
en son conseil le nomma <.< peintre et dessinateur des ma-
nufactures de tapisseries établies en la ville et faubourgs
d'Aubusson et des environs ». Aux termes de cet acte, il
devait, moyennant un appointement de 1. SOI) livres, faire
tous les deux ans un séjour de trois mois à Aubusson.
fournir aux tapissiers les patrons et les bordures qui leur
étaient nécessaires. Ces modèles devaient être « peints et
colories a l'huile et enrichis d'arbres, plantes, fleurs.
fabriques et animaux ». Ainsi le caractère de l'industrie
locale était respeeté; ce qu'on demandait à Dumons, c'était
des verdures. Il recevait en outre mission d'exercer une
sorte de surveillance sur les anciens cartons employés dans
les manufactures et dont la pauvreté avait été signalée au
roi ; il devait corriger les modèles trop défectueux et donner
aux manufacturiers, aux ouvriers, aux apprentis, tous les
conseils de nature a améliorer leur goût et leur travail.
Louis XV avait été bien inspiré ce jour-là, car les tapis-
siers d'Aubusson se laissaient séduire par un esprit d'éco-
nomie et se contentaient d'une fabrication grossière.
L'etlet de ces dispositions remontait au 1er janv. 1734.
Elles furent renouvelées et précisées par M. de Machault
le 22 juil. 17,'iO. On ne sait pas dans quelle mesure
Dumons fut utile aux industries de la Marche : il parait
avoir réorganisé une école de dessin et formé des élèves ;
mais il ne parvint pas à rehausser le niveau de l'art dans
la province, il eut des difficultés avec les ouvriers d'Au-
busson qui ne consentirent pas à reproduire fidèlement ses
modèles ; il se fatigua de ces luttes et fut remplacé en
1 75 1 . Toutefois, le nom de Dumons doit rester mêlé à l'his-
toire de la tapisserie française.
Quant à ses peintures, elles n'ont jamais eu qu'un succès
douteux et on les chercherait vainement dans les musées.
Nous ne pouvons du moins en signaler aucune. Mais il se
trouve que, par suite de circonstances ignorées, l'artiste
avait de fréquentes relations avec le clergé et les fabri-
ciens qui prenaient soin de l'église de Muntreuil-sur-Mer.
-t là qu'il envoyait les tableaux dont les Parisiens
n'avaient pas voulu. Indépendamment du Saint Louis
tenant ta eouronne d'épines, exposé au Salon de 17 i7,
"ii retrouve dans l'église Ôe Montrant huit grands tableaux
de J.-J. Dumons, entre autres une Annonciation, signée
et datée 1763, ane Assomption, une Fuite en Egypte.
Ce sont des œuvres assea faibles. Paul Karts.
Biui.. : Archi tri français, 1857-1858, t. V. —A.
Castel, les 7 i-:.,. — !.. (Jravibr, les Tapisse-
ries d'Aubusson [Réunion des Sociétés des beaux-arts des
déparlements. 1886 .
DU MONSTIER (?. Dimoistier).
DU MONT (Henri), compositeur de musique religieuse,
né près de Liège en 1610, mort à Paris le 8 mai 16X4. Il
vint de bonne heure a Paris, y acheva ses études musicales
et y devint organiste de l'église Saint-Paul, puis sous-
mailre de la chapelle du roi ; il figure en celte qualité sur
les états depuis 1668 jusqu'à 1682. Un peu avant cette
date, Louis XIV, charmé par quelques compositions de
l.ullv, voulut introduire dans sa chapelle un nouveau genre
de musique religieuse, avec orchestre; on a écrit que Du-
mont s'elait opposé à une réforme qu'il considérai! comme
contraire aux prescriptions ecclésiastiques, et avait quitté
volontairement la chapelle plutôt que de céder; mais ses
derniers ouvrages prouvent au contraire sa soumission au
gmit royal. Dumont était chanoine de Sainl-Servais de
Maestricbl et abbé commendataiie de Notre-Dame de Silly.
On connaît de lui deux livres de Mélanges à 2, 3, 4 et 5
parties avec la basse continue, etc. (Paris, I649etl687);
Cantiea saera à 2. 3, 4 voc. et instrumentis modu-
Inlii (1652); Motets à S voix avec la basse continue,
(1668); Motets à 2, 3 et 4 parties, pour voix et instrit-
ments (1681); Motets pour la chapelle du roy, à
16 parties, publiés après sa mort, en 1686 « par exprès
commandement de S. M.»; Cinq Messes en plain-
chant, appelées Messes royales, imprimées pour la pre-
mière lois en 1688, souvent reproduites et toujours
chantées, surtout celle du premier ton. On trouve des
motets et un oratorio de Dumont en manuscrit à la
Bibliothèque nationale. M. Brenet.
DUMONT (Jean), publiciste et historien français, ne
vers le milieu du xvnc siècle, mort à Vienne (Autriche)
en 1726. Dumont suivit d'abord la carrière militaire, puis
quitta la France et parcourut l'Europe. Il attaqua dans
quelques brochures le gouvernement de Louis XIV. Il se
lixa alors définitivement à l'étranger et devint historio-
graphe de l'empereur d'Allemagne qui lui donna le titre de
baron de Carlscroon. On peut citer parmi ses nombreux
ouvrages: Nouveau Voyage au Levant (La Haye, 1694,
in-12), réimprimé sous le titre de Voyages en France,
en Italie, en Allemagne, à Malte et en Turquie (La
Haye, 1699, 4 vol. in-12) ; Mémoires politiques pour
servir à la parfaite intelligence de l'histoire de la
paix de Ryswiclc (La Haye, 1699, 4vol. in-12) ; Recueils
de traités d'alliance, de paix et de commerce entre
les rois, princes et Etats souverains de l'Europe,
depuis la paix de Munster (Amsterdam, 1710, 2 vol.
in- H); Corps universel diplomatique du droit des
gens, contenant un recueil des traités de paix, d'al-
liance, etc., faits en Europe, depuis Charlemagne
jusqu'à présent (Amsterdam, 1726 et an. suiv.,8vol.
in-fol.). Ce recueil a été continué après lamortde Dumont
par J. Housset.
DUMONT (François), sculpteur français, né à Paris en
1688, mort à Lille (Nord) le 14 déc. 1726. Il était fils de
Pierre Dumont, membre de l'Académie de Saint-Luc. Il
obtint le premier prix de sculpture en 1709, sur un bas-
relief représentant David pardonnant à Abigaïl ; il fut
reçu membre de l'Académie royale de peinture et sculpture
le 24 sept. 1712; son morceau de réception, aujourd'hui
au Louvre, représente Titan foudroyé, statuette marbre.
Le duc Léopold de Lorraine l'appela à Nancy en 1721 ; il y
fit un fronton et le modèle d'un autel. Nous possédons de
cet artiste les statues de Saint Jean, Saint Paul, Saint
Pierre et Saint Joseph dans l'église Saint-Sulpice à Paris ;
des sculptures en bas-relief à la chapelle du château de
Versailles. Il fit aussi : pour Montpellier, le monument
de la Famille Bonnier; pour Lille, le mausolée du Duc
du' Melun, qui fut placé dans l'église des Dominicains. C'est
en faisant poser les statues de ce monument que François
Dumont se tua en tombant d'un échafaudage. M. D. S.
DUMONT (Jacques), dit le Romain, peintre français,
né a Paris en 1701, mort a Paris le 17 lévr. 1781. Le peintre
Dumont était le frère du sculpteur François Dumont, l'auteur
des grandes figures mouvementées qui décorent les portails
latéraux de Saint-Sulpice. Dans sa jeunesse, Jacques Du-
mont visita l'Italie et s'arrêta quelque temps à Borne.
C'est dans ce voyage qu'il a formé son talent. Mariette
prétend qu'il fut élève de Benedetto Castiglione : la chro-
Dl MONT
- 18
nologie proteste contre cette assertion, puisque Castighone
est mort avant la naissance de Dumont. Mariette t roulu
dire que l'artiste parisien a, comme Boucher, étudié les
œuvres du peintre génois, et, en effet, il ;i cherché, tans
les rencontrer toujours, la liberté de la touche et l'esprit
<ln travail. Des 1726, Dumont était de retour a Paris, car
c'est alors qu'il peignit des ffgures dans le décor que Ser-
vandoni avail improvisé pour l opéra daPyrame et Thisbé.
Les sujets anecdotiquea l'intéressèrent d abord et il fournit
deux dessins pour la série d'estampes représentant les
principales scènes du Roman comique. Le 25 sept. 1728,
Jacques Dumont l'ut reçu à l'Académie royale de peinture et
donna comme morceau de réception Hercule et Omphale,
mythologie assez commune quon peut voir aujourd'hui au
musée de Tours. Mais les motifs <|iii réclament un peu de
style n'étaient guère dans ses aptitudes. Dumont se hâta
de revenir aux sujets modernes et il peignit en 1731 un
vaste tableau qui n'est pas sans lui faire honneur : Ma-
dame Mercier, nourrice de Louis XV, entourée de sa
famille. Cette composition, où se groupent neuf ligures, est
peut-être le chef-d'œuvre de Dumont, qui s'y montre bon
peintre de costumes et virtuose sur de son métier. C'est
peu après qu'il prit le surnom de Romain pour n'être pas
confondu avec un de ses collègues de l'Académie qui s'ap-
pelait Jean-Joseph Dumons (V. ci-dessus). Jacques Du-
mont envoya divers tableaux au Salon de 1737, par-
ticulièrement des sujets bibliques où se révèle un certain
dédain pour la beauté des formes. Volontiers il cherchait
la couleur, mais son goût reste vulgaire. On le vit bien
dans un Mucius Scœuola, peint en 4747, à propos d'un
concours organisé entre les académiciens. Cette composi-
tion, où les critiques du temps ont signalé quelques rac-
courcis audacieux, est aujourd'hui au musée de Besançon.
En 1749, Dumont fut nommé directeur de l'Ecole des
élèves protégés qui venait d'être créée ; mais il ne con-
serva pas ce poste : c'est à la suite de cette magistrature
d'un instant qu'une pension de six cents livres lui fut
accordée.
Dumont le Romain était déjà sexagénaire lorsqu'il obtint
le plus grand succès de sa vie. Les échevins de Paris lui
avaient commandé pour la décoration de l'Hôtel de ville
une grande composition allégorique destinée à glorifier le
souvenir de la paix de 1749. Ce vaste tableau ayant été
exposé au Salon de 1761, Diderot formula quelques ob-
servations de détail, mais il y reconnut « l'œuvre d'un
maitre ». Cette peinture où îe symbolisme s'étale avec
fracas n'est pas perdue : elle était récemment déposée au
pavillon de Flore. Jacques Dumont a fait aussi quelques
tableaux pour les églises ou les couvents de Paris. On voyait
de lui aux Minimes Saint François de Paule et Louis XI;
aux Chartreux, la Vocation de Simon Pierre. A la chambre
des comptes, il avait peint un Crucifix. Pour le château de
Choisy, il représenta, dans des cadres ovales, un Repos de
Diane et une autre mythologie. Toutes ces œuvres, de style
très Louis XV, présentent un caractère un peu vulgaire.
Paul Mantz.
Bibl. : Jal, Dictionnaire de biographie, 1872, 2» édit.
— G. Vattier, Une Famille d'artistes {las Dumont , 1890.
D\lMONT (Gabriel-Pierre-Martin), architecte et archi-
tectonographe français, né à Paris vers 1715, mort après
1790. Dumont remporta, en 1737, le grand prix d'archi-
tecture sur un projet de deux escaliers et vestibule d'un
palais ; mais il ne fut nommé élève de l'Ecole de Rome
qu'en 1742. Cet architecte passe pour être le premier qui
fit connaître en France les ruines de Psestum dont il des-
sina, avec le concours de J.-G. Souj]lot (V. ce nom), les
trois temples en 7 pi. in— fol . , reproduits par Thomas
Major et J. de Varennes dans leurs ouvrages sur ces mo-
numents. Il fut nommé membre de l'Académie de Saint-Luc,
et exposa aux Salons de 1704, 1774, 1770 et 1782, une
partie des relevés d'édifices qu'il avait rapportés d'Italie.
On doit à cet architecte fort habile dessinateur les ou-
vrages suivants : Détails des plus intéressantes parties
d'architecture delà basilique de Saint-Pierre à Rome;
l. tint, .s d? architecture de différent» maître* italien»;
Parallèle de plant des plus belle* $aUet d'Italie ti de
France (avec des détails de machines théâtrales) : 3 par-
ties réunies en 1 vol. (Paris, 1763-1766; m-fol.,77 pL);
Recueil deptusieursparties de ^architecture tôt
profane (Paris, 1707, 2 vol. ÛO— fol.) ; Projet d'une
Salle de spectacle pour lu ville de Itrest, auquel un a
joint plusieurs autres dessins gravés par le même auteur
(Paris, 1772. in— fol., -20 pi.) ; \e Parallèle des plans des
plus belles salle* de spectacle eut une nouvelle édition
en 1774 et fut augmenté d'une Suite de Projets détaillés
de suites de spectacles particulières, avec des principes
de construction, tant pour la mécanique des théâtres que
pour des décorations (Paris, in-fol.). Dumont publia aussi
un plan général avec vue perspective de l'intérieur et ta-
çade d'entrée de la Nouvelle église Sainte-Geneviève de
Paris (le Panthéon) d'après J.-G. Soutflot. et un grasd
Plan du Vatican en 1775 avec une Vue de Saisit-Pierre
de Rome. Gharles Lucas.
DUMONT (Edme), sculpteur français, né à Paris en
1720, mort à Paris le 10 nov. 1773. Fils du sculpteur
François Dumont et élève de Bouchardon, il obtint le second
prix de sculpture en 1748, fut agréé à l'Académie en 1748
et nommé académicien le 29 oct. 1 752 ; son morceau de
réception représentait Milon de Crotone, statue en marbre
aujourd'hui au Louvre. Ses autres œuvres exposées au Salon
sont : la statue du Géant Polyphème (1753) ; la statue
de Céphale (1753); le groupe de Diane et Fndymion
(1771). On lui doit aussi le fronton de l'ancienne manu-
facture de Sèvres et les figures de L'Expérience et de lu
Vigilance, sur la façade de l'hôtel des Monnaies, à Paris.
DUMONT (Pierre-Etienne-Louis), jurisconsulte suisse,
né à Genève le 18 juil. 1759, mort à Milan le 29 sept.
1829. Il était d'une ancienne famille réfugiée en Suisse
pour cause de religion ; il fut d'abord ministre de l'Eglise
protestante (1781) et ses prédications furent remarquées.
Il habita successivement Saint-Pétersbourg, Londres, Paris
où il assista aux premiers événements de la Révolution
française, puis de nouveau Londres. Il se lia à Paris avec
les partisans des idées démocratiques et surtout avec Mira-
beau ; à Londres, il fit la connaissance de Sheridan. de
Fox et de Bentham. Il partagée les idées de ce grand cri—
minaliste et philosophe, se fit son collaborateur et chercha
à en reproduire et à en populariser les théories dans ses
ouvrages, mais ce fut dans un style affaibli et sous une
forme moins saisissante. En 1809, Dumont fut nommé
membre de la commission chargée par l'empereur Alexandre
de rédiger le code de l'empire russe. En 1814, il revint à
Genève, renonça aux fonctions ecclésiastiques et devint
membre du conseil représentatif. On lui doit la rédaction
d'un règlement pour le conseil représentatif, l'établissement
de la prison pénitentiaire et un projet de code pénal, d'après
les principes de Bentham, qui n'aboutit pas. Les ouvrages
de Bentham, élaborés par Dumont, sont: Truite de légis-
lation civile cl pénale (1802, 3 vol. iu-8): Théorie des
peines et des récompenses (1810,2 vol. in-8): Tac-
tiijue des assemblées législatives (1815, 2 vol. in-8);
Traité des preuves judiciaires (1823, 2 vol. in-8i : De
l'Organisation judiciaire et delà codification 11828,
in-8). Dumont a fait divers travaux entièrement personnels,
parmi lesquels il faut citer: Souvenirs sur Mirabeau et
sur les deux premières assemblées législatives (Paris,
1832, in-8), publié par son neveu L. Duval, procureur
général de la république de Genève. ti. Rec.elspehgeh.
Bibl. : Sismondi, Notice sur Dumont Revue encyclo-
pédique, 1829, t. IV. p. 258 .
DUMONT (Jacques-Edme), sculpteur français, né à Paris
le 10 avr. 1761, mort à Paris le 21 févr. 1844. Il était
fils du sculpteur Edme Dumont et élève d'Augustin Pajou.
Il obtint le second grand prix en 1783, pour un bas-relief
représentant Un Mort ressuscité pur l'attouchement
des os du prophète Elie, et le premier grand prix, on
- 19 —
1)1 MONT
ITss, pour un bas-relief représentant la Mort de Tar-
quin. Trois prix lui furent aussi décernés aux concours
nationaux de 1793. 11 a exposé à douze Salmis successifs,
de 1791 a t s 2 i . Ses œuvres principales sont: la statue
en marbre de Colbert, exécutée pour le pont do la Con-
corde, placée aujourd'hui à Versailles; la statue en marbre
de Malesherbes, pour le monument de la salle des Pas-
Perdus, an Palais de justice de Paris; la statue en marbre
de Pichegru, pour la ville d'Arbois, plusieurs bas-reliefs
do la colonne Vendôme, un Sapeur à l'are de triomphe du
Carrousel, le bas-relief de la Clémence et de /<( Valeur,
pour le même monument ; la Tragédie et la Comédie,
figures bas-reliefs pour un des œils-de-bceuf de la cour du
l.onvre. An musée du Louvre se trouve un buste en terre
cuite de Marceau, t'ait par Jacques-Edme Dumont en
l'an Mil. M. 1). S.
DUMONT tAndre). homme politique français, uéàOise-
niont (Somme) le 23 mai 1764, mort à Ahheville le 19 oct.
is;iii. Avocat, membre du dép. de la Somme en 1790,
puis du district d'Amiens, il fut élu à la Convention
par la Somme, siégea à la Montagne et émit, dans le
procès de Louis Ml. les votes les plus rigoureux. En
mission dans la Somme, le Pas-de-Calais et l'Oise (sept.
1793-févr. 1 71*4). il s'y montra très violent contre les
prêtres et, en ses lettres à la Convention, exagéra encore
ses rigueurs dans les termes les plus cyniques. Il parait
qu'en cachette il sauvait le plus de victimes qu'il pouvait.
« Le comité de Salut public, dit-il, nie demandait du
sang : je ne lui envoyais que de l'encre. » En tout cas,
André Dumont fut un des promoteurs les plus zélés de la
tentative de déchristianisation qui marqua la fin de l'année
1793 et un des adeptes du culte de la Raison. Hostile à
Robespierre, il fit partie du comité de Sûreté générale après
le !l thermidor. 11 n'en fut pas moins dénoncé comme terro-
riste en l'an III. mais se défendit victorieusement. Après le
12 germinal, c'est lui qui prit l'initiative des mesures de
proscription contre les républicains avancés. Membre du
seil des Cinq-Cents (1795-1797), sous-préfet d'Ahhe-
ville sous le Consulat et l'Empire, préfet du Pas-de-Calais
pendant les Cent-Jours, il fut proscrit en 1846 comme ré-
gicide et ne rentra en France qu'en 1830. — Il ne faut pas
le confondre avec l'obscur conventionnel Louis— Philippe
Dumont (du Calvados), né en 1763, mort en 1853, qui
fit partie également du conseil des Cinq-Cents. F. -A. A.
DUMONT (Louis-Philippe), homme politique français, né
à Dernières (Calvados) le 17 nov. 1763, mortàCarcel (Cal-
vados) le 11 juin 1833. Procureur général du Calvados,
membre du directoire de ce département, il fut élu repré-
sentant à la Convention le 8 sept. 1792. Il vota d'abord
pour la mort du roi, puis pour la réclusion et l'exil. On
peut aussi citer sa motion de faire distribuer trois mille
exemplaires de SEsquisse d'au tableau historique des
progrès de l'esprit humain, de Condorcet, motion qui fut
adoptée. 11 représenta encore le Calvados au conseil des
Cinq-Cents (vendémaire an IV).
DUMONT (Augustin-Alexandre), sculpteur français, né
a Paris le 4 août 1801, mort à Paris le 28 janv. 1884.
Elève de son père Jacques-Edme Dumont et de Cartellier,
il obtint le second grand prix, en 1821, sur un lias-relief
représentant Alexandre le Grand dans la ville des
Oxydraquet, et le premier grand prix, en 1823, sur un
bas-relief, la Douleur d'Evandre. Il exposa pour la pre-
mière fois en 1827 ; son envoi était une statue en marbre
représentant l'Amour tourmentant l'Ame ; au Salon de
1831 parut son groupe eu marbre de Levcothée et
liacehus. En 1836, il fut nommé membre de l'Institut.
Les œuvres les plus célèbres de ce sculpteur sont : le
Génie île la Liberté, statue colossale en bronze doré,
placée sur la colonne rie Juillet, inaugurée le 28juil. 1840 ;
Philippe-Auguste, statut colossale en bronze, placée en
1846 sur une des colonnes de l'ancienne barrière du Trône ;
Napoléon Ier en césar romain, statue colossale en bronze,
placée sur la colonne Vendôme le î nov. 1863 (V. Coi.on.nk,
GBA.ME ENCYCLOPÉDIE. — XV.
t. XI, p. 1 130). Les autres œuvres de Dumontqui se trouvent
à Paris et que nous devons citer, sont : toute la sculpture
du pavillon de l.esdiguières au Louvre, le fronton repré-
sentant /</ Gloireet l'Immortalité, la statue de la France
et les Deux Trophéesdela Guerreet de la Paix; Saint
Louis, Statuemarbre, au Sénat ; la Justice, statue marbre,
à la Chambre des députés ; ta Prudence et la Vérité,
bas-relief pierre, au palais de Justice ; Le Poussin, statue
niai lue, à l'Institut: le Commerce, statue pierre, au palais
de la Bourse ; le Prince Eugène, statue bronze, au palais
des Invalides ; Manche de distille, statue marbre, dans
le jardin du Luxembourg ; la Vierge, statue marbre à
Notre-Dame de Lorette ; Sainte Cécile, statue pierre, il la
Madeleine ; la Sagesse, ligure marbre au tombeau de Car-
lelier, au Père-Lachaise ; l'Harmonie couronnant le buste
de Cherubini, bas-relief marbre, au même cimetière.
Dumont a sculpté, pour le musée de Versailles, les statues
en marbre de François Ie', Louis-Philippe, Bugeaud,
maréchal de France, Humbolilt, la statue en plaire de
Louis de Bourbon Ier, prince de Condé. En province, on
a de lui : la statue bronze de Buffbn, à Montbéliard ; la
slatuebronz.edu Duc Deçà zes, à Decazeville; la statue
bronze du Maréchal Sachet, à Lyon ; la statue bronze du
Maréchal Davout, à Auxerre; la statue bronze du Maré-
chal Bugeaud, a Périgueux (une statue semblable orne
une place d'Alger); lastatue bronze du Généralité Tarlas,
à Mézin ; la statue bronze du Pape. Urbain V, à Mcnde.
A l'étranger, citons la statue bronze de Mahé deLabour-
donnais, dans l'île Maurice; la statue bronze du Général
Carrera, à Santiago (Chili). Il nous faut encore mentionner
parmi les nombreux bustes que Dumont a sculptés, ceux
de M"" Paul Delaroche, pour son tombeau ; de Gerdij,
à l'Ecole de médecine; de Dueis, à l'Institut ; à' Alexandre
Lenoir, à l'Ecole des beaux-arts ; de Labrouste, au col-
lège Sainte-Barbe. Maurice Du Seigneur.
DUMONT (Hubert-André), géologue belge, né à Liège le
13 févr. 1809, mort à Liège le 28 févr. 1857. A l'âge de
vingt ans, avant d'avoir commencé ses études universitaires,
il remporta la médaille d'or de l'Académie de Bruxelles pour
un mémoire sur la Description géologique de la province
de Liège. La plus grande partie de ce mémoire est consacrée
aux terrains primaires. Dumont les divise en trois : le terrain
ardoisier, l'anthraxifère et le houiller. Mais, grâce à l'emploi
méthodique de la stratigraphie, il dépasse de loin tous ses
prédécesseurs par la démonstration rigoureuse, d'abord dé
l'ordre de succession de ces trois terrains, puis de la cons-
titution et de l'allure du terrain anthraxifère dans lequel
il reconnaît quatre systèmes alternativement quartzoschis-
teux et calcaires, disposés en selles et bassins dont les
ondulations expliquent le nombre des bandes calcaires
du Condroz, variable suivant les localités. Dewalque (V.
ce nom) considère ce résultat comme la plus grande dé-
couverte stratigraphique du siècle. En 1833, il conquit le
grade de docteur en sciences physiques et mathématiques,
et la même année il prit possession à l'Université de Liège
de la chaire de minéralogie et de géologie qu'il devait
illustrer jusqu'à sa mort. En dehors de son enseignement,
il consacra une partie de son existence à la confection de,
la Carte géologique de la Belgique au 60,000'' qu'il
soumit à l'Académie en 1819. Bientôt après il lui présenta
la Carte géologique de la Belgique, indiquant les ter-
rains qui se trouvent en dessous du limon hesbuyen
et du sable campinien, puis la Carte géologique de la
Belgique et des contrées voisines, représentant les
terrains qui se trouvent en dessous du limon hes-
buyen et du salile campinien au «00, 000''. Supérieures
comme précision et sûreté à tout ce qui existait antérieu-
rement, ces cartes permettaient d'apprécier l'immense pro-
grès qu'avait fait la géologie de la Belgique, et, d'autre
part, elles rendirent de grands services à l'industrie
charbonnière en indiquant les limites exactes des bassins
houillers. La dernière surtout, s 'étendant jusqu'à Paris, a
Strasbourg et à Mayence, montre les relations reconnues
4
Dl MONT
- KO
par Dumont entre les formations contemporaines de la Bel-
gique, de la France et des provinces rhénanes. Ces tra-
vaux si ardus el la pratique de renseignement ne parve-
naient pas a absorber l'activité dévorante du jeune
professeur; il lit à l'Académie de Belgique de nombreuses
communications toutes empreintes d'une remarquable puis-
sance d'observation el d'une étonnante perspicacité. Nous
citerons spécialement sa Notice sur une nouvelle espèce
de phosphate ferrique (Bull. del'Acad., V), ses Obser-
vations sur la constitution géologique des terrains
tertiaires de l'Angleterre comparés à ceux de la Bel-
gique(ibid., XIX), son Mémoire sur les terrains tria-
sique et jurassique de la province de Luxembourg
i aém. de l'Acad., XV) et enfin son Etude sur les ter-
rains ardennais et rhénan de l'Ardenne, du Rhin, du
Brabanl el du Condroz Hbid., XX et XXII). Malheu-
reusement ce travail excessif altéra profondément la santé
de l'illustre géologue et il mourut jeune encore laissant
inachevées de vastes entreprises scientifiques. Dumont
était lecteur de l'Université de Liège, membre de l'Institut
de France et de l'Académie royale de Belgique. La \illc de
Liège lui a érigé une slalne de bronze. E. II.
Bibl. : Dewalque, Biographie d'André Dumonl, dans
la Biographie nationale 'belge. — D*Omai.IUS d'Haï loi,
Notice sur André Dumont; Bruxelles, lsô8. — 1 ayn,
André Dumont, sa cie et ses travaux; Liège, 1858, in-8.—
Le Roy, Liber Memorialis de l'Université de Liège; Liège,
1869, in-8. — Mémoire du centenaire de l'Académie;
Bruxelles, 1872,2 vol. in-8.
DUMONT (Joseph), journaliste allemand, né à Cologne
le 21 juil. 1 811, mort le 3 mars 1801. C'est lui qui donna
son importance à la Gazette de Cologne, acquise par son
père Marcus (mort en 1831) et grâce aux conseils de sa
mère née Schauberg (morte en 1845).
Bibl. : Geschichte der Kœlnisclien Zeilung; Cologne, 1880.
DUMONT (Auguste), publiciste français, né à Paris le
22 mai 1810, mort à Paris le 2 mai 1885. Après avoir
fait ses études de droit, il se consacra entièrement au jour-
nalisme et collabora à un grand nombre de journaux : le
Propagateur, l'Echo du commerce (1848), etc.; coo-
péra à la fondation de la République (1848), de V Opi-
nion nationale (1859), du Messager de Paris (1858);
administra la Lanterne (18(18), l'Evénement (1872), le
Télégraphe (1877), etfinalement créa kGil Plus (1880),
qui obtint beaucoup de succès, mais qui attira à Dumont
des poursuites et des condamnations pour outrage à la morale.
DUMONT (François-Marcelin^ Aristide), ingénieur fran-
çais, né à Crest (Drôme) le 2 juin 181!). Très connu pour
la hardiesse de ses conceptions, et notamment par son pro-
jet de canal maritime entre Dieppe et Paris et par ses projets
concernant les dérivations du Rhône pour noyer les vignes
phylloxérécs, etc., Dumont a conçu et exécuté tout un en-
gemble d'ouvrages pour la distribution d'eau de Lyon. L'eau
est puisée près du Rhône dans les graviers de Saint-Clair,
où elle s'accumule dans de grands bassins et une longue
galerie. « Une grande usine élévatoire, dit M. Bechmann
dans son ouvrage sur les Distributions d'eau, dont les
machines sont du type de Cornouailles, est chargée de
monter celte eau dans les réservoirs, de 10,000 et de
4,000 m. c. de capacité, situés respectivement à 50m90 et
I00œ90 au-dessus de Pétiage du Rhône, et commandant
l'un le bas service, l'autre le moyen service. » Cne usine
de relai refoule les eaux dans un réservoir de 1,000 m. c.
établi sur les hauteurs de Fourvières. Tout cela est très
remarquablement installé; malheureusement la filtralion
naturelle à travers les graviers du Rhône ne fournit pas
assez (et elle fournit de moins en moins), en sorte qu'on
prend une partie des eaux nécessaires directement dans le
fleuve. Aujourd'hui en retraite (1892), Dumont était ingé-
nieur en chef des ponts et chaussées. M.-C. L.
DU MONT (Joseph-Eugène), général français, né à Saint-
Jean-de-Laporte (Savoie) le 1er avr. 1823. Elève de Saint-
Cyr, il servit en Afrique jusqu'en 1845, tit la campagne
de Crimée, prit part a l'expédition de Kabylie (1857), à la
campagne d'Italie (1859), se distingua brillamment à Ma-
genta et a Solférino, et, promu colonel en 1862, lui de nou-
veau envoyé en Afrique. Lors de la guerre franco-allemande,
il combattit avec acharnement à Rezonville et Amanvillera,
fut promu général de brigade le 1>> oit. 1K70. fut pria I
Metz et interné en Allemagne. A la paix, il commanda a
dles, fut nomme divisionnaire le 15 mais 1K77
commanda à Bordeaux le lx corps, a Bouen le 3' corps.
Il fut mis a la retraite le 29 mars ikxo1.
DUMONT (Jules), acteur français (V. Bbasssob).
DUMONT (Félix), professeur de piano, Qls de M H6-
lanie Dumont, auteur dramatique, né & Paris le 14 août
[832. Il in ses études au Conservatoire et publia une Ecole
du piano, ouvrage considérable qui eut plusieurs édition-.
Sous le titre de Panorama élémentaire du piano à quatre
mains, il publia uneanthologie de morceaux populaires.
DUMONT (Léon), ne à Valenciennes eo 1837, mort
a Saint-Sauve, près de Valenciennes, le 7 janv. 1x70.
Kssayiste et philosophe indépendant, il était le tils unique
d'une famille opulente. Après avoir lait ses études classiques
au collège de sa ville natale et son droit à Paris, il se livra
entièrement à la philosophie. Il étudia la sensibilité et
publia, comme premier fruit de Ses travaux, deux mono-
graphies : Des Causes du rire (Paris, 1862), et/, Senti-
ment du gracieux (Paris, 1863). En même lemps, il
traduisait et commentait un ouvrage allemand qui forme
encore aujourd'hui la pierre angulaire des théories roman-
tiques chez nos voisins, la Vorschule der Aïsthetik de
Jean-Paul Richter. Celte traduction parut à Paris (1862)
sous le titre Poétique ou Introduction à l'Esthétique ^
et obtint un grand succès d'estime. Cependant Dumont
avait perfectionné son goût en fréquentant les musées
et les théâtres de Paris; il fit aussi, dans le même but,
de nombreux voyages dans les pays voisins. Ln 1863, il
donna à la Revue des Deux Mondes un article sur la
peinture contemporaine en Allemagne. Lorsque, vers
1866, l'Empire montra quelques velléités de libéralisme, il
participa aussitôt au mouvement intellectuel qui se produisit
et tit dans plusieurs villes du Nord une série de confé-
rences accueillies avec beaucoup d'intérêt et publiées ensuite,
sur MmD de Staël, sur le peintre Watteau, sur .Montaigne,
sur l'éducation des femmes et sur les Origines itr la
poésie grecque. Dumont fut en 1870 un des premiers colla-
borateurs de la Revue philosophique de M. Th. Hibot: il
était depuis longtemps de la Reçue des Cours littéraires
(Revue bleui') et de la Revue îles Cours scientifiques, et
avait donné, surtout à cette dernière, un grand nombre
d'articles fort appréciés, entre 18(i!i et 1876. Les dernières
publications de Dumont furent : Hœckel et la Théorie de
l'évolution en Allemagne (Paris. 1873), et la Théorie
scientifique de la sensibilité (Paris, 1870, Bibliothèque
de Philosophie contemporaine). Il avait composé en outre
un ouvrage considérable dans lequel il coordonnait l'ensemble
de ses théories en un système philosophique complet. Cet
ouvrage a disparu. Mort prématurément de la fièvre
typhoïde, L. Dumont n'a laissé qu'une ouvre inachevée;
mais ce lut un penseur hardi et parfois profond, un essayiste
original, un critique compétent et consciencieux, en nième
temps qu'un parlait honnête homme.
DUMONT (Albert), archéologue et administrateur fran-
çais, ne à Nev -sur-Saône (Haute-Saône) le 21 janv. IS42.
mort à Paris le 12 août 1884. Après avoir terminé ses
études au lycée de Strasbourg, il entra à l'Ecole normale
en 1861. Agrégé d'histoire en 1864 et nommé membre de
l'Ecole française d'Athènes, il passa d'abord en Grèce et en
Orient quatre années consacrées à des voyages et à des tra-
vaux d'érudition. Des l'année 1868, l'Académie des inscrip-
tions et belles-lettres couronnait son mémoire sur les stèles
représentant le/; pus funèbre, et lejcunesavant était chargé
d'une mission archéologique en Thrace. Il venait de soutenir
ses thèses pour le doctorat, lorsque éclata la guerre de 1870.
Il tit son devoir comme soldat ; un livre sur l'Adminis-
tration el la propagande prussienne en Alsace, public
en 1871, montre assez de quel côté étaient tournées ses
— M —
1)1 'MONT
préoccupations. En IS7-J, chargé d'une nouvelle mission en
Orient, il retourne en Grèce, accompagné de M. Chaplain,
ancien pensionnaire de l'Académie de France à Rome, el y
recueille des matériaui pour un vaste travail sur la céra-
mique grecque. C'était le moment où les pouvoirs publics,
en France, venaient de décider la fondation à Rome d'une
Ecole française d'archéologie. Désigné pour les fonctions
de directeur de la jeune école, Mbert Dumont accepta la
tache périlleuse de l'organiser, de l'installer, de lui l'aire
prendre en Italie son rang scientifique. Il y réussit à tel
point qu'après deux ans, un décret consacrait définitive-
ment l'existence de l'Ecole française de Rome (20 nov. 1875).
La même année, il était appelé à la direction de l'Ecole
française d'Athènes, vers laquelle le ramonaient ses prédi-
lections particulières et ses études. De retour en France,
en 1878, il est nommé successivement recteur à Grenoble,
puisa Montpellier, pour occuper enfin, en 1879, les fonc-
tions de directeur de l'enseignement supérieur. D succomba
prématurément à l'âge de quarante-deux ans, payant de sa
vie un dévouement infatigable aux intérêts de la science et
des hautes études en Fiance. Kn 1882, il avait été élu
membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
Les|travaux d'Albert Dumont sont très nombreux et
liés varies. Une longue série de mémoires, insérés dans
1rs principaux recueils scientifiques, atteste l'activité tou-
jours en éveil d'un esprit auquel rien de ce qui touchait à
la Grèce n'était étranger. Archéologie préhistorique, chré-
tienne ou byzantine, histoire de l'art, histoire des institu-
tions, il a abordé tour à tour toutes ces questions avec la
inéine méthode critique et rigoureuse. Un recueil de Mé-
langes, préparé par les soins de M. Homolle, doit réunir
prochainement les articles épars dans les revues érudites
dont Albert Dumont était le collaborateur assidu. Parmi les
ouvrages publiés de son vivant, les premiers ont trait à
l'histoire des institutions athéniennes. L'n Essai sttr la
chronologie des archontes athéniens (1870), les Fastes
éponymii/ues (V Athènes (1873) sont des travaux prépa-
ratoires à l'ouvrage d'ensemble intitulé Essai sur l'éphébie
at tique (1875-1877) où Fauteur retrace l'histoire d'une
institution propre à Athènes, de ce noviciat qui formait
tous les jeunes Athéniens à la vie publique, à l'exercice de
leurs devoirs de citoyens et de soldats. Le recueil des Ins-
< riptions céramiques de la Grèce (1870) comprend une
nombreuse série de marques d'amphores, véritables estam-
pilles officielles qui assuraient la régularité des transactions
commerciales ; c'est une contribution précieuse à l'histoire
du commerce hellénique. L'u'uvre capitale d'Albert Du-
mont, celle où l'on voit le mieux comment le sentiment
délicat des choses de Fart s'alliait chez lui à la sévérité de
la méthode, c'est le.bel ouvrage entrepris avec la collabora-
tion de M. Chaplain, les Céramiques de la Grèce propre
(4884-1890). En étudiant dans les collections publiques
et privées d'Athènes les peintures des vases grecs, où se
reflète si fidèlement, pour chaque époque, l'état général
de Fart, il avait cou<;u le plan d'un livre qui devait mon-
trer le développement historique de Fart céramique chez
les Grecs : question délicate, complexe, qui touche a la
fois à l'histoire, à Fart, à la religion, aux croyances de la
Grèce. Interrompue par la mort de l'auteur, la publication
de cet ouvrage a été continuée et achevée par les soins
pieux de M. I.. l'ottier. Il faut encore citer, paimi les
nombreux écrits d'Albert Dumont, les Inscriptions cl
monuments figurés de la Thracc (1877), ou sont enre-
gistrés les résultats de ses voyages de rei berche dans une
région peu explorée jusqu'alors. Ajoutons qu'il ne se bor-
nait pas à parcourir la Grèce en érudit; aucun esprit n'a
été plus ouvert aux choses du présent. Son livre le
Ualkan et V Adriatique (4873) témoigne assez de ses
qualités d'observateur et de la sagacité avec laquelle il a
étudié les rivalités de rare-,, les conflits d'intérêts dont la
péninsule des Balkans a toujours été le théâtre.
L'oeuvre scientifique d'Albert Dumont ne se limite pas à
ses écrits. Elle est encore dans la vive et durable Impul-
sion qu'il a su donner aux éludes érudiles, comme directeur
de nos deux grandes croies à l'étranger. L'Ecole de Rome
lui doit d'avoir traversé avec honneui et succès la phase
périlleuse îles débuts. V l'Ecole d'Athènes, sa direction a
laissé des souvenus ineffaçables. Far les travaux qu'il a
provoques et encouragés, par la fondation du Bulletin de
correspondance hellénique, il a donné une vie nouvelle
à l'institution qui représente dignement, dans l'Orient grec,
l'activité scientifique de la France. A la direction de l'en-
seignement supérieur, son action n'a pas élé moins féconde.
Il a pris une part décisive aux réformes qui ont renouvelé
et fortifié l'enseignement dans les facultés : création des
maîtres de conférences, multiplication des chaires, institu-
tion des bourses d'étudiants, dotation des bibliothèques et
des laboratoires, amélioration des méthodes, l'n livre publié
après sa mort, Notes et Discours (188;i), montre bien que
le développement des hautes études en France a été sa
constante préoccupation. Albert Dumont n'a donc pas seu-
lement laissé de remarquables travaux d'érudition; il a
contribué, pour une très large part, au relèvement de notre
enseignement national. Max. Collionon.
Hun.. : Notices sur Albert Dumont, par E. Lavisse,
dans Revue internationale de l'enseignement supérieur,
15 févr. 1885. — Th. Homolle, Bulle! in de correspondance
hellénique, ls.st. — O. Riemann, Revue de philologie,
janvier 1885. — P. Girard, Revue de l'enseignement se-
condaire, 15 sept. 1884. — Liard, Discours prononcé à
l'inauguration du buste d'A. Dumont à la. Sorbonne,
nov. [891.
DUMONT d'Urville (Jules-Sébastien-César), navigateur
français et naturaliste, né à Condé-sur-Noireau (Calvados)
le 23 mai 1790, mort à Rellevue le 8 mai 4842. A Fàge
de sept ans, il perdit son père et fut élevé par sa mère et
son oncle, l'abbé de Croizilles, qui lui enseigna les premiers
éléments ; il fit ses études au collège de Bayeux et les
acheva au lycée de Caen. Le jeune d'Urville se présenta en
1807 à l'examen d'admission pour l'Ecole polytechnique,
mais il échoua et s'embarqua peu après, en qualité de
novice, à bord AeY Aquilon, commandé par le commandant
Maingon. Ayant reconnu dans son jeune novice un goût
très développé pour l'étude et beaucoup de curiosité, le com-
mandant de VAquilon l'initia au maniement des instru-
ments nautiques, et lui donna une éducation de marin qui
lui permit de se présenter au concours d'aspirant, dont il
sortit le premier sur soixante-douze candidats, et deux ans
après il était de première classe de son titre. Pendant son
séjour à Toulon où il était de service, Dumont d'Urville
employa tous ses loisirs à développer son instruction; il
perfectionna l'étude des langues vivantes qu'il avait com-
mencées, et apprit l'hébreu et le grec. Il s'appliqua aussi
beaucoup à l'étude de la botanique et de l'entomologie.
Entre 1812 et 1816, il navigua tour à tour sur les
vaisseaux suivants : le Suffren, le Horde, le Donuwcrl,
le Royal-Louis, la Ville-de-Marseille à bord de laquelle
se trouvait la famille d'Orléans, venant de Sicile, après un
long exil, qui rentrait en France en 1844, et enfin sur la
gabarre l'Alouette. En qualité d'enseigne, il accomplit,
sous la direction du capitaine Gauthier-Duparc, comman-
dant la Chevrette, une campagne d'exploration et d'hydro-
graphie dans la Méditerranée et la mer Noire. Toujours
emporté par son zèle pour les sciences naturelles, Dumont
d'Urville profitait de toutes les stations pour descendre à
terre et se livrer à son penchant pour la botanique et aussi
un peu pour l'archéologie. A la suite d'une de ses excur-
sions, il signala à l'ambassadeur de France à Constanti-
iiople, M. le marquis Séré de Rivières, l'existence d'une
statue en marbre blanc, mutilée, à Laquelle il donnait le nom
de Vénus Victrix et qu'un paysan grec avait trouvée dans
son champ. Cette statue, qui n'étnit autre que la Vénus de
Milo, fut achetée pour le compte du gouvernement français,
-cure à l'hahilete et a l'énergie de M. de Marcellus qui
rapporta lui-même en Fiance. A sa rentrée en Fiance, il
s'occupa à coordonner les nombreux matériaux et à classer
les notes qu'il avait recueillies dans ce voyage, et les publia.
De 1822 a I82.'i, Dumont d'Urville fit à bord de la
Dl MONT - Dl MONÏÏx
Coquille, commandée par son ami Duperrey, un voyage
d'exploration autour du monde. S'attachanl parUculii re
mi'iii à ses sciences de prédilection, Dumonl d'I rville se
lit le collaborateur volontaire des deux naturalistes de
l'expédition : Lesson el Garnot, el B'occupa tout spéciale-
ini'iii de l'entomologie el de la botanique. Les résultats
de ce voyage furenl 1res appréciés et signalèrent Dumont
d'Ur ville a l'attention il» monde savant. A su» retour,
il »»i c» ordre toutes les collections et prépara la publi-
cation di' ce voyage. Nommé capitaine de frégate le '■> nov.
'1823, d'iïxille présenta au ministre de la marine le
plan d'»»e nouvelle exploration pins étendue et plus com-
plète. Il espérait pouvoir préciser exactement le lieu de
naufrage de La Pérouse et peut-être même rapatrier
quelques-uns de ses compagnons. Sans entrer dans tous
les détails de ce voyage rote célèbre, disons que, parti de
Toulon le 25 avr. 1826 sur V Astrolabe, il explora la
Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Guinée. Arrivé à Hobart
Town, il apprit par le capitaine Peter Dillon qu'il existait
des traces visibles du naufrage d'un vaisseau à l'Ile de
Vanikoro. Muni de ces renseignements, il appareilla aus-
sitôt vers ces régions qu'il n'atteignit pas sans danger. Le
second de l'Astrolabe, Jacquinot, fut envoyé à la décou-
verte et rapporta bientôt des renseignements précis sur le
lieu du naufrage ainsi que des débris : ancre, canons, pier-
riers,etc, péchés dans la mer ou recueillis entre les mains
des indigènes. On peut voir les reliques de ce naufrage au
musée de la marine au Louvre. Afin de perpétuer la mé-
moire de notre compatriote, Dumont d'Urville fit élever un
monument commémoratif rappelant le naufrage de La Pé-
rouse et de ses compagnons. — La majeure partie de son
équipage étant tombée malade, Dumont d'Urville dut songer
au retour, non sans continuer à explorer sur son passage
les cotes inconnues ou mal définies. En 1829, V Astrolabe
atteignit le port de Marseille et son commandant rapporta
de ce second voyage une ample moisson de documents :
cartes hydrographiques, données ethniques d'une grande
importance ainsi que des collections de plantes et d'insectes
dont beaucoup étaient absolument inédits. La publication
de ce voyage se fit aux frais de l'Etat sur l'ordre du mi-
nistre de la marine, Hyde de Neuville. Dumont d'Urville
lut chargé de reconduire la famille de Charles X en Angle-
terre, lâche difficile et délicate dont il s'acquitta avec une
attention et des prévenances qui lui valurent les remercie-
ments de l'ancien roi. Le projet d'exploration au pôle Sud
dont Dumont d'Urville avait présenté le rapport au roi
Louis-Philippe, fut vivement combattu à la Chambre par
Arago qui ne reconnaissait pas qu'une expédition de ce
genre fut profitable à la science; ses conclusions furent
adoptées par l'Académie des sciences qui modifia complè-
tement le projet primitif. Malgré cette désapprobation, le
commandant d'Urville, fort des encouragements de Hum-
boldt et de Krusenstern, accepta les instructions du gou-
vernement et quitta le port de Toulon en 1837 avec V As-
trolabe et la Zélée. Avec d'aussi faibles moyens, il ne put
exécuter le programme qu'il s'était tracé ; au delà du
détroit de Magellan, par 64° de lat. S. il fut arrêté parles
glaces, sans pouvoir franchir celte banquise. Son équipage
étant décimé par le scorbut, il dut revenir dans un port
de relâche pour le laisser reposer. Dumont d'Urville re-
monta au N., atteignit le port de Taleahuano, au Chili,
non sans avoir découvert de nouvelles terres qu'il appela
Louis-Philippe et Joinville; en revenant, il rectifia
encore l'hydrographie des îles Orkney et New-Shetland.
Après avoir accordé un repos ù son équipage, le comman-
dant de l'expédition reprit la mer el exécuta les instruc-
tions qui lui avaient été données; c'est ainsi q»'il visita
une grande partie des Iles de l'Océanie dont il définit exac-
tement les contours. De Hobart Town il essaya, une fois
encore, de s'élancer dans les régions il» Sud en profitant
d'un espace libre. Cependant il ne parvint pas à dépasser
66° 30 après avoir découvert deux autres terres qu'il
nomma Adelie. d» nom de sa femme, et Clarté, du
nom <le celle du commandant Jacquinot. Dumont d'I rville
revint en I rance le b' nov. l8',o, après une al»-'
trente-huit mois. Comme dans ses précédents vo}
enrichi) encore la scient e par les collections de toutes sortes
qu'il a\ait recueillies, tant en géographie el ethnographie
qu'en sciences naturelles. Nomme contre-amiral en 1840
en récompense de ses brillants services dans la marine, la
Société de géographie l»i décerna, un peu moins d'un an
après, la grande médaille d'or pour ses nombreux
couvertes géographiques. Apres avoir bravé tant de dan-
gers, après inmr accompli plusieurs fois le tour du monde,
cet illustre marin périt misérablement avec sa femme et
son fils dans la catastrophe du chemin de fer de Versailles
le 8 mai 1842.
Voici une liste des principaux ouvrages qu'il a la
Mémoire géologique sur Vile de Santorin ; Enumeratio
plantarum quas in insulis Archipelagi, aul littoribus
Ponti-Euxini, annis 18 J!) et /XW collegil atijiie
<lrir.ni j. D. d'U. (Paris. I822, m-*) ; Notice sur la
galeries souterraines de Pile de Mélos (extrait di
velles Archives des voyages; Paris, 1825, in-8) : liapporl
sur le voyage de « l'Astrolabe » lu à C Académie de»
sciences dans su séance du 11 mai 1829 (Paris, I829,
<ii pp. in-8); Mémoire sur les lies Loyalty. Partie hy-
drographique du voyage de « l'Astrolabe* (Pari-. I829,
20 pp. in-8) ; Voyage de la corvette « V Astrolabe »,
exécuté par ordre du rui pendant les années 1826 '
1829 (Paris, 1830 et suiv., 1-2 vol. gr. in-8 et 7 vol.
de pi.); Voyage au pôle Sud et dans l'Océanie sur les
corvettes « l'Astrolabe » et « la Zélée » pendant
les unnées 1837 à 1840 (Paris, 1841-1854, 23 vol.
in-8, (j atlas in-fol. ; V. pour les détails : Lorenz) ; Flore
des Malouines (en latin); Relâche de « l'Astrolabe »
aux Iles Arioco, dans Annuaire des voyages (I-
Voyage autour du monde, résumé général des voyages
de découvertes de Magellan, etc. (Paris. 1 834-1 1
1844, 2 vol. gr. in-8; nouv. édit., mise au niveau des
découvertes les plus récentes, 1833, 2 vol. gr. in-8, grav.
et cartes, rééditée en 185!)). Alb. M.
Bibl. : Lesson, Notice historique sur l'amiral Dumont
d'Urville; Rochefbrt, 1S 10, in-8. — Vincbndon-Dumoulin,
Notice biographique sur Dumont d'Urville, dans Voyage
au pôle Sud, t, X. — Du même, Quelques Observations sur
les voyages du capitaine Dumont d'Urville el de James
Ross au pôle Sud, dans Annuaire des voyages, 1844. —
Mai tericr, Notice nécrologique cl historique .sur M. le
contre-amiral Dumont d'Urville; Paris, 18421 in-s. — Isi-
dore Lebrun, Biographie de Dumont d'Urville, dans An-
yiales maritimes, t. LXXVIlI. — Berthei.ot, Eloge du
contre-amiral Dumont d'Urville, dans Bulletin de la So-
ciété de géographie, ï<> série, t. XIX. — De Barins pseu-
donyme île L.-F. Kalian , Vie. voyage et aventures de
l'amiral Dumont d'Urville; Paris, 1867, in-8. — Joluert,
Dumonl d'Urville; Tours, ls77,in-8.— Lettres de Dumont
d'Urville adressées à M. l'rost. directeur de la poste a
Mende [i8i9-i825 publiées par A. Maire, dans /terne
rétrospective, t. X, pp. 71 et suiv.
DUMONTEIL (Fulbert), publiciste fiançais, né à Vergt
(Dordogne) en 1831. Il a donne des chroniques scienti-
fiques et pittoresques à divers journaux et notamment à
la France. Nous citerons de lui : les Députes il'- la Seine,
portraits intimes (Paris. 1869, m-IS); Jardin d'accli-
matation,portraits zoologiques (1874, gr. in-8); Por-
traits politiques, les Septembrisés (1872, in-12i:
Voyage au Pays du bien (187N. m- 12); les Carillons de
Noël (1880, in-12) : Lecture expressive. Histoire natu-
relle en action (1882, in-12); les Sept Femmes du
colonel d'Arlot (1884, in-12); Contes jeunes (1886,
in-12), etc.
DUMONTIA (ZooL). Ce genre a été dédié parKunstler au
regretté Albert Dumont, directeur de l'enseignement supé-
rieur; il est basé sur une espèce de Protozoaire rhizopode
qui habite la cavité viscérale des Ophélies, que l'on trouve
sur la plage d'Arcachon. Il se distingue facilement des
autres corpuscules qui flottent dans le liquide plasmatique,
par la présence d'»» axe vivement coloré en brun foncé ;
sur les Côtés île cet axe s'étend le corps, divisé en deux
— 83 —
Dl MONTIA — 1)1 MOU.IN
lobes qui portent à la périphérie, dans la région médiane,
des pseudopodes rayonnants. Les caractères de divers
ordres que présente cet animal, le rapprochent à la lois
des Radiolaires el des Rhizopodes (V. hunstler, Bulletin
Soc. nool. </<■ France, 1885); MM. Kunstler ci île Lus-
trai- mit récemment fait connaître (1889) un Rbizopode
qui habite les eaux du bassin d'Arcachon et qu'ils consi-
dèrent comme uni' forme libre de ce genre. R. M/.
DUMONTPALLIER (Amèdée), médecin français con-
temporain, né a Ronfleur le S mars 1826. 11 a fait
toutes ses études médicales à Paris et a été interne îles
hôpitaux en I8S3, docteur en médecine en 1887, chef de
clinique de la Faculté en 1861, médecin des hôpitaux en
1886. Il a publié un travail original sur le Rétri cissement
Congénital aortùme au niveau de l'abouchement du
canal artériel ( 1866), une notesturunCffsd'oMttérotàmefe
la veine cave inférieure (en collaboration avec M. Sappey,
1864); Contribution à l'étude des anomalies de l'érup-
tion vaccinale (mémoire couronné par l'Académie de
médecine, ISTTi. M. Dumontpallier s'est beaucoup occupé
de gynécologie, et l'anneau pessaire qu'il a inventé a été
généralement adopté. Plusieurs de ses travaux ont pour
sujet l'Infection purulente et l'injection putride à la
suite de l'accouchement (4857-4865) et il a fait con-
naître récemment, a l'Académie de médecine, sa méthode
du traitement de l'endométrite chronique a l'aide des
crayons de zinc (4889-4890). Il a pris une part active à la
rédaction de la Clinique de f Hôtel-Dieu de Trousseau et
il est l'auteur îles rapports présentés à la Société de biolo-
gie sur la métalloscopie et la métallothérapie (4877-4878),
rapports qui résument les expériences auxquelles la com-
mission de la Société de biologie a dû se livrer et dans
lesquels on trouve signalée la découverte du « transfert »,
découverte que l'on considère comme appartenant à
MM. Dumontpallier et Oellé. Il est encore l'auteur de plu-
sieurs mémoires sur {'Etude expérimentale de l'action île
divers agents physiques sur l'hystérie (en collaboration
avec M. Magnin, 18N2-K5) et sur l'Hypnotisme et la sug-
gestion. M. Dumontpallier est secrétaire général de la
Société de biologie depuis 4868. D1' A. Dbreau.
DUMORTIER (Barthélémy-Charles, comte), homme poli—
terne belge, ne à Tournai le 3 av r. 1 797, mort à Tournai le
9 rail. 1*78.11 prit une part active à la révolution de 1830,
lut élu membre de la Chambre des représentants dès 1831 ,
et conserva son mandat jusqu'à sa mort, sauf une courte
interruption en 1N',7. Il joua un rôle important dans les
délibérations, notamment dans la discussion du traité dit
des XXIV articles; il démontra l'exagération des préten-
tions hollandaises et obtint une diminution considérable de
la dette que les puissances voulaient imposera la Belgique.
Il fut en 1836 le rapporteur de la loi communale, com-
battit énergiquement le traité de séparation de 1839, et,
en toutes circonstances, défendit avec beaucoup d'éloquence
les doctrines du catholicisme libéral. Son originalité faisait
parfois sourire, mais sa rude franchise, son caractère
intègre, son patriotisme desintéressé imposaient le respect
même à ses plus ardents adversaires. Dumorlier ne se
laissa pas absorber tout entier par la politique ; botaniste
distingué et membre de l'Académie, il fit paraître un grand
nombre de travaux qui reçurent un accueil très favorable
dans le monde savant et fit plusieurs découvertes impor-
tantes. Il écrivit aussi des études historiques et politiques
dont les conclusions ont été fort contestées. La liste com-
plète de ses ouvrages se trouve dans L)e Koninck [Biblio-
graphie nationale. 1,623-626). En voici les principaux:
1° histoire et politique : les Manifestes du roi Guillaume
et les griefs île la nation (Tournai, 1830, in-K); la
Belgique et 1rs XXIV articles (Bruxelles, 1838, in-8) ;
Observations sur le partage des délies des Pays-Bas
(Bruxelles, 1X38, in-X): Recherches sur le lieu d,' nais-
sance de P.-P. Rubens (Bruxelles, 1864, in-8); Nou-
velles Recherches sur le même sujet (Bruxelles, 1862,
in-8); 2° botanique : Commentât imies botanicœ (Tour-
nai, 1822, in-8); Us Graminées de la flore de Belgique
(Tournai, 1823, in-8); Florula belgica (Tournai, 4827,
in-8); Etude sur les orchidées (Mém. de l'Acad. de
Belgique, \\) ; Essai carpographique présentant une
nouvelle classification des fruits (Tournai). Le roi des
Belges avait conféré a Dumorlier les litres de comle et île
ministre d'Etat. E. II.
Bihl. : t.. Hymans, Histoire parlementaire de In Bel-
gique; Bruxelles, 1876-1888, .r> vol. in-8. — Cbépin, £to-
orapnte de B. Dumorlier; Bruxelles, 1879 — I „ Hymans,
la Belgique contemporaine; Bruxelles. 1884, in-8.
DUMOULIN (Charles), célèbre jurisconsulte français,
né a l'aris en 4500, mort à Paris le 27 déc. 1566.
Après avoir étudié le droit à Orléans et à Poitiers, il dé-
buta au barreau en qualité d'avocat au parlement de Paris.
Malgré sa science incomparable, il n'eut aucun succès ; son
échec tint à ce que sa parole n'était ni facile ni élégante.
Il était si peu agréable à écouter qu'un jour le premier
président de Thou, impatienté par cette parole difficile,
lui dit en pleine audience : « Taisez-vous, maitre Dumou-
lin, vous êtes un ignorant. » L'injure fut ressentie par
le barreau tout entier. Les anciens se rendirent auprès
du premier président, et le bâtonnier lui dit en propres
ternies au nom de ses confrères : Lœsisli hominem doc-
liorem quant unquam cris. De Thou reconnut ses torts.
La foi religieuse de Dumoulin n'avait pas la solidité de sa
science; il quitta la religion catholique pour embrasser le
calvinisme. Obligé par les guerres civiles à quitter Paris,
il alla enseigner le droit en Allemagne, notamment à Stras-
bourg. On l'appela aussi à Dole et à Besançon où il donna
quelques leçons en présence de plusieurs milliers de per-
sonnes. Ces leçons sont parvenues jusqu'à nous, et on
s'étonne en les lisant qu'elles aient pu intéresser la foule,
car elles portent sur des questions de droit très compli-
quées. Dumoulin rentra en France en 1537 et se fixa de
nouveau à Paris ; il publia des traités violents contre l'au-
torité du pape et qui obtinrent un succès considérable,
notamment son Conseil sur le fait du concile de Trente
el son Commentaire sur l'édit du roi Henri II sur les
petites dates. Mais les œuvres de Dumoulin, qui ont fait
sa réputation de jurisconsulte et qui l'ont placé à la tête
de nos légistes coutumiers, sont ses commentaires sur
un grand nombre de coutumes, notamment celui qu'il a
consacré à la coutume de Paris, son traité De Fendis et
enfin sa dissertation sur les obligations indivisibles intitulée
E.vtricatio labijrinthidividui et individui. Il faut aussi
citer son Tractatus de eo quoi interest. Les œuvres
de Dumoulin sont surtout remarquables par la richesse de
l'érudition, par la profondeur des vues et par l'habileté de
la dialectique ; mais elles sont écrites dans un style opaque
et raboteux qui en rend la lecture difficile et pénible. Mal-
gré tout, ses contemporains l'appelaient déjà le prince des
jurisconsultes, et il était le premier à n'en pas douter.
Son orgueil est resté aussi célèbre que sa science ; il pre-
nait volontiers le titre de premier jurisconsulte de France
et d'Allemagne, et il lui arriva de dire de lui-même : Ego
qui uemini cedo nec a nemine doceri possum. Son
influence a été considérable sur la coutume de Paris et on
peut même dire, d'une manière générale, sur les destinées
du droit français. Ennemi acharné de la féodalité, il a sin-
gulièrement contribué à la préparation de l'unité de notre
droit civil; il a amèrement critiqué le système qui avait été
employé pour la rédaction des coutumes ; il prétend qu'on
a trop vite voté et trop peu réformé ; il reproche à la no-
blesse d'avoir abusé de sa puissance et d'avoir empêché les
réformes. Fn particulier, le commentaire de Dumoulin sur
la coutume de Paris est resté fort précieux, d'abord parce
qu'il est le seul qui ait porté sur la coutume de 1510,
ensuite parce que ses solutions ou critiques ont été sou-
vent acceptées à l'époque de la réformation de cette coutume
en 15X0. Le Commentaire de Dumoulin sur la coutume
de Paris a été plusieurs fois édité (Paris, 1539, 1554;
Francfort. 1575: Lausanne. 4576) etGodefroy l'a adapté
à la nouvelle coutume (Paris, 1596 ; Berne, K>03). Le
Dl MOI LIN — IM MOI HIK/
- :■; _
traité des flefi a été réédité pu Henrion de Pansey ;i Paria
en 17!):! ; l'ensemble des œuvres de Dumoulin a été publié
à Paris en 1681 (•'> vol. in— fol.)-
liiiu.. : Beoui ai , VU de Dumoulin, en tête des œuvre»
de l oulin. — viollet, Histoire du • '/•<"< f\
Aubèpin, De l'Influence de Dumoulin surin ici/is-
îàtion française (extrait de la Revue critique de législation
ci de jurisprudence, t. i V, p. 261
DUMOULIN (Pierre), prédicateur et conlroversiste pro-
testant français, né le 16 oct. 1568 au château de Buhy-
en-Vexin, mort a Sedan le 10 mars Ki.">8. Sa destinée
se ressentit des temps troublés dans l<-s(|u<ls il vécut.
Il n'échappa aux massacres de la Samt-Barthélemy (1572)
que par [adresse d'uni' brave femme catholique, qui le
radia sous un lit de couvertures. L'année suivante, Du-
moulin rejoignait sa famille a Sedan, alors principauté
indépendante, ou il poursuivit ses études classiques
jusqu'à l'âge de vingt ans. Mais alors son père, a bout
de ressources, lui forcé de le conduire à Paris afin « d'y
chercher condition pour gagner sa vie » (1588). La ca-
pitale était alors en proie aux fureurs de la « Sainte
Ligue ». Dumoulin n'y resta pas longtemps et, après avoir
erré quelques semaines à Rouen et à Dieppe, il se rendit
en Angleterre où., tout en exerçant les fonctions de pré-
cepteur, il suivit les cours des savants Whitacker et Rey-
nold (1589-1592). dépendant, attiré par la réputation de
François Du Jon, professeur à Leyde, son compatriote, il se
rendit dans cette ville où il séjourna sept années. Il y en-
seigna successivement le grec et la poésie latine au collège
et la philosophie d'Aristote à l'université.
C'est à Leyde que vint le trouver l'appel du consistoire de
l'Eglise réformée de Paris, qui le nommait pasteur de cette
Egîise. Il accepta cette fois et pendant vingt ans il prêcha
au temple de Charenton avec éloquence et sortit victorieux
de plusieurs controverses, entre autres avec Palma-Cayet, le
père Coton, etc. Sa réputation d'orateur et de contro-
versiste le désigna au choix de Catherine de Bourbon,
duchesse de Bar, sœur de Henri IV, qui était restée fort
attachée au protestantisme et l'emmena comme aumônier en
Lorraine. Après l'assassinat de Henri IV, sa propre vie étant
en péril, il se réfugia à Sedan (1621), où il fut nommé
pasteur de l'Eglise réformée et professeur à l'université.
C'est dans cette ville que, sauf des séjours de courte durée
à Londres, Paris et La Haye, il passa les trente-sept der-
nières années de sa vie, partageant son temps entre la pré-
dication, ses leçons de philosophie et la publication de ses
ouvrages. Dumoulin était la terreur des jésuites qui avaient
fait sur son nom latinisé cet anagramme : Erit mundo
lupus. Dumoulin a laissé autant d'ouvrages qu'il a vécu
d'années (quatre-vingt-dix); on en trouvera la liste complète
dans la France protestante (2e éd.). Voici les principaux:
Apologie de la Cène du Seigneur, contre la présence
charnelle (La Rochelle, 1607, in-8) ; le Bouclier de la
foi (Charenton, 1618, in-8); Du Combat chrétien ou
des afflictions (Sedan, 1622); Nouveauté du Papisme
(Sedan, 1627, in-fol.) ; Anatomie de la Messe (dédié à
la duchesse de Bouillon; Genève, 1636); Dix Décades
de sermons (Sedan, 16H7-1647). G. Bonet-Maury.
Bibl. : Vic.deM.V. Dumoulin, ccrilepar lui-même, dans
le Bulletin du protestantisme français-, 1858. — N. Keco-
i.in, art. Dumoulin, dans l'Encyclopédie des sciences reli-
gieuses. — H. BORDIER, dans la France protestante, t. V.
DUMOULIN (Gabriel), curé de Mcnnoval. ne à liernay
vers 1575, mort en 1660. 11 nous reste de lui : His-
toire générale île Normandie.., depuis les premières
courses des Normands jusqu'à lu réunion de la
Normandie à la couronne de France (Rouen, 1631 , in-
fol.), les Conquêtes et les Trophées des Norman-
François aux royaumes de Naples el de Sicile, aux
duehez de Calabre, d'Antioche, île Galilée, cl autres
principautés d'Italie et d'Orient (Rouen, 1658, in-fol.).
Bim,. : lût. Frère, Manuel du bibliographe normand.
DUMOULIN (Evariste), publiciste français, né dans la
Guyenne en 1776, mort à Paris le 4 sept. 1833, Il com-
mença à se faire connaître en publiant dans un journal de
la Gironde des poésies et des triades divers, vint a Paris,
où il fonda en 1815, avec Haiseau de Belleaure, le Messa-
ger des Chambres, prit paît a la fondation du Constitu-
tionnel ( 1815-1817), ou il collabora activement dansl'in-
térët du parti libéral. Mis en minière par plnsieui
de presse, Dumoulin mit le comble ■< -a réputation en fim-
il.mi la Minerve française (1818-1820) avec Benjamin
Constant, Etienne, Jay, Jouy, Lacretelle, Tissot, etc. Ce
journal demi-périodique, destine a remplacer le Mercure.
lit une satire continuelle de la Restauration, jouit d'une
prospérité incroyable et devint une véritable puissance.
I oit populaire, Dumoulin joua un rôle actif lors de la révo-
lution dejuil. 1830, el dirigea notamment le peuple sur
l'Hôtel de ville. On a de lui : Histoire coinplète du pro-
cès du maréchal Nt y (Paris. 1815, 2 vol. in-8) ; Pro-
cès du général comte Drouoi (1816, in-8); Procès du
général Cambronne (1816, in-8) ; Lettre sur la cen-
sure des journaux et sur les censeurs (1820, in-8);
Examen du projet de loi sur la presse (1827, in-8).
DU MOU RIEZ (Charles-François), né à Cambrai le
25 janv. 17:S(J, mort a ïurville Park (Angleterre) le
14 mars 1823. Fils d'Anne-François Dumouriez, commis-
saire des guerres, il descendait d'une famille parlementaire
de Provence, connue sous le nom de Dupérier. Une demoi-
selle Anne de Mouriez, ayant épousé le bisaïeul du général,
la plupart des membres de la famille adoptèrent le nom de
Mouriez, qui par la suite se transforma en Dumouriez.
Charles-François Dumouriez était le cadet de deux sœurs :
l'une qui devint abbesse de Fervacques à Saint-Quentin,
l'autre qui épousa le baron de Schomberg, gentilhomme
saxon, mort lieutenant général au service de France. Son
enfance fut pénible. Sans les soins de l'abbé Fontaine, il
n'eût pu vivre au delà de cinq ou six ans. 11 fit d'excel-
lentes études au lycée Louis-le-Grand, eut un moment l'idée
de se faire religieux, puis se décida pour le métier des
armes. Il suivit l'armée de Soubise, se distingua au siège
de Brème et entra dans le régiment de cavalerie d'Escars.
II fit preuve de bravoure à Rosbach, Munster, Emsdetten,
Albachten, Clostercamp. A cette dernière affaire, il faillit
perdre la vie. En 1761, il rejoint son régiment et prend
part aux batailles de Villinghausen , d'Arensberg et de
Worendorf. En 17611, il est réformé avec trois cents capi-
taines et quitte provisoirement le service, après avoir
obtenu la croix de Saint-Louis.
En 1762, il s'était épris de MUe de Broissy, sa cousine,
fille de feu François-Etienne de Fonlenayet de Marie- Anne
Dumouriez du Périer, veuve en secondes noces de Léonard
Legris de La Potterie, plus connue sous le nom de mar-
quise de Belloy. Dumouriez épousa sa cousine le 13 sept.
1774. L'histoire de cette passion, les événements qui l'ont
précédée et suivie forment un véritable roman raconté,
d'après les documents inédits des Archives nationales,
dans un volume particulier dont on trouvera le titre dans
la bibliographie qui suit cet article. Je ne [mis que dire
un mot très bref de celte passion et de ces incidents. Pendant
les douze années qui séparèrent la demande en mariaue du
mariage lui-même, Dumouriez se consola facilement des
rebuffades de Mmc île Belloy et des refus obstinés de son
propre père. Il courut l'Italie, la Corse, l'Espagne, mettant
son èpée au service de Choiseul et recherchant les aven-
tures de guerre comme les aventures d'amour. II revint à
Paris, fréquenta Favier, Collé, Guibert, Crébillon fils, et la
courtisane Legrand. Il se lia avec le comte de Broglie et
entra dans le Secret du roi. 11 reçut une mission confi-
dentielle pour la Pologne en 1770, mais, occupé à l'accom-
plir, il fui tout à coup desavoue et remplace par le baron
de Viomcsnil. Il allait entreprendre un voyage secret en
Allemagne, quand la police ministérielle, lassée de ses
frasques, l'enferma a la Pastille. Il y demeura six mois,
puis fut envoyé au château de C.aen OU il mena joyeuse vie.
\ l'avènement de Louis \Y1. il lit faire de nombreuses
démarches pour obtenir sa mise eu liberté. Le 2 août 1774,
il était délivré, el un mois et demi après il épousait sa
DUMOI IRIEZ
cousine de Broissy. Cette union no tint pas ce qu'elle par
reissail promettre tout d'abord. Les deux époux ne tar-
dèrent pas à reconnaître l'incompatibilité de leur caractère.
Ce furent des nuages, pais dos tempêtes. Dumouriez avait
.■t.' chargé, en sa qualité de colonel, de faire dos études stra-
tégiques. A la lin de l'année 1777. son Précisée la défense
de la Normandie et de ses ports lui valut le commandement
do Cherbourg. H ou prit possession on I77N et s'acquitta
avec un zèle et une intelligence remarquables de ces fonc-
t ions nouvelles. Aide-marechal-brigadieren 177!), briga-
dier on 1781, aide-maréchal de camp on 1788, il arrivait
à la veille do la Révolution, mécontent d'un avancement
qui, suivant lui, n'avait pas répondu assoz rapidement à sos
mérites. Une intrigante, la baronne de Barruel-Beauvert,
dito la baronne d'Angel, sœur de Rivarol, le détourna bientôt
de sos devoirs domestiques, si bien que, le 31 juil. 1789,
Dumouriez amenait sa femme a se séparer do lui. 11 la
for^a. par ses traitements indignes, à entrer dans un
couvent. L'infortunée mourut en 1807, abandonnée presque
sans ressources, tandis que son mari fréquentait la ba-
ronne d'Angel, et se vantait « d'avoir vécu dos bienfaits»
de cotte femme pondant les deux premières années do la
Révolution.
Le grade de maréchal de camp ne suffisait point à l'am-
bition de Dumouriez. Dès les premiers événements de 1789,
il se lança dans la politique et essaya vainement d'obtenir
un mandat des électeurs de la Normandie. La Révolution
lui paraissait personnellement une carrière. Mais il n'en
aimait point les désordres, car il réprima avec vigueur doux
émeutes à Carentan et à Cherbourg. Lorsqu'on supprima
les divisions, il se rendit à Paris et parvint à se lier
avec Lalayette et Mirabeau. Il se lit affilier à la Société des
Amis do la Constitution. En proie à toutes les agitations,
il no cessa de composer des plans, des projets, des propo-
sitions de toute espèce sur mille sujets, espérant devenir,
comme il l'écrivait originalement, « le maître du bal ».
Mais déjà ce maître est né. Il a vingt ans. Lui, Dumouriez,
a le tort d'en avoir cinquante. Il se fait envoyer en mission
en Belgique et en revient avec une étude morale et poli-
tique, ou se montrent la souplesse et la vivacité de son
esprit. Il accentue sa liaison avec Mirabeau et cherche à unir
sa fortune à la sienne, se modelant ainsi sur Talloyrand.^
La mort du tribun lui porte un coup funeste et semble le
rejeter dans l'ombre. Enfin il obtient le commandement de
Nantes et s'y fait de la popularité. Lors de la fuite de Va-
rennes, il otlre ses troupes à l'Assemblée, ce qui attire l'at-
tention sur lui. Il fait la connaissance de Censonné qui le
pnuie en tous lieux; il retrouve un ami dans le ministre
Dolessart, puis grâce à L'intendantde la liste civile Laporte,
auquel il persuade qu'il est prêta sauver la monarchie, il re-
vient à Paris. Il était alors lieutenant général. On a pré-
tendu que Dumouriez, pour entrer aux affaires, avait abusé
des confidences intimes de son ami Delessarl. On ne peut
l'affirmer absolument, mais il faut remarquer qu'il le
remplaça au ministère dos affaires étrangères, le lô mars
1792, cinq jours après sa disgrâce. Il pénétra au pouvoir
avec lioland, Servan et Clavières. Il apporta aux affaires
sa vivacité, son étourderie, sa présomption ordinaires et,
ennemi m- de l'Autriche, poussa Louis XVI à la guerre.
Qu'importaient à Dumouriez les périls de cette guerre,
pourvu que son ambition eut carrière libre .' Son esprit
de domination se manifesta de telle façon qu'il se mit
également à dos les feuillants, les girondins et les jaco-
bins. Du ministère de la guerre, où il ne resta que peu
de jours, il passa à l'armée du Nord sous les ordres do
I.uckner et de Dillon. Après le 10 août, s'étant intime-
ment lié avec Danton, il remplaça Lalayette qui s'était
enfui, et prit le commandement (k.l'armée du Centre. Cette
armée était dénuée de tout. Dumouriez y remet la disci-
pline, renforce l'artillerie et les munitions, adopte les meil-
leures dispositions stratégiques. On apprend la priso de
Longwy, [mis la marche des Prussiens sur Verdun, puis
la prise de cette ville. Danton et Lebrun entrent en négo-
ciations diplomatiques avec les Prussiens. Dumouriez, qui
en l'ut informé, envoya un mémoire au roi de Prusse | i
l'éclairer sur les dangers de son alliance avec l'Autriche.
M. Uberl Sorel, qui a parfaitement élucide ces curieuses
négociations, nous informe que Dumouriez comptait sincè-
rement sur l'alliance prochaine des Prussiens, lesquels, a son
avis, devaient fatalement se brouiller avec l'Autriche. Le
général fondait ses espérances sur le parti dos philosophes
prussiens que leurs goûts personnels portaient plutôt vers
la franco.
Pendant ces négociations auxquelles se prêtait volon-
tiers le duc de Brunswick, les troupes de Dumouriez par-
taient de Sedan le lITsept., allaient s'établir à Grandpré
le 4 et le 5, occupaient, sans être le moins du monde
inquiétées, les défilés de l'Argonne. Quinze jours après, à
Vahny, elles firent reculer les Prussiens. Ce fut plus une
canonnade qu'une bataille. Mais cette canonnade devait
s'entendre dans toute l'Europe. A partir de ce moment les
armées de la Dévolution ont foi en elles et, de la défen-
sive, vont bientôt passer à l'offensive, l'n armistice a lieu.
De nouvelles négociations se greflent sur les premières.
La démoralisation se met parmi l'ennemi. Il consent à se
retirer, et il emploie trois semaines à battre en retraite.
Il sauve son artillerie, ses drapeaux, ses impedimenta.
Dumouriez aurait pu l'écraser. Il le laissa partir tran-
quillement, comptant en lui un futur allié. Ainsi finit la
campagne de l'Argonne qui sauvait la France nouvelle.
Dumouriez vient à Paris faire parade de son triomphe et
se faire donner des instructions précises pour exécuter son
projet favori : la conquête de la Belgique. LeGnov. 170*2,
il enlève la position difficile de Jemmapos et se distingue
là par un exploit qui a le plus grand retentissement en
France et en Europe. On peut dire que cotte victoire ouvre
définitivement la Belgique à nos troupes. Dumouriez aurait
pu, ici encore, anéantir l'ennemi. Il se contente d'aller hiver-
ner sur la Meuse. La façon modérée dont il traite les habi-
tants des pays conquis lui attire l'animosité dos jacobins.
Il revient à Paris où il ne trouve que peu de partisans,
augmente contre lui la haine des révolutionnaires et s'en re-
tourne àson quartier général, fort inquiet, Ie24janv.l793.
Il voit ses troupes livrées à l'indiscipline. Il remet un peu
d'ordre parmi elles et songe à assiéger Maestricht. Il veut
conquérir la Hollande. Il emporte trois places presque sans
coup férir et se croit déjà maître d'Amsterdam, quand il
apprend que les Autrichiens ont écrasé ses principales forces
sur la Meuse et la Roër. Le conseil exécutif le rappelle en
toute hâte. La défaite de Neerwinde achève de ruiner son
crédit. Il comprend alors qu'il est perdu. Il a le malheur
de négocier secrètement avec le prince de Cobourg. Il lui
promet d'évacuer la Belgique et de lui céder la place de
Condé. Le prince, de son côté, s'engage à ne faire aucune
conquête en France et à l'aider à rétablir l'ordre. Sur ces
entrefaites, des commissaires de la Convention viennent,
lui demander connaissance de ses plans. Il leur répond avec
arrogance qu'il se moque des décrets de la Conventionet que,
si on l'y oblige, il traitera Paris comme une ville rebelle.
Les commissaires vont porter cette réponse à Lebrun qui en
informe la Convention. Celle-ci mande le général à sa barre.
Au quartier de Saint-Amand, quatre commissaires de la
Convention, Camus, Quinette, Lamarque et Bancal,
viennent lui signifier le décret de la Convention. Le mi-
nistre de la guerre Beurnonville les a suivis. On sait ce qui
arriva : l'arrestation dos commissaires et du ministre et
leur abandon aux Autrichiens. Dumouriez avait compté
sans ses troupes. Il les croyait dévouées à sa personne. Elles
étaient surtout dévouées à la France. Deux jours après, il
veut les entraîner à l'ennemi. Elles le menacent de mort et
il n'a que le temps de passer la frontière. Il avait cru que
les Autrichiens, en l'aidant à rétablir la monarchie, s'abs-
tiendraient de toute complète. Le congrès d'Anvers en décida
autrement. Dumouriez se voit joué et mystifié. L'ennemi
déclare s'inquiéter fort peu de savoir qui gouvernera on
France, pourvu qu'il se rende maître des forteresses et d'une
m moi lui:/ - Di moi STlER
56
:i us^i grande quantité de paya qu'il se pourra. Dumouriez
venl protester. On Bouritde ses protestations. Les tatri-
chiens et les émigrés le raillenl ou l'insultent. Le malheu-
reux se retire A Bruxelles. Il n'y peul rester el se rend en
Allemagne, Là toul asile lui es! refusé. Il es) contraiut
de se réfugier en Suisse sous un faux nom. Il isi bientôt
reconnu el s'enfuil en Angleterre. On l'en expulse. Il va
dans le Holsteinel y séjourne avec la protection du prince
il,' Hesse. Il s'occupe à rédiger ses mémoires el force bro-
chures. En 1800, il va en Russie offrir s>on épée à Paull"
qui, après l'avoir accueilli favorablement, le congédie avec
une indemnité. Dumouriez s'adresse de nouveau a l'Angle-
terre, qui lui accorde une solde et riios|)italilé, a la condition
qu'il mettra sa science militaire à son service contre Napoléon.
Il accepte. Il va même jusqu'à offrir ses services a l'Espagne
et au Portugal contre l'Empereur et contre la France.
Une put obtenir de Louis XVIII, revenu en France, le
titre de maréchal qu'il osait solliciter, ni l'autorisation de
rentrer, quoiqu'il eût lait valoir comme services principaux
la création du port de Cherbourg, l'expulsion des étran-
gers de la Champagne, la victoire de Jemmapes et la déli-
vrance de la dauphine, échangée contre les quatre com-
missaires qu'il avait donnés tort à propos pour otages aux
Autrichiens. Pour se venger de sa déconvenue, il prétendait
que les émigrés ne pouvaient lui pardonner la victoire de
Valmy. Il avait à Londres, pour amis intimes, Canning
et le duc de Kent. Il fut enterré dans l'église anglicane
de llenley, laissant un nom déshonoré, car c'était le
déshonneur que d'avoir pactisé avec l'ennemi et d'être mort
sans patrie à l'étranger et à sa solde. M. Thiers dit pour
l'excuser : « S'il nous abandonna, il nous avait sauvés. »
Le caractère de Dumouriez répond aux événements qui
l'ont mis lui-même en lumière : c'est un mélange étonnant
d'audace et de rouerie, de décision et d'irrégularité, de
fougue et d'étourderie, d'orgueil et de suffisance. Il manqua
souvent de fierté, de constance et de pondération. La figure
de Dumouriez répondait à son caractère : les yeux vifs,
inquiets et chercheurs, le teint sombre, la bouche fine et
dédaigneuse, le masque, mobile comme celui d'un acteur, la
démarche brusque, la voix hautaine. En résumé, il était
plus diplomate que général, plus aventurier que diplomate,
plus condottiere que général. Henri Wei.schinger.
Bibl. : Correspondance de Dumouriez avec Pache,
1793, in-8. — Mémoires de Dumouriez ; 1794, 2 vol. in-8
(reproduits dans la collection Baudouin, 18.J3). — Viette,
Dumouriez unmasked ; Londres, 1793, in-8. — Courtes
Réflexions sur les Mémoires de Dumouriez, 1794, in-S. —
Digoine du Palais, Réfutation des Mémoires de Dumou-
riez., 1791, in-8. — J. Servan, Notes .sur les Mémoires de
Dumouriez, 1795, in-8. — Girtanner, Lettre au général
Dumouriez, 1795, in-8. — Réponse de Dumouriez à Gir-
tanner, 1795, in-8. — Dumouriez, De la République ou
Coup d œil politique sur l'avenir de la France, 1790, in-8.
— Kochi.it/., Cortola.il und Dumouriez ; Leipzig, 1796, in-8.
— Dumouriez, Tableau spéculatif de l'Europe, 1798, in-8. —
Lettre de Dumouriez au « Spectateur du Nord » (n° d'oct.
1799). — Nouveau Tableau spéculatif de ('Europe, 1799, in-8.
— SviiEi., Histoire de l'Europe pendant la Révolution fran-
çaise; Paris, 1880,6 vol. in-8. — Boguslawski, Das Lebendes
Gênerais Dumouriez ; Berlin, 1878-79, 2 vol. — Vivbnot,
Souvenirs de i histoire de tapolitique autrichienne ; Vienne.
— Nisarij, Considérations sur la Révolution française;
Paris, 1887, in-12. — Duc de Bro<;lie, (e Secret du roi; Paris,
1888, in-8. — Albert Sorel. Un Générât diplomate au temps
de la Révolution, dans la Revue des Deux Mondes, 15juil.,
l°r et 15 août 1884. — Du même, l'Europe et la Révolution;
Paris, 3 vol. in-8. — Arthur Chuquet, la Première Invasion
prussienne ; Paris, 1880, in-12; — Valmy, Paris, 1887, in-12;
— la Retraite de Brunswick ; Paris, 1887, in-12; — Jem-
mapes : Paris, 1890, in-12; — la Trahison de Dumouriez;
Paris, 1891, in-12. — Pallain, la Mission de Talleyrand a
Londres en 1T.IJ; Paris, 1888, in-S. — Mir.imta et la Révo-
lution ; Caracas, 1889, in-12. — Henri Welsciiinger, le
Roman de Dumouriez. 1890, in-12. — Archives nationales,
A rchives de la guerre et des affaires étrangères. — V. aussi
Mémoires île Lafayette, l'Annuaire nécrologique de 1823,
et Revue rétrospective du 13 oct. 1830.
DUMOUSTIER ou D U M 0NSTIER. Plusieurs peintres et
crayonneurs du xw" et du xvn8 siècle ont porte ce nom.
Leur généalogie e>t assez embrouillée. Il semble cependant
(pie le cbel' de celte famille est un certain Etienne, peintre
miniaturiste, ooi travaillait a Rouen, en 1501, ■ illustrer
les manuscrits du cardinal d'Amboise. Il mourut en 1530.
— Son (ils OU son frère, Geoffroy, également peintre irinia-
turiste, naquit ■ Paris au commencement du \w siècle. Il
devint l'élève du peintre Florentin Rossodo Rossi, lorsque
celui-ci vint, vers 1530, en France, ils décorèrent ensemble
le château de Fontainebleau. Geoffroy fit quelques peintures
dans la galerie. On lui attribue quelques gravures ainsi que
le dessin d'une verrière conservé au musée du Louvre. H
mourut après 1547.11 eut trois lils : Etienne, second du nom,
Pierre et Cosme. — Etienne II, né en 1520, fui peintre
et valet de chambre des rois de France, de Henri II k
Henri IV, ainsi que de la reine Catherine de Médicis. Il
ligure, avec son frère Pierre, dans un croquis bistré,
rehaussé de blanc, qui est conservé au Cabinet des estampes.
Ce dessin représente la signature par Catherine de Médicis
du contrat de mariage de son nain et de sa naine. Il
mourut en 1603 et fut enterré dans le cimetière de l'église
Saint-Jean-en-Grève. Ses armes étaient d-aïur u l'église ou
moutier d'argent. — Pierre, second fils de Geoffroy, fut,
comme son frère aîné, peintre et valet de chambre de la reine
Catherine de Médicis dès IMS.'». Il mourut en 1604,) l'âge
de quatre-vingts ans. — Le dernier des fils de Geoffroy,
Cosme, est cité dès 1581 comme peintre et valet de chambre
de Catherine de Médicis. A cette date, la reine Marguerite
de Navarre l'avait fait venir auprès d'elle à Nerac. Il vivait
encore en 160-2, époque ou il habitait Rouen. Cosme eut
deux fils, Pierreet Daniel. — Pierre, second du nom, néà
Paris en 1565, mourut dans aette ville en 1050. Il avait
visité la Flandre où, dit-on, il vendit à l'archiduchesse
Isabelle les dessins de son oncle Etienne IL (I avait voyagé
en Italie. C'est à Rome, en 1633, qu'il fit plusieurs dessins
assez médiocres, conservés au Cabinet des estampes. Parmi
les autres œuvres de cel artiste qui ont été réunies dans le
même dépôt, il faut citer un joli portrait au crayon repré-
sentant M. de Nègrepelisse, daté de 1U18. Thomas de Leu
grava, d'après un de ses dessins, le portrait du calligraphe
Guillaume Le Gangneur. Pierre II fut peintre et valet
de chambre du roi. — Daniel est le crayonneur le plus
connu de toute la famille. Il fut surnommé Dumonstier-
Crayon. Né le 14 mai 1374. peintre et valet de chambre
du roi, il dut à la générosité de Louis XIII la terre du
Plessis-Bertrand. Il fut également peintre de la reine Marie
de Médicis et de Gaston d'Orléans. Ses œuvres, d'une colo-
ration assez médiocre, ne manquent cependant pas d'une
certaine habileté dans la recherche de la ressemblance. Le
Cabinet des estampes possède de nombreux crayons de
Daniel. Un des plus intéressants est le portrait de sa
seconde femme, Françoise Hésèque, qui porte l'indication
manuscrite suivante : « faiete ce S de may 1629, commencée
par mon fils aine (Etienne) corrigée et finie par moy D. Dn-
monstier, etc. ». Parmi les dessins du musée du Louvre se
trouve le portrait du chancelier Nicolas lirulart de Sil-
lery et au musée de Douai celui de Jacques d,- Harlem,
favori de Henri III, tous deux dus au même artiste. Daniel
parait avoir l'ail pour lui-même un certain nombre de dessins
qui portent l'annotation manuscrite « pour et par Daniel
Dumonstier » et souvent des mentions irrévérencieuses. H
ne parait pas avoir joui d'une excellente réputation auprès
de ses contemporains ; Tallemanl des Rèaux, entre autres,
est l'écho de celte mauvaise renommée. Daniel mourut
âgé de soixante-douze ans el l'ut enterre, le -1-1 juin 1646,
à l'église Saint-Germain-l'Auxerrois. — De ses six fils, on
seul, Nicolas, parait avoir suivi la carrière de son père. Il
l'ut reçu à l'Académie de peinture le 4 janv. 1665. Il elait
peintre et valet de chambre du roi. 11 mourut le l(> sept.
t()(>7. Sa veuve. Marie Gaspar , reçut la somme de
1,500 livres pour les services qu'avait rendus son mari en
aillant à sauver, lois de l'incendie du Louvre, quelques
peintures de la galerie. F. Hazebollb.
Bibl.: Mabiette, Abeced&rio, t. II. — Tai.i.kmant des
Réaux, Historiettes, édit. Montnerqué, t. Y. pp. 55etsuiv.
— Laborde, ta Renaissance des arts à la rour de France;
études sur le xw0 siècle; Pans. ls.">u-ls.r>ô. — Rbisi
— 87 —
1)1 MOI ISTIEB — DUN
Kea ntr las dessins du Louvre; Paris, 186649, i II, pp. 88
suiv. — il. Bouchot, lea Portraits aux crayoos
des wi« et xvf siècles conservés a la Bibtiot/tôque natio-
nale f5?5-f646); Paris, 1884, pp. 76 et suiv.
DUMOUTIER (Emile-Gustave), sinologue, annamitisant
et administrateur Français, nèà Courpalay (Seine-et-Marne)
le ;'. juin 1850. Attaché en févr. 1886 à la mission Paul
Bert au Tonkin en qualité d'interprète, il s'y lit bien vite
une situation exceptionnelle, fui chargé de l'organisation
de renseignement franco-annamite el nommé inspecteur
de l'instruction publique du protectorat. L'organisation
de rensetfnemenl au Tonkin reste jusqu'ici l'œuvre ca-
pitale de M. Dumontier. Il a fondé des écoles françaises
ians toutes les capitales de provinces et préconise, dans
les écoles indigènes, l'emploi du ipioc'ngu (transcrip-
tion des hiéroglyphes en caractères latins), pour y trans-
former progressivement les ouvrages de l'enseignement
confucianiste et amener sans secousse, par une modifi-
cation lente et continue de l'individu, la nation annamite
a ae soustraire à la direction morale de la Chine. On lui
doit de nombreux ouvrages composés spécialement pour ses
écoles : Alphabet ei exercices de lecture à l'usage des
écoles franco-annamites; exercices pratiques de langue
annamite; Manuel militaire franco-tonkinois, etc. Il
a publié en outre de curieuses études d'histoire, d'archéo-
logie et d'épigraphie annamites, notamment : les Légendes
historiques de l'Annam et du Tonkin; les Pagodes de
Hanoi; l'Enfer des bouddhistes tonkinois;une traduc-
tion des Chants populaires des Annamites. Abel Bertier.
DUMREICHER(.\rniand von), homme d'Etat autrichien,
né à Vienne le 1"2 juin 1845. 11 lit ses études à Vienne et
i ('.n'ttingueet entra au ministère de l'instruction publique.
Il contribua puissamment à organiser les écoles industrielles
dans le sens allemand ; mais l'opposition qu'il rencontra
chez les nationalités slaves l'obligea à se retirer en 1886.
Il devint alors député et se fit remarquer par son opposition
à la politique conciliatrice du comte Taaffe. Il a publié entre
autres: Die Verwaltung der ôsterreichischen Universi-
tâten (Vienne, 1873); Der franzôsiscne Nationalwolhl-
stand... (;'/'., 1879); Die Aufgaben der Untcrrichtspo-
litik im Industricstaat {ib., 1882). Quelques-uns de ses
discours ont été publiés par Prœk dans l'ouvrage intitulé
Zur Loge des Deutschtums in t Ester reich ( Berlin, 1882).
DUMREICHER von Œsterreicher (Johann-Friedrich
von), médecin autrichien, né à Trieste le I3janv. 1815,
mort à Janusschowitz (Croatie) le I!) nov. 1880. Il fut
professeur de chirurgie a l'Université de Vienne, directeur
de l'Institut de médecine opératoire et de la clinique chi-
rurgicale, etc. Il prit part à la campagne de 1866 et eut
à la suite une importante polémique avec les médecins mi-
litaires prussiens. C'est Dumreiclier qui, en 1869, réor-
ganisa le service de santé militaire en Autriche. Il intro-
duisit également d'importantes réformes dans l'enseignement
de la médecine. Dr L. Un.
DUN. Montagne d'Allemagne, près d'Erfurt, 517 m. de
haut, bornée au N. par la vallée de la Wipper ; prolongée a l'E.
par la Hainleite, elle se rattache aux hauteurs de IaThuringe.
DUN. Corn, du dép. de l'Ariège, arr. de Pamiers, cant.
de Mirepotx, sur la Douetouyre, affluent de l'Hers ; 872 hab.
Le nom seul indique une origine celtique ; ce lieu n'est pas
mentionné avant l'an 1(131: le château de Dunum était
alors chef-lieu d'un petit pays appelé Dunense, Dunes.
DUN (Cattrum Duni, 1065). Cli.-l. de cant. du dép.
de la Meuse, arr. de Hontmèdy, sur la Meuse, à I!) kil.
au S. de Montmédy ; 884 hab. Fabrique mécanique de
parquets. — Hun était dans les temps antiques un oppi-
dum que Godefroy IV, comte de Verdun, convertit en
château fort vers l'an l0o3 ; il devint chef-lieu de baron-
oie, puis de comté et plus tard de prévôté, et lit successive-
ment partie de l'Astenois, du Dormois, du Verdunois, du
Barrais, puis du Clermontois. Il y avait à Hun un prieuré
dit de Saint-Gilles, fondé en 1094, et une maladrerie
connue sou» le nom de Warinvaux. Les sires de Hun
portaient de gueules à ta croix d'argent.
Him . . Félix Liùnard, Dictionnaire toporiraphiqnr On
dép. de ta afeuae; Paria, 1878, pp. 71-75.
DUN-LE-Palleteao. Ch.-l.de cant. du dép. de la Creuse,
arr. de Guère! ; 1,786 hab. Le nom même de Dun, qui
n'est autre (pie le celtique ilunum, élévation, montre (pie
cri le localité existait a l'époque gauloise. A l'époque méro-
vingienne, la vie de saint Kplailius parle du siège d'une
localité appelée Itlunum, au diocèse de Limoges, par les
WisigOths. Joullietton, dans son Histoire de lu Marche.
identifie Dun-le-Palleteau avec cet Iduuiim, mais sans
grande vraisemblance; il s'agit très probablement d'Altun.
Ce n'est qu'au moyen âge que Hun-le-1'alleteau prit de
l'importance, une puissante famille féodale y ayant fait
construire un château au x1' ou xiu siècle et ayant pris le
nom de Hun. La fille de Gérald de Hun épousa Roger
Palastel à la lin du xuc siècle, et c'est le nom de la famille
l'alastel ou Palleteau qui ligure aujourd'hui dans l'appel-
lation officielle de Dun-le-Palleteau. La seigneurie de Hun
ou de Hunois s'étendait sur plusieurs paroisses voisines
(notamment Saint-Sulpice-le-Diinois, La Celle-Dunoise, Bus-
sière-Dunoise) etrelevait directement du comté de la Marche;
on a eu tort de voir dans le Danois une ancienne vicaria
mérovingienne; le texte sur lequel on s'appuie s'applique à
Dun en lîerry. Dun fut jusqu'en 1711 dans la dépendance
de la paroisse rurale de Sagnat ; à cette époque seulement,
il fut érigé en cure et une des chapelles du château reçut
le titre d'église paroissiale ; ce fait montre bien l'origine
purement féodale de Dun-le-Palleteau. Fn 1590, Guéret
ayant pris parti pour la Ligue, des lettres patentes de
Henri IV transportèrent a Dun-le-Palleteau la capitale du
comté de la Marche, mais cette mesure n'eut probablement
pas de suite. Aux xvue et xviii" siècles, Dun-le-Palleteau
avait un important grenier à sel, dont dépendaient dix-sept
paroisses voisines, et une juridiction des gabelles ; les procès
et exécutions pour faux saunage y étaient fréquents. Ant. T.
DUN-le-Roi (V. Dun-sur-Auron).
DUN-les-Plaoes. Corn, du dép. de la Nièvre, arr. de
Clamecy, canl. de Lormes, sur une hauteur dominant la
Cure ; 1 ,755 hab. Ruines de l'ancienne église paroissiale
de Saint-Martin, du xne siècle, restaurée en 1682. Eglise
paroissiale de Sainte-Amélie, construite de 184M à 1850, en
granit, style roman. Chapelle de Saint-Roch, but de pèleri-
nage, reconstruite en 1851, sur la montagne de Saint-Marc.
DUN-sur-Auron ou DUN-i.e-Roi. Ch.-I. de cant. du dép.
du Cher, arr. deSaint-Amand-Mont-Rond, sur l'Auron et le
canal du Berry; 4,274 hab. Mines de fer; carrières. Fila-
ture. Fabriques de tissus et de billards. Corroirie. Im-
portant marché aux laines et aux peaux le premier samedi
tle juillet. Cette localité fort ancienne existait avant l'arrivé
des Romains. Elle faisait partie
du domaine de la couronne dès
le xie siècle et devint le chef-
lieu d'une chàtellenie royale
qui reçut de Louis VII, en
1175, des franchises, confir-
mées par Philippe-Auguste en
1181. Pierre de Giac, favori
de Charles VII, fut précipité
dans l'Auron du haut des tours
de Dun-sur-Auron par La Tré-
moilleet le connétable de Riche-
mont. Pendant les guerres de
religion, les prolestants s'em-
parèrent de la place et s'y main-
tinrent quelque temps. Des anciennes fortifications de Dun
il ne subsiste qu'une porte flanquée de deux tourelles.
L'église (mon. hist.) est un édifice du xuie siècle, avec
des reprises du xiv': et du xve. Elle a conservé d'anciens
vitraux et un saint-sépulcre fort ancien, mais qui a subi
beaucoup de restaurations. Les armoiries de Dun sont
i'auir au mouton passant d'argent, au chef de France
et à ta fasce de gueules.
DUN-sur-Grandry. Com. du dép. delà Nièvre, arr. de
Armes de Dun-sur-Auron.
MIN — DUNliAP.
— 5K —
Chàteau-Chinon, caot. de Chalillon-en-Bazois, sur un pla-
teau dominant leVeynon; 's'i" hab. Eglise de Saint-Jean-
Baptiste, iiu mi' siècle, sur plan rectangulaire, avec abside
voûtée en cul-de-four. H. P.
OUN (Lord John de) (V. Ebskixb [John]).
DUN. Nom d'une famille de chanteurs, qui, au svn* el
au \mm' siède, tinrent honorablemenl leur placée l'Opéra
et sur les théâtres de la cour. Les deux chefi de cette
dynastie, l'un « l'alné » et Dun « le cadet », étaient deux
frèresqui firent partie delà musique particulière de Louis \l\
et qui concoururent à l'exécution des Plaisirs troublée,
mascarade jouée devant la cour, au Louvre, en 11)07. L'un
des deux parutencoreen 1003, à Vincennes, dans le Ballet
royal des Arts, et se montra aussi sur le théâtre de Molière,
dans la Pastorale comique, où il personnifiait l'un des ma-
giciens chantants, et dans la Princesse d'Elide. L'est le fils
d'un de ces deux artistes qui fut engagé à l'Opéra de l.ullv,
où il parut pour la première fois en 1684, dans le rôle de
Florestan AAmadis de Gaule. Doué d'une très belle voix
de basse-taille, il n'était point sans talent, car c'est à lui
que Lully confia le rôle fort important d'Hidraot dans
Armide, et celui de Polyphème dans Aeis et Galathée.
Malheureusement pour lui, la venue de Thévenard, artiste
d'une valeur exceptionnelle, vint le reléguer au second plan,
et l'obliger à se contenter de l'emploi des grands confidents
ou troisièmes rôles. Il n'en fournit pas moins une carrière
honorable et active, mais surtout très prolongée, car il
parait avoir pris sa rertaite seulement en 1730, et être mort
en 1745. Il avait créé à l'Opéra un grand nombre de rôles,
entre autres dans Enée et. Lavinie, Didon, les Saisons,
Ariane et Bacchus,Issé, Marthésie, Canente, Tancrède,
les Muses, le Carnaval et la Folie, Iphigi'nir en Tau-
ride, Télérnaque, la Vénitienne, Cassandre, brada-
mante, Manto la fée, les Ages, les Fêtes de Thalie. —
Le fils de celui-ci, Jean Dun, débuta lui-même à l'Opéra,
comme chanteur, entre 1715 et 1720, obtint à ce titre sa
pension en 1741, et passa alors dans l'orchestre, en qua-
lité de violoncelle, pour se retirer définitivement en 1752.
Il eut une fille, qui fit aussi partie du personnel chantant
de l'Opéra, où elle n'occupa jamais qu'une situation secon-
daire, bien qu'elle ait créé un certain nombre de rôles, et
un fils qui appartint à l'orchestre de ce théâtre, comme
violoniste, de 1748 à 1762. Arthur Pougin.
DUNA. Fleuve de Russie (V. Dvina).
DUN A. Nom magyar du Danube qui forme le nom de
plusieurs petites localités de Hongrie : Duna-Fœldvâr, Duna-
Pentele, etc.
DUNA-Patoj. Bourg de Hongrie, comitat de Pest;
(1,000 hab.
DUNABOURG. Ville de la Russie d'Europe, chef-lieu
de district du gouvernement de Witebsk, située sur le
lac Tchoun et la rive droite de la Duna au point de ren-
contre des chemins de fer Wilna-Pètersbourg et Riga-Smo-
lensk; 09,033 hab. C'est une des places de guerre les
plus importantes de la Russie occidentale. Elle possède
de nombreuses fabriques et fait un grand commerce de
lin, chanvre et bois de construction. Elle remonte au
xiii0 siècle; pendant la domination polonaise, elle était le
ch.-l. de la Livonie. Disputée à diverses reprises par les
Polonais et les Russes, elle a été définitivement annexée
à la Russie en 1772.
DUNAJEC. Rivière de l'empire d'Autriche. Elle prend
sa source dans les Karpates, sépare pendant quelque temps
la Galicie de la Hongrie, et se jette dans la Vistule auprès
d'Opatowice. Elle est formée de la réunion du Dunajec blanc
et du Dunajec noir. Sa longueur est d'environ 200 kil.
DUNAJÉWSKI (Julien)', économiste et homme d'Etat
polonais contemporain, né à Noroy-Sandecz (Galicie) en
1822. En 1850, il prit à Cracovie le titre de docteur
en droit et devint suppléant de la chaire des sciences poli-
tiques à L'Université de cette ville. Après avoir enseigne a
Presbourg et à Lwow, il revint en 1861 à Cracovie comme
professeur d'économie politique. Il fut à diverses reprises
doyen et recteur. En 1 87< », il fut nommé députe a ht diète
de Gfllieie, en 1873 au Etekharatii de Vienne ou il ^*- fit
remarquer par sa compétence spéciale en matière écono-
mique. En 1880, il devint ministre des PntBCfS < I :j 1 1 > le
cabinet dsleithan présidé par le comte Taafle. fl a quit
poste en ik'.m. Il a publié en polonais quelques ouvra
d'économie politique.
DUNAMUNDE. Ville de la Russie d'Europe, ail
Livonie, à l'embouchure de la Duna, dans le golfe de Riga;
1,500 bah. Elle possède une forteresse importante d un
port ou peuvent mouiller jusqu'à trois cents navires. Elle
remonte an uu* siècle, et fut enlevée aux Suédois par les
Elusses en 1310.
DUNAN-Mousski'x (Guadon dit), pubuaste français,
mort à Paris le 4 août 1868. Grand faiseur de réclami
de boniments échevelés, il collabora à la Chandelle démo-
cratique et sociale (1849), journal mensuel politique, cri-
tique et charivarique; fonda le Pierrot (1851), le Porte-
voi.i '(1850), le Père sans gène (1860-62) et autres minus-
cules feuilles fugitives. Il a de plus collaboré avec Mareuge
et Voisin au Théâtre contemporain illustré, et écrit
quelques pièces : l'Orgueil, drame en cinq actes en collabo-
ration avec Llaunet ( Paris, 1859, in-4) : le Pays latin, axante
en cinq actes tiré du roman de H. Hurger (Paris, 1804,
in-8) ; les Cinq Francs d'un bourgeois de Paris, comédie-
vaudeville en cinq actes, en collaboration avec Jules Pelissié
(Paris, 1800, in-12); et autres pièces en collaboration
avec Montagne, Lejebvre, Potier (V. ces noms).
DUNANT (Jean-François), peintre français du xixe siècle,
né à Lyon. Elève de Regnault, cet artiste ne sut pas pré-
server ses œuvres du faux goût, de la froide prétention qui
se retrouvent trop souvent chez les élèves de son maître.
11 cultiva l'histoire, le genre et le paysage, et l'on peut
citer comme les plus intéressants de ses tableaux :
Bienfaisance de Napoléon (S. 1808); in Jeune Ch»
lier partant pour une expédition, reçoit un gage
d'amour de la dame de ses pensées (S. 1812) ; Gil filas
congédié par l'archevêque de Grenade (S. 1817) ; Don
Quichotte (S. 1827). Le musée de Douai possède de lui
un tableau, la Laitière. Ad. T.
DUNANT (Jean-Henry), philanthrope et homme de
lettres suisse, né à Genève le 8 mai 1828. C'est à un petit
livre qu'il publia en novembre 1802, Souvenir de Solfé-
rino et à la discussion que ses conclusions occasionnèrent
à la Société genevoise d'utilité publique (févr. 1803) qu'on
doit le mouvement humanitaire d'où sortit le 22 août 1864
la Convention de Genève.
DUN BAR. Ville maritime d'Ecosse, comté de Hadding-
ton, sur une colline qui domine l'entrée de l'estuaire du
Eorth ; 3,001 hab. C'est un vieux port dont l'importance a
décru, car les rochers qui en obstruent l'entrée ne le
laissent accessible que pour les navires de 300 tonneaux.
Un nouveau bassin a été creusé en 1840 (Victoria Bar-
boni). Dunbar est un des centres de la pèche dans ces pa-
rages, surtout de la pêche du hareng dont il exporte 4 à
5,000 tonnes par an. La ville a conservé son aspect aneian
et les ruines de son vieux château. Elle e-t située dans
des parages très pittoresques, au milieu de rochers basal-
tiques. — A partir du xi" siècle, le château de Dunbar
fut la résidence principale des puissants comtes de Mardi
(V. ce nom). C'était un des boulevards de l'Ecosse contre
les Anglais. Edouard Ier, après avoir vaincu sous ses murs
John lialiol (avr. 1290), s'en empara ; Edouard II s'y ré-
fugia après la défaite de Bannockburn. Démoli en 13
reconstruit trois ans après, il fut assiège par le comte de
Salisbury et défendu par la comtesse de Mardi qui fit lever
le siège (4338). En 1507. le régent Murray le fit raser.
Le 3 sept. 1050. C.roiiiwell défit à Dunbar les presbytériens
écossais (V. CrOMWSLl).
DUNBAR ((.ointes et vicomtes) (V. Home).
DUNBAR (William), poète écossais, ne à Salton en
1460, mort à la bataille de IToden en 1515. Il tut dans
sa jeunesse prêcheur franciscain, allant de-ci de-là, jusqu'en
— 50 —
DUNMAR — DUNCAN
Picardie, menant vie joyeuse el comme il le dit lui-mème
vivant de pieuses fraudes. De retour eu Ecosse, il entra au
service de Jacques IV qu'il amusait par ses aventures de
voyage, ses poésies et sou esprit. Il l'ut mime chargé
d'importantes missions en France, en Irlande, en Allemagne,
eu Espagne, en Italie. Il écrivit environ cent poèmes parmi
lesquels il tant citer : The Thrissil and the Rose (1503), a
1*00 asion du mariage de Jacques IV avec Marguerite, sœur de
Henri Vlll; The Goldsii Tiinj,-{\l>OH), ou il montre la supé-
riorité île l'amour sur la raison ; The Tic<< Maryit Women
ami the Wedo, amusante conversation de trois femmes
raoontanl leurs expériences de la vie conjugale : llie Frei-
ns of Berwik. etc. Sept de ces poèmes imprimes par Chcp-
man. en 1808, sont le plus ancien spécimen de typographie
anglaise. Mais oii il est surtout remarquable, c'est dans The
Daunce of the scren deadly Sins, on il fait défiler les sept
péchés capitaux devant le diable, lantastique et terrible
personnification qui atteint l'intense réalité du Dante et la
pittoresque fantaisie de Callot. Le talent mâle et original
tle Dunbar, bien qu'il se soit inspiré parfois de Chaucer,
l'a placé au premier rang des poètes écossais. Il est, suivant
Walter Scott, sans égal dans sa patrie. Une édition com-
plète de ses œuvres a été publiée par Laing en 1 834, par
Peterson en 1860, et une nouvelle en 1884. Hector France.
Ribl. : Kaiimasn, Traité de la langue dupoète écos-
sais W. D.. pn'-cédé d'une esquisse de sa vie ; Bonn, 1873.
DUNBAR (James), écrivain anglais, mort à Aberdeen
le 28 niai 1798. Régent du collège royal d' Aberdeen, il y
enseigna la morale pendant une trentaine d'années. Il a
écril : DePrimordiis dvitatumoratioin quaagiturde
bt'llo civili inter Magnum Britanniamet Colonias nuiic
flagrante (Londres. ITT!*); Essays on the History of
Mankind in rude and uneultivatedages (Londres, 1780).
DUNBAR (Robert Nugent), poète anglais, mort à Paris
en 48(56. 11 habita longtemps les Antilles, dont les mœurs
et les paysages lui inspirèrent de jolies poésies. Nous cite-
rons: The Cruise (Londres, 1835, in-8) ; Ihe Caraguin
(4837, in-8) ; bidian Hours (4839, in-8); TheNuptials
of Barcelona (1851, in-8); Beau fies of Tropical Sce-
nery (186-2, in-8, plusieurs édit.).
DUNBLANE. Ville d'Ecosse, comté de Perth, sur la
rive gauche de l'Allan, à 8 kil. N. de Stirling; 2,186 hab.
Elle doit son nom à saint Diane, évèque du vin0 siècle.
Elle possède les ruines d'une belle cathédrale, fondée en
1 1 ',2, reconstruite vers 1 '240 en style ogival ; la tour, haute
de 40 m., est en partie romane; le chœur, qui a été conservé,
est ogival : les stalles ont de belles boiseries. Le dernier
évèque de Dublane fut Rob Leighton. — Dans le voisinage
sont une source minérale assez fréquentée et la localité
de Sherifjmuir où en 171 a le duc d'Argyll combattit les
jacobites du comte de Mar.
DUNCAN Ier, roi d'Ecosse, mort en 1040. Il succéda en
1034 sur le trône d'Ecosse à son grand-père Maleolm
.Maekenneth. La seconde partie de son règne fut troublée
par les incursions du comte Eadulf (1038) et par ses dé-
mêlés avec son cousin Thorfinn, qui le battit complètement
et qui partagea une partie de ses possessions avec Macbeth,
roi de Moray. Shakespeare a écrit son King Duncan sur
des données absolument mythiques. — Duncan //, roi
d'Ecosse, mort en 1094, fils de Maleolm III, monta sur le
trône en 1093 ; il eut de grandes difficultés à faire recon-
naître ses droits, et il dut expulser Donald liane, son
oncle, qui s'était fait élire en son absence et qui, ayant de
nouveau réuni des partisans, le fit assassiner.
Biul. : Morm.vyr. Archiv, 1815, Die schottischen Kô-
ntffe Ihtncun I und Macheth.
DUNCAN (William), erudit anglais, né à Aberdeen en
1717, mort le 1er mai 1760. Il fut professeur de philoso-
phie naturelle et expérimentale au Marischal Collège d'Aber-
deen (4752-1760). On a de lui une édition très classique
de Discours choisis d,' Cicéron avec traduction anglaise
(Londres; nombr. éd.); une traduction des Commentaires
de 0:sar avec une Dissertation sur l'art de la guerre
chez les Romains (Londres, 1753, in— fol. ; plus, éd.);
The Eléments of Logick (1748, in-8;souv. réimprimé). U
collabora à l'édition dHoracede Watson (1741,2 vol. in-8).
DUNCAN (John), écrivain anglais, né le 3 nov. 1721,
mort à Bath le 2.S déc. 1808. D prit les ordres en 1746
et servit comme aumônier dans le régiment '\^i roi qu'il
suivit pendant la guerre d'Ecosse el ;i Minorque. En 1757,
il devint curé de South Warnhornugh dans le llampsliire.
Il a publié : An [ddress ta the rational advocaies for
Ihe Church of England (1759), sous le pseudonyme de
Phileleutherus Tyro; The Evidence ofReason inproofof
Ihe immortality of Ihe Soûl (I77!l), d'après les manus-
crits de Baxter; Essay on Happiness (1772), en vers, etc.
DUNCAN (Adam), amiral anglais (V. Camperdown).
DUNCAN (Jonathan), administrateur anglais , né en
1756, mort en 1811. Il entra au service de la Compagnie
des Indes en 1772. Résident à Renarès en 1788, il se fit
remarquer par sa sévère honnêteté et fut promu, grâce à
l'influence de lord Cornwallis, gouverneur de Rombay, dés
1795. Il occupa ce poste pendant seize années, décisives
dans l'histoire de l'Inde anglaise. Il organisa les expéditions
contre Tippoo et les Mahrattes et fournit des troupes à sir
David Itaird en 1801 pour aller en Egypte. Il est enterré
dans l'église Saint-Thomas de Rombay.
DUNCAN (Henry), théologien anglais, né à Lochrutlon
en 177 4, mort à Ruthwell le 19 févr. 1846. Après avoir
terminé ses études à l'Université de Saint-Andrevvs, il
débuta dans le commerce à Liverpool. Mais ses goûts le
portèrent vers la carrière évangélique. Ministre à Ruth-
well en 1798, il s'y distingua par une active charité qui le
rendit populaire et plus encore par la création des savings
banks pour laquelle il fit une propagande infatigable.
Parmi ses œuvres qui sont assez nombreuses, nous cite-
rons : Pamphlet on socinian controversy (Liverpool,
1791); Essay on nature and advantages of Purish
banks (1815); William Douglas or the Scollish Exiles
(1826,3 vol.); Presbyler's I.etters on the West India
question (1830); Sacred Philosophy of thr Seasons
(1835-1836, 4 vol.) qui obtint plusieurs éditions, etc. Il
collabora à VEdinburgh Eneyclopœilia, aux Transactions
de la Société royale d'Edimbourg et à d'autres recueils.
Bibl. : G.-J.-C. Duncan, Lifeof Henri) Duncan. — John
Maitland, Notice of Dr Duncan, dans Savings Iianks Ma-
gazine. — Pratt, History of Savings Banks.
DUNCAN (Jonathan), économiste anglais, né à Rombay
en 1799, mort à Londres le 20 oct. 1865. Fils du gou-
verneur de la présidence de Rombay, il lit de fortes études
à l'Université de Cambridge, puis consacra sa vie à des
travaux de littérature et d'économie politique. Il est sur-
tout connu pour l'opposition très vive qu'il fit à la politique
économique de Robert Peel et au système monétaire de
Samuel Jones Loyd. Parmi ses nombreux ouvrages, nous
citerons : Remaries on the Legality and expediency of
prosecidions for religions opinions (Londres, 1825,
in-8) ; The Religions of profane antiquity (1830, in-8) ;
The Dukes ofNormandy (1839, in-12); The lieligious
Wars of France from the accession of Henry the second
to the pence of Ver vins (1840, in-8); The History
of Guernsey (1841, in-8); How to reconcile the rights
ofproperty, capital and labour (1846, in-8) ; The Na-
tional anti-gold law League (1847, in-8) ; The Prin-
ciples of Moneij demonstrated and Bullionisl fallacies
refuted (1849, in-16); The Bank charter art (1857 ,
in-8). Il a encore édité deux périodiques éphémères :
Guernsey and Jersey Magazine (1836 et 1837) et The
Journal ofindustry (1850). K. S.
DUNCAN (John), voyageur anglais, né en 1805, mort
dans le golfe de Bénin le 3 nov. 1849. Il s'engagea très
jeune dans l'armée, quitta le service en 1X39, et en 1842
prit part a l'exploration du Niger. Des trois cents membres
de l'expédition, cinq seulement survécurent parmi lesquels
Duncan qui revint en Angleterre très affaibli par les fièvres.
A peine rétabli, il proposa à la Société de géographie de
reconnaître le pays compris entre la côte et les monts de
1)1 NCAN - DINCkEli
- fiO -
Koung. Son projet fut approuvé; il serait en route le
17 juin 1844, parcourut le Dahomej on le roi l'accueillit
favorablement et, revenu au Cap en 184$, j| projeta nu
voyagea Tonibourtou, mais l'étal de sa saute le contraignit
de nouveau a regagner l'Angleterre (févr. 1846). En 1849,
le gouvernement le nomma vice-consul à VVyddah ; il
gagnait ce poste, avec l'idée de coiitiimer ses explorations,
lorsqu'il mourut pendant la traversée. Il a publié : Tra-
velsm Western Africa in 1845 and f846comprising a
fourney front Wnydah trough the Kingdomof Dahomey
1o Adofidiah in the Interior (Londres, 1847, 2 vol.
in-1 ti) ; Some Account of the laie Expédition t<> the
Niger, dans Bentley's Miscellany de 1847. K. S.
DU NCAN (Thomas), peintre anglais, né à Kinclaven
(Perthshire) le 24 mai 1 SOT, mort à Edimbourg le (23 mai
1845. 11 s'est fait connaître par un certain nombre de
tableaux dont les sujets sont empruntés à l'histoire nationale,
ainsi que par des portraits.
DU NCAN (William-Augustine) , publiciste anglais, né
dans le comté d'Aberdeen en 1811, mort en 188"). D'abord
destiné à l'Eglise, il se jeta dans le journalisme et com-
mença à se faire connaître en soutenant très chaudement
le hill de réforme de 1832. Il passa en Australie en 1838
et devint rédacteur en chef de VAustralasian Chroniele
de Sydney. En 1843, il commença la publication de /);/»-
can's weekly rcgister of politics, facls and gênerai
literature. Doué de grandes qualités administratives, il
fut nommé, en 4846, receveur des douanes à Moreton
Bay, remplit plusieurs emplois à Brisbane et devint en
1859 receveur général des douanes pour la Nouvelle-Galles
du Sud, fonctions qu'il exerça jusqu'en 1881. Il fut ensuite
un des membres les plus influents du National Board of
Education de Sydney. Il a écrit de nombreuses brochures
principalement sur des questions d'enseignement, publie
A Plea for the New South Dates constitution (Sydney,
1856, in— 8) et traduit de l'espagnol l'ouvrage de Pedro
Fernandes de Queiros sur l'Australie (Sydney, 1874-, in-8).
DUNCAN de Cerisantes (Marc), diplomate français, né
à Saumur vers 4600, mort à Naples en févr. 1648.
Fils d'un certain Mark Duncan, nommé par Duples-
sis-Mornay professeur de philosophie à l'Université de
Saumur, il fut employé, dès 1641, par Richelieu dans cer-
taines négociations avec Constantinople; mais, s'étant pris
de querelle avec M. de Candale, il quitta le service de la
France pour celui de la Suède. En 1645, il fut nommé
ambassadeur de Suède en France; mais c'était un aventu-
rier : deux ans après il était brouillé avec la Suède, avait
abjuré le protestantisme et accompagnait le duc de Guise
dans son expédition pour enlever le royaume de Sicile aux
Espagnols. Il fut tué dans une escarmouche. Il passait pour
l'un des meilleurs latinistes de son temps.
DUNCANSBY (Cap). Promontoire situé au N.-E. de
l'Ecosse, par 58° 39'lat. N., sur le détroit de Pentland, à
l'extrémité du Caithness. Les terrains dévoniens entaillés
par la mer offrent des aspects pittoresques ; des crevasses
s'enfoncent à 300 m. dans les terres, larges de 3 à 15m.,
profondes de 30 ; les Ilots y ont découpé des arches, des
colonnades, etc.
DUNCH (Edmond), homme politique anglais, né en 1657,
mort en 1719, d'une ancienne famille du Berkshire. Par-
tisan actit de la révolution de 1688, vvhig décidé, allié par
sa femme aux Churchill, il fut master ofthe household
sous la reine Anne et George Ier. Sa gourmandise était
célèbre, et au Kit Cat Club, dont il était membre, le jeu
écorna sa fortune.
DUNCKEL ( Maria-Dorothea Altkn, mariée en 1821
avec le pasteur), poétesse et dramaturge suédoise, née le
13 mars 1799, morte le 30 nov. 1879. Elle publia : Jean
Huss, poème en trois chants (1822); Essais dramatiques
et lyriques (1828, 1832) ; cinq romans et des traductions
de l'allemand. B-s.
DUNCKER. Famille de libraires allemands, fondée par
Kart Duncker (né à Berlin le 23 mars 1781, mort à Berlin
le 15 juil. 1869), qui acheta la librairie PrOlich, a Berlin
(l"rjan\. 1809), en association avec Peter Hombolt, après
la mort duquel ( 1*28) cette double raison sociale n'en siib-
BÎSta pas moins. Duncker édita un nombre considérable
d'ouvrages importants en tout genre, notamment ceux do
philosophe Hegel et de l'historien L. Ranke. Il céda ^a
maison a KarlGeibel (l""jan\. iMiJ(i), qui en continua les
affaires dans l'esprit du fondateur et sous le couvert de ton
nom. — Son lils aine, Maximilian Duncker, est le célèbre
historien (V. ci-dessous). — Alexander Duncker. frère du
précédent, né a Berlin le 18 févr. 181H, fonda, en 1X3*7,
une librairie indépendante de celle de son père, et il édita
de grandes publications d'art. — FranJrGustav Duncker,
frère des précédents, ne a Berlin le 4 juin 1822, acquit
en 1830 la librairie W. Besser, vendit son fonds en 1X76-
77, et le fit racheter en 1882 par son fils Karl, qui rentra
en même temps en possession de celui de son grand-père.
Mais Franz Duncker joua suitout un rôle comme homme
politique. Directeur de la Volkszeitung, l'un des fonda-
teurs du parti progressiste, député au Parlement prussien
et au Reichslag, il lut, dés 1865, à la tête de l'Association
ouvrière de Berlin, et, de concert avec Schulze-Delilzs h
et Max llirsch, il fonda, en 1869, des sociétés de métiers
rayonnant dans toute l'Allemagne, dans le but de résoudre
pratiquement les aspirations socialistes. G. P-i.
DUNCKER (Joacbim-Zachris), officier suédo-tinlandais.
né en Savolaks le 12 nov. 1774, mort de ses blessur
Hœrnefors le 5 juil. 1809. Il se distingua par sa bravoure
comme enseigne dans la guerre de 1790, et comme capi-
taine dans celle de 1808, où il devint lieutenant-colonel
(1809). Sa mémoire a été immortalisée dans les Cliants
de l'enseigne Stâl par Runeberg, et sa vie écrite par
Fr. Cygnams (t. I de Iiitder ar fœrgàngna tiders lif;
Helsingfors, 1858, in-8). B-s.
DUNCKER (Ludwig-Friedrich-VYilhelm), jurisconsulte
allemand, né à Rinteln le 6 janv. 1804, mort à Gœttingue
le 2 août 1847. 11 fut syndic de l'université de Harbourg en
1833 et professeur titulaire à celle de Gœttingue en 1 843.
Ses principaux ouvrages sont : Die Lehre von den Real-
lasten (Marbourg, 1 837); Lehre von Gesatnmteigent hu m
(Marbourg, 1843) et diverses monographies dans des revues.
DUNCKER (Maximilian-Wolfgang), historien allemand,
né à Berlin en 1811. Fils du libraire Karl Duncker (V. plus
haut), il fit ses études à Bonn et à Berlin, ou il eut pour
maîtres Lcebell, Ranke, Bceckh, etc.; il fut condamné à
six ans de prison pour la grande affaire des associations
d'étudiants (V. Université), relaxé au bout de six mois,
devint privat-docent (1839), puis professeur extraordi-
naire (1842) à l'université de Halle. Il siégea à l'Assemblée
nationale de 1848 au centre droit, s'occupa activement de
l'affaire des duchés en 1850, passa comme professeur à
Tubingue en 1857, revint dès 1859 à Berlin où il fut
accrédité comme conseiller auprès du prince royal 1 1861 ).
dirigea les archives prussiennes de 1X67 à 1874. Il a
réalisé dans leur organisation de grands progrès, formant
les dépôts de Slesvig, Posen, Aurich, Marbourg, etc.
Son principal ouvrage est Geschichte des Alter tunis
(Berlin, 1852-57, 4 vol.; 5e éd., 1878-1883, 7 vol.),
remarquable histoire de l'antiquité orientale et hellénique.
Citons encore: Origines Germanice (Berlin, 1840) ; Die
Krisis der lie format ion (Leipzig, 1845) :/.ur Geschichte
iler deutschen Reichsversammlung (Berlin, 1849) ;
Hcinrieli von Gagent (Leipzig, 1850) ; lier Monate ans-
wœrtiger Polit ik (Berlin, 1851), dirigé contre la poli-
tique du ministère Manleuffel: Feiutalitut und 1m-
tokratie (Berlin, 1838); Ans der Zeit Friedrichs des
Grossen und Friedrich-Wilhelms III (Berlin, 1876).
tiré des archives prussiennes; enfin, en collaboration avec
Droysen , Preussische Staats schriften ans der Re-
gierûngszeit Kasnigs Friedrich II (1X77).
D'UNCKER (Carl-llenning-Lulzovv). peintre suédois, né
à Stockholm le 3 févr. 1828, mort a Dusseldorfle 23 mars
1866. Eils d'un capitaine norvégien, il fut destine a la
— (il —
Dl NCkEU — 1)1 NDAS
carrière militaire, lit la guerre comme volontaire dans
l'armée danoise en 1849-1830, puis entra comme officier
dans la garde suédoise; mais bientôt il prit sa retraite pour
retourner à ses travaux artistiques. Il avait déjà publié un
Recueil de caricatures (18Î7) ; avec une subvention du
roi Oscar il alla étudier à l'Académie de Dusseldorf (1850-
1854), s'y établit et y lit tin riche mariage. Après avoir
perdu l'usage du bras droit eu 1861, il continua de peindre
avec la main gauche. Si l'Allemagne gagna on lui un ar-
tiste distingué, il fut perdu pour la Suède, où il ne remit
guère les pieds et ou il ne choisit pas les sujets de ses ta-
bleaux de genre. Il saisit bien les traits caractéristiques et
rend le comique avec beaucoup de verve : grande est sa
puissance de combinaison, mais le dessin manque de fer-
meté et de largeur, et la couleur de relief. On cite parmi
ses meilleurs tableaux qui sont pour la plupart en Hol-
lande, en Allemagne et en Russie : les Vagabonds devant
le juge (1857) ; Une Troupe de cirque; Un Hont-de-
piété 1858); Salir d'attente de 2e classe; de S1'
classe (1865); Visite à la douane; Un Toast; Salir de
jeu (i Wiesbaden. B-s.
DUNCKLEY (Henry), publiciste anglais, né à Warwick
le 24 déc. 18-J,'>. Ministre de l'Eglise baptiste, il se chargea
en 1855 de la direction de V Examiner and Times de
Manchester, dont il devint propriétaire un peu plus tard.
En 1877, il publia dans le Manchester weecklu Times,
une série de lettres sur les événements du jour qui furent
très remarquées. Sans compter sa collaboration active à plu-
sieurs journaux importants, Dunckley a écrit : The Glory
and the Shame of Britain (1850) ; The Charter of the
nations ( 1853) ; The Crown and the Cabinet (1877) ;
Letters (1878), etc. II. S.
DUNCOMBE (Sir Charles), homme politique anglais,
mort en 1711. Banquier et joaillier à Londres dès 1672,
il tit une grosse fortune et acheta en 1695 le domaine de
Helmsley (Yorkshire) pour la somme alors inouïe de 90,000
livres sterling. Retiré desalfaires en 1695, il prit une part
active à la politique, dans les rangs du parti tory, et s'op-
posa autant qu'il put à la fondation de la Banque d'Angle-
terre, proposée par des financiers whigs. Il ne fut lord-
maire de Londres qu'en 1708. lin 1608, la Chambre des
communes l'avait expulsé de son sein pour avoir, comme
receveur de l'excise, falsifié certains documents. A sa mort,
il était le plus riche commoner du royaume. Sa nièce
épousa le duc d'Argyll. Le présent comte de Radnor des-
cend d'un frère de Duncombe.
DUNCOMBE (William), écrivain anglais, né à Londres
le 9 janv. 1690, mort à Londres le 26 févr. 1769. Em-
ployé dans l'administration de la marine de 1700 à 17-25,
il débuta dans la littérature par des traductions d'Horace
et de Racine et par de nombreuses pièces fugitives en
prose et en vers insérées pour la plupart dans le W'hite-
hull Evening Post. En 171! i, il donna à Drury Lanc
une tragédie, Lucius Junius Brutus, imitée de Voltaire,
qui obtint un succès d'estime. Il collabora encore au Lon-
ilon Journal et à d'autres feuilles, et édita les poèmes de
Needler. ceux de John Hughes, les œuvres de Samuel Say,
les sermons de l'archevêque Herring, etc. R. S.
DUNCOMBE (John), écrivain anglais, né à Londres le
2!l sept 1729, mort à Canterbury le 19 janv. 1786, fils
du précèdent. Après avoir terminé ses études à Cambridge,
il entra dans les ordres, devint curé de Saint-André de
Canterbury en 1757, et fut pourvu de nombreux bénéfices.
Il s'était fait une grande réputation de prédicateur. Il a
écrit : Historical Description of Canterbury cathedral
(1772): History of the antiquities <>f Reculver uni
ZfcrRi(1780) : de nombreuses polies fugitives qui ne man-
quent point d'agrément, et édité les lettres de John Bovle
(1773), de l'archevêque Berring (1777), une traduction
des œuvres de Julien l'Apostat (1784), etc. R. S.
DUNCOMBE (Thomas-Slingsby), homme politique an-
glais, né en 1796, mort à Brighton le 13 nov. 1861. Whig,
puis radical, député de Finsbury depuis 1834 jusqu'à sa
mort, il passa sa vie à plaider la cause des conspirateurs
étrangers et des chartistes anglais. C'est lui qui présenta à la
Chambre des communes, en 1852, une pétition signée par plus
de trois millions de chartistes. 11 prit le parti de Mazzini, du
prince Louis-Napoléon, de Kossutn,de Charles, duc de Bruns-
wick. Celui-ci et Napoléon III lui en témoignèrent plus
lard de la reconnaissance. Duncombe passait pour l'homme
le mieux habille du Parlement et pour un orateur excen-
trique, d'une irrésistible force comique. « Il avait l'art, a dit
quelqu'un, de dire ce que tout le monde pensait tout bas,
aurait voulu dire et n'osait pas dire. » Il avait commencé
un ouvrage sur les Juifs en Angleterre, à tendances anti-
sèmites. — Son fils fut son biographe : The Life and
correspondance of Th. -S. Duncombe (Londres, 1868,
2 vol. in-8).
DUNCON (Samuel), parlementaire anglais du xvn° siècle.
Citoyen d'Ipswich, il eut en 1640 de nombreux démêlés
avec le gouvernement pour avoir refusé de payer les impôts.
Aussi dès le début de la guerre civile se rangea-t-il du côté
du Parlement; il se fit remarquer par son zèle à recueillir
de l'argent et à lever des troupes pour son service et entra
en relations directes et suivies avec Cromwell. Il a écrit :
Several Propositions ofpublick concernaient présentée
(o lus Exceîlency the lord gênerait Cromwell (Londres,
1651), et Several Proposais offered by a friendofPeace
and Tritlh to the serions considération of the Keepers
ofthe liherlies ofthe People of England (1659).
DUNCZEWSKI (Stanislaw), publiciste polonais, né en
1701, mort en 1766. Il a publié entre autres ouvrages un
Armoriai (1757), un traité des Starosties et des calen-
driers qui furent au xviii0 siècle très populaires en Pologne.
DUNDALK. Ville maritime d'Irlande, ch.-l. du comté
de Louth (Leinster), sur la baie de Dundalk, à l'embou-
chure de la rivière de Castleton, au pied des collines de
Carlingford; 11,913 hab. grâce au port, où peuvent en-
trer les navires calant seize pieds; c'est le principal mar-
ché des comtés de Louth, Monaghan et Cavan. Dundalk a
des manufactures de tabac, de savon ; des filatures, bras-
series, distilleries; il exporte en outre du lin, du chanvre,
des denrées agricoles et les produits de la pèche. L'impor-
tation comprend des épiceries, de la houille, du fer, etc.
Le commerce se fait surtout avec Liverpool. Le port possé-
dait, en 1884, quatre-vingt-quatorze bateaux jaugeant
4,200 tonnes; le mouvement avait été de huit cent soixante-
dix navires et de 137,000 tonnes. On y remarque les débris
d'un cercle druidique et d'un monastère franciscain. — A
Dundalk fut couronné le dernier roi d'Irlande. En 1315,
Edouard Bruce y débarqua, il y tint sa cour et périt en
1318 dans les environs à Faughart. Dundalk fut pris par
les Irlandais en 1641, par Cromwell en 1649, par Schom-
hergen!689. — La baie de Dundalk, large de 13 kil., pro-
fonde de 4 à 6 brasses, reçoit le Fane, le Dee, le Castleton.
DUNDAS (Sir David), général anglais, né à Edimbourg
en 1735, mort a Londres le 18 fevr. 1820. Ayant plu
au colonel Elliot (plus tard lord Heathtield), il fut attaché
à sa personne pendant les campagnes d'Allemagne de
1760 et de 1761, et, en 1762, pendant l'expédition de
Cuba. A la fin de la guerre de Sept ans, Dundas com-
mença les études qui devaient faire de lui le plus réputé
tacticien des armées anglaises. Il étudia en France, en
Autriche, et surtout en Prusse les divers systèmes d'or-
ganisation militaire. Il publia , en 1788 , ses fameux
Principles of military movements, chiefly applicable
to infantry, et fut chargé de rédiger les règlements
par lesquels ont été régies les armées qui devaient com-
battre sous Abercromby, Moore et Wellington. II soutint
un siège à Toulon en 1793, et de 1794 à 1796 se battit
en Flandre. En 1805, il se retira du service actif comme
gouverneur du Chelsea llospital. Du 18 mars 1809 au
26 mai 1811, il fut appelé, [tendant la retraite momentanée
du duc d'York, au commandement général des forces an-
glaises. L'œuvre de Dundas, officier exact, a été d'inculquer
aux troupes anglaises la discipline prussienne; c'est la
ni \n\s - iundee
- 02 -
faveur personnelle da duc d'York qui lui permil d'appli-
quer en Angleterre ce qu'il avait :i|>[ni^ È l'école de I ré-
ili-iic le Grand.
DUNDAS (Henry), premier vicomte Helville, né i
Edimbourg en 1741, morl a Edimbourg le 27 mai 1811,
quatrième lils de Robert Dundas d'Arniston, lord pré-
sident de la Court <>f session. Il lui nommé a vingt-
quatre ans solicitor gênerai pour l'Ecosse et prononça,
le 20 févr. 1778, son premier discours a la Chambre des
communes, où il joua un rôle considérable. Plusieurs
fois trésorier de la marine dans les ministères de Pitt,
secrétaire d'Etal de l'intérieur, puis de la guerre, il
réussit, aux élections générales de 1802, a faire élire qua-
rante-trois députés lorys eu Ecosse contre deux wighs seu-
lement. Il accepta alors du ministère Addington le titre de
vicomte Melville (24 déc. 1802). Mais, précisément à cette
époque, une commission parlementaire découvrit de graves
irrégularités dans la gestion qu'il avait eue des deniers
de la marine, comme trésorier dans les ministères Pitt. 11
fut mis en accusation par la Chambre des communes; le
procès commença à Westminster Hall, devant les lords,
le 29 avr. 1 806. Il fut acquitté, mais sur les points essen-
tiels, à une majorité de 27 voix seulement ; et il ne put
pas se justifier, sinon de fraudes directes, au moins de né-
gligences coupables. Pendant trente ans, Dundas fut le
maître de l'Ecosse et le lieutenant de Pitt ; il dirigea pen-
dant seize ans les affaires de l'Inde. C'est dire son impor-
tance exceptionnelle dans l'histoire parlementaire du règne
de George III.— Le second vicomte Melville (1771-1851),
entra dès 1807 dans le ministère du duc de Portland
comme président du Board of Control, en considération
des services éminents rendus par son père au parti tory.
Pendant quinze ans, il fut premier lord de l'amirauté; l'in-
térêt qu'il prit en cette qualité aux expéditions arctiques est
attesté par le nom de détroit de Melville qui se lit sur les
cartes polaires. Il se retira de la vie politique en 1830. —
Le troisième vicomte Melville (1801-1870), général, servit
au Canada et dans l'Inde. Il est mort sans postérité.
DUNDAS (Charles, baron d'AMESBUBv), homme politique
anglais, né en 1751, mort le 7 juil. 1832. 11 siégea à la
Chambre des communes sans interruption de 1774 à 1832,
dans le parti libéral. Il fut élevé à la pairie le II mai 1832.
DUNDAS (Sir James Whitley Deans), amiral anglais,
né le 4 déc. 1783, mort à Weymouth le 3 déc. 1 802, fils du
docteur J. Deans de Calcutta. Il prit le nom de Dundas après
son mariage avec la fille de Charles Dundas, lord Amesbury
(1808). En janv . 1852, il fut nommé commandantdes forces
anglaises dans la Méditerranée. A ce titre, il dirigea les
opérations navales pendant la guerre de Crimée en 1834.
Sa conduite fut sévèrement critiquée par ses officiers et par
le correspondant du Times. Sa santé ébranlée ne lui permit
pas de se montrer à la hauteur des circonstances.
DUNDAS (Sir Richard Saundeiss), amiral anglais, ne le
11 avr. 1802, mort le 3 juin 1861, fils d'Henry Dundas
(V. ci-dessus). Entré au collège naval en 1815, il embar-
qua en 1817 sur le Ganymède et eut un avancement extrê-
mement rapide, à cause de la haute situation de son père.
Après avoir servi dans la Méditerranée, en Amérique, aux
Indes, en Australie, il prit part à la campagne de Chine
où il se distingua. Promu contre-amiral en 1853, i! com-
manda dans la Baltique, bombarda Sveaborg (1855) et
bloqua le golfe de Finlande. Le 24 févr. 1858, il fut nommé
vice-amiral. Il avait rempli de 1828 à 1830 les fonctions
de secrétaire particulier de son père, alors premier lord
de l'amirauté, et occupa en 1845 ce même poste de con-
fiance auprès du comte d'Haddington. Il entra au conseil
d'amirauté en 1853. R. S.
DUNDAS d'Arniston, famille écossaise. Le premier lord
d'Arniston, James, était fils de sir James Dundas d'Arniston,
gouverneur de Berwick sous Jacques Ier. 11 fut nomme lord
of session, sous le titre de lordArniston le 16 mai 1662;
c était un covenanter décide. Il mourut en 1079. — Son fils
Robert, mort en 1720. partisan du prince d'Orange, sié-
gea trente ans i Edimbourg comme lord oftestie*. — Le
i de ce Robert, Robert Dundas d'Arniston (17 1 ;-
1787), suivit la tradition de >j famille : tolieUor gênerai
en 1742, lordadvocate en 173'., lord président de u
of session en 1760, il exerça cette dernière charge d'une
manière tout à fait brillante. — Son Bis aine, Robert Dundas
d'Arniston (1758-1 81 9), fut aussi solicitor gênerai pour
i en 1784, lord aduocate en 1780, chief limon
de l'Echiquier d Ecosse en 1801. Il eut trois fils. L'aîné
est mort en 1838 ; le second, Henry, vice-amiral, 6*1
morl en 1863.
DUNDEE. Géographie. — Ville d'Ecosse, dans le comté
de Dundee, a 21 lui. S.-S.-O. de Forfar. Sa distance d'Edim-
bourg esl de 70 kil. N.-N.-E. I.lle est bâtie sur la rive
gauche de l'estuaire de la Tay, et, par sa position, a acquis
un extrême développement dans un temps relativement
court. C'est aujourd'hui la troisième ville d'Ecosse sous le
rapport de la population; celle-ci, de 140,000 hab. en
1890 était à peine de 25.000 hab. au début du siècle
(1801). La prospérité de la ville est surtout due à la com-
modité de son port et à ses vastes docks ; le premier a une
étendue de 2 milles le long de la rive de la Tay ; les docks
ont 5 milles et couvrent une superficie de 35 acres; leur
construction, commencée en 1815 et terminée seulement en
1877, a coûté 20,000,000 de fr. In pont tubulaire cons-
truit en 1873, à 6 kil. au-dessus de Dundee, à Rroughty
E'crry, résidence d'été des commerçants, relie les deux
rives du golfe de la Tay ; sa longueur est de 3,171 m.;
il est tout en fer et comprend quatre-vingt-cinq travées
dont celle du milieu a 20 m. au-dessus de l'étiage, afin de
livrer passage aux navires. A 22 kil. en mer à l'E., se
voit le beau phare de Dell Rock. Le mouvement du port
de Dundee a été en 1877 de mille six cents navires jau-
geant 436,910 tonnes et neuf cent trente-quatre navires
d'un tonnage total de 272,480 tonnes. La flotte commer-
ciale de Dundee comprend à elle seule deux cents bateaux
jaugeant 91,120 tonnes. Elle a un service régulier de
bateaux à vapeur avec Londres, HulI,Newcastle, Liverpool,
Leith, Rotterdam. Cette ville a le monopole de l'armement
des bateaux à vapeur pour la pêche des phoques à l'île de
Jean-Mayen. pour celle de la baleine dans le détroit de
Davis et la baie de fiaffin. En 1877, cet armement com-
prenait quatorze navires qui avaient capturé quatre-\ingt-
une baleines et quatre-vingt mille cent trente phoques, le
tout d'un rapport de 3,611,750 fr. L'ne voie ferrée relie
Dundee à Edimbourg et Aberdeen. Outre son commerce
qui est très actif, Dundee a une industrie des plus variées
et des plus florissantes. Le tissage des laines se fait sur une
grande échelle ; plus de cinquante mille personnes sont
occupées par soixante— dix métiers à vapeur. Les trois
maisons de Baxter, Cox et Gilery occupent à elles seules
douze mille personnes. Les autres industries sont : la
construction des navires et des machines, la préparation
des cuirs, la cordonnerie mécanique, des fonderies, des
brasseries et la confiserie qui a acquis une certaine célébrité
avec la marmelade d'oranges amères. Les monuments de la
ville sont nombreux et quelques-uns des plus remarquables
au point de vue archéologique. Citons, parmi les anciens,
une tour construite au xiV siècle, la Old Steeple. Elle
s'élève à 156 pieds et fui restaurée par sir G. -G. Scott.
Le vieux château de Dunhop, agrandi par Jacques II,
vicomte de Dundee, sert de caserne aujourd'hui; la Vieille
Douane, située au Green Market, date du xvt siècle, la
construction en est bizarre et originale. In reste d'ancien
mur, le East Port, a été conservé en souvenir de G. Wishart
le martyr qui, selon la tradition, a prêché sur ce mur
avant le fléau de 1544. Plusieurs constructions telles que
le couvent des religieuses de Sainte-Claire ont disparu.
Depuis 1871, la ville a été bien transformée. Des rues et
des avenues spacieuses ont été percées, des places ont été
ménagées, de belles promenades ont été faites. Au point
de \iu' de l'hygiène, Dundee ne laisse rien à désirer, une
eau abondante et saine esl largement distribuée à tous ses
- 63 -
Dl'NHEIÎ - Dl'NES
habitants. L'hôtel de ville, désigné sons le nom de EUer
Adam, a été oonstruil en 17!',. La flèche de l'église Saint-
Paul s'élève à U>7 pieds; l'église èpiscopale, appelée ;mssi
Saint-Paul, faite d après les plans de sir George-Gilbert
Scott, porte la flèche de son clocher à -211 pieds de haut.
Parmi les antres édifiées modernes, nommons l'hôpital
Morgan entretenant el élevant cent enfants, conformément
an tcbo de son donateur, l'hôpital appelé Royal lntirmarv,
l'asile des ions, l'orphelinat, les écoles industrielles, etc.
1 es écoles sont nombreuses a Dundee et les aménage-
ments nouveaux construits par le comité local, permettent
de recevoir vingt mille six cents élèves. La bibliothèque et
le musée sont situes au square Albert et sont entièrement
gratuits. La bibliothèque, divisée en deux parties, comprend
d'une part vingt-cinq mille volumes et de l'autre cinq
mille cinq cents. Le musée renferme un certain nombre de
tableau et de statues. LT nion des beaux-arts de Dundee
■aise quelquefois au musée des expositions artistiques.
En dehors de cette Union des arts, il existe dans la ville
deux autres sociétés scientifiques : la Dundee naturalists
Society, fondée en 1872; elle publie annuellement ses
travaux. L'autre est la Easl of Scotland union ofnatu-
ralist Societies, date de 1884 el publie des Transactions,
et le Scottish Naturalisa Les archives sont conservées
a l'hôtel de ville et renferment des documents d'une cer-
taine importance historique. On y remarque les lettres
d'Edouard I'r et d'Edouard II, l'original de la charte du
roi Robert Bruce (13-27), les lettres du pape Léon \ à la
reine Marie, etc. — Les armes du Dundee sont : d'azur
à un vase d'argent chargé de (leurs au naturel;
comme supports : deux dragons soutenant Vécu, la
queue entrelacée au-dessous de sa pointe, avec la
devise : DE1 DONVM. Ces armes se trouvent gravées sur
un sceau de Dundee qui porte comme exergue : SIGILLYM.
SI CRETVM. OPPIDI. DE. DVNDIE.— Parmi les célébrités
nées à Dundee, nous nommerons Hector Boece (Bcetius),
né en Uti.'i: John et Robert Wedderburn, auteurs du livre
i'.ude and Godlie Hallalis, publié en 1578; S.-G. Mac-
kensie, célèbre jurisconsulte ; James Ivory, mathématicien,
né en 1765; Dr Dick, auteur de The Christian Philo-
sopher ; le père de Thomas Hood ; Robert Nicoll, surnommé
le second Burns de l'Ecosse, et William Thom, poète, dont
le tombeau a été élevé par souscription publique dans le
cimetière de l'Ouest.
Histoire. — L'origine du nom de Dundee n'est nulle-
ment établie; les uns la cherchent dans DunDhia (colline
de Dieu), d'autres dans Dun Taiv (colline ou fort sur la
Tay). Elle aurait aussi été appelée Alectum, ce qui n'est
pas prouvé. Le premier document daté est une charte de
donation faite en 1:200 par le comte de Huntington, dans
laquelle il désigne déjà cette cité sous le nom de Dunde.
Lette cité a été érigée en bourg royal par Guillaume le Lion,
'•t. par sa position et son action, a toujours joué un mie
imp ntant dans l'histoire de l'Ecosse. YVallace y lut élevé
et c'est de là qu'il porta les premiers coups à l'Angleterre.
Les An-lais s'en emparèrent deux fois sous Edouard Ier,
puis encore sous Richard II et Edouard VI. En 1645, le
marquis de Montrose la prit d'assaut et la brûla; Monk
massacra une partie de ses habitants en 1651, après une
vive résistance. Dundee fut la première ville de l'Ecosse
qui adopta la Réforme. A. Maiiie.
DUNDEE (Vicomte John) (V. Graham [John]).
DUN DONALD (V. Cochhahe [Thomas]).
DUNDREMAN (Lord Thomas) (V. Maiti.and [Thomas]).
DUNDRUM (Baie de). Baie des côtes orientales d'Ir-
lande, comté de Down, au S. de Downpatrick.
DUNEAU. Com. du dép. de la Sarthe, air. de Hamers,
rant. de Tuffé ; 628 hab. Monuments mégalithiques. On
remarque dan9 l'église la curieuse pierre tombale de Ca-
therine d'Oliers (1416).
DUN EDI N. Ville de la Nouvelle-Zélande, ch.-l. de la
prov. d'OtagO, au S.-E. de l'Ile méridionale: 50,000 hab.
avec son port (Port Chalmers à 15 lui.). Fondée par la
New Zeeland Company en 1848, elle s'est rapidement
développée. En l8ol, on découvrit dans le voisinage des
placées aurifères. Le progrès a continué depuis lors el
Dunedin est devenu le plus grand centre commercial de la
Nouvelle-Zélande. Le mouvement des échanges dépassait
1 10 millions en 1883 ; la flotte du port était de 108 navires
(I!>,(i00 tonneaux); le mouvement de 819 navires et
250,000 tonneaux. Des communications régulières ont lieu
avec Melbourne et avec les autres ports néo-zélandais.
Celte ville neuve a plus de douze églises, six OU sept
banques, deux théâtres, une université, un beau jardin
botanique; un évëque anglican et un èvéque catholique.
DUNES. Les dunes les plus connues sont celles que le
vent amoncelle le long des rivages maritimes; toutefois, les
plus considérables paraissent être celles qui sont formées
dans les déserts où les agents atmosphériques désagrègent le
sol el fournissent au vent des masses de sables et de débris
encore plus considérables. Telles sont les grandes dunes ou
Erg du Sahara (V. Afrique, Désert, Sahara), celles du
sud de l'Algérie ou du désert de Libye ; on en retrouve dans
les autres déserts, en particulier dans celui de Gobi, et,
sur une moindre échelle, en Europe, dans le Banat et dans
la plaine de l'Allemagne du Nord. Les dunes maritimes se
trouvent le long de la mer Baltique, sur les rivages méri-
dionaux russe et prussien, dans la presqu'île danoise, dans
les Iles de Sylt, Fœhr, Helgoland, Nordernay, Borkum, sur
la cote occidentale de France ; hors d'Europe, sur les côtes
d'Egypte, sur les côtes occidentales d'Afrique, sur les côtes
méridionales d'Australie, en Floride, etc.
Les dunes se forment près de la mer par l'action du
vent sur les sables du rivage; quand ce sable est sec et
fin, le vent violent venant du large, un nuage de sable
est poussé vers l'intérieur des terres. Ce sable forme des
monticules, qui alors constituent jusqu'à un certain point
une défense contre l'entraînement des matières de la plage ;
mais le sable qui les forme est pourtant emporté par le
vent, et le rideau de dunes qui s'est formé le long de la
mer s'avance dans les terres. Suivant l'état du sable, ce
phénomène est plus ou moins rapide, ou même ne tarde
pas à s'arrêter,
La hauteur des dunes est couramment de 10 à 15 m.,
souvent de 30 à 40; on en cite de plus de 100, de 180 m.
Leur structure générale est sensiblement la même ; ce sont
des collines dont la pente est beaucoup plus douce du côté
de la mer d'où vient le vent que de l'autre; la pente est de
3° à 15° d'un côté, de 30° et plus vers la terre. Les grains
de sable abandonnés par le reflux sont entraînés parle vent
qui les amoncelle jusqu'à ce qu'ils redescendent abandonnés
à leur propre poids. Une des formations typiques comporte
trois rangées parallèles et successives de dunes : la ligne
maritime ; la ligne médiane plus haute que la précédente de
qui elle reçoit ses matériaux ; la ligue intérieure plus basse.
Tant que le sable de la dune n'est pas fixé par la végé-
tation, il est essentiellement mobile et la dune se déplace
ou se modifie incessamment. Elle progresse vers l'intérieur
des terres ou bien, dans les parages ou la mer recule, il se
forme sans cesse de nouvelles dunes du côté maritime. La
marche des dunes varie selon les lieux. Dans l'île de Sylt,
elles s'avancent de 4 à 5 m. par an ; de 4 à 7 m. à la
Frische Nehrung, en Prusse ; de plus de 7 m. (depuis
1666) en Bretagne, aux alentours de Saint-Pol-de-Léon,
elles ont dévoré déjà plusieurs villages dont seuls les clo-
chers émergent encore. Les grandes dunes d'Allemagne
sont celles delà Kurische Nehrung, hautes de 37 à 03 m.
qui s'avancent de la mer vers la lagune avec une vitesse
moyenne de 5m50 par an et ont déjà enseveli six villages,
et d'ici deux à cinq siècles auront comblé la lagune. Les
dunes du Sahara, du désert de Gobi, celle des cotes orien-
tales de la mer Caspienne ont submergé de vastes surfaces
cultivées autrefois. — Les dunes arrêtant l'écoulement des
eaux intérieures, on trouve également a leur pied une zone
de marécages, d'étangs, de tourbières. La tlore propre des
dunes est très pauvre (Arundo arenaria, Arundo bal-
DINES - Dl MI.I1MIIM
- 64 -
lien, Elymus arenarius, Triticum pinceum, Carex
(iiTimriti, etc.). Depuis on siècle on ;i entrepris des travaux
méthodiques pour la consolidation el la fixation des dunes
an moyen de plantations. A ce point de vue comme aux
autres, les dunes classiques sont celles du golfe de Gascogne
(V. Landes [Dép.].
Il existe des dunes, en France, près de Boulogne, dans
les dép. ilf la Manille, du Finistère, de la Loire-Infé-
rieure, il»1 la Vendée, de la Charente-Inférieure, de la
Gironde, «les Landes el de l'Hérault; elles occupent en-
viron 110,000 hect. Les dunes sont formées de sable
calcaire en Normandie, d'un mélange de calcaire el de
silice en Bretagne (surtout siliceux), de 69 " ,, de silice,
\ \ "l de calcaire el 29 I 1 île matières organiques et
diverses en Saintonge. Dans les Landes, on ne trouve que
du quartz, du mica, un peu de 1er, des (races de coquilles.
Les différences de composition sont indiquées par A. Durand-
Claye, dans son Cours d'hydraulique agricole, connue
la cause des variations dans les essences choisies pour la
fixation des dunes. Dans les Landes, il faut des espèces
silicicoles (pin maritime); en Normandie, des espèces
calcaires (peuplier blanc, céréales, légumes). « Le pin
maritime trouve dans la quantité inappréciable de chaux
que contiennent les sables, la quantité qui lui est néces-
saire. Dans la tige, la chaux forme pourtant 20 à 40 °lu
de cendres; le même fait se produit pour l'acide phospho-
rique, qui forme de 5 à 10 °/0 de cendres. » Dans les
terrains trop calcaires, le pin maritime pousse mal. Dans
les Landes les dunes qui n'ont été que récemment entravées
dans leur marche par des travaux appropriés, forment, en
épaisseur perpendiculaire à la côte, des séries de collines
occupant plusieurs kilomètres, et s'élevanl parfois à 80,
!)0 m. au-dessus du niveau de la mer. Comme on l'a remar-
qué les collines les plus hautes sont au centre, et en
plan elles sont disposées en quinconce. L'écoulement des
eaux douces se trouve arrêté, et il se forme des étangs
à la limite des dunes, côté de terre. Brémontier, à la
tin tlu xvin1' siècle, ayant remarqué que les dunes fixes
étaient couvertes de végétation, essaya sur les autres
des semis protégés. Les lignes de protection consistaient
d'abord en piquets elayonnés, puis en palissades, en
madriers ou planches. On établit aussi des cordons de
défense formés de deux lignes de branches fichées dans le
sol, inclinées à 45° de l'O. vers l'E. sur deux rangs à
0m25 l'un de l'autre, avec des branches garnissant l'inter-
valle. On sème sur les dunes des graines de pin, de genêt
ou d'ajonc et l'on recouvre le semis de fagots. On plante
des gourbets dans la partie la plus voisine de la mer. Des
résultats favorables et économiques ont été obtenus en
plantant des toufl'es de genêt, de bruyères ou de branches
de pin sur des lignes régulières, distantes de 0,50, entre
lesquelles le semis prospère. L'hectare protégé coûte de
100 à 150 fr. dans les dunes de Gascogne (V. Landes). A
la Société d'acclimatation, en 188*2, M. Adam a donné des
renseignements complets sur ses travaux dans les dunes des
environs de Boulogne ; c'est le document le plus instructif
existe sur la matière.
Bibl. : Outre le mémoire de M. Adam qui vient d'être
cité, V. Lei-'ort, Fixation des dunes, dans les Annales des
ponts et chaussées de 1831. — Brémontier, Dunes entre
Bayonne et la pointe de Grave (même recueil), 1833. —
Lavai.. Fixation des dunes (td.), 1S17. — Clavenad, les
Dunes du Sahara {id.>. 1881. — Le mémoire cîi ."• de Brémon-
tier est la seconde édition d'une brochure parue en l'an V ;
Paris, imprimerie de la République. — Hartig, Velier Ril-
dung und Befesligung der Dunen ; Berlin, issu. — Bau-
i ii -- i> . Bencht ùber die Dunen der hwel Sylt ; Flensburg,
1865. — Keller, Gestaltung der Sandvmsïen, dans Zeit-
schrift fur Bawwesen, 1881.
DUNES. Coin, du dép. du Tarn-et-Caronne, arr. de
Moissac, tant. d'Auvillar ; 1,143 hab. Ruines d'un châ-
teau de templiers ; on y voit une tour carrée munie de
meurtrières et de mâchicoulis.
DUNES (Angleterre) (V. Dovras).
DUNES [Bataille des). 1° Victoire remportée par
Turenne, le 14 juin 1658, sur les troupes espagnoles
parmi lesquelles servait alors le prince de Condé. Le 1 ombal
eut lieu près dis dunes de Flandre, entre Nieuport et
Dunkeraue. — -° Victoire navale remportée par Tromp
en 1639 mu les Espagnols en Mie de Dunkeraue. —
11" Combat livré par Jean Bar) en 1696 au convoi anglo-
hollandais qui escortait une flotte de comm rce en nu
des dunes de Manille.
DUNET. Coin, du dép. de l'Indre, arr. tlu Diane, caoL
.le Saint-Benolt-du-Sault; '.'.-2 hab.
D U N ETTE ( Uar.).Ponf léger construit a l'arriére des bâti-
ments, destiné a servir de logement a l'amiral ou au com-
mandant Au navire selon le cas. autrefois, un en donnait
la définition suivante: « C'est le plus haut de la poupe du
navire; la est la chambre du maître pilote qui découvre de
loiug les dunes, d'où luy vient ce nom. - M. Jal unit pour-
tant que la dunette tire suri nom de ce qu'elle est une élé-
vation au-dessus du pont, une petite dune (anglo-saxos
(luit). Sur les bâtiments en bois, on établissait la dunette
sur le prolongement des allonges des couples de l'arrière.
Le tout, n'ayant aucun effort a supporter, est d'une cons-
truction beaucoup plus légère <|ue les autres parties
du bâtiment. Par suite, les baux, barrotins et traver-
sins ont des dimensions beaucoup plus faibles que ceux des
ponts.
DUNEWALD (Johann-IIeinrich, comte de), général au-
trichien, né à Duncwald (comté de Beig) en 1620, mort
à Essek le 31 août 1691. Entré au service de l'empereur,
il se distingua à la bataille de Raab (1664), recul le com-
mandement d'un régiment de cuirassiers, combattit sous
Montecuculli contre les Français, reçut le titre de comte
(1675) et fut promu feld-maréchal. On le trouve en 1683
devant Vienne; en 1684, il bat les Turcs à Backan, figure
à la bataille de Gran en 1685, détruit le 14 août 1686
l'armée turque qui venait débloquer Ofen. Après la victoire
de Mohacs, il conquit la Slavonie. En 1688, il couvrit le
siège de Belgrade. En 1689, il débloqua Heidelberg. En
1691, il contribua à la victoire de Salankemen, malgré
son antipathie pour le margrave Louis de Bade.
DUNFERMLINE. Ville" d'Ecosse, comté de Fife;
17,058 hab. Située sur une colline de 100 m. de haut, elle
a assez grand air. Elle produit beaucoup de toile de lin et
de damassés renommés depuis un siècle. C'est un marché
agricole; des mines de houille et des établissements métal-
lurgiques se trouvent dans le voisinage. Dunfermline est
une des villes historiques d'Ecosse. Vers 1070, le roi Mal-
colm Canmore et sa femme sainte Marguerite y fondèrent
une abbaye de bénédictins appelés de Cantcrhuiy. Cette
abbaye acquit une grande prospérité. En 1303-1304,
Edouard Ier y hiverna. Là furent enterrés les rois Malrolm
Canmore et sa femme, Edgar, Alexandre Ier, David I'r.
Malcolm the Maiden, Alexandre 111. Robert Bruce et sa
femme Elisabeth, son neveu Randolph, la reine Annabella,
le duc d'Albany, régent d'Ecosse. On a retrouve en 1821
la tombe de Robert Bruce. Les ruines de l'abbaye sont
considérables ; le réfectoire subsiste, ainsi qu'une tour et
que l'église bâtie en 1150 en style roman: le chœur go-
thique (1250) a été démoli en ce siècle (1818-1821). Si-
gnalons aussi les ruines du palais des Sluarls dont la
muraille méridionale domine la gorge de Pittencrieff; dans
ce palais naquirent les rois David 11, Jacques I,r(d'Ecosse),
Charles Ier ; c'est là que Charles II souscrivit le Covenant
en 1050. Dans les temps modernes, c'est à Dunfermline
que Ralph Erskine et Thomas Gillespie fondèrent les socles
des Seceders et Relief bodies, aujourd'hui réunies (Pres-
bytériens unis).
DUNFERMLINE (James Akercromby, baron), ne le
7 nov. 177li, mort le 17 avr. I85S, fils de sir Ralph
Abercromby (Y. ce nom). Député au Parlement (4807), il
se rattacha aux whigs, lit partie du cabinet Melbourne
(1834) et nommé speaker de la Chambre des communes
(1833-1839), puis baron de Dunlermline.ee qui le fit en-
trer à la Chambre des lords.
DUNFERMLINE (Ralph ABBBCEOUBT, baron de), ne le
— 63 —
Dl'NFERMLINE — Itl MN
6 avr. 1803, mort le 19 jiul. 1868, fils du précédent, fut
ministre d'Angleterre à Turin de 1836 à 1881.
DUNG (Métrol.)- Poids de 0-'Sl5, usité en Perse.
DUN6. Com. du dép. du Dotibs. air. et cant. de
Hontbéliard; 397 hab.
DUNGAL, écrivain ecclésiastique du ix* siècle, auteur
d'un écrit polémique, Responsa contra perversasCUtudii
sentmtias (édité parPap. Hasson à Paris, 1008. iu-s, et
dans la Maxima Bibliotn. Patrum,t. XIV), adressé vers
848 à louis le Débonnaire et a son tils Lothaire, contre
('.lundi' de Turin (V. ce nom). Dungal se fait l'avocat du
culte des saints et des reliques, mais avec certaines réserves
importantes et intéressantes parce qu'elles représentent
l'opinion moyenne de l'Eglise iranque. Un décret de Lo-
thaire de 843 nomme un certain Duugal, maître de l'école
de Pavie, qui pourrait bien être l'auteur des Responsa.
L'Histoire littéraire de la France (t. IV, pp. 493 et
suiv.) les attribue avec moins de raison à un moine des
environs de l'abbaye de Saint-Denis, qui parait plutôt
avoir écrit une EpUre à Charkmagne (d'Achery, Spiri-
legium, t. 111. pp. 324 et suiv.) et quelques vers latins
(dans Hartène et Durand, Amplissima Coll., t. VI,
pp. SU et suiv.). F. -H. K.
DUNGANNON. Ville d'Irlande, comté de Tyrone (lls-
tei |, à 6 kil. du Lough Neagh. près d'un atlluent du Blark-
water : -4,084 hab. (1881); toiles de lin, poteries d'argile.
Ce fut la résidence des O'Neill, rois de l' Lister (jusqu'en
1607). Le château fut rasé par les parlementaires en 1041.
DUNGANNON (Vicomte) (Y. Trf.voh | Arthur Bill)].
DUNGARVAN. Ville maritime d'Irlande, comté de Wa-
terford ; 7,377 hab. La pèche et le cabotage sont la grande
occupation des habitants ; le port reçoit les navires de
250 tonnes. La ville s'est formée autour d'une abbaye
d'augustiniens fondée au vit® siècle par saint Garvan. Du
château et des remparts bâtis par le roi Jean, il subsiste
des restes.
DUNGENESS. Cap d'Angleterre, sur le Pas de Calais,
en face de Boulogne, par 50° 55' lat. N. Phare.
DUNGIYAH (Mai-.). Petit bateau arabe utilisé au cabo-
tage, dans les parages du golfe Persique. Il est très large
avec les extrémités fines et pointues. Les plus grands ont
deux mats, le plus petit placé sur l'avant ; ils portent des
voiles trapézoïdales, qui s'enverguent sur des antennes fort
lourdes, analogues à celles des tartanes méditerranéennes.
Le dungiyah est pourvu d'avirons grossièrement travaillés
dont on se sert en temps calme. Si l'on en croit la lé-
gende, ce genre de bateau remonte au temps d'Alexandre
le Grand.
DUNGLISON (Robley), médecin anglais, né à Keswick
(Cumberland) le 4 janv. 1798, mort à New-York le
1er avr. 1869. Il était professeur a l'Université de Virginie,
de Maryland, puis au Jefferson Collège de New- York qu'il
contribua a développer. Il se retira en 1868 avec le titre
de professeur émèrite d'institutions médicales et de méde-
cine légale. Entre autres ouvrages, il a publié : A New
Diclionnry of médical science, etc. (Boston, 1833, 2 vol.
in-8 ; 1874, in-8) ; lluman Physiology (Philadelphie,
18 14, 2 vol. in-8; 8 édit., 1856); The Practice of mé-
diane (Philadelphie. 1*4-2, 2 vol. in-8) ; History of mé-
diane, etc. (Philadelphie, 1872, in-8). I)r L. Un.
DIJNHAM (Samuel- Astley), historien anglais, mort en
IN.'iS. Il a publié un grand nombre d'ouvrages de seconde
main et de second ordre dans la Cabinet cyclopedia de
Lardner. Il était lié avec Southey, qui trouvait « merveil-
leuse » sa connaissance du movenàge, et avecl.ingard. Son
meilleur livre est .1 History of Spam ami Portugal
(4834-33), 5 vol. m-8.
DU NI lEgido-Romoaldn). compositeur d'opéras, né à
Matera (Denx-Sieiles) le 9 févr. I7n9, mort à Paris le
11 juin I77>>. Il travailla avec Durante. Ses études accom-
plies, il se rendit à Rome et y fit représenter un Nerone,
écrit en concurrence avec Pergolèse, qui remporta un moins
GRANDE ENCÏCL9PÉBIE. — XV.
grand succès que lui. malgré la supériorité incontestée de
son u'uvre. Charge par la papauté d'une mission ;'i Vienne,
il profita de l'occasion qui lui était offerte et fit représenter
de ses ouvrages dans cette ville. Revenu en Italie, il donna
à Naples un Àrtaxereès, qui eul du succès. Il se rendit
ensuite à Venise, à Paris, à Londres et en Hollande. Nom-
me professeur de musique à la cour de Parme, il revint
en Italie et s'essaya dans la composition d'opéras français,
ou il excella depuis. Ses débuts furent heureux et les com-
mandes lui arrivèrent. En 1757, il revint à Paris, s'y
fixa et y fit représenter dix-huit ouvrages, qui tous eurent
du succès. La musique de Duni est facile, essentiellement
mélodique, dans le genre de celle de Pergolèse, mais bien
inférieure à cette dernière. Fétis donne la liste complète de
tous ses ouvrages.
DUNIÈRES. Com. du dép. de la Haute-Loire, arr.
d'Yssingeaux, cant. de Montfaucon, sur la Dunières;
2,973 bah. Moulinage de soies. Fabrique de rubans et de
velours. Vestiges d'une voie antique au lieu dit le Pont-
Romain, sur la Dunières. Eglise romane du xve siècle
conservant de curieux chapiteaux. Le village est dominé par
les ruines de deux anciens châteaux, Dunières-la-Roue,
aménagé pour l'habitation de religieuses, et, sur un rocher,
Dunières-Joyeuse, avec une tour très élevée.
DU N IN. Grande famille polonaise, déjà citée au xii" siècle.
Ses membres les plus remarquables ont été : Pierre Dunin,
mort vers 1480, burgravedu château de Cracovie et maré-
chal, qui remporta diverses victoires contre l'ordre des
chevaliers teutoniques, et l'archevêque Dunin (V. ci-des-
sous).
DUNIN (Martin de), archevêque de Gnésen-Posen, né
à Wal, près de Kava (Pologne), le 11 nov. 1774, mort à
Posen le 26 déc. 1842. Il fit ses études au Collège ger-
manique à Rome et fut prêtre en Pologne. L'archevêque
Wolicki le prit pour coadjuteur; en 1829, il fut nommé
administrateur du diocèse de Gnèsen-Posen ; enfin il fut
intronisé archevêque en 1831. Il appartient à l'histoire
par le rôle qu'il a joué comme champion de l'ultramonta-
nisme dans les controverses prussiennes au sujet des ma-
riages mixtes. Un traité conclu à Varsovie le 13/24 févr.
1768 entre la Pologne, la Russie, la Prusse, le Danemark,
l'Angleterre et la Suède avait décidé que les mariages
mixtes seraient autorisés, que les fils suivraient la religion
du père, les filles celle de la mère, et que le ministre de
la religion de la fiancée bénirait le mariage. Lors du dé-
membrement de la Pologne, ces clauses furent confirmées
expressément par une loi prussienne et le clergé s'y con-
forma sans protestation, malgré leur contradiction formelle
avec les principes du droit canonique. Le 28 mars 1830,
Pie VIII publia son fameux bref sur les mariages mixtes,
qui souleva l'affaire de Mgr Droste de Vischering. Encou-
ragé par la résistance de l'archevêque de Cologne, Mgr
Dunin, n'obtenant aucune modification de la loi de la part
du gouvernement ni aucune dispense de Rome, adressa
deux circulaires à son clergé, sous les dates du 30 janv. et
du 27 févr. 1838; dans ces lettres, il menace de sus-
pendre tout prêtre qui bénirait un mariage mixte sans
avoir reçu la promesse que tous les enfants seraient élevés
dans la religion catholique. Après des négociations infruc-
tueuses entamées par le roi avec l'archevêque, la cour
«l'appel de Posen condamna Mgr Dunin à six mois de for-
teresse et à la destitution (avr. 1839). Frédéric-Guillaume III
supprima la forteresse, mais interna le prélat à Berlin;
quand, le 3 oct. 1839, l'archevêque destitué quitta la
capitale sans autorisation pour reprendre ses fonctions, il
fut emprisonné à Colberg. L'avènement de Frédéric-
Guillaume IV (7 juin 1 8 40) marqua le triomphe du parti
tiltramontain. Mgr Dunin fut réintégré dans sa charge, sous
certaines promesses dont le résultat a été la victoire décisive
de la cour de Rome sur l'Etat prussien. F. -II. Kruger.
Bibl. : Rintel, Vertheidinung des Erzbischofs von
Gnesen und Posen: Wur/Ujuiv. IS3'J, in-X. — Puni.,
Martin ron Dunin; Marienbourg, 1848, in-8.
Dl NUE - DUNKEROl'E
- ft -
DUNITE (Miner.). H. de Hochstetter, dans sa relatioD
du voyage de la novara, a décrit sons ce nom ou péri-
dolite, exclusivemenl formée de péridol et de fer chromé,
encaissée en Nouvelle-Zélande, dans une immense veine
de Berpenline. i >< j «u i s . ['abbé Renard (Ann, Soc. belge
de microscopie, 1883) a signalé qu'une pareille roche,
cette fois isolée, formait dani son entier le récif de
Saint-Paul (Atlantique équatorial). Le mit le plus inté-
ressant, o'esl que la météorite tombée à Chassigny (Haute*
.Marne) le 3 <>rt. 1815 offre avec une composition identique
tous les caractères de la dunitede la Nouvelle-Zélande. En
désignant sou-, le nom de ehassignite cette météorite
essentiellement formée d'un silicate franchement magné-
sien, iM. Daubrée [Géologie expérimentale, pp. 500 et
sui\.) n'a pas marqué qu'elle fournissait un nouvel et très
remarquable exemple de la grande analogie qui s'introduit
entre la composition des pierres tombées du ciel et celle
des roches basiques terrestres. Ch. Vélain.
DUNK (George Montaguk), deuxième comte d'IUuKAX,
né en 4746, mort en 1771. Il prit le nom de Dunk en
épousant la très riche héritière d'une grande famille de
drapiers du Kent, les Dunk (1741). 11 occupa de très hautes
situations : m aster ofthe buckhounds sous le ministère
Pelham (4744), lieutenant général (1759), sans avoir
jamais vu l'ennemi, chief justice meure des forêts et des
parcs au S. du Tient, chef du Buard of trade, etc. En
qualité de chef du Board of trade, il fit tous ses efforts
pour s'attribuer le gouvernement des choses de l'Inde,
c.-à-d., suivant l'expression de Walpole, « le secrétariat
d'Etat du quart du monde habité ». Lord lieutenant d'Ir-
lande en 4764, premier lord de l'amirauté en 1702, très
populaire dans la classe marchande, il fut secrétaire d'Etat
dans les ministères de lord Mute et de George Grenville. Il
occupa de nouveau cette position, quoique à peu près ruiné
et malgré le scandale du procès \Vilkes(N. ce nom), dans
le ministère de lord North (1770). A'ers la fin de sa vie, il
commit nombre d'extravagances. Sa liaison avec une actrice
de Drury Lane, Mary-Anne Faulkner, fut scandaleuse. 11
dépensa, dit-on, 450,000 1. st. pour la lutte électorale
de 47G8 dans le seul bourg de Northampton. Il est vrai
que deux autres pairs, ses concurrents, Northampton et
Spencer, dépensèrent chacun autant. Ch.-Y. L.
DUNKARTON (Robert), peintre et graveur anglais, né
à Londres en 1744, mort vers la fin du xviii0 siècle. Il a
laissé quelques bons portraits gravés en manière noire.
DUNKELBERG (Wilhelm-Friedrich), agronome alle-
mand, né à Schaumbourg le 4 mai 4819. Elève de Frese-
nius, professeur à Poppelsdorf et à Ilof Geissberg, il a di-
rigé l'agronomie de la province de Nassau, en particulier
l'amélioration du Westerwald, étudié celle des Petites Car-
pates, etc. Parmi ses ouvrages, nous citerons : Die Land-
wirtschaft und dus Kapital (Wiesbaden, 4800); Kul-
turtechnisehe Skizzen ûber meine Bereisung Tirais
(Innsbruek, 1871), complété l'année suivante; lier Wie-
senbau in seinen landwirstscltaftlichen und technis-
chen Grundzûgen (Brunswick, 1865; 2e éd., 4877) ;Die
Technik der Berieselung mit stadtischem Kanalwasser
(Bonn, 4870) ; Die Schiffartskanœle in ihrer Bedeu-
tung fur die Landesmelioration (Bonn, 1877) ; Die
Kulturtechnik in ihrer systematischen Anwendung
auf Vorarlberg und die Melioration seiner BJieinebene
(Bonn, 4878); Encyklopàdie und Méthodologie der Kul-
turtechnik (Brunswick, 1883,2 vol.). De 1868 à 1870.
il a publié à Brunswick une revue, Der Kulturingenieur.
DUNKELD. Bourg d'Ecosse, comté de Perth, sur la rive
gauche du Taj ; 768 hab. Il est situé au débouché du
défilé de Bir/unn, qui donne accès aux Ilighburds, près
de l'ancienne forêt (à 5 kil.au S.) célébrée par Shakespeare
(dans Macbeth), dans une région accidentée et pittoresque
où le duc d'Athol a un beau parc. Dunkeld fut. dit-on, une
capitale des tois pietés; de I 127 à ItiSS, ce fut un èvëché.
On y remarque les ruines d'une belle cathédrale, bâtie en
style ogival; le chœur date de 1318 à 1337 ; la nef fut
construite entre I W6 >'t 1464; la tonraprèt 1470. On j
remarque le tombeau d'AleKandreStaart comte de Boehan,
mort en 1384.
DUNKER (Balthasar- Anton), peintre et graveur, ne i
Saalbourg (Poméranie suédoise) en 1746, mort I Berne en
1 807. Elevé de Ha< kert, \ ien el Noël Halle, il est plus connu
comme graveur que comme peintre; ses œuvres principale»
sont : une quarantaine de planches gravées pour la Galerie
du due de Choiseul, quelques-unes des planches de la
Galerie de Dusseldorffi artiste ne put s'entendre avei M. de
.Michel qui dirigeait a Baie les travaux de cette collection),
l'Heptaméron des contes de In rein* d \ rre, pour
lequel il fit ii Berne avec son ami Freudeberg (17^0-1781)
une suite de 144 vignettes, etc. I . Coobbouc.
I'.iiii.. : Portalis el \U:rai.i>i, lesGraveurs duxviii'siêcfe.
DUNKER (Wilhehn), géologue allemand, uéa Eschweee
(liesse électorale) le 21 févr. 480!t. mort a Marbourg le
43 mars 4883. Professeur de minéralogie a Caasel, puis
(1854) à l'Université de Marbourg, il a écrit : Monogra-
phie der norddeulschen Wealdenbildung (Brunswick,
1846); Index molluscorum guineensium (Cassel, '
Index molluscorum maris japonici (Cassel, 4882), etc.
DUNKER (Carl-Christian-llenrik-Bernhardi. nu
publiciste norvégien, né à Slesvig le 22 mai 180!.', mort a
Christiania le 28 juil. 1*70. Par sa mère Couradine-Bri-
gitte Ilansteen (1780—1866) qui était so-ur du célèbre sa-
vant et qui laissa d'intéressants Mémoires sur le vieux
temps (1871, in-8), il se rattachait a la Norvège où il fut
emmené dès sa tendre enfance. Procureur à la cour d'appel
de Christiania (1837), avocat à la haute cour (1841) et du
gouvernement ( 1 859), il fut chargé de la plupart des causes
célèbres. Aussi habile en procédure qu'orateur éiégant,
spirituel, mordant, et écrivain distingué, il a exercé par sa
parole et ses articles de revues et de journaux ou ses pu-
blications à part, une grande influence, aussi bien sur la
politique, la littérature et le théâtre que sur la législation
et la jurisprudence. Comme membre des commissions du
jury (1854-1859), il se pronon a contre cette institution.
Il fut également chargé de rédiger les projets de loi sur
l'hypothèque et l'enregistrement (adopté en 4857) et sur la
faillite (1859). 11 traita avec talent de la constitution nor-
végienne (I8'i5). de la question du vice-roi {Fhjveblade ;
Christiania, 4859-48(50, 2e édit., 4868) et De là Révision
de l'acte d'union entre la Suède et la Norvège (Copen-
hague, 4866-4868, 2 vol. in-N). Il était partisan de l'u-
nion ; mais comme il voulait laisser au Danemark la faculté
d'y accéder, il contribua à faire rejeter le projet du gou-
vernement (1871). Beauvois.
DUNKERQUE (Curiosité). On donnait ce nom, au
xviiic siècle, à une foule de bibelots, de boites, de bon-
bonnières, d'objets d'ameublement, qui se vendaient dans
la boutique d'un marchand bijoutier, ayant pour enseigne :
Au Petit Dunkerque, et situé à la descente du Pont-Neof.
La vogue de ces colifichets devint >i grande que l'on appe-
lait « Petit Dunkerque » non seulement tout ce qui sortait
de ce magasin, niais encore les bijoux délicats, les meubles
précieux et les objets d'étagère que la société élégante
recherchait. On a conservé plusieurs annonces-réclames,
qui énuinèrent les articles nouveaux qui se trouvent dans
le magasin du Petit Dunkerque en 1775-70. Ce sont des
pièces d'orfèvrerie, des tabatières d'or enrichies de minia-
tures et d'émaux, des montres, des almanachs et des ther-
momètres montés en bronze doré, deserritoires, des lustres,
des bras de lumière, des pendules, des vases de marbre,
des jouets, des boucles, des pommes de canne, des chaines
de montre, des navettes, des éventails, qui paraissent avoir
été choisis avec beaucoup de goût chez les meilleurs bijou-
tiers et tabletiers du temps, et qui expliquent le succès de
celte maison.
DUNKERQUE. Ch.-l. d'arr. du dép. du Nord, place
forte et port de commerce sur la mer du Nord : 38,085 hab.
1 1886). Lignes de chemins de ter de Dunkerque a Lille, i
l'urnes et à Calais.
Port. — Le part de Dunkerque. <iui vient au quai nome
rang parmi les ports de la France, s'ouvre sur une bonne
rade foraine ou les pins grands bâtiments trouvent de la
profondeur, une bonne tenue et un calme relatif. La pre-
mière partie du port se compose du chenal.de l'avant-port
et du port d'erhouage. La deuxième partie se compose de
quatre bassins à Ilot, le bassin du Commerce, le bassin de
la Manne, le basain de F Arrière-Port et enfin le bassin
l-'reuinet qui sera compose lui-même de quatre darses dont
une seulement est actuellement ouverte à la navigation.
Dans son ensemble, le port de Dunkerque offre pour le sta-
tionnement des navires une superficielle 20 hect., dont 7 à
l'erhouage et 11* a Ilot; il présente une longueur totale
de quais de 5.000 ui. offrant au mouvement des mar-
chandises une superficie de 135,000 ni. q. dont 104,000
pour les quais à Ilot. Entin le port de Dunkerque est relié
au réseau des canaux du nord de la France et de la
Belgique par trois grandes voies navigables, le canal de
Bergues (haute Colme et basse Colme), le canal de Bour-
bourg et le canal de lûmes. Deux autres canaux non
navigables, le canal de Mardyek à l'O. et le canal des
Maires, emportent les eaux de dessèchement des Moères et
des Watringues.
Commerce et industrie. — Grâce aux grands travaux
exécutes à Dunkerque et malgré le voisinage d'Anvers, le
commerce maritime s'est considérablement développé. Le
mouvement du port a été en 1889 de 5,664 navires jau-
geant 2,742,839 tonnes Sans comprendre les bateaux de
la pèche entière. Le nombre des voiliers n'a été que de
•2,182 contre 3,48-2 vapeurs. Le port de Dunkerque est un
de ceux où s'accuse le plus fortement la prééminence de
la marine anglaise. Ainsi, sur 1 ,400 navires à vapeur entrant
dans le port en 1880, 243 seulement naviguaient sous
pavillon français, tandis que 921 portaient le pavillon de
l'Angleterre. La Hotte attachée au port compte 48 vapeurs
jaugeant 11,117 tonnes et 168 voiliers, jaugeant 20,221
tonnes, dont 87 sont armés pour la pèche d'Islande. Le
total des marchandises entrées par mer a été en 1889 de
1,006.99s tonnes et, àla sortie, de 491.814 tonnes. Lutin
sur les canaux communiquant avec le port de Dunkerque,
le mouvement de la navigation a atteint cette même année,
à la remonte et à la descente, le chiffre de 1,458,713
tonnes. — La valeur des importations est bien supérieure
à celle des exportations. Les principaux articles importés
sont les laines de la Plata et de l'Uruguay, les fers de
Bilbao, le zinc des Asturies, les lins de la Russie, les
céréales, surtout le mais, les bois, les graines oléagineuses,
les pyrites, le nitrate de soude. Les matières exportées
sont les suifs, les sucres, les huiles, le fojn et la paille, des
produits chimiques et des métaux. La vie de Dunkerque
n'est d'ailleurs pas tout entière du coté de son port, et
l'industrie y occupe un quartier nouveau, la ville basse et
les faubourgs ; les principaux établissements sont des
fabriques de toiles à voile et de filets de pèche, des raffi-
neries de pétrole, des fabriques d'huile et des scieries.
Histoire. — C'est au vue siècle que saint liloi, évêque
deNovon, aurait bâti, en l'honneur de saint Pierre, une cha-
pelle située au milieu des dunes et qui aurait donné à la
bourgade de pécheurs qui existait alors le nom que porte
la ville d'aujourd'hui (Dïuie-Kcrke, église des dunes).
Mais ce n'est qu'au milieu du xe siècle que nous trouvons
trace historique de l'existence de Dunkerque. En eflet, en
938, le comte de Flandre, Baudouin III dit le Jeune, en-
toura de murs, pour la préserver contre les attaques des
N01 thmans, la boirgade, devenue sans doute déjà impor-
tante. Dunkerque resta sous la domination des comtes de
Flandre jusqu'à la fin du xive siècle. Son histoire, pen-
dant cette période, est assez obscure et offre beaucoup de
lacunes. Vers 121 8, Dunkerque obtint de nombreux privi-
lèges et une sorte d'organisation communale. Ellcs'a-randit
beaucoup sous la domination de Godefroy de Condé, évêque
de Cambrai. Prise en 1300 par Philippe le Bel, elle resta
pendant cinq ans au pouvoir du roi de France. Enfin, au
— 07 — DUNKEHIU1E
milieu du xiv6 siècle, Dunkerque, érigée en seigneurie,
passa dans la maison de Bai qui donna à la ville les ar-
moiries qu'elle conserve depuis lors. De 1384 à 1477,
Dunkerque fit partie des immenses domaines des ducs de
Bourgogne. Nous voyons en effet, en 1393, Yolande, com-
tesse de Bar, faire un solennel hommage de sa seigneurie
de Dunkerque à Philippe le Hardi. De I Î77 a 1313, Dun-
kerque reste sous la domination de la maison d'Autriche.
De 1313 à 1688, pendant un siècle et demi, Dunkerque
fut une possession de la maison d'Espagne, dette époque
de son histoire est la plus troublée. Charles-Quini et ses
successeurs attachaient à la possession de Dunkerque une
grande importance. Mais, sous le règne de Philippe H,
Dunkerque participa à tous les événements provoqués
d'abord parla guerre contre Henri II et ensuite par la ré-
volte des Pays-Bas. Prise et pillée en 1338 par les soldats
du maréchal de Thermes, elle fut reprise par le comte
d'Eginont après la bataille de Gra vélines. Plus tard se
produisent les premiers troubles des Pays-Bas. Les Dun-
kerquois ne voulant accepter ni l'Inquisition ni les garni-
sons espagnoles, adhérèrent au parti qui mettait le prince
d'Orange à la tète de la coalition, et Dunkerque fut livrée
à celui-ci comme gage du traité d'union fait entre les pro-
vinces révoltées. Dunkerque fut quelque temps la résidence
du duc d'Alençon, lorsque celui-ci tenta la conquête des
Flandres. Enfin elle fut reprise en 1583 par Alexandre
Farnèse. A partir de ce moment, elle développa son com-
merce et résista ènergiquementaux tentatives réitérées des
Hollandais. De 1599 à 1033, pendant le gouvernement de
l'infante Isabelle dans les Pays-Bas, Dunkerque resta
presque entièrement étrangère aux mouvements violents
qui agitaient les provinces flamandes. Enfin, de 1633 à
1638, Dunkerque est comme l'enjeu de la partie que
jouaient entre elles les puissances voisines, France, An-
gleterre et Espagne. Prise par le prince de Condé en 1646,
elle fut reprise par le marquis de Leyde en 1632. Enfin
en 1658, après la bataille des Dunes, Dunkerque fut prise
par la France et remise immédiatement à l'Angleterre en
vertu du traité d'alliance conclu entre Cromvvell et Ma-
zarin. Elle ne resta que quatre ans sous la domination
anglaise. En 1662, CharlesII vendit Dunkerque à Louis XIV
pour cinq millions.
Pour tirer de cette importante acquisition tout le bénéfice
qu'il pouvait en attendre, Louis XIV mit tout en œuvre.
Les travaux furent conduits par Vauban avec une rapidité
inouïe, et on lit dans la Relation de la cour de France
de Spanheim (1690) : « De tous les ports de France,
Dunkerque est peut-être le plus remarquable par les pro-
digieux ouvrages qu'on y a faits, par les esplanades des
montagnes et des dunes, par les écluses, par la ville et la
citadelle revêtues de briques jusqu'au haut du parapet,
par des tours sur un banc de sable pour la défense de la
rade, enfin tant par les fortifications de la place que pour
le havre, et dont on a fait monter la dépense qu'on y a
faite jusqu'à douze millions de livres. » De ce port sortirent
bientôt des escadres et des bateaux armés en course. Dun-
kerque et ses corsaires, surtout l'intrépide Jean Bart, de-
vinrent la terreur des flottes et du commerce de l'Angleterre
et des Provinces-Unies. Aussi l'Angleterre imposa-t-elle à
Louis XIV, en 1712, l'obligation de démolir les fortifica-
tions de Dunkerque et de combler son port. Tout le
xvnie siècle se passa en tentatives faites par les Dunker-
quois pour relever les ouvrages démolis, tentatives aussitôt
réprimées par l'Angleterre (traités de 1717, de 1730. de
1748 et de 1763). Enfin, le traité de Paris de 1783
affranchit Dunkerque de cette sujétion. Des travaux furent
commencés sous le ministère de Calonne pour rendre à
Dunkerque son ancienne importance. Ils furent interrompus
pendant les guerres de la Bévolution. Dunkerque, alors
convoitée par l'Angleterre, fut assiégée parle duc d'York
et sauvée par la victoire du général Houchard à Honds-
choote. Dunkerque fut un peu négligée par Napoléon Ier
qui lui préférait Anvers. C'est sous le second Empire et sur-
DUNKERQl E - Dl XN
— (IX —
Armes de Dunkerijue.
tout sous la troisième République que Dunkerquea m i'«é-
eu ter les grands travaux qui en font aujourd'hui la <pia-
trième cité maritime de France et lui assurera peut-être un
avenir plus brillant encore.
Monuments. — Ville souvent éprouvée par la guerre,
Dunkerque possède peu de monu-
ments remarquables. L'église
Saint-Eloi, ou se trou\e le tom-
beau de Jean Bart et de sa femme,
date du xvi" siècle avec une curieuse
façade de style grec. L'ancien clo-
cher de Saint-Eloi est devenu la
tour du Beffroi, carrée, haute de
02 m. Parmi les monuments mo-
dernes, il faut citer le Musée, le
Théâtre, et surtout la statue de
Jean Uart , par David d'Angers,
sur la Grande-Place. Dunkerque
possède une bibliothèque bien installée contenant quinze
mille volumes et un collège communal, de jolies pro-
menades publiques comme le jardin de la Marine et le square
Jacobsen.
Armoiries. — Coupé, en chef, <For au lion passant
de sable, armé et lampassé de gueules — qui est de
Flandre — et, en pointe, d'argent au bar pâmé d'azur,
crête et oreille de attentes — qui est de Bar. L'écu posé
sur un homme marin armé de toutes pièces et tenant de sa
dextre un sabre d'argent à la garde d'or.
Canal de Dunkerque à Furnes. — Ce canal relie le
port de Dunkerque au canal belge de Furnes à Nieuport.
Sa longueur est de 21 kil. dont 13 en France. Il n'est
accessible qu'aux bateaux dont le chargement ne dépasse
pas 450 tonnes. Le mouvement de la navigation sur la
partie française de ce canal a été en 1889 de 55,789 tonnes.
Raoul Fonte.
Biul. : Faulconnier, Description historique de Dun-
kerque, 1730, 2 vol. in-t'ol. — Victor Derode, Histoire de
Dunkerque; Lille, 1852. — Recueils des procès-verbaux
des séances de la Chambre de commerce de Dunkerque.
— H. Cons, le Nord pittoresque de ta France; Paris,
1888. — On trouve une bibliographie assez complète dans
la Notice sur le port et la rade de Dunkerque, dans Ports
maritimes de la France; Paris, 1874, t. I.
DUNKIN (Alfred-John), riche libraire et éditeur anglais
né en 1812, mort en 1879, qui se mêlait d'archéologie.
Ses ouvrages sont absolument sans valeur. Le principal est
intitulé History of the County of Kent (Londres, 1856-
77, 3 vol. in-8).
DUNKIRK. Ville des Etats-Unis de l'Amérique du .Nord,
Etat de New- York, sur le lac Erié; 7,248 hab. en 1880.
Ateliers de chemins de fer; commerce actif de blé, farine,
viandes salées, laines, bétail, houille. Station importante
des chemins de fer reliant New- York à Chicago et les bas-
sins miniers de la Pennsylvanie aux Lacs. Aug. M.
DUNKLER (Emile), violoncelliste distingué et virtuose
sur le saxophone, né à La Haye en 1841, mort à La Haye
le 6 févr. 1871. H a passé une grande partie de sa vie à
Paris, ou il était, sous l'Empire, violoncelliste de la chapelle
des Tuileries.
DUNLOP (John), chansonnier anglais, né en nov. 1755,
mort à Port Glasgow le 4 sept. 1820. Il débuta dans le
commerce, devint lord-prévôt de Glasgow en 1790, puis
exerça les fonctions de receveur des douanes à Ror-
rowstounness et à Port Glasgow. Il est l'auteur de chan-
sons très gracieuses, devenues populaires et qui se chan-
tent encore en Ecosse. On a de lui: Poems on several
occasions (Greenock, 1817-1819, 2 vol. in-8); Poems
on several occasions front ITJS lo 18 10 (Edimbourg,
1830, in-8), et il a publié: Original Lelters front Lad y
Mary W. Uontagu lo sir .laines and Lad y Francs
Steuart and memoirs and anecdotes ofthose tlislin-
guished persons (Greenock, 1818, in-12).
DUNLOP (James), général anglais, d'origine écossaise,
mort en 1832. Enseigne dès 1778. il servit en Amérique,
dans l'Inde (bleue au siège de Seringapatam en 17'.t9j, a
Guernesey en 1803, «im-, l'état-major de Wellington pen-
dant les campagnes d'Espagne et de Portugal, et fut
membre de la Chambre des communes de lxi.ia 1x20.
DUNLOP (John-Colin), écrivain anglais, mort a Edim-
bourg en fêvr. IX ,2, lils de John. Inscrit au barrai
en IxiiT. il n'exerça pas et se consacra presque unique-
ment à d'importants travaux littéraires. Il fut nommé
en 1816 vice-sheriff du comté de Renfrew. Son ouvrage
le plus considérable est The History of fiction (Edimbourg,
1814, 3 vol. in-8). histoire du roman depuis l'époque
grecque jusqu'au xix,: siècle, qui a eu plusieurs éditions -i
a été traduite en allemand par F. Liebrecht (Merlin, lx.,| .
in-8). Nous citerons encore : History of roman litera-
ture front ils earliest period lu t'f Auguitam âge
(Londres, 1823-1828. 3 vol. in-8); Memoirs of Spam
dtirinij the reians of Philip IV and Charles II (Edim-
bourg, 1834, 2 vol. in-8), et des traductions en vers
anglais de l'anthologie latine. H. S.
DUNLOP (James), astronome anglais, né dans le comté
d'Ayr (Ecosse) en 1795, mort à Bora-Rora (Australie) le
22 sept. 1848. Astronome adjoint de l'observatoire fondé
en 1821 àParamatta (Nouvelle-Galles du Sud) par sir Rris-
bane, il en eut la direction après le départ de Rumker,
en 1829, et l'abandonna lui-même en 1842. Entre temps,
il était revenu en Europe et avait dirigé de 1827 à 182!»
l'observatoire de Makerstoun (Roxburgshirej. Il eut la plus
grande part dans la confection du Catalogue of 7385
stars (V. Brisbane), se livra à d'intéressantes recherches
sur les nébuleuses et les étoiles doubles, signala en 1822 le
retour de la comète d'Encke et en découvrit lui-même deux
pelites, en 1833 et en 1834. Il fut élu membre de la
Royal astronomical Society en 1828 et correspondant de
l'Académie des sciences de Paris en 1837. Ses écrits se
composent d'une dizaine de mémoires parus dans les
Monthly Notices et les Memoirs de la Royal astronomical
Society, dans les Philosophical Transactions et dans
divers recueils scientifiques d Edimbourg. L. S.
DUNLOP ( Alexander-Colquhoun-Stirling-Murray) ,
homme politique anglais, né à Greenock le 27 déc. 1798,
mort le 1er sept. 1870. Inscrit au barreau en 1820, il
commença en 1822 la publication des Shaw andDunlop's
Reports, écrivit des traités sur la loi des pauvres en
Ecosse (1825), sur la loi de patronage (1833), sur la
Parochial Latu, etc. H s'occupa beaucoup des questions
relatives à la réforme ecclésiastique et fut un des avocats
les plus consultés et les plus employés par l'Eglise. En
1843 et 1847, il se présenta sans succès aux élections
pour la Chambre des communes à Greenock qui le nomma
en 1852, et qu'il représenta sans interruption pendant
vingt-cinq ans. Quoique libéral, il ne s'affilia à aucun parti.
Il se consacra surtout aux questions sociales, obtint plu-
sieurs réformes en faveur des classes laborieuses, et con-
tribua plus que personne à la suppression des scandaleux
mariages de Gretna Creen. En 1801, il faillit, à propos
de la guerre contre les Afghans, renverser le cabinet Pal-
merston qui ne fut sauvé que par l'intervention de Disraeli.
IBidl. : David Maclagan, Notice of the laïc Mr Dunlop.
— Leslib Stephen, National Biography. t. XVI.
DUNMAIL-Rmse. Défilé des monts Cumbriens, entre le
Scafell et le Helvellyn ; 220 m. d'alt. En 945, le roi saxon
Edmond vainquit le roi de Cumberland à Dunmail.
DUNN (Samuel), mathématicien et astronome anglais,
né ii Crediton (Devonshire), mort à Londres en janv. 179i.
11 fut professeur de mathématiques et d'astronomie à Cre-
diton, à Chelsea, à Londres, et devint, vers 1775, exami-
nateur de mathématiques des candidats aux emplois de la
Compagnie des Indes orientales. On lui doit divers mémoires
parus dans les l'hilosophieat Transactions et une qua-
rantaine d'ouvrages publiés à part; il convient de citer
parmi ces derniers : Intproeeinents in the doctrines of
sphère, astronomy, geography, navigation, etc. (Lon-
dres. 1703. in-i): A NewEpitome ofpractieal navtgn-
— li!) -
1)1 NN — Dl'NOIS
tion (Londres, 1777. in-8; 2e éd., 1786, in-4); l >iciv
etndeasy Méthode offinding thc latitude on sea or land
(Londres, 1778, m-S); Soutirai Propositions (Londres,
I7M, in-8) ; Tables of logarithms (Londres, liSi,
in-8); Soutirai Tables (Londres, 1785, in-8); TheAstro-
iionii/ of fixed stars (Londres, 1702, in-4); The Longi-
tude Logarithms (Londres, 1793, in-8), etc. L. S.
DU N N ET Hkah. Cm le plus septentrional de la Grande-
Bretagne, comte de Caitbness (Ecosse), par 58° 40' lat. N.
si un promontoire de grès rouge dont le point culminant
est .i pies de MO m. d'alt.
DUNNING (John), premier baron AsBBDBTON, juriscODr
Milte anglais, ne à Ashburton en 1731, mort le 18 août
178Î. Admis au barreau de Londres en I 730, après quatre
ansiféUides, il ne commença à devenir un avocat d'affaires
occupe qu'en 1702; mais il gagnai! déjà v2, 000 livres
sterling par an en 1764. Lu 1768, il devint solicitai- gê-
nerai dans l'administration du duc de Grafton, et il tut
élu membre du Parlement dans l'un des bourgs pourris de
lord Shelburne. A la Chambre des communes, il ne tarda
pas ,i se démettre de sa qualité de solicitor pour attaquer
avec plus de liberté la politique du gouvernement dans les
affaires d'Amérique. Le parti whig trouva en lui l'un de
ses plus éloquents orateurs. En avr. 178-2, il fut créé
baron Ashburton et chancelier du duché de Lanças tre.
George III lui accorda une pension de 1,000 livres sterling.
Mais ces dignités *■[ ces sinécures, il n'aurait pas du les
accepter après les déclarations qu'il avait laites dans l'op-
position. C'était le meilleur avocat de son temps, et un
(Limier redoutable. Tout le monde tenait son talent, sinon
son caractère, en très haute estime. — La baronnie
d'Ashburton s'est éteinte en 1823. On l'a fait revivre en
1835 au profit d'Alexander Baring, deuxième fils d'un
frère aîné de la veuve de John Dunning (V. Ashburton).
DUNN0TTAR Castle. Château d'Ecosse, comté de
Kimardine, sur la côte au S. de Stonehaven; ancienne
résidence des comtes de Keith, maréchaux d'Ecosse. Bâti
au sommet d'un rocher de 30 m. de haut, séparé de la
terre ferme par une profonde crevasse, il est presque
inaccessible. En 1296, Wallaee s'en empara. Le château
fut construit en 1394 par \V. Keith; pendant la guerre
civile on y abrita les insignes royaux d'Ecosse. Il fut pris
en 1651 par les troupes de Cromwell. Ce fut sous Charles 11
et Jacques II une prison d'Etat où l'on enferma les cove-
nantaires. Après la révolte de 1715, il fut démantelé.
DUN00 (Pierre-Joseph), jésuite, apôtre de la charité
et archéologue français, né àMoirans(Jura)en 1637, mort à
Besançon en 1725. Age de vingt-six ans, en 1688, il
accompagna en Normandie le P. Chaurand, pour la créa-
tion dans celte province d'hôpitaux destinés à éteindre la
mendicité : des résultats nombreux récompensèrent leurs
efforts. Ce fut près de Valogne que le P. Dunod fit, en
1693, son premier roman d'archéologue : il baptisa du
nom dWlauna les vestiges retrouves par ses soins d'une
bourgade gallo-romaine, et déclara que cette ville oubliée
avait été une capitale égalant Houen comme étendue.
Deux ans plus tard, en allant île Lyon à Besançon pour y
prêcher, le P. Dunod découvrit, entre Moirans et Saint-
Claude, les restes d'un établissement gallo-romain dont
son imagination fit immédiatement une ville qui aurait eu
la grandeur de Lyon et se serait appelée Aventicwm.
Transportant ainsi en Franche-Comté la ville antique dont les
ruines sont évidentes à Avenches, en Suisse, le P. Dunod fut
conduit a remanier la carte géographique de la Séquanie ro-
maine: toutes ses solutions fantaisistes lui sont restées pour
compte. Les préoccupations de cette nature n'empêchèrent
pas le P. Dunod de continuer son bienfaisant apostolat :
en 1687, il avait provoque la création à Marseille d'un
hôpital des mendiants: en 1698, il obtenait le même résul-
tat u Dole; en 1708, il créait a Besançon l'Aumône géné-
rale pour « soulager les pauvres dans leurs maisons et
faire cesser la mendicité et la fainéantise ». Les publica-
tion? du P. Dunod sont les suivantes : Découverte tir lu
vilk d'Antre (4697 et 1700); lettres sur les découvertes
foites sur le liliin (1716); 'tabula geographica provin-
cial Sequanorum (I feuille, 171.'! et 1716); Projet de
charité de la ville de Dole (1608). Auguste Castan.
Bibl. : Journal des sçavans, 21 nov, 1695! — Correspon-
dance des contrôleurs généraux avec (es intendants, pu-
blié par DE Bmsi ISLB, I. I. — P.-P. DE BACKBR, lliblio-
thrnuc (ie.s- écrivains de la Compagnie de Jésus, série I.
— Ch. Jorbt, le P.Guevarreel les bureaux de charité", 1889.
DUNOD de Charnac.e (François-Ignace), jurisconsulte et
historien français, neveu du précédent, né a Saint-Claude
du Jura le 30ort. 1678, mort à Besançon le "21 juin 1752.
11 tii ses études en droit à l'université de Besançon; puis
en 1720, il y obtint au concours une chaire de droit cano-
nique et civil. Dès lors, il partagea sa laborieuse existence
entre les travaux du jurisconsulte et les recherches de
l'érudit. Ses ouvrages historiques sont mal composés et
lourdement écrits : on a pu reprocher a leur auteur de
s'être approprié trop aisément ce qu'il trouvait a sa conve-
nance dans le bagage inédit de ses devanciers: mais on
doit reconnaître que ses informations sont généralement
consciencieuses, ses doctrines solides et ses jugements réflé-
chis. Deux de ses publications juridiques, le 'Imité des
prescriptions (1730) et le Traité de la main-morte
(1733) ont lait longtemps autorité et sont encore cités
avec estime : le premier de ces traités a même été réim-
primé avec commentaires, en 1810, sous le titre de Nou-
veau Dunod. Ses attires ouvrages sont les suivants :
Commentaire sur le titre des successions et sur les
institutions contractuelles du comté de Bourgogne
(Besançon, I7u23), in-8; Observations sur la coutume
du comté de Bourgogne | publication posthume] (Besan-
çon, 1736, in-4) ; Histoire des Séquanois et du comté
de Bourgogne (Dijon et Besançon, 1733-1710, 3 vol.
in-4); Histoire de l'église, ville et diocèse de Besançon
(1730, 2 vol. in-4). Auguste Castan.
Bibl. : Baron de Courbouzon, Eloge de Dunod, dans
les Travaux manuscrits de l'Académie do Besançon, 1759.
DUN0IS (Duncnsis pagus). Ancien pays de la France,
compris autrefois dans le diocèse de Chartres ; il était
borné au N. par le Perche et le pays Chartrain, au S. par
le Vendômois et le Blésois, à l'E. par l'Orléanais et à l'O.
par le Maine et le Perche. Il avait pourch.-l. Chàteaudun.
Devenu comté au xc siècle, il fut plusieurs fois réuni au
Perche, vendu ensuite par Pierre de Craon, en 138u2, à
Jean II, comte de Blois, acquis enfin en 1391 par Louis
d'Orléans, dont le fils l'échangea contre le comté de
Chartres avec son frère naturel, Jean, bâtard d'Orléans,
qui a conservé dans l'histoire le nom de Dunois.
Bibl. : Poulain de Bos^ay, Topographie arcfK'olo-
,i<iue du pays Danois, dans les Mi'-m. de la Soc. dunoisr,
J876, in-8.
DUNOIS (Jean, bâtard d'Om.ÉANS, comte de), né vers
1403, mort au château de l'Hay le 24 nov. 1468. Fils
de Louis d'Orléans et de Mariette d'Enghien, femme d'Au-
hert F'Iamenc, sire de Canny, il fut élevé avec les enfants
légitimes de son père, auprès rie Valentine Visconti, et eut
pour précepteur le célèbre médecin astrologue, Florent de
Villers. Après le meurtre de son père ( 1 407 ), il accompagna
Valentine a Paris, pour demander justice et, elle morte (idée.
1408), demeura avec ses frères. Il assista à leurs côtés à la
réconciliation de Chartres (0 mars 1400) et suivit leur for-
tune dans la querelle des Armagnacs et des Bourguignons.
Quand Charles d'Orléans, pris à la bataille d'Azincourt
(23 oct. 1413), alla rejoindre en Angleterre son frère, le
comte d'Angoulême, le bâtard resta seul avec son troisième
frère, le comte de Vertus. Les Bourguignons ayant surpris
Paris (nuit du "28 au 20 mai 1418), il tomba entre leurs
mains. Quand ils le relâchèrent ( 13 aoûl 1420;, sou frère, le
comte de Vertus, venait de mourir (août) et le traité de
Troyes était signé (21 niai). Le bâtard étant sans fortune,
on lui conseilla, dit-on, d'entrer dans l'Eglise : ses goûts et la
nécessité de veiller sur les biens de <es frères l'en éloi-
gnèrent. Il s'attacha au parti du dauphin et lit sans doute
ses premières armes à la bataille de Baugé (22 mars I J21).
IUJN01S _ DU NOYEH
-70-
II reçut fllon la seigneurie de Vaubonnais en Daupbjné
(4 nov. i. En ;i\r. I i22, il épousa Marie Louvet, tille de Jean
Louvet, favori du dauphin, qui devint bientôt roi (22 oet.).
Nommé conseiller el grand chambellan, il prît pari a la
bataille de Verneuil (17 aoûl 1424), mais la disgrâce de
Louvet(juin 1425), provoquée par le connétable de Riche-
mont, entraîna la sienne ;iJ Be retira en Dauphiné avec son
beau-père. Il ne tarda pas a en revenir (lin l 'ri-> ou com-
mence m de l 'r2(>). La brillante délivrance de Montargis
(5 sept. 1427) commença sa réputation militaire. Pendant
la disgrâce du connétable, il prit la plus grande part à la
défense d'Orléans ( l 2 oet. I '.27-8 mm 1428). Griève-
ment blessèii Rouvray (42févr.), il conseilla au roi d'ac-
cepterle secours de Jeanne d'Arc, dont il se délia pourtant au
début. Après la levée du siège, il la suivit devant Jargeau
et Beaugencv (juin) et au voyage de Reims. Elle gagna sa
confiance en disant qu'elle voulait délivrer le duc d'Orléans.
Il l'accompagna dans sa tentative contre Paris (26 août)
mais il ne put l'empêcher d'être prise devant Com-
piègne, ni la sauver du bûcher (30 mai 1434), par une
diversion qu'il tenta en Normandie, lin hardi coup de main
lui donna Chartres (12 avr. 4432), d'où il menaça Paris
el bina Redford à lever le siège de Lagny (août). Il lit,
avec Richement, une campagne dans le Nord et opéra sans
lui en basse Normand e et aux environs de Paris pour
hâter la conclusion du traité d'Arras ("20 sept. 1435) ;
mais il refusa de jurer ce traité, parce qu'il ne rendait pas
la liberté à son frère. Ayant, par la prise de Meulan
(24 sept.), facilité l'approche de Paris, il vint occuper la
r.ipitale avec le connétable (43 avr. 1436), chassa, de
concert avec lui, les Anglais des environs, prit part au
siège de Montereau (fin août, 10 oet. 1437) et tint une
place d'honneur lors de l'entrée du roi à Paris (12 nov.).
Durant les deux années suivantes, il se donna tout entier
à la délivrance de ses frères, et le duc Charles lui fit don
du comté de Dunois et de la vicomte de Chàteaudun, en
échange du comté de Vertus (21 juil. 1439). Au mois
d'octobre il épousa en secondes noces Marie d'Harcourt, fille
de Jacques d'Harcourt. Elle lui apportait des droits sur la
seigneurie de Parthenay, que Jean II Larchevèque, avait
été contraint délaisser au connétable. Aux Etats d'Orléans
(oet. 1439), Dunois conseilla de continuer la guerre, mais
son affection pour son frère Charles, affilié aux mécontents,
l'entraina dans la Praguerie. 11 tenta même d'arrêter le
connétable à Blois ; il est vrai qu'il fit le premier sa sou-
mission. Après la libération de Charles d'Orléans (11 nov.
1440), il prit part à ses intrigues : le duc l'employa à pré-
parer une seconde Praguerie, à négocier avec le duc de
Milan, puis à ménager sa soumission au roi (mai 1442).
Dunois fut aussitôt nommé lieutenant général dans le Nord.
II mena le dauphin délivrer Dieppe (44 août 1443) et, au
retour, reçut le comté de Longueville. 11 fut un des négo-
ciateurs de la trêve de Tours (20 mai 4444) et en lut
conservateur général. H s'occupa de la réforme de l'armée
et reçut une compagnie de cent lances, avec le commande-
ment général des arrière-bans. Son refus de prendre part
à de nouvelles intrigues lui attira la rancune du dauphin,
qui confisqua sa terre de Vaubonnais. Il employa les années
144(i, 1447 et 4448 à négocier pour Charles VII avec le
roi d'Angleterre, le duc de Bourgogne, le duc de Savoie,
L'antipape Félix V. Il était encore à Lausanne quand les
hostilités avec les Anglais recommencèrent (mars 1449).
Nommé lieutenant général en Normandie (17 juil.), il prit
Pont-de-1'Arche, Verneuil, Pont-Audemer, Lisieux, Mantes,
Vernon, Gisors. et força Talbot à s'enfermer dans Rouen,
qu'il assiégea. Un soulèvement des habitants lui livra la
ville (18 oet.). La prise de Harfleur (14 déc.), celle de
llonlleur ( IH fevr. 1 {.'>(>) et de lïayeux (16 mai) qui com-
pléta la victoire du connétable à Pormigny (15 avr.), puis
la capitulation deCaen (I juil.), celle de Falaise (25 juil.),
et de Domfront (2 août) achevèrent une complète que
Charles VII qualifia de miraculeuse. En 1451, Dunois
reprit de même toute la Guyenne. La reddition de Bordeaux
(12 juin) el celle de Btyomu [ii août) furent les deux
grandi épisodes de la campagne. Suivant quelques histo-
riens, Dubois aurait i té al i Légitimé, mais Le fait n
point prouvé. Il ne prit part m I La campagne du roi
contre Le dauphin et Louis I" de Savoie (oet. 1452) ni à
la bataille de Castillon (47 juil. 1453); il mettait alors
la Normandie en étal de défense. Les Angtaù
puisés, il lut mêlé à tontes les grandes affaires : négocia-
tions avec la Savoie, procès ûu duc d'Alençon, reviaumdn
pion, de Jeanne d Are. etc. Quand Richement lut devenu
duc de Bretagne (22 sept. 1457), il obtint de lui L'expec-
tative des biens de J. Lmrchevéque (22 oet. 1458). La
mort d'Arthur III (26 déc.) lui valut donc Parthenai et
SOS dépendances. Il resta toujours tidele a Charles \ Il | l
l'assista jusqu'à ses derniers moments (22 juil. 4 '.(il).
Louis XI ne le disgracia pas : il l'envoya négocier a\e. Je
duc de Bretagne, puis le chargea de délivrer Sa vone. Cette
expédition, négligée par le roi, ne tut pas heureuse (4402-
4 '.(m). Après la mort de Charles d'Orléans (4 janv. 1465),
Dunois se laissa entraîner dans la ligue du Bien public,
dont il lut le diplomate attitré ; ce fut lui qui négocia le
traité de Saint-Maiir (20 oet. 4405). Il y gagna, pour ta
part, 6,000 livres de pension. Son fils épousa même la
belle-saur du roi, Agnès de Savoie (juil. 1400). Dunois
passa ses dernières années en pleine laveur et s'occupa
jusqu'à la fin des affaires du royaume. Il fut enterré dans
l'église de N.-D. de Cléry et Louis XI assista aux funé-
railles. 11 laissait, de Marie d'Harcourt, deux filles et un fils,
François, qui hérita de ses titres et de ses grands do-
maines. E. COSNEAU.
BlBL. : Les chroniques du temps, surtout Monstrelet,
Basin, Bf.rry, etc. — Vallet de Viriville, Histoire de
Charles VII. — G. du Fresne de Beaicoi rt, Histoire
de Otaries VIL — Legrand, Histoire manuscrite^ de
Louis XI (à la Bibl. nation. ; fr. 6960). — Legeay, ftist.
de Louis XL — Les Histoires de D. Plancher, D. Vais-
sete, D. Locineau, D. Moricb, etc. — H. Wallon,
Jeanne d'Arc. — L'abbé Bordas, Hist. sommaire du Du-
nois; Chàteaudun, 1884, 2 vol. in-S. — Cosneau, leConné-
table de Richemont, etc. — Mém. de l'Acad. des iriser,
el belles-lettres, llxii, t. XLIII, p. 578. — Pièces originales,
1037, 2157 et '2158 — Ms. fr. 20077, 20379 (Bibl. nat.).
DUN00N. Ville maritime d'Ecosse, arr. S.-E. du comté
d'Argyll, à 1*0. de l'estuaire de la Clyde; 4.692 hab. (en
4884). C'est une des stations balnéaires les plus fréquen-
tées de l'Ecosse. On y remarque les ruines d'un château
fort, ancien palais royal, qu'occupa plus tard la famille
d'Argyll, mais qui fut délaissé après 1700.
DUN0UY (Alexandre-Hyacinthe), peintre, paysagiste et
graveur, né à Paris en 4 7.v>7, mort en 1 8 1 3 . Elève de
Briand, il a laissé de nombreuses Vues d'Italie, et on cite
parmi ses tableaux les plus importants un Orage (ancien-
nement au musée du Luxembourg).
DU NOYER (Marguerite Petit, dame), femme de
lettres française, née à Nîmes, de parents protestants, le
12 juin 4063, morte à Woorburg (Hollande) le 22 mai
4749. Après avoir voyagé avec sa famille en Suisse et en
Angleterre, elle abjura et fut mariée, en 4688, à Gérard
Du Noyer, capitaine au régiment de Toulouse. La discorde
finit par éclater dans cette union, et Mm* Du Noyer se ré-
fugia en Hollande avec s s deux filles. Elle y revint à sa
foi primitive, maria l'ainée de ses filles à un coreligionnaire,
nommé Constantin, rédigea pendant plusieurs années une
gazette, la Quintessence, et y écrivit des Lettres his-
toriques et tintantes (Cologne, 1704, 7 vol. in-12), plu-
sieurs fois réimprimées sous divers litres. On y trouve, con-
tées dans une langue prolixe et diffuse, l'histoire de
l'évasion de l'abbé de Bltcquoy(V. ce nom) et celle des
mésaventures conjugales de l'auteur; dans une de ces édi-
tions données par un anonyme (Londres, 17,v>7, 9 vol. in- 12),
les mémoires de M1"" Du Noyer et ceux de son mari
contre elle sont suivis d'une comédie satirique, intitulée le
Mariage précipité, dirigée contre elle, sa fille aînée
Olympe et le fameux Jean Cavalier qui avait failli devenir
son gendre. Voltaire, exilé par son père à La Haye, pour
ses premières escapades, s'éprit aussi d'Olympe Du Noyer
- 74 -
DU NOYER — DUNS SCOT
qui le paya de retour, mais leurs intngUM furent déjouées
à temps, et le mariage projeté par les deux amoureux n'eut
pas lieu. Plus tard. Olympe, ou, comme Voltaire l'appelait
familièrement, Pimpette, devint la comtesse de Winter-
feld, hérita d'un onde qui lui laissa, outre sa fortune, un
joli hôtel dans le faubourg Saint-Antoine, et resta veuve
en 1737. Voltaire la revit durant ses séjours à Paris et
lui rendit même service dans un moment de gène, mais
leurs anciennes relations ne se renouèrent pas. M. Tx.
Bihl. : iIaa.;. Francs protestante [v Petit). — G. Dbs-
NoassTBKRBS, ta Jsunesss ds Voltaire. Voltaire, Cor-
respondance générale. — Bug. Il mis, tes Gazettes de Hol-
lande, 1885, in-8.
DUNOYER (lîarthélemv-Charles-Pierre-Joseph), éco-
nomiste français né à Carennac(Lot) le 20 mai I78(i, mort
en 1862. Il fonda en 181-4, avec Dubois, la revue intitu-
le'' /(■ Censeur, qui prit plus tard le nom de Censeur eu-
ropéen. Cette feuille courageuse lutta énergiquement
contre le gouvernement de la Restauration et succomba
sous les procès. Ses fondateurs, sous l'influence de J.-B.
Say, se livraient à l'étude de l'économie politique quand
la révolution de 1880 fit triompher les idées du Censeur.
Dunoyer entra dans l'administration et fut successivement
préfet de l'Allier, puis de la Somme, conseiller d'Etat,
membre de l'Institut (Académie des sciences morales et
politiques). Après le coup d'Etat de 1831, il rentra dans la
vie privée et continua les travaux d'économie politique qu'il
n'avait jamais cessés pendant les loisirs de sa carrière ad-
ministrative. Son livre principal a pour titre: De la Liberté
du travail ou Simple Exposé des conditions dans les-
quelles tes forces humaines s'exercent avec le plus de
puissance (Paris, 1843). On lui doit encore une Elude
comparée de l'Angleterre et de la France; un opuscule
sur4a révolution du 84 févr. et de nombreux articles pu-
blies dans le Journal des Economistes.
DUNRAVEN (Comtes de) (V. Qui»),
DUNS. Ville d'Ecosse, comté de Rerwick, sur le Whit-
adder. au pied du Duns Law ("200 m.); 2,437 hab. Eaux
ferrugineuses.
DÛNSINNANE.Collined'Ecosse (dans les Sidlaw Hills)
à l'E. du comté de Perth, en face de la colline de Rirnam.
Restes d'une fortification que le peuple appelle Château de
Macbeth.
DUNS SCOT (Jean), célèbre théologien et philosophe
anglais que ses contemporains ont appelé le Docteur
Subtil, naquit, d'après les uns, au village de Duns, en
Ecosse; d'après les autres, dans le comte de Northum-
berland; enfin, Wading, son biographe, lui assigne l'Ir-
lande pour patrie. Il y a une égale incertitude sur la date
de sa naissance, que l'on place tantôt en 1274, tantôt
en 1273, tantôt même en 1247. Quoi qu'il en soit, il
est certain que Scot entra chez les franciscains, qu'il
igna avec grand succès dans l'université d'Oxford.
Sa renommée et ses succès le suivirent dans l'université
de Paris ou il enseigna en 1306-1307; de là, par
l'ordre de ses supérieurs, il passa à Cologne où il finit
ses jours en 1308. — La philosophie de Duns Scot est
contenue principalement dans ses commentaires sur les
livres De Anima et sur la Métaphysique d'Aristote,
dans ses Quodtibet et dans ses commentaires sur les
Sentences de Pierre Lombard. < Sons la plume du doc-
teur Subtil, dit très bien le cardinal Gonzalez {Histoire
delà philosophie, trad. fr., Paris, 1890-1891, t. II,
p. 322. ' vol. in— 8) , les questions se subtilisent en
quelque sorte, et à force de divisions, de subdivisions et
de distinctions de tout genre, elles sont réduites à une
espèce de poussière impalpable. Dans la quasi-impossibilité
ou elle es) de suivre l'auteur par des chemins aussi dilli-
ciles et aussi compliqués, l'intelligence court risque de
perdre de vue le fond du problème et sa solution, obs-
curcie par la multiplicité des divisions et des distinctions,
a quoi il faut ajouter l'emploi de formules nouvelles peu
usitées chez les écrivains précédents. » Duns Scot étant
catholique et religieux, les principales solutions de sa phi-
losopbie Boni par la même connues. Ce qui caractérise son
originalité comme penseur, c'est la critique rigoureuse à
laquelle il a soumis les arguments et les théories de ses
devanciers, c'est aussi un certain nombre do théories qui
lui sont propres, en particulier sa théorie du principe
d'individuation et sa théorie de la volonté; ce sont enfin
les difficultés qu'il trouve à regarder comme démontrées
par la raison un certain nombre de propositions métaphy-
siques dont ses devanciers pensaient bien avoir fourni une
rigoureuse démonstration. Celui de ces devanciers qu'il at-
taque le plus ordinairement et dont il prend, pour ainsi dire,
constamment la contre-partie est saint Thomas d'Aquin.
D'après les scolastiques, comme d'après Aristote, imis
les êtres de la nature sont composés de matière et de
forme. Mais quand on a ramené pour l'expliquer un être
individuel, cet homme once chien, à une matière et aune
forme, il reste encore quelque chose à expliquer, c'est à
savoir comment et pourquoi la matière qui, de sa nature,
est indéterminée et la forme qui, de sa nature, est univer-
selle, se sont unies de façon à constituer cet être, cet
homme ou ce chien. D'où vient l'individuation do l'être,
quel est le principe de cette individuation? Il est difficile
(pie ce soit la matière, puisqu'elle est indéterminée, cons-
tituée par une simple puissance, qu'elle peut être indiffé-
remment telle ou telle chose ; il est aussi difficile que ce
soit la forme, puisque les formes sont les lois constitutives
des choses et par conséquent sont générales. La forme de
l'homme est dans tous les hommes et la forme du chien
dans tous les chiens. Cependant saint Thomas avait admis
que le principe d'individuation se trouvait dans la matière,
non dans la matière absolument indéterminée, mais dans
la matière signala quantitate. Ainsi si Socrate est So-
crate, cela vient de ce que la matière de son corps a été
déterminée, quant à sa quantité, dans le sein de sa mère
par la constitution particulière de sa mère et par les in-
fluences d'hérédité qui lui viennent de son père. Cette
matière ainsi déterminée exige, pour être informée, une
certaine détermination de la forme qui constituera sa
forme individuelle ou son âme. Duns Scot n'admet pas
cette théorie. Pour expliquer l'individuation, il fait appel à
une entité qu'il appelle l'hœccéité (hœcceilas) . Cette entité
n'est ni matière, ni forme, mais elle détermine la matière
et la forme de façon a produire l'individu. Ainsi si Socrate
est ce Socrate, c'est qu'il a l'hœccéité de Socrate, ce qui
revient à peu près à dire que si Socrate est cet individu,
c'esl parce qu'il a une individualité. — C'est d'ailleurs la
tendance générale de Scot d'expliquer toutes choses par
des qualités occultes et de multiplier les entités. C'est lui
qui est en grande partie la cause de l'invention de ces
vertus, de ces facultés qui contenteront à si peu de frais
les scolastiques de la décadence (xive, xve et, xvie siècles).
Saint Thomas, tout en maintenant avec un soin que
n'ont pas eu tous ses prétendus disciples l'intelligence et
la volonté sur le même plan, a cependant, comme il est
facile de le comprendre, recours le plus possible à l'intel-
ligence pour expliquer les choses. Ainsi jamais il ne sé-
pare en Dieu ni en l'homme l'intelligence de la volonté, il
ne donne nulle part, quoi qu'on en ait dit, une réelle
prééminence à l'intelligence sur la volonté, il maintient
partout leur union, leur harmonie, parfaite en Dieu, im-
parfaite en l'homme, et, leur irréductibilité. Cependant,
comme la volonté pure représente la part d'inintelligible
qui se môle aux choses, saint Thomas fait appel le plus
possible à l'intelligence pour rendre les choses intelligibles,
pour réduire, autant qu'il se peut, le mystère qu'elles en-
ferment, et c'est pour cela qu'on l'a parfois regardé comme
un pur intellectualiste. — Duns Scot a la tendance contraire.
Il ne soumet pas, ainsi que l'ont dit Secrétan {Philosophie
de la liberté, t. I) et Weber (Histoire de la philosophie
européenne), l'intelligence aux caprices de la volonté,
mais il tend à réduire le rôle de l'intelligence au profit, de
celui de la volonté. Ainsi il est fau\ de dire que Duns Scot
a soutenu que Dieu aurait pu faire un cercle carré ou
|,I NS SCOT — Dl NSTEB
— 72 —
rendre"] les contradictoires identiques; il <lii au contraire
huit l'opposé (Sentent., lib. I. dist. 43, q. 1) : mai-
Kiins Seul croil que Dieu aurait pu donner mu fibres réels
des essences différantes el par suite changer avec les lois
(le l'univers les lois mêmes de la morale et, par consé-
quent, certains des commandements de Q'iea (Sentent.,
lili. III, dist. 37, (|. I). Cela m' comprend : si 1rs luis de
la nature sont contingentes, Dieu peut évidemment les
changer, el si la morale consiste pour l'homme à observer
sa loi, il i'si clair que sa lui venant a changer, la morale
changerait. Ainsi [mur un homme auquel la propriété
unit pas été nécessaire, Dieu aurait pu ne pas interdire
le vol qui, à vrai dire, alors n'eût pas été un vol, mais
Dieu nepouvail pas modifier le premier commandement,
car il es! dans la nature des choses que Dieu doit être
adoré par l'intelligence dès que cette intelligence existe.
Duns Scot accorde dune beaucoup a la volonté, mais il lui
impose aussi des limites et c'est l'intelligence qui les fixe.
Voici maintenant les points suc lesquels Duns Seul ne
pensait pas qu'on put arriver par la raison à de véritables
démonstrations. C'est d'abord la toute-puissance de Dieu :
Omnipotentia videtur esse crédita de primo efficiente,
et non demonstrala. — ] C'est ensuite l'incorruptibilité
et l'immortalité de l'àme : Licet ad illam probandam
sint rationes probabiles, non tamen demonstratiuœ.
Non habebant (philosopki) nisi quasdam probabiles
persuasiones (Sentent., lib. ,1V, dist. 43, q. 2). C'est enfin
la connaissance de Dieu, non en tant qu'existant ou infini,
mais en tant qu'il constitue la tin naturelle de l'homme :
Soli rationi naturaliinsistendo, vel crrabll circafinem
ultimwm in particulari, vel. dubiu.s remanebit. Ne-
cessario est sibi de hoc tradi alloua cognitio superna-
turalis. — Ainsi Duns Scot a accordé beaucoup moins à
la raison que ne l'a fait son rival dominicain; il tend à
subordonner l'ordre spéculatif à l'ordre pratique. Cette
dernière tendance et le caractère critique de sa philosophie
a suggéré des rapprochements entre Kant et Duns Scot.
Mais si Duns Scot est un Kant, il ne faut pas oublier que
ses critiques ne portent jamais que sur certains usages de
la raison théorique et non sur la valeur de l'usage même de
cette raison. C'est un Kant dogmatiste. G. Fonsechive.
Biiîl. : Wading, Vila Johan. Duns Scoti, placée en
tête de son édition des œuvres de Scot, Opéra omnia ;
Lyon, 1639, 12 vol. in-fol., et publiée à part; Mons, 1644,
in'-8. — Pluanski, Thèse sur Duns Scot; Paris, 1887, in-8.
— Renan, Duns Scot, dans VHisl. litt. de la. France (avec
In collaboration anonyme de M. Jules Soury).
DUNSTABLE. Ville d'Angleterre, comté de Bedford,
ii l'E. des collines de Chiltern ou Dunstable Downs;
4,6ï7 hab. Beaucoup de vieilles maisons; abbaye fondée
par Henri Ier (Black Canons). C'est à Dunstable que fut
représenté en 1110 un mystère (miracle de sainte Cathe-
rine) qui est une des premières manifestations du théâtre
anglais.
DUNSTABLE ou DUNSTAPLE (John) compositeur an-
glais, originaire de Dunstable (Bedford), mort en 14o8.
Prédécesseur ou contemporain de Binchois et de Dufay
(V. ces noms), il joua un rôle actif dans le développement
de l'art contrepointique, rôle affirmé par un passage de
ïinctoris, mais dont on demeura longtemps sans posséder île
preuves directes. Depuis une trentaine d'années on a découvert
successivement de Dunstable unechanson'à trois voix dans
un manuscrit de la bibliothèque de Dijon ; deux morceaux
dans les mss. 10336 et 319-2-2 du liritish Muséum; quatre
dans le ms. 37 du Liceo musicale de Bologne ; trois dans
le ms. 2216 de l'Université de Bologne; quinze dans quatre
manuscrits de la cathédrale de Trente; plusieurs encore
dans des manuscrits de la bibliothèque de Modène. La
chanson 0 liosti bella du manuscrit de Dijon a été publiée
en partition par M. Morelot. M. Brenet.
DUNSTAN (Saint), prélat et homme d'Etal anglo-
saxon, né à Glàstonbury en 925, mort à Canterbury le
1!) mai 988. De noble lignée, Dunstan fut élevé et ins-
truit par les moines irlandais du couvent de Glastonburv
ei passa ensuite ;i lu cour royale. La, »■•- connaissances
et son habileté le tirent accuser de sorcellerie. Il se réfugia
chez "ii mule Elfheah, évoque de Winchester; celui-à
finit par lui persuader, non sans difficulté, de te taire
munie. Quelques années pins lard, le roi Edmond
946) entendit parler de la science et de la piété de
Dunstan; il l'appela auprès de lui; mais le caractère
allier et dominateur du moine lui créa de nouveau des
ennemis qui l'obligèrent a fuir. Peu après, il obtint pour-
tant du roi l'abbaye de Glàstonbury. Depuis lors, l'in-
Quence et l'autorité de Dunstan grandirent sans cesse
malgré l'opposition de ses adversaires. Pendant plus de
trente ans, l'histoire du royaume anglo-saxon coïncide a
peu près avec celle de Dunstan. Il dirigea entièrement les
affaires sous trois règnes. La plupart des actes publics les
plus importants de cette époque portent la signature de ce
moine. Sous Edred (946-955), Dunstan obtint l'adminis-
tration du trésor royal. L'avènement d'Edwy (95S
fut marqué par une scène caractéristique pour la hardiesse
et le courage de Dunstan. Il arracha le roi aux bras de son
épouse, illégitime suivant les canons ecclésiastiques,
mais nullement suivant les coutumes nationales. L'irri-
tation fut telle que Dunstan dut quitter le pays et >
gier à Gand. Presque aussitôt l'anarchie éclata dans le
royaume. La Northumbrie et la Mercie se détachèrent
d'Edwy et se donnèrent pour roi Edgar, le frère d'Edwy
(957). Dunstan, rappelé, exerça le pouvoir au nom de ce
roi, âgé seulement de quatorze ans. Quand Edwy mourut,
en 959, Edgar devint seul roi ; Dunstan, déjà évèque de
Worcester et de Londres (9o8), fut promu à l'archevêché
d > Canterbury (939), qu'il occupa pendant trente ans.
Durant tout le règne d'Edgar (939-973), l'influence de
Dunstan lut incontestée. Son action fut double. Elle s'exerça
d'abord sur l'Eglise; il la réforma en régularisant le clergé
et en s'efforçant de soumettre les moines à la règle de
Saint-Benoit. On lui a reproché d'avoir romanisé l'Eglise
et de n'avoir pas reculé devant la violence pour atteindre
ses fins ; mais il est évident qu'il ne pouvait même pas
penser à remonter la pente ou s'était engagé le synode de
Strenaeshalch, en (i6i (V. Culdéexs), et qu'au xe siècle
il était difficile de rien réformer sans violence. Par le
clergé régénéré, Dunstan propagea la civilisation dans le
pays et provoqua, après Alfred le Grand, comme une se-
conde renaissance, trop éphémère malheureusement à cause
des invasions danoises qui survinrent. Ainsi l'action de
Dunstan s'étendit aux affaires politiques du royaume ;
grâce à lui, un peu de justice et d'ordre pénétra dans la
société barbare de ses contemporains. L'avènement
d'Edouard (975-978) faillit être le signal de nouveaux trou-
bles. Dunstan convoqua une assemblée des grands (witan)
à Calne (Wiltshire), en 977 : pendant une allocution de
Dunstan, la partie du plancher qui portait les adversaires
de l'archevêque s'effondra et la plupart d'entre eux péri-
rent; on y vit alors un jugement de Dieu: aujourd'hui, on
pense que la main de Dunstan, experte dans les arts mé-
caniques, n'a pas été étrangère â l'accident. D'ailleurs,
Edouard fut assassiné en 978; son frère. Ethelred, sur-
nommé plus tard l'Irrésolu, lui succéda. Dunstan garda en
main pendant dix ans encore les rênes du gouvernement.
Après sa mort, quand les Danois s'avancèrent jusqu'à
Malden, on constata bientôt que l'intelligence claire, la
ferme volonté, l'action rapide de Dunstan faisaient défaut.
Outre les chartes et les diplômes déjà mentionnés, il existe
au Musée britannique (Bibl. reg., 10., A, XIII) une /'./-
posiUo regulœ Benedicti de Dunstan. l'.-ll. Kruger.
Bidl. : Acla Ranci., 19 mai. — Wharton, Anglia
Sacra, II, pp. 88 et 211. — J. Linoabd, Historu... of Ou
Anqlosa.xnn Cfturc/l ; Londres, 1809, t. II, pp. 266 et suiv. —
Su bbs, Memorials o/' saint Dunstan : Londres, 1874.
DUNSTER (Charles), écrivain anglais, né en 1730,
mort à Petworth en avr. 1816. Après avoir fait ses études
à l'Université d'Oxford, il fut nommé recteur dans le comté
de Worcester en ITTii. el devint recteur de Petworth en
1 789. Il a beaucoup écrit. Nous citerons parmi ses ouvrages :
- 73
DUNSTKR — DUPAIN
The Frogi <>f Iristophanes (1785); Paradis,- regained
ivith notes of varions authon (lTit.'i); Considération
on Mitions early reading and the prima staminaof
lus Para lise l.osi 1 1800) : plusieurs traités religieux.
DUNTHORNE (Richard), astronome anglais, ne a Ram-
sej (Hantingsdonshire) en 1711, mort a Cambridge le
H) mars 1775. Outre d'intéressantes communications raites
a la Société royale de Londres <'t insérées dans les Philo-
sophkal Transactions (i. Xl.lY. \LVI. XLYII et LU),
on lui doit : The Praetieal Astronoinu ofthemoon (Cam-
bridge, 1739). L. S.
DUNTON (John), libraire anglais, né le 4 mai 1659,
norl en 1733. A quatorze ans, il entra en apprentissage
cbei Thomas Parkhurst, libraire de Londres, s'établit vers
1677 et commença à remporter de grands succès en impri-
mant les œuvres de Doolittle, de Jay, de Shower. lui 16X5,
il fit un voyage M Amérique, et à son retour fut impliqué
dans un procès pour dettes qui lui causa maint ennui. De
ItiS;» à 1696, il édita Y Alhenian Gazette, se lança dans
la politique et finit misérablement. Il a écrit un grand
nombre d'ouvrages dont on trouvera la liste complète dans
la Biographie de Leslie Stephen (t. XVI). Nous citerons
seulement : The Dublin scuffle( 1699) ; The Case of John
Dunton (1700); Ihc Life and errors of John Dunton
(4705, nouv. éd., 1818), qui contient de très curieux
détails sur les mœurs littéraires de l'époque; The Danger
ofliriny in a known Sin (1708); Athenianism (1710);
.1 Coi nunj look at a queen (s. d.); Neck or ISothing
(1716). R. S.
DUNTZE(Johannes-Bartholomaus), paysagiste allemand,
né a Hablinghausen, près de Brème, le (i mai 18*23. Cet
artiste commença ses études à l'Académie de Munich ,
les continua à Berlin et à Genève dans l'atelier que
Diday et Calame venaient d'y fonder. Il se fixa en 1856 à
Dusseldorf. Ses tableaux les plus connus sont : Un
Paysage norvégien en été, Un Paysage néerlandais
près de Clèves, Une Partie du Grison, Une Vue sur le
Theuersee.
DUNTZER (Johann-Heinrich-Joseph), philologue alle-
mand, né à Cologne le 12 juin 1813. Il fit ses études à
Bonn et à Berlin, et fut nommé, en 18415, bibliothécaire
du gymnase catholique de sa ville natale. Duntzer a fait
des travaux estimés sur les langues et les littératures
anciennes; mais il doit surtout sa réputation à ses
nombreuses publications sur la période classique de la
littérature allemande. 11 est peu d'ouvrages importants de
liotheou de Schiller qu'il n'ait commentés ; il a publié une
17.- de Goethe (Leipzig, 1880) et une Vie de Schiller
{ih., 1881). Il a pris une part considérable à la Deutsche
\ationalbibliothck de Hempel, et il est l'un des collabo-
rateurs de la Deutsche Natumallitteratur de Kiirschner.
Runtzer a essaye d'être poète à ses heures, comme le
prouve le volume anonvme : Adeline, Liebeslieder vom
llheine (Cologne, 1860). A. B.
DUO. I. Musique. — Morceau de musique vocale dans
lequel deux voix s'unissent et se répondent pendant un temps
relativement considérable. Un duo de faible étendue et de
demi-caractère reçoit le nom de duetto. Dans le grand
nombre des cas, un duo est établi sur un motif posé par
l'une des voix, repris par l'autre et développé ou varié
jusqu'à un ensemble final de ces deux voix. Comme
exemple très clair et très pur de cette forme, nous cite-
rons le duetto célèbre, en mi bémol, de la Flûte en-
chantée. Il arrive quelquefois qu'un deuxième et même un
troisième motifs se présentent dans le duo, ou s'interca-
lent alors, pour ainsi dire, des épisodes mélodiques dis-
tincts; c'est le cas du charmant duo du Freischûtz, entre
Agathe et Annette. Enfin, surtout dans la musique con-
temporaine, le duo se transforme en une longue scène à
deux, graduée sur deux, trois, quatre, cinq, six motifs ou
davantage, et les voix ne s'unissent que rarement ou
point. Tels sont les grandes scènes à deux de Lohengrin
(2e et 3« actes), de Tristan et lseull{1* acte), de la
W'alkgrie (1er acte), du Crépuscule des Dieux (1er acte),
de Parsifal (i* acte). Faire la nomenclature des duos
fameux nous entraînerait trop loin ; qu'il nous suffise
de citer les duos classiques de Gluck (Ateesle, Iphi-
génie, Armide), ceux de Méhul (Joseph, Euphrosine
et Conradin), celui de Richard Cœur de Lion de
Grétry; Beethoven a le sombre duo de Léonore et du
geôlier dans Fidelio ; Weber, ceux d'Euryanthe et du
Freischùti ; Berlioz, le poétique duo des Troyens et celui
de ta Damnation de Faust ; entre tous les duos de
Meyerbeer, celui de Raoul et de Valentine, au 4° acte des
Huguenots, occupe la place d'honneur. Nous en avons
indiqué précédemment plusieurs dans l'œuvre de Richard
Wagner, et il n'en manque pas dans le répertoire de Ros-
sini, de Bellini, de Verdi, non plus qu'aux œuvres de com-
positeurs comme Ilérold, Bizet, MM. Lalo, Massenet et
Saint-Saëns. La majeure partie des duos sont écrits pour
voix d'homme et de femme, tels le duo de la Flûte (so-
prano et basse), celui des Huguenots (soprano et ténor),
le dialogue de Frédéric et Ortrude (baryton et mezzo-
soprano), etc. Mais il est aussi des duos pour deux voix
d'homme, comme ceux de Richard (ténor et baryton), et
d'Israël en Egypte (baryton et basse), ou pour deux voix
de femme, ceux d'Euryanthe 1*2° acte), du Freischiitz,
de Sigurd (entre Hilda et Brunehilde), ou celui du 2e acte
de Lohengrin entre Ortrude et Eisa. — Par extension,
on considère des duos écrits pour des instruments, par
exemple pour deux liâtes, deux violons, violon et violon-
celle, etc., qui peuvent être exécutés avec ou sans accom-
pagnement, suivant le cas. Quelquefois même, dans la mu-
sique de symphonie ou de drame, il s'établit momentané-
ment un court duo entre deux instruments de l'orchestre
ou entre deux groupes d'instruments. Alfred Ernst.
IL Métallurgie. — On appelle duo un ensemble de deux
cylindres à axes parallèles concourantà un même laminage.
On emploie surtout cette expression par opposition à trio,
qui désigne l'ensemble de trois cylindres à axes parallèles,
concourant dans un même axe à des laminages successifs
d'une même barre. L'inconvénient des duos c'est de de-
mander, quand ils ont fait subir un laminage à une barre,
au travers d'une cannelure, que cette barre repasse par-
dessus les cylindres pour revenir se présenter à la canne-
lure suivante. C'est une augmentation de travail et une
perte de chaleur. Avec les trios, au contraire, la barre
passe et repasse dans la série des cannelures sans fausses
manœuvres, à condition de l'engager alternativement entre
le cylindre du milieu et le cylindre inférieur. Les duos,
plus exacts comme montage que les trios, servent surtout
aux finissages. L. K.
DUODÉCIMAL (Système). Système de numération dont
la base est douze. — Ce système n'a jamais été employé;
cependant on en retrouve les traces dans la division de
l'année en douze mois, du cercle en 360° (30 X 12) ;
dans l'habitude qu'ont les marchands de vendre à la douzaine
et à la grosse ou douze douzaines. Le système duodécimal
a cet avantage d'avoir une base divisible par 2, 3, 6.
DUODÉNUM (V. Intestin).
DUPAIN (Edmond-Louis), peintre français contem-
porain, né à Bordeaux le 13 janv. 1847. Il fit ses premières
études à l'école de dessin de sa ville natale, sous la direction
de Gué, et vint ensuite à Paris, comme pensionnaire de son
département. 11 entra à l'atelier de Cabanel et devint un
des bons élèves de ce maître ; ses tableaux sont bien com-
posés, d'un dessin correct et d'un coloris agréable. Les
principaux sont : la Jeunesse et la Mort (S. 1875) ; por-
trait de Delaunay de la Comédie -Française (S. 1876) ;
le Don Samaritain (S. 1877 ; pour l'église de Longwy,
Meurthe-et-Moselle) ; Saint Cernais et saint Protais
marchant au supplice (id., pour l'église de Pierrefitte,
Seine); le Droit desortie a Bordeaux, xvr3 siècle (S. 1880 ;
pour le tribunal de commerce de cette ville) ; Mort de
Petion et île lluwt (S. 1880; acquis pour le musée
du Luxembourg); portrait du contre-amiral Mouchez,
DUPAIN — OU PARC
- 74 -
direct, de l'Observatoire (S. 1Rh~) : Vusigus de me,
Biêkra (S. 1889). M. Dupain eal aussi l'auteur d'un
plafond exécuté pour PObservatoire de Paria en l s h ', , ri
représentanl le Passage de Vénus devant le soleil; la
composition en est ingénieuse el le coloris bien décoratif.
DUPAIN m Mortessoh, géomètre français, né vers I7-J0,
mort vers 1790. Officier d'infanterie, il devint mgénieur-
raphedes camps el armées el fui l'un des précepteurs
de Louis XVI. D a publié sur l'architecture et l'art militaires
et sur la planimétne de nombreux ouvrages, parmi lesquels
nous citerons: 1rs Amusements militaires (Paris, 1758,
in-H) ; l'Art de lever les niant (Paris, 1703, in-H ; 3eéd.,
1804); lu Science de farventeur (Paris, I7(i(i, in-H;
V éd., 1842) ; Nouveau Traité de trigonométrie rec-
Hligne (Paris, 1773, in-8); Vocabulaire de guerre
(Paris, 1783, 2 vol. in-8); Abrégé du toisé des ouvrages
rustiques (Paris, 1787, in-8), etc. L. S.
DUPANLOUP (Félix-Antoine-Philibert), prélat fran-
çais, né à Saint-Félix (Savoie) le 3 janv. 1802, mort au
château de la Combe le 11 oct. 1878. Par son acti-
vité et son incontestable talent, par l'ardeur fougueuse
de son tempérament, il a joué un assez grand rôle dans
les controverses et dans les affaires publiques de son
temps. Il lut de bonne heure distingué pour ses rares
qualités d'esprit et, avant 1830, il devint tour à tour
confesseur du duc de Bordeaux, catéchiste des jeunes
princes d'Orléans, aumônier de Mmc la Dauphine. Sous la
monarchie de Juillet, nous le voyons tour à tour conféren-
cier à Notre-Dame, supérieur du petit séminaire de Paris,
vicaire général, enfin, en 1 841 , professeur d'éloquence sacrée
à laSorbonne. Mais la vivacité de ses attaques contre Voltaire
provoqua dans son nombreux auditoire desprotestations tapa-
geuses et le cours fut suspendu après un petit nombre de
leçons. En 1845, il cessa aussi d'être supérieur du petit sémi-
naire et vicaire général ; il resta simple chanoine de Notre-
Dame. C'est en 1849 que la fortune lui sourit de nouveau.
Il devint évêque d'Orléans et c'est dans ce siège épiscopal
qu'il déploya toute l'ardeur de son caractère. Ne se laissant
pas absorber par les soins de la prédication ou de l'admi-
nistration de son diocèse, il fut toujours au premier rang
parmi les polémistes catholiques. En 1830, il collabora à
la loi du 15 mars, où l'Université était manifestement sacri-
fiée aux établissements religieux. Devenu en 1854 membre
de l'Académie française, il se signala par son intolérance,
et sa brochure de 1863, Avertissement aux pères de
famille, dirigée contre les doctrines de MM. Littre, Maury,
Taine et Henan, fit échouer avec éclat la candidature de
M. Littré. Précédemment, en 1839, il avait dénoncé en
chaire « les calomnies vomies par la plume de M. Edmond
About ». Lorsque M. Duruy entreprit d'organiser, par des
cours ouverts dans les facultés, l'enseignement secondaire
des jeunes filles, l'évêque d'Orléans protesta avec violence
contre cette prétendue usurpation de l'Etat, s'indignant
avec emphase de voir les jeunes filles « passer du giron de
l'Eglise dans les bras de l'Université ». Lorsque le dogme de
l'infaillibilité papale fut proposé en 1869 au concile du
Vatican, Dupanloup, d'abord opposé, s'empressa de se sou-
mettre. Enfin, en 1871, élu membre de l'Assemblée natio-
nale par le dép. du Loiret, il se signala par son opposition
véhémente contre toutes les mesures libérales proposées
pour la réforme de l'enseignement et notamment contre les
projets relatifs à rétablissement de l'instruction obligatoire,
gratuite et laïque. Toujours prompt à l'attaque, ne se
contentant pas de détendre les droits de l'Eglise, prenant
l'offensive contre les représentants de l'esprit de tolérance et
de liberté, Dupanloup n'a été, comme on l'a dit, qu' « un
journaliste égaré dans l'épiscopat ». De toutes les polé-
miques qu'il a soutenues, deux seulement méritent notre
approbation complète : celle qu'il engagea avec l'abbé
Gaume pour défendre les ailleurs profanes et les études lit-
téraires, el celle aussi qui fit de lui un adversaire déchiré
du système de la bifurcation et qui l'amena à se retirer du
conseil supérieur de l'instruction publique en 1852. Il y
rentra m 1873, après le 24 mai, et y fut le principal
promoteur de la réforma qui dédoubla les éprouvai du bae-
calauréal es lettres. Dupanloup ■ publié un grand nombre
d'écrits dont quelques-uns ont an un succès retantiaaaot,
au moins par le bruit qu'ils ont provoqué : bneharei poli-
tiques, discours de toute espèce, œuvras militante- .
Déni, l'eu d'écrivain- de nulle temps OOtété au-si féconds.
Hais la plupart de ces travaux, qui ne sont que des pu-
blications de circonstance, paraissent déjà condamnés i
l'oubli et c'est seulement par ses livres pédagogique- qjM
Dupanloup aura laissé une oeuvre durable.
Dupanloup est, de tous les ecclésiastique- de ce siècle,
celui qui a le plus passionnément étudié les questions d'édu-
cation. Il rêvait, à n'en pas douter, d'être au \i\
le continuateur de Fénelon, son auteur favori. Divers ou-
vrages : la Femme studieuse (1HM) ; la Femme chré-
tienne et française, et surtout son œuvre de prédilection,
les Lettres sur l'éducation des (Met (187!»). témoignent
de cette prétention. Et quelques lacunes que présente l'idéal
qu'il trace de l'éducation féminine, il tant bien reconnaître
que Dupanloup a fait preuve, sur ce point, d'un certain
libéralisme, qui lui a valu du reste les injures de la pressa
ultramontaine. Grâce aux révélations du confessionnal et à
la direction spirituelle d'un grand nombre de femmes, il
savait à merveille quel vide une éducation incomplète de
l'esprit et du cœur laisse dans l'âme. Aussi appelle— t-îl les
femmes à une véritable culture intellectuelle. Il ne veut
pas que leurs facultés restent « étouffées et inutiles ». Il
n'admet pas que la piété leur suffise el il les convie à des
études sérieuses. Ses conseils d'ailleurs ne s'adressent
qu'aux femmes des classes moyennes, à celles, dit-il,
qui à Paris habitent le troisième étage. Les œuvres péda-
gogiques de Dupanloup, en ce qui concerne les jeunes
hommes, ne sont pas moins considérables. Nous cite-
rons : le traité de C Education (1851, 3 vol.) ; la
Haute Education intellectuelle (1853, 3 vol.); les Con-
seils aux jeunes gens sur l'étude de l'histoire (1872).
Malgré leur longueur et leurs vastes proportions, ces
livres ne sont au fond que des pamphlets, des œu\ res di
combat contre l'esprit moderne et les tendances démocra-
tiques de notre temps. Ils trahissent, par la violence du
langage et les exagérations de la pensée, le zèle fanatique
d'un apologiste catholique, plutôt qu'ils ne procèdent d'un
amour impartial de la vérité. Sans doute, la compétence
n'y manque pas : on y reconnaît l'ancien directeur du petit
séminaire de Paris, le protecteur et le conseiller du sémi-
naire d'Orléans. Mais précisément le défaut capital de ces
œuvres, toutes pénétrées d'esprit clérical, c'est que l'auteur
n'y franchit pas les limites étroites d'une éducation de
petits séminaires. Il n'écrit que pour les classes moyennes;
il n'a point souci de l'éducation populaire. Il attaque avec
emportement tous les éducateurs qui ont voulu prendra
la nature pour guide dans leurs essais théoriques ou leurs
entreprises pratiques. Il déteste l'Université. Il couvre de
ses anathi'mes l'instituteur laïque. H reste enfin dans ses
écrits pédagogiques l'homme qui a inspiré la loi de réaction
du 15 mars 1850. Gabriel Compavbé.
DU PARC (René Dkrthei.ot, sieur), acteur français,
mort vers 1670. Il faisait partie de la troupe que Molière
avait installée en 1645 au faubourg Saint-Germain, sous
le nom de Vlllustre-Tliiiitre, e! qui réussit peu, et il
suivit le grand homme lorsque celui-ci alla recommencer
ses pérégrinations en province. Il revint a\ec lui lorsque,
de retour à Paris, il s'y établit solidement avec l'agrément
de Louis XIV. Du Parc jouait les comiques, et l'on peut
avoir une preuve du talent qu'il y déployait par ce Fait que
c'est à lui que Molière confia le rôle si important et si joli
de Gros-René dans le Dépit amoureux. On croit cependant
qu'à la mort de Jodelet il quitta son vieil ami pour aller
remplace!' cet acteur1 célèbre à l'Hôtel de Bourgogne.
DU PARC (Marguerite), femme du comédien de ce nom,
actrice française, née vraisemblablement vers 1033. morte
à Paris le 13 déc. 1668. Elle faisait, ainsi que son mari.
— 75 -
DU PARC — DUPATY
partie de la triHipo de Molière en province et s'v maintint
lorsque le grand homme revint S établir définitivement à
Paris. On sait que Molière en tut amoureux, et Racine
aussi, qui la lui enleva; d'aucune prétendent même que
Corneille, quoique vieux à cette époque, fut au nomlire
de ses adorateurs. M11" Du l'aie était d'ailleurs d'une
béante noble et imposante, et a cette beauté elle joignait
un talent rare, soit dans la comédie, soit dans la tragédie;
elle dansait même, dit-on, d'une façon remarquable. Bile
créa, sur le théâtre de Molière, entre autres rôles, ceux
de Dorimène dans /<• Mariage forcé, d'Allante dans la
Princesse d'Etide, de Cathos dans les Précieuses ridi-
cules, de C.elie dans /<• Cocu imaginaire, d'Elvire dans
Ik'ii Garde de Navarre, d'Orante dans les Fâcheux, de
dimène dans Ut Critique de l'Ecole <l<-s Femmes, de
.M"' Du l'arc dans l'Impromptu de Versailles, d'Arsinoé
dans le Misanthrope, d'Elvire dans le Festin de Pierre,
de Méticertedans Mélicerte, d'Hérodans liera et Léandre,
de Gilbert, d' Vxiane dans Alexandre, de Racine, etc. C'est
même à la suite du succès qu'elle avait obtenu dans ce
dernier ouvrage que Racine, ingrat, comme on le sait,
envers Molière, jogea à propos de lui enlever Mlle Du l'arc
et de la faire engager au théâtre de l'Hôtel de Bourgogne,
où il allait lui confier le rôle i'Andromaque. Mais ni
elle ni Racine ne jouirent longtemps du très grand succès
qu'elle obtint dans ce rôle, puisqu'elle mourut à la fin de
l'année suivante. A. P.
DU PARC (Jean-Louis-Léon-René), marin français, né
à Leyde le 28 mars 1798, mort à Paris en 1835. Entré
dans la marine en 181-2, il était capitaine de corvette en
1836 lorsqu'il fut mis en jugement à la suite de la perte
du navire qu'il commandait. Acquitté, il devint en 1 840
capitaine de frégate. Il est surtout connu par les nombreux
progrès qu'il fit réaliser à la navigation à vapeur. Notam-
ment, il perfectionna le système des navires à aubes, le
clinomètre marin de Conninck et fit établir à la mer une
école de chauflage sur les bâtiments à vapeur. Outre des
mémoires insérés dans les Annales maritimes, on a de
lui : Clinomètre marin (Paris, 1840, in-8); De la Vis
et au 'res propulseurs pour les bâtiments à vapeur
(484°2, in-8) ; Essai de tactique navale pour les bâti-
ments à vapeur (1846, in-8), etc.
D U P A R C (Florence) , actrice et chanteuse de café-concert,
née à Paris vers -1855. D'abord ouvrière en fleurs, puis en
bijoux, elle abandonna son état pour se livrer à son goût
pour le théâtre. Engagée au théâtre Cluny, elle part en
1^73 pour l.e Caire, oii elle faisait partie de la troupe
française du khédive. De retour en France, elle entre au
Palais-Royal, puis, de 1875 à 1X7X, va faire une grande
tournée en Amérique. C'est en 1878 que, revenue à Paris,
elle commence à obtenir d'énormes succès comme chanteuse
de café-concert, d'abord à l'Alcazar,puis à l'Eden-Concert,
au Concert-Parisien et à la Scala, où elle est considérée
comme une étoile et payée en conséquence. On assure que
M"" Duparc a gagné dans ces divers étahlissementsjusqu'à
1,500 fr. par mois.
DUPASQUIER (Charles), homme politique français, né
à Chambéry le 14 août 1804, mort le 16 avr. 1880.
M Jstrat en Savoie avant la réunion à la France, gouver-
neur de cette province en {860, il fut nommé président
de chambre à la cour d'appel de Chambéry et promu en
1866 premier président. Le 30janv. 1876, il fut élu sénateur
de la Savoie, siégea à droite, appuya le gouvernement du
16 mai et vota ensuite contre les ministères républicains.
DUPATY (Charles-Margnerite-Jean-Baptiste Mercier-),
littérateur et magistrat français, né à La Rochelle le 9 mai
1746, mort à Paris h' 17 sept. 17^8. Elève du collège de
Beauvais à Paris, où il eut Thomas pour professeur de troi-
sième, il fut élu membre de l'Académie de La Rochelle dès
l'âge de dix-neuf ans. Nommé avocat général au parle-
ment de Bordeaux le 10 févr. I76K, il fut, lors de la
lutte de la magistrature conte les reformes de Maupeou,
conduit à Pierre- Enci se, tenu au secret, puis exilé à Roanne |
(■ept 1770), et ne reprit son siège qu'en 1775, en pro-
nonçant un discours de rentrée qui lit sensation. Son élé-
vation au titre de président à mortier (1778) souleva de
longues difficultés parce qu'il n'était point noble, et le roi,
pour contraindre les résistances, dut envoyer des lettres de
jussion. En 1785, Dupaty résigna sa charge et fit un
voyage en Italie oii il ne retrouva pas sa santé ruinée par
le travail et les veilles. Avant, de s'éteindre, il eut du
moins la joie do voir casser le jugement inique qui condam-
nait à la roue trois paysans des environs de Chaumont,
Bradier, Simatre et Lardoise, accusés d'assassinat et défi-
nitivement libérés le 18 déc. 1787, après des années de
luttes et d'efforts, et malgré un arrêt du parlement de Pa-
ris, ordonnant la destruction par le bourreau du Mémoire
justificatif de Dupaty. Un Discours clans la cause d'une
veuve accusée d'avoir forfait avant l'an de deuil (1 769,
in-8) , des Lettres sur la procédure criminelle en
France. (1788, in-8) et des Réflexions historiques sur les
lois criminelles (1788, in-8) se rattachent également à
sa carrière judiciaire; toutefois, pour ses contemporains, il
fut surtout l'auteur des Lettres sur l'Italie (1788, "2 vol.
in-8), dont le succès, attesté par de nombreuses éditions,
nous semble aussi peu justifié que celui des Lettres sur la
mythologie de Demoustiers; mais les défauts qui nous cho-
quent dans ces amplifications sentimentales sont précisé-
ment ce qui en fit la vogue. M. Tx.
Bibl. : Robespierre, Eloge de Dupaty, 1789, in-8. —
L. Délayant, Notice, extraite des Mémoires de l'Acadé-
mie de La Rochelle, 1857, in-8.
DUPATY (Louis-Marie-Charles-Henri Mercier-), sculp-
teur français, né à Bordeaux le 29 sept. 1771, mort à
Paris le 12 nov. 1825. Fils du précédent, il fut d'abord
destiné par son père à la magistrature, mais il renonça
bientôt à cette carrière pour étudier la peinture avec Valen-
ciennes et Vincent ; au Salon de 1793, il exposa même
trois dessins de paysages. Cependant il abandonna les
pinceaux pour l'ébauchoir et étudia la sculpture dans l'ate-
lier du baron Lemot ; en 1799, il remportait le grand prix
de Rome, sur un bas-relief représentant Périclès visi-
tant Anaxagoras. Il ne partit qu'en 1803 pour l'Italie
où il resta pendant huit ans. La première œuvre de sculp-
ture qu'il exposa fut la statue en marbre de Philoctètc
blessé qui parut au Salon de 1810 ; il exposa ensuite aux
Salons de 1812, 1814, 1817, 1819 et 1822. Ses œuvres
principales sont : Ajax, statue marbre ; Venus genitrix,
statue marbre ; Madame mère île Napoléon Ier, statue
marbre ; un groupe de trois figures représentant Urcstc
tourmenté par une Euniénide, au moment où il vient
de frapper Clytemnestre; Cadmus, statue marbre; Vénus
devant Paris, statue marbre; Biblis, statue marbre. lia
fait, pour l'église Saint-Germain des Prés à Paris, le groupe
en marbre de la Vierge et l'Enfant J/'sus. Le musée de
Versailles possède de cet artiste la statue en marbre du
Général Leclerc, statue entièrement nue, placée d'abord
dans l'escalier du Louvre. Charles Dupaty fut élu, le
21 mars 1816, membre de l'Institut ; la même année, on
lui commanda la statue équestre de Louis XIII ; il en ter-
mina le modèle en plâtre, mais le marbre qui figure au
milieu de la place (les Vosges à Paris a été exécuté par
le sculpteur Cortot. Le groupe de la France et la Ville de
Paris pleurant sur l'urne du duc de Bernj, destiné au
monument projeté pour la place Louvois, fut laissé ina-
chevé par Dupaty et terminé aussi par Cortot ; il a été
placé dans la crypte de l'église abbatiale de Saint-Denis.
Le buste de Dupaty a été sculpté par son élève Louis-Victor
Bougron ; une médaille le représentant a été gravée par
Catteaux. Maurice Du Seigneur.
Bibl. : Quatri.mire de Quincv, Notice biographique;
Paria, 1834. — Coupin, Notice biographique (avec; portr.
grav.); Paris, Isiiô, in-8.
DUPATY (Louis-Emmanuel Mercier-), littérateur fran-
çais, né à Blanquefort le 30 juil. 1773, mort en 1851,
frère du précédent. Entré dans la marine, il passa ensuite
dans le génie militaire qu'il abandonna pour la littérature.
DLTATY — Dl'I'KIUU;
— T6 —
Il \int ;i Paris, et s'était déjt fail remarqua par dirent!
pièces et surtout par un opera-eomiqae, les Valets dans
V antichambre (joak m théâtre Feydeen en IHO-J), lorsque
le gouvernement, qu'il y avait crible d'alluaûnu malignes, le
lit transportera Bresl bous prétexte qu'il n'a\:iit pat achevé
son congé. Grâce à l'intervention de Joséphine, il pul éviter
d'être embarqué pour Saint-Domingue ou il devait rejoindre
l'armée de Leclere. Il travailla alors constammenl pour le
théâtre, et la plupart de ses pièces obtinrent de fort grandi
succès au Vaudeville et a l'Opéra-Comique. En I8:i;;, Dupât;
fut élu membre de l'Académie française. Il avait été nommé,
par la Restauration, conservateur de la bibliothèque du roi.
Nous citerons de lui : le Chapitre second (1799, in-8);
D'Auberge en auberge (180"2, in-8); la Jeune Prude
(1804, in-8); le Jaloux malade (1805, in-8); Ninon
Chez M™ de Séviqné (1808, in-8); Mademoiselle de
Cuise (1808, in-8); le Camp de Sobieski (1813, in-8) ;
Félicie ou la Jeune Fille romanesque (1818, in-8); la
Fête de Meudon (1810, in-8); la Jeune Mère (1806,
in-8); les Deux Pères (1804, in-8) ; /,• Poète et le Musi-
cien (1811, in-8) ; le Portrait de Juliette (4803, in-16);
Sophie ou le Malade qui se porte bien (1802, in-8);
les Vélocifères (1804, in-8), sans compter beaucoup
d'autres pièces en collaboration avec Pavie, Bouillv, Chazet,
Dieulafoy, Léger, Ségur, Scribe et autres, des Chansons
qu'il fournit au Caveau et aux Dîners du Vaudeville, et
sa collaboration à la Miner ue, à ['Abeille, à Y Opinion, etc.
DU PAYS (Joseph-Augustin), publiciste français, né à
Paris le 14 janv. 1804, mort à Fontainebleau le 2 août
1871). Collaborateur de V Illustration depuis 1843, il donna
dans ce journal des critiques artistiques et des Salons qui
furent remarqués. On peut citer de lui : Itinéraire des-
criptif, historique, artistique et industriel de la Bel-
gique (Paris, 18(30, in— 12) ; Itinéraire de la Hollande
(1861, in-12); Itinéraire de l'Italie et de la Sicile
(1865, 2 vol. in-12); Rome et ses environs (1870,
in-32), qui font partie de la collection des guides Joanne
et ont eu plusieurs réimpressions; une traduction du Ro-
land furieux de l'Arioste, etc.
DUPÉRAC (Etienne), architecte, peintre et graveur
français, né à Paris vers 1535, mort en 1604. Il passa
une partie de sa vie en Italie où il fit de nombreuses gra-
vures, toutes datées de 1565 à 1578. En 1572, il devint
architecte du conclave. Etienne Dupérac a surtout reproduit
des monuments anciens de Rome et des environs. C'est la
partie la plus intéressante de son œuvre. Ces estampes sont
réunies dans un livre intitulé / Vestigi délia Antichità de
Roma (1575). Lorsqu'il revint en France, il dédiaà la reine
Marie de Médicis les Vues perspectives des jardins de
Tivoli (1 582). A son retour d'Italie, il devint, en 1582, archi-
tecte de Charles de Lorraine, duc d'Aumale, pour lequel il
traça, d'après Mariette, les jardins du château d'Anet, ceux
du Château-Neuf et de Saint-Germain-en-Laye. Comme peintre
et architecte du roi, il peignit dans la salle de bains du château
de Fontainebleau, cinq tableaux, détruitsen 1697, représen-
tant les Dieux des eaux et les Amoursde Jupiter et de Cal-
listo, et travailla en 1 597 aux châteaux des Tuileries, de Saint-
Germain-en-Laye et au palais du Louvre. Ses gravures
sont dans legoûtde celles de l'école de Fontainebleau.
Bini.. : FélibieNj Entretiens sur les vies et les ouvrages
des plus excellents peintres anciens et modernes, avec la
vie des architectes; Trévoux, 1725, t. III, pp. 126-127.—
Mariette, Abecedario, t. II. — Passavant, le Peintre-
graveur, t. I, p. 258. — Robert-Dumesnil, le Peintre-
graveur français, t. VIII,pp.|89et suiv. — Duplkssis, His-
toire de la gravure en France.
DUPÉRJER ou DUPERRIER (Charles), poète français,
né à Aix, mort à Paris le 28 mars 1692. Il est l'auteur de
poésies couronnées par l'Académie, et d'une infinité de petites
pièces qu'il avait le mauvais goût de réciter à tout venant,
si bien que Boileau lui donna place dans son Art poétique :
Gardez-vous d'imiter ce rimeur furieux
Qui, de ses vains écrits lecteur harmonieux,
Aborde en récitant i)uicon<iue le salue
Kt poursuit de ses vers les passants dans la rue.
Son n.usin, Scipion Uupener, né à Aix en 1586, mort
en 1667, auteur de Questions notables et autres traitée
juridiques réunis sou-, le titre d'GEuvret (Toulouse. 17' 10,
'■'• VOl. iO-4) est le lils de François |)|||,e||e|- si (OOIIII par
l'ode que Malherbe écrivit sur la mort (le -a fille :
l.i douleur, Dupérier, sera donc éternelle ...
DUPERRAY (Michel), jurisconsulte français, ne au Mans
vers Kii7, mort à Paris le 25 a\i. 1730. \ vocal au par-
lement de Paris, il s'est beaucoup OCCUpé du droit canon et
avait acquis en cette spécialité une certaine autorité. Parmi
ses ouvrages nous citerons : Traité de Tétai et de la
capacité des ecclésiastiques pour les ordres <'l les béné-
fices (Paris, 1 703, in-4) ; Traité des droits honorifiques
et utiles des patrons (1710, in-12); Observations sur
Tédit de la juridiction ecclésiastique (1718, in-12);
Traité des dispenses de mariage (1719, in-12); Traité
historique et chronologique des dîmes (1719, in-12 ;
Traite sur le partage de fruits des bénéfices entre les
benéficiers et leurs prédécesseurs ou leurs héritiers
(1722, in-12); Questions et Observations sur le con-
cordat (1722, 3 vol. in-12); Traité des moyens cano-
niques pour acquérir et conserver des bénéfices (1726,
4 vol. in-12); Traité des parlions congrues de curés et
vicaires perpétuels (1688, in-12), etc.
DUPERRÉ. Village d'Algérie, dép. d'Alger, arr. de
Miliana, ch.-l. d'une corn, de plein exercice; 2,839 bah.,
dont 545 Français et 63 Européens. Stat. du chem.
de fer d'Alger à Oran, sur le Chéliff. Duperré a été créé
par décret du 7 oct. 1 859 et a été ainsi appelé du nom
de l'amiral qui conduisit à Alger l'expédition de 1830.
Le village est situé au pied du djebel Doui, en un endroit
appelé par les indigènes Ain-Defla. au milieu de terres
très propres à la culture des céréales et du tabac. 1
la, sur la colline d'El-Khadra, sont les ruines de la ville
romaine d'Oppidum novum. E. Cat.
DUPERRÉ (Guy-Victor, baron), amiral français, né à La
Rochelle le 20 févr. 1775, mort à Paris le 2 nov. 1846.
Parti comme novice en 1791, il fut nommé aspirant en
1795, lieutenant de vaisseau en 1802, capitaine de vais-
seau en 1808, contre-amiral en 1811, amiral et pair de
France en 1830. L'amiral Duperré resta en Angleterre
comme prisonnier de guerre pendant dix-huit mois : il
s'illustra par de nombreux faits d'armes dans les diverses
campagnes qu'il entreprit aux Antilles , dans le golfe
du Bengale, à Madagascar et en Algérie. Il fut un des
vainqueurs du combat du Grand-Port , et le héros de
l'engagement de la Sirè>ie. C'était en 1808; la Sirène,
retour des Antilles, fut attaquée par un vaisseau et une fré-
gate portant le pavillon anglais. Duperré soutint pendant
plus d'une heure le feu de l'ennemi; il se jeta a la cote
afin de ne pas laisser son bâtiment aux mains de l'en-
nemi. Puis, au lieu d'écouter son pilote qui le pressait vive-
ment d'abandonner le navire, il fit des prodiges pendant
trois jours et trois nuits, et rentra à Lorient malgré l'es-
cadre ennemie qui croisait dans les environs de Croix. Il
apparut en vue de Port-Louis alors que tout le monde le
croyait perdu. Appelé en 1834 au ministère de la marine
pour succéder à M. de Rigny, il prit une série de mesures
dont le besoin s'imposait : il organisa le service de santé,
le corps du commissariat, la gendarmerie coloniale, et réor-
ganisa l'administration centrale et l'artillerie de la marine.
Au bout d'environ deux ans, il quitta le ministère et le
reprit en 1839 pour le garder encore une année.
Bibl. : K. Chassi riau, Vie de l'amiral Duperré; Paris.
1818, in-8.
DUPERRÉ (Victor-Auguste, baron), amiral français, ne
à Paris le 4 août 1825. Fils du précèdent, il entra dans la
marine en 1840, et fut successivement aspirant en 1842,
enseigne en 1846, lieutenant de vaisseau en 1851, capi-
taine de frégate en 1859, capitaine de vaisseau en 1861,
contre-amiral en 1873, vice-amiral en 1879. Il exerçait les
fonctions de vice-président du conseil d'amirauté, quand la
— 77 -
DUPERRÉ — DUPES
limite d'Age est venu l'atteindre, le '< août 1890. Il a été
gouverneur dfl la Cochiuchine.
DUPERRÉ (Chartes-Marie), née-amiral Français, né à
Bagnor Mornin (llle-et-Vilaine) le l » sept. 1832, neveu de
l'amiral Guy-Victor Duperré. Entré à l'Ecole navale dès
l'âge de quinze ans. il fui nommé enseigne de vaisseau le
s mais 1854. Il prit part au\ expéditions de la Baltique
et à la guerre d'Italie, et fut aide de eamp du prince impé-
rial (4867). Promu contre-amiral le s oct. 1878, il fut
placé à la tète de la division navale des mers de Chine et
du Japon. Vice-amiral depuis le 4nov. 188 î, il est entré
au eoâsei] (!<■> travaux de la marine et a été ensuite préfet
maritime à l.orient (ISS5), à Cherbourg (4887), à Toulon
(4888); au rr juin 1890, il a été nommé commandant
en chef de l'escadre de la Méditerranée. Il fut remplacé le
5 octobre 1894, par le contre-amiral Rieunier.
Bibl. : Etienne Trbfeu, Nos Marins; Paris. 1888, in-8.
DUPERREUX(AlexaniIreLouis-Robert-Millin), peintre,
ne à Paris en 1764, mort à Paris en avril 1848. Élève de
Muet et \ alencienms, il a laissé quelques paysages animés
de figures, et des vues.
DUPERREY (Louis-Isidore), marin français, né en 4786,
mort en 1865. 11 entra en 1 JSOtî dans la marine militaire et
fit deux longs voyages autour du monde, le premier sur
Viranie. l'autre sur la Coquille. Il s'occeupa beaucoup
d'hydrographie et d'histoire naturelle. Kn 1842, il fut élu
membre de l'Académie des sciences.
DUPERRON (Jacques Davy, cardinal), homme d'Etat
français, ne près de Rente le 25 nov. 1556, mort à Paris
le S sept. K>I8. Appartenant à une ancienne famille nor-
mande qui s'était convertie au protestantisme et, pour éviter
des persécutions, s'était établie en Suisse, il fut instruit par
son père, médecin et ministre protestant fort lettré. De
retour en France vers 156:2, il se trouvait à Rouen au mo-
ment où la ville fut assiégée et prise par Charles IX ; son
père fut emprisonné, et il réussit à s'échapper avec sa mère
et à se réfugier à Jersey. Il s'établit par la suite en Nor-
mandie et lui mis en relations avec le maréchal de Matignon
qui le prèseï ta à Henri 111 à l'occasion des Etats de Blois
(1576). Duperron, très tin et très souple, réussit merveil-
leusement à la cour, se lia d'amitié avec Philippe Desportes
et Touchard et fut fort protégé par le duc de Joyeuse. Il
vint bientôt à Paris où il donna des conférences (on les
appelait alors des disputes) très suivies sur des questions
de philosophie et de mathématiques. 11 abjura le protes-
tantisme, fut aussitôt nommé lecteur du roi, prêcha devant
Henri lll à Yincennes, lit l'éloge de Ronsard en la chapelle
du collège de Boncour (1586), prononça en 1587 l'oraison
funèbre de Marie Stuart. et ayant, la même année, perdu à
la bataille de Coutras son protecteur Joyeuse, écrivit sur
l'ordre du roi une sorte d'élégie, l'Ombre de M. l'amiral
de Joyeuse. Duperron commençait à se rendre indispensable
au roi qui l'emmena aux Etats de lilois de 1588 et lui fit
composer sa harangue. A la mort de Henri III, il passa dans
la maison du cardinal de Bourbon, connu pour protéger les
gens de lettres, intrigua quelque peu contre Henri IV, puis,
recommandé par Gabrielle d'Estrées, réussit à faire oublier
sa conduite et fut nommé évêque d'Evreux (1591). Il tra-
vailla alors activement à la conversion de Henri IV. Après
l'abjuration, il joua un rôle prépondérant à la conférence de
Mantes avec les protestants, et négocia à Rome l'absolution
du roi (4594-95). Il avait à cette occasion reçu les titres
de premier aumônier et de conseiller d'Etat. En 1596, il
assistait à l'assemblée des notables à Rouen, prenait posses-
sion effective de son évèché et se mettait à prêcher passion-
nément sur la controverse. Il se trouva de cette manière
entrainé à des polémiques extrêmement vives avec les pro-
testants, exaspérés surtout des conversions éclatantes qu'il
faisait (celles entre autres de Palma-Cayet et de Sancy, le
général des Suisses). Enhardi par ces succès et la faveur
que ne cessait de lui témoigner la cour de Home, Duperron
s'attaqua à Duplessis-Mornay : leur querelle s'envenima
tellement et prit de telles proportions en un temps où les
affaires de religion primaient tout, que le roi lit réunir la
célèbre conférence de Fontainebleau (4 mai 1000). Duperron
y remporta un véritable triomphe qui humilia fort le parti
de la Réforme. Aussi en fut-il récompensé par le chapeau de
cardinal (4604). Henri IV avait eu à plusieurs reprises
l'occasion d'utiliser les qualités diplomatiques de l'evèquo
d'Evreux : à la lin de 1004, il l'envoya à Rome comme
chargé d'affaires. Duperron prit une part active a l'élection
des papes Alexandre de Médicis (Léon XI) et Camille Itor-
ghése (l'aul V), à l'affaire de la grâce pendante entre les
dominicains et les jésuites, négocia avec le cardinal de
Joyeuse la réconciliation du pape avec le gouvernement de
Venise mis en interdit. En 1606, il fut nommé archevêque
d6 Sens, grand aumônier et commandeur de l'ordre du
Saint-Esprit. Revenu en France en 1607, il s'occupa de la
création du Collège royal de France (1609), et on allait
commencer les constructions lorsque Henri IV fut assassiné.
Membre du conseil de régence, Duperron obtint qu'on reprit
le projet du roi concernant le Collège royal dont Louis XIII
posa la première pierre le 28 août 1610. Puis il fut absorbé
par une série d'affaires purement théologiques oii il main-
tint avec une énergie excessive les doctrines ullramontaines,
doctrines qu'il soutint encore aux Etats généraux du 27 oct.
1614 en attaquant vivement un article du tiers état sur la
sûreté des rois. 11 assista le duc d'Anjou ù l'assemblée
des notables de Rouen en 1617, puis passa la dernière
année de sa vie dans une retraite presque absolue, unique-
ment occupé de la publication de ses ouvrages. Nous
citerons de lui : les Diverses OEuvrcs de l'illustrissime
cardinal Duperron (Paris, 1622, in— fol.) ; Réplique à la
réponse du roy de la Grande-Bretagne (1620, in-Iol.) ;
Traité du Saint-Sacrement (4642, in— fol.) ; Réfutation
des objections tirées des passages de saint Augustin
contre l'Eucharistie (1624, in— fol.) ; Oraison funèbre
sur la mort de M. de Homard (1586, pet. in-8);
diverses poésies de lui, qui ne manquent pas d'agrément, se
trouvent dans le Cabinet des Muses (1019) et les Délices
de poésie Françoise (4620 et 1627). C. Dupuy adonné un
recueil de bons mots et de remarques critiques de Duperron
ou à lui attribués, Perroniana (La Haye, 1666; Cologne,
1669, in-12). — Jean Davy-Du perron, mort à Montau-
ban le 24 oct. 1621, frère du précédent et son coadjuteur,
lui succéda dans l'archevêché de Sens. — Jacques Davy—
Duperron, neveu des précédents, mort le 14 févr. 1649,
fut nommé en -1686 évêque d'Angoulème et en 1646 évèque
d'Evreux. Il eut le titre de grand aumônier de la reine
Henriette-Marie d'Angleterre. R. S.
Bibl. : Ces. de Ligny, Ambassades et négociations du
cardinal Duperron; Paris, lbl8, in-fol. — A. Duval, Spe-
lunca Mercuriiseu panegyricus J. Davy Duperron; Paris,
llill, in-8. — J. Condential, Larmes de la France sur le
trépas du cardinal Duperron ; Paris, 1618, in-8. — N. de
Neuville, Oraison funèbre de J. Davy, cardinal Duper-
ron : Paris, ItilK, in-8. — B. de Provenchéres, Oraison
funèbre de J. Davy, cardinal Duperron ; Sens, ltil8, in-8.
— J. Levksque de Burignv. Vie du cardinal Duperron ;
Paris, 1768, in-12. — Feret, le Cardinal Duperron ; Paris,
1877, in-8. — Haag, la France prolestante, t. IV. —
Lichtenberger, Encyclopédie des sciences religieuses,
t. IV.
DUPERTUIS (Abram), mécanicien suisse, né aux
Ormonts(Vaud) en 1756, mort en 1798. Son talent naturel
pour les arts mécaniques le conduisit à fabriquer non
seulement des outils de tourneur, d'armurier, de coutelier,
mais des violons, des horloges et des pendules d'un mé-
canisme très ingénieux. Il mourut en défendant sa vallée
contre l'invasion française : son lusil éclata dans ses mains
et lui fit des blessures mortelles. E. K.
DUPES (Journée des). On donna ce nom au 11 nov.
1680, jour dans lequel les ennemis du cardinal de Riche-
lieu crurent avoir déterminé le roi a le disgracier et qui se
termina, au contraire, par le triomphe de ce ministre. Le
10 nov., Louis XIII, qui logeait rue de Tournon, à l'hôtel
des ambassadeurs extraordinaires (aujourd'hui caserne de
la garde républicaine), alla voir sa mère au Luxembourg,
et lui parla de la nécessité d'une réconciliation entre elle
Dl PES - DUPETIT
_ 7x -
al la cardinal^ la nièoe de Richelieu, M",r «i«; Combalet,
Burvenaat sur cas entreprises, fut accueillie par la reine
avec froideur d'abord. « A la froideur, l'ai reui
puis incontinenl la colère, l'emportement, les plus amen
reproches, enfin un torrent d'injures, et peu à peu da oee
injures qui ne sonl connues qu'aux balles.» (Saint-Simon.)
Le roi s efforça en vain de calmer sa unir ; Richelieu arri-
vant lui, après avoir été tout d'abord un peu mieux reçu,
l'objet des mêmes injures; traité de fourbe, de perfide, il
essuya sans mot dire, parait-il, « une si étrange tempête ».
Le roi sortit outré de dépit et de colère et retourna a pied
chez lui. Là, il se jeta sur un lit <le repos et ne »arda avec
lui que son écuyer, Claude de Saint-Simon. Après plus de
deux heures de réflexions, entrecoupées par les répoi
embarrassées sans doute, de Saint-Simon a qui il deman-
dait conseil, le parti de Louis XIII était pris ; sa mère
l'avait mis dans l'alternative de choisir entre Richelieu et
elle ; il choisissait son ministre dans l'intérêt supérieur
du royaume. Saint-Simon lit immédiatement prévenir le
cardinal, par M. de Tourville, d'aller le soir même trouver
le roi à Versailles. Chacun avait cru le cardinal perdu ; il
revint plus puissant que jamais au moment ou ses ennemis
croyaient n'avoir plus qu'a se partager ses dépouilles. Le
roi fit redemander de suile les sceaux à Michel de Marillac
qui fut exilé à Chàteaudun ; en même temps, il envoya
l'ordre d'arrêter à l'armée d'Italie le maréchal Louis de
Marillac. D'autre part, ceux qui étaient restes fidèles à
Hichelieu, Cliàleauneuf, Le Jai, Montmorency, en furent
hautement récompensés. L. Delavaud.
Biul. : Le récit qui parait le plus exact a été écrit par
le due de Saint-Simon d'après les souvenirs de son père ;
imprimé par M. André Cocliut en 1N34 {Revue des Deux
Mondes, 15 nov. 1834); c'est un fragment du Parallèle des
trois rois Bourbons, publié par M. Faugêre (Ecrits iné-
dits de Saint-Simon, 1. 1, p. 107).— On peut comparer. outre
les mémoires de Bassompîerre, de Kontenay-Mareuil et de
Brienne, l' Histoire du roi Louis XIII par Bernard, 1646,
les Memorie recondite de Vittorio Siri, l'Histoire de
Louis XIII du P. Grill'etet celle de Le Vassor, 1700.
DUPETIT-Méré (Frédéric), auteur dramatique français,
né à Paris en 1785, mort à Paris le 4 juil. 1847. Il a été
directeur de l'Odéon. On a de cet auteur extrêmement fé-
cond une foule de pièces (vaudevilles et mélodrames),
écrites en collaboration avec Pelletier, Hoset, Boirie, Ribié,
Brazier, Bernos, Cbarrin, Duperche, Taylor, V. Ducange,
Simonnin, Merle, Rougemont, Crosnier et autres, et pu-
bliées généralement sous son prénom de Frédéric. Nous
citerons : le Vieux Poète (1804, in-8); lu Famille véni-
tienne^ 806, in-8); les Petits Troubadours (1807, in-8);
la Chaumière du mont Jura (1809, in-8) ; le Lion de
Florence (1810, in-8); le Maréchal de Luxembourg
(1812, in-8) ; le Bombardement d'Alger (1815, in-8) ;
le Fila banni (1815, in-8); la Famille Sirven (1840,
in-8); Fanfan la Tulipe (1841, in-8) ; le Mulâtre et
V Africaine (1844, in-8); l'Etrangère (1843, in-8);
Louis (1847, in-8).
DUPETIT-Thouars (Louis-Marie-Aubert Aubert), bota-
niste et voyageur français, né au château de Bomnois, près
de Saumur, le 5 nov. 1738, mort à Paris le 12 mai 1-881 .
Il voyagea à l'île de France et à la Réunion et en rapporta
une collection de plantes ; en 1807, il fut nommé direc-
teur de la pépinière du Roule ; en 1840, membre de l'Ins-
titut. Tous les botanistes connaissent la théorie de Pupetit-
Thouars relativement à la formation des couches annuelles
du bois. Citons de lui : Cours de botanique, etc. (Paris.
1815, in-8, pi.); Cours île phytologie, etc. (Paris,
is ni-40, 4 vol. in-8) : Flore des îles australes de
l'Afrique, etc. (Paris, 1844. in-8. pi.), etc. Dr L. Hn.
DUPETIT-Thouars (Aristide Aurert), marin français,
né au château de Bomnois. près de Saumur. le 31 août 1760,
tué à la bataille d'Aboukir le Ier août 1798. Frère du pré-
cédent, il entra dans la marine en 1778. l'ut nommé en-
seigne de vaisseau en 1784, lieutenant de vaisseau en
179Î, et capitaine de vaisseau peu de temps avant l'expé-
dition d'Fgypte. Il assista au combat d'Ouessant. à la prise
de Saiiit-l-ouis (Sénégal), à la lutte de M. de <, milieu <\ de
liodney (4780), puis au combat de la Dominique; il
d'aller a la recherche de La Pérouse; mais les Portugais le
surprirent ■ l'Ile Fernando de Norouha et l'emmenèrent
comme prisonnier à Lisbonne, Plus lard, il rentra en France
et fut réintégré dans la marine avec le grade de capitaine
de vaisseau. Il s'immortalisa a la bataille d'Aboukir, ou il
commandait le lonnant. Pendant de longues heures,
Dupetit-Tbouars lutta contre deux vaisseaux anglais. Il
avait perdu tous les m;iis de son bâtiment et avaii lui-même
une jambe fracassée, Pourtant, il lit clouer le pavillon tri-
colore au tronçon qui représentait le grand mat. Puis il
expira peu après. Il a laissé un précis sur la guerre sou-
tenue contre l'Angleterre de 177* a 1783, inséré dans
l'ouvrage intitulé le Capitaine du l'r/il-'lhouars peint
pur lui-même.
DUPETIT-Thouars (Abel Aubert), amiral et homme
politique français, né au château de la 1 ewudière, arr. de
Saumur, le 15 août 1793, mort à Pari> le 16 mars 1804.
Fnlré dans la marine en 180.'), il lit d'importants travaux
hydrographiques sur les cotes de Terre-Neuve et sur celles
d Algérie. Il dressa un plan d'attaque d'Alger, confiera à
l'expédition qu'il avait contribué à faire décider. Nommé
au commandement du brick le Cri/lu/t en station dans
l'océan Pacilique, il se fit remarquer au Callao en obligeant
les Péruviens, de force supérieure, à restituer le navire de
commerce la Petite-Louise illégalement saisi; les Borde-
lais lui offrirent une épée d'honneur et il fut promu capi-
taine de vaisseau (1834). On lui confia la Créole (1834) ;
puis la Vénus, trégate avec laquelle il entreprit un voyage
autour du monde (1837-39); le rapport adressé à l'Aca-
démie des sciences fut publié (Paris, 1841-49, 11 vol. gr.
in-8 et 4 atlas). Il fut promu contre-amiral. Il conseilla
l'occupation des iles de la Société et des Marquises. 1^> mi-
nistère Guizot entra dans ces vues. Le protectorat de Taiti
contrecarré par le missionnaire anglais Pritcbard (V.TaIti)
donna lieu à un différend mémorable. L'amiral Dupetit-
Tbouars, cliargé de demander une réparation à la reine Po-
maré, lui lit accepter le protectorat. Pritcbard fit arracher
le drapeau tricolore par les indigènes: Dupetit-Tbouars
débarqua, s'empara de l'île et expulsa Pritcbard. Le cabi-
net Guizot, effrayé par les protestations de l'Angleterre,
désavoua l'amiral qui fut rappelé, indemnisa Prilchard et
se borna au protectorat des iles de ia Société. L'opinion
publique, froissée de cette pusillanimité, soutint Dupetit-
Tbouars. Le National ouvrit une souscription et recueillit
30,000 fr. pour lui offrir une épée d'honneur. Il la refusa
et présenta aux Chambres une note (1843) et un rapport
(1844) sur l'occupation de Taiti. Le 4 sept. 1S4i>. il fut
promu vice-amiral. Il fut élu à l'Assemblée législative le
8 juil. 1849 par le dép. de Maine-et-Loire. Il fit adopter
les iles Marquises comme lieu de déportation. Fn sept. 185,3,
il fut élu membre libre de l'Académie des sciences.
DUPETIT-Thouars (Abel-Nicolas-CeorgOB Henri Ber-
çasse), vice-amiral français, né à Bordeaux-les-Rourhes
(Loiret) le 44 mars 1834, neveu de l'amiral. Sorti de
l'Ecole navale en 1849 avec le grade d'aspirant, nommé,
en 1851, enseigne de vaisseau, il fit la campagne de Cri-
mée où il fut blessé assez grièvement a deux reprises dif-
férentes. Fn 185G, il devint lieutenant de vaisseau, puis
officier d'ordonnance de l'amiral Hamelin, ministre de la
marine; en 1X58, il passa sur le Sufjren. vaisseau-école
deeanonnage. et, l'année suivante, il prit le commandement
de V Eclair, canonnière sur laquelle il fit la campagne de
l'Adriatique (1859). Après la paix de Villafranca. il lut
envoyé en mission hydrographique pendant deux ans sur
les entes d'Algérie. A son retour, il devint aide de camp de
l'amiral Rigautt de Onouilly (I8<>4) ei capitaine de fré-
gate le 13 août 1864; peu après, il prit le commandement
de la corvette Dupleix qui se rendait en extrême Crient.
Promu capitaine de vaisseau le lrr juin 1870 en récom-
pense de celle campagne, il revint en France et fut envoyé
en Alsace pour commander les batteries flottantes qui
- 79 -
DUPETTÏ — DU PIN
devaient opérer sur le Rhin. Bientôt il dut s'enfermer dans
Strasbourg assiégé et lut blessé car un éclat d'obus dans
une sortie (Je 2 sept.). Après la guerre, on le nomma
membre du conseil d'amirauté et du eonseil îles travaux.
En 1877, son oncle, l'amiral Fourichon, ministre de la
marine, le prii pour chef de cabinet et le nomma con-
tre-amiral : Dupetit-Thouars garda ses fonctions sous les
deux ministères suivants et fut. lorsqu'il quitta le cabinet,
nomme major général à Brest. Fu IS7S, il prit le com-
mandement en chef de la station navale de l'océan Pari*
li«|iie. et fit, en cette qualité, une campagne de trois ans;
nomme, a son retour, major de la Ilot te à Toulon, puis
vice-amiral le 51 dci-. 1883, préfet maritime à Cherbourg
de 1883 a janv. 1SS7 : en 1887, préfet maritime à Tou-
lon. Le vue-amiral Dupetit-Thouars a été enfin, en 1888,
appelé au commandement de l'escadre d'évolution. Ses
rapports ont, à plusieurs reprises, ete d'une grande utilité
a la marine : il s'est, en particulier, beaucoup occupé de
la question des torpillée, et ses conseils ont été pour
quelque chose dans ['organisation régulière du service des
torpilleurs. Ph. B.
DUPEUTY (Désiré-Charles), auteur dramatique français,
ne 1 Pans le 6 fevr. 1798, mort à Paris le 20 oct. 4865.
Engagé volontaire durant les Cent-Jours et licencié peu
après', il débuta en I8-21 par un vaudeville bien accueilli,
/<; /•'(■/<' au village, et ne cessa dés lors de produire tout
en rédigeant la Nouveauté, journal du commerce, de
l'industrie, du théâtre et des arts ( tS-2o-1827. in-4),
que ses tendances libérales rendirent suspect au ministère
Corbière. Ch. Dupeuty a écrit soit seul, soit en collabora-
tion, une centaine de pièces dont les titres ne sauraient
trouver place ici, et parmi lesquelles il suffira de citer
diverses parodies de Victor Hugo : N, I, Ni, ou le Dan-
ger des Castilles (1830), avec Carmouche et de Courcy ;
Marioinitite (4834); Cornaro. tyran pas doux (1835),
avec Duvert, Us Buses graves (1843), avec F. Langlé ;
puis de nombreux drames, mélodrames, vaudevilles, à-pro-
pos, etc.: le Hussard de Felsheim (1827) ; la Femme,
le Mari et l'Amant (4829); Napoléon, ou Schœnbrunn
et Sainte-Hélène (1830), avec Regnier-Destourbet ; la
Camargo (1833); Pauvre Idiot (1838); Ravel en
voyage (1844) ; U' Lait d'dnesse (1840) ; Paris la nuit
(4842), avec F. Cormon; la Vie de ca/V (1850) ; la
Poissarde ou les Halles en -i80i (1852); Pilbox et
Friquet, ou Zouave et Highlander (1835); les Gueux
de déranger (1850), avec M. Jules Moineaux, etc.
Ch. Dupeuty avait été l'un des fondateurs et l'un des
membres les plus actifs de la Société des auteurs drama-
tiques. M. Tx.
DUPEUTY (Adolphe), tils du précédent, né à Paris en
1828, mort a l'Hay, près de Paris, en 1884. Secrétaire
de l'Opéra de 4830 à 1852, il fit représenter quelques
pièces, entre autres les Canotiers de. la Seine (1858),
avec M. Thiéry, et collabora au Charivari, puis au Figaro
bi-hebdomadaire et ensuite quotidien, ou il fut chargé du
bulletin des nouvelles théâtrales. M. Tx.
DUPHOT (Léonard), général français, né à Lyon vers
4770, mort à Rome le 27 déc. 1797. Il entra de bonne
heure au service et eut un avancement rapide. En 1794,
il assista, avec le grade d'adjudant général, à la prise du
fort de Figuières. Ln 1790, Donaparte le chargea d'or-
ganiser les nouvelles troupes de la République cisalpine. A
la tète de Pavant-garde d'Augereau, il tint en échec, le
7 janv. 1797, a lievilacqua, le comte de Hohenzollern, qui
avait des troupes beaucoup plus fortes que les siennes. Il
lut blessé le 0 mars suivant, a Lavadina, près de Mantoue.
Le 30 mars, il fut nomme général de brigade, après avoir
opéré une brillante reconnaissance. A la fin de 1797, il se
rendit à Rome avec Joseph Bonaparte, ambassadeur au-
près du souverain pontife. Il devait épouser la belle-sœur
de l'ambassadeur. Désirée Clary (depuis femme de B*P-
nadotte). Des attroupements populaires se formaient devant
les lenètres de l'ambassadeur et réclamaient l'interven-
tion des Français pour renverser le gouvernement papal
et établir la république ; des troupes furent envoyées
pour les disperser. Joseph Bonaparte sortit, suivi de
Duphot, pour se jeter entre les troupes et le peuple, mais
une balle frappa le gênerai Duphot qui fut achevé à coups
de baïonnette par les soldats du pape. Le gênerai lterlhier
vengea cet assassinat en renversant le gouvernement papal
en 1798. Les cendres de Duphot avaient été placées dans
une urne, au sommet d'une colonne antique, sur la place
du Capitule; mais, lorsque les Français eurent évacué la
ville, la populace détruisit le monument. Duphot avait
composé une ode, Aux Mânes des héros maris /tour la
liberté, mise en musique par Lais. G. Rkgelspkbgeh.
Bibl. : Arnaui.t, Jav, Jouv et Noevins, Biographie
nouvelle des contemporains, 1823-1825, t. VI, p. 198. — De
Courcbllhs, Dictionnaire historique et biographique des
généraux français, t. V (1822), p. 340.
DU PIN (Jean), poète français, né dans le Bourbon-
nais en 1302, mort près de Liège en 1372, cistercien de
l'abbaye de Vaucelles. On lui doit : le Livre de bonne vie
(Chambéry, 1485, in-fol.; rehnp. a Paris vers 1520 sous
le titre de le Champ vertueux de bonne vie, in-4) ou
l'on trouve des satires fort mordantes contre les papes, les
cardinaux et les évèques, et surtout contre les moines;
l'Evangile des femmes (ms. Bibl. nat.).
DU PIN (Louis-EUies), docteur en Sorbonne, professeur
au Collège de France, né à Paris le 17 juin 1057, mort à
Paris»le 0 juin 1719. Dès 1080, deux ans après avoir
été reçu docteur en Sorbonne, il publia le premier vo-
lume d'une Bibliothèque universelle de tous 1rs auteurs
ecclésiastiques, contenant l'histoire de leur vie; le
catalogue, la critique et la chronologie de leurs
ouvrages; un sommaire de ce qu'ils contiennent ; un
jugement sur leur style et leur doctrine; le dénom-
brement des diverses éditions de leurs livres (Paris,
in-4). Ce volume contenait les écrivains des trois pre-
miers siècles et une Dissertation préliminaire sur les
auteurs des livres de la Bible. Les autres suivirent rapi-
dement, tous approuvés en termes élogieux par les docteurs
de la Faculté de théologie. Le douzième, arlecté aux ouvrages
du xi° siècle, parut en 1090. Mais, déjà en 1091 , U. Ma-
thieu Petit-Didier, bénédictin de la congrégation de Saint-
Vannes, avait publié un volume de Remarques relevant les
erreurs des trois premiers volumes; Du Pin répondit dans
son cinquième volume. Ln 1092 et 1090, Petit-Didier, avec
l'aide de plusieurs bénédictins qu'il avait associés à son
entreprise d'examen et de critique, fit paraître deux autres
volumes de Remartjiies. Du Pin répliqua, et non sans
amertume (Juste défense du sieur Du Pin; Cologne, 1093,
in-4 3). Alors Bossuet, se joignant aux adversaires, incri-
mina l'exposition de la doctrine du péché originel produite
dans la Bibliothèque universelle. Au lieu de se soumettre,
Du Pin se défendit. Bossuet adressa à l'archevêque de Paris,
de Harlay, et au chancelier Boucherat un mémoire dénon-
çant certaines erreurs professées ou favorisées dans la Bi-
bliothèque universelle, et concluant à une rétractation ou à
une censure sévère. Du Pin se rétracta, d'après le conseil
de Racine, dit-on ; mais il n'échappa point à la censure :
elle lui fut infligée par un décret de l'archevêque de Paris,
et son ouvrage fut supprimé par arrêt du Parlement (14 avr.
4698). On lui reprochait dafiaiblir la piété des fidèles, en
diminuant la vénération due à la sainte Vierge; de favo-
riser le nestorianisme ; d'dter aux preuves de la primauté
du siège de Rome une partie de leur force ; d'attribuer aux
pères de l'Eglise des erreurs sur l'immortalité de l'àme et
sur l'éternité des peines de l'enfer, et de parler d'eux avec
trop peu de respect. Néanmoins, Du Pin put continuer son
ouvre, en changeant le titre ; il l'appela Histoire de l'Eglise
et des auteurs ecclésiastiques. File était achevée en 1704
et formait 58 vol. in— 8, y compris 4 vol. des Auteurs
séparés de l'Eglise romaine, 5 de Tables. 3 des Remar-
ijues de I). Petit-Didier, 4 des Critiques de Richard
Simon. Goujet y ajouta 3 vol. pour l'histoire du xvm"
siècle (1730, in-8).
1)1 l'IN - 1)1 l'IN
- 80 —
Lorsque fui publiée la bulle / nigenitus, Du Pin lui un
des principaux instigateurs 'lis protestations de la Sorbonne
et un des signataires du cas de conscience. On l'exila a
Chfttellerault cl on lui enleva sa chaire au Collège 'le
France; ce qui valut au roi les félicitations de Clément M,
pour avuir cliain- cet homme de 1res méchante doctrine
et coupable de plusieurs excès envers le saint-siège.
Du Pin, à qui les rétractations semblenl avoir coûté peu, se
rétracta et obtint de revenir à Paris; niais sa chaire ne lui
fut point rendue. Vers l " 1 8 , il entama, par l'intermédiaire
du chapelain de l'ambassade anglaise, une correspondance
avec Guillaume Wace, archevêque de Canterbury, sur un
projet de réunion de l'Eglise anglicane avec l'Eglise romaine.
Cette négociation était connue de l'archevêque de Paris, de
Noailles, et du procureur général, Joly de Fleury ; mais
comme elle se poursuivait à l'insu de la cour de Home,
Dubois, qui briguait le chapeau de cardinal, fit saisir les
papiers de Du Pin. Lafitau , évéque de Sisteron, qui pré-
tend en avoir eu communication, rapporte que Du Pin y
disait que les principes de la foi catholique peuvent s'ac-
corder avec la religion anglicane ; que, sans altérer les
dogmes, on peut abolir la confession auriculaire, ne plus
parler de la transsubstantiation, anéantir les vœux de reli-
gion, retrancher le jeûne et les abstinences de carême, se
passer du pape et permettre le mariage des prêires. En
-1717, lors du séjour que fit en France le tsar Pierre le
Grand, Du Pin lui avait adressé des mémoires pour 1* réu-
nion de l'Eglise russe à l'Eglise romaine. 11 est vraisem-
blable qu'en énonçant les concessions et accommodements
nécessaires au succès de pareilles transactions, il cherchait
le moyen d'indiquer et de faire prévaloir ses propres vues
sur la réformation de la doctrine, de la discipline et de la
hiérarchie pour l'Eglise catholique romaine. Il semble aussi
que ces vues n'étaient point réprouvées par ses amis. Quoi
qu'il en soit, le pieux Bollin fit inscrire sur le tombeau de
Du Pin, on la crypte de Saint— Se vérin, une épitapheoù il
rend hommage au culte de son ami pour la vérité, à ses
travaux pour mettre en lumière les vieux monuments de
l'Eglise, à ses combats pour défendre les droits du royaume
et les libertés de l'Eglise de France, à sa douceur et à sa
modestie. — Œuvres principales : Bibliothèque univer-
selle et Défense déjà mentionnées; Bibliothèque univer-
selle des historiens, sous le pseudonyme de Clairval (Paris,
■1707, 2 vol. in-12); Traité de la puissance ecclésias-
tiijueet temporelle (Pans, 1707, in— 8) ; Histoire abrégée
de l'Eglise, par demandes et par réponses (Paris, 17 12,
4 vol. in-12) ; Commentaire de la Déclaration du clergé
île France; Traité historique des excommunications
(Paris, 1715-1719, 2 vol. in-12); Défense de la Monarchie
de Sicile contre les entreprises de la cour de Home
(Amsterdam, 1710, in-12); Lettre sur l'ancienne dis-
cipline de l'Eglise touchant la célébration de lu messe
(Paris, 1708, in-12) ; Défense de la censure de la Faculté
de théologie de Paris contre les Mémoires de la Chine
(Paris, 1 708, in- 1 2| ; Sancti Optati Afri Milevitani épis-
copi, de Schismate Donatistarum libri septem (Paris,
1700, in-fol.); Joannis Gersonii doctoris et cuncellarii
parisiensis opéra (Amsterdam, 1703, ;> vol. in-fol.). En
outre, collaboration au Journal des savants et aux der-
nières éditions du Dictionnaire de Moreri. E.-H. Vollet.
DUPIN (André-Simion-Olivior), dit Dupin le Jeune,
homme politique français, né à Paris le 7 mars 1744, mort
à Marcinelle, près de Fleurus (Belgique), le 18 avr. 1833.
Ex-employé dans les Fermes, il fut élu par l'Aisne député
à la Convention. Dans le procès de Louis XVI, il ne vota
pas pour la mort, mais vota contre le sursis. Ami des Gi-
rondins, il ne partagea pas leur sort. C'est à la suite de
son rapport que les fermiers généraux furent traduits au
tribunal révolutionnaire. On perd ensuite ses traces.
DUPIN (Charles-André), homme politique français, né
à Clamecy le 20 juin 17o8, mort à Clamecy le 24 nov.
1843. Avocat, procureur -syndic du district de Clamecy
en 1790, député de la Nièvre a la Législative, incarcéré
en 1793 pour nioderaiitisiue, il fui député de la Nièvre
au conseil des anciens, puis membre >iu dont légis-
latif (4800-4804), puis inspecteur de la gendarmerie.
Louis Wlll le nomma procuresr du roi I Ctameev en
184S ,-i sous-préfet de cet irrondissomcnt I .-a. à.
BlDL. : ROBBBI el COUGNY, DiettorMûi rr dl
DUPIN (Claude-François-Elienne, baron), administra-
teur français, ne a Hetz h- 30 nov. 1 T • ,t . mort a Pari- le
11 nov. 182*. Administrateur du dép. de |a Seine, préfet
des Deux-Sèvres, il cuira en l x I • ; à la cour des comptes
comme conseiller maître. Il a laissé un certain nombre
d'ouvrages, relatifs surtout à la Statistique, et parmi les-
quels nous citerons : Mmuiiaeh du Républicain pour
IT.Ki (Paris, 1793, in-12); Statistique du dép. des
Deux-Sèvres (Paris, 4801, in-X): Dictionnaire géogra-
phique, agronomique et industriel du dép. des Deux-
Serres (Niort. 1803, in-H); Précis historique de l'admi-
nistration et de la comptabilité- des revenus c.ommunaiu
(Paris, 1820, in-8); Histoire de l'administration des
secours publies (4824, in-8); Histoire de l'administra-
tion locale (4829, in-8); la Prusse galante ou Voyage
d'un jeune homme à Berlin (Paris, 1800, in-8), etc.,
sans compter des mémoires et notices insérés dans le re-
cueil delà Société des Antiquaires, dont il fit partie dès
sa fondation.
DUPIN (André-Marie-Jean-Jacques), dit Dupin aîné,
pour le distinguer de ses deux frères Charles et Philippe,
né à Varzy (Nièvre) le 1er févr. 178;!. mort a Paris le
10 nov. 1863. En 1810, il échoua dans un concours pour
une place à la Faculté de droit de Paris, et se consacra
dès lors tout entier au barreau. 11 s'y fit vite remarquer.
Son Mémoire pour la libre défense des accusés (net.
1815), à un moment ou la réaction triomphante faisait
publier dans ses journaux que les avocats ne pourraient
défendre les accusés de crimes d'Etat sans se rendre leurs
complices, et son plaidoyer pour le maréchal Ney, qu'il
défendit à coté des deux Berryer, le rendirent populaire.
Devenu l'avocat attitré du parti libéral, il plaida pendant
la Restauration de nombreux procès politiques, entre
autres pour Déranger (1821) et pour le Journal des
Débats, poursuivi en 1829 à raison du célèbre article qui
se terminait par ces mots prophétiques : « Malheureuse
France! malheureux roi! » Dans tous ces plaidoyers,
Dupin apportait une parole vive, un esprit frondeur. Il
avait l'instinct bourgeois, épris des principes de 4789 et
du gallicanisme, et plein d'antipathie pour les jésuites. En
1829, il fut élu bâtonnier. Il était député de Cosne depuis
1826. Il fut l'un des promoteurs de l'adresse des 221 et
joua un rôle personnel dans les événements de 1830, soit
dans les coulisses politiques (il était devenu depuis 1817
l'un des conseils judiciaires du duc d'Orléans), soit même
dans la rue, car on le vit sur les boulevards exhortant les
citoyens à la résistance. Ce fut lui qui décida ce prince à
prendre le nom de Louis-Philippe Ier. au lieu de Philippe VII
qu'on proposait « pour renouer la chaine des temps ».
« Le duc d'Orléans, disait-il. n'est pas appelé au trône
parce qu'il est Bourbon, mais quoique Bourbon. » Le roi
le nomma procureur général à la cour de cassation en
août 1830. Il y remporta souvent de brillants succès, no-
tamment lors du célèbre arrêt du 22 juin 1839 sur les
duels. Cependant ce n'est pas comme niagislrat qu'il acquit
la plus grande part de sa réputation ; ce tut comme homme
politique . Pendant les troubles des premières années du
règne de Louis-Philippe, il montra à la Chambre une
grande fermeté, un esprit autoritaire. Son ardeur libérale
d'autrefois avait disparu sans retour. En fevr. 1834, les
émeutiers vinrent l'assiéger dans sa maison. Elu président
de la Chambre en 1832, il garda la présidence pendant
huit années et prit sur ses collègues un réel ascendant.
Il dirigeait les discussions avec autorite, faisant respecter
même par les ministres les prérogatives de la Chambre et
l'indépendance de la tribune, mais criblant amis et adver-
81 -
1)1 PIN
Bains de bons mots et de reparties souvent peu courtoises
qui blessèrent plus d'un amour-propre. Adversaire acharné
de M. l'hicrs. il passe pour avoir provoqué sa chute du
ministère. — Cormenin le dépeint comme un orateur véhé-
ment, concis, dune éclatante lucidité, ayant beaucoup de bon
sans, tuais tombant souvent dans le trivial. Le visage était
couture, haché, plissé, mais ne manquant pas de noblesse
quand la passion ranimait ; la voix était pleine, sonore, par-
fois entraînante; ses yeux, caves et petits, brillaient au
fond île leur orbite. On a beaucoup reproché a Dupin sa _ ver-
satilité politique. Après avoir servi la monarchie de Juillet.
il accepta très tranquillement la République. Il lit proclamer,
dès le -2'. févr.,que la justice serait désormais renoue au nom
du peuple français, et vota la constitution républicaine.
Quand le vent tourna de nouveau, il fut un des premiers
à soutenir le prince-président, et dès IS.il il se prononça
ouvertement pour la prolongation de ses pouvoirs et la
revision de la Constitution. Il avait été élu président de
l'Assemblée législative a une forte majorité contre Ledru-
Rollin et Lamoricière. Après le coup d'Etat du 2 décembre*
il conserva son siège de procureur général. Cependant,
lorsque les biens de la famille d'Orléans furent confisqués,
il donna sa démission, mais en 1837 il accepta de nouveau
ies mêmes fonctions. 11 fit partie de l'Académie des sciences
morales et politiques et de l'Académie française qui l'élut
en 1831. On s'est beaucoup moqué de son goût pour la
vie rustique. Les caricatures du Charivari ont rendu
légendaires les gros souliers ferrés qu'il portait à la cam-
pagne; mais ses manières et ses propos plaisaient aux
cultivateurs. Il s'est beaucoup occupé d'agriculture, et
prononça dans de nombreux comices agricoles des allocu-
tions fort réussies. M. Dupin a beaucoup écrit. La li>te de
ses DHvrages est trop longue pour être donnée ici. On
la trouvera dans sa Coutume de Nivernais et dans
son édition des Lettres de Camus sur ta Profession
d'avocat (t. III. Ses sujets favoris furent les libertés de
l'Eglise gallicane et la question du duel. Une statue de
bronze, par Boisseau (Salon de 1869), lui a été élevée à
Yarzv. Marcel Planiol.
Bibl. : Mémoires de M. Dupin, I85&-1863, 4 vol. in-S. —
Cormenin, Livre des orateurs. — J.-E.-L. Ortolan.
.Yotice biographique de M. Dupin. lsio, in-S.— Cuvillieb-
Fi.erRY, Discours de réception à l'Académie, 1866.
DUPIN (Pierre-Charles-François), connu sous le nom de
baron Charles Dupin, mathématicien et économiste fran-
çais, frère du précédent, né à Yarzv (Nièvre) le 6 oct.
ÎTsi. mort à Paris le 18 janv. 187:>. Entré à l'Ecole po-
rytechnique en 1804, il en sortit dans le génie maritime,
dont il devint plus tard inspecteur général, quoiqu'il n'ait
guère rempli les fonctions d'ingénieur que jusqu'en 1810.
Son volume. Développement de géométrie pour faire
suite à la géométrie pratique de Monge (Paris, 1813),
qui contient notamment la brillante théorie de l'indicatrice
de courbure des surfaces, lui valut d'être admis dès 18 IX
a l'Académie des sciences et semblait promettre d'autres
travaux importants du même ordre, lorsque Charles Dupin
s'engagea dans une tout autre voir. Les Voyages en
Grande-Bretagne de 1816 à 1819 (1820-1824, 6 vol.)
donnèrent les résultats d'une vaste enquête personnelle
qu'il entreprit sur le commerce et l'industrie de l'Angle-
terre et le placèrent au premier rang des statisticiens. Si,
d'autre part, nommé en IK|!) professeur au Conservatoire
des arts et métiers, il consacra une importante partie de
son temps à l'enseignement industriel (Applications de
géométrie et de mécanique à la marine (1822); Di-
verses Leçons sur l'industrie, le commerce, la marine
(1825); Géométrie et mécanique des arts et métiers et
des beaux-arts (1825-1827, 3 vol.), son activité se
porta de plus en plus sur l'étude et la publication des do-
cuments intéressant l'homme politique : Trois Forces pro-
ductives et commerciales de la l-'roncc (1823); De la
Grande-Bretagne (1826); le Petit Producteur français
(18-27-1X28. :; vol.). etc. Sa Carte de la France
éclairée et de la France obscure, dans laquelle il eut le
OfiANDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
premier l'idée de figurer par des teintes la proportion des
illettres de chaque département, lui acquit dès lors une
célébrité légitime. Charles \ le lit baron en 1824, Dès
1815, il avait pris une attitude politique libérale. Envoyé
a la Chambre des députes par les électeurs du Tarn en
IS-2S, il appartint dès lors aux assemblées délibérantes,
ou il ne joua d'ailleurs jamais qu'un rôle secondaire.
Fidèle à la gauche sous la Restauration, il se trouva au
centre sous le gouvernement de Juillet. Ministre de la ma-
rine pendant quelques jours en 1834,ilpassaà la Chambre
des pairs en 1837, tigura à la droite dans les assemblées
de la République de 1848, et, en 1833, fut d'emblée nommé
sénateur. Il était membre de l'Académie des sciences mo-
rales et politiques depuis 1832. En dehors des ouvrages
ènumérés plus haut, il a laissé de nombreux écrits de cir-
constance. Sa fécondité même lui a nui; le dernier des
trois Dupin, comme on l'appelait, quoiqu'il fût en réalité
le second des trois frères, donna l'exemple d'un homme
qui, avec, une facilité de travail surprenante et d'incontes-
tables traits de génie, eut du atteindre la gloire, mais n'a
conquis qu'une célébrité passagère, parce qu'il a éparpillé
ses forces et s'est inutilement usé dans la politique, pour
laquelle il n'était pas fait. Son adhésion au second Empire
a finalement compromis un caractère qui s'était généreuse-
ment montré, à l'âge de la jeunesse, alors que sous la
Restauration il défendait chaudement Carnot et Monge,
quand il était périlleux de le faire. Paul Tannery.
DUPIN (Jean-Henri, baron), auteur dramatique français,
né à Paris le 1er sept. 1787, mort à Paris le 3 avr. 1887.
Parent des « trois Dupin » et issu comme eux d'une famille
de robe, il était employé dans une maison de banque lors-
qu'il fil représenter son premier vaudeville, le Voyage à
Chambord (1808). L'un des plus anciens collaborateurs
de Scribe, il eut sa part dans le succès de Michel et
Christine (1826), de la Mansarde des artistes (1828)
et d'une cinquantaine d'autres pièces dont il fournit ou
développa le sujet, sans préjudice de celles que Dartois,
Sauvage, d'Epagny, Dumanoir, Delacour, etc., signèrent
avec lui pendant près de quarante ans et dont l'énuméra-
tion nous entraînerait trop loin. On cite en outre de
Henri Dupin un petit volume de nouvelles, Cinq Coups
de sonnette (1860, in-12). M. Tx.
DUPIN (Simon-Philippe), avocat français, frère de Dupin
aine et du baron Charles Dupin (V. ci-dessus), né à
Yarzv (Nièvre) le 7 oct. 1793, mort à Pise le 11 févr.
1846. Il aborda le barreau dès l'âge de vingt et un
ans. Mais il avait, malgré sa jeunesse, une profonde con-
naissance des affaires, qu'il devait aux leçons de son
frère aine. Sa dialectique piquante non moins que serrée
et sa verve sans égale lui valurent de bonne heure
une immense clientèle. On cite parmi les procès les plus
retentissants auxquels il fut mêlé ceux du faux comte de
Sainte-Hélène (1818), du Constitutionnel (1820), du ca-
pitaine Dequevauvilliers compromis dans la conspiration
du 19 août (1821), l'afîaire Desgraviers et, plus tard,
l'instance de la famille de Rohan contre le duc d'Aumale,
au sujet de la succession de Condé. Sous Louis-Philippe,
il fut avocat de la liste civile, président du comité consul-
tatif de la ville de Paris, avocat du ministère de l'instruc-
tion publique. Le conseil de l'ordre des avocats de Paris
l'élut comme bâtonnier en 1834. La politique militante ne
le tentait guère. Député de la Nièvre en 1830, il donna
bientôt sa démission. Plus tard, envoyé à la Chambre par
les électeurs d'A vallon (1842), il y resta, mais ne prit paît
qu'aux discussions d'affaires. Usé de bonne heure par le
travail, il mourut au cours d'un voyage en Italie que les
médecins lui avaient conseillé pour sa santé. Sans parler
d'un grand nombre de ses plaidoyers qui avaient été im-
primés, il laissait d'importantes études qu'on peut lire dans
divers recueils de jurisprudence. A. Dkbidour.
DUPIN de CiiK.NoNCEvux (Claude), financier et écrivain
français, né à Chàteauroux en 1084, mort à Paris le
25 févr. 170!), dans son hôtel de la rue Plâtrière. Son
(i
DUPIN - DU PLAN
père était recaveor det billes a Chateanroux, el il ne lui
Boocéda dans son office qu'après avoir suivi d'abord la
carrière des armes h ôtre parvenu au grade de capitaine
au régimenl de Noailtea, dont il aurait été « casse pour
avoir fait tapage ». Ce ^m'it n'avait pas nui à son instruc-
tion, el il s'était même tait recevoir avocat au Parlement.
Il exerçait les fonctions paternelles et était veuf de Marie-
Jeanne Bouilhat de Laleuf, qu'il avait et fée en 1714,
lorsque, à la tin de 1722, il se lia avec Mm" de Fontaine,
tille de Dancourt, de passage à Châteaurous avec une de
ses filles qui y était tombée malade et à qui il avait rendu
de lions offices. Ce fut l'origine de sa fortune financière.
En 1724, il épousa la seconde fille de M'"' de Fontaine,
Marie-Louise-Madeleine-Guillaume de Fontaine, âgée alors
de dix-sept ans seulement, et acquit ainsi la protection de
Samuel Bernard, qui passait pour être grand ami du
père de la fiancée. Promu cette année même à la charge
de receveur général des finances des Trois-Evècliés et de
l'Alsace, deux ans après, le l'T oct. 1720, Samuel Bernard
obtint pour lui, du contrôleur général Le Pelletier des
Forts, une des dix places de fermiers généraux et lui avança
une somme de 500,000 tlivres. Soit à Paris, à l'hôtel
Lambert, où il s'établit, soit au château de Chenonceaux,
qu'il avait acquis dès 1733 du duc de Bourbon, et dont il
prit le nom, soit au Blanc, dont le marquisat lui fut
vendu en 1738 par la marquise de Parabêre, il recevait la
meilleure compagnie du temps, attirée et retenue par sa
bonne grâce et par le charme et l'esprit de Mme Dupin.
Le duc' d'Orléans, fils du régent, qui avait beaucoup d'ami-
tié pour Mrac Dupin, et le duc de Pentbièvre, quand il
allait à son château d'Amboise, visitèrent souvent les
Dupin à Chenonceaux, où. l'on avait bâti, dans une aile, un
théâtre pour lequel on faisait venir le corps de ballet de
l'Opéra. Les deux époux se piquaient de littérature. En
1748, quand parut l' Esprit des lois, Dupin, quoique
ami de l'auteur, en réfuta la partie financière du ch. vin
dans un essai intitulé : Réflexion sur quelques parties
d'un livre intitulé De l'Esprit des lois (Paris, 1749,
2 vol. in-18). Tiré à huit exemplaires seulement, ce livre
fut traqué par la censure; Dupin en détruisit lui-même
presque toute l'édition. Il reprit ce sujet dans un second
ouvrage : Observations sur un livre intitulé De l'Esprit
des lois, divisées en trois par lies (Paris, 1757-1758,
3 vol. in-8). Mais cette fois ce fut surtout Montesquieu
qui s'alarma. Le livre sur sa demande fut supprimé. Il
parait qu'il eut le père Berthier pour collaborateur dans
cet ouvrage. En 1742, J.-J. Rousseau, recommandé par
le P. Castel, était devenu le commensal de la maison, et
en 1744, après son retour de Venise, une sorte de secré-
taire de Mmc Dupin. Elle lui confia les papiers de l'abbé
de Saint-Pierre, qui avait été son grand ami, pour en être
l'éditeur. Mais il n'alla pas plus loin qu'un extrait du Pro-
jet de paix perpétuelle. C'est pour le neveu de Mmc Dupin,
l'abbé d'Arty, qu'il composa aussi son Oraison funèbre
il u due d'Orléans. Le Devin du village et l'Engagement
téméraire furent représentés en 1747 à Chenonceaux.
Les désordres et les mauvaises spéculations de son second
fils, Jacques-Armand Dupin de Chenonceaux, portèrent
atteinte à la fortune de M. Dupin, qui fut obligé d'enga-
ger l'hôtel Lambert. Il était cependant encore fort riche
lorsqu'il mourut à l'âge de quatre-vingt-trois ans. Il pos-
sédait encore l'hôtel Lambert, Chenonceaux, la terre du
Blanc, comprenant, outre le château de ce nom, ceux de
Rocbefort et de Roches, etc. — Sa veuve lui survécut trente
ans; elle n'émigra pas et mourut à Chenonceaux le
"20 nov. 1799. Elle était née le 27 oct. 1700 et avait
deux sieurs, Mme Vallet de Villeneuve et M™1' d'Arty,
l'amie du prince de Conti. M. de Villeneuve, son neveu,
hérita alors de Chenonceaux. qui resta dans sa famille jus-
qu'en 1864. M. Dupin a encore publié : les (Economiques
(Carlsruhe, 1745, •> vol. in-4), ou il traite d'un plan
général dis réformes financières et commerciales; Mém. sur
les bleds (Paris, 1748, in-4), tous les deux anonymes et tirés
a très petit nombre. On lui attribue encore une brochure,
intimer les voiture» (Pai
De Bon premier mariage, il avait eu un fils, Dupin de
Francueil,né le 6 nov. 1715, mort vers 17su, connu par
sa liaison avec M" d'Epinay. Il avait épousé, eu 17. ;7.
Suzanne Boliioud de Saint-Julien, morte le [• sept. I7.V»,
dont il eut une fille, Suzanne-Madeleine, mariée, te 9 I
1768, a son cousin Pierre-Armand Vallet de Villeneuve.
Remarié en 1777 a Aurore de Saxe, fille du maréchal et de
Verrières, el veuve du comte de Horn, il laissa de
ce mariage un fiK, Maurice Dupin, père de I -and.
De Bon second mariage avec M11' de Fontaine, Claude
Dupin eut un fils, Jacques-Armand, né le 3 mars 1727,
mort le .') mai 1707 à l'île de France, marié en 1731 à
Marie-Alexandrine-Sophie de Bochechouart-Pontville, dont
il laissa un fils, Claude-Sophie, Ht Dupin deRochefbrt,ni
en 1752, mort le 18 sept. 1788, et dont la veuve, N. de
Saint-Romain, se remaria au futur duc Pasquier. Aujourd'hui
la descendance seule de Dupin de Francueil subsiste par les
femmes dans les familles des comtes de Villeneuve et des ba-
rons du Devant. In fils naturel que Francueil avait eu de
M"" d'Epinay, et appelé Le Blanc de Beaulieu, fut évèque
de Soissons, puis archevêque élu d'Arles. Eugène Asse.
Bibl. : J.-J. Rousseau, Confessions, II, pp. 5, 7. — Chbs-
n.Riii lu, Letlers, 25 oct. 1701. — M»» du Deiia.su, Cor-
vesp. compl., I, U9. — Vie privée de Louis XV ; Londres,
1781 , I, 206. — Bachaumont, Mémoires. — G. Sand.
liist. de ma vie, I, 70. — H. Bonhomme, Grandes Dames
el. pécheresses; Paris, 1883, in-lG. — Comte Gaston de
\ iule neuve-Gui mert, le Portefeuille de M" Dupin; Paris,
1884, in-S. — Vicomtesse de Janze, les Financiers d'au-
trefois; Paris, 1886, in-8. — L. PtREv et G. Maugras, la
Jeunesse de A/"" d'Epinay; Paris, 1882, in-8. — Cheva-
lier, le Château de Cnenunccaux ; Tours, 1»69, in-8.
DU PI NET (Antoine), traducteur français et controver-
siste protestant, né à Bauuie-les-Dames vers 1510, mort
à Paris entre 1363 et 1506. Appartenant à une famille
qui jouissait d'une certaine aisance, puisqu'il s'intitulait
« seigneur de Xoroy », il embrassa de bonne heure la
réforme de Calvin et dut en conséquence abandonner la
catholique Franche-Comté pour s'établir à Lyon où s'écoula
une bonne partie de son existence. Sa traduction de V His-
toire naturelle de Pline, publiée en 1562 et nombre de
fois réimprimée, demeura longtemps la seule complète qu'il
y eût en langue française de ce grand ouvrage. Son recueil
de Plants, pour traits et descriptions de plusieurs vUles
et forteresses, édité à Lyon en 1564, montre que l'auteur
avait beaucoup voyagé et pris une part active à la propa-
gande protestante. Deux opuscules de controverse, publiés
par Dupinet, sont demeures célèbres dans la littérature
protestante : la Taxe de lapénitencerie et chancellerie
romaine (Lyon, 1564); la Conformité des Eglises ré-
formées de France et de l'Eglise primitive (Lyon,
1565). Auguste Castan.
Bibl. : IIaau, France protestante.
DUPINEY oe Voiiepierre (Jean-François-Marie Bertet),
publiciste français, né a Vienne (Isère) le 17 août 1811,
mort à Paris en 1879. Docteur en médecine, il entra en
1840 dans la rédaction du Crédit où il donna des articles
de finances et d'économie politique, et dans celle de la
Politique nouvelle. Il est connu par son Dictionnaire
français illustré et Encyclopédie nouvelle (Paris, 1856-
1864, 2 vol. gr. in-4) qui a joui longtemps d'une cer-
taine renommée et qui a encore des lecteurs, et par le Dù'-
tionnaire des noms propres ou Encyclopédie illustrée
de biographie, de géographie, d'histoire et de mytho-
logie, que la mort ne lui permit pas d'achever. Citons
encore de lui : Sur les symptômes du choléra morbus
sporadique (Paris, 1841, in-4), thèse, et les traductions
des Lettres sur la chimie de l.iehig (1845) et du Traité
de physiologie de Millier (1846).
DU PLAN (Benjamin), député général des synodes des
Eglises réformées de France, né près d'Alais le 13 mars
1688, mort à Londres en 1705. 11 appartenait à une
ancienne famille noble d'Alais, niais abandonna la carrière
militaire en 1710, pour se vouer aux intérêts de ses core-
- 83 -
Dl PLAN - DUPI.K1X
ligionnaires protestants persécutés en France. Il fut ainsi,
à partir de 17 1 M . ['auxiliaire d" I. Court (V. ce nom). En
172 '>, quand sa tète eut été mis.* à pris, il se retira a
Genève et plaida la cause des huguenots, visitant successi-
vement les principales cours protestantes d'Europe (1731-
17'»'.) en qualité de délégué spécial des synodes réformés
de France, Dès I72,'>, il avait contribuée fonder le sémi-
naire île Lausanne, pour lequel il recueillit des dotations
et des dons, au cours de >e> voyages. Accusé de mal em-
ployer les fonds qu'il collectait, il tut destitué, se brouilla
avee A. Court, mais fut réintégré partiellement dans ses
fonctions en 17i!> et vécut désormais à Londres. Sa cor-
respondance, conservée à la bibliothèque de Genève, est
importante pour l'intelligence de l'histoire des reformés de
France au win0 siècle. F. -II. K.
Bou: D. Bonnhfon, Benjamin Du Plan ; Toulouse,
ls7' . tn-ê.
DU PLAN (Joseph), homme politique français, né à Pa-
ris le (i mars 1791, mort à Toulouse le \1 févr. 1873.
Elève de Polytechnique, il servit dans le génie maritime,
devint aide de camp de Roguet et, tenu en suspicion par
la Restauration, demeura dans la vie privée jusqu'en 1852.
11 fut alors (49 févr.) nomme député de la Haute-Garonne
au Corps législatif, soutint la politique de l'Elysée et fut
successivement réélu en 1857 et l<S(i;'>. 11 a écrit un Ma-
nuel d'agriculture à l'usage des écoles primaires et un
/ m H de m -t torologie appliquée à l'agriculture.
DU PLAN (Pierre-Paul), publiciste et homme politique
français, ne à Bourges le 7 oct. 1800, mort à Paris le
■21 juin 1878. Avocat à Bourges, il collabora h la Revue
du Cher (1831-1844), plaida des procès politiques qui le
mirent en lumière, et fut élu le 23 avr. 1848 représen-
tant du Cher à la Constituante. Il ne se représenta pas à
la Législative et devint inspecteur particulier de l'exploita-
tion des chemins de fer. Outre sa collaboration à YEclai-
reur de l'Indre, an Journal du Loiret, au Pays, au
Constitutionnel, au Paris pittoresque, il a donné beau-
coup d'articles au Répertoire de droit et de législation
de Ledrii-Rollin et au Répertoire de Dallox,. On peut
citer de lui: Défense générale de la France. Établisse'
ments militaires à Bourges (Bourges, -1802, in-8); De
la Réorganisation du Crédit foncier de France (Paris,
1877, in-8|.
DUPLANT (Rosalie), cantatrice française, une des bonnes
artistes de l'Opéra au xvine siècle. Elle avait commencé par
être simple choriste à ce théâtre. Elle ne débuta sérieusement
qu'au mois de mars 1703, mais elle s'y lit aussitôt remar-
quer. Elle brillait particulièrement dans le genre tragique;
elle se retira vers 1783, après avoir tenu une grande place
dans le répertoire et avoir créé un certain nombre de rôles
importants, entre autres dans Ernehnde, Thésée (Médée),
l'Union de l'amour et des arts, Iphigénie en Aulide
(Clytemnestre), Atys, Cephale et Procris, etc.
DUPLANTIER (Jacques-Paul-Fronton), homme poli-
tique français, né à Cailleau (Gironde) enjanv. 1764, mort
a Agen en 181 i. Avocat et armateur à Bordeaux, membre
ilu département, député de la Gironde à la Législative et à
la Convention, il vota, dans le procès de Louis XVI, pour
la mort et contre le sursis. Le 7 juin 17!!!, il donna sa
démission de député pour ne pas paraître approuver les
menées fédéralistes de ses électeurs. Après le 9 thermidor,
il devint président du directoire de son département. Député
de la Gironde aux Cinq-Cents, il se retira de la politique après
le 18 brumaire, se fit inscrire au barreau d'Agen, et remplit
jusqu'à sa mort les fonctions de bâtonnier. F. -A. A.
DUPLAY (Simon-Emmannel), chirurgien français con-
temporain, ne à Paris le 10 sept. 1836. Il est le fils de
M .ithiirii— Simon— Ju- tin-Maurice Duplay, ancien chef de
clinique de la Faculté, médecin des hôpitaux, mort en 187-2.
Interne des hôpitaux (1859), docteur en médecine (1865),
agrégé en chirurgie (1866) et chirurgien des hôpitaux
(4867), ■ de pathologie externe de la Faculté
de Paris (4884), il est depuis 1889 professeur de clinique
chirurgicale. Parmi les nombreux travaux qu'il a publiés,
il y a lieu de citer : ceux sur le Diagnosl ic et le traite-
ment des affections des fosses nasales (1 866 à 1872), et
il a inventé un spéculum nasi qui, adopté partout, a
transformé la séinèiologie et la thérapeutique chirurgicale
des affections des losses nasales; DeCHypospadias périnéo-
scrotal et de sou traitement chirurgical (1875), travail
continué en 1880 par l'application de procèdes nouveaux
applicables aussi avec succès au traitement chirurgical de
l'hypospadias ; Quelques Faits de péritonite simulant
l'étranglement interne (1870); Fixons de clinique
chirurgicale professées à l'hôpital Saint-Louis pendant
l'année 1870 ; un Traité élémentaire de pathologie
cil, -rue en 7 vol. (Paris, 1801-1888), dont les deux pre-
miers volumes seulement sont de Folbn; traité de ehi-
rur<\ic{ 18!)0 et suiv.) avec P. Reclus. l)r A. Durfau.
DUPLEIX (Scipion), historien français, né àCondom en
1569, mort à Condom en 1001. Protégé par Henri IV et
Marguerite de Valois, il vint a Paris en 1005 et devint
maître des requêtes de l'hôtel de la reine. Nommé histo-
riographe de France, il lira peu d'avantages et de satisfac-
tion de cette fonction et se retira dans sa ville natale avec
le titre de conseiller d'Etat. Le nombre de ses ouvrages
est assez considérable. Il publia notamment Mémoires
des Gaules depuis le Déluge jusqu'à l'établissement de
la monarchie française avec l'état de l'Eglise et de
l'Empire depuis la naissance de J.-C. Mais le travail
de beaucoup le plus important qu'il écrivit, fut l'Histoire
générale de France (1621-1013, o vol. in-fol.). L'ap-
parition de cet ouvrage provoqua de nombreuses et violentes
polémiques. Le style y laisse à désirer, mais les divisions,
quoique trop nombreuses, en sont nettes et méthodiques.
Dupleix n'a pas fait preuve d'une critique fort éclairée ; il
ignore les sources les plus accessibles et n'a même pas su
profiter des leçons de Fauchet. Les derniers volumes, qui
sont relatifs au règne de Louis XIII, ont plus de valeur
historique. On a prétendu, non sans apparence de raison,
que Richelieu en fut l'inspirateur et qu'il en surveilla
l'impression.
DUPLEIX (César), sieur de I'Ormoy, écrivain français,
né à Orléans, mort en 1645, avocat. Il est l'auteur de
V Anti-Cotton ou Réfutation de la Lettre déelaraloire
du P. Cotton, où il est prouvé que les Jésuites sont
coupables et auteurs du parricide exécrable commis
en la personne du roi très chrétien Henri IV d'heu-
reuse mémoire (Paris, 1610, in-8), pamphlet virulent
qui fit beaucoup de bruit en son temps, et qui fut aussi
attribué à J. du Bois, à P. du Moulin et à P. du Coignet.
DUPLEIX (Joseph- François), gouverneur des Indes
françaises, né à Landrecies le 1er janv. 1097, mort à Paris
le 10 nov. 1703. Il était fils de François Dupleix, fermier
général, et de Anne-Louise de Massac. François Dupleix
voulait faire de son fils un commerçant et, pour essayer
de le détourner de son goût pour les arts et les sciences
exactes, il le fit embarquer, en 1715, sur un navire de la
Compagnie des Indes orientales. En 1720, le jeune Dupleix
lut nommé membre du conseil supérieur de cette Compagnie
et commissaire des guerres. En 1730, il était gouverneur
de Chandernagor ou il ramena la prospérité. En même
temps, sa fortune personnelle s'accrut énormément et il fut
en plusieurs occasions le banquierde la Compagnie des Indes.
En 1741, Dupleix épousa Jeanne Albert, veuve de l'un des
conseillers de la compagnie, du nom de Vincent, française
de naissance et descendant de la famille portugaise de Cas-
tro. C'était une femme de courage et d'esprit qui le servit
dans ses relations diplomatiques avec les princes indigènes;
elle fut connue dans l'Iode sous le nom de Joanna-Begum
(la princesse Jeanne). Les succès de Dupleix à Chandernagor
lui valurent d'être appelé, la même année, au gouverne-
ment de Pondichéry. Dans celte situation, qui faisait de
lui presque un vice-roi, Dupleix rêva d'asseoir la domination
française aux Indes sur de vastes possessions. Il voulait
que la presqu'île entière fut administrée par la France, à
DUPLKIX — DUPLESSIS
- 8'. -
l'aide de souverains indigènes, ses tributaires et ses pro-
,i [le pérail faire accepter la suzeraineté de la France
par le Grand-Mogol lu -même. Hais il Callaii compter avec
la rivalité de l'Angleterre qui avait fondé, elle aussi, une
compagnie destinée à assurer le trafic avec l'Inde. Dupleix,
prévoyant qu'une guerre était inévitable et que la supré-
matie dans l'Inde serait assurée au vainqueur, se prépara
activement à cette lutte, s'altachant surtout à créer dans
la colonie une force militaire et à s'assurer des appuis
parmi les Hindous.
La guerre éclata en 1745 entre la Grande-Bretagne et
la France. Pour soutenir les établissements de l'Inde, le
gouvernement avait donné l'ordre au gouverneur des îles
île France, La Bourdonnais, de se imiter avec son escadre
dans les eaux de Pondichéry; après des contretemps, il
arriva le 6juil. 1746. Dupleix le reçut comme un sauveur
et lui donna l'ordre d'attaquer Madras dont la possession
devait consolider l'influence française. Madras capitula le
t2l sept. Ce l'ait d'armes fit éclater entre La Bourdonnais
et Dupleix un désaccord fatal ; déjà leurs caractères oppo-
ses, leur autorite respective mal définie, avaient mis des
nuages entre eux. Il faut rappeler que le nabab du Car-
natic, Anaverdikan, avait sauvé Pondichéry, abus mal
défendue, en empêchant la guerre entre Européens sur le
territoire indien. Il protesta contre la prise de Madras.
mais Dupleix, espérant conserver la ville sous l'influence
française, lui lit répondre qu'il l'avait fait attaquer pour la
lui livrer. La Bourdonnais fut informé de cette résolution;
néanmoins, malgré l'ordre formel de Dupleix, il accorda
aux Anglais le rachat de la ville. Dupleix refusa de ratifier
le traité conclu le 20 sept. La Bourdonnais ne voulait
pas céder. Cependant, après un ouragan qui avait fait subir
a sa flotte de graves avaries, La Bourdonnais se résigna à
quitter l'Inde le 23 oct. Les historiens s'accordent aujour-
d'hui à réhabiliter Dupleix trop longtemps représenté comme
ayant été pour La Bourdonnais un rival égoïste et jaloux ;
ils mettent en opposition avec les calculs ambitieux et inté-
ressés de ce dernier la grandeur de vues de Dupleix, son
génie colonisateur et son dévouement aux intérêts français.
Après le départ de La Bourdonnais, le nabab du Carnatic
somma Dupleix de lui remettre Madras. Celui-ci dut faire
face aux Indiens avec de faibles ressources. L'année du
nabab fut défaite à Saint-Thomé et Madras déclarée pos-
session française. Dupleix allait prendre le dernier refuge
des Anglais, Saint-David, quand l'amiral anglais Boscawen
parut avec une Hotte en vue de Pondichéry. Dupleix fut
blessé en dirigeant la défense; secondé par la mauvaise
saison, il put contraindre les Anglais à lever le siège; il
se disposait à poursuivre les débris de la tlotte réfugiés au
fort Saint-David au moment où fut signe le traité d'Aix-
la-Chapelle. Dupleix s'attacha alors à assurer l'influence
française dans l'Inde en dominant les princes indigènes.
Après la halaille d'Ambour, Dupleix réussit a placer sur
le trône d'Arcate un de nos auxiliaires, et le nabab du Dek-
kan, qui vint rendre hommage à Dupleix, le nomma nabab
de l'Inde, du cap Comorin au fleuve Krichna. Le renom de
Dupleix était devenu considérable en Asie. Restait un point
important à conquérir, Trichinopoli, ou s'était réfugié un
fils d' Anaverdikan, soutenu par les Anglais. Malgré le
secours de la cavalerie du nabab Chanda Sai'b, Law n'avait
pas su exécuter les ordres de Dupleix et, s'étant laissé en-
fermer dans une boucle du fleuve Cauveri, il dut capituler
(1732). Dupleix réclama des secours. Mais le gouverne-
ment, indifférent à sa gloire et ne comprenant pas ses
plans, n'avait qu'un désir, faire la paix avec l'Angleterre.
Aussi envoya-t-il dans l'Inde non point des renforts, mais
Un commissaire extraordinaire, Godeheu, qui devait dé-
truire l'œuvre de Dupleix. Le gouverneur avait pourtant
commencé à reparer les désastres de Trichinopoli qu'il
faillit reprendre; ses efforts furent perdus. Godeheu avait
ordre de destituer Dupleix et de l'arrêter au besoin ; il
remplit sa mission avec une rare hypocrisie. Il refusa de
régulariser les comptes de Dupleix et séquestra les revenus
destinés à rembourser ses avances. Godeheu lit reconnaître
son titre de gouverneur el Dupleix fut embarqué presque
de force pour la France le 12 oct. 1754. Sa chute eut des
conséquences néfastes pour l'influence française (V. Iidb).
Dupleix fut grand administrateur, profond diplomate, colo-
nisateur de premier ordre, mais 11 eut le malheur de n'être
pas compris par ceux qui gouvernaient la liane-: mi voyait
en lui un aventurier el un tyran ambitieux et avide. Il fut
abreuvé d'injustices et, n'ayant pu s.' faire rendre les
avances considérables qu'il avait faites a la Compagnie, il
termina ses jours dans une profonde misère. Sa femme
était mord- en 1756 >'t il avait épousé, en 173K, M11'-' de
Ghastenay-Lanty. Gustave Regelspebcbb.
Bibl. : Tibulle IIamont, Dupleix, d'après sa correspon-
dance inédite ; Paris, 1881, in-8.— Henrj Bionne, /<
Paris, 1881, t vol. in* — Cartwright, Dupleix et l'Inde
française, dans Revue brit&nni - II Castoxnbt
r > i ■— Vosbes, Dupleix, se ons et ses projett
1888. — l'u même, la Chute de Dupleix; Angers, lt>>>#. —
Mgr Dehaisnb, Dupleix, notes biographiqù
riques; Lille, 1888.— Colonel G.-B. Mallbsom, Duptetx,
1891, in-12.
DUPLESSIS (Claude), jurisconsulte français, originaire
du Perche, mort en 1683. Il fut le conseil de plusieurs
grandes maisons et fut souvent consulte par Colbert qui le
prit comme avocat des finances. On a de Duplessis un
traité sur la Coutume de Paru, publie avec dés Dotes de
Berroyer et de LaurièrefParis, 1699, 170-2, 1709, in-foL :
1720," 1754, -2 vol. in-fol). Dans ses Œuvres complètes,
publiées en 1754, on trouve des fragments d'un Commen-
taire sur lu Coutume du Maine et des Consultations.
DUPLESSIS (Dom Michel-Toussaint-Chretien), béné-
dictin delà congrégation deSaint-Maur, né à Paris en 1689,
mort à Paris en 1707. Il est l'auteur des ouvrages sui-
vants : Histoire de Couci(1728, in-4 ) ; Histoire de l'église
de Méaux (1731, 2 vol. in-4); Description d'Orléans
(1736, in-8) ; Nouvelles Annales de Paris (1733, in- i).
DUPLESSIS (Joscph-Sifrède). peintre français, né à
Carpentras (Vaucluse) le 22 sept. 1723, mort à Versailles
le 1er avr. 1802. Il était tils du peintre Joseph-Guillaume
Duplessis, dit le Vieux, el reçut les leçons de son père, du
chartreux J.-J. Imbert et de Subleyras. Ses œuvres prin-
cipales sont les peintures de l'église Saint-Siffrein à Carpen-
tras et toute une série d'excellents portraits parmi lesquels
ceux tfAllegrain (morceau de réception du peintre à l'Aca-
démie le 6 août 1774), de Y Abbé Arnauld, de Gluck, de
Franklin, de la Princesse de Lamballe, de Monsieur,
frère du roi, du Comte d'Ormesson, etc. Duplessis, qui
devint à la fin de sa vie directeur des galeries de Versailles,
a fondé a Carpentras un musée d'objets d'art dont il a dressé
le catalogue raisonné. F. Cocrboix.
DUPLESSIS (Pierre), littérateur français, né à Saint-
Pierre (Martinique) vers 1730, mort vers 1800. On a de
lui une tragédie lyrique en cinq actes, Piuirre ou la
Conquête au Pérou (Paris. 1783, in-4), jouée sans
succès à l'Opéra, et des romans parmi lesquels nous file-
rons : Mémoires de sir Georges Wolap (17SS. li vol.
in-12); Honorine Delville (1789, 2 vol. in-12) ; fltf-
toire du marquis de Selii/ny et de )!'"" de Luuil
(1700, 3 vol. in-12).
DUPLESSIS (Pierre-Alexandre Gratet-), bibliographe,
littérateur et professeur français, né à Janville (Eure-et-
Loir) le 16 déc. 1702, mort à Paris le 21 mai lv
entra dans l'Université en 1811 et devint successivement
inspecteur de l'académie de Caen. recteur de celle de Douai.
puis de celle de Lyon. Il laissa des témoignages de sa vaste
érudition dans de nombreux travaux, dont les principiux
sont : Bibliographie parémiologique (1847), étude sur
les ouvrages dans toutes les langues consacres aux pro-
verbes; Essai historique sur les établissements Utt<;-
raires de la ville de Douai (IS'*2). On doit encoi
soins l'édition ou la réimpression d'un bon nombre d'opus-
cules du xv siècle et une édition annotée des Maximes
de I a Rochefoucauld (1833). G. P-i.
Bibl. : Sainte-Beuve, Notice sur Gratel-Duplessi* en
_ 88 -
DUPLESSIS — DUPONCHEL
^DUPLESSIS (Paul), littérateur ^^^3
mk 1815 mort à Paris en 1865. Il a publie un grand
théâtre h Mexique on .1 avait j^»»^!1";" ,(
d'un woiontaire (1854, D> vol. in-8)î «« urontwjcmr»
issl. ki;i.in^);teT»0r^ra«|/fr(1867,9vol.
Dam* «.u- Carn^to de Pans, 1886 ■ >£*!* «£
h-s article, du comte de Conta des : te &f**» *£
tow aua Gm^lws (Ltwe, 4885, !.. -, L YU1) ewes
Poriraifa de (a d«»i.' oua: Camélias (t*., 1887, t. i.\ .
DUPLESSIS (Georges-Victor-Antome Lkati/t-) fikde
Pierre-Alexandre, iconographe et historien a an. ne a
ta maAl834,actaellement (1892) conservateur
SdSS-L des estampa la Biblio^ue jationale
Botréà la Bibliothèqueen I853,il a succède en LMs. a M.k
; „ Henri Delaborde, comme conservateur du departemen
e t'mpes, el a Alexandre Unoir en 1 89 ««mmeme^bre
libre de l'Académie des beaux-arts. En dehors £»«"»-
boration aux principales revues d'art françaises, de m
E, M. DupWis a publié de nombreux ouvres ta
voici les principaux : le Livre ^PfrUm^MM^
Marolles (1855) : la Gravureau Salon de 1855 , Afoftfif
STSSf. Laine (Caen, 1856); te ^^f.^?"
contemporains (1857); te J»«^*g£ » ' J; ;
Nntùe sur Gérard Vudran (Lyon, 1858); Latalogm ae
l^U'^SmBosseiU^m^^Départ^t
(I8.il); /«• Peintre-Graveur franco* (suite a i.o >. a
LeiHl,(tJX.X.XlMS(i:).S71):/;(/^^
antohioue (Paris, 1866 ; te Costumes des xvi9, xyn eî
ffiffi, avec des d.-ssins ,1e Lechevalher- Chevignard
(™67-4873 -2 vol. in-fol.): Catalogue de l œuvre de
Claude Gellée, en collaboration avec E. Meaume (1875 ,
fadWi»» Henntn (1875-1884, 5 vu . r rfwf*
laaravureen Italie, en France, en Allemagne, etc.
SffiTKe sur L Jacquemart (1880) ; Notice sur
G.-A.Huot (1883) ; /« Gr«n,»Wi VExposûym des arts
décoratifs (im); Icônes veteris testaments de H. uoi-
bein( 1 884 ) : Estompes de Vécole de Mari » n Schongauer
^VEtude su/les Emblème* d'Alciat ; Etude sur
, , éditions illustrées d'Ovule aux xV et xv, "siècles e c
M. Duplessis a édité avec L'héliograveur Arnaud-Durand les
œuvres des principaux mailres de la gravure : Van DyiK,
Kuysdael, Martin Schongauer, Andréa Mantegna, etc.
DUPLESSIS-Bertaud (Marie-Rosalie) (V. Bebtaod).
DUPLESSIS-Bertaox (Jean) (Y. Bertaox).
DU PLESSIS d'Abgehtré (Charles) (Y. Argebtré).
DU PLESSIS-Goorei (Y. Plessis).
DU PLESSIS-Mor.NAY (Y. Pussis).
DUPLEX (Système) (Y. Télégraphe).
DUPLICATION du cube. Le problème de la duplication
du cube ou problème déliaque a pour but de chercher le
cote d'un cube de volume double d un cube dont le côte est
donne, l.e nom du problème déliaque qui lui a été donné
vient de ceque pendant qu'une peste sévissai suri Attire,
l'oracle de Délos, consulté sur les moyensd écarter le Uéau,
St répondu Doublez l'autel L'autel en question tari
celui d'Apollon, et il était de tonne cubique. La légende
rapporte qu'on doubla d'abord les dimensions linéaires de
r-/,,,,-! et que la peste continua à sévir. L'oracle consulte
de nom eau repondit qu'on avait mal interprète sa réponse
,,, ■,, ,-a,lait doubler le volume de I autel. On possédait
une solution de cette question; elle avait éte donnée par
Hippocrate de Chio; d'autres géomètres, Platon, Archytas,
Eudoxe Ménechme, Aristée, Dinostrate, trouvèrent égale-
ment dès solutions, mais aucune de ces solutions ne repo-
sait sur l'emploi exclusif de la règle et du compas. Il est
.l'ailleurs démontre aujourd'hui qu .1 n est pas possible de
résoudre ainsi le problème déliaque.
DUPLICIDENTÉS (Zool.) (V. Liêvbe et Rongeurs)
DUPLOYÉ (L'abbé Emile), professeur de sténographie,
BéàNotre-Dame-de-Liesse (Aisne) en 1833. 11 a renoncé
d'assez bonne heure aux fonctions ecclésiastiques pour se
consacrer exclusivement à la sténographie. En collaboration
avec son frère Gustave, il a inventé une nouvelle méthode
(V Sténographie) qui ne diffère guère de celles employées
usqu'alors que par la simplification de quelques signes,
.nais qu'une réclame un peu tapageuse a rapidement pro-
naeée.H a du resteexagèré l'importance de son système et
de la sténographie en général (qu'il croit appelée à révo-
lutionner lès méthodes pédagogiques) en fondant a 1 ans
un Institut sténographùjue des deux mondes, avec sa
revue hebdomadaire, le Sténographe, et de nombreux
organes tant en province qu'en étranger, et en créant une
Bibliothèq ue sténographique, composée de plusieurs cen-
taines d'ouvrages imprimés avec les signes de 1 « alphabet
Duployé ». H'a publié : Notre-Dame-de-Liesse Laon
1862^63, "2 vol. iu-8); Sténographie Duployé (Pans,
1864, in-8, nombr. édit.).
DUPLUM (V. Déchant). . .
DUPONCHEL (Edmond), artiste et administrateur fran-
çais, né à Paris vers 1795, mort a Pans le 10 avr. 1868.
Apres avoir étudié d'abord l'architecture, il se tourna
vers l'orfèvrerie et la bijouterie artistique, ht un voyage
en Angleterre pour augmenter ses connaissances en ce
genre 'et se fit connaître comme artiste délicat et dis-
tingué. Aimant l'art sous toutes ses formes et aide par
de puissantes relations, il obtint, en 1835 le privilège de
l'Opéra ou il succéda comme directeur a Louis Veron
11 conserva cette situation jusqu'en 1840, époque où il
fut remplacé par Léon Pillet. Lorsqu .1 eut quitte 1 Opéra,
Duponchel recommença à s'occuper d'industrie d art, et prit
nue part d'association dans la maison Morel. 11 reparut
d'ailleurs à l'Opéra en 1847, succédant à son successeur,
mais cette fois avec Nestor Roqueplan comme associe. Cette
seconde direction ne dura pour lui que deux ans et en
1849 il se sépara de Roqueplan, qui resta seul a la tele
,1e l'Opéra. De nouveau, Duponchel reprit alors ses tra-
vaux artistiques, et il obtint une médaille d honneur à
l'Exposition universelle de 1855. Enfin, en 1860, Du-
ponchel devint l'associé de Dormeuil dans la direction du
Vaudeville, mais cette combinaison dura peu.
DUPONCHEL (Adolphe), né le 18 mai 1821 a Horac
(Lozère) Ingénieur en chef des ponts et chaussées actuel-
lement en retraite (1891). L'un des hommes les mieux
doués de sa génération, Duponchel a marque par des idées
originales, ingénieuses, trop nombreuses peut-être pour
qu'il eut toujours le temps d'en pousser 1 étude a tond. 11
l proposé, notamment, de démolir une niasse argilo-cal-
caire des Pyrénées au moyens de jets d eau comprimée,
pour la faire couler à l'état de limon dans des canaux qui
L'auraient portée sur les Landes. Une couche mince d arg. e
et de calcaire, mêlée au sol naturel, aurait transformé le
pays, qu'on sait déjà assainir. La compression de 1 eau eut
été obtenue au moyen des chutes de torrents voisins du
chantier. Il a proposé un procédé analogue au précèdent
1)1 l'ONCIIKI. — 1)1 P0N1
- 86 -
pour l'achèvement du canal de E>anama< On n'a pas oublié
la proposition de chemin de fer tran&saharien dur également
a Duponchel el dont les expéditions Flattera et autrea onl
été la conséquence. Outre ses nombreuses brochures,
articles dans la /iViwoV.s Deux Mondes et dans les [finales
des pontset chaussées, on a de Duponchel un ouvrage de
grande importance, Traité d'hydraulique et de géologie
agricoles (Paris, 1868, în-8), rempli de mus neuves,
souvent pratiques. M.-C. L.
DUPONT (Gratian), sieur de Dhusac, poète français
du xvi6 siècle. Lieutenant général de la Bénéchaussée de
Toulouse, on a île lui un ouvrage curieux, devenu fort
rare, et qui suscita, à son apparition, une polémique des
plus vives, Controverse des sexes masculin et féminin
avec la requête du sexe masculin contre le féminin
(Toulouse, 1534, in-fol.j Paris, 1540 et 1541, in-8).
Citons encore Art et Science de rhétorique métrifiée
(Toulouse, 1539, in-4).
DUPONT (Pierre), tapissier français, né à Paris avant
1577, mort vers 1650. Il fut l'inventeur ou plutôt le res-
taurateur de la fabrication des tapis dits de Turquie. Kn
1605, il exécuta au Louvre, sur les ordres du roi, des
échantillons d'ouvrages d'or et de soie. Un brevet du
4janv. 1608 lui accorda un logement et un atelier au
Louvre pour y fabriquer des tapis. En 1626, il s'associa,
pour monter une manufacture, avec Simon Lourdet. Ce
dernier s'établit à la Savonnerie, tandis que Dupont
restait au Louvre. La concorde fut loin de régner entre
eux, Lourdet cherchant à évincer son associé. Après une
longue suite de procès, Dupont fut maintenu au Louvre
avec une pension pour vingt ans et Lourdet à la Savon-
nerie, par lettres patentes du 30 sept. 1637. On conserve
au musée des Gobelins un tissu velouté représentant
Louis XIII, Anne d'Autriche et ses enfants, qui fut
fabriqué en 1643 par Dupont d'après une composition
de Simon Vouet. Dupont fit imprimer en 1632 un ou-
vrage intitulé la Stromatourgie ou de l'Excellence de la
manufacture des tapis dits de Turquie, nouvellement
establie en France sous la conduite de noble homme
Pierre Dupont. — Le fils de Dupont, Louis, fut confirmé
dans les privilègesde son père et continua au Louvre la fabri-
cation des tapis de Turquie. 11 aborda aussi la figure, ainsi que
l'attestent quelques pièces qui portent sa signature. Après
la mort de Philippe Lourdet, fils de Simon Lourdet, Louis
Dupont s'installa à la Savonnerie dès 1672, ou il travailla
aux tapis de la grande galerie du Louvre avec la veuve
Lourdet. A partir de 1686, le travail diminua à la Savon-
nerie et cessa en 1689. F. Mazerolle.
Birl. : A. Darcel et J. Guiffrey, la Stromatourgie de
Pierre Dupont (Publication de \la Société de l'histoire de
l'art français).
DUPONT, acteur français. Il débuta avec un succès
éclatant, le 17 mars 1791, à la Comédie-Française, dans
le rôle d'Egisthe de Mérope, et se fit remarquer, pendant
plusieurs années, dans l'emploi des amoureux de la comédie
et la tragédie, par une sensibilité rare, un jeu plein de feu
et une diction fort distinguée. Une maladie cruelle, qui lui
enleva une partie de ses moyens, vint briser sa carrière et
l'obliger à prendre prématurément sa retraite en 1802.
DUPONT (Jacob-Louis), homme politique français, né à
Loches (Indre-et-Loire) le 9 déc. 1755, mort sous la Res-
tauration. Il était piètre en 1789 et abbé de Jumeaux. Il
sortit des ordres, devint maire de Perrusson (Indre-
et-Loire) en 1790, et député d'Indre-et-Loire à la Légis-
lative et à la Convention. Le 12 déc. 1792, dans le débat
sur les écoles primaires, il prononça un discours où, au
milieu des rumeurs de ses collègues, il se déclara athée et
proposa de renverser le christianisme et d'y substituer le
culte de la science. Ce discours lit scandale et Pitt le cita
au Parlement comme un exemple de l'impiété française.
Dans le procès de Louis XVI, il émit les votes les plus
rigoureux. Sylvain Maréchal dit que, plus tard (sans doute
au moment du culte de la Raison), il donna sur les places
publiques des leçons « de morale et d'athéisme ». Il démis-
sionna pour raison de santé le 30 floréal an II. Le B aw.
1798, il annonça qu'il allait faire I Notre-Dame un cours
public ei gratuit sur l'agriculture, les arts, la logique, la
morale, les mathématiques : il avait iii-j,, essayé de le faire
en plein veut, sur la place de la Révolution, le 23 sept.
1797. Sans doute que laccèsde Notre-Dame lui lut interdit;
car, le i levi. 1798, il demanda aux Cinq-Cents d'ouvrir
son COUTS dans la salle du Manège : sa demande fut re-
ponssée ave dérision. Il retomba ensuite dans l'obsetn l
lut frappé d'aliénation mentale et interné a Charente*.
On ignore la date exacte de sa mort. I ■'.- \ . \ .
BlBL. : La Révolution française, revue historique, t. VIII,
pp, 680 et TOI.
DUPONT (Hippolyte-Auguste), chef d'institution un
moment célèbre à Paris, né de pauvres paysans de l'Hé-
rault en 1767, mort à Versailles en 1835. Il ne savait
rien à douze ans, et apprit à lire et a écrire presque tout
seul, étant marchand ambulant. Les habitants d'un hameau
du Gard, qui l'avaient soigné par charité dans une mala-
die, le gardèrent comme instituteur en lui assurant sa nour-
riture et 5 fr. par mois. Sa belle écriture l'avant lait appe-
ler au collège de Clermont-ITIerault, il prit son brevet
d'instituteur, [mis devint maître d'école à Agde. Le désir
d'essayer plus librement une méthode de son invention pour
l'enseignement rapide de la lecture, le décida bientôt à fon-
der une école à lui à Marseillan. Cette méthode ingénieuse,
en grande partie passée depuis dans la pratique, consis-
tait essentiellement à faire connaître d'abord les voyelles,
puis les consonnes les plus usuelles, en apprenant à l'en-
fant à en composer aussitôt les articulations les plus simples,
de façon à pouvoir lire, presque dès les premières leçons,
des mots ayant pour lui un sens, et bientôt de petites
phrases complètes. Les résultats étant bons, des personnes
qui les avaient remarqués attirèrent Dupont à Montpellier,
puis à Nancy, d'où Burnoul le fit venir à Paris en 1835,
Là, au lieu d'un simple pensionnat primaire, il fonda rue
Saint-Lazare une grande institution, bientôt si florissante,
qu'il aurait, dit-on, le premier, créé l'usage des omnibus
scolaires allant chercher les enfants sur tous les points de
la ville. Le roi voulut voir l'instituteur à la mode, le décora
en 1841, et décida que sa « citolégie » serait employée
pour apprendre à lire à ses petits-enfants. Peu après,
Dupont se retira à Versailles ou il mourut. Outre la Cito-
légie qui eut un grand nombre d'éditions diverses, dont
une dédiée au comte de Paris, on a de lui : une Méthode
pour mettre la grammaire à la portée de l'enfance
(2 vol. in-12) et des Questions d'arithmétique prépara-
toire ou de calcul mental (2 vol. in-18). II. M.
Biiîl. : Buisson, Dict. de Pédagogie.
DUPONT (M110), actrice française, née à Valenciennes
en 1794. Belle-fille d'un comédien de province nommé
Dupont, elle lui dut les premières connaissances de son art,
et le 13 mai 1810 elle débutait à la Comédie-Française,
dans Finette du Dissipateur et Lisette des Folies amou-
reuses. Douée d'une jolie figure et d'une physionomie
piquante, elle montrait déjà la gaieté, la franchise et le
mordant qui devaient en faire bientôt l'une des premières
soubrettes de son temps. L'année suivante, M1'1' Dupont
voulut s'essayer dans la tragédie et joua le rôle de Didon.
Mais ce n'était point là son fait, eteue se reprit rapidement
à son véritable emploi, se montrant tour à tour dans lar-
tufe, l'Epreuve nouvelle, l'Ecole des bourgeois, le
Philosophe marié, la Métromanie, les Deux Pages, le
Cercle, le Joueur, les Femmes savantes, lesMénechmes,
la Femme juge et partie, etc., et dans chaque rôle obte-
nant les succès les plus flatteurs. Ces succès étaient tels
que dès 1815, à peine âgée de vingt et un ans, Mlle Du-
pont était renie sociétaire, en partage d'emploi avec ces
deux grandes artistes qui s'appelaient Mllc Devienne et
M : Demerson. Pendant sa longue carrière à la Comedie-
Française, MUe Dupont fil un grand nombre de créations,
dont quelques-unes fort heureuses. Elle prit sa retraite
— 87 —
DUPONT
ws 1810, après avoir accompli environ traite années de
service.
DUPONT (Pierre-Auguste, dit Alexis), chanteur scè-
nique français, né en 179t>, mort en juin 187*. Elève du
Conservatoire, il entra h l'Opéra vois 1818, comme ténor
an double, puisqoiUa ce théâtre pour débuter à l'Opéra-
Conàque, le i janv, 18-21, dans Zémire et Azor. Deux
ans après, il partait pour l'Italie afin de s'y perfectionner,
et le 24 mai 18-Jii il reparaissait à l'Opéra dans le rôle de
Pviade i'Iphigénie en launde, pour y rester jusque vers
18 (0, époque à laquelle il renonçait aux succès du théâtre
pour ceux du concert, de l'église et du salou. I.a voix
d'Alexis Dupont, d'une suavité exquise et d'un charme
pénétrant, conduite par lui avec un goût rare et un stylo
remarquable, manquait de volume et d'étendue pour une
scène aussi vaste que celle de l'Opéra; c'est pourquoi,
malgré un talent incontestable et plein d'élégance, il ne
put jamais se faire ù ce théâtre la situation brillante qu'il
était en droit d'ambitionner. Au contraire, au concert, et
surtout à la maîtrise de l'église Saint-Rocli, ou il fut
attache par la suite, il savait charmer jusqu'aux auditeurs
les plus délicats et les plus difficiles. H lit pourtant à
l'Opéra quelques créations intéressantes, dans la Muette
de Portici (Alphonse), la Tentation (Asmodée), le Lac
des fées, le Dieu et ta Bayadère, etc. Il avait épousé l'une
des plus charmantes danseuses de ce théâtre, MUo Lise
Nobfet, qui mourut en 1877. A. P.
DUPONT (Paul-François), imprimeur-libraire et homme
politique français, né à Périgueux le 24 mai 1791), mort
à Paris le 11 déc. 187!). Issu d'une ancienne famille
d'imprimeurs de sa ville natale, il étudia l'art typogra-
phique à Paris chez Eirniin-Didot et, dès 1813, il créa un
établissement consacré plus spécialement aux impressions
administratives, qui prit une grande extension. Plus tard,
il se lit éditeur de livres d'enseignement. Elu, comme can-
didat officiel, député de la lre circonscription de la Dor-
dogne au Corps législatif ("29 févr. 1852), il adhéra au
rétablissement de l'Empire. 11 tut réélu en 1857, en 1863
et en 186!) et resta toujours dans les rangs de la majorité
dynastique. Elu le 30 janv. 1876 sénateur de la Dordogne,
il fit partie de la droite bonapartiste. On lui doit : Essais
d'imprimerie (1849, in-fol.) et une Histoire de l'impri-
merie (185i, 2 vol. in-8), intéressante surtout pour la
partie moderne. G. P-i.
DUPONT (Jean-Raptiste-Auguste), imprimeur, publi-
ciste et homme politique, frère du précédent, né à Péri-
gueux le .') oct. 1798, mort à Charnier (Dordogne) le
■20 août 1850. Négociant en pierres lithographiques, il se
signala par plusieurs découvertes utiles. Comme publiciste,
il dirigea l'Echo de Yesone. Elu représentant de la Dor-
dogne à l'Assemblée constituante ("23 avr. 4848), il sou-
tint une politique réactionnaire. Il perdit la vie dans un
duel avec M. Chavoix, son ancien collègue politique, et sa
mort aida puissamment à l'élection de son frère. G. P-i.
DUPONT (Jean- Victor), miniaturistesuisse du xix0 siècle,
né à Genève. Elève de Regnault, cet artiste fut surtout
remarquable dans ses copies des maîtres italiens et espa-
gnols; ses miniatures et ses peintures sur émail sont d'une
habileté consommée, mais le caractère intime de ses œuvres
minuscules et leur absence des collections publiques ont
em|)ècbé leur auteur de parvenir à cette notoriété que donnent
les notices de catalogues et les articles de revues. Ad. T.
DUPONT-llr.Mii.jLEi. |V. I1e.nriql'kl-[)i:i<ont).
DUPONT (Pierre), poète et chansonnier français, né
à Lyon le "23 avr. 1824, mort à Lyon le 24 juil. 1870.
Tour à tour élève du séminaire de L'Argentière (Ardèche),
apprenti canut, clerc de notaire, employé dans une maison
de banque, il vint a Paris en 1839 et lit insérer quelques
vers légitimistes dans la Gazette de France et la Quoti-
dienne. L'ne souscription patronnée par Pierre Lebrun et
ouverte à Provins, dont la famille de Dupont était origi-
naire, couvrit les frais de son exonération du service mili-
taire et lui permit de faire imprimer les Deux Anges,
poème couronné par l'Académie française (1842), Il fut à
cette époque et jusqu'en 1847 attaché aux travaux de la
rédaction du Dictionnaire. En 1 846, sa chanson des Bœufs,
et bientôt après celles du Braconnier, des Louis d'or, du
Chien du berger, daChant du vote, dix Chant des nations
dont il avait composé les airs en mémo temps que les paroles,
lui valurent une rapide et considérable popularité. D'autres
chansons, plus spécialement politiques, écrites après la Ré-
volution de février et chantées par l'auteur dans les clubs,
lotirent inquiéter lors du coup d'Etat de 1851 et condamner
à sept ans de déportation, mais sa grâce fut sollicitée et
obtenue. Il vécut dès lors à l'écart et ne sortit de la retraite
oii il s'était confiné que pour publier la Légende du Juif-
Errant, poème illustré parGustave Doré (1862, in-fol.);
Dix Eglogues (Lyon, 1864, in-8) et enfin une brochure
politique ou il se ralliait manifestement à l'Empire : Sur
certains bruits de coalition (18(30, in-8). Les Chants et
Cha7iso7is de Pierre Dupont ont été l'objet d'une édition de
luxe, ornée de dessins par T. Johannot, Celestin Nan-
teuil, etc. (1852-1854, 3 vol. in-8) et de réimpressions
diverses. Sous le titre de Muse juvénile (1859, in-12), il
avait réuni d'autres études en vers et en prose. La célébrité
de Pierre Dupont n'a pas survécu aux circonstances qui
l'avaient fait naître, et ses refrains, comme ceux de Déran-
ger, ne sont plus connus que des lettrés. M. Tx.
Bibl. : Cli. Baudelairk, Etude, réirnpr. dans VArt ro-
mantique (t. 111 des Œuvres complètes). — Sainte-
Beuve, Causeries du lundi, t. IV.
DUPONT (Auguste), compositeur de musique et pianiste
belge, né à Ensival (prov. de Liège) le 9 févr. 1827,
mort à Rruxelles le 17 déc. 1890. Pendant de nom-
breuses années, il occupa la place de professeur de piano
au Conservatoire de Rruxelles où son enseignement devint
célèbre. Ses œuvres pour le piano sont nombreuses. Les
plus importantes sont le Concert-stùck (op. 42) et un
concerto en fa mineur. Il a composé aussi Poème d'a-
mour, recueil de mélodies dans la forme des poèmes de
Schumann. Toutes ses compositions révèlent l'influence de
l'école allemande moderne.
DUPONT (François-de-Sales-Léonce), publiciste fran-
çais, né à Layrac (, Lot-et-Garonne) le 5 janv. 1828, mort
à Pans le 23 avr. 1884. Entré dans le journalisme en
1853 comme rédacteur au Moniteur du Loiret, il colla-
bora ensuite au Précurseur d'Anvers, remplit en Italie
les fonctions de correspondant du Pays (1859), publia en»
1862, avec Ilippolyte Caslille, Y Esprit public, prit à la
fin de la même année la rédaction en chef de la Nation,
collabora ensuite à la Revue contemporaine, au Gaulois,
au Journal de Paris, au Constitutionnel, etc., etc., et
fonda la Revue de France. On a de lui : la Commune
et ses auxiliaires devant la justice (Pavis,l%~{, in-12);
la Comédie républicaine (1872, in-12); le Quatrième
Napoléon (1874, in-18); la Majorité du quatrième
Napoléon (1874, in-12); Madame des Grieux (1875,
in-12); Tours et Rordeaux, souvenirs de la république
à outrance (1877, in-12); la Soumission, réponse à
mes contradicteurs (1878, in-8); les Deux Démocraties
(1878, in-8); De Paris aux montagnes (1879, in-12);
Souvenirs de Versailles pendant la Commune (1881,
in-12); le Prince Victor- Napoléon (1883, in-16).
DUPONT (JosephK musicien belge, violoniste et com-
positeur, né à Ensival (prov. de Liège) le 3 janv. 1838.
Elève du Conservatoire de Rruxelles, il y remporta le
premier prix de violon et celui de composition, dit prix
de Rome. Il voyagea pendant quatre ans en France, en
Italie eten Allemagne. De retour à Bruxelles, il fut nommé
professeur d'harmonie au Conservatoire et chef d'orchestre
du théâtre de la Monnaie. A la retraite de Vieuxtemps,
il se chargea de la direction des concerts populaires et y
rendit de signalés services, tant à l'école classique qu'aux
musiciens modernes. Chef d'orchestre remarquable, jouis-
sant d'une réputation méritée dans sa patrie, M. Dupont
a écrit un nombre considérable de compositions. Ch. R.
01 M'ONT
— SK —
DUPONT (Edouard), naturaliste belge, né à Dinanl en
1841. Il esl directeur du Musée royal d'histoire naturelle
de Bruxelles el membre de L'Académie royale de Belgique.
Il g'esl voué Burtoul à l'étude de la géologie el de la pa-
léontologie animale. Ses principaux ouvrages sonl : Etude
sur l'ethnographie de l homme de l'dgedu renne dans
les caoernes de la vallée de In Leste (Bruxelles, isiu,
in-8); l'Homme /if/niant les âges de la pierre dans
les environs de Dînant (Bruxelles, 1871, in-s ; rééd. en
1872); les Populations préhistoriques de In Belgique
(Bruxelles, 1873, in-8); Carte géologique delà Belgique
(dix feuilles ont paru de 1882 à 1890) ; Lettres sur le
Congo. Récit d'au voyage scientifique entre l'embou-
chure du fleuve et ïe confluent du Cossal (Paris,
issu, in-8).
DUPONT (Louis-Eugène-Henri) (1846-1877), marquis
de CompiègneÇf. ce nom).
DUPONT df. Bosredon (Alexandre) (V. Bosredon).
DUPONT de Bussac (Jacques-François), homme politique
français, né à Paris le 7 fèvr. 1803, mort à Paris le
21 août 1873. Avocat à Paris, il se lança dans le journa-
lisme où il ne tarda pas à se faire une certaine réputation,
D'abord collaborateur au Courrier français , puis fon-
dateur de la Bévue républicaine el de la Bévue du Pro-
grès, il plaida aussi d'importantes causes politiques qui le
mirent en lumière : celles, entre autres, de Fieschi, de
Barbés, de lilanqui. Nommé en 1848 sous-commissaire de
la République dans l'air, de Jonzae, il fut élu représentant
de la Charente-Inférieure à la Constituante le 23 avr. et
prit place sur la Montagne. Non réélu à la Législative,
d'abord aux élections générales (13 mai 18-49), puis à une
élection partielle dans son département, il y fut envoyé
par l'Isère le 10 mars 1850. Membre de l'extrême gauche,
il combattit vivement la politique de l'Elysée; aussi fut-il
proscrit au coup d'Etat du Deux-Décembre. Il s'établit
d'abord en Angleterre, puis en Belgique et rentra en France
à l'amnistie de 1839. On a de lui : Fastes de la Bévolu-
tion française, en collab. avec Marrast (Paris, 1834, in-8);
Béponse complète à ceux qui accusent le gouvernement
républicain de vouloir l'anarchie et le bouleversement
de la propriété (Clermont-Ferrand, 1834, in-12); Procès
de la Glaneuse (Paris, 1834, 2 vol. in-8); Des Finances
et île l'avenir révolutionnaire de l'Espagne (1834,
in-8); Manuel des sociétés coopératives anonymes à
capital et personnel variables (1872, in-16); Histoire
populaire des sociétés coopératives (1873, in-18).
DUPONT de l'Etant, (Pierre-Antoine, comte), général
et homme politique français, né à Chabanais (Charente) le
4 juil. 1 703, mort à Paris le 7 mars 1 840. Il servit d'abord
en Hollande dans la légion de Maillebois, fut en 1791
aide de camp de Théobald Dillon à l'armée du Nord el,
blessé à la retraite de Tournai (1792), combattit brillam-
ment à Valmy. Promu général de brigade après la bataille
de Menin (1793) ou il avait contraint un régiment de
grenadiers autrichiens à se rendre, il fut nommé par Carnot
directeur du dépôt de la guerre et promu général de divi-
sion le 18 fructidor. Partisan décidé du coup d'Etat du
18 brumaire, il fut nommé chef d'état-major de l'armée
de réserve des Alpes, se distingua à Marengo et devint
gouverneur du Piémont. Il se couvrit de gloire en culbu-
tant les Autrichiens au passage du Mincio. En 1803, il
battait Mêlas à Ulm et coopérait activement à la victoire
de Friedland (1807). Crée comte de l'Empire (4 juil. 1808),
il fut envoyé en Espagne ou il ternit d'un coup son brillant
passé en signant la désastreuse capitulation de lîaylen
(23 juil. 1808). Traduit devant une commission militaire
(1812), il fut destitué de tous ses grades, privé de ses
décorations, de son titre de comte, etc., et condamné a la
prison d'Flat. Délivré par la chute de Napoléon, il fut
nommé commissaire au département de la guerre par le
gouvernement provisoire. Le 3 avr. 1814, Louis win
continuait celte nomination. Le général Dupont se montra
si malhabile que son portefeuille lui fut enlevé le 3 déc. de
la même année. Il fut alors nommé gouverneur de la
22' division militaire. Destitué au retour de Napoléon, il
reprit sou poste après Waterloo et entra au conseil privé.
Le 22 août IS|5. il fut élu dépoté de la Charente qui le
réélut jusqu'en 1830, datC à laquelle il èr huila, l'eu après
(1832), il prit si retraitée! rentra dans la vie privée, lia
laissé quelques écrits : /'/ I. Hurlé, poème (Paris, 17 99.
in-8); Opinion sur le nouveau mode de recrutement
(isis. m-8); Lettre sur l'Espagne en 1808
in-8); Lettre sur la campagne <i' lutriche (1826, in-8);
Observations sur l'Histoire de France de Montgaitlarà
(1827, in-8); Odes d'Horace trad\ rt [ramais
(1836, m-8); l'Art de la guerre, poème en dix chants
(1838, m S); enfin des Mémoires qu'il se dis|>osait a pu-
blier au moment de sa mort.
DUPONT de l'Eobe (Jacques-Charles), homme poli-
tique français, né au Neubourg (Eure) le 27 févr. 1767,
mort à Bouge-Perriers (Eure) le 2 mars 1855. Avocat au
parlement de Normandie en 1789, il remplit diverses fone-
timis municipales et judiciaires soit au Neubourg, soit à
Louviers, et en l'an VI il était accusateur publie :
tribunal criminel de l'Eure. La même année, ce départe-
ment l'envoyait au conseil des Cinq-Cents, où il appuva le
coup d'Etat du 18 brumaire. Nommé en l'an VIII i
1er au tribunal d'appel de Rouen et promu presque aussitôt
après président du tribunal criminel d'Evreux, il témoigna
dans l'administration de la justice d'une impartialité et
d'une indépendance qui lui valurent l'admiration et le res-
pect de ses compatriotes. Conseiller à la cour impériale de
Rouen (181 1), président de chambre au même siège (ISI2),
député de l'Eure au Corps législatif (1813), membre et
vue-président delà Chambre de 1814, réélu le 9 mai 181a,
il lit adopter le 4 juil. la fameuse déclaration « que la
France ne reconnaîtrait d'autre gouvernement que celui
qui lui garantirait, par des institutions librement consen-
ties, l'égalité devant la loi, la liberté individuelle, la liberté
de la presse et des cultes, le jury, l'abolition de toute no-
bles>e héréditaire, l'inviolabilité des domaines nationaux et
tous les grands résultats de la Révolution », et le 8 juil.
il attendit sur son siège la dissolution de l'Assemblée. Non
réélu à la Chambre introuvable, il fut nommé le 20 sept.
1817 député de l'Eure qu'il représenta constamment jus-
qu'en 1848. Il siégea dans l'opposition et fit uneguerre
souvent heureuse à la Restauration, qui l'en punit en lui
retirant brutalement ses fonctions de président à la cour
de Rouen sans l'admettre à la pension. Mais ses électeurs
le vengèrent en lui offrant par souscription nationale le
domaine du Hom (près de Reaumont-le-Roger). Il joua un
rôle considérable dans les événements de juil. 1830, et
reçut le portefeuille de la justice dans le premier cabinet
de Louis-Philippe. Il ne demeura pas longtemps au pou-
voir où le gouvernement le voyait avec méfiance. Ses ten-
dances étaient trop libérales pour se plier au système
d'une monarchie même constitutionnelle. Aussi lorsqu'il vit
qu'on éliminait Lafayettc, il démissionna comme lui (17
oit. 1830). 11 reprit sa place dans les rangs de l'opposition
et fut un des plus actifs meneurs de la campagne des ban-
quets de 1847. C'était la personnalité républicaine la plus
en vue et la plus respectée. Aussi, dès la proclamation de
la République, fut-il nommé membre du gouvernement
provisoire et président provisoire du conseil des ministres.
Le 23 avr. 1848, il était élu représentant à la Consti-
tuante à la fois par la Seine et par l'Eure pour laquelle il
opta. Mais son âge avancé ne lui permit pas de siegersou-
vent. Il combattit pourtant assez vivement la politique de
Louis-Napoléon. Non réélu à la Législative aux élections
générales du 13 mai 1849, il éprouva une série d'échecs
le 8 juil. : à la fois dans les Bourhes-du-Rliône. dans le
Calvados et dans la Charente-Inférieure. 11 se tint alors
dans la vie privée. On a de Dupont de l'Eure quelques dis-
cours imprimés séparément; il a collabore avec ('tienne.
Manuel et autres, aux Fastes de la France. Sa statue a
été inaugurée en 1881 au Neubourg par GambetU.
— Si) —
M 'PONT — Dl PORT
DUPONT m Nmoiras (Pierre-Samuel), économiste et
hoamte politique français, né à Paris ta 1 '. sept. 1739,
mort à Eleutherian Hills (Etats-Unis) le il aoûl ISI7. Il
étudia d'abord la médecine, puis se tourna avec passion
vers l'économie poli iqne et fui introduit par Sénacde Meil-
lum dans la société de Malesherbes, de Turgol et de Con-
dorcet. Il publia el analysa avec un commentaire les œuvres
de son maître Quesnaj sous le titre de Physiocratie (Paris,
1768, - vol. in-Si et vulgarisa les idées îles physiocrates,
dans le Journal de l'agriculture el dans les Ephém '■-
rides du citoyen. Le roi de Pologne, Stanislas, lui offrit
et il accepta les fonctions de secrétaire du conseil d'ins-
truction publique dans ses Etats. Il revint en France quand
TurgOt l'ut ministre et, après la chute de TurgOt, se retira
près de Nemours. M. de Vergennes l'employa pour préparer
les bases de la reconnaissance des Etats-Unis el le traité
de commerce avec l'Angleterre. C.alonne le nomma conseiller
d'Etat et commissaire gênerai du commerce. Il tut membre
et secrétaire de rassemblée des notables. Députe aux Etats
généraux par le tiers état du bailliage de Nemours, il fut
un des commissaires nommés pour préparer la conciliation
entre les trois ordres, et, à la Constituante, fit partie du
comité des subsistances, puis du comité d'aliénation. Il par-
ticipa, dans le sens de ses principes, à tous les débats finan-
ciers de l'Assemblée et, en particulier, combattit l'émission
des assignats (K> avr. 1790). Le lii oct. suivant, il fut
élu président de l'Assemblée. Son opinion en faveur des
deux Chambres et son accord avec les feuillants l'avaient
nndu impopulaire et, dés 1791. les jacobins le traitaient
ou vertement de contre-révolutionnaire. Le l,rjuil. 179-2,
il tut un des pétitionnaires qui se présentèrent à la barre
de la Législative pour demander des poursuites contre les
auteurs du mouvement du "20 juin. Dans la journée du
10 août, il fut un des défenseurs des Tuileries. Il se cacha
ensuite, sans cesser d'écrire, puisqu'il rédigea avec Suard,
I.aeretelle et Morellet, le journal les Nouvelles politiques,
nationales et étrangères, qui commença à paraître le
15 nov. 179-2. Il fut arrêté en 1794, à une date que nous
n'avons pu retrouver, et rendu à la liberté après le 9 ther-
midor. Député du Loiret au conseil des Anciens, il y siégea
parmi les plus modérés et combattit la politique du Direc-
toire dans son journal l'Historien, qui parut de frimaire
an IV à fructidor an V. Après le 18 fructidor, il donna sa
démission et passa aux Etats-Unis. Rentré en France en
1802. il resta dans la vie privée. A la création de l'Institut,
il avait été nommé membre de ce corps, pour la classe des
sciences morales et politiques, section d'économie politique.
En 1S|4. il fut secrétaire du gouvernement provisoire.
Louis XVIII le nomma conseiller d'Etat. Aux Cent-Jours,
il quitta de nouveau la France et alla finir sa vie aux
Etats-Unis. Les publications de Dupont de Nemours sont
fort nombreuses. Voici les principales : De l'Exportation
et de l'importation des grains (Soissons, 1704, in-8) ;
De l'Origine et îles progrès d'une science nouvelle
(Londres et Paris, 1768, in-8); Observations sur les
eftéts de la liberté du commerce des grains (s. L, 1770,
in-X) ; Mémoires sur la vie et les ouvrages de Turgot
(Philadelphie. 178-2. in-8); Philosophie de l'univers (Pa-
ris, 1796, in-8); Sur la Banque de France (Paris, 1806,
in-8) ; Sur l'Education nationale dans les Etats-Unis
d'Amérique (Paris, 1S|-2. -2 éd., in-8), etc., etc. Ses
Œuvres forment le tome II de la Collection des écono-
mistes, publiée en 1846. F. -A. A.
DUPONT-Veiinon (Henri), acteur français, né a Puiseaux
(Loire) le 8 avr. 1844. Après avoir fait quelques études
de droit, il abandonna le barreau pour le théâtre, passa
par le Conservatoire, et joua au théâtre des Nations et
au Théâtre-Italien. Ses succès dans le répertoire clas-
sique le firent entrer à la Comédie-Française en 1873.
Très habile professeur de déclamation, il a obtenu en 1888
une chaire de déclamation au Conservatoire. Il a écrit
quelques ouvrages spéciaux : Quelques Réflexions sur
l'art de bien dire (Paris, 1879, in-8); Principes de
Oction (188-2, in- 18); l'Art de bien dire, principes et
applications (1888, in-l°2).
DU PONT- WaiTE (Charles Brook), économiste français,
né a Rouen le 17 déc. 1807, mort à Paris le 10 déc. 1878.
Il fut avocat aux conseils du roi et à la cour de cassation
de 1836 à 1843; puis, en 1848, secrétaire général au
ministère de la justice; enfin, il fui membre, en 1870, de
la commission de décentralisation, instituée sous la prési-
dence d'Odilon Barrot. C'était un esprit original et très
indépendant. Libéral, il n'en affirmait pas moins les avan-
tages de l'intervention de l'Etal, dans beaucoup de cas où
les doctrinaires ('écartent. Nous citerons parmi ses nom-
breux écrits : Relations du travail avec le capital ( 1846,
in-8) ; Suppression de l'impôt du sel et de l'octroi
(1847, in-8); l'Individu et l'Etat (1858-65, in-8 et
in-l-2) ; la Centralisation (1860-61, in-8 et in-12); la
Liberté politique (1864, in-8) ; le Rôle et la liberté de
la Presse (18bé, in-8); De l'Equilibre en Europe (1867,
in-8); le Progrès politique en France (1868, in-8); la
République conservatrice et le suffrage universel (1872,
in-8) ; /{ 'flexions d'un optimiste ( 1873, in-8) ; Politique
actuelle (1875, in-12); plusieurs traductions d'ouvrages
anglais, notamment le Gouvernement représentatif et la
Liberté de Stuart Mill ; de nombreux articles de revues, etc.
Sa fille a épousé M. Carnot, président de la République
française. C. St-A.
DUP0RT (Jean-Pierre), violoncelliste français, né à
Paris le -27 nov. 1741, mort à Berlin le 31 déc. 1818. Il
travailla avec Berthault et remporta jeune (1761) de grands
succès à Paris. Il parcourut l'Angleterre, l'Espagne et la
Prusse, où il se fixa. Il fut surintendant des concerts de
la cour de Berlin de 1787 à 1806. Il écrivit quelques com-
positions pour son instrument. Frère du célèbre violoncel-
liste Jean-Louis Duport, il ne peut lui être comparé comme
virtuose.
DUPORT (Jean-Louis), célèbre violoncelliste français,
né à Paris le 4 oct. 1749, mort à Paris le 7 sept. 1819. En
1789, Duport émigra, se rendit en Prusse et fut placé dans
la musique de la cour. Après de grands succès à Berlin, il
revint en France en 1806. En 1813, il entra à la chapelle
de l'empereur, puis au Conservatoire comme professeur. Il
a composé de nombreuses oeuvres pour violoncelle.
DU PORT (Adrien-Jean-François), homme politique
français, né à Paris le "> févr. 1759, mort à Appenzell
(Suisse) le 15 août 1798. Conseiller au Parlement en la
chambre des requêtes, il fut un des magistrats les plus
ardents à lutter contre le « despotisme ministériel ». Il re-
cevait chez lui plusieurs des futurs révolutionnaires, pré-
voyant et appelant la Révolution. Député de la noblesse de
Paris aux Etats généraux, il fut un des quarante-six
nobles qui se réunirent au tiers état, et, à la Constituante,
siégea sur les bancs extrêmes de la gauche, à côté de Bar-
nave et d'Alexandre de Lameth, avec lesquels on l'accusait
de former un triumvirat. Son nom est mêlé à presque
toutes les créations de l'Assemblée constituante, et il fut le
plus grand peut-être des juristes qui préparèrent l'orga-
nisation de la France nouvelle. Parmi tant de rapports et
de discours d'Adrien du Port (dont on trouvera rénumé-
ration dans la Table générale qui forme le tome XXXIII
des Archives parlementaires), signalons surtout son rap-
port du '29 mars 1790 sur l'organisation de la magistrature
et ses diverses opinions sur l'établissement du jury, si re-
marquables par la profondeur et la justesse des idées. Il fut
un des trois commissaires chargés de recueillir les décla-
rai ions du roi à son retour de Varennes. Il s'acquitta de
sa mission avec une indulgence qui était l'indice d'un chan-
gement d'attitude. En effet, a partir de ce moment, il devint
un des conseillers intimes de Louis XVI. Parmi les discours
qu'il prononça sur d'autres questions que les matières con-
stitutionnelles, il faut citer celui du 17 mai 1791, ou il
combattit Robespierre et la motion relative à la non-rééligi-
bilité des constituants. Il y annonça en prophète les luttes
futures, la Terreur, et, après la guerre civile, l'avènement
DU PORT — DUPOTET
- 90 —
du despotisme : « Partout, dit-il, on se battrait (si la po-
litique extrême prévalait) pour un homme ou pour un autre,
et tel i|iu m dévoue aujourd'hui au noble métier de payer
des libelles el de réduire en système la calomnie, serait
tout a coup l'effroi et le tyran de ses concitoyens. Lutin,
après de longs et inutiles essais, le despotisme viendrait se
présenter, comme un asile favorable, a toutes les âmes
épuisées et fatiguées, et ne voyant plus de bonheur que dans
le repos. » On admira aussi son discours du 31 mai 1794
contre la peine de mort : « Une société qui se fait léga-
lement meurtrière, n'enseigne-t-elle pas le meurtre? » Et,
prévoyant l'échafaud politique : « Depuis qu'un changement
continu dans les hommes a rendu presque nécessaire un
changement dans les choses, luisons au moins que les
scènes révolutionnaires soient les moins tragiques... Ren-
dons l'homme respectable à l'homme. » Du Port avait pré-
sidé la Constituante du 45 au 27 tévr. 1791. Après la
session, il fut élu président du tribunal criminel de Paris.
Au lendemain du 10 août, il s'enfuit, fut arrêté près de
Nemours et, sur l'humaine et habile intervention de Danton
et en dépit des attaques de Marat, mis en liberté par juge-
ment du tribunal du district de Melun du 17 sept. 1792
(V. Mortiiner-Ternaux, Histoire de la Terreur, 111, 347
à 359, et 557 à 559). Du Port passa en Angleterre, rentra
en France après le 9 thermidor, émigra de nouveau après
le 18 fructidor an V, se fixa en Suisse, à Appenzell, ou il
passa la fin de sa vie dans la gène et l'obscurité. — Ses
contemporains imprimèrent presque toujours son nom en
un seul mot : Ditport, mais il signait en deux mots et était
noble. F.-A. A.
DU PORT (Louis), danseur français, né vers 1775. Il
appartint d'abord à l'Ambigu, puis à la Gaité, théâtres où
la danse était très cultivée et fort en honneur à cette
époque. De la Gailé, ou il était premier danseur, Duport
fut appelé à l'Opéra, où il débuta en 1800. Bien que son
physique ne fût pas fort agréable, c'était un danseur éton-
nant par sa légèreté, par la vigueur et la hardiesse de son
exécution, et il se fit rapidement une telle réputation à
l'Opéra qu'on osa l'opposer à Vestris, qui était déjà vieux,
et qu'il en résulta, entre les amateurs, une sorte de grande
querelle qu'on appela la guerre des nourissons de 1er-
psichore. Le poète Bercboux n'hésita pas à prendre parti
dans ce débat important, et il sacrifia résolument Vestris
à Duport dans son poème héroï-comique intitulé la Danse
ou les Dieux de l Optra. C'était injuste, chacun des deux
rivaux ayant ses grandes et propres qualités. Les succès
de Duport furent très grands, non seulement daus divers
opéras, mais aussi dans divers ballets ou il joignit le talent
du mime à celui du danseur : les Noces de Gamache,
Achille à Scyros, Acis et Galathée, et surtout Figaro,
qui fut son triomphe, et l'Hymen de Zéphyre, où sa
sœur, danseuse aussi iort distinguée, partagea avec lui les
faveurs du public. Duport, qui n'avait pu obtenir l'emploi
de maitre de ballet, qu'il ambitionnait malgré sa jeunesse,
profita d'offres très brillantes qui lui étaient faites en
Russie, et, abandonnant l'Opéra, quitta furtivement Paris
en 1808, au mépris de ses engagements, pour se rendre
a Saint-Pétersbourg. Il obtint en cette ville d'énormes
succès et y gagna beaucoup d'argent. Il ne revint à Paris
qu'en 1810. Duport est l'auteur des scénarios de trois des
ballets signalés plus haut : Figaro, Acis et Galalhee, et
l'Hymen de Zéphire ou le Volage fixé. On croit qu'il en
a l'ait représenter quelques autres en Russie. A. P.
DUPORT-Dutertre (François- Joachim), littérateur fran-
çais, né ù Saint-Malo en 1715, mort le 17 avr. 1759.
Entré dans la Compagnie de Jésus, il y enseigna les huma-
nités, puis, ne se sentant pas une vocation bien décidée,
abandonna l'ordre pour s'occuper de littérature. 11 fut un
des fidèles collaborateurs de Fréron et de l'abbé de Lapone.
Citons de lui : Abrégé de l'histoire d'Angleterre (1751,
3 vol. in— 12) ; Almanuch des beaux-arts (\~t'i-l, in-12) ;
Bibliothèque amusante et instructive (Paris, 1755-75,
5 vol. in-12); Projet utile pour le progrès de la litté-
rature (1756, in-12); avec Ripault-ltesorwaux : His-
toire îles conjurations, conspirations et révolutions
célèbres (Paris, 1754-60, 10 vol. in-12).
DUPORT-ln h .iciiiEt'Margui rite-Louis-Francois),hoeBau
politique français, né S Paris le I» mai 17.', i, mort u Paris
le 28 nu\. 1793, tils du précédent. Il coopéra a la prise
de la Bastille (17x9), lut nomme membre de la munici-
palité parisienne, puis substitut du procareur-eyndic de la
Commune. Le 21 nov. 1790, il fut. grâce a La layette,
nommé ministre de la justice en remplacement de Champion
de Cicé, et conserva ce portefeuille dans le ministère dit
constitutionnel du 1er oct. 1791. Hais SOS administration
souleva de telles récriminations qu'il dut se retirer le
22 mars 1792. Décrété d'accusation le 14 août, interné à
Orléans, puis a Versailles, il fut traduit devant le tribunal
révolutionnaire, condamné à mort et exécute a\ec liarnave.
Collaborateur au Journal des Deux Ponts, Duport-Dulertre
a laissé quelques écrits : Moyens d' 'exécution pour lesjurés
au criminel et au civil (1790, in— H) ; Principes et plan
sur l'établissement de l'ordre judiciaire (1 «90, in-8),
et donné avec Kerveseau : Histoire de la P,évolutio7i fran-
çaise par deux amis de la Liberté (Paris, 1790 et suiv.,
20 vol. in-8).
DUPORTAL (Pierre-Jean-Louis-Armand), homme poli-
tique français, né à Toulouse le 17 févr. 1814, mort à
Toulouse le l,r févr. 1887. Il se lança fort jeune dans le
journalisme, collabora au Patriote de Juillet, au Gascon,
au Mécène, à la Revanche du Midi, devint en 1848 ré-
dacteur de V Emancipation où il publia des articles a sen-
sation contre le gouvernement du prince Louis-Napoléon, ce
qui lui valut plusieurs condamnations et l'envoi en Afrique
après le coup d'Etat du 2 déc. 1851. Autorisé à revenir en
France en 1852, il fut de nouveau emprisonné lors de l'at-
tentat d'Orsini, puis il dirigea a l'étranger diverses affaires
industrielles. En 1808, il reprit à Toulouse la publication
de Y Emancipation et sa campagne contre l'Empire. De
nouveau emprisonné, il était encore à Sainte-Pélagie lorsque
la révolution du 4 sept. 1870 le délivra. Il fut nommé préfet
de la Haute-Garonne, mais son administration fantaisiste et
ultra-radicale ne tarda pas à indisposer le gouvernement.
Gambetta voulut le destituer, mais les Toulousains tinrent
à conserver leur préfet qui, bon gré mal gré. demeura à son
poste jusqu'au 25 mars 1871, date à laquelle il fut rem-
placé par M. de kératry qui ne prit pas sans peine posses-
sion de sa préfecture. Duportal se remit à la tète de
Y Emancipation qui en 1872 devint YEmancipatcur et
continua à s'attirer des procès et des condamnations par la
violence de sa polémique. 11 fut élu député de Toulouse le
5 mars 1876, siégea à l'extrèmegaucbe et, membre des 363,
fut réélu avec eux le 14 oct. 1877 et de nouveau en 1881
et en 1885. 11 soutint ardemment la politique radicale, fut
un des adversaires les plus acharnés du gouvernement du
16 mai et un des ennemis les plus décidés du parti oppor-
tuniste contre lequel il soutint à la fois des polémiques de
presse et des combats de tribune. Il était devenu en 1877
rédacteur en chef du Mot d'Ordre, puis du Républicain
et, en 1877, directeur de la Marseillaise.
DUPOTET (Jean-Henri-Joseph), amiral français, né à
Changey (Côte-d'Or) le 17 sept. 1777. mort a Paris le
19 janv. 1852. Elève de l'Ecole militaire, il s'embarqua
sur la Junon comme novice, avança assez rapidement
grâce à son courage, fil campagne dans la Méditerranée.
I ois ;i Saint-Domingue. Lieutenant de vaisseau (1803), il
se distingua à Trafalgar à bord du liedoutable et tenta
d'enlever à l'abordage le Victory. Il fut alors nommé aide
de camp du (\uc Decrès, ministre de la marine, puis capi-
taine de vaisseau el prépose au port de Flessingue.En 1809,
il partit de Bordeaux avec le Niémen et força une frégate
anglaise, /' Amethyst,k amener pavillon ; l'arrivée de l'.-l/v-
thusa, seconde frégate anglaise, l'obligea à *o rendre à son
tour après la plus vaillante i èsistance. Il resta cinq ans prison-
nier. l 'romu capitaine de vaisseau pendant sa captivité ( I S 1 1 ) .
il fut ensuite attache à l'amiral Duperré auquel il succéda
— 91 —
DUPOTET — Dl'PRAT
a la tèto de la station dos Antilies (1828). 11 fut alors
nommé contre-amiral. Ea 1830, il était préfet maritime
.le Brest et préparait l'expédition d'Alger. Gouverneur de
la Martinique ou il réprima une insurrection, Dupotel com-
manda ensuite la station du Brésil et de la mer du Sud
(4835), bloqua les cotes argentines (4838) et devint vice-
amiral (4844 ) ; en 4 843, il l'ut admis dans le cadre de réserve.
DUPOTET h Snumvoi (le baron J.), publieiste fran-
çais, ne à La Chapelle (Yonne) le 1-2 avr. 1796, mort a
Paris le l,rjuil. 1884. Disciple de Mesmer, il s'est presque
uniquement occupé de l'étude du magnétisme sur lequel il
a écrit de nombreux traités, lia fondé en 1827 une revue
spéciale, /<• Propagateur du magnétisme animal, à
laquelle a lait suite en 1845 le Journal du magnétisme
qui parait eneoro aujourd'hui. Nous citerons du baron
Dupotet : Exposé des expériences sur le magnétisme
animal (Pans. 1824, in-8) ; Expériences publiques
sur le magnétisme faites à l'Hôtel-Dieu de Paris
(4836, in-8) : Cours de magnétisme (IS:>4, in-8) ; le
Magnétisme opposé ii la médecine (1840, in-8);
Essai sur l'enseignement philosophique du magné-
tisme (4845, in-8) ; Manuel de l'étudiant magnétiseur
(1846, in-48) ; la Magie dévoilée (1852, in-4) ; 'lhé-
rapeutigue magnétique (18(33, in-8).
DUPOTY (Michel-Auguste), publieiste français, né à
Versailles en 1797, mort à Paris le 28 juil. 1864. Fils
d'un menuisier, il fonda en 1830 à Versailles un organe
socialiste, le Vigilant île Seine-et-t)ise, puis il entra dans
la rédaction du Réformateur de Raspad, concourut à la
fondation du Journal du Peuple dont il fut rédacteur en
chef. En cette qualité il fut en 1844, après l'attentat com-
mis par Quenisset sur le duc d'Aumale, traduit devant la
cour des pairs comme complice moral de l'accusé et con-
damné à cinq ans de détention. Ce procès de tendances et
la peine excessive qui en résulta excita dans toute la
France une grande indignation. Dupoly tut amnistié en
1844. Sorti de prison fort malade, il refusa en 1848 les
fonctions de commissaire du gouvernement. On a de lui :
Trente-sept Jours (Versailles, 1834, in-8) ; Discours
prononcé sur la tombe de Garnier Pages ( 1 841 , in-8) ;
Allocution devant la cour des pairs (1842, in-8) ;
Promenades au Muséum d'histoire naturelle (1851,
in-8): De la Réorganisation du Muséum (1858, in-8).
DU POU Y (Adolphe-Augustin), amiral français, né à
Lectoure en 1808, mort à Brest en 1868. 11 sortit de l'Ecole
de marine d'Angoulême en 1826, fut nommé enseigne en
1831, lieutenant de vaisseau en 1837, capitaine de fré-
gate en 1846, capitaine de vaisseau en 1852, contre-amiral
en 1859 et vice-amiral en 1864. 11 étudia de très près
les machines à vapeur dès qu'on les introduisit dans la
marine et commanda le premier vaisseau à hélice, le Napo-
léon, pendant la guerre de Crimée. Il rempl't les fonc-
tions de préfet maritime à Cherbourg et à Brest.
DU POU Y (Bernard-Eugène-Alexandre), homme politique
français, né à Bordeaux le Ier juil. 1825. Avocat à Bordeaux,
il se présenta sans succès aux élections législatives du 8 févr.
1871 dans 1? Gironde, fut élu par ce dép. à l'Assemblée
nationale le 27 avr. 1873 en remplacement de M. Joui nu,
démissionnaire, et siégea dans les rangs de l'Union répu-
blicaine. Vice-président du conseil général de la Gironde,
il eut en 1875 des démêlés retentissants avec le préfet réac-
tionnaire Pascal. Après avoir posé sans succès sa candida-
ture au Sénat, il fut élu député de Bordeaux le 20 févr.
4876, fit partie des 363 et fut réélu avec eux le 14oct. 1877.
Enfin il fut nommé sénateur de la Gironde le 5 jaDv. 1879
et réélu le 5 janv. 1888. Il s'est prononcé contre le bou-
langisme.
DUPPA (Brian), évèquede Winchester, né à Lewisham
(Kent) en I58*, mort a Richmond en 1662. Après avoir
fait de brillantes études, qui lui valurent de grands honneurs
académiques, il entra dans la carrière ecclésiastique. Le duc
de Buckin»ham et l'archevêque Laud, tout-puissants sons
Charles Ier, lui accordèrent leur faveur. En 4634, il fut
nomme, grâce à eux, précepteur du prince de Galles et du
duc de Gloucester, son frère. Quelques années après, il
tut promu au siège èpiscopal do Clnchester (4638) et, en
moins (le nuis ans, à celui de Salisbury. Pendant la guerre
civile, Duppa suivit le roi B Oxford et vécut dans son inti-
mité jusque son exécution. Pendant que les républicains
étaient au pouvoir, Duppa vécut dans la retraite, dans le
comté de Surrev. De la, il entretenait une correspondance
active avec quelques membres du clergé dépossède, discu-
tant les droits et les intérêts de l'épiscopat. A la restau-
ration, il fut nomme èvéque de Winchester et conserva uno
grande influence sur Charles II, son royal élève. Duppa est
l'auteur de sermons et d'ouvrages de piété, notamment
lloly Haies and helps to dévotion, traité posthume, qui
parut en 4674. G. Q.
Bibl. : Lesue Stkphkn, Diction, of national biographn.
DÙPPEL (Slesvig) (V. Dybbqel).
DUPRAT (Antoine), chancelier de France et cardinal,
seigneur de Nantouillet, né à Issoire le 17 janv. 1463,
mort à Nantouillet le 9 juil. 1535. Attaché dans sa jeu-
nesse à une abbaye de bénédictins, il termina son instruc-
tion sous la direction de son cousin Antoine Bohier, plus
tard archevêque de Bourges et cardinal. Grâce a sa pro-
tection, Duprat, qui avait suivi avec succès le barreau au
parlement de Paris, fut nommé lieutenant général au
bailliage de Montferrand en 1490 ; il fut ensuite successi-
vement avocat au parlement de Toulouse en 1495, maitre
des requêtes de l'hôtel de Louis XII en 1503, quatrième
président au parlement de Paris en 1506, et enfin premier
président en 1507. Duprat fut l'un des jurisconsultes
commis par Louis XII pour rédiger la coutume d'Auvergne.
Ce lut lui qui représenta au cardinal d'Amboise le danger
d'unir Mme Claude à Charles d'Autriche. Il s'était montré
très dévoué à Louise de Savoie et à son fils le comte d'An-
goulème; celui-ci, devenu le roi François 1er, le créa chan-
celier de France, à la place d'Etienne Poncher, et principal
ministre (1515). Duprat accompagna le roi en Italie. II
fut chargé de traiter avec le pape Léon X, dans une con-
férence tenue à Bologne, de l'abrogation de la pragmatique
sanction. Les articles accordés dans cette conférence servi-
rent de base au concordat; Duprat rencontra beaucoup
d'opposition pour le faire accepter par le Parlement, et il
s'aliéna le clergé et l'université. En 1517, après la mort
de sa femme, Françoise Veini d'Arbouze, Duprat était entré
dans les ordres. Lors de l'entrevue du camp du Drap d'or,
en 1520, il fut employé à des négociations avec le cardinal
Wolsey. Pendant l'absence du roi qui tenait de nouveau
campagne en Italie, Duprat ne cessa d'être le conseil de la
régente Louise de Savoie. Ce fut lui qui la dirigea notam-
ment dans le procès qu'elle intenta au connétable pour la
succession de Suzanne de Bourbon. La régente lui avait
conféré l'abbaye de Saint-lîenoit-sur-Loire; ce fut l'ori-
gine d'un conflit avec les moines de Saint-Benoit qui en
appelèrent au Parlement. Le Parlement, qui avait déjà fait
une guerre très vive à Duprat, voulut informer contre lui,
mais François Ier vint tenir un lit de justice au Parlement
le 25 juil. 1527 et déclara que tout ce qui avait été
attenté contre son chancelier pendant son absence était
nul. Duprat fut pourvu successivement de cinq évèchés,
puis fut créé archevêque de Sens en 1525, cardinal en
1527 et légat a latere en 1530. Le cardinal-ministre
obtint du roi un édit rigoureux contre les luthériens. Quel-
ques historiens ont raconte qu'ala mortdu pape Clément VII,
il eut la pensée de lui succéder, mais que François Ier n'ap-
prouva pas ce projet ; le roi aurait fait saisir les biens de
Duprat, après cette parole du chancelier qu'il avait de quoi
pourvoir aux frais de l'élection. Le marquis Du Prat a
contesté ce récit. Ce qui est certain c'est que Duprat laissa
en mourant une grosse fortune que le roi lit saisir en
partie. Son cœur fut déposé dans la cathédrale de Meaux,
et son corps dans celle de Sens. Duprat s'était montré
grand homme d'Etat et habile diplomate. Ayant toujours
l'ait preuve d'autorité, il eut beaucoup d'ennemis; ses
DUPRAT - Dll-RF.
M —
contemporains l'ont représenta comme dépravé et cupide.
En matière de finances, il s fondé la dette publique, tnai^
il ilni recourir à certains procédés, comme la vénalité «les
charges, qui lui ont valu laréprobation de la magistrature.
Gustave Regelspebgeb.
Bibl. : François Ducbkbnb, Histoire des chanceliers et
gardes des sceaux <te France; Paris, 1680, in-fol., p. 662.
- Le P. Ansbi mi , Histoire généalogique et chronologique
de i-i maison royale </<• France, 1130, t. VI, p. 4a2. —
Edouard Fayb db Bryb, Trois Magistrats français nu
kyp siècle; Paris, 1844, ni-s. — Le marquis Du Puât, Vie
d'Antoine Du I'rut; I';nis, 1 ^.".7. i n-s.
DUPRAT (Pardoux) (Pardulphus Prateius), juriscon-
sulte, né a Aubusson (Creuse) vers 1520, mort vers 4570.
Il lit ses études de droit a l'université de Toulouse, ou il
entendit entre autres professeurs le célèbre Coras, et obtint
le grade de docteur en droit. Revenu dans sa ville natale,
il y exerça la profession d'avocat, tout en donnant des
répétitions particulières de droit ; il fut aussi juge d'une
seigneurie des environs, Redouillat. Plus tard, il se retira
à Lyon, et c'est là probablement qu'il mourut. Parmi ses
nombreuses publications, nous citerons : la première édi-
tion des Œuvres d'Alciat (Lyon, 1560, 4 vol. in-fol.);
un Commentaire sur l'ordonnance de Moulins (Lyon,
1572); la Théorique et ta pratique de l'art des no-
taires, recueil qui a eu plusieurs éditions; le Train et
total règlement de practique civile et criminelle (Pa-
ris, 1577), etc. Ant. T.
DUPRAT (Jean), homme politique français, né à Avignon
le 22 déc. 17(i0, mort à Paris le 31 oct. 1793. Marchand
de soieries à Avignon, maire de cette ville, député des
Rouchcs-du-Rhône à la Convention, il opina, dans le procès
de Louis XVI, pour l'appel au peuple, pour la mort, contre
le sursis. Ami de Barbaroux, il suivit la fortune politique
des girondins et fut décrété d'accusation et guillotiné avec
eux. F. -A. A.
DUPRAT (Pierre-Louis), homme politique français, né à
Tartas (Landes) le 30 déc. 1 760, mort à Bordeaux le 31 août
•1840. Avocat à Tartas, il fut élu par le département des
Landes député aux Cinq-Cents et y parla souvent sur des
questions juridiques. Considéré comme ennemi de la Révo-
lution, il l'ut enveloppé dans les proscriptions du 18 fruc-
tidor et rentra ensuite dans la vie privée. F. -A. A.
DUPRAT (Pascal), publiciste et homme politique fran-
çais, né à Hagetniau (Landes) le 24 mars 1815, mort le
17 août 1885. Professeur d'histoire à Alger, il abandonna
l'enseignement pour le journalisme, collabora à la Réforme,
à la Revue indépendante, au Droit, fonda avec Lamennais
le Peuple constituant, et bientôt connu fut élu le 23 avr.
1848, représentant des Landes à la Constituante où il
combattit avec quelque vivacité le socialisme et la Mon-
tagne. C'est lui qui fit voter, le 23 juin, la mise en état
de siège de Paris. Réélu à la Législative, il fut un des
opposants les plus actifs à la politique de l'Elysée et pro-
testa violemment contre le coup d'Etat du 2 décembre.
Exilé en Belgique, il y créa la revue la Libre Recherche,
puis il s'établit en Suisse, ou il professa à l'académie de
Lausanne, et enfin en Italie. Nommé, au 4 sept. 1870,
ministre plénipotentiaire à Athènes, il préféra se faire élire
député par les Landes. Après avoir échoué le 8 févr. 1871,
il fut nommé représentant à l'Assemblée nationale le 2 juil.
Il appuya la politique de M. Thiers et fit voter le fameux
amendement qui accordait au Sénat le même mode de
nomination que la Chambre au suffrage universel (11 févr.
1875). Cet amendement fut rapporté le 12 févr. Après
avoir échoué aux élections législatives du 20 févr. 1876,
dans l'air, de Saint-Sever. Pascal Duprat fut élu par le
XVIIe arrondissement de Paris le 30 avr., fit partie des
303 el fut réélu avec eux le 14 oct. 1877. En août 1881,
il échoua et fut nommé ministre plénipotentiaire au Chili.
C'est en retournant prendre possession de ce poste, en
1885. qu'il mourut en mer. Un a de lui : Essai Histo-
rique sur les races anciennes et modernes de l'Afrique
septentrionale (Paris, 1815, in-S); Timon et sa logique
1845, in-32); les Encyclopédistes, Uur s travaux, {buts
doctrines et leur Influence (1865, in- 12): les Tables
de proscription de Louis Bonaparte et tes complices
(Liège, 1852, 3 vol. in-8); De V Etat, sa plaa
rôle 'ions la vie des sociétés (Bruxelles, ifcî, in-4î);
la Conjuration des petits Etats en Europe (1867 .
in-8); les Révolutions (1869, in-12); /
(Paris, 1878, in-12); FEsprit des révolutions (1879,
2 vol. in-12). Il a encore londé la Revue philosophique
et littéraire (1856), l'Economiste (1856), dirigé le
Peuple souverain (4870), le Nouveau Journal, etc.
DUPRAT (Hippolyte), compositeur français, né 1 Ton-
Ion le 31 oct. 48-24. M. Duprat est l'auteur d'un opéra,
Pétrarque, joué pour la première fois au grand-théâtre de
Marseille le 49 avr. 1873. Cette œuvre a eu un certain
succès sur lesscèuesdu Midi, Toulouse, Avignon, Lyon et
Toulon.
DUPRATO (Jules- Laurent- Anacharsis), compositeur
français, né à Nimes le "20 août IK27. Il vint a Paris,
entra au Conservatoire et j remporta le prix de Rome
( 1848) par la cantate Damoclès. Il séjourna à Rome, puis
en Allemagne. De retour en France, il se consacra au
théâtre et y fit représenter un grand nombre de petits
ouvrages qui eurent parfois quelque succès. La partition
du Sacripant fut couronnée en 1867, au concours des
Fantaisies-Parisiennes. M. Pougiil (Bibl. l'élis, supplément)
donne la liste complète des ouvrages dramatiques de
M. Duprato. Nomme professeur agrégé d'harmonie au
Conservatoire en 1806, il devint titulaire d'une classe
d'harmonie et accompagnement pratique en 1871. M. Du-
prato a publié une partie de ses œuvres. Il a composé un
grand nombre de romances, qui eurent du succès à leur
heure. M. Duprato semble s'être voué complètement au
professorat.
DUPRAY (Henri-Louis), peintre français contemporain,
né à Sedan (Ardennes) le 3 nov. 1841 . Elève de L. i
etdePils, cet artiste commença par suivre la carrière mili-
taire, et ce fut à la suite d'une chute de cheval qu'il dut y
renoncer définitivement. Il peint exclusivement des scènes
militaires, et y apporte des qualités d'observation humoris-
tique et de finesse de touche qui lui donnent une place hono-
rable parmi les peintres de sa spécialité. Un peut citer comme
ses meilleurs ouvrages, après ses débuts au Salon de 1863 :
la Revue des troi* souverains dans la plaine île Long-
champ, le 6 juin 1861 (S. 180X); la Bataille de
Waterloo (S. 1870); Grand' Garde aux environs de
Paris, pendant le siège (S. 1872); Visite de l'amiral
La Roncière Le Noury et du général Ducrot aux
avant-postes, pendant le siège : les deux tableaux pré-
cédents sont de véritables documents sur le siège de Paris.
et reproduisent avec la plus grande vérité la physionomie
des environs de Paris en déc. 1*71 ; l'Arrivée à l'étape
(S. 1878); in Capitaliste (S. 1879), petite scène dro-
latique rendue très populaire par la gravure. Depuis I ss<i.
les tableaux de cet artiste sont plus rares aux Salmis
annuels; le principal de ceux qui y ont tiguré depuis cette
époque a excité une grande curiosité par son sujet même :
il représente l'Impératrice Eugénie quittant Pari* in-
cognito, après la proclamation de la République .
Sept. fè?70(S.4884). Ad. T.
DUPRÉ (Jean), poète français, mort dans la première
moitié du xvi" siècle. Il servit dans la compagnie du grand
écuyer de France et fut blessé à la bataille de Pavie. On
lui doit le l'alais des nobles tînmes (s. 1. n. d. ] 1534 .
in-8), poème assez curieux en ce qu'il constitue une sorte
de galerie des femmes célèbres anciennes et modernes.
DUPRÉ (Guillaume), sculpteur et célèbre medailleur
français, né a Sissonne, prèsdeLaon, d'une famille pro-
testante, vers 1574, mort le 8 juin Iti'iT. On peut croire
qu'il eut pour maître son coreligionnaire, le sculpteur
Barthélemj Prieur, dont il épousa la tille. Madeleine, vers
1600 OU 1601. 11 acquit dans la sculpture une réputation
qui nous est attestée par le témoignage de l'abbé de Ma-
— !»;> —
DUPllK
relies : « Dupré h bon sculpteur ►, et surtout par les charges
de sculpteur ordinaire du roi et de wmmissaire général
des Fontes de l'artillerie dont il fut successivement pourvu.
Il m nous reste d'ailleurs qu'un monument authentiquede
son talent de sculpteur, un très beau buste en marbre de
Dominique de Vie, vicomte d'Ermenonville, qui porte sa
signature et la date I610(inuséedu Louvre). Son œuvre de
medailleur est bien autrement considérable; il nous a laissé
près de soixante médailles pour la plupart signées. Elles ont
été toutes fabriquées Si l'aide du procédé de la fonte. La
première en date est de 1597. Elle représente, au droit,
Henri IV en Hercule, et. au revers, Gabrielle d'Estrées.
Pour les années 1600 et 1601, on peut citer plusieurs
médailles à l'effigie royale, les médailles de François de
Bonne de Lesdiguières, de Balthazar de Villars, de Claude
Expilly, d'Antoine Guiot, seigneur de Chauveau, et de
Biéron de Villars. archevêque de Vienne. Les médailles de
l'union de Mars et de Pallas, fondues lors de la naissance
du dauphin, marquent l'apogée du maître. Elles obtinrent
un succès mérité qui valut à leur auteur les lettres patentes
du -2S juil. 1603 qui permettaient à Guillaume Dupré de
tenir publiquement des foi, es et des fourneaux, dans les
galeries du Louvre, pour fondre les exemplaires d'or et
d'argent, d'en faire seul pendant dix ans. ainsi que d'autres
inalogues, et de les vendre partout où bon lui sem-
blerait ; défense était laite aux orfèvres, mouleurs de sable
ou autres de les reproduire alin d'en faire leur profit. Les
gardes de l'orfèvrerie s'opposèrent à l'enregistrement de
ces lettres, mais un arrêt de la cour des Monnaies du
lproct. les débouta en donnant raison à Guillaume Dupré.
Fort de ce privilège, le medailleur royal dut multiplier les
exemplaires de sa médaille de Mars et de Pallas ; le plus
remarquable par la grandeur du module [183 millim.) et
la beauté de l'exécution est sans contredit relui de 1605
(cab. des médailles). Cette même date de 1605 se retrouve
sur une médaille à l'effigie île Philippe de Nassau.
La charge de contrôleur général des effigies des monnaies
étant devenue vacante par la mort de Philippe II Danfrie,
Henri IV la donna d'abord à Jean Pilon, petit-fils de Ger-
main Pilon, puis revenant sur cette décision, il nomma à
cet office Guillaume Dupré, le 7oct. 1604. Mais Jean Pilon
protesta énergiquement contre sa dépossession; il réussit
à obtenir d'exercer l'office de son aïeul conjointement
avec Guillaume Dupré (HiOli). Dans l'exercice de leur
charge commune, Jean Pilon et Guillaume Dupré paraissent
avoir dèplové peu d'activité. En effet, le "28 août 1(507,
la cour des "Monnaies dut leur enjoindre de fournir chacun
au graveur général, sous peine de privation de leurs
gagés, une cire pour fabriquer les poinçons des monnaies.
\ partir de cette époque Guillaume Dupré multiplia ses
productions. Parmi les nombreuses médailles qui nous sont
parvenues, il faut mentionner la médaille de J.-L.-A. de
l.a Valette, duc d'Epernon (1607); celles aux bustes
accolés du jeune roi Louis XIII et de la régente, Marie
deMédiris(ltill); du doge de Venise, Antonio Memmo,
du cardinal Maffeo Barb'erini, plus tard Urbain VIII
(161-2), de Christine de Lorraine, duchesse de Toscane
(1613), de Pierre Jeannin de Caslille (1018), de Louis XIII
(1623), de Marie de Médicis (1624). Le 23 mai 1639,
Guillaume Dupré résigna à son fils Abraham la charge
de contrôleur général des effigies, ce qui fut consacré par
la cour des Monnaies le 28 févr. 1644.
Par l'importance de son œuvre, par la variété de sa fac-
ture, par la valeur artistique de la plupart de ses médailles,
Guillaume Dupré mérite la première place parmi les médail-
leurs français. Il ne le céderait qu'a Germain Pilon si tontes
les médailles assignées à celui-ci étaient d'une attribution
indiscutable. Il est sans hésitation possible très au-dessus des
autres médailleurs français et, quoique inférieur aux maîtres
italiens du xv siècle, égal ou supérieur à ceux du xvie.
— Des trois fils que Guillaume Dupré avait eus de Madeleine
Prieur. Abraham, ne en 1604, mort le « juin 1647, fut
le seul qui suivit la carrière paternelle. Ses premiers tra-
vaux datent de 1624. Tout jeune encore, il fond la mé-
daille de J. Boiceau de La Barrauderie, intendant des
bâtiments, œuvre d'une facture si habile pour un débutant
qu'on peut soupçonner que Guillaume Dupré en surveilla
ou même en aida l'exécution. L'œuvre certaine d'Abraham
Dupré est fort restreinte. On peut a peine citer une dizaine
de médailles fondues bien inférieures a celles de son père,
parmi lesquelles se trouvent celles de Charles D.lorme
(1626), de Victor-Amédée, duc de Savoie, el de sa femme
Christine de France (1636), de Louis XIII et de Biche-
lieu (1641). Abraham avait épousé Denise Truffault, dont.
il avait eu un tils, Charles, sur lequel on n'a aucun ren-
seignement biographique. Jean Varin succéda à Abraham
Dupré dans le contrôle des effigies. F. Mazerolle.
BlBL. : Jal. Dictionnaire critique de biographie et d'tiis-
loire; Paris, 2° édit., 1S7-. — J. Guiffrky, Guillaume
Dupré, sculpteur el médailliste, duos Nouv. Arch. de l'art
français, 1872, pp. 178-17;); Guillaume Dupré, sculpteur et
graveur en m -dailles, et Je m l'Uon(ib., 1876, t. IV, pp. 172
et suiv.). — Ed. Kleury, Guillaume Dupré de Sissonne,
statuaire el graveur en médailles; Laon, 1883.
DUPRÉ (Augustin), graveur en monnaies-et medailleur
français, né à Saint-Etienne le 6 oct. 1748, mort à Ar-
mentières, près de Meaux, le 30 janv. 1833. Il fut nommé
graveur général des Monnaies le 1 1 juil. 1791, par décret
de l'Assemblée nationale. Il succédait à Benjamin Duvivier.
C'est lui qui créa le type du génie pour les espèces d'or et
d'argent, type repris pour l'or depuis 1870. Augustin
Dupré grava quelques médailles et quelques jetons d'un
très joli style. Il fut révoqué de sa charge par décret du
premier consul le 12 mars 1803. F. M.
Bibl. : A. Barre, Graveurs généraux el particuliers
des Monnaies de France, dans Annuaire de la Société fran-
çaise de numismatique el d'arenéologie, 1SG7, t. Il, pp. 154.
— StTDRE, Concours ouvert en 110 1 pour le type des mon-
naies françaises et la place de graveur général des mon-
naies; même recueil, 1885, t. IX, pp. 218 et suiv.
DUPRE (Louis), peintre français, né à Versailles le
9 janv. 1789, mort à Paris le 4 "2 oct. 1837. Il fut élève
de L. David et il est surtout connu par ses portraits et par
des tableaux de genre et des paysages dont les motifs ont
été empruntés à l'histoire ou à la nature de la Grèce.
DUPRÉ (Athanase), mathématicien et physicien fran-
çais, né en 4808, mort le 10 août 1809. Il fut reçu à
l'Ecole normale supérieure à l'âge de dix-huit ans, puis
trois ans après remporta le premier rang au concours do
l'agrégation des sciences. Il fut ensuite successivement
professeur de mathématiques et de physique au collège
royal de Rennes. Il appartint ensuite à la Faculté des
sciences de Bennes, dont il fut doyen en 18">3, comme
professeur de mathématiques pures et appliquées. Comme
mathématicien, il a laissé quelques mémoires assez esti-
més; comme physicien, ses travaux sont presque tous
relatifs à des sujets de physique mathématique; la théorie
mécanique de la chaleur a surtout fait l'objet de ses
recherches théoriques et de ses expériences. Voici le titre
de ses principaux mémoires : Sur la Déviation au sud
des corps qui tombent (Comptes rendus de L'Acad. des
sciences, L, .'188) ; Sur la Mesure des densités des va-
peurs saturées (id., LIV, 972); Sur la Loi des ten-
sions des vapeurs (id., LVIII, S0Ô);Sur la Condensation
des vapeurs pendant la détente ou la compression
(id., LVI, 960) ; Expériences sur les variations de tem-
pératures pro luttes dans une masse d'air par un chan-
gement de volume | Innales de chimie et de physique
(M), LXVTI, 359) ; Sur les Loù; de compressibilité et de
dilatation de (pn (Comptes rendus, LIX, 490); Sur la
Vitesse d'écoulement des gaz (id., LVTI, p. 4004);
Théorie des gaz (id., LIX, p. 905); Sur l Attraction
au contact (id., LVIII, 163, LXIV, 741), et de nombreux
mémoires Sur la Théorie mécanique de la chaleur, pu-
bliés dans les Annales de chimie et de physique (4esérié,
t. Il à VII, IX, XI, XIV). Il a résume ses études sur ce
sujet dans un Truite de la théorie m ■canvjue de la clia-
leur où l'attraction au contact est très développée et fait
l'objet d'un grand nombre d'expériences. A. JOARNIS.
DDPRÉ
- 94 -
DUPRÉ (Germain), homme politique français, né i Ai-
gelès-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées) la lOjanv. 181 l. Doc-
teur en médecine, professeur de clinique s la Faculté de
Montpellier, il se présenta sans succès ans élections séna-
toriales du 30 janv. 1876 dans les Hautes-Pyrénées, Bvee
un programme républicain, et fnl élu le 8janv. IKK-2. il
siégea parmi les modérés et ne se prononça pas dans la
question du boulangisme. Il n'a pas été réélu aux élections
du i jauv. 1891. Membre correspondant de l'Académie de
médecine, il a écrit : Considérations cliniques sur les
fluxions de poitrine de nature catarrhale (Montpellier,
•1860, in-H) ; De la Liberté de renseignement médical
(Paris, 1865, in-8).
DUPRÉ (Jules), paysagiste de l'école française contem-
poraine, né à Nantes le 5 avr. 181 1, mort a L'Isle-Adam
le 6 oct. 1889. Son père, originaire de L'Isle-Adam, s'était
d'abord livré à la peinture avant d'exploiter une fabrique
de porcelaine installée à Parmain et que, dans sa pensée,
son fils devait reprendre après lui. Celui-ci, après un court
apprentissage, était déjà employé à décorer des assiettes,
quand son père fut appelé à diriger une autre fabrique
dans le Limousin ou il le suivit. Plusieurs de ses études
faites d'après nature dans les environs attirèrent l'attention
de quelques personnes qui les acquirent pour un prix très
modique. Ce fut là pour le jeune homme un encourage-
ment à se livrera la peinture, 'le qu'il put voir des pre-
miers essais de Cabat, de Paul lluet, de Fiers et de Rous-
seau, associés de plus près que lui aux débuts de notre
école paysagiste, l'enhardit dans la voie ou il s'était engagé,
et, comme ces artistes dont il devenait bientôt l'émule, il
demanda résolument à la nature ses enseignements. Dès
1831, il exposait avec un Intérieur de forêt dans la
Haute-Vienne, une Vue de Ulsle-Adam et un Intérieur
de cour qui attirèrent sur lui l'attention. En 1833,
l'Heure de la soupe, les Environs de Paris et la Vallée
de Montmorency confirmèrent ce premier succès. Sociable,
affectueux, Dupré recherchait la compagnie de ses con-
frères et, à la suite du Salon de 1833, il était allé s'instal-
ler dans le Bercy pour y faire quelques études avec son
frère, avec Jules André et Troyon qui avait commencé
comme lui par peindre sur porcelaine. 11 rapporta de cette
campagne les éléments des tableaux qu'il envoya au Salon
de 1834. Il avait également trouvé dans Cabat un compa-
gnon de travail, et tous deux installés dans un coin pitto-
resque de l'Indre, à Tendu, s'étaient casés chez un auber-
giste qui, pour la somme aujourd'hui invraisemblable de
1 fr. 50 par jour, leur fournissait une chambre propre et
une nourriture frugale, mais suffisamment abondante. C'est
là que Jules Dupré lit les études pour cet Intérieur de
ferme qui, vendu d'abord 260 fr., atteignit le prix de
20,000 fr. à la vente Eaure. Entre temps, il avait aussi
parcouru l'Angleterre ou un amateur anglais, lord Graves,
qui avait acheté un de ses premiers tableaux, l'avait engagé
à le visiter. La nature de ce pays l'avait vivement frappé,
et les paysagistes anglais, Constable notamment, dont il
avait pu voir des oeuvres dans les musées, devaient exercer
sur le développement de son talent une influence considé-
rable. Par la variété et l'éclat des ouvrages qu'il y avait
envoyés, le Salon de 18,Ti mit le comble à sa réputation.
Outre un Bois dans la Creuse, on y remarquait, en effet ,
les Environs de Soulhamplon et le Pacage limousin
qu'on a pu revoir récemment à l'Exposition universelle de
188(J. Dans ces deux tableaux, on pouvait admirer une
impression rendue saisissante par la puissance du coloris
et la force des contrastes. Le premier surtout, popularisé
par la lithographie et la gravure, est devenu justement
célèbre. Avec son cours d'eau coulant à pleins bords au
milieu de prairies d'une verdure opulente et ces chevaux
tout frémissants sous les approches de l'orage, cette toile
est comme animée d'un souille lyrique. Dans le Pacage du
Limousin, peut-être supérieur encore, Dupré avait rendu
avec une singulière poésie la richesse d'aspect et la sève
débordante d'une chaude journée d'été et, maigre l'extrême
hardiesse de la donnée, il avait mi tuer on parti magni-
fique de l'opposition que lui offraient les ombragi
d arbres immenses avec un ciel d'un bleu violent dans
lequel rutilent de gros nuages blanchâtre.
Les expositions suivantes ne tuent que consacrer la
renommée <iu peintre. Très modeste lui-même, il étail
plein d'admiration pour le talent de ses .
il ne cessait pas de les prôner amour de lui. Lié alors
avec Rousseau dont les oeuvres lui avaient eau-- un v.u-
lable enthousiasme, il cherchait a procurer des acheteurs
:i sun ami, bien que sa propre situation ne lut pa> alors bref
briILnite. Plus tard, il devait s'employer avec une généro-
sité pareille a vanter les mérites de. Millet dont il appréciait
la peinture d'un mot piquant et juste en disant que * c'était
la tragédie du tra\ail ». La conduite de Dupré était
d'autant plus méritoire (]m; lui-même resta longtemps
dans une position assez difficile. Etranger à toute coterie,
il laissait, comme il disait, « ses tableaux faire leur
chemin tout seuls, chose difficile à une époque ou tout
s'obtient par les relations ». Il avait été décoré en 1849;
mais, à partir de l'année 1832 ou il avait envové au Salon
un Coucher de soleil, un Pacage, et une Entrée de
hameau dans les Landes, tableau éclatant de lumière, il
se retira des expositions annuelles. Au lieu de chercher,
comme tant d'autres de ses confrères, à occuper le public
de sa personne, il se sentait un goût toujours plus marqué
pour la retraite et il alla s'installer à L'Isle-Adam. Ce n'était
pas le moyen d'avancer ses affaires; mais, au prix d'une
vie plus difficile encore, il avait besoin du calme de la cam-
pagne. « J'aurai peut-être un morceau de pain quand je
n'aurai plus de dents », disait-il en souriant. Il goûtait
pleinement du moins le charme de cette retraite qui lui per-
mettait d'étudier de plus près la nature et en toute saison.
« La campagne devient charmante, écrivait-il quelques
années après, au printemps de 1837; les feuilles poussent,
les oiseaux chantent et se disent même beaucoup de choses.
On voit bien que ces heureux enfants de la feuillée ne crai-
gnent pas les échéances. » Loin des importuns, il pouvait
désormais se livrer tout entier à son art et renouveler
incessamment ses impressions. Doue d'une sensibilité très
vive, il exprimait avec chaleur ses admirations pour un
beau ciel, pour un de ces effets saisissants dont il guettait
l'apparition et dont la vue le remplissait d'enthousiasme.
La lumière était sa principale préoccupation; aussi Claude
Lorrain était-il son peiutie préféré et il ne pouvait souffrir
que devant lui on hasardât quelques critiques sur son
œuvre. Dans une courte notice sur Dupré, qui était son
cousin, M. Jules Claretie parlant de l'importance qu'il atta-
chait surtout à la lumière, cite de lui le propos suivant :
« Le ciel est devant un arbre, dans un arbre, derrière un
arbre, il est partout. Le ciel, c'est l'air dans un paysage. »
Malheureusement, pour arriver à rendre ces eflets lumi-
neux, l'artiste avait eu de bonne heure recours à des em-
pâtements parfois excessifs. Avec le temps, il en vint à
accumuler sur ses toiles ces épaisseurs de matière qui
donnent à un certain nombre de ses tableaux une rudesse
d'aspect et une monotonie regrettable d'exécution. A l'Ex-
position universelle de 1867, Dupré reparut avec une Forêt
de Compiegne, la Gorge des Eaux-Chaudes, un Pacage
du Berry et deux autres des Landes et de la Sologne.
Cette apparence un peu lourde de sa lacture et peut-être
plus encore l'isolement ou le peintre avait vécu nuisirent;!
son succès et, lors de la distribution des récompenses, son
nom n'arriva qu'a un rang assez reculé. Dien que froissé
par un classement que ses confrères du jury auraient pu
sans doute lui éviter en prenant un peu plus chaleureuse-
ment en main la cause de l'absent, il n'en témoigna aucune
aigreur el continua avec la même vaillance et la même
dignité sa vie de travail. De temps à autre, d'ailleurs, la
presse et ses amis lui apportaient l'echo des succès qu'il
obtenait dans des expositions particulières, notamment dans
celle de la collection Marmontel (mai 1668) qui comptait
quelques-uns de ses meilleurs tableaux et entre autres une
— 93 -
DUPKE
clairière avec îles vaches et des troncs d'arbres abattus au
premier plan, peinture très paissante et comme pénétrée
an soleil.
Enfermé à Cayenx-sur-Mer pendant tonte la durée delà
guerre de 1870, Dupré trouvait au milieu de cette contrée
déserte et misérable une nature qui répondait aux tristesses
dont son a était remplie. Il s'attachait surtout à en
reproduire les aspects les [dus désoles. Les marines qu'il
peignit pendant ce lugubre hiver sont saisissantes et jamais
il n'avait traduit avec cette éloquence les impressions qui
s'agitaient eu lui. Parfois encore, dans ses Clairs delune,
un pâle rayon perçant les nuages assombris vient se jouer
et se perdre parmi les flots, mais le plus souvent dans ces
ciels moines, dans ces menaces de la mer et de la tempête
conjurées contre les humbles cabanes des pécheurs, on sent
comme une image fidèle de son désespoir et de son acca-
blement. Après la guerre, Dupré avait retrouvé avec bon-
heur son cher village et repris courageusement ses pinceaux,
l'eu à peu les rangs s'eclaircissaient autour de lui : Paul
Muet, Rousseau, Corot, avaient successivement disparu et
il était maintenant un des rares survivants de ces vaillants
ouvriers de la première heure. Sou talent, la dignité de
son caractère étaient de plus en plus appréciés à leur
valeur, et les amateurs recherchaient ses œuvres. A la
vente Wilson, les Environs de Southampton qui lui
avaient été autrefois achetés 300 fr. par le sculpteur Fra-
tin, atteignaient le prix de 48,000 tir. aux enchères pu-
bliques. Les marchands avaient appris le chemin de son
atelier et l'aisance était entrée peu à peu dans son intérieur.
En 187:2, il avait pu achètera L'Isle-Adam une maison assez
spacieuse qu'il avait fait approprier. Aimant la nature, pas-
sionné pour son art, il se plaisait à s'entretenir avec ses
amis, à leur communiquer les idées qu'il s'était faites sur
les sujets qui lui tenaient le plus au cœur, et dans la viva-
cité de ces entretiens familiers il donnait à ses pensées une
expression à la fois chaleureuse et originale. C'était sa con-
viction que « toute œuvre d'art doit partir des sens pour
arriver à la pensée, comme un arbre qui a sa cime en plein
ciel et ses racines en pleine terre ». 11 avait pris part à
l'Exposition universelle de 1889 et ses admirateurs avaient
pu y voir, à coté de quelques-uns de ses ouvrages les plus
renommés, d'autres tableaux ignorés jusque-là, empruntés
à des collections privées : Une Allée clans le parc de
Stors ; l'Orage en mer, les barques échouées au clair
delune; le Maraà, Un Ravin. La mort devait le sur-
prendre en plein succès, avant la fin de cette Exposition ;
M 'i oct. 1880 il était emporté par une congestion pulmo-
naire, après avoir subi au mois d'avril de cette année l'opé-
ration de la pierre dont, avec sa vigoureuse constitution,
il semblait s'être complètement remis. Un de ses derniers
tableaux, terminé à la veille même de sa mort, fut acheté
"20,000 fr. par le duc d'Aumale, à la vente de son atelier
qui eut lieu le 30 janv. 1800 et qui, avec les œuvres d'art
qui formaient sa collection particulière, atteignit le chiffre
total de 208,7(i0 fr. Dans les dessins de Jules Dupré qui
figurèrent en assez grand nombre a cette vente, l'effet est
1res largement indiqué. Ils sont d'habitude exécutés sur
papier teinté aux crayons noir et blanc; en quelques traits,
l'artiste y indique avec autant de sûreté que de justesse les
formes principales et les relations des valeurs entre elles.
Dupré a aussi collaboré avec Eugène Lami au tableau de
la Bataille d'Hondsclwote, aujourd'hui au musée de Lille.
Emile Michel.
Bibl. : Beluer de La (Jiiavignerie, Dictionnaire des
artistes de l'Ecole française. — J. Claretie, l'Art et les
Artistes français contemporains, in-12. — A. HoSTIN,
■Iules Dupré, dans le journal l'Art, n" du 15 oct. 1<S8'J et du
10 juin Ij'JO.
DUPRï (Marie-Jules), amiral fiançais, né à Strasbourg
le 13 nov. 1X13. mort a Paris k- 8 fév. 1881. Il était aspirant
de marine en 18 il. capitaine de frégate eo 1854, capitaine
de vaisseau en 1838, contre-amiral en 1807, et vice-amiral
en 1873.11 commandait la batterie flottante la lonnante,
au bombardement de kinburu, conclut un traité de com-
merce avec Radama, roi de Madagascar, et exerça succes-
sivement les fonctions de gouverneur de la Réunion et de
la Cochinchine. Il occupait ce dernier poste au moment
de la première expédition du Tonkin, ou Francis Garnier
perdit la vie.
DUPRÉ (Giovanni), sculpteur italien, né à Sienne le
Ier mars 1817, mort a Florence le 10 janv. 188-2. Fils
d'un sculpteur sur bois, il travailla d'abord avec son
père, puis vint à Florence où il suivit les leçons et subit
l'influence de Barlolini. Son début (une figure terre),
Abel mort, fut d'abord retusé à l'exposition publique
de l'Académie; le jury des professeurs l'accusait d'être
un moulage sur nature. Barlolini intervint dans la dis-
cussion, fit venir le modèle, constata que ses mesures
ne correspondaient pas exactement à celle de la statue, et
l'admission fut votée (palais Pitti, bronze). Le Caïn qui
suivit (1843), acheté par l'archiduchesse, obtint moins de
succès. Vinrent ensuite Giotto et Saint Antoine (Ufiizi),
et Pie II pour l'église San Domenico de Sienne. Un voyage
à Rome où il s'éprit de Canova (monument de Pie VI)
modifia sa manière. Il s'adonna à l'allégorie. De cette
période datent Saplio mourante, le monument de la com-
tesse Ferrari Corbelli à San Lorenzo(l 839), h Bacchante
lassée, Bacchus enfant, etc. Peu après il exécutait pour la
lunette du portail de l'église Santa Croce de Florence un*
grand relie'' allégorique symbolisant le Triomphe de la
Croix. En 1803, Dupré achevait pour le cimetière de la
Misericordia de Sienne une Pie ta qui est peut-être son
ouvre la plus parfaite. A l'Exposition universelle de Paris,
en 1807, Jean Dupré obtint un grand succès. On lui décerna
une des médailles d'honneur de la, sculpture. Il exposait la
Base de la coupe égyptienne, rapportée d'Egypte par les
Romains, conservée à Rome, donnée par Clément VII aux
Médicis et envoyée à Florence. Dupré tut chargé d'orner de
bas-reliefs le socle qui supporte cette coupe colossale; il y
symbolisa en quatre groupes, composés chacun d'une femme
et d'un génie : Home païenne, Borne chrétienne, VEtrurie
et Alexandrie. A la même Exposition figuraient la Dépo-
sition de croix et le Triomphe de la croix. On y admi-
rait surtout une extrême habileté à travailler le marbre.
Mais on n'y relevait pas encore les défauts où l'école ita-
lienne est tombée de plus en plus pour en arriver enfin
jusqu'à la puérilité dans la dextérité et les tours de force
de l'outil. En 1878, il exposait deux bustes pleins de vie
et même un peu grimaçants, mais qui, au milieu du débor-
dement de la jeune école ultramontaine, passaient pour « les
derniers représentants de l'art sévère ». Son œuvre la plus
célèbre est le Monument de Cavour, à Turin, achevé
en 1872. Le ministre relevant l'Italie est entouré de dix
grandes figures allégoriques dont plusieurs sont d'un réa-
lisme puissant. On a vivement reproché à ce sculpteur
l'abus de l'allégorie et la tendance à sacrifier la vérité
naturelle et la beauté sculpturale à l'expression et aux
idées abstraites. Il a écrit Pcnsieri suWarte c ricordi
autobiogrufwi. A. Michel.
DUPRE (Julien), peintre d'animaux et de scènes cham-
pêtres de l'école française contemporaine, né à Paris le
18 mars 1831. Elève de Pils, de Laugée et de Henri Leh-
mann, il a envoyé depuis 1876 aux diverses expositions des
tableaux inspirés par les travaux de la campagne et qui
ont été remarqués pour l'éclat de leur couleur, générale-
ment brillante et gaie, tels que : les Faucheurs de seigle
m Picardie (1877); les Lieurs de gerbes (1878) ; le
Begain elles Glaneuses (187!)) et une Fenaison (1881).
Depuis cette époque, il s'est plus particulièrement consacré
à la peinture d'animaux, des vaches surtout qu'il peint
avec beaucoup de vérité. Le musée du Luxembourg possède
deux de ses tableaux : les Faucheurs de luzerne (1880)
et la Vache enragée.
DUPRÉ hé Saint-Maur (Nicolas- François), écono-
miste français, né à Paris vers 1693, mort le 1er déc.
1774. Maître des comptes, il entra en 1733 à l'Académie
française comme auteur d'une traduction du Paradis
in PRE — ItH'i IS
— 96 —
perdu de Hilton qui n'était peut-être pu de loi. Il est
plus conno par m s ouvrages économiques : Estai sur les
monnaie» ou Réflexion» sur le rapport entre Pargt ni et
les denrée» (Paris, I7Î0, in-4), et Recherches sur la
Valeur des monnaies et sur le prix des grains avant
et après le concile de Francfort (1762, in-12). Il est
aussi l'auteur «)<s Tables de mortalité insérées dans
VHistoire naturelle de l'homme de Buffon.
DUPRÉ de Saint-Maob (Jean -Pierre-Emile), liitéra-
teur et homme politique français, petit-fils du précédent,
né ii Carcassonne le 10 juin 1772, morts Perreux (Yonne)
le 22 juil. 185'i. Conseiller au parlement de Paris en
1789, il entra ensuite dans l'armée, et devint aide de camp
du général d'Hargenvilliers à l'armée des Pyrénées orien-
tales. 1 ! h 1805, il fut nommé secrétaire des commande-
ments de la princesse Borgbèse, fut désigné le 17 févr.
1K07 comme député de l'Aude au Corps législatif par le
Sénat conservateur et siégea jusqu'en 1841. En i S d 3 , il
devint sous-préfet de Beaunc. Il disparut de la scène poli-
tique après les Cent-Jours et voyagea en lîussie. On a de
lui : Essais sur les relations commt rciales du déjar-
tement de V Aude avec les échelles du Levant, l'Espagne
et le Portugal (1808, in-8) ; la Jeunesse de Préville ou
les Comédiens de campagne (Paris, 1809, in-8), comé-
.die en un acte jouée sur le théâtre de la rue de Chartres
en 1805; Anthologie russe (-18:23) ; THcrnutecn Russie
(Paris, 18:29, 3 vol. in-12); Hier et aujourd'hui, sa-
tires (1818. in-8). — Son père, intendant de Guyenne de
1770 à 1 785, directeur de l'Académie dellordeaux, a écrit :
Essai sur les avantages du rétablissement de la cul-
ture du tabac dansla Guyenne (Bordeaux, 1781, in-4);
Lettre relativement, aux corvées (1784, in-4); Mé-
moire sur l'administration des corvées en Guyenne
(1784, in-4) ; Mémoire relatif à quelques projets inté-
ressants pour la ville de Bordeaux (1782, in-4) ; Mé-
moire sur la décadence du commerce de Bayonne et
de Saint-Jean-de-Lu% (1782, in-4).
DU PRÉAU (Gabriel), Pralcolus, docteur en théologie,
professeur au collège de Navarre, né en 1511 à Marcoussis,
mort à Péronnele 19avr. 1588. Ses œu vies comprennent des
traductions, des travaux sur la grammaire et la philologie,
sur la théologie et sur l'histoire. Les dernières, contempo-
raines des guerres de religion, reflètent les passions de l'é-
poque où l'auteur vécut. Les principales sont: Commentant
ex prœstantissimis grammalicis desumpti, majorique
ex parle in gallicvm sermonem conversi (Paris, in-8) ;
Flores et Sententiœ scribendique formula' ex Ciceronis
cpistolis familiaribus desumptœ (Paris, in-10) ; Haran-
gue sur les causes de la guerre entreprise contre les
rebelles et séditieux qui, en forme d'hostilité, ont pris
les armes contre le roy et son royaume (Paris, 1&62,
in-8); Autorité du concile, avec les signes pour sa-
voir discerner l'Eglise de Jésus-Christ d'avec la syna-
gogue de l'Antéchrist (Paris, 1504); Déclaration des
abus et subtilités des faux prophètes (Paris, 1504,
1578, in-8); Arrêt au profit des catholiques par les
propres témoignages de vingt-quatre ministres (Paris,
1507); De Yiliis, seclis et dogmaiibus omnium haere—
ticorum qui ah orbe condito ad nostra ùsque tempora
proditi svnt Elenchus (Cologne, 1509, in-lbl.); Histoire
de l'état et succès de l'Eglise, en forme de chronologie
générale et universelle (Paris, 1585, 2 vol. in-fol.) ;
traductions de la Guerre sainte de Guillaume de Tyr (Paris,
1573, in-fol. ), et du Mercure Trismégiste. E.-H. V.
Bibl. : Possevin, Apparatus sacer ; Cologne, 1007, 2 vol.
in-fol.— De Launoy, Reqii Navarrx gymnasii parisiensis
hisloria ; Paris, 1677, in-4,
DUPREZ (Edouard), auteur dramatique français, né à
Paris en 1804,morlà Paris le 31 oct. 1879, frère deGilbert-
Louis (V. ci-après). Il lut acteur comique au théâtre de Mont-
martre et joua sur les scènes de Bruxelles. On lui doit les
livrets suivants : le Pirate (Paris. 1835, in-8), drame
lyrique en trois actes, musique de Bellini \Joanita (1852,
in-8), opéra en trois acte,, musique de ion hère ; /,• Bal
iM2), opéra en cinq «'tes. masque- de
Veuli : Riqoletto (1 864, in-12), trad. de l'opéra de Verdi;
I ioletta ( 1865, in-1 2), trad. de la Trai iaia,An même.
DUPREZ (Gilbert-Louis), chanteur dramatique ht
né a Paris le (i dcc. 1X00. Il était le douzième (ils d'un
pire qui eut dix-huit enfants, et le goût très \il qu'il
montra de bonne heure le fit placer tout jeune a l'école de
musique religieuse, dirigée par Choron. Le !•* déc. 18-25,
il débuta à l'Odéon, alors théâtre semi-lyrique, dans le
i6lc d'Almaviva du Barbier de Séville. Sa von était
encore à peine formée, et. Lieu qu'il fit preuve de réelle,
qualités, nul ne pouvait prévoir la célébrité qu'il acquerrait
un jour. L'Odéon ayant renoncé en 1828 au genre lyrique,
DupreZ fit une apparition de quelques semaines a peine
à 1 Opéra-Comique, ou. entre autres rôles, il joua Geoi
lliuwii de la Dame blanche, puis il partît pour l'Italie
en compagnie de sa femme, Alexandnne Dnperron, qui
allait pendant huit aru partager -es succès hors de France.
Tous è\v\w arrivèrent à .Milan en 1829, et c'est au thé
Careano, de cette ville, que Duprez allait commencer
cette carrière italienne qui devint pour lui si brillante et
pendant laquelle il devait acquérir l'admirable talent qui
en fit le premier chanteur dramatique que la France eut
jamais produit. De Milan il alla à Yarèse, à Novare, à
Venise, à Gènes, a Bergame, à Turin, à Lacques et à
Florence. C'est surtout au théâtre de la Pergola, de cette
dernière ville, que ses succès devinrent retentissants. Il
abandonna alors l'emploi de ténor de mezzo carat t
pour' celui de grand ténor dramatique. Après Florence,
Dupiez se fit entendre dans différentes villes, et enfin
au théâtre San Carlo de Naples, où son succès prit des
proportions triomphales. 11 revint alors à Paris (1836),
précédé d'une immense renommée, et le 17 avr. 1837 il
débuta à l'Opéra, dans Guillaume Tell : il excita un véri-
table enthousiasme. Nourrit, jaloux de son succès, quitta
alors l'Opéra et laissa le champ libre au nouveau venu,
qui pondant dix ans allait fournir à l'Opéra une carrière
étonnamment brillante.
II reprit quelques-uns des grands rôles du répertoire,
dans les Huguenots, la Muette, Bobert le Diable, etc..
puis se \it chargé d'un grand nombre de créations, dans
Guido et Ginevra, Benvenuto Celliui. la Favorite,
Charles VI, Othello. Lucie de Lammermoor qu'il avait
créés en Italie, etc. L'affaiblissement de sa voix et de sa
santé lui fit, en 1848, abandonner la scène pour se con-
sacrer au professorat : il était, depuis 1842, professeur au
Conservatoire; en 1850, il fonda lui-même une école de
chant, sous le nom d'école Dupiez, où il forma de bril-
lants élèves et dont il céda la direction à son fils, M. Léon
Dupiez, chanteur fort distingué, mais à qui la faiblesse de
sa voix n'a pas permis de se maintenir a la scène a]
l'essai qu'il fit naguère au Théâtre-Lyrique. Dupiez a voulu
se produire aussi comme compositeur, mais il ne fut pas
très heureux sous ce rapport. Citons quelques-uns de ses
ouvrages dramatiques : t'Abime de la Maladelta (1851 ),
.loanitaou la Fille des boucaniers 1 1852), Jeanne d'Are
(1805). etc. Duprez a (-(imposé aussi une graud'inesse de
la Pentecôte, une messe de Requiem, et il a publié, outre
un certain nombre de romances, une méthode intitulée
l'Art du chant, et un second ouvrage didactique, la M -
lodie, études complémentaires vocales et dramatiques de
Y Art du chant. 11 a aussi mis au jour ses mémoires.
Souvenirs d'un chantt ur (Paris. 1880). Arthur Poi'Gix.
DUPUISou DUPUY (Pierre), peintre français, né à
Montfort-l'Amaury le 3 mars 1610, mort à Paris le 18 févr.
1682. Peintre de (leurs et de fruits, cet artiste fut reçu a
l'Académie en 1663. 11 exposa ensuite, en 1073. un grand
tableau représentant Un Tapis et un Singe. Son portrait,
par Hignard d'Avignon, a été grave par À. Masson, l'an-
née même de sa réception à l'Académie : le dessin original,
sur parchemin, fait partie des collections du Louvre. Ad. T.
DUPUIS i< harles), graveur, né à Paris eu 1085. mort .ï
— 97 —
dupuis
Paris le 3 mars l T 18. Elève de Gaspard Duchange, il fut reçu
académicien le ."> mais 17'» 1 sur les portraits graves de
Coustou et de Urgillière, d'après Legros el Geusïain (à la
Chalcographie du Louvre). Il a l'ait plusieurs voyages en
Angleterre pour y graver des tableaux île maîtres italiens
et il a travaillé pour le Recueil de la galerie de Ver-
sailles, sur les dessins île Massé, d'après Le Brun.
DUPU1S (Nicolas-Gabriel), frère du précédent, néà Taris
en Itiiis, mort a Paris le 86 mars 1771. Reçu académicien
le 88 juin 1754, sur le portrait grave île H. l.enormauil île
Tournehem, d'après Tocqué (à la Chalcographie du Louvre),
il fut un des artistes chargés de -ra\ er la Galerie de Dresde,
et. comme sou frère, travailla en Angleterre d'après les
maîtres italiens. Comme son frère aussi, \\ a gravé plusieurs
pièces pour le Recueil de la galerie de Versailles et a
laissé, en outre, des portraits parmi lesquels on rite ceux de
Gérard Audran, Gaspard Duchange, Louis XV i\ cheval,
Nicolas Poussin, etc. Nicolas Dupais a aussi grave le
Monument élevé à Rennes par les Etats de Bretagne,
au sujet de la convalescence du roi, exécuté en bronze
parJ.-B. Lemoine. F. Colrboin.
Bibi . : Bklubr de I.a Chavignerie et A.uvray, Dic-
tionnaire des artistes de l'Ecole française.
OUPUIS (Charles-François), érudit, philosophe el homme
politique français, né à Trve-Château (Oise) le tlti oct.
174-2. mort a ls-sur-Tille (Cote-d'Or) le 29 sept. 1809.
Fils d'un instituteur, élevé au collège d'Harcourt grâce a
la protection du duc de La Rochefoucauld, il se lit recevoir
licencié en théologie et professa la rhétorique au collège de
Lisieux. En 1770. il quitta la soutane, m1 tii recevoir avocat
et se maria en 1775. Fixé a Paris, il suivit le cours d'as-
tronomie de Lalande et conçut l'idée de son système de
philosophie de l'histoire, dans lequel il essaye de rattacher
toutes les religions à une source commune et trouve l'ex-
plication de toutes les croyances humaines dans l'astronomie.
Il est impossible, dans la limite de celte notice, de donner
une idée complète de ce système, en partie chimérique et
aussi compliqué que hardi ; il faut renvoyer le lecteur aux
mémoires que Dupuis publia dans le Journal des savants
de 1779 et de 1780, et surtout à son grand et célèbre
ouvrage, l'Origine de tous les cultes ou la Religion uni-
verselle (Paris, an 111, 4 vol. in— i, y compris un atlas,
ou 10 vol. in-8 et atlas in— 4 ; nouv. éd., avec une notice
par Auguis, Paris, 18-2-2, 7 vol. in-8 et atlas). La Con-
vention en accepta l'hommage le 21 fructidor an III.
Le grand Frédéric avait offert à Dupuis une chaire de
littérature à Berlin; il entra à l'Académie des inscriptions
et belles -lettres en 1788 et fut professeur d'éloquence
latine au Collège de France (il n'y figura en titre qu'à
partir de 1791 sur les Almanachs royaux). Kn 1790,
le directoire du département de Paris le nomma commis-
saire de l'instruction publique. Député de Paris a la Con-
vention, il ne joua qu'un rôle effacé. Le 21 germinal
an III, il fut un des cinq commissaires envoyés par la
Convention dans les départements pour assurer l'exécution
des lois relatives à l'instruction publique. Membre du conseil
des Cinq-Cents, il lit partie de l'Institut (classe de littérature
et beaux-arts, section d'antiquités et monuments) dès la
création de ce corps. Favorable à Bonaparte, il entra au corps
législatif sous le Consulat. Outre son Origine de tous les
cultes, dont il publia un Abrégé (Paris, an VI, in-8),
on a de lui : Laudatio funebris Marin' Theresiœ Aus-
triacn' (s. L. 1781. in-4) ; Mémoire sur l'origine îles
constellations et sur l'explication de la Fable par le
moyen de l'astronomie (l'ai is, 17SI, in- '• ) : Mémoire
explicatif du zodiaque chronologique et mythologique
(Paris, 180G, in-i). et un grand nombre de mémoires
dans divers recueils savants. F.-A. A.
Bibl. : Notice historique sur la rie littéraire et poli-
tique de Dupuis, par ^i veuve; l'iiris. 1813, in-8.
DUPUIS (Antoinette-Nicole, dite Adèle), actrice fran-
çaise, née a Paris le 6 déc. 1780, morte à Paris le
I'. mai |Xi7. Elle commença sa carrière an théâtre Mareux,
situi' rue Saint-Antoine, l'une des nombreuses petites
GBA1TDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
scènes qui, nées île l'époque révolutionnaire, disparurent
au\ premières années de l'Empire. Lorsque ce théâtre fut
ferme, elle l'ut engagée à l'Ambigu pour y jouer les jeunes
premières de mélodrame, héroïnes infortunées el persé-
cutées pendant quatre actes, qui toul à coup trouvaient
an dénouement le bonheur et la tranquillité. Jolie, décente,
distinguée, douce d'une physionomie expressive et d'un
organe plein de sensibilité, M11" Adèle Dupuis donnai! les
preuves d'un talent 1res sérieux qui l'avait fait surnom-
mer « la Mars des boulevards », et qui était certaine-
men supérieur au genre qu'elle était chargée d'interpréter.
Ses succès furent grands à l'Ambigu, notamment dans ces
vieux drames, l'Enfant de l'amour, Elvérine de Wer-
theim, Amélabis, la Mendiante, Pharamônd, Irza,
les [mis du Mogol, etc. De l'Ambigu, elle passa en
1817 à la Gatté, où le succès la suivit, et ou beaucoup de
mauvaises pièces durent à son talent et à ses rares qualités
une vogue que sans elle elles n'auraient pas obtenue.
C'est là qu'elle joua Bouton de rose, la Fille de l'exilé,
l'aseal Paoli, le Château de Lochleven, Polder ou le
Bourreau d'Amsterdam, l'Aigle des Pyrénées, la Tête
de mort, etc. M11" Adèle Dupuis fut en réalité une actrice
fort distinguée, qui pendant plus de vingt ans fut, on peut
le dire, l'idole du public parisien. Elle prit sa retraite
au commencement de 181(0, dans toute la force de l'âge
et du talent. A. P.
DUPUIS (Rose-Gabrielle-Désirée), actrice française, née
à Poissy le 7 mars 1791. Dès 1803, cette artiste tino et
charmante se faisait remarquer au gentil théâtre des
Jeunes-Elèves de la rue de Thionville(l)auphine), et, deux
ans après, ce théâtre ayant été supprimé avec bien d'autre -•,
elle était appelée, à la suite d'une courte apparition à la
Porte-Saint-Martin, à débuter à la Comédie-Française.
C'est Dazinrourt, dont elle avait [iris des leçons, qui lui en
avait ouvert le chemin. Sa beauté, sa grâce, son élégance,
une diction pure et nette, un organe séduisant, un jeu
simple et naturel lui valurent un vif succès lorsqu'elle fit
son premier début, le ltî févr. 1808, dans Andromaque
et l'Ecole des Maris. Reçue aussitôt pensionnaire pour
l'emploi des jeunes premières de comédie et des grandes
confidentes de tragédie, elle devint sociétaire en 1818,
fournit une carrière brillante et fit les délices d'un public
alors plus difficile qu'aujourd'hui. Pendant cette longue
carrière, MUe Rose Dupuis, tout en se montrant incessam-
ment dans le grand répertoire tragique et comique, fit plus
de cinquante créations dans des ouvrages nouveaux, qui
pour la plupart lui furent extrêmement favorables. Mlle Rose
Dupuis prit sa retraite en 1835, et se retira à Nemours,
la grande colonie des comédiens. A. P.
DUPUIS (Adolphe), acteur français, né en 1824, mor
en nov. 1891. Fils de l'excellente comédienne Rose Dupuis,
il eut de bonne heure le goût du théâtre, et abandonna l'étude
de l'architecture pour entrer au Conservatoire, dans la classe
de Samson. 11 en sortit pour entrer à la Comédie-Française,
ou il débuta en 1845 dans les Fouines savantes, le Jeune,
Mari, le Menteur et le Barbier de Séville. Peu encouragé
de ce côté, il accepta en 1817 un engagement pour le
théâtre français qui existait alors à Berlin, d'oii il fut
chassé par la révolution du 18 mars 1848. 11 entra l'année
suivante au Gymnase, où il commença sa réputation à coté
de ces excellents artistes qui s'appelaient Bressant, Niinia,
Geoffroy, Lafontaine, Lesueur, Mme Rose Chéri, etc. Dans
L'espace de dix années, il fit à ce théâtre un grand nombre
de créations qui révélèrent chez lui un talent plein de
grâce, de naturel et (le variété; il faut surtout citer: la
Dot de Marie, Manon Lescaut, Mercadet, le Démon du
foyer, le Mariage de Victorine, le Pressoir, Pbili-
berte, le Gendre de M. Poirier, Diane de Lys, le Demi-
Monde, Françoise, la Question d'argent, la Grise, le
Fils naturel, le l'ère prodigue, l'Invitation à la valse,
le Pour el le Contre, Un Beau Mariage, Rosalinde,
le Cheveu blanc, etc. .Maigre ses silice^ à Paris, Dupuis
accepta en 1860, un engagement pour le théâtre français
DUI'UIS — DUPUIT
- 98 -
de Saint-Pétersbourg, d'où il ne revint qu'au boni de <J i x -
sept ans. Il entra alors au Vaudeville el fournit, dam
l'emploi des pères nobles et des premiers rôles marqués,
une nouvelle carrière, an^si brillante que l'avait été celle
île sa jeunesse. Après avoir repris dans Montjoye le rôle
créé par Lafont, il lit toute une série d'excellentes créa-
tions dans le Nabab, le 15' Hussards, le Voyage d'agré-
ment, Georgette, puis reprit le Père prodigue, les
Lionnes pauvres el quelques autres ouvrages. A. I\
DUPUIS (Jean), explorateur français, ne a Samt-Just-
la-1'endue (Loire) en 1829. Négociant de profession, il se
rendit en Chine dès 1800 et s'établit ù llan-kéou ou il
séjourna une dizaine d'années. Il voulut ouvrir l'accès aux
provinces de la Chine méridionale par le fleuve Rouge qui
arrose le Tonkin et le Yunnan ; d'accord avec le maréchal
chinois Ma, il explora cette route. H vint alors en France
demander l'appui du gouvernement. Ses querelles avec les
autorités annamites provoquèrent le coup de main de Fran-
cis Garnicr et furent la cause initiale de la conquête du
Tonkin par la France. J. Dupuis a écrit l'Ouverture du
fleure Bouge au commerce et les événements du Tonkin
(1872-1873) et un Journal de voyage (1879, in-4).
DUPUIS (José), acteur français, né à Liège vers 1830.
Il commença par être musicien d'orchestre, puis se fit
comédien. Venu à Paris, il parut d'abord sur le petit
théâtre du Luxembourg, aujourd'hui détruit, et de là fut
engagé aux Folies-Nouvelles, ou l'on jouait exclusivement
l'opérette et la pantomime avant que ce théâtre prit le
nom de Déjazet. C'est là que M. Dupuis commença sa répu-
tation, en jouant avec originalité et en chantant avec goût
un grand nombre d'opérettes : Toinette et son carabinier,
Trois Dragons, le Loup-Garou, Plie de Calypso, Achille
àScyros, etc. Il se fit tout à fait remarquer, ensuite, dans
une des premières pièces de M. Sardou, Monsieur Garât,
ce qui amena son engagement au théâtre des Variétés, dont
il est devenu l'un des artistes les plus renommés et qu'il
n'a pas quitté depuis plus de vingt-cinq ans. Dans l'emploi
des amoureux comiques, puis des comiques proprement dits,
M. Dupuis s'est montré certainement l'un des comédiens
les plus fins et les plus originaux de Paris. Doué dans sa
jeunesse d'une voix un peu mince, mais fort agréable, avec
cela excellent musicien, il a été pendant vingt ans le ténor
à la mode dans le genre de l'opérette, ce qui ne l'empêchait
pas d'obtenir dans le vaudeville des succès aussi francs et
aussi brillants. Il a fait aux Variétés un nombre incalculable
de créations, parmi lesquelles il faut surtout citer: Un Mari
dans du coton, Deux Chiens de faïence, l'Infortunée
Caroline, la Belle Hélène, la Grande -Duchesse de
Gérolstein, le Trône d' Ecosse, Madame Barbe-Bleue, les
Brigands, la Veuve du Malabar, les Braconniers, les
Sonnettes, les Merveilleuses, etc., etc. M. Dupuis n'a
pas cessé, jusqu'à ce jour, d'être un des acteurs favoris
du publie parisien. A. P.
DUPUIS ( Daniel— Jean-Iîaptiste) , graveur en médailles
et sculpteur français, né à Blois (Loir-et-Cher) le 15 févr.
1849. Elève de Farochon et Cavelier, il remporta le grand
prix de Home pour la gravure en médailles, en 1872. Cet
artiste expose au Salon depuis 1869. Au nombre de ses
œuvres les plus importantes, il faut citer : la médaille du
Génie des arts couronnant la France ; la médaille de lu
France faisant appel à toutes les nations pour l'Ex-
position de /878 ; la médaille type de la Ville de Paris ;
la médaille du Concours des chevaux de trait ; la médaille
commémorative de V Exposition universelle de 1889 ;
les médaillons du P. Lacordaire, de F loquet, de Durier,
du />'' Laboidbène, etc. M. D. S.
DUPUIS-Dki.coi ht, pnbliciste français, né à Berru, près
de Reims, en 1802, mort en 1X04. Il s'occupa d'aérostalion
et fit adopter l'hydrogène pour les ballons. Il a écrit : Bal-
lons dans les fêtes publiques (1830); De l'Art aérosta-
tique appliqué aux transports (1847) et, sous le pseu-
donyme a'Oclo, Odette ou la Petite Reine (>\. un mélodrame,
flan d'Islande (en collaboration avec Katieret Saint-Yves).
DUPUIS de Totxi (Pierre-Louis), ne en 1770, mort
a Cayenne en 1803. Elève de l'Ecole des ponts et chaussées
de Ï780 a 1790, il entra à l'Ecole polytechnique a la
création et j devint immédiatement l'un des ringl
chefs de brigades, choisis pour commencer l'instruction d''
la première promotion. CollahorateurdeBrisfontV.cenom,
I. MIL p. ti'i). il rédigea avec lui le célèbre mémo
le tracé des canaux présenté à l'Institut en 1801. Malgré ses
scientifiques, Dupuis de Torcv fut réduit a accepter
en 1X02 une plan- d'ingénieur à Cayenne. ou des travaux
de dessèchement liaient projetés par le ministère de la ma-
rine. A peine arrive, il fut victime du climat. M.-C. L.
DUPUIT (Arsène-Jules-EmiUvJuvénal), né a Fossane
(Piémont) le 18 mai 1X0'», mort a Paris le '■> sept 1800.
Ingénieur trançais, il appartenait au corps des ponts et
chaussées, dont il a peut-être été, dans ce siècle, la per-
sonnalité la plus éminente après Méat. Pour la facilité des
recherches, nous diviserons cette notice en deux parties :
Dupuit ingénieur et Dupuit économiste.
I. Au sortir de l'Ecole des ponts et chaussées, en 1828,
Dupuit fut attaché au service <\u dép. de la Sarlhe ; il n'avait
guère à s'y occuper que d'entretien déroutes, mais il montra
bien qu'il n'y a pas de petites occupations pour un grand
esprit. En 1837, il publia son premier ouvrage, fruit d'études
provoquées par ses occupations officielles, Essai sur le
tirage des voitures et le frottement de roulement. Cet
ouvrage, ainsi que le succès des méthodes d'entretien
appliquées dans la Sarthe par l'ingénieur en chef et ses colla-
borateurs, déterminèrent l'administration à appeler Dupuit
à Paris, en 1839, pour l'associer aux travaux de la com-
mission chargée de préparer un projet de loi sur le roulage
et diriger en même temps la réfection de la chaussée d'em-
pierrement des Champs-Elysées, dont le mauvais état sem-
blait irrémédiable. C'est alorsque Dupuit rédigea l'instruction
du "26 avr. 1839, point de départ d'immenses progrès dans
l'entretien des routes. Appelé, en 1840, à remplir les
fonctions d'ingénieur en chef dans le dép. de la Marne, il
y a rendu des services éminents. Il reconnut que la per-
fection de la main-d'œuvre ne constituait qu'un des élé-
ments de l'entretien des routes et qu'elle ne dispensait pas
de rendre annuellement aux chaussées une quantité de
matériaux proportionnelle à la fréquentation. Ces consi-
dérations ont été habilement développées par M. Dupuit
dans son beau mémoire sur les frais d'entretien des routes
(Annales, 1842), où se trouvaient posés pour la première
fois des principes exacts sur cette question alors si contro-
versée. L'administration reconnut qu'il était impossible
de rétablir les chaussées avec les anciens crédits, qui furent
immédiatement doubles ; Dupuit put alors opérer une trans-
formation complète, facilitée par un meilleur choix des
matériaux d'entretien. — Outre les ouvrages déjà cités, nous
devons mentionner : Mémoire sur le tirage îles voitures
et le frottement de roulement, complément de VEssai
de 1837 ; De la Nature de l'utilité des travaux publies,
et plus tard, lorsque Dupuit était devenu ingénieur en chef
de Maine-et-Loire : Etudes théoriques et pratiques sur
le mouvement des eaux courantes ; Des Inondations et
des moyens proposés pour en prévenir le retour.
Comme travaux d'art, on doit à Dupuit, pendant la période
de 1844 à 1850, la restauration complète et l'élargisse-
ment du pont du Centre, sur la Ma, ne, à Angers, et la
reconstruction des Ponts-de-Cé, sur la Loire. Appelé à
Pans comme secrétaire de la nouvelle commission de rou-
lage, Dupuit écrivit un rapport concluant à la liberté : les
idées de la commission étaient opposées aux siennes, mais
ce sont celles-ci qui l'ont emporte (décret de I8M |. On
lui doit donc la déroute définitive des idées anciennes, qui
avaient donné lieu à des mesures restrictives très
rées, souvent modifiées, et particulièrement a l'installation
de ces ponts à bascule dont la disparition a été une véri-
table délivrance pour le roulage. Après quarante-cinq ans
de ce vieux système, il nous a été donné de voir que la
quasi-liberté actuelle est dépourvue de tout inconvénient
- 99 -
DUPUIT — DUPUY
notable pour les chaussées de nos roules. En 1850, Dupuit
devint ingénieur en chef directeur du service municipal de
Paris; il étudia a fond la distribution des eaux et la cons-
truction des égOUtS, et la littérature des sciences appliquées
ne tarda pas' à s'enrichir de son beau Traité de la dis-
tribution des eaux, OUÏ, avec le livre de Darçj sur les
Eaux de Dijon, a servi de guide a tous les ingénieurs
jusqu'à la publication de la Distribution des eaux de
Beehmann (iss;»i. Le traité de Dupuit, paru en 1854, a
BU une Seconde édition en 1865. Dans les dernières années
de sa mc. (le 1S.'>5 a 1866, Dupuit a exercé les fonctions
d'inspecteur général des ponts et chaussées. Outre les ou-
- déjà cites, on lui doit : Du Mouvement des wagons
dans les courbes (Annules des ponts et chaussées,
. De l'Influence des péages sur l'utilité des voies
de communication (ibid.. 1S',!I); Rapport sur la chute
du nont suspendu de la Basse-Chaîne d'Angers (ibid.,
1850); Réponse a Vient au sujet de l'oxydation des
fers dans les constructions (ibid., 1854); Examen
critique du système des rechargements périodiques
(ibid.. 1855) ; Réponse à Beaudemoulin au sujet du
décintrement des ponts (ibid., 1858). Dupuit terminait
au moment de sa mort son Traité de réquilibredes coules
et de la construction des ponts en maçonnerie. Tarbé
résume ainsi la biographie de Dupuit qu'il a donnée dans
Notices (Encyclopédie des travaux publics) : « Polé-
miste ardent et toujours plein de ressources, souvent fron-
deur vis-à-vis de ses e^aux, mais toujours affable et indul-
gent pour ses subordonnés, Dupuit a laissé des souvenirs
ineffaçables chez ceux qui ont eu le bonheur de l'approcher,
et Min nom doit être inscrit, au premier rang, parmi .ceux
ogénieurs qui ont jeté le plus d'éclat sur le corps des
ponts et chaussées vers le milieu de ce siècle. »
11. Dupuit a donné des articles nombreux au Diction-
naire de l'économie politique, notamment: Eau, péages,
routes cl chemins, voies de communication. Sur la
question de propriété, Dupuit soutenait que le mode d'ap-
propriation de la propriété ne dépend que du seul légis-
lateur, lequel doit avoir pour objectif d'assurer au public
la plus grande somme de produits possible ; ce point de
vue est très original, bien qu'il paraisse avoir été admis
par MM. CourceUe-Seneuil et Cherbuliez, car dans l'opinion
courante le droit de propriété dérive de l'idée de justice,
qui concorde, il est vrai, avec celle de l'utilité, si l'ap-
propriation individuelle est le mode assurant le mieux la
production. L'idée de Dupuit ne fut pas acceptée par le
Juurnal des économistes, qui n'inséra son article sur
le Principe de la propriété qu'en l'accompagnant de
rvas. La liberté du commerce, laissez faire, laisse:,
passer, avait toutes les sympathies de Dupuit. Il parait
que son petit volume, là Liberté commerciale, son
principe et ses conséquences, fut publié à l'instigation
de M. Houher. « Ses vues, qu'il exposait le plus souvent
dans le Journal des économistes ou au cours des séances
de la Société d'économie politique, soulevaient parfois des
protestations et des controverses; notamment ses idées sur
la propriété et la violente antipathie qu'il manifestait pour
la création des sociétés industrielles et l'exploitation des
rh.-mins de fer par les grandes compagnies, ont suscité de
véritables polémiques. Xe pourrait-on s'étonner encore
aujourd'hui de son scepticisme à l'égard du droit de coali-
tion et des tentatives de coopération, ainsi que de son
aversion pour la liberté de tester?... Dupuit était autre
chose de plus qu'un excellent fonctionnaire. Outre qu'il
laisse un nom dans l'histoire des travaux publics, il n'a
manqué à ce défricheur d'idées, ainsi que l'appelle si
heureusement M. Lamé-Fleury, que le loisir de coordonner
son œuvre et d'en revoir toutes les parties pour figurer au
nombre des maitres de L'économie politique. » (Dict.
d'écon. polit.) Outre les ouvrages que nous avons cités,
on doit indiquer encore: Dr lu Législation actuelle des
voies de transport; Nécessité d'une réforme basée sur
des principes rationnels; De l'Utilité et de sa mesure;
De l'Utilité publique ; les Principes de la propriété
et de la population : Des Crises alimentaires et des
moyens employés pour y remédier; Effets de la liberté
du commerce. M.-C. Lf.ciiai.as.
Bibl. Tarbé db Saint-Hardouin, Notices biogra-
phiquea ; Paris, 1884, gr. in-s\
DU PU Y (Bernard), poète français, né en Béarn vers
1520, mort vers 1580. 11 est l'auteur des Louanges de
Antoine et Henri de Navarre et de Jeanne d'Albrcl (Tou-
louse, 1554, in-S); de VOde du Cave (1551, in-8); De
Collegio Auxitano Carmen (1552, in-8) et des traduc-
tions de VAnteros de Fulgose, du dialogue de Platina
Contre les folles amours, de la Médecine des chevaux de
Végère, etc.
DUPUY (Claude), jurisconsulte français, né à Paris en
1545, mort à Paris le 1er déc. 1594. Il étudia les lettres
avec Turnèbe, Lambin et Dorât, et le droit avec Cujas. Il
voyagea ensuite en Italie où il se lia avec Fulvio Orsini,
Paul Manuce, Sigonius et Pinelli. Nommé conseiller au
parlement de Paris, le 7 févr. -1570, il fit preuve dans
l'exercice de ses fonctions d'un jugement sur et d'une pro-
fonde connaissance du droit. Il était l'ami des meilleurs
érudits de son temps. Les éloges dont il fut l'objet, après sa
mort, de la part de Joseph Scaliger, Etienne Pasquier,
Casaubon, Savaron, Passerat, etc., etc., ont été réunis, par
Paul de Reneaulme, dans un volume intitulé Amplissimi
viri Claudii Puteani tumulus (Paris, 1607, in-4), et
publiés ensuite dans la Vie de Pierre Dupuy, son fils.
DUPUY (Christophe), chartreux, fils aine du précédent,
né à Paris en 1579, mort à Rome le 28 juin 1654. 11
suivit à Home le cardinal de Joyeuse, en qualité de proto-
notaire. Il y était encore, lorsque la congrégation de l'Index
s'occupa de la première partie de l'Histoire de son ami le
président de Thou, et il obtin t qu'elle ne fûtpas condamnée.
Rentré en France, il se fit chartreux à Bourg-Fontaine. 11
dut à l'estime que le cardinal Barberini avait pour lui
d'être nommé procureur général de l'ordre et appelé à Home.
11 est l'auteur d'un recueil intitulé Perroniana qu'il avait
composé pendant qu'il était aumônier du roi, mais qui ne
fut imprimé qu'après sa mort (Paris, 1669, in-12) par les
soins de Daillé fils. C. C.
DUPUY (Pierre), historien français, garde de la Biblio-
thèque du roi, né à Agen le '27 nov. 1582, mort à Paris le
14 dcc. 1651 . Frère du précédent, il montra de bonne heure
un goût très vif pour les lettres et s'occupa particulièrement
de droit et d'histoire. Il accompagna en Hollande l'ambassa-
deur de France, Thumeri de Boissise, et continua, avec les
savants de ce pays, les relations de son père. En 1615, le
procureur général au parlement, Mathieu Mole, qui avait le
Trésor des chartes dans ses attributions, par suite de la réu-
nion à sa charge, en 1582, de celle de trésorier-garde des
chartes du roi, le choisit avec Théodore Godefroy pour
rédiger un inventaire de « tous les tillres et Chartres » qui
s'y trouvaient conservés. Son choix fut ratifié par arrêt du
conseil du 21 mai. Ils se mirent tous les deux à l'œuvre,
mais c'est à Pierre Dupuy qu'est due la partie la plus
importante du travail. Il ne lui fallut pas moins de
onze ans pour la mènera bonne fin. Le classement qu'il
établit dans les layettes du Trésor des chartes n'a pas été
modifié ; aussi peut-on toujours se servir de son Inventaire.
La minute et l'original de cet Inventaire sont aujourd'hui
à la Bibliothèque nationale (collection Dupuy, vol. 162-169,
et fonds français 21096-21 103). Il en a été fait de nom-
breuses copies. Pierre Dupuy fut employé avec Le Bret et
de Lorme à la recherche des titres qui pouvaient servir a
justifier les droits du roi sur les trois évêchés de Metz,
Toul et Verdun, et a combattre les usurpations des ducs de
Lorraine. Il s'occupa avec son frère Jacques et son ami
Nicolas Rigaull des éditions de l'Histoire de de Thou qui
furent publiées en 1620 et 1626. 11 est en outre l'auteur
des Mémoires et instructions pour servir à justifier
l'innocence de messire François -Auguste de Thou.
En 16i5, Pierre Dupuy et son frère Jacques acquirent de
ni i'i v
— 100 —
Nicolas Rigaull la charge de garde de la Bibliothèque du
roi. 1 1>. s'occupèrent d'abord îles manuscrits et en rédi-
gèrent le catalogue, l'année même de leur entrée en fonc-
tions. Deux exemplaires de ce catalogue sont aujourd'hui
conserves dans le t'omis latin, sous 1rs numéros 9.(52-9354
et 10366-10367. Voici <|in*!s sont ses principaux ou-
vrages : Traité des droits et des libertés de l'Eglise
gallicane avec les preuves (Paris, 1639,3vol. in-foL);
Histoire de l'ordre militaire des Templiers depuisson
établissement jusqu'à sa suppression, imprimée, en
1654, par Jacques Dupuy, dans le recueil intitule Traité
contenant l'histoire de France (in-4), et rééditée (»l u-
sieurs fois à part ; Histoire générale du schisme qui a
été dans l'Eglise depuis fS78 jusqu 'en I i"JS, imprimée
dans le recueil précédent et à part; Histoire du différend
entre le pape Boni face 17// et le roi Philippe le Bel
(Paris, 1655, in-fol.); Traité des régences et des majo-
rités des rois de France (Paris, 1655, in-4); Instruc-
tions et missives des rois de France et de leur s ambas-
sadeurs au concile de Trente (Paris, 1608, in-8); Recueil
des droits ilu roi (Paris, 1655,in-fol.); Histoire des plus
illustres favoris anciens et modernes (Leyde, 1059,
in-4). La vie de Pierre Dupuy a été écrite par Nicolas
Rigault, dans ses Vitœ selectœ aliquot virorum (Londres,
1(381, in-4). C. Coiderc.
DUPUY (Jacques), érudit fiançais, garde de la Biblio-
thèque du roi, frère du précédent, né en 1586, mort a
Paris le 17 nov. 1656. Il prit, comme on a pu le voir dans
la notice qui précède, une large part aux travaux de son
frère. Il publia ou réédita plusieurs de ses ouvrages. Les
quelques manuscrits que leur père leur avait laissés servi-
rent de noyau à la collection de deux cent soixante manus-
crits anciens qu'ils réussirent à former. Jacques Dupuy qui
en fut, comme dernier survivant, le dernier possesseur, les
légua au roi avec toute sa bibliothèque, par son testament
en date du 25 mai 1652. Il ne comprit pas dans cette
donation une énorme quantité de pièces juridiques, litté-
raires et historiques que son frère et lui avaient recueillies.
Il légua cette collection à de Thou qui la vendit, en
1680, au président Charron de Ménars. Elle passa ensuite
au procureur général Joly de Fleury qui la céda à la
Bibliothèque du roi, le 10 juil. 1754. Elle comprend neuf
cent quarante et un volumes. M. L. Delisle en a publié un
Inventaire sommaire dans le Cabinet historique (1882,
t. XXVIII, pp. 527-555). On a de Jacques Dupuy un
Index de tons les noms latinisés contenus dans V His-
toire de de Thon (Genève, 1614, in-4), qui a été réimprimé
sous le titre de Resolutio omnium difficultatum (Ratis-
bonne, 1696, in-4). Il a en outre rédigé avec son frère le
catalogue delà bibliothèque de de Thou, Catalogus biblio-
theem Thuance (Paris, 1679, in-8). C. C.
DUPUY, écrivain français du xvine siècle, secrétaire au
congrès de Ryswick. On peut citer de lui : Caractères,
sentiments et entretiens de deux personnes dont l'une
parle mal et écrit bien et Vautre parle bien et écrit
mal (1693, in-12): Dialogue sur les plaisirs, sur les
passions et sur le mérite des femmes (1717, in-12) ;
Essai hebdomadaire sur plusieurs sujets intéressants
(Paris, 1730, in-12); Instructions d'un père à son fils
sur la manière de se conduire dans le monde (1731,
in-12); Réflexions sur l'amitié (1728, in-12); Mytho-
logie (1731, 2 vol. in-12); Instructions d'un père à sa
fille (1784, in-12).
DUPUY (Louis), érudit français, né Chazey-sur-Ain le
23 nov. 1709, mort le 10 avr. 1795. Professeur de phi-
losophie dans les collèges des jésuites à Paris et philologue
distingué, il entra à l'Académie des inscriptions et belles-
lettres en l'.'iii et en devint secrétaire perpétuel en 1773.
Il dirigea pendant trente ans la publication du Journal des
Savants, publia les tomes XXXVI à XL du Recueil de
l'Académie des inscriptions auquel il donna une foule de
mémoires intéressants. On lui doit aussi un certain nombre
d'éloges d'académiciens, entre autres ceux de Eontenelle.
de Chesterfield, de Turgot. On peut encore citer de lui des
Réflexions critiques sur la méthode de l'abbé de l ille-
froij pour l'explication de ^ Ecriture sainte (Paris,
1755, ui-12) et une traduction du Théâtre de Sophocle
(1762).
DUPUY (André-Julien, comte), homme politique fran-
< ai . né il Brioude le 13 juin 1 7.Vi, mort a Paris le 6 jau\.
1832. Conseiller au Châtelet à Paris, il fut nommé en 1790
intendant général de l'Inde française, fui employé en 1802
aux négociations de la paix d'Amiens et le 9 vendémiaire
an Ml entra au conseil d'Etat. Le 28 mars 1806, il était
nommé sénateur et créé comte de l'Empire le 26 avr. 1808.
La Restauration, a laquelle il se rallia, lui donna la pairie
(4 juin 1814). Il occupa encore les fonctions de gouverneur
général des Indes de 1816 à 1826 et siégea à la Chambre
îles pairs jusqu'à sa mort.
DU PU Y (Alexis-Casimir), vétérinaire français, né à
Rreteuil (Picardie) le 27 sept. 177i, mort a Paris le
24 sept. 1849. Il fut nommé professeur de botanique et de
matière médicale à l'école d'Alfort en 1798 et élu membre
de l'Académie de médecine en 1 821. Il a écrit sur la morve
(1817, 1827), sur tarage (1830-34), et sur diverses épi-
zooties. Dr L. Un.
DUPUY (Jean-Raptiste-Edouard-Louis-Camille), musi-
cien et compositeur, né à Corselles, près de Neucbalel
(Suisse), en 1775, mort à Stockholm le 3 avr. 1822.
A seize ans, il était déjà maître de concerts du prince
Henri de Prusse à Rheinherg. En 1793, après avoir
parcouru l'Allemagne, il fut engagé comme chanteur à
l'opéra de Stockholm. En 1799, il gagna Copenhague,
où il se distingua non seulement comme musicien, mais
comme militaire; engagé volontaire dans le corps de dé-
fense de la place, alors assiégée et bombardée par les
Anglais (1801), il fut nommé lieutenant et déploya un
grand courage. En 1810, il retourna a Stockholm, après
avoir visité Paris ; en 1812, il y fut nomme mailre de cha-
pelle de la cour. Il composa trois opéras : Une Folie ;
Félicie et Bjorn Jarnsida, opéra suédois qui eut du
succès, et de nombreuses pièces diverses.
DUPUY (Charles-Hyacinthe), homme politique français,
né à Carpentras le 11 sept. 1804, mort le l,rfévr.l876.
Chef d'institution, il se lança dans le journalisme, collabora
au Progrès du Midi, au Censeur de Lyon, fonda ['Ami
des instituteurs et des élèves, le Semeur républicain,
le Suffrage universel, la Feuille de Jean-Pierre André,
qui obtint un vif succès dans la Vaucluse et les départe-
ments environnants. Il fut élu le 2 juil. 1871 représentant
de Vaucluse à l'Assemblée nationale où il fit partie de
l'union républicaine et combattit le ministère de Rroglie.
On a de lui : Grammaire latine élémentaire comparée
avec la grammaire française (Paris, 1841. in-12);
Grammaire latine raisonnee (Lyon. 1851. in-8).
DUPUY (Jean-Charles-Pierre), ingénieur français, né a
Saurnur le 4 juin 1826. Il appartient au corps des ponts et
chaussées avec le grade d'inspecteur général. Il a construit
un grand nombre de chemins de fer dans l'ouest de la
Erance, et est l'inventeur d'un instrument destine à mesurer
le travail du fer dans les ponts métalliques (Annales des
vonts et chaussées de 1877). On cite son viaduc de
l'Erdre, magnifique ouvrage sur lequel il a donné un mé-
moire aux Annales de 1879. V. aussi dans le même
recueil, année 1880, sa note Sur le Raccordement des
courbes arec les alignements droits dans le tracé des
chemins de fer; c'est un travail du plus haut intérêt
pratique. M.-C. L.
DUPUY (Paul), médecin philosophe, né a l.amonzie-
Saint-Martin (Dordogne) en 1S27, d'une vieille famille
protestante. Fils, petit-lils et arrière-petit-fils de médecins,
il l'ut reçu interne des hôpitaux de Paris en 1853, obtint
la médaille d'or (1856), et se fixa à Bordeaux en 1859 pour
y exercer la médecine. Mais il prêtera bientôt l'enseigne-
ment, et professa dès 1804 la pathologie interne comme
suppléant dans la même chaire dont il est resté titulaire
101 —
DUPUY
lors de la traiist'oniKition de l'école de médecine de Bor-
deaux en faculté (iSTSi De is: ; « [888, il a été conseil-
ler municipal de Bordeaux, particulièremenl occupé des
questions d'hygiène, de police sanitaire, d'assistance pu-
blique, auxquelles il a consacré d'importantes études. Les
autres travaux de M. P. Dupuy, très nombreux, se rap-
portent les uns à la philosophie scientifique, les autres à
la philosophie pure et a la sociologie. Il débuta en 1862
par un Essai de philosophie médicale et un examen
critique de ta Métaphysique et la science de Vacherot,
dans la Revue théo logique de Strasbourg. De 1862 à
l*7i>. il donna dans la Gazette médicale de Paris une
série d'études sur le mouvement musculaire et la question
delà thermo-dynamique animale : contre la théorie alors
en laveur, bien qu'aujourd'hui un peu abandonnée, il sou-
tenait que la loi de l'équivalence des forces, de la transfor-
mation de la chaleur en mouvement et vice versa, ne rend
pas compte îles rapports de la contraction musculaire
avec la chaleur animale. Dans le Journal de médecine de
Bordeaux, il a écrit notamment sur la Méthode expéri-
mentale d'après Cl. Bernard et sur le Sommeil, étude
psycho-physiologique dans laquelle l'automatisme mental
est mis en relief, mais « la loi d'invariable séquence » est
combattue comme trop absolue, des idées apparaissant
parfois subitement dans la conscience sans aucun lien avec
celles qui les précèdent. Les écrits purem nt philosophiques
et sociaux de M. Dupuy sont: De lu Nécessité des études
métaphysiques; Du Rôle de la méthode métaphysique
dans les connaissances humaines; Essai sur les caté-
gories; Cause, forée et loi: le tout dans les Actes de
VAcadémiede Bordeaux; Du Libre Arbitre (Paris, 1870,
in-8), 00 il soutient que l'impression est la condition, mais
non la cause du phénomène moteur, même du pur réflexe,
que l'idée à plus forte raison sollicite une activité qu'elle
ne produit point et qu'il n'y a par conséquent ni détermi-
nisme rigoureux dans les vivants, ni déterminations morales
exactement nécessaires. L'intérêt de ces études est dans
l'appui apporté par un médecin aussi savant qu'indépen-
dant à une philosophie peu en crédit en général parmi les
savants et les médecins. Mentionnons encore : De l'Ensei-
gnement supérieur en France; Des Universités régio-
nales; Etioles politiques (Paris, 1874, in-8); le Vrai
Péril social (ibid., 1878); De la Question sociale en
France (Bordeaux); De la Démocratie en France (Paris,
188-2, in-8). H. M.
DUPUY (Charles-Ernest), universitaire et écrivain con-
temporain, né à Lectoure (Gers) le 20févr. 1849. Il lit ses
études au lycée Saint-Louis et entra à l'Ecole normale en
'. Igrégé en 1873, il enseigna la rhétorique dans
divers lycées de province et en dernier lieu à Bordeaux,
d'où il fut appelé à Paris. Il était professeur au lycée
Henri IV quand il fut choisi comme candidat au conseil
supérieur de l'instruction publique par les agrégés des
lettres animés de l'esprit de réformes; mais la tendance
inverse l'emportait alors et il échoua. M. Lockroy, ministre
de l'instruction publique, le prit peu après pour son chef
de cabinet (juin 1888). Il ne reçut pas en cette qualité la
croix de chevalier de la Légion d'honneur, préférant faire
attribuer à un professeur celle qu'on lui offrait; il ne fut
décoré qu'après avoir repris sa chaire à Henri IV. M. Du-
puy est inspecteur de l'académie de Paris depuis 1889.
II a publié : les l'argues, poème (Paris, 1884, in-l"2);
les Grands Maîtres de la littérature russe (ibid., 1885,
in-I-2) ; Victor Hugo, l'homme et le poète (ibid., 1887,
in-12; 2 éd. augmentée, 1890). 11. M.
DUPUY (Charles-Alexandre), universitaire et homme
politique, né au Puy le •'> nov. 1851. II achevait au lycée
Charlemagne ses études commencées au Puy, quand éclata
la guerre de 1870, qu'il fit comme engagé volontaire au
7e d'artillerie. Il fut mailre répétiteur au lycée du Puy,
d'avr. 1X71 a nos. 1X72, bien qu'il eût pris sa licence
es lettres à Lyon dès nov. 1871. Nommé successivement
professeur aux collèges de N'antua et d'Aurillac, puis chargé
de cours de philosophie au lycée d'Aueh, il revint en cette
qualité an lycée du Puy (avr. 1875), qu'il quitta pour celui
de Saint-Etienne en 1879, après son succès à l'agrégation
de philosophie. Passant ensuite dans l'administration, il fut
inspecteur d'académie à Monde (sept. ISSOà avr. 1881),
puis à Caen (avr. 1881 à nov. 188,'!), et enfin vice-recteur
a Ajaccio, jusqu'aux élections d'oct. 1885. Elu député de
la Haute-Loire le premier de la liste, au deuxième tour de
scrutin, il fut, à la Chambre, membre de la commission
permanente de l'enseignement, et prit une part active a la
préparation et a la discussion de la loi organique de l'en-
seignement primaire et de la loi sur le traitement des ins-
tituteurs. Il parla aussi dans la discussion de la loi mili-
taire, dans celle des budgets de l'instruction publique, de
la marine et des colonies. Le 22 sept. 1889, il fut réélu
député par la première circonscription du Puy, avec 2,733
voix de majorité sur son concurrent clérical, M. de La Bâtie.
Membre delà commission de l'armée et de celle du budget,
celle-ci le nomma rapporteur du budget de l'instruction
publique pour 1891 et de nouveau pour 1892. IL M.
DUPUY de Lôme (Stanislas - Charles - Henri -Laurent),
ingénieur de la marine française, né dans la propriété de
Soye, près de Plœmeur (Morbihan), le 15 oct. 1816, mort à
Paris le 2 févr. 1885. Il fit faire des pas de géant à l'archi-
tecture navale, et l'on peut dire que trois faits mémorables
dominent sa carrière si bien remplie: l°la construction du
Napoléon ; 2° la construction de la Gloire; 3° la direction
des aérostats. Entré à l' Ecole polytechnique en 1835, il en
sortit dans le génie maritime et parcourut rapidement les
divers degrés de la hiérarchie. En 1842, il reçoit la mission
d'aller étudier en Angleterre les procédés en usage pour la
construction des bâtiments en fer. M. Lavid, de Liverpool,
premier constructeur de cette époque, essaya vainement
de se l'attacher en lui faisant des propositions brillantes.
A sa rentrée en France, il exposa (1845), dans un mémoire
resté célèbre, les procédés anglais, passant en revue les
avantages et les inconvénients des constructions navales
en fer, la sécurité que donnait l'emploi de ce métal,
l'hygiène à adopter à bord de cette classe de bâtiments et
l'influence de ces masses de fer sur les compas. Puis
il mit sur les chantiers le Caton et VAriel, premiers
bâtiments en fer de la flotte. Ce dernier, lancé en 1849,
filait II nœuds 12. C'était le [dus rapide des navires de
cette taille. On peut donc dire que Dupuy de Lôme eut une
très grande part à l'exécution en France des premiers
bâtiments en fer.
Lorsque la vapeur eut acquis droit de cité, les Anglais
entreprirent la transformation de leurs vaisseaux à voiles
en vaisseaux à vapeur à petite vitesse. Dupuy de Lôme
résolut de faire mieux et de construire des bâtiments assez
rapides pour atteindre les paquebots; en d'autres termes il
se proposa d'allier à une grande vitesse à la vapeur, toute
la puissance (en ce qui concerne le combat) que possédaient
les anciens vaisseaux. A trente ans, en avr. 1847, il pré-
senta les plans d'un bâtiment conçu dans cet ordre d'idées,
le Napoléon, vaisseau à hélice, rapide, armé de quatre-
vingt-dix canons. Dans ce type, resté l'un des spécimens
les plus parfaits de l'art naval, le jeune ingénieur réduisait
la voile au rôle de simple auxiliaire de la vapeur. Le Napo-
léon marquait donc une transformation complète, aussi
bien du matériel que des conditions de la guerre navale :
une escadre composée de vaisseaux de l'espèce, vraiment
maltresse de la mer, pourrait bloquer effectivement une
côte et faire réussir des opérations que l'on n'eût pas même
osé tenter au temps de la marine à voiles. « Je suis con-
vaincu, disait M. Dupuy de Lôme dans son rapport, que,
en adoptant de plus grandes longueurs que celles de nos vais-
seaux à voiles, en affinant les lignes del'avant, en appropriant
les formes de l'arrière à l'emploi des hélices, on peut cons-
truire des vaisseaux éprouvant moins de résistance à la
m irche, avec beaucoup plus de déplacement que les anciens.
Je crois que ces bâtiments, portant le même équipage et la
même artillerie, fileront au moins 11 nœuds et porteront
DUPUY
— 10^2 —
sept jours de combustibles ;i toate vitesse, M vingt-huit
ou trente jours a vitesse rédoite. »
Malgré ['opposition des conseils, le Napoléon tu\ mis en
chantier à Toulon en 1848 el lancé le 16 mai 1850. Ses
essais justifièrent pleinement les prévisions de l'ingénieur:
on obtint la vitesse de t.! nœuds 80, sur le parcours de
Marseille à Toulon. Le vice-amiral de La Susse, comman-
dant en chef de l'escadre, disait de ce nouveau navire :
« Le Napoléon est aujourd'hui le premier vaisseau à
vapeur de l'Europe. » L'Académie des sciences décerna, en
tevr. IN'ii, à M. Dupuy de Lôme, le prix fondé pour le
« travail ou mémoire qui ferait faire le plus grand progrès
à l'application de la vapeur à la navigation et à la force
navale». Le Napoléon ne tarda pas à faire ses preuves en
remorquant la Ville-de-Paris dans les Dardanelles, malgré le
vent, la mer, le courant, tandis que la flotte anglaise atten-
dait dans la haie de Bésika le retour du beau temps pour
remonter à son tour. Plus tard, on vit encore le Napoléon
remonter les Dardanelles en remorquant quatorze grands
navires chargés de troupes et de munitions. Le nom de
Dupuy de Lôme devint célèbre. Tous les ports mirent des
Napoléons sur les chantiers, et l'auteur proposa de trans-
former en bâtiments à vapeur les vaisseaux à voiles en
chantier. Son procédé était des plus simples : après avoir
coupé le navire en deux, il faisait glisser l'arrière sur la
cale de la quantité nécessaire pour loger la machine et les
chaudières ; puis il reliait ensemble les deux fractions. Le
résultat fut excellent. Les premières batteries flottantes
tirent leur apparition pendant la guerre de Crimée. Dans
la journée du 18 oct. 1855, la Lave, la Tonnante et la
Dévastation démantelèrent en quelques heures le fort de
Kinburn, sans avoir souffert elles-mêmes aucun dommage.
Mais ces batteries, entièrement dépourvues de qualités nau-
tiques, n'avaient qu'une vitesse très médiocre. M. Dupuy
de Lôme songea à construire de véritables bâtiments de
mer protégés par une armure qui les mettrait à l'abri des
obus, et il dressa des plans dans ce sens. Sur ces entre-
faites, l'empereur, accompagné du ministre de la marine,
vint visiter Toulon, où M. Dupuy de Lôme exerçait les
fonctions d'ingénieur de lre classe. Le ministre présenta à
Napoléon III les autorités du port et, quand vint le tour
de l'ingénieur éminent qui fait l'objet de cet article, il le
qualifia comme il suit : « Directeur des constructions na-
vales, directeur du matériel au ministère de la marine. »
M. Dupuy de Lôme apprit ainsi, de la façon la plus inat-
tendue, sa double nomination. 11 entra en fonctions à Paris,
le 1er janv. 18o7 : il avait quarante ans. On entreprit sans
tarder des expériences en vue de déterminer l'épaisseur
des plaques métalliques à adopter, leur mode de tenue sur
le matelas de bois et leur système de fabrication. Enfin, en
1858, on mit en chantier la Gloire, ['Invincible et la
Normandie . En demandant les crédits nécessaires à ces
constructions, Dupuy de Lôme avait dit : « Un seul bâti-
ment de cette espèce, lancé au milieu d'une flotte entière
d'anciens vaisseaux, y serait comme un lion au milieu d'un
troupeau de moutons. » L'avenir confirma pleinement cette
audacieuse prophétie, et l'apparition de ce premier type de
frégate cuirassée provoqua une révolution universelle. La
Gloire, mise à l'eau le "24 nov. 18o9, avait 6 m. de plus
quelo Napoléon ; son tonnage était augmenté de 500 tonnes,
et, si la force de la machine restait la même, la surface
de voilure diminuait de 1,400 m. q. et l'équipage de
27o hommes; enfin, le poids de la cuirasse atteignait 820
tonnes ; elle filait 13 nœuds 1/2. Voici l'avis ae l'a-
miral Bouèt-Willaumez sur les essais de cette première
(régate cuirassée : « Elle a parcouru pendant ses essais
1,100 lieues marines. Ce qui ressort évidemment de ces
expériences à la mur, c'est que d'abord la Gloire est un
bâtiment de mer comme un autre, supérieur même à bien
d'autres sous plus d'un rapport, ce qui fait tomber l'écha-
faudage de suppositions timorées qui s'était élevé contre ce
nouveau spécimen aussi hardi que pratique de notre future
flotte de combat. »
Notre seconde (régate cuirassée, lu Normandie, iden-
tique a la Gloire, est allée an Mexique en iXt'rl : c'est la
première frégate cuirassée qui ait traversé l'Océan. On
remarquera que tous ces cuirassés étaient en bois, parce
que les (armes de f'T se salissent rapidement et que nous
n'avions pas a cette époque des bassins de radoub di
minés dans toutes les mers du globe. D'autres frégates du
même type suivirent et l'on constitua ainsi nne Hotte supé-
rieure a toutes les autres, par l'homogénéité, la vitesse et
la faculté d'évolution. Grâce à Dupuy de Lôme, qui
avancé dans des voies non frayées, la marine cuirassée a
conquis sa place dan- le monde. La France, la première,
a réuni en 1803 une escadre cuirassée qui a navigué
dans l'Océan, cherchant, pour faire des essais sérieux,
les plus mauvais temps d'octobre et de novembre. Ij
fièvre de la construction s'empara de toute l'Europe. Chaque
puissance s'efforça de regagner l'avance que notre i
nieur venait de conquérir à notre matériel naval. Sur tous
les chantiers, on construisit des cuirassés sur les données
de la Gloire.
En 1870, comme membre du comité de la défense de
Paris, il rendit des services fort importants et, de concert
avec M. l'ingénieur Zèdé , il fit faire, en 1872, le premier
pas à la direction des aérostats. Pendant le siège, il sortit de
Paris soixante-six ballons portant à nos départements quatre-
vingt-onze passagers et 0,000 kilogr. de dépêches. Cinquante
d'entre eux seulement réussirent à prendre terre dans les
départements français dégagés de l'ennemi. C'est là un
résultat considérable ; mais, quels eussent été les ser-
vices rendus par les ballons s'ils avaient été dirigeables !
M. Dupuy de Lôme porta donc ses investigations dans
cette voie. Il savait que Joseph Hontgolfier avait cherché
les moyens de donner aux aérostats une vitesse horizontale
qui leur fût propre, par rapport à l'air qui les porte. Mais,
jusqu'à lui, on se laissait aller à la merci des vents, et l'on
se disait comme cet aéronaute qui avait pris des passeports
pour tous les pays du monde : « Je ne sais où j'irai prendre
terre. » En vue de maintenir la direction de l'aérostat sen-
siblement en ligne droite, M. Dupuy de Lôme adopta une
forme oblongue et, pour que le ballon restât gonflé malgré
les déperditions de gaz accidentelles ou voulues, il imagina
d'introduire de l'air atmosphérique dans un petit ballon
logé à l'intérieur du grand. La première ascension à laquelle
assistait M. Dupuy de Lôme eut lieu le 2 févr. 187J.
L'aérostat s'éleva à 1,020 m.; l'hélice, mue à bras par
huit hommes, imprimait à l'ensemble de l'appareil la vitesse
de 10 kil. 1/4, par rapport à l'air ambiant, et, quand l'hé-
lice fonctionnait, on maintenait le cap dans une direction
déterminée. En 1877, on reprit ses expériences. On de-
manda la force motrice à l'électricité ; on s'efforça de rendre
la machine légère. Mais il est impossible de ne pas recon-
naître que M. Dupuy de Lôme fit faire le premier pas à la
direction des ballons.
En 1869, Dupuy de Lôme avait été nommé député du
Morbihan par 20,617 voix sur 24,079 votants, et. le
10 mars 1877, il remplaça comme sénateur inamovible
le général Changarnier. En cette qualité, il défendit devant
la Chambre haute la situation de la marine marchande et
contribua au vote des primes en faveur de nos marins. Il fit
faire également les plus grands progrès a la construction
des paquebots. En ce qui concerne la flotte de guerre,
Dupuy de Lôme s*e-t montré un novateur hardi et plein
de clairvoyance. Eu créant la marine de l'avenir, en
obligeant iouies les puissances à prendre comme modèles
les types qu'il créait de toutes pi ces, il a contribué à
grandir la patrie. Dupuy de Lôme restera une des gloires
de la France.
D U P U Y— 1>imihir tes (Jean-Baptiste), littérateur français,
mort à Paris en 1770. On peut citer de cet écrivain très
fécond et qui a abordé un peu trop de genres pour se dis-
tinguer en aucun : Parallèle delà Sémiramis de Vol-
taire avec celle de Crébillon (Amsterdam, 1748, in-8):
le Souper poétique (17 '.s, in-8); Histoire générale au
- 103 —
DUPFY — DUQUE
Pont-Neuf {bonites, 1750. in-8); Histoire du minis-
tère de Robert Walpole (Amsterdam, 1764. S vol. in-lS);
7/-(i/Y<- historique et moral du blason (1754. -2 vol.
in-12); le Printemps (1747, in-12), comédie; Paral-
lèle ae Catilina et de Rome sauvée (47S2, in-12); des
traductions du Gentillioxime cultivateur déliâtes (1761,
S vol. in-4), du Gentilhomme maréchal de Barthelet
(47S6, S vol. in-12), etc.
DUPUY des [suets (Le chevalier), poète traînais, né à
Saint-Domingue vers 1770. morl en 1831. Chevaa-lëger
dans la garde royale, il èmigra en 1791 et servit dans
ramée des princes, puis il s'établit en Angleterre. De
retour en France sous le Directoire, il fut nommé en
1844 major de cavalerie. 11 était parent de l'impéra-
trice Joséphine. Sans convictions politiques, il chanta tour
a tour Napoléon et les Bourbons. On peut citer de lui :
Examen critique du poème de la Pitié de J. Delille
(Pans, an M, in-8), de nombreuses poésies éparpil-
lées dans YAlmanach des Muses et autres recueils ana-
logues, un dithyrambe sur la naissance du roi de Home,
des stances sur la naissance du duc de Bordeaux, etc.
Il collabora à ['Observateur et rédigea dans la Gazette
de France un feuilleton dramatique. Il donna aussi les édi-
tions des Œuvres poétiques de Boileau, des Œuvres de
J.-J. Rousseau.
D U PU Y-Dctemps (Ludovic), homme politique trançais,
né aux Cabannes (Tarn) le S janv. 1847. Avocat à Gail-
lac, maire de cette ville depuis 1881, conseiller général
du Tarn depuis 1883, il a été élu député de Gaillac au
deuxième tour de scrutin, le G oct. 1889, par 9,908 voix
contre 6,836 à M. de Montebello, boulangiste. Son pro-
gramme le classe parmi les radicaux.
DUPUYTREM (Raymond), homme politique français, né
le 9 sept. 1863. Grand propriétaire dans la Vienne, il a
été élu député de Poitiers, le ~lï sept. 1889, avec un pro-
gramme monarchiste et révisionniste. Son élection fut
invalidée par la Chambre le 30 nov. 1889, mais il fut
réélu, le 18 janv. 1890, par 8.307 voix contre 8,008 à
son concurrent républicain Bazille.
DUPUYTREN (Guillaume), célèbre chirurgien français,
né à Pierre-Buftière (Haute-Vienne) le 6 oct. 1777, mort
à Paris le 8 févr. 1835. Il étudia à Paris, fut prosecteur à
dix-huit ans et chef des travaux anatomiques à vingt-
quatre ans (1801) ; en 180-2, il fut nommé chirurgien se-
cond à l'Hotel-Dieu, en 1808 chirurgien en chef adjoint,
et en 1815 chirurgien en chef ; en 1812, il enleva au
concours la chaire de médecine opératoire. Après l'assas-
sinat du duc de Berry, Louis XVIII le choisit pour son
Îiremier chirurgien. A trente ans, Dupuytren était déjà cé-
èbre, mais il n'était pas encore populaire ; doué d'une
volonté implacable, d'un désir impétueux d'arriver au pre-
mier rang, il brisa sur son passage tous ceux qui lui faisaient
obstacle et se fit un grand nombre d'ennemis ; mais sa
supériorité était telle, il porta si haut la chirurgie française
que la popularité lui vint par surcroit, et qu'aujourd'hui
on a oublié ses erreurs et ses injustices ; quoique honni et
criblé d'épigrammes par ses victimes et ses ennemis, il
monta toujours davantage. C'est que Dupuytren fut un opé-
rateur hors de pair, qui ne laissa jamais voir la moindre
indécision, en même temps qu'il fut un professeur de cli-
nique incomparable. Sans laisser de grandes découvertes,
il a perfectionné toutes les parties de la chirurgie : parlant
bien, écrivant mal, il a pendant trente ans tenu le sceptre
de l'enseignement chirurgical en France, mais n'a presque
pas laissé d'écrits ; en revanche, il a peuplé son pays de
praticiens habiles, instruits et prudents. Dupuytren fut le
plus grand chirurgien des temps modernes ; quant a ses
vices de caractère et i ses fautes, il les a expiés par une
vie de malheur ; nous n'insisterons pas. Ses élèves ont
publié ses Leçons orales de clinique chirurgicale (Paris,
1832, 0 vol. in-8) ; Traité théorique et pratique des
blessures par armes de guerre (Paris, 1831, i vol.
in-8), etc. Dr L. Un.
Pilules de Dupuytren. — Préparation qui a pour baso
le sublimé corrosif . voici sa composition :
Sublimé pulvérisé 0,20
Extrait d'opium 0,40
Extrait de gaïac 0,80
On fait un mélange homogène qu'on divise en vingl pilules;
chacune d'elles renferme un centigr. de sublimé et deux
eenligr. d'extrait d'opium. Ces pilules sont une imitation
des pilules majeures d'Hofmann, qui contiennent do
sublimé et de la mie do pain. Par suite de la réduction
lente du chlorure mercurique au contact des matières orga-
niques, on ne doit faire ces préparations qu'au moment du
besoin. Ed. Bourgoin.
DUQU E Cohxkjo (Pedro), sculpteur espagnol, néà Séville
en 1077, mort à Cordoue en 1757. Flève du sculpteur Pedro
Boldan, il délaissa de bonne heure le style simple et sobre
de son maître pour adopter la manière tourmentée et le
goût des ornements baroques, propagés en Andalousie par
divers architectes. Quand, en 1700, Geronimo Barbas
(V. ce nom) construisit l'immense retable du Sagrario,
dans la cathédrale de Séville, et quand Luis de Vilches
refit les grandes orgues qui sont au-dessus du chœur, en
1 724, c'est à Duque Cornejo que fut spécialement confiée
l'exécution de leur décoration sculpturale. L'artiste traita
avec soin certaines parties de ces reliefs : ses carnations
ont de la moibidesse et ses draperies de l'élégance ; mais
toutes ses ligures affectent des attitudes contournées, presque
violentes, qui s'accordent, du reste, avec l'extrême et bi-
zarre abondance de l'ornementation. Tout ce que le mau-
vais goût, abandonné à lui-même, peut inventer de plus
étrange, Duque Cornejo s'en fit, à partir de sa collabora-
tion avec Barbas et Vilches, le propagateur en sculpture
décorative. Dans les travaux qu'il exécuta, en 1725, à la
chartreuse du Paular, il donna libre carrière à son imagi-
nation exubérante et dévoyée ; mais ces excès faisaient
alors fureur dans toutes les branches de l'art, et Duque
Cornejo, en les mettant en pratique, s'acquit une véritable
célébrité. Aussi, quand Philippe V visita Séville, la reine,
enthousiasmée des ouvrages de l'artiste, le nomma son pre-
mier sculpteur. II vint alors à Madrid avec la cour, y fit
quelques ouvrages, puis, n'ayant pas obtenu le titre de
sculpteur de cainara qu'il sollicitait, il revint à Séville où
l'appelaient de nombreux travaux, des constructions et des
décorations de retables pour diverses églises et communautés
religieuses, et, encore, commandes dégroupes et de statues
de saints, en toutes matières, tantôt peintes au naturel,
tantôt destinées à être revêtues de costumes, lors des pro-
cessions. Appelé à Grenade, il y exécuta, pour la chapelle de
Notre-Dame des Angustias, les statues qui la décorent.
Peu après, il passa à Cordoue, où le chapitre de la cathé-
drale lui confia la décoration sculpturale des stalles du
chœur et des pupitres, tout en bois d'acajou. Après
avoir terminé ces ouvrages, ornés, ou plutôt surchargés
de médaillons et de motifs d'une trop grande richesse,
Duque Cornejo s'éteignit à Cordoue; le chapitre, recon-
naissant envers son sculpteur, lui fit de somptueuses funé-
railles et lui accorda d'être enterré, entre le chœur et la
chapelle principale, dans la cathédrale même ; une plaque
de marbre, relatant les mérites de l'artiste, marque l'en-
droit de sa sépulture. Dessinateur habile, fécond en inven-
tions décoratives, Duque Cornejo fit, pour les orfèvres, les
brodeurs, etc., une foule de modèles qu'il traçait à la plume
sur papier blanc, les rehaussant d'encre de Chine avec une
grande légèreté. Il est aussi l'auteur d'une eau-forte, re-
présentant saint Dominique de Silos, accompagné de divers
autres saints. P. Lkfoht.
DUQUE de Estrada (Diego), écrivain et homme poli-
tique espagnol, né à Tolède en 1589, mort après 1047,
probablement en Sardaigne. Orphelin dès l'enfance, il reçut,
par les soins d'un tuteur, une brillante éducation et eut
une vie agitée, dont il nous a raconté lui-même les aven-
tures dans un très curieux livre demeuré longtemps iné-
dit; il est intitulé Comentarios del desenganado de si
DU,! E - Dlyi ESN1
- 104 -
mtsmo, pruebade todos estados, y élection dei mejor
de ellos et ;i été publié avec dea notes de Gayancos dans
le Mémorial historico de la Académie, de la nistoria
(Madrid, 1860, in-S). Noua savons par le témoignage de
Dnque lui-même qu'il avail composé de nombreuses pièces
de vers el dix-sept comédies dont il donne les litres; (il u—
sieurs étaient la mise à la scène îles aventures qu'il avait
eues. Il reste de lui, comme œuvres poétiques, un petit
recueil, Octavas rimas d la insigne Victoria que la
serenissima Altexa del principe Filiberto ha tenido,
conseguida par al excelentissimo sehor marquée de
Sauta Crus... (Messine, 1024, in-4).
DUQUE y Doque (Eugenio), sculpteur espagnol contem-
porain, né à Almonacid. province de Tolède. Elève de
Piquer et des cours de l'Académie de San Fernando, pen-
sionné par le conseil de sa province natale, il a commencé
d'exposer à Madrid en 1800. Ses principaux ouvrages
sont: la Mort de Caton ; les statues du Cardinal Cis-
neros et d'Alphonse le Sage;\es bustes ù'Adelina Patti,
de Calderon de la Barca, de la Marquise de la Vega île
Armiio, du Roi Amédée et un projet de monument à
F. Luis de Léon.
DUQUESNE (Fort). Enceinte fortifiée ou les Français
tinrent garnison en 1753, au début de la guerre entre le
Canada et les colonies anglaises, au point où les rivières
Alleghany et Monongahela se réunissent pour former
l'Oliio (Etats-Unis). Les Anglais s'emparèrent de ce fort
en 4760 et lui donnèrent le nom de Pitt. Sur l'emplace-
ment du fort Duquesne s'éleva dès 1790 la ville de
Pittsburg (V. ce mot). Aug. M.
DUQUESNE. Village d'Algérie, dép. de Constantine,
arr. de Bougie, à 9 kil. au S. de Djidjeli, créé sur des
terres séquestrées des tribus révoltées en -1 871 ; 2.527 hab.
dont 202 Français. Situé dans une région riche en oliviers
et chênes lièges, où le sol est fertile, il a prospéré rapi-
dement et est le ch.-lieu d'une commune de plein exer-
cice qui comprend les annexes de Chadia et M'radet
Moussa. E. Cat.
DUQUESNE (Abraham), amiral français, né à Dieppe
en 1610, mort à Paris le 2 févr. 1688. Il était fils d'Abra-
ham Duquesne, marin et marchand, et de Marthe de Caux ;
les Duquesne étaient protestants et Marthe de Caux avait
adopté la religion de son mari. Dès 1617, le jeune Abraham
fut lieutenant de son père sur le Petit Saint-André qui
servait d'éclaireur à la flotte française ; son père, étant
tombé malade, il en prit le commandement, et enleva d'as-
saut un navire hollandais, le Berger, qu'il l'amena à
Dieppe et qui lui fut adjugé par le Parlement. En 1635, il
commanda le Neptune dans la Méditerranée et fit partie
de l'armée navale qui, en 1636, opéra le recouvrement des
iles de Lérins sur les Espagnols. On retrouve Duquesne
devant Fontarabie en 1638, sur le Saint-Jean, puis en
1639 à la prise de Laredo, en Biscaye. Il y commanda le
Maqnedo, bâtiment espagnol pris à l'ennemi, sur lequel il
fut blessé. En 16-41, avec un petit flibot, il dégagea une
barque française capturée par quatre galères espagnoles ;
la même année, sur les côtes de Catalogne, il fit subir de
rudes échecs aux bâtiments espagnols. Il se distingua le
9 août 1643 devant Barcelone, puis le 3 sept., sous le cap
de Cata, où il fut blessé. En 1644, Abraham Duquesne ne
se trouvant pas employé par son pays, sollicita du cardi-
nal Mazarin la permission d'aller servir la Suède qui en-
trait en guerre avec le Danemark. Il fut admis dans la
marine suédoise en qualité de capitaine de vaisseau ; son
plus jeune frère, qui l'accompagnait, reçut aussi un grade.
A la suite des combats auxquels il prit part, Abraham
Duquesne obtint le 14 sept, suivant le brevet d'amiral-
major. Il se trouvait comme commandant du liegina à la
bataille navale de Femeren (13 oct. 1644), qui fut une
défaite pour la Hotte danoise. Son frère Jacob, qui s'y riait
distingué aussi, fut nommé capitaine de vaisseau. La paix
ayant été signée en 1045, Duquesne rentra en France. Il
fut nommé chef d'escadre et, en 1647, retourna en Suède
d'ou il ramena des \aisseaux eédél pu • t |>a\s a la France.
Pendant la Fronde, il commanda quelques vaisseaux du
roi envoyeecontre Bordeaux révolté. Vers 1650, Duquesne
épousa Gabrielle il'- Bernières.
Duquesne était depuis (667 lieutenant général dea ar-
mées de mer, braque, en 1072, la guerre roi déclan
Hollande. Après uni' courir disgrâce, dm- .i des difficultés
qu'il eut avec le comte d*Estrée8, disgrâce qui l'empêcha
île servir sous cet amiral dans la Hanche, il fut envoyé en
janv. 1075 dans les mers de Sicile gons les ordres dû duc
de Vivonne. Il devait rencontrer la comme adversaire le
célèbre amiral hollandais Ruyter. Le 11 janv., un
grment eut iieu [ires de Stroinlioli, et la flotte hollandaise
fut défaite. Le 17 août suivant, Duquesne montra égale-
ment une vigueur remarquable à la prise d'Agosta. Au
commencement de l'année suivante, les deux adversaires
se retrouvèrent en présence. La rencontre eut lieu le
8 janv. 1676 vers l'île de Salina, au N. de Lipari. non
loin des iles Alicudi et Filicudi. La Hotte hollandaise
fut mise en déroute après une résistance opiniâtre. Du-
quesne fut blessé à la jambe par un éclat de bois ; gi
cette victoire, il put opérer sa jonction avec l'escadre du
lieutenant général d'Alméras. Un peu plus lard, le duc de
Vivonne, bloqué devant .Messine, céda le commandement de
l'armée navale à Duquesne. Celui-ci se retrouva le 22 a\r.
en face des flottes espagnole et néerlandaise reunies devant
Syracuse, entre Catane et Agosta. Ce fut un combat furieux
d'où la flotte française sortit victorieuse. L'amiral Huvter
y fut atteint par un boulet et mourut peu après. Duquesne
se porta ensuite vers la haie de Messine où un engagement
eut lieu le 2 juin. Après ces opérations, il fut envoyé à
Toulon par le duc de Vivonne pour chercher des troupes
de renfort. En 1681, Duquesne, ayant acheté de la mar-
quise de Clérembault la baronnie du Bouchet, près
d'Etampes, reçut, à cette occasion, une gratification du roi,
et la terre du Bouchet fut érigée en marquisat, mais à la
condition que ni Duquesne ni ses descendants n'y exerçassent
le culte calviniste. Sa qualité de protestant l'empêcha de
recevoir du roi tous les honneurs dont il était digne. En
1680 et 1681, Duquesne avait été envoyé dans la Médi-
terranée contre les corsaires de Tripoli; en 1682, il bom-
barda Alger. En 1683, il commanda une nouvelle expédi-
tion contre Alger, et, en 1684, il bombarda Gènes qui dut
subir des conditions humiliantes. Ce fut cette année que
finit la carrière active de Duquesne : il mourut en 1688
d'une attaque d'apoplexie. Gustave Regelsperger.
Bihl. : Jal, Abraham Duquesne el la marine de son
temps ; Paris, 1873, 2 vol. in-S.
DU QU ESN E (Henri, marquis), baron d'AiBO.sxE, mili-
taire et homme politique genevois, né en 1652, mort à
Genève le 14 nov. 1722. Fils aine du précédent, il entrait
à quatorze ans comme enseigne dans la marine française.
A vingt-trois ans, il était déjà capitaine de vaisseau et en
cette qualité il se distingua contre les (lottes espagnoles et
hollandaises. Au combat de Catane, il prit un vaisseau à
l'ennemi et fut grièvement blessé. En 1683 il se distingua
au bombardement d'Alger. Les persécutions contre ses
coreligionnaires, les réformés, le décidèrent à quitter le
royaume avec l'autorisation de Louis XIV. Il vint habiter
le pays de Vaud et acheta, en 168S, la baronnie d'Aubonne.
Après la révocation de l'édit de Nantes il voulut fonder
dans l'île Bourbon une république de réfugiés sous la
suzeraineté hollandaise. Dix vaisseaux furent équipés dans
ce but. Tout était prêt lorsqu'il apprit que les vaisseaux
français s'opposeraient au débarquement. Il renonça alors
à son projet pour ne pas porter les armes contre sa patrie.
Revenu à àubonne, il offrit plus tard ses services aux
Bernois contre le duc de Savoie et commanda même une
Dottille de -ueric sur le lac Léman : c'est lui qui fit
creuser le port île Morges. Ayant vendu Aubonne. il se
retira à Genève dont il devint bourgeois le li mai 1704.
Il s'v occupa d'écrits dogmatiques et du soulagement de
ses coreligionnaires chassés de France. E. K.
— lOn —
DDQUESNE — PUOUESNOY
DUQUESNE (Arnaud -Bernard dIc.vrd), docteur an
Sorbonne, vicaire général de Soissons, aumônier de la
Bastille, né à Paris en 1732, mortà Paris le 20 mars 1791.
Il est l'auteur de plusieurs livres de dévotion i(iii ont été
souvent réimprimés et qui sont encore 1ns aujourd'hui :
Retraite spirituelle ou entretiens familiers, selon Ves-
prii de saint François d<- Sales et de sainte Chantai
(Paris. 177-2. in-l-2i : Evangile médité et distribué pour
tous les jours de Tannée (Paris, 1 7 7 : t . 12 vol. in-12);
le plan al la matière de ce livre appartiennent au P. Girau-
deau, jésuite; Année apostolique ou Méditations poin-
tons 1rs jours de Vannée tirées des art es des Apôtres, des
EpUres et de l Apocalypse (Paris, 1791, 12 vol. in-12) ;
Us Grandeurs de Marte (Pans. 1791, -1 vol. in-1-2).
DUQUESNEL (Amédèe), littérateur français, né à Lo-
rient en 1802. Bibliothécaire de Saint-Malo. Outre des
poèmes: Chants français (1823), Napoléon au mont
Thabor (1825), il a publié : Histoire des lettres (Paris,
I 836-181 ',. 7 vol. in-8), cours de littérature qui comprend
depuis Moïse jusqu'à la naissance de Jésus-Christ, les cinq
premiers siècles du christianisme, le moyen âge et les \v,
wr. wii et win' siècles; Du Travail intellectuel en
France depuis 1815 jusqu'à 1831 (Paris, 1839, 2 vol.
in-8); Eliza de Rhodes (1841,2 vol. in-8).
DUQUESNEL, administrateur français et directeur de
théâtre, né vers 18.'î.'i. Possesseur d'une fortune consi-
dérable et ayant le goût des choses du théâtre, il s'associa
avec de Chillv, vers 18t>">, lorsque celui-ci, après avoir
quitté la direction de l'Ambigu-Comique, prit celle de
l'Odéon. M. Duquesnel avait alors pour spécialité de
s'occuper des questions administratives proprement dites ;
mais c'est pendant ce temps qu'il fit son apprentissage,
surtout de metteur en scène, grâce aux exemples que
lui donnait de Chillv, particulièrement expert en cette
matière. A la mort de ce dernier, M. Duquesnel de-
meura seul directeur de l'Odéon, et on lui reprocha pré-
cisément de sacrifier un peu la littérature au prestige de la
décoration et de la mise en scène. Parmi les pièces qu'il
produisit au cours de sa direction, il faut citer : les Da-
nirheff, de M. Pierre Corvin; la Jeunesse de Louis XIV
et Joseph Balsamo, d'Alexandre Dumas; le Trésor, de
M. François Coppée; Déidamia, de Théodore de Banville;
les Noces d'Attila, de M. Henri de Bornier ; le Granit
Frère, de H. Pierre Elzéar ; la Maîtresse légitime, de
Louis Davyl ; in Drame sous Philippe II, de M. de
Porto-Riche ; l'Helman, de M. Paul Déroulède, etc. En
juin 1880, M. Duquesnel quitta l'Odéon et prit une part
dans la direction du Chatelet , dont le titulaire était
M . Emile Rochard. Mais cette association fut de courte durée
et, après un certain temps d'inaction, M. Duquesnel devint,
en 188i, directeur de la Porte-Saint-Martin, où il appela
à lui M"19 Sarah Bernhardt, qui venait de quitter bruyam-
ment la Comédie-Française. C'est avec l'aide du talent
de cette artiste qu'il monta deux grandes pièces de
M. Victorien Sanbm : Théodora et la losea, et qu'il fit
une reprise brillante de la Dame aux camélias ; il
monta aussi le Crocodile, de M. Sardou, et la Grandi'
Marnière, puis reprit tour à tour Marion Delorme, les
Beaux Messieurs de Bois-Doré, le Chevalier de Mai-
son-Bouge, la Closerie des genêts, Robert Macaire, etc.
En 1891, M. Duqoesnel a quitte la Porte-Saint-Martin,
dont le bail a été acquis par M. Emile Rochard.
DUQUESN01S (Julien ), grammairien français, né à
Rennes en 1797, mort en I8(i.'>. Compositeur d'imprimerie,
il s'adonna à l'enseignement, dirigea la salle Molière et
devint professeur d'éloquence a Saint-Louis, puis à Louis-
l'-i.rand. On a de lui : Manuel de ["orateur et du lec-
teur (Paris, 1841, in-8), qui a eu de nombreuses éditions
et porte, a partir de la treizième, le titre de Méthode de
prononciation et de lecture; Fables choisies de La
Fontaine notées cl ornées île 400 gravures pour la
récitation ( 18»."», in— 18;; Nouvelle Prosodie française
(1849, in-12).
DUQUESNOY (François), sculpteur flamand, plus connu
en France sous le nom de François Flamand, et eu Italie
sous celui de Francesco Flamiugo, né à Bruxelles en 1594,
mort a Livourne le I2juîl. I(>i"2. Son père, Henri Duques-
noy ou Quesnoy, lui enseigna les premières notions de sou
art. Rubens, avec lequel il fut lié intimement, comme l'at-
teste leur correspondance, le recommanda à l'archiduc Albert.
Celui-ci, après avoir vu un Saint Sébastien en ivoire du
jeune sculpteur, lui fit, en 1619, une pension pour lui
permettre d'aller étudier en Italie, et cet artiste partit
aussitôt pour Rome. L'archiduc étant mort en 1621, la
pension lui fut supprimée ; il fui alors employé par un nomme
Claude Lorenese. Un marchand flamand du nom de Pescator
lui commanda un groupe en marbre de Vénus et l'Amour,
qui commença sa réputation. Il logeait avec, son ami Nie.
Poussin, et les deux artistes profitèrent de ces relations.
Le marquis Vincenzo Giustiniani prit François Duquesnoy
sous sa protection; il lui commanda pour sa célèbre galerie
une statue de la Vierge, en marbre, plus grande que
nature, et deux statues en bronze, Apollon et Mercure.
Peu après. Duquesnoy eut à faire le buste du cardinal
Maurice de Savoie. Il exécuta pour le cardinal François
Barberino, un bas-relief représentant des Enfants jouant
avec une chèvre, et pour le célèbre amateur d'Amsterdam,
Van Ulfen, un Amour adolescent en marbre, s'elforçant
à tendre un arc; en l(il!7, cette statue fut offerte à la
princesse d'Orange. « Bientôt après, a écrit Pli. Baert,
Duquesnoy fit la statue de Sainte Suzanne, placée actuel-
lement dans l'église Notre-Dame de Lorelte, près de la co-
lonne Trajane. Ce morceau étonna les plus habiles sculpteurs
et suscita l'envie. SandrartetBellori rapportent les intrigues
et les tracasseries qu'on excita contre lui, pendant son sé-
jour à Rome ; elles fatiguèrent tellement cet artiste que sa
santé en souffrit. » Le pape Urbain VIII, ayant formé en
1630 le projet d'orner avec des statues colossales en
marbre les quatre énormes pieds-droits qui soutiennent la
coupole de Saint-Pierre, François Duquesnoy fut chargé de
celle de Saint André, statue haute de quinze pieds ; elle
lui coûta sept années du travail le plus assidu. Cet artiste
est surtout célèbre par la perfection avec laquelle il repré-
sentait les petits enfants. Bellori le regardait comme le plus
parfait de tous les sculpteurs, pour rendre, avec toutes les
grâces possibles, la délicatesse des formes et contours des
bambini. — On cite encore parmi ses œuvres les plus
importantes la décoration du baldaquin de Saint-Pierre
de Rome ; l'épitaphe en marbre de N. Van Ullen, composée
d'un voile funèbre soutenu par deux génies, dans l'église de
Sainte-Marie, dite l'Anima; l'épitaphe d'Adrien Vryburg,
composée dans un goût analogue et placée dans la même
église ; le monument de Jacques de Hase, peintre d'Anvers,
dans l'église Sainte-Marie du Campo Santo ; celui de
Bernard Gabrieli, dans l'église Saint-Laurent-hors-les-Murs.
A Naples, Duquesnoy orna d'un buste et de deux génies la
sépulture de Gaspard de Vischer, dans l'église de l'Anima
et fit pour la famille des Filomarini, dans l'église des Saints-
Apôtres, un grand bas-relief en marbre, représentant un
Concert de chérubins. Au palais royal de Madrid on voyait,
de cet artiste, deux bas-reliefs en marbre : Jeu d'enfants
et Hercule au berceau ; au palais électoral de Mannheim,
un Christ a ta colonne et un Saint Sébastien en ivoire;
à Vienne, chez le prince de Lichtenstein, un grand crucifix
en ivoire. Il faut ajouter à cette liste des œuvres de François
Duquesnoy les bustes en marbre de Sophocle et de Xéno-
phon , et les fameux bas-reliefs de Silène endormi et de
l'A mour divin, vainqueur de l'Amour profane. Le célèbre
amateur Crozat du Chat el possédai! dans son cabinet, en I7.'i0,
une statue en marbre de Bacchuspax François Duquesnoy.
Cet habile artiste ne fut jamais heureux ; il mourut au mo-
ment ou le cardinal de Richelieu, conseillé par le Poussin,
l'appelait à Paris pour fonder une école de sculpture.
S'etant mis on route pour la France, la maladie de langueur
qui le minait l'obligea de s'arrêter à Livourne, ou il expira;
son corps fut inhumé dans l'église des Cordeliers de cette
DUQl'ESNOY - DURAN
- 106 -
ville. Quelques historiens ont accusé son frère. Jérôme, de
l'avoir empoisonné; d'antres historiens l'ont confondu a\ec
ce même Jérôme, qui termina sa vie d'une façon encore plus
tragique. Le portrait de François Duqoesnoy a été gravé par
I'. van Bleech en 1751. .Maurice DoSbigheob.
Bibl. : Mariette, Abecedario, t. Il, pp. 181 et sulv-
— Ii i.iiiiiN, Entretiens sur les vies et les ouvrages des
feintrea; Trévoux, 1 7^."., in-12, t. I\', p. 11'. — au.
oktbnai, Dictionnaire des artistes, 1 ~7t., in-8. — Ph.BA.ERT,
Mémoires sur les sculpteurs et Architectes des Pays-Bas,
dans Bulletin de lu commission royale d'histoire, io-s,
t. XIV. — Finis, Notice sur Duquesnoy ; Bruxelles, 18.jti.
DUQUESNOY (Jérôme), sculpteur flamand, né en 1612,
exécuté à Gand en 1654. 11 était frère de François Du-
quesnoy, qu'il accompagna en Italie. En 1645, Philippe IV,
roi d'Espagne, le manda ù Madrid et le nomma son sculpteur
et son architecte. De retour dans son pays, il sculpta pour
l'église Saint-Bavon de Gand les figures du heau mausolée
de l'évèque Tïiest. Ses autres œuvres sont : à Anvers, les
statues en alhàtre des Saints Mathias, Tkadée et Simon,
placées dans la grande nef de l'église de l'ahhaye Saint-
Michel ; à Bruxelles, les quatre statues en pierre des
Saints Paul, Thomas, Barthélémy et Mathias, dans la
grande nef deSainte-Gudtile; une statue de Saint Mathieu
à Notre-Dame de La Chapelle; une Sainte Ursule en
marbre à Notre-Dame du Sablon ; un groupe en marbre de
la Vierge et sainte Anne, dans l'église des Jésuites. 11 y
avait encore de cet artiste un tombeau orné d'un buste et de
deux génies, dans l'église des Récollets, et une statue en
marbre de Bellone, dans l'hôtel du prince de La Tour.
Jérôme Duquesnoy est l'auteur de la médaille de l'archiduc
Léopold d'Autriche; il aurait aussi sculpté, vers 1648, la
fameuse petite statue du Manneken-pis, dont le bronze
orne la fontaine de la rue de l'Etuve à Bruxelles. 11 fut
condamné, le 28 sept. 1654, à mort pour le crime de
sodomie commis avec un enfant de chœur, dans l'église de
Saint-Bavon.
Bibl. : Mariette, Abecedario, t. II, pp. 131 et suiv. —
Ph.BAERT, Mémoires sur les sculpteurs et architectes des
Pays-Bas, dans Bulletin de la Commission royale d'his-
toire, in-8, t. XIV, p. 76.
DUQUESNOY ( Ernest - Dominique - François-Joseph ) ,
homme politique français, né à Bouvigny-Boyeffles (Pas-
de-Calais) en 1748, mort à Paris le 16' juin 1795. Ex-
moine, cultivateur à Boyeffles, il fut député du Pas-de-
Calais à la Législative, puis à la Convention, où il siégea
parmi les plus exaltés montagnards, et émit, dans le procès
de Louis XVI, les votes les plus rigoureux. Envoyé en
mission à l'armée du Nord par décrets des 30 sept, Î792,
4, 12 et 30 avr. 1793, il s'y fit remarquer par son énergie
et, à Wattignies, marcha avec Carnot en tète des troupes,
républicaines. Compromis dans les événements de prairial
an III, il fut condamné à mort par la commission militaire
avec les derniers montagnards et se tua d'un coup de
couteau. F. -A. A.
DUQUESNOY (Adrien-Cyprien), homme politique fran-
çais, né à Briey (Meurthe-et-Moselle) le 26 sept. 1759,
mort à Rouen le 3 mars 1808. Avocat et publiciste, syndic
provincial de Lorraine et Barrois, il fut député aux Etats
généraux par le tiers état du bailliage de Bar-le-Duc. Il
siégea et opina avec les constitutionnels. Mais, au commen-
cement de 1791, il essaya d'enrayer la Révolution, se rap-
procha de la cour et fut en butte aux attaques des jacobins,
à cause de son journal ultra-modéré, l'Ami des patriotes,
qui [tassait pour payé par la liste civile. A la fin de 1791, il
fut nommé directeur des postes à Nancy et se fit élire maire
de celte ville le 17 févr. 1792. Compromis dans les papiers
de l'armoire de fer, il fut arrêté, traduit devant le tribunal
révolutionnaire et acquitté le 18 vendémiaire an III. Après
le 18 brumaire, il devint chef de bureau au ministère de
l'intérieur, puis maire du Xe arrondissement. C'est en cette
qualité qu'il inscrivit sur ses registres le mariage de Lucien
Napoléon avec Mm'' Jouberlhon. Disgracié par Napoléon et
ayant perdu sa fortune par la ruine d'une grande filature
qu'il avait fondée près de Rouen, il se donna la mort en
se jetant d:ir^ la Seine On a de lui divers mémoires sur des
quest ions d'agriculture et d'économie politique (V. la France
littéraire de Quérard). I -\. A.
DUR/EUS (V. I)i ky [Jean]).
DU RAM EAU (tauis-Jacques), peintre français, né .i
Paris en 1733, mort .i Versailles le ', sept. 1796. Cet artiste
obtint le grand prix de Rome en 17. .7. Lesprindpalesœu'
qu'il exécuta fuient : /-■ Triomphe de in j,
1 T + » T ; Palais du parlement de Rouen): le Martyre de
suint Cyr et de sainte Juliette ; la Mort île taxai Proti-
de Sales (même Salon ; église de Saint-Cyr) ; por-
trait du sculpteur Bridan ; l'Eté, plafond pour la galerie
d'Apollon au Louvre, et qui fut le morceau de réception
de l'auteur à l'Académie (1774). Cet artiste fut peintre de
la chambre du roi et garde de ses tableaux à Versailles.
Plusieurs de ses œuvres sont aux musées d'Alençon et de
Besançon; d'autres ont été gravées par Levasseur. On y
i eunuque un talent Estelle et aimable, d'un caractère dé -
ratif très prononcé, mais sans fermeté de dessin. Ad. T.
DU RAM EN (V. Bois [Botanique]).
DURAN.Com. dudep.du Gers. air. et cant. (N.)d'Auch;
192 hab.
DURAN (Diego), historien hispano-mexicain, rie a Hexii 0
vers 1538, mort en 1588. Fils d'un Espagnol et d'une
indigène, il entra dans l'ordre de Saint-Dominique en 1556
et fut desservant dansl'Anahuac. Il écrivit d'après les pein-
tures et les traditions mexicaines et les récits des premiers
conquistadores : Antiguallas (mythologie, rituel et calen-
drier) et Historia de las Mexicanos, achevées celles-là
en 1579, celle-ci en 1581, et publiées ensemble d'après
l'unique manuscrit (conservé à Madrid et ou l'ordre des
matières est interverti) sous le titre delusoire de Historia
de las Initias de JSueva Espana y Islas de Tierra-Firmc
(Mexico, 1867, in-4, t. I, par les soins de J.-F. Ramirez;
ibid., 1880, t. II, par Gumesindo Mendoza, avec 50 pi.,
reproduisant d'anciennes peintures et un Appendice d'A.
Chavero). Ces deux ouvrages, fondés sur une intime con-
naissance du sujet, sont aussi précieux que ceux de Saha-
gun et de Torquemada. Dâvila Padilla en fit un élégant ré-
sumé et le P. J. Tobar s'en servit pour composer un
abrégé que J. d'Acosta utilisa dans son Histoire naturelle
et morale des Indes. Ramirez, détenteur du manuscrit de
Tobar, s'était imaginé que cet abrégé, peu estimé de Tor-
quemada, était l'original des deux volumes du P. Duran,
opinion partagée par les savants du Mexique, à l'exception
de J.-G. Icazbalceta, mais dont la fausseté a été démontrée
par E. Beauvois dans les Antiquités mexicaines du
P. D. Duran comparées aux abrégés des PP. J. Tobar
et J. d'Acosta [Revue des questions historiques, juil.
1885). — Beristain suppose qu'il était fils de Juanote
Duran dont la Geografia de la Nueva Espana, composée
avant 1554 et accompagnée de dix-huit cartes, est la plus
ancienne qui traite amplement du Mexique.
DURAN (Augustin), poète et critique espagnol, né à
Madrid le 14 oct. 1789, mort à Madrid le lor de< . 1862.
Il fut directeur de la bibliothèque royale et membre de
l'Académie espagnole. Son Discvrso sobre cl injlujo que
ha tenido la criticu moderna en la decadéneia del
teatro antiguo espanol (Madrid. 1828, in-8) contribuai
l'émancipation du théâtre national. Son œuvre la plus mé-
ritoire est la publication du Romancero complet (1828-
1832, 5 vol. pet. in-8; éd. refondue. 1849-1851,2 vol.
gr. in-8) avec des notes savantes. Il eut aussi part a la
Colecciôn gênerai de comedias escogidas del teatro au-
liguo espanol, donna une édition de Saynètes de Kamon
de la Cru/. (1843), etc. Parmi ses poésies, on remarque un
poème chevaleresque sur don Florès de Trébizonde, dans
le langage du w siècle : Leyenda de las très toronjas
del vergel de amor (1856). G. P-i.
DURAN (Charles-Anguste-EmQe, dit Carolus), peintre
français, ne a Lille le 4 juil. 1837. Elève de Soucbon, il
fut d'abord pensionnaire de la ville de Lille à Paris, puis
de la Société des sciences et arts à Rome. U s'imposa,
107 -
DURAN — DURANCY
dès le début, à l'attention du publie, avec un tableau dra-
matique et saisissant, VAssassiné, scène de la campagne
romaine. Cette composition, peinte à Rome en 1865, appar-
tient aujourd'hui au musée de Lille : elle fut exposée en
1866. st. Carolus Duran, peu de temps après ce succès,
partit pour l'Espagne où il étudia avec amour Velasquez. Le
portrait de M. Edouard II., et celui de la Dame au
gant (M""1' Carolus Duran) contribuèrent à le faire placer
parmi nos pins brillants portraitistes. La Dame au gant
(musée du Luxembourg) est une œuvre élégante, souple et
moelleuse: le modèle, tout en noir, se détache avec vigueur
sur un fond blanc. Le portrait de M""' Feydeau est aussi
une peinture de premier ordre: l'artiste a représente une
femme, grande et belle, en robe violette ornée de dentelles,
s'enlevant sur un fond vert sombre, lies portraits d'enfants,
des portraits de dames du monde se succédèrent à nos
Salons et à nos expositions des Cercles, témoignant des
tentatives les plus diverses, des recherches les plus curieuses
sur des variations de tons et de couleurs ; au Salon de
lsT(l, il envoya la Dame au chien (musée de Lille); à
celui de \x~rl, il exposa deux excellents portraits, remplis
de vie et d'une expression supérieure. En 1873, il peignit
sous ce titre, lu boni de la mer. M"0 Croizette — sa
belle-sœur — montée sur un cheval bai , en costume d'ama-
zone. On se souvient aussi des portraits de ses enfants,
Marie-Anne et Sabine. Au Salon de 1*70, il obtenait la
médaille d'honneur, classé hors ligne, grâce au portrait
magistral de Mme la Comtesse de Vandal. Ce portrait est
peint avec une remarquable richesse de colons. Grande,
blonde, puissante, la figure est en pleine lumière, sur un
fond neutre et pourtant assez fortement coloré. Le costume
est d'un grand luxe : le satin blanc y déploie de charmants
effets sur une jupe de damas d'une blancheur moins légère
et un peu plus sèche. Sur ce costume, qui a son harmonie
élégante, est posé un épais manteau de fourrure ; la main
gauche du personnage l'écarté, tandis que la main droite
effeuille une fleur. On peut citer parmi les personnes repré-
sentées tour à tour par le pinceau de M. Carolus Duran,
Mme Cahen d'Anvers, Mme de Pour talés, MUe Lloyd de
la Comédie-Française , Mme Maurice Richard, Mme Gold-
schmidl '.; M. Emile de Girardin, le maître d'armes
figeant, M. Dauphin, sénateur, M. Philippe Burty, etc.
Au nombre des œuvres différentes ou s'est manifesté le
talent de l'artiste, il nous appartient de mentionner encore
Dans la rosée. Fin d'été, une peinture religieuse, la Mise
au tombeau, etc. On sent chez M. Carolus Duran une ad-
mirable abondance, une virtuosité heureuse, un sentiment
profond de la vie moderne. 11 se complaît à tremper son
pinceau dans une couleur large, onctueuse, matérielle.
C'est une nature ardente, attirée par la richesse des étoffes
et la somptuosité du décor ; il aime tout ce qui chante et
tout ce qui vibre. On peut relever dans son œuvre de
peintre une infinité de beaux morceaux, exécutés avec un
brio vraiment surprenant. Il faut remarquer toutefois qu'il
a été souvent inégal, à travers les hardiesses et les caprices
par lesquels il s'est laissé séduire. On lui a aussi reproché
d'être commun dans le rendu de certaines physionomies:
c'est un défaut qui, au reste, semble s'être atténué avec le
temps et qui se montre moins dans ses derniers tableaux.
Une de ses compositions les plus importantes est le plafond,
placéau musée du Louvre, Gloria Mariœ Medici. '"est une
sorte de triomphe, d'apothéose éclatante de la reine de
France, qui fut immortalisée par les allégories de Rubens.
Cette œuvre a été vivement discutée : on en a blâmé l'ordon-
nance. On y sent, en effet, des défauts d'harmonie qu'on ne
signale pas dans îles tableaux moins ambitieux ou l'artiste
est demeuré plus personnel. Ant. Valabrêgue.
DURANCE. Rivière de France dont le cours est sou-
mis au régime des torrents, mais l'étendue de son bassin la
classe parmi les grandes rivières. File a sa source dans le
dép. des Hautes-Alpes, au mont Genèvre, a quelques kilo-
mètres à peine de la frontière italienne. Elle reçoit tout
aussitôt, à 8 kil., un torrent considérable, la Clairée, des-
cendant de la belle vallée de la Névarhe; passe à Rriançon,
à une ait. de 1,280 m.: grossie de la Guisane, do la <>r-
Veyrette et de la Gyronde. elle se dirige \ers le S., arro-
sant L'Argentière, se heurtant au mont Dauphin; elle
oblique légèrement à l'O. , arrose Embrun, Savines,le
Sau/e, en aval duquel elle reçoit llbaye ; passe ensuite à
Rochebrone, la Saulce, Le Poët ; sortant du dép. des
Hautes-Alpes par 700 m. d'alt., elle rencontre, dans le
dep. des liasses-Alpes, la Sasse, puis le Buech, baigne Sis-
teron, Volonne, Peyruis, LesMées; reçoit l'Asse, puis le
Verdon au point extrême des liasses-Alpes. La Durance sert
ensuite de limite entre les dép. de Vaucluse et des Rouches-
du-Rhône. Son cours se relève vers le N.-0., arrose
Mirabeau, Peyrolles, Pertuis, Lauris, Orgon, Cheval-Blanc,
Cavaillon, reçoit leCalavon, passe en dernier lieu à Caumont
et va se jeter dans le Rhône a environ "> kil. au S. d'Avi-
gnon, par 13 m. d'alt. La Durance est flottable sur la
plus grande partie de son cours, malgré l'énorme volume
d'eau que lui enlèvent de nombreux canaux, notamment
ceux de Marseille, de Craponne et de Carpentras. Le cours
de la Durance est de 380 kil.; son bassin embrasse
1,3^0,000 hect.; son débit minimum ne va guère au delà
de 10 m. c. par seconde ; à l'étiage ordinaire, il est de 90
à 100; de 3 à 400 à l'étiage moyen et atteint souvent
4,000 m. c. par seconde dans les fortes crues. La rivière
sort alors de son lit, ravageant les terres sur une étendue
de plusieurs kilomètres. Si la Durance peut être considérée
comme h1 plus important et le plus terrible torrent de
France, elle est aussi un de ceux qui offrent le plus de
pittoresque. Dans les Hautes-Alpes, elle roule au fond de
gorges profondes, traverse de magnifiques vallées dans les
Basses-Alpes et s'épanouit sur de vastes grèves. Dans le
Vaucluse, elle coule, non moins fougueuse que dans les
plus hautes altitudes dans un lit souvent profond et dont
la largeur dépasse çà et là un millier de mètres. Au sujet
de cette rivière et de son bassin. V. les art. consacrés
aux dép. des Alpes (Basses-) et Alpes (Hautes-), Bouches-
du-Rhône, Drôme et Vaucluse. G. Faliès.
DURANCE. Corn, du dép. de Lot-et-Garonne, cant. de
Houeillès, arr. de Nérac ; 623 hab. — La ville de Durance,
située dans la rase lande, fut, au moyen âge, un chef-lieu
de bailliage de la sénéchaussée d'Agenais. On a conservé
quelques documents sur son occupation par les Anglais, au
xive et au xve siècle. Réunie à la couronne de France, elle
fut cédée par Charles VI à Amanieu d'Albret, dont les
descendants possédèrent cette seigneurie jusqu'en 1051,
année ou elle fut donnée en échange au duc de Rouillon.
Henri de Navarre, qui devait être Henri IV, a séjourné
souvent à Durance, où il se livrait au plaisir de la chasse.
Il existe encore quelques restes de son château et aussi
deux tours carrées et quelques portions des courtines de la
ville, du xive siècle. Près du village se trouve un ancien
prieuré de prémontrés, dit la Grange. Cette construction,
du xnie siècle, est bien conservée : on admire surtout la
chapelle décorée de peintures du moyen âge et recouverte
de voûtes d'une rare élégance. G. Tuolin.
Bibl. : J.-Fr. Samazkuilh, Diction, de l'arr. de Nérac;
Nérac, 1881, in-8. — Abbé Léopold Dardy, le Prieuré de
la Grange de Durance; Bordeaux, 1800, in-8, de 9'J pp.
DURANCY (Céleste), cantatrice dramatique française,
née en 1746, morte à Paris le 28 déc 1780. Fille do
comédiens de province extrêmement distingués, elle avait à
peine six ou sept ans, lorsqu'à Bruxelles, oiison père était
directeur de théâtre, elle montrai! déjà elle-même les plus
rares dispositions et se faisait applaudir du public. File
n'avait pas encore treize ans lorsqu'elle vint débuter à la
Comédie-Française, le litjuil. 17o9, dans le rôle si im-
portant de Dorine de Tartufe. Comme alors sa voix se
développait et qu'elle devenait fort belle, elle quitta la
Comédie pour aller, le lit juin 1702, débuter à l'Opéra, ou
elle restait quatre années; elle retournait ensuite à la
Comédie-Française, le 13 oct. 1700, et enfin, le 23 oct.
17ii7, revenait à l'Opéra, où elle demeura jusqu'à ses
DURANCY - DIRAND
108
derniers jours. Elle obtint Burtoul d'éclatantt succès a ce
théâtre dans Hippolyteet lncte,dans la Haine d'Orphée,
dans Méduse de Persée, el Burtout dans VErnelituie de
Philidor, où elle était admirable. Elle était laide, et sa
voix, quoique belle, était simplement suffisante; mais Bon
âme ardente, la passion brûlante qui L'animait, un senti-
HK'iii pathétique qui allai! jusqu'au sublime, en firent une
ilrs cantatrices dramatiques les plus puissamment émou-
vantes qu'on eût jamais entendues sur notre grande scène
lyrique.
DURAND (Guillaume), évéque de Mende, célèbre sur-
tout par ses écrits sur le droit canonique et la liturgie,
né à Puimisson, près de Béziers, en 1237, d'une famille
noble du Languedoc, mort a lîome le 1"' nov. 1296.
Quelques-uns de ses biographes l'ont appelé à tort Duranti
mi Durantis : lui-même se nomme, dans ses ouvrages,
Guillelmus Durandus ou GuiUelmus Durandi {filiui),
et Duranti n'est que la forme italianisée de son nom. Il
alla étudier le droit civil et le droit ecclésiastique à l'uni-
versité de Bologne, où il eut pour principal maitre Iiernard
de Parme, et où il s'exerçait encore à la pratique judiciaire
en 1261 ; il professa quelque temps le droit canonique a
Modène vers 1264, et servit d'assesseur à Henri de Suze,
cardinal d'Ostie, légat du pape en Lombard ie. Il était déjà
estimé pour son mérite et ses travaux juridiques, lorsque,
en 1265, son compatriote, Gui Fourauld, archevêque de
Narbonne et cardinal-évèque de Sabine, étant devenu
pape sous le nom de Clément IV, l'appela à la cour ponti-
ficale en la double qualité de chapelain et d'auditeur géné-
ral des causes du palais, puis lui contera à titre de béné-
fices deux canonicats, l'un à Iîeauvais, l'autre à Narbonne.
Ces fonctions et ces dignités lui furent confirmées par
Grégoire X, qui l'emmena au concile de Lyon (1274) et le
chargea, avec quelques autres prélats, de rédiger les con-
stitutions promulguées dans cette assemblée. Peu après,
G. Durand, qui jusque-là s'était occupé surtout de travaux
sur le droit canonique et de pratique judiciaire, fut investi
par la confiance des papes de hautes fonctions politiques.
Choisi, en 1278, par Nicolas III, comme administrateur
temporel et spirituel du domaine de Saint -Pierre, il fut
chargé, en cette qualité, de recevoir l'hommage de la ville
de Cologne et des autres cités de la Romagne à la suzerai-
neté desquelles avait renoncé l'empereur Rodolphe, et reçut
à titre de récompense le doyenné de l'église de Chartres,
indépendamment de ses autres bénéfices. Nommé par Mar-
tin IV vicaire spirituel (1281-1282), puis comte et gou-
verneur de la Romagne et de la Marche d'Ancone (128.3),
il sut, au milieu de la lutte des Guelfes et des Gibelins,
déployer autant d'énergie que d'habileté pour défendre parla
diplomatie, quelquefois même par les armes, l'intégrité des
domaines pontificaux. En 1 28(i, il fut élu évêque par le chapitre
de Mende; mais ses occupations le retinrent en Italie jusque
vers 1291, époque où il prit effectivement possession de
son siège épiscopal. Il refusa, en 1295, l'archevêché de
Ravenne que lui offrait Boniface VIII ; mais, sur les ins-
tances de ce pape, consentit à retourner en Italie comme
gouverneur de la Romagne, pour pacifier cette province que
le parti gibelin cherchait à enlever au saint-siège; cette
mission remplie, il se rendit à Rome (juin 1296) et mou-
rut dans cette ville quelques mois après. Un tombeau mo-
numental lui fut érigé dans l'église des Dominicains, Santa
Maria sopra Minerva : toutefois, ni cette circonstance, ni
les autres raisons alléguées par le P. Echard (dans sa
bibliographie des Frères prêcheurs) ne suffisent pour éta-
blir que l'évèque de Mende appartenait à cet ordre.
Dans le cours d'une vie si remplie et si souvent mêlée
aux affaires publiques, G. Durand trouva le temps décom-
poser des ouvrages considérables, dont les plus célèbres
sont le Spéculum judiciale et le Rationale divinorum
oMciorum. Le Spéculum, rédigé une première fois vers
1271, puis refait de 1286 à 1291, est un traité où il
a exposé, suivant la méthode des glossateurs (V. ce mot),
l'ensemble des règles de la procédure civile et criminelle,
de la procédure canoniqu si ■ttMteuwMot des contrats.
Dans cette vaste synthèse des lois romaines et des lob ec-
clésiastiqnee, qu'aucun juriste n'avait encore tentée a\ant
lui. il m- s'est pas borné a assembler tous Les éléments que
les textes législatifs, la jurisprudence et les commentaires
de ses devanciers pouvaient lui fournir : sa personnalité \
est marquée par I ordre, la mesure, la clarté, Le sens pra-
tique qui régnent dans l'œuvre entière el révèlent non beu-
lement le docte théoricien, mais aussi le magistrat expéri-
menté, l'administrateur rompu a la pratique des affaires.
Sous ce rapport, on a pu comparer a juste titre le traite
de G. Durand avec celui que composa ver, la mémeépoque
Ph. de Beaumarurir (V. ce nom) sous le nom de Cou-
tumes de Beauvoiiit : ce sont certainement les deux
œuvres juridiques les plus remarquables qu'ait lai-
moyen âge. Le Spéculum jouit, de, >on apparition, d'une
grande et durable renommée : dans les écoles comme devant
lis tribunaux, G. Durand ne fut longtemps cité que sous le
nom d' « auteur du Spéculum » (Speculator) ; son texte
fut enrichi de commentaires et de notices historiques par
Jean André, Ralde, Alexandre de Nevo, et complète par un
répertoire alphabétique (inventarium) que rédigea, en
L306, le cardinal Bérenger, ancien évéque de Béziers. Le
Spéculum nous est parvenu par un grand nombre de ma-
nuscrits et surtout d'éditions imprimées, dont quatorze
datent du XVe siècle (Strasbourg, 1473; Rome, 1474...);
on en trouvera rémunération dans les ouvrages cités
ci-dessous de Savigny, V. Leclerc et Schulte. Les éditions
les plus fréquemment employées sont celle de Paris (1522-
23), et celle de Turin (1378, 2 vol. in-fol.) qui contient
toutes les additions et les tables.
Le Rationale divinorum ofjiciorum est une somme
liturgique que G. Durand composa pendant son séjour en
Italie, avant son épiscopat, pour expliquer aux clercs l'ori-
gine et le sens symbolique des rites chrétiens. A l'aide des
auteurs qui l'ont précédé et dont il résume les doctrines
en les complétant par ses propres observations, il expose
magistralement l'ensemble de la liturgie observée au
xme siècle dans l'Eglise d'Occident ; il l'étudié non seule-
ment dans ses formes, mais dans ses sources traditionnelles
et dans ses rapports avec les édifices et les objets mobi-
liers qui servent au culte. Cette œuvre, bien supérieure
par l'exactitude, la méthode et les proportions générales
aux compilations analogues léguées par le moyen âge, eut
peut-être encore plus de vogue que le Spéculum judi-
ciale : ce fut l'un des premiers livres imprimés (Mayence,
1459), et. après les Livres saints, il n'y en a pas qui aient
eu plus d'éditions au xV et au xvie siècle (V. la liste dans
la notice de V. Leclerc) ; les plus usitées sont celles de
Lyon (1605 et 1672), d'Anvers (1014). Une trad. fran-
çaise en a été publiée au xvi° siècle par J. Goulain ( 1503)
et de nos jours par Ch. Barthélémy (1854, 5 vol. in-8).
Le Rationale, que l'on peut considérer comme « le der-
nier mot du moyen âge sur la mystique du culte divin >,
est resté, avec le grand ouvrage de Martène {De Antiuuis
Eeclesiœ ritibus, 1700), le principal livre à consulter
pour l'histoire de la liturgie occidentale. Quelques-unes de
ses parties, notamment le premier livre où sont exposées
les idées symboliques du xme siècle sur la construction des
églises, sur la destination de leurs différentes parties, sur
leur décoration par la peinture et l'imagerie, contiennent
de précieux détails pour l'histoire de l'art chrétien : toute-
fois, il faut remarquer que L'évèque de Mende, qui avait
passé presque toute sa vie en Italie et dans les provinces
méridionales de la France, ne connaissait guère que l'art
italien et l'art roman du Midi : il semble ignorer les grandes
écoles d'architecture el de sculpture qui Dorissaientde son
temps dans l'Ile-de-France, la Picardie, la Champagne et
la Bourgogne, et partage, au point de vue des représenta-
tions iconographiques, les idées étroites que l'influence
byzantine inspirait alors aux évèques italiens.
Outre ces deux grands ouvrages, G. Durand a laissé: un
Repertorium juris eanonici, encore appelé Rreciarium
109 —
DIHAND
aurruni, qui est un recueil de citations dos canonistes sur
des questions controversées, rangées dans l'ordre des Dé-
cretales de Grégoire 1\ (Home. [474; Venise, 1496;
Pans. 1313, 1519, el a la suite de plusieurs éd. du Spé-
culum) : — un Commentarius in sacros. Lugdun. conei-
ftttffi (Fano, 1569) : cette interprétation des constitutions
qui furent promulguées au concile de Lyon par Grégoire X
(1-274) et insérées par Boniface VIII dans le Sexle,
est d'autant plus précieuse que l'auteur lui-même avait
pris part a leur rédaction. Il avait aussi composé un Pon-
tificale, des gloses sur les Décrétales de Grégoire IX et
sur le Décret de Gratien, un commentaire de la constitu-
tion Cupientes de Nicolas ID (c. 16, De l'hrl., in VI, I, 6);
mais ees ouvrages ne sont point parvenus jusqu'à nous.
On ne doit pas confondre ('■• Durand avec son neveu,
Guillaume Durand le Jeune qui fut son successeur sur le
siège èpiscopal de Mende, de IS96 à 1328. Ce dernier
avait été d'abord archidiacre dans le même diocèse, et pro-
bablement recteur de l'université de Toulouse ; car c'est à
lui plutAI qu'a sou oncle qu'on peut rapporter ta mention
des statuts de 1344 qui citent un Guillelmus Durandi
comme avant été précédemment revêtu de cette dignité. Il
écrivit aussi sur le droit canonique, et publia en 1311, à
l'occasion du concile de Vienne, un traite De Modo celé-
brandi conrilii et corruptelis in Ecclesia reformandis
(Lyon, 1531; Paris. 1545 el 1571), qui jouit, au moyen
âge, d'une assez grande autorité pour avoir été pendant
longtemps attribue au célèbre auteur du Spéculum.
Il faut également distinguer G. Durand du dominicain
Guillaume Durand de Saint -Pourçam (V. ci -dessous) et
d'un autre dominicain, Durand d'Aurillac, mort vers 1380,
qui défendit saint Thomas contre les attaques de Durand
de Saint-Pourçain (Quétif et Echard, 1, 587-88 ; II, 819-
Ch. MoRTF.T.
Bibl. : V.Lbclerc, Notice sue Guillaume Duranfi, dans
Hist. liltér.de la France. 1842, t. XX, pp. 111 à 497. — Von
Saviony, Geschichte des rômischen Rechts im Millelal-
ter,1850, 2° Aussi., t. V, pp. 571-602.— Von Bethmann-Holl-
v.ec, Der Civilprozess des gemeinen Rechts, 1874, t. VI,
pp. 2û;3-2i5. — Vo* S, m lie, Gesch. der Quellen des cano-
nischen Rechls. 1877, t. II, pp. 141-lôii. 195-196. — Ul. Cheva-
lier, Répertoire des sources historiques du moyen âge,
1883 ; av. supplément, 1888, v° G. Durand. — Ad. Tardit,
Histoire des sources dudroit canonique, 1887, p. 315; Hist.
des sources du droit français, origines romaines, 1890,
p. 405. — Viollbt-le-Duc, Dictionnaire d'architecture,
1854, t. VIII, v» Symbole. — Dom Gui. ranger, Institutions
liturgiques. l>7-\ t. I, p. 311.
0URAND (Guillaume), évêque de Meaux, docteur sco-
lastique surnommé Doctor resolutissimus et canoniste, né
a Saint-Pourçain, mort vers 1333. Il était entré dans
l'ordre des dominicains, dés sa première jeunesse, à Cler-
niont en Auvergne ; en 1313, il l'ut reçu docteur à Paris,
ou il enseigna pendant quelque temps; delà, il se rendit
a Vvignon et y continua son enseignement près de la cour
du pape. En loi 8, Jean Wll le nomma évêque d'Annecy; en
•13-26, évêque de Meaux, ou il mourut. Œuvres principales :
un commentaire sur P. Lombard, In Sententias theologicas
Pétri Lombardi comtnentariorum libri IV (Paris, 1508
et 1315; Venise, 1571, in-fol.). D'après Oudin, Durand
aurait composé deux commentaires sur P. Lombard, le pre-
mier alors qu'il n'était encore que dominicain, le second
quand il était évêque. Ce serait le dernier qui a été imprimé.
De Origine jurisdictionum quibus populus regihir,
sivr de jvrimctiotie ecclesiasticai ri d<' legibus (Paris,
1506, m-foL); De Statu animarum posi separatio-
nem a corpore. Ce traité (libellus episcopi Meldensis),
dirigé contre une opinion émise par Jean Wll sur la béa-
titude des âmes saintes avant le jugement dernier, attira
à Durand des poursuites, dont les conséquences furent dé-
tournées par la protection du roi de France ou, suivant
certains témoignages, par une rétractation adressée au pape
(Ravnaldi, Annales ecclesiastici,anno 1333). — Durand
a fortement contribué a accélérer la décadence de la BCO-
lastique. Abandonnant le réalisme, qui fournissait de si
précieuses ressources |»our la démonstration des dogmes,
il suscita le réveil du nominalisme, dont il devint l'un
des docteurs les plus résolus au \iV siècle. La SColastique
du xiu8 siècle, sauf de rares exceptions, promettait de re-
pondre aux besoins des penseurs qui voulaient s'assimiler
par la raison les données de la tradition dogmatique; elle
prétendait mettre le dog à la portée de la raison, eu
prouver la rationalité, la nécessite rationnelle, el établir
ainsi l'accord entre la foi et l'intelligence. Quoique domi-
nicain, Durand finit par repousser lu maxime de Thomas
d'Aquin, que les dogmes ne peuvent rien contenir de con-
traire a la raison, et par conséquent qu'il est possible de
les démontrer indubitablement ; il contesta même à la
théologie le titre de science, et demanda la certitude, non
plus a la conviction, mais à l'obéissance, à la soumission
à l'autorité de l'Eglise représentée par le siège apostolique,
seul juge infaillible et régulateur de la foi. Dans le détail
de sa doctrine, on a relevé plusieurs points qui s'éloignent
de l'orthodoxie; il semble pencher vers l'adoptianisme, il
n'admet la transsubstantiation qu'avec de fortes réserves,
et il n'attribue au mariage le caractère de sacrement, que
d'une manière très relative. E.-H. Vollet.
Bibl.: IIauri.au, Histoire de la philosopliie scolastique;
Taris, ls72, 2* édit.,3 vol. in-S. — WERNER, Die nachsroti-
tische Scholastik ; Vienne, 1883, in-8. — Ch. Schmidt, HiS'
toire de l'Eglise d'Occident au moyen âge; Paris, 1885, in-8.
DURAND (Nicolas), sieur de Viu.egagnon ou Villegai-
gnon, vice-amiral français, né à Provins vers 1510, mort
le !) janv. 137 1 . Neveu de l'illustre Villiers de LTsle-Adam,
Durand devint chevalier de Malte dès 1331. Il prit part en
cette qualité à l'expédition de Charles-Quint contre Alger
en 1541. Lu 1348, il enleva par un hardi coup de main
Marie Stuart à Dunbarton (Keosse) et la débarqua à Brest.
Peu après, des affaires de son ordre le conduisirent à Tri-
poli. Henri II le nomma vers cette époque vice-amiral de
Bretagne. Comme tel, Durand eut quelques différends avec
le gouverneur de Brest ; irrité de ne pas obtenir gain de
cause, il conçut le projet de fonder une colonie française
dans l'Amérique du Sud. II gagna l'appui de Coligny en
insinuant que cette colonie pourrait servir de refuge aux
protestants persécutés. De cette façon, il obtint deux navires
et arriva, en 1333, à l'embouchure de la rivière Ganabara,
appelée rio de Janeiro par les Portugais. A peine arrivé,
Durand, qui parlait déjà d'une « France antarctique »,
demanda des renforts à Coligny; il s'adressa en même
temps a Calvin, le priant de lui envoyer des ministres « pour
le mieux réformer, lui et ses gens, et même pour attirer
les sauvages à la connaissance de leur salut ». Dès avant
1340, Durand avait subi l'influence des idées nouvelles du
x\ic siècle dans l'entourage de Guillaume du lîellay. Un
neveu de Durand, Bois-Ie-Comte, commanda la nouvelle
expédition qui fut envoyée en Amérique ; elle était compo-
sée de trois navires munis d'artillerie et de munitions. Ils
arrivèrent, en mars 1337, au fort Coligny que l'on avait
construit sur une ile de la baie de Janeiro. Bientôt des
disputes théologiques, où Durand montra une indigne du-
plicité, mirent la discorde entre les colons ; plusieurs
huguenots quittèrent, dès 1338, le pays avec les deux
pasteurs venus de Genève; peu après, quatre colons réfor-
més furent condamnés a mort par Durand et jetés à la mer
pour crime d'hérésie. La même année le fort Coligny
tomba aux mains des Portugais, et Durand « fol et per-
clus du cerveau », dit un témoin oculaire, revint en
France. Il continua de se mêler de controverses théologiques.
En 1367, il était gouverneur de Sens. Il mourut dans sa
commanderie de Beauvais. — Le plus intéressant de ses
écrits est son récit intitulé Caroli Vimperatoris expedi-
tio in Africam ml Arginam (Paris. 134-2), réimprimé
et annoté [iarlI.-D.de Grammont (Paris, 1X74, grand in-8).
Parmi ses traités de controverse, assez nombreux mais de
peu d'importance, on peut citer comme caractéristique : Ad
Articulos Calvinianœ de sacramento eucharistiœ tra-
ditionisresponsionesÇPaxis, 1560, in-4). F.-H. KrCger.
Bibl.: Histoire des choses mémorables advenues en la
terre de Brésil, etc., 1576, s. I. — Jean de I.kry, Histoire
DUHANI)
- HO —
,/,i,/ BOUW76 /'"'' snlfl terra de Brésil, etc., lf.' ■
7. ,i Parla 1611 n dite pai I' Uallarel, Paris, I
Jean Crbbpin. Hlsù martyrs, t. III, pp h
pp. 506-619 (m. de l>. Benoit el M. Lelièvre ; Toulouse,
1 59, in-l.
DURAND (Jacques-Honoré), mathématicien belge, né à
Bruxelles vers 1598, mort a Gratz (Styrie) le 28 août
ltiî i. Il entra a dix-huit ans dans la Compagnie de Jésus
ri, après d'excellentes études à Louvain, fut envoyé en H>27
à (liai/., où il enseigna les mathématiques et la (<hilo^o—
phie. Outre une édition latine, avec notes el commentaires,
des six premiers livres de la Géométrie d'Euclide (Gratz,
1636, in-l 2), on lui doit : Problema matliemalicum
(Gratz, 1636, in-4); Machina mathematice et physice
aemonstrata, ouvrage resté inachevé. L. s.
DURAND (Joseph), jurisconsulte français, né à Chalon-
sur-Saône en 1643, mort à Dijon en 1710. Avocat général
et conseiller au parlement de Bourgogne, il a publié divers
mémoires et plaidoyers, des conclusions, les Instituts du
droit coutumier du duché de Bourgogne (Dijon, 1697,
1705 et 1735, in-12) et laissé en manuscrit un Recueil
d'arrêts du parlement de Dijon de 1681 à : 77/0. L-x.
DURAND (David), ministre protestant, né à Sainl-
Pargoire (Hérault) vers 1080, mort à Londres le lOjanv.
1763. Reçu ministre à Bâle, OÙ il avait fait ses études
théologiques, il fut chapelain dans un régiment de réfugiés
au service de la Hollande et fait prisonnier en Espagne.
Remis en liberté, il s'établit à Genève, puis à Rotterdam
et enfin à Londres, où il fut nommé ministre de l'église
de Martin's Lane. 11 a laissé les ouvrages suivants : Ser-
mons choisis (Rotterdam, 1711, in-8); la Religion des
Mahomélans (La Haye, 1721, in-12); Histoire de la
peinture ancienne extraite de l'Histoire naturelle de
l'Hue (Londres, 1725, in-fol.); Histoire du xvie siècle
(Londres, 1725-1729, 6 vol. in-8), augmentée en 1732
d'un septième volume qui contient la biographie de Thou;
Sermons choisis de divers auteurs (1726, in-8); His-
toire naturelle de l'or et de l'argent extraite de Pline
(1729, in-fol.) ; Vie de J. -F. Osterwald (Londres, 1778,
in-8), sans compter des éditions de Pline, des Académiques
de Cicéron, des Aventures de lélémaque, une continua-
tion de Rapin de Thoyras, etc. R. S.
DURAND (Jacques), peintre français, né à Nancy en
1699, mort à Nancy en 1767. Elève de Claude Charles et
deNattier, il se rendit en Italie vers 1719, pensionné par
le duc Léopold de Lorraine. Revenu en 1721, il conquit une
excellente réputation à Nancy et fut chargé en 1743 de
décorer la coupole de la chapelle funéraire des durs, et, en
1747, il décora aussi l'église des Jésuites à Pont-ù Mousson.
Au témoignage de ses contemporains, son dessin était ferme
jusqu'à l'âpreté, et sa couleur puissante. Ad. T.
DURAND (François-Jacob), théologien suisse, né à
Semalé, près d'AIençon, en 1727, mort à Lausanne le
17 avr. 1816. Elevé catholique et destiné à la prêtrise, il
fit de bonnes études dans les séminaires de Rouen et de
Paris. De bonne heure entraîné du côté de la Reforme, il
l'embrassa publiquement en 1754 peu après son arrivée à
Lausanne. Il fit des études théologiques à l'Académie de
cette ville, fut nommé ministre en 1760 et s'acquit vite
du renom comme prédicateur. 11 passa les années 1768 à
1771) à Berne comme pasteur français et directeur du sémi-
naire de la jeune noblesse, puis revint à Lausanne où il
acquit la bourgeoisie et devint, à l'Académie, professeur île
morale chrétienne et de statistique. Outre quatorze volumes
de Sermons dont la plupart ont eu plusieurs éditions,
Durand a laissé un Abrégé des sciences et des arts
(Lausanne, 1762), l Esprit de Saurin (1767, 2 vol. in-12),
un ouvrage sur la Statistique de la Suisse (1795, 4 vol.
in-12) et une Histoire de ce pays restée inédite. E. K.
DURAND (Nicolas), architecte fiançais, né a Châlons-
sur-Marne en 1739, mort à Châlons le 23 févr. 1830.
D'abord architecte de la ville de Châlons, puis de la pro-
vince de Champagne, Nicolas Durand lit construire à
Châlons, de 1759 à 1765, l'hôtel de l'Intendance, com-
mence sur lei plan-, de Legendrc, ingénieur des ponts et
chausséea de 1,1 généralité de Reims, et depuis agrandi en
is'.ti ; le pont de Vaux ( 1 7 *j7 > . la porte Sainte-Croix
(1770), an- de triomphe reste inachevé; la salle de mec
tarie (1771), l'hôtel de ville (177-2). et une ravi-rue dlli-
!a nierir pris de la porte Saint-Jacques 1 1784). On doit en, me
à cet architecte le portail de l'église de Juvignv (1777),
l'ancien théâtre de Reims (aujourd'hui demoh). des plans
pour la recotttttra tion du vieux palais de Vitry-le-1 ram.ois
abattu en 1783, ainsi que pour la reconstruction de l'hôtel
de ville de Langres, dont les travaux furent conduits par
lluet; enfin les casernes feCtaumont-on-Bassigny (I7W)
et l'église de Veraenay (1780 a 1789). Charles Lu. as.
DURAND (Jean-liaptisle-l.coiiard), voyageur français,
né a Uzerche (Limousin) en déc. 1742, mort en Espagne
en nov. 1*12. Successivement avocat au parlement de Bor-
deaux, consul de France a Cagliari, employé au ministère
de la marine, il fut envoyé au Sénégal par une compagnie
commerciale en 1785. 11 se rendit de Saint-Louis a Podor,
traita avec les chefs du pays, fit étudier par son agent
Ruhault la route de terre pour éviter les détours du lleuve
inférieur. Ses pactes avec les Maures assurèrent aux Fran-
çais le commerce de la gomme qui fut enlevé au comptoir
anglais de l'ortendick (1788). Il a publié Voyage nu
Sénégal (Paris, 18(1-2, 2 vol. avec atlas in-4).
DURAND (Jean-Nicolas-Louis), architecte et prof
d'architecture français, né a Paris le is sept. 1760, mari
à Thiais (Seine) le 30 déc. 1834. Elève de Boullée et de
l'Académie, Durand obtint deux fois le second grand prix
d'architecture, en 1779, sur un Muséum des arts, et, en
1780, sur un collège dans un terrain triangulaire. Il rem-
porta de plus, en collaboration avec Thibault, le premier
prix dans quatre des concours d'architecture ouverts par la
Convention nationale. Durand qui, dès 1776, avait ouvert
un cours de dessin architectural, fut appelé en 1795, lors
de la création de l'Ecole polytechnique, à préparer les don-
nées du cours d'architecture de cette école et professa ce
cours pendant trente-neuf ans. Il a laissé les ouvrages sui-
vants : Recueil et parallèle des édifices de tous genres,
anciens et modernes, etc. (Paris, 1800, in-fol., 92 pi.);
Précis des leçons d'architecture données à l'Ecoli
technique {avec une partie graphique) (Paris, 1802, 1805,
1821, 1825, 3 vol. in-4, 98 pi.). Charles Lucas.
Bibl. : A. RoNDELin, Notice hist. sur J.-N.-L. Durand :
Paris, 1835, in-8.
DU RAN D (Charles-Etienne), architecte et ingénieur fran-
çais, né à Montpellier le 29 nov. 1762, mort a Nîmes le
26 août 1840. Il fut professeur d'architecture pour les
Etals du Languedoc et inspecteur des travaux de la pro-
vince en 1788. Il fut nommé ingénieur de lre classe en
1805. Ses principaux travaux sont : le pont de Ners, sur
le Cardon ; la chaussée du milieu du Rhône, entre Beaucaire
et Tarascon ; plusieurs églises el temples, ceux de Vauvert
et de Calvisson, entre autres. Il a fait quelques restau-
rations aux Arènes de Nîmes et a la Maison carrée. Il a
publié un grand in-folio, Description îles monuments
antiques du midi de la France, orné de 43 pi. grav.,
(Paris, 1819); les ingénieurs Grangent et Simon Durant ont
été ses collaborateurs pour cet ouvrage. M. I). S.
DURAND ou DURANOWSKI (Auguste-Frédéric), vir-
tuose sur le violon, né à Varsovie en 1770. Il a acquis
une grande réputation dans ses voyages en Russie, en Alle-
magne, en France, en Italie. 11 exerça une grande influence
sur Paganini.
DURAND ( vslier-Biiiwn), graveur et peintre américain,
né le 21 août 1796. On cite de lui une excellente gra-
vure pour le frontispice de V Atlantic Souvenir (18S8),
une autre d'après l.eslie sur un sujet lire de Shakespeare,
une Ariane, d'après Vanderlyn, etc.
DURAND(llippolyteB\i del-), homme politique français,
né à Versailles le .">i oct. 1805, mort à Nevers le 18 juil.
1861. In des fondateurs du Vigilant «V Seinc-ct-tiisc.
il s'établit comme avoué à Nevers et y collabora au jour-
m —
DURAND
nal l'Association de la Nièvre. Vomi ensuite a Paris, il
collabora au Répertoire de jurisprudence de Dalloz et
devint professeurde législation comparée kY Athénée. Com-
missaire de la République en Seine-et-Oise (1848), '' ,ul
élu le 23 avr. représentant de ce département à la Cons-
tituante. 11 siégea à la gauche modérée. Il a écrit : le
Général Hoche, souvenirs et correspondances (Paris,
in-8) : /»<• /</ Nécessité de réviser la loi sur les
ventes judiciaires des biens immeubles (Nevers, 18 '<,';,
in-8) ; Commentaire delà loi de 1848 sur la con-
tratnte par corps (Paris, 1850, in-8) ; Mémoire sur l'or-
ganisatwn du Crédit foncier en France (Nevers, 1856,
in-8).
DURAND (Paul), archéologue français, né en 1806, mort
à Taris le 27 dèc. 1882. lient l'occasion, dans plusieurs
voyages en Orient, d'amasser de nombreux documents sur
l'histoire de l'art byzantin : il accompagna en particulier
Didron en 1839 dftHS ce voyage en Gréée el ii L'Athos on fut
découvert le précieux manuscrit du Guide de la Peinture
byzantin; Paul Durand se chargea de le traduire, et l'ou-
rrage parut en 1845 sous le titre de Manuel d'icono-
graphie chrétienne. Parmi les nombreux dessins faits
par Paul Durand et reproduisant des peintures byzantines,
plusieurs ont servi d'illustrations aux Annale* archéolo-
giques; beaucoup d'autres demeurent inédits : Paul Durand,
trop exigeant pour lui-même, n'a pas publié la plupart des
travaux qu'il avait préparés ; mais ses papiers demeurent
une mine de matériaux fort précieuse, ('.'est a lui qu'appar-
tient aussi l'honneur d'avoir restauré la crypte de la cathé-
drale de Chartres. Parmi SOS travaux on peut citer une
étude sur la Chapelle de la sainte Vierge en l'église de
Saint-Père à Chartres, son Etude sur l'Etimacia
(Paris, 1868), et la Monographie de Notre-Dame de
Chartres, publiée dans la collection des documents inédits
sur l'histoire de France (1881). Ch. Diehl.
DURAND (Julien), archéologue français, né en 1812,
mort à Mortagne (Orne) le 21oct. 1890. Il a publié dans
diverses revues savantes, dans les Annales archéologiques,
dans le Bulletin monumental, plusieurs travaux d'éru-
dition, relatifs pour la plupart à l'histoire de l'art byzantin.
On peut citer parmi les principaux : les études sur l'Art
byzantin à Saint-Marc de Venise, sur l'Iconographie
de Saint-Marc, surtout sur le Trésor de Saint-Marc
(1862); des recherches sur la Dalmatique impériale, sur
la Légende d'Alexandre le Grand, sur plusieurs tableaux
byzantin» (1X79); des article-; sur V Iconographie de la
cathédrale de l'arme, sur l'Iconographie du dôme de
Sienne, etc. Ch. Diehl.
DURAND (Sir Henry-Marion), général anglais du génie,
né en 1812, mort en 187 1.11 se distingua dans l'Inde et dans
la campagne d'Afghanistan de 1838. Secrétaire de lord
EDanborough, gouverneur général de l'Inde en 1841, com-
missaire dans le Tenasserim en 1844, sa fortune s'an-
nonçait comme prompte et brillante; mais son honnêteté et
sa raideur lui firent des ennemis, sans compter qu'il par-
tagea l'impopularité de lord Fllenborough. Résident à Gwa-
lior, puis à Bhopal, il se fatigua de ses fonctions médiocres
et retourna en Angleterre ( 18,'ii). Là, il retrouva un pro-
tecteur en la personne de lord Canning, nouveau gouver-
neur général, qui lui confia en 18.'>7 l'un des principaux
postes de la hiérarchie civile de l'Inde. Pendant la grande
rébellion, il contribua grandement à sauver l'influence
anglaise dans l'Inde centrale. Il parcourut ensuite tous les
degrés de ladite hiérarchie jusqu'au poste de lieutenant
gouverneur du Pendjab, où il mourut accidentellement.
C'était un homme fort religieux, courtois, mais suscep-
tible et amer. Ch.-V. L.
DURAND (Louis), pasteur suisse, né à Vevey en 1X17,
mort a Lausanne en 1890. 11 fit ses études à Lausanne
avec Vmet et en Allemagne avec Neander. Consacré
en 1840, il resta pasteur a Begnins jusqu'en 1845 où ayant
refusé de lire une proclamation du gouvernement provisoire,
il fut suspendu. Pasteur en France jusqu'en 1859, il fut
alors nommé à Vevey, En 1869, il fut choisi à Lausanne
connue professeur de théologie systématique : ses cours
étaient remarquables par la beauté de la forme et le sé-
rieux du tond. Durand, qui se rattachait à la fraction
évangélique indépendante, a laissé un manuel d'Histoire
biblique adopte par l'Eglise vaudoise, des travaux relatifs
au chant patriotique el religieux (Chants dit suidai) et
de nombreux articles de polémique relatifs à la liberté des
cultes. E. K.
DURAND (Henri), poète suisse, frère du précédent, né à
Vevey le 27 août 1818, mort le 13 févr. 1842. 11 fit ses
études de théologie à Lausanne, puis à Krlangen ; de retour
à Lausanne, il se préparait pour la licence et pour des
concours académiques lorsqu'il succomba aux suites d'une
fièvre nerveuse. Les Poésies qu'il a laissées et qui ont été
publiées par ses camarades ont eu cinq éditions : elles sont
précédées d'une notice de Vinet. D'une inspiration limpide
et fraîche, d'une grâce mélancolique, elles constituaient un
début plein de promesses. F. K.
DURAND (Marie-Auguste), compositeur et éditeur de
musique, né à Paris le 18 juil. 1830. Il travailla au Con-
servatoire avec Bazin et Savard et fut l'élève de Benoist
pour l'orgue. Il fut successivement organiste des églises :
Saint-Ainhroise (1849); Sainte-Geneviève (1853) ; Saint-
Roch (1857) et Saint-Vincent-de-Paul (1862-1874). Il
s'éprit du nouvel instrument dit orgue-harmonium et le
vulgarisa tant par ses propres compositions que par des
exécutions en France et à l'étranger. Fn 1870, s'étant as-
socié à M. Sehœnewerk pour acquérir la maison de
M. Flaxland, il se livra dés lors à l'édition musicale et
fit prendre à cette branche de notre commerce national un
grand essor. M. Durand a publié environ quatre-vingts
compositions, musique religieuse et musique de genre.
Plusieurs de ces dernières eurent une grande vogue, telles
que chacone, gavottes, etc.
DURAND (Charles Am\nd-), héliograveur et éditeur
français contemporain, né à Cheny (Yonne) le 3 août 1831.
Inventeur d'un procédé perfectionné d'héliogravure, il a
rendu d'inappréciables services à l'iconographie, par ses
excellentes reproductions des chefs-d'œuvre du burin et
de la pointe des maitres d'autrefois. Il a débuté par une
grande publication périodique, Eaux-fortes et gravures
des maitres anciens (1869 et suiv. , 400 pi. formant
10 vol. gr. in— fol.) . Puis il édita successivement des
Œuvres complètes ou partielles de Van Dyck (1875), d'Al-
bert Durer (1876), de Paul Potter (1877), de Claude Lor-
rain (1878), ,1e Mantegna (1879), de Ruysdael (1880), de
Martin Schongauer (1881), de Lucas de Leyde(1882), de
Rembrandt (1883). Tous ces recueils sont accompagnés d'un
texte par M. Georges Duplessis. On lui doit encore les repro-
ductions des Etudes et Croquis de Th. Rousseau (1878),
des Notes et Croquis de Raffet (1879), et de plusieurs
Livres à dentelles et dessins d'ornements, des xvie et
xvne siècles, intéressants par leurs qualités d'art et n'exis-
tant parfois qu'à l'état d'exemplaires uniques (5 vol. in-8).
Cette dernière publication a été faite sous la direction de
M. Fmm. Rocher. G. Pawlowski.
DURAND (Ludovic-Eugène), sculpteur français, né à
Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord) le H i'évr. 1832. Elève de
A. Toussaint, il expose au Salon depuis 1855. Ses œuvres
principales sont : la Malaria, groupe marbre; le fronton
du théâtre de Bade; Aréthuse, statue marbre; Mercure,
statue marbre; Libre, statue marbre ; lu Caresse, groupe
marbre; les bustes de Méry, Adelina l'alli, Dr Legrand
du Saillie, Daubigny. Son œuvre la plus importante est le
groupe en bronze de Philippe Pinel, enlevant les fers
aux aliénés, exposé en 1881 et placé ensuite devant l'hos-
pice de la Salpètrière à Paris.
DURAND (Eugène-François-Joseph), jurisconsulte et
homme politique français, né à Tinténiac (lllc-et-Vilaine)
le 13 avr. 1838. Avocat à Rennes (1859), il fut chargé
du cours de droit romain à la faculté de cette ville en 1864
et devint titulaire de la chaire de code civil le 13 avr.
DURAND
- 442 —
[868. Conseiller général d'flle-et-Vilaine depuis 1K70, il
fut du dépoté '!'• saint-Malo le 6 mai 1*77, avec un pro-
gramme républicain. Membre des 363 il l'ut réélu avec eus
le 28 net. 1877, et de nouveau en I8NI et en 188S. Il ap-
puya la politique des cabinets Dufaure et J. Ferrj el de-
vint sous-secrétaire d'Etal au ministère de l'instruction
publique le 28 févr. 1883. Il occupa ces fonctions jusqu'au
;>() mars 1885. Il ae se représenta pas aux <'l<'<-t n »n ^ légis-
latives de 1889, et fut nommé le 28 nov. conseiller ;i la
cour de cassation. Outre ses thèses de doctoral : Des
Sociétés vectigalium et des Sociétés en commandite
par action (4863, in-8), il a publié : Des Offices con-
sidérés au point de vue des tKmsactions privées et
des intérêts de l'Etat (Paris, 1863, in-8) ; Du Service
personnel dans Varmée et des devoirs de l'Etat envers
les blessés (4882, in-8) ; Des Donations déguisées
(1874, in-8), etc.
DURAND (Jean-Baptiste), homme politique français, né
à lioirax (Lot-et-Garonne) le 22déc.4843. Maired'Agen.
conseiller général du Lot-et-Garonne, il fut élu sénateur
de ce dép. le 5 janv. 1888. Il siégea à gauche et se pro-
nonça contre le boulangisme.
DURAND (Simon), peintre suisse contemporain, né
à Genève. Elève de Barthélémy Menn, cet artiste cultive
la peinture de genre; les sujets qu'il traite sont pleins
d'originalité et d'humour, et rendus avec une finesse d'ob-
servation remarquable. Les principaux sont: Après l'exer-
cice, sujet militaire (1872); Une Noce à la mairie (4875);
Une Société fermée, tvpes de propriétaires villageois
(4876). Ad. t.
DURAND-Braokr (Jean-Baptiste-Henri), peintre français,
né à Dol (Ille-et-Vilaine) le 24 mai 4 844, mort à Paris le
25 avr. 4879. Engagé d'abord dans la marine, il fit en
même temps ses premières études artistiques avec Gudin ;
après plusieurs voyages, il se mit sous la direction d'Eu-
gène Isabey. Mais l'atelier ne pouvait le retenir longtemps,
et l'on peut dire que ce fut pendant ses campagnes de
marin aux quatre coins du monde, que Durand-Brager
étudia et pratiqua la peinture. Noter par le menu ses diffé-
rents voyages et leurs incidents serait impossible. En 1840,
il assista à l'exhumation des restes de Napoléon Ier à
Sainte-Hélène, et il publia en 4844, sur cette cérémonie,
un grand ouvrage in-fol., texte et planches. En 4 K40
également, il avait débuté au Salon avec un Bombardement
d'Alger par Duquesne ; en 4844, il exposa le Combat
de la frétjate française Niémen contre les frégates
anglaises Amethyst et Arethusa (musée de Bordeaux).
Différents tableaux, qui lui furent commandés ensuite, ont
péri dans les incendies du Palais-Royal, des Tuileries et
du château de Neuilly en 4848 : le Bombardement et la
prise de Mogador (4845); six tableaux panoramiques de
la Bade de Rio de Janeiro ; plusieurs Vues du Brésil et
les Combats de Tanger et de Saint-Jean d'Vlloa. Pen-
dant la guerre d'Orient (1855, il envoya aux journaux la
Patrie, le Momie illustré et F Illustration, d'intéres-
santes correspondances et de très nombreux dessins. Le
musée de Versailles contient vingt et un tableaux pano-
ramiques, où il a représenté la ville et les environs de
Schastopol, ainsi que les opérations d'attaque de cette
place. Il accompagna, quelques années après, l'empereur
Napoléon III dans son voyage en Bretagne et en Normandie,
et peignit une suite de vingt petits tableaux représentant
les épisodes officiels de ce peut voyage. Il peignit aussi
une suite semblable pendant le voyage d'Algérie, dont il
fit encore partie; ces dernières toiles sont actuellement à
l'Elysée. En 4857, il avait peint pour l'empereur de Russie
une grande toile panoramique, le Combat de Sinope. En
1867, il exécuta, pour l'empereur d'Autriche, deux pano-
ramas de la Bataille de Lissa. En 1869, il fil pour Ver-
sailles le Combat naval de Simonosaki. i sept. 1864.
Outre les œuvres précédemment citées, on connaît encore
de lui : Grand Navire échoué à marée basse (musée de
Laval), et une Vue d'Eupatoria (musée de Nantes). La
grande quantité de vastes compositions qui ontétépemtetpar
Durand-Brager, le caractère officie] «le-, commandai qui lui
étaient laites, n'étaient guère favorables au développement de
réelles qualités artistiques ; aussi, tOUt en rendant justice au
dessin savant, ferme, bien en perspective, au coloris juste
et lumineux <le ses grandes scènes maritimes, il faut recon-
naître que leur ensemble présente toute la sécheresse et la
froideur d'au compte rendu, plutôt fait pour «les archives
ministérielles que pour un musée. Plusieurs relations de
ses voyages, îles anecdotes recueillies pendant les cam-
pagnes auxquelles il a assisté, ont été publiées par lui-
même; il faut y ajouter de nombreux ouvrages illustres,
entre autres : la Marine française (in-fol. . 36 pi.);
la Marine ila Commerce (in-fol., 36 pi.); Physiologie
des armées européennes, et surtout un Voyage autour
du monde. Ad. Taras.
DURAND-Cl.wk (Charles-Léon), ingénieur français, né
à Paris le 7 mai 1830. Inspecteur général des ponts et chaus-
sées (4804). Après quelques années passées dans des ser-
vices départementaux et en Espagne dans une compaf
de chemins de fer, Léon Durand-Claye a été attaché à
l'Ecole des ponts et chaussées, OÙ il professe actuellement
( 18112) la chimie appliquée à l'art de l'ingénieur, la cons-
truction et l'entretien des routes, en même temps qu'il
dirige le laboratoire d'essais, auquel tant d'ingénieurs et
d'industriels ont recours pour l'analyse des pierresà chaux,
des ciments, etc. Léon Durand-Claye est l'un des princi-
paux collaborateurs de V Encyclopédie des travaux pu-
blics ; il a donné à cette grande collection spéciale : Chi-
mie appliquée (4885) ; Routes (dans Boutes et chemins
vicinaux, 4885), par L. Marx et L. Durand-Claye ; Lever
des plans et nivellement, en collaboration avec les ingé-
nieurs des mines Pelletait et Lallemand (4887). Dans tous
ses ouvrages, Durand-Claye fait preuve de beaucoup de
talent et d'un soin minutieux pour être complet dans tous
les sujets qu'il aborde. On cite particulièrement son cha-
pitre sur les mortiers à la mer, dans le premier des
ouvrages que nous venons de citer ; on évitera tout mé-
compte dans les travaux de ports en se pénétrant des prin-
cipes et des faits dont on trouve l'exposé dans l'œuvre de
Durand-Claye. M.-C. L.
DURAND-Ci.ave (Alfred-Augustin), ingénieur français,
frère du précédent, né à Paris le 40 juil. 4841, mort à
Paris le 27 avr. 4888. Il appartenait au corps des ponts
et chaussées et occupait en dernier lieu les fonctions d'in-
génieur en chef de l'assainissement de Paris. Il était aussi
professeur d'hydraulique agricole à l'Ecole nationale des
ponts et chaussées et professeur à l'Ecole des beaux-arts.
Durand-Claye est surtout connu du grand public par son
remarquable talent de parole mis au servie, avec une
ardeur infatigable, de la thèse qu'il a soutenue pendant
tant d'années pour l'extension de l'emploi des eaux
d'égout, thèse qui a définitivement triomphé après sa mort.
Il était le successeur de M. Mille, inspecteur gênerai des
ponts et chaussées, savant modeste, qui s'était efface de-
vant son jeune émule, après avoir été le premier cham-
pion de la cause qu'ils ont servie en commun. On a de
Durand-Claye, outre de nombreuses brochures sur la salu-
brité de Paris : Stabilité ils voûtes en maçonnerie (An-
nales des ponts et chaussées. 18ii7). travail important qui
est resté et qui n'a pas tarde à entrer dans l'enseignement
des écoles d'ingénieurs, en France et i l'étranger : Stabi-
lité des ares métalliques (Annales, IB69) ; Atsatnù
ment de Bruxelles (ibid.. 4870) ; Voûtes biaises (ibid.,
IS72i ; Hydraulique, Affouillements [ibid., 1873);
Pompes centrifuges (ibid., 4S73): Lue Fucino (ibid.,
1878), supplément ,i smi mémoire sur la Stabilité des
voûtes (1880). Le cours A'Hydraulique agricole, auto-
graphié a l'Ecole des ponts et chaussées du vivant de
l'auteur, a été imprimé en 1890, après révision discrète
par M. Launay, ingénieur des ponts et (haussées: c'est un
ouvrage (Paris, 2 vol. in-8) qu'on consultera encore long-
temps avec fruit. On doit aussi a Durand-Claye. en colla-
- 113
DUKAND
'v
borttion avec son frère Léon, un mémoire sur les Gise-
ments actuels de guano au Pérou, paru en L876 dans
les Annules desponts et chaussées. Sun œuvre maltresse
est l'irrigation par les eaux d'égoul ilans la presqu'île do
Genneviluers, premier essai du système qui M'ia déve-
loppé à fart. Ëcoi r).
DURAND di Champagne {Campanus), franciscain, con-
fesseur de Jeanne de Navarre, Femme de Philippe le Bel.
Il écrivit une Somme des confesseurs, dès étendue, et un
Miroir des thunes (Spéculum Dominarum), C'est à tort,
comme l'a prouve M. Delisle, qu'on lui a attribué un Di-
rect orium confessorum.
Bibl. : l'i iin, Nouv. Bibl. des auteurs ecclésiastiques,
1701. XIV, :'."iô. — Fabricius. Bibliotheca lat. med. el inf.
mtalts, 1784, 11,203.— Oddin, Commentarius de scHploribus
•cet. antiquis, kl':', ni. 956 -, Supplementum de script.
secL i Bellarmino omissis, 1788,497. — Siiarac.ua, Snp-
(ementurn a<' scripfores trtum ordinum S. Francise! a
V.iddiiiflo alitera aescrtptos, 1806, 885. — L. Dbi.isi.r,
dans Hi8t. ML de la France, XXX. 308-833.
DURAND dbDistboff (François-Marie), diplomate fran-
çais, no à Thionvillele 19 mai 171 î, morl au Ban-Saint-
Mariiii, près de Metz, le 5 août 1 7 7 s . D'une famille de
conseillers au parlement de Metz, Durand de Distroff,
après avoir étudié à l'université de Pont-à-Housson, suc-
céda i son père dans su charge en 17 il). 11 débuta dans
la diplomatie aux conférences d'Aix-la-Chapelle en 17 18.
11 fut ensuite chargé d'affaires à Londres (1749), puis en
Hollande (1751). En 1754, il fut envoyé en Pologne pen-
dant l'absence du comte de Broglie el il revint dans t-e
pays après le départ définitif de ce dernier en I7,'>8. Il y
resta jusqu'en 1760, fut nommé garde du dépôt des ar-
chives en 17t>2 et partit presque aussitôt pour Londres
avec le duc de Nivernais. Il resta dans celte ville jusqu'en
avril 1763 et revint à cette date diriger les archives des
affaires étrangères jusqu'au 8 juin 1766. Il remplit même une
nouvelle mission a Londres jusqu'en novembre de la même
année et fit encore l'intérim entre l'ambassade de Grouchv
et celle de Du Chitelet dans cette ville, en 1767-68. Il fut
envoyé ensuite a Vienne comme ministre plénipotentiaire
de 1770 a 1772, el en juillet de la même année alla rem-
plir les mêmes fonctions a Pétersboure jusqu'en 1775. Ce
l'ut sa dernière mission diplomatique. Diplomate très avisé,
d'une science et d'une expérience consommées, Durand île
Distrotl est le modèle de ces diplomates de l'ancien régime
qui, sans remplir jamais des missions d'éclat, surent ga-
rantir une partie an moins du patrimoine national des
fautes et des défaillances de l'ancien régime. L. Farces.
Bibl. : !.. m: Lamas, £''»/•■ de Durand de Distroff;
Metz, 1869, in-8. A. Basi hbt, Hist. du dépôt des
affaires étrangères; Paris, 1*75, in-8. Bout aric, Corr.
été de Louis XV ; Paris, in-8. — Duc de Broglie,
le Secret du roi: Paris, in-8. — a. Sorel, Instructions
aux ambassadeurs de France '-n Autriche; Paris, îss:*.
in-8. — I.. Farges, Instructions aux ambassadeurs de
France eu Pologne; Paris. îss- ;n_v . \_ kAmI;U|,.
Instruction* aux ambassadeurs de France en Russie;
Paris. 1890, in-8.
DURAND de Maillane (Pierre-Toussaint), jurisconsulte
et homme politique français, né à Saint-Remi (Provence)
le 1er nov. 1729, mort a Aix le 15 août INI5. Il était
avocat au parlement d'Aix, lorsque le tiers état de la séné-
chaussée d'Arles l'envoya siéger aux Etats généraux de
1789. Il fut l'un des premiers à demander que le mariage
devienne un contrat civil, ce qui lui valut les attaques îles
ecclésiastiques qui siégeaient a droite de l'assemblée. Il prit
une part active aux travaux et aux discussions d'où sortit
la constitution civile du clergé, système qu'il défendit dans
son Histoire apologétique 'lu comité ecclésiastique de
l'Assemblée nationale (1791, in-8). Il fut envoyé a la
Convention par les électeurs des Bouches-du-Rhone et s'y
montra toujours modéré. Il fut ensuite membre du conseil
des Anciens jusqu'rn I7H7. iprès le lx fructidor an Y. il
fut accusé d'avoir favorise la rentrée des émigrés el empri-
sonne au Temple : il fut mis m liberté en 1798. Après le
I* hrumaire, il fut président du tribunal civil de Tarascon,
puis juge au tribunal d'appel d'Aix et fut mis a la retraite
GRA.NUE DICTCLOPÉDrg. — XV.
en 1809. Ses principaux ouvrages sont: Dictionnaire de
il mil canonique ( Vvignon, 1761, 2 vol. in-4 : Lyon, 1770,
î vol.in-4; wid., 1776, 5 vol. in-4 ; ibid., 1787,6 vol.
in-8); Histoire du droit canonique (H69, in-12); Insti-
tûtes du droit canonique (Lyon, 1770, 3voI.in-12) \les
Libertés de l'Eglise gallicane (Lyon, 1771,5 vol. in-4);
/,• Parfait Notaire apostolique par L.-J. Brunet , nouv.
édit. augmentée (Lyon, 1775, 2 vol.) ; l'Ian île code
civil el uniforme pour toute lu République française,
imprimé par ordre du comité de législation (Paris, Inipr.
nal.. 1793, in-8); Histoire île lu Convention (1825,
ill-8). G. R.EGELSPERGER.
Bibl.: Notice biographique en tête de l'Histoire de lu
Convention.
DURAND-Desokmeaux (Fernand), écrivain français, né
à Saint-Jullien (Yonne) en 1840, mort à Brienon (Yonne)
le 30 juil. 1881. Substitut à Bar-sur -Seine en I8(i7, juge
au tribunal de Rambouillet en 1872, il démissionna en
1876. Devenu chef de cabinet de M. Mélinc au sous-secré-
tariat de la justice, il fut nommé le 7 févr. 1X7!) directeur
du personnel au même ministère, démissionna en 1880 et
fut nommé conseiller d'Etat. Il a laissé deux ouvrages re-
marquables : Etudes philosophiques (Paris, 188 i, 2 vol.
in-8); [{('lierions el Pensées (1884, in-8).
DURAND-Grkvii.le (Emile-Alix), littérateur et érudit
français, né à Montpellier le 13 avril 18,'!8. Il habita
longtemps la Hussie et il professa la langue française à
l'Ecole de droit de Saint-Pétersbourg , et la littérature
française au Cours pédagogique (école normale supé-
rieure des filles). Il rentra à Paris en 1872. Depuis
plus de vingt ans, M. Durand-Gréville a publié dans le
Journal de Samt-Pétersbourg de nombreux articles d'art,
de littérature et de science. Il a donné au journal français
le Temps la traduction des principales œuvres d'Y van
Tourguénef, entre autres Terres vierges, roman qui
fut de nouveau publié en 1881, sans le nom du tra-
ducteur. Il a fourni aussi au même journal, en 1886,
une longue étude sur la Correspondance de Tourgué-
nef; plus tard, en 188i), nous trouvons sous sa signa-
ture, dans la Bibliothèque universelle, une remarquable
analyse de l'œuvre du célèbre romancier russe, et un vo-
lume, les Chefs-d'œuvre dramatiques d'Ostrowsky ,
traduits du russe et précédés d'une étude sur l'auteur
(Paris, 18S9). Versé dans la connaissance du petit-rus-
sien, il donna en 1876, à la Revue des Deux Mondes,
sous la signature Emile Durand, une étude sur Chevtchenko,
le poète national de la Petite Hussie. M. Durand-Gréville
est, par les travaux que nous venons d'énumérer, l'un des
hommes qui ont le plus contribué à faire connaître et ap-
précier en France la littérature russe contemporaine. —
Comme critique d'art, il a fourni de nombreux articles à
la Gazette des beaux-arts, à VArt, à V Artiste, au Bul-
letin des musées, àla Nouvelle Revue, à la Revue bleue,
et il fut chargé en 1883-8(5, par le gouvernement fran-
çais, d'une mission d'art en Amérique. Signalons encore
unejintéressante brochure, la Galerie française de V Aca-
démie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg (Saint-
Pétersbourg, 1871). Les recherches sur les procédés
techniques des peintres de l'école hollandaise, et en parti-
culier de Rembrandt, l'amenèrent à étudier les couleurs,
leur application et leurs altérations à travers les âges. De
là sont nées d'importantes publications sur la couleur du
décor des vases grecs, insérées dans la Revue archéolo-
gique (1891) et qui ont provoqué l'attention des chimistes
aussi bien que des archéologues. On doit encore à M. Du-
rand-Gréville des Recherches étymologiques (Saint-
Pétersbourg, 1866) et des études de mathématiques, de
physique et de météorologie publiées dans la Nouvelle
Revue (astronomie physique), dans la Bibliothèque uni-
verselle (météorologie), dans la Nature et dans la Revue
scientifique. Collaborateur de la Grande Encyclopédie,
M. Durand-Gréville y esl charge particulièrement de la
météorologie. E. B.
8
1)1 ll\ND — DITl.WUii
— 1H —
DURAND-dm.Mi.i.K (Alice I'umiiv, femme), épouse du
précédent, connue mus le pseudonyme i'Henry Gréville,
romancière française, néeà Paris telîoct. 1842. Fille du
professeur Jean Fleury (V. ce nom), elle le suivit à Saint-
Péter ibourg ( I *'.>! ) où elle se maria. Elle revint ;i Paris en
1872. Depuis 1*75, elle a fait paraître un grand nombre
de romans ; ils ont obtenu un vif succès; la description
des mœurs de la société russe, l'élégante simplicité «lu
style, les qualités d'observation de l'auteur, l'élévation «Je
son idéal mural, l'intérêt de ses récits j ont également
contribué. Voici la liste de ces nouvelles et romans qui
ont eu généralement plusieurs éditions : A travers champs
(1872); Dosia (1876, in-18); l'Expiation de Savéli
(1876, in-8) ; la Koumiassine (1877, 2 vol. in-18);
la Princesse Oghérof( 1877, in-18); Son£a(1877, in-18);
Stéphane Makarief (1877, in-18); Autour d'un pliure
(1877, in-18); Suzanne Normis (1877, in-18); Nou-
velles russes, les Epreuves de Raîssa (1877, in-18);
la Maison de Maurèze (1877, in-lv2); l'Amie (1878,
in-12) ; Marier sa fille (1878, in-12) ; Ariadne (1878,
in-12); la Niama (1878, in-12); Bonne Marie (1878,
in— 1 -2) ; Lucie Rodey (187!), in-12) ; les Mariages de
Philomène (1879, in-12); Un Violon russe (1879,
in-12); Croquis (1880, in-12); Cité M énard (1880,
in-12) ; l'Héritage de Xénie (1880, in-12) : le Moulin
Frappier (1880, in-12) ; les Degrés de l'échelle (1881,
in-12); Madame de Dreux (1881, in-12); Perdue
(1881, in-12); le Fiancé de Sylvie (1882, in-12);
Rose llo-Jer (1882, 2 vol. in-12); le Vœu de Nadia
(1882, in-12); Une Trahison (1882, in-12); Louis
Breuil (1883, in-12) ; l'Ingénue (1883, in-12); An-
gèle (1883, in-12); Un Crime (1884, in-12) ; Folle
Avoine (1884, in-12) ; le Mors aux dents (1885, in-12) ;
les Ormes (1885, in-12); Claire fontaine (1885, in-12);
Idylles (1883, in-12); Cléopâtre (1886, in-12); le
Comte Xavier (1887, in-12) ; la Fille de Dosia (1887,
in-12); Frankley (1887, in-12) ; Nikanor (1887, in-12);
Comédies de paravent (1888, in-12) ; la Seconde Mère
(1888, in-12) ; Chant de Noces (1889, in-18), etc.
Un drame en cinq actes, l'Expiation de Savéli, a été
joué à Lille (1888). Henry Gréville a publié en 1882 un
Manuel d'instruction civique et morale des ieunes
filles.
DURAND-Molard (Martin), publiciste français, né à
Chàtillon-les-Dorabes en 1771, mort à Nantes en 1831. Il
se lança au moment de la Révolution dans la presse roya-
liste, collabora aux Nouvelles politiques, au Courrier
républicain, au Courrier français, sut échapper aux
poursuites dirigées contre lui et, condamné à mort par
contumace par un conseil militaire en 1793, put rentrer
en France en 1797 sans être inquiété. Il dirigea alors
l'Europe politique et littéraire, mais il fut inscrit sur
les listes de proscription du 18 fructidor et dut quitter
Paris.' Il y revint après le 18 brumaire, fut nommé en
1802 secrétaire général de la Martinique où il demeura
jusqu'en 1807. Il occupa de nouveau ce poste sous la Res-
tauration (181 4-1827). On a de lui quelques opuscules :
Antidote à la proclamation du Directoire (Lyon, 1799);
Essai sur l'administration intérieure des colonies
(Paris, 1814). Il a aussi publié le Code delà Martinique
(1807).
DU R AN D-Sayovat (Napoléon), homme politique français,
né à lzeaux (Isère) le 21 oct. 1800, mort à Cornillon-en-
Trièves (Isère) le 23 avr. 1859. Elève de la fameuse école
d'agriculture de Roville, il cultiva en grand ses propriétés
de l'Isère. Républicain convaincu, il dirigea en 1830 le
Dauphinois et fui élu en 1848 représentant de l'Isère à
la Constituante où il combattit vivement la politique de
Louis-Napoléon. Réélu à la Législative, il lit partie du
comité de résistance au coup d'Etat du 2 déc. et demeura
ensiiile dans la vie privée. — Son neveu. Léonce-Emile
Durand-Savoyat, né a Monestier-de-Clermont (Isère) le
I i l'evr. 1847, avocat à Grenoble, fut élu conseiller gé-
néral de l'Isère, pais député de ce département en 1885.
A la Chambre, il appuya la politique opportuniste el com-
battit le boulangisme. Il ai ata pas aux élections
raies de 1889 et fut nommé sénateur de l'Isère le
i.j révr. 1891. — James Durand-Savoyat, fils de Napoléon,
né a Mu', en 1849, commerçant et agriculteur, a été élu
député de Grenoble aux élections du 22 sept. 1889 par
5,1 1 1 vois contre 4,548 a M. Louis (.udlot, dépuh
tant. Son programme le dasse parmi b's opportuni
DURANDO (Giovanni), général piémontais, né i Mon-
dovi le 25 juin 1804, mort a Florence le 27 mai 1869.
Lieutenant an régiment de Coneo, il fol impliqué avec Mm
frère dans une conspiration libérale, en 1831, destitué et
obligé de s'exiler. Il se rendit d'abord <m Belgique, puis
en Portugal (1832), ou il servit dan- l'armée constitution-
nelle, et enfin en Espagne (1853), ou il combattit au--i
pour la liberté et parvint au grade d>- général. Rentré en
Piémont, il fut appelé a Rome en 18 18 et recul le com-
mandement des troupes qui devaient coopérer à la guerre
de l'indépendance nationale. Il les conduisit en Véneiie et
dirigea l'admirable défense de Vicence (21 mai-l I juin).
Réintégré dans l'armée sarde, il commanda une division
dans la campagne de Novare, ou il éprouva un grave éehec
à Mortara (1849), dans l'expédition de Crimée (1855), el
a Solferino, ou il soutint efficacement le maréchal Bara-
guey-d'llilliers (1859). Nomme général d'armée en 1*00,
il exerça de grands commandements en Toscane, sur la
rive droite du Pô, à Naples (1801), en Lombardie, où
il se trouvait lors de l'affaire de Sarnieo ( 1802). Dans la
campagne de 1860, il eut sous ses ordres le premier
corps et l'ut grièvement blessé a Custoza. Député en 1848
et 1849, il siégea à droite. Il était sénateur depuis le
29févr. 1860.
DURANDO (Ciacomo), frère du précédent, général et
homme politique piémontais, né a Mondovi en 1807. Fils
d'un procureur, il fit son droit à Turin. Compromis i
Brofferio dans une conspiration (1831), il passa en Bel-
gique, s'engagea dans la légion étrangère, et, après la
dissolution de celle-ci, alla avec son frère combattre en
Portugal pour la cause constitutionnelle (1852), puis en
Espagne avec la légion italienne des chasseurs d'Oporto, et
devint colonel en 1858. Après la capitulation de Saragosse,
il se retira à Marseille (1844), ou il publia en français un
opuscule intitulé : De la Réunion de la Péninsule ibé-
rique par une alliance entre les dynasties d'Espagne
et de Portugal, Rentré en Piémont (1845). il écrivit son
livre de La Nazionalità italiana, qu'il vint faire imprimer
à Paris (juil. 1846). Il y soutenait une seule monarchie
nationale, une constitution, et l'abolition du pouvoir tem-
porel de la papauté. Celte publication, qui produisit une
impression très vive, l'obligea à rester en exil jusqu'en
1847. Revenu dans sa patrie au moment de- réformes, il
fonda à Turin VOpinione, et fut, .wcc Cavour, Pietro di
Santarosa et Brofferio, des premiers à réclamer une cons-
titution. En 1848, le gouvernement provisoire de Lom-
bardie lui donna, avec le grade de général, le commande-
ment des volontaires lombards, qui défendirent la frontière
du Tirol (V. Cafjfaro). Après l'armistice de Salasco, il
ramena, par une marche hardie, toute sa troupe sur le
territoire piémontais. On l'envoya comme commissaire royal
à Gênes pour y calmer l'agitation. Député de Mondovl, il
fut vice-président de la Chambre. Aide de camp du roi
Charles-Albert, il l'accompagna à Novare et assista à son
abdication (25 mars 18 19). Dévoué à la politique de Cavour,
le général Giacomo Durando contribua beaucoup à faire
voter le traité d'alliance avec les puissances occidentales.
Il remplaça La Marmora comme ministre delà guerre pen-
dant l'expédition de Crimée (1855). Il entra alors au
Sénat. Il l'ut ensuite ambassadeur à Constantinople (1856*
1861). En juil. 1861, il conclut un traité avantageux avec
la Porte, qui reconnut le royaume d'Italie. Rattazzi lui
confia le ministère des affaires étrangères (31 mais 1862).
Au lendemain d'Aspromonte, il adressa aux puissances
- 115 -
DURANDO — DURANTI
une note qui démontrait la nécessité d'une solution des
questions de Rome et de Venise MO sept.). H tomba du
pouvoir avec Rattam (8 déc.). Tous les partis, depuis
lors, se sont plu à entourer le général Giacomo Durando
de leur vénération. ' • "•
DURANGO. Ville d'Espagne, ch.-l. de district de ta
prov. de Biscaye, sur la rmere du même nom. située dans
une plaine couronnée de hautes montagnes ; 1,276 hab. Le
pays produit surtout des fruits ; le commerce est assez
actif : il y a plusieurs moulins, des usines métallurgiques
et quelques manufactures de tissus. E. Càt.
DURANGO. Etat du Mexique, borné à l'O. par la
Sinaloa, à l'E. par la Coahuila et le Zacatecas, au S. par
le Jaliseo. au N. par le C.liilmaliiia . I 10.170 kil. q.;
•200,000 hab. environ. 11 est entièrement Formé par la
si. ira Madré et touche au N. au Bolson de Mapimi, auquel
il envoie le rio Na/as. C'est donc une région élever.
froide en hiver, sans chaleurs excessives en été et peu
humide. On y cultive par suite le coton, le blé, le mais.
L'Etat renferme de nombreuses mines, notamment d'or,
d'argent et de enivre; mais les moyens de transport, la
sécurité et les bras manquent pour les exploiter. C'est le
moins peuplé des Etats du centre. — La capitale est
Durango, fondée au wi1' siècle, mais embellie à la fin du
Win9 siècle par le mineur Zambrano; c'est aujourd'hui
une des plus belles villes du Mexique; 12, 500 hab.
DURÀNIS (Domains). Dynastie afghane qui a régné
dans le Khorassan, a Péchàver et dans le Pendjab de
17 17 a 1842. Elle se compose de dix princes dont le pre-
mier est Ahmed-chah et le dernier Altàf-Djang. Us tiraient
leur nom du pays de Duràn au S.-O. de Kandahar, dont
cette lamille était originaire. 11 existe de très belles mon-
naies d'or des Durants, lrappées à l'imitation de celles des
urands inoçols de l'Inde. E. Dr.
1 Uiul. : Longworth, Coins of the Durânis, dans le
Xumism. chronicle, 1888.
DURANT, DURANT1 ou DURANTIS (Guillaume), évèque
de Mende (V. Durand [Guillaume]).
DURANT (Gilles), sieur de La Bergerie, poète français,
né à Clermont (Auvergne! vers 1550, mort en 1615.
Avocat au parlement de Paris. On peut citer de lui : .1
Mademoiselle ma commère sur le trépas de son âne,
curieux pamphlet contre la Ligue qui se trouve d'ordinaire
annexé à la Satyre Mênippée; Imitations tirées du latin
de J. Bonnefons avee autres gaietés amoureuses de
l'invention de l'auteur (Paris, 1587, in-12; plusieurs
éditions); les Œuvres poétiques (Paris, 1394, in-12).
DURANT (Mis-, Susan), sculpteur, née dans le Devon-
shirc en 1830, morte à Paris le Ier janv. 1875. Elève de
Triqueti, elle a commencé à exposer en 1847. Ses prin-
cipaux envois sont : Une Jeune Fille (statue; S. 1850);
llobin Hood (S. 185(5) ; la Bergère fidèle (statue
1866), etc. Miss Durant a fait de nombreux portraits,
bustes ou médaillons, celui de la princesse Louise, son
élève, de Mme Beccher-Stowe, le monument funèbre du
Boi Léopold, dans la chapelle Saint-George à Windsor,
une série de bas-reliefs sur le mythe d'Achille et de Thétis
chez sir Goldsmid. E. Courboin.
DURANT de Rrf.val (John) (V. Breval).
DURANTE, poète italien du commencement du xive siè-
cle. Tout ce qu'on sait de lui, c'est qu'il était Toscan, qu'il
exerçait la profession de notaire et qu'il composa une série
de deux cent trente-deux sonnets dont l'ensemble forme
un poème qui peut être considéré comme une imitation très
libre du célèbre poème français du Roman de In Base. Le
poème italien, auquel le premier éditeur a donne le nom de
// Fiore. parce que- le mot rose y est remplacé par le terme
plus vague de fleur, ne nous est parvenu que dans un seul
manuscrit conservé dans la bibliothèque de la Faculté de
médecine de Montpellier. M. Castets l'a publié pour la pre-
mière fois en 1881 ; une édition meilleure a été donnée
tout récemment par M. Ma/zatinti ; elle se trouve, précédée
d'une longue introduction de M. tiorra, dans le recueil
intitulé Inventario dei manoscritti italiani dette bibl,
di Franda (Rome, ISSS, t. lll, pp. 119-750). Ant. T.
DURANTE (Francesco), célèbre compositeur napolitain,
chef d'une école renommée, né à Erattamaggiore (royaume
de Naples) le 15 mars 1(181, mort le 13 août 1755. Il
lit ses éludes au conservatoire de Naples dit Dei poveri
di Giesù Christo et travailla avec Greco et Scarlatti.
Somme bourru, timide de caractère, froid par tempérament,
mais très religieux. Sans avoir la richesse harmonique de
l'école romaine, son œuvre religieuse, déjà plus mélodique,
a des qualités de premier ordre, tant par l'abondance des
développements que par la sûreté des tonalités. Son har-
monie est savante, souvent délicate, et l'écriture des parties,
toujours chantantes et faciles, a une souplesse, un peu
mièvre peut-être, que l'on ne rencontre pas dans la rude
et puissante école romaine. Durante n'a rien écrit pour le
théâtre, quoiqu'il ait formé nombre d'élèves qui ont excellé
dans cet art et oublié, pour les succès faciles de l'opéra,
la composition religieuse qui restera toujours le plus beau
fleuron de la vieille école italienne. En l'année 1744, Du-
rante fut nommé maître du conservatoire de Loreto et c'est
la qu'il forma nombre de ses célèbres élèves. Il laissa un
œuvre considérable composé de soixante-deux numéros. La
collection complète en a été apportée en France et est
devenue la propriété de la bibliothèque du Conservatoire.
Elle se compose de treize messes ou fragments de messe ;
quinze psaumes; six antiennes ; trois hymnes ; dix-neuf
motets; des cantates et sonates. Ch. Bordes.
Bibl. : Fétis, Biographie des musiciens. — Marquis do
Villadora, Mémoires sur les musiciens napolitains.
DURANTH0N (Antoine), homme politique français, né
à Mussidan (Dordogne) en 1736, mort à Bordeaux le 20 déc.
1793. Avocat à Bordeaux, procureur-général-syndic du
dép. de la Gironde, il fut nommé ministre de la justice à
la place de Duport-Dutertre (13 avr.-3 juil. 1792). Il fut
eu butte aux suspicions du côté gauche de la Législative à
cause de sa mollesse et de son impéritie à l'occasion des
troubles religieux. Le compte qu'il rendit à ce sujet le
24 juin 1792 fut déclaré insuffisant, et il démissionna le
3 juil. suivant. Retiré dans sa famille à Bordeaux, il fut
arrêté à la fin de 1793 et condamné à mort par la com-
mission militaire établie dans cette ville pour juger les
fédéralistes. F. -A. A.
DURANTI (Jean-Etienne), de son vrai nom Durant, ma-
gistrat français, né à Toulouse en 1334, mort assassiné
à Toulouse le 11 févr. 1589. Duranti était fils d'un con-
seiller au parlement de Toulouse, et débuta avec succès
au barreau de cette ville. Il fut élu capitoul en 1563
et, en cette qualité, harangua Charles IX, lorsque ce roi
vint à Toulouse. Il fut nommé ensuite avocat général,
puis, en 1581, premier président, toujours au même parle-
ment. Ce dernier poste fut fatal pour lui. Toulouse prit
parti pour la Ligue. Dans une assemblée des capilouls, la
question de la déchéance du roi Henri III avait été posée,
après les paroles véhémentes d'un avocat toulousain,
Tournier; Duranti, fidèle au pouvoir royal, prononça la
dissolution de l'assemblée. Ee 24 janv. 1589, il convoqua
le parlement devant lequel les attaques contre le roi se
renouvelèrent. Des bandes armées envahirent la salle ; le
président Duranti ne put regagner de suite sa demeure et
se réfugia chez les capitouls. Rentré plus tard chez lui, il
s'y tint plusieurs jours enfermé; mais l'émeute progressait,
et les Dix-huit, qui étaient les chefs du mouvement,
firent arrêter Duranti. Il fut conduit à l'hôtel de ville, puis
au couvent des Jacobins que la foule envahit, accusant
Duranti de conspirer du fond de sa prison. Le premier
président essaya de haranguer ses persécuteurs, mais il
tomba bientôt frappé d'un coup d'arquebuse. Le peuple se
jeta sur lui, le perça de coups el traîna son cadavre dans
les rues; on l'attacha au pilori, avec le portrait de Henri lll
placardé au dos. Il fut enterré secrètement le lendemain
dans l'église des Cordeliers. Son beau-frère, Jacques Daffis,
avocat général, subit le même sort que lui. Henri IV, par
DURANTI - DI RAS
— 110 —
l'édit de Folembray, du l" janv. 1596, donna à la ville <!'•
Touloose des lettres d'abolition des meurtres de Duranti et
de Daffis. Duranti a écrit De IUlibu» Ecclesias catholicœ
libri lll (Rome, 1881, in-fol.el in-8; Lyon, 1594 ; Paris,
\^-l\). G, Regelspebceb.
Bibl. : Nar ratio fidelia de morte I). H- Joe. Sieph. Du-
ranti; Paris, 1600. — Garren, Eloge de Jean-Etienne
Duranti; Toulouse, 1771. -- Cour royale de Toulo
audience solennelle de rentrée du 6 nov. 1844. Discours de
M. L'avocat général Lafiteau, Duranti ; Toulouse, 1844.
l)i: ThOU, Histoire. — Histoire yi'nérale du Lunijur.itur,
par un religieux bénédictin de la Congrégation de Saint-
MaurfDom vaissète); Parie, 1730-1745, t. V.
DURANTI (Durante, comte), poète et orateur italien,
né à Brescia en 17 IS, morl à Palazzolo le 24 nov. 1780.
Appartenant à un siècle rigoureusement dénué de toute
originalité poétique, il se borna, comme ses contemporains,
à imiter Pétrarque, Bembo, L'Arioste, les tragiques fran-
çais, ce qui lui attira l'estime générale et même de l'ad-
miration. Il passait également pour un orateur très distin-
gué: il composa du moins quelques discours qui ont été
imprimés : Orazione in morte del savio ea onorato
cavalière il signor Paolo Uggieri, Brescia no (Brescia.
1757) ; Orazione in morte del cardinale Angelo-Maria
Quirini, vescovo di Brescia (Brescia, 1757) ; Orazione
delta net pieno gênerai Consiglio delta cilla di Brescia
a façon1 délia suppliea de' miserabili abitanti di Dra-
golino (Brescia, 1780). Ses poésies se composent d'un
recueil d'épitres, odes, canzones, etc., intitulé [Urne (Bres-
cia, 1755), d'un petit poème, l'Uso, dans le genre du
Mattino de Parini, et de deux tragédies : Virginia (Bres-
cia, 1764); Attilius Regulus (Turin, 1771). R. G.
DURANTI de Bonrecueii. (Joseph), théologien français,
né à Aix le 8juil. 1662, mort à Paris le 10 mai 1756.
Prêtre de l'Oratoire. On peut citer de lui : l'Esprit de
l'Eglise dans la récitation des compiles (Paris, 1734,
in-12), la traduction des Panégyriques des martyrs et
des Lettres de saint Jean Chrysostome, celle des Lettres
de saint Ambroise et de ses Œuvres sur la Virginité
arec une Dissertation sur les vierges (Paris, 1729), la
traduction des Psaumes de David, etc.
DURANTIN (Aimé-Adrien- Armand), auteur dramatique,
né à Senlis le 4 avr. 1818, mort en janv. 1892. Il débuta
à l'Odéon en 1843 par un acte écrit en collaboration avec
M. de Kieux, Un Tour de roulette. Il donna ensuite un
certain nombre de pièces médiocres parmi lesquelles :
l'Oncle à succession (Gymnase) ; la Mort de Strafford
(cinq actes en vers, Odéon. 1849) ; les Comédies de salon,
avec Anicet-Bourgeois ; la Femme d'un grand homme.
Il avait fourni à M. Alexandre Dumas fils le canevas
(entièrement, retouché) à'Héloïse Paranquet, comédie
représentée sans nom d'auteur (Gymnase, 20 janv. 186(>).
Une autre pièce en trois actes, Thérèse Humbert, échoua
au Gymnase en 18(i8. Le silence s'est alors fait autour de
cet auteur qui a donné quelques romans et a collaboré à
diverses publications littéraires en tète desquelles il con-
vient de citer les Français peints par eux-mêmes.
DURANT0N (Alexandre), jurisconsulte, né à Cusset
(Allier) le 25 janv. 1782, mort en 1800. Inscrit au barreau
de Paris en 1810, il publia en 1819 un Traité des Contrats
et des obligations en général (4 vol. in-8), très estimé.
Professeur de procédure civile à la Faculté de droit de
Paris après la mort de Pigeau (1820), il permuta en 1822
avec un de ses collègues pour prendre une chaire de code
civil. Ce fut alors qu'il écrivit son grand ouvrage, Cours
ite ilroit civil français suivant le Code civil (Paris,
1825-1837, 21 vol. in-8; 4e édit., Paris, 1844, 22 vol.
in-8). Il prit sa retraite en 1856. Quoiqu'il ne plaidât pas,
il n'avait jamais voulu quitter le barreau ; il assistait aux
réunions d'avocats et aimait à y suivre et à encourager les
débuts de si's anciens élèves. — Son fils, Antoine-Jean-
Baptiste-Frédéric Duranton, né à Paris en 1818, lui
succéda dans sa chaire, après lui avoir servi de suppléant
depuis 1840.
DURANTY (Louis-Emile-Edmond), littérateur français,
nr a Parii le •> juin 18:13, mort a Paris le 10 a\r. 1**0.
I ils naturel, dit-on, de Prosper Mérimée, il débuts en
1 s;,«; dans les lettres en créant,»* J. Aasézal et M. le
Dr Thulié, un journal intitulé Béalisme, destiné à défendre
les théories de Champfleur) et qui n'eut que six numéros.
Son premiei roman, le Malheur a Henriette t, ■raidi l m;i .
in- 1 s, eaux-fortes d'Alph. Legros), fut suivi de h
du beau Guillaume (1862, in-18); des Combats de
Françoise Duquesnoy (1878, in-18) et de trois recueils
de nouvelles : ûs Séductions du < ht valierNavonU 1876,
in- IX) \les Six Durons de Seft-Fonlaines (4878, in- IX) ;
le Pays des arts ( 1881 , in-18). En l*'i2. il réunit sous
le litre de Théâtre des marionnettes du jardin de» Tui-
leries (1862, gr. in-8) les saynètes dont il avait égale-
ment composé les illustrations. Défenseur convaincu d'ar-
tistes dont il n'a pu voir le triomphe, Durants a cent eu
leur faveur de très nombreux articles qui n'ont point été
recueillis, à l'exception de la Nouvelle Peinture (1*TH,
in-8). Un travail important sur la Caricature étrangère
pendant la guerre de i870-7i, inséré dans la Gazette
des beaux-arts, n'a pas été réimprimé, non plus que
d'autres études fournies au même recueil. M. Tx.
DURANUS. Com. du dep. des Alpes-Maritimes, arr. de
Nice, cant. de Levens; 182 liai».
DURANVILLE. Com. dudép.de l'Eure, arr. de Bernay,
cant. deThiherville; 283 hab. Fabrique de rubans. Eglise
avec un curieux portail roman du xie siècle.
DURÀ0 (Antonio Figueiba), poète latin portugais, né
à Lisbonne vers 1017, mort en 1642. Elève de l'Université
de Coïmbre, il devint de bonne heure un latiniste brillant, et
vers l'âge de dix-huit ans il acquit presque une célébrité par
son poème sur saint Ignace de Loyola : Ignatiados, qui ne
fut cependant imprimé que plus d'un siècle plus tard [Cor-
pus illustrium Poetarum Lusitanonnn; Lisbonne. 1 7 '>'.
7 vol. in-4, t. V). A l'occasion de son doctorat en droit,
il improvisa devant ses juges un poème: Templum ivterni-
tatis. Envoyé à San Luizde Maranham, au Brésil, en qua-
lité A'ouvidor, poste de haute magistrature, il y mourut au
bout de peu de temps. On lui doit encore des églogues
et des élégies qui sont supérieures à ses compositions
épiquesv G. P-i.
DURÂO (José de Santa Rita), poète épique brésilien,
né à Cata Prêta, près de Marianna, en 1737, mort à
Lisbonne le 24 janv. 1784. Elève du collège des jésuites
à Rio de Janeiro, il se fit recevoir docteur en théologie à
l'Université de Coïmbre le 24 dcc. 1756 et entra dans
l'ordre des Ermites de Saint-Augustin à Leiria. S'étant
trouvé en conflit avec ses supérieurs, il quitta le Portugal,
fut longtemps retenu prisonnier en Espagne et passa douze
ans à Home. Vers 1778, il emporta au concours une
chaire de théologie à Coïmbre, puis il devint prieur de son
ordre. N'oubliant point son origine brésilienne, il voulut
honorer sa patrie par un poème, et il prit pour sujet l'his-
toire fabuleuse de la découverte et de la colonisation de
Rallia par Diogo Alvares Corrèa, dit Caramurti (Y. ce
nom). S'il ne brille pas par la composition, ce poème est
original dans les détails et captivant par la beauté de la
langue et l'harmonie de la versification. Durào est l'un des
précurseurs immédiats des véritables épiques brésiliens. Le
Caramurii, publié à Lisbonne en 1781. a été réédité bien
des fois et fut traduit en français par Eug. Garay de Mon-
glave (Paris, 1829, 3 vol. in-12). G. Pawi.owski.
Bibl. ; A. ni; Varnhagen, Epicos bruzileiros. 1845. —
Du même, Florilegio de Poesiu brazileira, 1860, t. I. —
J. l'r. da Su. va, Diccion. biblioar. portuo-- t. V. —
F. Woi.it, Je Brésil littéraire, 18b3.
DURAS. C.h.-I. de cant. du dép. de Lot-et-Garonne,
arr. de Marmande ; 1,612 bah. — La juridiction seigneu-
riale de Duras, qui devait être érigée en duché (1689) par
Louis XIV, et en duché-pairie, en 1755, appartenait, durant
le xme siècle, a la puissante famille de Goth. Marquésiede
Goth, nièce du pape Clément V, l'apporta en dot à Arnaud
de Durfort, dont les descendants l'ont possédée jusqu'à la
Révolution. L'histoire de ces grands seigneurs, très mêlés à
— 117 —
Dl RAS — DUUBEC
tous lis événements, est plus connue que celle de la ville
dont ils ont porté le nom. Rappelons seulement que Duras
ht pris par les Anglais en 1348 et 15-1 et assiégé, en
1377. par le duc d'Anjou el Dugueselin. Pendant les guerres
de religion du wi siècle, Honuucet Buries'en emparèrent
en 1363. — La ville de Duras, dans une position forte, esl
construite sur un plan asseï régulier. Une porte, défendue
par une tour carrée, subsiste encore à l'I'.. : à l'O., sur
un promontoire escarpé, s'élève le château, sorte de bas-
tille, au plan rectangulaire, flanquée de six tours rondes.
Ce château, du commencement du xv" siècle, en a remplacé
un autre, rase en 1389. 11 a été remanié au xvi° et au
xmii'' siècle. A cette dernière époque, il se rattachait à un
parc superbe, qui s'étendait jusqu'au Drot. On cite : trois
tannins dans les environs de Duras, à Baleyssagues, La-
mothe. Cocossote ; un cimetière antique, à Peyrecave ; un
cimetière carolingien, autour des substructionsdela vieille
église de Saint-Ayrard. G. Tholiw.
Bibl. : J. I'avki'. Prias historique sur la famille de
rt-Duras ; Marmande, 1858, iiwJ.
DURAS (Famille de) (Y. Dirkort).
DU RAVEL. Coin, dudép. du Lot, arr. de Caliors, cant.
de Puy-TEvèque ; 1,339 bab. Hauts fourneaux et fonde-
ries. — Ancien camp romain. Eglise romane avec crypte.
Dui-avel est l'ancien Diolindum, sur la voie romaine de
Caliors à Bordeaux. Place très forte au moyen âge; la gar-
nison de Caliors désespérant de pouvoir détendre contre les
Anglais la vaste enceinte de cette place, sous le règne de
Charles V. se relira à Duravel et y brava avec succès
tous les efforts de Robert fournies, capitaine anglais.
DURAZNO. Ville de l'Uruguay, th.— 1. du département
ou même nom, sur le Yi. traversé par un pont de 023 m. Klle
a 2.000 bab. — Le département, compris entre le Rio Negro
et PYi, a 13, -25-2 lui. q. et 20.045 bab. (en 1885). L'éle-
vage du bétail est la principale ressource (V. Uruguay).
DURAZZO. Ville d'Albanie, à 80 kil. de Janina. C'était
autrefois la ville grecque d'Epidomne, colonie des Cor-
eyréeas, dont les Romains changèrent le nom (de mauvais
augure pour eux) en celui de Dyrrachium. Cette ville
était le point de débarquement des armées romaines :
la via Lqnatia, traversant toute la péninsule, conduisait
de Dyrrachium à Thessalonique. Séparée du continent
par de vastes lagunes, elle n'était abordable que par deux
étroits défilés ; Pompée en fit sa place d'armes ; César
vint l'y investir dans son camp; mais, après des tra-
vaux immenses, il renonça à bloquer l'armée pompéienne
qui avait l'avantage d'être maltresse de la mer. Sous la
domination romaine . Dyrrachium avait le titre de cité
libre. — Robert Cuiscard, en 1081, battit Alexis Comnène
devant Durazzo et s'empara delà ville après quelques jours
de siège. Lois de la conquête" de Constantinople par les
Latins, elle échut aux Vénitiens. Le despote d'Epire, Théo-
dore-Ange Comnène, s'empara de la ville qui tut vaine-
ment assiégée par l'empereur Pierre de Courlenay (12-20).
Durazzo lut apportée en dot par Hélène, tille du despote
d'Epire, à Manfred, roi de Naples ; Charles d'Anjou s'en
empara (4268). Durazzo l'ut érigé en duché en faveur de
son petit-fils Jean 1 1294), dont la postérité conserva cette
ville jusqu'en 1373; le duc Charles la vendit alors aux
Balsa qui possédaient la plus grande partie de l'Epire. Ba-
jazet II en fit la conquête. Le port de Durazzo est médiocre ;
mais la situation de cette ville lui donne et lui donnera
surtout quelque importance au point de vue des commu-
nications ; c'est le point d'atten isseinent du cable de Brin-
di>i. Le commerce es) peu considérable (V. Albanie). C'est
le siège d'un archevêque grec et d'un évèque catholique-
latin. L. Del.
Biiil. : L. Hbuzey, 1rs Opérations militaires de .Iules
César étudiées sur le terrain parla Mission archéologique
de Macédoine plan de la bataille de Dyrrachium): Paris,
— Anne COMNI ..m:, l Alexiade.
DURAZZO. Noble famille génoise, alliée aux Grimaldi,
qui fournit à la république plusieurs dîmes : Giacomo
(4373-75), Pietro (4649-4621 1, Ce-are (4663-67), Pie-
Iro (4683-87), Vincente {4709-4744), Marcellino (4767-
69). C'est ce dernier qui signa le traité abandonnant la
C.oinc au gouvernement français.
DURAZZO (le comte Jacopo), ambassadeur de l'empe-
reur d'Autriche près la république- de Venise, né à Cènes
en 1718, mort en 1795. Amateur éclairé et passionné des
beaux-arts, il fut chargé en 177 5 par le prince Albert de
Saxe-Teschen, gouverneur des Pays-Bas, de compléter sa
collection d'estampes anciennes, et ce fui lui qui forma le
noyau de la fameuse collection Albertine de Vienne. Celte
lâche achevée en deux ans, le comte Durazzo entreprit de
former pour lui-même une collection d'estampes et y con-
sacra sa vie entière. La collection Durazzo, mise en vente
a Stuttgart en 1872 et 1873, se composait d'environ sept
mille pièces, presque toutes de premier choix, entre autres
d'une série de nielles de toute beauté. Une grande partie
des bonnes pièces de cette collection est passée dans celle
du baron Kdm. de Rothschild.
DURBAN. Coin, du dèp. de l'Ariège, arr. de Foix, cant.
de La Bastide-de-Sérou ; 1,01!) liai).
DURBAN. Ch.-l. de cant. du dèp. de l'Aude, arr. de
Narbonne; 929 bab. Mine de houille peu importante. Cette
localité, située dans les montagnes qui séparent le bassin de
l'Aude de celui de l'Agly, est assez ancienne. La famille
seigneuriale de Durban, vassale des vicomtes de Narbonne,
est citée dès l'an 1023. Au xvin0 siècle, la baronnie de
Durban et Gléon était une des principales du diocèse de
Narbonne. Parmi les possessions de la famille au xiv° siècle,
il faut compter Leucate, que Philippe le Bel acquit de
Raimond et de Gaubert de Durban (1309), en leur don-
nant en échange les lieux d'Olonzac et de Villegly.
DURBAN. Corn, du dép. du Gers, arr. et cant. (S.)
d'Auch ; 333 hab.
DURBAN. Ville d'Afrique, colonie du Natal, ch.-l. du
comté de Durban, à 80 kil. E.-S.-E. de Pieter-Maritzburg,
sur la rive N. du bassin de Port-Natal. La ville de Dur-
ban a été fondée en 1846 et occupe l'emplacement d'un
fourré que parcouraient les éléphants. Son nom lui a été
donné en l'honneur du gouverneur du Cap, d'Urban (1834).
Elle se compose, en réalité, de deux villes distinctes, reliées
par un chemin de fer : le quartier marin, Port-Natal, à
i'entrée de la baie, avec ses appontenients, ses magasins,
ses entrepots, ses brise-lames; le quartier bourgeois ou
Durban proprement dit, sur la colline, avec ses rues larges
et régulières, plantées d'arbres, et ses jardins à végétation
tropicale, son jardin botanique, entre autres. A l'O. de la
ville est la colline boisée de Berea, parsemée de villas oii
résident les riches marchands. Par sa population, Durban
est la première ville de la Natalie et l'emporte sur la ca-
pitale; au 31 juil. 1887, on comptait 10,943 hab. ; en
1885, 17,127 hab., se décomposant en 8,893 Européens,
4,321 indigènes, 3,711 Hindous, Arabes et Chinois. L'île
de Salisbury, dans la rade, renferme plus de 2,000 Hin-
dous adonnés à la pêche, dont ils fournissent le marché
de Durban; un aqueduc apporte de 13 kil. plus de
1,100,000 lit. d'eau potable par jour. Par ses chemins de
fer et par son port, Durban est le centre du commerce de
toute la Natalie et reçoit, en outre, une grande part du
trafic des républiques hollandaises (V. Natal). Le mouve-
ment de la navigation dans Port-Natal a été, en 1883 :
024 navires, jaugeant 444,830 tonneaux, dont 308 ba-
teaux à vapeur, jaugeant 329,400 tonneaux. C. Del.
Bibl. : The Slalesman's year-booh for the year 1890.
DURBANS. Coin, du dép. du Lot, arr. de Eigeac, cant.
de Livernon ; 307 bab.
DURBEC (Ornitb.). Le genre Durbec (Carytkus Cnvier,
Règne unim., 1817, p. 397,4r6édit.,ou Pinicola Vieillot,
Oiseaux de l'Amérique septentrionale, 1807, p. rv) ne
renferme qu'une seule espèce do Fringillidés (V. ce mol)
qui habite les régions septentrionales de l'ancien et du
nouveau monde et qui, comme son nom même l'indique, a
h' bec lies robuste. Dans cette espèce qui porle le nom
deCorythus enucleator L., la mandibule supérieure est
DURBEC — Dl REA1
— 118 -
un peu arquée, avec l'arête arrondie, et dépasse un peu à la
pointe la mandibule inférieure; les narines sonl cachées
Bous 1rs plumes du (tout ; les ailes sont bien développées
el |iiiiniiics; la queue, longue et souple, est un peu échancrée
in arrière; les pattes sonl fortes, les doigts allon
munis d'ongles recourbés et le plumage, d'un brun grisâtre,
est fortement nuancé de rouge carmin chez le maie, de jaune
Durbec vulgaire.
isabelle chez la femelle. — Les Durbecs ne se montrent
qu'accidentellement en France, mais sont communs en Scan-
dinavie, dans le nord de la Russie et au Canada. Ils se
tiennent dans les forets de pins et de sapins et dévorent les
graines de ces arbres résineux. Leurs nids, placés sur des
buissons ou sur des arbres de moyenne grandeur, sont
construits, comme ceux des Bouvreuils, avec des brindilles
et des racines entrelacées et renferment, au mois de juin, trois
ou quatre œufs verdâtres, tachés de brun. E. Oust.
Bibl. : Brisson, Ornith., 1760, t. III, p. 250, et pi. 412,
fig. 1. — Buffon, Hist. nat. des Oiseaux, 1775, t. II I\ p. 57.
— Vieillot, Ois. Amer, sept., 1807, t. I, p. IV, pi. 1, fig.
13. — J. Gould, Birds of Europa, 1837, t. III, pi. 201. —
R.-B. Shari'E, Cat. 11. Brit. Mus., 1888, t. XII, p. 459.
DURBUY. Ville de Belgique, province du Luxembourg,
arr. de Marche, sur l'Ourthe, à l'entrée des plaines stériles
del'Ardenne; 400 hab. Centre d'un commerce agricole im-
portant. Les fortifications de Durbuy furent détruites par
les Français en 1683. Les armoiries de la ville sont :
d'argent, à cinq triangles d'azur, au lion de gueules
brochant sur le tout, Vécu timbre1 d'une couronne d'or.
DURCET. Corn, du dép. de l'Orne, arr. de Domfront,
cant. d'Athis; 515 hab.
DURCISSEMENT. I. Métallurgie (V. Dureté).
IL Chimie industrielle. — Durcissement des pierres
(V. Pierre).
DU RCK (Friedrich), peintre de genre et portraitiste alle-
mand, né à Leipzig en 1809, mort à Munich le 25 oct.
1884. Elève du portraitiste Stieler et de l'Académie de
Munich. En 1849, il fut invité parle roi Oscar à faire
les portraits de la famille royale de Suède. En 1853,
il peignit le portrait de la princesse Elisabeth de Bavière,
fiancée à l'empereur d'Autriche. La « Galerie des Beautés »
de Munich et la galerie du roi de Wurtemberg possèdent
d'autres de ses portraits. Les tableaux de genre de Durek
sont peu nombreux ; on en voit au Kensington Palace à
Londres.
DURDAT-Larequille. Corn, du dép. de l'Allier, arr. de
Montlueon, cant. de Marcillat; 2,195 hab.
DURDENT. Fleuve cotier de France (V. Seine-Infé-
rieure (Dép. de la]).
DURDENT (René-Jean), littérateur français, né à Rouen
en 1776, mort à Paris le 30 juin 1819. Elève de David, il
fit un voyage à Rome pour achever ses éludes de peinture,
mais il abandonna la carrière pour laquelle il s'était cru
une vocation et consacra sa plume aux sujets les plus va-
riés. On a de lui des poèmes et des dithyrambes en l'hon-
neur de Napoléon (Austerlitz, 1806, in--8, et Sésostris
époux et père, 1811, in-4); des descriptions se ratta-
chant à l'histoire de Paris et méritant ainsi d'être parfois
consultées, telles que : Promenades île Paris ou Collec-
tion de mes pittoresques cl de jardins publics (1812,
in-4", lr' (et unique) livraison); Vues et descriptions du
u Palais-Royal (1813, in-4 oulong); des «impies
rendus de -Mous: G des peintres français ou
Salon de /S/2 (181 2, in-8); l'Ecole fran isn
(1814, in-8) ; des compilations ou abrégés historiqui
ilrs pamphlets de circonstance; une Histoire ée Louis \ i /
(1816, m-8); une Histoire de lu Convention nationale
de France (1817, 2 vol. in-12) ; une Histoire litté-
raire et philosophique de Voltaire (1818, in-12):
romans oubliés, do traductions de l'anglais ou de l'alle-
mand, etc. Dardent lut aussi l'un des collaborateurs de la
biographie universelle. m. Tx.
DURDIK (Joseph), écrivain tchèque contemporain, né a
llniH.cn 1837. il est devenu professeur de philosophie a
l'Université de Prague en 185V, et député à la diète de
Bohème. Il a publié en tchèque un grand nombre d'ouw i
d'esthétique et de philosophie : Psychologie classique
(3e éd.); Esthétique (187..); Dissertations philoso-
phiques (1870); Poétique (1881); la Monadologie de
Leibniz (1884); Histoire de la philosophie moderne
(1887), etc. Les Tchèques le considèrent comme le premier
écrivain philosophique. — Son frère, le docteur Abus
Durdik, a été médecin en Russie et aux Indes néerlan-
daises, et a publié en tchèque d'intéressantes études sur
la littérature et la société russe et sur les indigènes des
colonies hollandaises. — Un autre frère, Pierre Durdik, a
écrit plusieurs ouvrages de pédagogie. L. I..
DUREAU de La Mvlle (Jean-Baptiste-Joseph-Ivne).
né à Saint-Domingue le 21 nov. 1742, mort à Langis
(Orne) le 19 sept. 1807, petit-fils d'un gouverneur de
Saint-Domingue. Membre de l'Académie française, il fut lié
avec la plupart des littérateurs du siècle dernier : Laharpe,
Delisle, d'Alembert, Marmontel, Champfort, Suard. Ou
doitàDureau de La Malle une traduction de Tacite (1790),
une autre de Salluste et une de Tite-Live, publiée après
sa mort. Dureau de La Malle faillit périr le 13 ven-
démiaire. Il fut proscrit et dut se cacher. Il devint en 1802
membre du Corps législatif.
DUREAU de La Malle (Adolphe-Jules-César-Auguste),
fils du précédent, né à Paris le 2 mars 1777, mort en 1 851 ,
En rapport avec Delisle, grâce à son père, il débuta par la
poésie, d'abord quelques essais, puis une traduction de l'épi-
sode de Françoise de Rimini du Dante (1811), et enfin
un véritable poème de dix mille vers, Boyard ou la Con-
quête du Milanais (1823). En 1811, il publia, en 2 vol.
in-8, avec notes, la traduction de VArgonautique de Va-
lerius Flaccus,qui eut un grand succès et qui lui prépara
un siège à l'Académie des inscriptions où il entra en 1818.
Depuis, il fit paraître : Introduction du chameau en
Afrique (1823); Recherches sur la patrie et l'origine
îles animaux domestiques et des plantes usuelles (i 825);
Patrie du chat (1825) ; dans les sphères de l'histoire et
de la géographie : Géographie physique de lu merSoire.
de lu Méditerranée et de l'intérieur de l'Afrique ( I SOT ) :
Poliorcétique des anciens (1818); Du Luxe chez les
Romains (1825); Etendue et population de Rome
(1825); l'Agriculture romaine depuis Caton jusqu'à
Columelle(\X"21): Poids et mesures des Romains { I S-_>7);
les Lois agraires (1828); l'Administration romaine
pendant les premiers siècles de l'Empire (1S-J8) : In-
térêt de l'argent chez les Romains (1828); Finances
de la République et de l'Empire (1835). Il fut, à ce
titre, appelé à publier : Recherches sur l'histoire de
l'Afrique septentrionale (1837); Histoire de Cartilage
jusquà la seconde guerre punique (1857). — Les
meilleurs travaux de Dureau de La Malle, insérés dans le
Recueil de r Académie des inscriptions, ont été par lui
réunis et publies sous le titre de Economie politique
des Romains (1840, 2 vol.). L'ouvrage comprend quatre
livres : Système métrique, métaux précieux, cens et
cadastre; Population; Agriculture ; Administration,
finance et impots. E. Fournier de Flaix.
DUREAU de Vailcomte (Guillaume-. Mbert-CharlesL
homme politique français, né à Saint-Denis (Réunion) le
— II!) —
IHDEAU — DURER
5 au. [836. Klu dépoté de la Réunion le -25 sept. 1881,
il soutint a la Chambre la politique opportuniste et, réélu
le 1 1 .1,1. 1885, combattit le traite signé avec la reine de
Madagascar. Il ne se représenta |>asau\ élections générales
de 1^
DUREGE (lleinrirhi, mathématicien allemand, né a Dan-
/ig le l,'! jnil. 1821. Successivement professeur de mathé-
matiques .'» Zurich et à 11 uiversité de Prague, il a publié,
outre de nombreux mémoires d'analyse et de géométrie
parus dans les irchio de Grunert, dans le Journal de
Crelle, dans la Schlômilch's Zeitschrift fur Mathematik,
dans les recueils de l'Académie des sciences de Vienne, etc. :
Théorie ier elliptischen Funktionen (Leipzig, 1861,
in-S; 4* éd., ISS7): Elemente der Théorie der Finie-
tionen einer complexen verànderlichen Grosse (Leipzig,
1864, in-s ; 3*éo., 1882); Die ebenen Curven drttter
Ordnitng (Leipzig, IS71, in-S). Il a aussi écrit une notice
biographique sur' Bessel, Bessefs Leben u»d Werken
(Zurich, 1861). L. s.
DUREIL. Com. du dép. de la Sarthe, arr. de La Flèche,
cant. de Malicorne; !!)!• hab.
DUREL (John), théologien anglican, né à Jersey en
1625, mort en 1683. La guerre civile ayant interrompu
fes études qu'il faisait à Oxford, il se rendit à Caen en
l"l '. et y soutint ses thèses sur des questions de morale
et de philosophie, Theoremata phuosophiœ. 11 passa
ensuite quelque temps à l'Université protestante de Saumur
et s'initia à la théologie des Eglises reformées de France.
Pendant toute la durée de la lutte entre le Parlement et
le roi. il vécut en e\il. A la restauration des Stuarts, il
revint dans son pays. Nommé chapelain de Charles II, il
commença la série des ouvrages qui l'ont illustré, par
la publication d'un traité où il s'efforça de démontrer la
conformité des dogmes de l'Eglise anglicane avec ceux des
réformés du continent : .1 View of l'he government and
publick tuorship of God in the reformed churches
(Londres, 1662). Les non-conformistes attaquèrent ses
conclusions avec beaucoup d'aigreur et commencèrent
contre lui une polémique très vive. Afin d'étendre l'influence
de l'Eglise anglicane, Durci fonda à Londres la Savoy
Chanel, ou le culte se célèbre en langue française d'après
le Praycr Book dont il fit lui-même la traduction : la
Liturgie, c.-a-d. le formulaire despières publiques, etc.
(Londres, 1667). L'usage en lut, enmême temps, prescrit aux
fidèles des des de la Hanche. La défense de l'Eglise anglicane
inspira à Durel son principal ouvrage : Sanctœ Ecclesiœ
anglieanœ... vindicte (Londres, 1669). C'est une jus-
tification des principes et du rôle de l'anglicanisme, établie
sur les témoignages à la fois théologiques et historiques
ordinaires. L'activité de Dure! fut consacrée, l'année sui-
vante, à mettre la dernière main à la traduction latine du
Prayer Book commencée par Earle et Dolben : Liturgia
seu liber precum conumtniitm et administrationis sa~
cramentorum. Durel obtint de grands honneurs ecclésias-
tiques. Il fut nommé doyen de Windsor en 1677. G. Q.
Bibi.. : I.eslie Stkphkn. A Di- lion, of nnt. biogr&phy.
DURELL ou Dcréel (Magnus), diplomate suédois, né à
Norrkœping en 1617, mort le 26 sept. 1677. Après avoir
étudié et beaucoup voyagé à l'étranger, notamment avec le
fils du grand chancelier Oxenstierna (4644-1645), il fut
agent (1646) puis résident en Danemark jusqu'en 1657.
Sou rapport sur la situation de ce pays en 1652 (extrait
dans Samlinger de Suhm, t. II) est regardé comme un
chef-d'œuvre de profondeur et de perspicacité politique. On
recueil de Lettres adressées par lui à Charles X Gustave
et à P. Brahe a paru dans Samlinger fil Dawmarks
Historié under K. Frederik III édites parP.W. Decker
(Copenhague. 1847-57), et sa Correspondance avec
Gust. Ilorn (1656-57) a été publiée dans Nya svenska
bibHotheket de GjœrveU (Stockholm, 176-2, fasc. 1-3).
Après l'annexion des provinces skaniennes. il fut l'un des
commissaires chargés de la liquidation, de l'organisation
et de la délimitation. Etant juge en Halland depuis 1654,
il devint vice-président de la cour deGœta (1666), curateur
de la nouvelle l'imorsilé de l.und et gouverneur du Bleking
(166!)). B-s.
DURE-MÈRE (V. Mininc.i'.s).
DUREN. Ville d'Allemagne, rov. de Prusse, district
d" \i\-la-C.hapelle (province lihénane) ; 17,568 hab. Fila-
tures et tissages de lin et de laine, fonderies, fabriques de
machines, d'aiguilles, etc.; commerce de céréales. Belle
église gothique (Sainte-Anne). — Duren remonte à l'époque
romaine; connue sous le nom de Marcodurum, elle fut
bâtie par M. Vipsanius Agrippa. En 6!) ap. J.-C, Civilis
y massacra plusieurs cohortes des Fjhiens. À l'époque caro-
lingienne, Dura ou Duria fut une des principales villas
nivales; l'assemblée générale du peuple franc y fut réunie
en 765, 775 et 77!). En 881, les Normands la dévas-
tèrent. Dès l'an 1000, Otton III reconnaît Duren ville
impériale; en 1125, elle se fortifie; en 1241, elle est en-
gagée au comte de Juliers par Frédéric II et perd l'immé-
dialeté. En 1543, elle s'insurgea contre Charles-Quint et
fut prise d'assaut. Elle fut encore prise en 1614 par les
Espagnols (Spinola), en 1642 par les Hessois, en 1794
par les Français (Marceau). Elle fit partie du dép. de la
Roer et fut rétrocédée en 1814 à la Prusse. L'essor de l'in-
dustrie de Duren est l'œuvre de la famille Schailer.
Bibl. : Lindk et A. de Bruyn, Reschreibung |und Ge-
SChichte der Sladl Duren ; Aix-la-Chapelle, 1823.
DURENQUE. Com. du dép. del'Aveyron, arr.de Rodez,
cant. de Requista ; 1 ,000 hab.
DURER (Albert), peintre -graveur allemand, né à
Nuremberg le 21 mai 1471, mort le 6 avr. 1528. Sa
famille était originaire d'Eytas en Hongrie où ses ancêtres
avaient vécu en paysans éleveurs ou pasteurs de bœufs et
de chevaux. Son grand-père Antoine était allé s'établir à
Gyula, ville voisine, et s'était mis en apprentissage chez un
orfèvre; son père, Albert. Dtirer le Vieux, avait suivi la
même vocation et, après avoir travaillé de son état chez
plusieurs maîtres des Pays-Bas, il était venu, en 1455,
s'établir à Nuremberg, l'un des foyers les plus intenses
de l'art allemand à cette époque, et l'orfèvre Jérôme Holper,
personnage important dans sa corporation, n'avait pas tardé
à l'employer. En 1467, Albert avait épousé, à l'âge de qua-
rante ans, Barbara, la fille de son patron, qui n'en avait
que quinze; c'est de ce mariage que naquit celui qui
devait être le plus grand et le plus profond artiste de
l'Allemagne. Il était le troisième enfant du ménage (qui
en eut dix-huit) et fut élevé, comme il le rapporte dans
la chronique de famille qu'il nous a laissée, dans les prin-
cipes de la plus austère piété. « Sa recommandation quo-
tidienne, écrit-il de son père, était pour nous exhorter à
aimer Dieu et à nous conduire loyalement envers notre
prochain. » Le petit Albert suivit les cours de l'école, puis
il entra dans l'atelier paternel pour y apprendre le métier
d'orfèvre ; mais une inclination précoce et irrésistible le
poussait vers la peinture. Nous avons des témoignages
singulièrement éloquents de cette vocation. C'est d'abord
son propre portrait dessiné par lui-même à la pointe d'ar-
gent, conservé à l'Albertine de Vienne et. qui porte cette
inscription de sa main : « J'ai fait ce portrait d'après moi-
même, en me regardant dans un miroir, l'année 1484,
quand j'étais encore un enfant. » C'est une œuvre extra-
ordinaire et l'on peut dire miraculeuse, si l'on pense à l'âge
de l'auteur. C'est ensuite un dessin à la plume de 1485
appartenant aujourd'hui au Cabinet des estampes et dessins
du musée de Berlin et qui représente la Vierge assise sur
un troue, tenant, l'enfant nu contre sa poitrine et entourée
de deux anges musiciens. Le dessin de quelques parties
trahit encore une inexpérience juvénile; les influences des
écoles rhénanes et des l'avs-liavs y sont très sensibles,
mais les anges sont délicieux et tout est pénétré de ferveur
el de grâce.
Son père avait d'abord résisté au désir du jeune artiste;
il lui accorda enlin l'autorisation souhaitée et, le 50 nov.
1486, Albert Diirer entrait en apprentissage chez Michel
in iii.i;
— 1-20 —
Wolgemuth, qui habitait une maison toute voisine du n° 193
de la rue ( nier der Verten ou logeait la famille Durer,
et qui travaillait comme graveur pour le célèbre impri-
meur Antoine Koburger, parrain du petit Albert. L'élève
ne demandait qu'à profiter des leçons de Bon maître, et il
apprit de lui tout ce <ju<- le brave artiste pouvait lui trans-
mettre de son métier de peintre et de graveur, lu dessin
;i la plume de 1 189 représentant un cortège «le cavaliers
dans un grand paysage (musée de Brème) et un autre
dessin du cabinet de Berlin (trois lansquenets appuyés sur
leurs lances el parlant avec animation) montrent l'influence
exercée par Wolgemuth pendant ces années d'apprentissage.
Mais, à celle date, l'apprentissage allait prendre lin; Durer
était sur le point d'entreprendre de lointains voyages; il
conserva du moins de fidèles relations avec son vieux maitre,
et deux portraits qu'il lit de lui, l'un à la pierre noire
d'une vivacité saisissante d'expression (1516), à la collec-
tion Albertine, l'autre peint (Pinacothèque de Munich)
avec une inscription disant que Michel Wolgemuth mourut
le lit) nov. 1519 avant le coucher du soleil, témoignent de
sa reconnaissance et de sa vénération. — « Quand j'eus
fini mon apprentissage, mon père me fit voyager; mon
absence dura quatre ans, jusqu'à ce que mon père me
rappelât. Je partis après Pâques en 1490 ; je revins après
laPentecôteen 1494», a écrit Diirerdans son journal. Avant
son départ, il avait peint le portrait de son père (galerie
des Offices à Florence), de forme encore anguleuse et dans
la manière de Wolgemuth, mais très vivant d'expression. 11
parait certain que le but de son voyage avait été Colmar où
pouvait l'attirer la grande renommée de Martin Schongauer ;
mais il ne devait plus l'y trouver vivant. Il voyageait, s'ar-
rètant de ville en ville, travaillant dans les ateliers des
maîtres; il passa vraisemblablement par Augsbourg, célèbre
par ses ateliers de peinture, la magnificence de ses bour-
geois et ses relations avec Venise. La pensée lui vint-elle
de pousser jusqu'à Venise même par Innsbruck et Trente?
On est fondé à le penser d'après certains indices et allusions
de Durer lui-même à ce premier voyage, et aussi d'après
deux dessins à la plume de l'Albertine où l'influence de
Mantegna et de Bellini est évidente. Il ne fit en tout cas
qu'y toucher, et reprit sa route vers l'Allemagne et Colmar.
Il travailla vraisemblablement à Colmar, à Bile et à Stras-
bourg, chez les frères de Martin Schongauer; en 1494,
quelque temps avant son retour à Nuremberg, on constate
sa présence à Strasbourg ; dans la seconde quinzaine de
mai 1494, il était rentré au logis paternel.
Deux mois après il se mariait. « Et quand je fus de
retour, écrit-il, Hans Frey entra en pourparlers avec mon
père et me donna sa fille nommée Agnès qui reçut une dot
de 200 florins; le mariage eut lieu le 14juil.de l'an 1494.»
C'est probablement pendant les pourparlers qui précédèrent
le mariage que Durer peignit, pour être envoyé à sa fiancée,
le portrait ou il s'est représenté en costume élégant, tenant
à la main un érynge à fleurs bleues (appelé en allemand
Mannstreue « fidélité du mari ») avec cette inscription :
Minn Sach die gat als esobenschtat (mes affaires suivent
le cours qui leur est assigné là-haut). Ce portrait, dont
Goethe a décrit avec admiration une copie aujourd'hui au
musée de Leipzig, se trouve dans une collection particu-
lière également à Leipzig, malheureusement très restauré.
Un passage souvent cité d'une lettre de Pirkheimer a
donné naissance à une légende, abondamment exploitée,
en vertu de laquelle la femme de Durer aurait été une
sorte de Xantippe et, par son avarice et son caractère
acariâtre, aurait fait le malheur du grand artiste, fil. Thau-
sing a voulu réhabiliter sa mémoire, et sans pouvoir le
suivre ici dans son enquête, il faut au moins en enregistrer
les très plausibles conclusions : Agnès Frey (Frau Diirerin)
paraît donc avoir été nue fidèle compagne: et le réquisi-
toire posthume que Pirkheimer a lance contre elle doit être
considère comme un monument de partialité et de rancune
que tous les actes connus de sa biographie s'accordent à
démentir. Mais comme le thème prête beaucoup à la litté-
rature, il est probable que l'histoire n'aura pas de ulot
raison de la légende. — Durer a laissé ptstieari portraits
de sa femme : nous citerons un dessin sommaires la plume
(;i l'Albertine) avec cette mention : Meiti Agnes ; va mUn
a la pointe d'argent d'une admirable simplicité (musée de
Brème); unr aquarelle de 1500 (à l'Ambrosienne) ou eue
est représentée en riche bourgeoise de qualité; enBn un
dessin a la pointe d'argent, d'exécution très précieuse,
avec cette inscription : llbrech Dûrerin (1504) (collec-
tion du Dr lila.-îius a Brunswick). Il fanl convenir que
l'expression dominante de ce dernier poitrail n'est pas
précisément une inaltérable douceur.
Parmi les ouvres de jeunesse de Durer, il faut encore
ri 1er un Christ enfant a la détrempe sur parchemin (4493);
des copies des gravures de Mantegna [Combats de tritons
et Bacchanale] (à l'Albertine), et une Mort d'Orphée
(musée de Hambourg), dessinée sans doute d'après quelque
maitre italien (1494), mais marquée au coin de sa forte
originalité; enfin un Enfant Jésus couché (d'après un
autre maitre italien, peut-être Lorenzo di Credi; collection
du baron Srhiekler). — Deux maîtres surtout excitaient
alors son attention, son étude, son admiration : Mantegna
et Schongauer dont il rassembla et garda pieusement les
dessins. 11 n'avait pu rencontrer l'un ni l'autre à son premier
voyage, Schongauer étant mort et Mantegna fixé a Manloue,
et quand, en 1506, Durer projetait d'aller le voir, la mort
subite du vieux peintre mit à néant cette espérance. Il
avait en effet au plus haut degré le respect des maitres; il
professait que « pour devenir un grand peintre, un éminent
artiste, il faut copier assidûment les œuvres des bons
maitres jusqu'à ce que l'on ait acquis une complète liberté
de main ». Mais, par-dessus tout, il avaitle respect et l'amour
de la nature. A plusieurs reprises, il recommande de repro-
duire « soigneusement les caractères que le Créateura don-
nés à la nature», de « ne rien retrancher dans les données
fournies par elle et de ne rien y ajouter qui soit incompa-
tible avec ses enseignements ». Il a accumulé les études
de nu {Bain de femmes, 1496; musée de Brème, dessin
à la plume) ; études à la plume du British Muséum sur les
proportions du corps humain (1500)'; études d'animaux,
chevaux, chiens, cerfs, etc., aux L'ffizi,àl'Ambroisienne, à
Bàle,à Londres, à l'Albertine, à Paris; paysages, croquis de
voyage, vues de villes, de moulins, d'arbres, de plantes, etc.,
à Londres, collection Malcolm et British Muséum, à Brème,
à l'Albertine, au Cabinet des estampes de Berlin, au
Louvre, à la Bibliothèque nationale, etc. « Regarde atten-
tivement la nature, écrit-il encore, dirige-toi d'après elle
et ne t'en écarte pas, t'imaginant que tu trouveras mieux
par toi-même. Ce serait une illusion ; l'art est vraiment
caché dans la nature ; celui qui peut l'en tirer le possédera.
Plus la forme de ton œuvre est semblable à la forme
vivante, plus ton œuvre parait bonne. Cela est certain.
N'aie donc jamais la pensée de faire quelque chose de
meilleur que ce que Dieu a fait, car ta puissance est un
pur néant en face de l'activité créatrice de Dieu... Aucun
homme ne peut exécuter une belle figure en ne consultant
que son imagination, à moins qu'il n'ait peuple sa mémoire
d'une multitude de souvenirs. L'art cesse d'être unique-
ment le produit du sentiment individuel ; transmis et appris,
il se féconde lui-même. Le mystérieux trésor amasse au
fond du cœur se répand alors au moyen des œuvres, au
moyen de la nouvelle créature que l'on tire de son sein en
lui donnant une forme sensible... » Toute son esthétique est
enfermée dans ces lignes. Il a voulu à certaines heures
agrandir et élargir le domaine de l'art allemand en lui
annexant la beauté que les maîtres italiens avaient remise
en honneur; mais il était trop de son pays et de sa race
pour que son intransigeant naturalisme et sa rude sincérité
pussent s'assouplir aux belles manières ultramontaines.
C'est quand il a regardé directement de son œil profond et
clair la nature vivante, que. fort de sa science laborieuse-
ment et consciencieusement acquise, maître de tous ses
moyens, il a donné la mesure de son génie et répandu
— 131 —
DURER
dans ses œuvres, avec le sentiment intense de la vie, tout
le « trésor mystérieux » de smi imagination puissante et
féconde, de sa pensée noblement inquiète, de son oœor
sincère et loyal.
Il est impossible d'énumérer ici et encore moins d'étudier
cette oeuvre immense: peintures, gravures sur bois.
estampes au burin et à l'eau-forte, dessins. Nous mention-
nerons les [dus importantes et, autant nue possible, dans
l'ordre chronologique. — Un de ses premiers grands
tableaux (sur toile à la détrempe) est le triptyque du musée
de Dresde (b" I869), la Vierge avec l'enfant, Saint
Sébastien et Saint Antoine, exécuté sous l'influence de
Manteau;.. C'est aussi nous cette influence qu'il peignait,
en 1800, Hercule tuant les oiseaux du lue Styniphale
du Musée germanique de Nuremberg in° 184), dont le
musée de Darmstadt possède une esquisse: ee sont des
atevree fortes et curieuses, niais plus étranges que belles,
ou s>>n originalité ne s'est pas encore complètement dégagée.
On en trouve, à cette date, la manifestation beaucoup plus
significative dans la suite de gravures sur bois V Apocalypse,
composée de quinze pièces (lîartseb, (il)-".1)), publiées pour
la première lois en 1498, mais auxquelles il travaillait
dès 1495. Il en publia en même temps une édition alle-
mande (Die heimliche Offenbarung Jokannis) et une
latine (Apocalipsis euni figuris). Le texte de l'édition
allemande était emprunté à la bible de Koburger et se ter-
mine ainsi : Fin du lien' contenant les mystérieuses
révélations île saint Jean, apôtre et évangéliste ,
imprime à Nuremberg par Albert Durer, peintre, l'an
MCCCCXCVIIl après la naissance /lu Christ. Dans
les ','■ ■ '•' Cavaliers de l'Apocalypse par exemple, qui
sont la quatrième estampe de la série, on trouve déjà toute
la profondeur d'invention, toute l'énergie d'expression des
plus belles œuvres du maître. — Comme peintre, son origi-
nalité se manifesta dès 1500 dans V Ensevelissement du
Christ (n° 238 de la Pinacothèque de Munich), dont il fit
deux aus plus tard une variante, connue sous le nom de
tableau à Autel des Holzschuer (n° 1 8 du Musée germanique
de Nuremberg) ; dans le triptyque (noS 240-242 de la
Pinacothèque de Munich) représentant la Nativité avec,
sur les volets, les portraits des donateurs, Etienne et Lucas
Baumgartner, en cavaliers revêtus de l'armure, admirables
portraits (célèbre sous le nom de Y Autel des Baum-
gartner), provenant de l'église Sainte Catherine de Nurem-
berg et qui date de 1503. — Pour la force dramatique de
la composition, la Mise au tombeau de Munich est surtout
caractéristique et tout à fait dans les traditions pathé-
tiques du vieil art allemand. Dans l'Autel Baumgartner
pour lequel il fit un grand nombre d'études et d'esquisses,
il exprima pour la première fois avec un ebarme pénétrant
le type de la Vierge, douce fille allemande, auquel il devait
si souvent revenir et dont la beauté, tout intérieure et
morale, se trahit plus par le reflet d'une âme pure et
tendre que par la régularité ou l'élégance des traits. C'est
de cette époque que datent également quelques portraits
de grand prix : celui d'Oswalt Krell, 1499 (n° 230 de la
Pinacothèque de Munich); son propre portrait de 1498
au musée de Madrid et celui de 1300 (n° 239 de la
Pinacothèque de Munich) avec cette inscription : Alberlus
Durerut Noricui ipsum me propriis sic e/fingebam
coloribus œtatis anno xxvm, signe du monogramme qu'il
avait adopté depuis 1 497, et où il s'est représenté de face,
des longs cheveux retombant en boucles soyeuses sur ses
épaules, la main droite (cette main dont Cameiarius écri-
vait qu'on ne pouvait rien voir de plus beau !) posée sur la
poitrine, les doigts longs et nerveux jouant dans la fourrure
de son manteau: le portrait d'un inconnu (n° 237 de
Munich), celui d'une femme (Angsbourg) ; b' second por-
trait de son père (collection du duc de Noithumberland,
copies à Municb et a Francfort) ; celui d'un homme de
qualité, ou l'on a proposé de reconnaître le grand-électeur
Frédéric de Saxe (n° 557 C du musée de Berlin) et les
portraits au crayon des cabinets de Berlin, des collections
Domesnil, Mitchel, Haussmann, à Paris, Londres et Bruns-
wick.— La Vierge allaitant son enfant (1503), n° 1525
de la galerie du Belvédère à Vienne, trahit une nouvelle
influence, celle du graveur Jacopo de Barbari tpie Durer
avait sans doute connu lors de son premier passage à Venise
et qui venait de s'établir à Nuremberg ; on en trouverait
encore les traces dans /' \doratiou îles muijes (1504) du
musée des Offices, comme dans la série des douze dessins
de l'Alberline, appelée la l'assion verte (1504) (à cause
de la couleur du papier), dans le Salva/or tniindi de la col-
lection Eugène Félix de Leipzig, et dans les ligures des volets
de Saint Onuphre et Saint Jean-Baptiste de la galerie
île Brème. Il travaillait dès lors aux planches de la Grandi'
l'assion qui ne devait paraître qu'en 1511, et il exécutait
en 1504-1503 la suite célèbre de gravures sur bois,
connue sous le nom de la Vie de la Vierge (Bartscb, 67-
95), dont plusieurs dessins préparatoires remontent à une
époque antérieure. — Sur les vingt bois de la Vie de la
Vierge, il y en avait seize d'imprimés et d'achevés, quand
Durer, dans la seconde moitié de l'année 1505, se mit
pour la seconde fois en route pour Venise. C'est de là qu'il
écrivait le 0 janv. 1506 à son ami Pirkheimer qu'il avait
entrepris de peindre pour l'autel de la petite église Saint-
Barthélémy , construite près du nouveau comptoir des
Allemands (Fondaco dei Tedeschi), un tableau qui était
achevé le 23 sept, de la même année. 11 représentait l'Ado-
ration de Marie pour la fête du Bosaire; on y voyait la
\ ierge entourée de saints au milieu d'un paysage, tenant
l'enfant sur ses genoux; elle couronne de roses l'empereur
Maximilien, tandis que le petit Jésus pose une couronne
pareille sur la tète du pape Jules II. Parmi les assistants,
Dominique Grimani (couronné par saint Dominique) ,
Antonio Surani, l'architecte du Fondaco, enfin Durer lui-
même portant un cartouebe où est écrit l'inscription sui-
vante : Exegit quinquemestris spatio Alberlus Durer
Germanus. MDVI, et le monogramme A . Ce précieux
tableau, porté à Prague par l'empereur Rodolphe II, a subi
de cruelles restaurations et n'est plus guère aujourd'hui
qu'une ruine vénérable. Durer y avait mis toute son appli-
cation et tout son génie; il semble qu'il eût voulu, en pré-
sence des artistes italiens, montrer ce dont était capable
un artiste allemand, et le mot de Germanus qu'il ajouta
fièrement à sa signature, souligne et confirme cette inten-
tion. Les Italiens, et le vieux Giovanni Bellini à leur tête,
ne furent pas du reste avares de leur admiration pour ce
chef-d'œuvre qui resta toujours celui de tous ses ouvrages
pour lequel Durer témoigna la plus grande prédilection.
Du même séjour et de la même année, datent le Christ
parmi les docteurs de la galerie Barberini, et l'émouvant
et exquis chef-d'œuvre (n° 1870 delà galerie de Dresde),
le Christ en croix, avec cette inscription : Pater. 1.
manus. tuas. Comendo Spiritù. Meû, le monogramme
et la date 1500. — Le tableau ne mesure que 20 centim.
sur 10 ; il n'en est pas moins au nombre des plus grandes
œuvres de maître. La Bibliothèque nationale en possède des
dessins et des études préparatoires. — C'est également à
Venise qu'il peignit plusieurs portraits, parmi lesquels le buste
de jeune homme de la galerie Brignole— Sale à Gènes, et
celui d'un homme (n° 1531 du Belvédère de Vienne).
Durer veillait avec une activité jalouse sur ses droits de
propriété. C'était surtout ses bois, plus faciles à imiter que
tout le reste, qu'il avait sans cesse à défendre contre les
copistes et les contrefacteurs ; le conseil de Nuremberg le
protégea par plusieurs arrêts. Les artistes italiens ne
s'étaient pas fait faute non plus de le copier, et c'est à eux
que s'adressait Durer quand il écrivait en 1500 : « Beau-
coup me sont hostiles el cherchent a copier mes œuvres
dans les églises et partout ou ils peuvent les rencontrer,»
et il ajoutait : « Après cela, ils les dénigrent et disent
qu'elles ne valent rien parce qu'elles ne sont pas conformes
au style antique. » Un sait que parmi les copistes, avec
lesquels il eut de vifs démêlés, il faut ranger Marc -Antoine
dPheh
- 122 —
lui-mime, qui avait reprodnil aur enivra la Vie de la
i vergé et contre lequel il porta plainte devant la seigneu-
rie. Elle dérida que Marc-Antoine pouvait librement
copier les estampas de Durer n condition de ne pas mettre
sur lea copies le monogramme de celui-ci; et en effet les
planches dans Lesquelles liarc-Antoine reproduisit plut tard
la Petite Passion, gravée sur bois, ne portent pas, comme
1rs copiée de /" Vie de la Vierge, le monogramme de Dorer,
mais Beulemenl la petite tablette vide donl Marc-Antoine ■
servit souvent dès lors pour remplacer bod propre mono-
gramme.
En 1507, avant le mois de juin, Durer était de retour a
Nuremberg et il y achevait son Adam et Eve, dont il avait
commencé les études (le British Muséum en possède trois)
à Venise, ou il disposait de plus beaux modèles et de
facilités exceptionnelles pour ses études de nu. Déjà en 150i
il avait t'ait sur le même sujet une estampe qui au point de
vue technique est un chef-d'œuvre ; les musées deMayence,
Florence (palais l'itti) et Madrid conservent également un
Adam et Eve et chacun prétend posséder l'original, qui
à peu près sûrement se trouve à Madrid. — Les années
suivantes virent se produire plusieurs tableaux importants :
c'est en I50X, pour le grand-électeur Frédéric le Sage, le
Martyre des dix mille vierges de la galerie impériale
de Vienne; en 1509, l'Assomption de la Vierge, trip-
tyque, communément appelé Y Autel de lleller, malheureu-
sement détruit dans un incendie, que lui avait commandé le
riche marchand drapier Jacob lleller de Francfort, et
dont le musée de Francfort possède une copie excellente;
en 1500 également, il achève la délicieuse Madone avec
l'enfant sur les genoux, entourée d'anges musiciens et
de saint Joseph modestement relégué à l'écart (aquarelle)
au musée de Baie; en 151 1,1e célèbre tableau de la Trinité
avec tous les saints (dont le musée du duc d'Âumale à
Chantilly possède une esquisse) qui se trouve au Belvédère
de Vienne; c'est le mieux conservé peut-être de tous les
tableaux d'Albert Diirer. On y lit cette inscription sur un
cartouche que le peintre lui-même tient, dans un coin du
tableau, à droite, derrière l'assemblée des papes, des em-
pereurs et des personnages qui contemplent la trinité res-
plendissant au haut du ciel au milieu des saints, des
patriarches et des élus : Albertus Durer Noricus fade-
bat anno a Virginis partit 1511 ; en 1514, il peignait
la charmante petite Vierge au lis de la galerie et celle non
moins charmante du Belvédère (n° 1526), connue sous
le nom de la Vierge à la poire (la peinture en est extra-
ordinairement limpide, douce et harmonieuse); en 1510, il
avait peint en grisaille, avec une admirable finesse et une
rare vigueur, un diptyque dont un volet, Saumon terrassant
les Philistins, est aujourd'hui au musée de Berlin, et de
•1510 à 1512 les deux portraits colossaux de Charlemagne
et de Sigismond (pour le château de Nuremberg) que l'on
peut voir aujourd'hui au Musée germanique. C'est pour ces
deux tableaux qu'il entreprit une série d'études détaillées
(dessins à la plume, à l'encre bleue et lavis de différentes
couleurs) d'après les joyaux de l'Empire.
Depuis 1512, Durer, qui n'avait pas trouvé dans la pein-
ture les profits ni la renommée qu'il croyait avoir mérités,
ralentit sensiblement cette active production ; les rares
tableaux qu'il exécuta jusqu'en 1520 ne sont compa-
rables pour la dimension ni la valeur à ceux que nous
venons d'énumérer. « A une gamme de couleurs claires
et brillantes, dit Thausing, succède un coloris sec et terne.
L'emploi large et sommaire descouleurs à l'huile ne permet
plus guère au peintre d'obtenir les tons fondus des an-
ciennes couleurs a tempera. » C'est seulement après
1520, quand il a vu, dans le voyage qu'il fit avec sa
femme, de juil. 1520 à 1521 dans les Pays-Bas, les chefs-
d'œuvre des maîtres flamands, qu'il se reprendra à peindre;
mais, pendant ces années intermédiaires, il laissa inachevés
plusieurs projets de grands tableaux dont ses dessins ont
conservé la première pensée (comme In Chute des anges
du British Muséum) ; il termina en 1518 la Lucrèce (n°244
de la Pinacothèque de Munich) pour laquelle m avait.
1508, déjà hit plmienra étant et destina (Albert
enl516, il avail peint le portrait dt Michel Wolgemuih
(n" 243 de la Pinacothèque) dont les — «piifft ionl i
lemenl antérieures.
CYsi en 1512 qu'il commença a travailler pour l'empe-
reur Haximilien dont il fut l'artiste de prédilection, qui le
combla d'égards, prit plaisir a venir le voir travailler,
et alla jusqu'à demander pour ton peintre au on
de Nuremberg une exemption d'impôts de cent florins. (
pour l'empereur poète et artiste, si naïvement sensible as
plaisir d'assister à sa propre glorification, que Durer entre-
prit les importants travaux du Triomphe. On le divisa n
deux parties : l'Arc triomphal (Enrenpforte) dont le de— m
fut confie a Durer en 1512 et dont Joliannes Stabius rédigea
les inscriptions, et le Cortège triomphal. L'Are triom-
phal, termine en 1515 (liartseh, LIS), se compose de
quatre-vingt-douze planches qui, jointes ensemble, ont 3"409
de haut, sur 2"'!)22 de large. Il est disposé, comme dit
l'inscription, « à la façon des arcs de triomphe érigés en
l'honneur des empereurs de l'ancienne Borne ». Jamais an
n'avait conçu ni exécuté de gravure sur bois de cette dimen-
sion. Durer traça à la plume et au pinceau les dessins sur
les planches; llieronymns Andréa! exécuta les tailles avec
une surprenante précision. La seconde partie, comprenant
le Cortège triomphal (improprement appelé le Char triom-
phal), fut confiée à plusieurs mains. Mans liurgkmair en
eut la plus grande partie. Le Cortège ne fut d'ailleurs jamais
terminé, Haximilien étant mort trop tôt. — Mais cette œuvre
gigantesque ne saurait être comparée aux dessins à la plume
que Durer composa pour le Livre de prières d/> Maximi-
lien (bibliothèque royale de Munich). La fantaisie la plus
libre et souvent la plus profonde, les ornements inattendus
et les plus gracieux dans leur bizarrerie, le sentiment le plus
intense de la nature, les intuitions les plus saisissantes de
l'imagination la plus germanique y sont prodigués à chaque
page ; on y voit revivre quelque chose du mystère de l'an
cienne ornementation des peuples septentrionaux, telle qu'on
la trouve d'une part dans les bijoux Scandinaves, et de l'autre
dans les entrelacs des manuscrits irlandais. — Mais c'est
peut-être le burin à la main que Durer fut le plus vraiment
lui-même, et manifesta, avec la plus farouche énergie, la
liberté la plus grande et la subtilité la plus profonde, sa pensée
et son génie. Au point de vue technique, pour la souplesse
du modelé, la finesse et la vigueur des contours, la douceur
harmonieuse des planches creusées d'un nombre infini de
tailles et jamais fatiguées, il est un buriniste incomparable:
il faut ajouter que, sous ce rapport, il dut beaucoup à son
maître Wolgemuth et s'inspira longtemps de ses travaux.
Nous avons cité déjà Adam cl Ere de 1504 ; il faut, sans
vouloir tout mentionner, y ajouter le Grand Cheval (4505);
la Vierge et l'enfant Jésus de 1507 : l'Enfant prodigue;
la Petite Fortune et la Grande Fortune ou Ném
Saint Eustaehc, les suites de la Passion (Bartsch, 3-18) ;
le Chevalier, la Mort el le Diable, Saint George, la
Nativité, Jésus sur la croix, plusieurs Vierges (\i.-
aux cheveux longs, aux cheveux courts, à la couronne
d'étoile, couronnée par deux anges, etc.) ; /<• Cheval de la
mort. Saint JerCme, la Mélancolie (1514); les Deux
Amanls en promenade, le Paysan au marché, etc. :
parmi les gravures à l'eau-forte el a la pointe sèche. Jésus
au jardin des Oliviers. Sainte Famille à la muraille,
l'Homme de douleurs (assis et aux mains liées), fa Face
île. I, 'sus tenue par un auge, le Ravissement d'une
femme, etc., et plusieurs portraits.
Le voyage dans les Pays-Bas qu'il fit en 1520 fut pour
Durer l'occasion d'un long triomphe. Le récit détaille nous
en a été conservé dans le journal du maître, document à
tous les points de vue infiniment précieux. 11 fut reçu avec
de grands honneurs el il a noté, avec une joie naïve, tous
les témoignages de déférence et d'admiration qu'il recueillit
a Anvers el ailleurs. C'est pendant ce voyage qu'il fit la
connaissance d'Erasme, dont il dessina plus d'une fois le
— m —
DUKEU — DURllT
portrait: de Nicolas Uretzer a qui il donna ses Imagines
(Àili, du peintre paysagiste Joachim Patinier dont il lit le
portiait, etc. C'e>t aussi pendant ce voyage qu'il assista à
l'entrée solennelle de Charles-Quint à Lnvers ; il la décri-
vait i Melanchthon on avouant que, couune peintre, il ne
s'était pas tait faute de regarder aliquamtulum invere-
cundius les jeunes tilles presque nues qui figuraient dans
le cortège. Enfin, c'est également pendant ce voyage que,
sur un bruit qui s'était répandu que Luther avait été em-
prisonne, il écrivit une véritable profession de loi ou il
témoignait de sa liante admiration pour le réformateur et
iiâit : « 0 Seigneur, si Luther est mon. qui nous expli-
quera désormais le saint évangile avec la même netteté! »
Au retour de ce voyage et établi de nouveau à Nurem-
berg, il fut bientôt atteint de la maladie chronique qui
devait l'emporter et dont il avait pris le germe dans son
voyage des Pays-Bas. l'eu de temps après son retour, il avait
t'ait un dessin a la plume où il s'était représenté nu jusqu'à
la ceinture et montrant sur son liane gauche une- petite
tache jaune avec cette inscription : « Là où est la tache
jauni', a l'endroit désigné par le doigt, c'est là que je souffre »
(musée de Brème), C'est dans ces dernières années que se
placent le Portrait de vieillard du Louvre, le Portrait
de Kleberger (Vienne), le célèbre et admirable portrait du
rienx Holzschuher (Berlin) et enfin, les Quatre Apôtres
ou les Quatre Tempéraments qu'il offrit le 6 oct. 1526 au
conseil de Nuremberg (nos 247-248 de la Pinacothèque
de Munich). Depuis plusieurs années, il s'occupait de ces
études d'apôtres ; l'Albortine, le Louvre, le British Muséum
possèdent des études de draperie, de mains, de tètes ; ces
panneaux finirent par absorber toute son attention et ses
longues méditations. Le choix des quatre personnages, la pré-
férence donnée à saint Paul sur saint Pierre, le premier rang
donné à saint Jean l'Evangeliste cher au cueur de Luther, le
sentiment dans lequel les figures sont traitées indiquent clai-
rement le point de vue protestant auquel Durer se plaça. Il
en fit précéder le don d'une sorte d'exhortation aux auto-
rités publiques. On peut dire que ce fut là son testament
comme homme, comme patriote, comme artiste et comme
penseur. 11 mourut subitement, durant la semaine sainte,
quarante-quatre jours avant d'avoir atteint sa cinquante-
septième année. 11 fut enterré dans le tombeau de la famille
l'iey, au cimetière Saint-Jean, et on lit encore sur la pierre
tumulaire, gravée sur une plaque de bronze, cette inscrip-
tion composée par Pirkheimer : Me. al. dv, Quigcquid Al-
BERTI DlJRERI MORTALK FUT, SUB HOC CONDITl'R TUMULO. Esil-
gravit VIII idus Armi.is viDxxviii. Apprenant cette mort,
qui excita une universelle émotion, Melanchthon écrivait :
boteo tali et viro et arteficc Germanium orbatam esse.
Pendant les dernières années de sa vie, Durer s'était consacré
à la recherche des « principes de l'art » qui l'avaient tou-
jours préoccupé. « Un homme ignorant ressemble à un
miroir non poli », disait-il, à Melanchthon. Il publia l'Art
de mesurer; instruction sur la manière de mesurer à
l'aide du compas et de Téquerre les lignes, les plans et
les solides, composé par Albert Durer, destiné à tous les
amateurs de l'art et imprimé en 1325. En 1527, il publia
un Traité de la fortification des villes, des châteaux et
tirs bourgs; enfin le Traité des proportions (ici se
trouvent réunis quatre livres sur les proportions hu-
maines ; ils ont été composés par Albert Durer de
Nuremberg, et imprimés à l'usage de ceux qui aiment
cet art, MDWYllli. Le premier des quatre livres était seul
imprimé, quand il mourut. André Michel.
Bibl.: Thausing, Durer, Gcsehichle seines Lebens und
seiner Kun.il; Leipzig, 1NVI, ~" L-dit. une traduction fran-
çaise de la première édition, par M. G. Gruyer, a paru
en 1878, prand in-* .— Ch. EphEOSM, les Dessins d'Al-
bert Durer ; Paris. l-2v in-8. — H. JanitSCHECK, Die M.ilerei,
dans la Gescldchle (1er deutsrhen Kunst, pp. 319-370. —
Œuvre d'Alberl Durer, reproduit et publié par Armand
Durand, texte par George Duplexais; Paris. Is77. io-fol. —
Babtscb, le Peintre-graveur, t. VII, pp. 1-197. — Schmidt,
Biographie, dans les Kunst und Kûnsller de Dohme. —
Wobbmann, Geschichte der Malerei; Leipzig. 1884, t. II,
pp. 370-418, in-4.
DURET (Louis), médecin français, né à Bagé-la-Ville
(Ain) en 1527, mort à Paris le 22 juin 1586. Connais-
sant à fond le grec et l'arabe, il tut chargé de l'éduca-
tion d'Achille de Harlay ; reçu docteur en médecine en
1552, il commença immédiatement des leçons de médecine,
puis, en 1568, fut nommé professeur au Collège royal. En
même temps il fut. attaché au service de santé de Charles IX
et de Henri III. Ennemi de la polypharmacie, il fut le pre-
mier médecin de son temps à abandonner les Arabes et à
reprendre la tradition hippocratique. Ou a de lui : Hippo-
cratis Magni Coacœ prœnotiones (Paris, 1588, 1621,
in-fol., et autres éditions); //; magni Hippocratis libri de
humoribus purgantibus (Paris, 1631, in-8), etc.
DURET (Jean), jurisconsulte français, né à Moulins
vers 1540, mort au commencement du xvu° siècle. Il fut
avocat du roi au présidial. On a de lui : Paraphrase sur
le style de la sénéchaussée du pays du Bourbonnais
(Lyon, 1571, in-8) ; Traité despeines et amendes (Lyon,
1573, 1573, 1583, 1588, 1606, 1610, in-8); Harmo-
nie et conférences des magistrats romains avec les
officiers français, tant laix, qu'ecclésiastiques (Lyon,
1574, in-8) ; Commentaires aux coutumes du duché
de Bourbonnais (Lyon, 1584, in-fol. ).
DURET (Noël), astronome français, né à Montbrison en
1590, mort en 1650. Professeur de mathématiques à
Paris, il obtint une pension de Richelieu et le titre de eos-
mographe du roi. On a de lui : Nouvelle Théorie des
planètes (Paris, 1635) ; Primi Mobilis doetrina (1638);
Tables Richeliennes (1639), avec un supplément (Lon-
dres, 1617); Ephémérides Richeliennes (\6M);Traité
île la géométrie et des fortifications (1643).
DURET (Cécile d'rlERBEz, dite Saint-Aubin, épouse),
cantatrice scénique française, née à Lyon au mois d'oct.
1785, morte à Paris le 29 nov. 1862. Fille des deux excel-
lents artistes qui avaient nom M. et M"19 Saint-Aubin et
qui tirent les beaux jours de l'Opéra-Comique, elle dut à sa
mère son excellente éducation scénique, et, comme chan-
teuse, fut élève d'abord du compositeur Tarchi, puis, au
Conservatoire, de l'admirable chanteur Garât. Elle débuta
à l'Opéra-Comique, le 24 mai 1804, dans te Concert inter-
rompu de Berton, et, malgré son très grand succès, elle
quittait, brusquement ce théâtre au bout de quatre ou cinq
mois, pour n'y reparaître que le 2 avr. 1808, après avoir
épousé le violoniste Marcel Duret, artiste fort distingué.
Elle était alors une cantatrice véritablement consommée et
beaucoup plus remarquable sous ce rapport qu'en ce qui
concerne les qualités scèniques. Mais sa jolie voix et l'ha-
bileté avec laquelle elle savait la gouverner enchantaient
littéralement le public. Le récent souvenir de sa mère ne
laissait pas d'ailleurs que de lui être profitable, ainsi qu'à
sa sœur, MUe Alexandrine Saint-Aubin, qui était venue la
rejoindre sur la scène de l'Opéra -Comique. Bientôt,
M'ae Duret devint l'interprète favorite du compositeur
Nicolo Isouard, qui écrivit expressément pour elle quelques-
uns des rôles de ses meilleurs ouvrages. M",e Duret avait,
été reçue sociétaire en 181 1. Un ébranlement survenu dans
sa santé et le chagrin causé par la perte d'un fils unique
l'obligèrent à une retraite prématurée. Elle fit ses adieux
au public vers la fin de 1820.
DURET (Francisque-Joseph), sculpteur français, né à
Paris le 19 oct. 1804, mort à Paris le 26 mai 1865. Le
prénom de Francisque fut adopté par lui au lieu -de celui
de François, inscrit sur les registres de l'état civil, afin de
se distinguer de son père, François-Joseph Duret, sculpteur
et ornemaniste, né à Valenciennes en 1732, mort à Paris
le 7 août 1816. Elève d'Antoine Cillis, membre de l'Aca-
démie de Saint-Luc, sculpteur du comte de Provence, le
père de Francisque Duret exposa aux Salons de 1791,1 793,
1800, 1806, 1812; on lui doit, à Paris, le fronton de
l'église Saint-Philippe du Houle, représentant la Religion
entourée de ses attributs; la statue A'Epaminondas, au
palais du Luxembourg; les sculptures en bois de l'orgue,
a l'église Saint-Sulpice. Le musée de Valenciennes possède
1)1 Kl T - DUREV
— 124 -
de cet artiste une statue de Diogène, expos d nui ; ce
fut soiks sa direction et celle du baron Bosio qoe H lit
l'éducation artistique de son tils. Le premier grand prix île
sculpture lui remporté en 1823, par Francisque Duret, sur
un bas-relief représentant /" Douleur d'Evandre. Il c\|Mi^a
pour la première fois en 1831 , aveclastatueen marbrede Afer-
cure inventant la lyre, placée au Palais-Royal ci détruite
Inrs du pillage de ce palais en 1848. L'œuvre qui caractérise
le mieux le talent île Dure! el lui assura sa réputation,
c'est le Jeune Pêcheur napolitain du lisant la tarentelle,
Statue en bronze fondue d'un seul jet, exposée au Salon de
1833. Duret créa un pendant à cette statue en 1838; le
bronze n'en fut exécuté qu'en 1854. Le (Unifias eu médi-
tation, statue bronze (1836); le Vendangeur improvi-
sant, statue bronze (1839), doivent être classées parmi ses
statues les plus remarquables, Paris possède de nombreuses
œuvres de Duret ; nous citerons, dans les églises : Saint
Jeun l'Evangéliste à Notre-Dame de lionne-Nouvelle ; les
fonts baptismaux à Notre-Dame de Lorette; sept stations
du Cbemin de croix, bas-reliefs marbre, à Sainte— Clotilde ;
le Christ, statue marbre, à Saint-Vincent de Paul ; le
Christ se révélant au monde, statue marbre, et Saint
Gabriel, statue pierre, à l'église de la Madeleine ; les caria-
tides en bronze de l'entrée du tombeau de l'empereur, aux
Invalides. Au nouveau Louvre, il fit le fronton du pavillon
Richelieu, représentant la France protégeant ses enfants
et les quatre groupes de cariatides qui soutiennent ce fron-
ton. Citons encore : la Victoire d'Italie, statue marbre, au
Sénat; Casimir Perier, statue marbre, à la Chambre des
députés ; la Loi, statue pierre, au Palais de justice ; la Jus-
tice, statue pierre, au palais de la Bourse; Molière, statue
marbre, à l'Institut ; le groupe en bronze de Saint Michel
vainqueur de Satan, à la fontaine Saint-Michel; Vénus
au bain, statue bronze, à l'une des tontaines des Champs-
Elysées ; les bas-reliefs du cirque des Champs-Elysées ; les
statues en marbre de la Tragédie et de la Comédie, au
Théâtre-Français. Le musée de Versailles possède de Duret :
Philippe de France, statue marbre; Dunois, statue plâtre;
Chateaubriand, statue marbre; Richelieu, statue marbre.
On doit encore à cet artiste les statues en bronze de l'avocat
Paillet, à Soissons, et du vice-amiral Comte de Drueys,
à Uzès. Francisque Duret fut nommé membre de l'Institut
le 30 sept. 1843, en remplacement du sculpteur Cortot.
Maurice Du Seigneur.
DURET (Théodore), publiciste français, né à Saintes le
19 janv. 1838. Il se présenta sans succès aux élections
législatives à Saintes en 1863, fonda en 1868 le journal
républicain la Tribune, fut maire du IXe arrondissement
de Paris pendant le siège, et fit en 1871-1872, avec Cer-
nuschi, un grand voyage en Orient dont il a écrit la rela-
tion. Nous citerons de lui : Lettres sur les élections
(Paris, 1863, in-8) ; les Peintres français en 1867
(1867, in— 12); Voyage en Asie. Le Japon. La Chine.
La Mongolie. Java. Ccylan. L'Inde (1874, in-12); His-
toire de quatre ans. J870-1873 (1876-1881, 3 vol.
in-12); les Peintres impressionnistes (1878, in-12);
Critique d'avant-garde (1885, in-12).
DURETÉ (Métâll.). La dureté des métaux correspond à
leur degré de résistance lorsqu'on les soumet à des effets
déterminés, choc, compression, etc., mais cette locution
s'applique plus particulièrement lorsqu'on compare la ré-
sistance de fils métalliques de même diamètre pour le pas-
sage à travers un même trou de filière. Le terme de compa-
raison choisi est l'acier. On a établi les données suivantes ;
la dureté de l'acier déjà étiré étant 100, la dureté des
autres métaux sont: acier recuit, 68; fer déjà étiré, 88; fer
recuit, 42 ; laiton déjà étiré, 77 ; laiton recuit, 46 ; or recuit
(à 0,875), 73; or recuit lin, 37; cuivre déjà étiré, 58; cuivre
recuit, 38; argent recuit (à 0.730), 58; argent recuit (à
0,875), 54; argent recuit tin. 37; platine recuit, 38; zinc,
34 ; élain, 1 1 ; plomb, 4. La dureté est la propriété caractéris-
tique de l'acier tel qu'on l'obtenait par les anciens procé-
dés. Elle est due à l'action du carbone et se traduit par une
difficulté de déformation sous IViiort. sans retoor rapide à
la forme primitive, par le jeu de l'élasticité. Quand le
ineial ne renferme pas d'autre matière que le fer et le
carbone, la dureté est proportionnelle à la proportion de
carbone. Lorsque cette proportion dépasse 1 ° , . elle est
accompagnée d'une certaine fragilité : au-dessoui «le cette
proportion, sa dureté n'exclut pas la résistance. Depuis que
de nouveaux procédés se sont introduits pour l'affinage de
la fonte el sa transformation en acier, on produit des aciers
chargés de matières étrangères, el la dureté tend à se con-
fondre avec l'aigreur. L'aigreur est une dureté qui est
accompagnée de fragilité. Les études de l'influence du phos-
phore, du silicium et du manganèse sur la qualité des
aciers ont permis de formuler les lois que nous allons
résumer ici: Les éléments étrangers tels que le phosphore
et le silicium n'influent sur la dureté de l'acier qu'autant
que celui-ci renferme une proportion notable de carbone;
lorsque le carbone est à une dose supérieure a quelques
millièmes, le phosphore et le silicium sont un élément
d'aigreur, c.-à-d. que la dureté est accompagnée de fragi-
lité, sans que l'acier soit plus apte a la trempe pour cela. Il
n'en est pas de même du manganèse qui facilite la trempe
et ne communique de la fragilité que lorsque la propor-
tion est élevée. En résumé, la dureté de l'acier doit être
obtenue par le carbone seul ou accompagné d'un peu de
manganèse. L. Knab.
DURETTE. Coin, dudép. du Rhône, arr. de Villefranche,
cant. de Beaujeu-sur-1'Ardière; 218 bab. Petit village
qui relevait avant la Révolution du château de la Pierre,
anciennement Tour-Bourdon , qui résista , dit-on, victo-
rieusement au baron des Adrets. G. G.
DUREY de Meinières (Jeau-Baptiste-François) , ma-
gistrat et publiciste français , neveu de Durey d'Har-
noncourt, né à Paris le 21 avr. 1705, mort à Paris le
27 sept. 1785. Président de la seconde chambre des re-
quêtes jusqu'en 1758 et beau-frère de René Hérault, lieu-
tenant de police, il épousa en 1764 Mme Belot (V. ce
nom), traductrice de Hume. Durey de Meinières a pris
une part active aux luttes provoquées par les réformes de
Maupeou ; il avait rassemblé une immense collection de do-
cuments juridiques, historiques et littéraires qui, mise
une première fois en vente en 1792, ne fut définitive-
ment morcelée qu'en 1806. Une très faible partie de ces
documents fut acquise par la Bibliothèque impériale ;
d'autres entrèrent dans celle du Sénat ; mais la trace du
plus grand nombre de ces recueils est aujourd'hui perdue.
Outre une collaboration sinon prouvée, du moins très
vraisemblable, aux nouvelles rédigées dans le salon de
Mmf" Doublet, sa tante, et publiées sous le titre de Mé-
moires secrets, Durey de Meinières a fait imprimer une
Indication sommaire des principes et des faits qui
prouvent la compétence de la puissance séculière pour
punir les évêques coupables de crimes publics (en
France, 1655 {sic: 1755] in-12) et, avec Le Paige. une
Histoire de la détention <lu cardinal de liet* (1755,
in-12). On a aussi de lui deux Conversations arec
M"'e île Pompadour (1757), intercalées d'abord par Sou-
lavie dans ses Mémoires de Richelieu et réimprimées sur
un meilleur texte par M. J. Pichon dans les Mélanges de
la Socii'té des bibliophiles français, pour 1856, puis
par Poulet-Malassis, dans la Correspondance de M"" de
Pompadour (1878, in-8). Diderot, qui tenait le prési-
dent pour l'homme de France « le plus doux et le plus
honnête », conte, dans une lettre à M1K' Volland (21 juil.
1765), une anecdote montrant qu'a cette douceur il savait
unir la fermeté. M. Tx.
DUREY de Mohsan (Joseph-Marie), littérateur français,
fils de Durey d'Harnoncourt, né en 1717. mort a Genève
en lTIt.'i. Après avoir dépensé une fortune considérable en
prodigalités de toutes sortes et avance pour l'expédition du
prince Charles-Edouard en Ecosse (4745) une somme de
300,000 livres qui ne lui fut jamais remboursée, il vint
échouer à Ferney où Voltaire le recueillit, lui prodigua
— 128 —
DUREY
DIKFORT
les marquée d'intérêt el obtint, non sans peine, de sa
famille qu'elle lui n lut en aide. Des divers écrits attribués
ou appartenant a Dure] de Morsan, l<' plus important esl
le Testament politique du cardinal Alberoni (Lausanne,
I7.'>;ï. in-42), revu et publié par Haubert de Gouvest. Le
voyageur suédois Bjœrnstabl, qui visita la Suisse en 1777,
ledit auteur, sous le titre A Anecdotes pour servir à
l'histoire de l'Europe (4757, in-8), d'une relation de
l'expédition d'Ecosse qui, selon Barbier, serait intitulée His-
tûireduprétendantetitLièoie 1756 (in-42, 96 p.)- M.Tx.
Bibl. : Voi.i.uKF. Correspondance g ênéra le, — G. Di s-
NOIRBS i BBJU S, \ ollaire el Genève.
DUREY DE NoiKVlLLE (Jacques-lîornard). magistrat et
enidit fiançais, né à Dijon le 3 dée. 1(18;!, mort à Paris le
SOjuil. 1768. Conseiller an parlement de Meta (1726),
il fut nomme président dit grand conseil en 1731 (charge
supprimée en 1738) et en 1733 associé libre de L'Académie
des inscriptions à laquelle il constitua une rente de '.00
livres destinée à rémunérer, -"lis la forme d'une médaille
d'or, les meilleurs mémoires sur l'état des sciences, des arts
et des lettres, aux différentes époques de la monarchie. On
cite parmi les lauréats les abbés Lebeuf, Goujet, Fenel,
Guasco. ('ailier et Venuti. Durey de Noinville a laissé un
certain nombre de travaux que leur sujet, plus encore que
leur valeur intrinsèque, recommande aux érudits : Histoire
du théâtre de l'Académie royale de musique en France
depuis son établissement jusqu'à présent (1753, in-8;
nouv. éd. augm., 1757, 2 part, m-8), avec Louis Travenol ;
Recherches sur les fleurs de lis et sur les villes, mai-
sons et familles qui portent des /leurs de lis dans leurs
urines (4755, in- 1-2): Dissertation sur les bibliothèques
et Table alphabétique des dictionnaires en loutes sortes
de lamines (1758, 2 part, in-12) publiées séparément,
mais qu'on trouve toujours réunies; Almanarh nouveau
four l'an 1763 (4762, in-16), avec une dissertation sur
origine des calendriers et une table alphabétique des
calendriers. Durey de Noinville a fourni aux Mémoires de
l'Académie des inscriptions une Histoire du conseil et
des maîtres des requêtes de l'hôtel du Rot (4753) et
rédigé un travail sur les traités et ambassades prés de la
Porte ottomane conservé aux archives des aflaires étran-
gères. M. Tx.
DUREY de Sairoy du Terrail (Joseph), littérateur
français, neveu de Durey de Noinville, né en 4742, mort
le 12 juin 1770. 11 entra de bonne heure dans la carrière
des armes et obtint le grade de maréchal de camp; il fut
en cette qualité lieutenant général du Verdunois. On cite
de lui une tragédie non représentée, Lagus,roi d'Egypte
1 17'»',. in-12), et deux romans anonymes : le Masque ou
Anecdotes particulières du chevalier de'" (Amsterdam,
[754, in-12); la Princesse de Gonzague (4756, in-12),
à la suite de laquelle on trouve le Déguisement de l'Amour,
comédie en un acte et en vers. M. Tx.
DUREY d'IIarnoncourt (Pierre), frère de Durey de
Noinville. mort le 27 juin 1765. Receveur général des
tinances, il publia sous les initiales D. D. des Mélanges de
maximes, de réflexions et de caractères, avec une tra-
duction des Conclusione d'Amore de Scipion Maffei
(17.').'), in-12) et une Dissertation sur l'usage de boire
à la glace (4763, in-12), qu'il préconisait, dit-on, par
l'exemple et en toute saison. M. Tx.
DURFEE (William-Franklin), ingénieur américain, né à
New-Bedford (Massachusetts) le 15 nov. -1833. I! fit de
bonnes études scientifiques, occupa pendant cinq années un
emploi administratif dans sa ville natale et fut élu député
en 1861. Nommé secrétaire de la commission de l'année,
il se signala dans ces fonctions par une intelligente activité.
11 inventa même un nouveau canon pour la marine. Depuis
un certain nombre d'années, il s'est consacré plus particu-
lièrement à la recherche des meilleurs moyens de produc-
tion du fer et de l'acier et a fait réaliser d'importants pro-
grès à cette branche de la métallurgie. On lui doit divers
articles intéressants publiés dans des revues américaines.
D'URFEY ou DURFEY (Thomas), poète et auteur drama-
tique anglais, né à Kxeier, probablement en 1653, mort à
Londres le 26 fevr. 1723. Son grand-père, huguenot de La
Rochelle, vint en Angleterre en 1628. Il avait pour mule
Honoré d'Urfé, l'auteur de VAstrée. Il abandonna très jeune
l'étude du droit pour la poésie et donna, a partir de 1070,
un liés grand nombre de pièces de théâtre. En même temps
il écrivait, pour ses amis ou ses protecteurs à la cour,
quantité de poésies légères, mies, élégies, epithalaines, pro-
logues, épilogues, qui attestent la facilité merveilleuse de ce
brillant esprit. Protestant zélé, il n'avait rien du puritain,
et ses pièces se ressentent de la liberté de langage et de la
licence de mœurs mises à la mode par la Restauration. La
plupart deses-chansonset poésies légères se trouvent dans
l'édition de 4749-20, en (i vol., intitulée An Antidote
against Melancholy, mode up in l'ills; à quoi il faut
ajouter Taies, Tragical and Comical (4704), Talcs, Mo-
ral and C.omical (4706) et New Opéras and Comical
Stories and l'oems (1721). La seule de ses comédies qui
ait été quelquefois reprise avec succès depuis sa mort a
pour titre The Plotting Sisters. Ses chansons ont eu une
fortune meilleure, et beaucoup sont passées, en Ecosse sur-
tout, à l'état de chansons populaires, qu'on se transmet de
génération en génération, sans en connaître l'auteur. D'Ur-
fcy, presque oublié de son vivant, mourut, semble-t-il,
dans un état voisin de la misère. Le comte de Dorset fit les
frais de ses funérailles. 11 repose dans l'église de Saint-
James (Piccadilly). lî.-II. G.
DURFORT. Corn, du dép. du Tarn, arr. de Castres,
cant. de Dourgne; 414 hab. Filatures de laine et usine
métallurgique importante dans la pittoresque vallée du
Sor, affluent de l'Agoût, dont les eaux détournées par
Hiquet servent aujourd'hui en partie à alimenter le bas-
sin de Saint-Ferréol. On a peu de renseignements sur
l'histoire ancienne de cette localité. La seigneurie parait
avoir appartenu autrefois aux seigneurs de Dourgne, vas-
saux des vicomtes d'Albi. Auprès du village, restes du
château de Roquefort, mentionné assez fréquemment au
moyen âge et démantelé, dit-on, sous Charles VII. On a
placé aussi près de Durfort le lieu de Puivert, occupé en
1210 par Simon de Montfort; mais c'est une erreur : il
s'agit ici du lieu de Puivert dans l'Aude.
DURFORT. Corn, du dép. de Tarn-et-Garonne, arr. de
Moissac, cant. de Lauzerte ; 4,494 hab.
DURFORT-kt-Saint-Martin-de-Saussenac. Com. du
dép. du Gard, arr. du Vigan, cant. de Sauve; 757 hab.
Composé de deux communes réunies par décret en 1802.
— Le nom de Durfort n'apparait qu'au xm° siècle ; cette
localité, peu importante durant tout le moyen âge, faisait
partie de la vigueric de Sommières ; plus tard, elle fut rat-
tachée au bailliage de Sauve. Le château a été détruit pen-
dant la Révolution. — Saint-Martin-de-Saussenac parait
plus ancien ; les textes le nomment dès le xic siècle ; au
xviie, ce lieu dépendait de la baronnie de Vibrac. L'église
fut brûlée par les Camisards. — Sur le territoire de la
commune, ruines romaines et grottes curieuses.
DURFORT (Famille de). Famille de Guyenne, originaire
del'Agénois, connue dès 1003. Elle prétend descendre des
comtes de Foix. La filiation suivie remonte à Arnaud de
Durfort, chevalier en 1305, qui acquit la terre de Duras
par son mariage avec une nièce de Clément V. Gaillard
de Durfort s'étant déclaré pour le roi d'Angleterre, se retira
à Londres en 1453 ; il fut gouverneur de Calais et cheva-
lier de la Jarretière. L'un de ses fils, Georges, fut gouver-
neur d'Henri d'Albret, plus tard roi de Navarre. Symphu-
rien, mort en 4563, embrassa la religion protestante.
Jacques (4547-4626) fut fait marquis de Duras en 1000,
comte de Rozan en 1025. Son fils, Guy-Aldonce (4605-
1665), maréchal de camp, épousa Elisabeth de La Tour
d'Auvergne, sœur du maréchal de Turenne et du due de
Bouillon, prolestants fervents, qui refusa obstinément d'ab-
jurer, malgré l'exemple que lui donnèrent ses deux fils
aînés. De ce mariage naquirent les maréchaux de Duras et
nniu'OitT
— 120 -
de Lorge, le comte de Feversham, la marouise de Boarbon-
Halaoze et la comtesse de La Rochefoucanld-Roye (le
mari de celle-ci émigra <'ii Danemark, pois en Angleterre;
tons deux restèrent protestants). Jacquet-Henri, comte de
Duras, né le 9 oct. 1625, mort le 12 oct. 1704, tut
capitaine d'une compagnie des gardes do corps en 1671,
gouverneur de la Franche-Comté en 1674, après avoir
pris une grande part à la conquête de cette province, ma-
réchal de France le 30 juil. 1673, chevalier des ordres do
roi pu I68X; « il était sur le pied d'une considération et
d'une liberté de dire au roi tout ce qu'il lui plaisait ».
(Saint-Simon.) Comme chef d'armée, on lui reprochai! trop
de prudence. Il devint le doyen des maréchaux de France
le S déc. 1694. De son mariage avec MUe fle Levis-Ven-
tadour, le maréchal de Duras eut : -1° Jacques-Henri,
comte de Duras, duc en 1689 par cession de son père,
mort en 1697 à vingt-sept ans, étant brigadier; marié en
168!) à la fille du comte Eschallard de La Marck, tort riche,
mais ayant neut ans de plus que lui, qui lui donna deux
filles; §? Jean-Baptiste, comte, puis duc (1697) de Duras,
né le 28 janv. 1684, mort le 8 juil. 1770, lieutenant
général en -17-20, maréchal de France en 1741, chevalier
des ordres en 1754 ; il avait pris de sa propre main un
drapeau à Nimègue ; il fit construire en 1718 l'hôtel qui a
donné son nom à une rue du Faubourg-Saint-Honoré. En
1721, sa femme et lui conduisirent à Bayonne la fille du
régent qu'ils remirent aux envoyés d'Espagne et qui épousa
don Louis. En 1733, il céda son duché à son fils et obtint
le titre, par brevet, de duc de Durfort. — Son fils, Emma-
nuel-Félicité, dne de Duras, né le 19 déc. 1715, mort le
G sept. 1789, premier gentilhomme de la chambre, chevalier
des ordres du mi et de la Toison d'or, reçut de sa mère le
titre de prince de Bournonville; il fut fait pair en 1757,
prit part à toutes les guerres du règne de Louis XV et
devint maréchal le 24 mars 1775 ; il fut ambassadeur en
Espagne en 1752 et commandant en Bretagne après l'aflaire
de La Chalotais. Son fils, Emmauuel-CtHeste-Augustiu,
duc de Durfort (par brevet) en 1759, duc de Duras en 1789,
né le 28 août 1741, mort le 20 mars 1800, maréchal de
camp, premier gentilhomme de la chambre, fut élu en 1790
commandant en chef des gardes nationales de Guyenne; il
émigra en 1790. Son fils, Améthse-Bretag,ie-.)hilo, mar-
quis, puis duc de Duras, né le 5 avr. 1771, mort le
1er août 1838, fut envoyé par le comte de Provence à
Léopold II, en 1791 ; il fut nommé premier gentilhomme
de la chambre par Louis XVIII pendant l'émigration, en
prit les fonctions en 1814, et fut nommé pair de France
(1814), maréchal de camp et chevalier du Saint-Esprit; il
est surtout connu comme mari de Claire-Louise-Bose-
Iionne de Coétnempren de Kersaint, née à Brest le 22 févr.
1778, morte à Nice le 16 janv. 1828, dont le salon litté-
raire tint une si grande place dans la société de la Res-
tauration et qui a publié deux romans célèbres, Ourika et
Edouard; Us n'ont plus de lecteurs aujourd'hui, mais ils
ont eu, le premier surtout, une grande réputation en rai-
son de la délicatesse des sentiments qui y sont exprimés
et malgré la bizarrerie de la fable ; elle avait passé sa
jeunesse à la Martinique après la mort tragique de son
père le conventionnel, guillotiné en 1793; elle rentra en
France en 1800. Le duc et la duchesse de Duras ont
laissé deux filles, mariées, l'une au prince de Talmont
puis au comte de La Rochejacquelein ; la seconde, au comte
Henri-Louis de Chastellux (1785-1863), titré par ordon-
nance royale du Ie* sept. 1819 marquis de Duras-Chas-
tellux et duc île Rauzan, substitué par ordonnance du
21 déc. 1822 à la pairie de son beau-père ; de ce mariage
un fils, marquis de Duras-f.hastellux et duede Rauzan.
Louis, marquis de Blanquefort, devenu en 1676 comte de
Feversham par son mariage avec l'héritière de ce titre,
mort le 19 avr. 1709. fine du premier maréchal de Duras,
passa en Angleterre en 1663 cl fui fait lord Duras, puis
baron de lloldcnby (1673). En 1672, il commanda les
troupes anglaises mises au service de Louis XIV; il fut
chargé de misions diplomatiqnesà Bruxelles (\<>~H). IPé.
ris iKi8-j) ; eu tiisi.'i, il dciit |e due de Monmoath révolté
contre Jacques II et fut tait chevalier de la Jarretière et i api-
taim noil que. devenu \,-ni, il épousa la veuve
du un Charles II, Catherine de Bragance. Guy-Aldonce, frère
du maréchal de Duras et du comte de Feversham, comte de
Lorge, duc de Quintin en 1691, né le 22 août l'
mort le 22 oct. 1702; il dirigea avec habileté la retraite de
l'année après la mort de Tuienne. son oncle, et fut nommé
le il févr. 1676 maréchal de France et le 12 juin suivant
capitaine d'une des compagnies des gaules du corps ; en
KiS8 d fut lait chevalier des ordres. H eut le commande-
ment de l'année d'Allemagne de 1690 a 1695; il prit Ibi-
dellierg (1693); on l'accusa d'avoir perdu plusieurs occa-
sions île succès par son irrésolution, résultat peut-être de
sa mauvaise santé. Son caractère était lus estimé; il vivait
dans une union intime avec son frère; n'ayant aucun bien,
il épousa Geneviève de Frémont, fille d'un très riche finan-
cier, « élevée comme devant être un jour une grande dame»
(M""' de Sevigné) ; il en eut les duchesses de Saint-Simon
et de Lau/.un et Guy-Nicolas (1683— 1758), duc de Quin-
tin, qui échangea ce titre par des lettres [latentes du 7 déc.
1706 contre celui de duc de Lorges sous lequel son père et
lui avaient été connus; de Geneviève Chamillart, fille du
célèbre ministre, avec laquelle il avait vécu dans une
étroite union, il eut : Guy-Michel, duc de Durfort, puis
duc de Handon en 1733. né le 26 août 1706, mort le
6 juin 1773; il céda le titre de Lorges à son frère cadet,
mais en gardant le bénéfice de l'érection de 1691 ; il fut
chevalier des ordres du roi (2 févr. 1745) ; en 1768, il fut
fait maréchal de France; il ne laissa pas d'enfants. U s'était
distingué pendant les campagnes d'Allemagne (1742-48 et
1757-59). — Son frère h nus, duc de Lorges (1714- 1779),
lieutenant général en 1748, fit la campagne d'Italie (1733),
ne laissa que des filles, dont l'une épousa son cousin de Dur-
fort-Civrac.
La branche de Durfort-Civrac, séparée de la tige prin-
cipale depuis le xvi9 siècle, avait produit Jacques, lait
marquis de Civrac en 1647; son arrière-petit-fils. Aimerie-
Joscph(né le 19 mars 1716, mort le 8 avr. 1787), colonel
du régiment Royal-vaisseaux, ambassadeur à Parme, à
Naples, puis à Vienne (sept. 1766, mai 1770), marquis de
Durfort-Civrac, duc par brevet du 24 nov. 1774 et fait
chevalier des ordres en 1776; son fils Jean-Laurent,
marquis de Civrac, né le 7 juin 1741), mort le 4 oct. 1826,
reçut le titre de comte de Lorges lors de son mariage avec
la tille du duc, son cousin ; fut fait duc de Lorges le
25 mars 1773, maréchal de camp en 1787 ; il émigra
eu 1791 et lit les campagnes de l'armée de Condé; en
1795, il accompagna le comte d'Artois à l'Ile-Dien ; en
1814, il fut fait pair et lieutenant général, puis chevalier
du Saint-Esprit. Son fils. Guij-Emerie-Anne , duc de
Civrac en 1815, puis duc de Lorges, né le 25 juin 1767,
mort le 6 oct. 1837, maréchal de camp en 1814, pair
en 1826, refusa de prêter serment en 1830; c'est la tige
de la branche ducale actuellement existante. Le marquis
Henri de Durfort-Civrac. né en 1812, mort en 1884
(V. ci-dessous) était petit-fils de Jean-Laurent.
Les branches de Durfort-Boissières et de Devine (éteintes),
séparées des Duras dès le xvp siècle, ont produit le comte
Louis de Deyme, maréchal de camp en 1762 et grand'eroix
de Saint -Louis, et le comte Alphonse de Boissières
(1753-1822) (Y. ci-dessous). L. Delavaid.
Bibl. : Le P. A\ski.\ik. Hisloire des grands officiers de
la couronne, l. V et t. IX, 2" part, "(suite par P. de
Courcy), 1881. — Pinard, Chronologie militaire. — Bo-
nn, d Hauterivb, Annuaire de la noblesse, 1846. — l
P. (!rii i et, Recueil de lettres pour servir .1 l'histoire mi-
litaire de Louis XIV.— Saint-Simon, Mémoires appen-
dice lit .lu t. 11. éd. de M. île Boislile, t. II. p. 862; <-t ap-
pendice XXllilut. III). —Marquis de Sai.m--11ii.airi-:, .Mé-
moires ces trois derniers ouvrages se rapportent aux
maréchaux Duras et de Lorges . — A. Sokbl, Recueil des
instructions aux ambassadeurs de France en Autriche. —
C. Nisard, Un Valet ministre et secrétaire d'Etat. Guil-
laume de Tillot ces deux ouvrages contiennent despii
- 1-27 -
DUUEORT — DUKICII
rolutiv.-s au\ missions du duc de Dorfort-Clvrac ft Parme
et I Vienne .
DURFORT-BoissiÈREs(Sarrain-Àlphonse-Marc-Annand-
Emmanuel-Louis, comte de), général français, né le
1!' janv. 1733. mort près de Nogent-le-Rotrou le 28 août
1822. Officier au régiment de Chartres-cavalerie, colonel
de chasseurs à cheval, il était maréchal de camp lorsqu'il
fat chargé en 1791 par le roi d'une mission auprès de
l'empereur d'Autriche. Il devait, par l'intermédiaire du
eomte d'Artois qu'il rencontra a Uantoue, lui faire connaître
la situation dans laquelle se trouvait la royauté en France et
obtenir dos secours contre la Révolution. Favori de Marie-
Antoinette, il fut encore chargé par elle d'aviser la gou-
vernante des Pays-Bas de la mite de Varennes. 11 èmigra,
servit dans l'année des Princes et l'ut promu lieutenant
général le 22 juin 1814. Il suivit Louis XVlll à Garni et
l'ut mis a la retraite en 1815.
DURFORT de CrvRAC (Marie-Henri-Louis, comte),
homme politique français, ne a Beaupréan (Maine-et-Loire)
le 26 nul. 1849, mort a Paris le -21 févr. 1884. Elu
députe de Maine-et-l.oire au Corps législatif en 1852 connue
candidat légitimiste, il éprouva ensuite deux échecs en
1^ n n 186 : et ne rentra dans l'Assemblée qu'en 1869.
11 appartint au tiers-parti et vota contre la guerre franco-
allemande. Elu représentant de Maine-et-l.oire a l'Assemblée
nationale le 8 févr. 1874, il siégea à droite, mais lit acte
d'indépendance en combattant Le ministère Broglie sur la
loi des maires. Députe de Cholet le 20 févr. 1876, il l'ut,
grâce à l'appui des gauches, élu vice-président de la
Chambre. Réélu en 1 STT et en 1881, il continua à être
choisi pour vice-président.
DURGEON. Riv. de France (V. Saône [Haute-]).
DURHAM (Zootechn.) (V. Races bovines).
DURHAM. I. Ville. — Géographie. Ville d'Angleterre,
ch.-l. du comté de ce nom, dans une boucle de la Wear;
I 1,932 hab. La situation de la ville est très pittoresque;
elle est dominée par deux collines boisées dont l'une porte
la cathédrale et le château et l'autre l'observatoire. La
cathédrale (Saint-C.uthbert) est un des édifices les plus
remarquables de l'Angleterre; commencée en style roman
en 1093, elle fut achevée en 1320 en style normand.
Jusque vers 1500, on continua d'y taire des additions et
elle a été complètement restaurée au xvinn siècle. Elle a
la forme d'une croix latine, un clocher de 70 m., deux
tours de plus de 40 m. Elle renferme les reliques de saint
Cuthbert, la tombe de Bede, etc. Le dortoir du monastère
contigu à la cathédrale (aujourd'hui bibliothèque) est très
beau. Le château, où résidaient les anciens évèques, a été
construit par Guillaume le Conquérant (1072); il est affecté
à l'université. L'hôtel de ville a été bâti en 1353. Une
partie des anciens remparts subsistent. Deux des ponts de
la Wear remontent au xm siècle. Ils conduisent au faubourg
à'Elvet où se trouve une vaste prison. Les principales
industries de Durham sont la fabrication de tapis, de papier,
d'objets en fer.
Histoire. La prospérité de Durham remonte à l'évêque
Aldune qui y apporta les reliques de saint Cuthbert en 995
et bâtit une église pour les abriter. Guillaume le Conqué-
rant lit du château de Durham un centre de résistance
contre les Ecossais. Ceux-ci l'attaquèrent souvent et c'est
aux environs que le roi David Bruce fut vaincu et pris (à
NevUlei Cross) le 20 oct. 134G. Le cardinal Wolscy fut
évéqne de Durham.
Université. En 1290, le prieur du couvent de Durham
fonda un collège; aboli an moment de la Réforme de Henri VIH,
ses biens furent affectés au doyen et au chapitre. Cromwell
rétablit (1657) un collège auquel il attribua les revenus
du doyen et du chapitre. Il Tut supprime a la Restauration.
En !*.;:». une université fut créée. Elle comprend deux
collèges (Uni versity Collège et Bishop Hatfields Bail); on y
rattache les collèges de médecine et des sciences physiques
de Newcastle. Elle n'a que peu d'élèves (moins de cent),
malgré ses belles collections et sa riche bibliothèque.
II. Comte PALATIN. — Comté maritime de l'Angle-
terre. De forme triangulaire, il s'étend sur la cote de la
mer du Nord depuis la Tvne, qui le sépare du Norlhum-
berland, jusqu'à laTees, qui le sépare du comté d'York. A
l'intérieur, il confine au N. au Northumberland, à l'O. au
Cumberland el au Westmoreland, au S. au comté d'York.
Sa superficie est de 2,620 kil. q. La région occidentale du
comte est occupée par des contreforts de la cliaiue IViiilino,
par conséquent désolée, ande, sillonnée île lonvnls; ce
sont les M oorlands, dont le point culminant s'élèveà 669m.
La région de l'Est est formée de terrasses ondulées et de
vallées fertiles. La seule rivière considérable est la Wear,
qui traverse le district houiller. La Tvne limite le comté
au N., la Tees au S. Le comté de Durham est principale-
ment un pays de mines, surtout de houille (35,000,000 de
tonnes anglaises par an) ; il y a aussi des mines de fer,
de plomb argentifère et de belles carrières. En 1881, les
mines et carrières occupaient 72,000 ouvriers, la prépara-
lion du 1er 17,500, la construction des machines 11 ,^00,
les constructions navales 10,000. Mais l'agriculture n'est
pas négligée, bien qu'elle n'occupe que 16,200 personnes;
28 ° o de la superficie totale sont occupés par les terres
labourées, 37 ",0 Par h?s prairies, 3 °/0 par les bois. On
comptait, en 1884, environ 17,000 chevaux, 64,000 bœufs,
186,000 moutons, 13,000 porcs. Les moutons à longue
laine de l'O. sont appréciés; la race des bestiaux du
Durham compte parmi les plus renommées (V. Races
bovines). La population s'élevait au recensement de 1881 à
867,586 hab. Elle s'accroît rapidement, car en 1801 elle
n'était que de 149,384 hab. et en 1861 de 508,666. Les
villes principales sont Durham, Hartlepool, Barnard Castle,
Bishop Auckland, Darlington, Sunderland, Stockton, Ga-
teshead, South Shields. — Après la conquête normande, le pays
de Durham fut constitué en comté palatin, formant marche
contre les Ecossais, au profit de l'évêque de Durham, qui a
gardé des privilèges temporels exorbitants jusqu'en 1830.
Son revenu actuel est de 8,000 livres sterling. Ch.-V. L.
Biiil. : Surtees, History and anliquities of Ihe County
of Durham, 4 vol. in-l'ol. — \V. Kordyce, History and
antiquilies of Ihe County of Durham, 1S57, 2 vol. in-fol. —
Il existe une Surtees Society, très active, qui se consacre
à la publication île documents relatifs à l'histoire locale
du comlé de Durham.
DURHAM (Comtes de) (V. Lambton).
DURHAM (SirPhilipp-Charles Henderson Caldeuwood).
amiral anglais, né en 1703, mort en 1845. Il prit part,
entre autres faits de guerre, à l'expédition de la baie de Qui-
beron (juil. 1703) età la bataille de Trafalgar. En 1811,
il commanda l'escadre de la mer du Nord ; en juin et août
1813, il reçut la soumission de la Guadeloupe et de la
Martinique. De 1836 à 1839, il commanda en chef le port
de Portsmouth.
DURHAM (Joseph), sculpteur anglais, né à Londres en
1821, mort à Londres le 27 oct. 1877. Elève de l'ornema-
niste John Francis, puis de l'académicien E.-H. Bailey, il
attira l'attention sur lui par le beau buste de Jenny Lind
exposé en 1848 à l'Académie royale, buste dont il fit des
centaines de répliques. Plus de valeur encore a celui de
la Reine Victoria (1850), conservé au Mansion House, où
se trouve également l'une de ses meilleures œuvres clas-
siques, Hermione et A Instar. On lui doit aussi la statue
de Palmerston an Guildhall, celles de Milton, de Ben-
thnm, de Newton et de Harvey qui ornent le portique
de l'Université et celle du Prince Albert au Jardin botanique.
Durham, qui était associé de l'Académie depuis 1807, est
devenu populaire par ses charmants groupes d'Enfants
iouants. G. P-i.
DURHAMS. Village des Etals-Unis, Caroline du Nord,
a 33 kil. X.-O. de Ralcigh; le général confédéré J. John-
son y mit bas les armes le 23 avr. 1863. La population
est d'environ 2,040 hab.
DURICH (Vacslav- Michel), philologue tchèque, né à
Turnov en 1732, mort à Turnov en 1802. Il appar-
tenait à l'ordre des pauliciens. lui I77X, l'archevêque de
1,1 EUCH - Dl RINGSFELD
— 12* ~
Prague lui confia le loin de reviser le texte tchèque de la
Bible. Sun principal ouvrage, malheureusement inachevé,
est intitulé Bibltotheca simien antiquissinue dialecti
communis et ccclesiasticœ uniuersat Slavorum gentis
(Vienne, I79S). Dans la pensée de l'auteur, ce devait être
une véritable encyclopédie d'archéologie slave. Durich a
écrit en outre quelques dissertations sur des points de phi-
lologie hébraïque.
DURIE (Lord Alexander) (V. Gibsor).
DURIER (Louis-Emile), avocat français, né à Paris le
19 dcr. 1828, morl le 24 déc. 1890. Après de brillantes
études au collège Bourbon, il suivit les cours de l'Ecole de
droit de Paris, dont il lui un des lauréats au concours de
1850. Inscrit la même année au barreau de la capitule, il
ne tarda pas à se faire remarquer dans plusieurs affaires
politiques, où il eut l'occasion d'affirmer ses convictions
libérales et républicaines. Il plaida notamment quelques
procès de sociétés secrètes et un grand nombre de procès
de presse, pour le National, pour le Sain Jaune et sur-
tout pour le Siècle, auquel il collabora un certain temps.
Il plaida également pour plusieurs écrivains, notamment
pour M. Ranc, pour M. Castagnary, pour M. Bazire. Après
avoir ainsi défendu les victimes de l'arbitraire gouverne-
mental, il fut lui-même impliqué, en 1864, ;i coté de
MM. Garnier-Pagès, Carnot père, Dréo, Clamageran, Flo-
quet, Jules Ferry, Jozon, Corbon, Melsheim et Bory, dans
le fameux procès connu sous le nom de procès des Treize.
Condamné comme ses coaccusés, MeDuner en vit accroître
sa réputation, et, lors des élections législatives de 1869,
il posa sa candidature à Paris contre M. Emile Ollivier ;
mais il se désista en faveur de M. Bancel. Pendant les
premières années de la troisième République, M. Durier
occupa différentes fonctions publiques. 11 fut successive-
ment adjoint au maire de Paris en 1870; secrétaire adjoint
du gouvernement de la Défense nationale pendant le siège
de Paris ; secrétaire général du ministère de la justice, en
1871, avecM. Dufaure, qui l'avait défendu dans le procès
des Treize, et enfin conseiller d'Etat en service extraordi-
naire en 1872. Après le 2-4 mai 1873, W Durier reprit
sa place au barreau. En 1876, il fut élu membre du con-
seil de l'ordre. En 1887, il fut élevé au bâtonnat; c'était
le premier bâtonnier républicain depuis Jules Favre. On ne
peut pas dire pourtant que Me Durier dut sa nomination
aux sympathies politiques de ses confrères : il fut, au con-
traire, élu par une majorité composée en grande partie
d'adversaires politiques, qui voulurent honorer en lui,
outre le talent, la fidélité aux convictions personnelles et
la tolérance pour celles des autres. Les principales affaires
plaidées par Mc Durier, en dehors des procès poli-
tiques par lesquels il inaugura sa carrière, sont : l'affaire
du Catalogué officiel de l'Exposition universelle de 1807 ;
l'affaire de la duchesse de Chaulnes ; l'affaire de l'incendie
de l'Opéra-Comique; l'affaire Chambige ; l'affaire Erckmann-
Cbatrian et l'affaire des nihilistes russes. Le talent de
M'' Durier était celui d'un dialecticien consommé, sachant
cacher l'habileté de son argumentation sous une parole
pleine de bonhomie, toujours spirituelle, souvent ironique,
jamais malveillante ; car son talent n'avait d'égal que sa
modestie et son extrême affabilité, et l'éniinent avocat ne
comptait que des admirateurs et des amis, non seulement
dans ce grand barreau parisien dont il était une des illus-
trations, mais encore dans le monde des lettres et des arts,
ou il était très répandu et très apprécié pour la sûreté de
son goût et la distinction de son esprit. Georges Lagrésille.
DURIER (Charles-Henri), publi ciste français, né à Paris
le 15 déc. 1830, frère du précédent, chef de division au
ministère de la justice. Collaborateur au Siècle OÙ il adonné
des études littéraires et des nouvelles, il est connu surtout
par la part qu'il a prise à la formation du Club alpin de
Paris (pour lequel il fait des conférences pleines d'esprit
et de charme) dont il est vice-président, et par son ouvrage,
le Mont Blanc (Paris, IS77, gr. in-8), devenu classique
dans le monde spécial des alpinistes.
DU RI EU (Jeu-LAUs-Marie-Eogène), adnjinisti.ii.-ur
français, né a Nîmes en 4800, mort >-n 1*7». \\<.
Paris, il j fonda en ix-j', NM recueil spécial qui obtint un
certain succès et parait encore aujourd'hui, /< Mémorial
des percepteurs. Chef de ];, section administrative des
communes au ministère de l'intérieur, il devint eu i s ; 7
inspecteur général des hospices ci en 1 s'.x directeur gê-
nerai des cultes. Il rentra dans la vie privée en 1849. On
a de lui : Code de l'administration ci de. la comptabi-
lité îles recoins îles établissement* publi
1*23, in-12); Législation des conseil» municipaux
(18-20. i n— x j ; Poursuite» eu matière de contributions
directes (Paris, 1838-1839, 2 vol. in-Nj; Formulaire
de la comptabilité des percepteurs et des receveurs des
communes, des hospices cl des bureaux de bienfaisance
(1842, in-8); Répertoire de i administration et de la
comptabilité îles établissements de bien faisane, 1 x i 1 -
1843, -1 voL in-8), en collaboration avec Germain Roche;
Code <les perce]/! ions municipales de lu cille de Parts
(1844, in-8).— Son lils, A.-muriel Durieu, rédacteur cm
chef du Journal îles percepteurs, a écrit : Traité sous
forme de reniement des poursuit es en matière d'amendes
et condamnations pécuniaires (Paris, 1*70, in-8).
DURILLON (Méd.). Par son mode de formation, le du-
rillon se rapproche du cor, mais est généralement moins
nettement délimité que lui et siège moins fréquemment près
des articulations. Quant au traitement, il est le même, et
l'on peut dire qu'aucun durillon ne résiste à l'application
circonspecte des caustiques (bichromate de potasse, acide
acétique, caustique de Vienne, etc.) (V. Cor). Dr L. Hx.
DU RINGSFELD (Ida von), ou Ida, baronne de I'.eins-
HEitr.-DCRiNGSFELD, écrivain allemand, née à Militscb. en
Silésie, le 1*2 nov. 1813, morte à Stuttgart le 23 oct.
1876. Son père étant officier, elle changea souvent de ré-
sidence, et sa première éducation en souffrit. Mais elle cor-
rigea plus tard ce défaut et profita de toutes les occasions
pour étendre ses connaissances ; elle apprit le français et
l'italien, et étudia même les dialectes germaniques et
slaves. Ayant épousé, en 1843, le baron Otto de Keins-
berg, elle voyagea avec lui en Autriche, en Italie, en Bel-
gique, en France, et ils demeurèrent successivement à
Prague, à Leipzig et à Stuttgart. Le talent poétique d'Ida
de Ûuringsfeld se déclara de bonne heure. Elle-même nous
apprend qu'elle fit des vers avant de savoir écrire. A qua-
torze ans, elle envoya à l' Abend-eitung de Dresde quel-
ques poésies qui furent favorablement accueillies. Elle
publia son premier recueil sous le pseudonyme de Thekla
(Gedichte von Thekla; Dresde, 1835). En second volume
parut en 1850, intitulé Pour loi [Fur Dich, Leii
1865, 2e édil.). Dans l'intervalle, elle avait fait paraître
plusieurs romans anonymes : Schloss Goczin (Breslau,
1841); Magdalena (Breslau, 1844); Graf Chala (Bres-
lau, Î845). Après son mariage, elle signa ses ouvrages de
son nom de Reinsberg-Diiringsfeld. Elle aborda, en 1 S 4.7.
le roman historique avec Margaretha cou Valois, qui fut
suivi d'Antonio Foscarini (Stuttgart. 1850). Dans Fine
Pension am Genfersee (Breslau, 1851, 2 vol.), elle
essaya de peindre la vie politique et sociale de la Suisse
romande. Puis, revenant à son premier genre, e.-à-d. au
roman de mœurs el au roman passionne, elle donna encore:
KlotUde (Breslau, 1855), Die Literaten (Vienne, 1*63,
3 vol.), Niko Veliki (Leipzig, 1864). Tous ces roman-,
et nous ne citons que les principaux, sont des compositions
hâtives et irrégulières, qui ressemblent plutôt a des con-
versations de salon qu'à des œuvres d'art. La baronne de
Reinsberg-Diiringsfeld n'a plus jamais retrouve la grâce
simple et naturelle qui caractérise ses premiers essais
poétiques; c'est par ceux-ci qu'elle vivra dans la littéra-
ture. Ses relations de voyage (Reiseskix&en, Leipzig, 1851-
1868, 7 vol.; Von der Schelde bis sur Maas, Leipzig,
1861, 3 vol.) contiennent des pages intéressantes. On
peut encore considérer comme un résultai de ces voyages
ies traductions parfois heureuses qu'elle donna des chan-
— 1-2!) —
DORINC.SFFLI) — DUROC
M»ns populaires dos pays étrangers {Bôhmische Rosen,
Bresku, [851; Lieder aus Toskana, Dresde, 1855;
■- .Jit. . Prague, L859), <'t les doux ouvrages qu'elle écri-
vit ea commun avec son mari : Hochxeitsouch (Leipzig,
1 s t 1 » . une comparaison des cérémonies dn mariage dans
Ifs différents pays, et Sprichwôrter der germanischen
uiitl nmanischen Sprachen (Leipzig, 1878-4875, 2 vol.).
— Le baron de Reinsberg se tua le lendemain de la mort
d'Ida de Diiringsfeld. A- B.
DuRIO (Durio L.] (Bot.). Genre de Malvacées, du
groupe dos Bombacées. L'unique espèce, /'. Zibethinus L.,
est un grand arbre a feuilles simples, épaisses, couvertes
de poils ècailleuz. Ses Qeurs, entourées à la base d'un
iuvoliniv gamophylle, ont un périantbe double, pentamère
et un nombre indéfini d'étamines moaadelphes à la base et
partagées plus haut en cinq faisceaux. Sun fruit, appelé
vulgairement Durion, Dunan, Hérisson d'arbre, ne se
développe que suc le tronc ou les grosses brandies. C'esl
une haie volumineuse qui renferme, sous un péricarpe
ligneux, une pulpe blanche, charnue, dans laquelle sont
plongées les graines. — Le D. Zibethinus est répandu
dans la Malaisie et les iles île l'Archipel indien. La pulpe
de -on fruit a une saveur alliacée désagréable qui la tait
paraître d'abord fétide et repoussante; mais il parait qu'on
s'y habitue graduellement et qu'on finit par la trouver
exquise. Cette pulpe est réputée aphrodisiaque. Les graines,
de la grosseur d'une fève, se mangent grillées; elles ont,
parait-il, le goût dos châtaignes. Ed. Lf.k.
DURIS de Samos. historien grec, et, suivant Athénée,
tyran de cette ville. Il descendait d'AIcibiade (Plut., Alcib.,
32) cl vivait du temps de Ptolemée Philadelphe. Il com-
posa divers ouvrages, dont le principal était une histoire
grecque qui commençait à la mort de Jasou et d'Amyntas
il.' .Macédoine (Diod., XV, M). Il en reste des fragments
réunis en grande partie par Droysen dans son histoire des
successeurs d'Alexandre. Duris ne jouit pas d'une très
grande estime auprès des anciens, bien que Cicéron le nomme
homo in historia diligens (Ad AU., VI, i). Il inspire
une médiocre confiance à Plutarque (Dcmost., 19 ; Alcib.,
32), et Denys d'Halicarnasse fait peu de cas de sa valeur
littéraire [De Comp. verb., 4).
DURIVAL (Nicolas), historien lorrain, né à Commerey
en 17-2.'!. mort a Heilleconrt en 1795. Il remplit à Nancy
diflérentes fonctions administratives et écrivit plusieurs
ouvrages sur l'histoire, l'administration intérieure et la sta-
tistique de la Lorraine. Les principaux sont : Table alpha-
bétique des villes, bourgs, villages cl hameaux de la
Lorraine et du Barrois (Nancy, 17 IX); Mémoire sur la
Lorraine et /•• liarrois (Nancy, 1753); Mémoire sur la
clôture des héritages, le vain pâturage et le parcours
en Lorraine (Nancy, 1763) ; Description île la Lorraine
et du Barrois (Nancy, 1778-178:-!, 4 vol.).
DURKHEIM, philosophe français, né dans les Vosges le
1.') avr. 1858. Sorti de l'Ecole normale supérieure, il tut
chargé d'une mission en Allemagne, d'où il rapporta des
études remarquées sur l'état de la morale et de la sociologie
en ce pavs. Chargé en 1887, à la Faculté des lettres de
Bordeaux, du premier cours de sociologie institué dans
l'enseignement supérieur en France, il a pleinement justifié
cette fondation par ses efforts très personnels pour séparer
la sociologie positive de la psychologie, étudiant les faits
sociaux en eux-mêmes et n'en cherchant l'explication que
dans d'autres faits sociaux. On a surtout remarqué ses
cours sur le suicide (encore inédits). M. Durkheiin a été
membre du jury de l'agrégation de philosophie en 1891.
Il a publié : les Etudes récentes de science sociale
philosophique, t. WII, p. 01) et la Science
positive de la moral*' en Allemagne : les Economistes,
iologistes, les Juristes, les Moralistes IRev.phil.,
1887. t. XXIV, pp. 33-58, H3-142, 275-284). IL M.
DURKHEIM-avi/ui-Haaih/T. Ville d'Allemagne, royaume
de Bavière, Palatinat rhénan, sur llsenach, au pied du
llaardt ; 0,089 liai). Papeterie, fabrication de couleurs,
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XV-
salines (Philipshalle), marché agricole pour les céréales el
le vin abondant dans la région ; sa foire {Michaelis OU
Wurstmarkt) existe depuis le XV* siècle. — Aux environs
soin les ruines des châteaux de Schlosseck et Hartenburg,de
l'abbaye de Limbura (fondée en 1030). — Durkheîm est
l'ancienne Twinchevm possédée par lesducs saliensde Fran-
oonie, puis par les abbés de Limburg, les comtes de Leiningen
qui la fortifièrent au xi\'' siècle. .Elle fut dévastée par les
Français en 1089; le château, résidence jusqu'à la Révolu-
tion les comtes de Leiningen-Hartenburg, fut démoli enl794.
Lu \ MINERALES. — Les eaux chlorurées SodiquOS fortes
(5 à 13 " oo selon les sources), bromo-iodurées, sont comme
celles de Kreutsnach et de Nauheim (V. ces mots) fort
utiles dans toutes les manifestations du lyinphatisme et de
la scrofule.
Bim.. : MfiHLIS, Durfeheim und Umjebung ; Durkeim, 1884.
DURLACH. Ville d'Allemagne, grand-duché de lîade,
cercle de Carlsruhe, sur la Pfinz ; 7,474 hab. Etablisse-
ments métallurgiques; fabriques de machines, d'aiguilles à
coudre, de chicorée; horticulture. Château bâti en 1565,
transformé en caserne, vieil hôtel de ville. — C'était le chef-
lieu du margraviat de Baden-Durlach (1515-4 77 1 ) (V. Iîade,
t. IV, p. 1 148) ; c'est en 1 220 que l'empereur Frédéric II la
céda au margrave de Bade, en 1570 que le margrave
Charles II y transféra sa résidence (de Pforzheim). Elle
fut détruite par les Français en 1089 et ne se releva pas,
la résidence ayant été transférée a Karlsruke (V. ce mot).
DURME (La). Rivière de Belgique, qui prend sa source
à Wynckel-Saint-Eloi, dans la Flandre, forme la conti-
nuation du canal de Moervoart, passe à Lokercn et se jette
dans l'Escaut à Thielrode, après un parcours de 48 kil.
DURMIGNAT. Corn, du dép. du Puy-de-Dôme, arr. de
Riom, cant. de Montaigut, sur laBouble; 057 hab.
DURMITOR (V. Dormitoh).
DURNANT. Gorges de Suisse, situées au S. de Martigny
(Valais), sur la rive gauche de la Drave, au N.-O. du mont
Catogne (2,579 m.) ; elles ressemblent à celles de la Diosaz
(V. ce mot); quatorze cascades et 800 m. de longueur,
avec passerelle d'accès. Le volume d'eau y est considérable.
DURNES. Corn, du dép. du Doubs, arr. de Besançon,
cant. d'Ornans ; 255 hab.
D U R N FO R D (Anthony-William ), officier anglais, né dans
le comté de Leitrim (Irlande) le 24 mai 1830, mort dans
le Zoulouland le 22 janv. 1879. Elève de Woolwich, il
entra en 1848 dans le corps du génie, servit à Ceylan
(1851-1855), à Malte (1850-58), et revint en Angleterre
en 1858 avec le grade de capitaine. Envoyé au Cap en
1871, il fut chargé d'assister au couronnement de Cetti-
wayo, et, en 1873, dut remplir la difficile mission d'assu-
rer avec des troupes peu aguerries les passes du Draken-
berg. En 1877, il fut nommé membre de la commission
d'enquête qui devait examiner les plaintes des Zoulous contre
le gouvernement colonial et arranger pacifiquement ces dif-
férends. Mais, en 1878, on se décida à déclarer la guerre a
Ccltiwayo. Durnford, qui avait été promu colonel le 11 déc.
de cette année, reçut le commandement d'une colonne diri-
gée contre les Zoulous. Il se trouva le 22 janv. 1879 au
camp dlsandblwana en présence de forces de beaucoup
supérieures à celles dont il disposait, et il y périt en assu-
rant avec une poignée d'hommes la retraite de ses troupes.
DURNSTEIN (anciennement Tyrnstcin).\"ùhg(ide l'Au-
triche, dans le cercle de Krems (Basse-Autriche). Il possède
les ruines du château ou Richard Cœur de Lion fut enfermé
par Hadmar II de Kuenring durant trois mois (1192-93),
et qui fut détruit par les Suédois en 1645. Le 11 nov.
1805, un combat y fut livré entre les Français (Mortier)
et les Russes et les Autrichiens (Koutousov et Schmidl)
réunis.
DUROC (Giraud-Christophe-Michel), duc de Faiou.,
généra] fiançais, né à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle)
le 25 oct. 1772, mort à Hackersdorf (Saxe) le 23 mai
1813. Elève lieutenant d'artillerie en 1792, il lit les pre-
mières campagnes de la Révolution à l'armée d'Italie où,
9
duroc — nfliui
— 130 —
parvenu m Brade de capitaine et devenu aide de camp du
■ il. rai Lespinasse, il attira, par sa bravoure el ses qualités
d'esprit, l'attention de Bonaparte, qui se rattacha lui-même
somme aide de camp el que, dès loi», il ne quitta plus.
Duroc se distingua encore par son intrépidité' en Egypte
(4798-1799), d où il revint pour prendre une part active
au coup d'Etat du 18 brumaire. Nommé général de brigade
et gouverneur des Tuileries, il remplit une misai le
conhancea la cour de Berlin, où il fui bien accueilli, revinl
trouver le premier consul qu'il assista à Harengo, lui en-
core envoyé, après la paix d'Amiens, comme agent diplo-
matique a Saint-PétersDourg, à Stockholm, à Copenhague,
devint général de division (1803), grand officier de la Lé-
gion d'honneur el grand maréchal du palais peu après la
création de l'Empire. Vivant dans l'intimité de Napoléon
qui lui témoignait une grande confiance, il veillait avec la
sollicitude la plus attentive à la sûreté de son souverain et
dirigeait mystérieusement une des trois ou quatre polices
dont l'empereur avait tenu à s'entourer. H n'avait point
pour cela renoncé au métier des armes. C'est ainsi qu'on
le vit pendant la campagne de ISO,') commander une des
divisions de la garde. Mais c'était surtout comme négocia-
teur que Napoléon aimait a l'employer et qu'il le servit,
notamment en Allemagne en 1806, à Fontainebleau en
1807, à Bayonne en -1808. Il suivit en Espagne l'empe-
reur, qui venait de le faire duc de Frioul (1808) et raccom-
pagna aussi en Autriche, où il prit une part honorable à la
bataille d'Essling (22 mai 1809). Un le retrouve près de
Napoléon du commencement à la fin de la campagne de 1 812,
après laquelle il fut nommé sénateur et chargé de la réor-
ganisation de la garde impériale, et pendant les premières
semaines de la campagne de 1813, dont il ne vit pas la fin.
A la suite de la bataille de Wurtzen, Napoléon reconnaissait
les positions de l'ennemi, lorsque Duroc, qu'il venait de
quitter depuis quelques minutes à peine, fut frappé mor-
tellement, près du village de Mackersdorf, d'un boulet
dans le bas-ventre. Il témoigna une vive douleur de
la perte de ce serviteur fidèle, dont le dévouement ne s'était
jamais démenti, et voulut que sa fille unique (morte depuis
en 1829, sans mariage) eut en héritage la dotation et le
titre de duchesse de Frioul. A. Doidolr.
DUROCASSES. Peuple gaulois de la Celtique, dont le
nom ne figure que sur la Table de Pcutingcr et l'Itiné-
raire d'Antonin; il y désigne une station des Aulerci
Eburovices sur la voie de Rouen au Mans par Evreux,
qu'on a identifiée avec la ville de Dreux (Eure-et-Loir)
(V. Dreux).
DUROCHER (Joseph-Marie-Elisabeth), géologue et ingé-
nieur français, né à Hennés le 31 mai 1817, mort à Hennés
en 1858. Sorti de l'Ecole polytechnique, il entra à l'Ecole
des mines de Paris en 1837. En 1830, il fut adjoint à
la commission scientifique d'exploration des mers du Nord
et prit part à la campagne de 1835-1850. En 1845, il fit
personnellement et isolément un nouveau voyage dans les
parties méridionale et centrale de la Suède et de la Nor-
vège. Les observations qu'il recueillit sur la géologie, la
minéralogie et les industries minières et minéralogiques de
ces régions devaient servir d'éléments principaux aux pu-
blications ultérieures de Durocher. En 1841, il fut chargé
du service des mines dans le dép. de l'Ariège ; il en profita
pour étudier le terrain de transition dans toute l'étendue
de la chaîne des Pyrénées, et recueillit ainsi les éléments
de ses principaux mémoires publiés en 1844 sur la con-
stitution géologique de cette région. A la fin de cette même
année 1844, il fut chargé du service des mines à la rési-
dence de Hennés et de la chaire de géologie et de minéra-
logie de cette ville. Durocher a publié, à partir de 1841,
de nombreux mémoires dans les Annales des mines, le
Bulletin de la Société géologique, les ('.amples rendus
de l'Académie des sciences. Il a abordé un des premiers
l'étude de la composition et de la genèse des roches ignées.
La controverse qu'il soutint en 1847 avec Scbeern, de
Puiberg, sur l'origine du granité, et qui se retrouve dans la
Publication de la S ologiqué, U beaucoup as
bruit.
DUROL (Cliim.) (V. MtmTLanzam).
DUROSNEL (Antoine-Jean-Auguete), gênerai et homme
politique français, né t Paru le 0 no*. 1771. mort a
Paris le .', |e\r. 1849. Entre jeune dus l'armée, aide de
camp du général d'Arville, il lit la campagne d'Allemagne
(I8ij(t) et gagna mr le champ de bataille d'AottertiU son
grade de général de brigade. Il prit pari encore a la bataille
d'iéna (1807), a la campagne de Pologne <-t combattit
vaillamment à Glottau. Créé comte en 1808, il fut aide
de camp de Napoléon, fit la campagne d'Espagne, puis celle
d'Autriche en 1800. Il lut blessé et fait prisonnier à Lss-
ling. Remis BU liberté, il lit la campagne de Ru>sie et, 81
1813, devint gouverneur de Dresde. Il avait été promu
général de division le 10 avr. 1809. Pétulant les Cent.
Jours, il fut nomme commandant de la garde nationale de
Paris et entra à la Chambre des pairs le 2 juin 1845. Mil
en non-activité par la Restauration, il fut élu député de
Seine-et-Marne le 27 nov. 1830 et, réélu en 1m:; I et 18
siégea au centre et appuya le gouvernement. Il devint aide
de camp de Louis-Philippe et pair de France le 3 oct. 1837.
DUROSOY(l!arnabc Fahmiande Hosoy, dit) (V. Hosoï).
DU ROURE (V. B.OUBE).
DU ROY (Jean-Michel), homme politique français, né t
Bernay (Eure) le 22 déc. 1753, mort a Paris le 16 juin
1795. Avocat, juge au tribunal du district de Bernay, sup-
pléant à la Législative, député de l'Eure à la Convention,
il y siégea à la Montagne et, dans le procès de Louis XVI,
émit les votes les plus rigoureux. Le 9 mars 1793, il fut
envoyé en mission avec Bonnet dans l'Eure et le Calvados
pour la levée des 300,000 hommes, puis à l'armée du Hhin
(30 avr .-13 juin 1793). 11 parla souvent contre les giron-
dins. Compromis dans les événements de prairial an III, il
fut condamné à mort avec les derniers montagnards el
essaya vainement de se tuer. On le mena sanglant à la
guillotine. F. -A. A.
DUROZOIR (Charles), publiciste français, né à Paris
le 15 déc. 1700, mort à Paris le 11 sept. 1844. Secré-
taire de Lacrelelle, il collabora sous ses auspices à la
Gax<ite de France et, royaliste ardent, provoqua le mou-
vement insurrectionnel du 31 niai» 1814. Hedacteur au
Journal général de France, il y donna des comptes
rendus parlementaires qui lui attirèrent de violentes ini-
mitiés même chez les membres de son parti qui ne parlaient
de rien moins que de le faire exiler. A partir de 1817, il
écrivit encore dans le Messager des Chambres, dans les
Annales politiques, dans le Journal des maires, dans
le Bon Français, dans Y Etoile, de nouveau dans la Ga-
zette de France à partir de 1823 et enfin dans le
Moniteur à partir de 1825. De 1817 à 1819, il avait
rempli les fonctions d'examinateur des livres a la direction
de la librairie. Il fut nommé professeur d'histoire à Louis-
le-Grand (1819) et suppléa Lacretelle dans sa chaire de la
Faculté des lettres. On a de lui : Tableau chronologique
et historique des rois de France (Paris. 1820. in-fol.);
le Dauphin, fils de Louis XV (1815.in-12) : Description
géographique, historique et routière de l'Espagne
(1823, in-8) ; Eloge historique cl religieux uV Pie I '
(1825, in-8); Histoire ancienne (H&ô, in-8): Louis XVII I
à ses derniers moments ( I S -2 i . in-12): Xoliec sur les
historiens de Flandre (1828, in-8): Précis de l'his-
toire romaine (1828, in-8) ; Relation historique du
voyage de Charles X dans le Nord (1828, in-fol.) ;
l'Abbé de La Salle (1842, in-18); Abrégé de l'histoire
de Carthage | l843,in-42), sans compter sa collaboration
active à la Biographie Michaud, au Dictionnaire de la
conversation, à la Bibliothèque iaztrmdePanekoncke, etc.
DU RR (Willielm). peintre d'histoire, ne à Villingen
(grand-duché de Bade) le 9 mai ISI.">. Après avoir fait de
sérieuses études a l'Académie de Menue et dans l'atelier de
lvuppelvvieser, il séjourna quelque temps a Municli. à Ve-
nise, à Bologne, et viut se fixer à Home où il fit partie du
- i:u -
DÛRR — DURTAL
cercle d'artistes allemands qui comptait parmi ses membres:
Overbeek, Thonvaldson, Wagner, Reinhard, Riedel, Deger,
Millier, ilteabach. Force de revenir en t S i ; > dans son
pavs natal, pour échapper aux Sèvres paludéennes, il y
peignit une quantité de tableaux religieux : le Sermon sur
la montagne, le Christ bénissant les enfants, dans
l'église d'Alt l'avisai h ; Y Ascension et les Quatre Evan-
gélistes, dans l'église de Fribourg en Brisgau; Saint
Laurent, à Kensingen; le Christ bénissant les enfants,
à Vilh'ngen; la Prédication de saint Gall, au musée de
Cologne, etc. Le Cabinet des estampes du grand-duc à
karlsruho possède une collection des compositions humo-
ristiques de W. Dttrr. F. Coirboin.
DURRANDE (Antoine, dit Henri), mathématicien fran-
cais. ne à Karmande (Lot-et-Garonne) le 17 nov. 1831.
Elève de renseignement primaire supérieur, il ne commença
ses études classiques qu'en 1847, fut admis à l'Ecole nor-
male en IS.M et lit, de 1854 à 1869, des suppléances et
des cours dans plusieurs lycées de province. Reçu doc-
teur en 1864 avec deux thèses sur les Propriétés des
surfaces analogues à la surface des ondes et sur le Dé-
veloppement de la fonction perturbatrice, il obtint, en
lyTI. la chaire de mathématiques appliquées de la Faculté
des sciences de Rennes et, en 1877, celle de mécanique de
la Faculté des sciences de Poitiers. Il est doyen de cette
dernière depuis 1886. Géomètre distingué, M. Henri Dur-
rande a publié depuis 1861 une dizaine de très intéres-
sants mémoires dans les Nouvelles Annales de mathé-
matiques, les Annales scientifiques de l'Ecole normale
et les Comptes rendus de C Académie des sciences de
Paris. Il a en outre fait paraître à part : Cinématique
(Paris. 1874, in-4, autogr.) ; Leçons de mécanique expé-
rimentale (Paris, 1875, in-4, autogr.). On lui doit enfin
des notices biographiques sur Deparrieux, A. (.allemand et
F. Isambert. — In de ses parents,. Jean-Baptiste Durrande,
géomètre précoce, mort en 1823 à vingt-sept ans, fut
rélève et le collaborateur de Gergonne et publia, dans les
Annales de ce dernier, huit mémoires remarquables de
géométrie : le premier est de 1816. L. S.
Bibl. : V. la liste des mémoires précités dans le Cata-
logue of scienlific papers of the Royal Sociely ; Londres,
t. II, in-4.
DURRENBERG. Village d'Allemagne, roy. de Prusse,
district de Mersebourg, sur la Saale; saline d'où l'on
extrait -250,000 quintaux par an.
DURRHEIM. Village d'Allemagne, grand-duché de
Bade, cercle de Villingen; salines importantes (110,000
quintaux par an).
DURRIEU (Antoine-Simon, baron), général français,
né à Grenade (Landes) le -20 juil. 1773, mort à Saint-
Sever le 7 avr. 1862. Enrôlé dans le 6e bataillon de volon-
taires des Landes, il fut élu capitaine le 8 janv. 1794, fit
avec ce grade toutes les campagnes de la République et
s'embarqua pour l'Egypte le 1 7 Boréal an VI. 11 était à bord
de VOrient qui sauta, comme on le sait, à la bataille
d'Aboukir, et Durrieu sauva sa vie par miracle. Mais il ne
tarda pas à être atteint d'une ophtalmie qui le rendit presque
aveugle et le força à donner sa démission (mars 1709) et
à rentrer en France. Quelques mois après, il put reprendre
du service avec son grade , fut -aide de camp du général
Digonet aux armées d'Italie et de Naples. jusqu'en 1807,
ou il obtint enfin le grade de chef de bataillon, et fut placé
à l'état-maior de l'année de Naples. En 1809, le général
Lamarque le prit pour aide de camp et le fil nommer la même
année adjudant-commandant. Passé al'état-majordu i' corps
de la grande armée, en avr. lKI2.il fit la campagne de Russie
comme chef d'état-major du général Dessolles. Le 12 févr.
1813, il fut appelé au commandement de la garnison de
Glogau, et c'est pour sa brillante conduite dans cette place
que l'empereur le nomma général de brigade le 3 juin de la
même année. Le 10 janv. 1814, il fut fait prisonnier dans
Torgau par les Prussiens et ne rentra de captivité que le
1er juin. Louis WIII le créa baron le 17 janv. 18*5, el
bientôt après il fut mis à la tête du personnel au ministère
de la guérie. Napoléon le nomma à son tour chef d'état-
major du 6" corps (l.ohau) cl c'est en celle qualité que
Durrieu assista à la bataille de Waterloo. Chef d'état-major
du marquis de Maison dans la campagne de Horèe, il Fut
nommé général de division le -22 févr. 1829. Louis-Philippe
lui conféra la dignité de grand officier de la Légion d'honneur
en 1831 et la pairie en 1845. Durrieu avait été élu député
de Saint-Sever en 1834 et admis dans le cadre de réserve
le 9 août 18 50.
DURRIEU (Jean-Jacques-Paulin Ofi'koy), homme poli-
tique français, né à Mauriac le 19 févr. 1812, mort à
Paris le 13 juin 1885. Avocat à Mauriac, il fut nommé en
1848 sous-commissaire de la République au môme siège,
et fut élu le 23 avr. représentant du Cantal à la Consti-
tuante. Républicain décidé, il fut réélu à la Législative lo
13 mai 1849 et reprit ses occupations d'avocat après le
coup d'Etat du "2 décembre. Le 8 févr. 1871, il fut élu
député du Cantal à l'Assemblée nationale où il siégea à
l'extrême gauche. Il échoua aux élections législatives du
30 janv. 1876, mais fut élu député de Mauriac le 5 mars
de la même année, fit partie des 3(33 et fut réélu avec eux
le 14 oct. 1877 et de nouveau le 21 août 1881. Il rap-
porta en 1877 la proposition de loi Parent, relative aux
officiers ministériels, et présida en 1881 la commission qui
proposa l'adoption des crédits de début pour l'expédition
du Tonkin.
DURRIEU (Xavier), publiciste et homme politique fran-
çais, né à Castillon (Ariègc) le 22 déc. 1814, mort à Bar-
celone le 6 févr. 1868. Collaborateur du Siècle en 1839,
rédacteur en chef du Temps en 1841, il donna encore des
articles à la Revue de Paris et à la Revue des Deux
Momies. En 1 8 18, il fondait avec Auguste Blanqui la Société
centrale républicaine et le 23 avr. il était élu représentant
de l'Ariège à la Constituante où il siégea sur la Mon-
tagne. On a de lui le Coup d'Etat de Louis Bonaparte
(Londres, 1832, in-8).
DU RSY (Emil), anatomiste allemand, né à Griinstadt
(Palatinat) le 5 avr. 1828, mort à Tubingue le 16 mars
1878. Il était professeur extraordinaire à Tubingue. lia
laissé des ouvrages remarquables sur l'anatomie et l'em-
bryologie ; citons seulement : Die Muskellehre, etc. (Tu-
bingue, 4860, in-4, 60 pi.) ; Anat. Atlas, 1 Abth.
(La'hr, 1861, gr. in-4, 16 pi.); Der Primitifstreif des
Hûhnchens (Lahr, 1867, 3 pi.) ; Zur Entwickelung des
Kopfes, etc. (Tubingue, 1869, in-4, 9 pi.), etc. Dr L. Un.
DURTAIL (Duristaliium). Vieux manoir ruiné près
de Saint-Romain-de-Lerp (Ardèche), siège d'une ba-
ronnie qui comprenait les communes modernes de Saint-
Romain-de-Lerp (Saint-Romain-de-1'Air des listes offi-
cielles) et de Cornas, et partie de celles de Glun, de Châ-
teaubourg et de Saint-Péray. L'amiral de Coligny logea
à Durtail quand il traversa le Vivarais en 1370. Le
château tut détruit dans les années qui suivirent, où les
guerres religieuses firent tant de ruines dans cette pro-
vince. La seigneurie de Durtail appartenait, au xive siècle,
à Arnaud de Cristo. Plus tard, elle passa aux barons de
Tournon et enfin à la famille de Coston, représentée au-
jourd'hui par le baron de Coston, de Montélimar, l'auteur
de nombreuses publications historiques sur le Dauphiné.
Biiil. : Garnodikr, Recherches archéologiques sur
S;iiul-Romain-de-Lerp et ses environs; Valence, 18G0. —
])' Francus, Voyage autour de Crttssol; Privas, W8S.
DURTAL. Ch.-l. de cant. du dép. de Maine-et-Loire,
arr. de Baugé, sur le Loir; 3,220 hab. Stat. du chemin de
fer d'Orléans, ligne d'Angers à La Flèche. Fabrique de po-
teries et de tuyaux de drainage. Papeterie au hameau de
Gouy. — Celte localité doit son origine à un château élevé au
xi° siècle par le comte d'Anjou, Geoffroy Martel. Ce châ-
teau, qui se dresse sur de hauts soubassements et domine
la ville et la vallée, est, dans son état actuel, une construc-
tion des xve et xvie siècles, aménagée postérieurement et
remaniée pour l'installation d'un hospice et du presbytère.
m iîtal — m r.i \
— 132
Il subsiste toutefois deux superbes tours crénelées. Quelques
restes des anciennes fortifications qui entouraient la ville,
notamment la porte Véron se sont conservés. L'église
Notre Dame a été reconstruite en style gothiquedu vu* siècle,
mais "M ;i conservé l'ancien clocher roman.
DURTOL. Corn, du dép. du Puy-de-Dôme, arr. et cant.
(N.) de Ciermonl ; £05 hab. Roche branlante du lui
delà Pila. Eglise gothique (parties du m* siècle). Château
de la fin <lu xvn* siècle. — Les Escot furent seigneurs de
Durtol aux xnr et mv siècles. L. F.
DURU (Henri-Alfred), auteur dramatique français, né
à Paris on 1829, mort en 1889. Ami de pension de Henri
Chivot (Y. ce nom), il a donné avec lui une foule de vau-
devilles dont on trouvera rémunération dans notre biogra-
phie de Chivot. Il a écrit en collaboration avec Labiche
plusieurs comédies, entre autres : Doit-on le dire?
Madame est trop licite, les Samedis de Madame, la Clé;
avec Oairville, 1 opérette les Cent Vierges; avec Busnach,
le Bas île Laine; avec Cholet, la Boite à Bibi; avec Ray-
mond, la Fille du clown ; avec Chabrillat,fej Mirlitons, etc.
Seul, il a publié deux pièces : les Deux Noces de Bois-
joli (1872, in-12), vaudeville en trois actes, et V Homme
du Lapin Blanc (1873, in-12, comédie-vaudeville en trois
actes.
DURUFLÉ (Louis-Robert-Parfait), poète français, né à
Elbeuf le 28 avr. 1742, mort près de Rouen en 1793.
Avocat, il devint historiographe de Monsieur, et posa sans
succès sa candidature à l'Académie française en 1773.
Outre sa collaboration au Journal encyclopédique, il a
donné : Servilic à Brutus après la mort de César, hé-
roïde (Paris, 1767, in-8) ; le Triomphe de l'Eglise sur
l'hérésie, ode (1770, in-8) ; le Siège de Marseille (1774,
in-8) ; Epitre à un ami malheureux (1773, in-N) ; le
Messie, ode (1770, in-8); Sentiments d'un cœur péni-
tent, stances (1776, in-8).
DU RU 0 F (Jules), aéronaute français (V. Dufour).
DURUTTE (Jean-François, comte), général français, né à
Douai le 14juil.l767,mortà Ypres le 18 août 1827. Enrôlé
volontaire en 1792, il fit avec la plus grande distinction
les campagnes de la Révolution, d'abord à l'armée du Nord,
puis à l'armée du Rhin, devint général de brigade en 1799,
général de division en 1803, et eut pu espérer une plus
haute fortune si son amitié pour Moreau ne lui eut valu,
comme à beaucoup d'autres, la défaveur de Napoléon. Em-
ployé obscurément à l'intérieur, Durutte ne reparut devant
l'ennemi qu'en 1809, époque ou, à la tète d'une division de
l'armée d'Italie, il concourut puissamment aux victoires de
Raab et de Wagram. Ces brillants services ne lui valurent
que le titre de baron. Chargé ensuite du gouvernement
d'Amsterdam, puis du commandement de la 32e division
militaire, il servit avec éclat en Russie (1812), sous Victor,
puis sous Augereau, et en Allemagne (1813), sous le
prince Eugène, conquit sur les champs de bataille de Lutzen
et de I.autzen le titre de comte, sauva l'armée par sa fer-
meté à Dennevitz (0 sept.) et, après Leipzig, alla défendre
Metz qui, grâce à lui, résista jusqu'à la fin de la guerre
et n'ouvrit pas ses portes à l'ennemi (1814). Assez bien
traité par Louis XVIII, il ne crut pas devoir pendant les
Cent-Jours refuser son concours à Napoléon contre l'étran-
ger, et il combattit vaillamment à Waterloo, oii il reçut
deux blessures. Aussi fut-il mis d'oHice à la retraite après
la seconde Restauration, et le gouvernement royal lui tint
rigueur jusqu'à sa mort. A. Decidour.
DURÙTTE (François-Camille-Antoine, comte), fils du
précédent, compositeur de musique et théoricien français,
né à Ypres (Flandre) le 15 oct. 1803. Ancien élève de
L'Ecole polytechnique, officier d'artillerie, il donna sa dé-
mission pour se consacrer entièrement à la musique. Ses
théories l'ont fait connaître plus que ses compositions.
Partant du système de Itarbcreau, son maître, sur la série
de> quintes /a, ni. sol, ré, la, mi. si. genèse de la gamme
diatonique, et de L'échelle chromatique de Wrouski, M. Du-
rutte s'est proposé d'arriver à la loi génératrice de tous
les accords, consonants, amenante et altérés, ainsi qu'a
la loi de leur em hainement, et par suite a la loi tonale. 11
prétend que UNIS les éléments diatoniques, (bromatiques,
enharmoniques, wnf contenus dans sa progression des
quintes poussée jusqu'au trente et unième terne. L'exposé
de cette doctrine, pleine de vues hardies, se trouve dans
im grand ouvrage : Esthétique musicale. Tech»
Lois générales du système harmonique (Paris. |
Ce traite a été plus tard résumé et complété par l'auteur :
Résumi lire de la Technie harmonique et com-
plément de cette Technie, suivi de l'Exposé de la loi
de l'Enchaînement dans la mélodie, dans ["harmonie
et dans leur concours (Paris, 1X70). On trouvera dans
la Biographie des Musiciens, de Fétis, une longue réfu-
tation de ce système M. Durutte ■ composé une sympho-
nie, deux messes, des œuvres de musique de chambre,
enfin plusieurs ouvrages dramatiques dont un seul, !• Vio-
lon de Crémone, a été représente a Metz, le 10 mars 1863.
DURUY (Victor), historien et homme d'Ltal fiançais, né
a Paris le 11 sept. 1811. Il était d'une famille pauvre et
obscure (son père était ouvrier a la manufacture des Gobe-
lins; qui le destina d'abord à une profession manuelle. Il
ne commença qu'assez tard ses études classiques et n'en
fut pas moins admis dès l'âge de dix-neuf ans (1830) a
l'Ecole normale supérieure. H en sortit en 1833, fut en-
voyé comme professeur d'histoire au collège de Reims et
rappelé fort peu après à Paris ou, durant plus d'un quart
de siècle, il occupa avec distinction une chaire au collège
(depuis lycée) Henri IV. S'inspiiant surtout de Hichelet,il
se fit de bonne heure remarquer par un enseignement
imagé, vivant et, grâce aux nombreux ouvrages qui vulga-
risèrent sa méthode, ne larda pas à devenir populaire. Après
avoir collaboré, comme anonyme, à div<rs ouvrages élé-
mentaires, il publia sous ton nom, en 1838, sa Géogra-
phie politique de la république et de l'empire romain ;
en 1839, sa Géographie historique du moyen âge ; en
1841, son Atlas de la géographie universelle ;en 1844,
son Histoire des Romains et des peuples soumit à leur
domination (2 vol. in-8) ; en 1845, son Histoire sainte
d'après la Bible (in-8). Dès lors il ne cessa d'écrire et, se
consacrant principalement à l'éducation historique de la
jeunesse, produisit coup sur coup de nombreux ouvrages
classiques dont le succès n'est pas encore épuisé de nos jours.
M. Duruy, docteur es lettres depuis 1853, n'avait pas
pour cela renoncé à l'enseignement secondaire. Il ne sortit
du lycée Henri IV qu'en 1861 , pour exercer les fonctions
d'inspecteur de l'académie de Paris. Nommé un peu plus
tard maître de conférences à l'Ecole normale supérieure,
puis inspecteur général de l'instruction publique et pro-
fesseur à l'Ecole polytechnique (1862), il fut tout à coup,
le 23 juin 1863, appelé au poste de ministre de l'instruc-
tion publique par Napoléon III, qu'il avait aidé personnel-
lement dans ses recherches sur la Vie de César et dont il
avait rapidement gagné la confiance et l'amitié. Dans les
conseils de l'Empire, où il demeura six années, M. Duruy
représenta constamment l'élément libéral, démocratique et
anticlérical, et eut à lutter sans relâche contre l'esprit au-
toritaire des hommes de is;i2. et surtout contre l'exclusi-
visme jaloux du clergé catholique. L'empereur eut souvent
fort à faire pour le défendre contre son entourage. 11 n'v
a peut-être pas eu de ministre de l'instruction publique plus
laborieux, plus hardi, moins effrayé que lui par les inno-
vations. Si son œuvre est restée incomplète, si son admi-
nistration n'a pas porté de meilleurs fruits, ce n'est assu-
rément pas sa faute. Dès son entrée an gouvernement, il
voulut donner une garantie au corps enseignant des
en instituant une commission chargée de statuer sur laré-
vocation des professeurs. Dans le même temps, il rétablis-
sait l'agrégation et la classe de philosophie, reculait d'une
année la bifurcation scolaire établie par son prédè
Fortoul et n'hésitail pas, malgré bien des clameurs, à in-
troduire dans les lycées el dans les collèges l'enseignement
de l'histoire contemporaine.
— 133
DURUY - IH'KV
lVu après, <m li> \ «>it donna ses soins a la réorganisa-
t ion île l'enseignement professionnel, mettre on vigueur la
loi qui crée BXrè^lwrisioVeiiseignemmtspécial, instituer,
peu* lui fournir des maîtres, l'Ecole normale deCluny,
réformer profondément les programmes du baccalauréal es
lettres et du baccalauréal es sciences, diriger à l'occasion
do l'Exposition universelle de grandes enquêtes sur l'étal
de l'instruction publique en France et à l'étranger, encou-
rager dans les principales \illos de France les cours libres
et m conférences publiques, créerel soutenir (1867-1868),
malgré les menaces, les injures el lesanathftnes de l'Eglise,
un enseignement secondaire laïque, donné aux jeunes tilles
par les professeurs les plus distingués de l'Université. Son
activité s'applique aussi a l'enseignement supérieur : il
rganise par exemple le Huséum d'histoire naturelle el
il crée de toutes pièces l'Ecole des hautes études. Mais sa
sollicitude s'attache principalement à l'instruction primaire.
Il la voudrait gratuite et obligatoire ; il propose résolument
cotte innovation dans un rapport célèbre qui parait au .V>-
nitrur. mais que l'empereur, violenté par son entourage,
a bientôt la faiblesse de desavouer. Il obtient du moins le
vote de l'utile loi du 10 avril 1867 sur les écoles de ha-
meau, sur les écoles de tilles el sur la gratuité! C'était un
premier pas dans la voie ou il voulait entraîner son gou-
vernement, et il espérait bien obtenir plus tard pleinement
gain de cause.
Mais l'Empire, vicie dans son principe, était atteint déjà
d'un mal incurable. Les élections de 1869 déterminèrent
Napoléon III a renouveler complètement son ministère.
M. Du ru y dut resigner son portefeuille (17 juil. 1869)
et rat nommé sénateur. La révolution du i sept. 1S70 le
lit rentrer dans la vie privée. Il eut quelques velléités d'en
-uiir et. resté fidèle à la cause de l'Empire, se présenta
sans succès, du reste, le 30 janv. 1876, comme candidat
de l'appel au peuple aux électeurs sénatoriaux du dép. de
Seine-et-Oise. Ce l'ut sa dernière incursion dans la poli-
tique. Depuis quinze ans, il ne parait plus avoir eu d'autre
préoccupation que ses études historiques, qu'il a reprises
avec une énergie et une ardeur toutes juvéniles. Après
s'être fait connaître dans sa jeunesse comme vulgarisateur,
il a voulu, au déclin de sa vie, se faire une place dans le
monde de la science pure et de l'érudition. Il y a réussi
grâce à son Histoire des Romains qui, entièrement refon-
due, est devenue, par suite des plus patientes recherches, un
ouvrage magistral et de premier ordre (Paris, 1879-1885,
7 vol. gr. in-8); il en est de même pour son Histoire des
Grecs (1886-1891, H vol. gr. in-8). Aussi ses travaux
lui ont-ils ouvert, à plusieurs reprises, les portes de l'Ins-
titut. Llu membre libre de l'Académie des inscriptions et
belles-lettres, le 14 nov. 1873, il est entré à l'Académie
des sciences mot aies et politiques le l'r l'évr. 1X79. Lutin,
le 4 dec. 1884, l'Académie française l'a admis dans ses
ran-s en remplacement de Mignet.
(lutte les travaux indiqués au cours de cet article, il faut
citer parmi les ouvrages de M. Duruy: Etat du monde ro-
main vers la fondation de V Empire ( 1853, in-8) ; His-
toire romaine (1848, in-1-2) ; Histoire grecque (1851,
in-1-2) ; Histoire île France (1X52, 2 vol. in-12) ; His-
toiredela Grèce ancienne (1862, 2 vol. in-8) ; Histoire
moderne | Isti:;. in-18); Histoire populaire de la France
(1863, in-i. illustrée) : Histoire populaire contempo-
raine (1864, in-4, illustrée); Introduction générale à
["histoire de France (1865, in-8). Il faut signaler aussi
certains des rapports et circulaires publiés par M. Duruy
pendant son ministère. Rappelons enfin que cet historien
dirige depuis plus de quarante ans la publication, entre-
prise par la maisnn Hachette, d'une Histoire universelle
par une société de professi urs • l desavants. A. D.
DURUY (Albert), publiciste français, tils du précédent,
né à Paris le 3 janv. 1844, mort à Villeneuve-Saint-
Georges le 1:2 août 1887. Elève de l'Ecole normale dès
l'âge de dix-neuf ans, il tut attaché presque aussitôt au
cabinet de son père. Collaborateur du Peuple français
(1X69), sous le pseudonyme d'Albert Villeneuve, et de la
Liberté, snus son véritable nom, il s'engagea, lors de la
guerre de 1870, dans le 3'' régiment de tirailleurs algé-
riens, reçut la médaille militaire pour sa brillante conduite
a lieischollen et a Cravelotte et partagea la captivité de
ses compagnons d'armes à Bonn, puis à Mayencc et à
Lhreiilireiisiein. Rendu a la vie civile par la paix de Franc-
fort, il collabora aux journaux bonapartistes, publia une
brochure qui lit quelque bruit : Comment les Empires
reviennent (1875, in-8), et fonda la Sut ion (1876) qui
De tarda pas a fusionner avec l'Ordre. A la mort du prince
impérial, il renonça aux luttes politiques et se consacra
aux études historiques, L'Instruction publique et la Hé"
roi ii lion (18X2, in-8) est, en dépit des protestations d'in -
partialité de l'auteur, un réquisitoire contre les institutions
mêmes décrétées par la Constituante et la Convention.
Albert Duruy avait entrepris sur l'histoire militaire de la
même époque un grand ouvrage dont quelques fragments
ont paru dans la Revue des Deux Mondes, et auquel il
avait préludé par une biographie populaire de Hoebe et
Marceau (1885, in-12), mais la mort ne lui permit d'a-
chever (pie la première partie de cet ensemble, l'Armée
royale en I7S'J (1888, in-12), livre posthume, précédé
d'une touchante notice de M. Georges Duruy (V. ci-après)
qui a clé tirée à part. D'autres épisodes ont paru sous le titre
d'Etudes d'histoire militaire sur la Révolution et
l'Empire (1888, in-12). M. Tx.
DURUY (Georges), frère du précédent, né à Paris en
1853. Elève de l'Ecole normale et membre de l'Ecole
française de Rome, il l'ut d'abord professeur d'histoire au
lycée d'Alger, puis au lycée Henri IV à Paris. Outre un
certain nombre de livres élémentaires : Histoire som-
maire de la France (1880-1881 , 2 vol. in-12) ; Histoire
deTurenne (1880, in-12), Pour la France, Patrio-
tisme, Esprit militaire (1881, in-12), il a publié une
thèse de doctorat couronnée par l'Académie française : le
Cardinal Carlo Carafa, étude sur le pontificat de
Paul IV (1883, in-8), et plusieurs romans très remarqués:
Andrée (1884, in-12); le Garde du corps (1885, in-12);
l'Unisson (1887, in-12); Victoire d'urne (1888, in-12),
recueil de nouvelles; Fin de rêve (1889, in-12), roman
politique qui a t'ait du bruit ; enfin une pièce non représentée :
Ni Dieu ni Maître (1890, in-18), et une notice sur son
frère Albert (V. ci-dessus). Allié par son mariage aux
familles Juhinal et de Saint-Albin , M. Georges Duruy se
propose, dit-on, de publier les Mémoires inédits de Barras
dont il a en main les manuscrits originaux. M. Tx.
DURVILLEA (Dot.). Algues de l'ordre des Phéophycées,
famille des Fucacées et tribu des Myriodesmées, dioïques,
conceptacles répartis uniformément sur toute la surface du
thalle qui est homogène, comprimé, plan ; à spores en-
tourées d'une couche mucilagineuse souvent abondante et
naissante d'un pèrispore hyalin, pariétal, déforme ovoïde.
Deux espèces : D. utilis et I). Harveyi. Habitat : mers
australes de préférence. II. F.
DURY.Com. du dép. de l'Aisne, arr. de Saint-Quentin,
cant. de Saint-Simon; 371 hab.
DURY. Coin, du dép. du Pas-de-Calais, arr. d'Arras,
cant. de Yitry ; 504 hab.
DURY (l)uriaeum). Coin, du dép. de la Somme, arr.
d'Amiens, cant. de Boves, dans une plaine ; 669 hab.
Hospice départemental d'aliénés. In combat v eut lieu le
27 nov. 1870.
DURY ou DURIE (John), Durons, théologien, né à
Edimbourg en 1595 ou 1596, mort à Cassel en 1680. Son
père, pasteur presbytérien, banni avec d'autres pasteurs
pour résistance à la politique ecclésiastique du roi Jacques,
avait du se retirer à Leyde. Après avoir achevé ses études
à Oxford, Dury commença à l'étranger l'exercice de son
ministère. Lu 1625, il était pasteur des réfugiés anglais à
Elbing, alors sous la domination des Suédois. (Test là vrai-
semblablement qu'il conçut le projet de réunir en un seul
corps les diverses fractions de l'Eglise protestante. Rentré
DUH\ — DUSAULX
— 134 —
en Angleterre, il se rallia t l'Eglise èpiscopala et fut en-
couragé à poursuivre le réalisation de son projet par Abbot,
archevêque de Canterbury <\. Abbot), Biddl, èvèejue de
Kilmore, ci Hall, évèque d'Exeter. Des 1634, il se mil i
l'œuvre, el après avoir assisté à l'assemblée de Francfort,
il cuira en négociations avec les théologiens de Hollande,
de Suisse, de France, de Suède el de Danemark, les univer-
sités d'Allemagne el les églises de Transylvanie. Pendant la
révolution d'Angleterre, il retourna à l'Eglise presbytérienne,
et il entreprit, sous le patronage deCromwell, un nouveau
voyage sur le continent (1654-1657). Après la mort du
Protecteur, il quitta définitivement l'Angleterre et se fixa
à Cassai, 00 il trouva une généreuse assistance, lin 1062,
il alla à Metz conférer avec le pasteur Ferry, qui parta-
geait ses vues. L'insuccès de ses longs efforts auprès des
protestants ne parait point l'avoir découragé. Vers la lin
de sa vie, il crut avoir trouvé dans l'Apocalypse le moyen,
non seulement de les rassembler tous dans une même Eglise,
mais de leur adjoindre les catholiques. En conséquence, il
publia en français et dédia à la princesse Sophie, régente
de l'électoral de liesse, une Manière d'expliquer l'Apo-
calypse, par lui- même, comme il convient d'expliquer
toute l'Ecriture, pour en avoir l'intelligence (Franc-
fort, ■11)74). — Toutes les œuvres de Dury se rapportent
à l'espérance qui illumina toute sa vie : Aliquot theolo-
gorum Galliœ et tria m Ecclcsiœ Anglicanœ episcopo-
rum Sententiœ de pacis rationibus inter Evangelicos
usurpandis (Oxfora, 1634); Hypomncmata de studio
pacis ccclesiasticœ (Amsterdam, 4636) ; Consultatio
théologien super negotia pacis ccclesiasticœ (Londres,
1641, in-4); A Summary Discorse concerning the
worck ofpeace ccclesiastical (Cambridge, 1641, in-4);
Pétition 10 the llouse of Commons for the préservation
of the truc religion (Londres, 1642) ; Irenicorum Trac-
tatuum prodromus (Amsterdam, 1660). E.-H. Vollet.
Bibl.: Bayle, Dictionnaire historique, art. Dureus. —
Chai. mers, General biographical Dwtionary; Londres,
1813-1817, 32 vol. in-8. — Henke, art. Durâus, dans la Real
Encyclopédie de Herzog; Stuttgart et Hambourg, 1854-
1868, 22 vol. in-8.
DU RYER (André), orientaliste, né à Marcigny (Saône-
et-Loire) vers 1580, mort vers 1660. Il fut consul géné-
ral de France en Egypte. Il a laissé, en latin, des Ruili-
menta grammaticis linguœ turcicœ (Paris, 1630,
1633, in-4), et des traductions françaises du Gulistan de
Saadi (Paris, 1634, in-8) et du Coran (Paris, 1647, in-4).
On a encore de lui un Dictionnaire turc-latin, manuscrit
à la Bibliothèque nationale de Paris.
DU RYER (Isaac), poète français, né dans la deuxième
partie du xvie siècle, mort vers 1 63 1 . il publia des pastorales
et autres pièces dans le goût du temps.
DU RYER (Pierre), poète français, fils du précédent, né
à Paris en 1606, mort à Paris le 6 nov. 1638. Il a laissé de
nombreuses pièces de vers qu'il composait pour les libraires
dans un but purement mercantile et qui n'ont aucune valeur.
Par contre, il écrivit dix-sept tragédies dont plusieurs, et
surtout Alcyonée (1639) et Scevola (1647), eurent beau-
coup de succès, ainsi que la comédie les Vendanges de
Suresnes (1636); nous croyons inutile de donner ici le
titre de ses autres pièces. Pierre Du Hyer a donné, en outre,
un grand nombre de traductions qui, faites pour la plupart
sans soin et pour gagner le pain quotidien, n'ont aucun
mérite. La moins mauvaise est celle de Cicéron (1652,
10 vol. in-12); quant à celles qu'il laissa de Sénèque
(1667), d'Hérodote (1645), de Ïite-Live (1639), d'Ovide
( 1660), elc, il vaut mieux n'en pas parler. C. Si-A.
Bibl. : Frères Parfaict, Histoire du Théâtre français.
t. IV, VI. VII. Baillet, Jugement des savants, I. —
Niceron, Mémoires, XXII.
DUSART (Corneille), peintre et graveur à l'eau-forte,
au burin et à la manière nuire, ne à llaarlein le -4 avr.
1663, mon le 1"" oct. 170». Il était élève d'Adrien
Van Ostade et s gravé, en alourdissant un peu la manière
de son maître, toute une série de sujets de mœurs; parmi
les pièces les plus importantes de son œuvre, entièremenl
(le.ni par Bortsch, on peut nier: lu I 'U'ige, les
(.lui ut< in*, le Chirurgien, In Venions», le Cordonm
renommé, tes Dou tfoù si une màie intitulée /« Joie
publique ù l'occasion de laprisedeNamur. Ses tableau]
■oui rares ei recherchés. On en tronveau DMiséca d'Auas-
terdam, de Dresde, de Vienne, etc. J. Cois s gia\e. a la
manière noire, d'après Corneille Dusart, les sujets de gène
aussi bien exécutés que les pièces originales de l'artiste.
Bibl.: Bartscb, te Peintres Y, p. 186.
DUSAULCHOY de BrafiSHORi (Joseph-Françouv-Nicolas),
littérateur fiançais, né a Toul le 21 Ici. 1761, mort le
25 juil. 1835. Après avoir rédigé en Hollande la Gatette
d'Amsterdam, il revint à Paris ou il trouva une place
dans les bureaux de la guerre. Mais journaliste dans
l'âme, il collabora au Courrier national, fonda le Repu-
bluain, fournit des articles aux Révolutions de France
et de lirabant qu'il continua sous le titre de la Semaine
politique et littéraire. Poursuivi a diverses reprises pour
faits de presse, il fut emprisonné sous la Terreur. Délivré
au 9 thermidor, il fonda en 1793 le liatave, eut de nou-
veaux démêlés avec le gouvernement à propos d'un pam-
phlet assez vif : Donnez-nous nos myriagrammes et
foule* le camp (Paris, 1796, in-8), et finalement entra
dans les bureaux de la police (surveillance des journaux).
Destitué en 1802 pour s'être montré trop tolérant BBvers
la presse, il participa à la fondation du Journal des Arts,
des Sciences et de la Littérature, collabora au Courrier
de l'Europe et au Journal de Paris et rentra tout à l'ait
dans la vie privée en 1813. On a de cet auteur fécond :
Etrennes aux uns et aux autres (Paris, 1789, in-8);
Almanach du peuple (1 792, in-18); Mon Agonie à Saint-
Lazare sous la tyrannie de Iiobespierre (1793, in-8):
le Triomphe des armées françaises (1801, in-N); His-
toire du couronnement de Napoléon Ier (1803, in-8);
le Rappel des Dieux (1811, in-8); le Censeur (1817,
2 vol. in-12); les Soirées de famille (1817, 3 vol. in-li).
en collaboration avec Charrin; la Romance et le Portrait
ou la Fausse Soubrette, comédie (Paris, 1817, in-8);
Mosaïque historique, politique el littéraire (1818,2 vol.
in-12); Mahomet II ou les Capti/s vénitiens (1820,
in-18), mélodrame joué à la Porte-Saint-Martin; le Pro-
tégé de tout le monde (1822, in-8), comédie; les Xuits
poétiques (1823, in-18), etc., etc.
DUSAULX (Jean-Joseph), littérateur et homme politique
français, né à Chartres le 28 déc. 1728, mort à Paris le
31 mars 1799. Avocat, puis commissaire de la gendar-
merie à Nancy, il fut protégé par le roi Stanislas qui le fit
admettre dans son Académie et présida lui-même la séance
de réception. Dusaulx suivit son corps en Allemagne, à
Cassel, puis vendit sa charge, revint à Paris et se consacra
aux lettres. Il était joueur, réussit à se corriger de sa pas-
sion et publia en 1775 des Lettres et réflexions sur la
fureur du jeu qui amenèrent la fermeture des maisons de
jeu de Paris et lui valurent la place de secrétaire du duc
d'Orléans. 11 fut nommé, en 1776, à l'Académie des inscrip-
tions et belles-letlres. Il connut Piron, Voltaire et Jean-
Jacques Rousseau (V. son ouvrage. De mes Rapports avec
J.-J. Rousseau et de notre correspondance active; Paris,
179S, in-8). Il fil quelques voyages et publia en 1796 le
récit de ses excursions dans les Pyrénées. In des électeurs
de Paris en 1789 (il fit aussi partie des assemblées élec-
torales de 1790, de 1791 et de 1792), Dusaulx participa
aux événements du I i juil., qu'il raconta dans un ouvrage
célèbre et souvent réimprimé : De l'insurr-'ction pari-
sienne et de la prise de la Bastille, discours historique
prononcé par extrait dans l'Assemblée nationale (Paris.
1790, in-8). C'esl dans la séance du 10 te\r. 1790 qu'il
avait prononcé ce discours historique, au nom de la Com-
munede Paris el du comité de la Bastille. En l'imprimant,
il plaça en tète une introduction OU mil préalable intitulé
l'Œuvre des sept jours. Député suppléant de Paris à la
Législative, il y siégea a partir du 6 juin 1792 et lut un
des commissaires envoyés par l'Assemblée pour tacher
135 -
DUSAl'IA — DU SEKINEFR
d'arrêter Us massacres de septembre. Elu par Paris à la
Convention, il y siégea parmiles modères, et, dans le pro-
de Louis XVI, vota pour la détention. Ami des giron-
dins, il tut inscrit sur la liste de proscription du 2 juin ;
mais Haral l'en tii rayer comme radoteur el inoffensif.
Toutefois, avant protesté, il fui décrété d'arrestation et ne
rentra à la Convention que le 18 frimaire an III. Membre
du conseil des Anciens, dont il devint président, il fut au
nombre des proscrits de fructidor, mais on oe le déporta
pas et il devint bibliothécaire à l'Arsenal. Il était membre
de l'Institut depuis la création, pour la classe de littérature
et beaux-arts, section îles langues anciennes. — Sa veuve
imprima d'insignifiants Mémoires sur la vie de J. Dusaukc
(Paris, an IX, in-8 de 1 17 p.). F.-A. A.
DUSAUSOIR (Jean-François), poète français, né à Paris le
30 janv. 1737, mort a Paris le Ier janv. 1823. Membre de
fAthenée des Arts, collaborateur zélé de VAlmanach des
Mutes et du Nouvel Almanach des Muses, il a donné un cer-
tain nombre de poésies légères et de pièces de circonstance
sans grande saveur et sans importance. Nous citerons : le
Boisât Boulogne (Paris, an VIII. in-8); Epitre aux dé-
tracteurs des femmes (1799,in-12) : Lettres amoureuses
d'Emilie et de Sain val (1802, in- 1-2); Olympieà Byrène
1 1 M ; . in-8); Parallèle de Sylla et de Bonaparte (s. d.,
in-Si; Poème sur le luxe (1818, in-8); le Sérail de
/.a,.ir 1 1814, in-8); le Sultan indécis (1794, in-8), etc.
OUSCH (Johann-Jakob), écrivain allemand, né à Celle
le 19 le\r. 1723. mort a Altona le 18 déc. 1787. Ses
poèmes didactiques sont médiocres, médiocres aussi ses
poèmes héroï-comiques imités de Pope qu'il a traduit
(Alloua, 1738-1763, S vol.); on apprécie plus ses Mora-
lischen llriefe (Leipzig, 1739, 2 vol.) et ses Briefe sur
Bildung der Geschmacks (Leipzig, 1764-1773). Citons
aussi ses romans : Gesch. Karts Ferdiners (Breslau,
1776-4780, 3 vol.); Die Pupille (Alloua, 1798).
DU5CH (Alexander von), homme d'Etat allemand, né à
Neustadl-an-der-llaardt le '27 janv. 1789, mort à Heidel-
berg le 27 oct. 1870. Il entra dans l'administration ba-
doise, représenta le grand-duché à Berne et Munich (1834),
à la diète de Francfort (1838), en Belgique (1840), devint
ministre des affaires étrangères en 1843; il se retira en
lsIl). Ses opinions étaient libérales. Il a écrit : Zur Pa-
thologie iler Rei'olutionen (1832); Dus lieich Gottcs
uml Staat und Kirc'ne (1854).
DUSCHEK (François), homme d'Etat hongrois, né à
Radowesnie. près de Bilin (Bohème), le 28 août 1797, mort
- ffnkowecx le 17 oct. 1873. Il était vice-président de
la chambre des finances au moment de la révolution de
1849; Kossotb le décida à prendre le sous-secrétariat des
finances du gouvernement révolutionnaire. Il se retira avec
lui à Debreczm, devint ministre des finances dans le ca-
binet Ssemere, se retira à Szeged en juil. 1849 et, après la
capitulation de Vilagos, remit sa caisse au commandant
autrichi-n.
DUSE-fàiE'xnt (Eleonora), actrice italienne, née à Vige-
vano le 3 oct. 1859. Elle aborda dès l'enfance la carrière
du théâtre, mais ce n'est qu'à l'âge de vingt-deux ans en-
viron qu'elle commença à s'y faire remarquer, dans l'em-
ploi des jeunes premières, puis dans celui des premiers
rôles. Sa r.-pulation grandit alors rapidement, et, depuis,
elle est devenue l'actrice la plus renommée de son pays,
ou on l'appelle volontiers la Sarah liernhardt italienne,
bien qu'il y ait peu d'analogie entre le talent des deux ar-
tistes. Mm Du se est une comédienne de sentiment, d'im-
pression, plus que d'étude et de profondeur; mais c'est
une comédienne très émouvante, parce qu'elle est très
émue, et qui. en dépit de sa petite taille et de son physique
un peu grêle, rend avec une rare puissance les élans de la
passion la plus intense. A part une ou doux comédies de
Goldoni, telles que Pamela et La Locadiera , une comé-
die de M. Praga, La Moglie idéale, à part un drame du
grand écrivain espagnol Echegaray, // Gran Galeolto, le
répertoire de Mmc Duse se compose presque uniquement de
pièces françaises modernes, et principalement de celles de
MM. Alexandre Dumas (ils el Sardoti. C'est ainsi qu'elle
a remporté ses plus grands succès dans la Dame aux
camélias, Denise, Francillon, Odette, la Femme de
Claude, la Princesse de Bagdad, Fernande, Fédora,
CUhpdtre, Divorçons, etc. Ses triomphes éclatants
ne se sont pas bornés à son seul pays, elle ne s'est pas
fail applaudir seulement à Rome, à Turin, à Milan, à
Xaples et dans toute l'Italie; elle a l'ail aussi de brillants el
fructueux voyages a l'étranger et s'est l'ail acclamer tour à
tour en Espagne, en Egypte, en Russie, aux Etats-Unis et
dans l'Amérique du Sud, exerçant partout une sorte de fas-
cination, grâce a un jeu tout ensemble plein de charme,
de passion et parfois de grandeur. Mllc Duse a épousé un
comédien nommé Tebaldo Cheechi, son compatriote, qui
est devenu, il y a quelques années, l'un des fonctionnaires
supérieurs du ministère des affaires étrangères à Buenos
Aires, d'où il a envoyé à divers journaux italiens des cor-
respondances intéressantes. Arthur Pougw.
DU SEIGNEUR (Jean-Bernard), sculpteur français, né à
Paris le 23 juin 1808, mort à Paris le 0 mars 1866. Lot ar-
tiste, qui figura au premier rang dans la pléiade romantique
de 1830, eut pour professeurs Bosio, Dupaty et Cortot. II
ne tarda pas à secouer la tradition académique, et le Kola ml
furieux qu'il exposa au Salon de 1831 produisit une im-
pression comparable à celle de la préface de Cromwell en
littérature. Cette œuvre puissante, aussi hardie dans sa
conception que savante d'exécution, fut coulée en bronze,
bien des années après, et figura ainsi au Salon de 1867;
elle orne aujourd'hui le jardin du Luxembourg. A la même
époque, il modela les médaillons ou les bustes des princi-
paux littérateurs de la nouvelle génération : Victor Hugo
(S. L833); PétrusBorel, Gérard de Verrai, Théophile
Gautier, le Bibliophile Jacob, etc. Au Salon de 1833,
il envoya aussi un groupe inspiré par Notre-Dame de
Paris de V. Hugo, Une Larme pour une goutte d'eau;
et à celui de 1834, un groupe colossal, l'Archange
saint Michel vainqueur de Satan. Les trois groupes que
nous venons de citer, pleins de jeunesse, d'enthousiasme
et de talent, bien dignes de cette renaissance moderne
dont le mouvement romantique est le point initial, fon-
dèrent la réputation de Jean Du Seigneur et lui assurent
toujours, malgré les changements d'orientation esthétique
fréquents de notre époque, une place distinguée dans l'his-
toire de la sculpture française. Ces succès valurent ù
l'artiste de nombreux travaux; voici les principaux qu'il
exposa : Saint Augustin, statue (S. 1833); Dagobert /"'
statue (S. 1830; à Versailles); divers bustes de person-
nages historiques et deux bas-reliefs : la Mort de Desaix
et le Passage du mont Saint-Bernard (S. 1839; égale-
ment pour Versailles) ; Sainte Agnes, statue (à l'église de
la Madeleine) ; un buste de Louis-Philippe (S. 1840);
Saint Pierre, statue (S. 1841; église N.-l). des Victoires).
A partir de 1842, l'art religieux absorba presque exclusive-
ment Jean Du Seigneur; pendant six années il travailla aux
bas-reliefs de la chapelle N.-D. de Bon-Secours, près de
Rouen, et exécuta entre temps une quantité d'ouvrages
pour différentes églises dans ce genre mystique dont Over-
beck venait de se faire le rénovateur en peinture, et qui
tenait encore au romantisme par le retour des formules
artistiques du moyen âge. En 1830, il commença pour
l'église de Saint-Roch, a Paris, le grand Crucifiement qui
restera une de ses œuvres les plus importantes dans la
statuaire religieuse; terminée en 1862, cette composition
présente huit figures plus grandes que nature, en ronde
bosse, groupées d'une manière dramatique et expressive,
dans le genre de celles qui illustrent certains grands Cal-
vaires bretons, ou l'abbaye de Solesmes en Touraine. Cet
artiste infatigable qui mourut, on peut le dire, le ciseau à la
main, est aussi l'auteur de nombreux écrits spéciaux, parmi
lesquels on peut citer : l'Histoire de la sculpture depuis le
i\" siècle, publiée dans le Moyen âge et la Renaissance,
du bibliophile Jacob; les Observations pour servir <le cm n-
DU SEIGNKUR - DUSSAU.T
- 196 -
plémeni à l'Histoire delà sculpture française d'Emeric
Oavid ; une Sotice sur Coyseuox, et de très nombreux
matériaux recueillie pour une Histoire des sculpteurs,
destinée à faire suiteà {'Histoire des peintres Ai Ch. Blani
ouvrage que la mort l'empêcha d'écrire. Ad. T.
K,i;i .. . Le Bibliophile Jacob et Mabsusi de Aouierb,
Jean Du Seigneur, statuaire, noi ice i
universelle des arts; Paria, 1866, in-8.
DU SEIGNEUR (Maurice), littérateur et architecte con-
temporain, lils du précédent, né à Paris le 29 juil. 1843.
\près avoir débute par l'élude et la pratique de rarchitec-
ture (il a élevé entre autres le monument de la Comtesse
Dash au cimetière Montmartre), M. Du Seigneur se consacra
bientôt plus spécialement à la littérature et principalement
à l'histoire de l'art, à la critique d'art et à l'histoire du
vieux Paris. Ses principales publications sont Marcelle,
poème parisien (Paris, 1877); VArt et les Artistes au
Salon de /##0,avcr une introduction sur les Salons depuis
leur origine (l'aris, 18X0 ; publications analogues pour les
Salons de -1 881 et de 1 882) ; le Salon de l'aris illustré de
1885 (Paris, 188b); Liste des principaux Monuments
de Paris, avec l'historique de leur construction, les noms
de leurs architectes et les dates auxquelles ils ont été cons-
truits (1888), rédigée pour le Comité municipal des ins-
criptions parisiennes; Paris, voici Paris ! (Paris, 1889).
M. Du Seigneur a collaboré à un grand nombre de jour-
naux et revues, entre autres à la Vie littéraire, au Livre,
à VArtiste, à ['Indépendance belge (ou il a publié les
Salons de 1883 et 1884), au Journal des Arts, à la
Construction moderne, à Y Encyclopédie de V Archi-
tecture et de la Construction et à la Grande Encyclo-
pédie. Il s'est consacré très activement aux travaux de
découverte et de conservation des Arènes de Lutèce.
DUSEVEL (François-Hyacinthe-Guy), archéologue
français, né à Doullens le 12 sept. 1796, mort à Senar-
pont le S avr. 1881. Avoué à la cour d'appel d'Amiens,
un des fondateurs de la Société des antiquaires de Picar-
die, inspecteur des monuments historiques du dép. de la
Somme, membre du Comité des travaux historiques, éiudit
et historien picard, il a laissé de nombreux ouvrages sur
l'histoire de la Picardie, dont nous ne pouvons énumérer
ici que les plus importants : Lettres sur le département
de /a Sffmme(Amiens,1827,in-12; 2e édit., Amiens, 1840,
in-8) ; Monuments anciens et modernes de la ville
d'Amiens (Amiens, 1827-1813, in-4); Notice historique
et descriptive de l'église cathédrale d'Amiens (Amiens,
1830, in-8; 2° édit, , Amiens, 1839, in-8) ; Histoire de la
ville d'Amiens, depuis les Gaulois jusqu'en 1830
(Amiens, I832, in-8; 2e édit., Amiens, 1848, in-8); Des-
cription historique et pittoresque du département de la
Somme (Amiens, 1834-1836, 2 vol. in-8) ; Biographie
des hommes célèbres, des savants, des artistes et des
littérateurs du département de la Somme (Amiens,
1833-1837, 2 vol. in-8) ; Archives de Picardie (Amiens,
1 8 i I -1 8 i2, 2 vol. in-8) ; plusieurs notices dans les Eglises,
châteaux, beffrois et hôtels de ville de la Picardie et
de l'Artois (Amiens, 1846-1849, 2 vol. in-8) ; le Dépar-
tement de la Somme, ses monuments anciens et mo-
dernes, ses grands hommes et ses souvenirs historiques
(Amiens, 1849-1858, in-8).
Bibl. : F. Pouy, Notice sur II. Dusevel; Amiens, 1881,
in-8. — F. Pouy, Elude sur les œuvres inédites et la cor-
respondance de H. Dusevel: Amiens, 1882, in-8.
DUSI (Cosroe), peintre italien du xixe s., né à Venise.
Membre de l'Académie des beaux-arts de Venise, il a peint
des scènes de l'histoire religieuse et profane. Lu Prise de
voile de sainte Gertrude (1836) obtint un grand succès,
grâce à la simplicité de l'exécution et à l'harmonie du coloris.
DUSOLIER (Thomas), homme politique français, né à
Nontron le 13 mars 1799, mort à Nontron le 19 sept. IS77.
Avocat à Nontron, il fut élu député de la Dordogne le
2 mars 1839, et siégea dans les rangs de la gauche consti-
tutionnelle. Après un échec en 1842, il fut réélu le 1er août
1846. Il fut un des partisans les plus convaincus de la
réforme électorale pour laquelle il fit une propagande te-
ir< et signa la proposition de nnae en accusation du cabi-
net Gnizot. En 1848, il fut nommé commissaire r
dans la Dordogne ci bientôt destitué a la mite de dûn-
dences avec Ledni-Rollin. Elu membre delà Constituante
le 23 avr. 1848, il continua à représenter la Dordi
Corps législatil de 1852 S «863.
DUSOLIER (Alcide), homme politique français, né i
Nontron le -21 sept. 1836, Bis du précèdent. Après avoir
achevé a Paris ses éludes de droit, il donna aux journaux
littéraires et artistiques, le Eigaro. lu Vie Parisienne,
l Artiste, le .Sain Jaune, le Courrier français, etc., des
articles qui attirèrent l'attention de l'élite des lettré*.
M. Dusolier, nommé BOUS-préfet de Nontron le 4 sept. 1870,
devint quelques jours après (17 sept.) secrétaire de Gam-
bette, ministre de la guerre. Après deux échecs dans la
Dordogne, aux élections législatives de 1871 et de 1*77.
il fut élu dépote de Nontron le 21 août IX8I, s'occupa
activement a la Chambre des questions scolaires et reli-
gieuses, de la politique coloniale dont il était partisan et
rapporta notamment le projet de loi concernant les mani-
festations séditieuses sur la voie publique (1X8i). Il fut
élu sénateur de la Dordogne le 25 janv. 1883, fut un des
fondateurs de l'association de propagande républicaine et
combattit le boulangisrne. M. Dusolier, collaborateur actif
de la République française, a publié un certain nombre
d'ouvrages, parmi lesquels nous citerons : Ceci n'est pas
un livre (Paris, 1860, in-18); liarbey d'Aurevilly
(1862, in-18); Nos Gens de lettres, leur caractère et
leurs œuvres (1864, in-18); Propos littéraires et pit-
toresques de Jean de La Mur trille (1867, in- IX); Ce
que j'ai vu du 8 août 1810 au 1"févr. 1871 : V Ago-
nie de l'Empire, le A Septembre, le Dictateur Gam-
betta (1874, in-18); les Spéculateurs et la mutila-
tion du Luxembourg (1866, in-8); Politique pour tous
(1869, in-18); et sous le pseudonyme de Etienne Maurice :
Décentralisation et Décentralisateurs (4859, in-8);
Mémoires et révélations d'un valet de chambre aux
cheveux roux (1X64, in-32).
DU SOMMERARD (Y. Sommerard).
DUSSAC. Corn, du dép. de la Dordogne, arr. de Non-
tron, cant. de Lanouaille; 1,043 hab.
DUSSARD (Hippolvte), économiste français, né à Mo-
rez (Jura) le 4 sept. 1798, mort à Nver (Pyrénées-Orien-
tales) le 22 sept. 1876. Très libéral, il signa en 1830 la
fameuse protestation contre les ordonnances, fut rédacteur
en chef du Journal des économistes de 1843 à 1846,
devint directeur de l'exploitation du chemin de fer de
Paris à Rouen et fut nommé, en 1848. préfet de la Seine-
Inférieure. Il supprima, en cette qualité, les ateliers na-
tionaux dans son département et organisa, au moment des
journées de Juin, l'intervention de la province dans les
événements de Paris. 11 fut élu en 1849 conseiller d'Etat
et, en 1851, fui chargé d'une mission en Angleterre où
il étudia l'organisation de l'assistance et le fonctionnement
des établissements charitables. Collaborateur à la Revue
encyclopcdique, au Bulletin de Eerussac. au Temps, au
Journal des Economistes, il a donné : Répertoire de l'in-
dustrie étrangère (Paris. 1839, in-8), en collaboration
avec Perpigna et autres ; De l'Etat financier de l'Angle-
terre et des mesures proposées par les ivhii/s et les tories
( 1842, in-8). Il a publie avec Kug. Daire les Œuvres de
Turgot dans la Collection des principaux économistes.
et trad. de l'anglais, avec Courcelle-Scneuil, les Principes
d'économie politique de Smart Mill.
DUSSAULT (Jean-Joseph), publiciste français, né à
Paris le 1er juil. 1769. mort a Paris le 14 juil. 1824.
Professeur au collège Sainte-Barbe, puis au collège Du
Plessis, il collabora à l'Orateur du Peuple.au Veridique,
et fut condamné a la déportation pour opposition au gou-
vernement directorial. 11 échappa à la peine et, en lsiiO.
entra dans la rédaction du Journal des Débats. 11 y BCft*
vit des articles relatifs aux séances de l'Athénée, puis des
137 —
DUSSAl'LT — DUSSIEUX
articles de critique qui oui été remis sous le litre d'.lw-
nales littéraires (Paris, 1818-4894, 8 vol. in-8). Kn
1820, il devinl conservateur de la bibliothèque Sainte-
Geneviève. Nous citerons encore de lui : Fragments pour
servir ù l'histoire de la Convention nationale (s. 1.
n.d.): Lettre nu citoyen Louvet (17!).')); I. titre au
i itoi/en Rœderer sur la Religion (1793, in-8). Il a
publie es outre les Oraisons funèbres (le Bossuet, île
Fléckier, Mascaron, etc. (4820-1826, 4 vol. in-8); une
édition de Quintilien (liibl . élastique Lemaire) , les
V moires de M" Dimiesiiil. ele.
DUSSAULX (Jean-Joseph) (Y. Dosaulx).
DUSSAUSSOY (Paul-Antoine-François), homme poli—
tique français, ne a Toulouse le li sept. 18-20, mort le
Il oet. 1887. Industriel dans le Nord, il fut élu représen-
tant du Pas-de-Calais à l'Assemblée nationale le 8 fevr.
1*71. 11 lit partie du groupe bonapartiste et combattit la
politique de M. Tliiers. Klu député de Boulogne— sur-Mer
le 3 mars IS70, il appuya le gouvernement du 46 mai
et fut réélu le 14 oet. 1877. Mais son élection fut inva-
lidée par la Chambre le 10 fevr. 1878 et il fut battu le
7 aw\ suivant par M. Hibot. Le 4 oet. 1885, il rentra à
la Qbtmbre comme député conservateur du Pas-de-Calais.
DUSSEK (Famille des). Jean -José pli, organiste et com-
p'Mteur de musique religieuse, ne à VYlazowicz (Bohème)
en 1739, mort à Czaslau en 181 i. Il se distingua de bonne
heure, il fut instituteur primaire agrégé à l'âge de seize
ans et ne cessa jamais ses fonctions de maître d'école tout en
s'adonnant avec passion à la musique. En 1 739, il fut nommé
professeur de musique et organiste de collégiale de Czaslau
et premier instituteur de la ville. Il épousa en 1760 Vé-
ronique Stebeta et eut d'elle trois enfants qui devinrent
des artistes célèbres. Epris des œuvres des grands musi-
ciens allemands, il fut un maître excellent pour ses enfants
et devint lui-même un organiste de premier ordre. Il laissa
quelques compositions inédites. — Jean-Louis, fils du pré-
cédent, célèbre pianiste-compositeur, né à Czaslau (Bohème)
le 9 fevr. 1701, mort à Paris le 20 mars 1812. Il fit des
études scientifiques et philosophiques brillantes tout en se
consacrant à la musique. Le comte de Marner, protecteur de
Dussek, l'emmena avec lui en Belgique et le fit nommer or-
ganiste de l'église Saint-Rom baut à Malines. Il alla ensuite en
Hollande, à Berg-op-Zoom, à Amsterdam et enfin à La
Haye où le prince stathouder le fit professeur de ses
entants. Sa réputation comme pianiste était déjà célèbre.
A \ingt-deux ans (1783), il gagna l'Allemagne, Hambourg,
Berlin, ou il remporta d'éclatants succès ; puis la Russie.
Il séjourna quelque temps en Lithuanie, à la solde du
prince de Radzivill. Vers la fin de 1786, il vint à Paris,
ou la reine Marie-Antoinette ne put le retenir, malgré
d'avantageuses offres. II visita l'Italie, revint en France,
ou la Révolution le força à gagner Londres où il se maria
et s'établit en 1792. Il fonda un commerce de musique
qui ne prospéra point. Poursuivi par ses créanciers, il
s'enfuit à Hambourg en 1800, où une princesse du Nord,
éprise de lui, l'enleva et vécut cachée avec lui sur les
frontières du Danemark pendant près de deux ans.
Attaché quelque temps à la personne du prince Louis-
Ferdinand de Prusse et à celle du prince d'Ysenbourg, il
vint se fixer définitivement à Paris en 1808 et devint
maitre des concerts du prince de Talle\rand. Comme pia-
niste, il était hors de pair et sa réputation fut immense.
C'est lui qui le premier fit admettre le piano comme instru-
ment de concert, et ses triomphes furent nombreux. Il com-
posa plus de soixante-seize œuvres dont quelques-unes
sont restées classiques. La maison Breitkopf et Boertel de
Leipzig a publié une édition complète de Dussek. Il est
l'auteur d'une célèbre méthode de piano écrite en anglais
et traduite en allemand et en français. Il composa égale-
ment deux opéras anglais qui n'eurent pas de succès et de
la musique religieuse. — Françoi -/.'■ n 4t, second fils de
Jean-Joseph, ne à Czaslau le 13 mars I70(i. Compositeur
et virtuose, il fut en premier lieu élève de son père, et
étudia ensuite à Prague où il fut organiste. La comtesse
de l.iil/'iw se l'attacha et remmena en Italie, à Venise et
;i Milan, où il séjourna et fit représenter avec, succès huit
opéras. Vers 1790, il s'établit à Lavbarh et y vécut quel-
ques années. En 1808, il fut nomme maître de chapelle en
Autriche et retourna à Venise où il lit représenter ses trois
derniers opéras. On ne sait ce qu'il devint à partir de 1810.
Il composa en outre un oratorio, Cerusaleme ilistrutla,
un trio, une sonate, des duos et i an/.oni, etc. — Véro-
nique, née à Czaslau en 1779, travailla le piano avec son
père et lit de rapides progrés. Appelée à Londres par son
frère, elle s'y créa une grande situation comme pianiste-
professeur et composa même quelques pièces. Elle épousa
H. Cianchettini et eut un fils, célèbre pianiste prodige,
Pio Cianchettini (V. ce mot). — Miss Corri, femme de
Louis Dussek, née à Edimbourg en 1773, fut une chan-
teuse et pianiste anglaise célèbre. En 1792, elle épousa
Dussek. Veuve en 1812, elle se remaria avec M. Moralt;
elle se fixa à Paddington, où elle fonda une académie de
musique. — Olivia, fille de la précédente et de Louis
Dussek, acquit une réputation comme pianiste en Angle-
terre. Ch. Bordes.
DUSSELDORF. Ville d'Allemagne, royaume de Prusse,
ch.-l. du district du même nom (prov. Rhénane), sur la
rive droite du Rhin, au confluent de laDussel ; 110,000 hab.
(en 1884). Au centre, en face du pont sur le Rhin, est la
vieille ville (Altstadt) avec ses ruelles étroites et obscures
et sa place du Vieux-Marché; au S.-E. de ce quartier,
entre le champ d'exercices et les pièces d'eau qui occupent
les anciens fosses, est la Karlstadl ; à l'E. de la vieille
ville et au delà des fossés, la Kamigstadt, vaste quartier
dont les rues rayonnent autour de la place Royale et de la
rue de l'Est (Oststrasse) ; au N. de celle-ci et après le
Dussel et ses jardins, s'étend le quartier de Pempelfort
où résident les artistes; au S., la Friedriehstadt et la
Neustadt, celle-ci riveraine du fleuve. Plus loin sont les
faubourgs de Hingern et Ober Brek. — Dusseldorf est
une grande cité industrielle dont la population a passé de
8,000 hab. en 1780 à 110,000 en 1884. Au premier rang
est l'industrie du fer; les laminages, fonderies, aciéries, cons-
tructions de machines, locomotives, aiguilles, occupent près
de 6,000 ouvriers, 3,000 chevaux- vapeur; viennent ensuite
les filatures et tissages de coton, imprimeries de foulards,
teintureries en bleu, rouge, etc., les papeteries, savonne-
ries, huileries, brasseries, chocolateries, fabriques de pro-
duits chimiques, de liqueurs, de couleurs, de meubles, etc.
Dusseldorf doit sa fortune à sa situation sur le Rhin, dans
un district où se sont développées en ce siècle tant d'autres
grandes villes industrielles : Elberfeld, Barmen, Dort-
mund, Essen, Solingen, Crefeld. Son port sur le Rhin et
ses chemins de fer ont un mouvement considérable. — La
ville doit surtout sa réputation ù son Académie de dessin,
peinture et sculpture, fondée par l'électeur palatin Charles-
Théodore. C'est là que Cornélius, Schadovv et Bendemann
fondèrent une école qui fut longtemps la première d'Alle-
magne. La galerie de tableaux a été presque entièrement
transférée à Munich en 1803, la ville indemnisée en 1871
aux dépens de l'indemnité de guerre payée par la France.
Histoirk. — Dusseldorf fut élevée à la qualité de ville
en 1288, devint en 1383 la résidence des ducs de Berg,
passa aux comtes palatins de N'eiibourg qui l'habitèrent,
puis aux électeurs palatins. Elle dut à ceux-ci (Jean-Guil-
laume et Charles-Théodore) sa prospérité ; fortifiée en 1 732,
prise par les Français en 1737 et 1793, rendue à la Ba-
vière et démantelée en 1801, capitale du grand-duché de
Berg en 1806, elle fut cédée en 1815 à la Prusse.
Bibl. : Thomas. Fàhrer durcit Dusseldorf ; Dusseldorf,
1885.
DUSSIEUX (Louis- Etienne), géographe et historien
français, né à Lyon le 3 avr. 1813. Répétiteur d'histoire
et de géographie militaires à Saint-Cyr (1842), professeur
d'histoire a la même école (1830), il a pris sa retraite avec
le titre de professeur honoraire. Collaborateur de VEncij-
DUSSIEI X - DUTKNS
- 138 -
< lii/n'-iii, nouvelle, du Magasin pittoresque, dM AtwutfM
archéologiques, des Hémoires de ïuiicvnuc Académie
de peinture, iii' la ffcvué indépendante, etc., éditeur des
Mémoires du marquis de Ùangeau, des Mémoires du
(/i/c (/<■ Luynes, des Lettres intimes de Henri IV, il a
érrit : /M/'/ considéré comme le symbole de l'état so-
cial (Paris, 1*58, in-8); £g*ai historique sur les inva-
sions des Hongrois en Europe (1839, in— W) ; £moi .s»?'
l'histoire de lu peinture nir émail (4839, in— 8); Essai
sur l'histoire de l'érudition orientale (1842, ia— 12);
(.. ographie historique de la France (1844, in-8); Cours
de géographie physique et politique (1846, in-8); Atlas
général de géographie physique et politique (1846,
in-fol.): Force et faiblesse de la Russie au point de
vue militaire (1854, in-8); les Artistes français à
l'étranger (1856, gr. in-8); le Canada sous la domi-
nation française (1855, in-8); Court classique de géo-
graphie (1859-1865,6 vol. in-12); Nouvelles Hecherches
sur lu vie et les ouvrages d'EusIache Lcsueur (1852,
in-8); l'Histoire de France racontée par les contem-
porains (1860-62, 4 vol. in-8); Géographie générale
(1866, in-8); Généalogie de la maison de Bourhon
(18li(J, in-8); Histoire générale de la guerre de 1870-
187 1 (1872, in-12); les Volontaires de 171)2 et le Ser-
vice militaire obligatoire (1872, in-12); le Château
de Versailles (1881, 2 vol. in-8); les Grands Faits de
l'histoire de France racontés par les contemporains
(1878-1880, 8 vol. in-12); les Grands Faits de l'his-
toire de la géographie (1882-1884, 5 vol. in-12);
Histoire ancienne (1877, 3 vol. in-12); le Siège de
Hclfort (1882, in-id); le Cardinal de Richelieu (1885,
in-8); l'Armée en France (1884, 3 vol. in-12), etc. La
plupart de ces ouvrages ont eu plusieurs éditions.
DUSSON (Les) (V. Bonnac [Marquis de]).
DUSSON (François) (V. Bo.nrepaus).
DUSSU NI IERI A (Ichtyol.). Petit groupe de Poissons osseux
(Téléostéens), de l'ordre des Physostomes et de la famille
des Clupeidœ, voisins des Mcgalops, des Chanos, etc.
dont ils se distinguent par la bouche dirigée en avant et
un abdomen arrondi. Rochbr.
Bidl. : Guntiiiïr. Sludy of Fishes.
DUTAILLY (Didier-Edme-Rodolphe-Gustave), homme
politique français, né à Meuvry (Ilaule-Marne) le 2 août
1846. Docteur es sciences, il fut nomme en 1879 chargé
de cours de botanique à la Faculté des sciences de Lyon
et devint professeur titulaire en 1880. Elu député de
Chaumont le 4 sept. 1881, avec un programme radical, il
combattit la politique opportuniste et s'éleva notamment
contre l'expédition du Tonkin. Réélu député de la Haute-
Marne le 4 oct. 1883, il combattit le boulangisme et fut
battu à Chaumont aux élections de 1889 par M. Bourlon
de Rouvre, royaliste qui obtint 10,107 voix contre 8,295.
On a de lui divers mémoires scientifiques, entre autres :
Sur quelques Phénomènes déterminés par l'apparition
d'éléments nouveaux dans les tiges et les racines des
dicotylédones (Paris, 1880, in-8).
D UTE(Métrol.). Petite monnaie hollandaise de Ofr. 0125.
DUTEIL (Jean-Philippe, baron), général français, né dans
le Dauphiné en 1 722, mort à Lyon le 22 l'évr. 1794. Après
des services distingués dans la guerre de la succession
d'Autriche et dans la guerre de Sept ans, il était devenu
colonel d'infanterie (1776), puis maréchal de camp(1784),
et avait commandé l'école d'artillerie d'Auxonnc (où il pro-
tégea Bonaparte, qui s'en souvint plus tard en rédigeant
son testament), lorsque éclata la Révolution. Très dévoué au
parti de la cour, il fut nommé lieutenant général en 1791 .
envoya ses quatre lils à l'aimée de Coudé et ne tarda pas
à se retirer du service. Ses agissements contre-révolution-
naires lui valurent, après la révolte de Lyon, d'être arrêté
dans cette ville et condamné à la peine capitale par une
commission militaire. A. Doidour.
DUTEIL (Jean), général français, frère du précèdent,
né dans le Dauphiné en 1738, mort à Ancy-sur-Moselle le
25 avr. 1 82(1. Api >-s avoir longtemps servi dans l'artil-
lerie et avoir publié sur les perfectionnements de Mtte
arme, ainsi que sur les manœuvres d'infanterie, di
digues d'estime, il parvint au grade de maréchal de
camp en I7IHI ei ,i celui de gênerai de division en 1793.
Il commanda quelque temps 1 artillerie au siège de Toulon
ei lut ensuite envoyé sur les Alpes, puia en Vendée. Ecarté
de l'armée comme noble pendant la Terreur, il y rentra
bous le Consulat, commanda la place de Lille, puis celle
de HetZ, et prit sa retraite en 1813. A. bu;il/oiii.
DUTEMS (Jean-François Hocues, connu sous le nom
de) (V. Iln.i es).
DUTENS (Louis), littérateur français, né à Tours le
15 janv. 1730, mort à Londres le 23 mai 1812. appar-
tenant à une famille protestante, il pensa que ses opinions
religieuses lui interdiraient de faire une carrière brillante
en France, et il résolut de s'établir en Angleterre. Il vint
donc à Londres où l'un de ses oncles était orfèvre. H tut
d'abord précepteur de quelques jeunes gens de grande
famille qu'il accompagna, comme d'usage, sur le continent.
En 1758, ayant pris les ordres, il fut nommé chapelain
de l'ambassade d'Angleterre à Turin, puis il occupa dans
la même ville le poste de chargé d'affaires. En 1762. il
revint à Londres, fut de nouveau envoyé à Turin l'année
suivante, et en 1764 fut pourvu de la cure d'Elsdon. Le
duc de Northumberland le prit en amitié et lui confia son
second fils, lord Algernon Percy, avec lequel il parcourut la
Suisse, l'Italie, l'Autriche et l'Allemagne, visitant Voltaire
à Genève, Frédéric 11 àPotsdam, Gustave III à Brunswick
et d'autres célébrités européennes. Ce voyage achevé, il
retourna en Angleterre, puis, après de nouvelles courses en
France et en Allemagne, accompagna Stuart Mackenzie,
envoyé extraordinaire à Turin. 11 passa ensuite à Bologne,
à Florence et à Home, séjourna à Paris en 1783, a Londres
en 1784, où il vécut tantôt avec leduede Northumberland,
tantôt avec lord Bute, à Spa en 1789, ou il se lia avec
beaucoup d'émigrés français, et se fixa enfin en 1791 à
Londres, où il passa le reste de sa vie, très répandu dans
le monde littéraire. Dutens, qui avait été nommé historio-
graphe du roi et élu meniDre associé de l'Académie des
inscriptions, a écrit : Caprices poétiques (s. L, 1750,
iii-lti); Hecherches sur l'origine des découvertes attri-
buées aux modernes (s. L, 1766, in-8), où il entreprit de
prouver que les progrès des modernes en fait de sciences
n'étaient qu'une illusion et que les anciens connaissaient
la plupart des prétendues découvertes modernes ; cette thèse
souleva une polémique extrêmement vive ou Condorcet se dis-
tingua particulièrement eu maltraitant Dutens ; Institut ions
leibnitxienncs ou Précis de la monadologic, attribué
aussi à l'abbé Sigorgne (Lyon, 1767); Poésies diverses
(s. L, 1767, in-12)"; le Tocsin (Paris, 1769, in-8; réé-
dité sous le titre à' Appel au bon sens, 1717, in-12),
pamphlet contre les philosophes dans lequel Voltaire et
Rousseau sont assez maltraités : la Logique ou l'Art de
raisonner (Paris, 1773, in-12); Explication de quelques
médailles de peuples, de rois et de villes grecques et
phéniciennes (Londres, 1773, in-4) : Du Miroir ardent
d'Archimède (s. L, 1775, in-8); Itinéraire des routet
les plus fréquentées ou Journal d'un voyage aux prin-
cipales villes de V Europe en ntiS-lnl (Paris. I775,
in-8) ; Des Pierres*précieuse$ et des pierres fines (Paris.
1776, in-8); Lettres de M. Deburc sur la réfutation
du livre de l'Esprit pur J.-J. Rousseau (Paris. 1779,
in-12); De l'Eglise, du Pape, de quelques points de
controverse et des moyens de réunion entre toutes les
Eglises chrétiennes (Genève. 1781, in-8); Œuvres mê-
lées (Genève, 1784, in-S) ; l'Ami des étrangers qui
voyagent en Angleterre (Londres, 1787, in-12); His-
toire île ce qui s'est passé pour l'établissement d'une
régence en Angleterre (Londres et Pans, 1789. in-8);
Table généalogique des héros des romans (Londres,
1796, 2° éd., ïn-4); Hecherches sur le temps le plus
reculé de l'usage des voiites chez les anciens (Londres,
- 139 -
DUTENS — DUT1LLEUL
1795, in- i » : Mémoires cf km voyageur qui se repose
(Paris. 1803, 3 vol. in-8), autobiographie moins intéres-
sante qu'on le pourrait supposer, suivie d'un recueil d'anec-
dotes intitulé uutensiana. In plupart de ces ouvrages ont
été traduits en anglais. On doit encore à Dutens une édi-
tion des Œuvres de Leibnii (Genève, 1768, 6 vol. in— I )
qui est peut-être son principal litre à la postérité; une
édition de la traduction d'Epictète de Daeier (Paris, 1775),
une édition de Longus (Pans, 1776). H. S.
DUTENS (Joseph-Michel), ingénieur français, né à
Tours le 15 oet. 1765, mort le (i août 1848. Elève de
l'ancienne école des ponts et chaussées (1783), ingénieur
en Lorraine jusqu'en 1793, puis dans l'Eure pendant près
de dix ans, appelé au canal de l'Ourcq sous les ordres do
Girard en 18(1-2. Ingénieur en chef du dép. du Léman en
1805, il prit part aux travaux de la route du Simplon.
Passé ensuite au service des canaux dans le centre de la
1 nuice. il rédigea les projets du canal du l'.errv. Mais c'est
surtout à ses publications que Dutens doit la grande noto-
riété attachée à son nom. On lui doit : Analyse raisonnée
des progrès de l'économie politique (180*; 2U édit. en
ls '!.'>); Eloge de Montaigne (1811; mention honorable
de l'Académie française) : Mémoires sur les travaux
publics de V Angleterre (18 lit; ouvrage important) ; His-
toire (/(' /<; navigation intérieure de la France (1829;
ouvrage qu'on cite encore aujourd'hui) ; Philosophie de
l\:conomie politique (1835) ; Formation et distribu-
tion du revenu de la France (1842, dans le Journal
îles Economistes) : Défense de la doctrin<- des anciens
économistes (dernier ouvrage de Uutens ; il y soutient
que l'agriculture est la seule source des richesses et que
l'industrie ne donne pas de produitréel). En 1851, Dutens
avait été élu membre libre de l'Académie des sciences
morales et politiques. W.-C. L.
Iîibl. : Tariœ de Saint-Hardouin, Notices biogra-
pltiques ; Paris, 1884, gr. in-8.
DUTERT (Charles-Louis-Ferdinand), architecte français,
né à Douai (Nord) le 21 oct. 1845. Il fut élève des archi-
tectes Lebas et Ginain, et remporta le premier grand prix
en 1869. Dutert a été nommé successivement inspecteur
des travaux de reconstruction de l'Hôtel de ville de Paris,
directeur de l'enseignement au ministère des beaux-arts.
Ce fut sur ses dessins que les ingénieurs Contamin (V. ce
nom), Pierron et Charton élevèrent le Palais des machines
de l'Exposition universelle de 1889. Dutert a publié la
restauration du Forum romain, exécutée par lui pendant
snu séjour à l'Académie de Fiance à Rome. — Son frère,
Arthur-)' ictor-l ■leury( 1839-1 808), prix de Home, mourut
a la \ il la Médicis, laissant inachevée une Restauration du
palais des Césars. M. D. S.
DUTERTRE (Jean-Baptiste), dominicain et missionnaire,
né à Calais en 1610, mort en 1687. A la suite d'un long
séjour aux Antilles, il a publié une Histoire des Antilles
habitées par les Français (1667-1671, 4 vol. in-4).
DUTERTRE (Le Père), de la Compagnie de Jésus, phi-
losophe et théologien français, mort à Paris en 1762. Il
enseigna d'abord au collège de La Flèche les doctrines de
Malebranche, si contraires à l'esprit et aux traditions
de son ordre. Cela lui valut la censure et le retrait de sa
chaire. Sous le coup de cette disgrâce et « en vertu de la
sainte obédience », comme dit malicieusement le P. André,
il découvrit bien vite que les causes occasionnelles sont
une hypothèse chimérique, la vision en Dieu une théorie
« absurde et impie », et que toutes nos idées ont leur
origine dans la sensation et la réflexion. Pour mieux
marquer sa soumission et achever de rentrer en grâce
auprès de ses supérieurs, il composa précipitamment une
Uéfutation d'un nouveau système de métaphysique
proposé par l- I'. Malebranche, auteur delà Recherche
de la vérité (Paris. 1715, 3 vol. in-12), dans laquelle il
critiquait et ridiculisait ses convictions premières. L'année
suivante il fit paraître à Bruxelles un ouvrage dirigé contre
lioursier, et intitule le Philosophe extravagant dans le
Traité de l'action de Dieu sur les créatures. Outre ces
écrits de pure polémique, le P. Dutertre a publié en 3 vol.
in-12 des Entretiens sur la Religion. Sa conversion,
au>si fervente que peu spontanée, dénote un caractère
faillie ; on s'accorda, même parmi ses confrères, à recon-
naître qu'il avait un peu manque de dignité en celle occa-
sion. Toutefois c'était un esprit ingénieux ; ses critiques
sont souvent justes et presque toujours exprimées avec
agrément. L. BÉLDCOU.
Bibl, : Cousin, Introd. aux Œuvres phil. du /'. André,
1843. — Damiron, Comptes rendus de l'Académie des
sciences morales et politiques, t. IV, pp. 291 et buïv. —
Bmm.L.iiïR, Ilisl. de la l'hit, cart., l!Sti,s, 1. 11, p[j.3'j2 et suiv.
DUTGEN (Métrai.). Monnaie danoise valant 20 cent.;
n'a plus cours.
DUTHÉ (Rosalie), célèbre courtisane française, née à
Paris en 1752, morte en 1820. Elle entra au corps de
ballet de l'Opéra, fut distinguée par le duc de Durfort qui
la mit à la mode; elle passa ensuite au marquis de Cenlis,
fut choisie pour déniaiser le duc de Chartres ; aimée du
duc d'Artois (plus tard Charles X), elle devint la courtisane
des princes du sang, éblouit Paris de son luxe, fit en An-
gleterre une lucrative excursion de 1777 à 1782, s'y
retira au moment de la Hévolution et rentra à Paris en
1816. Elle était vêtue exclusivement de rose, linge, robes
et coiffures. Il existe d'elle un beau portrait par Vanloo.
DUTHILLŒUL(Hippolyte-Romain-Joscph), bibliographe
et littérateur français, né à Douai le 8 nov. 1788, mort
en mars 1862. Commissaire des guerres du roi Joseph
en Espagne, officier supérieur d'administration en 1814,
juge de paix à Douai en 1830, bibliothécaire municipal
depuis 1834. Auteur de quelques travaux de bibliogra-
phie et d'histoire sur sa ville natale: Bibliographie douai-
sienne (Douai, 1835; nouv. éd., 1842); Catalogue des
manuscrits de la bibliothèque de Douai (1846); Galerie
douaisienne (1845-1861-, 2 vol. avec portr.); Douai et
Lille au xme siècle (1850); Douai ancien et moderne
(18(i0); Histoire ecclésiastique de Douai (1862); Bio-
graphie des maires de Douai, 1190-1861 (1862). On
lui doit encore des études sur plusieurs artistes locaux,
une édition des Œuvres de Dtiffbn, etc. G. P-i.
DUTH01T (Edmond-Clément-Marie), architecte et archéo-
logue français, né à Amiens en 1837, mort à Amiens
en 1889. Elève de Viollet-Ie— Duc, attaché longtemps à
la commission des monuments historiques et chargé de mis-
sions successives en Asie Mineure et en Afrique, M. Duthoit
collabora au remarquable ouvrage du marquis de Vogiié sur
l'Architecture civile et religieuse du ier au vu8 siècle
en Syj'ie et étudia les fouilles faites vers 1865 à Assos
(Mysie), ainsi que celles qui se poursuivent depuis 1864
à Larabèse et à Timgad (Algérie) ; il exposa aussi, de 1863
à 1879, à de nombreux Salons annuels des dessins des
édifices suivants : l'église et le couvent de Saint-Siméon le
Stylite à Kala'at-Semân (Syrie), le château de Roquetail-
lades (xive siècle), le Mihrab de la grande mosquée de
Tlemcen, des fragments d'architecture musulmane, etc. On
doit à M. Duthoit d'importants travaux de restauration
d'églises et de châteaux du moyen âge et delà Renaissance,
la construction des églises de Beyrouth (Syrie) et de Notre-
Dame de Brébières (Somme), et la partie architectonique
des tombeaux de Msr Affreingue, à Boulogne-sur-Mer, et
de Daniel Stern (Mmc d'Agoult), au cimetière du Sud, à
Paris. Charles Lucas.
Biul. : Revue générale de l'architecture ; Paris, in-4, pi.
DU TILLET(V. Tii.let).
DUTILLEUL (François-Ernest), homme politique fran-
çais, né à Paris le 7 mars 1825. Inspecteur des finances,
directeur général des fonds au ministère des finances, il se
distingua lors des formidables opérations nécessitées par
les emprunts pour la libération du territoire et fut élu
député de Compiègne en 1876. Il siégea au centre et s'oc-
cupa surtout de questions financières. Après un échec aux
élections du 14 oct. 1877 , il fut nommé le 23 nov. ministre
DUTILI.BI L - Dl'TRFY
— 140 —
des finances dani l'éphémère cabine) Rochebouët. Il rentra
ensuite dans la vie privée.
DUTILLEUL (Jules-Florentin), homme politique fran-
çais, né b Lille le 15 mars 1837, mort a Lille le 17 août
18K3. Brasseur & Lille, conseiller général <lu Nord, con-
seiller municipal et main; de Lille, il fut élu le 5 janv.
1879 sénateur du Nord. Il siégea au centre gauche <'t
soutint la politique opportuniste. On a de lui quelques
brochures économiques et des poésies.
DUTILLEUX (Adolphe), publiciste français, née Heaux
en 1829. Chef de division à la préfecture de Seine-et-Oise,
correspondant du ministère de l'instruction publique, il a
écrit un certain nombre d'ouvrages parmi lesquels nous
citerons : Cathédrale d'Amiens (Amiens, 1853, in-8);
Topographie ecclésiastique du dép. de Seine-et-Oise
(Versailles, 1875, in-8); /' Abbaye de Maubuisson (l'on-
toise, 1883, in-4); le Ik'p. de Seine-et-Oise à l'Exposi-
tion de 1878 (Versailles, 1879, in-8); Notes et recher-
ches pour servir à l'histoire de la Picardie (Amiens,
1871, in-8); Recherches sur les races anciennes dans
le dép. de Seine-et-Oise (Versailles, 1881, in-8); Opus-
cules en prose et en vers (Amiens, 1855, in-12); les
Sociétés de secours mutuels (Paris, 1880, in-4); Re-
cherches sur les routes anciennes dans le dép. de
Seine-et-Oise (1881, in-8); l'Asile départemental de
l'enfance et l'abbaye de 1S.-D. des Anijes à Saint-Cyr
(Versailles, 1884, in-4).
DU TOT, économiste français du xvjir5 siècle. Il a été,
à l'époque de Law, l'un des caissiers de la Compagnie des
Indes, voltaire, s'occupaut du livre de Melon, ancien secré-
taire de Régent et de Law, Essai politique sur le com-
merce (1731), cite Dutot avec faveur. La lecture du livre
de Melon inspira à Dutot l'idée de lui répondre. Melon a
vu de plus près que Dutot, sinon les faits, du moins les
hommes du système. Il ne leur semble pas favorable. Melon
continue la tradition économique de Vauban et de Rois-
guillebert. Au contraire, Dutot a principalement en vue la
défense des idées de Law et de leur application {Réflexions
politiques sur les finances et le commerce (La Haye
[Paris], 1738, 2 vol. in-12; réimpr. avec une notice sur
fauteur dans les Economistes financiers du xvmc siècle;
Paris, 1843, gr. in-8). Toutefois, à propos de cette défense,
il est amené à traiter diverses questions d'économie poli-
tique, surtout le caractère des monnaies et le change. Tout
le chapitre second y est consacré. On trouve dans ce chapitre
de précieux détails sur les revenus de l'Etat, depuis Louis XII
jusqu'à Louis XV, ainsi que sur la valeur comparée et les
altérations des monnaies.
DUTOUQU ET (Louis), architecte français, né à Hasnon
(Nord) le 6 sept. 1821. Elève des Ecoles académiques
de Valenciennes, M. Dutouquet vint à Paris vers 1841,
étudia l'architecture dans l'atelier Lebas, entra à l'Ecole
des beaux-arts en 1842 et fut reçu en loges en 1846. Fixé
à Valenciennes depuis 1848, M. Dutouquet a fait ériger
de nombreux édifices publics et privés, civils ou religieux,
à Valenciennes, à Lille et dans tout le nord de la France,
édifices parmi lesquels il faut citer plusieurs mairies, plus
de quarante écoles maternelles ou primaires, communales
ou libres ; l'abattoir de Denain, l'hospice avec chambres
particulières de Condé, et la maison des petites sœurs des
pauvres de Valenciennes ; vingt églises , dont celle de
Saint- Waast du Sacré-Cœur, à Armentières, et trois pres-
bytères ; le monastère des Carmélites à Lille ; le collège
communal de Condé, et cinq collèges diocésains d'ensei-
gnement secondaire, dont celui de Valenciennes; plusieurs
établissements agricoles, dont une ferme modèle, des dis-
tilleries, brasseries, potasseries, filatures et moulins à
farine; enfin des châteaux, hôtels, maisons particulières
et plusieurs tombeaux de famille. Mais l'œuvre capitale de
M. Dutouquet est l'Université catholique de Lille, le plus
complet et le plus important des établissements de ce
genre élevés en France et comprenant : 1° facultés des
lettres, de droit et de théologie avec bibliothèque et ser-
vices d'administration ; îj bénite de : .;■ école
de médecine, dispensaire, maternité et jardin botanique,
groupe d'édifices d'une grande simplicité de conttrnctiofl
mais d'un remarquable ageneemenl général. M. Dutouquet
appartient depuis 1868, comme membre fondateur, 1 la
Société régionale des architectes do nord d<- la France.
OUTRÉIL (Joies-Bernard) (V. Bamun-Ouma.).
DUTRIEUX (Pierre), médecin et voyageur belge, né a
Tournai le 19 juil. 1848. Il fut appelé au Caire en 1 «74 par
le khédive fanai] qui venait d'instituer une école de méde-
cine. Dutrieux y professa l'ophtalmologie. En 1877. il
accompagna les officiers belges chargea par le roi Léopold
d'explorer les bords du Tanganyka. U revint ensuite an
Caire. Il a publié plusieurs ouvrages <le mérite, dont voici
les principaux : l'Ophtalmologie égyptienne (Ix Caire,
1877, in-8); la Question africaine au point île me
commercial (Bruxelles, 1880, in-8); le Chutera dans la
basse Egypte en 1883 (Le Caire, 1884); Souvenirs
d'une exploration médicale dan» V Afrique intertro-
picale (Le Caire, 1885, in-8) ; Aperçu de la pathologie
îles Européens dans l'Afrique intertropicale (Le Caire,
1883, in-8).
DUTROCHET ( René- Joachim- Henri) , physiologiste
français, né au château de Néon (Indre) le 14 nov. 17~ii.
mort à Paris le 4 févr. 1847. Il partit en 1808 à l'armée
d'Espagne et fut nommé par le roi Joseph médecin en
chef de l'hôpital militaire de Rurgos ; atteint du typhus, il
rentra en France l'année suivante et se retira à Château-
Renault. Là il se livra exclusivement à l'étudedela nature,
à ses intéressantes expériences de physiologie animale et
végétale, à ses travaux sur l'endosmose, sur la physique
en général, etc. ; il écrivit une foule de mémoires dont il
adressait bon nombre à l'Institut ; en 1831 , il vint se fixer
à Paris et devint membre résident de l'Institut. Ouvrages
principaux: Recherches sur l'accroissement et la repro-
duction des végétaux (Mém. Mus. d'hist. nat.. 1831 :
cour, par l'Institut) ; Nouvelles Recherches sur l'endos-
mose et l'exosmose, etc. (Paris et Londres, 1828, in-8,
2 pi.) ; Mémoire pour servira l'histoire anatomique et
physiologique des végétaux et des animaux (Paris,
1837, 2 vol. in-18, avec atl. de 30 pi.), etc. DrL. Ha.
DUTRONCHET (Etienne), écrivain français, né vers
1310, mort à Rome vers 1383. Il fut successivement se-
crétaire du gouverneur de Lyon, trésorier du domaine et
des forêts, secrétaire de la reine mère et enfin secrétaire
du baron de Ferais, ambassadeur de France à Rome. On
peut citer de lui : Lettres missives et familières (Paris,
1369, in-4); Finances et trésor de la plume française
(1370, in-8); Lettres amoureuses avec soLcante-dix
sonnets traduits de Pétrarque (1373, in-16); Discours
académiques florentins appropriés à la langue fran-
çaise (1376, in-8), etc. On trouve encore un certain
nombre de poésies de lui dans le Parnasse français et on
lui attribue le Formulaire de Bredin le Cocu (Lvon.
1594, in-16).
DUTROULEAU (Auguste-Frédéric), médecin français,
né à Rrest en 1807. mort à Dieppe le 28 janv. 1872. Il
résida comme médecin aux Antilles, mais revint en France
en 1862 avec une constitution délabrée et fut nommé mé-
decin-inspecteur des bains de mer de Dieppe. Son chef-
d'œuvre est le Traité des maladies des Européens dans
les pays chauds (Paris, 1863, 1868, in-8), traité qui a
fait autorité dans la science jusqu'à ce jour. Dr L. llx.
DUTRUY (Le baron Jacques), général suisse, ne à Genève
en 1762, mort vers 1832. Issu d'une famille vaudoise. il fit
dans sa jeunesse un apprentissage d'éniailleur. puis à vingt ans
entra comme grenadier au régiment de Bourgogne. Il gagna
promptement ses épaulettes et le 13 juin 1793 il devint
général de brigade. Sa conduite en Vendée et en Italie lui
valut en ISO', la croix de commandeur de la Légion d'hon-
neur et bientôt le titre de baron. En 1806, il cessa le ser-
vice actif pour, en 1813. reprendre le commandement d'une
brigade de gardes nationales mobilisées avec le grade de
— 141 -
DUTRUY - DUVAL
maréchal de camp. A la BMOade Restauration, il quitta défi-
nitivement le service et vint finir ses jours à Genève. Il a
laisse, entre Mitres écrits : Du Crédit ri dr ta force en
France, selon lu monarchie ri la chartefAtol) • Quel-
qurs Réflexions sur la peine (/-• mort (1826). E. K.
DUTTEN HO FER (Christi«n-Friedrich),graveur allemand,
ne dans le Wurtemberg en I780,mort à Heilbronnen 1846.
D'abord élève de Kleingel a Dresde, il étudia ensuite àl Aca-
démie de Vienne. Kn 1803, Wille lui procura du travail dans
le >/»,<. <• ><!/«>/<•<>«. l>uiienliot'er est surtout connu pour ses
grv ures de paysages, parmi lesquelles on cita nue planche
importante, d'après le tableau de Claude Lorrain, connu
sous le nom de Bain de Diane, des Vues d'Innsbrurk, du
. etc. U a laisse aussi d'excellentes planches d'arclii-
teeture. ''• Coobboih.
DUTUIT (Eugène), collectionneur et iconographe
français, ne à Mai-seille le T avr. 1807, mort à Rouen
le 25 juin 1886. 11 tonna, avec le concours de son frère,
un véritable musée ou toutes les branches des beaux-arts
et des arts décoratifs sont représentées de la manière la
plus brillante. Il en a libéralement fait profiter le public
aux différentes expositions rétrospectives de Paris, et il a
publié uu catalogue illustré de ce qu'il a prêté pour celle
de 1868 (Souvenir de l'exp. de 1868 ; Pans, 1869,
in-'.). Plus particulièrement iconophile , il fit paraître
'Œuvre complet de Rembrandt (Paris, 1883-1885,
3 vol. gr. in-4, avec héliogr.) et il avait entrepris en
même temps un nouveau Manuel de ïamatrur d'es-
tampes dont il publia une partie (1881-1881, 4 vol.
in-8). Ce grand ouvrage est continué par son collabora-
teur, le signataire du présent article, qui a mis au jour
un nouveau volume {Nielles, 1888), précédé d'une notice
sur réminent collectionneur. G. Pawlowski.
D U U M V I R ( Ant. rom. ). On désignait sous ce nom les ma-
gistrats qui se trouvaient a la tètedesmimiW/^V. ce mot).
Ils étaient, comme l'indique leur nom, au nombre de deux,
élus pour un an et rèéligibles après un intervalle qui, dans
certaines villes, allait jusqu'à cinq ans. Leurs attributions
étaient assez nombreuses. C'était à eux qu'il appartenait de
convoquer l'assemblée du peuple et le sénat et de présider à
leurs délibérations. L'administration de la cité et de son
territoire leur appartenait, et c'est en cette qualité d'admi-
nistrateurs qu'ils pouvaient contracter au nom de la ville,
affermer par adjudication ou à forfait les travaux publics,
et, le cas échéant, ester pour elle en justice par l'in-
termédiaire d'un syndicus nommé par le sénat. Les éman-
cipations, les adoptions et les affranchissements s'accom-
plissaient devant eux ; la délatation de la tutelle, lorsqu'elle
devait émaner du magistrat, était également de leur res-
sort. Us avaient enfin entre les mains l'administration
de la justice, et c'est pour cela qu'on les appelait duum-
viri jure dicuwlo. Il leur était défendu de s'absenter,
ne fut-ce qu'un jour, sans se donner un suppléant prœ-
fectus. P- N.
IiiuL. : Lex Rubrin de Gallia Cisalpine. Lex de Sal-
pensa, Lex Julia Municipales, dans Girard, Te.vfes de
droit romain, pp. 63, 70 et 97. — Maynz, Cours de droit
romain, I, p. 201, 4« Mit.— Duruy, Histoire des Romains,
t. Y, pp. 373 et suiv., édition illustrée.
DU VAIR (Guillaume) (V. Vair).
DUVAL (Etienne), sieur de Mondrainville, célèbre négo-
ciant à Caen, ne vers 1507, mort le 19 janv. 1378. Il
trafiqua en Europe, en Barbarie et dans presque toutes les
contrées du nouveau monde, et acquit des richesses consi-
dérables. Il se chargea d'approvisionner la ville de Metz de
vivres de toute sorte, très peu de temps avant que Charles-
Quint ne L'assiégeât. Henri II le récompensa de ses services
en lui conférant, au mois de mars 1348, des lettres de
noblesse. En 1572, il fut nommé par le roi receveur géné-
ral des Etats de Normandie.
Bibi.. : J. de Cahai';nes, Eloges des citoyens de la ville
de Caen, n' 31. — BoIsakd, les Hommes du Caloados. —
Yauqi i.i.in de La Fbesnavb, Epilaphes, p. 87.",. — Con-
selter surtout le manuscrit 113 de la bibliothèque de Caen
et l'Etude manuscrite de M. G. Dupont.
DUVAL. Famille genevoise originaire de Rouen. Elle
remonte à Etienne Duval qui èmkra à Genève pour cause
de religion et y fut reçu bourgeois le 17 mai 1555 pour
« vingt enis, unseillot et un mousquet ». Lue branche de la
famille passa de Genève en Angleterre au siècle dernier :
elle j donna drs officiers de marine qui se sont distingués
dans les guerres du premier Empire. — Une autre se lixa en
Russie en la personne de Louis-David Duval qui devint
joaillier de la couronne sous Catherine II. — Son ois, Jacob-
Ihiriil, joaillier de Paul Ier, rentra a Genève en 1803. — Ee
(ils de ee dernier, Jacob-Louis, y devint procureur général
et professeur de droit à l'Académie. Petit-neveu du publi-
ciste Etienne Dumont, ce fut lui qui publia en 1832 les Sott-
venirs sur Mirabeau : il les accompagna d'une notice et de
pièces justificatives. — En autre (ils de Louis-David, Jean-
François-André (1776-1 854), resta à Pétersbourg jusqu'en
1817, et réunit à Genève une importante collection de
tableaux vendue en 1 8 4o au comte de Morny. — Son
fils, Louis-Etienne, né en 1824, est un peintre de talent
qui a fait sa spécialité des paysages des bords du Nil. —
André-Jacob (fils de Jacob-Louis), né en 1828, mort le
6 nov. 1887. il fit ses études à Paris et y fut reçu docteur
en médecine. Dès 1853, il fit partie de la Société médicale
de Genève : il en devint bibliothécaire et dressa le catalogue.
Ses recherches dans cette bibliothèque pendant vingt-cinq
ans ont donné lieu à une histoire complète des médecins et
de la médecine à Genève qui sera achevée par le Dr L. Gau-
tier. Hygiéniste et philanthrope distingué, ardent apôtre de
la tempérance, Duval a fondé en 1872 la maison des Enfants
malades qui rend de grands services. — David-Jacob Duval-
Plantamour, né en 18l4,morten 1890, a fait don en!883
à la ville de Genève d'une remarquable collection de mon-
naies russes rassemblée pendant le long séjour fait en Russie
par sa famille. Cette collection, faite sous la direction de
numismates russes, compte trois mille quatre cents pièces
en or, platine, argent, cuivre et cuir : elle passe pour la
plus importante qu'il y ait sur la Russie en dehors de ce
pays. Une médaille d'or commémorative de ce don a été
frappée et offerte à la famille. E. K.
DUVAL (Pierre), évèque de Sées, mort à Yincenncs en
1564. On a de lui : lePsalme de la puissance, sapienec
et bonté dr Dieu (Paris, 1559), et la Grandeur de Dieu et
de la cognoissaneequ 'on peut avoir de luipar sesœuvres
(Paris, 1568). Violfet-le-Duc, dans sa Bibliothèque poé-
tique, lui attribue encore un recueil très curieux : le Vuij
du souverain amour, tenu par la déesse Dallas, avec
l'ordre du nuptial banquet faict à l'honneur d'un des
siens en fans, mis en ordre par celui qui porte en son
nom tourné le Vrai Perdu, ou Vrai Prélude (Rouen,
1543). Mais il n'y a dans ce recueil qu'un seul dizain qui
soit signé Pierre Duval.
Bibl.: Ed. Frère, Manuel du bibliographe normand.
— Viollf.t-le-Duc, Bibliothèque poétique.
DUVAL (Guillaume), érudit français, né à Pontoise vers
•1572, mort à Paris le 22 sept. 1646. Professeur de phi-
losophie au collège de Calvi en 1594, il occupa la même
chaire au Collège royal en 1606, se fit recevoir docteur en
médecine en 1612 et devint médecin ordinaire du roi. On
peut citer de lui : Ilisloria monoyramma (Paris, 1643,
in-4); le Collège royal de France (1644, in-i) et une
édition des OEuvres d'Aristote (1619, 4 vol. in-4).
DUVAL (Jean), poète français, mort à Paris le 12 déc.
1680, moine et prédicateur. On a de lui : les Triolets du
temps (Paris, 1649, in-4); le Parlement burlesque de
Pontoise (1652, in-4) ; le Calvaire profané ou le Mont
Valérien usurpé par les Jacobins réformés de la
rue Saint-Honoré (1664, in-4); la Sorbonne au Roi
sur de nouvelles thèses contraires à la vérité (s. d.,
in-4).
DUVAL (Valentin Jameray), numismatiste et érudit fran-
çais, né à Artlionnay (Champagne) le 12 janv. 1695, mortà
Vienne (Autriche) le 3 nov. 1 77<>. Fils d'un pauvre laboureur,
Duval fut dès sa plus tendre enfance gardeur de dindons.
M VAL
- 142 —
Son premier maître l'ut du ermite. Lm priseet de Loi :
•pu lé trouveront ihins lu forél de Sainte-Anne étudiant
nue carte de géographie, le firent entrer au collège des
iésuitee de Pont^-Mousson. Le doc Lèopold ii<' Lorraine
emmena Duval a Paris avec loi sa 1748. A la lin de 1719,
il le nomma son bibliolhéci el fonda pour lm une
akaire d'histoire el d'antiquités .1 l'Académie de Lunéville.
Duval suivit a Florence, avec le titre de bibliothécaire, le
fila de son protecteur Lèopold, François de Lorraine, de-
venu grand-duc de Toscane. Le grand-duc, étant monté
sur le trône d'Autriche es 1745, chargea Duval, en I7'i8,
de la bibliothèque et du cabinet d'antiquités et do médailles
qu'il créait à Vienne, tin a de Duval de* ouvrages de numis-
matique et Œuvra de DwaL, préoèdéoa des mémoires sur
sa me, par te chevalier Kocb (Strasbourg, -1784, 2 vol.
in-H). G. R.
limi.. : Albrecht-Christopb Kaysbb. Leben des herrn
Vaienlin J amer ai Diwal; Ratisbonne, 1788. 2 vol. in-8. —
Annuaire statistique du <lcp.de l'Yonne, 1810, p. 207.
DUVAL (M11), chanteuse française et compositeur du
xviii0 siècle, morte en 1769. Elle est l'auteur d'un opéra
en quatre actes et un prologue, intitulé les Génies, qui
fut représenté à l'Opéra le 18 oct. 1730 et dont les deux
rôles principaux étaient tenus par deux artistes célèbres,
Chassé et M11" Fel. M11" Duval était professeur de chant,
et pent-être elle se produisait dans les concerts, puis-
qu'elle publia, en 17 41, une « méthode agréable et utile
pour apprendre facilement à chanter juste el avec goût ».
DUVAL (Charles-François-Marie), homme politique fran-
çais, né à Hennés le 2 févr. 1730, mort à lluy (Belgique)
le 23 août 1829. Conseiller du roi, assesseur de la maré-
chaussée à Rennes, il fut élu en 1791 juge au tribunal du
district de La Guerche. Député d'Ille-et-Vuaine à la Législa-
tive et à la Convention, il émit, dans le procès de Louis XVI,
les votes les plus rigoureux. Il rédigea le Journal des
hommes libres. Membre du conseil des Cinq-Cents, il en
sortit en 1797. De 1804 à 1814, il fut chef de bureau de
l'administration des contributions indirectes. Proscrit en
1816 comme régicide, 'il se retira en Belgique, à lluy, et
se fit inscrire au barreau de Liège. F. -A. A.
Biiil. : Charles Vatbl, Charlotte de Corday et les Gi-
rondins; Paris, l!Stil-lb7~, in- 1, pp. 535 à 54'J.
DUVAL (Jean-Pierre), homme politique français, né à
Rouen le 20 févr. 1734, mort à Paris le 13 août 1817.
Greffier du bureau central des juges de paix à Rouen, il
fut élu à la Convention par la Seine-Inférieure. Dans le
procès de Louis XVI, il vota pour la réclusion. Ami des
girondins, il fut déclaré démissionnaire le 13 juil. 1793
et rentra en l'an III. 11 fut ministre de la police générale
du 8 brumaire au 3 messidor an VII. Membre du Corps
législatif (1800-1803), commissaire de police à Nantes
(1804), préfet des Rasses-Alpes (1803-1813), préfet de
la Charente puis de l'Eure pendant les Cent- Jours, il rentra
clans la vie privée lors de la seconde Restauration. F. -A. A.
DUVAL (Charles- Alexandre- Amaurj Pnraux-), dit
Amaury Durai, érudit et littérateur français, né à Rennes
le 28 janv. 1700, mort à Paris le 12 nov. 1838. D'abord
avocat au parlement de Bretagne où il plaida a\ec succès
des causes importantes, puis secrétaire d'ambassade à Xaples
et à Rome, il faillit périr en 1792, lors de l'émeute où fut
massacré Hugon de Bassville. Nommé secrétaire délégation
à Malte, il ne put prendre possession de son poste, parce
que le grand maître de l'ordre refusait de reconnaître un
agent de la République française. Revenu à Paris, Amaury
l)u\al fonda en floréal an II, avec Chanifort , Ginguené,
J.-M. Say, etc., la Décade philosophique, importante revue
à laquelle il fournit de nombreux articles sous son nom et
sous h- pseudonyme AePolyseope, et remplit pendant plu-
sieurs années les fonctions de chef de bureau des sciences
et des beaux-arts au ministère de l'intérieur. Nommé
membre de la 3a classe de l'Institut le 13 déc 1811. il tit
partie, lors de la réorganisation de 1816, de l'Académie des
inscriptions. Doive des poésies fugitives insérées dans VAL
manach des Muses et diverses plaidoiries, on connail
d'Amaurv Duval les OUvngSt ■UMUll : Buflllfilll il, l'ut-
nirrection dé Rome et dé la mort ,i, BassvilU •
1798, in-4); Observation» sut les théâtres (\196,u
De» Sépultures (1801, in-K); /■
gravés par Bal tard, avec leur histoire et leur explication
(1803, t. I el unique. 96 pi.); tes Fontaines de I'
anciennes et nouvelles (\o\ a, m loi., oo pi.); le Non
Elysée ou Projet d'un monument à la
Louis XVI (1814, in-8); Notice >ur la comtesse Ortoff
(1824, in-8); de nombreux articles dans YAthetueum
(1806); le Mercure (1807-1816), le Mercure étra
(1813—1816) dont il fut le fondateur, la Revue
ique, etc.; une traduction du Voyage ■
Sintes de SpaUanzani (1800); dea notices dans ["Histoire
littéraire de France commencée par les bénédictias, sis.
M. I
DUVAL (Alexandre-Vincent Pmeoi, dit Alexandre),
auteur dramatique français, né à Rennes le G a\r. 17'
mort à Montmartre (Seine) le 1er sept. 1842. Tour à tour
marin, architecte, dessinateur, volontaire en 1792, acteur,
directeur de théâtre, il aborda les genres dramatique-
plus divers. En 1812, il fut élu membre de l'Académie
française, en remplacement de Legouvé, et maintenu lors de
la réorganisation de 1810. Parmi ses pièces dont le nombre
dépasse soixante et dont aucune d'ailleurs te s'est main-
tenue jusqu'à nos jours au répertoire, on peut citer : le
Défenseur officieux (1793): la Manie <têtre quelque
chose ou le Voyage a Paris ( 1793); le Souper imprévu
ou le Chanoine de Milan (1796); tes Héritiers ou le
Naufrage (1790); la Jeunesse de Richelieu ou le Lore-
lace français (1796); le Prisonnier ou la Ressemblance,
opéra-comique en un acte ; Maison à rendre. ojH-ra-comique,
musique de Dalayrac (1800); Edouard en Ecosse on h
Nuit d'un proscrit, drame en trois actes (I8(i2), interdit
après la seconde représentation et qui valut à l'auteur une
persécution à laquelle il n'échappa que par un exil de plus
d'une année; Guillaume le Conquérant, drame en cinq
actes avec prologue (1803), composé an moment du projet
de descente en Angleterre et qui ne fut joue aussi qu'une
seule fois; le Tyran domestique ou l'Intérieur d'une
famille, comédie en cinq actes et en vers; le Menuisier
de I. ironie ou les Illustres Voijai/eurs. comédie en trois
actes et en prose (1803); la Jeunesse de Henri F. comédie
en trois actes et en prose (1806); Joseph, drame en trois
actes, musique de Méhul (1807); le Retour d'un cr
ou le Portrait mystérieux, grand mélodrame en un petit
acte, parodie d'un genre alors fort en vogue (1810); la
Manie des (/rondeurs, comédie en cinq actes et en vers
(1817); la l-'ille d'honneur, comédie en cinq actes (1848);
le Faux Bonhomme, comédie en cinq actes (1821):
Jeune Homme en loterie, comédie en un acte et en ■
(1881); la Princesse des Ursins ou les Courtisans,
comédie en trois actes el en prose t 1836). Dans l'édition
des Œuvres complètes de l'auteur donnée par lui-même
(1822-1829, 9 vol. in-8) figurent en outre un certain
nombre de pièces non représentées, et toutes sont accompa-
gnées de notices intéressantes pour l'histoire littéraire de
la première partie du siècle. Alexandre Duval a encore
écrit un roman, le Misanthrope du Marais ou la Jeune
Bretonne (1832, in-8). des plaidoyers en verset en pi'
l'un entre autres contre Picard, alors directeur de l'Odéon,
et deux pamphlets contre les nouvelles tendances de l'art:
De la 1. ilt, rature dramatique (1833. in-#), lettr.
Victor Hugo et le Théâtre-Français depuis cinquante
ans (1838, in-8), lettre a M. de Montalivet. M. Tx.
DUVAL (Henri-Charles Pixnx. dit Henri), frère des
précédents, né à Rennes en joiL 1770. mort a Paris en
1847, Secrétaire de Ginguené lors de son ambassade à
Tunis, puis BOUS-chefdu bureau des sden.es et des beaux-
ails au ministère de l'intérieur, il y fut spécialement
charge des théâtres, passa en 1819 au bureau des hos-
pices et établissements de bienfaisance et fut reforme en
1816. Gendre du célèbre statuaire Iloudon. il devint ami
— 143 -
DUVAL
le beau-frère de Raoul Rochette. Collaborateur d'Amaurj
IHixal à 1.» D, cade >vt a YAthenatum, ainsi que pour
ses publications sur les monuments de Paria, il a écrit quel-
ques romans : Melval et Adèle (1819, 3 vol. in- 1-2): Mes
Contes et ceux de ma gouvernante (\%2Q, 3 vol. in-121;
Monsieur Grassinet ou Qu'cst-il donc (1823, '» vol.
in- 1-2) : Gambadoroou le Jeune Aventurier (1825, Ivol.
in-l-2) ; un Essai sur lu critique 1 1807, in-8) ; un Eloge
deDuplessis-MornayUiMM, in-8); des mémoires couron-
nos par diverses sociétés littéraires, etc. Henri Duval a laissé
tin Dictionnaire des ouvrages dramatiques depuis Jo-
dclle jusqu'à nos jours, dont le manuscrit est conservée
la Bibliothèque nationale (Fr. 15048-15064). M. Tx.
DUVAL (Georges-Louis-Jacques), auteur dramatique
français, né à Valognes le 26 oct. 177-2, mort à Paris
te Il mai 1853. D'abord ckrc de notaire, puis rédacteur
et sous-chef au ministère de l'intérieur, il a donné, avec
Goofe, Rochefort, Dumersan, Vieillard, Barrière et antres,
une infinité de pièces de théâtre, dont la seule énumération
nous entraînerait trop loin. On la trouvera d'ailleurs dans
Quérard {France littéraire, t. Il, p. "'.(>). Nous citerons
seulement en dehors de sa manière habituelle : Souvenirs
delà Terreur (Paris, 1841-42,4 vol. in-8); Souvenirs
thermidoriens (1843, 2 vol. in-8); Dictionnaire abrégé
de toutes les mythologie* (Paris, s. d., in-8). Georges
Duval s'appelait en réalité George Labiche.
DUVAL (Henri-Louis-Nicolas), littérateur français, né à
Paris le I r nov. 1783, mort en 1854. Il servit tour à tour
dans la marine el dans la gardeimpériale, et quitta l'armée en
1 8 1 '». On a de lui : Pensées et Maximes de Fénelon (18-21.
2 \nl. in-18) : Manuel de la jeune femme (1825, in-18) ;
Manuel de l'enfance ( , 829, in-18); les Anylais aux
Batignollcs ( 1831 , in-18) ; Abrégé de grammaire simple
et facile sur un nouveau plan (1832, in-18); Histoire
de France à l'usage de la jeunesse (1832, in-18);
Mélancolies poétiques et religieuses (1833, in-18);
Muséum pittoresque (1833, in-i) ; Allas universel des
sciences (1837. in— toi.). On l'a parfois confondu avec
Henri-Charles Pineux Duval (Y. ci-dessus).
DUVAL (Charles), architecte français, né à Beauvais
(Oise) en 1800, mort à Paris en 1876. Il fut chargé en
1831 par le financier Jacques Lalfitte des constructions du
parc de Maisons ; il construisit ensuite le château de la
Jonchère près de Brie-Comte-Robert. Il a bâti à Paris de
nombreuses maisons, manèges, cafés et cafés-concerts ; nous
citerons l 'hôtel Van Eeckout, l'hôtel Meuron, aux Champs-
Elysées, l'hôtel de la tragédienne Rachel, rue Trudon, le
manège de la Chaussée d'Antin, le Grand Café parisien, le
café du Delta, l'Alcazar, le Casino, l'Eldorado et Bataclan.
11 fil aussi l'Alcazar du Havre, l'Alcazar de Bruxelles et
divers projets pour l'Opéra, les Halles centrales, une Bourse
du travail, une caserne camp-abrité, etc. En 183-2, il avait
exécuté pour le vice-roi d'Egypte un kiosque destiné à être
placé à Alexandrie. M. D. S.
DUVAL (Charles-Edmond-Raoul), magistrat et homme
politique français, né à Amiens le 6 mars 1807. Substitut
du procureur du roi à Laon en 1830, il devint procureur
général à Nantes en I8{ij. Révoqué en 18i8, il fut nommé,
le 6 janv. 1X49, procureur général à Dijon. Membre de
la commission mixte deJa C6te-d'0r après le coup d'Etat
du 2 déc., il devenait premier président à la cour de Bor-
deaux en 1861. Révoqué par Crémieux (-20 janv. 1871),
il fut réintégré à son poste par l'Assemblée nationale. Le
30 janv. 1876, il lut élu sénateur de la Gironde, siégea
dans le groupe bonapartiste et appuya la politique du gou-
vernement du 16 mai. II ne se présenta pas aux élec-
tions du 5 janv. 1879 et demeura depuis lors dans la vie
privée.
DUVAL (Engène-Emanuel-Amanry), peintre français
(V. âhabbt-Doval).
DUVAL (Edmond), musicien belge, né à Enghien (Ilai-
naut) le 22 août 1809. Célèbre surtout parla part active
qu'il prit à la composition des Livres liturgiques gra-
duels et antiphonaires, d'après le système de l'abbé Jans-
sen, qui soulevèrent tant de polémiques quand ils fuient
publies il l'usage du diocèse de Malines, eu 1848. l'élis
consacre un long article a ce sujet dans la Biographie des
musiciens.
DUVAL (Aline), actrice française, née a Paris en 18-23.
Fille d'un ouvrier plombier, elle entra, en 1834, au petit
théâtre Comte, y resta quelques années, puis lit une appa-
rition au Panthéon, d'où elle l'ut engagée au Palais-Royal,
ou elle se tit une réputation de gaieté el de lionne humeur
dans l'emploi des soubrettes délurées. Elle débuta à ce
théâtre en 1842, dans Francine la gantière, et dans
l'espace de dix-huit ans y créa un assez grand nombre de
rôles, dans Tambour battant, le Voyage sentimental,
les Folies dramatiques, la Femme aux œufs d'or, les
Dragons de la reine, Kdgard et sa bonne, la Perle de
la Cannebicre, Si jamais j'te pince, la Veuve aux
camélias, etc. Du Palais-Royal, M"e Aline Duval passa
aux Variétés, où elle demeura une quinzaine d'années, se
faisant remarquer dans les Domestiques, Barbe-Bleue,
M niche, les Chambres de bonnes. Elle alla ensuite créer
le Petit Ludovic au théâtre des Menus-Plaisirs, l'ot-
Bouille à l'Ambigu, puis se retira définitivement et fit ses
adieux an public.
DUVAL (l'erdinand), administrateur français, né à Paris
en nov. 18-27. Avocat au barreau de Paris, secrétaire de
Dufaure, il collabora en même temps au Courrier du
Dimanche. Capitaine d'état-major de la garde nationale
en 1870, il fut nommé en 1871 préfet de la Gironde et le
21 mai 1873 préfet de la Seine. Il occupa ces fonctions
importantes jusqu'en 1879 et tit preuve de beaucoup d'ha-
bileté, au milieu d'incessants démêlés avec le conseil muni-
cipal qui lui reprochait surtout ses anciennes opinions
orléanistes. Il fut remplacé par M. Herold. Actuellement
(1892), il représente au conseil municipal de Paris le
quartier Saint-Thomas-d'Aquin (VIIe arrond.).
DUVAL (Edgard-Raoul), homme politique français, né
à Laon le 9 avr. 1832, mort à Monte-Carlo le 10 févr.
1887, fils de Ch.-E. -Raoul Duval (V. ci-dessus). Substitut
à Nantes en 1833, il était avocat général à Rouen en 1870
lorsqu'il démissionna et se fit inscrire au barreau de cette
ville. Après un échec aux élections du 8 févr. 1871, il fut
élu représentant de Seine-Inférieure à l'Assemblée nationale
le2juil. suivant et siégea dans le groupe bonapartiste. Il ne
tarda pas à prendre une grande influence sur la droite de
l'assemblée, se tit remarquer parmi les interpellateurs les
plus redoutés du pouvoir et poursuivit particulièrement de
sa haine tous les membres du gouvernement de la Défense
nationale. Il contribua à la chute de M. Thiers. Les orléa-
nistes prétendirent s'attacher un leader aussi redoutable,
irais Raoul Duval rompit publiquement avec eux et les
combattit avec assez de vivacité. En 187(>, il fut élu député
de Eouvicrs, après avoir échoué dans le VIIIe arrondisse-
ment de Paris. Rapporteur du budget de la marine en 187G,
il ne soutint pas le gouvernement du 10 mai et aux élec-
tions de 1877 échoua à Louviers. Après un nouvel échec
en 1881, il rentra à la Chambre le 25 mai 1884 comme
député de Rernay, fut réélu député de l'Eure en 1883 et
il préparait avec ardeur l'organisation d'une droite répu-
blicaine, — projet qui eut beaucoup de retentissement, —
lorsqu'il mourut, enlevé en très peu de jours par un refroi-
dissement. On peut citer certains de ses discours de
rentrée fort intéressants et originaux : Etude historique
îles lois sur les céréales, Monsieur de Martignac, De
l'Influence de Voltaire sur nos moeurs judiciaires. Il
avait fondé en 1870 la Nation avec Albert Duruy pour
rédacteur en chef.
DUVAL (Rubens), orientaliste français, né à Paris en
1839. Après avoir étudié les langues sémitiques sous
Evvald, à l'Université de Guettingue, en 1807 et 1868, il
s'est livré plus particulièrement à l'étude des langues ara-
neennes. Il a publié, en 1881. un Traité de grammaire
Kl \ M
— 144 —
syriaque (Paris, in-S) ; en 1X83, 1rs Dialectes néo-ara-
méeru de Salatnas (Paris, in-8 , autogr.), le Lexicon
Syriacum d'Hassan Bar Bahloul, in- 5, dont deux fasci-
cnles mit para, el différents articles de bibliographie et
d'épigraphie dans le Journal asiatique el dans la Revue
critique. M. Daval esl un des collaborateurs, pour la partie
arameenne, du Corpus inscript, semitic. que publie en
ce moment (1892) l'Académie des inscriptions. E. Drodih.
DUVAL (Emile- Victor, dit le général), un des chefs mi-
litaires de la Commune, né à Paris en 1841, fusillé au
Petit-Bicêtre le 4 avr. l^TI. Ouvrier fondeurs Paris, il
acquit une certaine instruction el s'associa de bonne heure
aux revendications du parti socialiste. Il fut, vers la fin de
l'Empire, un des agents les plus actifs de l'Internationale
et fut condamné comme tel à deux mois de prison (!) juil.
1870). Après le 4 sept., il devînt colonel de la 13* légion
de la garde nationale de Paris, et prit nue part importante
aux mouvements insurrectionnels du 31 oct. 1870 et du
•18 mars 1871. Elu, à la suite de ce dernier, membre delà
Commune (20 mars), il fut, à titre de général de la garde
nationale, chargé le 3 avr. de marcher contre Versailles.
C'est en exécutant cet ordre, le 4 avr., qu'il fut cerné et
pris par les troupes du général Vinoy, qui le fit aussitôt
passer par les armes. A. Dehidour.
DUVAL (César), homme politique français, né à Saint-
Julien (Haute-Savoie) le 20 janv. 1841. Pharmacien, maire
de Saint-Julien, il fut élu député de la Haute-Savoie le
(î mai 1883, siégea d'abord à la gauche radicale, puis fit
partie du groupe opportuniste. Réélu le 4 oct. 1883 et le
22 sept. 1889, il a rapporté en 18841a proposition Bastid,
relative à la réforme des bureaux de préfecture, a pris
part aux discussions sur le budget et sur la loi militaire
et combattu le boulangisme. On a de lui : Trrnier et
Saint- Julien, Essai historique sur les anciens bail-
liages de Ternier-le-Gaillard et le district révolution-
naire de Carouge (Paris, 1879, in-8); les Terres de
Saint-Victor et chapitre dans l'ancien bailliage de
Ternier (Genève, 1880, in-8); V Administration mu-
nicipale de la commune et du canton de Viry, de
l'an I à l'an VU de la République française (Saint-
Julien, 1883, in-8) ; Procès de sorciers à Viry de i534
à 1548 (Genève, 1881, in-8) ; l'n Curé de Collonge-
sous-Salève il y a cent ans (1874, in-8); la Famille
Paget (1881), etc.
DUVAL (Mathias), médecin et physiologiste français,
fils de Joseph Duval-Jouve, né à Crasse (Alpes-Mari-
times) le 10 févr. 1844. Il a fait ses études médicales
à Strasbourg. Reçu docteur en médecine en 1869, il
dirigea les ambulances de cette ville pendant le siège de
1870 et après la capitulation suivit comme médecin-ma-
jor l'armée de Bourbaki. Agrégé d'anatomie et de phy-
siologie à la Faculté de Paris (1873), professeur d'anatomie
à l'Ecole des beaux-arts, directeur du laboratoire d'anthro-
pologie de l'Ecole des hautes études (1880), membre de
l'Académie de médecine (1881), professeur d'histologie
(1887). Les travaux de M. Duval sont considérables et
la plupart sont classiques; ainsi son Cours de physio-
logie, d'après l'enseignement de Kuss, a eu cinq éditions;
un Précis de technique microscopique ou histologique
(1878); un Manuel du microscope en collaboration avec
M. Lereboullet (1873); un Manuel île l'anatomiste, en
collaboration avec M. Morel; un Précis d'anal oui ie à
l'usage des artistes (1881); un Atlas d'embryologie
(1889, in-fol. avec pi.). M. Duval est devenu, après
la mort de Gavarret, le directeur de l'Ecole d'anthropo-
logie. Dr A. Bureau.
DUVAL (Georges), publiciste français, né à Paris le
2 févr. 1847. De bonne heure, il se lança dans le journa-
lisme et collabora, avec talent, à un grand nombre de jour-
naux, entre autres : le Coulais, le Figaro, /' Evénement.
Auteur dramatique et romancier fécond, il a fait repré-
senter à l'Odéon, Voltaire chez lloudon (23 t'e\r. 1880);
à la Renaissance, les Voltigeurs de la 32* (7 janv. 1880);
.i i.Iuiiv, Faublas (15 oct. ixxij. Parmi tes onvn
nous citerons: /' l moi- théâtrale (1875 etsuiv., in- 1-2);
mehore, /"lit guideàVusage des amateurs de bal-
leti (1875, in-32] ; /<- Carnaval parisien (1885, in-1
Chasteté (1*77. in-1 -2» ; Virginie Déjazet (1*70, in-12);
/ ;/ \no,ur sous la Révolution (1881, in-12): Artistes
et Cabotins (1878, in-12) Fréà ich Lematlre et son
temps (1876, in-12); Histoire tir la littérature /
luhonnaire (187!). in-1 2c /<■ Miracle de l'abbé Dulac
(1882, in-12): Laurette (1885, in-8); les Orphelins
d'Amsterdam Mxx;, in-1); Us Petites Abraham
(1X80, in-12); le Premier Amant (fxx;;. in-12); \au-
luisant et llouleau (18X1, in-12); Vieille Histoire
(1X84. in-12). etc., etc.
DUVAL DE I.KVRIT (V. I.KVII1T).
DUVAL d'Ei'Ik'.mkmi. (V. ËPB1 mi.mi.i.
DUVAL - Jouve (Joseph), naturaliste et philosophe
français, né à Boissy-Lamberville (Eure) le 7 août 1810,
mort à Montpellier le 2.'i août 1883. Après avoir rempli
les fonctions de professeur aux collèges de Castellane i
Grasse, il passa en 1832 à Alger comme inspecteur d'aca-
démie et peu après à Strasbourg avec le même titre ; il fut
nommé a Montpellier en 18fix et prit sa retraite en 1X77.
L'année suivante, il devint membre correspondant de l'Aca-
démie des sciences. Duval-Jouve a publié en 1841 un tra-
vail sur les Bélemnites, en IXfj', sur le genre Equisetum ;
c'est lui qui a découvert le mode de geimination des Equi-
sétacées ; enfin, en 1870, sur les espèces végétales. On lui
doit en outre un Traité de logique (Paris. 1843, 1855,
in-8), très remarquable, et des travaux historiques sur
Montpellier (1870, 1881). DrL. Hn.
DUVAL Le Camus (Pierre), peintre français, néà Lisieux
(Calvados) le 14 févr. 1790, mort à Saint-Cloud le 29 juil.
1854. Elève de David, cet artiste peignit de nombreux por-
traits, la plupart de personnages connus, et des tableaux dans
le genre sentimental ; le dessin en est correct, mais la cou-
leur sèche, froide, la touche dépourvue de verve, iw
lesquelles ils sont exécutés, leur enlèvent tout intérêt. Les
principales de ses œuvres sont : Un Baptême; la Partie
de piquet de deux invalides (S. 1X|9); Départ pour la
chasse au traqué; le Dimanche matin ou la distri-
bution du pain bénit (S. 1827); le Hctour des champs
(S. 1831 ; musée d'Orléans); Portrait de Dupin aine,
dans son cabinet, à la Chambre des députes (S. 1X33).
On peut encore citer de lui, au musée de Cherbourg : ine
Dame assise au milieu d'un salon, occupée à répondre
à la lettre que vient d'apporter un petit valet ; au
musée de Lisieux : Portrait de M. Leroy-Baulieu, ancien
maire; Pécheurs de la plage de. Trouville; au musée de
Bordeaux : Vue d'intérieur. Ad. T.
DUVAL Le Camus (Jules-Alexandre), peintre fiançais.
né à Paris le o août 1814. mort à Pans en 1X77. Fils du
précédent, il reçut de lui les premières notions artistiques
et fut placé ensuite sous la direction de P. Delaroche et de
Drolling. Ses premières œuvres froidement académiques
accusent encore l'influence paternelle, par ex. : Tobie et
l'Ange; J.-.I. Rousseau composant la Nouvelle Ile!
( 1845). 11 se dégagea de cette influence et acquit une note
plus personnelle dans Macbeth et les sorcières \>. I8J
Mais, gêné peut-être par ses études premières, il ne put
jamais arriver à peindre des scènes réellement vivantes;
le poncif académique pesa sur lui pendant toute sa
carrière. On peut s'en convaincre en voyant son Poste
avancé de routiers (S. 1859), qui passe pour un de ! -
meilleurs tableaux. Citons encore de lui Sainte Elisabeth
de Hongrie distribuant ses aumônes (S. 1863) et la
décoration de l'église de Saint-Cloud, composée de sept pan-
neaux dont cinq sont consacrés aux principaux épisodes de
la vie du saint tils de Clodoniir. Ad. T.
DUVAL Le Roi (Nicolas-Claude), mathématicien fran-
çais, ne vers l739àSainte-Honorine-des-Pertes(Calvad
mort le ti déc. 1810 a Brest. Professeur de mathématiques
à l'Ecole de Brest en 1764, il fut. à partir de 1769, !
— r»:; —
1)1 \ Al. - Dl YKRDIKR
crétaire de l'Académie royale de la marine, dont le tome
unique des M moires (Brest, 1773) renferme de lui plu-
sieurs travaux intéressant l'analyse et l'astronomie. Il a
donné en outre une traduction de ['Optique de Smith
(Brest, 1767) avec supplément (4783), une Instruction
sur les baromètres marins (4784), des Eléments de
navigation (1802) et écril tous les articles mathématiques
concernant la marine ixnsVEncyclopédieméthodique, En
17SO,t 1790, il publia quelques écrits de circonstance.
DUVAUCEL (Charles), astronome français, né à Paris
le 5 avr. 1734, mort à Evreux en 1820. Elève de I a-
lande, il donna en 1768 [Mém. savants étrangers, V) le
calcul de toutes les éclipses visibles a Paris de 17(17 à
1900, calcul qu'il prolongea jusqu'à l'an -000 pour l'édi-
tion de 1783 aeVArt de vérifier les dates. Correspondant
de l'Académie des sciences (24 mars 1776), il collabora
pendant longtemps à la Connaissance des temps.
DUVAUCEL (Alfred), naturaliste et voyageur français,
né vers 1793, mort à Madras à la tin d'août 1824. Il dé-
barqua en I818à Calcutta'où il trouva le naturaliste Diard.
Ds s'installèrent ensemble à Chandernagor où ils réunirent
d'importantes collections et d'où ils liront de riches envois
au Muséum de Paris. A la lin de déc. ISIS, ils partirent
pour les îles de la Sonde. Duvaucel revintà Chandernagor
en 1820. Il s'embarqua le 22 juil. 1821 pour aller ex-
plorer le Sylhet. Il visita ce pays, ainsi que les montagnes
de Cossya et de Gentya. mais il arriva à Calcutta malade de
la fièvre et il alla mourir bientôt à Madras. 0. R.
Kim.. : Renie encyclopédique, 1821, t. X, ]>. 173; 1824,
t. XXI. p. 257; 1825, t. XXVI, p. 274.
DUVAUCHEL (Léon), poète français, né à Paris en
1850. Collaborateur de plusieurs journaux et revues litté-
raires, entre autres l'Artiste, la Revue générale, le
Paris illustré, la Vie littéraire, il s'est l'ait connaître par
des poésies aimables et finement ciselées. Nous citerons :
lu Clef des champs (Paris, 1881, in-12): le Médaillon
">, in-12) : le Petit Soldat, poème, suivi de Jo-
seph Bar a, son histoife et sa légende (ISSI, in-12);
et de liste à Choisy-le-Roi (1882, rn-42), etc.
On peut aussi mentionner un roman qui obtint un cer-
tain succès, la Moussière (1886, in-12) et une comédie
en un acte, en vers, le Chapeau bleu, jouée à C.luny le
11 janv. 1880.
DU VAUX (Jules-Antoine), peintre et graveur français,
ne à Bordeaux (Gironde) en 1818, mort à Paris en juil.
Iss',. H obtint son premier succès au Salon de 1848,
avec un épisode de la bataille de Waterloo, le Combat
de la Haie— Sainte. Il a peint un grand nombre de
tableaux militaires et a fourni aux divers journaux et
recueils illustrés, quantité de dessins, eaux-fortes et litho-
graphies.
DUVAUX (Jules-Yves- Antoine), homme politique fran-
çais, né à Nancy le 21 mai 1S27. Elève de l'Ecole nor-
male (promotion de 184!'), il fut successivement professeur
au collège de Saintes, aux lycées de Montpellier et de
.Nancy. Membre du conseil municipal de Nancy, puis du
conseil général de Meurthe-et-Moselle, il fut révoqué par
M. de tourton à cause de ses opinions républicaines. Il
fut élu le 20 févr. 1876 député de Nancy, siégea à gauche
de la Chambre, fit partie des 363 et, réélu avec eux le
I l ut. 1877, le fut encore le 21 août 18S1 et le 4 oct.
1885. Il s'occupa beaucoup des questions d'enseignement
et devint le 2 févr. 1882 sous-secrétaire d'Etal à l'ins-
truction publique. Il succéda à ce ministère a M. Jules
Ferry, le 7 août 1882 (cabinet Duclerc) et conserva son
portefeuille dans le cabinet Pallières jusqu'au 21 févr. 1883.
II continua à soutenir les ministères opportunistes, combattit
le boulangisme et ne se représenta pas aux élections géné-
rales de 1889. Il a donné quelques éditions classiques :
1 ron,DeS . !>■• Signis, De Suppliciis; Virgile,
Œuvres complt
DUVEAU (Louis-Jean-Noël), peintre français, né à
Saint-Malo le 20 mai 1818, mort a Paris le 25 déc. IS(i7.
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
Elève de L. Cogniet, cet artiste s'est attaché surtout à repro-
duire les sites et les types de sa Bretagne natale, et il y a
trouvé ses meilleurs su|cls d'inspiration. Sa couleur est sobre
et vigoureuse, son dessin puissant. On peut citer comme ses
principales œuvres : Saint Malo préchant nu peuple
d'Aleth (S. 1845; cathédrale de Saint-Malo); te Lende-
main il' une tempête dans lu baied'Audiernelfs. 1846);
Emigrants arrêtés en Bretagne par îles républi-
cains (S. isiS); lu Peste d'Elliant (S. 1849; musée de
Blois); UneMeSSe en mer (S. 1864; musée de Hennés);
Persée délivrant Andromède (S. 1865; musée de Lille).
On lui doit encore : la décoration de l'église de Saint-Servan
(Ille-et-Vilaine) ; celle de la chapelle des fonts baptismaux,
à l'église Saint-Roch de Paris, et le rideau d'entr'acte du
théâtre de la Galté, représentant les personnages célèbres
de l'ancien répertoire. Ad. T.
DUVERDIER (Antoine), poète et bibliographe français,
né à Montbrison le M mars 1544, mort à Duernc, près de
Lyon, le 25 sept. 1600. Maitre d'une grande fortune, il
occupa d'abord à la cour les fonctions de conseiller du roi
et la charge de gentilhomme ordinaire de la chambre. Il
possédait une belle bibliothèque riche en manuscrits pré-
cieux d'ouvrages grecs et latins qu'il ouvrait libéralement
à tous les savants de son temps. Il parvint à exercer ainsi
une influence littéraire assez active, s'adonnant lui-même
à la poésie, mais sans succès. Il publia successivement la
tragédie de l'hilo.rène (Lyon, 1567, in-S) ; Mysopolèmc
(1568, in-4); une satire, les ùmonymes (Lyon, 1572,
in-4). Il donna en 1578 un premier recueillie biographies,
la Prosopouraphie, description de personnes insignes
(Lyon, in-4); en 1577, les Diverses Leçons d'Ant. du
VerJier... extraites des auteurs arecs et latins (Lyon,
in-8). Il publia ensuite plusieurs traductions, un Recueil
île traits facétieux (Lyon, 1584, in— 1 1>) ; une Nouvelle
Prososographie ou biographie des rois de France jusqu 'à
Henri ///, et enfin son grand ouvrage, celui qui a préservé
son nom de l'oubli : la Bibliographie d'Ant. du Verdier
contenant le catalogue de tous ceux qui ont écrit ou
traduit en français avec un discours sur les bonnes
lettres, servant de préface et à la fin un supplément
de ïépitome de Gesner (Lyon, 1585, in-fol.). Ce livre
souvent cité, même de nos jours, parut presque en même
temps que le recueil analogue de La Croix du Maine. Les
deux ouvrages se corrigeaient et se complétaient sur un
certain nombre de points. Rigolet de Juvigny les a réunis
dans l'édition de 1772 (6 vol. in-4). A. Lefranc.
Bibl. : Nioi.ron, Mémoires pour servira l'histoire des
hommes illustres, t. XXIV.
DUVERDIER (Claude), littérateur français, né à Lyon
vers 1566, mort en 1049, fils du précédent. On peut citer
de lui : Peripetasis epigramrnatum viarorum, etc.
(Paris, 1581; in-8); Discours contre ceux qui par les
grandes conjonctions des planètes qui se doivent faire
ont voulu prédire la fin du monde devoir lors ad-
venir (Lyon, 1583, in-8); Claudii Verdii in autores
censiones et correctiones (Lyon, 1580).
DUVERDIER (Gilbert Saui.mer), écrivain français, né
vers le commencement du xvne siècle, mort en 1080.
Historiographe de France. 11 a donné : te Temple des
sacrifices (1020, in-8); lu Bergère amoureuse (1021,
in-8) ; l'Amour aventureux (1023, in-8); la Nymphe
solitaire (1024, in-8) ; la Diane française ( 1 02 i, in-S) ;
la Parthénice de la Cour (1624, in-8); la Floride
(1625, in-8); le Roman des romans où on verra la
suite et la conclusion de J). Belianis de Créée du che-
valier du Soleil et d'Amadis (Paris, 1620-1020,
7 vol. in-S); les Amours et les armes des princes de
Grèce (1028, in-8); les Esclaves ou l'histoire de l'erse
(1628, in-8); les Amants jaloux (1631, in-8); te Che-
r hypocondriaque (1032, in-8); la Sibylle de l'erse
(1032. iu-S) ; Suite de Rosalinde (1648, in-8); Abrégé
de rhis'oire de France (1651, 2 vol. in-8); Lettres
choisies (1655, 2 vol. in-12); le Vrai Etat de France
10
DUVERDIER - DD VERGER - l*> -
f4686, in-12) ; Ab\
■ d'Espat
Espagne (4663, î vol
nnte (1664, in-42)
in_Î2J; ito l'histoire sainte (1664, in-42)
[brdgé de l'histoire a" \ngleterre, d'Ecosse etd'Irlandi
(lin, 7 3 vol. in-12); [brégé chronologique d
romaine (1070, S vol. in-12); l'Histoire
Grand (1671, in-12), etc.
DU VERGER (Louis-Théodore Vêrok-), ingénieur fran-
çais, né à Dunkerque le Ier mai 1814. Il appartient au corps
des ponts el chaussées, dans lequel il a joue un grand rôle, el
esl aujourd'hui ( 1 892) en retraite. Après une « te d'ingénieur
très active, Duvergeresl devenu directeur des chemins de
l,i, position qu'il a occupée avec honneur i lanl plusieurs
années, lors de la mise en œuvre du programme Freycinet.
Duverger a contribué pour uni' bonne part a diminuer les
exagérations du classement, exagérations qu'une tendance
naturelle des membres du Parlement risquait de faire dé-
passer toutes bornes.
DUVERfiER (Alexandre-Jacques Véros-), né à Paris le
18 avr. 1818. Suppléanl a la Faculté de droit île Paris le
21 juiL 4847- Par arrêté ministériel du 30 oct. 1851,
M. Duverger fut chargé du cours de droit constitutionnel
fiançais et il devait ouvrir son enseignement le jour même
du coup d'Etat du 2 dée. Le cours n'eut pas lieu et ne
fut jamais l'ait. On lui ronfla ensuite le cours d'introduc-
tion générale à l'étude du droit (1855), puis la chaire de
code civil (1857) qu'il a occupée jusqu'au 26 juil. 1888.
Pendant cette longue carrière, M. Duverger a toujours
attiré un très nombreux auditoire autour de sa chaire par
la clarté et la méthode de son enseignement et aussi par
la richesse et l'érudition de sa science. On doit aussi à
M. Duverger plusieurs ouvrages ou mémoires importants :
De l'Effet de la transcription relativement au droit
du vendeur (Paris, 1805, broch. in-8); Etude de juris-
prudence et de législation, observations sur le mémoire
de M. Batbie intitulé Revision du code Napoléon (Pans,
1867, in-8); Delà Condition politique et civile des
femmes (Paris, 1872, broch. in-8); le Code civil et la
Paix sociale (Paris, 1880, broch. in-8); l'Athéisme et
le Code civil (Paris, 1888, in-12).
DUVERGER (Théophile-Emmanuel), peintre français
contemporain, né à Bordeaux le 7 sept. 1821. Cet artiste
commença par cultiver la peinture décorative; ses facultés
de fine observation le portèrent ensuite à s'essayer dans de
petites toiles de genre, et il trouva bientôt le succès. Ses
compositions humoristiques, bien disposées, peintes avec
une touche fine et grasse en même temps, d'une gracieuse
harmonie, n'ont pas cessé depuis ses débuts dans ce genre,
au Salon de 1853, défigurer chaque année au palais de
l'Industrie; le goût en paraît cependant parfois un peu
vieillot. Ees meilleurs de ses tableaux sont : la Visite de
In nourrice (S. 1859); la Gamelle du grandfapa ; les
Dames de charité (S. 1801); lesDerniers Sacrements;
les Bohémiens; la tirette de l'aveugle (S. 1863);
Cache-cache (S. 1804); le Laboureur et ses Enfants
(S. 1865; au musée du Luxembourg); la Fille repen-
tante; Bourg de '.lut-, (S. 1866); la Fêle de la grand'-
maman (S. 187!)) : la Veille du marchc($. 188-1); Lunch
àEcouen(S. 1889). Ad. T.
DU VERGER de Cuabannes (Marquis) (V. Chabahnes).
DU VERGER de Hauranne (V. Du Vergœb de Hal-
kanne).
DUVERG1ER (Jean-Baptiste), jurisconsulte, né à Bor-
deaux le 25 août 1792, mort à Bordeaux le 2 nov.
1877. Inscrit au barreau de Paris en 1821, bâtonnier en
1844 et 1845, il a été pendant quelque temps directeur
îles affaires civiles au ministère de la justice ci esl entre
au conseil d'Etat le 7 mars 1855, où il devinl président
de section en 1866. Il fut garde des sceaux du 17 juil.
1809 au 2 janv. 1870, et entra ensuite au Sénat. Dès son
arrivée à Paris, il avait entrepris la Collection des cons-
titutions, chartes et lois fondamentales des peuples de
{"Europe et des deux Amériques (1821-1823, 6 rot
in-8). I.n 1824, il commença sa Collection des lois, <<■-
. ordonnances, règlements et avis du conseil
d'Etat depuis 1788 jusqu'à 1894, chutes par ordre
chronologique (1824-1 828, 1'» vol. in-8); 2 édition con-
tinuée jusqu'en 1830 (4834-1838, 30 vol. in-8). Depuis
[830 la collection s'augmente d'un volume par année Ce
recueil esl un des plus complets qui existent. Deux vo-
lâmes de tables ont paru en 1834-4838,61 quatre autres
en 1890. M. Duvergier a en outra publie divers travaux
il,- droit, dont le principal est la continuation de l'ouvi
de Toullier sur le code civil; cette continuation est elle-
même restée inachevée; elle va de l'art. 1582 à l'art. 19
(6 vol.).
DU VERGIER ou DU VERGER DE Mai manne (Jean), abbé
deSaint-CyranouSaint-Siran (Sigirannus), né a liayonne
en 1581, de famille noble, mort le 11 oct. 1643. Apres
avoir fait en France ses humanités et sa philosophie, il alla
étudier la théologie à Louvain, ou la doctrine de Bains
(V. ce nom), momentanément comprimée, avait repris
vigueur à l'occasion des controverses provoquées par le
molinisme (V. ce mot). 11 y forma un commerce fort in-
time d'amitié et d'étude pieuse avec un étudiant un peu plus
jeune que lui, mais qui se distinguait déjà par de brillants
succès scolaires, Cornélius Jansénius (V. ce nom).
cours terminés, il revint à Paris et parvint a y amener son
ami, à qui il procura un emploi de précepteur dans la fa-
mille d'un conseiller. En 1609, il publia un écrit intitulé
Question roiale où il est monstre en quelle extrémité.
principalement en temps de paix, le sujet /jourroit
eslre obligé de conserver la vie du prince aux dépens
de la sienne (Paris, in-8). Dans ce livre, qui avait pour
objet de résoudre un cas de conscience posé par le roi
Henri IV, Du Vergier indique plusieurs occasions ou un
homme peut se donner la moi I sans être homicide de soi-
mème, et il en conclut qu'à plus forte raison le sujet doit
conserver la vie du prince aux dépens de la sienne. Dans
les premières Réponses aux lettres provinciales, Pascal
fut formellement sommé de se prononcer sur cette doctrine ;
il s'abstint prudemment de répondre. Vers 1011. Du Ver-
gier et Jansénius allèrent à Dayonne ; ils y étudièrent en-
semble les Pères et particulièrement saint Augustin, avec
une application qui mit en péril la santé de Jansénius,
obligé de se partager entre cette étude el la direction d'un
collège nouvellement fonde, dont l'évèque de Bayonue.
Bertrand d'Eschaux, l'avait établi principal. Cet évéque
avait aussi nommé Du Vergier chanoine de sa cathédrale.
Avant été promu à l'archevêché de Tours, devenu vacant
par la démission de Sébastien Caligai, parent du maréchal
d'Ancre, il fit en sorte que Du Vergier allât à Paris. Jan-
sénius n'étant point assure de la laveur du nouvel évéque
de Bayonne, s'en retourna à Louvain (1017) ou on le lit
principal du collège de Sainte-Pulchérie. Mais il résigna
cet emploi, qui l'empêchai! de se livrer a ses éludes pi
rées, et, stimulé par les leltres de son ami, il poursuivit
les longs travaux qui aboutirent à la composition de son
Augustinus.
Après un séjour assez court à Paris, Du Vergier se ren-
dit auprès de M. de La Bocheposay. évéque de Poitiers.
qui avait pris les armes pour expulser les protestants. Il
avait écrit, afin d'innocenter ce procédé, une Apologie
pour maître //.-/.. Chasteignier de La Rochèposag,
évéque de Poitiers, contre ceux qui disent qu'il n'est
pus permis aux eccl mstiques d'avoir recours aux
armes en cas i Ité (1615, in-8). Il reçut de cet
évéque un canonicat, dont il se démit pour le prieuré de
Bonnevilie. En 1620, il résigna ce prieuréen faveur d'un de
se- neveux. Martin de Barcos (\ .cenom). La même année,
['évéque de Poitiers le pourvut de l'abbaye de Saint-Cyran
en Touraine, qui lui appartenait. I>ès lors. Du Vergier ne
fui plus guère désigné que sous le nom de Saint-Cyran.
Il réduisit son abbaye a la stricte observance de la règle
el revint a Paris. C'est v,r- celle époque qu'il entra en
— 1 47 —
lil VERGIER
relations avec Arnauld d'Andilly. — Ces! en ce temps-là
aussi que les adversaires du jansénisme plaeenl ce qu'ils
appellent le Projet de Bourg-Fontaine. Dans le chap. n
d'un livre publié par ordre de la reine (Réfutation juri-
dique de (V qui s'esi passé à Poitiers touchant lanou-
celle doctrine des jansénistes; Poitiers, 1654, in-8),
FiUeau du qu'un ecclésiastique de mérite, passant par Poi-
tiers, s'adressa à lui. on sa qualité d'avocat du rni, et lui
déclara qu'en lii-Jl il avait assisté, à Bourg-Fontaine,
chartreuse près de Yillers-f.ollcrets. a une assemblée com-
posée de six personnes attachées a la nouvelle doctrine. Il
s'j était ad de remplacer la religion chrétienne par le
déisme; mais à cause des dangers d'une pareille entreprise,
directement poursuivie, il avait ete convenu que l'on com-
mencerait par discréditer les sacrements de la Pénitence et
de l'Eucharistie. Filleau ne donnait que les initiales des
noms des assistants, mais on nomma Saint-Cyran ; Jansé-
nius: Cospéan, évéque de Langres, puis de Lisietu ; Camus,
évéque de Belle] ; Ainauld d'Andillv: S. Viguier, conseil-
ler au Parlement. Dans sa XVI' lettre à un provincial,
Pascal a cru devoir réfuter celte déposition, qu'une mani-
l'este invraisemblance suffisait amplement à démentir. Il lui-
lait plus que 1 aveuglement produit par la passion religieuse
pour attribuer un complot en faveur du déisme a des
évéques vivant largement de l'autel et aux jansénistes de
la première génération, tant épris de saint Augustin et tant
crédules aux miracles. Néanmoins, l'accusation lut reprise
plus tard par le 1'. Sauvage, jésuite lorrain (Réalité du
frojet de Bourg-Fontaine démontrée par Vexéeution;
ans, 1755, -2 vol. in-12). D. Clémencet, bénédictin, lui
répondit (la Vérité et Vinnocence victorieuse de la ca-
lomnie ou huit lettres sur le projet de Bourg-Fon-
taine ; Paris, 17<>S, i vol. in-S).
En \tiïî, Saint-Cyran se fixa définitivement à Paris ; en
1623, il lit un voyagea Péronne, pour y rencontrer Jan-
sénius et conférer avec lui sur l'ouvrage que celui-ci médi-
tait. Lui-même continuait à compulser les conciles et les
Pères. Il saisit l'occasion de faire valoir son érudition sur
ces matières, en attaquant un livre du P. Garasse (Somme
théologique des Vérités capitales de la Religion Chres-
tienne; Paris. 1625, in-fol.). dette critique, publiée sous
le nom d'Alexandre de l'Exduse, a pour titre : Saturne
des Fautes et Faussetés contenues en la Somme Théo-
logique du /'. Garasse (Paris, 1626, in-4). Elle est dé-
diée au cardinal de Richelieu; dans l'épttre dédicatoire,
l'auteur déclare qu'il honore la Société des jésuites « comme
une des plus fortes compagnies de l'armée du 1 ils de Dieu
et qui surpasse en courage aux occasions, et l'escadron
invincible de la Macédoine, et la bande inséparable des
amoureux qui mouraient ensemble pour le bien public en
Lacédémone ». La même aimée, Saint-Cyran publia deux
autres livres BUT le même sujet : Avis de tous les savants
et amateurs de la vérité touchant la réfutation île la
Somme du P. Garasse (Paris, 1626, in-4); Réfutation
de l'abus prétendu et découvt rt de la véritable igno-
rance du P. Garasse (Paris, 1626, in-4). Maigre tous
les efforts des jésuites, la Somme du P. Garasse fut cen-
surée par la Sorbonne. Les jansénistes prétendent que cette
condamnation fut la cause de la haine que les jésuites
vouèrent à Saint-Cyran. — Il est vrai que Saint-C.yran ne
négligeait aucune orcasion de prendre parti contre les
jésuites. Des conflits de juridiction survenus entre eux et
l'évèque de Chalcédoine, vicaire apostolique en Angleterre,
avaient vivement ému tous ceux qui s'intéressaient au res-
pect de l'autorité épiscopale : et des écrits, publiés par les
jésuites pour justifier leurs prétentions, avaient ete cou-
damnés par plusieurs évéques et par la Sorbonne. En 1631,
parut un gros livre, intitule Pétri iurelii theologi opéra
(Paris, in-fol.), exposant la hiérarchie ecclésiastique et
défendant les évéques contre les usurpations «les ordres
religieux. Petrus Aurelius étant complètement inconnu,
on attribua le livre a Saint-Cyran, qui n'en avait guère
été que l'inspirateur, la plus grande partie, sinon la tota-
lité de l'ouvrage, avant ete composée par M. de BarcOS,
son neveu. I. 'assemblée du cierge en approuva la doctrine
el le lit réimprimer plusieurs l'ois à ses frais (1636, 1641,
1646). La troisième de ces éditions contenait un bel éloge
de l'auteur par Godeau, évéque de (liasse el de Vence.
Plus lard, le même clergé décréta la défense de faire l'éloge
de Saint-Cyran.
Les premiers rapports entre Saint-Cyran et la M. Angé-
lique Ai naulil et la maison du Port-Royal eurent lieu vers
1623. Avant appris que la M. Angélique avait amené à
Port-lioyal trente filles pauvres de l'abbaye de Maubuisson,
Saint-Cyran lui écrivit pour la féliciter de la grâce qui lui
avait fait pratiquer d'une manière parfaite le désintéresse-
ment prescrit aux maisons religieuses. Il s'établit entre
eux un commerce de lettres; mais il n'y eut alors aucun
rapport pour la direction de conscience. Dès 1626, la Mère
s'était soumise à la direction de Zamet, évéque do Langres;
les pères de l'Oratoire furent introduits à Port-Royal et
devinrent les directeurs des religieuses. Saint-Cyran ne
venait guère que pour quelques conférences ou lorsqu'il
était appelé par la Mère, dans les occasions où elle se
trouvait sans ressources pour le temporel et ou elle avait
besoin soit de consolations, soit de secours en argent, qu'il
lui faisait trouver. Il y alla aussi pour constater un des
miracles qui fuient si nombreux dans ce milieu. Ce fut
seulement en 1633 que Saint-Cyran commença à supplanter
Zamet. On venait d'installer rue Coquillière V Institut du
Saint-Sacrement dont la fondation avait été conçue par
Zamet et par la duchesse de Longueville, mais dont les pre-
mières religieuses avaient été tirées de la maison de Port-
Royal et dont la direction avait été confiée à la M. Angélique.
L'archevêque de Sens, qui n'aimait pas l'évèque de Langres,
voulant discréditer l'esprit de la dévotion pratiquée dans le
nouvel institut, suscita une affaire qui tient une large place
dans l'histoire des querelles religieuses de ce temps-là,
l'affaire du Chapelet secret du Saint-Sacrement. Ce
qu'on appelait ainsi était un petit écrit composé par la
M. Agnès, sœur de la M. Angélique. Il avait pour objet de
célébrer avec amour les attributs de Jésus-Christ dans l'Eu-
charistie. L'auteur en comptait seize : sainteté, vérité,
liberté, existence, suffisance, satiété, plénitude, émi-
nence. possession, règne, inaccessibilité, incompréhen-
sibilité, indépendance, incommunicabilité, illumina-
tion, inapplication, et elle produisait pour chacun d'eux
ses sentiments d'amour et d'admiration dans un style où
la pensée et l'expression devançaient la littérature de
M"8 de Scudéri. L'archevêque de Sens prétendit que ce
Chapelet était plein d'illusions et il le mit entre les mains
du docteur Du val, supérieur des Carmélites, qui en fit une
censure signée de sept autres docteurs avec lui. La M.An-
gélique l'envoya à Saint-Cyran qui déclara qu'il ne conte-
nait rien de contraire à la foi catholique. L'évèque de Lan-
gres s'estima engagé d'honneur à soutenir le Chapelet; à
la dérision des huit docteurs de Paris, il opposa celle de deux
docteurs de Louvain, Jansénius et Fromondus. Ils opinaient
« que le Chapelet était a l'abri de tout reproche et qu'il
ne présentait que les innocents transports d'une àme eni-
vrée de Dieu et heureusement transformée en Jésus-Christ,
comme en jugeraient tous ceux qui s'entendaient en lan-
gage d'amour divin ». Plusieurs docteurs de Sorbonne se
joignirent a cette approbation. Saint-Cyran écrivit une
Réponse aux remarques contre le Chapelet secret du
Saint-Sacrement (Paris, 1634) et une Réfutation de
l'examen de la doctrine du Chapelet secret du Saint-
Sacrement (Paris, 1634). Naturellement, les jésuites
prirent parti pour la censure et. afin de donner plus de
force à l'accusation, ils publièrent que le Chapelet reflétait
les doctrines de (.enéve. La vérité est qu'il ne se rapproche
nullement du calvinisme, mais beaucoup du quiétisnie. La
cause fut portée a liome ou le Saint-Père jugea, avec dex-
térité, que le Chapelet ne devait être ni censuré ni mis à
l'index, mais supprimé, de peur que les personnes simples
n'en abusassent. En partant pour son diocèse, Zamet en-
Dl H.liLILK
- 148 -
gagea Saint-Cyran a rendre Borviœa ses filles pendant son
absence, à leur faire des conférences, a les conduire par
ses conseils el même ;i les confesser. Lorsqu'il revint à
Paris, il put constater que Sainl Cyran était en possession
<le la suprême autorité sur la conscience de la H. Angélique
et de là plupart «les religieuses. Le l<> févr. ' 136, la
H. Angélique, avec l'autorisation de l'archevêque de I
quitta l'institut, s'y lit remplacer par l'abbesse de Port-
Royal, qui lui était entièrement soumUe, el bo relira elle-
même a Port-Royal, Peu de temps après, Saint-Cyran céda
ses fonctions de confesseur du Saint-Sacrement a l'abbé
Singlin, son disciple, qui depuis quelque temps déjà con-
fessait à Port-Royal. Le 19 mai 1638, l'établissement de
la rue Coquillière fut complètement abandonné et les reli-
gieuses revinrent à Port-Royal. Bien avant leur retour, on
avait évincé péremptoirement l'évêque de Langresde cette
maison.
Depuis longtemps déjà, Saint-Cyran jouissait d'un grand
crédit parmi tous les adversaires, toujours m nombeux, des
jésuites. Son incontestable austérité, sa longue étude de
saint Augustin, son opiniâtre rigidité avaient aussi du lui
attirer la confiance de beaucoup de consciences enquête de
discipline sévère. 'La conquête de la M. Angélique et de
Port-lioyal décupla ses moyens d'action; non seulement
elle lui assurait le champ le mieux préparé pour recevoir
la doctrine qu'il méditait depuis tant d'années avec Jansé-
nius sur la grâce, la pénitence et la parfaite contrition ;
mais, au dehors, elle lui assurait la nombreuse clientèle pos-
sédée par la famille Arnauld et parla maison du Port-Royal;
surtout, elle le taisait participer à l'autorité et au prestige
exercés par la M. Angélique. On dit et il est vraisemblable
que des évèques, des ministres d'Etat, des magistrats, des
monastères de religieuses, des personnages du plus liant
rang et de la plus éminente piété demandaient ses directions
avec respect et les suivaient avec docilité. — En Ki'^T, les
ellets de cette puissance apparurent de la manière la plus
manifeste et, à plusieurs points de vue, de la manière la
plus iuquietanti', dans lu résolution prise par Antoine Le
Maistre, avocat au parlement de Paris, petit-fils d'Antoine
Arnauld par sa mère. Quoiqu'il ne fût âgé que de vingl-
neuf ans, il était déjà célèbre par ses plaidoiries; le chan-
celier Séguier lui offrit l'office d'avocat général au parlement
de Metz et le brevet de conseiller. Touché par un discours
de Saint-Cyran, il quitta tout ce qu'il avait déjà acquis et il
renonça à tout ce qu'il pouvait espérer dans le monde pour
se vouer à la retraite et a la pénitence, et il prit Saint-
Cyran pour directeur de sa conscience. Sa mère, qui demeu-
rait à Port-Royal de Paris, avec sa vieille mère et treize
sœurs ou nièces religieuses, lui fit bâtir une petite maison
près du couvent. Un de ses frères se joignit a lui. Us vi-
vaient en solitaires, logeant et mangeant dan-, des chambres
séparées, n'ayant d'entretien qu'avec Dieu et avec Saint-
Cyran, qui les visitait tous les jours. D'autres solitaires
étaient déjà venus près d'eux, lorsque Saint-Cyran fut
arrêté, par ordre de Richelieu, et conduit au donjon de
Vincennes (14 mai 1(k>8).
Un a attribué celte arrestation à plusieurs motifs : les
rancunes personnelles de Richelieu , les instances desjésuites,
les dénonciations de Zamel, évèque de Langres, et du cé-
lèbre capucin, Le P. Joseph, fondateur des Filles du Cal-
vaire. Tous deux avaient connu intimement Saint-Cyran el
lui avaient confié leurs religieuses; mais, après expérience
de sa direction et de sa doctrine, ils étaient devenus ses
ennemis et ses accusateurs. Tous ces motifs peuvent avoir
concouru a la décision de Richelieu, mais il nous semble
qu'il convient d'y ajouter, comme causes prochaines el
déterminantes, la mort récente de Jansénius, le désir soit
d'empêcher la publication de V Augustinus annoncé el
proue depuis si longtemps, soit de découvrir dans les
papiers de Saint-Cyran quelque chose qui pût en compro-
mettre l'effet; enfin, et suivant nous, l'inquiétude pro-
duite par la retraite d'Ant. Le .Maistre el la première
institution des Solitaires. Ces derniers faits n'alarmaient
ilemenl les familles, fart nombreuses .dors, qui
désiraient assurera leurs enfants les biens de
ceux du ciel; ils indiquai ni.
la formation don cénobitisme laîqi ml une élite
d'homm i . ardents, austères, par conséquent indé-
il . annonçant le dessein d'entreprendre l'éducation
des enfants des ha \t s familles : en un mot : une non
dans l'Egliseel peut-être un péril pour I Etat. Peu de temps
après la détention de Saint-Cyran, l'archevêque de Paria
signifia aux solitaires, de la pari de la cour, l'ordre de
delogei du voisinage du Port-Royal de Paris. Ils étaient
déjà une douzaine, parmi lesquels h-s trois frères de Le
Maistre el Lancelot. Ils avaient avec eux quelques enfants
qu'ils élevaient. Ils allèrent a Port-Roval-des-Cnamps,
abandonné par les religieuses depuis Hi-jn. Deux mois
âpre-, le lieutenant civil, Laubardemont, les en lit sor-
tir. Le Maistre, ses frères et Lancelot se retirèrent à La
Ferté-Milon, chez un ami, oa ils vécurent pendant quinze
mois dans une entière solitude; puis ils revinrent a Port-
Royal-des-Champs; en 1643, ils y ouvrirent leurs écoles
pour les petits messieurs. Richelieu était mort et Saint-
Cyran, nus en liberté, put saluer et bénir les débuts d'une
entreprise qu'il avait instamment recommandée a ses dis-
ciples.
Les papiers de Saint-Cyran furent saisis après son ar-
restation. Une partie, peut-être la plus compromettante,
avait été enlevé/ par M. de Barcos. Il en restait de quoi
former trente-deux gros volumes in-folio : ils contenaient
tU-~, projets d • livres, des n ites, des extraits d<
L'information fut d'abord confiée à Laubardemont, a qui
Saint-Cyran refusa de répondre pane qu'il n'était pas
théologien : ensuite à Lescot, docteur en Sorbonne, depuis
évèque de Chartres. Elle n'aboutit pas à une poursuite for-
melle, soit qu'elle n'eut point fourni les preuves nécessaires
a une condamnation, soit que Richelieu eût reculé devant
uw mesure extrême, estimant qu'il sutlisaii de retenir
Saint-Cyran à Vincennes pour le rendre inoffensif. Il ou-
bliait que la persécution exaile ceux qu'elle n'écrase point.
Saint-Cyran y gagna L'auréole du martyre, aux yeux de
ses partisans, et, dans le monde, les sympathies d' tous
ternis du ministre redouté et abhorre. Sa captivité,
d'abord fort rigoureuse, se relâcha peu à peu, au point
qu'il put recevoir les coiiiinunicat.ùiis de ses amis et leur
faire parvenir de nombreuses lettres. Ce fut alors que An-
toine Arnauld. celui que ses contemporains appelèrent le
Grand Arnauld. se mit sous sa direction el écrivit sous son
inspiration le livre De la Fréquente Communion (im-
prime à Paris en août 1643, muni de l'approbation de
vingt-quatre docteurs en Sorbonne et de seize prélats). —
Apres la mort de Jansénius (1638), ses disciples avaient
fait commencera Louvain l'impression de son Augustinus.
Lesjésuites s'efforcèrent de le faire supprimer avant son
apparition; ils corrompirent nn des ouvriers de l'impri-
meur Zeghers el - èrenl les feuilles a mesure
qu'elles étaient composées; ds les envoyèrent a Rome pour
obtenir la condamnation de l'ouvrage. Mais ce vol n'eut
pas d'autre résultat que de rendre manifestes leurs prin-
cipes el leurs procédés en matière de probité. L'université
de Louvain soutint les partisans de Jansénius et l'ouvrage
parut à Louvain, en 1640; à Paris, en 1641. Le nouveau-
né, si 1 ingtemps attendu el si péniblement mis au monde,
trouvait en France, à Port-Royal et a l'entour, prépares
par Saint-Cyran, un berceau solid !, des marraines ardentes,
el des pi lévoués. Le
ti mars 1642, Urbain Vlll èdicta une bulle ordonnant la
s ion du li\ re comme i
condamnées; mus cette bulle ne fut publiée que le 11 dec.
164 I, de a ts la mort de Saint-Cyran.
Saint-Cyran avait été mis en libelle le ti févr.
deux mois après la mort de. Richelieu, sur l'ordre d
vigny, ministre d'£tat, à la demande de Mole, premier pré-
sident, et de Bignon, avocat gênerai. La M. Angélique
s'empressa d'annoncer celle délivrance aux religu
1 18 -
Dl YEUCIKK
Port-Royal : elles étaient alors au réfectoire : afin de no
point rompre le silence réglementaire, la mère dénoua sa
ceinture. Toutes comprirent que les liens du martyr avaient
été brisés, <'i la joie se répandit sur tous les \isaues. Ra-
mené do Vinceunes par d'Andilly, il leur rendit visite le
même jour, avaul de se rendre «mi sa propre maison. Il
mourut huil mois après, frappé d'apoplexie (H oct. 1643).
lisciples lui attribuèrent des miracles; ses adversaires
l'accusèrent d'avoir refusé les sacrements de l'Eglise. De
Caumartiu, èvéque d'Amiens, officia a ses funérailles,
. ,1,. six évoques. V l'instigation do la M. Angélique,
corps tut dépecé en reliques. Le cœur, donné d'abord à
Arnauld d'Andilly, lui ensuite conservé à Port-Royal-des-
Champs ; les entrailles, portées à Port-Royal do Paris ; les
maius. coupées, remises a la M. Angélique. Son épitaphe,
placée près du maître-autel on l'église Saint-Jacques-
du-Haut-Pas, commence par ces deux devises significa-
tives : Vous n'aurez point de livre nouveau \ Vous
n'aurez point de irrité nouvelle. Après avoir constaté
la haute science et la profonde humilité de Saint-Cyran ;
son «de ardent pour l'unité dc> l'Eglise, pour la tradition
des Pères et la doctrine de l'antiquité; ses combats contre
les hérétiques contemporains, pour la défense île l'Eglise
catholique, à laquelle il était uniquement attaché, cette épi-
taphe constate que Saint-Cyran est mon regretté de tout le
clergé de Fiance et de ton- les gens ne bien-
Plus encore que celle de plusieurs autres, t'oit vantés
dans le cénacle île Port-Royal, la lecture des livres de
Saint-Cyran produit une singulière impression d'étonne-
ment et de déception. H semble que l'admiration qu'ils ont
excitée ne peut être attribuée qu'a un miracle de la grâce
sistible. Dans ton- les cas. il tant chercher à l'incon-
ible succès qui lit de Saint-Cyran l'instituteur du jan-
sénisme en France, d'autres causes que sa valeur comme
penseur et comme écrivain. Il est lourd et Ion-, bizarre et
même baroque, diffus et confus, obscur à ce point que
parfois on se demande s'il se comprenait lui-même. — Prin-
cipaux ouvrages, outre ceux qui ont été précédemment
mentionnés : Tliéologie familière on briève explication
des principaux mystères de la foi (l'ans. 1642);
Lettres chrétiennes et spirituelles (Paris, 1645, 2 vol.
in-'.: Lyon, 1647,2 vol. in-8; 1648, 2 vol. in-12) ;
Lettres spirituelles et chrétiennes uni n'ont point été
publiées jusqu'à ce jour (Paris. 1744, in-12). D'autres
lettres, saisies après l'arrestation de Saint-Cyran, ont été
publiées par les jésuites ; mais les jansénistes prétendent
qu'elles ont été tronquées et falsifiées. Vie de lu Sainte
Yierge ou l n sur ses pis et autres mys-
tères, sousle pseudonyme de Granval (Paris, 1664, in-12);
•ations chrétiennes sur lis dimanches et fêtes
,lc /</ Vierge et des Saints (Paris, 1670, 1671, iuss,
2 vol. in-8). E.-H. Vollet.
Bibl. : Lani blot, Mémoi i i( l'abbé de Sain t-
Cyra 1738, -' vol. in-12. — Du Fossé,
tir ù i histoire de Port-Royal; I trecht,
1739 in-12. — Besoigne, Histoire de Vabbaye royale de
Port-Royal; Cologne, 1752,6 vol. in-12.— D. Clbmencet,
Histoire générale de Port-Royal; Paris, 1755, 1756, 10 vol.
in-12. — ai:-ai m d'Andti ly, Mémoires au sujelde Mes-
gire Jean Du Verger de H - Vies inléres-
>;m/es eN;</i/ia;i(e.s rfe.s religieuses de Port-Royal; 1751.—
s.vi:, ; t'-i i-, i-1'", 8 vol. in-18.
DUVERGIER de Hauranne (Jean-Marie), homme poli-
tique et publiciste français, né a Rouen le21 mars 1771,
mort à Paris le 23 août 1831. Il était depuis longtemps
négociant dans s;! \ille natale, quand les électeurs de la
Seine-Inférieure l'envoyèrent a la Chambre des députés
(181 5), où il fit preuve d'un entier dévouement à la royauté,
mais lutta énergiquement contre la politique haineus et
réactionnaire du paili ultra-royaliste. Réélu aprèsl'ordon-
nance >\u '■< sept. 1816, il soutint de toutes ses loues les
uiiiiisieiv> Richelieu et Dessolle et prit fréquemment la pa-
role dans les discussions relatives au droit constitutionnel,
aux finances et auxdouanes. Ecarté du Parlement en |819,
il y filtra a la lin de 1820 i pulé ministériel,
mais se rapprocha sensiblement de l'opposition libérale
après l'avènement du cabinet Villèle (déc. !821)qui,pour
le punir de ses discours en faveur de la liberté de la presse
(1822) et contre l'expédition d'Espagne (1823), empêcha
>a réélection après la dissolution de 1824. Dès lors Du-
ver ier de Hauranne dut se contenter d'écrire. Sans
parler de ses discours, on a de lui plusieurs ouvrages im-
portants, parmi lesquels nous citerons : Coup d'ail sur
l'Espagne (1824, in-8); De l'Egalité etdudroil d'aînesse
(1826, in-8) : DeVOrdre légal en France (1825-1828,
•2 vol. in-8) ; Du Jury uni/luis cl du jury français
(IS27, in-8) ; Lettres sur les élections ayiglaises et sur
la situation tic l'Irlande (1828, in-8). A. Debibouh,
DUVERGIER de IIai -haxxk (Prosper), homme politique
et écrivain français, lils du précédent, né à Rouen le 3 août
I7!W, mort au château d'Ilerrv, près de Sancergues (Cher),
le IU niai 1 S S I . Après de sérieuses éludes politiques,
il collabora non sans éclat, avec Guizot et Rossi, au Globe
(IS2i), puis ;ï la Revue française, et devint, jeune encore,
un des chefs les plus influents du parti doctrinaire. Hn-
voyé a la Chambre t\rs députés en 1831 par les électeurs
de Sancerre, il soutint d'abord résolument la politique mi-
nistérielle de conservation et de répression qui prédomina
sous les cabinets du 13 mars 1831 et du II oct. 183*2.
Ses idées, on ne sait trop pour quelle cause (peut-être par
suite de quelques déceptions personnelles), subirent une
évolution sensible après l'avènement du ministère du 15 avr,
1837. Duvergier de Hauranne se jeta dans L'opposition de
gauche, publia sur les Principes du gouvernement re-
présentatif et leur application (1838, in-8) un livre
qui n'était que le développement de la fameuse maxime :
Le roi règne cl ne gouverne pus, et fut un des promo-
teurs et des meneurs de la coalition parlementaire qui ren-
versa Mole, en I8ii!). Ami et partisan de Thiers, dont il
devint dès lors le principal lieutenant, il fut, après la chute
de ce ministre (2!) oct. 1840), un des plus redoutables
adversaires de la politique de résistance dont Guizot était
la plus puissante personnification.
Son infatigable activité, son talent d'écrivain, son apti-
tude parfaite aux combinaisons et aux intrigues parlemen-
taires, lui permirent déjouer un rôle considérable dans les
demi 'ies années du règne de Louis-Philippe. Après avoir
fait abolir le scrutin secret (1845), il lança, en 18i(i, un
écrit retentissant sur la Réforme parlementaire et la
réforme électorale, et organisa cette campagne des ban-
quets d.oit le résultat devait être le renversement d'un
régime dont il ne souhaitait que l'amélioration. Reconnais-
sant trop lard son imprudence, il se rallia, dans l'Assem-
blée constituante de 1818, ou il l'ut envoyé parle dép. du
Cher, a la politique antirépublicaine de la droite. Aussi
ne fut-il pas réélu en 1 S ï < » à l'Assemblée législative, ou il
ne parvint à entrer qu'en déc. 1850, par suite d'une élec-
tion partielle. Il y combattit, avec les orléanistes ses amis,
la politique de l'Elysée, fut arrêté le 2 déc. 1851, avec un
grand nombre de ses collègues, a la mairie du Xe arron-
dissement et, après cinq semaines de détention, exilé de
France, où il ne put rentrer que le 7 août I8.'>2. Con-
damné pour longtemps à la vie privée, il consacra ses
loisirs a un important ouvrage intitulé Histoire du qou-
vernement parlementaire en France de 181 ià I8i8,
qui a paru en II) vol. in-8, de 1K.V>7 a IK7li. Elu membre
di: l'Académie française le lit mai 1870, il affirma avec
éclat sis vieilles convictions libérales dans son discours de
réception (29 févr. 1872). Il alla plus loin et se rallia hau-
tement à la République conservatrice inaugurée par son ami
Thiers. Il échoua pourtant, aux élections sénatoriales du
Cher (30 janv. 1876). Ayant perdu son fils l'année sui-
vante, il renonça pour toujours a jouer un rôle politique. —
Un a de lui, outre les ouvrages cités plus haut, et quelques
vaudevilles, œuvres de sa jeunesse, beaucoup de discours
rapports, publiés en brochures, et de remarquables
articles écrits a diverses époques dans la Revue des Deux
Mondes. A. Dehiuour.
DI'VEHGIEIl - DUVERNOY
- ISO -
DUVERGIER D8 Hauhanne (Louis -Prosper- Ernest),
nomma politique et publiciste français, lils du précédeot, né
à Paria le 7 mars 1NÎ3, mort ;i Trousillc le 12 août IN77.
Apres de brillantes études el un voyage ans Etats— 1 nia
qu'il raconta bous le titre de Huit Mois en Amérique
M 866, 2 vul. in-18), il prit part aux luttes de l'opposi-
tion libérale contre l'Empire et se signala par deux écrits
remarqués: lu le Gouvernement personnel (1869,
in-32) ; 2° la Coalition libérale (4869, in-8). Capitaine
de mobiles pendant la guerre de I S 7 0 , blesse1 à Bcaune-
la-Kulande, il l'ut, le 8 t'evr. 1871, envoyé comme député
parle dép. du Cher a l'Assemblée nationale, ou il prononça
d'importants discours et se déclara sans réserve en faveur
de la République. Après avoir soutenu jusqu'au bout le
gouvernement de Thiers, il combattit l'Ordre moral (1873-
1874) et contribua au vote des nouvelles lois constitution-
nelles en 1H7S. Envoyé à la Chambre par les électeurs de
Sancerre le 20 févr. 1876, il tut, après le l(i mai 1877,
au nombre des 363 députés républicains qui se prononcèrent
contre le ministère de Broglie. Il eut été sans doute réélu
sans peine, si la maladie qui le minait depuis longtemps ne
l'eût prématurément emporté quelques semaines avant les
élections du 14 oct. A. Debidour.
DUVERGIER de La Rochejaquelein (V. La Rocheja-
quelein [Duvergier dej).
DUVERNAY (Marie-Louise), danseuse française, née
vers 1810, débuta vers 1830 à l'Opéra. Elève de Coulon,
artiste de ce théâtre, elle était extrêmement jolie, et sa
grâce charmante, jointe à un véritable talent d'exécution,
la faisait surtout remarquer dans la pantomime, qu'elle
jouait avec habileté. Elle fit sensation dans le rôle de
Miranda, qu'elle créa dans un opéra-ballet d'IIalévy,
la Tentation. Elle quitta l'Opéra vers 18i0, pour aller
se fixer à Londres, où elle avait obtenu de très grands
succès. Elle épousa en Angleterre M. Lyne Stephens, qui,
en mourant, lui laissa toute sa fortune. Cette fortune
devait être colossale si l'on en juge par ce fait que
Mme Duvernay-Stephens contribua pour 100,000 liv. st.,
soit deux millions et demi, à l'érection de l'église catho-
lique de Cambridge, consacrée, en 1890, par l'évêque de
Northampton.
DUVERNET (L'abbé Théophile Imarigeon), littérateur
français, né à Ambert en 1734, mort à Paris en 1790.
Très lié avec les encyclopédistes, il devint principal du
collège de Vienne, puis du collège de Clermont et entra
en relations avec Voltaire qui lui témoigna beaucoup
d'amitié et ne craignit pas de lui attribuer deux ou trois ou-
vrages dont il ne se souciai i pas qu'on le soupçonnât l'au-
tour. Très caustique, l'abbé Duvernet s'attira l'animosité
d'Amelot, d'Esprèménil, de Linguet, de Sabatier, qui le
firent enfermer à la Bastille, à plusieurs reprises, et fina-
lement exiler en Auvergne pour des pamphlets comme
M. Guillaume ou le Dispuleur (Amsterdam, 1781,
in-8); les Dîners de M. Guillaume avec l'histoire de
son enterrement (1788, in-12). On a de lui : la Vie de
M. de Vol luire (Genève, 1786, in-8) ; cette biographie,
composée à la Bastille, fit beaucoup de bruit ; Réflexions
critiques et politiques sur la tragédie (Paris, 1773,
in-8) ; V Intolérance religieuse (1782, in-8) ; Histoire
de la Sorbonne (1790, 2 vol. in-8) ; les Dévotions de
Mme de Bethzamoot et les Pieuses Facéties de M. de
Saint-Ognon (Paris, 1789, in-8) ; la Retraite, les
Tentations et les Confessions de Mme lu marquise de
Montcornilton (1790, in-8). Il a encore édite les Lettres
de Voltaire it l'abbé Moussinot (1781, in-8) avec de
scandaleuses interpolations que M. Comtat a signalées en
éditant les véritables lettres, d'après les originaux con-
servés à la Bibliothèque nationale (Paris, 1875, in-8).
DU VERNEY (Guichard- Joseph), anatomiste français,
né à Feins (Loire) le 7 août 1648, mort à Pans le 18 sept.
1730. Il inaugura à Paris des leçons d'anatomie qui eurent
un tel succès que l'enceinte de Saint-Côme devint trop
étroite pour son nombreux auditoire; en 1075, il fut élu
membre de l'Académie royale des agence*, puis en 1678
obtint la ehain d'anatomie au Jardin du roi ; il releva la
science anatomique du discrédit où elle était tombée depuis
Riolan. Ouvrages principaux : Traité de l'organede Foule
(Pans. 1683, rn-8; I7ix. in-12. et antres édit. : an y
trouve la première description exacte des relations de l'o-
reille moyenne avec l'oreille interne et en physiologie des
qui permettent de désigner Du Veroey comme
le précurseur de Helmholtz ; Truite il, -s maladies des os
(Pans. 1731, 2 vol. in-8) ; Œuvres anatomiques (Paris,
1761, -2 vol. in-8), et de nombreux articles dans let H -
es de l'Académie des sciences. DrL. Un.
DUVERNOIS (Clément), homme politique français, né à
Paris le 0 avr. 1830, mort â Paris le 8 juil. 1879. Il
débuta fort jeune dans le journalisme, collabora à la Colo-
nisai imi d'Alger, a la l'resse de Girardin, fonda l'.1///<;rj>
nouvelle, donna des articles au Temps, au Courrier du
Dimanche, à la Liberté dont il fut un moment rédacteur
en chef, au Courrier de Paris et à V Epoque qu'il dirigea.
Il se lit remarquer parla verve et l'âpreté de sa polémique
qui lui attira mainte condamnation et un duel retentissant
avec francisque Sarcey (1800). lui 1809, il fondait, avec
les subsides du cabinet de l'empereur, le Peuple auquel
Napoléon III collabora, fut bientôt nommé députe au Corps
législatif par les Hautes-Alpes (24 mai 1809) avec l'appui
du gouvernement, et joua un rôle prépondérant dans la
formation de l'Empire libéral en obtenant l'adhésion d'Emile
Ollivier à la politique nouvelle. 11 essaya vainement d'en-
trer dans le cabinet Ollivier dont il causa la chute le 9 août
1870 en présentant le fameux ordre du jour : « La Chambre,
décidée à soutenir un cabinet capable de pourvoir à la
défense du pays, passe à l'ordre du jour » qui fut adopté
par le Corps législatif, malgré les ministres. Clément
Duvernois eut alors le portefeuille de l'agriculture et du
commerce dans le cabinet Palikao (9 août 1870). Il témoigna
de grands talents d'administrateur et fit ce qu'il put pour
approvisionner Paris. Après le 4 sept., il s'établit en
Angleterre. De retour en France en sept. 1871, il fonda
l'Ordre, puis devint directeur de la Banque territoriale
d'Espagne dont la déconfiture lui causa une condamnation
à deux ans de prison. Clément Duvernois collabora depuis
au Figaro, mais d'une manière fort intermittente, et on
n'entendit plus guère parler de lui. Il a écrit : la Réorga-
nisation île l'Algérie (Paris, 1838, in-18); Pourquoi des
douanes en Algérie (183s, in-8); tes Chemins de fer
algériens (1838, in-8); l'Akbar et les novateurs témé-
raires (1838, in-18); l'Algérie, ce quelle est, ee qu'elle
doit être (1838. in-12); la Lieutenanee de l'Empire
(1859, in-18); la Réaction (1839, in-18); Progrès ou
Réaction (1860, in-18); /(; Liberté de discussion (1860,
in-18); l'Esprit et la lettre (1800, in-18); le Couron-
nement île l'édifice (1800. in-8); Un Suicide politique
(1861, in-8); l'Orléanisme et la Révolution (1864,
in-8); l'Algérie pittoresque (1803, in-12); la Vérité en
matière d'assurances sur la vie (1871, in-18); l'Union
conservatrice (1872, in-8); la Légalité rouge (1873,
in-8); le Gâchis rose (1873, in-16).
DUVERNOY (Jean-Georges), anatomiste et botaniste
allemand, né â .Moiitbeliard en 1691 . mort à Ainsladt
(Wurttemberg) en 1739. D'abord professeur d'anatomie à
Tubingue, il se rendit en 1723 â Petersbourg comme
membre de l'Académie des sciences; là il disséqua des ani-
maux etdescadavres humains et reconnut que les os trouvés
en Sibérie et décrits jusqu'alors comme provenant d'élé-
phants axaient appartenu à des mammouths. 11 revint en
Allemagne en 1741. La plupart de ses travaux sont insères
dans les Actes de l'Académie de Saint-Pétersbourg (t.II
àXIV). D'L. Hh.
DUVERNOY ou plutôt DUVERNOIS. Cette famille de
musiciens ou virtuoses célèbres comprend :
1° Frédi rie, né à Mootbéliard le 16 oct. 1703 d'après
islres de l'Opéra (car certains le Font naître le
18 oct. 1771), mort a Paris le 9 juil. 1838. Corniste
— i:;i —
DIVKKNUY — DliYEUT
célèbre, il exécuta on solo de cor u concert Bpirituel
le 6 tout 1788. La même taxi», il entra à l'orchestre de
la Comédie-Italienne. En I T:*7 . il fuirait à l'Opéra; en
1801, il v tenait l'emploi de soliste ; en 1816, il obtint sa
retraite. 11 tit partie de la musique particulière de l'empe-
reur, fut professeur au Conservatoire depuis >a fondation
jusqu'en 1815. Duvernoy avait une qualité de sou très
remarquable; mais les notes dont il faisait usage et qui
participaient du premier et du second cor, appelés par
Dauprat cor aito et <•<>>• basse, étaient d'un nombre res-
treint et présentaient a l'audition une monotonie réelle qui
nuisit BU réel talent de l'artiste. Il écrivit une Méthode
pour l'étude particulière de son instrument qu'il nommait
cor mixt». Il composa aussi des morceaux pour cor,
fantaisies et concertos qui n'ont aucune valeur et sont
oublies de nos jours.
8» Charles, frère du précédent, né à Montbéliard en
1766. Clarinettiste d'un certain talent, professeur au
Conservatoire depuis sa fondation jusqu'en 1804, il fut
attaché au théâtre Feydeau pendant vingt-cinq ans et
s'est retiré en 1844 avec la pension de vétérance. Son
jeu était brillant, d'une belle qualité de son, mais il
manquait d'élégance. Charles Duvernoy mourut à Paris le
88Pèvr. is;:>, laissant plusieurs compositions pour son
instrument.
3° Henri-Louisr-Charles, fils du précédent, né à Paris
le 16 nov. 1820, fut un professeur renommé. Après
avoir fait les plus brillantes études au Conservatoire
où il remporta tous les prix, jusqu'à celui de -1Q prix de
Rome (1848), il V entra comme professeur adjoint de sol-
. Il fut nommé professeur titulaire en 1848. Il composa
pour ses élèves divers solfèges excellents. Son Solfège à
changements de clefs (1857) fut admis dans les écoles de
l'Etat. Il composa aussi un Solfège artistique (Paris,
1860) et un Solfège des chanteurs (Paris, 1855) en col-
laboration avec Georges Kuhn, son oncle. Organiste de
plusieurs temples protestants de la capitale, il fut chargé
par le consistoire de Montbéliard de la réforme du chant
des psaumes et cantiques à l'usage du culte reformé.
Il publia deux recueils de chants liturgiques, le premier en
collaboration avec Kuhn et le second avec Duprato. Il com-
posa aussi un grand nombre de pièces légères publiées à
Paris et des ouvrages théoriques estimés (V. le complément
de la Biographie l'élis). C. Boudes.
DUVERNOY (Charles-Léopold-Eberard), érudit français,
né a Montbéliard le l'r nov. I77i, mort à Besançon le
!!• nov. 1850. Tout en occupant la fonction déjuge de paix
du cant. d'Audincourt, il eut mission de classer les immenses
archives de l'ancienne principauté de .Montbéliard, et de les
répartir entre l'Etat et les dép. du Doubs, de la Haute-
Saône et du Haut-Ilhin. Il en tira les éléments de notices
sur la plupart des localités du pays de Montbéliard, qu'il
publia dans V Annuaire du Doués, à partir de 1834. Nombre
de pièces, faisant plus ou moins double emploi, lui servirent
à composer une soixantaine de portefeuilles qui, achetés
après sa mort par la Bibliothèque de la ville de Besançon,
forment dans cet établissement la Collection Duvernoy.
Là se trouve un exemplaire remanié des Ephémérides du
comté de Montbéliard, ouvrage publié par lui en 1832.
l'époque où il fut appelé à Besançon pour diriger la
transcription des Papiers d'Etat du cardinal de Gran-
velle, dont nt-uf volumes, préparés par ses soins, ont
fiaru, avec une Introduction de Ch. Weiss, dans la col-
eclion des Documents inédits sur l'histoire de France
(1841-1852). Duvernoy a pris également une grande part
à la confection des trois premiers volumes de la collection
des Documents inédits publies par l'Académie de Besan-
çon (1835-1844); il a enfin doté d'annotations savantes
la réimpression, faite en I*i6. des Mémoires de Louis
Gollut, le premier en date des historiens de la Franche-
Comté. Auguste f'.AsTAN.
Bibl. : G. Goouel, Hommes connus, nés ou élevés ;t
Montbéliard, 1864, sixième étude.
DUVERNOY (Georges-Louis), anatomiste et zoologiste
français, paient de (1. Cuvier, né à Montbéliard le
6 août 1777. mort à Paris lo Ier mars 1855. Beçu
docteur en médecine à Paris en 1801, il collabora eux
travaux d'anatomie comparée de Cuvier et publia plu-
sieurs mémoires d'anatomie et de physiologie. Il lit ensuite
un long séjour à Uontbéliard et y exerça la médecine;
en IX-27, il accepta une chaire d'histoire naturelle à
Strasbourg et y devint doyen de la Faculté des sciences
en 1852. Il fui en 1837 appelé à la chaire d'histoire natu-
relle du Collège de France et il continua son enseignement
jusqu'en 1850, où il passa à la chaire d'anatomie comparée
laissée vacante par la mort de de Blainville. Les travaux
publiés par Duvernoy sont très nombreux; nous ne citerons
que : Leçons sur l'histoire naturelle des corps orga-
nisés (Paris, 1839, 18 '.2, in-8) ; Notice historique sur
la vie et sur les ouvrages de Cuvier (Strasbourg et
Paris, 1833, in-8), etc. DrL. Un.
DUVERNOY (Charles-François), chanteur et professeur
français, né à Paris le 16 oct. 1796, mort à Paris au
mois de nov. 1872. D'abord attaché, comme instrumen-
tiste, à l'orchestre de divers théâtres, il débuta comme
chanteur à l'Opéra-Comique en 18110, n'y resta que peu de
temps, alla tenir l'emploi des premiers ténors à Toulouse,
au Havre, à La Haye, et fut directeur des théâtres de ces
deux dernières villes. Il rentra à l'Opéra-Coniiqueen 1NÎ5,
et durant environ vingt années y remplit avec distinction
un emploi assez mal défini, mais fort utile, en même temps
qu'il occupait les fonctions de directeur de la scène. En
1851, il était nommé professeur d'une des classes d'opéra-
comique au Conservatoire, et, en 1856, chef du pensionnat,
aujourd'hui supprimé, des élèves chanteurs de cet établis-
sement. Duvernoy quitta l'Opéra-Comique vers 1865. — Le
second fils de cet artiste, M. Edmond Duvernoy, pianiste
fort distingué et l'un des plus brillants élèves du Conser-
vatoire, s'est ensuite adonné au chant, et pendant plu-
sieurs années a tenu l'emploi de baryton à l'Opéra-Co-
mique, où il a fait, entre autres, une création intéressante
dans Piccolino de M. Ernest Guiraud, en 1876. Il est
aujourd'hui professeur d'une classe de chant au Conser-
vatoire.
DUVERNOY (Victor-Alphonse), pianiste et compositeur,
né à Paris le "20 août 1842. Elève de M. Marmontel, il
remporta au Conservatoire de Paris le premier prix de
piano en 1855. En 1869, il fonda une société de musique
de chambre avec MM. Léonard, Stichle, Trombetta et Jac-
quard. En 1881, il obtint le prix de la Ville de Paris avec
ta Tempête, symphonie dramatique pour soli, chœurs et
orchestre, exécutée aux concerts du Chàtelet. En 1884, il
donnait aux concerts du Chàteau-d'Fau, dirigés par M. La-
moureux, un Sardanapale qui eut un succès honorable.
Depuis, il a été nommé professeur de piano au Conserva-
toire. Il a composé pour le piano de nombreuses pièces,
un concert-stuck et plusieurs œuvres de musique de
chambre.
DU VERT (Félix-Auguste), vaudevilliste français, né à
Paris le 13 janv. 1795, mort à Paris le 29 oct. 1876.
Engagé volontaire en 1811, il fut licencié en 1816 comme
maréchal des logis chef de dragons. Sa première pièce, reçue
sur la recommandation de Viennet, le Frère de lait
(Gymnase, 8 févr. 18-25), fut suivie de près de cent cin-
quante autres, écrites a peu près exclusivement avec la
collaboration de Saintine (Xavier), Dumersan, Lurieu,
Varin, Vamcr et surtout de Lauzanne dont le nom est
devenu inséparable du sien et qui, d'ailleurs, épousa sa
fille. Parmi ses pièces, au succès desquelles l'interprétation
d'Arnal contribua pour une large part, on peut surtout
rappeler les suivantes : Heur et Malheur (4831); les
Cabinets particuliers (ix;>"2); Prosper et Vincent
(1855); Un Scandale (1834); Renaudin deCaen (1836);
la Laitière et les Deux (finisseurs ( 1837); le Mari de la
dame de chœurs (1837); le Plastron (1839); la Famille
du fumiste (1840); l'Omelette fantastique (1842);
M'VËRT — DUVET
- 1.V2 -
l'Homme blasé (1843); Hiche d'amour (1845); Ce que
femme veut (1847); la Clef dans le dos (184
Supplice de Tantale ( 1850); Une Queue rouge ( 1852);
/,■ Pm'te mitoyen (1852); Riche de cœur (1856); En
Revenant de Pondichéry M859); Ketty ou le Retour
en Suisse (1*1)0), etc. I ne édition du Théâtre choisi de
Duverl a été publiée avec une notice par M. francisque
Sarcej (1876-1878, (i vol. in-18). M. Tx.
DUVET. On donne le nom de duvel a trois produits qui
ont entre eux une grande ressemblance, mais proviennent
de trois origines différentes ; l'un est recueilli sur cer-
tains oiseaux, l'autre sur certains animaux, le troisième
enfin est fourni par la bourre de plantes OU graines spé-
ciales.
Le duvet des oiseaux ne doit pas être confondu avec
les plumes avec lesquelles il offre cependantcertains points
de comparaison. Tandis que dans la plume îles oiseaux on
trouve toujours une partie rigide, une tige Qexible, niais
douée cependant d'une certaine force même dans les plumes
les plus fines et les plus tenues, tige à laquelle sont fixées
des barbes, le duvet n'a aucune partie résistante : le duvet
est en quelque sorte un diminutif de la plume. C'est le
nom donné aux premières plumes des oiseaux, qui recouvrent
leur corps à la sortie de l'œuf et qui chez certains oiseaux,
les oiseaux aquatiques surtout, ne disparait jamais com-
plètement. 11 couvre généralement, chez ces oiseaux, la
tète , le cou . la gorge et la poitrine ; il forme une
masse cotonneuse entre les mille interstices de laquelle
s'emmagasine l'air. On sait que ce gaz, quand il n'est pas
en mouvement, est très mauvais conducteur delà chaleur.
De là vient sa propriété d'accumuler la chaleur sur les corps
qu'il revêt, ce qui en fait le meilleur préservatif contre le
froid. Aussi emploie-l-on le duvet dans l'industrie pour en
taire des couvre-pieds, manchons, pelisses, et même, parfois,
pour en garnir les vêtements. Le duvet des oiseaux est gé-
néralement récolté sur l'animal vivant : il est alors de
qualité supérieure et plus vigoureux que le duvet prove-
nant d'animaux tués à la chasse ou morts de leur mort
naturelle. Aussi dans certains pays pratique— t-on l'élevage
de certains oiseaux produisant le duvet dont on lait une
récolte annuelle. Cette sorte de déplumage de l'animal
vivant, loin de nuire à la santé de l'oiseau, le rend au con-
traire plus robuste, et activant les fonctions de la peau pro-
cure à l'éleveur un rendement plus considérable de sa
marchandise. On ne dédaigne pas non plus le duvet des
animaux morts, ni le duvet dont certains oiseaux tapissent
leur nid ; niais sa qualité est alors inférieure. Chez les
animaux morts, il faut avoir soin de recueillir le duvet
immédiatement après la mort, sans quoi le sang de l'ani-
mal s'infiltre dans la tige et le corrompt rapidement. Le
duvet est toujours vendu au poids et à un prix qui semble
assez élevé, mais qu'expliquent et justifient cependant les
difficultés de la recolle, de l'emmagasinage, de la prépara-
tion et du transport. D'ailleurs, les prix et qualités va-
rient selon les animaux qui le fournissent. Ce sont, avons-
nous dit, en général, des oiseaux aquatiques : l'eider, le
canard sauvage, le canard ordinaire, l'oie, la cygne. On eu
récolte aussi sur l'autruche.
Duvet de l'eider. Le duvet d'oiseau le plus recherché
et par conséquent le plus cher est le duvet de l'eider, qui
porte le nom d'édredon. Il est de beaucoup le plus fin et
le plus moelleux. Ln Norvège et en Islande, les habitants des
bords de la mer cherchent à attirer ces oiseaux dans d'im-
menses basses-cours ou on les apprivoise peur les dépouiller
une t'ois par an de leur précieuse fourrure. Certains éleveurs
arrivent a récolter ainsi environ 50 kilogr. de duvel par
an. Dans ces contrées, l'eider jouit d'une grande sécurité :
on se garde de le tuer, et des fins spéciales édictentmème
des peines contre ceux qui les détruisent. Dans l'Amérique
du Xonl, au contraire, on les chasse, et leurs peaux sont
envoyées en Chine pour y être préparées. On a tenté d'ac-
climater l'eider dans l'Europe centrale, mais ces essais
sont restés sans résultat.
hinrt du canard tadorne. Le duvet do eanard tadorne
esl très doux, presque aussi recherché que oetni de l'eider;
mais il est plus gras, CC qui rend sa préparation plu&
difficile.
Duvet du canard commun. Le duvel du canard
commun est de beaucoup inférieur à celui de l'eidai
canard tadorne, el même fi celui du cygne et de l'aie.
Néanmoins, on le recueille avec soin en France sur tous
(••s animaux destinée fi la consommation. Le duvet des
autres espèces de canards, telles que sarcelles, mu. •
gairots, etc., est encore inférieur. Certains commerçants
peu consciencieux le mélangent franduleusemenl aux autres
duvets.
Duvet de Voie. Le duvet de l'oie que l'on recueille
toujours après avoir tué ranimai pour la consommation,
est employé à toute, les destinations dont le duvel d
est susceptible. Certaines villes, Strasbourg, Toulouse,
Vienne, en font un grand commerce.
Du vit, du cygne. Le duvet du cygne est ties chaa :
l'élévation de son prix provient autant de sa rareté
queile sa blancheur incomparable. Il est employé exclusi-
vement comme fourrure et sert a garnir les vêlements de
luxe ou (lésante. On en fait des pèlerines, des manchons,
des boas. Four recueillir le duvet du cygne, au lieu de
plumer l'animal, on l'écorche, de laçon que le duvel reste
adhérent à la peau.
Duvet île l' autruche. C'est le duvet le moins précieux
et le moins cher. Il est plus long, plus gros et plus diffi-
cile à dégraisser que les précédents. Il est gris ou blanc ;
on s'en sert pour fabriquer des chapeaux, tels que tricornes
et bicornes ; il est encore employé dans l'industrie de la fila-
ture pour servir de lisière aux draps lins. — Le duvet des
oiseaux, avant d'être employé dans le commerce, subit une
préparation généralement assez simple. Le duvet est d'abord
soumis à la chaleur de l'étuve qui le sèche et le débarrasse
de la vermine qui s'y trouve toujours. Fuis, si besoiu est,
il est dégraissé a l'aide de procèdes chimiques et ensuite
empaqueté en balles enveloppées de grosses toiles, par
masses de 25 et quelquefois o0 kilogr.
Duvet des quadrupèdes. Le seul dont nous ayons à
parler ici est le duvet de Cachemire provenant des chèvres
du Tibet, de Lhassa et des chèvres kirghiz. Le duvet des
premières esl beaucoup plus estimé. C'est une bourre
longue et douce qui sert à la fabrication du tissu appelé
cachemire (Y. ce mot).
Duvet végétal. Le seul duvet végétal qui soit d'un
usage constant est le coton (Y. ce mot).
La moyenne des importations est : duvet d'eider dans
ces dix dernières années : 3,140 kilogr. dont la plus
grande quantité provient de l'Allemagne; duvet de cygne
ou canard : 15,360 kilogr. qui se décomposent comme
suit : Allemagne, (>,.>()U. Russie. 5,324; Suisse, 2,125.
Divers : 1,411. Autres duvets : 76,462, provenant pour
la plus grande partie d'Allemagne. D'autre paît, il a été
exporte : 6,827 kilogr. de duvet d'oie, cygne, canard,
livrés à l'Allemagne. Suisse, Italie; 300 kilogr. livrés a
la Suisse, Espagne et Portugal. Lucien Saint.
DUVET (Jean Dhoiot, dit), orfèvre et graveur français,
né a Langres en 1 185, vivait encore en 1562. 11 est sur-
tout connu comme graveur. On lui donne le surnom de
Maître à la licorne, à cause de la présence de cet animal
dans certaines de ses compositions. Cet artiste a interprété,
souvent d'une façon très remarquable, des modèles italiens.
Il semble s'être, de préférence, inspiré de Mantegna, dont
il reproduisit plusieurs sujets. Dans ses paysages, on peut
voir quelques parties traitées a la man ère de Léonard de
Vinci. Dois le Mariage d'Adam et d'Eve. Jean Duvet a
mis la 6gure d'Adam du Péché origin l. d'Albert Durer.
de Raphaël, gravée par Marc-Antoine, a été
transformée en vierge. La gravure / le Contre-
Poison est presque la contre-partie d'un dessin de Léonard
de Vinci dont l'original est conservé au British Muséum.
L'allégorie la Majesté royale et le portrait en pied de
— 153 —
DUVET — DI'VIQI ET
Henri II au inilu'u il'uu entourage peuvent être consi-
dères eomme des compositions de réelle valeur. La prin-
cipale œuvre de Jean Duvel esl la Stute de l'Apocalypse
(4546-4555) pont la publication de laquelle il obtint en
1556 un privilège royal. Cet babile graveur, a côté de
grandes qualités de dessin, pàche souvent par la maigreur
ueeasive de ses sujets al par l'exécution trop minutieuse
îles détails. Ses compositions eut parfois un caractère confus
et tourmenté. Il n'a été conservé aucune des pièces d'or-
fèvrerie que Jean Duvet fut cbargé il'e\eeuter. Nous savons
qu'il lit, eu 132 i. un reliquaire pour la cathédrale de
Langres. Il travailla aux présents d'orfèvrerie que la
ville offrit au roi François Ier lorsqu'il vint à Langres en
1524 et 1534. Il dirigea aussi l'organisation des fêtes qui
forent données au souverain. De 1554 à 1544, il semble
avoir séjourne en Italie. Jean Duvet fut peut-être le mailre
du graveur langrois Jacques Prévôt. F. Mazebolle.
Bihi.. : E. Ji Li.irs du liouLi w, Etude sur la vie et
l'wuvre de Jeun Duvet, dit le Mailre à la licorne; Paria
w
DUVEYRIER (Honoré-Marie-Nicolas, baron), homme
politique et magistrat français, né a Pignans (Var) le 6 déc.
1733, mort à Maillieis (Seine-et-Oisej Le 2a mai 1839.
Avocat, député suppléant de Paris aux Etats généraux, élec-
teur de Taris en 1789 et en 1790, commissaire du roi à
Nancy avec C.aliier de Gerville eu 1790, membre du club des
Jacobins, il occupa les fonctions de secrétaire généra] du
ministère de la justice sous Duport-Dutertre. Un instant
incarcère sur la dénonciation de Robespierre, en août 1792,
il fut un des commissaires envoyés par le conseil exécutif
en 17;».'! dans les villes hanséatiques, le Danemark et la
Suéde, pour des achats de grains. Après le 18 brumaire, il
entra au Tiibunat. Sous L'Empire, il fut premier président
de la cour de .Montpellier et créé baron de l'Empire le 6 oct.
1*10. Destitué sous la Restauration, il rentra dans la vie
privée. Il rédigea avec lîailly le Procès-verbal de l'as-
semblée géneralr des électeurs de Paris en 1789 (Paris,
1790,3 vol. in-8). l'.-A. A.
DUVEYRIER (Anne-Honoré-Joseph), auteur dramatique
français, né à Paris le 13 nov. 1787, mort a Paris en nov.
4865, Fils du précédent, il fut reçu avocat en 1809 près la
cour de Montpellier et remplit ensuite les fonctions de substi-
tut et de procureur général, mais il donna sa démission en
1844 pour se consacrer exclusivement au théâtre. Le nombre
total des pièces qu'il a fait représenter, sous le pseudonyme
de Mélesville. soit seul, soit en collaboration avec Scribe,
Carmonche, Bayard, Merle, etc., dépasse trois cents et l'on
ne peut ici que rappeler les titres de quelques-unes d'entre
elles: l'Oncle rirai (181 1) ; Mémoires d'un colonel de
fards (18-2-2) ; la Chatte métamorphosée en femme
(4827); Zampa (1831); le Chalet (1831); Michel
Perrin (4834); la Fille de Figaro (4843); le Fruit
défendu (4848) ; les Rêves de Matheus (4852) ; Mon-
sieur Beauminel (1834) ; les Dames capitaines
(1857), etc. M. Tx.
DUVEYRIER (Charles), auteur dramatique français, né
à Paris le 12 avr. 1803, mort en nov. 18li(>, frère du pré-
cédent. 11 aida son père dans la rédaction de son Histoire
des électeurs de Paris, s'affilia au saint-simonisine et
devint un des plus zélés propagateurs de la nouvelle doc-
trine. C'est ainsi qu'il parcourut la Belgique ou il fonda
['Organisateur belge, et L'Angleterre pour y faire de la
propagande, et qu'il collabora activement à Y Organisateur
et au Globe. In article sur la Femme, qu'il v inséra en
2. le lit condamner a un an de prison. 11 acquit une
certaine notoriété comme auteur dramatique. Citons de lui :
/c Mmomine (Paris. 1*3.'). in-8), draine en cinq actes;
P Ingénieur ou la Mine de charbon (4836, in-8), mélo-
drame en trois actes : Faute de s'entendre i L838, in-8),
comédieen un acte: leComitéde bienfaisance (4839, in-8),
comédie en collaboration avec Jules de Wailly ; Lady Sey-
tnour (18«3. in-8), drame en cinq actes, etc. Il a aussi
collaboré à plusieurs des pièces de son frère et donné avec
Scribe les livrets de Polichinelle (4839), des Vêpres
siciliennes (4865) el la comédie Oscar ou le Mari qui
trompe Sa femme (1842). Apres la dispersion des saml-
siinoiiiens. Duvcvrier devint directeur de la Société géné-
rale d'annonces et il fonda, en 1848, un journal finan-
cier, le Crédit. 11 avait encore collabore a VArtistû, au
livre des Cent et un, au Monde et écrit quelques ouvrages
politiques : l'Autriche dans les principautés danu-
biennes (Pans. 1858, in-8); l'Avenir et les Bonaparte
(I8tii, in-8) ; la Civilisation, les conditions de son
enfantement el de ses progrès (4865, in-8) ; la Civili-
sation et la démocratie française (4865, in-8); l'Em-
pereur François-Joseph Ier et l'Europe (4860, in-8) ;
Nécessité d'un congrès pour pacifier l'Europe (4855,
in-8) ; la Pairie dans ses rapports avec la situation
polit iijite (1842, in-8), etc.
DUVEYRIER (Henri), orientaliste, voyageur et géo-
graphe français, né à Paris le 28 l'evr. 1840. Il recul sa
première éducation dans des institutions particulières à
Yaugirard et à Auteuil et partit ensuite à Leipzig, où il
étudia l'arabe chez Fleischer. H avait déjà la résolution bien
arrêtée d'entreprendre des voyages scientifiques en Afrique,
Il revint à Paris où il continua l'étude de l'arabe. Il fit un
premier voyage à Laghoual en 1837, et, le 8 mai 1859
il partit pour son grand voyage d'exploration dans le
Sahara, qui se prolongea jusqu'en oct. 4861. A son retour
a Alger, il tomba gravement malade, ce qui retarda la
publication de ses récits de voyage. On édita cependant
de bonne heure ses remarquables cartes du Sahara. Les
travaux de Duveyrier sont contenus en majeure partie dans
des revues spéciales : le Bulletin de la Société de géogra-
phie, les Annales des voyages, la Revue algérienne et
coloniale. Son principal ouvrage est intitulé l'Exploration
du Sahara (1er vol. : les Touaregs du Nord; Paris,
1864), avec carte. Outre ses ouvrages et ses nombreux
articles, il publie le Bulletin annuel de la Société de
géographie, et a rédigé quelque temps l'Année géogra-
phique, en collaboration avec. M. Maunoir. 11 collabore au
Dictionnaire de géographie universelle de Vivien de
Saint-Mai tin.
DUVIEUGET, poète français du xvne siècle. On cite de
lui: Diversités poétiques (Paris, 1632, in-8).
DUVILLARD de Duhand (Emmanuel-Etienne), statisti-
cien et économiste français, né à Genève le 2 avr. 1733,
mort à Paris le 1 1 avr. 1832. D'une famille de protestants
français réfugiés en Suisse lors de la révocation de l'édit
de Nantes, il vint à Paris en 1773 et fut attaché à la
trésorerie générale sous le ministère Turgot. Ses travaux
et ses publications économiques lui valurent en 1796 le
litre de membre associé de l'Académie des sciences morales
et politiques; après la réorganisation de l'Institut, il fut
correspondant de la classe d'histoire et littérature, puis de
L'Académie des inscriptions et belles-lettres. Membre du
Corps législatif de I799à 1802, il eut, à partirde 1803 et
jusqu'en 1813, la direction de la statistique de la popula-
tion au ministère de l'intérieur. Il vécut ensuite dans la
retraite à Montmorency. Outre de nombreux ouvrages de-
meurés manuscrits sur la statistique, l'astronomie, les
finances, etc., il a écrit : Recherches sur les renies, les
emprunts et les remboursements (Paris, 1787, in-i) ;
Plan d'une association de prévoyance (Paris, 1700,
in- 1) ; Formule nouvelle pour trouver la hauteur îles
lieu c par celles du baromètre et du thermomètre (Paris,
1825, in-8); Analyse ou Tableau de l'influence de la
petite vérole sur lu mortalité à Chaque âge, etc. (Paris,
1806, in-i). C'est dans ce dernier livre que se trouve la
table connue sous le nom de Ti, ible de mortalité de Duvil-
lard (V. Mortalité). Elle a été longtemps employée en
France, concurremment avec celle de Deparcieux, par les
compagnies d'assurances sur la vie; mais elle accuse une
mortalité trop rapide dans la jeunesse et trop lente dans la
vieillesse. L. S.
DUVIQUET (Pierre), homme politique et littérateur
m \i,n i r — Dm
- 154 -
français, né à Clamée; (Nièvre) le 30 oit. IT66, morl I
Paris le S0 août 1835. Avocat en 1790 et membre du
directoire du dép. de la Nièvre, il fui arrêté comme suspect,
relaxé par la protection deFouché, puis nommé secrétaire
de la commission de surveillance de Lyon et accusateur
public fi Grenoble, député au conseil des Cinq-Cents par
le dép. de la Nièvre (1798), il devint, après le 18 bru-
maire, commissaire du gouvernement près le tribunal de
Clamecy et avocat an tribunal de cassation. Démissionnaire
|iuiir drs misons d'ordre privé, il était professeur au lycée
Napoléon lorsqu'il Buccéda, en 1814, a Geoffroy comme
critique dramatique du Journal des Débats. Partisan de
la littérature classique, il apporta dans ses jugements plus
de modération el d équité que son prédécesseur et vécut
assez pour sr voir supplanter par Jules Janin. Les articles
de Duviquet n'ont pas été réimprimés ; il n'a public, en
dehors de sa collaboration aux Débats, que deux pièces de
vers sur Y Education publique et sur la Paix (1784),
une édition latine A' Horace (18-25, 4 vol. in-12), une
édition des Œuvres de Marivaux (18-27- 18.10, -II) vol.
in-8), une traduction du Coup d'ail sur les causes et les
conséquences de la guerre avec la France d'Erskine
(1797) et une notice biographique sur Boulard (V. ce
nom) en tête du catalogue de cet amateur. M. Tx.
DU VIVIER. Village d'Algérie, dép. de Constantine,
arr. de Bone; 778 hab. dont 209 Français et 81! Euro-
péens, ch.-lieu d'une commune de plein exercice qui com-
prend Medjez-Sfa et Aïn-Tahamimine et compte en tout
1,439 hab. Stat. du ch. de 1er de Bone à Constantine. Ce
village porte le nom d'un général qui commanda longtemps
la division de Bone. Il a été créé en 1 857 au lieu dit Itou-
Chagouf, au milieu d'une région riche en oliviers, et a rapi-
dement prospéré ; commerce de grains , de bestiaux et de
laine. E. Cat.
DUVIV1ER (Ees), graveurs-médailleurs français. Jean,
né à Liège le 7 févr. 1687, naturalisé Français, devint
membre de l'Académie de peinture et de sculpture en 1718,
et mourut le 30 avr. 1761. — Son fils, Pierre-Simon-
Ben jamin, né à Paris le 5 nov. 1730, lut de 1774 à 1791
graveur général des monnaies, membre de l'Académie de
peinture et de sculpture en 1776, membre de l'Institut en
1806. Il mourut le 11 juil. 1819.
Biul. : Biîllikr de La Chavignerie et Auvray, Dict.
des artistes de l'école française.
DU VIVIER (Jean-Bernard), peintre-graveur français
d'origine flamande, né à Bruges en 1762, mort à Paris le
24 nov. 1837. Elève de l'Académie de Bruges et de son
directeur P. de Cockq, il vint ensuite à Paris, et entra
dans l'atelier de Suvée en 1783. Il se consacra à la pein-
ture d'histoire et au portrait. En 1790, il partit pour l'Italie
et y séjourna six années; il se fixa ensuite à Paris. La
plupart des tableaux qu'il a peints sont restés en France;
on y remarque une bonne composition, un dessin large et
ferme, un coloris brillant. Les principaux sont: les Funé-
railles d'Hector, la Charité, le Vœu de sainte Clotilde,
Saint Jean-Baptiste enfant. Plusieursde ses compositions
ont été gravées par lui-même. Ad. T.
DU VI V I ER, médecin, né à Beauvais en 1773. Chirur-
gien militaire, il fut chargé d'importantes missions pendant
les guerres du premier Empire, entre autres de l'installa-
tion d'une école spéciale de santé, créée en 1813. Il lut
jusqu'en 183(1 chirurgien en chef et professeur au Yal-de-
Grâce. 11 a publié: Dissertation sur la fièvre miliaire
(1812, in-8); De la Médecine, considérée comme science
et connue art (1828, in-8); Traité des maladies épi-
démiques causées par les aliments sophistiqués; Elé-
ments de médecine pratique (1812, in-8), etc.
DUVIVIER (Franciade-Fleurus), général français, néà
Rouen le 17 avr. I79i, mort à Paris le 8 juil. 1848.
Elève de Polytechnique, lieutenant d'artillerie en 1814,
capitaine du génie en 1817, il devint, en 1825. instruc-
teur militaire du hey de Tunis, prit part à l'expédition
d'Algérie de 1828 et se signala à Médea et à liouf'arik.
Nommé commandant Mpérieurde Bonne en 1833, il dé-
missionna .i la suit*- d'un conflit violent avec l'autorité
civile (1835). Il participa I l'expédition de I
(1836), Fui nommé commandant supérieur dn camp de
Guelma et promu maréchal de camp en Ik.jo. Général de
division en 1848, il fut élu le 23 avril représentant delà
Seine a la Constituante, fui charge de l'organisation des
gardes mobiles el fui blesse mortellement ea réprimant
"insurrection de juin. On a de lui : Essai sur la d
des Etats par les fortifications (Paris. 1826. in-8) :
Observations sur la guerre de la succession d'Espagne
(1830, 2 vol. in-8) ; Recherches et iode sur la portion
de l'Algérie au sud de Guelma (1841, in-4) : Solution
de la question de l'Algérie (18 il, in-8); Algéi
Observations sur le dernier mémoire du général Bu-
geaud (iX'ti, in-8) ; Abolition de l'esclavage, civilisa-
tion du centre d,' l'Afrique, projet pour y parvenir
(4845, in-8) ; 1rs Inscriptions phéniciennes, puniques f
numidigues expliquées par une méthode incontestable
(I8',ti, in-8) ; Lettre sur l'application de V armée aux
travaux publics (1855, in-8). etc.
DUVIVIER (Marthe-Louise-Ernestine), cantatrice dra-
matique française, née à Paris le 27 avril 1850. Premier
prix de chant au Conservatoire (1874), elle commença en
province sa carrière théâtrale, puis fut engagée au théâtre
de la Monnaie, de Bruxelles, ou elle obtint de brillants
succès. C'est là qu'elle créa, de la façon la plus heureuse,
le rôle principal A'Hérodiaile de M. Massenet. Appelée
à l'Opéra de Paris (juin 1884), elle joua le rôle de Valen-
tine des Huguenots et Sélika de l'Africaine. Cepen-
dant elle ne resta pas plus d'une année à ce théâtre, et
depuis lors elle a continué sa carrière sur les grandes
scènes de la province et de l'étranger.
DU VOISIN (Jean-Baptiste), évèque de Nantes, con-
seiller d'Etat et baron sous l'Empire, né à Langres le
16 oct. 1744, mort à Nantes le 9 juil. 1813. Il lut suc-
cessivement professeur à la Sorbonne, promoteur à l'offi-
cialité de Paris, censeur royal, chanoine d'Auxerre. Il était
grand vicaire du diocèse de Laon lorsqu'il fut déporte comme
réfractaire à la constitution civile du cierge (^ept. 1792). Il
se réfugia d'abord en Angleterre, puis en Belgique, enfin à
Brunswick, où il trouva la protection du duc Guillaume. Il y
professa les sciences et les belles-lettres jusqu'en 1801.
Peu de temps après le rétablissement des cultes, il fut
nommé évèque de Nantes. Il fut un des quatre évèques com-
mis par Napoléon pour résider auprès de Pie VII pendant
sa captivité a Savone et à Fontainebleau. S'il faut en croire
une déclaration testamentaire faite par lui. dans les der-
niers instants de sa vie, il aurait plusieurs fois re[ il
à l'empereur les inconvénients de la captivité proloi -
pape. Dans le Mémorial de Sainte-Hélène, Napoléon dit
de lui: « C'était mon oracle, mon flambeau; il avait ma
confiance aveugle sur les matières religieuses. » — Œuvres
principales : Dissertation critique sur la vision i
stantin (Paris, 1771, in-!2i ; Essai sur la religion na-
turelle (Paris. 1780, in-12); De Vera Religione ad
usum theologice candidatorum (Paris, \'so. 2 vol.
in-12); Défense de l'ordre social contre !<•* principes
de la Révolution française i Londres. 1708: Paris. 18x9,
in-8); Démonstration évangélique (Brunswick, 1800;
Paris, 1802, 1805. 1821, 1826, in-8). A la quatrième
édition est ajouté un Essai sur la tolérance, dans lequel
Du Voisin blâme théoriquement l'emploi de la contrainte
en matière de religion, mais professe qu'une tolérance uni-
verselle et illimitée mènerait a l'extinction de toute religion.
Traduction des Voyages de Mongo l'art: (Hambourg el
Brunswick, 1799, 2 vol. in-8). F. -II. ¥.
DUVY. Coin, du dép. de l'Oise, arr. de Senlis, cant.
de Crépy-en- Valois ; 117 hab. Siat. An efaem. de fer du
Nord. Eglise des mi'' et un* siècles, Restes d'un hôtel
seigneurial du xv siècle. Hameaux: Baxoches, siège
d'une importante seigneurie, et Bouvillc qui posséda une
maison royale jusqu'au m" siècle.
— m —
Ml \ _ DWERNICKI
DUX. Ville do l'Autriche-Hongrie. située en Bohème dans
le cercle de TepUtx; 7.100 hab. BUa posséda une école,
dos mines, de nombreuses Fabriques et un château appar-
tenant a la famille Waldstein, qui renferme une belle biblio-
Ihéqne et d'intéressantes collections. Casanova y passa les
dernières années de sa vie. On exploite aux environs»d'im-
portantes mines de charbon, les chemins de 1er mettent
box en communication avee Teplitz, Bodenbach, Pilsen et
Prague.
DUX (Adolphe), littérateur hongrois, né à Presbourg le
•i.'i mt. 1882, mort à Budapest le -20 iun. 1881. Il a Bra-
dait en allemand les ceuvres de l'etieti. Ivalona. Eœtvœs, ele.
Il a aussi publié <les œuvres originales sur la Bongrie :
Deutsch-Ungarisches (Vienne. 187 I ), recueil de nouvelles,
et Ans Vngarn (Leipzig,! 881), études littéraires et histo-
riques. On lui doit aussi de nombreux travaux en hongrois.
DU XBURY. Village des Etats-1'nis, Etat de Massachusetts,
comté de Plymoutii : point d'attache du câble transatlan-
tique posé en 1869 entre Brest et L'Amérique.
DUYCKINCK (Everte-Augustos), homme de lettres
américain, né à New-York en 1816, mort à New-York
le 13 août IS7S. Associé de son frère George-Long
Duvckinek dans la publication (en 185b) delà Cyclopœ-
dia of American Literature.
DUYSE (Prudent Van), poète flamand, né à Termonde
le 17 sept. 1804, mort à Garni le 13 nov. 1889. 11
aborda successivement les genres lyrique, épique et dra-
matique, consacra tous ses soins a la réhabilitation de la
littérature nationale el fut un des créateurs de l'institu-
tion périodique des congrès flamands. Il y déploya une
activité remarquable servie par une vaste mémoire et une
rare facilité d'élocution. Devenu archiviste de la ville de
Gand, il se tourna vers les études historiques, commença
YInventaire analytique du dépôt dont il avait la direc-
tion, et fit paraître dans le Messager des sciences histo-
riques plusieurs dissertations intéressantes sur la Pacifi-
cation de Gond. La liste complète des œuvres de Van
Duyse a été publiée à Gand par F. de Potier en 1861 ;
elle ne comprend pas moins de 68 p. in-8. Les plus remar-
quables sont : Poésies nationales (Gand, 1840, 3 vol.
in-8) ; Poèmes enfantins {ibid., 1849); Jacques Van
Artevelde, poème épique en huit chants (ibid., 1839.
in-8) ; Charles-Quint ou le Revers de la médaille (ibid.,
1845) : !)>• l'Influence de Cats sur la littérature fla-
mande (Bruxelles, 1859, in-8); les Chambres de rhé-
torique et leur influence sur le mouvement littéraire
(ibid., 1859, in-8). Tous ces ouvrages sont écrits en
flamand.
DUZERVILLE. Village d'Algérie, dép. de Constantine,
arr. de Bône; ch.— lieu d'une commune de plein exercice,
qui comprend l'annexe d'El-Hadjar; 3,071 hab. dont 437
Français et 4 12 Européens étrangers. Il a été ainsi appelé
en souvenir d'un général qui commanda longtemps à Bône,
Monk d'I'zer. Il est au milieu d'une région riche en vignes,
céréales, tabac, et sur la voie ferrée de lîône à Constantine.
DUZEY. Coin, du dép. de la Meuse, arr. de Montmédy,
cant. de Spincourt; 78 hab.
DVARKA. Mlle de l'Inde occidentale, à l'extrémité de
la presqu'ile de Kattiavar (Goudjerat). C'est un lieu de
pèlerinage très fréquenté des brahmanes qui prétendent
que le dieu Krichna est mort en cet endroit. Le temple
principal dédié à ce dieu est surmonté d'une flèche de
50m. de haut. I.a ville est habitée exclusivement par dis
f>rêtres desservant les nombreux temples ou vivant dans
auvents. Plusieurs milliers de pèlerins s'y succèdent
dans le cours de l'année. M. o'E.
DVIGOUBSKY (Ivan-Alexieritch), savant russe, né en
1771, mort en 1839. En 180-2, il prit le titre de docteur
en médecine à Moscou: après avoir visité une partie de
l'Europe et de la Russie, il revint à Moscou et fut profes-
seur de sciences naturelles à l'Université. Outre un certain
n imbre de traductions ou de compilations, il a publié
quelques ouvrages originaux : Primitiie florœ mosqurn-
sis (Moscou, 1802), des traités de botanique, de physique
qui ont été longtemps classiques, une Description nés
quadrupèdes de l'empire de Russie (Moscou, 1816);
di's Eléments d'histoire naturelle (Moscou, 1823); une
Flore moscovite (Moscou, 1828), un Dictionnaire d'éco-
nomie domestique et rurale (Moscou, 1836-39), etc.
DVINA ou DUNA SEPTENTRIONALE. Fleuve de la Russie
d'Europe, formé de la réunion de la Soukhona et du
[bug (dans h' gouvernement de Vologda). Il coule d'abord
mis le N.-E. Après avoir reçu la Vytchegda, il se dirige
vers le N.-E. et va se jeter dans la mer Blanche. La lon-
gueur île la Dvina proprement dite est d'environ 700 kil.
Avec la Soukhona, elle est de 1,200 kil. Sa largeur dépasse
parfois,') kil. ; sa profondeur varie de 6 à 15 m. Elle arrose
les gouvernements de Vologda et d'Arkhangelsk. Elle est
navigable sur tout son parcours; elle est libre de glaces
pendant cent quatre-vingt-neuf jours. Elle tonne, à 40 kil.
de son embouchure, un delta qui se divise en un grand
nombre d'îles. Pendant l'été, la navigation est souvent
gênée par des bancs de sable. Elle est très poissonneuse,
i m y remarque une espèce particulière, le Gadits colliœria.
Ses principaux affluents sont : sur la rive droite, la Vy-
cliegda et la Pinega (tous également navigables); à gauche,
la Vaga. Le canal du Duc-Alexandre met la Dvina en com-
munication avec la Volga.
DV0NA (V. Dhouna).
DV0RSKY (François), écrivain tchèque contemporain,
né en 1839. Il est attaché aux archives du royaume de
Bohème. Il a publié (en tchèque) : Documents historiques
sur Waldstein (Prague, |S(i7); Documents relatifs aux
femmes en Bohême (1872); Diètes de Bohême depuis
J.'ii'li (1877 et suiv.), des nouvelles historiques, etc.
DV0RZAK (Antonin), compositeur tchèque contempo-
rain, né prèsde Kralup le 8 sept. 1841. Il fit ses études mu-
sicales à Prague oii il devint organiste. Il fit jouer en 1874
son premier opéra, le Roi et le charbonnier; il a donné
depuis au théâtre : Wanda (1876); le Paysan malin
(1877); Dmitri (1880), etc., et publié en outre un grand
nombre de morceaux pour orchestre, de musique religieuse,
de symphonies, tantôt originales, tantôt sur des thèmes
slaves ou tchèques. Son œuvre total comprend une cen-
taine de numéros; ses Danses slaves et ses Rhapsodies
slaves sont particulièrement populaires. Il a été appelé à
diverses reprises à donner des concerts à Londres et a été
nommé docteur en musique de lTniversité de Cambridge.
DWARRIS (Sir Fortunatus-William-Lilley), juriscon-
sulte anglais, né a la Jamaïque le 23 oct. 1786, mort à
Londres le 20 mai 1860. Il fit ses études à Oxford, fut
inscrit au barreau de Londres en 1811, fut nommé en
1822 membre de la commission d'enquête sur la légis-
lation des colonies des Indes orientales, devint maitre du
banc de la reine, et exerça beaucoup d'autres fonctions
officielles. Il a publié : Substance of three reports of
tlie commissioner of inqniry into the administration
ofcivilaud criminal justice in the West Indies (Londres,
1827) ; The West India question plaint y slaled (1828) ;
A General Treat ise of slal nies (1830-1831, 2 vol.), plu-
sieurs Ibis réédite en Angleterre et en Amérique ; Alberic
consul of Borna (1832), drame historique en cinq actes;
Railway results or the Gange delioerance (1845) ;
Some New Facts and a suggested new theoryas to the
authorship of Joui us ( 1850), dans lequel il soutient que
les fameuses Lettres de .lu nias ont été écrites par différents
auteurs dont le principal serait sir Philip Francis, etc. Il
a de plus collaboré à plusieurs revues de jurisprudence et
d'archéologie. K. S.
DWERNICKI (Joseph), général polonais, né à Varsovie le
14 mars 1779, mort a Lopatyn (Galicie)en déc. 1837. Il
sers ii d'abord dans la légion polonaise organisée au ser-
vice de la France, puis en 1809 sous les ordres de Ponia-
towski et prit part a la campagne de Russie. Lors du siège
de Paris (IKIî), il était colonel. Il rentra en 1813 en
Pologne et devint général de brigade. Lors de la révolution
DWLKNILKI — DYRNAD
- 196 -
palonane de 18S0, il se signala partieolièremanl Ui
bal de Stoczek (14 févr. 1831) el fui nommé général de
iIimsicjii ; en mai 1831, il dut se replier en Galicie. Interné
en Autriche, il vini demeurer à Paris el a Londres. En
1848, il Be retira définitivemenl en Galicie; les insu
lombards lui offrirent le commandement de leurs trou
mais il le refusa. Il a publié de son vivant quelques écrits
militaires. Ses Mémoires onl été édités en 1870 a Lwow,
par 1rs soins de M. Plagowski.
Bisi . : A otice biographique urla oie <
(aires de M legénéral Dv e w ki ; Pari 1844.
DWIGHT (Teniothy), théologien el savant américain, né
à Northampton (Massachusetts) en 1752, mort en 1*17.
Dwight, qui remplit, à différentes époques de sa vie, 1rs
fonctions de répétiteur ttutor)b Yale Collège (1771-1777),
d'aumônier militaire à West-Poinl et de représentant de la
ville de Northampton à la législature de Massachusetts
(1781-1786), se signala partout par son souci des inté-
rêts spirituels de ses semblables. A l'armée notamment, il
s'efforça de propager les idées de dévouement el de sacrifice
par des exhortations patriotiques et la composition de
chants guerriers remplis d'enthousias Rentré dans la
vie civile, il fut pasteur congrégationaliste à Greenfield
Ilill. Au milieu des soins de sa charge ef des soucis de ses
fonctions législatives, il trouva le temps de cultiver les
lettres et publia, en 1785, un poème religieux, The Con-
quest Of Canaan. Dix ans plus tard, ses succès oratoires
et sa réputation de théologien et de littérateur lui valurent
l'honneur d'être nommé président de Yale Collège. Il
y enseigna la théologie el les belles-lettres. Doue d'un
remarquable talent de prédicateur, il exposait en outre le
résultat de ses méditations religieuses dans des serinons
aux étudiants. Ces discours furent remaniés plus tard et
formèrent le noyau de son principal ouvrage qui ne parut
qu'après sa mort : Theology explained ami defended
(1818, ') vol.). On doit, en outre, à Dwight, des récits de
voyage, Travels in New England andNew-York (1822,
■i vol.) et un sermonnaire, Sermons on miscellaneous sub-
jecta (1828, 2 vol.). Ces ouvrages sont posthumes, G. Q.
DYAERE (Jehan), peintre ornemaniste français du XVe
au xvie siècle. Cet artiste a travaillé à Rouen et au château
de Gaillon.
DYBBŒL (en allemand Dùppel). Paroisse du Slesvig qui
confine à I'O. l'entrée méridionale du détroit d'Aïs. Ses
hauteurs (72 m.) dominent les pontons de Sœnderborg qui
est située de l'autre côté du détroit. Pendant les deux
dernières guerres avec l'Allemagne, les Danois, qui avaient
la supériorité sur mer, avaient fait de l'Ile d'Aïs une
de leurs bases d'opération ; de là la nécessite de pos-
séder la tète de pont appuyée sur la péninsule deSundeved
dans la partie continentale du Slesvig ; pour communiquer
avec celle-ci il était nécessaire d'avoir un passage libre a
travers le détroit d'Aïs et de le protéger au moyen d'ou-
vrages élevés sur les hauteurs de Dybbœl. Le 28 mai 1848,
faisant un retour offensif dans le Sundeved, ils délogèrent
de Dybbœl les llanovriens el les Ressois et repoussèrent
ensuite deux fois les attaques des Allemands (5 juin 1848,
9,00(1 Danois contre 17,000 assaillants, et 13 avr. 1849).
En 1861, on fortifia la position et, malgré le peu d'impor-
tance des travaux, l'année danoise qui s'y était retranchée
après l'évacuation du Danevirke (5-6 févr. 1864) put y
soutenir un siège en règle, du 22 févr. au 18 avr., et elle
ne se replia sur l'île d'AJs, au bout de cinquante-six jours
d'investiture et de vingt-deux jours de tranchée ouverte,
qu'après que son artillerie eut été réduite au silence et
les parapets rasés ; encore conserva-t-elle la tête des pon-
tons qu'elle détruisit peu après. Les fortifications élevées
par les Prussiens, après la conquête, autour de Dybbœl et
de Sœnderborg, sont maintenant abandonnées. Beaovois.
DYBECK (Richard), archéologue el démomathe suédois,
néàOdensvj (Vestmanland) le I"' sept. 1811, mort à
Sœdertelie le 28ju.il. 1877. Il quitta la carrière judiciaire
pour se livrer à ses études de prédilection et passa une
cinquantaine d'années a faire des voyages et des recherches
archéologiques, dessinant h-s monument! el les antiquités,
mi les mœurs, recueillant les contes, les traditions,
le^ proverbes, annotant les chants el les ans populaires,
qu'il jouait ensuit.- a rec succès dans la capitale. Il a publié:
1 1842-I850e1 1865-1876); lian
de trompi i pastorale» (1846) : Chanson
(1847-1848); Monument suédois M*.'>l); Antiquités
1853-1855) ; Mélodies populaires su
1856) : Monuments runique» su 'dois
1859 el 1860-1876); les llesdu Malar (1864). B-s.
DYBOWSKl (Benedikl), naturaliste polonais contempo-
rain, né dans le gouvernement de Minsk en l*-ii. Il lit
ses étoiles :< Di.rpal. ., Iweslall et ,, Berlin OÙ il prit le litre
de docteur. Après avoir professe quelque temps a Varsovie,
il paria pour la Sibérie et étudia particulièrement la faune
des inouïs lablonovoi el du lac Baïkal. Il découvrit de nom-
breuses espèces et réussît notamment irer un
exemplaire vivant du Camephorus Baikalensis. L
en Sibérie jusqu'en 1884, époque où il devint prol
à l'université polonaise de Lwow (Lemberg). 11 a publie de
nombreux travaux en russe, en allemand el en polonais.
DYBOWSKl (Jean), agronome el explorateur fiançais.
issu d'une ancienne famille polonaise réfugiée en France,
ne vers 1855. Ancien élève de l'Ecole nationale d'agricul-
ture de Grignon, il y fut nomme répétiteur du cours de
botanique, et il y devint plus tard maître de conférences
d'horticulture. Il a été pendant plusieurs années secrétaire
de la Société nationale d'horticulture. Il s'est adonné sur-
tout à l'étude de la production des légumes, et on lui doit,
outre de nombreuses études dans les publications pério-
diques, un excellent Traité de culture potagère 1 1
Il a été l'un des collaborateurs du Dictionnaire d'agri-
culture. 11 fut chargé, a la fin de 1889, par les ministres
de l'agriculture et de l'instruction publique, d'une explo-
ration scientifique dans le Sahara du Sud algérien, au delà
d'El-Goléah, et a rapporte de celte mission de nombreux
documents sur la botanique et la zoologie de cette région
dont l'histoire naturelle était encore ignorée. En 1891, il
a été chargé, par le Comité de l'Afrique française, d'une
mission d'exploration pour rejoindre Crampe! dans les
régions qui séparent le Ccngo français du lac Tchad., son
expédition remplace actuellement (I8H-2) celle du premier
explorateur dont la mort parait certaine. La Grande
Encyclopédie compte. M. Dybowskiau nombre de ses colla-
borateurs.
DYBVAD (Jirrgen-Christoll'erseii), théologien danois,
mort le 30 oct. Ml -2. Après avoir étudié à Whlenberg
(1568) et à Leipzig ( 1575) d'où il retourna en Danemark
avec une recommandation de l'électeur de Saxe, il fut
nommé professeur en mathématiques à Université de Co-
penhague (1578), puis en théologie (1590). Frondeur
inconsidéré, il ne se borna pas a critiquer ses élèves et ses
collègues, il osa aussi censurer dans ses thèses plusieurs
mesures du gouvernement, comme l'unification des mesures
de capacité (1605) : aussi fut-il traduit devant le consis-
toire de l'Université et destitué 1 1607). il avait publié dix
savantes thèses de mathématiques el d'histoire naturelle,
et vingt-quatre de théologie el de morale. — Son tils, Chris-
toffer, né à Copenhague en 1577 ou 1578, mort en Ki-2-2.
avait hérité de son intempérance de langage aussi bien que
de ses goûts studieux ; aussi malgré la réputation de savant
qu'il rapporta de son séjour aux universités étrai
notamment à l'aen où il fut reçu docteur (1601), à l.eyde
ou il publia Decarithmia 1 1602) ou système décimal avec
terminologie d: ise, ne put-il obtenir de fonctions dans
sa patrie qu'en 1618 OÙ il fut nomme mathématicien
(c.-à-d. astrologue) royal avec canonicatà Lund. Dès 1645
il avait adressé au roi des observations politiques eu faveur
de l'absolutisme el de l'hérédité du troue. Il continua de
déclamer contre L'aristocratie, prétendant qu'il fallait la
Saigner pour rendre au monarque les Sept prérogatives
royales. Liant ainsi en avance d'un demi-siècle sur la
— I.w
DYIIVAD — DYCK
majorité de sos compatriotes, il fui arrête, déféré à w^y
commission de professeurs el condamné, pour impiété,
crime de lèse-majesté et de lèse-constitution, à la perte de
ses titres et à la détention perpétuelle (1620). On ne sail si
c'est par imprudence ou a dessein qu'il s'asphyxia dans sa
prison avec du charbon de terre. II. F. Rœrdam a donné
dans Danske Magasin (A sér., 1. Il et V)une notice sur
ees deux infortunés censeurs. Beauvois,
DYCE (Alexander), érudil anglais, né à Edimbourg le
30 juin 17 18, mort a Londres le 15 mai 1869, Il fit de fortes
études a Edimbourg et a Oxford, entra dans les ordres, el,
après avoir desservi deux cures (18^12-1827), se consacra
uniquement a des travaux littéraires. Il a conquis une très
solide réputation en publiant d'excellentes éditions cri-
des principaux écrivains anglais : Collms, Pope,
Bentley, Middteton, Beaumont et Fletcher, Mariowe, etc.
Son chef-d'œuvre en ce genre est l'édition qu'il a donnée
des awvres de Shakespeare (Londres, 1853-58, 9 vol. in-8)
avec un savant glossaire : elle est considérée en Angleterre
comme la meilleure de toutes ('■'< édit., 1875-76). R. S.
DYCE (William), peintre d'histoire anglais, né à Aber-
deen (Ecosse) le 19 sept. l806,mortàStreathamle ISfévr.
l'oiii-lils par sa mère de James Chalmers, il lit ses
premières études au Hareschal Collège d'Aberdeen et fut
poussé d'abord par son père vers la théologie el les sciences
mathématiques. Le président de la Royal Academy d'Edim-
bourg, ayant vu les esquisses de W. Dyoe, parvint à vaincre
les résistances de son père", et le jeune homme put partir à
Rome en 1825 en compagnie d'Alex. Day. Il y étudia par-
ticulièrement les tableaux de Titien et du Poussin et c'est
sous leur impies-ion que, de retour à Aberdeon, il peignit
en 1S-27 Bacchus nourri par les nymphes, tableau
exposé à la Royal Academy. Quelque temps après, il revint
à Rome, y fréquenta la colonie des artistes allemands,
s'éjnit des peintres du xiv" siècle e| devint l'un des précur-
seurs du mouvement préraphaélite en Angleterre. Revenu
à Edimbourg, il fut nommé, en 1832, membre de la Royal
Society ot Edimbourg; en 1835, membre de la Royal
Scottish Academy: en 1845, professeur au King's Collège
à Londres, associé et. eu 1848, membre de la Royal Aca-
demy. 11 a peint : l'Age d'or; Hercule enfant ; la Mort
du Christ; la Vierge et l'Un faut (1846); Jessiea (1843);
Entrevue de Jacob et de Rachel (1850); le Roi Lear
(1851); Christabel (1855); George-Herbert à Berner-
ton (1861); Eleazar (1863). Il a exécute aussi des
fresques: entre autres (après un concours au Westminster
Hall en 1843), la Consécration de l'archevêque Parker
au Lambetb Palace ; le Baptême d'Etlielbert, à la Cham-
bra des lords ; Neptune donnant l'empire de lu mer à
Hrilanniu. pour l'appartement de la reine à la chambre
dos lords, etc. livre était excellent musicien et a fondé
et dirige une reunion d'artistes exécutant spécialement la
musique classique. F. Courboin.
DYCK (Floris), peintre hollandais, né en I.'jTT (?), mort
vers 1652, nommé en 1610 membre de la confrérie des
peintres de Harlem, qu'il présida en lti.!7. Il a peint dos
tableaux de tleurs. de fruits et d'animaux et, parait-il, quel-
ques tableaux d'histoire.
DYCK (Antoine Van), un des grands maîtres de l'art, le
plus illustre peintre de l'école flamande après Rubens,
né à Anvers le 11 mars 1599, mort a Londres le i) dcc.
1641. Son pore était un négociant très aisé, qui n'eut
pas moins de douze enfants; Antoine fut le septième.
Après avoii passé quelque temps chez Van Balen, oit il
entra comme apprenti à l'âge <\>' dix ans, Van Dyck fut
i par Rubens en qualité d'élève et pril part aux nom-
breux travaux que le maître faisait exécuter dan
atelier. A l'âge de dix-neuf ans. le jeune ai ti>te de-
manda son admission dans la gilde do Saint-Luc. Il
débuta publiquement e! sous son nom. par un Portement
de Croix, pour l'église d.-s Dominicains d'Anvers, œuvre
médiocre, dont h-s contemporains n'ont point parle. Cetli
peinture, qui témoignait d'une certaine pratique de métier,
exécutée, Rubens associa Van Dyck à la décoration colos-
sale de l'église des Jésuites. Le traité, passe le 1\) mars
1620, entre le maître el le supérieur de la maison professe
de la Société >\c Jésus, fait mention de la collaboration de
l'élève, dans deux articles où il est dil qu'il devra prendre
la plus large part a L'exécution des peintures, sous la
direction <t d'après les esquisses de Rubens. Dès celte
époque, intervient dans la vie de Van Dyck un illustre
amateur anglais, le comte d'Arundel , qui aura sur le
développement de sa carrière une influence considérable.
Devinant le premier le génie du peintre, il le pressa
instamment de se rendre à la cour de Charles Ier. 11 y
roussit et Van Dyck, à la fin de l'année 1620, partit pour
Londres, avec une pension de cent livres par an. On
croit qu'à ce premier voyage il lit le portrait du roi, qui se
trouve dans la grande galerie du château de Windsor, Au
mois de mars 1621, Van Dyck était de retour à Anvers. Pen-
dant celte période, il exécuta pour Ferdinand de liouschot,
nommé récemment baron de Savenllieim, un Saint Martin,
inspiré d'une œuvre de Rubens, et il noua dans ce village
ce gracieux roman de la vingtième année, qui adonné lieu,
cbe/. quelques-uns de ses biographes, à des récils d'une si
étrange fantaisie. Il devint amoureux d'une jeune lille de
bonne maison, Isabelle Van Opliem ; mais le père refusa de
la lui donner en mariage. Econduit, le jeune homme cher-
cha dois les voyages un dérivatif à sa douleur. La passion
qu'il avait pour Isabelle était partagée par la jeune fille.
Elle ne se maria point, et, toute sa vie. garda à son fiancé
un souvenir de tendresse et d'admiration.
Au mois d'octobre, Van Dyck partit pour l'Italie, en
compagnie du chevalier Vanni, que Rubens lui avait
donne pour mentor. Avant de quitter son maître, Van Dyck
lui lit gracieusement hommage du portrait d'Isabelle
Brandi et reçut en échange un cheval blanc pour faire
le voyage. 11 s'arrêta à Cènes, y noua avec les frères de
Wael, artistes flamands, une amitié qui dura longtemps et
qu'il témoigna par plusieurs portraits très originaux de
ses compatriotes. Il exécuta dans cette ville quelques ta-
bleaux et portraits de personnages appartenant aux grandes
familles do la ville. De là, il gagna Rome par Civittà Vec-
chia. Van Dyck s'y lia avec le sculpteur flamand François
Duquesnoy, dont il a fait un très beau portrait, et avec
Paul Bril, qui initiait l'école romaine à l'art du paysage
interprété comme genre spécial, et commençait cette géné-
ration de grands paysagistes, Claude Lorrain, Poussin,
qui ont immortalisé l'art du x\ 11e siècle et produit tant
de chefs-d'œuvre. Après avoir étudié dans la ville éternelle
les œuvres dos grands maîtres, le peintre partit pour Flo-
rence, où il passa plusieurs semaines, occupées par la
visite des précieuses galeries d'art. 11 y peignit Laurent
de Médicis, régent et tuteur du souverain, le prince Fer-
dinand II, âgé de douze ans. L'école vénitienne, dont il
avait admire, chez Rubens et à Cènes, des œuvres superbes
de coloris, l'attirait vivement. Passant par Bologne,
dont l'école emphatique lui plut médiocrement, il se rendit
a Venise et y employa un assez long temps à étudier
les magistrales compositions du Titien, de Véronèse, de
Palma, de Giorgione, etc. Les historiens du maitre qui
ont analysé son œuvre, M.Cuillïoy entre autres, déclarent
que ce séjour à Venise apporta dans sa manière une modi-
fication complète. « Là, il apprit l'art d'élever une phy-
sionomie individuelle à la hauteur d'un type, en accusant
ses caractères dominants, ses traits distinctifs. » Titien lui
révéla le secret des puissantes colorations, des contrastes
énergiques, des draperies luxueuses et des chairs éclatantes.
Rubens, reconnaissant de Laprotection des Gonzague, avait
conseillé a -on cher élève do s'arrêtera Mantoue. Vincent
était morl on Dil 1. mais son second fils, Fernand, continuait
brillamment les traditions do mécénisme de la famille. Il
lit à Van Dyck un excellent accueil el lui commanda son
portrait. Au commencement de 1620, Van Dyck était do
retour à Rome; il y resta huit mois, fort recherché des
grands amateurs, des personnages de la cour pontificale et
DYCK
— 156
des nobles étrangère. S;i distinction, ton élégance et sa
courtoisie lui valurent, dès le premier jour, le surnom
gracieux el Batteur d'fl pittore cavalier esco. Sa pro-
duction, pendant cette période, fut considérable. Deux de
ses plus belles œuvres, !<• portrait du Cardinal Bar-
berinx el relui du Cardinal Guida Bentivoglio, du
palais Pitti, en sont datées. Au mois d'octobre, van Dyck
quitta Rome pour se rendre s Gènes, où l'appelaient les
nombreux amis qu'il b'j était faits. En route, il rencontra
la femme de son premier protecteur, lad) Arundel, <|tii
l'emmena à Milan et à Turin. Dans cette dernière ville,
il peint le duc de Savoie, Charles-Emmanuel, ses fils,
Victor- A médée et Thomas de Carignan, plusieurs petits
princes et princesses. Le deuxième séjour de Van Dyck
à Gènes fut de six mois, plus fécond encore que le
premier. Une invitation du roi <le Sicile, Emmanuel Phi-
libert de Savoie, grand prieur de Caslille, l'appela à
Païenne; il y resta peu, chassé par une épidémie de peste,
dont une des premières victimes fui le vice-roi, et il regagna
en toute hâte Gènes, qu'on peut considérer comme son
port d'attache pendant celte campagne de quatre années
de voyage en Italie. Les trois séjours de Van Dyck à Gênes
ont fait des galeries de cette ville les plus riches en
œuvres du maître. A ces années 1622, 1624 et 1625,
appartiennent en effet les beaux portraits A' Antoine-Jules
de Brignole et de sa femme Pauline Adorno,Ae la mar-
quise Jeronima de Brwnole, du peintre JeaM Van de Wœl
et de sa femme, des dnw de Wael réunis, delà Famille
Lomellini, d'Antonio de Zuniga, du Marquis A gostino
Spinola, de la Marquise avec su petite fille, de Don
Livio Odescalchi, la Vierge à la Grenade, Octavie aux
/liais de Coriolan, le Jeune Tobie, le Christ en Croix
du Palazzo Heale, la Mère entre ses deux fils du palais
Durazzo, la Vierge de la Confrérie du Rosaire de Pa-
ïenne, l'Education de Bacchus, etc.
Au mois de janv. 1626, Van Dyck était de retour à An-
vers, après s'être arrêté quelques semaines a Aix en Pro-
vence, ou il fit pour son maître le portrait de Peiresc, et à
Paris, ou il visita la galerie du palais du Luxembourg.
Ce long voyage, l'étude sévère des grands maîtres, le
succès avaient fortifié le tempérament génial du jeune
mailre et lui avaient donné confiance en lui-même. Il avait
l'ambition justifiée de faire consacrer son talent par ses
compatriotes et d'entrer en concurrence avec Kubens par
des travaux importants. A peine arrivé, il entreprend pour
les Dominicaines d'Anvers le Christ en croix entre sainte
Catherine et saint Dominique, en témoignage de reconnais-
sance filiale pour les bons soins donnés à son père par les
religieuses, pendant sa dernière maladie. En 1625, Nicolas
Rockox, premier bourgmestre d'Anvers, lui commande
son portrait. On attribue à cette période la Vierge el
l'Enfant Jésus avec la Madeleine, le Roi David et suint
Baptiste, du Louvre, le Martyre de saint Sébastien de
la Pinacothèque de Munich, la Crucifixion de l'église de
Termonde. En 1626, l'archiduchesse Isabelle, gouver-
nante des Pays-Bas, veuve de l'archiduc Albert, lui fait
faire son portrait, qui rend l'artiste populaire à la
cour, et la ville de Bruxelles lui commande un grand
tableau, représentant le Conseil échevinal et ne comptant
pas moins de vingt figures, pour faire pendant, dans
l'hôtel de ville, m Jugement de Cambyse de Rubens.Ces
tableaux ont été détruits dans l'incendie de 1695.
Vers la fin de 1627, Van Dyck, n'obtenant pas dans son
pays toutes les commandes qu'il désire et ne s'étanl pas
fait la situation à laquelle il aspirait, se décide ii répondre
aux nouvelles instances du comte d'Arundel el se rend en
Angleterre. Il peint les portraits de son protecteur et ob-
tient des commandes de divers amateurs. Il veut être pré-
senté au roi, mais les approches de la cour sont gardées
avec soin par les dnw peintres en titre de Charles I "''.
Apres quelques mois de démarches inutiles, en dépit des
efforts de ses amis, le jeune maître n'a pu arriver à ses
fins ; il se décourage et retourne à envers. On croit qu'à ce
moment, avant de regagner sa ville natale, il lit la n
de Paria, pour tacher d'obtenu- la commande de la dé
ration de I., grande galerie de Louvre el qu'il échoua devant
la résistance opposée par les peintres français, qui s'étaient
coalisés pour ne pas laisser renouveler au profit d'un autre
artiste étranger l'incident de la galerie du palais du Luxeav
bourg. De 1628 i Di-i'2. Van Dyck exécuta d'importantes
ouvres : le Saint Augustin en extase de l'éguse d
nom. a knvers; le Crucifiement de Saint-Michel de G
el celui de la cathédrale de Matines; le Mariage mystt
de sainte Rosalie avec la Vierge, du musée du Belvé-
dère, la Suzanne et le Christ mort de la Pinacothèque
de Munich : la célèbre Erection de croix de la cathédrale
deCourtrai. La plupart des Sain&j Familles, des Christ en
croix, des Pietà appartiennent i cette époque très féconde.
Les grands portraits sont également très nombreux : ceux
de Charles Scrilmmus (Belvédère), Au Comte Palatin du
Rhin et de Heuburg, du luo- de Croy et de sa femme
(,i neviève iTUrfé; le célèbre portrait d'Homme inconnu,
de la Pinacothèque de Munich ; les d<-\\\ merveilleux por-
traits en pied de Philippe Le lioy. seigneur de Havels, et
de sa femme ; le portrait équestre de François de Mon-
cade, marquis d'Aylona. La réputation de Van Dvck
comme portraitiste franchit les frontières de Flandre. |,e
stathouder Frédéric-Henri de Nassau, prince d'Ora
l'appela a La Haye en 1630, pour le peindre, lui et -a
femme; le prince lui commanda en même temps un tableau,
le Jardin d'amour, tiré du l'astor Fido de Guarini.
Au commencement de 1632, Van Dyck est à Londres,
attaché a la maison royale. Il a réalisé son lève d'ambition.
Ses amis dévoués ont ardemment plaidé pour lui auprès de
Charles Ier, doué d'un goût très vif pour les arts. Le tableau
les Amours de Renaud et tTArmide que le roi avait
commandé au peintre flamand en 1629, par l'intermédiaire
de sir Endymion Porter, lui avait beaucoup plu. et le {«or-
trait de Nicolas Lanière, peintre et musicien de la cour,
exécuté à la fin de l'année 1631 . n'avait point modifié cette
excellente impression. Van Dyck est nomme principal peintre
de Leurs Majestés, avec une pension de 200 livres: il
est lo_e pendant l'hiver a Blackfriars, dans une maison
prineière, où il reçoit dans son atelier et a sa table toute
la cour et toute la ville. Le roi l'y visite souvent, prenant
un vif plaisir à le voir travailler el à causer avec lui. L'été,
il habite une dépendance du château royal d'fJthom, dans
le comté de Kew. II est nommé chevalier le o juil. 1632
et reçoit une chaîne d'or.
La famille royale ne cessa d'employer le jeune mailre.
D'après le catalogue de l'œuvre de Van Dyck, dressé par
M. Guiffrey, il n'a pas été peint moins de vingt-trois por-
traits authentiques de Charles Ier, à cheval, à pied, à mi-
corps, seul ou avec sa femme et ses entants: vingt portraits
de la reine, de toutes formes: huit ou dix de leurs enfants,
réunis au fur et à mesure de leur naissance. Les grandes
familles se le disputent : on connait dix portraits de Straf-
ford, sept du comte d'Arundel, quatre du duc et de la
duchesse de Ri< hmond, sept du comte et de la comtesse de
l'embroke. D'après Waagen {Treosures of art in Gréai
Britain), les châteaux et les collections de l'Angleterre
contiennent trois cent cinquante toiles attribuées à Van
Dyck. Dans ce nombre, il y a évidemment beaucoup de
portraits exécutés en répétition, on d'après des esquiss
par ses nombreux élèves, à l'imitation de l'atelier de Ru-
bens; mais le nombre des ouvres d'une authenticité incon-
testable est assez considérable pour que Van Dvck soit
tenu, sans réserve, pour un des génies artistiques les plus
féconds.
Au cours de l'année 1634, Van Dyck fit dans son pays
natal un voyage qui fut un vrai triomphe. Le 18 set., la
corporation anversoise de Saint-Luc le nomme, par accla-
mation, son doyen. La reine mère, .Marie de Médias, le
visite dans son atelier. Les commandes prinrières l'as-
saillent : il fait les portraits de Gaston d Orléans, de -
tomme, de la sœur de celle-ci. Henriette de Lorraine,
— 189 —
DYCK — DYER
\cuve du prime de Phalsbourg et l.ixon. <io Thomas de
Carignan, frère du duc de Savoie, gouverneur intérimaire
drs Pays-Bas, du Cardinal infant don Fernand, frère
cadet de Philippe IV. de César-Alexandre Scaglia, etc.
il point, entre temps, pour les Récollets d'Anvers, le
Christ pleuré par les anges.
Van Dyck est de retour «'ii Angleterre au commence-
ment de l'année lt>.'>.'> et reprend avec plus d'acharne-
ment oiicoio sa rie de travail et ^ plaisir. Vers 1639, il
épouse Mario ktuthven, qui descendait dos Stuarts par sou
aïeule, Dorothée He hven, petite-fille de Jean Smart, comte
dWiliol. La jeune fille esl sans fortune, mais elle lui ap-
porte me superbe beauté et une alliance avec l'aristocratie
du royaume. L'insuccès d'un projet de décoration pour
Whitehall, les événements politiques qui menacent la
rovauto. son mauvais état de santé, décident Van Dyck à
entreprendre un voyage sur le continent; d'ailleurs il veut
montrer à sa jeune femme les Flandres et la Hollande.
I sperait-il en outre trouver dos travaux a la cour de
Louis Mil ? Ce nouveau voyage dura près d'un an. Quand
le maître revint à Londres, d était fort malade de la poi-
trine. Le roi promit 300 livres sterling à qui prolongerait
la vie de son peintre favori. Le i du même mois, Van
Dyck faisait son testament et, le 9, il mourait, âgé seule-
ment de quarante-deux ans. dans sa maison de Blackfriars.
Le roi ordonna qu'il lui fût l'ait dos funérailles solen-
nelles ; on t'inhuma dans le chœur de la cathédrale, près
du tombeau de Jean de Garni. Le monument qu'on lui
éleva a été détruit dans le grand incendie de Londres.
La descendance de Van Dyck se bornait à une tille, née
huit jours avant sa mort et dont la descendance s'est
éteinte on 1 S J T> , et à une autre, nommée Marie-Thérèse,
dont la mère est restée inconnue et qui était en âge de se
marier en 1031.
Van Dyck est un des plus grands portraitistes qui aient
existé et peut prendre place à côté de Raphaël, de Titien,
dTlolbein, de Rembrandt, de Franz Hais et de Velasquez.
L'école anglaise moderne procède entièrement de lui. 11 eut
pour élèves anglais Guillaume Dobson, qui mourut à trente-
six ans. très célèbre dans son pays; George Jameson,
dit le Van Dyck écossais ; Edward rierce et Henry Stone.
George Knelier, le peintre de Guillaume III et de la reine
Anne, et Pierre Lely, l'ont imité et copié; Josuah Reynolds
et Gainsborough l'ont reconnu publiquement pour maître ;
Lawrence s'en est inspiré constamment.
L'œuvre peint de Van Dyck comprend, d'après le cata-
logue do Smith, huit cent quarante-quatre tableaux ;
d'après celui qu'a dressé tout récemment M. Guiffrey,
quinze cents. Le musée du Louvre possède de Van Dyck,
comme tableaux : la Vierge et l'Enfant Jésus, lu Vierge
aux donateurs, le Christ pleure par la Vierge et les
anges. Siint Sébastien secouru par les anges, Vénus
demandant à Vulcain îles armes pour Enée, Renaud
et Armide, le portrait de Charles /"r. roi d'Angleterre,
les portraits dos Enfants de Charles- l'r. les portraits de
Charles-Louis, duc de Bavière, et de Robert, duc de
Cumberland, le portrait d' 'Isabelle-Claire-Eugénie (F Au-
triche, souveraine des Pays-Bas, le portrait de François
dé Moncade, marquis d'Aytona, le portrait en buste
du même personnage, les portraits de Jean Grasset Hi-
ehardot et de son tils, le portrait du Dur de Richmond,
le portrait du peintre, les portraits d'un homme et d'un
enfant, d'une dame et sa fille, et trois portraits d'homme.
Comme Rembrandt, Van Dyck est un dos maîtres de la
gravure. Son iconographie, dont la première édition fut
publiée, sans titre et sans date, à Anvers, de 1632 à 1641,
en troi> séries, et la seconde, en 1645, avec le titre Icônes
prindpum, constitue un des monuments les plus précieux
de cet art. .Marins Vachon.
Bibl. : Carpentkr. Manoir of sir A. v. D., with n des-
criptive catalogue of hia etchinga; Londres, 1MI. — Alfred
Mi' nid.-, V:m bu'-h et ses élèves ; Paris, 1881. — Guif-
pp.rv. Vrtn D;/c/< ; Paris, 1885.
DYCK (Daniel Van den), peintre et graveur, hollandais
suivant les uns, français suivant les antres, qui travaillait
à Venise et à Mantoue en 1658. il a gravé : Suxanneau
bain; Diane et Endijinion ; Une Bacchante; la Déifi-
cation d'Enée, etc.
DYCK (Philippe Van) , peintre, né à Amsterdam en
1679, mort en 17.V2. Ses contemporains l'avaient sur-
nommé le petit Van Dyck; il a peint dans la manière de
Boonen, son maître, de petits tableaux d'histoire, des
scènes d'intérieur et quelques portraits. Sa pointure,
travaillée et maniérée, est poussée au noir. Massard a
gravé d'après lui Sara présentant Agar à Abraham et
/(• Renvoi ir.i^ir.
DYCK (Hermann), peintre allemand, né à Wurtzbourg
en 181-2, mort à Munich le 225 mars 1874. Peintre d'ar-
chitecture et de genre, il a été très goûté pour le soin et
l'élégance de son exécution. Parmi ses tableaux nous cite-
rons : die Befestigung von Kehlheim, an der Stadt-
mauer eu Erding (1857); ein Eassenoorzimmer
(1858) ; die Schreibstube (1860), auf dem Speicher,
im Atelier (1861), Inneres einer Klosterkirche (1663),
die Députât ion (1864), Ileimkehr des Burgernicislers
(1868). Il a été le dessinateur le plus spirituel des Elie-
gende Blœtter (V. Caricature); il publia Deutsche
Sprichwœrter und Reime in Bildern (Dusseldorf,
1839-40, "1 livr.); il rendit de grands services à l'art
industriel comme directeur de l'école spéciale de Munich.
DYCKMANS (Joseph-Laurent), peintre belge, né à Lier
le 9 août 1811. Elève de Thielmans et de Wappers. On
l'a surnommé le Gérard Dou de la Belgique à cause de
l'analogie que ses sujets et sa technique offrent avec ceux
de ce célèbre artiste.
DYÉ (Diacuni). Corn, du dép. de l'Yonne, arr. de Ton-
nerre, cant. de Flogny, sur une colline dominant un
affluent de l'Armançon ; 403 hab. Traces d'une voie ro-
maine. Eglise, autrefois prieuré de bénédictins, sous le
vocable de Saint-Pierre, à une nef, des xuc et xvic siècles ;
autel du xvue siècle ; bénitier de cuivre du xvie siècle ;
retable en bois Renaissance. M. P.
DYER (Sir Edward), poète anglais, mort en 1007.
Après avoir fait ses études à l'université d'Oxford, il voyagea
sur le continent et débuta en 1500 à la cour d'EIizabeth,
ou il ne tarda pas à briller au premier rang. Il s'y maintint
longtemps en faveur, fut chargé do missions diplomatiques
aux Pays-Bas (1584), en Danemark (1589), fut comblé de
biens et nommé en 1596 chancelier de l'ordre de la Jarre-
tière. Dyer a joui comme poète d'une renommée considé-
rable à la fin du xvic siècle; malheureusement une bonne
partie de ses poésies a été perdue. Le Dr Grosart (Writ-
ings of sir Edward Dyer, 1872) a réussi à réunir un
certain nombre de pièces disséminées de cotéet d'autre.
DYER (John), poète anglais, né à Llandilo, comté de
Carmarthen (Galles), en 1700, mort à Kirkby-on-Bane le
24 juîl. 1758. Fils d'un avoué, destiné au barreau, il aban-
donna l'étude des lois à la mort de son père pour se livrera
un goût inné pour le dessin, parcourut le sud de Galles,
reproduisant ses merveilleux paysages sur son album et dans
ses vers. Le résultat de ce voyage, Grongar llill, fit sa répu-
tation comme poète (17"27). Pour se perfectionner dans
son art de prédilection, il parcourut l'Italie, et revint avec
de nombreux dessins et un poème descriptif, The Ruins oj
Rouie (1740), qui seul eut du succès. Il se fit pasteur,
épousa une petite nièce de Shakespeare, et se livra paisible-
ment à ses goûts artistiques et littéraires. Son dernier
ouvrage, The Eleeee, publié en 1757, est un poème didac-
tique, imitation des Géorgiques de Virgile, long, froid et
ennuyeux. Néanmoins, Dyer occupe une place honorable
parmi les poètes de son temps. Il a le sentiment de la vraie
poésie, et ses descriptions sont vives et bien ordonnées. 11
est un des précurseurs de l'école dite des lakists. Ses poèmes
ont été réunis en un volume (1770) et ses poésies légères
font partie de la collection Johnson. Willmot les a réédités
en 1853, et Gilfillan en 1858. Hector France.
DYER (Gilbert), écrivain et libraire anglais, né à Don-
i>u:ii — dymond
— ]i,U —
siiuip f Devonshire) en 17 M, mort a Exiler le lOoct. 1820.
Fils d un chef d'institution, il dirigea lui-même un
a I'aHit. En 1788, il s'établit libraire el ne larda pas a
gagner une réputation considérable par la scionce de ses
catalogues et l importance de la bibliothèque qu'il réunit.
Q écrivit divers ouvrages parmi lesquels nous citerons: The
Principles ofAtheism proved to be conformided front
the nature of Man (I70ii| ; .1 Restoration oj the an*
tient modes of bestowing names on the rivers, hills...
of Britain (1803); Vulgar Errors ancieni and mo-
dem investigating the origin and uses of letters
(1816). R. S.
DYER (George), écrivain anglais, né à Londres le
l,'i mais 1755, mort à Londres le - mais 1841. D'une très
humble origine, il fut élevépar des personnes charitables,
put faire de bonnes études à Oxford, et, venu à Londres
en 1792, collabora au New Monthly et an Gentleman's
Magazine, el travailla pour divers éditeurs, corrigeantdes
épreuves et Taisant des tables. C'est ain-.i qu'il revisa les
cent quarante et un volumes do l'édition des classiques de
Val py (1809-1831), mais il y perdit la vue. Parmi sis
œuvres on peut citer: l'omis (Londres, 1792) ; Ihe C w-
plainte ofthe poorPeopleofEngland (1793) ; Account
of new South Wales and state of the convkts ( 1794) ;
Dissertation on theory and practice of Benevolence
(1793) -J'omis and critical essays (1801-1802) ; Par-
ties (1812) ; History of the university ami collège of
Cambridge (1814, 2 vol.), Memoirs oflifeand writings
of Hubert Hobinson (1796), etc. 11 fut très lié avec
Charles Lamb. K. S.
DYER (B..-H.), graveur anglais du xix° siècle. Cet
artiste excelle dans le pointillé. On cite notamment ses
gravures pour les Illustrations of modem sculpture,
parT.-K. Ilervey (Londres, 183:2).
DYER (Thomas-Henry), historien anglais, né à Londres
le i mai 1804, mort en 1888. Il abandonna de bonne heure
le commerce pour les lettres. 11 s'occupa d'abord de littéra-
ture ancienne, Tenlamimi Eschylea ( 1841 ); puis de Calvin
le réformateur, Life of Calvin (1850). Son History ofthe
cil i/ of Home (1805) est un ouvrage de vulgarisation, en
opposition complète avec les vues de Niebuhr. En 1867, il
publia : Pompeii, its history, buildings ami antiquities,
et en 1873; Ancient Athens, its history, topography
and remains. Ce sont des livres médiocres. La meilleure
partie de son bagage est constituée par les cinq volumes de
son History of modem Europe (1877, 2e éd.) (depuis
la chute de Constanlinople jusqu'en 1871), vaste compi-
lation de faits. Dyer manque de critique, d'érudition et de
profondeur.
DYGASINSKI (Adolphe), littérateur polonais duxixes.,
né à Niegostawicc, gouv. de kielce (Pologne russe) en
1839. Auteur de nombreuses nouvelles, réunies en par-
tie sous ce titre : Z Ogniw nycia (Des Chaînons de la vie;
Varsovie, 1882, 2 vol. in-8), et dont certaines ont été
traduites en allemand, en anglais, en russe, etc. On lui
doit encore des écrits pédagogiques, des traductions des
ouvrages de Tvndall, Mill, etc., et des Lettres sur leBré-
sil (1891).
DYHERNN (Georg, baron de), poète et romancier alle-
mand, né à Glogau le 1er janv. 1848, mort à Rothenburg
(Silésic) le 27 déc. 1878; parmi ses poésies nous cite-
rons : In sliller Stund (Berlin, 1870) ; Tang uml Algen.
Ans iler l'hit îles l.eliens gesammelt (Leipzig, 1876) :
Aufhoher l'iul (Breslau, 1880) ; Ans klarem Born
(Fribourg, 1882); parmi ses romans, Hahen uml Tiefen
(Fribourg, 1881, 2 vol.). On a publié ses oeuvres com-
plètes (Fribourg, 1879-82, 6 vol.).
DYHRN (Konrad-Adolf, comte de), homme politique
prussien, né à Reesewitz, près Œls (Silésie), mort le
2 déc. 1809. Envoyé au Landtag prussien par les posses-
seurs de majorats silésiens, il s'y rallia au parti libéral, au-
quel il resta fidèle; spirituel et instruit, le « gros Dyhrn »
était très populaire.
DYKE (GéoL). Toutes les lois que l<s liions d'une races
éruptive Blooienne te détachent an saillir mi dnstui dm U i
rainsencaissants, sous la forme d'uni- aorte de mur irrégulier,
nr la surlace do sol ou bien en tvaaf dm,
pement, cette disposition prend le nom de iyke. Par
extension, cette même expression est appliquée aux poin-
temenl - éroptives qui, n'ayant pas ru !<• jour.
restent en profondeur, où ils dérangent souvent la conti-
nuité des couches sédimentaû Ch. Ykj.ain.
DYLE (La). Rivière de Belgique, qui prend sa tonne •<
Houtain-le-Hont en Brabant, passe i Wavre, Louvain,
Wercbter, où elle reçoit le Demer et devient navigable, a
Ualines où elle reçoit la Senne, et se joint à la Nèthe à
Rumpsl pour former le Rupel. Son cours i une longueur
de 85 kil.. sa largeur varie de 12 m. (Wavre) i 50 >\
sa profondeur de l (Wavre) a î. La marée s') fait sentir
jusqu'à Malines.
DYLE (Département de la). I n des neuf départements
que tonna la Belgique quand elle i'i j t réunie a la France
par décret de la Convention do Ier oct. 1793. Il avait
pour chef-lieu Bruxelles. Il était home au N. par les
dép. de la Meuse-Inférieure, des Deux-Nèthes et Je l'Es-
caut ; a l*E., par ceux des Deux-Nèthee et de l'Ourthe;
au S., par ceux de l'Ourthe, de Sambre-et-Meuse et de
Jemappes; a l'O., par ceux de Jemappes et de l'Kscaut.
11 lut divisé en cantons, conformément à la constitution de
l'an III et à l'instar des autres départements fiançais. Sous
le Consulat, il fut divisé en 3 arrondisssements : Bruxelles,
Louvain, Nivelles, en 27 cantons et 396 communes,
avec 30 justices de paix. En 1802, sa population était de
396,789 bab. Les habitants de Bruxelles avaient vote, lors
de la première invasion, leur réunion a la France, qui avait
été acceptée par décret du 2 mars 1703. Mais, par suite de
la retraite de Dnmouriez, cette annexion ne fut effectuée
qu'en 1703. Le dép. de la D\Ie fit partie de la France jus-
qu'en 1814. F. -A. A.
DYMAS (Myth. gr.). Ancêtre mythique d'une des tmis
tribus doriennes, celle des Dymanes (Y. Doriens), fils
d'.Kgimius, frère de Pamphylus etllyllus, c'est comme ces
lléraclides un personnage sans réalité historique.
DYME (Géogr. anc). Ville de l'ancienne Grèce, dans
l'Achaïe, la plus occidentale des douze cites de la confédé-
ration achéenne; elle était située sur la côle à (i kil. en-
viron de la frontière de l'Elide tonnée par le Larisus. Llle
s'était appelée anciennement Stratos ou Paleia. C'est elle
qui avec Patras releva en 280 av. J.-C. la ligue achéenne:
accrue par la fusion avec les habitants d'Olenus qui vin-
rent s'y établir, elle fut souvent attaquée par les Eléens.
Elle prit parti pour les Macédoniens dans la guerre de Phi-
lippe contre les Romains et fut saccagée par ceux-ci Llle
ne se releva pas. Pompée essaya d'y fonder une colonie de
[tirâtes ciliciens transplantes en Achaie: ils n'y restèrent
pas. Dyme fut subordonnée à Patras au temps de l'empire
romain. Sur son territoire étaient la forteresse de Teichos
ave, ses remparts hauts de 30 coudées, et Heeatomhœon
où Aratus fut vaincu par Cléomène. Les ruines de Dyme
se trouvent près du village moderne de Kararostasis.
DYMOND (Jonathan), philanthrope anglais, ne a Exeter
en 1700. morl en 1828. Dymond appartenait à
des quakers. Elevé dans les affaires', il suivit la carrière
du commerce et tint un magasin de nouveautés. Mais ce
commerçant avait conçu les réformes sociales les plus
hardies, l'artisan de la paix universelle, il s'imposa comme
mission de prouver, l'évangile à la main, que la guerre est
contraire à la volonté divine. Son premier traité parut sans
nom d'auteur: An Inquiruinto the accordancy oj war
irith the principles of Christianity (Londres.
Prenant pour seule base de la morale les enseignements de
charité et d'amour qui sont l'essence même de l'évangile.
il combat la politique égoïste bI militaire qui maintient
l'état de guerr permanence entre les peuples. I d 18Î5,
il développa sa thèse par un nouveau traité : Observations
on Ihm applicability of the pacifie principles of Ihe
New Testament to th<- coiiduct o\ states «"</ on //(<•
limitations which tkosê principles impose on theright
(>/ self defence. Dymond, non routent d'avoir développé
ses idées dans cas deux ouvrages, en composa un troi-
sième qui ne parut qu'après sa mort : Essay on tlw /irin-
ciples of moratity and on the priuate and political
nghts (nul obligations of mankind. Ce livre a eu de
nombreuses éditions en Angleterre et en Amérique. Comme
l'auteur poursuit un but essentiellement pratique, ses
réflexions ont plutôt le caractère d'une conviction ardente
que celui d'uue discussion de principes. G. Q.
Hini.. : Leslie Stephen, A Dtciionary o/ national bio-
gr*phy ; Londres, 18
DYNAMENA (Zool.). Genre fondé par Lamouroux pour
des Hydraires Sertulaires, repartis maintenant dans les
genres Diphasia et Sertularia.
DYNAMÈNE (Astron.) (Y. Astkroïi.es).
DYNAMENE [Dynamena Léach) (Malac). Genre de
Crustacés Isopodes : ees animaux ont l'apparence de petits
Sphéromes (V. ce mot), mais on les distingue facilement
des espèces de ce genre par la profonde entaille du dernier
Segment du corps: leur corps est lisse et, lorsqu'il se met
en houle, les appendices latéraux du plèon restent à décou-
vert: ils se distinguent des Cymodocés, dont ils sont éga-
lement très voisins, par l'absence d'une dent centrale à
l'extrémité de la queue: le corps est dépourvu des soies
si marquées chez ces derniers animaux. Les Dynamenes
ont lt's habitudes des Sphéromes: plusieurs espèces se
trouvent communément sur nos côtes. H. Hz.
DYNAMÈTRE de Kvmsden (Opt.). C'est un instrument
destiné à mesurer le grossissement des lunettes; il se com-
pose de trois petits tubes rentrant l'un dans l'autre ; le plus
étroit porte une loupe, le second porte sur un verre dépoli une
division gravée en dixièmes de millimètre ; le troisième est
appuyé contre l'oculaire de la lunette ; pour s'en servir,
on règle d'abord la lunette de façon à viser un objet très
éloigné, le soleil, par exemple; puis, dirigeant la lunette
vers un autre point du ciel, on avance plus ou moins le
verre dépoli du dynamètre à l'aide du troisième tube, de
façon à obtenir sur ce verre un cercle lumineux à contour
net. Lorsque ce résultat est atteint, on a obtenu une image
de l'objectif, si la lunette ne possède pas de diaphragme,
ou de la partie utilisée de l'objectif, si la lunette est «lia—
phragmée. donnée par l'oculaire. A l'aide de la loupe et
du micromètre, on mesure le diamètre du cercle lumineux
ainsi obtenu et, à l'aide d'un compas, le diamètre de l'ob-
jectif; le rapport de ces deux nombres donne le grossi>M'-
ment si la lunette n'est pas diaphragmée. Dans le cas
contraire, on promène sur la surface de l'objectif les
pointes du compas, tandis que l'œil regarde dans le dvna-
mètre; l'œil aperçoit les images des pointes du compas; on
écarte ces dernières jusqu'à ce que leurs images se peignent
sur les bords du petit cercle lumineux vu dans le dynamètre;
la distance des pointes du compas donne alors le diamètre
delà partie utilisée de l'objectif ; c'est cette partie que l'on
fait alors entrer dans la formule du grossissement au lieu
du diamètre total de l'objectif (V. Lunette). A. Joanms.
DYNAMIE Hécan.). Nom employé pour désigner l'unité
de travail. C'est le travail effectué par l'unité de force par-
courant l'unité de longueur. Autrement, force que nécessite
le transport de 1 kilogr. à une distance de 1 m. en hauteur.
On lui donne aussi le nom de kilogrammètre. Un voit que,
dans cette définition, le temps n'intervient pas; aussi lors-
qu'il s'agit de comparer les quantités de travail produites
par deux machines, faut-il rapporter le nombre de kilo—
grammètres produit par chacune d'elles à l'unité de temps :
la seconde. |'. G.
DYNAMIQUE (Mécan.). La dynamique est cette partie de
la mécanique qui s'occupe a la fois des forces et des mouve-
ments qu'elles produisent. Si l'on met décote la cinématique
qui s'occupe du mouvement des corps, abstraction faite des
causes de mouvement que l'on appelle des forces, la méca-
nique se compose de deux parties qui sont la statique et la
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
- Mil — DYMOND — DYNAMIQUE
dynamique. La statique étudie surtout l'action des forces
pendant le repos, la dynamique étudie l'action des forces
pendant le mouvement. — On a beaucoup discuté pour
savoir s'il fallait commencer l'étude de la mécanique parla
statique ou par la dynamique, et, si cette discussion est en-
core pendante aujourd'hui, c'est que les partisans de l'une
i'i de l'autre méthode se placent sur des terrains différents.
Sans nous prononcer, exposons les faits.
On appelle force toute cause qui tend à mettre en mouve-
ment, un point matériel qui est en repos ou à arrêter le
mouvement d'un point; du moins c'est ainsi que les anciens
concevaient la force; nous modifierons un peu cette défini-
tion tout à l'heure. Lagrange et d'autres géomètres trou-
vent étonnant qu'ayant défini la force une cause de mou-
vement, on édifie toute une partie de la science des forces,
toute la statique, sans faire intervenir le mouvement. Au
fond ils ont raison, et dans un cours de mécanique un peu
élevé et bien fait, il convient d'étudier les forces par le
mouvement qu'elles produisent et qui est leur effet immé-
diat. Mais en réalité on procède autrement, et cela pour
plusieurs raisons. La statique, découverte il y a plus de
deux mille ans par Archimède, a précédé la dynamique
qui a été créée par Galilée en 1638. La simplicité des mé-
thodes employées en statique permet de l'enseigner à des
esprits relativement peu cultivés ; enfin toute la statique
peut être exposée à l'aide d'un petit nombre de principes
expérimentaux, si faciles à vérifier que cette science
est assise presque aussi solidement que la géométrie pure.
Il en est tout autrement de la dynamique qui repose non
plus sur des résultats d'expériences concluantes, mais sur
des principes que l'on n'a pas pu jusqu'ici soumettre au
contrôle du raisonnement ou de l'expérience directe. Ces
principes sont donc restés à l'état d'hypothèses, mais d'hy-
pothèses tellement plausibles que l'on peut les placer dans
le domaine des faits les mieux acquis à la science. Or, une
des raisons qui nous font admettre ces principes, c'est
que, précisément en les soumettant à l'analyse mathéma-
tique, on en déduit, sans avoir recours à l'expérience, les
faits découverts en statique par les anciennes méthodes
expérimentales. En réalité, on étudie deux fois la statique
et par des méthodes qui reposent sur des principes abso-
lument différents ; et c'est l'accord des résultats qui prouve
de la façon la plus éclatante l'excellence des principes
fondamentaux de la dynamique, par laquelle on peut évi-
demment commencer l'étude de la mécanique, si l'on a sim-
plement pour but d'étudier les conséquences de certains
principes considérés comme hypothèses, sauf à vérifier plus
tard ces conséquences par l'expérience.
Il est temps d'arriver aux principes dont nous avons
parlé; le premier, énoncé par Galilée, porte le nom de prin-
cipe de l'inertie; il contient une définition plus complète de
la force que celle qui a été donnée par les anciens, mais
qui n'est pas en contradiction avec elle; il s'énonce ainsi :
Un point matériel ne peut modifier de lui-même son état
de repos ou de mouvement, c.-à-d. que s'il est en repos
ou en état de mouvement rectitigne et uniforme, il y
restera tant qu'une cause ou force ne viendra pas agir sur
lui. Nous résumerons ce principe en disant simplement :
« Quand un point matériel n'est pas en repos ou en mou-
vement rectiligne et uniforme, on dit qu'il est sollicité par
une force. » Ainsi, au fond, le principe de l'inertie est moins
un principe qu'une définition. C'est dans l'ouvrage intitulé
Discorsi e aimostrazioni matematiche intorno a due
nuove scienze 4638, que Galilée a fait connaître son
principe et les premières notions de dynamique. Le second
principe de la dynamique entrevu par Galilée a subi depuis
bien des transformations dans son énoncé; voici celui que
nous adopterons, parce qu'il nous parait plus facilement
accessible à l'analyse mathématique : « Si l'on considère
un point en mouvement à l'époque t et soumis à l'influence
de plusieurs forces que nous appellerons F, F/,F//,...pour
avoir la position de ce corps à l'époque t -\-dt, il suffit de
composer : I" le chemin que parcourrait le corps dans le
II
DYNAMIQUE
- va -
temps iH qui sini l'époque / si, aucune force n'agissant
mm- lui, il obéissait simplemenl a la vitesse qu'il possède i
l'époque t; 2° le chemin qu'il parcourrait si, partant du
repos, il était soumise l'action de la seule force F, dans
le même temps di ; 3° le chemin qu'il parcourrait sous
L'influence de la force V, toujours dans lu même temps <ii
et en partant du repos, etc. On énonce ce principe d'une
façon plus concise, mais moins claire pour des esprits encore
peu cultivés, en disant que •< 1rs effets des lune, el de la
vitesse acquise par nn point matériel en mouvement
s'ajoutent géométriquement pendant an temps infiniment
pctii ». Au fond, le premier principe de Galilée est une
définition de la force, le second est une forme du prin-
cipe de continuité étendu au monde matériel; le troisième
principe, énoncé par .Newton, est plus lundi, c'est le prin-
cipe de l'action et de la réaction, il consiste à admettre que :
« Si un point matériel A est soumis à l'action d'une force,
cette force émane d'un autre point matériel I!; à son tour
le point H est alors soumis à l'action d'une force qui émane
de A. Si l'on appelle action la force émanant de li, et réac-
tion la force émanant de A, l'action est égale à la réaction,
l'action est dirigée soit de A vers li, soit de Iî vers A ; mais
en tout cas ces deux forces sont de sens contraires. »
Pour bien comprendre ce dernier principe qui à lui seul
suffirait à immortaliser le nom de .Newton, il est indispen-
sable de savoir ce que l'on appelle direction et grandeur
d'une force. La concision qui nous est imposée nous oliligc
à nous borner aux simples définitions suivantes en nous
empêchant de montrer comment elles ont été amenées.
Le point d'application d'une force est le point dont elle
modifie l'état de repos ou de mouvement recliligne et uni-
forme. Sa direction à l'époque t est celle de la tangente à
la trajectoire que suivrait son point d'application à l'époque
t, s'il partait à cette époque du repos, soumis à la seule
influence de la force. Enfin pour définir la force comme
grandeur, on convient : 1° de dire que deux forces sont
égales (en intensité) quand appliquées à un même point
naturel pris au repos elles lui communiquent des accéléra-
tions égales; 2° d'appeler somme de deux forces, la force
qui produit le même effet que l'ensemble de ces deux forces
appliquées dans la même direction au même point. Cet
effet (on le démontre en l'appuyant sur le second principe
de Galilée) est la production d'une accélération égale à la
somme des accélérations dues aux deux forces dont elle
est la somme, ce qui a permis de mesurer les forces par
les accélérations qu'elles communiquent à un même point
pris au repos.
Toute la dynamique, toute la science des forces est
fondée sur ces trois principes fondamentaux; leur démons-
tration repose, comme nous l'avons dit, d'abord sur ce
fait qu'ils permettent par la seule force du raisonnement
de retrouver toute la statique des anciens, et ensuite sur cet
autre fait qu'ils ont permis de prédire avec une précision
remarquable les phénomènes célestes les mieux constatés
tels que les mouvements des planètes et de leurs satellites.
Jusqu'en 1743, l'application directe de ces trois prin-
cipes était le seul moyen employé par les géomètres
pour découvrir les vérités de la dynamique, lorsque d'Alem-
bert énonça son fameux théorème qui permettait de ra-
mener toute question de dynamique à une question de sta-
tique. Ce théorème, qui aujourd'hui est presque devenu une
naïveté, peut s'énoncer ainsi : « 11 y aurait équilibre à
chaque instant entre les forces qui agissent réellement
sur un système de points matériels en mouvement, et les
forces d'inertie des divers points de ce système, si ces
forces d'inertie venaient à agir. » Enfin en I78S parut l'im-
mortel ouvrage de Lagrange intitulé Mécanique analytique
nui contenait une formule résumant toutes les questions
de mécanique en les ramenant toutes, et d'une manière
uniforme, à un simple problème de calcul différentiel ou
de calcul intégral. Depuis la découverte de Lagrange, on
peut dire qu'il n'existe plus un seul problème de mécanique
que l'on ne puisse résoudre, quand on connaît exactement
les forces qui entrent en jeu dans ce proMénie. La méthode
inaugurée par Lagrange a penma de retrouver, pour ah»
due en h jouant, une foule de propositions péoibtemeol
découvertes pai les -avants qui l'ont précédé, et on grand
nombre d'autres (V. Fous vite, Aire, QoAjmri K mou-
vement, Centre m. gravite, Impulsion, Moment).
Dj a actuellement en dynamique, on peut même dire
en mécanique rationnelle, deux partie, bien [ranci
l'une est assise sur des bases inébranlables ;< 'est une science
dont les théorèmes s'enchaînent avec une rigueur et une
■me que l'on ne retrouve que dan» le, sciences les
plus pures; l'autre esl basée mu- ce que l'on pourrait appeler
la théorie des liaisons: elle repose sur de, hypothèses que
rien ne vient justifier, si ce n'est qu'elles peuvent fournir a
l'occasion de jolies questions de calcul intégral. Il
peut-être des inconvénients a maintenir dans I
ment Officiel cette partie de la mécanique ; elle jette du dis-
crédit sur la science et les savants; elle fait souvent dire
aux praticiens qui n'ont pas fait une élude suffisamment
approfondie de la science, que le, choses sont vraies en
théorie, mais fausses en pratique.
Locations de la dynamique. — On a donné le nom
d'équations île la dynamique aux formules données par
Lagrange, dont nous avons parlé tout à l'heure et qui per-
mettent d'écrire immédiatement les équations du mouve-
ment d'un corps quand on connaît bien exactement les
forces qui agissent sur lui. Soient x, y, z les coordonnées
rectangulaires prises par rapport a dois axes fixes d'un
point quelconque d'un système en mouvement, X, V, Zles
projections sur les axes de la résultante de toutes les forces
qui sollicitent ce point, m sa masse, t le temps; en écri-
vant qu'il y a équilibre entre toutes les forces réellement
,ftx
agissantes X, Y, Z et les forces d'inertie — m-gs;,
d*y tPz , „
— '" 7/7' — »i -rn , on a la formule de Lagrange :
r'l)
+ (!-«£)*]-•.
hx, hy, Si désignent dans cette formule des déplacements
virtuels donnés au point x, y. s. Si le système est libre,
S.r, 3t/, ox, sont arbitraires et cette équation revient à
autant de groupes de la forme
d?x d'y .. dH _
m^X, >ntr = \, -,777 = 2,
qu'il y a de puints dans le système considéré, et les con-
séquences de ces formules "seront toujours absolument
exactes et vérifiées par l'expérience.
Si le système en mouvement est un système a liaisons
et si l'on ne veut pas tenir compte dans l'évaluation de
X, Y, Z des forces, souvent inconnues, développées par
les liaisons, on ne peut plu, considérer le, Sx, Si/. S;,
comme arbitraires; ils doivent être considères comme liés
par des équations linéaires
("2) S(A8x-T-B6y-r-C8«) = 0I
S(A'&a +B'Si/-+-C/S:.) = 0, etc.,
obtenues en différenciant les équations de liaison ; en éli-
minant autant de variations S.r, oy, 8;. qu'il y a d'équa-
tions de liaison entre ( 1 ) et (2), on obtient une équation
linéaire et homogène entre les variations non éliminées qui
alors sont arbitraires: en égalant les coefficients de ces va-
riations restantes a zéro, on obtient des équations qui.
jointes aux équations de liaison, sont en nombre égal à
celui des variables.;, y, 5, el permettent de les calculer, si
l'on peut toutefois les intégrer, lui tout tas, on est ramené
à une difficulté d'analyse pure. Disons que le plus souvent
l'élimination des variations se fait par la méthode des
multiplicateurs. Je n'ai, pour ma part, aucune confiance
dans les résultats fournis par cette méthode, parce qu'elle
repose sur le théorème des vitesses virtuelles, qui dans le
— ItiS —
DYNAMIQI'E — DYNAMISME
cas où il existe des liaisons M me parait nullement de-
niontre, et quand je dis que ce principe ne nie pareil pas
démontre; je ne vrai pas simplement dire que les démons-
trations que l'on en donne ne sont pas tout a l'ail rigou-
reuses, je soutiens que les hypothèses laites pour démon-
trer le principe ne sont presque jamais réalisées, pas
même approximativement, excepte dans des cas très rares.
Lagrange a donné, dans sa Mécanique analytique,
d'autres formules du mouvement: ces formules, qui con-
tiennent les précédentes comme cas particuliers et qui s'en
déduisent, ont pour but de taire connaître les équations
du mouvement avec des coordonnées quelconques. — Soient
,i q ,yk des coordonnées propres à déterminer la po-
sition d'un corps quelconque à un moment donné /, sup-
posons que l'on ait évalue en fonction de */,, </,, ...le
travail virtuel des forces qui sollicitent ce corps et qu'on
l'ait trouve égal à Ul8./i + Qg8g8 + ... + Uk8'/k; dési-
gnions par "ï\ la force vive du système qui, en coordon-
rectangulaires, a pour expression
H(f)M§)Mi)']< .
avec les notations employées tout à l'heure, l'équation qui
déterminera à chaque instant les valeurs de*/,, </.>••• Q\
son, d'après Lagrange,
\dt O'I Oq )
ou q> — Jl. Si les q sont des variables indépendantes,
cette équation se décomposera en k autres de la forme
([> ,11 dq' dq~ U"
(Y. Equations canoniques au mot Canonique). Pour mon-
trer une application de ces formules, nous ferons, en con-
sidérant un seul point,
x ■=■ r sin 0 cos <J/, y = r sin 0 cos ty, ^=rrcosû,
ce qui revient à prendre des coordonnées polaires ; nous
aurons alors :
m*ir*-K?--W + r*siu*0*Ai/-
1
T =
dP
et si nous désignons le travail par Ilor-|-0oO + VSt}',
les équations (1) prendront la forme
dê-mr\dt)
dt\ dt)
//*r-sin(Jcos
-(!)="■
«W_
®,
Telles sont les équations du mouvement d'un point en
coordonnées polaires. 11. Laurent.
Bibl. : Lagbangb, Mécanique analytique (contient un
historique détaillé des théories de la mécanique). — Jacobi,
VorJesunjje?i ueber Dynamick. — En général tous les
traités de mécanique rationnelle.
DYNAMISME (l'hilos.). Ce mot vient du grec ôûvauu; qui
signifie, proprement, puissance ; le verbe SJvajxat a le sens
de pouvoir et l'adjectif Suvatdv celui de possible. Dans la
langue d'Aristote, la puissance s'oppose à l'acte; la matière,
par exemple, est la puissance nue, car si elle ne devient rien
par elle-même, grâce à l'intervention d'une cause motrice,
elle peut tout devenir. Dans le langage philosophique cou-
rant, le terme dynamisme a une signification qu'il n'est
pas impossible de rattacher au sens du mot dont il dérive,
mais qui ne laisse pas d'être sensiblement différente. En
effet, la puissance du péripatétisme est une sorte d'impuis-
sance, car ce qui peut tout recevoir, la matière par exemple,
ne peut se rien donner. La puissance dont le terme dyna-
misme évoque chez nous la notion, en est presque l'op-
posé ; elle implique l'effort et la tendance vers l'acte. 11
n'y a donc plus enire cette puissance et l'acte une diffé-
rence de nature, nécessitant pour l'actuation de cette puis-
sance, l'action d'une cause motrice externe : partout où la
puissance se rencontre, cette puissance agit. La puissance
et la cause agissante ne sont plus deux principes distincts,
comme le soutenait le fondateur de l'école péripatéticienne ;
ces deux expressions de puissance et d'acte ne représen-
tent plus que doux aspects OU, si l'on préfère, deux
moments d'une même réalité. Par suite, on comprendra la
parenté, pour ne pas dire l'identité des deux notions de
puissance (telle que nous venons de la définir), et Aeforce,
Et en effet l'épithète dynamiste parait devoir convenir à
toutes les doctrines de philosophie dans lesquelles une
place est faite à la notion de force.
On considère avec raison Leibniz comme le réforma-
teur de la notion de puissance, et l'on peut aller jusqu'à
dire qu'il a opéré la fusion des deux principes qu'Aristote
avait maintenus séparés, la puissance et l'acte. Mais de
ce que Leibniz a réformé un concept par l'enrichissement
de son contenu, ce serait se tromper gravement que de
refusera ce concept ainsi entendu une action, latente sans
doute, mais indiscutable, sur les philosophes antérieurs,
non pas seulement à Leibniz, mais à Aristote lui-même.
En effet, le problème cosmogonique, qui ne fait pour ainsi
dire qu'un avec le problème ontologique, ne consiste-t-il
pas à se demander à quelles conditions le monde, tel que
Éexpérience nous le livre, a pu parvenir à son état actuel?
Et alors il est aisé de se répondre (ce qui a l'air d'un pur
truisme, mais n'en a peut-être que l'apparence) que ce qui
est actuellement était, dans l'origine et de tout temps, des-
tiné à devenir à un moment précis de son histoire, tel que
l'expérience nous le fait connaître. Bref, l'état actuel du
monde serait l'effet d'une cause perpétuellement agissante,
agissant conformément à sa loi, loi dont la formule est
éternelle et immuable.
Mais ce n'est pas assez dire. Et même si l'on ne disait rien
de plus, bien loin de pouvoir rendre comple de la possibi-
lité des explications dynamistes, on se rendrait la tache
impraticable. Effectivement, si la cause dont nous parlons
est extérieure au monde, c'est en cette cause que se concentre
l'énergie manifestée par le développement cosmique; et cette
cause agit sur les éléments du monde à la manière d'un
mécanicien. Le dieu de Descartes n'agit pas différemment ;
aussi le système de Descartes est-il l'extrême opposé des
doctrines dynamistes. La physique de Descartes est une
physique rigoureusement nïécaniste. Comment modifier
une doctrine cosmogonique nïécaniste, de façon à en méta-
morphoser l'essence? En déplaçant le siège de l'énergie qui
fait mouvoir le monde et en la transposant au cœur même
de l'univers. Croire à une âme de l'univers, c'était déjà un
dynamiste sans le savoir.
Cette idée de l'âme du monde ne peut s'être dégagée dès
les premiers efforts de la spéculation grecque, car elle est
nécessairement postérieure à l'apparition du concept d'âme
humaine qui, on le sait, est historiquement postérieur à
celui de matière. Mais, sans définir au moyen du terme
âme le principe des mouvements cosmiques, on peut expli-
quer ces mouvements par l'action d'un principe déterminé
ou indéterminé, imaginé sur l'un des types perceptibles
du genre matière (air, eau, feu), et donner à ce prin-
cipe les attributions d'une véritable force organisatrice.
Tel est le feu d'Heraclite ; tel était, avant Heraclite, l'air
d'Anaximène, l'eau de Thaïes. Au sujet de Y infini d'Anaxi-
mandre, une discussion s'est élevée entre les historiens
modernes de la philosophie grecque ; il nous parait utile
de nous en souvenir, ne serait-ce que pour marquer, avec
quelque précision, ce qu'étaient, dès l'antiquité, les doc-
trines dynamistes. Anaximandre, selon la tradition,
enseignait que le monde résulte d'une séparation d'élé-
ments autrefois mélangés dans un chaos préexistant au
cosmos. Cela étant, certains historiens ont fait remarquer
que le cosmos provenait d'un changement de situation dans
les éléments, mais non d'un devenu* de ces éléments mêmes
et qu'alors il fallait distinguer, parmi les premiers philo-
sophes, ceux qui attribuent l'ordre actuel du monde à un
I simple déplacement el ceux qui l'expliquent d'une façon
DYNAMISME — DYNAMITE
— Hii —
plus primitive, plus poétique aiiNsi, sans doute, pat
un véritable changement survenu 'lans la nature même
de la matière. Ces derniers s'opposeraient aux pre-
miers ; on appellerai! les premiers mécanistes, les autres
dy nantis tes, C'est ainsi par exemple que l'on parle cou-
ramment du m xanisme de Démocrite et <lu mécani
d'Anaxagore. Anaxagore est partisan d'un démiurge, les
atomistes sont athées. Mais la différence entre les méca-
nistes et les dynamistes — dans la philosophie grecque —
ne porte pas sur la question de savoir s'il y a ou non un
démiurge; elle porte sur la question de savoir si la matière
trouve en elle-même le principe de ses métamorphoses. Or,
si les atomistes pensent que les changements qualitatifs
de la matière n'existent que pour nos sens, qu'ils se rédui-
sent à des modifications dans les rapports de positions de
cléments, cela sullit : ils sont mécanistes. Kt de même
Anaxagore pourra taire intervenir l'action de l'Esprit pour
expliquer ces changements <le situation. Du moment où il
ramènera le changement au déplacement, le nom de
mécanisme conviendra à sa doctrine.
Tant qu'il ne s'agit que de philosophie ancienne, et encore
de première philosophie grecque, dynamisme est syno-
nyme i'hylozoîsme (V. ce mot) et par conséquent s'oppose
au mécanisme. Quand il s'agit de philosophie moderne, il
n'y a plus opposition, mais superposition. Depuis Descartes,
il est impossible de nier l'origine, on oserait presque dire,
l'essence mécanique des modes de la matière. Mais tandis
que certains philosophes anciens ont tenté de réduire au
mouvement les qualités dites secondes de la matière
(lumière, chaleur, etc.), les modernes, et au premier
rang Leibniz, sont allés au delà. Le mouvement, peut-on
le dire, est un déplacement dans l'espace ; or, qu'est-ce
que l'espace ? Les anciens croyaient à sa réalité. Depuis
Kant, cette réalité est plus que compromise. Il va de soi,
dès lors, que, si l'espace descend à la condition d'apparence,
pareil sort est inévitablement réservé au mouvement. Tou-
tefois, si le mouvement perd la réalité objective dont il ne
parait pas que chez les Grecs on ait jamais songé à le
dépouiller, il n'en reste pas moins que le mouvement
a l'air d'être, qu'd nous apparait et qu'on n'a pas tout dit
en concédant — ce dont le contraire est à jamais impos-
sible — qu'il est objet d'apparence universelle. Comment
expliquer cette apparence ? Ou l'on renoncera à en rendre
compte, ou, ce nous semble, il faudra, bon gré mal gré,
recourir aux notions d'effort et de force. On ne dira plus
que le mécanisme est faux, mais on le réduira à ne repré-
senter que la phénoménalité des choses ; on continuera d'ac
cepter les explications mécaniques ; mais, si l'on persiste à
douter de la réalité de l'espace, on cherchera les explica-
tions de ces explications et beaucoup iront les demander
au dynamisme. Aussi n'opposera-t-on peut-être pas l'esprit
leibnitien à l'esprit cartésien; mais, de ce point de vue,
on sera conduit à penser que Leibniz, loin de contredire
Descartes, le complète.
En somme, l'histoire du dy nanisme se confond avec
l'histoire de l'élaboration du concept de force, concept dont
l'action latente a précédé la distinction consciente, et cela
depuis bien des siècles. Ce sera l'éternel honneur de la phi-
losophie stoïcienne d'avoir compris le rôle de la tension, du
xo'vo;, et d'avoir cherché à tout expliquer par l'action de ce
to'vo; dont la fonction est de maintenir, tantôt concentrés,
tantôt relâchés, les éléments des choses. Notons à ce propos
que le xo'vo; n'est pas le dieu des stoïciens, mais qu'il est
l'attribut principal de ce dieu immanent aux choses;
notons enfin, et ceci importe, que ce tdvoj produit tantrtt
des rapprochements, tantôt des dilatations. C'est assez dire
qu'il agit mécaniquement. Il doit donc se trouver déjà dans
l'antiquité une philosophie dynamiste, ou le dynanisme,
loin de s'opposer à son contraire apparent, s'y superpose,
je me trompe, s'y juxtapose ; car c'est bien de juxtaposi-
tion qu'il faut ici parler. Le mécanisme n'est pas — ce
qu'il sera chez les philosophes modernes — une apparence
donl le dynamisme est la réalité, mais le moyen à l'aide
duquel le principe dynamique inhérent a IYss.-ikc de l'uni-
vers, u manifeste.
On a dit avec raison du stoïcisme que c'était un pan-
théisme ; on l'appellerai! aujourd'hui un monitaM et avec
une égale raison. La doctrine contemporain* d'Herbert
Spencer, puissante restauration du stoïcisme et par la
même dey néraclitéisme ancien, est aussi un monisme dyna-
miste: la force e&[ l'un des noms que Spencer donn
Inconnaissable. Le dynamisme s'accommode donc aussi bien
du monisme que du monadisme; c'est qu'en effet le dyna-
misme ne préjuge rien quant a l'unité 00 a la mulliplicité
des principes d énergie de l'univers. Pour être dynamiste,
il suffit d'attribuer le mouvement a l'action d'une ou de
plusieurs souries d'énergie immanentes aux choses qui se
meuvent; par où l'on voit, ce qu'atteste d'ailleurs l'histoire
des doctrines, que l'épithète de dynamiste, si elle peut
caractériser un système, ne suffit pas à le déOnir. Et
il en est ainsi de l'épithète mécaniste. Car si le méca-
nisme s'allie au matérialisme, il s'allie également bien au
théisme. Tous b's philosophes dynamistes sont exclus jiar
Lange de la galerie des matérialistes dont il nous fait
l'histoire. En revanche, le pur matérialiste exclut le dyna-
nisme et l'alliance du dynanisme avec le théisme est aussi
rare que fragile : — le dieu de Leibniz a été jugé par maint
historien, un dieu dont la réalité complique inutilement le
système — . Mais cette alliance n'est pas impossible : on peut
être dynamiste en cosmogonie et théiste en morale, ainsi
que Gusthe se vantait de l'être, et cela sans se contredire,
puisque, s'il niait et affirmait en même temps, il n'affirmait
ni ne niait au même point de vue. Pour les raisons qui vien-
nent d'être données, il parait impossible de faire une his-
toire des théories dynamistes. non plus d'ailleurs que des
théories mécanistes en tant que telles, j'entends une his-
toire (jui ne soit point rhapsodique. Nous n'avons donc pas
d'ouvrage spécial à signaler sur la matière, si ce n'est a
titre d'éclaircissements, une histoire inachevée, œuvre pos-
thume de Fernand Papillon : De lo Philosophie moderne
dans ses rapports avec /<■ développement des Sciences
île lu Nature (Paris, 1873, in— 8) [V. Mécanisme).
Lionel Dairuc.
DYNAMITE. I. Chimie. — On donne le nom de dyna-
mite à des mélanges de nitroglycérine avec certaines sub-
stances poreuses capables de l'absorber. En 18tj(i, une série
d'accidents survenus par suite d'explosions de nitroglycérine
à Stockholm, Hambourg, Aspinwall, San Francisco, avaient
vivement ému le public et allaient faire renoncera l'emploi
de cette dangereuse substance, quand M. Nobel eut l'idée,
pour en atténuer la sensibilité, de recourir à un artifice bien
connu dans le cas de la poudre ordinaire et qui consiste .ï
mélanger l'explosif avec une certaine quantité de substance
inerte. 11 additionna d'abord la nitroglycérine d'alcool mé-
tbylique, puis ce; expédient n'étant pas suffisant, il la mêla
avec de la silice amorphe et donna au mélange le nom de
dynamite. Il reconnut bientôt, — et ce fut la le point ori-
ginal de sa découverte, — que la sensibilité au choc de
l'explosif est extrêmement diminuée et que la détonation
exige l'emploi d'amorces spéciales au fulminate de mer-
cure (V. Détonatklr ) et acquiert dans ces conditions
une violence extrême. Depuis on a étendu le nom do dyna-
mite à un certain nombre de mélanges a base de nitrogly-
cérine Leur caractère commun est de ne détoner ni par
inflammation, ni par choc laible, ni par friction modérée.
et d'exiger l'emploi de détonateurs. Les dynamites sont
définies par leur dosage en nitroglycérine et l'indication
de la matière absorbante. On nomme dynamite à 50, 60,
70 °'0 des mélanges contenanl Ml. 60, 70 parties en poids
de nitroglycérine pour 100 de dynamite.
On partage les dynamites en deux grandes classes :
i° les dynamites a base inerte dans lesquelles la nitro-
glycérine est associée avec la silice, l'alumine, le carbonate
de magnésie, l'alun calciné, la brique pilèe, le sable, etc.,
en un mot avec des substances dont la composition
chimique n'intervient pas, et qui n'agissent que par leur
— 165 —
DVNAMITK
constitution physique et leur proportion relative; elles en-
travent la propagation des chocs moléculaires dont la suc-
> . "ion concordante donne naissance à l'onde explosive;
i° les dynamites à base active ims lesquelles la matière
associée a la nitroglycérine peut se décomposer en produi-
sant un dégagement degai qui s'ajoutent à ceux provenant
de la nitroglycérine et augmentent les effets de l'explosion.
Les dynamites à base active peuvent être divisées en trois
troupes: dynamites à base active simultanée, résultant
de l'association de la nitroglycérine avec une substance
explosive (aaotate d'ammoniaque, chlorate de potasse) qui
détone en inèiiie temps sans que les éléments de l'une inter-
viennent chimiquement dans la décomposition de l'autre;
dynamites à base combustible simple, fondées sur cotte
remarque que la détonation de la nitroglycérine met en
liberté une petite dose d'oxygène (3,5 " „) surpassant celle
qui est nécessaire pour changer tout le carbone en acide
carbonique et tout l'hydrogène en eau ; on ajoute alors à
la nitroglycérine une certaine masse d'un corps combustible
(charbon, sciure de bois, paille, son, soufre, blanc de ba-
leine) destiné à utiliser cet excès d'oxygène; dynamites
à base mixte : comme la dose d'oxygène est trop faillie
pour que la proportion correspondante de matière combus-
tible il centième de charbon ou de blanc de baleine, ou
bien "2 centièmes de sciure de bois, 00 bien 3,5 centièmes
de soufre) suffise à absorber la totalité de la nitroglycé-
rine on emploie un grand excès de substance complémen-
taire. Ainsi la dynamite noire est un mélange de charbon et
de sable qui peut absorber 45 centièmes de nitroglycérine.
D'ailleurs, on peut encore préparer les dynamites à base
combustible explosive en employant pour compléter la
combustion un composé explosif par lui-même, qui ne
contient pas assez d'oxygène pour éprouver la combustion
totale. Tels sont le coton-poudre, les diverses variétés de
cellulose nitrique, l'acide picrique, etc. On peut rattacher
ces dynamites à deux grands groupes : 1° les dynamites
à base d'azotates : dynamite à base de poudre noire; dy-
namite à base de poudre de mine ; dynamite à base de sal-
pêtre et de charbon ; dynamite à base d'azotate de baryte et
de résine, ou de charbon, avec ou sans addition de soufre ;
dynamites formées de nitroglycérine, de salpêtre et de sciure
de bois, ou d'amidon ou de cellulose, etc.; 2° les dynamites
à base de pyruxyle; telles sont la dynamite de Trauzl,
formée de nitroglycérine et de coton-poudre en pâte ; la
glyoxyline d'Abel formée des mêmes substances avec ad-
dition de salpêtre ; les dynamites à base de ligneux nitrifié
(pale de papier ou de bois) ; la dynamite gomme ou géla-
tine explosive, constituée par l'association de 93 à 95 par-
ties de nitroglycérine et de 5 a 7 parties de collodion, etc.
On peut d'ailleurs associer les matières inertes, les matières
rombustiblessimplesetles matières combustibles explosives
dans des proportions variées, ce qui constitue de nouvelles
dynamites à base mixte très variées, qui se multiplient
tous les jours et reçoivent des inventeurs les noms les
plus pompeux : poudre d'Hercule, poudre de Vulcain,
poudre géante, etc.
Avant de donner l'examen détaillé de deux ou trois dyna-
mites que nous prendrons comme types, nous examinerons
d'abord quelques-unes des propriétés communes aux diverses
dynamites: telles que la sensibilité au choc, la stabilité du
mélange, l'action de lachaleur.de l'humidité, etc.
La dynamite détone sous l'action des chocs, mais beaucoup
plus difficilement que la nitroglycérine pure, ce qui la rend
moins dangereuse q ne ni te dernière. C'est la une circonstance
essentielle, surtout dans les applications militaires. Il importe
en effet de mettre entre les mains des soldais une subs-
tance qui ne détone pas sous l'action delà balle. La dyna-
mite ordinaire ne remplissant pas cette condition, on lui a
suivent préféré la poudre-coton comprimée, qui offre pour-
tant aussi certains dangers ;< ce point de vue. l'our remé-
dier a ce péril on a incorporé des substances étrangères aux
dynamites : par exemple, quelques centièmes de camphre.
Mais l'efficacité de cette modification est douteuse. Au
contraire , le mélange de nitroglycérine et de collodion
qui constitue la variété appelée dynamite-gomme parait
résoudre la difficulté. En revanche, la matière détonant plus
difficilement exige alors des capsules spéciales et une dose
de fulminate trop considérable. On obvie à cet inconvénient
par l'emploi d'une cartouche intermédiaire en coton-poudre
comprime, amorcée elle-même au fulminate : mais c'est là
une complication fâcheuse et qui n'assure même pas toujours
la détonation de la dynamite-gomme. L'explosion de la
dvnamite est produite par l'action d'un corps fulminant ou
bien par celle de la nitroglycérine ou d'une autre charge
de dynamite détonant au contact ou dans le voisinage. Pour
éviter les explosions par influence, il faut donc avoir soin
de tenir soigneusement les amorces éloignées des provisions
de dynamite dans les magasins et dans les transports :
l'oubli de cette précaution fondamentale a amené nombre
d'accidents.
L'homogénéité et la stabilité du mélange exigent uneatten-
tion toute particulière. Il est nécessaire en effet que la nitro-
glycérine soit entièrement absorbée par la substance qui lui
est associée, et que ce mélange se conserve uniforme malgré
les secousses du transport ou les changements de la tempé-
rature. Si la dynamite en effet laissait exsuder la nitroglycé-
rine qu'elle contient, l'explosion accidentelle d'une goutte de
nitroglycérine amènerait la détonation de la niasse entière, et
l'on retomberait dans tous les inconvénients de la nitroglycé-
rine. Il faut donc que la structure delà matière absorbante
ne permette pas la séparation de la nitroglycérine. Cette
condition entraîne le rejet des dynamites à base de sable
ordinaire, de brique pilée, de coke en poudre. Cette ten-
dance à la séparation est encore accrue par une propriété
spéciale de la nitroglycérine : celle-ci se solidifie à 12°. Or,
en se solidifiant l'explosif se sépare en partie de son absor-
bant et forme un système nouveau doué de propriétés dif-
férentes. La nitroglycérine solide, en effet, est moins sen-
sible aux chocs et surtout à leur transmission de proche en
proche. Aussi doit-on recourir à des dispositions spéciales
pour provoquer l'explosion à basse température; il faut
employer une charge plus forte de fulminate ou provoquer
l'explosion par l'intermédiaire d'une charge d'amorce dége-
lée. On est amené aussi à réchauffer les cartouches pour
les liquéfier et reconstituer la dynamite primitive : opéra-
tion qui a causé d'innombrables accidents dans les mines.
Lorsqu'on est obligé de faire dégeler la dynamite, l'opéra-
tion doit être faite au bain-marie; on peut aussi dégeler
une cartouche de dynamite en la tenant quelque temps
dans la poche. Il faut surtout proscrire sévèrement l'emploi
du feu : c'est l'inobservation de cette règle qui occasionne
le plus grand nombre de catastrophes. C'est ainsi qu'à
l'arme, en 187X, un lieutenant de cavalerie ayant posé sur
un brasier un bidon contenant 1 kilogr. de dynamite, il se
produisit aussitôt une explosion qui tua ou blessa quatre-
vingts personnes. D'autre part, la congélation de la dyna-
mite peut faire exsuder en partie la nitroglycérine: celle-ci
est ensuite difficilement absorbée de nouveau, surtout si
l'absorbant n'est pas de bonne qualité. C'est pourquoi la
dynamite qui a été gelée offre toujours certains dangers de
maniement. On doit éviter de bourrer de la dynamite gelée
avec un corps dur ou même d'y percer un trou pour l'amorce.
La sensibilité des dynamites à l'action des chocs dépend
non seulement de leur teneur en nitroglycérine, mais encore
de la nature de la matière absorbante. C'est ainsi que des
dynamites, au dosage de 5o °/0, mais faites avec une subs-
tance pouvant absorber 7M °/0 de nitroglycérine sans 1»
laisser exsuder, exigent 8 décigr. de fulminate de mercure
pour détoner; tandis que des dynamites à 40 °/0, mais
faites avec une substance ne pouvant pas absorber plus de
15 ■ n de nitroglycérine sans la laisser exsuder, détonent
avec 3 décigr. de fulminate. L'explosion de la dynamite
est donc d'autant plus facile que celle-ci est plus voisine
de son point de saturation en nitroglycérine.
Au reste la présence d'un excès de nitroglycérine peut
diminuer la puissance d'une dynamite au lieu de l'augmenter,
DVNAMITr:
— m -
en raison de la différence du mode de propagation de
l'onde explosive dans le liquide et dans un mélange poreux.
\inM l'écrasement d'un bloc de plomb est plus prononcé
avec une dynamite à 78 centièmes qu'avec une dynamite
plus riche et même avec de la nitroglycérine pure. Le
voisinage du point de saturai ion peut jouer également un
rôle dans la grandeur des effets produits par une charge
donnée. Ainsi, à l'air libre, des dynamites qui à 40 °/0
se trouvaient très voisines de leur point de saturation
ont produit des effets plus considérables que d'autres à
55 °/0, faits avec une matière pouvant absorber jusqu'à
7b °/0 de nitroglycérine; en vase clos, par contre, les
résultats dépendent de la teneur en nitroglycérine. Il y a
donc dans certains cas une limite supérieure qui dépend
des résultats cherchés. 11 y a de même une limite infé-
rieure. Les additions de substance étrangère ont pour eflet
de diminuer la dose de nitroglycérine, de ralentir la décom-
position et de transformer l'agent briseur en agent pro-
pulsif. Mais si le ralentissement est trop considérable , on
rentre dans les poudres lentes et on perd les avantages dus
à la présence de la nitroglycérine.
L'action de la chaleur sur la dynamite varie avec la
température. Soumise à une douce chaleur, la dynamite
n'éprouve aucun changement : maintenue pendant une
heure à 100°, elle reste inaltérée. Si on l'échauffé rapide-
ment, elle s'enflamme vers 220° comme la nitroglycérine. Au
contact d'un corps en combustion elle s'enflamme. Quelques
dynamites faites avec des matières absorbant très bien la
nitroglycérine brûlent de diverses manières suivant le
mode d'inflammation. Si on les touche avec un corps en
ignition, mais sans flamme, avec un charbon rouge par
exemple, elles fusent sans produire aucune flamme ; mais
si on approche un corps qui flambe, elles s'allument et
brûlent avec flamme, "mais sans explosion. Mais quand la
dynamite est enfermée dans un vase hermétique et à parois
résistantes, elle détone sous l'influence de réchauffement.
Cet accident se produit également si la masse de dynamite
est considérable, 1 kilogr. par exemple, par suite de réchauf-
fement progressif des parties intérieures qui amène toute
la niasse à la température de la décomposition explosive. Du
reste, la dynamite devient plus sensible aux chocs à mesure
qu'elle atteint une température plus voisine de la décom-
position. La lumière solaire la décompose lentement comme
tous les composés nitrés. Des courants électriques, même
intenses, sont sans influence, mais les étincelles électriques
l'enflamment sans la faire détoner.
La présence des acides entraine la décomposition de la
dynamite et peut en amener l'explosion ; aussi la conser-
vation n'est-elle possible que si la nitroglycérine utilisée
a été complètement débarrassée de toute trace d'acidité.
Le contact du fer et de l'humidité altère à la longue la
dynamite, et une fois qu'elle a éprouvé un commencement
d'altération elle devient acide et susceptible d'explosions
spontanées, surtout si elle est contenue dans des enve-
loppes résistantes. L'eau, mise en contact avec la dynamite,
s'empare lentement de la silice et déplace la nitroglycérine
qui se sépare et vient se réunir au fond du vase sous
forme d'un liquide huileux ; c'est pour cette raison qu'il
faut éviter de faire des dynamites avec des matières hygro-
métriques, parce que l'humidité absorbée par les temps
humides pourrait mettre en liberté quelques gouttes de
nitroglycérine. Les dynamites ordinaires n'absorbent
pourtant que très peu la vapeur d'eau et sont peu sensibles
à l'état hygrométrique de l'air. Les dynamites à sciure de
bois peuvent être mouillées, puis desséchées sans altération
notable. La dynamite à base de cellulose peut être addi-
tionnée de 15 à "20 centièmes d'eau, ce qui la rend insen-
sible au choc de la balle, sans lui enlever la propriété de
détoner par une forte amorce.
Examen d'une dynamite. Il convient d'observer les
points suivants : vérifier que la nitroglycérine n'exsude
pas ; que la dynamite n'est pas acide ; déterminer le dosage
en nitroglycérine. On s'assure que la nitroglycérine
n'exsude pas par un examen attentif de la dynamite, en
l:i prstaanl légèremenl entre les doigts, et en plaçant une
petite portion entre deux feuilles de papier bu\ard et en
i;i soumettant à une bgère pression. La plus bible
dation se révèle par une tache huileuse sur le papier. On
vérifie la neutralité en plaçant la dynamite en contact a\ec
le papier de tournesol bleu. La vérification est plus p.écise
si on lave avec soin ;i l'eau distillée une petite quantité de
la dynamite et si l'on fait bouillir ensuite l'eau de lavage
dans un petit ballon à long col, à l'orifice duquel est sus-
pendue une bande de papier tournesol. On constate ainsi
le moindre commencement de décomposition de la dyna-
mite, car ce phénomène produit des acides nitreux qui,
dissous par l'eau distillée et mis en liberté par l'ébullition,
viennent rougir le papier de tournesol. On vérifie le dosage
en nitroglycérine de diverses manières. La plus simple
consiste a placer un poids déterminé de substance sur une
plaque métallique ou sur une plaque de verre et à l'en-
flammer de manière à produire la combustion de la nitro-
glycérine. Du poids du résidu on déduit, par différence, le
poids de la nitroglycérine. Mais ce procédé n'est pas très
exact, car lors de la combustion il arrive souvent que de
petites portions sont projetées. D'ailleurs, il est inappli-
cable si la matière absorbante est combustible ou mélangée
de matières combustibles. On peut aussi doser directement
la nitroglycérine en la précipitant par l'eau de la dissolu-
tion, en retirant la majeure partie de l'eau par décantation
et en la desséchant complètement, puis en la pesant. Mais
on perd un peu de nitroglycérine par décantation, et dans
les transvasements du liquide huileux il en reste des
gouttelettes adhérentes aux vases. On peut encore mélanger
avec de l'éther, de l'alcool mèthvlique ou de la benzine,
un poids déterminé de dynamite, de manière à faire dis-
soudre la nitroglycérine. Le mélange est ensuite versé sur
un filtre séché et pesé et la matière est arrosée avec le
dissolvant employé. On sèche le filtre puis on le pèse. On
retranche du poids obtenu celui du filtre vide, ce qui
donne le poids de la matière absorbante et par différence
celui de la nitroglycérine. Ces notions générales étant
établies, nous allons décrire a titre d'exemple trois dyna-
mites intéressantes : la dynamite ordinaire, la dynamite à
base d'azotate d'ammoniaque et la dynamite-gomme.
Dynamite proprement dite. A l'origine, M. Nobel
fabriqua la dynamite en employant comme matière absor-
bante une terre siliceuse, d'un brun rouge, qu'on trouve
à Oberlohe en Hanovre, où elle est connue sous le nom
de Kieselyuhr. L'examen microscopique montre qu'elle
est formée d'une multitude de carapaces siliceuses de dia-
tomées. Depuis on a trouvé en divers lieux des silices
naturelles, telles que la randanite d'Auvergne qui peuvent
jouer le même rôle. On regarda d'abord la structure spé-
ciale et l'origine organique de ces variétés de silice comme
indispensables à la fabrication de la dynamite : mais il a
été reconnu que la silice amorphe, préparée par voie
chimique, jouit exactement des mêmes propriétés. On dis-
tingue les dynamites d'après leur origine : dynamites
Nobel, dynamites Iboz, dynamites de la poudrerie de
Vonges, etc., et d'après leur dosage : dynamite n° 1 à
75 °/0 de nitroglycérine ; dynamite n° 1 à 50 •/„ ; dyna-
mite n° 3 à 30 °0. Pour préparer la dynamite on com-
mence par pulvériser et tamiser la silice ; puis on la des-
sèche dans des fours pendant cinq à six heures ; on pèse
le mélange absorbant dans une terrine en fer-blanc, on y
ajoute le poids correspondant de nitroglycérine et l'on
mélange grossièrement avec une spatule en bois. Fuis la
matière est étalée sur une table en bois rerouverte de
plomb : on la triture a l'aide d'un rouleau en bois terminé
par des poignées et niana'iivrè par un ouvrier dont les
mains sont protégées contre le contact de la dynamite par
une plaque de cuir ; cet ouvrier relève à plusieurs reprises
la matière en tas et l'étend :> nouveau un certain nombre
de fois jusqu'à ce qu'il ait obtenu un mélange parfaitement
homogène. On ajoute souvent à la matière quelques cen-
— HiT -
DYNAMITE
tiennes de carbonate de chaux, de magnésie, ou de bicar-
bonate de sonde afin d'empêcher le mélange de devenir
acide, transformation qui précède sa décomposition spon-
tanée. La dynamite est ensuite introduite, s'il y a ueu,
dans des cartouches préparées a L'avance où on la tasse
a\tv des mandrins en bois. Pour fermer les cartouches en
papier du commerce, on replie simplement le papier sur
la matière : pour les cartouches métalliques de guerre, on
colle après leur remplissage une feuille de papier moyen-
nement tort sur le pourtour et une rondelle de même
papier sur iliaque fond, en ayant soin de placer préala-
blement sur le fond qui porte la douille d'amorce un ruban
de til qui dépasse et qui sert a décoiffer le canal d'amorce.
l.a dynamite ainsi fabriquée est une substance grise,
brune ou rougeàtre (suivant la matière absorbante em-
ployée), un peu plus grasse au toucher, formant une masse
pâteuse. Sa densité absolue est un peu supérieure à 1,()0,
sa densité relative, déterminée par la méthode gravinié-
triqiie. es) 1,50 pour la dynamite à 75 centièmes. Lors de
la fabrication de la dynamite on observe une contraction
apparente des constituants ; e.-à-d. que la nitroglycérine
occupe un volume moindre que l'air interposé dans la silice.
La ntroglycérine pouvant se congeler à lv2°, la dynamite
se transforme vers cette température ou un peu au-dessous
en une masse dure, en se dilatant. Ses propriétés géné-
rales, en ce qui concerne l'influence delà chaleur, de l'hu-
midité, du choc, ont été décrites précédemment. La dyna-
mite ordinaire fait explosion par le choc de fer sur 1er ou
de fer sur pierre, mais non par celui de bois sur bois. Lors-
qu'on la frappe avec un marteau la partie directement
choquée détone seule, les portions ambiantes étant direc-
tement dispersées. Elle détone sous le choc de la balle, à
30 m. et plus loin : inconvénient très grave dans les appli-
cations militaires.
La détonation de la dynamite se propage dans des tubes
entièrement remplis de cette substance avec une vitesse de
3.000 m. par seconde. Son explosion franche ne produit
pas de gaz nuisibles, tels que ceux de la poudre. Mais
lorsqu'elle brûle par inflammation simple (ratés de déto-
nation), il se produit du bioxyde d'azote, de l'oxyde de
carbone et de la vapeur nitreuse, qui sont délétères. La
chaleur dégagée par la décomposition brusque de la dyna-
mite est la même que la chaleur de combustion totale et
elle est proportionnelle au poids de la nitroglycérine con-
tenue dans la dynamite. Or la détonation de la nitroglycé-
rine est représentée par l'équation très simple :
i 11- (Az06H)3 = 3C20« H- 3H0 -f- 3Az + 0
et la chaleur mise en jeu est, si l'on suppose l'eau liquide
33i>cal3 à pression constante, 338cal3 à volume constant ;
et si l'eau est gazeuse 33 lca,l à pression constante, 335oal6
à volume constant. Le volume des gaz permanents pour 1
équivalent à la température de t degrés est 106 lit.
( 1 -1- ^rrr) l'eau étant liquide;' 161u,8 (\ + ^Y
l'eau étant gazeuse. On calcule facilement au moyen de ces
nombres la chaleur dégagée par une dynamite, ainsi que
le volume des gaz produits dans l'explosion, en tenant
compte de la silice.
Les considérations suivantes dues à M. Derthelot mon-
trent que la théorie thermochimique rend compte des avan-
tages de la dynamite. La dynamite est moins brisante que
la nitroglycérine parce que la chaleur dégagée se partage
entre les produits de l'explosion et la masse inerte. Par
suite, la température s'élève moins ce qui diminue d'autant
les pressions initiales. Ainsi la silice et l'alumine anhydres
qui peuvent êtres mélangées avec la nitroglycérine ont a
peu près la même chaleur spécifique (0,40) que les pro-
duits gazeux de l'explosion de la nitroglycérine ; à volume
constant, à poids égaux et dans une capacité entièrement
remplie, elles abaisseront à moitié la température et par
suite la pression initiale, Pour un même poids de nitro-
glycérine, les propriétés brisantes seront donc atténuées
proportionnellement au poids de la matière inerte mélan-
gée, tandis que le travail maximum restera le mémo, étant
toujours proportionnel au poids de la nitroglycérine. Les
mêmes particularités s'opposenl ;i la propagation de l'in-
flammation simple d'une petite portion de la masse dans les
parties voisines : celles-ci en effet détonent seulement
lorsqu'elles sont portées d'une manière brusque au voisi-
nage de "200°. La détonation produite par une amorce exi-
gera donc une commotion initiale plus forte pour se pro-
duire. Si la déflagration est produite par le choc d'un corps
dur ou d'une fusée fulminante, les particules solides inter-
posées dans le liquide répartissent la force vive du choc
entre la matière inerte et la matière explosive, dans un
rapport qui dépend de la proportion de la matière inerte.
La loi de l'explosion se trouve modifiée par là, la propaga-
tion de l'onde explosive est empêchée jusqu'à un certain
degré et il en résulte une extrême variété dans les phéno-
mènes comme l'ont montré les expériences réalisées par
MM. Nobel, Girard, Millot, Vogt sur la nitroglycérine mé-
langée avec la silice, l'alumine, l'éthal ou le sucre.
A côté de la dynamite ordinaire à base de silice, il existe
d'autres dynamites se rattachant au même type. C'est ainsi
qu'au moment du siège de Paris, la silice taisant défaut,
on la remplaça par diverses matières inertes, telles que
l'alumine ou la cendre de boghead. Les expériences aux-
quelles procéda le comité scientifique de défense, présidé
par M. Derthelot, aux carrières d'Amérique et au polygone
de Vincennes, montrèrent que cette dynamite se prêtait
parfaitement à tous les usages qu'on en attendait : bris de
rails, dislocation de murs, éclatement des pièces de canon.
Elle fut employée pour dégager la flottille des canonnières,
prise dans les glaces de la Seine vers Charenton. Les
moyens ordinaires avaient été reconnus d'un emploi trop
long et trop coûteux pour déblayer le lit de la Seine, en-
combré sur une longueur de plus de 1 kil. par des glaçons
empilés et soudés depuis la surface jusqu'au fond de la
rivière, sur une hauteur de 3 à 4 m. Mais le résultat fut
atteint en quelques jours, avec une dépense minime, par
l'emploi de dynamite posée à la surface des glaces. Son
explosion disloquait la masse et disjoignait les piles de
glaçons sur de grandes étendues ; il était facile de les dé-
blayer ensuite en les faisant écrouler dans le courant au
moyen de la proue d'un bateau à vapeur, c'était là une
application fort élégante des propriétés de la dynamite. La
destruction des glaces du Rhône à Lyon en 1871, celle de
l'embâcle de la Loire à Saumur en 1880, embâcle de (J kil.
de long pressée en amont par 2(i kil. de glace de nouvelle
formation, furent également eflectuées au moyen de la
dynamite.
Dynamite à base d'azotate d'ammoniaque. Cette
dynamite mérite une mention spéciale à cause de sa grande
énergie qui provient à la fois de la nitroglycérine et de
l'azotate d'ammoniaque. Elle a été proposée à diverses
reprises par les inventeurs avec des variantes plus ou
moins secondaires, dues à l'adjonction de corps combus-
tibles complémentaires (charbon, cellulose), destinés à la
fois à utiliser l'excès d'oxygène fourni par la nitroglycé-
rine et l'azotate d'ammoniaque et à compléter les proprié-
tés absorbantes de la matière. Mais cette dynamite offre de
graves inconvénients pratiques, car l'azotate d'ammoniaque
absorbe l'eau, principalement dans une atmosphère saturée
d'humidité. De plus, l'eau en sépare immédiatement la ni-
troglycérine. La théorie montre la puissance qu'a cette
variété de dynamite ; et les essais pratiques confirment les
résultats du calcul et conduisent à rapprocher la dynamite
a (i<) centièmes et le mélange formé de IN p. de nitrogly-
cérine, 7o p. d'azotate d'ammoniaque, 3 p. de charbon et
i p. de paraffine.
Dynamites à base de cellulose azotique. Tïauzl pro-
posa en 18UX l'association de la nitroglycérine au coton-
poudre; ce produit fut alors jugé d'une fabrication trop
dangereuse. On revient pourtant aujourd'hui à des dyna-
mites analogues (V. Dualiues). — Plus récemment, Nobel
DYNAMITE
168 —
a fabriqué an composé d'ordre différonl en dissolvant le
collodion dans la nitroglycérine ilans la proportion de 93
parties de nitroglycérine pour 7 de collodion. Il obtint
ainsi la gomme explosive, on gélatine explosive, ou dyna-
mite-gomme. C'est un composé gélatineux, élastique, trans-
lucide, jaune clair, plus stable que la dynamité au point
de vue physique, car il ne donne lieu a aucune exsudation
môme par la pression. Il est inaltérable par l'eau, plus
puissant que la dynamite siliceuse et comparable sous ce
rapport à la nitroglycérine elle-même.
On peut rendre la dynamite-gomme insensible aux
actions mécaniques qui déterminent l'explosion de la dyna-
mite ordinaire même (frottements, choc de balle à faible
distance, etc.). Il sullit de l'additionner d'une faible pro-
portion de camphre (de 1 à i centièmes). Sa puissance
n'est guère affaiblie par ce mélange, mais elle n'entre en
action que sous l'influence de très fortes doses de fulminate
ou d'amorces spéciales à la nitrocellulose, la nitroglycérine
et l'hydrocellulose azotique, excitées elles-mêmes par une
faible dose de fulminate. On constate que le choc initial néces-
saire pour faire détoner la dynamite-gomme est environ six
fois celui qu'exigerait la dynamite ordinaire : différence qui
tient sans doute à la cohésion de la matière. La dynamite-
gomme est beaucoup moins sensible que la dynamite pro-
prement dite aux explosions par influence. Ces circons-
tances paraissent très favorables à son emploi comme
explosif de guerre. Mais la difficulté d'une fabrication
régulière, la nécessité d'amorces spéciales, l'incertitude qui
subsiste malgré cela pour la faire détoner ont empêché
son usage de devenir aussi général qu'on pouvait le penser.
Voici ses propriétés physiques les plus caractéristiques.
Elle n'absorbe pas l'eau ; elle blanchit seulement à la sur-
face par suite de la dissolution de la nitroglycérine contenue
dans la couche superficielle. Mais le collodion séparé par
l'eau dans cette première couche étant insoluble dans ce
dissolvant forme une pellicule protectrice, et l'explosif de-
meure inaltéré après un séjour de quarante-huit heures
sous l'eau courante. La densité de la dynamite-gomme est
égale à 1,6, c.-à-d. très voisine de celle de la nitroglycé-
rine, comme il est naturel par suite de sa structure homo-
gène et non poreuse. Elle brûle à l'air sans faire explosion.
Maintenue huit jours à 70°, elle ne se décompose pas; main-
tenue deux mois entre 40° et 45°, elle perd seulement un
peu de camphre et de nitroglycérine ; chauffée lentement,
elle détone vers 204°. Si elle contient 10 centièmes de
camphre, elle ne détone plus, mais fuse. Sa force peut être
évaluée d'après les méthodes données par M. Berthelotpour
définir l'énergie des matières explosives. Soit une dynamite-
gomme formée de !M ,6 p. de nitroglycérine et 8,4 p. de col-
lodion : proportions qui répondent à une combustion totale.
Une telle dynamite offre les rapports
51C6e*(Az06H)3-|-C«H*i(Az09H)80s*.
Son poids équivalent est 42,630 gr. La détonation produit
177p804 + 143Hî0ï-r-81Az8. La chaleur dégagée par sa
détonation (eau gazeuse) est 19,381 cal., le volume réduit
de gaz est 8,950 lit. (eau gazeuse). La pression théorique
est a très peu près la même que celle de la nitroglycérine.
Il résulte de là que la dynamite-gomme surpasse la dyna-
mite ordinaire dans le rapport 19 : 14. Des essais pratiques
faits par M. Hess sur la rupture de fortes pièces de bois
lui ont donné le rapport 78 : 56 , qui concorde d'une manière
satisfaisante avec le précédent. Une matière analogue ren-
fermant de la nitroglycérine entre dans la composition de
la poudre sans fumée allemande.
Usages. La dynamite est employée dans les mines, dans
le creusement des tunnels, pour disloquer les roches dures,
pour les travaux des ports dans les terrains aquifères. On
y a recours pour rompre les blocs de pierre, les niasses de
fontes, les bancs de silex, les amas de glace, pour défoncer
les sols destinés à la culture de la vigne, etc. — Elle
joue aussi un grand rôle dans la guerre (torpilles, mines,
destruction de palissades, abatis d'arbres, de bâtiments,
de ponts ; destruction de rails, de voies ferrées, de ca-
nons, etc.). On trouvera plus loin des détails tm
applications militaires.
Parmi les grands travaux exécutes ft l'aide de la dynamite,
nous citerons à titre d'exemple la destruction du récif
d'Hallets-Poinl qui haïrait sur 18,1 M m. une des as
menant a New-York. Il fut perd' de <li\ galeries de 8(1 m.
de long réunies par huit autres galeries transversales. On i
creusa 5,000 fourneaux on l'on mil 13.600 cartouches
contenant 13,000 kilogr. de dynamite et 24,000 kilogr. de
substances explosives diverses. L'explosion désagrégea
48,000 m. c. de roches qu'on mit dix ans ft extraire du
fond de la mer. Enfin on sait que la dynamite a été parfois
utilisée dans un but criminel. Les explosions qui eurent
lieu à Londres en 1883, 1884 et 1883 dans les principaux
édifices publics et notamment a la gare de Victoria Station,
au palais du Parlemeut, a la Tour de Londres, jetèrent une
véritable terreur en Angleterre. On les attribua aux fenians
irlandais.
La dynamite s'emploie habituellement en cartouches
dont les dispositions varient suivant la nature de l'effet
que l'on cherche à produire. La plupart du temps les car-
touches sont isolées ou accolées sur l'obstacle à détruire :
ce n'est qu'exceptionnellement qu'on en réunit une grande
quantité dans une caisse (destruction d'un pont ou d'un
gros ouvrage en maçonnerie). A moins que les cartouches
ne soient distantes de plus de 30 eentim., il suffit d'en
amorcer une seule pour que toute la charge détone simul-
tanément par influence. Pour provoquer la détonation de
la cartouche choisie on a recours soit à des capsules ful-
minantes enflammées au moyen d'une mèche de sûreté, soit
a des amorces fulminantes électriques. Après avoir mis le
feu à la mèche on se retire aussi loin que possible derrière
un arbre ou un obstacle quelconque. Dans le cas d'un raté,
après avoir suivi sur une montre la durée de combustion
de la mèche, on s'approche avec précaution pour voir de
loin si la dynamite est enflammée. Dans ce cas, on attend
qu'elle ait fini de brûler.
Législation. — Fabrication de la dynamite. Après
la guerre de 1870 on se demanda si les lois réservant en
France à l'Etat le privilège de fabriquer la poudre s'appli-
quaient à la dynamite. La question tut résolue affirmative-
ment, et le gouvernement, pour répondre aux demandes de
l'industrie privée, entreprit la fabrication de la dynamite à
la poudrerie de Vonges. Le 7 janv. 1873, on soumit à
l'Assemblée un projet de loi consacrant le monopole de
l'Etat et réglant les prix de vente des dynamites. Ces prix
fixés provisoirement par décret du 21 dèc. 1872 à llfr.2o
le kilogr. pour la dynamite n° 1, à 7 fr. 30 pour la dyna-
mite n° 2, à 4 fr. 30 pour la dynamite n° 3 furent abais-
sés ensuite à 9 fr. 30, (i fr. 30 et 4 fr. 50 (I). du 31 mai
1873), mais le 14 déc. 1874, le gouvernement retira le
projet de loi du 7 janv. 1873 et soumit un nouveau pro-
jet d'après lequel la fabrication et la vente de la dynamite
seraient cédées à un concessionnaire. Mais la commission
se prononça à la fois contre le monopole de l'Etat et le
système de la concession, et proposa d'abandonner à l'in-
dustrie privée la fabrication et la vente de la dynamite,
(le système fut adopté le 8 mars 1873 par l'Assembl-
La dynamite et les explosifs à base de nitroglycérine peu-
vent donc être fabriqués dans les établissements privés
moyennant un impôt de 2 fr. par kilogr. Les dynamites
exportées sont exemptes de cet impôt . Aucune fabrique ou
magasin ne peut être établi sans l'autorisation du gouver-
nement. Cette autorisation est aussi nécessaire pour l'im-
portation des dynamites étrangères qui sont assujetties à
un droit de 2 fr. 3(1 par kilogr.
Il n'existe actuellement en France que deux fabriques
privées de dynamite autorisées : l'une est celle de Paulilles
(Pyrénées-Orientales), que M. Barbe, concessionnaire des
brevets Nobel, avait obtenu l'autorisation d'établir pendant
la guerre de 1870; l'autre est celle d'Atdon (Calvados),
dirigée par M. Iboz,qui employa le premier la randanitedu
Puy-de-Dôme pour la confection de la dynamite. Enfin,
— Kilt —
DYNAMITE
l'Etat fabrique sa dynamite à la poudrerie de Vonges.
La consommation de la dynamite en France a suivi pen-
dant les premières années qui ont suivi la loi do 1878 une
progression régulière, les quantités soumises à l'impôt
fiaient: en 1876, de 101, 687 kilogr.; en lS77.de 160,400;
en L878, de 196,247 ; en IS7!»', de 283,504 : en 1880,
de 489,963; en 1881, de 718,750; en 1889, de 879,442.
A partir de ce moment, le contre-coup de la crise indus-
trielle a amené un abaissement dans les ventes : elles
étaient, en 1883, de 765,705; en 1884, de 643,785; en
isss, de 521,234 kilogr. L'exportation des dynamites
françaises était en ISS7 de 360,790 kilogr. ; l'importation
de 83. "lis kilogr.
La fabrication de la dynamite a pris dans certains pays
étrangers un développement très supérieur à celui de la
France. C'est ainsi qu'en 1882, les usines qui emploient
les procédés Nobel avaient fabriqué à elles seules en Alle-
magne et en Autriche, 3,100,000 kilogr. ; en Angleterre,
1,200,000 kilogr. ; en Espagne et en Portugal, un million
100,000 kilogr. ; en Italie et en Suisse. 600,000 kilogr. ;
en Suéde et en Norvège, 400,000 kilogr. ; aux Elats-
l'nis. 1,000,000 de kilogr. l.a compagnie Nobel pos-
sède les usines suivantes : en Suède, Vinterudken près de
Stockholm, fondée en 1865; en Norvège, Christiania (1866);
en Allemagne, Krammel près de Hambourg ( 1865) et Schle-
buch près de Cologne (1872) ; en Autriche, Zaniky près de
Prague (1868); en Hongrie, Près bourg (1874); en Suisse,
Isleten, près d'L'ri (1872); en Italie, Avigliano près de
Turin (I872i ; en Espagne, Galdacano près de liilbao
(4873); en Portugal, Trafaria près de Lisbonne (1873);
en Ecosse, Ardeer près de Glasgow (1871) ; en France,
l'aulille près de Port-Vendres (1871); en Amérique,
San Francisco et New-York.
Conservation de la dynamite. Fn France, les dépôts
particuliers destinés à recevoir la dynamite sont assimilés
aux établissements dangereux et insalubres de première,
deuxième et troisième catégorie, selon qu'ils doivent rece-
voir plus de 50 kilogr. de dynamite, de 5 à 50 kilogr., ou
moins de 5 kilogr. La zone regardée comme dangereuse
s'étend à 2 kil. pour les dépôts de la première catégorie, à
500 m. pour ceux de la seconde, à 200 m. pour ceux de
la troisième. La dynamite ne peut circuler que renfermée
dans des cartouches recouvertes de papier parchemin ou
d'une autre enveloppe imperméable, non amorcées. On em-
balle les cartouches dans des enveloppes de bois, de carton
ou de caoutchouc à parois non résistantes. On remplit les
vides avec du sable fin, de la sciure de bois, du papier
découpé ou des ètoupes. Le tout est renfermé dans un ba-
ril en bois consolidé au moyen de cerceaux ou chevilles en
bois et pourvus de poignées non métalliques. Aucune caisse
ne doit peser plus de -25 kilogr. On doit écrire en carac-
tères lisibles sur toutes les faces : Dynamite, matière ex-
plosive. Chaque cartouche doit être revêtue d'une étiquette
semblable.
Emmagasinage. L'emmagasinage et la conservation de
la dynamite dans les places sont soumis aux précautions
suivantes. Les magasins a dynamite doivent être éloignés
des habitations, entourés d'un fossé, d'un remblai en terre.
On y évite toute source constante de chaleur (poêles, che-
minées traversant les murs). Dans lespays chauds, surtout
hors d'Furope, il y a lieu d'empêcher la chaleur solaire de
s'accumuler dans les magasins en y réalisant une venti-
lation active. On s'assujettit pour l'éclairage artificiel aux
mêmes précautions que dans les magasins à poudre ordi-
naires. Les magasins doivent avoir une capacité au moins
décuple de leur contenance en dynamite et présenter de
nombreuses ouvertures. Chacun d eui doit être séparé en
deux compartiments par un mur plein, afin qu'un accident
fortuit ne se propage pas de l'un dans l'autre. On ne doit
emmagasiner que la dynamite en cartouches; les caisses
sont conservées ouvertes, r.-à-d. les couvercles dévissés.
On les place sur des étagères facilement accessibles et dont
chaque rayon ne porte qu'une rangée de caisses. On n'exé-
cute dans les magasins aucune manipulation de dynamite.
Les amorces fulminantes ne sont jamais logées dans le
même magasin que la dynamite, ni même trop près. Tout
nouvel arrivage de dynamite est vérifié cartouche par car-
touche. Ou s'assure qu'il n'y a pas d'exsudation et on place
dans chaque boite un papier bleu île tournesol légèrement
humecté. Si l'on constate ainsi un commencement d'alté-
ration par exsudation ou par dégénérescence acide, on trans-
porte les caisses suspectes dans un endroit écarté où on les
met en observation. S'il y a lieu, on les détruit par le feu.
Tous les six mois, à la fin de l'hiver et à la fin de l'été, on fait
une visite détaillée des magasins, en examinant les boites et
les cartouches comme s'il s'agissait d'un nouvel arrivage.
Transport. Le transport de la dynamite par chemin de
fer est soumis à certaines prescriptions. Les récipients doi-
vent être disposés comme il a été indiqué plus haut et
doivent porter extérieurement une estampille indiquant le
nom du fabricant et la date de l'emballage. Les dynamites
ayant plus d'un an d'emballage ne sont pas admises au
transport. Les récipients sont placés couches dans les wa-
gons et maintenus de façon à éviter le moindre choc. Ils
ne doivent jamais être recouverts par d'autres colis, même
de même matière. Les précautions pour le choix et la ma-
nœuvre des wagons, pour la surveillance dans les gares, etc.,
sont les mêmes que pour la poudre ordinaire. Les dyna-
mites expédiées par les administrations de la guerre et de
la marine peuvent être, par exception, chargées sur des
wagons plats quand elles sont contenues dans des voitures
des modèles réglementaires affectées au transport de la
dynamite pour des usages réglementaires. Le transport sur
les rivières, les canaux et les routes est fait on se confor-
mant aux règlements en vigueur pour les autres poudres.
D. P».
II. Art militaire. — La dynamite employée pour
les opérations militaires est à base inerte. Sa composition
et son mode d'emploi sont définis par le règlement du
27 nov. 1880. Elle est formée de 75 parties de nitrogly-
cérine et de 25 parties de randanite. Elle a l'aspect d'une
pâte grisâtre et détone sous l'action d'un choc violent.
Bien qu'elle agisse par simple application contre l'obstacle
à détruire, il y a toujours avantage à la recouvrir d'un
bourrage : quelques pelletées de terre, une claie, une fas-
cine, un bout de planche posés sur la charge augmentent
considérablement l'effet de l'explosion.
Pétard de cavalerie. — Description .La dynamite est
généralement renfermée dans une enveloppe prismatique en
fer-blanc, portant le nom de pc'tard et contenant une
charge de 100 gr. Sur chacun des fonds est soudé un
petit tube formant saillie à l'intérieur et destiné à recevoir
la capsule ; son orifice est recouvert par un ruban de fil. Le
tout est enveloppé de papier. Il existe également un pétard
de 25 gr. ; il est cylindrique et porte un seul tube. Dans ce
qui suit, il ne sera question que du pétard de 100 gr.
Amorçage et mise de feu. L'amorce se compose d'une
capsule renfermant I ?r50 de fulminate de mercure, dans
laquelle on engage l'extrémité d'un cordeau Bickford.
Après avoir arraché le ruban de fil d'un des fonds du pé-
tard, on introduit l'amorce dans le petit tube et on met le
feu à l'extrémité libre du cordeau au moyen d'un morceau
d'amadou. La vitesse de combustion du cordeau est d'en-
viron 1 m. en 90 secondes. On s'éloigne dés qu'on a en-
tendu le sifflement produit par la combustion. Au lieu du
cordeau Bickford, on peut employer la fusée instantanée,
qui brûle avec une vitesse de 100 m. par seconde. Quand
plusieurs pétards sont réunis et se touchent, il suffit d'en
amorcer un pour les faire détoner tous.
Usages. — Destruction des voies ferrées. Lorsqu'on
veut mettre hors de service une voie ferrée, on peut bri-
ser des rails ou des traverses, ou bien détruire un des
ouvrages d'art qui supportent la voie. — Pour la rupture
simple d'un rail, placer deux pétards l'un sur l'autre en
les appliquant contre l'âme du rail et sur le patin. La
brèche produite est d'environ 40 centim. ; elle ne suffit pas
lANAMÏIi; — lrtN\MM.MI-THK
— 170 —
ca général pour provoquer un déraillement: ai^si opère-
t-ou toujours bu moins une rupture double. Pour cela,
appliquer deux charges, de deux pétards chacune, à droite
ci .1 gauche il une traverse, de part el d'autre du rail, en
les amorçant au moyen de deux cordeaux Bickford de
même longueur pour avoir deux détonations simultanées.
On ohtii'iii ainsi une interruption de voie de 1 ' " i > o a |B80<
Si l'on craint la non— simultanéité d'explosion des deux
charges, les placer du même coté du rail ; introduire dans
une des charges une capsule seule, dans l'autre une cap-
sule avec cordeau : la détonation de la seconde ontraine,
par influence, celle de la première. — On peut aussi bri-
ser deux traverses non consécutives; pour cela placer sur
chacune d'elles, contre le côté intérieur du rail, une charge
de cinq pétards. La rupture fournit une brèche de 21QiO.
— La rupture des ouvrages d'art exige des charges très
fortes qui sont placées à l'extrados sur la clef de voûte.
Ces charges varient suivant qu'elles sont encastrées ou non
dans la maçonnerie.
Destruction des murs. Pour pratiquer dans un mur
de 0mu0 d'épaisseur une ouverture de lmlî>, considérée
comme une bonne brèche, disposer au pied du mur une
charge concentrée, c.-à-d. en paquet, de 1kN00 avec bour-
rage. Si l'on se sert de charges allongées, c.-a-d. de pétards
fixés bout à bout avec de la ficelle le long d'une baguette,
il faut compter 1KAH) par mètre courant de mur à détruire.
Abatage des arbres et des poteaux télégraphiques.
Entourer l'arbre d'un cordon de pétards attachés avec
une ficelle et se touchant, ou bien pratiquer un forage sui-
vant un rayon de l'arbre et y introduire la charge. Dans
les deux cas il sullit d'amorcer un seul des pétards. Pour
un arbre de 0m30 de diamètre, le cordon doit comprendre
dix pétards, le forage trois.
Mise hors de service d'une bouche à feu. Cinq pé-
tards introduits dans l'âme d'une pièce de campagne la
mettent complètement hors de service. Il est bon de fermer
la bouche avec un tampon en argile ou quelques gazons.
Destruction des projectiles chargés. Pour détruire un
projectile chargé qui a été tiré et qui n'a pas éclaté, pla-
cer dessus un pétard avec un léger bourrage.
Transports. — L'artillerie transporte les approvision-
nements de pétards qui sont nécessaires pour son service
et pour le ravitaillement des troupes de cavalerie ; celles-ci
emportent avec elles les pétards qui lui sont distribués
par les soins de l'artillerie. Les pétards sont placés dans
des chariots de batterie à raison de dix caisses par chariot,
soit 4,500 pétards. Un chariot de batterie est attaché à
une des trois batteries à cheval qui accompagnent chaque
division de cavalerie indépendante; deux chariots de bat-
terie chargés de pétards sont attachés à chaque parc de
corps d'armée.
III. Thérapeutique (V. Nitroglycérine).
Bidl. : Chimie.— Fritsch, la Nitroglycérine et les Dxjna-
mites, 1872. — Manuel de pyrotechnie à l'usage de l'ar-
tillerie de marine, 1879. — Desortiaux, Traité de la
poudre, etc., 1878.— Roux, Conférence faite à l exposition
d'Amsterdam, 1883. — Berthelot, la Force des matières
explosives, lss3.
DYNAMIUS, né à Arles en 551, mort en 001. Origi-
naire d'une famille noble, il eut de bonne heure des fonc-
tions importantes ; on le trouve à trente ans patrice et
gouverneur de Marseille et de la Provence australienne
sous Childebert ; il profita de la rivalité de Childebert et
de Gontran, possesseur chacun d'une moitié de Marseille,
pour s'y rendre presque indépendant, gouverner en des-
pote, faisant par exemple élire successivement à l'évêché
d'Uzès, malgré Childebert, deux de ses candidats, après la
mort de saint Ferréol en 581, expulsant deux fois l'évèque
Théodore de Marseille. Puis sa conduite changea brus-
quement ; il devint un sujet d'édification, entra en corres-
pondance avec le pape Grégoire le Grand, lui demanda des
avis et des livres, se chargea de la direction des patri-
moines de Saint-Pierre en Provence de 593 à 597. Gré-
goire lui envoya en cadeau une croix avec de la limaille
îles chaînes de saint Pierre et de, morceaux do gril
de saïui Laurent. Dynamius se réfugia ensuite dan- la
retraite, composa des viesdeiamU et mourut i cinquante
ans. Il fut enterré à Saint-Hippolyte de Marseille auprès
de son épouse Eu* héria dont il avait eu au moins deux (ils.
On a l'épitaphede Dynamius <t d'Euchéria écrite par leur
petit-fils. Nous avons de Dynamius : la Vie de saint m
abbé «le Bodane (diocèse de Sisteron), dont il ne reste qu'un
abrégé fait postérieurement ; la Vie de Maxime de Riez, tt
deux lettres. H a\ait en outre écrit de, poésies, dont plu-
sieurs adressées à Fortunal ; nous avons deux poèmes que
lui ailic e Fortunat. Ch. LicuvAm.
Bibl. : //cf. httér. de la France, t. III, pp, 157-464. —Du
Cm sne, HisL Franc., I. p. 519. — Mu. m:, Patroi. latin.,
I.XXX, pp. 26-40.
DYNAMO I.Mach.) (V. Ki.f.ctricité).
DYNAMOGÉNIE (Y. Imiihition).
DYNAMOMÈTRE (Mécan.). On donne le nom dedynamo-
mètres aux appareils qui permettent la mesure des torces au
moyen de l'élasticité des corps solides. Ils se composent
essentiellement d'un ressort dont on note la flexion. L'ins-
trument est gradin- préalablement avec des poids connus.
Si la force appliquée produit la même flexion qu'un poids
de 5 kilogr., 10 kilogr., etc., on dit qu'elle vaut 5 kilogr.,
10 kilogr., etc. Le nombre de dynamomètres employés
par l'industrie dans les divers pays d'Europe ou en Amé-
rique est très considérable. On peut les rattacher à trois
types : dynamomètres de traction, dynamomètres de
rotation, dynamomètres pour l'évaluation des charges.
I. Dynamomètres de traction. — Le dynamomètre le plus
simple est le peson du commerce (fig. d). 11 se compose d'un
ressort en forme de V dont chaque branche porte un arc
de cercle métallique qui lui est fixé et qui traverse l'autre
. 1. — Peson du
commerce.
Fïg. '-. — Dynamo-
mètre Leroy,
branche. L'extrémité de l'un des arcs porte un crochet
auquel on pont suspendre un poids ou appliquer une fore*
quelconque; l'extrémité du second arc porte un anneau qui
sert à suspendre l'instrument. Sur ce second arc est tracée
une graduation. Un autre dynamomètre utilise un ressort à
boudin disposé dans un tube ferme a ses deux bouts (fig. -1).
Le ressort s'appuie d'une part contre la base supérieure du
tube, d'autre part contre un piston mobile, dont la ti^.e est
graduée et se termine au dehors par un anneau servant à
fixer l'appareil. A la partie inférieure du tube est un
crochet auquel on applique la force à mesurer. Celle-ci
— 171
DYNAMOMÈTRE
tire la base supérieure du tube vers le piston et t'ait sortir
du cylindre une portion de la tige d'autant plus longue
que ia force est plus intense, l.e dynamomètre de Régnier
(fis. 3) convient pour la mesure de forces plus intruses.
11 se compose d'un ressort a deux brandies réunies par
Fig. 3. — Dynamomètre de Régnier.
leurs extrémités AB. Le milieu D de l'une des branches est
fixe : c'esl au milieu C de la seconde que l'on applique la
force à mesurer sous forme de pression, en orientant la
ligne des milieux suivant la direction de la pression. Les
branches se rapprochent et ce mouvement est rendu visible
par le déplacement d'une aiguille Ont sur un cadran. Cet
appareil peut s'employer d'une autre manière si l'on a
affaire à des forces plus considérables. On fixe l'une des
extrémités et on applique la lorce à l'autre sous forme de
traction. Le système s'aplatit encore et une pointe intérieure
de l'aiguille n mesure la force sur un second arc concen-
trique au premier. Ce second mode de mesure convient
pour des forces plus intenses, telles que la force muscu-
laire d'un cheval.
Ces divers appareils présentent tous un même inconvé-
nient : la sensibilité diminue dès que la force devient con-
sidérable; le déplacement de l'indicateur pour un même
accroissement de la force est d'autant plus faible que la
déformation du ressort est plus grande. Poncelet a évité
ce défaut dans son dynamomètre. Celui-ci est formé de
deux lames d'acier égales et parallèles, articulées à leurs
Fig. 4. — Dynamomètre de traction.
extrémités. Le milieu de l'une d'elles est fixe; au milieu
de l'autre, on applique la lorce, et la déformation se
lit sur une règle divisée devant laquelle glisse un index
fixé à l'autre lame. Quand ]cs forCes sont considérables,
on peut tailler les lames suivant la forme parabolique :
on sait en effet que cette forme jouit de la propriété de
donner à la résistance de la lame à la rupture la même
valeur sur toute sa longueur; de plus, la flexion est double
pour un même effort. Morin a constate qu'il y a propor-
tionnalité entre la force agissante et la flexion jusqu'à une
flexion égale au dixième de la longueur des lames.
On peut enregistrer les flexions du ressort du dynamo-
mètre à chaque instant. Il suffit d'adapter au ressort un
style appuyant sur une bande de papier qui se déroule
d'un mouvement continu, l'n second stylo trace sur le
papier une ligne qui correspond à un effort nul. L'ordonnée
de la courbe tracée par le style mobile fait connaître à
chaque instant l'effort exercé. Si les indications <lu dyna-
momètre sont proportionnelles aux forces, et le mou-
vement du papier au déplacement du véhicule, l'aire de la
courbe tracée mesure le travail effectué : donnée capitale
en mécanique. Aussi le nom de dynamomètres enregis-
treurs sous lequel ces instruments sont connus n'indique*
t-il pas d'une manière assez explicite les services qu'ils
peuvent rendre. L'aire peut être évaluée par les procédés
ordinaires de quadrature ou par l'emploi d'un planimètre.
On peut, plus simplement encore, comme l'a proposé
Morin, se servir d'un papier homogène, le découper suivant
la droite fixe et la courbe et peser la bande obtenue. Le
poids est proportionnel à la surface.
Comme exemple de dynamomètre de traction, nous décri-
rons celui qui est employé le plus souvent dans les expé-
riences relatives au tirage des voitures, des charrues, des
bateaux, etc. 11 se compose (fig. 4) de deux lames égales,
d'environ 68 ccntini. de long, planes à leur face interne,
paraboliques à leur face externe et articulées à leurs
extrémités. Elles sont saisies en leur milieu par deux
grilles : l'une se fixe au véhicule en expérience, l'autre
porte un petit anneau auquel s'accroche la volée ou la
corde sur laquelle le moteur doit agir. Pour empêcher les
lames d'être forcées, on fixe à la lame postérieure deux
brides d'arrêt, l'une au-dessous, l'autre au-dessus des
lames : celle de dessus est seule visible sur la figure où
elle affecte la forme d'une fourchette à deux branches. A
la griffe antérieure est fixé un pinceau, au-dessous duquel
se déroule une bande de papier animée d'un mouvement
proportionnel à celui du véhicule, mais dans une direction
perpendiculaire. Ce mouvement est emprunté à l'une des
roues de la voiture par un système de poulies, de cordes
sans fin et de vis de renvoi. Un second pinceau fixé à
l'une des brides d'arrêt trace sur le papier la ligne droite
qui sert de terme de comparaison.
Dans la catégorie des dynamomètres de traction se ran-
gent encore les divers dynamomètres employés sur les
lignes de chemins de fer. Tel est le wagon dynamométrique
des chemins de fer de l'Ouest. Sous la plate-forme de ce
wagon sont deux groupes de ressorts, dont l'un s'attache
au crochet d'attelage du wagon et permet de connaître la
résistance du véhicule à la traction, et dont l'autre se relie
aux tiges des tampons et entre en jeu quand le wagon, au
lieu d'être tiré, est refoulé. Chacun de ces groupes de res-
sorts est d'ailleurs muni d'un style enregistreur qui inscrit
sur une bande de papier la courbe des résistances. Le
dynamomètre Dudley, employé en Amérique, fonctionne
d'après un mécanisme un peu différent. La traction et la
poussée sont transmises au piston d'un cylindre rempli
d'huile et relié à un second cylindre dont le piston met en
mouvement le crayon enregistreur. Des dispositions méca-
niques assez compliquées permettent d'enregistrer diverses
autres données, telles que la quantité d'eau empruntée au
tender, le nombre de pelletées jetées dans le foyer, les
distances parcourues, les dénivellations de la voie, etc. Les
dynamomètres précédents ne permettent de connaître que
la résistance des wagons remorqués sans donner aucun
renseignement sur celle de la locomotive et du tender, qui
peut être très supérieure à la première dans les trains
rapides, par suite de la résistance de l'air. Le dynamo-
mètre Desdouits permet de connaître toutes ces résistances
en enregistrant les secousses du départ, de l'arrêt, etc. Il
se compose d'un segment de cercle oscillant dans une boite
placée sur le plancher du wagon. Il enregistre le démar-
rage, le patinage, l'action îles freins, etc.
II. Dtsamohètrbs de rotation. — Les dynamomètres
décrits précédemment ne s'appliquent qu'aux appareils qui
sont déplacés (voitures, charrues, bateaux, etc.) ; mais,
dans les ateliers, le travail mécanique est toujours trans-
mis par des systèmes animés d'un mouvement circulaire
DYNAMOMÈTRE — DYNAMOSCOPE
- 1T-J -
continu, 'tu l'évalua au moyen île dynamomètre! d'un type
différent, <lii de rotation, et qui permettent de mesurer la
portion dn travail transmise a une machine par on arbre
moteur qui en dessert plusieurs autres. Us se divisent en
dynamomètres de transmission et dynamomètres d'ab-
sorption.
I" Les dynamomètres de transmission se composent
essentiellement d'un organe moteur et d'un organe de ré-
sistance, poulie ou autre ; un mécanisme quelconque trans-
met la rotation de l'un à l'antre. On peut les subdiviser
eu deux groupes: dynamomètres à flexion, dans lesquels
la poulie folle est reliée à la poulie fixe par des ressorts
calés sur l'arbre ; la flexion des ressorts, proportionnelle
à la résistance, est transmise à une aiguille indicatrice:
le type en est le dynamomètre Morin; dynamomètres à
engrenages, dans lesquels la roue motrice s'engrène sur
un pignon mobile : le type en est fourni par le dynamo-
mètre Bourdon.
I.e dynamomètre de Morin se compose, en principe, de
deux poulies montées sur un même arbre, la première, fixe
sur l'arbre, reçoit par une courroie le mouvement de rotation
de l'arbre moteur ; la seconde est folle sur l'arbre, mais lui
est reliée par un couple de lames élastiques, dirigées, à l'état
de repos, parallèlement au rayon moyen intermédiaire et en-
castrées dans l'arbre. L'autre extrémité de chacune des lames
est engagée entre deux couteaux d'acier que porte la poulie M
près de sa circonférence. Cette poulie transmet par une cour-
roie le mouvement à la machine dont on veut mesurer le
travail résistant utile. Un crayon ou un pinceau, placé au
milieu du système des lames élastiques, dessine une courbe
sur une bande de papier dont le mouvement est propor-
tionnel à celui de l'arbre. L'ordonnée de la courbe, par
rapporta la droite qui serait tracée dans l'état naturel de
l'appareil, est proportionnelle à l'effort développé, et l'aire
est proportionnelle au travail transmis.
Le dynamomètre Bourdon se compose de deux arbres
parallèles sur lesquels sont montées deux poulies. La
première reçoit par une courroie le mouvement de ro-
tation de l'arbre moteur ; elle communique ce mouvement
à la seconde par l'intermédiaire d'un engrenage sans frot-
tement et transmet ce travail, au moyen d'une cour-
roie, à la machine dont on veut mesurer le travail résistant
utile. Les poulies et les roues dentées ont le même dia-
mètre. L'un des arbres a la faculté de glisser dans ses
coussinets et vient buter contre le sommet d'une lame
élastique boulonnée à ses deux extrémités à un support
fixe. La flexion de la lame est indiquée par une aiguille
articulée à une pièce fixée en son milieu. Le dynamomètre
Brown fournit un autre exemple de dynamomètre à engre-
nage. 11 se compose d'une roue motrice dentée qui engrène
un pignon mobile de même diamètre; celui-ci entratne la
roue de résistance, qui enveloppe les deux [lignons au
moyen d'une denture intérieure. L'arbre mobile du second
pignon est relié à un fléau dont on charge de poids l'extré-
mité libre pour amener le pignon mobile à son zéro.
Les dynamomètres de transmission précédents (Morin,
Bourdon, Brown) sont séparés des machines dont ils enre-
gistrent le travail. D'autres dynamomètres, dits directs.
font partie intégrante de la machine. Ils ne sont pas très
répandus dans l'industrie. Le dynamomètre de Taurines
est en usage dans la marine française. On sait que dans
les navires à hélice l'arbre des manivelles des machines à
vapeur est dans le prolongement de l'arbre de l'hélice
auquel il est lié par un manchon ou par tout autre pro-
cède : le dynamomètre Taurines se place au point d'inter-
ruption des deux arbres. Les efforts entre les deux arbres
sont t.aiismis par des ressorts dont l'axe est perpendicu-
laire a l'axe de l'arbre. Ces ressorts travaillent dans le
Son"? de leur longueur ; leurs déformations sont propor-
tion, ues aux efforts transmis et leur élasticité se conserve
indéfiniment. Ce dynamomètre permet d'évaluer des tra-
vaux de plusieurs milliers de chevaux. Le pandynamomètre
Il rn mesure l'effort transmis par un arbre moteur par la
torsion qu'il subi! entre la poulie motrice et la poulie
résistante.
i" Les dynamomètres £ absorption permettent es
connaître le travail en l'absorbant el non pas en le trans-
mettant. I e pins simple et le plus ancien est le (rein de
Prony qui permet de savoir le travail produit par un rno-
teur el transmis par un Brbre. Il sera décrit, avec \>-> per-
fectionnements qu'on y a apportés de mis jours, au mot
Ihi.in. D'autres dynamomètres d'absorption sont fondes
sur l'inertie, le dynamomètre Fronde se compose d>- âesa
turbines montées sur nu même axe et enfermées dans une
enveloppe dont l'extérieur porte un levier et dont l'inté-
rieur est garni de lames comme celles des turbines. L'en-
veloppe est remplie d'eau et quand l'appareil tourne, la
projection de l'eau >ur les parois tend a entraîner l'enve-
loppe avec une force mesurée par les poids que l'on place
à I extrémité du levier. Le dynamomètre à courroie Fronde
se compose d'une courroie passant sur une poulie d.
diamètre, puis sur une poulie de plus faible diamètre. Les
deux 1 >i i us de la courroie sont rendus parallèles au moyen
de poulies mobiles aux chapes desquelles on accroche deux
poids qui maintiennent ces poulies au même niveau et
équilibrent par suite la tension de la courroie. On compare
la tension du brin moteur à celle du brin résistant et 00
en déduit l'effort absorbe par la résistance. Dans les dyna-
momètres à courroie Hefner von Alteneck, Elibu Thomp-
son, on ne mesure plus la différence de tension de deux
brins, mais leur différence de rigidité.
III. Dynamomètres foui l'évaluation des charoe-. —
Knfin, il convient de mentionner un autre dynamomètre
dans lequel la déformation élastique des solides est obser-
vée d'une manière toute différente, grâce à un procédé
optique. Les dynamomètres décrits jusqu'ici ne permettent
pas la mesure des pressions qui s'exercent entre deux
corps solides sans chemin appréciable parcouru, cas inté-
ressant pourtant quand il s'agit d'évaluer les résistances
statiques mises en jeu par les presses, étaux, balanciers,
l'évaluation des charges supportées par les matériaux de
construction, la déformation des métaux, etc. Fresnel a
démontré qu'un corps solide transparent et homogène, s'il
est tiré ou pressé suivant une seule direction, acquiert la
double réfraction et par suite fait apparaître des couleurs
en lumière polarisée. Wertheim a utilisé cette action dans
son dynamomètre. Celui-ci se compose d'une plaque de
verre, parfaitement transparente et assez épaisse pour pou-
voir supporter des pressions très considérables. Cette plaque
est placée entre deux plateaux en fonte suffisamment épais,
l'ne plaque de porcelaine blanche, bien éclairée, donne une
image lumineuse, qui, après avoir passé par un nicol, tra-
verse la plaque de verre et est reçue par l'œil. I.a couleur
de l'image permet d'évaluer l'effet produit. La principale
difficulté de l'expérience, c'est d'éviter que le verre ne
subisse une flexion transversale qui ferait apparaitre des
bandes colorées et s'opposerait à toute détermination. On
y arrive en donnant à la plaque une épaisseur de ~2 à
3 centim.
In autre dynamomètre pour l'évaluation des charges
a été construit d'après des principes différents par le
Dr Frankel. On peut l'employer pour mesurer la déforma-
tion que le passage d'un train fait subir aux poutres '''un
pont métallique. On le fixe sur la pièce a observe- i
moyen de vis de pression et il inscrit sur une bande ue
papier mobile les variations d'écartement des deux extré-
mités de la poutre. Connaissant la longueur dont une
bande de fer s'allonge sous l'influence d'une pression de
1 kiloe,r.. on déduit immédiatement de rallongement enre-
gistré la charge subie. Des systèmes de leviers convena-
blement plaies permettent d'amplifier les déformations qui
sont 1res petites. D. 1).
DYNAMOSCOPE (Médec.). Le dynamoscope eM un ins-
trument qui sert à ausculter certains bruits du corps qui
paraissent dus à la contraction fibrillaire îles iiium les. Le
dynamoscope, imagine par le Dr Collonj < impose
— 175 —
DYNAMOSCOl'E — DYSAULES
d'une tige métallique de 10a 15 cent de longueur dont l'une
des extrémités amincie doil être introduite dans l'oreille de
L'observateur, dont l'autre extrémité, creusée en dé, peut
recevoir la dernière phalange de l'un des doigts du malade.
Lorsqu'on se sert de cet instrument sur unsujet normal,
l'oreille perçoit un bruit continu, sorte de bourdonnement
qui rappelle le roulement d'une voiture pesamment chargée,
bourdonnement entremêlé de petits grésillements ou pé-
tillements. Tous ces bruits peuvent bien se percevoir si
on introduit dans l'oreille le doigt du sujet examiné, mais
ils sont bien moins nets que lorsqu'on se sert du dynamo-
BCOM. Ce qui prouve en tous cas qu'il s'agit là d'un bruit
qui provient bien réellement du doigt en observation et
non de l'observateur, c'est que si on écoute, avec ou sans
l'instrument, le doigt d'un cadavre, on n'entend ni bour-
donnement ni grésillement. Les bruits perçus par le dyna-
moscope varient suivant l'état de maladie. 1 l'une façon
générale, on peut dire que le bourdonnement s'accélère
dans les états fébriles, diminuant, au contraire, ou même
disparaissant totalement dans les paralysies complètes.
D'après CoUongues qui a étudié les diverses variations
d'intensité et de rythme du bourdonnement, lorsque celui-
ci es! simplement plus fort et plus rapide, mais continu,
c'est le signe d'un état morbide sans gravité. Le bourdon-
nement devient-il tremblotant ? c'est au contraire l'indice
d'une affection sérieuse. Si le bourdonnement est inter-
mittent, on a lieu de craindre une maladie très grave.
L'absence de bourdonnement à l'extrémité des doigts est,
enfin, l'indice d'une mort prochaine. 11 faut cependant savoir
que le bourdonnement cesse dans les paralysies complètes
et qu'il peut s'interrompre momentanément dans cer-
tains états morbides tels que la syncope, l'épilepsie, l'apo-
plexie, etc. On a proposé de se servir du dynamoscope pour
s'assurer de la réalité de la mort, mais comme l'absence
du bourdonnement peut se rencontrer dans divers états
morbides, comme ce signe n'est pas des plus faciles à
apprécier, il est préférable de se fier à des indices plus
certains (auscultation des bruits cardiaques en particulier).
Le dynamoscope peut, par contre, être utilement consulté
pour la diagnose des paralysies simulées : c'est là un mode
d'exploration commode qui mériterait d'être plus employé.
Dr Al.PHANDÉRÏ.
DYNANT (Y. Dînant).
DYNASTES {Dynastes Kirby) (Entom.). Genre de
Coléoptères, de la famille des Scarabéides [Lamallicornes
de l.atreille). qui a donne son nom au groupe des Dynas-
ties. Les représentants sont nettement caractérisés autant
par l'existence, derrière les hanches antérieures, d'une
saillie en forme de cône allongé et très velue, que par la
présence, chez les mâles, d'une grande coi ne arquée et den-
tée, implantée sur le vertex, et d'une autre corne horizontale
plus ou moins longue, densément velue en dessous, fixée
sur le prothorax, dont elle forme le prolongement. Les cinq
espèces qui composent ce genre sont exclusivement améri-
caines. La plus connue est le D. Hercules L.. ou Scarabée
Hercule. Le mâle est remarquable par sa grande taille et sa
forme bizarre. Il mesure 1:27 millim. Ses deux cornes, dont
celle du prothorax est ti es allongée, sont d'un noir profond
comme le reste du corps, à l'exception des élvtres qui sont
lisses, d'un vert olive clair et ornées ça et la de quelques
petites taches noires. La femelle, dépourvue de cornes,
est d'un brun noirâtre et uniformément recouverte, tant en
dessus qu'en dessous, de poils bruns très courts mais très
serres. Ce remarquable insecte est commun aux Antilles et
en Colombie. On le trouve sur le tronc des vieux arbres.
dans l'intérieur desquels ont vécu ses larves. Ed. Lef.
DYNE. C'est l'unité de force adoptée dans le système
C.G.S. C'est la force qui, agissant mu- la masse de 1 gr.,
lui imprime une accélération égale à 1 centim. par seconde.
DYNOMENE (Malac). Ce nom qui a beaucoup trop
de ressemblance avec liynamene (genre d'isopodes) a
été donné par Latreille à des Crustacés très voisins des
Dromies. qui différent surtout de ce dernier genre parce
que la dernière paire de pattes seulement est relevée sur
ledos. — Type : l>. hispida, de l'Ile de France. K. M/.
DYNTER (Edmond de), historien belge, ne a Dynter,
prèsdeBois-le-Duc, vers 1375, mort à Bruxelles en IMS. Il
devint secrétaire d'Antoine de Bourgogne, duc de Brabant,
et, après la mort de ce prince, il conserva la même charge
auprès de ses deux tils et successeurs, Jean IY et Philippe
de Saint-Pol. Il laissa un manuscrit d'intérêt capital pour
l'histoire de la Belgique au moyen âge; c'est [& Chronique
des ducs de Brabant. De Dynter était avantageusement
placé pour observer de près les événements et, d'autre
pari, il avait accès aux archives de ducs et des couvents.
il a intercale dans sa chronique la copie d'une grande
quantité de documents dont les originaux sont aujourd'hui
perdus. Cet ouvrage si précieux n'a été publié qu'en 1854
par les soins de Deram. E. II.
Bibl. : Foppens, Bibliotheca belgica; Matines, 1739,
2 vol, in-8. — Paquot, Mémoires pour servir ;ï l'histoire
littéraire des Pays-Bas; Louvain, 17(>5-1770, 3 vol. in-fol.
— Henné et Wauters, Histoire de la ville de Bruxelles ;
Bruxelles, ls lu, 3 vol. in-8.
DYO (Diocum). Coin, du dép. de Saône-et-Loire, arr. de
Charolles, cant. de La Clayette, sur la rivière de Couche
ou de la Baize et le ruisseau de la Cote ; 891 hab. Car-
rières. Moulins, huilerie, poterie, Iluines d'un château qui
fut le berceau de l'importante famille de Dyo et de Dyo-
Montperroux. La seigneurie, qui appartint longtemps aux
de Damas d'Anlezy, était qualifiée comté-palatinat ; ses
possesseurs prenaient le titre de comtes palatins et com-
tesses palatines. L-x.
DYONYSOS (V. Dionysos).
DYOTT (William), général anglais, né en 1761, mort
en 18i~. Ami personnel de Guillaume IV, il servit obscu-
rément aux Indes, en Egypte, et prit part à l'expédition de
YValcheren.
DYRRACHIUM (V. Duruzzo).
DYRSKJŒT (Peder-Larsen), paléographe danois, né à
Aagaard, paroisse d'OErum (Jutland), le 10 avr. 1(150,
mort à Knaerœ (paroisse de Jerslev) le 43 oct. 1707. Eils
d'un paysan tué (1644) à l'âge de quatre-vingt-quatre ans,
à la tète d'une bande qu'il conduisait contre les envahis-
seurs suédois, il fut une trentaine d'années employé dans
des bureaux où il prit goût à la lecture des anciens docu-
ments. Aussi, quoiqu'il n'eût pas plus fréquenté les écoles
que son contemporain, le paysan islandais Bjœrn Jônsson
de Skardsâ, recueillit-il comme lui nombre de vieux papiers,
manuscrits ou imprimés, des chansons et des documents
de toute sorte. Les nobles et les ecclésiastiques facilitaient
ses recherches et consultaient cet humble scribe qui, après
son mariage, redevint un simple travailleur des champs.
Il légua ses grandes et précieuses collections à l'évèque
d'Aalborg, Bircherod ; elles ont en grande partie passé à
la bibliothèque royale de Copenhague et aux archives pri-
vées, où l'on consulte encore avec fruit ses copies qui
remplacent beaucoup d'originaux perdus. Beauvois.
DYSASTER (Paléont.). Genre d'Oursins fossiles, consti-
tuant avec quelques genres voisins une sous-famille des
Ilolasteritlœ (Y. IIolastkh), remarquable par un appareil
a puai très allongé et consolidé par des plaquettes surnu-
méraires. Il en résulte que les trois ambulacres antérieurs
(Trivium) sont très éloignés des deux postérieurs (Biciutn).
Il n'y a pas de fascioles. — Les Dysasterinœ peuvent être-
considères comme la forme primitive des Ilolasteritlœ et
des Spatangidœ. Tous sont du jurassique et du crétacé,
commençant dans le bajocien (Jura moyen) avec le genre
Collyrites (Desmoulins). Nous citerons C. ellivtica de
l'oohthede Ùamers (Sarthe). Dysaster est du jurassique
supérieur (h. granulosus) et du crétacé. Grasia est du
corallien de l'Yonne et de l'Isère, et iletaporhinus est
très commun, surtout dans l'étage tithonique des Alpes et
le crétacé inférieur. E. Trt.
DYSAULES (Mylh. gr.). Père de Triptolème, frère de
Celée : d'après une légende de l'hlionte, il aurait été chassé
DYSÀULES — DYSMÉNORRHÉE
- 174 -
d'Eleusis par Ion el aurai) apporté aux Phliasiens 1rs mya-
lères éleusiniens ; on montrait son tombeau i Celés.
DYSCHROMATOPSIE (V. AcBSOBATOPSUl).
DYSCRASE {Discrase, argent antimontaft (Miner.).
Antimoniitre d'argent, isomorphe <lr lu cbalcosioe. Orlho-
rhombique.a :é:e=0,578 : I :0,672;»n*n H 9° 59*
— i'.i'l" 'tl . Formes principales : m,gl,p. //' ,,
Clivages <•' el // faciles, m imparfaits. Densité: 9,4 a
!i,s-j ; blanc d'argent ou blanc t'etein. Cassure inégale.
Ce minéral n'a pas une composition constante, la teneur en
argent oscille ne ~rl à 84,1 " 0- Au chalumeau, fond en
donnant un globule d'argent et les réaction! île l'anti-
moine; soluble dans l'acide azotique ni laissant H résidu
d'oxyde d'antimoine. Le dyscrate se trouve a Wolfbarh
(Baden), Wittichen (Souabe), Âudreasberg (Hartz), Afle-
mont (Isère), etc. A. Lai. noix.
DYSCRASIE (Méd.). Dans l'ancienne médecine, compo-
sition vicieuse des humeurs, caractéristique d'un mauvais
tempérament. Aujourd'hui on n'entend plus par ce mot
qu'une altération du sang el des humeurs en général résul-
tant de la maladie, d'une dialhése (cancéreuse, scrofulcusc,
syphilitique, etc.). Dr L. Un.
DYSENTERIE (Méd.). La dysenterie, dyssenterie on
colite ulcéreuse, est une affection intestinale, épidémique,
caractérisée par une diarrhée liquide et sanguinolente avec
tènesme, par un état général plus ou moins grave et une
grande tendance aux récidives. La dysenterie s'observe aussi
souvent chez les enfants que chez les grandes personnes.
Dans le jeune âge, elle parait frapper avec la même fré-
quence les enfants de l'un ou l'autre sexe; plus tard, elle se
rencontre plus souvent chez l'homme, sans doute parce que
le genre de vie de celui-ci l'expose plus facilement aux
atteintes de la maladie. Parmi les causes qui paraissent
favoriser l'apparition de la dysenterie, il faut noter les cha-
grins, la crainte, la nostalgie, le surmenage intellectuel ou
physique, et d'une façon générale toutes les affections anté-
rieures qui ont pu être une cause de débilitation pour l'or-
ganisme. Les variations atmosphériques brusques, une nour-
riture vicieuse, l'encombrement jouent le rôle de causes
déterminantes. On a beaucoup discuté sur la question de
savoir si la dysenterie était ou non contagieuse; en réalité
la question n'est pas encore complètement résolue. La dysen-
terie est endémique dans certains pays chauds ou elle
règne constamment ; dans nos climats elle peut être spora-
dù/ue, c.-à-d. ne frapper qu'une personne ou quelques
individus isolés, ou bien épidémique, c.-à-d. atteindre en
même temps et dans le même lieu un grand nombre de per-
sonnes. La dysenterie débute ordinairement d'une façon
brusque, excepté dans les cas très intenses ou elle est pré-
cédée d'une courte période de malaise. Le sujet sent de
vives douleurs dans le flanc gauche, douleurs qu'exaspère
la pression et qui s'irradient parfois dans tout ['abdomen ;
il éprouve le besoin d'aller du corps, et les évacuations
qu'il produit péniblement, à des intervalles de plus en plus
rapprochés, s'accompagnent de iënesmc rectal et quelque-
fois vésical. L'état des garde-robes, qui varie suivant la
période de la maladie, est tout à fait caractéristique. Au
début, le malade rend des matières glaireuses, d'une odeur
fade, rappelant assez bien l'aspect du frai de grenouille; on
y voit déjà parfois quelques filets de sang. Plus tard, la
couleur des matières devient rougeàtre, et le liquide sein-
purulent ou même constitué par du sang pur qui les entoure
contient des pellicules blanchâtres, formées par des lam-
beaux de la muqueuse intestinale. L'affection esl-elle plus
grave? les matières sont encore plus sanguinolentes; leur
apparence devient comparable à îles fraises ou des fram-
boises écrasées; elles sont même parfois mêlées à des
cylindres noirâtres constitués par des lambeaux gangrenés
du tube digestif. Le nombre des évacuations est variable.
Dans les dysenteries légères le malade va de dix à douze
fois du corps sans trop souffrir; dans les formes mortelles
le besoin d évacuer esl incessant, et osa vu certains sujets
aller à la garde-ndie jusqu'à dcliv cents luis dans l'espace
de quelques heures. !•• noptomes généraux qui aeeaai-
pagnenl les troubles précéuoti sont en rapport av.r j'jn-
leosité de la maladie. La dysenterie est-elle légère? 0 n'y
a pas de fièvre; tout au plus v a-t-il une diminution :
de l'appétit avec une sensation de malaise, de faiblesse plus
ou moins marquée. S'agit-il d'oie- tonne plus intenseï la
fièvre parait, la soif devient vive, la figure se grippe, \,-
malade ;i envie de vomir on même vomit. Dans b-, cm
tout a fait graves la lièvre l'élève; la peau devient sèche
et terreuse ; les yeux Bout caves, les lèvres sè< ne* et noin - :
l'expression du visage est profondément altérée, la pros-
tration des forces arrive au dernier point. On conçoit que
la marche de la maladie doit être singulièrement influencée
suivant que l'on a affaire à telle on telle des formes décrites.
La dysenterie de nos pays ne dure ordinairement que
quelques jours, et la guérlsOD est la règle surtout dan- m
cas sporadiques. Lorsque l'affection revêt la forme épidé-
mique, le pronostic est déjà plus sérieux, les CSS de
mort n'étant pas lares. Le sujet meurt alors soit de l'in-
tensité du mal, soit d'un abcès du foie, soit d'un érysîpèle
gangreneux, soit eucore d'une pneumonie ou d'une affec-
tion tuberculeuse intercurrente. Quelquefois le malade
parait se remettre; les symptômes généraux et locaux
s'amendent ; l'affection revêt une forme chronique, mais la
terminaison fatale ne s'en produit pas moins soit à la suite
d'un marasme progressif, soit du fait d'une recrudescence
aigué. La dysenterie chronique peut cependant guérir, mais
alors sa durée est longue, et il est habituel que le malade
s'en ressente fort longtemps. La dysenterie des pays chauds
est la plus grave comme pronostic. Les cas de mort sont ici
fréquents soit à la suite de la forme aigué, soit à la suite
de la forme chronique ; elle frappe cruellement les Euro-
péens qui viennent s'établir dans les pays chauds.
C'est une maladie contre laquelle on peut se prémunir
jusqu'à un certain point en observant une hygiène sévère
dans les pays ou cette affection est endémique, ainsi que
dans les moments où elle régne d'une fat;on épidémique.
C'est ainsi par exemple que l'on doit éviter toute cause de
débilitation, quelle qu'elle soit, s'abstenir soigneusement de
toute eau impure nun bouillie, se prémunir contre les varia-
tions de température, et traiter sévèrement dès le début
tout dérangement intestinal. Lorsque la dysenterie est décla-
rée, les purgatifs salins, les lavements d'amidon laudanisés,
les applications émollientes sur le ventre, la diète, le repos
suffisent dans les cas légers. Dans les formes plus graves
on emploie avec avantage les purgatifs, les astringents, les
opiacés, et surtout l'ipéca qui justifie pleinement son nom
de racine antidysentérique. L'association de l'ipéca aux
opiacés est particulièrement avantageuse : l'opium fait en
effet mieux supporter l'ipéca, et il ajoute son action propre
à celle de ce médicament. Dans les formes chroniques, les
lavements astringents ou cathéretiques ont surtout leur
indication, mais sans détriment du traitement précédent.
Dans tous les cas, le malade doit soutenir ses forces par
des toniques et une alimentation réparatrice dont le lait et
la viande crue constituent la base. Fendant la convalescence,
il est bon de surveiller attentivement le régime du malade
qui doit suivre une hygiène rigoureuse pour éviter toute
récidive. "r Alphandérv.
DYSMÉNORRHÉE (Méd.). La dysménorrhée est un état
pathologique caractérisé par l'écoulement difficile et doulou-
reux du sang menstruel. Celte affection peut résulter de
diverses causes qui ont permis de grouper les diverses dys-
ménorrhées en quatre groupes principaux. La première, la
dysménorrhée mécanique ou chirurgicale, résulte d'un
obstacle au cours du sang; elle provient d'un rétrécissement
de la mire, du vagin, de l'utérus OU des trompes de Fal-
lape, que la sténose soit produite par une tumeur, une
rétraction cicatricielle, ou bien une disposition congénitale.
La dysménorrhée nerveuse s'observe surtout chez les jeunes
filles cbloro-auémiques ; elle se rencontre particulièrement
chez les hystériques : elle est oïdinaiieinent sinon guérie.
du moins notablement améliorée par le mariage. La dys-
— 175 —
DYSMÉNORRHÉE — DYSPKPSIE
mènorrhèe congestive est duo à l'exagération de l'afflux
sanguin vers les parties profondes de L appareil génital. On
la remarque surtout chez les sujets robustes, bien qu'elle
puisse se produire cependant chei des femmes d'une appa-
rence grêle a la suite d'abus de coït ou comme phénomène
concomitant d'une affection utérine. La dysménorrhée mem-
braneuse garde une physionomie un peu à pari à coté des
trois premiers groupes. Elle mérite d'être détachée des pré-
cédentes formes; aussi sera-t-elle étudiée plus loin après
celles-ci. l.<'s symptômes qui se produisent dans la dysmé-
norrhée sonl a peu de chose près les mêmes, quel que soit
le point île départ de l'affection. In peu avant le moment
OÙ les règles vont apparaître, la femme éprouve d'abord
une sensation de malaise, de pesanteur plus nu moins accen-
tuée du eole du rein et du lus-ventre. Ces symptômes vont
ensuite en s'aggravant : le ventre devient dur, tendu, dou-
loureux; des tiraillements douloureux se produisent du
coté des reins. 1 /utérus devient le siège de coliques très
pénibles. Les urines sont émises plus fréquemment, quoique
plus rares et plus foncées. 11 y a en outre, suivant les sujets,
diarrhée OU constipation avec besoins fréquents d'aller à la
selle. Ln même temps que ces troubles locaux ou de voi-
sinage s'observent des symptômes généraux dont l'inten-
sité est susceptible de présenter les plus grandes variations.
Le plus souvent la malade devient triste, irritable, riant
ou pleurant pour les causes les plus futiles; parfois elle est
atteinte de véritables crises de nerfs. Du côté du tube
digestif, on observe une diminution de l'appétit coïncidant
avec un état saburral plus ou moins marque. On a vu qu'il
y avait ordinairement soit diarrhée, soit constipation; il
peut y avoir également envies de vomir ou même vomisse-
ments dans les formes les plus intenses. Ces phénomènes
s'amendent généralement (lès que les règles apparaissent,
surtout dans les formes congestive et nerveuse. Dans la
dysménorrhée chirurgicale, le sang ne peut que s'écouler
péniblement à cause de l'obstacle mécanique; aussi les phé-
nomènes douloureux persistent-ils durant quelques jours.
Les règles terminées, phénomènes locaux comme phéno-
mènes généraux disparaissent, et la santé est habituelle-
ment bonne dans l'intervalle des crises. — La dysménorrhée
membraneuse est caractérisée par l'expulsion d'une partie
ou de la totalité de la muqueuse de l'utérus. Il se produit
dans ce cas, par suite d'un état morbide, un fait identique
à celui qui s'accomplit dans l'accouchement où cette mu-
queuse sort avec le foetus. L'état sous lequel se présente la
muqueuse dans la dysménorrhée est variable. Exception-
nellement elle sort eu entier sous l'apparence d'un petit sac
triangulaire présentant a chacun de ses angles un orifice;
plus fréquemment elle s'échappe au contraire par lambeaux
plus ou moins étendus ; dans les deux cas son apparence
est elle-même sujette à varier suivant que la muqueuse a
été expulsée de l'utérus sitôt après son décollement ou
Qu'elle y est restée un certain temps. Les symptômes de la
ysménorrhée membraneuse sont à peu près les mêmes
que dans les autres dysménorrhées ; seulement, comme cette
affection est presque toujours accompagnée d'autres altéra-
tions de l'utérus, les symptômes qui résultent des diverses
lésions viennent ajouter leur nuance propre au tableau chi-
mique. Le traitement de la dysménorrhée dépend de la cause
qui la détermine. Dans la dysménorrhée mécanique, on
pratique la dilatation s'il s'agit d'un rétrécissement d'une
des parties du canal génital, l'excision si l'obstacle à l'écoule-
ment menstruel est une tumeur. Contre la dysménorrhée
nerveuse, on a recours aux calmants et au repos au moment
des règles; dans l'intervalle on prescrit les toniques et les
sédatifs. La dysménorrhée congestive cat combattue de la
même façon au moment des règles; dans l'intervalle, on
emploie les sai-nées locales, les purgatifs répétés, les alca-
lins, quelquefois même les emménagogues (particulièrement
dans les congestions passives). La dysménorrhée membra-
neuse étant une affection symptomatique, son traitement
est celui de l'affection déterminante. Dr Au-hanuéry.
DYSMORPHOSA [Dysmorphosa Phllippi) (Zool.).
Dysmorphosa carnea IIreck. et
Potlocoryne carnea Sars.
Genre d'Anthoméduses (Hydroïdes) de la famille des Mar-
gellides, constitué par de très petites Méduses, d'une colo-
ration rougeâtreou brunâtre, généralement restreinte aux
parois stomacale-;, aux glandes sexuelles et aux ocelles,
possédant îles tentacules simples, disposés en une seule
rangée, dont quatre sonl perradiaux et plus longs et quatre
interradiaux plus courts. La bouche est entourée de huit
appendices non ramifiés ; l'estomac est cylindro-quadran-
gulaire et les canaux radiâmes qui en partent sont étroits.
Ce genre comprend quatre espèces. Le /). carnea (Sais)
lla'ck.. type du genre,
se trouve sur les côtes
européennes el n'est
autre que la Méduse
libre d'un Polype hy-
draire gymnoblasti-
que, le Podocoryne
carnea Sars. Ce Po-
lype, couleur de chair,
de 4 à 6 millim. de
hauteur, possédant
ordinairement douze
tentacules, est tixé
au sol par une mince
membrane recouverte
de petites pointes
obtuses. Cette sorte de racine memhranifonne porte un
nombre variable d'individus. Parmi ceux-ci, il en est, dont
le rôle est de produire des bourgeons sexuels, qui sont
plus petits, ne mesurent que de "2 à 4 millim. île haut et
ont seulement de deux à quatre tentacules. Ce sont là les
nourrices des Méduses blanches ou couleur de chair, qui
se forment sur la face libre de leur corps, au-dessous des
tentacules, et qui s'en séparent pour constituer les êtres
décrits plus haut. On connaît quatre espèces de Podoco-
rynes, nourrices de Méduses de la famille des Margellides,
habitant la mer du Nord, la mer Baltique, surdes coquilles de
Gastéropodes, principalement sur celles de la Nassa rcticu-
lata, la mer Adriatique, etc. Le genre Lizusa Haeck. diffère
du précédent en ce que ses tentacules buccaux sont disposés
en quatre groupes. C'est là, probablement, la Méduse de
VEudendrium ramosum Van Beneden. J. Kunstler.
DYSODES (Ornith.). La famille des Dysodes que La-
treille [Familles natur. du régne animal, 482o) pla-
çait en tête des Passerigalles, dans le voisinage des lloccos
et des Pigeons (V. ces mots), ne renfermait qu'une seule
espèce, rôpisthocome boazin (V. Hoazin) qui pour MM. Scla-
ter et Salvin constitue le type d'un ordre particulier
(Opisthocomi). E. Oustaxet.
DYSODYLE (Miner.). Le dysodyle de Cordier (houille
papy racée, merda di Diavolo) est un lignite schisteux,
riche en matières terreuses. Il est formé de feuillets minces,
papyracés, se séparant facilement les uns des autres, et
renfermant parfois des empreintes de poissons ou de plantes.
Flexible et un peu élastique. Densité, 1,14 à \,2'6. A l'air
humide, le dysodyle se boursoufle et tombe en morceaux.
Il brûle avec une flamme vive en répandant une fumée à
odeur désagréable, rappelant celle de Vasa fœlida. Il laisse
un résidu de silice, oxyde de fer et d'alumine. Le dysodyle
se trouve en Sicile, aux enviions de Giessen et dans divers
gisements de lignite.
DYSOPES (Zool.) (V. Molossk).
DYSOXYLUIYI (Dysoxylum 131.) (Bot.). Genre de
Meliacées, qui ne forme plus aujourd'hui qu'une simple
section du genre Epicharis BL, caractérisé par le calice
imbriqué et univalvaire (V. Epicharis). Ed. Lia-.
DYSPEPSIE (Méd.). Le mot dyspepsie (de 8o«, diffici-
lement, et ni'};;, digestion) signifie digestion di/jicile,
digestion lente, laborieuse, pénible, douloureuse. D'après
eetie définition, l'indigestion la plus légère serait une dys-
pepsie. Mais il s'agit ici surtout d'un état fréquent, du-
rable, le plus souvent chronique, et non d'une indisposition
passagère, accidentelle. La dyspepsie est caractérisée par
DYSPEPSIE
— 176 —
un ensemble de Bymptomes oui peuvent se présenter indé-
pendamment d'un élal morbide bien caractérisé arec lequel
ils pourraient se trouver dans une relation patbogénique :
c'est la dyspepsie simple, la dyspepsie idiopathique des au-
teurs. Plusbouvent le syndrome de la dyspepsie est conco-
mitant avec d'autres afiections, ou bien les suit, parfois les
annonce, comme cela peut arriver dans le cancer de l'esto-
mac. Ici la dyspepsie est purement gymptomatique et Bes
formes sont aussi variables que les maladies quelle com-
plique.
Pathogénie. Les classifications des variétés de dyspepsie
proposées depuis Galien jusqu'à dos jours Boni innombra-
bles et se retient a autant de théories pathogéniques ; il
nous est impossible de donner ici même un aperçu de ces
classifications. Nous devons nous bornera rechercher en
quoi consiste d'une manière générale le trouble dyspeptique,
quelle en est la nature, quel en est le mode de production.
Envisagée au point de vue strictement physiologique, la
dyspepsie se réduit a deux facteurs, l'un mécanique (mou-
vements), l'autre chimique (sécrétions). Le moindre trouble
de l'une ou de l'autre de ces fonctions détermine de la
dyspepsie. Si la tunique museuleuse de l'estomac, par
exemple, a perdu de sa contractilité par suite d'une phleg-
masie locale, d'une affection adynamique ou cachectique
générale, par parésie, par atonie, etc., ou d'une distension
exagérée due à l'introduction d'un excès d'aliments solides
ou liquides, il se produit une stagnation des aliments qui
fermentent et ne peuvent plus être transformés en matières
assimilables par les sécrétions; cette variété se rapproche
plus ou inoins de la dilatation de \y estomac (Y. ce mot);
si, au contraire, il y a exagération dans les contractions, la
dyspepsie est caractérisée par des spasmes, des contrac-
tions, des vomissements; enfin, il peut y avoir perversion
des mouvements péristaltiques de l'estomac : c'est alors la
rumination ou le mérycisme (Y. ce mot).
Quoi qu'il en soit, dans les dyspepsies stomacales, c'est le
chimisme qui joue le rôle le plus important. Le suc gastrique
est naturellement acide et cette acidité n'est pas due exclu-
sivement à l'acide chlorhydrique libre, comme on le croyait,
car l'acidité totale, évaluée par les procédés si exacts de
Hayem, n'en dépend que pour une faible proportion, et même
dans les conditions les plus normales l'acide libre peut faire
défaut ; c'est le chlore combiné qui est le facteur le plus
sérieux de l'acidité totale. 11 n'y a donc pas lieu de con-
server les dyspepsies avec hyperaciilité ou hypoacidité
des auteurs allemands, pas plus que les hyperefuorhydries
et les anachlorhydries (Sée, A. Robin) des auteurs fran-
çais, parce que toutes ont trait à l'acide chlorhydrique libre,
ou du moins a une acidité dont la nature n'est pas suffi-
samment déterminée. Pour plus de précision, Hayem a in-
troduit dans la science les termes iïnyperpepsie (digestion
exagérée), désignant une sorte d'irritation fonctionnelle de
l'estomac avec exagération de l'acidité (sécrétions trop
riches en chlorures) et exagération de la sécrétion gastrique
(qui n'entraîne pas nécessairement une suractivité de la
digestion) ; A'hypopepsie, caractérisée par un affaiblisse-
ment des opérations chimiques stomacales, et aboutissant
à V.apepsie si le travail chimique se trouve totalement sup-
prime. Les variétés de dyspepsie qui rentrent dans ces
deux catégories sont très nombreuses ; la classe des hypo-
pi'psies en particulier comprend la plupart des dyspepsies
symptomatiques. Dans Vapepsie, ce sont probablement les
glandes gastriques qui se trouvent atrophiées, et alors la
digestion stomacale se réduit à une fermentation anormale
des aliments. Du reste, des fermentations, en général acides,
accompagnent presque toujours l'hypopepsie et souvent
l'hyperpcpsie ; nous y reviendrons plus bas.
« Dans toute dyspepsie, dit Hayem, on trouve des
altérations chimiques, des troubles mécaniques, des trou-
bles nerveux. Ceux-ci peuvent varier avec un même genre
d'altération chimique en raison de particularités qui nous
échappent ou peut-être simplement à cause d'une unpres-
sionnabilité spéciale du système nerveux. Mais les névro-
pathes sont loinde pouvoir être reconnus, grâce a l'ab
de modifications dans b- chimisme stomacal, car on observe
au contraire assez Bouvenl de grande-, modifications de ce
chimisme chez des névropathes ne se plaignant pas de
mauvaises digestions. » Il est donc bien certain que les
névroses Btomacales peuvent entraîner des modifications do
chimisme stomacal, l'eut-il exister une névrose stomacale
(dyspepsie nerveuse de Leube et autres), sans altération
du suc gastrique, dans laquelle les phénomènes gastriques,
pesanteurs, vomissements, etc., ne dépendent que de mou-
vements antipéristaltiques et de contractions anormales de
la museuleuse, la pneumatose d'air avalé, etc.? Les expé-
riences de Hayem ne sont pas favorables a celte opinion
qui trouve cependant en Sec un défenseur autorisé. Il y a
lieu, en tout cas. d'admettre une dyspepsie simple, dans
laquelle les troubles mécaniques et nerveux sont prédomi-
nants et où le chimisme n'est que faiblement altéré.
Un mol au sujet des fermentations anormales dont l'es-
tomac peut être le siège. Ce sont généralement des acides
de la série grasse qui se produisent, acides lactique, acé-
tique ou formique, butyrique, et de plus des gaz variés,
entre autres des éthers composés, dont l'exislence semble se
révéler par l'odeur de l'haleine, et même des produits am-
moniacaux (Hayem). C'est la fermentation acide qui domine
et dans l'hyperpepsie et dans l'hypopepsie. La paresse de
la museuleuse favorise les fermentations ainsi que la dila-
tation de l'estomac dont la dyspepsie est une complication
inévitable (Y. Estomac). Dans l'hypopepsie et dans l'apep-
sie, la digestion intestinale supplée généralement à la diges-
tion stomacale. Si l'intestin est pris à son tour, aucun autre
organe ne peut le remplacer, et la guérison devient impos-
sible (Sée). 11 est rareque la dyspepsie stomacale, quelle qu'en
soit l'origine ou la nature, jiour peu qu'elle dure un certain
temps, ne s'accompagne pas de dyspepsie intestinale (dys-
pepsie gastro-intestinale de G. Sée). La dyspepsie intesti-
nale se manifeste rarement, au contraire, seule et d'emblée;
en pareil cas, elle peut résulter soit d'une parésie de la
musculature, soit de l'insuffisance ou de l'altération des
sécrétions biliaire, pancréatique, etc., ou d'un antago-
nisme des liquides digestifs. La dyspepsie intestinale (dvs-
pepsieiléo-cœcale), suivant Dachelet, serait au contraire plus
fréquente que la dyspepsie gastrique, l'estomac ne jouant.
selon lui, dans la digestion qu'un rôle purement mécanique.
Les travaux modernes n'ont pas justifié cette opinion.
Quant aux causes prochaines de la dyspepsie, elles sont
innombrables; bornons-nous donc à quelques généralités
et à des exemples. Dans la production des hyperpepsies,
l'excitation directe de la muqueuse gastrique (condiments
irritants, alcool, etc.) joue un rôle prépondérant ; le sur-
menage intellectuel est également cité comme une cause de
ce genre de dyspepsies. Les dyspepsies par hypopepsiesont
plus souvent que les précédentes secondaires ou symptoma-
tiques et se rencontrent dans certaines maladies de l'esto-
mac, dans celles d'organes plus ou moins éloignés de l'ap-
pareil digestif, dans les maladies générales, diathésiques,
dyscrasiques, etc. ; dans les formes graves, les troubles
vont jusqu'à l'apepsie, et alors la pepsine manque égale-
ment ; le chimisme physiologique n'a plus lieu et l'estomac
n'est plus que le siège de fermentations anormales. Parmi
les causes (l'hypopepsie. on signale la gastrite et le cancer
de l'estomac, puis les maladies de l'utérus, de la vessie,
des reins, du cœur, etc., enfin des affections telles que
l'anémie, le diabète, l'urémie, la maladie d'Addison. les
pyrexies graves ou légères, etc. Dans les maladies des voies
urinaires, par exemple, l'état fébrile, si léger soit-il, peut
suffire pour provoquer la dyspepsie ; d'autres fois, on ne
peut trouver d'autre explication que le retentissement
sympathique. Cette explication est souvent aussi la seule
plausible dans les affections de l'utérus : elle est indéniable
pour la dyspepsie de la grossesse. Passons au cas des ma-
ladies générales et diathésiques. Dans la fièvre typhoïde,
par exemple, la dyspepsie s'explique par l'asthénie de la
tunique museuleuse. reflet d<> l'adynainie générale, et par
— 177 —
DYSPEPSIE — DYSI'IIAGIE
les déterminations gastriques (lésions inflammatoires mul-
tiples, altérations vasculaires par stase et thrombose, dégé-
nérescence eranulo-graisseuse des glandes stomacales) (A.
Chauffard). Il est plus difficile d'expliquer le mode de genèse
de la dyspepsie, par exemple chei les tuberculeux el les
goutteux, les herpétiques. La dyspepsie des tuberculeux,
souvent 1res précoce, peu! apparaître avant les autres
symptômes de la maladie el faire croire à une dyspepsie
d origine anémique. Celle des goutteux, tantôt précède el
annonce l'accès, tantôt persiste en dehors de toute manifes-
tation articulaire. Chei les herpétiques, on la voit alterner
avec des éruptions cutanées. Dans tous ces cas le mode de
production de la dyspepsie reste plus ou moins mystérieux.
Que dire desdyspepsies qui précèdent, accompagnent ou
suivent les névroses, la gastralgie, l'hystérie, l'hypocon-
drie, etc. î Tantôt c'est une dyspepsie vraie, fonctionnelle,
tantôt c'est un trouble qui parait résulter simplement d'une
sensibilité exagérée des nerfs de l'estomac. Nous avons vu
plus haut que cette variété est considérée par nombre d'au-
teurs comme une névrose de l'estomac comme une dys-
pepsàe nerveuse essentielle ; nous nous sommes expliqué sur
celte question et avons \u que chez les névropathes le chi-
inisme stomacal est troublé même quand ils digèrent bien
en apparence. Ou voit qu'il ne saurait être question d'une
classification rationnelle des dyspepsies; à côté de dyspepsies
simples, protopathiques, accompagnées ou non de troubles
nerveux, c'est un nombre intini de variétés symptomatiques
dont l'étiologie n'est pas aisée à établir, quelquefois même
ne peut être établie dans l'état actuel de la science.
Symptômes. Ils sont variables selon la cause prochaine
île la dyspepsie et le mode de réaction des sujets. Parfois
la dyspepsie ne donne pas lieu à des sensations particulières
et se révèle seulement par un défaut de nutrition, l'assi-
milation se trouvant entravée. Ailleurs ce sont des symp-
tômes très disparates, qui font de la dyspepsie une maladie
protéiforme. Le plus souvent, elle est accompagnée d'inap-
pétence ; le malade même à jeun a une sensation de pléni-
tude de l'estomac et parfois (les crampes d'eslomac ; cepen-
dant l'appétit lui vient en mangeant, mais il laisse de côté
les aliments (gras ou féculents ou légumes) qu'il sait par
expérience lui être contraires. La digestion est lente et
laborieuse, parfois accompagnée de ballonnement à l'èpi-
gastre, de douleur, d'éructations, de vomissements. Le
malin, au réveil, la bouche est sèche, amère, la langue
pâteuse, l'épigastre sensible: la constipation est la règle;
cependant, dans certaines déterminations intestinales, elle
est remplacée par de la diarrhée ou par une alternance de
constipation et de diarrhée ; dans la dyspepsie purement
intestinale, les symptômes caractéristiques se manifestent
plus tard que dans la dyspepsie gastrique, et les douleurs,
au lieu de siéger à l'épigastre, occupent les hypocondres ;
en même temps on perçoit des borborygmes avec disten-
sion des anses intestinales, colicpies , puis diarrhée. La
dyspepsie , du reste gastro-intestinale dans la pluralité
des cas, reteutit souvent sur toute l'économie ; il se produit
de la céphalalgie, delà migraine, des vertiges, de l'inapti-
tude au travail; à la longue, comme l'a si bien fait remar-
quer IJeau, surviennent de l'anémie, de l'amaigrissement,
de l'hypocondrie, ou des symptômes plus graves encore,
palpitations , dyspnée , albuminurie ; la peau prend un
aspect terreux et l'émanation devient extrême, et l'on est
tenté de songer a un cancer de l'estomac. Souvent les
symptômes dyspeptiques sont accompagnes d'un abondant
dégagement de gaz dans l'estomac et I intestin qui se bal-
lonnent considérablement (dyspepsie flatulenie) ; ces gaz
sont dus a la décomposition des féculents et, parait-il, à
une vraie sécrétion gazeuse analogue à celle qu'on observe
dans l'hystérie ; il paraîtrait aussi que les gaz formés dans
l'intestin puissent être refoulés dans l'estomac par des
mouvements antipéristaltiques de l'intestin (Leven). Dans
d'autres cas, la dyspepsie acide, les éructations et les vo-
mituritions sont acides: en même temps le malade ressent
une sensation de brûlure (pyrosis) qui remonte de l'estomac
GHJJTOE EKCTCLOPÉDIE. — XV.
à la gorge. Enfin, dans les formes nerveuses de dyspepsie,
chez les névropathes, les hystériques, les gastralgiques, etc.,
le manque d'appel il est parfois remplacé par de h boulimie;
c'est une sensation continuelle de vide de l'estomac avec
faun persistante; dans celte forme la diarrhée est la régie.
Les symptômes de la dyspepsie se rapprochent dans un
grand nombre de cas de ceux du catarrhe stomacal (V. Es-
ronAc). En général, cependant, le diagnostic dyspepsie
est facile à établir, mais celui delà cause ollre de sérieuses
difficultés, surtout dans les cas où les troubles dyspep-
tiques ne sont ni fonctionnels, ni ne peuvent être rattachés
a une affection concomitante d'un organe éloigné, niais
sont simplement l'avant-coureur d'un ulcère ou d'un cancer
de l'estomac.
Traitement. 11 est évident que In traitement varie sui-
vant la cause. Quel qu'il soit, l'hygiène et le régime jouent
un grand rôle : choix des aliments et des boissons, régu-1
larité dans l'heure des repas, exercice, etc. Dans les formes
les plus simples et dans la dyspepsie des goutteux, les alca-
lins, les eaux de Vichy, de Vais, de Fougues, de Carlsbad,
sont particulièrement indiquées ; de légères purgations
sont nécessaires de loin en loin. — Dans la dyspepsie fia—
tulente, avec éructations acides, les alcalins sont également
indiqués, mais doivent être remplacés après quelques jours
par les amers (quassia amara et quassine, Colombo, noix
vomique, etc.), et par la strychnine à très petite dose; on
y associera les eaux de Plombières, de Luxeuil, d'Aix-les-
iiains, de llombourg, etc. Dans la dyspepsie anémique, ce
sont les eaux de liussang, d'Orezza, de Forges, de Riper-
villé, Spa, qui rendent le plus de services.
II ne faudrait pas croire que les alcalins conviennent
dans toutes les formes de dyspepsie ; dans celles où l'action
du suc gastrique est entravée, puis dans l'apepsie et les
dyspepsies par fermentation, on se trouve mieux de l'usage
des acides associés aux eupeptiques ; on administre une
ou deux gouttes d'acide chlorhydrique dilué dans de l'eau,
au début des repas (Trousseau). Enfin, dans les dyspepsies
avec brûlure et diarrhée, l'opium et le laudanum sont parti-
culièrement indiqués. Dans les dyspepsies nerveuses, en
général, les bains de mer, les cures d'eau froide, le séjour
dans les montagnes, l'arsenic, la galvanisation de l'estomac,
l'électricité appliquée au système nerveux central, les bains
électriques sont éminemment utiles. Certaines dyspepsies
sont particulièrement douloureuses; le condurango et le
chanvre indien rendent de grands services dans ce cas,
de même que les analgésiques antithermiques, antipy-
rine, exalgine, etc.
Nous devrions encore examiner ici les indications des
ferments digestifs dans la dyspepsie, de la pepsine, de la
papainc, de la pancréatine, des diastases telles que lamal-
tine ; mais l'espace nous manque et il vaut mieux renvoyer
aux articles spéciaux consacrés à ces agents. — Mention-
nons enfin le lavage de l'estomac, dont l'utilité est si
grande dans la dyspepsie en général, mais surtout dans
celle qui accompagne la dilatation de l'estomac (V. Estomac) .
— Dans la dyspepsie purement intestinale, l'antisepsie joue
le rôle le plus important (salicylate de phénol, salol, sali—
cylate de bismuth, etc.). Dr L. Hahn.
liniL.: Beau, Traité de la dyspepsie ; Paris, 1857. —
Trousseau, Cliniq. méd., t. Ilf. — Sêe, Des Dyspepsies
gaslro-intestinales ; Paris, 18«1. — Damaschino, Leçons
sur les maladies dfsvoies'liyestives; Paris, 1S80. -ISaciie-
let, Rech. sur la dyspepsie iléo-c:ecale; Paris, 1888, in-18,
3» édit. — Leven, Traité des maladies de l'estomac /Paris,
1879. — Leube, Zeitach. f. Min. Medicin. VI, 1883. — Cou-
TAHET, Dyspepsie : Paris. 1880, in-8. — IIallopeau, Traité
dep&tnol. générale; Paris, 1890, 3« édit. — A. Robin, dans
Hallopeau. — Hayem, Bullet. et mém.de la Soc. méd. des
hôpit.,24 juil. 1890; Bullet. Acad. m<M.,29juil. 1890. — Sée,
liullet. Acad. de méd., 2'J juil. 1890. — IIavem et Winter,
Du Chimisme stomacal, etc. : Paris, 1891, in-18. — Dujau-
din-Bbaumbtz. Leçons de clinique thérapeutique; Paris,
1891, t I, in-». — Boi veret et Dsvic, la dyspepsie par
hypersécrétion; Paris, I*;i2, in-8.
' DYSPHAGIE (Méd.). C'est la difficulté d'avaler. L'obs-
tacle peut siéger dans la bouche, à l'isthme du gosier,
dans le pharynx ou dans l'u-sophage, d'où quatre variétés
12
DYSPHAGIE — DYSTKI»
- 178
de dysphagie. La dysphagie buccale peut résulter d'une
tumeur de la langue ou de la mâchoire, d'une paralysie
■les muscles lingual ou buccaux, d'une contracture muscu-
laire, comme dans le trismus, d'une glossite, d'une solution
de continuité de la voûte du palais, d'un déhul de
n, .11 de la salive, même d'une névralgie. La dysphagie
pharyngienne (isthme du gosier el pharynx) est souvent
mécanique (rétrécissements scrofuleux ou syphilitiques,
an inos, tumeurs, paralysie «lit voile du palais el iln pha-
rynx, perforation du voile du palais) ; la paralysie s'observe
surtout dans l< -^ affections cérébrales ou bulbaires ou îles
nerfs qui émanent du bulbe, ainsi que dans les fièvres. La
dysphagie pharyngienne peut avoir pour conséqui
passage des aliments dans les fosses nasales (lésions du
voile) ou dans le larynx, d'où obstruction et asphyxie
rapide (diphtérie) : cette variété de dysphagie s'observe
encore dans l'atrophie musculaire progressive, dans l'épi-
lepsie, l'hystérie, le tétanos, l'hydrophobie rabique, etc.
Enfin, la dysphagie œsophagienne est mécanique (rétré*
cissement cicatriciel ou syphilitique, tumeur île voisinage)
ou fonctionnelle (paralysie, spasme dans l'hystérie ou par
paralysie du pneumogastrique) ou réflexe par lésion superfi-
cielle de la muqueuse. I.a dysphagie prolongée a naturelle-
ment pour conséquence ['inanition (Y. ce mot). l)r L. Un.
DYSPNÉE (Méd.). I.a dypsnée, comme l'indique l'éty-
mologie du mot. est la difficulté de respirer. Elle consiste
dans l'augmentation morbide de l'intensité ou de la fréquence
des niouveinents respiratoires, accompagnée d'une sensation
pénible d'étouffement, de manque d'air, même angoissante.
Nous ne dirons rien ici de l'asthme dans lequel la dyspnée
présente des caractères particuliers décrits ailleurs (V.
AstHME).Physiologiquement,la respiration dépend de l'exci-
tation qu'exerce sur le rentre respiratoire du bulbe le sang
chargé d'un excès d'acide carbonique, et dans une certaine
mesure des excitations centripètes transmises par le neri
pneumogastrique et d'autres nerfs sensitifs. Il y a dypsnée
dès que l'hématose est troublée, dès que la proportion
d'oxygène dans le sang tombe au-dessous de la normale,
et quelle que soit du reste la cause de ce trouble, qu'elle
soit purement mécanique ou de nature hématique ou entin
due à une influence nerveuse.
1° Dyspnée de cause mécanique. Elle peut être due
à un obstacle siégeant dans les voies aériennes et suppo-
sant a l'entrée de l'air: affections variées et tumeurs des
fosses nasales, du pharynx, du larynx, des bronches, des
alvéoles, etc. ; diphtérie, œdème laryngé, spasme de la
glotte, bronchites généralisées, compression du paren-
chyme pulmonaire par des épanchements pleurétiques, par
l'hydrothorax, le pneumothorax, etc. D'autres fois c'est le
diaphragme qui est gêné dans son fonctionnement par une
tumeur abdominale, un épanchement péritonéal, etc., par
les douleurs vives, que les mouvements respiratoires exaspè-
rent (péritonite, pleurésie, etc.). Lorsque les muscles ins-
pirateurs sont paralysés (cachexie, maladies «dynamiques)
ou atrophies, etc., il en résulte également de la gêne res-
piratoire ; voilà pour l'inspiration. Dans d'autres cas, c'est
l'expiration qui est gênée ; dans l'emphysème pulmonaire,
par exemple, l'air reste dans les alvéoles et la rétractilité
du poumon est diminuée, et il en résulte que l'inspiration
à son tour est incomplète ; de plus, les capillaires s'atro-
phient et constituent une nouvelle cause de dyspnée. Il en
est de même quand les alvéoles sont remplies d'un exsudât
quelconque ou d'un produit nêoplasique (tubercule, can-
cer, etc.) ou que les bronches sont encombrées de mucus.
Enfin, la contracture du diaphragme, maintenant l'inspi-
ration forcée, empêche la rétraction pulmonaire. — Aux
dyspnées de cause mécanique, on peut rattacher celles qui
accompagnent les maladies du cœur ; le sang n'afflue pas
bien.
2° Dyspn 'e de cause hématique. Le sang est altéré
dans sa composition dans les anémies graves, la chlorose,
les affections cachectiques et dvsrrasiqucs, la convalescence
des maladies «dynamiques, etc. Les globules ne peuvent
plus lever l'oxygèi . reviulication du sang.
Il en eal de menu- dans certaines intoxications, par exemple
dans l'empoisonnement par l'oxyde de carbone : rhémoglo-
bine contracte avec ce gaz une combinaison stable qui en-
trave toute absorption ultérieure d'oxygène. La respiration
dans un air confiné, chargé d'un excès d'acide carbonique,
ou dans un air trop raréfié (mal de montagne), produit de
la dyspnée par défaut d'oxygène absorbante. Lorsque les
combustions organiques se trouvent augmentées, dans les
fièvres, par exemple, le défaut d'oxygène se lait sentirai
la respiration s'active et devient dyspnéique ; mais, dans
ce cas. la dyspnée reconnaît encore un autre facteur, comme
nous allons le voir.
'■'>" Dyspné nerveuse. La température fébrile
agit directement sur le centre respiratoire qu'elle excite :
ce fait a été mis bois de doute par Ch. liuhei. I. •
phalopathies, de cause orémique, apoplectique (heu
cérébrale), hystérique, etc., paraissent également provo-
quer de la dyspnée par une excitation directe de ce centré.
Dans la sclérose et l'atrophie du bulbe (paralysie lahio-
gtosso-laryngée), dans les lésions de la moelle, dans les
myélites aiguës ou chroniques qui occupent primitivement
ou envahissent secondairement la région iiiiiioiloisatn,
on observe de la dyspnée : 'est cette dyspnée qui, avec la
toux, sa compagne ordinaire, constitue ass.-z souvent
l'avant-coureur de la paraplégie (Charcot). Dans certains
cas, il peut y avoir paralysie du pneumogastrique; c'est
uieiiie ainsi que certains auteurs expliquent les dyspnées
hystérique, asthmatique, etc.
La dyspnée, quelle qu'en soit la cause, présente des
degrés d'intensité très différents. Chez un grand nombre
de personnes, convalescents, cachectiques, vieux catar-
rlieiix. etc., l'hématose peut suflire à la condition que les
dépenses soient minimes ; dés que celles-ci augmentent,
par une marche intempestive, l'ascension d'un escalier, un
exercice musculaire disproportionné, un effort quelconque,
l'essoufflement se produit. Les caractères varient souvent
suivant la cause. Ainsi, dans les dyspnées de cause encé-
phalique, la respiration est souvent profonde et ralentie :
dans les dyspnées de cause abdominale, la péritonite aiguë,
par exemple, elle est superficielle et très accélérée. Enfin,
arrivée à son degré d'intensité le plus élevé, elle prend le
caractère de l'orthopnée ; les malades se redressent, met-
tent en jeu toutes les puissances inspiratrices et cherchent
des points d'appui pour faciliter l'action des muscles. Dans
le croup (V. ce mot), la dyspnée (tirage) est ex*
ment pénible et angoissante. L'apnée est la suspension
complète de la respiration ; elle ne saurait se prolonger
longtemps sans danger: elle peut durer cependant de dix-
liuil a vingt secondes dans le phénomène respiratoire de
Cheyne-Stokes (Y. ce mot).
La dyspnée étant un symptôme commun à un grand
nombre de maladies, il n'y a pas de traitement spécial a
lui opposeï : elle fournit cependant quelques indications;
ainsi, dans le cas de dyspnée mécanique, on s'adi
aux expectorants et aux vomitifs, à l'iodure de potassium
et au chlorhydrate d'ammoniaque, aux stimulants, etc. :
dans certains cas. la trachéotomie (croup, tumeurs du
larynx, etc.), la ponction (pleurésie, ascite), le cathété-
risme rectal (pneumatose), etc.. sont nécessaires. La dysp-
née cardiaque sera combattue, selon les cas. par la digitale.
le café, les diurétiques, les émissions sanguines, les révul-
sifs, ele. Dans la plupart des autres cas. le traitement est
celui de la maladie et nous n'y insisterons pas. On n'ou-
bliera pas les moyens hygiéniques : air fréquemment renou-
velé, pieds chauds, pas d'efforts inutiles, ni d'émotions;
aliments reconstituants sous on péril volume : les féculents.
les légumes, les eaux gazeuses artificielles sont exclus.
D* L. Haiin.
BlBL. : lli.ni. Art. Diis]>iu'e, dans Dict. enci/cl. se.
méd., 1885. — H.w.i oi'i.aï . l'alhol. gén., 1890. — Fïck,
Wùrzburg. Verhandl., 1871. — Rjcuet, ilém. Soc. de
1889.
OYSTER (Benjamin), aventurier tiniio-suédois, né à
— 17!l —
DYSTKK — DZANSKAR
Lappvesi (Finlande), mort à L'asile d'aliénés de Danvik le
19 août li30. kprès avoir gagné le grade d'officier dans
l'armés de Charles XII, il fut licencié el il travaillait de
son métier d'orfèvre, lorsqu'il se rendit à Stockholm (1724),
où il se donna pour ce héros regretté, dont certains
paysans attendaient encore la réapparition en 1808. Mai-
gre quelques traits de ressemblance avec le monarque ijni
avait succombé six ans auparavant, l'imposteur fut de suite
démasqué, arrêté et condamné a mort avec ses complices
qui en furent quittes pour un châtiment corporel. Sa propre
senten o fut commuée en internement dans une maison
de fous, après exposition au pilori (not. par J.-ll. As-
pelin, dans Kuukauslehti; Helsingfors, 1869). li-s.
DYSTOCIE (Obstétr.)' '-;1 dystocie est cette partie des
Bcioneoj médicales qui traite des accouchements vicieux ou
difficiles. Le mol de dystocie est également pris comme
synonyme d'accouchement laborieux. Les causes de dystocie
peuvent provenir de la mère ou bien de l'enfant, d'où doux
catégories d'accouchements vicieux qu'il est d'usage d'étu-
dier séparément. Les causes de dystocie maternelle sont
tsses nombreuses; signalons parmi les principales: l'inertie
primitive de l'utérus; les contractions irrégulières ou trop
fortes de cet organe; la rigidité du col, son oblitération
partielle ou incomplète, sa contraction ; la résistance de la
vulve ou du périnée; les tumeurs de l'utérus; les ruptures
de l'utérus ou du vagin ; les vices de conformation de l'uté-
rus, du vagin ou de la vulve; le trop d'ampleur ou l'ètroi-
tesse du bassin; la déchirure du périnée; l'éclampsie, les
hémorragies graves, etc. Dans les causes de la deuxième
catégorie se rangent : les adhérences de fœtus multiples;
les maladies du lotus avec augmentation de volume (hydro-
céphalie, ascite. rétention d'urine, tumeurs, etc.); les pré-
sentations vicieuses du fœtus ; la brièveté ou la procidence
du cordon, etc. Il serait difficile de faire ici une étude d'en-
semble des causes de dystocie; nous renvoyons donc aux
mots suivants où l'on trouvera de plus amples détails sur
ce sujet : Accouchement, Bassin (t. V, p. o il), Céphalo-
tripsie, Cordon, Craniotomie, Détroncation, Eclampsie,
Emrryotomie, Foetus, Hydrocéphalie, Périnée, Utérus,
Vulve, etc. D* Alphandéry.
DYSURIE (Méd.). Miction lente, laborieuse et doulou-
reuse. La miction est lente physiologiquement au moment
du réveil, puis dans les cas d'hypertrophie de la prostate,
de rétrécissement de l'urèthre (Y. Prostate et Culture) et
chez les individus qui habituellement retiennent longtemps
leurs urines. La miction douloureuse s'observe surtout dans
les affections inflammatoires de l'urèthre et de la vessie
(blennorrhagie, nréthrite simple, cystite du col, cystite cal-
culeuse, ete.) (V. Blennorrhagie, Vessie, etc.). t)r L. Ils.
DYTIQUE. I. Entomologie. — (DytiaisL.). Genre de Co-
léoptères, qui a donné son nom il la famille des Dyticides OU
llydroeantliares. placées entre les llaliplides et les Gy rinides
dans la grande division des Carnivores. Ce sont des insectes
d'assez grande taille, vivant les uns dans les marcs et les
étangs, les autres dans les rivières. Leur corps est oblong,
assez convexe, de couleur noire ou d'un vert olivâtre, avec
le prothorax et les élytres bordés de jaune et une fascie
nébuleuse vers l'extrémité des élytres. Ils ont, comme les
Carabiques, six palpes, des antennes filiformes et dos tarses
de cinq articles; mais leurs pattes postérieures allongées,
aplaties et fortement ciliées, sont propres à la natation.
Quand on les saUit. ils répandent, par les articulations
antérieures et postérieures du prothorax, un liquide lai-
teux, d'une odeur désagréable. Les mâles w distinguent à
leurs élytres lisses et surtout à leurs tarses antérieurs
dilatés, dont les tr<>is premiers articles forment une large
palette, ciliée -ur les bords et -amie en dessous de petites
papilles serrées, au milieu desquelles sont placées deux
grosses cupules sessiles. de dimensions inégales. Quant
aux femelles, elles sont faciles à reconnaître, en général,
à leurs élytres profondément canaliculees ou striées dans
leur moitié ou leur tiers antérieurs. Toutefois, il existe
bon nombre de femelles qui ont les élytres lisses comme
Dyticus latissimus remette.
celles des malos, et cela aussi bien dans une seule et mémo
espèce que dans des espèces dill'erenles. Ces deux formes
de femelles (a elylivs lisses ou a élytres sillonnées) co-
existent ordinairement dans un même milieu, mais il y
a souvent prédominance de l'une d'elles, tantôt l'une,
tantôt l'autre, suivant les espèces ou suivant les régions
(V. Preudhomme de Borre, Ann. Soc. entom. de Bel-
gique, XII, p. 107).
Les Dytiques habitent l'Europe et les pays limitrophes,
le nord de l'Asie et l'Amérique boréale. Leurs mOBUIS
et leurs métamorphoses ont été décrites depuis longtemps
(V. Chapuis et Candèze, Cat, des larves, pi. I, fig. 3 ;
Schiodte, Nat. Tids., 1864, III, p. 182; Altuin, Stettin
Zril., LSIi.'i, p. 400). Mais c'est seulement depuis 1875
que l'on connaît la manière
dont s'effectue la ponte. Les
femelles insèrent leurs leul's,
sur les tiges des plantes
aquatiques, dans une inci-
sion qu'elles pratiquent au
moyen de leur tarière cor-
née (V. I*. Régimbart, Ann.
Soc.ent. de France, 1875,
p. 201, pi. IV). Parmi les
espèces françaises, la plus
répandue est le DytiCUS
margmalis L. ou Dytique
bordé, que l'on trouve très
communément en automne
dans les mares et les étangs.
Le 1). latissimus L., dont
nous figurons la femelle,
est une espèce de l'Europe septentrionale, commune en
Prusse et dans le nord de l'Allemagne. Elle affectionne
plus particulièrement les grands étangs et les rivières.
On l'a rencontrée également en Lorraine, dans les Vosges,
et dans quelques localités des dép. de l'Eure, de la Marne
et du Loiret. Ed. Lef.
IL Paléontologie. — La famille des Dyticidœ date du
lias où le genre Laccophilus est représenté. Dyticus et
Hydroporus se montrent dans le jurassique supérieur
(Solenhofen) et à Purbeck. Les genres et la plupart des
genres vivants sont représentés dans le tertiaire : lesespèces
sont cependant distinctes. Nous citerons D. Lavateri (lleer)
du miocène d'Œningen. E. Trt.
DYVEKE, favorite du roi de Danemark Christian II,
née vers 1490, morte en 1547. Lille de la Hollandaise
Sigbrit Yilliimsdatter qui tenait une auberge à Bergen, elle
plut (1307 ou 1509) au prince Christian, alors vice-roi de
Norvège, qui l'emmena avec sa mère à Oslo, puis en Da-
nemark après son avènement (1313). Leurs relations con-
tinuèrent même après qu'il eut épousé (1313) la princesse
Isabelle d'Autriche ; aussi le frère de celle-ci, le futur
Charles-Quint, fit-il demander par des ambassadeurs (1516)
que la mère et la fille fussent renvoyées dans les Pays-
Bas. Le greffier du château de Copenhague, llans Eaaborg,
qui avait accusé son patron Torben Oxe de relations illi-
cites avec la belle favorite, fut lui-même soupçonné et
pendu comme concussionnaire. Dyveke étant peu après morte
subitement, T. Oxe. accusé de l'avoir empoisonnée, fut dé-
capité. Sigbrit, qui était une femme de tète, continua d'être
l'impopulaire, mais habile conseillère de Christian IL li-s.
DZAIZAN Non ou ZAÏZAN (Lac noble). Lac de l'Asie
russe, entre le grand Altaï et le Tarbagutaï, dans le gou-
vernement île Semipalatinsk. H est alimenté principale-
ment au S. par le Kara Irtych (Irtych noir) , près duquel
se trouve la ville de Zaïzan, et par l'Irtych qui en ressort
au X.-E. Sa direction générale est N.-O., S.-E.; salon*
gueur d'environ I20kil.et sa profondeur de 7 à 12 m. Il
est très poissonneux. IL C.
DZANSKAR (Zanskar). District et rivière de Ladakh. Le
district lui-même, arrosé par la rivière du nom, ne fait pas
politiquement partie du Ladàkh (V. ce mot). La chaîne
DZANSKAR — 1)7.01 NGAIUK
— 180 —
élevée, dépendance des Himalaya, d'où sort leDzsnskar,esl
remarquable par nn aspect el sa hauteur; de son versant
nord sortent deux cours d'eau torrentueux qui foraient le
Dzanskar, affluent delà rive droite de l'Indue II. C.
DZIALYNSKI. Grande famiUecomtale polonaise. Elle tire
son nom du village de Dzialyn, dans le gouvernement de
Plock. Ses représentants les plus remarquables oui été, au
xvie siècle, Jean Dzialynski, palatin de Cnelmno ; auxxvn'
et xvin' siècles, Thomas Dzialynski, palatin de Cnelmno. Ce
dernier soutint d'abord l'élection du prince de Conti, pois
passa au service du candidat saxon. Il lut chargé d'une mis-
sion auprès de Pierre le Grand (170'»), mission par suite de
laquelle les Dusses mirent pour la première fois les pieds
sur le territoire polonais. Il mourut en 1714. — Ignace
Dzialynski, né en 175Î, mort en I7!)7, prit part à la consti-
tution du 3 mai et aux luttes de Kosciuszko pour l'indépen-
dance nationale. — François-Xavier Dzialynski, né en
-I7.')li, mort en -INI!), remplit des missions diplomatiques
et lit partie de la commission gouvernementale du grand-
duché de Varsovie. — Adam-Titus Dzialynski, né en 17!i.'>,
mort le 12 avr. 1861, fils du précédent, a rendu de grands
services à l'histoire et à l'archéologie de la Pologne. Lié
avec Czacki, Albertrandy, Niemcewicz, il entreprit de
recueillir et de publier les monuments de l'histoire nationale.
Il réunit dans son château de Kornik (Poznanie) une quan-
tité considérable de manuscrits et de livres. Il publia à ses
trais un grand nombre d'ouvrages, notamment : Mémoires
de Jean kilinski (Brieg, 1828); Recueil de lois lithua-
niennes de 1380 à f5S9 (Poznan, 1841); Acta Tomi-
ciana{id., 1852-1860, 8vol.); Mémoires d'Orzelski (id.,
lXoi) ; Lues ac Regestœ inier Polonos, ordinemque
Cruciferorum, de Dlugosz (1855-1856, 3 vol.) ; Sources
pour servira l'histoire de V union de la Lithuanieet de
la Pologne (id., 1850); Armoiries du pays et de la
noblesse (id., 1857), etc. — Jean Dzialynski, fils du pré-
cédent, né en 1832, mort à Kornik ie 30 mars 1880.
Marié en 1857 à la princesse Isabelle Czartoryska, il est
devenu en 1802 député au Parlement prussien. En 1803,
il fut poursuivi et condamné à mort par contumace. Am-
nistié depuis, il a contribué à accroître l'importante biblio-
thèque de Kornik et a publié à ses frais un certain nombre
d'ouvrages scientifiques. L. Legkr.
DZIEDUSZYCKI. Famille polonaise. Ses principaux re-
présentants ont été : 7/k/cW A? Dzieduszycki, mort en 1777,
grand échanson delà couronne; il prit une part importante
à la diète de 1704; il lutta contre la Confédération de
Bar, mais, abandonné par ses troupes, il dut se réfugier en
Valachie. — Maurice Dzieduszycki, historien, né en Galicie
en 1813, mort à Lwovv (Leniberg) en 1N71. Il servit dans
l'administration de la Galicie, fut chambellan de l'empereur
d'Autriche. En 1851, il fut directeur de l'Institut Osso-
linski. Outre un grand nombre d'articles dans les journaux
scientifiques, il a publié en polonais d'importants ouvrages :
Histoire des Lisowczyki (Lwow, 1843-1844, 4 vol.);
Pierre Skarga et son temps (Cracovie, 1868, 2P éd.);
Zbigniew Olesnicki (Cracovie, 1854^ 2 vol.); Chro-
nique de la famille Dzieduszycki (Lwow, 1856);
la Patrie (id., 1857); liéeits des anciens temps (id.,
1808). Quelques-uns de ses ouvrages ont paru sous le
pseudonyme de Rychlicki. — Albert Dzieduszycki, député
à la diète de Galicie, a publié quelques travaux d'esthétique
el d'archéologie. — Vladimir Dzieduszycki, députe au
Reichsrath de Vienne, a constitué à Lwow une bibliothèque
et des collections fort importantes. Il a publié a ses frais
un certain nombre d'ouvrages scientifiques. L. Léger.
liliu.. : ESTREICHER, HH'lwi/r. jinlii,i;i isr du XIX* SÎêcJe.
DZIEKONSKI (Thomas), littérateur polonais, né a Lomza
en 1790, mort a Varsovie en 1 S7.">. Il fut professeur et
directeur du gymnase. Il a publié en polonais un grand
nombre d'ouvrages d'histoire et de géographie traduits OU
imités du français on de l'allemand et quelques travaux
pédagogiques. — Son lils, Jean-Bogdan, ne à Kalisz en
IMli, mort à Paris en 1853, a écrit entre autre* un roman,
Sendxiwoj (\ars.i\ir. \x',:,): Rêves ri i,,/..
1*'.x. •> vol.), etc.
Biul. : Estbeiuhke, Bibliogr. polonaise du six*
DZlERZANOWiKl (Michel), aventurier polonais du
xvin' siècle. On ne sait pas ou il est né. Il servit aux
Indes suiis |,-s ordres de Lally, puis se ta corsaire : pour-
suivi par les Anglais, il se s'-rait réfugié a Madagascar et
serait devenu roi de quelque tribu, il s-' terail ensuite
enfui a Sainte- Hélène, [mis j Londres. Revenu dans
sa patiie, il tut bien accueilli par Stanislas-Auguste qui le
nomma son chambellan. Il organisa a lui tout seul une
confédération, mais il ne réussit pas et dut s'enfuir en
Hongrie. Après le premier partage de la Pologne, il se re-
tira a Vienne ou il s'occupa d'alchimie et mourut en t*08.
Ce personnage bizarre rappelle par plus d'un coté son
congénère l'aventurier Bemowski.
l'.ii.i.. : iti uni ki:. Histoire de l'anarchie <!<■ lJolo<inv.
DZIERZKOWSKI (Joseph), écrivain polonais, nia Xawe-
row (Galicie) en 1806, mort à l.wow le 13 janv. 18<i5. Il
servit en ts.'il sons Dwernicki. Rentré en Galicie, il se con-
sacra entièrement à la littérature. Il est considéré comme l'un
des premiers nouvellistes polonais. Il se plait surtout a décrire
les types et les mœurs populaires. Les plus remarquables
de ses œuvres, généralement publiées en Galicie, sont :
Pour ta dot (1847;: le Salon et la Rue (1847); l'En-
fant trouvée (1834): les Deux Jumeaux (1855); le Roi
des ancêtres (1853); Tout n'est pas ur (1S5!J); l'Ecole
du monde (1 802). On lui doit en outre une comédie, l'Etin-
celle de la vie; un drame, l'Offense et la Revanche
(1865), etc.
Biiil. : Esteeii her, Biblioyv. polonaise du xnc« siècle.
DZIERZON (Johann), apiculteur allemand, d'origine
polonaise, né à Lobkowitz ( Haute -Silésie) le 11 janv.
1811. Il étudia la théologie à Breslau, fut chapelain à
Schalkowitz en 1834, curé à Karlsmarkt, près de Brieg,
depuis 1835; il s'occupa avec passion d'apiculture, au
point que ses supérieurs ecclésiastiques provoquèrent sa
mise à la retraite. Depuis plus de cinquante ans, Dzierzon
écrit sur son sujet favori; c'est à lui qu'est due la connais-
sance de la parthénogenèse, ce fait si intéressant pour la
physiologie générale; c'est lui qui a, parait-il, imaginé les
ruches à rayons ou cadres mobiles; en 1853, il introdui-
sit en Allemagne l'abeille dite italienne. Principaux ou-
vrages: Théorie und Praxis des neuen lliencnfreundes
(Berlin, 1848, in-8; Nachtrag, Nordlingue, 1852) ; lia-
tioncllc Bienenzucht (Brieg, 1801, in-8); depuis 1854,
il publie Der Bienenfreund aus Schlesien. Dr L. Un.
DZONDI (Karl-Heinrich), médecin allemand, né à Ober-
winkel (Saxe) le 25 sept. 177(1. mort à Halle le 1er juin
1836. Il dirigea en lNOIi-1807 l'hôpital français de Wit-
tenberg, devint en 1811 professeur ordinaire de chirurgie
et directeur de la clinique chirurgicale, puis en 1 s 1 7 lut
destitué pour avoir manifesté de prétendues sympathies
pour la France. Il fonda alors une clinique particulière à
Halle, qui eut un immense succès. On doit à Dzondi une foule
d'écrits, parmi lesquels : Lehrbuch der Chirurgie, etc.
(Halle. 1824, in-8); Neue XMverl. Heilart der Eustseu-
che, etc. (Halle, 1826, 1832. in-8) : Die Functionen des
weichen Gautnens, etc. (Halle. 1831. in-4) ; Die Au-
genheilkunde, etc. (Halle. 1835, in-8, fig.). Dr L. Un.
DZOU (V. Dou).
DZOUNGARIE. Pays de l'Asie centrale. Cette con'
eu des limites extrêmement \asles; à la lin du xvne et au
x\iii° siècle, elle s'étendait sur les deux versants des Tien-
chan ; d'une part, jusqu'au lac Balkach, de l'autre jusqu'à
Hami. Aujourd'hui, on est généralement d'accord pour de-
signer sons lé nom de Dzoungarie la partie septentrionale
des Tien-chan, que les Chinois appellent Tien-chan Pe-lou
et qui comprend principalement les vallées des rivières
Tekes el Konnges qui forment l'Ili et Kach. Il en résulte
que la partie occidentale du pays appartient à la Russie, et
la partie orientale, y compris Kouldja, à la Chine. D'après
le» termes mêmes du traité du 12 févr. 1881, art. 7,« la
- 181 —
DZniW.AKIK
frontière entre les possessions de la Russie ei la pro-
vince chinoise d'Ili suivra, en partant des montagnes ftèd-
jin-taou, le cours de la rivière Khorgos, jusqu'à l'endroit
où celle-ci se jette dans la rivière lli et, traversant cette
dernière, se dirigera au >.. vers les montagnes Ouzounta,
en laissant à PO. le village de Koldiat. \ partir de ce
point elle suivra, en se dirigeant au S., le tracé fixé par
le protocole signe à Tchougoutchak en isiiî »,
En réalité, le nom même ne marque ni un pays ni ses
habitants, Dzoungares. Le mol dzoungare veut dire aile
gauche, main gauche. Les Dzoungares, que les Chinois nom-
ment Djun-ga-rh, tonnaient l'un des quatre oirats mon-
gols. Les quatre oirats étaient : les Tchoros, dans l'Ili,
Îui sont les Dzoungares ; les Dourbet, sur l'Irtych ; les
ourgoutes, dans le Targabataî, et les Kochots, dans le
pays d'Ouroumtsi. Les Oirats, Eleuthes (V.ce mot) sont
la vraie dénomination du peuple désigné sous le nom de
Kalmouks, qui formèrent ;\ la tin du wn0 et au commen-
cement du win' siècle un empire extrêmement puissant,
qui ne fut définitivement conquis qu'en 1759 par l'empe-
reur chinois Kien-loung. L'administration actuelle du ter-
ritoire chinois d'Ili a un gouverneur qui porte le titre d7/t
Tsiang Kûn, dont le premier titulaire l'ut créé en 1864.
Ces notes montrent que ces Dzoungares, qui sont en réalité
des Tchoros, ont eie Fortement mélangés; à la lin du règne
de Kien-loung, i! j eut dans la Dzoungane une grande émigra-
tion île Chinois, venus du C.hen-si et du kan-sou. M. Radloff
l'ait rentrer le groupe dzoungare dans l'un des trois principaux
des dialectes turcs de Sibérie (l)zoungar, Altaïque, Saiansk),
et il le subdivise en Kirghiz, kara-Kirghiz et Tourantcbi
(Ouïgours) (V.Asie, Eleuthes, lu). Henri Cordier.
Hmi.. : S. Julien, Journ. asiai., 1816, VIII, pp. 228,
385. — R/LDLOFF, Année (/('ographique, 1865, IV, p. 205.
— Mre'i Schneider, Mediœval Researclies , II, pp. 159,
171-172.
LA
GRANDE ENCYCLOPEDIE
* fcp
Wêîïorl :..• .
1. Ms. du vu0 siècle. Bibl. nat., lat. 2706.
2. Ms. du vu1' siècle. Ibid.
3. Ms. visigothique du vma siècle. Sacramentaire de
Gellone.
A. Ms. visigothique du vin" siècle. Ibid.
.">. Ms. visigothique du vinr siècle. Ibid.
(J. Ms. du ixc siècle. Sacramentaire de Met/.
7. Ms. anglais du xin'' siècle. Musée britannique.
8. Testament du roi Charles V. 187'.. Arch. nat., J 104.
9. Testament du roi Charles VI. 1391. It'ld.
10. M>. anglais de Kte-Live. Musée britannique.
11. Gothique des livres de chœur du \\r siècle. Ms. du
Mont-Cussin.
1"2. Bible de Wïttenberg (xvie siècle).
LA GRANDE ENCYCLOPÉDIE
E
E. I. Linguistique. — La place que cette voyelle occupe
dans les alphabets indo-européens à la suite de l'a semble
indiquer que, dès l'antiquité, on avait le sentiment que celle-
là dérive de celle-ci. Ln sanscrit, en grec, en latin, etc., la
voyelle e est longue (ê) ou brève (('•). Le rapport de è avec
d, a titre de son modifié ou affaibli, est surtout indiqué par
les phénomènes que présente le dialecte dorien eu égard
aux autres dialectes grecs ; en général, IV dans ces dialectes
remplace un d du dorien comme dans for7)fju (ionien,
attique, etc.) auprès de foraui (dorien). La comparaison
de ce verbe avec le correspondant sanscrit tisthdmi et le
correspondant radical latin std, dans stâre, fournit d'ail-
leurs la preuve silre qu'en pareils cas Va dorien est l'an-
técédent de IV des autres dialectes de la Grèce. En sanscrit,
les faits qui tendent à la même conclusion sont nombreux.
Qu'il nous suffise de citer les formes des parfaits non re-
doublés comme sêdima auprès de sasâda, etc. De même,
en latin, tout indique que IV du parfait fêci et des ana-
logues est le résultat de l'affaiblissement d'un ancien d. En
français, on sait que Vè de mère, par exemple, représente
l'ancien d du latin mater, etc. Vè est absent du sanscrit
oii l'f parfois en tient lieu. En revanche, le zend le pos-
sède et dans des cas ou il occupe visiblement la place d'un
ancien d, comme dans le suffect eut (pour et auprès de
ant) du participe présent actif. En général, dans les autres
langues indo-européennes, è est dans un rapport semblable
avec d à celui qui existe entre è et a. En ce qui concerne
le grec, on le voit surtout par la relation de piya; avec
ua/.sô; et le latin magnus; par celle de xssoXij avec le
latin cû/jid, de V1?* auprès de ^f*ap, etc. Dans le latin
même, les mots composés tels que puerpèra auprès de
par ii'. iner» auprès de ars, confectus auprès de fticio, etc.,
montrent que la loi du changement de d en è s'y est
surtout exercée quand les formes où figure Va primitif
se sont élargies (cf. le rapport de ?,;j.ap et de $]pufpa
en grec).
Les mêmes transformations s'accusent en français dans
une infinité de cas. Exemples : cher auprès du latin
carus, père auprès du latin pater, clu'tif auprès de cap-
livus, etc. En allemand, a s'est change surtout eu e (d)
dans les formes du pluriel jadis élargies eu égard à celles
du singulier (comparer ce qui s'est passé en grec et en latin
dans de semblables circonstances). En anglais, la pronon-
ciation e appliquée au son a dans des cas si fréquents
est la preuve la plus évidente d'une évolution phonétique
du même genre : le son a changé, mais l'ancienne ortho-
graphe s'est conservée et témoigne avec éloquence du sens
de l'écart qui s'est produit entre celui-là et celle-ci.
Cet ensemble de preuves ne permet pas de doutes sur
la véritable nature du changement qui s'est manifesté entre
le sanscrit d'une part et le grec et le latin (et les langues
slaves) de l'autre dans des racines comme âd, manger
(sansc), et eS, ëd, même sens (gr. et lat.). Dans ces deux
dernières langues, l'a primitif s'est affaibli simultanément
en ê par l'eflet d'une loi qui s'exerce partout, nous l'avons
vu, dans le domaine des idiomes indo-européens. L'expli-
cation donnée de tels faits par les néo-grammairiens et
d'après laquelle l'a sanscrit représenterait, en pareils cas,
un ancien è, est donc contraire à toutes Les analogies et par
là absolument inacceptable.
En grec et en latin IV, surtout auprès des liquides
et des nasales, a souvent disparu sous l'influence d'une
contraction subie par les formes dans lesquelles il se ren-
contre. C'est ainsi que à/.po; est pour âxep-os (cf. lat.
acer) ; izo(\j.\n\ pour jïoi|j.£v-7] (cf. rotar[v) ; lat. patrem
pour pater-cm (cf. pater); alumnus pour alumenus
(cf. les participes grecs en fju'voç), etc. Il y a tout lieu
de croire que, dans les exemples de ce genre, IV était
préalablement descendu à la valeur réduite de notre e muet.
En français, on distingue trois sortes dV, Vè (ouvert),
IV (fermé) et IV (muet), qui dérivent tous, d'après des
lois et dans des conditions qu'il serait trop long d'examiner
en détail, des voyelles latines à et â,éet è. Bornons-nous
à constater que IV muet représente généralement ces voyelles
dans les syllabes qui correspondent aux parties atones des
antécédents latins. LV ouvert apparaît le plus souvent à la
pénultième des mots dont la syllabe finale contient un e
muet et leurs dérivés : père, mère, extrême, extrême-
ment, dernière, dernièrement, etc. Par un cfJet remar-
quable de compensation ou d'équilibre phonique, IV ouvert
devient muet quand la syllabe qui le suit est sonore (ou
accentuée) au lieu d'être muette. Exemples : je sème, je
sèmerai, mais, nous semons, je semais, etc. LV fermé
s'emploie à l'intérieur des mots devant une syllabe sonore :
téméraire, mérite, héros, fétu, etc. ; ou à la fin des mots
terminés par une syllabe sonore : témérité, persé-
cuté, etc. Paul Recnaud.
IL Paléographie. — Le signe qui représente le son E
est le même dans les alphabets grecs et latins ; il procède
d'un hiérogramme égyptien dérivé lui-même d'un signe
hiéroglyphique ayant la signification de fenêtre. Emprunté
à l'Egypte par les Phéniciens, il a été introduit par eut
— tut; —
dans 1rs ■■< rit m-.-s de l'antiquité, mail c'est geqtemenj en
passant des Phéniciens aui Grecs qu'il s changé de valeur
et est devenu une véritable voyelle. Les Phéniciens tra-
çaient i b signe en plaçant les ban* trajuversalM à mn^tf
de h. barre rerticale 3. 1! e>t Qguré exactement de h, même
manière dans les inscriptions cadméennee dont l'écriture \a
1. ORIGINE ET DÉRIVATION DE L*E I.ATIN
Jùukalique
'ml
oqmplim
m
JbeuLci
icwt
CjtccCoû)
~\ ->>
mien
voio-Cùoticn,
^ e
£îl
e
ttxc&alques
U
de droite à gauche, mais on le voit retourné et déjà très
semblable à notre £ dans les textes où l'écriture a été tracée
de gauche ù droite, suivant la direction qui finit par pré-
valoir en Grèce. On le retrouve dans les autres écritures
grecques et notamment dans la plus ancienne, l'écriture éol>.-
doriennc, tout à fait redressé et devenu exactement notre E.
ÉCRITURES DE LA PREMIERE PÉRIODE DU MOYEN AGE
Ecritures anti-
ques
Ve siècle
VIe siècle
VIIe siècle. . .
VIIIe siècle. . . .
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IX» siècle.
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XIe siècle.
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(i
tt
â-e-
e à-
e c
c e-
Ce sont les colonies chalcidiennes du sud de l'Italie qui
ont transmis ce caractère, comme la plupart des autres
lettres de l'alphabet, a l'écriture latine, où on le retrouve.
dans les inscriptions les plus archaïques, avec la forme
que nous lui connaissons. Mais on y rencontre en même
temps une autre forme très différente composée de demi
- 187
E
traits verticaux parallèles ||. Cette tonne caractéristique
l>ro\ieiit de ta tendance de l'alphabet latin a. détacher les
différents traits des lettres et à les tracer de lias en haut:
elle n'a du reste pas persiste. Le tableau n° 1 donne ces
différentes formes de PE et en rend sensible la déri-
vation.
De l'l\ capital des textes lapidaires latins, que reproduit
exactement 11'. capital de l'imprimerie moderne, dérivent
toutes les formes de cette lettre en usage chez les divers
peuples de l'Europe occidentale. La l'orme || particulière
à récriture latine, s'est maintenue assez longtemps dans les
inscriptions et on la retrouve même dans celles qui ont été
tracées légèrement à la pointe, ou graffiti. Mais de très
lionne heure, la nécessité d'écrire rapidement a t'ait incurver
la barre verticale, lorsqu'on voulait la tracer d'un seul
trait avec les deux narres, supérieure et inférieure ; un
ÉCRITURES GOTHIQUES
\ll siècle.
Mil' siècle
\1\ siècle
XVe siècle.
'JH/OAuteide
Jnàcsùptionà
«3«
a?*?
<3<£€
ee
Scccuvx.
<Btl
OTCwiuàculc
e c
t z
t
t e
CuA^tvex
C c
V
<& &
0-
second trait y ajoutait la barre du milieu. Cela produisit la
forme dite onciale ; on la trouve indiquée déjà assez nette-
ment dans les graffiti et dans les papyrus d'Herculanum
et de Pompéi, tandis que les tablettes de cire semblent
avoir préféré la forme ancienne ||.
De la forme onciale est naturellement sortie la lettre
minuscule; il a suffi que la barre médiane fût reliée au
trait supérieur infléchi à droite et forme avec lui une
panse, pour que ce caractère ressemble fort a Ve minuscule
de la typographie. On rencontre ce caractère dès le vie siècle
dans l'écriture à laquelle le mélange des formes onciales et
minuscules a fait donner le nom de semi-onciale. Depuis
lors cette barre médiane s'est plus ou moins rapprochée
du sommet de la lettre, et la panse formée par elle a été
plus ou moins vaste ; mais la forme générale du caractère
n'en a été que peu modifiée, et les formes minuscules n'en
4. ÉCRITURES MODERNES!
^éoaottuyœ
e
dtûLiicfues
UCKxXcoCd-Zy
t<
e
£
S *
diffèrent guère que par les dimensions. Il n'en est pas de
même de la cursive : les ligatures des lettres voisines l'ont
souvent transformée à ce point qu'il est difficile de recon-
naître la forme de cette lettre, au moins dans les premiers
siècles du moyen âge et surtout dans les écritures de chan-
cellerie. Assez souvent Ve cursif, d'assez grande dimension,
semble dériver de l'E capital qu'on aurait voulu tracer
tout entier d'un seul trait de plume et former de deux
panses ouvertes à droite et superposées. Cette forme s'est
conservée jusqu'à nous, et c'est i peu près celle des majus-
cules de récriture courante moderne. Parfois aussi IV
ainsi formé a été de très petite dimension et ressemble à
Ve grec. D'autres fois enfin s'est ajoutée à la lettre une barre
transversale que l'on a tracée, soit dans le haut de la
panse supérieure (écriture mérovingienne et Caroline), soit
entre les deux panses. Cette disposition est caractéristique
dans plusieurs des écritures dites nationales et particu-
lièrement dans la cursive et la minuscule dites lombardi-
ques. Certains caractères cursifs, notamment dans les lettres
apostoliques du vme au xie siècle, ont à peu près la forme
d'un 8 dont la panse supérieure très petite serait séparée
par un trait de la panse inférieure. C'est, du reste, comme
on peut le voir par notre tableau 5, à peu près la seule
particularité de ces écritures.
E — EADIE
— ixx _
l.'K capital romain est longtemps demeuré an i^age dans
les interiptiona. On y trouve cependant auari assez loi nna
forme qui se rapproche de l'onctale, témoin la laineuse ins-
cription (!>• Haktar qui remonte pour le moins an n* siècle.
D'abord 1res rare, cette tonne est devenue ïré<|iiente ;i
partir du V siècle.
Pendant la leeoad* partie do moyen âge (xu*-iv* siècle),
on retrouve encore dans Im majoacnlee initiales, l> m,-
criptiona lapidaire* et le, légende* des leeanx, l'E capital
romain, mais la forme la plus ordinaire i -t dérivée de
l'onciale dont elle diffère cependant an m que presque
toujours la lettre est fermée a droite par un irait
■■ ÉCRITURES DITES NATIONALES
Capitale.
Mérovingienne. . .
Lombarde
Visigothique.
Irlandaise.
Anglo-Saxonne
Ovicialc-
QaàkSw^
ÏJZmuôcuic
}
C
t
t e
H
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û
€ t
£
€
£
e
f
e
C
£
I
e
S>
e
(V. tableau 3). Les écritures gothiques y ont ajouté, sur-
tout dans les lettrines, des fioritures et des enjolivements.
A partir du xive siècle, on rencontre assez souvent dans les
inscriptions lapidaires et dans les légendes des sceaux la
forme minuscule, qui y est employée à peu près seule au
siècle suivant et qui est caractéristique des inscriptions
gothiques de ce temps. 11 y a peu de choses à dire des
formes minuscules et cursives ; les unes sont devenues de
plus en plus anguleuses, surtout dans les lettres dites de
forme, les autres d'abord assez semblables aux minuscules,
ont été plus tard formées souvent de deux traits légère-
ment concaves superposés et sans liaison entre eux. dette
forme s'est perpétuée dans les écritures modernes ; on la
retrouve dans les bulles et jusque dans la bâtarde des xvue
et xviue siècles.
Notre frontispice donne une idée du parti décoratif qu'ont
su tirer de la lettre E les calligraphes et les enlumineurs
du moyen âge. ***
III. Locique. — En logique, la lettre E employée dans le
corps des mots qui désignent les différents modes du syllo-
gisme (V. ce mot) signifie que la proposition qui lui cor-
respond est une proposition négative universelle. Ainsi
dans cEsarE, la majeure et la conclusion sont des né-
gatives universelles, dans camEstrEs, la mineure et la
conclusion.
IV. Musique. — Dans l'alphabet de la notation dite
Boéticnne par lettre, l'E représente la note mi naturel.
V. Matiihmatiquf.s. — On a désigné par la lettre e la base
des logarithmes népériens. Ce nombre est la limite vers la-
.1 m
quelle tend (1 -| ) quand ni croit indéfiniment en passant
ex=l-\ 1 *- ..
par des valeurs positives ou négatives. On trouve :
.111 1
1 1.2 1.1.1 1.-2. .)...»!
= 2,718284828489045...
On a prouvé que ce nombre est incommensurable, et
même dans ces derniers temps, M. Hermite a prouvé qu'il
ne saurait être racine d'une équation algébrique à coeffi-
cients entiers. On rencontre le nombre e dans une foule
de questions d'analyse. En général, on a
S»
ià:s...n~+'"'
EACHARD (John), théologien anglais, fameux par sa
science et son esprit, né en 1636, mort le 7 juil. 1(>!I~. Il
est surtout connu par une satire mordante dirigée contre
le clergé, dont il feint de chercher à expliquer le discrédit,
The ('.rounds and occasions of the eontempt of (ne
clergy (ItiTO). Quelques années plus tard.il dirigea contre
Hobbes ses Deux Dialogues sur l'état de nature. Vive-
ment attaqué à son tour par ses adversaires, il sut les
désarmer en mêlant l'humour aux arguments sérieux. En
ltiT'i, il fut nommé principal de Catherine Hall, k Cam-
bridge, ou il avait fait ses études. Il dirigea cet établi
ment pendant près de vingt-deux ans. (i. Q.
EACHARD (Laurence) (V. Echard).
EACIDES (Myth.). 1° Descendants A'EaqueÇV. ce nom).
-2° Roi des Molosses (V. .E.aciues).
EADIE (John), théologien écossais, ne en 1810, mort en
1876. 11 avait vingt-cinq ans quand il fut appelé à Glasgow
•jynme pasteur de la congrégation sécesswniste de cette
ville. Quelques années après (1843), il y remplit les fonc-
— 18!» —
EADIE — ÉAUUE
tions de piofi-sstMir de théologie, au nom du grand parti
des séparatistes <|ui avaient fondé rwe ErskinelMssociaie
Presbvtery, près d'un siècle auparavant. Parmi les travaux
scientifiques de Eadie, on cite son flistory ofthe english
Bible { 1876) el ses études sur le texte des EpUresde saint
Paul au Ephésiens, aux Colossiens, aux Phibppiens el
aux Galates. Il esl aussi connu par ses sermons el des
ouvrages de vulgarisation. <•• Q.
EADMER, historien anglais, mort vers 1184. A la tin
du xia siècle et au oommencemenl du xn8, Eadmer occupa
une situation prépondérante dans l'église métropolitaine de
Canterbury; sur l'esprit de saint Anselme et de son suc-
cesseur, l'archevêque Ralph, il fut tout-puissant. 11 était
si célèbre par la vigueur de son esprit que le roi Alexandre
d'Ecosse l'appela en 1 120 au siège archiépiscopal de Saint-
Andrew s. mais Eadmer refusa d'être consacré par un
autre prclat que le métropolitain de Canterbury, dont les
Ecossais repoussaient la juridiction, et il dut renoncer à
l'épiseopat. Il mourut dans la dignité de présenter de la
cathédrale de Canterbury. — C'était un homme de talent :
il a écrit en fort bon style des biographies de saint An-
selme, de saint Doristan, de saint Dswald, etc. Mais son
principal titre littéraire est son llisloria Novorum, qui
va de la conquête normande à l'année I 122; l'auteur s'y
montre peu crédule, pourvu d'une bonne méthode, et par-
tisan décidé des libertés de l'Eglise anglaise. Cet ouvrage
a été imprimé dès trio 1 à Anvers: la dernière édition, à
laquelle on a joint la Vie de saint Anselme, a paru dans
les liolls Séries, en 1884, par les soins de M. Martin
Rule. — C'est bien à tort que les anciens bibliographes
Leland, Haie et Pits ont confondu Eadmer de Canterbury
avec un autre Eadmer, abbé de Saint-Albans,morten980.
EAGLE. Monnaie (V. Aigle).
EAGLEHAWK. Ville d'Australie, colonie de Victoria,
au N.-E. de Melbourne et au X. du Dividing Range;
7,64:2 hab. (en 1881); elle doit sa prospérité à sa situa-
tion dans uu district aurifère ; elle est reliée à Melbourne
par un chemin de fer.
EAGLE PASS. Petite localité des Etats-Unis (Etat du
Texas), sur le Rio Grande; 3,000 hab. en 1880. Près de
là est le fort Uuncan. Une ligne de chemin de fer, reliant
Brackettsville (Texas), station du Southern Pacific, non loin
de la source du Nueces, à Torreon (Mexique), station du
Central Mexicain, franchit le Rio Grande à Eagle Pass.
EAGLES (John), artiste el écrivain anglais, né à Bristol
en 1783, mort le 8 nov. 1855. De goûts assez changeants,
il manifesta d'abord l'intention de se faire peintre de
paysages et voyagea dans ce but en Italie, oit il se pas-
sionna surtout pour le Poussin et Salvator Rosa. Après
avoir donné quelques esquisses, il résolut de prendre les
ordres et occupa diverses cures, entre autres celle d'Ilal-
berton dans le Devonshire. Enfin, il fut un collaborateur
zélé du lilackwood's Magasine, ou il publia une série
d'études artistiques. On peut citer de lui : The Sketcher
(Edimbourg, 1850, in-8); Essays (Londres, 1857, in-8) ;
Fetix Farte// Hlu/mes (Bristol, 1850, in-8) ; Soumis
(Edimbourg, 4858, in-8). R. S.
EALING. Ville d'Angleterre, comté de Middlesex, fau-
bourg de Londres, a 10 kil. à l'O. de Hyde Park;
15,766 hab. (en 1881). Contigoë à Brentford, elle com-
prend Gunnersbury Park, résidence du baron de Roths-
child, des hôpitaux, orphelinats, etc.
EAMES (John), érudit anglais, né à Londres, mort en
17 '('.. Bien que laïque, il remplit, depuis 1734 jusqu'à sa
mort, les fondions de maître de conférences de théologie
dans une institution de dissidents, la l'und Academy,
L'amitié de Newton le fit recevoir membre de la Royal
Society. Il rédigea, avec John Martyn , un abrégé des
travaux de cette société savante, The Philosophical
Transactions front ///."' /« 1733 abridged (2 vol. in-4),
complété par un Index général (17.(5. in-4). On lui doit
aussi une édition de The •Knowledge of thr Reavens and
Earth made casy, par Isaac Watts (1726, in-8).
EAMES (M11'' Emma), cantatrice dramatique, née en
Australie vers 1865. Elle vint faire ses études vocales a
Pans, sous la direction de l'excellent professeur Mme Mar-
chesi, et, >on éducation terminée, fut engagée à l'Opéra,
ou elle débuta aveesuccès, le 13 mars 1889, dans Bornéo
et Juliette, après quoi elle se montra dans Faust. Douce
d'une beauté séduisante. M"' Kames est en possession
d'une voix charmante, qu'elle conduit avec goût et que
vient aider un sentiment scénique fort intelligent. Après
s'être affirmée dans le répertoire, elle a créé d'une façon
très heureuse le rôle de Colombe d'Estourville dans Ascanio,
de M. Saint-Saeiis, et celui de Zaïre dans Zaïre, de M. Vé-
ronge de la Nux. Engagée à Londres, au théâtre de Covent
Garden, en 1891, M"1' Eamcsy a obtenu de grands succès,
principalement dans Eisa, de Lohengrin.
EANCÉ. Coin, du dép. d'Ille-et-Yilaine, arr. de Vitré,
cant. de La Guerche ; 1,023 hab.
EANES ou EANNES ou encore AN NES. Nom commun
à divers architectes portugais dont les plus marquants furent
Aflonso, Gonçalo et Rodrigo Eanes, tous trois frères,
et qui sont cités dans des documents de la première moitié
du xv° siècle comme ayant été des plus fameux dans leur
art. C'est en effet vers celte même époque que le conné-
table Pereira leur confia la construction du couvent du
Carme à Lisbonne, travaux dont Affonso prit plus particu-
lièrement la direction. — Un autre architecte, Jacques
Eanes, construisait, vers 1556, les tours de l'église de
Caminha. — Ce nom a encore été porté par un statuaire,
Gil Eanes, qui travaillait en 1405 à Batalha. P. L.
EANNES de Azur ara (Gomez), historien portugais du
xvc siècle (V. Azurara).
EAP ou YAP. La principale ile du groupe occidental des
Carolincs (V. ce mot) ; 200 kil. q. ; 2 à 3,000 hab. Dé-
couverte en 1625.
ÉAQUE (Ai'axo;) (Myth. gr.). Héros grec légendaire,
fils de Zeus et d'Egine (fille du dieu fluvial Asopus). Il na-
quit dans Pile d'OEnopia, plus tard appelée Egine, où son
père avait assuré un refuge à sa mère. Une autre version
lui donne pour mère Europe. Au moment de sa naissance,
Pile d'Egine était inhabitée ou bien elle fut dépeuplée par la
vengeance d'IIéra; pour donner des sujets à son fils, Zeus
métamorphosa en hommes les fourmis (o.ûpo.iy/.Ej) et Eaque
régna sur les Myrmidons. Ces légendes sont l'expression
mythique du fait de la colonisation d'Egine dont la vieille
population pélasgique fut remplacée par des immigrants
venus des bords de l'Asopus (Phlionte et Corinthie) et de la
Phthiotide, le pays des Myrmidons. Eaque resta dans le sou-
venir des Grecs un type de roi pieux et juste, parfois pris
pour arbitre par les dieux eux-mêmes ; on lui attribuait la
cessation de fléaux; on disait qu'il avait élevé le temple de
Zeus Panhellénien sur le mont Panhellenium (V. Egine), et
les Eginètes avaient dans leur ile un sanctuaire appelé.
Eaceum ou était, disaient-ils, le tombeau du héros. Une
légende rapportée par Pindare contait que Eaque aida
Apollon et Poséidon à bâtir les remparts de Troie; l'œuvre
achevée, trois dragons l'assaillirent et seul celui qui esca-
ladait le mur bâti par Eaque réussit à entrer dans la ville;
Apollon prophétisa que Troie tomberait sous les coups des
Eacides. — Eaque eut de sa première femme, Endeis, deux
fils, Télamon et Pelée; de la seconde, Psamathe, un seul,
Phocus; ce dernier, préféré par son père, fut tué parses frères
qui s'enfuirent de l'Ile. — Après sa mort, Eaque devint un
des trois juges des Enlers (avec Minos et Radamanthe) ; on
le représente tenant le sceptre et les clefs du royaume sou-
terrain. On lui rendait un culte à Egine dont il était le pa-
tron et à Athènes.
Le nom A'Eacides lut donné aux descendants d'Eaque,
formant deux branches : tils de Pelée et fils de Télamon ;
dans la première, Achille, dans la seconde, Ajax, sont les plus
illustres des héros qui assiégèrent Troie. Le nom fut parti-
culièrement applique a la vieille dynastie épirote, descen-
dant de Pyrrhus, fils d'Achille, à laquelle se rattachèrent
plus tard les rois de Macédoine.
KARINUS - i:\sii.vki;
— too —
EARINUS. Surnom romain, d'origine grecque, donl le
mus csi printanier. Il se trouve dans plusieurs inscrip-
tions [Corp. inscr. lui.. 3, 3320; 7, 1331). C'esl dans
Sénèque (/.//., 83, 3) le nom d'un enfant, dans Martial
(9, 12, 13, 14) el dans Stace [Silv., 3, 4) le nom d'un
affram hi de Domitien.
EARLE (Johu), écrivain el évéque anglais, né a York
en 1601, morte Londres le 1 7 nov. l665.Fiisd'un
taire de l'archevêché d'York, il lit Bes études à l'univer ité
d'Oxtord, reçut les ordres el publia anonymement en 1628
Microcosmographia, livre plein d'esprit et d'humour sur
la société d'alors. Hallam considère Earle comme l'égal de
La Bruyère dans l'art de peindre les caractères. Trois
éditions s'épuisèrent coup sur coup el d'autres suivirent
presque d'année en année jusqu'en 1669. Réimprimé plu-
sieurs l'ois depuis, la meilleure édition est celle du l>r Bliss
(INI l ). Charles Ier avait chargé Earle de l'éducation de son
tiis auquel il resta profondément attaché. Il le suivit dans
son exil en France et, à la restauration des Stuarts, fut
l'ail doyen de Westminster, puis évéque de Worcester et
en dernier lieu de Salisbury. On lui doit encore une tra-
duction latine de YEikon Basilikè, sous le titre : Imago
régis Caroli (La Haye, 1649). Hector Franck.
EARLE (Giles), homme politique anglais, né vers 1078,
moi t le 20 août 1758. Il entra jeune dans l'année et par-
vint au grade de colonel. Très lié avec le duc d'Argyll qu'il
abandonna par la suite, il se lança dans la politique et
représenta Chippenham au Parlement de 1713 à 1722. En
1722, il fut élu par Malmesbury qu'il représenta jusqu'en
1747. De 1718 à 1720, il fit partie de la maison du
prince de Galles, entra en 1720 dans la maison du roi el,
en 1728, fut nommé commissaire des revenus d'Irlande. Il
remplaça, en 1737, sir George Oxenden au Trésor et garda
cette situation jusqu'en 1742. Il occupa encore de 1727 a
1741 les importantes fonctions de président de la commis-
sion des privilèges et élections. La versatilité de ses con-
victions politiques, son physique disgracieux et la vulgarité
de ses plaisanteries lui avaient valu une espèce de célébrité.
EARLE (William), général anglais, ne à Liverpool le
18 mai 1833, mort à Kirbekan (Egypte) le 10 févr. 1885.
Entré dans l'armée en 1851, il fit la campagne de Crimée,
prit part aux batailles de l'Aima et d'Inkermann, fut, de
1839 à 1860, secrétaire du général Codririgtiin, gouverneur
de Gibraltar, servit à la Nouvelle-Ecosse en 1802 et dans
l'Amérique du Nord de 1863 à 1872. Il avait été promu
colonel en 1808. De 1872 à 1870, il occupa les fonctions
de secrétaire militaire de lord Northbrook aux Indes, fut
nommé major général des grenadiers de la garde le 31 oit.
1880 et fut envoyé en Egypte en 1882. Il commanda la
place d'Alexandrie jusqu'à la fin de 1884 et accompagna
alors lord Wolseley dans l'expédition envoyée au secours
de Gordon à Kharlouin. Il fut tué en enlevant les positions
îles Arabes à Kirbekan. Une statue lui a été élevée à Li-
verpool. R. S.
EARLOM (Richard), graveur anglais, né à Londres en
1743, mort à Londres le 9 ect. 1822. Honoré, à l'âge de
quatorze ans, d'une récompense par la Société des arts, il
devint élève de Cipriani et finit par se placer au premier
rang des graveurs en manière noire. Ses chefs-d'œuvre ù
cet égard sont les deux estampes : les Fleurs et les Fruits,
d'après les tableaux de la galerie Huysum, et Bethsabée
amenant Abisag à David, d'après Adrien Van der Werff.
Il a gravé nombre de planches à l'eau-forte, au burin et
au pointillé, d'après des maîtres, surtout pour des recueils
de l'éditeur Boydell, et une série d'excellents portraits,
parmi lesquels on remarque : celui du Dur d'Arenberg,
à cheval, d'après Van Dyck; Rubens et sa femme reve-
nant de la chasse, d'après ce maître; Rembrandt et la
Femme de Rembrandt, d'après celui-ci, etc. Il est sur-
tout connu aujourd'hui pour avoir reproduit en fac-similé
les (U'u\ cents dessins île chimie Lorrain, de la collection
du due de Devonsbire (Liber Veritatis; 1777, 2 vol.
in-fol.), ou il se permit néanmoins d'irrévérencieuses modi-
fications. I n catalogue critique de son oeuvra a été publié
par Wessely (Hambourg, 188!), iu-8). G, p_,.
EARLY (Jubal), général américain, né en Virginie vers
815. Elève de l'école militaire de VVeit-Poinl, il servit
dans I artillerie, démissionna bientôt el ètud a le droit \u
moment do la guerre avec le Mexique, il s'engagea dans
on corps de voIonUires virgmiens, et au début de la guerre
de Sécession servit dans l'arm « des confédérés. Il se dis-
tingua en de nombreuses occasions, notamment aux I.
de hwlenckgburg (1863), i Gettysburg et dans la vallée
du Shenandoaà, ou il lut mis en pleine déroute par SI
dan en 1864: Il m rein-,;, ,.„ Europe après la guerre du-
rant laquelle il elait parvenu au grade de gênerai, puis il
revint à Richmond ou il exerça comme avocat. Plus tard.
il devint directeur de la loterie de la Louisiane à la Nou-
velle-Orléans. On a de lui : Mémoire of the last i/rar of
I „■ wnr (1*07); Jackson campuUjn against Pope in
jolt^J ( 1 883).
EARN (Loch). Lac d'Ecosse, comté de l'erlh. situé
an pied du Ben Voirlich, long de 9 lui., large de -2 kil.,
entouré de collines boisées ; il renferme les' ruine, d'un
château dans nue lie. — Il donne naissance a la ri
Earn qui se jette dans l'estuaire du Tay, après un cours
sinueux de 70 kil. La vallée de Stralliearn, très pittoresque,
est souvent visitée.
EARNSLAW(Mont). Montagne de la Nouvelle-Zélande,
de méridionale, près d'Otago; 2,793 m. d'alt.
EASDALE. Ile des cotes occidentales d'Ecosse, comté
a Argyll, sur le détroit de Lorn ; ardoisières considé-
rables.
EAST (Sir Edward-Hvde), magistrat anglais, né à la
Jamaïque le 9 sept. 1764, mort à Londres le 8 janv. 1847.
Inscrit au barreau de Londres en 1780, il fut élu membre
delà Chambre des communes par Great Bedwin en 1792
appuya la politique de Pitt et en 1813 fut nommé chief
justice de la cour suprême du ttengale en remplacement
de sir Henry Russell. Il occupa ces fonctions jusqu'en 1823
et fut crée baronnet le 25 avr. 1823. Il représenta Win-
chester au Parlement de 1823 a 1830 et entra au conseil
prive. (In a de lui : Reports of cases in the court of
Kvngs Bench front 1185 to 1800 (Londres, 1817,
• > vol. m-8), en collaboration avec C. Uurnford et qu'il
continua seul jusqu'à l'année 1812 ; Pleas of the Crown
(Londres, 1803, 2 vol.); .1 Report of the cases of sir
/•. Rurdet against Ch. Abbott (Londres, 1811).
EASTBOURNE. Ville maritime d'Angleterre, comté de
Sussex, près du cap Beachy Head; 21,977 hab. Source
minérale de Ilolywell. C'est une grande station balnéaire
qui se développe rapidement. Le tort Lanyle,/ la défend.
EASTH0PE (Sir John), homme politique anglais, né à
lewkesbury le 29 oct. 1784, mort près de Wevbrid^e
(Surrey) le 11 déc. 1865. D'abord employé de banque, il
devint assez rapidement un des plus riches commerçants et
spéculateurs de la cite de Londres et présida les conseils
d'administration de plusieurs importantes sociétés indus-
trielles. Après s'être présenté sans succès aux élections
législatives à Saint-Albans en 1821, il représenta ce bourg:
au Parlement de 1820 a 1830. il fat élu par Uanburv en
1831, échoua à Lèvres en 1837 et représenta Laioester de
iN.ii a 1847. Orateur facile et très écouté, il s'occupa
seulement des questions d'affaires et surtout des lois sur les
céréales. En 1834, il acheta la propriété du Morniiig
Chronùle et fut créé baronnet le 24 août 1841. Il appar-
tenait au parti libéral. R -
EAST INDIA (Compagnie) (V. IxnF.).
EASTLAKE (Sir Charles Lois), peintre et écrivain d'art
anglais, néàPlymouth le 17 nov. I7!i;i. mon à Dise le
23 ilec 1865. Il vint ii Londres étudier la peintui
la direction de Fuseli, et son premier tableau exp
/ i!!e de Jaïre (1814), lui valut d'être envoyé a Paris pour
y faire des copies de maîtres. En 1817, il partit pour
l'Italie et y demeura quatorze années pendant lesquelles il
ne lit que deux apparitions en Vngleterre : la première en
- lîll —
EASTLAKE — EASTWICK
1 s j 1 1 . la seconde en 1848 .1 l'occasion de son élection à
la Royal Academy. En 1819, il avait (ail ose courte excur-
sion en Gréée ta compagnie de l'architecte Berry. Les pre-
niers tableaux d'Eastlake représentent des scènes de ban-
ilits italiens ou de paysans de la campagne romaine : la
Femme d'un brtgand défendant .*<>// mari (lSd'>);
Jeune Fille </' [U>ano conduisant une femme aveugle à
. /■ terins en vue de la Ville sainte (1828);
Famille de paysans tondue au pouvoir des bandits
-. Grecque en (-0x1111111' national. Grecs futjitifs
. etc. Mais ceux <|in lui valurent le pins de succès
sont des tableaux bibliques ou religieux : Agar et hmaël
(1838); te Ch ist bénissant les petits enfants (1839),
et surtout te Christ pleurant sur Jérusalem (4844). En
Bastlake envoya a l'Exposition universelle de Paris
quatre toiles : les Pèlerins ; te Spartiate Isodas s'elan-
eant au combat (tableau datant de 1827); la Sveglia-
rina: François <le Carrare s1 échappant île Milan avec
sa femme. A partir de ce moment, il abandonna île plus
en (dus la peinture pour s'occuper exclusivement de ses
fonctions de directeur de la National Gallery; son amitié
avec le prince Albert lui permit d'avoir la plus heureuse
influence sur tout ce qui touchait aux beaux-artsen Angle-
terre: il enrichit les musées anglais de cent trente-neuf
tableaux de maîtres, et c'est au cours d'un voyage entre-
pris pour Requérir des tableaux qu'il mourut. Eastlake,
nomme bibliothécaire de la Royal Academy eu 1842, pré-
sident en 1880, directeur de la National Gallery en 1855,
a laissé sur les beaux-arts divers ouvrages, entie autres:
une traduction de la Théorie îles couleurs., de Go'the
(4840); un traité : Materials for a history of oil Paint-
inq (1847-1869, -2 vol.); Contributions to the litera-
tureof fine \rt< (1848, 1 vol.; nouv.édit., augm.,1870,
2 vol.), etc. F. CoORBOIKi
Bilil. : Leslie StePBRN, National Biographg.
EASTLAKE (Elizabetb Ribbt, ladyi, née en 1815, fille
d'un médecin de Norwich. Bile était déjà connue comme
femme de lettres quand, en 184!), elle épousa sir Charles
Lock Eastlake. le célèbre peintre (V. ci-dessus). Ses Letters
from the Shores of the liallic (1841) eurent un très grand
succès : les mœurs des Esthuniens y sont décrites avec un
réel talent. Ce premier ouvrage lut suivi de lu .luire
(1843), et des Lironian Taies (184(3). Les récits de miss
Rigby se distinguent par une très grande simplicité et un
charme qui liait du naturel. Elle lit paraître dans la London
ijuarterly Reiiew (juin ISia) une sorte de monographie
des voyageuses sous le titre de Lady Travellers. A partir
de 1849, elle se voua à l'étude des beaux-arts : elle tra-
duisit de l'allemand le Manuel île la peinture en Italie,
de Kugler, pour lequel son man fit d intéressantes anno-
tations (1851); elle acheva l'excellente iconographie de
Jesus-Christ de M"e Jameson [History of Our Lord. INIii,
-2 vol. ; elle publia ['Autobiographie du sculpteur John
Gibson (18ii9), et, après la mort de son mari, une vie
d'Eastlake, substantielle et courte, vrai modèle du genre,
qui a paru en tète de la seconde série des Contributions
te the literaturr of fine arts, œuvre posthume de l'artiste
(1870); enfin Fwe great Painters (1883, l2 vol.), et
d'autres travaux de moindre importance.
Casimir Stryiexski.
EAST LIVERPOOL. Ville desEtats-Unis, Etat de l'Ohio;
N..')'i8 hah. en 1880. Poteries de grès.
EAST LONDON. Ville de l'Afrique centrale, ch.-l. de
comté de la colonie du Cap, à l'embouchure de la rivière
Buffalo, à 900 kd. B. du Cap; 2,500 hah. Port d'un accès
difficile, marqué par de fréquents sinistr-s ; le Buffalo y
forme une barre, avec un tirant d'ean de 2 m. et demi. En
1866, le mouvement maritime d'East London a été de
1,053,000 tonnes et la valeur du commerce de 30 millions
de trams. L'exportation des laines s'est élevée à 7,088,500
kUoj
EASTMAN (Charles Gamage), journaliste et poète amé-
ricain, né en 1X1*:», mort en 1861. Il a publié, entre autres
ouvrages, n\\ volume de vers ou il décrit, avec charme et
vente, la vie des champs dans la Nouvelle-Angleterre (Moiit-
pelier, Vermont, 1848, in- 18).
EASTMAN (Mary Hsndrrson, femme), romancière amé-
ricaine, née a Warreiilon (Virginie) eu 1817, tille du
l)r Thomas Renderson. Elle excelle à retracer les mœurs
et la vie des Indiens d'aujourd'hui, que ses longs séjours
sur les limites des territoires réserves lui ont permis d'étu-
dier de prés. On peut citer d'elle : Dahcotah ou Vie et
légendes des Sioux (New-York, 1 849, in— 12) ; Romance
of ludion Life (Philadelphie, 1852, in-8); American
Aboriginal l'art folio, avec des illustrations par son mari,
le capitaine S. Eastman (1853, in— i) ; Chieora, and olher
Régions of the Conquerors and Conquered (1854, pet,
in- 5), et une sorte de contre-partie à la Case de. l'oncle
Tom, intitulée Aunt Phillis's Cahin (1852). B.-1I. G.
EASTON. Ville des Etats-Unis, Etat de Pennsylvanie,
comté de Northampton, au confluent de la rivière Lehigh
et du Delaware; 12,000 hah. (1880). Ville bien bâtie,
commerçante et industrielle; fonderies, moulins, distille-
ries. Collège Lafayette. Le faubourg de South Easton a
5,000 hab. Aug. M.
EASTONIA (Malac). Genre de Mollusques Lamelli-
branches, de l'ordre des Vénéracés, établi par J.-E. Gray en
1853 pour une coquille oblongue, arrondie aux extrémités,
èquivalve, équilatérale, ornée extérieurement de côtes
rayonnantes. Charnière composée d'une dent cardinale
comprimée, de dents latérales non écartées, l'intérieure
verticale, la postérieure oblique ; le cuilleron large et
triangulaire ; ligament marginal, presque externe. Type :
Eastonia rugosa Gmelin. Les espèces de ce genre vivent
dans le sable à des profondeurs variables; elles habitent
l'océan Atlantique et la Méditerranée, sur les cotes du
Portugal et de l'Algérie, l'océan Pacifique, côtes de Cali-
fornie, etc. J. M ml
EASTPORT. Ville de l'extrême pointe de la frontière
N.-E. des Etats-Unis, Etat du Maine, sur Pile Moose, au S.
de la baie de Passama Quoddy; 5,000 hab. Port excellent,
défendu par le fort Sullivan. Pêcheries; commerce de bois.
EAST PROVIDENCE. Ville des Etats-Unis, Etat de
Rhode Island ; 6,816 hab. en 1885.
EAST RIVER, liras de mer de 30 kil. environ de lon-
gueur, qui joint le port de New-York et le détroit de Long
Island, et sépare le côté oriental de .New-York de la ville
de Brooklyn. En 188,"), le lit de la rivière de l'Est a été
débarrassé, par de grands travaux, des rochers qui l'obs-
truaient et formaient le passage dangereux connu sous le
nom de Hellgate. Le pont de Brooklyn franchit la rivière
de l'Est, dont le passage est également desservi par de nom-
breux ferrys ou bacs à vapeur.
EAST SAGINAW. Ville des Etats-Unis, Etat de Mi-
chigan, sur la rive droite de la rivière Saginaw qui se
jette dans la baie de même nom (lac lluron) ; "29,000 hab.
en 1884. Ville industrielle.
EAST SAINT-LOUIS. Faubourg de Saint-Louis (Etats-
Unis); 9, "200 hab. en 188.'). Tandis que Saint-Louis est
situé sur la rive droite du Mississipi, East Saint-Louis
l'est sur la rive gauche et appartient à l'Etat d'illinois. Un
grand pont en fer, œuvre remarquable du génie civil,
traverse le Mississipi et réunit les deux villes. East. Saint-
Louis est le point de réunion d'un grand nombre de lignes
ferrées tenant du N., du N-E., de l'E. et du S.-E. des
Etats-Unis. Aug. M.
EASTWICK (Edward Backhouse), orientaliste et diplo-
mate anglais, né à Narfield (Berkshire) le 13 mars 1814,
mort en 1883. Appartenant à une famille qui avait joué
un rôle notable dans l'histoire de la Compagnie des Indes
(son père en fui directeur), il débuta comme cadet dans
l'infanterie de Bombay ; mais il entra bientôt dans l'ad-
ministration civile; ou sa parfaite connaissance des dialectes
du pays le mettait à même de rendre de grands services.
Il professa pendant un temps l'hindoustani, au collège de
llailesbury, puis fut nommé secrétaire politique adjoint à
EASTWICK — EAl
|9î —
Vlmliii Office (1850). Il rempffl ploi i;uri àm missions
diplomatiques el financières en Perse et au Veoezoela, deviol
secrétaire d'Etal pour l'Inde et représenta, de 1868 à 1*74,
lVnivii el Falmouth au Parlement. Parmi ses nombreux
ouvrages, il faul citer une Concise Grammar ofUindus-
liiiu (is'iT), un journal de ses trois années de résidence
en Perse [Journal of diplomaiist; 1864, i roi.), Vene-
wela or Sketches ofLife in a South itm rican Republic
(isiiS), des traductions comme celles du Jardin des
Roses on Gulistan <le Sadi, de la grammaire comparée
de Bopp el de la Révolte des Pays-Bas de Schiller, el
deux luxueux volumes publiés a l'occasion de l'érection des
Indes anglaises ou empire bous le titre de Kaùar-namari
Uuid ou l.mj of the Empress (4882). It.-ll. (,.
EATON (Theophilus), administrateur anglais, né i Stonv
Stratford (comté de Buckingbam) en 1590, mort a Neu
llavcn le 7 janv. 1(>.'>8. Fils d'un pasteur, il préféra le
commerce à l'Eglise à laquelle son père le destinait. Très
intelligent, il fit une carrière brillante au service de VEast
l.ami Company, pour laquelle il voyagea dans le nord de
l'Europe. Charles 1er le choisit pour agent à la cour de Da-
nemark. Eaton prit un intérêt considérable à l'émigration
en Amérique, partit lui-même pour Boston en UÏM et
fonda, sur la baie de Quinnipiack, un établissement qui
reçut le nom de New Haven. Le 25 oct. I(j<i9, il fut choisi
pour gouverneur de New Haven et exerça ces fondions
jusqu'à sa mort. Il dota la nouvelle colonie d'un code qu'il
rédigea avec l'aide de Davenport et qui fut imprimé à
Londres en 1656 sous le titre de New Haven s settling
in New England and some lawes [or government pu-
blished for the use of tliat colony (Hartford, 1858, in-i,
nouv. éd.). Il eut d'incessants démêlés avec les Hollandais;
mais, grâce à sa prudence et à son habileté, ils ne dégéné-
rèrent pas en hostilités déclarées. R. S.
E A U. I. Histoire de la science. — L'eau était regardée
par les anciens comme un élément et même comme l'un des
quatre éléments dont l'assemblage constituait, à leurs yeux,
tous les corps de la nature. — Ce mot, d'ailleurs, n'était
pas appliqué seulement d'une façon spécifique à l'eau pro-
prement dite ; il avait un sens générique plus compréhensif,
car on le donnait à toute matière naturellement liquide, ce
qui comprenait aussi le vin, le miel, le vinaigre, etc., et on
retendait à toute matière fusible par l'action de la chaleur,
telle que l'or, l'argent, le cuivre, le plomb, les métaux.
Le mercure spécialement était désigné sous le nom d'eau-
argent (58pâpyupo{). Cette signification du mot eau est
déjà exposée dans le limée de Platon et elle a subsisté
pendant tout le moyen âge. Le mot eau signifiait aussi
l'élément liquide, la matière ou princioe de la liquidité eu
général, matière ou principe que l'on croyait pouvoir retirer
à un corps donné, ou y ajouter par divers procédés. — Mais
le mot eau désignait d'une manière plus spéciale la matière
particulière, actuellement liquide ou liquéfiable, telle que
l'eau ordinaire, le vin, etc., spécifiée par un adjectif. A ces
deux sens purement matériels, on doit en joindre deux
autres, si l'on veut comprendre les conceptions des anciens
et du moyen âge, lesquelles s'étendaient aussi aux modifica-
tions de la matière, envisagées en elles-mêmes, telle que
la fusion ou acte dynamique de la liquéfaction, et l'état
statique de la matière fondue. Ces notions subtiles ont été
continuellement agitées au moyen âge et elles se trouvent
sous d'autres formes dans la physique actuelle.
L'eau élémentaire n'était pas envisagée comme indécom-
posable, mais elle était susceptible de se transformer dans
les autres éléments; par l'action de la chaleur, elle se chan-
geait en vapeur, c.-à-d. en air; par l'action du froid, elle
devenait solide, c.-à-d. terre. Les notions de la physique
moderne sur les états des corps étaient ainsi appliquées par
les anciens aux éléments eux-mêmes, envisagés comme con-
stitués au fond par les arrangements différents d'une matière
première identique, groupée suivant les principes de la géo-
métrie ; les pythagoriciens et Platon à leur suite assignaient
même les formes caractéristiques de chaque élément. Telle
lut la doctrine des savant! pétulant l'antiquité et pendant
tout le moyen âge. Elle continuai! a régner avec des \j-
riantea diverses au x\m' siècle, l'eau étant envisagée comme
un élément fondamental des corps, homogène et mm
lubie en d'autres corps du même ordre qn'elle-aéae. Mais
à cette époque, un grand changement commença I l'effec-
tuer dans les idées, par suite des progrès de la chimie et
de la découverte des gaz.
Tandis que la notion vague de l'élément terre faisait
place a la connaissance même d'une multitude de matières
diverses, oxydes irréductibles, en dérivés métalliques les uns
dans les autres, la connaissance de la composition de l'air
permit a Lavoisier d'expliquer les phénomènes de la com-
bustion, ainsi que la formation des oxydes et des acides, et
la respiration, d'après les idées que nous enseigons aujour-
d'hui. Cependant elles n'avaient pas porté la conviction
dans l'esprit de ses contemporains; de grands doui'
sistèrent pendant quelque temps en raison de l'ignorance
où l'on était alors de la composition de l'eau, ("est l'intel-
ligence exacte de cette composition qui jeta un jour définitif
sur la théorie.
Tant que l'hydrogène demeura inconnu, la question de
la ((imposition de l'eau ne pouvait pas être posée, ni la so-
lution entrevue. La découverte même de l'hydrogène faite
par Cavendish, en 1707, ne suffisait pas. Dix ans après,
en 1778, .Marquer disait encore : « L'eau parait une sub-
stance inaltérable et indestructible, du moins jusqu'à pré-
sent ; il n'y a aucune expérience connue, de laquelle on
puisse conclure que l'eau peut être décomposée. » L'eau
continuait donc à être regardée, conformément à la tradi-
tion de tous les siècles et de toutes les écoles, comme un
élément. La formation de l'air inflammable, c.-à-d. de
notre hydrogène, demeurait inexplicable. En effet, les con-
ditions de sa production, par la réaction des acides sur les
métaux, semblaient conduire à cette conséquence néces-
saire : que l'hydrogène était le vrai principe inflammable
des métaux, ce principe si longtemps cherché, designé au-
trefois sous le nom de sulfureite, c.-à-d. principe sulfu-
reux, ou plutôt principe de la volatilité, principe qui était
celui dont Lavoisier contestait l'existence réelle.
L'hydrogène apparait en effet dès qu'on traite les métaux,
tels que le fer ou le zinc, par la plupart des acides. Il apparait
également lorsque le fer est attaqué par la vapeur d'eau,
et même par l'eau liquide. Si donc l'eau est un élément
indécomposable, il paraît nécessaire d'admettre que l'hydro-
gène résulte de la décomposition du métal, une chaux mé-
tallique étant formée simultanément : que cette chaux
demeure libre, comme dans la réaction directe du fer sur
l'eau, ou qu'elle se combine à l'acide pour engendrer un
sel, comme dans la réaction des acides. Nous retournons
ainsi à la théorie du phlogistique.
La force de ces raisons était telle qu'à la suite de la dé-
couverte de l'hydrogène la plupart des chimistes le regar-
dèrent comme représentant le principe combustible par
excellence, le phlogistique lui-même, ou plutôt comme l'une
des formes et la plus pure de cet être subtil, que l'on sup-
posait contenu dans les métaux. Telle était l'opinion de
Cavendish, qui avait découvert l'hydrogène.
Cependant l'eau, véritable produit de la combustion de
l'hydrogène, avait déjà été observée, sans que l'on comprit
l'importance de son apparition. Marquer avait vu, dès 177.v>,
que la combustion de l'air inflammable laisse déposer des
gouttelettes d'eau sur une soucoupe, sans donner lieu à
aucune matière fuligineuse. Mais on avait regarde cette
eau comme préexistante à l'état de vapeur, ou, comme on
disait alors, de dissolution dans le gaz, et étrangère à sa
constitution ; elle relevait, pensait-on, de l'hygrométrie,
qui était alors même l'objet des recherches des physiciens :
le gaz, qui lui servait de support, étant détruit par la com-
bustion, l'eau se condensait. On n'avait donc point attaché
d'importance a sa manifestation.
Cavendish répéta à son tour l'expérience en 1783 et
constata que le poids des corps mis en expérience ne change
— 193
KAU
l>;is dans la combustion de l'air inflammable. On ne pou-
vait donc pas invoquer la fixation on le dépari de la matière
.lu feu. Cavendish vil en même temps, et c'était le nœud
de la question, que la proportion de l'eau ainsi formée était
trop considérable pour être expliquée par la simple présence
de ta vapeur d'eau préexistante dans les gaz. Il eu) ilonc,
dans la découverte des faits relatifs à la composition de
l'eau, l'initiative principale. Toutefois, préoccupé par la
formation constante d'un peu d'acide nitrique dans cette
combustion, ainsi que par les expériences laites a la même
époque par Priestiey sur le prétendu changement intégral
de l'eau en ga/ sous l'influence de la chaleur rouge, Ca-
vendisb hésita tout d'abord a tirer les conclusions de sa
belle expérience, et même à en taire l'objet d'une publi-
cation quelconque. Il ne la présenta pas avant le 19 janv.
1 7>> * à la Société royale de Londres, avec laquelle il était
pourtant en rapports quotidiens, et il l'exposa même en
admettant, comme une alternative possible, cette opinion
que le gaz inflammable (hydrogène) pourrait être de l'eau
unie au phlogistique : alternative d'après laquelle l'eau
demeurait un élément.
A ce moment, le problème avait été complètement éclairci
par Lavoisier. En effet, la notoriété des essais de Caven-
dish s'était répandue dans le monde scientifique pendant le
printemps de t~S;î : il ne pouvait en être autrement à une
époque ou tous les esprits étaient tenus en éveil par la dis-
cussion des théories soulevées par Lavoisier et où les lettres
et les communications verbales donnaient lieu à un échange
incessant des connaissances positives et des idées contro-
versées. Lavoisier, toujours en éveil sur la nature des
produits de la combustion de l'hydrogène, se trouvait à ce
point OÙ la moindre ouverture devait lui en taire com-
prendre la nature véritable. Il se hâta de reprendre ses
essais, comme il en avait le droit, n'ayant jamais cessé de
s'occuper d'une question qui touchait au cœur même de
son système. Ce fut lui qui donna le premier d'une fa(;on
formelle la signification réelle et complète des phénomènes.
Il conclut, de ses expériences, que l'eau n'est pas un élé-
ment, mais qu'elle est composée d'air vital et d'air inflam-
mable, c.-à-d. d'oxygène et d'hydrogène. Il ne donna pas
dès le début la démonstration expérimentale complète,
celle de la permanence du poids des deux composants dans
le composé.
C'est à Monge qu'est due cette démonstration, commu-
niquée en son nom quelques jours après par Vandermonde
a l'Académie. Mais il regardait comme une hypothèse tout
aussi probable que celle de Lavoisier l'opinion que l'hydro-
gène et l'oxygène sont des combinaisons de l'eau avec des
fluides élastiques différents, lesquels par la combustion se
changeraient dans le fluide du feu, et s'échapperaient sous
forme de chaleur et de lumière. Cette opinion, congénère
de celle du phlogistique et qui rappelle les anciennes idées
des physiciens sur les deux fluides électriques adhérents à
la surface des corps, maintenait toujours l'eau comme un
élément indécomposable. Watt pensait également, à cette
époque, que l'eau pouvait être changée en air, si on la
chaulfe assez fortement pour que toute sa chaleur latente
se dégage sous forme de chaleur libre ou sensible, puis il
émit dans des lettres privées, qu'il refusa d'ailleurs de
laisser publier, des opinions plus conformes à la réalité,
mais sans exécuter lui-même aucune expérience et sans
oser prendre la responsabilité de ses conjectures.
En résumé, dans la découverte fondamentale de la com-
position île l'eau, si Lavoisier n'a pas eu la pleine initia-
tive des faits, si Cavendish l'a précédé a cet égard, si Monge
et Priestley ont participé a leur étude progressive, ce qu'on
ne saurait contester a Lavoisier, c'est qu'il ait eu d'abord
la claire vue de la théorie, théorie que ses travaux anté-
rieurs sur le rôle de l'oxygène dans la formation des oxydes
et des acides devaient foire pressentir a tous les chimistes
éclairés de l'époque : il osa le premier proclamer claire-
ment et publiquement la composition de l'eau, vérité qui
est devenue 1 une des pierres angulaires de la science
ORAXDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
chimique. S'il l'a fait tout d'abord et hardiment, alors que
les autres sa\anls hésitaient encore sur l'interprétation des
faits, c'est parce que son esprit était libre des entraves de
cette hypothèse du phlogistique, qui troublait à la fois le
langage el la pensée de ses contemporains. Cette conclu-
sion extraordinaire pour eux venait se placer tout natu-
rellement dans le cadre de sa nouvelle doctrine : il sut en
tirer aussitôt les applications les plus diverses aux points
essentiels de la science, tels que la formation de l'eau dans
la réduction des oxydes métalliques par l'hydrogène, la dé-
composition inverse de l'eau par les métaux, seule ou avec
le concours des acides, la production de l'eau dans la com-
bustion de l'alcool et des matières organiques, etc. C'est
ainsi que la découverte de la composition de l'eau a joué
un rôle capital dans la constitution définitive de la chimie
moderne. M. Iîertiielot.
II. Chimie. — On démontre facilement que l'eau est
formée d'oxygène et d'hydrogène : 1° en enflammant un
jet d'hydrogène sous une cloche ; on dessèche le gaz au
préalable, afin de rendre la démonstration plus probante;
2° en faisant arriver un globule de potassium sous une
éprouvette remplie de mercure et contenant à son sommet
une petite quantité d'eau : il ne se dégage que de l'hydro-
gène pur; 3° en décomposant l'eau en vapeur, à une tem-
pérature élevée, dans un tube contenant du fer chauflé au
rouge, comme dans l'expérience de Lavoisier. Dans quel
rapport de poids et de volume se combinent l'oxygène et
l'hydrogène pour engendrer l'eau ? Cette question, ébau-
chée par Lavoisier, a été résolue par les belles recherches
de Gay-Lussac et Humbohlt, de Berzélius et Dulong, puis
de Dumas.
Guy-Lussac a démontré qu'en faisant détoner dans un
eudiomètre 2 vol. d'hydrogène et 1 vol. d'oxygène, les
deux gaz disparaissaient pour donner 2 vol. de vapeur
d'eau. Berzélius et Dulong ont établi synthéliquement la
composition de l'eau en réduisant par l'hydrogène un poids
connu d'oxyde de cuivre, cette composition se déduisant
de la perte de poids de l'oxygène de l'oxyde et du poids
de l'eau formée pendant l'opération. Ils ont trouve par cette
méthode que la composition centésimale était la suivante :
Hydrogène H, Oit
Oxygène 88,91,
soit I p. d'hydrogène pour 8,017 d'oxygène. Depuis les
recherches classiques de Dumas reposant sur la méthode
précédente perfectionnée, on admet que 9 p. d'eau en poids
contiennent 1 p. d'hydrogène et 8 p. d'oxygène, soit
pour 100 :
llvdrogène 11,1 12
Oxygène 88,888.
En résumé : I "en équivalent, l'eau est formée de 1 équiv.
d'hydrogène pris pour unité de poids et de I équiv. d'oxy-
gène représenté par 8, ou, si l'on veut, 9 gr. d'eau con-
tiennent exactement I gr. d'hydrogène et 8 gr. d'oxygène;
2° en volume, elle contient exactement 2 vol. d'hydro-
gène et \ vol. d'oxygène qui s'unissent pour former 2 vol.
de vapeur d'eau. L équivalent de l'eau est donc représenté
par 110 ; mais, comme la plus petite quantité d'eau qui
prend naissance dans les réactions chimiques n'est jamais
inférieure à 2 équiv., on admet que le poids moléculaire
est IPO* :
II -02 = 18.
Dans la théorie atomique, le volume représentant l'atome,
on dit, sous autre forme, que l'eau est formée de deux
atomes d'hydrogène et d'un alome d'oxygène, la formule
atomique de l'eau étant alors H-O.
Propriétés physiques. A la surface du globe, l'eau
existe toujours sous trois états physiques : elle est solide,
liquide ou gazeuse. A l'état solide, bien qu'elle soit d'une
admirable transparence, elle est cristallisée, ou plutôt
formée d'une multitude de cristaux empâtés dans une masse
amorphe. Lu faisant passera travers un morceau de glace
un ravon lumineux, on met ces cristaux en évidence, sous
13
EAU
194 -
l'orme de rosaces, qui onl été décrites parTyndall sous le
nom de fleurs <k gla< i .
L'eau cristallise dans le système rhomboédriquo, tantôt
bous forme d'un dodécaèdre de 120°, tantôt sous celle
d'un dodécaèdre isocèle : c'est ce qui explique les belles
cristallisations pennées qu'on observe parfois sur les vitres
pendanl l'hiver. La neige elle-même est formée d'un assem-
blage d'um; multitude de |><-t it» cristaux simulant
étoiles à six rayons, de manière a présenter des angles de
60°. En se liquéâant, sous l'influence de la chaleur, l'eau
diminue de volume; en effet, la densité de l'eau étant
prise pour unité, celle de la glace est seulement de <),!i|x
(Brunner) ; en outre, il y a absorption de chaleur : la
chaleur latente de fusion de la glace est égale à 7!)CJ'2'>.
Ainsi, Lorsqu'on mel dans un vase 1 kilogr. de glace a
zéro, puis l kilogr. d'eau à Tltu, on obtient après lu fusion
"■). kilogr. d'eau à 0° environ. Réciproquement, en passant
de l'état liquide à l'état solide, l'eau augmente de volume;
et, chose remarquable, le maximum de densité est situe,
non à zéro, mais à 4° (Despretz), ce qui semble indiquer
qu'a partir de 4° les molécules commencent à s'orienter,
d'où résulte une expansion de volume qui atteint sou
maximum au point de congélation. Ces changements de
volume expliquent une foule de phénomènes que tout le
monde peut observer pendant l'hiver, tels que les suivants :
la présence de la glace ù la surface des lacs et des rivières;
la rupture des pierres, dites gélives, et même des tissus
xégélaux, des corps les plus résistants, comme les métaux
et les alliages, etc. Tout le monde sait qu'on peut briser
des canons de bronze en les remplissant d'eau et on les
exposant ensuite, après une fermeture hermétique, à
l'action d'une basse température. Comme la plupart des
autres corps, l'eau peut être en surfusion, c.-à-d. être
encore liquide au-dessous de zéro, et alors on peut la
comparer à une dissolution sursaturée ; ce phénomène
s'observe : 1° lorsqu'elle tient en dissolution certains sels,
notamment le sulfate de soude; 2° lorsqu'elle est contenue
dans des tubes capillaires et qu'elle mouille les parois ;
3° lorsqu'on l'abandonne à un refroidissement très lent.
Dans ce dernier cas, la température peut descendre à
— 20° ; mais la solidification a lieu immédiatement et la
température remonte à zéro sous l'influence du moindre
mouvement vibratoire et par l'introduction d'une parcelle
de glace, ce qui est une autre preuve de la structure cris-
talline de cette dernière.
A l'état liquide, l'eau pure est inodore et incolore ;
toutefois, vue en masse, elle présente une légère teinte
verdâtre. A partir de 4°, elle augmente graduellement de
volume jusqu'au point d'ébullition (Despretz). Elle dissout
un grand nombre de corps, solides, liquides ou gazeux :
les alcalis, les matières sucrées, gommeuses et mucilagi-
neuses; un grand nombre de principes immédiats, d'ori-
gine végétale ou animale ; une foule de sels, comme les
formiates et les acétates; la plupart des azotates, des chlo-
rures, des sulfates, des oxalates, etc. ; en général, les
corps tics oxygénés sont solubles dans l'eau, tandis que les
corps riches en carbone et en hydrogène sont de préférence
solubles dans l'alcool et dans l'éther. Contrairement à ce
qui a lieu d'ordinaire pour les liquides et les solides, les
gaz sont d'autant plus solubles dans l'eau que la tempe-
rature est plus basse.
L'eau existe constamment à l'état de gaz dans l'atmo-
sphère; à la surface de la terre, elle émet continuellement
des vapeurs, même aux températures les plus basses. Comme
les liquides volatils, elle se vaporise immédiatement dans le
vide et acquiert dans des temps très courts la tension
maxima qui répond à la température de l'expérience. En
se vaporisant, elle augmente environ de dix-sept cents lois
son volume; elle est alors sous forme d'un fluide élastique,
incolore, inodore, plus léger que l'air, car sa densité,
rapportée ù ce dernier, est égale a 0,622, Dans les con-
ditions normales île pression, C.-à-d. à TtiO""". on dit qu'elle
bouta 100°; en augmentant la pression, on élève graduel-
lement le point d'ébullition, principe sur lequel repose la
marmite de Papin; réciproquement, i mesure que la pression
diminue, le point d'ébullition l'abaisse, a tel point qu'on peul
lier l'ébullilion au voisinage de zéro en faisanl le
ride .i la surfai e du liquide. Pour te transformi r en vapeur,
elle exige environ cinq fois et demie plus de chaleur que
pour élever sa température de zéro i 100°; en d'autres
termes, I kilogr. de vapeur d'eau à 100*, reçu dans
I d'eau à zéro, donne (?-.'. no d'eau a 100°.
L'eau o'i il pas un él ctrolyte. Lorsqu'on l'acidulé, le
couranl décompose l'acide, ce qui fournil 1 vol. d'hydro-
gène au pôle négatif pour 1 vol. d'oxygène au pôle positif.
Soit de l'eau additionnée d'un peu d'acide sulfurique,
SOs,3U0 : on a, BOUS l'influence du courant électrique :
S08,3H0=3H-r-(S08-f-0»);
au pôle positif :
(S03H-03)-T-3H0=30-r-S0»,3H0.
Ainsi, au contact de l'eau, l'aride anhydre S
reproduit l'acide sulfurique et voila pourquoi ce dernier se
retrouve non altéré a la tin de l'expérience (Bonrgoin).
Propriétés chimiques. L'eau intervient dans la plupart
de nos réactions de laboratoire et dans presque tous les
phénomènes qui se passent a la surface de la terre ; lors-
que cette dernière était à l'étal incandescent, l'eau ne
pouvait exister qu'a l'état de vapeur, et, dès que la con-
densation est devenue possible, sa température étant très
élevée, son pouvoir dissolvant était considérable ; ainsi
s'explique la formation des courbe, géologiques stratifiées.
Dès que la vie est devenue possible sur notre planète, l'eau
a joue un ride prépondérant dans la formation des \egélaux
et des animaux; elle est indispensable pour assurer la série
des combinaisons et des décompositions .chimiques qui
s'etfectuent dans les tissus. Après la mort, elle est égale-
ment nécessaire pour désorganiser les matières organiques
et restituer leurs éléments à la nature. C'est sous son
influence que se produisent la plupart de ces doubles décom-
positions, que les chimistes effectuent journellement, et
son influence est capitule dans mie foule de réactions.
Tantôt elle n'agit qu'à titre de dissolvant ; tantôt elle
fournit seulement l'un de ses deux éléments, l'oxygène ou
l'hydrogène, aux corps qui réagissent lesunssurlesautres;
tantôt, enfin, elle entre intégralement en combinaison pour
engendrer de nouveaux composés ; parfois elle détermine
des dédoublements, sans entrer en réaction, du moins en
apparence. En résumé, trois cas principaux peuvent se
présenter : 1° l'eau est décomposée et l'oxygène entre eu
combinaison, l'hydrogène étant mis en liberté ; "2° l'hydro-
gène est fixé, tandis que l'oxygène est éliminé ; 3° les deux
éléments, oxygène et hydrogène, sont fixes simultanément.
C'est en s'appuvant sur l'action de l'eau que Thénard a
établi sa classification des métaux : les trois premières sec-
tions renferment les métaux qui décomposent l'eau à une
température plus ou moins élevée : cette décomposition est
due à ce que l'hydrogène est un métal et qu'il peut être
remplacé par un autre métal, soit a froid, soit a chaud.
Le rôle de l'eau en chimie organique est d'une impor-
tance capitale : on la voit a chaque instant entrer en com-
binaison ou prendre naissance, par suite de la reaction
interne des éléments qui constituent la molécule organique.
Lin fait digne de remarque, c'est que la quantité d'eau qui
se forme dans une réaction quelconque ne peut pas être
inférieure à deux équivalents. Exemple :
Action de la potassesurles hydraeides ou sur les oxacides:
Mil)- -f-lli I :H«0*-f-KCl,
RHO- + AzIlO" z^ ll-'O- + AzO°k.
Oxydation de l'alcool et formation de l'éther sulfurique :
(>«H «»'-+- O- = H20« -j-C-'Hi»*
2C4H«08 -IIO-'-M'.'IIV'll"»'')-
C'esl pour cette raison qu'on adopte la formule JPG1
pour représenter une molécule d'eau. l.'d. BoOBGODf.
\wi\si:. — Les méthodes suivies pour l'analyse des
eaux varient suivant leur destination; ainsi pour l'alimen-
m —
EAU
tabou ili's chaudières à vapeur se borne-t-on généralement
au\ données fournies par la méthode hydrotimétrique}
tandis que, pont les eaux destinées a la consommation,
eaux présumées potables, il est de rianeur, avant d'eu taire
usage, de constater l'absence de souillure, soit d'origine
oégétale,soit«\ surtout d'origine animal» provenant des
i àdos de la vie. Pour les eaux minérales, une analyse
aemplète, destinée ■ au taire aonnattre les propriétés, est
absolument indispensable. Une eau potable doit être
t'raiehe et limpide, incolore sous une faible épaisseur, ou
légèrement bleue en masse, d'une température intérieure a
la centigrades ; ne pas contenir de matières organiques
capables d'entier en putréfaction, ni une trop forte pro-
portion de sels en dissolution, bien cuire les légumesêl ne
pas coaguler le savon. Toute eau dégageant une odeur
sulfureuse doit être rejetée, car elle eonlient des matières
organiques en putréfaction sous L'action des ferments, el
pourrait amener des desordres dans l'économie. Ces carac-
tères ne sont cependant pas suliisants pour juger une
eau, car remplissant ces conditions, elle peu! néanmoins
contenir, comme il est parfaitement démontré aujoiir-
d'bui, des bactéries, germes de maladies infectieuses.
L'analyse complète d'une eau d'alimentation comprend :
1° l'analysa chimique proprement dite, c.-à-d.la recherche
et le dosage des éléments dissous, normaux et anormaux ;
•1 l'examen bactériologique, c.-à-d. la culture, la numé-
ration et la détermination des êtres microscopiques qui la
peuplent.
Prise de l'échantillon. La prise d'échantillon d'une
eau destinée a l'analyse est très délicate, car c'est de cette
prise que découle, naturellement, l'appréciation analytique.
Pour les cours d'eaux, lleuves ou rivières, les étangs, etc.,
la prise doit être faite au milieu de la tranche liquide,
éviter de prendre aux bords, au fond ou à la surface, afin
de ne pas rencontrer de vase, argile, gravier, ou des
matières organiques, débris de plantes ou d'animaux qui
peuvent surnager. Dans l'examen de l'eau distribuée à une
ville, la prise se fait au robinet d'un immeuble situé à peu
près au centre de la distribution; il faut avoir soin de pur-
ger au préalable la conduite en laissant couler dix mi-
mites environ, car on s'exposerait à prélever un échantil-
lon contenant du plomb provenant des tuyaux de canalisa-
tion. On recueille l'eau dans des vases de verre, bouchés
à l'émeri (ne pas faire usage de bouteilles de grès, qui
peuvent en modifier la dureté), très propres, que l'on aura
stérilisés par un lavage au permanganate de potasse légè-
rement acidulé a l'acide sulfurique, puis passés trois ou
quatre fois à l'eau distillée bouillie: de celte façon on a
des fioles entièrement privées de microorganismes; on les
remplit d'eau à examiner après un rinçage à cette même
eau, et on les tient au frais et à l'obscurité. C'est dire que
toutes les précautions possibles doivent être prises pour
éviter l'introduction de bactéries étrangères, qui viendraient
donner des résultats erronés. L'analyse sera commencée
aussitôt la prise faite, car non seulement la quantité des
colonies, mais aussi l'acide carbonique libre, l'oxygène
dissous, etc., varient avec le temps.
Examen préliminaire. 11 importe de noter la couleur
de l'eau, les eaux bleues étant de» eaux généralement
pures; cet examen se l'ait dans un tube de laiton fermé à
ses extrémités par des obturateurs en verre, comparati-
vement à un tube témoin de même longueur rempli d'eau
distillée. Une saveur d'eau croupie indique une eau conte-
tenant de grandes quantités de matières organiques; la sa-
veur terreuse est propre a l'eau chargée de sels calcaires.
Quant à l'odeur, die se développe, au bain-marie après
agitation de la fiole contenant l'eau. Sur le tournesol,
l'eau doit avoir des réactions très faiblement acides ou
alcalines.
Analyse chimique. Les corps que l'on peut rencontrer
dans une eau douce sont : I " résidus minéraux : silice, fer,
alumine, chaux, magnésie, soude, potasse, chlore, acide
sulfurique: i' résidus de la vie : acides azoteux, a/.olique,
phospborique, hydrogène sulfure, ammoniaque salin, ammo-
niaque albuminoïde, matières organiques, scaiol. Lorsqu'on
a affaire a une eau trouhle, il convient d'opérer tous les
dosages sur l'eau filtrée; on peut tenir compte des ma-
tières en suspension, argile ou matières organiques, en fil-
trant une assiv grande quantité d'eau, huit ou dix litres
environ, sur un Berzelius sèche ci lare, et séchant a nou-
veau jusqu'à poids constant.
Résidu d'évaporation. Le comité consultatif d'hygiène
de France recommande d'évaporer lentement un litre d'eau,
chantier encore quatre heures après dessiccation et peser.
Certains auteurs et le Laboratoire municipal de Paris pré-
fèrent, après évaporation complète, porter à l'éluve a 180"
ou '200" pendant deux heures environ, jusqu'à poids cons-
tant; les sels composant le résidu sont alors tous à l'étal
anhydre; on laisse refroidir sous l'exsiceateur a acide
sulfurique et on pèse rapidement, car le résidu est très
hygrométrique. On a ainsi la somme des éléments dissous
dans l'eau ; il s'ensuit qu'en additionnant les chiffres obte-
nus dans les dosages des matières organiques, du fer, de
l'alumine, de la chaux, de la magnésie, de la potasse, de
la soude, du chlore, des acides sulfurique, azoteux, azo-
tique, carbonique des carbonates neutres, en déduisant du
total l'oxygène correspondant au chlore, on doit sensible-
ment trouver le poids du résidu à 180".
Perte au rouge. La perte au rouge porte sur les ma-
tières organiques, les carbonates et les chlorures en partie
ou en totalité; pour la déterminer, le résidu à 180" pré-
cédemment obtenu est maintenu au petit rouge pendant
une heure sur la flamme d'un bec Bunsen ou dans un
moufle à gaz; on laisse refroidir sous l'exsiceateur et on
pèse ; le résultat obtenu varie avec l'intensité de la tem-
pérature et, comme il est fort difficile sinon impossible
d'obtenir une température constante, ce résultat ne pré-
sente pas grande valeur.
Dosage delà silice. Un litre d'eau additionnée de *2 ou
3 centini. c. d'acide chlorhydrique pur est évaporé très
lentement en évitant l'ébullition ; on reprend par un peu
d'eau distillée aiguisée d'acide chlorhydrique; on filtre sur
du papier Berzelius ; après lavage, on sèche et on calcine :
le poids indique la quantité de silice.
Dosages du fer et de l'alumine. La liqueur filtrée
séparée de la silice est précipitée par l'ammoniaque ou
par le sulfhvilrate d'ammoniaque; si l'eau est très calcaire,
pour éviter ia précipitation d'une partie de la chaux, on fait
bouillir pour chasser l'excès d'alcali ou de sulfbydrate, on
filtre, on lave, sèche et calcine ; le poids donne le ses-
quioxyde de fer et l'alumine; souvent la quantité de fer
est négligeable, la plupart des eaux de fleuve et de
rivière n'en contenant que des traces; on fait alors
ordinairement figurer ensemble le fer et l'alumine dans
le libellé de l'analyse. Cependant si la quantité de fer est
notable, on le dose en opérant de la manière suivante : le
précipité de sesquioxyde de fer et d'alumine étant pesé est
redissous à chaud dans l'acide chlorhydrique additionné de
quelques gouttes d'acide sulfurique ; on chasse l'excès d'acide
chlorhydrique par la chaleur; on étend d'eau distillée à
100 centim. c. environ; on réduit le fera l'état de sel de
protoxyde par le zinc; on décante la liqueur; on lave le
zinc et on dose le fer au permanganate normal centime
N .„..,.
— - (à o-r:>10 de sel cristallisé par litre) : 4 centim. c.
de cette solution = 0,000,800 de sesquioxyde de fer. Le
poids du 1er et île l'alumine étant connu, le fer étant dosé
à l'état de sesquioxyde, la différence donne l'alumine.
Dosage de I" chaux. La liqueur séparée du fer et de
l'alumine est additionnée d'ammoniaque et précipitée par
l'oxalate d'ammoniaque; on attend douze heures que le
précipite soit rassemblé et on filtre à 00" centigr. pour
éviter que le précipité passe à travers le filtre; parfois une
pu lie de l'oxalate de chaux adhère aux parois du vase où
s est faite la précipitation. Dans te cas, on lve le vase à
I Al
\'M>
l'eau aiguisée il acide cblorhydrique el reprécipiu a nou-
veau par l'ammoniaque. On lave & l'eau chaude, lèche ''i
calcine; il Be forme, Buivant l'intensité de la température,
soil du carbonate de chaus avec dégagement doxyde de
carbone, Boil un mélange de carbonate et de chaux vive;
aussi, <I:iti~> ce produit complexe, il faul convertir toute la
chaux en un composé fixe. Pour cela on laisse refroidir
la capsule; on mouille le précipité a l'acide Bulfurique
étendu; on dessèche avec précaution; on calcine a nou-
veau el on pèse ; on a toute la chaux à l'étal de sulfate
donl le poids multiplié par 0,41 1 donne la chaux (CaO).
Dosage de lu magnésie. La magnésie se précipite dans
le liquide filtré provenant de la séparation de la chaux par
addition d'ammoniaque et de phosphate <le soude; on laisse
reposer vingt-quatre heures; le précipité se formant lente-
ment, surtout s'il n'y a que des traces de magnésie, il se
dépose du phosphate ammoniaco-magnésien grenu et cris-
tallin adhérent aux parois du vase. On filtre, lave à l'eau
ammoniacale, sèche, calcine et pèse. Le phosphate ammo-
niaco-magnésien se convertit en pyrophosphate de ma-
gnésie ; le multiplicateur pour obtenir la magnésie
est 0,360.
Dosage des alcalis {potasse et soude). Ce dosage se fait
sur une nouvelle quantité d'eau, en se débarrassant de toutes
les autres hases, par la précipitation en bloc. Ce procédé est
dû à M. Peligot. On évapore à siccitédeux litres d'eau très
légèrement acidulée à l'acide sulfurique; on reprend par un
excès d'eau de baryte; on filtre pour séparer le sulfate de
baryte formé; on lave bien le filtre, et on précipite l'excès
de baryte par un courant d'acide carbonique ; on fait
bouillir pour chasser l'acide carbonique dissous qui retien-
drait un peu de carbonate de baryte en dissolution; on
filtre à nouveau la liqueur ; on acidulé à l'acide chlor-
hydrique et on évapore à sec ; on calcine légèrement et
le résidu est formé des chlorures de potassium et de
sodium ; on laisse refroidir à l'exsiccateur et on pèse. On
dissout le résidu dans un peu d'eau distillée; on ajoute
un léger excès de bichlorure de platine ; il se forme un
précipité jaune serin de chloroplatinate de potasse ; on éva-
pore à sec au bain-maric et on reprend par l'alcool (le
chloroplatinate étant un peu soluble dans l'eau) ; on verse
sur un filtre séché et taré ; on lave à l'alcool jusqu'à ce
qu'il passe incolore et n'entraine plus lien; on sèche le
filtre â 110° jusqu'à poids constant ; on a ainsi la potasse
à l'état de chloroplatinate (PtCl2, KC1) dont le poids mul-
tiplié par 0,192 donne la potasse (KO), et par 0,304 la
potasse à l'état de chlorure ; la soude s'obtient alors par
différence, le poids des deux chlorures étant connu ; le chlo-
rure de sodium multiplié par 0,5299 donne la soude (XaO)
PtCl2,KCl X 0,19«2 =KO.
PtCI*,KCl X 0,304 = KC1.
NaCl X 0,530 = NaO.
Dosage de Vammoniaque salin. Le dosage de l'am-
moniaque dans les eaux par le procédé Boussingault est
très délicat; il donne de bons résultats entre des mains
expérimentées ; il est encore employé par quelques chi-
mistes. Aujourd'hui dans la plupart des laboratoires on
dose l'ammoniaque avec le réactif de Nessler. La méthode
de Nessler est fort ingénieuse et permet de déceler des
traces infinitésimales d'ammoniaque. Il faut pour faire ce
dosage : 1° îles tubes de verre dits de Nessler, exactement
de même calibre, de 17 centim. de hauteur et de 4 centim.
de diamètre, à fond régulièrement arrondi et portant un
trait de jauge à 50 centim. c; 2° une pipette de 2 centim. c;
.'(" deux liqueurs titrées de chlorhydrate d'ammoniaque;
une à 3sr45 de ce sel par litre d'eau très pure (distillée
sur du permanganate dépotasse, puis sur du sulfate d'alu-
mine); c'est la solution forte; 1 centim. c. de cette liqueur
= 1 milligr. d'ammoniaque; une seconde, cent fois plus
faible, obtenue en étendant a un litre 10 centim. C de la
première ; c'est la solution faible; elle corresponde 0mBrOi
d'ammoniaque par centim. c; 4° le réactif de Nessler qui
est une dissolution alcaline potassique ou sodique d'iodure
de potassium, saturée de Inodore de mercure. Pour le pré-
parer, on dissout a chaud ll-J'.'i d'iodure de potassium dans
environ -i.'.o centim. c. d'eau; on j ajoute une solution sa-
turée a chaud de biehlorore de mercure, jusqu'à ce que le
précipité d'iodure de mercure ne se redissolve plus; on
libre el on verse dans la liqueur 150 ^r. de [Mitasse eus-
tique en solution concentrée. On additionne abus b- reactif
de I a S centim. c. de la solution saturée de buhlorure de
mercure pour en augmenter la sensibilité.
Ceci dit, pour procéder à un do âge, on opère delà ma-
nière suivante : on se débarrasse dl isekl de chaux, de fer,
et de l'argile contenus dans l'eau en soumettant 500 C6B-
tim. c. de cette eau légèrement alcalinisee au carbonate
de soude pur; a la distillation, on recueille trois ou quatre
portions de 50 centim. c; le liquide distille ne doit plus
accuser d'ammoniaque. On mélange toutes ces portions; on
verse 50 centim. c. de ce mélange dans un tube Nessler et
on y ajoute 2 centim. c. de réactif: il se développe en pré-
sence d'ammoniaque une coloration brun rouge; s'il y avait
précipité, on devrait étendre le produit de la distillation
(l'eau contenant une grande quantité d'ammoniaque, plus
de 'i milligr.). Dans un tube identique, on met 50 centim. c.
d'eau distillée bien pure, 2 centim. c. de réactif et a l'aide
d'une burette Gay-Lussac divisée en dixièmes de centim. c.
on verse goutte à goutte de la liqueur faible de chlorhydrate
d'ammoniaque, jusqu'à ce que les deux tubes étant "placés
sur une feuille de papier blanc, on observe égalité de
teinte; dans cet essai, le chlorhydrate versé après le
Nessler détermine dans le tube témoin un louche qui masque
en partie la fin de l'opération; aussi doit-on contrôler en
recommençant une ou plusieurs fois l'essai, mais en versant
d'un seul coup dans le tube témoin et avant le réactif de
Nessler la quantité de chlorhydrate fixée par l'essai pré-
cédent. Le titre de la solution faible de chlorhydrate étant
0msr01 d'ammoniaque par centimètre cube, le nombre de
centimètres cubes employé, multiplié par 3 ou 4. suivant
que l'on a recueilli trois ou quatre portions de 50 centim. c,
donne en centièmes de milligramme la quantité d'ammo-
niaque salin contenue dans les 500 centim. c. d'eau.
L'urée, les diamines et les alcaloïdes sont sans action sur le
réactif de Nessler.
Dosage de l'ammoniaque albuminoïde. Le procédé
généralement employé consiste à brûler les matières albu-
minoïdes par le permanganate de potasse en solution
alcaline; il n'est pas encore prouvé que l'oxydation soit
complète, mais on ne possède point encore de méthode
certaine. Ce procédé est dû à MM. Wanklyn et Chapmann.
On ajoute au résidu de la distillation opérée pour le dosage
de l'ammoniaque salin, et contenant l'ammoniaque albu-
minoïde, 50 centim. c. d'une dissolution de permanganate
alcalin : on distille et on reçoit dans un volume connu
d'acide sulfurique titré comme cela se fait à Montsouris :
il ne reste plus qu'à titrer l'excès d'acide, ou bien on
recueille trois ou quatre portions de 50 centim. c. et on
dose au réactif Nessler comme pour l'ammoniaque salin.
La solution alcaline de permanganate s'obtient en dissol-
vant 8 gr. de permanganate cristallisé: on ajoute 200 gr.
de potasse caustique; on fait bouillir un quart d'heure pour
chasser toute trace d'ammoniaque, et après refroidissement
on complète le litre avec de l'eau distillée sur du perman-
ganate de potasse, puis sur du sulfate d'alumine.
Dosage des nitrates. Tous les procédés proposés pour
déterminer l'acide nitrique contenu dans les eaux agissent
sur les nitrites; il faut donc tenir compte de cette erreur.
Nous décrirons successivement : 1° le procède Koussingault,
base sur l'action de l'acide nitrique sur le sulfate d'indigo;
2° le procédé Grandval et Lajoux (formation de picrate
d'ammoniaque).
Procédé Boussingault. Le procède de Boussingault est
fondé sur la décoloration du sulfate d'indigo par l'acide
nitrique. On prépare deux dissolutions : 1" l'une très diluée
de sulfate d'indigo, appelée liqueur normale, en versant
dans 100 centim. c. d'eau distillée Vingt ffOUttes de sul-
— IJI7 —
EAl
tate d'indigo (acide sulfurique Nordhansen, 50 a 60 een-
lim. e. : indigotine pu», ."> gr.) : 2" l'autre d'azotate de
potasse titrée à 0-r00l de ee sel pour 2 eentim. c. On
détermine le dire de la solution bleue de la manière sui-
vante. On verse 9 eentiuh e. de la solution d'azotate dans
un tube à essai avec l S eentim. o. d'acide chlorhydrique
exempt de chlore et de produits nitreux; on l'ait bouillir,
puis on ajoute goutte à goutte avec une burette Gay-
Lussac la solution de sulfate d'indigo tant que ta couleur
bleue de la liqueur disparaît ;on concentre ensuite la liqueur;
on ajoute de temps en temps de l'acide chlorhydrique et on
verse a nouveau du sulfate d'indigo jusqu'à coloration ver-
dàtre persistant à L'ébullition et a l'addition de nouvelles
quantités d'acide chlorhydrique. Un essai identique t'ait
avec l'eau a examiner donne la proportion de nitrates qui
v est contenue. Lorsque l'eau contient des matières orga-
niques, on les brûle en distillant en présence d'acide sult'u-
rique (I gr.) et de bichromate de potasse ou de bioxyde
de manganèse lave (1 gr.) et on dose l'acide nitrique dans
le produit de la distillation.
Procédé Grandval et Lajoux. O procédé consiste à
transformer l'acide nitrique en trinitrophénol, puis en picrate
d'ammoniaque, ensuite a comparer à l'aide du colorimètre
de Duboscq l'intensité de la solution obtenue avec une
solution type de picrate. Il réussit même en présence des
cblorures; cependant, si la quantité en est un peu forte, on
élimine l'acide chlorhydrique au moyen de l'oxyde d'argent
hydraté. Ce procède nécessite l'emploi d'une solution d'acide
sulfophëniquc et d'une liqueur titrée de nitrate de potasse.
Réactif sulfophénique.
Acide phénique pur cristallisé 3 gr.
Acide sulfurique monohydraté 37 —
Total 40 gr.
l.a liqueur titrée de nitrate contient 0-r936 de ce sel
par litre et correspond à 08*50 d'acide azotique (AzO5) ou
à 08*189 d'azote (Az). Pour préparer la solution type de
picrate d'ammoniaque, on évapore à sec au bain-marie
dans une capsule de porcelaine 10 eentim. c. de la solu-
tion de nitrate ; on laisse refroidir, puis on ajoute dix gouttes
de réactif sulfophénique que l'on promène sur les parois
de la capsule à l'aide d'un agitateur, afin que tout le résidu
en soit imprégné; on étend d'un peu d'eau distillée, puis on
verse un excès d'ammoniaque; il se développe une belle
coloration jaune et on complète 1,000 eentim. c. de liqueur.
Le dosage des nitrates dans une eau se fait, comme ci-
dessus, en prenant 10 eentim. c. de l'eau à essayer (ou
moins si elle est très chargée d'acide nitrique, afin d'éviter
le dégagement de vapeurs nitreuses et par suite les pertes
qui pourraient en résulter), évaporant à sec au bain-marie,
traitant le résidu par dix gouttes de réactif sulfophénique,
puis amenant au volume de 25 eentim. c. ou 50-400-
200 eentim. c. suivant l'intensité de la coloration, par
addition d'eau et d'un excès d'ammoniaque. Il ne reste
plus qu'à examiner comparativement la coloration de la
liqueur obtenue avec celle de la solution type de picrate,
au moyen du colorimètre de Duboscq, avec interposition
de verres bleus. Cette méthode, très simple et très rapide,
donne de bons résultats.
Dosage des nit rites. On dose généralement les nitrites
parles procédés suivants : 1° méthode de Trommsdorff;
2° méthode de Tiemann et Preusse.
Méthode de Trommsdorff. Le dosage des nitrites par
cette méthode se fait ainsi : on soumet à l'ébullition pen-
dant plusieurs heures •'> gr. d'amidon ou de fécule avec
20 gr. de chlorure de zinc dans 100 eentim. c. d'eau
distillée, en remplaçant l'eau au fur et a mesure qu'elle s'éva-
pore; quand la dissolution est complète on ajoute 2 gr. d'io-
dure de zinc; on étend à un litre et on filtre; on conserve
le flacon bien bouché et à l'abri île la lumière : c'est le réactif
de Trommsdorff. On préparc ensuite une liqueur titrée de
nitrite de pelasse; pour cela on dissout 2 gr., .'! gr. de
nitrite de potasse dans un litre d'eau, et dans .'> eentim. c.
on détermine au permanganate la quantité réelle d'acide
azoteux contenu ; on s'arrange alors de façon que la liqueur
titre O-r001 d'acide azoteux par centimètre cube. On la
conserve à l'abri de la lumière ; comme elle s'altère facile-
ment, il est bon de la relitrer chaque fois que l'on s'en sert.
Pour faire un dosage, on prend dans un tube de verre
calibré, on tube de Nessler par exemple, 50 eentim. c. de
l'eau a essayer; on verse I eentim. C. d'acide sulfurique
dilue (l a 3) et 1 eentim. c. du réactif de Trommsdorff.
Si au bout de trente a quarante secondes le liquide se
colore, on étend l'eau, car la coloration doit apparaître
lentement, deux minutes environ après l'addition du réactif.
On opère dans les mêmes conditions en employant 1 een-
tim. c. de la solution titrée de nitrite que l'on étend à
50 eentim. c. On compare les deux teintes sur une feuille
de papier blanc ; si au bout de quinze minutes environ
les teintes bleues sont d'égale intensité, l'essai est achevé.
Ce dosage peut être entaché d'erreur par la présence de
matières oxydantes, les sels ferriques, par exemple.
Méthode de Tiemann et Preusse. Le procédé de Tiemann
et Preusse est d'une grande délicatesse, et c'est le seul
réellement pratique, car il ne porte que sur les nitrites. On
prépare : 1° une solution d'une partie d'acide sulfurique
dans deux parties d'eau; 2° une liqueur d'azotite de soude à
0-'r0001 d'acide azoteux anhydre (AzO1) par centimètre
cube; pour cela, il convient de dissoudre 0gr406 d'azotite
d'argent cristallisé dans l'eau bouillante, précipiter par un
léger excès de chlorure de sodium pur, ajouter de l'eau dis-
tillée à concurrence d'un litre ; laisser déposer le chlorure
d'argent formé et décanter ; 3° une solution de 5 gr. de
métaphénylène diamine dans un litre d'eau distillée addi-
tionnée de quelques gouttes d'acide sulfurique ou chlorhy-
drique pur, qui donnent de la stabilité à cette solution.
On conserve à l'obscurité. Pour faire un dosage on opère
dans des éprouvettes graduées de même dimension. Dans
une on met 1 à 10 eentim. c. de liqueur titrée d'azotite
que l'on amène à 100 eentim. c. avec de l'eau distillée;
dans l'autre, 100 eentim. c. de l'eau à examiner. Ces deux
essais sont additionnés de 4 eentim. c. de solution de
métaphénylène diamine et 1 eentim. c. d'acide dilué. On
attend vingt minutes ; la réaction est alors nette et consi-
dérée comme complète. On compare l'intensité des deux
liqueurs coloriniétriquement ou par dilution : le rapport
donne la quantité de nitrites. Si l'eau donnait de suite une
coloration rouge, il faudrait, au préalable, l'étendre d'un
volume connu d'eau distillée.
Dosage de l'hydrogène sulfuré. Un ou plusieurs litres
d'eau sont acidulés et soumis à la distillation ; on recueille
le produit distillé dans une solution d'acétate de plomb
légèrement acétique; il se forme du sulfure de plomb; on
filtre, lave le sulfure formé, et transforme par l'acide
nitrique en sulfate que l'on calcine et l'on pèse. Le multi-
plicateur est 0,412.
PbO, SO3 X 0,112 == IIS.
Le procédé volumétrique suivant à l'iode est presque exclu-
sivement employé dans les laboratoires. Dans 100 eentim. c.
d'eau additionnée de carbonate d'ammoniaque et d'un peu
d'empois d'amidon, on verse goutte à goutte avec une burette
graduée en dixièmes une solution normale centime d'iode
( TTïïT ^"'^~l d'iode par litre J jusqu'à coloration très légè-
rement bleue ; on lit le nombre de centimètres cubes
employés; 1 eentim. c. de la solution = O-r0OI27 iode
(I) et = 0, 000017 IIS. Pour préparer l'empois d'amidon
on délaye une partie d'amidon dans 100 p. (i'eau et
on porte à l'ébullition en agitant constamment; on laisse
refroidir et mi décante, l.a solution normale centime d'iode
s'obtient en dissolvant 4-r27 d'iode dans l'eau au moyen
d'environ 2 gr. d'iodure de potassium pur; on complète le
litre à l'eau distillée et on vérifie le titre avec une solution
titrée d'hyposulfite de soude normale centime I yj-r- V Les
i;.\i
— l'IX —
liqueurs, d'iode el d'hyposolflte, doiveni être conservée!
dans des flacons a l'émeri toujours remplis el .1 l'obscurité ;
malgré ces précautions les titres de ces solutions varient
facilement ; aussi laut-il les vérifier chaque fois que l'on en
fait usage.
Dosage des phosphates. <hi évapore à Biecité, en pré-
sence d'un peu d'acide azotique pur, un ou plusieurs btres
d'eau; la silice étant devenue insoluble, on reprend par
l'eau aiguisée «lu même acide el après filtration on précipite
par la si il ni mu molybdique; après un repos de douze heures
dans un endroitchaud, on filtre a nouveau, lave légèrement
et dissout le précipité dans l'ammoniaque. La dissolution
est cli'inliir il additionnée de chlorure de magnésium; on
attend vingt-quatre heures que la précipitation suit com-
plète; on filtre, lave à l'eau ammoniacale, sèche, calcine et
pèse; on a tout l'aeide phosphorique à l'état de pyrophos-
phate de magnésie qui, multiplié par 0,639, donne l acide
phosphorique anhydre (PhO5).
PhO5, 2 (MgO) X 0,639 = PhO*.
I.a solution molybdique s obtient en dissolvant une partie
d'acide molybdique dans 4 p. d'ammoniaque, d'une den-
sité de 0,900; après filtration, on verse la liqueur qui
passe, en remuant constamment dans 15 p. d'acide azo-
tique d'une densité de 1,20. Conserver à l'abri de la
lumière. On décante avant de s'en servir.
Dosage des matières organiques. Les méthodes pro-
posées jusqu'à ce jour pour doser les matières organiques
contenues dans les eaux ne permettent pas de déterminer
leur nature; elles se trouvent, en effet, sous divers états
et proviennent soit de la décomposition des matières végé-
tales, soit des matières animales. Les deux seuls procédés
généralement en usage basés sur l'oxydation par le per-
manganate de potasse sont : 1° dosage en liqueur acide ;
2° dosage en liqueur alcaline.
Dosage en liqueur acide. Ce procédé, dû à Mounier, a
été modifié par kubel. Dans un ballon de 500 centim. c,
on verse 250 centim. c. d'eau et 25 centim. c. d'acide
sulfurique dilué au tiers ; on ajoute goutte à goutte avec
une burette graduée en commençant à froid et portant à
l'ébullition, la solution titrée de permanganate de potasse
normale centime jusqu'à coloration rose permanente, même
après une ébullition de dix minutes environ. Quand l'eau
est très chargée, on n'opère que sur 50 centim. c. ou
100 centim. c. que l'on étend à 250 avec de l'eau dis-
tillée. 1 centim. c. de permanganate employé = 0-r00063
d'acide oxalique et 0gr00008 d'oxvgène cédé par le per-
manganate. La solution de permanganate perdant de l'oxy-
gène par ébullition en liqueur acide, même sans qu'il y
ait de matière organique, il s'ensuit que, pour avoir des
résultats comparatifs, il faut opérer rapidement et toujours
dans les mêmes conditions.
Dosage en litjtteur alcaline. Le procédé suivi au Labo-
ratoire municipal de Paris est celui décrit dans le Formu-
laire des hôpitaux de 1884.
On soumet 250 centim. c. d'eau pendant vingt minutes
à l'ébullition avec 2 centim. c. de potasse caustique pure
à 45° Baume et 10 centim. c. de permanganate centime ;
au bout de ce temps, les matières organiques sont brûlées;
un laisse refroidir a lill-80°, on ajoute 10 centim. c. d'acide
sulfurique étendu de son volume d'eau et 10 centim. c.
d'acide oxalique centime ; l'acide oxalique à cette dilution
s'oxydant rapidement à l'air et à la lumière, on emploie
souvent une solution de sulfate de protoxyde de fer équi-
valente dans l'eau bouillie; on titre l'excès au permanganate
centime, Si l'eau contenait une assez grande proportion de
matières organiques, il conviendrait de l'étendre au préa-
lable d'eau distillée. Il esi a noter qu'au nombre trouvé,
il faut taire subir une correction, correction due à la quan-
tité de permanganate réduit en opérant dans les mêmes
conditions avec de l'eau distillée. L'urée n'est pas attaquée
lorsque l'on opère en liqueur alcaline, tandis qu'elle réduit
le permanganate en liqueur aride. Dans les dosages de
matières organiques, lorsque l'on a affaire à une eau sen-
tant Hydrogène sulfuré, on doit tenir compte de la quan-
tité de ce fu diMoua, car l'aeide nlfhyanqoe réduit le
permanganate suivant la formule :
*(KOlMn«0*) + 5(HS)-f-7(SO ,llo, KKO.SI
-i-8(Mn(l,M)|-t- 12(1111).
I.a matière organique eut ordinairement exprimée en yeide
Oxalique ou en Oxygène emprunté au permanganate
(dans ce cas le nombre est -=■= 7,87.'. moins fort).
Quelques auteurs notent les millier, de permanganate
employé; les Allemands multiplient la quantité d'oxy^
absorbé pur 5; on voit donc que, pour juger de la valeur
d'une eau, il est avant tout indispensable de connaître
la base adoptée pour le calcul delà matière organique.
Dosage de l'oxygène dissous. I.a quantité d'oxygène
dissous dans une eau peut fournir d'utiles renseignements
sur sa potabilité ; le dosage doit être commence &nt
l'arrivée de l'échantillon au laboratoire el préfênbiemeot,
s'il y a moyen, sur place, au moment même de la prise.
Au Laboratoire municipal, on opère de la manière sui-
vante : dans un flacon d'un litre on met 500 centim. c.
de l'eau à essayer et 10 centim. c. d'une solution de sul-
fate de protoxyde de fer de titre connu ; le bouebon porte
un tube à entonnoir et robinet jaugé à 10 centim. c. plon-
geant au fond du flacon ; un second tube, muni d'un petit
barboteur à eau (indiquant le passage du courant gazeux),
modèle A. Dupré, plonge à moitié du flacon ; il est relié a
un appareil à acide carbonique. On fait passer un courant
d'acide carbonique ; au bout d'un quart d'heure environ, tout
l'air est chassé; alors à l'aide du petit entonnoir on introduit
10 centim. c. de potasse caustique à 15° Baume; on ur
il se précipite un mélange de protoxyde et de sesquioxvde
de fer par suite de l'absorption de l'oxygène dissous dans
l'eau ; on redissout ces oxydes en ajoutant 10 centim. c.
d'acide sulfurique pur dilué au tiers, il ne reste plus qu'à
\
déterminer au permanganate normal décime -jy le sulfate
de protoxyde de fer en excès. La solution de sulfate de
protoxyde se prépare en dissolvant 20 gr. de sulfate fer-
reux dans un peu d'eau distillée bouillie; on ajoute 10 gr.
d'acide sulfurique pur et on complète le litre à l'eau dis-
tillée bouillie. Cette solution se conserve sous une couche
de pétrole ; on doit la retitrer chaque fois que l'on s'en
sert ; pour cela on en prend le titre au permanganate dé-
cime en opérant sur 500 centim. c. d'eau distillée bouillie,
10 centim. c. de chacuue des liqueurs potassique et sul-
furique et 10 centim. c. de solution ferreuse.
Dosage du chlore. Le dosage du chlore peut se faire
soit volumétriquement, soit par la méthode pondérale. Pour
doser le chlore volumétriquement, on concentre un litre
d'eau à 100 ou 200 centim. c: on laisse refroidir, puis
on verse goutte à goutte à l'aide de la burette en dixièmes
après avoir additionné la liqueur de 2 ou I! gouttes de
chromate neutre de potasse, une solution normale décime
d'azotate d'argent (ttt) ('7 gr. d'azotate par litre) jus-
qu'à coloration très légèrement rouge de la liqueur indi-
quant la lin de l'opération par formation de chromate
d'argent. 1 centim. c. d'azotate d'argent décime ( -^- ) =
O-'llO:!.", chlore (Cil et O-'IMKi chlorure de sodium (NaCI).
Par la méthode pondérale, on évapore 500 centim. c. ou
un litre d'eau à 100 ou 200 centim. c. environ: on aci-
dulé a l'acide azotique pur et on précipite par l'azotate
d'argent : il se forme un précipité blanc caillebotè de chlo-
rure d'argent, on met le tout à l'ètuve à 00" peur 1
sembler le précipité : on filtre sur un Beraétius sèche à
11(1" et taré. On lave, Sèche a nouveau a 11(1" jusqu'à
constant : le poids trouvé multiplié par 0,2474 donne
le chlore (I I).
Doi ride sulfurique. On évapore a un petit
volume 500 centim. r. ou I litre d'eau acidulée .1 l'acide
- IH9 -
KAU
chlorhydrique pur; on ajoute un peu de chlorhydrate
d'ammoniaque et on précipite par le chlorure de baryum
l'acide sulfurique à l'étal de sulfate de baryte; on fait
bouillir une vingtaine de minutes pour agréger le préci-
[>ite et àiiter qa il ne passe à travers le filtre ; on filtre,
ave soigneusement à leau bouillante, sèche et calcine ; à
cette incinération le charbon du filtre réduit un peu de
sulfate en sult'uiv ; aussi on laisse refroidir la capsule,
mouille la substance d'une goutte ou deux d'acide sulfu-
rique pur étendu, dessèche a nouveau, calcine et pèse. Le
multiplicateur est 0,3433 peur l'acide sulfurique anhydre
(SO3).
Détermination de I acide carbonique par le calcul.
Toutes les bases et tous les acides étant doses, l'acide car-
bonique des carbonates neutres peut se déterminer facile-
ment par le calcul. On suppose d'abord toutes les bases à
l'état de sulfates; on calcule donc la quantité d'acide sul-
furique anhydre qu'il faudrait aux poids trouvés de :
Fer pour former Fe*03, 3(SO*)
Alumine — Al-d5, 3(St»:i)
Chaux — Cal), mi.
Magnésie — MgO, SO3.
Soude — NaO, SO8.
Potasse — KO, SO3.
On additionne, et du total trouvé d'acide sulfurique on
déduit l'acide sulfurique existant réellement dans l'eau,
augmente des quantités d'acide sulfurique correspondant
aux chlore, acides nitreux, nitrique, phosphorique, etc.,
s'il y en a ; la différence exprime l'acide sulfurique cor-
mdant a l'acide carbonique des carbonates, que l'on
détermine par le calcul sachant que :
40-r SO 3 = 22-' CO2.
La silice n'entre pas ici en ligne de compte ; elle est
toujours supposée à l'état libre.
Dosage de l'acide carbonique total. Dans une fiole
de 730 centim. c. environ contenant 150 centim. c. de
chlorure de baryum ammoniacal bien limpide, on verse
500 centim. c. d'eau; on bouche, on agite et on laisse
reposer douze heures ; il se précipite du carbonate et du
sulfate de baryte ; on filtre et lave à l'eau distillée bouil-
lante ; on arrose le précipité avec de l'acide chlorhydrique
étendu; le sulfate de baryte reste insoluble; la liqueur
contenant la baryte provenant des carbonates est préci-
pitée par l'acide sulfurique et on dose à l'état de sulfate
en prenant les précautions voulues. On a alors:
llti-'.') i;aO,S03=22*rCOe.
L'acide carbonique des carbonates neutres étant déter-
miné par le calcul comme précédemment, on peut donc
avoir par différence l'acide libre et des bicarbonates. Le
chlorure de baryum ammoniacal s'obtient en additionnant
une solution de chlorure de baryum au dixième de son
volume d'ammoniaque à 22° Baume et filtrant.
Dotages de l'acide carbonii}ue libre et combine. On
peut, sur un même volume d'eau et d'une seule opération,
doser l'acide carbonique des carbonates neutres, des bicar-
bonates et libre. Dans un ballon de 2 litres, muni d'un
tube de sûreté et d'un tube a dégagement se rendant dans
une fiole contenant 230 centim. c de chlorure de baryum
ammoniacal, on soumet a fébullition un litre d'eau; tout
l'acide carbonique libre et la moitié de celui qui entre dans
la constitution des bicarbonates est chassé ; il se forme
dans le flacon à chlorure un précipité de carbonate de
baryte ; quand il ne se dégage plus que de la vapeur d'eau,
on retire le Qacon et alors on le remplace par un autre.
en additionnant l'eau par le tube de sûreté d'acide chlor-
hydrique et maintenant l'ébnllition ; l'acide des carbonates
est déplacé >-t donne un nouveau précipité de carbonate de
baryte. Ces précipités -ont recueillis sur un filtre, lavés,
dissous dans l'acide chlorhydrique étendu et transformés
en sulfate de baryte par addition d'acide sulfurique ; on
filtre, lave, sèche, etc., comme il a été dit précédemment.
Si on a affaire ;i un.- eau très gazeuse, DUE eau minérale,
par exemple, pour avoir la quantité réelle d'acide carbo-
nique, il convient de faire la prise? a la source même dans
une tiole jaugée pouvant Supporter une température de
11)11° et bien bouchée au liège. De retour au laboratoire,
ou recueille l'acide carbonique libre dans le chlorure de
baryum ammoniacal, en faisant usage d'un tire-hourhou-
siphon creux à robin i, la fiole étant portée à la tempé-
rature de 100" au bain-marie. Quant au dosage do l'acide
carbonique combiné, on opère c me il a été dit.
Du calcul îles analyses. 11 est d'usage, dans le calcul
des analyses, de suivre les règles suivantes. Le chlore est
uni au potassium et au sodium et, s'il en reste, ce qui est
rare, on l'unit au calcium. L'acide sulfurique a la chaux,
l'acide azotique à l'ammoniaque et, s'il reste de cet acide,
on les combine à la chaux, si toute cette base n'est pas
saturée par le chlore, auquel cas on prend la magnésie.
On laisse la silice libre et l'on transforme le reste de la
chaux et la magnésie en carbonate et en général en carbonate
neutre. Il ne faut pas oublier que les données de l'analyse
qualitative nécessitent quelquefois une autre manière de
calculer les résultats. « Si, par exemple, l'eau évaporée a
une réaction alcaline, c'est qu'il y a du carbonate de
soude, ordinairement avec du sulfate de soude et du chlo-
rure de sodium, parfois aussi avec de l'azotate de soude.
La chaux et la magnésie sont alors complètement à l'état
de carbonates. » (Fresenius.)
Dosage drs gaz dissous dans l'eau. Le dosage des gaz
dissous dans l'eau se fait très rarement. Nous décrirons
une disposition ingénieuse imaginée par M. A. Cautier
pour faire cette opération. L'appareil se compose d'un
ballon à col étiré, de volume exactement connu, un litre
par exemple, relié par un tube de caoutchouc muni d'une
pince de Mohr, à une boule de 300 à 400 centim. à
laquelle est adapté un tube à dégagement se rendant sur
une cuve à mercure ; la hauteur totale du tube à dégage-
ment doit évidemment être de plus de 76 centim. On opère
de la manière suivante : le ballon étant rempli exactement
de l'eau à examiner, on met un peu d'eau distillée dans
la boule, que l'on porte à l'ébullition ; la pince de Mohr
étant serrée, la vapeur d'eau formée balaye l'air de l'appa-
reil ; lorsqu'il est complètement chassé, on desserre la
pince et on fait bouillir l'eau du ballon, une partie est
projetée soit par la dilatation, soit par l'ébullition, dans la
boule; aussi on a soin d'y maintenir une légère ébullition.
On recueille les gaz sous une éprouvette pleine de mercure ;
on mesure le volume recueilli, puis on opère les sépara-
tions comme il est d'usage, en absorbant l'acide carbo-
nique par la potasse, l'oxygène par l'acide pyrogalliquo
et la potasse : on a l'azote comme résidu.
Hydrotimétrie. L'hydrotimétrie permet d'apprécier la
valeur d'une eau, mais ne peut être envisagée comme une
méthode rigoureuse d'analyse ; on ne peut en effet songer
à doser les sels terreux d'une eau avec une simple
liqueur de savon; elle n'est bonne qu'en ce sens, c'est
qu'elle est rapide et donne des résultats comparatifs. Ci; pro-
cédé, établi par Clarke, modifié par Boutron et Boudet, est
basé sur la combinaison des sels terreux avec le savon ; dans
l'eau distillée bouillie, quelques gouttes de solution alcoolique
de savon rendent l'eau mousseuse paragitation, tandisqu'avec
les eaux de fleuve, de rivière OU de puits, il faudra pour
arriver à la mousse persistante d'autant plus de savon qu'il
y aura en dissolution de sels terreux. On emploie pour ces
dosages : 1° un Qacon bouché a l'émeri divisé en 10-20-
30-40 centim. c. ; 2° une burette graduée en dixièmes
de centim. c. et dont la graduation ne commence qu'à
la seconde division, le dixième supplémentaire servant
de correction; c'est la quantité de solution de savon qu'il
faudrait ajouter pour produire dans 10 centim. c. d'eau
pure une mousse persistante; 3° une solution d'oxalatc
d'ammoniaque au soixantième; 1° une solution de chlo-
rure de baryum cristallise1 BaCl2H0 a <)'•'>•'> par litre;
MM. Boutron et Boudet ont établi leur méthode en faisant
Usage d'une solution de chlorure de calcium fondu aO1 r25
par litre; mais, \u l'hygrométrie de ce sel et la dilliculté
EU
— -2UI) —
qu'on a à l'obtenir pur, on ne l'emploie plus; '" tme
solution de H'11 gr. de savon blanc de Marseille dans
[,600 gr. d'alcool a 90<>; 1rs impuretés sont séparées par
filtration el on ajoute a la liqueur filtrée I litre d'eau distillée;
cette solution doit être préparée longtemps d'avance, car
elle laisse déposer lentement des bistearates. Avant de se
servir de la liqueur de savon, il est indispensable de la
titrer, en opérant (comme s'il s'agissait d'un essai d'eau)
avec 40 centim. c. de la solution de chlorure de baryum :
on doit employer 2, 3 centim. c, ce qui est égal a vingt-deux
divisions ou degrés hydrotimétriques pour obtenir une
mousse persistante. — Essai d'une eau : à 40 centim. c. d'eau
à examiner (l'eau doit toujours être préalablement étendue
de ileux OU quatre fois son volume d'eau distillée si elle est
très calcaire) contenus dans le petit llacon émeri, on verse
goutte à goutte, à l'aide de la burette graduée, la solution
savonneuse jusqu'à ce que l'on ait obtenu par agitation une
mousse d'au moins un 1/2 cent, et persistant une dizaine
de minutes; le degré est alors indiqué directement par la
numération de la burette.
Dans l'essai hydrotimétrique complet d'une eau, on dé-
termine : A, le degré de l'eau naturelle; on a ainsi la
totalité des éléments dissous : acide carbonique, carbonate
de chaux, sels de chaux autres que le carbonate, sels de
magnésie; — B, le degré de l'eau additionnée de 4 centim. c.
de solution d'oxalate pour 100 centim. c. d'eau et tiltration
après repos d'une heure; toute la chaux est éliminée, il
ne reste que l'acide carbonique et les sels de magnésie; —
C, le degré de l'eau soumise à une ébullition d'une demi-
heure; on ramène au volume primitif avec de l'eau distillée;
on agite et on filtre; l'acide carbonique est chassé, le carbo-
nate de chaux est précipité (la portion restéeen dissolution
est évaluée à 3° qu'il convient de retrancher du nombre
trouvé) ; on a ainsi le sulfate de chaux et les sels de ma-
gnésie; — D, le degré de l'eau soumise à l'ébullition, puis
précipitée dans l'oxalate. MO centim. c. de l'eau soumise à
l'ébullition (C) sont additionnés de 2 centim. c. d'oxalate;
après repos d'une heure, on filtre et on titre ; il ne reste
plus que les sels de magnésie. Les mousses obtenues avec
les essais additionnés d'oxalate d'ammoniaque (li et D) ne
sont pas tenues et sont peu persistantes; il faut une très
grande habitude pour saisir la fin de l'opération et, déplus,
îe résultat obtenu pour les sels de magnésie est toujours
erroné avec les eaux très chargées de sels calcaires.
Le calcul se fait ainsi : sels de magnésie = résultat du
quatrième titrage; sels de chaux autres que le carbo-
nate = résultat du troisième titrage dont on déduit la cor-
rection 3° et le résultat du quatrième tirage; acide carbo-
nique =z résultat du second titrage moins le résultat du
quatrième ; carbonate de chaux = la différence existant
entre le degré total (premier titrage) et la somme des
degrés correspondants aux sels de magnésie, aux sels de
chaux autres que le carbonate et à l'acide carbonique.
Le degré hydrotimétrique total indique approximativement
en centigrammes l'extrait ou résidu sec d'une eau ; la
quantité de savon qu'une eau rend insoluble est de 0-rl
par degré et par litre.
M1VL Boutron et Boudet classent d'après leur méthode
les eaux en trois classes : 1° de 0° à 30°, bonnes pour la
boisson, la cuisson des légumes et le blanchissage; 2° de
30* i 80°, impropres aux usages domestiques, peuveol
a peine servir SUS générateurs a vapeur; 3° SO-deMOS de
fil)', impropres s tous usages. H est bon de noter que la
râleur du degré hydrotimétrique varie suivant le pays.
Unsi un degré français correspond a 0,56 degré allemand
oo 1 o.to degré anglais (Gante).
ÏAIll.hAI IIYIiliOllMl.llilOI E
Valeur» en gramme* pour 1 litre d'eau de fc des
corps suivants :
(.baux 0,1
Chlorure de calcium 0,01 1 '.
Carbonate de chaux ' . . . 0,0103
Sulfate de chaux 0.01 in
Magnésie 0,0042
Chlorure de magnésium 0,000-2
Carbonate de magnésie 0.008K
Sulfate de magnésie 0,0 123
Chlorure de sodium 0,0420
Sulfate de soude 0.01 (6
Acide sulfurique anhydre 0,0082
Chlore " 0,0073
Savon à 50 °/0 d'eau 0,1001
. -, , • * 0,0 100 ou
Acide carbonique gazeux ; 'm
' • .' '''lit. C*
Méthode d'analyse des eau c destinées à l'alimenta-
tion publique adoptée par le comité d'hygiène publique
de France. Afin de rendre uniformes et comparables les
analyses d'eaux destinées à l'alimentation publique, le
comité consultatif d'hygiène publique de France a, sur le
rapport de M. le docteur G. Fouchet, dans sa séance du
10 août 1885, adopté la marche suivante: L'Evaporer au
moins un litre d'eau au bain-marie, chauffer encore quatre
heures après dessiccation, peser au milligramme prés et sur
le résidu rechercher les nitrates, au réactif Desbassvns de
Ricbemond, dont on mentionnera la présence. — -2° Eva-
porer la même quantité d'eau ; le poids du résidu sec ser-
vira de contrôle à l'opération précédente. Ce résidu est
chauffé peu à peu au rouge sombre et pesé au milligramme;
la différence avec le premier nombre est comptée comme
matière organique et produits volatils. Dans le résidu,
doser l'acide sulfurique en poids. — 3° Déterminer les
quatre degrés bydrotimétriques; le bulletin portera la men-
tion du degré avant et après l'ébullition et des éléments
calculés comme il est dit. — 5° Concentrer à 50 centim. c.
un litre d'eau, doser le chlore volumétriquemeut et calculer
en chlorure de sodium. — 5° Faire bouillir pendant juste
dix minutes 100 centim. c. d'eau avec 3 centim. c. de
solution à 10 °/o de bicarbonate de soude pur et 10 cen-
tim. c. de permanganate titré à 0**S0 par litre (si le rose
disparait, rajouter du permanganate), laisser refroidir,
ajouter 2 centim. c. d'acide sulfurique pur et S centim. c.
d'une solution titrée de 20 gr. de sulfate ferreux et 10 gr.
d'acide sulfurique pur par litre et ramener au rose par le
permanganate. On recommencera ensuite exactement l'essai
avec des quantités doubles et on calculera en oxygène con-
sommé par litre. — 6° S'il est possible, l'examen bactério-
logique.
Pour les villes de plus de 5,000 hab., le comitèdèsire l'ana-
lyse complète de l'eau. Le comité fixe les limites suivantes :
SUBSTANCKS
Chlore
Acide sulfurique
Matière organique en oxygène
Matière organique et produits volatils.
Degré hydrotim. (total)
— après ébullition
EAU l'URE
EAU l'OTAULE
EAU SUSPECTE
< 0.015
0.00:.' — 0.005
< 0.001
< 0.015
5 — 15
2 — 5
< O.lUO
0.005 — 0.030
< 0.002
< 0.040
15 — 20
5 — 12
0.050 — 0.100
> 0.030
0.003 — 0.001
0.010 — 0.070
> 30
12 — 1S
EAU MAUVAISE
> 0.100
■ 0.050
> 0.00»
> 0.100
> 100
Le sig signifie moins de; le signe "■> signifie plus de
11 est aujourd'hui parfaitement démontré que car- | taines épidémies, lièvre typhoïde, choléra, charbon, etc..
- -201 -
EAU
étaient dues a l'ingestion d'eaux contaminées. A Paris et
dans la plupart des grandes villes, les boulangers (il en
est de même des brasseurs) se serrent d'eau\ de puits
pour la préparât mu de leurs produits, eaux le plus sou-
vent et même toujours chargées d'infiltrations de fosses
d'aisances : or on sait que, pendant la cuisson, le milieu
du pain OU la mie n'atteint jamais 100° (Chantemesse), et
par suite que tous le> microbes (il y en a qui résistent
à 1 -20 » ne sont pas détruits. Aussitôt le l'ait reconnu,
l'administration t'ait Fermer les puits, et les boulangers,
du moins à Paris, sont mis en demeure de taire usage
d'eau de sonne fournie par la ville (Vanne ou Dhuis).
C'est pour la même raison que l'ingestion d'eau bouillie
n'épargne pas absolument de la contamination; de plus,
elle est lourde et indigeste par suite de la perte des gaz
et d'une grande partie des sels qu'elle tenait en dissolu-
tion. L'examen bactériologique permet aussi de suivre
l'infection des eours d'eaux traversant des centres popu-
leux, infection reconnue par des cultures faites avec de
l'eau prise en amont, au centre et en aval de la ville tra-
versée, en suivant dans la prise les précautions données
au commencement de cet article. Il est donc de toute utilité
de compléter l'analyse chimique d'une eau par l'analyse
bactériologique à laquelle la plupart des hygiénistes (Brouar-
del. Pasteur, Cornil, Chantemesse, etc.) attachent une très
grande importance dans la transmission des maladies,
quoique celte étude ne date a peine que de quelques années.
Dans l'examen bactériologique complet d'une eau, on dis-
tingue : 1° la numération des colonies, c.-à-d. la détermi-
nation du nombre de bactéries initiales contenues dans un
petit volume d'eau à examiner, en comptant le nombre de
colonies auxquelles elles ont donné naissance dans un milieu
de culture convenable, bouillons ou gélatines nutritives
d'après la méthode de Smith ou de Koch ; 2° la détermination
des colonies pathogènes, par isolement et cultures spéciales,
et leur numération par l'emploi du microscope.
Méthode suivie au Laboratoire municipal de Paris
pour l'analyse bactériologique des eaux (V. Bactérie,
t. IV, pp. 1099-1442, en particulier p. 1107).
Examen microscopique des dépôts des eaux. Non
seulement la culture bactériologique est de la plus grande
importance, mais il est souvent indispensable d'examiner
au microscope les dépôts formés par les eaux afin d'être
fixé sur la nature des liquides déversés dans les cours
d'eau par les usines riveraines. Pour cela, on laisse reposer
l'eau vingt-quatre heures, on décante et avec le dépôt on
monte plusieurs préparations. L'examen se fait avec un
simple grossissement de 300 à 600 diamètres. Cb. Girard.
III. Chimie industrielle. — Eau distillée. — L'eau
de condensation des moteurs à vapeur est fréquemment
employée dans l'industrie pour l'alimentation des chau-
dières ; car non seulement c'est de l'eau à peu près pure
ne contenant que des traces de matières grasses, mais elle
garde une partie de son calorique, d'où économie notable
de combustible. L'alimentation des chaudières a l'eau de
condensation n'est pas sans présenter quelques dangers ;
en effet, ne contenant que peu d'air en dissolution, l'ebul-
lition se trouve retardée et a lieu avec soubresauts; aussi
avant d'alimenter a-t-on toujours soin de la mélanger avec
de l'eau ordinaire aérée. Quelques industries spéciales
emploient l'eau distillée : ce sont les parfumeurs et les
teinturiers-apprèteurs, ces derniers pour les teintures en
nuances claires dites nuances lumières; lorsque les crues
ne leur permettent pas de faire usage d'eau de rivière,
ils disposent alors de l'eau de condensation provenant des
vannes et métiers d'apprêt qui, ordinairement, sont
exemptes de corps gras. CL Girard.
IV. Pharmacie. — L'eau employée en pharmacie, pour
les préparations magistrales, doit être de l'eau filtrée, de
bonne qualité, notamment de l'eau de rivière ou de l'eau de
source. On doit éviter l'emploi des eaux de puits, ordinai-
rement plus ou moins séléniteuses, ainsi que les eaux con-
tenant des matières organiques. Pour la confection de la
plupart des médicaments officinaux, tisanes, sirops, extraits,
limonades, mucilages, pales, solutés, etc., le codex de
1884 prescrit l'emploi de l'eau distillée. Pour préparer l'eau
distillée, on distille dans un alambic de l'eau de rivière
ou de l'eau de source, en maintenait! une ebullition mo-
dérée ; on essaye île temps en temps l'eau condensée avec
les réactifs ci-dessous et on no commence à la recueillir
qu'à partir du moment ou elle est sans action sur eux. On
arrête l'opération lorsqu'il ne reste plus dans lacucurbiteque
le quart environ de la quantité d'eau qui y a été introduite.
L'eau distillée ne doit pas modifier la couleur des réactifs
colorés, notamment celle du papier rouge ou bleu de tour-
nesol. Les solutions d'azotate d'argent, a azotate de baryum,
d'oxalate d'ammoniaque et do sublimé corrosif ne doivent
y produire aucun trouble, ce qui exclut la présence de
l'ammoniaque, des acides, des chlorures, des sulfates, des
carbonates, des sels de chaux et des matières organiques.
Pour plus de sûreté, il est bon d'additionner préalable-
ment l'eau à distiller d'un peu de sulfate d'alumine et de
ne pas recueillir les premiers litres afin d'éviter la présence
de l'ammoniaque. 11 arrive parfois qu'une eau distillée,
répondant aux caractères ci-dessus, se trouble sensiblement
à I ebullition. Cela tient à ce que l'eau distillée est alors un
produit secondaire provenant de la condensation de vapeurs
industrielles : ces eaux renferment alors une très petite
quantité de zinc, sans doute à l'état de carbonate. Il suffit de
les faire bouillir et de les filtrer pour enlever cette impureté.
En Amérique, aux Etats-Unis, par exemple, on remplace
souvent l'eau distillée par de l'eau provenant de la fonte des
glaces; mais elle n'est jamais aussi pure que l'eau distillée
préparée d'après les prescriptions du codex. Ed. Bourgoin.
V. Parfumerie (V. Teinture).
VI. Travaux publics. — Conduites d'eau. — Les
conduites qui servent à l'écoulement de l'eau peuvent être
ou non soumises à une pression intérieure ; on distingue,
en conséquence, les conduites libres et les conduites
forcées. Les aqueducs qui amènent l'eau potable dans les
villes, les tuyaux qui servent à l'évacuation des eaux plu-
viales et des eaux ménagères, les égouts qui en assurent
l'écoulement sous les rues sont, en général, des conduites
libres. Les canalisations, qui servent a distribuer l'eau sur
la voie publique et dans les maisons, sont nécessairement
formées de conduites forcées. Les conduites libres peuvent
recevoir une section intérieure de forme quelconque et
s'exécuter en matériaux de diverses natures : la maçon-
nerie, le béton, les poteries, la fonte mince, le plomb, sont
employés suivant les cas. Pour les conduites forcées, c'est
la forme circulaire qui est presque seule employée, et les
métaux, résistant bien à l'extension, conviennent particu-
lièrement à la fabrication des tuyaux qui servent à les
établir.
Les lois de l'écoulement de l'eau dans les conduites
ont été l'objet d'études nombreuses, parmi lesquelles il
convient de signaler les travaux de Prony, Dupuit, Darcy
et Bazin, qui ont donné lieu à l'établissement de for-
mules pratiques dont quelques-unes ont été citées au
mot Canalisation. Nous citerons ici celle de MM. Darcy
et Bazin :
RI = è,ît*
très employée aujourd'hui et qui s'applique également bien
aux conduites libres et aux conduites forcées. B est le
rayon moven ou le rapport — entre la section Q et le
périmètre mouillé y. I la pente par mètre, u la vitesse
moyenne, et b{ un coefficient numérique qui prend les
valeurs suivantes :
l'mir les conduites libres.
A parois très unies (ciment lissé, /
bois raboté, etc.) 0,00013 y
A parois unies (pierre de taille, / 0,07 \
briques, etc.) 0,00010 y "+" ~Y~)
1 +
0,0
f)
i : a i
A parois pou unios (m.u'onnerie
de moellons)
- 202 -
0,00024
A parois en terre o,o002K
Pour hs conduite» forcées.
Neuves eu \erre ou en tôle. 0,000169 -+
>(<+T)
0,011000210
Neuves en fonte on enfer forgé. 0,000 ' 1 1!
Depuis longtemps en service. 0,000507
B
0,000U0:;-2:i
i r
It
0,00000010
Des tables, dressées d'après les formules de Prony et de
Darcj et Bazin, se trouvent dans divers recueils et faci-
litent singulièrement les tâtonnements et les calculs (V. les
Distributionsd'eau, parBechmann; Paris,1889,gr.in-8).
On a employé, à diverses époques et dans divers pays,
des conduites d'eau en bois, en sapin surtout ; les bouts
dont elles se composent sont emboîtes ou juxtaposés, par-
fois cerclés de fer; on en cite une de lm20 de diamètre à
Toronto (Canada) ; il y en a encore 400 milles à Lombes.
L'emploi de tuyaux en pierre a été aussi tenté quelquefois.
Sans remonter à l'antiquité, on en trouve des exemples à
Dresde, à Prague, etc. La maçonnerie sert à la confection des
grandes conduites libres, des aqueducs, des égouts (Y. ces
mots). Elles reçoivent de préférence la forme circulaire, qui
a le double avantage d'offrir la plus grande section d'écou-
lement pour un périmètre donné et de réduire au minimum
la poussée exercée sur les terres ambiantes. La forme
ovoïde, fort employée également, est motivée par les faci-
lités qu'elle présente pour la circulation. Le béton s'applique
avantageusement à l'établissement des conduites, soit qu'on
les forme de bouts de tuyaux moulés d'avance et assemblés
au moyen d'un bourrelet de mortier, soit qu'on les exécute
dans la tranebée même sur des tambours en bois ou mieux
en tôle qu'on fait avancer au fur et à mesure du travail, de
manière à obtenir un ouvrage monolithe. L'épaisseur peut
être réduite à 5 et même à 4 centim. lorsque l'eau y doit
couler sans pression, mais elle augmente rapidement pour
les conduites forcées avec la pression qu'elles sont appelées
à supporter. La poterie ordinaire, malgré sa faible résis-
tance, se prête à l'établissement de conduites sans pression
dont le grand avantage est le bon marché relatif. D'autre
part, on fabrique aujourd'hui des grès vernissés, qui sup-
portent au besoin des pressions de plusieurs atmosphères,
et qui, sous forme de tuyaux à emboitement ou de tuyaux
droits manchonnés avec joints en ciment, se répandent de
plus en plus pour l'établissement des canalisations servant
à l'évacuation des eaux sales ou acides. On a exécuté des
tuyaux en verre, en asphalte ou en papier bitumé. Mais
les conduites les plus répandues sont en fonte, en plomb
et en fer.
Les tuyaux de fonte s'obtiennent généralement en
deuxième fusion et avec des épaisseurs très régulières
quand du cubilot le métal est dirigé à l'état liquide vers
des moules disposés verticalement dans des fosses pro-
fondes. On fabrique couramment des tuyaux de 0m03 à
■lm30 de diamètre intérieur sur des longueurs utiles de
2 à 4 m. Les épaisseurs e sont le plus souvent calculées
en France pour les conduites forcées au moyen de la for-
mule : e = K-r-0,00016DH, où K représente une cons-
tante, 1) le diamètre, Il la pression d'épreuve en mètres
d'eau, et qui est devenue, au service des eaux de Paris,
e = 0,008 +0,0llil). A l'étranger, on admet d'ordinaire
des épaisseurs plus grandes; il en est de même en France
pour les pièces de raccord qui sont coulées, d'après l'an-
cien procédé, dans des moules horizontaux. Outre les
essais aux usines destinés a reconnaître la bonne qualité
de la foule, «in soumel presque toujours les tuyaux à
l'épreuve pratique au moyen de la presse en les emplis-
sant d'eau sous une pression déterminée, après quoi, et
pour les conserver il l'abri de la rouille, on les enduit à
chaud de goudron on de coaltar. LeaatMavblageadai tuyaux
de fonte sont de divan typai ; le mbI connu autrefbii
était le joint 1 bridai encore axcluavemaDt applique aux
conduites a tus haute pression ; le plus répandu aujourd'hui
est le joint a enilioileuieiit et cordon tonne de deux l>outs
mâle el femelle se pénétrant de 0™08 eu humant un
intervalle qu'on remplit île corde goudronnée et de plomb
Coulé el maté : on emploie aussi le joint a bague et au
plomb. Divers joints au caoutchouc, parmi lesquels nous
citerons les joints Lavril, Petit, Delperdange, Giban
cutant à fioul et. u démoulant aisément, n'exigeai pas
des ouvriers spéciaux et habiles, el rendent parla des ser-
rices dans des cas particuliers. Il eu est de même des joints
llexibles ou articulés de divers typai. Les pièces de raccord
les plus employées sont les manchons, b-., bouts d'asti
mite, les ci.nes de réduction, les baguai et les manchons
biais, les coudes au quart, au huitième, au seizième de
cercle, les pièces à tubulures.
Le plomb a été longtemps le seul métal employé à la
confection des conduites d'eau ; il est encore le (dus répandu
pour rétablissement de celles de petit diamètre, des bran-
chements d'appareils publics, des canalisations intérieures
des maisons, à cause de la facilité avec laquelle il épouse
les contours les plus sinueux. On le trouve dans le com-
merce en tuyaux continus, en couronnes, obtenus à froid
ou à chaud par voie d'étirage ou de compression. L'assem-
blage se fait a chaud par soudure ou à froid au moyen
de brides et d'un cuir gras interposé entre deux collets
battus. On reproche au plomb de se laisser attaquer par
les eaux très pures en produisant des sels toxiques; mais,
en fait, il est, dans la plupartdes cas, sans inconvénient,
parce qu'il n'est pas attaqué par les eaux légèrement cal-
caires et que le moindre dépôt y forme un enduit protec-
teur. Aussi les tentatives de vulgarisation des tuyaux en
plomb étamé n'ont-elles guère réussi. I,e fer ou la tôle
permet la confection de conduites de très grand diamètre
qu'on n'oserait aborder avec la fonte. On emploie beaucoup
en France des tuyaux de tous diamètres, en tôle plombée à
l'intérieur et bitumée à l'extérieur, assemblés au moyen
d'un court emboitement garni de métal fusible et de filasse
et appelés tuyaux Chameroy. Les tuyaux en fer étiré avec
assemblage a vis sont assez répandus pour les petits dia-
mètres ; ils ont le défaut de s'oxyder vite ; on y remédie
par la galvanisation ; on a proposé aussi de les rendre
inoxydables en les recouvrant d'une couche noire d'oxyde
magnétique, d'un émail, d'un enduit de ciment, ou parmi
ètamage. Les conduites se posent presque toujours sous
les voies publiques et enterre, dans une tranchée de 0mti0
de largeur au moins, et à une profondeur de 0m80 l
im20 suffisante dans nos climats pour les préserver de la
gelée. Dans quelques cas relativement rares, à Paris notam-
ment, oii l'on disposait d'un réseau d'egouts a grande •
tion, on les a posées en galerie en les accrochant aux
parois au moyen de consoles ou d'agrafes ou les supportant
au moyen de oolonnettes ou de tasseaux.
Dans l'un et l'autre cas, les conduites sont peu exposées
aux variations de température; les effets de dilatation y sont
négligeables; pour peu que l'eau y ait de la vitesse, alla
conserve à très peu de chose près sa température initiale,
même après de longs parcours. Lorsque la pression est un
peu élevée, il faut buter les extrémités et les coudai des
conduites de manière à résister aux poussées, et. après la
pose, procéder à ou essai au moven île la pompe de com-
pression. Dans l'intérieur des habitations et en élévation.
les conduites sont fixées au moyen de crochets. \ux points
lus. on doit ménager le moyen de vider les conduites, éta-
blir une décharge. \ux points hauts, des ventouses sont
nécessaires pour éviter les accumulations d'air. Des dispo-
sa s spéciales doivent être prisai aussi pour éviter les
effets redoutables des coups de bélier, résultant de ma-
nœuvres brutales. Toutes les conduites d'eau sont exposées
à des depuis, tantôt boueux, tantôt adhérents. Les depuis
calcaires sonl parlois assez, abondants : on a VU dans
— "203 —
BAI
quelque-; cas se former des tubercules ferrugineux qui se
développaient au point d'obstruer complètement les con-
duites. D'ordinaire, des chasses suffisent pour entraîner
les boues : quelquefois on a recours à des appareils de
nettoyage que la pression même de l'eau l'ait progresser
dans les tuyaux. G. B» iimaw.
VII. Administration. — Eux kt Forêts. — Taisait
autrefois l'objet d'une juridiction particulière confiée au\
officiers des eaux et forets. Les matières spéciales qu'elle
concernait étaient régies par des lois anciennes; de ci'
nombre était la législation forestière èparse dans l ordon-
nance de liiti!*, la loi du -J;i sept. I7!M et une foule de
règlements de dispositions différentes. Cette législation a
en refondue dans le iode forestier (V. Forêt), l'our l'his-
torique. V. Domaine, t. XIV, p. 843.
Chambre de réforma/ion des eaux et forets (Y. Cham-
bre).
VIII. Droit civil et administratif. — Comme
toutes hs choses matérielles, l'eau peut faire l'objet d'un
droit, du droit d'usage ou même du droit de propriété, si
bien que Pothier déclare coupable de vol celui qui s'empare
de l'eau qu'une personne a recueillie dans un vase. A ce
point de vue, il n'y a pas lieu de s'en occuper davantage,
pas plus qu'on ne s'occupe spécialement de la terre, de la
pierre ou du bois. Mais l'eau se présente sous des formes
différentes: tantôt elle provient directement de la pluie;
tantôt ces pluies se rassemblant dans les tissures du sol
donnent naissance à des sources, à des ruisseaux ou à des
rivières : tantôt enfin la main de l'homme creuse à ces eaux
un lit artificiel. De la un grand nombre de questions dont le
législateur a du s'occuper: ainsi.il doit déterminer jusqu'à
quel point et sous quelles conditions le propriétaire du
fonds inférieur peut être obligé de recevoir les eaux qui
proviennent du fonds supérieur ; il faut délimiter les droits
des riverains d'un cours d'eau, ceux des usiniers établis
le long d'une même rivière, ceux du propriétaire de l'héri-
tage dans lequel il existe une source, etc. D'autre part,
les fleuves et rivières étant, selon l'expression de Pascal,
des chemins qui marchent, intéressent au plus haut
point le commerce, et comme ils peuvent de plus servir à
l'irrigation et à la fertilisation du sol. il a fallu déterminer
les concessions que l'intérêt privé devait faire à l'intérêt
général, et les obligations qu'on devait lui imposer pour la
conservation et l'entretien de ces voies naturelles de circu-
lation. Ces questions sont traitées dans une série d'articles
spéciaux auxquels nous renvoyons le lecteur.
EttUX de pluie. En ce qui concerne les eaux pluviales,
nous rappellerons simplement le principe posé par l'art. 640
du C. civ. : « Les fonds inférieurs sont assujettis, envers
ceux qui sont plus élevés, à recevoir les eaux qui en dé-
coulent naturellement, sans que la main de l'homme y ait
contribué ; le propriétaire inférieur ne peut pas élever de
digue qui empêche cet écoulement. Le propriétaire supé-
rieur ne peut rien faire qui aggrave la servitude du fonds
inférieur. » Cette obligation pour le fonds inférieur de re-
cevoir les eaux pluviales que le fonds supérieur lui envoie
par l'effet de la pente naturelle du terrain sera plus spé-
cialement étudiée au mot Egolt des toits. Dieu entendu, le
propriétaire du fonds supérieur est aussi propriétaire de
l'eau de pluie qui y tombe, et il peut en faire tel usage qui
lui semble bon. à moins qu'il ne préfère user de la faculté
que lui donne l'art. 640 de la laisser couler sur le fonds
voisin; celui-ci ne saurait se plaindre si, à un moment
donné, le propriétaire supérieur empêchait l'eau de pluie
de suivre la pente comme elle l'avait fait jusque-là. Il en
résulte que l'administration est propriétaire de l'eau de
pluie qui tombe sur les routes et chemins, et que l'Etat, le
département ou la commune à qui appartiennent ceux-ci
peuvent recueillir ces eaux chargées de fumier < >i les
vendi'- a tel mi tel i|. s propriétaires riverains. Mais l'obli-
gation pour les fonds inférieurs de recevoir l'eau qui coule
naturellement des fonds supérieurs ne s'applique qu'aux
eaux pluviales et non aux eaux ménagères, car la main de
l'homme contribue à l'écoulement de celles-ci: la jurispru-
dence n'admet même pas que la servitude dVtwrtoit con-
tinue, ei par conséquent elle décide que le propriétaire
d'un héritage ne peut, jamais prescrire le droit do faire
couler ses eaux ménagères SUT le fonds do son voisin;
celui-ci, alors même qu'il a supporté l'écoulement pendant
trente ans, est réputé ne recevoir les eaux que par simple
tolérance.
Sources (Y. Source et Servitude, Rivières et Can\ux).
Rivières navigables et flottables (Y. Cours d'eau,
t. Mil, p. 135, el Domaibe, t. XIV, p. 830).
Canaux (V. ce mot).
Etangs, unirais, lacs, etc. (V. ces mots).
Mer (\ . ce mut et Domaine, t. XIV, p. 831).
Les règles qui concernent les eaux sont éparses dans
quelques rares articles du code civil et dans des lois spéciales.
Il résulte de ce morcellement d'une même matière un défaut
général d'ordre et d'homogénéité; de plus, les textes sont
loin de prévoir toutes les questions qui touchent à la pro-
priété et à la jouissance des eaux. Aussi, depuis longtemps,
on avait compris la nécessité de codilier cette matière et de
réunir en une seule toutes les lois qui l'ont successivement
réglée. Les Chambres sont actuellement saisies, depuis 1880,
d'un projet de loi sur le régime des eaux. Il comprend
cent quatre-vingt-six articles répartis en sept titres, sous
les rubriques suivantes : Titre Ier. Eaux pluviales et sources.
Titre II. Cours d'eau non navigables et non flottables.
Titre 111. Des rivières flottables à bûches perdues. Titre IV.
Des fleuves, rivières navigables ou flottables. Titre V. Tra-
vaux de défense contre les fleuves, cours d'eau navigables
ou non navigables et contre la mer. Titre VI. Eaux utiles.
Titre VU. Eaux nuisibles.
IX. Hygiène. — L'importance de l'eau dans les ques-
tions d'hygiène est primordiale, et on peut dire, presque
sans exagérer : donnez de la bonne eau en quantité et on
fera de la bonne hygiène. L'eau en effet joue un double
rôle, sous forme d'eau d'utilisation et sous forme d'eau
d'alimentation. Bien qu'à la rigueur on puisse admettre que
l'eau d'utilisation, c.-à-d. celle qui est utilisée pour les
lavages soit du corps, soit des maisons, du linge, des
rues, etc., puisse être d'un degré de pureté inférieur à
l'eau destinée a pénétrer dans l'organisme, on doit tou-
jours tendre au degré de pureté rigoureux, parce qu'on n'est
jamais sur que cette eau destinée aux usages externes ne
servira pas accidentellement ou involontairement à l'usage
interne, et entin parce qu'il n'est pas indifférent qu'une eau
de lavage puisse renfermer des souillures quelconques.
Les notions acquises désormais sur la spécificité d'un
grand nombre d'affections ne permettent pas d'admettre
qu'une eau riche en matières organiques non conta-
minée puisse engendrer d'elle-même une de ces maladies
caractéristiques, mais il faut toutefois reconnaître que l'ab-
sorption d'eau sale constitue une condition défectueuse, une
préparation locale et générale de l'économie à recevoir les
maladies infectieuses, spécialement celles qui pénètrent par
la voie digestive (Arnould). En outre de son action nuisible
sur la muqueuse digestive, on peut volontiers admettre que
l'eau chargée de matières organiques constitue un excellent
terrain de culture pour les microbes pathogènes et par
suite qu'elle doit toujours être considérée comme suspecte,
et son emploi rejeté.
Les organismes vivants que peut renfermer l'eau sont
autrement importants. Dans un premier groupe, nous pou-
vins ranger les grands parasites, tels que la Bilharzia
hœmatobia si fréquente dans les eaux d'Egypte, et qui dé-
termine une hématurie grave pouvant entraîner la mort;
Y Ankylostoma duodenale et les ascarides voisins auxquels
on attribue l'anémie des mineurs; l&Filaria medinensis que
l'on trouve sur la cote ouest de l'Afrique; les aiigllillllles de
Cochinchine qui seraient la cause, discutée, il est vrai, de la
diarrhée chronique dece pays; les sangsues de cheval (Haz-
mophys sangutsuga), nombreuses dans les eaux d'Algérie.
Les entomostracés, les infusoires fréquents dans les eaux
bai:
— -2114 —
stagnantes n'ont pas d'influence délétère par enx-mémet.
L'eau renferme toujours des microorganismes au momenl
on elle est utilisée, l.ii admettant en effet, comme l'a montré
Pasteur, que l'eau de source au momenl ou elle aoord de
terre est privée de germe, il esl impossible, quelles <|u<-
soirnt les précautions apportées a la captation et par suite
dos manipulations diverses auxquelles elle est soumise pour
les usages domestiques, qu'elle ne reçoive pas un certain
nombre de pennes. I.es chiffres suivants empruntés ans
recherches de I'. Miquel montrent les écarts énormes que
peuvent présenter les différentes eaux. Nombre de micro-
organismes par centimètre cube : eau de pluie, 4 ; des
drains de Gennevilliers, 12; de la Vanne, 120 ; de la
Seine àChoisy, 300; à Saint-Denis, '200,000; d'essau-
geage îles lavoirs de Paris, 20,000,000. Mais le nombre
des microbes est moins important que leur nature, et il y
a lieu, au point de vue de l'hygiène, de distinguer les mi-
crobes pathogènes et les microbes non pathogènes ou indif-
férents. I.es microbes indifférents peuvent exister en nombre
sans présenter de dangers pour la santé publique ; un cer-
tain nombre d'entre eux paraissent avoir l'eau pour habitat,
tel le Bacillus subtilis, le Bacillus ulna, Saprogenus, etc.
C'est principalement contre les microbes pathogènescon-
tenus dans l'eau que l'hygiéniste doit lutter. La présence
de quelques-uns est désormais formellement établie. Le
transport de certaines maladies par l'eau était soupçonné
depuis longtemps, quand lîudd, en Angleterre, établit claire-
ment le rôle de l'eau dans la propagation de la fièvre
typhoïde. Depuis, les faits sont de plus en nombreux et de
plus en plus probants. En 1881, Gaffky, à Berlin, trouvait
dans l'eau de la Panke la bactéridie de la septicémie du
lapin ; en 1884, Koch, à Calcutta, reconnaissait laprésence
du bacille du choléra dans l'eau des marais de l'Inde ; en
188.'), Mors signalait le bacille typhique. A l'encontre
d'un certain nombre de microorganismes indifférents, les
bacilles pathogènes ne paraissent pas devoir se multiplier
dans les eaux. Les recherches de Kraus, de Munich, sont
particulièrement intéressantes à cet égard, quoique en con-
tradiction avec les recherches d'autres auteurs. Dans l'eau
qui sert à l'alimentation de Munich, le bacille de Koch dis-
paraîtrait en vingt-quatre heures, le bacille du charbon en
trois jours, le bacille typhique en six. Les organismes in-
différents, algues, saprophytes, etc., qui se trouvent dans
leur milieu favorable, attaquent et détruisent les microbes
pathogènes. Gabriel Pouchet a montré également que le ba-
cille typhique se conserve plus longtemps dans une eau pure
que dans une eau sale, c.-à-d. riche en organismes. Con-
sidérant le rôle de l'eau comme véhicule de certaines affec-
tions contagieuses, notamment de la fièvre typhoïde, par-
faitement établi aujourd'hui (V. Contagion, Choléra,
Epidémie, Fièvre typhoïde), la nécessité d'une eau bio-
logiquement pure, c.-à-d. privée de tout germe au moins
pathogène, s'impose nécessairement. Dans les petites loca-
lités, l'eau de pluie recueillie dans des citernes étanches,à
l'abri absolu de toute infiltration suspecte, les puits placés da us
des conditions de protection analogues suffisent générale-
ment; mais, pour les grandes agglomérations urbaines, il est
indispensable d'assurer le service d'eau par une prise d'eau
considérable et une canalisation irréprochable. Autant que
possible l'eau doit être captée à la source même; c'est le
seul moyen d'avoir une eau rigoureusement privée de
germes ; malheureusement, il est difficile d'assurer par la
prise à la source l'approvisionnement total d'une ville, et
l'on a du recourir à des procédés de filtration qui tous.
nous n'hésitons pas à l'écrire, ne sont que des palliatifs
presque toujours insuffisants. On peut essayer la filtration
périphérique constituée par une série de filtres placés chez
chaque particulier au robinet d'arrivée, procédé illusoire,
pane que l'on ne peut jamais être sur et de la bonne vo-
îonté individuelle et de la valeur des filtres utilisés.
Le filtrage central est employé dans un grand nombre
de villes : Londres, Berlin, etc. On cherche a imiter la til-
tralion naturelle en faisant passer l'eau très lentement à
travers des lit! de graviers et de sable. A Anvers et dans
quelques villes anglaises, l'épuration chimique est obtenue
au moyen du système Anderson, fondé sur ce principe que
le fer a l'état spongieux, brassé énergiquementavecrean,
lui enlève toutes ces impuretés, microorganismes compris.
Dans les villes oU l'on dispose d'une certaine quantité
d'eau de source, on a préconisé également l'emploi de deui
distributions d'eau dans toutes les maisons, l'eau pure de-
vant être réservée pour l'alimentation seule. L'organisa-
tion d'une double colonne montante représente des frais
considérables, et ici encore, comme pourla filtration péri-
phérique, il faudrait compter sur l'observation intelligente
de l'unanimité de la population.
Dans les cas ou l'eau est suspecte, une ébullition pro-
longéeest une bonne précaution à prendre, quoique peut-être
insuffisante, les bacilles pathogènes pouvant résister a celle
température, si elle n'est pas prolongée un temps suffisant.
In appareil très ingénieux de Genesle et Herscher perBM t de
porter rapidement et avec une grande économie de combus-
tible une quantité d'eau considérable à 115° pendant un
quart d'heure. Cette eau surchauffée à l'autoclave n'a, par
suite, subi aucune modification dans sa composition : gaz et
sels, et elle présente toutes les garanties de pureté possible.
Cet appareil est appelé à rendre de grands services dans les
agglomérations, les armées en campagne. Connu plus lot,
il aurait évité les si dispendieuses et si insuffisantes instal-
lations des filtres Chamberland dans les casernes.
Quantité d'eau nécessaire. — Nous n'avons eu jus-
qu'ici en vue que les qualités nécessaires à une eau potable;
mais l'eau ne sert pas seulement à l'alimentation : elle est
encore indispensable pour tous les usages domestiques et
publics. 11 y a en effet les besoins de la maison, delà rue
et du groupe d'habitations, enfin de l'industrie. Parkes éva-
lue à 112 litres par jour l'eau utilisée par un individu
adulte en vingt-quatre heures: boissons, cuisson des ali-
ments, toilette, bain, lessivage du linge, entretien de la
maison, water-closets, gaspillage inévitable ; en ajou-
tant 22 litres pour les animaux et autant pour l'industrie,
on arrive au chiffre de loi litres par tête, chiffre que
nous considérons comme insuffisant pour assurer tous
les besoins publics, et notamment le lavage des éyouts
(Y. ce mot) avec de puissants appareils de chasse. Quelques
chiffres montreront que cette appréciation n'a rien d'exa-
géré. Paris a 260 litres par tête; lesvillesaméricainesdeBà
400 litres ; Lyon, grâce à la dérivation de l'Ain, 400 : Mar-
seille tient le premier rang en France avec 800 litres, mais
elle sera bientôt dépassée par New-York qui disposera
d'un mètre cube par habitant. « Il faut trop d'eau pour qu'il
y en ait assez », a dit avec raison Foucherde Careil, mais
il faut surtout que cette eau soit pure. Sur les 400,000 m. c.
qui sont déversés dans Paris, 1 14,000 seulement peuvent
être déclarés potables; pour assurer aux 2,500,000 hab. de
Paris 100 litres d'eau de source pour les besoins indivi-
duels, il faut encore, en tenant compte du développement
graduel de la population, 200,000 m. c. La dérivation des
eaux de l'A vie assurera cette quantité. Dr P. Langlois.
Biol. : Hygiène. — Budd, Typhoid, fevr. i-
Blanchaed, (es Parasites introduits jiar l'eau, dans Re-
vue d'hygiène, 1890. — Aknould, l'Eau et les bactéries,
dans Revue d'hygiène, 1887.
EAU ux jambes. Affection particulière aux solipèdes,
siégeant au-dessous du genou ou du jarret, sur les parties
inférieures des membres, autour de la couronne, du patu-
ron et du boulet, caractérisée à ses débuts par une érup-
tion vésiculeuse, par une sécrétion continue de liquide
jaunâtre et fétide, par le hérissement et la chute des poils,
puis par une altération profonde de la peau qui se recouvre
d'excroissances verruqueuses disposées en forme de grappe.
Les eaux aux jambes sont beaucoup moins fréquentes au-
jourd'hui qu'autrefois. Une meilleure nourriture des ani-
maux, un meilleur entretien des chemins, des routes et des
rues des grandes villes, une hygiène mieux comprise, des
écuries mieux aménagées et mieux entretenues, ont presque
lait partout disparaître cette grave maladie très répandue
- :'0S -
KAII
autrefois et qui mauitonant ne se rencontre plus qu'excep-
tionnellement. A l'état aigu. les enta aux jambes débu-
tiMi! généralement i>ar un engorgement chaud et doulou-
ivu\ de la région du boulet et du paturon. Si la maladie
débuta à froid, elle se manifeste sans «iin* les animaux
ut leur service. Les poils se hérissent; au lieu d'être
imbriqués les nus sur les autres, ils sont piques, humectés
par un liquide blanchâtre, séreux et odorant. Des vési-
cules existent sur la surface cutanée, se crèvent et se
transforment an excoriations superficielles lesquelles par
leur réunion ne tardent pas à former une vaste surface
rougeatre. saignante, chagrinée et fétide. Plus tard, des
ulcérations apparaissent formant une plaie bourgeonnante
et colorée; puis a cet état inflammatoire succède une sorte
d'accalmie pendant laquelle la peau malade se transforme
et revêt des caractères particuliers. La matière sécrétée
devient bleuâtre, sanieuse, très acre, très irritante et
d'une intolérable fétidité ; des tics, verrues ou grappes,
tantôt isoles, le plus souvent agglomérés, s'élèvent sur la
trame cutanée : des sillons profonds les séparent desquels
s'écoule une matière sanieuse, grisâtre ou sanguinolente;
les animaux ont la lièvre ; ils soutirent et boitent considé-
rablement. Ces végétations sontlixèes par un pédoncule, au
chorion de la peau ; leur extrémité libre est arrondie et
sphèroïdale, souvent saignante et irritée. A la longue, la dé-
formation de la peau et du membre s'accentue, le sabot
lui-même ou du moins les parties vivantes qu'il renferme
s'enflamment à leur tour: l'animal cesse d'être utilisable
et on est obligé de le livrer à l'équarrisseur. Le traitement
des eaux aux jambes est préventif et curatif. Il est préven-
tif par une bonne nourriture et une excellente hy-
giène. Comme traitement curatif : essayer d'arrêter, au
début. L'inflammation par des bains astringents; si le mal
progresse, et si des fies ou verrues apparaissent, on les
excisera, et on les cautérisera. L. Garnier.
EAU bénite. L'eau tient une grande place dans la plu-
part des religions. Les païens s'en servaient pour leurs
ablutions solennelles et leurs lustrations expiatoires; les
Israélites pour la purification sacerdotale {Exode, XXX,
18-24). Mêlée à la cendre de la vache rousse, elle puri-
fiait du péché {Nombres, XIX, 9). Conformément à un
symbolisme instinctif qu'on retrouve communément ailleurs,
les premiers chrétiens se lavaient les mains avant de prier;
c'est pourquoi des vases, des cuves et des fontaines furent
placés à l'entrée de leurs lieux de culte (V. Bénitier). Mais
ce qui, principalement, les induisit à attribuer à l'eau une
dignité propre et une vertu mystérieuse, c'est qu'elle est un
des éléments essentiels du baptême. Tertullien (De Daptis-
mo) fait remonter jusqu'à la création l'énumération des faits
qui sont les indices de celte dignité : Au commencement,
Dieu créa les cieux et la terre. La terre était informe et
vide ; les ténèbres étaient sur l'abîme et l'esprit de Dieu
était porté sur les eaux... Par un privilège refusé aux
autres éléments, l'eau était le siège de l'Esprit divin...
L'eau, la seule eau, matière toujours parfaite, toujours
excellente, toujours pure, servait de trône à l'esprit de
Dieu (III). Or ce qui était saint ne pouvait être porté que
par une chose sainte, ou bien ce qui portait empruntait la
sainteté de ce qui était porté (IV). C'est dans l'eau que
Dieu a fait naître les premières créatures terrestres; c'est
du limon, c.-à-d. de la terre pénétrée d'eau, qu'il a formé
le corps du premier homme (III). Dans le baptême, le saint
Esprit, descendant sur les eaux et s'y arrêtant, les sanc-
tifie par sa présence, et les eaux ainsi sanctifiées deviennent
douées de la vertu de sanctifier (IV). Dans le Nouveau
Testament (Ev. saint Jean, V), il relève les guérisons mi-
raculeuses accomplies dans la piscine de Béthesda (V). Après
lui et dans le même ordre d'idées, d'autres théologiens
considérèrent l'eau comme un élément universellement con-
sacré par l'attouchement du corps de Jésus-Christ, lors de
son baptême dans le Jourdain. Néanmoins, maigre sa di-
gnité originelle, l'eau n'est point restée intégralement pure;
des esprits immondes, imitant par jalousie l'esprit de Dieu,
s'y sont répandus (De liapt.,\). Aussi Irouve-t-oii établi
de temps immémorial l'usage de bénir l'eau destinée à un
emploi religieux. Celui de l 'exorciser paraît plus récent.
Des documents se rapportant au iv siècle constatent la
croyance a des miracles, guérisons de maladies, renverse-
ments d'enchantements, délivrances de démons, opérés par
l'eau et particulièrement par l'eau préparée pour le bap-
tême. En conséquence, les chrétiens se mirent à recueillir
et à emporter dans leurs maisons l'eau qui avait servi à
baptiser. Saint Jean Cbrvsostome affirme qu'elle est mira-
culeusement incorruptible (De liant. Christ i, 2). Deux
siècles plus tard, à Rome, on voit qu'il leur était permis
de prendre l'eau bénite la veille de Pâques pour le baptême
solennel, mais avant ce baptême ; ils s'en servaient pour
asperger leurs maisons, leurs vignes, leurs champs, leurs
fruits (Ordo Romanus, I, 42). — Enfin, on bénit l'eau
directement et indépendamment de tout rapport avec le
baptême. Les premières mentions certaines de cet usage,
que Baronius et la plupart des théologiens catholiques rap-
portent aux Apôtres, ne se trouvent, pour les Orientaux,
que dans les Constitutions apostoliques (V. ce mot), par
suite d'une addition faite vraisemblablement au vc siècle,
et pour les Occidentaux, seulement dans une fausse décré-
tai? (ixe siècle) attribuée à Alexandre Ior (109), pour prê-
ter à un rite relativement récent une origine ancienne.
Cette fausse décret aie, reproduite par Gratien, fait partie
du corps de droit canon ; elle indique comme concourant à
la bénédiction de l'eau l'emploi du sel, symbole de la pru-
dence, comme l'eau, de la pureté. Ce mélange du sel et de
l'eau représente aussi l'union des deux natures en Jésus-
Christ. Malgré cette interprétation allégorique, les Grecs le
réprouvent. — L'eau rituellement bénite, avec adjonction
de sel, par un prêtre, est classée parmi les sacramentaux
(V. ce mot) ; elle a sept effets principaux : 1° elle contri-
bue à la guérison des maladies de l'âme et du corps;
2° elle préserve ou délivre des illusions, des embûches,
des infestations du démon et de ses ministres; 3° elle calme
les agitations de l'esprit ; i° elle dispose à la prière et aux
sacrements; 5° elle rend les terres fertiles; (i° elle chasse
la peste, dissipe le tonnerre, les orages, etc. ; 7° elle remet
les péchés véniels. — Si l'on ajoute à de l'eau bénite de
l'eau non bénite, toute l'eau sera censée bénite, quelle que
soit la quantité ajoutée. — A ce que nous avons dit sur
les droits honorifiques (V. ces mots), nous devons ajou-
ter, pour ce qui concerne l'eau bénite, qu'un règlement de
l'assemblée du clergé (l(io,°>) dit que les curés, après avoir
aspergé l'autel et les ecclésiastiques, donneront l'eau bénite,
par aspersion, aux seigneurs et aux dames des lieux, en
leurs bancs ordinaires. Mais ce règlement ne pouvait faire
cesser le privilège de beaucoup de seigneurs en possession
de recevoir l'eau bénite par la présentation du goupillon à
la main. — Les liturgistes appellent eau grégonenneVeau
avec laquelle on purifie les églises polluées. On y mêle des
cendres et du vin. L'évêque seul peut la bénir.
E.-Il. Vollet.
Bibl : MartignYj Dictionnaire des antiquités chrétien-
nes; Paris, 1877, in-8. — W.-E. Scudamori:, art. Holy
Water, dans le Dictionary of Christian antiquities de
\V. Smith et S. CHEETHAM ; Londres, 1JS75, 2 vol. in-8.
EAU céleste (Techn. agric). On donne ce nom à un
liquide formé de sulfate de cuivre et d'ammoniaque, pré-
conisé il y a quelques années pour la destruction des ma-
ladies cryptogamiques de la vigne, notamment du milieu)
(V. ce mot). Elle est également employée pour combattre
la maladie de la pomme de terre. C'est vers le mois de mai
qu'on projette, au moyen d'un pulvérisateur, l'eau céleste
sur les parties aériennes des vignes; elle donne générale-
ment de très bons résultats. L'eau céleste se prépare de la
manière suivante : 1 kilogr. de sulfate de cuivre ou vitriol
bleu est dissous dans 3 litres d'eau tiède ; après la dis-
solution et le refroidissement, on ajoute 1 litre d'ammo-
niaque. On a ainsi i litres d'une eau d'un beau bleu qu'il
suffit, au moment de s'en servir, de verser dans "100 à
i2.°)0 litres d'eau pour avoir un liquide d'un bleu pale, bon
BAI
- Mfl -
.1 employa*. Cette quantité est a peu près eelle qu'exige
le traitemenl de chaque hectare de vigne, de pommée ae
terre <>u de tomates. Ail). I..
EAU b'Ahgs (Archéol.). Ban de senteur composée
d'iris de Florence, de Btorax, de bois de rose, de santal
citrin, d'eau de rose, de fleur d'oranger, de benjoin, de
musc, d'ambre, de canelle et de girolle, donl on faisail
usage au moyen âge.
Bibl. : Gay, Glossaire. — Diclia
EAU de Cologne. Jean-Paul Féminis, qui habitait la
ville de Cologne \er~- le milieu du xvii' siècle, est l'inven-
teur de cette eau dont la vogue lut très grande a nu
moment ; avant sa mort il confia sa recette a Jean—
Maria Farina dont le petit-fils vint en 1806 s'établira Paria.
Aujourd'hui le nom de J.-.M. Farina couvre de sa protec-
tion tous les flacons vendus dans l'univers ; rien qu'à Co-
logne, on compte une quarantaine de maisons qui usurpent
ce nom et en l'ont leur raison sociale. Selon l'inventeur,
l'eau de Cologne avait des propriétés merveilleuses ; on ne
lui reconnaît plus guère que la qualité d'être tonique et
on l'emploie uoiquement pour l'aromate et pour la toilette
(V. Alcoolat, t. 11, p. 47). Les recettes pour la fabrica-
tion de l'eau de Cologne sont nombreuses; nous donnerons
les plus connues : Formule de J.-M. Farina. A 1 1 litres
d'alcool de Montpellier, on ajoute : essence de romarin, de
petit-grain, de lavande, de cédrat, de citron, 31 gr. de
chaque ; essence de Portugal, 02«r5 ; de bergamote, 13 gr. ;
de néroli bigarade, 24 gr. ; eau de fleur d'oranger, 600 gr.
On filtre au bout de vingt-quatre heures. — Formule de
Piesse. Première qualité : alcool de vin, 27 lit. 260 ;
essence de néroli bigarade, 87 gr. ; de romarin, 50 gr. ;
d'orange, 141 gr.; de citron, 441 gr. ; de bergamote, 56 gr.
Deuxième qualité : alcool d'industrie, 27 lit. 2(30 ; essence
de néroli bigarade, 14 gr. ; de romarin, 50 gr. ; d'orange,
113 gr. ; de citron, 113 gr. ; de bergamote, 113 gr. ; de
petit-grain, 50 gr. ; on mêle les essences citrines à l'alcool,
on distille au bain-marie la presque totalité, puis on ajoute
le romarin et le néroli. — Formule du codex. A 0 kilogr.
d'alcool à 85°, on ajoute : essence de bergamote, de citron,
de limette, 60 gr. de chaque ; essence d'orange, de petit-
grain, de romarin, 30 gr. de chaque; essence de lavande,
de fleur d'oranger, 15 gr. de chaque ; essence de cannelle,
12 gr. ; esprit de romarin, 250 gr. ; eau de mélisse com-
posée, lk500; on distille presque à siccité au bain-marie et
on ajoute : eau de bouquet, 500 gr. — Formule bon mar-
ché. A lk500 d'alcool à 90°, on ajoute 4 gr. de chacune
des essences de romarin, néroli, cédrat, citron, bergamote.
L. Knab.
EAU de Javel (V. Chlorure décolorant).
EAU d'égout (V. Egout).
EAU de mer. I. Chimie. — L'eau de mer dill'ère essen-
tiellement des eaux de source, qui servent à notre ali-
mentation, par la nature et la quantité des sels qu'elle
tient en dissolution (30 à 40 gr. par litre de chlorures de
sodium et de magnésium); aussi n'est-elle pas potable. On
prétend que Pierre le Crand ayant décrété que les enfants
de ses matelots ne devaient boire que de l'eau de mer,
afin d'en faire de solides marins, la plupart périrent de la
soif. De plus, elle ne dissout pas le savon et est impropre
aux usages domestiques. On a de tout temps cherché à bord
des navires de rendre l'eau de mer potable, afin d'éviter
d'embarquer l'eau douce nécessaire aux besoins île l'équi-
page , chargements toujours considérables et d'aucun rap-
port.
Préparation d'eau potable pur la distillation de
l'eau île nier. C'est J.-lt. Porta qui le premier démontra
(pie l'eau de mer était susceptible de fournir de l'eau douce
par distillation. Le capitaine Freycinet, dans son voyage
autour du monde ;i bord de VUranie, alimenta l'équipage
avec de l'eau de mer distillée au moyen d'un appareil du
à Clément ; le litre d'eau potable revenait ainsi à environ
1 cent. Depuis les appareils distillatoires ont été notable-
ment modifiés par lleraudcn, Davier, Hocher ; c'est ce der-
nier modèle qui est adopte pu la plupart des .(iiiuleiiis.
Dans cet appareil on utilise la chaleur perdue de, cuisines;
l'alimentation du \;ise distillatoire et La réfrigération du
serpentin se font directement à l'eau de mer. des onver-
tures étant b m la coque du navire i\ . flg.); il
Serpentin refroidi directement par l'eau de mer.
s'ensuit que des courants s'établissent par suite de l'inégale
densité de l'eau du réfrigérant, à la condition que le s-i-
pentin soit placé au-dessous de la ligne de flottaison du
navire. L'eau distillée recueillie peut des lors servir aux
usages domestiques ; mais, si elle est destinée à servir de
boisson, on l'abandonne quinze à vingt jours au contact de
l'air ou on la soumet pendant plusieurs heures à un bat-
tage énergique, après l'avoir, au préalable, additionnée
d'une petite quantité de carbonate de chaux et de chlorure
de sodium; elle perd ainsi son goût insipide, devient d'une
digestion plus facile, se rapprochant comme composition
des eaux douces naturelles. L'appareil Piocher disposé pour
l'alimentation d'un équipage de deux cent trente hommes
consommant environ 685 litres d'eau, peut fournir en un
jour 720 litres d'eau potable avec une dépense de
75 kilogr. de houille, soit 1 l'r. 50 ; le litre d'eau ne re-
vient donc qu'à deux dixièmes de centime.
Panification à Veau de mer. La panification à l'eau
de mer, entreprise depuis plusieurs années par un indus-
triel de Paris, n'a pas pris d'extension. Les propriétés
thérapeutiques du pain à l'eau de mer sont fort douteuses,
et jusqu'à ce jour les données nous manquent pour nous
prononcer. Ch. Girard.
Extraction du sel marin (V. Chlorure de sodium).
IL CoNTRIUUTlONS INDIRECTES (V. Sel).
III. Physiologie et Thérapeutique (V. Bain, t. V, p. 80).
EAU DENTIFRICE (V. DENTIFRICE).
EAU de senteir (Contr. ind.) (V. Consommation [Droit
de], Dénatlration, Kntrek | Droit d'j).
EAU-UE-viE. I. Viticulture. — Les eaux-dc-vie sont
des boissons alcooliques formées d'alcool et d'eau avec des
essences aromatiques qui varient selon l'origine. Ce qui les
différencie essentiellement des esprits, c'est qu'elles ren-
ferment moins de 70 °/o d'alcool. C'est Arnaud de Ville-
neuve, alchimiste français, qui le premier parle de l'eau-
de-vie au xni" siècle. Elle fut tout d'abord tirée du vin.
« Cette eau de vin. dit-il. est appelée par quelques-uns
eau-de-vie. et ce nom lui convient, puisque c'est une
véritable eau <\'immortalite. Déjà on commence à connaître
ses vertus; elle prolonge les jours, dissipe les humeurs
perçantes ou superflues, ranime le cœur et entrelient la jeu-
nesse: seule ou jointe à quelques autres remèdes, elle guérit
la colique, l'hydropisie, la paralysie, fond la pierre, etc. »>
Ce nom d'eau-de-vie est parfaitement justifié, on ee sens
que le liquide auquel il est fait allusion ranime la vie chez
les personnes affaiblies (V. Alcool [Thérapeutique]).
Classification des i,uu.v-de-cic. Les eaux-de-vie véri-
tables renferment 55 g ,'iS° 0 d'alcool: elles sont obtenues
— -207 —
EAU
par la distillation du vin : naturellement, elles sont inco-
lores; ni. us comme on les conserve dans des barils de
bois de chêne, elles prennent une coloration jaune ambrée.
C'est dans les dép. île la Charente et île la Charente-lnlé-
rienre qu'on produit les meilleures eaux-de-vie <ln monde
entier : on les désigne sous le nom de cognacs; après vien-
nent les eaux-de-vie dites armagnacs qu'on produit dans
les dép. de Lot-et-Garonne, du Gers et des Landes. D'ail-
leurs, les eaux-de-vie véritables peuvent être divisées en
trois classes : I" les eaux-de-vie de Cognac; 2° les eaux-
de-vie d'Armagnac; 3 les eaux-de-vie de Montpellier. Les
ean\-de-vie de Cognac, lisons-nous dans le Dictionnaire
</.' l'industrie de 0. Lami, les plus parfaites, les plus es-
timées, sont produites dans la Charente ; on en distingue
plusieurs sortes différentes, suivant les zones dont elles
proviennent : les fines ehampagnes oa grandes champagnes;
les petites champagnes; les borderies ou lins bois ou pre-
miers bois : les bois ordinaires ; les deuxièmes bois. Le
nom de Champagne est donné dans l'Angoumois aux plaines
dont le terrain rappelle le sol de la Champagne de l'Est
de la France. Les eaux-de-vie de fine Champagne sont ré-
coltées dans l'arr. de Cognac La petite Champagne entoure
le territoire de la grande Champagne. Les eaux-de-vie des
boi (ti ries ou tins bois sont situées dans le cuit, do Cognac,
coin, de Saint-André, Chênes, Crouin, Javrezac, Louzac,
Richemont et Saint-Sulpiee. Lutin, les bois ordinaires et
les deuxièmes bois sont récoltés sur remplacement d'an-
ciens bois qui ont été successivement défrichés. Les eaux-
de-vie récoltées au delà de Saint-Jean-d'Angolv. à Surgèles.
à Hanté, à Aigrefeuille et à l'Ile d*01èron, portent encore
le nom de cognacs de Saintonge, mais leur arôme un peu
rude les sépare des cognacs et les fait classer après les ar-
magnacs. Bien que les armagnacs soient classés après les
cognacs, ce sont encore des eaux-de-vie excellentes. Elles
sont récoltées dans l'arr. de Condom (Gers) et dans quel-
ques com. du Gers et des Landes. On en distingue trois
variétés, qui sont, par ordre de mérite : les bas armagnacs,
les tenarèzes et les hauts armagnacs. Les bas armagnacs pro-
viennent des cant. de Cazauboii et de Nogaro, dans le Gers,
et d'une partie du cant. de Gabaret. Les tenarèzes, des
cant. d'Lau/.e et de Montréal et d'une partie du dép. du
Lot-et-Garonne. Les hauts armagnacs commencent;! la par-
tie E. du cant. de Montréal et s'étendent à Condom, Va-
lence, Yic-Fe/.ensac, Jegun et Montesquieu. Quant aux eaux-
de-vie de Montpellier, il faut faire remarquer une le dép.
de l'Hérault produisait autrefois des alcools de vin rectifiés
et it haut titre (des trois-six à 86° , des trois-cinq à 78°).
Les alcools dits « preuve de Hollande », e.-à-d. à 52°,
constituent d'excellentes eaux-de-vie. L'industrie de ces
liquides a considérablement diminué d'importance dans
la région. Enfin dans un quatrième groupe on pourrait
ranger des eaux-de-vie de moins bonne qualité que les
précédentes : telles sont les eaux-de-vie de marc, les
eaux-de-vie de cidre, les eaux-de-vie de grain, le ge-
nièvre, les eaux-de-vie de merises ou kirsch dont il est
parlé plus bas.
Le vin fut a seule source des eaux-de-vie jusqu'en 1850.
Dans le sud-ouest de la France, plus de 2 millions d'hectol.
de vins étaient annuellement distillés dans ce but. Depuis
l'invasion du phylloxéra, les choses se sont bien modifiées;
les eaux-de-vie de vin, c.-à-d. les eaux-de-vie véritables,
sont devenues très rares et on les a remplacées par des
eaux-de-vie fabriquées. Ainsi dans la Charente, par exemple,
de -2 millions d'hectol. île vin distillé, on est tombé a
340,000 hectol. en t*7!i et a .j0,000en 1881. Mais, pen-
dant la même période, la demande des eaux-de-vie ne
diminuait pas, bien au contraire: aussi a-t-il fallu avoir
recours aux alcools d'industrie bien rectifiés et additionnés
d'eau (mouillage), puis aromatisés et colorés. Une indus-
trie nouvelle, celle de la fabrication des eaux-de-vie à l'aide
des alcools, s'est doue créée a côté de celle des eaux-de-vie
vraies, et. tandis que la première va tous les jours en aug-
mentant, la seconde diminue de plus en plus, par suite de
la rareté du vin, ^Uni au phylloxéra et aux autres maladies
île la Vigne. Nous ferons tout d'abord observer qu'il n'est
pas taule de reconnaître ces deux sortes de produits et de
les distinguer.
Caractères d'une bonne eau-de-vie. Une bonne eau-
de-vie doit être claire, brillante, d'un degré alcoolique
pas trop fort, ni trop faible non plus, soit environ 50° C; sa
couleur doit être d'autant plus foncée qu'elle est plus
vieille, et comme le bon vin la qualité doit augmenter avec
le vieillissement. La saveur sera suave, etheive, exempte
ilr goût de feu, de leiroir. Le vrai cognac a toujours une
réaction acide au tournesol; l'imitation ne la présente pas ;
de plus, les faux cognacs donnent, avec, une solution très
faible de chlorure de fer, un précipité de couleur dou-
teuse après quelques instants de repos, tandis que le vrai
OOgnac prend une coloration noire caractéristique. Les
eaux-de-vie vraies renferment de l'alcool ordinaire ou cthy-
lique, uni à un peu d'alcool aniylique; mais les eaux-de-
vie industrielles sont bien plus riches en alcool amyliquc
et aussi en alcool butylique. Elles sont donc, non seule-
ment moins agréables au goût, mais encore plus funestes
à la santé. Nous allons étudier successivement la prépara-
tion de ces deux sortes d'eaux-de-vie.
Extraction de l'eau-de-vie (/<■ vin. Les vraies eaux-
de-vie sont préparées en général par les petits cultivateurs
appelés bouilleurs de cru. Le vin destine a être distillé est
l'objet de soins non moins assidus que s'il devait être con-
sommé en nature. La distillation se fait en hiver, dans un
alambic simple, chauffé a feu nu, d'une contenance de 300
à 400 litres. Le premier liquide qui passe est appelé « pre-
mier brouillis », puis on remplit la chaudière avec le
liquide déjà échauffé du chauffe-vin ; après avoir évacué la
vinasse, on remplit avec du vin neuf et on obtient ainsi un
deuxième, puis un troisième brouillis. Après celui-ci, on in-
troduit dans la chaudière les trois premiers brouillis et on
en recueille un quatrième. A ce moment, on vide la chau-
dière, on y fait écouler les trois brouillis du chauffe-vin et
on distille après avoir rempli le chautfe-vin de vin frais.
Les trois premiers litres qui distillent sont mis à part et
versés dans le brouillis à distiller plus tard. La distillation
est continuée tant que le liquide qui passe est « à la
preuve ». Celle-ci consiste à remplir aux deux tiers avec
le liquide à essayer une petite bouteille étroite à parois
épaisses; on agite d'un coup sec en bouchant avec le pouce
et, suivant le nombre, la persistance et la grosseur des
bulles, on juge la force de l'eau-de-vie. Les bouilleurs de
la Charente préfèrent de beaucoup cette preuve à l'emploi
de l'alcoomètre, qui donnerait alors (iO à 68°. Par le vieil-
lissement et l'évaporation dans les fûts, ce titre descend à
30 ou 55°. Les soins d'ouillageet de décantage qu'on donne
au vin sont inutiles ici. On sait que l'ouillage a pour but
de tenir la barrique pleine, afin que le vin ne soit pas en
contact avec l'air ; l'eau-de-vie n'étant pas un milieu favo-
rable aux microorganismes, cette précaution est superflue.
Les décantages sont également sans utilité, car un liquide
produit par distillation ne peut pas tenir en suspension des
molécules solides qui puissent se précipiter, immédiate-
ment après la distillation, fait remarquer M. Alibert, les
eaux-de-vie de la fine Champagne, de la petite Champagne
et des bois n'ont rien qui permette de les dillérencier.
L'arôme spécial du cognac n'est pas encore développé.
Toutes ces eaux-de-vie se ressemblent, et, quelle que soit
la délicatesse du palais du dégustateur, il n'est pas pos-
sible de distinguer d'abord leur provenance. Quand le
commerce les achète, il procède par voie de confiance ; il
compte plus sur l'honorabilité du vendeur que sur ses pro-
pres appréciations. L'eau-de-vie jeune a un goût d'alambic,
dû à des huiles empyreumatiques créées par la distillation,
qui masquent complètement l'arôme futur du cognac, mais
les qualités que, l'avenir devra mettre en lumière sont à
l'état latent ; il n'est aucun moyen de les apprécier encore.
Dans l'Armagnac, la méthode eharentajse que nous venons
de décrire n'est pas suivie. La nature des vins permet ici
KAI
— ÎUX —
une distillation rapide ■ l'aida d'alambica perfectionnai
semblables s ceux qu'on emploie pour laa alcools d'indn ti ie
(\'. Itisni 1 1 un i. Lee vms employés pour l'extraction des
cognacs aonl produite avec divers cépages; mais le plus
générait ni adopté est la folle jaune ou folle blanche,
ainsi que le colombai el le saint-émilion. La folie jaune
occupe le plus souvent les neuf dixièmes dn vignoble. Le
rendemenl moyen est de 21 bectol. à l'hectare.
Eau-de-vie de nuire. Pour les eaux-de-vie de marc
on emploie indistinctement) le marc des raisins blancs el
celui des raisins ronges ; néanmoins ce dernier est beau-
coup plus riche en alcool pane qu'il a été plus longtemps
en contact avec le moût. Les marcs sont d'ailleurs d'au-
tant plus riches qu'ils proviennent de raisins de meilleure
qualité. Il va sans dire que la richesse en alcool des marcs
varie avec les années, qu'elle s'élève dans les années chaudes
et qu'elle diminue dans les années froides et pluvieuses.
Le prix des marcs est également très variable; il oscille
entre 2 fr. et (i fr. pour une quantité de marc ayant pro-
duit 450 litres de vin. C'est surtout en Bourgogne qu'on
produit l'eau-de-vie de marc. La provision de matière pre-
mière étant faite, on entasse celle-ci dans des fosses ou des
euviers en désagrégeant le marc avec des pioches à dents,
puis on le tasse fortement pour éviter l'accès de l'air et
par suite la fermentation. Dans ces conditions, le marc se
conserve aisément toute l'année. Pour la distillation, on se
sert d'un alambic ordinaire, dont on charge la chaudière
de marc jusqu'à 25 centim. du rebord. Une fois la chau-
dière pleine, on allume le feu avec du bois sec, et, pen-
dant que le feu prend, on place le chapiteau et on le lute
avec de la terre glaise. Le feu doit être réglé ; s'il était
trop vif il y aurait perte par évaporation, et l'alcool contrac-
terait ce qu'on appelle un goût d'échauffé. Le liquide qui
distille pendant cette opération constitue la « petite eau » :
c'est de l'eau-de-vie à -15 ou 20° qui coule pendant six
heures environ. Lorsqu'on suppose qu'il n'y a plus guère
d'alcool dans la petite eau (ce dont on s'assure en en jetant
un verre sur le brasier du fourneau et qu'elle ne s'allume
pas), on met la petite eau recueillie jusqu'à ce moment dans
un fût, puis on décharge l'alambic. D'après M. P. Joi-
gneaux, le marc de 684 litres de vin rend, en petite eau,
de lo à 20°C: marc de bon vin rouge, 45 à 50 litres; marc
de gamais, 35 à 40 ; marc de vin blanc, "25 à 30. La rec-
tification ou repasse a pour but d'élever la force de la pe-
tite eau-de-vie jusqu'à 54°, c.-à-d. un peu au-dessus du
chiffre exigé par le commerce qui veut que cette eau-de-vie
marque 52° à la température de -H 15°C. Les deux degrés
en plus sont donnés en vue de la perte par évaporation. On
met le marc dans la chaudière, puis on verse dessus la
petite eau-de-vie jusqu'à ce que le marc en soit recouvert
et on allume. Pour recevoir le filet d'eau-de-vie qui tombe
du serpentin, on se sert d'un vase capable de contenir tout
le produit de la rectification, autrement dit toute la repasse.
Au moven de l'alcoomètre on s'assure du degré voulu. Les
marcs ile Bourgogne rendent en eau-de-vie rectifiée : pour
le marc de 228 titres de vin rouge (pinot), 5 litres '/2 :
pour celui de 228 litres de vin rouge (gamais), 4 litres;
pour celui de 228 litres de vin blanc, 3 litres. Le marc qui
a subi la distillation, et qui est appelé marc brûlé ou genne
brûlée, n'est pas sans valeur. Il est employé comme en-
grais et se vend à raison de 30 à 40 cent, l'hectolitre.
Eau-de-vie de cidre. L'eau-de-vie obtenue en distil-
lant le cidre ou le poiré est très appréciée en Normandie.
Lorsqu'elle est bien fabriquée elle a un excellent goût; de
même que l'eau-de-vie de vin est inimitable dans sa pureté,
qu'elle porte un cachet indélébile de terroir et de fruit, de
même l'eau-de-vie de cidre. Un se sert, pour distiller le
cidre, d'appareils distillatoires continus ou discontinus qui
varient beaucoup ; les cidres et poirés donnent en eau-de-
vie à 55° de 6 à 10%; mais le rendement se rapproche
plus de 7 a 8 "/„. Il varie selon la pureté îles cidres, leur
fabrication, leur âge, les essences des fruits d'où ils sor-
tent, les crus qui les produisent, le mode de distillation et
le bouilleur. Comme pour bj ria, \t moment de distiller la
cidre el le poiré est venu, lait remarque) M. E. Pelletier,
quand la saveur de la boisson n'est plus sacrés; quand ils
sont parcs.r.-à-d. lorsque le principe saceharin s'est alcoo-
lisé. Suivant b-. natures de cidre, ce phénomène arrive de
deux ;, quatre mois après leur fabrication. Les odi
lé^. ;i mauvais goût, donnent r J.-s eau\-ile-vie qui conser-
vent toutes ces qualités défectueuses et surtout Le mauvais
goût. Il faut donc soigner les futailles si l'on veut des eaux-
de-vie de bonne nature et nettes de- goût. Le bouilleur,
après avoir versé 2.'>o litres de cidre ou poiré dans la chau-
dière, la couvre de son chapiteau, ajoute le tube qui la
relie au serpentin et lute avec soin tontes les jointures
avec de la colle composée de farine délave,.. j| s'agit
alors d'ébaucher, c.-à-d. de retirer la petite eau qui, étant
repassée par le même procédé, donnera l'eau-de-vie au
degré voulu. Le chauffage doit être conduit avec précaution ;
on évitera surtout un feu trop vif. L'ébauchage étant fini,
il s'agit de procéder au repassage. Préalablement, la chau-
dière et ses accessoires sont nettoyés, puis le bouilleur verse
250 litres de petite eau dans la chaudière et lute avec
soin. La bouillée débauchage dure quatre ou cinq heures,
celle de repassage se prolonge pendant neuf heures. Dans
ce dernier cas, l'eau doit être prodiguée sur le réfrigérant,
de manière à ce qu'elle sorte à peine tiède parle trop-plein
et surtout à ce que l'eau-de-vie arrive froide au serpentin.
Chaque bouillée de 250 litres donne en moyenne 50 litres
de petite eau de 5 à 53° C. et ces 50 litres fournissent au
repassage 18 litres d'eau-de-vie de 33 à 77° C. de
l'alcoomètre de Gay-Lussac, ce qui la réduit à 68°, ou 25
un quart de l'aréomètre Cartier. Le cidre ou le poiré de
bonne qualité donne donc ainsi environ un treizième de
bonne eau-de-vie. L'eau-de-vie de poiré perd prompte-
ment son odeur et sa saveur originelles, et mieux encore
que celle de cidre elle se rapproche en vieillissant des
bonnes eaux-de-vie de vin. Cependant, à nos yeux, elle
n'est pas pour cela supérieure à l'eau-de-vie de" pomme :
celle-ci offre plus de douceur, et son arôme, gage de sa
pureté, n'offre rien de désagréable. Comme celui de l'eau-
de-vie de poiré, il tend aussi à s'effacer en vieillissant.
Eau-de-vie de mélasses de canne à sucre ou rhum.
L'eau-de-vie provenant de la distillation des mélasses des
colonies est appelée rhum. C'est, avec l'eau-de-vie de vin, celle
qui est la plus estimée. C'est un produit coloré en brun
plus ou moins foncé; son goût est fort, rappelant celui du
cuir (goût de savate). La consommation tend à prendre un
assez grand développement en Europe. Ainsi notre colonie
de la Martinique à elle seule exporte près de 20 millions
de litres de rhum ; la Guadeloupe en envoie 5 millions de
litres. On obtient le rhum en mélangeant 52 p. de mélasse
avec 24 p. d'eau ; on brasse le tout et on laisse fermenter:
après dix ou douze jours, on ajoute au liquide 04 p. de
résidus de distillations précédentes (vinasses) et on passe
à l'alambic. Autrefois on employait des alambics simples
chauffés à feu nu; aujourd'hui on préfère les alambics
perfectionnés qui permettent d'obtenir régulièrement 3,500
litres de rhum par jour. L'opération est continue ; le
liquide distillé porte le nom de tafia; il est incolore et
marque de 5G à 75°; on le met dans des fûts en attendant
qu'on les transforme en rhum. Cependant le tafia est
assez estimé des créoles et des marins. Les tafias sont
réduits d'abord au degré commercial voulu (56°), remontés
en couleur avec du caramel, puis on les laisse vieillir. Tous
les rhums consommés actuellement n'ont pas cette origine:
on en fabrique également d'artificiels avec des alcools d'in-
dustrie; mais il est facile de les distinguer: il suffît de
mélanger à 10 centim. c. de rhum. ;> centim. c. d'acide
sulfurique. <m agite et on laisse reposer vin^t-quatre
heures dans un tube à essai. Les rhums vrais ne perdent
pas leur odeur par l'action de l'acide, tandis que les
rhums artificiels perdent leur odeur bien avant ce temps.
Eau-de-vie de merises ou kirschenwaster. L'eau-de-
vie de cerises, le kirschenwasser des Allemands, ou pk:s
— -20!)
EAU
simplement le kirsch, est un liquide incolore, marquant de
;>0 à 58° C. et présentant une saveur spéciale qui rappelle
celle du noyau, due à la présence (l'une faillie quantité
d'acide eyannydriqne i l**002 " ,,,'■ La fabrication de cette
eau-de-vie se i'ait en grand dans la Forêt-Noire, où l'on pro-
duit la meilleure. Eo France, c'est dans les dép. des Vosges,
de la iante-Saone, du Doubs et de Meurthe-et-Moselle;
mais le centre du commerce qui en résulte esl sans contre-
dit a Kougerolles (Haute-Sadne). En moyenne, 100 kilogr.
de merises écrasées fournissent à la distillation de 7 à
S litres de kirsch. Lorsque les cerises sont mures, on les
jette pêle-mêle dans des tonneaux défoncés; là, on les
écrase, le jus qui s'en écoule est mis dans des cuves où se
fera la fermentation. On y ajoute une certaine quantité de
noyaux écrasés, et on laisse la fermentation se déclarer.
Lorsque celle-ci est terminée, on jette le tout dans un
alambic et on distille.
Conservation et amélioration des eaux-de-vie. Il est
à remarquer que les négociants ne livrent pas au commerce
les eaux-de-vie telles qu'ils les reçoivent des producteurs;
outre les coupages, ils leur font subir certaines manipula-
tions destinées à les amènera l'état marchand. Les eaux-
de-vie fines sont mouillées avec de l'eau distillée. L'eau-de-
vie, au sortir de l'alambic, est incolore; c'est dans les fûts
en chêne, où on la conserve, qu'elle acquiert la teinte brune
qu'on lui connaît. Pour donner aux eaux-de-vie jeunes la
teinte voulue, on emploie le caramel. On y ajoute quelquefois
I a -1 •/„ de rhum vrai pour compléter la saveur et adoucir
le goût. La dernière opération est la tiltration qui s'effectue
le plus souvent dans des poches en flanelle garnies de papier
délayé. Enfin, comme le fait remarquer M. 0. Lami.à part
certaines maisons qui ont des marques spéciales vendues à
des prix très élevés, on voit depuis quelque temps aug-
menter de jour en jour le nombre d'industriels qui, sous le
nom de coupages, additionnent les eaux-de-vie vraies avec
des alcools d'industrie; ce qui n'était que l'exception est
devenu la règle générale. D'autre part, le vigneron lui-
même a acquis certaines connaissances qu'il met en pratique
pour accroître son profit ; il sait qu'il peut augmenter la
richesse alcoolique du vin en ajoutant du sucre à la ven-
dange; il sait aussi qu'en additionnant d'alcool le vin avant
la distillation, il retirera beaucoup plus d'eau-de-vie et qu'il
sers difficile de distinguer cette eau-de-vie de celle qui aurait
été produite sans mélange. En somme, entre les grandes
eaux-de-vie et les eaux-de-vie préparées exclusivement avec
des alcools d'industrie, on trouve dans le commerce une
série de produits intermédiaires qui contiennent des pro-
portions variables d'eau-de-vie vraie. Si ces produits laissent
à désirer à certains points de vue, il faut reconnaître qu'ils
donnent satisfaction aux exigences de la majorité des con-
sommateurs.
Fabrication des taux-de-vie artificielles avec 1rs
alcools d'industrie. Les alcools d'industrie obtenus avec
les pommes de terre, les betteraves, les crains, quoique
rectifiés, ne renferment pas seulement de l'alcool éthvlique,
ils contiennent encore d'autres produits que la rectification
n'élimine que très imparfaitement et qui caractérisent pour
ainsi dire ces alcools (V. Alcool, t. II, p. 35). Ce sont ces
liquides qui servent à préparer les eaux-de-vie communes
à bas prix. Quelquefois on les fabrique simplement par
allina^e. c.-a-d. en coupant ou en mélangeant simplement
de ces alcools d'industrie de provenances diverses, préala-
blement mouillés; alors ils se corrigent l'un l'autre. Mais
le plus souvent la fabrication de ces eaux-de-vie est plus
complexe et comprend les opérations suivantes : prépara-
lion des substances aromatiques dites bonifiantes, prépara-
tion du colorant, épuration et préparation de l'eau de
mouillage, enfin clarification et tiltration des eaux-de-vie.
Le mouillage doit se faire avec des ''aux de pluie ou de
l'eau distillée. Cette opération a pour objet d'abaisser le
degré des alcools d'industrie pour les amener au degré de
concentration que doivent avoir les eaux-de-vie qu'on se
propose de confectionner. Mais jamais on ne doit employer
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
des eaux calcaires ou chargées de matières organiques.
Avec les premières, la clarification devient difficile, avec
les secondes les eaux-de-vie ont un mauvais goût et des
colorations louches. Lorsqu'on n'a que de l'eau de source
ou de rivière à sa disposition, il faut la purifier; mais l'eau
de mouillage, quelle qu'elle soit, n'est pas employée telle
quelle; on l'additionne de 13 à 20 "/,, d'alcool, et on la
laivse séjourner pendant plusieurs mois dans des fûts con-
tenant des copeaux de chêne du Limousin. Pour donner de la
saveur, on emploie des infusions de bois de sassafras, de fleur
de tilleul, de thé noir, de bois de réglisse, etc. (les infusions
se préparent en versant les plantes dans un fût défoncé et
en ajoutant de l'eau bouillante; deux heures après, on
soutire et on exprime les plantes infusées. Pour 100 litres
d'eau, on emploie le plus souvent 200 gr. de thé noir,
500 gr. de fleur de tilleul, I kilogr. de bois de réglisse et
<>0 gr. de bois de sassafras. Mais ces infusions ne sont pas
suffisantes. Pour donner le complément de saveur, on em-
ploie des infusions alcooliques de raisins secs de Malaga,
de pruneaux d'Agen et de figues sèches. Pour 100 litres
d'eau-de-vie à 50", on met 5 kilogr. de raisin, i> de figues
et 4 de pruneaux ; quinze jours après, l'infusion peut être
employée, à la dose d'environ 10 litres par hectolitre d'eau-
de-vie à fabriquer. Enfin, on sucre avec du sirop de sucre
candi ou de mélasse. La coloration est obtenue avec du
caramel bien pur pour ne pas obtenir de difficultés dans la
clarification; 200 à 2">0 gr. de caramel suffisent pour
1 hectol. Enfin, pour donner du parfum, on ajoute encore
par hectolitre 100 gr. d'eau-de-vie vraie de bonne qualité.
Cependant, les proportions relatives deces divers ingrédients:
alcool, infusion aqueuse, petites eaux, infusion alcoolique,
colorant, etc., varient avec le degré de finesse de l'eau-de-vie
qu'on veut obtenir et le prix de revient que l'on s'est fixé.
La préparation même s'effectue de la manière suivante :
l'alcool étant introduit dans un récipient de capacité con-
venable, on y incorpore tout d'abord l'eau-de-vie vraie et
1 °/0 de rhum, puis le sirop de sucre délayé dans une petite
quantité de liquide en préparation ; après quoi on ajoute
les infusions dans lesquelles on a fait dissoudre le caramel.
Après avoir brassé énergiquement le mélange, on le laisse
reposer pendant quelques semaines. Nous donnons, dans
le tableau ci-dessous, d'après M. Pezeyre, la formule de
préparation de 100 litres d'eau-de-vie à 50° de quatre qua-
lités différentes : A, eau-de-vie commune à bon marché;
B, eau-de-vie bonne ordinaire; C, eau-de-vie demi-fine;
I), eau-de-vie supérieure.
SUBSTANCES
A
B
C
D
ÀICOOl a !I5°
— de thé
m.
18
»
»
gr.
150
))
100
lit.
33
60
15
gr.
100
150
la.
1
'gr-
100
lit.
39
20
15
10
10
gr.
150
100
300
lit.
1
100
lit.
27
r
îo
10
20
gr-
150
lit.
t
100
Petites eaux alcoolisées à 20°
Eau-de-vie vraie nouvelle
Kau-de-vie vraie nouvelle
(cognac) à 60"
Mélasse de sucre de canne.
Toutes les eaux-de-vie de mm vraies ont un bouquet parti-
culier qui les distingue; les trois-six d'industrie n'ont qu'un
arôme plus un moins désagréable. Le producteur et le com-
merçant doivent donc, chacun en ce qui le concerne, s'atta-
cher à développer h- premier et a masquer ou à détruire le
second. Pour que le bouquet des eaux-de-vie se développe,
fait remarquer M. Lebu'iif, il faut qu'elles soient réduites
LU
M) -
.1 ;s mi Mi", qu'élise soient logées dans dus vues propres
où elles |Miiss.-n i séjourner sans être exposées à on extraire
des matiïrw, des principes, tels que ceux provenant ds la
gomme, de la résine, etc., contenus dans les bois de la
Futaille; de là la nécessité d'employer des vases H ehsV-
taignier et en chêne, préparés à l'eau bouillante, car ces
matières extractives sont puissamment dissoutes, absorbées
par l'eau-de-vie et combinées avec elle. Enfin, la clarification
se fait en ajoutant de la colle de poisson, ou de la gélatine
ou du blanc d'oui ; le dépôt est assez rapide; puis ou filtre,
suit sur des grands filtres verticaux formés d'étoffe, soit
racine suc du papier lorsqu'on opère sur de petites quantités.
Amélioration des eaux-de-vie. Une l'on ait affaire a
des eaux-de-vie vraies ou a des eaux-de-vie fabriquées, on
se trouve quelquefois dans la nécessité de les améliorer,
soit pour en accentuer le goût, soit pour cacher ou dissi-
muler une saveur peu agréable. Pour cela, on peut em-
ployer une des formules suivantes :
iu Essence de cognac. Pour 1 hectol. d'eau-de-vie à amé-
liorer, prendre :
Cachou pulvérisé 80 gr.
Baume de Tolu pulvérisé 8 —
Sassafras râpé Ii2 —
Vanille ■'> —
Essence d'amandes amères 1 —
Esprit de vin à 85° 1 litre.
Toutes ces substances sont introduites dans l'alcool après
avoir trituré la vanille avec 100 gr. de sucre, et on laisse
infuser huit jours. Puis le mélange est introduit dans l'eau-
de-vie à améliorer, et on brasse pendant cinq minutes.
2°Cachou 60 gr.
Baume de Tolu 10 —
Ammoniaque -0 —
Eau-de-vie a 00° 1 litre.
On dissout les deux premières substances dans l'eau-de-
vie; on laisse reposer un jour et on décante, puis on ajoute
l'ammoniaque. Les deux améliorations qui précèdent s'ap-
pliquent à 1 hectol. Mais, comme on le voit, ces bonifica-
teurs sont d'une préparation, longue et difficile et tout le
monde ne peut pas s'en occuper. C'est pourquoi le commerce
les livre tout préparés ou tout au moins des produits qui
s'en rapprochent quelque peu; sous ce rapport, quelques
parfums cognac jouissent d'une certaine renommée; il en
est de même des parfums fine Champagne, rhum, etc.
Fabrication du rhum et du kirsch avec des alcools
d'industrie. Mais il n'y a pas que les eaux-de-vie de cognac,
de fine Champagne et d'armagnac que l'on fabrique de
toute pièce avec les alcools d'industrie. La consommation
des eaux-de-vie et boissons alcooliques de toutes sortes a
tellement progressé depuis quelques années que l'on a dû
songer a préparer des rhums et des kirschs, la production
naturelle de ces spiritueux étant devenue insuffisante, et
leur prix par cela même trop élevé. 11 convient de faire
remarquer que le problème, malgré son apparente difficulté,
a été parfaitement résolu. Aussi les consommateurs trouvent-
ils aujourd'hui dans le commerce du rhum et du kirsch à
des prix très peu élevés qui, sans valoir bien entendu les
produits naturels, leur donnent néanmoins entière satisfac-
tion. Voyons d'abord le rhum. En Allemagne, on fabrique
du rhum eu distillant de l'alcool avec de l'acide sulfurique
et du bioxyde de manganèse, puis on ajoute au produit rec-
tifié des proportions convenables d'étherstanuique, butylique
et acétique, un peu de teinture d'huile de bouleau et on ajoute
du caramel pour donner la coloration. Les rhums à bas prix
se préparent sans distillation, en versant l'essence dont la
formule suit dans 'ri litres d'alcool trois-six réduit à 50° :
Essence de rhum 30 gr.
Sirop fine Champagne i Etres.
Caramel v^0 gr.
Tafia 5 litres.
Eau 1 —
Après agitation convenable, on clarifie avec de la colle de
poisson, yuant au kirsch, il se prépare en mélangeant
parties épies d'alcool à H.v avec os l'eau distillée Éa
laurier-cerise ou de uiarasquc qui est préparée avec les
aoyaui de certains cerisiers. Quelquefois Même on ajoute
le^ deux. On prépaie au^i du kirsch en venant dans
75 litres de trois-six le mélange suivant :
Kirsch vrai 35 lil
i sence de kirsch 30 gr.
Sucre <■> kilogr.
Eau i litre.
On prépare encore du kirsch factice par distillation efl
prenant :
Alcool d'industrie rectifie à M)0.. 100 lilie*.
Feuilles de pêcher \ kilogr.
— laurier-cerise 780 gr.
Noyaux de cerises pulvérises .... I kilogr.
— d'abricots — .... I —
Myrrhe 1 0 gr.
On met le tout en infusion pendant quarante-huit heures
et on ajoute 00 litres d'eau au moment de distiller. A la
distillation, on retire 95 litres de bon produit à .'>0° qu'on
laisse reposer pendant huit jours; après quoi, on ajoute :
Essence de kirsch 80 gr.
Sucre candi o00 —
Eau i litres.
Eau-de-vie de genièvre. Une eau-de-vie très répandue
dans le nord de la France, en Belgique, en Hollande et
aussi en Angleterre est le genièvre, ou gin des Anglais,
3ui se fabrique av ec le malt de seigle et d'orge distillé sur
es baies de genévriers. Dans la seule petite ville de
Schiedam, près de Rotterdam, il y a [dus de deux cents
distilleries qui ne font que cette eau-de-vie. Mais très sou-
vent aussi les genièvres communs a bas prix ne sont qu'un
mélange d'alcool de grains et d'essence de genévrier, ou
même un mélange de malt, seigle, orge, cassonade, aro-
matisé avec du coriandre, du carvi, des écorces d'oranges
et de la réglisse.
Comme on le voit, les eaux-de-vie factices sont très
nombreuses et très répandues aujourd'hui. Autant qu'elles
sont fabriquées suivant les procédés qui ont été indiqués
plus haut, il n'y a guère a se plaindre, car le commerce est
bien forcé de fournir à la demande. Malheureusement, la
fraude vient souvent modifier la composition et les pro-
priétés de ces liquides. Aussi devons-nous nous occuper,
au moins sommairement, des falsifications les [dus faciles
à mettre en évidence.
Falsifications des eaux-de-vie. Nous avons déjà vu
comment on pouvait diflerencier un cognac vrai d'un
cognac fabriqué ; nous avons vu comment on pouvait
distinguer le rhum véritable du rhum factice. Il nous reste,
avant d'aborder les falsifications proprement dites, a voir
comment on peut distinguer un kirsch véritable d'un kirsch
fabriqué. Pour cela, il faut doser la proportion d'acide
evanhydrique, qui est toujours plus forte dans les kirschs
fabriqués que dans les kirschs naturels. M. Buignet opère
avec une dissolution titrée de sulfate de cuivre contenant
*2;!-r09 de sel cristallisé pour 1,000 centim. c. On vens
100 centim. c. de l'eau-de-vie à analyser dans un ballon
en verre à fond plat; on y ajoute 10 centim. c. d'ammo-
niaque et on y verse la liqueur titrée à l'aide d'une burette
divisée eu dixièmes de centimètre, en agitant continuelle-
ment jusqu'à ce que la liqueur de cuivre MSSe de se déco-
lorer. Le nombre de divisions de la burette indique en milli-
grammes la quantité d'acide cyanhydrique existant dans
l'eau -de-vie. Dans la plupart des eaux-de-vie fabriquées avec
des ali oolsde grains et surtout de pommes detei n»,oa trouve
de l'huile de pomme de terre ou fuselol. Celte huile est la
cause principale qui s'oppose à ce que les alcools de grains
et de pommes de terre, maigre les moyens perfectionnés
mis en œuvre pour les purifier et leur donner le bon goût,
puissent remplacer pour tous les usages l'alcool de vin.
Pour rechercher l'huile de pomme de terre, on ajoute
-411 -
EAU
quelques yltw il'une solution d'azotate d'argent <'t un peu
d'ammoniaque, puis on exposa ce mèJantge a l'action de la
lumière solaire. Dans une eau-de-vie tout à tait pure, il
n'y a alors aucun change ut sensible à l'œil, tandis qui1
l'eau -do- vie renfermant do l'huile do pomme do terre
so trouble promptemenl et prend une coloration rougeâtre
ou noirâtre. On peu! encore, et oo procédé est plus simple,
Bélanger l'ett-de-vie ■ Bssayer avec son volume d'éther et
ajouter un volume d'eau égal au volume du mélange ; l'éther
dissout l'huile do pomme do terre et se sépare de celle-ci :
si maintenant on laisse évaporer l'éther dans une capsule
do poroelaine, il reste un résidu qui offre l'odeur caracté-
ristique tie l'huile do pomme de terre (alcool amvlique).
D'après Cubasse, on reconnaîtra une eau-de-vie préparée
avec de l'alcool de betteraves on prenant 3 p. du liquide
auxquelles on ajoute 1 p. d'acide sulturique ; il doit se
produire une coloration rou^e rose persistante. On ajoute
quelquefois au\ eau\-de-\ie une petite quantité d'acide sul-
furique afin de lui donner l'odeur agréable que, lorsqu'elles
sont pures, elles acquièrent en vieillissant ; pour rechercher
cet acide, on évapore à une très douce chaleur et, lorsqu'il
reste le cinquième du volume primitif, on plonge un papier
de tournesol qui rougit fortement s'il y a de l'acide. De
plus, en étendant le résida avec un peu d'eau et en ajou-
tant du chlorure de baryum, on a un précipité blanc. Quel-
quefois on ajoute aux eaux- de-vie à bas prix de l'esprit de
bois ou alcool méthvlique. Pour la déceler, Kevnold dis-
tille dans une cornue une petite quantité du liquide à essayer
en recueillant le produit dans une éprouvette maintouue
froide: au liquide distillé, il ajoute deux ou trois gouttes
d'une solution très étendue de bichlorure de mercure, puis
une lessive de potasse en excès; après agitation convenable,
on observe si le bioxyde de mercure qui s'est précipité so
<li>sout a chaud. Si cela n'est pas, il n'y a pas d'esprit de
bois; si la solution est complète, on divise le mélange
chauffé en deux parties, et à l'une on ajoute de l'acide acé-
tique, tpii doit produire un précipite blanc jaunâtre llocon-
neux : on chauffe l'autre partie à i'èbullition et on reconnaît
également la présence de l'esprit de bois à la formation
d'un précipité. Quelquefois aussi on ajoute au rhum, pour
accentuer son goût, de l'éther hulylique ou de l'acide acé-
tique; pour découvrir ce dernier, on mélange le liquide
avec de la soude caustique, on évapore et on décompose le
résidu salin par l'acide sulturique, qui met alors l'acide
acétique en liberté. On le reconnaît à son odeur; s'il y a
de l'éther butylique, son odeur le trahit également par le
même procédé. Enfin, lorsque les droits d octroi à payer
doivent être plus élevés pour une eau-de-vie |>lus forte
que pour une autre plus faible, on ajoute quelquefois,
dans le but de rendre inexact l'essai aréométrique, une
certaine quantité de chlorure de calcium, qui a pour résultat
d'augmenter le poids spécifique du liquide. Ce sel se trouve
dans le résidu de l'évaporation d'une petite quantité de
L'eau-de-vie. L'oxalatc de potasse donne dans le résidu étendu
un abondant précipité.
Commerce des mux-de-me. Les eaux-de-vie de diverses
sortes qui viennent d'être étudiées sont l'objet d'un com-
merce très actif qui, en présence de l'accroissement tou-
jours constant des boissons alcooliques, va toujours en
s'accenluant davantage. Nous donnons ci-joint le tableau
des importations appliqué aux années 1887, 1888 et 1889
et le tableau des exportations pendant les mêmes années :
IMPORTATIONS
EAUX- DE -VIE
COMMERCE SPÉCIAL
QUANTITÉS L
1887
VRÉES A LA CONSOMMATION
VALEURS ACTUELLES
1888
1889
1887
1888
1889
butoL
0.191
20.418
101.000
14.042
heelol.
21.032
19.771
80.342
9.711
hectol.
11.588
10. 1S0
80.938
4.812
fr.
990.578
12.868.705
426.952
fr.
3.461.155
9.887.113
456.217
fr.
1.854.074
9.200.744
516.356
De mélasse %£%£$* ][":'.'/.'.'.:';.
rhum et tafia), j JJJJJJ g£ ;
135.300
8.539
109.857
9.124
102.230
10.327
EXPORTATIONS
EAUX-DE-VIE
COMMERCE SPÉCIAL
MARCIU
o
1887
NDISES FRA
U FRANCISÉ!
1888
SÇAISES
1889
VALEURS ACTUELLES
1887
1888
1889
hectol.
68.027
1.855
2.471
i.O.Ob.3
hectol.
70.976
4.119
1.591
2.358
18.414
hectol .
73.776
3.237
3.007
18. 186
fr.
40.042.552
1
18.007.219
952.335
3.177.922
fr.
39.177.381
17.311.779
695.585
3.389.686
fr.
40.030.117
18.207.535
692.924
3.421.191
De vin en fûts.! République Argentine ...
137.535
29.983
1.992
7.135
195
23.303
127.488
30.169
2.234
3.880
222
21.S03
132.305
33 217
2.212
1
191
20.735
61.305
7.699
45.660
De vin en bou-\ U,, : — ',V ' ' ' '
teilles . ^Publique Argentine...
62.558
10.025
42.372
58.868
7:729
45.196
Autres que de vin, de cerises et de mé-
BAI
— -21-2 —
Comme on peut le voir on effectuant lea totaux, el pour
ne prendre que l'année 1889, noua avons comme eanx-de-
\if importées : 1 1 -J ..">.'. 7 hectol. représentani uns valant
totale de 1 1.">71.I7 5 fr., tandis que les exportations h
chiffrent i r la même année par 247,029 hectol., suii
une valeur de 62,961,100 fr. Il est a remarquer aussi
qin> les eaux-de-vie que nous importons sont, a part les
rhums et quelques eaux-de-vie spéciales (telles que le
kirschenwasser de la Forôt-Noire, le Bchiedam de Hol-
lande, etc.), 'les produits de qualité inférieure, tandis que
la plupart des eaux-de-vie que nous envoyons a l'étranger
sont des produits Mais, des cognacs, Une Champagne, etc.,
que nos voisins nous payent un prix élevé. Cependant il ne
faudrait pas croire que nous n'exportons pas d'eaux-de-vie
fabriquées. H est même certain que sur les "247,0-29 hectol.
qui sortent, il y en a plus d'uni' bonne moitié dans ce cas,
mais ces produits sont fabriques chez nous avec beau-
coup de soin par des industriels habiles et consciencieux
pour la plupart. D'ailleurs, ces eaux-de-vie portent des
marques françaises, et à l'étranger, surtout aux Etats-Unis
et dans L'Amérique du Sud, on n'apprécie guère que ces
dernières. Albert Larualétrier.
II. Industrie (V. Alcool, t. II, p. 35).
III. Pharmacie (V. Alcool, t. Il, p. 43).
IV. Physiologie kt thérapeutique (V. Alcool, t. II,
pp. 38 et suiv.).
V. Contributions indirectes (V. Alcool, Consommation
[Droit dej, Dénaturation, Distillerie, Entrée [Droit d']).
Biiil. : V.-F. Lebeuf, Manuel complet de l'amélioration
des liquides ; Paris, 1887, in-18. — O. Lami. Dictionnaire
de l'industrie; Paris, 1885, in-8. — A. Larbaletrier,
l'Alcool; Paris, 1888, in-18. — Ch. Laboulaye, Dictionnaire
des arts'et manufactures ; Paris, 1890, in-8. — A. Boi.ley,
Manuel d'essais et de recherches chimiques; Paris, 1877,
in-16. — P. Joigneaux, le Livre de la ferme; Paris, 1887,
in-s.
EAU divine (Alch.). L'eau divine joue un grand rôle chez
les alchimistes grecs. Elle est la même que l'eau de soufre,
le même mot 8eîov signifiant à la fois soufre et divin, et les
vieux auteurs jouant sans cesse sur ce double sens. L'eau
divine est une expression générique applicable à tout liquide
préparé en vue de la teinture des métaux, c.-à-d. de la
pierre philosophale. Le mot se trouve déjà dans le papyrus
égyptien de Leyde, où il signifie une solution de polysul-
fure de calcium; et on retrouve des compositions analogues
à base de sulfoarsénites chez les alchimistes latins du
xive siècle sous le nom de aqua sulfurea. Mais le nom
d'eau divine a été aussi appliqué à toute liqueur ou matière
obtenue par sublimation, et même au mercure métallique,
non seulement parce que ces matières étaient employées
pour colorer les métaux, mais parce que le soufre était
réputé l'élément esseutiel de la volatilité dans les corps.
EAU-forte. I. Chimie (V. Azotique [ Acide)).
H. ('.rayure. — La gravure à l'eau-forte consiste essen-
tiellement à tracer sur une plaque de métal recouverte
d'un enduit inattaquable aux acides un dessin dont chaque
trait met le métal à nu, et à soumettre la plaque ainsi traitée
à l'action d'un acide qui creuse toutes les parties non proté-
gées par l'enduit. Ce procédé, employé anciennement par les
armuriers pour la décoration des lames, n'a guère été
appliqué à la gravure des estampes que dans les premières
années du xvte siècle, et l'on ne sait si l'honneur en revient
au Parmesan ou à Albert Durer, dont le Saint Jérôme en
prière qui porte le millésime de 1512 est la plus ancienne
estampe à l'eau-forte datée. Le terme d'eau-forte s'applique
actuellement et au procédé de gravure que nous allons
décrire <'t aux estampes obtenues par ce procédé. Le métal
le plus employé pour la gravure à l'eau-forte est le cuivre
rouge bien martelé, plane et poli (V. Cuivre, Gravure);
Carier est de plus en plus abandonné, et les anciennes
planches de 1er et d'eiain citées dans quelques catalogues
ne sont que des curiosités archéologiques; quelques gra-
veurs se servent de planches de zinc, de bronze ou de laiton,
mais ces différents métaux résistent peu à l'action de la
presse ou sont attaqués par l'acide d'une façon très irrogu-
lière, et leur emploi peut passa* pour exceptionnel. Lea
opération! successives de l.i gravure a l'eau-uHa aont : le
vernissage, le trace, la morsure, et, s'il j a lieu, les correc-
tîons ei ki remorsure.
Vernissage. Il existe un grand nombre de formules de
vernis pour l'eau-forte; on les trouvera dans l'exeelieot
Manuel 'lu graveur de goret; celle du vernis le plot em-
ployé actuellement est la suivante : me vierge, 00 gr.;
bitume de Judée. 60 gr.; poix blanche, 60 gr. On vend
Ce vernis en petites boules, que les graveurs enveloppent
dans un tissu de soie bien serre.de façon que les impuretés
qui pourraient s'y trouver H puissent ae déposer a la sur-
laie du cuivre. Pour l'appliquer, on promène la boule sur
la planche maintenue par un étau et chauffée suffisamment
pour déterminer par son contact la fusion du vernis, qu'on
étale en couche aussi égale que possible à l'aide d'un tam-
pon de coton enveloppé dans une peau fine ou dans un
morceau de taffetas ; puis, avant que la planche ne soit
refroidie, on promène la surface vernie au-dessus de la
flamme d'un flambeau de cire, dont la fumée, en s'incor-
porant au vernis lui donne une belle couleur d'un noir
mal sur lequel le travail du graveur se détache nettement.
Tracé. Une fois la planche vernie et refroidie, le gra-
veur établit la mise en place de son sujet (qui doit
gravé en sens inverse de celui du dessin) à l'aide d'un
calque tracé avec une pointe d'acier bien aiguisée sur une
mince feuille de gélatine dite papier-glace; les traits
obtenus sur la gélatine sont remplis de mine de plomb ou
de sanguine en poudre et se reportent à contre-sens sur la
surface vernie à l'aide d'une pression régulière et prudente.
Une fois ce travail fait, le graveur commence son tracé à
l'aide de pointes d'acier qui ressemblent à un crayon dont
la mine serait remplacée par une aiguille. Il faut, pour que
l'action de l'acide se produise, que le vernis soit bien tra-
versé par la pointe et que le cuivre et l'eau-forte se trouvent
en contact direct. Dans le cas d'accidents à la surface du
vernis ou de traits manques, l'artiste a la ressource de
couvrir les parties qu'il ne veut pas faire mordre d'un vernis
composé d'essence de térébenthine, de cire vierge et de
bitume de Judée. Ce vernis s'applique au pinceau et se
nomme, en termes de métier, petit vernis.
Morsure. La gravure une fois tracée, il faut, avant de
faire mordre la planche , en protéger le dos et les biseaux
à l'aide d'une couche de vernis au pinceau. C'est alors seu-
lement qu'intervient l'action del'eau-forte, ou acide azotique,
que le graveur emploie en solution étendue d'eau et mar-
quant au pèse-acide de 15 à 30° suivant que sa planche
lui parait devoir comporter une morsure lente ou brusque.
Le cuivre placé au fond d'une cuvette doit être recouvert
d'une couche d'acide d'au moins un centimètre d'épais-
seur; il se forme, aussitôt que l'eau-forte commence à agir,
une quantité de petites bulles d'acide hypoazotique qui se
dégagent en bouillonnant et que le graveur doit détacher
du cuivre à l'aide d'une plume douce: sans cette précaution,
le bouillonnement empêche l'acide d'agir également sur tous
les points de la gravure et fait sauter de petites parcelles
de vernis, ce qui élargit les traits et produit les accidents
appelés crevés. Quand l'artiste juge que les parties les plus
claires de la planche sont suffisamment creusées, il la retire
du bain, la lave, la sèche el couvre de vernis au pinceau
tout ce qui ne doit pas mordre davantage, puis il replonge
le cuivre dans l'acide et répète la morsure et la couverture
autant de fois qu'il a de valeurs différentes à obtenir. Dès
qu'il juge la morsure terminée, il nettoie la planche avec un
peu d'essence de térébenthine et peut la faire imprimer. La
i sure est une opération des plus délicates, soumise aux
influences de la température et de l'atmosphère, et c'est
l'expérience seule qui enseigne aux graveurs à on tirer des
résultats réguliers. Au lieu de mettre la planche dans une
cuvette, on fait souvent sur la planche même une sorte
il enceinte autour de la partie de gravure a mordre, dont
les murailles, de hauteur convenable, sont laites avec des
bandes de cire jaune rendue pâteuse par son mélange avec
KAU
île la poil de Bourgogne et «.lit saindoux. La planche elle-
même (orme le fond de cette cuvette.
Corrections. Il est rare qu'une planche gravée soit ter-
minée d'un coup; pour la reprise dos travaux, on recom-
mence la série des opérations précédentes, mais en se servant
d'un vernis transparent l'ail de cire et de mastic en larmes,
qu'on appelle vernis blanc. Les parties trop mordues sonl
atténuées, soit a l'aide d'un brunissoir d'acier avec lequel
on aplatit le cuivre, ce qui resserre un peu la taille et en
diminue la profondeur, soil avec nu grattoir avec lequel on
baissa le relief du cuivre, soit avec un charbon de bois à
grain serre dont on se sert pour poncer.
Remorsure. Si la planche n'est pas assez mordue, le
graveur a la ressource de lui donner plus d'intensité sans
la surcharger de travaux a l'aide d'un vernis à remordre qui
se compose de cire, de bitume de Judée et de poix blanche
dissous dans l'essence de lavande a la consistance d'une
pommade ; ce vernis s'applique sur le cuivre gravé au moyen
d'un rouleau de cuir très régulier et très uni, ou de géla-
tine, qui ne couvre que les parties en relief et laisse nues
et piétés à subir une nouvelle action de l'acide toutes celles
qui se trouvent au-dessous du niveau de la planche. Cette
opération, très délicate, ne peut être faite que par des pra-
ticiens habiles.
Telles sont sommairement les opérations nécessaires pour
graver une planche à l'eau-forte. 11 est bon de rappeler que
la gravure à l'eau-forte est employée à la préparation des
planches gravées au burin et que, dans ce cas, elle com-
porte des conditions de régularité et de sobriété auxquelles
n'est point soumise l'eau-torte dite des peintres qui ne relève
que de la fantaisie de l'artiste et doit son plus grand charme
a la liberté de l'exécution. La plupart des grands peintres
ont été tentés par le charme de ce procédé, qui laisse en
relief toute la personnalité d'un maître. On peut citer,
parmi les principaux : en Italie, le Parmesan, le Guide,
\esCarrache, Castiglione, Stefano délia Bella, Salvator
Rosa, Tiepolo, Canaletti; en Allemagne, Albert Durer
et son école, Dietrich, Louterbourg, Ridinger ; en
Flandre, Van Dyek; en Hollande, Rembrandt, liai,
Lievens, Paul Potter, Karl Dujardin, Berghem, Van
Ostade, Ruysdaèl;en Angleterre, llollar, Hogarth, 117/-
l>ie. Turner; en Espagne, Ribera et Goya; en France
enfin, Callot, Abraham Bosse, Cl. Lefèure, Cl. Gillot,
Cl. Lorrain, Boucher, Fragonard et tant d'autres. En
France également nombre de graveurs se sont surtout servis
de l'eau-forte. (liions parmi les principaux : J. Marin,
G. Audran, Lepautre, Bérain, Cars, Lebas, les maîtres
du xvm" siècle, Cochin, les Saint-Aubin, Choffard,
Moreati le Jeune, sans parler des amateurs tels que le
comte de Cay lus, WatteUt, Mm*dePompadour»\ l'abbé
(/(• Saint-Non. L'eau-forte a eu comme une renaissance
française dans la seconde moitié de ce siècle ; elle est
devenue le procédé favori des graveurs, et il est peu de
peintres contemporains qui ne s'y soient essayés ; citons :
Ingres, Eug. Delacroix, Th. Chassériav, Decamps,
Daubigny, Millet, Ch. Jacque, Ch. Chaplin, Ribot,
Th. Rousseau, Meissonicr parmi les peintres; CélestinNan-
tev.il, Méryon, Legros, Bracquemond, F. Buhot, Des-
boutins parmi les graveurs originaux ; et, parmi les graveurs
reproducteurs, J. Jacquemart, Léop. Flameng, Rajon,
Waltner, Courtry, Lalauze, etc. Une étude plus détaillée
de l'eau-forte contemporaine entraînerait un développement
trop volumineux; il suffira de consulter à cet égard, outre
les livrets des Salons, les publications de la Société des
aquafortistes, les Catalogues des expositions de blanc
et noir, des expositions des peintres-graveurs, et le
Dictionnaire des graveurs du xix8 siècle par II. Beraldi.
F. CoURIiOIN.
Bibl. : Abraham Bosse, Traité des manières de graver
en taille-douce sur l'airain par le moyen des eau.\-fortes ;
Paris, ltii5. — Max. Lalanne, Traite' de gravure A l'eau-
forte. — Martial, Traité de gravure û l'eau-forte.—
G. Hamerton, Etchings and Elcliers.
EAU gazeuse artificielle (Industr.). L'industrie des
eaux gazeuses artificielles a pris naissance vers le
xvnr siècle, époque à laquelle on commença à vouloir
imiter les eaux minérales naturelles ; mais ce n'est réelle-
1. — Appareil Briet.
ment que vers 1800 que la fabrication des eaux gazeuses
prit une certaine extension. En 1788, deux pharmaciens
de Genève, l'aul et Gasse, livraient déjà au commerce
annuellement environ quarante mille bouteilles, et, après
plusieurs tentatives de perfectionnement de l'appareil de
Genève, nous voyons surgir les machines de Savaresse,
d'Ozouf, de Drahma et enfin de Mondollot, que nous allons
décrire.
Fabrication des eaux et boissons gazeuses. Nous
dirons un mot en passant du gazogène Briet, petit appa-
reil que nous rencontrons journellement sur nos tables et
3ui ne convient qu'aux usages domestiques. Il se compose
e deux carafes de cristal, à pied, de forme ovoïde et d'iné-
gale capacité, entourées d'un filet de rotin ou de fil métal-
lique afin de prévenir les accidents en cas de rupture de
l'appareil sous l'effort de la pression intérieure ; les deux
récipients superposés sont mis en communication au moyen
d'une garniture métallique traversée par un tube en étain
et séparés par une plaque percée d'une infinité d'ouver-
tures capillaires; un robinet permet de soutirer le liquide
gazéifié (fig. I). La mise en marche de ce petit appareil
est fort simple : la grande carafe est incomplètement rem-
plie de l'eau ou de la boisson, vin, bière, cidre, etc., à
gazéifier; on met dans la carafe inférieure le mélange des-
tiné à produire le L;az acide carbonique, c.-à-d. 18 gr.
d'acide tartrique et "21 gr. de bicarbonate de soude ; on
place le tube, et l'appareil ainsi monté est retourné de
façon à ce qu'une partie du liquide de la carafe supérieure
EAU
- -214 —
passe pu le tube en etaindans i;i carafe inférieure et dé-
termine la réaction ; le gai oarbonique te dégage, est tamisé
par lei trou» capillaire» de la garniture métallique et
vient se dissoudre peu S. peu dans "eau <le la carafe supé-
rieure.
Appareil Savaresse. L'appareil Savaresse est fort
simple; il se compose : -1" d'un producteur de gaz en
cuivra garni intérieurement de plomb, muni d'un agi-
tateur 5 manivelle et d'un robinet de vidange; 4° de
deux laveurs étamés remplis de braise humectée d'une
solution do bicarbonate de soude; 3° du saturateur con-
tenant l'eau gazeuse ; un robinet permet le tirage. Le
courant de gaz est produit par l'action de l'acide mlfurique
sur la craie ; los traces d'acido entraîné sont arrêtées
par le bicarbonato des laveurs ; l'acide carbonique passe
dans le saturateur, ot on en facilite la dissolution en im-
primant à celui-ci un mouvement do rotation autour de
ses tourillons. Cet appareil encore en usage dans quelques
maisons donne de bons résultats. Nous passerons bous
silence les appareils Greffier et François, qui ne sont que
des copies du modèle de Savaresse.
Appareil Ozouf. Dans l'appareil Ozouf (fig. 2), le satu-
rateur surmonte le producteur; des agitateurs en bronze
facilitent le mélange de l'acide et de la craie, ainsi que la
Fig. 2. — Appareil Ozouf.
dissolution du gaz dans l'eau du saturateur. Le tout est en
cuivre rouge étamé. Le perfectionnement notable apporté
dans cet appareil est l'adjonction d'une pompe permettant
d'alimenter à volonté d'eau le saturateur, et, par suite,
d'obtenir de plus forts rendements qu'avec les appareils
précédents.
Appareil Brahma. Les appareils Brahma et Mon-
dollot sont des appareils dits continus, c.-à-d. qu'ici la
pompe est le principal organe et qu'elle sert à refouler
simultanément l'eau et le gaz dans le saturateur. Nous ne
citons le premier que pour mémoire, étant complet! ut
remplacé aujourd'hui par les appareils Mondollot.
Appareils Mondollot. Différents modèles ont été cons-
truits à grand débit et à petit débit, le producteur étant
ou non séparé du saturateur. Ils se composent de tous les
organes des appareils précédemment décrits, dont ils ne
sont que le perfectionnement; dans l'appareil à grand
débit, type n° 3, les producteurs sont au nombre de deux
et marchent alternativement ; un laveur en verre placé sur
le côté de l'appareil permet d'en suivre le fonctionnement.
L'appareil Mondollot, type a* '■'>. grand débit, donne ea dix
beurei de travail deux mille quatre cents siphons, soit
quatre mille huit conta bouteilles.
. La boisson gpyff— préparée est mise en si-
phons mi en bouteilles pour être livrés au couum-m-. i .. ,
appareils de tirage ne présentent rien de particulier; l'eau
de leltz arrive par un tube en élaiu tin et est distribuée
au moyen d'un robinet à vis ou a boisseau, ou à levier.
Nous citerons comme nouveauté le bouchage à bille ; dans
es système une bille de verre enfermée dans le goulot de
la bouteille la ferme hermétiquement, maintenue par la
pression intérieure.
Tiarche iei appareils. \ji préparation des boissons
gazeuses doit être laite lentement, atin de permettre au
gaz carbonique de se dissoudre aussi complètement que
possible; les siphons qui se vident incomplètement pro-
viennent simplement d'une fabrication précipitée.
Eau awtée. Quelques médecins ont vanté dans ces der-
nières années l'usage de l'eau saturée d'azote dans cer-
taines maladies telles que les maladies de poitrine, et de
vastes établissements ont été installés. L'azote est préparé
par la combustion du phosphore dans un récipient rempli
d'air, le gaz est bien lavé et refoule au moyen de pompe
dans un saturateur ordinaire.
Eau saturée d'oxygène. L'eau saturée d'oxygène, appe-
lée improprement eau oxygénée, est aujourd'hui très em-
ployée dans le traitement des maladies des voies respira-
toires. Sa consommation a pris une assez grande extension
vu son prix modique, grâce aux perfectionnements appor-
tés dans sa fabrication par MM. Brin frères. Dans l'établis-
sement de MM. Brin frères, à Passy, l'oxygène est produit
par la calcination du bioxyde de baryum, et l'eau saturée
d'une pression de douze atmosphères est livrée soit en
siphons soit en bouteilles forme Champagne. Cette eau,
abandonnée à elle-même dans un verre à la pression ordi-
naire, renferme encore sept fois plus d'oxygène que l'eau
ordinaire, d'après les analyses laites au Laboratoire muni-
cipal de Paris ; elle est donc sursaturée. Ch. Girard.
EAU GRÉGORIENNE (V. E.VU BÉNITE).
EAU médicinale. Les eaux médicinales comprennent :
■1° les eaux aromatiques médicamenteuses ; "2° les eaux
distillées (V. Hydholat) ; 3° les solutés simples ou com-
posés ; 4° les préparations diverses qui ne se trouvent pla-
cées dans ce groupe qu'en raison de leur dénomination
consacrée par l'usage : eau d'Alibour, eau d'alun composée,
eau d'arquebusade, eau céleste, eaux balsamiques, eaux
antiputrides, eau camphrée, eau de goudron, eau de Gou-
lard, eaux hémostatiques, etc. Citons, comme exemple, les
eaux albumineuse, camphrée et de chaux :
Eau albumineuse :
Blancs d'oeufs 4
Eau distillée 1,000 gr.
Eau distillée de fleur d'oranger.. . . 10 —
Délayez les blancs d\eufs dans une petite quantité d'eau,
ajoutez le reste du liquide, passez à travers une étainine
et aromatisez avec de l'eau de fleur d'oranger. La propriété
que possède l'albumine de précipiter un grand nombre de
solutions métalliques a fait considérer cette substance connue
le contrepoison chimique par excellence des sels métal-
liques vénéneux, notamment ceux de cuivre et de mercure.
Aussi l'usage s'en est-il vulgarisé depuis les travaux d'Or-
tila. Il ne faut pas oublier que le précipité peut se redis-
soudre dans un excès de réactif; toutefois, sous forme
d'albuminate, le métal cesse d'être un irritant local. 11
convient donc d'administrer l'eau albumineuse dans les
empoisonnements métalliques, à la condition d'administrer
en même temps des purgatifs OU même des vomitifs au
début ou dans l'intervalle.
/-. m camphrée :
Camphre du Japon 1 0 gr.
Eau distillée 1.000 —
On pulvérise le camphre 8 l'aide d'un peu d'alcool ; on ajoute
l'eau, et on abandonne le mélange à lui-même pendant deux
21o
EAU
jours, en agitant de temps on temps ; on filtre et on con-
serve dans un Bacon bu'n bouché. Un litre d'eau ne con-
tient guère qu'un gramme de camphre dissous. On a pro-
pose divers moyens pour avoir une eau plus chargée, comme
de chaufier le mélange, de se servir d'une eau gazeuse, de
triturer le camphre avec îles sel>. etc. Il est préférable de
recourir au procédé île Planche. On prend :
Camphre du Japon 8 gr.
Eth'er rectifié v2o —
Eau distillée 478 —
Lu dissolvant d'abord le camphre dans l'ether et en ajou-
tant l'eau, le tout reste limpide.
r.au de chaux. L'eau de chaux, eau de chaux se-
conde ou soluté de chaux se prépare avec de la chaux
hydratée, récemment préparée, qu'on traite d'abord par
trente-cinq à quarante fois son poids d'eau filtrée, afin
d'enlever les sels de potasse qu'elle peut contenir. Après
avoir abandonne le tout au repos, on rejette l'eau décantée
et on la remplace par une quantité d'eau cent ibis plus
grande que celle de la chaux. Après quelques heures de
contact, en ayant soin d'agiter de temps en temps, on
filtre et on conserve dans des flacons bouchés, afin d'éviter
l'action de l'acide carbonique de l'air. Chaque litre, à la
température de l.'i°, contient l-'r2N,S de chaux caustique.
Pour avoir un soluté toujours saturé, il convient de le con-
server sur un excès de chaux non dissoute, d'agiter et de
filtrer au moment du besoin. L'eau de chaux s'administre
à l'intérieur à la dose de 15 à "25 gr., ordinairement mé-
langée à du lait, dans le pyrosis, dans les vomissements
acides et incoercibles, daus la diarrhée séreuse et dans l'en-
térite chronique. A l'extérieur, elle est utilisée avec succès
contre les brûlures au premier et au second degré ; on
l'additionne alors d'un huitième de son poids d'huile
d'amandes douces, ce qui constitue le Uniment oléo-cal-
caire. On s'en sert en lotions ou en fomentations sur les
éruptions cutanées, comme l'eczéma prurigineux, les ulcères
douloureux, etc. Ed. Bourgoin.
EAU mère. 1. Chimie et thérapeutique. — Liquide siru-
Sieux, jaunâtre, résultant de l'évaporation des eaux chlorurées
ortes des salines ou de la mer, desquelles on a retiré le sel
marin du commerce, par évaporation spontanée (tables, bâti-
ments de graduation) ou artificielle (ébullition). Les côtes
de France fournissent en abondance les eaux mères ; elles
sont également très exploitées à Salins du Jura et à Salies-
de-Béarn : à l'étranger les centres d'exploitation les plus im-
portants sont lïex (Suisse), Kreuznach, Mannheim, Kissin-
gen, Eluien et Saasendorf (Allemagne). L'élément dominant
dans les eaux mères est le chlorure do sodium, le chlorure
de calcium ou le chlorure de magnésium ; viennent ensuite
d'autres chlorures, des sulfates, des carbonates, du ter, du
brome, de l'iode, du soufre, etc. Dans la thérapeutique bal-
néaire, les eaux mères sont mélangées aux eaux trop faible-
ment minéralisées; leurs propriétés sont résolutives, alté-
rantes et névrosthéniques ; elles s'adressent principalement
aux affections qui dérivent du lymphatisme ou de la diathèse
scroluleuse et sont très utiles dans les engorgements vis-
céraux, périarticulaires et péri-utérins, le fibrome de l'uté-
rus, les plaies osseuses, etc. Dr L. Un.
IL Contributions indirectes. — Se dit, dans les fabriques
de sucre, de toutes les eaux qui contiennent un peu de sucre
et, dans les salins, de celles qui servent à obtenir le sel
par l'évaporation.
EAU minérale. I. Physiologie et Thérapeutique.
— On désigne sous ce nom toute eau qui, à sa sortie de
terre, possède des propriétés physiologiques spéciales et
par suite thérapeutiques applicables à l'homme malade.
L'action de certaines sources e>t connue do toute anti-
quité: souvent l'instinct des animaux en avait fait décou-
vrir le> vertus euratives. ly>nL.temps on ne sut expliquer
les propriétés dos eaux minérales; l'analyse chimique
dissipa ce qu'il y avait de merveilleux dans leur action.
Cependant certains effets physiologiques que la eomp' >m-
lion des eaux ne permettait pas de prévoir restèrent une
énigme jusqu'à coque les procédés d'analyse, perfectionnés,
permissent de déceler de nouveaux principes, passés ina-
perçus jusqu'alors, l'arsenic, le mercure, la lilbine, etc., et
jusqu'à ce qu'on accordât l'importance qu'elles méritent
aux propriétés électriques que ces eaux acquièrent dans
les profondeurs du sol (modification de l'état moléculaire
et étal vibratoire particulier acquis sous l'influence de la
chaleur associée à une forte pression). — Il ne faut pas
perdre de vue, dans l'étude du malade soumis à une cure
d'eau minérale, que le changement d'air, le climat, la
tranquillité d'esprit exercent une action adjuvante très
sérieuse. Dans le choix d'une station, il faut, du reste,
tenir grand compte des conditions climatériques, do la situa-
tion, de l'altitude, etc., sans parler do l'état général du
malade. I ne altitude trop grande fait sufloquer les emphy-
sémateux. Quanta l'état général, on s'assurera tout d'abord
dans laquelle des deux catégories, des excités et des dépri-
més, rentre le malado. Aux excités, névrosés, névro-
pathes, etc., conviennent les eaux sédatives, les climats
doux ; aux déprimés, les eaux excitantes et fortifiantes.
Action. — Les eaux minérales agissent : 1° par leur
thermalité; "2° par les sels, les gaz qu'elles contiennent,
l'électricité qu'elles dégagent; 3° par des facteurs encore
inconnus. Voici comment Aronssohn a rangé les eflets des
eaux minérales; il les distingue en quatre classes :
Action dynamique stimulante : sur l'organe cutané, par
la thermalité, les sels alcalins, le gaz hydrogène sulfuré;
sur le système nerveux en général et sur l'axe cérébro-
spinal en particulier, par la chaleur, l'acide carbonique et
l'impulsion des douches; sur l'organe central de la circu-
lation, par la chaleur et le fer; sur l'estomac, par les car-
bonates sodiques et ferreux; sur l'utérus, parle fer et
l'impulsion des douches ascendantes. — Action dynamique
sédative du système nerveux et de l'organe cutané par les
eaux moins chargées de principes salins et contenant un
principe azoté. — Les propriétés électriques de certaines
eaux, peu minéralisées du reste, expliquent les effets remar-
quables produits sur le système nerveux; malgré leur
refroidissement et leur décomposition, ces eaux conservent
assez longtemps ces propriétés particulières.
Action altérante, modifiant la composition des liquides,
soit en diluant les principes qui s'y trouvent en solution,
soit en augmentant certains d'entre eux ou bien en en
introduisant de nouveaux; delà l'action diluante du sang,
de la bile, des urines par l'introduction de l'eau dans le
système circulatoire; reconstituante du sang par le fer;
spécifique sur le système glanduleux par l'iode, le brome
et les chlorures alcalins; sur l'organe cutané par l'hydro-
gène sulfuré et l'acide arsénieux.
Action éliminante, en expulsant les principes nui-
sibles de nos humeurs par les émonctoires naturels sui-
vants : l'organe cutané, par l'eau et la chaleur; les intes-
tins, par le sulfate de magnésie et le chlorure de sodium ;
les reins, par l'eau et les carbonates de soude et de chaux.
Action révulsive, en agissant d'une manière active sur
un organe éloigné du siège de la maladie, sur les intestins
par exemple, dans les affections du cerveau et du foie.
Une fois l'utilité d'une cure d'eau minérale reconnue,
quelques précautions sont à observer. Il ne faut pas com-
mencer brusquement la cure, mais quitter ses occupa-
tions graduellement, et dans certains cas même se sou-
mettre auparavant à un traitement médical. La durée de la
cure est généralement de vingt et un jours avec des inter-
ruptions souvent forcées (menstruation, par exemple). Il ne
tant jamais entreprendre une cure sans direction médicale;
on s'exposerait à des accidents souvent redoutables. Au
cours de la cure, il peut être utile de diminuer le nombre
de verres, de bains, etc., si par exemple la fièvre thermale
ou la poussée sont trop vives, ou s'il survient de la diar-
rhée ; dans ce dernier cas, on peut du reste recourir à un
astringent. Après la cure, on ne doit reprendre ses occupa-
tions que graduellement; le mieux serait de faire un petit
voyage avant de rentrer. Puis, au bout de cinq à six semaines,
BAI
— -21i; -
il gentil utile rie reprendre A domicile l'usage modéré dee
eaux [Nachcur dee Ulemands).
Mode d'mploi. — Les eaux minérales s'emploient en
boisson, bains, bains de vapeurs, inhalations, borne et
eaux mères.
Boisson. Il n'est pas possible d'exposer en détail toutes
les précautions ;i prendre dans l'administration des eaux
minérales en boisson; ces précautions différent selon l'Age
et le tempérament «les personnes, la nature et le <!• ré ne
thermalite de l'eau, les influences météorologiques, etc.
Au début, la prudence est la règle; on augmente lentement
le nombre de verres, en se maintenant pendant quatre s
cinq jours un maximum, puis, vers la fin do traitement, on
prend des précautions analogues.
Bains. Le traitement hydrominéral qui donne les résul-
tats les plus complets est celui qui réunit l'usage externe
des eaux (bains, douches, vapeurs, boues, eaux mères) à
l'usage interne. Il y a même des stations ou le bain ther-
mal constitue le traitement tout entier (Néris, Aix-en-
Savoie, Aix-en-Provence). La température des bains varie
généralement entre "2S° et 36° C, ce qui oblige quelquefois
à abaisser ou à élever le degré calorique de l'eau. Le bain
est le plus actif et le plus énergique si l'eau se renouvelle
constamment ; si l'on veut une action moins énergique, on
renferme l'eau dans une baignoire, où elle perd de son
gaz, de son électricité, de ses sels, qui se déposent, etc.
Liiez les femmes pâles, lymphatiques, scrofuleuses, il n'est
pas utile d'interrompre les bains au moment des règles.
Enfin, on se rappellera que le bain très chaud est excitant,
qu'il est sédatif à la température moyenne. Les eaux forte-
ment chargées d'acide carbonique (Royat, par exemple) sont
très excitantes et révulsives. Les bains de gaz, acide carbo-
nique (Vichy, Royat, Saint-Nectaire, etc.) produisent des
effets semblables. A toutes ces pratiques ajoutons les
(louches, dont les effets diffèrent selon la thermalite et la
minéralisation de l'eau (V. Hyorothérapie), les irriga-
tions nasales, si utiles dans le coryza chronique et les pha-
ryngites, les inhalations et aspirations (\ . Inhalation et
Pulvérisation), les bains de boucs, dont l'action résolu-
tive est si appréciée dans les affections rhumatismales
(V. Boue, t. VII, p. 618), etc. Souvent on mélange aux
bains des eaux mères des salines, si efficaces dans la scro-
fule et le lymphatisme (V. Eau mère).
Origine et classification des eaux minérales. — Deux
bases on été données à la classification des eaux minérales :
l'une géologique, l'autre chimique. La première ne tient
compte que des terrains d'où elles émergent, de sorte que
Brongniart a été amené a partager les eaux minérales en sept
groupes, suivant qu'elles sortaient des terrains primitifs, de
transition, de sédiment intérieurs, moyens et supérieurs,
porphyriques et basaltiques, des ruches volcaniques. Aujour-
d'hui l'origine véritable et la composition chimique des
eaux minérales sont mieux connues, et la classification de
Brongniart n'a plus de valeur. Les eaux minérales ne sont
autre chose que les eaux météoriques qui ont pénétré dans
les montagnes par les fentes et par les (tores des roches,
puis viennent sourdre à leur pied ou dans la plaine. Elles
peuvent arriver en contact avec des couches ignées ou se
mélanger à de l'eau chaude provenant de courants souter-
rains, d'où les sources thermales îles Pyrénées, du massif
central, du groupe du Jura, de la Haute-Saône et des
Vosges ; en raison de leur température, ces sources
sont riches en chlorures, en soufre et particulièrement en
soude, qu'elles peuvent dissoudre en abondance dans les
terrains qu'elles traversent, C'est grâce à l'acide carbo-
nique, dont l'eau se charge en traversant les couches super-
ficielles riches en détritus organiques, ou qui se forme
par la réaction de l'acide sulfuriqne produit dans la trans-
formation des pyrites de fer en oxyde de fer hydraté, ou
de l'acide chlorhvdrique d'origine volcanique, sur la dolo-
mite ou les autres roches calcaires, qu'elle dissout la
chaux, l'un des éléments les plus répandus dans les eaux
froides, avec les carbonates : les alcalis, l'oxyde de fer sonl
également dissous! la laveur de l'acide carbonique. L'eau
rique n'entraîne pas seulement en dissolution de
l'acide carbonique, mais encore de l'oxygène et de l'azote.
et des substances organiques siiseeptiblea de décomposer
les owdes. d'où des réactions capables d'introduire dans
l'eau des composés nouveaux. Certaines substances se dis-
solvent directement (sel gemme, calcaire); d'antres, an
résistent à l'action de l'eau, deviennent solublee par suite
d'une modification apportée a leur combinaison : change-
ment de la pyrite de fer en sulfate de fer, de l'anhydrite
en gypse, etc. Dans le groupe du Jura, de la Hante-Saone
et des Vosges, ou plus de la moitié des sources sont chlo-
rurées, le principe minéralisateur vient de muches mar-
neuses renfermant du sel gemme. L'acide chtorhydriqoe et
l'acide Bulfhydrique, éléments si nmontirls des eaux pyré-
néennes, proviennent d'émanations volcaniques: il cri est
de même pour les eaux du massif central, avec cette diffé-
rence qu'ici ces i;az sont fournis par des roches ig:
ailleurs par des roches plutoniques récemment disloquées.
Les terrains a stratification régulière (Ardennes, Bretagne)
ne fournissent d'eaux minérales que s'ils renferment à
de faibles profondeurs des principes aisément solubles; ce
sont en général des sources carbonatées froides, parfois
ferrugineuses.
La classification rationnelle des eaux minérales doit donc
se baser essentiellement sur leur composition chimique;
comme ce sont les principes minéralisateurs qui en déter-
minent la valeur thérapeutique, on s'est efforcé de rendre
cette classification à la fois chimique et thérapeutique, en
tenant compte de l'élément dominant de chaque groupe et
de son association avec les autres éléments. Voici la divi-
sion qui a été adoptée par les auteurs modernes.
Eaux acidulés gazeuses ou carbo-gazeuscs. Condillac,
C.hâteldon, Soulzmatt, Schwalheini, Seltz, Saint-Galmier,
Renaison, Teyssières-les-Boulies, etc., etc.; il faut y
ajouter Carlsbad, quoique rangée dans les bicarbonatées sul-
fatées chlorurées (et par Rotureau dans ses polymétallites).
Excitantes de la nutrition, diurétiques, elles deviennent stu-
péfiantes par un usage prolongé (troubles de l'intelligence,
hallucinations); à dose convenable, elles font cesser la tor-
peur et calment l'éréthisme des organes, et l'élément gazeux,
l'acide carbonique, agit comme résolutif sur les systèmes glan-
dulaire et lymphatique, et sur les engorgements chroniques.
De là l'emploi de ces eaux gazeuses et de l'acide carbo-
nique sec dans les ulcérations et l'inflammation chronique
de la muqueuse respiratoire et digestive, dans la gastralgie,
la dyspepsie, contre les vomissements d'origine nerveuse,
les crises hépatiques et néphrétiques, les convulsions, etc.
Elles augmentent la sécrétion urinaire et arrêtent les sécré-
tions purulentes de la muqueuse vésicale. Extérieurement,
elles modifient avantageusement les ulcères atoniques :
enfin, elles sont très utiles dans les névralgies, la leucor-
rhée, etc. Les poussées congestives et la grossesse sont
des contre-indications absolues.
Eaiix sulfurées ousulfureuses A0 Sulfurées sadiques:
Amélie-les-liains, Aix, Bagnols, Barèges, Cauterets, Eaux-
Chaudes, Esraldas, Guagno. (iuetera, Luchon, Molitg,
Olette, Pietrapola. La Preste, Saint-llonoré, Le Vernet,
Saint-Sauveur, etc. Ces eaux laissent dégager de l'acide
sulfhydrique et sont riches en chlorure de sodium. Elles
offient une action altérante, agissent efficacement sur les
affections chroniques des voies respiratoires et de la mu-
queuse génito-urinaire, dont elles font tarir les sécrétions;
en gargarisme, elles font disparaître les granulations pha-
ryngées et les sécrétions des amygdales et du pharynx.
2° Sulfurées calciques : Enghien, Allevard. Cambo, Cau-
valat-lès-Le-Vigan, Digne, Grillon, Montmirail, Eu/et.
Viterbe, Pierrefonds, Puzzichello, Castera-Venluzon, etc.
Ces eaux, moins riches en chlorure de sodium que les sul-
lurees sodiques, renferment en même temps du sulfure de
sodium, parfois en quantité presque égale au sulfure de
calcium (Eaux-Bonnes, Saint-C-ervais). Elles rendent de
grands services chez les personnes débiles, lymphatiques,
"217
EAl'
tarofoleuses, avec manifestations sur la peau et les mu-
queuses, dans les maladies des voies respiratoires et ruta-
nees. On appelle eaux sulfureuses accidentelles des eaux
généralement sulfatées, oligomolalliles OU amétallites, qui
se décomposent à l'air avec production d'hydrogène sulturé.
Kilos diminuent l'expectoration, augmentent souvent la
sécrétion intestinale, la diurèse, d'où leur utilité dans la
Î;ravelle, excitent les fonctions génitales et provoquent par-
ois des éruptions variées.
Eaux chlorurées. 1° Chlorurées sodiques: Bade, Bains
(Vosges), Balaruc, Bourbon-4'Archambault, Bourbon -
Lancv, Boutonne, Châtel-Guyon, Durkheim, llammani-
Meskoutin, llombourg, Iscld, [schia, lviviiznach, kissin-
gen. Niederbronn, Naulieim, Salins, Salies, Wiesbaden,
Wildhad. -2ù Chlorurées sodiques bicarbonatées : La
Bourboule. Saint-Nectaire, avec arsenic en proportion
notable. o° Chlorurées sodiques sulfatées : Baden(Argo-
vie). Brides, Cheltenham, Saint-Gervais, etc., devenant
quelquefois sulfureuses artificielles. 4° Chlorurées sodi-
eues sulfurées : Driage, Aix-la-Chapelle, ('.halles, Grioulx.
Les eaux chlorurées sodiques exercent au début une action
excitante sur la circulation, augmentent les sécrétions,
lluidifient le sang , décongestionnent les viscères abdo-
minaux et le cerveau, etc. ; elles possèdent une action spé-
cifique sur la scrofule : lésions osseuses, altérations des
tissus, glandes, fistules, tumeurs blanches; elles sont très
utiles dans le rhumatisme et les névroses des scrofuleux,
dans les aflections chirurgicales, suites de fractures, luxa-
tions, entorses, etc., dans les hémiplégies, certaines der-
matoses, etc. ; les bicarbonatées sont précieuses contre la
dyspepsie.
Eaux bicarbonatées. Les eaux minérales de cette classe
sont surtout caractérisées par la présence d'un sel alcalin,
bicarbonate de soude, carbonate de chaux ou bicarbonate
de magnésie; l'acide carbonique qu'elles renieraient en
excès s'échappe dès que la pression diminue, et les bicar-
bonates se transforment en carbonates neutres; ceux-ci,
ainsi que les autres sels tenus en dissolution à la faveur
de l'acide carbonique, se déposent. Ces eaux peuvent con-
tenir, outre les carbonates, des sulfates, des chlorures, des
phosphates, puis de la chaux, de la magnésie, du fer, de
l'arsenic et de la lithine. En général, dans l'économie, les
eaux bicarbonatées neutralisent les acides en excès, modi-
fient les sécrétions gastro-intestinales, fluidifient la bile, etc.
L'action spéciale est déterminée par la base. \" Bicarbo-
natées sodiques : Chaudes-Aiguës, Hanterive, La Chal-
dette. Le Boulou, Salzbrunn, Soulzmatt, Vais, Vichv.
Ces eaux sont altérantes, résolutives, reconstituantes et
hyposthénisantes ; elles sont utiles dans les engorgements
des viscères sous-diaphragmatiques, la dyspepsie acide, la
gastralgie, la goutte, le rhumatisme et les diverses mani-
festations de l'artbritisme, l'entérite et la colite chroniques,
les coliques néphrétiques et hépatiques, la gravelle. "2° Bi-
carbonatées calciques : Aix-en-Provence, Alet, Condillac,
Xeuhaus, Pougues, Saint-Galmier, Saxon, etc., et l'on
pourrrait y ranger bon nombre d'eaux oligométalliques.
Ces eaux, peu minéralisées, sont diurétiques et quelquefois
laxatives, sédatives, réparatrices; celles qui contiennent
du fer sont franchement reconstituantes (Alet, Koncaude,
Pougues). 3° Bicarbonatées mixtes : Chàteauneuf, Celles,
Castellammare, lirucknau, Mont-l)ore, Pontgibaud, Renai-
son, Saint-Alban, Saint-Mvon, Sail-sous-Couzan, Rouzat, La
Malou, etc., et de plus on pourrait y placer un certain
nombre d'eaux oligométalliques. Ces eaux n'ont pas le
caractère excitant des bicarbonatées sodiques; elles ren-
ferment des sels de chaux, de potasse, de magnésie, quelque-
fois du sulfate de soude, du chlorure de magnésium, du
fer, etc. Elles sont reconstituantes , antirhninatismales,
parfois laxatives. 4° Bicarbonatées chlorurées : Ems,
Royat, Saint-Nectaire, etc., et d'autres qui peuvent être
rangées également dans le groupe précédent. Le bicarbo-
nate prédomine; les bases sont la soude, la potasse, la
chaux, la lithine. Dans ces eaux, l'action fluidifiante est
contre-balancée par l'action du chlorure de sodium et celle
du fer, qui sont des réparateurs par excellence; elles ren-
ferment en outre de l'arsenic. ,'i° Bicarbonatées sulfatées
chlorurées: Cliatel-Guvon.Carlsbad, Jeu/.at,Marienbad,etc.
Nous retrouvons dans ce groupe l'eau carbo-gazeuse de
Carlsbad. A un autre point de vue, Hotureau en rapproche
l'eau de Saint-Nectaire, que nous avons placée dans le
groupe précédent.
Eaux sulfatées. 1° Sulfatées sodiques et sulfatées
magnésiennes : Marienbad, Epsom, Miers, FriedricnshaU,
Montmirail, Sedlitz , Seidschtltz , lîirmenstorf , Pullna.
Ce sont des eaux purgatives. "2" Sulfatées calciques :
liagnères-de-Bigorre, Audinac, Aulus, Capvern, Cambo,
Encansse, Saint-Amand, etc. Ces eaux sont laxatives et, à
haute dose, purgatives ; elles possèdent en outre des pro-
priétés sédatives; quelques-unes appartiennent en même
temps à la classe suivante.
Eaux ferrugineuses. Très nombreuses; nous n'en indi-
querons que les principales : Auteuil, Barbotan, Bussang,
Cransac, Capvern, Cusset, Chàteldon, Cambo, Chàtel-
Guyon, Egger, Franzensbad, Forges-les-Eaux, Hambourg,
La Malou, Luxeuil, Marienbad, Meyrac, Orezza, Oriol,
Passy, Provins, Pyrmont, Pougues, Ripervillé, Bippoldsau,
Royat, Saint-Pardoux, Saint-Nectaire, Schwalbach, Spa,
Suîzbach, Sylvanes, Versailles, Vic-sur-Cère, Vichy, etc.
Un grand nombre d'eaux des autres classes doivent figurer
nécessairement dans celle-ci. Ces eaux renferment le fera
l'état de protoxyde combiné à l'acide carbonique, à l'acide
sulfurique, à l'acide crénique ou apocrénique ; le plus sou-
vent il s'y trouve à l'état de carbonate tenu en solution à
la faveur de l'acide carbonique; quelquefois aussi on y
rencontre du manganèse, de l'arsenic, etc. Les eaux fer-
rugineuses excitent l'appétit, mais en général constipent;
elles sont sédatives, reconstituantes, éminemment utiles
dans la chloro-anémie, l'anémie traumatique, l'atonie géné-
rale et gastro-intestinale, celle des organes génito-uri-
naires (catarrhe vésical, leucorrhée, dysménorrhée), les
diarrhées chroniques, la dysenterie, la stérilité par atonie
ou acidité, etc., dans les affections nerveuses, l'hypocon-
drie, les fièvres intermittentes et les engorgements viscé-
raux, et dans tous les états de misère physiologique. Elles
sont contre-indiquées par la pléthore, la tendance aux con-
gestions ou à l'apoplexie, le cancer des voies digestivesou
urinaires.
Eaux oligométalliques ou amétallites : Néris, Plom-
bières, Luxeuil, Chaudesaigues, Saint-Laurent, Aix-en-
Provence, Ussat, Dax, Scnlangenbad, Gastein, Pfeffers,
Mont-Dore, Evaux, Saint-Christau, Bagnols-de-1'Urne,
Acqui, Evian. Ces eaux sont faiblement minéralisées. Celles
de Mont-Dore et de Plombières contiennent un peu d'arse-
nic; une des sources de Saint-Christau, un peu de sulfate
de cuivre. Quelques-unes sont hyperthermales (Chaude-
saigues, 88°; Plombières, 40 à 70°; Néris, oi0), d'autres
thermales (Aix, 20 à 86°; Ussat, 31 à 36°), ou froides
(Lvian, 14°); parfois elles produisent des éruptions (gale
de Plombières). On les emploie en boisson et surtout en
bains. Ces eaux sont équilibrantes, sédatives, reconsti-
tuantes; elles sont très utiles dans l'éréthisme nerveux et
les états dépressifs. Elles rendent de grands services dans
les névralgies des organes sous-diaphragmatiques, dans
les maladies nerveuses chroniques, la névropathie, l'hys-
térie, l'hypocondrie avec dyspepsie flatulente, l'éréthisme
avec chloro-anémie, les douleurs rhumatismales chroniques,
surtout localisées, la dyspnée et le catarrhe des vieillards,
les aflections cutanées chroniques. En général, elles sont
un peu laxatives ; Evian constipe.
Eaux minérales transportées. Les eaux minérales
transportées perdent toujours une grande partie de leurs
propriétés; celles qui supportent le mieux le transport
sont les eaux froides non gazeuses (Alet, Evian, etc.) ; les
sources froides de Vichy et de Vais supportent mieux le
transport que les sources thermales (Hôpital, Grande-Grille,
de Vichy, par exemple) ; la même remarque s'applique aux
EAU
218 -
eaux bicarbonatée! polymétallites ainsi qu'aux eaux ehlo-
rurées sodiques pure* et fortes; souvent, parle transport,
les eaux acquièrent par décomposition (Je quelqu'un de
leurs éléments une odeur el nn goal désagréables, d'hy-
drogène >ulime par exemple (itouiboii-rAichainbault, etc.');
les eaux île Salies-de-Béam B'exportent bien. Les eaux
sulfatées fortes étant toutes froides et .1 peine gazeuses
sont aisément transportables (Sedlitz, Pullna, Uunyadi
J.iiiiis, etc.). Nous n insisterons pas. Quant a la cause de
cette altération des eaux transportées, elle n'est pas connue;
on peut supposer qu'il y a un dérangement des molé-
cules intimes coïncidant avec la perte de leur température
native. C'est tout ce qu'on peut dire dans l'état actuel de la
science. Dr |„. Bu.
II. Chimie industrielle.— Par suite de leur prix rela-
tivement élevé ou dans un but de lucre de la part de
négociants peu scrupuleux, on a de tout temps cherché
a imiter les eaux minérales naturelles ; mais, malgré l'ha-
bileté apportée à cette imitation, l'analyse chimique per-
met toujours de la déceler. Il ne faudrait cependant
pas conclure à une falsification quand, à l'analyse, une
eau ne répond pas à sa composition normale, caries eaux
minérales, surtout les eaux gazeuses et ferrugineuses, con-
servées un certain temps en bouteille, perdent leur gaz car-
bonique, et une partie des éléments dissous se dépose;
aussi doit-on toujours examiner avec soin le dépôt formé
dans les bouteilles. Nous donnons ci-dessous les formules
générales proposées par Soubeyran pour la fabrication des
eaux minérales artificielles :
Eau acidulé gazeuse, imitation des eauxdeRenaison,
Saint-Galmier, etc.
gr.
Chlorure de calcium 0,33
— de magnésium 0,27
— de sodium 1,10
Carbonate de soude cristallisé 0,90
Eau gazeuse 650,00
Eau alcaline gazeuse (Vais, Vichy)
Carbonate de soude. .
Carbonate de potasse.
Sulfate de magnésie.
Chlorure de sodium . .
3,12
0,23
0,35
• 0,08
Eau gazeuse 650,00
Eau ferrugineuse
Tartrate ferrico-potassique ,
Eau gazeuse
gr.
0,15
650,00
Eaux liihinées. Les eaux lithinées se préparent avec
le carbonate de litbine en présence des carbonates de soude
et de potasse ; les quantités à employer sont variables et
doivent être formulées par le médecin.
Eaux purgatives de Sedlitz
Sulfate de magnésie
§0
Eau gazeuse 650
Ces eaux se préparent facilement à l'aide du gazogène
Briet (V. Eau gazeuse). Les imitations que l'on rencontre
fréquemment dans le commerce sont celles de Vais, de
Vichy et les eaux purgatives. Ch. Girard.
III. Droit administratif. — Le commerce des eaux
minérales, pouvant donner lieu à des fraudes et a des
abus , devait fatalement être réglementé. Cette régle-
mentation fut l'objet d'edits royaux, rendus par Henri IV,
Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. Le Béarnais qui, né
dans les Pyrénées, avait bu de leurs eaux bienfaisantes,
nomma par lettres patentes de mai 1603 des surin-
tendants chargés d'inspecter les établissements thermaux.
Certains de ces établissements reçurent une législation
spéciale. C'est ainsi qu'un arrêt du conseil du roi, en date
du 6 mai 1732, remis en vigueur par le décret du
30 prairial an XII, viol imposer des servitudes et de véri-
tables prohibitions aux propriétaires ■ de Ba-
règee. Vers la fin du x\ui' siècle, les dérisions admit
trativea se succèdent a de brefs intervalles. I a arrêt du
conseil de 177-2 crée une commission d< médecins chai.
de la distribution des eaux minerai' • ll.-i vint
établis des bureaux de distribution. D'autres an>
datés des lr avr. 1774 et 12 mai 1773, prescrivent
l'examen des eaux dans ces bureaux. I n autre, portant
la date du .'» mai 17M, est relatif à leur fonctionnement.
à la conservation des sources, a la découverte des eaux,
a biir analyse, à leur adjudication, a leur puisement, à
leur transport et à leur recensement. Depuis 1789, les
mesures administratives prises en vue de règleneotSf
l'usage des eaux thermales ont été plus nombreuses encore
que dans l'ancien droit. Il nous suliira de citer un décret
du 23 vendémiaire an VI (14 oct. 17!)7), qui chargea les.
municipalités de leur surveillance et accorda aux indi-
gents leur usage gratuit ; l'arrête du Directoire, qui, à
la date du 2!) Boréal an VII (18 mai 1799), renouvela
les prescriptions de l'arrêt du 5 mai 1781 ; l'arrêté des
consuls du 3 floréal an Mil (23 avril 1800), relatif à la
location et à l'administration des établissements ther-
maux ; leur arrêté du 6 nivôse an XI (27 déc. 1802), com-
plétant le précèdent; les décrets impériaux des 12 juin et
22 nov. 1811 , concernant les eaux de Plombières, de Bour-
honne et d'Aix-la-Chapelle ; l'ordonnance royale des 1 8 juin
et 7 juil. 1823, l'un des textes fondamentaux en la matiei. :
le décret du 8 mars 1848 ; la loi des 14-22 juil. 181
qui a complété et réformé l'ordonnance de 1823 sur plu-
sieurs points, les décrets des 8-20 sept. 1856 et des
28 janv. et 13 fevr. 1 860 ; la loi des 1 2-1 3 févr. 1 883, com-
plétant celle de 1856, et le décret des 11-15 avr. 1888,
modifiant celui de 1856.
De l'ensemble de ces documents résulte la législation
actuelle. Elle a profondément modifié les principes du
droit civil applicables à la question. Le propriétaire du
sol peut, en règle générale, disposer comme il lui plait de
tous les produits de ce sol et notamment des eaux qui en
jaillissent, à la condition de n'apporter aucune entrave à
l'exercice des servitudes acquises par ses voisins. C'est là
le jus abutendi que donne la propriété entière d'une chose.
Mais telle est l'importance des eaux minérales que le pos-
sesseur le plus légitime et le moins contesté d'une des
sources dont elles découlent ne saurait les vendre, ni
même les donner comme il l'entend. Tout d'abord, il doit,
pour « livrer ou administrer au public des eaux minérales
naturelles ou artificielles », demander au ministère de
l'intérieur une autorisation préalable, qui est délivrée
« sur l'avis des autorités locales, accompagne, pour les
eaux minérales naturelles, de leur analyse, et, pour les eaux
minérales artificielles, des formules de leur préparation
(art. 1er de l'ordonnance du 7 juil. 1823) ». Cette auto-
risation peut être révoquée « en cas de résistance aux
règles prescrites par la présente ordonnance ou d'abus qui
seraient de nature à compromettre la santé publique ».
Tout établissement d'eau minérale est, en outre, sou-
mis à une inspection réslementée par l'ordonnance de
1S23, la loi de 1856, le décret de 1860 et la loi de 1^
Autorisation et inspection sont évidemment requises dans
l'intérêt de la sanlé publique. Aussi les inspecteurs sont-
ils pris exclusivement parmi les docteurs en médecine
(art. 3 de l'ordonnance). Quoique leurs fonctions soient
entièrement gratuites (loi du 13 fevr. 4883, art. l,Ti.ilsne
peuvent exiger aucune rétribution des malades auxquels ils
ne donnent pas de conseils ou de soins. Ils doivent, en
outre, leur assistance aux indigents <• admis à faire 1.
des eaux minérales (décr. du Î8 janv. 1860, art. 8) ». Les
établissements thermaux sont, de plus, soumis à la sur-
veillance des ingénieurs des mines (decr.de 1880, art, 13);
il en est de même de la recherche, de la conservation et
de l'aménagement des sources (circulaire du ministre de
l'agriculture du 18 oct. 1888— D. P., 1886, III. p. 44).
— 219 —
EAU
l'n arrête ministériel de juin 1889 I supprimé les postes
d'inspecteurs de Cauterets, d'Eaux-Bonnes Si dfl la plupart
îles stations importantes. 1. a surveillance de MB etablis>e-
meuts balnéaires n'appartient donc plus qu'aux ingénieurs
des mines. Cette mesure a soulevé de nombreuses récla-
mations. Sans examiner leur bien fondé, nous croyons de
notre devoir de contester la valeur juridique d'une décision
■ànatté'rieUe modifiant trois textes législatifs, L'ordonnance
de I8i3,laleide 1836, la loi de 1 883, et le décret del860.
Si le propriétaire d'un établissement thermal veut lui
donner (importance résultant d'une déclaration d'intérêt
public, il doit en adresser la demande au préfet de son dé-
partement dans les formes prescrites par le décret des 8 et
'20 sept. 1836, art. 1. 9 et 9. Il est statue sur cette de-
mande, conformément aux art. 3 et 8 inclus, par un dé-
cret délibère en conseil d'Etat.
Le principal effet de la déclaration d'intérêt public d'un
établissement est de lui assurer un « périmètre de protec-
tion ». Sur une étendue déterminée du sol qui entoure la
source, il est interdit aux propriétaires du terrain de faire
sans autorisation aucun sondage ou travail souterrain
(art. 3 do la loi des 14 22 juil. 1836). C'est là encore une
atteinte grave au droit de propriété, qui comporte L'usage,
même abusif, du sol et du sous-sol. Elle a été nécessitée par
des dommages causes à des sources déjà mises en exploi-
tation, notamment à Vichy et à Cauterets. Les formalités
à remplir pour obtenir la fixation du périmètre de protec-
tion sont prescrites par le titre 2 du décret de 1836
(art. 10 à 13). Pour avoir le droit d'exécuter des travaux
dans le sol du périmètre, il faut se conformer à celles du
titre III.
Une dérogation, peut-être plus excessive, aux principes
du droit civil consiste dans la faculté donnée par l'art. 7 de
la loi des 14-22 juil. 1830 au propriétaire d'une source
déclarée d'intérêt public, de faire dans les terrains d'au-
tan' (à l'exception des maisons d'habitation et des cours
attenantes) « tous les travaux de captage et d'aménagement
nécessaires pour la conservation, la conduite et la distribu-
tion de cette source, lorsque ces travaux ont été auto-
risés par un arrêté du ministre de l'agriculture ». Ces
servitudes si rigoureuses ne donnent droit à aucune in-
demnité : elles sont d'utilité publique et comme telles doivent
être subies sans dédommagement (V. Proudhon, Domaine
Sublie, 1. 1, n° 832, 871 ; Demolombe, Servitudes, 1-304;
alloz, Répertoire. Servitudes, n° 398 ; idem, Supplé-
ment, Eaux minérales, n° 29).
Ln pratique, cependant, elles causent des préjudices dont
il est dû réparation. La loi de 183(3 elle-même en a prévu
quelques-uns. Elle accorde indemnité : 1° lorsque des tra-
vaux, entrepris dans le périmètre de protection avec une
autorisation préfectorale, viennent à être interdits par le
préfet, sur la demande du propriétaire de la source (art. 4);
2 lorsque <ki travaux, commencés en dehors du périmètre,
sont interrompus par l'extension de ce périmètre, en vertu
de l'art. 3 de la loi de 1836; 3° lorsque le propriétaire
d'une source exécute sur le terrain d'autrui des travaux
de captage et d'aménagement (art. 7). Dans tous les cas,
les dommages sont à la charge de ce propriétaire, et les in-
demnités réglées à l'amiable ou devant les tribunaux
(art. 10) dans les limites fixées par l'art. 10, § 2.
« Lorsque l'occupation d'un terrain compris dans le péri-
mètre prive le propriétaire de la jouissance du revenu au
delà du temps d'une année ou lorsque, après les travaux,
le terrain n'est plus propre à l'usage auquel il était em-
ployé, le propriétaire audit terrain peut exiger du proprié-
taire de la source l'acquisition du terrain occupé ou déna-
turé. Dans ce cas. L'indemnité est réglée par la loi du
3 mai 1*11 (sur les expropriations). Dans aucun cas, l'ex-
firopriation ne peut être provoquée par le propriétaire de
a source (art. 9). » Si une source d'intérêt public « est
exploitée d'une manière qui en compromette la conserva-
tion, ou si l'exploitation ne satisfait pas aux besoins de la
santé publique », un décret, rendu en conseil d'Etat, peut
autoriser l'expropriation de la source dans les formes de
la loi du 3 mai 1844 (art. 12). Les infractions aux dispo-
sitions qui précèdent sont réprimées par l'art. 13, qui les
Erappe d'une amende de 50 a 300 fr. Elles sont consta-
tées « concurremment par les officiers de police judi-
ciaire, les ingénieurs des mines et les agents sous leurs
ordres ayant droit de verbaliser (art. 13) ». Des servitudes
spéciales ont, en outre, été établies au profit de plusieurs
établissements thermaux. Nous avons déjà cité à col égard
l'arrêt du ti mai 1732 relatif à Barèges. Il en ost de plus
anciens, qui concernent les bains de Balaruc (arrêts des
29 janv. et lidéc. 1713 et'l 1 mars 1783), de plus récents,
intervenus en faveur du Mont-Dore, les 13 mars 1810
et IS mai 1813.
Aux termes du décret des 28 janv., 13 févr. 1800
(art. 13), « l'usage des eaux n'est subordonné à aucune
permission ni aucune ordonnance de médecin ». Il n'en
est pas de même de leur exportation; l'art. 16 de l'or-
donnance des 18 juin et 7 juil. 1823 porte : « Il ne peut
être fait d'expédition d'eaux minérales naturelles hors de
la commune ou elles sont puisées que sous la surveillance
do l'inspecteur. Les envois doivent être accompagnés d'un
certificat d'origine, par lui délivré, constatant les quantités
expédiées, la date de l'expédition et la manière dont les
vases et bouteilles ont été scellés au moment même où
l'eau a été puisée à la source ». Et l'art. 17 ordonne aux
inspecteurs de vérifier, à l'arrivée des bouteilles d'eau à
leur destination, si « les précautions prescrites (par l'art,
précédent) ont été observées », et si elles peuvent être
livrées au public. Les mêmes mesures sont requises par
l'ordonnance pour les eaux minérales artificielles. En ce
qui concerne ces dernières, des formalités spéciales ont
été inscrites dans ce document législatif. L'art. 13 exige
des fabricants certaines garanties de capacité. L'art. 14
les oblige à se conformer strictement dans leurs prépara-
tions aux formules approuvées par le ministre de l'inté-
rieur, à moins que d'autres ne leur aient été délivrées par
des docteurs en médecine. L'art. 1 3 place les dépôts d'eau
minérale naturelle ou artificielle autres que les pharma-
cies sous l'application des mêmes règles. 11 reconnaît, tou-
tefois, le droit qu'a « tout particulier de faire venir des
eaux minérales pour son usage et celui de sa famille ».
Les infractions à l'ordonnance de 1823 sont punies des
peines de simple police édictées par l'art. 471, § 13 du
C. pén. (Cass. cr. rejet, 22 juil. 1873, D. P., 1876, I,
p. 190). Une pénalité spéciale et toujours en vigueur est
prononcée par un arrêt du conseil du 3 mai 1781, qui
rend passible de 1 ,000 fr. d'amende quiconque aura, sans
permission, fait le commerce d'eaux minérales achetées aux
sources. Application de cet arrêt a été faite, le 1 6 lév. 1 884,
par la cour d'Amiens (D. P., 188i, II, p. 230). A. Berlet.
Bidl. : Physiologie et Thérapeutique. — Dicl. ency-
clop. se. médic., Dict.de thérap. de Dujardi.n-Beaumetz,
et les traites de Durand-Fardel, etc.
EAU oxygénée (Chim.). Form. (]£; ; ; ; ; ; ; JgJ*
L'eau oxygénée a été découverte en 1818 par Thénard,
en attaquant par les acides le bioxyde de baryum. Elle a
été étudiée par un grand nombre de chimistes, notamment
par Schœnbein, Brodie, Carius, Houzeau, Weltien, et
surtout par M. Berthelot, qui l'a soumise à un examen
approfondi. Elle est formée de volumes égaux d'oxygène et
d'hydrogène : c'est le corps le plus riche en oxygène que
l'on connaisse. m
Un la prépare en traitant l'aride chlorhydrique par le
bioxyde de baryum délayé dans de l'eau ; eu agitant
constamment, le peroxyde se dissout, et l'eau 'oxygénée
prend naissance, mélangée à un grand excès d'eau, d'après
l'équation suivante :
2Ba08 + 2HC1 = 2BaCl + H2»)4.
On précipite le chlorure métallique par un très léger excès
d'aride sullurique, et on ajoute peu à peu une nouvelle
quantité de peroxyde, ce qui fournit une quantité d'eau
EAI
2Î0 -
oxygénée égale ■■< la première ; en répétant trois autres ibis
cette opération, on obtient on liquide de plus en plus
ohargé. Finalement, on précipite le baryum par l'acide
sulluri<|iie, ce qui régénère l'acide chlorhydrique ; on en-
lève ce dernier par le sulfate d'argent, ce qui donne de
l'acide sulfuriqne, qu'on précipite par <le l'eau de baryte.
Le liquide est alors seulement formé d'eau ordinaire et
d'eau oxygénée. On l'obtient industriellement en faisant
réagir, à basse température, l'acide chlorhydrique étendu
sur du bioxyde de baryum délayé dans de l'eau ; le liquide
contient ordinairement dixii douze fois son volume d'oxygène
et renferme de l'acide chlorhydrique libre qui ne nuit pas,
en général, à son emploi et rend sa conservation plus facile.
L'eau oxygénée est un liquide neutre, incolore, insipide,
inodore, ayant pour densité 4 ,452 ; elle traverse l'eau à la
manière d'un sirop, bien qu'elle y soit Boluble en toutes
proportions; elle reste encore liquide à — 30° ; elle est plus
soluble dans l'alcool que dans l'éther. Elle décolore beau-
coup de matières organiques, attaque l'épiderme et le
blanchit. Soumise à l'action de la chaleur, elle commence
à se décomposer vers 15°; mais, si elle est étendue de douze
à quinze fois son volume d'eau, la décomposition résiste
jusqu'à 50°; les acides lui donnent de la stabilité; les
alcalis facilitent au contraire sa décomposition ; on peut la
distiller dans le vide à basse température. Plusieurs corps
la décomposent, même à froid : l'oxyde d'argent, plusieurs
oxydes et métaux lourds, la fibrine du sang, etc. D'après
M. Berthelot, avec l'oxyde d'argent, le volume d'oxygène
dégagé est égal à celui qu'elle peut fournir pour se trans-
former en eau ordinaire, bien que l'oxyde soit lui-même
décomposé, d'où résulte de l'argent métallique et du peroxyde
d'argent : 3AgO=Ag-f Ag*Ori. D'après le même auteur,
la chaleur absorbée au moment de sa formation est égale
à 10cal74, et, si l'oxyde d'argent la décompose, c'est
parce que le système peut dégager de la chaleur avec
formation de sesquioxyde ou peut-être de trioxyde d'argent.
Thénard a proposé l'emploi de l'eau oxygénée pour res-
taurer les anciens tableaux plus ou moins altérés par la
sulfuration des sels de plomb ; elle a servi aux chimistes à
obtenir des peroxydes nouveaux et à faire quelques syn-
thèses organiques. Actuellement, elle est employée dans
l'industrie comme agent décolorant ; on l'applique à la
décoloration de la soie, des plumes d'autruche, des fils de
lin, des cheveux ; dans ce dernier cas, les cheveux noirs
sont blanchis et on peut même obtenir toutes les nuances
intermédiaires avec des solutions plus ou moins étendues.
Ed. Bourgoin.
Bibl. : Barreswil, Ann. ch. et phns., 1847, t. XX, 364.
— Boussingault, id., 1880, t. XIX, 4b4. — Berthelot,
Rech. sur l'eau oxygénée, id-, t. XXI. 146, 153, 157, 164,
172, 176, 181. — Brome, id., 1850, t. LXV, 50. — Favre et
Silbermann, id., 1852, t. XXXVI, 22. — Houzeau, id.,
1868, t. XIV, 111, 305. — Schœnbein, id., t. 1.V1I1, 479,
184 ; t. LIX, 102. — Thénard, id., 1818, t. VIII, 306 ; t. IX,
55, 94; t. X, 114, 335; t. XI, 83, 208. — Weltzien, id..
1860, t. LIX, 105.
EAU régale (V. Azotique [Acide]).
EAU résidu aire (Analyse). La composition des eaux
résiduaires varie suivant le genre d'industrie d'où elles
proviennent; c'est ainsi qu'aux environs des centres indus-
triels, les eaux sont souvent chargées de pétrole, d'huile
minérale, d'acides, de métaux, cuivre, zinc, de matières
fécales, de matières en putréfaction, etc., etc., décelés fa-
cilement par les procédés suivants d'analyse.
Recherche des métaux toxiques. — Recherche et do-
mine du cuivre. Le résidu sec d'un certain volume d'eau
acidulée repris par l'eau distillée et additionnée d'ammo-
niaque, donne une liqueur bleu céleste en présence du
cuivre. Pour le doser, on évapore à siccité plusieurs litres
d'eau acidulée à l'acide chlorhydrique, on sépare la silice,
comme il a été dit (V. Eau [Analyse]), et on précipite, à
tiède, par un excès de gaz sulfhydrique ; on filtre rapide-
ment, on lave constamment à l'eau chargée d'hydrogène
sulfuré pour éviter les pertes par sulfatisation, et on sèche
rapidement. Le précipité est mis dans un creuset de porce-
laine aw-r un peu de soufre en poudre; on \ joint b-s
oendrea dn filtre et on ehaufle brteoenl au ronge, dans un
courant d'hydrogène ; on obtient \& protoaolfure de eorrre
qui, multiplié par 0,7985, donne le enivre métallique.
Cu-s / 0,7985= Ch.
Le dosage a l'état d'oxyde par calnnation du sulfure au
contact de l'air n'est pas aussi juste.
Recherche et ioioge du plomb. In certain votasse
d'eau légèrement acidifiée a l'acide nitrique et) évaporé I
sec; on reprend par l'eau, on filtre; l'iodure de potassium
donnera dans la liqueur, s'il y a du plomb, un précipité
jaune d'iodure de plomb, (oluble a chaud et cristallisant
en lamelles par le refroidissement. I.e dosage se fait sur
-1 litres d'eau; on acidulé à l'acide chlorhydrique et on
évapore à siccité; la silice est séparée et on précipite par
l'hydrogène sulfuré. Il se précipite du sulfure de plomb
que l'on filtre ; on lave a l'eau bouillante et on convertit
en sulfate par l'acide nitrique; on calcine et on pèse. Le
multiplicateur 0,736 donne l'oxvde de plomb :
PbO,SO<X 0,730 = PbO.
Recherche et dosage du tûu. Sur plusieurs litres d'eau,
on sépare la silice, puis on ajoute un peu d'ammoniaque;
l'oxyde de fer se dépose: on filtre; dans la liqueur on pré-
cipite le zinc par le sulfhvdrate d'ammoniaque ; on jette
sur un filtre et on lave à l'eau distillée contenant du
sulfhvdrate d'ammoniaque. Le sulfure est ensuite desséché
et placé dans un creuset de porcelaine pesé d'avance ; on
ajoute les cendres du filtre; on recouvre le tout de soufre
en poudre ; on chauffe d'abord doucement, puis au rouge
vif, dans un courant lent d'hydrogène : on a ainsi le sul-
fure dont le poids, multiplié par 0,835, donne l'oxvde :
ZnS X 0,833 = ZnO.
On peut aussi doser à l'état d'oxyde de zinc en calcinant
fortement le sulfure.
Recherche et dosage de l'arsenic (V. Arsenic, t. III,
p. 1137). Le procédé suivant de recherche et de dosage de
l'arsenic est très rigoureux ; on l'emploie fréquemment
dans les analyses d'eaux minérales. A 10 litres d'eau, con-
tenue dans un grand flacon, on ajoute de l'acide chlorhy-
drique pur jusqu'à réaction acide, puis environ 10 centim.c.
d'une solution à 30° Baume de perchlorure de fer ; on agite
et on précipite par l'ammoniaque; tout l'arsenic est entraîné
par l'oxyde de fer; on laisse déposer le précipité; on décante
le plus possible de liquide et on filtre. Après lavage, le
précipité est mis dans une capsule et dissous à l'acide sul-
furique ; cette liqueur est essayée à l'appareil de Marsh.
S'il y a de l'arsenic, on peut le doser en dissolvant le pré-
cipité de fer dans l'acide chlorhydrique. On réduit par un
courant d'acide sulfureux ; on chasse l'excès de ce gaz par
la chaleur et on fait passer un courant d'hydrogène sulfuré ;
il se précipite du sulfure d'arsenic que l'on transforme par
l'acide azotique en acide arsénique ; le dosage se fait en-
suite à l'état d'arséniate ammoniaco-magnésien.
Recherche des infiltrations de fosses d'aisance. Er-
nest Baudrimont a proposé le procédé suivant : on traite
500 centim. c. par '200 centim. c. d'ether: on décante ce
dernier dans une soucoupe de porcelaine et on laisse éva-
porer à l'air libre; les matières fécales communiquent au
résidu une odeur franche de scatol.
Recherche du pétrole. Les puits voisins des usines de
rectification de pétrole sont souvent infectés par les infil-
trations de ce liquide. Pour rechercher le pétrole, on
soumet un litre d'eau à la distillation; les 100 premiers
centim. c. qui passent sont agités avec 50 centim. c.
d'éther. On décante l'éther et on l'abandonne à l'évaporatiea
spontanée à l'air libre; si le résidu contient du pétrole, on
le reconnaît facilement à l'odeur particulière de ce carbure.
Recherche des infiltrations de produits d'usine à
gaz. Les eaux souillées par les produits d'usine à gaz
possèdent une odeur empyreumatique et contiennent des
sulfocyanures. On peut se rendre compte de cette altération
comme suit : le résidu de 400 centim.c. d'eau est repris par
un peu d'eau distillée et deux gouttes d'acide chlorhydrique
— 221 —
EAU — EAUNES
pur; la liqueur tiltreo dansera la coloration rouge des sul-
meyanures en présence de perchlorare «le fer.
Recherche du tanin. La tanin se rencontre très
rarement dans les eaux; cependant o» a quelquefois à le
rechercher lorsque des usines d'extrait do bois do châtaignier
ou do bois do teinture rejettent louis eaux dans une rivière.
Pour lo caractériser, on évapore a polit volume un litre
d'eau; on filtre; ou s'assure que la liqueur est parfaitement
neutre et on verso une solution de gélatine; il se forme un
précipité de tanate «le gélatine; on le recueille; on le met
en suspension dans de 1 eau acidulée à l'acide chlorhydrique
et on agite avec de l'éther qui dissout le tanin mis en
liberté. On peut alors le caractériser par les sols de ter. On
reut aussi l'aire directement la réaction des sels de fer sur
eau évaporée à un petit volume.
L'écoulement dos eaux résiduaires aux égouts et cours
d'eau est réglementé par des ordonnances do police ; il
convient auparavant de leur faire subir différentes mani-
pulation.- physiques ou chimiques ayant pour but de les
débarrasser de la plus grande partie des impuretés en sus-
pension ou en dissolution ; aucun des procédés proposés
n'est partait: cependant les traitements à la chaux, au sul-
fate do ter, au sulfate d'alumine, au mélange de charbon,
fer et alumine connu sous le nom de carferal, paraissent
les meilleurs. Ch. Girard.
EAU salée (Contrib.) (V, Sel).
EAU THERMALE (V. EaI' MINÉRALE).
EAU (Abbaye de P), appelée aussi Pantoisotl. An-
cienne abbaye de femmes de l'ordre de Citeaux, du diocèse
de Chartres, fondée en 1225 par Isabelle, comtesse de
Chartres; elle était située sur le territoire de la coin, de
Ver-lès-Chartres (Eure-et-Loir) .
EAU de Rouen (Vicomte de P). Recette et juridiction
établie au moyen âge dans la ville de Rouen. Les coutumes,
analogues aux droits modernes d'octroi, qui formaient un
des principaux revenus de la vicomte, remontent à une
antiquité fort reculée, mais le nom de la vicomte de l'Eau
ne date que de la première moitié du xiuc siècle. La vi-
comte était une espèce de prévôté (V. ce mot), à laquelle
le commerce actif de la Basse-Seine donnait une impor-
tance exceptionnelle. Dans l'origine, elle fut administrée
pour le compte du duc de Normandie. Mais, dès le milieu
du xnc siècle, on la donnait à ferme; enfin les derniers
ducs confièrent l'exploitation de la vicomte au maire et
aux officiers de la com. de Rouen, usage très fréquent en
Angleterre au moyen âge. Les bourgeois gardèrent cette
exploitation jusqu'en 1-204. A cette date, le roi de France,
conquérant de la Normandie, en prit le fardeau et les pro-
fits, et la bailla en garde ou en ferme à des particuliers.
La vicomte de l'Eau était ainsi affermée quand fut rédigé,
sous le règne de saint Louis, son Coutumier. Les fermiers
(il y en avait plusieurs) « faisaient conjointement la recette
des revenus et rendaient conjointement la justice » ; vicomtes
de l'Eau, ils devaient prêter serment au bailli royal et lui
présenter leurs comptes. Ce système était très vicieux, la
recette et la juridiction étant réunies entre les mains sus-
pectes des fermiers, qui n'avaient acquis leur dignité qu'en
qualité de derniers enchérisseurs. Dans les dernières
années du xive siècle, un magistrat distinct des fermiers de
la vicomte de l'Eau fut institué pour juger les questions
relatives à la perception des acquits, recevoir les serments
des sergents, etc. ; le titre de vicomte de l'Eau lui fut
réservé. Les adjudicataires de la ferme cessèrent même de
toucher immédiatement les deniers; la caisse de la vicomte
fut confiée à la garde d'un officier du roi ; au xvc siècle, elle
était fermée de trois serrures, dont les fermiers ne détenaient
qu'une seule. — La vicomte de l'Lau se composait des
coutumes perçues sur les marchandises apportées à Rouen,
soit par la Seine, soit par l'une des sept portes de la ville,
surtout sur les vins; elle fut affermée en t.Jll pour
6,000 livres par an; mais les guerres du \i\" et du
xv8 siècle ruinèrent le commerce ; vers le milieu du
xve siècle, la ferme était baillée ordinairement au prix de
1,100 ou 1,200 livres par an. En 1027, on payait, au
contraire, pour l'avoir, jusqu'à 14,000 livres; niais la
vicomte souffrit beaucoup de l'interdiction du commerce
de la Hollande et de Hambourg, faite en 1664. A la
suite d'un arrêt du conseil d'Etat du 28 sept. 1717, des
commissaires généraux adjugèrent, en 1717, au prince
de Coude et à ses livres et sieurs, à titre d'engage-
ment, avec faculté de rachat perpétuel et moyennant un.
capital de 120.000 livres, tous les droits de la vicomte;
Ces droits resteront dans la famille de Coudé jusqu'à la
Révolution. — Comme juridiction, la vicomte, après avoir
été eu décadence, à partir du xiv° siècle, se releva en
vertu d'un édit du 22 mai 1554, qui attribua force de loi
à son Coutumier. Elle se fit dès lors assimiler, malgré de
fréquents conflits avec les tribunaux rivaux, à la prévôté
de Paris. Elle s'étendit sur la Seine normande et sur les
affluents de ce fleuve, embrassant dans sa compétence,
outre la police des quais, les faits relatifs aux péages, aux
bacs, au halage, au flottage, au voiturage par eau. — La
vicomte de l'Eau était installée dès le xme siècle en face
de l'église Saint-Vincent jusqu'à la rue Herbière le long
de la rue dite « de la Vicomte » ; les anciennes caves
de son hôtel subsistent encore. — Le Coutumier de la
vicomte de l'Eau est une espèce de tarif des droits de
coutume ; il est intéressant à cause de sa date (xme siècle)
et à cause des usages juridiques qui s'y trouvent rap-
portés. Il a été publié pour la première fois à Rouen,
en 1617, par Germain de La Tour. M. Ch. de Beau-
repaire en a donné une édition critique dans son excel-
lente monographie De la Vicomte de l'Eau de Rouen
(Evreux, 1856, in-8). Ch.-V. Langlois.
EAUBONNE. Com. du dép. de Seine-et-Oise, arr. de
Pontoise, cant.de Montmorency; 1,1 30 hab. Ce pittoresque
vallon des environs de Montmorency dut au siècle dernier
une certaine vogue au séjour de Saint-Lambert, qui y écrivit
les Saisons, de Rousseau et de Mme d'Houdetot; on y
voit encore la maison de Saint-Lambert et un chêne de la
Liberté planté par Franklin.
EAU-CLAIRE. Ville des Etats-Unis, Etat de Visconsin,
sur la rivière Chippewa; 21,000 hab. en 1885. Nombreuses
scieries; plusieurs autres établissements industriels.
EAU COURT (Abbaye d'). Ancienne abbaye d'augustins
du diocèse d'Arras, fondée vers 1 100.
EAUCOURT-sur-Somme. Com. du dép. de la Somme,
arr. et cant. (S.) d'Abbeville; 342 hab.
EAULNE. Rivière de France (V. Seine-Inférieure
[Dép. de laj).
EAU M ET (Ulmetum). Abbaye du diocèse d'Arles, fon-
dée par les cisterciens en 1175, à qui l'abbesse de Saint-
Césaire concéda l'église d'Eaumet. En 1194, Alphonse
d'Aragon donna aux moines le village de Silva Albaronis
ou Silva regalis (Sauveréal) où le monastère fut transféré.
L'abbé Jean prit en 1245 le titre d'abbé de Sauveréal au
lieu de celui d'abbé d'Eaumet. Sous l'abbé Bernard III
(1299-1515), l'abbaye de Sauveréal s'unit avec celle de
Valmagne (diocèse de Valence, Vallismagna) et Pons II
Maurin, abbé de Valmagne, est le dernier dans les actes
de qui on trouve encore le titre d'abbé de Sauveréal.
EAUNES (Ulnœ, Eunœ). Com. du dép. de la Haute-
Garonne, arr. et cant. de Muret, sur la rive droite de la
Garonne ; 551 hab. L'histoire de cette localité se confond
avec celle de l'abbaye, autour de laquelle elle s'est formée.
L'église (moderne) de l'ancienne abbaye sert d'église
paroissiale.
Abbaye o'Eaunes. — Ordre de Citeaux, dioc. de Tou-
louse. Fondée vers le milieu du xn' siècle, par les sei-
gneurs de Montaut. L'histoire de cet établissement est assez
obscure. Après avoir végété pendant quatre siècles, il fut
détruit par les religionnaires ; l'église fut reconstruite en
1658 par l'abbé François-Barthélemi de Grammont.
Bibl. :Bibl nat., ms. lut. 11012 (cartulaire du xn« siècle).
— Galhachristiana, t. XIII. — llist. de Languedoc, nouv.
édition, t. IV, pp. 634-636.
BAUX - ÉBARBAGE
— -m —
EAUX Al X J \MliKS ( V. I.AU AUX JAMHISI.
EAUX kt Foutît ( v. l'on»: r y.t i.ai , g Administration).
EAUX-BONNES. boni, du dép. dea Bassei-Pyrénéi
d'oionni, cant.de Laruns; 874 bab. Cette ville tbermaU
1res fréquentée est & L'entrée delà gorge ranerrée de la
Sourde mi Soole, aa-deasos du cooflaenl deee torrent el
du celui du Valentin. Elle est dominée du coté s. par le
j.Dur/.N (1,839 m.) et au delà par le pk de Ger, au N.
par la Montagne Verte (1,106 m.). La station ia chemin
de fer la plus rapprochée es) Laruna, d'où l'on va a l'an.
I>i ia charles de 13.'>(i iiiciitiiilinent pour la première foia les
aourcea dea Eaux-Bonnes. Gaston Phœbus fil de cette loca-
lité un rendez-vous de chasse. Henri d'Albret, après avoir
combattu à Pavie, y envoya ses compagnons d'armes, d'où
le nom que prirent alors les sonnes d'eaux d'arquelw-
sades. Montaigne les avait appelées eaux gramontaises,
en l'honneur d'un due de Gramont. Les monuments des
Eaux-lionnes sont l'établissement thermal, une église
moderne, et le casino, tonde en 1857. G. U.
Eaux minérales. — Les eaux de cette station sont sulturées
sodiques ou calciques, avec chlorure de sodium abondanl
et sulfate calcique et avec dégagement abondanl d'azote. Il
y a neuf sources dont la température varie de 13° à 3*2° C.
Les eaux servent principalement en boisson dans les catarrhes
de la muqueuse aérienne : angines et bronchites chroniques,
asthme avec catarrhe, pleurésie et pneumonie chroniques,
phtisie pulmonaire; les effets se manifestent très vite, surtout
chez les herpétiques, les lymphatiques et les scrofuleux ;
l'hémoptysie n'est pas une contre-indication. L'action exci-
tante de ces eaux serait nuisible dans la phtisie aiguë non
circonscrite et dans les cas de complication cardiaque, de
diarrhée chronique, de fièvre hectique continue. 11 n'est pas
prudent d'aller aux Eaux-Bonnes avant le 1" juin et après
le 30 sept. Dr L. Un.
EAUX-CHAUDES. Ville thermale du dép. des Basses-
Pyrénées, arr. d'Oloron, cant. et com. de Laruns; 753
hab. Elle est située sur le gave d'Ossau, dans une gorge
resserrée, à (>75 in. d'alt. et à 9 kil. des Eaux-Bonnes.
L'étroit défilé de Hourat conduit des Eaux-lionnes aux
Eaux-Chaudes. Catherine de Bourbon, sœur de Henri IV, a
été aux Eaux-Chaudes en 1 59 1 . Après avoir été fréquentées
sous Henri IV, les Eaux-Chaudes perdirent leur répu-
tation, et ce ne fut qu'en 1781 que les Etats du Béarn
purent déterminer la commune de Laruns à y faire des
travaux indispensables. L'établissement thermal actuel a été
construit (1848-50) sur la rive droite du Gave. G. R.
Eaux minérales. — Les eaux, sulfurées sodiques faibles,
azotées, émergent non loin des Eaux-Bonnes et présentent
des propriétés analogues. Les sources, au nombre de sept,
présentent une température de 10 à 36° C. Ces eaux s'em-
ploient en boisson et en bains et douches, mais l'usage
externe en est prédominant. Moins excitantes que les Eaux-
Bonnes, elles sont utiles dans les affections des voies res-
piratoires, les manifestations rhumatismales et arthritiques,
un grand nombre de dermatoses, les affections utérines, les
ulcères, les ophtalmies chroniques, etc. Dr L. Hn.
EAUX-CLAIRES (Les). Rivière de France (V. Charente
[Dép. de la]).
EAUX-PUISEAUX. Com. du dép. de l'Aube, arr. de
Troyes, cant. d'Ervv ; (539 hab.
ËAUX-VIVES. Faubourg oriental de Genève; 8,000 hab.
Cette commune n'a pris son véritable développement qu'après
la démolition des fortifications de Genève (1849). Elle n'avait
que 2,000 hab. en 1850. Son nom est probablement une
corruption à'Aguam virulent, eau verte, à cause du lac, sta-
gnant à cet endroit. Aujourd'hui les Eaux-Vives sont desser-
vies par quatre lignes de tramways à vapeur, et la gare de
Genève-Eaux-Vives (P.-L.-M.) est la tète de ligne des che-
mins de 1er de la liante-Savoie. I'. Iv.
EAUZAN (Elesanus pagus). Ancien pays de la Gas-
cogne, compris, depuis la suppression du diocèse d'Eauze,
son chef-lieu, dans celui d'Àueh. 11 avait pour limites au
N. leGabardan, au S. etàl'E. l'Armagnac, a 10. le Marsan.
EAUZE [Bluta). C'i.-J . de ont. du dép. du Gers, arr.
de Condom, sur une colline dominant la Gène : '«. 2S8 bab.
Stat. du chem. de fer du Midi, embranchement de Nérac
i Bauze. Petit séminaire. Important marché des eaox-
de-vie de l'Armagnac. Fabrique d'alambies. — Ancienne
capitale des Elusates, la ville d'Eauze devint lloiis-
aante sous la domination romaine et lut au ne siècle la
capitale de la Novempopulanie ou troisième Aquitaine.
Mais depuis cette époque elle ne cessa de déchoir. Sa déca-
dence avait déjà commencé lorsque, du vu1 au xe siècle,
(•Ile lut successivement dévastée par b-s Vandales, les
Goths, les Sarrasins et les Normands. H n'y subsistait plus
que des ruines, et les habitants avaient été dispersée .
qu'au x" siècle s'éleva, a quelque distance des ruines de l'an-
cienne ville, un monastère autour duquel se forma une
agglomération nouvelle qui est devenue la ville actuelle.
Fortifiée au moyen âge, elle joua un certain rôle dans les
guerres de religion. Henri IV, alors roi de Navarre, échoua
dans une tentative qu'il fit pour s'en emparer en 1596.
— L'emplacement de l'ancienne capitale delà Novempopu-
lanie est à 1 kil. environ à l'E. de la ville actuelle sur
un plateau cultive; il est appelé dans le pays du nom
caractéristique de La Cieulat. Il n'y reste plus aucun ves-
ti.e de la ville ancienne, mais des fouilles y ont amené à
diverses reprises la découverte de nombreuses antiquités.
L'église d'Eauze est un bel édifice gothique du xvie siècle,
dû à Jean de La Marre. L'abside est flanqué d'une tour
octogonale. Il subsiste quelques débris des anciens rem-
parts. La source de Sainte-Rose, qui jaillit à 3 kil. de la
ville, près d'une chapelle, est le but d'un pèlerinage fré-
quenté.— l'n siège épiscopal existait à Eauze an ine siècle.
La tradition en attribue l'établissement à saint Paterne.
On cite comme ses successeurs Luperculus, Mamertinus,
qui assista au concile d'Arles de 303, et Servandus. Saint
Taurin était évèque lors de l'invasion des Vandales, en
406. On cite après lui : Clarus, en 50ti: Leontius, en
51 1 ; Aspasius, de 533 à 549; Laban, de 573 à 585;
Didier, en 583; Senoch ou Sinoch, en 6"25, et enfin Pa-
terne, qui était évèque en 663. Après lui il y eut encore
d'autres évèques dont les noms ont été oubliés, puis, à la
suite des invasions, le siège épiscopal fut transféré à Auch.
Bibl. : Histoire générale de Languedoc, éd. Privât, t. IV
(1872). note d'E. Mabille, col. 3o5.
EBALIA (Zool.). Genre de Crustacés Décapodes bra-
chyures. de la famille des Leucosiadés, établi par Leach et
caractérisé par la carapace de forme rhomboïdale ou hexa-
gone, à front proéminent presque droit ; la première an-
tenne est placée obliquement sous le front, la seconde est
très courte ; les trois paires de pattes-machoires sont
presque semblables à celles des Ilin ; les pattes portent des
pinces de longueur médiocre; l'abdomen est de cinq an-
neaux. Type : E. CranchU des cotes océaniques d'Europe
et de la Méditerranée. B. M.
ÉBARBAGE. I. Technologie. — L'ébarbage est mie
opération qui consiste à enlever les barbes ou ébarbures
des objets fabriqués, c.-à-d. à faire disparaître les parties
superflues. L'opération diffère suivant les métiers, mais
le but est toujours le même (V. ci-dessous).
H. Fonderie. — Dans la fonderie de fonte, d'acier ou
d'alliages du cuivre, les pièces coulées présentent souvent
sous forme de bavures des parties étrangères, principale-
ment dans les endroits où les différentes parties du moule
se réunissent. L'ébarbage a pour but d'enlever ces parties,
en général assez minces, afin de rétablir la forme exacte.
Cette opération se fait à la main, au moyen d'un burin et
d'un marteau : aujourd'hui, on emploie souvent dans le
même but les machines à fraiser : enfin, dans le cas
exceptionnel d'une fonte blanche et très dure à attaquer
au ciseau, on fait usage de la meule. L. K.
III. Chavire. — Opération qui consiste à enlever, à
l'aide de l'ébarboir ou du grattoir, les aspérités que le
travail de la pointe sèche ou du burin détermine à la sur-
face du cuivre. On obtient ce résultat en faisant glisser
— m —
ÉBARBAGE — EBBON
sur le cuivre une dos moea il<> fèbarboir, pose ù plat, de
façon que le tranchant joue un rota analogue k celui du
rasoir sur la peaQ. F. Coi rboin.
IV. Reliure (V. Ruions).
ÉBARBEUSE (Agric). Afin de rendre les grains d'orge
marchands et de les utiliser pour l'alimentation ou pour
la préparation du malt dos distilleries et dos brasseries, il
est nécessaire de leur enlever le prolongement filiforme,
raido et coriaoaqui persiste après l'opération du battage.
L'opération se fait soit en soumettant l'orge à un nouveau
battage on mieux en le Faisant passer dans une èbarbeuse.
Cette machine se compose, en principe, d'un arbre légère-
ment incliné de 0"80 de longueur, garni de laines d'acier
disposées suivant une hélice. Cet arbre, mis en mouve-
ment par un engrenage à manivelle, t'ait cent cinquante
tours par minute et tourne dans une enveloppe cannelée,
en toute, de 0ml.'> de diamètre intérieur. Le grain est
jeté dans une trémie, d'où il passe dans l'enveloppe, et sort
à une extrémité complètement èbarbe ; un simple coup de
tarare sutlit pour le séparer des barbes. Le rendement de
l'ébarbeose est de 1,500 litres d'orge èbarbe par heure.
ÉBARBOIR (Grav.). Instrument d'acier bien trempé,
en forme de lame triangulaire ou quadrangulaire, servant
à l'ébarbage (V. ce mot).
EBATY. Corn, du dôp. de la Cùte-d'Or, arr. et cant. (S.)
de Beaune : 134 bah.
ÉBAUCHAGE. I. MÉTALLURGIE. — L'ébauchage est
l'opération préliminaire du laminage quand on veut arriver
à une forme profilée. L'ébauchage sert à transformer en
barres plates, faciles à paqueter, le fer puddlo obtenu dans
1'atfinage, tout en lui enlevant les scories dont il était
accompagne. L'opération est faite au moyen d'une série
de cannelures ogivales et rectangulaires. L'ébauchage, dans
le laminage proprement dit, se fait surtout avec des can-
nelures carrées ou rectangulaires (V. Laminage). L. K.
II. Clramiqle. — Le degrossissement d'une pièce céra-
mique se fait soit au moulage, avec des balles de terre :
il est dit alors au ballon; soit au tour, avec des bou-
dins de terre qu'on superpose les uns aux autres : il est
dit au colombin. — 11 doit être exécuté à la main, pour
rendre la pâte bien homogène, la mélanger intimement et
faire adhérer tous les raccords de la terre. Cette opé-
ration a pour but de prévenir les fentes, les déchirures, qui
ne manqueraient pas de détériorer la pièce à la cuisson, si
la liaison de toutes les parties n'était pas absolue. Plus la
pâte est fusible, plus l'ébauchage doit se faire sous une
èpaaaaear considérable. F. M.
ÉBAUCHE (Beaux-Arts). Première phase de l'exécution
d'une œuvred'art quelconque, tableau, statue, gravure, etc.
Il faut distinguer très nettement l'ébauche, telle que nous
venons delà définir, de V esquisse (Y. ce mot), qui n'est
pas un commencement d'exécution, mais bitn un projet, de
dimensions généralement réduites, de l'œuvre d'art; trop
souvent ces deux appellations sont prises comme synonymes.
— L'ébauche d'un tableau peut se faire de différentes
manières, selon que l'enduit préparatoire dont est revêtu
le panneau ou la toile à peindre est blanc ou gris, que
l'artiste préfère attaquer son travail avec des valeurs et
des tons d'une gamme foncée et puissante, ou claire et
assourdie, qu'il lui convient de frotter sa toile avec dos
couleurs légores et transparentes, ou de la couvrir de
touches grasses et fermes. Il y aurait nombre d'exemples
remarquables à citer pour chacun de ces procédés. Chaque
genre de peinture peut s'ébaucher d'une façon particu-
lière ; l'étude exécutée d'après nature, dans un laps de
temps plus ou moins limitée, ne saurait, on le Comprend,
être ébauchée avec l'attention et la méthode que l'artiste
pourra consacrer, dans le calme de l'atelier, au tableau
fait d'après elle et pour lequel il aura tout le temps de
combiner les artifices du pinceau. Le dessin sur la toile et
une partie importante de l'ébauche : il doit être fait spé-
cialement en vue de la peinture qui le recouvrira ensuite,
et dont il doit indiquer surtout les grands plans. en traits
sobres et accentués. D'après les observations faites sur les
ouvres dos écoles anciennes et surtout sur celles de notre
époque, si habile dans les procèdes d'exécution de la poin-
ture, on peut conclure que la manière d'ébaucher la plus
généralement employée, celle qui laisse le plus de res-
sources pour la perfection finale d'un tableau est celle qui
consiste à peindre légèrement les ombres, avec des cou-
leurs transparentes, mais suffisamment siccatives, puis à-
poser les clairs en touches grasses et solides, largement
fondues dans les demi-teintes, en prévoyant et en ména-
geant toujours l'effet que l'on se propose d'obtenir en
somme. Une ébauche bien latte doit donner une juste
impression de l'ensemble d'une œuvre, quoique dans une
tonalité plus sourde. — L'ébauche d'une statue, d'un groupe
ou d'un bas-relief peut être envisagée à deux points de vue
différents : c'est le commencement d'exécution, par l'ar-
tiste, d'un modèle en terre, destiné ù être reproduit en-
suite en bronze ou en marbre ; ou celui de cette œuvra
elle-même, au moyen de la pierre ou du marbre, par des
ouvriers spéciaux et par des procédés mathématiques. La
seconde de ces opérations constitue la mise au point (V. ce
mot). Pour la première, l'artiste se sert généralement
d'une maquette, esquisse réduite qui est la première idée
de son œuvre, et qu'il reproduit dans les dimensions défi-
nitives. Lue connaissance approfondie de l'analouiie, des
dessins faits d'après nature, doivent lui permettre d'obte-
nir les attitudes justes et vraies, les proportions heureuses
et les attaches exactes d'une figure humaine, qualités pri-
mordiales d'une ébauche de sculpture, et dont la réunion
rend une œuvre vivante dès son début, malgré la rudesse
de l'ébauchoir. Ad. T.
ÉBAUCHOIR.I. Technologie. — Sorte de ciseau à deux
tranchants formant angle, à un ou deux biseaux, que les
charpentiers emploient pour ébaucher les mortaises, les
embrèvements, les pas de vis. Cet outil est en fer pour les
gros ouvrages, et en fer pourvu d'un manche en bois pour
les ouvrages plus délicats. On se sert aussi de l'ébauchoir
pour amorcer le fer sur le bois. L. k.
II. Sculpture. — Outil de sculpteur, de formes et de
dimensions extrêmement variées, servant à terminer les
ouvrages en cire ou en terre. Destiné à suppléer à l'in-
suffisance et au manque de finesse des doigts de l'artiste
dans le travail des extrémités et des détails d'un mor-
ceau, l'ébauchoir est le plus souvent en fer, en buis
ou en ivoire, renflé au milieu pour le rendre plus aisé-
ment maniable. Ses bouts sont arrondis, courbés, aplatis
ou biseautés de diverses façons, selon l'emploi qu'on lui
destine.
EBBLINGHEM.Coin.dudép. du Nord, arr. et cant. (N.)
d'Hazebrouck ; 705 hab.
EBBON, archevêque de Reims, né vers 77o, mort à
Hildesheim le "il) mars 8.'H. Frère de lait de Louis le
Débonnaire, il fut élevé avec ce prince, dont il devint le
secrétaire dans son royaume d'Aquitaine. Peu de temps
après l'avènement de Louis à l'empire, Ebbon, promu par
celui-ci à l'archevêché de Reims (8K>), devint un des
principaux personnages de cette époque. Ebbon fit preuve
de grandes qualités dans l'administration de son diocèse et
travailla activement à évangéliser les Saxons et même les
Danois (824). Il devint un des chefs du parti ecclésiastique.
Il prit part au concile de Paris (829), dont les décisions
furent une sorte de manifeste clérical (V. Louis le Débon-
naire). Lorsqu'éclata le conflit et que Lothaire se mit à la
tête des mécontents, le clergé s'abstint d'abord ; mais, trois
ans après, il se prononce contre le vieil empereur. En 833,
à l'assemblée de Compiègne, Ebbon joue le rôle dirigeant
avec Agobard (Y. ce nom) ; ils imposent à Louis la con-
fession publique de ses fautes et l'abdication solennelle.
Quand l'empereur est restauré, Ebbon porte la peine de sa
conduite au synode de Thionville; il se déclare lui-même
indigne de sa fonction, est déposé et conduit au monastère
de f'ulda. puis a celui de Fleurv (83.')). Jl en sort à la mort
de Louis le Débonnaire, et Lothaire le fait rétablir sur son
EBBON — ElîKLMEN - 22', —
liège pur le eoaeils dlngeUieim (840). Il publie nue Apo-
logieob il conteste la régularité de sa déposition. Mais le
pape lin refuse une nouvelle institution canoniqne; il tombe
en disgrâce auprès de Lothaire, qui lui ôte ses abbayes. Il
se retire auprès <l<' Louis le Germanique, <|iii lui donne
l'évèché d'Hudesheim. Outre son Apologie, nous avons rlc-
lui une lettre à Halitgaire, èvéque de Cambrai, et des
Règlements édités a la suite île Flodoard (V. ce nom).
EBBW-Vai.k. Ville d'Angleterre, comté île Monmoiilli
(Pays de Galles), an\ sonnes île l'Klibw : 15,519 hab.
Hassin houiller et ferrugineux.
EBE (Gustav), architecte allemand, né à llalberstadt
le l'r nov. 1834. 11 étudia l'architecture et la construction
à Berlin, puis voyagea en France et en Italie. Il prit
part à de nombreux concours, soit seul, soit en collabora-
tion avec M. J. Banda, son compatriote, et, parmi ces con-
cours, ceux relatifs à l'hôtel de ville de Magdebourg et à
la cathédrale de Berlin; à l'hôtel de ville de Vienne on les
deux associés obtinrent un des quatre premiers prix d'une
valeur de 10,000 fr. ; à une « Realschule » et à un gymnase
pour Magdebourg ; aux théâtres à construire dans les
villes de Posen et de Breslau; à l'hôtel de ville de Ham-
bourg et au palais du Parlement de Berlin. Gustav Kbe
obtint des médailles aux expositions de Vienne et de Mu-
nich, et fit construire de nombreuses résidences, dont le
château de Miechowitz (Silésie supérieure) et les villas
kaulfmann et Bunsen, à Berlin. Charles Lucas.
EBED-Jésus, surnommé Bar Brika (fils du Béni), théo-
logien nestorien, né à Gozarta sur le Tigre, vers le milieu
du xnie siècle, mort en nov. 1318. Remarqué pour sa
riche culture, il fut nommé évèque de Sindjar et d'Arabie,
puis, vers 1287, métropolitain de Nisihis. Parmi ses nom-
breux écrits, plusieurs sont importants : le Livre de la
pierre précieuse de la vérité de la foi, édité par le car-
dinal Mai dans Scriptorum veterum nova collectio
(Borne, 1823-28, t. X, pp. 317-366); l'Epitomé des
canons des conciles et Douze Traités sur toutes les
sciences, une sorte d'encyclopédie en vers; enfin, un cata-
logue rimé, mais très important, d'environ deux cents écri-
vains syriaques, édité et expliqué par Assémani dans sa
Bihliothcca orientalis (Rome, 1719-1728, 1. 111,1, pp. 1-
362). F.-H. K.
EBED-Jksus, fils de Jean, patriarche chaldéen du
xvie siècle. Elu en 15.'»4 évèque de Gozarta, il alla à Rome
en 1562 pour faire confirmer son élection par le pape, et
mourut peu après son retour en Mésopotamie. On vante
son érudition et son ardeur à augmenter le nombre des
nestoriens unis à Rome.
EBEL (Johann-Gottfried) , médecin et géographe alle-
mand, né à Ziillichau le 6 oct. 1 761, mort à Zurich le 8 oct.
1830. Reçu docteur a Vienne, il exerça à Francfort en 1792,
puis en 1796 se rendit à Paris comme attaché d'ambassade
et s'y lia avec Sieyès, dont il répandit les ouvrages en Alle-
magne; en 1801, il passa en Suisse et y obtint le droit de
cité; en 1810, il se fixa définitivement à Zurich. H s'est
occupé du cerveau et de son développement (thèse inaug.,
1788), de crétinisme, d'ethnologie, de statistique. Ouvrages
les plus importants : Schilderuny lier Gebirgsvolker der
Schweiz (Tubingue, 1798-1802, 2 vol. in-8 ; Leipzig
1802-1803, 2 vol. in-8); Ueber-den liait der Krde in de»
Alpen-Gebirgen, etc. (Zurich, 1808, in-8) ; Malerische
lieise durch... Graubitnden (Zurich, 1825). DrL llx.
EBEL (Johann-W'ilhelm), chef de la secte religieuse des
A i nigsberger, né à Passenbeim (Prusse orientale) en
1784, mort à Ludvrigsburg (Wurttemberg) le 18 août
1861. Elève du tbéosophe Schœnherr, il devint pasteur à
Kœnigsberg et réunit un certain nombre de disciples des
deux sexes; on les accusa d'immoralité et, à la suite d'un
long procès, il fut destitué, en 1839. 11 se retira avec la
comtesse Ida de Groben en Wurttemberg, et plus tard son
innocence fut prouvée (V. Mickfr).
BlBL. : KANITZ, AufMœrung itiid Altenquellen ùber den
1H3?>-I8k2 :» Kivnigsberg ge/ùrhten Religionsprozess ;
B&le <-t Lndwimburg. 1MC— ILumbufeld, Die relvj
BewegutiQ in Kcenigsoerg ; Bram
EBEL (Hermaon), rai tirent allemand, ne i Berlin le
10 mai 18-Jh, mort a Misdroj le 19 août 1*7... Elève de
Bceckb, de l'ott et de Bopp, professeur de Ernçssa sTwi
divers gymnases, pois de grammaire comparée a l'université
de Berlin, ou il succéda à Bopp, il a publié un grand nombre
d'articles dans la revue de Rnhn, Zeitschrifl fur verglev
chende Sprachforschung,àua les liritrœge de kuhn et
de Schleicber; il est un des promoteurs des études cel-
tiques avec /.euss; son grand travail fut une refonte de la
GrammaticaCeltica de Zeuss (Berlin, 1871); il a collabore
à VIndogermanische Chrestomathie de Schlekher ( Wei-
mar, 1809) et préparé un dictionnaire de l'ancien irlan-
dais; parmi ses articles, nous citerons, outre le recueil
traduit en anglais des CeUie Studies (Londres, 1863) :
!)<■ Verbi Brttannici futuro a conjunctivo (Schneidc-
muhl, 1866).
EBEL (Fritz), paysagiste allemand contemporain, né a
Lauterbach (liesse) en 1835. Il étudia la peinture |
Darmstadt et à Karlsruhe, s'établit en 1861 à Dusseldorf,
et compléta ses études par des voyages en Italie et en
France. Ses œuvres les plus remarquables sont : Paysage
du Itliin, Paysage du Tirol, Vallée de lllse dans le
llarz. Lac d'iktei en Holstein, etc.
EBELING (Johann-Georg), compositeur allemand, né à
Lmebourg vers 1620, mort a Stetlin en 1676. Il fut direc-
teur de musique à Berlin, puis professeur à Stettin. Son
principal ouvrage est un recueil de cent vingt cantiques
spirituels à quatre voix avec deux violons et basse sur les
poésies de Paul Gerhard. La première édition en fut publiée
à Berlin en 1666 sous le titre Pauli Gerhardi gcistliche
Andachten. Le même Ebeling est l'auteur d'une disserta-
tion historique intitulée Archcologiœ orphicœ (1676), et
d'un concerto pour plusieurs instruments (1662).
EBELING (Frnest), architecte et professeur d'architec-
ture allemand, né à Hanovre en 1804. Il fit ses études
à Hanovre, les continua à Karlsruhe et voyagea en Italie,
à Saint-Pétersbourg et en Russie. Revenu dans son pays
natal, il s'y livra à l'enseignement de son art et essaya
d'implanter en Hanovre le style de la renaissance floren-
tine et des diverses ères du gothique anglais. Parmi les
édifices qu'il fit construire, on doit citer l'Ecole polytech-
nique, l'Arsenal, l'Ecole militaire des cadets, la salle des
séances des Etats de la province et nombre de construc-
tions privées. Charles Lucas.
EBELING (Adolf), écrivain allemand, né à Hambourg
le 24 oct. 1827. Il a voyagé au Brésil, vécu longtemps à
Paris (1831-1870) où il professa à l'Académie de commerce
à partir de 1862; il a ensuite professé à l'Ecole militaire
du Caire (1874-1878), puis s'est retiré à Cologne. Il a
publié entre autres : Gedichte (1845); Bruchstucke «u
der Beschreibung einer Beùe nach Brasilieu (Ham-
bourg, 1819): des romans. Jenny (Hambourg. 1850);
Eine il ut ter in Irrenhaus (Brème, 1851); Ghasete
(Aix-la-Chapelle. 1868); Thûrine (Berlin, 1874); ïcr-
mischte Schriften (Soest, 1867-4868, 2 vol.): ses cor-
respondances, réunies sous le titre de Lehenden Bilder
ans dem modernen Paris (Cologne, 1863-1867, 5 vol.)
ont eu du succès: il a publié encore : Bilder aus Cairo
(Stuttgart, 1878, 2 vol.); Fùrstùt uiid Professai- (Co-
logne, 1881), intéressant pour la biographie de Heine;
Napoléon III und seinen Eof < I SS7 ): il a traduit les
mémoires de Mmc de Rémusat et de la ;;èuèrale Durand
(4884-4887).
EBELL (Heinrich-hail). compositeur allemand, ne a
Neu-Ruppin en 1775. mort à Breslau le I2niars1824. Il
a fait représenter à Breslau plusieurs opéras, notamment
Der Nachtwackter et Anacreon ; il a écrit des cantates,
des symphonies, des quatuors, des chœurs, pour la plupait
restes en manuscrit, et a rédigé quelques dissertations
pour une société musicale qu'il avait l'ondée à Breslau.
EBELMEN (Jacques-Joseph), ingénieur et savant fran-
-'•'.S —
EBELMEN — ÉBÈNE
...lis, no à Bamnft-les-Dames (Doubs) le 10 jnil. 4844,
mort à Paris le .'il mars 1852. 11 fut admis à l'Ecole
polytechnique en 1834, a peine âgé de dix-sepl ans;
il en sortit ilans les premiers rangs pour entrer dans le
corps des mines. Il quitta l'Ecole, en is;»(i. le premier
de sa promotion, el fui envoyé à Vesoul remplir les fonc-
tions d'ingénieur ordinaire. Ses travaux e1 ses recherches
au laboratoire administratif de cette ville le liront nommer,
au début de l'année scolaire 1840-4844, adjoint au pro-
i ii- de docimasie de l'Ecole dos mines de Paris,
Berthier; dos cette époque, il le suppléa dans sa chaire,
dont il fut nommé professeur titulaire en 1845. Quelques
mois auparavant, à la demande de Brongniart, Ebelmen
avait été nommé administrateur adjoint à la manufacture
de Sèvres; doux ans après, en 1847, a la mort de Bron-
gniart, il le remplaça comme administrateur. Son passage
à la direction de cet établissement fut marqué par le déve-
loppement donné au procédé de coulage qui permit d'obte-
nir des pièces d'une grande légèreté, d une pureté de tonne
et d'une élégance irréprochables, dans dos dimensions jus-
qu'alors réputées impossibles, et par la substitution com-
plètede la houille au bois dans la cuisson de la porcelaine
dure : on lui doit aussi la rénovai ion de la fabrication de
la porcelaine tendre. Aux fonctions d'administrateur de
Sèvres et de professeur a l'Ecole dos mines. Ebelmen avait
joint celles de professeur au Conservatoire des arts et
métiers, où son cours sur les arts céramiques avait excite
un vif intérêt. Il fut enlevé presque subitement, à peine
âgé de trente-huit ans. en pleine maturité de son génie.
Los travaux d'Ebelmen, qui l'ont ainsi fait juger avec
tant d'autorité et de justesse, ont consisté en études et
recherches sur la chimie proprement dite, sur la métallur-
gie chimique et enfin sur les roches et les minéraux. Tous
les travaux d'Ebelmen sur ces divers points ont été consi-
gnés dans des notes ou mémoires publies, de 1837 jusqu'à
sa mort, dans les Annales des mines, les Annales de
physique et de rhinite et les Comptes rendus île l'Aca-
démie des sciences. En chimie proprement dite, Ebelmen
s'est spécialement occupé de docimasie ou de chimie ana-
lvtique minérale, soit pour donner de nouvelles méthodes
d'analyse, soit pour faire connaître les résultats intéressants
auxquels ces méthodes l'avaient conduit. Il n'a fait qu'une
excursion dans la chimie organique, excursion féconde et
brillante, avec les Recherches sur les combinaisons des
acides borique el silicique avec les éthers et la décou-
verte de l'hydrophane artificielle qui en résulta. Dès ses
premiers travaux à Vesoul, Ebelmen avait commencé ses
recherches si originales, et qui devaient être si fécondes,
sur la chimie métallurgique avec les Expériences relatives
à l'emploi du boisen nature dans les hauts fourneaux.
tudes sur la [Composition et l'emploi du gai, des
hauts fourneaux, puis, d'une façon plus générale, sur la
composition et l'emploi du gaz dans tous les foyers métal-
lurgiques el industriels, devaient l'occuper presque sans
discontinuité jusqu'à la fin de sa trop courte carrière. Ces
travaux devaient puissamment contribuer à faire passer la
métallurgie de l'état de métier à celui de seience, en per-
mettant d'asseoir sur des bases rationnelles la théorie de
la combustion dans les foyers métallurgiques et plus spé-
cialement dans les hauts fourneaux, ainsi que dans les foyers
industriels. Les recherches d'Ebelmen dans le domaine de
la géologie et de la minéralogie sont de deux sortes. En
premier lieu se placent les études, restées classiques, sur
[a décomposition des roches el particulièrement des silicates;
ces études, publie^ de 1845 à 1854, ont eu la plus haute
portée géogéniqne, particulièrement au point de vue de la
formation des kaolins et dos argiles par la décomposition des
feldspath». Les mémoires sur la reproduction des espèces
minérales qui, de 4847 à 1854, suivirent les recherches
précitées produisirent dans le monde scientifique une sen-
sation encore plus profonde. Ebelmen venait, en ellet, de
faire une découverte de premier ordre en imaginant une
méthode propre a obtenir par la voie sèche, à l'étal de
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
cristaux parfaits, dos compositions semblables aux miné-
raux qui constituent les gemmes. Cette méthode consistait
a obtenir la séparation OU l'évaporation de dissolvants
appropriés à dos températures el par une continuité d'ac-
tion toiles que celles données par les fours à porcelaine.
Ebelmen reproduisit ainsi, en premier lieu, les minéraux
de la famille dos spinelles (R*0',MO) à symétrie cubique,
puis la cymophane (Al-'0!,(ilO) dont la symétrie est sim-
ple ni rhombique ; il obtint les premiers borates anhydres,
à base protoxyde, qui aient été encore complètement et cris-
tailographiquement décrits; il avait commencé dos études sur
la cristallisation des silicates infusibles à la température
de nos fourneaux, et il les étendait à un grand nombre
d'autres silicates lorsque la mort vint le surprendre sans
qu'il ait pu obtenir tons les résultats que ces méthodes
pouvaient donner et sans qu'il ait même pu utiliser les
matériaux déjà réunis par lui. M. Mallard {Annales des
mines, 4887, 8e série, t. XII, p. 887) a décrit, parmi les
préparations déposées à l'Ecole dos mines, une série d'entre
elles d'un haut intérêt scientifique dont Ebelmen n'avait,
pu faire mention de son vivant, telles (pie, en dehors de
divers borates, le chroniite de glucine, la glucine, l'acide
niobique et l'acide tantalique. L. Agdillon.
ÉBÉNACÉES (Ebenaceœ Endl.) (Bot.). Famille de
végétaux Dicotylédones, dont les représentants sont des
arbres ou des arbustes, à bois dense, très dur, souvent noir,
à feuilles alternes, quelquefois opposées et verticillées par
trois, dépourvues de stipules. Los fleurs, insérées à l'ais-
selle des feuilles ou sur le bois des tiges ou des branches,
sont dioiques, plus rarement hermaphrodites ou polygames,
tétramères ou trimères, avec un calice gamosépale, une
corolle gamopétale et un androcée isostémone ou diplos-
téraone. L'ovaire, supère, est divisé en un nombre variable
de loges renfermant chacune deux ovules anatropes pen-
dants ; mais chaque loge se trouve souvent subdivisée
par une fausse cloison en deux logettes uniovulées. Le
fruit est une baie, accompagnée généralement du calice
accrescent ; ces graines, solitaires ou peu nombreuses, ren-
ferment sous leurs téguments un gros albumen charnu,
entier ou ruminé, et un embryon axile, droit ou courbe, à
cotylédons foliacés. — Les Ebénacées sont placées entre
les Sapotacées et les Styracacées ; elles ditl'èrent des pre-
mières par leur dicecie, des secondes par leur hypogynie,
de toutes les deux par leurs loges ovariennes biovulées.
On en connaît environ deux cent cinquante espèces, répar-
ties dans les six genres: lloyena L., Euclea L., Maba
Eorst., Diospyros L., Tetraclis Hiern et Braehynema
Benth. Elles ont été étudiées monographiquement par
M. Hiern (dans Transact. Cambr. Phil. Soc, XII, avec
44 pi.). Ed. Lef.
EBENALP. Montagne de Suisse, cant. d'Appenzell,
dans le groupe du Sjentis; 1,640 m. d'alt. Ses grottes et
son point de vue lui attirent de nombreux visiteurs ; ces
grottes renferment des chapelles et des caves; la principale
est Wildkirehlein, à 1 ,499 m. d'alt., oii la chapelle fondée
par le curé l linann le -2!) sept. 1856 est un lieu de pèle-
rinage.
Bibl. : Eglis, Hœhlen der Ebenalp, 1865.
ÉBÈNE. I. Botanique. — Sous le nom de Bois d'Ebène,
on désigne différents bois dont le cœur, ou duramen,
prend, avec l'âge, une belle teinte noire, entremêlée
quelquefois de lignes blanches ou brunes. Ces bois, très
recherchés pour la confection des meubles de luxe, sont
fournis principalement par des Ebénacées du genre Dios-
pyros (V. ce mot). C'est ainsi que le Hois d Ebène noir
ou B. d'Ebène vrai provient des Diospyros Ebenum
Retz, D. Ebenaster Retz ci D. melanoxylon Koxb.,des
Indes orientales; le />'. d'Ebène marbré, du D. mela-
nideu Poir.; le U. d'Ebène a veines noires, du I). leu-
comelas Poir., des iles Mascareignes. — Le lï. d'Ebène
vrai est également appelé dans le commerce 11. d'Ebène
noir ou de Maurice; mais il ne faut pas le confondre
avec la véritable Ebène noire de ce pays, qui est fournie,
15
I i;i XI. - BBER
- 22*; -
dit-on, par le Diotpyrot 1rs.-,, larta Pair. — D'un autre
du Portugal
est attribuée ou Melanoxylon Brauna Schotl (Légumi-
neuses-Ctesalpinièes) ; VEbène blanche des lie» Maica-
me» bu Diotpyrot chrytopkyllum Lamk. ; l'£A
bâtarde au Diotpyrot reticulata Willd.; \'Einif du
s, // -/.,'/ .m Dalbergia nu lanoxylon Pen. (Léguminei
Papihonacées) ; VEbène /,77c soufrée de (.minute au
Uignonia leucoxylon L. (Bignoniacées) ; enfin VEbène
:, brune de Cayennei VExcœcaria glanduiota L.,
de la famille des Euphorbiacées. Ed. Cm.
II. A m ki m.r.MKM (V. Ébénistebie).
EBENEZER. Village de l'Afrique du Sud, colonie du
Cap, comté de Clanvrifiiam, à 25 bl. environ de l'embou-
chure de l'Olifant; 350 liai). Les missionnaires de la Société
rhénane y on! lundi'' on établissement.
EBENEZER. Village de Palestine, on Jndée, près de
Mizpa, où Samuel, vainqueur des Philistins, leur reprit
l'arche sainte : il commémora cet événement par un monu-
iiinii (Sam., I, 7, 12).
EBENFURTH. Ville d'Autriche, province de Basse-Au-
triche, sur la Leitha; 2,221 hab. ; vieux château de tem-
pliers: jardin zoologique. Filature de coton, papeterie, etc.
ÉBÉNIER (Bot.). Nom vulgaire du Diotpyrot Ebenum
Retz, qui fournil une partie du véritable Boit d'Ebène du
commerce. — L'Ebémer de Crète est VÀnthyllit Cretica
Willd. {Ebenus Creticut L.), de la famille des Légumi-
neuses-Papilionacées; TE.de montagne, hBauhinia aru-
minuta L., des Antilles (Eéguinineuses-Cxsalpiniées);
l'E. d'Orient, VAlbizi-ia Lebbek Willd. (Légumineuses-
Mimosées); le faux Ebénier ou E. des Alpes, le Cytisut
LaburnumL. (Légumineuses-Papilionacées). Ed. Eef.
ÉBÉNISTE (V.^Edémsterie).
ÉBÉNISTERIE. I. Histoire. — Vers le commencement
du xvne siècle, ce terme servit à désigner la fabrication
des meubles de luxe, qui jusqu'alors avait été réservée aux
menuisiers-bucliiers. A ce moment, la mode abandonna les
dressoirs et les armoires dont nos bois indigènes fournissaient
les éléments pour rechercher les essences rares provenant
des forêts de l'Asie et du nouveau monde. L'ébène étant,
de toutes les matières exotiques, celle qui se prêtait le
mieux à la sculpture en raison de son grain serré, les
ouvriers employés à ce travail spécial reçurent la dénomi-
nation d'ébénistes. Mais il leur fallut attendre jusqu'au
xviii0 siècle pour obtenir l'autorisation de former une nou-
velle communauté de maîtres menuisiers et ébénistes, en
se séparant de l'ancienne corporation des huchiers-menui-
siers. L'ébénisterie ne se bornait pas à employer l'ébene
et les bois des lies ; elle comptait également dans son sein
des marqueteurs, ainsi que des ouvriers pratiquant l'art de
l'incrustation de l'ivoire et de l'os dans le bois. Un trouvera
au mot Ameublement l'historique de cette industrie.
11. Industrie. — L'ébénisterie est une industrie mul-
tiple; elle ne comprend pas seulement un certain nombre
de parties distinctes (menuiserie, sculpture, moulure), mais
des subdivisions nombreuses tenant aux différentes espèces
de meubles (il y a les chaisiers, les menuisiers en fau-
teuils, en buttets, etc.) et aussi aux diverses opérations
auxquelles l'exécution donne lieu (débitage, préparation,
corroyage, dressage du bois, emboîtage des pièces, assem-
blage, ajustage, placage, ponçage et vernissage). 11 faut dis-
tinguer l'ébénisterie ordinaire, ou les ouvriers travaillent
suivant des données connues, d'après des mesures fixées
et à peu près invariables, et sans avoir besoin de recherche
ou d imagination ; leur besogne consiste surtout a ajuster
les diverses parties d'un meuble, à coller les appliques,
moulures, etc., puis a plaquer el a vernir. Dans l'ébénis-
teriede luxe, au contraire, il s'agit d'exécuter des meubles
d'après des dessins ou des plans spéciaux ; il faut alors
allier la science du constructeur à l'habileté manuelle du
menuisier, et, comme ceux qui ont ce double talent sont
rares, on s'explique le prix fort élevé qu'atteint le meuble
le plus simple, (les qu'il sort des formes el des proportions
communes (V. Meoble), C risque l'ébéoisterie
française ■' son principal centre; la seulement m trouvent
réunies toutes les conditions n airec i -a perfection :
matières premières, ouvriei s habiles, critiques el acheté
le la main-d'œuvre et la facilite
communications ont tait créer dans plusieurs villes de Bro-
des ateliers qui tendent a décentraliser cette indus-
trie. Marseille, Toulouse, Bordeaux, Lyon, Dijon, Nanl
Lille, Angers, possèdent des ateliers a'ébenisterie où l'on
le tous les genres, mais spécialement le meoble ordi-
naire. Lyon, la Savoie et le Midi ont accapare a leur pro-
fil le commerce de l'ameublement avec l'Algérie, la Tunisie,
■te. etc. Les siègesen vieux chêne ont aujourd'hui leur
re de fabrication dans L ■ les articles dits d'or-
nement se font a Castres.
A Paris, on compte environ 18,000 ouvrière
dont un tiers est étranger. Il-, se divisent ain-.i : 4,000 pour
le style, les meubles de luxe et de fantaisie ; 7,000 pour
les meubles courants de commerce; 7,000 pour les meubles
ordinaires. La journée de travail est de dix heures et la
moyenne des salaires de « fr. par jour. Itaiis les grandes
maisons, les ouvriers travaillent SOUS la direction de contre-
maîtres qui gagnent de 300 a 400 fr. par mois, uu-lques
maisons emploient de "200 a 300 ouvriers : beaucoup n'en
occupent que de "20 a oO, et un plus grand nombre encore
en oui moins de 10. Os derniers sont presque toujours des
ouvriers patrons, travaillant chez eux, dans un local res-
treint qui peut contenir tout au plus quelques établis et les
outils indispensables. Ils sont donc de petits entrepreneurs,
qui n'ont besoin de capitaux importants que lorsque leurs
affaires prennent de l'extension. Citons aussi les irréguliers,
ceux qui travaillent pour la trôle, bâclent un meuble et le
vendent à vil prix sur les trottoirs du faubourg Saint-An-
toine. Ea corporation de l'ébénisterie est reliée, a Par»
la Chambre syndicale de l'ameublement ( 13, rue de la I -
risaie) fondée en 1800. Cette Chambre a fondé les cours
gratuits du « patronage des enfants de l'ébénisterie »
(5, passage des Chantiers), qui comprennent la géométrie
élémentaire, la géométrie descriptive, la perspective, le
dessin technique, le modelage et l'histoire de l'art. Ils ont
lieu tous les soirs et sont suivis par cent vingt-cinq élèves
environ. La Chambre syndicale ouvrière de l'ébénisterie
et du meuble sculpté a également créé des cours profes-
sionnels gratuits de dessin et de modelage (16, ruedeCha-
ronne). Tout récemment la ville de l'aris a créé une école
spéciale, l'Ecole Boule. A Cherbourg existait déjà une école
de ce genre, fondée par MM. Noyon, fabricants de meubles
dans cette ville, et qui donne les meilleurs résul:
EBENSEE. Village d'Autriche, prov. de la Haute-Au-
triche, au S. du lac de Gmunden; 1,053 hab. Il possède
des salines importantes (Langbath) a gauche de laTraun;
on en relire près de 400,000 quintaux annuellement.
ÉBÉON.Coin. du dép. de la Charente-Inférieure, air.
de Saint-Jean-d'Angely. cant. de Saint— M i lui [•■ ; 110 hab.
Il existe sur le territoire de cette commune une pile ro-
maine ou fanum.
Hiiil. : A.-!. I.iiviu:. tes Fana ou Vernemels du siut-
OUest de la t':.iu!<- ; Paris, 1888, iu-8. - Revue poitevine et
saintongeaise, \ '•■ année, 1888-18 Revue de Sain-
tonqc el d'Aunis, 1888, p. •
ÉBER (Paul), théologien et poète allemand, né à Ki-
tzingen, en Kranconie. le x nov. 151 1. mort a Wittenberg,
en Saxe, le 10 dec 1569. Il avait douze ans quand son
père, un pauvre tailleur, lui ayant reconnu des facultés
exceptionnelles, l'envoya au gymnase d'Ansbach. Mais il
tomba malade et fui oblige de revenir a la maison pater-
nelle ; mie chute de cheval ruina complètement sa santé;
il resta petit et contrefait. Il continua néanmoins ses études
a Nuremberg, où il eut pour maître Camerarius. Son
l'entraîna d'abord vers I histoire el les sciences naturelles;
son premier ouvrage fui une Hii : peuplé juif de-
puis le retour de la captivité, en latin (Wittenl
1548); il composa aussi un calendrier sur lequel les noms
des saiuls élaieul remplacés par des éphemerides histo-
— 2-27 —
KIU'.K - EBERHARD
«m», nanslin.ervallo.il était arme a \\ [ttotelWj
tétait entré en relations mtimes avec Luther et surtou
avec Melanehthon. H fut nommé professeur * OT™£
h\ttoeenl544,etRendantlaguerre^Sman^e(4546-
1547), quand l'université se dispersa, il resta dans
vffle l devinl prédicateur h l'église principale en 551
erfinnée Vivante il fut nommT inspecteur eçc èsiastuji
derélectorat ,1. Saxe.Dans les discussions qui iséevère
S sein de rEglise nouvelle, Paul Eber chercha toujours
I^SS «opinions extrêmes, maintenaut avec fermeté
la libre appréciation de chacun : .1 pensa qu .1 Whrt«J*J
avant ton. comme il le dit dans un écrit sur là ^ Sainte
w fWittenbera 1565), « les vames subtilités et les
h, -même considérait comme sa tâche spécial la révision
fohversion latine de l'Ancien Testament, dont u ava.
îrtchaSar l'électeur. Unepartiede ses sermons furent
ml, saines sa ,.>,,-..(> qnilm aie ,.lu. longtemps snr-
« JJTt ses cantiques; le phis celeluyommencc içar
S mote:« Seigneur Jésus-^kt, vrai homme et vrai
Um tn snutlVis nonr moi le martyre et l'outrage. »I n
!S de ^ œuvres se trouve an S- vol. de la eolleet.o,
and Begrûnderder reformirten Eirche. a. ».
Bibi s.xr.D, P«ut Eber, derSchaier,Pr^ndu«d
J«ftreni532-i569; Ansbach, 1857.
EBERBACH. Ville d'AUemagne, grand-duche de Bade,
ceivle de Hosbach, sur le Neckar, an pied du Kai/.enbueke
.;Ohab.Com,nereeaelHH,e.a,v.n..;e,.unean:~
ville impériale qui finit par tomber aux mains des électeurs
PÏ; Wibth, Geschichte dev SUdt Eberbach; S.utt-
_-aru 1864. . . ,
EBERBACH. Ancienne abbaye cistercienne, située dans
leUhemgau (district de Wiesbaden Prusse ■). rondee en
1 1 16, oeeupee par les cisterciens en 1 131, elle tut s ectt
hnseè en 1803 : il subsiste son église, le réfectoire a trou
nefs les tombeaux de plusieurs archevêques de ttayence et
corn te de Nassau. Se caves et les ba.unents du cloître,
ïïShmés en cellier, abritent les récoltes des meilleurs
crus du Hheingau.
Bn*. : B^mplo^cMGesMiedcr AbtetEter-
ajeh: Wiesbaden, 1851-58, 2 vol. — ko IL-' , S , __
Th'der Abtei Eberbach; Wiesbaden, 1861-65, « :vol
1769); Eiucfesur Jfls^fa ^k^A*771^1/^"
ir(/)!i„., d«s .•hi'iVo/»* <(<• Gôttmgue (17W). ui. u_
Sle^ Ai^ fbK^b^rdtns' KS3*rï a«a
1 |,'n' l862, . ... , î
EBERHARD, due. de FRAMCOms, tué près d Andernach
m 039 Frère et dévoue partisan du roi Conrad, (V. ce
,n) lfutva,ncuenlli:,SurlaD.em,lparleducllenn
de Saxe, détermina l'élection de cehn-c, comme roi à
Fritzlar (avr. 919). 11 entra en conflit avec Otton 1 , S(
938 et fit prisonnier un autre frère du roi, Henri, to M»,
il s'associa au duc Gislebert de Lorraine, ravagea la Saxe
et périt dans une embuscade tendue par ses cousins, Loui.u.
et Udo. Il mourut sans héritiers, et avec lui disparut la
puissance de la première maison de Franconie.
EBERHARD. Comtes et ducs de Wurttembcrg (V. ce
mot, § Histoire). . .
EBERHARD (Philippe), mathématicien zurichois, ne en
[563, mort en 1627. On connaît de lui et de son conci-
toyen Zubler un rapport paru à Zurich en 1602 sur un
nouvel instrument géométrique du à leur invention, ainsi
qu'un traite De Trmngulo.
EBERHARD (Johann-Paul), architecte et professeur de
mathèm « Uttma 1- 85 P'»v I ri: î, mort a
Gottinaue en 1795. Nommé professeur d architecture a
Gôttinme en 1754, Eberhard a laissé les ouvragi
wte?Descriptwn<run f.*1?^?
(Halle 1753): Essai sur Varchtiecture militaire IWt-
Se, 1757); De l'Utilité des m ^* (Halle,
•iotion aes cnviruite «< "•»»•»" \--
EBERHARD (Johann-August), philosophe et vulgari-
sateur aUemand, né à Halberstadt le 31 aoûl 1739, mort
à Halle le 6 ianv. 1809. Son père, maître de chant e pro-
fesseur à Halberstadt, étail un savant homme et fut son
premier maître. Apres avoir étudié quelques années au
Unase d'Halberstadt , lejeune Eberhard vint, en 1756,
étudier la théologie à l'université de Halle. Vers la fin de
r mnée 1759 irretourna dans sa ville natale et devint pré-
cepteur de l'ainé des .ils du baron von der llorst, auprès
(lu ,m.| il resta en Westphalie pendant toute la durée delà
SredeSlpt ans. En 1763,5 revint à Halberstadt et fut
ES reSr adjoint de l'école Saint-MarUn et second
prédicateur de l'église de l'hôpital du Saint-Espnt. Mas il
vnom bientôt à ces fonctions pour suivre son protecteur
;i lî(,,.iin, ou H fut admis dans la meilleure société et entra
en relations avec Nicolai et Mendelssohn. Nomme, en 1 Î68,
,.lnpi,lain ;, rasile de Berlin, il se remit avec ardeur a
' ,de de la théologie, de la philosophie et de 'histoire.
En 1786 Eberhard fut nommé membre de 1 Académie
Ses sciences de Berlin; en 1805, il reçut le titre de con-
seiller intime et, en 1808, un an avant sa mort, celui
oublia, en 1772, sa Neue Apologie des Sokratcs (lïe.lu
iïstettin 2 vol. plusieurs fois réimprimés), où il combat
a théorie ecclésiastique d'après laquelle tous les païens
son? Snés faute d'avoir eu la fol Persécute pour cet
ouvrage il accepta la cure de Charlottenburg. (1774) et
SSra les loisirs que lui laissaient ses fonctions à prè-
■ un second volume de son apo ogie, ou dénonçait
Eries les plus libérales sur la tolérance rehgmuse et sui
• c ique des textes sacrés. Sa sitnation dans église dev -
nan te'plus en plus difficile il consent.., non sans regrets
à occuper la chaire de philosophie à 'université de Halle
'( I77S II n'eut, comme professeur, qu un sucées médiocre,
1 maniait difficilement les termes abstraits, et son debi
laquait d'assurance. Mais de "«"V^££^
divers ouvrages philosophiques. Déjà, en 1 776, avait paru .
Vnnew/TlLne des Denkens ^dEmpfuidem.^
publia successivement : Sittenlehre der Vernunft (1781-
C Théorie der schônen ^steurdWmemch
(1783-86-90); Vorbereitungmr natur. ™f⌙*
17871- lllqem. Gesch. der Philos. (Halle, 1788-9o).lin
mème temps il entamait contre Ivan, une longue polenuque
^tendant que la critique de la raison ipjjwj»
détruit de la philosophie de Leibniz et de Wolff. H fonda,
Jour sontenir cette polémique, deux journaux: las ph /.-
/sr/,0^^ra/;(l787-!):,),etP/H7(^'H^«V4,7/''''
M?93 95) La réponse de Ivan. (Durch eme Entwickhu,
ïurch die aile kritik der reinen *7«&*j"i*J
altère entbehrlich gemachtwerden soll, 1790) futdesas
ne pour Eberhard, qui consacra le reste de ses jours a
Ïes tavaux moins exclusivement philosophiques: Atyo».
Smm^kdersmnverwavMenWbHer^r^ch^U-
cCsprache (1795); un excellent manuel ^ d'esthétique
Geùt des Urchristenthums (id., 1808), et un grana
nombréde monographies dans divers recueils. Th. Ru ysskn.
Parii les écrits 'd'Eberhard, plusieurs intéressent par-
,icule.ement les musiciens, et l'on y trouve diverses
i?se tons sur le mélodrame et sur des questions relatives
r iiTmentsà vent. (>tte dernière a été pu liée Jans
I,. Jtrrl mus. Wochenblall ., en 180.», p. • ', SOUS le
tonteFmrnmteeinigerGedmkmmrBeautwor-
r/ éiner Fraqe ûber die Blasinstrumente Dans son
ZLÎfJh'li l^iWmdhurh ,/„ l,^W,/c), Eberhard
' alla. l.euriedeKant. qui réduit les. mpressicms pro-
es ,,ar la musique a un , eu de pures sensal.ons. Le
PS, il consacra \ la musique un développement scien-
, , L. I philosophique. Dans la troisième partie de son
v 'a,e il rade de la théorie du beau dans cet art (pp. 66
™™f) Son principe fondamental reconnaît à l'homme te
EBERHARD — EBERS
— 228 —
sciiiiiii "ut inné des éléments de la musique que l'expérience
développe. Ces éléments sont classés dans cet ordre :
rythme, mouvement, intonation, m Hodie, harmo
Nu 01 m. Ged '
lin, 1810, ' l,
p :■ 3.
EBERHARD (Konrad), sculpteur el peintre allemand, néâ
Hindelang le 25 nov. 1768, mort .i Munich le I 2 mars 1859.
Il se fil connaître par la perfection des ouvrages de sain-
teté (crucifix, autels, images de saints), qud exécutait
avec sc> frères Konrad et Franz, devint élevé de Boos el
se rendit à Rome (1806). Il exécuta dans le style classique
une Muse, un Faune, une Leda, Eudymion et Diane,
devint professeur à l'Académie de Munich (1810), exécuta
le tombeau de la princesse Caroline (Munich, église des
Théâtins, 1825), passa au style gothique, mais Imitant les
romantiques italiens, par exemple dans ses tombeaux des
évëques Sailer et Wittmann (cathédrale de Ratisbonne). Il
rsi l'auteur de poésies et de compositions musicales reli-
gieuses. — Sun frère, Franz, né à Hindelang en 1707,
mort aveugle le 18 déc. 1836, a souvent aidé Konrad; seul
il a exéeuie divers ornements religieux, jn-t i ts bas-reliefs en
albâtre, etc., très appréciés pour la grâce de la composition,
l'expression des physionomies et la délicatesse de l'exécution.
EBERHARD (Christian-August-Gottlob), écrivain alle-
mand, né a Belzig en 1769, mort à Dresde le 13 mai 1845.
Il s'essaya dans la théologie, les beaux-arts, la librairie, le
journalisme, obtint de réels succès dans la poésie. Il se
rattache aux vieux maîtres du xviiT siècle ; on peut citer
Hannchen unddie Kùchlein (Halle, 1822), idylle vingt-
cinq fois rééditée. Ses œuvres complètes forment vingt
volumes (Halle, 1830-31). Il publia avec Lafontaine la
revue mensuelle Satina (Halle, 1812-16, 8 vol.), reprit
à la mort de son père, celle du Jarhrbuch der hâuslichen
Andacht. Citons encore Der ersteMensch und dieErde
(Halle, 18-28; 2° édit. 1834) et Vermischte gedichte
(Halle, 1833, 2 vol.).
EBERHARDT (J.), peintre d'histoire et de genre alle-
mand du xixe siècle. On signale parmi ses ouvrages :
Lénore (d'après la Ballade de Biirger) ; la Victoire de
l'amiral Iluijter sur les flottes anglaise et française;
le Printemps.
EBERL (Anton), pianiste et compositeur autrichien, né
à Vienne le 13 juin 1705, mort à Vienne le II mars 1807.
Son père était un officier important de la cour impé-
riale, et le destina d'abord au barreau. Mais, dès l'âge
de seize ans, il composa deux opéras-comiques. Il fut re-
marqué par Gluck et se lia peu après avec Mozart. Voici
la liste sommaire de ses œuvres les plus marquantes : une
sonate en ut mineur, gravée sous le nom de Mozart, op. 47,
et publiée par Pleyel sous le titre de Dernière grande
Sonate de Mozart; neuf sonates pour le piano à deux et
quatre mains, une pour piano avec violon, publiées sépa-
rément sous des litres divers; des variations sur des airs
célèbres, entre autres sur un air de la Flûte enchantée,
celles-là publiées sous le nom de Mozart ; une cantate, la
Gloria d'imeneo ; des trios et quatuors pour piano et
cordes, un quintette, trois quatuors pour deux violons, alto
et basse, des fantaisies, polonaises, concertos, sérénades
(l'une de ces sérénades est pour deux ténors, deux basses
avec alto, violoncelle et clarinette); des opéras, les Bohé-
miens, la Marchande démodes, la Reine des Iles noires,
la Sorcière, Baudouin, comte de Flandre; quatre sym-
phonies a grand orchestre. A. Ernst.
EBERLE (Adam), peintre d'histoire allemand, ne a Aix-
la-Chapelle en 1805, mort à Rome le 18avr. 1832. Elève
de Cornélius, il suivit son maître de Dusseldorf à Munich.
En 1829, il partit pour Rome, où il mourut à peine âgé
de vingt— sepl ans. Ses plus remarquables œuvres sont: la
fresque du plafond de l'Odèon de Munich, représentant
Apollon et les Bergers, et deux dessins, les A/ml ces
saint Paul et saint Pierre sur la route de Borne, et
Jérusalem captive.
EBERLE (Robert), peintre animalier allemand, m b
(Bade) le 22 iuil. 1815, mort a Ebersing, près
de Munich, le 19 sept. 1860. Cel artiste excellai! principa-
lement dans la peinture des brebis. Ses œuvres principales
sont : le Bergi r foudroyé à côté de ses brebis t I*'»-.!) :
chou v.s dans un précipice par un aigle ( \X'->X).
EBERLE (Adolf), peintre de genre allemand, né s
Munich en l«î-i. Elève de Piloty, il débuta, en 1861, par
la Saisie de la dernù qui se distingue- par l'ac-
cent de la vérité el par la simplicité. Il peignit dans la
suite des Scènes populaires de la Haute— Bavière, la
Leçon de cithare, la Hanse de la fiancée, la Prière à
table, I'1 Premier Chevreuil, etc.
EBERLEIN (Georg), architecte et peintre décorateur
allemand, né a Linden (Bavière, Franconie moyenne) le
13 avr. 1819, mort a Nuremberg le 8juil. l*x;. I
Heideloff, il décora une église de Stuttgart, la grande salie
du château de Cobourg, travailla (1840-44) i décorer les
châteaux de Lichtenslein (Wurttemberg) et de l.andsberg
(près de Meininger), a la reconstruction du château de
Hohenzollern, de la cathédrale d'Erfurt, qu'il orna de mo-
saïques, à la construction de Saint-Emmeran de Nuremberg,
de la seconde église protestante de Munich, etc.
EBERLEIN (Gustâv), sculpteur allemand, né a Spie-
ki'rshausen (près de Minden) le l-ijuil. 1847. Orfèvre, il
étudia a Nuremberg, devint élève de Begas à Berlin et
voyagea en Italie. Il a exécuté des statues de Uonard de
Vinci, Platon, Hippocrate, une Victoire couronnant
l'empereur, une Joueuse de flûte grecque, et surtout la
grande frise de la façade du ministère des cultes, longue de
43 m. (en pierre); depuis, un bas-relief colossal, le Génie
de F Allemagne (1883), Jeune Fille sacrifiant des tour-
terelles, une Psyché, une Bacchante (1884), etc. L'ne
certaine perfection d'exécution ajoute au charme de ces
œuvres gracieuses et vivantes.
EBERLIN (Johann -Ernst), célèbre organiste et compo-
siteur de musique sacrée, né a Jetlingen, près deGiinzbourg
(Bavière), le 27 mars 170-2, mort a Salzbourg le 21 juin
1762. Son vrai nom était Eberle. Il fut maitrede chapelle
de la cour de l'archevêque de Salzbourg. Il a écrit une
suite de drames latins pour les étudiants du couvent des
bénédictins de Salzbourg, de nombreuses messes, des
hymnes, des motets, dont on trouvera la longue liste dans
la Biographie des musiciens de Fétis. Ses IX Toccate c
fughe per l'organo, publiées à Augsbourg en 1717,
obtinrent un grand succès auprès des musiciens de son
temps, démenti les a insérées dans sa collection de musique
d'orgue et de clavecin, mais Mozart estimait surtout les
pièces à quatre voix. En 1777, il en copia treize pour son
instruction et celte copie existe encore. I.e style vocal de
ces motets est très noble, et l'harmonie pleine de modula-
tions savantes.
EBERNBURG. Village d'Allemagne, royaume de Ba-
vière, cercle du Palatinat Rhénan, à l'embouchure de l'Al-
senz, sur la Nahe: 000 hab. Station du cheni. de fer de
Bingen à kaiserslautern. Ruines du château qui fut la
résidence de Franz de Sickingen (V. ce nom).
EBERS (Karl-Friedrich), compositeur, ne à Cassel, dans
la liesse, le 25 mars 1770. mort à Berlin le 7 sept. 1836.
Après avoir appartenu au corps de l'artillerie prussienne,
il se fit maître de musique dans une troupe ambulante,
puis devint compositeur de la chambre du prince de Meck-
iembourg-Schwerin ( 1707). Marie, puis divorcé, il reprit
sa vie errante, fut directeur de musique à Pesth, a Mag-
debourg, et vécut enfin dans la misère, à Leigzig d'abord,
jusqu'en 1822, puis à Berlin. Ses ouvrages comprennent
des opéras. Belîa cl Fernando, l'Ermite de Fomen-
tera, Der Blwmeninsel, Der Liebescompass ; des chan-
sons avec accompagnement de piano : dis rondos, thèmes
variés, sonates, pièces à quatre mains, valses, ècos
variations, ouvertures, polonaises, danses diverses poul-
ie piano ; des trios et sonates pour piano et flûte, six
marches pour deux clarinettes, deux hautbois, deux COTS
- 229 -
EBERS — EBERSMONSTER
et deux bassons : d'autres pièces pour instruments à vent,
cors, clarinettes, cm s de basset, etc. : des solos el airs
Taries pour flûte ; une symphonie. \. Ebnst.
EBERS John), libraire anglais el directeur de théâtre,
ne à Londres vers 1788, mon à Londres entre 1830 et
l s 35. D'abord libraire à Londres, puis marchand de billets,
il prit, en 1820, la direction du kmg's Théâtre, où il
releva L'opéra italien, qui était tombé en pleine décadence.
Il obtint d'abord des Buccès considérables avec la Gaxza
Ladru et plusieurs opéras de Kossini, puis il tit faillite eu
1 s -J 7 . Il reprit alors son commerce de librairie. On a de lui
Sevm Yeers of the King's Théâtre (Londres, 1828),
ouvrage utile pour l'histoire de l'opéra italien en Angle-
terre. H. S.
EBERS (Kinili, peintre de genre allemand, né à Breslau
le li dee. I SOT . Élève de l'Académie de Dusseldorf, nu
il s'établit en 1830, cet artiste s'est t'ait connaître par
des scènes de la vie des contrebandiers, des matelots, des
pécheurs, etc.
EBERS (Georg- Moritz), égyptologue allemand, né à
Berlin le lr mars 1837. Elève de Brugsch, Lepsius et
Bœckh, à l'université de Berlin, privât docent à celle
d'Iéna (4865), il entreprit un voyage en Egypte et Nubie
(4869-70), professa a l'université de Leipzig (4870-72),
repartit pour l'Egypte, où il tit plusieurs trouvailles, entre
autres celle du Papyrus Ebers, dans la nécropole de Thèbes.
Ses principaux travaux scientifiques sont : Disquisitiones
de dynastia vicesima sexta regum œgyptiorum (Ber-
lin, 1865); Aegypten und die Bûcher mosis (Leipzig,
1868) : Dureh Ùosen mm Sinni (Leipzig, 1872) ; l'édi-
tion de son Papyrus, très intéressant pour l'étude de la
médecine des anciens Egyptiens (Leipzig, 1875). Il a, en
outre, rédigé un ouvrage de luxe, Aegypten in Wort
und Bild (Suttgart, 18S0. 2 vol., 2e éd.); un guide, Ci-
cérone durch dos aile und neue Aegypten (Stuttgart,
1886, 2 vol.) : une biographie de Richard Lepsius (Leip-
zig. 1885). 11 a eu encore plus de succès comme roman-
cier que comme savant. Ses romans historiques, très bien
écrits, où l'intérêt archéologique est soutenu par une
psychologie et une mise en scène habiles, sont très popu-
laires en Allemagne. Le premier, Eine osgyptùche Kœnig-
stochter (Stuttgart. 1864), était, en 188;'., à sa onzième
édition ; non moindre tut le succès des suivants : Uarda
(Stuttgart, 1877, H vol.); Homo sum (Stuttgart, 1878);
Die Schwestern (Stuttgart, 1879); Der Kaiser (Stutt-
gart, 1880, -2 \ol.i; Serapis (Stuttgart, 1885); ils se
rapportent aux différentes périodes de 1 histoire égyptienne
jusqu'au moment du triomphe du christianisme ; Eine
Frage (Stuttgart, 1881) est une idylle dont la scène est
dans l'ancienne Grèce ; celle de deux autres romans est
dans les Pavs-Baset l'Allemagne du xvic siècle : Die Frau
Burgemeis'terin (Stuttgart, 4884) ; Fin Wort (Stutt-
gart. 1882).
EBERSBACH. Ville d'Allemagne, royaume de Saxe,
cercle de Bautzen ; 6,934 bab. On y fabrique surtout des
cotonnades multicolores pour l'Orient ; deux lignes ferrées
s'y croisent près de la frontière de Bohème.
EBERSBERG. Village d'Allemagne, royaume de Ba-
vière, province de Haute-Bavière; 1,584 bab. Ancien cou-
vent de bénédictins fondé en 990, célèbre au xi° siècle,
occupe par les jésuites de 1595 a 177:1. grand prieuré jus-
qu'en 1803. '"est encore un lieu de pèlerinage.
EBERSBERG (Jobann-Sicgmiind). écrivain autrichien,
né à Steinabronn (Basse-Autriche) le -22 mars 17!)!). mort
a Bernais, près de Vienne, le 27 oct. !*•'>!. Précepteur dans
des familles aristocratiques, il publia Feierstunden (1824),
puis CEsterreichischen Zuschauer 11831), revue pour
les entants. Réactionnaire passionné, il dut suspendre sa
publication en INi*. On a réuni une partie de ses écrits
sons le titre: Erzœhlungen /ne meine Sœhne (Vienne,
>. 8 vol.). — Sun lils aine, KarlrJulius, né a Vienne
le 7 sept. 1834, mort a Vienne le '■ avr. 1*76. profes-
seur à l'académie militaire de Wiener-Neustadt, a publié
plusieurs récils militaires: A un déni Wunderbueh eines
Soldaten (Stuttgart, 1855); Am Wachtfeuer (4856);
Haus, Hof und Staatsgeschichten (4869, 3 vol.), etc.
— Son second tils, Ottokar-Franz (frère du précédent),
oè à Vienne le l<> oct. 1833, ri aliène le 16 janv.
1886, se lit connaître comme auteur dramatique sous le
pseudonyme d'O.-F. Berg. Il a cent, a partir de 185.,
environ cent cinquante pièces, donl beaucoup ont eu jus-
qu'à cinquante et soixante représentations ; quelques-unes,
adaptées par Kaliscb, ont eu à Berlin jusqu'à cent et deux
cent cinquante représentations (Fin Wiener Dienstbot,
transformé en Berlin, nue es weint und lacht, et Einer
von unsere l.eut'). Citons encore : Die Pfarrerskcechin,
Die aile Schachtel, Verlassene Kinder, Die Probier-
mumsell, Der lel-Je Nationalgardist, Nemesis, Dus
Masd'l ohne Geld, Der deutsche Bruder, Fin Wort an
den Reichsrat, Der barmherzige Bruder, Fine resolute
Person, Wiener und Franzos, etc. Ces comédies légères,
dont la plupart continent à la farce, ont dû leur vogue
autant à l'esprit de l'auteur qu'à sa connaissance des goûts
et des travers des classes populaires et de la petite bour-
geoisie. On a comparé l'auteur à Goldoni. Il eut, d'ailleurs,
plusieurs collaborateurs, dont. Bittner. Il a rédigé un grand
nombre d'articles de journaux, d'alnianacbs, publié des
revues satiriques, Tritsch-Tratsch ( 1859), puis Kikeriki,
enfin créé, en 1872, Dus illuslrierte F.clraldatt.
EBERSD0RF. Bourg d'Allemagne, principauté de
Keuss (brandie cadette); beau château; dans le voisinage,
le rocher de lleinriehstein, qui domine la Saale de
130 m., et le château de Bellevue. Ce fut une seigneurie
au profit d'une branche de la maison de Keuss, la branche
Reuss-Lobenstein s'étant divisée en trois en 1678. Le
prince de Reoss-Ebersdorf bâtit le château en 1690. Ses
descendants héritèrent des deux autres rameaux, Ilirscbl'eld
et Lobenslein. En 1848, le prince Henri abdiqua au profit
de son beau-frère de la ligne de Schleiz (V. Reuss).
EBERSD0RF. Village d'Allemagne, royaume de Saxe,
cercle de Zwickau ; belle église, ancien pèlerinage.
EBERSD0RF ou Kaiser-Ebeiîsdorf. Bourg de la Basse-
Autriche (cercle de Brûck), au confluent de la Schwechat
et du Danube; 2,560 hab. Il possède un port important
sur le Danube. Auprès est le grand cimetière de Vienne.
En 1809, Napoléon y tint son quartier général (au Tnur-
nelhof) avant de faire passer son armée dans l'ile Lobau.
C'est l'ancienne A la nova, résidence de la 14e légion ro-
maine. Le château où résidèrent souvent les empereurs, à
partir de Maximilien, était placé au centre de leurs régions
de chasse. Il fut agrandi par Ferdinand Ier (4558-64).
Plus tard on l'affecta au logement des fiancées impériales.
Marie-Thérèse, ayant adopté Schœnnbrunn comme rési-
dence d'été, donna Ebersdorf aux pauvres, mais Joseph II
en fit une caserne.
EBERSHEIM {villa Fbrotheim, 725). Corn, de la
Basse-Alsace, arr. et cant. de Schlestadt, sur la ligne de
ch. de fer de Strasbourg à Baie; 1,892 hab.; tissage de
coton ; malterie. — Antiquités gallo-romaines : l'ancienne
station d'Ehl (V. Benkelii) faisait autrefois partie du terri-
toire de cette commune. D'après la légende, Sigebert, fils de
Dagobert, vers l'an 675, aurait été blesse par un sanglier
(Fber), enchâssant dans ces environs; de là le nom d'Eber-
sheim (V. Arbogast, t. III, p. 567, col. 2). — A 2 kil. au
N.-E., s'élevait la célèbre abbaye i'Ebersmùnster (V. ce
nom). L. W.
Bnii.. : Grandidiee, Œuvres hist. inéd.,'V, pp. 362-3(55.
EBERS MUNSTER {Ebersheimmûnster, Aprimonas-
terium). Com. de la Basse-Alsace, arr. et cant. de Schle-
stadt, sur l'Ill; 668 bab. Eglise du xvni° siècle avec trois
clochers; antiquités romaines; tumuli; possédait autre-
fois une célèbre abbaye de bénédictins que le duc Adalric
d'Alsace doit avoir fondée au viie siècle dans une Ile formée
par deux bras de l'Ill, sur L'emplacement de L'ancien Ne—
viantum, où saint Materne aurait détruit un temple dédié
a Mercure ((A. sur le caractère légendaire de ces origines,
EBERSMÛNSTER — EBEUT
— 230 —
Beatus Rhenanus, Rer. germ., lib. III, p. I fc8). L'abbaye,
mise miiis la protecti les évoques de Strasbourg en 889,
céda .i ces derniers au su' siècle le village d'Ebersmiinster
qui, dès lors, lui compté an nombre des villes. En 1640,
ses murs furenl détruits et l'abbaye fut brûlée (cf. Zeiler,
Topographia, p. 15). Sur les nombreui diplômes relatifs
aux riches fondations de l'abbaye et attribués a des princes
mérovingiens el carolingiens, V. Grandidier, Histoire de
l'Eglise de Strasbourg, vol. 1 et 11. L. W.
Bibl. : Chronicon Vovlenlen e seti Ebersheimensis tno-
nusterii, commencé en 1163, terminée en 1235 el publié
jiar Gbandidibb pièces justificatives du t. II de I Hisl.
d'Alsace). — Gbandidibb, Hist. de l'Eglise deStrasbo\
Strasbourg, 1777, J, pp. 367-376. — Du même, Œuvres fûst.
méditée ; Colmar, l86o, V, pp. 365-368. — Eug MOlleb,
Eberamunster ; Strasbourg, 1842. — Glôcki eb, Geschichte
des Bisthums von Straaaburg, II, p. 243.
EBERSTADT. Ville d'Allemagne, grand-duché de liesse,
prov. de Starkenburg, à 7 kil. S. de Darmstadt; 3,485 hab.
Non loin, les ruines de Frankenstein,
EBERSTEIN. Ancienne seigneurie de la Souabe, qui
joua un certain rôle du xie au xme siècle. Dévoués aux
Hohenstaufen, les comtes d'Eberstein prirent part aux
guerres. Leur centre était le château d' Alt-Eberstein,
dans la Forêt-Noire, aux frontières de Bade et de Wurt-
temherg. Le comté, qui avait environ 16 kil. de long sur
4 de large et comprenait la ville de Gernsbach, eut en-
suite pour chef- lieu le château de Nni-Eberstein,
au-dessus de la Murg. Le château passa aux margraves
de Bade dès le xiiip siècle. Les comtes d'Eberstein, dont le
plus célèbre est YVolfgang, adversaire résolu des comtes de
Wurttemberg, se divisèrent en deux lignes, protestante et
catholique, et s'éteignirent en 4660. — 11 y eut en Fran-
conie dans le Bhon, un autre château et une autre famille
d'Eberstein ; elle fut mêlée dès le xne siècle aux affaires
de l'Allemagne du Nord et de la maison de Brunswick ;
elle eut des branches en Poméranie (éteinte en 1663), en
Saxe (éteinte au xv1' siècle). Le plus connu de ees comtes
est Ernst-Albrecht (1605-1676), qui se distingua dans la
guerre de Trente ans et devint lieutenant feld-maréchal
impérial, puis entra au service des Danois et défit les
Suédois à Nyborg (1659) et enfin devint généralissime des
troupes saxonnes.
Bibl. : Kbieg von Hochfelden, Geschiclite der Grafen
von Eberslein xind ihrer Besitzungen ; Arolsen, 1833.
EBERSTEIN (Wilhelm-Ludwig-Gottlob, baron von), phi-
losophe allemand, né à Mohrungen, près de Sangerhausen,
le 10 nov. 1762, mort à Mohrungen le 4 févr. 1805.
Esprit peu original, il ne s'est guère écarté, en philosophie,
du point de vue d'Eberhard. Mais, comme historien de la
philosophie, il a un réel mérite. Son principal ouvrage,
Versuch einer Geschichte der Logik und Metaphysift
drr Deutschen bis au/' die gegenwàrtige '/.fil i Halle,
1794-1799, 2 part.), se distingue parla richesse de l'éru-
dition et l'impartialité de l'exposition. Comme Eberhard, il a
soutenu contre Kant la philosophie de Leibniz simplifiée el
éclaircie par Wolff ; mais il a apporté dans cette polémique
plus de sens critique qu'Eberhard (cf. son opuscule, Ueber
meine ParteilichkeH vorzûglich einen Widerspruch
des llcrrn haut betreffend, 1800). Eberstein a encore
publié : Beschaffenheit der Logik und Metaphysik bei
den reinen Peripatetikern (1800); DieNatùrl. Theol.
iler Scholastiker (1803), le meilleur livre que nous pos-
sédions sur ce sujet. Th. Rrvssnx.
Bibl. : Intelligenzbl. zur Leipz. Littera.tu.rztg., 1805, n» 9,
pp. 139-144. — Rosenkranz, Oesch. d. Ka.ntsch.en l'Uil..
840, p. 240.
EBERSTEIN (Cari-Christian), écrivain suédois, né à
Lund le 23 mars 1794, mort a Vestra-Krarup le llimars
1858. Fils d'un professeur de Lund, qui fut èvèque de
Visby (1813-1838), el qui publia de nombreux ouvrages
de théologie, il fut dorent (1812), adjoint en grec (1815)
à la même université el obtint, en 1821, le titre de pro-
fesseur; mais, ayant été ordonné prêtre (1823), il devint
pasteur de Visseltofta (1824), puis de Vestra-Krarup
(1855). Outre six dissertations et des prêches, ainsi que
| la première Matricule du diocèse de Visby (1836), il
publia divers «dûmes de poésies: Hes Passe-temps (Hel-
singborg M826) ; Met Fleurs d'automne (1853, H
2 vol.); l'Evêque (1853), satire contre l'évêque lave;
le Moine bourru (1854), calendrier. B-a.
EBERSWALOE. Ville d'Allemagne, royannu de Pi
prov. de Brandebourg, I 45 kd. E. de Berlin, au confluant
du canal Fincra et de la Sehwsrtze : 11,524 hab. Com-
merce de bois, scierie», briqueteries, fabrication de datent,
de tuiles, etc. Dans le voisinage, grandes papeteries de
Spechthausen et Wolfswinkel; ancien couvent cistercien
de Chorin. Eberswaldeestle siège de ['académie on école
forestière prussienne. Ea ville reçut sa charte en l_
En 1747, elle fut agrandie par l'immigration des Thurin-
giens. Elle prit le nom de Neustadt, qu'elle garda jusqu'en
1877. ^
Bibl. : Hki.u-rmann. Bischreibung der Stadt Neustadt-
Eberav/alde ; Berlin, ImI'j. — Danokixmann, £>ie Forat-
akademie Eberswalde; Berlin, 1880.
EBERT (Johann-Arnold), poète et traducteur allemand,
né à Hambourg le 8 févr. 1723, mort à Brunswick le
19 mars 1795. Il se lia, jeune encore, avec le poète Hage-
dorn.Ilse destina d'abord à la théologie; mais, une de ses
poésies lui ayant attiré un blâme de" l'autorité ecclésias-
tique, il se tourna vers les lettres. Il fut un des collabo-
rateurs de la revue intitulée Ilremer lieilrœgc, ou débuta
Klopstock. Il fut chargé, en 1748, d'un cours d'anglais au
Carolinurn de Brunswick, et nommé successivement pré-
cepteur du prince Charles-Guillaume-Ferdinand, professeur
titulaire et conseiller aulique. Ebert a publié un recueil de
ses poésies sous ce titre Episteln und vermischte Ge-
dichte (Hambourg, 1789; nouvelle éd. en 2 vol., avec
une biographie, parEschenburg, 1795). Ses traductions des
Nuits d'Young et du Leonidas de Glover eurent un grand
SUCcès. \. D.
EBERT (Friedrich-Adolf), bibliographe et littérateur
allemand, né à faucha, près de Leipzig, le 9 juil. 1791,
mort à Dresde le 13 nov. 1834. Secrétaire de la biblio-
thèque royale de Dresde en 1814, bibliothécaire à celle
de YVolfenbuttel en 18-2.'!, il revint en la même quabté à
Dresde en 1825, et fut chargé de la direction de ce riche
dépôt en 1828. 11 débuta dans la bibliographie parcelle des
éditions du Tasse, à la suite d'un essai sur ce poêle,
d'après Ginguené (Leipzig, 1819). Puis il publia: DieBil-
dung des Bibliothekars (1820); Geschichte und Be-
schreibung der Kbnxgl. ôffentlichen Bibliothek su Dres-
den (1822). Mais son ouvrage capital est une bibliographie
générale, sur le modèle du Manuel de Brunet, adaptée aux
besoins du public allemand (Allgemeines bibliographi-
sclies Lexicon; Leipzig, 18-21-50, "2 vol. in-4). On lui
doit encore un bon travail sur la connaissance des manus-
crits : Zur Handschriftenkunde (1825-27, -2 vol. in-8),
et des ouvrages historiques, tels que : Leben Napoléon
Bonaparte's(i 817); Die Kulturperioden des obersâch-
sischen MittelaUers (Dresde, 1825); Ueberlieferungm
sur Geschichte, Litteratur und Kunst der Ver- und
Mitweli (Dresde. 1825-26, 2 vol.). etc. Il mourut des
suites d'une chute du haut d'une échelle à la bibliothèque
même dont il était lechef. (.. l'-i.
EBERT (Karl-Egon, Rittervon), poète allemand, ne à
Prague le 5 juin 1801, mort a Drague le 2i oct. 1882.
Sun prie était avocat et chargé de l'administration des do-
maines de la maison de Furstenberg. Ayant fait ses études
à Drague w à Vienne, Ebert devint bibliothécaire et
archiviste du prince Karl-Egon de Furslenberg. Il resij.ua
ces fonctions en 1857, et ne s'occupa plus que de
travaux littéraires. Il fui élevé au rang de chevalier par
l'empereur d'Autriche, en 1 87 1 . Egon Ebert B'essaya d'abord
au théâtre, mais il fut surtout connu par ses oeuvres lyriques
et épiques : Poésies (Drague. 1824); Poèmes (Prague,
1828, 2 vol.; 3e éd., 1845) ; Wlasta, épopée nationale
delà Bohême en trois livres (Prague, 1829) ; le Monas-
tère, idylle eu cinq chants (Stuttgart, 1855). La pensée
— 934 —
EBERT — ÊBI0N1TES
commune qui inspire ces ouvrages est la restauration dos
vieilles légendes nationales et religieuses <lo la Bohème.
1 bs poésies dénotent on sentiment profond, avec un pen-
chant a la tristesse méditative. Les poèmes retracent de
préférence des aventures tragiques : la philosophie qui s'en
dégage est la résignation aux arrêta du destin ; les carac-
tères sont empreints d'une sorte d héroïsme violent et
sombra. Pour la forme, Egon Ebert se rapproche d'Uhland.
Parmi ses dernières productions dramatiques, il faut citer
surtout : liretislaw et Jutta (1829) et le Vœu (1864). D
a publié encore un recueil de poésies sous le titre de Pensées
pieuses d'un laïque (Leipzig, 1859), et un petit poème,
la Femme du magyare (Vienne, 1865); Poetische Werke
(Prague, 1877, 7 vol.) A. 15.
EBERT (Adolf), philologue allemand, ne à Casse! le
t'rjuin IS-20. mort à Leipzig le lor juil. 1890. Il étudia
d'abord au gymnase de Cassel ; puis il suivit , de 1840 à 1 8 i i ,
les cours des universités de Marbourg, Leipzig, Gœttingue;
dès cette époque, il se consacra à l'étude des littératures ro-
manes. Ses thèses portèrent sur les littératures espagnole et
italienne. Appelé à l'université de Marbourg, il y professa
l'histoire des littératures romane-, de 1843 4 1862, date
à laquelle il passa à l'université de Leipzig. Ebert s'est
surtout attache à l'étude des rapports des littératures ro-
manes avec les littératures germanique et latine du moyen
âge ; il s'est efforcé de rattacher ces littératures aux mœurs,
aux institutions, aux idées du temps. Il a écrit : Quellen-
forschumen aus der Gesch. Spaniens (Cassel , 1849);
Handb. der iial. national Litteratur (Marbourg, 1834);
Entunckehmgsgesch. der franzos. Tragôdie (Gotha,
18561; et surtout Allgem. Gesch. der Litteratur des
Mittelalters itn Abendl., ouvrage très estimé dont les
trois premiers volumes ont seuls paru, de 1874 à 1887,
et ont été traduits en français au fur et à mesure par
MM. Aymeric et Condamin. 11 a fondé, en 1859, avec
M. F. Wolf, le Jarbruch fur romanische und englische
Litteratur, continué depuis (jusqu'en 1876) par Lemcke,
et dont l'apparition fait date dans l'histoire de la philo-
sophie romane. Th. Ruyssen.
EBERT (Karl), paysagiste allemand, né à Stuttgart le
13 oct. 1822. Elève de l'Académie de Stuttgart et de Stein-
kopf, il quitta le style classique pour aborder une manière
plus réaliste. On cite parmi ses ouvrages : Forêt de hêtres
à travers laquelle passe un troupeau de 6reéis(1871) ;
l'Entrée de la foret dans les montagnes (1874); In-
térieur de foret (1874); Foret de châtaigniers dans
le lirai.
EBERTY (Félix), écrivain allemand, né à Berlin le
■26 janv. 1812, mort à Arnsdorf le 7 juil. 1884 ; profes-
seur à l'université de Breslau (1834). Parmi ses écrils
nous citerons : Die Gestirne vin! die Weltgeschichte
(Breslau, !*'.<; : 3e éd., 1874); des biographies de
W. Scott (Leipzig, 1860) : de Byron (Leipzig, 18U-2) ; Ge-
schichte des preussischen Staah (Breslau, INii(>-73,
"vol.); Jugenderinnerungen eines alten Berliners
(Berlin, 1878).
EBERWEIN(Traugott-Maximilian), musicien allemand,
né à YVeimar le 27 oct. 1773, mort a Rudolstadt le 2 déc.
1831. A sept ans, il figurait comme violoniste dans la
chapelle du prince ; il jouait d'ailleurs de presque tous les
instruments. En 1797, il était musicien auprès du prince
de Schwarzbourg-Rudolstadt; en 1803, il commença de
voyager en Allemagne et en Italie ; en 1 nom. il dirigea la
chapelle de Rudolstadt, et, en 1817. il reçut sa nomination
officielle à ce poste. Il voyagea beaucoup, contribua a l'ins-
titution des fèt'-s musicales en Allemagne, et s'occupa aussi
de philanthropie, rie médecine, d'économie politique. Il a
beaucoup produit ; on lui doit des cantates et hymnes
pour l.i Pentecôte, la fête de la Moisson, la Trinité, j;i fête
delà Piéformation ; une messe solennelle en la bémol;
des le Deum, des psaumes; des opéras et opérettes, Pe-
dro ed Llrira, Ferausi, Claudine de Yillabella, Jéru-
salem délivrée, la Foire annuelle ,l,- PUtudersweder,
le Tournoi, le Réseau d'or, le Mil 'le cigognes, la Prê-
teuse, lu Lune, le Chêne creux ; une grande ouverture,
Macbeth ; des quatuors, variations, concertos, entr'actes,
une symphonie, des chansons, des canons, etc. A. ErnST.
EBERWEIN (Karl), musicien. Frère du précédent, ne a
Weimarle Ht nov. 1784, mort à Weimarle2 mars 1868.
Il fut élève de son père cl de son frère, se mit à composer et
devint également un virtuose très habile sur le violon. Ses
ouvrages pour le théâtre sont: Die Heerschau, Der Gruf
von Gleichen, Léonore von Holtée, le Marchand d'orvié-
tan, le Fils ilu riche, une ouverture et de la musique
de scène pour le Faust de Goethe; une ouverture pour le
monodrame lyrique du même poète , Proserpine, des
entr'actes pour plusieurs autres pièces. On a aussi do lui
des cantates, des cantiques, un oratorio, le Jeune Homme
de .\aïm, des quatuors, duos, concertos, chants divers, etc.
Sa femme s'est fait remarquer comme cantatrice, surtout
dans Fidelio et Don Juan. A. Ernst.
EBGAL. Tribu de l'Afrique orientale, peuplade des So-
malis Issa (V. ce mot).
EBGHIGH ou BEGHIGH. Petit village d'Egypte dans
la province du Fayyoum, à 3 kil. S.-O. de Medinet-el-
Favyoum. Cette localité n'est connue qu'à cause de l'obé-
lisque de granit qui s'y trouve. Ce monolithe de 13 m. de
hauteur a été renversé et brisé; il date de la xu" dynastie.
EBHARDT (Gotthilf-Friedrich) , organiste allemand, né
à Hohenstein, dansla principauté de Schœnbourg, en 1771 .
Il fut organiste à Greitz, puis en 1807 à Schleitz. Ses
compositions de musique sacrée sont nombreuses : chorals
d'orgue, cantates, messes et motets. On n'a édité qu'une
suite de Préludes pour l'orgue (Leipzig). Il a publié
aussi trois traités de théorie musicale, dont on trouvera les
titres développés dans la Biographie des musiciens de
Fétis.
EBIN G EN. Ville d'Allemagne, royaume de Wurttemberg,
cercle de la Forêt-Noire, sur la Schmieche ; 3,335 hab.
Draps, velours de coton, etc.
EBIONITES. Au mot Christianisme (t. XI, pp. 273 et
suiv.), nous avons indiqué les dispositions de la plupart des
juifs qui crurent en Jésus-Christ, leur attachement à la loi et
au culte de leurs pères et leur répugnance à admettre des
incirconcis parmi eux. L'Evangile pour eux n'étant point
une religion nouvelle, mais le complément, l'accomplisse-
ment de l'ancienne, ils considéraient la circoncision comme
une condition nécessaire de la participation aux espérances
messianiques. Ces espérances mêmes avaient gardé chez
eux leur caractère national, et ils en al tendaient la réali-
sation au retour prochain du Christ (V. Chiuasme). La
décision de la conférence de Jérusalem, qui dispensait les
gentils de la circoncision, tout en la laissant obligatoire
pour les israélites, ne pouvait mettre fin ni à leurs préfé-
rences ni à leurs répugnances. Ceux qui tenaient la cir-
concision et les observances rituelles et légales comme
indispensables pour les juifs devaient tout naturellement
s'efforcer de les faire adopter par les gentils. Aussi les
voit-on entreprendre, dans ce but, une sorte de contre-
mission dans les contrées que Paul avait ôvangélisées; et,
pendant plusieurs générations, on trouve des indices mani-
festes de cet antagonisme : vénération de la personne et
de l'œuvre de Pierre et de Jacques, réprobation haineuse
de la personne et de l'œuvre de Paul. — Primitivement,
tous ceux qui croyaient en Jésus s'appelaient eux-mêmes
les frères, les disciples, les fidèles. Lorsque l'omission
de la circoncision, révélant une innovation radicale, induisit
le peuple d'Antioche à donner aux nouveaux croyants le
nom de chrétiens, les frères qui font l'objet de cette notice,
prétendant rester purs Israélites, n'acceptèrent point ce nom
grec, qui dénonçait la rupture de l'ancienne alliance. Il est
vraisemblable que ce l'ut pour se distinguer de ceux qui
sortaient de l'ordonnance d Israël, qu'ils adoptèrent un nom
appartenant à leur langue. Ils s'appelèrent les ébionites,
nim, c.-à-d. les pauvres, nom vénéré dès avant
Jésus-Christ, parce qu'il était porté par toute une classe
ÉBI0N1TES - BBLES
— ta*
d'israélites pieux, épris de renoncement, d'humilité et de
résignation, attendant avec une ardente confiance la venue
ilu royaume de Dieu, m;iis fermement attachés aux tradi-
tions iln judaïsme. C'était parmi eux que l'Evangile avait
trouvé dès le commencement ses auditeurs les plus sym-
pathiques.— [renée est le premier des écrivains catholiques
qui mentionne ce nom. nippolyte ou l'auteur, quel qu'il
soit, des Philosophoumena, Tertullien, Origène, Eusèbe,
Epiphane, Jérôme l'ont reproduit après lui, en y attachant
des interprétations dédaigneuses ou bizarres. Suivant les uns,
les ébionites tiraient leur nom de la pauvreté de leur intel-
ligence; suivant les autres, delà pauvreté de leurs concep-
tions concernant le Christ ; ou encore, suivant d'autres,
d'un hérésiarque nommé Ebion et disciple de Cérinthe.
Il est vraisemblable qu'au commencement la plus grande
partie, sinon la totalité des ébionites, se soumirent à la
décision de la conférence de Jérusalem qui avait exempté les
gentils de la circoncision, tout en la laissant obligatoire
pour les juifs. 11 est vraisemblable aussi que pour pourvoir
à l'accomplissement de cette obligation et pour garder en-
vers le culte d'Israël la fidélité dont les apôtres avaient
donné l'exemple, ils durent établir des synagogues exclu-
sivement composées de circoncis et répudiant tout ce qui
aurait pu impliquer un reniement des traditions fondamen-
tales du judaïsme. Ces congrégations se trouvèrent isolées
à l'égard des juifs qui persistaient à condamner Jésus et
son œuvre, et à l'égard des Eglises chrétiennes recrutées
parmi les gentils. Profondément pénétrées de l'idée juive
sur l'indivisible et incommutable luiité de Dieu, étran-
gères au besoin de déification qui tourmentait les païens
et aux spéculations théologiques qu'il sollicitait, elles gar-
dèrent sur la personne de Jésus-Christ les conceptions
exprimées par saint Pierre dans les Actes des Apôtres ;
elles estimaient que toute la maison d'Israël devait re-
connaître comme Seigneur et Christ le Jésus qui avait été
crucifié (n, 36) ; mais Jésus le Nazaréen n'était pour eux
qu'un homme approuvé de Dieu, par les effets de puissance,
par les merveilles et les miracles que Dieu avait faits par
lui ("2*2); il avait reçu du Père le saint esprit promis (33);
il avait été livré par la volonté déterminée et la prescience
de Dieu (23); mais Dieu l'avait ressuscité (24). Et ils
attendaient son retour. Des conceptions analogues se trou-
vent dans le même livre (m, 13, "22; iv, 27, 28; vu, 37;
x, 38; xin, 23; xvn, 31). Elles semblent bien être les
seules qui pussent se former dans les premières années de
l'ère chrétienne chez la plupart des juifs qui avaient connu
Jésus vivant parmi eux et soumis à toutes les conditions de
l'existence humaine. — On donne généralement à ces ébio-
nites le nom de Nazaréens. Demeurant fixés au point de
départ, ils se trouvèrent de plus en plus éloignés des Eglises
chrétiennes, à mesure que celles-ci s'éloignaient de la foi
et de la pratique des premiers jours. Saint Jérôme dit que
de son temps (331-420) ils formaient des synagogues que
les juifs considéraient comme hérétiques et dans lesquelles
on professait la foi en Jésus-Christ, fils de Dieu, né de la
Vierge Marie, crucifié sous Ponce-Pilate et ressuscité; Sed
du m volunt et judœi esse et Christiani, nec judœi
sttnt nec Christiani [Epist. LXXXIX ad August.). Ils
se servaient d'un livre qui présentait w&cVEvangite selon
sai nt Mathieu une ressemblance si grande que saint
Jérôme le prit pour le texte hébreu et original de cet
évangile. En ce temps-là, ils étaient répandus dans la région
de Dérée, la Célésyrie, la Décapole, la Batanèe, la Moabi-
tide,etc. Leurs églises ou leurs synagogues se maintinrent
jusqu'au viic siècle, époque ou elles furent submergées par
l'invasion mahométane.
On réserve ordinairement le nom i'ébionites à une secte
qui parait avoir en la même origine que les Nazaréens et
qu'on retrouve dans les mêmes contrées, mais qui se dis-
tinguait par un attachement plus étroit au judaïsme. Pour
eux, la loi et les prophètes subsistaient avec une immuable
autorité. Ils n'admettaient nullement les incirconcis à la
participation des espérances messianiques. Jésus était le
lils de Joseph et de Marie, selon h-s conditions ordinaires
de tonte génération humaine; le deaeendanl de David, non
le fils de Dieu. Mais, a l'heure de son baptême, il avait été
l'objet d'une élection spéciale et d'une onction divine qui
avaient fait de lui le Christ. Le caractère le plus manifeste
de sa vertu el la condition de sa puissance avaient été le
parlait accomplissement de la loi. Il ;iv.iit dit qu'il était
venu, non pour abolir la loi el les prophètes, mais pour les
accomplir; il avait afiirmé que. jusqu'à ce que la terre et le
ciel passent, il n'y aura rien <lans la loi qui le- s'accom-
plisse, jusqu'à un seul iota et un seul trait de lettre [Ev.
s. Mathieu, \,17-I8j; il avait recommandé a ses disciples
d'être ses imitateurs. Par conséquent, ses vrais disciples
étaient, suivant eux, les ébionites, qui obéissaient à cette
recommandation en observant tout ce que lui-même avait
observé. — Les ébionites avaient leur littérature propre,
comprenant des documents sur les premiers temps du
christianisme et des travaux importants de traduction et
d'interprétation des livres saints. La plupart des perfec-
tionnements apportés a la version des Septante sont dus à
la version êbionite de Symmaque. — Pour les ébionites
qui dérivèrent du côté de l'essènisme et du gnostirisme,
V. ElAKSMTES. E.-ll. VoiXCT.
Bibl. : Lipsius, Die QueUen dur attester Ketzerge-
schichte, 1S75, in-8.— Schliemann, Die Clementinen, loti.
- - Ritschl, Entstehung (1er alt-katoltischen Kirclie, l*ô".
— Renan, les Evangiles, 1877.
ÉBISELER (Menais.). Taille en biseau que donnent
les ouvriers aux planches pour former certains assem-
blages et pour assurer la parfaite adhérence des pièces
dont se compose leur ouvrage.
ÉBLÉ (Jean-Iîaptiste, comte), général français, né à
Saint-Jean-de-Rohrbach (Moselle) le "21 déc. 1758, mort
à Kœnigsberg le 31 déc. 1812. Dès l'enfance, il entra
comme canonnier au régiment d'Auxonne, où son père
servait comme officier. Devenu lieutenant en 1783, il fut
attaché pendant plusieurs années à la mission militaire de
M. de Pommereul à Xaples, rentra en France au commen-
cement de 1792, fut nommé capitaine et commanda avec
distinction l'artillerie de l'avant-garde dans l'armée de Du-
mouiïez. Les services signalés qu'il rendit à Bondschoote,
à Dunkerque et à Wattignies, lui valurent, dès le 23 oct.
1793, le grade de général de division. Placé à la tête de
l'artillerie dans l'armée du Nord (1794—1795), dans l'ar-
mée de Rhin-ct-Moselle (1793-1797), puis dans l'armée
de Rome et de Naples (1798-1799), il montra partout le
même sang-froid, la même habileté. Après avoir puissam-
ment contribué aux succès de Moreau en Allemagne pendant
les campagnes de l'an VIII et de l'an IX, il alla comman-
der l'artillerie de l'armée batave, puis celle de l'armée de
Havovre (1803-1803), devint gouverneur de Magdebourg,
ministre de la guerre du royaume de Westphalie (1808),
passa ensuite à l'armée de Portugal, dirigea l'artillei
Massena aux sièges d'Almeida etdeCiudad-Rodrigo (1840),
enfin fit la campagne de Russie comme commandant en
chef des équipages de pont. On sait quelle fermeté il dé—
plova au passage de la Bérésina et comment son héroïque
désobéissance aux ordres de l'empereur sauva, en cette
circonstance, une bonne partie de l'armée. Fort peu après,
il succédait à Lariboisière dans le commandement en chef
de l'artillerie. Napoléon, qui l'avait en très haute estime
et qui l'avait fait comte, le nomma premier inspecteur général
de son arme (2 janv. 1813). Mais depuis deux jouis Ehle
avait succombé aux fatigues de sa dernière campagne. — Son
neveu, Charles Eblé, ne en 1799. mort à Paris le 19 déc.
1870, gagna le grade de capitaine pendant l'expédition
d'Alger (1830), fut précepteur militaire du duc de Montpen-
sier, devint colonel directeur de l'artillerie à Metz et fut. à
titre de gênerai de brigade, chargé du commandement de
l'Ecole polytechnique (déc. 1854). A. Debidour.
EBLES I r, abbé de Saint-Germain-des-Prés vej
frère de Rainulphe II .comte de Poitiers et duc d'Aquitaine.
auquel il succéda en 893; mais il l'ut lue la même année
en combattant à Brillac contre le roi Eudes.
- 233
EBLES - ÉBOELEMENT
EBLES il, dit Mauxer ou le Bâtard, fils du oomte de
Poitiers Rainulphe 11. succéda en 902, dans le comté de
Poitiers. ;t Ainiar sou parent, et en 986, dans le duché
d'Aquitaine et le comté d'Auvergne, à Icfrod. 11 Fut dé-
pouille de ces derniers fiefs par le roi Raoul en 932 et
mourut peu après.
EBLOUISSEMENF (V. Br.iu.ir. el Obmobiution) .
EBNER (Jean-Paul), dit d'Eschenbach, antiquaire alle-
mand, né a Nuremberg le 13 juil. 1641, mort à Altorf le
14 juil. 1691. H accompagna le comte de Windiscbgraetz
dans ses diverses légations en Italie, et il eut par là l'occa-
sion de se former une riche collection de monnaies antiques.
Il tut sénateur et curateur <le l'université d' Vllorf. On a de
lui divers écrits : Zelus Galliœ; Sol Tyrolis orient el
oecidens : Cenotaphium legionis francinicœ pedestris.
Ces ouvrages ne sont plus, aujourd'hui, que des curiosités
bibliographiques.
EB'NER-Eschexrach (Marie Dobskt, baronne d'), écri-
vain autrichien, né à /.islawot/. (Moravie) le 13 sept. 1830,
épousa en 1 S ls le baron d'Eschenbach. Elle a écrit des
drames en vers {Marie Stuart, 1860; Marie Roland,
1867) qui ont eu du succès ; des contes dramatiques, Doli-
tor Ritter (Vienne, 1871); Dir Prinzessin von Bana-
lirn (Vienne, IST-2) : Freifrau von Bozena (Vienne,
I8T61 ; une comédie, Die Veilchen (1878); des Apho-
risme* (Berlin, 1880) ; Zvoei Comtessen (1885), etc.
ÉBO (Niger) (V. Abo).
EBOLI. Ville d'Italie, prov. de Salerne, sur une colline
qui domine la vallée du Sélé (ancien Silarus); 8,947 liai).
Belle vue sur la mer et sur les temples de Pcestum.
EBOLI (Ana dk Mendoza y LaCerda, princesse d'), dame
espagnole, fille unique de Diego Hurtado de Mendoza, comte
de Melito, vice-roi du Pérou, et de Catalinade Silva, née à
Cifuentes (province de Guadalajara) en lo'tO, morte à Pas-
trana le -2 févr. 1592. Elle fut fiancée, le 18 avr. 1353, à
Buy Gomez de Silva, prince d'Eboli et conseiller d'Etat de
Philippe II, « fort favorv du roi d'Espaigne s'il en fust onc,
et qui avoit esté nourry avecque luy dès sa jeunesse (Bran-
thome) ». Elle ne l'épousa cependant que deux ans après.
Dix enfants naquirent de ce mariage en treize années. A la
mort de son mari {i\) juil. 1573) et dans le premier moment
de douleur, la veuve de Kuv Gomez voulut prendre le
voile au couvent des carmélites de Pastrana , fondé par
sainte Thérèse. Incapable d'obéir à la règle, et bientôt
lasse d'un caprice dévot, elle en sortit avec tapage, au bout
de six mois, sans avoir prononcé ses vœux, brouillée avec
les religieuses et la pieuse fondatrice. Rentrée dans le inonde,
Ara il" Mendoza vint s'établir à Madrid, où devait com-
mencer sa fameuse liaison avec Antonio Perez, l'intrigant
secrétaire d'Etat. I. 'amour semble avoir eu peu de part à
cette affaire: libertinage chez la princesse, vanité et inté-
rêt chez Perez ; il faut ajouter qu'elle était loin d'être
jeune à cette époque, maigre la beauté dont parlent les
contemporains, et qu'elle était borgne, ayant perdu un
œil, crevé d'un coup de fleuret, en faisant de l'escrime.
(Quelques historiens modernes ont prétendu qu'elle n'était
que louche.) C'est vers ce temps-là qu'eut lieu le meurtre
d Lscovedo (1578). que Perez fit tuer, conseillé par sa
maîtresse et avec la complicité du roi lui-même (V. l'art.
.Euo). Philippe II, d'abord favorable aux accusés,
puis excité par Mateo Vazquez, se décida brusquement à
les faire arrêter, dans la nuit du -28 juil. 1579. 11 avait
pris cette résolution après avoir communié et s'être entre-
tenu avec son confesseur, Diego de Chaves, et différents
ecclésiastiques. Il vint en personne assistera l'exécution de
cet ordre, prétend Perez, vers onze heures du soir, dissi-
mulé sous le porche de Sainte-Marie-Majeure, pendant que
D. Rodrigo Manuel deVillena, capitaine des gardes, saisis-
sait la princesse en sa mai>on et la faisait conduire à la
tour de Pinto. Dans les premiers jours de févr. 1580, elle
quittait cette prison pour San Torcaz.ou la sévérité royale
se détendit un peu; les tils furent admis à visiter leur mère
et la surveillance devint moins rigoureuse, grâce au duc
de Medina-Sidoiiia. son gendre. Enfin, en mars 1581,
Philippe 11 consentit, sur la demande des médecins, à l'exi-
ler à Pastrana, avec défense de retourner à Madrid. La
princesse d'Eboli reprit aussitôt l'ancienne vie : gaspil-
lages, fêtes, processions de pénitents, intrigues, dévotions;
trois spadassins l'accompagnaient partout ; l'un d'eux fut
congédie pour n'avoir tué qu'un seul homme en sa vie. Elle
ne tarda pas à renouer des rapports avec Perez. Le roi dut
intervenir de nouveau. Condamnée en même temps que Perez,
l'administration de ses biens et la tutelle de ses enfants lui
furent retirées, le séjour forcé de Pastrana changé en em-
prisonnement perpétuel, les fenêtres des appartements gril-
lées (commencement de mai 1590). Valcaide D. Alonso del
Castillo, chargé de la garder, ne communiquait plus avec
la prisonnière qu'au moyen d'un greffier qui prenait acte des
moindres paroles, et dont le journal nous a été conservé
(Autos (/<•/ escribano Torrontero). Ainsi se passèrent
les dernières années de cette femme, « en ce cachot de
mort, obscur et triste », ainsi qu'elle le dit elle-même,
sans que l'inflexibilité de celui qui l'y avait ensevelie se fût
relâchée un moment, même à l'heure suprême.
D'après l'opinion la plus commune, la princesse d'Eboli
aurait été la maltresse de Philippe 11, et le duc de Pastrana
passait pour le fils naturel du roi. Antonio Perez, dans les
Relaciones, écrites alors qu'il était réfugié à la cour de
Henri IV, l'insinue d'une façon déguisée et en phrases
mystérieuses. Il semble dire qu'il gagna l'amour d'Ana de
Mendoza et la haine d'un puissant rival, dont la jalousie le
persécuta et fut la cause de tous ses malheurs. De là seu-
lement viendrait l'acharnement de Philippe. II contre le
secrétaire, qui passait pour jouir des faveurs réservées jadis
au maitre seul ; de là, le long emprisonnement de celle qui
l'avait dédaigné. Cette version a été plus ou moins admise
par presque tous les historiens: d'Aubigné, Branthôme,
de Tliou, Gregorio Leti, Watson, Mignet, Pidal, Canovas
del Castillo. D. Gaspar Muro l'a combattue et réfutée dans
son étude sur la princesse d'Eboli (chap. x et xi). Ce ro-
man n'aurait d'autre origine, suivant lui, que les bruits
malveillants répandus par Perez, autorité suspecte s'il en
fut, accueillis avec empressement par les nombreux enne-
mis du roi d'Espagne et dont l'écho a retenti jusqu'à nous.
Kanke et Lafuente se sont également prononcés pour la né-
gative. Quant à la princesse d'Eboli du D. Carlos de Schil-
ler, c'est un personnage de pure fantaisie. L. Doi.lfus.
Bibl. : Caisrkra de Côrdoba, Hisloria de Felipe II;
Madrid, 1619. — Antonio Perez, Obras y Relaciones;
Genève, 1 1* 14. — Salazar y Castro, Hisloria de la casa
de Silva; Madrid, 1685, t. II. — Proceso criminal instruido
contra Antonio Perez; Madrid, 1788. — Ranke, Fûrstert
und Yôlker von sud Europa ; Berlin, 1837, t. I. — Salva-
dob Bermudez de Castro, Antonio Perez, secretario de
Estado del Rey Felipe II; Madrid, 1841. — Mignet, An-
tonio Perez el Philippe II; Paris, l8Hi. — Gaspar Muro,
Vida de la princesa de Eboli; Madrid, 1877.
EBON ou BOSTON. L'un des groupes des îles de l'ar-
chipel Marshall (V. ce mot).
ÉBONITE (Techn.) (V. Caoutchouc, t. IX, p. 145).
EBOSI OU mieux YEBOSI. Petite ile du Japon, au large
de la province de Tsikou-zen, dans la partie du détroit de
Corée, qui sépare Iki-sima de Kiou-siou (lki-no-Seto Gen-
kainada). Cet ilôt surmonté d'un phare se trouve sur la
route des steamers qui vont de Nagasaki à Kobé par le
Suwo-nada. II. (i.
ÉBOU AGE (Ponts et chaus.) (V. Balayage, t. V, p. 87,
et Bouk, t. VII, p. 615).
ÉBOULEAU. Corn, du dép. de l'Aisne, arr. de Laon,
cant. de Sissonne; '.V.>u2 liab.
ÉBOULEMENT. 1. Géologie. — Dans tous les massifs
montagneux, Pyrénées, Alpes et autres grandes chaînes,
il est peu de vallées où l'on ne voie, sur les flancs, des
entassements soin eut prodigieux de rochers, déterminés
par l'éboulemenl subit d'une partie de la montagne. Nom-
breux sont alors b-s désastres occasionnés par de tels acci-
dents qui prennent trop souvent le caractère d'une véri-
table catastrophe ; des roches escarpées ou surplombantes
ÉB0ULEMEN1
- BB4 -
qui restaient suspendues au-dessus des eampagoai h
détaehent tout d'an coup, glissent sur les pentes avec
une vitesse qui n'a d'égale que celle des avalanches, puis
s'écroulent avec un bruil Bioiatre, en venant ravager toutes
les cultures et menu anéantir dea villages entiers. D
<•<• fait, qui trappe toujours par sa soudaineté, et peut lar-
gement contribuer i modifier le relief d'une eonti
cache une cause profonde, lente et graduelle, qsi ne doit
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A jcfl- ■ ■
Fig. 1. — La vallée de Goldau après l'éboulement du Rossberg, d'après une photograpliie de M. Jackson.
qu'à la persistance de son action de pouvoir produire de tels
effets. Cette cause, en eflet, réside tout entière dans le tra-
vail masqué d'érosion qu'exercent, dans leur circulation
souterraine, les eaux d'infiltration.
En pénétrant lentement dans le sous-sol, au travers des
roches fissurées, les eaux pluviales ou celles qui, abondantes,
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Fig. 2. — Carte montrant t'espace recouvert par l'éboule-
menl du Rossberg, dans la vallée de Goldau.
dans les régions montagneuses, résultent de la fonte des
neiges, viennent s'accumuler dans le dessous, par quantités
considérables, quand elles rencontrent une couche argileuse
imperméable qui lixe leur niveau. Dès lors, si elles ne peu-
vent trouver, sur les lignes d'affleurement, de point d'ècou-
lemenl facile leur permettant de se traduire au dehors
sous la forme de sources, la pression hydrostatique qu'elles
acquièrent, en se concentrant à la jonction des deux sys-
tèmes de couches, a pour effet de délayer peu à peu la
masse argileuse. Or, quand cette dernière, réduite à l'état
de boue liquide, est devenue impuissante pour servir
de support efficace au massif de roches fissurées qui la
recouvrent, ces roches, manquant de point d'appui, glissent
et s'écroulent en détruisant tout sur leur passage. Ainsi se
produisent de gigantesques éboulements comme ceux dont
la Suisse a si souvent enregistré les désastres. Telle a été
par exemple la catastrophe du Rossberg en 180(i. Cette
montagne, située au nord du Kighi, est formée d'une sorte
de grès marneux rempli de galets (Nagelfhûe) disposé par
couches inclinées au-dessus de couches argileuses cons-
tamment délayées par les eaux d'infiltration. La saison qui
venait de s'écouler avait été pluvieuse; l'argile s'étant gra-
duellement transformée en une masse boueuse, une partie
de la montagne, sur une étendue de plus d'une lieue, se
mita glisser sur cette nappe semi-liquide; puis, soudain, les
habitants de la vallée de Goldau entendirent un craquement
terrible : une niasse énorme, détachée de la montagne avec
ses forêts, ses prairies, seshameaux.se précipitait dans la
vallée avec un bruit de tonnerre, ensevelissant sous ses
débris cinq villages. Ainsi furent détruites pour jamais
les charmantes campagnes de Goldau {la vallée d'Or), et
le lac de Lowerz fut lui-même en partie comblé par un
entassement formidable de rochers (fig. -1). L'éboulement
n'avait pas moins de 1 ,500 m. de long sur 340 m. de largeur
moyenne avec une épaisseur de 32 m., ce qui représente une
masse de 15 millions de m. c. En avant de cette débâcle, de
nombreux oiseaux, surpris dans leur vol par l'air mis en
mouvement, tombèrent inanimés, et le glissement fit naître
un tel développement de chaleur qu'on vit se produire des
projections de vapeur d'eau chargée de boue et de pierre.
Non moins considérable a été en 1 SS 1 l'ébonlement du
Plattenberg, prèsd'Elm, en Suisse: le II nov., le venant
boisé de cette haute montagne, mine à sa base par une
exploitation de schistes ardoisiers, s'écroula en bloc. Dne
masse rocheuse d'environ 10 millions de m. e. s'abattit
sur le village d'iiiterthal et vint combler l'étroite vallée
— S8S —
Él'OULEMENT
de Musli, tandis qu'ont partie de osa débris était projetée
avec violence sur le Banc opposé d'une montagne voisine.
celle do Dùnbesg, où ils dessinent actuellement, à loi) m.
au-dessus de la vallée, une grande traînée. Ici encore on a pu
constater que l'air nus en mouvement par cette avalanche
de pierre tit tourbillonner, an avant de l'éboolis, les cha-
lets avec leurs habitants et les arbres déracines. Il est
juste d'ajouter que 1 imprévoyance humaine fut la cause du
désastre. Bien avant que cet écroulement se produisit, les
travaux, pousses sans relâche dans les escarpements d'ar-
doise, avaient détermine de grandes crevasses, où s'en-
goufiraient les eaux, et c'est à la suite de pluies orageuses
UN se lit. dans ce inassit, une rupture qu'on aurait pu
facilement prévoir et. par suite, éviter. C'est par centaines
qu'on peut citer en Suisse ces grands éboulements de
rochers qui ont depuis les temps historiques singulièrement
contribué au démantèlement des Alpes: parmi les plus
célèbres figurent ceux qui, à deux reprises différentes ( 1 7 1 i ,
1710), ont l'ail écrouler les plus hauts pics des Diablerets,
en venant étaler, sur les pâturages avoisinanls, une couche
de débris épaisse de 100 m.; al surtout celui qui, en 1835,
tit descendre dans la vallée du Rhône une partie de la
Dent du Midi (Valais) : en amont de Saint-Maurice, ou crut
un instant que le cours du neuve allait être arrêté, et pen-
dant de longues semaines des escouades d'ouvriers durent,
nuit et jour, travailler au déblaiement.
1res fréquemment en effet, quand ces éboulements se pro-
duisent dans une vallée, le tleuve qui la draine, quelle que
soit son importance, peut être momentanément arrêté dans
son cours, en venant donner naissance, en arrière île ce bar-
rage, à un lac plus ou inoins étendu, et c'est seulement, si
l'industrie humaine n'intervient pas pour rompre l'obstacle,
quand la pression des eaux de ce lac est devenue suffisante
pour remplir cet ollice, que le barrage peut être emporté ;
dans ce cas, il en résulte une débâcle dont les effets méca-
niques peuvent devenir considérables. En 18-11, par
Nord
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Echelle
2000 3âvoMètraS
Fig. 3. — Carte montrant les effets de Péboulement de Salazie (26 nov. 1875).
exemple, la plaine de l'Oisans, dans les Alpes du Dauphiné,
ayant été soudainement fermée par un gigantesque éboule-
ment descendu des flancs de la Voudène, les eaux de la
Romanche, de 1*011*» et du Venéon, sVeumulant en arrière
de l'obstacle, s'étalèrent en un lac de 10 kil. de longueur.
Des bourgades entières, de vastes campagnes, d'immenses
forêts disparurent sous cette nappe lacustre qui, par places,
pouvait atteindre 20 m. d'épaisseur ; l'industrie locale
devînt celle de la pêche et cet état de choses dura trenlc-
huit années, au bout desquelles la digue cédant enfin sous
l'effort, ses eaux se répandirent en une inondation sans
égale, non seulement sur Grenoble, niais sur toutes les
villes et les campagnes du bord de l'Isère. Au début du
xvi" siècle, ce bassin lacustre, qui avait reçu le nom de
lac Saint-Laurent, était complètement asséché, et ce
n'est pas la un fait unique. Kn 1841, le cours de l'Indus
fut arrêté par un èboolement survenu sur les flancs du
Nanga Parbat. La débâcle d'eau, de cailloux et de boue,
évaluée à (îOO millions de m. c, produisit une vague de
10 m., qui rasa plusieurs villages et refoula le courant de
la rivière de Caboul jusqu'à plus de 32 kil. de son em-
bouchure (E. Reclus, l'Inde, p. 210). Assurément de
pareilles débâcles d'eau, en prenant une allure franche-
ment torrentielle, contribuent singulièrement à modifier le
profil des vallées parcourues, et ce phénomène, qui a dû
survenir à plusieurs reprises pendant leur période de
creusement, doit entrer en li"jie de compte dans leur for-
mation. D'autres fois, — ce fait est plus rare, mais inté-
ressant à constater, — dans des vallées étroites, ces lacs,
établis en arrière des digues d'éboulements, deviennent
permanents. Tels sont, dans le cours du torrent de l.i/.eriie,
les trois lacs de Derborence, qui se sont établis à la suite
des éboulements des Diablerets, mentionnés plus haut.
De pareils accidents ne sont pas rares dans les reliions
volcaniques, où il existe toujours en profondeur des roches
chargées de leldspath et par suite d'un élément émi-
ÉBOULBMENT
— 280 —
nemment altérable, que les eaui rédniaent promptement en
kaolin, c.-è-d. an une argile facilement délayante. Ces roches
sont de plus creusées de vastes cavités, ou les eaux s'accu-
mulenl en acquièrent une pression considérable, et la con-
séquence devient la rupture violente des parois suivant les
fentes do terrain, c.-À-d.suivanl les lignes da moindre résis-
tance. Tel a été, par exemple, la cause de l'eboulement
tesque qui s'est produit, en 1875, au cirque de Salazie,
dans l'île essentiellement volcanique de la Réunion, sous
l'influence des pluies torrentielles «le la région éqnatoriale,
et pai' la chute, toujours brusque, d'une portion très
étendue des remparts à pic qui circonscrivent cette grande
dépression des Salazes (fig. ;>). Soixante-deux victimes, un
village, celui du Grand-Sable, tout entier enseveli sous les
débris, une superficie de plus de 120 liect. entièrement bou-
leversée et maintenant recouverte par un entassement rie
blocs énormes sur des épaisseurs de 'il) à .'i0 m.; des habi-
tations complètement démolies à grande distance par des
projections de blocs et de boue chargée de débris, tels furent
les principaux résultats de celte castatrophe, qu'il eût été
facile de prévoir, comme celle précédemment citée d'Elm.
Parmi les effets les plus saillants des grands éboulements
figurent ensuite des troubles très notables apportes (buis
la stratification des points affectés par les glissements. Les
couches sédimentaires refoulées prennent une forte incli-
naison, parfois même se plient et se renversent en affec-
tant des contournements serrés, tout à fait comparables à
ceux qu'on observe dans les régions montagneuses où de
pareilles couches ont été soumises à de puissants efforts de
compression, dette circonstance est surtout pleinement réa-
lisée quand ces accidents deviennent le résultat, non plus
de la seule action érosive des eaux d'infiltration, mais de
leur action chimique. L'eau, en se chargeant par dissolu-
tion de substances diverses, peut, en effet, non seulement
désagréger les roches qu'elle traverse, mais entraîner une
partie de leurs éléments constituants ; et des éboulements
très importants peuvent surtout se produire dans les ré-
gions ou il existe, en profondeur, des roches solubles tels
que le sel gemme ou le gypse accessibles à cette action
des eaux souterraines. Pour le sel gemme, la dissolution
n'a pas de limite; de son côté, le gypse se dissout aisément
dans 460 parties d'eau. On conçoit dès lors aisément qu'il
puisse se produire, même dans les amas gypseux, parle seul
fait de l'infiltration, d'importantes cavités dont les parois,
pressées par les assises encaissantes, s'écroulent en don-
nant naissance à de grands talus d'éboulement. Puis ce
phénomène, quand la portée de ces cavités est devenue
trop grande pour le poids qu'elles supportent, se complète
A' effondrements se traduisant à la surface par l'appari-
tion de gouffres inattendus. Dans le Jura salinois, ces acci-
dents ne sont pas rares, notamment aux environs de Lons-
le-Saunier, où la cause des effondrements qui, à diverses
reprises, dans cette région, ont été accompagnés de véri-
tables tremblements de terre, doit être cherchée dans un
grand nombre de sources séléniteuses et surtout salées,
qui, chaque année, entraînent du sous-sol des quantités con-
sidérables de gypse et de sel gemme. Un des traits parti-
culiers de ces effondrements, c'est qu'ils entraînent des
mouvements du sol assez accentués pour se traduire par
des tremblements de terre très localisés, sans doute,
mais souvent encore désastreux dans leurs effets à la sur-
face. C'est encore en Suisse qu'il faut chercher les meil-
leurs exemples de pareils faits. En particulier, de ce
nombre sont les secousses violentes que, pendant plus d'un
mois, la vallée de Visp en Valais ressentit en 1855, ébran-
lements qui devinrent assez accentués pour faire naître des
fentes dans les rochers et amener la destruction d'un grand
h lue d'habitations. Or, connue il existe dans cette ré-
gion plus de vingt sources séléniteuses, dont chacune
enlève au sol en une seule année plus de iOO m. c. de
gypse, on conçoit aisément qu'il faille chercher dans ce
gigantesque travail de dissolution la cause principale, non
seulement de ce tremblement de terre de 18.').'), mais aussi
de la majeure partie des mille dix-neuf ébranlements de
cette nature reotontiw en Suisse de4700a l854(Credner,
dans Lapparent, Traité il*- géologie, p. 325).
Mais les effondrements, avec lai mouvements du sol et
les éboulements qui an -oui la conséquence, ne ami pas
limites aux lésions ou se rencontrent des amas gypseux ou
salifères en profondeur: les pays calcaires fissures parcou-
rus par on res. 'au compliqué de grottes et de rivière
terraines sont de même fréquemment soumis a de pareils
accidents, \us-i bien souvent, sur les grands plateaux for-
més de pareilles roches, on remarque, jalonnant au jour
la direction de ce, COUTS d'eau caches, une s. -rie de gouf-
fres ou de puits naturels, intimement lies a l'existence de
grottes souterraines et produits par leur effondrement,
gouffres qui, presque partout considérés comme des abîmes
sans fond, ou bien entourés de légendes mystérieuses,
restent toujours désignés sous des noms symboliques :
foibe, trichter ou dolinas en Carinthie, creux et empo-
sieux dans le Jura, embues, gouillet, boit-tout, ausel-
moirs, scialets, li minute, bétnires, raqagt's, dans les
diverses régions calcaires de la France, etc. Tels sont, en
particulier, dans la curieuse région des Causses, les nom-
breux avens (abîmes) ouverts dans la masse même du cal-
caire a des ait. de 800 à \ ,000 m. et dans lesquels viennent
se perdre les eaux de la surface pour se rendre aux rivières
souterraines qui circulent sous ces plateaux. Tels sont
aussi ceux de la Grèce (Katavothres), de l'Illyrie, et sur-
tout en Autriche ceux du pays de Ixarst, situé entre la
Carniole et l'Istrie, et qui devient la région la mieux par-
tagée à cet égard, à ce point qu'on désigne souvent sous le
nom de phénomènes <lu Kurst l'ensemble de ces singuliers
accidents qui impriment à la topographie souterraine et
superficielle des pays calcaires un caractère si particulier.
Mais il est juste aussi d'ajouter, comme l'a fait si judi-
cieusement observer M. de Lapparent, qu'il serait excessif
de vouloir attribuer au seul travail des eaux courantes
tous les effondrements, en forme d'entonnoir, qu'on ren-
contre dans les régions calcaires. Il en est dont l'élroitesse
et surtout la régularité rendent impossible une pareille
attribution. Dans ce cas, on observe sur leurs parois ou
dans le fond une terre rouge caractéristique qui permet de
les rattacher à des phénomènes de nature chimique et de
considérer par suite ces cavités comme d'anciennes fentes
élargies et façonnées en forme de puits naturels par un
travail spécial de dissolution, tant il est vrai que les phé-
nomènes naturels sont souvent complexes et que pour en
trouver l'explication il est parfois dangereux de ne recourir
qu'à une seule catégorie d'agents. Ch. Yklain.
11. Mimes. — C'est aux éboulements que revient la plus
grande part de la mortalité occasionnée par les accidents
dont les mines sont le théâtre. On peut à cet égard distin-
guer deux degrés de gravite, à savoir : l'eboulement cir-
conscrit d'un point en particulier ou l'effondrement total
d'une mine. Parfois, dans les tailles ou les galeries, le toit
mal soutenu s'éboule, ou des blocs se détachent de la voûte,
ou encore la paroi ébranlée d'un front d'attaque s'écroule
subitement. Il est assez rare qu'un èboulement important
se produise sans que les craquements des roches qui se fis-
surent, des étais qui fatiguent avant de se rompre, n'aient
averti les travailleurs. Si l'eboulement se produit dans un
puits, les suites peuvent être très graves; les débris accu-
mulés forment VOÛte, en quelque endroit ou ils s'arrêtent,
obstruant parfois le puits sur une grande hauteur, en com-
blant le fond et murant l'issue des galeries inférieures.
L'histoire a enregistré le souvenir de mémorables exemples
d'effondrement total d'une mine. En \0X~. tous le- tra-
vaux de la mine de r'ahlun (Suéde) éboulèrent à la lois.
La mine do Stahlberg (pays de Siegen) s'esl entièrement
effondrée en 1740. En 1860,1a mine de soufre de Lercara
(Sicile) a enseveli trente-sept mineurs et dix-neuf en 1871.
I.e plus récent des désastres présentant un caractère gêne-
rai est celui de la mine de sel de Yarangeville (Meurthe-
et-Moselle) où est pratiquée la méthode de lavage du sel
ÉliOl LEMENT — ÉBRE1 II.
gomme par l'eau. Les piliers massifs s'enfoncèrent tous a
la i\>is le ;'>l oct 1873, el l'on vit dans l'espace de trente
secondes s'affaisser sur une hauteur de .'> m. une étendue
d'environ 350 m. sur 300 m. La véritable influence des
effets de l'éboulement sur la mortalité souterraine (100 tués
par an par les èboulements sur 236 décès totaux prove-
nant des accidents à l'intérieur et sur 100,000 mineurs)
provient beaucoup moins de ces événements essentiellement
rares que des accidents locaux trop fréquents, dans lesquels
un ou plusieurs hommes peuvent se trouver engagés. Les
moyens de préservation a cet égard se réduisent à la Lionne
entente de la méthode d'exploitation et aux soins que l'on
doit apporter aux soutènements. Nous parlerons à leur
place des moyens employés pour sauver les mineurs pris
par un èboolement (Y. Sauvetage). L. K.
Bxbl. : Géologie. — L'abbé Parami lle, l'Art <(e </e-
couvrir les sources; Paris, 1856, p. 118, in-8. — Desnoyers,
art. Grottes, du Die/, d'hist nat. de d'Orbigny, 1868, t. VI,
8" .dit. — Dadbree, tes Eaux souterraines : Taris, 1887,
l' vol. in-8. — Db Lap parent, Truite de Géologie, 1886,
p. 11.".. 2" éiltt.
ÉB0UR6E0NNEMENT. 1. Horticulture et Sylvicul-
ture. — Chez les arbres fruitiers, l'ébourgeonnement con-
si-te à supprimer par une simple rassure les Bourgeons à bois
inutiles ou nuisibles a la formation de la charpente et une
partie des bourgeons à Heurs lorsque les arbres sont trop
charges de productions fruitières. Celle opération est en
somme une taille prématurée, fort utile en ce sens que la sève
économisée sert uniquement au développement des bourgeons
conservés, qui acquièrent plus de vigueur et donnent de plus
beaux fruits. Pour en tirer tout le parti possible, on doit
naturellement l'appliquer de bonne heure, c.-à-d. avant
que les bourgeons à supprimer ne se développent en ra-
meaux. Dans les taillis sous futaie, il est aisé de remarquer
que le tronc des arbres réservés se couvre de bourgeons
après la coupe du sous-bois. Ces bourgeons attirent a eux
une bonne partie de la sève destinée à la flèche, dont rallon-
gement se ralentit. Il est donc important de les supprimer
avant qu'ils ne deviennent des gourmands. L'opération
s'exécute dans le courant de l'été, à partir du mois de juin,
à l'aide d'une raclette longuement emmanchée. Un pratique
parfois l'ébourgeonnement sur les arbres résineux. Le but
est différent : les bourgeons servent en pharmacie à faire
des tisanes, et les jeunes pousses sont utilisées pour la fabri-
cation de la bière. G. Boveii.
IL Viticulture. — L'ébourgeonnement est toujours
pratiqué dans les vignobles des régions septentrionales
de la France et assez souvent dans les régions du Sud.
Cette opération consiste à supprimer, sur toutes les
vignes, les rameaux herbacés qui poussent sur le vi>'ii\
-: dans le Nord, h' Centre, l'Est et l'Ouest, on enlève
en outre, dans bien des cas, les rameaux qui ne sont pas
fructifères ou qui ne sont d'aucune utilité pour l'établisse-
ment de la taille de l'année suivante.
Les rameaux sont supprimés lorsqu'ils
ont une longueur maxima de 8 à 10
centim. et on les enlève à la main en
les séparant le plus près possible de
leur point d'insertion. P. Viala.
ÉBRANCHAGE(Arboric). L'ébran-
chage consiste à couper les branches
d'un arbre, soit que celles-ci soient trop
nombreuses, soit que leur direction
soit mauvaise, soit entin qu'elles soient
mortes. L'ébranchage doit toujours être
fait avec ménagement pour ne pas trop
fatiguer ni blesser l'arbre, surtout en
ce qui concerne b'S grosses branches.
L'instrument dont on se sert pour pra-
tiquer cette opération consiste en une
lame affectant la forme d'une double
courbure; elle est affilée sur ses deux courbes el montée sur
un manche plus ou moins long. Cet outil, bien connu des
forestiers, porte le nom ftébranchoir.
Kliran.lioir.
ÉBRARO ou EVRARD DE BéTHUHE, vivait probablement
au commencement du \\w siècle. Il est connu par sou
Grcecismus (d'où le surnom de Grcecisla), manuel d'en-
viron deux mille vers latins qui exposent les règles de la
rhétorique, de la prosodie, de l'étymologie et de la syntaxe.
Ce livre fut d'un usage constant dans les écoles du moyen
âge jusqu'au début du xvi° siècle. La première édition im-
primée est apparemment celle de Pans, par Pierre Levet,
en I 187, in-fol. Elle fut réimprimée à Lyon ( I 190 el 1 193,
in-!). Ce même Ebrard a sans doute aussi rédigé le Liber
antihœresis contre les cathares, nombreux alors en Flandre;
ce document fournil quelques renseignements intéressants
sur la doctrine de ces sectaires. La première impression
fut signée par le jesuiie Gretser sous le titre erronné de
('.cintra Valdenses dans Trias scriptorum adv. laid.
sectam (Ingolstadt, 1614, in- i) ; réimp. dans Maxima
Biblioth. l'airain (Lyon, H>77, t. XXIV). F.-ll. Iv.
EBRARD (Johann-ileinrieh-Augiist), théologien réformé
allemand, né à LYlangen (Bavière) le 18 janv. 1818, mort
le 23 juil. 1888. Depuis IX 'ri, il professa la théologie à
Erlangen, sauf de 1844-47, où il fut professeur à Zurich,
et de 1853-61, ou il gouverna l'Eglise du Palatinat, comme
conseiller consistons! à Spire. C'était un esprit d'une cul-
ture très variée, ayant autant de virtuosité en musique et
en littérature qu'en théologie. Ses principaux ouvrages
sont : Das Dogma nom heiligen Abendmahl und seine
Geschichte (1845-46) ; Christliche Dogmatik (1863,
2" éd.); Praktische Théologie (I8,'i(i); Kirchen und
Dogmengeschichte (1865-61 , £ vol.) ; Apologetik (1880-
81 , -1'' éd.). Sous le pseudonyme de Gottfried Lïannnberg,
il a publié des romans et des productions poétiques. C. P.
ÉBRASEMENT ou EMBRASEMENT. Partie d'une em-
brasure comprise entre la feuillure servant à recevoir la
fermeture d'une baie (porte ou fenêtre) et le parement du
mur intérieur d'une salle. Afin de faciliter l'ouverture des
vantaux et aussi pour augmenter la quantité de lumière
introduite dans la salle, on élargit le plus souvent cette
partie de l'embrasure du dehors au dedans, suivant une
direction oblique à la perpendiculaire du tableau ; le fais-
ceau des rayons lumineux pénétrant normalement à l'in-
térieur forme ainsi, d'après la forme rectangulaire ou
circulaire de la baie, un tronc de pyramide ou un tronc de
cône au lieu d'un parallélépipède ou d'un cylindre. De nom-
breux édifices civils ou religieux du moyen âge présentent
des embrasures à double ébrasement, c.-à-d. dont les
tableaux et aussi les meneaux les divisant sont ébrasés à
l'extérieur comme à l'intérieur. — En menuiserie, on désigne
de ce même mot, ébrasement ou embrasement, le revête-
ment, assemblé à rainure et à languette, et raccordé avec
le lambris de la pièce, dont on couvre la partie inférieure de
l'ébrasement d'une baie (V. Embrasure). Charles Lucas.
ÉBRAY (Charles-Henri-Théophile), géologue d'origine
française, né à Baie en i8"2;>, mort au Petit-Saconnex,
près de Genève, le.') févr. 1879. Elève de l'Ecole centrale de
Paris, il fut attaché successivement aux compagnies d'Or-
léans et de Paris-Lyon-Méditerranée et construisit une
partie de la ligne du Bourbonnais. En 1870, il fut appelé
à séjourner à Talloires, sur les bords du lac d'Annecy, et
plus tard se fixa à Genève. La géologie de la France, et
particulièrement celle du Jura et des Alpes, lui doit beaucoup.
Ses publications , très nombreuses , sont disséminées dans
les Annales de l'Académie de Lyon, les Annales de la
Société îles sciences de Lyon, les Annales de la Société
de la carte géographique de France, et surtout le Bul-
letin île lu Société géologique de France. Dr L. Un.
EBRE. Fleuve d'Espagne (V. Espagne [Géographie
physique]).
ÉBRÉ0N. Corn, du dép. de la Charente, arr. de Ruffec,
cant. d'Aigre; 428 hab.
ÉBREUIL (Ebrogilum, Lvrolocus, Ebrolium). Ch.-l.
de cant. du dép. de l'Allier, air. de Gannat, situé sur la
rivière Ar Sioule ; -l.-h'û hab. Nombreux fours à chaux.
Mentionné dans une lettre de Sidoine Apollinaire (Episl. V
ÉBREUIL — EBROÏN
- 238 -
ad Hypathium), qui possédait, ptralt-il, une maison de
campagne dans le voisinage, Ebreuil aurait été, un peu plus
tard, uni' des résidences des rois d'Aquitaine, et Louis le
Pieux v aurai) Béjourné. H eul une abbaye dont la Fonda-
tion, déclarée royale, a été attribuée tantôt a Chartes le
Simple, tantôt a* Lothaire, el fixée a l'année 901 on i
l'année 961 . De fréquents démêlés se produisirent entre les
abbés d'Ebreuil et les seigneurs de Bourbon. Ceux-ci finirent,
devenus ducs d'Auvergne, par imposer leur Bnzeraineté
aux abbés. Pierre Ie' avait donné le château d'Ebreuil et
des terres a Jean, bâtard de Bourbon. L'abbaye fut sup-
primée en 1768, el ses revenus donnés aux frères de la
Charité de Clermont, a la charge de fonder un hôpital a
Ebreuil. L'église abbatiale est classée comme monument
historique. La ville était ointe «le murailles ; elle députai!
aux Etats de la liasse Auvergne et possédait des armoiries
ijui étaient d'argent, à une belette de gueules,
Bibl. : Boudant, Hist. de la ville, du château et de
l'abbaye d'Ebreuil ; Mouline, 1865, in-4,
ÉBRIÉ. Village et pays d'Afrique faisant partie des pos-
sessions françaises de la dote d'Or (Guinée). Le pays
d'Ebrié occupe le bord septentrional de la lagune du même
nom, laquelle communique avec la mer par la rivière <le
Grand-Bassam ou rivière Costa. Dabou est le seul point
occupé militairement par la France. Les objets d'échange
sont l'or, l'huile de palme. Des plantations de calé ont
été essayées avec succès; le coton est cultivé avec profit.
EBRÔICI (V. Ebtoovices).
EBROÏN, maire du parais de Neustrie, mort en 684.
C'est le principal personnage de l'histoire flanque dans la
période du vu'' siècle, comprise entre la mort de Dagobert
el l'avènement de la famille carolingienne. Nous savons
peu de chose sur ses débuts, seulement qu'il était de mé-
diocre extraction et s'étail élevé par ses talents personnels.
A la mort d'Erchinoald, Ebroïn fut choisi parles nobles
francs comme maire du palais des trois royaumes de Neus-
trie, Bourgogne et Austrasie (656). Depuis ce moment
jusqu'à sa mort, pendant une vingtaine d'années, il est le
principal personnage de l'histoire des Francs. Nous sommes
assez mal renseignés sur ses actes et ses projets, d'autant
que son histoire a été écrite par les clercs, ses mortels en-
nemis. Il en ressort néanmoins qu'Ebroïn, dont ce titre de
maire du palais faisait le dernier représentant du pouvoir
général, à défaut des rois impuissants et annulés, lutta
avec une énergie désespérée pour restaurer le pouvoir cen-
tral et l'autorité monarchique. Il n'eut ni plus ni moins de
scrupules que ses adversaires, fut comme eux fourbe et
cruel, mais au nom d'une idée générale. Il fut donc l'en-
nemi résolu des grands, surtout de l'aristocratie ecclésias-
tique. Au début, il fut tempéré par la régente Bathilde, qui
était sous l'influence du clergé, notamment des èvèques
Chrodobert de Paris, Audoin de Rouen el Léger (Leodegar)
d'Autun. Le roi nominal était Clotaire III. Dès 660, son
frère cadet, Childéric II, fut nommé roi d'Austrasie avec
un maire du palais distinct. Le pouvoir d'Ebroïn et de son
roi sont restreints à la Neustrie et la Bourgogne. Le con-
flit éclate entre le maire du palais et les évêques ; Bathilde
abdique et se retire à l'abbaye de ('.belles (b64) : malgré
elle, l'évêque Siegbrand avait été mis à mort. Peut-être
faut-il l'identifier avec un évêque de Lyon, Annemund, tué
par ordre d'Ebroïn. Celui-ci est seul maître sous le nom
de Clotaire III jusqu'en 670 où l'enfant royal meurt. Son
principal opposant fut Leodegar ou saint Léger, évêque
d'Autun, non moins énergique et non moins cruel. I ne crise
grave eut lieu à la mort de Clotaire III. Ebroïn voulait lui
donner pour successeur Thierry ou Théodoric, son frère,
troisième fils de Clovis II. L'évêque d'Autun accourut,
réunit les grands hostiles au maire du palais. On repro-
chait à celui-ci sa cupidité, le sang qu'il avait versé, son
interdiction aux Bourguignons de venir à la cour sans au-
torisation. C'était donc en Bourgogne qu'était le plus vive
l'hostilité contre Ebroua ; mais en Neustrie aussi, il comp-
tait bien des ennemis. Raguebert, Bodo et Guiscand com-
plotent do le tuer. Les grandi dt ■- dissi-
dents de Neustrie proclament roi Chnderic d'Austra
l'imposent par le ht et le feu. Ebroïn, délaiaté par la plu-
part de ses partisans, se soumit et demanda au toi de le
laisser le retirer dan-, un cloître; ses bien, fuient pilles
par h--, vainqueurs. Lui-môme eut la rie mite et fui • -
\oye au monastère de Luxeuil; son roi Théodoric fut tondu
el enfermé I Saint-Denis. Les grands tirent décider plu-
sieur-, meearea pour atténuer le pouvoir de la mairie du
palais: elle dut être alternativement confiée aux principaux
entre les nobles; le particularisme des troia royaumes reçut
satisfaction par plusieurs eoacessions. Wulfoald était seul
maire du palais et saint Léger gouvernait la Bourgogne, en
l'ait du moins, et naturellement an profit îles grands. Tous
les adversaires d'Ebroïn furent replaces dans buts hon-
neurs Bt leurs situation-.
Cependant l'évêque d' Auvergne, saint Prajectus, indigné
de voir le patriee deProvence, Hector, qui avait enlevé une
fille arverne et dépouillé l'Eglise, soutenu par son ami saint
Léger, attaqua celui-ci. Cité par l'évêque d'Autun devant
le tribunal, il fut appuyé par la reine; Pnejeetus eut le
dessus; Hector fut exécuté, saim Léger s'enfuit, mais fut
pris et exilé au monastère de Luxeuil (673). Précipité par
l'influence de Wulfoald et des Australiens, l'évêque d'Autun
se réconcilia a Luxeuil avec Ebroïn contre l'ennemi commun.
La tyrannie de Childéric lui aliéna les grands, surtout ceux
de Neustrie et de Bourgogne. Un d'entre eux, Bodolen,
l'assassina avec sa femme. Wulfoald s'enfuit en Austrasie,
Ebroïn et saint Léger furent délivrés, et Leudesius, fils
d'Erchinoald, nommé maire du palais pour la Bourgogne.
Ebroïn fit route avec son ancien rival jusqu'à Autun. puis
s'échappa de nuit; son roi, Théodoric 11. avait été reconnu
par Leudesius et saint Léger pour la Neustrie et la Bour-
gogne. Mais l'anarchie était générale; tous les bannis étaient
revenus : partisans et victimes de saint Léger, de Wul-
foald, d'Ebroïn, se disputaient la prépondérance, chacun
pillant le [dus possible. Ebroïn s'était rendu en Austrasie,
ou l'on avait pris pour roi un fils de Sigebert III retiré
dans un couvent d'Irlande, Dagobert II, à qui l'archevêque
d'York paya son voyage de retour. In autre parti austra-
sien dirige par Waimar, duc de Champagne, ralliant les
comtes et èvèques du sud-ouest de l'Austrasie, acclama un
autre prince, fils réel ou prétendu de Clotaire III. qui reçut
le nom de Clovis III. Ebroïn se rallia d'abord à ce troi-
sième parti, avec les évêques de Cbâlons et de Valence.
Il rassembla une armée, entra en Neustrie. força le passage
de l'Oise, écrasa l'armée de Leudesius près de Pont-Sainte-
Maxence, s'empara du trésor royal à la villa de Basiu,près
de Corbie. Le maire du palais et Théodoric furent atteints et
faits prisonniers à Ciecy-en-Ponthieu. Ebrom mit a mort
son rival, reprit la mairie du palais el se déclara sujet
dévoue de Théodoric, son ancienne créature, abandonnant
Clovis III, dès qu'il eut en son pouvoir un Mérovingien plus
authentique. Ses allies Waimar et Dido (évoque de Cbâ-
lons) marchèrent sur Autun; saint Léger y fut asse _ :
ne pouvant résister, il donna ses richesses aux pauvres et
aux églises et sortit à la tète d'une procession, reliques en
tète. Il fut saisi et aveuglé ; Bobo, qui venait de perdre
l'évèché de Valence, devint évêque d'Autun. Lyon résista
ensuite, mais dut se soumettre (<'"4). Ebroïn publia une
amnistie générale. Cependant les chefs du parti ad\.
s'enfuirent chez les Vascons; c'était prudent, car Ebroïn
n'épargna pas ses ennemis. Des couvents de femmes furent
dépouilles. Saint Léger, et Gairin, son frère, furent mis en
jugement pour le meurtre de Childéric 11. condamnes.
en i à la lapi:l iu::n, I cv - pie i la déposition >n lui
coupa la langue et les lèvres et on finit par le décapiter
après l'avoir traîné dans plusieurs couvents (678). Rétabli
dans son autorité, Ebroïn se brouilla avec le groupe sur
qui il s'eiaii appuyé pour -a restauration, le groupe des
partisans de Clovis III. L'évêque de Cbâlons fut excommunié
par le même synode qui déposa saint Léger et décapité.
Waimar, le duc de Champagne, devenu évêque de Troyes,
— 289 —
EHKOIN — EBULLITION
fut avec d'autres condamné au bannissomenl perpétuel.
Il est probable que les Champenois voulaient se rapprocher
de PAustrasie. Leur ami, le duc Adalri. (de Provence), fui
également condamné pour infidélité et s'allia aux Austrasiens.
Ebroïn, qui avait rétabli son pouvoir et celui de son roi
Théodoric 11 en Neustrie el en Bourgogne, écrasé les grands
champenois et bourguignons, se tourna alors contre l'Aus-
trasie pour achever sa tâche et réunir tout le royaume des
Francs. Dagoberl 11 venait d'être assassiné par les grands
tostrasiensqnj l'accusaient de mépriser leurs avis. Wulfoald
disparaît avec lui. la guerre t]in éclata alors (678) entre
la Neustrie et l'Austrasie fui soutenue rentre Ebroïn par
la puissante famille des Arnulfings qui devait reunir tout
le royaume franc et fonder la monarchie carolingienne. Le
chef eu était Pépin dit l'Ancien qui marchait d'accord avec
Martin, probablement son parent. Les dues austrasiens
n'avaient pas de roi. Ils se portèrent à la rencontre d'Ebroïn
et de Théodoric 111. mais furent complètement défaits au
voisinage de Laon. Pépin échappa; Martin, qui s'était en-
fermé dans la ville, fut attiré au dehors par les fallacieuses
assurances d'Ebroïn qui le massacra avec sa suite. Le maire
du palais ne put recueillir les fruits de sa victoire qui
semblait en faire le seul chef des francs; il fut assassiné
par le Franc Ermenfrid qu'il avait menacé de dépouiller
de ses biens (681). — Les appréciations varient sur cet
homme violent, mais on ne peut méconnaître la grandeur
de son rôle. Son échec assura la prédominance des francs
d'Austrasie. Les principales sources pour son histoire et
celle de son ennemi, saint Léger, lui sont hostiles sans
mesure : ce sont les dcu\ Vies de saint Léger (la seconde
moins partiale), les Gesta Francorum, le continuateur île
Fredégaire; les Nies de saint Praejectus, de sainte Aus-
trude permettent de critiquer les documents précédents.
EBROUISSAGE (Y. Teinuiiehie).
EBRUTAGE (Y. Diamant, t. XTV, p. 436).
EBSTEIN (Wilhelm), médecin allemand contemporain,
né à Jauer (Silésie) le 27 nov. 1836. Professeur de patho-
logie interne et directeur de la clinique à Gottingue depuis
1*7 -*, il a publie des ouvrages très estimés sur les affections
des reins, l'obésité, la goutte, le diabète, diverses maladies
de l'estomac. Dr L. Un.
EBSWORTH (Joseph), auteur dramatique, acteur et
musicien anglais, né à Londres en 1788, mort à Edim-
bourg en l8t5S. Il apprit d'abord le métier d'horloger et
y devint très habile ; mais son goût pour le théâtre le porta
bientôt a s'engager dans la troupe d'opéra de Covent Garden
et à devenir auteur. Il joua pendant quelque temps au
Théâtre royal, à Edimbourg, ou il s'établit définitivement
comme professeur de musique et de chant. Il s'acquit ainsi
une grande réputation, encore rehaussée par ses connais-
sances de linguiste et par ses goûts de bibliophile. Outre
rès nombreuses œuvres dramatiques, dont beaucoup
n'ont jamais été imprimées et parmi lesquelles nous ne
citerons qu'une curieuse version du Courrier de Lyon
(TV two Prisoners of Lyons, or the Duplicate Keys,
ÎN-Ji). il a laissé de nombreuses notes sur les hiéroglyphes
et sur l'astrologie. Sa collection d'oeuvres musicales et de
traites sur la musique n'avait pas de rivale en Ecosse. En
28, il avait fonde à Edimbourg une librairie dramatique
anglaise et étrangère, où il centralisait aussi les caricatures
et les publications périodiques. Ses compositions musicales
sont en très grand nombre et jouissent encore d'une cer-
taine popularité. Il avait épousé, en 1817, miss Mary-Emma
Fairbrother. née en [794, el déjà connue comme traduc-
trice de romans français. Elle collabora à la plupart des
pièces de son mari, et écrivit seule plusieurs drames publiés
dans la collection de John Cumberland. Le plus célèbre a
pour titr> 1 s Iptor of Florence. Elle mourut à Wal-
worth en 1881. B.-H. Gaosseroh.
ÉBULLIOSCOPE (Techn.). Instrument qui sert à
déterminer la richesse en alcool des boissons, d'après leur
point d'ébullition. Les ébullioscopes sont bases sur ce fait
que, sous la pression normale, l'eau bout a 100°, l'alcool
à 78°,4 et les mélanges alcooliques à des températures
intermédiaires d'autant plus voisines de 78°, \ que ces mé-
langes sont plus riches en alcool. On a construit divers
appareils bases sur ce principe; le plus répandu est
Ebullioscope M;illii_'and.
l'ébullioscope de M. Malligand. L'appareil se compose
d'une chaudière F conique, qui sert à chauffer le vin et
qui est fixée sur un pied en fonte ; elle porte un petit
thermo-siphon S chauffé par une lampe à alcool L. La
chaudière est fermée par un bouchon à vis percé de deux
trous ; l'un de ces trous donne passage à un réfrigérant R
destiné à condenser les vapeurs lorsque le liquide est
porté à l'ébullition et à faire retomber le liquide condensé
dans la chaudière. Le second trou est destiné à un thermo-
mètre à mercure T, dont la lige est recourbée horizonta-
lement à angle droit et fixée le long d'une règle en laiton
qui fait corps avec le couvercle à vis. Dans les transactions
commerciales pour les liquides, la richesse en alcool est
comprise entre 0° et 25° ; aussi le thermomètre a-t-il sa
graduation de 0° à °2'>° inscrite sur une règle métallique E
parallèle à la tige du thermomètre et appliquée à frotte-
ment contre la règle principale, disposition qui permet de
vérifier à chaque opération le point exact d'ébullition de
l'eau sous la pression atmosphérique du moment. En petit
curseur c mobile sur la réglette peut être amené au point
où le mercure s'arrête et marque sur la réglette le degré
alcoolique du liquide en ébullition. Supposons que l'on
veuille titrer un vin ; on verse de l'eau distillée dans la
chaudière jusqu'à un trait de jauge marqué à l'intérieur;
on visse le couvercle, on ajuste le réfrigérant, puis on
allume la lampe. Quand l'eau est en ébullition, on fait
glisser la réglette jusqu'à ce que son 0 coïncide avec le
point où s'arrête le mercure. On vide ensuite l'appareil et
on répète l'opération avec, le vin à essayer sans toucher à
la réglette. Dès que le liquide bout, on lit à l'aide du cur-
seur le chiffre en face duquel s'est arrêté le mercure; ce
chiffre indiquera en centièmes et en volume la richesse
alcoolique du vin. Sous le rapport de la sensibilité, l'ébul-
lioscope permet d'apprécier des fractions de degré. L. K.
ÉBULLITION. I. Physique. — La transformation d'un
liquide en vapeur peut se produire de plusieurs façons; le
phénomène peut avoir lieu uniquement à la surface libre du
liquide : il prend alors le nom d'évaporation; lorsqu'il se
produittoutedans la masse, c'est l'ébullition proprement dite.
KHI I.I.IIION
— Ut) —
Les expériences très intéressantes de M. Gernezonl montré
le mécanisme de l'ébullition. Rappelons tout d'abord les lai t ^
observés : lorsqu'on chauffe un liquide dans un vase ou-
vert a l'air libre, on constate en général que, lorsqu'on
atteint une certaine température, de grosses bulles gazeuses
se détachent des parois du vase cbauffé <-t viennent crever
à la surface : le liquide bout. On constate que la tempéra-
ture à laquelle ce phénomène se produit est, pour chaque
liquide, justement celle à laquelle celui-ci possède une
tension maxima de vapeur égale à la pression atmosphé-
rique, c.-à-d. à la pression de l'atmosphère gazeuse que
supporte le liquide chauffé. Il en résulte que si, par un
artifice quelconque, on vient à diminuer ou A augmenter la
pression que supporte un liquide, la température a laquelle
celui-ci entrera en èbullitiou sera dans ces nouvelles cir-
constances pins basse dans le premier cas, plus haute dans
le second. C'est ainsi que, sur les sommets des montagnes
où la pression atmosphérique est notablement différente
de7(i0 inillim., la température d'ébullition de l'eau s'abaisse
au-dessous de -100". Au sommet du mont Blanc (ait.,
4,813 m.), l'eau bout à 84° en moyenne. Au contraire, dans
la chaudière d'une locomotive, quand la pression est de huit
atmosphères, l'ébullition ne se produit qu'à 1 7-2°. On montre
souvent, dans les cours, l'influence de la diminution ou de
l'augmentation de la pression sur la température d'ébullution
à l'aide du ballon de Franklin et de la marmite de Papin.
Le premier appareil se compose d'un ballon de verre à
moitié plein d'eau; on l'a fermé après avoir chassé l'air
par l'ébullition. Quand le ballon se refroidit, si l'on active
avec de l'eau le refroidissement de la partie où se trouve
la vapeur, celle-ci se condense, et le liquide, éprouvant une
pression moindre, entre en èbullitiou. Avec la marmite de
Papin, on montre que l'on peut élever la température de
l'eau au-dessus de 100°, à condition de la chauffer en vase
clos, c.-à-d. en présence d'une pression supérieure à la
pression atmosphérique. La température d'ébullition d'un
liquide dépend donc à la fois de la nature du liquide et de
la pression de l'atmosphère qu'il supporte; on appelle tem-
pérature normale d'ébullition celle à laquelle l'ébullition
se produit sous la pression d'une colonne de mercure de
760 millim. à 0° et à la lat. 43°. D'autres circonstances
influent encore sur la température d'ébullition : on cons-
tate, en effet, que, lorsqu'on fait bouillir un liquide dans
un vase, surtout dans un vase de verre, l'ébullition
se produit par soubresauts, et peu à peu la température
d'ébullition dépasse sa valeur primitive. On a pu chauffer
de l'eau dans un tube de verre exposé à l'air libre jusque
vers 180° sans que l'ébullition se produisit (Donny,
Dufour). M. Cernez a donné l'explication de ces curieux
phénomènes : introduisons dans un liquide à une tempéra-
ture / une petite bulle d'air ou de gaz sec de volume v.
La bulle augmentera de volume, parce qu'une partie du
liquide se vaporisera, de façon que la tension de la vapeur
dans la huile d'air soit égale à sa tension maxima /à cette
température t. Soit v' le nouveau volume et h la pression
atmosphérique, on a, en appliquant la loi de Mariotte à la
bulle d'air sec :
hv = (/( — /') v',
ou
v'_ h
v" h — f
Plus /' est voisin de h, c.-à-d. plus on est près de la
température où la tension maxima de la vapeur est égale
à la pression atmosphérique, de la température normale
d'ébullition par conséquent, plus ce rapport est grand et
plus la bulle augmente de volume. Lorsque /"= h, on
trouve qu'une bulle d'air sec très petite mise au sein d'un
liquide pour lequel f = h peut prendre un volume infini-
ment grand ; de sorte qu'une trace d'air permet à un volume
illimité de vapeur de se former. C'est de cette façon que se
produit l'ébullition, car, si dans un liquide en ébullilion
on recueille une bulle de vapeur et qu'on la condense en la
refroidissant, on trouve toujours une fine bulle d'air qui
ne disparaît pas, et inversement si par mite d'une longue
èbullitiou un liquide a été privé de l'air qu'il contenait
dissons, on constate que l'ébullition est très difficile, mais
qu'elle devient très abondante des qu'on introduit d
ur une bulle d'air renfermée dans une petite cloche
en verre ou dans un corps poreux, comme um- parcelle de
• liai bon. L'ébullition exige donc pour te produire une trace
z quelconque; les poussières attachées sur les parois
des vases jouent un grand rôle dans l'ébullition par suite
de l'air condensé qu'elles contiennent. Si on les détruit par
l'action d'acides très énergiques, comme l'acide sulfunque,
l'ébullition ne se produit plus que très difficilement et avec
une sorte d'explosion. L expérience classique de Donny le
montre bien : dans un tube de verre entièrement clos et
lavé à l'acide siilfuriqiie on a introduit de l'eau dont on a
enlevé l'air dissous par mu longue ébuUition. Lorsqu'on
chauffe ce tube au bain d'huile, on constate souvent que
l'on peut atteindre une température voisine de 1 '•■
voir l'ébullition se produire, puis tout d'un coup elle a lieu
très violemment, en projetant l'eau vers les parois inférieures
du tube; celui-ci est parfois brisé par la violence du choc.
Dufour est allé plus loin : en chauffant au milieu d'une
masse d'huile, de densité égale à celle de l'eau chaude, une
grosse goutte de liquide, il a élevé la température jusqu'à
180° sans obtenir d'ébullition.
La température normale d'ébullition d'un liquide varie
lorsque ce liquide contient en dissolution diverses subs-
tances. Dans le cas de deux liquides, la température d'ébulli-
tion du mélange est intermédiaire entre celles des deux
liquides purs. Dans le cas d'un liquide et d'un solide,
celui-ci abaisse d'autant plus la température d'ébullition
qu'il est en proportions plus considérables. Les expériences les
plus précises et les plus récentes faites sur ce sujet sont dues
à M. Kaoult qui a montré que pour les dissolutions éten-
dues, une molécule d'une substance fixe, en se dissolvant
dans cent molécules d'un liquide quelconque, diminue la
tension de vapeur de ce liquide d'une fraction constante de
sa valeur égale à 0,0099. Cette loi est vérifiée pour un très
grand nombre de substances. Pour quelques autres, il faut
employer une constante différente en rapport simple avec la
première. A. Joanxis.
IL Technologie. — On fait de nombreuses applica-
tions de l'ébullition dans l'industrie ; par exemple, dans
la production de la vapeur par l'ébullition de l'eau à di-
verses pressions, pour utiliser sa force élastique de mille
manières; dans la distillation des pétroles pour en extraire
les diverses essences : ainsi, tant que le thermomètre reste
stationnaireà 00° dans le liquide, c'est qu'il passe à la dis-
tillation une première essence ; quand celle— ci est épuisée,
le thermomètre monte à 80a et s'y arrête pendant tout le
temps qu'une autre essence moins volatile passe à la dis-
tillation, et ainsi de suite. La marmite de Papin et les
nombreux appareils qui en dérivent sont employés pour
extraire la gélatine des os ou dissoudre dessubstâl
lubres seulement au-dessus de 100°. Dans la formation du
sucre de betterave, on facilite la concentration des sirops
en déterminant l'ébullition et, par conséquent, la vapori-
sation rapide à une température peu élevée afin d'éviter
la détérioration partielle de la matière organique, au
moyen d'appareils pneumatiques. On sait que la fixité du
point d'ébullition d'un liquide est un indice de sa pureté.
Comme il existe des relations connues, d'une part, entre la
pression et l'ébullition de l'eau et, d'autre part, entre la
pression atmosphérique et la hauteur au-dessus du niveau
delà mer, on a été amené à construire des thermomètres
hyps étriqués qui indiquent, par la température de l'ébul-
lition de l'eau sur une montagne, la hauteur de celle-ci;
liegnault a construit des tables a cet effet. L. K.
III. A ri vétérinaire. — {Echauboulure,Feu d'herbe).
Maladie de la peau des animaux, et notamment du cheval,
consistant en une congestion du tissu cutané et particuliè-
rement du (issu vasculaire, congestion qui se manifeste
— -l'A —
ÉBULL1T10N - KCAILLAGE
par îles plaques, limitons OU tumeurs aplaties apparaissant
subitement. L'ébullition se montre surtout au printemps.
Les chevaux jeunes et pléthoriques] sont plus particulière-
ment exposés, ainsi que les animaux soumis au régime du
veit OU qui passent subitement d'une alimentation mauvaise
ou épuisante à une alimentation riche, nutritive, abondante
et variée. Parfois elle n'est que partielle, se montrant sur
les cotes, la tète OU le dos; parfois elle est générale et en-
vahit la peau tout entière, et cela si soudainement qu'on
dirait que le sang s'est tout a coup porté en niasse aux
extrémités du cercle qu'il parcourt, l.a surface tégumen-
taire apparaît alors bosselée, inégale et anfractueuse. La
terminaison la plus ordinaire de l'ébullition est la guéri-
son. Rarement cette maladie devient grave; rarement
aussi les bosselures qui la caractérisent se terminent ou se
transforment en tumeurs ou boutons persistants et indurés.
C'est une affection sans gravité, qui, partielle, guérit tou-
jours spontanément, et qui. générale, ne résiste pas à un
traitement rationnel, à moins qu'elle ne se complique, ce
qui peut arriver quelquefois, île congestions sur la poi-
trine ou l'intestin, congestions qui sont la conséquence de
sa disparition trop subite et déterminent des accidents de
métastase d'une excessive gravite. Si l'ébullition est par-
tielle et n'attaque que quelques régions isolées du corps,
la diète, une saignée légère, quelques barbotages alca-
lins, rafraîchissants et légèrement purgatifs suffisent pour
la faire disparaître. Si elle est générale, il ne faut pas
hésiter à faire immédiatement une abondante saignée. Si
elle apparaît sur plusieurs animaux à la fois et se rattache
à l'usage de fourrages nouveaux, on donnera des barbo-
tages purgatifs aux malades ; on remplacera les fourrages
nouveaux par des fourrages anciens, ou, si on ne le peut,
on aura soin d'arroser les fourrages nouveaux avec de l'eau
salée, de bien les étendre au soleil, de manière à leur enlever
leurs propriétés excitantes et odorantes. L. Garnier.
ÉB URINE (Techn.). Produit industriel nouveau pour
lequel on utilise les déchets d'os et d'ivoire au moyen de
procédés spéciaux. La composition de l'os est de 33,30 d'os-
séine et de (>6,70 de phosphate de chaux, de magnésie et
de carbonate de chaux; celle de l'ivoire, avec les mêmes
matières, ne contient que '28, .'il d'osséine. En soumettant
les déchets d'os et d'ivoire bien desséchés et réduits en
poudre impalpable dans des moules fermés à une tempé-
rature de 100 à 120°, l'osséine se ramollit, prend une
autre texture en empâtant le phosphate et le carbonate de
chaux et donne, par le refroidissement, une matière très
compacte et d'une grande solidité. Après cette première
opération, les objets moulés passent à l'atelier du polissage,
où l'on enlève les bavures, où l'on donne de la dépouille
aux parties qui en ont besoin, ou l'on met les objets d'épais-
seur et de calibre, et enfin où ils subissent un polissage
complet; ils vont ensuite à l'atelier de montage, où ils sont
terminés. On peut donner à l'éhurine les couleurs les plus
variées; celte matière se prête à un gr.md nombre d'ap-
plications, à la fabrication de menus articles empreints de
ce goût particulier à l'industrie parisienne : encrier-, presse-
papiers, plumiers, flambeaux, cadres, couvertures de livres
de messe et d'albums, boites en tous genres, croix, béni-
tiers, bijouterie, etc. Par le mélange et la compression des
diverses couleurs, on obtient les marbres et les pierres
précieuses. L. K.
EBURNA (Malac). Genre de Mollusques Gastéropodes,
de l'ordre des Prosobranches-Pectini branches, établi par
Lamarck en -1 801 pour une coquille oblongue à spire assez
élevée, à tours bien développés, mais dont les sutures sont
comblées par un dépôt épais et brillant. Ouverture ovale
allongée; columelle tordue plissée, avec une forte callosité
en arrière ; bord externe simple, aigu : un ombilic souvent
en partie recouvert. Type : Eburna glabrata Linné. Es-
pèces habitant l'océan Pacifique. J. Mar.
ÉBUR0NES. Peuple germanique de l'ancienne Belgique.
Vers l'an 55 av. J.-C.. les F.burones passèrent le Rhin.
Laissant la majeure partie de leur population dans la con-
GRA.NDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
trée située entre ce fleuve et la Meuse (César, De Bello
Gall., V, -li), ils s'avancèrent jusqu'à l'Escaut. Ce terri-
toire, couvert de marais et d'immenses forêts, confinait,
d'après M. Wauters, du coté du Rhin, aux Sicambres, qui
n'eurent qu'a passer le fleuve pour se répandre sur leur
territoire, et aux l biens, qui en repeuplèrent plus tard
toute la partie orientale, c.-à-d. la partie cisrhénane du
diocèse de Cologne. Dans la direction de la mer. les Kbu-
rones étaient les voisins des Menapii; du côté de l'Ardennc,
ils étaient sépares des Treveri par les Segni et les Con-
drusi ; à PO., les Nervii les séparaient des Aduatici, aux-
quels ils payaient tribut (César, V, -21). Ils occupaient donc
les rives du Rhin, depuis Remagen jusque vers Dusseldorf,
celles de la Meuse, de Liège à Rurcmonde et le pays inter-
médiaire ; quant à leurs frontières dans la contrée ris-
mosane, il est impossible de les déterminer. A peu près au
milieu de leur territoire, ils possédaient la ville lïAdua-
tuca (V. ce mot) qui, à en juger par le nom, doit avoir
été ou occupée quelque temps par les Aduatici ou fondée
par ce peuple pour maintenir dans la soumission les Ebu-
rones, lorsqu'ils étaient ses tributaires. On a beaucoup
discuté sur la position de cette forteresse; la plupart des
savants toutefois l'identifient avec Tongres(sur la question
d'Aduatuca, V. les nombreuses notices bibliographiques
dans Wauters, Nouvelles Etudes, pp. 133-135). Outre
Aduatuca, les Eburones avaient un autre oppidum que la
commission de la carte des Gaules a cru pouvoir fixer à
Fahlise, près d'Huy, mais que d'autres savants placent
sur la colline où s'élève aujourd'hui la citadelle de Namur.
Sur la destinée à la fois éclatante et malheureuse de cette
nation, sur le rôle patriotique qu'elle joua dans l'histoire
de la lutte désespérée du Belgium et sur son extermination
par Jules César, V. Ambiorix et Cativulcus. Après que
César eût poussé la vengeance jusqu'à détruire le peuple
des Eburones, leurs débris, fondus aux restes des Aduatici,
formèrent plus tard une civitas unique. Comme le terri-
toire que les Eburones occupaient à l'époque de César com-
prenait au ive siècle, d'après les indications de la Notice des
provinces, la civitas Tungrorum el la partie septentrio-
nale de la civitas Agrippine>isium,'\\ est permis de sup-
poser que les Ttingri étaient leurs descendants et héritiers.
Le nom des Eburones se trouve encore dans Strabon, mais
ne figure déjà plus dans Pline, où apparaît pour la pre-
mière fois celui desïungri, qui avaient Aduatueum comme
ville principale. L. W.
Biui.. : J. César, De Bello Galliro, II, 1; IV, 0; V, 24,
28-39,47; VI, 5, 31-35. — Baron J. de Wittic, Monnaies
gauloises attribuées ;\ Tournai et aux Eburons, dans Bul-
letin de l'Académie roy. de Belgique, 1854, XXI.— Creux y
et Alex. Bertrand, Quelques Difficultés du l.JI des Com-
mentaires étudiés sur le terrain, dansfteu. archéol., 1861,
IV, pp. 453-466, 2» sér. — A. Wauters, Nouvelles Eludes
sur ta géographie ancienne de la Belgique; Bruxelles,
1867, pp. 55-(>l. — Ern. desjardins, Géogr. de la Gaule
romaine, II, passim. — A. Longnon, Atlas hist. de la
France, passim.
ÉBUROVICES. Peuple gaulois de la nation aulerque ;
il occupait le pays d'Evreux (V. Aulerci, t. IV, p. 67°2).
Bibl. : J. CèSAB, De Bello Galtico, III, 17; VII, 75. —
PtoléMée, II, vm, 11. — J.-Th. Bonnin, Antiquités gallo-
romaines des Eburoviques ; Paris, 1860.— H. Vai.lentin,
Bulletin épigraphique de la Gaule, 1882, II, pp. 10-11.
EÇA de Uueiros (José-Maria), romancier portugais con-
temporain, né à Povoa de Varzim le 25 nov. 1845. Elève
de l'université de Coimbre, puis rédacteur d'un journal
politique à Evora, il fut nommé consul à La Havane, ensuite
a Xewcastle, enfin à Bristol, et élu membre de l'Académie
des sciences de Lisbonne. 11 est aujourd'hui le plus en vue
parmi les romanciers de son pays et est regardé comme le
chef de l'école réaliste. Ses meilleures œuvres sont : 0
Crime do Padre Aniaro (1874; édition complètement
refondue, 1880) ; 0 Mandarim (1880) ; O Primo Basilio
(1883). Plusieurs de ses romans ont été traduits en espa-
gnol el en allemand. G. P-i.
ÉCAILLAGE. I. CÉRAMIQUE. — Défaut de la couverte
céramique, qui se détache par t'caillcs, après la cuisson,
16
Iv ULLAGE - ECANGUE
- M -
de la pièce qu'elle recouvre, par tuite de ton manque
d'adhérence b la pair. Col accident provient «i<; l'absence
d'affinité de la terre; on j remédie en ajoutant do calcaire
à la pâte céramique. P. de IL
II. Peinture. — Tableau, panneau ou fresque dont la
peinture se crevasse, se contracte h se détache par frag-
ments. L'écaitlage lient le plus souvent a la grande vieillesse
d'une œuvre, 6 la vétusté d'une toile ou d'un panneau,
et surtout a la manière défectueuse dont les enduits sup-
portant la peinture ont été composés et appliqués. La
mauvaise préparation des dessons, de l'ébauche, faite avec
des couleurs trop peu siccatives, el la combinaison en
trop forte partie de ces mêmes couleurs avec les autres,
esl aussi une cause d'écaillage. Les tableaux de notre école
française contemporaine où l'on a tant abusé du bitume,
surtout ceux de Géricault et de Granet, fournissent de
tristes exemples de ce dernier inconvénient. Les tableaux
détachés de leurs châssis et roulés •-ans beaucoup de soins
sont aussi fatalement voués à l'écaillage. Ad. T.
ECAILLE. I. Zoologie. — L'épidémie ou la peau forment à
la surface du corps des animaux îles lamelles ou des plaques
de formes très \ ariées ; rares chez le* Mammifères (Pangolin,
Tatou, Rat, Castor, etc.) et surtout chet les Oiseaux
(plaques épidermiques des pattes), les écailles B'observent
die/ 1,1 plupart des Reptiles; la carapace des Chéloniens
n'esl autre chose qu'un tégument écailleux. Les écailles sont
de nature et de forme très variables chez les Poissons el
fournissent souvent des caractères à leur classitication ;
elles sont molles ou dures, petites ou grandes; chez les
Coffres, par exemple, elles forment une véritable cuirasse ;
le Uiodon et la Haie bouclée en présentent d'épineuses
(V. Poissons). Enfin, on donne aussi le nom d'écaillés aux
lamelles fines et diversement colorées qui recouvrent les
ailes des Papillons, des Charançons, etc. (V. Lépidoptères,
CuRCULIONTDF.S, etc.). Dr L. H.N.
II. Entomologie. — Nom donné par Geoffroy à plu-
sieurs Lépidoptères du genre Arctia Schrank (Chelonia
Latr.). L'E. couleur de rose est VA. HebeL., l'E. marbrée
VA. villica L., l'E. martre ou hérisonne VA. raja L., l'E.
mouchetée VA. l'illica L. et l'Ecaillé pudique VEuprepia
pudica Esp. Ed. Lef.
III. Botanique. — Lames foliacées , de consistance
variable ; morphologiquement ce sont des feuilles, et elles
en remplissent souvent les fonctions. Les bourgeons sont
fréquemment rouverts d'écaillés protectrices ; les bractées,
les sépales et les pétales sont susceptibles de se transformer
en écailles et sont alors remplaces par elles. Dr L. Un.
IV. Commerce et Industrie. — Sous le nom d'écaillé, on
désigne dans le commerce les plaques qui recouvrent le
corps de certaines espèces de tortues et les ongles de leurs
doigts. Les tortues recherchées spécialement pour cette
matière sont : h tortue franche (Chelonia m y > las), que
l'on rencontre dans l'océan Atlantique et dans les mers
du Sud, et quelques espèces voisines telles que la tor-
tue a nue de la mer Rouge el la tortue tachetée de Ma-
labar, la eaouane (Chelonia caouanea), qui \ii dans
l'Atlantique et dans la Méditerranée, le caret (Chelonia
imbricata), que l'on trouve dans la mer des Indes, sur
les côtes de la Guinée, du Mexique et de l'Amérique du
Sud. Les écailles de ces reptiles, au nombre de treize,
sont classées dans le commerce en deux grandes feuilles,
deux petites feuilles, trois buses, deux ailerons, deux
pointes et deux carrés. Les principales sortes commerciales
sont : h grande écaille ou caret de l'Inde, en feuilles
épaisses, transparentes, peu flexibles, noires tachées de
jaune pale et de brun rougeâtre ou bien jaspées de jaune
clair. L'écaillé jaspée de Itnde provient, comme la précé-
dente, du caret. Les plaques soûl à tond brun nuancé de
rouge, taché de rouge brun et de jaune citron. Les parties
claires sont transparentes. La grande écaille d'Am
]im\ ient de la carapace de la lorlue franche. Elle est \crJàlre
en dehors, noirâtre intérieurement; sur les bords princi-
palement, on trouve des jaspures rougeatres, noirâtres el
jaunes. La grande éeaiUê de tortue franche est pro-
duite par une lortne d'une espèce voisine de celle de la
tortue franche, que l'on trouve dam b-s grandes mars.
L'écaillé est mince et flexible, jaune pâle marqué de muret
de jauni 1 0 1 ■ aire. Les parties ci. mes sont trantpareatflB.
La grande écaille dt eaouanevA peu épaiase, I tond brun,
rougeâtre el noirâtre, tache (]c plaques blanc sale trans-
parentes. V écaille eaouane blonde eel formée par une
des treize plaques dorsab-s de la tortue eaOOUe. La l'.ii-
lenr est d'un jaune doré; elle est demi-transparente, un
peu laiteuse. Le polissage loi donne de la souplesse et une
belle transparence. Cette espèce est U'-- estimée. La petite
ille mnrr d'Amérique semble être fournie j^r une
tortue terrestre.
Les ongles fournissent deux sortes commerciales d'écaillé :
Vonglon sain de Vlnde, fourni parles pattes iiu caret, est
composé de feuilles inégales : la grande est brune, l'antre
\mne.Vonglon galeux d'Amérique provient des paitesde
la tortue franche el de quelques autres espèces, il diffère du
précédent par b-s nombreuses aspérités qui se trouvent I la
surface. L'écaillé se travaille comme la corne ; la grande faci-
lité qu'elle a de se ramollir a une douée chaleur et de M s.ui-
der, le rend facile. Les feuilles brutes livrées au commerce
ont besoin d'être redressées; pour cela, on jieut opérer de
deux manières : par voie sèche ou par voie humide. Le
dernier jirocédé est le meilleur; on ne risque pa^ comme
avec l'autre de brûler la corne. Pour cette opération, les
feuilles sont plongées dans l'eau chaude, et, lorsqu'elles
sont devenues suffisamment souples, on les place sous une
presse, entre des plaques de tôle ou de cuivre. Toujours en
se fondant sur l'action de la chaleur, on peut mouler l'ecaille,
el les pièces obtenues de cette façon sont terminées a la
lime et au tour, puis soudées ensemble s'il est besoin. On
préparc de l'écaillé factice au moyen de la colle de première
qualité que l'on colore. Ch. Girard.
Y. Ornement. — Motif d'ornementation formée de
lamelles terminées en arc de cercle, a pans coupés ou en
pointes plus ou moins aiguës, imbriquées comme les
écailles d'un poisson, et servante décorer le parement
d'une muraille inclinée, à simuler une toiture. Ce système
d'ornementation, très employé au moyen âge, parait
inspiré par les couvertures en bardeaux <îe bois communes
alors en certains pays. On le remarque principalement
dans les édifices du xne siècle; il revêt des rampants
île contreforts des flèches de pierre, des couronnements
de pinacles. Plus variées dans leurs formes aux siècles sui-
vants, les écailles furent conservées par les architectes de
la Renaissance pour donner de la légèreté et de l'élégaucc
aux dômes des campaniles. Ad. T.
VI. Ordres. — Ordre de l'Ecaillé. Fondé en Castille,
en 1 SIS, par le roi don Juan II. C'était une milice com-
p isée de chevaliers qui, tous, promenaient de protéger la
religion catholique contre les attaques des Maures ; ils
portaient un manteau blanc sur lequel ii-urait une croix
formée d'écaillés de poisson: de la le nom d'ordre de la
Scuama ou de l'Ecaillé. 11 faut supposer que cette insti-
tution ne rendit guère de services: elle disparut peu de
temps après sa fondation. 11. Goludon de Genoui.i.ai:.
ÉCAILLE (L'). Com. du dép. des Anlciincs. arr. de
liethel, cant. d'Asfeld; -213 hab.
ÉCAILLON. Com. du dép. du .Nord, arr. et cant. (S.) de
Douai, sur l'Lcaillon, affluent de l'Escaut; ('11 hab. Eglise
moderne conservant des fouis baptismaux du xw' siècle
et un intéressant triptyque à panneaux peints de la même
époque.
ÉCAJEUL. Com. du dép. du Calvados, arr. de I.isieux.
cant. de Mézidon; 334 hab.
ÉCALLES-Ai.ix. Com. du dép. de In Seinc—lnferieure.
air. de Rouen, cant. de PaviUy; i'.'<\ hab.
ÉCANGUE (Indust.). Outil donl on fait usage pour le
leillage du lin ou du chanvre ^V. Chanvre, t. \. p. B 8
et Tr.ni.M.r).
- 143 -
ÉCAQUELON — ÉCART
ÉCAQUELON. Corn, du dép. de l'Eure, air. de Pont-
Audemer, eant. de Montlort-sur-Rille ; 572 hab.
ÉCAROEHVILLE-LA-CAm'AGNE.Com. du dép. de l'Eure,
air. de Bernav, eant. de Beaumont-le-Roger; i î ~ hab.
ÉCARDENVILLE — i k-Ki ur. Coin, do dép. de l'Eure,
air. de Louviers, eant. deGaillon; 298 hab.
ÉCARLATE (Chim. indust.). Les matières colorantes
artificielles dérivées de la houille ci connues sous le nom
d' cariâtes appartiennent pour la plupart à la classe
dos colorants aiaiofques (V. ce mot). On rencontre dans
le commerce les marques suivantes : Ecarlate (!<■ coche-
nille G ou azoeoccine G. Azobenzol a naphtolmonosulfo-
u.itc de soude (sel de Clèves), découvert parGaessen 1883.
— Ecarlate de cochenille G ou azoeoccine G (Gaess,
1883). Azobenzol a naphtolmonosulfonate de sodium | el
de ('.lèves). — Ecartai de cochenille 8 /; (Gaess, 1883).
Azotoluidine * naphtolmonosulfonate de sodium (sel do
Qèves). — Ecarlate de cochenille i /; (Gaess, 1883].
lytidine a naphtolmonosulfonate de sodium (sel de
Qèves).— Ecarlate pour laines R (\88l). Vzoxyhdine a
naphtoldisnlfonate de sodium (sel de Schôllkoff). — Ecar-
late G R (Leveinstein, 1879). Azoxylidine ,3 naphtoldisul-
fonate de sodium (sel de Schiffer). — Ecarlate G (Meister
Lucius, 1878). AzoxyhdineB uaphtoldisulfonate de sodium
(sel R.).— Ecarlate double brillant G (Prinz, 1882).
; oaphtol ,: naphtylamine sulfonate de sodium (sel de
Brônner). — Ecarlate double extra S (Prinz, 1 S S -2 ) ,
obtenu par l'action du dérivé diazoté de l'acide jB naphty-
lamine sulfureux de Brônner sur l'a naphtolsulfite X. W.
— Ecarlate solide ou île Biebrich (Nietzki, 1878). Ami-
doazobenzoldisulfonate de soude azo [3 naphtol. — Ecartâtes
de crocéine (V. Crocéine).
I es écartâtes se présentent sous forme de poudre rouge
ou brun rouge, solublcs à l'eau et à L'alcool, et donnant
en teinture des nuances variant du rouge orange au rouge
cerise: ils résistent assez bien aux acides et aux alcalis
faibles. La préparation des écarlates est identique à la pré-
paration de tous les dérivés diazoiques; il nous suffira donc
d'indiquer le procédé suivi pour l'obtention de l'un d'eux,
l'écarlate de Biebrich par exempte. On verse, peu à peu,
47 kilogr. de jaune d'aniline (chlorhydrate d'amidoazo-
benzol) dans 'î'àO kilogr. d'acide Xordhausen à 14 °/°
d'anhydride, on chauffe à 60-70°. On dissout et on neutra-
lise par la soude: on a ainsi l'acide disulfoconjugué de
l'amidoazobenzol ; on acidulé avec 50 kilogr. d'acide rhlo-
rhydrique à "2'1° I)., et on diazote en maintenant à î0 avec
une solution de 1 4 kilogr. de nitrite de soude dans 30 litres
d'eau. On ajoute une solution aqueuse de 29 kilogr. de (3
naphtol et i6 kilogr. de soude; on laisse en contact six
heures environ et la matière colorante o-,t précipitée parle sel.
Teinture de la soie. La soie se teint en bain acidifié
très légèrement a l'acide sulfurique et au bouillon, c.-à-d.
à 100° environ, en présence de 28 à 30 litres de bain de
savon provenant du décreusage par 10 kilogr. de soie; la
teinture terminée, on rinre, avive et sèche.
Teinture &• la laine. Les écarlates se précipitent trop
vite sur la laine; aussi est-il fort difficile de les appli-
3uer sur cette fibre. Généralement on teint, en présence
'acide sulfurique, GOO-KOO-r. par 10 kilogr. de laine ou
1 kilogr. de bisulfate de soude, en commençant à froid et
arrivant peu à peu en une heure environ à l'ébullition ; on
maintient cette température pendant une demi-heure afin
de parfaire l'unisson, puis on lave el on ^èrhe.
Teinture du coton. On mordance préalablement le coton
de différentes façons. Par 10 kilogr. de fibre : 1° avec
500 gr. de stannate de soude, 800 gr. d'alun, 100 sr. de
cristaux de soude; 2° avec I kilogr. d'alun, 100 gr. de cris-
taux de soude. Quel que soit le procédé de fflordai
employé, on tord le coton sans rincer et on teint à 10-
50" C. dans un bain très concentré d' ecarlate. Les
marques dites coton peuvent se teindre directement en pré-
sence d'alun. Au sortir du bain de teinture, on lave et on sèche.
Enlcvages sur écarlates. Les enlevages sur les tissus
teints en écarlates s'obtiennent très facilement, comme pour
les ponceaux, par l'application d'une bouillie de bisulfite
de soude coin entré et de poudre de zinc; après quelques
minutes de contact, la décoloration est complète; il ne reste
plus qu'à laver. Ch. C.irard.
Ecarlate d'éosine (Y. Eosine).
Ecarlate de fuchsine (V. Fuchsine).
Ecarlate de cochenille (V '. Cochenille, t. XI, p. 764).
ÉCART. I. M.uiikm moi es.— Supposons que l'on fasse ni
épreuves pour observer l'arrivée d'un certain événement;
soit p la probabilité de cet événement et J = l — p. Le
nombre d'arrivées le plus probable est, d'après un théo-
rème de Bernoufli, mp;on appelle écart la différence
entre le nombre nip et le nombre de fois que l'événement
est réellement arrivé dans les ni épreuves. L'écart est un
nombre qui est de l'ordre de la racine carrée de m.
IL Artillerie. — Lorsqu'on tire dans une même bouche
à feu, dans des conditions identiques de charge, d'angle
de tir, etc., et les conditions atmosphériques restant les
mêmes, un grand nombre de coups, les points de chute
sur le plan horizontal qui porte la bouche à feu ne se con-
fondent pas en un seul; ils sont dispersés sur une certaine
étendue. Cette dispersion tien) à ce que, dans la pratique,
il est impossible de réaliser l'invariabilité absolue des con-
ditions ilu tir : quoi qu'on fasse, il existe toujours des
différences qui modifient, d'un coup à l'autre, soit la portée,
soit la dérivation (poids de la charge, propriétés balis-
tiques de la poudre, poids du projectile, pression atmo-
sphérique, etc.). Kn étudiant la dispersion des points de
chute, on reconnaît qu'il y a une région où les coups sont
en plus grand nombre, tandis qu'autour de cette région ils
sont disséminés d'autant
[dus qu'ils en sont plus
éloignés. Si l'on prend la
moyenne de toutes les
portées ainsi obtenues et
la moyenne de toutes les
dérivations, on détermine
dans le plan horizontal
un point appelé point
moyen. La distance d'un
point de chute quelconque
à ce point moyen se
nomme écart de disper-
sion. FI ne faut pas con-
fondre l'écart de disper-
sion avec l'écart, distance
d'un point de chute au
but.
Menons par le point
moyen 0 (fig. 1) deux
axes rectangulaires xx' et yif, le second passant par la
bouche à feu R. Les coordonnées d'un point de chute quel-
conque A par rapport à ces axes sont respectivement X écart
de dispersion en portée
A M ei l'écart de disper-
sion en direction AN.
La moitié des coups se
trouvent au delà de la ligno
xx?, l'autre moitié en deçà;
de même la moitié des points
de chute est à droite de ////',
l'autre à gauche. Traçons
(fig. û) deux parallèles à
l'une, ab, séparant la
meilleure moitié des coups
longs (soit 25 °/o des coups tirés), l'autre, cd, isolant la
meilleure moitié des coups courts; ces deux lignes sont à
égale distance de xx'. et l'une quelconque de ces distances
0/ ou 0g esl ce qu'on appelle lécart probable en por-
Ùe. L'écart probable en portée est donc la demi-largeur
d'une bande contenant la meilleure moitié des coups (la
bande étant orientée perpendiculairement à la direction du
y
N
A
.r
O M
1/'
B
Fig- 1.
y
a,
f
b
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Fig. 2.
ÉCART
- 244 -
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tiret !<• i ii- étant supposé indéfinimeDl prolongé). On peut
encore dire que l'écart probable en portée est tel qu'il y a
un ;i parier contre nn qu'il ne sera pu dépavé. I
probable m direction se définit d'une manière analogue.
Si on relève les pointa de chute sur un plan vertical, on a
îles écarta en hauteur; la définition île l'écart probable
en hauteur est encore la même.
Supposons qu'on trace sur le sol, de chaque côté du
point moyen 0, des parallèles à xx (ou a '/'/') èquidis-
tantes d'une longueur égale a l'écart probable en portée (OU
en direction), on
divisera le terrain
en bandes renfer-
mant chacune une
certaine propor-
tion de coups,
ainsi que l'indi-
que la lig. 3. En
pratique, on ad-
met que tous les
coups (9!) °„)
tombent dans une
bande de largeur
égale à huit fois
l'écart probable.
Cette répartition
des points de
chute est la
même, quelles
].'ig. 3. que soient la
bouche à feu et
la distance du tir : l'écart probable varie seul et dépend
à la fois de la bouche à feu et de la distance ; il mesure donc
la précision de la bouche à feu à la distance considérée.
On se sert quelquefois, pour apprécier cette précision,
de deux autres écarts : V écart moyen, qui est la moyenne
des écarts pris en valeur absolue, et l'écart quadratique
moyen, qui est la racine carrée de la moyenne arithmé-
tique des carrés des écarts. Ces écarts, que nous désigne-
rons par m et q, sont reliés à l'écart probable r par les
formules suivantes :
(1) r= 0,843 m,
(2) r = 0,674 q.
Dans l'établissement des tables de tir, qui donnent les
écarts probables en portée et en direction, on détermine direc-
tement l'écart
moyen m et l'on
en déduit, parla
formule (1), la
valeur de r.
Quant à l'écart
probable en hau-
teur, qui figure
également dans
les tables, on le
calcule en sup-
posant qu'aux
environs du
point de chute les trajectoires (tig. 4) sont des lignes droites
parallèles, faisant toutes, avec le plan horizontal, un angle w
égal à l'angle de chute de la trajectoire moyenne; autrement
dit, on applique la formule :
r,, = rjgw,
dans laquelle
et
: écart probable en hauteur
rp = écart probable en portée.
Tout ce qui précède s'applique au cas du tir percutant.
Dans le tir fusant, la durée de combustion de la fusée est
un nouvel élément variable qui, combiné avec la dispersion
des trajectoires, fait que les projectiles n'éclatent pas à la
même hauteur. Les hauteurs d'éclatement sont soumises à
la loi des écarts. Leur écart probable est d'ailleurs plus
grand que l'écart probable ■ hauteur dans |. <;,■, du tir
percutant (V. Pmwahuti al Tu).
III. Habhe. — l.n matière de eharpeauge maritime,
on appelle ainsi la jonction, raaaemblage de deux pii
bois obtenu enôtant, soit oUiquement, tort par façons, toit
par excavations, du bois d'une fae d'une pièce de cons-
truction ou de mature et en travaillant ou taillant celle qui
doit s'assembler avec la première, de manière qu'elle
s'applique exactement contre elle. Pour certaines
œuvres du navire, la quille, les mita les pins gros, il est
impossible de trouver des pièces de bois de dimensions
suffisantes : on assemble alors plusieurs pièces de dimen-
sions moindres et on les encarve, c.-a-d. qu'on les réunit
par des écarts dont la forme varie suivant l'usage qu'on
veut en faire, suivant l'effort présumé qu'elles auront a
soutenir. A ce point de vue, on distingue les écarts simples,
écarts carré» ou en about, ceux des pièces rimnlmtrsit
juxtaposées; les écarts ou les pièces sont appliquées le-
unes sur les autres : écarts plats ou a mi-bois ou les bouts
sont coupés en biseau sur leur épaisseur; écart doubla ou
flamand quand les pièces sont coupées en biseau sur leur
largeur. Enfin, il y a des écarts saillants ou à croc quand,
au milieu de leur jonction, les bouts des pièces encarvees
portent une dent saillante ou rentrante. — Les pièces de
la quille sont réunies par des écarts doubles ; celles qui
composent les bans par des écarts à croc.
Les faces en contact des écarts sont toujours enduitesde
goudron, qui est un préservatif en même temps qu'un agent
de cohésion; on y intercale parfois du feutre. Il faut aussi
avoir soin, quand on superpose plusieurs pièces à écarts,
que les écarts ne se correspondent pas pour ne pas s'affai-
blir mutuellement, c.-à-d. que les plans verticaux passant
par leurs milieux soient espacés le plus possible. — L'écart
a plus ou moins de longueur, suivant le degré de résistance
que doit présenter l'assemblage : ainsi les écarts des allonges
des mâts ont la moitié de la longueur totale des mâts,
tandis que l'écart de l'alonge d'une vergue a les deux tiers
de la longueur totale de la vergue. — Le mot écart est
aussi employé par les voiliers pour exprimer la jonction
des laizes de voile dans leur longueur.
IV. Art vétérinaire. — Encore appelé effort d'épaule,
l'écart est une boiterie qui a son siège au pourtour de l'arti-
culation scapulo-humèrale du cheval et sa cause dans une dis-
tension ou entorse des liens ligamenteux ou musculaires qui
attachent le scapulum à l'humérus. Les mouvements de la
région de l'épaule sont ceux de flexion, d'extension, d'ab-
duction, d'adduction, decircumduction et de rotation ; que
ces mouvements, par suite d'un choc, d'une chute, ou
d'une course rapide, ou d'un saut excessif, viennent à dé-
passer les limites normales, ils peuvent avoir pour effets
•l'exercer des tiraillements extrêmes sur les muscles qui,
dans cette région, ont pour mission, à défaut d'un appa-
reil ligamenteux suHisamment solide, de maintenir les
rayons articulaires dans leurs rapports et d'assurer leur
solidité. Le diagnostic de l'écart est entouré de difficultés,
en raison de la difficulté d'exploration de l'épaule entourée
de muscles puissants et volumineux, en raison aussi de la
similitude des boiteries entre elles, quant à leur manifes-
tation. Si l'animal est tombé sur l'épaule, s'il a reçu un
coup à l'épaule, si cette région est douloureuse, engorgée,
pas de doute en ce cas : le mal a son siège à l'épaule ; mais,
si rien n'apparait, si rien n'est visible sur le membre, en
ce cas, c'est par voie de déduction qu'on arrivera à dia-
gnostiquer le siège du mal. l.a première indication est
d'examiner le pied, de le l'aire déferrer, de s'assurer qu'au-
cune cause de boiterie n'y réside, qu'il n'y a ni bleimes.
ni seimes, ni foulures, ni kéraphyliocèle ; on s'assurera
ensuite s'il n'y a pas une forme, un suros, une cause
quelconque pouvant déterminer la boiterie. et c'est quand
on aura sévèrement examiné le membre boiteux et plu-
sieurs fois, et à différents jours d'intervalle, qu'on devra
S son tour sonder l'épaule et s'assurer si elle ne cause pas
la boiterie. Pour guérir l'écart récent, la première indication
- liï —
ÉCART — ÉCARTÉ
a nmpiù est d'immobiliser le membre malade en le main-
tenant autant que possible dans sou altitude physiologique,
et on y parviendra au moyen d'une entrave reliant l'un à
l'autre les deux membres antérieurs, et par une application
de vésieatoire sur la régna malade : si le vésieatoire est
impuissant, on recourra avec avantage a la cautérisationen
raies ou en pointes. L. GARNIES.
ÉCARTÉ tJeul. 1° lln.i.K. — I. 'écarte est un des jeux de
cartes les plus usités. C'est aussi l'un de ceux où l'habileté
assure le plus d'avantages. Nous indiquons les règles du jeu
et quelques-unes des inetliodes, d'après l'ouvrage de M. Dor-
moy. L'écarté se joue entre deux personnes, avec un jeu de
trente-deux cartes. On l'a joué parfois à trois ou quatre,
mais cela est irrégulier. On se sert ordinairement de deux
jeux de couleurs différentes; il est préférable de se servir de
trois jeux. Dans ce cas, le joueur qui a donné ramasse les
cartes après le coup et place le jeu à sa gauche; le joueur
qui donne prend le jeu qui est à >a droite. — Après chaque
coup, chaque joueur a le droit de demander des cartes neuves.
De la main. Chacun donne les cartes à son tour. Pour
déterminer qui aura la main, c.-à-d. qui donnera le pre-
mier, chaque joueur mêle l'un des jeux et tire une carte dans
le jeu qui a été mêlé par son adversaire : c'est la carte la
plus forte qui donne. L'ordre de force des cartes est le sui-
vant : roi, dame, valet, as. dix, neuf, huit, sept. — Si, en
tirant la main, on découvre deux ou plusieurs cartes, c'est la
carte la plus basse qui compte. — La main est valablement
tirée, même si le jeu est reconnu faux. — Quand on joue en
partie liée, la main continue à alterner, même après chaque
partie.
De la coupe et de la donne. Celui qui a la main mêle le
jeu et le présente à coupera son adversaire. Celui-ci a le droit
de mêler une seconde fois. — La coupe doit être faite d'un
seul coup, et en laissant au moins deux cartes en dessus et
en dessous ; autrement, l'adversaire a le droit de faire couper
de nouveau, après avoir mêlé les cartes, s'il le juge à pro-
pos. — On donne les cartes en commençant par servir son
adversaire. On peut donner par trois et deux, ou par deux
et trois ou une par une. On donne ainsi cinq cartes à chacun ;
on retourne la onzième carte, qui forme l'atout. On place à
sa droite le paquet de cartes restant, qui s'appelle le talon.
— Pendant toute la durée d'une partie, chaque joueur est
obligé de donner les cartes de la même manière qu'il les a
données à son premier coup, à moins qu'il ne prévienne son
adversaire avant que celui-ci ait coupé. A défaut de cet
avertissement , le joueur qui est le premier peut exiger ou que
la donne se fasse régulièrement, ou que le coup soit recom-
mencé. Mais il perd cette faculté dès que la retourne est
faite ou dès qu'il a regardé une carte de son jeu. Si un
joueur donne hors son tour, et qu'on s'en aperçoive avant
la retourne faite, le coup est recommencé. Si l'on s'en
aperçoit après la retourne faite, mais avant que le premier
ait engagé le coup, les jeux, tels qu'ils sont, sont mis de
coté pour le coup suivant. Mais, si la partie finit sans qu'il
y ait lieu déjouer le coup suivant, le coup mal donné est
définitivement annulé, même en partie liée. Si l'on ne s'aper-
çoit de la donne hors tour qu'après le coup engagé, le coup
est valable. Le coup est engagé quand un joueur a annoncé
le roi, ou joué sa première carte, ou proposé, accepté ou
refusé des cartes. — S'il y a une ou plusieurs cartes retour-
nées dans le jeu, et qu'on s'en aperçoive avant d'avoir vu son
jeu, le coup est annulé, à moins que la carte retoumée soit
la onzième ; dans ce cas, cette carte forme l'atout. Si l'on
ne s'en aperçoit qu'après écart, et que les cartes retour-
nées reviennent à celui qui donne, le coup est valable. Si,
au contraire, une carte retournée revient au premier, il peut.
à son choix , tenir le coup pour bon ou l'annuler. Dans ce
dernier cas, le point du roi ne compte pas. — Si, en donnant,
soit d'emblée soit après écart, on retourne une carte, même
par suite d'un faux mouvement de son adversaire, le coup
est valable si celte carte revient à celui qui donne; si elle
revient à son adversaire, celui-ci a le droit de maintenir le
coup ou de l'annuler; mais, s'il a regardé tout ou partie des
cartes ainsi données, le coup reste valable. On procède de
même si la carte découverte fait partie du talon, et notam-
ment si l'on a retourné pour l'atout deux cartes au lieu
d'une ; dans ce dernier cas, c'est toujours la onzième carte
qui forme l'atout. — Si l'un des joueurs a moins de quatre
tartes ou plus de six, le coup est annulé. — Si l'un des
joueurs a quatre ou six cartes et qu'on s'en aperçoive avant
la retourne faite, on rectifie l'erreur en rétablissant, s'il
est possible, l'ordre normal de la distribution. — Si la re-
tourne a été faite, le premier en cartes, après avoir vu son
jeu, peut, à son choix, annuler le coup ou compléter son jeu
en prenant la première carte du talon s'il n'en a reçu que
quatre, ou réduire son jeu à cinq cartes en en jetant une à
son choix s'il en a reçu six ; l'atout retourné n'est pas
changé. Si c'est le joueur qui donne qui a quatre ou six
cartes, et qu'on s'en aperçoive avant qu'il n'ait engagé le
coup en ce qui le concerne, l'adversaire a le droit, ou d'an-
nuler le coup, ou de lui compléter son jeu, en lui donnant
la première carte du talon, ou de le réduire à cinq cartes en
en retirant une au hasard. — Quand un coup est annulé
par suite de maldonne, le premier en cartes a le droit de
prendre la main s'il le juge à propos. — Celui qui engage le
coup en ayant six cartes, soit avant soit après écart, perd
un point et le droit de marquer le roi.
Du roi, du point et de la vole. Chaque partie se joue
en cinq points. — Celui qui retourne le roi comme atout
marque un point. — Celui qui a dans son jeu le roi d'atout
marque un point ; toutefois, il doit annoncer le roi avant
d'avoir jeté sa première carte, c.-à-d. avant que cette carte
ait touché le tapis, faute de quoi le roi ne compte pas.
Pour annoncer le roi, l'on doit dire : Le roi, ou : J'ai le roi,
ou : Je marque le roi ; toute autre locution ne compte pas ;
on est dispensé d'annoncer le roi, tout en conservant le
droit de le marquer, si on le joue pour sa première carte,
que l'on soit premier ou second. — On n'est pas obligé
d'annoncer le roi quand on l'a dans son jeu, mais on perd
le droit de le marquer. — Lorsqu'un joueur a annoncé le
roi sans l'avoir, l'adversaire peut reprendre les cartes qu'il
a déjà jouées. — Le joueur qui fait trois ou quatre levées
marque un point ; celui qui fait les cinq levées, c.-à-d. la
vole, marque deux points.
Des cartes. Le premier en cartes, après avoir vu son
jeu, peut demander d'autres cartes, ce qu'il fait en disant :
J'écarte ou je propose ; cette proposition une fois faite, il
ne peut plus la retirer ; le joueur qui a donné peut accep-
ter ou refuser. S'il refuse, le coup se joue avec les cartes
primitivement données ; s'il accepte, il répond : Combien?
Kn cas d'acceptation, le joueur qui a proposé est obligé
d'écarter au moins une carte ; celui qui a donné lui dis-
tribue, en les prenant au-dessus du talon, autant de cartes
qu'il en demande ; il jette ensuite autant de cartes qu'il
veut de son propre jeu et en prend le même nombre, tou-
jours au-dessus du talon. S'il n'y a plus assez de cartes
pour satisfaire à une dernière demande d'écart, les cartes
restant au talon sont distribuées tant qu'il y en a, et le
joueur pour qui il n'y en a plus assez ne peut écarter plus de
cartes qu'il n'en reste au talon. — Si, dans l'un des écarts,
le premier s'aperçoit qu'il a reçu moins de cartes qu'il
n'en avait demandé, il se complète dans l'ordre naturel du
talon. Si cet ordre ne peut pas être rétabli ou si l'un des
joueurs a déjà regardé son jeu, il se complète en prenant
une carte au-dessous du talon. Si le premier s'aperçoit
qu'il a reçu plus de cartes qu'il n'en avait demandé, il
refuse les dernières, qui sont remises dans l'ordre naturel.
Mais, si l'ordre naturel ne peut pas être rétabli ou si l'un
des joueurs a déjà regardé son jeu, il déclare qu'il a six
cartes et il en jette une à son choix ; si le premier de-
mande, par exemple, deux cartes et qu'il en jette trois, et
si l'ordre naturel ne peut pas être rétabli, il prend la pre-
mière carte du talon. Si le premier demande, par exemple,
trois cartes et qu'il n'en jette que deux, et si l'ordre naturel
ne peut pas être rétabli, il jette une de ses six cartes à
son choix, mais il ne marque pas le point, s'il le fait, et
LCAHTK
- IM -
il ne man|iie qu'on poinl s'il en bit deux : de plus, il perd
le droil de marquer le roi. — On ne peut pu reprendre let
cartes que l'on s écartée», même avant d'avoir reçu les
(•.nies nouvelles. On o'a pas le droit de regarder tout ou
partie des cartes écartées, sous peina d'être obligé de jouer
à jeu découvert ; on peut cependant toucher Isa cartes
écartées afin de les compter. — Celui i|ui a joue d'autorité,
c.-à-d. sans demander de cartes, on celui qui, étant
second, a refusé des cartes sur la première proposition de
son adversaire, perd deux points si l'adversaire fait trois,
quatre nu cinq levées ; on ne peut jamais faire plus de deui
points sur un coup sans le roi ni plus de trois si l'on a le
roi. — On peut regarder les levées que l'on a laites ; mais on
ne peut pas regarder celles de l'adversaire, sous peine de
jouer a jeu découvert. — On a le droit de montrer son jeu,
mais, si l'on jette ses cartes sur le tapis, on perd toutes les
levées qui restent à taire.
De la renonce et de la sous-force. On est obligé de
fournir une carte de la couleur jouée, si L'on en a, ou de
couper si l'on n'en a pas; autrement on fait une renonce.
On est obligé de prendre la carie jouée si l'on en a une
plus lorte de la même couleur : fournir une carte plus faible
s'appelle sous-forcer. La renonce ou la sous-force ne sont
accomplies que lorsque la première carte de la levée
suivante a été jouée soit par celui qui a fait la faute, soit
par son adversaire. — Quand il y a eu renonce ou sous-force,
chacun reprend toutes ses cartes et joue de nouveau, mais
celui qui a fait la faute ne marque pas le point, s'il le fait,
et ne marque qu'un point s'il en fait deux. — Si un jeu de
cartes est reconnu faux, le coup où Ton s'en aperçoit
avant que la retourne du coup suivant soit faite est annulé;
tous les coups précédents sont valables. — On perd le droit
de marquer les points que l'on vient de faire, ainsi que
tout droit de réclamation, dès que la retourne du coup sui-
vant est faite. — Quand la dernière partie a été réglée, soit
en jetons, soit en argent, ou que les joueurs ont quitté la
table, aucune réclamation ne peut plus être admise.
Des 'paris. Celui qui parie pour un joueur ou qui est
intéressé dans son jeu, a le droit de le conseiller et de lui
faire remarquer les erreurs qui pourraient être commises.
Toutefois, le joueur qui fait la chouette, c.-à-d. qui joue
contre tous les autres, ne peut être conseillé ni aidé par
personne et nul ne doit regarder son jeu. — La galerie com-
posée des personnes qui ne sont pas intéressées dans le jeu,
ne peut ni conseiller ni rectifier de son chef aucune erreur;
mais, si elle est consultée, elle doit rétablir la question de
lait.
2° Conduite du jeu. — Pour une étude complète du jeu
de l'écarté on constate que la carte de retourne peut être l'une
des 32, soit 32 combinaisons différentes; les 31 autres
peuvent se combiner pour former le jeu du premier de
169,911 manières; le jeu du premier étant donné, les
26 cartes restantes peuvent fournir pour le jeu du second
65,780 combinaisons. Le total des combinaisons est donc de
357,655,858,560. On ne peut donc étudier isolément chaque
cas particulier. Si on supprime les cas équivalents, il reste
encore 53,051 jeux de premier de valeur différente et
42,003 jeux de second. La probabilité pour le premier
d'avoir dans son jeu un atout est de 44 °/0, deux atouts
25 °/0, trois 6 °/0, quatre 1/2 % et cinq 1/8000, enfin pas
d'atout 25 °/„. La probabilité que le roi tournera ou sera
dans un des deux jeux avant écart est de 13/32. Le pre-
mier joue d'autorité une fois sur trois, 34 t'ois sur 100 ; il
propose des cartes et le second accepte 55 fois sur 100 ; il
propose et le second refuse 11 fois sur 100. Si an joueur
jouait d'autorité toutes les fois qu'il est premier, son désa-
vantage serait de S °/„; s'il refusait des cartes à tous les
coups, ce désavantage approcherait de 25%. Une partie
d'écarté dure en moyenne plus de 4 coups et un peu moins
de 5 (48 coups pour 10 parties).
L'avantage de la donne (possibilité de tourner le roi)
esta peu près équivalent à celai de la primauté (choix de
l'attaque) ; mais, quand on est 4 à 4, l'avantage est de
donner : il e 4 non 46. l-a \ak-ur des
que chaque joueur a de gagner la partie daastoutes
|e> positions de la partie est donnée j,;n |,. i,i|/|e:in sui-
vant :
si
s
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PORTS
DO JOI Kl M A.
1
0
1
2
9
0
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50
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_
14
i
71
62
50
36
3
82
75
64
50
4
90
86
77
46
ou
54
Il résulte de ce tableau que les diflérents points ont
pour chaque joueur une valeur très inégale selon la posi-
tion de la partie. Le premier point consistant à pa-
ît à 1 qui vaut 10 quand l'adversaire a 0 ou 1, ne vaut
que 9 s'il a deux points, 7 s'il en a trois, 4 s'il en a quatre :
le quatrième point (passage de 3 à 4) vaut 8 quand l'ad-
versaire n'a pas de point, 15 s'il en a trois et 19 ou 11
(en premier ou en second) s'il en a quatre: enfin le cin-
quième point finissant la partie vaut 10 quand l'adversaire
n'a pas de point, 35 quand il en a trois, 54 ou 46 quand il
eu a quatre. Ln somme, dans tout le courant de la partie,
un point a faire a presque la même valeur pour l'un
et l'autre joueur, excepté quand l'un est à 4 points.
Les différentes questions à examiner pour un joueur
d'écarté sont les suivantes: Avec quels jeux doit-on en pre-
mier jouer d'autorité ou proposer des cartes? Avec quels
jeux le second doit-il accepter ou refuser les cartes propo-
sées? L'écart terminé, par quelle carte le premier doit-il
attaquer et continuer \ Comment le second doit-il jouer
ayant repris la main '!
Celui qui joue d'autorité aune chance sur sept de faire la
vole; il joue donc 1 point plus 1/7 contre 2 points. Il laut tenir
compte de la valeur relative des points a chaque moment ;
s'il est par exemple 2 à 3, il joue 16 contre 36 ; il faut
aussi tenir compte de la possibilité que l'adversaire ait le
roi; quand on est 3 à 3, on expose en jouant d'autorité
50 contre 20; mais 4 à 4 on n'expose que 46 contre 54.
Le détail des cas est indiqué par les traités spéciaux. Kn
somme, le premier doit avoir en moyenne 63 à 64 chances
sur 100 de faire le point pour jouer d'autorité: mais,
quand il a 4 points ou quand son adversaire en a 4, il suf-
fit qu'il ait a peu près 60 chances pour lui; dans le ras de
4 à i ou les deux présomptions se combinent, il devra
jouer en se contentant avec iti chances; le cas le plus dé-
favorable est celui de 3 à 3 ou l'on ne doit jouer d'auto-
rité qu'avec 71 chances pour soi. Mais il faut taire inter-
venir ici la loi de groupement. Les raisonnements que
nous avons développés supposent que les cartes sont par-
faitement mêlées. Il n'en est pas ainsi en t'ait : on brouille
avec négligence et les cartes de même couleur restent grou-
pées ensemble; comme on les donne par deux et trois ion
davantage a l'écart), cette considération est grave. Celui
qui donne, prenant les cartes qui louchent la retourne, a
plus de chance d'avoir des atouts, mais aussi plus d'en
donner a l'autre si l'on écarte: s'il a plus d'un atout, il
doit craindre d'en trouver chez l'adversaire plus que la
probabilité ne l'indique; de même, s'il a une couleur longue
- 141 -
ÉCARTÉ
ou une Mite seconde ; leSMull JMII qui ne soient pas me-
nacés BU la loi de groupement sont ceux qui tirent leur
force île cartes maîtresses isolées OU d6 cartes se suivant
(Barrage, par exemple). L'on a don. d'autant plus d'in-
térêt a bien mêler les cartes qu'on est en avance sur l'atl—
«•mire; ne jouer qu'avec réserve les jeux qui doivent leur
l'oree à une longue couleur OU deux longues couleurs pas
tout à l'ait maîtresses. Enfin, en pratique, il est prudent
de ne jouer d'autorité que les jeux valant (>7 à 68, Il est
vrai que la crainte de donner le roi (probabilité moyenne
I « % contre 9 ",. de le prendre) a l'adversaire doit abais-
ser un peu cette moyenne, que M. Dormoy fixe à 65. On
voit que la complexité du problème posôà un joueur d'écarté
est extrême et exigerait dans chaque cas un calcul complet.
Pour s'en dispenser on a admis que le premier devra jouer
d'autorité si s. m jeu a une valeur d'au moins 65, des jeux
un peu plus torts (de i à ,'i points) si son adversaire ou
lui-même est a .'! ; sensiblement plus forts (environ 73) au
point de 3 a •>, un peu moins forts s'il est à 4 ou que
SOU adversaire est à î : enfin hardiment sur le point de
; à ;.
Il nous faut maintenant voir quels sont les jeux qui ont
cette valeur moyenne de (>'>. Les jeux se répartissent en
six catégories selon le nombre d'atouts; dans chacune, trois
mes d'après le nombre de couleurs différentes qu'ils
contiennent en dehors de l'atout. On les subdivise en-
suite. Voici quelles sont les conclusions formulées par
M. Dormoy : nous renvoyons à son traite et particulièrement
à la note annexe pour la discussion. Sans atout, plus une
ou deux couleurs : on ne doit jamais jouer; la valeur maxima
(tierce majeure et mariage) étant seulement de 41 ; avec
trois couleurs on peut jouer si on a : 1° dans chaque cou-
leur le roi ou le peut mariage (valet et dame) ; "2° les trois
rois et un as ; o° deux fois roi et valet, plus une dame. —
in petit atout, plus : 1° une couleur unique; il faut
qu'elle commence par roi et dame; 2° deux couleurs; on
peut jouer avec une carte troisième et une carte seule assez
forte pour servir de rentrée ; ou avec deux rois seconds
plus un as ; un roi second, une dame seconde, plus un va-
bt. deux dames secondes, plus un valet et un as ; 3° trois
couleurs; on peut jouer avec trois rois, deux rois dont un
par as, deux rois seuls plus huit et neuf dans la troisième
couleur ; s'il n'y a pas de roi, la limite minimum est la
même qu'avec deux atouts et trois couleurs. — Deux petits
atouts, plus: 1° une couleur : se joue toujours; 2° deux
couleurs: il tant que le total des points fasse au moins 32
en comptant roi pour \H. daine pour 14, valet pour 12;
3° trois couleurs ; il faut avoir quatre cartes majeures,
atouts, rois ou dames; toutefois, deux valets comptent pour
une et trois valets pour deux cartes majeures. — Trois
petits atouts; on joue toujours pourvu que les deux cartes
Bolées dépassent la force de deux huit (avec un huit et un
in'iif on a 67 chances) ; cependant la loi de groupement
affaiblit plus ce jeu que les autres.
Dans quelles conditions le secoua peut-il refuser des
cartes? Quand le premier propose, on doit supposer que son
jeu vaut moins de 63, laissant de côté l'hypothèse ou il pro-
poserait pour chercher la vole ou assurer le point de refus.
La valeur moyenne du jeu peut donc être évaluée à 32 iji.
Le second, s'il refuse, expose deux points contre un; il ne
doit donc refuser que si son jeu vaut au moins 65. (Juand
l'un des joueurs et surtout quand les deux sont au point
de 3. il devra être plus réservé encore (valeur mini-
mum 7(1): au contraire, si l'un des joueurs est à i. il
peut être plus hardi (valeur minimum 30); et surtout si
l'on est 4 à 4 et jouer un jeu valant .">u. Muant au
jiiège tendu par le premier demandant des cartes avec
tin beau jeu, il n'y a pas moyen de l'éviter; le cas est
d'ailleurs rare, et le joueur qui abuserait de cette ruse en
serait victime. — Voyons maintenant quels sont les jeux
avec lesquels on peut ou doit refuser des cartes en second.
Il ne faut pas oublier qu'un jeu composé des mêmes cartes
a moins de valeur entre les mains du second qu'entre celles
du premier; en moyenne il vaut 15 "„ de moins; mais
reite différence n'est pas constante : certains jeux perdent
20 et jusqu'à 50 ° „; d'autres ne perdent pas. Ainsi le jeu
sans atouts comportant une tierce majeure, un roi et uno
dame vaut <>'< pour Le premier, ,M pour le second; et le
jeu sans atouts forme de deux mariages 8l une daine, va-
lant 83 pour le premier, \aut encore 81 pour le second;
un jeu avec un petit atout et une quatrième majeure vaut
68 pour le premier et seulement 30 pour le second ; tan-
dis qu'un jeu formé d'un petit atout, un roi second par le
sept et dame seconde par le sept vaut à!) pour le premier
et .'(7 pour le second. Pour les jeux ayant deux atouts, la
diminution est moindre; pour ceux qui en oui trois, elle est
nulle.
Après un premier écart, quand doit-on en consentir un
deuxième'.' Rarement. Kn effet, le joueur qui n'a pas le roi
craint de le donner à l'adversaire ; celui qui a beau jeu
sans avoir le point sur craint de le perdre ; celui qui a
mauvais jeu craint d'assurer la vole à son adversaire. Ce-
pendant chacun des joueurs peut y avoir intérêt : s'il a le
point stlr et la vole improbable ; s'il ne craint pas le roi ;
s'il a très mauvais jeu ou la dame d'atout seule avec do
très basses cartes. On ne doit pas écarter les rois la se-
conde fois plus que la première, d'autant que très souvent
un roi vaut mieux qu'un atout.
La manière déjouer pour le premier en cartes varie selon
les jeux. Il est impossible d'étudier ici tous les cas, et
nous renvoyons aux traités spéciaux. Les principes élé-
mentaires sont d'attendre avec les fourchettes, de ne pas
exposer les cartes secondes qui sont gardées, d'affranchir
les longues couleurs. Voici quelques exemples : avec un
jeu sans atout contenant deux couleurs, il faut débuter par
la couleur où les deux plus fortes cartes se suivent, ou le
plus souvent par la couleur longue; avec un jeu contenant,
trois couleurs, on débute par la carte isolée nu la plus
forte des deux cartes isolées; si on a un roi, on le joue
d'abord, à moins que le jeu ne soit très beau. — Avec un
jeu contenant un atout et une longue couleur maitresse,
on ne doit débuter atout que si l'atout est le roi, mais, si
l'adversaire est à 4, il faut débuter atout avec la dame si on
est à 0, avec le valet si on esta 1, 2, ou 3. Si la couleur
maitresse comprend quatre cartes, on doit débuter atout
avec la dame, étant 1 ou 2 à 4 avec le valet et étant 3 à 4
avec le dix. 4 à 4, on ne doit jamais débuter atout. Avec
un atout, un roi troisième et une carte seconde, on ne peut
débuter que par le roi d'atout. Avec deux rois seconds, on
débute par celui qui offre la fourchette la plus large. —
Avec un jeu contenant deux atouts et une seule couleur, on
doit débuter par cette couleur; on ne peut débuter atout
que si l'on a roi et dame à la fois en atout et dans l'autre
couleur, excepté si l'on est 3 à 4, auquel cas on peut jouer
plus hardiment. Avec roi second d'atout, un roi second et
une petite carte, on ne doit pas débuter atout. Si au con-
traire la cinquième carte est un roi, on doit jouer atout
d'entrée. Kègle générale, avec deux atouts, une carte se-
conde et une carte isolée, le premier, s'il joue d'autorité et
qu'il n'a pas l'atout maître, débutera par sa carte se-
conde; s'il a l'atout maître, et dans les autres couleurs en
même temps le roi ou la dame, il débutera par un coup
d'atout. Sinon, non. Avec le même jeu, si on lui a refusé
des cartes, il jouera d'abord sa carte unique ou seulement
la carte seconde si c'est un roi. Mais après l'écart le pre-
mier ne débutera par sa carte seconde que s'il ne craint
pas la vole. — Avec deux atouts et trois couleurs, une
figure dans chaque couleur, on débutera par la figure la
[dus forte, pour épuiser, si c'est possible, un des atouts de
l'adversaire. — Avec un jeu contenant trois atouts et une
couleur, on débute par atout avant l'écart, par la couleur
après l'écart. Avec trois atouts et deux couleurs, le pre-
mier doit jouer atout sauf dans trois cas : s'il a les trois
plus petits atouts et deux rois ; s'il ne joue que pour un
point et a le point sûr en ne jouant pas atout ; si l'adver-
saire ayant refusé ou écarté, ses cartes sont trop faibles
ÉCARTE - KCItAT\NK
- i48 -
pou espérer le point et qu'il puisée se garantir <le le vole
en attendant à un fort Muni garde.
La manière déjouer la tecoodeou la troisième carte es)
asaaz simple. Quand on cherche la vole et qu'on débute
par un>' couleur autre qu'atout, il faut au second coup
changer la couleur, dans la crainte d'être coupé et afin de
pouvoir jouer atout au troisième coup, l'our faire le point,
il est fréquemment bon de changer de couleur au second
coup, afin de faire les deux premières levées et de donner
la main à l'adversaire au troisième coup et de l'attendre
avec un atout second.
Le second en cartes a peu d'initiative. In des cas con-
testés est celui de la carte anglaise ; ayant eu en mains
deux atouts et trois couleurs, perdu la première levée,
coupé la seconde, réussi le coup d'atout pour la troisième,
doit-il pour la quatrième levée jouer sa carte la plus faible
ou la plus forte? Il ne doit jamais jouer la plus faible ou
carte anglaise. La plus grande difficulté est de savoir si on
doit jouer atout à la troisième levée, et cela dépend unique-
ment de la nature du jeu.
L'écarté est un des jeux de cartes où la fraude est le
plus facile et le plus fréquente; nous étudierons les
moyens principaux dans l'article Jeu. Le plus simple est
de se donner ou de tourner le roi ; un des plus dangereux
est de tricher à la marque. A. -M. B.
Bibl. : Dormoy, Traité de l'Ecarté; Paris, 1887.
ÉCARTELÉ (Art héraldique) (V. Blason).
ÉCARTÈLEMENT (Ane. dr. crim.). L'écartèlement
était l'une des formes de la peine de mort, réservée aux
condamnés pour crimes de lèse-majesté humaine au premier
chef, et, principalement aux régicides. Les membres du
condamné devaient être tirés en sens contraire par quatre
chevaux vigoureux. Damiens, qui avait tenté d'assassiner
Louis XV en 1757, subit la peine de l'écartèlement;
Voltaire, dans son Histoire du Parlement de Paris,
décrit l'horrible supplice de ce régicide.
ÉCARTELURE (Blas.). Division d'un écu en quatre
écarts ou quartiers. L'écartelure est la réunion sur un
même écu des armes du possesseur avec celles d'une fa-
mille alliée ou celles provenant de la multiplicité des fiefs,
des dignités, de prétentions, de substitutions, de conces-
sions de patronage, de dévotion. On écartèle par recon-
naissance, par suite d'adoption. Une des écartelures qui
frappent le plus les regards est celle des rois d'Angleterre
qui, par suite de leurs prétentions sur le royaume de France,
écartelèrent à partir du xive siècle : aux l et i, de
France, aux 2 et 3, d'Angleterre, c.-à-d. que dans leur
écartelure ils portaient les trois fleurs de lis et les trois
léopards. H. Gourdon de Genouillac.
ÉCARTEMENT (Menuis.). Terme employé pour désigner
la distance qui sépare les deux parties d'un meuble ou l'in-
tervalle de deux planchers. On calcule l'écartement despieds
d'une table, de même que celui des deux bras d'un fauteuil.
ÉCARTEUR (V. Taukeau [Courses]).
ÉCATISSAGE (Drap.). Lorsque, dans la fabrication du
drap, on a procédé au décatissage, qui a pour but d'enle-
ver au drap, au moyen de la vapeur, le lustre et le brillant
produits par le pressage à chaud, il arrive parfois que
l'étoffe s'est ramollie et a perdu complètement son brillant ;
il est indispensable alors de lui rendre sa main et son lustre
par un pressage à froid ; cette opération porte le nom
d'écatissage. L. K.
ÉCAUSSEVILLE. Corn, du dép. de la Manche, arr. de
Valognes, cant. de Montebourg; \ft"2 hab.
ÉCAUSSINES-ij'Enghien. Corn, de Belgique, prov. de
Hainaut, arr. de Soignies; 0,500 hab. Stat. du eh. de fer
de Bruxelles à Chimay. Nombreuses carrières de granit,
de pierres à chaux et de pavés.
ÉCAU VILLE. Coin, du dép. de l'Eure, arr. de Louviers,
cant. du Neubourg; 94 hab.
ECBALLIUM [Ecballium A. Rich.). I. Botanique. —
Genre de plantesde la tamille des Cucurbitacées, dont l'unique
espèce,] E. Elatcrium A. Rich. (E. agresta Reichb. ;
Momordica Etaterium L), Ml boum mm las boom
vulgaires de Concombre sauvage, (.. d'âne, Cornichon
d'attrape, Giciet. Cou une herbe rivace.t ratine épaisse,
charnue, blanchâtre, I tin couchée, ramifiée, ctowerte,
comme toutes lea parties de la plante, de poils Maoes et
raidea et portant des feuilles alternes, longuement pétie-
lées, dépourvues de vrilles, I limbe osale-triangulaire.
fortement cordé a la base. Les (leurs, de couleur jaune,
sont monoïques ; les mâles en grappe, les femelles soli-
taires à l'aisselle des feuilles. Le fruit est oblong, charnu.
Ecballium Elaterium A. Rich (rameau fructifère).
aqueux à l'intérieur. A la maturité, il se détache brusque-
ment du sommet de son pédoncule et présente alors un
trou basilaire par lequel sont projetés, avec élasticité, les
graines et le liquide qui les accompagne. — VE. Elate-
rium croit en Orient et dans les lieux arides de la région
méditerranéenne. C'est le Cueuniis asininus des anciennes
pharmacopées. Le liquide contenu dans son fruit est doué
de propriétés drastiques énergiques. On en préparait au-
trefois un extrait qui a joui pendant longtemps d'une cer-
taine réputation sous le nom A'e'latérium. Ed. Lef.
IL Thérapeutique. — Le suc du fruit de VEcballium
agreste jouit de propriétés purgatives énergiques, dues à
la présence dans ce suc d'un principe particulier, l'élaté
rine ; les autres parties de la plante, surtout la racine, sont
également purgatives. La dose de la racine est de 13 gr.
pour 1,500 gr. d'eau qu'on réduit à moitié parl'ébullition.
Autrefois on préparait avec le suc du fruit le produit connu
sous le nom d'élatérium ou de fécule d'élatérium qui est
tout simplement le dépôt formé dans le suc séché; l'elaté-
rium s'emploie à la dose de 5 à "25 milligr., souvent associé
à la gomme-gutte et à la jusquiame ; son administration
réclame de grandes précautions. H rend de grands services
comme hvdragogue et catharlique dans les hydropisies dé-
pendant d'aflections du cœur ou des reins. — L'élatérine,
principe cristallisable, insoluble dans l'eau, trèssoluble dans
l'alcool, peu dans l'éther, neutre aux réactifs, fusible à
200°, exerce des effets purgatifs à la dose de i à 3 milligr.;
on l'emploiera avec prudence en granules à 1 milligr., par
exemple, pris successivement. Dr L. Un.
ECBATANE. Nom de ville, qui tire son origine d'un mot
perse ancien, Hagmatana, littéralement congressus, réu-
nion, d'oii les Crées ont fait 'AfôaTava et "Kxôxrava, en
latin Ecbatana. Ce nom fut porté par plusieurs villes de
Perse et de Médie.
1° Quatre villes de l'Orient ont seules conserve à travers
les siècles, sinon leur ancienne splendeur, au moins leur
grande importance et leur antique nom célèbre. Ce sont
Smyrne. Jérusalem. Damas et Echatane de Médie. Cette
ville, qui fut la capitale de l'empire de Médie, fut fondée par
le Touranien Déjocès dans un pays arien, et reçut le nom
générique i' Hagmatana, qui s'est perpétué jusqu'à nos
jours dans la ville de Hamadan, pour son importance et le
— 249 —
ECBATANE — ECCHYMOSE
sombra de sos habitants h seconde ou la troisième grande
ville do la Pêne actuelle. Kilo est située près da mont
Hvend, l'antique Orontes, ob Darius fil graver un texte
trilingue.
I.o premier roi de la dynastie modo. Déjocès (Y. ee nom)
fonda ootto ville non loin du mont Blvend, non loin dos
chaînes do montagnes qui séparent la Médie du bassin du
l iv. la ville était située sur le versant d'une colline et
entourée de so|>t murs, qui furent ions visibles, s'élevanl
SB forme de gradins l'un sur l'autre; chacune de ces cir-
oonvallations avait dos créneaux d'une couleur différente.
Hérodote (1, 98) nous donne l'ordre suivant: noir, blanc,
ècarkte, bleu, orange, argent ot or, arrange d'après un
certain ordre de classement dos planètes auxquelles une
couleur était consacrée. L'enceinte extérieure, la plus basse,
avait 850 stades (48 kil. 5) en circonférence. La dernière
enceinte, la plus élevée, entourant la ville sacrée et royale,
renfermait le palais du souverain et un temple du Soleil ;
les édifiées étaient bâtis en bois de cèdre et de cyprès; tous les
toits et tous les chapiteaux des colonnes étaient couverts
de plaques d'or et d'argent. Nous savons par les textes
babyloniens qu'Ecbatane était la capitale d'Astyage ; la ville
et le palais passèrent sous la domination des rois perses,
qui choisirent ces lieux montagneux et aérés pour leur ré-
sidence d'été. D'immenses trésors étaient accumulés dans
cette forteresse entourée de sept murs. Alexandre en en-
leva une partie en 334 ; Seleucus prit Ecbatane en 313 et
la pilla : mais telle fut la richesse des trésors qu'un siècle
plus tard Antiochus III put emporter encore pour 4,000 ta-
lents d'argent, c.-à-d. "20 millions de fr. Les rois partîtes
l'enlevèrent aux Séleucides vers 170 av. J.-C, et choisiront
Ecbatane également pour leur résidence d'été; les Sas-
sanides semblent l'avoir délaissée, mais durant le moyen
âge elle conserva son importance sous le nom de Hama-
tl.in. I.a ville moderne étant bâtie sur le site de l'antique
capitale, les fouilles à Ecbatane sont devenues impossibles,
et beaucoup d'antiquités remarquables doivent encore être
recelées sous les constructions nouvelles. Quelques chapi-
teaux de colonnes, inscriptions cunéiformes et un lion en
pierre sont les seuls vestiges de l'antique splendeur. Les
Juifs d'aujourd'hui, confondant Suse et Ecbatane, regar-
dent Hamadan comme représentant cette première ville et
le tombeau de Mardochée et d'Esther. Vne grande quantité
de petits monuments, monnaies, pierres gravées des temps
postérieurs sont trouvés sur le site d'Ecbatane. Pour l'his-
toire de la ville moderne, V. Hamadan.
On a discuté souvent sur l'emplacement de la capitale
de Médie, qu'on a voulu reconnaître ailleurs que dans ce
pays; mais la plupart des passages montrent (par exemple
Macch.. Il, 9, 8) qu'Ecbatane ne peut être que Hamadan.
Le nom d'Ecbatane se trouve aussi dans le texte d'Esdras
i\l. 2) sous la forme d'Akhmata; on y conservait les
archives de l'empire perse, et spécialement le décret de
Cyrus donnant la liberté aux Juifs.
2° Quelques auteurs distingués, surtout sir Henry Raw-
linson (Royal Asiatic Society, vol. X, i, 494), ont voulu
admettre une ville d'Ecbatane en Atropatène ou l'Azer-
l>eidjan près des ruines sassanides de Takhi-i-Suleiman
à lat. N. 36° -28': long. E. de Paris, 34°;48/. C'est l'an-
tique Gai-aka ou Cnnzaka, lequel nous dénote en effet une
ville de trésors. Elle était florissante durant les temps du
kalifat, et fut saccagée par les Mongols au commencement
du xiii0 siècle. Des ruines très importantes, entourées d'une
circonvallation, dénotent la grande importance de la ville
qui, dans les écrits orientaux, s'appelle Skis. Il est dou-
teux que cette ville se soit jamais nommée Ecbatane.
3° Pline (Hist. mit.. VI, -2!)) parle d'une Ecbatane des
Mages, aux confins orientaux de la Perside, qui, selon le
texte obscur de l'auteur latin, fut transportée par Darius
dans les montagnes.
4° Le nom d'Ecbatane, avec la forme plus ancienne
et plus correcte d'Agbatane d'Hérodote, d'Eschyle et de
Ctésias,'est appliqué à une ville de Syrie. Hérodote (III, 64)
raconte que Cambyse avait évité la ville d'Ecbatane, parce
qu'un oracle de la ville de Buto lui avait prédit qu'il mour-
rait dans coite ville. Blessé en Syrie on revenant d'Egypte,
il demanda comment s'appelait la ville OU il se trouvait.
On lui répondit que le nom en était Agbatane, et il aurait
conclu que sa lin était venue et qu'il s'était trompé sur le
compte de la capitale mèdo. H est probable que cette ville
est la ville de llamat, qui, prononcée Hainatavec un h fort,
pouvait être prise pour Hagmatano, d'autant plus que les
Juifs, comme nous l'avons dit, nomment Ecbatane de Médie
Achmata. Ce conte, peut-être inventé, ne contient pour-
tant rien qui soit impossible. J. Oppert.
ECBERT, archevêque d'York (V. Egbert).
ECCARD (Johann), compositeur allemand, né à Muhl-
hausen (Thuringe) en 1583, mort à Berlin en 1611. Elève
de Joachim de Burgk, avec lequel il collabora, puis d'Orlando
Lasso à Munich, il visita l'Italie, entra au service de
Jakob Kugger à Augsbourg (1378), puis à celui du duc de
Prusse a Ko'nigsberg (1583), où il fut adjoint puis succes-
seur (1599) du maître de chapelle Riccius. Pris avec ce
titre par l'électeur de Brandebourg, il vint à Berlin en 1008.
Il a encore la réputation d'un dos plus illustres compo-
siteurs allemands de musique sacrée. Parmi ses œuvres on
remarque surtout : Geist liche Lieder, deux livres de chant
religieux à a voix sur des chorals (Kœnigsberg, 1597,
2 parties) et Prenssiclie Festlieder à 5, 6, 7 et 8 voix
(Kœnigsberg, 1598, "2 parties) ; ces chants ont été réédités
par Stobœus (Danzig, 1634-44) et par Teschner (Leipzig,
1858-00). C'est Eccard qui le premier dans ces œuvres
donna au choral luthérien le caractère de grand art.
L'Eglise réformée a conservé un grand nombre de petites
compositions d' Eccard, et, de nos jours, on en a remis en
lumière auxquelles le caractère de poésie populaire prête
un grand charme. Nous citerons parmi ses recueils : A'.Y
Cantiones sacras llelmboldi (Muhlhausen, 1574) ; Neuwe
tcutsche Lieder mit vierund fiinf Stimmen ganx, lieblich
zusinnen (Muhlhausen, 1578) ; Crepundia sancti Heltn-
boldi (Muhlhausen, 1596 ; Erfurt, 1608).
ECCHELLENSIS (Abraham), savant maronite, mort à
Rome en 1664. Il fut élevé au collège des Maronites à
Rome, puis enseigna le syriaque et l'arabe à la Propagande.
En 1610, il passa un an à Paris pour collaborer à la liible
polyglotte de Le Jay. Vers 1646, il fut nommé professeur
d'arabe et de syriaque au Collège de France, mais fut
rappelé à Rome en 1652 et y mourut très âgé. Parmi ses
ouvrages, assez superficiels, il suffit de citer une Gram-
maire syriaque (Rome, 16"28); une édition des œuvresde
saint Antoine (Paris, 1641 et 1646) et sa polémique contre
J. Selden, dans Kutychius... vindicatns (Rome, 1661,
in-4). E.-H. K.
ECCHONDROSE (Pathol.). Tumeur de nature cartilagi-
neuse qui se développe sur les os, au niveau des cartilages
normaux ; c'est une hypertrophie (néoformation) partielle
et limitée de cartilages préexistant normalement. Il ne taut
pas confondre l'ecchondrose avec le chondrome osteoïde,
qui est formé exclusivement de tissu osteoïde ou spongoïde
sans mélange d'éléments cartilagineux. Ces deux sortes de
tumeurs se distinguent nettement des chondromes et des
enchondromes, dont l'étude est faite au mot Enchonduome.
ECCHYMOSE (Pathol.). On donne le nom d'ecchymose
à l'extra vasal ion sanguine qui se produit dans le tissu cel-
lulaire à la suite d'un coup, d'une ligature trop serrée ou
de toute autre cause susceptible de déterminer la rupture
des petits vaisseaux sanguins. L'aspect sous lequel se pré-
sente l'ecchymose varie suivant le moment où l'on l'observe
et suivant la place qu'elle occupe. Sur la peau, la tache
ecchymotique est d'abord bleuâtre, puis verdàlre ou plom-
bée, ensuite violacée, jaune en dernier lieu. Au niveau de
la conjonctive et, d'une façon générale, au-dessous de toutes
les muqueuses, l'ecchymose est de suite d'un rouge vif;
sa couleur va ensuite en s'atténuant insensiblement. La ri-
chesse vasculaire du tissu lésé, la nature du traumatisme,
la constitution du sujet, son âge et diverses autres circons-
Km.hvmuSE - BGCLÉSIASTE
- ll,0 -
tances peuvent influa sur II marche,] 'aspect el la dorée de
la lésion. On peut dire cependant d'une façon générale que
la coloration bleuâtre apparaît du deuxième an troisième
jour, lorsqu'il s'agit d'une contusion de la peau ; Il cou-
leur verdâtreou plombée apparaît dans ce cas renie cin-
quième on sixième iour; la teinte jaunâtre vers la septième
mi huitième jour. L'ecchymose sous-cutanée disparaît a peu
près complètement vers le douzième jour. S'agit-il d'une
violence ayant intéressé les parties profondes, ayant pro-
duit par exemple une rupture musculaire ou la fracture
d'un os, il se peut alors que la peau ne présente aucune
trace de traumatisme pendant plusieurs jours; ce n'est guère
en effet qui' vers le cinquième ou sixième jour, quelquefois
même, le quinzième, que l'ecchymose commence à se montrer.
Dans ce cas, elle peut apparaître à une distance assez
éloignée de la lésion, lesangèpanchédansles tissus profonds
ayant suivi une gaine musculaire ou glissé le long d'une aponé-
vrose. — l.e diagnostic et le pronostic des ecchymoses ont
une grande importance en médecine légale ; or, les difficultés
que rencontre l'expert sont plus sérieuses qu'il ne parait
au premier abord. On a vu plus haut qu'une ecchymose
pouvait se produire une quinzaine de jours après le trau-
matisme ; inversement , une extravasation sanguine très
étendue peut s'observer à la suite d'une contusion sans gra-
vité. Quelques sujets ont des ecchymoses pour les causes
les plus minimes; le fait s'observe même particulièrement
chez certaines femmes à la peau délicate dont le sein se
marbre d'ecchymoses consécutives à des pressions ou à des
pincements qu'on ne saurait cependant qualifier de vio-
lences. Des ecchymoses nombreuses et étendues peuvent
également être le fait d'un état morbide grave (affections
adynamiques, scorbut, etc.). Il n'est pas enfin jusqu'à cer-
taines taches congénitales ou encore certaines affections
cutanées qui ne peuvent parfois en imposer pour des ecchy-
moses. L'examen détaillé et complet du sujet, le siège, la
forme et le nombre des ecchymoses, leur marche, leur durée
ainsi que les diverses circonstances du cas observé per-
mettent d'établir le diagnostic. Fait important, il est im-
possible de produire une ecchymose sur un cadavre, en
dehors de quelques rares '.as bien spécifiés ; c'est donc là
un signe d'autant plus précieux pour le médecin-légiste, que
l'incision de la tache suspecte permet d'en reconnaître la
nature sans difficulté. Le traitement de l'ecchymose est celui
de la contusion (V. ce mot) si elle est la suite d'une violence.
L'ecchymose de cause interne, étant secondaire, nécessite le
traitement de l'affection dont elle dépend. Dr Alphandéry.
ECCICA-Siarella. Corn, du dép. de la Corse, arr.
d'Ajaccio, cant. de Bastelica; 705 hab.
ECCI LIA (Bot.). Genre de Champignons de la famille des
Agaricinées, à chapeau submembraneux, souvent ombiliqué,
à marge primitivement infléchie, à lamelles atténuées en
arrière et décurrentes, à spores roses, à stipe cartila-
gineux, continu avec le chapeau. Nombreuses espèces,
terrestres sauf une ou deux. H. F.
ECCLEFECHAN. Village d'Ecosse, comté de Dumfries,
dans l'Annandale ; patrie de Th. Carlyle.
ECCLES. Corn, du dép. du Nord, arr. d'Avesnes, cant.
de Solre-le-Château ; 145 hab.
ECCLES. Ville d'Angleterre, comté de Lancastre, sur
l'Irvell, à 7 kil. 0. de Manchester; "21,7.>8 hab., en y
comprenant les localités voisines de Barton, Winton, Mouton
et Patricroft. Dans cette dernière est la fonderie Bridgwater
illustrée par Nasmyth (V. ce nom).
ECCLESALL-Bierlow. Faubourg de Sheffield; :V,\,iSQ
hab. (V. Sheffield).
ECCLESFIELD. Ville d'Angleterre, comté d'York,
Wcst-Riding, a 7 kil. N. de Sheffield; 21,188 hab. Aciéries,
coutellerie.
ECCLESHALL. Ville d'Angleterre, comté de Slafford,
près du Sow, allluentdu Trent; ;i,708 hab. Tannerie, cor-
donnerie. Dans son église se réfugia la reine Marguerite,
après la bataille de Bloreheath (1459).
ECCLESHILL. VUJe <iAi.-i.-t.-,,.-. essaie d'York,
il.- Bradford; T.Oii" bah. Tannerie, cordonnerie,
ECCLÉSIARQUE. Un appelait ainsi ehai les < mentaux
un officier chargé du service général d'une église et de la
garde de ce qu'elle contenait. C'était loi qui convoquait l<-
peuple pour les services religieux. Les fonctionnaire! infé-
rieurs de l'église étaient places vhis son autorité.
ECCLÉSIASTE. Livre appartenant a la troisième sec-
tion .le la Bible hébraïque et qui se donne pour l'œuvre
du Qohéletk, c.-a-d. du prédicateur, « fils de David, roi
de Jérusalem ». Par là et par d'autres traits se trouve
désigné Salomon avec une suffisante clarté : mai-, comme
il ne peut pas être question de faire remonter au V siècle
avant notre ère un écrit dont la langue et les idées domi-
nantes trahissent l'origine relativement récente, il appa-
raît que l'écrivain a usé du pseudonymat, si volontiers em-
ployé par les docteurs juifs aux siècles qui avoisinent la
naissance du christianisme. M. Segond a donné de YEccU!-
siaste une analyse exacte et judicieuse dont nous reprodui-
rons les données essentielles.
VEcclésiastc est un ouvrage philosophico-didactique
dans lequel l'auteur, conversant avec lui-même, donne le
résultat de ses méditations et de ses expériences sur la
vanité des choses du monde. Le contenu du livre, malgré
les dilbcultés qu'il soulève, témoigne en faveur d'un seul
auteur et d'une certaine unité dans la tractation du sujet.
Mais, si l'on est conduit à reconnaître un seul auteur, cela
ne veut pas dire que tout lui appartienne en propre
comme création première. De même, par unité de compo-
sition, il ne faut pas entendre un tout bien coordonné, une
connexion étroite et logique entre les diverses parties. Au
contraire, on remarque des pensées qui se heurtent, des
incohérences et des contradictions, et l'on aperçoit clai-
rement les irrésolutions du philosophe. « Tout est vanité »,
telle est la thèse principale, développée dans une série
d'observations sur la vie humaine, ses misères et ses peines
comme aussi ses plaisirs et ses joies. Dans tout ce qui se
passe sous le soleil, il n'y a que « vanité et poursuite du
vent ». Les tourments qu'on se donne pour acquérir de la
richesse sont une gène et une folie : les plaisirs ne sont
pas un moyen sur d'arriver au bonheur, le juste est sou-
vent malheureux, le méchant prospère ; la science accroît
les chagrins, la sagesse profite plus à autrui qu'à ceux qui
la possèdent : rien de mieux que de manger, boire et se
réjouir, de mener une vie gaie et exempte de soucis avant
que la vieillesse arrive avec ses infirmités. Et pourtant, si
ne pas jouir est un mal, la jouissance ne procure pas sa-
tisfaction complète. Rien de nouveau sous le soleil, et tout
ce qui arrive a son temps fixé par Dieu ; puisqu'il en est
ainsi, le mieux consiste à prendre les choses comme elles
sont, à s'accommoder d'un bien-être éventuel et relatif :
cela même est un don de Dieu. En résume, l'auteur a re-
connu par expérience que tout est vanité, et il a examiné
la vie sous toutes ses faces pour rechercher le meilleur
parti a en tirer : c'est la son but. Il a, pour ainsi dire, con-
versé avec lui-même, approuvant et désapprouvant,
rant et ^'adoucissant, attaquant, contredisant, affirmant,
puis se réfutant en quelque sorte. Lassé de la lutte, il con-
clut de nouveau que tout est vanité et, s'embarrassant peu
du lien logique, il déduit « la crainte de Dieu et l'obser-
vation de ses commandements » comme conséqie
tout son discours. — Le contraste sensible que présente
VEcclésiaste comparé à l'ensemble des livres bibliques a
donné lieu parfois à des jugements excessits. Ce curieux
traitées) l'œuvre non d'un sceptique, mais d'un pessimiste:
l'auteur, a la vue du triste spectacle .pie lui offre la société
contemporaine, a perdu, non les croyances de ses ancêtres.
niais leur enthousiasme et leur sainte confiance en un avenir
meilleur, fout engage a placer la composition de l'osuvn
au n' siècle avant notre ère. M. VnifBS.
BlBL. : Knoi.ii.. Commenter ueber clas Ruch Koheleth ;
Leipzig, 1836. — Hiivig, Der Prediger Satomo ; Leipzig,
1 s it ; nouv. édit.par Nowack, Leipzig, lsv3. — Hi n
BBRO, Der Prediger Salomo ausgeiegt; Berlin, 1- —
— SM
ECCLESIASTE — ÉCIIAI'.U'D
H. Cikakt/., Kohelet oder der Salomonische Prediger kri-
tiach trl&utert; Leipzig, 1871. — Dei rrzscH, Der Prediger
und dus hohe Liwi; Leipzig, 1875. — Ed. Reuss, Philoso-
phie religieuse et morale des Hébreux; Paris, 1878. —
1.. Sboond, GodesMste, dans Encyclopédie (/es sciences
religieuses; Paris, 1878, i. IV. — J. Dkrbnbourq, A
détachées sur l'EcclésuiSte, dans Revue des Etudes juives,
eahier d'oot.-déc. 1880. - C. Beuston, le Prétendu Epicu-
rianta Je VEccléautaû, dans Reuus tAeologùrue de Mon-
tauban, m- de oeu-déc. 1881. — E. Renan, VEcclésiaste,
traduit de I7ie°breu avec une tftudesur l'4ffe et (e carac-
tère du livre ; l'aris. 1882. — M.Viumn, Bulletin.critiqrue
de ta religion juiue, dans Revue de l'histoire des religions;
Paris, 1888, t. VI. — 11. Bois, Essai sur les origines delà
philosophie judéo-alex&ndrine ; Taris, 18
ECCLÉSIASTIQUE. L'un des livres apocryphes ou deu-
lèroeanoniques de la Bible, composé originairement en né-
brea, et dont nous ne possédonsque la traduction grecque.
Le véritable titre de l'ouvrage est Sagesse de J<'sus, fils
de Stroc, et, sous uni' tonne abrégée, le Sir acide. C'est an
livre de philosophie morale, sorte de recueil de préceptes
rappelant en quelque mesure le livre des Proverbes. Bien
que l'œuvre présente une incontestable unité d'auteur et
d'inspiration, « il n'y a pas lieu, remarque justement Reuss,
de parler d'un plan régulièrement conçu d'avance et dispo-
sant les différentes matières àiraiter d'après un ordre naturel
et logique. Il n'y a pas la moindre trace d'une pareille pré-
occupation de la part de l'auteur. Il passe d'un sujet a
l'autre sans qu'on entrevoie le moins du monde ce qui a
pu en décider le choix, ou par quelle association d'idées des
éléments hétérogènes ont pu se trouver ensemble. » Nous
signalerons tout particulièrement l'éloge de la sagesse et
la recapitulation des héros de l'histoire d'Israël. Le livre,
compose en Palestine dans la première moitié du 11e siècle
avant notre ère, autant qu'il parait, a été traduit en grec
une soixantaine d'années plus tard par les soins du petit—
fils de l'auteur, fixé en Egypte. C'est une œuvre distinguée
déforme et d'une inspiration morale soutenue, précieuse
pour nous faire connaître les croyances des Juifs palesti-
niens et l'état de la science religieuse et morale des doc-
teurs de la loi à l'époque qui précède immédiatement l'in-
surrection des Machabees. « L'auteur de V Ecclésiastique,
dit Michel Nicolas, ne connait en aucune façon ni les
méthodes artificielles d'interprétation qui permirent aux
docteurs de la loi de découvrir dans les écrits mosaïques
des sens cachés et des mystères dont on ne s'était pas douté
jusqu'alors, ni la réglementation à outrance dans laquelle
la vie tout entière de l'Israélite finit par être enfermée,
ni l'importance exagérée qu'on donna aux prescriptions
cérémonielles, ni les développements extraordinaires que
reçurent les anciennes espérances messianiques. » C'est,
en un mot, une œuvre saine, sobre et forte; Jésus, fils
de Sirac, s'y montre le digne disciple et continuateur
des écrivains prophétiques, dont il a profondément médité
rits. M. Vernes.
ftim.. : M. Nicolas, Des Dortrines religieuses des Juifs
pendant les deux siècles antérieurs à l'ère chrétienne ;
Paris, lottO; 2» éd., 1866. — Ed. Reuss, Philosophie reli-
gieuse et morale des Hébreux: Paris. 1878.— II. Bois,
Essai sur les origines de la philosophie judéo-alexandrine ;
Paris. 1890.
ECCLÉSIASTIQUE. Ce mot désigne en général les per-
sonnes et les choses qui appartiennent à l'Eglise. Les per-
sonnes ecclésiastiques sont aussi appelées clercs. Dans
l'usage, les deux noms comprennent pareillement toutes les
personnes qui sont destinées au service de l'Eglise, depuis
le plus haut dignitaire jusqu'au simple tonsuré (V. Ci.f.rc
et Clergé).
ECCREMOCARPUSl/.rrn'wocar»».sR.etPav.)(liot.|.
Genre de plantes de la famille des Hignoniacées et du
groupe des Jacarondées, composé de sous-arbrisseaux
grimpants, à Gemlles opposées, pennées, avec les folioles
incisées et le pétiole terminé par une vrille simple ou
ramifiée. Les fleurs, de couleur jaune ou rouge, sont dis-
posées en grappes lâches ; la corolle, tubuleuse, est
rétrécie au niveau de la gorge : les étamines, au nombre
de quatre, sont didynames, et le Iruit, capsulaire, s'ouvre
en deux valves pour laisser échapper des graines entourées
d'une aile transparente. L'espèce type, E. scaber R. et
Pav. (Caiampelts soabra Don), est originaire du Chili. On
la cultive tréquemmrnl dans les jardins comme ornemen-
tale; ses fleurs son) orangé. Ed. Lbf.
ECDICIUS. Nom de deux seigneurs gaulois du v siècle.
I. Sozomèna raconte tm'Ecdicius, le père de l'empereur
Avitus, seigneur gaulois originaire de Nîmes, tua, après le
siège d'Arles, en LU, son ami Ecdobic, gênerai du tyran
Constantin, qui s'était réfugié auprès de lui, après avoir
été vaincu par Ulphilas et Constance, les généraux de
l'empereur aonorius. Constance, auquel le meurtrier pré-
senta la tète d'Ecdobic, lui défendit de rester dans son
camp, de peur que la présence d'un homme aussi misé-
rable n'y causât quelque malheur.
11. Ecdicius que Sirmond, d'après Jornandès, fait fils
d' \vitus et par conséquent petit-fils du précédent, était le
frère de Papianilla, la fille de cet empereur, mais proba-
blement le tils d'un autre père. Sous l'empereur Anthé-
mius, il commandait la cavalerie en Gaule lors de l'invasion
des Visigoths sous Eurik; mais il se distingua surtout en
474 pendant le siège de Clermont-Ferrand (V. ce mot).
L'empereur Jules Nepos le nomma patrice romain. Sidoine
Apollinaire, l'époux de sa sœur Papianilla, qui lui dédia
deux de ses épitres, dit dans l'une d'elles qu'il reçut ce
titre Wt pour son âge, mais trop tard pour les services
qu'il avait rendus. Ecdicius mourut a Rome, ou il s'était
rendu après avoir été nommé patrice. D'après une légende,
rapportée par Grégoire de Tours, il aurait pourvu à la
subsistance de plus de quatre mille personnes pendant une
famine qui ravagea la Gaule. L. W.
ISiul. : I.Sozomène, Hist., 1. II.— Lie Nain de Tillemont,
Ihst. des empereurs ; Bruxelles, 1710, V. — II. Sidonius
Ai'ollinaris, Epist., 1. III, 'A. — Grégoire de Tours,
Hist. des Francs, éd. Omont; Paris, 18H0, II, xvi (24).
— Le Nain de Tillemont, Hist. des emper., VI. — Le
Mercure de France, avr. 1761.
EC00TIQUE (V. Critique des textes).
ECGONINE(Chim).Form. j ■ gj;» gWzO«
Base artificielle obtenue par Wumler en chauffant en
tubes scellés à 100°, la cocaïne avec de l'acide chlorhy-
drique concentré : il y a fixation d'eau et production d'al-
cool méthylique, d'acide benzoïque et d'ecgonine ('éx-fovoç,
fils), d'après l'équation suivante :
C3*H21A208-+-2H2Oe=C8H402-+-C"H804-r-C18fl15Az06
L'ecgonine cristallise en prismes rhomboïdaux obliques,
incolores, brillants, avec une molécule d'eau de cristallisa-
tion. Elle est très soluble dans l'eau, peu dans l'alcool con-
centré, insoluble dans l'ether; sa saveur est douceâtre, fai-
blement amère. Chauffée graduellement, elle se déshydrate,
puis fond ù 1!I8° en se décomposant. C'est une base faible,
sans action sur les réactifs colorés, donnant cependant un
chlorhydrate bien cristallisé. — Le chloroplatinatc, qui
est rouge orangé, cristallise en prismes peu solubles dans
l'alcool, très solubles dans l'eau (Lossen). Ed. R.
Biul. : Lossen, Rech. sur la cocaïne, Soc. ch., t. IV,
293. — Wœiiler, Action de l'acide clilorliydrique sur la
cocaïne, Ann. ch. et phys., t. LX.V, 233 |3).
ÉCHAFAUD. I. Construction. — Ouvrage de charpente
provisoire, consistant en un ou plusieurs planchers et ser-
vant à l'exécution de travaux de construction. Les écha-
fauds peuvent être fixés à la construction même qu'ils servent
à élever ou seulement juxtaposés à cette construction etpar-
fois portés sur des plates-formes mobiles, ou encore, et sur-
tout dans le cas de travaux de réparation, ils peuvent ne
consister qu'en parties de plancher maintenues en équilibre
ou en cages de bois ou de fer, ces dernières suspendues à
des cordages ou a des chaînes. Pour la construction des
édifices publics qui peut durer plusieurs années, on em-
ploie, dans les échafaudages formés d'une série continue
d'échafauds, des bois de charpente équarris, souvent assem-
bles, reliés à l'aide de boulons et de chevilles, avec plan-
chers soigneusement établis et auxquels on accède par de
ÉCHAFAUD — ECHAG1 i _ 153 _
véritablei escaliers; mais, pour la construction de maisons
ordinaires, on se sert, le plus souvent, d'éehafimdagea plus
légers consistant en pièces de bois verticales (baliveaux on
éenasses) scellées à leur extrémité inférieure dans le sol,
fi en pièces horizontales (boulins), perpendiculaires aux
premières el scellées a ni xtrémitlé dans le mur en cons-
truction, tesdites pièces, baliveaux et boulins, reliées entre
elles par des traverses parallèles au mur et tontes ces
pièces fixées solidement à leurs peints de rencontre par
îles DOOds de Cordages. Dans les travaux de moindre im-
portance, telles que réparations a apporter a un étage
d'une maison existante, on installe touvenl îles échafau-
dages 'In- a bascule, pour la construction et l'équilibre
desquels on m- sert des appuis des fenêtres el des planchers
et des plafonds intérieurs de l'étage où l'os doit travailler.
Les échafaudages ont, à tontes les époques, lait l'objet d'étu-
des spéciales de la part des constructeurs, et quelques-unes
de ces éludes sont venues jusqu'à nous. Dans l'antiquité 10-
Echafaudage ayant servi pour la construction de la colonnade du Louvre, d'après une gravure de Séb. Leclerc.
maine et au moyen âge, il est vrai, les échafauds étaient
souvent liés à la construction, faisaient corps et s'élevaient
avec elle, au fur et à mesure de ses besoins et, par suite,
avaient généralement moins d'importance que de nos jours;
mais on a vu, depuis la Renaissance, certains échafaudages
faire grand honneur à l'imagination des maitres d'u-uvre
qui les ont conçus. C'est ainsi qu'un dessin du musée des
Otfices nous a conservé la composition de l'échafaudage
imaginé par Brunellesco pour la construction de la lan-
terne de °26 m. de haut destinée à couronner le Dôme de
Florence (Eug. Muntz, Hist. de l'art pendant la Re-
naissance, t. I, p. 447); qu'une gravure de Séb. Leclerc,
d'après Cl. Perrault, reproduit l'échafaudage imaginé par
cet archilecte et reproduit par Ponce Cliquet pour élever
les deux pierres formant la cimaise au-dessous du fronton
de couronnement de la partie centrale de la colonnade du
Louvre à Paris, et que, plus récemment, dans cette ville,
les travaux de restauration du dôme des Invalides, dirigés
par M. Crépinet et ceux de la façade de l'église Saint-
Gervais, dirigés par M. Calliat, ont donné lieu à des écha-
faudages intéressants, dont le dernier même est gardé, a
l'état de modèle, au musée du Conservatoire des^ arts et
métiers. — Les échafaudages à élever sur la voie publique
sont soumis, à Paris, à la demande d'une permission et
au payement de droits de voirie, ainsi qu'à une régle-
mentation spéciale, cette dernière en partie relative aux
précautions à prendre pour assurer la sécurité des ouvriers,
prescriptions dont les principales sont contenues dans l'or-
donnance du préfet de police du 1 i mai i 88 1 . Charles Lucas.
IL Pèche. — On nomme ainsi le hangar en bois sur
lequel à Terre-Neuve on décharge et on prépare la morue.
III. Pénai.ogie (V. Guillotine et Exécuteur des battes
gei vues).
Bibl. : CONSTRUCTION. — P. Chauvi-, Dict. de la Con-
struction : Paris, 1881, 2» éd. in-8, t. II.
ÉCHAFAUDAGE. I. Construction (V. E.hafaud).
IL Peinture. — Construction en bois servant aux
artistes qui ont à peindre de vastes surfaces murales;
très variée dans son architecture suivant les nécessités du
travail, elle se compose généralement d'un ou plusieurs
planchers, établis sur de solides charpentes et munis
d'escaliers. Lorsqu'il s'agit simplement d'un tableau de
grande dimension, le peintre se sert le plus souvent d'un
haut et massif marchepied à roulettes, muni d'un banc
mobile qui s'accroche aux marches, à la hauteur désirée.
ECHAGUE (Don Rafaël), général espagnol, né à Saint -
Sébastien le ES lévr. 1815, mort à Madrid en déc 1887.
Il était issu d'une famille de noblesse basque. Capitaine en
1833, il se rallia aux cristinos et prit part à la longue
guerre contre les carlistes, d'abord comme aide de camp du
général O'Donnell, puis à la tète d'un régiment d'infanterie.
Passant ensuite dans les rangs des moderados, il participa
activement au soulèvement provoque à Madrid par O'Don-
nell (-28 juin 1854), puis a la victoire remportée parles
insurgés a Yicalvaro sur les troupes du gouvernement.
Promu généraisousle ministère de sou ancien chef, il se dis-
tingua Sans la campagne du Maroc, notamment à la défense
deEl Serallo (nov. 1859), et fui nommé capitaine général.
Il devint alors très populaire et joua un rôle important
dans le parti libéral, ce qui lui valut d'être emprisonné et
interné, avec Serrano et d'autres, sous le ministère de
Goualex-Bravo (7juil. 1868). Il exerça encore des com-
mandements dans la dernière guerre contre les carlistes
(I873-I87ti), puis se retira de la vie active. G. P-I.
ÉCHAILLON (l.'i. Eameau de la corn, de Veurej (Isère),
dans le massif montagneux du Villars-de— Lans. Carrières
(le belles pierres calcaires d'une blancheur éclatante et de
marbre à teinte rosée. Source thermale sulfureuse dont les
propriétés sont analogues à celles d'AUevard et d Triage.
In établissement de bains y a été fondé en 1853. Les
escarpements abrupts de L'extrémité N. du massif sont
nommés le Bec de l'F.chaillon ; on y jouit d'une vue fort
étendue sur la vallée de l'Isère.
ECHAILLY (V. EscHABXtS [Les]).
ÉCHAINE. Mot vieilli employé pour désigner la chaine
d'arpenteur, qui, autrefois, était souvent faite en corde,
ordinairement goudronnée ou cirée, avec des nœuds.
ÉCHALAS. I. Sylviculture. — Brins ou pieux de bois
de 7 à 10 centim. de tour et de lm14 à lm5(i de longueur,
suivant les localités, servant à soutenir les plantes grim-
pantes, la vigne principalement. Tous les arbres peuvent
donner des échalas, niais certaines essences forestières :
chêne, robinier, châtaignier, sont plus spécialement em-
ployées à leur fabrication et fournissent des produits excel-
lents, de longue durée. Les pins, les bois blancs : saule,
coudrier, etc., sont souvent utilisés aussi ; leurs échalas
sont légers, bon marché, mais ils s'usent vite. 11 est pos-
sible d ailleurs d'en augmenter la durée en les immergeant
dans une solution de sulfate de cuivre, pendant une dizaine
de jours s'ils sont secs, et pendant deux ou trois jours s'ils
viennent d'être fabriqués; immersion nécessaire surtout
pour les échalas faits avec de jeunes rejets non refendus.
Le débit des échalas dits de fente se fait d'ordinaire en
forêt. On y consacre le plus souvent les grosses perches
des taillis, les jeunes arbres de 15 centim. à 25 centim. de
diamètre, que l'on scie à la longueur voulue. On fend ensuite
les billes à l'aide du coutre, sans rejeter l'aubier. Le dé-
chet est donc très faible; mais les échalas qui contiennent
de l'aubier ont moins de valeur que ceux formés entière-
ment de bois parfait. D'un mètre cube de bois on tire
environ mille échalas. G. Doyer.
IL Viticulture (V. Viticulture).
ÉCHALAS. Coin, du dép. du Rhône, arr. de Lyon, cant.
de Givors; 853 hab.
ÉCHALASSAGE (V. Echalas).
ECHALLENS (en allemand Icherlitz). Bourg et district
du cant. de Vaud (Suisse). C'est le seul district du canton
où le catholicisme soit demeuré religion officielle à côté du
protestantisme : les catholiques y comptent 2,300 adhé-
rants sur 9,500 hab. Dans le bourg même (1,000 hab.),
les quatre cinquièmes de la population sont catholiques.
Le bourg, ou se tiennent des foires importantes, est à
1 i kil. au N. de Lausanne; un chemin de fer à voie étroite,
inauguré en 1873. l'unit au chef-lieu. Le château d'Echal-
lens, qui appartient aujourd'hui a la commune et sert à
l'administration, est mentionné pour la première fois en
1-273. Au moyen âge, les seigneurs d'Echallens jouent dans
la contrée un certain rôle, qui cesse en 1476 lorsque les
Suisses s'emparèrent du pays. Dès lors, Kchallens resta trois
siècles et plus sous la domination des villes de Fribourg et
de Berne, qui désignaient les baillis chacune à leur tour.
C'est grâce aux efforts de Fribourg que le culte catholique
fut maintenu. Les deux confessions recevaient à tour de
rôle un candidat a la naturalisation : Voltaire chercha à
— -255 — BGHAGCE — ÉCHANGE
obtenir la bourgeoisie d'Echallens, mais les catholiques, ne
le jugeant pasassez bon teint pour être un des leurs, repous-
sèrent sarequête. Jusqu'en 1865, les catholiques et lespro-
testants se servirent de la même église. F. K.
ÉCHALLES (Arni.). Lanières de cuir reliant l'épée à la
ceinture.
ÉCHALLON. Coin, du dép. de l'Ain, arr. de Nanlua,
cant. d'Oyonnax ; l,0!U hab.
ÉCHALOT. Coin, du dép. de la Côte-d'Or, arr. de
Chàtillon-sur-Seine, cant. d'Aignay-le-Duc; 269 hab.
ÉCHALOTE (Bot.). Nom vulgaire de F Mlium Ascalo-
nicum L., plante de la famille des Liliacées, que l'on cul-
tive depuis un temps immémorial dans les jardins potagers,
où elle fleurit assez rarement. Ce n'est peut-être qu'une
modification de YAllium Cepa L. (V. Oignon), car on ne
l'a pas encore trouvée sauvage d'une manière certaine
(V. de Candolle, De l'Origine des plantes cultivées,
iss,'i, p. 55). Elle se reconnaît à son bulbe ovoide-oblong
renfermant des bulbilles violets, à sa tige non renflée, à
ses feuilles subulées-cylindriques, fistuleuses, et à ses fleurs
blanches ou bleuâtres, souvent remplacées [tardes bulbilles.
— L'Echalote d'Espagne est YAllium scorodoprasum L.
(V. Rocamroi.e) et la fausse Echalote, VA. schœnopra-
siun L. (V. Ciroulette). Ed. Lee.
ÉCHALOU. Coin, du dép. de l'Orne, arr. de Domfront,
cant. de Messei; 545 hab.
ÉCHAMPISSAGE (Peint.). Imitation de bas-relief en
trompe-l'œil. Ce procédé décoratif, dont il existe de nom-
breux spécimens au Louvre et dans divers monuments,
diffère du camaïeu par sa vigueur, son apparence de réalité,
souvent remarquable lorsque la peinture est récente. On
dit aussi échampir, pour arrêter fermement les contours
d'une peinture, les détacher du fond, du champ. Ad. T.
ÉCHANCRURE (Mar.). Pour éviter que les voiles ne
portent sur les étais des mâts inférieurs, on donne aux
ralingues une forme de courbe rentrante. L'arc qui est
ainsi formé s'appelle échancrure. L'échanerure se calcule
d'après la position des étais des mâts inférieurs. Elle est
très considérable pour les perroquets, à cause de l'abaisse-
ment présumé des vergues de hune quand on prend des ris
aux huniers ; très considérable aussi pour la perruche, afin
de laisser libre passage aux vergues du perroquet : pour
ces voiles, la chute au mât n'est que les neuf dixièmes de la
chute au point. Pour les voiles basses, l'échanerure moyenne
s'obtient en multipliant la longueur de la chute au point
par 0,084. De plus, les voiles carrées ont une échancrure
latérale, parce que, les voiles une fois gonflées, les ralingues
de chute ne supporteraient plus l'effort du vent, qui se por-
terait sur les toiles avoisinantes. Cette échancrure est très
grande aux perroquets de fougue, à cause du passage des
bras delà vergue du grand hunier. Les hunes, au contraire,
sont peu échancrées aux côtés de chute pour que leurs
ralingues en cette partie soient plus tendues.
ÉCHANDELY.Com. du dép. du Puy-de-Dôme, arr. d'Am-
bert, cant. de Saint-Germain-l'Herm ; 1,137 hab.
ÉCHAN FREIN (Mecan.). Opération qui consiste à rac-
courcir les dents d'une roue d'engrenage, ce qui revient à
couper les dents de la roue à échanfreiner par une cir-
conférence concentrique à cette roue. Le rayon de cette
circonférence se détermine par une épure de l'engrenage,
tracée de façon que deux dents successives soient toujours
en prise. Les distances du point de contact initial des deux
dents suivantes au centre des deux roues donne pour cha-
cune de ces roues le rayon du cercle de coupage. L. K.
ÉCHANGE. I. Droit romain. — L'échange, rerum
ftermutatio, suppose essentiellement une convention par
aquelle l'une des parties s'engage à transférer à l'autre la
propriété d'une chose, à charge par cette autre partie de lui
transférer la propriété d'une autre chose. A l'époque de la
pleine maturité du droit romain , l'échange figure au
nombre des contrats innomés, et il y fait partie de la
classe des negotia do utds's. Aussi, la convention d'échange
H RANGE
— 2S4
ne devient-elle obligatoire que lorsqu'un des coéchangistes
a exécuté la prestation mise a sa charge. Alors, mail
alors seulement, il peut exiger de l'autre «échangiste la
prestation promise par celui-ci, et, à cet effet, il est investi
île l';irtinii générale servanl de sanction 8 ions le> contrats
innomés, l'action prœscriptù verbù (\. Contrai [Droit
romain]). Lui-même, d'ailleurs, est exposé également à
cette action, bien qu'ayant exécuté la convention, lorsque
cette exécution n'a pas été de nature s donner pleine sa-
tisfaction à son «(contractant, notamment lorsque celui-ci
vient à être évincé de la chose qui lui s été transférée.
Mais l'échange n'a pu toujours été considéré comme un
contrat. Il a suivi à cet égard toutes les vicissitudes par
lesquelles a passé la théorie des contrats innomés. Jamais,
dans les débuts comme (railleurs à la lin, on ne \ii dans
la convention d'échange autre chose qu'un simple pacte
dépourvu de force obligatoire. Les parties pouvaient sans
doute volontairement se transférer la propriété des choses
qu'elles s'étaient promises réciproquement en échange ;
mais ce transfert, étant l'exécution de la convention, y met-
tait lin par la même, en sorte qu'après cette exécution,
pas plus qu'avant, il n'était question d'obligation entre
les parties. Plus tard commença à se taire jour l'idée que
toute convention synallagmatique pouvait, lorsqu'elle avait
été exécutée par l'une des parties, être considérée comme
un contrat et engendrer une action. L'échange était pré-
cisément dans ce cas. Mais restait la question de savoir
quelle action il convenait d'accorder au coéchangiste qui,
avant exécuté le premier, avait par là transformé la simple
convention en contrat.
Ici se produisit un conflit entre les deux écoles ou
sectes rivales des Sabiniens et des Proculiens. Les pre-
miers, peu disposés à augmenter le nombre des contrats,
refusaient de voir dans l'échange un nrgolium rwvum
ayant, avec une place à part, des caractères et des effets à
lui propres. Aussi proposaient-ils d'assimiler la convention
d'échange au contrat avec lequel elle présentait le plus
d'analogie, c.-à-d. à la vente. Ils faisaient remarquer en
effet que, dans l'ordre du développement économique,
l'échange a précédé la vente et que ces deux opérations de
droit sont reliées par des rapports de filiation incontestables.
Mais ce n'était point là, aux yeux des Proculiens, une rai-
son suffisante pour confondre l'échange avec la vente. Ce
qui caractérise essentiellement ce dernier contrat dans
l'état de développement auquel il était parvenu à l'époque
où surgit ce conflit d'opinions, c'est que l'une des choses
promises est un prix, c.-à-d. une cerlaine quantité de
monnaie. Or cette particularité avait suffi pour imprimer à
la vente un caractère à part et lui donner une organisation
telle que ses règles ne pouvaient en aucune façon convenir
à l'échange. Dans la vente, en effet, chacune des parties a des
obligations différentes ; celles de l'acheteur, qui doit le prix,
ne ressemblent pas à celles du vendeur, qui doit la chose.
Or, si on veut confondre l'échange avec la vente, il devient
impossible de discerner quelle est celle des deux choses
échangées qui fait l'office de prix, quelle est celle qui
fait fonction de chose vendue, et par suite on ne sait
quelle est celle des parties à qui revient le rôle d'acheteur,
quelle est celle qui devra être considérée comme vendeur.
Ces considérations devaient entraîner le rejet de la doc-
trine sabinienne qui, combattue avec vigueur par le juris-
consulte Paul, ne fut définitivement écartée qu'à la fin de
l'époque classique. Depuis, et jusque dans le dernier état
du droit, l'échange fut envisagé sans conteste comme faisant
partie du groupe des contrais innomés. G. May.
II. Droit civil. — Dans son acception économique,
laquelle est la plus large el la plus compréhensive, échange
désigne toute opération, de quelque nature qu'elle soit,
avant pour objet et pour effel de faire réciproquement passer
d'une personne ;i une autre la propriété d'objets de na-
tures différentes, ayant entre eux une valeur convention-
nelle égale (V. Commerce). L'acception juridique du mot
échange est beaucoup plus restreinte, aussi bien en droit
commercia] qu'en droit civil; elle ne concerne que le contrat
ou la chose échangée par chacune des parties est h conlre-
valeur nias OU humus complète, mais tout au moins prin-
cipale, de l'autre, en d'autres termes, ou chacune des di tu
choses est réciproquement le prix de l'autre, par opposition
à la venir fin n n<- seule chose, meuble ou immeuble, fait
l'objet du contrat, et dont le prix est toujours déterminé
en argent.— L'échange est un contrat naturel et h- droit
: cette classification est justifiée parce qui précède.
I.e code civil définit l'échange « un contrat par lequel
les parties se donnent respectivement nie- chose pour une
autre >' (ait. 170-J). Malgré ce qne cette rédaction peut
sembler avoir de eoinpnhensif, il faut se garder de croire
que l'un peut l'étendre à l'échange de prestations. La ron-
vention par laquelle les parties se concèdent l'usage d'une
chose, contre celui d'une autre, ou des services en retour
d'autres services ne constituerait pas un échange au -ens
du code. Bien que théoriquement et au point de vue de la
philosophie du droit, ces contrats procèdent de l'idée pri-
mordiale d'échange, en droit positif ils rentrent dans la
catégorie des contrats innomés soumis aux règles générales
des conventions par l'art. 1107 dut',. ri\. I..' contrat auquel
le code a attaché cette dénomination propre d'échange a
pour objet unique des choses corporelles, meubles ou
immeubles, ou des droits incorporels (créances, actions). Il
s'analyse en deux ventes corrélatives et concurrentes; c'est
pourquoi la loi le soumet aux règles ordinaires de la vi ntc.
sauf quelques exceptions nécessitées par sa nature propre.
Ce qui a été dit relativement aux échanges commerciaux
a fait préjuger que l'échange, ramené à son sens juridique,
n'est pas exclusivement un contrat de droit civil ; il peut
quelquefois aussi avoir le caractère commercial, et la cir-
constance qui lui donne ce caractère est celle-là même à
laquelle on reconnaît la commercialité d'un acte, c.-à-d.
le fait d'acquérir une chose avec l'intention de la revendre
ou de réaliser un bénéfice; acquérir par voie d'échange
une marchandise avec l'intention de s'en défaire prochaine-
ment moyennant profit est un acte commercial identique à
l'achat de cette même marchandise moyennant argent.
Disons toutefois que les rapports commerciaux, en dehors
du troc, ne comportent l'échange que tout à fait exception-
nellement, sauf pourtant dans certains commerces comme
celui des bestiaux. Mais, lorsque deux marchands vendant
les mêmes produits recourent réciproquement l'un à l'autre
pour se procurer les marchandises similaires qui leur
manquent accidentellement, il y a là deux opérations dis-
tinctes constituant deux ventes indépendantes l'une de
l'autre, compliquées, quant au règlement des prix, d'une
opération de compte courant. Quand il s'agit d'un véritable
échange, on suit, comme pour l'échange civil, les règles
générales tracées par le code civil pour les Contrats et
Obligations en général (art. 1101 à 1369), et les règles
spéciales du même code pour la Vente (wX. 1582 à 1701 1.
sauf les dispositions particulières de l'art. 100 duC.de coin.
L'échange est le contrat commutatif par excellence; il
est déplus consensuel comme tous les contrats de notre
droit, c.-à-d. parfait dès qu'il y a concours des deux vo-
lontés pour l'opérer et accord mit les objets respective-
ment échangés, sans que la livraison soit instantanément
effectuée. La promesse d'échange a donc la même force
obligatoire que l'échange actuellement réalisé (art. 1703
du ('.. civ.). Toutes les choses qui peuvent être vendues
peuvent faire l'objet de l'échange. On peut échanger soit
une e>pèee contre une espèce (un tableau quelconque contre
un autre ; une ferme contre une ferme), soit d
nature et d'espèces différentes, par exemple un objet mo-
bilier contre un immeuble, un objet d'art ou de curiosité
contre une maison à Paris, opération qui n'aurait rien de
surprenant à une époque ou l'on voit les objets d'ait ou
île simple curiosité atteindre des prix à rendre jaloux les Ro-
mains. — La considération générale qui influe sur les règles
spéciales à l'échange »! que ce contrat a pour mobile des
convenances particulières à chacun des contractants. La
— 888 —
ÉCHANGE
monnaie étant le moyen usuel de se procurer ce que l'on
désire, et l'objet n m'inoins usuel nue se propose tout pro-
priétaire * i li i cède la propriété de sa chose, il faut, pour
recourir à la voie île l'échange, que chacune des deux par-
ti - désire spécialement la chose de l'autre. C'est donc
qu'elles attachent respectivement à la chose convoitée une
valeur de convenance, de fantaisie même qui leur est par-
ticulière et que la préoccupation de sa valeur vénale cou-
rante ne SOtl, dans leur pensée, qne tout à t'ait secondaire.
("'est en partant de cette idée (pie l'on est arrive à décider
qu'il n'y a pas lieu de prendre en considération cette va-
leur vénale pour apprécier m l'un ou l'autre des contrac-
tants a t'ait un marché plus ou^moins avantageux, e.-a-d.
s'il a subi une lésion, résultat d'une erreur ayant pu
influer sur son consentement. 11 arrive souvent que c'est
k besoin d'argent qui oblige à vendre, et il n'est pas rare
mm plus que la cupidité en abuse pour acheter à bas prix.
On a senti d'' tout temps la nécessite de protéger le ven-
deur contre des entraînements ou des défaillances. Rien de
semblable dans l'échange. Ce n'est jamais le besoin d'argenl
qui en est le mobile. Il y a une autre raison, qui est le
corollaire de celle-ci : dans la vente l'action en rescision
n'a pas lieu en faveur de l'acheteur , car, si l'on peut se
trouver obligé de céder sa propriété a vil prix sous le coup
de nécessites urgentes, jamais on ne l'est d'acheter trop
cher une chose que l'on désire vivement ; or dans rechange-
chaque copermutant est a la fois vendeur et acheteur : si
donc il a fait un mauvais marché, c'est autant au moins
parce qu'il a payé trop cher ce qu'il a acheté que parce
qu'il a cède a trop bas prix ce qu'il a vendu. C'est pour-
quoi on a pensé que ce contrat ne devait pas être soumis
à la même règle d'égalité relative que la vente, soit en
rd à la consistance de la chose échangée, à sa quantité,
à' sa contenance ou à sa valeur. Si l'un des contractants
s'est trompé sur les qualités qu'il croyait rencontrer dans
la chose à lui cédée, il n'est pas admis à se plaindre, du
moment que son consentement a été librement donné d'après
l'opinion qu'il avait alors de cette chose. Aussi l'art. 1706
du C. civ. porte-t-il que « la rescision pour cause de lésion
n'a pas lieu dans le contrat d'échange ». Disons toutefois
qu'au cas où un litige surgirait, le juge devrait chercher avant
tout à se pénétrer de l'intention des parties, du but pour-
suivi par elles, même de leur mobile, contrairement, sur ce
dernier point, à ce qui a lieu en général dans les contrats.
Si en effet l'échange ne peut être rescindé pour cause de
lésion, il reste toujours attaquable pour cause de dol ou de
fraude caractérisés, car ce sont là des vices du consente-
ment qui font exception à toutes les règles; mais ce sera
au plaignant à démontrer les manœuvres indélicates au
moyen desquelles son cocontractant lui a l'ait concevoir de la
chose qu'il lui livrait une opinion erronée. Même en l'absence
de ces manœuvre», le contrat pourra être rescindé pour erreur
sur la substance, par exemple, s'il s'agit d'un tableau pris
par l'acquéreur pour l'œuvre originale de tel maître, alors
qu'il n'est qu'une copie. — Il y a une règle de la vente d'après
laquelle ce qui est obscur ou ambigu dans le contrat s'in-
terprète contre le vendeur ; on considère que dans une
convention qui a pour objet la vente d'une chose, c'est le
vendeur qui stipule, c.-a-d. qui fait ses conditions; ce n'est
a la vérité qu'une présomption fondée sur ce qui parait
arriver le plus ordinairement, et que le juge n'applique d'ail-
leurs qu'autant qu'il lui est impossible de découvrir quelle
a été la véritable intention de» parties. Quoi qu'il en soit,
l'art, 1602 dispose formellement que le vendeur est tenu
d'expliquer clairement a quoi il s'oblige, et que toute con-
dition obscure ou ambiguë s'interprète contre lui. Mais dans
rechange le rôle de vendeur étant réciproquement rempli
par chacune des parties, la règle de lait. 1602 ne peut
s'appliquer a chacune d'elles qu'a l'égard des stipulations
qu'elle a faites à raison de la chose qu'elle aliène. C'est par
la même raison que les frais d.' l'acte sont supportés par
les deux contractants, chacun par moitié, contrairement a la
règle édictée pour la vente, qui les met a la charge de
l'acheteur (C. civ., art. 1893). — Enfin, l'échange étant un
acte translatif de propriété, tout contrat de ci' genre avant
pour objet des droits immobiliers doit être transcrit au
bureau îles hypolhè pies, de façon que les tiers intéresses
soient mis à même de le connaître. A défaut de celte for-
malité, il ne leur est pas opposable, et les droits qu'ils ont
acquis sur l'un ou l'autre lies immeubles du chef du pré-
cèdent propriétaire, antérieurement à son accomplisse-
ment, produisent tous leurs ellets nonobstant l'aliénation
(V. TRANSCRIPTION).
Lorsque les deux choses échangées sont acceptées res-
pectivement par les parties comme étant à leur gré de valeur
égale, elles se compensent d'une façon absolue ; on dit
alors dans la pratique que l'échange est fait but à but,
et dans les formulaires on ajoule les mots: satlSSOUlte ni
retour, t'es derniers mots ont seuls une valeur juridique.
La soulte, ou retour, est le complément, le plus ordinai-
rement en argent, stipulé pour établir l'équilibre entre
deux objets en soi de valeur inégale (V. Soulte). La
soulte est donc simplement une différence, un appoint qui
ne modifie pas la nature de l'acte. Ce caractère de la soulte
permet de résoudre en principe les difficultés que peut faire
naitre le point de savoir quand un acte, se présentant
comme échange avec soulte, cesse d'être juridiquement un
échange pour devenir une vente. On a dit que le fait que
le contrat a pour objet l'échange de deux choses est ce qui doit
en caractériser la nature. Mais il y a une règle de droit d'après
laquelle il faut plutôt considérer la nature de l'acte fait par
les parties que s'attacher au nom qu'elles lui ont donné.
C'est pourquoi, en général, quand la soulte excède la moitié
de la valeur de l'objet qu'elle équilibre, il est difficile de
considérer l'opération comme un échange. La soulte, dans
ces conditions, a bien tout d'abord l'apparence d'un prix,
et l'objet donné par surcroit est lui-même l'équivalent d'un
prix ou d'une dation en payement, voire même d'une soulte
en nature. Mais, sous le bénéfice de cette règle, à la fois
de bon sens et de droit, nous ajouterons qu'il faut avant
tout chercher quelle a été la commune intention des parties
et qu'ici encore la difficulté est plus en fait qu'en droit. Il
faudrait se garder de croire que c'est là une pure discus-
sion de mots ou d'école ; l'intérêt pratique nous saisira si
nous nous rappelons les différences qui existent entre la
vente et l'échange, particulièrement en matière de rescision
pour lésion. Dans les conditions indiquées plus haut, le con-
trat sera rescindable si on le considère comme une vente;
il ne le sera pas, quelque importante que soit la soulte,
si on le considère comme un échange. — Les art. 1704 et
1703 du C. civ. ne sont qu'une application à l'échange de
l'une des règles de la vente, celle qui déclare nulle la vente
de la chose d'autrui. Il en résulte que, si l'un des échan-
gistes est menacé d'être évincé de la chose par celui qui en
est le véritable propriétaire, il est à sa discrétion de con-
sidérer le contrat comme nul, ou, s'il le préfère, de le tenir
pour existant et de demander des dommages-intérêts pour
l'inexécution. S'il a reçu la chose, il la restitue purement et
simplement et revendique la sienne, s'il l'a livrée, ou la
conserve s'il ne l'a pas encore fait. S'il n'a pas reçu la
chose contre-échangée , il n'est pas obligé de la rece-
voir. Dans tous les cas, chacun des contractants n'ayant
pas cessé d'être propriétaire de sa chose, elle reste à ses
risques et périls.
Kappelons que les opérations de change d'une place sur
une autre ne sont que des échanges de sommes d'argent
assortis d'ordinaire d'une soulte qui porte aussi le nom de
change (V. ce mot). E. Dhamaru.
III. Dkoit commercial (V. ci-dessus et Commerce,
t. XII, p. :18).
IV. Droit international (V. Commerce et Economie poi.i-
tio.de, Libre-Echange).
V. Postes. — Echange vostal international (V.
Postes).
VI. Mathématiques. — Echange du paramètre cl île
l'argument. Soient -(;,?') et r.(«,*') deux intégrales
échange — i:ciiansonnkkif:
— SS6 —
abéliennes normales de troisième espèce ayant respective-
ment pour infinis ; et ?', « et ".' • l-a relation
est connue sons le nom de théorème «le rechange du para-
mètre ei ile l'argument ; les limites des intégrales uni les
arguments et les infinis sont les paramètres.
BlBL. : Droit romain. — Dig., De lier. perrnut.,\iX,
■I.— Cod. Just., De Rer. permut.,lV, 64:7, 8 2. — Dio
DePacL, 11. il. - Gaius, m. ni ; 1 pr., s l; Dig., De Con-
trait, em!., XV11I, 1 ; 5 S 1 ; Dig., De Prmscr. vert,., XIX, 5,
S 2; Inst. de Just., DeEml. et vend., III, 2.'!.— AccABLia,
Précis de droit romain ; Paris, 1891, t. Il, nM 603, 653, 2 vol.
in-8, 4" éd. — Du même, Théorie des contrats innomés;
Paris, 1NI16, in-8.— M ainz, Cours île il mit romain; Bruxelles,
1877, 4' éd., 3 vol. in-S, t. Il, § 214. — G. May, Eléments de
droit romain; Paris, 1889, 1890, lr* éd., 2 vol. in-8, t. 11,
n<" 312, p. 112; 314, pp. 117, 330; 331, p. 172.
Droit civil. — J.-B. Say, Cours d économie politique,
3» part., des Echanges.— Moisi il, Précis du cours de droit
commercial, pp. 271 et suiv. — Potbibr, Du Contrat
d'échange (édit. Bugnet, t. III, pp. 244 et suiv.).
ÉCHANGEABLE (Math.). Deux symboles opératoires
sont échangeables quand le résultat des opérations qu'ils
représentent, efieetuées successivement, est indépendant
de l'ordre dans lequel on effectue ces opérations.
ÉCHANGEAGE (Papet.). L'opération de l'échangeage
se pratique ordinairement dans la fabrication du papier à
la main. Le papier est pressé au moins une fois ou deux
après le collage ; après avoir subi la première pression, les
feuilles de papier sont enlevées de la pile et replacées dans
un ordre différent pour former une nouvelle pile qui est
pressée à son tour. C'est ce changement de position des
feuilles qui est appelé l'échangeage. Certains papiers soignés
subissent l'échangeage trois et quatre fois ; cette opération
augmente l'apprêt du papier et facilite la répartition plus
égale de la colle à la surface de la feuille. On prend soin,
pendant ce travail, de défaire les plis qui peuvent se for-
mer, de remettre à plat les coins recourbés des feuilles et
de faire disparaître quelques autres défauts. Chaque fois
qu'on remet les feuilles de papier à la presse, on augmente
la durée de la pression. Cette durée varie de un quart
d'heure pour la première fois jusqu'à quatre heures pour
la dernière. L. K.
ÉCHANNAY. Corn, du dép. de la Côte-d'Or, arr. de
Dijon, cant. de Sombernon; 204 hab.
ÉCHANSON (Grand). Officier de la couronne, qui avait
la haute direction de Yéchansonncrie (V. ce mot) et qui
devint, à la fin du xve siècle, l'un des premiers dignitaires
de la cour de France. Dès l'époque mérovingienne, les
échansons du roi étaient soumis à l'autorité d'un officier
du palais, appelé magister scancionum ou princeps
pinccrnarum, qui partageait avec le sénéchal et le conné-
table l'administration des villas du domaine où s'approvi-
sionnait la cour du roi. Sous les Carolingiens, ce fonction-
naire reçut le titre de buticularius (bouteiller) ; son pou-
voir s'accrut notablement, et, sous les premiers Capétiens,
il devint l'un des cinq grands officiers de la couronne
(V. Bouteiller). Mais sa haute situation politique et la
variété de ses attributions administratives ne lui permet-
taient plus de surveiller comme à l'origine les officiers
subalternes préposés à la cave et à la table royale. Aussi
lorsque, au xive siècle, le personnel de la maison du roi
eut pris une grande extension, la direction effective de
l'échansonnerie fut-elle donnée, sous l'autorité du grand
bouteiller, à un officier spécial appelé tantôt premier
('chanson, tantôt maître ('chanson du roi (Pierre de
Chantemesse, 1325), tantôt grand ('chanson de France
(Guy de Cousan, 1385; Charles de Savoisy, 1407-1413;
Jean de Craon, 141 3-1 41 3 ; Nicolas Mabry, 1419; Phi-
lippe de Courcelles, 1421). Puis, quand la charge de
bouteiller fui supprimée en 1468, le grand échanson suc-
céda naturellement, sinon à son pouvoir politique et admi-
nistratif, du moins à ses droits lucratifs et à ses préro-
gatives honorifiques. Dans les circonstances solennelles,
notamment au festin du sacre, il devait remplir en per-
sonne les fonctions d'écbanaon. Il avait le droit d'ajouter
armoiries deux flacons de remeil portant les armes
du roi. Ses gages étaient de 600 Irma. — La charge de
grand échanson subsista jusqu'à la fin de l'andeo régime;
en voici les titulaires connus : Jean du | ,M . f 488 •
Charles de Hohan, seigneur de Gié, 1 198-1516 ; Fraa
Baraton, seigneur de Hontgauger, 1510-1519; taries de
Jlangesi, seigneur île Genlis, 1520-1532 : Louis de lined,
comte de .sain. -rir. 1533; Jean VII de Bneil, comte de
Harans, f 1638 ; Jean VIN de Bneil, f 1665 : Pierre de
Perrien, marquis de Crenan,-f 1670 : Loris de Beanpoil de
Samt-Auiaire,manniisdeLaomary, f l to i> ; Marc-Antoine
de Beaupoil de Sainte-Aulaire, 1703-4731 ; \ndr.
Gironde, 1731-1756; E.-F. Chaspoux. marquis de Ver-
neuil, 17oG-1790. — En 1815, la instauration rétablit, en
faveur du comte de Kothe, la charge de premier échanson
île France, qui subsista jusqu'à la réorganisation de la Mai-
son du roi par l'ordon. du 1er nov. 1820 : depuis cette date
jusqu'en 1 830, les fonctions de premier échanson furent rem-
plies par l'un des quatre chambellansde l'hôtel. Ch. Moktlt.
Bibl. : Le P. Anselme, Hist. genéaL et chronol. de la
maison de France, 1U74, t. VIII, pp. 513 à 603; avec suppl
par Potier de Courey, 1881, t. IX, 2« partie, p. 879.
ÉCHANSONNERIE. On appelait ainsi, à la cour du roi
et chez les grands seigneurs de l'ancienne France, l'en-
semble des officiers chargés de verser à boire à table et,
d'une manière plus générale, de veiller au service de la
cave. — L'habitude d'avoir dans les maisons riches des gens
spécialement employés à cet office remonte jusqu'à l'anti-
quité : on sait que, chez les Grecs et les Romains, de
jeunes esclaves appelés o'ivoyo'ot, pocillalores, pincernœ,
apportaient aux banquets le vin dans des cratères et y pui-
saient au moyen de vases spéciaux (xûaflos, oîvo/orj) pour
remplir les coupes des convives. Le même usage existait chez
les chefs des tribus germaniques, et c'est dans les textes
bas-latins de l'époque franque qu'apparaît pour la première
fois le titre d'échanson, sous la forme scancio (gothique
skankian, allemand schenken, verser) ; mais les fonctions
domestiques qui y correspondaient étaient exercées par des
hommes libres, compagnons du chef. Les rois mérovingiens
et plus tard les Carolingiens avaient parmi les officiers de
leur palais un certain nombre de scanriones ou pincernœ,
qui faisaient le service de la table, approvisionnaient la cave
et percevaient les revenus des vignobles royaux, sous l'au-
torité d'un grand officier appelé magister scancionum,
princeps pinccrnarum, plus tard buticularius.
Au xme siècle, lorsque la maison des rois capétiens,
devenue considérable, reçut une organisation minutieuse
(ordonn. de 1261, 1283...), l'échansonnerie forma, avec
la paneterie, la cuisine et la fruiterie, l'un des quatre dé-
partements entre lesquels fut divisé le personnel chargé de
préparer les repas du souverain et de sa cour. En 1 283,
elle se composait, sous la direction du grand bouteiller, de
4 échansons, à qui incombait le soin d'acheter du vin et
de percevoir dans le domaine la redevance de hauban
(payable d'abord en muids de vin, mais depuis 1201 en
argent) ; 2 barilliers, qui veillaient à la cave et aux ton-
neaux ; 2 bouteillers, qui préparaient les boissons ; 1 po-
tier qui avait soin de la vaisselle ; 1 clerc de l'échansonnerie
qui tenait les comptes. La plupart de ces fonctions étaient
très recherchées et remplies par des nobles attachés à la
cour du roi. Dès la fin du xiv° siècle, le service de l'échan-
sonnerie avait pris, comme les autres, une grande exten-
sion ; il comptait en I38(î : 9 échansons, dont un premier,
4 clercs, 7 sommeliers. 3 barilliers, 3 garde-huches (pour
le soin de la vaisselle), 10 aides, 1 huissier et 1 voiturier.
Quand la maison civile du roi fut complètement constituée,
au xvne siècle, l'échansonnerie fut divisée en deux ser-
vices distincts qui relevaient également du grand échan-
son : Y échanson nerie-bouche pour la fable du roi, et
Yéchansonnerie-commvn pour celle de la cour. Le pre-
mier comprenait, suivant l'état officiel de 1712. I chef
ordinaire, 12 chefs par quartier, 4 aides, 1 aide ordi-
- 287 -
ÉCIIANSONNEFUE - KCIIAN'KMKNT
nuire, i sommiers qui transportaient ta vaisselle dans les
voyages du roi, » coureurs île vin et S conducteurs de
haquenée, qui suivaient le roi à la chasse avec «les provi-
sions de bouche. Le second service comprenait : 20 chefs,
[S aides, l maître des caves, î sommiers de bouteilles,
.' sommiers de vaisselle et plusieurs garçons, La reine et
les princes du sang avaient mi train de maison analogue.
Ce n'était pas seulement à la cour de France que le ser-
vice de rèchansonnerie était organisé avec ce soin luxueux,
mais aussi dans les grandes maisons féodales du moyen
i l'inine celles de Champagne, de Bourgogne ou de Bre-
tagne. Ainsi Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, avait,
suivant le témoignage d'Olivier de La Marche, 1 premier
éehansoo, 50 èchansons ordinaires, 2 sommeliers, S garde-
huches et -2 barilliers.
Lorsque les èchansons faisaient leur service à la table
du roi ou a celle d'un seigneur, ils observaient un certain
cérémonial. A la cour de Bourgogne, au xv° siècle, dès
que le due était assis à table, l'éehanson, un genou en
terre, lui offrait l'eau pour la bouche ; pendant le repas,
chaque fois que le duc demandait à boire par signe, l'échan-
son prenait le gobelet avec la soucoupe, et l'élevant au-
dessus de sa tète, allait, précédé de l'huissier, le faire
remplir au buffet par le sommelier, versait un peu de vin
dans la soucoupe du sommelier et dans la sienne pour en
faire l'essai, puis donnait le gobelet au duc, et, tandis que
celui-ci buvait, tenait la soucoupe sous son menton. A la
fin du repas, il lui présentait le bassin et l'eau pour se
laveries mains. A la cour de Louis XIV les formalités va-
riaient suivant que le roi dinait « au petit ou au grand
couvert ». Dans le premier cas, le contrôleur ordinaire de
la bouche avertissait le chef de l'échansonnerie chaque fois
que le roi demandait à boire : le chef allait prendre au
buffet un plateau sur lequel étaient préparés une carafe pleine
d'eau, une carafe de vin et un verre ; puis il s'avançait vers
le grand chambellan, précédé d'un aide de l'échansonnerie
qui portait Vessai, c.-à-d. une petite tasse dans laquelle
le chambellan versait un peu d'eau et de vin ; il y goûtait
devant le roi, puis lui présentait le plateau, et le roi se
servait lui-même. Dans le second cas, le cérémonial, réglé
par l'ordonnance de 1681, était encore plus compliqué.
— Supprimées à la fin de l'ancien régime, les fonctions
d'échanson ne furent pas rétablies à la cour de Napoléon Ier :
suivant l'étiquette impériale, c'était le premier préfet de
service qui versait à boire et le grand maréchal qui offrait
le verre au souverain. — Pendant la Restauration, l'échan-
sonnerie fut rétablie, de 1845 a 18-20, sous la direction du
premier èchanson de France : de 1 MO à 1 830, elle fut confiée
à l'un des quatre chambellans de l'hôtel, sous l'autorité du
grand maître de France. Ch. Moutet.
Bibl. : Legkanm d'Aussy, Histoire delavie privée des
Français, éd. Nodier, 1815. t. III, p. 349. — A. Franklin,
la Vie privée d'autrefois : la Cuisine, 1888, pp. 56, 187 ;
Variétés gastronomiques, 1891, p. 180. — Comptes de
l'hôtel des rois de France aux xiv et \v° siècles, publiés
par Douet d'Arcq, 1865, introd. — Juvénal des Ursins.
Hist. de Charles VI, éd. D. Godefroy (1653); Pii-ces justi-
ficatives, pp. 711 et 720. — Mémoires «TOI. du La Marche.
éd. Beaune et d'Arbaumont, 1888, t. IV, p. 31. — Tradouil-
let. Etal de la France pour 1112, t. 1, pp. 98, 130.
ÉCHANTIGNOLE (Charp.) (V. Chantignole).
ÉCHANTILLON. I. Architecture. — Forme et dimen-
sions de différentes espèces de matériaux déterminées par
des règlements que le constructeur doit toujours suivre
pendant toute la durée des travaux d'un édifice, afin d'as-
surer la bonne exécution de son œuvre et la parfaite homo-
généité de toutes les parties de la construction.
II. Marine. — Les dimensions d'une pièce de bois, par
extension la force d'un navire, l'épaisseur de sa coque, c'est
ce qu'on appelle échantillon. « Les défauts les plus essentiels
qui se trouvent dans tous les vaisseaux bastis à Toulon, dont
il est fait menton en ce <levi*. consistent en ce qu'ils ne sont
pas assez forts a l'endroit ou les membres se joignent et qu'ils
ne Bont pas bastis de bois d'un assez gros échantillon a pro-
portion de la grandeur : il n'y a rien de plus important. »
CRVXOF. F.NT.YCI.OPÉPIE. — W
(Lettre de Seignelay à Duquesne du 12 févr. 1630.)
Les navires construits spécialement en vue d'une grande
vitesse et, par conséquent, très légers, tels que les paque-
bots, les croiseurs, ont une coque mince et sont de faible
échantillon ; les cuirassés et les bâtiments de charge, cargo-
boat, où une grande solidité est nécessaire, ont la coque
lourde et épaisse et sont des navires de gros échantillon.
III. Contributions indirectes. — Un laboratoire central
a été créé à Paris pour l'expertise des vins, liqueurs, alcools
dénaturés, huiles, sucres, sels dénaturés et toutes autres
substances imposables ou paraissant devoir être imposées.
Une circulaire du 'H janv. 1878 de l'administration des con-
tributions indirectes résume les instructions au sujet du
prélèvement d'échantillons et de leur envoi. L'importance
de chacun des échantillons, suivant qu'il s'agit de liquides
ou d'autres substances, sera, autant que possible, d'un
demi-litre ou d'un litre, de ,'i00 gr. ou d'un kilogr. lui
aucun cas, on ne devra prélever moins de 30 centil. ou
de 300 gr. Le mode d'analyse en usage pour les huiles
essentielles exige qu'un litre au moins des produits de l'es-
pèce à examiner soit mis à la disposition de l'expérimen-
tateur. Les fioles, flacons, boites ou paquets contenant les
échantillons devront être hermétiquement bouchés ou fer-
més et, s'il y a lieu, revêtus du cachet de la régie et de
celui du redevable. Lorsque les employés de la régie, croyant
à une contravention, ont levé, dans les formes déterminées
par la loi, des échantillons de la boisson suspectée, l'ex-
pertise ordonnée par les juges doit porter sur ces échan-
tillons et non sur la boisson dont il a été donné mainlevée
au détenteur (arrêt de la cour de Nimesdu II janv. 1877).
IV. Droit commercial (V. Vente).
Kibl. : CoNTRinuriONS indirectes. — Trescaze, Dic-
tionnaire général des contributions indirectes.
ÉCHANTILLONNAGE(Tissage). Il n'est jamais possible
de prévoir d'une manière certaine les effets que produiront,
après leur exécution, les combinaisons d'entrelacements de
fils ou d'associations de couleurs conçues en vue d'obte-
nir certains tissus. Avant de les réaliser en grand, on est
amené à tisser, soit dans des chaînes de largeurs restreintes,
soit dans les portions de la largeur de chaines ordinaires
les dispositions que l'on se propose d'adopter, en faisant
en même temps varier successivement ces effets. On choi-
sit alors les parties de ces étoffes qui semblent répondre
le mieux au goût de la clientèle à laquelle on devra s'adres-
ser, et on les reproduit en dimensions plus grandes pour
composer les collections d'échantillons d'après lesquelles se
traitent les marchés. P. Goguel.
ECHAPPAOE (Gravure). Accident occasionné par le
dérangement d'un outil employé à la gravure et qui glisse
à travers les travaux. Cet accident se produit quand on se
sert d'un burin dont la pointe est é.moussée.
ÉCHAPPÉE (Peint.). Kspace libre, ouverture, comprise
dans une vue d'intérieur, de sous-bois, par laquelle on
aperçoit un lointain. On dit aussi une échappée de
lumière pour désigner les rayons solaires qui, par un ciel
couvert, filtrent parfois entre deux nuages et viennent
illuminer vivement une scène ou un fragment de paysage.
ÉCHAPPEMENT. I. Mécanique. — C'est la période de-
là distribution dans les machines à vapeur, pendant la-
quelle la vapeur, ayant rempli son rôle actif dans les
cylindres, se dégage dans l'atmosphère. L'échappement
joue un rôle considérable, surtout dans l'économie de la
locomotive ; la hauteur de la cheminée de ces machines est
beaucoup trop faible, en effet, pour déterminer un volume
d'air suffisant dans le foyer ; le tirage est dû uniquement
à l'entrainement par la vapeur dégagée dans l'atmosphère,
et cette disposition explique la vaporisation énorme de ces
chaudières, comparée à leur faible volume. Le courant de
vapeur agit à la fins par déplacement et par frottement,
c.-à-d. qu'il entraine l'air, à la fois en faisant le vide dans
la cheminée comme un piston gazeux dans un corps de
pompe et en le frottant comme l'eau d'une rivière sur son
lit. Cette dernière action parait de beaucoup la plus puis-
17
ÉCHAPPEMENT - ÉCBARD
ÎM -
santé et explique les essais entrepris par nombre d'inven-
teurs pour augmenter le tirage en multipliant les surfaces
de contact de Paire! de la vapeur. I d t'a 1 1 bien connu des
mécaniciens, c'est que, s'ils diminuent la section du tuyau
d'échappement, la vitesse du tirage va eu augmentant
Ces! là le principe de l'échappement variable; en serran)
l'échappement, les mécaniciens activeni le feu, et ils ne
négligent pas d'j avoir recours toutes les fois qu'ils onl
laisse tomber la pression pour une cause quelconque.
L'installation pratique du tuyau d'échappement exerce une
grande influence sur le tirage; ce tuyau débouche, en
néral, au bas de la cheminée ; il faut s'attacher à ce qu'il
xnii toujours placé bien exactement dans l'axe de la che-
minée pour que le jet n'aille pas heurter les parois et
perdre ainsi inutilement sa force vive. L. K.
II. Horlogerie (V. Ancre).
III. Travaux publics. — Le barrage mobile a permis
de transformer beaucoup de rivières ordinaires en rivières
canalisées. Après l'invention de Viral (chaux hydrauliques),
relie de Poiiee et de ses émules, Chanoine, Loiliclie-I) 's-
fontaincs, Girard, etc., est la plus importante de celles
qu'on doit à nos ingénieurs depuis un demi-siècle. Le bar-
rage mobile peut être établi bien plus haut que l'ancien
barrage fixe ; mais c'est à la condition d'être annihilé taci-
tement quand arrive une crue. Pour cela, on a recours à
des appareils dits échappements ; il s'agit d'enlever la
quantité d'aiguilles nécessaire, tout le rideau même s'il le
faut, d'après les nouvelles qu'on reçoit d'amont ; enfin, si
l'on craint les corps flottants ou les glanons, on fait tomber
successivement les fermettes en repliant la passerelle : la
rivière est libre. Pour abréger cette délicate opération, on
a recours à l'un ou â l'autre des procédés suivants.
Procède1 l'oirée fils et Michel. Ces ingénieurs ont
adopté pour barre d'appui des aiguilles la première planche
de la passerelle qui repose sur la partie supérieure des
fermettes ; toutes les aiguilles sont réunies par une corde
entre elles et à leur planche d'appui, puis cette corde va se
fixer en avala un câble attaché à la rive. Lorsqu'on veut
ouvrir la passe, on commence par enlever à la inain les
premières aiguilles masquant le passage entre la culée
extrême et la fermette voisine, ainsi que toutes les liaisons
les rattachant l'une à l'autre. Ensuite on interpose entre
les fermettes 1 et "2 une griffe à mâchoires qui assure
provisoirement leurs positions respectives, pendant que les
ouvriers enlèvent la passerelle et en général toutes les liai-
sons, à l'exception de la planche qui supporte les aiguilles.
Lorsque enfin on enlève la griffe à mâchoires, la première
fermette et la planche formant barre d'appui ne sont plus
adhérentes que par les frottements. Alors, avec un levier
de forme spéciale, on ébranle la fermette que l'on veut
abattre dans le sens du mouvement qu'elle doit prendre ;
ce premier déplacement met son taquet en contact avec la
portion arrondie de la planche-appui qui, chargée par la
pression des aiguilles, effectue sa rotation et pousse la fer-
mette vers le radier. Pendant ce temps, les aiguilles et la
planche elle-même sont emportées par le courant et de-
meurent flottantes au bout du câble, ou cincenelle.
Echappement Chanoine. Dans ce procédé, la barre
d'appui de chaque travée est percée d'un œil à une extré-
mité et armée d'un crochet â l'autre, comme certaines
barres de fer qui servent souvent à la campagne à fixer
un battant de porte, de l'intérieur ; dans le barrage, tou-
tefois, le mouvement de rotation de la barre est horizontal.
La rotation s'effectue sur la fermette qui doit rester en
place ; le crochet se fixe à celle qui doit tomber, et en tel
sens que la pression l'ouvre, c.-à-d. que la concavité du
crochel regarde l'amont. Dans cette position, pour maintenir
la barre, on soutient le crochet par un excentrique adhé-
rent à la fermette. Quand on veut taire disparaître la retenue,
m a encore recours a une grille a niàeli lires : elle va d'un
excentrique a l'autre, el on la maintien! en plaie jusqu'après
enlèvement de la passerelle. Alors on enlève la griffe et, de
la fermette qui va rester debout, on Frappe l'excentrique de
relie ■ ] Il I doil tomli.r : «1 .■ \ feu 1 1 j.pif U dépUct Bl
la barre d'appui faire sa rotation. M. -i . I .
Mini. . : Travaux publics. Qutu.nMAm, Iti'ierc* et
.'- vol. \ir. in-8.
ÉCHARÇON. Coin, du dép. de BoMWOtQiie, arr. et
cent, de Corbeil : 306 bab.
ÈCHARO (Le père Jacquet), célèbre érudit. ne a Rouen
le -ii gept. 1644, mort I Paris le IS mara 1 7 -2 » . I ils de
K. Bobard, secrétaire du roi, il entra dans l'ordre des
dominicains lelS nov. 1660. Il l'y distingua par réteadM
de son savoir, l'cxaetituile de Ml recherchée historiques,
la pénétration de ion jugement ainsi qœ par la modestie
de son caractère. Son principal ouvrage est une nvante
histoire des personnages de son ordre qui se son! signalés
par leurs écrits : Scriptofe» ordinis prœdicatorum
recenriti notùque htitoririt el critici» illustrati
(Pans, 1719-1751, 2 vol. in-fol.). l-.lle avait été entre-
prise par le P. Jacques Quétif 1618- qui fut
bibliothécaire de la maison fies dominicains à Paris. Mais
celui-ci ne fit qu'une faible partie de ce recueil, tandis que
le p. Echard parvint i mener I benne fin le vaste travail
dont il s'était chargé. Des notices disposées par ordre chro-
nologique font connaître la vie des frères prêcheurs, la
nature de leurs travaux, la date et le lieu de publication
de leurs œuvres imprimées, les bibliothèques et les dépôts
d'archives où se trouvent celles qui sont restées manus-
crites. Les preuves qui accompagnent chaque assertion
donnent à l'ouvrage une grande autorité et en font l'une
des sources les plus sures pour l'histoire ecclésiastique et
l'histoire littéraire. — In autre écrit du P. Echard, bien
moins souvent consulté, mais non sans valeur, est un
mémoire sur Vincent de Beauvais. Il est intitulé Sancti
Thomas sumina sua auclori vindicata. sive ie Vin-
centii Bellovacensis scriptis dissertatio, in ma quid
de spécule morali sentiendum aperitur (Paris, 1708,
in-SJ. — On a encore de ce savant dominicain une lettre
en date du 9 déc. 1723, adressée à l'abbé Le Clerc. Sul—
picien, pour prouver que Jean Hcnnuyer, évèque de Lisieux
(1560-137N). n'a point été religieux de l'ordre de Saint-
Dominique. Llle a été insérée dans le t. V des Mémoires
d'histoire, de critique et de littérature de l'abbé d'Ar-
tigny (1749-56). Victor Monter.
Bibl. : Morbbi, le Grand Dictionnaire historique (nouv.
éd., 1759J, IV, art. Echard. — Richard et GlRAOD, Diction.
univ. des se. eccU-s., 1760, II, art. Echard.— P. -11. De-
mi -le, Quellen zur Getehrtengeschichle des Predujeror-
ttens im 13 \md Ik Jahrhunderl. cians Archiv fur Litte-
ralur und Kirchengeschichte des Miltelaltcrs, 1886, vol. II.
pp. 165 et suiv. g
ECHARD (Laurence), historien anglais, né à Barsham
(Suffolk) vers 1670, mort à Lincoln le 16 août 1730. Après
avoir étudie et pris ses grades â Cambridge, il entra dans
les ordres et devint chapelain de l'évèque de Lincoln et ar-
chidiacre de Stovv. Il est connu surtout par son llistory
of England front Ihe first entrance of Julius >
und me Romans ta the establishment of king Wil-
liam and Mary (1707-1718, 3 vol. av. un appendice
en 17-20), qui obtint beaucoup de succès, maigre sa
naïveté ou plutôt à cause d'elle. Nous citerons
d'Echard : An Exact Description of Ireland (1681,
in-12) ; .1 Description or Flaiulcrs or the Spantsh (ie-
therlands (1691); A Uost comptent Compendtum of
geography gênerai and spécial (1691, in- 1-2: -
17 13, in-|-2| ; The Gazeteer,s or Newman's interpréter
(1695, 3' éd.; 1741, 1.7 éd. in-12); The Roman llis-
tory from the building ofthe city to the removal <>/
the Impérial states hy Constuntinc the gréai (1698-
99, i' éd., 2 vol. in-8); A General eccleaastical His-
torj/(1702, in-fol. ; 1722. (i- éd.. in-8); The llistory
ol me révolution and the establishment of England in
theyear {688 (1725, in-8), etc., et des traductions de
Piaule, de Térence, de Lucien, de V Histoire des révolu-
tions d'Angleterre du père d'Orléans, etc. R. S.
ECHARD (Charles), peintre français, né aCaen en 1748,
mort à Paris vers le commencement du xix° siècle. Il fut
— 889 —
KCIIARI) — ÉCHARPE
élève de Descamps père : agréé s l'Académie de peinture
en 1TS-2. il fut ovin de cette compagnie pour n'avoir pas
fourni son morceau de réception. Il passa quelques années
es Hollande, où il étudia les maîtres flamands el hollandais.
Echard a peint <lo> marines el des paysages : en I7!M,
Vue (/<■ Hollande, Vue de Marseille, Vue du port de
Harlem; en 1798, Vue du Mont-Blanc, Vueduglacier
et des bois de ('h itnouny. Les musées de Rouen el d'Alen-
çon possèdent des tableaux de cet artiste, qui a gravé
aussi plusieurs eaux-fortes.
ÉCHARDONNAGE (Industr.). L'échardonnage est une
préparation relativement récente que l'on fait subir aux
laines et <|ui a remplacé l>' triage à la main, lors de l'appa-
rition, sur le marché, des laines île Buenos- Aires. Les
toisons de l'Amérique ilu Sud sont, en effet, souillées de
graines de chardon ou plutôt de graines «l'une espèce par-
ticulière de trèfle, et il eût été impossible de les employer
industriellement sans l'intervention des machines spéciales
dites àehardonneuses ou ègratteronneuses. Dès le principe,
l'échardonnage se pratiqua entièrement a la main par des
femme.- : chaque ouvrière devait chercher «les yeux et des
doigts les gratterons ou chardons roulés dans la laine
étendue sur une claie devant elle; elle prenait cette laine
mèche à mèche, pinçait entre les doigts d'une main le
gratteron trouvé et tirait les libres avec l'autre main; elle
jetait tous les gratterons ainsi retirés dans un panier
d'osier dit houtillon, ainsi nommé parce qu'il était place
au bout de la claie, et elle mettait a part la laine épurée.
Lorsque la première machine à échardonner fut inventée,
il y eut grand émoi parmi les trieuses, chaque machine
pouvant suppléer au travail de trente femmes; aussi ne
fut-ce seulement qu'à la longue que l'industrie lainière
put en faire emploi. Les premiers types d'échardonneuses
reposent sur la combinaison d'un battage énergique pouf
ouvrir les filaments et d'un démêlage pour soumettre les
fibres étirées à l'action de cylindres à eûtes saillantes tour-
nant à grande vitesse. Les chocs répétés des cotes sur les
mèches de laine détachent ou brisent les graines et les
pailles. L'inconvénient est précisément de briser les ma-
tières végétales et de subdiviser les graines qui se déve-
loppent à la manière de ressorts préalablement roulés en
spirales et armés de piquants. Vers 1870, vingt ans après
l'adoption de l'échardonnage mécanique, apparurent plu-
sieurs procédés d'échardonnage chimique. Sauf des va-
riantes de détail, les différentes méthodes consistent dans
le traitement de la matière textile par un liquide acide,
capable d'attaquer les parties ligneuses sans altérer la
laine, puis, après lavage, dans la carbonisation à l'intérieur
d'une étuve des graines et pailles rendues ainsi friables.
I procédés chimiques git dans la difficulté de
limiter exactement l'effet de l'aride qui, parfois, occasionne
l'altération ultérieure de la fibre même et des teintures dont
elle est imprégnée. Aussi, depuis quelques années, revient-
on aux moyens mécaniques. Dans les échardonneuses, la
laine désuintée préalablement, étalée sur une toile sans
fin en couche régulière plus ou moins épaisse, est amenée
à des cylindres alimentaires sur lesquels la pression ne
doit jamais être assez considérable pour produire l'écrase-
ment des Ltratlerons. Elle est eusuite reçue par un cylindre
dit batteur, alternativement muni de «lents en forme de
couteau et de battes rectangulaires en foute ; la les brins
sont désagrégés par les dents et secoués par les battes, ce
qui fait que tout ce <iui est un peu adhèrent ù la laine
tombe d'abord sous la machine. Le textile passe ensuite
entre un rouleau muni de brossettes et un « vlindre-hér/s-
son garni de dents de cardes ; la brosse aide à l'alimentation
du hérisson, ce dernier ayant pour mis-ion d'ouvrir la laine
et de la fournir en lame mince a un cylindre peigneurqui le
suit, animé d'un mouvement de rotation continue. La laine
est enlevée par un cylindre peigneur et elle est dépouillée de
ses chardons par deux rouleaux à cotes dits échardonneurs,
tournant en sens inverse, qui en détachent les ordures par
une succession de coups. Les gratterons sontreçusdans One
boite et les mèches nettoyées sont retirées du cylindre par
une brosse qui les projette sur un plan incliné derrière la
machine. In ventilateur débarrasse celle-ci îles poussières
et les envoie dans une cheminée d'appel. L. Knab.
ÉCHARNAGE (l'ann.l (V. Cuir).
ÉCHARPE. 1. ARCHÉOLOGIE. — Draperies attachées par
leurs deux extrémités el tombant au milieu de façon à pro-
duire une courbe gracieuse el dont les deux bouts, ter-
minés par un gland, retombent en queue d'écharpe. Cette
disposition de draperies fut surtout employée au commen-
cement de ce siècle.
II. Histoire. — L'usage d'attacher par-dessus ses
armes une pièce d'étoile de couleur déterminée pour se
faire reconnaître est sans doute fort ancienne. Hais, au
moyen âge, on porta surtout dans ce but des voiles de
casque, des cottes d'armes, des dalrnatiques, voire une
manche aux couleurs des chefs et des partis sous lesquels
on servait. Si l'écharpe apparaît, ce n'est que d'une façon
irrégulière. Au xiv" siècle, on porta des écharpes, déjà
signalées au xiue, et même par-dessus les vêtements. La
maison d'Anjou-Sicile se reconnaissait à ses écharpes de
couleur verte adoptées plus tard par celle de Lorraine, son
héritière, et qui devinrent ainsi, dans la suite, celles des
Cuises et de la Ligue après leur mort. Au commencement
du xve siècle, les partisans du duc de Berry étaient dits
bandez, à cause d'une bande ou écharpe qu'ils portaient
pour se distinguer des autres. Mais c'est seulement au
XVIe siècle et sous Henri 11 que l'écharpe devint une partie
du costume militaire. Les soldats la portaient par-dessus
le corps d'armure ou le collet de buffle, nouée sur la
hanche gauche, les cavaliers la nouant parfois sur l'épaule;
souvent on en portait deux croisées sur la poitrine, l'une
étant celle dû parti, c.-à-d. la même pour toute l'armée,
l'autre variant «le compagnie à compagnie et étant aux
couleurs des colonels, mestres de camp ou capitaines. Il
en fut de même des écharpes qu'on attachait aux enseignes
et qui devinrent les cravates des drapeaux. L'écharpe
blanche fut d'abord portée, comme couleur de commande-
ment, par les officiers de haut grade qui la croisaient par-
dessus celle de leur parti ou celle à leurs couleurs propres
et qu'ils faisaient aussi porter à leurs gens. Ces confusions
ne tirent que s'accroître pendant les guerres de religion,
où les moindres chefs «le bandes prétendaient à l'indépen-
dance et a des couleurs personnelles. Mais une grande
division se lit qui permit aux deux partis d«> se reconnaître ;
les huguenots arborèrent des écharpes blanches par-dessus
leurs casaques blanches; les catholiques usèrent d'écharpes
rouges. Puis, sous Henri III, apparaît une troisième couleur,
l'écharpe verte des Guises, celle des ligueurs. Au reste,
un moment les huguenots avaient porté, en 1569, les
écharpes jaunes et noires, aux couleurs du duc de Deux-
Ponts, en reconnaissance des forts secours que ce prince
leur avait amenés d'Allemagne. L'écharpe rouge des catho-
liques était celle «pic portaient les troupes espagnoles. En
1588, les ligueurs abandonnèrent les écharpes vertes et
en prirent de noires pour porter le deuil des Guises morts
par ordre de Henri III. Mais quand, quelques mois après, le
roi fut assiégé dans Tours par les ligueurs (1,589), il
reçut à temps secours du roi de Navarre et de ses hugue-
nots et, en signe «le gratitude, il prit et imposa à son
armée l'écharpe blanche, qui resta désormais celle «le
l'armée royale. Ces écharpes portaient souvent des em-
blèmes brodés; ainsi, la soie rouge de celles des catho-
liques était couverte de croix blanches, la soie blanche des
autres fut ornée plus tard de fleurs de lis d'or, etc. Henri IV,
après la paix de Venins, délaissa personnellement l'écharpe
blanche et en portait d'habitude une bleue, couleur de
France ancien, dans les cérémonies officielles. Et, dans la
vie courante, il préférait en avoir une aux couleurs de sa
favorite du jour. On continuai porter l'écharpe, à la ville
comme aux années, sous le règne de Louis XIII ; mais, au
lieu de la mettre en sautoir, on s'en ceignit la taille, très
haut, jusqu'aux pectoraux, suivant cette mode alors en
ÉCIIAUI'E — ÉCHASSES
- 260 -
VOgUfl qui faisait remonter la ceinture des vêtements et des
cuirasses BOUS les «-pailles. Les gens de bel air affectèrent,
au contraire, bous Louis XIV, de la porter très lâche,
retombant sur les hanches; puis elle disparut de l'armée,
car l'établissement d'uniformes déterminés en rendait
L'usage inutile. Hais, pendant le ivir siècle, les champs
de bataille de l'Allemagne, de l'Italie et de la France
avaient vu toutes les écharpes de l'Europe se mêler, les
bleues des Savoyards et des Anglais, les blanches des
Français, les rouges des Espagnols, celles jaunes et noires
des Autrichiens, qu'un moment Walenstein fit remplacer
par les couleurs de l'Espagne, les enseignes orange des
Hollandais, bien d'autres encore. Le souvenir des écharpes
se garda longtemps dans les couleurs diverses des larges
baudriers des épées et jusque sous la Révolution dans les
bandoulières des compagnies de gens d'armes et de chevau-
légers. En sept. 1794, on voit même la Convention donner
aux cantons des compagnies de vétérans dont la marque dis-
tinctive était une écharpe blanche, et les chefs des chouans
portaient aussi une large écharpe autour de la taille. Les
représentants du peuple auprès des armées étaient ceints
d'une écharpe tricolore, et cet insigne est encore aujourd'hui
l'emblème de la loi, porté par les commissaires de police et
les officiers municipaux. Maurice Maindron.
Les miniatures du moyen âge montrent des prix de tournoi
ou des bijoux portés par des dames et recouverts d'écharpes
en soie dont les deuxextrémilés sontsoutenues pardes pages.
— Dans certaines cérémonies religieuses et notamment
pour la Messe des Trois Maries, le prêtre se couvre les
épaules d'une écharpe de soie blanche dont les bouts lui
servent à soutenir le saint ciboire sans le toucher directe-
ment. Il en était de même pour l'ostensoir, lors des pro-
cessions de la Fête-Dieu. Les ministres du culte grec la
revêtent avant d'entrer dans le sanctuaire. Les juifs jettent
également une écharpe sur leurs vêtements quand ils sont
à la synagogue.
Vers le commencement du xixe siècle, les dames se
mirent à porter des écharpes dont les extrémités retom-
baient des épaules et se nouaient en avant du corps. Cette
mode était venue à la suite de l'expédition d'Egypte, qui
avait fait connaître en France les châles cachemires de
l'Orient. On fit également des écharpes en dentelle, en
gaze, en étoffe de soie brodée ; le mantelet actuel n'est
qu'une transformation de ce vêtement.
L'usage de l'écharpe s'est perpétué de nos jours dans
l'armée allemande, en Russie, en Angleterre et dans la
plupart des pays étrangers comme marque distinctive du
grade et de la durée du service, tant dans les troupes de
terre que dans les équipages de la marine. Il a été aban-
donné en France, où le port de l'écharpe est réservé aux
seuls représentants de la puissance législative et de la dé-
légation judiciaire. Diverses corporations s'en revêtent dans
les réunions officielles et les commissaires ordonnateurs des
fêtes sont désignés par une écharpe que, le plus souvent,
ils portent au bras. A. de Ch.
III. Chirurgie. — L'écharpe est un bandage plein,
destiné à maintenir l'avant-bras fléchi sur le bras contre
la poitrine. Tout le monde connaît l'écharpe ordinaire cons-
tituée par une pièce de linge pliée de façon variable, et
dont les deux extrémités viennent se serrer en arrière du
cou. Ce bandage élémentaire est employé fort souvent dans
les plaies de minime importance, bien qu'il n'immobilise
que d'une façon très relative le membre supérieur. De beau-
coup préférables sont l'écharpe dite de Mayor et celle de
J.-L. Petit, toutes deux plus solides, quoique cependant
d'une application plus délicate. L'écharpe de Mayor se com-
pose d'une pièce de linge carrée d'environ 1 m. de côté qu'on
plie en deux suivant l'une des diagonales, avant de pro-
céder à son application. On place l'écharpe sur la poitrine,
la base du triangle en lias, et, pendant qu'un aide maintient
de chaque coté du cou les deux angles supérieurs, on re-
tourne sur le bras malade, replié devant l'écharpe, la base
du triangle. On constitue ainsi une sorte de gouttière '|iii
retient d'autant mieux l'avant— liras contre le tronc qu'on
en réunit les deux extrémités su arrière par un nœud, ou
mieux encore par quelques points de couture. Pour Le* deux
angles supérieurs COnnèfl a l'aide, on les rattache a but
tour a La ceinture constituée par les deux bouts précédents,
soit directement, soit à l'aide de deux petites bretelles.
L'écharpe de J.-L. Petit se fait avec une grande serviette,
a peu près de même dimension que la précédente. On place
le plein de la pièce de linge sur la poitrine, et l'on applique
contre elle le bras malade, de telle sorte que l'angle droit
qu'elle forme corresponde au coude. Un fait venir un des
angles aigus sur l'épaule saine, l'autre sur l'épaule du c6té
malade, en la passant d'abord devant lavant-bras, et on
les fixe en arrière du cou convenablement. Revenant alors
sur le plein de l'écharpe, on la dédouble, tuant l'un des
angles du côté delà main, l'autre du côté du coude, et cela
de façon à ce que l'avant-bras se trouve à peu près au
centre de la serviette. On termine enfin en faisant passer
l'un des deux angles en arrière du bras, l'autre en arrière
de la main, et en les fixant l'un à l'autre. Dr A.
IV. Artillerie. — In tir (V. ce mot) est dit A' écharpe
lorsque sa direction est oblique par rapport au but à
battre. Il est plus efficace que le tir direct parce que le
but s'offre à lui sous une plus grande profondeur. On dit
aussi batterie ci 'écharpe, coup à' écharpe. Les expressions
battre ou prendre en écharpe sont également usitées.
V. Ordres (V. Rande [Ordre de la]).
VI. Construction. — On appelle écharpe, ou quelquefois
décharge, une pièce de bois posée obliquement dans un pan
de bois ou dans un cintre pour soulager les pièces verticales
d'une partie du poids qu'elles ont à supporter : les écharpes
atteignent ce but en s'opposant à la déformation des figures
rectangulaires suivant la diagonale desquelles elles sont
placées. La même dénomination s'applique à toute pièce
oblique ayant la même destination ; par exemple, dans une
porte d'écluse, l'écharpe est un tirant en fer fixé d'un bout
à la partie supérieure d'un poteau-tourillon et de l'autre au
bas du poteau busqué. Lorsque les écharpes agissent ainsi
par traction, il est souvent utile de disposer, soit au milieu
de leur longueur, soit sur leurs extrémités, des appareils
de serrage, tels que clavettes, écrous, etc., permettant d'en
régler la longueur et de relever la porte qui a commencé
à se déformer en donnant du nez. Dans les mêmes portes
d'écluse, les écharpes en bois, disposées suivant l'autre
diagonale, c.-à-d. appuyant la partie supérieure du poteau
busqué sur la base du poteau-tourillon portent le nom de
bracons. La dimension du tirant formant écharpe doit être
calculée de manière à ce que cette pièce soit suffisante pour
porter le poids de la porte, sans tenir compte de la résis-
tance opposée à la déformation par les assemblages des
entretoises horizontales avec les poteaux montants. Si donc
P est le poids total de la porte que l'on peut supposer
réparti par moitié entre le pivot et l'écharpe, si a est la
largeur horizontale du vantail et h sa hauteur, l'effort
auquel le tirant devra résister sera
w
i+rs- C'est
li-
ce même effort que devront être en état de surmonter les
appareils de serrage dont il vient d'être parlé. Dans le ser-
vice des ponts et chaussées, on appelle écharpe une petite
digue ou un petit caniveau qu'on établit obliquement sur la
surface des accotements d'une route pour amener les eaux
pluviales dans le fossé. Ces écharpes doivent être tracées
suivant la ligne de plus grande pente de la surface à tra-
vers laquelle elles établissent l'écoulement. A. F.
ÉCHASSE. I. Ornithologie. — Les Kchasses (Himan-
topus lîriss.) qui doivent leur nom français à la longueur et
à la gracilité de leurs pattes, dénudées bien au-dessus de
l'articulation tibio-tarsienne, se placent dans l'ordre des
Échassiers toute côté des. Irciv/Mv AT. ce mot et Echassiers)
dont elles diffèrent par la forme de leur bec et le développe-
ment de leurs ailes. Celles-ci, lorsqu'elles sont plo> ■
dépassent en effet de S à (> cenliin. l'extrémité de la queue.
— -2<;i —
ÉCHASSB — ÉCHASSIERS
et les inainliluiles, extrêmement grêles, De se relèvent pas à
l'extrémité, mais s'avancent en ligne droite, sur une lon-
gueur égale à deux fois environ la longueur de la tête. Le
plumage est tantôt d'un noir pourpre uniforme, comme
eluv, l'Echasse de la Nouvelle-Zélande (Himantopus Nova
Zelandiat Gould), tantôt blanc et unir comme eluv. l'Echasse
blanche d'Europe (Himantopus candidus Bonnat.),
l'Echasse a nuque noire (//. nigrieollis Y.) des Etats-Unis,
de la Colombie et du Brésil, et l'Echasse à tête blanche
(II. Uucocephalus Gould) d'Australie et des Holuques.
Échasse.
Les Echasses vivent en petites troupes sur les côtes, au
bord des étangs et des marais salants dans les contrées
chaudes ou tempérées de l'Annam et du Nouveau Monde et
en Océanie ; elles se nourrissent de vers et de petits Mol-
lusques marins ou d'eau douce. Leur genre était déjà repré-
senté dans notre pays, durant la période tertiaire, par une
espèce que M. A. Milne Edwards a nommé Himantopus
breviprs. E. Oustalet.
II. Technologie. — Nom que l'on donne à de longues
perches qui servent de supports verticaux dans les écha-
faudages (Y. ce mot). Ces echasses, appelées aussi bali-
veaux ou écoperches, sont formées de bois de brin et ont
un diamètre minimum à la base de 0ml°2 àOni15 sur une
hauteur qui atteint parfois 15 m. On donne aussi le nom
d'érhasse à la règle de bois mince sur laquelle les appa-
reilleurs marquent la longueur, la hauteur et la largeur
des pierres à tailler, pour chercher dans le chantier les
blocs qui peuvent convenir. L K.
On donne aussi le nom léchasses à deux perches ou
butons de 1™50 à -2 m., munis d'une espèce d'étrier appelé
fourchon, placé à une certaine hauteur et sur lequel on
pose le pied. Elles sont serrées aux jambes, au-dessous du
genou, par des courroies. Les echasses des enfants ne res-
semblent pas, en général, aux autres : elles se prolongent
jusque sous les bras et offrent ainsi un double point d'ap-
pui, mais elles ont l'inconvénient de gêner la marche.
L'usage des echasses existe dans les foires, ou l'on voit
assez souvent des bateleurs exécuter sur ce perchoir des
danses et des courses pour amuser la foule. Mais les
echasses sont surtout employées par les habitants du bas
Poitou et des Landes. Elles forment presque partie inté-
grante du Landais. Les Landes présentent de vastes marais
formes par la pluie et retenus par les dunes qui se forment
continuellement de l'O. au N.-o. : le umusquet ou
cousiot, perché sur ses longues echasses ou changuées,
traverse la plaine en quatre enjambées ; son agilité est pro-
digieuse; arme d'un long bâton, il franchit tous les obs-
tacles; lorsqu'il garde son troupeau dans la plaine, il s'ap-
puie sur la longue perche qui lui sert de canne; quand il
arrive près d'une maison ou d'une grange, il s'asseoit sur
la croisée ou sur le manteau de la cheminée et attache ses
echasses autour de ses jambes ; coiffé d'un béret de laine
brune qu'il tricote lui-même, vêtu d'un doliman de peau de
mouton sans manches, les jambes enveloppées d'une four-
rure appelée camao qu'il attache avec des jarretières rouge s,
les pieds nus reposant sur l'appui des echasses, le Landais a
un aspect très original. Les Parisiens en ont vu un l'année
dernière (1891) partir de la place de la Concorde après avoir
annoncé à grand bruit dans les journaux qu'il allait faire
le voyage de Paris à Saint-Pétersbourg sur ses echasses.
On trouve des mentions assez anciennes des echasses.
C'était autrefois une coutume de Namur d'exécuter des
courses et des combats sur des echasses. Les grands per-
sonnages devant qui se donnaient ces jeux y prenaient grand
plaisir. Les combattants se divisaient en deux camps : les
Melons ou habitants nés dans l'enceinte de la vieille ville
(enceinte de 1064), et les Avresses ou habitants nés entre
la vieille enceinte et la nouvelle (celle de 1414). Les cou-
leurs des premiers étaient jaunes et noires, celles des
seconds rouges et blanches. Les jeunes gens, au nombre
de près de quinze cents, commandés par un capitaine, mon-
tés sur des echasses de lm30 au moins, s'attaquaient : les
coups de coudes et les crocs-en-jambe étaient seuls permis
pour renverser les adversaires. Un des plus brillants de
ces combats fut celui de 1669, que le baron de Walef a
célébré en vers.
Biul. : Ornithologie. — Vieillot, Galerie des Oiseaux,
1824, t. II, p. N5 et pl.229. — F.-J. Auduson, Dirds of Ame-
rica, lS43,t.VI,p. 31 et pi. 354. — J. Gould, BirdsofEuropa,
1838, pi. 28(1, elBirds of Australia, 1848,ft. VI, pi. 25.—
Degland et Gerue, Ornith. europ., 18117, t. II, p. 215.
ÉCHASSÉRIAUX (V. Eschassériaux).
ÉCHASSIERES (eccl. de Eschasseriis). Corn, du dép.
de l'Allier, arr. de Gannat, cant. d'Ebreuil ; 1,222 hab.
Mines de kaolin appartenant à l'Etat et à M. Oubousset.
C'est dans cette commune qu'est situé le château de Beau-
voir, ancien chef-lieu d'une importante seigneurie. Bâti au
sommet d'une montagne qui domine toute la région, ce fut
pendant longtemps une puissante forteresse. Il appartint à
l'antique famille des Le Loup ou Loup, puis aux d'Alègre,
qui l'habitaient au xvne siècle, et à MmL' de Langonnet, et
enfin à M. de Tilly. Reconstruit à une époque relative-
ment récente, c'est aujourd'hui une vaste demeure qui n'a
plus rien de i'éodal.
ÉCHASSIERS (Ornith.). G. Cuvier réunissait dans un
ordre particulier, sous le nom d'Echassiers, tous les oiseaux
à longues pattes que Linné appelait Grallœ et que l'on
rencontre principalement sur le bord des étangs et des
cours d'eau et sur le rivage de la mer. « Les Echassiers,
disait Cuvier, tirent leur nom de leurs habitudes et de la
conformation qui les occasionne. On les reconnaît à la
nudité du bas de leurs jambes, et le plus souvent à la hau-
teur de leurs tarses, deux circonstances qui leur permet-
tent d'entrer dans l'eau jusqu'à une certaine profondeur,
sans se mouiller les plumes, d'y marcher à gué et d'y
pécher au moyen de leur cou et de leur bec, dont la lon-
gueur est toujours proportionnée à celle des jambes. » Ces
caractères sont très accusés chez les Avocettes, les Echasses,
les Ibis, les Hérons, mais ils n'existent qu'en partie chez
les Autruches, les Nandous, les Casoars et les Emeus,
qui, tout en étant très haut montés, se distinguent net-
tement des oiseaux de rivage par la conformation de
leur bec, par l'atrophie presque complète de leurs ailes,
par leur régime et par leurs mœurs. Tout en reconnais-
ÉCHASS1ERS
- -JO-J -
sant ces particularités de structure, Cuvier D'en ran-
i |.;i^ moins les Autruches de l'Âocien et do Nouveau
Monde, les Casoars de l'Australie el de la Papouasiadans
son ordre des Echassiers el en former) uns première Famille
miiis le nom de Brévipennet. Ensuite venaient les Pressi-
roitret, ainsi nommés à cause de la tonne de leur bec el
comprenanl les Vanneaux, les Pluviers, les Court-Vite, les
Cariâmes, les Œdicnèmes et les Outardes, puis les Cullri-
rostres, oiseaux au bec robuste, souvent allongé, pointu
et tranchant sur les bords, parmi lesquels figuraient les
Grues, le» Agamis, les Courbins, les Caurales, les Savacous,
les Hérons et les Cigognes, les Jabirus, les Ombrelles,
les Tantales et les Spatules. Les Longirostres, r.-a-d. les
liécasscs, les Ibis, les Barges, les Alouettes de nier, les
Tourne-Pierres, les Chevaliers, les Bécasseaux, tesEchasses
et les Avocettes leur succédaient immédiatement et étaient
suivis à leur tour des Macrodaeti/les, c.-à-d. des Jacanas,
des Kainicbis, des Râles, des l'ouïes d'eau, des l'oules-Sul-
tanes et des Foulques. Enfin l'ordre des Echassiers se ter-
minait par deux genres pour lesquels G. Cuvier éprouvait
quelque incertitude, savoir le genre Glaréole {Glareola
Cm.) et le genre Flaminant (PhœnicoplerusL.).
Dans son Traité d'ornithologie, Lesson ne conserva pas
l'ordre des Echassiers tel que Cuvier lavait défini ; il le
diminua par la suppression du groupe des Brévipennes,
auquel il assigna avec raison une place plus impor-
tante, et il modifia la distribution intérieure, en éta-
blissant quatre groupes, quatre sous-ordres, Himanto-
galles, Echassiers macrodactyles, Vrais Echassiers et
He'térorostres, d'après des caractères tirés exclusivement
de la conformation des pattes et des mandibules. A ces
caractères superficiels, qui avaient conduit Lesson à rap-
procher à tort les Ibis des Courlis, les Avocettes des Flam-
mants, Lherminier substitua des caractères tirés du ster-
num, mais à son tour il méconnut les aHinilés naturelles
de certains groupes en ne prenant en considération qu'une
seule pièce de la charpente osseuse. Le prince Ch.-L. Bo-
naparte, dans ses Tableaux paralU'liaues de l'ordre des
Echassiers, créa aux dépens de ce grand groupe deux
ordres distincts, savoir : 1° l'ordre des Herodiones, dans
lequel il fit rentrer non seulement les Hérons, mais les
Tantales, les Spatules, les Balœniceps, les Savacous, les
Cigognes, les Dromas, les Chaunas, les Petits Paons des
roses ou Hcliornis, les Grues et même les Klauimanls qu'il
avait, dans son Conspectus auium, rangés, à L'exemple
de Gray, parmi les Palmipèdes ; "1° l'ordre des Grallœ
renfermant les Outardes, les Pluviers, les Glaréoles, les
Iluitriers, les Avocettes, les Echasses, les Bécasseaux, les
Chevaliers, les Barges, les Jacanas et les Râles. Ces deux
ordres des Herodiones et des Grallœ lurent maintenus
dans le Conspectus systematis ornithologiœ et dans les
Tableaux de l'ordre des Hérons publiés en 18S4 et
1855 par le même auteur et se trouvèrent même éloignes
l'un de l'autre par l'intercalation, peu naturelle, de certains
Palmipèdes, tels que les Pélicans, les Frégates, les Anhin-
gas, les Pétrels, les Mouettes, les Pingouins et les Grèhes,
et de certains Gallinacés comme les Talégalles, les Pin-
tades, les Hoccos, les Paons, les Faisans, les Perdrix, etc.
Au contraire, feu G. -H. Gray , dans son llandlist of
the gênera and species of Birds, rétablit L'ancien ordre
des Grallœ ou Echassiers, dont il retira toutelois les
Autruches, les Casoars, les Aptéryx et même les Tina-
mous, et qu'il partagea en vingt-trois familles : Otididœ
(Outardes), Charadriidce (Œdicnèmes et Pluviers), <il<i-
reolidœ (Glaréoles etPluviaus), Thinocoridœ (Tbinocores),
Chionidœ (Becs-en-fourreau), Hœmatopodidœ (Iluitriers
et Tourne-Pierres), PsophiidŒ (Agamis), Cariamida
(Cariamas), druide (Grues), Eurypygidœ (Petits Paons
des roses), Rhinochetidœ (Kagous) , Ardeidœ (lierons,
Savacous et Balœniceps), Ciconiid<e (Cigognes et Anas-
tomes) , Plataleidce (Spatules) , Tantalidœ (Tantales et
Ibis), Dromadidœ (Dromas), Scolopacidce (Bécasses,
Barges, Bécasseaux et Avocettes), Phalaropidœ (l'hala-
rope*),Raltida (Raies et Ocydromes), Galli/tulidœ (l'oub-s
d'eau), ll<lttintithi<ltr((,iv\ni<>ul\u<->),l'nrrid'r (JaCSJUs)
et Palamedeidet (Kamicbis).
Toutefois, (elle ( |:i-sili< ai ion n'est plus guère en faveur
aujourd'hui en Angleterre, on H. Sclalerel d'antres orni-
thologistes ont adopté on système dont les principei i
empruntes ;ui professeur Huxlev et dans lequel let :
sien sent répartis en trois ordres, savoir : 1" Les llero-
diones comprenanl les Irdt /'/'{-(lierons, Savacous. etc.),
les Ciconiidœ H Harabouts, Jabirus, Tan-
tales, etc.), les Pnœnicopteridœ (Flammants); 2° les
nomorphœ subdivises eux-mêmes en deux tribus, les
FulicaritB renfermant les Gruida (Grues), Les luillidœ
(Râles, l'ouïes d'eau, Poules-Sultanes), les Heliorni-
thidœ et les Arumidœ (Baies de l'Amérique du Sud) et
les Alectoridet composes des Eurypygidœ, des Caria-
midœ el des PsophhdtB ; '■>" les Limicolœ embrassant les
familles des Œdtcnetnidœ, de- Parridœ ou Jacanas, des
i.lmradriidœ ou Pluviers, des Chionididœ ou Becs-en-
lomreau. des Ihinocoridœ et des Scolopacidce. Toute-
fois, dans ce système, les grands groupes des lleriodones
ou Pelagomorphœ étant placés, à cause de la conforma-
tion de leur voûte palatine, dans une autre catégorie que
les Geranomorphœ, et les Limicolœ se trouvent sépa-
rés de ceux-ci par les Anseres (Oies et Canards), les
Colonihœ (Pigeons), les Gallinœ (Gallinacés typiques) et
les Opisthocomi (Hoazins).
Dans le volume du Standard of yatural History con-
sacré aux Oiseaux et publié en 1885, le Dr Stejneger a
profondément modifié les classifications précédentes ; il
a notamment reporté les Heliornithidœ ou Podoas à
côté des Grèbes, et il a réparti les anciens Echassiers
en deux ordres : Grallœ et llerodii, entre lesquels il a
intercalé les Oies, les Canards et les Flammants. De son
coté, le professeur Max Furbringer a proposé en 1888 un
autre système dans lequel nous trouvons réunis, dans le
même ordre, les Flammants, les Cigognes, les Hérons, les
oiseaux de proie diurnes et les Totipalmes sous le nom
général de Pelargornithes, tandis que les Pluviers, les
Jacanas, les Outardes, les Œdicnèmes, les Eurypyga, les
Grues, les Cariamas, les Râles, etc., constituent un autre
ordre, celui des Charadriornithes. Ce système repose en
partie sur des données fournies par la paléontologie, tandis
que celui de .M. Seebohra, qui est de deux aus plus récent,
ne tient compte que des oiseaux de la faune actuelle. Dans
ce système, les lierons, les Spatules et les Flammants se
trouvent associés sous le nom d' Anatiformes aux Palmi-
pèdes totipalmes des auteurs français, tandis que les petits
Echassiers de rivage, les Poules d'eau, les Râles, sont réu-
nis d'une part aux Mouettes, de l'autre aux Gallinacés
typiques pour constituer l'ordre des Gallo-Grallœ. Enfin,
dans un mémoire lu tout récemment devant le Cou.;
ornithologique réuni à Budapest, au mois de mai 1891,
M. 11. Bowdler Sharpe, après avoir expose les différents
systèmes de classification proposés jusqu'ici, a indiqué
l'ordre qu'il compte suivre dans ses ouvrages, en s'inspi-
rant des travaux de MM. Stejneger, Seebohm et Furbringer.
M. Sharpe a séparé complètement les Baies, les Poules
d'eau et les Podoas des autres Echassiers et les a placés,
sous le nom de Ralliformes, entre les Hoazins, les Po-
lluas el les Grèhes. tandis qu'il a rangé les petits Echas-
siers de rivage, les Jacanas, les Œdicnèmes et les Outardes.
les (il ues, les Agamis et les bagous, les lierons, les
Cigognes, les Ombrettes, les Spatules et les [bis dans tiois
ordres successifs, Char adrii formes, Gruifonnes et
Pelargiformes, les premiers touchant aux Lan formes,
C.-à-d. aux Mouettes et aux Sternes, les derniers passant
aux Oiseaux d'eau par les Pha'nieopteriforincs ou Flam-
mants. M. Sharpe a reconnu du reste lui-même que cet
arrangement en série est forcément artificiel, qu'il rompt
les relations naturelles des groupes, dont les allinites ne
peuvent être démontrées que par des tableaux, tels que
ceux qui sont annexes à son mémoire, el OÙ les groupas
- 263 -
ÉCHASS1ERS - K«:ii \i lil
d'oiseaux sont placés a la façon des constellations sur une
carte céleste. Il est certain en effet que les différentes
familles ornithologiques, aussi bien parmi les Echassiers
que parmi '.es Passereaux, les Gallinacés ou les EUpaces,
ne sont pas rigoureusemenl intermédiaires entre deux
autres familles, mais présentent îles relations de parenté
a\ee trois, quatre groupes ou même davantage, et ce sont
précisément ces relations multiples qui ont jeté dans l'em*
barras les naturalistes s'occupait! de systématique. Les
Râles, par exemple, qui se rattachent aux Grues par cer-
tains eûtes, ont des affinités avec quelques Gallinacés, el les
petits Echassiers de rivage, comme M. A. Milne Edwards
l'a démontre, sont unis aux Hirondelles de mer par les
(.lareoles. Aucun BVStéme de classitication en série continue
ne pouvant traduire ces connexions variées, il est peut-être
préférable, dans les ouvrages didactiques et dans les musées,
de conserver l'ancien ordre des Echassiers, en en retran-
chant seulement les Strulhioniens on lîrevipennes et les Tina-
mous, et île les partager en plusieurs familles, Totamdés,
Otididés, druides, A rdéidés, etc., renfermant les différents
types dont il a été question ci-dessus et qui lont, dans l'JSn-
etjelopedie, l'objet d'articles spéciaux. E. Oustalet.
Biui..: ( i. Cuvier, Règne animal, 1617, 1" o.dit., t. 1. p. 458
— Lhermimer, Recherches sur ('appareil slernal desOi-
SSniXj dans Act. soc. linn. de Paris, ls'JS. i. VI.— LBS30N,
Traité d ornithologie, 1831, pp. x\x et 523: — Ch.-L. Bona-
parte, Conspectùs systemalis ornillwlogia', 1854, Ta-
bleaux de l'ordre des lierons, et Tableaux parallëliques de
l'ordre des Echassiers. dans C. R. Acad. Se, 1855 et 1856,
t. XL a XL111. — Dkgland et Geriie, Ornith. europ., 18(i7,
t. II, p. 93, 2« èdh. — Huxley, On tlie Classif. of lsirds,
dans Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p, ti:>. — G. -A. Gray,
Handlist of tlie gênera and species of Birds, 1871, t. 111,
P- 7. — Wi.-L. Sclatbr, Remarka on Ihe présent State of
systema Avium, lins, issu, p. 310. — A. Newton, art.
Ornitholog., dans Encyclopmdia britannica, t. XVIII. —
A. tanCHBROW, 8y8t. Uebers. die Schreitvôgel (Gressores),
dans Journ. f. Ornith., 1877, p. 113.— t.. Stbjnbobr, Stan-
dard of Xatural History. Birds, 1885. — Max FOrbringer,
Unters. zvr Morphologie und Systematilt der Vôgel,
1888. — H. Sebohh, Classif. of Birds, 1890. — R.-B.
Sharpe, A Review of récent altempts to class. Birds;
Budapest. 1891.
ÉCHAUBOULURE (Art vétér.) (Y. Ebulution).
ÉCHAUDAGE (V. Charcuterie, t. X, p. 609).
ECHAUDÉ (l'àtiss.). Sorte de gâteau non sucré que
l'on mange avec le thé ou le café et dont la préparation
exige des soins assez minutieux. La meilleure manière de
faire des échaudés consiste à pétrir pendant dix minutes
une pâle faite avec 500 gr. de farine, 10 gr. de sel tin,
-Ji'O gr. de beurre et 8 œufs. Quand cette pâte est devenue
souple et élastique, on la laisse reposer dix à douze heures
en un endroit frais, dans un linge saupoudré de farine, puis
on la divise en deux parties longues et égales qu'on roule
un peu en donnant à chacun de ces rouleaux 3 ou 4 cenlim.
de diamètre; on les coupe en autant de morceaux qu'on
veut avoir d'echaudés, et on les verse dans une grande
casserole d'eau bouillante en les écartant autant que pos-
sible les uns des autres. La pâte descend d'abord au fond
de l'eau, dont on doit agiter légèrement, avec une spatule,
les couches supérieures afin que les échaudés remontent à
la surface. Quand j|s SOnt fermes, on les retire et on les
met dans l'eau froide, ou on les laisse deux heures. Après
l<s avoir fait égoutter sur une serviette on les place sur des
feuilles minces de tôle, et on les fait cuire dans un four un
peu chaud pendant vingt minutes environ, en ayant soin
de ne pas ouvrir le four pendant la durée de la cuisson.
I ne bonne manière de servir les échaudés, c'est, au mo-
ment où ils sortent du four, de les couper par le milieu,
de les saupoudrer légèrement d'une pincée de sel fin, de
les arroser d'une cuillère de beurre frais qu'on a fait tiédir,
et de réunir ensuite les deux parties. — Les échaudés ont
une origine très ancienne. Ln 1202, une charte de l'église
cathédrale de Paris fait déjà mention des panes qui <Us-
runiur eschaudati. Leséebaudeurs ou fabricants d'echau-
dés avaient reçu de saint I»uis permission de vendre leurs
produits tous les jours de la semaine. Ils étalaient le
samedi près de la rue de la Tonnellerie, aux Halles, ou
bien parcouraient les rues en criant : Galèles chaudes!
eschaudezl
ÉCHAUDOIR (Y. Abattoih).
ÉCHAUFFE (Tann.) (V. Débotobage).
ÉCHAUFFEMENT (Bois). Commencement de pourriture
qui se reconnaît, quand le mal est assez avancé, à des
taches blanches, noues ou rouges, groupées çà et la, en
plus ou moins grand nombre, et ;\ une odeur particulière
qui n'est pas celle du bois sain. On l'attribue à la fermen-
tation de la sève. Cette maladie est d'autant plus grave
qu'elle se propage rapidement dans toute l'étendue de la
pièce attaquée et que, en outre, elle se communique à celles
qui sont en contact avec elles. Le bois qui en est atteint est
quelquefois appelé par les ouvriers bois blanc, bois rouge,
bois pouilleux, suivant la couleur des taches. Le bois brûlé
n'est autre chose que du bois échauffé arrivé à un plus
haut degré d'altération. Les bois enfermés dans les ma-
çonneries sont très exposés à réchauffement, soit qu'on
les ait mis en place avant que leur dessiccation eut atteint
un degré convenable, soit parce que les portions de sève
qu'ils contenaient, au moment de l'emploi, se sont ramol-
lies et ont fermenté sous l'influence de l'humidité des
pierres et des mortiers. L. K.
ÉCHAUFFETTE (Archéol.) (V. Chaufferette).
ÉCHAUFF0IR (Archéol.). Vase ou récipient de meta
servant à faire chauffer l'eau. Ce terme, usité souvent au
moyen âge, n'est plus employé que rarement à notre époque.
ÈCHAUFF0UR. Com. du dép. de l'Orne, arr. d'Argen-
tan, cant. de Merlerault, sur un affluent de la Hille;
1,410 hab. Stat. du chem. de fer de l'Ouest, au point de
rencontre des deux lignes de Sainte-Gauburge à Bernay et
au Mesnil-Mauger. Centre d'élevage de chevaux. Chaux,
tourbes. Au hameau de Sainte-Colombe, tréfilerie et gan-
terie. Sur le territoire de la commune sont plusieurs mo-
numents mégalithiques et notamment deux dolmens appelés
les Croùtt's.
ÉCHAUGUETTE. Nom donné anciennement à une sen-
tinelle ou garde, faisant le guet à la partie supérieure des
tours, courtines et autres ouvrages fortifiés, mais employé
généralement, pendant le moyen âge, pour désigner de
petites loges carrées ou cylindriques, le plus souvent
construites en encorbellement, munies de mâchicoulis et de
meurtrières et destinées aussi bien à abriter des sentinelles
qu'à jeter des projectiles sur les assaillants. Les premières
échauguettes durent être de bois comme les hourds et pro-
visoires, c.-à-d. seulement posées en temps de guerre :
aussi n'en est-il resté aucune ; mais Viollet— le-Duc (Dict.
de l'Architecture, passim) donne de nombreux exemples
d'échauguettes, construites en pierre ou en bois postérieu-
rement au XIIe siècle, en partie encore existantes de nos
jours et empruntées à des châteaux forts, des portes de
ville ou même des églises. Ces échauguettes, très diverses
quant à leur situation et à leur forme, reflètent assez
exactement en petit la physionomie des grands ouvrages
militaires de l'époque qui les a vu construire et donnèrent
leur nom, sous la Renaissance à de petites tourelles carrées,
rondes ou octogonales, servant de petits cabinets ou de vé-
randas à l'angle des grandes salles des demeures seigneu-
riales. De nos jours même, certains édifices, flèches d'hôtels
de ville ou clochers d'église, voient dans les régions du nord
de l'Europe, ménager dans leur construction des chambres
de guetteurs d'incendie rappelant assez bien les échau-
guettes des fortifications du moyen âge. Charles Lucas.
ECHAURI. Vallée d'Espagne, située dans la province et
le partido judicial de Pampelune (ancienne Navarre), dominée
par des montagnes élevées au N. et au S., et traversée de
EO. à l*E. par le rio Arga. Klle produit du blé, des céréales,
des légumes, un peu de vin, des fruits, particulièrement des
cerises; la fraîcheur des sites et la qualité des eaux, dont
quelques-unes minérales, y attirent l'été un assez grand
nombre d'étrangers; la vallée, qui formait autrefois une seule
commune, estdivisée aujourd'hui en plusieurs : Echâuri, Elfo,
ÉCHÂUR1 - ÉCHÉANCE - 204 —
Ciriza, Echarri, Vidamreta, Belascoain, Arraiza, Zabalza,
Ubani el OtazUi oui onl ensemble un millier d'habitants.
ÉCHAVANNE. Corn, du dép. de la Hante-Saône, ut. de
Lure, cant. de Champagney ; 1*4 hal>.
ECHAVARRIA (José-Ignacio), marquis de FuetrentL,
<^. u.i ;i l espagnol, né en 1818. Il se distingua dans la pre-
mière guerre contre les carlistes ci devin) général de brigade
m 18*7. Lors du soulèvement organisé par O'Donnell en
I8.'>4, il faillit être victime de son Loyalisme. Il fut ensuite
capitaine général de Cuba pendant cinq ans, puis chef de
l'étatp-major <lu général Coucha. Lors de la révolution de
sept. 1808, il demeura fidèle à la reine, qu'il suivit en
exil après la défaite d'Alcolea. Rentré en Espagne des
l'avènement d'Alphonse XII, il commanda un corps d'ar-
mée contre les carlistes el contribua puissamment a leur
échec final. H eut ensuite une large part a la réorganisation
de L'armée, et fut ministre de la guerre dans le cabinet
Canovas del Castillo (9 dèc. 1879), avec lequel il se retira
le 8 fevr. 1881. G. P-i.
ÉCHAY. Corn, du dép. du Doubs, arr. de Besancon,
cant. de Quingey; 1 46 hab.
ECH-CHERR. Chaîne de collines de Tunisie, entre Gafsa
et Gabès, sorte de falaise au N. des cholts Fedjedj et Djerid.
ECH-CHIATI (Oued). Kavin de Tripolitaine (Fezzan)
qui se trouve au pied des escarpements de la Montagne-
Noire et forme comme un sillon fertile de l'O. à l'E; une
couche d'humus recouvre le fond de cette ancienne rivière,
et les palmiers enfonçant leurs racines rencontrent à
quelques pieds un sable humide. Deux oasis principales
existent dans l'Ech-Chiati, Ederi à l'O. et Brak à l'E. On
pense, sans en être sûr, que la rivière coulait autrefois dans
ce sillon dans la direction de l'O. à l'E. E. Cat.
ÉCHÉANCE. D'une façon générale, l'échéance est la
date ou l'époque à laquelle une chose doit être faite, ou
celle qui fait prendre fin à un délai légalement accordé.
Mais, en matière commerciale, l'échéance est la date à la-
quelle une obligation de payer doit être remplie, et c'est
en ce sens qu'on dit aussi bien l'échéance d'un coupon que
l'échéance d'un effet de commerce. Pour les coupons ou
autres titres du même genre, l'échéance est indiquée à
l'avance, ou fixée par une décision de l'assemblée géné-
rale ; c'est, dans tous les cas, une date bien déterminée.
En matière d'effets de commerce, il n'en est pas de même,
et l'échéance peut être indiquée de diverses manières, à
vue, à date fixe ou à un certain délai de date ou de vue.
L'indication de l'échéance est obligatoire en matière de
lettres de change ; certains auteurs admettent qu'une lettre
de change dont l'échéance est omise doit être considérée
comme payable à présentation ; mais MM. Lyon-Caen et
Renault (Précis de droit commercial, n° 1041) rejettent
ce système et n'admettent pas même que l'acceptation
puisse corriger ce vice de forme. Il est toutefois à remar-
quer que les législations belge et anglaise admettent que la
lettre de change dont l'échéance est omise est payable à
vue. Pour l'échéance à vue (ou à présentation), faculta-
tive pour la lettre de change mais obligatoire pour le
chèque, la date de la présentation est indéterminée, mais
elle doit avoir lieu dans les délais de cinq ou huit jours
de la date pour le chèque (V. ce mot), et pour la lettre de
change, dans les délais fixés par l'art. 160 du G. de comm.
et qui varient de trois mois à un an, suivant le lieu de
création. L'échéance à date fixe indique d'une façon précise
le jour ou la lettre de change doit être présentée au paye-
ment ; lorsque l'échéance est fixée à un certain délai de la
date, les mois se comptent pour leur nombre exact de
jours si la lettre de change est tirée à tant de jours de
date ; si au contraire elle est tirée à tant de mois de date,
les mois se comptent de quantième en quantième, et si le
dernier mois n'a pas le quantième correspondant, l'échéance
est fixée au dernier jour du mois. C'est ainsi qu'une lettre
de change tirée le 31 déc. à deux mois de date sera payable
le 28 ou le 29 févr. suivant que l'année est ou non bis-
sextile. Si l'échéance est à un certain délai de vue, la
même règle est applicable, mais en partant, bien entendu,
du jour de l'acceptation ou du visa pour la supputation du
délai d'échéance, la présentation a l'acceptation devant
être faite <i:in> loi délais énoncés dans Part. 160 duC. de
comm. Enfin, h la lettre de change est payable et
l'échéance est fixée a la veille du jour de la clôture de la
luire, si celle-ci dur,- plusieurs jours, ou au joui même de
la foire, si elle ne dure qu'un joui-. De quelque façon que
l'échéance ait été fixée, la présentation doit avoir lieu la
veille si le jour de l'échéance est un jour férié.
Prorogation des échéances. — Il arrive souvent que,
pour des raisons diverses, la date choisie pour le règlement
d'un marche, d'une facture, doit être modifiée et reportée
à une époque ultérieure ; ces arrangements entre particu-
liers ne demandent aucune explication. Mais il arrive aussi
que, par suite île troubles, de crises amenées par La
ou par des événements politiques, toutes les échéances
commerciales doivent être modifiées. C'est une mesure de
ce genre que le Portugal a prise en mai 1891, par suite
d'une terrible crise financière. En France, des dispositions
semblables ont été prises à diverses époques. L'ancien ré-
gime avait eu recours à ce moyen, mais uniquement pour
retarder le payement des dettes du Trésor: au contraire,
les mesures prises dans le courant de ce siècle n'ont con-
cerné que les particuliers. En 1880 (31 juil.), un arrêté
de la commission municipale de la ville de Paris prorogeait
de dix jours l'échéance des effets payables depuis le
26 juil. jusqu'au 15 août inclusivement; pour donner
plus de force à cet arrêté, le tribunal de commerce de la
Seine intervint et ordonna que l'arrêté serait transcrit sur
le registre des délibérations; cette décision fut prise le
jour même de l'arrêté. Le 26 févr. 1848, le gouverne-
ment provisoire décrète que les effets de commerce payables
à Paris, échus ou à échoir du 22 févr. au 15 mars, seront
prorogés de dix jours. Tous protêts et recours en garantie
seront également prorogés de dix jours. Le décret du
28 févr. étend la prorogation aux dép. de la Seine et de
la Seine-Inférieure, et celui du 3 mars à toute la France.
Le 1 9 mars, les tribunaux de commerce étaient autorisés
à accorder aux commerçants, sur requête et par jugement,
un sursis de trois mois contre les poursuites de leurs
créanciers ; le décret du 29 mars, rectifié par celui du
4 avr., prorogeait de quinze jours le délai accordé aux
porteurs d'effets de commerce pour exercer leur recours ;
enfin la loi du 26 juin, votée par l'Assemblée nationale,
prorogeait les effets payables à Paris et dans les départe-
ments du 23 juin au 5 juil. Les événements de 1870-71
obligèrent à prendre des mesures analogues. La loi du
13 août 1870 stipulait que les délais dans lesquels de-
vaient être faits les protêts et tous actes conservant le
recours étaient prorogés d'un mois pour toutes les valeurs
souscrites avant le 13 août ; le même délai était appli-
cable aux remboursements à demander aux endosseurs et
autres obligés. Tout citoyen appelé au service militaire
était dispensé de toute poursuite pendant la durée de la
guerre. Un décret du gouvernement de la Défense natio-
nale, des 10-13 sept. 1870, avait prorogé d'un mois les
délais accordés par la loi du 13 août, et déclare ladite loi
applicable à l'Algérie et aux colonies. De nouvelles proro-
gations furent édictées parles décrets des 11 oct., 10 nov.,
li déc. et 12 janv. 1871. Ce dernier décret prorogeait
bien d'un mois tous les délais à partir du 1 5 suivant.
niais la prorogation était augmentée de quinze jours pour
les effets souscrits postérieurement à la loi du 13 août et
aux décrets de prorogation qui l'avaient suivie. Les dé-
crets des 29 janv. et 9 févr. stipulèrent de nouvelles pro-
rogations, mais l'art. 2 de ce dernier décret portait que
les intérêts des effets continueraient à courir du jour de
l'échéance. Pendant toute cette période, la délégation de
Tours avait pris des mesures analogues (décrets des 3, 13
et 16 oct., .') et 14 nov., il déc. el 8 janv. 1871 1. mais en
prorogeant les échéances elles-mêmes au lieu de proroger
les délais de poursuites. Afin de faire cesser toute anoma-
— 268
ECHEANCE — ÉCHECS
lie, le décret du 9 Rvr. stipula que toutes dispositions
contenues dans les décrets de Tours-Bordeaux étaient non
avenues, pour tout ee nui pouvait être contraire au prin-
cipe de la loi du 13 août IS70. l.i pais conclue avec l'Al-
lemagne, la situation devait être liquidée. La loi du
10 mais isti stipulait à cet effet que les effets de com-
merce échéant après le 15 avr. ne jouiraient d'aucune
prorogation ; pour les effets échus du 13 août au 12 nov.
1870, ils devaient être exigibles sept mois, date pour date.
après l'échéance inscrite aux titres avec les intérêts depuis le
jour de cette échéance; enfin les effets échus du 13 nov.
1870 au I- avr. IS71 étaient exigibles, date par date, du
I.'! juin au 13 juil. ; ces dispositions étaient applicables
au\ effets qui auraient déjà été protestés ou suivis de con-
damnation. En outre, les porteurs de traites ou lettres de
change à vue ou à délai de vue étaient déclarés relevés de
la déchéance prononcée par l'art. 1(50 du ('.. de comin.
pour défaut de présentation en temps utile, à charge d'exi-
ger le payement ou l'acceptation de ces effets dans le mois
qui suivrait la promulgation de la loi. Enfin, les tribunaux
étaient autorises à accorder, pendant l'année 1871, des
ilelais modères pour le payement des effets aux porteurs
domiciliés dans les départements occupés en tout ou partie
par les troupes étrangères. A peine promulguée, la loi du
10 mars était modifiée ; le 2'. mais, une loi prorogeait au
li avr. les effets échus du 13 au 24 mars et d'un mois
les effets échéant du 28 mars au 24 avr. L'insurrection
parisienne rendit de nouvelles mesures nécessaires ; la loi
suivante était votée le -2(5 avr. et promulguée le b' mai 1871 :
« Art. 1er. Les effets de commerce, quelle que soit la date
de leurs souscriptions, payables dans le dép. de la Seine,
échus ou à échoir à partir du 18 mars dernier jusqu'au
dixième jour qui suivra le rétablissement du service de la
poste entre Paris et les autres parties de la France, ne se-
ront exigibles qu'après ce terme. — Art. 2. Une déclaration
du gouvernement constatera la reprise de ce service et le
délai de dix jours courra de l'insertion de cette déclaration
dans le Journal officiel. — Art. 3. Les délais accordés par
les lois des 10 et 24 mars pourront, pendant l'année 1871,
être accordés par tous les tribunaux de commerce de
France, mais seulement aux souscripteurs, endosseurs et
autres coobligés résidant dans le dép. de la Seine et dans
les départements envahis. »Ces dispositions suffirent pour
régler le sort des échéances dans toute la France, sauf
dans le dép. de la Seine. La Commune vaincue, il fallut
permettre au commerce parisien de retrouver toutes ses
ressources; aussi le gouvernement prit-il l'initiative d'un
projet de loi devenu la loi du 4 juil. 1871, stipulant que
le délai de sept mois accordé par l'art. 2 de la loi du
10 mars 1.X71 pourprotester les effets de commerce échus
du 13 août au 1-2 nov. 1870 était prolongé de quatre
mois, ces effets devenant exigibles, date pour date, du
13 juil. au 12 oct. 1871 ; les effets échus du 13 nov. au
1-2 juil. 1871 étaient exigibles, date pour date, du 13 oct.
au 12 nov. Ces dispositions s'appliquaient aux effets
payables dans le dép. de la Seine ou dans les communes
de Sèvres, Meudon et Saint-Cloud et créés antérieurement
au 3t mai. Pour les effets de création postérieure, échus
ou venant à échéance avant la promulgation de la loi, le
protêt devait être fait dans les cinq jours de la promulga-
tion. Par dérogation à l'art. 1(52 du C. de comm. et jus-
qu'au 30 nov. 1871, un délai de dix jours était accordé
aux porteurs pour faire prolester. Fnfin les porteurs tom-
bant sous le coup des déchéances prononcées par l'art. 1(50
du C. de comm. en étaient relevés, à charge de faire pré-
senter les effets dont ils étaient porteurs à l'acceptation ou
au payement dans le mois de la promulgation de la loi. La
Commune avait aussi pris des mesures relativement aux
échéances ; la loi suivante fut insérée au Journal officiel
de la Commune du 18 avr. 1871 : « Art. 1er. Le rem-
boursement des dettes de toute nature souscrites jusqu'à ce
jour et portant échéanc-, billets à ordre, mandats, lettres
de change, factures réglées, dettes concordataires, etc.
sera effectue dans un délai do trois années à partir du
15 juil. prochain et sans que ces dettes portent intérêt. —
Art. 2. Le total des sommes dues sera divisé en douze
coupures égales, payables par trimestre, à partir de la
même date. — Art. 3. Les porteurs îles créances ci-dessus
énoncées pourront , en conservant les titres primitifs ,
poursuivre le remboursement desdites créances par voie de
mandats, traites ou lettres de change mentionnant la na-
ture de la dette et de la garantie, conformément à l'art. "1.
— Art. i. Les poursuites en cas de non-acceptation ou de
non-payement s'exerceront seulement sur la coupure qui y
donnera lieu. — Art. S. Toutdébiteurqui, profitant des de-
lais accordés par le présent décret, aura pendant ces délais
détourné, aliéné ou anéanti son actif en fraude des droits
de son créancier, sera considéré, s'il est commerçant,
comme coupable de banqueroute frauduleuse, et, s'il n'est
pas commerçant, comme coupable d'escroquerie. 11 pourra
être poursuivi comme tel, soit par son créancier, soit par
le ministère public. » G. François.
ÉCHEBRUNE. Coin, du dép. de la Charente-Inférieure,
arr. de Saintes, cant. de Pons ; (591 hab.
ÉCHÉCLÈS, philosophe grec de l'école cynique. Nous
ne savons rien de lui, sinon qu'il naquit à Kphèse et fut
disciple de Théombrote et Cléoinène, qui avaient eu eux-
mêmes pour maître Métroclès, disciple de Uiogène le
Cynique. Echéclès était le contemporain de l'épicurien
Colotès. V. Br.
ÉCHÉCRATE, philosophe grec, de l'école pythagori-
cienne, né à Phlius, contemporain de Platon, qui le nomme
dans le Phèdon. C'est à tort que Cicéron, dans le De Fini-
bus, fait de lui un Locrien. Nous ne savons rien de plus
sur ce personnage. Il est mentionné aussi par Diogèse
Laerce (I. VIII). V. Br.
ÉCHECS. Historique. — On ne sait rien de précis sur
l'origine du jeu des échecs. Tout au plus est-il permis de
dire que les anciens avaient divers jeux de table dont les
règles ne nous sont pas parvenues : tels sont ceux qu'on
trouve figurés sur les monuments égyptiens. Tels sont en-
core le l-udus latrunculorum ou le ludus calculorum
des Romains. Au moyen âge, alors que le latin était la
langue écrite de l'Europe, les auteurs qui avaient à parler
des échecs les désignaient sous le nom de ludus latrun-
culorum ; mais cette assimilation n'avait rien de rigou-
reux. Mentionnons la légende d'après laquelle Palamède
aurait inventé le jeu pendant le siège de Troie : d'où le
nom de Palamède donné au journal des joueurs d'échecs
du café de la Régence. Rappelons également que certains
auteurs font dériver le mot échec de l'arabe cheikh et
d'autres du persan chah. Laissant de côté la question des
origines, nous diviserons l'histoire des échecs en trois
périodes distinctes : la première est celle de l'ancien
jeu des Hindous, nommé chaturanga; la seconde, qui
commence au vie siècle de notre ère, est celle du shatranj
ou jeu du moyen âge ; la dernière période ou période mo-
derne commence au xvie siècle.
Première période (le chaturanga des Hindous). L'échi-
quier se composait de soixante-quatre cases. Le jeu était
joué par quatre personnes, chacun ayant un roi, une tour,
un cavalier, un fou et quatre pions. Les deux joueurs
vis-à-vis (jaunes et rouges) étaient alliés contre les deux
autres (verts et noirs). Les points se décidaient en jetant
les dés. Les pièces se plaçaient dans l'ordre suivant :
dans le coin le fou, puis le cavalier, la tour et le roi.
Les quatre pions étaient devant les pièces, comme dans
le jeu actuel. Les pièces se mouvaient comme aujourd'hui,
sauf les pions, qui n'avançaient que d'un pas au premier
coup, et sauf les fous, qui sautaient diagonalement à chaque
troisième case, en passant par-dessus la case avoisinante,
sur laquelle ils n'avaient pas d'action. Il en résultait qu'ils
ne pouvaient atteindre que sept cases sur l'échiquier outre
celle qu'ils occupaient, et qu'aucun des quatre fous ne
pouvait attaquer aucune des cases des trois autres. Les
pions parvenus à la dernière ligne de l'échiquier se trans-
ÉCHECS
— 266 —
formaient eu tours <>u en cavaliers. Un objet important
pour chaque joueur était de diriger avec adresse son roi
vers la case du roi allié. S'il réussissait à atteindre cette
case avant que son allié lui eût joué le mime tour, il pre-
oaii le commandement des deux années. Après quoi son
olijct essentiel était de prendre les rois ennemis, gagnant
ainsi le chaturaji, c.-à-d. remportant la victoire. Tel l'ut le
primitif jeu des échecs. La plupart (les écrivains persans et
arabes en rapportent l'honneur a Sassa, lils de Dahir. Il
ligure dans plusieurs légendes indiennes : Ton sait que
Yudhishthira perdit toutes ses possessions dans un hasar-
deux défia ce jeu contre Shakuni. De l'Inde, il passa dans
la Perse. Firdousi rapporte dans le Shahnama ou Livre des
Rois que le roi de llind envoya au roi Kisra Naushirwan
un amhassadeur porteur d'un échiquier et s'engagea à se
reconnaître son tributaire s'il parvenait à trouver le secret
du jeu. Le premier conseiller du roi, Buzursmihr, après
avoir réfléchi un jour et une nuit sur la prohabilité de la
marche des pièces, expliqua solennellement les règles
devant la cour et l'envoyé stupéfaits.
Seconde période (le chatranj du moyen âge). L'échiquier
et la marche des pièces restent les mêmes que dans le jeu
indien, mais les forces alliées sont réunies d'un même côté
et un des rois alliés se transforme en dame. La- tour est
transportée au coin de l'échiquier, et le fou placé comme
aujourd'hui. La puissance des fous reste la même que dans
le jeu indien. Quant à la dame, elle atteint seulement la
case oblique la plus proche. Sa puissance s'étend lente-
ment sur les cases de sa couleur. Les deux daines étant
sur des cases de couleurs différentes ne peuvent entrer
en lutte. Quand un pion atteint le bord opposé de l'échi-
quier, il se transforme en dame et non en une autre
pièce. Dans ce jeu, la tour vaut environ deux fous,
autant que la dame et le fou; le cavalier a une valeur
intermédiaire. 11 y avait deux manières de gagner la
partie; la première était de donner l'échec et mat; la
seconde consistait a prendre toutes les forces de son adver-
saire pourvu que l'on conservât soi-même une force, si
petite qu'elle fût. Les Arabes et les Persans distinguaient
les joueurs en cinq classes d'après les avantages qu'ils pou-
vaient s'accorder : le plus petit degré des avantages était
de céder à son adversaire le trait; le second, de lui donner
un demi-pion, c.-à-d. d'enlever le pion du cavalier de sa
ligne et de le placer sur la troisième de la ligne de la tour;
le troisième degré était de rendre le pion de la tour ; le
quatrième, celui du cavalier, etc. Les plus forts joueurs
formaient la classe des Alujât ou des grandeurs. Il en exis-
tait rarement trois à la même époque. Ils pouvaient faire
aux joueurs de seconde classe l'avantage d'un pion ; à ceux
de troisième classe, l'avantage de la dame, à ceux de qua-
trième, l'avantage du cavalier; à ceux de cinquième, l'avan-
tage de la tour.
troisième période (période moderne). Le changement
apporté au jeu du moyen âge consiste dans l'extension de
puissance du fou et de la dame, dans le droit des [lions
d'avancer d'un ou deux pas au premier coup, et dans la
faculté de roquer.
Le premier traité du jeu d'échecs en Europe remonte au
début du xiue siècle et est dû à Jacobus de Cœsolis; son
traité, divisé en vingt-quatre chapitres, parait être une
compilation de divers manuscrits espagnols. 11 est des plus
médiocres. Pour en trouver un meilleur, il faut descendre
à la lin du sva siècle, époque où parurent les traités de
Vincent et de Lucena; on trouve parmi les recomman-
dations de ce dernier des préceptes comme celui-ci : « Si
vous jouez le soir, à la chandelle, mettez-la du côte gauche ;
dans le jour, placez votre adversaire en face de la lumière,
pour que sa vue en soit gênée. » C'est dans ce traité
qu'apparaît la marche actuelle des pièces. Ln 1512, parait
le traité de Daimano. Les six courts chapitres sur les débuts
sont fort intéressants. Ruj Lopez de Sigura publia eu
1561 un traité in-4 de trois cents pages, rempli d'obser-
vations ingénieuses. Au début du avili" siècle apparut le
traité de Salvio ; il contient une histoire des échecs et ren-
ferme îles parties très bien joui l a peine
inférieur aux productions modernes. Carrers donna, en
1617, une laborieuse compilation qui manque d'originalité
et parfois de correction. LetraitédeGr l) renferme
beaucoup de parties brillantes et intéressantes & étudier. Il
en existe plusieurs éditions françaises. Groco, dit le Cala-
brais, était de basse extraction et \i\ail de son talent aux
échecs. Le capitaine Berlin publia, en 173.'), un in-H de
soixante -dix -huit pages; Stamma vint ensuite (17
1745) ; sur ses cent « parties désespérées », il y en a une
vingtaine de fort belles, mais quelques-unes sont incor-
rectes. Nous touchons a la plus brillante période de la
littérature des échecs avant la période moderne. Ln 1749,
Philidor publia la première édition de sou Analyse du jru
des échecs: ce livre fut considère alors comme le tac plus
ultra des traités et passe aujourd'hui encore comme con-
tenant tout l'essentiel du sujet aux yeux des gens peu
informés. Ses notes sont très instructives, et il contient de
très belles analyses des tins de parties. Philidor excellait à
faire manœuvrer les pions, et son système était londe sur
eux : il les appelait l'âme du jeu des échecs. La Bourdon-
nais, au contraire, a inauguré la méthode moderne, plus
hardie, qui consiste à sacrifier pièces et pions pour obtenir
une forte attaque. Un an après l'apparition de l'Analyse,
[iarut à Modène un traité anonyme que l'on sût plus Uni
être d'Ercole del Rio. Lolli reprit cet ouvrage et le com-
menta en 1763 dans un traité excellent. En 1769, Pon-
ziani donne à Modène son Guioco incomparabile. Il traite
des ouvertures, des mats usuels, des positions des pions :
c'est un des meilleurs livres écrits sur la matière. Le
Traité des amateurs (Paris, 1775-178(i) fut rédigé par
les plus forts joueurs du café de la Régence : il contient
de bonnes notes. En 1795, Johann Allgaier de Vienne
donna un ouvrage sur les échecs : il se montra partisan
excessif de l'école de Philidor, défendant comme lui de faire
sortir le cavalier en avant des pions. En 18U8, Sarratt,
joueur anglais, édita deux volumes ou il donnait une mé-
thode systématique d'attaque et de défense. L'ouvrage
passa pour très nouveau dans son pays, mais il est copié
en grande partie dans Ponziani, Errole del Rio, etc.
A partir de ce moment, la littérature des échecs se
développe de plus en plus. En Angleterre, Lewis, en 1831
et 1832, étudie d'une manière originale une série d'ouver-
tures ; un peu plus tard, Walker, Staunton y ajoutent de
grands développements, puis kling et Horwitz publient à
Londres un ouvrage sur les fins de partie. Plus récemment
(1890-9-2), Steinitz a commencé a New-York la publi-
cation d'un grand traité intitulé The Modem Chess in-
struetor. En France, de La Bourdonnais, le premier joueur
de son temps, donne en 1833 un bon traité; en 1837,
Alexandre publia des tableaux synoptiques des ouvrages
tant anciens que modernes; la Stratégie raisonnes dit
ouvertures du jeu d'échecs par Duiand, Metton et Preli
("2° éd.) parait en I8l>7-(i8. Depuis cette époque, il n'y a
rien à citer en France en dehors des ouvrages tout à lait
élémentaires, en sorte qu'il n'existe pas à l'heure actuelle
de traité d'échecs au courant de la science. Lu Allemagne,
Silbersehmidt , von lleydebrand und der Lasa , Max
Lange, von Bilguer, font taire de grands progrès à la
théorie. L'ouvrage de Bilguer intitulé llandbuch des
Schachspiels (1843) est le meilleur traité d'échecs qui
existe. Les premières éditions ont été publiées et tenues
au courant par von Heydebrand und der Lasa. La septième
édition, qui a paru en 1891, est revue par Srhallopp. Ln
Bussie, Jœnisch publie en langue française (1842-53) une
analyse mathématique du jeu d'échecs qui est fort estimée.
Le jeu d'échecs a d'ailleurs fait de lies grands progrès
par suite de l'apparition de journaux spéciaux en langue
française (le l'alatnède par La Bourdonnais. 1836, et
Saint-Amand, 1841; la Régence par Kieseritzky, 1848,
i't Arnous de Rivière, 1856; la Nouvelle Régence par
Journoud, 1864; lu Stratégie par Jean et Niima Preti
- '267 -
ÉCHECS
depuis 1 867 jusqu'à nos jours), anglaise, allemande, kol-
mndaise, danoise, italienne, espagnole et russe; en même
temps, de grands journaux périodiques tels que l'Illustra-
tion publiaient dos problèmes et des parties.
IMus récemment encore les tournois internationaux ont
piis un grand développement al ont servi à mettre en
lumière les plus torts joueurs. De tous temps les torts
joueurs engagèrent des matchs entre eus : c'est ainsi que
les matchs de le Breton et Deschapelles, de Cochrane et
La Bourdonnais, et surtout de La Bourdonnais et Mac Don-
uell sont restés célèbres. La Bourdonnais est regardé comme
le plus l'ort joueur qui ait encore paru en France, (''est
l'initiateur de la méthode moderne. Mac Donnell est égale-
ment considère par les Anglais comme le plus fort joueur
Ju'ils aient jamais eu. Dans ce beau tournoi, ce tut La Bour-
onnais qui gagna la grande majorité des parties. Des
matchs analogues ont eu Ben entre Staunton et Saint-Amant,
Harrwiu et Lowenthal (1853), SteiniU et Anderssen d'un
côté, Blackburne et Zukertort de l'autre (1860, 1875,
1880), Zukertort d'un côté, Rosenthal et Blackburne de
l'autre (1880, 1884), SteiniU et Tscbigorin (1890). Quant
aux tournois internationaux, le premier tut tenu à Londres
(1851). Le joueur Anderssen, professeur d'allemand et de
mathématiques à Breslau (né en 1818, mort en 1879), y
remporta le prix. Il triompha de même au second tournois
de Londres (1802). Il était regardé comme le plus fort
joueur du monde quand vint en Europe l'avocat améri-
cain Paul Morphy, âge de vingt et un ans, qui avait triom-
phé à New-York l'année précédente (1857) des premiers
jjoueurs des Etats-Unis. 11 battit avec éclat en 1858 et
1859, à Londres et à Paris, Anderssen et les meilleurs
joueurs d'Europe. On s'accorde à reconnaître qu'il n'y a
jamais eu de joueur aussi fort. Philidor avait déjà donné
l'exemple du tour de force qui consiste à jouer deux
parties à la fois sans voir l'échiquier. Morphy en joua
huit dans les mêmes conditions et en gagna sept. Mais
il renonça bientôt aux échecs : dans un deuxième voyage
i Paris (1803-04), il ne joua aucune partie. 11 fut
atteint un peu plus tard d'aliénation mentale et mourut
le 10 juil. 1884 à la Nouvelle-Orléans à l'âge de qua-
rante-sept ans. Ses parties ont été recueillies et publiées
dans diverses langues par Lange , Lowenthal , Dufresne ,
Preti, Stanley et Frère.
Au congres de Londres de 1872, le premier prix fut
gagné par Steinitz, le second par Blackburne, le troisième
par Zukertort. Ce dernier (né en 1842, mort en 1888)
■a les premiers prix aux tournois de Paris (1878) et de
Londres (1883). Dans ce dernier, sur les vingt-trois pre-
mières parties qu'il joua, il en gagna vingt-deux et s'assura
ainsi le prix par trois parties d'avance sur Steinitz. Mais
en 1886, Zukertort fut battu aux Etats-Unis par Steinitz,
qui gagna contre lui dix parties contre cinq, les cinq autres
étant nulles. Mais Steinitz a trouvé tout récemment un
redoutable adversaire dans le Russe Tschigorin.
Citons parmi les autres congrès internationaux ceux de
Paris (1867) où Anderssen ne prit pas part (Ier prix Kolish),
de Vienne (1873) (1er prix Steinitz), de Paris (1878), ou
Steinitz n'assista pas (Zukertort), de Vienne (1882) (Steinitz
et Winawer ex œi/uo) , de Londres (1883) (1er prix Zuker-
tort). Il convient de dire que, depuis 1870, les joueurs fran-
çais n'ont pas pris part aux congrès tenus en Allemagne.
Les plus réputés des joueurs français sont aujourd'hui
MM. Arnous de Rivière et S. Rosenthal.
INSCRIPTION DE l'ÉCHIQI 1ER ET DES PIÈCES. — L'échiquier
est une planche divisée en soixante-quatre cases alternati-
vement blanches et noires. On le dispose de manière que la
case angulaire de la dernière ligne a droite du joueur soit
blanche. Bien que cette règle suit .^aiis inlluence sur la
marche même du jeu, il convient de l'observer, sinon on
se trouverait déplacer de droite à gauche et vice versa les
fous et la dame qui occupent une couleur déterminée.
Chaque joueur possède seize pièces dont la position au début
de la partie est représentée par la ligure 2. Ce sont : un
roi (le roi blanc sur la case cl , le roi noir sur la case e8),
une daine ou reine (dl et d8)s deux cavaliers (bl et gl,
b8 Si g8), deux tours (al et hl, a8 et h8), deux tous
(cl et II. cS et 18), huit pions (lignes 2 et 7).
Les pièces de la première ligue se nomment grosses
pièces, par opposition aux nions. Ceux-ci sont souvent dé-
signés d'après le nom des grosses pièces devant lesquelles
;
W/M
a8 h< c« d8 e8 t8 68 h8
a7 b7 c; d7 er t7 g; h7
i '//„ '//, ^J/,w/////i,,
Fig. 1.
ils se trouvent : pion du roi, pion du fou du roi, pion de
la tour du roi, pion de la tour de la dame, etc.
On remarquera qu'au début de la partie, le roi blanc est
sur une case noire, le roi noir sur une case blanche. Les
daines au contraire sont sur des cases de leur propre cou-
leur (régit reginacolorem).
Notation. La notation que nous suivons ici est celle de
Philidor; elle a été adoptée par La Bourdonnais dans son
traité. Elle est usitée presque universellement à l'étranger.
C'est la plus simple et la plus claire de toutes. Les cases
diverses de l'échiquier sont désignées au moyen d'un sys-
tème combiné de lettres et de chiffres, clairement indiqué
par le diagramme ci-dessus.
Fia. 2.
Comme tout coup consiste à mouvoir une pièce d'une
case à une autre, on indique la case d'où part la pièce et
la case où elle se place. Pour apporter encore plus de clarté,
ÉCHECS
— 2118 —
mi désigna les pièces du jeu par la lettre initiale de leur
nom : R, roi; I), dame; T, tour; F, fou; C, cavalier;
quand la notation du coup c'est précédée d'aucune lettre,
s'est le pion qu'il faut jouer. La prise d'une pièce est dési-
gnée ù la tin du coup par deux points (:) ou la lettre p.
entre les deux cases; l'echecauroi adverse par le signe +•
Le mouvement du roc est exprimé par 0 — 0 du coté du
roi, et par 0 — 0 — 0 du cote plus étenda de la dame.
Dans l'énoncé des coups, on commence par celui des blancs.
Le signe! représente le meilleur coup possible dans la
position ou l'on est arrivé; le signe? indique que le coup
est faible. Les journaux et périodiques fiançais adoptent
souvent une autre notation dans laquelle on se borne à
désigner la pièce qui joue par son initiale, et à noter sim-
plement la case où elle arrive. Cette case est désignée par
sa distance à la pièce qui occupe le bord de l'échiquier dans
la même ligne. Ainsi : C3FD, signifie que le cavalier joue
à la troisième case devant le fou de la dame : les coups
ci-après serviront de modèle comparatif entre cette nota-
tion et celle de Fhilidor.
Mat de l'écolier ou du berger.
Blancs
Pion à la 4e case du roi.
Fou du roi à la 4e case
du fou de la dame.
Daine à la 3e case du fou
du roi.
Dame prend le pion du
fou (Echec).
Noirs
Fion à la 4P case du roi.
Fou du roi à la 4° case du
fou.
Cavalier de la dame à la
3e case du fou.
Mat.
Kig. 3.
Mat du bercer. Position après le 3# coup
Ues noirs.
Blancs
Noirs
Blancs
Noirs
1.
P4eR
P4eR
i. e2 — e4
e7 — eo
2.
FK 4e FD
F 4e FD
2. Ff-1 — c4
Ff8 — co
:-,.
D 3e FR
CD 3e F
3. Ddt — f3
Cb8 — c6
4.
D p. PF (Ec)
Mat
4. Df3 p. n +
Mat
Mat du lion.
\.
P 3e FR
P 4e R
i . n — ra
eT — en
2.
P4eCR
DoeT(Ec
et mat)
2. g2 - g4
Dde — h4
-f- mat
Mat de Légal.
1.
P 4' R
P 4P R
i . e2 — ei
e7 — eS
2.
C 3« FR
P3M)
2. Cgi — f3
d7 — d(>
3.
F 4" FD
P 3e TR
3. FÏ1 — c4
h7— h6
4.
C3CFD
F 3e CD
4. Cbl — c3
Fc8-g4
0.
C p. PR
F p. D
5. Cf3 p. eB
iyi p. .n
(i.
F p. P (Ec)
R 2e R
6. Fc4 p. 17 4-
Re8 — e7
7.
c h* D
Mat
7. Cc3 — do 4-
Mat.
Marché de* plieet. I meuvent en
avant, en 'arrière ou de coté : les pions au contraire ne
peuvent qu'avancer. Le mouvement d'une pièce dans une
direction déterminée est arrêté s'il <-xist<- sur son tra-
jet une autre pièce; si eelle-ci est de la même eouleur, la
première ne peut pat la remplacer : mais, si elle est d'une
couleur différente, c-à-d. appartient au camp ennemi, elle
peut être prise. L;i pièce qui prend se met à la place de
celle qu'elle vient de prendre.
La tour se meut suivant une ligne droite, perpendicu-
lairement aux côtés de l'échiquier. Une tour placée en
do par exemple, peut aller sur toutes les cases de la
ligne d, ou sur toutes celles du rang 5, c.-d. en dl, d-J,
do, di, d(i, d7, d8, ou en a5, b5, >■'■<.
h5. On voit que sur un échiquier complètement libre
la tour commande 14 cases : mais, si sur la ligne d ou
sur le rang S il se trouve une pièce de m«me couleur
ou de couleur différente, la marche de la tour est entra-
vée. Supposons que la tour placée en do soit une tour
blanche et qu'il se trouve un pion noir en d7 et un pion
blanc en d2 ; la tour ne pourra pas aller occuper les cases
dl ou d8 qui sont derrière ces pions; elle ne pourra non
plus occuper la case d2 qui est occupée par un pion de sa
couleur ; mais elle pourra prendre le pion noir et se mettre
à sa place sur la case d7. Aux échecs, on n'est pas forcé
de prendre; on ne le fait que si on le juge avantageux.
Le roi ne peut se placer ou prendre que sur les cases qui
ne sont pas commandées par une pièce adverse.
Le fou se meut obliquement par rapport aux côtés de
l'échiquier; il reste, par suite, toujours sur la même cou-
leur. Un fou placé en do, pourra parsuite aller ena2, b3,
c4, e6, f7, g8, ou bien en a8, b7, c6, e4, f3, g2,hl.
Dans cette position, il commande 1 3 cases, mais si on l'ap-
proche du bord, il n'en commande plus que M, 9 ou 7.
Chaque joueur a un fou des blancs et un fou des noirs,
c.-à-d. un fou qui ne se meut que sur les cases blanches
et un autre qui ne se meut que sur les cases noires. Le
fou placé à droite de soi est nommé fou du roi, l'autre,
fou de la dame.
La dame ou reine se meut en droite ligne ou en ligne
oblique ; elle possède donc à la foie le mouvement de la tour
et celui du fou. C'est la plus forte pièce du jeu. Fne dame
placée en do commande 27 cases; quand elle se rapproche
du bord elle n'en commande plus que 25, 23 ou 2t.
La marche du cavalier est la plus difficile à comprendre.
11 ne se place jamais sur une case attenante à celle qu'il
occupe, il saute par-dessus cette case pour aller occuper
une des cases situées au delà et de couleur différente de
sa case initiale. S'il va des pièces situées sur une des cases
attenantes à sa case initiale, comme il saute par-dessus,
son mouvement n'est pas entravé. Si nous supposons un
cavalier en do, les cases sur lesquelles il pourra se placer
sont c3, e3, f4, f(i, e7, c7, b6, b4. On remarquera qu'un
fou ou une tour placée en do ne pourrait se rendre sur au-
cune de ces cases. Peu importe d'ailleurs qu'il y ait ou non
des pions sur les cases c4, d4, e4, eo, e6, d6, c6, co. Un
cavalier placé sur l'une quelconque des 12 cases du milieu,
commande 8 cases ; s'il est sur le bord ou sur les lignes
adjacentes, il n'en commande plus que (>, 4. 3 ou 2.
Le rot. Le but de tout le jeu est d'amener le roi dans
une situation déterminée qui sera définie plus loin et où on
dit qu'il est mat. C'est donc la pièce la plus importante du
jeu. Sa marche est très simple ; il va de sa case sur toute
case voisine sans pouvoir faire plus d'un pas. In roi place
en do peut aller en c4,di, e4. eo. et», dti. eti et co. Pour-
tant il ne peut pas se placer sur une case commandée par
une pièce ennemie. Dans un coin il commande 3 cases : sur
un des bords de l'échiquier 5 : sinon 8. Le roi a le droit
de faire une fois dans une partie une manoeuvre spéciale,
étudiée plus loin et nommée le roc.
Les pions. Au début de la partie se trouvent sur les
lignes 2 et 7 un ensemble de pions qui arrêtent toutes les
pièces à l'exception des cavaliers. Bien qu'isolément assez
S69
ÉCHECS
faibles, ils représentent dans Leur ensemble une des forces
principales de chaque camp.
Le mouvement des pions s'écarte de celui de toutes les
autres pièces et est assez anormal. Le pion ne peut taire
Ju'un pas et en ligne droite ; mais il prend obliquement à
roite ou à gauche. Soil par exemple un pion blanc placé
BU d8, une pièce noire en c6, nue autre en el», le pion
peut soit pousser en d6, soit prendre l'une des pièces cG
et e6. Si l'une des pièces noires avait été en dli, le pion
n'aurait pas pu la prendre. Le pion a la l'acuité, de sa place
initiale, de l'aire deu\ pas on axant : cet avantage a pour
effet de bâter le débul de la lutte en mettant plus rapi-
dement les pions adverses en contact. Toutefois, le pion qui
avance de deux pas s'expose à être pris en passant. Voici
ce que l'on entend par là. Soit un pion blanc en ev2, un pion
noir en f4. Le pion blanc, n'ayant pas encore bougé, peut
aller soit en e>, soit en e4. Mais dans ce dernier cas, comme
il saute par-dessus la case e3, que commande le pion noir
fi. celui-ci peut, s'il le juge convenable, le prendre en
passant, c.-à-d. l'enlever de l'échiquier et se placer lui-
même en e3. Cette règle, assez singulière et généralement
mal comprise des débutants, n'a été introduite qu'à la fin
du siècle dernier et n'est pas admise aujourd'hui, même en
Italie. Ce n'est pas d'ailleurs la seule particularité qu'offre
le pion. La suivante est d'une importance capitale. Quand
un pion atteint la dernière ligne de l'échiquier (c.-à-d. la
première ligne du camp adverse), il se change au gré du
joueur en telle pièce qui lui plait: dame, tour, cavalier, etc.
Peu importe que ces pièces existent encore dans le camp
auquel il appartient : par suite, il peut arriver qu'un même
jeu ait trois dames, trois cavaliers, etc.
V échec et le mat. Quand un joueur, au cours de la
partie, met en prise le roi de son adversaire, il est tenu
de dire : « Echec au roi » ou simplement : « Echec ».
Quand le roi est en échec et qu'il ne peut pas se mettre
hors de prise, on dit qu'il estinat. La partie est alors ter-
minée. Le but du jeu est donc de faire mat le roi adverse.
Il v a trois manières de parer à un échec, suivant les cas.
La* première consiste à prendre la pièce qui donne l'échec
(au cas, bien entendu, où elle est en prise). La secondecon-
siste à déplacer le roi. La troisième consiste à le couvrir
en interposant une pièce entre lui et la pièce adverse. On
remarquera que cette dernière méthode n'est pas applicable
si l'échec est donné par le cavalier. Si le roi mis en échec
ne peut employer aucun de ces trois procédés, il est mat.
Il y a deux manières de mettre le roi adverse en échec.
La première consiste à amener une pièce dans une position
où elle le menace. La seconde, qui est plus dissimulée, se
nomme échec à la découverte : ce n'est pas la pièce que
l'un déplace qui donne l'échec, mais elle en découvre une
autre qu'elle masquait. Ainsi, soit la position suivante:
Blancs: roi en ht, fou en g2, tour en fi$.
Noirs : roi en a8, tour en gK, pion en a7.
Il suffit aux blancs de déplacer la tour fH pour que le
fou g2 qu'elle masquait mette en échec le roi noir. Ce qui
rend l'échec à la découverte particulièrement dangereux,
c'est que la pièce que l'on déplace est libre d'occuper des
cases importantes et d'entreprendre des coups d'attaque,
rar l'adversaire est obligé de se couvrir contre l'échec et
se trouve souvent empêché de parer à l'attaque engagée
par la pièce déplacée. Parfois, en combinant les mouve-
ments de la pièce qui se déplacée! de celle qu'elle démasque,
on peut faire le roi adverse mat, en particulier si la
première pièce donne aussi échec au roi. C'est ce qui
arrive dans l'exemple donné plus haut si la tour blanche
joue de f3 en f'8. Si la tour ou le fou des blancs étaient
seuls, les noirs pourraient prendre l'un ou l'autre avec leur
propre tour, mais, par suite du double échec, le roi est mat.
Voici quelques autres positions qui montrent quels
résultats heureux on peut attendre d'un échec à la dé-
couvert'-:
Blancs : roi en hl , fou en f3, tour en ei.
Noirs : roiena8. dame en g7.
Le blanc joue sa tour de e4 en e7 : il met ainsi le roi
en échec par le fou f3 ; la dame par la tour e7. Celle-ci
est prise au coup suivant, et le blanc gagne.
Blancs : roi en hl, tour en al, cavalier en a5.
Noirs : roi en a8, tour en d8, pion en b7.
Le blanc joue son cavalier de ao en c(>, et donne l'échec
et le mat.
Blancs : roi en dli, fou en c!'>.
Noirs : roi en bS, tour ena8, pions en a7 et b7.
Les blancs jouent le roi de d(> en d7 et font les noirs
échec et mat.
Blancs : roi en (i, fou en fi, pion en d6.
Noirs : roi en b8, tour en eH, dame en h7, pions en
a7 et b7.
Les blancs jouent et gagnent.
Ainsi qu'il a été dit, le roi est obligé, s'il est mis en échec
par un cavalier qui n'est pas en prise, de quitter sa place.
S'il est complètement entouré de ses pièces,, il peut être
fait mat par impossibilité de se mouvoir. Ce cas se pré-
sente dans la position suivante, où c'est aux blancs à jouer:
Blancs : roi en a4, cavalier en b5.
Noirs : roi en a8, tour en b8, pions en a7 et b7.
Les blancs matent en jouant le cavalier en c7. C'est
ce qu'on nomme le mat à l'étouffée.
Le roc. D'après les principes du jeu, on ne peut remuer
qu'une pièce à la fois. Cette règle souffre cependant une
exception ; dans le roc, on déplace à la fois le roi et la
tour. Cette manœuvre a pour but d'enlever le roi du centre
du jeu, où il est souvent très exposé, et de le mettre dans
une position plus sûre dans un coin, aussi bien que de lier
les deux tours et d'augmenter ainsi dès le début les forces
offensives ou défensives du jeu. Un joueur ne peut roquer
qu'une fois au cours d'une partie, et ce droit est soumis à
certaines restrictions. Voici comment l'on roque. On amène
la tour près du roi, et l'on place le roi de l'autre côté de
la tour. On roque d'ailleurs aussi bien avec la tour du roi
qu'avec la tour de la dame. Voici par conséquent la posi-
tion des pièces avant et après le roc :
Blancs.
Noirs.
Noirs.
Roc avec
Avant :
Après :
S Avant :
( Après :
Roc avec la
D1 S Avant :
Blancs. , . .
f Apres :
Avant :
Après :
la tour du roi.
roi en el, tour en hl.
roi en gl , tour en f1 .
roi en e8, tour en h8.
roi en g8, tour en f8.
tour de la dame.
roi en el, tour en al.
roi en cl, tour en dl.
roi en e8, tour en a8.
roi en c8, tour en d8.
Pour que le roc soit permis, il faut : 1° qu'il n'y ait sur
la première ligne entre le roi et la tour aucune autre pièce ;
2° que ni le roi, ni la tour n'aient encore bougé depuis le
commencement de la partie ; 3° que le roi ne soit pas en
échec ; 4° qu'il ne traverse dans son mouvement aucune
case commandée par une pièce ennemie, qu'il ne se mette
pas en échec en roquant. Ainsi supposons que les blancs
aient un cavalier en e6 ; le roi noir sera par cela seul em-
pêché de roquer soit avec la tour du roi, soit avec la tour
de la dame, puisque le cavaliercommande les cases d8 et f8.
La manière de roquer que nous avons donnée est la
seule admise en France, en Angleterre, en Allemagne et
en Russie ; mais les Italiens admettent une grande va-
riété dans le roc ; ils substituent par exemple la tour au
roi et le roi à la tour.
Cas de nullité. Une partie ne se termine pas toujours
par le mat. Elle peut rester indécise dans divers cas : c'est
ce qui arrive quand aucun des deux joueurs n'a les forces
nécessaires pour mater son adversaire. Ainsi, s'ils se
trouvent tous deux en présence avec le roi ou une autre
pièce, ou bien le mat est impossible, ou bien il ne le se-
rait que par une grave inadvertance de l'un d'eux. Souvent,
ÉCHECS
- 270 -
malgré un avantage do fore», le mat n'est i>as possible :
c'est le cas de roi et (bu ou de roi et cavalier contre roi
seul.
La partie sera également déclarée nulle t\ les deuj
joueurs répètent indéfiniment les mêmes coups. Le cas le
plus cucjeui est celui de l'échec perpétuel. Supposons la
position Bnivante :
lîlancs : roi en bl, pions en a2, Iri, e-2, tour en b3,
fou en a(i.
Noirs : roi en a8, tour en e8, pions en a7 et c7, dame
en d2, tour en h"l.
Les blancs jouent et annulent la partie, qu ils seraienl
certains de perdre par un éehec perpétuel :
Blancs Noirs
1. Fa6— b7 4- Ra8 — b8
2. Fb7 — aO-H RbX — a8
3. Fafi — b" + etc.
On voit par là que, dans les positions difficiles, il fau1
examiner soigneusement si l'on ne peut annuler par un
échec perpétuel. En voici deux autres exemples :
Blancs : roi en gl, pions en f"2, h2, g3, dame en f(i.
Noirs : roi en g8, tour en f'8, pions en f7, Ii7, tour
en ei, dame en bl, fou en dl.
Les blancs jouent
Blancs Noirs
1. Dfô— g5+ H-x-ii.x
2. Dfo— g(i-|- Rh8 — g8
3. Df6 — gS -[■ etc.
Blancs : roi en bl, tour en el, cavalier en gl, pion en
gu2, dame en h2.
Noirs : roi en g8, pions en f7, g7, fou en b(i, cavalier
en h3.
C'est aux noirs à jouer.
BUmcs Noirs
1 Ch3 — f2 -f
2. Rhl — gl Cf2 — h3 +
3. Rgl — ht Ch3 — f2 -f etc.
La partie est encore nulle dans les deux cas suivants :
si un joueur, à la tin de la partie, bien que possédant des
forces suffisantes pour forcer le mat n'y réussit pas après
cinquante coups prescrits d'avance et comptés suivant les
règles du jeu, — nous reviendrons plus loin sur ce cas, —
et enfin si le jeu est pat.
Le pat. Quand le joueur au tour duquel c'est à jouer
n'est pas en échec et qu'il ne peut pas déplacer son roi
sans le mettre en échec, il est pat. Ce qui distingue le pat
du mat, c'est que le roi n'est pas en échec. La partie est
déclarée nulle dans ce cas.
Une position de pat qui se présente souvent dans la
pratique est la suivante : roi noir en b8, roi blanc en b6,
pion blanc en b7. C'est au noir à jouer, il est pat. Voici
encore une autre position de pat pour les noirs : roi blanc
à volonté, dame blanche en b(j, roi noir en a8. Il arrive
parfois que l'on réussisse en sacrifiant des pièces à se faire
faire pat au lieu de perdre la partie. Voici trois posi-
tions de pat empruntées à des parties réellement jouées.
C'est aux blancs à jouer dans le premier cas, aux noirs
dans les deux autres :
Blancs : roi en aî>, pion en d3.
Noirs : roi en a7 ; pions en b7, c6, ef), fo ; dame en d i .
Blancs : roi en f8, fou en ci, pion en bl. four en el,
Noirs : roi en hl, fou en gl, cavalier en g2, tour en
h2, pion en lui.
Blancs : roi en dG, pions en b2 et a3, cavalier en e6,
fou en go.
Noirs : roi en e8, tour en f", pions en a4 et b3.
A la marche des pièces se rattachent deux problèmes
curieux :
Problème du cavalier. 11 faut que le cavalier parcoure
toutes les cases de l'échiquier une fois seulement et que
de sa case finale il puisse revenir à sa case initiale. Ce
problème a longtemps passé pour très difficile. De grands
mathématiciens, comme Euler, s'en sont occupés. On en
connaît aujourd'hui diverses solutions, l'une, des plus
simples, s'obtient pur la règle suivante : « Placez <haque
fois le cavalier dans la case d'où il peut sauter sur le plus
petit nombre de cases encore inoccupé .
Problème des huit (lames. Placez sur l'échiquier huit
dames sans qu'aucune soit en prise des autres. Le nombre
des suintions est de quatre-vingt-douze. En voici une :
placez les dames en m, cl. a3, il. b5, e6, g", d8.
Valeur des diverses pièces. La valeur des pièces dépend
de leur position, mais on peut admettre d'uni; manière gé-
nérale que la dame vaut huit pions,, la tour Quatre pions,
le fou ou le cavalier trois pions. Par suite, lu dame peut
être échangée sans désavantage contre >kux tours et le fou
contre le cavalier ou réciproquement.
I!i CLES ni' JEU. — Il serait à désirer que les règles du
jeu fussent établies par un congrès international de joueurs
et acceptées universellement — I. L'échiquier doit
disposé de sorte que la case angulaire a gauche de chaque
joueur soit une case noire. Si l'échiquier a été mal placé,
on devra le remettre dans la bonne position avant que le
quatrième coup ait été joué, mais non après. — II. Si
une pièce a été mal placée ou n'a pas été placée du tout
sur l'échiquier, la partie est annulée. Si l'erreur a eu lieu
au cours de la partie, il faut remettre les choses en étal
ou, si on ne le peut pas, déclarer la partie nulle. — III. Le
droit déjouer le premier est tiré au sort; si deux joueurs
font plusieurs parties de suite, ils jouent alternativement.
— IV. Une pièce touchée doit être jouée à moins que le
joueur au moment de toucher ne dise : « J'adoube. » —
V. Si un joueur touche une pièce de son adversaire sans
dire : « J'adoube » ou tout autre mot en ce sens, son adver-
saire peut l'obliger à prendre, ou, si les règles du jeu s'y
opposent, à jouer son roi. — VI, Si un joueur fait uue
fausse marche, son adversaire peut le forcer ou de laisser
la pièce sur la case ou il l'a placée, ou de la mettre, selon
les règles du jeu, sur une autre case, ou de jouer son roi en
remettant la pièce à sa place. — VII. Si un joueur, sans
dire échec attaque le roi adverse, celui-ci n'est pas obligé
d'y faire attention. Si le roi a été en échec [tendant plusieurs
coups, on doit remettre ces coups. — VIII. Si un joueur
reste à la fin d'une partie avec tour et fou contre tour, ou
avec un cavalier et un fou contre le roi ennemi dépouillé,
il doit le faire mat en cinquante coups, sinon la partie est
réputée nulle. Les cinquante coups commencent à partir
du moment où l'adversaire annonce qu'il va les compter.
Cette règle s'applique également quand il s'agit de faire
mat avec des pièces seulement, telles que la reine contre
une tour, etc. — IX. Si une question litigieuse s'élève,
on peut la soumettre aux plus habiles et aux plus désinté-
ressés des assistants.
La mana'uvre des pièces ne peut guère s'apprendre que
par la pratique. On peut pourtant donner à cet égard cer-
tains préceptes généraux.
Le roi. Toutes les combinaisons du jeu ont le roi pour
objet. Celui-ci se distingue de toutes les autres pweee
par le fait qu'il ne peut être pris et par la faculté qu'il a
de roquer. Le roc change souvent complètement le carac-
tère d'un jeu. En permettant au roi menacé de se mettre en
sûreté, il décide du gain ou de la perte de la partie. En
générai, il est avantageux de roquer de bonne heure, afin
de se servir dos fours. Toutes les forces du jeu peuvent être
consacrées à l'attaque ou à la défense, tandis que le roi a
sa place empêche la concentration des pièces. Il vaut
mieux roquer en général avec la tour du roi qu'avec la tour
de la dame ; la première opération est plus prompte, car
elle nécessite simplement le déplacement d'un fou ou d'un
cavalier, tandis que la seconde exige aussi celui de la
dame. De plus, dans le roc avec la tour de la dame, le
pion du coin n'est pas protégé. Pourtant, ce mode de
se recommande dans divers cas : par exemple, si l'on veut
diriger avec les pions du coté du roi une attaque vers le
roi ennemi qui a roqué avec sa propre tour: ou inverse-
— -27 1 —
ECHECS
nient, si l'on craint une attaque dos pions ennemis sur
l'aile >i il roi. Parfois, on renonce an roc en plaçant
le roi SUT la case H (f7), OU il peut se trouver mieux qu'en
.11 suit de la qu'on s efforcera en général d em-
pêcher le roc du roi ennemi. Si on l'oblige à se déplacer,
il peut arriver qu'il s'oppose ainsi au développement de la
tour. Parfois, au contraire, le roc offrira à l'adversaire
une occasion qu'il utilisera. C'est ainsi qu'un échec donné
en même temps au roi et a la dame au moyen d'une tour
ou d'un cavalier peut être très dangereux. Jusque vers le
milieu île la partie, surtout si les dames n'ont pas été
échangées, il est mauvais de conduire le mi au milieu du
jeu, ou il est trop exposé. Au contraire, après l'échange
des daines, on amène souvent le roi vers le milieu du jeu,
comme les autres pièces, et la manière dont mi le manœuvre
décide souvent du gain du jeu.
La dame. C'est la plupart du temps la daine qui décide
de l'issue du jeu. On évitera de la sortir trop lot, car elle
serait exposée à l'attaque des pièces moins importantes de
l'adversaire et pourrait être perdue ou forcée de rentrer
dans ses lignes d'une manière désavantageuse. Il vaut
mieux commencer l'attaque avec, les autres pièces et l'ap-
puyer au moment décisif avec la dame. I.e moment ou elle
intervient dans une partie en marque souvent le moment
critique. On évitera de prendre des pièces avec la daine
si cette opération l'éloigné du jeu au point de la laisser
couper de ses propres forces et de laisser 1 attaque à la
dame ennemie. Pour éloigner ainsi la dame adverse de son
camp, un bon joueur sacrifiera au besoin des pions ou des
figures, l.a force de la dame équivaut à celle de deux tours;
on peut faire l'échange, le cas échéant, sans désavantage.
Au dehut.au milieu du jeu, la dame se trouve très bien
sur sa propre case dl (do), ainsi que sur les cases ci (cl)
et b3 (bli). Certains gambits offrent une exception à ces
règles : car la dame peut y être placée de très bonne
heure en h.4 (ho).
/.// tour. La tour est, après la dame, la figure la plus
lorte. Dans les ouvertures, sa marche est entravée par les
pions et les figures qui l'entourent. In bon joueur s'effor-
cera de la dégager rapidement et de la mettre en rapport
avec la seconde tour. Au milieu du jeu, les tours sont bien
placées sur des lignes d et c. L'action de la tour est d'au-
tant plus efficace que les lignes qu'elle commande sont plus
libres ; si l'on a deux tours qui se soutiennent et dont l'une
s'est emparée d'une ligne libre, et si l'adversaire lui oppose
de même sa première tour soutenue par la seconde, il
Bfl faut pas faire l'échange, mais le lui laisser faire, car
on reprend avec sa propre tour et Ton commande de nou-
veau la ligne libre. Si l'on ne peut pas faire entrer enjeu
une tour au moyen du roc, on avancera les pions qui
sont devant elle pour lui faire de la place. Quand les dames
ont été échangées, les tours décident souvent du sort de la
partie en se plaçant sur la rangée des pions (rangée i ou
6). Il est important dans les fins de partie, quand la tour
commande des lignes libres, qu'elle retienne le roi sur le
fond de l'échiquier. La tour est, avec la dame, la seule
pièce qui puisse, aidée par le roi, faire le roi adverse mat.
Le fou. Les deux fous de chaque jeu se meuvent sur des
cases de couleurs différentes. Le fou du roi est souvent
amené dans les débuts de parties sur les cases c4 (co), ou
il menace le pkw f? (15), qui n'est protégé que parle roi et
où il peut empêcher le pion de la dame d'avancer en d'i. Si
le roi adverse a roqué, le fou du roi sera bien placé en 43
(d6), ou il menacera le point in (h2), d'habitude protégé
par le roi adverse seul. Le second fou ou fou de la dame
sert souvent, dans le début, à la défense. On le place par-
fois en oM (e3) si le fou adversaire s'est mis en c4 (c5)
pour l'attaque. Leconcoursdes dem fous permet de diriger
des attaques très vigoureuses contre le côté oh le roi ennemi
a roqué. 11 est sonvenl désavantageux d'en échanger un
contre un cavalier ennemi. Pourtant les fous et les cavaliers
sont réputés pièces de même force; leur utilité relative
dépend essentiellement de la tournure du jeu. Si l'on a
moins de pions que l'adversaire, on cherchera à conserver
ses fous, car ils sont très aptes à arrêter les pions ennemis.
Le CUOalier. Ce qui rend le cavalier dangereux, c'est sa
faculté de sauter par-dessus les pièces de son camp ou du
camp adverse. Aussi sa puissance relative diminiie-t-ello
quand il j a un grand nombre de pièces échangées. On
développe souvent le cavalier du roi en P (f(i), d'où il peut
se rendre en e'i (e4) ou g"> (g6) pour menacer t'7 (f2) ou
lu (lri). Dans les lins de partie, le cavalier a sur le fou
l'avantage de pouvoir prendre les pions ennemis sur les
deux couleurs, mais, d'autre part, il est moins apte à les
empêcher d'avancer.
Les //ions. Nous avons vu toutes les anomalies qui ca-
ractérisent la marche du pion : la nécessité de toujours
avancer, la différence entre la manière dont il avance et
celle dont il prend, le droit de prendre en passant, la
faculté de faire dame en atteignant la base du camp en-
nemi. Mais ce ne sont pas les seules rauses qui rendent
la conduite des pions particulièrement délicate. Souvent on
est amené à sacrifier des pions pour dégager des pièces, et il
y a toujours lieu de se demander si l'amélioration de la
position compense le sacrifice du pion. Philidor prescri-
vait de ne pas placer les cavaliers t"A (f6) ou c3 (co) avant
d'avoir avancé les pions des fous de deux pas, mais cette
règle est absolument abandonnée aujourd'hui. La force des
pions augmente à mesure qu'on se rapproche du centre de
l'échiquier. Les pions des coins sont les plus faibles; ceux du
centre les plus forts. Si l'on a le choix, on prendra donc
de préférence des côtés vers le milieu. Les deux pions du
milieu sont bien placés au début en c4 (c5), d4 (do),
cases où ils gênent les pièces ennemies. En général, on ne
doit pousser un pion très en avant que s'il est soutenu par
d'autres pions. La force des [lions tient en grande partie à
leur faculté de se soutenir les uns les autres par le côté.
C'est pourquoi un pion doublé peut être à peine plus effi-
cace qu'un seul pion. On évitera d'acquérir par des échan-
ges des pions doublés, sans oublier pourtant que, s'ils
peuvent être échangés facilement, ils sont tout aussi forts
que d'autres. Les pions ayant le droit de faire dame, il est
très avantageux d'avoir des pions passés. Si l'on a un pion
passé, on cherchera à le soutenir au moyen d'autres pions,
sinon il serait facilement enlevé par les pièces de l'adver-
saire. Au début et au milieu de la partie, les pions sont
consacrés à l'attaque du camp adverse et à la défense de
leur camp. A la fin du jeu, au contraire, on cherche sur-
tout à les conduire à dame.
Exemples de parties. — Avant d'aborder la théorie
des ouvertures, donnons deux exemples de parties avec
annotations.
Première partie :
Blancs Noir«
1 . e2 — «A
Bon coup de début, par lequel les blancs dégagent le fou
du roi et la dame. De plus, le pion e, que le pion d peut
venir bientôt soutenir se trouve avantageusement placé sur
cette case, soit pour aller plus avant, soit pour repousser
les pièces ennemies.
1 e7 — e5
Riposte juste. Les ripostes c7 — co ou e7 — e(i sont
également correctes ; mais elles conduisent à un jeu plus
lent.
2. Cgi — f3
I ne des meilleures attaques. Le cavalier f3 menace en
effet le pion e'i, et peut se rendre soit en e.'i soit en g.S
pour attaquer le point f7.
2 Cb8 — c6
La meilleure riposte. Le pion eo est gardé, et le cava-
lier cli est en même temps amené dans le jeu.
3. Ffl —ci
C'est ici la meilleure place au début du jeu pour le fou
du roi, car il menace le point le plus faible du jeu ennemi,
c.-à-d. le pion f7 qui n'est gardé que par le roi. Tant que
ÉCHECS
-272
l'adversaire n'a pas roqué, il convient d'attaquer le point n.
3 FI8 — eS
Riposte correcte : le fou noir menace de même le point
faible du jeu blanc.
4. C2 — C3
afin de jouer ensuite d2 — (14 et de former un centre.
Deux pions cote à cOteau centre du jeu sont très ellicaces;
ils gênent le mouvement «les pièces ennemies, et mena-
cent eux-mêmes de s'avancer dans le camp adverse.
4 Cg8 — fô
Riposte correcte.
5. d2 — d4
Les blancs ont formé un centre.
5 e5 p. d4
6. c3 p. d4
Les blancs pourraient jouer aussi e4 — e5, à quoi les
noirs riposteraient d7 — d5. Tout ce début de partie est
classique ; il se nomme guioco pimw.
6 Fc5 — b4-f
7. CM — c3
Le coup correct dans cette position est Fcl — d2.
7 Cf6 p. e4
Les noirs peuvent prendre ce pion avec leur cavalier,
car le cavalier c3 ne peut remuer sans découvrir le roi.
8. 0 — 0 Ce4 p. c3
Il vaudrait mieux prendre avec le fou et roquer.
9. b2 p. c3 Fb4p. c3
Une faute qui montre bien combien il est dangereux de
prendre sans examiner les conséquences.
•10. Ddl — b3
Les blancs pourraient jouer Fc4 p. f7 -f puis Ddl — b3 -\-
et regagner ainsi le fou et le pion perdu, mais ils jouent de
manière à laisser faire aux noirs une faute encore plus
grave. Ceux-ci, en effet, ne peuvent prendre la tour
al qu'en compromettant leur jeu comme le montrera la
suite.
10 Fc3 p. al
11. Fc4p. f7 Re8— f8
Si les noirs jouent Re8 — e7 , les blancs gagnent la dame.
12. Fcl — g5 Cc6— e7
Les noirs n'ont pas d'autre moyen de protéger la dame.
Cc6 p. d4 est une contre-attaque illusoire. Sans doute, si
le fou g5 prenait de suite la dame d8, le cavalier c4 pren-
drait la dame b3, mais les blancs joueraient Db3 — a3 +,
tireraient ainsi leur dame d'affaire et prendraient la dame
noire le coup d'après.
13. Cf3— e5
Les blancs pourraient jouer aussi Tfl — el, qui leur
assurerait également la victoire, mais le coup adopté est
plus élégant.
13 Fal p. d4
La variante d7 — d5 sera examinée plus loin.
14. Ff7 — g6
Ce fou ne peut être pris. Sinon les blancs materaient en
17 avec la dame.
14 d7— do
15. Db3 — 13 -f Fe8 — f5
16. FgO p. f5
On voit pourquoi au quatorzième couples blancs ont placé
le fou en g6.
lli Fdl p. e5
17. Ffô — e6+ Fe5 — f(>
•18. Fg5p. f6 si p. fô
19. Df3 p. fô+ Rf8 — e8
20. Df6 — f7 -f- et mat
Variante : supposons qu'au treizième coup les noirs
aient joué d7 — dS au lieu de Fal p. d4.
14. Db3 — fô Fc8 — fS
Les noirs n'ont pas d'autre coup pour se protéger contre
l'échec, ;'i la découverte, car s'ils retiraient le cavalier e7,
les blancs prendraient la dame.
15. Ff7 — e(i
afin de prendre au coup prochain le fou f5.
13 f — g<;
16. l'g-'» — h'i 4- ni*— el
17. Fe6 — f7 -f mat
Deuxième partie :
Blancs Noira
1. <■•! — ei el — <■'■!
2. Cgi — 13 Dd8 — f(i
Ce coup de» nous est médiocre, car il amène trop tôt la
dame dans le jeu.
3. lfl — c4 Dffi — g(i
Les noirs menacent à la fois les pions g2 et e4. Mais on
va voir combien il est facile aux blancs de repousser
l'attaque.
4. 0 — 0 DgG p. e4
Une faute.
... Ici p. 17 + Re8 — d8
Si les noirs avaient pris le fou, les blancs prenaient la
dame noire avec Cf3 — go.
(J. CS p. (■■> " <^8 — f6
Si les noirs prenaient le cavalier e5, les blancs joueraient
Tfl — el et prendraient la dame ou donneraient le mat
en e8.
7. Tfl— el De4 — S
8. Ffl — g6 h7 p. g6
Si les noirs jouent leur dame en e6, les blancs jouent
Ce5 — f7 -f- et prennent la dame.
9. Ce5 — f7 -f et mat
Variante : au cinquième coup, les rois pourraient jouer
Re8 — e7. Le jeu se poursuivrait ainsi :
6. Tfl— el De4 — f4
7. Tel ]i. e5 -(-
On va voir que si les blancs laissent le fou f7 en prise,
c'est que la prise de celui-ci entraine la perte du jeu pour
les noirs.
7 Re7 p. fï
8. d2 — d4 D1'4 — f6
La dame n'a pas d'autre coup. Si elle jouait Df4 — g4,
elle serait perdue par Cf3 — g5 -f .
9. Cf3 — g5 -f Rf7 — g6
10. Ddl — d3 -f- Rg6 — h5
Si le roi allait en h6, les blancs le feraient mat par
Cg5-f7.
11. g2 — g4 + Rh5 p. g4
Si le roi va en hi, les blancs le font mat par Dd3 — h3.
S'il joue en h6, il est mat de même par Csjo — f7 -f .
12. Dd3— h3 -f et mat . . . . .
Nous examinerons successivement la théorie des débuts
de partie ou ouvertures et la théorie des fins de partie.
Théorie des ouvertures. — Nous diviserons les ouver-
tures en deux grandes catégories : les parties ouvertes,
dans lesquelles les blancs qui débutent avancent le pion du
roi de deux pas (1 . e2 — e4) et les noirs ripostent de
même (1 e7 — eo); suivant le second coup des
blancs, on a trois grandes subdivisions : parties du cava-
lier, les blancs jouent 2. Cgi — 13; parties du fou, les
blancs jouent 2. Ffl — ci; gambit du roi, les blancs
jouent 2. f2 — f4; et les parties fermées ou les blancs
jouent encore 1. e2 — e4, mais les noirs ripostent
1 e7 — efj (partie française), ou 1 c7 — c'i (par-
tie sicilienne) ou tout autre coup ; ou bien les blancs ne jouent
pas : 1. e2 — ei, mais 1. d2 — d4 ou 1. f7 — fa, etc.
1. Parties du cavalier. — Ces parties sont caractérises
par les coups :
Blancs Noirs
1 . e2 — e4 e7 — eo
1 . Cgi — f3
Nous allons' étudier d'abord quelques répliques peu
correctes des noirs :
Défenses irrégulières dans la partie du cavalier du
roi : gambit de Datniano.
Blancs Noirs
1 . e2 — el e7 — eS
2. Cul
13
n — ft;
— 273 —
ECHECS
Los joueurs inexpérimentés poussent souvent le pion
17 — fG pour soutenir le pion eS. Mais ce coup est mé-
diocre, car les blancs, en plaçant leur ion en ci empêchent
le roc du roi noir. An lieu déjouer immédiatement ce fou,
ils peuvent même prendre le pion eS avec leur cavalier. Si
li'> noirs reprennent le cavalier, leur jeu est ruiné, comme
le montrent les coupa suivants :
;>. Cf3 p. e5 (6 p. eS
;. Ddl— hS + £j7 — mi
5. DhS |>. eS + Dd8 — e7
6. DeS p. h8
Les blancs prennent la tour et ont l'avantage.
Première variante : les DOITS, au lieu île jouer g 7 — gG
au quatrième coup, déplacent le roi en e7 :
'. lieS— e7
S. DhS p. eo -\- Re7 — 17
G. Ffl — c4 -f Rfï — gG
7. DeS— fS -f Rg6 — h6
8. d-2 — di -f gf — gS
9. nS — hi d7 — d5
10. Dfo — 17
Les blancs donneront le mat avec h4 p. go -f-
Deuxième variante : dans la variante précédente, les
noirs, au lieu déjouer au sixième coup Rt7 — gG, peuvent
avancer de deux pas le pion de la dame :
6 (17 — do
7. Fc4p. dS-f Rf7 — gG
8. h-2 — h4 Ff8 — d6
9. h4 — hS4- Rg6 — hG
10. d-2 — d4 + gf— g5
1 1 . ho p. gG ■+ Khti p. g6
1-2. De5 — h5 + RgG — fo
13. DhS— fT ' f et mat
Si les noirs au huitième «coup jouent lu — hG ou
U7 — ho, les blancs jouent FdS p. b7. Le fou ne peut
être pris, car les blancs donneraient échec avec leur dame
en fo.
On voit par là combien il est funeste pour les noirs de
prendre le cavalier blanc au troisième coup. Une fois la
faute de tirer 17 — Ri commise, ils jouent pour le mieux
Dd8— e7.
Défense FfS — d€. Ce moyen de soutenir le pion eo
est mauvais, car le fou en dO empêche d'avancer le pion
d7 et, par suite, arrête le fou c8 et toute l'aile de la dame.
1 . ew2 — e4 e7 — e5
-2. Cgi — f3 Ff8-dii
3. Ffl — c4 Ce8_t<i
4. d-2-d4 .....
Les blancs menacent de gagner une figure avec d4 p. eo.
4 Cfô p. e4
Si les noirs jouaient eo p. d4, les blancs riposteraient
e4 — eo et gagneraient une pièce.
li p. eo
FdG — c')
Les noirs dirigent une nouvelle attaque sur le point 12;
mais cette attaque est médiocre, comme le montre la
suite.
6. Ddl — do
La dame attaque le cavalier e4 et menace de donner le
mat en h .
(i FcS p. H -f
7. Kcl — e-2 0 — 0
8. Ddo p. e4
et b-s blancs ont gagné une pièce.
Défense DdS — fG. Une variante de ce début a été
proposée a titre d'exemple.
1 . e-2 — e i e7 — e'i
-2. Cgi — « Dd8 — f6
3. Ffl — c4 FfS— co
4. c2 — c3 Cb8 — c6
■>. d2 — di eS p. di
6. e4 — eo Dl'G — g6
A Cc6 p. eo, les blancs riposteraient Ddl— e-2, puis
c3 p. d4.
ÔKA.SDK LNCÏCLOPKDIK. — XV.
7. (■;; p. di Dg6 p. g2
8. Tbi— ni FcS — bi +
!i. CM-,''» Dg2 — b.'i
10. Fci p. 17 +
et les blancs ont le meilleur jeu.
Défense tll — ,/.>. Ce coup n'est pas incorrect, mais
il est un peu aventureux. Pourtant, si les deux adver-
saires jouent correctement, il amène a un jeu égal.
1 . e2 — e4 e7 — eo
2. Cgi— f3 d7 -do
3. Chip, eo DdS — e7
i. (12 — d4
Contre-gambit dans la partie du cavalier du roi.
Les noirs peuvent riposter 17 — f.'i à Cgi — fiî. Ils offrent
un pion pour former une contre-attaque. Si les blancs
prenaient le pion en jouant e4 p. fo, ils iraient au-devant
des desseins des noirs, comme le montre la variante sui-
vante :
1 . e-2 — e i e7 — eo
± Cgi — fô 17— fo
3. eip. f5? d7 — d6!
4. d"2 — d4 eo — ei
."i. Ddl — ci
Siles blancs jouentCl'3 — g5, les noirs ripostent Fc8 p. fo.
5 DdS — e7
6. Cfô — g.'. CgS — fG
Fc8 p. l'5 serait suivi de De-2 — bo -f ; et dG — d.'i, de
De2 — ho + .
7. g2 — gi h7 — h5
8. Ffl — b3 ho p. g4
!>. Fh3 p. g4 g7-g6
Si les blancs prennent gG, les noirs enlèvent le fou g4.
Cette position est caractéristique de ce genre de gambits.
10. Cgo — eG gG p. f5
11. CeG p. fS Re8p. f8
1^2. Fcl — go
Les blancs n'ont pas de moyen de sauver le fou g4.
1-2 fo p. gi
13. Cbl— c3 De7 — 17
Les blancs menaçaient de Cc3 — do.
14. Fgo p. t'G D1'7 p. fG
15. Ce.! — do Dl'G— 17
16. De-2 p. e4 Fc8 — fô
et les noirs ont une figure de plus.
Mais, si les blancs, au troisième coup, au lieu de jouer
c4 p. fo, jouent Cf3 p. eo ou Ffl — c4, ils s'assurent au
contraire le meilleur jeu.
1 . e2 — e4 e7 — e5
-2. Cgi— fô 17 — fo
3. Cfô p. e.'. ! Dd8 — fG
l'mir le mieux.
4. d-2 — d4 (17— dG
.'i. Ceo — c4 fô p. e4
6. Cbl — (-3 FcS— fo
7- g2— g4
En général, il n'est pas bon d'avancer trop tôt les pions
g et h. 11 convient pourtant de le faire si, comme ici, on
doit en retirer quelque avantage.
7 Ffo — gG
8. Ffl — g2 (7 — cîi
Les noirs veulent, après échange des fous, attaquer
avec dG — do les deux cavaliers, mais le résultat est mau-
vais.
9. l'g^ p. ci Fg6 p. c4
10. Cc3 p. e4 Dl'G — eG
1 1 . Dd I — c2 dG — do
12. Cei — fG -}- Re8 — 17
Si le roi allait en e7, les blancs joueraient CfG p. g8.
13. Cri— e'i -f-
Les blancs sacrifient le cavalier fG et bientôt après une
autre pièce. On verra pourtant que l'avantage de position
qu'ils eu tirent est décisif.
1S
ÉCHECS
- 274 -
13.
un p. fô
Rf6 p. gS
14. Fd - g5 +
15. 11.-2-1:1
Le coup décisif qui justifie le sacrifice des deux pions.
La dame placée en f:> coupe la retraite au roi unir :
18 h" — li.'i
16. Iri — hi-)- Rg5 — h6
17. gi — g.". 1 Hhli — In
g4 — gS |-
18. g:>-g<i-|
19. Itl'.'i — 14 -j
Mi7 — li*i
el mat.
Partie de la défense Philidor. Le coup 2 d7 — d6
contre 2. Cgi — f3 représente une défense très sûre ; elle
conduit toutefois i un jeu un peu lent. Elle a été recom-
mandée par Philidor, d'après lequel elle assure l'avantage
aux noirs : mais cette opinion parait excessive,
t. e2 — c'i e7 — e5
2. Cgi— f3 d7 — diî
3. (12 — d4!
Ceci est, avec Ff 1 — c4, la meilleure manière pour
les blancs, de continuer l'attaque.
3 F7 - fS
Ce coup îles noirs est très intéressant. C'est celui qui
doit, selon Philidor, leur assurer l'avantage; niais les
théoriciens modernes ne partagent pas son avis, et les coups
Ffl — c4 ou eS p. (14 sont généralement préférés.
4. (14 p. e5
Si les blancs jouaient e4 p. fS, les noirs prendraient
l'avantage. On retomberait, en effet, dans une variante
analogue à l'une de celles examinées précédemment (contre-
çambit dans la partie du cavalier du roi).
4 f5 p. e4
5. Cf3 — gS d(i — d.'i
A dli p. e5, les blancs riposteraient Ildl p. d8 et
Cg5-f7 + .
6. eo — eo
Joli coup qui assure un certain avantage de position aux
blancs, qui menacent maintenant déjouer Cg5 — f7.
(i CgS— bli
(i Ff8 — cS est joué dans une partie donnée plus bas.
7. Cbl — c3 .....
Au mieux. Les blancs pourraient encore jouer CgS p. h"
dans l'intention, si la tour prend, de donner échec avec la
dame en ho ; mais les noirs, au lieu de prendre le cavalier,
joueraient Fc8 p. e6 et s'assureraient un jeu égal.
7 c7 — c6
8. CgS p. e4
Ce sacrifice assure aux blancs une forte attaque.
8 do p. e4
9. Ildl — h5 -f g7 — g6
Oh,-; _ eS Th8 — g8
I cl — gS Ff8 — g7
eli — e7 ! Dd8— d7
Deo-f4! H.17 — fo
Fgo— h6 Fc8 — eti
O_O — 0 Dfo — f4 + .ete.
et la partie des blancs est un peu meilleure.
Au lieu de jouer au troisième coup fi — fo, les noirs
peuvent poursuivre par e.> p. d4.
\ , e2 — 0 ', e7 — eo
Cgi— f:; d7 — dii
dî — d'. eS p. d4
Ildl ].. d'. I-VS — (17
Pcl _ e3 Cg8 — ft>
■ eli. les blancs ripostent 6. Dd4 — (12 et à
7. Cg8— f6, Ffl — d3 et les jeux s'égalisent rapidement.
(i. Cbl — c3 Fffi — e7
7. Ffl— c4 Cl>8— eli
8. Dd4 — d2 Cc6 — eS
!i. Cf3 p. eS dli p. e.'.
10. O — o 0 — 0
et les jeux sont égaux.
Ces blancs, au lieu déjouer au troisième coup d2 — d4.
peuvent joiur III — c4.
10.
11.
12.
13.
14.
1o.
2.
3.
4.
5.
A Ch8-
1. A — tA
■>. eut — n
;t. j ii — «4
4. dâ — (14
:,. Cf3p.<14
t.. CM— c8
7. O — o
JelIX égaux.
Baumes
Blanea
i. e2 — e',
2. Cgl-f3
3. Ai — dl
'i. dî p. i-.'i
.'>. ct'.'i — g5
li. eo — el)
7. CgS — fi
8. Fcl — e3
9. Ie:;_..,
10. CI7 p. h8
11. III— e'.
12. Cb8 — f7
13. Thl — fl
14. f2-f3
Faute grave, dont les noirs tirent parti d'une manière
très brillante.
14 — b4
15. Cbl— a3 FcSp. efi
Début d'une combinaison décisive.
Il —
.17 -
d6
m -
— e7
eo D.
Cgi-
(1 —
di
0
'Ml N
i.IU IM
Noira
e7 — e.'i
.17-
dli
17-
fS
i:. p
d6-
-do
Pf8-
— cS
Dd8
— f(i
d.>-
-d'.
Df6
-i:>
W5i
CM
i. g:.
— c6
Dg8
CgS
-M
Fig. 4. — Position de la partie après le 15» coup des blancs.
16. Fcl p. eli Cl.'. —.13-f
17. Ildl p. d3
c2 p. do serait suivi du mat en deux coups.
17 e4 p. (13
18. 0—0 — 0 Fc5 p. a3
19. Feli— b3
\& dame menaçait de donner le mat en c2.
19 d3-d2 +
20. Roi — bl Fa3 — oB
21. Cf7 — e5 Re8 — f8
22. Ce,'. — d3 TaS — e8
23. ('..13 p. e.') DgSp.0
Les blancs abandonnent.
Partie russe ou partir dé la défense Pétroff. Ce
début consiste, au lieu de défendre le pion eS attaque par
le cavalier fo. à diriger une contre-attaque sar le pion
ennemi ei en jouant Cg8— fl). Ce coup donne nai>sance
à un jeu curieux, mais assez dangereux pour les noirs.
— 178 —
I . vl — a '• ei — eo
•>. Cgi— fâ «'^- W
3. Cfe p. eS
Le coup le plus ample el le meilleur, 3 <12
conduit aus>i à un jeu égal.
3 d7-d(i!
;. CeS— fil CTC l'.i'i
:.. dî— d4!
Si les blancs jouent 5. Ddl — e2, les noirs réponde
f n,is — el et après 6. df — d3, Ce4 — 18, les je
par
nt
jeux
dli— do
6. m — «la (..; — Iti
Les nous peuvent jouer également bien Ce V — dti ou
Cb8 — c6 mi l't'S — dti ou mieux e7.
:. o — o Ff8 — et
s. cî — c4 do p. c4
o. r,i;ip. «; o— 0
10. c.i.i — c3 (•" — <•'!
11. Ddl— b3 Cb8 — d7
l-j. Fci — e3 Cd7 — b6
Jeux égaux. . ,
Supposons que les noirs au troisième coup aient joue
Ct'6 p. e4 an lieu de dT — (16. les blancs auraient pris
l'avantage par :
',. Ddl — eî D<I8 — e7
Au mieux, car les noirs ne peuvent pas retirer le cava-
lier sans perdre la dame. Ce coup laisse bien le cavalier ei
-ans protection, mais les blancs ne pourront pas conserver
leur cavalier.
b. Deîp. e4 d7 — dii
6. d2 — <U H — fli
7. fS — f4 Cb8 — d"
8. Cbl — cH
Ce coup donne l'avantage aux blancs. La dame ei est
maintenant gardée, et les noirs sont forcés de prendre de
suite le cavalier eo.
8 d(i p. eo
f6 p. eo serait peut-être meilleur.
9. Cc3 — d§ De7— d6
10. d4 p. eb t'6 p.eb
11. (4p.eS Dd6 — c6
Les noirs n'ont pas d'autre coup pour soutenir Le pionc7,
car. si la dame prend eo. les blancs échangent les dames et
jouent Cda p. r7 -\- , mais, si le cavalier prend eb, les blancs
jouent Fcl — fi.
1-2. Ffl — b5
et a l'avantage.
Parti>' des ieu e cavaliers. La meilleure riposte que
les noirs puissent faire au second coup des blancs Cgi — f3
est Cb8 — c6. Les blancs continuant ]iar Ffl — ci, la
riposte classique des noirs est Ff8 — cb. Toutefois, Cg8 —
fli est une riposte très intéressante et que nous allons
examiner d'abord. La partie ainsi engagée se nomme partie
des deux cavaliers.
1. e2 — >'i e7 — «••>
-2. Csl — fi Cb8 — c6
3. Ffl — ri C«8 — fi
',. Cf3 — g5
', Cf6 p. e4 donne l'avantage aux noirs par
d7 — d.'i si les blancs prennent le cavalier, ou par Dd8
— h», si les blancs cherchent à prendre la tour par 4. Cgb
— 17 : mais les blancs ripostent 4. Fci — f7 -j- et ont le
meilleur jeu.
4 d7 — db
... e4 p. do Cf6 p. db
6. Cga p. f7
Très joli gambit qui assure aux blancs une attaque très
forte el réputée décisive jusqu'à ces derniers temps.
Quelques théoriciens inclinent aujourd'hui a penser que les
noirs peuvent se défendre dans toutes les variantes. H
n'en est pas moins certain que dans la pratique leur jeu
est très difficile.
(i He8 p. 17
li. Ddl — B 1U'7 — eli
Il faut que le roi se rende sur cette case, s'il veut con-
server la figure gagnée.
s. CM —«•:! .....
Les blancs attaquent d'une troisième manière le cavalier
dS.
S Ccli — bi
9. Dfb — ci c7 — c6
10. a2 — ab Cb'.-ali
11. «12 — di Dd8 — dti
12. Fcl — f4 b7 — bb
13. Ffip.eb Ddti— d7
I'.. l'eb p. g7+ Re6 — 17
Ib. Fg7 p. Ii8 bb p. c4
16. Dei p. hT-t- IU7 — e8
17. Dh7p. dj+ FcSp. d7
IS. Cc3 p. «1b c(i p. db
li). FI18 — eb, etc.
Si les noirs jouaient au onzième coup Dd8 — f6, les
blancs riposteraient 12. Cc6 p. db, c6 p. db ; 13. Dei
p. db -j-. I»e6 — «7; 14. di p. eb et gagne. Kn effet,
si les noirs jouent 14 Dfti — c(i, les blancs répon-
dent 15. Fcl — gb -f, Re7 — e8; 16. DdS — 17 -f
et mat si les noirs jouent 1 i Ul'6 — gli, les blancs
répondent 15. Fcl — gb -f , Dg(i p. gb; 16. D«lb — 17 -f
He7 — dS; 17. Tal — dl -f , Fc8 — d7 ; 18. Df7 p.
d7 -j- mat.
Si les noirs jouent 14 DI6 — e6, les blancs répon-
dent 15. Fd — go +, Re7 — f7; 16. Ddb — 13 -f
et gagnent.
On voit à quels dangers s'exposent les noirs en permet-
tant aux blancs de prendre le pion f6 en sacrifiant leur
cavalier. Ils échappent à ces dangers en jouant au cinquième
coup Cc6 — ao.
1. e2 — e4 e7 — eb
2. Cgi — f3 Cb8 — c6
3. Ffl — c4 Cg8 — 16
4. Cf3 — gb (17 — d5
b. ei p. db Cc6 — ab
6. di — d3
Ce coup est meilleur que F'c4 — bb -f •
6 Ff8 — c5
7. 0 — 0 0 — 0
8. c2 — c3 h7 — h<)
et les jeux s'égalisent.
Partie italienne ou guioco piano. Le guioco piano est
le début classique par excellence. Il est caractérisé par les
coups :
1 . ev2 — ci e7 — e5
2. Cgi — f3 Cb8 — c6
3. Ffl — ci Ff8 — c5
Les blancs et les noirs ont des jeux également bien déve-
loppés. Les blancs peuvent maintenant poursuivre par
ci — ci, par 0 — 0 — 0 ou d2 — (13. Nous examinerons
plus loin le coup 1>2 — bi caractéristique du gambit Evans,
une des plus belles ouvertures du jeu des échecs.
Premier jeu :
4. c2 — c3
Les blancs préparent ainsi le coup (12 — di qui leur
assurera un centre, c.-à-d. deux pions au milieu du jeu.
Ils pourraient également roquer en ce moment.
4. ..... Cg8-fô!
d7 — d6 ou Dd8 — e7 ou Fcb — b6 amèneraient éga-
lement à des jeux égaux.
b. .12 — d4 •.••••.
«12 — «Ib est un coup très sur, mais moins énergique.
b eb p. di
6. e4 — eb «17 — do
Si les noirs louaient CT6 — ei, les bancs prendraient le
cavalier avec Pc4 — db.
7. Fc4 — bo
Les blancs auraient tort de prendre le cavalier f'6.
ÉCHECS
— -27i. —
7 CW — c4
h. ci p. (15 PcB — b6
9. < il 1 1 — c3 et les jeux son) égaux.
Variante ; Supposons que les blancs aient joué au
sixième coup non pas e4 — e5, mais i '■> p. d4.
(i. c3 p. (14 h'.'i — bi -f"
7. IV 1 — if Cflip.
Fb4 p. d2 serait suivi de CM p.d2 et égaliserait les jt-u\.
8. Fd2 p. b4 Cc6 |>. Ii'.
!t. Fc4 p. 17 + Re8 p. f7
10. Ddl - 1)3 + (17 - d.'i
•11. Db3 p. b4 et les jeux se valent.
Deuxième jeu :
4. 0—0 Cg8 — l'(i
Les noirs peuvent riposter également d7 — d6.
5. d2 — d'i FcS p. d4
6. Cf3 p. d4 Ce6 p. ii
7. f2 — f4 d7 — dti
8. f4 p. e5 d6 p. eS
9. Fcl — go Fc8 — e6!
10. Fg5 p. 16 gj p. f(i
11. Fc4 p. e(i Cd4 p. e6
1-2. Cbl— c3 e7 — c6
13. Ddl p. d8 + Ïa8 p. d8
14. Tfl p. 16
Les jeux se valent.
Troisième jeu :
4. d2 — d3 d7— d6
5. Fcl— e3
o. Cf3 — go serait une attaque prématurée.
5. Fco — b6
6. Cbl — c3 Cg8 — (6
7. h2 — h3 h7 — hli
8. 0 — 0 0—0
S. I.OYD
Blancs
1. e2 — e4
2. Cgl-f3
3. Ffl — c4
4. d2 — d3
3. Fcl — e3
S. ROSENTHAL
Noirs
e7 — eo
Cb8 — c6
Ff8 — c5
Cg8 — f6
Fc5 — b6
d7 — d6
Cc6 — a5
Cao p. b3
Fc8 — e6
6. Cbl — c3
7. h2 — h3
8. Fc4 — b3
9. a2 p. b3
10. Cc3 — bo
Les blancs forcent les noirs à l'échange de fous.
10 Fb6 p. e3
11. f2 p. e3 c7 — c6
12. Cbo— c3 Dd8— c7
13. g2 — g4 a7 — a6
14. (13 — d4 0 — 0 — 0
15. d4 — do .....
En général, il n'est pas bon de laisser en arrière un pion
doublé.
15 Fe6 — d7
16. g4 - g5 Cf6 — e8
17. Cf3 — d2 cli— c5
18. Cd2— c4 h7 — h6
lue faute dont les blancs tirent habilement parti.
19. Ddl— h5 Th8 — f8
20. gS p. h6 Tfô — h8
Cette manœuvre aggrave la situation des noirs ; il valait
mieux sacrifier un pion.
21. h6 p. g7 - Th8p. h5
22. a7 — u8 D ThS p. h3
23. thl p. h3
24. Cc3— bo!
Fd7 p. h.'i
Dc7 — e7
Si les noirs jouaient a(i p. b5, les blancs répondraient
25. Dal — a8 + , Rc8 — d7 : 26. Dg8 p. f7 -f et mat.
25. Dg8 — h7 Fh3 — g4
26. CbS — a7 + Rc8 — b8
27. Tal p. ali Ce8 — e7
Les Doirs ii'' peuvent pas prendre la tour, sons peine
de voir leur darne prise par I.a7 — cli -f .
28. Ta6— aS De7 — 16
29. Dh7-ht Td*-h8
30. Dlil -H Fg4 — ffl
34. Ce4 -h»;:
Excellente riposte ; les nous sont obligés de sauver
leur dame.
31 nu. -h; +
32. liel — d2 Dh4- I
33. Dfl p. 13
Très beau coup, digne de l'habile compositeur de p:o-
hlème.
33 I'-'. p. K
34. Cbfi — d7+ H 1)8 — aH
35. Ca7 — c6 -f Cc7 — a<i
36. C<17 — b6 -f et mat-
Gambit Evans. Cette excellente attaque représente une
des plus belles ouvertures connues. Le début est le sui-
vant :
1 . e2 — e4 e7 — eo
2. Cgi — f3 CbS — ctt
3. Ffl— c4 Ff8— e5
4. b2 — b4
Les blancs sacrifient le pion b4 pour gagner ensuite un
temps avec c2 — c3 et former immédiatement un centre
en poussant d2 — d4. Par suite de l'absence du pion b, le
fou de la dame peut se placer aux cases b2 ou c3, qui sont
excellentes pour l'attaque.
Premier jeu :
4 FcS p. b4
Les noirs peuvent refuser le gambit avec Fco — bti ou
d7 — do ; ces solutions sont examinées plus loin. S'ils
prennent avec le cavalier, les blancs jouent c2 — c3, le
cavalier retourne en cli, et l'on retombe sur une variante
du jeu adopté ici.
5. c2 — c3 Fb4 — co
Le fou peut aussi se retirer en ao,e7, d(i et f8.
Le meilleur de ces coups est 5 Fb4 — e7. Nous
l'éludions plus loin. On remarquera que o Fb4 —
a5 ; 6. d2 — d4 !,eo p d4 ; 7. 0 — O, conduit sitôt que
les noirs ont joué 7 Fco — bti; 8. c3 p. d4,
d7 — d6 à la même position que le jeu actuel. Si les noirs
jouent, au contraire, 7 d4 p. c3, leur jeu est très
compromis et les blancs se font une attaque puissante
avec 8. Ddl — b3 ! Dd8 — fti ! 9. e4 — eo, Dt'li — gti ;
10. Cbl p. c3, Cg8 — e7 ; 11. Cc3 — e2, b7 — bo.
Ce contre-gambit ne peut arrêter l'attaque des blancs.
12. Fc4 — d3! Dgti — eli; 13. Db3 p. bo, Ta8 — b8 ;
14. DbS — a'., et le jeu noir est perdu. En effet, à 14.
0 — 0. les blancs ripostent lo. Fd3 p. In ■{-, Rg8
— h.8; 16. Da4 — h4, et à 14 Tb8 — I-4 : 15.
Da4 — c2.
6. (12 — d4 e5 p. di
7. 0 — 0
Si les blancs jouent ici 7. co p. d4, les noirs répondent
7 FcS — b6 ; 7. Fco — b* -f n'est pas à recom-
mander, car les noirs joueraient avec avantage 8. Rel
— fl.
7 d7 — d6
Si les noirs jouent 7 d4 p. c3 ? les blancs ré-
pondent 8. Fc4 p. f7 +, Re8 p. H ; 9. Ddl — do -j-
puis Ddo p. c5 ; si 7 d4 — d3 ; 8. Cf3 — g'>.
Qg8 - hii ; il. Fc4 p.f7+, Chti p. H ; 10. Cg5 p. 17.
Kc8 p. 17 ; 11. Ddl — hS -f g7 — g6 ; 12. Dh.'i — d5
-f, puis Dd5 p. co.
8. c3 p. di l:c.v. — b6
Tous les coups donnés jusqu'ici sont réputés les meil-
leurs possibles et la position a laquelle nous sommes arri-
vés est nommée position normale du gambit Evans. La
question se pose maintenant de savoir quelle est la meilleure
manière, pour les blancs, de continuer l'attaque. On admet
que les trois meilleurs couos sont : 9. Cbl — co ou 9.
- 277 —
Édites
Fcl — l>-2 ou 9. di — d8, et l'on draine généralement la
préférence à oe dernier coup, que La Bourdonnais a recom-
nandé le premier.
Les doits répondent pour le mieux 9 Cc6 — ao,
et ees trois modes d'attaque conduisent alors avec inter-
version de l'ordre îles coups a la même variante principale.
Première variante :
9. d4— d5! Ce6 — ao !
On ne saurait recommander 9 Cc6 — eS ; 10.
03 p. eS, d6 p. eS : 1 1. Fcl — a3. Fbti — d4; 12. Cb1
— di, lui', p. al : 13. 1HII p. al. 17 — t'ii : I ',. f2 — fi.
Aussi médiocre est : 9 Cc6 — e7 ; 10. e4 — e.'>,
Ce7 — u'; : 1 1. eS — eli, f7 p. eti ; 12. <lo p. eli. Cg8 —
e7 : 13. Cf3 — gS 0 —0 ; 14. Cbl — c3.
En ees ileux variantes, l'attaque des blancs devient irré-
sistible.
10. Fcl— b3 i_s_e-
Au mieux.
11. IV, -b3
11. l'b-2 p. gl ! serait plus faible :
11 0—0
12. CM — c3 Ce7 — g6
Nécessaire. Sinon, les blancs joueraient 13. ei — eo et
ouvriraient la diagonale ilu fou blanc.
13. Cc3 — ev2 c7 — c5
Pour interdire au cavalier ennemi la case d7 et prépa-
rer le développement de l'aile de la dame.
14. Ddl— d-2 17 — fli
Ce coup est le meilleur à ce moment déjà. Il serait néces-
saire après 15. Ce2 — go. car les blancs menaceraient 16.
Fb2 p. gl et à lt> Flg8 p. g 7 répondraient 17.
Cg3 — ho + . Rg7 — b8 ; 18. 'Dd-2 - bli, Tf8 — g8 ; 19.
ai — go.
15. Rgl — hl
Afin de pouvoir, après 15 Cg6 — eo, fli p. eS,
continuer l'attaque avec 17. f2 — f4. Si les blancs jouaient
à ce moment 15. Ce2 — g3, et seulement après échange
du cavalier 17. Rgl — hl, les noirs prendraient l'attaque
avec 17 Dd8 — h4.
15 Fbti — c7
Iti. Tal— cl .....
Les blancs arrêtent ainsi dans une certaine mesure l'aile
de la dame noire et empêchent en même temps 16
Cg6 — eo, car après 17. Fb2 p. eo, le pion d ne doit pas
prendre et après 17 f6 p. eo, 18. Cf3 — go et 19.
Cgo — eti suivent.
16 Ta8 — b8
Dans cette position, les noirs ont conservé le pion du
gmtrit; mais les blancs ont une si belle attaque que, dans
une partie réelle, ils ont certainement de grandes chances
de gagner.
Deuxième variante :
9. Cbl — c3 Fc8 — g4
La variante 9 Cc6 — ao, en vogue aujourd'hui,
est examinée dans une des parties données plus loin.
Les blancs peuvent jouer aussi 10. Fc4 — ho, les noirs
échangent alors le fou g4 contre le cavalier f3 ou retirent
le fou en d7. Les blancs obtiennent dans les deux cas une
belle attaque.
10. Ddl — ai Fg4 — d7!
11. Dai — b3 Cc6 — ao
1-2. Ccip. 17 + Re8 — f8
13. Db3 — c2
Les blancs sacrifient une pièce, mais la supériorité de la
position qu'ils obtiennent justifie pleinement ce coup. Ce-
pendant, ils pourraient jouer sans désavantage: Db3 — do.
13 RfX p. n
1 '. . e i — eo
Les noirs ont à craindre eo — c6 -f et Ct"J> g5 -f-.
14 hT — ht»
(li Kf7 — f8; 15. Tfl — el ou 14
g7 — g6 ; 15. Cf3 — go -f suivi de eo — etj).
15. di— do l.gx — fli
Les nous rendent une ligure et les blancs peuvent jouer
e.'i p. fli ou eo — el! -f.
Deuxième jeu : Dans toutes ces variantes, les pions du
centre prennent une position extrêmement forte. Pour
balancer cet avantage, Mae Donnell avait conseillé le coup
o l'c'i — dli, mais il n'est pas avantageux. Au-
jourd'hui, on regarde la retraite du fou en e7 avecCc6 — a5,
(17 — il.'i et la restitution du pion comme la meilleure défense.
I'"c") p. hi
Fb4 — e7
Cc(i — aS
Ca'i p. ci
«17 - d5
I)il8 p. do
Dd5 — ao ou d8
DUTEESNE
Noirs
e7 — eo
Cb8 — c6
FIS — c5
Fc5 p. b4
Fbi - a5
eo p. d4
.1 5 - d3
p. c3, est hasardé ;
5.
c2 - c3
(i.
d2— d4
7.
Cf3 p. er»
8.
Ce5 p. c4
9.
e4 p. d5
10.
Cc4-e3
et les jeux
sont égaux.
Anderssen
Blancs
1.
e"2 — e4
0
Cgi — f3
3.
F? 1 — ci
4.
b2 - b4
5.
c2 — c3
li.
d2 — d4
7.
0-0
Dd8 — f6
Dfti — g(i
Cg8 — e7
Ce coup, bien que meilleur que di
d7 — d(i est préférable.
8. Ddl — b3
9. e4 — e5
10. Tfl — el
A Fao — b(i, les blancs répondraient Db3 — dl
menaceraient de prendre la dame noire avec Cf3 — h4.
11. Fcl— a3 1)7— h5
Un contre-gambit pour amener dans le jeu la tour de la dame
12. '1)1)3 p. b5 Ta8 — b8
13. Dbo — z\ Fao — b6
14. Cbl— d2 I'c8 — b7
15. Cd2 — e4 Dg(i — fo
Pour jouer ensuite Cc,6 p. e5.
l(i. Fc4 p. d3 Dfo — h5
Les noirs ont manifestement perdu un coup.
17. Ce4 — f6+ g7 p. ffi
18. eo p. fli th8 — g8
Pour prendre au coup suivant le cavalier f3.
19. Tal — dl
Un piège.
19 Dho p. f3
et
Fig.5. — Position de la partie après le 19» coup des noirs.
20. Tel p. e7 Cc6 p. e7
Si le roi allait en d8, les blancs joueraient Te7 p.
ÉCHECS
- 278 —
d7-f-,et<-. ; m le roi allait en t8, les blancs joueraient
Tc7 — e3.
îl. Dal p. <17-|
Ce coup superbe est la clef de toute la combinaison
précédente.
21 Re8 p. d7
22. Fd3 — I'.', | Rd7 — e8
23. lïb — <I7J Re8 — f8
24. Pa3 p. e7 4 ''l m;it-
Cette lin de partit' est l'une des plus belles que l'on
connaisse.
TSCHIGORIN Si i INI 1 z
(Jusqu'au septième coup, comme la première partie.)
7. () — () Fa5 — b6
8. c3 p. d4 «17 - dii
!). Cbl — c3 Cc6 — a5
10. Tel — g5 f7 — f(i!
1 1. Fg5 — i4 Cab p. ci
12. Ddl — a4 + L),]8 — d7
18. Ilaîp.ci Dd7 — 17
14. Cc3 — do g7 — g5
14 Fe6 serait meilleur.
15. Ff4 — g3 Fc8 — e6
16. Dc4 — a4-|- Fe6 — d7
17. Da4 — a3 Ta8 — c8
18. Tfl — ei go — g4
19. Cd5p. b6 a7p. b6
20. Cf3 — d2 Fd7 — e6
21. i'2 — 1"4 £çî p. f3
22. Cd2 p. f3 Cg8 — e7
23. e4 — e5
Ce coup est décisif.
23 f6 p. eS
24. d4 p. eb d6 — do
25. Tel — f 1 Ce7 — 13
26. Cf3 — d4 I)1'7 — g6
Cd4 p. f5
Fe(i p. Î5
e7 — cb
Re8 — d7
Th8 — f8
Dt>6 — hli
Ff5 — e6
Rd7 — c7
Rc7 — d7
Tc8 — c6
Tc6 — c7
Tc7 — c6
Tc6 — c7
28. Fg3 — h4
29. Tfl — f3
30. Tal — fl
31. Tf3 — g3
32. Fh4 - îïi
33. Da3 — a7
34. Tg3 — b3
35. Dà7 p. 1)6
36. Db6 p. b7 -f
37. Db7— b5 +
38. Db5 — b7 -j-
39. Db7 — a() !
Les noirs abandonnent.
Gambit Evans refusé. La difficulté pour les noirs de
défendre leur jeu contre les attaques des blancs fait qu'un
grand nombre de joueurs regardent aujourd'hui comme
prudent de refuser le gambit.
1 . e2 — e4 e7 — eo
2. Cgi — f3 Cb8 — c6
3. Ffl — c4 Ff8 — c5
4. b2 — b4 Fc5 — bli
5.0-0 >
5. bi — bb serait moins bon ; 5 Cc(i — a." ;
6. Cf3 p. eo, Dd8 — gb !
b '. d7-d6
6. a2 — a4 a7 — ali
7. a4 — ab Fb6 — a7
8. b4 — b5 a(i p. b5
9. Fc4 p. b5 Cg8 — e7
10. d2 — d4 eb p. d4
Le gambit peut également se refuser par :
4 d7 — db
6.
ci ]i. d.'i
0 — 0
Cf3 p. eb
Cri) p. I>4
CI.', p. db
Partie de» quatre cavaliers.
Blan Noirs
1. e-2 — e4 e7 — eS
-2. Cgt — f3 -l«i
:;. Cbl — c3
Ces noirs ripostent pour le mieux :
3 Cg8 — ffi
et la partie ainsi engagée se nomme partie des quatri
liers. Les répliquas des noirs: 3 FIS — cS 00
3. g7 — g6 sont moins avantageuses.
Ce début est, on le voit, en contradiction avec la théorie
de Pbilider, d'après laquelle les cavaliers ne doivent pas
jouer avant que les pions des lou- ne Boient avano . La
partie des quatre cavaliers est devenue très usuelle dans
ers derniers temps.
4. d2 — di
4. Ffl — c4 est plus faible.
4 Ff8 — b4
b. d4 — d5 Ceti — c7
(i. Ffl — d3 Cf6 p. e4
7. Fd3p. e4 f7 — fo
8. Cfb p. e5 fS p. e4
9. O — o
Meilleur que Dell — ho.
9 Fh4 p. c3
10. b2 p. c3 0—0, etc.
Partie anglaise ou partie du pion du fou de la
daine. Le quatrième coup que jouent les blancs dans le
guioco piano, c2 — c3, qui a pour but de préparer la
formation d'un centre, peut très bien se jouer avant que
les fous n'aient quitté leur plare.
1 . e2 — e4 e7 — eo
2. Cgl-f8 Cb8-eli
3. c2 — c3
Les noirs peuvent jouer f7 — fo, d7 — d5 ou
Cg8-f(i.
Premier jeu :
3 f7 — fS
Ce contre-gambit est correct dans cette position :
4. d2 — d4
Ce coup est meilleur que e4 p. fo.
4 d7 — d6
b. d4 p. eb fb p. ei
6. Cg3 — fb Cc6p. e5
et les jeux sont égaux.
Les noirs peuvent continuer par 6 d6 — do.
Deuxième jeu :
3 d7 — db
4. Ffl— b5
Les blancs peuvent également jouer Ddl — a4.
4 db p. ei
b. Cf3 p. eb Dd8— d5
6. Ddl— a4 Cg8— e7
Au mieux.
7. f2 — f4 e4p.f3
8. Cea p. f3 a7— a6
9. FbS — ci Ddo — el +
10. Rel — f2 Fc8 — e6
Jeux égaux.
Tinsième jeu :
3 Cg8 — f6
4. d2 — di CflB p. e4
b. d ', ]). eb Ff8 — c5
Ce cou|>, très correct dans le cas actuel, ne le serait pas
dans beaucoup de situations analogues à cause delà riposte
Ddl — db qui menacerait deux pièces.
6. Ffl— cl Ceip. f-2
7. Ddl — db Dd8 — e7
8. Tbl — II CI-2-ïïi
— -27!) —
ÉCHECS
Le jeu dos noirs est un peu meilleur.
Supposons que les blancs jouent au sixième coup
Ddl — ii:i :
ti. Ddl — dS Fe8 p. fi
7. Uel — e2 17 — fb
8. ('.1)1— d-2 Celi — e"
9. DdS — l>3 .17 - d.'i
II», eo p. d6 DdS p. dli
m. Cd2p. e4 t:; p. ei
1-2. \W1 p. E ei p. f3
18. gî p. f3 F, S — eli
I.e jeu noir BSl meilleur.
Gambii écossais. Ce gambit représente nue des bonnes
attaques de la partie du cavalier du roi. 11 tire son nom
d'une suite de parties que le Club des échecs d'Edim-
bourg gagna contre celui île Londres. Voici les coups ca-
ractéristiques de ce début :
1 . eS — el e" — eS
•2. C- 1 — f 3 Cb8-c6
3. d2 — di
Lee noirs peuvent prendre le pion d4 soit avec le cava-
lier c6, soit avec le pion e.'i.
Premier jeu :
3 Cc6 p. d4
4. 03 p. d4
Ce coup peut être remplacé par 4. Cf3 p. e5 qui
amène : 4 Cd4 — e(i; 5. Fft — ci, c7 — c(i ; (i.
I ; p. eti, DdS — ao + ; 7. CM — c3, Dao p. e5 : 8.
Keti _ i,3. Ff8 — <S : 9. 0 — 0. Jeux égaux.
i eo p. di
.'». Ddl p. di Cg8 — e7
\ 0,18— Ri, les blancs répondent el — en.
6. 1 fi — ci Ce7 — c6
7. Ddi— do Dd8 — Ri
8. 0—0 Ff8 — b4
9. c2 — c3 FI.4 — a.'i
Jeux égaux.
Deuxième jeu :
3 eo p. d4
4. Cf3 p. d4
I f 1 — c4 peut aussi se jouer, mais ce coup, très en
faveur autrefois, est un peu délaissé aujourd'hui.
4 FfS-co
... Cdip. cfi Dd8 — ffi
6. Ddi— f3 Df6p. £3
7. g2 p. f3 b7 p. c6
8. ici — fi d7 — d6
9. Ffi - c I F.-8 — eli
io. cm — a
Jeux égaux.
l.es noirs peuvent encore au quatrième coup jouer :
4 Cg8 — fli
5. Cd4 p. c6 b7 p. c6
li. Ffi — d3 d7— do
7. Cbl— d-2 FfS— co
8. h-2 — h3 0 — 0
9. 0 — 0
et les jeux s'égalisent.
L'ik- autre variante intéressante consiste, pour les noirs,
à placer au quatrième coup leur dame en h4.
4 Dd8— h4
:,. Cdi — b.'i Dh4 p. e4 -)-
ti. Fil — e2 Re8 — d8
7. 0 — 0 a7 — a6
8. CM — c3 Dei — e8
9. Cbo — d4
Les noirs ont un pion en plus, les blancs une position
un peu meilleure. Aussi le coup 4 Dd8 — h4 est-il
en général évité dans les tournois, mais joué au contraire
dans les parties par correspondance.
Troisième jeu :
3 eS p. di
4. Ffi — c4
Les blancs renoncent à prendre le pion di el placent
leur fou en ci. ou il occupe une position dangereuse pour
les noirs. Ceux-ci ripostent, pour le mieux, Ff8 — e.'i.
Et, si les blancs continuent par c2 — c3, les noirs jouent
d4 — d3 ou Cg8 — ffi. Dans les deux cas, les noirs re-
noncent au gain d'un pion qui leur serait assuré par
di p. c3 pour empêcher les blancs de développer leur
cavalier CM en c3. Le coup 4 Ff8 — bi est
rejeté avec raison en pratique, car les blancs joueraient
■ c3, sacrifiant ainsi un pion de plus, et la défense des
Ce coup sera étudié plus
Ff8 — co
noirs serait extrêmement dillicile
loin :
4
S. c2-e3 .....
Cf3 — go est moins correct. Les noirs répondraient :
o Cg8 — h6.
5. d4 — d3
ti. Ddl— b3 Dd8 — ffi
7. 0—0 d7-d(i
8. Foi p. d3 Feo — bli
Jeux égaux.
Quatrième jeu :
3 e5 p. d4
4. Ffi — c4 FfS — bi-f
3. c2 — c3 d4 p. c3
li. 0 — 0 c3 p. b2
Les noirs gagnent un second pion, mais ils s'exposent à
une attaque si forte qu'il est douteux que leur jeu puisse
être défendu avec succès.
7. Fcl p. b2
Ce pion g7 peut être défendu par C^8 — f6 ou f7 — ffi
ou Ffi — f'8 ou He8 — f8. Cette dernière manière est la
meilleure.
7.
8.
9.
10.
li.
12.
13.
1 1.
15.
et gagne.
1.
2.
3.
4.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
l'i.
16.
17.
e4 — eo
a2 - a3
Cbl — c3
Cc3— d5
Tfl — el
Fb2 p. e.'i
Cf3 p. eS
Ce.'i p. f7
Boston
Blancs
e2 — ei
Cgi— 13
d2 — d4
Ffi — c4
c"2 — c3
b2 — b4
1.4 - b5
Fc4 p. d3
e4 p. d.'i
0-0
Ddl— e2
Cfi — el
Cbl — a3
c3 — ci
De2 — c2
Cel — f3
h2 - h3
Re8 — f8
Dd8 — e7
Fbi — co
d7 — dfi
De7 - d7
dfi p. eo
Celi p. e.'i
I)(I7 — d8
Philadelphie:
Noirs
e7 — eo
C1.8 — cfi
eo p. d4
F18 — cS
d4 — d3
Fc5 — bfi
Celi — a3
d7 — d.'i
DdS p. d.'i
Fc8 — cfi
0-0 — 0
C^8 — ffi
Ta8 - c8
DdS — cS
T<18 - .14
Tdi — g4
Ce coup permet aux noirs la combinaison suivante, qui
aboutit à un échec perpétuel :
17 TV4 p. g2 -f
18. Rgl p. u2 Feli p. ii3 -f
19. H-2 p. lui Dco— h.'i 4-
20. Rh3 — g3 Dh5— g4 +
21. Rg3 -b2 Dg4 -h.'i +
et annule par un échec perpétuel.
ECHECS
- -281*
KuLIBCII A\|]|-.R> i
Blancg Nuirs
Les quatre premiers coups comme dans la partie précé-
dente.
5. 0 - o .17 - d6
il c2 — c3 Fc8 — g4!
Cette élégante attaque assure l'avantage aux noirs et
montre que le roc des blancs au cinquième coup, réputé
autrefois 1res correct, est défectueux.
T. Ddl — b3 IV, p. S
8. Fc4p.f7 -I- lieK — 18
il. 117 p. u8 Tli8 p. k8
III. g2 p. fil gJ-gS
11. Db3 — dl Dd8 — d7
12. b2 — h'. IV.". -Mi
13. Fcl— 1.2 d4 — d3
14. Ddl p. d3 Cc6 — e.'i!
15. Dd3 — e2 Dd7 — h3 !
16. C!)l — d-2 g5 — g4
et gagne.
Partie espagnole ou partie de liui-Lopex,. Après
1 . e2 — e4, e7 — e5 ; 2. Cgi — f3, Cb8 — cti les blancs
peuvent jouer 3. Ffl — bS pour enlever au pion eo son sou-
tien. Les joueurs italiens du xvin" siècle blâmaient ce coup ;
Philidor, au contraire, soutint qu'il assurait l'avantage aux
blancs : c'est pourquoi il désapprouvait la défense 2 ,
Cb8 — clj à laquelle il préférait 2 d7 — dli. L'école
moderne pense que le coup 3. Ffl — bo est excellent et
assure aux blancs, sans aucun sacrifice matériel, une attaque
très vive et plus prolongée que toute autre ouverture, mais
que les noirs peuvent se défendre d'une manière suffisante
par 3 , Cg8 — f6, et sans doute aussi par 3
a7 — a6. Aussi cette ouverture est-elle aujourd'hui en
très grande faveur. La partie italienne au contraire est un
peu moins à la mode qu'il y a une cinquantaine d'années.
La partie ainsi engagée prend le nom de partie espagnole,
ou de partie Rui-Lopez, du nom du joueur qui recommanda
le coup Ffl — bo.
Premier jeu :
1. e2 — e4 e7 — eo
•2. Cgi — f3 Cb8 — c6
3. Ffl — b5 Cg8 — fô
Le coup du cavalier est la meilleure défense des noirs
avec a7 — a6. Les coups Ff8 — c3, Dd8 — fli, Cg8 — e7,
Cc6 — di sont moins recommandables.
Première variante :
1.0 — 0
Coup classique. (12 — d3, Ddl — e2, d2 — di peuvent
également bien se jouer.
4 Cf6 p. e4
Ceci est la meilleure réponse des noirs. 4 Ff8 — e7
serait moins bon, car les blancs auraient un jeu mieux
dégagé après 3. Cbl — c3, d7 — d(i ; 6. FbS p. c6 -\-,
b7 p. c(i.
5. d2 — d4
(S. Tfl — el serait aussi correct. On arriverait rapi-
dement à un jeu égal par 5. Tfl — el, Ce4 — d6;
(i. Cf3 p. eo, Ff8 — e7; 7. FbS — al, Cc6 p. e3;
8. Tel p. eo, 0 — 0, etc.)
S Ff8 — c7
Les noirs ne peuvent pas prendre le second pion, car
après 5 Cc6 p. di ; (i. Cfil p. (14, e5 p. di; 7. Tfl — el
ils perdraient une pièce ; et après S eo p. d i ; (i. Tfl
— el, H — fo! [6 (17 — do; 7. Cfo p. d4, Fc8
— d7 ; 8. Fbo p. c6, b7 p. c6 ; 9. f2 — t'3J ; 7. Cf3 p. d4,
Cc6 p. di [7 118 — co; 8. Fbo p. c6, d7 p. cli :
9. Tel p.e4 -f,fo p. ei; 10. Ddl —ho -f,g7— g6;
II. Dho p. co]; 8. Ddl p. d4, Ff8 — e7; i). Dd4p. g7,
Fe7 — fti; 10 Dg7 — h(i.
Après le coup Ff8 — e7 les blancs peuvent poursuivre
par : (ï. d4 — do; (i. Tfl — el, etc.
0. d4 — dS
(6. Ddl — eî, Ce 5 — dti; 7. II,.-, p. di. 1,7 p. di:
X. .1', p. ,•:,, C.lli - B, etc.)
'i Ce4 - d(i
7. FbS — ai
(7. d'i p. c6, Gd6 p. b.*i: H. di p. Ii7, I c8 p. b7 ;
!t. Cf3 p. e.'>. etc.)
7 e.', — ei
s. d:. p. «i; ,•', p. f.i
i». c6 p. d7 -f F. x p. d7
10. Fai p. d7 -f DdK p. ,17
11. Ddl p. 0
Jeux égaux.
B
6. Tfl — el C,', -dli
(fi (17 — do serait aventure.)
7. FbS p. di (17 p. cli
8. di p. eS
(8. Cf3 p. e.'> ou 8. Tel p. co serait suivi de 8
0 - 0.)
8 Cd6 — c4
9. Ddl — e'2 Fc8 — e6
10. Tel — dl Dd8 — c8
11. b2 - b3 Cc4 - b6
12. c2 — c4 0 — 0
13. Cbl — c3 H — fo
14. Fcl — f4 .Dc8 — e8
Jeux égaux.
Deuxième variante : Au lieu de 4.0 — 0 les blancs peu-
vent jouer 4. d2 — d3.
4. d2 — d3 d7 — d6
4 Ff8 — co; o. c2 — c3 est également correct
si les noirs jouent o 0 — 0; s'ils jouaient S
Dd8 — e7 leur jeu se présenterait moins bien, à cause de :
6. d3 — d4, eop.d4; 7. 0 — 0, CfG p. e4;8. c3 p. d4,
Fco — bG; 9.Cbl— c3, Ce4 p. c3; 10. b2 p. c3,0 — O;
11. Tfl — el, De7 — d8 [11 De7 — d6: 1-2. a-2
— aloull De7 — f6; 12 Fcl — go];12.d4 — do,
Cc6 — ao; 13. do — d6, c7 p. dli; 14. Ddl — do.
Dd8 — f6; 13. Fcl — go, Dftl p. c3; 16. Tal — cl,
Dc3 — b2; 17. Tel — e2, Db2 — a3; 18. Fbo — d3,
h7 — h6; 19. Fd3 — g(j, h6 p. go; 20. Tel — ei,
Da3 — co; 21. Ddo p. f7 -f et mat en deux coups:
o. Fbo p. cli -|- b7 p. c6
6. h2 — h3
nécessaire, car la supériorité du jeu blanc consiste en ce
que les noirs ne peuvent pas placer favorablement leurs
fous.
6 Ff8 — e7
7. Cbl — c;; o—o
8. 0 — 0 cli — co
9. Cfil — h2 Fc8 — b7
10. Ddl — e2 Cfli — d7
11. f2 — fi
Le jeu blanc est mieux dégagé.
Troisième variante :
4. d2 — d4
Les noirs ont trois ripostes, dont les deux premières
leur assurent un jeu égal; la troisième les conduit à une
position inférieure, mais avec l'avantage d'un pion.
A
o Cfll p. e4
Les blancs peuvent jouer 0 — 0 ou di — do, ce qui les
ramène à des variantes examinées plus haut ; ou bien con-
tinuer par :
5. di p. eo l'fs — e"
6. 0 — 0 0 — 0
Jeux éi;aux.
— 281 —
CCI1ECS
r>.
ei -
e'i
(5. 0 — 0, Ff8 — /
mauvais, a cause de Tfl
; mais
- el.)
6.
7.
(7
0 —
Cf3 p
lc6 p.
0
. d4
«.%: 8.
Tfl -
S.
Ddl
». M
J.m égal.
C
4.
5.
Cf3 1
'. a;
6.
7.
e4-
0 —
e.»
0
S.
9.
10.
11.
18.
Fc 1 -
eo p.
Tfl -
Fg5
Ddl
f6
-el
p. re
— e-2
+
Deuxième jeu :
e.- p.
Ct ti p . e'. serait
el.)
Ct'ti — e4
l't'8 — e7
Ccti p. di
i
Ce4 — co
Cc6 p. d4
e.'i p. il î
c7 — cti
et) p. 1)')
Ff8 - e7
Fe7 p. f6
Re8 - f8
Dd8 p. t'6
g" - g'5
ai
- a6
5.
6.
7.
8.
9.
10.
14.
1-2.
Ce coup n'est pas tout à fait aussi bon que Cg8 — it),
mais il conduit dans un grand nombre de variantes aux
mêmes positions.
4. Fbo — a4 ••••„•
(Les blancs peuvent également jouer 4. Fbo p. cb.Cet
échange du fou contre le cavalier est regardé aujourd nui
par beaucoup de joueurs comme la meilleure riposte; on
en trouvera un exemple dans une partie donnée plus loin.)
4 Cg8 — f6
M ' pf8 — co sera examiné plus loin; 4
1,- _1 b3 compromettrait la position des pions noirs.) Les
blancs ont trois manières principales de continuer le jeu.
Première variante :
0 _ 0 Ub P- e4
d2 — d4 b? — bS
pa4 _ b3 d7 —do
d4 p. eo Cc6 — e7
Fc,l_e3 Fc8-b7
Cbl - d2 Ce4 p. d2
Ddl p.d-2 Ce7 — g6
c-2-c3 FI8-e7
Deuxième variante :
5. ,i-2 — d3 d7 — d6
C'est la meilleure riposte des noirs 5 Ff8 — co;
6, ,-2 — c3 donne aux blancs soit un centre solide, soit le
«jain d'un pion.
6. Fa4 p. c6 -f b7. p. c6
7. h2 - h3 gj — g6
8. CM - c3 Ff8 - g7
9. Fcl — e3 0 — 0
10. Ddl — d2 d6 — do
Les noirs peuvent jouer également: 10 Rg8 — h8;
1 1 . Fe3 — h6, etc.
H. Fe3 — h6
Les blancs font bien de prendre sitôt possible le fou g7.
Celui-ci, en effet, non seulement empêche toute attaque sur
l'aile du roi et sur le centre, mais menace de se transfor-
mer en une pièce d'attaque dangereuse.
14. .... . Dd8 — d6
1-2. Fh6 p. g7 Rg8p-g"i
13. 0-0
Le roc avec la tour de la dame serait dangereux en
présence de la position des pièces noires.
Troisième jeu :
3. Cg8-e7
La plus ancienne riposte au Lopez. Llle est médiocre,
car elle permet aux blancs de prendre une grande avance
dans le développement.
4. d2 — d4
Ceci est la meilleure manière dont les blancs puissent
tirer parti du coup faible que viennent de jouer les noirs.
4. 0 — 0 permettrait aux noirs d'obtenir un jeu égal
après 4 g7 — g6 suivi de Ff8 — g7 et 0—0.
4 eo p. d4
Les noirs sont obligés de prendre, car ils ne peuvent pas
couvrir. 4 Cc6 p. d4 conduit à la même position
avec interversion des coups.
5. Cf3 p. d4
Meilleur que de roquer. Dans cette position, le jeu noir
offre deux désavantages : d'une part, le ton du roi est en-
fermé; d'autre part, l'aile de la dame est mal développée.
Quatrième jeu :
3. Ff8 — cS
4. c2 — c3
4. 0 — 0 est également bon. Les noirs peuvent jouer
maintenant Cg8 — fê, ou a7 - a6, ou ff — fo , ou
(>8 — e7, mais aucune de ces variantes n'égalise les jeux ;
aucune en effet n'empêche les blancs de former un centre.
4 Cg8-f6
5. 0 — 0 Cf6 p. e4
(Si les noirs jouent o 0 — 0, les blancs for-
ment un centre puissant avec 6. d2 — d4, eh p. d
P-
d4, Fco — b6 ; 8. e4— eo.)
6. Ddl — e2
7. C13 p. eo
8. Fbo p. c6
7. d2 — d4
Le jeu des blancs est meilleur
Cinquième jeu :
3
Cette défense est faible.
d2 — d4 eo p
Ce4 — d6
0-0
d7 p. c6
Fco — b(i
d7— d6
d4
(4. ..... Fc8 d7 serait suivi de 5. c2 — c3.)
5. Cf3p. d4
6. 0-0
7. Cbl — c3
8. f2 — f4
Avec le meilleur jeu.
SOHALI.OPP
e2 — e4
Cgi — 13
l.
2.
'S.
4.
o.
6.
7.
Ffl — b5
Fbo p. c6
Cb1 — c3
b.2 — h3
Ddl p. t'3
8. Cc3 — e2
9. Df3 — b3
10. 0 — 0
11. f 2 — f 4
12. Tfl p. f4
13. Db3 — c3
14. d2 — d4
15. Dc3 — d3
16. Tf4 — f3
17. Fcl— f4
18. F14 — h2
19. c2— c,3
20. h3 p. g4
21. Tf3-g3
22. Dd3 — f3
23. Tg3 — h3
24. Tal — fl
25. Df3— g3
Afin de répondre à T — c8, 26.
25
26. Dg3-f2
27. Th3 — f3
28. Ce2 — g3
Cg8 — e7
Fc8 — d7
Ce7 - g6
GUPJSBERG
e7 — e5
Cb8 — c6
a7— a6
d7 p. c6
Fc8 — g4
Fg4 P. f3
Cg8 — e7
Dd8 — d6
b7-b6
g"?-g6
e5 p. 14
Dd6 — e6
Th8 — g8
Ff8 — g7
a6 — ao
De6 — d7
«6 — g5
ta» — d8
go — g4
I)d7 p. g4
Dg4 — d7
Ce7 — g6
Tg8 - h8
Re8 — 18
T - h5, '
Dd7 — d6
Dd6 — e7
Td8 — d7
Rf8 — g8
ÉCHECS
— SM —
29. Cg3 - i:.
30. b2 — b3
81. Fh2 — e8
:i"2. d.'> p. *■'■<
33. ci:» — (14
34. 1 1:; p. n
85, g2 - e3
36. il" p. d7
37. Dî2 — f6
De7 — efl
Pgi - a
Gg6 |». p.'i
lïx - ,:>
De6 p. i'->
i •(•:, - d6
De;» — e8
De8 p. (17
h" — h6
37 I) — ('7 Berait suivi do 38. I) — f4
38. Ur6 — g6 -f DUT - g7
39. Dgli — i'(i -f Kg8 — in
40. II! — n
Les noirs abandonnent.
II. Parties du fou. — Nous avons examiné les débuts
dans lesquels les blancs après 1 . e2 — e4 e7 — eo con-
tinuent par 2. Cgi — f3. Ils peuvent, au lieu de déplacer
le cavalier, jouer le fou 2. Ft'l — c4. Ce coup est très sûr,
mais il donne lieu à une attaque moins vive que Cgi — f3.
Les anciens auteurs et notamment Philidor regardaient
cette ouverture comme la plus belle de toutes. Les noirs
peuvent riposter par Cg8 — f(i, ou Ff8 — co, ou c7 — c6,
ou f7 — fo. Les deux premiers coups sont les meilleurs.
1 . e2 — e4 e7 — e5
2. Ffl — c4
Premier jeu :
2 Cg8 — f6
C'est la défense la plus forte. Les blancs peuvent répon-
dre Cgi — f3, d2 — d4, f2 — 14, d2 — d3, Cbl — c3.
Ces diverses variantes sont examinées en A, B, C, D, E.
A
3. Cgi — f3 Cf6 p. e4
4. d2 — d3 Ce4 — f6
Ce4 — d6 serait suivi de S, Cf3 p. en, Cd6 p. c4 ;
6. d3 p. co avec jeu égal.
5. Cf3 p. e5 d7 — do
6. Fc4 — b3 Ff8 — d6
7. d3 — d4 0 — 0
8.0 — 0 c7 — c5
9. c2 — c3 Cb8 — c6
Les jeux sont égaux.
B (Gambit de Ponziani)
3. d2 — d4 e5 p. d4
Au mieux. C16 p. e4 serait suivi de 4. d4 p. e5,
Ff8 — c5 ; 5. Fc4 p. f7 -f .
4. e4 — eo
Fcl — g5 serait suivi de Ff8 — e7 ; et Cgi — f3 de
4 Cf6 p. e4 ; 5. Ddl p. d4, Ce4 — c5 ; 6.Cf3 — eo,
Cc5 — e6; 7. 0 — 0, Ff8 — c5
4 d7 — dS
5. Fc4 — b5 +
e5 p. f6 amènerait 5 d5p.c4; 6.f6p.g7,Ff8p. <;7,
Ff8 p. g7.
5 Fc8 — d7
6. Fdo p. b7 -+- Cf6 p. d7
7. Ddl p. d4 Cb8 — c6
8. Dd4 p. do Cd7 p. e5
9. Dd5 p. d8 -f Ta8 p. e8
C
3. f2 — f4 d7 — do
4. f4 p. e5
e4 p. d5 serait suivi de e5 — e4.
5. Ddl — f3 Dd8 — hi -f
6. g2 — g3 Cel p. g3
7. h2 p. g3 Dli4 p. c4
8. Cbl — c3 Fc8 — e6
9. d2 — d3 Dc4 — c6
10. Fcl— gS do — H
11. Df3p. c6 -f Cb8p. a6
D
3. d2 — d3 Ff8 — c3
4. Cgi — ra
',. H — r. amènerai! rapidement | najanéol.
4 d7 — dfi
:>. c2 — c3 o — o
li. a2 — a4 a7 — ;<.',
7. 0 — 0,etc.
E
3. Cbl — c3 CM p. e4
Ff8 — co mène à un jeu égal avec i. f>J _ f3,
d7 - dO.
4. Fc4 p. f7 + R«8p.f7
5. Cc3 p. &4 Cb8 — c6
G. Ddl — f3 W7 - e8
Jeux égaux.
Deuxième jeu :
2 m— a
Défense très sure. Les noirs ont alors diverses ripostes
telles que Cgi — f3, Ddl — <->, \d — I,', ou i -2-c3.
A
3. Cgi - 13
Au mieux. La partie prend le caractère d'une partie de
cavalier.
3 d7 - d6
4. c2 — c3
Au mieux. Ce coup est préférable aux autres tels que :
4. d2 — d3 ou 4. d2 — d4.
4 Dd8 — e7
o. 0-0 Cg8-f6
6. d2 — di Fc5 — b6
Jeux égaux.
B (Gambit de Lopez)
3. Ddl — e2
3. Ddl — g4, 3. Ddl — f3 représentent des attaques
prématurées auxquelles les noirs répondent suffisamment
avec Dd8-f6. A Ddl — h5 les noirs répondraient Dd8 —
e7 ; d2 — d4 ne serait pas plus avantageux pour les blancs;
pas plus que f2 — 14. Les noirs répondraient ainsi : 3f2
— fi, Fco p. ul : 4. Thl p. gl, Dd8 — h4 + ; b. g2 —
g3, Dh4 p. h2 ; 6. Tgl — M, Dh2 p. g3 + et a l'avan-
tage.
3 Dd8 — e7
4. f2 — f4 Cg8 — fti
o. Cgi — « d7 — d6
(i. Cbl — c3 c" — c6
7. d2-d3 Fc8-g4
Jeux égaux.
C
3. b2— b4
Ce coup conduit également à égaliser les jeux.
3 Fco p. b4
4. f2 — f4
In double gambit.
d7 — do
eo p. t'4 donnerait aux blancs une
Au mieux, i
forte attaque.
o. e4 p. do eo — e4
6. Cgi — e2 Cg8 — f6, etc.
Attaque classique dans la partie du fou. Cette va-
riante est l'une des parties favorites de Pbilidor.
3. c2— e3
Afin de jouer plus tard d2 — d4. Les noirs peuvent ri-
poster Cg8 — fti, Cb8 — et». Dd8 — e7. Dd8— g5, d7 —
do. Voia quelques-unes de ces sous-variantes :
a
3
4. d2 — (14
5. ei — eo
H. e.N' p. f6
Les blancs peuvent jouer également Fc4 — b5.
6 dS p. « !
cf-
-f(i
e.> p.
d;
d7-
dS
— 283 —
ÉCHECS
TW - eS
5.
6.
7.
8.
9.
T. Ddl— hS 0 — 0
8. DhS p. c5 ....
Meilleur que lm.% p. g5.
S
9. Cgi — eS
g Rel —fl est suivi de d4 p. c3 et plus tard de DilS
-,,:i+-„
10. Fcl— e3 d3p. èî
11. Cli l— «1-2 Cb8 — a6
I-). DcS p. c4 Dd8 p. 6
13. IV, p. e2
Jeux égaux.
l> (Partir du [ou à l'italienne)
:; DdS — go
4* Ddl - « , , .,
Si le roi joue Hel — fi, la dame adverse, pour éviter
,l-i _ a i. se relire en e" ; et après 5, d2 — d4, Fc5 —
1)ti . ,;. (-.1,1 _ fâ, d7 — db\ les jeux sont égaux.
4 Dg5-g6
Au mieux.
Cgi— el d7— dt>
do _ d4 FcS — b6
d4 p. eS di> p. e5
Ce2-g3 Cg8-f6
h-2_h3 0-0
Jeux égaux.
c (Contrc-gamlnt de Lewis)
3 d7 — do
Les noii-s sacrifient le pion pour obtenir une contre-at-
taque. d7 — dl), au contraire, serait faible, car les blancs
formeraient un centre.
4. Fc4 p. do
Au mieux. 4. e4 p. do donnerait l'avantage aux noirs
après 4 Fco p. R et 5. Dh8 — bi + .
4 Cg8-f6
o. Ddl— f3
Au mieux. Les blancs peuvent encore jouer sans désa-
vantase : 5. Fd5 - b3, Cf6 p. e4 ; 6. Ddl -e2, Ce4 p.
fî • 7 De-2 p. eo -f, Dd8 — e7; 8. De5 p. e7 -\- , Re8p.
e7 ; 9. dî— d4, FcS p. d4 ; 10. c3 p. dl. Cf2 p. hl et
les jeux sont égaux.
o. ..... 0-0
Cf6 p. do ferait gagner aux blancs un pion.
6. d-2 — d4 .....
Fdo — c4 peut aussi se jouer sans inconvénient.
6 eo p. d4
7*. Fcl —go dî- p. c3
8. Fgo p. ?6
et les jeux s'égalisent.
Troisième jeu :
o c7 — cb
Ce coup est plus faible que Cg8 — f6 ou Ff8 — co. D
dénote l'intention, de la part des noirs, de s'emparer
du centre, mais cette manœuvre ne saurait réussir. Les
blancs répondent au mieux par Ddl — e2.
(Juatrième jeu :
-2 fi — fo
Les noirs se défendent au moyen d'un gambit. Le coup
n'est pas absolument correct ; mais les blancs doivent jouer
très prudemment s'ils ne veulent par voir l'attaque passer
à leurs adversaires. Les blancs répondent au mieux d-2 — (13
ou Cet — f3. d2 — d4 ou c2 — c3 mènent à des jeux
égaux. Fc4 p. g8 ou e4 p. fo sont moins bons.
3. d"2-d3 •••.-.•
Le coup estle meilleur avec3. Cgi — f3 suivi de 3
CbK— cO; 4. d2 — d4, Cg8 - fB : 5. d4 p. eo, Cf6
,,. P4; 6. 0 — 0, Ff8 — c5 ; 7. Cbl — c3, Ce4 p. c3 ;
x. h2 p. c3 avec bonne attaque.
Ce8-f8
3
4. f2 — f4 •••••„
\u mieux. 4. Cgi — to serait suivi de c7 — cti; 5. 0 — O,
1MS-c7.
4 ... d7-d6
5. Cgï - f3 e8 P- fi
Si les noirs jouent o K p. el, les blancs s as-
surent le meilleur jeu parti. ,13 p.e4, Fc8 — g* ; 7. t*
p. eo. Fg4 p. f3 ; 8. Ddl p. f3, d6 p.^eB ; 9. D 3-b3.
(i. 0 — 0
7. d3 p.e4
et a le meilleur jeu.
Alexander
Blancs
1.
2.
3'.
4.
S.
6.
e2 — c4
F fi — c4
Cgi — f3
Cf3 p. e5
Fc4 — b3
0-0
fo p. e4
ZUKERTORT
Noirs
e7 — e5
Cg8 - f(i
Ci'ti p. e4
d7 — d5
Dd8 — g5
Les blancs roquent dans l'espoir de regagner leur pièce.
6 . DS'' P- c3
7*. d2 — d*3 Ff8 — d6
O Ci tQ
8. f2 — f4 serait suivi de 8 De5 — d4 +.
Ce^
1.
2.
3.
4.
4. Fc4 p.
CgS - f3 +
FcS — h3-|-etmat.
Mac Donnell
Noirs
e7 — e5
Ff8 — c5
CgS — fô
n
9. Tfl — el
10. Rgl-fl
La Bourdonnais
Blancs
e2— c4
Ffl — c4
Ddl — e2
d2 - d3
j. (1 + amènerait 4 Re8 p.
De;>*_ C4 4- , d7 - do ; 6. Dc4 p. c5, Cf6 p. e4.
4 ... Cb8-c6
5. c2-c3 Cc8-,e7
g_ f2 _ f4 eo p. f4
A 6- ' _ . <]7 — d6 les blancs répondraient 7.f4 — fo.
7. d3 — d4 Fc5 — bG
8. Fcl p. f4 d7 — d6
9. Fc4 — d3 • • • • •
Afin de pouvoir répondre à 9 do — ao , i".
e4 — eo.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.
16.
17.
Ff4 — e3
h2 - h3
Cbl - d2
0-0-0
Rcl — bl
c3 p. d4
Cgl-f3
;2 — g4
Ce7 - g6
0-0
Tf8 - e8
Dd8 — e7
c7 — c5
cb p. d4
a7 — ao
Fc8 — d7
h7— h6
En général, quand l'aile où le roi a roqué est attaquée par
les pions ennemis, le mieux est de ne pousser ses propres
pions que lorsqu'ils sont en prise des pions ennemis et
d'échapper ainsi à ceux-ci. Ici 18. g4 - gS menaçait
d'amener la perte du cavalier
18.
19.
20.
21.
22.
23.
24.
25.
26.
27.
28.
A 28. Df3
Cf6 p.e4.
Tdl - gl
g4 — gS
Fe3 p. g5
b2 - b3
Tgl _ g4
h§ - h4
Cf3 p. d2
h4 — ho
Tg4 p. g5
De2 — fô
d4 — d8
p. d3 les noirs répondraient 28.
a5 — a4
h6 p. go
a4 — a3
Fd7 — c6
Fb(i — a5
FaS p. d2
Ta8 — a5
Tao p. g5
Cg6 - f4
CI4 p. d3
M M I < S
- 284 -
28 Cffi p. d5
29. Tiii — -I Cd5 — c3 +
30. Rl.l —al
30. 111)1 — c2 assure la victoiredesnoirsavec3û
De7 p. gjî ; 31. Tj>i p. g5, Cd3 - el -} ; 32. Bc2 p. c3.
Ce! p. i:i ; 33. Cd2 p. (3, Fc6 p. e4.
30 Pc6 p.e4
31. Tel p. gj + Rg8-h8
32. DB — g3 Fe4 — g6
33. hop. g6 DcT— el +
Les noirs ne peuvenl pas prendre la tour avec le roi, a
cause de 34. g6 p. 17 -f- , Rg7 p. 17 ; 35. Dg3 — g6 -f
et mat au prochain coup.
34. Tgl p. el
La faute décisive. Les blancs gagnaient avec34.Cd2 — bl ,
Del p. g3 ; 35. Tg7 — h7 '+, Rh8 — g8; 36. g6 p.
17 -I-, Rg8 p. hT ; 37. Tgl — hl },Rà volonté; 38.
17 p. e8 D.
34 Te8 p. el -f
3b. Dg3 p. el Cd3 p. el
36. Tg7 — h7-f Rh8— g8
et les blancs ne peuvent pas empêcher le mat par Cel — c,2.
Partie hongroise. La partie hongroise est ainsi nom-
mée d'après une partie par correspondance jouée entre les
clubs de Paris et de Pesth. Elle est caractérisée par le dé-
but :
Blancs Noirs
1 . e2 — e4 e7 — eo
2. Cçl — f3 Cb8 — c6
3. Ffl — ci Ff8 — e7
Ce début fut adopté par le club de Pesth afin d'éviter la
partie italienne dans laquelle le club de Paris s'était dis-
tingué contre celui de Londres. Aujourd'hui les noirs l'adop-
tent parfois pour échapper à la défense si difficile du gam-
bit Evans. Les blancs jouent pour le mieux d2 — d4.
4. d2 — d4 d7 — d6
4 e5 p. d4 abandonnerait trop de terrain aux
blancs. 5. d4 p. e5, d6 p. e5 égalise les jeux, mais il ne
faudrait pas jouer 6 Cc6 p. e?> à cause de 7. Cf3
p. e5, d6p. e5; 8. Ddl — h5.
5. d4 — d5 Cc6 — b8
6. Fc4 — d3
Les blancs empêchent ainsi 6 f7 — f5.
G Cb8— d7
7. c2 — c4 Cg8 — f6
8. Cbl — c3 0 — 0
9. 0-0
Le jeu des blancs est un peu mieux dégagé.
Partie du pion du fou de la dame. L'ouverture :
1 . e2 — e4 e7 — eo
2. c2 — c3
n'est pas incorrecte, mais elle ne donne pas aux blancs une
position d'attaque, les noirs répondant :
2 d7 — d5
3. Cgi — f3 dop. ei
Cf3 p. eS
Ff8 — d6
5. Ceo — c4
5. Ddl — a4-f-, c7 — c(i; (i. Da4 p. e4 serait mau-
vais à cause de (i , Dd8 — e7; 7. d2 — dl, fï — f6.
5 Cg8 — e7
6. d2 — d4 F'c8 — e(i
7. Ffl — e2 0 — 0
8. 0 - 0
Jeux égaux.
Gambit du centre.
Blam's Noirs
1 . e2 — e4 e7 — e.'i
2. d2 — d4 eS p. d4
Cette ouverture prend le nom de gambit du centre ;
dans un grand nombre de variantes, elle se confond avec
le gambit écossais.
ilt p. c3
Premier jeu :
3. Ffl — cl ||k _ 1,4 +
Les noirs poarraieol répondre 3 Cg8 — 16, ce
oui nom runènendl ao gambil de Ponziani dans la partie
iln fou.
i. e2 — c.'i
5. l>2 p. e3
5. IV. p. 17, Re8 p. 17; <i. Ddl -- b3, d? - d5;
7. Db3p. il', permet ans noirs de se développer rapide-
ment.
•'> D.i8 - es
fi. <■:; p. b4
Les blancs sacrifient avec raison une tour contre un fou,
car ils s'assurent une forte attaque. Ce coup vaut mieux
que <). Fc4 p. f7.
6 Dffi p. al
7. Ddl — b3 Dal — f(i
8. Fcl — b2 Dffi -j,
9. Cgi — e2 Cgfl — hfi
10. Cbl — c3 c7 — c6
11. Ce2— f4 De6 — go
12. Cc3 - e2 .....
et les noirs ont une situation difficile, car l'aile de la dame
nYst pas développée. Les blancs menacent 13. h2 — h.4
et 14. Fb2 p. g7. Si les noirs roquent, on a : 12
0—0; 13. h2 — h4, Dgo — e7: 14. Db3 — g3, g7
— g6; 1S. Cf4 p. g6, etc.
Deuxième jeu :
3. Cgi — 13 Ff8-bi +
4. Fcl — d2 Fb4 — co
5. Ffl — d3
A 5. Ffl — c41es noirs répondraient 5 Cg8 — fti.
5 Cb8 — c6^
(i. 0 — 0 d7 — dfi
et les noirs conservent le pion gagné.
Troisième jeu : ■
3. Cgi - f3 Cb8 - c(i
Nous retrouvons la situation du gambit écossais.
Quatrième jeu :
3. Ddl p. d4 Cb8 — c6
4. Dd4 — e3 d7 — d6
0. Cbl — c3 C«8 — f6
6. Ffl — e2 FÎX — e7
7. De3 — g3 Ccfi — eo
8. Fcl — f4 Ceo — g6
9. 0 — 0 — 0 CgO p. f4
10. Dg3 p. f4
Jeux égaux.
Partie viennoise.
Blancs Noirs
1. e2 — e4 e7 — e.">
2. Cbl - c3
Ce coup est un coup de développement plutôt qu'un
coup d'attaque. Aussi a-t-il été longtemps négligé, alors
qu'on regardait l'attaque comme la tactique nécessaire.
Mais, depuis que la théorie a montré que les attaques
les plus vives peuvent être souvent repoussées avec perte
pour l'assaillant, on s'est tourné vers cette manière de
jouer très sûre. Les blancs peuvent pourtant reprendre
l'offensive ensuite. Les noirs peuvent répondre 2 Ff8
— co ou 2 Cg8 — f(i ; 2 Ff8 — bl serait plus
laihle à cause de 3. f2 — ft. Mais le meilleur coup est
2 Cb8 — c(î.
2 Cb8 — cli
3. f2 — f4 eo p. H
4. d2 — d4
Après 4. Cgi — f3 les noirs prendraient l'avantage par
4 g7 — go; o. Ffl — c4, go — g4: (i. 0 — 0.
ni p. lo ; 7. d2 — dt, FfS — tj7 : 8. e '. - e.'i. d7 — dS :
9. IV4 p. do, Fc8 — g4; 10. Fd8 p. 13, IV. p. B;
11. Ddl p. f3, Dd8 p. dî+ ; 12. Rgl — hl, Cc6 p. eo:
■2 s:. —
KCI1KCS
13, pj3 _ h;;% in!4 — d7. De même, «près i. Ffl — o4,
lt,is — ir. ■ . 5. Rel — fl, Ff8 — c5 les Doirsauraienl
le meilleur jeu.
/, D,is-h; t
; .17 — dS est sans doute préférable, car les noirs
auraient OD6 belle attaquo.
.'i. Rel - eS DM — h5+
6. Cgi — f3 g7 — g5, etc.
pA\ Paul Mori-iiy
Blancs Noirs
I . <>-2 — • ; c7 — e5
o. c.hi _ c3 (|,S — cti
3. Cgi — « lis — co
.;. rti - bs cg8 - re
La partie est devenue une partie espagnole.
5. 0-0 0-0
6. Cf3 p. eS Tfô — e8
6 Cc6 p. e.v> serait moins bon ; les noirs joueraient
7. d"2 — d4.
7. Ceo p. c6 d7 p. c6
8. Fb5 p. i '. b7 — bo
9. Fc4 — e2 CI6 p. e4
10. Cc3p. e4 Te8 p. ei
14. Fe-2 — f3 Te4 — e6
12. e2 — c3
l'ne faute qui permet aux noirs de gêner beaucoup le
jeu blanc; 12. d-2 — d3 valait mieux.
1' Dd8 — d3
13. b-2 — b4 FcS — b6
1 '. . a-2 — a4 bo p. a4
15. Ddt p. a4 Fc8 — d"
16. Tal — a-2
Les blancs veulent forcer la dame noire à la retraite avec
17. Da4 — c2; mais 16. Da4 — a6 valait mieux.
16 Ta8 — e8
Coup préparé de longue main.
I". Da4 —ail
trop tard.
Fi;.-. 6. — Position de la partie après le 17* coup des blancs.
17 Dd3 p. f3!
Très beau coup.
18. g2p.f3 Te6 — g6+
19. Kgl— bl 1(17 — h3
20. Tfl — dl
Si les blancs jouaient 20. Da6 — d3 afin de pouvoir
«près 20 FM — gî+ : 24.Rgl — lil. Fg2 p. 13 | ;
22. hdfi p. g6 garder l'avantage de la qualité, les noirs
rèpondraient'20.' f7 — f5 ; 21. Dd3 — c4-f , Rg8
—a.
:..
25.
26.
27.
m.
20 Fb3 — g2+
21. Kbt — +\ Fg2 p. f3 +
22. Rgl — fl FÎ3 — g2-|-
23. Rfl — gl IV2 — h3-f
->: Rgl -bl Fblip. f2
Da6 — fl Fb3 p. fl
Tdl p. fl Te8 — e2
Ta2 — al Tg6— b6
d2 — d4 FI2 — e3
Les blancs abandonnent.
Gambit du roi. Le gamliil du roi est le meilleur type
du gambit, c.-à-d. d'une ouverture dans laquelle un des
joueurs cherche à s'assurer le sacrifice d'un pion ou d'une
pièce, un avantage de position. Ce début conduit aux plus
belles attaques que l'on trouve dans le jeu des échecs. Il
est caractérisé par les coups :
Blancs Noirs
1 . d2 — e4 e7 — e5
2. f2— f4
Suivant que les noirs prennent le pion f4 ou non, le
gambit est dit accepté ou refusé. Le gambit accepté prend,
suivant le troisième coup des blancs, le nom de gambit du
cavalier (3. Cgi — f3), gambit du fou (3. Fil — ci) ou
gambit irrégulier (3. h2 — h4, 3. Ddl — f3 ou
3. Ddl — gvf).
Gcimbit du cavalier.
Rlancs Noirs
1 . e2 — e4 e7 — fa
2. f2 — f4 e5 p. f4
3. Cgi — fa
Les blancs poussent le cavalier, bonne figure d'attaque,
et empêchent l'échec Ddl — h4. La meilleure riposte des
noirs, de l'avis unanime des théoriciens, est 3 g°2
— g4. Toutefois, nous examinerons tout d'abord quelques
autres ripostes.
Premier jeu :
3 d7 — do
4. ei p. d5 Ff8 — d6
n. d2 — d4 g7 — g5
6. c2 — c'< b7 — b6
7. Ffl — d3
Jeux égaux.
Deuxième jeu :
3 H — fo
4. e4 — e5
4. e4 p. fo, d7— do; 5. d2 — d4, Fc8 p. fo;
li. Fcl p. fi, Cg8— f6 égalise les jeux.
4 d7 — d6
5. h2 — h4 dli p. eo, etc.
Troisième jeu :
3 Cç8 — f6
4. e4 — eS Cf6 — ho !
(4 Cf6 — do
4 Dd8 — e7 ;
0. Ffl — e2
6. Cf3 p. g5 !
7. Fe2 p. ho'
8. Ddl — f3
9. Fh5 p. f3
10. Ff3 p. cti
11. d2 — ii
12. c2 — c3
13. F< I p. a
14. Ff4 — e3
Jeux éiiaux.
Gambit de Cunningham.
1 . c2 — e4
2. f2 - f4
3. Cgi— tt
Ce coup est meilleur que toutes les défenses précédentes.
Il permet une attaque vigoureuse.
; c2 — c4, Cdo — b(i; 6. d2 — d4;
5. Ffl — e2ou od2 — d4.)
g7 — g5
Dd8 p. go
Dgo p. e2
Dg2 p. 13
Cb8 — c6
d7 p. c6
Fc8 — fo
0 — 0-0
c6 — co
e7 — eo
e5 p. fl
Ff8 — e7
ÉCHECS
- 186 —
4. Ffl — ci I al — hi-f
Ces deox coups Boni les meilleure. Les blancs peuvent
alors jouer roil Rel — II. Boit g'2 — g3.
Premier jeu :
•■ g?-*3
Cr coup conduit à une partie tics animée.
•'. M P- 63
ii. O — n g3 p. Ir2 +
7. Bgl — lil • ■ . . .
Dans cette position, les noirs uni trois pions de plus,
mais un tel retard dans le développement que leur jeu es)
très compromis.
A
7 Fh4 — e" .'
8. Fc4p.f7+ Ke8p. 17
9. cf3 — e5-j-+ 1SI7 — e8
g RIT — e<J ; 10. Ddl — $4 4- , Beup. eo
(10 Be(i-dii; U.CeS— f7 H );U.Dg4— fô-f-,
Reë — d(i; 12. Dfë — d5 + et mat.
40. Ddl — h.'i -f g 7 — gti
14. Ceo p. g6 C»S — fii
42. Tfi p. Hi Fe? p. ffi
•13. Cg6 — eo + R<-8 — e7
14. Dh5 — fï-r- Re7— d(i
15. Ce5— c4 -1- Bdlj — c5
16. Df7 — dS +
et mat en deux coups.
B
7 d7 — d5!
C'est la meilleure riposte des noirs.
8. Fc4 p. d.'i
8. e4 p. do amènerait 8 Fh4 — fl>.
8 Cg8— m
9. Fdo p. f7 4- Re8 p. t'7
10. Cf3 p. hi ThS - f8
11. d2 — di Rf7 — g8
-1-2. Fcl — go Cf6 p. e4
43. Fg5 p. d8 Tf8 p. fl 4-
44. Ddl p. fl Ce4 — §3 +
45. Bhl p.h2 Cg3p. fl 4-
et les noirs ont le meilleur jeu.
Deuxième jeu :
5. Re4 — fl ! Fut — fii
Si les noirs jouaient Fh4 — gS ou d7 — dtiou Cg8 — h6,
les blancs riposteraient 6. d2 — di aveu avantage.
0. e4 — eo Ffli — e7
7. d"2 — d4 d7 — dS
8. Fc4 — e-2 ! g 7 — go
9. h2 — h4 gS — g4
40. Ci'3 — h2 h7 — ho
H. Fcl p. fi Fe7 p. h4
1-2. c-2 — g3 Fh4 — go
43. Ch2 p. g4
et les blancs ont l'avantage.
Gambit d'Allgaier.
Blancs Noirs
1 . c2 — e4 e7 — e5
2. f"2 — f4 C. p. fi
:;. Cgi — n; g" — go
4. h2 — h4
Les blancs jouent ce coup pour rompre la chaîne des
pions ennemis. Les noirs ne doivent pas protéger ce pion,
car après 4 1)7 — hii; S. b.4 p. gS, le pion ne
pourrait prendre, sous peine d'amener là perte de la tour
b8 Les variantes suivantes seraient également mauvaises :
4 f7— f6; 5.Cf3p.g5; 5. f6 p. «5 ; 6. Ddl — hS | .
He8 — c7; 7. DhSp. g5 +,Re7 — cS : 8. Dg5 — h§ 4,
rc8 _ e7 ; 9. DhS — e5 + , Re7 — f7 : 10. Ffl — c l 4
et mai en quelques coups; i Ffii — e7 ; .'>. hi
p. g5, li~ p. g5; fi. d-2 — (14.
Les noirs jouenî :
4 g.'i — e.4
et les blancs peuvent jouer CCS — gS (gambit d'Allgaier)
on i (8 — e5 (gambit de Kieeeritzky).
4. I
Les blancs peuvenl tacilement se faire une tfve attaque
qui décide de u partie en leur laveur; pourtant les noirs,
b ils jouenî correctement, doivent obtenir le meilleur jeu.
.'. h7 — hli
Ceci est la riposte correcte. Les blancs sont forcés de
sacrifier le cavalier, mais l'attaque suivante peut être re-
poussée et ne justilie pas le sa< nfice.
6. CgS p. 17 Re8 p. 17
Les blancs peuvent jouer soit Ddl p. g'., soit Ffl — c4,
suivant (ju'ils visent à enlever les deux pions avec la dame
ou a fortifier l'attaque en déployant rapidement leur jeu.
A
7. Ddl p. g4 Cl 8 — 16
Le coup est meilleur que Dd7 — fii, qui sullirait déjà a
assurer l'avantage aux noirs.
8. Dg'i — fi Ff8 — d(i
Il n'est pas bon d'ordinaire de placer le fou devant le pion
de la dame; mais, ici, il y a lieu de faire une exception.
9. Dfi — 12 " Kf7 — g7
40. CM— c3 Th8 — f8
et les noirs ont l'avantage.
8. Ffl — c4 + d7 — dS
Nécessaire pour couvrir la case g4.
8. Fc4 p. do + Rf7 — g7
Ce coup vaut mieux que 8 BIT — e8 qui laisse
encore longtemps le roi noir exposé à des attaques dange-
reuses. On a objecté à 8 Rf7 — g7 que les blancs
font partie nulle par échec perpétuel avec 9. Fdo p. b7,
Fc8p. b7; 10. Ddl p.g4+,Rg7— f7; 11. Dgi — ho + .
Mais cette critique est réfutée pas la variante ci-dessous :
9. Fdo p. b7 fi — f3
10. Fb7 p. a8 f3p. «2
44. Thl — gl Dd8p". h4 4-
12. Bel— e-2 g4 — g3
et les blancs pour parer à 43 Fc8 — g4 4- qui
menace de leur taire perdre leur dame n'ont que trois
coups : Ddl — e4, Be2 — d3, Re2 — e'à, dont aucun
n'est sullisant pour sauver leur jeu.
Gambit de Kieseritzky. Ce gambit ne se distingue
du précédent qu'au cinquième coup.
Blancs Noirs
4 . e2 — e4 e7 — eo
2. f2 — fi eop.fi
3. Cgi — « g7 — go
4. bl - h4 go — S4
5. Cf3 — eo
Le cavalier menace la pion g4 et se ménage une re-
traite possible. Les noirs ripostent au mieux Cra — f<> ou
Ff8 — g7. Les autres réponses telles que d7 — dt) ou
Dd8 — c" sont plus faibles.
Premier jeu :
S lu — h.v»
Ceci est la riposte classique imaginée par Kieserit/ky et
qui, d'après lui, assure aux noirs l'avantage. En réalité, c'est
la plus faible de toutes.
6. Ffl— c'.
6 Th8 — b7
Ceci est le coup de Kiesiritzky. (i Cgfl — h<>
n'est pas meilleur.
7. d-2— d4
On ne saurait conseiller 7. Fci p. 17 4-, Th7 p. 17 ;
8. CeS p. 17, Re8 p. f7 : 9. d-2 — ili. car les noirs pren-
draient une position sine avec 9 fi — (3. I.es noirs
ont maintenant diverses manières de poursuivre telles que
7 (17 — d(î: 7 DdS — f(i; 7 fi — H!. La
dernière est la meilleure, niais aucune d'elles ne leur per-
met de conserver le pion du gambit avec jeu égal.
7 fi -R
p. a
— -287 —
ECHECS
8. g-2 — g3 ne serait pas bon, Ida blancs étant mis en
déavantace par s Cb8 — «6: 9. Ce8 p. c6;
s.
désavantage par s LWJ — eb; o. i.eo p.
,17 p. o6j 10. Fcl — ti. 1KI8 — o7; II. Cbl — c3,
5. .... . (17 — (l(i
9. Coa — (13 FfS — o7
lit. IVI-.vî
Coup qui justifie la prise du pion au huitième coup, car
réchec en ht déviant inoffensif.
10 Fe7 p. h4-f
11. Roi — ,1-2 t p. 13
1-2. Ddip.fS Pe8—g<
l.i. Df3 — f4 Cb8 — d7
14 chi — ,;; on — 1>6
15, IV, —Im Ïh7— g7
16. cl — e5
et les blancs mit un jeu bien développé.
DeuxiènN jeu :
:. Cg8 — m
(Y coup est une des meilleures ripostes.
6. Fil— ci d7 — do
7. ei p. do PfB — g7
FfS — (16 est également intéressant.
8. d2 - ,1 ; 0 — 0
!l. 0 — 0 c7 — co
10. Fclp.t'4 (■:, p.d4
11. Ddlp. di Ct(> — d7
1-2. Cbl— co Cd7p.e5
13. Ff4 P- e.'i
CbS — C6
Dd8p.d4 4-
Fg7 p. di -f
li7 p. e6
14. d5 p. c(i
15. Peop. d4
lii. Rgt — hl
Jeux égaux.
Troisième jeu :
5. ..... Ff8 — g7
Bonne riposte, équivalente à la précédente.
A
6. CeSp.g4 d7 — do!
7. d-2 — d4
Les blancs ne doivent pas jouer 7. e4 p. do, car ils
perdraient par 7 Dd8 — e7 ; 8. Rel — f"2 (l)dl ou
Ffl — e-2. F. 8 p. g4), Fg7 — d4 + ; 9. Rf"2 — f3, Fc8
p. g4 + ; 10. Rf3 p. g4, Cg8 — fS -fi e*c ; "• <& — d3
serait suivi de 7 do p.fe4 et les blancs ne devraient
prendre ni le pion e, ni le pion F, car, dans le premier cas,
ils perdraient un cavalier (après l'échange des dames), dans
le second le pion b et la tour a I .
7 do p. e4
8. Fclp.fi Dd8p.d4
9. Ddip.,14 Fg7p. d4
10. c2 — ci Fc8 p. g4
et les jeux s égalisent.
B
6. d-2 — d4 _ Cg8 — f6
Les blancs peuvent protéger le pion e avec Cbl — c3
nu Ffl — do ou bien prendre un des pions f ou g par
Fcl p. fi ou Ceo p. g4, ou enfin attaquer le point f7 avec
Fil — c4. Toutes ces variantes conduisent à des jeux égaux.
7. Ffl— ci d7— d5
8. e4p. do 0—0
9. Fe4p.fi Cflïp.do
10. Fc4p. do Dd8p. do
11. 0 — 0 c7 — «•:;
1-2. Cbl— c3 Dd5p.d4 4/
13. Ddlp.d4 cop. di
14. Cc3— do
CbS — c6, etc.
Gambit Muzio. Après les coups:
Bla Noirs
I.
!-> — PÂ
e7 — co
-2. f-2— f4 cop. li
3. Cgi — f3 g7 — gS
Les blancs peuvent continuer l'attaque, non pas par
4. h-2 — h4 (gambits Allgaier et Kieseritzkv), mais par :
4. Ffl — c '■
la riposte classique des noirs est 4 FfS — g7.
Elle leur assure L'avantage s'ils jouent très correctement,
mais ils restent exposés à une attaque longue et périlleuse.
Aussi le coup 4.
g'i — g4 parait-il préférable. La
riposte '<■ . . . h7 — lit» est à peu près aussi correcte que
î Fl'8 — g 7 ; elle conduit d'ailleurs dans nombre
de variantes aux mêmes positions.
4 o K-' — « '•
Les blancs ont le choix entre o. 0 — 0 (gambit Muzio)
ou o. (113 — eô' (gambit de Salvio).
:;. 0 — 0
Les blancs sacrifient le cavalier pour obtenir un déve-
loppement rapide. Ce coup a longtemps été classique : on
regardait le sacrifice du cavalier comme justifié par la su-
perbe attaque qu'il donne aux blancs. Aujourd'hui l'on
incline à penser (pie les noirs peuvent, dans toutes les
variantes, se défendre avec succès et que le gambit, bien
que très intéressant et même dangereux dans les parties
jouées sur l'échiquier, n'est pas absolument correct.
8 g4P. m
6. Dd I p. 13
6. d2 — d4 serait mauvais pour les blancs : 6
d7 — d5 ; 7. Fci p. do, Fc8 — g4 ! ; 8. g°2 p. 13,
Fg4 — ho; 9. Tfl — f2, c7 — c6. Les noirs ont plusieurs
ripostes. La meilleure est Dd8 — f(i.
A
6 Dd8 — f6
7. e4 — eo
La meilleure continuation de l'attaque.
7 Dftip.eB
8. d2 — d3 Ff8— h6
(9. Fcl — d-2, Cg8— e7 ; 10. Fd2 — c3," De5 "— c5 + ;
11. Rgl— hl, ThS— g8.)
9 Cg8 — e7
10. Fcl — d!2 Cb8— c6
Si les noirs jouaient ici 10 c7 — cfi, ils pour-
raient s'emparer d'une nouvelle pièce, mais leur jeu serait
tellement exposé qu'ils perdraient rapidement la partie
après : 11. Ta! — cl, Deo — co -f ; 12. Rgl — hl,
d7 — do; 13. Df3 — ho, Dco — dfi; 14. Fci p. do,
cb' p. do ; 15. Cc3 p. do, CbS — c6 (15 Fc8 — e6;
16. Tel p. eti, Dd6 p. e6 ; 17. Cdo — c7 -f); 16.
Fd-2 — c3.
11. Ta! — el Deo — fo
Ce coup est meilleur que 11 De5 — c5, qui assure
le meilleur jeu aux blancs.
1-2. Tel— e4
Les blancs peuvent jouer également Cc3 — do, Re8 —
d8 ; 13. Fd-2 — c3, Ta8 — e8; 14. Cdo — f<> (14. Fc3 —
16, Fh6 — go), Te8 — f 8 ; 15. g2 — g4, Dfô— g6; 1(J.
h-2 — h4, d7 — do; 17. Fci p. do; 18. Fc8 p. g4,
Cf6 p. g4, Tf8 — g8, et les noirs gagnent.
1*2. .... . 0-0
1-2. . . . Cc6 — eo ou 12. d7 — d6 sont plus faibles
et laissent l'avantage aux blancs.
13. Fd2p.f4
Si les blancs jouaient 13. Te4 p. fi, les noirs fortifie-
raient leur jeu avec 13. Fh6 p. f4; 14. Fd-2 p. f4, d7 —
d6 ! et utiliseraient ensuite leur supériorité numérique.
13 Fini — g7
Le meilleur coup.
14. Df3— e-2
0f'3 — e3 serait dangereux à cause du fou ennemi g7.
14 ' d7 — d5
15. Ff 4p. c7 Dfo — go
16. h2 — h4
Si les blancs jouaient 16. Fc7 — f4, les noirs force-
raient l'échange de dames par 16 Dg5 — g4. Les
noirs obligent donc les blancs à avancer le pion h et em-
pêchent par suite la tour fl de venir en f3 puis g3
ÉCHECS
— 288 —
18 Dg5 — g6
ci les noirs ont te meilleur jeu.
H
(i PIS — bfl '.'
Ce coup es! beaucoup plus faible que Dd8 — 16
7. .12 — di Dd8 — e7
8. Fcl p. i 'i Iliii p. fi
9. Df3 p. fi Cb8 — c6
II), IV i p. 17 -f Re8 — (18
1 1 . e4 — eo
et les diverses manières dont les noirs peuvent continuer
telles que 1 1 .17 — d(i ; il h7 — h5 ;
H Cc6 — 1)4 ne leur permettent pas de repousser
l'attaque des blancs.
Variantes du gambit Muzio. Les blancs, quand ils
sacrifient le cavalier au cinquième coup, peuvent, au lieu
de roquer, jouer d'autres coups de développement tels que
.'i. d2 — d4 ou .'>. CM — c3 ; ces variantes sont plus faibles
que le gambit Muzio, mais'donnent lieu ;. des parties ana-
logues, comme le montre l'exemple suivant :
M
AC DONNEI.L
La Bourdonnai^
Blancs
Noirs
1.
e2 — ei
e< — eo
2.
f 2 — f 4
e5 p. f4
3.
Cgi -f3
g^-g5
4.
m — ci
go — g4
o.
Cbl — c3
g4 p. f3
fi.
Ddl p. f3
Ff8 — h6 ?
7.
d2 — di
Cb8 — c6
8.
0-0
Cc6 p. di
!).
Fci p. n +
Ce second sacrifice est correct, étant donné le mauvais
développement des pièces noires.
9 Re8 p. H
10. Df3 — ho-f RfT — gT
11. Fcl p. f4 FliO p. fi
11 d7 — d6 serait suivi de 12. Ffi — eo -)-,
d6 p. eo; 13. Tfl — f7 -f et mat.
12.
12.
13.
14.
13.
16.
17.
Tfl p. f4 Cg8 — fô
. Cg8 — h(> amène 13. Dho — e5 -j—
Dbh — g5 -f Rs-7 — n
Tal — fl Rf7 — e8
Tf4 p. f6 D.I8 — e7
Cc3 — d5 De 7 — c5
Rgl — hl Ceo — e6
Ce coup amène la perte de la dame. Mais les noirs ne
peuvent plus sauver la partie. S'ils jouaient 17
d7 — dO, ils perdraient après 17. Tf6 — f7.
18. Tf6p. e6-f- d7 p. e6
19. Cdo — f(i-f
et les blancs gagnent.
Gambits C.ochrane et Saluio. Le gambit Muzio et ses
diverses variantes, bien que donnant une forte attaque aux
blancs, laissent en définitive aux noirs le meilleur jeu si
leur défense est juste. Si l'on rejette au cinquième coup le
Muzio, il ne reste qu'à déplacer le cavalier :
Blancs Noirs
e2 — ei e7 — eo
f2 — fi eo p. fi
C$1 —fi g7 — g5
i. Ftl — ci go — g4
o. Cf3 — e5
Le point f7 se trouve attaqué pour la deuxième fois.
Les noirs, au lieu de le couvrir, joueront pour le mieux :
o Dd8 — lii-f
6. Rei - fl •.••••,
Les noirs ont alors le choix entre trois coups : 6
fi — f3 ! (gambit Cochrane), ou 6 Cg8 — f(i
(gambit Salvio) ou 6 CgS — h6 !
Gambit Cochrane.
ii fi — f3
A
7. Fci p. f7 -f ReS — r7
I.
2.
3.'
x. NI — el
Les autres coupa laissent l'avantage au\ nous, \insi :
«. 117 p. g8, TI.8 p. g8; 9. g2 p. B, <I7 — ,U,: 10
I». g'., Fc8 p. g4; II. 13 p. g'., Tg8 p. gi ou bien 8.
g2p. f3, d7-d(i; 9. M7 p. g8, Tb8p. g8; ou bien
8. g2 - g3. DI.', - li3 +; 9. KH - f2, Cg8- f(J; 10;
II. — b3, d7 — d6; 11. (>:> — (7 , (.t., p. .', -f . ]->.
RK — el, Ce4p. g3.
* ftp-g2+.
9. RII p. ii-1 .....
Si le roi jour 9. Kfl — e2, les noirs répondent 9. .
Dbi — h.!; 10. Tbl— gl, d7 — d6.
9 DM — h3 +
I». Rg2 — ti Iï8-g7
11. Il" p. g8 Fg7 p. e5
7. g2 — g3 Dhi — 1,3-4-
8. kfl— f2 Cg8 — fB
9. d2 — d3 d7 — <lii
10. Ce5 p. H dO — do
1 1 . Cf7 p. h8 Dh3 — g2 -f-
12. Rf2-e3 Cb8 — c6
13. Cli8 — 17
Pour empêcher le mat 13 Ff8 — h6 -f-.
13 Re8 p. H
14. Fc4 p. do -f CfB p. dS
et les noirs gagnent.
C
'<■ g^P-ft
A 7.d2 — di, les noirs répondraient 7 Cg8 — h6
(V. gambit Salvio); 7. Ceo p. f7 serait mauvais à cause
de 7 Cg8 — f'6; 8. Cf7 p. h8, Cf6 p. e4 : 9.
Ddl — el, « p. g2+, etc.
7 Cg8 — f6
8. Ddl— r-J d7— d6
9. Ceo p. g4 CfO p. g',
10. f3p. g4 Fc8 — gi
et les noirs ont le meilleur jeu..
Gambit Salvio.
6 Cg8 — f6
Ce coup est faible.
7. Ddl — ei
8. Ceo p. f7 coûte aux blancs fou et cavalier contre la
tour ; 8. Fcî p. f7 donne aux noirs un jeu mieux développé.
7 Dhi p. el -f
8. Rfi p. ei Cf6 p. ei
9. Fci p. H + Re8 — e7
10. Ff7 — ho g4 — g3
12. 1.2 — h3 d7 — d6
12. Ceo — d3 IT8 — h(i
13. Cbl — c3 Ce4 p. e3
13. Ce4 — f6 est suivi de 1 i. Fho — f3 et de 15.
Cc3 — e2.
14. d2p. c3 Th8 — f8
15. Thi — fl
et les blancs regagnent le pion de gambit et ont un jeu
bien développé.
Gambit Saluio modifié.
6. ...... . Cg8 — lui
Ce coup, indiqué également par Salvio, est meilleur que
le gambit Salvio simple.
7. d2 — di fS — n:
7 d7 — dli est beaucoup plus faible. Les blan. ^
ont le choix entre divers coups (8. Fcl p. hli, ou 8.
g2 — g3, ou 8. g2 p. Hl) dont aucun ne leur donne un
jeu égal.
8. Fcl — f4
C'est peut-être le meilleur coup des blancs à ce moment.
8 .17— dti
9. Ceo — d3 fi p. g2 -}-
10. RII p. g2
11. i-2 — ci!
12. Ff. — g3
lis
Cb8
Dhi
g'
• cl.
— 289 —
ÉCHECS
14. CM — dS 0 — 0.
18. Dd l—o-2 Rg8 — b.8
et les noir? ont un pion do plus et un beau jeu.
I1i\mh\ V. DBB l.ASA
Blancs N"''»"*
1 . e2 — e 'i oT — eo
2. rî — M e5 p. fi
gi — ga
gS — g 4
Dd8 — li '. ;
r, - ra
(17 — dS
Cg8 — f6
l'u'S — e"
Cb8— c6
gi — go
Cf6 p. e4 :
;i. CM-f3
;. lïi -.'.
:;. Cf.! — eS
ti. Bel - fl
7. gîp.f3
S. Fc4 p. d8
9. Fd5 p. n 4-
Ki. di — d4
1 1 . 1Ï7 — e '.
1-2. Rfl-e-2
13. CM — c3J
13. lo |>. e4 serait suivi de 43. Ccf) p. eb ; 14. d'i p. e5,
Fe8 - . I
43 Ce4-K
li. tâp.g3! Dh4p.g3
I ; Dh4 p. hl serait suivi de 15. Fol —go +
IS. Thl — gl Dg3p.eS +
46. d4 p. eS Cra p. d4
17. Fcl — go + Re7 — d7
18. Tal p. dl +
Les noirs abandonnent.
Gambii de Philidor ei de Gréco. Dans les variantes
précédentes du gambit du cavalier, après les coups :
Blancs Noirs
\ , eo — e4 e7 — eS
2. f2 — f4 eo p. f4
3. Cgl-f3 g7-g5
4. Ffl — c4
Nous avons fait jouer aux noirs 4 go — g4, ce
qui oblige les blancs aux gambits Mu/.io, Cochrane ou
Salvio. Mais les noirs peuvent également jouer :
4 Ff8 — g7
Ce coup est le coup classique. Il assure aux noirs, s'ils
jouent correctement, la meilleure partie, mais il les laisse
exposés très longtemps à de vives attaques. Les^ blancs ont
diverses poursuites, telles que : 5. h2 — h4, 5. 0 — 0,
5. d"2 — d4 ou 5. c2 — co.
Premier jeu :
5. h-2 — h4 h7 — h6
i — g4 serait moins bon ; (». Cf3 — go, Cg8 — hO;
7. d-2 — d4, f7 — fli ; 8. Fcl p. fi, f6 p. go ; 9. Ffi p. go
(9. hi p. go. Ch6 — f7), Fg7 — fli : 10. FgS p. h6 (les
blancs pourraient jouer 10. Ddl — d2 et sacrifier la pièce
qu'ils ont gaunée en échange d'une bonne attaque),
Ffôp.h4 -f ; 11. Kel — d2. Fhi — go + ; 42. Rd2— d3.
6. d2 — di d7 — dti
((i c7 — c6;7. e4 — eo, d" — do; 8. e5p.dC)
7. c2 — c3 go — g4
s. Fcl p. f4 «4 p. t:;
9. Ddl p. f3 Fc8 — e6
Le meilleur coup : 9. .
IMX — e7 sont moins bons.
10. CM — d-2 Cg8 — e7
11. h ; — li'» Fe6 p. c4
12. Cd2p. c4 b7 — b5
\?t. Cc4— e3 Cb8-di
et le jeu des noirs est un peu meilleur.
Deuxième jeu :
Au lieu d'attaquer les pions noirs avec 5. h2 — lii. les
blancs peuvent jouer ici un coup de développement tel
que o. 0 — 0 on o. i!2 — d 5 ou a. c2 — co\ Ces variantes
sont intéressantes, mais permettent en général aux noirs
d<' prendre l'a\antage.
GRANDE EKCTCLOPÉDtB. — XV
Cg8 — f6 ou 9.
Gambii du fou.
Blan<
1. e2 —
Noirs
e7 — e.'i
eo p. t'4
2. (-1 — Il
3. Ffl — c4
Le troisième coup des blancs caractérise ce gambit. On
le préfère généralement au gambit du cavalier 3. Cgi — lit,
car toutes les variantes étudiées amènent à cette conclu-
sion que les noirs ne peuvent pas conserver sans désavan-
tage le pion du gambii el qu'ils égalisent seulement les
jeux. Ce début est donc une des ouvertures les plus cu-
rieuses, puisque l'échec Dd8 — h4- -f- , par lequel les noirs
enlèvent aux blancs la faculté du roc, n'entraîne pour ceux-
ci aucun desavantage. Ceci tient en grande partie à ce que
la dame noire est mal postée en Ii4. Elle peut être re-
poussée avec perte d'un temps par t'gl — f3, et, si elle se
retire en ho, place qui est, en général, regardée comme
la meilleure, elle reste tellement éloignée de l'aile de la
dame que le roi noir est souvent obligé de se porter en d8
pour protéger le point c7 menacé par le cavalier blanc
venu en do ou bo. Dans ce cas, les noirs perdent aussi
leur roc.
Premier jeu :
3 Dd8 — 1)4 -f-
4. Kel — fl g7 — go
Ces coups représentent la défense classique dans le
uambit du fou. Longtemps ils ont passé pour excellents.
5. Cbl— c3
Ce coup est très fort.
o F18 — g7
li. d2 — d4 Cg8— e7
(i d7 — d(i conduit à égaliser les jeux après
7. Cgi — f3, Dh4 — h5 ; 8. b.2 — h4, h7 — h6 ;
9. e4 — eo, d6 p. e5 ou Dho — g6 ou go — g4. Les
blancs ont deux coups qui leur donnent une bonne attaque.
A
7. Cgi— 13 Dh4— ho
8. hl — h4 h7— h6
9. Rfl — gl
Si les blancs jouaient 9. e4 — eo, les noirs réplique-
raient f7 — f6.
5-g4
A 9 Dho — g6 , les blancs répliqueraient
avec avantage 10. ei — eo, d7 — d(i;44. Cc3 — bo,
Cb8 — a(i
c7 — c(i ;
10
11
42
43
44.
Jeux égaux
12. hi— ho. Dg6 — fô; 43. e.*> p. dti,
44. Dd4 — e2.
Cf3 — h2 !
g2 p.
t:i
Ch2 p. g3
Fc,4 — ê2
1U'4 — f2
fi — f3
g4 p. t>i
d7— dli
Fc8 — g4
n — fo
11
fi p. g3
Dh4 — h6
h2p. g3, Dhi-g4
Fcl p. go.)
10.
7. g2-go!
(^c cou|) est le meilleur.
7
8. Hfl-g2
(8 d7 — dli; 9.
l'ei — e2, Dg4 — d7 ; 11.
9. h2 p. g3
(9. Cgi — f3 est également recommandable.)
9 '. Dhfi— g(i
40. Cgi — f3 h7 — h(i
44. Cc3— do
C'est le meilleur coup. 44. Thl — fl est plus faible.
41 Ce7 p. d.'i
12. ei p. do
et dans cette position, les blancs ont l'avantage.
Deuxième jeu :
3 g7 — g'i
Ce coup, qui est le meilleur dans le gambit du cavalier,
ne suffit pas ici.
49
ÉCHECS
- m -
i. h"2 — h4
La meilleur* réplique des blancs.
; h? — i.(i
i gb — g4; 5. (I-.!— Ai, Ff8 — e7; 6. Fcl p. li.
Fc7 p, Ii'< j-; 7. g2 — g3, Fb4 — e7 ; 8. c2 — c3,
1,7 — h.".; 9. Ddl— b3, Tlis — 1,7 ; 10. Thl p. b5,
Th7 — R7;H. Thb — h8 ; ou bien '. 1,7 — h.'. ;
.'>. Ii'i p. r5, Dd8 p. gb
6.
,. Ré) — fl. d7 — d6.
Troisième jeu :
8
Cette défense esl lionne.
4. CM — c3
4. e4 — eb? sérail sni\i de 4. d7
Cf(> — e4 ; 6. Cgi — f3, Fc8 — g4 ;
4
b. Cgi - f3
fi. 0 — 0 !
Cc3 — .15
ri p. d.'i
Cf3 p. eb
d2 — d4
c2 — <•;;
di p. eo
Fcl i>. l'4
Tfl p. 14
Cgi— f3, Dg5-g3!
7.
8.
9.
in.
11.
12.
13.
14.
Jeux égaux.
Quatrième jeu :
3
Cette défense est bonne.
4. Ddl — e2
4. e4 p. 15 serait mauvais :
. Rel-r-fl, f 4 — f 3 ; G. Fc4
. Rfl p. g2, Dli4 - go +.
4
5. Rel — di
— f6
-db;b. Fc4— b3,
7. 0— 0,Cb8— c6.
Cb8 - c6
K|X_|,i
d7 — dli
Cffi p. d5
Cc6 — '■■'
dii p. eb
lias _e7
Fb4 —dli
Fd6 p. eb
FeS p. t'4
0-0
n-fo
4
P- g».
. DdX — h'i
f3 p. g? +
li.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
De2p. e4 +
d-2— d4
De4 p. t'4
Fcl — f4
Fc4 — d3
Cgl-e2
c2 — c3
Dd8 — lii +
fo p. e4
Ff8 — e7
Cg8 — fii
Dli4 p. f4
d7 — do
Fc8 — g4 +
Cb8 — c6
0—0-0
Jeux égaux.
Cinquième jeu : toutes les variantes adoptées jusqu'ici
au troisième coup par les noirs réussissent au plus à leur
donner une partie égale à celle des blancs. Le coup
3 d7 — do fut proposé, il y aune vingtaine d'années,
comme le meilleur. On le regarde aujourd'hui comme de
même force que 3 f7 — fo ou 3 Cg8 — fo.
3 (17 — do
A
4.
b.
(i.
7.
8.
II.
10.
11.
1-2.
13.
14.
15.
16.
Fc4 p. <15
Rel — fl
Cgi — f3
b.2 — hî-
d2 — di
CM — c3
e4 — eo
Kd5 — ei
Cc3 — e2
nii-gi
h'i p. g5
Jeux égaux.
Fe4 p.
Fcl p.
Dd8 — h4-f
g7 — g5
l)h'. — 1.5
Ff8-g7!
Cg8 — c7
1,7 — hii
0 — 0
i-7 — eo !
Ct>8 — c6
Cc6 p. d4
OU p. f34-
I)h5 p. gb
B
Blanca
i . e4 p. do
b. Rel — H
(i. d2 — di
et les noirs ont la meilleure position.
Noirs
Dd8 — ht-{-
1 IX — dli
Cg8-e7
A .ni |
fl — ci
12 —fi
III -ri
Rel -H
I d p. 1,5
-13
.12 — (13
Cl:; — l,i
«lit — 15
,2 -g'.
I li I - ■. I
Les blancs sacrifient un,- 6g
Il
12. 1,2 — lii
13. hi — 1,5
14. Ddl — f3
Pour faire place à la darne,
par 15. Ici p. li.
13. Ici p. fi
16. Cbl— c3
17. Cc5 — (15
I.
o.
.1
<i.
7.
X.
II.
10.
II.
KuawrruR
c7 — eS
eKp. t;
l)dX - i
1,7 — bo
Cg8 — 18
blii — l,ii
Cfti — h5
Dhii -
c7 — co
(.1,5 — Hi
urc pour avoir l'attaque.
c6 p. Ii5
Dgb— gii
l)Ji-_,
CHi - -
que les blancs menaçaient
II:, -fii
1 ix — (5
Itfiip. Ir2
Kig. 7. — Position de la partie après le 17* coup
des noirs.
18. Kl". —dli!
Très bien joué. Cette fin de partie est de premier ordre.
18 FcS p. gl
(18 Kco p. dti ; 19. Cf5 p. dli-f-, Ue8 — .18 ;
20. Cdb' p. f7-(-, mat en i coups.)
19. e4 — eb! Db-2 p. al-f
20. Rfl— e2 Cb8 — «6
Les blancs forcent le mat en trois coups.
21. CfSp. g7 +
22. Df3 —164-
23. l'dli-e7 +
el mat.
Gambit du fou limité.
Blancs
1. e2 — ei
2. B — f4
3. Kfl — e2
Ce coup a son origine dans la remarque que dans nombre
de variantes de la défense classique du gambit du fou, le
retour du fou en e2 est avantageux. On ne saurait recom-
mander ici aux noirs 3 0d8 — lii -f- et ',
g7 — »5, car les blancs prendraient l'avantage avec 5.
Cbl — eo et 6. ,12 — di. Les noirs doivent se développer
le plus rapidement possible.
i;,s.
-dx
.fii
Noirs
e7 — eS
eS p. fi
— 191
ÉCHECS
Gambit du roi irrégutitr.
Blancs Noirs
1 . e-2 — e '. e7 — eS
-2. f-2 — f. «'•- p. M
Dans les variantes asseï peu usitées une Dons donnons
ci-dessous, les blancs jouent 3. h2 — bl afin d'empêcher
;i gl — gS, ou bien attaquent le Fou t'i avec la dame.
Ces variantes sont médiocres pour les blancs.
Premier jeu :
3. h-2 — h '.
C'est le gambit de la tour du roi.
.!.' Ff8 — e7
5. d-2 — d3
6. IV I— .1-2
T. Fd2 p. e3
Cri-«3
4. Ddl — g! n'est pas meilleur.
Cg8 — fti
d7— do
Cfii p. d.'i
DdS p. d.'i
I-V7 — dti
Ddo — e6-f
c7 — cti
0-0
DdS — h'. -4-
Dhtp. H -f
FT8 - cS -f
Fco p. gl
g7 — g5
h7 — h(i
d7 — do
Ff8 — dli
Dd8— lii-j- suiu ,le
5. CM— c3
(i. ei p. do
7. Ce 3 p. dS
8. dâ — .1 i
9. c2— ci
10. Ffl— e-2
11. Ddl— b;;
Deuxième jeu :
3. Ddl — Hi
;. Dfô— fa
5. Rel p. f-2
(i. Kf-2 — f3
7. Tlil p. gl
8. h-2 — h':
Troisième jeu :
3. Ddl—.;
',. Dg4p. T4
•">. ci — eS
.'i. Dfi — f3 amènerait .'i.
ti Dh4 p. e4+.
S Dd8-e7
6. d-2 — di H — M, etc.
Gambit du roi refusé. On a vu qu'après avoir accepte le
gambit, les noirs obtiennent l'avantage dans toutes les va-
riantes s'ils jouent correctement. Le refus du gambit amène
à des parties égales. 11 peut se faire de trois manières.
Blancs Noirs
1 . ei — e4 e7 — eo
•2. f-2 — f4
Premier jeu :
•1 d7 — d6
3. Ffl — ci
3. Cgi — f> est aussi bon.
3 Cg8 — f(i
4. CM— c3 Fc8 — gi
5. Cgi — f3 Cb8 — cti
6. 0 — 0 Fg4p. f3
7. Ddl p. 13
Jeux égaux.
Deuxième jeu :
-2 l'IX-co
3. Cgi — f3 d7 — d6
5. c2 — c3 Fc8 — g4
6. Ffi — e-2
Pour occuper le centre avec d2 — di sans désavantage
de position.
5 Fg4 p. f3
6. Fe2 p. f3 Cb8 — c6, etc.
Troisième jeu :
-2 d7— d.'i
La partie suivante donne un exemple de ce jeu.
Schli.tin Paul Morpbï
Blancs Noirs
1 . e2 — e i e7 — e.'i
■2. f-2— f4 d] — d:>
i. e4 p. do eS — ci
4. CM — e3
Ce coup ne vaut pas 4. Ffl — b5-J-.
Cg8 - fli
l'IS — |,{.
e4 — e3!
0 — 0
Fb4 p. c3
Tf8 — e8 +
Fc8 — g4
8. Fe3 — d-2
9. 1.-2 p. c3
10. Kl' I— e-2
11. c3 — c4î
Les blancs, par ce coup et le suivant, laissent aux noirs
tant de temps que leur attaque devient irrésistible.
•Il .-7 —ni
1-2. dS p. c6? Cb8 p. c6
13. Kel — fl Te8p. e2!
14. C-l p. e-2 Cc6 — d4
l.'i. Ddl— M Fg4p. e2-f-
l(i. Hl'l — f-2 Cf6 — g4
17. Kt'2 — gl
Les noirs forcent le mat en sept coups; 17 Cd4
— f3+; 18. g2 p. f3, DdS — d4 -f ; 19. Bgl — g2,
Dd i — f2 +; 20 Rg2 — h3, Df2 p. f3 -f ; 21 . Rh3 — h4,
Ca : — h-2 ; ±1. Dbf — gl, Df3 — b3 -f ; 23. Rh4 — g5.
Dn3 — h.'i-f- et mat.
Parties fermées. — Les parties fermées se distinguent
d'ordinaire des parties ouvertes, non seulement par leur dé-
but, mais par leur allure générale. Elles conduisent de part
et d'autre à des positions solides, moins exposées aux atta-
ques des pièces adverses et par cela même moins intéres-
santes. ( )n a remarqué que la plupart d'entre elles peuvent être
transformées en parties ouvertes au début par l'un ou l'autre
des joueurs et surtout par celui qui a débuté ; mais que, vers
le milieu, toute tentative faite pour les transformer en parties
ouvertes, tourne en général au détriment de celui qui la fait.
La conduite d'une partie fermée est très difficile; il arrive
beaucoup plus fréquemment que dans les parties ouvertes
qu'un seul coup de pion compromette le jeu tout entier.
Les ouvertures de ce genre se rattacbent à deux types
différents : 1° les blancs avancent les pions du roi de deux
pas; e2 — e4, mais les noirs répondent par 1 e7
— e(i (partie française), ou 1 c7 — c3 (partie sici-
lienne) ou 1 d7 — do ; 2° les blancs jouent au pre-
mier coup 1. d2 — di, 1. f2 — 14, 1. e2 — e3 ou tout
autre coup analogue.
Partie française.
Blancs Noirs
1 . e2 — e4 e7 — e(j
Cette réplique est très correcte; elle conduit à des situa-
tions uniformes.
2. d-2 — d4
2. f2 — f4 est moins bon. Les noirs répondraient
2 c2 — c4.
2 «17 — d5
3. CM —ci!
3. e4 — eo est un peu aventureux; 3. e4 p. d.'i,
e(i p. do ; 4. Cgi — f3, Cg8 — f6 ; 5. Fi 1 - d3, Ff8 —dli ;
6. 0 — 0, 0 — 0 égaliserait les jeux.
A
3 Ff8-b4
4. Ffl — d-! c7 — cS
o. c4 p. do DdS p. d3
6. Fd3 — b.ï + Cb8 — c6
7. Cgi — f3 co p. d4
8. Fbo p. c6 -f b7 p. c6
9. Ddl p. d4 Fb4 p. c3 -f
10. b2 p. c3 Cg8 — f(i
11. 0 — 0
et les jeux s'égalisent.
li
3. . . . . . Cg8 — fti
4. ci p. do eti p. d.'i
.",. Ffl — d3 e7 — ( li
(i. Cgi— f3 ITS — dli
7. 0 — 0 0 — 0
et les jeux s'égalisent.
ÉCHECS
5! (-2
Partie sicilienne. Celte partie est caractérisée par:
Blanca
1 . e2 — e ! c7 — <■•")
Cette réplique des noirs est très correcte ; quelques
joueurs la prêtèrent même a c2 — e4. Les blancs peuvent
poursuivre de diverses manières, doal la meilleure est :
2. Cgi— 13 e7 — e(i
La meilleure réplique des noirs : 2 Cl>8 — c6,
est |>liis faible.
3. CM — c3 .....
3. à-1 — (14 égalise les jeux, mais est moins bon que
3. CM — c3.
3 Cb8 — c6
4. d2 — d'. c5p. ai
:,. Cf3p.d4 Cg8 — fô
(i. iv 1— e3 m — M
7. Ffi — d3 d7-d.'i
X. Cdi p. c6 b7 p. c6
9. e4 — eo do — d4
10. 0 — 0
Jeux égaux.
Contre-gambit du centre.
Blancs Noirs
1 . c2 — e4 d7 — d.'i
dette réplique des noirs est faible.
2. ei p. do
Les noirs prennent avec leur dame, les blancs jouent
Cbl — c3 et amènent leur cavalier dans le jeu avec attaque
sur la dame; si les noirs jouent 2 Cg8 — ft>, les
blancs répliquent d2 — d4 et obtiennent une avance dans
le développement.
Fianchetto di Donna.
Blancs Noirs
1. e2 — e4 b7 — b6
Cette réplique des noirs ne saurait être appelée incor-
recte; elle est pourtant moins bonne que 1 e7 — eo,
ou 1 e7 — e6, ou 1 c? — c5.
2. (12 — d4 e7 — e6
3. Kfl — d3 Fc8 — b7
4. Cbl — c3 Cg8 — f6
o. Cgi — f3 c7 — co
Fianchetto del /{<?.
Blancs Noirs
1 . e2 — ei
so
Pour placer le fou en g7, les blancs peuvent jouer :
2. f2 — fi e7 — e6
3. Cgi — 13 c7 — cri
k Ai — di d7 — do
5. Cbl— c3 Ff8 — g7, etc.
Parties fermées île part et d'autre. Nous arrivons
maintenant aux parties où les blancs ne jouent pas
1. e2 — e4.
Ouverture de Van't Kruyt.
Blancs Noirs
1. e2-e3
Les blancs en jouant ce coup se proposent d'engager
par 2, c2 — c4 une partie sicilienne avec un coup d'avance
si les blancs répliquent 1 . e7 — eo, mais ceux-ci peuvent
répliquer.
1 f7-fS
Il v a alors diverses répliques, telles que :
2. d2 — dl e7 — eti
3. c2 — c4 Cg8 — fii
4. f2 — f i c7 — (•:;
5. d4 — <i:> Dd8 — c7
(i. Cgi — f3 Ff8 — e7
7. Ffl — e2 0 — 0
«.0 — 0
Blancs Noirs
1 . c2 — c4 f7 — fo
Cette ouverture se rapproche de la précédente ; elle n'en
diffère la plupart du temps que par l'ordre des coups.
Ouverture ava le pion du fou du roi.
Blancs Noir*
1. ti — f4
Cette ouverture se rapproche des deux précédentes, i ■
noirs répliquent an miens 1 17 — 15, 1
e7 — eo, 1 (7 — c5, I d7 — d...
Ouverture 'lu pion de la dame.
Blancs Soin
1. d2 — d4
Cette ouverture est classique. Les noirs peuvent répondre
par 1 d7 — d.'>, 1 17 — f.-.. I
e7 — eii. En ce qui concerne la dernière réplique, nous
nous contenterons de remarquer qu'après 2. (2 — cl,
(17 — d'), elle se confond avec le gambit de la dame refusé
•1. d2 — d4, d7 — d.'i ; 2. cf — c4, e7 — s6 : ou bien
qu'après 2. <-2 — e4, 17 — P> elle se confond a\e<- une va-
riante de la seconde réplique, ou enfin qu'après 2. e2 — e'<,
(17 — d.'i, on retombe dans la partie française.
Gambit de la dame.
Blancs Noirs
1 . d2 — d I d7 — .1.',
2. c2 — ci
Ce coup caractérise le gambit de la dame. Contrairement
à ce qui arrive dans le gambit du roi, les noirs ont intérêt
à refuser le gambit de la dame.
Gambit accepté.
2 d5 p. cl
3. e2 — e3!
Cette réplique des blancs est meilleure que 3. e2 — e4,
ou 3. Cbl — c3.
3 e7 — eo
La tentative de conserver le pion du gambit avec3
b7 — b.'i, est mauvaise à cause de 4. a2 — a4, c7 — cti;
5. a4 p. 1>5 c6 p. bo ; ti. Dd 1 — 13. De même 3
f7 — fo est à rejeter à cause de 4. Ffl p. c4, e7 — e6 :
5. Ddl — b3; et 3 c7 — co à cause de 4. Ffl p. cl,
co p. di; 5. e3p. d4, Cb8 — c6 ; 6. Cgi — e2, e7 — eo ;
7. Fcl — e3, eo p. d4; 8. Ce2 p. d4, Cc6 p. d * :
9. Fe3 p. di, Dd8 — e7 -f : 10. Fc4 — e2, De7 — b4 -f ;
11. Ddl — d2, Dbi p. d2 -f ; 12. Cbl p. d2
0. Ffl p. ci
4. di p. eo serait mauvais à cause de Dd8 p. dl -f
o. Rel p. dl. Cb8 — c(i : 6. Cgi — f3, Fc8 — eti
7. Cbl — d2, 0 — 0 — 0; 8. Rdl — c2, Ccti — b4 +
9. Rc2 — c3, Cb4 -d3; 10. Ffl p. d3, Td8 p. d3 -f .
4 e"> |). d*
:>. e3p. d4 Cg8 — fti
(S FfK — dii: C. Cgi — f3. Cg8 — f6;
7.0 — 0, 0 — 0 et la position des blancs est meilleure.)
6. Ddl— b3 Dd8 — e7 -f
7. Cgi — e2 De7 — 1>4 +
8. Cbl— c3 Db'. p. b3
9. Fc4 p. b3 Ff8 — e7
et les blancs ont un meilleur développement.
Gambit de la dame refusé.
2 e7 — eti
Ceci est la meilleure manière de refuser le gambit.
3. Cbl — c3 c7 — < ■'•
4. e2 — e3 Cg8 — fti
•".. Cgi — f3 CÎ.S — c(i
(i. a2 — a3 a7 — a6
7. 1.2 — b3 b7 — bti
■s. Fcl - b2 Fc8 - M
9. c4 p. d.'i e6 p. do
10. Ffl — d3 eo p. d4
11. e3 p. d'. Ffô — dfi
12. 0—0 0 — 0
Les jeux sont égaux.
La Bourdonnais Mac-Donnku.
Blancs Noirs
1 . d2 — d4 (17 — do
2. c2 — c4 d.'i p. cl
3. e2 — e3 e7 — aS
— 293 —
ÉCHECS
;. in p. c4
.">. e3 p. il'.
ti. CM — cS
7. Cgi - f3
s. IY1 - e3
9. \vl — b3
in. Fe4 — b3
1 1 . 0 - 0
18. a2 — ai
13. Cf3 - eS
I '.. Fb3 — c2
i:i. Ddl - e2
Iti. Fe3 — .12
17. Tal — el
18. DeS — .■;
19. i'd-2 p. f4
10. IV. p. t'4
•21. Df4 — h6!
2-2. Fc2 p. g6
2;>. CeS p. gt;
Seul moyen de protéger le fou.
24. Dhti — hS+
25. Dh8 — hT-f-
26. Cg6 — f '■ !
Pour parer à 27. Cc3 — e4 -j- et mat.
Cg8 —l'ti
lis — el
0-0
cl — e6
ChS — ,17
t:,i7 — bt»
t'.t'ti — dS
a7 — aS
Fc8 — et!
17 - fS
f. - f,
Dd8 — e8
Fe6 — f7
g 7 — gti
CdS p. M
FI7 — <•'.
Fc4 p. Il
li7 p. gti
Cb6 — c8
Rg8 — n
Rt7 — t'ti
Ffl — d3
zi. Tel — e64- Rf6 — gS
28. DM — h6+ RgS — Î5
29. Te6 — eo-f- et mat.
Partie hollandaise.
Blancs Ne. irs
i . a-2 - d ; n — fo
Si les noire jouent plus tard d(i — do, cette partie se
ramène au gambit de la dame refusé. Mais ce coup n'est
pas à recommander. Dans les parties fermées, il est sou-
vent avantageux de ne pas avancer le pion de la dame, qui
soutient le pion du roi et protège les cases eo (e4) contre
les cavaliers ennemis. La partie sera conduite d'après les
principes des jeux fermés. Voici par exemple quelques coups
empruntés à une partie de Harrwitz (blancs), et Morphy
(noirs) :
2. c2 — c4 e7 — eti
3. Cbl — c3 Cg8 — fti
4. Fcl — gS IÏS — e7
5. e-2 — e3 0 — 0
6. Ffl — d3 b7 — b6
7. Cgi — e2 Fc8 — b7
M. Arnous de Rivière a montré que les blancs peuvent
transformer cette partie en une partie ouverte en jouant
i. et — e4.
2. e-2 — e4 fo j>. e4
3. Cbl — c3 Cg8 — fti
4. Fcl — g,'i c7 — c6
La tentative de garder le pion pris en jouant 4 d7
— do, éebouerait par o. Fgo p. f6, e7 p. f6; 6. Ddl —
- ho 4-, a 7 — g6 : 7. Dho p. do.
e7 p. fô
d7 — d5
Ff8 — d6
0 -0
Fc8 — e6
Cb8 — d7
Les jeux sont égaux.
Ouvertures ùrégulières. Enfin les blancs peuvent débu-
ter par divers coups plus ou moins fantaisistes. Ils joue-
ront par exemple 1 . a2 — a3 afin d'engager la partie sici-
lienne avec un coup d'avance si leur adversaire répond e7
— eo.
Parties à avantage. Après avoir donné la théorie des
principaux débuts où chaque joueur a toutes ses pièces, il
importe de dire quelques mots des parties à avantage.
1. Donner le mat sur une case désignée.
2. Donner le mat avec une pièce désignée.
3. Le pion coiffé : il s'agit de faire mat avec un pion
o.
6.
7 — g6; 7.
Fl;0 p. fti
Cc3 p. ei
7.
Ce4 — g3
Ffl — d3
8.
il.
Cgi - e2
10.
0-0
qui est d'habitude le pion du cavalier du roi et que l'on
coiffé d'une sorte de bonnet. Le pion ne peut aller à dame;
si l'on fait mat avec une autre pièce on perd la partie.
i. Donner le mat avec un pion quelconque.
,'l. Compter comme perdues les parties nulles.
(i. Donnera la daine les mouvements du cavalier.
7. Qui perd gagne.
8. La partie des pions. On admet que la dame vaut
huit pions. Un des loueurs 6te sa daine de l'échiquier et
place les huit pions ou il veut dans sa moitié d'échiquier.
La tour vaut quatre pions; le fou et le cavalier trois.
9. Rendre la dame.
10. Rendre la tour de la dame.
13. Rendre la tour de la dame en échange du cavalier
de la dame.
14. Rendre un cavalier.
15. Pion et deux traits. Quand on ne peut plus faire à
quelqu'un l'avantage d'une pièce, on se mesure contre lui
à pion et deux traits.
Voici quelques-uns des débuts de cette partie; on enlève
aux noirs le pion du fou du roi :
Blancs
•1 . ei — e4
2. d-2 — d4
3. Ffl — d3
4. e4 — e5
5. Ir2 — h4
ti. f2 — f4
7. h4 — h5
8. Ddl — g4
Blancs
1.
i.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
e2-
d2-
e4-
Ffl
Cgi
0 —
c2-
Fcl
Cb8
b2-
Noirs
e7 — e6
c7 — c5
g7 - gti
co p. d4
Cg8 — e7
Ff8 — g7
Noirs
-e4
_ d4 Cb8 — c6
— eo d7 — do
— d3 Fc8 — e6
— f3 Dd8 — e7
0 0—0-0
— c3 g7 — g6
— e3 Cg8 — h6
— d7 Ff8 — g7
-b4
Blancs
e2 — e4
d2 — di
Ffl — d3
e4 — e5
f2 — f4
hi — ht
7. g2-g4
Blancs
Noirs
d7 — "dé
Cb8 — d7
g7 — gti
Ff8 — g7
Cd7— Ï8
Noirs
1. e"2 — ei
2. d2 — d4 c7 — c5
3. Ddl— h5+ g7 — g6
4. Dh5p.c5 Cb8 — c6
5. c2 — c3 e7 — e5
6. Dc5 — c4 Cg8 — f6
7. Fcl — e5
16. Pion et trait. Cette partie remonte à la plus haute
antiquité. L'avantage est beaucoup moins fort que dans la
partie précédente. Dans la partie de pion et trait le second
joueur peut roquer le plus souvent. — On enlève aux
noirs le pion du fou du roi.
Les blancs débutent par 1 . e2 — e4 et les noirs ré-
pondent par 1 Cb8 — c6, ou 1 e7 — e6,
ou 1 d7 — d6
Blancs
Noirs
Blancs
1. ei— e4
2. d2 — d4
3. Cbl — c3
4. d4 — do
o. f2 — f4
6. Cgi — f3
Noirs
d7 — dti
Cg8 — f6
Cb8 — c6
Cc6 — e5
Ce5 — f7
e7 — e5
1 . e2 — e4 Cb8 — c6
2. d2 — d4 d7 — do
3. e4 — e5 Fc8 — fo
4. Fcl — e3 e7 — e6
5. Cgi — f3 Cg8 — e7
6. Ffl — d3 Fîo p. d3
7. Ddlp.d3
Tbéorie des fins de partie. — Nous étudierons d'abord
les divers cas de mat simple, c.-à-d. ceux que l'on obtient
contre le roi seul.
Roi et dame contre le roi. Ce mat se fait en acculant
le roi ennemi contre les bords de l'échiquier au moyen de
sa dame et en soutenant celle-ci au moyen de son roi. Soit
par exemple le roi noir en eo, le roi blanc en el , la
dame blanche en dl, le mat s'obtiendra delà manière sui-
vante : 1 . Dd I — d3, Re5 — f 4 ; 2. Rel — e2, Rf \ — e5 ;
3. Re2 — e3, Reo — e6 ; 4. Re3 — fi, Rc6— 17 ; o. Dd 3
— dli, Rfl — g7; (i. Rf4 — fo, Rg7 — f7; 7. Ddti
— d7— f— (il faut veiller à ne pas faire le roi pat), RI7
— 18; 8. Rio- g6,Rf8 — g8;9. Dd7 — d8-fetmat.
ECHECS
2!»4 —
lioi et leur i outre le roi. Au moyen de la tour sou-
tenue par le roi, on pousse le roi eiinenii ;m bord de l'échi-
quier, on place sou lui in lace, al la tour donne le mat.
Soil par exemple le roi non- eu a8, le roi blanc eu et;, la
tour blanche en e8; m c'eal ans blancs a jouer, le mat a
lieu eu troîi coups : 1. Te.') a Volonté, Ke8 — il 8 ; 2. I
joue dans la ligne e. I.e roi noir réunit en e8; 3. T va
en c8 + et mat. Si c'est aux noirs a jouer, le mat a lieu
en deux coupa : 1 Re8 — d8; 6. Te& — e.'>, Rd8
— c8 ; 3. TcS — rX + «I mat. On peut avec une tour
faire le roi adverse mat sur une rase du bord de 1 echi-
quier donnée d'avance.
Rot et deux fous contre le roi. Les fous ne peuvent
taire le roi mal que dans un coin. Soil le roi noir en e8,
le roi blanc en el, les fous blancs en cl et fl : t. FIT
_d3,Re8— d8;2.Fcl — fi. Rd8 — el ; .T. Rei — e2,
Re7 — ffi; 4. Re2 — f3, BJ6 — e" ; 5. Fd3 — B, Re7
— f6 ; 6. Rfd — g4, Rfii — e7 ; 7 . Rg i — gb\ Re7 — e8 ;
8. Rg5 — ffi, lies — d8; 9. Ff4 — d6, Rd8 — eH ;
10. Fd6 — c7, Re8 — f8; 11. Ffô — (17, Rl'8 — g8;
12. Rf6 — g6, Rg8 — h8; 13. Fc7 — d6, Rb8 — g8;
14. Fd7 — e6+, Rg8 — li8; 15. Fdfi — e5+ et mat.
Rot, fou et cavalier contre le roi. Parmi les mats
simples, celui-ci est le plus difficile. Il ne peut se faire que
dans le coin de la couleur du fou. S'il se réfugie dans le
coin inverse, le cavalier et le fou l'en délogeront en com-
binant leurs mouvements. Quelle que soit la position que l'on
donne aux pièces, ce mat s'obtient en trente-cinq à trente-
huit coups au plus. Plaçons le roi noir en e8, le roi blanc
en el, le fou blanc en fi , le cavalier en bl : I . Bel — e2,
Re8 — e7 ; 2. Re2 — e3, Re7 — e6; 3. Re3 — e4,
Re6 — f6; 4. Ffi — c4,Rf6 — g6; 5. Rei — f4, Rg6
— f6 ; 6. Cb 1 — c3, Rffi — gfi ; 7 . Cc3 — e4, Rg6 — hfi,
8. Rf4 — 13, Rh6 — h7 (8 Rh6 — g7; 9. Bf3
— go, Rg7 — f8 ; 40. Rg6 — fô, Rf8 — e8; 11. Fc4
— do, Re8 — d8; 12. Ce4— d(i, Rd8 — c7; 13. Cd6
— c4, etc., voir la suite en C; ou bien : 8 Bhfi
— ho ; 9. Fc4 — e2+ Bh5 — h4; 10. Rfo — g6, voir
la suite en B) ; 9. Bf5 — f6, Rh7 — h8 (9 Rh7
— h6; 10. Fc4 — e2, Rh6 — h7 ; 11. Ce4— d6, Rh7
— g8; 12. Cd6 — 17, voir la suite en A); 10. Ce4 — dfi,
Rh8 — h7; 11. Cdfi — f7, Rh7 — g8; 12. Fc4 — d3,
Rg8 — f8; 13. Fd3 — h7, Rf8 — e8; 14. Cf7 — eo.
Dans cette position les noirs ont deux manières de jouer,
et les blancs deux répliques à la seconde.
A. 14 Re8 — 18; 15. Ce5 — d7+, Rf8 — e8;
16. Rf6 — e6, Re8 — d8; 17. Re6 — d6, Rd8 — e8
(17 Rd8 — c8; 18. Cd7 — c5,Rc8 — d8; 19. Fh7
— g6, etc.) ; 18. Fh7 — gfi+ Re8 — d8 ; 19. Fg6 — f7,
Rd8 — c8 ; 20. Cd7 — c5, Rc8 — d8 ; 21. CcS — b7 +,
Rd8 — c8 ; 22. Rd6 — c6, Rc8 — b8 ; 23. Rc6 — bfi,
Rb8 — c8 ; 24. FI7 — e6-j- Rc8 — b8 ; 25. Cb7 — c5,
Rb8— a8; 26. Fe6 — d7 (ou fo, h3, g2), Ra8 — b8 ;
27. Cc5 — a6+, Rb8 — a8 ; 28. Fd7 — cfi + et mat.
Si l'on veut donner le mat avec le cavalier, on joue : 20. Fe6
— c8, Ra8 — b8; 27. Fc8 — afi, Rb8 — a8; 28. Fa6
— b7-f-, Ra8 — b8; 29. CcS — afi+ et mat.
B.14 Re8— d8; 15. Rffi — efi,Rd8 — c7;16.Ceo
— d7, Rc7 — c6; 17. Fh7 — d3, Rc(i — c7: 18. Fd3
— ei, Re7 — d8 ; 19. Re6 — dfi, Rd8 — e8; 20. Fei
— d.'i, Re8 — d8; 21; FdS — 17, Rd8 — c8; 22. Cd7
— c5 et la suite comme en A.
C. 14 Re8 — d8; 15. Fh7 — ni, RdS — c7;
16. Ce5 — c4, Rc7 — d7; 17. RI6 — t7, Rd7 — d8 ;
18. Fei — cli, Rd8 — c7 ; 19. Fc6 — 1)5, Rc7 — d8 ;
20. RI7 — el», Rd8 — c7 ; 21. KeO — d5, Rc7 — d8;
22. Rd5 — d6, Rd8— c8 ; 23. Cc4 — a5. Rc8 — b8;
24. Rd6 — .17, Rb8 — a 7 ; 23. Rd7 — c7,Ra7 — a8;
26. FbS — a6, Ra8 — a7 ; 27. Fa6 — c8, Ra7 — a8;
28. Fc8 — b7 -j-, Ra8 — a7 ; 29. Ca5 — c6-f- et mat.
Roi et deux cavaliers contre le roi. Deux cavaliers ne
peuvent pas mater le rei. Soit, par exemple, lu roi noir
en g8, le roi blanc en g6, les cavaliers blancs en eO et
dT ; le roi noir a été accule dans b- coin ; on voit qu'après
i.ûn — fi»-)-, "t^ — ',H' '*' ■*eood ctftlier qn devait
interdire ao roi la oase 18 ne peut pas donner le mat
Non, rerrons plus loin que, si le roi noir a un ou pltweun
piOna, ceu\-c| peuvent lui être luiie,les, et qu'en pareil
cas, il peut arriver qu'un seul cavalier ou un seul fou
donne le mal.
Rot et pièces contre roi et pièce*. La dame. Nous
examinerons d'abord la dame seule contre une ou plusieurs
pièces, puis la dame soutenue par des pièces contre des
pièces.
1° Dame contre un pi/m. Si le pion n'est pas parvenu
sur le septième rang, la dame gagne facilement : s'il e-t
déjà sur le septième rang, la dame gagna contre les pions
du cavalier, du roi et de la dame; elle annule seulement
contre ceux des tours el des fous.
Blancs : roi en g7, dame en d7. Noirs : roi en c2, pion
en d2.
11 s'agit d'empêcher le pion noir de faire dame en dl.
1 . Dd7 — cli -f , Rc2 — b3 ; 2. Dcfi — b5 -f . Rb3 —
c3 ; 3. Ul)5— d5, Rc3— c2 ; 4. DdS — ci -j-, Rc2 —
b2; 5. Dc4 — d3, Rb2 — cl ; 6. Dd3 — c3 -f, Bel —
dl ; 7. Rg7 — 10. Rdl — e2 ; 8. Dc3 — c2. Ke2 — el ;
9. Dc2 — e4 + , Rei — f2 ; 1 0. De i — d3, RI2 — el ;
1 1 . Dd3 — e3 -f-, Rei — d I ; 1 2. RIO — e5, Rdl — c2 :
13. De3— e2, Rc2 — cl ; 14. De2 — c4+, Rcl — b2;
15. Dc4 — d3, Rh2— cl ; 16. I)d3 — c3+, Rcl — dl;
17. Re5 — di, Rd1 — e2 ; 18. Dc3 — e3+, I!e2 — dl;
19. Rd4 — c3, Rdl — cl ; 20. Dd3 p. d2 -j-, Rcl — bl ;
21. Dd2 — b2 + et mat.
Avec les pions de la tour et du fou, le temps de repos
nécessaire pour amener le roi blanc ne peut être obtenu.
Mais on rencontre dans la pratique divers cas ou, par suite
de la position des rois, le mat peut être obtenu même
après que le pion est parvenu à dame.
Ainsi soit la position suivante :
Blancs : roi en 15, dame en d6.
Noirs : roi en b2, pion en a2.
La partie est nulle : 1. Dd6 — bî-f-, Rb2 — c2; 2.
Db i — a3, Rc2 — bl ; 3. Da3 — b3 -f-, Rbl — al , et le
roi blanc ne peut s'approcher, car le roi noir serait pat.
Mais si le roi blanc était au début en ei au lieu d'être en
f5, les blancs gagneraient après les trois coups précédents
par : 4. Db3 — e3+, Bal — bl ; 5. Rei — d3 !, a2 —
al C (si le pion faisait dame a2 — al D, les blancs mate-
raient avec (i. Dc3 — c2+) ; 6. Uc3 — a3, Cal — ef ;
7. Da3 — b3+, Rbl — al; 8. Rd3 — c3, C à volonté;
9. Db3 — b2-f- et mat.
Voici encore quatre positions où les blancs gagnent s'ils
ont le trait :
Blancs : roi b6, dame en b7. Noirs : roi bl, pion a2.
Blancs : roi g5, dame f7. Noirs : roi g2. pion 1)2. Blancs :
roi c4, dame' d5. Noirs : roi 1)2, pion c2. Blancs : roi g4,
dame 17. Noirs : roi dl. pion c2.
2° Dame contre deux ou plusieurs pions. Si les pions
sont peu ou point avancés, la dame gagne même contre les
huit pions. Contre deux pions sur la septième ligne ou
contre un pion sur la septième soutenu par un autre pion
sur la sixième, la dame ne pourra généralement qu'an-
nuler.
11 va quelques exceptions provenant de la proximité du
roi qui permet de forcer le mat après que le pion a fait
dame. Il en est de même dans certaines positions particu-
lières, telles que la suivante :
Blancs : roi en e7, dame en f7.
Noirs : roi en bl, pions en a3 et b2.
Les blancs gagnenl avec I. Df7 — b3, Rbl — 1 1 : -1.
Db3 p. a3, Rcl — c2 ; 3. Da3 — a2. 11.-2 — cl ; 4. Dal
_,',+, Rd — d2; 5. De 5 — b3. RdS— d : 6. Db3
— c3+. Bel— bl; 7. Re7— dfi, etc.
Contre trois pions sur la septième ligne, la dame perdra,
à moins qu'elle ne puisse faire partie nulle par échec per-
pétuel ou que le roi adverse ne soit très voisin.
— 295 —
ÉCHECS
3" Ikunc contre fou ou cavalier et pion. La daiM
gagne facilement contre roi et fou ou roi et cavalier ; elle
mate la roi -ans avoir besoin de prendre la pièce. Contre
un |>ion sur la septième case, soutenu par un l'on ou un
cavalier; elle ne pourra, an Binerai, qu'annuler.
î° Dame contre tour. La dame ragne contra la tour
en poussant le roi adverse contre le bord de l'échiquier,
tandis que le roi de même couleur s'approche. On s'effor-
cera d'amener la position suivante, do manière que ce suit
aux noirs a jouer.
Blancs : roi en c3, dame en a4.
Nous : roi en lil. tour en 1'-.
Si c'était aux blancs à jouer, ils gagneraient le temps
de repos nécessaire par l'ai — o 1 — (— . RM — al. De', —
a8-f-. Rai — bl, Da8 — ai. Si les noirs jouent avec le
roi, ils perdent par l'ai — ai!, Kcl — dl , Da3 p. 1>2,
Rdl — el. DM — gg, l'.el — dl. Dg2 — fl-f et mat.
Si les noirs jouent avec la tour, ils perdent de même,
l Tb2 — b6; 2. Da4— dl4-, RM — a2; 3.
Ddl— d54-, Ra2 — bl;4. Dd5— fô-f, fRb2— «2;
5. DIS — aS -f . Ra2 — bl ; ti. Da5 p. b6, R à volonté;
7. D mat.
Si la tour jouait en (i ou Ir2, le mat s'obtiendrait de
même en quelques coups par Dai — ei-j-, etc.
11 est certaines positions dans lesquelles les noirs ob-
tiennent le pat en sacrifiant la tour. Telles sont les deux
suivantes :
Blancs : roi en 16, dame en eli.
Noirs : roi en f8, tour en g".
Les noirs jouent Tg~ — gG -j-, le roi blanc prend, le
roi noir est pat.
Blancs : roi en b',, dame en d3.
Noirs : roi en cl, tour en aS,
I Ta2 — b2-f; 2. Rbi — a3, Tb2 — a2+ ;
:;. lia;; p. aS pat.
5° Dame contre tour et pion. La dame annulera contre
une tour et un pion, si le pion n'a pas remué ou s'il est
très avancé. Elle gagnera dans les autres cas. C'est ce
qu'a montré Philidor dans une magistrale analyse où il
suppose la position initiale suivante :
Blancs : roi en fi, dame en d3.
Noirs : roi en e", tour en eo, pion en e(3.
Mais cette analyse est trop longue pour être donnée ici.
ti° Damé contre tour et fou ou contre tour et cava-
lier. Kn général, la partie sera nulle. Les pièces noires
devront se tenir le plus près possible de leur roi. Si les
deux camps possèdent des pions, la solution dépend de leur
position. Ici également, il peut y avoir des exceptions.
Blancs : roi en a5, dame en eo.
Noirs : roi en al, tour en bl, fou en a2.
1 . DeS — d i -f-, Tbl — b2 ; 2. Ra5 — a4, F. à vo-
lonté ; 3. Rai — a3, à volonté : 4. Ddl p. b2 -f- et mat.
7° Dame contre les deux tours. La dame annule contre
les deux tours. Soit la position :
Blancs : roi en ci, dame en a8.
Noirs : roi en hl, tours en u2 et h2.
1 . Da8 — al -f-, Tg2 — gl ; 2. Da 1 — a8 -f , Th2 —
3. Da8 — hfc-f-, Tgf — b2 ; i. Dh8 — a8 -f, etc.
Si c'est aux noirs à jouer, la partie est nulle; de même
par: i Th2 — h-i -f: 2. R<4 — c.'i, Rhl —
Ir2. etc.
Il peut y avoir toutefois des positions où les blancs gagnent
et d'autres ou ce soient les noirs.
Blancs : roi en 11, dame enel.
- : roi en hl, tours en g2 et hS.
Les blancs gagnent par : I. Dei — ei, Th.'» — s'»; 2.
De4— h4-h T-2 — h2; 3. Dhi p. g5, Th2 — 1.2: ',.
Dgo — gl -j- et mat.
Blancs : roi en al, dame en a8.
Noira : roi en gl, tours en g2 et 1)2.
Lefl noirs <ja»nent par : I Tlr2 — hl : 2. Da8
— h*. K- 1 — H -f ; 3. Rai — b2. Hf2— e3 : 4. Rb2
_r:;. Tl.l— cl +;.■>. Hc3 — b3, Tel — bl -f .
S" DffflM contre lot deux fous. La dame gagne contre
les deux tons, si ceux-ci sonl désunis ou sépares de leur
roi. sinon elle annule. Les fous doivent être manœuvres
avec beaucoup de précaution ; il vaut mieux, en gênerai,
écarter d'eux le mi d'une case que de les séparer, ce qui
faciliterait l'approche du roi ennemi.
n° Ihnnr contre tes deux cocotiers, l.a manœuvre des
deux cavaliers contre la dame est encore plus difficile que
celle des tous. Il faut viser surtout à ce que les cavaliers
se tiennent près du roi, plutôt qu'à ce qu'ils se soutiennent
l'un l'autre. Toutefois, il est clair que si, en se soutenant,
ils tenaient le roi ennemi bloqué sur un petit nombre do
cases, la partie sciait nulle, quelque éloigné que fût leur
propre roi. C'est ce qui arriverait si le roi blanc étant en
a7, les cavaliers noirs étaient en c.'i et d7.
10° Dame contre fou et cocotier . Si le fou et le cava-
lier ne peuvent pas empêcher l'approche du roi ennemi, la
dame gagne. Sinon la partie est nulle.
11° Dame contre dame et autres pièces. En général,
une dame perd si elle est seule contre une dame et d'autres
pièces qui, après l'échange des dames, suliiraient à forcer
le mat. Elle perd donc contre dame et tour, ou contre
dame et deux fous, ou contre dame, fou et cavalier. Elle
annule contre dame et fou ou dame et cavalier. Pourtant,
elle perd, en général, contre dame et deux cavaliers. Elle
annule souvent contre dame et pions au moyen de l'échec
perpétuel. Voici une fin de partie où Morphy dirigeait les
blancs :
Blancs : roi en gG, dame en c7, pions en h2 et f.'i.
Noirs : roi en e8, dame en (18, tour en h3, pions en
do, e7, 16.
i. Dc7 — cG, Re8 — f8(i Dd8— d7 ; 2. DcG
— a8 -f, Dd7 — d8 ; 3. Da8 — c(j -f ) ; 2. Dc6 p. fG -f ,
e7 p. fG pat. 2 Rf8 — e8 serait suivi de 3. DfG
— c6-f et 2. Rl'8 — g8 de 3. DfG — g7 -j- et mat.
La Tour. 1° Tour contre pions. L'issue dépend de
la position des rois. Si les deux rois sont éloignés, la tour
perd contre un pion sur la septième ligne qu'elle ne peut
prendre ; contre deux pions unis, si ceux-ci sont parvenus
sur la sixième ligne sans être en prise, ou bieji si l'un est
sur la septième, l'autre sur la cinquième ; contre trois
[lions, s'ils sont sur la cinquième ligne sans être en prise.
Si, au contraire, les pions n'ont pas remué, la tour gagne
contre quatre pions unis, et même, si c'est à elle à jouer,
contre cinq : mais un tel cas ne se présente jamais dans la
pratique. Tout ceci n'est vrai que si les deux rois sont
trop éloignés pour intervenir. La tour peut annuler en
forçant le pat après que le pion a fait dame, ou en l'em-
pêchant di' taire dame par la menace d'un mat.
Blancs : roi en 14, tour en e5.
Noirs : roi en d6, pion en d2.
I . Teo — e8, RdG — d7 ; 2. Kf4 — e3, d2 — dl D et
les noirs gagnent :
Blancs : Voi en fG, tour en c8.
Noirs : roi enh7, pions en a4 et 1>2.
Les noirs perdent parce que les blancs attaquent leurs
pions en menaçant le roi d'un mat :
l.Tc8— c7-f, Hh7— g8; 2. Tc7— g7-f, Rg8 —
h8 ; 3. Tg7 — b7, ai — a3; 4. RfG — gG et gagne.
Blancs : roi en h8, tour en gl.
Noirs : roi en a4, pion en bo.
Les noirs annulent s'ils ont le trait: 1 b5 — b4;
2. Rh8 — g7, bi-h3: 3. Rg7 — fG, 1)3— b2; i, RfG
— eo, Bai — b3; o. Reo — d4, Rb3 — a2. Partie
nulle. Les blancs auraient gagné s'ils avaient eu le trait
en rejoignant le pion sur la septième case avec le roi amené
en c2. — Si les deux rois sont près des pions, le roi ennemi
étant devant eux, la tour gagne contre un ou deux pions.
Dans la même hypothèse de l'intervention des rois, trois
pions unis annulent, en général, contre la tour, tandis que
quatre gagnent.
2° Tour contre cavalier. Le cavalier annule contre la
tour, à moins qu'il ne soit séparé de son roi et que les
ECHECS
•im —
Bases <»u il peut jouer ne soient commandées par la tour.
Cm cas ne te présentent guère que si le roi est acculé au
boni de l'échiquier.
Blancs : roi en b3, tour en hî.
Noire : roi en al, cavalier en cl.
Blancs : roi en c6, tour en h8.
Noirs : roi en a7, cavalier en li7.
Dans tes deux cas, les blancs gagnent.
3° Tour contre fou. Le fou annule presque toujours
contre la tour. Le roi qui est soutenu par le fou se place
dans un coin de couleur opposée à celle du Cou, de manière
à parer les échecs avec le Ion.
Si, au contraire, le roi n'est pas dans le coin, il ne faut
jamais parer l'échec avec le fou, car celui-ci serait pris
comme le montre la position suivante :
Mlancs : roi en f(i, fou en bfi.
Noirs : roi en f8, tour en d7.
1 . Tbfi — 1)8 -f, FdT — e8 ; 2. Tb8 — a8, Bf8 — g8 ;
3. T p. c8-f- et mat en deux coups.
On mettra le roi sur une case de même couleur que celle
du fou et on empêchera le roi adverse de se placer en face
en donnant écbec au moyen du fou.
4° Tour contre deux pions et fou ou contre deux
pions et cavalier. La tour soutenue par son roi annule
contre deux pions et un cavalier en prenant une position
telle que les deux pions ne puissent avancer sans être pris.
Contre deux pions et un fou, la manœuvre de la tour est
très difficile ; si les deux pions parviennent à la sixième ligne,
ils gagnent en général.
5° Tour contre tour et pion. La tour annule souvent
contre tour et pion, si son roi se trouve devant le pion
ennemi. Les cas de cette espèce se présentent fréquemment
dans le jeu pratique et sont très délicats.
Blancs : roi en el, tour en b3.
Noirs : roi en f4, tour en h2, pion en e.'i.
Les blancs jouent 1. Tb3 — a3. Les noirs répondent 1.
e't — e.'i. Si les blancs jouent 2. Ta3 — a8, ils
perdent la partie ; s'ils jouent 2. Ta3 — b3, ils annulent:
ils ne doivent quitter la troisième ligne que quand les noirs
y ont amené le pion. 2. Ta3 — b3, Th2 — a2 ; 3. Tb3
— c3, e4 — e3 ; 4. Tc3 — c8, Rf4 — f3 ; S. Tc8 — f8 -f .
Si le roi noir reste auprès du pion, la tour donne l'échec
perpétuel ; s'il s'éloigne, la tour prend le pion.
Blancs: roi en al, tour en g7.
Noirs : roi en h3, tour en e8, pions en g2 et g4.
1. Tg7 — h7-f, Rh3— g3 ;2. Th7— e7, Te8 p. e7;
pat.
Même contre tour et deux pions, il n'est pas rare que
la tour annule.
Blancs : roi en b5, tour en go.
Noirs : roi en 1>7, tour en h7, pions en ao et b6.
La tour blanche reste sur la ligne o aussi longtemps que
la tour noire sur la lii^ne 7. Si celle-ci s'en écarte, la tour
blanche donne échec et son roi prend le pion b.
(>° Tour contre fou, cavalier et pion et analogues-
Contre deux cavaliers et un pion, la tour annule en pre-
nant le pion ; contre deux fous et un pion ou un fou, un
cavalier et un pion, elle perd.
7° Tour contre tour et cavalier. En général, la tour
annule. Elle peut perdre si son roi est bloqué dans un espace
restreint.
Blancs : roi en fti, tour en eo, cavalier en e(J.
Noirs : roi en h8, tour en b2.
1 . Tea — c5, Tb2 — b(i ; 2. BJ6 — f7, Tbli — b7 ; 3.
Ceti — c7 et gagne.
8° Tour contre tour et fou. Celte tin de partie est très
difficile. Il n'est pas prouvé que la tour et le fou puissent
acculer le roi ennemi au boni de l'échiquier, et même, si
le roi est accule, il ne peut pas être fait mat dans tous les
cas. Cette fin de partie aboutit donc, en général, à une
nullité.
9° Tour contre trois pièces. La tour perd contre deux
fous el un cavalier : elle annule contre dani csvsdiei
un fou si elle peul m sacrifier en prenant le fou. Si le
joueur qui possède les trou pièces réussit ;i pousser le roi
dans b' coin, il ne devra pas perdre de rue que dans les
positions du pat. la tour réussit Murent a annuler par
l'échec perpétuel.
Blancs : roi en 17, fous en fti et en d7, cavalier en g4.
Non- : nu en h7, tour en fl .
Les blancs ont le trait et liaient.
Blancs : roi en cl, fous en M et a3, iuivalier en c3.
Noirs : roi en al, tour en il.
Les noiis jouenl et annulent avec Td7 — d2.
10' Tour et pion contre le cavalier. La tour gagne
presque toujours. On peut s'en convaincre en analysant
cette fin de partie de La Bourdonnais (blancs) et Mac-Don-
nell (noirs).
Blancs : roi en c4, tour en al , pion en af>.
Noirs : roi en b6, cavalier en a7.
Il y a certaines positions de nullité comme la suivante :
Blancs : roi en Ii2. tour enh3, pion en d3.
Noirs : roi en e2, cavaliei en e4.
I. Rh2 — e2, Bd-2 — e-2; t. Th3 — g3, Cdé— C;
3. Tg3 — b.i, Cfo — di. Partie remise.
11" Tour et pion contre fou. Le fou perdra presque
toujours. Voici un exemple emprunte a Mamma.
Blancs : roi en eo, tour en h7, pion en d6.
Noirs : roi en d8, fou en •j.'t.
1. Th7 — b.4, Fg4 — dl' (1 Fg4 — f3 ou e2 ;
2. Reo — eti et les blancs gagnent) ; 2. dti — d7 (meil-
leur que 2. Th4 — d4), Fd-1 — f3 (tout mouvement du roi
serait suivi de 3. Th4 — d4) ; 3. Reo — d6, Fb3 — g8 :
4. Th4 — b4 et 3. Tb4 — b8 -f- et mat.
Voici une position de nullité.
Blancs : roi en go, tour en a7, pion en fti.
Noirs : roi en f8, fou en c4.
Les noirs jouent i Fc4 — b3 ; 2. Ta7 — b7,
Fb3 — c4 ; 3. Tb7 — c7, Fb3 — a2 et les noirs annulent
en plaçant leur fou dans la diagonale de f7, de manière à
donner échec si le roi blanc joue en g6.
12° Tour et pièces contre tour et pièces. Un camp
gagnera la partie s'il a sur le camp adverse une supé-
riorité de forces suffisante pour faire le mat. après échange
des pièces équivalentes. L'ne tour et des pions perdront
contre deux tours et des pions ; deux tours et un fou an-
nuleront contre deux tours ; de même deux tours et fou et
cavalier contre tour et lou ou bien contre tour et cava-
lier, etc. Il peut y avoir des exceptions tenant à la position
des pièces.
Blancs : roi en h(i. tour en f4, pions en f6, g6, ho.
Noirs : roi en h8, tours en g8 et g2, [dons en bo et c3.
Les blancs uasjnentpar 1 . f(> — fl", Ty8 — f8 ( i
c3 — c2 ; 2. f'7 — f'8I>, c2 — .1 D : 3. Dffi — f(> -f) ;
2. T f4 — f2 !, c3 — c2 (2 TfX p. 17 ; 3. Tf2 p.
f7, Bh8 — e8 : 4. Tf7 — e7) ; 3. TT2 p. .2, Tg2 — g3;
4. Tc2 — e2et gagne.
Le fou. 1° Fou contre pions. Les deux rois étant
éloignés, un fou annulera contre un pion dès qu'il pourra
l'arrêter ; il annulera généralement contre deux ; il per-
dra contre trois. Si les pions sont soutenus par leur roi, le
fou perdra en général contre deux pions. Si les deux rois
interviennent, le fou annulera en général même contre trois
pions.
Blancs : roi en e7, fou en f2.
Noirs : roi en lu, pions en ci et fô.
Si les noire onl le trait, ils gagnent pari fo — f 4 ;
si les blancs ont le trait, ils annulent par : I. Fl2 — e3,
BhT — g7 ; 2. Bc7 — eti, Rg7 — gti : 3. Re6 — e5.
Blancs: roi en g3, pions en b2, cî, gS.
Noirs : roi en D4, fou en s;ti.
La partie est nulle, que les blancs aient le traitou non.
2° Fou contre cavalier et pions. C'est la position sur-
tout qui décide. En général, un pion soutenu par un fou ou
un cavalier obtiendra seulement partie nulle contre uufou
— 191 -
ÉCHECS
h.
ou un cavalier, s'il n\ a pas de différence tranchée de po-
sition, un surplus de dam pions entraiae la \ i« loire.
; Fous de couleurs opposées l'un antre Vautre
moee pions. Un surplus d'an on de deux pions ne suffit pus
■ général : le ton el le roi s'associent pour arrêter un pion
sur une rase où le fou adverse est inefficace.
Blancs : roi en dS, fou en d3.
Noirs : roi en b4, fou en o", pions en cS, dt>, eô.
Même si les nous ont le Irait, la partie est mille.
[flânes : roi an gb\ fou en d3, pions en gi, ho.
Noirs : roi M t8, ton en c3.
La partie est nulle. 1 . Fd3 — c4, Fc3 — d2 ; 2. ho —
i. PdS - e3 ; 3. gl — g."> Fe3 - d2 ; 5, Rg6 - ho,
l',l-j — ,vi ; .'>. gS — g6, Fe3 — il ».
i° Fous de même cou leur l'un contre Vautre. Un sur-
plus d'an pion suttit d'habitude pour assurer le gain de la
partie. Le fou ennemi doit être tenu éloigné des cases sur
lesquelles le pion va avancer, de manière que l'échange ne
suit pas possible.
Blancs : roi en h6, pion en g6, fou en d2.
Noirs : roi en 18, fou en b2.
I . RhG _ |,7. |. |,o _,!',: 2. Fd2 — hti + , Rf8 — e8 ;
3, Fh6 — g7, Fd4 — eo; '.. Fgl — c3, Fc5 — f8;
.'i. Fc3 — bi et les blancs gagnent.
Blancs : roi en dti. fou en b.'i, pion en co.
Noirs : roi en t'2, fou en f3.
Les blancs jouent et gagnent.
Blancs : roi en c6, fou en h2. pion en e6.
Noirs : roi en c8, fou en a5.
La partie est nulle.
■ Fous et cavaliers tes uns contre les mitres. En
général, il y a lieu d'appliquer ici la règle déjà énoncée: le
camp le plus fort gagne la partie s'il a sur l'adversaire un
excès de forces suffisant pour le mater. Il y a pourtant des
exceptions.
Blancs : roi en ci, cavalier en c3, fou en dT.
Noirs : roi en b(i, cavalier en g7.
i . Ce3 — do -f , Rb8 — bT ; "2. Rc4 — bo, Cg7 — ho ;
3. FdT — gi. ChS — g3; 4. Fg4 — f3, R à volonté;
§. Cdo — eo" et prend le cavalier au moyen du roi en cinq
coups. Si au premier coup les noirs jouaient 1 —
Rb8 — aT, les blancs répondraient 2. Rc4 — d3, puis
3. Rd3 — e3 et prendraient le cavalier de même.
Voici une position très curieuse ou les blancs avec deux
cavaliers ton eut le mat contre roi, pion et fou.
Blancs : roi en f3, cavaliers en e.'i et fi.
Noirs : roi en h4. fou en hti, pion en fli.
I . Ce3 — f5 +i M' '' — g5 : ■■i- R*3 — ei- Fll(> — f8 ! ;
3. Cf4 — e6 +, Rgo — gti'; 4. Cet) p. f8 -f , Rg6 — H ;
.',. C.ix — ,17. Rf7 — e6 : 6. Cd7 — co + , Re6 — 17 ;
T. Re4 — e3, Rt7 — g6 : 8. Re3 — f4, Rgti — f'7;
9. Kfi — ei, Rf7 — gti; 10. Cco — b7, Rg6 —h.'.;
I I . CM — dti, Rho — g4 ; 12. Re4 — e3, Rg4 — h3;
1 3. Re3 — f3, Rh3 — h-2 ; 14. Cd6 — ci, Rb2 — gl ; lo.
Cc4 — e3, Rsd — h-2 ; 16. Ce3 — do, Rh2 — gl ;
17. Rf3 — e-2, R« l — g2 ; 18. Cd5 — f4 -f , Rg2 — hl ;
19. Re-2 — fl , Rhl — h-2 ; 20. Bfl — f2, Rh2 — hl ;
21 . Cto — g3 +, Rhl — h2 : 22. Qg3 — fl -f, Rh2 —
hl ; 23. Cli — e'2. f6 — £5 ; 24. Ce2 — g3 -f et mat.
l.e cavalier. 1° Cavalier contre pions. Si les rois
sont éloignés, le cavalier annulera en général contre un
pion; il perdra contre deux. Il y a deux points à noter ici:
d'une part, le cavalier est très propre à mettre en prise à
la fois le roi et les pions ; d'antre part, il risque beaucoup
d'être pris dans les coins par le roi ennemi.
Blancs : roi en b7, pion en a(>.
Non-, : roi en g7. cavalier en a7.
Les noirs ont le trait et annulent tantôt en empêchant le
pion d'avancer, tantôt en le menaçant, s'il avance, de don-
ner échec à la fois au roi et au pion : 1 Ca7 — b.'i ;
2. Hb7 — bii. Cb5— d6; 3. Rb6 — c6, Cdti — c8 ;
i. Rc6 — c7, (>8 — a7, etc. ; si le pion était déjà sur la
septième ligne, les blancs gagneraient, car le cavalier pour
arrêter le pion serait oblige île se mettre dans le coin ou
le roi blanc le prendrait. Pourtant la situation du roi noir
peut amener la nullité. Tel est le cas suivant.
Blancs : roi en b.'i, pion en a7.
Noirs : roi en f7, cavalier en a8.
I. Rb5 — c6, KIT — eli ; 2. Hcti — 1.7, Reli — d7 ;
3. lïlu p. aS, Kd7 — c8 et le roi blanc est pat. Dans cer-
tains cas, très intéressants, il peut arriver qu'un cavalier
seul réussisse à faire mat le roi ennemi si celui-ci a encore
des pions qui peuvent jouer, tandis qu'il est bloqué dans
un coin par le roi ennemi.
Blancs: roi en fl, cavalier en e2.
Noirs : roi en hl, pion en Ii3.
1 . Ce2 — g3 -f , Bhl — lr2 ; 2. Cg3 — ci, Rh2 — hl ;
3. Bfl — t'2, Rhl — h2; 4. Ce4' — d2, Rh2 — hl ;
3. Cd2 — fl, h3 — lr2 ; t>. Cfl — g3 -f- et mat.
Si les noirs avaient le trait, la partie serait nulle.
Blancs : roi en bo, cavalier en a(i.
Noirs : roi en a8, pions en a7 et bti.
1. Rho — et), bti — bo ; 2. Rc6 — c7, bo — bi ; 3.
Rc7 — c8, b4 — b3 ; 4. Cati — c7 -|- et mat. On voit que
dans ce cas le nombre des pions noirs n'intervient pas : les
noirs eussent eu cinq autres pions en d4, e4, 14, g4 et
bi qu'ils n'eussent pu empêcher le mat en quatre coups.
Blancs : roi en h3, cavalier en f3.
Noirs : roi en hl, pions en f7 et h7.
Si les blancs ont le trait, ils forcent le mat en quinze
coups : si les noirs ont le trait, les blancs forcent le mat en
neuf coups.
2° Cavalier et pion contre pions. Si les positions sont
équivalentes, c.-à-d. si les deux rois interviennent, un ca-
valier et un pion gagneront contre un pion et la plupart
du temps contre deux.
Blancs : roi en bi, cavalier en e3, pion en f4.
Noirs : roi en c6, pions en a(j et bo.
1 . Kb4 — c3, Rc6 — cS ; 2. Ce3 — c2, Rco — do ; 3.
Rc3 — d3, Rdo — co ; 4 Rd3 — e4, b5 — b4 ; 5. f4 —
fo, bi — b3 ; 6. Cc2 — a3, Rc5 — b4 ; 7. fo — f6, Rb4
p.a3;8.f6 — n, b3 — 1>2; 9. f7— f8 D +,Ra3 — a2 ;
10. DIS — f2, Ra2 — al ; 11. Df2 — d4, Rai — a2 ;
12. Ddi — a4 -f et les blancs gagnent.
Blancs : roi en b6, cavalier en g4, pion en a5.
Noirs : roi en b8, pions en h3 et g5.
1 Rb8 — a8 ; 2. a5 — ati, Ra8 — b8;
3. a6 — a7 -f, Rb8 — a8; 4. Cgi — f6, h3 — h2;
5. Cf6 — db, h2 — hl D; (i. Cdo — c7 -f et mat.
Si les blancs avaient le trait, la partie serait nulle. Un
cavalier et un pion annuleront d'habitude contre trois pions;
ils perdront contre quatre et davantage. Ici comme tou-
jours il y a des exceptions. En voici une fort curieuse où
les blancs forcent le mat en une vingtaine de coups :
Blancs : roi en c4, cavalier en e3, pion en b3.
Noirs : roi en bti, pions en ao, b4, co, fo.
3" Cavalier et pions contre cavalier et pions. C'est
la position qui décide, comme le montrent les deux exem-
ples suivants :
Blancs : roi en a3, cavalier en bo, pion en b7.
Noirs : roi en e6, cavalier en c6.
1 . Cbo — d4 + , Ccti p. d4; 2. 1>7 — b8 D et gagne.
Blancs : roi en ci, cavalier en d2.
Noirs : roi en bti, cavalier en e(i, pions en c5 et di.
1. Cd2 — e4, Rb6 — <■<>; 2. Ce'* p. co, Ce6 p. co;
■'!. I!i i p. d4. Partie nulle.
4° Deux cavaliers contre roi et pions. Deux cava-
liers ne peuvent pas mater le roi ennemi s'il est seul ;
mais, s'il possède encore un pion, il y a des cas ou le mat
est possible. Nous en avons donné un exemple un peu plus
haut à propos du jeu du fou. En voici plusieurs autres :
Blancs : roi en e6, cavaliers en d4 et fo.
Noirs : roi en li8. pion en e3.
1. Cd4 — e2, RliS — ^8 ; -2. Re(> — e7. Rn8 — h8 ;
3. Re7 — f8, Rh8 — h7 ; 4. Rf8 — f7, Rh7 — h8 ;
... Ce2 — f4, e3 — e2; 0. Cf4 — g6 -f , Rh8 — h7 ;
h un -
- 298 -
7. Cg6 — IS | , RM — h8 : 8. (Xi _ h;, el — H I) :
9. i.lii — g6 -f '•! mat.
Blancs : roi en d8, oavalien en b6 etd4.
Noirs : roi en f8, pion en IiT.
Mal en vingt-neuf coups.
Blancs : roi en c6, cavaliers enc2et £3.
Noirs : roi en e6, pion en 14.
Mai en quarante-trois coups.
Blancs : roi en 1.2, cavaliers en d3 et b3.
Nous : roi en g8, pion en h4.
Haï en soixante-quatre coups.
Le pion. Nous avons examiné plus haut diverses posi-
tions dans lesquelles des pions étaient soutenus par diverses
pièces. Nous nous bornerons ici au cas des pions soutenus
par lu roi seul.
1° Pion et roi contre roi. Dans la fin de partie de roi
et pion contre roi, c'est la position des rois qui décide.
C'est ce que monlrent les exemples suivants :
Blancs : roi en el, pion en e2. Noirs : roi en e8.
Si les blancs ont le trait, ils gagnent, tandis qu'ils
font seulement partie nulle si (-'est aux noirs à jouer.
4 . Rel — B, ReS — 17 ; 2. RB — f3 ; 3. Re3 — e4
(dans cette position on dit que le roi a [iris l'opposition
en avant de son pion), Re(i — f ti ; 4. Rel — da, Rf6
— e7 (si les noirs jouaient 4 Rl'li — il ou fo
les blancs répondraient 5. e2 — ei) ; ?i. Rd5 — e.'i,
Re7 — d7; 6. Reo — f6, Rd7 — e8; 7. e2 — e4,
Re8 — f8 ; 8. e4 — eo (les noirs sont maintenant obli-
gés de renoncer à l'opposition qu'ils avaient momentané-
ment prise), Ki'8 — e8 ; 9. Rfè — e6 (9. e5 — e(i con-
duirait à la remise de la partie avec 9 Ke8 — l'8 ;
•10. e(j — e7 -f » Rt'8 — e8 et les blancs font le roi noir
pat ou abandonnent le pion), Re8 — d8 ; 10. Ri6 — 17,
et le pion va à dame.
Supposons au contraire que les noirs aient le trait :
1 Re8 — f7;2. Rel — d2,Rf7— e6;3.Rd2— «3,
ReS — eo (les noirs ont pris l'opposition et la gardent
aussi longtemps que les blancs jouent le roi) ; 4. Reo — f3,
Reo — fâ; 5. ci — e4 -f , RIS — e5 + ; (i. Rio — e3,
Rea — eti ; 7. Re3 — d4, Re6 — d6 ; 8. c4 — eo -f ,
Rdt5 — eO; 9. Rd4 — ei, Re6 — e7 ; 10. Rei — fo,
Re7 — 17 ; 1 1. eo — e6 -)-, Rf7 — e7 (les noirs pour-
raient jouer également 11 Rf7 — e8, mais non pas
11 Rf7 — f8); 12. Rfo — e5, Re7 — e8 ! ;
13. Reo — dli, Re8 — d8 ; 14. e6 — e7 -f ; Rd8 — e8 ;
15. Rd6 — e6, Pat.
De cette analyse on déduit la règle suivante : le roi et
le pion gagnent contre le roi si le roi peut prendre l'oppo-
sition devant son pion, sinon la partie est nulle.
Il n'y a qu'une exception à cette règle; la voici :
Blancs : roi en e6, pion en eo. Noirs : roi en e8.
Les blancs gagnent toujours, même si c'est à eux de
jouer : 1 . Re6 — fli, Re8 — f8 ; 2. eo — e(i, RI8 — e8 ;
H. é6 — e7, Re8 — d7 ; 4. Rfli — f7 et gagne.
Cette dernière analyse est en défaut pour le pion de la
tour : celui-ci ne pourra pas gagner si le roi ennemi s'est
logé dans la case du coin, ou si, au contraire, il y tient
emprisonné le roi adverse.
Blancs : roi en b(i, pion en a.'i. Noirs : roi en b8.
1 Rb8 — a8; 2. Rbti — a(i, Ra8 — b8;
3. RaG — bo, Rb8 — b7; 4. Rb'i — ali, Rb7 — a8 :
.'i. Ra(i — b6, Ra8 — 1)8: (i. a.'i — ali. RbS — a8;
7. ali — a7. Pat.
Si le roi ennemi peut se loger dans la case du coin, un
pion, même soutenu par un fou dont la couleur n'est pas
celle de la case du coin, ne pourra qu'annuler. Tel est le
cas. Blancs : roi en bS. Noirs : roi en e3, pion en ai, fou
en ho. lài pareil cas, un cavalier gagnerait, à moins que
le pion n'eût atteint la septième ligne. — Si, au contraire,
le roi est enfermé dans le coin par son propre pion, un fou
de n'importe quelle couleur gagne la partie, tandis qu'un
cavalier qui a le trait el qui est sur une case de même
couleur que le roi ennemi annule seulement : ainsi, les
blancs ayant le roi en cl; b-s noirs le roi en al, le pion
en :i-, b- eavalieren c8, la partie est nulle.
8* l'ion* 1rs uns contre In nuln-.s. lu général, deux
pions gagnent contre un; mais il \ a de nombreuses excep-
tions, provenanl surfont du lait que le roi qui n'a qu'un
pion réussit à prendre l'opposition.
Blancs : roi eo !•>, pion en ai et bS.
Noirs : roi en e5, pion en b',.
C'est le t r:i 1 1 qui décide, Si i est aux blancs i jouer, ils
gagnent I. Rf3— «3, ReS — d5; î. ReS — d3, RdS —
;. Rd3 — e4, 11.:. — ni; ■',. Rel _,)/,. RcB — bS;
5. Rd4 — <•',. Rb6 — aS; ti. Rc4 — eS, RaS — a6; 7.
ReS p. b'.. RaS — b6 ; 8. ai — ao -f , Rb6 — a6; 9. RM
— c5, Re6 p. a.". ; 10. b:» — b'» -f, RaS — aS; 14.1
— c6 et gagne.
Si, au contraire, c'est aux noirs à jouer, ils annulent
\ ReS — do ; 3. Rfi — I '.. RdS — d4 ; 3. RM
— g4, Rdi — ei : '. . Rg '. — b3, Re i — dS : 5. RM —
g2, RdS — e4; 6. Rg2 — f4, Rel — dS : 7. Rfl — el.
Rd5 — e5 ; 8. Rel — d2, ReS — d ', ; 9. RdS — d, Rd '.
— ei; 10. Rc2 — bl, Re4— dS; 44. Rbl — H, RdS
— eS et les noirs ont toujours l'opposition.
Blancs : roi en b3, pions en c4 et d3.
Noirs : roi en go, pion en d4.
Les noirs perdent en toute hvpothèse : t Rgo
— f5;2. Rb3 — g3, Rio — eo ; 3. Re3 — B, Rgo —
fti; i. RB — el, R1'6— e7; 5. Rel— dl, Re7 — d7 ;
(i. Rdl — c2, Rd7 — c6 ; 7. Rc2 — b3, ReS— cS
Rb3 — a4, ReS — c6; 9. Ra'. — b4, Rc6 — b6; 10. <4
— co -f et gagne.
Blancs : roi en e4, pions en fi et go.
Noirs : roi en e6, pion en g6.
Le joueur qui joue le second obtient l'opposition : si les
noirs ont le trait, ils perdent; si les blancs ont le trait, les
noirs annulent.
S'il y a deux pions dans chaque camp, c'est la position
des rois qui décide.
Blancs : roi en a2, pions en a3 et g2.
Noirs : roi en b6, pions en b7 et c4.
Les noirs perdent, qu'ils aient ou non le trait.
Blancs : roi en B, [.ions en a-2 et g2.
Noirs : roi en d4, pions en ao et fo.
Les noirs gagnent s'ils ont le trait : avec 1
Rd4 — c3 ; si les blancs ont le trait, ils annulent avec 1 .
g2 — g3.
Trois pions gagnent contre deux, si les positions des
rois se valent ; mais la nullité n'est pas rare.
Blancs : roi en fi. pions en gi et lii.
Noirs : roi en c8, pions en fli. gli, hfi.
Les noirs gagnent s'ils ont le trait par 1 Rc8
— d7 ; sinon, les blancs annulent avec 1. bi — h5.
Le roi peut-il retenir trois pions passés et se soutenant?
Soit, par exemple, la position suivante :
Blancs : roi en gl. [lions en a6 et b6.
Noirs : roi en b8. pions en 17, g7, h7.
Le roi noir ne peut [.as s'écarter, sous peine de laisser
les blancs faire dame : les trois pions noirs peuvent-ils
être arrêtés par le roi blanc? On voit facilement que oui.
el que, par suite, les blancs gagnent. Si l'on mettait les
trois pions noirs en f'. . gS, ho el le roi blanc en Ir2. ce
sciait le joueur qui aurait le trait qui gagnerait. (Les
blancs par 1 . Rh2 — gl , les noirs par I f '. — f3.)
Si l'on mettait, au contraire, les trois pions noirs en fi.
g4, hi el le roi blanc en B, ce serait le joueur ayant le
trait qui perdrait.
On résoudrait, d'après ces règles, les divers cas pouvant
se présenter, si chacun des deux camps possédait trois
pions passes, ^lais ce sont des cas ne se présentant jamais
en pratique.
Il est plus intéressant de montrer par quelques exemples
comment on doit mener une fin de partie de pionseontro pions :
Blancs : roi en 1.4, pions en al. f-2. g'2.
Noirs : roi en d4, pions en fo, ho. h4.
— 299 -
ECHECS — ÉCHELAGE
1. a4 — ao, f5 — M ; g. S — £3, Ud4 — e3 ; 3. a5
— at>. Be3 — Q ; -i. a(i — a7, 111-2 |>. g2 ; 5. a7 — a8 l),
h I — ho ; (i. Dafi — a2 4- , lig2 — gl (6 Bg2 —
|3;7. 1U.2 — .'-2, ho — h2;S. De2 — Il OU bien 6
K.2 p. f3; 7. bai — M); 7. Dt8 — M 4.,Ral — gî;
8. DM — efl • . Rg8 — gl : 9. D.2 — cl 4-1, llpl —
-2; 10. Del p. 11. h.'i— h2; il. lui — go. Rg8 — H
(Il 11-2 p. fo : 12. Dg8 — diS et 13. Dda —
M); 12. Dg5 p. b.5, lif2 — g9 ; 13. Ci — Il et gagne.
Blancs : rai en et, pions en <lî. eo, h,'i.
Noire : roi en g5, punis en e6, 11. ht, h.'i.
I. lit'2 — t'2 ! (si les blancs jouaient I. Be2 — (3, ils
ponlraiont par 1 lig.'i — ffi), Rg5 — g6 ! (si les
noire jouaient I Bgo — fS, ils perdraient par "2.
lil'2 — 13 et 3. R13 — e4); 8. RfS — gî, Rg6 — gb\
Partie remise.
Blancs : roi en al, pions en b5, d"2, go, hl.
Noire : roi en ao, pions en a5, 1>4, d3, g6, ho.
Lac blancs gagnent s'ils ont le trait par : 1. bo — b6,
I. ', — b3 : "2. kC— L>7 , b3 — b2 + ; 3. lia 1 — b 1 , ao —
1 1 : 4. b7 — b8 C (si le pion faisait dame ou tour, le roi
noir serait pal ; s'il taisait ton. le jeu se continuerait par 4.
Ha3 — b3 ; 5. Fb8 — eo, a4 — ao ; 6. Ee.'i p. b2,
a3 p. b-2. et le roi blanc est pat), Ra3 — b3, etc.
D. Berthelot.
ECHEGARAY (Don José), mathématicien, homme d'Etat
et célèbre auteur dramatique espagnol contemporain, né
;i Madrid en 1835. Eds d'un professeur de grec. Elève
de l'Ecole des ingénieurs de Morue, il devint, en 1858, pro-
fesseur à l'Ecole des ponts et chaussées de Madrid et par-
vint rapidement à être considéré comme le plus éniinent
des mathématiciens de son pays. Ses travaux : Memoria
sobre los trabajos de perforation dcl tunel de los
Alpes (Madrid, 1860); Problonas de geometria anali-
tiea (1865), etc., lui ouvrirent les portes de l'Académie
des sciences, ou il prononça lors de son admission un Dis-
evrso sobre la historia de las matemdticas puras en
Espana (1866) ; il justifia ensuite cette distinction par son
remarquable ouvrage , Tcorias modernas de la /hua
unidad de las fuerzas matérielles (1867; 3e éd., 1883;
2e série, 1883). La révolution de sept. 1868 le lança
dans la politique. Député aux Cortés, il reçut le portefeuille
du commerce et fut un des fervents libre-échangistes. Le
roi Amédée le chargea du ministère de l'instruction pu-
blique en 1873, et il eut celui des finances en 1874. Tout
à coup, cette même année, l'illustre mathématicien se
révéla, à la surprise générale, auteur dramatique d'une
puissante originalité dans son drame en vers La Esposa
del vennadvr, qu'il fit représenter sous le pseudonyme de
Jorge llayaseca, drame du genre romantique, ou, à côté
des inspirations sublimes, apparaissent des conceptions
puériles trahissant l'inexpérience du métier. Maltraité par
la critique pour son drame réaliste d'une grande faiblesse,
La Eltima Pioche (1875), il conquit définitivement sa
nouvelle célébrité par son drame En el Puîio de la es-
pada (1875). Dès lors, la fécondité de son génie drama-
tique ne cessa de s'affirmer avec un bonheur très inégal,
et voici les titres de ses principales pièces qui ont toutes
été jouées : in Sol i/ue naee y un sol auemuere (\%16),
comédie; Cômo empieia y como acaba (1876); Lo
que no pui'de decirse (1877) ; O Locura 6 sanlitad
(1877), beau drame psychologique en prose ; En el Vilar
y en la cru* ( 1878) : En el Seno de la mverte ( 187!)) ;
Marsin orillas (1879); La Muette en los labios (i8fti);
El Cran Galeoto (1881); Haroldo el Normande ( 1 881 ) ;
Conjlielo entre dus deberes (IK82); Un Mitagro en
Egipto (18X3), pièce archéologique; Vida alegre y
muerte triste (1*85), drame 00 il y a peut-être ie plus
d'observation; Dos Fanatismos (1886); La lîealidad y
el delirin (1887); Lo Sublime en lo vulgar (1888). La
plus estimée de ses œuvres est El Gran Galeoto, ou, sous
un titre qui rappelle la chevalerie du moyen âge, se déroule
une action dramatique empruntée à la vie moderne. Ce
drame a été traduit en français par Mmo de Bute (Matinées
espagnoles, puis à part , Madrid, 1883). Un recueil des
Obras drainatieas eseogidasdo notre auteur est en cours
de publication (Madrid, 1884-88, t. 1 et II).
Le génie dramatique d'Ecliegaray offre un singulier as-
semblage de facultés contradictoires. En savant de cabinet,
en mathématicien devenu poète sur le tard, il ne possède
ni la connaissance du cœur humain ni le véritable senti-
ment de la réalité, de sorte que les types et les situations
qu'il crée sont généralement de pures abstractions. Mais
sa fantaisie est si puissante, il parle si fortement a l'ima-
gination, que la raison se laisse subjuguer. Son procédé
oonsiste dans la multiplication des effets et dans la richesse
de la couleur, et il exerce une réelle fascination sur le pu-
blic, malgré son insuffisance comme dramaturge, malgré
ses audaces et ses impossibilités, malgré l'exagération du
caractère sombre de ses pièces- Aucune, pour ainsi dire, ne
résiste à la critique; toutes sont frénétiquement applaudies.
En tout cas, Echegaray est l'une des personnalités litté-
raires les plus originales de ce siècle. G. Pawlowski.
Hibl. : Manuel de La Hkvii.la, Obras ; Madrid, 1SSS3, et
Criticas; Burgos, 1884, t. l°r, pp. 195-378 (analyse de seize
pièces). — Autvres dramàlicos contemporâneos, 188ti, t. II.
— Léo Queshel, dans Revue bleue, 11 avr. 1885 et 19 juin
1886.
ÉCHELAGE (Constr.). On nomme échelagele droitqu'a
le propriétaire d'un mur ou d'un bâtiment de poser, au
long de ce mur ou de ce bâtiment, les échelles nécessaires
à la réparation et, généralement, de faire, au long et en
dehors de ce mur, tous les travaux nécessaires en y intro-
duisant les ouvriers avec leurs outils ou leurs échafau-
dages. L'échelage se nomme aussi tour d'échelle. 11 y a
lieu de distinguer entre le tour d'échelle considéré comme
propriété, qui est un espace laissé par un propriétaire en
dehors du mur qu'il construit sur son héritage, et le droit
du tour d'échelle, qui n'est qu'une servitude et qui consiste
dans le droit acquis à un propriétaire de dresser ses échelles
sur le terrain de son voisin, d'y faire passer ses ouvriers,
d'y échafauder, d'y déposer momentanément les matériaux
nécessaires au mur de reconstruction. Dans le premier cas,
l'espace du tour d'échelle est une véritable propriété sur
laquelle le voisin ne peut faire aucune entreprise. Pour
éviter toute contestation, celui qui, en construisant, laisse
le tour d'échelle en dehors, doit faire constater par un
procès-verbal la largeur et l'état du terrain laissé. Le
propriétaire du tour d'échelle peut y taire tous les travaux
qu'il lui convient ; mais il peut, dans certaines circons-
tances, être tenu de payer cet espace de terrain, de l'éta-
blir en pente de son côté pour éviter l'écoulement des
eaux de ses toits sur la propriété voisine. Le propriétaire
limitrophe peut construire jusqu'à la limite de son héri-
tage ; il en résulte que le terrain d'échelage forme une
ruelle dont la possession est toujours exclusivement à celui
qui l'a laissée. Dans les villes et faubourgs, où la clôture
est forcée, il est préférable de ne pas laisser une portion
de terrain en dehors du mur terminant une propriété, car
le voisin, venant à se clore, pourrait forcer celui qui a
construit le premier à contribuer aux frais d'un mur sur
la ligne séparative des héritages, ce qui rendrait l'ancien
mur inutile et onéreux. La longueur de l'échelage est na-
turellement celle du mur de la construction ; la largeur
fixée parles usages est d'au moins 1 m. Considéré comme
servitude, le tour d'échelle ne donne, à celui qui en jouit,
aucun droit de propriété sur le terrain où cette servitude
s'exerce. 11 faut, en outre, remarquer que le tour d'échelle
et le droit de passage ditlèrent entre eux essentiellement
et ne sont pas la conséquence l'un de l'autre. La longueur
du terrain assujetti doit être proportionnelle à l'étendue du
mur ou de la construction; la largeur est fixée par les
usages locaux et, à leur défaut, peut être réglée à 1 m.
mesuré du parement extérieur du mur au rez-de-chaussée.
Cette largeur peut être plus considérable si la hauteur du
mur exige plus de pied pour l'échelle. Dans le cas où le
mur à séparer est mitoyen, chaque intéressé doit, sans
ÉCHELAGE - ÉCHELLE
— .100 —
indemnité, fournir le passade et l'espace de terrain néces-
saire aux travaux. L. h.
ÉCHELET (Ornith.). Le nomd'Echelet, qu'il ne faut pas
confondre avec Eehelete, l'un des noms spécifiques vulgaires
du Ticbodro de murailles, a été employé par Temminck
(Manuel d'ornithologie, 1H-jo, t. [, p. i.xxxv) et par
Lesson (Traité d'ornithologie, 1834, p. 307) pour lési-
i;ner «le petits Passereaux australiens qui offrent, dans leur
aspect extérieur et dans leur genre de vie, certaines analo-
gies avec nos Grimpereaux (\. ee mot). E. Oust.
ÉCHELETTE (Mus.). Instrument de musique composé
de hâtons de bois dur d'inégale longueur que l'on met en
vibration au moyen de baguettes assez semblables à celles
des timbaliers. Les lames sont disposées diatoniquement et
reposent sur des tampons de paille. Elles rendent des sons
clairs, mais de courte durée, qui, émis avec rapidité, peuvent
être de quelque utilité pour le compositeur. Autrefois
nommé « claquebois >, « régale », « patouille », l'éche-
lette n'est autre que l'instrument populaire des races tar-
tares, encore en usage dans les Karpates et l'Oural sous le
nom de « jerora i salamo ». Il semble s'être introduit chez
nous depuis fort longtemps ; Mersenne (Harmonie univer-
selle, 1(>37) en fait mention sous le nom de ligneum psal-
terium. En Allemagne, on le nomme Sthrofiedrl, en
Italie sticcato et de nos jours \e xylophone, qu\ en est un
dérivé, a sa place marquée dans nos orchestres. M. Saint-
Saëns en a tiré un parti fort heureux dans sa Danse ma-
cabre. Ch. B.
ÉCH ELLE. I. Technologie. — Sorte d'escalier mobile
que l'on peut considérer comme le plus simple des échafau-
dages et qui se compose essentiellement de deux longues
pièces de bois ou montants, réunies entre elles par une série
de barres transversales appelées échelons, distribuées à des
distances égales. Les montants et les échelons peuvent être
à section circulaire ou rectangulaire. Les échelles sont d'un
emploi constant dans les travaux de bâtiment ; les maçons
se servent d'échelles simples à montants cylindriques pour
établir la communication, soit avec les divers planchers
d'un échafaudage, soit, avant la pose de l'escalier, entre
les différents étages d'une construction en cours d'exécu-
tion. Les couvreurs emploient aussi, pour leurs travaux,
des échelles simples, plus légères que celles des maçons.
Les toitures sont fréquemment munies de crochets à de-
meure qui permettent de fixer ces échelles pour les répa-
rations nécessaires. Les peintres font usage d'échelles
simples et doubles ; ces dernières sont avec ou sans roues.
Dans le premier cas, elles sont formées de deux échelles
inclinées en sens inverse et maintenues l'une contre l'autre
par une cheville en fer qui traverse l'extrémité supérieure
des quatre montants. Four assurer la stabilité du système,
les montants ne sont pas parallèles, de sorte que les éche-
lons vont en diminuant de la base au sommet et, de plus,
une corde relie deux échelons de même niveau des deux
branches inclinées. Les échelles pourvues de roues sont
de grande dimension et servent, à l'intérieur des édifices,
aux travaux des salles plafonnées ou voûtées d'une hauteur
considérable. Des modifications récentes apportées par divers
constructeurs à la disposition des échelles simples rendent
ces engins d'un usage plus commode et plus sûr : mon-
tants à coulisses, poulies accompagnées de cordes de ma-
nœuvre, boulons formant échelons avec écrous de serrage,
telles sont les additions diverses qui permettent d'allonger
ces engins ou de les raccourcir a volonté et de les adapter
aux dispositions de points d'appui les plus variées. On
distingue l'échelle ordinaire à coulisses, l'échelle double à
coulisses et à roulettes, l'échelle simple à coulisses et a
crochets par le haut, l'échelle simple a coulisses dont l'un
des montants peut être muni d'une rallonge, de manière
que le système puisse reposer sur deux marches contiguës
d'escalier. Enfin, l'on a appliqué le fer à ces engins et on
a construit ainsi des échelles très légères, diversement
combinées, qui peuvent être employées dans les conditions
les plus diverses et aux usages les plus variés.
Nous citerons encore les échallea utilisées dans les
librairies et dans les bfrliothèqnei pour atteindra le, livrai
aux rayons b-s plu> élevée. Ces ohelles peuvent h trans-
porter parallèlement au mur au moyen d'un étriar an fer
qui se termine par une chape munie d'une poulie roulant
sur un banc de fer porte par des BOMoleS. Des échelles
lixe> composées d'échelons en fer rond ayant la (orme
d'étriers scellés dans la maçonnerie sont souvent disj
sur les murs auxquels sont adossée des tuyaux de chemine.-
pour faciliter les réparations a faire à ces conduite. Les
échelles de meunier sont des escaliers droits qui servent
généralement a monter dans un grenier. Elles se compo-
sent de deux fortes planches ou limons posées de champ,
parallèlement et suivant l'inclinaison convenable et dans
lesquelles s'assemblent par leur bout, à tenon et mortaise,
d'autres planches plus courtes n ayant que la largeur stric-
tement nécessaire pour qu'on y puisse poser le pied.
L'échelle de corde ou corde a nœuds est un cable auquel
on a fait de gros nœuds distants les uns des autres de 0n,30
environ et sur lequel les ouvriers se tiennent au moyen
d'une sellette et de deux étriers pourvus chacun d'un cro-
chet, que l'on attache au-dessus des nœuds.
Echelle a incendie. — Trois sortes d'échelles sent em-
ployées à peu près partout et notamment à Paris par le
régiment de sapeurs-pompiers pour attaquer les incendies.
Ce sont les échelles à crochets, les échelles à coulisses dont
le plus grand développement est de 7m"20, et enfin les
échelles attelées qui atteignent "20 m. de haut. L'échelle à
crochets consiste en deux montants de bois de frêne, ayant
une longueur totale de 4 m., et se repliant l'un sur l'autre
au milieu, à l'aide d'une double charnière. Chaque mon-
tant porte à son extrémité supérieure un demi-cercle de
fer dont le développement, qui est de 0m38, est assez grand
pour embrasser la totalité d'une croisée et s'y fixer soli-
dement. L'échelle à coulisse se compose de deux échelles
simples qui s'ajustent et s'embrassent l'une sur l'autre, de
manière que l'une puisse glisser sur l'autre pour en aug-
menter la hauteur. On conçoit que l'une de ces échelles
est nécessairement plus large que l'autre, et que c'est cette
dernière qui est mobile. Les montants de la première pré-
sentent, sur leur face intérieure, à quelques millimètres des
échelons, une rainure longitudinale dans laquelle glisse
une pièce saillante de même forme et de mêmes dimen-
sions que portent les montants de la seconde sur leur
face extérieure. Pour faire fonctionner l'échelle mobile, le
moyen le plus simple est d'agir sur une corde qui, atta-
chée au-dessous à l'un des échelons les plus bas, va passer
dans la gorge d'une petite poulie disposée au sommet de
l'échelle fixe. Quand l'échelle est arrivée à la hauteur
voulue, on l'y maintient en attachant l'extrémité libre de
de la corde à l'un des échelons de l'échelle fixe.
L'utilité des échelles aériennes libres pour le sauvetage
est incontestable ; mais, dans tous les systèmes connus jus-
qu'à ce jour, les roues qui servent au transport forment
le point d'appui principal à L'échelle dressée : l'échelle étant
développée peut recevoir un choc qui la déplace, d'où, la
crainte d'accidents graves. Dans lesystèmetiugumus, adopté
par le régiment des sapeurs-pompiers de la ville de Paris,
pour les échelles aériennes de "20 m. de hauteur, l'échelle
ne repose pas sur les roues, mais elle pose solidement sur
quatre points d'appui formant rectangle, qui assurent sa
complète stabilité et élèvent les roues au-dessus du sol. In
autre inconvénient des anciens systèmes, c'est que les cables
ou vis qui servent à dresser et à développer l'échelle por-
tent généralement toute la charge de l'échelle même, et en
plus celle des personnes qui y montent. Dans l'échelle Gu-
gumus, l'échelle étant dressée et développée, les cables ne
portent plus la moindre charge, et par conséquent il n'y
a nul danger de rupture. L'échelle, qui e>t en bois, pont
être construite en deux ou trois plans suivant les be-
soins: son développement peut atteindre de lOà 2.'> in.de
hauteur dans le vide, et cela sans autre point d'appui que
son chariot ; elle peut facilement supporter un poids de
— SOI —
ÉCHELLE
G
500 kflogr. à son extrémité. Dressée, l'échelle est munie
de deux supports montes a moitié de la hauteur si oo a
doux plans, au tiers si
l'on en a trois ; ces sup-
ports sont embrochés sur
nue partie du chariot et
non sur le sol. Les roues
qui servent au transport
se trouvent soulevées et
deviennent libres par la
manœuvre de quatre vé-
rins qui forment points
d'appui et servent à régler
l'aplomb. On constate que
l'échelle est bien d'aplomb
au moyen d'un lil a plomb
à demeure. Les montants
de l'échelle sont recou-
verts extérieurement
d'une garniture en tôle
d'acier embouti d'une
seule pièce pour toute la
longueur ; cette garniture
rend ainsi les montants
de l'échelle pour ainsi dire
incassables et préserve les
mortaises des échelons de
l'humidité. Les différents
plans de l'échelle sont
armés de tirants qui leur
donnent toute la rigidité
nécessaire et servent en
même temps de garde-
fous. A la tête de l'échelle
se trouve une poulie qui
permet de faire les sau-
vetages par le moyen d'une
corde et d'une benne ou
d'un sac. Le développe-
ment des plans s'opère
successivement ; le bas de
l'échelle est muni d'un
galet ou roulette dite de
manœuvre, qui permet,
au moyen de deux leviers
mobiles, de déplacer faci-
lement l'échelle dressée.
Le treuil de levage est
formé de deux fusées ou
cônes à diamètre progres-
sif, afin de répartir unifor-
mément la force de trac-
tion. Ce treuil est mis
en action par une roue
a vis sans fin, supprimant
ainsi tout encliquetage et
permettant de dresser
l'échelle par un seul
homme. L'arbre du treuil
de développement est muni de chaque côté d'une manivelle
fixe à manche articulé, qui se rabat avec le bras de la
-£XN
Échelle d'incendie développée
à 20 mètres (syst. Gugumus).
Échelle repliée (syst. Gugumus).
manivelle, pour diminuer la largeur au transport. L'échelle
peut être transportée a bras d'homme ou par des chevaux
sans rien changer au système ; dans ce dernier cas, on
raccroche a un avant-train. L'échelle est manœuvrée théo-
riquement par trois hommes, mais au besoin un seul homme
peut la dresser. L'échelle une fois dressée et déployée, les
cables qui ont servi ne supportent plus aucune charge, vu
que les différents plans reposent sur des parachutes. Indé-
pendamment de son emploi pour le sauvetage, l'échelle est
employée pour l'attaque du feu dans les parties élevées.
L. Knau.
II. Mines. — Le moyen par excellence de descente dans
les mines a été, pendant les siècles qui se sont succédé
jusqu'à celui-ci, I emploi des échelles. Si d'autres procé-
dés tendent aujourd'hui à prévaloir, rien ne dispense,
en aucun cas, d'établir dans un certain nombre de puits
des répétitions d'échelles pour assurer la sortie du per-
sonnel dans l'hypothèse où les moyens mécaniques vien-
draient à être désorganisés. Les échelles se font en bois ou
en fer. Dans ce dernier cas, les montants sont en fer plat
de (i à 7 centim. de largeur sur 6 à 7 millim. d'épais-
seur ; leur écartement est de 23 centim. Les échelons en
fer rond ont au moins 23 millim. de diamètre et se suc-
cèdent à "20 ou 25 centim. d'intervalle. Les échelles enfer
sont d'une solidité absolue, mais elles sont chères ; de plus,
le métal est très froid au contact des mains, surtout en hiver.
Les échelles en bois ont des montants de 3 à 5 centim. de
largeur suivant le plan de l'échelle et 10 à 12 centim.
d'épaisseur dans le sens perpendiculaire. Les échelons pré-
sentent 4 à 5 centim. de diamètre lorsqu'ils sont ronds;
souvent on leur donne une forme méplate, pour qu'ils
résistent par leur tranche au poids du corps. Il est impor-
tant que le système soit bien rigide, sans ilexions ni oscil-
lations. Le bois a le défaut de pourrir et de s'user rapi-
dement. On a soin d'interdire aux mineurs de descendre
avec des souliers ferrés. La plupart du temps, d'ailleurs,
ils sont pieds nus. On peut disposer les échelles vertica-
lement en les maintenant à une distance de la paroi suffi-
sante pour que la pointe du pied trouve sa place ; mais la
montée est plus fatigante que si l'on donne aux échelles
une certaine inclinaison. La plus favorable est celle de 70° ;
par là, le centre de gravité du corps reste à peu près sur
la verticale du point d'appui, au lieu qu'avec l'échelle ver-
ticale il se trouve nécessairement en dehors. Le moment
du poids, par rapport à l'échelon qui sert de base, ne
peut donc être contre-balancé, pour l'équilibre, que par
celui d'une tension égale développée dans les bras, ce qui
détermine un excédent de lassitude absolument inutile. En
raison de l'accumulation de cette fatigue, on dispose les
échelles en répétition avec des planchers intermédiaires,
qui permet tent aux hommes de reprendre haleine. Ces
planchers se font à claires-voies, afin que l'eau n'y puisse
séjourner par-dessus, ni le grisou par dessous ; ils sont
percés d'un trou rectangulaire suffisant pour le passage du
corps de l'homme. Les échelles peuvent être d'une travée
à l'autre établies suivant deux dispositifs différents : pa-
rallèle ou croisé. Le premier présente plus de sécurité, en
ce que l'échelle recouvre en projection l'ouverture du
plancher inférieur. Les moyens d'ascension sans machine,
et à l'aide de la seule force musculaire, occasionnent une
grande perte de temps ainsi qu'une fatigue considérable;
aussi l'emploi des moyens mécaniques prévaut-il aujour-
d'hui ; les échelles mécaniques entre autres sont en usage
dans les mines profondes (Y. Fahrkinst), d'autres exploi-
tations emploient des procédés différents pour assurer la
descente et la montée des mineurs (V. Cage, t. VIII, p. 75i,
et Cuffat, t. XIII, p. 558). L. Knab.
III. Architecture. — En terme de beaux-arts, l'échelle
est une mesure proportionnelle destinée à représenter en
réduction, mais a faire concevoir les dimensions exactes
qu'aurait l'œuvre terminée, et, particulièrement en architec-
ture, l'échelle consiste en une ligne tracée sur les dessins,
divisée en parties égales et dont chacune représente telle
ou telle mesure usuelle : ainsi autrefois, une toise ou un pied
et, de nos jours, un mètre ou, dans les études d'ordre, un
ÉCHELLE
- 302
modale. I ta dit . en conséquence, échelle d'une ligne pour pied
,,u d'un pouee pour toise (1 144) el d'un centra, ou de
1 milliiii. pour mètre ( I loi) on 1/500). Les élévation* et
les coupes Boni assez souvent, en architecture, a uni- échelle
double des plans, el les détails d'exécution, construction
ou décoration, sont à une échelle encore plus grande. —
pour les dessins ligures en perspective, il y a deux sortes
d'échelles, V échelle de front, servant aux objets placés
sur le premier plan, et l'échelle fuyante, déterminant, par
des données inégales et de plus en plus petites, l'étendue
des parties fuyantes ou raccourcies. Charles Lucas.
IV. Gymnastique (V. Gymnastique).
V. Marine. — A bord, les degrés en lorme d'escaliers,
tantôt li\es, tantôt mobiles, qui servent a faire communi-
quer les différentes parties du navire les unes avec les
autres ou avec les embarcations qui viennent accoster le
navire, s'appellent indistinctement échelles. Pour commu-
niquer avec le dehors, il y a, à tribord, l'échelle de com-
mandement, échelle d'honneur qui, sur les bâtiments de
L'Etat, sert aux officiers et à ceux qui sont assimilés par le
règlement du service intérieur : elle est commode, en bois,
garnie d'une rampe avec plates-tbrmes, facilement démon-
table pour être rentrée en cas de départ. Quand on reçoit
un personnage d'importance, on fait descendre le long de
l'échelle des matelots qui veillent sur lui pondant le trajet
de l'embarcation au pont du navire, le préservant des
accidents qui pourraient survenir. « Les capitaines de
vaisseau, dit Villette (Mémoires), servirent au roy d'An-
gleterre de matelots pour lui aider à monter sur le vaisseau
de M. le comte d'Estrées. » — Le personnel qui n'a pas
le droit à l'escalier de commandement monte par les échelles
de côté ou par le bord, placées à peu près par le travers
du grand mat, composées de chevrons cloués ou degrés
qu'on gravit en s'aidant de deux tireveilles amarrées sur
le pont. — A l'arrière se trouve l'échelle de poupe, sus-
pendue à la borne, à l'arrière du couronnement : elle a
des montants de corde et des échelons de bois ou de corde
et donne accès dans les embarcations qui sont à la traîne,
à l'arrière. — Les échelles mettant en communication les
différentes parties du navire prennent des noms spéciaux :
il y a les échelles de haubans ou limons, les échelles de
revers ou gambes, les enfléchures ; elles sont tantôt en bois,
tantôt en fer. Pour descendre dans la cale, il y a aussi les
étances, appelées aussi pieds-droits, degrés de fer, simple-
ment munies d'une tire veille. — Par extension, on a nommé
échelle les ports où l'on dispose l'échelle pour communiquer
avec les quais ou avec le rivage : c'est dans ce sens qu'on
dit les échelles du Levant en désignant les villes maritimes
du Levant, de l'Egypte et de la Barbarie. Le mot escale
est, du reste, plus employé.
Echelle de tikant d'eau, Echelle de l'étambot et de
l'étrave, Echelle de solidité (V. Tirant d'eau).
VI. Musique. — Nom donné en musique à une suc-
cession de notes. Il y a trois sortes d'échelles : l'échelle
diatonique, composée de cinq tons et de deux demi-tons
diatoniques (V. ce mot) ; l'échelle chromatique, composée
de douze demi-tons chromatiques (V. ce mot) ; l'échelle
enharmotiiquc, composée d'intervalles moindres que le
demi-ton appelés quarts de tons et scientifiquement co-
mas et sur la considération desquels est formé le genre
enharmonique (V. ce mot). Le tempérament (V. ce
mot) a aussi son échelle dite tempérée. Un registre ins-
trumental ou vocal a son échelle embrassant tous les sons
diatoniques ou chromatiques qui lui sont propres. On
nomme aussi échelle modale la succession des sons types
constitutifs du mode (V. ce mot et Gamme, Tétra-
COHDE, etc.). Cil. liORDES.
VII. Perspective. — Echelle de front. — Tout
dessin sur un plan de front ayant une perspective homo-
thétique à lui-même, comme section parallèle à la base
dans la pyramide visuelle qui a pour base le dessin; la
seconde figure pourra donc s'obtenir à l'aide de l'autre,
et au moyen de leur rapport de similitude. L'échelle du
plan de front est l'expression numérique de es rapport.
Elle se trace a partir de la base du taolean, comme une
suite de carreaux réguliers, el permet de déterminer ainsi
avec Facilité la perspective des objets parallèles au plan
du tableau (V. PERSPECTIVE). \d. fini,
VIII. Mathématiques. — L'échelle d'un système de
numération est la progression géométrique qui a pour
raison su base (mot peu usité).
Echelle de relation (V. l',i.. i bbi mis [Séries]).
Echelle d'i h m mat. — C'est le rapport de- ,1m,.
de ce dessin a celles de l'objet réel qu'il représente; ainsi,
quand on dit que l'échelle d'un dessin (d'une carte, par
exemple) est le n'*"", il faut entendre par la que ce dessin
a pour dimensions linéaires les «'m ■ partiesdes dimensions
correspondantes de l'objet qu'il représente. Si ce dessin
représente un objet à trois dimensions, il est une projection
de l'objet, et dire que l'échelle est le n'""6, c'est dire que
le dessin a ses dimensions linéaires n fois plus petites que
celles de la projection réelle de l'objet.
Echelle logarithmique. — C'est une droite ou une cir-
conférence divisée en parties inégales, les points de division
marqués 1, 2, 3,... sont à des distances égales ou pro-
portionnelles à log i, log 2, log 3,... de la division
origine. Cette échelle se trouve gravée sur les règles à
calcul (V. Arithmomètre).
Echelle de front (V. Perspective).
Echelle de fuite (V. Perspective).
Echelle de pente (V. Plans cotés).
Echelle des latitudes croissantes (V. Carte, t. IX,
p. 58S).
Echelle de modules. — Lorsque l'on veut calculer la
valeur d'une intégrale elliptique, telle que
*<p d<?
r
\Ji — A2 sin2?
on peut employer une méthode qui consiste à calculer ce
que l'on appelle une échelle de modules, c.-à-d. que
l'on remplace l'intégrale proposée par une autre de la
même forme :
*?i d?i
s:
v'I— k\ sin*',},'
dans laquelle A, a une valeur en général plus petite et par-
tant plus facile à calculer. On opère ensuite sur cette nou-
velle intégrale comme sur l'ancienne, jusqu'à ce que l'on
ait trouvé une valeur du module assez petite pour déve-
lopper l'intégrale en une série très convergente ordonnée
suivant les puissances du module. Les modules successifs
k, ki, Av.. forment alors une échelle. On peut, par
exemple, prendre
1 -+- kl ppt rfipi
p
- n v'I — A2sin*3
et l'on a
2 J0 yî-r;
-sin-?l
k =
sin(2? — ?1)_,
• — ^t ,
sino,
pour la commodité du calcul on pose :
2 4
k = sin 0, alors - r- = -2cos * -
1 -h A, 2
D
A1=t
ù
et l'on voit que k\ = tg1 - sera en général beaucoup plus
[tetit que A: = sin6 si A;<4.
11 existe un grand nombre d'échelles de modules, mais
celle que nous venons d'indiquer est la [dus simple ; elle
a été indiquée par Landen. EL Lu ri m.
Echelle de réduction (Y. Plan).
IX. Physique. — On nomme ainsi l'ensemble des
degrés qui servent à définir les températures. Nous n'en-
trerons pas ici dans les détails relatifs à la notion de
— 303 -
ÉCHELLE - ÉCHELLES
température (Y. ce mot) : nous nous contenterons d'in-
diquer que, dans tous les procédés imaginés pour graduer
(es thermomètres, on a adopté deux points fixes, c.-à-d.
deux phénomènes qui servent a établir deux températures;
c'est le point de fusion de ta glace el le point a'ébullition
normale de l'eau. Nous désignerons le premier par G, le
second par E. Ou a adopté en divers pays quatre gradua-
tions principales: en France, l'échelle centigrade attribuée
à Celsius et l'échelle Réaumur; eu Angleterre et en Alle-
magne, l'échelle de Fahrenheit; en Russie, celle de Delisle.
L'échelle centigrade est de beaucoup la plus usitée. —
l ■' Echelle centigrade : le point G correspond au degré 0°,
le point K au degré 100 ; 2° échelle de Réaumur : le point
G correspond an degré 0° et le point E au degré 80 ;
;>° échelle de Fahrenheit : le point ('. correspond au degré 32
et le point E au degré -21-2; '.° échelle de Delisle : le point
G correspond au degré 150 et le point K au degré 0. 11
e>t Facile à l'aide de quelques formules simples de passer
d'un quelconque de CCS systèmes à l'autre. Soit C une tem-
pérature exprimée en degrés centigrades et soient F la
même température exprimée en degrés Fahrenheit, H la
même température en degrés Réaumur el D en degrés De-
lisle. Il est facile de voir que l'on a
4
r = *c
.1
9
F — 3-2 = 5 C
180 — D = sC.
D'où l'on déduit
C = jR =
'(F-32) = ?(450-D).
Le tableau suivant montre la correspondance des diverses
températures dans ces trois systèmes :
„
h
a
H -
K 3
4 1
- -
- c
ds
-l~x
H tL
^ V
a 3
a —
O C
•M 3>
— -
9 -S
H
Sa
O
—
—
•a
17*71
0»
14-23
176°6
Glace fondante
0
3!
0
150
—
10
00
8
135
—
20
68
16
120
—
30
86
24
105
—
40
104
32
90
—
50
122
40
75
—
60
140
48
60
—
70
158
56
45
— ....
80
176
64
30
—
90
194
72
15
100
212
80
0
A. JoANXIS.
X. Finances. — Echelle de pkimes (V. Prime).
XI. Economie politique. — Echelle mobile. — On a
donné le nom d'échelle mobile à un système législatifde droits
de douane appliqués au commerce des grains en Angleterre,
puis en France, dans la première partie du xixc siècle. L'An-
gleterre fut jusqu'à ce siècle un pays agricole, exportant du
Blé plus qu'il n'en importait. Pour protéger les producteurs,
on mit dès 1670 des droits fort élevés sur les importations
de blé, et on imagina, pour assurer les approvisionnements
en cas de mauvaise récolte, de faire varier ces droits selon
l'échelle des prix. Ce système, qui procédait de celui des
droits ad valorem, devint très compliqué dans l'application.
Quand le prix du blé était inférieur a 53 shillings i pence, les
droits étaient prohibitifs ; entre ce prix et celui de 80 shil-
lings, il était de * shillings. En 177:), ces droits furent
beaucoup diminués ; le prix du blé avait été générale-
ment inférieur à 2 livres sterling et presque toujours à
50 shillings. On décida que l'importation serait autorisée
dès que le blé se vendrait plus de 48 shillings, le droit
étant de 1 et 2 shillings par quarter. Mais, en 1791, on
revint aune protection plus grande. I.e droit fut de 1/2 shil-
ling quand le blé se vendait au-dessus de 54 shillings ; il
lui de 2 I 2 entre 55 et 50 shillings; quand les prix tom-
baient au-dessous de 50 shillings, le droit devenait prohi-
bitif, s'élevant à 24 shillings 1.1. Sous l'influence îles
guerres de la Révolution et de l'Empire, le prix du blé s'éleva
en Angleterre au-dessus de ."> livres sterling. On accrut
donc la protection; le droit de 25 shillings 4/4 fut
perçu à partir du prix de 03 shillings (en 1804). En 1815,
on décida que le ble étranger entrerait en franchise, mais
à la condition d'être déposé dans les magasins de la cou-
ronne et vendu seulement quand le prix al teindrait 80 shil-
lings. Toujours le souci de combiner la protection des
agriculteurs avec la sécurité des approvisionnements. En
1822, on vota un droit de 1 shilling quand le blé se ven-
dait 85 shillings; 5 shillings entre 80 et 85 ; 12 shillings
entre 70 et 80. En 1828, cette échelle mobile fut com-
pliquée : au prixde 72shillings, droit de 2 shillings 8 pence;
au prix de 71 shillings, droit de 6 shillings 8 pence; à
70 shillings, droit, de 10 shillings; à60 shillings, droit de
20 [shillings 8 pence. L'effort de l'Etat pour soutenir le
prix du blé et le fixer entre des limites étroites apparaît.
C'est contre cette législation que fut dirigée par Cobden
et l1 Anti-cor n-law-lmy ac (V. t. III, p. 195) des efforts
persévérants. En 1842, Robert Peel proposait d'admettre
un droit de 1 shilling pour le prix moyen de 73 shillings,
ce droit croissant d'autant da shillings que le prix moyen
baissait de shillings, le minimum étant a 51 shillings. Le
prix était fixé par le cours moyen de cent cinquante
marchés. La lutte engagée alors fut décisive. Les libre-
échangistes triomphèrent en 1846. Le droit fut réduit à
10 shillings si le prix s'abaissait au-dessous de 48 shil-
lings, à o shillings si le prix tombait à 26 shillings, 4 shil-
lings s'il tombait à 18 shillings. On décida enfin que, dans
un délai de trois ans, ces droits seraient supprimés. La
date à laquelle ils prirent fin fut le Ier févr. 1849.
En France, on avait emprunté aux Anglais le système de
l'échelle mobile facilitant l'entrée du blé quand le prix
monte à l'intérieur, la frappant davantage quand le prix
s'abaisse, afin de ne pas déprécier le travail national. Le
droitd'exportationvariaitensensopposé. Il en étaitdemèmc
en Angleterre tant qu'il exista. Toute cette organisation a été
expliquée à l'art. Blé (t. VI, p. 1076). L'échelle mobilefut
temporairement abolie en 1846 et 1853 dans des époques
de disette. Elle le fut définitivement par la loi du 13 juin
1861, à la suite d'une grande enquête préparée par le con-
seil d'Etat et d'une vive discussion au Corps législatif
(27-29 mai 1861).
L'échelle mobile adoptée aussi par la Hollande, la Bel-
gique el les Etats romains a disparu partout. Les entraves
mises au commerce des grains favorisaient la spéculation
et mettaient en danger l'approvisionnement du pays.
(V. Libre-Echange). A. -M. B.
ÉCHELLE (L'). Com. du dép. des Ardennes, arr. de
Roc.roi, cant. de Rumigny ; 329 hab.
ÉCHELLE (L'). Coin, du dép. de la Marne, arr. d'É-
pernav, cant. de Montmirail ; 261 hab.
ÉCHELLE (L') (Seine-et-Marne) (V. Léchelle).
ÉCHELLE-Saint-Aubin (L'). Com. du dép. de la
Somme, arr. de Montdidier, cant. de Roye; 213 hab.
ÉCHELLES (Les). Ch.-I. de cant. du dép. de la Savoie,
arr. de Chambéry, sur leGuiers; 765 hab. Métiers à soie.
La route de Chambéry traverse, à 4 kil. des Echelles une
galerie longue de 308 m., commencée par Napoléon Ier et
terminée en 1815 par le gouvernement sarde. L'ancienne
route, ouverte par le duc de Savoie, Charles-Emmanuel, en
1670, ainsi qu'en témoigne une inscription, est devenue
inaccessible aux voitures; elle avait elle-même remplacé
un passage ditlicile et dangereux nommé le chemin de
l'Echaillon.
ÉCHELLES du Levant. On désigne ainsi les ports et
places de commerce de la Méditerranée orientale appartenant
à l'empire ottoman depuis Constantinople jusqu à Alexan-
ÉCHELLES - ÉCHENILLAGE
.(04 —
eh i«- . On v comprenait aussi jadis les ports delà cote bar-
baresque rasqna Alger el ceux des Iles el presqu'îles de la
Grèce, également dépendants du sultan, uesl le territoire
classique des capitulation» (V. ce mot).
ÉCHELON. I. Technologie. — Nom que l'on donne aux
barres transversales qui relient les montants d'une échelle
(V. ce mot). Les échelons sont en bois on en 1er; dans !<•
premier cas, ils ont un aspect fusiforme el sont renflés en
leur milieu ; dans le second cas. ce sont de simples tiges
cylindriques. On l'ait aussi pour descendre dans les puits,
par exemple, deséchelons en fer qui sont coudes et scellés
par leurs extrémités dans la maçonnerie. Les murs pignons
d'une grande hauteur portent souvent des échelons sem-
blables qui permettent d'atteindre les souches des chemi-
nées pour les réparer. De simples tiges de 1er scellées d'un
bout dans les murs remplissent le même objet. 1 ne échelle
de ce genre scellée dans un mur séparatlf non mitoyen
exige l'achat d'une partie du mur par celui qui l'ail poser
cette échelle sur le mur ne lui appartenant pas. La largeur
à acquérir est la moitié de celle occupée à plomb de la plus
grande saillie de l'échelle, plus un pied d'aile (0m32) au
delà de chaque côté de ladite échelle. !.. K.
II. Tactique. — On désigne sous ce nom des lignes
de troupes disposées les unes derrière les autres, de ma-
nière à pouvoir être successivement engagées au combat et
soutenues ou remplacées les unes par les autres. L'ordre
en échelons a été employé de tout temps dans les armées
conduites au combat avec discipline el méthode. Aujour-
d'hui, le bataillon se forme pour combattre en trois éche-
lons : 1° une chaîne constituée par les sections de tète
des deux compagnies de tète de la colonne pour le combat;
2° des soutiens formés par les sections de queue de ces
deux compagnies; 3° une réserve comprenant les deux
autres compagnies. Cette formation, qui est celle du ba-
taillon encadré, subit quelques modifications de détail dans
le cas où le bataillon est isolé, où le combat doit être dé-
fensif, etc. Toutes les autres unités d'infanterie emploient
un échelonnement analogue pour combattre. Dans les
manœuvres de cavalerie, le régiment peut marcher en
échelons par demi-régiment. Le colonel désigne le demi-
régiment qui doit se porter en avant le premier et lui donne
sa direction; il indique ensuite à celui qui doit former le
deuxième échelon la distance qu'il doit conserver et fait
commencer le mouvement par l'indication : Tel demi-
régiment, à telle distance : en échelon. Le régiment peut
être porté en arrière par des moyens analogues. Pendant
la marche, le colonel peut faire l'indication : Tel escadron,
à telle distance : en échelon. — On désigne encore sous
ce nom les fractions de troupes d'une colonne en route :
avant-garde, gros, etc., ainsi que les lignes successives des
troupes aux avant-postes : sentinelles, petits postes, grand'-
gardes, etc.
ÉCHEMBROTE, poète et musicien arcadien de la fin du
vit0 siècle avant J.-C. Il composait des nomes élégiaques
accompagnés de flûte, et remporta, la troisième année de
la 48e olympiade, une victoire en souvenir de laquelle il
consacra à Hercule un trépied avec une inscription en
vers que Pausanias (X, 7) a conservée.
ÉCHEMINES. Corn, du dép. de l'Aube, arr. de Nogent-
sur-Seine, cant. de Marcilly-le— Bayer; 137 bah.
ÉCHEMIRÉ-Rioné. Com. du dép. de Maine-et-Loire,
arr. et cant. de Rangé, près delà forêt de Rangé; 784hab.
Chaux. Près de Higné, plusieurs monuments mégalithiques
connus sous le nom de Pierres du Coq. Ancien prieuré
dont l'église peut remonter, dans certaines de ses parties,
à l'époque carolingienne.
ÉCHENANS. Coin, du dép. du Doubs, arr. et cant. de
Montbéliard ; (ri hab.
ÉCHENANS-sois-Mont-Vaudois. Corn, du dép. de la
Haute-Saône, arr. de Lure, cant. d'Héricourt; 240 hab.
Ce village dépendait en partie du comte de Montbéliard et
en partie de la seigneurie d'Héricourt. Marguerite de Bade,
dame d'Héricourt, vendit, en 1360, sa moitié à Thomas de
Beurneyerin qui la revendit en 1864 I J'-an de Haodeore.
Celui-ci ayant refusé le devoir de loi et hommage a Thie-
baud de Neofchatel, seigneur d'Hërieonrt, fut assiégé dam
son château do Mont-Vaudoisetfaitprisonnier(138l). Les
habitants qui télexaient de la seigneurie furent affranchi*
en [520 par Guillaume, comte de Pnrstembei
d'Héricourt; ceux qui relevaient du comte le furent en
1584 par Frédéric de Wurttemberg, comte deHontl
ÉCHENAY. Com. du dép. de la Haute-Marne, air. de
Wassy, cant. de Poissons; 202 hab. — Hauts fourneaux,
distilleries de betteraves. — Cette localité, située sur la
rive droite de la Saulx, fin, an moyen âge, le siège d'une
importante baronnie qui appartenait, .'ni x 1 1 j ' siècle, a la
maison de Joinville, d'ou elle pas-a successivement dans
celles de Dinteville, de Ghoiseul, de La Perté-Sennetern ■ I
de Rarécourt-Pimodan. Le château, restauré par les muh^
du marquis de Pimodan, renferme une intéressante galerie
de portraits. \. |
l'.iiii.. : Marquis de Pimodan, Histoire dune vieille mai-
son, le château d'Echenay ; I.antnes et paris, l*s2, in-ts
avec pi. — Henri LozbraL, le Château dKchenay, dans
Revue de Champagne et Brie, 18'jO, p. 312.
ECHENEIS (IchtyoL). Genre de Poissons osseux (Té-
léostéens), de l'ordre des Acanthopt<njti
Scombriforrnes et de la famille des Seombridœ |\
mots) vulgairement connu sous le nom de Honora (Y. ce
mot). Les Poissons compris dans ce genre ont sur la tète
un disque ovale composé d'un nombre variable de lamelles
transversales disposées par paires. Ces lamelles ont leur
limbe garni de petites épines. Cet appareil, qui permet au
Poisson de se fixer sur les corps submergés, est une mo-
dification de la première nageoire dorsale; chacune des
lamelles représente la moitié de l'un des ravons qui s'est
rabattu et étalé. Ces Poissons ont le corps allongé, la tète
large, la bouche petite, la dorsale est opposée à l'anale,
les ventrales ont une épine et cinq rayons mous. Les dix
formes connues ont une large distribution géographique, à
cause même de leur genre de vie. Ils sont cependant pro-
pres aux mers chaudes. VEchcncis rémora, qui atteint
40 centim. de long, est d'un brun rougeâtre uniforme,
plus pale sous le ventre, avec des maculalures blanches et
une bande de même couleur sur les pectorales. Rochbr.
Bibl. : Sauvage, dans Breiim, éd. française. Poissons.
— Gunthkr. Study of Fishes. — Dr. Rocheorune. Faune
de la SC'ntgambie. Poissons.
ÉCHENEVEX. Com. du dép. de l'Ain, arr. et cant. de
Gex ; 324 hab.
ÉCHENILLAGE. I. Agriculture (V. Chenille).
IL Droit administratif. — La destruction des chenilles a
été en Fiance l'objet de nombreuses mesures législatives. Le
premier texte qui la concerne est un arrêt du parlement de
Paris en date du 4 févr. 173:!, pris à la suite d'une inva-
sion peu ordinaire de chenilles qui s'était produite à l'au-
tomne de 1731. Tout propriétaire et fermier était tenu de
brûler les bourses et toiles à peiue de 30 livres d'amende.
La Révolution abandonna ces questions agricoles à l'initia-
tive îles autorités locales. La loi du ti oct. 1791 (art. 20)
stipule : Les corps administratifs sont invités à encourager
les habitants des campagnes par des recompenses et suivant
les localités à la destruction des animaux malfaisants qui
peuvent ravager les troupeaux, ainsi qu'à la destruction
îles animaux et des inseclesqui peuvent nuire aux récoltes.
Ces prescriptions demeurèrent illusoires et, à la suite de
ravages effrayants causés par les chenilles, le conseil des
Anciens et le conseil des Cinq-Cents votèrent, sur un
message du Directoire, la loi du 26 ventôse an IV. qui est
restée en vigueur jusqu'à ces dernières années.
Celle loi spécifiait que les propriétaires, fermiers, loca-
taires ou autres doivent écheniller tous les ans avant le
mois de mars et brûler sur-le-champ les bourses et toiles
qui sont tirées des arbres, baies et buissons, dans un lieu
ou il n'y aura aucun danger de communication de feu soit
pour les bois, arbres et bruyères, soit pour les maisons
et bâtiments. D'autre part, l'art. »71 du C. pénal cou-
— 303
ECIIKNILLAGE — ECHEVERRIA
damne à un»' amende de l à 5 fr. ceux qui auront négligé
d'écheniller dans les campagnes el jardins où ce soin est
prescrit par la loi ou le* règlements. La cour de cassation
a décidé ii> sept. 1850) que l'échenillage est une charge
de la propriété et que le propriétaire demeure responsable,
même lorsqu'il a affermé la terre. Les préfets et les maires
devaient prescrire chaque année l'échenillage, par arrêté.
1 1"> maires et adjoints veillaient, sous leur propro respon-
sabilité, a l'exécution de l'échenillage, et les procès-verbaux
«mi cette matière étaient drosses par les gardes champêtres
et Us gendarmes. En vertu d'une lettre du ministre des
finances en date du 11 avr. 1821, l'administration dos
forets oiait dispensée d'écheniller.
IV nombreuses critiques s'élevèrent contre celte lui. On
lui reprocha surtout de rendre les maires el adjoints res-
ponsables ilo la négligence do leurs administrés, de ne
s'appliquer qu'aux chenilles, tandis que beaucoup d'autres
insectes no causent pas inoins do droits, et de supposerque
l'échenillage no peut avoir lion qu'au printemps, tandis
qu'on |'ont l'exercer avec succès on été et on automne.
Kilo finit par tomber en désuétude et on no verbalisa guère
contre les contrevenants. Après plusieurs tentatives infruc-
tueuses en 1839, en 1849, en 1851, en 1872, les Chambres
françaises finirent par adopter la loi du 21 déc. 1888 qui
abroge celle de l'an IV relative à l'échenillage el s'étend a
la destruction des insectes, cryptogames et autres végétaux
nuisibles a l'agriculture. D'après cette loi, les préfets pres-
crivent les mesures nécessaires pour arrêter ou prévenir
les dommages causés a l'agriculture parles chenilles, etc.,
lorsque ces dommages se produisent dans un ou plusieurs
départements ou seulement dans une ou plusieurs com-
munes, et prennent ou peuvent prendre un caractère enva-
hissant et eahuniteux. Los propriétaires, fermiers, colons
ou métayers, les usufruitiers et usagers sont tenus d'exé-
cuter sur les terrains qu'ils possèdent et cultivent ou dont
ils ont la jouissance et l'usage, les mesures prescrites par
l'arrêt^' préfectoral (toutefois, dans les bois et forêts, ces
mesures ne sont applicables qu'a une lisière de 30 in.). Ils
doivent ouvrir leurs terrains aux agents chargés de la vé-
rification ou de la destruction. En cas d'inexécution, procès-
verbal est dressé par le maire, l'adjoint, l'officier do gen-
darmerie, le commissaire de police, le garde forestier ou
le garde champêtre, et le contrevenant est cite devant le
juge do paix. Il est passible d'une amende de (i à 13 fr.
L'amende est doublée et la peine d'emprisonnement pen-
dant cinq jours au plus peut même être prononcée en cas
de récidive. Comme ces prescriptions sont fort rigoureuses,
il est stipule que l'arrête préfectoral doit être pris après
avis du conseil gênerai et soumis a l'approbation du ministre
del agriculture qui prend lui-même, sur les procédés a appli-
quer, l'avis d'une commission technique instituée par décret.
— Des lois analogues existent à l'étranger, notamment en
Italie, en Angleterre, en Belgique, on Prusse, etc.
ECHENILLEUR (Ornith.). Nom vulgaire de quelques
Passereaux d'Afrique, de Madagascar, do la Nouvelle-
Guinée, dos Philippines et dos Holuques qui rentrent dans
le- genres Campophaga, Grancalus ou Ceàlepyrù et
EdoUisoma et dans la famille des CampophagidéS (Y. ce
»'"l). E. ÔOSTAIET.
ECHENILLOIR. l'our opérer Véchenillage (V. ce mot),
on se sert d'une sorte de petite cisaille, en feraciéré, tixée
sur un Ion- manche; lorsque l'outil est placé de manière
Jsir la petite branche qui porte les nids de chenilles,
Q suffit de tirer une ficelle qui lait mouvoir uni' des branches
de la cisaille, et la branche tombe. Cet instrument porte le
nom d'échenilloir.
ECHE NON. Coin, dndép.de la Côte-d'Or, arr. deBeaune,
cant. de Saint- Jean-de-Losne; 730 liai). Gaudes (farines de
maïs) renommées.
ËCHENOZ-la-Meune. (.oui. du dép.de la Haute-Saône,
arr. et cant. de Vesoul; 1,080 hab. Carrières de pierres
de taille et do moellons: moulins, huilerie. Grotte du Trou
de lu Baume qui a fourni de nombreux ossements fossiles
GRANDf: EHCTCTOPÉDIE. — XV.
et quelques silex tailles. A l'église, liras d'argent du xvia siè-
cle contenant une relique do saint Martin. Au hameau de
Solborde, pi lei inage de Notre-Dame, très fréquenté autre-
fois ci a l'occasion duquel Philippe IV. roi d'Espagne, créa
d'importantes foires à Echenoz (1665). l.-x.
ÉCHENOZ-i.k-Skc. (loin, du dép. île la Haute-Saône,
arr.de Vesoul, cant, de Blontbozon ; 345 bab.
ÉCHEVANNE. (àun. du dép. du Doubs, air. de Besan-
çon , cant. d'Ornans; I 13 hab.
ÉCHEVANNE. Coin, du dép. de la Haute- Saône, arr. et
cant. do Gray; 92 hab.
ECHEVANNES. Coin, du dép. do la Côte-d'Or, arr. do
Dijon, cant. d'Is-sur-ïille; 164 hab.
ÉCHEVEAU. Dans un grand nombre de cas. les lils, soit
qu'ils aient été lilés sur des métiers continus, soit qu'ils
doivent être teints, soit qu'on veuille on faciliter l'embal-
lage et le transport, sont dévidés on forme d 'écheveaux
avant d'être livrés a la vente. La longueur du til contenue
dans un èclieveau, dont tout le monde connait l'aspect, est
toujours en rapport avec la méthode adoptée pour le numé-
rotage, au moyen duquel on spécifie la tinesse du fil. Dans
l'industrie française du coton, les écheveaux contiennent
toujours 1,000 m. de til, et sont divisés ordinairement
en dixéchevettes do 100 m. ou cinq échevettes de 200 m.
Les dévidoirs sur lesquels on les forme ont un périmètre
de lm428, de sorte que soixante-dix tours fournissent
l'échevette de 100 m. Le numéro indique le nombre d'éche-
veaux qui, réunis, forment un poids d'un demi-kilogr. L'em-
ballage se lait en formant des paquets pesant uniformé-
ment 2 kilogr. et demi ou 5 kilngr. L'industrie de la laine
fait usage du même dévidoir, mais dans les usages de
bien dos localités l'échevette ne contient que cinquante tours
correspondant à une longueur de 714 m. Les dévidoirs
dont on hit usage en Angleterre et dans les différents autres
pav sont un peu moins grands; leur périmètre est de
1 yard et demi ou lm372, et l'écheveau composé de cinq
cent soixante tours renferme 8'tO yards ou 768 m. de fil.
Pour le lin, même en France, on a adopté des dévidoirs de
2 yards et demi ou 2m280 de périmètre, et les écheveaux
contiennent douze échevettes formées chacune par cent
vingt tours de dévidoirs. Elles correspondent à une lon-
gueur de 3,600 yards ou 3,201 m. La vente se fait par
paquets de poids variables, mais renfermant toujours cent
écheveaux, soit une longueur constante de 300,000 yards.
I.es dévidoirs en usage pour la soie sont toujours plus petits
et les longueurs des écheveaux varient suivant les cas.
ECHEVERIA {Echeveria DC.) (Dot.). Genre de Cras-
sulacees, que M. II. Bâillon {llisl. des />/., III, p. 310)
considère comme une simple section du genre Cotylédon L.
Ses représentants, originaires du Mexique et de la Cali-
fornie, sont dos arbustes ou des herbes, à fouilles tantôt
en rosette, tantôt caulinaires et alternes, à périanthe
double, à cinq divisions, avec six étamines insérées au fond
il< la corolle. Plusieurs espèces, notamment VE. cocci-
nea DC., sont cultivées dans les jardins comme orne-
mentales.
ECHEVERRIA (Estéban), célèbre poète argentin, né à
Buenos Aires en 180!), mort à Montevideo en janv. 1831 .
Son éducation fut essentiellement française. A l'âge de dix-
huit ans, il vint à Paris pour suivre les cours de la Sor-
bonne et du Collège de France; il y passa près de cinq
annéeset s'imprégna profondément des idées du romantisme
littéraire dont il se lit l'apôtre au retour dans son pays.
Son poème d'essai, Elvira <i lu novia del Plata (183-2),
n'est qu'un produit d'une imagination dévoyée; ses poésies
fugitives, Consuelos 1 1834), ne sont encore que dos reflets
do la littérature élégiaque française. Mais il eut le mérite
de donner a toute l'Amérique espagnole le signal de rupture
avec les traditions du classicisme. Dans son poème la Cau-
tiva 1 1837), il essaya de ilevenir poète national. La trame
en est asse/. puérile, mais les descriptions des « pampas »
et des mœurs de ses habitants sont faites avec émotion et
\i".ueur. Obligé de s'expatrier pour échapper aux persécu-
•2()
ECHEVERRIA - ÉCHIDNÉ
- m;
lions du dictateur Rosas, il passa a Montevideo, où il con-
sacra plusieurs beaux chants à célébrer les actions héroï-
ques des défenseurs de la liberté qui perdirent la rie en
combattant, en 1 839— 4 840, la rannie de ce
gaucho sanguinaire [La Insurrection del Sud; Monte-
video, 1849). Ses œuvres complètes ont été publiées
Buenos Aires (1870, *1 vol. in-8). G. Pawlowsiu.
Bibl. : Torrés-Caicedo, Ens ''ins biograficot u de cri
tica (itérai ta . Paris, tUttS, t. ]•■.— X. Marmibr, I.eii
l Amérique, t, II.
ÉCHEVETTE. Fraction d'un écheveau (V. ce mot).
ÉCHEVINS. On donne ce nom à des personnages qui ap-
paraissent dans 1rs documents au cours du vui1 siècle; le
niiin latin scabini, sous lequel ils figurent dans les textes,
est dérivé d'un ancien mot allemand qui signifie juger. Ce
stnii d'abord, Bemble-t-il, des hommes libres analogues
aux rachimbourgs (Y. ce mot) désignés pour participer
aux plaids, mais bientôt la réforme de l'administration de
la justice sons Charlemagne les substitue complètement
aux rachimbourgs et les transforme en fonctionnaires
royaux ayant la mission permanente de rendre la justice
avec les comtes et les cenleniers. Ils étaient nommés par les
mùsi ou par les comtes avec la participation du peuple et
semblent avoir exercé leur charge a vie, sauf le cas de revu-
cation. Cette institution des échevins et cette organisation
des tribunaux des comtés persista sans grand change-
ment pendant toute la période carolingienne et se perpétua
même, en se transformant, bien au delà. Lorsque s'organisa
au cours du xc siècle la justice seigneuriale, les tribunaux
échevinaux, loin de disparaître, se multiplièrent au contraire
et constituèrent la juridiction des non-nobles, paysans ou
habitants des villes. 11 semble que les populations furent
en général très attachées à cette juridiction, si bien que la
révolution communale eut, dans la plupart des villes, pour
effet de transformer les échevins en magistrats municipaux
et de leur conférer de nouvelles attributions. Dans quelques
villes, cependant, le tribunal échevinal persista plus ou
moins longtemps à coté des nouvelles magistratures. L'iden-
tité des échevins municipaux et des échevins carolingiens,
longtemps contestée, est aujourd'hui admise par la plupart
des historiens ; beaucoup d'entre eux cependant persistent
ii désigner les scabini de l'époque carolingienne sous le
nom de scabins, réservant le nom à1 échevins pour les
scabini municipaux. Ceux-ci continuèrent d'abord à être
nommés à vie et par les seigneurs des villes où ils étaient
établis, mais peu à peu, au cours du xne siècle, les habi-
tants prirent à leur élection une part de plus en plus
grande, et des réformes survenues, soit à la fin de ce siècle,
soit dans la première moitié du suivant, transformèrent
presque partout leurs charges en magistratures annuelles
et électives. A l'imitation des villes qui avaient eu un tri-
bunal d'échevins avant de devenir des communes, certaines
localités qui obtinrent une charte de commune donnèrent le
nom d'échevins aux collèges de magistrats qu'elles créaient
de toutes pièces. Dans les unes comme dans les autres,
leurs attributions n'étaient pas restreintes à l'administra-
tion de la justice; il s'y joignait, bien entendu, les attribu-
tions administratives militaires et de police qui incombaient
aux magistrats municipaux. Bientôt, dans le nord de la
France particulièrement, des collèges d'échevins ou éche-
vinages furent établis dans la plupart des villes et dans
celles même qui n'avaient pas le rang de communes et ne
possédaient pas de droits de justice. Depuis le xve siècle,
ta monarchie ne cessa de créer des échevinages dans les
localités qui en liaient dépourvues. Le nombre et les attri-
butions des échevins ne furent jamais uniformément fixées
pour tout le royaume. La haute justice fut enlevée aux
villes au x\i° siècle, parles ordonnances de Moulins et de
Blois, mais presque partout les échevinages conservèrent la
juridiction i\r* police et continuèrent à former un tribunal
sous la présidence du maire ou du prévôt. Souvent les
fonctions municipales étaient réparties entre les divers
membres de L'échevinage; il y avait à cet égard, du reste.
une infinie variété, et fis règlements différaient de ville |
ville. Au Win' Biècle, seulement, on w préoccupa de donner
aux villes une administration uniforme; Fédit de Cont-
piègne, du mois d'août ITfii. fixe ■ quatre Le nombre des
échevins des bonnes villes, mais tes dispositions ne forent
point généralement appliquées. Le titre d'échevin n'a pas
survécu en France a l'ancien régime. A. G.
Bibl. : Pour les échevins carolingien», W. Sk-m :.,Lue
Entstehung des ScM/fengerichl techrift der 8k-
viçnyStiftung Germ. 4 6m, t. VI (1>-'j . pp. 1-86.— Brunmbb,
Die Herkunfl der SchOITen, dan* MuiheiL des Instituts
fur Oeslerr. Geschichlsforschung, t. Vlil (1887). — Ed.
iîkai idootn, tu Participation des hommes libre» au Juge*
ment dans le iiroit franc. III, les Scabins, dans JVou-
oelle Ret ue historique de droit, t. XII [1888), pp. 121-2*1.—
la persistance Ou scabinat a l'ép xjue communale,
a. <iip.', , Elude sur l>-- o\ laines de t;i commune de Saint-
Quentin ; Saint-Quentin, 1**7, in-l. — Pour les échevins de
lépoque communale, V. la bibliographie de l'art. Com-
ECHEVIS. (loin, du dép. de la Drùme, arr. de Valence,
cant. de Saint-Jean-en-Royans, dans la gorge de la Ver—
naisiui, entre les Grands et les Petits-Goulets; 153 hab.
La route de Pont-de-Royans, taillée en grande partie dans
le roc. traverse sur le territoire de cette commune de pit-
toresques défilés qui ont exué un grand nombre de tra-
vaux d'art.
ÉCHEVRONNE. Coin, du dép. de la Cote-d'Oi. an. de
lieaune, cant. de Nuits; 4-21 hab,
ECHEVSKY (Etienne-Vasilievitch), historien russe, né
en 1K-2!), mort en 18<io. Il fut professeur d'histoire à
Odessa, à Kazan et à l'université de Moscou, où il succéda
à Granovsky. 11 avait recueilli sur la franr-maconnerie
russe des documents qui lui ont permis de publier sur ce
sujet curieux un travail fort intéressant. Ses ouvres his-
toriques ont été éditées a Moscou en ixTlt. Cette publica-
tion est précédée d'une notice de M. Pi iliuiji n fl ilWHMlMl .
notice réimprimée dans le volume intitulé Biographies et
Crt?,ad(;m/('//(<.s(Saii)t-l,eter>liourg, \XX-2).
ECHIDNA. I. Mythologie.— Fille deChrysaoTetdeCal-
lirhoé, d'après la théogonie hésiodique, du Tartare et de
Terre, d'après Apollodore. Au buste de femme et à queue
de serpent. Elle attirait dans sa grotte les hommes et les
égorgeait. Elle vivait au pays des fabuleux A rimes. Alliée
à Typhon, elle donna le jour à t tribus, Cerbère, a l'hydre
de Lerne, à la Chimère, au Sphynx et au bon de Nemée.
Elle fut tuée par Argus. Lue autre légende, rapportée par
Hérodote, fait vivre Lchidna chez les Scythes : aimée d'Hé-
raclès (Hercule), elle en aurait eu trois tils, Agaihyrsus,
Gelonus et Scythes, ancêtres de trois grandes peuplades.
II. Astronomie. — Un des noms de Y Hydre (Y. ce mot).
III. Erpétologie. — Genre de Serpents Thanatlw-
phides, de la famille des Viperidœ, différenciés des vrais
Vipera par l'ouverture des narines occupant la région
supérieure de la tète en avant et entre les yeux. Les deux
formes africaines appartenant a ce genre, les Echidna
arietanstX Echidna Gabonica, ont été rangées parGray
dans son genre Bitis. Nous avons décrit à ce mot la Gabo-
nica ou Rhinocéros (Y. Bitis). Hochbr.
Bibl.: Erpétologie. — DoMBRiLet Bibron, Brp. qénér.
— De Rochbbri ne, Faune de ta Senégambie. Reptiles.
ÉCHIDNÉ {Echidna) (Zool.). Genre de Mammifères ovi-
pares qui constitue, avec le genre Ornithorhynque, l'ordre
des Mônotrèmes (Y. ce mot), le plus dégrade de cette
classe. Ce genre est caractérisé par son corps court, aplati.
a queue rudimentaire, couvert en dessus de piquants entre-
mêlés de poils plus ou moins longs et abondants suivant les
saisons. La tète est allongée, cylindre-conique, terminée
par un rostre muni d'un très petit bec corne: la bouche
est petite el terminale, les mâchoires complètement dépour-
vue^ de dents. La langue est longue, extensible, couverte
de papilles épineuses ainsi que le palais. Les pieds sont courts
i't larges, pourvus de trois à cinq doigts munis d'ongles
robustes propres a fouir et dirigés en arrière aux pattes
postérieures. Le maie porte un éperon au talon. Les par-
tieulaiites anatomiques que l'Echidne présente en commun
- 807 -
KCIIIDNK — KCIIIMYS
aved'Ornithorlivnquo seront indiquées au mot Monothèmes.
L'Echidné représente le type terrestre, et L'Omitnorhynaue
le type aquatique de cet ordre. Le premier a le oerveau plus
volumineux et muni de circonvolutions qui manquent a
rOmithorhynqUe. Haack etCaldwell ont découvert presque
simultanément M**'') que ces deux genres étaient ovi-
pares, comme Isidore-Geoffroy Saint-Hdaire l'avait déjà
supposé (en IS-2î). et non vivipares, comme on l'a toujours
cru jusque dans ces derniers temps, d'après les observa-
tions incomplètes îles naturalistes voyageurs.
l'n bot. 1884, Haack reçut de l'Ile des Kangourous I. IlUS-
tralie Sud-Est) une femelle d'Echidné vivante qui portait
dans sa poche mammaire un œuf blanc, presque rond
(18 millim. de long sur 13 niillim. de large), à coquille
parcheminée comme celle de la plupart des reptiles, épaisse
d'un demi-iuilliin.. à surface externe plus lisse qui' l'in-
terne. Des observations subséquentes ont établi que la poche
marsupiale sert d'abord à l'incubation de cet œuf unique,
et présente une température plus élevée de plusieurs degrés
que celle de l'animal lui-même, qui est remarquablement
basse pour un mammifère (28° centigr. seulement). Cette
poche d'ailleurs ne se développe qu'après que l'œuf a été
pondu : hors du terapsde la reproduction on n'en voit pas
trace. Elle est à peine assez profonde pour loger une montre
d'homme sans la cacher complètement. Celle poche, située
sur la ligne médiane du ventre, en avant du cloaque, se
continue en avant par deux fossettes peu profondes au
milieu desquelles sont les aréoles mammaires. La peau qui
forme cette poche est plus épaisse que celle du reste du
ventre, et les poils y sont plus rares, plus courts, tandis
qu'ils forment des touffes épaisses autour de l'aréole mam-
maire. Bien qu'il n\ ail pas de muselés spéciaux, l'animal
peut eu rétrécir considérablement l'ouverture et le volume
à l'aide de ses muscles peauciers. Une fois sorti de l'œuf,
le jeune reste encore un certain temps dans la poche, puis
il s'attache aux mamelles, et la poche disparait alors, car
sur une femelle en lactation, étudiée par R. Ovven, on ne
voyait plus que les deux fossettes semi-lunaires au fond
desquelles sont les orifices des glandes mammaires. D'après
Gegenbaur, ces glandes sont très simples, dépourvues de
mamelon et ne se distinguent du reste du ventre que par
l'épaisse musculature de la peau en cette région. Les glandes
mammaires sont reliées aux follicules pileux, mais appar-
tiendraient cependant au type des glandes sudoripares (et
non au type des glandes sébacées comme chez les autres
Mammifères). Ces glandes sont relativement très dévelop-
pées chez le maie. Qn ne sait pas encore comment s'opère la
lactation : il est probable que le lait, exprimé par la con-
traction des muscles de la mère, est simplement léché par
le jeune dont la (été est moins allongée et le museau plus
large que chez l'adulte.
Les Bchidnés, dont il existe plusieurs espèces, habitent
les forêts arides et montagneuses de la région australienne,
de la Nouvelle-Guinée a la Tasmanie. Ils se nourrissent
exclusivement de fourmis, qu'ils agglutinent a l'aide de leur
langue grêle et rétraclile. Leurs ongles robustes leur ser-
vent à fouiller les fourmilières pour mettre à nu les insectes
dont ils font leur nourriture. 0. Thomas a montré que
l'on a beaucoup trop multiplié le nombre des espèces
fondées sur des différences locales ou saisonnières, notam-
ment sur le plus ou moins de longueur des poils fins qui
cachent les piquants. Il admet seulement deux espèces: la
première, type du genre Echidna (Cuvier) caractérisé
par la présence de cinq doigts à tous les pieds, comprend
trois variétés : E.aculeaia typica (ou E. histrix Cuv.),
qui habite tout le continent australien: E. aculeata
Laweri (Ramsay), propre à la Nouvelle -Gainée (Port
Moresby). et E. aculeata setosa (Cuvier). qui habite la
Tasmanie. La seconde espèce, type du genre Proechidna
(Gervais), Brvijnii i Dubois), caractérise par ses pattes
à trois doigts seulement, est Proechidna Bruijnii (Peters
et Doriai. qui habite la Nouvelle-Guinée ei le nord de
l'Australie. Son rostre est plus grêle, plus allongé que celui
de l'Echidné proprement dit et recourbé vers le bas. Tous
ces animaux sonl de couleur brune, et leur taille dépasse
un peu celle de notre Hérisson. Il a existé autrefois sur le
Kellidné
■pineux.
continent australien des Lchidnés de plus grande taille; tel
est l' Echidna Owenii (ou E. Ramsayi), de l'époque quater-
naire, dont les ossements indiquent un animal presque deux
fois plus fort que les espèces actuelles. E. Tr0UESSaRT.
Biiil. : 0. Thomas, Noies on the Chnraclers of Ihe dif-
férent Races of Echidna, dans Proc.Zool. Soc. Lond., 1885,
p. 829, avec nue biblioér. plus complète, — P. Gervais,
Osléographie des Monolremes, 1*77. — Haack e, On the
Marsupial Ovum, etc., dans Proc. Roi/. Soc. Lond., 1885,
t. XXXVJII, p. 72. — R. Owen, On the Ooa of Echidna,
dans Philos. Trans. Roy. Soc, 1880. — Brûhl, Dus Mono-
Iremen-Shelet; Vienne, 1891. — MoRTON, Notes on IheEqq
of Echidna se/osa. dans Proc.Roy.Soc.Tasm., 1887,0.290.
— Westling, Analomische Untersuchungen neber Echi-
dna. dans llih. Svenska Ahad. llandl., 1889, t. XV, p. t.—
Y. aussi Mono i ri mes.
ÉCHIFFE ou ÉCHIFFRE(Constr.). Partie de mur ram-
pant dont l'inclinaison est réglée sur la pente même de l'es-
calier, dont elle soutient les marches. On dit aussi mur
d'écbiffre, et ce mot vient de l'habitude, conservée encore de
nos jours, qu'ont les ouvriers de chiffrer ou d'inscrire les
numéros des marches le long du rampant de l'échiffre. —
L'échiffre peut être en bois et formé d'un assemblage triangu-
laire composé d'un patin, de deux noyaux, d'un ou plusieurs
potelets et du limon portant les balustres et l'appui ou main
courante de la rampe d'escalier. Charles Lucas.
ÉCHIGEY. Coin, du dép. de la Côte-d'Or, arr. de Dijon,
cant. de Cenlis; 219 hab.
ÉCHILLAIS. Corn, du dép. de la Charente-Inférieure,
arr.de Marennes, cant. de Saint-Agnant ; 1,199 hab.;
église du xne siècle (mon. hist.), avec un portail bien
conserve.
Bibl. : Et.-P. LessôH, Fastes historiques du dép. de la
Charente-Inférieure; Roche fort, 1842-1845, 1. 1, pp. 97-101.—
Revue de Saintonge et d'Àunis, 1888, p. 270. — Revue
poitevine el itaintongeaise, > année, 1888-1889, p. 250.
ECHIMYS ouECHINOMYS. I. Zoologie. — Genre de
Mammifères Rongeurs appartenant à la famille des Octo-
dontidœ (V. Octodor), et devenu le type d'une sous-famille
à part (Echinomyinœ) qui présente lès caractères suivants:
pelage plus ou moins rude, souvent mêlé de poils raides
ou d'épines; queue ordinairement longue, molaires radi-
Echimys de Cayenne.
culées ou semi-radiculées. à couronne présentant de pro-
fonds replis d'émail. D'après Alston, cette sous-famille
comprend les genres Carterodon, Myopotamus, Cerco"
mys, Loncheres,Mesomys, Echimys, uactylomys, Plu-
giodon et Capromys, ions de la région néotropicale (Amé-
rique centrale et méridionale), et enfin /iulàcodus, qui
seul représente ce groupe sur l'ancien continent, en Afrique.
Tous ces animaux ont l'apparence extérieure des grands
liats. mais en diffèrent par leur pelage épineux et la structure
de leurs dents. Les Echimys proprement dits ont le pelage
LUIIMNS — UIIINAM -
— :wx —
plus ou moins épineux sur l<' dessus du corps, le museau
pointu, les oreilles médiocres, les pieds étroits, alloi
la queue longueel écailleuse, les incisives comprimées. Leur
taille atteint ou dépasse celle du Surmulot. Ils vivent a
terre, mais sont médiocrement fouisseurs et se nourrissent
exclusivement de substances végétales. On en a décrit une
dizaine d'espèces qui habitent L'Amérique chaude, du Nica-
ragua au S. du Brésil (/ . semispinosus, E. ferrugineux,
I . Cayennensis, E.hispidus, !.. macrurus, I . ail
nus. E. dimidiatus, etc.). Le genre Isothrixie Wagner
(Lasiuromys Deville ou Thrichomys Trouess.) comprend
des espèces du Brésil, de la Nouvelle-Grenade et de la
Bolivie qui ont la queue plus courte et poilue (I.pachyura
ou antricola, 1. inermis, 1. brevicauda, I. caniceps,
I. bistriata, I. pagura, I. picta, I. villosa).
Dans le genre bouchères (IUiger) ou Nelomys de Jour-
dan (mais non de Lund), on place des espèces à museau
obtus, a oreilles courtes, à pelage mêlé d'épines plates, à
queue longue couverte d'écaillés et île poils, qui s'étendent
de la Nouvelle-Grenade au Pérou et an Paraguay a travers
le Brésil (L.cristatus, L. Guianœ, !.. un, ml us, tous trois
de la Guyane et ce dernier aussi de la Martinique,/., Blain-
villei, /-. dasythrix, !.. semwiUosa, /.. macrura). Le
Mesomys ecaudatus ou brachyurus (Wagner), de la
Guyane et du Brésil, a la queue courte et poilue, le pelage
dépourvu d'épines. I.e Cercomys cunicularius (F. Geoff.
et F. Cuv.) se distingue des précédents par ses oreilles
grandes et nues comme celles des Rats, sa queue longue,
écailleuse, son pelage doux et suis épines. Il habite le Bré-
sil. Le genre Dactylomys (Is. Geoff.) se rapproche davan-
Motaires de Dactylomys (mâchoire inf, et sup.
tage des Echimys proprement dits par ses oreilles courtes;
la queue est velue seulement à la hase ; le museau est assez
•'pais; le pouce antérieur est rudnnentaire; tandis que le
troisième et quatrième doigts sont allongés, à ongles presque
plats : les D. dactylinus et D. amblyonyx sont de l'Equa-
teur et du Brésil. I.e genre voisin, Thrinacodus (Giinther),
ne renferme qu'une seule espèce (T. albicauda) propre
à la Nouvelle-Grenade. Le genre Carfcrodon (Waterhouse)
ou Nelomys (de Lund) est l'onde sur une espèce (<;. sui-
cidais) qui ressemble à notre Rat d'eau et se distingue
par son museau et sa queue courte, à la fois écailleuse et
poilue, ses oreilles moyennes, ses incisives larges et sil-
lonnées sur leur l'ace antérieure. Elle habite des terriers
peu profonds dans l'intérieur du Brésil.
Près du genre précèdent vient se placer le genre Myo-
potwmus (E. Geofl'.), dont les molaires sont semblables a
celles des Carterodon. Le Myopotame, Coypou ou Castor
de la Plata (Hydromyse\ Guillinomys de certains au-
teurs), que les anciens plaçaient dans le genre Castor,
représente le type aquatiq les Echimys. On n'en con-
naît qu'une seule espèce (M. coypus) qui habite tous les
cours d'eau de l'Amérique du Sud, sur les deux versants
des Cordillières, du Pérou à la Patagonieel au Chili; c'est
l'espèce de cette sous-famille qui s'avance le plus au S.,
el c'est aussi la plus grande du groupe, car sa taille atteint
Ht) eeiilim.. 000 COmpril la queue. I.e Mlll«e;.|| eSl obtus, la
queue cylindrique comme celle des Rat»; '■<■- pieds posté-
rieurs sont larges el palmés, propres a la nage, le cin-
quième doigt restant seul libre. Les mamelles de la femelle
sont placées très haut sur les flancs, au niveau et en arrière
de l'articulation de l'épaule, ce qui permet aux jeunes, qu
suivent leur mère aussitôt âpre-, la naissance, de teter en
nageant dans l'eau i a s côtés. Le Myopotame, appelé aussi
improprement Loutre (nutria) par les Argentins, creuse
son terrier le long de tous les cours d'eau de l'Amérique
méridionale, et c'est la que la femelle met bas de quatre
a six petits. Sa fourrure soyeuse, d'un brun clair tirant
sur le jaunâtre, est lies recherchée.
Le genre Aulacodus (Temminck) représente les Eclti-
mys sur le continent africain. Les molaires, qui p dent
des racines, ont le dessin de leur couronne semblable a
celui du genre Capromys (Y. ce mot), propre aux An-
tilles, appartenant également a cette sous-famille, et que
l'on peut considérer comme formant la transition entre les
Echimys américains et les Aulacodes africains, (les der-
niers ont des formes robustes, le museau court, le pelage
épineux, la queue moyenne couverte de poils durs, épars;
les incisives supérieures très larges, sillonnées. VA. Sieiu-
derianus est un animal à peu près de la taille d'un Lapin,
mais à oreilles et a pal tes «oui les. de couleur brune. Il
habite toute l'Afrique au S. du Sahara. Sur la côte de
Guinée, où il dévaste les champs de mais, on le désigne sous
le nom de Cochon de terre ou Hat des bois. Une seconde
espèce récemment découverte dans l'Afrique centrale (j
des Niams-Niams) est VA. semi-palmatus de Heuglin,
type du sous-genre Tliryonomys de Fiizinger.
IL Paléontologie. — Des Rongeurs voisins des Echi-
mys ont vécu en Europe à l'époque tertiaire: tels sont les
genres Trechomys (ayant pour type le Theridomys pla-
ticeps l'ilbol) et Protechimys (Echimys breviceps, el
curvistriatus de Laizeret Parieu), établis par ScbJosser,
et qui sont de l'oligocène du sud de la France. Le l'elle-
grina panormensts (Gregorio), plus récent (post-pliocène
de Sicile), appartiendrait aussi à ce groupe. Les fossiles
de cette sous-famille sont beaucoup plus nombreux dans
l'Amérique méridionale, ou les genres Echimys, Cat -
rodon, Loncheres, Mesomys, Myopotamus sont repré-
sentes dans les cavernes quaternaires du Brésil. Plus au S..
ces animaux étaient liés abondants a l'époque tertiaire:
outre plusieurs espèces éteintes de Myopotamus, Ame-
ghino signale en Patagonie et dans l'Argentine les genres
Potamarchus (Burmeister), Neoreomys, Colpostemma,
Strophostephanos,Scleromys,Adelphomys, Stichomys,
Spaniomys, Tribodon, Eumysops, Olenopsis, Morenta,
Discolomys, Orthomys, Perimys, Euphilus, tous éteints.
I.e genre Lonchophorus, également éteint, est du Brésil.
F. TltOlESSART.
Bibl. : E. Trouessart, Catalogue des Mammifères
oty&nts et fossiles, Rongeurs, dans Huit. Soc. d'Etudes se.
d'Angers, Issu, avec une bibliogr. plus complète. — A. \ . >\
Pelzeln, Brasilische Sa ùgethiere von N altérer (1817-
• lss3. — Fl. Ambghino, Los )l;imiteros fosiles de
ta Repùblica Argentins., 1889, pp. 1 :> l et suiv.
ECHINADES (Iles). Groupe d'Iles grecques situées en
face de l'embouchure de l'AcnéloQs (Aspropotamo). Les
alluvions de ce fleuve combien) lentement le bras de mer
qui les sépare du rivage. Hérodote l'avait déjà remarqué. Il
- 309
ÉCHTNADKS
lciiinoci m s
est question de ces des dans VIliade. Elles étaient alors
habitées : Strabon y place même la ville de Dulichium (en
race d'OEniades); au temps de Thucydide, elles étaient dé-
sertes. Pline en ènumère neuf: Egralia, Cotonis, Thyatira,
Geoarîs, Dionysia, Cyrnus, Chalcis, Pinara, Hystus. Une
autre, Artemita, avait été réunie au continent. On ratta-
chait aussi aux Echinades le groupe des lies Oxeia. Elles
devaient leur nom à l'apreté de leur silhouette. Au moyeu
. on appela Iles Dhragonares le (troupe septentrional,
Oxùs ou Scroft s le groupe méridional. Les Vénitiens
adoptèrent le nom de Kurtzolari. Actuellement, on en compte
dix-sept, dont neuf sont cultivées; ce sont, du S. au X. :
Oxia, Makri. Vromona, Pondikonisi, Karlonisi, Provati,
Lambrioo, Sotia. Dhragonara.
ECHINANTHUS (Paléont.) (V. Cassioulus).
ECHINARACHNIUS (Zool.). Ce genre d'Echinodermes,
de l'ordre des Clypéastroïdes , famille des Scutellines,
comprend des espèces tertiaires et tU-> formes actuelles qui
vivent dans les mers américaines ; leur test est discoïde,
déprimé, les pétales sont largement ouverts: il existe
quatre pores génitaux; l'anus est marginal, les sillons
ambulacraires de la face inférieure sont anastomosés une
seule fois vers le bord. Type : E. par ma Gray. R. Hz.
ECH INASTER (Zool.). Genre important dAstérides, de
la famille des Solastérides, fondé par Millier et Troschel
pour des Eehinodermes munis de cinq et quelquefois six
bras allongés, dont les téguments sont soutenus par un
réseau d'ossicules sur lesquels sont tixés les piquants;
la peau est nue dans les intervalles du réseau et présente
en ees points des pores tentaculaires isolés ou multiples.
Chaque plaque, dans le sillon ambulacraire, porte tou-
jours un petit piquant courbe, et, au bord du sillon, chaque
plaque porte un seul piquant. Les pédicellaires sont absents.
Types : !.. sepositus, de la Méditerranée, E. crassus,
des mers de l'Inde, ele. H. MoNIEZ.
ÉCHINE (Archit.). Partie du chapiteau dorique placée
au-dessous de l'abaque ou tailloir et consistant en un solide
engendre par la rotation, autour de l'axe du chapiteau,
d'un quart de rond ou d'une courbe analogue. Dans l'ordre
dorique grec (V. Architecture grecque, t. lil, p. 699,
fig. t, ordre dorique grec du Parthénon), l'échiné se rap-
proche davantage d'une ligne droite, et le chapiteau pré-
sente plus d'élégance et aussi plus de fermeté que dans
l'ordre dorique romain ou cette moulure est plus arrondie
et moins gracieuse d'aspect. Charles Lucas.
ECHINEIBOTHRIUM {Echineibothrium Van Ben.)
(Zool.). Genre de Vers Cestodes, delà famille des Tétraphyl-
lides, sous-famille des Phyllobolhrides, caractérisés par la
téie portant quatre ventouses longuement pédiculées, très
mobiles, dépourvues de Crochets et de piquants : le corps
n'est pas segmenté, car les anneaux ou proglottis, nette-
ment différenciés, se détachent et peuvent vivre isolement,
comme un véritable animal; non seulement le proglottis
se contracte et sèment par reptation, mais il se nourrit et
augmente de volume. VE. minimum Van Ben. vit dans
"le (anal digestif du Trygon et du Raja; il s'introduit par
l'intermédiaire des Gammarines. I> I.. Un.
ÉCHINEUSE. Couperet a large lame el a manche de
métal, dont on se sert en Normandie pour dépecer la viande.
ECHINGHEM. Oun. du dép. du Pas-de-Calais, arr. et
ont. (S.) de Boulogne-sur-Mer ; 202 bah.
ÉCHINIDES, ÉCHINIDÉES, ÉCHINOÏDES (V. Echi-
m s).
ECHINOBOTHRIUM.I. Zoologie.— •(Echinobothrium
Van Ben.). Genre de Vers Cestodes, constituant la famille
des Di[ihyllide> et caractérisés par la tète munie de deux
ventouse-, et de deux trompes armées de crochets et par le
cou couvert de piquants. VE. typus Van Ben. vit en pa-
rasite dans la jeune Haie aussi longtemps que celle-i
nourrit de Crust l)r L. Un.
II. Botanique. — Genre de Mucédinées a mycélium
filiforme simple on ramifié, présentant ça et là des capitules
de spores. Celles-ci sont ovoïdes, lisses ou couvertes d'as-
pérités, d'une coloration allant du jaune brun au brunâtre.
Quatre espèces décrites : /.'. tilrum (parasite), E. parasi-
tons (Corda) vivant en parasite sur une autre Miiréilinee
agrégée, le Stysanus Caput-Medusas, sur le pied noir de
laquelle elle l'orme île petites saillies d'un jaune foncé.
/ . Citri et /.'. Lene se développent sur les racines pour-
ries et les vieux troncs. II. F.
ECHINOBRISSUS (Paléont.) (V. Cassiduujs).
ECHINOCACTUS.I. Botanique.— {Echinocactus Uni).
Genre de Cactacées, dont, les représentants, très répandus
au Mexique, sont voisins des Pilocereus (V. ce moi). Il* se
reconnaissent immédiatement a leur forme globuleuse ou
oblongue, parfois énorme. Ils sont munis de côtes nom-
breuses ou de mamelons distincts, disposés verticalement
ou en spirale, sur lesquels sont implantés des faisceaux
d'épines le plus souvent très acérées et 1res longues.
Plusieurs espèces, notamment les E. cornigerus DC,
/.'. ornatus DC, E. spiralis Karn., E. hematacanthus
Weber, etc., sont cultivées dans nos serres à cause de la
beauté de leurs fleurs. Mais la plus intéressante est assu-
rément VE. ingens Link (E. visnaga llook), désigné
communément, au Mexique, sous le nom de Visnaga et
qui peut atteindre plus de 1 "'.>() de hauteur et près de
1 m. de diamètre. Sa chair molle, pulpeuse, blanche, légè-
rement acide, est comestible. On la mange* fraîche et crue,
ou bien on la fait confire. Pour cela, on la coupe eu
tranches, que l'on plonge dans de l'eau bouillante addi-
tionnée de sucre de canne, puis on la fait sécher, et elle
peut ainsi se conserver très longtemps, dette sorte de con-
fit se vend communément sur les marchés de Mexico sous
le nom de Dolce de visnaga. Elle fait l'objet d'une con-
sommation assez importante (V. P. Maurv, dans le Natu-
raliste, ISS!), p. 230). Ed. Lef.
II. Horticulture. — Ces plantes demandent la serre
chaude ou la serre tempérée, selon leur provenance. Leur
culture est simple a condition de les bien éclairer et aérer.
On leur donne une terre substantielle, mélangée de terre
de bruyère, et on les place1 dans di s pots bien draines. Pen-
dant la période active de végétation, des arrosages fré-
quents, des bassinages légers, une atmosphère un peu
humide, une température tiède et soutenue sont les condi-
tions qui assurent le succès de cette culture. En hiver, il
faut laisser reposer les échinocactus en les tenant à sec à
une température de quelques degrés supérieure à zéro. On
les prépare à ce repos, à partir de septembre, par un abais-
sement graduel de la température, une aération large, et
en diminuant peu à peu les arrosages. Il est toujours utile
de porter les échinocactus en plein air pendant les beaux
jours de l'été et même de les sortir de leurs pots pour leur
faire prendre plus de vigueur. La multiplication par le bou-
turage et par la greffe est plus usitée que le semis. Les
graines sont semées sur de la terre de bruyère, dans une
terrine et légèrement recouvertes. On maintient la terre
fraîche par des bassinages et, lorsque le plant est assez
fort, on le repique en pots remplis de terre franche et de
terre de bruyère mélangées. La reprise des greffes et des
boutures est très facile. C'est la greffe en fente qu'on pra-
tique d'ordinaire. Pour le bouturage, il suflit de détacher et
de planter les œilletons qui naissent du collet des échino-
cactus. 0. liOYER.
EC H I N 0 C A R D I U M ( /■;<•/< inocardium , Cray, 1 Sï:\ ; A m-
phidetus Agassiz, 1s;-5(>) (Zool.). Genre d'Echinodermes, de
la famille des Spatangides : test cordiforme, mince et fra-
gile, plat, a pétales lancéolés, triangulaires; fasciole sub-
anale et fasciole interne, interrompant le pétale ; ambulacre
antérieur large, avec de petits pores situés dans une fos-
sette; piquants extrêmement lins portés sur des tubercules
également fins. Espèces principales : E. cordatum Penn.,
des mers du Nord el Méditerranée, jusqu'au lirésil : /■.'. ova-
tuiii Leske (/.. flavescens Mûll.), de la mer du Nord ; E.
mediterraneum Gray, de la Méditerranée. D' L. Hn.
ECHINOCERUS (Zool.). Genre de Crustacés Décapodes
Brachyures, de la famille des Lilhodides, établi par White ;
ECHINOCERUS - ÉCHINODERME
- MO -
il est très voisin du genre Lithodes (V. ce m>>i i . Le même
m A'Echinocerusa été donné plus tard, par Montant, è
un Coléoptère (1863). R. Hz.
ECHINOCIDARIS. Synonyme de Arbacia (V. ce mot).
ECHINOCOCCIFER '(/.(»d.). En 1861, vVeinland a
donné ce nom ;i an genre de Cestodes de sa sous-famille des
Téniadés-Sclérolépidotes, qui n'est autre chose que le
Toenia echinoroccus von Sieb. (1883).
ECHINOCONUS (Paléont.). Genre d'Oursins fossiles do
groupe des Echinoîdes irréauliers devenu le type de la
famile des Echinoconidœ (u'Orbigny), qui comprend ^->
animaux à test rond, elliptique ou en pentagone arrondi,
à ambulacres simples, droits, s'étendait) du sommet à la
bouche ; appareil masticateur bien développé avec auri-
cules. Les tubercules sont petits, perforés, plus dévelop-
pés à la face inférieure. Le péristome est central et l'anus
entre le sommet el la bouche. Les radioles sont générale-
ment sétiformes. Par leur forme presque régulière, les
Oursins de cette famille se rapprochent des Kchinoïdes
réguliers plus que les autres Oursins exocycliques du
sous-ordre des Gnathostomes, auquel ils appartiennent. Le
genre Echinoconus (Breyn), à test généralement renflé,
conique, à zones poriières linéaires étroites, est du crétacé.
E. vulgaris est commun dans la craie blanche, et se
rencontre aussi, comme élément remanié, en moules sili-
ceux, dans le diluvium du nord de l'Allemagne. Discoïdea
(Klein) a un test presque hémisphérique présentant des
cloisons internes ; c'est également un type du crétacé.
llolcctypus (Desor), dépourvu déduisons, est du jurassique
et du crétacé inférieur. Pygaster (Agassiz), à test dépri-
mé, pentagonal arrondi, du jurassique et du crétacé, serait
encore représenté à l'époque actuelle par une espèce, /'.
niietus (Loven), qui vit dans la mer des Antilles. Les
genres Anorthopygus (du crétacé) et Pileus (du juras-
sique supérieur) se rapprochent du précédent. E. Tut.
ÉCHINOCOQUE. I. Zoologie (V. Ténia).
IL Pathologie (V. Hydatide).
ECHINOCORYS (Paléont.) (V. Ananchytes, dont Echy-
nocorys est synonyme, et Holaster).
ECHINOCÙCUMIS (ZooL). Ce petit genre d'Echino-
dermes Holothurides, famille des Dendrochirotes, a été éta-
bli parSars en 1S61 pour VE. typica, des mers de Norvège,
et Semper en a décrit une seconde espèce des Philippines,
C. adversaria, en modifiant un peu les caractères du genre.
Les Echinocucumis sont de petits animaux caractérisés
par leurs ambulacres, disposés en cinq séries, leurs dix
tentacules, ramifiés et inégaux, leurs téguments pourvus
d'écaillés calcaires serrées, dont chacune porte un long
piquant. R. Moniez.
ECHINOCYAIYIUS (Paléont.) (V. Clypeaster).
ÉCHINOCYSTITE (Paléont.) (V. Cystocidajris).
ÉCHINODERME. I. Zoologie. — Les Echinodermes,
qui tous habitent la mer, où on les trouve par tout le globe,
aussi bien à la cote qu'au large et dans les plus grands fonds,
forment un vaste embranchement du règne animal, que l'on
peut caractériser sommairement comme il suit : animaux à
symétrie rayonnée, le plus souvent pentaradiée, à squelette
dermique calcifié, souvent muni de piquants, présentant
un appareil digestif et un appareil aquifère distincts. Il
existe un système nerveux bien développé. — Les Echino-
dermes constituent l'un des groupes les plus naturels, les
plus homogènes et, partant, les plus isolés du règne animal.
Pendant longtemps, les zoologistes, frappés surtout de
leur symétrie rayonnée, les réunirent dans un même
embranchement avec les Cnidaires , sous le nom de
Rayonnes. Leuckart montra que leur organisation interne,
très particulière, permettait den faire un groupe parfaite-
ment autonome, el cette manière de voir a été adoptée par
tous les naturalistes. Nous allons la justifier en passant en
revue les principaux traits de l'organisation de ces ani-
maux. — La symétrie pentaradiée des Echinodermes est
un caractère qui frappe immédiatement l'observateur; c'est
elle qui détermine la forme de leur corps; on la retrouve
Fip. 1. — Etoile de mer [schéma;. !—
G, organe génital , situé entre les
rayons ; Af, rangées d'ambulacres,
sur les rayons.
chez tous h-s types de l'embranchement : on l'observe
avec la plus grande netteté chez les Istérieun l. tuiles de
mer (fig. I el 7) donl le corps présente cinq rayons sem-
blables, tous organisés exactement de la même !
disposes autour
d'un MB cen-
tral, perpen-
diculaire aux
ravons, et aux
extrémités du-
quel se trouvent
la bouche, si-
tuée inférieure-
ineiii, et l'anus
qui occu pe la
partie dorsale :
c'est autour de
cet axe qu'est
place le tube
digestif; c'est
autour de lui
que sont dispo-
ses les anneaux
nerveux ctaqui-
fères qui, à l'instar du tube digestif, envoient une branche,
simple ou ramifiée, dans chacun des bras, et aussi l'appa-
reil génital, qui s'ouvre par cinq ouvertures distinctes,
chacune d'elles étant située dans le sinus qui sépare les
bras. Le Crinoîde (V. ce mot) a fondamentalement la
même structure et s'écarte même assez peu des Astéries
par ses caractères extérieurs, mais ses bras sont ramifiés
et sa partie dorsale donne naissance à une tige, organe de
fixation ; VOursin, autre type de l'embranchement, se rat-
tache étroitement aussi à cette forme : il est globuleux,
niais son corps est formé de cinq bandes juxtaposées qui
correspondent toutes aux mêmes organes; on comprend
que, si son corps s'aplatit et si les rayons ou bandes se déve-
loppent plus que les espaces qui les relient, il arrive h
reproduire exactement l'aspect de l'Astérie; enfin Y Holo-
thurie ne diffère de l'Oursin qu'en ce que son axe principal
s'allongeant beaucoup, l'animal perd sa forme globuleuse
et devient cylindrique, tout en gardant au fond la structure
même et la symétrie de l'Astérie (V. Oursin. Holothurie).
Ce sont là les quatre principaux types d'Echinodermes :
dans de nombreux cas, on peut observer des formes en
apparence différentes, mais il est toujours facile de les ra-
mener à ces quatre
groupes fondamen-
taux. /
Le premier ca-
ractère des Echino-
dermes est l'incrus-
tation calcaire de
leurs téguments :
chez la plupart, les
formations cal-
caires sont fort
développées ; chez
d'autres, elles sont
réduites à des cor-
puscules de forme
définie (Holothu-
rides), isoles, très
variables suivant
les genres ou les
espèces, à tel point
qu'elles jouent 1111
rôle forl important
en taxonomie. Chez
les vstéries, il se forme dans les bras un squelette der-
mique mobile, composé de segments calcaires externes et
internes, réunis à la façon des vertèbres, tandis que la peau
présente àe< mamelons et des épines et même îles lamelles
Hit. 2. — Pôle apical du test d'un
Oursin. — a, aires ambulacraires ;
g, plaques i-'éiiiiales ; i, aires inter-
ambulacraires; ig, plaques inter-
génitales; m, plaque madrépo-
rique;.Y, ouverture anale.
Nota. Lestubérositésdi s plaques
n'ont été figurées que sur une aire
interambulacraire el sur une aire
ambulacraire ; sur celle-ci les pores
. .il t aussi i | indi |ui >.
- 311 -
ÉCHÏNODERME
.le même composition. Ches les Oursins (fis. -2), le sque-
lette dermique devienl complètement immobile : il est formé
de \in:.t rangées de plaques disposées suivant les méri-
diens, réunies par des sutures, el le test auxquelles elles
donnent ainsi uaissance est interrompu seulement autour
des ouvertures anale et buccale. De ces plaques, les unes,
placées dans les zones rainures, sont percées de trous
qui laissent passer les ambulacres {plaques OU aiirs
ambulaeraires), les autres, également groupées par deux,
séparent les précédentes on paires ambulaeraires : elles
sont dépourvues de pores, et on les nomme flaques
ou aires ùtterambulaeraires. Autour de l'anus, cinq
plaques, qui correspondent aux zones ambulaeraires. pré-
sentent îles ocelles et sont appelées plaques OCellaires
(radiolia); cinq autres plaques, intermédiaires aux pré-
cédentes, correspondant, par conséquent, aux aires inter-
ambulacraires, sont percées de gros pores qui donnent
Issue au\ produits génitaux et sont appelées plaques géni-
tales ou aptcales (basa lia). L'une d'elles, plus grande
que les autres et d'aspect criblé, porte le nom particulier
de plaque madréporique; nous en reparlerons plus loin.
Au pôle inférieur on oral, les dix rangées de plaques s'ar-
rêtent à quelque distance du centre et circonscrivent un
espace pentagonal, Fermé par une membrane au centre de
laquelle s'ouvre la bouche. Les ileux dernières plaques de
chaque rayon portent sur leur bord libre un appendice cal-
caire, dressé a l'intérieur du test et qui, en s'umssant à son
congénère, constitue une sorte d'arc appelé auricule.
Les caractères de l'appareil squelettique chez les Cri-
noides ont été décrits à propos de ces animaux (V. Cm-
NoIdes); nous n'y reviendrons pas.
Le t.st est recouvert, chez tous les Erhinodermes, par le
perisome, revêtu lui-même d'une couche d'epithelium
vihratile : cette couche se conti-
nue sur les appendices, parmi
lesquels nous citerons les piquants
ou radioles, organes mobiles,
extrêmement variables dans leurs
caractères, d'habitude peu déve-
loppés, mais qui atteignent parfois
des dimensions énormes : ils sont
presque toujours articulés sur un
mamelon. Les pédicellaires
(tig. 3), qui sont des radioles mo-
difies, sont également articulés
sur un mamelon du test : ils se
terminent par une pince, ordinai-
rement à trois mors ; leur forme
est également variable et leur
rôle n'est pas nettement établi.
Les sphértdies, de nature pro-
bablement semblable à celle des
précédents, sont de petits corps
Bphériques, transparents, ciliés,
mobiles, fixés par un court pédi-
cule sur un mamelon : on les considère comme des organes
ns.
lue des particularités les plus caractéristiques des Echi-
nodermes consiste dans leur appareil aquifère (fig. i).
Il est constitué par un vaisseau, disposé en anneau autour
de l'œsophage et en communication avec l'extérieur par le
canal du sable, ou canal pierreux, ou canal hydrophore,
ainsi nommé des depuis calcaires de ses parois, ou de sa
fonction : ce canal s'ouvre sous la plaque madréporique,
dont nous avons parle plus haut, et c'est a travers la plaque
madréporique que filtre l'eau de la mer qui se renrl dans
l'appareil. La disposition est un peu différente chez les
Holothuries iV. ce mot). Du vaisseau annulaire périœso-
phagien se détachent cinq canaux radkires, tapissés inté-
rieurement de cils vibratiles, qui se rendent dans les
bras chez les astéries, ou dans les régions correspon-
dantes chez les autres Echinodermes. Sur les branches
latérales de ces troncs radiaux se trouvent les tubes
Fi_'. 3. — Pédicellaire.
4. — Appareil aquifère
d'une Etoile d<<. mer(schéma).
— Rc, canal circulaire; ,4p,
ampoules ou vésicules de
lJoli; Sic , canal pierreux;
Af, plaque madréporique; P,
pieds ambulaeraires mu- les
branches latérales dos ca-
naux radiaires; Ap' , am-
poules des pieds ambula-
eraires.
ou pieds ambulaeraires, plus simplement dénommés
ambulacres. Ce smit de petites expansions érectiles
munies d'ordinaire, à l'extrémité, d'une petite ventouse,
qui viennent faire saillie
à la surface du corps de
l'Echinoderme, en tra-
versant les orifices ou
les pores des téguments
— nous avons parlé plus
haut des plaques ambu-
laeraires et de leurs
pures; — d'habitude on
voit de petites ampoules
contractiles a la base des
ambulacres : ces am-
poules, aidées par les vé-
sicules de Poli (fig. 4),
fonctionnent comme des
pompes, en se contrac-
tant, et déterminent l'é-
rection des ambulacres.
Ceux-ci se fixent au sol
à l'aide de leur ventouse,
et c'est grâce à eux que
l'Echinoderme progresse.
Les ambulacres présen-
tent dans leurs caractères
une assez grande variété,
et nous indiquerons leurs
principales modifications
à propos des formes qui
les présentent.
Le système nerveux
des Kchinodermes s'observe dans sa forme la plus simple
chez les Astéries : il est formé d'un anneau disposé autour
de la bouche et duquel se détachent cinq troncs principaux
ou davantage, suivant le nombre des rayons ; ces branches
s'étendent jusqu'à l'extrémité du bras (tig. 5). La disposi-
tion est la même chez les Ophiures, les Echinides et les
Holothuries, mais l'appareil est beaucoup plus compliqué
chez les Crinoïdcs. L'appareil circulatoire des Echino-
dermes est égale nt très caractéristique, niais il est fort
difficile à étudier, très compliqué dans sa disposition, et
nous renvoyons,
pour sa description, \ ^ /
aux travaux de Per-
rier et de Kœhler.
La respiration s'ef-
fectue sans doute
par l'ensemble des
surfaces des appen-
dices externes et par
la surface des vis-
cères; on considère
souvent, comme des
organes respira-
toires accessoires ,
les appareils appe-
lés, suivant les dif-
férents groupes,
branchies ambula-
eraires, branchies
dermiques, pou-
mons, etc.
Un autre appareil particulièrement remarquable et qu'on
ne retrouve pas non plus ailleurs, est celui qui a rem le
nom d'appareil plastldogène : il donne naissance aux élé-
ments figurés du liquide de la cavité générale, et c'est aussi
a ses dépens que s.' développent les organes génitaux. Il
comprend une glande centrale volumineuse, que l'on appe-
lait autrefois le cœur, située contre le canal du sable et
dont le prolongement vient former anneau autour de l'œso-
phage : il se détache de cet anneau des branches qui se
Fig. 5. — Anneau et troncs nerveux
d'un Oursin. — a, œsophage coupé
in travers; b, fond de la cavité
buccale; c, bandelettes qui relient
lis extrémités des pyramides de
I appareil masticateur; </, commis-
sures nerveuses formant autour
r ï . ■ lirsopliafîe un anneau penta-
gonal ; e, troncs nerveux.
KCIIINODI.K.ML
— 312 —
rendenl dana les rayons. Cet appareil m modifie suivant les
groupes ri c'est chez les Astéries qu'il présente la plus
grande simplicité; dans les autres classes a'Echinodermes,
il se mel en relation avec un système de lacunes (système
absorbant) dont l'apparition modifie profondément les «li-,-
positions primitives.
Tous les appareils très différenciés que nous venons de
décrire appartiennent en propre aux Echinodermes h ne
se rencontrent pas dans les autres embranchements du
règne animal ; il nous reste quelques mots à dire sur l'ap-
pareil digestif, les glandes génitales et le mode il'' repro-
duction de ces animaux.
Tous les Echinodermes uni une bouche et un tube
digestif distinct de la cavité viscérale, forme de trois parties,
œsophage, estomac, rectum, variable dans ses caractères
suivant les types, suspendu par un mésentère et débouchant
l'ig. 6. — Oursin ouvert suivant l'équateur pour montrer :
1), tube digestif, fixé au test par des brides; G, organes
génitaux ; ./, plaques interradiales.
au dehors parmi anus (fig. 6); celui-ci est situé d'ordinaire
à l'opposé de la bouche, niais il peutdescendre jusqu'à se trou-
veraila face ventrale; l'intestin peut aussi se terminer en cul-
de-sac comme chez les Ophiurides, Euryales, etc. La bouche
peut être armée de pièces squelettiques diverses, qui arrivent
à constituer un appareil masticateur puissant : ce que l'on
a appelé lanterne d'Aristote (V. ce mot) vient, chez cer-
tains types, ren-
forcer encore ces
pièces buccales .
Des organes glan-
dulaires divers
se surajoutent au
tube digestif
(fig. 7). La re-
production des
Echinodermes est
sexuelle, mais
certains types se
multiplient aussi
par scissiparité ,
ce qui est en rap-
port avec la fa-
culté que beau-
coup d'entre eux
possèdent , a un
haut degré, de re-
produire les par-
ties du corps
qu'ils ont per-
dues ; la sépara-
tion des sexes est
la règle, les mâles
et les femelles ne
diffèrent point par leurs caractères extérieurs; quelques
espèces seulement sont vivipares. La structure des organes
sexuels est très semblable dans les deux sexes, et 1 exa-
men des produits peut seul per ttre de les distinguer;
le plus souvent, toutefois, ils diffèrent entre eux par la
couleur. Les glandes génitales sont des organes en grappe,
dont le nombre et la position correspondent le plus sou-
vent à la symétrie rayonnee (fig. 8) : ils déversent leurs
Fig. 7. — Appareil digestif d'une Asté-
rie pour montrer ses glandes annexes.
— a, estomac ; b, appendices cœcaux
situés à la face supérieure de l'esto-
mac (organes excréteurs); C, cœcums
rameux de l'estomac à l'état de dis-
tension ; d, les mêmes dans leur état
normal, mais ouverts.
.s. — i I . . 'in Oursin.
W, portion terminale de rintestin.
i, glandes sexu, l'es reposant sur les
i laques interambulacrairee.
produits dans un organe excréteur commun qui t'ouvre a
l'extérieur par le pore génital i\ . au«« la fig. i). I.a le,, m-
dation est géné-
ralement e\|i- i \ .J
rieure. [lest
i ;, re que l<- dé-
\ ,- lop pemen i
des I'., b ino-
dermes soit di-
rect ; en gé-
néral, ces ani- v
maux présen-
tent des méta-
morphoses com-
pliquées et
liassent par des
états larvaires
dont la symétrie !i
bilatérale est
caractéristique .
Chez tous, il y a
segmentation totale de L'œuf, qui aboutit a la formation
d'une gastrula par embolie, av,-,- deux diverticules entéro-
cœliens, dont l'un formera la cavité générale, l'autre l'ap-
pareil aquifère. Quand
l'embryon a quitté la
membrane de l'œuf, il se
[orme, en un point de sa
paroi , une dépression
qui, s'enfonçant de plus
en plus, forme la pre-
mière ébauche du tube
digestif, puis un des
côtés du corps s'aplatit
et se rapproche de l'ex-
trémité en cul-de-sae du
tube digestif qu'elle finit
par atteindre ; au point
de contact apparaît une
ouverture : cette dernière
constituera la bouche ;
l'ouverture primitive de-
vient l'anus. Pendant que le tube digestif se différencie,
les cils vibratiles commencent à se concentrer à la face
ventrale, qui se recourbe en forme de selle, et l'on voit
apparaître, en avant et en arrière de l'ouverture buccale,
deux bandelettes arquées, couvertes de cils, qui se réunissent
par leurs extrémités latérales et forment la bandelette
ciliée caractéris-
tique des larves
d'Ëchinodermes.
Au fur et à me-
sure que l'évo-
lution marche ,
les larves, sem-
blables entre
elles au stade
gastrula, com-
mencent a se dif-
férencier, sui-
vant qu'elles
doivent donner
naissance à un
Oursin, une
Ophiure, une Astérie ou une Holothurie; elles arrivent à
prendre des formes vraiment extraoïdinaires, qui ne rap-
pellent en rien celles de l'adulte et auxquelles on a donné
des noms différents. Ces diverses larves sont cai actèristiques
des dilleivnls groupes d'Leliinoilerines : elles ne diffèrent,
au fond, les unes des autres, que par la disposition des
bandes ciliées et le développement de leurs appendices. Nous
les décrirons très sommairement.
Les Bipinnaria (fig. 9) et Brachiolaria (fig. 10) sont
u
Fig. s bis. — Portion ir terra-
diale d'une Etoile de nier pour
montrer les glandes sexuelles
G et les plaques ciliées des
téguments dorsaux.
Fig. 9. — Larve d'Astérie, forme Bipin-
naria.— m, bouche; an, anus. -
lignes noires représentent les bandes
ciliées.
- 313 —
ÉCIIINODLKMK
l'une
cas pare,
e?/7
///
Fïg. 10. — Larve d'Astérie, forme Bra-
chtotaria.— an, anus ; m, bouche.— Les
lignes noires représentent les bandes
ci
iïiées.
les larves des \stenes ; elles sont caractérisées parla pre-
Benee d'appendices brachiaux el de deux bandes ciliées,
en axant. L'autre en arrière de la bouche; il n'est
avant sa transformation en Astérie, de voir La
Bipinnaria se
transformer en
Itnirliiotiirin ,
en acquèranl
trois nouveaux
liras, sans rap-
ports a vec les
bandes ciliées el
couvertes de
papilles. Les
.1 uriculuria
(fig. Il), larves
des Synaptes el
des Holothuries,
sont desappen-
lUTtS et nions, qui prennent la l'orme d'oreillettes,
situés sur les bords dorsaux latéraux. Cette larve, avant
de se transformer, peut passer à une sorte d'état de chrysa-
lide, a l'intérieur de laquelle se développe la forme adulte.
Les Pluteus (fig.
12) sont les larves
drs Oursins el des
Ophiures ; elles
sont surtout carac-
térisées par le dé-
veloppement con-
sidérable des ap-
pendices, toujours
accompagnés de
pièces calcaires;
certaines d'entre
elles présentent au
sommet une longue
tige calcaire : ce
sont les larves des
Spatangues; d'au-
tres ont des épau-
lettes ciliées : elles
appartiennent aux
Echinus et aux
Echinocidaris.la
Larve des Crinoïdes, enfin, a une forme moins aberrante,
mais elle n'en présente pas moins des métamorphoses com-
pliquées; elle a déjà et.- décrite (V. CrihoIdbs). Toutes ces
larves d' Le h i no-
dermes sont gélati-
neuses et transpa-
rentes : leur trans-
formation n'a pas Lieu
de la même manière :
en général, c'esl aux
dépens d'une partie
seulement des larves
que se forme L'être
définitif. Il ne peut
être dans notre pen-
sée de décrire ici les
phénomènes compli-
qués, à la suite des-
quels un Echino-
derme de forme par-
faite se détaille de la
larve sur laquelle il
a pour ainsi d ire
bourgeonné, el nous
devons renvoyer le lecteur aux nombreux travaux publiés
sur ce sujet.
La description rapide que nous venons de faire de l'em-
branchement des Echinoderines nous conduit a nous poser
Fig.ll. — Larve des Synaptes et des
Holothuries, forme Auricularia. —
o, bouche ; a, anus ; p. sue péri-
tonéal; r, corpuscule calcaire.
Fig. 12. — Larve d'Oursin, forme
us. — we. épaulettes ciliées;
o. bouche ; a, anus.
deux questions : Quels sont les rapports de ces animaux
entre eux et quelle est l'origine du groupe'.''
La lumière est loin d'être faite sur ces points, bien que
ces derniers temps aient apporte des faits intéressants qui
aideront sans doute à les résoudre. La paléontologie semble
avoir montre que les Cystidées, type fort ancien, disparu
à l'époque carbonifère et qui atteignit son maximum de déve-
loppement dans le silurien, ont été le point de départ des
autres groupes d'Echinodermes : de nombreuses formes de
passage, appartenant aux terrains les plus anciens, rattachent
en effet ces animaux disparus aux types qui ont persisté.
Les travaux remarquables de Semon ont conduit, en outre,
à une constatation importante, que L'on peut rattacher à ces
idées de Xeumavr sur les rapports des différents groupes
d'Echinodermes entre eux : cet auteur a montré que toutes
les larves d'Echinodermes, avant d'acquérir leurs carac
tires différentiels, passaient toutes par un mémo stade,
auquel il a donné le nom de Pentactula (V. ce mot), d'où
la conclusion que tout l'embranchement a eu pour ancêtre
commun la même forme primitive, représentée au cours
de l'évolution de l'individu par cette forme Pentactula;
cet ancêtre commun a reçu le nom de Pentactœa. Si l'on
a toutefois une solution satisfaisante sur la question des
rapports des Echinoderines entre eux, il est beaucoup moins
aise de dire quelle est l'origine du groupe, et la symétrie,
rayonnée, si caractéristique de ces animaux, estun t'ait qui
déroute les recherches à ce sujet : ils n'ont, en effet, aucun
rapport avec les t'.nidaires.qui présentent la même symétrie,
et l'on ne peut chercher la leur point de départ. Nous ne
citerons qu'une des hypothèses faites à ce sujet, celle de
Semon, qui a le mérite, au moins, d'indiquer une voie de
recherches. Les Cystidées étaient fixées : cet auteur a cherché
a montrer que la fixation seule avait déterminé le change-
ment en symétrie radiaire de la symétrie bilatérale que
montrent encore les larves par un rappel ontogénique. La
démonstration paléontologique de ce fait manque encore,
niais l'idée est suggestive.
La classification des Echinodermes est admise comme
suit : lrc classe : Crinoïdes, subdivisée en Cystidées, Blas-
toïdes, Crinoïdes; 2e classe : Astéroïdes, subdivisée en Stel-
lérides, Ophiurides; 3e classe : Echinoïdes, subdivisée en
Réguliers, Clypéastroïdes, Spatangoïdes ; 4e classe : Holo-
thurides. R. Moniez.
IL Paléontologie. — Les Echinodermes font partie des
plus anciens organismes qui aient apparu à la surface du
glèbe. Les Cystidées (V. ce mot) sont déjà représentées
dans les couches cambriennes, el tous les autres groupes (à
l'exception des Holothuries dépourvues de squelette cal-
caire) ont des représentants dans le silurien. La distribu-
tion géologique des différentes classes est indiquée aux
mots : Astéridées, Blastoïdes, Crinoïdes, Cystidées,
Oursins, etc. Les Blastoïdes et les Cystidées, formes les
plus anciennes des Crinoïdes, sont éteintes. Les Astéridées
et les Echinidées paraissent avoir eu leur plus grand déve-
loppement a l'époque secondaire, notamment dans les mers
profondes de la période crétacée. Les Crinoïdes, plus an-
ciens encore, prédominent dans les couches paléo/.oiques et
n'ont plus, a l'époque actuelle, que de rares représentants
dans les mers profondes. La phylogénie des Echinoderines
est assez obscure, bien que l'on soit d'accord pour admettre
que les quatre chisses des Crinoïdes, des Astéridées, des
Echinidées et des Holothuries dérivent d'un tronc commun,
comme L'indique la forme de leurs larves qui, dans leur
premier stade, peinent toutes être rapportées au type Plu-
teus. Cette larve elle-même ne ressemble qu'a celle du
Balanoglossus, désignée sous le nom de Tornaria, et
celle-ci relie le type Pluteus au type trochosphère com-
mun an\ Vers Chétopodes el aux Mollusques (lîalfour).
Dans tous le-- cas, la séparation des quatre classes a dû
s'opérer dès l'époque primordiale et les formes primitives
qui les ont précédées sont inconnues. E. Trouessart.
Brin.. : ZOOLOGIE. — La bibliographie des Kcliiimdennes
BSt ' ".te ni 'nient .-tendue : beaucoup de savants Iran
ÉCIIINODI liMI - l.illINomiYNul E
- :<u -
■ n particulier, ont publié Mir eeK animaux les plim impor-
i.'inis mé Ire* Kœhler, Perrier, Poirier, etc. , ma
ne i>"h , |ue renvoyer le lecteur aux recueili
n\ mm aux article parti i ufiera de la Grande Ency-
clopédie aur lea principaux groupea Kœhler a récemment
publié un ton IntéreaBanl article dont noua recommandona
la lectui e : le» Idées noui i '■■nur ,
dana Revue générale des Sciences, févr. 1891.
ECHINODISCUS(Zool.).Echinodennes actuels del'ordre
îles Clypéastroïdes, Famille des Scntellides. Ce genre a été
établi par Breynius (1732) pour l'A.'. Rumphii qui appar-
tenait a l'ancien genre Seutella. Les Echinodiscus ont le
test aplati, circulaire, a bords postérieurs profondément
entaillés, lo bord antérieur étanl simplement ondulé. Les
pétales sont lancéolés, ouverts ù leur extrémité, formés
de zones étroites; la bouche est centrale; l'anus est situé
à mi-distance du bord; il n'existe pas de cloisons à l'inté-
rieur. A. lirris, Nouvelle-Calédonie. II. Moniez.
ECHINODUS (Paléont.). Davis a décrit sous le nom de
A', paradoxus une plaque de poisson trouvée dans le ter-
rain carbonifère du Yorkshire qui, d'après Wbodward, se
rapporte, sans doute, aux Tristychius, genre de Squale
faisant partie de la famille des Cestraciontidées.
Bibl. Quart. Journ. (jeol. Soc, 1884, p. 681.
ECHINOENCRINUS (Paléont.). Genre de Cystidéet
(Y. ce mot), caractérise par un calice irrégulièrement ovoide
à tige courte, tonné de quatre zones successives de plaques
polygonales ornées de côtes qui figurent des triangles en
relief cachant les sutures. La tige est amincie vers le bas,
à articles emboîtants. Le type (E. angulosus) est du si-
lurien intérieur de Russie (Pulkova).
ÉCHINOÏDES (V. Oursin).
ECHINOLAMPAS (Paléont.) (V. Cassidulus).
ECHINOMETRA (Paléont.) (V. Echinus).
ÉCHINOMYIE (Krliinmnyia Duniér.) (Kntom.). Genre
de Diptères, de la famille des Muscides et du groupe des
Tachinides. Ce sont
des mouches remar-
quables par la gran-
deur et l'épaisseur du
corps et caractérisées
surtout par les an-
tennes inclinées, à
deuxième article plus
long que le troisième;
le style est multi-
articulé , avec son
deuxième article al-
longé. L'A', fera L.
et l'A. grosm L. se rencontrent aux environs de Paris
sur les fleurs des grandes Ombellitères. Leurs larves vivent
dans le corps de différentes chenilles, qu'elles abandonnent
ensuite pour se transformer en pupes. Ed. Lef.
ECHINONEUS (Paléont.) . Genre d'Oursins de la famille
des Cassidulidœ (V. Cassidulus), devenu le type d'une
sous-famille qui présente les caractères suivants : ambu-
lacres simplement rubanés, tous égaux; bouche centrale
sans fiosrelle; sommet portant quatre pores génitaux. Les
ambulacres se composent de plaques et de demi-plaques
intercalées, toutes a doubles pores. Le genre Echinoneus
(Van Phels.). qui vit encore dans la mer des Antilles, date
du miocène. Ces Oursins sont petits, de forme ovale, bom-
bés, a radioles très courtes, acuminées. On place dans la
même sons-famille les genres suivants : Eybocyclus du
jurassique moyen; Galeropygus, du lias et du jurassique;
Galeroclyp'eus, du bathonien ; Pachyclypus, du juras-
sique supérieur; Infraclypeus, du tithonique d'Algérie,
et Pyrina, >\u jurassique, plus commun dans le crétacé et
rare dans l'éocène. E. Tm\
ECHINOPS (Echinops L.)(Bot.). Genre de Composées,
du groupe des Cynaroïdées, caractérise surtoul par les
lleurs, qui sont accompagnées chacune d'un involucelle
propre et formant ainsi un capitule particulier dans le
capitule général. Ce son! des herbes vivaces, ayant le port
des Chardons. Leurs feuilles alternes sont plus ou moins
Eehinomyia grossa L.
pubeseeotes ou tomeotmiei al une. doux ou trois fuis pèa-
natisequées avec lea diviaioni ipîneseï b . i ■ leurs, de
couleur Mené ou blanche, sont réunies en i apitulee doboleoi
terminaux, solitaires ou réunis en ami-. L /.. luiro L.,
espèce de* lieux arides de la I ranee et de l'Europe méri-
dionale, e>i fréquemment cultive dans les jardins comme
ornemental. Il en est de même de l'A. tphcerocephaltuL.,
qui croit dans les Lieui incultes du Dâupbiné, du Poitou,
de l'Anjou et de l'Orléanais. L'A. \uir<> est désigné par
les jardiniers sous le nom de Roulette ŒUirée. Ed. Lef.
ECHINOPYXIS (Eckinopyxiê Cl.ip.inde et Laihmann
I x.'iîh (Zool.). Synonyme de Difflugta (Y . ce mot).
ÉCHINORHINUS (Paléont.). De Blainville a décrit, en
1828, sous le nom A' Echiner hinu* tpinosus, un Squale
de la Méditerranée dont la peau est hérissée de bondes i
base large, à poiDte en crochet; la tète est aplatie ; les
dents, qui sont semblables aux deux mâchoires, ont le bord
libre oblique, tranchant, les bords latéraux étant inunis de
une ou deux dentelures obliques ou transversales ; les
nageoires dorsales sont très petites, dépourvues d'aiguillon.
Ce Squale, connu sous le nom de Bouclé, se trouve dans
la Méditerranée et dans certaines parties de l'Atlantique.
Lawley a décrit sous le nom d'A. Hicliianlii une espèce
du terrain pliocène de Toscane. E. Sauvage.
Bibl. : De Blainville, Faune française. Poissons ,
1828. — Lawley, Nuovi Stud. sopra ai ]/esci délie colline
Toscane; 1 in-n/.e, 1876.
ÉCHINORHYNQUE(7.ooL). Les Ecbinorhynques (Erhi-
norhynchui 0.— F. Millier) forment un ordre distinct de
la classe des Némathelminthes. Ils se reconnaissent à leur
corps arrondi, souvent annelé, mais toujours dépourvu de
soies et de parapodes,qui se termine en avant par un rostre
armé de crochets. Ils sont parasites et accomplissent des
migrations entre deux botes distincts, pour passer de l'état
larvaire à l'état adulte; c'est seulement à l'état d'embryon
qu'ils se trouvent répandus librement dans la nature.
Les plus grandes espèces présentent une vraie annula-
tion, qui ne porte pas seulement sur la cuticule, mais se
montre toujours aux mêmes
endroits et divise en segments
le système lacunaire de la
peau. En avant, le corps
s'eflile en un cou qui porte
le rostre ; le cou manque
souvent, mais le rostre ne
fait jamais défaut (fig. I. r).
II porte des crochets ordinai-
rement de deux sortes, par-
fois même de trois sortes,
disposés par séries ayant
chacune, pour une même es-
pèce, le même nombre de
crochets : au point de vue de
la distinction des espèces,
l'étude du rostre présente donc
le plus grand intérêt. Le
rostre peut être retraite dans
l'intérieur d'un sac muscu-
leux, situé a sa hase. Celte
gaine rs renferme dans son
épaisseur des libres muscu-
laires qui vont s'attacher à
l'extrémité (\u rostre. Elle
peul elle-même être tirée en
arrière par deux muscles
rétracteurs, qui s'insèrent
sur la paroi du corps. Sur les eûtes du rostre se voient
les deux lemnisques, lr. organes creuses de lacunes, qui
sont des prolongements île la paroi du corps; leurs lacunes
sont unies entre elles par une lacune circulaire, creusée
dans la peau a la hase du cou et grâce à laquelle elles
communiquent avec le système lacunaire du rostre et du
cou. Le tégument du reste du corps est également creusé
1. — Echinorhj nchus
angustatua (mâle).
- 34S -
KCIIINOKIIYNQUK
île lacunes, mais celles-ci ne communiquent pas avec le
système précèdent : on distingue deux grandes lacunes
longitudinales et latérales, réunies entre ilU-s par d'autres
lacunes plus petites. Le système nerveux est représenté
par un ganglion g. enfoui dans l'épaisseur de la gaine du
rostre; chez le nulle (Eeh. nodutosus), on voit encore
un paire de ganglions à l'extrémité postérieure. On ne con-
naît pas d'organes sensoriels, à moins que les papilles
qui se trouvent ilans la bourse du mâle ne doivent être
considérées comme telles. — La paroi du corps est tonnée
de la peau, d'une couche musculaire externe ou annulaire
et d'une couche musculaire longitudinale. — Les organes
sexuels sont Mines dans la cavité générale, ainsi que leurs
cauaux exeréteurs : un ligament suspenseur //, qui naît de
l'extrémité postérieure île la gaine du rostre, les maintient
en place. OÙ distingue ehei lé maie deux testicules r, six
glandes du cernent ou prostate pr. un pénis p, et une
bourse piotradile /> à l'extrémité postérieure du corps,
('.liez la femelle, l'ovaire n'est pair que pendant le jeune
âge : il se fragmente bientôt en masses ovulaires qui flottent
à l'intérieur du ligament et de
la cavité générale. Les œufs
mûrs sont saisis par un appa-
reil musculaire en forme de
cloche : il> traversent ensuite
l'un ou l'autre des deux ovi-
ductes, l'utérus (tig. 2, a),
le \.uin v, et sont pondus
par la volve, qui s'ouvre à
l'extrémité postérieure du
corps. L'embryon est déjà tout
formé avant la ponte de l'œuf ;
comme l'Echinorhyiique adulte
est parasite du tube digestif,
les œufs sont donc entraînés
au dehors avec les excréments
de son hôte ; ils arrivent dans
l'eau et sont avalés par quelque
animal. Celui-ci est-il un Crus-
tacé, ils éclosent et livrent
passage à un embryon qui, à
l'aide des spicules qui couvrent
son extrémité antérieure, tra-
verse la paroi intestinale et
tombe dans la cavité géné-
rale, où il poursuit son évo-
lution et passe à l'état larvaire.
Que le Crustacé devienne main-
tenant la proie d'un Poisson
ou d'un Oiseau, la larve est nrseen liberté dans l'intestin
de celui-ci : elle s'y fixe et y passe rapidement à l'état
adulte. Les sexes sont toujours séparés.
A l'état jeune, les Echinorbynques gisent librement dans
l'intestin, sans se fixer à la muqueuse. Par la suite de son
développement, la taille du Ver se proportionne à celle de
son hôte : c'est ainsi, par exemple, que V Echinorhynchus
protrus est rarement long de plus d'un centim. chez les
petits Poissons (Gobio vulgaris, I.ota communis) ou
chez de jeunes individus appartenant à des espèces de plus
grande taille : au contraire, ses dimensions deviennent au
moins deux fois plus grande chez des Poissons de grande
taille (Acerinacernua, Esox Indus, IruttafarioS.Qaznd
le Ver a acquis une certaine longueur, il se fixe alors à la
paroi intestinale et enfonce dans la muqueuse son rostre
et même son cou tout entier ; la couche musculeuse peut
elle-même être traversée. Les tissus attaqués de la sorte
s'enflamment autour du rostre et du cou et il en résulte
la production d'un kyste conjonctif qui finit même par se
calnfier dans certains cas (Ech. //rot rus).
l-es Echinorhynques n'ont pas de tube digestif. En rai-
son de leur mode particulier de fixation,' le corps seul
plonge librement dans l'intestin et se trouve en contact
avec les sutatances digérées par leur hôte. L'absorption
Fig. 2. — Echinorhynchus
•as (appareil génital
femelle).
des aliments se tait donc par lo système lacunaire de la
paroi du corps. Ce système, comme on sait, ne commu-
nique pas avec celui du rostre, du cou et des lemnisqties :
ce second appareil es! rempli d'un liquide très différent,
qui constitue sans doute le liquide nourricier, absorbé par
voie d'osmose après avoir été élaboré dans le système lacu-
naire du corps; finalement, le liquide nourricier transsu-
derail à travers les lemnisques pour tomber dans la cavité
générale, où il viendrait imprégner les organes génitaux,
la gaine du rostre el les muscles. La graisse s'accumule
dans les muscles, pour être utilisée au moment de la matu-
rité' des produits sexuels. Quant au rejet des substances
excrémentitielles, il peut se l'aire par la cloche et l'utérus,
au moins chez la femelle. Pour le mâle, on peut admettre
que l'excrétion se fait au moyen des deux canaux longitu-
dinaux et de leurs ramifications : de même qu'ils absorbent
la nourriture, ces canaux seraient donc capables d'éliminer
les excrétions par voie d'osmose. Dans ce cas, ces canaux
seraient donc, des formations analogues aux vaisseaux aqui-
t'ères des C.estoiles.
On connaît environ 165 espèces d'Echinorhynques qui
sont toutes, sous leur forme adulte, parasites des Verté-
brés : 29 chez les Mammifères, (ili chez les Oiseaux, -18
chez les Reptiles et tri chez les Poissons. Une seule
espèce (Ech. todari Délie Chiaje) a été signalée chez un
Céphalopode (Ommastrephes todarus), qui peut-être ne
l'héberge qu'à l'état larvaire. On connaît en outre, chez
les Invertébrés, plusieurs larves dont la l'orme adulte est
encore ignorée (Ech. corrugatus Sars, chez un Schizopode,
Euphausia pellucida). — L'espèce la plus intéressante
à connaître est l'Ech. gigas
Gôze, qui vit dans l'intestin
grêle du Porc et du Sanglier.
Le mâle (tig. 3 et 4) mesure
de 6 à 10 centim. de longueur,
la femelle 20 à 30 et même
40 centim. Ant. Schneider est
d'avis que les œufs évacués
avec les excréments du Porc
sont avalés par la larve du
Hanneton. Le Porc s'infesterait
donc en fouillant le sol et en
se repaissant de larves de Han-
neton mises à découvert ; l'in-
festation pourrait résulteraussi
de l'ingestion de Hannetons
parfaits, puisque la larve du
parasite est capable de tra-
verser sans mourir la phase
de nymphose de son hôte. D'après Kaiser, la larve de la
Cétoine dorée (Cetonia aurata) pourrait aussi servir au pa-
rasite «l'hôte in-
termédiaire.
Pour l'Amé-
rique du Nord,
ou l'Echino-
rhynque géant
est très com-
mun chez le
Porc et où d'ail-
leurs il n'existe
ni Hannetons ni
Cétoines, des
expériences ré-
centes deC.-W.
Si lies tendent
à prouver que la
larve des Loch-
nosternn (/..
arcuata,L.au-
bia, L. hir li-
rai t) est l'hôte intermédiaire normal : l'infestation du Porc
se fait de la façon la plus simple, puisque les fermiers
Fig. 3. — Echinorhynchus
gigas (extrémité cépha-
lique grossie dix fois).
1. — KeliHMiriM nelois giira.s m.'ile
fixé a l'intestin du Porc.
l.i.llINoUHYNoUL - ECHINUS
— :m —
îles Ki;its-l mis ont précisément l'habitude de fane Fouilla
leurs champs par le Porc pour les débarrasser des larves
de l'Insecte en question, larves qui ont le même genre de
vie que chez i s celles du Hanneton.
Les Bchinorhynques peuvent également se rencontrer
dans l'intestin de I Homme. Le seul cas authentique a
publié par Lambl, de Prague, en 1857 : une femelle indé-
terminée a été trouvée chez un jeune garçon de neuf ans;
il ne s'agissait pas «lu moins de l'Ech. gigot. Lindemann
assure que, sur les rives de la Volga, l'Homme prend le pa-
rasite en mangeant du Poisson, mais il ne cite aucune
observation positive à l'appui de cette opinion. A Catane,
Grassi et Calandruccio ont reconnu que VEch. monili-
formis Bremser est assez commun dans l'intestin du
Surmulot et que la larve vit chez un Coléoptère (Blaps
mucronata Latreille). Si l'on ingère cet Insecte, les larves
arrivent à l'état adulte dans l'intestin de l'Homme, pondent
des œufs au bout de trente-cinq jouis et occasionnent de
violentes douleurs abdominales, accompagnées de diarrhée,
de fatigue, de somnolence, de bourdonnements d'oreille,
ainsi que Calandruccio l'a expérimenté sur lui-même. Os
parasites sont expulsés par l'extrait éthérède Fougère mâle.
Raphaël Blanchard.
BlBL. : K. Blanchard, Traité de conln'jie médicale,
1890, t. II, p. 91. — Grassi et Calandruccio, Uebereinen
Echinornynchus, welcher auch im Menschen parasitirt
und dessen Zwischenwirlh ein Blaps ist, iians Centralblatl
fur Bakteriol. und Para&itenkunde, 1888, t. III, p. 521.—
O. Hamann, Monographie der Acanthocephalen [Echi-
norhynchen), dans lenaische Zeitschrift fur Naturvriss,
1890, t. XXV, p. 113. - C.-W. Si îles, Sur l'Hôte intermé-
diaire de l'Echinorhynchus gigasen Amérique, dans Bull.
de la Soc. zool. de France, 1891, t. XVI, p. 210.
ECHINOSOMA (Zool.). Genre d'Holothurides établi par
Semper pour VEupyrgus hispidus Barrett qui appartient
aux Echinocucumis (V. Eupyrgus).
ECHINOSPERMUM {Echinospermum Sw.) (Bot.).
Genre de plantes de la famille des Borraginacées et du
groupe des Cynoglossées. L'espèce type, E. Lappula
Lehra. (Myosotis Lappula L.), est une herbe annuelle,
commune dans les lieux arides de presque toute la France.
On l'appelle vulgairement Bardanette. Ses feuilles, pu-
bescentes-velues, sont lancéolées ou linéaires. Ses fleurs
sont bleues ou blanches et très analogues à celles des Myo-
sotis. Ses fruits brunâtres mit leur face dorsale granuleuse
et entourée d'une aile blanchâtre qui est découpée en longues
épines terminées par deux ou quatre crochets. Ed. Lef.
ECHINOSPHzERITES (Paléont.). Genre de Crinoïdes
de l'ordre des Cystidées (Y. ce mot), caractérisé par un
corps sphérique, sans tige,
fixé par une base courte et
forme de plaquettes nom-
breuses disposées sans
ordre, lisses, minces, ordi-
nairement hexagonales. La
bouche est au sommet, au
milieu d'une fente anibula-
craire courte, aux extré-
mités de laquelle sont les
bras courts et minces. Près
de la bouche est une petite
ouverture (anale ou géni-
tale), découverte, et plus
loin une autre ouverture,
recouverte de cinq plaques
triangulaires soudées en
tonne de pyramide (ouver-
ture ovarienne '.'). Les pla-
quettes présentent des hydrospires rhombiques que nous
avons décrits et titilles au mot CystidÊES, et qui ne se
voient bien que sur les exemplaires uses par le frottement,
polis ou mouillés. L'Echinosphœrites aurantium est
commun dans le calcaire du silurien inférieur de Bussii et
de Scandinavie. Près de ce genre viennent se placer h s
genres Caryocystites, Palœocystites, Achradocystites et
EchinosphœriieS aurantium,
vu de profil , montrant la
bouche u au sommet, la pe-
tite ouverture anale bel la
pyramide c qui recouvre
l'ouverture ovarienne.
Comarocystites, tous du silurien inférieur d'Europe et du
Canada. L. Tboi essakt.
ECHINOSTREPHUS (ZooL). Genre d'Echioodermc* de
la famille des Echinides, établi par \. Vgassiz en 1864
pour des Oursins ,),. petite taille, dont h-, tubercuti
semblent à ceux des Holopneustes par fur disponlion et
dont les /une, ambulacraires sont étroites, ava les pores
disposés en are; leurs épines sont plus longue., que le dia-
mètre du test, grêles, striées longitudinalement ; le I
con\e\e en dessous, aplati en dessus; les dents portent un
arc transverse. Type: /.. molare de Zanzibar. I'>. M/.
ECHINOSTROBUS [Echinastrobui Schimp., Arthro-
taxitet I n.-.) (Paléont.). Genre de Conifères Taxi
fossiles fondé par Schimper ['Irai!'' de paléontol. végé-
tale, II. 330) sur un échantillon du calcaire lithogra-
phique de Solenhofen. Type : /.. Sternbergii Schimp.
(Arthrotaxites princeps I ng.) : les /.. robustut Schimp.
et E. expansus Schimp. doivent être sépares des nais
Echinostr obus; ce sod\ desCopressinéesdelagrandeoolithe.
Le kimméridien inférieur de Ureys (Isère) renferme l'Echu
nostrobus vrai. Les rameaux, cylindriques, sont couvt
feuilles spiralées, disposées en écailles imbriquées. Légè-
rement convexes sur la lace dorsale, apprimées et pointues:
les feuilles rappellent celles des Brachy/jhyUuni. le strobile
celui des Arthrotaxù d'Australie, qui restent ses plus
proches voisins de la nature actuelle. f)r L. Un.
Bibl. : Di. s.m-i.kia. Paléontologie française.
ECHINOTHRIX (Zool.). Echinodermes de la famille des
Diadématides. Ce genre a été fondé par Peters en 1853
pour deux espèces rangées auparavant dans le genre Diei-
dema (D. calamaris et turcarum) et qui proviennent
des lies Tahiti et de la merdes Indes (V. Diadema). H. Hz.
ECH1N0THURIA (Paléont.). Genre d'Oursins !
devenu le type de la famille des Echinothuridœ qui
comprend les genres encore vivants : Calveria et Phormo-
soma, propres aux grandes profondeurs. Chez ces Echino-
dermes, qui appartiennent au groupe 'les Oursins réguliers,
le squelette externe est formé de plaques en forme d'écaillés,
imbriquées, et par suite mobiles les uni s sur les autres, et
non articulées ou soudées comme chez les autres animaux
de cette classe. Les aires ambulacraiies et inlerambiila-
craires ont leurs plaques imbriquées en sens contraire et
sont munies de nombreux tubercules perforés. Le péris-
tome est recouvert de plaquettes calcaires en partie po-
reuses. Ce type se rapproche surtout des Diadèmatidées
(V. Diadema) par la structure des aires. Echitwthuria
(Woodward) avait les aires interambulacraires également
développées, a plaques larges, faiblement imbriquées. L'ap-
pareil masticateur était bien développé. L'£. (loris est de
la craie blanche d'Europe. E. Tkouëssart.
ECHINUS. L Zoologie (V. OoHSHl).
II. Paléontologie. — Les Oursins de la famille ou sous-
famille des Echinidœ, ou Oursins proprement dits, se
montrent pour la première fois dans le jurassique moyen
avec Pedina, Echinodiadema, Stomcchinus, Polycyphus
du groupe des Oligopori. Echinus apparaît seulement
dans l'éocène. hune façon générale, on peut dire que les
Oligopori précèdent les Polypori. Les premiers, avec les
genres Saîmacis, Micropedina, Echinus , Codechv-
nus, etc., s'étendent du jurassique a l'époque actuelle.
Les Polypori, qui datent seulement du néocomien et du
(relaie supérieur avec Pedinopsis, sont surtout tertiaires
et actuels avec Diplotagma, bvhœrechinus, Echinome-
tra, etc. (V. Oursin [Paléont.]). E. Tkt.
III. Botanique (Echinus Lour.). Genre de plantes de
la famille «les Euphorbiacées el du groupe des Jatrophées.
Ce sont des arbres OU des ai bustes, à feuilles alternes ou
plus rarement opposées et munies de deux stipules. Les
Qeurssonl monoïques ou plus rarement dioîques, avec un
périanthe simple à 2-5 divisions valvaîres et un nombre
indéfini d'étamines à anthères biloculaires, intrors
extrorses. — On connaît environ soixante-quinze espèces
i' Echinus, toutes originaires des régions tropicales de
— 317 —
ECHINUS - ÉCHIQUIER
l'Ancien Monde. La plus importante est YE.philippinensis
II. l'.n. [Cn o i philippins nse Lamk., Rottleria Unctoria
Uo\li.). arbre Se 3 a 10 m. de hauteur, qui erott dans
l'Asie tropicale, dans toute la Malaisie, l'archipel Indien e1
jusqu'en Australie. Ses fruits, globuleux el ingones, longs
de s a 6 uiilliui.. sur 8 .i H' millim. de large, sont cou-
verts d'une poudre granuleuse d'un rouge vif, que l'on
emploie en médecine et dans l'industrie sous le nom de
Kamala iN . ce mot). Ed. us.r.
ÉCHION. Nom par lc^iu-l on désigne quelquefois à tort
un artiste grec qui, en réalité, s'appelait Aétion (V. ce
nom). Echion provient d'une faute de texte dans un passage
de Cicéron Paradoxa, V, 2, 37).
ÉCHIQUET (Techn.). On appelle pose ou échiqnel d'un
parquet la pose des feuilles diagonalcment par rapport aux
murs (V. Parquet).
ÉCH IQU ÉTÉ (Blas.). Attribut d'un écu ou de pièces cou-
vertes de canes d'échiquier. Les animaux, chevaux, lions,
bœufs, peuvent aussi être èchiquetés, niais c'est rare sur
les blasons français. L'écu échiqueté est ordinairement
composé de vingt a vingt-quatre carrés.
ÉCHIQUIER. 1. Mathématiques. — On donne le nom
d'échiquiers arithmétiques à des tableaux numériques, habi-
tuellement de forme carrée ou rectangulaire, présentant
des cases analogues à celles d'un papier quadrillé. Dans
chacune de ces cases est inscrit un nombre qui se forme
d'après une loi déterminée. M. Ed. Lucas a montré le pre-
mier toute l'utilité de l'échiquier dans un grand nombre de
recherches arithmétiques, soit pour simplifier des démons-
trations de théorèmes connus, soit pour en découvrir de
nouveaux, soit pour résoudre certains problèmes: il y a
lieu surtout de citer sa théorie des permutations figurées.
Plus tard. M. Delannoj imagina de faire varier la forme de
l'échiquier : par la considération d'échiquiers triangulaires,
pentagonaux, hexagonaux, il parvint a résoudre simplement
des problèmes difficiles, et notamment des questions de pro-
babilités. Citons seulement ici quelques exemples : 1° sur
un damier dont la largeur présente un nombre donné de
cases et dont la longueur est indéfinie, par combien de
chemins différents un pion qui ne recule jamais peut-il se
rendre d'une case donnée à une autre ? *2° problème sur la
durée du jeu : Pierre et Paul jouent l'un contre l'autre à
chances égales; en entrant au jeu. chacun d'eux possède
n fr., et. à chaque partie, le perdant donne I t'r. au ga-
gnant. Le jeu se termine dès que l'un des joueurs est
ruine. Quelle est la probabilité que le jeu se terminera après
la p." partie.' 3° A et I! jouent l'un contre l'autre, avec les
probabilités respectives p et q, de sorte quep-t-</ = l;
\ P">s de 'I fr. et l> possède b t'r. en entrant au jeu; à
chaque partie le perdant donne I fr. au gagnant. Quelle
est la probabilité que A ruinera l> avant la ;•>•' partie? Ces
questions ont été étudiées par des géomètres de grande
, ; —
lJ
anallagmaii
valeur, parmi lesquels nous pouvons citer Huygheos,
Moivre, Laplace, Lagrauge. Vmpère, MM. liertrand, Rou-
ché, Hermann Laurent, et conduisent, par les métl
ordinaires, a des formules extrêmement compliquées, par-
tais illusoires. L'échiquier, au contraire, donne dis solutions
presque immédiates et relativement simples.
L'un des exemples les plus simples d'échiquiers arith-
métiques i'st fourni parla table de Pythagore; le triangle
arithmétique de Pascal, le carré arithmétique de Fermât
sont aussi des échiquiers arithmétiques. Les questions de
cette nature tiennent de près m la géométrie des quinconces
les tissus. Il v a lieu de mentionner aussi l'échiquier
anallagmatique do M. Sylvester; c'est un carré formé de
cases noires ei blanches, île telle sorti' que, pour deux lignes
on deux colonnes quelconques, le nombre total des varia-
tions de couleur soit toujours égal au nombre des perma-
nences. M. Ed. Lucas a lait remarquer l'analogie qui
existe entre l'échiquier anallagmatique et les formules qui
donnent la décomposition du produit ue sommes de 2" carrés.
D'un échiquier anallagmatique on peut déduire un grand
nombre d'autres : I " par la permutation des colonnes et des
lignes; 2" par le changement des couleurs des cases d'une
ligne ou d'une colonne quelc tue. Nous donnons ci-dessus
deux exemples d'échiquier anallagmatique. A. Laisant.
II. Jf.u (Y. Echecs).
III. Stratégie. — On appelle échiquier stratégique
l'ensemble du terrain considéré au point de vue des
mouvements des armées pendant une guerre. Dans le do-
maine tactique, on formait autrefois, chez nous, des carrés
en échiquier. La moitié des bataillons en ligne, soit les
numéros pairs, soit les numéros impairs, se portaient à une
certaine distance m avant et l'on obtenait ainsi deux lignes
de carrés qui se flanquaient mutuellement et pouvaient faire
l'eu sans s'atteindre. Le principe des formations en échiquier
da lait des guerres de l'antiquité. La tactique linéaire du grand
Frédéric en avait largement l'ait usage, et Bonaparte en
taisait cas. Il a disparu de nos méthodes actuelles de combat.
IV. Pêche. — Dans certaines parties de la France, on
donne ce nom au carrelet, nappe carrée, tenue à bras; sur
les cotes de la Méditerranée, le grand carrelet de 3m80,
avec lequel on pèche en bateau, porte le nom de calen ou
venturon ; dans les eaux profondes on se sert d'une va-
riété d'échiquier à laquelle on donne le nom de hunier.
Bibl. : MathÉMATIQ! c-;. - Ed. Lucas, Sur l'Echiquier
anallagmatique de M. Sylvester, dans Assoc. française
pour l avancement des sciences ; Le Havre, 1877. — Sur le
Problème des huit reines,id.; Montpellier, 1879. — Sur les
Echiquiers anallagmatiques et les produits du sommes de
carres, ut.; Reims, 1880. — Sur l'Arithmétique figurative.
Les permutations. Le saut du cavalier, id. ; Rouen, 1883.
— Delaunav, Emploi de l'échiquier pour la solution des
problèmes arithmétiques, id. ; Nancy, 1886. — Nota sur
l'emploi de l'échiquier, id. : Paris, 1*89. — Mantkl. Sur
les ('ombinaisons d'éléments dispersés dans un plan. id. ;
Rouen, 1883. — Général Parm entier, Problème des n
mue*, id.; Rouen, 1883. — lût. Lucas, Récréations mathé-
maliques, t. II, p. m ; Théorie des nombres, t. 1, p. 83.
ÉCHIQUIER. Nom donné, en Angleterre, à l'administra-
tion financière centrale. — L'histoire primitive de l'Echi-
quier des rois d'Angleterre est infiniment moins obscure
que celle de la Chambre des comptes des rois de France,
organe similaire. On possède en effet des documents très
anciens et très précis ; les plus précieux sont la collection
des Pipe rolls et le dialogue de l'Echiquier. Les Pipe
rolls sont des rouleaux, ainsi nommés a cause de leur forme
tubulaire [pipe, tube, pipe), qui contiennent, année par
année, les recettes et les dépenses îles olliciers de la cou-
ronne : ce sont les budgets dressés par les plus anciens agents
de l'Echiquier; le premier en date remonte aux dernières
années du règne de Henri Ier; la série est presque complète
à partir de la deuxième année de Henri II; Madox s'en est
grandement servi dans sa t'ameuse Historyofthe Exche-
quer, et une société [Pipe mil Society) a été récemment
établie a Londres en vue de la publication intégrale de ces
textes inestimables (V. surtout le fasc. .'! des publica-
tions de cette société, intitule Introduction h> the shuly
of the Pipe rolls ; Londres. 1884, in-X). Quant au
Dialogus de Scaccario (compose en 1177 par Richard,
évêque de Londres, trésorier de l'Echiquier, fils de Nigel,
évéque d'Ely, son prédécesseur dans cette charge, et
petit-neveu (le Pévêque Roger de Salisbury, l'un des pre-
miers organisateurs de l'institution), on en trouve une
bonne édition dans les Select Charters de Stubbs (Oxford,
1884, pp. 169-248).— Aussitôt après la complète, dit l'au-
ÉCHIQUIER
- :;i8 -'
leur du Dialogus, il y eut, a ce qu'on prétend, un Echiquier
en Angleterre, tutnpta ipsiu» raiionea Scaccario Iront-
marine (I, l). Richard lit/. Nigel semble dire par la
qu'il v avait un Echiquier en Normandie, avant la con-
quête, '|ni aurail été le prototype de l'Echiquier d'Angle-
terre, Mais il n'y ;> aucune preuve convaincante de ce fait;
il v eut certainement un Echiquier d'Angleterre dèa lea
premières années «lu règne de Henri I'1; nous ne trouvons
d'Echiquier en Normandie que bous Henri II. Il est même
probable que c'est l'Echiquier il»' Normandie qui a emprunté
son iiiidi et sa procédure à l'Echiquier d'Angleterre, d'ail-
leurs organisé par des ministres normands, tels que Flam-
bard et Roger de Satisbury. En ce qui louche ce nom
bizarre d'échiquier, l'étymologie la plus simple en estaussi
la meilleure; il l'ait allusion au tapis divise en comparti-
ments canes, alternativement blancs et noirs, qui couvrait
la table autour de laquelle s'asseyaient les financiers de la
couronne. Du tapis et de la table, le terme échiquier
passa à la réunion des hommes qui siégeaient autour.
Notre expression « table de marbre » a une origine ana-
logue. Richard lit/. Nigel ajoute ce trait que les échanges
qui se faisaient d'un bout à l'autre de la table entre le
receveur et les payeurs, au moment des redditions de
compte, suggéraient tout autant que les compartiments du
tapis l'idée d'une partie d'échecs jouée entre le trésorier et
les sherifis. L'Echiquier anglais n'était qu'une partie de la
Curia régis générale (V. Cour du roi), et portait à cause
décela le nom officiel de Curia régis ad scaccarium, mais
il formait le seul département du gouvernement central qui
fut, dés Henri Ier, régulièrement organisé : curiarum
omnium apud Anglo-Normannos antiquissima. Nous y
trouvons chaque année, depuis Henri I"1', des grands offi-
ciers et des palatins, avec de nombreux clercs, employés a
recevoir les payements des sherifis locaux, à vérifier leurs
comptes, à décider des procès de finances, à ordonnancer
les dépenses de la maison royale et de l'Etat. Henri H
introduisit des perfectionnements dans le mécanisme de cette
institution. La cour d'Echiquier se partagea, sous ce règne,
en deux sections : celle des comptes, ScaccariUm ma jus, ou
les comptes des officiers étaient reçus et les questions liti-
gieuses jugées; celle des recettes {Scaccarium inferius,
Exchequer of receipt), ou l'argent du roi était versé,
pesé et vérifié.
Examinons brièvement quel était, au moyen âge, le
personnel, quelle était la procédure des deux Echiquiers,
en quel lieu ils étaient installés : problèmes savam-
ment résolus par l'ancien historien de la Compagnie,
Thomas Madox, et par les historiens modernes, entre
autres par M. Hubert Hall {The Antiquities and curiosi-
tics of the Exchequer; Londres, 1 89 1 , in-8). — La cour
d'Echiquier fut longtemps ambulatoire à la suite des rois;
mais les impedimenta de l'Echiquier des recettes, tels
que tables, tailles, coffres-forts, rouleaux, etc., furent de
bonne heure installés à Westminster, dans une tour sise
au N.-E., près du jardin au bord de l'eau. Là le bureau
de la « recette » de l'Echiquier est demeuré jusqu'à une
époque relativement récente, tandis que la « cour » pro-
prement dite [Scaccarium majus) fut transférée vers la
fin du xiir3 siècle dans des locaux plus commodes, à côté
de Westminster Hall. Le caractère ambulatoire ne s'effaça
du reste complètement que très longtemps après que la
Compagnie fût devenue sédentaire. La dixième année du
roi Jean, une session de l'Echiquier fut tenue à Northamp-
ton; la quinzième année d'Edouard IL une autre fut tenue
à York, à cause des exigences de la guerre (outre les
Ecossais. En 1643, Charles 1M établit à Oxford un Echi-
quier royaliste; en 1666, l'Echiquier fut chassé de ses
locaux de Westminster par le grand incendie, et se trans-
porta à Nonsuch. Il n'esl pas sans intérêt de remarquer
ici que, à côté du grand Echiquier de Westminster, il \ en
eut de tout temps d'autres moins considérables, modèles
sur le même type: à Caernarvon et à Chester pour le pays
de Galles, à Dublin pour l'Irlande. Il y avait à Londres
même un Echiquier ipêctal pour les juifs (V. >\--
Echiquier det juifs), d'autres a la Monnaie, ef à la
Garderobe. L'évéque de Winchester tenait chaque année
on Echiquier a Wofverfey, où le* comptes de se5 baillis
étaient résumés en forme de petits Pipe rolU; et cet
Echiquier était utilisé par la couronne a ion proi
dant les vacances du siège.
Le personnel de l'Echiquier se composait de clercs et des
grands officiers de l'Etat. La présidence appartenait natu-
rellement au roi ou a son représentant direct, le justicier,
capitalù juxticia; le justicier réunissait autour île lui,
dans la grande salle de l'Echiquier de Westminster, des
personnages donl les uns se trouvaient là ei officia, et
dont les autres et tola jussione principii restdebant.
Siégeaient en vertu de leur charge les grands offii
la couronne, a savoir le connétable, le chancelier, deux
chambellans, le maréchal, le trésorier, soit en personne,
soit par procuration (cf. sur les fonctions spéciales de cha-
cun de ces personnages, IL Hall. op. cit., pp. 7K-NI).
Hiis autem asiideni ex s<>ia justione principii, mo-
mentanea se. et mobili aucioritate, quidam qui majo-
res et discret /ores videniur in régna, sur de clero
sint, sive de curia. Ces membres momentanés de l'Echi-
quier, qui y étaient convoqués une fois, mais que le roi pou-
vait y appeler ou non, étaient pris dans cette ma
palatins à la disponibilité du roi qui siégeaient au même
titre dans les cours strictement judiciaires du Banc du
roi et des Plaids communs. Au Banc du roi, ils portaient
le titre de justiciarii ; devant le tapis quadrillé de la
table des comptes de Westminster, ils s'institulaient
barons de l'Echiquier. Au-dessous des barons de l'Echi-
quier, grands officiers et palatins, étaient, d'autre part,
des clercs, cleriei Scaccarii : scribes, gardes des rôles,
essayeurs, fondeurs, « tailleurs de tailles », huissiers,
comptables, etc., tous agents dont l'existence régulière
était pour la Compagnie elle-même, encore mal dégagée de
la Curia régis, un signe et une promesse de stabilité. Le
personnel des barons de l'Echiquier se renouvelait souvent,
mais celui des clercs de l'Echiquier était toujours le même.
Tel était l'état des choses en 1177. Mais il arriva, par la
suite des temps, que les grands officiers, trop occii| •
sèrent d'assister en personne aux séances : le chancelier,
les chambellans, le connétable, le maréchal ne vinrent plus,
et leurs fonctions furent remplies par de nouveaux clercs
inamovibles qu'on institua. L'office de justicier étant tombé
en désuétude sous Edouard Ier, la haute main sur l'admi-
nistration financière échut ainsi au trésorier. Quand la
chancellerie devint un département particulier, pourvu d'at-
tributions précises, le chancelier du royaume fut remplacé
à l'Echiquier par un clerc qui prit le titre, promis à une si
grande fortune, de chancelier de l'Echiquier. Le premier
chancelier de l'Echiquier, nommé en L248, fut un certain
John Maunsell. La complication croissante des affaires imposa,
d'ailleurs, la création de nouveaux dignitaires : au temps de
Richard l'ilz Nigel. les barons de l'Echiquier réservaient les
rares questions contentieuses qui se présentaient jusqu'à
la fin delà reddition des comptes; et ces memorania, tel
était le terme en vigueur, étaient consignés sur un rôle
particulier; or les memoranda étaient devenus si nom-
breux sous Henri 111 qu'il fallut appointer un remembran-
eer spécial pour s'en occuper; ce personnage fut en quelque
sorte le soliciter de la Trésorerie. On créa aussi sous
Henri III un clerk of the pelis, chargé de la tenue des
rôles de recettes et de dépenses: un « auditeur delà re-
cette », etc. A travers les siècles, les rouages se multi-
plièrent infiniment : on en a la preuve frappante si l'on con-
sulte le tableau du personnel de l'Echiquier en 1593. Le
chef de la Compagnie, à celte date, était le lord haut tré-
sorier: venaient ensuite le chancelier de l'Echiquier, le lord
chief baron, les barons, les deux rememliraneers. celui
du roi et celui du trésorier, le « clerc de la Pipe ». le
contrôleur de la Pipe, cinq auditeurs, le clerc des plaids.
le clerc des semonces, deux maréchaux, deux suppléants
- 819 —
ECHIQUIER
des chambellans, dos huissiers, des portiers, un Bous-tré-
Borier, le clerc des tailles, le clerc des p*Us, quatre tellsrs,
quatre messagers, eu-., etc. Cette organisation subsista à
peu près intacte depuis le règne d'Elisabeth jusqu'à celui
de George III: mais, à partir de George III. un mouve-
ment se dessina en faveur de la suppression des offices les
plus anciens, qui s'étaient lentement transformés en siné-
cures honorifiques et lucratives. En 1833, une réforme
radicale supprima en bine les deux chambres de l'Echi-
quier, la chambre des barons et le département de la
recette. Seul l'office de remembraneer royal survécut,
avec le titre, désormais vide de son sens primitif, de chance-
lier de l'Echiquier. Les fonctions de l'ancien Echiquier des
barons sont aujourd'hui accomplies par le département que
diràe le Paumaster gênerai et par la Trésorerie; quant à
l'Echiquier des recettes, c'est aujourd'hui la Banque d'An-
gleterre qui en tient lieu. — Le moyen âge a laissé une foule
de satnv> contre le personnel de l'Echiquier qui jouissait
du privilège envié d'être exempt de toutes taxes. Ce per-
sonnel se composait de clercs dressés de bonne heure à
l'aire toute leur vie une besogne très technique, l'es hommes
comme Alexandre de Swereiord et l'évoque Stapleton n'ont
pas eu d'ambi ion au delà de leurs fonctions a l'Echiquier:
dans l'intervalle des sessions, ils rédigeaient d'immenses
compilations pour le service de la Compagnie et arran-
geaient ses archives: c'est grâce a ces serviteurs dévoués
ne les archives de l'Echiquier d'Angleterre sont les plus
riches et les mieux tenues qu'aucun corps analogue ait
possédés. — Voici comment la cour d'Echiquier procédait
à ses diverses fonctions. D'abord, en ce qui touche les
recettes. Les shenfls se présentaient a l'Echiquier séant à
Westminster, deux fois par au, à Pâques et à la Saint-
Michel, apportant l'argent du roi, en espèces, ('.es espè .s
étaient pesées par les agents de l'Echiquier, et même fon-
dues en lingots, pour vérifier la pureté du métal. La
somme reçue du sheriff était aussitôt marquée sur une
taille, r.-a-d. sur une pièce de bois sec sur laquelle un
clerc faisait des coches correspondantes à la somme versée,
après quoi un autre clerc écrivait le chiffre de ladite
somme en face des coches. Incisions et chiffres étaient
répètes sur la taille deux fois, aux deux bouts, si bien
qu'en la cassant en deux, on eut deux tailles portant les
mêmes mentions. L'une des moitiés était remise au sheritl
pour sa décharge, l'autre restait aux archives de l'Echi-
quier. Ce mode barbare de comptabilité n'a été remplacé a
l'Echiquier d'Angleterre par le régime des chèques qu'en
1"S;J, à la suite d'une ordonnance du roi George. Sur la
procédure archaïque des comptables de l'Echiquier qui,
rangés autour de la table traditionnelle, « avaient l'air »,
en poussant les jetons qui leur servaient à calculer suivant
certaines conventions, « de jouer une partie d'échecs ou
de trictrac », on consultera utilement les travaux de
M. Hall, op. cit.. pp. 114-434. Bien entendu, en même
temps que les tailles en bois, il y avait à l'Echiqu er des
registres ou plutôt des rouleaux ou les comptes étaii nt mis
au net. Nous avons déjà nommé le rôle annuel de la Pipe.
Ajoutons ici que ce rôle continua à être rédigé dans les
anciennes formes jusqu'à la fin du règne de Henri III. Mais
il ne tarda pas à devenir impossible d'y consigner tous les
revenus et toutes les dépenses ; les percepteurs de res-
sources extraordinaires, telles que les douanes, rendirent
leurs comptes dans des rôles spéciaux, qui furent appelés
foreign aecounit, comptes étrangers (étrangers au grand
rôle «le la Pipe), lie <■>•- foreign aceounls,à y eut bien-
tôt une grande variété : citons parmi les principaux le
compte que rendit annuellement, depuis Edouard Ier, le
préposé a la perception des amendes et amerciaments
levés en vertu de lettres royales scellées sur cire verte
\greenwax). Il y eut nous Jacques I"" un surveyor gêne-
rai nj the greenwax.
L'Echiquier d'Angleterre, au xu' siècle, était à la fois
une compagnie dejndicatnre administrative et une cour de
justice à laquelle resBortissaient toutes les causes ou le
lise était intéressé. Nous venons d'en parler en tant que
cour des comptes. Mais que faut-il entendre quand on en
parle entant que cour de justice? L'Echiquier ne préten-
dait, pour employer les expressions de Richard Fitz Nigel,
que ad discernenda jura et dubia determinanda, quai
freqiit nierez incidentibus questionibusoriuntur(l, î i;
mais le système financier des rois normands était lié si
étroitement avec toutes les branches du droit public et
privé que la fixation îles amendes, la décision di's appels
interjetés contre l'imposition des laitages, etc., entraînaient
au profit de l'Echiquier une juridiction qui, en réalité, était
immense. Or, en tant que cour des comptes, l'Echiquier a
eu certainement son âge d'or au moyen âge. ci même en
particulier, au xnn siècle. L'Echiquier a été vraiment, sous
Henri II et ses fils, le centre et le neur du gouvernement
royal. Il dégénéra ensuite. Déjà sous Henri III le méca-
nisme si exact que décrivait Richard lit/. Nigel en 1177
semble avoir subi des désordres. Jean sans Terre et Henri III
se servirent, comme Philippe-Auguste et saint Louis, des
Templiers comme comptables ; c'est probablement que
la comptabilité de leur Echiquier leur parut moins bonne.
Dès 1223, de nombreuses catégories de receltes et do
dépenses furent examinées à la garde-robe royale [Kina'S
Wardrobe) au lieu de l'être à l'Echiquier; dès -[-il'.),
les impositions extraordinaires, telles que quinzième,
treizième, etc., furent perçues et vérifiées par des commis-
saires appointés spécialement au lieu de l'être par les she-
ntl's et d'être apurées dans les Greal rolls of the Pipe.
Les plaintes continuelles sous Edouard III et sous Ri-
chard!] au sujet du désordre delà comptabilité financière
montrent bien que l'ancien système de Henri II avait été
ruiné. Un archevêque de Canterbury pouvait écrire à
Edouard III : Utiiiam scires débita tua et débita patris
lui! L'organisation relativement simple, mais très efficace,
de Henri 11, n'avait pas pu s'adapter à la complication tou-
jours croissante des méthodes nouvelles de taxation.
Mais, en tant que cour de justice, l'Echiquier d'Angleterre
ne lit avec le temps que se consolider, au contraire. Au début
du règnede Henri III, nous trouvons trois cours constituées
aux dépens de l'ancienne Caria régis: l'Echiquier, chargé
des causes louchant les revenus de la couronne; la cour
des Plaids communs, chargée des procès entre particu-
liers; la cour du liane du roi, chargée de tous les autres
litiges qualifiés de placita coram rege. Celle de l'Echi-
quier travailla activement durant tout le xine siècle a
accroître sa compétence aux dépens des autres, et l'auto-
rité royale dut intervenir plusieurs fois pour l'en empêcher.
La cinquième année de son règne, Edouard Ier dut inviter
les barons de l'Echiquier a cesser d'entendre les placita
communia, en contravention de la grande charte. Cinq
ans après, il répéta cette défense dans le statut de Hutland,
en remarquant que, par l'abus en question, les procès se
trouvaient indûment éternisés. De même lorsque Edouard Ier,
en '1293, eut ordonné que les pétitions soumises au roi
fussent partagées en cinq liasses, d'après leur contenu, et
examinées soit par la chancellerie, [soii par l'Echiquier, soit
par les juges du Banc, etc., l'avidité professionnelle des
juges de l'Echiquier se trouva en conflit avec la volonté du
prince d'introduire partout l'ordre avec la spécialisation des
fonctions. — Au xiv': siècle, l'Echiquier d'Angleterre se
composait donc d'une cour des comptes, d'une cour des
recettes, toutes deux amoindries et en voie de désorganisa-
tion, d'un tribunal financier a l'ambition envahissante.
Remarquons maintenant que, malgré la délégation qu'il
avait consenlie de ses pouvoirs judiciaires aux cours issues
de la Curia re<jit, le roi était resté le juge suprême
d'équité: les matières de grâce ou de faveur, trop graves
pour être jugées par les cours sans la collaboration per-
sonnelle du prince, lui étaient transmises par le Chancelier
et par les premiers magistrats de ces cours. Mais, peu à
peu, le Chancelier cessa de transmettre ces affaires très
graves et les jugea lui-même. Ce fut pour ainsi dire une
seconde délégation des pouvoirs judiciaires de la couronne.
ECHlnl II li
- 320 -
De là, la juridiction d'équité da chancelier, qui ■ pris de li
vastes développements. Le trésorier et le chancelier de
l'Echiquier acquirent peu a i »« - • i delà mente Façon une juri-
diction d'équité, l'i1 là une quatrième Beclion de l'Echiquier
du ïiV Biecie, the Court of Exchequer m Equity. La
juridiction d'équité du chancelier de l'Echiquier :i été
abolie en 1841, lorsque deux vice-chanceliers supplémen-
taires ont été institués à la Court of Chancery. — Par le
Judicature Ictde 1873, la cour d'Echiquier fut abolie
en tant que cour séparée, mais elle subsiste encore a
l'état de subdivision de la High Court of .1 usine, spé-
ciale pour les affaires financières. Chancelier de l'Echiquier
est encore aujourd'hui le litre du ministre des finances
qui prépare le budget annuel. Mais il ne siège plus qu'une
fois par an à la cour d'Echiquier, le jour de la nomination
dos sheriffs. — La Court of Exchequer Chamber, qu'il ne
faut pas confondre avec la cour d'Echiquier proprement dite,
fut, depuis le statut 31 Edouard Ier, c. 12, une cour d'appel
(levant laquelle étaient portés les appels interjetés des
arrêts non seulement de l'Echiquier, mais aussi du Banc
du roi et des Plaids communs. Elle se composait du chan-
celier, du trésorier et des justices du Banc et des Plaids
communs. Elle a été supprimée lors de la grande réorga-
nisation de la hiérarchie judiciaire en 1X7:;.
Echiquieb des juifs. — Les juifs furent en Angleterre
une source considérable de revenus pour la couronne jus-
qu'à leur expulsion en 12110. Les rois leur permettaient de
se livrer à des opérations usuraires et hypothécaires, de s'en-
richir par ces opérations, quitte à les pressurer de temps en
temps comme (les éponges. Le roi était maitre absolu de
leurs personnes et de leurs biens. De temps en temps, il
les taxait lourdement en les rendant tous solidairement
responsables du payement de la quote-part de chacun.
Ainsi Henri II, la trente-troisième année de son règne,
prit aux juifs le quart de leurs « chateux », par voie
détaille. Jean, en 1210, leur fit payer 60,000 marcs.
Ils versèrent encore une somme de "20,000 marcs, la vingt-"
huitième année du règne de Henri III, a titre d'amende,
et 60,000 à titre de taille. — Les revenus tirés de la
juiverie étaient administrés au xm' siècle par une succur-
sale particulière de l'Echiquier d'Angleterre, pourvue d'un
personnel séparé, les custodes et justiciarii Judeorum.
L'exislence de cette institution prit lin naturellement lors
de l'expulsion des juifs en 1290. On sait que l'entrée de
l'Angleterre fut interdite aux juifs depuis cette date jus-
qu'au temps de la république de Cromwell. — L'organi-
sation intime de VExchequer ofthe Jetés a été étudiée à
fond par M.Ch. Gross (Papers rend at the anglo-jewish
historical exhibition of 1887; Londres, 4888, pp. 170-
230, in-12). Ch.-V. L.
Bibl. : Th. Madox, History and antiquilies of the Ex-
chequer; Londres, 1769, 2 vol. in- 1. — THOMAS, Tlic ;m-
cienl Exchequer; Londres, 1848, in-.s. — bi vus, Issues of
llic. /'.'.vc/Nv/uei' (Record publications, n° 57.— Vei;m>\,
The Exchequer opened; Londres, 1661. — Sir IV. Palgrave,
Calendars and inventories o/ ' tlir Exchequer (Record pu-
blications, n" 53). — Publications de ta l'ipe roll Society.
— Liebermann, Einleitung in den Di&logus; Goettingue,
1875, in-8. — H. Hall, The Antiqnities and curiosities of
tlic lïxrhequer (The Caniden Library); Londres, 1891, in-8.
ÉCHIQUIER de Normandie. Le terme Echiquier a eu
dans le duché de Normandie une fortune assez différente
de celle qu'il a eue en Angleterre. Echiquier est devenu
synonyme en Angleterre de cour des comptes et de tribunal
financier; en Normandie, ce mot a désigne simplement une
cour de justice. L'Echiquier normand, dit M. L. Delisle,
c'est la cour féodale des ducs de Normandie. Jusju'à
Henri II Plantagenet, nous voyons les ducs tenir indistinc-
tement leur cour ou échiquier dans leurs différentes rési-
dences et sans périodicité régulière. Un y remarquait deiiv
catégories d'assistants: les justiciarii ou palatins nommés
par le duc, les barons ayant le droit et le devoir de com-
paraître en raison de leur fief. A partir de Henri 11, les
Echiquiers se tinrent régulièrement deux fois par an, a la
Saint-Michel et à Pâques, au château de Caen, dans la
chapelle Saint-Georges, et les « justiciers „ \ prirent déa idé-
meiit le pas sur les barons. Toutefois, on tint encore beaucoup
d'Echiquiers, au mi- siècle, a Falaise, et Rouen ne tarda
■ oplacer Caen comme sie^e ordinaire de la juridic-
tion.— La conquête de la Normandie par Philippe-Auguste
en 120', ne mit pas fin ,i l'existence des Echiquiers : le
conquérant jura de les maintenir, avec les autres pr-ivi—
lèges de la province; * mais la Normandie (In:
a von arriver de Paris, chaque année, ■> Caen, a falaise
ou ;i Rouen de, commissaires du roi, des Français, en-
voyés peur tenir cet Echiquier qu'on lui avait
commissaires, ordinairement membres de la cour centrale
du roi de France, qui est devenue au un" siècle h- Parle-
ment de Paris, n'avaient de mission que pour une a
ils formaient une sorte de chambre ambulatoire de iacuriu
française, dont les membres changeaient a chaque session,
par suite d'un roulement. Du reste, les prélats et les barons
normands continuèrent de jouir, sous les rois de France,
du droit de séance aux Echiquiers dont ils avaient joui sous
les ducs. Les évéques et les ahhe^ étaient même loi
assister et frappés d'amende en cas d'absence sans excuse
valable. Les séances de l'Echiquier étaient fort solennelles;
en dehors des commissaires, dis barons et des prélat-, on
y voyait une énorme affluenee de gens de loi (deux cent
quatorze avocats en 1390; trois cent trente-neuf en lit»'*).
tous les gens du roi, depuis les lieutenants généraux
jusqu'aux verdiers. A partir du jour marqué pour l'ouver-
ture de la session, toutes les juridictions, royales et autres,
étaient suspendues; leurs juges, officiers, avocats étaient
censés être à Houen « aux pies des seigneurs tenant l'Eschi-
quier»; les juges devenaient justiciables à partir de ce jour-
la. Tous les officiers devaient en effet soutenir les sentences
qu'ils avaient rendues et dont appel avait été interjeté
(levant la cour d'Echiquier, ouïr les ordonnances réglemen-
taires qu'elle édicterait, rendre leurs comptes. Nous
avons conservé un fort grand nombre d'arrêt- des Echi-
quiers depuis le xme siècle; ils éclairent naturellement
d'un jour très vif l'organisation, la compétence et la pro-
cédure de cette compagnie. Quatre airètistes anonymes
nous ont laissé des recueils de décisions antérieures à la
mort de saint Louis. Ces recueils ont ete combinés et pu-
bliés par M. L. Delisle : Notices et extraits des manus-
crits (1862, t. XX, 2e partie, pp. 138 et sur?.) et Mé-
moires de V Académie des inscriptions (18(>i. t. W1V,
2' partie, pp. 343 et suiv.), et par M. L. Auvray, dans la
Bibliothèque de l'Ecole des chartes (1888, pp. 033 et
suiv.). Les arrêts rendus depuis la mort de saint Louis
jusqu'au xiv1' siècle ont été publiés par M. lichaudey
d'Anisy dans les Mémoires de la Société des antiquaires
<le Normandie (t. XV, p. 150) et par M. WarnkOnk,
Franzôsische Slaats und Rechisgeschichte (t. II [ Urk.J,
pp. 120-144). A partir du xiv siècle, les arrêts de l'Echi-
quier, conserves au Palais de justice de Kouen, sont iné-
dits : le premier registre contient les arrêts <!'• I
1342; il est en latin; les autres sont rédigés en français.
Il serait ai-é d'écrire aujourd'hui a l'aide de ces textes une
histoire définitive de la juridiction suprême de la Nor-
mandie au moyen âge. M. A. Floquet, qui a écrit sur ce
sujet dans son Histoire du parlement de Normandie
(Rouen, 1850, in-8. t. I", pp. 1-311). n'a fait que
l'effleurer. — Il faudrait mener celte histoire jusqu'à
l'année 1497. La session de I4!»7 fut en effet la dernière
des Echiquiers temporaires tenus par des commissaires
étrangers à la province. Les Etats de Normandie reunis à
Houen par Louis XII le 20 mars 1 198 turent consultes par
le cardinal d'Amboise, au nom du roi, sur le point de
savoir s'il ne conviendrait pas de remplacer les Echiquiers
par un parlement permanent de Normandie : — « Oui,
s'écria le procureur du roi au siège de Pont-Audemer,
Jean le Bienvenu, ouy, les Normansse doibvent juger par
eux-mêmes. » Ce Le Bienvenu briguait une place de con-
seiller au futur parlement; il réussit a entraîner la majorité
de l'assemblée. Dans des articles signés du greffier des
I uts. les représentants » requirent très instamment que
le plaisir du roi fût, pour le bien de le justice, que la cour
souveraine de l'Eschiquier qui, par cy-devant, n'avait pas
oie ordinairement tenue, fui dores ou avant, assise et
continuellement tenue par dos présidents et conseillers ».
Unèdil d'avr. I i1.1!! institua, conformément à ce vœu, un
parlement do Normandie sous lo nom traditionnel d'Echi-
quier, qui fut conservé. « Tous les inconvénients, dit
M. Fktquet, justement reprochés a L'Echiquier temporaire,
disparaissaient dans cel acte royal. A dis assises d'un mois,
do six semaines au plus, irrégulièrement tenues et qu'avaient
sopaioos parfois plusieurs années d'une entière inaction,
succédait une cour souveraine permanente. Los commissaires
du, roi, étrangers à la province, les prélats mêmes et les
barons normands, dont les uns ignoraient notre coutume
et les autres toute loi, allaient l'aire place à « quatre pré-
sidents et vingt-huit conseillers, vertueux, jurisconsultes
et seachants, connaissants et entendants les lois, coutumes,
usages, >tiU-s et Chartres de Normandie ». (V. Parlement
do Normandie.)
l.a question de la souveraineté de la cour ancienne
d'Echiquier a l'ait couler beaucoup d'encre. Il n'est pas
douteux que, au xui9 siècle, lo parlement de Paris ne
se faisait pas faute Révoquer à sa barre une foule de
causes qui, régulièrement, auraient dû être jugées à
Houen, par les juges qui siégeaient autour du tapis échi-
queté. Bien plus, le parlement de Paris réforma plusieurs
lois sur appel, au temps de Philippe le Bel, dos arrêts
rendus par les Echiquiers. Le premier soin des barons ré-
voltés en lol.'i, à 1 avènement de Louis le Butin, fut de
réclamer énergiquement contre cette violation flagrante do
la constitution normande. Louis X céda : « Les causes
jugées à l'Echiquier de Rouen ne pourront, décida-t-il,
être portées à notre parlement de Paris, sous quelque
prétexte que ce soit » (art. 13 de la première charte nor-
mande). La deuxième charte normande mit pareillement
fin à l'abus des évocations : « Nul, désormais, ne pourra
être ajourné au parlement de Paris à raison de procès nés
dans le duché de Normandie. — Les causes du duché de
Normandie doivent s'y juger par la coutume du pavs »
(art. 17). D'ailleurs, on fa dit justement, qui voudrait
rapporter toutes les violations des art. 13 et 17 des chartes
normandes, ainsi que tous les édits qui ont promis, depuis
le xiv jusqu'à la tin du xvm'' siècle, que ces articles seraient
religieusement respectés désormais, il lui faudrait un
volume. Ch.-V. Langlois.
ECHIQUIERou de NINIGO(Archipeldel').Groupe d'Iles
de l'océan Pacifique, à -270 kil. de la cote X. de la Nouvelle-
Guinée allemande, par 1° 13' lat. S., et 14-2° oh" long. E.I1
se compose d'une cinquantaine d'iles et Ilots qui commencent,
arec [flot du Tigre, la courbe transversale N. se conti-
nuant, a l'E. et au S.-E., par les iles de l'Amirauté et Salo-
mon. Tandis que cette courbe et celle méridionale des iles
mélanésiennes sont composées en grande partie de terres
volcaniques, le groupe de l'Echiquier est un vaste atoll, et
l'on ignore si le socle qui les porte est formé par une ter-
rasse éruptive. Ces iles sont basses et semées de récifs.
Kilos constituent comme une enclave et l'avant-poste delà
population micronésienne. Découvertes et dénommées par
Bougainville en I7<ix, visitées par Miklukho-Maklaï en
8, elles sont comprises, par suite du traité de 1883,
dans le.> possessions allemandes.
ÉCHIRÉ. Coin, du dép. des Deux-Sèvres, arr. et cant.
de Niort; 1,7 4M bab.
ECHIROLLES. Com. du dép. de l'Isère, arr. et cant.
do Grenoble; ii7n bab.
ECHIS (Erpét.). Genre de Serpents Thanathophides,
de la famille des Viperidœ, donl le caraotorc fondamental
réside dans la disposition des plaques sous-caudalos. distri-
buées en une double rangée. Pour tout lo reste, il ne diffère
en rien du genre Vipera. Trois formes seulement rouirent
dans le genre Echts: deux se trouvent en Egypte, la
troisième est propre à l'Ouest tropical africain. La plus
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
- 321 - ÉCHIQUIER — ÉCHIURE
connue es! VEchis carinata ou VElfa, serpent do faible
taille, do tiO oontim. de long, donl les écailles carénées
forment sur le dos dos lignes saillantes, séparées par dos
sillons rectilignes. Le corps est d'un jaunâtre sale orné de
raies et t\c taches noirâtres; des lignes blanches ondulées
forment une série interrompue sur la région dorsale. Malgré
la faiblesse de l'animal, son poison est 1res rapide. Les Elias
jouent un rôle important dans certaines cérémonies du Caire
où les jongleurs ou charmeurs de serpents les montrent en
public et jouent avec elles, après avoir eu soin de leur ar-
racher au préalable les crochets venimeux. Rocher.
Bibl. : Sauvage, ilans Brehm, éd. française. Reptiles.
— Dumbril ot MimioN, Erpël. ginér.
ÉCHUES (Echites P. Br.) (Bot.). Genre de plantes
de la famille des Apocynaeées, composé d'arbrisseaux vo-
lubiles, à feuilles opposées, pourvues de cils glanduleux
interpétiolaires, à fleurs blanches, jaunes, roses ou pour-
pres, souvent très odorantes, disposées en cymes axillaires
ou terminales. La corolle est hypocratériinorphe avec le
limbe à cinq divisions et cinq étamines insérées vers le
milieu du tube. Le fruit est constitué par deux follicules
allongés, coriaces, renfermant de nombreuses graines
pourvues d'une longue aigrette soyeuse. — Les Echites ha-
bitent exclusivement les régions tropicales de l'Amérique.
Plusieurs espèces y sont employées en médecine. Men-
tionnons notamment l'E. antisyphilitica L. f. de Surinam,
l'E. umbellata Jaq. des Antilles, l'E. alexicaca Mart. et
l'E. pastorum Mart., du Brésil; de ces deux dernières
espèces, la première est le Purgo do Campo, la seconde,
le Purgo do pastor des Brésiliens. Dans d'autres espèces,
le latex, extrêmement vénéneux, est riche en caoutchouc.
— L'E. antidysenterica de Roxburgh appartient au genre
Holarrhena; c'est lui qui fournit l'Ecorce de Conessie ou
Codaga-Pala (V. ce mot). Ed. Lef.
ECHIUM (Echium Tourn.) (Bot.). Genre de plantes de
la famille des Boraginacées , caractérisé surtout par la
corolle tubuleuse infundibuliforme, à limbe subbilabié, à
gorge ouverte et nue. L'espèce type, E. vulgare L., est
bien connue sous le nom de Vipérine, Herbe aux Vipères.
C'est une herbe bisannuelle, à racine épaisse, pivotante, à
tige dressée, simple, donnant naissance latéralement aux
rameaux de l'inflorescence et couverte de poils raides,
presque piquants, insérés sur de petits tubercules noi-
râtres. Les fleurs, de couleur bleue, plus rarement rosée
ou blanche, sont presque sessiles et disposées en grappes
axillaires simples, formant par leur réunion une vaste pa-
nicule racémiforme. — La Vipérine est commune en Europe
sur le bord des chemins et dans les lieux incultes. Ses
fleurs, infusées dans l'eau chaude, forment une tisane légè-
rement sudorifique. On les vend souvent à la place de celles
de la Bourrache, parce qu'elles ne se décolorent pas aussi
vite. — L 'Echiumplantagineum L.,del'Amériquedu Sud,
ou Burrachu cimarona des colons espagnols, est employé
aux mêmes usages que chez nous la Bourrache. Ed. Lef.
ÉCHIURE (Zool.). Le genre Echiurus, type des Géphy-
riens armés, doit être rapproché des Annélides Chaeto-
podes. L'Echiure des eûtes septentrionales de l'Europe a
été découvert par Pallas, qui le décrivit et le figura (17611)
sous le nom de Lumbricus echiurus. Les recherches de
Pallas fournissent d'intéressants documents sur l'éthologie
et l'anatomie de ce Ver. Après un long intervalle, Forbcs
et Goodsir (1841) en firent une nouvelle étude. En 1847,
de Uuatrefages publia une courte note sur YEchiurus
Pallusii, puis, la même année, un mémoire plus complet
dans lequel l'animal fut appelé Echiurus Gaertueri. Le
travail de de Quatrefages est fort inférieur à celui des na-
turalistes anglais qu'il parait avoir ignoré. De 1872 à
1K"!), B. Grcef fit connaître dans diverses publications
de nouveaux détails sur l'organisation des Echiures et des
formes voisines. Enfin, en 1880, Spengel nous exposa
en détail l'organisation de ce Géphvrien, dont l'embryo-
génie fut peu après étudiée par Hatschek. — L' Echiurus
Pallusii Guérin est très commun dans la mer du Nord et
21
ÉCHIURE - ÉCHO
— 3H —
spécialement ;m\ environs de l'Ile Nordernev. il araone
dans If sable vaseux et coquiller des galènes peu pro-
rondes. Il est bien connu des pécheurs, qui l'empl nt
comme amorce. Le corps est cylindrique et terminé en
avant par la bouche, en arrière par l'anus. Les parois
Mini minces et presque transparentes lorsque ranimai esl
\i\ant, de telle sorte qu'on peut \ oii- lu position et les
mouvements «les organes internes. Le bord dorsal de l'our-
verture buccale se prolonge en un prostomium en forme
de pelle, la trompe des auteurs. Derrière la boucha, do
côté ventral, se trouvent deux soies brillantes métalliques
(les soies ventrales), tandis qu'à l'extrémité postérieure do
corps, on trouve deux couronnes de soies anales interrom-
pues en dessous. Le tube digestif, enroulé en spirale, est
fixé par des mésentères dans la cavité du corps. Vers
l'extrémité postérieure, débouchent deux appendices en
cul-de-sac (les poches anales). Derrière les soies ventrales,
on voit sur la paroi du corps les ouvertures de deux paires
de néphridies (organes segmentaires).
le tégument se compose d'une cuticule, d'un hypoderme
(couche matrice) et découches musculaires. Il y a en outre,
sous l'hypoderme, une laine de tissu conjonctif (cutis).
La cuticule est chitinoïde et peut être renouvelée par un
phénomène d'exuviation. Les soies antérieures sont tonnées
dans des invaginations de l'hypoderme ; celles des cercles pos-
térieurs dérivent chacune d'une cellule unique. La muscu-
lature du corps est constituée par une couche circulaire
suivie d'une couche longitudinale, puis d'une troisième
couche circulaire d'après Greef, oblique d'après Spengel.
Toutes ces couches musculaires sont absolument continues
et tapissées intérieurement par l'épîthélium péritonéal. Le
système nerveux consiste en une corde médiane ventrale
et en un anneau pharyngien d'oU partent des prolonge-
ments qui suivent les côtés de la trompe. La corde mé-
diane est dépourvue de tout rendement ganglionnaire et
traversée par un fin canal. Les nerfs sortent de cette corde
par paires dont les racines sont assez exactement opposées.
Ils se réunissent sur le dos, formant ainsi des anneaux
complets. Des branches nerveuses, présentant sur leur
trajet des cellules ganglionnaires, vont aboutir dans des
cellules de l'hypoderme situées sur des renflements papil-
liformes. Le tube digestif est accompagné d'un siphon ou
intestin collatéral (Nehendarm) analogue à celui de cer-
tains Lchinides et ayant évidemment la même fonction.
Cet organe supplée à l'insuffisance des muscles du tube
digestif, qui seraient impuissants à chasser le sable amasse
dans l'intestin. Les contractions du pharynx miisculeux
chassent l'eau dans le siphon et cette irrigation va balayer
le sable de la portion rectale, permettant ainsi le chemi-
nement de celui qui est amassé au-dessus dans l'intestin
moyen. Le tube digestif est d'ailleurs cilié dans toute
son étendue, et il existe un sillon vertical, présentant
comme l'endostyle des Tuniciens des cils plus longs dans
sa partie médiane. Une paire de caecums débouchent dans
le proctodseum. Greef les considère comme des branchies.
Morphologiquement, ce sont des protonèphres modifiés
homologues des plectonéphridies signalées par Spencer
et Beddard chez certains Lombriciens. Ils communiquent
avec le cœlome par des entonnoirs ciliés. Leur rôle excré-
teur est démontré par l'existence de grosses granulations
brunes dans les cellules tapissant intérieurement les
( arums. Les Echiures ont un appareil vasculaire assez
développé. Il existe une lacune péri-intestinale d'où part
un vaisseau dorsal à la surface de l'œsophage et du pha-
rynx jusqu'à l'extrémité du prostomium. Là, ce vaisseau
se bifurque ; une branche suit, de chaque enté, le bord de
la trompe; ces deux branches viennent se réunir au niveau
du pharynx en un vaisseau ventral supra-nerveux qui se
termine en cul-de-sac à l'extrémité postérieure de la
corde nerveuse. Un vaisseau neuro-intestinal reunit le vais-
seau ventral a l'anneau peri-intestinal. D'après Greef, le
vaisseau dorsal présente des contractions. Le liquide cœlo-
inique renferme îles corpuscules amœboïdes. Ces éléments
renferment parfois de petits amas d'un pigment brunâtre,
l.e liquide des vaisseaux sanguins renferme aussi des cor-
puscules analo-ucs .1 CSU1 (lu colome.
I.'L hum- possède, comme noaal'avou dit, deux pains de
deutonèphresdont Issouverturesextérieuressontsitj
des soies ventrali l mes sont de petite taille, excepté
pendant la période de maturité sexuelle, on ils son! gonflés
d'oeufs ou de spermatozoïdes. Ces canaux Dépfaridianx sont
ciliés, terminés par des entonnoirs bilabiés [E. Pallasii),
ou prolongés an spirales [E. unicinctus). Lee sexes sont
sépares et, si les maies paraissent plus nombreux, cela tient
.1 ce que l'activité sexuelle M maintient plus longtemps
dans ce sexe. Les glandes génitales naissent i l'extrémité
postérieure du vaisseau ventral, aux dépens des cellules de
i èpithélium cudomique. Les œufs ou les spermatozoïdes
tombent librement dans le colonie. La larve de l'Kchiure
est une troehosphère typique. Elle possède un grand
prostomium qui devient la trompe de l'adulte. La bouche
est ventrale, l'anus postérieur et terminal. L'arcliitroque se
dédouble en deux couronnes, l'une préorale, I antre
postorale, comprenant entre elles une zone ciliée qui
prolonge verticalement en un sillon cilié allant de la bouche
à l'anus. Le mèsoderme est segmenté. (Jn compte quinze
somites et un pygidium séparés intérieurement par des
cloisons et marqués a l'extérieur par des anneaux ciliés.
Ces anneaux sont remplacés chez le jeune L.biure par des
zones de tubercules épineux et sur les somites quatorze et
quinze par les cercles de soies postérieures. Quatre zones
de tubercules se forment antérieurement au-dessus de celles
dont nous venons de parler. Le système nerveux est
constitué : 1° par un épaississement exodermique au som-
met du prostomium d'où partent des commissures se ren-
dant à la deuxième partie ; -1" par la corde ventrale formée
par des épaississements métamériques de l'exoderme qui
bientôt s'unissent entre eux en une bande continue. Il
existe une paire de protonèphres (reius céphaliques de
Hatschek) terminés par des branches à entonnoirs vibra-
liles. Ce système rénal est provisoire. Les sacs anaux dé-
rivent du mésoderme sous forme de deux tubes commu-
niquant par un entonnoir interne avec la cavité du corps et
débouchant extérieurement par des pores situés très près
de l'anus. C'est seulement d'une façon secondaire qu'ils
entrent en rapport avec le rectum chez l'animal adulte.
Ce développement est absolument comparable à celui
des Annèlides Chaetopodes, et c'est avec raison que
Hatschek a proposé de rapprocher les ï.chiuridœ de ces
Annèlides en les éloignant des Géphyriens inermes (Sipun-
culides). A. Giard.
Hihl. : Greef, AToi-a Acta, 1879, LI. — Spengel, Zeilschr.
f. W'iss. Zoologie; 1880, XXXIV. — Hietsch, Recueil zool.
s»is.se, 188'j, III. — Hatschek, Arb. Zool. Inst. Wien,
1881, III.
ÉCHO. I. Physique. — On appelle écho la répétition d'un
son: on peut distinguer le cas ou l'endroit 00 le son est produit
(appelé quelquefois centre phonique) diffère de celui où l'écho
est observé. L'écho est du à la réflexion des ondes qui cons-
tituent le son. Pour qu'il y ait écho, il faut que l'effet pro-
duit par les ondes réfléchies ne se confonde pas ou ne tasse
pas suite au son produit par les ondes directes. Désignons
par 1/ la distance en mètres du centre phonique a l'obser-
vateur et parD la longueur de la route suivie par les ondes
qui arrivent à l'observateur en se réfléchissant. ^r= et
D , ,
.-777; seront, en secondes, les temps nécessaires pour que
le son direct et le son réfléchi arrivent à l'observateur,
337 m. par seconde étant la vitesse du son, et le temps
écoule entre le moment OÙ le premier son frappera l'oreille
ei le moment où l'écho commencera à se produire sera
D — d
331 '
Si le bruit produit dure moins une cette quantité, il aura
fini d'être entendu avant que 1 écho n'ait commencé, et,
- 333
ÉCHO — ÉCHODAGE
par suite, l'écho sera distinct du brait. Si le contraire
arrivait, ta bruit et l'écho empiéteraient l'un sur l'antre, et
l'on n'aurait plus a proprement parler on écho, mais une
résonance. (Test ce que l'on observe fréquemment dans
li's pièces vides. On peut prononcer environ quatre syllabes
l>ar seconde. Si
U — .( I
837 — 4'
o.-a-d. si 1) — d est d'environ 84 m., une syllabe prononcée
au centre phoniqne pourra donner on écho; en particu-
lier, >i c'est la personne qui est an centre phoniqne qui
observe l'écho et si elle se trouve a 19 m. de l'obstacle
réfléchissant qui produit l'écho, elle pourra faire répéter à
l'écho une seule syllabe, car, si elle en disait deux, au mo-
ment ou elle prononcerait la seconde, l'écho loi renverrait
la première, et les deux sons se confondraient. Si la dis-
tance considérée esl de // X 4-2 m., l'écho pourra répéter
sans confusion n syllabes; on dit alors qu'il est polysylla-
bique. Il existe des échos multiples dus à la présence de
plusieurs obstacles, au inoins deux, qui réfléchissent sue-
(veinent les ondes sonores. On a signalé aussi l'existence
d'échos qui modifiaient la hauteur du son. Cela est théori-
Suement possible, mais ce l'ait doit rarement se présenter:
faut pour cela qu'il se produise des interférences entre
l'onde directe et l'onde réflective, interférences qui peuvent,
en détruisant le son principal du bruit produit, laisser en-
tendre les sons primitivement dominés par le son principal;
l'obstacle, en produisant l'écho, peut aussi se comporter
comme résonnateuren ne renvoyant qu'un ou quelques-uns
seulement des <ons primitivement contenus dans le bruit
envoyé a l'écho.
Echos célèbres. Nous ne citerons ici que les échos les
plus remarquables : Monge a observé un écho signalé au-
trefois par le 1'. Ivercher (au château de Simonetta, en
Italie), qui répète quarante à cinquante t'ois le bruit d'un
pistolet; ce sont deux ailes de bâtiment qui produisent cet
écho. L'astronome Gassendi parle d'un écho qui répète huit
fois un vers de V Enéide. Ces deux échos sont remarquables
à la fois comme polysyllabiques et comme échos multiples.
Beaucoup d'autres répètent quinze ou vingt fois un mot
d'une ou deux syllabes (près de C.oblentz, au bord du Rhin;
parc de Woodslock, près d'Oxford, etc.). Comme écho pro*
duisant des variations de hauteur, on ne peut citer que
l'écho situé en Ecosse, sur un lac entouré de coteaux
boisés, près du château de Rosneath, qui, d'après M. Gafl-
leniin, répète plusieurs fois l'air d'une trompette successi-
vement sur des tons de plus en plus bas. A. Joannis.
II. Misiqi e. — Il y aurait une étude esthétique et pit-
toresque à faire sur la traduction musicale du phénomène
acoustique de l'écho. Beaucoup de musiciens se sont amu-
sés a le reproduire en quelque sorte dans leurs œuvres, de
manière à en tirer des effets plus ou moins heureux. Les
procédés employés par ces compositeurs ont conduit à
élargir le sens du mot écho en musique, et à employer
ce terme tontes les fois qu'un groupe déterminé de sons
est distinctement reproduit dans une sonorité plus douce,
lointaine pour ainsi dire, sans qu'il soit indispensable d'y
voir un essai de reproduction du phénomène matériel qui
constitue l'écho. Pris dans son acception restreinte ou son
acception large, l'écho figure en des œuvres très diverses,
qu'il serait oiseux d'énumérer toutes. Dans le nombre,
nous citerons seulement : l'écho célèbre de l'ouverture de
Guillaume Tell de liossini. un passage du Manfred de
Schumann (Ram des Vaches); la mélodie de Berlioz, le
Jeune Pâtre breton; le « chœur des Bohémiens » de Pre-
ciosa de Weber; tas fanfares lointaines qui se répondent,
traitées en éi ho. dans le deuxième acte du Lohengrin de
Wagner, à la scène du lever du jour. A. K.
III. Mythologie {'\\ /<■>). — Nymphe de Béotie qui per-
sonnifie l'écho. Aimée du dieu l'an, elle se soustrait à l'amour
du dieu et tinit par être déchirée par les bergers. D'après un
autre récit, elle serait morte d'amour pour le beau Narcisse.
IV. Astronomie. — Nom du 60* astéroïde (V.comot).
BlBL. : Mi non mai . — WlBSXLBR, DÏ6 Nymphe Echo ;
Gœttingue, 1844,
ÉCHOPPE. I. Construction. — Petite boutique, en
charpente légère ou en menuiserie, le plus souvent adossée
contre un mur ou rachetant l'angle de deux bâtiments et cou-
verte en appentis I. es ait. Il et 1 2 de l'ordonnance royale
du 34déc. 1823 indiquent les conditions dans lesquelles
peuvent être établies des échoppes, lesquelles ne doivent,
dans les angles cl renfoncements, excéder Km. en longueur
cl dépasser en hauteur la hauteur du rez-de-chaussée, mais
doivent avoir au moins 1 ni. de profondeur et se trouver
hors de l'alignement des rues et des places. Charles Lucas.
II. Dmoit administratif. — Les échoppes ne peuvent être
installées sans l'autorisation des maires ou, à Paris, du
préfet de police. Elles ne peuvent être autorisées à Paris
que dans lis renfoncements ou dans les angles, et elles ne
doivent pas dépasser l'alignement des maisons. Eu province,
il n'est rien spécifié à cet égard. Un vieux règlement (loi
du 16 août 1790) prescrit au possesseur de l'échoppe d'in-
staller un écriteau faisant connaître son nom et sa pro-
fession.
ÉCHOUAGE. I. Marine. — Un navire échoue quand il
rencontre le fond et que, portant dessus, il cesse de flotter
librement. L'échouage peut être volontaire, pour nettoyer
les bâtiments ou réparer leurs avaries, dans les bassins de
radoub, pour les bâtiments de fort tonnage ; sur la plage,
pour les canots, chaloupes, barques, de préférence pen-
dant les grandes marées, pour avoir plus de temps. Indé-
pendamment des réparations et des visites à la roque, il est
en effet nécessaire d'enlever fréquemment, soit en les ra-
clant, soit en les incendiant, les herbes qui s'accrochent
aux navires et aux barques, au grand détriment de leur
conservation et de la rapidité de leur marche. — L'échouage
a lieu aussi volontairement quand un commandant voit
ainsi le moyen d'échapper à l'ennemi : l'histoire des guerres
maritimes en fournit quelques exemples. — Mais l'échouage
a lieu le plus souvent par accident, soit que l'on ait mal
apprécié sa position sur la carte, ou que l'on ait rencontré
un écueil jusqu'alors inconnu, soit, ce qui arrive le plus
fréquemment, quand on n'a pas réussi à s'élever an vent,
quand celui-ci portait en côte, ou bien encore quand les
chaînes et les ancres ont cassé, sous l'influence du vent et de
la mer. C'est ce qui arriva en 1888 lors de la catastrophe
des lies Samoa. Trois navires allemands surpris par l'ou-
ragan s'échouèrent et furent brisés. L'accident est natu-
rellement d'autant plus grave que le vent et la mer sont
plus forts ; le navire, ne pouvant plus manœuvrer à la
lame, est violemment battu par elle et se brise fatalement;
l'accident est également plus sérieux quand le navire est
échoué par l'arrière que par l'avant, à cause du poids plus
considérable et de la plus grande difficulté par suite pour
le déhaler. Si l'échouage a lieu de jusant, il faut se hâter
de béquiller le navire pour éviter qu'il se couche à marée
basse (V. BéQUILLAGE). Si, au contraire, il s'échoue à marée
montante, il faut en profiter pour se déhaler et prendre
des précautions pour ne pas être porté plus à terre. La
première opération à faire est évidemment d'essayer de
faire parcourir en sens inverse au navire la route qu'il a
faite : on force les feux dans ce but et l'on fait machine en
arrière ; si l'on n'y parvient pas, on fait sonder le fond
pour chercher la route la meilleure. On allégera le bâti-
ment autant que possible ; on videra l'eau des caisses ;
on mettra à l'eau les embarcations; on jettera à la mer le
lest volant, le charbon, l'artillerie, en ayant soin d'en
marquer la plaie par des orins et des bouées; on prendra
garde d'obstruer la route du navire. Quand le navire est
échoué par un fond dur. ou que l'on éprouve des secousses,
il faut râler les mats de hune, amener les basses vergues
et même couper la mature si l'on craint de la voir tomber.
D'ailleurs, en principe, un navire ne doit jamais faire cote
avec sa mâture, car la prise que donne celle-ci au vent
nécessite l'effort de deux ancres et empêche le bâtiment de
ECHOUAGE - ECIIUCA
- -AU -
se relever. Pendant ce temps, on élonge avec loi chaloupée
des ancrai de jei el de bossoir, en se servant antanl que
possible de câbles en chanvre, à cause de leur légèreté, et,
dés qu'un allégement se produit dans le navire on qu'un
changement B'opère dans sa position, on force de vapeur en
même temps qu'on vire an cabestan pour le débaler. On
lui fait même donner de la bande s'il e>i nécessaire [mur
diminuer son tirant d'eau. Os opérations sont toujours
fort dangereuses el engagent gravement la responsabilité
du commandant.
S'il y S danger de naufrage (Y. ce mot), si la mer
déferle avec violence, menaçant de défoncer le bâtiment,
le commandant doit immédiatement faire les signaux de
détresse et préparer l'évacuation du bâtiment. Celle-ci
s'exécute soit avec les embarcations du boni, soit avec des
mats, vergues et autres corps flottants dont on l'ait rapi-
dement un assemblage appelé radeau (Y. ce mot), soit
enfin à la nage. Toutefois, il faut conduire les choses avec
prudence et fermeté : les canots sont dangereux, les ra-
deaux sont fort peu propres à la navigation, et l'on a vu
souvent le navire, même après avoir subi de graves avaries,
offrir plus de chances de salut.
II. Dhoit mahitimr. — Il y a échouage ou échouement
lorsqu"un navire touche sur un fond qui n'a pas assez de pro-
fondeur d'eau pour qu'il puisse continuer à marcher. Les
causes eu sont très variées. Parfois le capitaine fait volontai-
rement échouer le navire en vue du salut commun. Dans les
cas autres que celui-là, L'échouage est qualifié de fortuit.
Lorsque l'échouage est fortuit, les frais faits pour ren-
flouer le navire rentrent dans la catégorie des avaries com-
munes. Lorsque ensuite de l'échouage le navire subit des
détériorations, on dit qu'il y a échouage avec bru. Le bris
peut être partiel ou absolu. Il est partiel lorsque le navire
n'est pas complètement mis hors d'état de naviguer et qu'il
peut reprendre la mer après quelques réparations. Il est
absolu quand il y a impossibilité de relever le navire. Qu'il
y ait bris partiel ou bris absolu, le propriétaire du navire,
lorsqu'il est assuré, a le droit d'offrir aux assureurs le
délaissement du vaisseau et de leur réclamer le payement
de l'indemnité. En établissant ce cas de délaissement, le
législateur a voulu faire à l'assuré une faveur spéciale en
lui permettant de toucher l'indemnité sans attendre les
résultats toujours douteux d'une tentative de renflouement.
Cependant, il ne faudrait pas prendre cette règle trop au
pied de la lettre et venir prétendre que toute détérioration,
même la plus légère, peut donner lieu à l'action en délais-
sement. Les tribunaux saisis d'une pareille action ont un
large pouvoir d'appréciation, et ils ne devront l'admettre,
au cas de bris partiel, que lorsqu'il aura entraîné de graves
dommages. 11 ne sera pas nécessaire pourtant que la perte
soit égale aux trois quarts de la valeur du navire, cette
circonstance constituant par elle seule une cause de délais-
sement. Il pourrait arriver que seules les marchandises
chargées sur le navire soient assurées, à l'exclusion de
celui-ci. Dans ce cas, l'échouement avec bris, dans les
conditions que nous venons d'indiquer, autoriserait le dé-
laissement des marchandises. Ce que nous venons de dire
montre combien sont délicates les questions qui peuvent se
poser dans cette matière de l'échouage. Aussi, pour éviter
des difficultés de ce genre, les compagnies d'assurance
excluent-elles, en général, cette cause de délaissement de
leurs polices et stipulent-elles qu'il n'y aura lieu à délais-
sement que pour cause d'innavigabilite absolue. D'autres,
sans se montrer aussi exclusives et aussi rigoureuses, se
bornent à réglementer strictement les cas d'échouage
qui pourront engager leur responsabilité. La preuve de
l'échouage doit se faire en principe par les procès-verbaux
du capitaine et des autorités chargées de veiller au sauve-
tage. Mais ici encore on ne saurait poser de règle absolue.
et les tribunaux peinent aller chercher ailleurs, même
dans des rapports non dressés conformément aux règles
prescrites, les éléments <le leur conviction : étant donné
surtout qu'il est toujours loisible aux intéressés de contester
i.i valeur des preuves apportées pu l'assurai l'appui de h
demande. l.vonnel DtDUUEAB'.
Bibl. :Dboh maritime. — Capmoiit, Dletionn
d, ',ii maritime ; Paria, 1867, in-8,v*j4 isurance m ■
Cas '• sur Lai un. Cours de droit maritime , Paria, 1876-
1882,4 vol. m--. et Hooard, Cod»
maritimes Paria. 1887. 2 \<>i ln-8. — lui : /.'■ <<nre
méthodique et alphabétique de L te.; Pans, 1850,
i \VIII, v Droit maritime. — Laroqub-Bordbnavb,
Traité di xee maritimea; Paria, 1876, in -
Lyom-Cabh bi Kbnault, Précia de droit conmercial ;
Paris, 1879 1885, 2 vol
ÉCHOUBOULAINS. Coin, du dép. de Seine-et-Marne,
arr. de Helun, cant. du Châtelet : 623 hab.
ÉCHOURGNAC. Corn, du dep. de la Dordogne, arr. de
EUbérac, cant. de Monpont; Ii!l2 hab.
ECHT (Von) (Y. BAceon Von Eebi]).
ECHTEH. Tribu importante de la Tripolitaine, qui vit
dans les montagnes voisines de Benghazi ; elle parait d'ori-
gine arabe.
ECHTER (Michael), peintre d'histoire allemand, né a
Munich le .'> mars 1812, mort a Munich le S Bévr. l*7!t.
Elève de l'Académie munichoise et de Scbnorr von Carol>-
feld, il se lit remarquer par un Saiul Georges; plus tard
Scbnorr l'associa aux peintures murales de la Résidence.
En 184(j, il assista Kaulbach dans l'exécution des pein-
tures murales de la cage de l'escalier du nouveau musée
de Berlin. En 18f>0, Editer peignit pour le « Maximilia-
neum » de Munich la Bataille livrée aux Hongrois en
955. Le « National Muséum » de la même ville possède
quatre autres peintures de cet artiste, qui a en outre exécuté
à Munich les fresques de la gare, et, pour le roi, de nom-
breux tableaux dont les sujets sont tirés du cycle des
Nibelungen et des opéras de Wagner.
ECHTERMEYER (Karl), sculpteur allemand, né à Cas-
sel le -27 nit. l<s ',.'). Ses u-uvres les plus connues sont
les statuettes en bronze d'un Satyre dansant et d'une
Bacchante dansante (Galerie nationale de Berlin), huit
cariatides et huit statues pour le musée de Cassel, un
Satyre et une Bacchante (théâtre de Dresde), les statues
colossales de /'/(/•/ et de lu Science pour l'Ecole polytech-
nique de Brunswick.
ECHTERNACH. Ville du grand-duché de Luxembourg,
district de Grevenmacher, sur la rive droite de la Sure ;
3,710 hab. Scieries, moulins à blé, à tan et à huile :
tanneries, fabriques de lainages, damas, faïences, etc.
Belle église romane de la première moitié du xi* siècle, res-
taurée en 18b'2. On y voit encore le tombeau de saint
Willibrord, qui est un but de pèlerinage, très fréquenté
surtout au temps de la Pentecôte. L'origine et l'importance
d'Echternach sont dus à une abbaye de bénédictins fondée
en 698 par Willibrord. Actuellement encore, on célèbre
une procession fondée au moyen âge en l'honneur du saint.
Elle remonte à 1374, époque ou l'épidémie de danse ma-
ladive (danse de Saint-Guy) se répandit dans la région
rhénane et les Pays-Bas. Pour la guérir, on créa la pro-
cession du saint. Le mardi de la Pentecôte, les pèlerins,
dont le total peut s'élever à quinze mille, s'assemblent au-
près d'une croix sur le pont de la Sure. Après un court
sermon, le clergé et des chantres prennent la tête, enton-
nant la litanie de saint Willibrord ; les pèlerins suivent en
dansant d'après l'air; ils font alternativement cinq pas en
avant et deux pas en arrière, ou trois pas en avant et un
pas en arrière. Ils se groupent par trois ou six, se tenant
aux mains ou par des mouchoirs: sautant ainsi en cadence,
ils traversent le pont, se rendent a l'église paroissiale, j
déposent leur offrande, puis vont au cimetière, où finit cette
procession, d'une durée moyenne de deux heures.
Bibl. : Sàx, Beitrœgezur Geschichti' der Abtei Echter-
nach ; Luxembourg, 1874. — Kribr, leber die Spring-
pro:ession ; Luxembourg, 1871. — BLbinbes, Ine Spring-
prozession; Francfort-sur-le-Main, lvv4.
ECHUCA ou H0PEW00DS Ferry. Ville d'Australie,
colonie de Victoria, sur la rive gauche du Hurray, au con-
fluent du Campapse; 4,000 hab. Commerce de laines, transit
entre les colonies de Victoria et Nouvelles-Galles du Sud.
ÉGIDIE — KCKAUDT
ÉCIDIE i Uot.). Organe reproducteur de certains Cham-
pignons, de la famille dee l rédinéce (V, .Ecnum).
ECIDIOLE (Bot.) . Appareil sporifère des Iridium (V.
ce mot).
ECU A. Ville d'Espagne, province de Séville, près du
Xénil, appelée le Poêle de I' [ndalousie, parce que c'esl
l'endroit d'Espagne où se font sentir les plus fortes chaleurs.
L'été j e>t vraiment ires dur, et autrefois L'atmosphère était
viciée par les miasmes d'un marécage qu'on a desséché. La
ville a tle nombreuses rues tortueuses et étroites, îles mai-
sons bien construites pour l'été, quelques belles promenades
et plaees. une grande pla/.a de toros, etc. Aux environs sont
de belles fermes et maisons de plaisance; le pays produit de
nombreux moutons, pores, ebevaux, taureaux renommés,
mulets, ânes; on cultive l'olivier, la vigne, les légumes; la
production en huile est très considérable ; il y a dans la ville
des fabriques de cotonnades, de soieries, et aux environs
on exploite des salines. Kcija, VAstigi des Romains, est
aujourd'hui le chef-lieu d'un district qui comprend trois
communes et a une pop. de 24,955 hab. E. Cat.
ÉC IMAGE (Vitic). L'écimage consiste a supprimer
le sommet des rameaux herbacés; son but est d'em-
pêcher l'élongation du rameau, la poussée de nouvelles
feuilles et de concentrer les matières nutritives dans les
fruits. Il a pour résultat de diminuer la coulure. C'est une
bonne opération quand on la pratique seulement sur les
rameaux fructifères dans les tailles à long bois et exclusi-
vement dans les vignobles des régions ou la vigne n'a pas
une très grande vigueur. Il faut ècimer dans ce cas surtout
au moment de la tloraison; l'opération est ensuite renouvelée
une fois ou deux à des intervalles réguliers et avant la
véraison. L'écimage est une mauvaise pratique pour les
vignobles méridionaux, car elle a pour effet de faire
pousser des rameaux secondaires sur le rameau principal et
de transformer en végétation herbacée les matières nutri-
tives que l'on veut concentrer dans les fruits; le résultat
obtenu est l'inverse de celui qui se produit dans les vigno-
bles du Nord. P. Via la.
ECITON [Eaton Latr.) (V. Fourmi).
ECK. Lac d'Ecosse, comté d'Argyll, au centre de la
presqu'île de Cornai ; 1 1 kil. de long, 400 à 600 m. de
large. Ses eaux vont à l'estuaire de la Clyde.
ECK (Leonhard von), jurisconsulte allemand, né à
Kelheim en 1475, mort le 47 mars 1550. Précepteur,
puis chancelier (1519) du duc de Bavière, Guillaume IV,
il eut sur celui-ci une influence prépondérante et fut du-
rant trente ans l'inspirateur de la politique bavaroise,
adversaire résoin de la Réforme, cherchant à faire élire
son maître roi des Romains.
Bibi..: Vogt, f)ie bai/rische Politik im Bauernlirieg und
der Kanzler Dohtor Leonhard von Ech; Nordlingue, 1883.
ECK (Johann Maier von), théologien catholique allemand,
né à Eek (Sonabe) le 13 nov. 1486, mort à Ingoistadt le
10 févr. 1543. Il fut un des adversaires les plus violents
de la Réforme. Ayant étudié à Heidelberg, à Tubingue et
à Cologne, il devint un des théologiens catholiques les plus
érudits et un disputateur de premier ordre ; en même
temps, il était philosophe nominaliste et un excellent huma-
niste. En 1M10, il devint professeur de théologie à l'uni-
versité bavaroise d'Ingolstadt. Il attaqua Luther, avec qui
il avait eu des relations amicales, dans ses Obelisci (1518),
pois an colloque de Leipzig (1549). Devenu le champion
attitré de Rome, il fui de presque tous les colloques où il
s'agissait de discuter avec les réformateurs : à Rade ( 1526),
a Worms (1540), a Ratisbonne (1541). Il fut un des ré-
dacteurs de la Confutation opposée à la Confession d'Augs-
bourg. Ses principaux écrits sont : De non tollenaù
Chnsti et S. S. imaginibus (1522) : De Pœnitentia et
Confessione (1523) ; De Initio pœnitentiœ, teu contri-
tione (1523); De Satisfactione (1523); Enchiridion
locorunt communium. Advenus Lutheranot (1525);
Sacrificio Missœ ( 1526). Lui-même a publié une collec-
tion de tous ses ouvrages de controverse, sous le titre
Operttm Joh. Eckii contra Lutherum (1530-35, t. I-IV).
Pour opposer une version allemande de la Bible à celle
de Luther, il traduisit l'Ancien Testament d'après la Vul-
trate, mais en utilisant beaucoup l'œuvre du reformateur.
L'est Jérôme Emser qui traduisit le Nouveau Testament
(V. Luther). Ch. Pfender.
Bibl. Félix Kuhn, Luther, sa oie et son œuvre: Paris,
1884, :i vol. — Wii m.mann, D* Joh. Ech, 1865.
ECKARD (Jean), publiciste français, né à Versailles en
1761, mort a Paris en déc. 1830. D'abord avocat dans
sa ville natale, puis notaire à Sèvres de 1701 à 1800, il
vint plus tard habiter Paris. Sorti de son domicile, rue
Villedot, le 14 déc. 1839, vers six heures du soir, il ne
reparut pas, et son cadavre, entièrement dépouillé, ne fut
retrouvé dans la Seine que six semaines plus tard. Monar-
chiste convaincu, Eckard a fait preuve dans ses diverses
publications d'un sens critique bien rare à l'époque où il
écrivait, et il n'allègue rien sans preuve. Aussi ses diverses
dissertations, tirées pour la plupart à cent exemplaires,
ont-elles conservé une réelle valeur. On connaît de lui :
Notice sur le général Victor-Léopold Berthier (1807,
in-4) ; Mémoires historiques sur Louis X 17/, roi de
France et de Navarre, suivis de Fragments histori-
ques sur le Temple (1816, in-8; 3e éd., 1818); Notice
sur li' manuscrit original de la relation des derniers
événements de la captivité de Monsieur, frère de
I.oais XVI (1823, in-8); Lettre à M. .1. Dumesnil,
éditeur des Mémoires île Sénart (1824, in-8); Notice
surJ.-R. llanct-Cléry (1845, in-8); Question d'état
civil historique : Napoléon Bonaparte est-il né Fran-
çais? (1820, in-8); la Vérité rétablie sur quelques-
uns des principaux événements du 0 thermidor an II
(18-28, in-8); Notice sur Jacques Peuchet (i8S0, in-8);
Supplément aux Mémoires historiques sur Louis XVII
(1831, in-8); Un Dernier Mot sur Louis XVII (1832,
in-8) ; Remarques sur un écrit posthume de Peuchct
intitulé Recherches sur l'exhumation du corps de
Louis XVI (1835, in-8); Recherches historiques et cri-
tiques sur Versailles (1834, in-8; 2e éd. augm., 1836,
in-8); Etat, au vrai, de toutes les sommes employées
par Louis XIV aux créations de Versailles, Marlq, etc.,
et leurs dépendances (1836, in-8), d'après un manuscrit
que l'éditeur croyait, à tort, inédit et dont Lemontey avait
déjà fait usage, mais pour en tirer des conclusions toutes
différentes, combattues par Eckard dans une lettre : A M.
J. Taschereau, au sujet des dépenses de Louis XIV
(Versailles, 1836, in-8). Eckard a aussi édité, avec Lucet,
les Hommages poétiques sur la naissance du roi de
Rome (1811, in-8), et, avec Sérieys, des Lettres inédites
de Mme du Châtelet (1818, in-8), publication très défec-
tueuse à tous égards, dont M. Eugène Asse a donné depuis
le texte authentique et complet (1878, in-18). M. Tx.
ECKARDT (Ludvvig), écrivain allemand, né à Vienne
le 26 mai 1827, mort à Tetschen le 1er févr. 1871. Il
débuta par un drame, Thron und Hutte (Vienne, 1846).
Compromis dans les événements de 1848, il se réfugia en
Suisse, revint en 1862 à Karlsruhe comme bibliothécaire;
il fit, à partir de 1867, des tournées de conférences en
Allemagne. Outre ses drames littéraires, Sokrates (Iéna,
1838), Friedrich Schiller (Iéna, 1850), Palm (Iéna,
1860), Weltburqer und Patriot (Iéna, 1862), Josefine
(Mannheim, IXf>8), il a donné des Nouvelles (Mannheim,
I867); un roman, Nikolas- Manuel (Iéna, 1862); des
dissertations esthétiques, Anleitung dichterische Mets—
tenverke eu lesen (Leipzig, 18K3, 3° éd.); des commen-
taires de pièces de Schiller, enfin Vorschule der GEsthetik
(Karlsruhe, 1864-65, 2 vol.) et une collection de confé-
rences (Stuttgart, 1X17).
Hun.. : Arnold, Ludwig Echardt; Leipzig, 1k6~.
ECKARDT (Christian-I ivderik-Lmil), peintre danois, né
à Copenhague le 2 juil. 1832. Il lit ses études et ses
voyages artistiques en travaillant comme peintre de décors
et en retouchant des photographies, et il a été deux fois
ECKAKDT — ECKIRMOERDK
— 326
médaillé par l'Académie dea beaox-arta de Copenhague
pour ses scènes de la vie dea pécheurs. B-a.
ECKARDT iJuliiis). publiciate allemand, né i Wolmar
en Livonie le I r aoul 1836. H étudia le droit à Pétera»
bourg, b Dormi el i Berlin, e( devint, es 1860, secré-
taire du consistoire de la Livonie; il entra en même tempe
;i la rédaction du Journal de Riga, organe principal du
parti allemand dam les provinces baltiques. Obligé de quit-
ter la Hussie, en 1867, il vint en Allemagne et collabora
aux Grenzboten dirigés par Freytag, au Correspondent
de Hambourg et a la Hamburgische Bcersenhalle. Il fut
secrétaire du sénat de Hambourg de 1870 a 1882, et il
est depuis 1883 consul d'Allemagne à Tunis. 11 a publié,
sur les conditions sociales et économiques des provinces
baltiques, un grand nombre d'écrits, dont les principaux
sont : Die baltischen Provinzen Russlands (Leipzig,
1869, 2° éd.), et Russlandt lœndliche Zustcende sert
lufhebung der Leibeigenschaft (Leipzig, 1870). On lui
attribue également : Ans der Pelersburger Gesellschaft
(Leipzig, 1875, 5e éd.); Russland vor und iiarh dern
Kriege (Leipzig, 1879, 2e éd.); Berlin und Petersburg
(Leipzig, 1880, ic éd.); Von Nikolaus I. vu A texan -
der lu. (Leipzig, 1881, 2e éd.), et Russische Wand-
Inngcn (Leipzig, 1882, 2e éd.). 11 a commenré à faire
paraître, en 1876, un ouvrage historique sur la Livonie,
I.irliinil im achtzehnten Jahrhundert (Leipzig). A. 15.
ECKART, personnage légendaire, qui figure dans les
expéditions fabuleuses des Ooths sur le Rhin et en Italie,
et dont la tradition s'est vaguement conservée jusqu'à nos
jours dans la poésie allemande. Il avait été chargé de faire
l'éducation chevaleresque de deux neveux du roi Erma-
narich. Or il apprit un jour que quelques compagnons
d'armes du roi voulaient surprendre les deux princes dans
leur château, situé aux bords du Rhin. Aussitôt il monte à
cheval et voyage nuit et jour, pour prévenir les traîtres.
Ne trouvant aucune embarcation pour traverser le fleuve,
il se jette à la nage, tirant son cheval par la bride derrière
lui. Les deux jeunes gens mettent leur château en état de
défense, et font bonne contenance devant l'ennemi. Eckart
fut considéré dans la suite comme le modèle de la loyauté
chevaleresque ; son rôle fut surtout d'avertir ses amis
d'un danger qu'ils couraient. On l'appelait le fidèle Eckart :
c'est sous ce titre que Gœthe l'a célébré dans une ballade
(V. W. Grimm, Deutsche Heldcnmgc, 144). A. B.
ECKARTS8ERGA. Ville d'Allemagne, roy. de Prusse,
district de Mersebourg; 2,026 hab. Ruines de YEckarts-
burg. Fondée en 998 par le margrave de Misnie, ce fut
une place assez forte. Le 14 oct. 1806, un combat d'ar-
rière-garde y eut lieu entre Français et Prussiens, com-
plétant la victoire d'Auerstœdt.
ECKBOLSHEIM {Eggiboldesheim, 884). Com. de la
Basse-Alsace, arr. de Strasbourg, cant. de Schiltigheim,
à 4 kil. au S.-O. de Strasbourg, sur le canal de la
Bruche et la ligne de tramway de Strasbourg à "Woltîsheim ;
1,615 hab. Malterie, tuileries. Eglise protestante, avec tour
gothique. — Eckbolsheim, que Dagobert II, roi d'Austrasie,
doit avoir légué en 679 à l'ancien monastère de Saint-Thomas
à Strasbourg, possédait autrefois un couvent de religieuses
de Sainte-Marguerite et une chartreuse. L. W.
LiiuL. : Geandidieb, (lùwres historiques inédites;
Colmar, 1865, V. pp. 370-374. — Du même, Histoire de
l'Eglise de Strasbourg, I, 385-38(5.
ÉCKEHART, moine de Saint-Gall (V. Ekkehart).
ECKENBRECHER(Karl-Paul-Tbemistokles von), paysa-
giste allemand, né à Athènes le 11 nov. IKi2. Il com-
mença ses études à Potsdara, les continua à Dusseldorf et
les acheva en Suisse. Ses œuvres les plus connues sont :
lu Place près de la mosquée de leni Djami à Stam-
boul (1873) ; Six Paysages d'Islande (1873) ; le Cap
<lu Nord, la Ville de Brousse (1876). Depuis issu, il
se voua plus spécialement à la peinture de tableaux pano-
ramiques, parmi lesquels figure la Bataille de Gravelotte.
ECKER. Allluent de YOcker (grand-duché de Brunswick),
qui descend do Brocken par une vallée très )Élliailllll
ECKER ( tlaxander), mideeia sllramal mutcinpoi ijn né
.i Fribourg la 10 juil. 1*10. Prafastaor d'aaatotai
physiologie successivement a Baie (depuis 1844) et a Fri-
bourg (depuis 1850), il eat l'auteur d'un grand nombre
d'où vragea sur l'analomie, la physiologie, l'anatomie patho-
logique, etc. Citons en particulier : Der fsinere Hua der
Nebennieren (Brumwiek, ik',6. 2 pi.); leonet pbytio-
logieœ (Leipzig, 1851-69, in-fol.); lue Ânaton
Protehes, etc. (Brunswiek, 1864-83, in-8); Cran
manier, etc. (Fribourg, 1*7.'., in-',, 88 pi.); Die llmi-
windwngen der Menseken (Brunswick. 1ki;9. jb-4
édit., 1883). Dr |.. ||v.
ECKERMANN (Johann-Peter), écrivain allemand, né à
Winsen en Hanovre le 21 sept. 1792. norl I V\ eimar le
3 déc. 1H.'')4. Il était fils d'un colporteur et ne reçut
d'abord aucune instruction. En 1X13, il prit part au sou-
lévementda la jeunesse allemande contre Napoléon, et il
entra comme volontaire dans un régiment de 11118111' El
qui opéra dans la Belgique. En 1*1. '>. il obtint un emploi
à la chancellerie de la guerre, à Hanovre. Il refit tardive-
ment son éducation négligée, entra a vingt-cinq ans au
gymnase de Hanovre, et passa ensuite deux années à
i'université de Gœttingue. Il se mit au courant de la litté-
rature allemande et latine, lut Klopstock et Schiller,
s'exerça à traduire Horace, Virgile. Ovide ; mais ce fut
Gœthe qui produisit sur lui l'impression la plus puissante.
« Il me sembla, dit-il, que je m'éveillais pour la première
fois à la vie, et que je prenais seulement conscience de
moi-même ; il me sembla que ma propre âme, qui jusque-
là m'était inconnue, m'était renvoyée dans un miroir. »
Dès lors, son unique pensée fut de se rapprocher de
Gœthe. Il lui envoya ceux de ses travaux qu'il jugea les
meilleurs; c'étaient des articles de critique et de théorie
littéraire, qui parurent ensuite sous le titre de Beitrcege
mr Poésie (Stuttgart, 1828). La réponse de Gœthe ayant
été encourageante, Eckermann partit pour Weimar. H faut
lire la suite dans les premières pages du livre qui a rendu
Eckermann célèbre, dans ses Conversations avec Gœthe.
Il fut, à partir de 1823, le secrétaire particulier du poète,
qui le chargea de conduire son fils en Italie en 1830, et
le nomma son exécuteur testamentaire. Après la mort de
Gœthe, Eckermann devient conseiller aulique et biblio-
thécaire de la grande-duchesse Louise. Les deux premiers
volumes des Conversations furent publiés à Leipzig, en
1836, quatre ans après la mort de Gœthe ; le troisième,
contenant des extraits plus détaillés, et augmenté des
souvenirs de Soret, précepteur du prince héréditaire de
Saxe- Weimar, parut à Magdebourg, en 1848. Ensuite
les éditions se multiplièrent, et l'ouvrage fut traduit dans
toutes les langues de l'Europe : une excellente traduction
française, précédée d'une introduction de Sainte-Beuve,
a été faite par M. Délerot (Paris. 1863. 2 vol.).
Os conversations sont un précieux recueil de renseigne-
ments : on y voit Gœthe s'exprimer avec une entière fran-
chise sur tous les événements de son temps, marquer ses
rapports avec ses contemporains, rendre compte de son
immense lecture. Sainte-Beuve déclare que ce livre l'a
fait avancer d'un degré dans la connaissance du poète.
Eckermann publia aussi, avec un autre secrétaire de
Gœthe, Riemer, la première édition complète des œuvres
de Gœthe (Stuttgart, 1839-1840, 40 vol.). Ses propres
poésies (Leipzig, 1836) sont insignifiantes. A. B.
ECKERMANN (Karl), paysagiste allemand, né à Weimar
en 1834. Elève de Preller et de Sehirmer, il s'est mil
connaître par la Plaine du Rhin et tes Vosges, l'Ile de
Hiigeii. un Paysage dans les landes de Lùnebourg, un
Paysage pendant l'orage, etc.
ÈCKERNFŒRDE. Ville d'Allemagne, roy. de Prusse,
prov. de Slesvig-Holstein, entre la baie du même
nom sur la Baltique el le lac Windeby : 5,3tl hab. Chris-
tian IV la prit en 1628; le 7 déc. 4813, Walmoden y
battit les Danois. Le .■> a\r. 1819. deux navires danois v
— 8Î1 —
ECkERSRERC — ECKHEL
furent détroits par les batteries allemandes. I.a cession a
l'Allemagne i ruiné la commerce d'Eekerafcardo.
ECKERSBERG fChristoph-Wilhebn)', portraitiste et
peintre d'histoire allemand, né I Varnaes (Slesvig) le
•J janv. 1783, Bort .i Copenhague le SSjuiL 1883. Cet
artiste lit ses étudei à Copenhague, en llalie et à Taris.
Ses meilleures ceuvrei sont : Moite au passage de la mer
Rouge (isi7),-/(i Mort de BeJdur, la kadeae Hêltingôr;
plusieurs Marina et les portraits de la Famille royale
de Danemark , de Thorwaldsen et d'OEhlensehldger.
ECKERT (Karl-Anton-Florian), musicien allemand, né
à l'otsdam le 7 déc. IS-20. Son père, ancien soldat des
troupes polonaises de Napoléon I01', entra comme brigadier
de douanes au service de la Prusse, et fut tué par des
contrebandiers. Sa mère retourna alors bu Pologne, le
confiant aux soins des camarades de son père. A trois ans,
il fut adopte par M "* de l'orster, qui lit les Irais de son
éducation, lin 1830, il fut élève de Zelter, et plus tard de
Rungenbagen. Spontini lui adressa des éloges, et il travailla
entin sous la direction de Hendelssohn, à Berlin. Eekerl
a voyage en Italie, en Belgique, en Hollande, en France,
■tis m put se faire suffisamment connaître à Paris, où il
remplit, en 1852, les fonctions de chef d'orchestre du
Théâtre-Italien. Apres avoir été chef d'orchestre à Vienne.
maître de chapelle à Stuttgart, à Munich, à Bade, il a
dirigé assez longtemps l'orchestre de l'Opéra de Berlin et
des concerts de la cour. Son opéra le plus connu est
Guillaume d'Orange, représenté en 1846, et, parmi ses
autres ouvrages, on remarque Catherine de Nuremberg,
le Charlatan, avec symphonie, une ouverture de fêtes, des
lieder. etc. Alfred Eknst.
ECKHARO (Kart-Maria-Joseph), homme politique alle-
mand, né à Engen (Bade) le 13 mars iS'2-1. l'n des chefs
du parti libéral dans le grand-duché de Bade, il siégea à la
Chambre badoise depuis 4861, au Reichstag de 1871 à
1874, rapporteur du projet d'alliance avec la Prusse (1 867)
et du traité de Versailles (déc. 1870).
ECKHARDT (V. Ixkakt).
ECKHART (Johann, dit Maître), philosophe mystique
allemand, né vraisemblablement en Thuringe vers 1260,
mort, à ce que l'on croit, à Cologne, vers 1 3:27. Sa vie est
mal connue. On sait seulement qu'il entra de bonne heure
dans l'ordre des dominicains. Nous le trouvons, aux envi-
rons de 1295, prieur des dominicains d'Erfurt et vicaire
de son ordre pour la Thuringe. En 1300, il fut envoyé à
l'université de Paris, ou il s'enfonça dans l'étude d'Aristote
et des platoniciens et obtint le grade de maitre es arts.
Peut-être eii>.igna-t-il dès cette époque à Paris. Sa répu-
tation d'érudit et de penseur était déjà retentissante, et il fut
appelé à Rome en 1302 pour assister le pape Boniface VIII
dans sa lutte contre Philippe le Bel. En 1304, il devint
provincial de son ordre pour la Saxe et. en 1307, vicaire
général pour la Bohème. En 1311, il fut envoyé de nou-
veau à l'école des dominicains de Paris, puis à celle de
Strasbourg pour y professer la théologie. Partout ou il passa,
il semble que son enseignement et sa prédication laissèrent
des traces profondes. A Strasbourg même, son activité
éveilla des soupçons et lui créa des ennemis ; on assimila sa
doctrine à celle des Beghards et des frères du Saint-Esprit, et
le supérieur général de l'ordre chargea les prieurs de Worms
et de Mayenee de soumettre ses écrits a une enquête.
L'histoire de cette enquête est des plus obscures ; il semble
bien qu'Eckhart fut cité devant le tribunal de l'Inquisition
de Cologne et qu'il désavoua par avance (ont ce que sa doc-
trine [>ou\ait, a son insu, contenir qui ne fut pas conforme
à la plus pure orthodoxie. L'enquête alla jusqu'au pape qui,
en 1329, condamna quelques propositions tirées (les livres
d'Eekhart, deux ans après la mort de celui-ci. Eckhart avait
beaucoup écrit : quel. pies sermons seulement et quelques
traites lui ont survécu : '>n les trouvera dans les recueils
de Pfeitfer [Dt uttche Myttiker; Leipzig. 1857, t. II); de
Preger {ZeÙichrifl fur but. Tfuol., 1864-66) : de Swvers
(Haupt's Zeitschrift fur deutsch. Alterth. . t. XV).
L'importance d'Eekhart dans l'histoire de la scolastiqne est
considérable. A cette époque, tout l'effort do la philosophie
religieuse tendait a élargir la théologie pour y faire rentrer
la science universelle, en conciliant la raison et la foi.
A cette dialectique toute formelle dti connaître, Eckhart,
le premier au moyen âge, a ouvertement substitué une dia-
lectique de l'Etre assez analogue à celle des mystiques
alexandrins. La notion fondamentale de sa philosophie est
celle île l'Absolu, OU unité, abstraite, conçu comme seul
existant réellement. Murs de Dieu, pas d'existence réelle.
Ce Dieu est le (ho; Svvuarot des néo-platoniciens: il est abso-
lument dépourvu d'attributs; toute détermination serait une
limitation de son être infini. Dieu est incompréhensible ; en
réalité, il n'est rien autre, au regard de notre intelligence
bornée, que l'éternel possible, origine et fin dernière de
toute chose. Comment donc ce Dieu peut-il être une per-
sonne ? C'est que le Père engendre éternellement le Eils dans
lequel il prend conscience de lui-même, et le retour du Eils
au Père dans un mutuel amour est l'Esprit. En même temps
que le Eils, Dieu engendre les formes idéales des choses
neées. L'absolu est ainsi le fond commun de Dieu et de
l'Univers. Comme le Eils encore, toute chose née de Dieu
tend à retourner à Dieu pour s'abîmer dans l'unité de l'être.
Cette théologie est un pur panthéisme. De cet absolu, nous
ne connaissons d'ordinaire que les apparences sensibles ;
mais l'homme, en faisant effort pour s'abstraire du temps et
de l'espace, a le pouvoir d'atteindre cet absolu ; ce pouvoir,
qu'Eckhart appelle étincelle {Scintilla, Fùnklein) vient
de Dieu. C'est au fond Dieu agissant dans l'homme; connaître
Dieu, c'est s'identifiera Dieu. C'est là la fin dernière de notre
activité, et le moyen d'y parvenir serait le quiétisme absolu.
Mais Eckhart recule devant ces conséquences ; il admet que
les facultés humaines ont un emploi légitime et n'a jamais nié
l'efïicacité des bonnes œuvres. Il n'est qu'à moitié vrai qu'il
ait devancé la Réforme dans cette voie. Th. Ruyssen.
Bibl. : Martensen, Meister E. : Hambourg, 1842. —
Schmidt, dans les Mi'm. de l'Acad. des sciences mor. et
polit., 1845. — Hkidrich, Das theologische System Mstr.
Eckhart's, 18lit. — Pfeipfer, Deutsche Mysliher ; Leipzig,
1857, t. II. — Bach, Mstr. E. der Vater der deutsch. Spécu-
lation ; Vienne, 1864. — Lassos, Mstr. E. der Mytiher ;
Berlin, 1868. — Preger, Zeitschr. f. historisi-he Theol.,
1864-1869. — Du même, Mstr. E. und die Inquisition, IMii). —
JUiNDT, Essai sur le mysticisme spéculatif de M. E., 1871.
— I.in-inmann, Der èth. Char, der I.ehve M. EckharVs,
1*73. — Preger, Gesch, der deutsch. Mystih un Mitlelal-
ter; Leipzig, 1874, t. I.
ECKHART (Johann-Ceorg von), historien et érudit alle-
mand, né à Duingen (duché de Brunswick) le 7 sept. 1664,
mort à Wurzbourg le 9 févr. 1730. Il professa l'histoire
a llelmstcdt, puis à Hanovre, se convertit ensuite au
catholicisme et finit ses jours comme bibliothécaire du
prince-évèque de Wurzbourg. Parmi ses ouvrages nom-
breux, on distingue : Leges Francorum Salicœet Ripua-
riorum (Francfort, 1720, in-fol.); Origines Habsburgo
Austriacœ (Leipzig, 1721 , in-fol.) ; Historia genealogica
principum Saxoniœ superiaris (1722, in-fol.) ; Corpus
Instar, medii œvi ii tempore Caroli Magni usque ml
finem steculi XV (1743, 2 vol. in-fol.) ; Commentarii
de rébus Franeia- orientalis (1729, 2 vol. in-fol.) ; Di'
Origine Germanorum, migrationibus ae rébus gestis
(Gœttingue, 1750, in-4). Il a en outre édité les Collec-
tanea etymologica de Leibniz.
ECKHEL (Jnseph-Hilarius), savant jésuite et numisma-
tiste autrichien, né à Enzersfeld-sous-Enns (Autriche) le
13 janv. 1737, mort à Vienne le 16 mai 1708. Il étudia
au collège des jésuites de Vienne, puis à Leoben ; en 1750,
il fut chargé d'enseigner le latin au Theresianum; plus
tard, il professa successivement a Steve (Autriche) et au
gymnase de Vienne. Le P. Khell l'initia à la connaissance
des monnaies antiques, et, plus tard, Eckhel succéda à
ce savant comme garde du cabinet des médailles des
jésuites. Après un a^se/. long séjour en Italie, Eckhel ren-
tra dans sa patrie et fut nommé, en 1774, directeur du
cabinet fies médailles de Vienne et professeur d'antiquités.
Ce fut Eckhel qui éleva la numismatique à la hauteur d'une
ECKHEL - KCI.AIH
- 328 -
science; jusque-là, ce n'avait été pour Im a— **■" de
monnaies anciennes qu'une agréable distraction, malgré de
fécondes découvertes dues aux Spanheim, aux Frœlich,
;m\ Vaillant, aux Horelli, aux Pellerin menu. L'ouvrage
essentiel d'Eckbel, chef-d'œuvre de science, de critique et
de clarté, qui est resté encore aujourd'hui le code des
études de numismatique, est intitulé Doctrina numorum
veterum (1792 a 1798, 8 vol. in-4). On lui doit, en
outre : Numi veteret anecdoti exmuteis Catareo Vin-
dobonensii, Florentino ruagni ducit Etrusciee, etc.
(Vienne, 1775, 2 vol. in-4); Catalogué musœi Cœs.
Vindobonensu numorum veterum (Vienne, 1779,
2 vol. in-fol.) ; Descriptio numorum Antiochiœ Syriœ
(Vienne, 1780, in-4) ; Explication d'un choix des
pierres gravée* du cabinet impérial des antiques
(Vienne, 1788, in-fol.). E. Babelon.
ECKHOUT (V. Ekckhout).
ECKMUHL. Village d'Algérie, dans la banlieue d'Oran,
à quelques centaines de mètres de la porte de Tlemcen,
composé de villas et de maisons de plaisance qui forment
aujourd'hui comme un quartier d'Oran ; on l'appelle aussi
Noiseux, du nom d'un architecte qui trouva à une dizaine de
kilomètres la source qui alimente Oran d'eau potable.
ECKMUHL (Bavière) (V. Egchûhl).
ECKMUHL (Prince d') (V. Davout).
ECKSTEIN (Johann), peintre et sculpteur allemand,
mort à Londres en 1798. En 1762 et en 1764, Eckstein
remporta des prix pour ses bas-reliefs. On lui doit le
Retour des soldats (1796) ; Un Groupe de famille, etc.,
et on lui attribue deux beaux bas-reliefs de la « Kunst-
kammer » à Berlin.
ECKSTEIN (Ferdinand, baron d'), publiciste et phi-
losophe français, d'origine danoise, né à Copenhague en
sept. 1790, mort à Paris le 25 nov. 1861 . Il se fit catholique
à Rome, à l'âge de dix-sept ans, et, après avoir terminé ses
études à Gcettingue et à Heidelberg, il fit, dans le corps franc
de Lutzow, les campagnes de 1812, 1813 et 1814. Il devint
officier en Hollande, puis chargé de la police militaire et
civile à Gand, où il vit Louis XVIII en 1815; enfin il travailla
à la délimitation de grand-duché de Luxembourg. Son abju-
ration lui créa des difficultés dans les Pays-Bas, qu'il quitta
pour venir en France, où il fut nommé commissaire géné-
ral de police à Marseille, et bientôt, en 1818, inspecteur
général au ministère de la police ; enfin il fut attaché aux
affaires étrangères jusqu'en 1830. Il collabora activement
au Drapeau blanc, feuille ultra-royaliste, à divers pério-
diques de même opinion, notamment à la Quotidienne et
au recueil le Catholique, fondé par lui (1826). Il ramenait
tout au catholicisme pur, et partageait la plupart des doc-
trines de de Maistre et de Bonald. Outre ses articles de revues
et de journaux, le baron d'Eckstein a laissé : De l'Espagne,
considérations sur son passé, son présent et son ave-
nir, etc. (Paris, 1836, in-8).
ECKSTEIN (Friedrich- August) , pédagogue allemand,
né à Halle le 6 mai 1810, mort à Leipzig le 15 nov. ISS.',.
Professeur à Halle, puis à l'université de Leipzig (1862),
recteur de l'école latine de Halle depuis 1812 à 1863, puis
de l'école Thomas (1863-1881) à Leipzig, il fut l'orga-
nisateur des congrès philologiques, rédigea des éditions
classiques d'auteurs latins et de plus : Nonienclator phi-
lologorum (Leipzig, 1871) et Lateinischcr Unterrichl
(Leipzig, 1882, dans V Encyclopédie de Schmid).
ECKSTEIN (Ernst), poète, romancier et publiciste alle-
mand, né à Giessen le 6 févr. 1845. H reçut sa première
instruction au gymnase de cette ville, et voyagea ensuite
en Italie et en France. Après avoir fait ses études acadé-
miques à Giessen, à Bonn, à Berlin et à Marbourg, il se
rendit a Paris (18(18), où il termina son premier ouvrage,
un poème humoristique intitulé Sckack der Kœnigin
(Stuttgart, 1870). D'autres résultats de son séjour à Paris
turent: Variscr Silhouettai (Leipzig, 1873); Die Ges-
penster von Varxin (Leipzig, 1870), et le poème héroi-
comique, Der Shimon- von Sevilla. Ces ouvrages, qui
eurenl ;nissiioi plusieurs éditions en Allemagne, Snol a Eck-
si'-in la réputation d'un écrivain alerte tH spirituel, fort au
courant des choses de -nu temps. Il reprit set voyages après
1870, et visita le midi de l'Europe. En 1874, ii s'établit a
Leipzig, comme principal rédacteur de deux feuilles litté-
raires et satiriques. ueutiehe DichterhaUe (18744879)
ei Schalk (1879-1882). En même temps, h exerça sa
plume facile dans un grand nombre de poèmes, de romans
et de nouvelles. Parmi se, poèmes, il faut citer surtout
Venus Urania (Stuttgart, l*72i et Murillo (Leipzig,
1879). Un de ses derniers romans, !>/■■ Claudier (Vienne,
18K2, 3 vol.), ou il décrit la société romaine au temps de
l'Empire, a été traduit en plusieurs langues.
ECLACTISMOS (V. Dams, t. Mil, p. 864).
ÉCLAIBES. Corn, du dép. du Nord, air. d'AveSBM,
cant de Haubeuge, sur un afll. de la Sambre; 267 bab.
Ruines d'un ancien château féodal reconstruit au xvi1 siècle
et qui a appartenu aux maisons de Croj et d'Orléans.
Eglise du xvi1' siècle.
ÉCLAIR. I. PiiTsiyiE. — C'est la manifestation lumi-
neuse de la foudre, dont le tonnerre est la manifestation
sonore. Arago, qui a publié en 1837 une importante notice
sur la foudre, distingue les éclairs en trois classes : les
éclairs en zigzag ou de première classe qui apparaissent sous
forme d'un sillon de lumière très resserré, très mince, très
arrêté sur les bords ; ils sont de couleurs variées : on en a
vu de purpurins, de violacés, de bleuâtres. Kundt et Yogel,
qui ont examiné la lumière des éclairs au spectroscope. y
ont parfois reconnu la présence de raies dues à l'oxygène
et à l'azote de l'air. Les éclairs ne suivent nullement la
ligne droite : non seulement ils vont en zigzag, mais souvent
même ils semblent rétrograder. Ce phénomène, rare d'or-
dinaire, est très fréquent au voisinage des volcans. Hamilton
décrit ainsi des éclairs qui ont accompagné l'éruption du
Vésuve de 1799 : ces éclairs volcaniques abandonnaient
très rarement le noir nuage de cendres qui s'avançaient
vers la ville de Xaples; ils retournaient vers le cratère du
volcan et rejoignaient la colonne ascendante enflammée d'où
originairement on les avait vus sortir. M. d'Abbadie, en
Ethiopie, a vu des éclairs en forme de V jaillir entre deux
nuages. Assez souvent les éclairs se bifurquent en deux,
plus rarement en trois traits lumineux. La longueur des
éclairs est très variable; elle atteint parfois 5 à 6 lieues ;
il est facile de l'estimer en déterminant sa distance obtenue,
en multipliant par 340 m. (vitesse moyenne du son dans
l'air) le nombre de secondes qui s'est écoulé entre l'appa-
rition de l'éclair et le bruit du tonnerre et en mesurant
l'angle que sous-tendent ses extrémités. Autrefois, depuis
l'expérience de Wheatstone, on considérait l'éclair comme
d'une durée inappréciable, inférieure, d'après le savant
anglais, à un millionième de seconde. Son expérience
semble probante et il parait certain qu'il existe de pareils
éclairs; mais, d'autre part, on lit dans la plupart des re-
lations d'éclairs que l'éclair part de tel endroit; pour qu'on
puisse déterminer le sens de la direction de l'éclair, il faut
qu'il ait une durée plus considérable. Howard a remarqué
des éclairs progressant d'une façon rapide, mais cependant
facile à suivre. Enfin, dans ces derniers temps, M. Trou-
vent a obtenu (22 juil. 1888) des photographies d'éclairs
qui montrent qu'il y en a qui ne sont nullement instantanés.
Les photographies d'éclairs sont intéressantes en ce qu'elles
montrent des détails qui échappent absolument à la vue.
Un edair photographie par le même savant présente quatre
branches principales, très brillantes, très accusées, accom-
pagnées de plusieurs autres plus faibles ; il y en avait trente-
sept en tout; la forme générale est celle d'un ruban ondu-
lant dans l'air et coupé par des raies transversales plus
nombreuses au voisinage des zigzags.
Les éclairs de la seconde ciasse.au lieu d'être concentres
dans des traits sinueux très minces, embrasse au contraire
d'immenses surfaces; ils n'ont ni la blancheur ni la viva-
cité des éclairs de première classe. Parfois ils n'éclairent
— 319 —
ÉCLAIR - ÉCLAIRAGE
que h contour des nuages, tantôt ils en embrassent toute
la surface, paraissant inèine parfois sortir de leur intérieur,
i '^ éclairs eorrespondent probablement a des charges élec-
triques analogoes ans effluves nue l'on voit souvent en
certains points des machines électriques.
I es éclairs de troisième classe différent totalement des
précédents; Us apparaissent sous forme de boules, <|ue> les
observateurs ont comparées a des oranges, à la lune, mais
avec des contours indécis; ils apparaissent presque toujours
a la suite d'un coup de tonnerre; ils se déplacent lente-
ment, puis disparaissent, tantôt sans explosion, tantôt avec
un bruit égal à celui du tonnerre, t'es éclairs sont très
rares. Arago, qui a recueilli le plus grand nombre de docu-
ments qu'il a pu sur ces phénomènes, cite une trentaine
de cas ou ils ont ete bien observés. A. Joan.ms.
11. Divination (V. Divination).
Bibl: A.rago, Notice .<ur le tonnerre. Œuvres com-
plètes, t. iv, pp. i a 101.
ÉCLAIRAGE. I. Technologie et Histoire. — Piun-
cipk.s physioies de l'kclairagk. — Les divers moyens
d'éclairage employés à l'heure actuelle sont fondés sur la
faculté qu'ont les corps de produire des radiations lumi-
neuses quand on élève suffisamment leur température. Les
corps émettent à toute température des radiations que l'on
regarde comme constituées par un mouvement vibratoire
de l'étber. Ce mouvement est caractérisé, au point de vue
physique, par le nombre de vibrations à la seconde ou,
ce qui revient au même, par la longueur d'onde, c.-à-d. par
la distance que le mouvement a parcouru pendant la
durée d'une oscillation complète du point vibrant. L'exis-
tence des radiations se constate par les effets calorifiques
qui mesurent leur énergie, et la science des radiations
se propose de chercher comment varie cette énergie avec
la longueur d'onde, ou, si l'on préfère, avec le nombre des
vibrations. On emploie pour cette étude divers instruments
qui ne sont, au fond, que des calorimètres d'une sensibilité
extrême; telles sont la pile thermo-électrique, le bolomèlre
et le radio-micromètre (Y. ces mots ainsi que les mots
Radiation et Spectiie).
Lorsqu'on chauffe progressivement un conducteur, tel
qu'un fil de platine, à l'aide d'un courant électrique ou par
tout autre procédé, voici ce que l'on observe : au-dessous
de 330°, les radiations ne se manifestent que par la pro-
priété d'échauffer les corps situés à une température infé-
rieure. Le nombre de leurs vibrations s'élève jusqu'à
liMUiiiil.000,000.000 (ou, comme l'on écrit d'habitude,
100 10"), c.-à-d. 400 trillions par seconde. Kntre 330°
et 430°, le (il commence à émettre des radiations qui, outre
leur effet calorifique, sont capables d'impressionner la ré-
tine : on dit que ces radiations sont lumineuses. Si l'on
continue à augmenter la température en accroissant l'in-
tensité du courant, la couleur du fil passe successivement
du rouge sombre au rouge vif, puis au blanc incandescent.
Cette couleur n'est pas une couleur simple; elle résulte de
la superposition d'un certain nombre de rayons lumineux
élémentaires ; en faisant tomber cette lumière sur un
Îirisme, on obtient une bande colorée nommée spectre, dans
aquelle ces diverses radiations sont séparées. L'aspect de
ces spectres varie avec la température ; on n'obtient
d'abord que des rayons rouges; puis, quand la température
s'élève, on voit apparaître des rayons orangés superposés
aux premiers ; l'intensité du courant continuant à croitre,
au fur et à mesure que la température s'élève, on voit
apparaître le vert, le jaune, le bleu et enfin le violet. Le
dernier n'apparait que quand le platine est chauffé à blanc ;
la superposition de ces divers rayons, du rouge au violet,
donne donc à l'œil la sensation du blanc. Le nombre de
vibrations répondant à ces diverses couleurs est de
ÎX't tril lions par seconde [pour le rougi', de 344 trillions
pour le jaune, de 38(> pour le vert, de i>31 pour le bleu,
de 709 pour le violet. \u delà du spectre visible, vers
l'extrémité du violet, s'étendent d'autres radiations, carac-
térisées par un nombre de vibrations encore plus considé-
rable ; l'énergie calorifique de ces radiations est beaucoup
moins considérable que celle des vibrations précédentes ;
mais leurs propriétés chimiques et photographiques sont
très marquées el permettent d'en faire l'étude avec préci-
sion. On en a constate don! le nombre dépasse 1,600 tril-
lions par seconde, mais l'œil humain ne les aperçoit plus.
Un résumé, à mesure que la température d'un corps s'élève,
sou spectre s'enrichit de radiations qui répondent à des
vibrations de plus en plus fréquentes et qui se superposent.
Toutes ces radiations se manifestent par leurs effets calo-
rifiques, mais les seuls rayons qui agissent sur la rétine
sont ceux qui sont compris dans l'octave s'étendant entre
■400 trillions et 800 trillions de vibrations par seconde.
Tous ces caractères conviennent aux spectres des corps
à haute température ou spectres d'incandescence des
solides ; ils commencent dans l'infra-rouge et se déve-
loppent très régulièrement jusqu'à l'ultra-violet. On les
regarde comme dus à des mouvements moléculaires. Mais
on connaît d'autres spectres, plus capricieux, formés de
bandes souvent lumineuses, sans chaleur appréciable ; ce
sont les spectres de certains corps à basse température,
je veux dire des corps phosphorescents et fluorescents.
On ne saurait les attribuer à des oscillations de molécules
entières, qui, d'après les théories cinétiques de la matière,
correspondraient à des températures beaucoup plus élevées
que celles des corps phosphorescents. Mais il peut se faire
qu'une molécule de plusieurs atomes possède deux sortes
de mouvements : des mouvements d'ensemble et des mou-
vements partiels. Tandis qu'en général il s'établirait rapi-
dement un équilibre entre le mouvement vibratoire interne
et le mouvement vibratoire général, il n'en serait plus de
même ici, et ces spectres, dits luminescents, seraient dus
à des mouvements intermoléculaires. L'existence de ces
spectres est de la plus haute importance, et l'on verra plus
loin que c'est probablement à des phénomènes de cet ordre
qu'il convient de s'adresser pour arriver à produire des
éclairages plus économiques que les éclairages actuels.
La figure suivante permet de se rendre compte d'un coup
d'œil de la répartition de l'énergie dans les spectres des
diverses sources lumineuses. On a porté en abscisses les
longueurs d'onde, en ordonnées les énergies correspon-
ds 10 r
Spectres de lampes à gaz, à arc, du soleil, du ver luis ant
dantes. La superficie des courbes représente l'énergie totale.
La figure est telle que toutes ces courbes aient même
superficie, de manière que l'on puisse voir comment, pour
ces diverses sources, une même somme d'énergie est utilisée
au point de vue de l'éclairage. On adopte, pour évaluer
les longueurs d'onde, une unité de longueur extrêmement
petite, le micron ou millionième de millimètre, que l'on
représente par la lettre pi. On voit sur ce dessin quatre
courbes différentes: la première représente la radiation
d'une lampe à gaz, la seconde celle d'un arc électrique, la
troisième la radiation solaire, la quatrième le spectre lumi-
neux et à basse température d'un ver luisant, la luciole
cubaine (Pyrophorus noctilucus). Il faut noter, pour
cette dernière courbe, qu'elle dépasse de beaucoup les
limites du dessin; le maximum, qui correspond à 0,37 (a,
est représenté en ordonnées par 87 unités. Les traits
pointillés indiquent qu'on a interrompu la courbe afin de
pouvoir en représenter le haut. Kn ce qui concerne la cha-
leur solaire, on observe un fait très remarquable : le
ÉCLA1RAGK
- 330 -
maximum de radiation correspond i 0f6 p, c.-à-d. à la
plus panda sensibilité de notre œil ; l'énergie solaire est
donc utilisée le mieux possible pour la \ision. Si l'on
adopte les vuea de Darwin, on dira qoe notre "'il s'esi
adapté d'une manière presque parfaite i l'éclairage qui lui
eal habituel. Il faut, d'ailleurs, remarquer que, bien que
le Bpectre solaire se termine a "2,7 p., il est probable que
le soleil émet des radiations de plu-, grande longueur d'onde,
mais elles sont absorbées presque entièrement par notre
atmosphère. Quant aux trois derniers spectres, relui de
la lampe à gaz, celui de l'arc voltaïque et celui de la
luciole cubaine, l'aspect des courbes est très instructif el
fait ressortir cette vérité que l'on ne soupçonnait pas jus-
qu'à ces dernières années et que l'étude de L'énergie dans
le spectre a seule pu révéler : c'est que nos meilleurs
éclairages sont d'un rendement déplorable. On savait bien
que dans toute lampe à comhustion les courants d'air contri-
buent beaucoup plus au refroidissement que le rayonne-
ment et que toute la chaleur emportée par les produits de
la combustion ou par l'air en mouvement était de la cha-
leur perdue pour l'éclairage ; la supériorité des becs de
gaz à récupération provient précisément de ce qu'ils re-
prennent une partie de cette chaleur. On savait que, dans
l'installation la plus satisfaisante de la lumière électrique,
on amène aux bornes de la lampe une quantité d'énergie
à peine égale au dixième de l'énergie du charbon brûlé
dans la chaudière qui actionne la dynamo. Mais ces pertes
si grandes sont peu de chose à côté de la perte provenant
de la nature même de la lumière que nous employons.
On désigne sous le nom de rendement lumineux d'un
loyer le rapport de l'énergie lumineuse à l'énergie totale
qu'il rayonne. Ce rapport se mesure facilement sur les
courbes données plus haut ; c'est le rapport des superficies
comprises, d'une part, entre l'axe des abscisses, la courbe
d'énergie et les ordonnées extrêmes du spectre visible ;
d'autre part, entre la courbe entière et l'axe des abscisses.
Cete définition manque un peu de précision, car la limite
du spectre dans le rouge est mal définie, tandis que les
ordonnées croissent rapidement dans cette région. La sen-
sibilité de l'œil pour les diverses couleurs est, en effet,
très inégale. Pour en tenir compte, il suffirait d'aliecter à
chacune des régions du spectre un coefficient spécial ; ce
coefficient serait égal à 1 pour les rayons jaunes verdâtres,
c.-à-d. pour ceux auxquels la rétine est le plus sensible ;
il s erait très voisin de 0 pour les rayons rouges extrêmes
qui n'affectent presque plus l'oeil. Les rendements calculés
ainsi seraient encore beaucoup plus faibles que ceux que
nous donnons plus loin. 11 en serait de même si, au lieu
de considérer tout le spectre visible comme nécessaire à
la vision, nous nous contentions de la faible portion des
radiations situées dans la région de sensibilité maxima de
l'œil, c.-à-d. dans le jaune verdàtre. Ce groupe de radia-
tion suffirait à donner une connaissance exacte de la forme
des objets, mais il ferait disparaître la notion de couleur.
En mesurant, dans la figure donnée plus haut, les su-
perficies dont le rapport donne le rendement photogénique
d'une lampe à arc, on trouve que ce rendement est de
2,5 °/0 environ. En multipliant ce nombre par le rende-
ment des machines qui n'utilisent pas plus du dixième de
l'énergie du charbon, on voit que l'on n'utilise, en fin de
compte, pas plus de i /400e de l'énergie du charbon brûlé;
le rendement total est donc 0,0025.
Pour la lampe à gaz, la courbe montre que la distribu-
tion de l'énergie est encore beaucoup plus défectueuse ; la
proportion des radiations visibles par rapport aux radia-
tions totales est deux fois aussi faible ; le rendement pho-
togénique est 4,2 °/0 ou 0,012. Pour déterminer le rende-
ment total, il faudrait connaître les pertes que les courants
d'air et le rayonnement font subir aux lampes à combus-
tion, du ne possède pas de données précises sur ce point,
mais on peut faire le calcul par une voie indirecte. On a
mesuré simultanément le pouvoir éclairant de divers foyers
et leur consommation ouïes watts aux bornes des lumières
électriques, ce qui donne une relation entre les, calories
dépensées el les carcel'heures fournil par bm diverses
sources. En posant le rendement total de la lampe i are
égal a 0,0025, on trouve celui fa an', ■ lumi-
neuses en multipliant Ce nombre par le rapport in\'i
calories dépensées. Voici le résultai du calcul :
Bec de gaz Bengel
Lampe a Incandescence.
lit
l î
B
= ~.
S —
-
s:
= 1
1 1
s. *"
71',
189
20
i
O.OOull
0,00058
0,012
Le rendement photogénique du soleil est d'environ 14°/,;
c'est le plus élevé que donne un foyer incandescent, ce qui
parait tenir, comme il a été dit, à l'adaptation de notre œil pour
ce genre de lumière. D'ailleurs, on sait que tous les ravuns
solaires ont leur utilité dans la nature, tandis que. dans
l'éclairage artificiel, c'est la lumière seule que l'on cherche.
On voit par là combien sont imparfaites même nos
meilleures lampes électriques, puisqu'elles ne transforment
en lumière que la quarantième partie de l'énergie électrique
qu'elles absorbent. Les radiations obscures qu'elles émettent
absorbent les trente-neuf quarantièmes de cette i -
Nous sommes dans la situation d'un organiste qui, pour
arriver à tirer quelques sons aigus de son orgue, serait
obligé de manœuvrer toutes les touches et toutes les pé-
dales et d'y déchaîner un véritable ouragan. Le physicien
qui veut s'éclairer et qui n'a besoin que des radiations dont
les nombres de vibrations sont compris entre 400 X t0il
et 800 X I0i2 par seconde, est obligé de provoquer toute
la série des vibrations jusqu'à ce qu'enfin il obtienne les
vibrations qui affectent la rétine. Que l'on considère les
foyers et les chaudières d'une grande usine électrique avec
ses moteurs et ses dynamos et que l'on calcule l'énergie
dépensée. D'autre part, que l'on regarde les filaments
incandescents et que l'on évalue la fraction d'énergie uti-
lisée par nos yeux. On peut dire, sans exagération, qu'un
homme attelé à une manivelle pourrait suffire à entretenir
la lumière produite si toute l'énergie était utilisée, et rem-
placerait l'usine entière. Ainsi, l'éclairage électrique lui-
même, que beaucoup de personnes regardent comme le
nec plu* ultra, n'est lui-même qu'un procédé transitoire
destiné sans doute à être remplacé par un procédé meilleur.
Le rendement photogénique d'un foyer incandescent aug-
mente avec la température. Or il n'est pas vraisemblable
que l'on puisse dépasser beaucoup la température de l'arc
électrique; on ne saurait donc espérer obtenir par l'incan-
descence un rendement photogénique de plus de 3 à i
Si l'on vent produire économiquement la lumière, il faut
avoir recours à d'autres phénomènes.
Ces phénomènes paraissent devoir être les phénomènes
de phosphorescence qui produisent des foyers de lumière
beaucoup plus favorables pour notre œil. Si l'on regarde
en effet la courbe de la lumière du ver luisant donnée plus
haut, on voit que son rendement, même considéré dans le
sens le plus restreint — c.-a-d. son rendement photogé-
nique— est égal à l'unité. Il est vraisemblable, si l'on en
juge par la perfection que l'on trouve toujours lorsqu'on
étudie les mécanismes de transformation des êtres vivants,
que la perte pour passer du rendement photogénique au
rendement total est très faible et que ee mode de produc-
tion de la lumière est beaucoup plus parfait que le nôtre à
ce point de vue. 11 est intéressant de rappeler que la
femelle seule du ver luisant a le pouvoir éclairant et que
celui-ci sert a révéler sa présence aux maies. Si l'on admet
que l'adaptation darwinienne de cet insecte est complète,
on en conclut que son œil possède un maximum de sensi-
bilité au même endroit du spectre que le notre.
- 331 -
ÉCLAIRAGE
11 est probable que ces phénomènes de phosphorescence
jouent un rôle important dans la plus éclatante des lumières
artificielles que nous tachions produin : celle qui résulte
de la combustion du magnésium. 1j coloration que l'on
•aaarve est en effet très différente de celle qui eorrespon-
draii a la température île combustion du métal, Ce n'est
ilitue pas un simple phénomène d'incandescence : la qualité
(les radiationa rmines par la magnésie chauffée est sans
doute en relation avec la nature de sa molécule cl les
motivemenls de ses atomes. On observe en général que la
phosphoreeeenoe aogmente beaucoup avec la lempératwe.
La nagnésie offrirai) l'exemple d'une phosphorescence éner-
gique ne se produisant qu'a haute température.
Il y a donc la peur l'éclairage de l'avenir une voie toute
différente des voies suivies jusqu'ici. Bile consiste à pro-
duira la lumière sans passer par l'intermédiaire de la
cliult'ur. Certaines expériences récentes permettent d'entre-
voir un des cotes par où l'on pourrait aborder ce problème.
Depuis 1888, M. Hertz et d'autres physiciens sont par-
venus, au moyen d'appareils nommés excitateurs et fondés
sur une combinaison du condensateur avec la bobine d'in-
duction, à produire des oscillations électriques se propa-
geant dans le milieu ambiant à la manière des oscillations
calorifiques et lumineuses émanées des molécules des corps
et ne paraissant différer de celles-ci que par leur longueur
d'onde. Celte longueur d'onde, qui atteignait une dizaine de
menés dans les premières expériences de H. Hertz, a été
réduite à quelques décimètres, puis à quelques centimètres
au moyen d'appareils plus perfectionnés. Or, tandis qu'on
n'a longtemps connu que les radiations lumineuses du
spectre comprises entre 0,4 pi et 0,8 p., ces limites ont été
singulièrement étendues : la plus courte radiation mesurée
jusqu'ici dans f ultra-violet, grâce aux plaques photogra-
phiques, est de 0,1 8r> p.; la plus longue ondulation mesurée
dans l'infra-rouge, grâce au bolomètre, est de 30 p.. Il existe
sans aueun doute des radiations au delà de la longueur
d'onde 30 p., mais le bolomètre ne sutlit plus à les déceler.
On peut penser que, si l'on avait un moyen d'investigation
plus perfectionne, le spectre pourrait être prolongé dans
l'infra-rouge, et qu'en mesurant des radiations calorifiques
d'une longueur d'onde de plus en plus grande, on finirait
par rejoindre les radiations électriques que les résonnateurs
électriques nous révèlent seuls aujourd'hui. S'il y a identité
entre les radiations électriques et les radiations calorifiques,
on peut espérer arriver à produire directement delà lumière
par voie électrique et, par suite, à la fabriquer indépen-
damment de toute élévation de température. One faudrait-il
pour cela? Jusqu'ici, on n'est pas parvenu a faire descendre
la longueur d'onde des oscillations électriques au-dessous
de quelques centimètres : si l'on réussissait à la diminuer
encore de manière à la faire descendre au-dessous de
quelques millièmes de millimètres, on obtiendrait des ondes
agissant sur la rétine. Mais il faudrait pour cela diminuer
extrêmement les dimensions des excitateurs et même vrai-
semblablement les réduire à la dimension d'une molécule.
Peut-être est-ce à des vibrations de cet ordre que sont dus
les phénomènes de la fluorescence et de la phosphorescence
que nous voyons réalisés dans le ver luisant. Le jour où
l'on découvrira la solution de ce problème, on pourra pro-
duire des spectres d'émission limites à la partie visible, et
le problème de l'éclairage artificiel économique sera résidu.
ino.NS chimiques de i.'éclaikace. — Presque tous
les systèmes d'éclairage employés a l'heure actuelle —
bougies, huiles végétales, huiles minérales, gaz, arc élec-
trique — produisent la lumière au moyen de la combustion
dsa corps : seul le système fondé sur l'incandescence des
lampes électriques dans le vide a recours a un phénomène
purement physique. Tous les autres procèdes exigent par
eeaséquenl la combinaison d'un comburant et d'un com-
bustible. Théoriquement, beaucoup de substances peuvent
jouer ces rôles ainsi qu'en font foi les expériences bien
connues dans les cours de chimie sur la combustion du
phosphore, du fer, des sels de magnésium ou de calcium
dans l'oxygéna, de l'antimoine dans le chlore. Mais, dans la
pratique industrielle, la corps comburant est l'oxygène de
l'air al le corps combustible le carbone. Les combustions
\i\es peinent se luire soil avec flamme, soil sans flamme.
C'est ainsi que le soufre, le phosphore, le magnésium
brûlent dans l'oxygène avec Bamme, tandis que la charbon
pur et le ter porté an rouge y brûlent sans flamme. Chacun
sait que, dans une cheminée, la combustion de la houille se
fait avec flamme et celle du coke sans flamme. Cette diffé-
rence tient à ce que la flamme est toujours un gax, ou
une vapeur en combustion. Dès lors, les corps qui ne se
réduisent pas en vapeur peuvent bien brûler quand on
élève suffisamment leur température, mais ils brûlent sans
flamme, comme le charbon pur et les métaux non volatils.
Au contraire, les corps volatils, comme l'hydrogène, le
soufre, le magnésium, le zinc, brûlent avec flamme : il en
est de même des corps décomposables en produits volatils.
La plupart des sources lumineuses employées pour
l'éclairage brûlent avec flamme. Tantôt elles affectent na-
turellement l'état gazeux : lel est le cas du gaz d'éclairage;
tantôt elles fournissent par leur décomposition et dans
l'acte même de la combustion des substances gazeuses qui
deviennent le support de la lumière produite : tel est le cas
des huiles végétales, du pétrole, des résines, du bois, de la
chandelle, de la bougie, etc.
L'éclat de la flamme dépend de diverses circonstances
telles que la pression, la présence des corps solides, la
température, etc.
L'influence de la pression est facile à constater. La
flamme du chalumeau à gaz oxygène et hydrogène qui est
peu éclairante quand la combustion se fait à la pression
atmosphérique, devient éclatante quand la pression est de
dix atmosphères. Une expérience de M. Frankland met en
évidence le même fait ; six bougies furent allumées à Cha-
mounix pendant une heure, et l'on détermina la perte de
poids qu'elles avaient subie pendant ce temps. Ces mêmes
bougies furent portées au sommet du mont Blanc, ou on les
fit brûler pendant une heure sous une tente, à l'abri du
vent. Les flammes étaient petites et pâles, et cependant la
quantité d'acide stéarique brûlée fut trouvée la même dans
les deux cas : ainsi la raréfaction de l'air diminue l'éclat
de la flamme, mais non l'énergie de la combustion. La
compression de l'air en effet augmente le nombre de parti-
cules actives en contact avec la flamme et diminue la mo-
bilité du gaz et par suite l'enlèvement des couches brûlées.
La flamme de l'alcool, pâle dans l'air ordinaire, devient
brillante comme celle du gaz d'éclairage si l'on augmente
la pression de l'air. Elle peut même devenir fumeuse dans
l'air encore plus comprimé. Dans ce cas, en effet, par suite
de la diminution de mobilité des produits de la combustion,
l'oxygène de l'air ambiant ne sutlit plus à la combustion
complète du carbone.
La présence des particules solides est nécessaire pour
donner de l'éclat à une flamme. Les gaz qui ne renferment
pas de corps solides, tels que l'hydrogène, peuvent être
portés à une température 1res haute, capable par exemple
de fondre le platine, sans émettre autre chose qu'une lueur
à peine visible. Mais si, dans cette flamme obscure, on
introduit une spirale de platine, de la chaux vive, de la
magnésie, de l'oxyde de zinc en poudre, les particules
solides portées à une haute température émettent aussitôt
une vive lumière.
Les gaz hydrocarbonés que l'on retrouve dans la plupart
des lumières artificielles deviennent lumineux par suite de
la précipitation sous forme solide d'une parti*; du carbone
qu'ils renferment. A la température ordinaire, le carbone
est uni avec l'hydrogène et forme le compose gazeux ; mais,
au moment de ia combustion, deux actions déterminent au
tain de la flamme la précipitation du carbone : d'une part
le gaz est porte a une hante température qui détermine sa
décomposition partielle en carbone et hydrogène; d'autre
part, en présence d'une quantité d'oxygène insutlisante,
l'hydrogène du gaz brûle le premier et le carbone se sépare :
KCLAIKAGK
— :«2 —
comme l'hydrogène en brûlant dégage beancenp de ehalenr,
le carbone eal porté s l'ineandeecence avant de brûler
dans les partie* extérieures. Pour démontrer l'existence
do carbone libre dans ces flammée, il suilii rie les couper
avec une soucoupe froide : celle-ci se recouvre aussitôt de
noir de fumée.
Si une insuffisance de carbone enlève de son éclat à la
flamme, il en est de même d'un excès de carbone : il laut
que la proportion de carbone soit assez faible pour qu'il
brûle complètement à la surface extérieure de la flamme.
Si la proportion de carbone est trop faible, la lumière est
pale : la flamme de l'oxyde de carbone a une couleur bleue
due vraisemblablement à des traces de carbone produites
par un commencement de décomposition. La flamme du gaz
des marais renferme une quantité de carbone un peu plus
forte, mais encore trop faible : elle est jaunâtre et peu
éclairante. Si, au contraire, le carbone est en excès, il ne
brûle pas complètement à la surface extérieure de la flamme;
une certaine proportion échappe à la combustion et s'inter-
pose comme un brouillard entre l'œil et la région brillante
de la flamme. Celle-ci perd donc de son éclat et produit de
plus une grande quantité de rayons rouges émis par les
particules charbonneuses au moment ou elles cessent d'être
lumineuses. La flamme est dite fuligineuse. On observe ces
phénomènes dans la combustion de la benzine ou de l'essence
de térébenthine, des torches de résine, de la paille hu-
mide, etc. — Enfin l'éclat de la flamme augmente beaucoup
avec la température : la lumière émise par les particules incan-
descentes est beaucoup plus vive dans ce cas. Aussi dans les
becs de gaz perfectionnés (bec Siemens, etc.) utilise-t-on la
chaleur de combustion du gaz pour échauffer le gaz com-
bustible et l'air avant qu'ils arrivent à l'ouverture du bec.
Appliquons maintenant les notions précédentes aux gaz
qui peuvent servir à l'éclairage. L'expérience a montré que
l'éclat de la flamme d'un gaz hydrocarbure brûlant au
contact de l'air est lié aux circonstances suivantes :
1° Rapport du carbone et de l'hydrogène du com-
posé gazeux. Si l'hydrogène domine, comme dans le gaz
des marais, C2I14, la flamme est peu éclairante ; si le car-
bone l'emporte, comme dans l'acétylène, C4H2, ou la ben-
zine, C^H6, la flamme est fuligineuse. Le cas le plus
favorable est celui où les éléments sont en proportions à
peu près équivalentes : comme dans le gazoléfiant, C4114.
2° Condensation des éléments dans les composés
gazeux. Le gaz défiant, C4H4, le propylène, C^H6, et
l'amyléne, C10H10, sont formés des mêmes éléments unis
dans les mêmes proportions, mais avec des condensations
différentes. Tous trois donnent des flammes éclairantes,
mais les deux dernières sont déjà fuligineuses. De même la
flamme de l'alcool méthylique, C2ll8(H'-'0'), est presque
incolore: celle de l'alcool ordinaire, C4H4(H*03), est jau-
nâtre; celle de l'éther, C*H*(H20'-), est très brillante;
celle de l'alcool amylique, C1"H1,l(H-02), est légèrement
fuligineuse. Il résulte de là que l'on peut corriger les pro-
priétés fuligineuses d'une flamme en associant le composé
qui la fournit avec un corps moins carboné qui, employé
seul, donnerait une flamme pâle. Ainsi la flamme de l'hy-
drogène est incolore, celle de la benzine fuligineuse, mais
l'hydrogène chargé de vapeur de benzine brûle avec une
flamme" blanche.' De même l'alcool a une flamme pâle,
l'essence de térébenthine une flamme fuligineuse; leur mé-
lange donne un liquide, autrefois appelé gaz liquide, dont
la flamme est très éclairante. Les mêmes remarques s'appli-
quent à la fabrication du gaz d'éclairage préparé au moyen
de la distillation de la houille. Les premiers produits obte-
nus à basse température (benzine, acétylène, tiaz olé-
tiant, etc.) sont riches en carbone, très éclairants et même
fuligineux ; les derniers produits (gaz des marais, oxyde
de carbone, hydrogène) sont très peu éclairants. Ln mé-
langeant les uns aux autres dans les gazomètres, on obtient
un gaz qui éclaire convenablement. Si les premiers pro-
duits de la distillation ne sont pas assez riches en carbone,
on leur ajoute les produits de distillation des houilles grasses
00 des hoghead, schistes qui donnent des carbur— très
éclairants.
Enfin, on fait varier l'éclat des tlarnmes d'après la pro-
portion d'air avec laquelle ou les mélange. Ceb est naturel,
puisque cet air détermine la combustion puis ou moins
complète du carbone dans la flamme. On constate qu'un
gaz, qui brûlerait avec une flamme fuligineuse dans les
conditions ordinaires, devient très éclairant lorsqu'on le
mélange avec une certaine quantité d'air; si l'on augmente
la quantité d'air, la flamme devient presque incolore. Cette
influence se vérifie facilement avec le bec imaginé par
M. Bunsen : le gaz arrive par un tube vertical conique; ce
tube est entouré d'un autre tube de diamètre plus grand
et percé à la hauteur du dégagement du gaz de deux trous
circulaires pour l'introduction de l'air. Le mélange des
deux gaz se fait ainsi dans le tube extérieur et rient brûler
a l'orifice supérieur. Lne virole qui tourne sur le tube à
flottement doux et présente des ouvertures de même dia-
mètre que les trous, règle l'ouverture de ceux-ci et permet
de faire varier à volonté la proportion de l'air. Ce mélange
peut être fait avant la combustion comme dans le bec liunsen.
L'effet d'un excès d'air sur le gaz d'éclairage se constate
dans les illuminations publiques ; poussé par le vent,
l'oxygène pénètre au centre de la flamme, et celle-ci, de
blanche qu'elle était, devient bleu pâle. On opère un mé-
lange analogue en chassant un courant d'air au moyen d'un
ventilateur à travers un réservoir rempli de carbures d'hydro-
gène très volatils. Ce mélange, s'il est bien réglé, peut
donner un gaz très éclairant. Diverses lampes à huile de
schiste sont basées sur ce principe : la vapeur de l'huile
échauffée se mélange à l'air avant la combustion. Mais sou-
vent la vapeur ou le gaz combustible n'est pas mêlé d'avance
à l'air ; le mélange se fait au moment même de la combus-
tion. Pour arriver à ce résultat, tantôt on force le tirage
de l'air autour de la flamme à l'aide d'une cheminée de
verre assez haute, tantôt on donne à la flamme une forme
spéciale destinée à augmenter sa surface pour une même
quantité de gaz brûlé. C'est d'après ces principes généraux
que sont réglées les innombrables dispositions proposées
pour la construction des becs de gaz, des lampes à huile,
à pétrole, etc.
Ces notions permettent de se rendre compte de l'aspect
que présentent les flammes éclairantes. Si nous prenons
pour type la flamme d'une bougie, nous voyons qu'elle
comprend trois régions distinctes : une région intérieure
et sombre a, qui entoure la mèche et où la température
est peu élevée ; une première enve-
loppe />, très brillante, et que con-
stitue la partie éclairante de la bou-
gie; enfin, l'enveloppe extérieure c,
mince, peu colorée, jaune vers le
haut, bleue vers le bas en dd'. C'est
la partie la plus chaude. Il est facile
d'expliquer cette constitution de la
flamme ; la matière fondue monte
par capillarité dans la mèche : elle
s'y décompose sous l'influence de la
chaleur produite par les parties déjà
en combustion ; de là résultent divers
gaz qui forment la partie obscure a
de la flamme ; ils n'y brûlent pas
faute d'oxygène. Dans l'enveloppe />,
la combustion commence : l'hydro-
gène brûle d'abord et porte à l'in-
candescence le charbon réduit qui
donne son éclat à la flamme. Enfin, dans l'enveloppe
extérieure c ou il y a excès d'oxygène, la combustion se
complète; la chaleur est plus grande que dans la région
intermédiaire; niais, comme il n'y a pas de corps solide,
la flamme est peu brillante. La partie inférieure et ex-
terne (/(/'est bleue; elle résulte de la combustion de l'oxyde
de carbone et du gaz des marais, premiers produits de dé-
composition de la bougie à une température relativenien
Constitution d'une
flamme de bougie.
— 333 -
ÉCLAIRAGE
peu élevée. Si l'air en contact avec la flamme n'est pas
suffisant pour fournir l'oxygène de la combustion, la flamme
fume.
La flamme do gai et celle des lampes à huile offrent la
même constitution. On en augmente l'éclat en les (aisanl
brûler dans des liées annulaires a double courant d'air et
à cheminée de voire. La tlainme peut être assimilée à la
reunion d'une série de ilainnies. dont le> mèches juxtapo-
sées formeraient un grand anneau. La cheminée de verre
qu'on élève OU qu'on abaisse à volonté dans les lampes à
huile, permet, grâce à la position de sa partie rétrécie par
rapport à la flamme, de régler le tirage. Si la partie rétré-
cie de la cheminée est descendue au niveau de la mèche,
le tirage e>t très actif et la combustion très vive, mais
alors les gaz brûlent presque au sortir de la mèche, et la
flamme est peu étendue et, par suite, peu éclairante. Si,
au contraire, la partie rétrécie de la cheminée est située
trop au-dessus de la mèche, le cime de flamme s'allonge,
mais l'activité de la combustion est diminuée, le charbon
n'est plus maintenu à l'incandescence et la flamme devient
fumeuse. Le maximum d'éclat s'obtient en réglant le tirage
de manière à av.ur une combinaison complète tout en obte-
nant une flamme suffisamment allongée.
L'éclairage avant lk. xix" siècle. — Il est probable
que, dès les temps les plus reculés, les hommes ont eu
recours, pour s'éclairer, à la combustion de broussailles
et de bois. UOdyssre nous montre les servantes d'Ulysse
jetant des morceaux de bois dans les trois brasiers qui éclai-
raient la salle du festin. La Bible renferme certains détails
sur les instruments d'éclairage destinés au culte. De ce
nombre est le célèbre chandelier à sept branches que Dieu
commanda à Moïse d'exécuter. Le chapitre vin du livre de
Juda fait mention de lampes que Gédéon fit placer dans des
bouteilles vides qu'il donna aux Hébreux pour marcher
contre les Madianites. Les uns y ont vu des lanternes
sourdes, les autres des espèces de grenades incendiaires.
L'éclairage des Grecs nous est mieux connu. Athénée a con-
sacré tout un chapitre de son livre à retracer le progrès
de l'éclairage. Les convives qui dissertent à la fin du ban-
quet tombent d'accord que les premiers flambeaux furent
de simples morceaux de bois de chêne, fendus en allumettes
et trempés dans la poix résine ou dans l'huile. Plus tard,
on distingua deux espèces de lanternes : lanternes au bout
d'un bâton, sortes de phares portatifs, et lanternes de
corne montées avec de la baleine. Les Grecs appelaient
plianos la première espèce de lanternes. Quant aux se-
condes, pour en prouver l'usage, Athénée cite quelques
vers fort scabreux de Théodoride, de Syracuse : in Crn-
tauri.s. et du poète Alexis : in Mydone. Parmi les grandes
solennités grecques figurait la Lampadophorie qui revenait
trois fois dans l'année aux fêtes de Minerve, inventeur des
arts; à celles de Vulcain, auteur des lampes; à celles de
Prométhée qui avait ravi le feu du ciel. Les coureurs se
passaient le flambeau de main en main jusqu'au moment ou
l'un d'eux réussissait a passer le but avec son flambeau
allumé. Cette fête fut de bonne heure adoptée par les
Romains. C'est à cet usage que fait allusion le vers célèbre
de Lucrèce : Et quasi cunores ritai lampailu tradunt.
L'éclairage des rues était très néglige on Grèce. Les an-
ciens vivaient au i;rand jour. S'ils prenaient sur leurs
nuit-, c'était plutôt pour s'adonner à la débauche que pour
se livrer au travail. I.a lampe d'Epictète était conservée
comme une relique rare. Le soir, hormis quelques matelots
attardés dans les cabarets du Pnyx, hormis quelques es-
claves ou quelques Scythes portiers de l'Aéropage, nul ne
circulait plus dans les rues, et seuls, les fanaux placés au-
dessus des portes des maisons de débauche de l'Agora, ré-
pandaient leur lueur vacillante sur la cité endormie.
Longtemps il en fut de même a Rome. La nuit, la
grande clepsydre du Forum, qui marquait les heures, était
arrêtée, et toute la ville sommeillait. La nuit commençait
après le coucher du soleil et avait les .subdivisions sui-
vantes : vesper, la chute du jour ; crepusculum, le cré-
puscule; prima fax, la première torche, e.-à-d. l'heure
où les premières torches apparaissaient dans les rues pour
éclairer les litières des riches; corticiniwn, le silence;
COtlCttbitum, le moment où chacun est couché; gnllici-
niiiui, le chanl du coq ; matutinum, le matin. Les rues
mal famées étaient seules éclairées : la voie Suburane,
repaire des courtisanes de bas étage qui se tenaient assises
sur des chaises hautes, devant des maisons illuminées de
petites lampes; leuictts Patricius, sur le mont Esquilin;
les arcades du cirque Maxime, asiles habituels de la pros-
titution.
Les voyageurs s'éclairaient, dans les campagnes, avec
des bottes décorces, îles brins d'épine blanche, de genêt,
de pin ou de coudrier. Vairon blâme cet usage, car sou-
vent les voyageurs, en jetant leurs torches, allumaient de
terribles incendies dans les forêts ou les moissons. Peu à
peu, la lanterne se substitua à la torche dans les villes.
Les riches faisaient porter leur lanterne par un esclave ap-
pelé lanternarius; les simples citoyens attachaient la leur
à leur ceinture. Selon Pline, ces lanternes étaient généra-
lement faites avec de minces lamelles de corne ou avec des
vessies ; les plus modestes étaient fabriquées avec des mor-
ceaux de toile de lin trempés dans l'huile. Certaines villes
d'Orient semblent avoir été mieux éclairées. Ammien Mar-
cellin nous dit que la ville d'Antioche était éclairée par
une telle profusion de lumières que leur éclat rivalisait avec
la splendeur du jour, mais il ne donne pas de détails précis
sur cet éclairage. Saint Jérôme est plus explicite ; mais il
nous montre qu'il faut beaucoup en rabattre des hyper-
boles d'Ammien. Cet éclairage consistait simplement en
grands feux de bois allumés dans les carrefours, à la lueur
desquels les oisifs se rassemblaient. Gitons encore Libanius
qui rapporte que quelques séditieux coupèrent la corde
d'une lampe placée près d'une maison de bains; mais on
sait que les bains étaient des lieux de prostitution et que
ceux-ci se reconnaissaient dans la nuit au falot suspendu
devant la porte.
Il n'y avait donc pas d'éclairage régulier chez les Ro-
mains ; par contre, dans de nombreuses occasions, les rues
étaient illuminées la nuit ; lors des fêtes, on allumait des
feux de joie dans les carrefours ; c'est dans un de ces feux
de joie, sur la place Trajane, que l'empereur Adrien brûla
toutes ses créances sur les provinces, créances s'élevant à
une somme représentant plus de cent trente millionsde francs
de notre monnaie. Pour célébrer la naissance des princes,
les Romains plaçaient sur leurs fenêtres de petites lampes
remplies de graisse ou d'huile, sortes de lampions analogues
à ceux avec lesquels nous illuminons aujourd'hui. Les juifs
qui se trouvaient en Italie avaient la même coutume. « Les
jours où les circoncis célèbrent l'avènement au trône d'Hé-
rode, dit Perse, des lampions ornés de violettes et disposés
avec ordre aux fenêtres, répandent dans l'air un nuage
épais de fumée. » Caligiila, le premier, fil illuminer toute
la ville et donna des jeux à la fois diurnes et nocturnes.
Tacite nous apprend que ce luxe, renouvelé souvent par
Néron et ses successeurs, était blâmé des vieux Romains,
se plaignant « qu'aucun asile ne restât à la pudeur ».
Dans leurs maisons, les Romains se servaient de lampes
de divers modèles. La plus simple consistait en un récipient
rempli d'huile ou plongeait une mèche. Souvent la lampe
avait plusieurs becs. Ces lampes, dont un certain nombre
ont été retrouvées à Pompéi et figurent au musée deNaples,
étaient parfois de véritables objets d'art représentant tan-
tôt le cygne, oiseau d'heureux présage, tantôt la chauve-
souris, symbole de la nuit, tantôt une souris léchant
l'huile, etc. Les lampes chrétiennes étaient ornées d'em-
blèmes religieux : colombe de Noé, etc. Ces lampes étaient
m argile, en fer, en marbre, en verre ou en bronze. Pour
éclairer les grandes salles, on avait recours à des grands
candélabres représentant des arbres desséchés avec des
branches dépouillées soutenant des lampes d'airain, des
serpents, des statues dorées (V. Candélabre).
Plus tard, la religion chrétienne déploya un grand luxe
ÉCLAIRAGE
- 884 -
(bus l'éclairage des ('-lises. 9m l'autel Mal placée me
veilleuse nui ne s'éteignait jamais, afin démarquer la pré-
lence de Dieu bdp l'autel, Un règlement d'Aldérie, èvéque
du Mans, prescrit de conserver chaqne nuit dans la cathé-
drale quinze lumières, dix d'huile et cinq de cire Le di-
manche, on en allumait trente-cinq ; pendant les grandes
fêtes, deux cents. Les seignenn donnaient souvent aux
églises de grands appareils d'éclairage en forme de croix on
de couronnes (V. ce mot), destinés à porter des chande-
liers si des cierges. Les couronnes de Hildesheim, de Reims,
de Toul, de Bayeux étaient célèbres par leur beauté. I.a
couronne de bronze d'Aix-la-Chapelle subsiste encore : elle
est détonne octogone et ornée de statuettes d'argent. Cer-
taines couronnes portaient au centre une lampe et sur la
circonférence douze godets; la lampe symbolisait le Christ,
et lc> godets les douze apôtres. Les malades, les pécheurs
offraient aux saints des gros cierges. Pendant une disette
de blés au xiv'- siècle, le [dévot des marchands de Paris
décida de placer devant la statue de la Vierge un cierge
unique ayant la même longueur que l'enceinte de Paris et
brûlant nuit et jour.
Quant a l'éclairage privé, il consistait toujours en torches
ou flambeaux de cire. On les laissait souvent brûler pen-
dant la nuit, ainsi qu'il résulte de deux romans de chevalerie
cités par I. ai urne de Sainte-Palaye. Dans l'un d'eux, un
des personnages crie si haut qu'une autre personne couchée
en sa chambre s'éveille et, approchant le mortier de cire
qui brûlait, vient lui demander s'il se trouve mal. Le second
roman parle de torches fixées aux quatre coins de la salle
pour l'éclairer. Dans les t'êtes, on faisait éclairer les salles
par des varlets porteurs de torches : c'est ainsi qu'eut lieu
le terrible accident du bal des Ardents, où des gentilshommes
déguisés en sauvages et couverts d'étoupe prirent feu par
suite de l'imprudence des varlets, qui avaient trop approché
leurs lumières des costumes. A la suite de la grande frayeur
qu'eut le roi, il perdit irrémédiablement la raison. Un peu
plus tard, on remplace ces varlets qui tenaient une torche
à la main par des chandeliers ayant des formes humaines.
Ces chandeliers représentent souvent des hommes velus ou
sauvages. Nous possédons de beaux spécimens de chande-
liers, datant du xn* siècle, en cuivre fondu et en bronze.
Us étaient connus sous le nom de chandeliers de dinanderie,
car ils venaient principalement de Dinant. Us portaient sou-
vent une anse qui permettait de les manier, ce qui prouve
qu'ils remplissaient l'office de nos bougeoirs. On se servait
aussi de petits bougeoirs à main en forme de pelles pour
s'éclairer dans les habitations ; on y brûlait également des
parfums. Au dehors, on se servait parfois d'un crasset, petite
veilleuse de nuit, ou d'une esconce, mais plus souvent d'une
lanterne. L'esconce était une sorte de bougeoir en métal
portant une chandelle couverte et garantie du vent; un
manche en bois permettait de le tenir à la main. Cet ins-
trument servait à éclairer en plein air pendant quelques
instants : on l'employait, par exemple, à traverser la cour
d'un château. Le plus souvent, on employait des lanternes
que l'on portait au bout d'une chaîne. Celles-ci étaient des
objets de luxe : munies de petites vitres de corne qui pré-
servaient du vent la lumière, elles étaient souvent en or ou
en argent. Beaucoup de celles qu'on mentionne dans les
inventaires étaient des joyaux que les femmes portaient à
leur ceinture et où elles mettaient des parfums appelés
oyselets de Chypre : petites boules en forme d'oiseaux que
l'on crevait et qui se répandaient en poudre odorante. Les
lanterniers formaient une corporation à part, parfois réunie
à celle des peigniers. Etienne Boileau explique les règles aux-
quelles ils étaient soumis dans son livre Des Métiers.
Quant aux lampes, elles restèrent longtemps fort gros-
sières : elles consistaient toujours en un récipient rond ou
carré percé de deux trous dont l'un servait à Miser l'huile
et dont l'autre livrait passage à la mèche. In médecin,
nommé Cardan, connu par diverses inventions mécaniques,
inventa un type de lampe à laquelle il a donné son nom. On
en trouve la description dans le Dictionnaire de Trt'vou.i,
au xvnr siècle, époque du bh lampes te vulgai
« Cette lampe M fournit sUe-néne MB huile; ('est une
petite colonne de cuivre ou de verra bien bouchée partout,
1 la réserve d'un petit trou par en bas. au milieu d'un
goulot où M met la mèche, car l'huile ne peut sortir qu'a
mesure qu'elle te consume et qu'elle fait découvrir cette
pente ouverture. Depuis vingt on trente ans. eei espèces
de lampes sont devenues d'un très grand usage parmi les
gens d'études et |e> religieux. » Cette lampe était montés
sur un pivot et il suffisait de la pencher |iour faire a!hVr
I huile en plus grande quantité jusqu'à la in
D'autres avaient un récipient de verre gradué qui mar-
quait le temps par l'aJ^aissemenl régulier de l'huile dans le
réservoir. On en trouve de ce modèle au musée de Cluny et
dans différentes collections particulières. On y brûlait des
huiles odoriférantes.
L'éclairage public au moyen âge et au début des temps
modernes était à peu près nul. A l'heure oùleseioehesds
Saint-.VIerrv ou bien celles de la Sorbonne ont annoncé
YAngeLusia soir et donné le signal du couvre-feu, tout
rentre dans l'obscurité. Les boutiques se ferment, les
lumières disparaissent. Moins favorisés qu'à Athènes ou à
Rome, les lieux mêmes de prostitution doivent avoir portes
closes au son de la cloche de Notre-Dame. Les rues boueuses
et mal pavées appartiennent a partir de ce moment aux
détrousseurs et aux bandits qui, dans l'ombre, passent sou-
vent de longues heures en guettant une proie qui ne vient
pas. En fait de lanternes, on ne connaissait que celles qui
se tenaient à la main : celles qu'on suspend le long des
murs n'existaient qu'en peinture. Le» noms des rues de la
Vieille-Lanterne, de la Lanteme-en-la-Cité, de la Lanterne-
des-Arcis viennent delanternes peintes en forme d'enseignes.
La lanterne de la Pierre-au-let dont parle Villon n'était pas
d'autre nature et c'est par moquerie qu'il y renvoie les
bourgeois.
Quelques rares lueurs brillent pourtant dans les rues : ce
sont celles qui sont dues à la sollicitude de la religion. Au
sommet de la haute tour, jadis perdue dans le bois des
Champeaux, et restée debout dans cet espar/1 quand il est
devenu le terrain des Halles, on place un fanal qui brûle
toute la nuit. Aux angles des carrefours, on allume devant
les madones chaque nuit une chandelle dans les quartiers
pauvres, une lampe dans les quartiers riches. De semblables
lumières braient devant \esex-votu élevés par des criminels
repentants, sur l'ordre du prêtre, à l'endroit même du
crime. Dans la rue aux Ours, on trouvait Ve.v-voto du Suisse
impie et iconoclaste, et dans la rue lïarbette (aujourd'hui
rue VieilIe-du-Temple) brûlait la lampe que Brïilart, un des
assassins du duc d'Orléans, avait fait vœu d'entretenir per-
pétuellement en l'honneur de la Vierge. Sous François Ier
la lampe du repentir brillait toujours. Le roi galant s'en
trouva fort mal. La clarté de la lampe de Brûlart le trahit
un soir qu'il se glissait chez la belle Fen'onnière. Le mari
l'aperçut : on sait quelle fut la vengeance. Outre les lampes
des ex-voto, diverses confréries allumaient des chandelles
devant l'image de leurs patrons. Certaines villes de province
ne s'éclairaient pas autrement. Les statuts de la confrérie
des bouchers de Bayenx, en I ».'i1, font voir que la corpo-
ration était tenue de maintenir, chaque nuit, une lampe
d'huile allumée au portail de l'église Saint-Martin. C'est là
que les valets de la confrérie devaient venir se ranger, c'est
là qu'on les louait.
Le spectacle de Paris était des plus curieux à la chute du
jour. M. Foiirnicr, dans son spirituel opuscule sur' les lan-
ternes, en a tracé un tableau pittoresque. Voici d'abord les
petits marchands nui courent les rues, criant les uns leurs
pâtisseries OU oublies, les autres la chandelle étagée sur
leurs êventaires
Qui plus ard cler que nule esi..iie.
Mais en 1720 on interdisit les courses des oublieurs. car
à l'époque où la bande de Cartouche commit ses méfaits.
quelques oublieurs furent assassines, et les brigands prirent
leurs déguisements pour faire de mauvais coups. Voici encore
— 335
LCLAIIIACE
le clocheteur dos trépassés, le lugubre moine des pénitents,
qui s'avance, la robe parsemée de tètes de morts et d'osse-
ments en croix, avec sa clochette au glas sinistre et sa
psalmodie lamentable :
us, _vns qui dormez
Priai Dion pour l ta trèpass b
Au \mi'" siècle, Saint-Arnaud poursuivra de ses impréca-
tions ce messager de deuil. Puis c'est le prêtre de Notre-
Dame ou de Saint-Gervais oui s'en va porter, à la lueur des
flambeaux, l'hostie et les sacrements suprêmes à un mou-
lant. C'est encore, se mêlant au bruit de la clochette, qui
annonce une mort pieuse, les cris et les cliquetis d'èpées,
qui annoncent plus loin une mort violente; la plainte
étouffée de quelque malheureux frappé dans l'ombre; le
fracas d'une fenêtre qui s'ouvre et qui se referme, après que
le bruit d'un corps qui tombe est venu retentir au milieu
de quelque flaque fangeuse. A d'autres moments c'est la
venue plus rassurante des archers du guet s'avancent à
grand fracas de hallebardes et à grand attirail de flambeaux.
Pins d'une fois cependant, au COUTS de ces époques trou-
hlées, on résolut de parer aux périls de la mut. Quand
éclata la guerre du Bien public, Louis XI lit ordonner aux
habitants de Paris par le prévôt « d'avoir armures dans
leurs maisons, de faire le guet dessus les murailles et de
mettre flambeaux ardents et lanternes aux carrefours des
rues et fenêtres des maisons ». Mais celte ordonnance ne
semble pas avoir produit grand effet, si bien qu'après le
combat de Montlherv. les marchands décidèrent que l'on
allumerait la nuit de grands feux dans les carrefours et que
chacun, dans son quartier, ferait le guet en armes. Les
-uerres incessantes qui eurent lieu sous François Ier gros-
sirent le nombre des aventuriers sans solde reunis à Paris.
En 1524, le guet n'ose plus sortir, la garde assise craignant
d'être égorgée dans ses postes refuse de faire son service.
Alors, le roi étaut au delà des monts, le Parlement se
décide à prendre des mesures et rend un arrêt à la date du
17 juin 1524. Cet arrêt vise à la fois les incendies et les
vols : « La cour ordonne et enjoint derechef à tous les ma-
nants et habitants de cette ville, privilégiés et non privilè-
. que, chaque jour, ils auront à faire le guet de nuit. Et,
outre icelles, qu'ils aient à mettre à neuf heures du soir à
leur fenêtre sur la rue une lanterne garnie d'une chandelle
allumée. » Les années suivantes, on retrouve une série
d'ordonnances et d'arrêts analogues. En 1553, le prévôt des
marchands, indigné des placards injurieux imprimés contre
lui et collés aux murs, à la faveur de l'obscurité, donne au
lieutenant criminel l'ordre de faire placer des lanternes aux
fenêtres, mais sa colère ne peut rien contre l'inertie des
habitants. Enfin, le 29 oct. 1558, le Parlement arrête que,
pour se défendre des larrons, voleurs, euVacteurs de portes
et d'huis, il y aura au coin de chaque rue, de dix heures
du soir à quatre heures du matin, un falot allumé ; l'arrêt
ajoute que « ou lesdites rues seront si longues que ledit
falot ne puisse éclairer d'un bouta l'autre, il en sera mis
un au milieu desdites rues ». L'ordonnance criée dans les
rues à son de trompe et affichée dans les carrefours est le
premier arrêt sérieux rendu en la matière. Peu de jours
après, les falots furent remplacés par les lanternes. Celles-
ci consistaient en forts poteaux de bois munis d'échelons qui
permettaient de monter jusqu'aux bras de potence, placés au
sommet à angle droit. Au bout de ces bras pendaient de
lourds pots de fer remplis de résine et d'étoupes auxquelles
on mettait le feu sitôt la nuit tombée. La flamme rougeàtre
et fumeuse de ces lanternes primitives, constituait un sérieux
progrés sur l'obscurité des siècles passés. Par malheur,
l'argent fit défaut pour exécuter complètement le règle-
ment: l'arrêt portait que les lanternes seraient exécutées
aux frais du peuple. On commanda les premières lanternes, et
les lanterniers les eurent bientôt achevées, unis, lorsqu'il
s'agit de payer, les habitants se déclarèrent trop pauvres,
et le Parlement, sons prétexte de réparer Le mal, lit vendre
aux enchères les lanternes et les potences pour en distri-
buer le prix aux ouvriers qui les avaient faites ; l'éclairage
fut d'abord plus théorique que réel. Mais le Parlement ne
se découragea pas et parvint à organiser tant bien que mal
l'éclairage. Les bourgeois de Pans ayant réclamé contre la
brièveté du temps d'éclairage fixé a quatre mois seulement,
on décida le - 3 mai 1562 que les lanternes seraient allu-
mées pendant cinq mois el dix jours. « Le lieutenant de
police a représenté que, depuis quatre années, les rues de
celte ville de Paris ayant été éclairées la nuit pendant quatre
mois des hivers liasses, les habitants y avaient trouve une
telle commodité, que toutes les fois qu'elle a cessé, ils
n'avaient pu s'empêcher de lui en porter leurs plaintes, et
quelques personnes malintentionnées ayant, celle année dans
les premières nuits de mars, entrepris de troubler la tran-
quillité publique, ce désordre avait excité de nouvelles plaintes
et obligé plusieurs bourgeois de demander avec beaucoup
d'insistance que les rues fussent éclairées plus longtemps,
avec offre de fournir à la dépense qui serait nécessaire. »
Cet état de choses, encore si imparfait, allait changer sous
Louis XIV. Dès les premières années du grand règne, les
fêtes et les illuminations qui en étaient un des attraits
commencèrent à dissiper les ombres. Les seigneurs placent
en dehors de leurs hôtels des flambeaux énormes de cire
blanche sur des chandeliers de cuivre; les bourgeois sus-
pendent à leurs fenêtres des lanternes vénitiennes. Quel-
ques nobles même ne dédaignent pas ce mode d'éclairage
qui leur permet d'étaler leurs armoiries en transparent.
Les divers ustensiles d'éclairage jouaient un rôle impor-
tant dans le cérémonial de la cour. Le roi seul avait droit
à un bougeoir à deux bobèches et deux bougies ; le fait de
porter le bougeoir au coucher du roi était une faveur fort
recherchée. Au grand coucher du roi, l'aumônier de service
tenait le bougeoir pendant que le roi faisait sa prière, puis,
au petit coucher, le premier gentilhomme demandait au sou-
verain à qui il voulait faire l'honneur de confier le bougeoir :
celui-ci désignait souvent un étranger de distinction. Au
mariage des princes du sang, le mari de la dame d'honneur
portait le bougeoir lorsque l'on mettait au lit les nouveaux
mariés. Les cierges de cire blanche n'étaient pas seuls
employés, même dans les maisons des seigneurs et dans les
palais. On se servait également de vulgaires chandelles de
suif placées dans des chandeliers de bois ainsi qu'il résulte
d'une anecdote contée par Tallemant : « A la tin d'un bal
une jeune fille voulant éclairer le roi à sa sortie monta sur
un siège pour prendre un bout de chandelle de suif dans un
chandelier de bois avec une si bonne grâce qu'il en devint
amoureux. »
Les lanternes à main étaient employées pour s'éclairer
dans les rues ; elles étaient en papier ou en toile et ren-
traient dans une petite boite ronde qui servait de fond et
au centre de laquelle était la bougie. Le couvercle, dont une
partie était mobile, servait de poignée. On voit qu'elles
ressemblaient assez à ce que nous appelons les lanternes
vénitiennes. Les pauvres qui ne possédaient pas de lanternes
plaçaient simplement une chandelle au fond d'un cornet de
papier qu'ils roulaient autour pour [(réserver du vent la
lumière. Cet usage fut même prescrit par quelques anglicans
dans un but religieux. Le lord-maire de Londres, llumphrey
Edwin, se mit en tète de faire toutes les lanternes publiques
et particulières avec des feuilles de vieilles bibles de Genève,
afin d'accomplir à la lettre le texte de la Genèse : « Ta
parole est une lanterne à mes pieds. »
C'est vers cette époque qu'un abbé, du nom de Laudati,
eut l'idée de créer une compagnie de porte-lanternes qui
éclaireraient les habitants pour un prix convenu. En mai
1665, il obtint un privilège pour une durée de vingt années.
Des postes de porte-lanternes devaient être établis de trois
cents pas en trois cents pas, et chacun d'eux était indiqué
par une lanterne peinte; le prix de l'éclairage était de cinq
-■mis le quart d'heure, pour les gens qui se faisaient éclairer
dans leur carrosse, el croissons pour les simples piétons. Afin
de marquer le temps, chaque laiiteruier portait à sa ceinture
un sablier sur lesquelles se trouvaient les aimes de la ville.
Le succès de l'abbé de Laudati décida enfin l'établissement
ÉCLAIRAGE
— 336
d'un éclairage public sérieux. A la lin de 1666, le roi créa
la charge de lieutenant de police el y nomma La Reynie.
Celui-ci se signait immédiatement par son zèle el set
innovations. Quelques mois après sa nomination, il rendit
un èdil (mars 16o7) pour établir des lanternes publiques.
I in' gravure du temps nous l'ait assister a l'allumage des
lanternes. Le sonneur passe avec sa clochette, tandis qu'un
homme détache la corde qui retient la lanterne a la muraille
et la Fait descendre : une servante qui se trouve au pied de
l'appareil, place une chandelle allumée dans la lanterne, qui
a la forme d'un gros baril. Sous la gravure on lit ce qua-
train :
La sonnette a sonné,
Abaisse ta lanterne ;
Quoique l'usage en .suit moderne
Il n'en est pas moins estimé.
On plaçait une lanterne aux deux bouts et une au milieu
de chaque rue. En outre, on avait jugé que l'éclairage ne
devait exister que pendant l'hiver, les nuits d'été semblaient
trop courtes et trop claires pour avoir besoin d'an tel luxe.
Le roi l'ut enchanté de ses lanternes et se fit frapper des
médailles avec des inscriptions un peu pompeuses, telles
que : Providentiel optimiprincipùeturbissecuritaset
nitor. Les étrangers admirèrent fort cet éclairage.
L'Anglais Lister, dans la relation de son voyage fait en
4698, justifie son admiration par des détails précis : « Les
lanternes sont suspendues au milieu de la rue à une hauteur
de vingt pieds et à vingt pas de distance l'une de l'autre.
Le luminaire est enfermé dans une cage de verre de deux pieds
de haut, couverte d'une plaque de fer, et la corde qui les
soutient, attachée à une barre de fer, glisse de sa poulie
dans une coulisse scellée contre le mur. Ces lanternes ont
des chandelles de quatre à la livre qui durent encore après
minuit. Le mode d'éclairage coûte, dit-on, pour six mois
environ, 50,000 livres sterling. Le bris des lanternes
publiques entraine la peine des galères. J'ai su que trois
jeunes gentilshommes, appartenant à de grandes familles,
avaient été arrêtés pour ce délit et n'avaient été relâchés
qu'après une détention de plusieurs mois, grâce aux pro-
tecteurs qu'ils avaient à la cour. » Lady Montagu, dans une
lettre en date du 16 oct. 1747, avoue que Paris est mieux
éclairé que Londres. En 1673, Mme de Sévigné écrit dans
une lettre à sa fille : « Nous soupâmes hier avec Mm' Scar-
ron et l'abbé Têtu chez Mmc de Coulanges; nous trouvâmes
plaisant de l'aller ramener à minuit au fin fond du faubourg
Saint-Germain, fort au delà de Mme de La Fayette, quasi
auprès de Vaugirard, dans la campagne. Nous revînmes
gaiement à la faveur des lanternes et dans la sûreté des
voleurs. » Les frais d'entretien des lanternes laissés à la
charge des villes étaient assez considérables, si bien qu'à la
fin de son règne, Louis XIV conçut l'idée de battre monnaie
en se faisant donner par la ville de Paris la somme qu'elle
dépensait annuellement pour son éclairage; en échange, le
roi garantissait la lumière et se chargeait à l'avenir des
frais. Il décida ensuite la création de lanternes dans toutes
les villes du royaume, en levant sous ce prétexte une con-
tribution (1697).
Le successeur de La Reynie, d'Argenson, excita dos
plaintes très vives, en supprimant, par mesure d'économie,
les lanternes, les soirs de clair de lune. « Pendant un
siècle et demi, dit Dreux du Radier, cette ridicule lèsinerie
fut le but de toutes sortes d'épigrammes. Dernièrement
encore, dans une pièce des Variétés Amusantes, intitulée
l'Anglais à Paris, on lit dire à un cocher de fiacre, furieux
d'être à tâtons dans la rue : « Les réverbères comptaient
« sur la lune, la lune comptait sur les réverbères, et, ce
« qu'il y a de plus clair, c'est qu'on ne voit goutte. »
Pourtant Voltaire, dans l'éloge qu'il consacre à d'Argenson
sous le titre de la Police sous Louis XIV, s'écriait :
L'astre du jour ù peine a fini sa carrière,
De cent mille fanaux l'éclatante lumière
Dans ri' grand labyrinthe avec ordre nie suit,
Et forme un jour de fête au milieu de la nuit.
Cette admiration parait quelque peu hyperbolique ; « Les
lanternes en efiet formées de petits vitraui, liiOnt-OOUI
dans la Correspondance lecnte, étaient ((instruites de
manière a ne laisser échapper que très peu des rayona de
la faible et sombre lumière qui y était entretenue. I
jointures des vitres produisaient dans la me Ml Ombres
transversales «pie .M. Rondin, en revenant de toupet en
ville, prenait pour des poutres et qu'il franchissait avec
peine en sautant a chaque pas. » Pour obtenir un peu de
lumière, le seul remède (pie l'on avait imaginé avait étéde
rapprocher de plus en plus les lanternes. Dans le courant
même du siècle, Sterne, dans son Y<>y<Hjr lentimental,
donne des détails caractéristiques. Il était venu a Paris en
176-2 et 1764 et raconte son second voyage. L'Opén-Co-
mique était alors un des théâtres les plus fréquentés de
Paris et très a la mode. Or voici comment les abords en
étaient éclairés: « Il y a un passage fort lon^ et fort obs-
cur qui va de l'Opéra-Comique à une rue fort étroite. Il
est ordinairement fréquenté par ceux qui attendent l'arri-
vée d'un fiacre ou qui veulent se retirer tranquillement
quand le spectacle est fini. Le bout de ce passage, vers la
salle, est éclairé par une petite chandelle, dont la faible
lumière se perd avant que l'on arrive a l'autre bout. Cette
chandelle est peu utile, mais elle sert d'ornement, elle
parait de loin romme une étoile fixe de la moindre gran-
deur : elle brûle et ne fait aucun bien à l'univers. »
Au xviue siècle, la question de l'éclairage passionna un
certain nombre de chercheurs. In physicien nommé Fabre
émit l'idée d'éclairer Paris à l'aide d'une lampe unique
munie de puissants réflecteurs et placée au sommet d'une
haute tour : idée chimérique que quelques publicistes ont
encore discutée gravement au moment de la construction
de la tour Eiffel. En 1744, Bourgeois de Châteaublanc, après
une série d'études en collaboration avec l'abbé Preigny,
présenta à l'Académie des sciences une lanterne à réver-
bère qui ne projetait pas d'ombre sous elle et éclairait mieux
que le système en usage. En 176.'i, de Sartines proposa
une récompense à l'inventeur qui trouverait le moyen d'a-
méliorer l'éclairage en augmentant la facilité du service,
l'intensité et la durée de la lumière. L'Académie des sciences
était chargée de décerner le prix. L'appareil perfectionné
de Bourgeois de Châteaublanc fut jugé le meilleur. C'était
une lanterne à huile munie d'un réflecteur métallique.
Lavoisier, qui avait pris part au concours, avait rédigé un
long travail sur « les moyens qu'on peut employer pour
éclairer une grande ville » qui sembla peu pratique. L'in-
venteur Rabiqueau avait depuis plusieurs années déjà pro-
posé de substituer l'huile à la chandelle, mais il n'avait pu
se faire écouter. En 1765, lorsqu'on s'occupa d'établir des
réverbères, Rabiqueau s'éleva vivement contre l'imperfection
des lampes de Châteaublanc et proposa d'éclairer à ses frais,
avec une seule lampe de son invention, le Pont-Neuf, la
place Dauphine, les quais des Orfèvres et de la Volaille. Mais
il abandonna bientôt la partie. Les réverbères excitèrent
une satisfaction générale; pourtant ils étaient au milieu de
la rue et séparés par un intervalle d'environ 50 mètres.
On établit, en 1877, des réverbères tout le long de la
route de Paris à Versailles. Le roi payait l'huile et les
mèches comme si toutes les nuits eussent été obscures ;
mais, quand la lune brillait, on n'allumait pas les lanternes.
C'est sur le bénéfice qui en résultait que l'on hypothéqua
certaines gratifications appelées « pensions du clair de lune ».
Les plaisants ajoutaient que ces pensions se payaient na-
turellement par quartiers, lue autre innovation qui prêta
à rire fut celle qu'imagina le lieutenant de police de Crosne,
en 1785. Il lit placer un réverbère d'une forme particulière
devant le lo^is des commissaires du Châtelet : ces lan-
ternes se sont conservées devant la porte des commissaires
de police. Le public railla beaucoup la lanterne du commis-
saire et on nous a conservé un quatrain assez plaisant à i e
sujet :
Le commissaire baliverne
En dépit de qui chacun rit,
N'a de brillant que sa lanterne
Et de terne que son esprit.
— 331 —
I.CLAIKAOK
Les réverbères subsistèrent (ois quels jusqu'en 1821.
Ce tut en cette année que l'on essaya, place du Louvre, l'ap-
pareil ili' Vivien, de Bordeaux, qui dura jusqu'au rempw—
cemenl dos réverbères par le gai. Il appliquait le courant
d'air d'Argand au tube qui portait la mèche allumée. A cette
date, Pans était éclaire par près de 11,000 becs placés
dans 1,645 réverbères; la dépense était de I46fr.paran
pour chaque réverbère. La disposition dos réverbères sus-
pendus au-dessus des rues était fort incommode. Pour les
allumer, il Fallait los descendre jusqu'à hauteur d'homme,
Les nettoyer, récurer la plaque réfléchissante, verserdansle
réservoir la provision voulue d'huile de navette; pendant
ce temps-là los voitures étaient obligées d'attendre la fin
de toute cette toilette. Lors dos grands enterrements où le
corbillard atteignait uno hauteur anormale, on se voyait
obligé d'enlever los réverbères. Le 1er jam . 1815, quand
on transporta los restes de Louis \\ l et de Marie-Antoi-
oettede la Madeleine à Saint-Denis, le char s'accrocha suc-
cessivement à tous les réverbères de la route. La foule,
l'oit pou respectueuse, s'en moquait et criait : « A la lan-
terne ! » Kn doo. 1840, quand on rapporta aux Invalides
les cendres de Napoléon l,r, on eut soin do prendre los
précautions voulues, et la voiture, partie de Courbovoie,
arriva sans encombre à la cour d'honneur. Mais quand il
s'agit de la ramener aux pompes funèbres, on s aperçut
qu'on n'avait pas pensé à dégager la route. Le corbillard
dut passer la nuit sur le boulevard des Invalides.
Le nombre des réverbères continua à augmenter au do-
but du xixc siècle, malgré l'apparition d'un nouveau mode
d'éclairage qui devait prendre plus tard le premier rang :
l'éclairage au gaz. En 1821, on trouvait 12,672 réver-
bères sur les rues et les places de Paris et (iti8 dans los éta-
blissements publics. Pendant longtemps les marchés passés
par la ville de Paris pour l'allumage des réverbères arrê-
tèrent les progrès du gaz. En 1838, d'après le bail fait
avec les compagnies d'éclairage public, le nombre des becs
de gaz ne pouvait dépasser le cinquième du nombre total
des lumières. Il y avait alors 12,81(jbecsde lumière allu-
més dans i>,-27;> lanternes; 11,654 de ces becs étaient
éclairés à l'huile et 1,162 au gaz. Mais cette année même
le bail expirait, et le gaz allait se substituer rapidement à
l'huile. Ce n'est pas à dire pourtant qu'aujourd'hui même
les lanternes à huile aient complètement disparu ; on en
retrouverait sans peine dans les vieux quartiers ou sur les
berges de la Seine. C'est ainsi que la routine administra-
tive, s'appuyant >ur la résistance des intéressés, opposa
longtemps a l'extension du gaz des objections et des obs-
tacles fâcheux : objections et obstacles que — par un retour
bien fréquent dos affaires humâmes — la Compagnie du gaz
a repris à son tour un demi-siècle [dus tard, au moment
ou l'électricité a ofl'ert un mode d'éclairage public et privé
aussi supérieur au gaz que le gaz l'avait été en son temps
aux vieux quinquets.
Le xix' siècle, siècle de transformations si grandes pour
la science et l'industrie, a accompli une véritable révolu-
tion dans l'éclairage public et privé. Nous allons on tracer
un tableau rapide en remontant, au besoin, aux dernières
années du xvm" siècle et en classant sous cinq chefs
los principaux modes d'éclairage employés aujourd'hui :
1° éclairage au moyen des huiles végétales ; L2° éclairage
par les hudes minérales ; M0 éclairage par les bougies stéa-
riques ; i" éclairage par le gaz : 5° éclairage par l'électricité.
Eclairage par les ulilks végétales. — Los lampes an-
ciennes étaient, nous l'avons vu.de simples vases remplis
d'huile, où trempait une moche fibreuse de chanvre, de lin
ou de coton. L'huile montait entre les fibres par l'effet de
la capillarité. Pour faire avancer cette mèche, on se ser-
vait d'une épingle ou d'un crochet. Le volume d'air en-
traîné sur la flamme et. m beaucoup trop faible pour que
le carbone de l'huile put brûler complètement. La mèche
charbonnait et produisait une fumée d'autant plus nauséa-
bonde que l'huile était plus impure et qu'on la remplaçait
souvent par des graisses infectes. Huant a la lumière, elle
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
était trop rouge et fuligineuse. Pour supprimer ces incon-
vénients, il était nécessaire d'amener un plus grand afflux
d'oxygène et, par suite, d'air dans la lampe. C'est vers la
tin du xviue siècle que le médecin et physicien Argand,
originaire de Genève, mais établi en franco, construisit une
lampe répondant à ce besoin. Sa découverte peut être
regardée comme le véritable point de démarcation entre
l'ancien et le nouvel éclairage à l'huile : elle n'ont pas moins
d importance en son temps que n'en a ou de nos jours la
découverte dos lampes électriques pratiques. Propriétaire
d'une grande distillerie près de Montpellier, Argand in-
venta, vers 1780, pour éclairer ses ateliers, los lampes à
courant d'air et à cylindre. La mèche plate était remplacée
par une mèche circulaire, ajustée entre deux tubes con-
centriques : l'air circulant dans le tube intérieur venait
baiguer la l'ace correspondante do la flamme qui se trou-
vait soumise à l'action d'un double courant d'air intérieur
et extérieur. Le réservoir d'huile était placé à une cer-
taine distance du brûleur et dans une position un peu plus
élevée, do manière que l'huile montât jusqu'au haut de la
mèche, en vertu du principe des vases communicants. L'ap-
pareil ainsi partagé on deux parties que réunissait un tube
s'accrochait à un mur ou se montait sur une tige à pied
plat qui lui donnait une certaine stabilité. Argand présenta
son invention aux Etats du Languedoc en 178u2. Encou-
ragé par le succès qu'il obtint, il perfectionna son modèle
primitif et vint à Paris pour le faire connaître. En sept.
et oct. 1784, il aida Montgoltier dans des expériences
aérostatiques où la nouvelle lampe jouait un certain rôle
et auxquelles collaboraient également Meunier, membre de
l'Académie des sciences, Lange et le pharmacien Quinquet.
Meunier présenta l'année suivante, à l'Académie , la belle
invention d'Argand. Mais celui-ci étant parti pour l'An-
gleterre, Lange et
Quinquet en pro-
fitèrent pour fabri-
quer et vendre des
lampes construites
sur le même mo-
dèle. Argand re-
vint en France pour
combattre les [(ré-
tentions de Quin-
quet. L'Académie
des sciences recon-
nut le bien fondé
de sa réclamation
et décida que les
lampes à courant
d'air, injustement
baptisées quin-
quets par le pu-
blic, porteraient
le nom de lampes d'Argand dans le monde savant. Un
arrêt du conseil du 30 août 178.") donnait également gain
de cause à Argand, et, le 11 oct., il obtenait une permission
emportant privilège pour la création d'une manufacture
près de Gex. Mais la Révolution étant survenue, Quinquet
reprit la vente de ses lampes ; Lange, son associé et plus
tard son rival, perfectionna un peu le cylindre de verre de
lampe d'Argand, qu'il rétrécit au-dessus de la mèche ; la
colonne d'air extérieure rejetée sur la flamme assurait une
combustion plus complète. L'Académie des sciences, à la-
quelle il présenta sa lampe, déclara qu'elle ne contenait de
nouveau que la cheminée de verre, mais que c'était de cette
cheminée que la lumière recevait son plus vif éclat. Argand
ne fut pas plus heureux en Angleterre qu'en France; il se
retira à Yersoix, où il construisit un miroir elliptique et pa-
rabolique qui devait porter la lumière de Lausanne à
Genève ; mais il mourut dans la misère.
Durant les années suivantes, divers inventeurs essayèrent
de perfectionner la lampe d'Argand. On chercha tout
d'abord à supprimer le réservoir latéral qui dans les lampes
2-2
I.ampe de Quinquet.
ÉCLAIRAGE
18 -
d'Argand projetait uni ombre. En 1786, Philippe de Girard
décrivait une lampe dite hydrostatique, où II montée de
l'huile »-i;i 1 1 déterminée pai < légèreté spécifique plus
ido que celli l □ peu plui lard, il inventait
na Bocoud modèle basé sur le principe de la rontaû
Héron. Mais les lampes hydrostatique! avaienl diven in-
convénients '-a. a la complication de leur structure, a l*in-
lluem e exen èe >t;r la haut< ur de l'huile par les variation!
de pression atmosphérique el de température et aux troubles
causés par les déplacements. Les Lampes astrales dans les-
quellea l'huile est contenue dani un petit réservoir circu-
laire i|iii porte l'abat-jour et parvient à la mèche par deux
tubes inclinés, ne réussirent pas davantage i passer dans la
pratique. Tous < es systèmes ne supprimaient pas d'une façon
suffisante la difficulté de faire monter régulièrement l'huile.
C'est a l'horloger Carcel qu'il était réservé de résoudre
ce problème, il prit le *2i oct. 1*00 un brevet pour la
lampe mécanique devenue célèbre sous son nom. I n rouage
d'horlogerie ma j>ui- un fort barillet déterminait le mou-
vement alternatif d'un pistou à double effet, qui faisait
monter l'huile au sommet du bec ; il en résultait un dé-
gorgement d'huile permettant d'élever la mèche, refroidis-
sant le bec et empêchant le liquide de s'échauffer et de
s'altérer. Le réservoir était place au-dessous delà lampe:
la lumière était blanche et éclatante. La cheminée pouvait
être élevée ou abaissée de façon que le coude fût au point
le plus convenable pour la combustion. Mais la lampe Car-
cel avait un inconvénient : c'était la perfection même du
mouvement d'horlogerie qui était d'un prix élevé et nepou-
vait guère être réparé que par le fabricant lui-même.
Aussi chercha-t-on de tous c6tés à la simplifier. On songea
de suite à produire l'ascension de l'huile par la seule pres-
sion d'un ressort ou d'un poids. Franchot fut le premier à
trouver une solution vraiment pratique (1836). Voici les
dispositions essentielles de sa lampe modérateur. L'huile
est enfermée à la partie inférieure de la lampe, entre le
fond, les parois laté-
rales et un piston en
cuir embouti, pressé
par un ressort. Cette
pression détermine
l'ascension de l'huile
par un tube vers la
mèche. A mesure que
l'huile se consomme,
le piston descend, le
ressort se débande, la
hauteur ascension-
nelle s'accroît, et le
débit du liquide au
niveau de la flamme
diminue; pour v re-
médier, rranchol a
placé selon l'axe du
lobe une tringle co-
nique qui oppose au
mouvement de l'huile
une résistance d'au-
tant plus faible que
le piston s'abaisse
davantage. L'excé-
dent d'huile retombe
dans la lampe et reste
au-dessus du cuir em-
bouti. Pour le faire
passer dans le réser-
voir, il suflit de re-
monter la lampe.
'•ai"; c.-a-il. de tendre le
ressort au moyen
il une crémaillère. Le vide produit sous le cuir j produit
une flexion qui l'écarté des parois. On procède 'de même
pour emmagasiner l'huile destinée à remplacer celle qui
a été brûlée. La vulgarisation de li lampe modériteui a
déterminé un grand développement de l'éclairage à l'huile.
le lias prii de l'appareil a permit de produire di
propres, brûlant aussi bien <{n<- b-s meill
mouvement d'horlogerie, d'un entretien facile, «l'on
i sent inconvénient, i est de brûler
moins longtemps que la lampe Carcel : bien que le remon-
imple et qu il de le pratiquer avant
que la mèche ait charbonm ortanl lé un ineoi
nient assez sérieux. Sauf quelques perfectionnemenoiée
détail ayant pour objet d< rendre plus faciles le mont
le démontage ou le nettoyage, la lampe a modérateur t
titue aujourd'hui encore l instrument ordinaire de l'éclai-
rage a l'huile végétale. Les progrès ont porté seulement
sur les formes el l'ornementation de la lampe, i^-s porce-
laines de France, de Chine, du Japon ont été mbstit
au bronze. Les huiles les pins employées sont cellee d'olive,
de colza, île navette et d œillette. On les épure par l'aride
sulfurique d'après le procédé Thénard ; leur fluidité et leur
limpidité les rendent Lien supérieures aux anciennes huiles
denses et visqueuses.
Eci mi'.agi; pas les in îles MINÉRALES. — Le prix élevé
des (miles végétales engagea de bonne heure un grand
nombre d'inventeurs à les remplacer par des produits 'le
moindre valeur. Les premières tentatives eurent pour objet
l'emploi de l'essencede térébenthine etde l'alcool. Mais les
essais furent peu heureux : sans parler de l'extrême inflam-
mabilité de tels mélanges, la flamme, très riche en
bone, était toujours fuligineuse el rougeâtre. La combus-
tion répandait une odeur très forte. On eut recours ensuite
aux huiles essentielles volatiles de résine, de ;_oudron et
de naphte. Les premières lampes étaient construites de
manière à brûler la vapeur du liquide; pareonséquent elles
n'étaienf pas munies de mèches. A travers les huiles
échauffées passaient des gaz peu éclairants par eux-mêmes,
tels que l'hydrogène ou I oxyde de carbone qui entraînaient
des vapeurs combustibles. La construction était assez, ana-
logue à celle des quinquets, c.-à-d. que l'alimentation
avait lieu au moyen d'un réservoir supérieur. Kn I v
Breuzin construisit une lampe munie d'un réservoir infé-
rieur en métal ou en verre et d'une grosse mèche aspirant
le liquide par capillarité. La mèche était placée dans un
tube métallique qui offrait à sa partie supérieure un cer-
tain nombre d'ouvertures capillaires, au sortir desquelles
la vapeur brûlait. On commençait par échauffer le tube pour
amorcer l'appareil et volatiliser le liquide ; ensuite la combus-
tion suffisait à entretenir la marche régulière de la lampe.
Toutefois, le moindre refroidissement accidentel du tube était
funeste à la lampe, qui s'éteignait aussitôt. On employa suc-
cessivement pour alimenter cette lampe l'essence de I
benthine, l'huile de goudron pur, l'huile de schiste préparée
par les procédés de Selligue. Divers perfectionnements
furent réalisés par Breuzin, Robert. Joanne, Valson pour
parer aux dangers d'inflammation et diminuer l'odeur.
Ce n'était pas là d'ailleurs le seul essai fait en vue de l'em-
ploi des huiles de schiste et des hydrocarbures liquides.
\ l'Exposition universellede 1851 étaient exposés une -
d'appareils que le rapporteur jugeait fort satisfaisants pour
l'éclairage public. I n réservoir supérieur, rempli d'un hy-
drocarbure liquide, communiquait par un tube recourbé
avec un bec portant une petite ouverture ; autour de ce bec
était une enveloppe métallique percée à sa partie inférieure
de trous destinés à l'admission de l'air et à sa partie supé-
rieure d'autres trous pour la sortie des jets lumineux. An
moment de l'allumage, on ouvrait un peu le robinet placé
entre le réservoir el le tube, el on chauffait le bec par une
flamme à l'alcool : les vapeurs sortaient par le bec en en-
traînant de l'air, et on pouvait allumer : la combustion main-
tenait ensuite réchauffement du tube el la vaporisation des
liquides. Ces essi "lès
jusqu'au jour ou les pétroles d' \mer;q at le mar-
ché. Les grands avantages économiques que présentait leur
emploi sur celui des huiles déterminèrent, à partir de I96i .
— 339 —
ECLAIRAGE
de nombreuses recherches dans le but «lo perfectionner les
appareils. L'odeur et le danger d'incendie préoccupèrent
surtout K'^ constructeurs. On renonça à la combustion par
vaporisation el l'on se servit de mèches tantôt plates, tan-
tôt rondes; l'huile arrivait au bec sans le secours d'aucun
ne mécanique : l'ascension ayant lieu par un réservoir
supérieur ou par la saule action de la capillarité. De Ut, il
est vrai, une économie notable; mais de là aussi la neres-
site d'avoir un réservoir d'une capacité considérable, pro-
jetant un cône d'ombre fort gênant, el une grande inégalité
dans l'intensité de la lumière, par suite îles différences
considérables de niveau du liquide et de la densité de plus
an plus considérable qu'il acquiert.
Aussi les huiles minérales ne purent-elles pendant les
premiers temps se substituer aux huiles végétales. On les
employait dans les ateliers, les ménages peu aisés, parfois
dans les cuisines ou les antichambres; mais ont les excluait
des galons ai îles pièces confortables. On employait spécia-
lement pour les antichambres <le petites lampes à éponge
imbibée d'essence avec mèche en coton floche, brûlant
comme une mèche de lampe à alcool. Par contre, dès le
début, on se servit avec succès des lampes a pétrole pour
l'éclairage public, pour lequel les recommandaient la modi-
cité de leur prix, leur pouvoir éclairant et la simplicité des
appareils. Dans les pays froids ou l'huile de colza était peu
répandue, et le luxe des habitations moins grand qu'en
France, l'éclairage minéral y prit une extension beaucoup
plus grande dans les intérieurs; il en fut ainsi de très
bonne heure, en Allemagne et en Russie.
Mais la consommation du pétrole s'accrut très rapide-
ment dans certains pays, plus lentement en France. Les
pétroles figurant a l'Exposition de 1878, mieux distilles.
ne s'enflammaient plus qu'entre -7 et 35° : pour certains
pétroles, l'inflammabihté a même été reportée a 60°.
Mais le fait même de la distillation plus complète des huiles
augmentait la quantité d'essence mise en circulation et
son emploi se généralisait malgré les dangers qu'elle pré-
sente. Aujourd'hui le traitement des pétroles bruts s'est
encore amélioré : les produits ne s'enflamment plus au-
dessous de la température convenable pour éviter les dan-
• d'incendie ; la combustion ne dégage plus aucune
odeur. Les appareils ont reçu de notables perfectionne-
ments. La lampe à double courant d'air s'est de plus en
plus répandue ; les appareils nommés lampe universelle,
lampe belge, etc.. appartiennent à ce système. L'intensité
des foyers a augmente; les lampes de •>. 'i et même (i
ou 8 carcels sont devenues courantes. Nombre de mo-
dèles d'un bel effet décoratif et d'un grand pouvoir éclai-
rant figurent aujourd'hui dans les salons. Lu inoins de onze
ans. l'importation des huiles de pétrole et de schiste
passée de 99 millions a 184 millions de kilogrammes. Le
principal inconvénient do pétrole provient de sa facile inflam-
mabilité el des dangers que présente encore, malgré tout,
son emploi: en revanche, c'est a l'heure actuelle le plus
i unique de tous les éclairages connus : un tableau
donné un peu plus loin et montrant le prix comparatil des
divers éclairages montre sa supériorité à ce point de vue
sur l'huile ou sur le gaz. Encore convient-il de faire re-
marquer que les progrès du pétrole ont été beaucoup plus
rapides dans les pays étrangers qu'en France ou ce «ré-
duit est frappé d'un droit triple de >.i valeur. Si le pro-
duit est dégrevé, comme il parait probable, son emploi se
Usera de plus en plus.
Bclubace par us bougies. —• Jusqu'à latin du xvnr*siècle
on ne perfectionna guère l'ancienne chandelle de suit, fa-
briquée au moyen de la graisse de mouton et de lu graisse
de boeuf. Les travaux de ChevreuJ orps gras
ll^l I) permirent d'extraire industriellement du suif le
meilleur de ses principes éclairants, l'acide stéarique, Che-
vfi-ul prit avec Gay-Lussac, le Sjanv. l*-2'>, a Paris, un
brevet d'inventio ; Gay-Lui sac prit à Londres un brevet
sous le nom de Mosès-Poole. Mais aucun de ces deux bre-
- ne fut exploité. La méthode employée, satisfaisante au
point de vue srientilique, ne l'était pas au point de vue
industriel, fin 1828 et IS-2ii, Gambacôrès prit quatre bre-
VOtS sur le même objet. Il fabriqua des bougies sleariques;
mais ces bougies encore jaunes el impures poissaient aux
doigts comme les anciennes chandelles, brûlaient mal et
sentaient presque aussi mauvais. Aussi Cambacérès re-
nonea-t-il bientotà en fabriquer. Celui seulement en 182!)
qu'après deux ans de recherches persévérantes, MM. de
Milly el Motard donnèrent une solution satisfaisante; ils
préconisèrent un traitement satisfaisant des acides gras
et réussirent à surmonter l'obstacle où avaient échoué
leurs prédécesseurs, celui de la volatilisation complète de
la mèche. C'est de is:>| «pie date l'industrie des bougies
stcariques. La première usine étant située au voisinage de
I' \ie de triomphe de l'Etoile, elles prirent le nom de bou-
gies de l'Etoile qui leur resta quand l'usine eut changé de
quartier. La bougie stéarique conservait la forme de la
chandelle, mais elle était plus solide, plus propre; la
mèche n'avait plus besoin d'être mouchée ; la combustion
se faisait sans fumée et sans odeur. On l'emploie sou-
vent comme unité dans les évolutions de lumière en pre-
nant pour type la bougie qui brûle par heure 10 gr. de
stéarine. H faut noter d'ailleurs que la bougie stéarique
coule beaucoup plus cher que l'ancienne chandelle de suif.
Elle a donc réalisé un progrès au point de vue du confort,
mais non pas au point de vue de l'économie. Les procédés
de fabrication actuellement employés ont été décrits en
détail au mot BoDGtE. A Côté des bougies stéariques, nous
mentionnerons les bougies de paraffine. La paraffine, décou-
verte en 1830, devint l'objet d'une exploitation impor-
tante en Angleterre a partir de 1850 et en France à partir
de I8.')li. Les bougies diaphanes de paraffine sont agréables
(V. les mots Bougie el Paraffine), leur emploi est assez
limité en France, mais elles sont beaucoup plus répandues
en Angleterre et. surtout en Allemagne.
Eclairage pak le gaz. — La découverte du gaz d'éclai-
rage est due à l'ingénieur français Philippe Lebon. Il eut
l'idée de brûler le bois en vase clos, et de faire passer les
produits gazeux de la combustion à travers une couche
d'eau : les matières bitumineuses et ammoniacales s'y con-
densaient, et il s'en dégageait un gaz pur, qui, enilammé,
donnait une belle lumière. Il perfectionna successivement,
avec beaucoup de patience et de ténacité son procédé. Dès
1786, il faisait fonctionner ses thermolampes ; en 179!)
(6 vendémiaire an VIII), il prenait un brevet portant :
« Sur de nouveaux moyens d'employer les combustibles
plus utilement soit pour la chaleur, soit pour la lumière
et d'en recueillir les divers produits. » Deux ans plus tard
(août 1801), il obtenait un certificat d'addition pour la
construction des machines mues par la force expansive du
gaz. Il exécuta ses essais dans l'ancien hôtel Seignelay, rue
Saint-Dominique-Saint-Germain : c'est là qu'il fit la
démonstration publique de ses thermolampes; il illumina
les appartements, les cours, les jardins au moyen de becs
de. gaz disposés en forme de rosaces, de gerbes, de (leurs.
Le rapport officiel adre-.se au ministre constate que les
résultats ont dépassé « les espérances des amis des sciences
et des arts ». Le ministre de la marine et le premier consul
furent frappés de ce fait que l'invention de Lebon per-
mettait, en distillant le bois, d'obtenir du goudron à bon
marché : point de vue qui n'était pas sans importance à
un moment où l'on projetait de reconstruire en grand la
Hotte. On accorda à Philippe Lebon la concession d'une
partie de la forêt de Rouvray, près du Havre. Il admit à
travailler avec lui des étrangers ; de nombreux Anglais
vinrent le visiter el , rentrés chez eus, n'oublièrent pas ce
qu'ils avaient vu. Les princes Galitzin et Dolgorouki lui
offrirent d'exploiter sa découverte en Russie; mais il refusa.
Peu après, le soir même du couronnement de Napoléon Ier,
le -1 déc. I80i, Philippe Lebon fut assassiné aux Champs-
Elysées ; ses meurtriers restèrent toujours inconnus. Sa
veuve renouvela en 1X1 1, rue de Bercy, dans le faubourg
Saint-Antoine, les expériences du thermolampe ; l'Académie
KCLAIRUIK
— 340 —
îles sciences ayant rédigé un rapport hvonble,l'empereur,
par décret il» -i déc. 1811, lui accorda une pension de
1,200 francs, mais elle mournt en 1813.
Cette1 invention essentiellemenl Française devait, comme
il est arrivé trop souvent, prendre son importance indus-
trielle en payant par 1rs Anglais. En IHO't, Murdoch
faisait divers essais à Birmingham; à la même époque,
Winsor, Allemand établi i Londres, créait une société i
Londres pour éclairer la ville par le gaz hydrogène ; mais
l'application n'en fut faite qu'en 1808, le bois était rem-
place par la houille et surtout par la houille grasse. En
1815, Winsor venait à Paris pour y fonder une société;
son brevet d'importation est daté du I" déc. 1815. Mus
tard, dans une polémique dont on peut trouver trace dans
le Journal des Débats du !• juil. 18"23, il reconnaît « avoir
été un des premiers en IXOi à rendre un tribut d'i
M. Lebon ». Enjanv. 1817, le passage des Panoramas fui
éclairé au gaz ; mais la Société l'ut liquidée en 1819 après
avoir éclairé une partie du Luxembourg et le pourtour de
l'Odéon. Les autres sociétés qui lui succédèrent pendant une
dizaine d'années ne furent pas plus heureuses. La popula-
tion était réfractaire au nouvel éclairage. Des écrivains
instruits comme Charles Nodier insistaient sur les méfaits
du gaz : des arbres meurent, les peintures des cafés noir-
cissent, des gens sont asphyxiés, des voitures versent dans
les trous creusés au milieu des chaussées, la devanture d'une
boutique saute, etc., tous ces accidents sont exploités avec
habileté par le spirituel chroniqueur. A la Société Winsor
succèdent la Société Pauwels et la Compagnie royale. Cette
dernière, soutenue par Louis XVIII, ne réussit pas davantage.
Elle fusionna bientôt avec une compagnie anglaise formée
par Manby-Wilson. Le l'r janv. 1830,1a rue de la Paix est
éclairée au gaz ; six mois après c'est le tour de la rue
Vivienne. A partir de ce moment, le procès du gaz est gagné :
peu à peu on décroche les vieux réverbères et on les rem-
place par des candélabres (V. ce mot). Des compagnies
anglaises se forment vers cette époque et obtiennent des con-
cessions dans la plupart des grandes villes. Diverses compa-
gnies s'organisent à Paris; en 1835, elles fusionnent, mais,
après le décret d'annexion, on se trouve en présence des
exploitations autonomes de la banlieue. Toutes les sociétés
sont réunies et englobées sous le titre de Compagnie pari-
sienne d'éclairage et de chauffage par le gaz- C'est celle
qui fonctionne aujourd'hui. Elle a établi des usines aux
Ternes, à Saint-Denis, à Maisons-Alfort, à Passy, à Bou-
logne, à Ivry, à Saint-Mandé, à Vaugirard, à Belleville et
à La Villette. Cette dernière est la plus grande de toutes.
Dès l'origine le gaz fut envoyé aux lieux de consomma-
tion au moyen d'une canalisation (V. ce mot) spéciale.
Mais les fabricants distribuèrent aussi à domicile du gaz
portatif comprimé dans des réservoirs résistants. Les becs
de gaz (V. ce mot) se rattachaient à divers types : becs
bougies, becs papillons, becs Manchester, becs d'Argand à
double courant. Ils donnaient des flammes uniques, droites
ou creuses, en aile de chauve-souris, etc. Les compteurs
(V. ce mot) attiraient également l'attention des chercheurs.
Les compagnies traitèrent d'abord avec les abonnés pour
l'alimentation des becs pendant no certain nombre d'heures;
mais elles comprirent bien vite la nécessité de vendre le
gaz au volume. Clegg imagina les cloches jumelées auxquelles
le mouvement do gaz imprimait un mouvement alternatil
dont les oscillations s'enregistraient avec des rouages d'hor-
logerie. Ensuite vinrent le> roue, ., compartiments.
Eu même temps de grandes améliorations étaient appor-
tée, aux méthodes de distillation et aux choix des houilles.
Grâce a l'addition au gaz trop pauvre d'une certaine quan-
tité de gaz riche tiré <\» cannel-coal, le pouvoir éclairant
présentait une invariabilité presque absolue .- progrès con-
sidérable sur l'ancien état de choses ou la diversité des
bouilles employées et la variabilité des méthodes de distil-
lation faisaient varier la teneur du gaz dans des limites éten-
dues, l n autre progrès réel consista dans la détermination de
la meilleure forme de brûleur a employer ; question impor-
tante, car certains becs dépensent pour produire la même ta-
ulière trois fois plus de gazque d'autres. Des expériences trèa
concluantes furent faites sous la direction de M M. Dumas et
Itcgnault par MM. Audouin et liérard : ils prouvèrent que pour
une même quantité de gaz brûlé le pouvoir éclairant le plus
élevé correspond à la pression la plus faible. Ils constatèrent
en outre le fait curieux que quelle que soit la forme du brûleur
— bec fendu, bec bougieou bec bougie a forme circulaire —
les meilleurs résultats sont donnés par une fente de TIO de
millim. de largeur ou un trou de même diamètre. Ces résultats
ont servi de base à une instruction pratique rédigée par Dumas
et Regnault qui permet de vérifier chaque jour le pouvoir
éclairant du gaz dans la ville de Paris, et ils ont conduit en
1861 à abandonner l'ancien bec employé dans les lanternes
publiques et à le remplacer par un bec normal, qui, sans
accroissement de dépense, a plus que doublé la lumière.
D'autres améliorations étaieut réalisées : on diminuait la
hauteur exagérée des becs au-dessus du sol ; on adoptait des
candélabres (Y. ce mot) d'un heureux effet décoratif. La
ventilation des locaux éclairés par le gaz, qui avait de bonne
heure attiré l'attention des Anglais, commençait a être étu-
diée en France ; il n'est presque personne qui n'ait éprouvé
au bout de peu de temps passé dans un local éclairé au gaz un
malaise occasionné par la chaleur et les émanations que déve-
loppe la combustion. 1 ne commission formée par les soins du
préfet de la Seine a recherché les moyens les plus faciles et
les plus pratiques de ventilation. On ménage à cet effet dans
les planchers et les murs des orifices et des tuyaux qui abou-
tissent à des cheminées d'appel. C'est seulement depuis que
la ventilation a été ainsi réalisée que l'emploi du gaz a cessé
de présenter de trop grands inconvénients hygiéniques dans
les pièces si restreintes de nos appartements. — La consom-
mation du gaz en France a beaucoup augmenté dans ces der-
nières années, comme le montrent les tableaux suivants :
PARIS
(intra-muros
1878.
1888.
mètres cubes
1s.-,. |.|
2C2.000.00U
HORS TARIS
mMrf? cubes
nc.ooo.ooo
355.000.000
l'iélres cubes
382.000.000
M7.o00.000
Tableau de la répartition des villes éclairées au gaz-.
GROUPES D'HABITANTS
1878
[889
Nombre
Population
Ni imbre
Population
60
171
134
s;,
NI
41
21
8
;î
M. 539
522.332
i | .580
580
2.087.165
1.132.408
1.181
1.039.513
2.658.
143
276
196
126
18'
59
«i
1
m
822.1
951
872
2.830.095
1.550.013
Loi"1
1 078.973
3.988.205
De 2,000 à 4,000
De -1,000 à 0,000
De 6,000 à 8,000
De 8,000 à 20,000
De 20.000 a -111,000
1 le 40.000 à 80,000
1).- SU.IIOO a 200,000
Au-dessus de 200,000
087
0.043.431
1.028
12.758.759
- 34 1 -
LCLAIRAOK
L'accroissement i donc été très rapide. Nous sommes
pourtant hvs loâ de l'Angleterre. La ville de Londres a
elle senle consomme pins il'' gai que la France entière. Le
fait caractéristique des dix dernières années, en dehors de
l'accroissement de consommation, est la création de becs
intensifs avec on sans récupération. L'inertie dans laquelle
s'endormaient les compagnies privilégiées pourvues de
monopoles sVst trouvée tout à coup secouée par la con-
currenoe de l'électricité. Il y a dis ans. les bées employés
étaient uniquement île I . - ou 3 carcels et consommaieut
«le Khi à 125 litres par carcel. Aujourd'hui on rencontre
couramment des becs de 20, 30 et 50 carcels consommant
50, 40 et même 30 Hues parcarcel. les lampes nouvelles
appartiennent à divers types : lampes intensives à l'air
libre, lampes a air chaud, lampes a incandescence à gaz,
lampes à gai carburé. L'emploi des lampes intensives
fut provoqué par l'apparition de la bougie Jablochkolf et
son essai sur l'avenue de l'Opéra. I.a Compagnie du gaz
engagea la lutte en installant rue du Quatre-Septembre des
- tonnes de six papillons à tente de t> 11) demillim.
consommant 1,400 litres a l'heure et munis de coupes en
eri;.tal constituant cheminée. La dépense par carcel était
ramenée de 127 a 105 litres. Ce succès décida l'apparition
de types analogues a Paris. Les lampes à air cbaud étaient
connues en principe depuis longtemps. Lu 1836, à la suite
d'un concours ouvert par la Société d'encouragement « sur
les moyens les plus efficaces d'augmenter le pouvoir illu-
minant du gaz ». Chaussenot avait obtenu un prix de
2,000 t'r. pour une lampe réduisant de 33 °/„ la con-
sommation. Dans cette lampe, l'air alimentant la com-
bustion s'échauffait entre deux cheminées de verre. L'idée
était juste : car les flammes du gaz doivent leur pouvoir
éclairant aux particules de carbone qu'elles tiennent en
suspension et qui viennent de la décomposition des hydro-
carbures par la chaleur, et le pouvoir lumineux de ces par-
ticules croit rapidement avec la température. Mais l'appa-
reil de Chaussenot était trop fragile pour passer dans la
pratique. Ce fut seulement en 1879 que Frédéric Siemens,
de Dresde, reprit le principe et créa les becs à récupéra-
tion très répandus aujourd'hui : l'air n'arrive au brûleur
qu'après avoir été porté à une température élevée par la
< baleur récupérée provenant des produits de la combustion.
Wenham a perfectionné en 188"2 le bec Siemens en ren-
versant la flamme et en plaçant le récupérateur au-dessus
du bec, de manière à ne plus perdre de lumière, (les nou-
veaux modèles se sont multipliés : on en voyait un grand
nombre a l'Exposition universelle de 1889.
Les lampes à incandescence à gaz sont d'un emploi beau-
coup plus restreint : elles tirent un éclat exceptionnel de la
présence dans la flamme d'une matière réfractaire portée
a l'incandescence : a ce type appartiennent le becClamond
(corbeille de magnésie additionnel' d'oxydes métalliques)
et le bec Auër von Welsbach (mèche en zircon mélangé
avec des oxydes incombustibles). Les lampes à gaz carburé
sont alimentées par du gaz qui s'est préalablement enrichi
de carbone en traversant des hydrocarbures.
Eclairai, f. a. l'électricité. — Mais, tandis que l'éclai-
rage au gaz se substituait à l'ancien éclairage à l'huile, un
nouveau système >e développait de son c6té, qui, d'abord
méconnu et dédaigné, semble devoir remplacer tous les
autres dans un avenir plus ou moins rapproché : je veux
parler de l'éclairage a l'électricité. La lumière électrique
a été connue de tout temps : l'éclair, en effet, n'est pas
autre chose qu'une gigantesque étincelle électrique ; mais
c'est seulement au xvne siècle qu'on a réussi a reproduire
artificiellement l'image en miniature de ce grandiose phé-
nomène naturel. A partir de ce moment jusqu'à nos jours,
l'histoire de l'éclairage électrique a passe par trois phases
bien distinctes, que l'on peut résumer d'un mot en disant
qu'elles correspondent exactement aux progrès des ma-
chines génératrices d'électricité. La première période, qui
comprend la fin du xvn' et tout le xvin0 siècle, est la pé-
riode des machines statiques ; la seconde période, qui com-
prend les soixante-dix premières années du xtx' siècle, est
la période des piles; la troisième période ou période con-
temporaine est celle îles dynamos, faut qu'on ne connaît
d'autre source d'électricité que la machine statique, on ne
connaît d'autre manifestation lumineuse que l'étincelle,
d'une durée au>si courte que l'éclair. La pile découverte en
180Q par Volta permet de produire l'électricité d'une ma-
nière continue : à l'étincelle succèdent l'arc électrique
(1843) et les lampes a incandescence (1844). L'arc et les
lampes à incandescence revêtent, dès l'origine, l'aspect
même qu'ils ont aujourd'hui. Mais ils restent confinés
dans les laboratoires, le prix du nouvel éclairage étant
beaucoup plus élevé que celui de l'ancien. Ce n'est que
quand les machines dynamo-électriques permettent de
produire L'électricité a bon marché que s'ouvre la période
industrielle.
Ce fut Otto de C.uericke, bourgmestre de Magdebourg,
qui découvrit, en 107:2, l'étincelle électrique. Ayant cons-
truit la première machine électrique, simple globe de soufre
qu'il taisait tourner rapidement avec une corde pendant qu'il
appuyait la main dessus, il vit qu'en approchant de ce globe
un objet, il en jaillissait une petite lueur, l'eu après, Wall, qui
répéta l'expérience avec un bâton d'ambre, déclara que la
lumière et le craquement lui paraissaient représenter en
quelque sorte le tonnerre et l'éclair. Dufay, membre de
I Académie des sciences de Paris, se fit électriser en se pla-
çant sur un plateau de bois isolé et tira des étincelles de
tous les ohjets voisins, en même temps que les personnes
présentes en tiraient de son corps. L'expérience excita une
admiration unanime; quelques-uns la varièrent en se coif-
fant la tète d'une couronne métallique munie de pointes,
d'où paraissaient sortir des auréoles lumineuses. D'autres
électrisèrent l'eau d'une fontaine qui se dispersait en gouttes
brillantes. Au moyen de grosses machines électriques for-
mées de plusieurs globes de soufre de grandes dimensions,
on réussit à obtenir des jets de flamme si rapprochés, que
l'on voyait distinctement les visages d'une dizaine de per-
sonnes assises dans une chambre. Aussi les plus vives espé-
rances furent-elles excitées par là chez les contemporains.
Le xixe siècle marque une nouvelle ère dans l'histoire
de l'électricité. En 1800, Volta découvre la pile grâce à
laquelle on produit, d'une manière suivie, les effets des
anciennes machines. On reconnaît facilement l'identité qui
existe entre l'électricité des machines et celles des piles.
Divers physiciens remarquent que, lors de l'ouverture et
de la fermeture du circuit, il se produit des étincelles dues
à l'arrachement des morceaux de métal incandescents. Il
semblait naturel de remplacer les pointes métalliques, dif-
ficiles à rendre incandescentes et s'arrachant mal, par des
pointes de charbon. Le physicien Kitter termina un des
rôles de la chaîne par un crayon de charbon : il obtint
ainsi de belles étincelles.
I n pas de plus, et l'arc voltaïque était trouvé. Ce pas
décisif, ce tut Davy qui le fit. L'expérience eut lieu en
1813 à l'Institution royale de Londres. Davy employait
une pile de 2,000 couples zinc-cuivre de !2 décim. carrés
chacun, et baignant dans une dissolution d'alun acidulée
par l'acide sulïurique. Le courant était amené dans deux
morceaux de charbon de bois de 3 ceiitim. de longueur et
de i millim. de diamètre, placés bout à bout. Les écartant
progressivement jusqu'à 11 centim. de distance, Davy
obtint une magnifique bande de feu dont l'éclat dépassait
celui de toutes les lumières alors connues. Il put fondre
ou volatiliser dans ce brillant foyer les substances les plus
difficilement fusibles : le platine, le quartz, le saphir, la
chaux, la magnésie (V. Arc électrique). Lu répétant
l'expérience de Davy, on reconnut bien vite que, pour la
faire passer dans la pratique, il faudrait surmonter trois
graves difficultés, tenant la première à la nature des piles,
la seconde a celle des charbons, la troisième à la régulation
de l'arc.
Les piles construites sur le modèle de celle de Volta
s'affaiblissaient très vite par le passage du courant,
ÉCLAIRAGE
- 344 -
en sorte que l'intensité diminnant, l'arc s'éteignait tout a
coup. La découverte des éléments ê souranl constant (élé-
ments Daniell, 1838, ol Bunsen, 18 H)) en levant cette objec-
tion ramena l'attention publique vers les applications de
l'arc électrique,
Uore se présenta la <|ut>^t i<in des charbons: les charbons
de bois employés pur Davj se consumaient très rapide-
menl et donnaient on éclat variable suivant les échantil-
lons. En 184 i, Léon Foucault substitua aui Charbons de bois
les charbons qui se déposent contre les parois des cornues
;i gaz. Ces charbons lentement formés présentent plus de
dureté et brûlent moins rapidement. Mais bien que les
expériences publiques de Deleoil à Paris eussent fort bien
réussi, les charbons des cornues laissaient encore fort à
désirer ; ils et aient mélangés, comme le montra Le Roux, a
des matières terreuses et siliceuses, en sorte que leur lu-
mière était très agitée. Les charbons, se désagrégeant par la
fusion de ces matières, éclataient souvent et se trouvaient
accompagnés la plupart du temps de vapeurs qui écoulaient
une paitie de l'arc à l'état de décharge obscure. On cher-
cha donc à fabriquer de toutes pièces des charbons aussi
durs, mais plus purs. Dès |S4ti, deux ans à peine après
l'innovation de Foucault, Staile et Edwards faisaient bre-
veter un procédé dont le principe est encore employé
aujourd'hui. Ils pulvérisaient un mélange de coke et de
sucre qu'ils malaxaient et comprimaient dans un moule ;
ils le soumettaient successivement aune première cuisson,
après laquelle ils ajoutaient une dissolution concentrée de
sucre, puis à une seconde cuisson à la chaleur blanche.
Plus tard Jacquelain fabriqua un charbon très pur avec les
goudrons provenant de la distillation de la houille; Arche-
reau donna l'idée de comprimer la pâte à travers une filière,
et obtint de bons résultats en ajoutant de la magnésie aux
poudres de charbon. Depuis cette époque d'innombrables
brevets ont été pris pour la préparation des charbons. Ils
ne diffèrent guère les uns des autres que par les propor-
tions relatives du coke et du sucre, par la substitution du
charbon de bois au coke. Contentons-nous de dire que les
charbons les plus lumineux sont ceux de Gaudoin (1877),
dont la base est le noir de fumée, et que les plus souvent
employés dans l'industrie sont ceux de Carré en France
(1876) et de Siemens en Allemagne.
Le problème de la fabrication des charbons n'était pour-
tant pas ni le seul, ni même le principal dont on se préoc-
cupât alors. Le problème des régulateurs paraissait encore
plus important. Afin d'empêcher l'extinction de l'arc, Davy
se bornait, au fur et à mesure de la combustion, à rap-
procher à la main les deux pointes de charbon. Ce procédé
par trop primitif réglait la lumière par soubresauts et offrait
en outre de graves inconvénients pour la vue de l'opéra-
teur, obligé de s'approcher de très près de la lampe. On
s'appliqua donc à trouver un système capable de maintenir
la lumière fixe dans l'espace et de lui conserver une inten-
sité constante malgré l'usure des charbons et les variations
incessantes de l'intensité du courant. En 48ir>, Thomas
Wright eut l'idée de remplacer les baguettes cylindriques
de charbon par deux disques de carbone, auxquels un
mécanisme d'horlogerie communiquait un double mou-
vement de rotation et de translation. A chaque révolution
du disque les charbons se trouvaient rapproches d'une
distance précisément égale à l'usure due à la combustion.
I, 'année suivante, William Edward Staite imagina de
régler le rapprochement des charbons par un ressort
en spirale. Deux crayons inclinés de 30° se rencontraient
obliquement sur une substance réfractaire et mauvaise con-
ductrice de l'électricité. Ces crayons étaient plaies dans des
gaines métalliques et poussés par des ressorts a boudin qui
devaient maintenir leurs pointes à une distance fixe. Ce
système donna des résultats médiocres par suite île l'usure
inégale des deux charbons, le charbon positif brûlant deux
fois aussi \iie que le négatif.
Tous les régulateurs, dans lesquels la distance des char-
bons est maintenue par des procédés purement mécaniques.
sont d'ailleurs insnffbjants; la longueur de l'are dépend en
effet de l'intensité do courant, 'foute variation du courant
risque donc d'amener l'extinction de l'are. Grave inconvé-
nient que ['on m- saurait éviter qu'en prenant le eom
lui-même comme régulateur. Foucault en émit i
1848, el Irchereao la réalisa presque aussitôt; il fixait le
i bai bon inférieur à un cylindre de fer puce i l'intérieni
d'une bobine creuse et équilibré par on contrepoids qui
tendait 6 le faire buter contre le charbon supérieur. Le
courant en passant faisait descendre le cylindre dans la
bobine; mais, des qu'il t'affaiblissait, le cylindre remontait.
Foucault lit ensuite construire par Dubôsq un régulateur
très partait muni de deux moteurs, dont l'un éloigne les
crayons quand ils sont trop rapproches et dont l'autre les
rapproche quand ils B'éloignent. Mais cet appan-il était
trop délicat pour passer dans la pratique industrielle. En
revanche, celui de Serrin a été très employé : sa cara
ristique est un parallélogramme oscillant auquel on a eu
souvent recours depuis.
C'est en \x'tl qu'eurent lien les premières expériences
publiques faites par DelemTet Archereau sur le quai Conti.
Ils utilisaient comme source d'électricité une pile de
100 éléments Bunsen ; les charbons de l'arc étaient pfa
dans un ballon où l'on avait fait le vide. Ils n'employaient
pas de régulateur. La lumière était si vive que Cagnard de
La Tour put lire du terre-plein de la statue de Henri IV une
étiquette placée au fond de son chapeau. L'année sui-
vante, Archereau fit de nouvelles expériences publiques rue
Iîougemont, boulevard Bonne-Nouvelle et rue Basse-du-
Hempart. Le journal l'Illustration contient une intéres-
sante gravure représentant la place de la Concorde illumi-
née à l'électricité, le "20 oct. 18i3. C'était Archereau qui
avait installé la partie optique. L'arc électrique jaillissait
dans le vide entre deux pointes de charbon trempées dans
du mercure. Le courant était produit a l'aide de -200 élé-
ments à acide nitrique et charbon construits par Deleuil.
Le journal insiste sur le merveilleux éclat de la lumière ;
la plupart des becs de gaz. dit-il, avaient été éteints et la
lueur de ceux qui demeuraient semblait pâle et fuligineuse.
Avec quatre ou cinq foyers semblables, la place eut été
parfaitement éclairée. L'expérience devait être recommen-
cée peu après en plaçant une étoile beaucoup plus brillante
au sommet de l'Obélisque. Mais cette curieuse idée ne fut
pas mise en exécution. En déc. 18ii, Foucault lit de nou-
velles expériences au même endroit. Il avait disposé son
appareil sur les genoux de la statue de la ville de Lille.
Une pile de 100 éléments Bnnsen était logée dans la petite
pièce ménagée dans le soubassement de la statue; on lisait
facilement un journal au pied de l'obélisque.
Peu après, la lumière électrique était introduite au
théâtre. Le premier essai eut lieu en 1846 dans la pièce
des Pommes de terre malades. Il fut renouvelé en
ISiit à l'Opéra : on y montait le Prophète, et Meyerbeer
pria Foucault de chercher le meilleur moyen de fiuurer
un lever de soleil. Celui-ci, qui venait d'inventer son
régulateur, en fit usage avec un grand succès. Duboscq,
qui fut chargé peu après du service électrique de l'Opéra,
v réalisa une multitude d'applications de l'éclairage élec-
trique : imitation de la lune, de l'arc-en-ciel, rayons de cou-
leurs, suivant les personnages, fontaines lumineuses, etc.
Durant le second Empire, l'éclairage électrique, sans en-
trer encore dans la pratique courante, fut employée maintes
reprises. Ce fut grâce à lui que l'on put travailler de jour
comme de nuit au nouveau Louvre, au pont Notre-Dame et
aux docks Napoléon. Dans cette dernière entreprise, huit
cents ouvriers étaient occupés dans les tranchées; celles-
ci étaient éclairées par deux régulateurs alimentés chacun
par une pile de cinquante cléments. A l'Exposition de 1 '
la grande nef du palais de l'Industrie fut éclairée a l'<
Iricité, lors de la distribution des récompenses. Duboscq
avait installe l'éclairage qui dura douze heures consé-
cutives sans la moindre défaillance. A chacune des extré-
mités du vaisseau, on avait placé une lampe alimentée par
- 843 -
ÉCLAIRAGE
cent éléments Bunsen. La première lampe marcha de cinq
heures a dix heures et demie du soir : la seconde de dix
heures et demie a trois heures du malin et de trois a sis
heures. On reunit ensuite les dem lampes de manière à les
faire fonctionner ensemble. \u moment oh le jour parut,
la lumière brillait encore de tout son éclat.
l 'est en cette même année que l'on lit la première ap—
phcation des projections électriques à la guerre. La Hotte
française s'en servit an siège de Kinburn, dans la Bal-
tique: en ISii:!. l'électricité fut installée aux phares de La
)le\o avce un grand succès. Aussi construisit-on, lors de
l'Exposition de 1867, un petit phare qui fut mrtremarquê
sur le modèle de ceux de La Bève. Les lampes Serrin ser-
vaient encore à éclairer a cette exposition une belle pis-
cine située le long du quai de la Semé, où des plongeurs,
vêtus d'un appareil Denayrouze, jouaient aux dominos de-
vant les badauds stupéfaits. Au mois de janvier, Napo-
léon III tit venir Serrin et lui ordonna d'éclairer la
COUT du Carrousel à laide de quatre régulateurs de son
système. Le résultat ayant été très satisfaisant, la lumière
électrique fut appelée a jouer son rôle dans la grandi' fête
de nuit donnée aux Tuileries le 10 juin. C'est la fête
connue sous le nom de fête des souverains, car Napo-
léon avait réuni à sa table l'empereur Alexandre 11 et son
tils, le roi Guillaume et son ministre M. de Bismarck, le
taikoun du Japon et un grand nombre île majestés secon-
daires dont les principautés ont, pour la plupart, disparu
depuis lors. Dans le jardin étaient installés trente-deux
dateurs que l'on alluma tous au même instant, afin de
taire succéder sans transition la lumière la plus intense à
l'obscurité la plus profonde. Chacun d'eux était alimenté
par cinquante piles Bunsen dissimulées dans les fosses.
En face de chaque régulateur se trouvait un soldat, préa-
lablement style. Trois coups de grosse caisse furent frap-
pés. Au troisième, chaque soldat tournait son commuta-
teur. I.a précision fut parfaite, et tout le jardin s'illumina
d'un seul coup. D'ailleurs, des expériences analogues avaient
lieu dans tous les pays: à Rio de Janeiro, pour l'anniver-
saire de l'indépendance du Brésil; à Boston, pour célébrer
la victoire des armées fédérales (1863).
Vers la même époque, d'autres expériences non moins
remarquables ouvraient une nouvelle voie. Les régulateurs
présentent l'inconvénient qu'on ne peut en placer qu'un
seul par circuit, carie courant réglant le rapprochement des
charbons, un accident arrivé à uni' lampe troublerait toutes
les autres. Or. dans l'éclairage privé ou publie, on a plutôt
besoin d'une série de petits foyers que d'un seul foyer
intense. Aussi chercha-t-on de bonne heure à établir des becs
électriques analogues aux becs de gaz. Les frères Deleuil
tentèrent pendant les mois de sept., oct. et dcc. 1850
de placer dans un même circuit une série d'arcs vol-
taïques, mais les résultats furent médiocres, la lumière ne
se maintenant jamais fixe plus de dix à quinze minutes.
I)"ux physiciens lyonnais, J. Lacassagne et Rodolphe Thiers,
reprirent la question et imaginèrent une disposition, gràiv
a laquelle chaque lampe brille isolement sans influencer sa
voisine. Les lampes sont connues aujourd'hui sous le nom
de lampes différentielles. Considérons un régulateur Ar-
chereau où le déplacement des charbons est réglé par les
mouvements d'un noyau de fer doux placé dans l'arc d'un
solénoïde que traverse le courant ; plaçons en dérivation
sur l'air un second solénoïde à fil très résistant. Le courant
se partage entre ces deux branches en raison inverse de
leurs -. Si Ir régulateur est en équilibre, si l'are
offre une résistance déterminée, le courant peut varier d'in-
i" : l'are i Les accidents survenu: aux autres
lampes ne tirent ince. Il suffit donc d'assu-
rer la régulation de l'intérieur de l'appareil ; or. celle-ci
se fait sans difficulté : si l'arc s'allong istance aug-
mente, une plus grandi' partie do courant se dérive dans
la bobine a til fin et l'attraction de celle-ci augmentant, le
noyait ' t la distance des charbons se rétablit. C'est
au' moins de juin 185 [uai des Célestins, a Lyon,
que Lacassagne et Tbiers tirent les premières expériences
publiques du nouveau système avec leur lampe à mercure.
« le quai tout entier, dit le Suint public, était inondé
d'une lumière fulgurante qui permettait de lire à une dis-
tance de 400 m : les oiseaux eux-mêmes, croyant le jour
déjà revenu, quittèrent leurs nids pour venir battre de
l'aile dans les rayons du nouveau soleil. « Ces expériences
lurent répétées avec succès, en 1855, à Chàleau-Beaiijon,
et, en 1857, dans la grande rue de Lyon ; pendant les
dernières soirées, on éteignit même les réverbères à gaz.
En 1856, on éclaira de même à Paris l'avenue de l'Impé-
ratrice, au moyen de deux lampes placées sur l'Arc de
triomphe. Le système de Lacassagne et Tbiers donnait,
par avance, la solution d'un problème qui a été passionné-
ment discuté il y a quelques années : celui de la division
de la lumière électrique. Mais il venait avant son heure.
On ne disposait pas d'autres sources d'électricité que les
piles, et il semblait indifférent de placer plusieurs foyers
sur le même circuit. Ce n'est que lorsqu'on eut inventé
des générateurs puissants que la question de la division
de la lumière électrique se posa de nouveau. A cette époque,
Siemens présenta un modèle de lampe qui reproduisait les
dispositions essentielles des physiciens lyonnais.
Plus récemment, on a imaginé de substituer aux régu-
lateurs, appareils délicats et compliqués, les bougies élec-
triques dans lesquelles tout mécanisme est supprimé. Celle
combinaison si simple fut imaginée en 1877 par l'officier
russe Jabloehkoll'. Deux charbons parallèles sont séparés
par une matière isolante, telle que le kaolin, qui se con-
sume en même temps. Pour allumer les bougies, on réunit
les deux pointes des baguettes des électrodes par un petit
filet de charbon que le passage du courant fait rougir et
qui remplit l'office d'amorce. Mais il subsiste toujours une
difficulté : dans l'arc voltaïque, le pôle positif s'use deux
fois aussi vite que le négatif. Pour" y obvier, Jabloehkoll'
donna à ce charbon positif une section double de celle du char-
bon négatif. Mais il vit bientôt qu'il était beaucoup plus simple
de laisser les charbons semblables et d'avoir recours aux
courants alternatifs. La bougie Jabloehkoll' a puissamment
contribué au triomphe de l'éclairage électrique. Sa remar-
quable simplicité en a fait, dès son apparition, l'objet d'un
engouement mérité. La nouvelle invention ferma la bouche
à ceux qui s'obstinaient encore à ne voir dans la lumière
électrique qu'une curiosité de laboratoire nécessitant la pré-
sence d'un physicien de profession. Une compagnie impor-
tante se forma aussitôt pour l'exploiter et les applications se
multiplièrent rapidement. Les premiers essais publies eurent
lieu au mois de mai 1877 dans les grands magasins du
Louvre : six foyers y furent allumés dans le hall Marengo.
Les grands hôtels, les théâtres, les uarcs y eurent bientôt
recours. En 1879, on comptait à Paris plus de trois cents
foyers de ce système; l'avenue de l'Opéra en donnait une
brillante démonstration, ainsi que la place de la Bastille,
les Halles, la place du Théâtre-Français, l'hôtel Continen-
tal, l'Hippodrome, l'hôtel du Fii/aro, le théâtre du Châ-
telet, etc.
Lumière électrique à incandescence. Dans les lampes
à incandescence, le conducteur, au lieu de se consumer
comme dans les appareils à arc, est simplement porté au
rouge. Les apparences d'incandescence ont été observés
dès le xviii* siècle. Le thermomètre de Kinncrsley (I7<il)
contient une spirale en (il de fer portée au rouge par la
décharge d'une batterie. Plus tard, V m Marum, avec sa
grosse machine, fit fondre de gros fils de fer et constata
que le platine est le métal le plus difficilement fusible.
Lue fois l'incandescence constatée, il était naturel de
supprimer l'air dans lequel le til se consumait rapidement
et de faire l'expérience dans le vide. La première lampe à
incandescence lut construite par l'Anglais de Moleyns à
Cheltenham, en 1841. Un ballon de verre, dans lequel on
avait fait le ride, étail traversé par une sjiirale de platine
verticale que le courant rendait incandescente. Pour aviver
celte lumière, de Moleyns laissait tomber sur le fil mugi
ÉCLAIRAGE
- ;H4 -
du charbon finement pulvérisé el contenu dani nu petit
réservoir placé ft la partie supérieure <!<• la spirale. Grâce
;i cet artifice, on obtenait une belle lumière blanche.
Comme la Bpirale fondait facilement, de Holeyns avait eu
l.i précaution de la composer de deux parties placées côte
a cote, en sorte qu'il suffisait de pousser un petit cercle
métallique pour substituer la moitié intacte a La moitié en-
dommagée. Mais cette précaution, pour louable qu'elle fût,
était d'un caractère peu pratique, et le platine fondait trop
facilement pour que la lampe devint d'un usage courant.
En 1845, apparut un nouveau système d'incandescence.
Il avait été imaginé par l'Américain Starr : le grand phi-
lanthrope Peabody, qui le subventionnait, avec une modes-
tie dont l'Amérique a perdu l'habitude, lui conseilla d'aller
soumettre son invention aux savants européens. Mais
Peabody, se déliant de la naïveté de son protégé et do
manque de scrupules des Anglais, eut l'idée malheureuse
de lui adjoindre un agent d affaires retors nommé Ring.
I.a lampe de Starr consistait en un candélabre de vingt-
six lampes (destinées à symboliser les vingt-six Etats de
l'Union); il la lit fonctionner avec un plein succès sous les
yeux de Faraday. Chaque lampe se composait d'un ballon
de verre où l'on avait l'ait le vide, traversé par deux tiges
métalliques entre lesquelles se trouvait un mince (il de
charbon des cornues. Ce fil était porté au rouge blanc par
un fort courant. Starr insistait sur l'utilité que pouvait avoir
sa lampe pour les plongeurs, les mineurs et dans toutes les
circonstances ou les lumières à flammes sont dangereuses.
Son invention était tort intéressante : il la paya peut-être
de sa vie, car, le lendemain du jour ou il quitta l'Angleterre.
en compagnie de son secrétaire, on le trouva mort dans
son lit, et Ring s'empara de ses brevets pour les exploiter.
Mais le charbon des cornues retient dans ses pores de
l'air qui amène bientôt sa combustion. Aussi en revint-on
aux spirales métalliques. Pétrie remplaça, en 18 i!), le pla-
tine par l'iridium : invention dont on a voulu faire honneur
à Edison, sans grand intérêt, du reste, car l'iridium fond
comme le platine. Vers 18o8, eurent lieu les essais d'un
inventeur original nommé de Changy, essais qui exci-
tèrent d'abord un grand enthousiasme, puis tombèrent
dans l'oubli. On y trouve pourtant le germe de presque
tous les progrès accomplis plus tard. De Changy essaya suc-
cessivement l'incandescence des métaux et celle du charbon.
Il construisit d'abord une lampe incandescente au platine.
Des expériences préalables le conduisirent à reconnaître
que le métal devait recevoir une préparation particulière ;
au lieu de le porter de prime abord à l'incandescence , il
vaut mieux l'accoutumer peu à peu à l'office qu'il doit
rendre ; à cet effet, on le maintient à des chaleurs rouges
modérées pour le faire lentement arriver au degré où il doit
être maintenu. Edison a retrouvé ces résultats vingt ans plus
tard. Mais pour éviter la fusion du métal il était nécessaire
de régulariser l'intensité du courant et de diviser celui-ci
entre plusieurs lampes. De Changy y arrivait en plaçant
chaque lampe sur un circuit dérivé du courant principal ;
ce circuit traversait, en outre, le fil d'un électro-aimant. Un
second circuit dérivé, branché sur le premier, était formé
par le noyau de cet électro-aimant et son armature : ce
second circuit ne se fermait que si le courant devenait trop
intense, et menaçait de fondre le platine ; il lui fournissait
alors une dérivation. Cette méthode ingénieuse n'obviait pas
d'une manière suffisante au grand inconvénient du platine,
qui est le risquede fusion. Aussi de Changy eut-il également
recours à l'incandescence du charbon. Il tailla d'abord des
baguettes très tines de charbon des cornues, et, pour éviter le
défaut d'homogénéité qui causait fréquemment leur rupture,
lest rempa dans des résines fondues ou des solutions sucrées,
et les lit ensuite recuire. Mais cet artifice même n'était pas
complètement satisfaisant. Aussi, en 18,'><), du Moncel ayant
l'ail connaître, dans ses études sur la bobine de lîuliin-
korff, des expériences dans lesquelles il avait obtenu une
très brillante lumière par l'incandescence de fibres végé-
tales, telles que du liège, préalablement trempées dans
l'acide lulfurique el carbonisées, de Changj tenta l'appli-
cation de ce procédé aui lampes ridée d'air, mais il
reconniri qu'il fallait augmenter la conductibilité et l'homo-
généité qui n'étaient pas suffisante» ; cela i vivait une
si-ru- d'expériences qu'il oe poussa pas jusqu'au bout, (tu
>ait que c'est dans cette voie qu'ont été trouvées les solu-
tions adoptées aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, i<-> résultats
obtenus par de Changy dans ses divers essais exciteras!
l'admiration de tous les spectateurs. M. Jobard, directeur
du Mutée industriel de Bruxelles, h-s décrivait en ni
tomes : « J'ai vu une pile de douze éléments Bunsen,
perfectionnée par de Changy, produisant un arc lumineux
constant, sans intermittence et sans crépitation, entra dam
charbons rapprochés par un régulateur de son invention :
de plus, une douzaine de petites lampes de nuneur, mo-
biles sur des tringles ou des tils de enivra dont il peut a
volonté allumer ou éteindre l'une ou l'autre, ou toutes
ensemble, sans que l'intensité de la lumière augmente ou
diminue par l'extinction des lampes voisines. Ces lampes,
contenues dans des tubes de verre hermétiquement fei ne g,
sont destinées a l'éclairage des mines a grisou aussi bien
qu'aux réverbères des rues, qui s'allumeraient et s'étein-
draient tous dans toute une ville en ouvrant ou fermant le
circuit. Cette lumière est blanche et pure comme celle du
gaz Gillard avec laquelle elle a, du reste, ce seul point de
contact, que c'est l'incandescence du platine qui la produit.
Les tuyaux de conduite de gaz seraient alors remplacés par
de simples tils et ne pourraient occasionner ni explosions,
ni incendies, ni mauvaises odeurs. J'ai vu également une
ampoule lumineuse en verre épais que l'on peut immerger
à des profondeurs considérables sous l'eau. Mon étonne-
ment a été grand de voir une lampe s'allumer dans le
creux de ma main et rester allumée en la mettant dans ma
poche, avec mon mouchoir par-dessus. » l'n autre témoin
s'exprime ainsi : « Emerveillé de ce que j'avais vu chez
Changy en 1859, j'en ai parlé à un architecte de mes amis,
Lenoir, qui construisait, boulevard de Strasbourg, un im-
mense café. Quelle attraction pour un nouveau café, alors,
que d'être éclairé à l'électricité ! Il fallait trois cents becs.
Je fus chargé de voir Changy qui, désolé, me fit voir sa
pile pour ses quatre becs. Il aurait fallu une église pour
contenir la pile de Bunsen génératrice de trois cents becs
Changy. » Ces belles expériences venaient avant leur temps;
l'heure des grandes applications n'avait pas sonné ; on
ignorait les sources puissantes d'électricité dont nous dis-
posons actuellement. C'est seulement de nos jours que les
machines génératrices ont pris naissance et se sont rapi-
dement perfectionnées. Le moment propice à l'incandes-
cence est venu. De tous côtés, les inventeurs se tournèrent
vers les créations de ce genre ; plusieurs d'entre eux, qui
n'ignoraient pas les recherches de Changy. se bornèrent a
rééditer ses résultats avec des dispositions pratiques sou-
vent inférieures.
En 1878 ont lieu les premiers essais d'Edison. Sa pre-
mière machine, bien oubliée aujourd'hui, si tant est qu'elle
ait jamais été exécutée, se composait essentiellement d'un
gigantesque diapason vibrant, portant des bobines dont les
oscillations engendraient le courant ; les lampes étaient à
fil de platine avec des régulateurs rudimentaires. La nou-
velle de cette invention lit baisser les actions des compa-
gnies de gaz de 100 fr. en une bourse. En revanche,
lorsque, deux ans plus tard, le vrai système parut, les
compagnies de gaz ne lurent aucunement ébranlées. Ce l'ut
la dernière tentative l'aile au moyen de spirales métal-
liques. On en revint au charbon. En iSTM, le Busse Konn
proposa une lampe fondée sur la combustion du charbon
rendu incandescent dans le vide incomplet. En 1*7 s.
MM. Reynier et Werdermann inventèrent des lampe- a
contact imparfait : on fait presser un crayon de charbon
contre un cylindre ou un disque qui tourne. Le courant
porte le charbon à l'incandescence : l'usure a lieu au point
du contact imparfait Oh la température est le plus élevée.
Ces lampes paraissaient avoir l'avenir à elles, car elles
— 34$ —
ÉCLAIRAGE
résolvaient le difficile problème de la division de la lumière
électrique. Mais les lampes a incandescence les supplan-
tèrent presque aussitôt. En 1879, Edison proposa un nou-
veau svsteme de lampes à incandescence autour duquel on fit
beaucoup de bruil ('01111111' autour de toutes les inventions de
ee célèbre industriel. Il se servail de papier bristol carbonisé
auquel il donnait la forme de fer a chinai. Avec un courant
de huit éléments Bunsen, ce filament donnait une beUe
lumière blanche. On apporta un grand nombre de lampes
en Europe, mais aucune ne dura plus de quelques semaines.
L'invention d'Ellison n'en était une qu'au point de vue
financier.
L'attention des chercheurs se tourna alors vers la dè~
rouverte d'un filament de charbon durable. Il n'j avait
Emr le trouver qu'a se souvenir des expériences de du
oncel et du Changy, et plusieurs physiciens aboutirent,
à peu près en même temps, à des résultats pratiques.
M. Swann, industriel de Newcastle, avait déjà fait quelques
asSUS de lampe a incandescence au moyen de spirales de
carton earbomsé, mais ce charbon se désagrégeait fort vite.
Le 30 oct. 1880, il présentait à la Société philosophique
de Newcastle une lampe capable de fonctionner. Le filament
était composé de tresses de coton: ces tresses étaient plon-
- dans l'acide sulfurique, puis chauffées au rouge blanc
au milieu de poussier de charbon. On les introduisait alors
dans la lampe ou l'on faisait le vide avec la pompe Sprengel,
tandis que le courant passait pendant une demi-heure à
travers le filament. Après ces diverses opérations, la lampe
était fermée. Edison reconnut bientôt l'insuffisance du papier
carbonise, et il essaya a son tour d'employer les fils de
coton, mais il y renonça bientôt pour s'arrêter a l'emploi
des libres d'une espèce de bambou très commun au Japon
qui donne des résultats bien supérieurs. Ces filaments sont
enfermes dans une ampoule de verre ou l'on fait le vide
au millionième d'atmosphère. Ce sont les lampes mêmes
que l'on emploie a l'heure présente. Leur fabrication sera
décrite au mot Lampe à incandescence.
A la même époque parut la lampe Maxim qui se dis-
tingue des précédentes par ce fait que le fil incandescent
n'y séjourne pas dans le vide, mais bien dans un gaz hydro-
carbure. Selon l'inventeur, ce système aurait l'avantage de
permettre aux particules de carbone que contient h' mélange
gazeux de se déposer sur les filaments de charbon aux
endroits ou il tend à se rompre. La pratique a montré au
contraire que. bien loin de jouer ce rôle providentiel, la
poussière charbonneuse se dépose volontiers sur les parois
de la lampe, dont elle affaiblit l'éclat.
Ces divers modèles fiirenl montrés à l'exposition d'élec-
tricité de Paris, en l S S I . Beaucoup de gens combattaient
encore à cette époque la lumière électrique : aussi l'expo-
sition de 1881 fut-elle une véritable révélation pour le
grand public. Elle marqua l'avènement définitif de l'éclairage
électrique dans la pratique industrielle.
Comparaison des divers modes d'éclairage. La com-
paraison des diverses sources lumineuses au point de vue
de l'éclairement sera traitée en détail au mot Photométrie.
Si les deux sources lumineuses que l'on compare émettent des
rayons différents, si l'une par exemple est riche en rayons
rouges, l'autre en rayons bleus, la comparaison, bien que pos-
sible théoriquement au moyen du spectrophntoniètre, n'a plus
une valeur pratique bien nette. Les étalons photométriques
sont très nombreux. En France, on adoptait autrefois la
lampe Carcel brûlant 42 gr. d'huile normale à l'heure dans
les conditions définies par Dumas et Kegnault. Les Anglais
se servaient d'un étalon moins précis, la bougie de blanc de
baleine (candie) de six à la livre anglaise; les Allemands
de la bougie de paralline (Kerze) de douze au kilogramme.
Le congrès des électriciens a adopté en INK1 l'étalon Violle
(lumière émise par un centimètre carré de platine à la
température de la solidification); le congrès de ISS!) a
recommandé comme étalon secondaire, la bougie décimale
qui vaut un vingtième de l'étalon Violle. Le carcel vaut
0,481 étalon Violle; 9,62 bougies décimales; 8 s91 candies;
7,8!) kerzen.
Le tableau suivant donne, pour les diverses sources
lumineuses usuelles, le prix moyen de la consommation par
bougie décimale en Europe. On remarque seulement qu'ac-
tuellement en France les droits sur le pétrole en quadruplent
environ la valeur, et que le gaz est vendu à Paris 30 cent,
le mètre cube par la Compagnie.
NATURE DES FOYERS
ÉLÉMENTS
CO N S 0 M M Ê S
PRIX
liF. l'unité
QUANTITÉS
consommées
par bougie décimale
PRIX
de la consommation
par
bougie décimale
Bougie
Paraffine
frani s
1,50 1e kilogr.
1,00 —
0,20
0,20 le m. r.
Id.
0,80 1e kilowatt
Id.
lJ gr.
4,2 gr.
2,5 —
20 lit.
12 —
3,5 watts
0,6 —
centimes
1,350
0,420
0,050
0,100
0,240
0,280
0,048
Spermaeeti
Pétrole
Lampe modérateur
lien papillon
Id ,
Lampes à incandescence
Id. '
Il résulte de ces nombres que, parmi les divers modes
d'éclairage domestique, le plus cher est celui qui est fourni
par les bougies. 11 subsiste pourtant et subsistera sans
doute longtemps encore à titre d'éclairage de luxe. En
premier lieu, dans beaucoup de cas, il ne t'ait pas double
emploi avec le gaz ou l'électricité qui ne fournissent à
l'heure actuelle que des lumières fixes. 11 n'en est pas de
même si on le compare aux lampes à huile on a pétiole.
Mais, d'après le jugement d'un grand nombre de per-
sonnes, l'éclairage par les bougies est le plus agréable
de tnus. Déjà au xviii' siècle, lorsque furent inventées les
lampes, on crut que les bougies allaient disparaître. Il n'en
fut lien. Les lampes ne lurent pas jugées île bonne com-
pagnie et les gens de qualité continuèrent a s'éclairer a la
bougie blanche. Dans son Dictionnaire des Etiquettes de
la G>ur, Mmc de CenIK s'attache a établir la supériorité
des bougies. L'opinion des gens de goût ne parait pas avoir
varié sur ce point. Dans un dîner, la lumière des bougies
est sans doute celle qui s'associe le mieux à l'éclat des
cristaux et de l'argenterie. Les lampes à huile ou à essence,
qui donnent des foyers [dus intenses, mais moins dissémi-
nes, conviennent inoins bien. Seules, les petites lampes à
incandescence pourraient sur ce terrain de l'élégance lutter
avec les bougies, comme elles luttent avec le gaz sur le
terrain de l'économie.
Si l'éclairage par les bougies est le plus cher des éclai-
rages domestiques, en revanche l'éclairage fourni par le
pétrole est de beaucoup le plus économique dans les pays
ou cette substance n'est pas frappée de droits élevés. Le
prix de -20 cent, le kilogr. est celui du pétrole en Alle-
magne et en Angleterre. \ New-York, il coûte °2 cent., à
cause de la proximité des mines de Pennsylvanie. On sait
qu'en France les droits sur le pétrole en augmentent
de beaucoup la valeur, mais qu'à la suite d'un vif débat
LCLAIlivCK
— :;/»6 -
parlementaire (déc. 1891), le gouvernement s'est engagé a
présenter nne lui les diminuant avant oet. 1892. Pourtant
ce mode d'éclairage offre dei inconvénients sérieux. C'est
celui qui expose le plus souvent aux accidenta si aux incen-
dies, surtout avec des enfants on 'les personnes l'en soi-
gneuses: mais déjà les progrès de la fabrication ont beau-
coup diminué ces dangers.
L'éclairage par incandescence tend a son tour a se sub-
stituer :in gaz dans les villes où exigent des distributions
d'électricité bien établies, car cet éclairage est plus hygié-
nique, plus propre, [ilus. commode et représente aujourd'hui
le plus parfait des modes d'éolairement artificiels. Il mut
remarquer qu'à bien îles points de vue, il se distingue de
tous les systèmes d'éclairage employés antérieurement —
bougies, lampes à huile et à pétrole, gaz. etc. Ces systèmes,
en effet, ont ce caractère de produire la lumière aux dépens
de l'oxygène que nous respirons. Il en résulte que plus une
maison est éclairée, plus elle est insalubre. Prenons pour
exemple le gaz : 100 volumes de gaz contiennent environ
47 volumes d'hydrogène, \i de gaz des marais, X d'oxyde
de carbone et 3 d'hydrocarbure. Qu'arrive— t— il quand on
allume le gaz? C'est que tous ces éléments se combinent a
l'oxygène de l'air pour donner de la vapeur d'eau et de
l'acide carbonique, tandis que l'oxyde de carbone passe
presque entièrement dans l'atmosphère. Or ces produits
présentent tous trois de graves inconvénients : la vapeur
d'eau se condense sous forme liquide sur toutes les sur-
faces, murs, tables, tapisseries, qu'elle abîme plus ou
moins. La quantité d'eau ainsi produite dépasse ce que l'on
s'imagine d'ordinaire, l'n bec de gaz produit couramment
1 litre et demi d'eau à l'heure; une salle où 400 becs
brûlent de cinq heures à minuit, reçoit donc de 700 à
MO litres de vapeur d'eau. L'acide carbonique est impropre
à la respiration et commence à devenir délétère quand il
atteint une proportion de 1 °/0 d'air ordinaire. L'oxyde de
carbone, poison îles plus redoutables, est la principale cause
des maux de tète et des vertiges qu'occasionne toujours un
séjour prolongé dans une pièce éclairée au gaz. Ajoutons
encore que, suivant le degré plus ou moins grand d'épura-
tion du charbon, il se produit une quantité plus ou moins
considérable d'hydrogène sulfuré et de sulfure de carbone
que la combustion transforme partiellement en acide sulfu-
rique, dont une partie pénètre dans nos poumons, dont
l'autre se dépose avec la vapeur d'eau sur les meubles
qu'elle détériore à la longue. C'est ainsi qu'au foyer du
Grand-Opéra de Paris, les célèbres peintures de Baudry
avaient presque disparu sous une couche noire : taudis que
nettoyées, puis éclairées à l'électricité, elles sont restées
aussi fraîches qu'au premier jour. Enfin la chaleur développée
par le gaz devient souvent un inconvénient des plus sé-
rieux. Au sortir de cette atmosphère malsaine, surchauffée,
remplie de vapeur d'eau et de gaz nuisibles, les refroidisse-
ments et les bronchites sont à redouter. La température
des ateliers ou brûlent un grand nombre de becs de gaz
est souvent telle qu'on ne peut y travailler que légère-
ment vêtu et en manches de chemise, fût-ce au fort de
l'hiver.
Que faut-il pour écarter tous les inconvénients attachés
à l'emploi du gaz? II faut une lumière qui ne consomme
pas d'oxygène, qui n'ajoute aucune matière à l'air que
nous respirons, qui ne produise aucun gaz funeste à la
santé. 11 n'existe qu'une lumière pour répondre à ces desi-
derata : c'est la lumière électrique par incandescence dans
le vide. Cette lumière n'est pas d'origine chimique, mais pure-
ment physique. Elle n'emprunte rien à l'atmosphère et n\
ajoute rien. Close dans son enveloppe de verre, elle n'a
aucun rapport avec l'extérieur; elle se manifeste aussi bien
dans le vide, dans l'eau, dans les gaz impropres a la com-
bustion. On voit aussi que les dangers d'incendie, si grands
avec le gaz dans les maisons et surtout dans les théâtri
trouvent presque supprimés : le charbon lumineux est isole
du dehors par son ampoule de verre. Celle-ci vient-elle à
se briser : le charbon s'éteint aussitôt. L'incendie ne peut
venir de |;i lampe ne-ine : il <-\ vrai qu'il peut M-sulter de
réchauffement d'un point du drruil portant an rouge un
ni conducteur. Hais 'ou- le de canalisation sont
a encés de manièn a éviter ce danger en inti n un
quelconque un fil qui fond des que la lempè il
s'i lève trop.
>i maintenant, laissant d té ces i
giène, de luxe ou de sécurité, nous nous bo «n-
parer au poinl de nie purement économique le gaz et
I électricité, nous aboutissons aux résultats suivants :
Tout d'abord, il faut mettre à part un cas spécial, bien
que lies important, ou la lumière électrique est de beaucoup
la plus économique de tous les systèmes possibles : i
celui mi l'on dispose de forces naturelles au voisinage des
locaux a éclairer. Ce tas se trouve réalisé dans les régions
montagneuses on les cours d'eaux et les chutes fournisseni
nue force hydraulique pour ainsi dire gratuite. C'est airist
qu'il y a dans la vallée du Rhône, tant en Suisse qu'en
Dauphiné ou en Savoie, un très grand nombre de petites
localités beaucoup mieux éclairées que ne l'est Paris à
l'heure actuelle.
Dans les cas où l'énergie est produite au moyen de dy-
namos, c.-à-d. en définitive par la combustion du charbon,
les lampes a incandescence donnent, au prix actuel, une
lumière un peu plus chère que les becs à gaz. Bengel qui,
bien (pie nuisibles à l'hygiène, aident pendant l'hiver au
chauffage des pièces. Mais la différence de prix, très faible
aujourd'hui, va en s'atténuant d'année en année : on s'en
rend compte en remarquant que I kilogr. de charbon pro-
duit une énergie égale à i cheval-heure, laquelle entretient
10 lampes à incandescence de 16 bougies, -oit 160 bougies:
la même quantité de combustible développe 280 litres de
gaz fournissant dans les becs Bengel 24 bougies seulement.
Aux Etats-Unis, où le charbon à gaz est cher, l'électricité
est dès aujourd'hui moins chère que le ^az en beaucoup
d'endroits. Quand les locaux à éclairer sont vastes, comme
le sont par exemple les chemins de fer, l'électricité apporte,
par l'arc voltaïque, une grande économie, même par rapport
aux becs à gaz intensifs les plus perfectionnés. C'est ce qui
a eié établi au congrès des chemins de fer de lk
Si, en Europe, l'éclairage par incandescence est encore
un peu plus cher que le gaz, dans bien des cas cet avanta-e
est illusoire, et la différence de prix est compensée par cer-
tains eHets secondaires. La détérioration des tentures et
des décorations intérieures par le gaz occasionne des frais
supplémentaires. La diminution des dangers d'incendie, la
suppression des risques d'asphyxie et d'explosion ont amené
les compagnies d'assurance à dégrever les bâtiments
éclairés a l'électricité. Notons encore qu'on laisse souvent
brûler sans nécessité les becs de gaz éclairant les couloirs
et les pièces des appartements, à cause de l'ennui de les
rallumer. Avec l'électricité, il suffit, en rentrant, de tourner
un bouton qu'on peut rendre lumineux par un enduit
phosphorescent. Les lampes a gaz exigent un entretien :
frottage journalier des verres, nettoyage île- trous des !
réglage de la flamme toutes les fois que la pression varie
par suite de l'allumage des hecs voisins. De plus, la pro-
priété des lampes à incandescence de ne développer que
peu de chaleur peut être utilisée pour rapprocher les
foyers des points a éclairer. On peut éclairer un bureau
avec une lampe de S bougies placée à 30 ceutim.de la tête
du travailleur, tandis qu'un bec de -az n'est supportable
qu'à -J m. de distance et doit être plus lumineux pour pro-
duire un même effet utile. Toute- ces considérations con-
courent à établir la supériorité de l'électricité. Aussi les
gaziers, qui traitaient volontiers la lumière électrique
d'éclairage de luxe, — comme si le gaz n'était pas lui-
même un éclairage de luxe par rapport au pétrole, —
commencent-ils à comprendre que leur véritable intérêt
est de prendre en main l'exploitation de l'électricité poui
n.' pas perdre leur clientèle : dans nombre de villes, ils
installent des usines électriques.
En fait, la concurrence entre les divers systèmes d'éclai-
- 347 -
ÉCLAIRAGE
rage profite à chacun d'eux. Nus yeux deviennent de plus
en plus exigeants. In éclairage considéré jadis comme
luxueux parait aujourd'hui mesquin. En 1748,6 l'occasion
du mariage du dauphin, la galerie des Glaces de Versailles
était illuminée à raison de 2,5 bougies par mètre cane
et les contemporains s'en émerveillaient. Aujourd'hui, les
salons de l'Hôtel de ville de Paris sont éclairés, les soirs
de réception, à raison de lt> bougies par métré carré.
Rien n'approche encore de la lumière diffuse du jour qui
fournit jusqu'à 200 bougies par mètre carré. La concur-
rence de l'électricité, <\n gaz et <U\ pétrole jusqu'ici n'a l'ait
que développer les trois maux. Seules, les bougies et les
lampes à huile ont diminué dans ces dernières années.
Le tableau suivant, emprunté a M. fontaine,! itre la
progression suivie par les cinq principaux modes d'éclairage
à Paris de 1858 à 1889. Il laul noter que le pétrole n'a
pas atteint dans cette ville le même développement que
dan> les autres pays européens.
Quantités de lumière consomm
vs à Ports par
an et par habitant, évalu
ci) bougies décimales-heure.
ANN
BOUGIES
et
i 11AM)EI.[.1'.S
HUILES
GAZ
ÉLECTRICITÉ
QUANTITÉS
TOTALES
\ l.i.l I \LTS
MINKUAl.KS
t--3
m
250
210
217
190
1.171
967
770
8 19
517
»
503
722
1.244
1.995
2. 370
4.272
1.776
6.086
11.170
»
»
05
230
2.130
3.770
5.992
G. 513
8.426
11.302
Rues et places publiques. Pour éclairer les grandes
rues ou les places d'une ville, la lumière puissante de l'arc
voltaïque est (elle qui convient le mieux. Placée à une
certaine hauteur, elle produit l'effet d'un beau clair de
lune et fait valoir l'architecture des maisons que, les lan-
ternes à gaz de faible intensité, employées d'habitude,
laissent dans une obscurité presque complète, fa lumière
directe, dont l'éclat serait trop vif pour les yeux, est atté-
nuée par l'emploi de globes opalins. I.a hauteur des foyers
varie le plus souvent de S à 20 m. Aux Etats-Unis, on
a adopté des hauteurs encore beaucoup plus grandes, mais
elles paraissent exagérées. Les lampes sont portées par
des poteaux métalliques placés sur les trottoirs ; parfois
elles sont suspendues par des chaînes accrochées à des
poteaux placés des deux cotés de la rue. Dans les rues
secondaires, où l'on n'a besoin que d'un éclairement mi-
nime, on peut employer les lampes a incandescence ; le
rendement de celles-ci n'étant guère que le cinquième de
celui de l'arc voltaïque, elles conviendraient moins bien
pour les boulevards ou les grandes places. Les stations
d'électricité et les systèmes de distribution les plus fré-
quemment employés seront décrits au mot Electricité
(Industrie).
Nous nous bornerons ici à donner quelques détails sur le
développement de l'éclairage électrique de la ville de Paris.
le 15 fèvr. 1*78, le syndicat formé pour exploiter les
brevets de M. Jablochkoff fut autorisé à placer des bou-
gies Jablochkotl sur les huit refuges situés devant l'Opéra
et a installer ses générateurs dans les sous-sols du théâtre.
Cette tentative eut un plein succès. Le M mars 1878, le
même syndicat proposa d'éclairer la place et l'avenue de
l'Opéra pendant la durée de l'Exposition universelle, et, le
1 1 avril, il s'engageait à éclairer également la Madeleine,
l'Arc de triomphe et le palais du Corps législatif. Le conseil
municipal accepta les offres de la Société et mit à la dispo-
sition du service de l'éclairage une somme de 49,000 fr.
pour solder le supplément de dépenses causées par la nou-
\ elle installation. L'éclairage ne devait avoir lieu que jusqu'à
minuit et demi; le gaz était remis en service après cette
heure jusqu'au matin. La "•mité installa 32 foyers nou-
veaux avenue de l'Opéra et place du Théâtre-Français.
IN commencèrent à fonctionner le 30 mai. Mais, quelques
semaines plus tard, le nombre de foyers fut porté de 32
. soit 32 pour l'avenue de l'Opéra et l ', pour la place
du Théâtre-Français. De plus, l-^ lanternes du m
ordinaire furent remplacées par des globes dépolis et les
candélabres surélevés, ce qui améliora sensiblement l'éclai-
du sol. L'installation comprenait 62 foyers dont
8 doubles sur la place de l'Opéra; elle était divisée en
quatre groupes ayant chacun une force motrice distincte.
Conformément aux demandes de la Société, le prix, pour
les foyers de l'avenue de l'Opéra et des places du Théâtre-
français et de l'Opéra, était de I fr. 23 par loyer et par
heure d'éclairage ; pour les autres installations, le prix fut
porté à 1 tr. 73, à cause de leur dispersion. Le 25 oct.
1878, la Société générale d'électricité consentit à prolon-
ger d'un mois son entreprise aux conditions suivantes:
10 fr. 30 par heure pour les 6 foyers du Palais-Bourbon
et 50 fr. pour les 62 loyers de l'avenue de l'Opéra et des
places annexes. Cet arrangement avait pour but de per-
mettre une entente entre la ville et la Société pour l'éclai-
rage de diverses voies publiques. Aucune solution n'étant
intervenue au 30 nov., le conseil décida qu'il ne permet-
trait la continuation des essais jusqu'au 13 janv. 1879
qu'à la condition que la rétribution allouée à la Société
ne dépasserait pas le chiffre du prix du gaz. La Société
accepta, bien que ce prix fût onéreux pour elle. A la suite
de ces essais, la troisième commission du conseil municipal
proposa de continuer pendant un an, à partir du 13 janv.
1879, l'éclairage électrique avenue de l'Opéra et sur les
places annexes, de l'installer sur la place de la Bastille
et dans un pavillon des Halles et, afin de pouvoir éta-
blir une comparaison rationnelle entre la lumière élec-
trique et l'éclairage perfectionné au gaz, de traiter avec la
Compagnie du gaz pour un éclairage intensif des points
suivants : 1° rue du Quatre-Septembre ; 2° place du Chà-
teau-d'Eau ; 3° un pavillon des Halles. Do 1879 à lin
févr. 1880, la Société Jablochkoff expérimenta une série
d'appareils nouveaux. Ces expériences publiques, exécutées
à Paris en 1878, eurent un grand retentissement et con-
tribuèrent, dans une large mesure, à l'extension de la
lumière électrique, non seulement en France, mais encore
dans les autres pays européens.
Jusqu'en mai 1880, aucune demande nouvelle ne fut
faite à la ville. A cette époque, la Société Lontin et ('.'"
demanda la concession de l'éclairage des ports de la Seine
et du canal de l'Ourcq, ainsi que des grandes places de
Paris, au moyen des foyers de son invention. Le conseil
hésitait à accorder son autorisation, mais les bons résultats
obtenus par les demandeurs lors de la fête du 1< juillet
1880, puce de la Bastille, firent que le 15 oct. 1880
l'administration présenta un projet de concession pour la
place du Carrousel et la cour du Louvre. La Société Lontin
avait abandonné sa proposition primitive et son dernier
projet ii" portait que sur l'éclairage de ces deuxplacesà
raison de 50 cent, par foyer et par heure de fonction-
nement. LaSociété Lontin n'employait que des foyers très
intenses obtenus par des systèmes nouveaux de régulateurs
dans lesquels les deux charbons étaient placés en face l'un
de l'autre au lieu d'être accouplés à côté l'un de l'autre,
ÉCLAIRAGE
_ :$/»« _
comme dani les bougiei Jablochkoff. Ella éclaira la place
iln Carrousel, au moyen des foyers à régulateur Uersanne,
.1 partir du mois du nov. 1881, mais l'installation de la
cour du Louvre ne fut faite qu'à la lin de janv. 1X82.
Elle ne tarda pas a abandonner les régulateurs Uersanne
pour y substituer les foyers Brush, dont elle avail fait
l'acquisition lors de L'exposition d'électricité. Cette expé-
rience, qui devait prendre fin le 18 nov., dure encore sur
la place du Carrousel, ou la concession a été transférée,
depuis la lin de 1888, à la Compagnie Edison. Quant a
l'avenue de l'Opéra, la Société générale d'électricité re-
nonça à continuer à l'éclairer à un prix non rémunérateur,
en suite qu'on y rétablit le gaz.
Depuis, deux éclairages ont été installés, l'un dans le
pan- Monceau, l'autre aux Buttes-Chanmont. Au parc
Monceau sont installés 12 foyers système JablochkofF, qui
fonctionnent depuis le l'r déc. 1882 d'une manière satis-
faisante, mais on ne peut, à proprement parler, considérer
cela comme un essai d'éclairage de La voie publique. Une
seule avenue, de l'avenue de Messine à la rotonde, reçut
au début la lumière de foyers électriques jusqu'à deux
heures du matin. Le parc des Buttes-Cbaumont est éclairé
depuis le 11 juil. 1884 au moyen de 40 loyers électriques,
représentant chacun un pouvoir éclairant d'environ (iUcar-
cels. La machine dynamo et les lampes sont du système
Brush. Le parc étant très accidenté et présentant une sur-
face de 22 hect., les lampes ont été montées sur des
colonnes en fonte de 5m50 de hauteur qui permettent de
projeter la lumière à une assez grande distance. Les ré-
sultats obtenus n'ont pas été, au début, aussi satisfaisants
qu'on l'espérait ; les extinctions étaient assez fréquentes et
la lumière manquait souvent de fixité ; mais, aujourd'hui,
l'ensemble de cet éclairage fonctionne régulièrement.
En dehors des essais d'éclairage de la voie publique, la
ville de Paris fit d'autres expériences : 1" dans les locaux
du conseil municipal, au pavillon de Flore; 2" dans le
pavillon n° 10 des Halles centrales ; 5° à l'Hôtel de ville.
A la suite de ces expériences, le conseil municipal dérida
l'installation d'une usine électrique au nouvel Hôtel de
ville ; l'ensemble de l'installation représente une force de
quatre cents chevaux et un éclairage de plus de quatre
mille lampes. Pendant le temps passé à ces divers essais,
la lumière électrique, née pour ainsi dire en France, pre-
nait un essor considérable à l'étranger. Les petites loca-
lités, qui n'avaient pas encore d'usines à gaz, la trouvaient
pratique, surtout lorsqu'une force hydraulique était à
portée, et, dans les grandes villes, les stations centrales
se multipliaient pour faire face aux demandes des particu-
liers, trop heureux d'échapper enfin aux inconvénients de
toute nature que présente le gaz. Il y avait en Amérique plus
de 400 installations de lampes à incandescence et plus de
250 de lampes à arcs. New- York comptait 13,0001ampes,
Harrishurg 5,000, Williamsport et Lawrence 1,500, etc.
Fn Europe, on trouvait à Berlin plus de 1 2,000 lampes. Il y en
avait 2,500 à Munich, 10,000 à Milan, 1 ,500a Tivoli, 700 à
Lucerne, 7,000 à Vienne, 6,000 à Anvers, sans compter
les stations de moindre importance et notamment la Suède
et la Norvège oii l'électricité se trouvait à chaque pas. La
France suivait le mouvement général ; Saint-Etienne, Tours,
Dijon, Nancy, Marseille, Bellegarde, dans l'Ain, et Châ-
teaulin, tout au fond du Finistère, étaient en avance sur
Paris. En 1888, lorsqu'il s'agit pour le conseil municipal
de Paris d'examiner dans quelles conditions il pouvait ac-
corder des autorisations de canalisations électriques, la
question se posait devant lui en des termes tout nouveaux.
A la fin de 1886, et au début de l'année 1887, plusieurs
sociétés importantes s'étaient créées pour exploiter à Paris
les divers systèmes d'éclairage par l'électricité.
La Compagnie Edison, qui avait, depuis le 13 sept. 1884,
un traité avec la ville de Berlin, proposa, le 50 mais 1887,
à l'administration préfectorale d'établir à Paris une station
analogue en vue de l'éclairage des particuliers, plus spé-
cialement sur une partie des grands boulevards. Cette com-
pagnie venait de créa dei usines centrales i Milan, à
Dijon et a Saint Etienne. Quelques jours auparavant, le
conseil municipal de Paris avait voté la mise .i l'étude
immédiate des moyens nécessaires .i la création d'une on
de plusieurs usines municipales de distribution di
électrique, tant pour le service de la voie publique que pour
celui 'ies particuliers. Deux autres sociétés tuent presque
a la m. me époque des offres à la ville de Paris : la compa-
gnie formée pour l'exploitation des pnx édi • de transport de
la force pur l'électricité, imaginés par M. Marcel Desprez, et
unesocieté formée par un chercheur français, M. i.aulard,
l'homme qui, en inventant les transformateurs, a le plus
fait pour la solution du problème du transport de la force
etde l'éclairage électrique, et qui depuis est mort fou. tué
par la déception et les obstacles qu'il rencontra pour
exploiter ses brevets. Quelque temps après, deux autres
demandes furent encore présentées: l'une pur \1. Victor
Popp, l'autre par un groupe d'ingénieurs et de banquiers
issus de la Société alsacienne de constructions mécaniques
(ex-maison Kiedilin). Toutes ces demandes avaient pour
but d'obtenir l'autorisation de canaliser les voies publiques
pour y installer des câbles de distribution de force élec-
trique et visaient des projets de réseaux plus ou moins
étendus. L'esprit de concurrence contribua a modifier les
demandes primitives el à étendre les réseaux dans une pro-
portion considérable. Ainsi, de prime abord, la Compagnie
Edison se bornait a projeter l'installation d'une usine rela-
tivement peu considérable, rue liasse-du-Hempart, sur
l'emplacement qui depuis a été occupé par les Montagnes
russes. Cette station centrale devait être analogue a ce qui
existaità Berlin, c.-a-d. alimenter de 2,000 à 2,200 lampes
à incandescence du type de 16 bougies. Sa demande mo-
difiée visait un vaste réseau partant des usines d'Ivry el
venant au centre de Paris.
En présence de ces propositions, l'administration muni-
cipale pensa à créer une situation définitive pour l'exploi-
tation dans Paris des divers systèmes d'éclairage électrique.
l'ne commission fut nommée pour examiner les proposi-
tions des diverses sociétés et élaborer un cahier des charges
destine à servir de type aux conventions à passer entre la
ville et les demandeurs. Elle étudia les points suivants :
monopoles restreints ou liberté absolue de concurrence,
emploi des égouts pour la pose des câbles, tarifs à imposer,
redevances à exiger des permissionnaires, droit de radiât
des concessions, durée des autorisations. Le conseil muni-
cipal de Paris avait trop à se plaindre des sociétés déte-
nant des monopoles, comme la Compagnie du gaz, la
Compagnie générale des omnibus, la Compagnie des eaux;
il avait eu à soutenir contre elles des luttes trop vives, et
sa campagne contre les tarifs élevés du gaz était trop ré-
cente pour qu'il put être question de constituer un nouveau
monopole pour l'exploitation de l'éclairage électrique. Une
tendance s'indiqua un moment en faveur de l'organisation
d'un service public, mais on comprit que l'état de la
science ne permettait pas encore de marcher sans tâton-
nements coûteux et on pensa que des sociétés particulières
étaient mieux à même de se livrer a ces essais que la ville.
Néanmoins, on demanda à l'administration un avant-projet
pour l'éclairage de tout Paris a l'électricité, en prenant
pour base l'installation du gaz. L'administration présenta
un travail qui pouvait se résumer ainsi : « Pour substituer
dans tout Paris l'électricité au gaz, il faut une dépense
initiale d'installation de 255 millions de francs, sans comp-
ter aucun fonds de roulement pour le fonctionnement des
usines. .. En présence de m chiffre, la troisième commis-
sion, Misant la nécessité de recourir a l'industrie privée,
examina avec soin quelles étaient les conditions qu'il con-
venait d'imposer aux permissionnaires. Elle s'arrêta à
l'idée d'accorder des concessions concurrentes à toutes les
s tés qui offriraient des garanties suffisantes et à créer
en même temps leur usine municipale. A la suite d'un
rapport magistral fait par M. Lyon-Alemand, le conseil
municipal adopta les dispositions du cahiei des charges.
Hi9 —
rXLAlKAOK
qui est encore en vigueur à l'heure actuelle et donl les
grandes lignes son! les suivantes : limitation à dix-huil
années de la durée des autorisations : liberté de concur-
rence absolue; le conseil a te droit, dont il a déjà usé, de
donner des autorisations de canalisation à quiconque en
demandera, même dans les portions de la ville déjà concé-
dées; faculté pour la ville d'abaisser les tarifs tous les
cinq ans. proportionnellement aux prix de revienl des
sociétés : impôt de S " .sur les produits bruts constatés ;
obligation de fournir l'électricité au boni de deux ans dans
tout le secteur : droit de rachat par la ville au bout de dix
ans; emploi exclusif d'ouvriers français avec une Latitude
de ld " o d'ouvriers étrangers seulement : application des
prix de série ; limitation des heures de travail ; obligation
de n'employer qu'un matériel de fabrication exclusivemenl
française.
Lutin, a cote de ces exploitations particulières, la ville
installait sous les Halles l'embryon d'une grande usine
électrique, qui lui fournissait un vaste champ d'expé-
riences pour essayer les divers systèmes de lampes, de ré-
gulateurs, de compteurs d'électricité, d'accumulateurs, etc.,
et on se formait peu à peu un personnel d'élite, grâce
auquel dans dix-huit ans la ville pourra, s'il y a lieu,
produire et distribuer elle-même L'électricité. A la suite du
vote du conseil municipal, l'éclairage électrique a pris un
grand essor. Si L'éclairage public est encore Limité aux
grandes artères, l'éclairage privé se répand de plus en
plus et, dès aujourd'hui, a détrôné le gaz dans la plupart
des cafés, des restaurants et des maisons luxueuses des
beaux quartiers de Paris.
Gares ri usines. La lumière de l'arc voltaïque convient
d'une manière parfaite aux grands espaces couverts on
découverts, tels qu'en offrent les gares et lis usines. L'arc
électrique donne a un prix très économique des foyers in-
tenses qui. placés suffisamment haut, réduisent les ombres
portées et permettent le travail comme en plein jour. Le
bon éclairage des chantiers améliore le travail des ouvriers
et facilite leur surveillance. Aussi les congrès tenus par
les ingénieurs des chemins de fer a Milan (ISS.".) et à
Paris (1889) ont recommandé spécialement l'éclairage élec-
trique dans les gares. Les lampes a arc doivent être pla-
cées assez haut : en Belgique on a essayé de mâts ayant
jusqu'à 32 m. de haut . mais la hauteur de l(> m. parait
très suffisante. Les Lampes à air devant brûler pendant de
longues nuits sont pourvues de charbons pouvant fonction-
ner pendant seize heures. Dais les cas où l'on désire une
grande uniformité d'éclairement, on peut se servir de
réclairage par réflexion. Les lampes sont placées dans une
lanterne fermée en dessous et de côté par des réflecteurs
qui envoient toute la lumière sur un écran blanc. Les
rayons sont diffusés en tous sens; la lumière est douce et
; il n'y a pas d'ombres. Les gares et les mines fabri-
quent généralement l'énergie qu'elles emploient; autant que
possible il convient d'actionner les dynamos par desmeteurs
spéeiaux pour assurer la tixitè de la lumière. Pourtant si
l'un des moteurs possède une allure suffisamment constante
on peut l'utiliser ; sinon on régularisera la tension îles
dynamos par des accumulateurs en dérivation sur le circuit
de- lampes.
Théâtres, cafés et magasins. La lumière électrique m;
recommande tout spécialement dans les théâtres et grands
magasins par ses avantage- hygiéniques et la sécurité
qu'elle procure. On sait qu'a Paris, a la suite de L'incendie
de l'Opéra-Comique, la plupart des théâtres ont adopte
l'électricité. Ces installations exigent généralement un grand
nombre de lampes. Aussi y a-t-il souvent avantage à les
munir de dynamos et de machines spéciales, même dans
bs villes ou il existe des distributions d'électricité. Ces
dernières en effet sont soumises a des frais généraux consi-
dérables, résultant des canalisations et des taxes munici-
pales. Le- moteurs employés doivent être aussi peu bruyants
que possible, particulièrement lorsqu'ils sont plaies dans
bs sous--"l- d'un théâtre. On étouffe le bruit en tendant
les parois de la chambre des machines de matelas de
coton on de lame ou en plaçant sous les fondations des
machines des dalles en liège bitumé. Les théâtres exigent,
tant au point de vue de la sécurité que des effets particu-
liers a produire, des dispositions spéciales. L'éclairage exté-
rieur se fait avec des lampes a incandescence donl la teinte
chaude convient mieux que celle des lampes à arc aux
effets de décoration et de toilette auxquels nos yeux sont
habitués. L'arc voltaïque est employé dans les péristyles et
dans certains effets de scène, tels que l'éclairage des ballets.
Pour éclairer la salle, on installe souvent les lampes à in-
candescence SUT les lustres et girandoles, autrefois aména-
ges pour le gaz. On peut les dissimuler dans des lustres à
cristaux dont les facettes dispersent les faisceaux lumineux
et produisent des jeux de lumière agréables. La lumière
des lampes à incandescence peut être graduée s'il y a lieu
pour produire des effets de crépuscule. La scène et les cou-
loirs sont éclairés par les lampes à incandescence. L'éclai-
rage de la scène est le plus compliqué de tous. On place
d'habitude à la rampe une série de lampes fixes ; on sus-
pend dans les herses, a la partie supérieure de la scène,
plusieurs lignes de rampes dont on l'ait varier la hauteur
suivant la nature des décors. Le courant est amené par des
cables flexibles enfermés dans des gaines de cuir, afin d'évi-
ter que les frottements n'amènent l'usure des isolants et
ne mettent les conducteurs à nu. Les côtés' de la scène
sont éclairés par des faisceaux de lampes fixées sur des
planches verticales accrochées aux portants. Toutes ces
lampes sont invisibles de la salle. Dans la salle des ma-
chines on trouve un tableau de distribution d'où partent
les conducteurs principaux. Les lampes de la scène et de la
salle sont raccordées à un commutateur spécial ou jeu
d'orgue placé dans la coulisse ou au voisinage du trou du
souffleur: ce commutateur permet de baisser lentement ou
brusquement l'éclat des lampes, depuis l'intensité ordinaire
jusqu'à une intensité nulle.
Dans quelques installations très complètes, les herses et
la rampe sont munies de trois séries de lampes qu'on peut
substituer les unes aux autres : la première se compose de
lampes incolores, la seconde de lampes à verres rouges,
la troisième de lampes à verres bleus; on produit ainsi des
effets d'éclairement originaux: incendies, crépuscules, etc.
Pour graduer l'éclairement, les circuits de la salle et de la
scène contiennent des résistances artificielles que l'on fait
varier par des leviers placés dans le jeu d'orgue : ces ré-
sistances son! composées de fils de maillechort tendus côte
a ente sur un châssis de fer et séparés par de l'amiante.
Si l'on a recours à trois séries de lampes de diverses cou-
leurs, il faut que tous les circuits de la scène soient ins-
tallés en triple. Parfois on évite cette dépense en amenant
devant les lampes des écrans en gélatine rouges ou bleus.
Quand on veut projeter sur certains personnages ou cer-
taines parties de la scène un vif laisceau de lumière, on se
sert de lampes à réflecteur paraboliques, maniées par des
machinistes spéciaux. Lu général, on installe dans les
théâtres une seconde machine, indépendante de la première
et alimentant les lampes strictement nécessaires, afin qu'il
n'y ait pas interruption en cas d'accident de la première
machine. Des accumulateurs en nombre suffisant peuvent
jouer le même rôle.
Trains. On a fait depuis quelques années de nombreux
essais pour érlairer les voitures des trains au moyen de
lampes a incandescence. Les essais, d'abord limités aux
wagons-salons et aux wagons de luxe s'étendent peu à peu
à toutes les voitures. Les lampes se placent au-dessus des
dossiers des sièges pour permettre aux voyageurs de lire
avec commodité. On a reconnu que, pour régulariser la ten-
sion des lampes et assurer l'éclairage pendant les arrêts,
il fallait avoir recours aux accumulateurs. Divers systèmes
sont employé-. Le premier et le plus généralement usité
consiste à placer sous chaque voiture, dans une ou plu-
sieurs caisses de tôle, des boites renfermant les couples
secondaires nécessaires a l'alimentation des lampes. Celles-ci
KCI.AIim.l-. - ÉCLAIRCIE -
ont une intensité Lumineuse de nuit a dix bougiea déci-
males et sunt soumises .1 une tension de ISS .1 -•> volts.
La poids des accumulateurs pour une voiture «rie de 1-20
,, 800 kilogr. suivant le nombre des lampes et la lo
des wagons. Ces accumulateurs se chargent à postes fixes
dans les dépota on les voitures sont amenées, l n
système consiste à charger les accumulateurs par une dy-
namo actionnée par un moteur placé dans le fourgon en
tète du train, et recevant la vapeur de la locomotive. Ce
système évite le retour des voitures au dépôt et permet un
éclairage de longue durée. On doit remarquer que la va-
peur qui s'échappe de la petite machine peut encore servir
au chauffage du train : si «-llo est admise à dix atmosphères
(180°) et s'échappe à uneatmosphère ( 100°), elle n'a perdu
que I " „ <!<• sa chaleur. Enfin, le troisième système con-
siste à charger les accumulateurs en route par une dynamo
qui commande un essieu du fourgon. Le mécanisme est
assez délicat car les couples ne peuvent être chargés qu'a
partir du moment ou la vitesse du train a acquis une cer-
taine valeur, et L'excitation doit être réglée lorsque l'allure
du train devient trop rapide. D'après le rapport présenté
par SIM. Sartiaux et Weissenbruch au congres des che-
mins de fer en 188!), les essais effectués par le premier
svslème en Europe ont donné un prix de revient de 1,9
à 3 cent, par lampe—heure pour des lampes de six à huit
bougies; le second système essayé aux Etats-Unis conte
de :>,.■> à Ti cent, par lampe-heure de seize bougies. Enfin,
le troisième système essayé en Europe revient à 4 ou
5 cent, par lampe-heure de cinq bougies. Il convient
de rappeler le coût des autres systèmes d'éclairage. D'a-
près le bureau impérial des chemins de fer allemands,
le gaz coûte 3,764 cent, et l'huile de colza 5,636 cent,
par lampe-heure de cinq à six bougies. Ea Compagnie Pa-
ris-Evon-Méditerranée paye 4,37 cent, pour le gaz. celle
du Gotbard, 5,37 cent. La commission technique de l'Union
des chemins de fer suisses a formulé, le "î nov. 1889,
après examen de ces chiffres, la conclusion suivante : Eu
égard à l'état actuel de l'éclairage électrique, on ne peut
encourager le développement de l'éclairage au gaz des voi-
tures de chemins de fer. 11 est préférable d'étudier le sys-
tème d'éclairage à l'électricité et de chercher à le perfec-
tionner par des essais pratiques.
Mines. L'éclairage des mines ne présente pas de dilli-
cultés spéciales lorsqu'elles ne renferment pas de grisou.
La lumière électrique est employée avec succès. Si les mines
contiennent du grisou, il faut avoir recours à des appareils
d'éclairage spéciaux. On sait comment ce grave problème
a été résolu par l'emploi des lam/irs de suffit' (V. ce
mot). Ees lampes à incandescence peuvent remplir aujour-
d'hui le même but. Il n'y a aucune difficulté en ce qui con-
cerne les lampes disposées à poste tixe, surtout si la mine
possède déjà une distribution électrique servant à l'alimen-
tation des moteurs. En ce qui concerne les lampes porta-
tives, il n'en est pas de même. Celles-ci contenant leur
générateur électrique, il est nécessaire de leur donner
un poids aussi faible que possible. Ees divers systèmes
proposés ne sauraient être regardés comme satisfaisants.
La lampe Swan est alimentée par 4 éléments secondaires,
groupés dans un bloc de gutta-percha enfermé dans une
boîte en bois. Le poids est de 3k---2. La lampe est do
■1 à 1,3 bougie; elle brûle dix heures et coûte 39 fr. 75.
La lampe Schanschieff comporte une pile zinc — solution
de sulfate mercureux — charbon. Elle pèse 2*85, pro-
duit deux à trois bougies pendant neuf heures et coûte
34 fr. .'S0. L'emploi des piles Légères permettra sans doute
d'arriver à une solution vraiment pratique.
Phares (V. ce mot).
II. Administration. — Ea loi des 16-26 août 1790 a
classé l'éclairage de la voie publique parmi les dépenses fa-
cultatives des communes. .Mais les villes de quelque impor-
tance ont L'usage d'y pourvoir soit au moyen d'un service
spécial, suit par un traité passé avec un entrepreneur ou
une compagnie. Dans ce dernier cas, les clauses des traités
■ entre la ville et la comsapùa runoasionniiii de
L'éelairagi itan gaz, soit àl'él irteot que tonte
personne qui désirera prendre un abonnement pour un
appartement devra fane exécuter les travaux, tant exté-
rieure qu'intérieurs, par les fou I entrepren
de la compagnie. Depuis quelques armées, la facilité et
l'économie avec laquelle ..n installe l'éclairage éleetrique
quand on dispose dans levoisinagedeforcesnatnrellea, teflei
que torrents ou chutes d'eau, a décidé un gmd nombre
île municipalités, de bourgades de peu d'importance, mais
situées dans le-, régions montagneuses de la vallée du
Rhône, à établir des usines électriques.
Les usines à gaz, étant classées parmi les établissements
dangereux ou incommodes de deuxième eli 1 ' sou-
mises a la législation qui régit la matière. En décret du
!) févr. 1 Ni >7 s'y applique d'ailleurs spécialement. La sur-
veillance des tuyaux de gaz qui peuvent présenter des dan-
gers d'asphyxie, d'explosion, d'incendie, etc., rentre dans
lés attributions du préfet de police (Y. G-az).
L'éclairage électrique est soumis aux dispositions du dé-
cret du 15 mai \xxx qui régit l'établissement et l'exploi-
tation des Usines.
Ajoutons encore que les matériaux déposes et les exca-
vations faites dans les rues et places doivent être éclairés
la nuit. Ceux qui négligent cette mesure sont passibles
d'une amende de 1 à 5fr. ; en cas de récidive, l'emprison-
nement [tendant cinq jours peut être prononcé (C. pén.,
art. 471 et suiv.). Daniel BebTBklot.
III. Peinture. — Distribution de la lumière dans un
tableau. Cette partie île l'art de la peinture a pris une
très grande importance depuis que les artistes se préoc-
cupent sérieusement du milieu de lumière ambiante dans
lequel leurs sujets sont placés. Jadis, on voyait trop sou-
vent dans des scènes figurées en rase campagne et sous un
ciel terne et nébuleux, des ombres noires | ieuscs pour
faire tourner les formes, mais absolument fausses tomme
effet, diviser longitudinalement en deux parties égales tous
les membres des personnages. Aujourd'hui le sentiment du
plein air a fait sentir l'impossibilité pour un cas semblable
de faire poser ses modèles dans un atelier éclairé à
45 degrés par un seul vitrage, et les jeunes artistes au
moyen d'ateliers agencés comme de véritables cages de
verre, ou simplement d'un petit jardin, ont bien soin de
placer leurs modèles dans un éclairage identique à celui de
la scène reproduite dans le tableau. La fausse entente de
l'éclairage qu'on peut, à juste titre, reprocher à des artistes
médiocres ne doit pas, il faut le reconnaître, s'appliquer aux
grands maîtres. Rembrandt et Claude Lorrain sont deux
illustres exemples, dans deux genres bien différents, du
parti qu'un peintre de génie peut tirer de la distribution de
la lumière, même conventionnelle, dans ses tableaux.
ÉCLAI RCI E. E Peinture. — Effet produit dans un tableau
et principalement dans un paysage, par une clairière au
milieu d'un sous-bois, un lointain entrevu, un rayon lumi-
neux dans un ciel lourd et chargé de nuages.
IL Sylviculture. — On entend par èclairoes, en syl-
viculture, une opération, ou plutôt une série d'opérations
qui toutes ont pour objet, dans le traitement en futaie d'un
massif boisé, d'assurer le repeuplement naturel, et. depuis
la première jeunesse jusqu'au ternie de l'exploitation, de
favoriser la croissance en maintenant un peuplement uni-
forme et complet, îles âges convenablement gradués. C'est
une des plus délicates et des plus importantes entre toutes
les opérations forestières. Les anciens forestiers semblent
avoir de tout temps pratiqué les éclaircies comme moyen
d'acci Lérer la croissance du bois, mais ils ne connaissaient
d'autre système pour repeupler les lorèts, après l'exploita-
tion, que la mise en culture du sol et le semis artificiel.
Pour L époque, ce traitement était lent, dispendieux et peu
sûr. La dégradation des massifs boisés allait toujours crois-
sant, et il était très sérieusement question de renoncer à
l'aménagement des forêts en futaie. C'est aux forestiers
allemands et surtout a Bnrgsdorf qu'on doit le traitement
— m —
ÉCLA1RCIE — KCLAILELR
rationnel qui présente, outre l'avantage de favoriser l'ac-
-. ornent .les bois, celui d'assurer le réensemencement
naturel des coupes. — Vu lieu do l'ancienne méthode à tire
et .1 aire qui consistait à asseoir les coupes par contenances
■> et Je proche en proche sans rien laisser on arrière,
on divise la totalité de la futaie on un certain nombre de
coupes déterminées d'après les conditions de l'aménagement;
puis, pour obtenir un bon réensemencement naturel, con-
i lo sol meuble et substantiel, assurer un abri aux
jeunes plants tout on loin- permettant de participer aux
influences atmosphériques, on n'enlève que graduellement,
et on plusieurs années, les arbres <i111 couvrent chacune
dos divisions ou coupes do la forêt. La première do ces
lions, appelée coupe d'ensemencement, doit laissersur
pied lo nombre d'arbres nécessaires pour garnir de graines
le terrain do la partie on exploitation et pour abriter et
protéger convenablement lo jeune plant — Aussitôt que
le recru a atteint un certain degré do force, ou éclairait
cette réserve afin de le faire participer plus largemenl aux
bienfaits de l'air et de la lumière en enlevant de préférence
les arbres qui surmontent les plants les plus vigoureux et
les plus élevés. Quand enfin il est assez fort pour s<> passer
do tout abri, on abat ie reste du vieux peuplement. Ces trois
opérations portent le nom de coupes de régénération.
' Pour que la jeune foret produit'' par ces trois coupes
successives puisse prendre tout lo développement dont elle
est susceptible, il devient ensuite nécessaire de seconder la
nature dans l'accomplissement de son œuvre. Le plus sou-
vent une végétation accessoire, des bois blancs dont la
venue est plus rapide que celle des bois durs, menacent
de dominer les espèces les plus précieuses el de les gêner
dans leur croissance. Il devient nécessaire de faire en temps
opportun l'extraction >\o ces essences secondaires. C'est la
coupe île nettoiement. L'époque à laquelle il convient de
l'entreprendre ne peut être précisée d'une façon cerl i
l'aspect des lieux seul peut en décider. Aussitôt qu'une
ace devient gênante, il faut la laire disparaître et répé-
ter l'opération jusqu'à ce que l'essence principale ait repris
le dessus. Lorsque la forêt se trouve débarrassée des
essences accessoires, la lutte se produit bientôt entre les
jeunes brins de l'essence principale. L'action du forestier
consiste alors à faire disparaître, au moment opportun, et
dans les conditions les plus favorables à la bonne tenue du
massif, les tiges faibles ou mal venantes surmontées ou
près de l'être, et dont la végétation est languissante, ou
encore des rejets de bois tondre qui se sont produits après
le nettoiement, quelquefois même des tiges bien venantes
qui seraient de nature a gêner le peuplement. Il n'y a a ce
point de \ ne aucune règle absolue. L'opération doit être con-
duite de telle sorte que les jeunes bois puissent croître dans
les meilleures conditions, eu égard au but qu'on se propose.
1 tout aus<i difficile de préciser la date à laquelle
doivent commencer les premières éclaircies; le tout dépend
de l'essence du sol, du climat, de la rapidité de la crois-
sance. L'est de la part du forestier une affaire d'apprécia-
tion. Les époques auxquelles elles doivent se répéter obéis-
sent aux mêmes nécessités. Lu règle générale et pour être
toujours maître de son peuplemi h parer à toute
tualité, il vaut mieux éclaircir faiblement et revenir
[dus souvent. Des éclaircies tous les cinq ou tous les dix
ans dans la jeunesse, tous les vingt ans dans un âge avancé,
snnt suffisantes. Les éclaircies ne peuvent être utilement
faites, au point de vue de la culture, qu'autant qu'on pro-
cède graduellement et au fur et a mesure de la marche des
travaux à la désignation des arbres à abattre. \gir autre-
ment serait risquer de compromettre le succès et la bonne
ition. La i d'éclaircie
s'efl lions d'une façon différente de
o IN dinaires. Vu lieu d'adjuger les bois sur
pied, on fait exploiter sous la
soit par (ks ouvriers payés à la trnée, soit
par un entrepreneur responsable. Après le façonnage, les
produ'ts s.int vendus en détail et par lots. M.w.tinet.
ÉCLAIRE, Grands Éclaire (Bot.). Noms vulgaires du
Chelidonium majorL. (V.Chélidoinb).— La petite Eclaire
est le Fie vria ranuncubides Mœnch(V. Ficaire). Ed. Lit.
ÉCLAIREMENT (Techn.). C'est un des effets produits
sur les corps par la lumière, comme l'échauffèmenl est un
de ceux produits par la chaleur. On trouve l'analogie en-
core plus complète si l'on observe que de même que
l'échauffèmenl transforme lescorps en sources de chaleur,
qui omettent encore des radiations caloriques après que le
chauffage a cessé, l'éclairement dos surfaces les transforme
eu sources lumineuses secondaires, devenues non seule-
ment visibles par la réllexion de la lumière reçue, mais
capables quelquefois d'émettre dos radiations lumineuses
après la cessation de l'éclairage. L'éclairement commu-
niqué à une surface est proportionnel à la quantité de
lumière qu'elle reçoit; aussi est-ce en comparant les éclai-
rements produits sur une mémo surface par les diverses
sources de lumière que l'on mesure leurs intensités lumi-
neuses. Mais, tandis que l'on a pu trouver dans les effets
physiques de la chaleur un moyen de mesurer réchauffe-
ment par les méthodes calorimétriques, aucun des effets
caloriques, chimiques ou électriques produits par la lu-
mière n'a pu être utilisé pour mesurer l'éclairement, et,
aujourd'hui encore, les évaluations de la pliotométric sont
loin d'avoir la précision des autres mesures scientifiques
(V. Photométrie). L. K.
ÉCLAIRES. Com. du dép. de la Marne, arr. de Sainte-
Menehould, cant. de Dommartin-sur— Yèvre; 328 hab.
ÉCLAIREUR. I. Art militaire. —Soldat chargé de pré-
céder une troupe en campagne pour surveiller les mouve-
ments de l'ennemi et les faire connaître au commandant de
cette troupe. On range dans cette catégorie les patrouilles,
Qanqueurs, extrêmes pointes d'avant— garde, etc. En pays
accidenté, l'infanterie joue utilement le rôle d'éclaireurs, qui
appartient, par contre, à la cavalerie dans les pays décou-
verts, à cause du pouvoir qu'a cette arme de se porter
promptement à de grandes distances. L'antiquité connais-
sait les éelaireurs. « l'n général, dit Végèce dans ses h/s-
titutions militaires, qui se prépare a faire décamper son
armée, enverra en campagne dos détachements composés
de gens de confiance bien montés, pour reconnaître exac-
tement, en avant, a droite, à gauche et par derrière, tous
les lieux où l'armée doit passer...» Des corps d'éclaireurs
ont existé dans nos armées. Pendant la campagne de Saxe
en 1813, la t;arde comptait trois régiments d'éclaireurs
qui furent supprimes l'année suivante. Lors de la réorga-
nisation de nos forces militaires après la guerre de 1X70,
la loi a prévu, pour être appelés à l'activité seulement au
moment de la mobilisation ou des manœuvres, dix-neuf
escadrons d'éclaireurs volontaires, no par corps d'armée,
devant se monter et s'équiper à leurs frais. Le projet pri-
mitif portait la création de vingt-quatre escadrons de guides
d'état-major. Le décret du iiO juil. 187.'i fixa l'organisa-
tion de ces escadrons. Leur cadre se compose d'un capi-
taine, un lieutenant en premier et trois lieutenants ou
sous-lieutenants ; l'effectif du cadre-troupe estjle trente et
un hommes, plus un certain nombre de cavaliers pour
servir d'ordonnance aux officiers et aux sous-officiers
et pour la conduite des équipages. Quant au nombre de
cavaliers éelaireurs, il est déterminé par le ministre de la
guerre, selon les ressources de la région. L'armement doit
être celui de la cavalerie légère. Le capitaine est un capi-
taine de cavalerie en activité de service; les autres offi-
ciers sont pris parmi les officiers de cavalerie en activité et
ceux de réserve indifféremment. Les hommes de troupe se
recrutent parmi les militaires de la disponibilité ou de
la réserve qui mit servi un an au moins dans la cavalerie
el s'engagent, ci, mue non-, l'avons dit, a se monter cl à
i leurs Irai-,. Ils oui droit a la solde et aux
rations. Une décision ministérielle du ±1 mars 187G fixa
l'effectif des cavaliers éelaireurs a cent vingt hommes montés
et n'admet, pour les dix-huit premiers escadrons, que de
chevaux de 1*49 a lm56, honores ou juments.
ÉCLAIREUR - ÉCLAMPSIE
— 352 —
Ou appelle éclaireurt du tenant, dans Lee manceuvres
île cavalerie, des cavaliers, deux par escadron, qui précé-
dent, à la distance de 200 m., une troupe B'avaneani pour
charger, afin de Bignaler les obstacles qui i rndentarréter
la marche. IU cherchent les passages et, le cas échéant,
ils doivent indiquer, par un signal, <]»u- l'escadron esl
obligé de réduire Bon dont. Pendant que l'un des cava-
liers continue de marcher, l'autre s'arrête devant l'obstacle.
En arrivant à proximité de l'ennemi, les éclaireurs se
Laissenl rejoindre [>ar l'escadron el chargent avec lui.
II. Marine. — Eclaire! us d'escaobe. — L'armée navale,
l'escadre, marche à une vitesse moyenne, à cause des lypes
différents de navires dont elle se compose : il est nécessaire
que des bâtiments de grande vitesse, marchant en avant et
sur les ailes, préviennent d'une attaque possible si l'ennemi
est proche, renseignent sur la position et les forces de
l'adversaire, empêchent en un mot toute surprise. Ce rôle,
analogue à celui que joue la cavalerie légère dans l'armée
de terre, incombe aux éclaireurs d'escadre : on les a appelés
les ublans de la mer. Dans notre ancienne marine, ce
furent les corvettes qui servirent d'éclaireurs d'escadre.
« Corvette est espèce de barque longue qui n'a qu'un mal
et un petit hinguet et qui va à voiles et a raines. Les cor-
vettes sont fréquentes à Calais et à Dunkerque, et, d'ordi-
naire, il y en a à la suite d'une armée navale pour aller à
la découverte et pour porter des nouvelles. » Ainsi les
définissait Guillet en 1678. Les qualités militaires de la
corvette étaient à ce moment presque nulles : ce n'est que
vers le milieu du xviuc siècle que la corvette grandit et
reçoit une mature complète. Les corvettes accompagnaient
les escadrilles commandées par nos hardis marins qui ont
eu nom Jean Bart, Duguay-Trouin, etc., et armées pour la
course : elles éclairaient la route à la poursuite des convois.
Les grandes vitesses dans la navigation à vapeur ne
datent que de l'application de l'hélice aux navires, à la fin
de la première moitié de ce siècle; c'est de cette époque
que date aussi le véritable éclairour d'escadre, dont la
qualité absolument essentielle est la vitesse. En -1844, on
construisit l'aviso de haute mer le Caton qui avait une
marche moyenne de 11 nœuds : il servit d'éclaireurà l'es-
cadre d'évolution pendant vingt-six ans, et on peut le con-
sidérer comme le type de l'éclaireur d'escadre à cette
époque. Toutefois, le Caton n'atteignait pas à une vitesse
suffisante. En 1863-1866 fut construit, sur les plans de
M. Normand, l'habile constructeur du Havre, le Canard, ap-
pelé plus tard Jérôme-Napoléon, puis Desaix, qui atteignit
une vitesse de 14n"20. — On pouvait reprocher à ce type de
navire l'absence de force militaire. Or on prévoyait déjà que,
maigre l'utilité de ces navires pour le transport sur et
prompt des dépèches ou pour leur action sur le commerce,
on construirait promptement des croiseurs qui auraient
les mêmes qualités de vitesse avec une force militaire effec-
tive. Aussi un projet de navire du même type, filant 10
nœuds, proposé en 1807 par M. Normand, fut-il rejeté.
— Non pas que ces navires ne soient inutilisables en temps
de guerre. Le contraire a été prouvé en 1870. Le yacht
impérial l'Hirondelle, construit en 1869, lut employé en
1870 à assurer les communications entre la France et l'es-
cadre des mers du Nord, de même que le Grill, aviso
prussien, construit également par M. Normand, rendit de
grands services à la Hotte allemande en la renseignant sur
ia position de l'escadre de blocus. — Mais la vitesse ne
suffit pas. 11 faut, aujourd'hui que la construction coûte si
cher, que tous les navires aient un rôle au point de vue
de la défense, une puissance navale réelle. Le type de
l'éclaireur d'escadre était donc destiné à se fondre avec le
type du croiseur à grande vitesse. C'est ce qui a eu lieu.
— La dénomination d'éclaireur d'escadre a subsiste sur les
listes officielles de notre flotte jusqu'en 1884, avec des
bâtiments tels que le Rigault-de-Genouilly, construit en
1871, sur les plans de M. l'ingénieur Bienaymé (longueur,
14 m.; déplacement, 1,643 tonneaux; armement, 8 canons
de 14 centim.; vitesse, 1S nœuds avec une machine d'une
lune de 1,900 chevaux).— Le dernier Intiment construit
tous le nom d'éclaireur d'escadre a été le Mitan, confié en
1822 auv Chantiers de la Loue, (a- bâtiment, avec une
machine de 3, 000 chevaux, atteignit une vitesse de 19 nœuds.
A l'heure actuelle, il n'y a plus d'éclaireurs d'étendre ■<
proprement parler. Le Rtgault-de-Genouilly,le Desaix,
le uîlan ont été rayés sur les listes officielles de la flotte
au nombre des cuirassés de deuxième classe; les anciens
éclaireurs d'escadre d'une force inférieure, comme
rai/ne et le Votta sont devenus croiseurs de troisième
classe. Il n'y a pins que descroiseurs qui sont aptes à faire
le rôle d'éclaireurs en même temps qu'ils possèdent une
grande foire militaire. — Ajoutons que Les avisos et les
torpilleurs de haute mer peuvent au besoin éclairer la
marche d'une escadre.
ÉCLAMPSIE (Méd.). On désigne suis ce nom un état
aigu caractérisé par des convulsions toniques et cloniques
d'abord limitées aux muscles de la vie de relation, puis
s'étendant quelquefois a ceux de la vie végétative. Il s'ac-
compagne d'uni' perte de connaissance complète et se ter-
mine par une période de coma ou de stupeur suivie de la
guérison ou de la mort. Cliniquement, l'attaque d'éclampsk
offre des ressemblances très marquées avec l'attaque dépi-
lepsie, et on a pu dire, en se plaçant au point de vue de sa
pathogénie, qu'elle constitue une variété d'épilepsie symp-
tomatique. On distingue tout particulièrement deux va-
riétés : l'éclampsie puerpérale et l'eclampsie infantile.
1° Eclampsie puerpérale. Elle peut se déclarer pendant
la grossesse, le travail et l'accouchement : son début est
souvent précédé pendant plusieurs jours par des prodromes :
céphalalgie tenace et intense, vertiges et éblouissements
passagers, affaiblissement intellectuel, insomnie et agitation
ou au contraire sommeil comateux. Puis surviennent les
signes qui annoncent l'attaque : troubles visuels variés
allant de la simple fatigue visuelle à la diplopie et à la
cécité complète, douleur vive au creux épigastrique pou-
vant s'accompagner de dyspnée et d'anxiété précordiale.
Dans d'autres cas, ces prodromes font défaut et l'attaque
survient brusquement : la malade perd connaissance, son
regard devient fixe, ses pupilles se dilatent et restent
insensibles à la lumière, puis les convulsions commencent;
elles débutent en général par les muscles des paupières,
atteignent ceux des lèvres, dévient fortement la bouche et
en se propageant à ceux du cou provoquent des mouve-
ments de rotation de la tète sur les épaules. Ensuite les
convulsions se généralisent aux muscles du tronc et des
membres et prennent le type tonique; le corps est rigide et
souvent incurvé par le spasme ; la respiration se suspend et
la face devient violacée; les mâchoires se resserrent et la
langue peut être coupée par les dents. A cette raideur
spasmodique succèdent des convulsions cloniques, tout
comme dans l'attaque d'épilepsie, qui agitent avec violence
le tronc et les membres; elles durent de quelques secondes
à quelques minutes et sont remplacées par une période de
résolution musculaire complète, pendant laquelle la malade
est dans le coma. I, 'acres peut être unique; quand il y en a
plusieurs, ils sont parfois espacés, mais le plus souvent ils se
succèdent à de courts intervalles ou même sont suhintranN.
L'éclampsie ne dure guère plus de deux jours, mais dans
le cas de guérison elle peut se reproduire plus lard. Ici.
comme dans L'épilepsie subintrante, la température centrale
s'élève depuis le début de l'attaque jusqu'à la tin : elle
s'abaisse si les accès disparaissent; elle continue à s'élever
quand le mal èclamptique doit se terminer par la mort :
ce signe sert à la différencier de l'urémie, pendant laquelle
la température baisse graduellement. Quoique le chiffre de
la mortalité soit considérable, l'éclampsie guérit souvent.
La mort peut survenir du fait même de l'accès ou par suite
d'une complication soudaine telle qu'apoplexie pulmonaire,
choc cérébral, hémorragie méningée, ou .l'une complica-
tion éloignée, accidents puerpéraux, mal de Bright, accidents
cérébraux divers.
L'examen des organes d'une femme morte (l'éclampsie
— ,i;>,ï —
l'.CLAMPSIE — ECLECTISME
montre un grand nombre d'altérations, mais dont aucune
n'est propre à cette maladie. Le cerveau présente presque tou-
jours ili' l'hyperémie et des suffusions hémorragiques sur
les méninges, parfois des Foyers d'hémorragie, mais souvenl
il parait intact; la congestion et l'apoplexie pulmonaires
ont été notées dans quelques cas: les reins montrent sou-
vent de la néphrite congestive et œdémateuse dont les
lisions rappellent celles de la néphrite aiguë de la scarla-
tine. Cha tes éckmptiques, la sécrétion urinaire est dimi-
nuée et l'albuminurie est fréquente; on la rencontre à peu
près dans la proportion de dix t'ois sur quatorze cas. lai
général, la présence de l'albumine dans l'urine précède
l'èclampsie. mais on l'y trouve en quantité plus abondante
pendant les accès.
Les causes de l'èclampsie puerpérale sont encore fort
mal connues et nous ne pouvons que citer les principales
opinions qui ont ete mises en avant pour expliquer son
apparition : 1° œdème cérébral dû au mal de Bright;
■1" anémie cérébrale par troubles vaso-moteurs; 3° excita-
tion réflexe partie des nerfs de l'utérus, sons l'influence de
laquelle la moelle réagit par des convulsions; 4° l'èclamp-
sie est son-, la dépendance d'un empoisonnement du sang.
On a tour a tour incriminé comme principe toxique l'urée,
le carbonate d'ammoniaque et les matières extraclivos de
l'urine, mais des faits précis, tirés de la clinique et de l'ex-
périmentation, ont démontré que ces divers produits soHt
incapables de provoquer le syndrome clinique de l'èclamp-
sie. Il semble cependant que les lésions rénales qui l'ac-
compagnent si fréquemment jouent un rôle prépondérant
dans sa pathogénio, et jusqu'à nouvel ordre on admit qu'elle
est le résultat de l'action de toxines qui ne sont plus élimi-
nées : l'èclampsie serait le résultat d'une auto-intoxication. Il
est même possible que certaines toxines convulsivantes soient
rétées particulièrement pendant la grossesse et mani-
festent leur action lorsque Pémonctoire rénal accidentelle-
ment malade ne leur livre plus passage. A plusieurs reprises
les auteurs ont observé le développement simultané de plu-
sieurs cas d'éclampsie, comme s'il y avait eu contagion, et
il serait fort possible que la cause de cette maladie lut la
présence dans l'organisme d'un agent infectieux ayant des
propriétés convulsivantes analogues a celui du tétanos par
exemple. Des recherches faites dans le laboratoire de
H. Chanveau pour démontrer son existence sont restées
sans résultat. M. Combemale (de Lille) a récemment ren-
contre dans le sang do trois femmes èclamptiques, dont deux
sont mortes, l'association du Streptococcus pyogenes albus
et du Streptococcus aur eus; l'èclampsie serait ainsi d'après
lui une forme d'infection puerpérale, et les convulsions
seraient dues à l'action des microbes ou de leurs toxines
contenus dans le sang sur les centres nerveux.
Le traitement de l'èclampsie est encore purement empi-
rique. Quand on reconnaît de l'albuminurie chez une femme
enceinte, il faut la combattre par le régime spécial. Quand
l'èclampsie est déclarée, il faut avant tout cherchera pro-
voquer ou à terminer l'accouchement, ce qui sutlit souvent
pour faire cesser les crises. La saignée donne d'excellents
résultats et se montre préférable à la chloroformisation et à
remploi du chloral.
- Eclampsie des enfants. I ne éclampsie dont le
tableau symptomatique est à peu près celui de l'èclampsie
puerpérale peut se rencontrer chez les jeunes enfants; elle
constitue les convulsions essentielles de l'enfance. Elle
se voit surtout chez des enfants nerveux et débilités, et
dans certains cas parait être héréditaire; elle est détermi-
née par la peur, la colère et surtout par des impressions
a.is-ant sur les extrémités dos nerfs delà muqueuse diges-
bve, dentition, vers intestinaux, aliments grossiers, etc.
Son pronostic est variable selon les causes; la guérison est
fréquente vers l'âge de quatre a cinq ans. Cette éclampsie
nous parait être une variété d'épilepsie et nullement une
maladie distincte. Georges Lemoine.
ÉCLANCE. Corn, du dép. de l'Aube, arr. do Bar-sur-
Aube, tant, do Soulaines : 254 hab.
GRANDE EHCYCLOPÉDIE. — \\
ÉCLANS. I om. du dép. du Jura, arr. de Dole, cant.de
Uoeli.-ti.it : 259 hab.
ÉCLARON. Coin, du dép. de la Haute-Marne, arr. de
\\ assy, cant. deSaint-Dizier, sur la rive droite de la Biaise;
n-21 liai». Stat. du chemin de fer de l'Est, sur la ligne de
Saint-Diziai' à Troyes. ('.arriéres de craie; lavoirs à mine-
rai, hauts fourneaux ; fabriques d'huile de colza, moulins,
tuileries. — Importante pendant tout le moyen âge, la ha-
ronnie d'Eclaron appartint successivement aux maisons de
Dampierre-Saint-Dizier et de JoinviUe. Plus tard, les Cuises
se plurent a embellir cette résidence, ou ils reçurent Fran-
çois I r. Henri 11, François II et Marie Sluart. Belle église
du xv'1 siècle, malheureusement inachevée. A. T.
Bibl. : Vicomte Cli. de Hédouville, Notice, sut- le vil-
lage d'Eclaron, dans Mémoires de (a Société des lettres,
science*, etc., de Saint-Cizier, 1880-1881, p. 25.
ÉCLASSAN. Corn, dn dép. de PArdèche, arr. et cant.
de Tournon; !K(> hab.
ÉCLAT. I. Peinture. —Qualité claire et brillante d'un
tableau, d'une manière de peindre. On peut citer la peinture
de Bubons comme une des plus éclatantes; la rareté rela-
tive des ombres, la touche franche et lumineuse, la fraîcheur
des carnations, produisent cette impression. L'éclat dans la
peinture est une belle et précieuse qualité pour un artiste,
mais difficile à acquérir lorsqu'elle n'est pas un don naturel ;
le papillotage des tons est un écueil ou se butent souvent
ceux qui veulent l'obtenir quand même. Ad. T.
II. Art militaire. — Action d'éclat. — Le militaire
qui dirige un coup de main hardi ou y prend une part active,
celui qui enlève un canon ou un drapeau, celui qui sauve la
vie d'un de ses chefs ou d'un de ses camarades, celui qui dé-
livre des prisonniers ou qui, assailli par plusieurs ennemis,
leur tient tète et parvient à se dégager ou se fait tuer, au
lieu de se rendre, se signalent par une action d'éclat. Ces
actions sont, suivant leur importance, mises à l'ordre du
jour de la division, du corps d'armée ou de l'armée. Elles
sont inscrites sur l'état des services des militaires qui les
ont accomplies, sous le titre : campagnes, blessures et
actions d'éclat. E. Feli.er.
ECLATEMENT (V. Essai [Epreuve des bouches à feu J).
ÉCLECTIQUE (V. Eclectisme).
ÉCLECTISME. I. Philosophie. — On désigne sous le nom
d'éclectique toute doctrine philosophique qui, au lieu de
poser un principe qui lui soit propre et d'en déduire les
conséquences, choisit dans les systèmes antérieurement cons
titués les parties qui lui paraissent les plus vraies, et essaye,
avec ces éléments d'emprunt, de former un ensemble.
L'éclectisme apparaît de bonne heure dans l'histoire de la
philosophie. Après les grands systèmes de Platon et d'Aris-
tote, après ceux d'Epicure et des stoïciens, qui étaient
aussi des corps de doctrine inspirés d'une pensée unique
et fortement liés, l'éclectisme prit naissance avec des phi-
losophes tels que Asclepiade, Panétius, Posidonius, qui
essayèrent d'unir soit les doctrines d'Epicure, soit celles
de Zenon avec celles des philosophes antérieurs. Plus tard,
la nouvelle académie, avec Philon et surtout Antiochus, le
maître de Cicéron, entra aussi dans la même voie. II semble
que l'apparition des doctrines sceptiques ait de tout temps
exercé une grande influence sur le développement de l'éclec-
tisme. En présence de la diversité et de la contradiction
des systèmes, le premier mouvement de l'esprit humain
semble être de dire qu'aucun n'est vrai. Puis, par une
tendance inverse, on arrive a croire sinon que tout est vrai,
au moins qu'il y a du vrai dans toutes les doctrines. C'est
ainsi que le pyrrhonisme et le probabilisme d'Arcésilas ont
suscite l'éclectisme <\e Panétius el de Posidonius; plus
tard renseignement d'Antiochus d'Ascalon et, dans une
certaine mesure, celui do Philon de Larisse, furent une
réaction contre la philosophie deCarnéade.
On désigne parfois sou-; le nom d'éclectique la doctrine
de Ploiin el celle de Leibniz, et il est certain que ces
grands philosophes ont essayé de concilier dans une vaste
synthèse les systèmes antérieurs. Mais, à ce compte, on
23
ÉCLB riSME - ivi.lMKTlil
- 384 -
trouverait de l'éclectisme chez Platon, chez Iristote, chez
tous les philosophes; tous, en effet, ont essayé de faire
une pari aux idées régnantes de leur temps. Il semble plus
jBste de réserver ce nom aux doctrines mn ne Boni qu'éclec-
tiques, c.-ô il. '|ni n'ont pas introduit dans la philosophie
mu idée nouvelle, nu principe supérieur auquel i
subordonné el ramené les idées déjà connues. Si on se place
.1 ce point de vue, Plotio el Leibniz sont plus et mieux
que des éclectiques. De uos juins, le nom d'éclectisme
désigne tout particulièrement la philosophie qu'ont ensei-
gnée Victor Cousin et ses disciples el qui a eu un moment de
grande vogue. Nous avons exposé ailleurs (V. Coisin
j \ iotor]) 1rs principes de cette doctrine. Victor Bbochabd.
II. Esthétiqi e. — L'éclectisme est une direction de goût
qui consiste à réunir les qualités d'écoles différentes pour
en former un ensemble harmonieux. C'est aussi, pour
la critique, savoir apprécier et louer les qualités particu-
lières et opposées de ces écoles. L'éclectisme esl un gotït
des époques de décadence; c'est lorsque la science prime
l'inspiration qu'une école devient éclectique. Telle fut I école
îles Ganaches a la On de la Renaissance. Nuire époque est
une des plus éclectiques qui lussent jamais ; en nul autre
temps on n'a étudié et connu aussi bien qu'a présent les
formules artistiques, le génie propre à chacune des écoles
anciennes. Si les éludes de ce genre ne sont pas pour faire
surgir des individualités bien accentuées, il l'aul reconnaître
qu'elles ont singulièrement relevé la moyenne de valeur des
œuvres d'art, et que si les traits de génie sont toujours rares,
les ouvrages remarquables par l'ensemble de leurs bonnes
qualités sont bien plus nombreux que jadis. Ad. T.
ECLECTUS (Ornitb.) (V. Perrocuet).
ÉCLEUX. (loin, dudèp. du Jura, arr. (le Poligny, cant.
de Villers-Farlay; 321 hab.
ÉCLI METRE. Les topographes désignent sous ce nom
les appareils servant a déterminer la différence d'altitude
de deux points ; toutefois, ils réservent plus spécialement
ce mot pour les instruments du genre de celui décrit ci-
dessous : une lunette pourvue d'un réticule se meut dans
le plan vertical autour d'un axe passant par le centre
d'un cercle gradué ; elle entraine dans son mouvement
deux vemiers qui serviront à la lecture des angles mesu-
rés. Un niveau à bulle d'air dont le tube porte des traits
de division servant à observer les extrémités de la bulle
est fixé au limbe gradué, de manière que, lorsque la bulle
est contenue dans ses repères, le diamètre passant par
la division loo esl horizontal. Le zéro de la graduation
du limbe correspond doue dans un appareil parfait à la
lecture qui serait faite sur le zénith el sur le nadir.
La graduation se développe de chaque cote du zéro.
Enfin, une pince munie d'une vis de rappel et affectant la
disposition habituelle di de ce genre permet de
fixer la lunette dans une position donnée sur le limbe, el
d'achever le pointé en amenant la croisée dm fils du ré-
ticule sur l'image de l'objet. On voit que. si le /
trouve bien exactement sur la verticale, une simple N-< -
turedu limbe donnera la distance zénithale de l'objet, En
général, l'appareil est fixé mr le coté d'une boussole, et
bs visées obtenues au moyen de la lunette servent a la
■ m- la planimétrie et pour le nivellement (fig. I).
frit souvent le limbe est réduit a deux arcs d'une ampli-
tude de ■!'■> a •'<()-' au-dessus et au-dessou6 de la division
100 , car, dans la topographie, les points que l'on \i<.- ne
s'élèvent jamais beaucoup au-dessus de l'horizon. Il en
résulte qu'une grande portion du limbe est inutile ; en la
supprimant, on a l'avantage de diminuer le poids el le vo-
lume de l'appareil (fig. 2). On construit aussi des écli-
mètres qui n'ont qu'un arc de cercle. Dans ce cas, l'axe
de rotation de la lunette est reporté à l'une des extrémités
de l'appareil, disposition qui permet de donner au limbe
un diamètre plus grrH et, par suite, d'augmenter le
Fig. 3.
nombre de traits de division ; mais le diamètre du trait 100
est encore horizontal lorsque la bulle est entre ses repères
(fifc3k
On VOll par cette description sommaire que 1 échmetre
doit satisfaire à deux conditions : 1° L'axe horizontal an-
tour duquel la lunette tourne doit être exactement centré
sur le cercle gradué. Pour vérifier que cette condition est
satisfaite, on fixera la Innette sur le limbe à l'aide de sa
pince et de la vis de rappel, de manière que les verniers
donnent exactement 1 00s pour lecture. Puis, à l'aide d'une
i lel, on agira sur une \is qui sert a soulever une des extré-
mités du niveau, jusqu'à ce que la bulle soit exactement
logée entre se-- repères. Dans cette position, on sera sur
388 -
ÉCLIMÈTRE — ÉCLIPSE
qae le diamètre du trait 100 Hl horizontal, 61 par
suite que le léro est sur la vertu aie. Dont 60 usant sur-
cessivemenl dans les deui positions do limbe un objel
éloigné, on devra obtenir des lectures identiques. S'il n'en
est point ainsi, l'instrument devra être rejeté. Mais, si l'on
emploie réclimètre à on seul arc de limbe, il n'existe au-
l'tin moyen de vérification, sinon de s'assurer que l'ins-
trument donne de bonnes indications, en pointant îles
objets d'altitude Otnmue, en ayant soin de corriger préa-
lablement les lectures de l'erreur de ooltimation. 8* Le «éro
de la graduation doit être exactement sur la verticale. En
réalité cette condition est rarement remplie : on se borne
à déterminer la lecture correspondant au zénith, qui est
- méesous le nom de coUimation. On déduira les dis-
tances zénithales vraies en ajoutant ou rétractant algébri-
quement la coUimation, telle qu'elle est donnée avec son
1 ' |
signe par la formule C = 0 ■ En désignant par L la
lecture limbe à droite, If la lecture limbe à gauche,
c la coUimation, /. la distance zénithale, on a 7. =L-j-c el
I ' — L
Z = L' — c : ou tire aisément c = — t — . Dans le cas de
l'éclimètre a un limbe, on opérera de la manière suivante
pour la détermination de l'erreur de coUimation. Après
avoir mis l'appareil en station en A sur un terrain uni, on
visera une mire éloignée placée en B, a une hauteur au-
dessus du sol égale a celle de l'éclimètre. Puis on trans-
portera l'appareil en 15 et la mire en A. et l'on pointera
de nouveau la mire (tig. 4). Les deux distances zénithales
Ov^Z
sont deux angles supplémentaires ; d'autre part, si l'on a
au point A : ; — L-|-c, on aura en 1! : ;•'— L' -f-c. On
tirera z ■+■ %' =s L-+- 1/ -1-2 c, d'où l'on déduit :
A l'aide d un éclimètre à deux verniers donnant la mi-
nute centésimale, on obtiendra les cotes avec une erreur
inoindre qu'un mètre pour des distances d'environ S kil.,
précision bien suffisante pour les besoins de la topogra-
phie. Ch. DE YlIXKDEIÏL.
ÉCLIMEUX. Corn, du dép. du Pas-de-Calais, arr. de
Saint-Pol-sur-Ternoise, cant. du l'arcq : 283 hab.
ÉCLIN. Rivière de France (V. Cûte-d'Oh [Dép. de la],
t. Ml, p. 1187).
ÉCLIPSE (Astron.). Disparition partielle ou totale d'un
astre causée momentanément par la situation de trois astres
en ligne droite. Si la terre est entre le soleil et la lune, au
moment de la pleine lune, notre satellite peut être plongé
dans le cône d'ombre projeté derrière la terre et cesser
d'être vieillie: il est éclipsé. \ la nouvelle lune, quand le
cône d'ombre de la lune rencontre la terre, les habitants
ne d'ombre ne voienl plus le soleil, qui
i\ est éclipsé. La grande différence entre ers deux
sortes d'éclipsés, c'est que li e lune sont visibles
pour tout l'hémisphère terrestre tourné vers notre satel-
lite, tandis que les éclipses de soleil n'ont lieu que pour
une très petite région de notre globe cachée par l'ombre
delà lune. Etudions les conditions d'une éclipse de lune, et
voyons d'abord en quoi consiste le phénomène. 0 >' tant le
(entre du soleil. C celui de la terre (V. fig.), les lignes \B
et DF, tangentes communes extérieure ei intérieure aux
ileu\ circonférences engendrent en tournant autour de la
ligne Ot. les cdnes MBB' d'ombre pure et l'XT, dont
la partie située en arrière de la terre i si la pénombre. Un
M
Figure schématique d'une éclipse de lune.
observateur placé dans la région BMB' ne peut voir au-
cun point du soleil; c'est pourquoi on dit qu'il est dans
l'ombre pure; au contraire, un habitant des régions situées
entre l'iv et MB voit une portion du soleil d'aulanl plus
grande qu'il est plus éloigne du soleil et de la terre, et plus
rapproché de la génératrice 1>/1,V : il se trouve alors dans la
pénombre. Si la lune au moment de la pleine lune se trouve
dans la région de l'espace PB'FT', elle disparaîtra tota-
lement ou partiellement, suivant, qu'elle sera plongée en
totalité ou en partie dans le cône 15MB' d'ombre pure. Sa
lumière diminuera très faiblement quand notre satellite
sera dans la pénombre, et l'éclipsé proprement dite com-
mencera et tinira quand l'astre entrera dans l'ombre pure
ou bien en sortira. Nous pouvons chercher la longueur MC
du cône d'ombre projeté derrière la terre. Les triangles
semblables A MO, BMC donnent en effet, si l'on désigne AO,
BC et OC par R, r, d
AO_BC_AO— BC
ÔM — CM- 'OM — CM
R _ r R— r
OM—CM — d
d'où
CM =
rd
R-r
llemplaçons R et d par leurs valeurs moyennes, qui sout
108, G r et "23, v280 r, nous aurons
CM
rX 23280 r 23-280 r
z=216r
108, « r—r 107,ti
La distance moyenne de la lune à la terre étant (il)/',
on voit que le cône d'ombre pure s'étend bien au delà de
l'orbite de notre satellite, et par suite que les éclipses de
lune sont possibles. Désignons par a et a' les demi-angles
au sommet des cônes BMB' et F'NF, par A, A' les demi-
diamètres apparents du soleil et de la lune à leur distance
moyenne, par p et p' la parallaxe horizontale du soleil et
de la lune à la même distance ; nous aurons : a = A — p ;
a'^A + p.'le demi-diamètre apparent LCM du cône
d'ombre à la distance CL de la lune est [3=// — a.—p'
— A +p=p+p— A. 0rp/=57,;p= 8^,8;A=46';
d'où (3=41' environ, et comme le demi-diamètre appa-
rent île la lune est inférieur à 17', cet astre peut être com-
plètement éclipsé. L'orbite de la lune étant inclinée de ■>"
environ sur l'écliptique tandis que [2 est de 41', il n'y a
donc pas éclipse de soleil à chaque nouvelle lune, ni éclipse
de lune à chaque pleine lune ; il faut que notre satellite soit
très près de ses nœuds, points où son orbite perce l'éclip-
tique ; si l'on désigne par X sa latitude, A' étant son dia-
mètre apparent, on devra avoir pour la condition de pos-
sibilité d'une éclipse X < A' I- p ; en remplaçant A' et (3
par leurs valeurs maxima et minima, on arrive aux conclusions
suivantes: 1° X ' '■>!' éclipse certaine ; -2" 52'<X< 7H',
éclipse douteuse; 3° X> 76', éclipse impossible.
Au moment îles éclipses de lune la longitude de cet
astre et celle du soleil diffèrent de 180°, et l'on trouve
ces longitudes dans la Connaissance des temps publiée
ÉCLIPSE
— :«ii —
par le Bureau des longitudes. On pourrait aussi prendre
lus Tablée de la lune et les Triblet <hi soleil (mais
le travail Berail beaucoup plus pénible) pour tous les
jours de l'année b midi (celle de la lune est même
donnée de si\ heures en si\ heures) ; nne simple inter-
polation permet de trouver l'instant précis de l'opposi-
tion. Le calcul peut ensuite donner l'époque et la valeur
de la [il us grande phase, les moments d'entrée de la lune
dans la pénombre et de sa sortie, les heures précises du
commencement et 'de la lin de l'éclipsé proprement dite, la
durée du phénomène, etc. L'atmosphère terrestre a une
influence considérable sur les éclipses de lune : elle rac-
courcit notablement le cône d'ombre qui mesure, comme
nous l'avons déjà vu, 246 rayons terrestres ; elle réduit
sa longueur à 42 rayons terrestres. Comme la distance
moyenne de notre satellite à la terre est de 60 r, il n'y a
donc pas à proprement parler d'éclipsé totale de lune : on
conserve cependant cette expression pour les cas où la lune
entre complètement dans le cône d'ombre pure; on la voit
alors faiblement éclairée par réfraction el présentant une
teinte noire rougeàtre. L'éclipsé peut être partielle, totale
ou annulaire suivant que l'astre disparaît en partie, en
totalité ou seulement en sa partie centrale, le cône d'ombre
pure étant entouré d'une couronne lumineuse.
Eclipses de soleil. Les iclipses de soleil se produisent
pour les habitants de la (erre plongés dans le côned'ombre
pure projeté derrière notre satellite au moment de la nou-
velle lune quand les trois astres sont pour ainsi dire en
ligne droite, et que le soleil et la lune ont la même longi-
tude. On calcule toutes les conditions d'une éclipse de soleil
à peu près comme celles d'une éclipse de lune, et les
éclipses totales sont fort remarquables : au lieu où elles se
produisent, le soleil disparaissant très vite, la nuit succède
au jour, et l'on aperçoit les étoiles de première grandeur.
Aussi la frayeur était-elle considérable autrefois, et cepen-
dant le phénomène ne dure généralement que deux ou trois
minutes, le maximum étant au plus six minutes environ.
Grandeur des éclipses. On évaluait autrefois la gran-
deur des éclipses en doigts ou douzièmes de diamètre de
l'astre considéré. Si la partie échancrée était à peu près la
moitié du disque de l'astre, on disait que l'éclipsé était de
six doigts ; cette portion disparue s'appelait la phase
écliptique. On estime aujourd'hui la grandeur de l'éclipsé
en fraction décimale.
Périodicité des éclipses. Les anciens ne possédaient ni
Tables de la lune ni Tables du soleil, et ne pouvaient
calculer à l'avance les éclipses qui devaient arriver, l'ne
observation suivie des éclipses leur apprit que ces phéno-
mènes se reproduisent de la même manière et dans le même
ordre après une période nommée Saros embrassant six mille
cinq cent quatre-vingt-cinq joursun tiers oudix-huit ans onze
jours. Pendant ce temps, on noteen effet soixante-dix éclipses,
dont vingt-neuf de lune et quarante et une de soleil obser-
vables sur toute la terre. Tandis que les premières sont
visibles pour tout l'hémisphère terrestre plongé dans la
nuit, et dès lors ont bien plus de chance d'être observées,
puisque le mauvais temps est rarement répandu dans tout
l'hémisphère, les éclipses de soleil ne sont au contraire
produites que pour une très faible région terrestre, et ont
dès lors plus de chances de passer inaperçues. On compte
généralement de deux à sept éclipses par an, soit une
moyenne de quatre. Si une année n'a que deux éclipses,
ce sont des phénomènes solaires.
{utres éclipses. Les planètes sont parfois cachées
derrière la lune ainsi que les étoiles : on appelle plu-
tôt ce phénomène occultation (Y . ce mot). Si le rayon
visuel mené de l'œil de l'observateur à deux planètes ren-
contre ces deux corps, puis n'en voit plus qu'un seul, le
plus éliiigné disparaissant derrière l'autre se trouve éclipsé.
Ces circonstances se rencontrent fort rarement. Lalande
cite les éclipses de Mais par N'émis le 'A oct. 1590, de Ju-
piter par Mars le 11 janv. 1591 observées par Kepler. Les
éclipses des satellites de Jupiter qui disparaissent quand ils
se plongent dans le cône d'ombre projeté derrière la pla-
nète, sont étudiées avec soin. C'est en observant attenti-
vemenl les variations des temps oui l'écoulent entre deux
éclipses consécutives du premier satellite de Jupiter que le
Danois Rœmer a pu mesurer en 1675 la vitesse de la lu-
mière. Lee passages (\. ce mot) des disques de Mercure
et de Vénus sur celui du Boleil, qui sont de véritables
éclipses, sont étudiées fort attentivement : c'est de l'obser-
vation des passages de Vénus sur le soleil en lT'/l etee
1769 qu'on a déduit la première valeur approchée de la
parallaxe (V. ce mot) du soleil. Les éclipses de soleil nous
ont appris la nature de cet astre. Déplus, les ècJipSi
vent a calculer la longitude des lieux ou l'on observe et a
rectifier les Tables astronomiques, puisque le calcul base
sur ces Tables doit donner l'instant précis des diverses
phases du phénomène.
Opinions des anciens sur les éclipses. Les anciens
regardaient ces phénomènes comme les présages des plus
grands malheurs. L'histoire nous raconte que l'ericb-s ras-
sura ses marins et ses soldats terrifiés par une éclipse de
soleil. Alexandre, près d'Arbelles, usa de toute son adresse
pour calmer la frayeur de ses troupes au moment d'une
éclipse de lune. Sulpicius Callus, lieutenant de Paul-Emile,
prédit une éclipse de lune qui arrivait le lendemain, et
changea en confiance la terreur qu'auraient eue ses soldats.
Christophe Colomb allait se trouver à la merci des sau-
vages de l'Ile de la Jamaïque lorsque ses vivres allaient être
épuisés quand une éclipse de lune lui fournit le moyen de
sortir d'embarras. Il fit dire aux chefs qu'il allait les livrer
aux derniers malheurs s'ils ne lui apportaient immédiate-
ment tout ce qu'il désirait, et qu'il commencerait par les
priver de la lumière de la lune. Les sauvages méprisèrent
d'abord ses menaces ; mais, quand arriva l'éclipsé de lune,
ils furent frappés de terreur, donnèrent à Colomb tout ce
qu'il désirait et le conjurèrent d'avoir pitié d'eux. Quand
la lune était éclipsée, les Incas la croyaient malade. Dès
qu'on la voyait entamée, l'inquiétude se répandait dans tous
les cœurs. Si elle allait disparaître tout entière, ce serait
le signe d'une mort certaine, car elle ne pourrait plus se
soutenir au ciel, tomberait surla terre, écraserait les pauvres
mortels et le monde finirait. Aussi, dès que l'on s'aper-
cevait d'une de ces éclipses, dont on ignorait les dates,
chacun se précipitait sur les instruments qu'il pouvait
trouver sous la main, tambours, trompettes, chaudrons,
faisant un bruit épouvantable. Ils attachaient les chiens
et les fouettaient pour leur faire pousser des cris la-
mentables, persuadés que la lune aime ces animaux, et
que, touchée de leurs gémissements, elle ferait un effort
pour se ranimer. Au Pérou, pendant les éclipses de lune,
les hommes, les femmes et les enfants criaient avec un en-
semble» assourdissant : mania quilla! mania quitta! C-àrd.
maman lune, suppliant les puissances célestes de ne pas
la laisser mourir. Quand elle reprenait sa lumière, on louait
le grand dieu Pachacamac, soutien de l'univers, qui l'avait
guérie, et cette giierisun l'avait empêchée de mettre fin à
l'existence des hommes. Les Huions et les Caraïbes avaient
a peu près les mêmes idées : le terrible démon M aboya,
qui est l'auteur des apparitions effrayantes, des maladies.
du tonnerre et des tempêtes, essayait de dévorer l'astre des
nuits. Pour mettre le monstre en fuite, on faisait un grand
bruit en frappant sur des écorces, sur des timbales, des
chaudrons, et surtout en agitant les niaracas (calebasses
renfermant des cailloux, comme nos clochettes ont des gre-
lots). Les Caraïbes dansent alors toute la nuit, aussi bien
les jeunes que les vieux, les femmes que les hommes, SaU-
tant les deux pieds joints, une main sur la tête et l'autre
suc la fesse, sans chanter, mais poussant des cris lugubres
et épouvantables. Ceux qui ont commencé à danser sont
obligés de continuer jusqu'au point du jour. SU -
quitter pour n'importe quelle nécessité. Les Esquimaux
cachent les provisions et ferment les maisons, de peur que
le soleil ou la lune n'y entrent. Les hommes jettent des
cris et frappent des coups retentissants; les femmes tirent
- 881
ECLIPSE
ÉCLISSK
les oreilles des chiens. Si ces animaux crient, la tin du
inonde n'est pas encore proche, car ils existaient avant les
hommes, et ont on pressentiment do l'avenir beaucoup plus
certain. Pour quelques tribus de l'Amérique du Sud, c'est
un chien gigantesque qui dévore la lune pendant les éclipses.
t '.'«m un jaguar pour les Guaranis du bassin del'Orénoque,
un requin pour les Makas ichtyophagrs du détroit de Fuca.
Plusieurs peuplades tiraient dos Bêches en l'air pour
écarter les ennemis prétendus de la lune et du soleil. Les
Scandinaves avaient a peu près 1rs mêmes idées. La lune
et le soleil, Mane et Simna, qui sont le Frère et la sœur.
marchent \ite, poursuivis par deux loups terribles prêts à
les dévorer. Le plus redoutable est Managarmer, monstre
qui s'engraisse de la substance des hommes approchant <\e
leur fin, mange parfois la lune, et répand du sang dans le
fiel et dans les airs (allusion à la teinte rouge noirâtre
de la lune pendant les éclipses totales). Malgré l'étal rela-
tivement avancé de l'astronomie chez les Hindous, ce peuple
conservait au ciel la tète et la queue du dragon qui cherche
à dévorer le soleil et la lune pendant les éclipses : c'étaient
les deux nœuds OU les deux points où l'orbite lunaire
perce l'écliptique et où doit se trouver notre satellite pour
que l'éclipsé puisse avoir lieu. On trouve chez, les Hé-
breux une tradition analogue. L'auteur de l'Apocalypse
nous représente une femme drapée dans le soleil, qui a la
lune sous ses pieds et qui porte un diadème surmonté do
douze étoiles. On dragon a sept tètes, capable d'entraîner
avec sa queue un tiers des étoiles du ciel, attend le fruit
que cette femme va mettre au monde pendant l'éclipsé
pour le dévorer. Dans les croyances populaires de Sumatra
et de Malacca, l'obscurcissement de l'astre est causé par un
grand serpent qui l'entortille dans ses plis. Les Allouions
de Céram croient que la lune s'endort pendant les éclipses,
et battent du tambour pour la réveiller. Les Siamois s'ima-
ginent encore aujourd'hui que les éclipses sont causées
par la malignité d'un dragon qui dévore le soleil ou la lune;
ils font alors un grand bruit avec les poêles et les chau-
drons pour chasser l'animal pernicieux. Les lettrés savent
qu'on peut prévoir à l'avance tous ces phénomènes et en
calculer le retour. Il en est de même en Chine. Dans ce
pays éminemment conservateur, la cour et les autorités
de l'empire perpétuent indéfiniment les traditions des pre-
miers temps. Une éclipse de soleil est un avertissement
donné à l'empereur pour lui faire examiner ses tantes et
les réparer. Si le phénomène est annoncé par l'astronome
officiel (les deux astronomes Ho et Hi fuient condamnes a
mort pour n'avoir pas prévu, comme la loi le leur prescri-
vait, l'éclipsé du soleil arrivée sous le règne de l'empereur
Tehong-Kong vers l'an 2155 avant notre ère), on en
donne avis dans tout l'empire et la cour s'y prépare par
le jeûne et la retraite. Au jour fixé, on attend partout
avec anxiété. Dès que l'astre commence à disparaître, ou
à être mange, suivant l'expression chinoise, l'empereur
donne lui-même l'alarme en battant le roulement du pro-
dige sur le tambour du tonnerre. Les mandarins venus
avec leurs arcs et leurs (lèches pour secourir l'astre éclipsé
tirent en l'air sans interruption. Les Chinois éclairés sa-
vent que ce ne --cent que des formes, mais la superstition
règne encore chez l"s gens du peuple, qui se jettent à
genoux dès le commencement de l'éclipsé, frappant la terre
de leur front et faisant un grand bruit de tambours el de
gongs pour délivrer l'astre du dragon qui menace de le
dévorer. Les auteurs grecs et latins (Platon. Pline', Tite
Live) nous rapportent que l'on faisait grand bruit pendant
les éclipses. Les premiers chrétiens sonnaient les cloches,
non seulement pendant les orages (ce qui se faisait encore
au siècle dernier i. mais encore pendant les éclipses, pour
combattre l'action des esprits malfaisants, pour repousser
seulement l'obscurité causée par les fantômes, souvenir
des génies obscurs nui dévorent la lune, d'après le P. L i-
fiteur. L. ISakkk.
Eclipse /uirulaire (Y. Ahhi laibe).
Bibl. : Encyclopédie méthodique; Padoue, 1788.—
Grur y, Leçons d'astronomie; Paris, 1885. Houzeau et
Lajicakter, Bibliographie aênèrale de ('astronomie;
Bruxelles, 1887.
ÉCLIPTIQUE (Aslron.). Si l'on porte sur une sphère
de carton représentant la sphère céleste les ascensions
droites el les déclinaisons du centre du soleil, observées
chaque joui a midi pendant une année, mi voit que le lieu
des positions occupées par cet astre est une circonférence
de grand cercle inclinée sur l'équalcur céleste de 23°27'
environ : c'est celte courbe que l'on nomme écliplique,
pane que les éclipses n'ont lieu qu'aux moments ou la
lune se trouve dans ce plan. (Comme, en réalité, c'est, le
soleil cpii est immobile et la terre qui tourne autour de lui,
notre globe décrit une courbe plane inclinée de 23° 27' sur
l'équateur.) L'écliptique est la ligne médiane de la zone cé-
leste appelée zodiaque, et le soleil parait chaque mois occuper
>£ 20 Jm
Ecliptique y c — £' et êquateur y E
to = £ 0 E — 23»27.
E' en 1S92.
une des douze constellations zodiacales ou dodécatémories.
Cette courbe rencontre l'équateur céleste en deux points
diamétralement opposés qu'on appelle les points y et tû;.
Le 20 mars, le soleil passe de l'hémisphère austral dans
l'hémisphère boréal par le point y qui est le point vernal
ou l'origine des ascensions droites, à l'équinoxe du prin-
temps. Il s'élève ensuite de jour en jour dans l'hémisphère
boréal jusqu'au 20 juin, époque ou il atteint sa plus
grande déclinaison, -f- 23° 27': c'est le solstice d'été. Le
soleil redescend ensuite graduellement vers l'équateur, qu'il
atteint le 22 sept., à l'équinoxe d'automne. Sa déclinai-
son continue à diminuer, et de boréale ou positive, elle
devient australe ou négative; elle passe par un minimum
— 23*27', le 21 déc, au solstice d'hiver. Puis le soleil
remonte progressivement jusqu'à l'équateur, qu'il atteint
le 20 mars de l'année suivante, non plus en y, mais un
peu auparavant, en un point, y' distant de y d'un arc
de 50"2. Ce phénomène, qu'on appelle précession des
équinoxes, et qui est la conséquence de la rétrogradation
des points équinoxianx, a pour effet d'avancer l'instant de
l'équinoxe, puisque le soleil n'a pas a parcourir l'arc de
360" pour avoir effectué sa révolution tropique, mais
bien 360° — 50*'2. C'est sur l'écliptique, el a partir du
point y, que l'on compte les longitudes en sens inverse des
aiguilles d'une montre, comme l'ascension droite. La latitude
d'un astre est l'arc, de grand cercle compris entre cet astre
et l'écliptique. L'écliptique a pour pôles les points \\<Y\,
où son axe, c.-à-d. la perpendiculaire a son plan menée
par le centre, rencontre la sphère céleste. L'obliquité de
l'écliptique esl l'angle t'ait par cette courbe avec l'équateur;
sa valeur moyenne en INli-J est 23°27'1 l"84, et sa dimi-
nution par siècle esl de i8"environ. L. ISamié.
ÉCLISSE. I. Technologie. — Ce mot désigne des petits
morceaux de bois ou de tôle destinés à relier les parties
d'une pièce fracturée. On fait tenir les éclisses de bois avec
ÉCLISSE - ÉCLOGITE
_ 358 -
des cordai on des clous, et les écliaseï de tôle avee des
rivets ou des boulons. L. K.
II. Chimie de nu. — (in nomme éclisset des arma-
tures an fer on en acier, destinées a établir la continuité
des barres qui forment les rails el a assurer l'affleurement
exacl de deux barres consécutives. On mol deux éclisses
pour assembler deux rails qui se suivent, une à l'intérieur,
['autre à l'extérieur ; les deux éclisses correspondantes Boni
réunies par îles boulons qui traversent les rails, assurent
un serrage énergique et donnent a l'ensemble une grande
rigidité. Autrefois, a\ant l'emploi îles éclisses, on se
contentait de rapprocher les abouts des deux rails con-
sécutifs et on les fixait sur une traverse, dite traverse de
joint, plus lar^o que les traverses ordinaires ; avec la voie
à doulde champignon, on réunissait ces deux bouts de rails
dans un coussinet spécial sous la pression d'un même
coin ; avec la voie Vignole, on fixait directement les rails
sur les traverses au moyen de quatre tirefomls. Avec les
éclisses, il n'est plus besoin de placer les joints des rails
sur les traverses ; on adopte généralement le joint en
porte à faux, qui
est représenté par
la fig. ; il est par-
faitement compa-
tible avec la sta-
bilité de la voie
et donne même
une grande dou-
ceur à cette der-
nière. La forme
des éclisses ré-
sulte de celle des rails qu'elles doivent réunir; celles que
représente la fig. sont destinées aux rails à double cham-
pignon symétrique; elles ont 84 millim. de hauteur et
20 millim. d'épaisseur ; leurs faces en contact avec les
rails ont une inclinaison égale à celle des champignons.
L'expérience a montré que c'est entre 0,500 et 0,a4."> que
se trouve» l'inclinaison correspondant à un bon éclissage.
La longueur îles éclisses ordinaires est en moyenne de
0mlo ; elle se trouve limitée, dans la voie à coussinets,
par la faible distance qui existe entre les deux traverses
voisines du joint, distance qui est généralement de 0mG0.
Depuis quelques années, on tend à augmenter la longueur
des éclisses ; la Compagnie P.-L.-M. en emploie actuelle-
ment qui ont 0,n70, 0m75 et 0m80 de longueur. L'éclisse
ne peut plus alors être comprise dans l'espace qui sépare
les deux traverses de joint ; elle s'étend au delà des deux
cotés et s'appuie sur ces deux traverses. Elle est, en outre,
retournée à sa base en forme de cornière et se trouve
fixée sur les deux traverses au moyen detirefonds. L'éclisse
cornière, par sa forme, s'oppose au déversement du rail à
ses extrémités sous l'action de la poussée latérale ; de
plus, elle empêche, par sa liaison avec les traverses, le
glissement longitudinal de la voie. Los éclisses ordinaires
pèsent .'» kiliigr. environ ; les éclisses cornières de la Com-
pagnie P.-L.-M. pèsent de Lvi à "20 kilogr. ; la Compagnie
du Nord emploie également îles éclisses de cette forme qui
pèsent 12 kilogr. Pendant fort longtemps, on n'a employé
que du 1er de première qualité pour la fabrication des
éclisses ; depuis quelques années, on commence à se servir
de l'acier, qui résiste mieux aux etlorts élevés qu'elles ont
à supporter. D'après un calcul présenté par M. Deharme,
dans son Traité de superstructure, le travail du métal
dans les éclisses de la Compagnie d'Orléans atteindrait dans
les fibres les plus fatiguées lit kilogr. par millimètre carié:
mais ce résultat du calcul est supérieur à la réalité, parce que
l'éclisse ne recuit pas du cailla totalité delà charge portée
par lui. Celui-ci continue à en porter une certaine fraction
qu'il n'est pas possible de déterminer. G. Hvmbert.
III. Si i.\ ici i.'i i RE. — Ces éclisses sont (les lames de bois
très minces obtenues par la t'ente. On s'en sert pour la
confection des bottes légères, bottes des confiseurs, des
merciers, etc., pour faire des jouets d'enfants, des tam-
>-^W'"î*^V
boura, des mesures pour les grains, eu . Le sapin, l
Mini le> arbres employée le plus souvent a cette fabrication
et l'on choisit ceux dont la fibre est bien droite et saine.
On débite les arbres en billes qui sont refendues ensuite a
l'unie d'un tranchant, en suivant les rayons médullaires.
L'épaisseur deséclissesne dépasse pas quelques millimètres.
Les plus minces s'enlèvent avec un rabot. C. I».
I\ . Mi moi i.. — Les luthiers nomment èi lisses li -
d'un instrument à archet, luths, violons, basses, etc.; ce
sont des planches minces el courbées qui forment l'épais-
seur de ces instruments et but lesquelles reposent la table
et le fond.
V. Chirurgie. — En chirurgie, écliese est synonyme
A' attelle (Y. ce mot).
Hun.. : Chemins db i kr. — Couche, Voie, matériel rou-
lant et exploitation technique des chemin* île fer; Paris.
1867-1876, " vol. el atlas. — Désarme, Superstructure;
Paris, 1890, 1 vol. et atlas, -ii. HuMBBBT, Traité complet
des Chemina de fer; Paris, 1^'Jl, 3 vol.
ECL0GA. Code civil byzantin publié vers 740 par b-s
empereurs iconoclastes Léon 1 II et Constantin V, et destiné
à remplacer, par
Coupe CD un recueil de lois
cent en langue
grecque, et bré—
quemment inspiré
des coutumes
locales, le droit
de Justinien qui.
chaque jour, tom-
bait davantage
en oubli. Un
esprit réformateur fort remarquable anime YEcloga :
comme l'indique le titre même de ce code, les lois de
Justinien y sont modifiées « dans un sens plus humain »,
s'.; tô otXavOptij-ÔTcpov ; et en effet l'antique point de
vue des jurisconsultes romains y disparaît pour faire place
à un esprit tout chrétien. C'est au nom de la religion qu'est
proclamée la loi nouvelle ; c'est sur les versets de l'Ecriture
sainte qu'est fondée son autorité, et, sous cette influence,
VEcloga modifie profondément les vieilles lois relatives
au mariage et à la patria patentas. Il est fort curieux de
voir dans ce code comment le droit romain se transforma à
Byzance sous l'action du moyen âge chrétien ; VEcloga u'est
pas moins instructive pour faire apprécier, d'autre part,
les pensées réformatrices et les vastes desseins des empe-
reurs iconoclastes (V. Iconoclastes, Léon 111 i. Malheu-
reusement l'œuvre de ces princes eut peu de durée ; dès
le ixc siècle, le droit des Basiliques (Y. ce mot) remettait
pleinement en honneur les lois de Justinien. — UEcloga,
d'abord éditée par Leunclavius, a été publiée excellemment
par Zacharim de Lingenthal dans sa Collectio librorum
juris grœco-romani ineditorum (Leipzig, 1852); une
édition plus récente a été donnée à Athènes (1889) par
Mnnf'erratus. Ch. DlEBX.
ÉCLOGITE (Eklogite) (Géol.). L'éclogite fait partie
d'un groupe bien particulier de ruches lourdes, basiques,
normalement dépourvues d'éléments de nature fehlspa-
tliiquc et chargées de grenat, qui se présentent toujours
disposées en lits minces ou en amas lenticulaires inlerstra-
lilies au travers des schistes cristallins primitifs dans la
/une des micaschistes a minéraux souvent granulitisés.
Essentiellement constituée par un agrégat cristallin de
pyroxène vert, sodifère (omphazite) et de grenat, cette
ruche se montre souvent assez, riche en disthène pont
mériter la qualification de roche à disthène (de de
Les éléments subordonnés les plus fréquents sont ensuite :
amphibole {hornblende et glaucophane),épidote, mica
blanc, wïsite, rutile, quartx grenu, ilménite. Ensuite
figurent, à l'étal accessoire : apatite, zircon, fer oxydulé.
Les produits secondaires (épidote et chlortU > sont ceux
qui dérivent habituellement de l'altération des silicates
terromagnésiens.
Tous les minéraux subordonnés se tiennent, dans la
— 889 —
ÉCLOGITE — ÉCLUSE
roche, en proportion variable, et donnent naissance, suivant
la prédominance marquée de l'un on l'autre, à de nom-
breuses variétés accumulées parfois dans un môme gisement
ou localisées dans certains d'entre eux. Les èclogites <lu
Fichtelgebirge et il** la Forèt-Noire, par exemple, sont riches
en amphibole et très pauvres an quart! : celles de l'Ile Syra
(Grèce) et du Val Rubbiano (Piémont) abondent en glauco-
phane (variété bleue d'amphibole); il en est de même de
celles de l'Ile île Groix en Bretagne qui sont presque dépour-
vues de pyroxène. Dans la Sibérie orientale, sur la côte K.
du lac Baïkal, la baïkalite (vanetc vei t s lue de diopside)
remplace fomphracite dans des èclogites schisteuses dis-
en lits minces alternant avecdesgneissamphiboUqueSi
Mais le plus souvent massives et à grains cristallins bien
distincts non orientes, ces roches mit une texture granitoïde
centuée; si bien que certaines èclogites de Norvège
ont été considérées comme éruptives par les auteurs qui les
ont décrites (TeclefDabl et von Mohl, Jernforekomsten
Sordul Tiltàeg II xu Ir<i<'>is V. Hjordahl om de
geologiske Forhold).
Nombreuses sont ensuite les modifications souvent pro-
fondes que pâment introduire les actions secondaires dans
la structure et la composition minéralogique de ces roches,
postérieurement à leur formation : indépendamment de la
transformation habituelle, du rutile et de l'ilménite en
sphène, du grenat en épidote, il faut noter maintenant,
d'après les observations récentes de M. Lacroix sur les
èclogites de la Loire-Inférieure, un dédoublement remar-
quable du pyroxène en amphibole aciculaire et en feldspath
triclinique (albite-oligoclase), c.-à-d. d'une transformation
qui dilfère de l'oitr/ilitisation habituelle en ce que l'am-
phibole secondaire, en prenant des formes feutrées ou ver-
iniculees, s'accompagne d'un développement de feldspath
lique, circonstance motivée par la composition du
pyroxène des èclogites qui contient avec 14,25 d'alumine
jusqu'à (i,21 °/0 de soude.
Le Saualpeen Styrie, d'où vient le type décrit par llauy.
la Haute-Franconie, le Firhtelgebirge, la Carintbie, la
lanière, la Saxe, le Piémont, en France la Loire-Inférieure
et la Vendée ou des èclogites très variées de composition se
disposent de part et d'autre de la Loire près de son embou-
chure suivant deux bandes très étendues : telles sont,
indépendamment des localités précédemment signalées, les
principales régions où ces roches, fort intéressantes et re-
lativement rares, ont été signalées et décrites. Ch. Vélain.
Bibi.. : Von Hochstettkr, Gcogn. Sludien aus dem
Bnhmerwald, dans Jurhb. D. K . K. geol. Ileichsanstall,
VI, p. 776. — K. von Deaschb, Miner. Mittneil.
V. Tschermak, 1871, t. II, p. 85. — O. Lubdecke, Der
Glaucophan u.d. glauc. fûhrende Gesteine der Insel Syra,
lits. d. deuts. geol. Ges., 1876, t. XXVIII, p. 248. —
DrE. 15. Riess, Unters. ûberdie Zusammenselzung d. Eklo-
nïls. Min. Mittheil. o. Tschermak, 1878, t. I. p. 165. —
H. Dathe. Olivinfels. Serpentine u. Eklogile des StUXhs,
Granulitgehirges, Xeues Jarhb., lUTci, pp. 238, 345. — Ch.
Barrois, les Schistes métamorphiques de Me de Groix,
d:ins .\nn. de la Soc. géol. du Nord, 1*S3, t. XI, p. 18. —
Ch. Vélain, Notes géologiques sur la Sibérie orientale,
dans Bull, de la Soc. géologique de France, 1885, 'i"" série,
t. XIV, p. 132. — A. Lacroix, Eclogites de la Loire Infé-
rieure, dans Bull, de la Soc. des scienres de l'Ouest, 1 >• '. > 1
1'» année. — Koseniiuscii, Mik. Physiog. d. Gesteine;
i ut, i^t:;. p. 342.
ÉCLOSE. Com. du dép. de l'Isère, arr. de Vienne,
cant. de Saint-Jean-de-Bournav ; 668 hab.
ÉCLUSE iHydraul.i. La dénomination d'écluse s'ap-
plique aux barrages qui constituent les retenues d'usines
sur les rivières. Ces barrages sont généralement mo-
biles, et leur ouverture donne lieu a un exhaussement du
niveau du bief d'aval a la faveur duquel les bateaux, trains
de bois, etc., trouvent . dan- ce bief, une profondeur
momentanément suffisante pour flotter et se déplacer. Le
flot ainsi produit s'abaisse bientôt et les bateau ne trouvent
plus qu'un mouillage trop faible jusqu'à ce que. l'écluse
ayant été fermée et le bief d'amont rempli, on pui-se l'ouvrir
de nouveau et lâcher une nouvelle èchuée. La navigation
par éclusèes. fort imparfaite et présentant à la remonte les
plus grandes difficultés, a été cependant la seule pratiqué!
I lant longtemps sur les rivières, sur la haute Seine et
sur l'Yonne, par exemple; et elle l'est encore sur bien des
cours d'eau ou l'on ne peut obtenir un mouillage suffisant
en toute saison. Indépendamment des lenteurs et des retards
auxquels donnait heu ce mode de transport (de iKti.'i a 1870,
sur l'Yonne, le nombre des éclusèes a été en moyenne de
quatre- vingt-cinq par an), le passage du pertuis présentait sou-
vent des dangers pour les bateaux. A la descente, le bateau
était entraîne par le Ilot, et courait le risque, par suite de la
moindre fausse manœuvre, de se briser sur les bords ou sur
le fond; a la remonte, il devait franchir un courant tirs
rapide, ce qui exigeait l'emploi d'efforts de traction con-
sidérables. Aussi a-t-on cherché d'abord à améliorer les
conditions du passage. Le problème a été résolu, depuis
longtemps, de la manière la plus simple, par l'emploi d'une
double écluse limitant un bassin intermédiaire, et consti-
tuant, avec lui, ce qu'on appelle une écluse à sus, ou plus
ordinairement, uni' écluse. L'écluse à sas, dont l'invention
est attribuée à Léonard de Vinci qui, tout au moins, les a
importées en France vers 1480, se compose donc de deux
écluses simples ou pertuis, séparés par un intervalle qui est
le sas. Chacune des deux écluses est fermée par des portes,
généralement doubles, busquées, c.-à-d. battant l'une sur
l'autre. Lorsque le sas est destiné à recevoir un seul bateau,
il est limité par des murs latéraux en prolongement de ceux
des pertuis et qu'on appelle bajoyers. Quelquefois, les écluses
d'amont et d'aval sont placées d'une manière indépendante
l'une de l'autre et le sas prend une forme quelconque dans
l'intervalle. Le niveau de l'eau dans le sas étant amené suc-
cessivement a coïncider avec celui delà retenue d'amont ou
celui d'aval, les portes, d'un côté ou de l'autre, peuvent
s'ouvrir sans difficulté et les bateaux entrer dans le sas ou
en sortir sans avoir à franchir aucune différence de niveau.
La largeur des écluses dépend évidemment de la dimen-
sion des bateaux qui doivent y passer; elle était variable
sur les principales lignes de navigation intérieure, et voici
quelles sont encore les largeurs des écluses sur quelques
lignes : canal du Berry, 2m70; canal de l'Ourcq, 3m20 •
canaux d'Ile-et-Bance, de Nantes à Brest, 4m70 ; canaux de
Bourgogne, de Briare, du Centre, latéral à la Loire, de la
Marne au Rhin, du Nivernais, d'Orléans, du Khône au
Rhin, de Saint-Quentin et partie du canal de l'Est, &m2Û ;
canaux du Midi et latéral à la Garonne, rivière de Dor-
dogne, partie du canal de l'Est, (i m. ; Somme-et-Charente,
(im50 ; Marne, 7m80 ; Haute-Saone-et-Oise, 8 m. ; Yonne,
I0m50; Seine, 12 m.; Basse-Saone, l(i ni. Cette variété
de largeur constituait, pour la batellerie, une gène réelle
dès qu'un bateau devait quitter la ligne sur laquelle il avait,
l'habitude de naviguer; aussi la loi du ,;> août 187!) a-t-elle
lixe uniformément à 5m20 la largeur des écluses des canaux
à construire et décidé que celles des canaux existants
seraient successivement ramenées à ce type. Le nombre
total des écluses à sas existant sur les voies navigables
du réseau français est de 2,497 savoir : sur les rivières
canalisées, d'une longueur totale de ;!,.'ii)8 kil., 609 écluses ;
sur les canaux latéraux, d'une longueur totale de 2,08.'i kil.,
•471 écluses; sur les canaux à point de partage, d'une
longueur totale de 2,734 kil., 1,417 écluses; soit, pour
tout le réseau, non compris les rivières naturellement na-
vigables, 8,417 kil. et 2,497 écluses.
La longueur utile des écluses des canaux a été fixée, par
la même loi du .'i août 1879, à 38m50, et cela suppose que
le sas ne contiendra qu'un seul bateau. C'est ce qui arrive
le plus souvent sur les canaux où d'ailleurs les nécessités
de l'alimentation exigent que l'on réduise le plus possible
la dimension des écluses. Mais, lorsque l'on doit desservir
un trafic considérable et que l'alimentation est largement
assurée, on peut avoir avantage à donner aux sas une
dimension suffisante pour le passage simultané de deux
bateaux ou même, davantage, la disposition la plus natu-
relle consiste a donner aux sas une longueur égale a deux
fois, trois fois, etc., celle d'un bateau; et, au moyen de
ÉCLUSE
— iiio —
portai intermédiaires, elle permet môme de réduire le sas a
lu dimension Btrictemenl nécessaire pour le nombre de
bateaux qui se présontenl ;i b Fois. Mail elle est en même
temps très coûteuse a cause de la grande longueur des
bajoyers qu'elle exige. < In préfère, en général, augmenter la
dimension des sas dans le sons de la largeur, ce qui n'allonge
pas les bajoyers el permet . sans augmentation sensible de
dépense, d'accroître a peu près autanl qu'on le veut la
capacité des sas. Hais alors il n'esl plus possible non pi u^
d'en fractionner l'étendue au nombre de bateaux à faire
passor ù la fois; il faut, a chaque éclusée, le remplir et le
vider entièrement. Une disposition fréquemment adoptée
USe ' Sas double.
consiste, dans les sas pour deux bateaux, à placer les per-
mis d'amont et d'aval sur doux alignements différents,
comme l'indique le croquis ci-dessus. Le bateau entre le pre-
mier dans le sas conserve son rang et sort le premier; et,
en même temps l'entrée et la sortie du sas se trouvent placées
latéralement à l'axe du canal, ce qui permet le stationne-
ment des bateaux tout prés de l'écluse, soit à l'amont, soit à
l'aval, sans gêner la marche de ceux qui la franchissent.
La chute des écluses est encore plus variable que leurs
autres dimensions; elle est déterminée par la différence de
niveau qui existe entre les deux biefs à raccorder. Lorsque
cette différence ne dépasse pas 3 ou 4 m., on la rachète
par une seule chute ; on la divise au contraire en plu-
sieurs lorsqu'elle est plus grande. La chute peut varier
ainsi depuis quelques centimètres jusqu'à plus de 4 m.;
les nouvelles écluses du canal du Centre ont 5m20 de
chute. Mais on n'est limité que par la résistance des
maçonneries qui permet d'aller beaucoup plus loin; il
n'est pas rare, dans les écluses à la mer, d'avoir des chutes
de S à 10 m., et l'on a proposé soit pour le canal des Deux-
Mers, soit pour le canal de Panama, des écluses de -10 à
■\L2 m. de chute; on vient d'inaugurer, sur le canal Saint-
Denis, une écluse de 10 m. de chute. Enfin, tout récem-
ment, le projet d'une écluse de 20 m. du chute a été pré-
senté par M. Fontaine, ingénieur en chef des ponts et
chaussées, et inséré dans le journal le Génie civil. Il n'y
a, théoriquement, aucune difficulté à adopter ces fortes
chutes; seulement l'établissement des maçonneries présente
alors des sujétions nombreuses, et l'on n'est pas certain
qu'il ne s'y manifestera pas des mouvements inquiétants
pour la sécurité. L'une des difficultés de l'adoption des
écluses à grande chute réside dans la durée qu'elle com-
porte pour le remplissage et la vidange des sas. Il serait
probablement dangereux, tant pour la sécurité des bateaux
qui se trouvent dans le sas que pour la conservation des
talus du canal en aval, de dépasser, pour la vitesse d'as-
cension ou de descente, un chiffre supérieur à 0ra04 par
seconde dans les sas de faible étendue horizontale et à
0m0"2 dans les grands. Dans ces conditions, le remplissage
d'un grand sas de \"2 m. de chute n'exigerait pas moins
de dix minutes, et celle durée, à laquelle il faut ajouter
le temps nécessaire à l'ouverture et à la fermeture des
portes, à l'entrée et à la sortie des bateaux, a pour consé-
quence de réduire, dans une forte proportion, le nombre
de bateaux que l'on peut faire passer par jour, ou la capa-
cité de trafic de l'écluse. Il y a avantage, à ce point de vue,
à ne pas exagérer la bailleur de chute el à augmenter le
nombre des écluses d'une même échelle.
Un autre avantage, bien plus appréciable, du fraction-
nement delà chute est la réduction de la quantité d'eau
dépensée pour les èclusées, qui, toutes choses égales, est
proportionnelle à la hauteur de chute. Diverses dispositions
ont été proposées et essayées en vue de diminuer cette
consommation d'eau. La plus eonnne consiste I établir, à
côté du sas, un certain nombre de bassins d'épargne, pré-
senlanl chacun une superficie égale h celle du sas. et dont
bs niveaux sont échelonnés de manière s diviser en parties
égales la hauteur totale de la chute, le nombre de divisions
étant a i -i h est celui des bassins. Si l'on -<■ représente
le sas divisé en >/{-■> tranches d'égale hauteur par des
plans horizontaux el si, a coté de chacune des h tranches
intermédiaires (la plus élevée el la plus basse exceptées),
on imagine un bassin situé a la même hauteur '-t avant la
même contenance, pouvant communiquer, a volonté, u
moyen de vannes et d'aqueducs avec la tranche do sas qui
est au-dessus de lui et avec celle qui est au-dessous, il est
facile de se rendre compte que la consommation d'ean,
pour une éclusée complète, pourra être réduite à la fraction
2
n , 2 de ce qu'elle serait sans l'usage de ces bassins
d'épargne. De pareils bassins ont été projetés aux écluses
du canal des Deux-Mers et à l'écluse dé 20 m. de chute
dont il a été parlé plus haut. Leur construction entraîne
une dépense assez grande, et surtout b mana-uvre en est
longue el compliquée. On peut arriver a un résultat à peu
près équivalent au moyen des appareils de M. deCaligny,
dont l'emploi est fonde sur l'utilisation de l'inertie de rean
en mouvement. Voici quel en est le principe. Le remplis-
sais et la vidange des sas s'opèrent par l'intermédiaire
d'aqueducs complètement noyés, d'une section transversale
assez grande, et présentant une longueur à peu près égale
à celle du sas. Si, pour le remplissage, par exemple, on a
ouvert d'abord, pendant un temps assez court, la vanne de
communication, toute la masse d'eau conlenuedans l'aqueduc
acquiert rapidement une grande vitesse, et si, alors, on
ferme la vanne, cette vitesse acquise aura pour effet d'as-
pirer, dans le bief d'aval, un certain volume d'eau qui sera
relevé dans le sas. Le remplissage s'effectue ainsi en partie
avec de l'eau prise au bief d'aval , et de même, dans la
vidange, une partie de l'eau du sas est remontée dans le
bief d'amont. Cet appareil, en fonctionnement à l'écluse de
l'Aubois, sur le canal latéral à la Loire, y économise envi-
ron 0,X0 de l'eau qui serait consommée par les èclusées
ordinaires; il produit donc, à ce point de vue, le même effet
utile que huit bassins d'épargne échelonnés sur la hauteur
de la chute. La manœuvre en est beaucoup plus rapide et
les frais d'établissement beaucoup moindres. Malgré cela,
l'appareil de M. de C.aligny n'a pas reçu, jusqu'à présent,
d'autre application ; mais il pourrait certainement rendre
de grands services et faciliterait grandement l'alimentation
des canaux en diminuant leur consommation d'eau.
Les portes qui ferment les écluses à leurs deux extré-
mités sont, en général, busquées ou formées de deux van-
taux présentant chacun une largeur plus grande que la
moitié de celle du pertuis et qui. venant s'are-bouter l'un
sur l'autre, offrent à la pression d'eau une résistance plus
grande que s'ils étaient d'une seule pièce. L'usage des portes
busquées est resté, os peut le dire, à peu près général,
quelle que soit la chute des écluses et la résistance des
matériaux employés pour construire ces portes. Autant cette
disposition peut être justifiée pour les pertuis d'une grande
largeur, autant elle est peu recommandable pour ceux qui
peuvent être fermés facilement par des portes à un seul
vantail. Les portes busquées exigent en effet, dans leur ins-
tallation, une précision qui fait souvent défaut et dont
l'absence est cause île leur rapide détérioration. Si les deux
vantaux qui doivent venir buter el s'appuyer l'un sur
l'autre ne présentent pas exactement les dimensions pré-
cises qu'ils doivent avoir, il en résulte des efforts anor-
maux qui ne taillent pas à en disloquer les assemblages.
Un vantail unique, au contraire, s'applique toujours exac-
tement sur les feuillures qui doivent le recevoir : une erreur
de quelques cenlinièti es en plus ou en moins, dans sa lar-
geur, ne fait que modifier l'étendue ou l'emplacement de
ses surfaces d'appui, mais ne l'empêche pas d être supporte
très régulièrement sur tout son pourtour.
— 361 —
ÉCLUSE — ECU SIER
Pour opérer le remplissage et la vidange des sas, on se
sert soovenl de vont. -Iles démasquanl des ouvertures prati-
quées à la partie inférieure des portes. Ce système n'est
applicable aussi qu'aux vantaux de petites dimensions; il
affaiblit trop ceux qui ont une grande largeur. On doit alors
pratiquer dans les bajoyers de I écluse des aqueducs qui per-
mettent d'établir à volonté la communication entre l'inté-
rieur du sas et l'un des deux biefs qu'il réunit. Les vannes
fermant et ouvrant cette communication peuvent être de
tonne diverse; mais la plus commode est certainement la
\anne cylindrique, déjà employée par M. de Caligny dans
son appareil, usitée sur un certain nombre de canaux, prin-
cipalement en Angleterre et récemment perfectionnée en
France par M. Mmaillon. ingénieur du canal du Centre. Les
aqueducs de communication, pour le remplissage et la
vidange, présentent encore sur le système de ventelles placées
dans les portes, un autre avantage sérieux : ils permettent
de répartir l'arrivée de l'eau en plusieurs points de la lon-
gueur du sas et d'éviter la formation des ondes d'oscillation
qui ne manquent pas de se produire lorsque toute l'eau
arrive à la t'ois par une extrémité et qui ont l'inconvénient
de projeter alternativement sur les portes d'amont et d'aval
les bateaux places dans le sas, à moins que ceux-ci ne
soient amarrés très solidement. On facilite grandement
l'entrée des bateaux dans les sa* d'eclnse et leur sortie en
prenant la précaution d'établir le radier à une profondeur
telle qu'il reste, sous le fond des bateaux, une tranche
d'eau de 0™60 à 0m80au moins. Cette disposition n'aug-
mente pas la consommation d'eau et elle n'accroît pas
beaucoup la dépense de premier établissement de l'ouvrage.
Les écluses à la mer ne différent des écluses de naviga-
tion intérieure que par leurs dimensions qui exigent l'emploi
de moyens mécaniques (généralement l'eau sous pression)
pour la manœuvre de leurs vannes et de leurs portes.
LVcluse d'un bassin à (lot peut être simple : elle s'ouvre
alors, à chaque marée, au moment où le niveau variable
de l'avant-port atteint celui du bassin. Quelquefois on éta-
blit une double paire de portes, ce qui constitue, entre le
bassin à flot et l'avant-port, un véritable sas auquel on donne
le nom de bassin de mi-marée. Cette disposition permet aux
navires d'entrer dans le bassin à flot ou d'en sortir pen-
dant un temps beaucoup plus long. Lorsque l'entrée du
bassin à flot est exposée directement à l'action des lames,
on en protège quelquefois les portes par un autre système
de portes, busquées en sens contraire, et qu'on appelle
Sortes ilf flot. Ces portes permettent aussi de vider le
assin et de le transformer au besoin en bassin de radoub.
On appelle écluss d? chasse un pertuis par lequel on
laisse s'écouler brusquement l'eau contenue dans des réser-
voirs ou bassins de chasse et que la marée a remplis. La
porte de l'écluse de chasse, qui est généralement tournante
autour d'un axe vertical, s'ouvre rapidement au moment de
la basse mer et l'eau se précipite dans l'avant-port avec une
vitesse sulfisante pour entrainer les sables ou les vases qui
ont pu s'y déposer. A. Flamant.
Biiil. : P. Guii.i.f.main, Navigation maritime, rioières
et canaux; Paris, 1886, 2 vol.
ÉCLUSE (Fort de V). Fort du dép. de l'Ain, arr. de
eant. et corn, de CoUonges, sur les pentes du grand
Crèt-d'Eau, au-dessus du Rhône, qui est ici profondément
encaissé entre le Crèt-d'Eau et le mont Vuache. Le fort
de l'Ecluse barre ce défilé et est une des plus fortes posi-
tions fortifiées de notre frontière. L'importance stratégique
de ce défilé avait déjà été reconnue par Joies César. A partir
du xi' siècle, il appartint à la maison de Savoie, qui le
fortifia. Leur fort fut plusieurs fois pris par les Suisses,
les Lternois et les Genevois. Il fut acquis par la France
en 1604. Le fort reconstruit par Vauban, adossé à une
muraille montagneuse presque verticale, entouré de deux
ravins, dominant le Rhône de 40 m., occupe tout l'espace
entra le Rhône et la montagne, a ce point que la route le
traverse, ne pouvant passer ailleurs. Il fut pris par les
Autrichiens en févr. \H\ i. L'année suivante, ils le réoccu-
pèrent et en tirent sauter la plus grande partie. H a été
relevé en IN-_> '< et complété depuis. Il est en grande par-
lie creusé dans le liane même du grand Crèt-d'Eau.
ÉCLUSE (I.'). Coin, du dép. 'du Nord, arr. de Douai,
ran!. d'ÀrloUX, sur la Sensée; 1,629 liali. Fabriques de
sucre et de savon. Ancienne moiie féodale qui supportait
un château construit au xi1' siècle, démoli en 1654 et dont
les matériaux servirent à la construction de la citadelle
d'Arras. Vestiges île fortifications. Moulins.
ÉCLUSE (I.'). Coin, du dép. des Pyrénées-Orientales,
arr. et eant. de Céret ; 107 liai). — L'Ecluse, qui serait
mieux dénommée Les Cluses, est formée de (rois hameaux
égrenés dans la vallée qui conduit aux passages de Perlhus
ei i!e Panissars; c'est un point stratégique important, par
où devait passer une voie romaine secondaire. Le château,
aujourd'hui ruiné, joua un rôle, au vnc siècle, au moment
de la révolte du duc Paul contre Wamba. L'église, dont
le chevet plat est sur l'alignement des remparts, est à
trois nefs terminées chacune intérieurement par une
abside. Le cul-de-four de l'abside centrale est orné de
peintures anciennes.
BlBL. : Alart, Notices historiques sur les communes
du Roussillon, pp. 53-101.
ÉCLUSE (l/), en hollandais SLUIS. Ville hollandaise
fortifiée de la prov. de Zélande, au fond d'une anse qui
s'ouvre sur la mer du Nord; 2,631 hab. Son port est
en communication avec lïruges par un canal. Beffroi du
xve siècle. Le 24 janv. 1IÎ40, la flotte français)', composée de
vaisseaux castillans et génois, fut complètement détruite en
vue de l'Ecluse par la flotte anglaise commandée par
Edouard III ; ce fut la première grande bataille de la
guerre de Cent ans. La ville de l'Ecluse fut prise deux
fois par les Français, en 1647, puis le 26 août 1794.
ÉCLUSE (Ch. de L') (V. Lécluse).
ÉCLUSIER (Ponts et chaussées). Les éclusiers sont dos
agents préposés spécialement à la manœuvre, à la garde,
à la conservation et à l'entretien des écluses. Ils constatent
les délits de pèche et les contraventions de grande voirie.
Accessoirement, ils peuvent être chargés de la tenue des
registres de statistique de la navigation, d'observations
hydrométriques et pluviométriques, d'un service télégra-
phique, etc. — Autrefois les éclusiers étaient nommés par
le préfet ; le décret du 11 août 1888 en a réservé la nomi-
nation au ministre des travaux publics. Ils sont choisis
de préférence parmi les anciens militaires et les ouvriers
d'art. Nul ne peut être nommé s'il n'est français, âgé de
vingt et un ans au moins et de trente-cinq ans au plus ;
les candidats qui justifient de dix années de services civils
ou militaires les rendant admissibles pour la retraite
peuvent être nommés jusqu'à l'âge de quarante-cinq ans.
Les propositions de nomination doivent être accompagnées :
•1° d'un acte de naissance ; 2° d'un certificat de médecin
constatant que le postulant n'est atteint d'aucune infirmité
apparente ou cachée qui s'oppose à un service actif et jour-
nalier; 3° d'un extrait du casier judiciaire ; 4° d'un cer-
tificat d'un ingénieur constatant que le candidat peut rédiger
convenablement un procès-verbal.
Les rivières et canaux sont divisés, en ce qui concerne les
agents inférieurs, en trois catégories. Le traitement annuel
des éclusiers est fixé ainsi qu'il suit : Première catégorie :
première classe, 600 fr. ; deuxième (lasse, 550 fr. ; troi-
sième classe, 500 fr. Deuxième catégorie : première classe,
550 fr. ; deuxième classe. 500 fr. ; troisième classe, 450 fr.
Troisième catégorie : première classe, 500 fr. ; deuxième
classe, 450 fr. ; troisième classe, 400 fr. Moyennant ces
traitements, ils doivent faire, indépendamment de la ma-
nœuvre de l'ouvrage auquel ils sont spécialement attachés,
celle des autres ouvrages situés à proximité dont le service
leur aura été confié. Néanmoins, lorsqu'ils sont chargés de
la manœuvre d'un autre ouvrage qui, a raison de sa position
et de son importance, aurait pu motiver l'emploi d'un agent
Spécial, il peut b'iirètre accordé un supplément de traitement
qui, en aucun cas, ne dépasse 100 fr. Lorsque plusieurs
H I i SIEB - ÉCOLE
- 862 -
agents sont attachés an service d'un menu ouvra a, l'un
il'ru\ porte la titre de ebef. Il reçoit alors dd supplémenl
de traitement qui est fisé :i Hio fr. al qui peut, dans '■< • i-
taioB cas exceptionnels, être porté jusqu'à 200 IV. Les
éclusiers Boni d'ordinaire logés dans un bâtiment à proximité
de l'écluse; ceux auxquels il n'est pu fourni de logement
reçoivent une indemnité annuelle de l no a 150 IV. Dans les
localités ou la vie est plus particulièrement chère, il peut
leur être accordé une indemnité de résidence. Les éclusiers
touchentpourdéplacementsetécluséesde nui) îles indemnités
dont le maximum annuel est fixé à 200 fr. (250 fr. pour
les chefs éclusiers). Ceux qui sont chargés de services acces-
soires: statistique, télégraphie, etc., reçoivent de ce chef
des rétributions spéciales; enfin il leur est alloué, le cas
échéant, pour travaux exécutés en dehors de leur service
obligatoire, des indemnités représentant la différence entre
leur traitement et le salaire de l'ouvrier qu'ils ont remplacé
(cire. trav. publ. 16 mai 1867). — Au point de vue mili-
taire, les éclusiers sont classés (après trois mois de service)
dans la non-disponibilité. L. Schmit.
Bibl. : Recueil de lois, ordonnances, etc., concernant
les services dépendant du ministère des travaux publics.
— G. Lechalas .Manuel de droit administratif ; Paris,
1889.
ÉCLUSIER-VAUX. Corn, du dép. de la Somme, arr.de
Pèronne, cant. de l!ray-sur-Somme ; 191 hab.
ÉCLUZELLES. Coin, du dép. d'Eure-et-Loir, arr. et
cant. de Dreux; 114 hab.
ÉCLY. Com. du dép. des Ardennes, arr. de Relhel,
cant. de Château-Porcien ; 504 hab.
ÉCLYSE (Mus. anc). Altération du genre enharmo-
nique, qui avait lieu lorsqu'une des cordes était acciden-
tellement baissée de trois quarts de ton au-dessous de son
accord ordinaire.
ECNOME (Mont). Montagne de Sicile (aujourd'hui Monte
di Lirata), sur la rive droite de l'Himera méridionale,
près de la mer. Le tyran Phalaris y avait construit une
forteresse. C'est en vue de ce rivage que se livra dans
la première guerre punique entre Romains et Carthagi-
nois une des plus grandes batailles navales dont l'his-
toire fasse mention (230). La flotte romaine comptait
330 vaisseaux montés par 100,000 hommes et comman-
dés par les deux consuls Manlius Vulso et Atilius Regulus.
La flotte carthaginoise comptait 350 vaisseaux sous les
ordres d'Hamilcar et d'Hannon. Les Romains venant de
l'est rencontrèrent leurs adversaires venant de l'ouest
(Lilybée). Ils formèrent leur flotte en triangle, de ma-
nière à abriter les vaisseaux de transport. Les amiraux
carthaginois tentèrent de les envelopper. Amilcar, par une
manœuvre habile et une fuite simulée, faillit rompre l'or-
donnance des Romains et les attirer vers la haute mer,
tandis qu'Hannon les attaquait par derrière. Mais quand
on en vint au combat corps à corps et à l'abordage, la
supériorité des soldats romains leur assura l'avantage. Ils
ne perdirent que 24 vaisseaux coulés à fond ; les Cartha-
ginois en perdirent 30 coulés à fond et G4 pris. Cette
grande victoire navale ouvrit aux Romains la route de
l'Afrique (V. Regulus).
ÉCOBUAGE (Agrio.). L'écobuage consiste à découper,
avec un instrument spécial nommé écobuc, la couche su-
perficielle d'une terre enherbée, à laisser sécher les plaques
ainsi obtenues puis à les réunir en formant de petits four-
neaux auxquels on met le feu. Sous l'action de cette com-
bustion, les matières organiques sont minéralisées, et, do
plus, l'argile de la terre se transforme en brique pulvéru-
lente ayant les mêmes propriétés que le sable siliceux. Sous
l'action de cet amendement, le sol devient friable, moins
tenace, moins humide et moins froid. Toutefois, il ne faudra
jamais écobuer les terres riches en sable siliceux, car l'ac-
tion du feu, en vitrifiant la silice, recouvrirait la terre d'une
croule dure et imperméable à l'air et à l'eau, qui aurait
pour effet de stériliser le champ pour une longue série
d'années. On n'appliquera donc l'écobuage qu'aux terres
franchement tourbeuses ou , Il va sain due que,
lorsque la Combustion est achevée , il est essentiel de
répandre les cendres aussi uniformément que possible a la
surface du 'hamp. Après quoi on donne un labour pour
bien incorporer [es cendres a la l taie et on :
mine par un ou plusieurs I eposer la
terre ainsi écobuée pendant plusieurs semaines et, vi
h- mois de septembre, on p'-ut l'ensemencer ei
plant'- qui réussit généralement très bien après cette ope-
ration. .Mais il rie faut pas, oublier que l'écobuage avant
minéralisé le, matières organiques du sol, il faudra donner
de fortes fumures les années suivantes, (.'est surtout eu
Angleterre et dans le Uauphine que l'écobuage est en faveur.
l*ii résumé, son action est complexe et elle comprend :
1° l'enrichissement du sol en matière» minérale-,, surtout
en sels potassiques, aux dépens des substances organup.
2° les terres très fortes et trop tenaces sont rendues plus
légères et plus friables; 3° les mauvaises herbes, les larves
et insectes nuisibles se trouvent détruits par l'action
du feu. A. Laubalétrier.
ÉCOCHE. Com. du dép. de la Loire, arr. de Roanne,
cant. de Belmont; 1,599 hab.
ÉC0INÇ0N (Archit.). Ce mot désigne, dans l'intérieur
d'un bâtiment, la partie du mur de face, depuis l'embra-
sure d'une croisée jusqu'au retour de l'angle d'un mur de
refend, tandis que le mot trumeau désigne la partie qui,
dans un mur de face, se trouve placée, soit intérieurement,
soit extérieurement, entre les baies des portes et des
croisées d'un bâtiment. — En menuiserie, on appelle
ecoinçon un morceau de bois rapporté pour compléter une
pièce n'ayant pas la largeur voulue, par exemple les mar-
ches dansantes d'un escalier tournant. — En décoration,
on donne ce nom d'écoinçon à de petites parties de mou-
lures ou d'ornementation formant angle et raccordant ainsi
les parties de moulures ou d'ornementation courant sur la
surface d'un plafond, d'une porte, d'un lambris, d'un
cadre, etc. Charles Lucas.
ECOIVRES. Com. du dép.du Pas-de-Calais, arr. et cant.
de Saint-Pol-sur-Ternoise; 133 hab.
ÉCOLAGE (Y. Gratuité scolaire).
ÉCOLÂTRE (Escoldtre, SchoUuter). Nom de l'ecclé-
siastique, un chanoine habituellement, qui, dans chaque
église cathédrale, au moyen Age, avait pour fonction d'en-
seigner les « lettres ordinaires », comme le tlu-ologal, la
théologie. Une prébende étant affectée à son salaire, l'en-
seignement était gratuit pour les clercs et les pauvres
écoliers destinés au service de l'Eglise, Ainsi l'avait exigé
le concile de Latran (1170)-
ÉCOLE. 1. GÉNÉRALITÉS. — Il semble paradoxal, au
premier abord, que le mot qui désigne le lieu consacré a
l'étude vienne du grec a/o/.TJ, loisir. Cela s'explique par ce
fait que l'étude suppose du loisir et que le travail intellectuel
dut paraître d'abord comme un jeu, par rapport aux rudes
occupations de la vie. De là vient sans doute aussi qu'an
autre nom de l'école, en latin, est Indus, le même mot
qui signifie jeu. De vrai, quand le niaitre est ce qu'il doit
être, habile, égal, de bonne humeur, quand la discipline
est intelligente et douce avec fermeté, quand la part est
faite large, connue elle doit l'être, a la vie physique et au
jeu et que les méthodes d'enseignement, actives et vivi-
fiantes, bannissent la torpeur et l'ennui, nous voyons en-
core aujourd'hui l'école très aimée des enfants. C'est un
plaisir pour beaucoup d'j aller, non seulement à cause des
camarades et des jeux, mais pour le maître même et les
exercices de la classe; les bons élevés supportent avec
peine d'en être prives pour un temps, par exemple en ca^ de
maladie: il n'esl pas jusqu'à l'internat, parfois pourtant si
peu hospitalier, que ne retrouvant souvent avec plaisir, à la
rentrée, ceux-là mêmes qui ont le plus souhaite les vacances.
C'esl que l'école est, à sa manière, un milieu naturel
pour l'enfant, favorable à son développement, d'auta
mais presque autant que la famille même. l'Ile repond à
son besoin de société et de camaraderie : il y apprend
- 86a -
ÉCOLE
l'ordre, l'égalité, la solidarité; il s'y tierce aux luttes de
la vie, el sd J déploie moins librement peut-être que dans
la famille sa personnalité, il apprend a compter avec celle
des autres. Même peur l'éducation proprement dite, par
conséquent, c-a-d. pour la formation du caractère el la
préparation à la vie. l'eeole est le complément nécessaire
de la famille : pour les études et la culture intellectuelle,
elle est unique. On peut encore, en effet, dans île certaines
conditions sociales, imaginer une éducation toute domes-
tique qui suffise, qui du moins rachète ses inconvénients
par ses avantages propres, au point de faire un homme
tort bien élevé pour la rie à laquelle on le destine, mieux
élevé même à tout prendre, surtout au sens mondain du
mot, que ceux qui ne l'ont été qu'a l'eeole ; niais, à de rares
■['lions prés, si rares qu'a peine faut— il en parler, on
ne lait que dans les écoles des études complètes, suivies et
fortes : cela est si vrai que le meilleur précepteur est le
premier a demander l'assistance et le contrôle des maîtres
d'un établissement régulier. Non que les études ne puissent
être poussées aussi vite, plus vite même dans la famille;
mais, en fait de développement intellectuel, la sûreté vaut
mieux que la précocité; et, si la famille peut sans doute, en
certains cas. remporter même à cet égard sur une mauvaise
école, la bonne école l'emportera toujours sur la famille
la plus favorisée. L'émulation y est plus vive, le train plus
égal, les occupations y sont plus méthodiquement et plus
exactement réglées. Pourquoi faut-il qu'une sorte de fata-
lité voue les écoles trop souvent au mécanisme, c.-à-d. à
la routine, au formalisme aride, à l'abus de l'abstraction,
au culte du savoir mnémonique et verbal, tous vices (sans
parler d'autres encore) dont il faut sans relâche travailler
à les défendre et à les corriger? In bon correctif est dans
le régime de Y externat (Y. ce mot) qui laisse l'élève en
commerce avec les realités de la vie, dans son milieu
naturel, tout en le pliant à une discipline générale et le
faisant bénéficier de toute la culture traditionnelle.
Comme on le verra par la longue série d'articles que
nous donnons à la suite de celui-ci, l'école est aujourd'hui,
dans la grande majorité des cas, un établissement publie,
c.-a-d. institué par la communauté civile: cela est vrai et
des grandes écoles spéciales qui ont comme une existence
individuelle (laide polytechnique, Ecole navale, etc.) et des
grands types généraux d'écoles donnant les divers degrés
d'enseignement, Eu fait cependant comme endroit, les écoles
peuvent être aussi privées, libres de toute attache officielle,
fondées et tenues par des particuliers à leurs profits et risques,
sous la seule condition d'offrir certaines garanties, de remplir
certaines formalités légales et de se soumettre a l'autorité
gardienne du droit commun (Y. Enseignement lihue).
Chaque degré d'enseignement a ainsi, chez nous, ses écoles
libres, dont plusieurs très prospères et quelques-unes
illustres. Mais les plus puissantes, et en tout cas les plus
nombreuses de ces « école-, libres », se rattachent, en
realité, a un troisième type, le plus ancien peut-être, qu'on
pourrait appeler le type sacerdotal. Il semble, en effet,
que les premières écoles aient été partout l'œuvre des
prétr»s, le besoin de perpétuer les traditions religieuses et
de transmettre les rites ayant rendu nécessaire une prépa-
ration méthodique des clercs destinés à recueillir la doc-
trine et le culte, longtemps avant que le prix de la culture
pour elle-même fût reconnu des particuliers et que, à
plus toile raison, elle s'imposât aux cités comme un objet
d'intérêt public.
11 e=.t difficile et il semblerait arbitraire d'assigner un
ordre fixe dans lequel se seraient succédé partout et tou-
jours l'école d'origine ecclésiastique, L'école privée, l'école
publique. Elles peuvent coexister, comme c'est Le cas presque
partout aujourd'hui, el l'ordre d'évolution n'a peut-être pas
été partout le même, ua peut, toutefois, se figurer assez
bien comment les choses ont du se passer en général, d'après
ce que nous savon- de l'histoire des institutions d'eneeigne-
ment en France depuis le moyen âge. Abstraction faite de
Charlemagne, qui, devançantson temps, parait avoir compris
L'importance publique de l'école, ou peut dire que l'Kgiise
seuli' eut à cet égard de l'initiative. Elle créa des écoles dans
les cathédrales, dans les monastères ou a leur ombre, avant
tout pour assurer son propre recrutement. Ce fut longtemps
le privilège exclusif des èvéques et des chapitres d ouvrir
des écoles, puis, un peu [dus tard, d'en autoriser l'ouver-
ture moyennant redevance, d'en régler el d'en mu veiller la
discipline el l'enseignement quand les particuliers et les
villes commencèrent a y prendre intérêt. Avec les corpora-
tions religieuses se multiplièrent les écoles; avec les .dis-
sensions religieuses, on les vit se diversifier, chaque enlise,
chaque secte ayant passionnément à cœur, non plus seule-
ment de former îles clercs pour son culte, mais de se pré-
parer îles fidèles. Il était notamment dans la logique de la
Réforme de favoriser les écoles, puisqu'elle préconisait la
lecture directe de la Bible. Après que la culture générale
et les lettres profanes elles-niènies eurent profité comme
on sait de cette émulation des Eglises, le progrès même qui
en résulta permit enfin a la société civile de prendre peu a
peu d'elle-même une conscience distincte, et l'esprit laïque,
prenant son essor à la Renaissance, put entrer enjeu. Dès
lors, l'école fut de plus en plus le terrain sur lequel se rencon-
trèrent l'Etat et l'Eglise, l'esprit civil et l'esprit sacerdotal,
soit pour s'entendre et se prêter appui mutuellement quand
ils sont unis, soit, quand ils sont en lutte, pour se disputer
les âmes. Les écoles vraiment privées ont grand 'peine à
subsister entre les deux autres types et ne prospèrent,
en efl'et, sauf dans des conditions exceptionnelles, que plus
ou moins appuyées sur Tune ou l'autre de ces puissances
rivales. A mesure que la nation comme telle s'est affirmée
et que les pouvoirs qui la représentent se sont affranchis
de l'autorité ecclésiastique, l'école publique a pris le pas
sur les autres : l'éducation nationale est apparue de plus
en [dus comme un des suprêmes intérêts de la communauté
civile et politique, indépendamment de tout dogme et de
tout credo. Il n'est pas un Etat civilisé, aujourd'hui, qui
abandonnât aux particuliers ou à une corporation quelconque
indépendante de lui le soin de pourvoir à la culture des
esprits, au risque de n'avoir pas d'école du tout, ou de les
avoir insutlisantes, ou de les voir dans un esprit contraire
au sien. Il n'est pas un Etat qui ne tienne à honneur d'avoir
ses écoles à lui, même s'il en souffre d'autres à côté,
c.-à-d. d'assurer au nom et aux frais de la nation et dans
l'esprit des institutions nationales la diffusion et le progrès
des connaissances, la transmission des disciplines tradition-
nelles. Même dans les pays ou il est le plus d'usage de compter
sur l'initiative individuelle ou corporative et où elle s'exerce
le plus largement dans le sens des aspirations nationales,
comme en Angleterre et aux Etats-Unis, chaque jour s'ac-
centue la tendance, aujourd'hui générale, à regarder la
question des écoles comme une des grandes affaires de
l'Etat, comme une chose qui réclame autant que pas une
autre l'attention des pouvoirs publics, et dont ils ne pour-
raient se desmtéresser sans manquer l\ une partie essen-
tielle de leur mission. IL Marion.
Classification. — Le nombre des diverses écoles aux-
quelles nous consacrons des notices plus ou moins déve-
loppées, l'étendue de l'article d'ensemble sont tels qu'il
en pourrait résulter quelque confusion aux yeux du lecteur
et quelque difficulté pour trouver un renseignement précis,
si nous n'indiquions dès le début la méthode suivie pour
classer ces notices. La division la plus simple, classant
d'une part les types généraux (Ecole primaire), de l'autre
les grandes écoles spéciales ayant une existence indivi-
duelle (Ecole polytechnique), ni' peut s'appliquer complète-
ment, certains types n'étant représentés que par deux ou
trois ou même par une seule école ou bien l'ayant été par
plusieurs, puis par une seule (Ecole du service de santé
militaire). D'autre part, l'ordre alphabétique rigoureux
séparerait des institutions régies d'après les mêmes prin-
cipes e| répondant à des besoins analogues. Nous avons
donc adopta, comme pour l'art. Académie, l'ordre métho-
dique; pour faciliter les recherches, nous plaçons ici une
IMIII
— 804 —
liste générale de toutes les écoles donl il sera question ci-des-
sous. On remarquera qu'il n'esl traité que des école Iran
caises, les autres se trouvant étudiées plus sommairement
soit dans l'art. Enseignement, soit dans l'article consacré a
chacun des pays ou a chacune des villes où elles se trouvent
établies, Mit enfin des articles spéciaux i\. par exempli
Caoi rs). — Voici la liste des groupes i atre lesquels nous
i lassons les écoles : l " Instruction générale el carrières libé-
rales impliquant surtout des connaissances spéculatives;
2° Beaux-arts; 3° Armée et marine; i" Travaux publics el
industrie; ■">" Commerce; 6° Agriculture. Presque toutes ces
écoles sont des établissements publics entretenus aux frais
île l'Etat, En général, dans chaque groupe, elles rassortissent
au ministère compétent. Les trois premiers groupes visent
surtout l'instruction générale et les services publics, les trois
derniers l'enseignement professionnel. Dans chacune de ces
catégories, sauf la première, nous répart issons autant que
possible les écoles dans l'ordre suivant : écoles d'instruction
supérieure, écoles d'application, écoles élémentaires. — Les
écoles élémentaires préparant à chaque carrière spéciale ont
en etfet pour objet ou de compléter les cadres du personnel
recruté dans les écoles d'instruction supérieure et d'appli-
cation, ou bien de suppléer an passage par celles-ci, mais
nullement d'y préparer, dette règle comporte seulement
quelques exceptions, surtout de? exceptions individuelles.
Mais en ce qui concerne la première catégorie d'écoles,
celles où l'on donne l'enseignement général, tout le monde
passe ou est censé passer par les premiers degrés avant
d'arriver aux plus hauts.
1° Instruction générale. Nous placerons en tète les
notices exclusivement historiques, à partir des écoles du
moyen âge, tout en rappelant que c'est aux art. Enseigne-
ment et Université qu'on trouvera l'ensemble des détails
relatifs aux institutions scolaires d'autrefois.
Ecole palatine carolingienne.
Ecoles abbatiales, abécédaires, canoniales, cathé-
drales, claustrales, collégiales, ecclésiastiques, épis-
copales, monastiques, paroissiales, presbytérales
(V. Enseignement [Historique]).
Ecoles municipales (Petites) ou mercenaires (V. En-
seignement [Historique]).
Ecoles de charité (V. Enseignement [Historique]).
Ecoles buissonnières ou furtives.
Ecole de la Montagne (V. le § Ecoles nationales
d'arts et métiers).
Ecole militaire (V. le ij Ecole spéciale militaire
de Saint-Cyr).
Nous grouperons ensemble les écoles de la période révo-
lutionnaire :
Ecoles secondaires.
Ecoles centrales.
Ecoles de services publics.
Ecoles spéciales.
Ecole de Mars (V. le S Ecole spéciale militaire de
Saint-Cyr).
Nous aborderons ensuite l'étude des écoles actuellement
existantes en France, auxquelles le présent article est
essentiellement consacré. La première catégorie est celle de
l'enseignement primaire, base de toute instruction générale :
Ecoles maternelles.
Ecoles enfantines (V. Ecoles maternelles).
Ecoles gardiennes.
Ecoles primaires,
et leurs différentes variétés, que nous rangeons par ordre
alphabétique :
Ecoles ambulatoires.
Ecoles chrétiennes (V. ci-après l'article spécial con-
sacre aux Ecoles chrétiennes [Frères des]).
Ecoles confessionnelles (V. Laïcité).
Ecoles consistoriales (V. Laïcité).
Ecoles d'apprentis, d'apprentissage, etc. (V. plus
bas les §§ Ecoles d'apprentissage, Ecoles ma-
nuelles, etc.).
Ecoles de demi-jour (V. Dbo-jodb).
i cotes de demi-temps (V. Desbhkmm).
Ecoles de hameau.
Ecoles île manufactures.
Ecoles de perfectionnement (V. Enseignement COMPLE-
MENTAIRE).
feules du dimanche (V. Dimanche).
I eoles libres ou privées (V. Enseignement [le tj li-
berté d'enseigm ment \.
l coles ménagi res.
Ecoles méridiennes.
Ecoles mixtes.
Ecoles modèles protestantes.
Ecoles temporaires.
Viennent ensuite les écoles qui forment la transition
vers les écoles professionnelles et vers les établissements
d'enseignement secondaire et supérieur :
l coles primaires supérieures.
Ecoles moyennes.
Ecoles industrielles.
Ecoles de reforme.
Après celles-ci se placeraient les écoles professionnelles
el spéciales dont il sera parlé plus loin (V. ci-dessous et
Enseignement professionnel); puis les établissements d'en-
seignement secondaire. Un grand nombre de ceux-ci sont
dénommés écoles; conformément à la méthode adoptée pour
les lycées, les plus importants de ces établissements seront
l'objet de notices spéciales placées a leur nom propre (V. par
exemple, Monge [Ecole], Turgot [Ecole], Sophie GÊb-
main [Ecole], etc. — Ecoles secondaires ecclésiastiques.
V. Séminaires [Petits] et Enseignement [le S Liberté d'en-
seignement]).
Vient ensuite la série des écoles normales, établissements
pédagogiques où se recrute l'élite du personnel enseignant :
Ecoles normales d'instituteurs et d'institutrices.
Ecoles stagiaires.
Ecoles magistrales (V. Ecoles normales, le S Italie).
Ecoles normales supérieures d'enseignement primaire
(Saint-Cloud et l'ontenay-aux-Roses).
Ecole normale supérieure.
Ecole normale secondaire de jeunes filles (Sèvres).
Ecole normale spéciale (Cluny). aujourd'hui abolie.
L'Ecole normale supérieure appartient à l'enseignement
supérieur.
Les écoles d'enseignement supérieur sont destinées soit
à la formation d'érudits, principalement d'archéologues,
soit à la préparation aux diverses carrières libérales. Dans
la première catégorie nous classerons :
Ecole pratique des hautes études.
Ecole du Louvre.
Ecole française d'Athènes.
Ecole française de Home.
Ecole française du Caire.
Ecole d'anthropologie (V. Société d'anthropologie).
Nous n'avons pas à nous occuper ici des grands établis-
sements d'enseignement supérieur auxquels on donne, dans
le langage courant, le nom d'école : Ecole de droit, I ode de
médecine. Nous renvoyons a l'art. Fai DIT! pour l'organi-
sation administrative, aux art. Université, Jorisprubence
(Enseignement) et M édecine ( Enseignement) pour l'historique
de l'enseignement, l'étude comparative de ses méthodes dans
les divers pays; de même que, aux mots LETTRES, Science,
Théologie, on trouvera les détails analogues. Ceux qui sont
relatifs aux écoles militaires de l'étranger serai donnés
dans l'art. Instruction militaire. De même, non- nous bor-
nerons a un renvoi pour quelques autres établissements
qui portent officiellement le titre d'école : Ecoles prépara-
toires à renseignement supérieur des sciences et des lettres :
écoles de plein exercice et écoles préparatoires de médecine
et de pharmacie; école supérieure de droit d'Alger: école
préparatoire a renseignement du droit de l'oii-de-lrance
(Martinique). Ces institutions sont trop intimement liées
dans notre enseignement supérieur aux Facultés poui qu'il
— 368 —
ÉCOLE
sou utile de ta an séparer. Il en sera donc traite à l'art.
Iv. ii m {Droit, Lettres, Médecine, Sciences).
Ecole îles hautes études ecclésiastiques (V. Institut
c wiioi.ioit DE Pi
Nous traiterons ici des autres écoles préparant à (les
carrières libérales et aux Fonctions publiques : pharmacie,
archives el bibliothèques, consulats, diplomatie, adminis-
tration, etc. :
Ecoles «le pharmacie.
Ecole des chartes (V. Chartes).
l oie d'administration.
l de libre des sciences politiques.
Ecole des langues orientales.
Ecole coloniale.
•1° Beaux-arts. Les écoles destinées à l'éducation des
artistes seront classées dans l'ordre suivant :
Ecole nationale et spéciale des beaux-arls (Paris).
Ecoles nationales des beaux-arls.
Ecole spéciale d'architecture.
- des arts décoratifs.
Ecole de chant el de déclamation (Y. Conservatoirg
et Mi siqi i Enseignement ]).
Ecoles nationales de musique (V. Musique [Enseigne-
ment]).
Ecoles de musique (V. Musique [Enseignement]).
Irritée et marine. Les écoles militaires et navales
n'ont pas. autant que ta précédentes, un caractère d'ensei-
gnement général et théorique, mais les carrières spéciales
auxquelles elles préparent sont des carrières publiques.
De plus, la plus considérable, l'Ecole polytechnique, est
en même temps un établissement d'enseignement supérieur,
le premier de tous pour l'éducation des ingénieurs. Nous
suivrons l'ordre annoncé, parlant successivement de l'armée,
puis de la marine, puis des services de santé de ces deux
corps : écoles militaires d'instruction générale où se forment
les officiers d'artillerie et de génie, d'infanterie et de
cavalerie :
Ecole polytechnique.
Ecole militaire spéciale de Saint-Cyr.
Puis les écoles d'application où les élèves des précédentes
vont parachever leur instruction pratique ou se préparer
au commandement :
Ecole d'application de l'artillerie et du génie (Fon-
tainebleau!.
Ecole d'application de cavalerie (Saumur).
Ecole supérieure de guerre.
Ecole d'état -major (V. le s. Ecole supérieure de
guerre et l'art. Etat-major).
Yiennent ensuite les écoles de sous-officiers destinés à com-
pléter les cadres recrutés dans les grandes écoles militaires :
Ecole d'infanterie de Saint-Maixent.
Ecole de cavalerie de Saumur (Y. le $ Ecole d'appli-
cation de cavalerie).
Ecole militaire de l'artillerie et du génie.
Ecole des travaux de campagnes (V. la précédente).
Ecole d'administration militaire de Vincennes.
I'uis quelques institutions spéciales :
Ecoles de tir (normale et régionale).
Ecole de dessin du service géographique de l'armée.
Ecole de pyrotechnie militaire.
le normale de gymnastique et d'escrime (Join ville).
Ecole de télégraphie militaire (Y. le § Ecole d'appli-
cation de cavalerie),
à la suite desquelles nous placerons deux créations desti-
nées a assurer l'instruction élémentaire des soldats :
Ecoles militaires préparatoires (enfants de troupe).
- régimentaires.
Nous négligeons de parler de quelques institutions
daires qui ne >'>nt pas de véritables é< oli s :
Ecole de mécaniciens du quai de Billj (V. Mani iln-
TIu.n militaire).
sage iV. le s Ecole d'application de
cavalerie).
l oole d'instruction aérostatique de MeudonouChàlons
(V. AÉROSTATS, t. I, p. 070).
Ecole du génie créée à Toul
et dont le rôle est simplciiienl de gérer le matériel d'ins-
truction technique du bataillon, etc.
Pour la marine, l'ordre e^t le même :
Ecole navale.
Ecole d'application du génie maritime.
Ecoles élémentaires des équipages de la Hotte.
Ecole d'administration de la marine.
Ecoles des mécaniciens de la flotte.
Ecoles des défenses sous -marines, école des torpilles.
Ecole des fusiliers marins.
Ecoles flottantes (école des gabiers, école des canon-
niers).
Ecole de pyrotechnie maritime.
Ecoles d'hydrographie.
Ecole des mousses.
Pour le service de santé, nous présenterons successivement
les deux écoles du service de santé militaire, celle du service
de santé maritime avec ses écoles annexes ou préparatoires :
Ecole du service de santé militaire (I.yon).
Ecole d'application de médecine et de pharmacie (Val-
de-(iràce).
Ecole principale du service de santé de la marine
(Bordeaux).
Ecoles (annexes) de médecine navale.
4" Travaux publics et industrie. Il faut citer en premier
lieu les écoles d'application où les élèves sortis de l'Ecole poly-
technique achèvent de se former pour les services publics :
Ecole supérieure des mines.
Ecole des ponts et chaussées.
Ecole d'application des manufactures de l'Etat.
Ecole d'application des poudres et salpêtres.
Ecole professionnelle supérieure des postes et télé-
graphes.
Immédiatement après nous plaçons :
Ecole centrale des arts et manufactures.
Tous ces établissements recrutent l'immense majorité de
leurs élèves parmi ceux qui ont reçu l'instruction générale
dans les écoles, lycées, facultés de l'Etat ou dans les institu-
tions similaires. Mais à coté de ces écoles et lycées où sous la
direction du ministère de l'instruction publique se transmet
la culture générale, existe l'enseignement professionnel, re-
présenté par un grand nombre d'écoles qui fournissent les
cadres inférieurs du personnel d'ingénieurs et d'industriels.
Ecoles professionnelles (V. Enseignement profession-
nel).
Ecoles d'arts et métiers.
Ecole des mineurs (Saint-Etienne).
Ecole des maîtres ouvriers mineurs (Alais).
Ecole municipale de physique et de chimie de Paris.
Ecole des arts industriels (Roubaix).
Ecole nationale d'apprentissage (Dellys).
Ecoles d'apprentis.
Ecoles d'apprentissage.
Ecoles manuelles d'apprentissage.
Ecoles nationales mixtes d'enseignement primaire su-
périeur et d'enseignement professionnel.
Ecoles de cuisine.
Ecoles d'infirmiers (V. Assistance publique, t. IV,
p. 274).
Ecoles d'horlogerie.
Ecole professionnelle el spéciale de Nevers.
En classant à part toul le groupe des écoles profession-
nelle de la ville de Paris.
.'>" Commerce. L'enseignement commercial est donné
dans des écoles qui repondent à trois degrés d'instruction
différents :
Ecole commerciale.
Ecoles supérieures du commerce
Ecole des hautes études commerciales.
Il faut ajouter que le principal recrutement du person-
ÉCOLE
- 366 -
oel commercial s'opère dans les écoles primaires supérieure;
ci dans les lycées el collèges ob est organisé l'en
menl secondaire moderne (ancien enseignemenl spécial).
Nous renvoyons donc à l'art. I.nm.icmmi.m- el à ceux qui sont
rés aux principales écoles d'enseignement primaire
supéi ie !'• de Paris (\ . Chaptal, Lavoisieb, Ti bcot, etc.).
6° [griculture. Il existe un grand nombre d'écoles
d'agriculture. La principale qoub échappe (V. Imbtiti i
agronomique). Nous ne traiterons ici qne d'une de ses
écoles d'application :
Ecole forestière (Nancy).
Les autres grandes écoles agricoles sont :
Eîcoles nationales d'agriculture.
Ecole des haras (Le Pin).
Ecoles nationales vétérinaires.
A un degré sensiblement moins élevé, l'enseignement
agricole comporte les écoles suivantes :
Ecole de sylviculture (Les liarres).
Ecole d'horticulture (Versailles).
Ecoles des bergers.
licoles pratiques d'agriculture.
II. ARCHITECTURE. — Les bâtiments, -t souvent on
peul dire les édifices scolaires, tiennent depuis un siècle une
de place dans les préoccupation! des législateurs de
tous les pays et, par conséquent, dans les programmes que
rchitectes ont a réaliser de nos jours. Il \ i un siècle
Fet,el à ne considérer que la France ou, sons l'ancien
i ime, l'enseignement secondaire et la majeure partie <le
l'enseignement supérieur alors existant étaient distribués
dans les collèges (édifices dont il sera parlé au mol Ltgbe),
l'enseignement primaire n'avait guère donné lieu a des
constructions spéciales et obéissant a des règles, tant dans
leurs programmes qu'an point de vue de leurs dispositions
générales, tant pour les lois de l'hygiène appliquées I
aménagements qne pour leur style farchitecture. En outre,
la Révolution, qui décréta l'organisation de la plupart de
dos grandes écoles spéciales et par suite de nos établis-
sements d'enseignement supérieur, abrita ces fondations
nouvelles dans: des couvents devenus sans emploi ou dans
des collèges supprimés, laissant à l'avenir le soin d'agrandir
ou de réedifier ces constructions et de les mettre en rapport
avec les programmes nouveaux, et, quant à renseignement
Plan du groupe scolaire d'Aubervilliers (Seine).
primaire, dont l'expansion ne date que du gouvernement de
Juillet et qui reçut son développement considérable sous la
troisième République, ce n'est guère que depuis trente
années qu'il a donné lieu à des édifices d'une réelle impor-
tance et aussi intéressants par leur nombre et leur diver-
sité que par leurs dispositions spéciales et leur caractère
architectonique. Laissant donc de côté les établissements
d'enseignement supérieur et ceux d'enseignement secondaire
ainsi que les écoles primaires supérieures, les écoles pro-
fessionnelles et les écoles nationales (renseignement supé-
rieur, tous établissements qui rentrent dans renseigne-
ment primaire supérieur, il ne sera question ici que des
écoles primaires communales, croies maternelles, croies
de garçons et écoles de jeunes tilles, lesquelles, dans
les grands centres de population, sont souvent juxtaposées
et formenl ce que l'on appelle un groupe scolaire. I n
règlement ministériel de 1880, accompagné de croquis dus
à des architectes du gouvernement et suivi peu après d'une
exposition officielle d'édifices scolaires, a tracé les règles aux-
quelles doivent obéir les architectes afin de conserver la santé
des jeunes élèves et d'empêcher les résultats fâcheux que peut
produire leur agglomération. Correspondant aux données
d'âge (trois à six ans pour les enfants de l'école maternelle
et de six a treize ans pour les enfants des écoles de garçons et
des écoles de jeunes filles), les dimensions et le cube d'air
des classes et des préaux couverts et découverts, les amé-
nagements des lavabos et des latrines ainsi que des cuisines
ou cantines, les dispositions des baies de circulation, d'aé-
ration et d'éclairage, le mode de chauftage. les détails du
mobilier scolaire et enfin l'importance à donner aux !
nients des maîtres, tout a été prévu dans ce règlement qui
a été le point de départ de progrès considérables et dont
l'exposition, qui suivit sa mise en vigueur, montra, parla
sélection des projets récompensés, la possibilité et aussi la
diversité deses applications pratiques. Il tant donc renvoyer
à ce règlement, d'après les prescriptions duquel ont été
construites depuis dix ans en France toutes les écoles com-
munales, pour l'étude des questions multiples relevant de
- 3B7 —
ÉCOLE
l'hygiène el de la pédagogie ; mais pour faire sabir, dans
leurs grandes lignes, ce que peuvent être les dispositions des
éeoles maternelles el primaires de garçons et déjeunes lillos,
bobs reproduisons ci-contre, d'après H. Riimler (P. Planât,
/ dure; Paris, IS!»0. vol. I\,
p. 316, in-8), le plan du rea-de-chaussée el le plan de l'étage
il'ini importanl olaire édifié récemment pour la
eea. d'Aubervilliers (Seine) el dans les études duquel l'ar-
ehitecte, M. Vallès, a pu s'aider de données fournies par
plusieurs projets primes à la suite d'un concours spécial,
tupe comprend : 1° une école maternelle pour quatre
ceats enfants ; -" une école de jeunes filles pour quatre
cents enfants; 3° une écolo de garçons pour Quatre cents
entants : ces trois écoles Bvee logements des directrices el
du directeur ; 4° un gymnase couvert : 5° une bibliothèque
municipale. — I Ecole maternelle. Cette école, située
a la gauche du plan, a son entrée en H ; on abri cou-
vert, longeant la cour de récréation, conduit aux latrines,
an cabinet de la directrice S, au préau couvert T. au
lavabo U, à la salle d'exercices V el à deux classes enfan-
tines K et k. Une entrée spéciale J est réservée pour
donner accès à L'escalier conduisant, au premier étage, au
logement de la directrice W, et sert en même temps d'entrée
pour le préau couvert .M de l'école de jeunes tilles. —
•2° Ecole tic jeunes filles. L'entrée de cette école, uni occupe
le milieu de l'ensemble du terrain, est à gauche de la loge du
concierge A. laquelle est commune, avec deux pièces à usage
de cantine, à l'école de jeunes filles et à l'école de garçons;
les services de l'école de jeunes tilles sont ainsi disposés :
I., bibliothèque scolaire ; K, cabinet de la directrice; M,
préau couvert avec sortie en J et escalier conduisant aux
classes du premier étage, N. N. et à la salle de dessin et
de coupe 0; puis au rez-de-chaussée Q, préau découvert
abri conduisant aux latrines, et en N, N, N, N, N, N,
six classes. Derrière la loge du concierge et à gauche, un
escalier spécial conduisant au logement de la directrice, au
premier étage, en 1*. — 3° Ecole de garçons. Cette école,
dans la partie droite du terrain, se présente ainsi : à
droite de la loge du concierge. A, est l'entrée; D, biblio-
thèque scolaire"; C, cabinet du directeur; M, préau couvert
et escalier conduisant aux classes du premier étageF, F, et
à la salle de dessin 0; au rez-de-chaussée, 1, préau décou-
vert avec abri et latrines; en F. F. F. F, F, F, six classes.
En II, au premier étage, logement du directeur. — 4° Gym-
nase couvert, avec entrée spéciale sur la rue, pouvant
servir à chacune des écoles auxquelles le relient des abris
en même temps qu'à d'autres écoles ou à des sociétés de la
commune et pouvant même être aménagé comme salle des
fêtes. — 5° BiblioUièquc municipale, avec son entrée
distincte, dans le pan coupé à l'angle des deux rues, com-
prenant une entrée et deux salles, E, E, une pour le biblio-
thécaire et servant de dépôt de livres, et l'autre, la plus
grande, est la salle de lecture publique.
Au point de vue de l'art, les différences de dimensions
des baies, baies de préaux, de classes, de cabinets ou de loge-
ments de directeurs et de concierges; la répartition des pleins
et des vides sur les façades; l'accentuation, par des chaînes
saillantes, des murs de refend séparant les différents corps
de bâtiments, et surtout la polychromie naturelle qui résulte
de l'emploi de matériaux divers, meulière, pierre, moellon,
brique, terre cuite, bois et métaux, peuvent, avec quelques
saillies produisant des jeux d'ombre et de lumière et de
rares profils étudiés avec goût, donner aux écoles primaires,
sinon un style particulier, mais au moins une certaine ori-
ginalité el un charme de bon aloi qui témoignent du talent
des architectes qui les conçoivent et qui marquent à ces
édifices une place à part dans les œuvres de l'architecture
française contemporaine. — Dans les centres peu importants
comme population, dans les hameaux, par exemple, l'école
primaire qui peut contenir de vingl à quarante enfants de
• différent consiste le plus souvent en une seule salle
de classe et deux cabinet- d'aisance; mai>. en revanche,
dans les communes d'une certaine importance, il n'est
pas rare de voir la mairie occuper un premier étage
Au-dessus d'une partie de l'école el fournir à l'architecte,
par ce développement de programme, une occasion de varier
les dispositions el la silhouette de ses bâtiments et de leur
donner un caractère spécial. Charles LuCàS.
111. HYGIÈNE. — La loi sur l'enseignement obligatoire
a rendu plus nécessaire que jamais l'application de mesures
hygiéniques sévères el précises dans les écoles. Nous insis-
terons ici spécialement sur les écoles primaires; mais tout
ce qui est applicable à ces établissements s'adresse égale-
ment a ceux de l'enseignement secondaire, l'our ces der-
niers s'ajoutent la question des dortoirs et celle de l'alimen-
tation, puisque le régime de l'internat n'a pu encore être
supprime. I, 'importance de l'hygiène dans les écoles ne
saurait être contestée. I. 'école reçoit l'enfant au moment ou
il est en pleine croissance, en voie d'évolution perpétuelle;
il est donc essentiel de s'occuper de son développement
physique autant (pie de son développement intellectuel.
Bâtiments scolaires. Il est absolument inutile de faire
des bâtiments scolaires des monuments somptueux, qui
grèvent le budget des communes el s'opposent par les
dépenses mêmes qu'ils entraînent à leur multiplicité et aux
progrès qu'ils seraient susceptibles de recevoir. La salle
de classe doit remplir trois conditions essentielles : bien
aérée, bien éclairée, facile à assainir. La plupart des classes
sont au rez-de-chaussée; cette situation n'a aucun incon-
vénient, si le plancher est élevé à une certaine hauteur du
sol, 1 m. au moins. Le plancher étant constitué par du
bois blanc traité par l'huile de lin bouillante, est facile
par conséquent à nettoyer; le carrelage est d'un lavage
facile, mais il a l'inconvénient d'être froid. Pas de papier,
de tenture , ni de rideaux ; un simple badigeonnage à
la chaux, dont le renouvellement est peu dispendieux,
constitue la meilleure peinture des murs. Quant à l'espace
réservé aux enfants, le règlement fiançais exige 1 m. de
surface avec 4 m. de hauteur. Ce chiffre n'a rien d'exagéré ;
loin de là, si l'on tient compte des espaces pris par les
couloirs, les places vides devant les tableaux, etc., et à sa
place l'enfant n'occupe que \j"l m. q. Un chiffre de qua-
rante élèves est un maximum qu'il est bon de ne pas dépas-
ser, surtout au point de vue de la surveillance. Il faut
donc compter 40 m. q. de surface environ.
Le règlement accordant 3 à 4 m. c. par tête, on voit
qu'une ventilation bien comprise est nécessaire pour balayer
les produits de la respiration. Le meilleur système de ven-
tilation est encore l'ouverture fréquente des fenêtres. Si les
classes sont de courte durée, et nous verrons que c'est là
un des desiderata des hygiénistes, il suffit d'ouvrir large-
ment les fenêtres pour assurer un balayage suffisant. L'éta-
blissement de quelques vantaux mobiles ou mieux de car-
reaux de verre percés de trous permettrait d'assurer une
ventilation permanente, insuffisante à elle seule, mais sup-
posant déjà à uni; élévation trop grande de l'acide car-
bonique pendant la durée des classes.
La classe doit être bien éclairée ; dans les écoles pri-
maires, on n'a à s'occuper (pie de l'éclairage par la lumière
naturelle. E. Trélat préconise l'éclairage unilatéral, alors
que Cariel et Javal défendent l'éclairage bilatéral. Ce qu'il
importe avant tout, c'est d'avoir de la lumière en quantité
suffisante. Quant à l'orientation même de l'école sur laquelle
on a beaucoup discuté, elle a au fond une médiocre impor-
tance, et très souvent elle s'impose par la configuration du
terrain. Dans les classes plus élevées, où le travail se pour-
suit avec la lumière artificielle, on a généralement recours
au gaz ; l'éclairage par ce dernier, très incriminé, ne pré-
senterait aucun inconvénient, d'après Javal, lorsqu'on fait
usage de becs munis de cheminées de verre et de régu-
lateurs maintenant la flamme à une température constante.
Javal voudrait (pie l'on puisse donner a chaque élevé une
lampe basse avec un abat-jour, on bien, si cela est im-
possible, que les foyers soient an moins à lm80 au-dessus
du sol, avec un bec pour six élèves.
Matériel. La myopie dont la fréquence augmente avec
ÉCOI i
— ;diK _
une intensité inquiétante (A. Key)aété attribuée en grande
partie aux mauvaises dispositions du mobilier. On i beau-,
coup l'ini sur cette question, el il nous est impossible de
i - étendre. Le rapport entre la hauteur de la table el
celle du banc doit être tel que l'enfant puisse écrire tans
fatigue el -;m> attitude vicieuse; il doit donc varier avec
l'âge. Le règlement français (4880) comporte cinq types.
Un dossier est indispensable. La composition typographique
îles livres est également importante. En France, on admet
qu'il faut rejeter tout livre qui, tenu verticalement et
éclairé par une bougie placée à la distance de i m., ne peut
pas être lu avec une vue normale a 80 centim. Le carac-
tère lui i t des typographes, six a sept lettres au centimètre,
correspond à cette exigence. Quant a l'écriture, la com-
mission française de 1882 s'esl rangée à la formule de
George Sand : écriture droite sur papier droit, corps droit.
La durée des classes doit être courte et varier avec l'âge
des enfants. Chez les tout jeunes, une leçon de quinze minutes
doit être un maximum, et même chez les plus âgés l'atten-
tion est difficilement soutenue une heure. Il est indispen-
sable de couper les heures de travail de récréations ou
d'exercices physiques pris en dehors de la salle déclasse.
Au-dessous de sept ans, un maximum de travail intellec-
tuel de deux heures et demie, de trois heures à trois heures
et demie de sept à dix, et de quatre heures de dix à douze.
Après quinze ans, on peut appliquer le système des trois
huit (8 heures de sommeil, 8 heures de travail. 8 heures
de liberté). La propreté collective et individuelle doit être
l'objet d'une sollicitude constante des maîtres et des mai-
tresses. On ne saurait trop insister sur ces soins, notam-
ment delà chevelure et de la bouche, cette dernière presque
complètement négligée. Généraliser un système de bains ou
de douches serait excellent et donnerait aux enfants des
habitudes de propreté, qu'ils conserveraient ensuite à leur
sortie de l'école.
11 est impossible de s'étendre ici plus longuement sur
les dispositions qui doivent être prises en vue du bon déve-
loppement physique de l'enfant. Pour que les mesures hygié-
niques soient appliquées, il est absolument nécessaire que
l'autorité médicale puisse s'exercer librement dans la per-
sonne du médecin inspecteur des écoles. Malheureusement
cette inspection, quand elle existe, ce qui dépend des muni-
cipalités, est presque toujours illusoire, le médecin se bor-
nant trop souvent à faire acte de présence à l'école. La
propagation des maladies contagieuses si nombreuses dans
l'enfance est facilitée singulièrement par la réunion d'un
grand nombre de sujets. Tout enfant suspect doit être
immédiatement renvoyé dans sa famille, et il devrait être
signalé au médecin inspecteur. Enfin, tout enfant ayant
contracté une affection contagieuse doit être exclu de
l'école pendant un temps variable suivant la maladie, et
qui est fixé ainsi par l'Académie de médecine : scarlatine,
quarante jours à partir du premier jour de l'invasion ; rou-
geole, vingt jours; diphtérie, quarante jours; oreillon,
vingt-deux jours; varicelles, vingt-cinq jours. Il est inutile
de faire remarquer combien il est absurde de comptera par-
tir du jour de l'invasion. Les Anglais, plus logiques, s'ap-
puient surtout sur la fin de l'éruption. La revaccination
obligatoire vers l'âge de dix ans est un excellent moyen de
généraliser cet instrument de haute prophylaxie en atten-
dant l'obligation absolue et générale. Nous ne parlons pas
ici de l'alimentation, des dortoirs, ayant eu surtout en vue
les écoles primaires (V. Dortoir). Dr J.-P. Langlois.
IV. NOMENCLATURE MÉTHODIQUE ET BISTORIQUE.
— Ecole palatine carolingienne. — Avant Charle-
magne. il existait déjà, semble-t-il, une école palatine à la mur
des rois francs. Cette institution prit sous son règne une
importance qui s'explique par les préoccupations politiques
de •'• prince. Les lettres avaient leur place dans ses projets
île réorganisât] le l'Etat ci de l'Eglise : l'instruction lui
paraissait une condition essentielle de la réforme de l'Eglise,
inséparable île la prospérité de l'empire chrétien; il s'effor-
çait de la répandre par les créations d'écoles que, dans un
capitulaire de 78H. il recommandait aux èréqnes d'établir
non leulemenl a l'usage des futurs clercs, mai> des nobles
• i de hommes libres. De bonne heure, il t'était occupé de
réunir autour de lui les hommes les plus savants
temps : l'Anglo-Saxon Alcuin; les Italiens Pierre de
Pise, Paul Diacre; le Gotb Théodulf; des Pran
que Angilbert, Eginhard, etc. Ainsi se forma une véritable
académie, le moi n'esl pas impropre, puisque Alcuin, dans
une lettre ;i Charlemagne, Uii parle de ses « académiciens «.
Les femmes de la famille carolingienne en faisaient partie;
on y lisait des vers, on y devinait de vivante-, énigmes, on
y discutait des questions de théologie, 'i'- morale, de gram-
maire, de rhétorique. Alcuin en était comme le directeur,
et c'est dans ses écrits qu'on trouve le plus de ren
nients a ce sujet, (.eux qui en misaient partie prenaient
des noms d'emprunts : C&arlemagne qui. ren la lin de sa
vie, s'efforçait d'apprendre a écrire, s'appelait David ;
Alcuin, Placcus; Angilbert, qui maniait l'hexamètre épique,
Homère; Eginhard, qui était artiste, BéséleeJ ; le séoéchal
Audulf et le camérier Méginfrid avaient les surnoms buco-
lique, de Ménakas et de Tnyrsis, Riculf celui de Damoetas.
L'abbesse Gisèle, sœur de Charlemagne. s'y appelait Lucia.
sa lille liothrude Colomba. En dépit du caractère puéril
et pédantesque de ces déguisements et de certains des
exercices auxquels se livraient ces « académiciens >, il est
juste de reconnaître la généreuse pensée ù laquelle obéis-
sait Charlemagne. La renaissance carolingienne a vécu
surtout d'emprunts et d'imitations; elle a eu cependant une
influence réelle sur le maintien de la culture littéraire
antique, et les effets s'en sont fait longtemps sentir : la
littérature latine en France au ixc et au xie siècle, qu'il
s'agisse de l'art de la composition ou du style, est infini-
ment supérieure à la littérature latine mérovingienne.
Ecoles buissonnières. — On a donné le nom d'écoles
buissonnières ou furtives aux écoles ouvertes dans des
lieux retirés de Paris ou des environs afin de se soustraire
à la redevance qu'exigeaient des maîtres d'école le chantre
de Notre-Dame. Ce nom fut appliqué au xvie siècle aux
écoles des huguenots qui se soustrayaient à la surveillance
de l'évêque; elles existaient en grand nombre dans les
montagnes, bien qu'un arrêt du Parlement (1552) les eut
prohibées. Sous la Dévolution, les piètres et les religieux
insermentés ouvrirent à leur tour des écoles buissonnières.
Ecoles secondaires. — Dans le plan général suivi
par les assemblées révolutionnaires en matière d'instruc-
tion publique (V. Enseignement), les écoles secondain>
auraient été intermédiaires entre les écoles primaires ou
communales et les écoles centrales (V. ci-dessous), ré-
pondant aux écoles de département. Elles figurent dans le
plan de Talleyrand comme écoles de district. Ecartées par
Condoreet et Lakanal. elles ne furent pas créées par la loi
du 8 brumaire an IV. C'est seulement sous le Consulat
qu'on les institua par la loi du H floréal an X pour servir
de transition entre les écoles primaires et les lycées qui
remplaçaient les écoles centrales. La définition était :
« Toute école établie par les communes ou tenue par les
particuliers dans laquelle on enseignera les langues latine
et française, les premiers principes de la géographie, de
l'histoire et des mathématiques, sera considérée comme
école secondaire. » En l'an XI, on accorda ce titre à cent
soixante-quatre écoles: en l'an XII à cent seize autres.
Quand fut organisée l'Université, on appela ces écoles secon-
daires collèges communaux, nom qui leur est resté (V. Col-
lège). — En Suisse. Vivolr secondaire (Secundarschule)
correspond a notre école primaire supérieure et a l'école
moyenne de Belgique.
Ecoles centrales. — Le nom d'écoles centrales est
celui que les pédagogue (L la Révolution avaient imagine
pour désigner les établissements d'enseignement secondaire,
destinés à remplacer les collèges de l'ancien régime. Ins-
tituées par le décret du '2.'> fèvr. 1795 (T ventôse an III)
sur le rapport de Lakanal, les écoles centrales furent réorga-
nisées le 25 oct.de la même année 3 brumaire an IV) sur le
— 369 —
ÉCOLE
rapport de Daunou. Elles disparannl ilôs 1802, supprimées
par la loi du i''r mai. Le plan d'études de ces écoles em-
brassait à peu près tout le savoir humain el affectait un
caractère encyclopédique. A côté îles mathématiques et du
latm. on devait y enseigner les sciences physiques, les
sciences morales el aussi les arts pratiques, l'agriculture,
l'hygiène, les arts el métiers. L'école centrale n était plus
seulement un foyer de culture intellectuelle répondanl à
l'idée que nous nous taisons aujourd'hui de l'enseignement
iulaiiv : c'était aussi une école technique el en un sons
un établissement d'enseignement supérieur. Tout y était
confondu, et Daunou ne parvint pas à ordonne!' ce chaos
en divisant en dois sections les matières d'enseignement
et les élèves. La première section (enfants de plus de douze
ans) comprenait le dessin, l'histoire naturelle, les langues
anciennes et aussi les langues vivantes, mais celles-ci
facultativement. La deuxième section (enfants de plus de
quatorze ans» était exclusivement consacrée aux études de
mathématiques, de physique et de chimie. Enfin dans la
troisième section (au-dessus de seize ans) on enseignait
la grammaire générale, les belles-lettres, l'histoire, la légis-
lation. Les langues classiques, on le voit, n'étaient plus au
premier plan, connue dans l'ancienne éducation. On leur
associait, on leur préférait même les sciences théoriques ou
pratiques, les connaissances dont les élèves peuvent tirer
un profit immédiat pour l'apprentissage de la vie. L'idée
positive et utilitaire du sucrés dan- la vie s'était substituée
à l'idée spéculative et désintéressée du développement de
l'esprit pour lui-même. De ces deux idées, que dans une
éducation bien faite il faut savoir associer pour atteindre
le vrai but des études, la première, dans le système des
écoles centrales, semblait exclure l'autre. Par là les con-
ceptions de Lakanal et de Daunou étaient foncièrement
vicieuses. D'autre part, à mesure que les idées religieuses
reprirent crédit, l'opinion publique dans sa réaction contre
le mouvement révolutionnaire n'était plus favorable à des
écoles absolument laïques, où les professeurs devenus des
officiers du cjlte « devaient remplir quelques-unes des
fonctions bienfaisantes auxquelles les prêtres étaient autre-
fois appelés ». Les fondateurs des écoles centrales furent
donc vite déçus dans leurs espérances. « Ainsi, disaient-
ils, devait finir le siècle qui avait perfectionné l'esprit
humain et préparé le plus grand bonheur des peuples. »
Les ambitions étaient grandes. « Il semblait que ces écoles,
écrivait récemment M. (iaston Boissier, dans lesquelles on
se plaisait à placer les bustes de Brutus, de Guillaume Tell
et de Rousseau, allaient accomplir toutes les promesses,
opérer toutes les réformes que les grands esprits annonçaient
depuis cinquante ans. Aussi furent-elles accueillies avec
enthousiasme parles partisans des idées nouvelles; en cer-
tains pays on les ouvrit au son des cloches et au bruit du
canon. Mais, hélas ! elles ne durèrent que quelques années. »
Les écoles centrales, en effet, n'eurent que six ans d'exis-
tence. Et en gênerai, a part quelques exceptions, par
exemple l'école centrale du Panthéon (lycée Napoléon ou
Henri IV), celle des Ouatre-Nations (lycée Charlemagne),
elles ne prospérèrent point. Une des causes de leur insuccès,
ce fut assurément que le législateur y avait supprimé le
ne de l'internat. Ces écoles n'ont donc été qu'un accident,
un essai malheureux, dans l'histoire de notre enseignement
secondaire. Il convient cependant d'y voir comme le prélude
des remaniements et des réformes que depuis quelques
années l'esprit de progrès introduit dans nos lycées et dans
nos collèges. L'enseignement spécial et l'enseignement secon-
daire moderne qui lui a succédé relèvent au fond de la même
inspiration que les écoles centrales. Gabriel Compaybé.
Ecoles de services publics.— La Convention décida
par la loi de 30 vendémiaire an I\ l'organisation, aux frais
de l'Etat, d'écoles « relatives aux différentes professions
uniquement consacrées au service public ». (l'étaient :
l'Ecole polytechnique, l'Ecole d'artillerie, l'Ecole des ingé-
nieurs militaire-, l'Ecole des ponts et chaussées, l'Ecole des
mines, l'Ecole des géographes, l'Ecole des ingénieurs de
GBAKDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
vaisseaux, les écoles de navigation, les écoles de marine.
Ecoles spéciales. — L'organisation de l'enseignement
supérieur, esquissée par la Convention dans le décret du
.'! brumaire an IV, prévoyait la création d'une série d'écoles
spéciales, destinées à I instruction générale et distinctes
de celles des services publics. On prévoyait des écoles
spécialement destinées a l'étude : de l'astronomie, de la
géométrie et de la mécanique, de l'histoire naturelle, de
la médecine, de l'art vétérinaire, de l'économie rurale, des
antiquités, des sciences politiques, de la peinture, sculp-
ture et architecture, de la musique ; en outre, des écoles
spéciales pour les sourds-muets et les aveugles-nés.
Ecoles maternelles. — Les écoles maternelles ne
portent officiellement ce nom, dont on avait déjà eu l'idée
en 1848, que depuis l'arrêté du "1 août 1881. On a voulu
marquer ainsi le caractère familial qui convient à une
école du premier âge, où les tout petits enfants doivent re-
trouver quelque chose des soins et de l'affection de leurs
mères. L'école maternelle n'est plus l'ancienne salle d'asile
dont l'appellation semblait indiquer je ne sais quelle idée
d'enfants abandonnés par leurs parents et recueillis dans
une garderie quelconque. Elle prétend continuer l'œuvre
de la famille et se substituer à la mère qui ne peut elle-
même élever ses enfants. Elle est, comme la définit le
décret du 18 janv. 1887, « un établissement de première
éducation où les enfants des deux sexes reçoivent en com-
mun les soins «aie réclame leur développement physique,
moral et intellectuel ». Les enfants peuvent y être admis dès
l'âge de deux ans révolus et y rester jusqu'à l'âge de six
ans. C'est la principale des institutions destinées à l'édu-
cation des petits enfants. I'our bien marquer son caractère,
nous empruntons au Diction nain' de pédagogie {p. 8'>0) la
description très claire des degrés successifs de la première
éducation donnée aux très jeunes enfants : 1° d'abord la
crèche (V. ce mot) qui peut garder les enfants jusqu'à deux
ou trois ans; 2" ensuite l'école maternelle, terme récem-
ment substitué au mot salle d'asile et qui correspond à plu-
sieurs égards à ce qu'on appelle ailleurs jardin d'enfants
(V. cet article) ; 8° V école ou la classe enfantine (V . ci-
après) qui peut les garder de quatre ou cinq ans à sept
ou huit ; i" l'école primaire dans sa classe élémentaire qui
commence au plus tôt à sept ans.
L'institution des écoles maternelles est d'origine fran-
çaise. C'est en 1770 que la première fut créée par le
pasteur Oberlin (V. ce nom) au Ban-de-la-Roche sous le
nom d'école à tricoter. Jusqu'alors on ne connaissait que
des refuges, des garderies d'enfants où on les entassait
en se bornant à les surveiller et à les protéger contre les
dangers de la rue. Oberlin fut le premier qui eut l'idée
d'utiliser pour leur éducation cette réunion d'enfants en
bas âge. Son succès personnel fut considérable et deux fois
la Convention lui décerna des éloges publics. Néanmoins,
son exemple ne fut guère imité. C'est d'Angleterre que
nous vint l'impulsion. Nous parlerons plus bas des infant
schools organisées à Londres à partir de 1819. Mmc de
Pastoret,qui avait déjà fondé une salle d'hospitalité, sorte
de crèche, en 1801, fit un nouvel essai. En avr. 1826, elle
ouvrit rue du Bac, à la maison des Ménages, une salle d'asile
pour 80 enfants. Cochin, maire du XIIe arrondissement, se
mit en relations avec le comité des dames, et l'on ouvrit une
seconde salle d'asile rue des Martyrs, puis un asile modèle
qui a gardé le nom de Cochin (1828). On donnait un ensei-
gnement trop sérieux, et il fallut de longs efforts pour faire
prévaloir une meilleure méthode. Peu à peu l'institution se
généralisa. Dès 1835, on recense en France 102sallesd'asile.
L'intervention active des pouvoirs publics qui arrachèrent
à la Chambre une subvention de '200,000 fr. ( I X 10) assura
l'existence et les progrès de celte éducation élémentaire.
Dans son état actuel, elle est réglée par la grande loi
organique de l'enseignement primaire du 30 oct! 1886 et
le décret du 18 janv. 1887 dont le premier chapitre est
consacré aux écoles maternelles et aux classes enfantines.
Il porte que les écoles maternelles des établissements de
U
ÉCOLE
- 370
première éducation où lus enfante «les deux usée reçoivent
en commun les soins que réclame leur développement
physique, moral et intellectuel. Les enfanta peuvent j être
admis dès l'âge de deux ans révolue el j rester jusqu'à
['âge de six ans. Aucun enfant n'esl reçu dans une école
irnelle s'il n'esl muni d'un billet d'admission signé par
le maire, el B'il ne produit un certificat du médecin dûment
légalisé constatant qu'il n'est atteint d'aucune maladie
! qu'il a été vacciné. Nulle ne peul
nommée directrice d'école maternelle sans être pourvue du
certificat d'aptitude pédagogique. Dans toute école mater-
nelle publique, les enfants sont divisés en deux sections,
suivant leur âge et le développement de leur intelligence.
Si la moyenne des présences dépasse le nombre de '■>() en-
tants, la directrice est aidée par une adjointe. La direc-
trice et l'adjointe s'occupent alternativement de l'une et
l'autre section. Une femme de service doit être attachée à
toute école maternelle. Elle est nommée par la directrice
avec l'agrément du maire et révoquée dans la même forme;
suii traitement est à La charge de la commune. Un règlement
des écoles maternelles publiques de chaque département
est rédigé par le conseil départemental, d'après les indica-
tions générales d'un règlement modèle arrêté par le ministre
de l'instruction publique en conseil supérieur. Il est ailiché
dans l'école maternelle. 11 peut être établi dans chaque
commune où il existe une école maternelle un ou plusieurs
comités de dames patronnesses présidés par le maire. Les
membres de ce comité sont nommés pour trois ans par l'ins-
pecteur d'académie après avis du maire. Ce comité a pour
attribution exclusive de veiller à l'observation des prescrip-
tions de l'hygiène, à la bonne tenue de l'établissement, à
l'emploi des fonds ou dons en nature recueillis en faveur des
enfants. On a un peu tâtonné au début dans l'organisation
des exercices et des études qui peuvent être imposés sans
inconvénient à des enfants d'un âge aussi tendre. Comme
le disait Mm,; Kergomard, il ne saurait être question, « il
serait insensé et coupable de vouloir instruire, dans le sens
précis du mot, des enfants de deux à six ans ». C'est dans
cet esprit qu'ont été rédigés les programmes de 4887,
d'après lesquels l'enseignement des écoles maternelles com-
prend : 1° des jeux, des mouvements gradués et accom-
pagnés de chant; 2° des exercices manuels; 3° les
premiers principes -y éducation murale; 4° les connais-
su nées les plus usuelles; 5° des exercices de langage,
des récits ou contes; 6° les premiers éléments du dessin,
de la lecture, de Vécriture et du calcul. Ce programme
peut paraître encore bien chargé, et il deviendrait la
source d'un surmenage dangereux s'il était indiscrètement
appliqué par des maitresses malhabiles ou trop exigeantes.
Il ne s'adresse d'ailleurs, les règlements administratifs
l'ont sagement prévu, qu'aux enfants d'une des deux sec-
tions de l'école, ceux qui ont pour la plupart de cinq à six
ans. Quatre inspectrices générales sont chargées de visiter
les écoles maternelles et d'assurer l'exécution des décrets
et arrêtés. Une circulaire excellente de 1887 a de plus
défini quelle devait être la méthode d'éducation et d'ins-
truction suivie dans ces écoles. Nous reproduisons les indi-
cations essentielles formulées au conseil supérieur. L'édu-
cation tient à la fois de la famille et de l'école ; elle garde
la douceur affectueuse et indulgente de la famille, en même
temps qu'elle initie l'enfant au travail et à la régularité de
l'école. Le but à atteindre n'est pas de procurer à l'enfant
telle ou telle mesure de savoir en lecture, écriture, en
calcul; il s'agit de le soumettre à un ensemble de bonnes
influences, de lui donner de bonnes habitudes intellec-
tuelles et morales, physiques et de savoir-vivre, de lui
inculquer le goût du travail. Une bonne santé, l'ouïe, la
vue, le toucher déjà exercés par une suite graduée de ces
petits jeux et de ces petites expériences propres à faire
l'éducation des sens; des idées enfantines, mais nettes el
claires sur les premiers éléments de ce que sera plus tard
l'instruction primaire : un commencement d'habitudes et de
dispositions sur lesquelles l'école puisse s'appuyer pour
donner plus tard on enseignement régulier, le goal de la
gymnastique, du chant, du destin, de, un
l'empressement B écouter, à \uir. à observer, a imi t • ■
questionner, a répondre; une certaine faculté d'attention
entretenue par la docilité, la confiance et li bonne humeur:
l'intelligent enfin et l'âme ouverte l tout*
bonnes impressions morales: tels doivent être li
|i résultats de ces premi ares années passées à l'école ma-
ternelle, et, i l'enfant qui en Bort arrive à l'école prûn
avec une telle prépai atio.'i. il importe peu qu'il y joi
quelques pages de plus OU de moins du syllabaire. Ainsi
que l observe très justement .M. Pécant, « le dernier mot
de ces programmes, ce qui en mit le fort et aussi le faible,
c'esl qu'ils ne valent que par d'excellentes maîtresses »
(V. les art. Fimcaiio.n et L.vseicnemi.yi).
La ville de l'aris en 1889 possédait \-ïe, écoles mater-
nelles publiques avec un personnel de 430 instilutii
Kn 1XX7, il y avait pour la France entière 3,597 écoles
maternelles publiques, laïques ou congréganistes, et
2,493 écoles privées, au total, 6,090, avec 543,839 en-
fants dans les écoles publiques et 217,853 dans les écoles
privées, et un ensemble de 9,319 directrices ou adjointes.
Pour juger les progrès accomplis, il sullira de rappeler
qu'il n'v avait en 1837 que ibi salies d'asile, et, en
1850, 1,737.
Classes enfantines. — Avant la loi du 30 oct. 1886
il existait, dans certaines communes, des écoles dites
écoles enfantine,-;. Il en existe encore un certain nombre
à Paris. Mais la loi de 1880 ne reconnaît plus que des
classes enfantines, ainsi définies par le décret du
18 janv. 1887 : « Les classes enfantines forment le degré
intermédiaire entre l'école maternelle et l'école primaire.
Elles ne peuvent exister que comme annexes d'une école
primaire élémentaire ou d'une école maternelle. Les enfants
des deux sexes y sont admis, depuis l'âge de quatre ans au
moins jusqu'à i'àge de sept ans au [dus. Ils y reçoivent,
avec l'éducation de l'école maternelle, un commencement
d'instruction élémentaire. » Dans les communes où il
existe une école maternelle, la classe enfantine sert de
transition entre l'école maternelle et l'école primaire. Dans
les communes où il n'existe pas d'école maternelle, la
classe enfantine est destinée à la remplacer. Dans les deux
cas, elle a pour avantage de dégager les abords du cours
élémentaire de l'école primaire , qui est trop souvent
encombré d'enfants insuffisamment préparés à le suivre.
L'idée de cette organisation remonte à une vingtaine d'an-
nées ; mais elle n'a été réalisée que par les soins de
M. Buisson sous le ministère Jules Ferry (oct. 1879). Les
institutions similaires de l'étranger seront étudiées ci-
dessous; elles ne se distinguent pas aussi nettement qu'en
France de ce que nous appelons école maternelle.
Etranger. — Voyons maintenant ce qui existe a
l'étranger.
En Allemagne, les écoles enfantines (Ixleinkindersehu-
le», Warteschulen) sont des établissements prives: elles
ont pris un grand développement, grâce aux efforts de
Frœhel et de Falsing (V. ces noms). Files sont placées
sous la surveillance des autorités scolaires, mais ne sont pas
regardées comme des établissements scolaires. F.n Bavière.
on y interdit l'enseignement de la lecture, de l'écriture et du
calcul. Le système d'éducation de Frtrbel, qui est le plus
célèbre, sera exposé au mot Jardin d'enfants.
En Angleterre, les écoles enfantines {infant SChools) oat
eu d'abord le caractère de garderies d'enfants. La pre-
mière fut ouverte à New-I.anark par Owen et confiée à
un ouvrier tisserand, Joseph lïnchanan (1816); ce dernier
fut, en 1819, chargé d'en organiser une à Londres. En
ts-2,*>, l'évèque de Chester, Bloomsfield, crée une société
des infant schools et bientôt on en compte 200 en
Angleterre. En 1870, leur condition est réglée par la loi
(Elementary Education le/). Files reçoivent les enfants
de quatre à sept ans: on leur accorde des subventions
variant de -1 à 9 shillings par élève, selon la qualité de
— 371 -
ÉCOLE
l'éducation constatée par l'inspecteur : celui-ci a droit
d'approbation sur le choix de I Instituteur.
En Autriche, les jardins d'enfants, asiles, crèches ou
garderies sont annexées au écoles; le système est celui
de Cm bel. consacré par le règlement du -~1 juin 1872.
En Belgique, on a adopté le nom d'écoles gardiennes
(V. ci-dessous).
l 'i Danemark, il existe une soixantaine de salles d'asile
ou écoles enfantines.
spagne, on a réorganisé les escuelas de pdrvulos
ptr le décret du 17 mars 1882 et créé un brevet spécial
pour leur direction. Elles n'existent guère nue dans les
villes et sont médiocrement prospères.
En Grèce, la première èoole enfantine fut YArsakeion
annexée en 1867 a l'Ecole normale de tilles d'Athènes et
organisée d'après la méthode de M'"8 l'apo-Carpantier.
Les Grées en ont créé un bon nombre dans les pavs de
leur race soumis à la Turquie (Macédoine, Koumelie. Asie
Mineure), plus que dans le royaume de Créée.
En Hollande, les écoles gardiennes (Bewaarschoolen)
remontent assez haut, du les signale en isnii dans la pre-
mière loi organique sur l'enseignement primaire. Multi-
pliées par la Soct '•' •' du bien public (à partir de l Stî:î),
elles ont été réglementées par la loi de 1878 et sont sou-
mises a la survedlanee des autorités scolaires. L'Etal
n'exige aucun titre pour leur direction, et tout ce qui a été
fait, à ce point de vue, est du à l'initiative privée.
En Italie, dès le xviii* siècle, t.araveuta de Gènes fondait
des garderies pour les enfante en bas âge. C'est l'abbé \porti
qui. en ls-27. a créé le système des asUi infantili. Son
établissement de Crémone servit de modèle. Condamnées
par le pape Grégoire XVI, ces écoles enfantines fuient
acceptées par l'ie l\. Elles se rapprochaient trop des
écoles proprement dites et, a partir de 1860, on lit une
vive propagande pour les idées de l'rcebel, surtout au N.
de la péninsule. Les salles d'asiles et jardins d'enfants
sont en Italie regardes comme établissements de bien-
faisance et dépendent du ministère de l'intérieur, celui
de l'instruction publique se bornant à une inspection péda-
gogique.
En Portugal, il existe quelques garderies d'enfants qui
ont le caractère d'établissements de charité.
En Russie, cette institution relève exclusivement de
l'initiative privée: elle est peu développée.
En Suède, on a créé, en 1853, des petites écoles {Srnas-
kolor) préparatoires à l'enseignement primaire dont elles
donnent les premiers éléments ; les pères de famille el les
pasteurs nomment les maîtres.
En Suisse, les écoles enfantines (Kleinkinderschulen)
n'existent pas dans tous les cantons. Les méthodes varient
selon les lieux. es répondent autant à nos écoles
maternelles qu'à nos écoles enfantines proprement dites.
Elles sont bien organisées dans la Suisse française, el
même obligatoires dans le cant. de Cenève.
Aux Etats— Unis, il n'y a qu'un petit nombre d'écoles
maternelles ou de jardins d'enfants. Le rapport du bureau
d'éducation de Washington pour 1881 n'en signale que 273
recevant 14,100 enfants, c.-à-d. un nombre insignifiant.
i>n trouvera la statistique et des détails complémen-
taires dans l'article Exsr.iGNr.vF.NT primaire.
Ecoles gardiennes. — Kn Belgique, l'institution des
écoles gardiennes correspond à nos écoles maternelles et
enfantines. Les premières furent fondées î Bruxelles
en \Hitt par la Société des salles d'asile écoles gar-
diennes. En 1860, le gouvernement fit enseigner la mé-
thode Prœbel dans l< n irmales d'institutrices. La
loi du lPr juil. 1879 s'occupe des écoles gardiennes qui
ont depuis réalisé de grands progrès. Un diplôme Bpécial
a été créé, en 1880, pour lt> institutrices appelées à les
diriger. Ouverte aux enfants de trois à six ans, l'école
gardienne comprend dans son programme: dons de Fr.rbel
(V. ce mot) el occupations manuelles, causeries, petites
collections, explications d'images choisies, historiettes mo-
rales, poésies enfantines, chant, jeux, gymnastique, jardi-
nage. Elle exclu la lecture et l'écriture, mais elle y pré-
pare. La classe de transition vers l'école primaire, répon-
dant à notre classe enfantine, peut ère rattachée aussi
bien à l'école gardienne qu'à l'école primaire.
Écoles primaires. — Le nom d écoles primaires nous
vient de la Révolution française, il fut proposé parTalley-
rand dans son plan d'éducation nation. de présenté à l'As-
semblée constituante, repris par Condorcet et adopté par
la Convention qui, le l"2 déc. 17!>"2, décréta : « Les écoles
primaires formeront le premier degré d'instruction. On y
enseignera les connaissances rigoureusement nécessaires à
tous les citoyens. Les personnes chargées de l'enseignement
dans ces écoles s'appelleront instituteurs. » La loi du
3 brumaire an IV subordonna les écoles primaires aux
administrations municipales; celle du 11 floréal an X les
mit à la charge des communes et en confia l'organisation
aux sous-préfets. La décadence continue sous l'Empire, et
le décret qui fonde l'Université cite à peine les écoles pri-
maires. C'est la loi de 1833 qui leur a rendu leur caractère
et leur importance. Elle établit deux catégories : écoles
primaires élémentaires, écoles primaires supérieures;
supprimées par la loi du 15 mars 1850, elles ont été réta-
blies et la loi du 30 oct. 1886 consacre cette division.
L'école primaire est soit publique, soit privée (ou libre), soit
gratuite, soit payante, soit confessionnelle, soit laïque ou
mixte quant au culte, soit spéciale aux garçons ou aux
filles, soit mixte quant aux sexes.
L'organisation générale de n:>s écoles primaires de toute
nature sera étudiée à l'art. Enseignement primaire où l'on
trouvera aussi les faits relatifs à l'histoire de l'instruction
publique, à la liberté de l'enseignement; quant à la question
de l'école confessionnelle, elle sera exposée dans l'art. Laïcité.
Etranger. — En Allemagne, l'école primaire s'appelle
généralement, école populaire (Volksschule). Il y en a de
deux ou de trois degrés. Dans le duché de Bade, il y a :
1° des écoles populaires simples (seize heures par semaine);
"2° des écoles populaires à temps plus développé (vingt-
six à trente heures par semaine); les deux sexes y sont
ordinairement réunis; 3° des écoles populaires développées
ou supérieures. En Bavière, il n'y a qu'une catégorie qua-
lifiée école des jours ouvrables (Werkstagsschuie) ;
immédiatement au-dessus sont les établissements d'ensei-
gnement secondaire. En liesse, il y a des écoles populaires
élémentaires et supérieures. En Prusse, l'école primaire ou
populaire comporte trois degrés correspondant à l'instruc-
tion des élèves. Elle peut avoir jusqu'à six classes et, dans
ce cas, les plus hautes empiètent sur le programme des
écoles moyennes (V. plus loin). La Saxe a une organisa-
tion analogue : écoles populaires simples, moyennes, supé-
rieures. Le Wurttemberg n'a qu'une catégorie d'écoles popu-
laires et ce sont les écoles moyennes qui dispensent notre
enseignement primaire supérieur.
En Autriche, on distingue l'école populaire élémentaire
de l'école bourgeoise (ensignement primaire supérieur).
On peut fusionner les deux si l'école primaire a huit classes.
La séparation îles sexes est ordonnée pour les écoles bour-
geoises {Bùrgerschuleri) ou les classes correspondantes. —
En Hongrie, l'école élémentaire ou inférieure comprend un
cours de six années ; l'école supérieure, un cours de trois
années (deux pour les filles). Les sexes sont séparés.
En Belgique, il n'y a qu'une catégorie d'écoles primaires;
elles sont dites écoles communales; les petites sont mixtes
quant au sexe. I. 'enseignement primaire supérieur se donne
,ï Vécole moyenne (V. plus loin).
En Danemark, les école- ont un programme plus développé,
selon qu'elles <«u\ rurale-., urbaines ou de la capitale.
En Espagne, on distingue les écoles primaires élémen-
taires incomplètes (mixtes quant au sexe), complètes, les
écoles primaires supérieures (chefs-lieux de province et
villes d,. 10,000 hab.).
\ux Etats-Unis, on distingue les écoles primaires ou
élémentaire- [elementary ou primary schools, les écoles
ÉCOLE
— 37Î —
intermédiaires [intermi diate schools), les écoles primaire*
supérieures ou grammar schools, enfin les hautes écoles
(high schools).
Dans la Grande-Bretagne, YElementaru Education Aet
de 1870 établi) qu'une école élémentaire publique doit
donner L'enseignemement élémentaire moyennant une rétri-
bua le 9 pence par semaine (au maximum), être neutre
au point de vue religieux, se soumettre a l'inspection <>ili-
cielle et ans règlements. Il doit y avoir au moins quatre
cents leçons ou séances scolaires par an. — En Ecossi .
outre les écoles publiques de paroisse ou de bourg, il y
en a d'un tletjré supérieur (|iii se rapprochent de l ensei-
gnement moyen ou secondaire. — En Irlande, l'école pri-
maire publique est dite nationale ; ouverte cinq jour-- par
semaine, sans caractère confessionnel, elle est nommée a
l'inspection officielle. Il y a de j>lus des écoles primaires
agricoles, des écoles nationales à section industrielle, des
écoles nationales de travail, des écoles nationales annexées
i des couvents, enfin des écoles du soir; mais pas d'éta-
blissements d'enseignement primaire supérieur.
En Grèce, la loi de 1834 a établi des écoles populaires.
En Italie, la loi du 13 nov. 1859 divise les écoles pri-
maires en inférieures et supérieures; mais le cours total
d'études n'est que de cinq ans et la faiblesse des programmes
oblige à dire qu'il n'y a là que deux moments d'un ensei-
gnement élémentaire; les sexes sont séparés.
En Portugal, il y a des écoles primaires élémentaires et
supérieures ou complémentaires.
En Russie, on distingue les écoles primaires élémentaires
rurales (du gouvernement, paroissiales, orthodoxes, luthé-
riennes) et urbaines; les classes supérieures de celles-ci
donnent renseignement primaire supérieur.
En Suède, on distingue les écoles préparatoires (petites
écoles), les écoles primaires et les écoles primaires supé-
rieures.
En Suisse, sauf quelques cantons (Valais, Uri, etc.),
il y a partout des écoles primaires de deux degrés, élémen-
taire et supérieur. Dans plusieurs cantons, celles ou se donne
l'enseignement primaire supérieur sont qualifiées écoles
secondaires.
Pour l'étude d'ensemble et l'historique, V. Enseignement.
Ecoles ambulatoires. — On appelle écoles ambula-
toires celles qui sont desservies par des instituteurs ambu-
lants, lesquels se transportent tour à tour dans les différents
centres scolaires dont chacun serait isolément insutlisant
pour avoir une école à lui particulière. Ce système a fonc-
tionné jadis en France dans la région alpestre, d'où les
instituteurs émigraient pendant l'hiver ; maintenant encore
en Corse l'été, quand la population des villages menacés
par la malaria émigré, l'école et l'instituteur se déplacent
aussi. Mais les écoles ambulatoires sont officiellement
organisées a l'étranger. — En Norvège, la loi du 16 mai 1 81 iO
stipule que, dans les localités où la population est trop dis-
séminée, on pourra établir une école ambulatoire ; l'insti-
tuteur se transporte successivement sur différents points
de sa circonscription et y réunit les groupes d'élèves
durant quelques semaines. De même en Danemark, dans
les paysde landes, un instituteur ambulant (Omgangslcerer)
peut être chargé de plusieurs hameaux où il se rend alter-
nativement, étant logé et nourri par les habitants. En
Prusse, on a eu des écoles ambulatoires {Wanderschule),
mais on ne les accepte pas comme équivalant à une autre
et on s'est attaché à les faire disparaître. En Hongrie, on
les accepte dans les districts ruraux (loi du 5 déc. 1868).
Eu Espagne, pendant la saison hivernale, ne pouvant pas
déplacer les enfants à cause de l'étal des routes, on rail
venir l'instituteur qui s'installe successivement dans cha-
cun des groupes de fermes et y enseigne pendant quelques
semaines, logé, nourri et payé par les habitants.
Ecoles de hameau. — Les écoles de hameau telles
que les a instituées la loi du -20 mars iss.'î sont obliga-
toirement établies dans les petits centres de population
éloignés du chef-lieu de la commune ou distants les uns
dis autres de 3 kd. Une antre condition exigée parla
bu puni rétablissement de ces écoles, c'est quelle
Dissent un effectif d'au moins -2u enfants d'âge scolaire,
c.-à-d. âgés de sis a treize ans. Les écoles de hameau
rendent d'incontestables services, puisqu'elles permettent
de faire pénétrer l'instruction jusque dans les coins les
plus reculés du territoire. D'après b-s relevés b-s pins
récents, ces écoles étaient au nombre de 7,387 ei étaient
fréquentées par 305, 131 enfants.
Ecoles de manufactures. — In grand nombre
d'industriels ont organisé dans leurs manufactun
écoles ou des cours destines a donner au\ apprentis une
instruction primaire. (Test à cet effet qu'on a créé Bfl
Angleterre les écoles de demù-tempt fV.ce mot). En
France, l'Etal favorise ces organisations dues a l'initiative
privée. La loi du 1!) mai I NT i sur le travail des enfants
dans les manufactures décide que nul enfant ayant moins
de douze ans révolus ne peut étire employé par un patron
qu'autant que ses parents OU tuteur justifient qu'il fré-
quente actuellement une école publique ou privée. Font
enfant admis avant douze ans dans un atelier devra jusqu'à
cet âge suivre les classes d'une école pendant le temps
libre du travail. Il devra recevoir l'instruction pendant
deux heures au moins j>ar jour, si une école est attachée
à l'établissement industriel. La fréquentation de l'en
constatée au moyeu d'une feuille de présence dressée par
l'instituteur et remise chaque semaine au patron. — En
Angleterre, les exigences sont plus grandes. Le système
du demi-temps, adopté dès 1802, sur l'initiative de sir Ilo-
bert Peel, consiste a partager le temps des enfants ouvriers
entre l'école et l'atelier. 11 a été réglé par le Factvry Ici
de 1844; si l'enfant est employé de deux jours l'un a l'usine,
il doit l'autre jour travailler cinq heures à l'école ; s'il est
employé quotidiennement, il doit avoir chaque joui' au
moins trois heures de classe. Les jeunes garçons employés
dans les mines doivent jusqu'à douze ans recevoir dix heures
de leçons par semaine. L'obligation scolaire n'est atténuée
par le demi-temps qu'a partir de dix ans, et encore faut-il
que les enfants de dix à douze ans justifient d'un mini-
mum d'instruction, qu'ils aient passé l'examen du qua-
trième degré.
Ecoles de réforme. — On désigne sous ce nom. à
l'étranger, particulièrement en Belgique, les établissements
où l'on place les mineurs âgés de moins de seize ans qui
ont été mis en jugement pour un délit et acquittés comme
ayant agi sans discernement. Les écoles de réforme répon-
dent donc à nos colonies pénitentiaires (Y. Jeunes deteni s).
— En Belgique, il existe deux écoles de réforme, créées
par la loi du 3 avr. 1848 : celle de Uuysselede pour les
garçons, celle de Beernem pour les filles. Ces écoles
recueillent aussi les enfants abandonnés. On les forme aux
travaux de l'agriculture ou à divers métiers (menuiserie,
forge, cordonnerie, vannerie, tissage, lingerie, blanchis-
sage, dentelle, etc.). — En Angleterre, les n/ormatory
schools datent de 1788; la première, qui est encore la
[dus importante, se trouve actuellement à KedhilliSurrey).
Un acte du Parlement de 1834 a règle l'organisation de
ces écoles. Des actes de 1866 et 1876 ont établi des
industrial schools qui ont le caractère d'externats. —
En Allemagne, les RettungsanstaUen on Besserungsosir
stalten les plus réputées sont celles de Beuggen (près de
Bade) créée en 18Î6 par Christian-Heinrich ZeUer, et de
Rauhe llaus (près de Hambourg) créée en 1833 par
.1.-11. Wichern. Cette dernière servit de modèle a Mettray.
Ecoles industrielles. — Le nom d'écoles industrielles
désigne à l'étranger des établissements scolaires de plusieurs
catégories. En Belgique, ce sonl des écoles où b-s jeunes
gens âgés de quatorze ans au moins reçoivent l'enseigne-
ment du dessin et de ses applications à l'industrie, des
éléments des sciences, de la comptabilité. Ce sont des écoles
communales, mais ave. subvention de l'Etat et de la pro-
vince. Le cours d'études varie de deux à quatre ans. — En
Suisse (Neuchâtel), l'école industrielle correspond a l'école
373
ÉCOLE
rto&B(Realsehule) des Allemands. — En Angleterre, i'in-
dustrial school est une espèce de maison de correction on
(Vo/<' de réforme i\ . ci-dessus).
Ecoles mixtes. — Les écoles mixtes sont les écoles
ouvertes aux enfants des deux sexes. Elles existent dans
toutes les petites communes dont la population n'est pas
assez, nombreuse pour qu'il y ail lien d'ouvrir deux écoles,
une eeole pour les garçons, une école pour les tilles. La
loi de I806 édicté que l'enseignement dans les écoles
mixtes sera confié a des institutrices; mais le conseil
départemental a le droit, à titre provisoire, de charger des
instituteurs de cette direction, a condition qu'il leur soit
adjoint une maîtresse de couture. En t'ait, la plupart îles
écoles mixtes sont encore aux mains des instituteurs. Sur
18,363 écoles mixtes, en 1887, 8,262 seulement étaient
dirigées par des institutrices. En 1868, M. Jules Simon
disait dans son livre VEcole : « Dans beaucoup de villages,
l'essai de l'institutrice a été tenté : on n'a réussi qu'à
remplacer l'école de garçons par une école de tilles : les
garçons ont été retirés par leurs parents. Le peu de capa-
cité de la plupart des institutrices explique ce résultat. »
Ce préjuge n'est plus aujourd'hui qu'un anachronisme, si
l'on considère les progrès considérables accomplis, grâce
aux écoles normales, dans l'éducation pédagogique des
institutrices; mais le préjugé n'en subsiste pas moins, en-
courage d'ailleurs par les préférences des maires des com-
munes rurales, qui, dans leur préoccupation de trouver un
secrétaire de mairie, aiment mieux avoir un instituteur
qu'une institutrice (V. C.oédication).
Il sera traité des écoles mixtes quant au culte, en même
temps que des écoles confessionnelles (V. Laïcité).
Ecoles ménagères. — On a fondé des écoles inter-
médiaires entre l'école primaire et l'école professionnelle
par la nature de leur enseignement; elles sont appelées
écoles ménagères; leur objet est d'enseigner aux jeunes
filles tout ce qui est essentiel pour la tenue d'un ménage et
particulièrement la couture, la coupe et la confection, le
repassage, etc. Il s'agit donc bien d'un enseignement géné-
ral ne visant pas la préparation à une profession spéciale.
On cite, en France, celle de Reims (1873), de Rouen, du
Havre. — En Wurttemberg, on a organisé des écoles ména-
gères fonctionnant l'hiver dans les communes rurales. —
Les écoles de cuisine (V. plus bas) ont, dans une cer-
taine mesure, le même caractère, bien que leur enseigne-
ment soit plus spécial (V. aussi l'art. Economie domestiqif.).
Ecoles méridiennes. — Ecoles primaires qui ne
reçoivent leurs élèves qu'à partir de midi (V. Demi-temps
et le S Ecoles de manufactures).
Ecoles modèles protestantes. — Les écoles modèles
protestantes oui été créées, conformément à l'ordonnance
du Itijuil. iWA. à Dieulefit(I)roine), Montbéliard (l)oubs)
et Mens (Isère), pour former des instituteurs destinés aux
écoles primaires confessionnelles (V. Laïcité).
Ecoles moyennes. — On désigne sous le nom d'écoles
moyennes en Belgique et en Allemagne (Mittelschulen)
«les établissements intermédiaires entre l'école primaire
et les institutions d'enseignement secondaire, athénées ou
gymnases. L'est donc quelque chose d'analogue à nos
écoles primaires supérieures. — Ln Belgique, où elles sont
régulièrement organisées, les écoles moyennes comportent
un cours d'études de trois années. — En Autriche, au
contraire, l'école moyenne est un établissement d'ensei-
gnement secondaire, ce qu'on appelle en Allemagne )lit-
teischule étant ici dénommé Bûrgerschule.
Ecoles temporaires. — Kn 1850, l'on décida, au
conseil supérieur de l'instruction publique, que le ministre
pouvait, sur la demande du conseil municipal et appro-
bation du conseil départemental, autoriser l'ouverture
d'écoles temporaires : elles répondaient a peu près aux
mêmes besoins que les écoles de hameau,
Ecoles primaires supérieures. — Instituées par la loi
Guizot. en 1833, les écoles primaires supérieures devaient
être établies dans chaque chef-lieu de département et dans
toutes les villes ayant au moins 6,000 bah., et bien
que les prescriptions du législateur n'eussent pas reçu une
complète exécution, ces écoles étaient en nombre assez, consi-
dérable en 1880. Mais la loi de réaction du 18 mars 1850,
leur ('liant par là tout caractère légal, omit de les mentionner
parmi les établissements d'enseignement primaire, et leur
nombre diminua peu à peu. C'est seulement en 1878 que
la troisième République inscrivit un crédit de 1(10,000 IV.
au budget de l'instruction publique pour subventionner les
écoles primaires supérieures. Le crédit n'a cessé depuis
lois d'être augmenté, et il est pour le budget de 1892 de
2,643,600 fr. Le nombre des écoles de cet ordre qui
n'était que d'une quarantaine en 1878 s'est élevé en 1890
a 280, dont 203 de gardons et 77 de filles. La loi orga-
nique du 30 oct. 1 880 les a enfin consacrées en les énumé-
rant parmi les établissements d'instruction primaire. Leurs
programmes, leur régime intérieur, leur organisation, en
un mot, ont été réglés par les décrets et arrêtés du
l8janv.4887.Enfinia loi du 19 juil. 1889 (art. 5) a modifié
les conditions qui leur donnaient droit à une subvention
de l'Etat en stipulant qu'elles cesseraient d'être entrete-
nues, si leur effectif, [tendant trois années consécutives,
s'était abaissé au-dessous de 15 élèves par année d'étude.
Rappelons d'ailleurs que l'enseignement primaire supé-
rieur est donné aussi dans ce qu'on appelle les cours
complémentaires, qui se distinguent des écoles primaires
supérieures en ce qu'ils n'ont pas une existence indépen-
dante, étant annexés à une école primaire élémentaire et
placés sous la même direction que cette école. Kn outre,
dans les cours complémentaires, la durée des études est de
deux ans au maximum : elle est de deux ans au minimum
dans les écoles primaires supérieures, qui sont dites « de
plein exercice » quand elles comprennent trois années ou
un plus grand nombre. En 1890, on comptait 468 cours
complémentaires dont 334 de garçons et 434 de filles.
Le programme d'enseignement des écoles primaires
supérieures tel qu'il a été réglé par le décret organique
de 1887 comprend, outre la revision approfondie des ma-
tières étudiées à l'école primaire, les matières suivantes :
l'arithmétique appliquée; les éléments du calcul algé-
brique et de la géométrie ; les règles de la comptabilité
usuelle et de la tenue des livres; les notions de sciences
physiques et naturelles applicables à l'agriculture, à l'in-
dustrie et à l'hygiène; le dessin géométrique, le dessin
d'ornement et le modelage; les notions de droit usuel et
d'économie politique; les notions d'histoire de la littéra-
ture française; les principales époques de l'histoire géné-
rale et spécialement des temps modernes ; la géographie
industrielle et commerciale; les langues vivantes; le tra-
vail du bois et du fer, pour les garçons; le travail à
l'aiguille, la coupe et l'assemblage, pour les filles.
La prospérité des écoles primaires supérieures est établie
d'une façon éclatante par les dernières statistiques. Kn
1884, elles ne comptaient (en y comprenant les cours
complémentaires) que 28,882 élèves; en 1890, elles en
ont eu 40,57-2. Sur 12,943 élèves sortis en 1890 des
écoles primaires supérieures, 2,452 sont entrés dans le
commerce, 3,795 dans l'industrie, 1,416 dans l'agricul-
ture, soit une proportion de fit) °/0 environ. Les autres
ou bien ont continué leurs études dans divers établisse-
ments, ou bien sont rentrés dans leurs familles, ou enfin
ont été pourvus d'emplois dans différentes administrations.
On voit donc que les écoles primaires supérieures répondent
déjà à leur vraie destination qui est de préparer de bons
sujets pour le commerce et l'industrie. Leur caractère
professionnel ne fera très vraisemblablement que s'accen-
tuer davantage dans l'avenir. Actuellement, les écoles dont
nous parlons forment deux catégories : les unes sont sou-
mises an régime de la loi du 11 déc. 1880, les autres
non. Les premières qu'on appelle écoles manuelles d'ap-
prentissage relèvent a la fois du ministère de l'instruc-
tion publique et du ministère du commerce et de l'indus-
trie : elles sont au nombre de i8; les autres, le plus
ÉCOLE
- 374 -
grand nombre. Kttl 748 écoles on cours complémentaires,
ut- dépendent que du iniiiisi<*i«- de l'instruction |iubUqne.
Mais il est pan probable qu'on <'ii reste la. Des projets
sont en préparation qui anronl pour résnltaf d'établir on
nouveau classement des écoles primaires supérieures : on
ne se contenterait pas d'accroître le nombre de celles qui
seraient attribuées au ministère du commerce : on en met-
trait quelques-unes sous la direction dn ministère de
l'agriculture. En instituant ces diverses catégories, ratta-
chées aux ministères compétents, on déterminera mieux
encore I»1 caractère pratique de renseignement primaire
supérieur qui ne doit pas être simplement un développe-
mont, un degré [dus élevé de l'enseignement primaire
élémentaire, mais qui, pour remplir vraiment sa mission,
doit être de plus en plus une préparation aux professions
techniques. Gabriel Compavué.
Ecoles normales d'instituteurs et d'institu-
trices. — Quoique de tout temps les éducateurs de l'en-
fance aient paru comprendre l'importance de séminaires
pédagogiques où seraient formés les instituteurs du peuple,
c'est la Convention qui, la première, a essayé de fonder
en France des écoles normales. Lakanal, dans son rap-
port du 2 brumaire an III, exposait avec netteté la
raison d'être de ces établissements : « En décrétant les
écoles normales les premières, vous avez voulu, disait-il
à ses collègues, créer à l'avance un dès grand nombre
d'instituteurs, capables d'être les exécuteurs d'un plan qui
a pour but la régénération de l'entendement humain dans
une République de "2.') millions d'hommes que la démo-
cratie rend tous égaux. » Le 9 brumaire an III, la Con-
vention vota les propositions de Lakanal, et, quelques mois
après, le iec pluviôse an III, s'ouvrit, avec 1,400 jeunes
gens, appelés de toutes les parties du territoire, l'Ecole
normale de Paris. Mais l'essai, qui ne dura que quelques
mois, ne répondit pas aux espérances de ses promoteurs.
On ne donna pas suite à l'idée d'installer des écoles nor-
males en province. Il n'en est pas moins vrai que l'exemple
avait été donné ; le principe avait reçu un commencement
d'exécution ; enfin le nom était trouvé. « Ecoles normales,
disait Lakanal, parce que ces écoles doivent être le type et
la règle de toutes les autres. » Le premier Empire, qui se
montra si indifférent pour les choses de l'enseignement
primaire, ne songea plus aux écoles normales. Ce fut seu-
lement pendant les Cent-Jours qu'un décret rendu sous
l'inspiration de Carnot établit qu'il serait ouvert à Pans
une école d'essai d'éducation primaire, organisée de ma-
nière à devenir une école normale. Cette école ne fut pas
créée, et la première école normale primaire qu'ait possédée
notre pays est celle qui s'était ouverte à Strasbourg en
1810. Les progrès rapides de l'enseignement primaire en
Alsace ont été dus en partie à cette heureuse initiative.
La Restauration, comme l'Empire, se montra peu favo-
rable aux écoles normales, et cependant le dép. de la
Meurthe et relui de la Moselle en créèrent "2 en 18y20.
15 autres écoles furent fondées en 1830, 1831, 183-2. 1 n
règlement intervint en 1832, et, rattachant au pouvoir
central les écoles déjà existantes, il transforma en éta-
blissements d'Etat les écoles normales qui, jusque-là,
avaient été exclusivement départementales. Mais c'est sur-
tout la loi Guizot qui, en 1833, organisa les écoles nor-
males, et l'article "1 disait : « Tout département sera tenu
d'entretenir une école normale soit par lui-même, soit en
se réunissant à un ou plusieurs départements voisins. »
En 1830, la France compta 74 écoles normales d'institu-
teurs. La loi du 1 S mars 1850 tendait a humilier les écoles
normales que le parti clérical voyait prospérer avec mé-
fiance, mais elle ne les supprima point. Plusieurs départe-
ments même en ouvrirent de nouvelles. Mais elles durent
attendre la troisième République pour retrouver les sym-
pathies des pouvoirs publics. Rappelons d'abord que la loi
du 9 août IN7!» a rendu obligatoire pour chaque déparle-
ment l'établissement d'une école normale d'instituteurs,
et, ce qui était tout à fait nouveau, d'une école normale
d'institutrices. losque-Ui il n'existait guère que des a
normaux, dirigés pour la plupart pai des omhmbm
religieuses. Ce n'est p:is une des moindres ouvres de la
République actuelle que d'avoir Eut apparaître su demmana,
sur toutes les parties du territoire, plus de 80 isolai
animales de tilles. Après la loi de 1879, nous avoo
celle do 16 juin 1881, qui établit la gratuité dans les
écoles normales, comme dans tous les établissements d'en-
nient primaire, et celle du 19 juil. 1889 qui déter-
mine les traitements des fonctionnaires. Nous rappelleras
aussi les décret et arrêté organiques du 18 janv. 4887 qui
règlent l'organisation des écoles normales, le décret du
!• janv. 1883 qui y supprime les aumôniers, l'arrêté du
10 janv. t88ii qui, ravisant les règlements de 1881
li\e définitivement les programmes, enfin les circulaires
des 21 oct. 1880, 7 févr. 1884 et 10 mars 1X87 rela-
tives à la discipline intérieure. De tous ces textes qui sont
entre toutes les mains, nous allons extraire les dispositions
les plus importantes.
Les écoles normales, qui étaient autrefois presque exclu-
sivement des établissements départementaux, sont aujour-
d'hui « des établissements publics ». Elles relevaient
autrefois du préfet; elles sont depuis 1881 placées sous
l'autorité du recteur. Les élèves s'y préparent au brevet
supérieur. Les aspirants doivent avoir seize ans au moins,
dix-huit ans au plus, sauf dispense. Le brevet élémen-
taire est exigé des candidats, qui doivent en outre s'en-
gager à servir pendant dix ans dans l'enseignement pri-
maire. Le cours d'études est de trois ans. Le personnel
enseignant se compose de professeurs titulaires pourvus
d'un certificat d'aptitude, de délégués, qui sont progressi-
vement remplaces par des professeurs titulaires, enfin de
maîtres étrangers, empruntés généralement aux établisse-
ments d'enseignement secondaire et chargés de l'e:
gnement des langues vivantes, du chant, etc. Les direc-
teurs doivent être en possession d'un diplôme spécial, le
certificat d'aptitude à la direction des écoles normales.
Dans les écoles de plus de 60 élèves, il y a, outre le
directeur, un économe spécial ; dans les autres, c'est un
professeur qui est chargé du service de l'économat. Lue
école d'application, dite école annexe, est jointe a l'école
normale, et les éleves-maitres vont s'y exercer à la pra-
tique de l'enseignement. Le régime de l'école est l'internat.
On a pourtant expérimenté l'externat en quelques endroits,
à Mâcon, par exemple, ou les élèves ont été mis en pen-
sion dans des familles de la ville. Mais le résultat de cet
essai a été d'établir que les élèves externes travaillaient
moins, qu'ils avaient moins de succès aux examens du
brevet supérieur, et, en outre, que le régime de l'externat
est presque deux fois plus coûteux que celui de l'internat.
Les programmes très larges et très étendus comprennent,
outre les sciences mathématiques et naturelles, l'histoire et
l'instruction civique, l'étude delà langue et de la littéra-
ture françaises, une langue vivante, l'allemand ou l'anglais,
la psychologie, la morale et la pédagogie, et. en outre, des
exercices du travail manuel, le dessin, etc. Le cours des
études est de trois années. Le régime de l'internat a été
fort adouci dans ces dernières années. On a supprimé
les emplois de surveillants. Rien ne rappelle plus dans les
écoles normales d'aujourd'hui l'ancien régime de silence
perpétuel, de discipline mécanique et de contrainte exté-
rieure. On a voulu faire appel à la responsabilité person-
nelle des élèves, les habituer à se gouverner eux-mêmes,
et il semble, d'après les résultats de l'expérience, qu'on
ait eu raison. Avec plus de liberté, les écoles normales
ont maintenu le même ordre et la même assiduité au
travail. En 1886-87, tous les départements de France et
d'Algérie, à l'exception de celui d'Oran, avaient une école
normale d'instituteurs. En 1890, les dép. du tiers et
dos Rautes-Pyrénées, profitant de la disposition légale qui
autorise deu\ départements voisins a s'unir pour entretenir
à frais communs leurs écoles normales, ont fusionné :
l'école normale d'instituteurs est maintenant établie à Ain h.
— 37! S —
ÉCOLE
celle des institutrices à Tarins. Mais il est peu probible
que, maigri les encouragements de l'administration, beau-
coup de départements se décident à sacrifier leurs écoles
normales propres, construites à grands frais et répondant
d'ailleurs à (les besoins départementaux. En 1886-87, il
y avait 81 écoles normales d'institutrices. Mais, depuis
cette époque, les départements retardataires ont ouvert
aussi leur eeole normale de tilles: et sauf une OU deux
fusions opérées, on peut dire que chaque circonscription
départementale a maintenant son école d'institutrices. Le
nombre des élèves- maîtres et des élèves— maltresses qui
était, en ISS7, de 3,443 et de 3,84 i. a été sensible-
ment réduit, au moins en ce qui concerne les instituteurs,
non pas seulement par mesure d'économie, mais parce que
le ralentissement inévitable des créations nouvelles d'écoles
et d'emplois laisse moins de disponibilité pour le place-
ment des instituteurs débutants : il n'est plus en 1892
3 ne de 4,056 élèves-maîtres, soit une diminution de prés
e 1,500. Si le nombre des èlèves-maltresses est de 3,552,
c.-a-d. supérieur de huit unités au chiffre de 1,887, cela
tient à l'ouverture de plusieurs nouvelles écoles d'institu-
triees. Ajoutons enfin que les écoles normales sont actuelle-
ment inscrites au buoget de l'instruction publique pour
une somme de 9,356,975 fr. Gabriel GowpaybÎ.
Etranger. — Allemagne. L'instruction professionnelle
des instituteurs et institutrices leur est donnée en Alle-
magne dans des séminaires, quelquefois appelés établis-
sements pour la formation des maîtres (/.<•/( rerbildungsan-
Statten), Les premiers furent tondes à la tin du xvn" siècle.
Le duc Frédéric II de Saxe-Cobourg-Gotha en eut l'ini-
tiative: Francke, dans son Pœdaqogium de Halle, créa une
'lasse pour la préparation des instituteurs. Son disciple
Schienmettin adjoignit en 1732 un séminaire d'instituteurs
i son orphelinat de Stettm. Kn 1718, fut créé par Docker
celui de Berlin que le gouvernement prussien subventionna
a partir de 1753 et qui recruta les instituteurs brande-
bourgeois; il existe encore à Kœpenick. Le mouvement
piétiste qui avait inspiré Francke et Becker provoqua de
nombreuses créations de séminaires analogues pendant la
seconde moitié du xvuie siècle; de 1781 à 1800, il en nait
-JM. dont le plus célèbre fut celui de Dresde (dans la Fried-
richstadt). Les progrès furent non moins rapides dans la
période suivante. En IS-Jli, il y avait en Prusse 27 sémi-
naires d'instituteurs, dont 15 protestants, ti catholiques et
I) mixtes: ils comptaient 1,500 élèves internes; le cours
d'études était de deux ans. rarement trois ; à chacun était
annexé une école d'application. De 1826 à 1848, on crée
en Allemagne |S séminaires dont 9 en Prusse; de 1848 à
1870, 32 dont 21 en Prusse. Fait remarquable, il n'était
pas question jusque-là de séminaires d'institutrices; la fon-
dation de ceux-ci est toute récente et il n'y en a qu'un
j>etit nombre. — Ln Bavière, il y a deux catégories
d'établissements pour la formation des instituteurs : les
écoles préparatoires et les séminaires; le cours d'études
est de cinq années, dont deux dans le séminaire. Il a été
créé 3 séminaires d'institutrices. Les études durent six
années dont quatre en cours préparatoire et deux au sémi-
naire. — Kn l'russe, les candidats passent par l'école pré-
paratoire qui est un externat avant d'entrer au séminaire.
Celui-ci comporte trois années d'études; voici le programme
et 1p [dan d études:
HEURES PAR SEMAINE
Matières obligatoires.
I" innée
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2
2
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Sciences naturelles et phy-
A reporter . . .
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Matières obligatoires.
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Géographie
Dessin .
Ecriture
Gymnastique
Musique et ebant
HEURES 1AIÎ SEMAINE
l'° année
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I
I
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19
Matières facultatives.
Français, anglais ou latin. 3 3 2
Il y a, de plus, des exercices pratiques d'agriculture. La
troisième année est moins chargée, parce que les élèves-
maitres sont alors occupés à donner un enseignement à
l'école d'application, où ils se mettent au courant sous la
direction des maîtres du séminaire et de l'instituteur spé-
cial de l'école annexe. La Prusse avait, en 1882, III sé-
minaires comptant 9,955 élèves. Elle avait seulement
i) séminaires d'institutrices. — En Saxe, on comptait
16 séminaires d'instituteurs et 2 d'institutrices. En somme,
dans toute l'Allemagne, il y avait, en dée. 1884, 164 sé-
minaires d'instituteurs et 21 d'institutrices. De plus,
7.f> écoles préparatoires (dont 4 pour les femmes).
Angleterre. En Angleterre, les écoles normales d'insti-
tuteurs et d'institutrices sont appelées training collèges.
Elles sont toutes la création d'associations privées où do
particuliers, mais l'Etat les subventionne et les surveille.
On en comptait 42 en 1884. Toutes possèdent une école
d'application. Les premières furent fondées par les asso-
ciations British an Foreign sclwol Society et National
Society; h première, qui professe la neutralité confes-
sionnelle, en possède 6, la seconde, 4; l'Eglise anglicane
en a 25, les wesleyens 2, les congrégationalistes 1, les
catholiques 3. Le nombre des maîtres est de 338, relui
des élèves de 3,214, dont 3,199 boursiers (en 1883-84).
Depuis, on a ouvert à Liverpool un quarante-deuxième
training collège, sans couleur religieuse, et le mouve-
ment vers la laïcisation est très marqué. Chaque année,
a lieu l'examen d'admission à chaque training collège.
Le cours moyen d'études est de deux années. 2 écoles
normales admettent des élèves-maîtres des deux sexes ;
des autres, 23 sont réservées aux femmes et 16 aux
hommes. En Ecosse, il y a 4 training collèges mixtes
quant au sexe et 3 réservés aux institutrices. Tous sont
entretenus par l'Eglise d'Ecosse, l'Eglise libre ou l'Eglise
épiscopale. — En Irlande, il n'y eut, jusqu'en 1883, qu'une
école normale (the Institution) ; entretenue par l'Etat,
c'était un internat comptant 100 élèves-maîtres et 75 élèves-
maitresses. 3 autres ont été créés en 4883 et 1884, dont
2 catholiques; mais encore maintenant la majorité des
instituteurs se forment par l'apprentissage direct en servant
de moniteurs à leurs collègues en exercice.
Argentine {République). Il y avait, en 1882, 9 écoles
normales d'instituteurs et 0 d'institutrices, ayant, respec-
tivement 306 et 335 élèves.
Autriche-Hongrie. En Autriche, la première école nor-
male fut créée par Mesmer en 1770, sous le nom de Nor-
malschule. On appliqua la méthode d'enseignement mé-
canique de l'abbé de Sagan. En 1780, il y avait 15 écoles
normales. Le code scolaire de 1805 fixe à trois mois la
durée des cours pédagogiques pour les aspirants institu-
teurs des écoles élémentaires, à six mois pour ceux qui
se destinent aux écoles principales. Sous le ministère
Hasner (1867-70) a lieu la réforme scolaire. En 186!), on
organise de véritables écoles normales : Age d'admission,
quinze ans; durée des études, quatre années. H y en avait
\'i pour les instituteurs, et, sur ce nombre, -I allemandes
(dont 1 mixtes), 7 tchèques, 3 polonaises, 3 polonaises el
ruthènes, 2 Slovènes (mixtes), 2 italiennes (1 mixte),
-1 croates (1 mixte). Des 21 écoles normales d'institutrices,
10 allemandes (dont 2 mixtes), 4 tchèques (I mixte),
I polonaise. 3 italiennes (1 mixte), 1 slovène (mixte).
ÉCOLE
- 378 -
1 croate! — En Hongrie, l'organisation esl analosne, mais
des 70 écoles normales, -'< seulement apparbemienl .1
l'Etal ; les autres Boni confessionnelles (catholiques 23,
catholiques grecques i. grecques orientales 4, calvinistes i,
luthériennes 10, Israélite h. On y comptait 3,988 élèves,
donl 1 ,025 femmes, 2,291 boursiers.
Belgique. Les écoles normales de la Belgique sont, de-
puis l'origine du royaume, dans une situation instable,
tenant aux luttes des partis sur le terrain scolaire. En \x'rl,
on décida que les écoles normales privées Beraienl adoptées
par le gouvernement à coté des 2 siennes, à la condition
de se soumettre à l'inspection! Les écoles congréganistes
ou épiscopales bénéficièrent de ce régime. En 1879, on
leur retira ces avantages, et l'Etat, qui n'avait que 4 écoles
d'instituteurs et 1 d'institutrices, en ouvrit d'autres. Mais,
dès i SS i, la réaction catholique rendit aux écoles privées
les subsides de l'Etat et réduisit le nombre des écoles pu-
bliques. Dans celles-ci, le régime est l'externat ou l'internat,
l'à^e d'admission de seize à vingt-deux ans, la durée des
études de quatre années.
Brésil. Il existait, en 1X84, 18 écoles normales pri-
maires relevant des autorités provinciales.
Bulgarie. On a créé, en 4881, 2 écoles normales pri-
maires (Vratsa, Choumla); en 1882, 1 autre à Kazaidik
(Roumélie-Orientale).
Canada. Il y a des écoles normales, confessionnelles ou
neutres, mixtes quant au sexe, dans les provinces de
Québec, d'Ontario, Nouvelle-Ecosse, Nouveau-Brunswick et
dans l'ile du Prince-Edouard.
Chili. Il y avait, en 188 1 , 4 écoles normales.
Colombif. Chacun des neuf Etats ou provinces a son
école normale d'instituteurs et son école normale d'insti-
tutrices. Elles fonctionnent d'après la méthode allemande.
Danemark. Les séminaires d'instituteurs remontent à
1 7!)0 ; il y en a 5 avec 233 élèves ; pas d'école normale
d'institutrices.
Egypte. On a fondé en 1881 une école normale d'ins-
tituteurs.
Espagne. Créées en 1838, les écoles normales devaient
être à raison d'une par province; ce nombre fut réduit en
1849 à 9 écoles normales supérieures (internats), plus
l'école centrale de Madrid et 22 écoles normales élémen-
taire'! (externats). En 1857, on décida de nouveau qu'il y
aurait une école normale dans la capitale de chaque pro-
vince et qu'on en créerait pour former des institutrices.
En 1884, il y avait 47 écoles normales d'instituteurs dont
2 seulement avaient un cours d'études de quatre années,
0 de trois années, 39 de deux années. De plus, 29 écoles
normales d'institutrices dont 12 avaient un cours d'études
de trois ans, 16 de deux ans, 1 d'un an.
Etats-Unis. Les écoles normales (normal schools)
sont nombreuses ; en 1883, on en a recensé 233 avec
36,300 élèves sur le territoire de l'Union ; sur ce total,
97 étaient entretenues par les Etats (18,000 élèves),
22 par une ville ou un comté (3,300 élèves) et 114 par
des particuliers (13,000 élèves). La première fut ouverte
dans le Massachusetts à Lexington et dirigée par Cyrus
Peirce (V. ce nom). Le régime varie d'un établissement à
l'autre. L'école normale d'Albany, la principale de l'Etat
de New-York, reçoit les élèves des deux sexes, à seize ans
(femmes) ou a dix-huit (hommes) . L'admission est prononcée
sur le vu d'un certificat d'études ou après examen. L'en-
seignement est gratuit; il dure deux années divisées cha-
cune en deux semestres d'études. — Malgré le nombre
des écoles normales et de leurs élèves, l'enseignement pri-
maire est si développé aux Etats-Unis qu'il a fallu, pour
recruter le personnel des petites écoles, organiser presque
partout des cours normaux ou des conférences pédagogiques
(teachers institutes).
Grèce. Il existe a Athènes une école normale d'institu-
teurs et une école normale d'institutrices (Arsakeion).
Hollande. La première et longtemps la seule école nor-
male tut celle de llaarlem l'ondée en 1816 (externat,
quatre années d'études). Après la loi de 1857 on en eut ;;;
en 1878, 7, outre dés cours normanx municipaux ou
publics. Pour les institutrices, il n'j a que des écoles nor-
males libres el des cours.
Italie. Lerèglemenl de 1883 a supprimé le nom i'écolet
magistrales, mais maintenu la chose, c.-à-d. le
normales inférieures (deux ans d'études) a coté de celles do
degré supérieur (trois ans d'études). Les unes el les antres
ont un cours préparatoire de deux an> auquel on esl admis
.1 treize ans (femmes) ou quatorze ans (hommes). On a créé
en 1882 à Home el a Florence des écoles normales supé-
rieures d'institutrices [Istituti superiori femminilt di
magistère) pour préparer celles qui se destinent a un en-
geignement plus élève que celui de l'école primaire. On v
entre avec le brevet d'institutrice primaire et on v lait
quatre années d'études.
Japon. Les écoles normales primaires étaient en 1882
au nombre de 76. Leur enseignement comporte trois de-
grés différents. A chai une est annexée une école d'applica-
tion. A Tokio, l'Etal entretient 2 écoles normales modèles
pour les hommes et les femmes. Les autres sont entre-
tenues par les autorites locales.
Luxembourg. L'école normale fondée en 181" est un
externat pour les jeunes gens, un internat congrégaiii^te
pour les jeunes filles.
Norvège. Il existe a côté des séminaires des écoles
d'instituteurs annexées aux écoles primaires supérieures
rurales. D'un ordre un peu inférieur, les séminaires étaient
en 1881 au nombre de 0; les petites écoles normales au
nombre de 3 ; les premiers comptaient 423 élèves ; les
autres 100.
Pérou. Il a été ouvert en 1876 et 1878 à Lima une
école normale pour chacun des deux sexes.
Portugal. On a décidé en 1878 la création de 2 écoles
normales modèles à Lisbonne et à Porto pour former
l'une des instituteurs, l'autre des institutrices. L'âge d'ad-
mission est de seize à vingt-cinq ans; la durée des études
de trois années. Dans les autres districts administratifs,
on a créé des écoles normales de seconde classe (deux ans
d'études).
Roumanie. En 1882-1883, on a recensé dans les
8 écoles normales primaires 741 élèves.
Russie. Les instituts pédagogiques préparent les
maîtres des écoles urbaines et de district; les séminaires
pédagogiques préparent ceux des écoles élémentaires. Les
premiers sont des internats où les études durent trois
années et renferment chacun au plus 73 élèves, dont
(iO boursiers; on y entre à seize ans. Les seconds sont des
externats ou l'on entre à seize ans ; ils ont chacun 60 élèves
boursiers. La durée des études est de trois années. On
compte une dizaine d'instituts pédagogiques : quant aux
séminaires pédagogiques, il y en avait, en 1883, 62 donl
49 entretenus par le gouvernement. Ils comptaient 4,423
élevés dont 620 femmes.
Serbie. Les instituteurs se forment aux séminaires de
Belgrade et de Nich, les institutrices à l'école supérieure
de Belgrade (section pédagogique).
Suède. 11 y a 7 écoles normales primaires ou sémi-
naires d'instituteurs et 4 d'institutrices; ce sont des ex-
ternats ; la durée des études est de quatre ans (trente-six
semaines par an). Il existe de plus 2 séminaires spéciaux
pour les édiles finnoises et les écoles laponnes.
Suisse. Ees institutions pédagogiques sont très diffé-
rentes d'un canton à l'autre. Beaucoup n'ont pas d'école
normale, soit que les instituteurs fassent leurs études pro-
fessionnelles dans les gymnases, soit qu'ils se rendent dans
les séminaires d'un canton voisin. C'est le cas pour les
doubles tant. d'Appenzell et de Baie et d'UnterwauL, pour
ceux de Claris. dUri, de Schafihouse. Le cant. de Berne
pinède 4 écoles normales cantonales pour les institu-
teurs français et allemands, institutrices françaises et
allemandes. Le régime comporte l'internat, la gratuité, mais
pas de bourses, une école d'application, l'admission à
KCOLK
quinze ans ; il existe de plus des établissements privés. I.e
cuni. de Lucarne eal en 1799 la première école normale
de Suisse fondée par le directoire de la République hel-
vétique. Elle existe encore avec les règles suivantes : ex-
ternat, gratuité, bourses, admission à quinze ans, quatre
ans d'études. Les séminaires cantonaux d'instituteurs de
Soleure etdeSchwyti sont des internats (admission aquhue
on à seize ans. trois ans d'études) : les séminaires d'ins-
titatrices des cant il«' Schwytz el /.u± sont diriges par les
sœurs de la Sainte-Croix. Le séminaire cantonal d'institu-
teurs de Saint-Gall est mixte an point de vue religieux ;
c'est m internat ou l'on entre a quinze ans, les éludes
durait trois années. Les (irisons ont à Caire un séminaire
cantonal d'instituteurs (internat, admission à treize ans,
quatre ans d'études): comme dans le précédent, la plupart
des élèves sont boursiers. Les séminaires cantonaux d'ins-
tituteurs d'Ârgovie et de Thurcovie (celui-ci organisé par
Wehrli), mixtes quant aux coites, sont des internats où
l'on entre à quinze ans pour faire quatre ou trois années
d'études. Dans les écoles normales d'instituteurs et d'institu-
trices du Tessîn, les études ne durent que deux ans : elles sont
mixtes quant aux cultes. Les écoles normales du cant. de
Vtad sont protestantes; pour les femmes comme pour les
bommes, le régime est l'externat : on y est admis à seize
ans avec le titre d'élève-régent ou régente. Les premiers
l'ont quatre ans d'étude, les secondes deux ans. Le cant.
du Valais a 4 écoles normales cantonales (instituteurs,
institutrices de langue française et allemande); elles sont
catholiques; on y entre à quinze ans et les études durent
trois années, mais seulement deux à trois mois par an. A
Neiichàtel. l'école normale cantonale d'instituteurs et d'ins-
titutrices est laïque ; c'est un externat ou l'on entre à seize
ans: les études durent deux ans pour les hommes, un an
pour les femmes. Le cant. de Genève n'a pas d'école nor-
male, mais seulement une double section de pédagogie au
gvmnase et une autre à l'école supérieure de tilles. En
résumé, la Suisse possédait en 188o, 34 écoles normales
dont "2<\ cantonales, 1 municipale, 8 privées; il étaient
réservées aux hommes, 12 aux femmes, 1 mixte. Au point
de vue confessionnel, 3 ne comportaient pas d'enseigne-
ment religieux, 14 étaient mixtes quant au culte, 8 pro-
testantes et 9 catholiques.
Uruguay. On a crée en 1877 une double école normale
à Montevideo. A.-M. B.
Ecoles stagiaires. — Les écoles stagiaires sont, aux
termes de la loi de 18.v>0, les établissements publics ou
libres d'institution primaire autorisés par le conseil dé-
partemental pour recevoir des élèves-maitres stagiaires.
Cette institution a disparu devant le développement des
écoles normales d'enseignement primaire. Les stagiaires
pensionnaires ou externes étaient confiés à l'instituteur sur
h mande ; ils étaient surveilles par l'inspecteur primaire.
Ecole normale supérieure d'instituteurs. — Ins-
tallée en mars 18X-2 dans les dépendances de l'ancien palais
de Saint-Cloud. Dès l'année précédente (arrêté de M. Jules
1 . 1 1 v du !) mars 1881), le ministère de l'instruction pu-
blique avait décidé d'établir pour les écoles normales d'insti-
tuteurs une pépinière de professeurs analogue à celle qu'il
venait d'ouvrir a l'ontenay-aux-Koses pour les écoles
normales d'institutrices. « Un premier essai de cours pré-
paratoires au professorat des écoles normales » avait eu
li. il du l'r avr. au lo juil. INSI , à Sèvres, dans les
b» aux occupés depuis par l'Ecole normale d'enseignement
Secondaire des j«-un«-s tilles. 33 maîtres adjoints designés
par les recteui-s (-21 pour les sciences, 12 pour les lettres),
avaient été reçus la aux irais de l'Etat et préparés pen-
dant trois mois au certificat d'aptitude au professorat,
ou plus de la moitié avaient réussi du premier coup.
En renonvelanl l'essai l'année suivante, on avait mis les
places au concours. La durée des études fut portée à un
an d'abord, puis à deux ans. C'est le 2-2 déc. 18*2 que,
sur l'avis du conseil supérieur, fut [«ris par M. Duvaux,
ministre, l'arrête qui consacrait l'Ecole normale supérieure
d'enseignement primaire de Saint-Cloud. Elle reçoit des
élèves internes et des élèves externes. Le nombre des in-
ternes, fixe chaque année par le ministre, est. en moyenne
de 20 par promotion; celui des externes est variable. Les
internes seuls, étant Ions boursiers, sont reçus au concours :
il faut être âge de vingt et un ans au inoins et de vingt-cinq
au plus, avoir deux ans de service dans l'enseignement
public, être pourvu soit du brevet supérieur, soit d'un bac-
calauréat, enfin prendre l'engagement décennal. Outre le
logement, la nourriture et l'instruction, les élèves reçoivent
une indemnité annuelle de 2S0 IV. (elle était même de 400
avant 18S8) pour leurs dépenses d'entretien et de voyage.
Les externes sont admis pour une année seulement par
décision bienveillante du ministre, sur le rapport favorable
du recteur de leur académie; ils suivent les cours et
participent à toute la vie scolaire des internes, mais ils
prennent leur logement et leurs repas au dehors, ou payent
un prix de pension fixé à 800 l'r. pour être reçus (jusqu'à
concurrence de 10) comme pensionnaires libres à l'Ecole.
Il y a deux catégories d'externes : les uns qui ont été ad-
missibles au plus récent concours d'admission et ont donné
une idée suffisante de leur aptitude; les autres qui se
préparent directement au professorat et y ont déjà été ad-
missibles.
Tout ce qui concerne le régime de l'Ecole est réglé par
le décret et l'arrêté du 18 janv. 1K87 prisen exécution de
la loi du 30 oct. 1886. Il faut dire toutefois que plusieurs
dispositions libérales de ce règlement n'ont pu encore être
appliquées pour des raisons budgétaires, par exemple celles
qui concernent les bourses d'externes, la troisième année
d'études, l'institution d'une école normale annexe. L'inter-
nat est ce qu'il doit être pour des hommes et des maîtres,
c.-à-d. aussi libre que possible : point de maîtres d'études;
pour toute administration un directeur, un sous-directeur
et un économe. Les récréations ont lieu dans le parc Saint-
Cloud. Chaque élève a sa chambre pour la nuit, mais ils
travaillent en commun; ils ont une bibliothèque, une salle
de réunion avec des jeux, des journaux français et étran-
gers, des revues littéraires, scientifiques et pédagogiques.
Le dimanche, jour de sortie générale, ils viennent libre-
ment à Paris, où d'ailleurs dans la semaine même ils vien-
nent par groupes suivre certains cours. L'enseignement est
donné dans l'Ecole par des professeurs appartenant pour
la plupart aux lycées de Paris. Chaque leçon est d'une
heure et demie : aucun professeur n'en donne plus de deux
par semaine. Pas d'autres programmes que ceux des écoles
normales primaires, mais étudiés d'une manière appro-
fondie, dans un esprit élevé et philosophique, avec les excur-
sions nécessaires sur les domaines voisins, notamment dans
le champ tle l'histoire, de la morale et de la psychologie
appliquée. Des manipulations, des excursions scientifiques,
des interrogations hebdomadaires constituent pour les élèves
de sciences une série d'exercices pratiques, auxquels cor-
respondent pour la section des lettres, des discussions, des
explications d'auteurs, des corrections de devoirs, des leçons
faites et critiquées par les élèves. Quatre heures et demie
par semaine dans chaque année sont consacrées à l'ensei-
gnement du travail manuel (forge, ajustage, tour au fer et
au bois, modelage, menuiserie, etc.), enseignement donné
par deux professeurs spéciaux et obligatoire pour la sec-
tion des sciences. Par la l'Ecole de Saint-Cloud a remplacé
l'Ecole spéciale de travail manuel supprimée en 1883. Klle
fournit aussi, au besoin, le personnel enseignant et diri-
geant des écoles primaires supérieures aussi bien que des
écoles normales. Le budget de l'Ecole était de 172,960 fr.
en 1889. Pour les 20 places d'internes, il y a en moyenne
200 candidats; le niveau n'a cessé de s'élever, mais en
restant toujours inférieur pour les lettres a ce qu'il est
pour les sciences. Parmi les externes, il y a chaque année
des étrangers ; chaque année aussi l'Ecole envoie à l'étran-
ger quelques-uns de ses élèves, comme boursiers de l'Etat,
pour y compléter leurs études de langues vivantes. Ils
prennent au retour les grades spéciaux de cet enseigne-
ÉCOLE
- 37» -
ment. D'une manu ire générale, lee élèvM de Samt-Oond
ne te bornenl pas ttu grades ani quels on lee prépare «lirec-
tcnii'iit. Comme il arrive tonjounà U suite d'éludée ('•le-
vées, ils se trouvent prêta ponrdee services plus rariéa,
plus élevés même parfois, qoe seui qu'un avait d'abord en
vue. Enseignement, inspection, direction, ils remplissent
déjà des fonctions très diverses en France et aux coloni -.
Comme lien entre eux, lis ont fondé une Société amicale des
anciens élèves «le Saint-Cloud. II. M.
Ecole normale supérieure d'institutrices de Fon-
tenay-aux-Roses. — l.a loi du 1 0 juin 1 87!) ayant prescrit
à tous les départements d'avoir dans quatre ans une école
normale de tilles, il fallait préparer d'urgence des direc-
trices et des professeurs pour ces écoles : tel est le but de
l'Ecole normale supérieure d'institutrices ouverte a Fonte-
nav-aux-Roscs en nov. 1K80. L'organisation des études fut
confiée à M. Pécaut, inspecteur général, qui en a gardé
depuis la haute direction, et dont on peut dire que cette
école est l'œuvre en ce qu'elle a de plus original. On ne
peut toutefois séparer de ce nom celui de Mme de Friedberg,
la directrice des dix premières années. Les premières leçons
eurenl lieu à l'Ecole normale d'institutrices de Paris, où
l'on avait réuni en hâte les 1!) élèves de la première
promotion, appelées pour une année seulement. l'eu après
l'installation à Fontenay, un arrêté de M. Jules Ferry
(24 déc.) fixa les conditions de l'établissement, confirmées
et développées depuis par l'arrêté du 18 janv. 1887. Pour
la première fois en France l'Etat créait l'instruction supé-
rieure des jeunes filles, cela en vue d'organiser rationnel-
lement et de fortifier l'enseignement primaire des femmes;
et il conviait à cette œuvre, si importante dans la réfection
totale de l'éducation nationale, des hommes choisis dans
les trois ordres d'enseignement. De là le caractère unique,
et si remarqué à l'origine, de cette grande école, où des
professeurs des lycées de Paris, de la Sorbonne et du Mu-
séum, humanistes, philosophes, savants, membres de l'Ins-
titut, apportent, les uns deux fois par semaine, les autres
seulement quelques fois par an, le meilleur et le plus assi-
milable de leur savoir et de leur pensée à une élite de
jeunes filles déjà fort instruites, et dont le bon vouloir ne
saurait être plus grand.
lîien que l'Ecole puisse recevoir des externes, elle en a
peu : toutes les élèves proprement dites sont internes et
boursières de l'Etat, qui leur fournit même les livres et
alloue à chacune pour frais d'habillement et de voyage une
indemnité annuelle de 250 fr. Elles sont nommées au con-
cours. Pour s'y présenter, il faut avoir dix-neuf ans au
moins, vingt-cinq au plus, être munie, soit du brevet supé-
rieur, soit du diplôme de bachelier, soit du certificat
d'études secondaires, enfin, prendre l'engagement décen-
nal. Le nombre des aspirantes dépasse 150 : on en reçoit
en moyenne 15 pour les lettres et autant pour les sciences.
La durée des études, fixée en principe à trois ans, n'est
encore en fait que de deux, vu l'urgence des besoins. En
revanche, le nombre des élèves est de plus de 70 (avec les
aspirantes à la direction) ; il pourra être moindre quand
les écoles normales nouvelles et les écoles primaires su-
périeures (pour lesquelles on exige le même grade) auront
tout leur contingent de professeurs. L'examen d'entrée
n'a pas d'autre programme que celui des écoles normales
et du brevet supérieur; mais on y cherche les marques
d'aptitude, les bonnes habitudes d'esprit, le sens péda-
gogique bien plus que le savoir acquis. Pour l'ordre
des lettres, quatre compositions écrites : littérature, pé-
dagogie ou morale, histoire et géographie, langues vi-
vantes ; quatre épreuves orales : exposé grammatical ou
littéraire, exposé d'histoire et de géographie, explication
d'un texte français, explication d'un texte anglais ou alle-
mand. Pour les sciences : compositions écrites de mathé-
matiques, de sciences physiques et naturelles, de dessin,
de langues vivantes, de pédagogie ou de morale. Comme
épreuves orales : exposé de mathématiques; exposés de
physique, chimie, histoire naturelle; explication d'un texte
allemand ou tosUis; travail 6 l'aiguille. Les compositions
se font .m chef-lieu de chaque département et sont corri-
Paria par des eenaassùns fffltéw surtout i
professeurs de L'Ecole. L'oral a lieu i Pans, l ne heure de
préparation asl accordés pour las exposés, que suivent des
interrogations direra , 1 1 première année se terûse par
un simple examen de passa e, Is seconde par L'examen
public du prof «sont.
La discipline intérieure, toute libérale, s'exerce sans
étroite surveillance, par l'influence morale, par les conseils
de la directrice et de quatre répétitrices choisies parmi
anciennes élevés. 1. 'esprit de liberté et de responsabilité
est la règle de la maison. La grande majorité des et
ont chacune leur chambre, qu'elles font elles-mêmes. A
tour de rôle elles prennent part à l'administration inté-
rieure. Les salles de travail sont communes. Les récréations
se prennent au jardin et même au dehors en pleins champs,
ou bien dans la bibliothèque, les salles de lecture et de
jeux. Toute étude cesse à sept heures et demie, et l'heure
entière qui précède le coucher est donnée à la conversation,
à la danse, à la correspondance, aux petits travaux de cou-
ture. Une règle inflexible interdit le travail la nuit et pen-
dant les heures dues aux repos. Le travail est du reste
aussi libre que possible. Les sorties le sont aussi à cer-
taines heures, et le dimanche depuis le matin jusqu'à la
nuit : les élèves n'ont qu'à dire où elles se proposent d'aller.
Les leçons des professeurs sont d'une heure et demie, et
il n'y en a que deux par jour; mais elles sont « répétées »,
reprises, suivies d'exercices pratiques et d'interrogations.
En seconde année surtout, les élèves font elles-mêmes des
leçons, que plusieurs préparent, que d'autres discutent,
que le professeur corrige principalement au point de vue
pédagogique, exigeant la transposition de son propre ensei-
gnement, l'adaptation aux écoles normales et quelquefois
même aux écoles primaires. Un s'exerce aussi à la correc-
tion des devoirs, à des comptes rendus de lectures, surtout
à la composition française, tantôt faite à loisir, tantôt en
un temps donné. La version allemande ou anglaise est pra-
tiquée en vue de la précision et de la souplesse. Enfin le
chant choral devant tenir une grande place dans l'ensei-
gnement des écoles normales, en tient une grande aussi à
Fontenay. Faire, en un mot, des èducutrices capables de
tout point d'en former à leur tour, voilà le but en vue duquel
tout est concerté. Pour cela, la formation du caractère et
des habitudes est jugée plus importante encore que celle
de l'esprit. Les aspirantes a la direction, déjà pourvues du
diplôme de professeurs, sont admises pour une seule année
à la suite de trois compositions écrites (psychologie ou
morale, pédagogie pratique, analyse critique d'un texte).
Leur préparation comporte, outre des exercices communs à
toute l'Ecole, d'autres analogues et plus approfondis, puis
des visites faites sons la direction d'un inspecteur général
dans les écoles de Paris, et certains cours suivis à la Sor-
bonne, dont elles rendent compte ensuite et qu'elles discu-
tent dans de libres entretiens. Toutes les élèves sont exer-
cées avant tout a penser par elles-mêmes en toute sincérité,
de façon à répandre à leur tour dans le personnel qu'elles
formeront pour l'éducation des filles du peuple ce fruit par
excellence d'une culture élevée : de bonnes habitudes intel-
lectuelles et morales, l.a fondation de cette école est sans
contredit une des plus belles créations et des plus décisives
qui aient été faites pour l'éducation de la démocratie.
H. Marion.
Ecole normale supérieure (pour le recrutement des
professeurs de l'enseignement secondaire classique). — On
fait avec raison remonter l'origine première de cette écolo
aux mesures prises par le parlement de Paris en t T« >iî pour
préparer des maîtres en remplacement des jésuites expulsés.
Tel est le sens de l'arrêt du 7 sept. 17(>-2 qui réunit au
collège de Louis-le-Grand le collège de Lisieux et groupa
dans cette maison les boursiers aspirants à l'enseignement
jusque-là êpars dans les divers collèges de l'Université.
Un règlement du '. sept. 1770 organisa en particulier le
- 8T9
ÉCOLE
concours pour les bourses d'aspirants aux trois agrégations
de grammaire, de rhétorique al «1»' philosophie instituées
par lettres patentes do 3 mai 1766. Quand le 9 brumaire
an 111 30 oet 1794), la Convention créa l'Ecole normale
il«' Pans, elle rat en vue bien moins d'assurer la culture
classique que la diffusion des lumières en général, voire
celle de l'instruction élémentaire dans le peuple (rapport de
Lakanal). LesLanlace, les Lagrange.les Haûy, les Monge,
les Berthollet, pour les sciences; La Harpe, Volney, Garât,
Bernardin de Saint-Pierre, pour les lettres, n'eurent pas
des élèves suffisamment préparés i recevoir leur enseigne-
nit-nt. C'est, en réalité, le décret du 17 mars 1808 qui, en
organisant l'Université impériale, institua l'Ecole normale
que nous connaissons pour en assurer le recrutement .
• Il sera établi à Taris, disait l'art. MO, un pensionnat
normal destiné à recevoir trois cents jeunes Liens qui y
seront formés à l'art d'enseigner les lettres et les sciences.»
Les inspecteurs généraux devaient choisir chaque année, dans
les lycées, d'après des examens et des concours, un nombre
déterminé d'élèves, âges de dix-sept ans au moins, parmi
ceux dont les progrès et la bonne conduite auraient été les
plus constants et qui annonceraient le plus d'aptitude à
l'administration ou à l'enseignement. L'art. 1 1*2 exigeait
des aspirants l'engagement décennal. D'autres articles por-
taient que les élèves du pensionnat normal suivraient les
cours du Collège de France, de l'Ecole polytechnique ou du
Muséum, mais qu'ils auraient en outre, dans l'Ecole, « des
répétiteurs choisis parmi les plus anciens et les plus habiles
de leurs condisciples ». l.e séjour à l'Ecole « aux frais de
l'Université » serait de deux ans. Durant ces deux années
ou à leur terme, les aspirants devaient prendre leurs grades
à Paris, dans la Faculté des lettres ou dans celle des scien-
ces, pour être aussitôt appelés par le grand maitre à rem-
plir des places dans les académies. — Cette organisation
est encore à peu près celle de l'Keole aujourd'hui, saut que
les « répétiteurs » sont devenus des « maîtres de confé-
rences » donnant un enseignement personnel souvent très
original et très élevé, et que le cours d'études a été porté de
deux a trois ans (décembre 1845). l.e statut du 30 mars
1810, délibéré en conseil de l'Université, régla par le menu
« l'administration, la police et l'enseignement de l'Ecole
normale ». Au mois de novembre de la même année, elle
fut installée dans les anciens bâtiments du collège du Pies-
sis, avec 37 élèves et, pour maîtres de conférences. Vil—
lemain, Burnouf, I.aromiguière. En 181-2, on compte 77
élèves et la première promotion commence à donner des
répétiteurs, parmi lesquels Y. Cousin. En 1813, l'Ecole
e^t transférée au séminaire du Saint-Esprit, rue des Postes.
Sous la Restauration, l'ordonnance du 6 sept. 18-2-2 sup-
prime « la Grande Ecole normale de Paris » et porte qu'elle
« sera remplacée par les écoles normales partielles des
académies » ; mais le résultat fut sans doute pitoyable,
car la Restauration elle-même, quatre ans plus tard, rou-
vrit au collège Louis-le-Grand une Ecole préparatoire à
renseignement qui n'était autre chose que l'Ecole normale
reconstituée et débaptisée (mars et déc. 182t>, ministère
de Mgr de Frayssinous). Louis-Philippe lui rend son nom
le li août \X'U\ et elle prospère sous la direction de Gui-
gniault, auquel succède Cousin en 18H4 et Dubois en 1840.
Les directeurs antérieurs avaient été Guéroultfl 810-4 815),
G-uéneau de Mussv (1815-4822), Gibon (1828).
le i nov. 1^47, sous le ministère de Salvandy,
que l'Ecole fut installée (avec 1-20 élèves) dans les bâti-
ments construits pour elle rue d'Ulm, où l'on remarque
surtout une très belle bibliothèque et les laboratoires illus-
trés par les travaux de Sainte-Claire Deville et de Pasteur. La
Révolution de [848 donna aux élèves un uniforme mili-
taire qu'ils ne portèrent qu'un an. Leur seul insigne depuis
est une petite palme brodée à la boutonnière. L'Ecole eut
à souffrir sous les ministères de PaJloux,de Parieu et For-
toul, sans être toutefois menacée dans >on existence. Le
peu de goût de l'Empire autoritaire pour l'esprit libéral de
Université se manifesta par des mesures de défiance qui
furent surtout sensibles aux normaliens, mais sans réussir
à les décourager ni les empêcher de rester une élite : on
trouve des hommes très distingués, quelquefois illustres,
même dans chacune des promotions de cette triste période
(direction Michellé, de 1850 a is;i7). A partir de 1857,
l'I cole se relève ^ous la direction de M. Nisard, surtout
quand on permet aux élèves sortants de se présenter direc-
tement aux diverses agrégations rétablies. Elle se maintient
sous la direction de .M. Bouillier (1867) et traverse hono-
rablement la crise de la guerre et de la Commune, grandie
dans l'opinion par l'enrôlement volontaire des élevés et
la belle conduite de plusieurs sur les champs de bataille.
E. Itersot (1871), Eustel do Coulanges (1880) et M. G.
Perrot (188,!) ont porté au plus haut point la prospérité
de l'Ecole par un régime intérieur de plus en plus libéral,
non peut-être sans la laisser dévier légèrement de son but
primitif en devenant une pépinière pour renseignement
supérieur autant et plus que pour l'enseignement des lycées.
On entre à l'Ecole au concours : il faut, avoir dix-huit
ans au moins et pas plus de vingt-quatre le lnr janv. de
l'année où l'on se présente. Il y a en moyenne vingt-cinq
places chaque année dans la section des lettres et vingt
dans celle des sciences. Les compositions écrites ont lieu
en juin; — pour les lettres: dissertation de philosophie,
discours latin, discours français, version latine, thème
grec, histoire; pour les sciences : mathématiques, physique,
dissertation de philosophie, version latine. Les épreuves
orales ont lien au commencement d'août; elles consistent,
pour les lettres, en explications d'auteurs français, latins,
grecs, et en interrogations sur la philosophie et sur l'his-
toire; pour les sciences, en interrogations sur le cours do
mathématiques spéciales, épreuves de descriptive et de dessin
au trait. Les candidats prennent l'engagement, s'ilsmanquent
par leur faute à servir dix ans l'Université, de rembourser
le prix de la pension évalué à 4,000 fr. par année d'école.
Car les élèves, tous boursiers, n'ont à leur charge que les
frais de trousseau, fixés à 400 fr., et dont beaucoup sont
même dispensés sur leur demande. Le régime est l'internat
très adouci, avec deux sorties par semaine et liberté presque
entière de suivre les cours au dehors. Les élèves de lettres
doivent prendre la licence es lettres à la fin de la première
année, sous peine d'être st'chés, c.-à-d. de quitter l'Ecole;
ils ont toute la seconde pour travailler librement et choisir
leur voie; ils se présentent à la fin de la troisième à une
agrégation (grammaire, lettres, philosophie ou histoire).
Les élèves de sciences doivent prendre deux licences dans
les deux premières années ; ils se présentent après la troi-
sième à une des trois agrégations scientifiques. Tous font,
durant la troisième année, une sorte de noviciat d'une
quinzaine dans les lycées de Paris : préparation profes-
sionnelle insuffisante; mais il ne faut pas oublier que le
recrutement de l'enseignement secondaire se fait en grande
partie aujourd'hui par les facultés et que ce n'est plus là,
depuis longtemps, la fonction unique de l'Ecole normale, dont
la gloire est autant ou plus de donner au pays des savants et
des écrivains que de pourvoir les classes de professeurs. —
Il existe, depuis le 1er janv, 1846, une Association des
anciens élèves de l'Ecole normale supérieure, reconnue,
en 1877, comme établissement d'utilité publique. II. M.
Ecole normale supérieure d'enseignement se-
condaire des jeunes filles. — La loi du °21 déc. 1880
a créé en France l'enseignement secondaire des filles.
Quelques mois plus tard, le H mars 1881, le promoteur
de cette loi, M. Camille Sée, présentait à la Chambre des
députés une proposition de loi, tendant à la création d'une
école normale supérieure destinée à préparer pour le nouvel
enseignement des professeurs-femmes. Le projet fut voté
sans discussion au Palais-Bourbon, le 1 \ mai de la même
année. Le rapporteur, M. Sée, disait dans l'exposé des
motifs pour justifier le régime de l'internat qui devait être
celui de la nouvelle école: « S'il importe de donner aux
futurs professeurs une instruction étendue et solide, il
importe autant pour le moins de former leur caractère et
ÉCOLE
— 380 —
de li's habituer :i une vie sévère el recueillie. L'Etal doit
savoir è qui il h Se. Les jeunes filles, tu sortir de II cole
normale, auront charge d'amee a leur tour. Elles ensei-
gneront .1 leurs élèves, outre les sciences écrites sur le
mme,la science de la vie, oui esl la plus nécessaire
ci 1,1 plus difficile de toutes. » Malgré l'opposition assez
rive des membres de la droite, le Sénat à bod tour adopta,
le '-2.'! jnil. 1881, sans modification, la loi de création, qui
fut promulguée le 26 jnil. de la même année. C'est un
arrêté du 14 oct, 1 ss 1 qui régla provisoirement l'organi-
sation de l'Ecole. M. Camille Sée avail proposé comme
siège de l'établissement le palais de Compiègne; l'adminis-
tration prêtera l'installer dans les dépendances de l'an-
cienne manufacture de Sèvres. I. 'ouverture des cours eut
lieu le 17 nov.,et depuis lors, administrée par M. Legouvé,
directeur des études, et par M""' veuve Jules r'avre, direc-
trice effective, avec le concours de professeurs distingués,
empruntés pour la plupart aux lycées de Paris et à la
Sorbonne, l'Ecole de Sèvres a prospéré : elle a formé un
nombre considérable de jeunes tilles qui, aujourd'hui,
comme directrices ou comme professeurs, peuplent les
vingt-sept collèges et les vingt-quatre lycées déjà ouverts
à l'enseignement secondaire féminin. Le décret du 23 nov.
1883 a réglé définitivement les conditions d'admission à
l'Ecole. Les élèves sont recrutées par voie de concours
annuels. La durée des études est de trois ans. Le régime
de l'établissement est l'internat. Toutes les dépenses (sauf
le trousseau) sont supportées par l'Etat. Les élèves doivent
prendre l'engagement de se vouer pendant dix ans à l'en-
seignement public dans les lycées et collèges de jeunes
filles. D'autre part, l'arrêté du 4 janv. 1884 établit que
les aspirantes doivent être âgées de vingt-quatre ans au
plus et de dix-huit ans au moins, et justifier soit du diplôme
de fin d'études secondaires, soit d'un diplôme de bachelier,
soit du brevet supérieur. L'Ecole est divisée en deux sec-
tions : pour la section des lettres, les épreuves écrites du
concours d'admission comprennent cinq compositions : sur
la langue française, sur la littérature française, sur l'his-
toire et la géographie, sur les éléments de la morale, sur
les langues vivantes ; pour la section des sciences, les
compositions roulent sur les matières suivantes : arithmé-
tique et géométrie; physique et chimie ; histoire naturelle;
littérature ou morale; langues vivantes. L'examen oral
porte sur les mêmes matières que les épreuves écrites et
sur la diction. A ce dernier trait, on reconnaît que M. Le-
gouvé est le directeur suprême de l'Ecole. Répondant à des
besoins nouveaux, organisée avec prudence et confiée à des
mains habiles, la nouvelle Ecole normale supérieure a rendu
déjà de grands services, en préparant pour les lycées et les
collèges de jeunes filles un personnel enseignant d'élite, et
elle peut compter sur un brillant avenir si, comme il faut
l'espérer, l'enseignement secondaire des femmes continue à
faire des progrès dans l'opinion publique et à recruter chaque
année un plus grand nombre d'élèves. (i. Compayhé.
Ecole normale d'enseignement spécial de Cluny.
— Ecole fondée par M. Duruy (oct. 1800) pour former les
professeurs destinés à l'enseignement nouveau qu'avait
institué la loi du 21 juin 1805. C'était une idée juste, qu'à
un enseignement qu'on voulait à la fois élevé et pratique,
distinct de l'enseignement classique aussi bien que du pri-
maire, il fallait des maîtres préparés ad hoc, dans le sen-
timent exact de ce qu'on attendait d'eux; malheureusement
le ministre manquait d'argent pour ses créations : c'est ce
qu'il ne faut jamais perdre de vue pour ne pas lui reprocher
injustement ce qu'elles purent avoir de défectueux. S'il
avait eu le choix, on peut croire qu'il ne lui lut guère
venu a l'idée d'installer une école normale d'enseignement
secondaire dans une petite ville morte de Bourgogne, à
23 kil. de Mâcon, loin de toute voie ferrée. Mais, faute de
mieux, il fut trop heureux qu'on lui offrll là l'ancienne
abbaye des bénédictins; et faisant de nécessité vertu, avec
ce bel optimisme qui est la force des esprits très actifs, il
se félicite aussitôt (circul. aux préfets du 9 août 1865) à
l'idée d'organiser ion école dan- cette abbaye « ou rivent
encore de grands al prédetu touvenin de piété, de teieoee
el de travail ; dans une riche province 00 M trouvent toutes
les cultures, céréales, prairies, vignes el bois; a proximité
d'un grand centre industriel, le Croosot, d'un grand centre
commercial, Lyon, el non loin de Saint-Etienne et
mines... • El dan- son instruction aux recteurs du ii atr.
1866 : " Quelques personnes auraient voulu établir cette
école 8 Paris; je la trouve miens placée aux champs. Les
bon-, professeur» n'y manqueront pas plus qu'ils ne man-
quent a soixante-douze lycées de province, et b-s élèves
trouveront à Cluny d'excellentes conditions d'études, sans
les dangereuses séductions d'une grande ville... »
Mais la solitude était plus complète s Cluny et l'excitation
intellectuelle moindre encore que dans n'importe quelle ville
pourvue d'un lycée. On trouva de bons professeurs, surtont
pour les sciences appliquées; mais l'ense^ement littéraire,
d'ailleurs faiblement organisé, resta inférieur' de l'aveu de
tous. Pour le cours de morale, par exemple, on faisait
venir1 par la diligence le professeur de philosophie du lycée
de Mâcon, souvent un jeune homme à ses débuts, fort ins-
truit sans doute, mais dont l'autorité morale et l'expérience
pédagogique ne remportaient pas toujours assez sur celles
des élèves-maitres : rien ne marque mieux quelle ditfe-
rence de niveau on se résignait a mettre entre cette école
normale et celle de la rue d'I'lm, par suite entre les deux
enseignements secondaires qu'on allait juxtaposer pourtant
dans les mêmes lycées. Le recrutement des élèves n'était
pas moins difficile : il fut à la fois ingénieux et laborieux,
au demeurant assez confus et fort inégal. La ville de Cluny
offrait les bâtiments et dépensait 70,000 fr. pour racheter
des dépendances antérieurement aliénées; le dép. de Saône-
et-Loire donnait 100,000 fr. pour l'aménagement; mais
cette somme était loin de suffire, et si l'on pouvait compter
sur des élèves (rayants au collège annexe, il n'en était pas
de même pour l'Ecole normale qu'il fallait peupler de
boursiers. Les fonds manquant pour les prendre tous a la
charge de l'Etat, le ministre demanda aux préfets d'inté-
resser à son ii-uvre les conseils généraux, en invitant cha-
que département à fonder une ou deux bourses à Cluny en
faveur, par exemple, des meilleurs élèves sortant des
écoles normales primaires. Ces bourses furent votées, moins
nombreuses peut-être qu'on ne le souhaitait, mais, somme
toute, avec un élan remarquable. Seulement, on ne pouvait
guère refuser ni même chicaner trop sur leur préparation
antérieure des boursiers des départements, et il arriva qu'ils
furent de force très inégale et entre eux et avec les bour-
siers de l'Etat choisis à la suite d'un concours : inégalité
fâcheuse pour la marche des études. Enfin, on provoqua
[iour les collections scientifiques et la bibliothèque des dons
en nature qui affluèrent, mais plus nombreux que choisis
et tics inégalement utiles.
Le succès, malgré tout, fut remarquable, grâce à l'active
sollicitude du ministre qui faisait sans cesse inspecter l'Ecole
par des hommes d'une grande autorité, correspondait chaque
jour avec son directeur', la dirigeait presque lui-même à
distance. Quand il tomba, en jnil. 1869, Cluny était en pleine
prospérité; le collège annexe, par exemple, était passé de
17 élèves a plus de ,'iOO. Mais presque aussitôt commença
une crise qui s'aggrava pendant la guerre et après. En
187"2, M. Itatbie supprima d'un coup tous les privilèges
de l'Ecole comme établissement supérieur relevant directe-
ment du ministre et la plaça, comme un simple lycée, sous
l'autorité du recteur de Lyon. Elle s'esl relevée depuis, à
mesure que l'enseignement" spécial a repris faveur, mais non
sans souffrir des discussions auxquelles cet enseignement a
donne lien et de l'incertitude qui règne encoi esur les reformes
désirables dans l'organisation de renseignement secondaire
en général. Il n'y a qu'une voix sur l'impossibilité de main-
tenir à Cluny la pépinière des maîtres de l'enseignement
secondaire moderne, surtout si l'on veut le mettre sur lo
pied d'égalité avec l'enseignement classique gréco-latin.
Le mode de recrutement à adopter dépend nécessairement
— 381 —
ÉCOLE
du but qu'on se proposera, de la réforme générale qui aura
prévalu. En attendant, la commission du budget pour 1891
a proposé, d'accord avec le ministre, el mit voter par la
Chambre la suppression des fonds attribués a l'Ecole normale
de l'.luiiv : si elle subsiste encore, ce n'esl plus qu'à titre
transitoire. Il- "■
Ecole pratique des hautes études. — Cette insti-
tution a été créée par décret du 31 juil. ISiiS, sous le
ministère de M. Duruy ; elle avait pour but, aux termes
mêmes du décret »io fondation, « de placer a côté de l'en-
seignement théorique les exercices qui peuvent le fortifier
et retendre ». En réalité, le ministre el ses conseillers, au
premier rang desquels il faut citer H. Armand DuHesnil,
alors directeur de l'enseignement supérieur, vivement
préoccupes de l'étal de décadence on tombait peu à peu
l'enseignement des facultés, en méditaient une réforme
générale; mais, en prévision des difficultés et des résis-
tâmes qu'on n'aurait pas manqué de rencontrer en abor-
dant directement le problème, on prêtera créer une
institution nouvelle, destinée 1 agir par la puissance de
l'exemple et en quelque sorte par pénétration. L'effet
répondit pleinement aux espérances de ses fondateurs, et,
de la création de l'Ecole pratique des liantes études date
le mouvement de rénovation de l'enseignement supérieur
en France. L'Ecole, placée sous le patronage d'un conseil
supérieur composé des sommités de la science, était
divisée en quatre sections: 1° sciences mathématiques;
"2° sciences physico- chimiques ; 3° sciences naturelles;
i° sciences historiques et philologiques. Depuis lors une
cinquième section, celle des sciences religieuses, a été créée
par décret du 30 janv. 1886, en exécution de la loi de
finances du 8 août 1885. Dans l'esprit de son fondateur,
cette « école » ne comportait la création ni d'un établis—
sèment, ni même à proprement parler de chaires nouvelles;
elle consistait : dans l'ordre des sciences physico-chimiques
et des sciences naturelles, en subventions aux laboratoires
d'études ou de recherches des grands établissements scien-
tifiques, subventions qui devaient leur permettre de rece-
voir un plus grand nombre d'élèves et de les placer sous
la direction de directeurs d'études et de répétiteurs; dans
l'ordre des sciences mathématiques et dans celui des
sciences historiques et philologiques, en conférences desti-
nées à diriger les études des élèves en complétant l'ensei-
gnement donné par les professeurs de la Sorbonne et dtt>
du Collège de France ; pour toutes les sections enfin, en
subventions destinées à leur fournir les moyens de publier
les travaux des maitres et des élèves. A ceux-ci on pro-
mettait des avantages qui, pour la plupart du reste, ne se
sont j»;i5 r. alises : dispense éventuelle du grade de licencié
pour être admis a subir les épreuves du doctorat, pensions,
missions en France et a l'étranger, etc. I ne originalité de
la nouvelle institution était de n'exiger des élèves aucune
condition d'âge, de grade ni de nationalité.
Pour les trois sections des sciences mathématiques, des
sciences physiques et chimiques et des sciences naturelles,
l'organisation et le développement furent ce qu'avaient
prévu le fondateur. Les laboratoires anciens se dévelop-
pèrent et se peuplèrent d'élèves; d'autres furent fondés
parmi lesquels il convient de donner une mention spéciale
aux stations maritimes de IloscofF, Banyuls, Villefranehe,
Wïmereax, Marseille. Celte, etc. De nombreuses publica-
tions témoignèrent de l'activité imprimée aux recherches
scientifiques. Citons : le Bulletin des sciences mathéma-
tiques, organe de la section des sciences mathématiques,
dont un volume se publie chaque année ; la Bibliothèque de
l'Ecole des hautes études, section des sciences naturelles,
dont 36 fascicules avaient paru en 1889; les Travav
laboratoire d'histologie dirigés par H. Ranvier, parvenus
à la même époque a leur 9" vol.; [es Archives de wologie
<rimeniale el générale ( -i fasc. par an) publiées
sous, la direction de H. de Lacaze-Duthiers.
La section des sciences historiques et philologiques eut
«lès le début une indépendance plus complète et par la
suite' des destinées un peu différentes. Ne trouvant dans
l'enseignement supérieur des lettres ni terrain préparé ni
soutien, elle constitua un groupe de conférences, analogues,
par certains cotés du moins, aux séminaires scientifiques
de l'Allemagne, OÙ l'on put cultiver les branches de l'his-
toire et delà philologie qui n'étaient pas comprises dans
les programmes universitaires, mais surtout former les
jeunes gens a la pratique de l'érudition et aux méthodes
scientifiques. Le cours d'études l'ut li\é à trois ans, après
lesquels les élevés peuvent présenter une thèse et recevoir
le litre d'élèves diplômés de l'Ecole des hautes études. Ce
titre n'assure jusqu'à présent l'accès d'aucune carrière;
aussi les conférences ne sont-elles fréquentées que par
ceux qui veulent poursuivre des études désintéressées.
Les conférences sont actuellement au nombre de trente-
deux et portent sur les matières suivantes : philologie et
antiquités grecques (histoire littéraire, métrique, expli-
cation et critique de textes, grammaire, paléographie,
épigraphie et archéologie) ; philologie latine, épigraphie
et antiquités romaines ; histoire de la philologie classique;
langue néo-grecque ; histoire (historiographie, droit et
institutions, antiquités chrétiennes, critique des sources,
diplomatique) ; géographie historique ; linguistique et
grammaire comparée ; langues et littératures celtiques ;
langues romanes; langue sanscrite ; langue zende ; langues
sémitiques (hébreu, syriaque, arabe) ; langues éthiopienne
et himyarite ; philologie et antiquités égyptiennes ; archéo-
logie orientale. La section publie, sous le titre de Biblio-
thèque de l'Ecole des hautes études, des travaux ori-
ginaux des maîtres et des élèves; ce recueil compte
aujourd'hui près d'une centaine de fascicules.
La section des sciences religieuses, créée seulement,
comme on l'a dit plus haut, en 1880, a modelé son orga-
nisation sur celle des sciences historiques et philologiques ;
elle compte actuellement onze conférences, qui ont pour
objet les religions de l'extrême Orient, do l'Inde, de
l'Egypte, de la Grèce et de Rome, des peuples non civi-
lisés, les origines du christianisme, la littérature chrétienne,
l'histoire des dogmes, l'histoire de l'Eglise chrétienne,
l'histoire du droit canonique et enfin l'histoire des rapports
de la philosophie et de la théologie. Elle publie égale-
ment sa Bibliothèque dont 4 fascicules ont paru jus-
qu'ici.
L'Ecole pratique des hautes études figure au budget de
1892 pour une somme de 330,0(J0 fr. En outre, le
conseil municipal de l'aris lui alloue une subvention
annuelle de 36,000 fr. destinée à être employée en bourses
d'études et de voyages. Les diverses sections publient en
commun chaque année un rapport sur leur enseignement
et sur leurs travaux ; le dernier paru est celui de l'année
scolaire 1888-1889. A. G.
Ecole du Louvre. — Destination. — Cette école a pour
but de former des conservateurs et des attachés à la con-
servation des musées, des voyageurs pour des missions
archéologiques, des professeurs, des critiques d'art, en un
mot de jeunes savants qu'un enseignement précis donné en
présence des monuments doit mettre à même de se rendre
utiles dans toutes les branches de l'archéologie et de l'art.
L'Ecole du Louvre est, pour l'histoire de l'art, ce que
l'Ecole des hautes études est pour les autres sciences.
Historique. — Créée par le décret du "2i janv. 1882,
que confirma le décret du 2"> juil. suivant, cette institution
ne comportait d'abord qu'un cours de langue démotique et
un cours d'épigraphie assyrienne, phénicienne etaraméenne.
Ce programme a été successivement étendu par l'adjonction
de divers autres cours, savoir : archéologie égyptienne,
archéologie orientale, archéologie nationale, histoire de la
peinture, histoire de la sculpture au moyen âge et à la
Renaissance, histoire des arts industriels.
Régime intérieur. — Un arrêté du 11 nov. 1884
détermine ainsi qu'il suit le règlement de l'Ecole : il y
a deux catégories d'élèves; les uns sont inscrits pour
un ou plusieurs cours, les autres pour tous les cours
ÉCOLE
— :;82 -
organiques. La durée dea études est < l •- BObj ans. Lm
élèves subissent i la fin de ohique année no examen
sur les matière» de l'enseignement qu'ils ontBoivi, et a la
lin de la troisièi »n dans le courant de la quatrième an-
née ils soutiennent devant lejurj une thèse qui, si elle est
j uffisante, donne lieu à la délivrance dun diplôme
il, l'Ecole du Louvre. Les élèves ne peuvent ~u-
bir plus de deux fois le même examen. Les prol
l'uni un choix parmi les thèses présentées; celles qui sont
reconnues les meilleures peuvent valoir à leurs autours le
titre A' attaché libre des musées nationaux, tiireqtii ne
peut d'ailleurs leur être conféré régulièrement que par le
ministre de l'instruction publique et des beaux-arts sur la
proposition du directeur dos musées nationaux. Pendant la
première année scolaire (1882-1883), l'Ecole ne comptait
que 90 élèves inscrits; ce nombre a toujours été en aug-
mentant : dans ces trois dernières années il a varié entre
300 et 3(>0. Le diplôme n'a été délivré jusqu'en 1891
qu'à '20 élèves. F. Trawtnski.
Ecole française d'Athènes. — Destination. —
L'Ecole française d'Athènes a été créée par ordonnance
du 1 1 sept. 1846 comme moyen de perfectionner les études
de jeunes savants français relatives à la langue, à l'his-
toireet aux antiquités grecques. Elle est placée sous l'au-
torité directe du ministre de l'instruction publique et sous
le patronage du ministre des affaires étrangères. Son
organisation est réglée par le décret du 26 nov. 1874.
Historique. — L'institution a Athènes d'une école de
perfectionnement pour l'étude de la Grèce ancienne eut
d'abord le caractère d'une sorte de mission permanente.
On y envoyait des professeurs auxquels on conservait leur
traitement; on prévoyait qu'ils pourraient ouvrir en Grèce
des cours publics et gratuits de langue et de littérature
française et latine, être constitués en commission pour
conférer le baccalauréat aux élèves des Ecoles françaises
et latines d'Orient. Mais l'Ecole prit dès le début le
caractère d'institution scientifique qu'elle a conservé, In
arrêté du 26 janv. 1850 décida que, par analogie avec
l'Ecole de Rome (des beaux-arts) (Y. Académie de France
a Rome), chacun des membres de l'Ecole d'Athènes serait
tenu d'envoyer annuellement un mémoire sur un point
d'archéologie, de philologie ou d'histoire, lequel serait sou-
mis à l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Jus-
qu'alors on n'avait admis à l'Ecole que les élèves de l'Ecole
normale supérieure reçus agrégés des classes d'humanités,
d'histoire et de philosophie, l'n décret du 7 août 18o0
décida que les membres de l'Ecole française d'Athènes
seraient choisis parmi tous les agrégés de lettres après un
examen spécial. L'n décret du lo déc. 1852 admit même
des licenciés à cet examen. En fait, le privilège des élèves
de l'Ecole normale a subsisté et ils ont continué de recruter
exclusivement l'Ecole d'Athènes. Un décret du 9 lévr.1889
vint remanier toute cette organisation. Il décidait la créa-
tion de deux nouvelles sections : sciences et beaux-arts.
La première ne fonctionna jamais, la seconde fut formée
des pensionnaires de l'Académie de France à Rome. Ainsi
s'établit entre celle-ci et l'Ecole d'Athènes un échange de
bons procédés ; les membres de l'Ecole d'Athènes durent
préluder à leur séjour en Grèce par un voyage de trois
mois en Italie, où, durant leur présence à Home, ils
logèrent à la villa Médicis. — Un décret du 2."> mars 1873
fixa a une année le séjour à Rome des membres de l'Ecole
française d'Athènes. Un savant dut leur faire à Rome
pendant ce temps un cours d'archéoiogie. On préparait ainsi
la création de l'Ecole archéologique de Rome (V. ci-des-
sous) effectuée l'année suivante par le décret du 26 nov. 1ST <
qui demeure le décret organique de l'Ecole d'Athènes.
Conditions d'admission. — Les candidats au titre de
membre de l'Ecole d'Athènes doivent être âgés de moins
de trente ans; ils doivent être docteurs es lettres ou agré-
gés des lettres, de grammaire, de philosophie ou d'histoire.
Le concours pour l'admission à l'Ecole française d'Athènes
porte sur la langue grecque ancienne et moderne, sur les
éléments de l'épigraphie, (!<■ la paléographie et de l'archéo-
logie, sur l'histoire et la géographie de la Gréée ancienne.
Il est tenu compte aux candidat! de la rot-nsiaaanu) qu'ils
auraient du dessin. I el examen se compose de deux
épreuves : l'une écrite, l'autre orale, d'après un pre-
nne préparé par L'Académie; il est subi devant une
commission de se|ii membres désignés par le ministre. En
fait, ces conditions sont illusoires: ir concours est de
pure tonne. Les élèves de l'Ecole d'Athènes sont déai|
d'avance par le directeur de l'Ecole normale paiini h->
'■- des lettres, d'histoire ou de grammaire.
Plu.imi. imkiiiki a. — L'Ecole française d'Athènes est
placée sous l'autorité du ministre de l'inatruction publique,
le patronage du ministre des affaires étrangères et la
direction scientifique de l'Académie des inscriptions et
belles-lettres. Son directeurest un membre de l'Institut ou
fonctionnaire supérieur de l'instruction publique nommé
par décret pour six ans sur proposition de l'Académie et
du comité consultatif. Les membres sont au nombre de 6.
Ils reçoivent un traitement annuel de 3,600 fr. La durée
de leur mission est de trois ans. En principe, ils passent la
première année a Rome; en fait, ils y passent quelques
semaines.
En Créée, ils résident à Athènes: mais une grande partie
de leur temps est consacré aux voyages d'exploration et
aux fouilles archéologiques.
Les membres de l'Ecole doivent partir dans les dix jours
qui suivent leur nomination. Ils sont placés à Rome sous
l'autorité du directeur de l'Académie de France. Ils sont
logés à l'Académie et prennent leurs repas avec les pen-
sionnaires. A Athèins, une chambre et un cabinet sont
réservés à chacun des membres dans les bâtiments de
l'Ecole ; ils se nourrissent à leurs frais et maDgent en
commun. Ils ne sont astreints à aucune règle pour l'emploi
de leur temps; mais à la fin de chaque mois ils rendent
compte de leurs études au directeur qui transmet tous les
trimestres, au ministre, un bulletin indiquant avec détail
les travaux accomplis ou en cours d'exécution. Aucun des
membres ne peut s'absenter sans autorisation. Le directeur
détermine l'époque des voyages et leur durée : ils ont lieu
en principe du 1er avr. au 10 nov.
(Iliaque membre est tenu d'envoyer à l'Académie des
inscriptions, par l'intermédiaire du ministre de l'instruction
publique, avant l'expiration de chaque année, un travail
personnel. Une commission spéciale les examine et en rend
compte à l'Académie. Les membres de l'Ecole d'Athènes
ont créé en 1876 ['Institut de correspondance hellé-
nique dont les travaux forment la matière du Bulletin de
correspondance hellénique. Les ouvrages plus étendus
sont insérés dans la Bibliothèque (1rs Ecoles françaises
d'Athènes et de Rome. Le succès de l'Ecole a été consi-
dérable et des plus honorables pour l'archéologie française.
Nous citerons en particulier les fouilles de Délos (I.ebèguc,
Uomolle, etc.), de Mvrina (Reinach); celles de Delphes
qui vont donner lieu ù an grand effort. A. -M. IL
Ecole archéologiquede Rome. — Dfstin vtion. —
L'Ecole archéologique de Rome, établie au palais Faxn
a pour objet la préparation archéologique de jeunes savants,
l'exploration de la bibliothèque et des archives du Vatican
et plus généralement de tous les documents et monuments
île l'Italie relatifs à l'antiquité classique et au moyen âge.
Elle ne serait, d'après le décret qui la fonda (2(> nov. 1874),
qu'une section de l'Ecole d'Athènes. En fait, elle est abso-
lument autonome : nul rapport n'existe entre le personnel
des deux Ecoles et les membres de celle d'Athènes, pendant
leur séjour de Rome, ne logent pas au palais Famèse, mais
à la viila Médicis. Le fondateur de l'Ecole fut M. Geffroy.
Conditions d'admission. — L'Ecole reçoit 6 membres
présentés par l'Ecole normale supérieure, l'Ecole des
chartes, l'Ecole pratique des hautes études. Le ministre y
adjoint, s'il y a lieu, des jeunes gens qui se sont distîne
par leurs travaux.
Régime intérieur. — Les membres sont nommés pour
- 383
ÉCOLE
deux ans. Us reçoivent uu hsHnmant annuel de 3,600 fr.
Souvent on accorde ane troisième et même mm quatrième
année, mais (en dehors des membree adjoints) le total ne
dépasse pas 6, iio sorte que ces prolongations se font au
détriment 'les promotions suivantes. Les membres pro-
viennent soil île l'i eole aormale,soil de l'Ecole des chartes.
le- m mbres sonl placés sous l'autorité 'l'un directeur
nommé pour m\ ans sur présentation de l'Académie îles
inscriptions. Us ne peuvent sortir d'Italie, mais ils voyagent
dans tout le royaume et B'absentent régulièrement de Home
en été. au moment des lièvres. L'Italie n'offrant pas de
ares exceptionnelles pour les études philologiques, et
les fouillas archéologiques étant a peu pies impossibles a
cause de l'attitude cm gouvernement italien. l'Ecole s'est
essentiellement consacrée au moyen âge. Son grand travail
est la publication des Registres des papes <lu mu1' siècle;
citons encore celle du Liber fiontificalis par l'abbé Du-
chesne. Les membres sont soumis, comme ceux de l'Ecole
d'Athènes, a l'obligation d'envoyer a l'Académie des ins-
criptions un mémoire annuel. Ils rédigent une publication
dique tbi-mensuelle), les Mélanges d'archéologie et
d'histoire et insèrent leurs travaux plus étendus dans la
bibliothèque des Ecoles françaises d'Athènes et de
e.
Ecole française du Caire. — Un décret dn 88 déc.
1880 a installé au ('.aire une mission permanente sous le
nom d'Ecole française du Caire. Elle a pour objet l'étude
îles antiquités égyptiennes, de l'histoire, de la philologie et
des antiquités orientales. Elle bénéficie de ce fait que le
musée de Boula'] est dniué par des savants français. Elle
publie un bulletin périodique intitulé Mission française
archéologique du Cuire.
Ecoles de pharmacie. — Les écoles de pharmacie en
France sont d'origine révente, car elles ne datent légale-
ment que de la loi du '21 germinal an XI (M avr. 1803).
Avant celle époque, les élèves recevaient leurs diplômes des
mettrai apothicaires. La déclaration de 1777 mit fin aux
longues et perpétuelles discussions des apothicaires et des
épiciers, en groupant les premiers dans une seule et même
«ration, sous la dénomination de Collège de pharmacie.
Elie donnait le droit aux maîtres en pharmacie de conti-
nuer à faire dans leurs laboratoires particuliers des cours
d'études et de démonstration, même d'établir des cours pu-
blies pour l'iustruetion des élèves dans leur laboratoire et
jardin de la rue de l'Arbalète, avec la faculté de présenter
chaque année, au lieutenant général de police, un nombre
i-ant de maîtres pour faire ces cours. Le lOfévr. 1 780,
parurent les statuts promis dans la déclaration de 1777.11
y est dit que les aspirants au titre de pharmacien, âgés de
vingt-cinq ans au moins, devront justifier de leurs connais-
sances en langue latine, et de huit années de stage chez
les maitres en pharmacie. Après quoi, leurs examens se
suivront au plus tard de mois en mois : le premier, sur les
principes de l'art pharmaceutique et sur l'application de
principes aux opérations : le deuxième, sur l'histoire des
plantes et des drogues simples, leur choix, leur prépara-
tion, leur conservation, leur débit médicinal ; le troisième,
sur la préparation de neuf produits au moins, obtenus
d'après le codex. Le jury se composait du doyen (\a Collège
de pharmacie, de deux médecins de la Faculté, des quatre
prevï>ts en exereiee,el de onze maîtres appartenant auCol-
de pharmacie. Entre le Collège de pharmacie et la
■ nation des écoles, une société fut fondée et exista pen-
dant quelques années sous la dénomination de Société libre
de pharmacie de Paris ; elle constitue actuellement la So-
ciété de pharmacie de Paris. L'établissement de la rue de
l'Arbalète, fondé par Nicolas Iloull, devenu la propriété
des membres du Collège de phan tarie, avait prospéi
puis 1777 : on v faisait des cours publies et gratuits de
pharmacie, de chimie, de botanique, d'histoire naturelle.
terminés chaque année par um' distribution de prix aux
élèv.-s les plu- studiiMix. L'iililite évidente de cet établis-
sement lui mérita d'être maintenu provisoirement par la
loi du 17 avr. 17!>1 concernant renseignement et l'exer-
cice de la pharmacie; puis par celle du 14 frimaire an III
portant création d'écoles centrales de santé, Par arrêté du
3 prairial suivant, le ministre de l'intérieur, membre du
directoire exécutif, donna à ce même établissement le nom
d'Ecole gratuite de pharmacie et nomma les professeurs
pris pour la plupart parmi les membres de la Société de
pharmacie. Telle est l'origine de l'Ecole de pharmacie de
Paris, dont voici la composition primitive: Trusson, direc-
teur ; Chéradame, directeur adjoint; Bouillnii-I.agrange,
secrétaire; Moivlol, secrétaire adjoint. — Professeurs et
adjoints. Chimie : Vauquelin et Bouillon-Lagrange ; Bou-
riat. adjoint. Pharmacie: Morelot et Trusson ; Narhet, ad-
joint. Histoire naturelle : Deraachy, Dizé et Martin. Bota-
nique : Guiart et Sagot ; Guiard fils, adjoint.
Enfin fut promulguée la loi du "21 germinal an XI qui
établit une, école de pharmacie à Pans, à Montpellier, à
Strasbourg, et dans les trois autres villes ou seront créées trois
écoles de médecine ; mais ces trois dernières écoles n'ont
jamais été instituées. L'FcoIe de Paris fut organisée par un
décret du 25 thermidor an XI et mise en activité par un
autre arrêté du 13 vendémiaire an XII nommant aux places
d'administrateurs et de professeurs. La loi de germinal,
qui constitue encore la législation actuelle de la pharmacie
en France, n'était qu'une loi transitoire, loi par conséquent
mal faite et pleine de contradictions. Ainsi, pour ne citer
que l'une de ses imperfections, il était rationnel d'admettre
que tous les élèves, pour obtenir leur diplôme, devaient su-
bir les mêmes épreuves et remplir les mêmes conditions ;
or, l'art. S du chap. n est ainsi conçu : « Aucun élève ne
pourra prétendre à se faire recevoir pharmacien sans avoir
exercé pendant huit années au moins son art dans des phar-
macies légalement établies ; mais les élèves qui auront,
suivi pendant trois ans les cours dans une école de phar-
macie ne seront tenus, pour être reçus, que d'avoir résidé
pendant trois autres années dans ces pharmacies. »
Il en est résulté que la plupart des élèves ont obtenu à
l'origine leur diplôme sans passer par l'Ecole, étant d'ail-
leurs reçus par des jurys formés pour la plupart par des
membres étrangers à la pratique de la pharmacie, jurys
établis dans chaque département pour la réception des offi-
ciers de santé. A la vérité, la loi de germinal a été succes-
sivement modifiée par une série d'ordonnances royales et
d'arrêtés ministériels qui l'ont parfois améliorée , mais
sans lui enlever tous ses défauts. Les ordonnances royales
du -27 sept. 18-40 et du 13 oct. 1841 ont institué des
écoles préparatoires de médecine et de pharmacie dans un
grand nombre de villes ; et, à partir de cette époque, les
élèves ont été mis dans l'obligation de se faire inscrire dans
ces écoles et d'y subir leurs examens. Actuellement, il
existe trois sortes d'écoles: 1° trois écoles supérieures de
pharmacie (Paris, Montpellier, Nancy) . X)n y délivre des
diplômes de pharmacien de première classe, d'herboriste de
première classe, ainsi que des certificats d'aptitude pour la
profession de pharmacien et d'herboriste dedeuxième classe
(décret du 22 août 18o4) ; 2° trois écoles de médecine et
de pharmacie de plein exercice dans lesquelles on ne peut
recevoir que des pharmaciens de deuxième classe (Alger,
Marseille, Nantes). Les examens, comme dans les écoles
préparatoires, sont présidés par un professeur délégué de
l'une des écoles supérieures de pharmacie ; 3° treize écoles
préparatoires de médecine et de pharmacie (Amiens, An-
gers, Besançon, Caen, Clermont, Dijon, Grenoble, Limoges,
Poitiers, Reims, Bennes, Rouen, Tours).
Les pharmaciens de première classe sont bacheliers es
sciences et peuvent exercer la pharmacie dans toute la
France, y compris les colonies; ceux de deuxième classe,
pourvus seulement d'un certificat d'aptitude d'une classe
de quatrième, ne peuvent exercer que dans un seul dé-
partement ; s'ils veulent s'établir dans un autre, ils doi-
vent subir de nouveaux examens ; mais, dans ce dernier cas,
la loi n'est jamais appliquée, car tous les postulants obtien-
nent la dispense des trois premiers examens, et le tout se
ÉCOLE
- :t8i -
réduit le plus souvent a faire une synthèse. Ces distinctions
des pharmaciens en deux classes sont surannées, inutiles
ci dangereuses su point «le vue de l'hygiène et de
i.i Balubrité publiques ; beaucoup de personnes pensent
encore qu'elles sont nécessaires, afin de faciliter l'établisse-
ment ^es pharmaciens dans les campagnes ; mais c'est là
une erreur, car la plupart îles pharmaciens de deuxième
classe se fixent de préférence dans les villes. C'est ainsi, pour
ne citer qu'un exemple, que Paris est envahi parles phar-
maciens île deuxième classe. I n fait plus grave, et <|ui de-
vrait préoccuper le législateur, c'est que beaucoup de phar-
macies sont fondées OU tenues par des personnes étran-
Çères à la pharmacie, sous le couvert d'un prète-nom.
'onr ramener tout dans l'ordre, il serait nécessaire, au
point de vue universitaire, de régulariser les écoles de mé-
decine et de pharmacie, en prenant pour type l'une de
nos facultés, celle de droit par exemple. Ainsi, les facultés
de médecine, qui ne sont en réalité que des écoles profes-
sionnelles, puisqu'elles ne confèrent que des diplômes pro-
fessionnels, devraient pouvoir délivrer deux sortes de di-
plômes : un diplôme professionnel, celui de médecin; un
diplôme scientifique, celui de docteur en médecine, ou si
l'on veut, pour éviter toute confusion, un diplôme de doc-
teur ès sciences médicales. Semblablement, les écoles su-
périeures de pharmacie, érigées en facultés, devraient dé-
livrer : l°un diplôme professionnel, celui de pharmacien,
lequel serait également délivré par les écoles secondaires,
si on tient aies conserver ; 2° un diplôme scientifique, celui
de docteur en pharmacie ou de docteur ès sciences
pharmaceutiques. Ces diplômes donneraient seuls, à l'ave-
nir, le droit de concourir aux agrégations. L'institution de
l'agrégation, qui a remplacé celle des professeurs adjoints,
serait conservée et servirait à recruter les professeurs
titulaires, nommés au concours ou par le gouvernement.
Toutes ces modifications, faciles à réaliser, constitueraient,
à mon sens, un grand progrès, et donneraient au public
une garantie qui lui fait actuellement défaut.
Bnumérons enfin, pour terminer, la nomenclature des
épreuves qui sont exigées pour obtenir le diplôme de phar-
macien de première classe, et indiquons l'organisation de
l'Ecole supérieure de pharmacie de Paris, avec l'ènumé-
ration des chaires qui existent actuellement.
Premier examen. — Sciences physico-chimiques. Appli-
cation de ces sciences à la pharmacie. Epreuve pratique :
Analyse chimique. Epreuve orale : Physique, chimie, toxi-
cologie.
Deuxième examen. — Sciences naturelles. Application à
la pharmacie. Epreuve pratique : Micrographie. Epreuve
orale : Botanique, zoologie, minéralogie et hydrologie. 11
est accordé quatre heures pour l'épreuve de chimie et deux
heures pour l'épreuve de micrographie. Ces épreuves sont
éliminatoires.
Troisième examen. — Première partie. Sciences phar-
maceutiques proprement dites. Epreuve pratique : Essai
ou dosage d'un médicament. Reconnaissance de médica-
ments simples et composés. Epreuve orale : Pharmacie
chimique et galénique. Matière médicale. — Deuxième
Îmrtie. Préparation de huit médicaments chimiques ou ga-
èniques. Interrogations sur ces préparations.
Quatre jours sont accordés pour la deuxième partie du
troisième examen. Cette deuxième partie pourra être rem-
placée, après avis de l'école ou par la faculté mixte, par
une thèse contenant des recherches personnelles. Les can-
didats refusés à la deuxième partie du troisième examen
conservent le bénéfice de la première partie. Dans les
écoles supérieures et les facultés mixtes, le délai d'ajour-
nement est fixé à trois mois au minimum. Les étudiants
refusés à l'une ou à l'autre de ces épreuves dans les
écoles de plein exercice et préparatoires pendant la ses-
sion d'août sont ajournés à la session de novembre suivant.
Aucun délai n'est exigé entre les examens probatoires subis
avec succès (décret du 24 juil. ISX!)). Ed. Bouhgoin.
Ecole d'administration. — La pensée de créer pour
l'instruction générale des candidats aux fonctions adminis-
tratives une école qui donnât an gouvernement des garantie,
analogues a celles que lui donnent pour la préparation
aux carrières militaires l'Ecole polytechnique et l'Ecole de
Saint-Cyr, a souvent été reprise depuis la Révolution fran-
çaise. Actuellement, c'est une école libre qui vise a rem-
plir' cet objet. Mais la République de 184» avait créé une
I cole d'administration qui fut supprimée au bout d'une
année par la réaction. Dès le 8 mais ixix. le gouverne-
ment provisoire décréta : « i œ Ecole d'administration,
destinée au recrutement des diverses branches d'adminis-
tration, dépourvues jusqu'à présent d'éeolespréparatoires,
sera établie sur des bases analogues a celles de l'Ecole
polytechnique. » L'exposé des motifs, rédigé par de Yau-
labelle, rappelle les précédents. Napoléon lm avait lié à
l'organisation du conseil d'Ltat une sorte d'Ecole de haute
administration; le nombre des auditeurs était porté à 300;
ils étaient répartis entre les diverses sections du conseil,
les administrations centrales et les préfectures des dépar-
tements, faisant un stage de deux ans au conseil d Etat
ou de quatre ans dans les départements avant d'être
appelés aux fonctions administratives. Cuvier, élève de
l'Ecole d'administration du Wurttemberg, tenta de décider
Louis XVUI a en créer une semblable. Le gouvernement
provisoire commença par annexer le nouvel enseignement
au Collège de France en y créant onze chaires de sciences
juridiques et politiques ; les élèves du Collège de France
formèrent YEcole d'administration (7 avr. 1848). On
ouvrit un concours d'admission; les candidats (Français de
dix-huit à vingt-deux ans) furent interrogés sur la philo-
sophie, l'histoire littéraire, les auteurs français, la rhéto-
rique, les mathématiques, et durent faire des compositions
en version latine, histoire de France, sciences physiques et
naturelles, dessin. L'examen oral donnait l'admissibilité,
l'examen écrit l'admission. Le nombre des places mises au
concours était de laO. Les élèves étaient dispensés du ser-
vice militaire. Le 5 juil. 1848, on décida d'admettre une
seconde promotion de loO élèves et d'ouvrir un second
concours le 17 sept. Le titre définitif était élève de l'Ecole
d'administration du Collège de France. Mais cette organi-
sation fut éphémère, falloir x en proposa la suppression en
y substituant l'enseignement du droit administratif dans les
facultés de droit. Par l'organe de Dumas, la commission de
l'Assemblée nationale se rallia à ces conclusions, et une loi
du 9 août 1849 supprima l'Ecole d'administration. — Elle
n'a pas été rétablie, et les projets faits pour donner le
caractère d'établissement public à l'Ecole libre des sciences
politiques ou pour en créer une autre n'ont pas eu de suite.
Ecole libre des sciences politiques. — Destina-
tion. — L'Ecole libre des sciences politiques, sise à Paris,
rue Saint-Guillaume, n° 'il. a pour objet de remplacer
YEcole d'administration (Y. ci-dessus), fondée en 1848
et supprimée bientôt après. Llle a été fondée par l'initiative
privée, grâce aux efforts de M. Boutmy et aux libéralités
de la duchesse de Calliera.
Chacune des grandes divisions de son enseignement
constitue une préparation complète à l'une des carrières
suivantes et aux examens ou aux concours qui en ouvrent
l'entrée : la diplomatie (ministère des affaires étrangères,
légations, consulats), le conseil d'Etat (auditorat de :2e
classe), l'administration (administration centrale et dépar-
tementale, contentieux des ministères, sous-préfectures,
secrétariats généraux de département, conseils de préfec-
ture), l'inspection des finances, la cour des comptes, le
service colonial (direction de l'intérieur, administration des
affaires indigènes, emplois dans les grandes compagnies
industrielles et financières). D'autre part, ce programme
comprend des éléments d'instruction supérieure qui com-
plètent utilement la préparation à certaines hautes positions
commerciales (banques, contentieux des grandes compa-
gnies, inspection des chemins de fer, etc.).
L'Ecole reçoit des élèves et des auditeurs; les uns et les
antres sont admis sans examen, avec l'agrément du directeur
— 385 —
ÉCOLE
et du conseil de l'Ecole. Ils n'ont s justifier d'aucun grade
universitaire. Les élèves sont les personnes qui prennent
une inscription d'ensemble. Los auditeurs sont les personnes
qui prennent une ou plusieurs inscriptions partielles. Les
élèves sont seuls admis à briguer le diplôme de l'Ecole.
Aucun auditeur ne peut s'inscrire ans conférences de pré-
paration pour l'inspection îles finances ou pour la cour dos
comptes, -'il n'est inscrit, en outre, au cours de finances,
ou au cours d'organisation administrative, ou au cours <le
matières administratives, ou au cours d'économie politique.
Pour l'inscription d'ensemble, donnant entrée à tous les
cours et conférences tant réguliers que complémentaires
(à l'exception du cours de russe) et à la bibliothèque,
I élève verse soit ISO tï. par terme, soit 300 IV. pour
l'année. — Le pris des inscriptions partielles est de 00 IV.
pour un cours à une leçon par semaine; de 120 fr. pour
un cours à deux leçons par semaine; de 30 IV. pour une
conférence à une leçon par semaine: de 100 IV. pour une
conférence à deux leçons par semaine. — Pour les cours
de langues (anglais ou allemand, deux leçons par semaine),
le prix est de 30 IV. par terme, de 50 fr. pour l'année. —
La durée des études est de deux ans; l'année scolaire dure
de novembre à la mi-juin ; elle se divise en deux semestres :
de novembre a lévrier et de mars à juin. La durée des
études peut être étendue a trois années, de manière à
coïncider avec les études de droit ou à préparer plus soi-
gneusement une carrière ou un concours spécial. — Les
cours ont lieu do huit heures et demie du matin à cinq
heures du soir. La bibliothèque est ouverte de dix heures
du matin à dix heures du soir.
L'enseignement comprend, dans chaque section, des
cours et des conférences. Il est plus général dans les cours,
plus spécial et pratique dans les conférences. Les cours et
conférences sont distribués en cinq sections : 1° section
administrative; '2° section diplomatique; 3° section écono-
mique et financière; -4° section générale (droit public et
histoire); 5° section coloniale. Les sections étant organisées
en vue du diplôme de l'Ecole, les élèves et les auditeurs
qui ne briguent point ce diplôme ont toute liberté pour
composer autrement, et selon leurs convenances particu-
lières, la liste des cours qu'ils entendent suivre.
Sortie. — Dans chaque section, un examen partiel a
lieu à la tin de la première année ; un examen général et
final, à l'expiration de la seconde année. Les élèves qui en
font la demande sont seuls admis à l'une ou à l'autre de ces
épreuves. Elles portent sur toutes les matières obligatoires
de la section choisie par le candidat et, en outre, sur les
matières facultatives qu'il désigne. L'examen partiel de
tin de la première année consiste exclusivement en épreuves
orales. Le candidat qui a obtenu une moyenne suffisante
pour une matière est dispensé d'être interrogé de nouveau
sur la même matière à l'examen final de la seconde année.
— Les élèves de deuxième année candidats au diplôme
doivent présenter une étude développée où ils fassent preuve
de travail personnel. Ils ont trois mois pour la rédiger.
L'examen final comprend des épreuves écrites et des
épreuves orales. Les compositions sont au nombre de deux
et doivent être faites en quatre heures, sans livres ni notes.
Une semaine après a lieu l'examen oral. De plus, les can-
didats doivent faire une troisième composition en deux
heures ou un exposé oral en dix minutes après une demi-
heure de préparation.
Pour obtenir le diplôme, il faut que le candidat atteigne
une moyenne' de points assez élevée et uniquement sur les
matières obligatoires de iliaque section, les autres notes
n'entrant pas dans le total indispensable pour l'obtention
du diplôme. Sur celui-ci on inscrit la mention de toutes les
matières obligatoires on facultatives sur lesquelles le can-
didat a eu une note satisfaisante.
Il e^t constitué deux jurys d'examen, l'un pour les sec-
tions diplomatique et coloniale, l'antre pour la section
administrative, la section économique et financière et la
section générale. Les candidats admis dans chaque section
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
par le jury d'examen reçoivent un certificat de capacité;
pour se l'aire délivrer le diplôme, il faut payer un droit de
20 IV. Des prix eu livres sont accordés aux cinq candidats
classes les premiers, lue bourse de voyage (500 IV.) est
mise au concours tous les cinq ans.
I. Ecole libre des sciences politiques est excessivement
utile a ses élèves à qui elle ouvre les carrières administra-
tives. Non seulement ses cours et conférences constituent
une préparai ion unique aux concours d'entrée (énuniérés
ci-dessus), mais les jurys qui jugent ces concours sont en
grande partie recrutés parmi les professeurs de l'Ecole dont
les élèves se trouvent ainsi avantagés. En fait, les succès
obtenus par eux ont été considérables.
Une Société amicale des anciens élèves et (ieves de
V Ecole des sciences politiques a été fondée en 1873 pour
resserrer les liens entre les diverses promotions et créer un
esprit de corps et une solidarité dont tous profitent. Elle
fonctionne activement et organise des conférences. On a été
conduit à l'institution de groupes de travail, oii d'anciens
élevés réunissent leurs efforts à ceux des professeurs de
l'Ecole pour discuter par écrit les questions d'un intérêt
actuel. Un groupe des finances, le groupe du droit public
et privé, le groupe d'histoire et diplomatie, fonctionnent
régulièrement. Les mémoires sont insérés dans les Annales
de V Ecole des sciences politiques.
Ecole des langues orientales vivantes. — Desti-
nation. — Cette école, établie à Paris, rue de Lille, L2, res-
sortit au ministère de l'instruction publique. Elle a pour
but de former des élèves consuls et des élèves interprètes
pour les pays de l'Orient. Elle est régie par les décrets du
8 nov. 180!), du 11 mars 1874 et du 6 sept. 1873 et par
l'arrêté du 31 juil. 1876.
Historique. — Le développement chaque jour plus
grand des relations entre la France et les pays orientaux a
donné une importance nouvelle aux études relatives aux
langues orientales vivantes. L'enseignement supérieur et
érudit, donné au Collège de France par les orientalistes les
plus distingués, ne pouvait suffire aux exigences de la vie
courante. 11 fallait, à côté de la linguistique, de la littéra-
ture des religions et des institutions de ces peuples,
enseigner aussi des idiomes pratiques, la langue courante,
former des interprètes, instruire les négociants ou les
fonctionnaires français destinés à se mettre en contact avec
ces races. L'Ecole des langues orientales vivantes fut créée
par la Convention. Un décret du 10 germinal an III
(30 mars 1703) décida qu'il serait établi, dans l'enceinte
de la Bibliothèque nationale, une école publique destinée à
l'enseignement des langues orientales vivantes d'une utilité
reconnue pour la politique et le commerce. L'Ecole ne
comptait à l'origine que trois cours : arabe littéral et vul-
gaire (S. de >Sacy), persan et malais (Langlès), turc et
tartarc de Crimée (Venture). Jusqu'en 1831, elle fut
subordonnée au ministère de l'intérieur. A cette date, elle
fut transportée au ministère du commerce, puis, sous
l'administration de M. Cuizot, rattachée au ministère de
l'instruction publique par l'ordonnance du II oct. 1832.
En même temps, renseignement se développait par l'ad-
jonction de cours d'arménien, de grec moderne, d'arabe
vulgaire, d'indoustani, de chinois moderne, de malais et
javanais. Plusieurs des professeurs rédigeaient la gram-
maire de la langue qu'ils enseignaient. Les auditeurs de
l'Ecole n'étant astreints à aucune règle, parce qu'on ne
leur demandait ni inscriptions ni examens, qu'on ne leur
délivrait aucun diplôme, il en résulta que les éludes
prirent un caractère exclusivement scientifique, sous l'in-
fluence de maîtres éminents, plus désireux naturellement
d'élever leur enseignement que de lui donner un caractère
pratique. L'Ecole îles langues orientales vivantes dévia donc,
complètement de sa destination primitive. On voulut l'y
ramener. Ce fui l'objel du décrel du 8 nov. 1869. L'Ecole
est restée a la Bibliothèque nationale de 1795 à 1868 ;
abritée de 1868 à 1873 au Collège de France, elle a reçu,
à cette date, les locaux abandonnés par l'Ecole du génie
'23
ÉC01 I
- m -
marilimi (roe de Lille). L'extension prise par bl études i
motivé en 1886 un agrandissement et la reeonstruetion
totale dt» l'Eoole, afin de donner la place nécessaire aux
salles de cours, aux collections et a la belle bibliothèque
riche de pins de vingt nulle volumes.
Conditions d'admission. — Les aspirants an titre d'élève
i de l'Ecole des langues orientales vivant
tenus de s'inscrire <lu l" au 28 nov. au secrétariat de
l'Ecole. En s'inscrivant, ils doivent déposer : I" leur arte
de naissance, prouvant qu'ils sont Français et âgés de seize
iius au moins et de vingt-quatre ans au plus; -2" le diplôme
de bachelier es lettres OU celui <lc bachelier es sciences.
Le ministre décide, sur l'avis du conseil de perfectionne-
ment, des exceptions qu'il peut y avoir lieu de l'aire à ces
conditions d'âge et de nationalité. Les jeunes gens qui ne
peuvent justifier du grade de bachelier es lettres ou es
sciences sont admis à se l'aire inscrire à la section com-
merciale de l'Ecole des langues orientales. Les élèves de
l'Ecole qui justifient d'une année d'études assidues peuvent
obtenir des subventions. Les élèves qui, par leur assiduité
et leurs progrès, ont mérité des subventions, sont proposés
au ministre pour être nommés élèves pensionnaires de
l'Ecole. Le titre d'élève pensionnaire ne peut jamais être
obtenu avant la fin de la première année. La collation et
la jouissance des bourses fondées par les départements, les
communes, les chambres de commerce ou les particuliers
ont lieu aux conditions indiquées par l'acte de fondation.
Régime intérieur, t- L'Ecole des langues orientales
vivantes comprend les cours suivants existant en 1869 :
arabe vulgaire, persan, turc, malais et javanais, arménien,
grec moderne, indoustani, chinois vulgaire, japonais,
annamite, auxquels se sont ajoutés : l'arabe littéral, la
langue russe, la géographie, l'histoire et la législation des
Etats musulmans et de ceux de l'extrême Orient, la langue
tamoule, la langue roumaine. Ces cours ont pour objet d'ap-
prendre aux élèves à lire, écrire et parler les langues dont
rémunération précède, et de leur enseigner la géographie
politique et commerciale des pays ou ces langues sont en
usage. Leur durée est do trois ans. Chaque professeur est
tenu de faire, par semaine, trois leçons d'une heure au
moins. Des répétiteurs sont chargés d'interroger les élèves
et de les exercer à la conversation et à la lecture à haute
voix. Tous ces cours sont publics et gratuits. Ils sont divisés
en deux semestres : 1° du deuxième lundi de novembre au
lundi qui précède Pâques; 2° du second lundi après Pâques
au commencement de juillet. Ils sont ouverts non seulement
aux élèves, mais aux auditeurs libres qui se font inscrire
à cet effet. Ceux des étudiants qui ont l'intention de se pré-
senter aux examens de fin d'année et de fin d'études doivent
se faire inscrire, avant le 1er nov., au secrétariat de l'Ecole.
Les inscriptions sont renouvelées tous les trois mois ; elles
se perdent par une absence non justifiée de six leçons dans
le trimestre. A la tête de l'Ecole est un administrateur
nommé pour cinq ans par le ministre de l'instruction pu-
blique (parmi les professeurs) ; un autre professeur a le titre
d'administrateur adjoint. L'administrateur convoque et pré-
side l'assemblée des professeurs et porte à l'ordre du jour,
après autorisation du ministre, les questions à mettre en
délibération ; il vise les pièces de comptabilité, contresigne
les diplômes, surveille tous les services et fait exécuter les
règlements. L'assemblée se compose des professeurs titu-
laires et du secrétaire. Elle se réunit au moins trois fois
par an. Elle délibère sur les programmes et l'ordre des
cours, sur les programmes et l'ordre des examens, sur les
règlements intérieurs de l'Ecole, et en général sur toutes les
questions mises en délibération par l'administrateur. Le
conseil de perfectionnement établi près de l'Ecole se com-
pose de neuf membres : le ministre de l'instruction publique,
président; l'administrateur le l'Ecole, vice-président; des
délègues des ministères de l'instruction publique, de l'in-
térieur, des affaires étrangères, de la guerre, de la marine.
de l'agriculture et du commerce; le directeur ou un dé-
légué de l'Imprimerie nationale; le président de la chambre
de commerce ■!•- Paris. Le conseil de perfectionnement se
réuni) sur la convocation du miniture; il délibère sur les
améliorations et les réformes dont renseignement tenît
susceptible dans l'intérêt des relations politiques et com-
merciales de la France en Orient, et entend le rapport de
l'administrateur sur lea travaux de l'Ecole "et b->
des élèves. Ses membres peuvent assister aux examens.
Lea professeurs sont nommes sur une triple list.- de
présentation de deux noms, dressée par l'assemblée des
professeurs, le conseil de perfectionnement el l'Académie des
inscriptions. Les répétiteurs sont nommés par le ministre.
A la fin de chaque année, il est procédé, dans la -
quinzaine de juillet, à des examens publics, que tous les
élevés sont tenus de subir. Ceux d'entre eux qui ne s'y
présentent pas perdent leur titre d'élève de l'Ecole et ne
peuvent continuer à suivre les cours que comme auditeurs
libres. Les examens ont lieu devant un jury camp
l'administrateur de l'Ecole, du professeur compétent et du
ré[>étiteur.
Sortie. — A la fin des cours d'études, il est délivré par
le ministre, aux élèves qui en sont jugés dignes, un diplôme
d'élèves brevetés de l'Ecole des langues orientales vivantes.
Ce diplôme indique la langue sur laquelle l'élève a subi
l'épreuve. Ce diplôme vaut aux élèves à qui il a été délivré
la dispense de deux années de service militaire actif, dans
les mêmes conditions qu'aux licenciés des facultés de
lettres. Les jeunes gens inscrits à la section commerciale sont
soumis aux mêmes règlements que les élèves réguliers; ils
subissent les examens de fin d'année et, après avoir terminé
leurs études, ils reçoivent un certificat d'études distinct du
diplôme accordé aux élèves réguliers.
Le chiffre des élèves est d'environ 50, celui des audi-
teurs de 7o. en majorité pour les langues annamite, chi-
noise et arabe; sur ce total, on délivre annuellement
25 diplômes à 15 élèves, beaucoup d'élèves étudiant a la
fois deux ou même trois langues. Les plus distingués de
ces élèves brevetés (qui sont mis à la disposition des mi-
nistres des affaires étrangères, de la guerre, de la marine
et du commerce) peuvent être envoyés, aux frais d'un
déparlement ministériel, dans un des pays dont ils ont
appris la langue, afin de se mettre au courant de la vie
pratique, des intérêts commerciaux et politiques de ces pays.
En somme, la principale carrière ouverte aux élèves bre-
vetés ou jeunes de langue, est celle de drogman et d'inter-
prète qui, cependant, ne leur est pas exclusivement réservée.
Ecole coloniale. — Destination. — L'Ecole colo-
niale établie à Paris et organisée par le décret du 23 nov.
1889, comprend deux sections ; la section indigène et la
section française. La section indigène est destinée à donner
à de jeunes indigènes de nos colonies, particulièrement de
celles d'Indo-Chine, une éducation française et une ins-
truction primaire supérieure. La section française est des-
tinée a bu nier des fonctionnaires coloniaux. La différence
est donc complète entre les deux sections, tant pour le per-
sonnel que pour le programme.
Section indigène. — La section indigène organisée la
première est de beaucoup la moins importante actuellement.
Elle eut des commencements modestes : une école cambod-
gienne organisée rue Ampère, 7:1. en 1886. On y adjoignit
un Cochinchinois et un Africain. Elle fut réorganisée en
1888 ; les cadres administratifs furent établis, les études
orientées dans un sens positif. On décida de ne plus amener
que des indigènes déjà instruits par des instituteurs colo-
niaux el ayant justifié d'une connaissance suffisante de la
langue française. On résolut de diviser- les élèves amenés
a Paris en deux groupes : ceux qui manifesteraient un goût
particulier pour les langues, l'enseignement ou l'adminis-
tration, formeraient une division classique et seraient pré-
parés aux fonctions d'interprète, d'instituteur ou d'agenl
île l'administration. Dans une division te» hnique, on placerait
ceux qui feraient l'apprentissage d'un métier. Le cours
d'études devrai! durer deux années, les élèves pouvant être
conserves un,' troisième année. Le régime était Tinter-
— 881
ECOLE
n;it ; naturellement cal enseignement était gratuit. Le dé-
cret du S3 nov. 1889 a consacré ces principes. L'Ecolen'est
pas encore sortie de la période d'organisation.
i\ ;i,w. usB. — La création de la section fran-
mi forme une école d'administration coloniale, a été
préparée par M. Dislère el réalisée en 1889. Elle comble
une lacune grave de notre système administratif et est
destinée a rendre des services analogues à ceux du Civil
rutenl les administrateurs de l'Inde an-
glaise, du gymnase Guillaume III à Java el dos écoles de
D ii où se recrutent les administrateurs des co-
lonies néerlandais 1 I ■ île des stagiaires, organisée en
Cochinchine (1873-1880), u'avait pas réussi : même aux
de droit el des lettres d'Alger, on n'a pu préparerde
fonctionnaires au courant des coutumes indigènes. Cette
préparation ne pouvant se faire efficacement qu'à Paris, on
a décidé en 1888 et réalisé l'année suivante l'institution
de l'Ecole coloniale, sur les rapports de M. Dislère, de
M. LéveÛlèel de M. Marcel Simon. Il a été l'objet du dé-
cret du 33 ii'iv. 1889 suivi de l'arrêté du 13 déc. qui
règle le programme des cours.
Destination. L'Ecole coloniale 1 section française), établie
a Par», boulevard du Montparnasse, n° 129, est destinée à
assurer lerecrutement des administrations et corps colo-
niaux dont la liste suit : administration centrale des colo-
nies, au ministère des cul. mie- : magistrature coloniale
(soos la réserve que le candidat sera licencié en droit),
commissariat colonial (sous la reserve que le candidat sera
licencie en droit et aura suivi avec succès le cours spécial
du commissariat) : service des bureaux du secrétariat gé-
néral du gouvernement de la Cochinchine (sous la réserve
que le candidat aura suivi avec succès les cours de langues
indu-chinoises) : administration des affaires indigènes en
Cochinchine (sous la même réserve); personnel des rési-
dences au Cambodge, enAnnam et au Tonkin (idem);
corps des administrateurs coloniaux (administration des
directions de l'intérieur) ; administration pénitentiaire à la
Guyane et en Nouvelle-Calédonie.
liions d'admission. Ces admissions sont pronon-
ces par le ministre sur l'avis du conseil d'administration.
H faut que le candidat justilie : 1° qu'il est Français ou
naturalise ; i° qu'il a (dus de dix-huit ans et moins de
vingt-cinq ans au 1er jauv. de l'année courante. Toutefois
les jeunes gens qui auront accompli au 1er juil. de l'année
courante, dans l'une des deux administrations ou l'un des
corps ènumérés ci-dessus, ainsi que dans l'armée ou la
marine, au moins une année de service réel et effectif,
pourront être admis à l'Ecole, pourvu qu'ils n'aient pas
de vingt-six ans a cette même date, et qu'ils
soient encore au service au moment où ils feront leur de-
mande d'admission. Ces candidats doivent adresser leur
demande : dans les colonies, aux gouverneurs, avant le
15 mai ; en France, au ministre chargé des colonies, avant
le 15 juil. Nuile demande n'est admise après ces dates.
Les pièees à produire pour l'inscription sont : un extrait de
l'acte de naissance, un extrait du casier judiciaire, un
certificat de bonnes vie et mœurs, un des trois diplômes
du baccalauréat; un certificat constatant que ]p candidat
est propre au service des colonies, délivré : aux colonies,
parle service de santé de la colonie; à l'aris, par le
conseil supérieur de santé des colonies; a Marseille,
Bordeaux, Nantes et Le Havre, par les conseils de santé
institua chefs du service des colonies. Ces can-
didats qui veulent bénéficier de l'admission aptes vingt-
cinq ans doivent produire, en outre, un certificat de leur
orp< constatant qu'ils compléteront au 1er nov. au
moins une année de service réel et effectif.
me intérieur. Ce régime de l'Ecole esl l'externat.
La durée de- études est fixée à Iroi- ans; toutefois, elle c-t
réduite a deux ans pour les élèves munis du diplôme dp,
■ en droit ou simplement ayant passé a\ec succès le
premier examen du baccalauréat en droit. Ces droits d'ins-
cription sont de 1 '20 fr. par an, payables moitié à l'entrée et
moitié au l"'*vr. ; il y faut ajouter 1 Ml fr. pour les leçons
d'exercices physiques (escrime, équitation) qui sont obliga-
toires, Ca remue des droits d'inscription et des frais de leçons
d'exercices physiques e-t laite chaque année a 12 élèves;
en outre, six bourses de 1,200 fr. son! instituées, en pre-
mière et troisième année, en faveur des élèves qui remplis-
sent les conditions indiquées ci-après : la remise <U^ frais
d'études et la concession des bourses sont accordées par
le ministre chargé des colonies, sur la proposition du con-
seil d'administration de l'Ecole, après enquête sur la situa-
tion de fortune du candidat au contours. Sont seuls admis
a concourir à leur entrée a l'Ecole, pour la remise des frais
d'études, et au commencement delà deuxième année, pour
l'obtention de bourses, les élèves qui se destinent au corps
du commissariat colonial. Les demandes de remise des frais
d'études doivent être adressées dans les colonies au gou-
verneur, du 15 au 30 juin, et en France, au président du
conseil d'administration de l'Ecole du 15 au 31 août. Elles
doivent être accompagnées de l'engagement de reversera
la caisse de l'Ecole toutes les sommes provenant de remise
de frais d'études ou de bourses, dans le cas où l'intéressé
choisirait à sa sortie de l'Ecole une autre carrière que le com-
missariat. Ces cours commencent au Ie* nov. Ils portent sur
les matières suivantes: droit (100 points au maximum); sys-
tèmes coloniaux étrangers (60 points) ; colonisation fran-
çaise (00 points) ; législation indo-chinoise (1 "20 points);
commissariat colonial (cours spécial, 180 points); langue
annamite (30 points la première année, 60 la seconde); langue
cambodgienne (30 et 60 points) ; langue anglaise (30 points) ;
organisation des colonies (cours biennal) ; en outre, des
conférences sur l'ethnographie, la construction pratique,
les productions coloniales, l'hygiène, la comptabilité, la
topographie sont faites aux élèves. Enfin les exercices phy-
siques donnent lieu à des points (10 les deux premières
années, 20 la troisième). Ces premières promotions ont
été de 33 à 36 élèves; elles ont fourni 15 élèves brevetés qui
ont été placés dans l'administration coloniale. L'Ecole colo-
niale est dirigée par un conseil d'administration sous la pré-
sidence du sous-secrétaire d'Etat des colonies. A. -M. 15.
Ecoles des beaux-arts. — Il y a en France onze
écoles des beaux-arts ou des arts décoratifs; elles sont
d'importance inégale ; la principale est l'Ecole nationale et
spéciale de l'aris, qui est un de nos plus grands établisse-
ments d'instruction supérieure et peut-être le plus apprécié
de tous par les étrangers, car il est sans rival dans le
inonde. Les écoles natiouales des beaux-arts de Bourges,
de Dijon, de Lyon et d'Alger ne lui peuvent être comparées;
ce sont, comme les écoles nationales des arts décoratifs
de l'aris, d'Aubussoo, de Limoges et de Nice, comme
l'Ecole des arts nationale de dessin pour les jeunes filles
de l'aris, l'Ecole des arts industriels de Roubaix des ins-
titutions utiles, mais secondaires, visant seulement l'ins-
truction professionnelle.
Ecole nationale et spéciale des beaux-arts do
Paris. — Destination. — L'Ecole nationale et spéciale des
beaux-arts^ située à l'aris. rue Bonaparte, n" 14, donne
l'enseignement des arts du dessin, de la peinture, de la
sculpture, de l'architecture, de la gravure en taille-douce
et de la gravure en médailles et en pierres fines. Elle
comprend : 1° des cours oraux se rapportant aux différentes
branches de l'art; 2° l'Ecole proprement dite, où l'on peut,
à la suite d'épreuves d'admission, participer à des études
pratiques, à des concours, obtenir des récompenses et des
titres; 3° des ateliers, ou l'on peut, à la suite d'épreuves
d'admission, participer à des études pratiques, à des con-
cours, obtenir des récompenses. — L'Ecole nationale et
spéciale des beaux-arts de Paris est le seul établissement
d enseignement supérieur qui distribue en France la haute
culture intellectuelle appliquée aux arts du dessin. L'Ecole a
donc pour but de former des artistes, peintres, sculpteurs,
ors qui, ayant subi avec succès les examens d'admis-
sion à l'Ecole, ayant travaillé pendant plusieurs années dans
les ateliers et sous la direction de professeurs de l'Ecole
ECOLE
— ;■{«« —
ou dans dos ateliers libres ouverts au dehors, ayant suivi
[ee cours et les concours spéciaux de l'Ecole el ayant enfin
été admis a prendre part aux concours des prix de Home
(lesquels relèvenl de l'Académie des beaux-arts), constituent
ainsi, parmi les artistes français, une élite de jeunes maîtres
qui se trouvent désignés, par leur notoriété d'école, pour
être employés par l'Etat ou pour enseigner leur art.
Historique. — L'institution «le l'Ecole des beaux-arts
remonte, de fait, pour la peinture et puni la Bculptnri
l'Ecole académique fondée en 1648, en même temps que
l'Académie royale de peinture el de sculpture, et, pour l'ar-
chitecture, elfe remontée l'Ecole de l' Académie d'architec-
ture, cette dernière fondée seulement en 1671 ; mais ces
écoles ne furent réunies que pendant La Révolution. En
revanche, elles subsistèrent malgré la destruction, en 1793,
des académies qui leur avaient donné naissance. Plusieurs
phases sont à noter, depuis 1G48, dans l'organisation de
l'enseignement supérieur des beaux-arts en France et dans
les réglementations successives qui aboutirent à la consti-
tution actuelle de l'Ecole des beaux-arts. L'Ecole d<
demie de- peinture et de sculpture comprenait, avant tout,
d origine, en l ' < » ^ . eeque l'on appelait aloi
dit modèle, c. -à d. un atelier où chaque professeur, .i tour
de rôle, faisait poser, <i«\ani li s élèves, le modèle vivant. La
même année, des cours spéciaux de perspa tive et d'anatomie
vinrent - j ajouter el des encouragements, de plus eu plus
nombreux, notamment la fondation des prix de Rome en
1666, stimulèrent le zèle des élèves. Pour l'Ecole de l'Aca-
démie d'architecture, François Blondel y professa, dès l 'ûi,
un cours théorique et pratique d'architecture. En II
depuis cette époque jusqu'en 1807, l'Académie royale de
peinturée! île sculpture et celle d'architecture occupèrent,
au palais du Louvre, soii par elles-mêmes, soit par leurs
écoles, des locaux que ces écoles ne quittèrent que lorsque
l'Ecole unique, formée de leur réunion, vint s'installer pro-
visoirement au palais de l'Institut sous le nom d'Ecole
Fie. 1. — Plan de l'Ecole nationale des Beaux-Arts (Paris). A, salle d'ornement: A', salle d'Olympie; H, hémicycle;
C, salle de chimie: D, cour des Loges; E, salie d'anatomie; F, salle romaine; <i. cour vitrée; H, jardin; I, vestibule;
K, deuxième cour; K', première cour; L, salle de cours j M, portail de Gaillon; M ', portail d'AJiet; N, école de dessin :
(), cour du mûrier; P, atelier d'architecture; Q, salle Melpn ne; K, K, ateliers de sculpture; S. grands prix de
peinture; S', grands prix de sculpture; T, salle de Caylus; l', atelier «le décoration; V, vestibule; N. salle «le la
Tour; Y, musée moyen-âge et renaissance ; /., chapelle Michel- Ange.
impériale et spéciale des beaux-arts. Jusqu'en 1819, l'ins-
titution resta régie suivant des règlements empruntés aux
traditions des anciennes académies; mais l'ordonnance royale
du 4 août 1819, pour donner satisfaction au désir unanime
des professeurs, divisa l'Ecole en deux sections, celle de
peinture et de sculpture et celle d'architecture, établit à
nouveau les droits, les attributions et les devoirs des pro-
fesseurs ainsi que les travaux et les concours des élèves, et
créa l'organisation qui subsista, sans changements notables,
jusqu'en 18(>H. (l'est pendant celle période, de 1819 à
1863, que furent construits el aménagés les bâtiments
actuels de l'Ecole des beaux-arts dont M. Eugène Miïntz a
décrit les charmantes dispositions et les richesses artis-
tiques dans un ouvrage spécial. En 181(i, une ordonnance
royale avait affecté à l'Ecole remplacement de l'ancien Musée
des monuments français ou Musée des IVtits-Augustins
fondé par Alexandre Eenoir et, dès 1820, l'architecte Debrel
commençait les travaux de reconstruction et de réparation,
travaux interrompus par la révolution de 1830, mais repris
en 18H-2 sous la direction de Félix Duban(\. ce nom),
lequel, après avoir achevé, en 1837, les bâtiments sur la rue
Bonaparte, construisit, de 1N5* à lSii-2. ceux en façade
sur le quai Malaquais plus spécialement destinés aux salles
d'exposition publique des travaux des élèves et des pen-
sionnaires de l'Académie de France à Rome.
Ce vaste ensemble de constructions (fig. 1) se compose
de deux parties bien distinctes, dont l'une, sur la rue Bona-
parte, comprend une première cour sur laquelle s'ouvrent
a droite le musée du moyen âge et de la Renaissance, ;^^^
la petite chapelle consacrée à Michel-Ange, el le \e>tibule
des études avec, au rez-de-chaussée, les amphithéâtres de
dessin et, au-dessus du vestibule, les services de l'admi-
nistration. Derrière ces amphithéâtres e>t la cour dite du
Minier, avec le monument commèmoratif d'Henri Regnault.
Un portail provenant du château de Gaillon sépare la pre-
mière cour de la deuxième cour, un fond de laquelle s'élève
- 389
ECOLE
le palais des Stades (fig. -t. eBtre la eoar des Logos
à gauche et, à droite, le jardin de l'Ecole (ce dernier esl
contigu à l'ancien hôtel de Chima\ récemmenl acqnis |>;ir
l'Etat pour agrandir l'Ecole el lui fournir de nouveaux ate-
hers délèves). Sur la cour il."- Loges est, à gauche, un
\.i>te bâtiment occupé, au rez-de-chaussée, par l'amphi-
théâtre avec laboratoire de chimie et l'atelier de modelage
et, aux étages supérieurs, par los Loges destinées aux cou-
cours dos élèves. Quant au palais dos Etudes, la partie la
plus richement traitée de cet ensemble, il renferme, au rez-
de-chaussée, un grand vestibule, une cour vitrée et des
salles <|iii, vestibule, cour et salles servant de musées de
sculpture et de salles d'éludés aux élèves, forment un seul
et magnifique vestibule donnant accès au grand amphi-
Fig. 2. — Façade de l'Ecole nationale des beaux-arts (Paris).
théâtre de l'Ecole décorée de la remarquable composition
picturale connue sous le nom de FHémicycle de Paul De-
laroclir (V . ce nom). Deux grands escaliers droits, compris
entre le vestibule et ia cour vitrée, conduisent au premier
_ ■ occupé par la bibliothèque, la plus riche de ce genre,
salles de collections et la salle du conseil supérieur de
l'Ecole et des réunions du jury. La seconde partie de l'Ecole
consiste, quant a présent, en un bâtiment sur le quai
Malaquais comprenant un vestibule avec, au-dessus, une
grande -aile «l'exposition, à la suite, la salle dite de Melpo-
mène décorée de copies des œuvres des maitres de la
Renaissance et, i droite, au fond et à gauche de cette salle,
•les ateliers d'élèves.
L'Ecole «les beaux-arts se trouvait, à cette époque, comme
bâtiments et sauf les augmentations considérables et les
grandes améliorations qui ont été apportées a sa bibliothèque
el a ses collections, dans l'état ou elle se trouve aujour-
d'hui; mais un décret en date du t.'! nov. '186/!, décret
empiété par le règlement du 1 i janv. 18(14, vint en modi-
fier singulièrement l'organisation intérieure. La division [de
l'Ecole en deux sections fut supprimée ; la direction de
l'établissement passa de l'assemblée des professeurs, qui
avait toujours conservé cette direction depuis l'origine des
académies royales au xvn* siècle, à un directeur nommé
par l'administration centrale et assisté d'un conseil supé-
rieur d'enseignement ; et des ateliers d'architecture, de
sculpture, de peinture et de gravure (an nombre de onze)
tarent institues et ouverts gratuitement aux élevés, en
même temp- que certains cours leur étaient rendus obliga-
toires, lie plus, i côté des ateliers de jour, le même règle-
ment créa tes études du soir. Enfin, en 1883, le décret du
30 -ept. complète par un règlement du 3 oct. de la même
année, décret qui régit actuellement l'Ecole, y institua l'en-
ement simultané des trois art> par la création d'études
et de concours de dessin, de modelage, d'architecture élé-
mentaire et de composition décorative. Charles Lucas.
Organisation générale. — L'organisation générale de
l'Ecole est réglée par les décrets du 13 nov. 1871 et du
30 sept. 1883 dont plusieurs arrêtés (o oct. 1883, 30 mars
1884,15 janv. 1885,8 nov. 1885, 8 janv. 1886, etc.) ont
développé les conséquences. La situation des élèves au point
de vue de la loi militaire sera examinée dans un para-
graphe spécial ci-dessous. Le régime de l'Ecole est l'exter-
nat. L'enseignement est gratuit. Les cours oraux n'ont lieu
qu'à partir du 1er nov. Il y a vacances à l'Ecole du
1' r août au 1S oct. Les jeunes gens qui veulent profiter
de l'enseignement de l'Ecole doivent préalablement se faire
inscrire au secrétariat, justifier de leur Age et de leur
qualité, et, île plus, s'ils sont étrangers, se présenter avec
une lettre d'introduction de l'ambassadeur, du ministre
ou du consul général de leur nation. Tous doivent être
munis d'une pièce attestant qu'ils sont capables de subir
les épreuves d'admission. Nul ne peut obtenir son inscrip-
tion s'il a moins de quinze ans et plus de trente ans révo-
lus, dernière limite d'âge des études de l'Ecole. Une ins-
cription spéciale pour chaque concours est obligatoire dans
les huit jours qui le précèdent, sauf dans les cas indiqués
par l'administration. Sont élèves de l'Ecole et jouissent des
avantages attachés à cette qualité les jeunes gens qui ont
rempli les conditions d'admission indiquées ci-après.
Cours. Les cours sont ouverts aux élèves de l'Ecole et
des ateliers et de plus à toute personne qui, en ayant fait
la demande à l'administration, a obtenu une carte spéciale
d'admission. Ces cours ont lieu du Ie* nov. au 1er avr. ;
ils comprennent les matières suivantes : 1" l'histoire géné-
rale; 2° l'analomie; 3° la perspective à l'usage des peintres
et des architectes; 4° les mathématiques et Ta mécanique;
5° la géométrie descriptive; 6° la physique et la chimie;
ÉC0L1
- m -
T1 la stéréotomie et le levé de plans ; 8J la construction ;
!i° la législation do bâtiment; 10e l'histoire de l'architec-
ture; il' la théorie de rarchiteeture ; 12" le dessin orne-
mental ;■ 13° la composition décorative; 1 -i° la littérature;
18 l'histoire el l'archéologie; 16* l'histoire de l'art ei
l'i thétique. Indépendamment <les cours énoméréa ri-dessus
el |ui sont à l'usage spécial des élèves admis, il y a, dans
l'Ecole, des cours élémentaires pour les aspirants à la
classe d'architecture. L'Ecole proprement dite est divisée
en trois sections : la section de peinture, la section de
sculpture et la section d'architecture. A la section de pein-
ture se rattache la gravure en taille-douce; à la section de
sculpture la gravure en médailles el en pierres fines. Nul
ne peut être admis a l'Ecole proprement dite qu'après avoir
satisfait aux épreuves suivantes qui varient selon les trois
sections. Nous examinerons successivement les conditions
d'admission et le régime intérieur réglant l'ordre des éludes
el les concours d'émulation d'abord pour les deux sections
de peinture et de sculpture qui ont la même organisation,
puis pour celle d'architecture.
1° Section de peinture, de sculpture et de gravure.
— Conditions d'admission. Chaque année, en mars et
en juillet, il y a une session d'examens d'admission à l'Ecole
proprement dite pour les candidats aux sections de peinture
et de sculpture inscrits dans les conditions réglementaires.
Les épreuves pour la section de peinture comprennent :
une ligure dessinée d'après la nature à l'une des sessions,
d'après l'antique à l'autre session, et exécutée en douze
heures. Cette épreuve préalable, qui est éliminatoire, est
jugée par'le jury de peinture, qui peut choisir 80 candi-
dats au plus et 20 supplémentaires. Les candidats admis
à la suite de ce jugement sont seuls autorisés à subir
les autres épreuves, qui comprennent : 1° un dessin d'ana-
tomie (ostéologie), exécuté en loge en deux heures-; 2° une
épure de perspective, exécutée en loge en quatre heures ;
3° un fragment de figure modelée d'après l'antique, exécuté
en neuf heures ; 4° une étude élémentaire d'architecture,
exécutée en loge en six heures ; 5° un examem sur les
notions générales de l'histoire, écrit ou oral au choix du
candidat. Ces épreuves sont jugées par les professeurs
spéciaux d'anatomie, de perspective, de l'enseignement
simultané des trois arts et d'histoire, chacun en ce qui le
concerne, et classées au moyen de notes déterminées qui
sont multipliées par des coetlicients convenus. Les épreuves
techniques sont naturellement tout à fait prépondérantes,
plus encore en fait qu'en droit.
Les épreuves pour la section de sculpture compren-
nent : une figure modelée d'après la nature à l'une des
sessions, d'après l'antique à l'autre session, et exécutée
en douze heures. Cette épreuve préalable, qui est éli-
minatoire, est jugée par le jury de sculpture, qui peut
choisir 27 candidats au plus et, 45 supplémentaires,
les candidats admis à la suite de cette épreuve sont
seuls autorisés à subir les autres épreuves, qui com-
prennent : 1° un dessin d'anatomie (ostéologie), exécuté
en loge en deux heures; 2° un fragment de figure dessine
d'après l'antique, exécuté en neuf heures; 3° une étude
élémentaire d'architecture, exécutée en loge en six heures;
4° un examen sur les notions générales de l'histoire, écrit
ou oral au choix des candidats. Ces épreuves sont jugées
par les professeurs spéciaux d'anatomie, de l'enseignement
simultané des trois arts et d'histoire, chacun en ce qui le
concerne, et classées au moyen de notes déterminées, qui
sont multipliées par des coefficients convenus. — Les jeunes
gens admis par le jury sont élèves de l'Ecole proprement
dite jusqu'à la session d'examens suivante. — A cette
èpo [ue, pour continuer à faire partie de l'Ecole proprement
dite, ils doivent de nouveau subir avec succès les épreuves
d'admission. Sont et demeurent dispensés de ces épreuves,
et, par conséquent, restent inscrits sur les listes de l'Ecole
proprement dite, les élèves qui, ayant été admis au con-
cours définitif du grand prix, ont exécute le concours ;
ceux c|ui ont remporté une médaille dans les concours de
dessin et de sculpture, dans les eopeoan semestriels, les
qui ont obtenu le titre de premier dans l'un des
précédents concours d'admission et ceux qui ont été mé-
dailles a la suite des concours de l'enseignement simultané.
Régime intérieur. Ordre des études et
Tous les jouis, deux salles., l'une pour le dessin, l'autre
pour la sculpture, sont ouvertes aux élevés de l'Ecole pro-
premi ni dite. Les études consistent, pour la section de
peinture, en figures dessinées alternativement d'après la
nature et d'après l'antique; pour la section de sculpture,
en figures modelées alternativement d'après la nature et
d'après l'antique. Ces figures B'exécutenl en douze heures.
Il y a, chaque trimestre, entre les élèves d'une même
section de l'Ecole proprement dite, on concours de figure
d'après la nature et d'après l'antique alternativement, lies
récompenses peuvent être accordées à la suite de ce con-
cours. Elles consistent en une seconde et deux troisièmes
médailles au plus et des mentions. — Il est institué, chaque
trimestre, entre les élèves d'une même section de l'Ecole
proprement dite, un concours de composition. De ces quatre
concours, deux comprennent une seule épreuve. Cette
épreuve consiste, pour les élèves de la section de pein-
ture, dans l'exécution d'une esquisse peinte; pour les
élèves de la section de sculpture, dans l'exécution d'une
esquisse modelée alternativement en bas-relief et en ronde
bosse. Ces esquisses sont exécutées en loge en douze
heures. — Pour prendre part à ces concours, les élèves
de la section de peinture doivent avoir obtenu une men-
tion de perspective. — l'n autre concours comprend deux
épreuves. La première consiste : pour les élèves de la sec-
tion de peinture, dans l'exécution d'une esquisse dessi-
née ; pour les élèves de la section de sculpture, dans
l'exécution d'une esquisse modelée alternativement en bas-
relief et en ronde bosse. Ces esquisses sont exécu:
loge en douze heures. Les concurrents emportent un calque
ou un croquis de leur esquisse, qui est estampillée et con-
servée par l'administration. La deuxième épreuve consiste
dans l'exécution de cette même esquisse, soit peinte, soit
modelée, dont le rendu a lieu dans le délai d'un mois. Les
rendus doivent être conformes aux esquisses et aux dimen-
sions prescrites. — t'nfin, un autre concours à deux
degrés a lieu dans des conditions semblables à celui qui
vient d'être indiqué. Seulement les élèves classés les dix
premiers à la première épreuve sont seuls admis à prendre
part à la deuxième épreuve, qui se fait en loge en quinze
jours. A chacun de ces concours peuvent être affectées une
deuxième médaille et deux troisièmes médailles au plus et
des mentions. La liste d'appel pour les études et les con-
cours est formée de la manière suivante : 1° les élèves
qui, ayant été admis au concours définitif du grand prix,
ont exécuté le concours ; 2° les élèves qui ont obtenu une
première médaille dans les concours semestriels; '■•" les
élèves qui ont obtenu une médaille dans les concours tri-
mestriels de figure ou de composition, d'après l'ordre et
la date de leurs récompenses; 4° les élèves reçus avec le
tilre de premier; 5° les élèves oui ont obtenu une médaille
dans les concours d'études simultanées de dessin, de mode-
lage et d'architecture élémentaire: t»0 les élèves qui ont
obtenu une médaille dans les concours spéciaux, pourvu
qu'ils soient reçus aux places ; 1" les élèves, d'après leur
numéro de réception.
Etudes simultanées de dessin, dr modelage et d'ar-
chitecture élémentaire. Tous les jours, des salles sont
ouvertes aux élèves des sections de peinture et de sculp-
ture de l'Ecole proprement dite et des ateliers pour étudier
les éléments des arts des autres sections. Les études con-
sistent : pour les peintres : en figures modelées alterna-
tivement d'après la nature et d'après l'antique; pour les
sculpteurs : en figures dessinées alternativement d'après
la nature et d'après l'antique; pour les peintres et les
sculpteurs : en exercices élémentaires d'architecture.
Chacune de ces études embrasse dou/e heures de travail.
Les travaux des élevés peuvent être conservés, sur l'avis
— 3!M —
ÉCOLE
du profcaaenr, pour être présentés au jury el concourir à
l'obtention de la mention des trois arts. — Il est institué,
chaque innée, entre les élèves des seotions de peinture
et de sculpture, dem concours, comprenant : 1° une
figure dessinée; 8* une Bgare modelée (alternativement
d après nature et d'après l'antiquei ; 8° une composition
élémentaire d'architecture, exécutée en loge. Chacune de
ees ètndea embrasse douze heures de travail. (Vs con-
cours sont jugés par un jurj composé îles professeurs
snéeiaai et de «1 1 v peintres, dix sculpteurs et dis arohi-
teetea tin^< au sort dans les jurys en exercice. Il peut être
décerné dans chaque section une seconde médaille, deux
troisièmes médailles au plus et des militions. Ces récom-
penses peuvent être cumulées. La liste d'appel pour ces
études et concours est tonnée de la manière suivante :
1° les élèves récompensés dans les études simultanées,
d'après l'ordre et la date de leurs récompenses ; v2° les
autres élèves, dans l'ordre spécifié ci-dessus.
Concours publics spéciaux. Ces concours sont ouverts
au\ elè\esde l'Ecole proprement dite, aux élèves des ate-
liers de l'Ecole et aux élèves du dehors qui se trouvent
dans les conditions d'âge prescrites et ont été règulière-
ment inscrits. Chaque semestre, il y a pour les peintres et
les sculpteurs on concours d'anittomie sur un sujet indiqué
par le professeur. Le jugement est rendu par un jurj com-
posé du professeur et de dix membres tirés au sort par
moitié dans h» jurys de peinture et de sculpture en exercice.
Le jury peut accorder dans chaque section deux troisièmes
médailles au plus et des mentions. — Chaque semestre,
il y a pour les peintres et les sculpteurs un concours de
perspective sur un sujet indiqué par le professeur. Le ju-
gement est rendu, sur le vu des dessins et sur le rapport
du professeur, par un jury composé du professeur et de dix
membres tires au sort dans le jury de peinture en exercice.
Le jury peut accorder dans chaque section deux troisièmes
médailles au plus et des mentions. — Chaque année, il y a
pour les peintres et les sculpteurs un concours simultané
d'esquisse dessinée et de bas-relief, sur un sujet indiqué
par te professeur et se rapportant aux matières traitées
dans le cours d'histoire et d'archéologie. Le jugement est
rendu par un jury composé du professeur et de dix mem-
bres tirés au sort, par moitié, dans les jurys de peinture
et de sculpture en exercice. Le jury peut accorder dans
chaque section une seconde et une troisième médaille, ou
deux troisièmes médailles et des mentions. — Chaque année,
au commencement de l'année scolaire, il y a un examen
d'histoire et d'archéologie donnant lieu à des mentions. —
lis embrassant trois années, les élèves qui ont ob-
tenu trois mentions répondant aux trois années du cours
sont exemptés de tout examen. A la fin de cette période,
des troisièmes médailles sont décernées aux élèves qui se
sont distingués dans les trois examens. Le jugement est
rendu par un jury composé du professeur, remplissant les
fonctions d'examinateur, et de dix jurés tirés au sort, par
moitié, dans les jurys de peinture et de sculpture en exercice.
Cours semestriels dits de grande médaille. Dans le
courant du mois d'octobre il est ouvert en peinture et en
sculpture un concours entre les élèves de l'Ecole et les
élèves du dehors, pourvu que ces derniers se trouvent dans
les conditions d'âge présentes. Ce concours se compose de
deux épreuves : la première consiste en une esquisse peinte
ou modelée en bas-relief; la seconde en une figure peinte
ou modelée d'après nature. Les élèves classés les dix pre-
miers à l'épreuve de l'esquisse sont seuls admis à prendre
part a la seconde épreuve. — Pour être admis au concours
semestriel d'octobre, les élèves doivent avoir acquis : les
peintres, une mention de perspective, une mention d'ana-
tomie et une mention d'histoire et d'archéologie; les sculp-
teurs, une mention d'anatomie et une mention d'histoire
et d'archéologie. I.a mention d'histoire et d'archéologie doit
répondre a celle des trois divisions du cours qui a été pro-
fessé dans l'année. Sont admis d.' droit au concours semes-
triel d'octobre : 1° les élèves ayant obtenu une récom-
pense dans les concours des grands prix de Home, el ceux
qui, ayant été admis au concours définitif pour ce prix,
ont exécuté le concours ; 2" les élèves qui ont obtenu une
première médaille dans les précédents concours semestriels
ou deux secondes médailles, l'une d'après la nature, l'autre
d'après l'antique. Le Concours semestriel d'octobre peut,
donner lieu, dans chacune des deux sections, a trois prix
de ISO francs; une première médaille est affectée au pre-
mier de ces trois prix. Les concours de figures embrassent
quatre jours de travail, à raison de sept, heures par jour,
non compris le repos du modèle. Dans le courant du mois
d'avril, il est ouvert un concours semblable; mais les con-
currents ne sont pas astreints, quant aux mentions, aux
mêmes exigences. La récompense attachée à ce concours
consiste, pour chacune des deux sections, en une première
médaille. Il peut être accordé deux mentions au plus. Os
concours semestriels sont annoncés huit jours à l'avance.
Grande met/aille d'émulation. 11 est accordé en pein-
ture et en sculpture à l'élève qui a remporté le plus de
valeurs île récompenses a la suite des différentes épreuves
de l'année scolaire un prix qui prend le nom de grande
médaille d'émulation. L'estimation de valeur se l'ait d'après
les bases déterminées par arrêté ministériel. Toutefois, les
récompenses obtenues dans les concours des trois arts el
de composition décorative ne comptent que pour un tiers
de leur valeur. La grande médaille d'émulation peut être
cumulée.
Titres délivrés par F Ecole. Certificat d'études à,
l'Ecole. Peuvent seuls demander le certificat d'études à
l'Ecole les élèves qui, après y avoir été admis, ont obtenu :
soit l'admission en loge pour le prix de. Home, pourvu que
le concours ait été exécuté; soit le prix du torse ou le prix
de la tète d'expression; soit le prix de peinture décorative,
dit prix Jouvin d'Attainville ; soit une médaille dans les
concours d'après nature ou d'après l'antique ; soit le titre
de premier dans l'un des concours d'admission, pourvu
qu'ils aient de plus : les peintres, une mention en perspec-
tive, une mention en anatomie et les trois mentions en his-
toire et archéologie; les sculpteurs, une mention en analo-
mie et les trois mentions en histoire et archéologie.
2° Section d'architecture. — La section d'architecture
se divise en seconde et en première classe. Le nombre des
élèves dans chaquo classe n'est pas limité.
Epreuves d'admission. Les concours d'admission en
seconde classe ont lieu deux fois par an, au mois de mars
et au mois de juillet. Les candidats doivent avoir satisfait
aux conditions réglementaires d'inscription pour subir les
épreuves d'admission. Les listes d'appel sont formées d'après
l'ordre d'inscription des candidats. Tout candidat qui ne
répond pas à l'appel de son nom est considéré comme
renonçant au concours. Les candidats subissent d'abord
une épreuve qui comprend : 4° le dessin d'une tête ou d'un
ornement d'après un plâtre, exécuté en huit heures; 2° le
modelage d'un ornement en bas-reliel d'après un plâtre,
exécuté en huit heures; 3° une composition d'architecture
exécutée en loge, en une seule séance de douze heures, à
compter de la dictée du programme. Ces trois épreuves éli-
minatoires sont jugées par une commission composée du
professeur de théorie de l'architecture, des professeurs des
cours de dessin et de modelage, chargés, chacun en ce qui
le concerne, de faire choix du programme et des modèles,
et de dix architectes, dix peintres, dix sculpteurs, tirés au
sort parmi les membres des jurys en exercice jugeant
exclusivement pour leur art. Les candidats admis à la suite
rie ce jugement sont seuls autorisés à subir les autres
épreuves. Les élèves qui, ayant subi l'examen complet d'ad
mission, ontété déclarés admissibles pour ces trois épreuves
éliminatoires, sont dispensés de les subir lorsqu'ils se pré-
sentent à un nouvel examen. La seconde partie du con-
cours d'admission consiste : 1° en exercices de calcul faits
en loge; 2" en un examen d'arithmétique, d'algèbre et de
lue; .'!° en un examen de géométrie descriptive;
i° en une épreuve d'histoire. Cette épreuve consiste en un
KCOLE
— 393 —
examen oral el an une composition écrite sur les Dotiona
générales de l'histoire. Dana le jugement de cette eomposi-
tion, il esl tenu compte dos qualités de la rédaction. Toutes
ces épreuves ont lieu conformément aux programmes jhj—
bliés par l'administration de l'Ecole des beaux-arts. L'ordre
dans lequel les candidats subissent leur examen est déter-
miné par le sort. Tout candidat qui renonce à une seuledes
épreuves est considéré comme se retirant du concours.
Un second jugement préparatoire et éliminatoire esl
porté sur les épreuves BCientifiqUOS par les professeurs de
l'enseignement scientifique et par l'examinateur de L'Ecole.
A la suite de ce jugement, le classement des élèves admis
est fait par l'administrateur, en multipliant chaque note
obtenue par un coefficient convenu. La liste des candidats
admis est soumise à l'approbation du ministre. Les candi-
dats nouvellement admis prennent place à la suite des
élèves déjà inscrits en seconde classe, d'après leur rang
d'admission.
Seconde liasse. Les listes d'appel sont dressées, pour
les élèves déjà reçus en seconde classe, d'après le nombre
de valeurs qu'ils ont obtenues dans les concours affectés à
cette classe, et, pour les élèves nouvellement admis, dans
l'ordre indiqué précédemment. Les exercices auxquels les
élèves de seconde classe sont appelés à prendre part, sont:
4° les concours d'architecture, divisés en exercices analy-
tiques d'architecture et concours de composition propre-
ment dite; 2" les concours sur les matières de l'enseigne-
ment scientifique; 3° les exercices de dessin ornemental;
4° les exercices de dessin de figure et de modelage d'or-
nement.
Concours d'architecture. Ces concours d'architecture
consistent chaque année en : 1° six concours sur éléments
analytiques ou études de composition à grande échelle sur
sujets fragmentaires ; les programmes en sont donnés aux
élèves après ceux des compositions à rendre ; 2° six con-
cours de composition proprement dite sur des projets ren-
dus; 3° six concours de composition sur esquisse. Les
esquisses de ces divers concours se font en loge et chacune
en une séance unique de douze heures. Avant d'être admis
au concours de composition, les élèves doivent avoir obtenu
deux mentions dans les concours d'éléments analytiques.
On ne peut exécuter simultanément un concours de com-
position sur projet rendu et un concours d'éléments analy-
tiques. 11 y a chaque année pour les élèves de la seconde
classe deux exercices se rapportant au cours d'histoire de
l'architecture. Ces exercices, dirigés par le professeur d'his-
toire de l'architecture, consistent en études de fragments
d'architecture de différentes époques. Les travaux qui y sont
exécutés peuvent être conservés, sur l'avis du professeur,
en vue de l'obtention de la mention nécessaire au pas-
sage à la première classe. Ils sont soumis à l'appréciation
d'un jury composé du professeur spécial et du jury d'ar-
chitecture.
Concours sur les matières de l'enseignement scien-
tifique. Ces concours consistent : 1° pour les mathéma-
tiques et la mécanique, en un examen sur les matières du
cours et en compositions faites en loge ; 2° pour la géo-
métrie descriptive, en un certain nombre d'épurés, dont
une au moins faite en loge, et en un examen sur les épures
et sur les matières du cours ; ces examens ont lieu deux
fois par an ; 3° pour la stéréotomie et le levé des plans,
en un certain nombre d'épurés et en un examen sur ces
épures et sur les matières du cours ; 4° pour la pers-
pective, en un certain nombre de croquis et de dessins
d'après nature, en des épures dont une au moins doit être
faite en loge, et en un examen sur ces exercices et sur les
matières du cours ; chacun de ces concours est jugé, sur
le vu des croquis et des épures, pour la géométrie descrip-
tive, la stéréotomie et la perspective, et sur les rapports
des professeurs spéciaux, par un jury mixte compose, en
nombre égal, de professeurs de sciences et de membres
tirés au sort dans le jury d'architecture en exercice; nul
ne peut prendre part au concours de stéréotomie el de
perspective avant d'avoir obtenu une mention eu géométrie
descriptive; •>" pour La construction, en des exercices en
loge, pendant la du& du coure; eu des exercices tpéekoi
dans les ateliers, et en un concours de construction géné-
rale, uni dure trois mois, el qui esl suivi d'an examen
oral. Le jugement est rendu, sur le vu des Inmini 't m
le rapport du professeur de construction, par Le jury d'ar-
chitecture en exercice, auquel s'adjoignent les proli
de géométrie descriptive et de stéréotomie. Nul ne peut
prendre part aux exercices et au concours de construction
avant d'avoir obtenu une mention en mathématiques. DM
mention en géométrie descriptive et une mention en Sté-
réotomie. Les élèves déclarés revisibles a la suite des juge-
ments de stéréotomie, de perspective el de construction,
sont admis à subir un nouvel examen au commencement de
l'année scolaire.
Etudes simultanées de dessin et de modelage. Outre
les études et concours ci-dessus indiqués, les élevés de la
seconde classe participent à des exercices de dessin et de
modelage. Ils consistent : 1° en dessin d'ornement ; 2° en
dessin de figure, d'après le plâtre; 3° en modelage d'orne-
ment en bas-relief, d'après le plâtre. Chacun de ces exer-
cices, qui sont en nombre égal, autant que les besoins du
service le permettent, est dirigé par le professeur spécial
de dessin d'ornement, de dessin de ligure ou de sculpture.
Les travaux, dont les dimensions sont déterminées par le
professeur, s'exécutent en douze heures. Ils peuvent être
conservés, sur l'avis du professeur, en vue de l'obtention
de la mention nécessaire au passage en première classe, et
sont soumis à l'appréciation du jury, composé du profes-
seur spécial et de dix peintres ou dix sculpteurs et dix
architectes tirés au sort dans les jurys en exercice. La
liste d'appel est formée suivant l'ordre des valeurs obte-
nues dans la seconde classe.
Récompenses accordées en seconde classe. Sont
affectées comme récompenses en seconde classe : 1° dans
les concours d'éléments analytiques, des secondes men-
tions ; 2° dans les concours de composition d'architecture
sur projets rendus, des premières et des secondes men-
tions ; 3° dans les concours de composition d'architecture
sur esquisse, des secondes mentions ; 4° en mathématiques,
en géométrie descriptive, en stéréotomie et en perspective,
des médailles spéciales (troisièmes médailles) et des pre-
mières mentions ; 5° en construction, des premières, des
deuxièmes et des troisièmes médailles et des mentions ;
(i° en dessin d'ornement, en dessin de figure, en ornement
modelé et en études d'histoire de l'architecture, des troi-
sièmes médailles et des mentions. Toutes ces récompenses
peuvent être cumulées. Tout élève qui, dans le courant de
l'année scolaire, n'a pas rendu deux projets au moins ou
pris part à des concours d'éléments analytiques, ou passé
deux examens, ou rendu un projet ou passé un examen, ou
fait le concours de construction, est considéré comme dé-
missionnaire et ne peut de nouveau faire partie de l'Ecole
qu'en subissant les épreuves d'admission, à moins qu'il
n'en soit dispensé par décision du conseil supérieur. Dans
le cas d'une nouvelle admission, les degrés antérieurement
acquis par l'élève lui sont réservés. Sont exemptés défini-
tivement de cette obligation les élèves de la seconde classe
qui, ayant été admis au concours définit if du prix de Rome,
ont exécuté le concours.
Concours d'admission à la première classe d'archi-
tecture. Pour passer de la seconde à la première classe,
les élèves doivent avoir obtenu: 1° en architecture, six
valeurs, dont deux au moins sur éléments analytiques et
deux sur projets rendus ; 2° en mathématiques, en géomé-
trie descriptive, en stéréotomie, en construction, en pers-
pective, une médaille ou une mention ; 3° une médaille on
une mention de dessin d'ornement, de figure dessinée,
d'ornement modelé, d'études (l'histoire de l'architecture.
Concours et exercices affectés à la première classe.
Les concours ouverts aux élèves de la première classe
sont : 1° des concours d'architecture : 2e un concours
— 393 —
ÉCOLE
d'ornement et d'ajustement : 3° dos concours se rappor-
tant au cours d'histoire de l'architeetare : '•" des ooneoars
de dessin de figure; '<" des ooncours d'ornement modèle.
Les concours d'architecture consistent chaqae année en:
!• si\ ooneoars sur projets rendas : S" >i\ concours sur
esquisses. Toutes les esquisses se t'ont en loge, et chacune
d'elles e^t exécutée en une seule séance de douze heures.
Il v a abaque année : 1° un concours d'ornement et d'ajus-
tement, donnant lieu au prù Ronge vin; il se t'ait en loge
et dure sept jours ; _" un concours se rapportant au cours
d'histoire de l'architecture. Ils consistent en compositions
reproduisant un style d'architecture déterminé. Le pro-
gramme en est donne par le professeur d'histoire de l'archi-
tecture. Chacun i\o a>i concours, dont l'esquisse seule se
fait en loue, a une durée de dix jours.
Etudes simultanées île dessin et de modelage. Outre
les concours ci-dessus indiqués, les élèves de la première
i tasse participent à des exercices de dessin et de modelage,
qui consistent : 1 en dessin de figure, d'après h nature
ou d'après le plâtre : -° en modelage d'ornements d'après
le plâtre. Chacun de ces exercices, qui sont en nombre
égal, autant que les besoins du service le permettent, est
dirigé par le professeur spécial de dessin ou de sculpture.
I .s travaux, dont les dimensions sont déterminées par le
professeur, s'exécutent en douze heures. Il y a, chaque
année, deux concours de dessin et de ligure et deux con-
cours d'ornement modelé. Chaque concours comprend douze
heures de travail. Il est jugé par un jury composé du pro-
■ur spécial et de dix peintres ou dix sculpteurs et dix
architectes, tirés au sort dans les jurys en exercice.
accordées en première elasse. Sont
affectées comme récompenses en première classe : 1° dans
les concours d'architecture sur projets rendus, des pre-
mières médailles, des deuxièmes médailles et des premières
mentions; 2° dans les concours d'architecture sur esquisses,
des deuxièmes médailles et des premières et deuxièmes
mentions ; 3° dans le concours d'ornement et d'ajustement,
dans les concours d'histoire de l'architecture, des pre-
mières médailles, des deuxièmes médailles et des premières
mentions ; i° dans les concours de dessin de figure et
d'ornement modèle, des premières médailles, des deuxièmes
médailles et des premières mentions. Toutes ces récom-
penses peuvent être cumulées. — Tout élève de première
classe qui n'a pas rendu au moins un projet et pris part à
l'un des concours spécifies ci-dessus dans le courant de
l'année scolaire, est considéré comme renonçant à continuer
t ncles a l'Ecole, sauf décision du conseil supérieur.
— Sont exemptés de cette obligation les élèves de première
classe admis au concours définitif du grand prix de Home
et ayant exécuté le concours et ceux qui ont obtenu soit le
diplôme d'architecte, soit la grande médaille d'émulation,
soit le prix A bel Blouet.
Grande médaille d'émulation. Il est affecté à l'élève
qui a remporté en première classe le plus de valeurs de
recompenses dans les divers concours de l'année scolaire
un prix qui prend le nom de grande médaille d'émulation.
La somme des valeurs s'établit d'après les bases déter-
minées par arrêté ministériel ; toutefois, les récompenses
obtenues dans les concours de dessin d'ornement, de dessin
de ligure, d'ornement modelé et de composition décorative
ne comptent que pour un tiers de leur valeur. La grande
médaille d'émulation peut être cumulée.
Diplôme d'architecte. Les épreuves à la suite desquelles
le diplôme d'architecte peut être accordé ont lieu, chaque
année, a l'Ecole. Pour être admis à ces épreuves, il faut
avoir obtenu au moins neuf valeurs en première classe
dans les concours d'architecture, d'ornement et (l'ajuste-
ment ou du prix de Rome, ainsi qu'une valeur dans le
concours d'histoire de l'architecture. Le jirogramme est
donné par le conseil supérieur. Le sujet proposé aux can-
didats consiste en un projet d'architecture conçu et déve-
loppé comme s'il devait être exécuté. Les épreuves se divi-
sent en deux parties successives, l'une graphique et l'autre
orale. La partie graphique se compose de plans, élévations
et coupes ; elle embrasse les détails do la construction ;
elle est complétée par un mémoire descriptif et un devis
estimatif d'une partie de la construction. La partie orale
consiste en un examen sur les différentes parties du projet
lui-même; sur les parties théorique et pratique de la cons-
truction, telles que qualités et défauts des matériaux, leur
résistance, les moyens employés pour leur mise en œuvre;
sur l'histoire de l'architecture ; sur les éléments de phy-
sique et de chimie appliqués à la construction, et enfin sur
les notions essentielles de législation du bâtiment et de
comptabilité. Le nombre des diplômes n'est pas limité ; la
valeur en est grande, car il faut, pour l'obtenir, une
moyenne de cinq années de travail méthodique et soutenu.
les élèves de la première classe ont eu, d'ailleurs, occa-
sion de s'exercer à la pratique, car leur aide est recherché
par les architectes de l'Etat. Néanmoins, ce diplôme ne
confère pas de titre spécial et l'expression « architecte
diplômé » n'a pas de sens officiel. Les épreuves sont jugées
par une commission spéciale, composée de la manière sui-
vante : le directeur de l'Ecole, jirésident, assisté du secré-
taire de l'Ecole ; le secrétaire du conseil supérieur de
l'Ecole, secrétaire; les membres de la section d'architec-
ture de l'Académie des beaux-arts; les professeurs d'archi-
tecture de l'Ecole, savoir : les trois professeurs chefs
d'ateliers, trois professeurs d'ateliers extérieurs, désignés
par le conseil ; le professeur de construction, le professeur
d'histoire de l'architecture, le professeur de théorie de
l'architecture, le professeur de physique et de chimie et le
professeur de législation du bâtiment ; deux membres du
conseil supérieur de l'Ecole, désignés par le conseil supé-
rieur ; un inspecteur général des monuments historiques,
un inspecteur général des édifices diocésains, un inspecteur
général des bâtiments civils, désignés par le ministre.
Cette commission se réunit à l'Ecole sur la convocation du
directeur.
Etude simultanée des trois arts. — Concours d'ému-
lation communs aux peintres, sculpteurs et archi-
tectes. Chaque année, il est ouvert entre les élèves de
l'Ecole proprement dite et des ateliers deux concours, qui
sont l'application des études simultanées des trois arts. Ces
concours consistent en des compositions décoratives, dont
le programme est donné par le professeur de composition
décorative. L'esquisse est faite en loge en douze heures ; le
rendu a lieu dans le délai d'un mois. Ces concours sont
jugés par un jury composé du professeur de composition
décorative, des professeurs d'études simultanées et de dix
peintres, dix sculpteurs et dix architectes, tirés au sort
dans les jurys en exercice. Il peut être décerné dans chaque
section une première médaille, deux deuxièmes médailles
au plus, et des mentions. Ces récompenses peuvent être
cumulées.
Des ateliers de l'Ecole. — L'Ecole des beaux-arts
comprend : trois ateliers de peinture, trois ateliers de
sculpture, trois ateliers d'architecture, un atelier de gra-
vure en taille-douce, un atelier de gravure en médailles et
en pierres fines. Les ateliers sont ouverts aux élèves de
l'Ecole proprement dite, qui choisissent, suivant l'ordre et
la date de leurs récompenses, puis de leur rang sur la liste
d'admission, celui des ateliers de leur section dans lequel
ils désirent étudier. Le nombre des élèves à admettre dans
chaque atelier est déterminé par l'administration, d'accord
avec le professeur chef d'atelier. Les candidats à l'Ecole
proprement dite pour la section d'architecture qui ont subi
avec succès les épreuves éliminatoires, peuvent aussi être
admis aux ateliers d'après leur rang de classement dans
les épreuves d'admission, mais seulement à défaut des élèves
indiqués ci-dessus, et jusqu'à la session d'examen suivante.
L'inscription des élèves dans les ateliers doit être renou-
velée au commencement de chaque année scolaire. L'ins-
cription se fait soit directement, soit par lettre. Si, dans
le premier mois, un élève ne s'est pas fait réinscrire, il est
considéré comme démissionnaire. Le professeur peut tou-
ÉCOLE
- W4 -
joui s désigner BU directeur les élèves qu'il a des mollis
d'exclure de ion atelier. Lear radiation est prononcée par
le directeur, qui le notifie aux élèves. Ces élèves peuvent
être ailinis dans un autre atelier, avec L'agrément du pro-
fesseurde cet atelier, celai da professeur de L'atelier qu'ils
(initient, et avec l'assentiment da directeur. Sous certaines
conditions, tout élève a la faculté de changer d'atelier.
L'admission aux ateliers est définitive ; mais, une lois insent
dans nu atelier, l'élève doit y être assidu. Les cas d'ab-
sence dois eut toujours être justifiés de la part de l'élève
auprès do son professeur. Tout élève qui, dans l'espace do
deux années, n'aura pas obtenu soit une récompense pour
son art, dans les concours de l'Ecole ou dans les concours
du prix de Rome, soit une récompense ou une mention
pour ses travaux d'atelier, soit une médaille dans les con-
cours d'anatomie ou de perspective, ne fera plus partie de
l'atelier, à moins de décision contraire du conseil supérieur.
Les professeurs chefs d'atelier sont autorisés à faire con-
naître au directeur, qui les signale au ministre, ceux de
leurs élèves qu'ils jugent dignes d'être soutenus dans leurs
études. Tous les jours, les ateliers de l'Ecole sont ouverts
aux élèves. Pendant les vacances, deux salles sont mises à
la disposition des élèves peintres et sculpteurs. On donne
aux élèves architectes des projets à rendre.
Les études comprennent : pour les peintres : 1° des
exercices de dessin et de peinture d'après la nature et
d'après l'antique ; 2° des exercices de composition ; 3° des
exercices de composition décorative. — Pour les sculp-
teurs : 1° des exercices de modelage d'après la nature et
d'après l'antique, soit en ronde bosse, soit en bas-relief;
2° des exercices de composition, soit en ronde bosse, soit
en bas-relief ; 3° des exercices de composition décorative.
— Pour les architectes : 1° des exercices scientifiques ;
2° des exercices de composition. — Pour les graveurs en
taille-douce : 1° des exercices élémentaires de gravure;
2° des exercices de gravure, soit d'après les estampes des
maîtres, soit d'après les dessins exécutés par l'élève ; 3° des
figures dessinées d'après la nature et d'après l'antique.
— Pour les graveurs en médailles et en pierres fines :
1° des exercices élémentaires de gravure ; 2° des exercices
de gravure, soit d'après les médailles et les pierres gravées
antiques, soit d'après les modèles exécutés par l'élève ;
3° des figures dessinées ou modelées en bas-relief, d'après
la nature ou d'après l'antique ; 4° des exercices de com-
position en médailles et en camées. — Un atelier dirigé
par un professeur spécial permet aux élèves sculpteurs
de se familiariser avec le travail de la pierre et du marbre.
— A la fin de chaque trimestre, les professeurs chargés de la
direction des ateliers de peinture, de sculpture, de gravure
en taille-douce et de gravure en médailles et en pierres
fines, font un choix parmi les ouvrages de leurs élèves
pendant le semestre. Ces travaux sont exposés dans l'Ecole,
et des encouragements peuvent être accordés aux élèves
qui ont montré le plus d'aptitude. Ces encouragements sont
distribués, s'il y a lieu, à la suite d'un jugement rendu
par le jury en exercice. Ils consistent, pour chaque atelier,
en trois récompenses : la première, d'une valeur de 125 fr.;
la deuxième, d'une valeur de 75 fr. ; la troisième, d'une
valeur de 50 fr. Il peut être décerné quatre mentions au plus.
— A la fin de chaque semestre, le professeur de composi-
tion décorative fait un choix parmi les ouvrages des élèves
de l'Ecole qui prennent part aux exercices pratiques de son
cours. Ces travaux sont exposés dans l'Ecole, et des en-
couragements peuvent être accordés aux élèves qui ont
montré le plus d'aptitude. Ces encouragements sont distri-
bués, s'il y a lieu, à la suite d'un jugement rendu par un
jury composé du professeur de composition décorative et
de dix peintres, dix sculpteurs, dix architectes, tirés au
sort dans les jurys en exercice. Ils consistent en trois ré-
compenses valant respectivement 125 fr., 75 fr. et 50 fr.
Pour la section d'architecture, la somme représentée par
la valeur de ces trois récompenses est attribuée, une seule
fois, à la fin de l'année scolaire, à l'élève qui a obtenu la
i unie ined;iil|e d'émulation, sous les conditions suivantes:
Le lauréat s'engage a bure une étude sur un monument
français dont le won lui est laissé; il en exécute le rendu.
Ce travail esl exposé chaque année, a la suite des néant,
a l'Eeole des beaux-arts ; il reste la propriété de l'éli
Le lauréat touche, au moment ou le prix lui est décerné,
les deux tiers de la somme anectée B cette récompense. I ■
reste lui est remis après l'acceptation de son travail.
Fondation* ei concourt auxquels elles donnent
Iwu. Des fondations et legs faits a l'Eeole des beaux-arts
donnent lien à des concours qui sont l'objet de condition-
spéciales. Le concours de la tète d'expression fondé par le
comte de Caylus pour les peintres et les sculpteurs, et le
concours de la demi-figure peinte, dite du torse, institué
par La Tour, ont lieu chaque année au mois de février. Les
récompenses consistent : pour la tète d'expression, en un
prix de 101) fr., et, pour le torse, en une somme de
300 fr. Les autres prix sont : le prix Hugnirr (anatonue),
000 fr. ; le prix Fortin d'ivry (perspective), 00(1 fr. ;
les deux prix Jourin d'Attaininlle (peinture historique
et paysage), chacun de 2,100 fr. ; le prix Lemaire (ajus-
tement en sculpture), 825 ir. ; le prix Muller-Sœlt
530 fr. ; le prix Jay (construction), 700 fr. ; les deux prix
Jean Leclaire (émulation), chacun 500 fr. ; le prix Abel
lilouel (nombre de valeurs), 947 fr. ; le prix Edmond
Labarre (composition sur esquisse), 200 fr. ; le prix Suu-
ijel (composition), 395 ir. ; le prix Godebœuf (architec-
ture), 700 fr. Tous ces prix comptent pour des valeurs.
Le prix liougevin (ornement et ajustement, concours en
loge, 7 jours), 600 fr. et 400 fr.) ; le prix Deschaumes
(architecture), 500 fr. Le prix Leclère (-1,000 fr.) est
attribué, chaque année, au second grand prix d'architec-
ture, et le prix Troyon (600'fr.) au second grand prix de
peinture.
Grand prix de Home. La récompense suprême à la-
quelle visent les élèves de l'Ecole des beaux-arts est le
grand prix de Rome, qui donne l'accès à l'Académie de
Fronce à Home (V. ce mot). Les concours pour ce grand
prix ont été réglés par le décret du 13 nov. 1871. Le pro-
gramme des épreuves est établi par l'Institut (Académie
des beaux-arts). Chacune des sections juge le concours
pour sa spécialité. Elle s'adjoint un certain nombre d'ar-
tistes étrangers à l'Académie, égal à la moitié de ses mem-
bres, sept pour le concours de peinture (la section ayant
quatorze membres), quatre pour celui de sculpture et celui
d'architecture, deux pour celui de gravure. Mais les spé-
cialistes ne font que des présentations. Le jugement défi-
nitif du concours est prononcé par toutes les sections réu-
nies. Le concours pour les grands prix est ouvert aux el
de l'Ecole, mais en exceptant ceux qui sont mariés. 11 a lieu
tous les ans pour la peinture, la sculpture, l'architecture;
tous les deux ans pour la gravure en taille-douce, tous les
trois ans pour la gravure en médailles et en pierres fines.
Chaque concours comprend deux séries d'épreuves : les
épreuves préliminaires du concours d'essai, les épreuves
décisives du concours définitif. On accorde aux concurrents
admissibles une indemnité pour frais d'exécution : 300 IV.
aux peintres et aux sculpteurs, 200 fr. aux architectes et
aux graveurs.
Pour la peinture, il y a deux concours d'essai et un
concours définitif : le premier concours d'essai consiste
dans une esquisse peinte sur une toile dite de six, c.-i\-d.
mesurant 0m40 sur 0m32 ; l'esquisse doit être terminée
en douze heures, après la lecture du programme : toute
communication avec le dehors esl interdite. — Le second
concours d'essai a lieu aussitôt après le premier. Il
consiste en deux épreuves : 1° une esquisse peinte; 8° une
ligure nue, peinte d'après nature. Les concurrents doivent
exécuter leurs figures en quatre séances de sept heures
chacune (non compris le repos do modèle). Cette double
épreuve d'admissibilité élimine la plupart des concurrents.
En elfet, le nombre des élèves admis au concours défi-
nitif ne peut dépasser dix. Ce concours consiste dans
- 3SI5 -
ÉCOLE
l'exécution d'un tableau tloni la toile, dite de quatre-
vingts, a 1*46 sur l,nl'>. Le programme esl remis à
9 h. dn iiuiiui: les concurrents reçoivent ane feuille de
papier estampillée pour] tracer leur esquisse; ils entrent
en loges el ont trente-su heures pour l'exécution de l'es—
quisse. Puis ils travaillent en loge à l'exécution «lu tableau.
la dorée du concoun est de Boixante-douxe jours de
travail à partir de la dictée do programme. Les tableaux,
après avoir été vernis, sont exposés trois jours avant et
un jour après le jugement.
l'ourla si'tilptiire.il y a également deux concours d'essai
éliminatoires et un définitif. Le premier consiste en une
. s,|iiis-e modelée en bas-relief qui doit être terminée 60
douze heures. Le second concours d'essai, qui a lieu aussitôt
après le jugement dn premier, comporte deux épreuves :
I' une esquisse modelée; 8° une figure nue. modelée
d'après nature. — Le nombre des élèves admis au concours
définitif ne peut dépasser dix. Ce concours consiste alter-
nativement dans l'exécution d'un bas-relief ou d'une figure
ronde bosse. Trente-six heures sont consacrées il l'esquisse,
l i durée dn eoneours est de soixante-douze jours de travail.
L'exposition publique se tait dans les mêmes conditions
que pour la peinture.
Pour l'architecture, le système est le même : deux
concours d'essai, un concours définitif. Le premier essai
consiste en une esquisse dont le sujet est généralement un
simple motil architectural. Elle doit être terminée en
dou/e heures. I.e second essai consiste en l'esquisse d'une
composition d'ensemble qui doit être faite en vingt-quatre
heures. — Pour le concours définitif, aussitôt après la
dictée du programme, les concurrents entrent en loges et
ont quatre jours et trois nuits pour l'exécution de leurs
esquisses dont ils sont tenus de prendre un calque. La
durée du concours est de cent dix jours de travail. Les
concurrents sont tenus de dessiner dans leurs loges leurs
projets au net ; mais les études de ces projets, au trait et
a une échelle autre que celle du rendu, peuvent être faites
au dehors. L'exposition publique du concours a lieu trois
jours avant et un jour après le jugement.
Il y a pour le grand prix de gravure en taille-douce
seulement un concours d'essai et un concours définitif ;
le premier comprend deux épreuves, à savoir : 1° une
figure dessinée d'après nature ; 2° une figure dessinée
d'après l'antique. — Le concours définitif consiste : 1° à
dessiner une figure d'après l'antique: 2° à dessiner une
ti^nre d'après nature ; 3° à graver au burin la figure
dessinée d'après nature. Pour le dessin de chaque figure,
il est accordé aux concurrents six séances de cinq heures
de travail; pour la gravure, la durée du travail est de
quatre-vingt-dix jours. L'exposition publique a lieu trois
jours avant et un jour après le jugement.
\fi concours pour le grand prix de gravure en médailles
et en [lierres fines comprend deux essais et un concours
définitif. Le premier essai consiste en une esquisse, modelée
en bas-reliet, qui doit être terminée en douze heures ; le
second en une figure nue, modelée en bas-relief, qui doit
être exécute.' en quatre séances de sept heures chacune. —
Le concours définitif consiste : 1° à modeler en cire un
bas-relief; 2° à graver ce bas -relief soit sur acier,
soit sur pierre fine; 3° à copier soit sur acier, soit sur
pierre, d'après un plâtre moulé sur l'antique, une tête
dont l'original est gravé soit en médaille, soit en pierre
fine. Trente-six heures sont accordées pour l'exécution des
esquisses; la durée du travail total est de quatre-vingt-
seize jours. Les pierres fines sont fournies par l'Académie.
L'exposition publique a lieu trois jours avant et un jour
après le jugement.
C'est l'Académie des beaux-arts qui distribue les prix
des concours. Elle décerne un premier grand prix et deux
seconds grands prix dans chaque ordre. Les artistes qui
obtenu les premiers grands prix reçoivent un diplôme et
une médaille d'or; ils vont a Home passer, comme pen-
sionnaires, le temps déterminé; les seconds grands prix
reçoivent un diplôme el une médaille d'or; ils ne peuvent
plus concourir que pour le premier prix dans le môme art.
Il arrive que certains concours soient jugés trop faibles
pour que le grand prix Boit décerné; en ce cas, ou en donne
deux tannée suivante. Au sujet du séjour à la villa Médecis
el des avantages qu'il confère, Y. l'art. Académie du
France à Rome, t. I, p. 221.
L'institution de L'Ecole nationale et spéciale des beaux-
arts a été l'objet de vives critiques qui mettent en jeu
même son existence. Les tendances de son enseignement
sont al laquées, et on lui reproche de les imposer par le
système des concours peu favorable à l'originalité artistique.
Le plus fameux de ces concours, celui des grands prix de
Home et l'institution de l'Académie de France à Home sont
particulièrement discutés. Ce n'est pas ici le lieu d'aborder
celle question (V. Académie, Classique et Enseignement
artistique) ; mais il parait difficile do nier les services
rendus par l'Ecole, grâce au concours de maîtres éminents
et aux ressources des collections des ateliers mises gra-
tuitement à la disposition des élèves.
Service militaire. — Voici quels sont les avantages accor-
dés au point de vue du service militairo aux lauréats de
l'Ecole des beaux-arts. La loi ne demande qu'un an de pré-
sence sous les drapeaux avant le passage dans la réserve a
ceux qui ont obtenu soit l'un des prix de Home, soit un prix
ou médaille d'Etat dans les concours annuels de l'Ecole. Le
décret du 23 nov. 1 887 spécifie que les prix de Home sont
au nombre de trois par spécialité (un premier et deux
seconds) ou de quatre lorsque le premier grand prix n'a
[tas été décerné l'année précédente. Ceux-ci ne sont d'ailleurs
le plus souvent remportés qu'à un âge trop avancé pour
conférer utilement la dispense. Voici comment on a réglé
la question pour les autres concours (arrêté du 14 déc.
1889).
Peinture et gravure en taille-douce. Concours de
figure dessinée d'après l'antique et d'après nature (secondes
médailles — quatre) ; concours de composition (secondes
médailles — deux) ; concours semestriels dits de grande
médaille (premières médailles — deux) ; concours de la
tête d'expression (première médaille — une); concours du
torse (première médaille — deux) ; concours Jouvin d'At-
tainville, peinture historique (première médaille — une);
concours Jouvin d'Attainville, paysage (seconde médaille
— une ) ; concours de composition décorative (premières
ou secondes médailles — deux) ; grande médaille d'ému-
lation.
Sculpture et gravure en médailles. Concours de figure
modelée d'après l'antique et d'après la nature (secondes
médailles — quatre) ; concours de composition (secondes
médailles — quatre); concours semestriels dits de grande
médaille (premières médailles — deux); concours de la
tète d'expression (première médaille — une); concours
Lemaire (première médaille — une) ; concours de compo-
sition décorative (premières ou secondes médailles — deux);
grande médaille d'émulation.
Architecture. ir" classe : concours d'architecture sur
esquisse et sur rendus (premières ou secondes médailles
— vingt-quatre) ; concours d'ornement et d'ajustement
(premières ou secondes médailles — deux) ; concours Code-
bœuf (premières ou secondes médailles — deux) ; concours
de composition décorative (premières ou secondes médailles
— deux) ; grande médaille d'émulation. — 2e classe :
concours de construction (premières ou secondes médailles
— trois).
Ecole nationale des beaux-arts de Bourges. —
Destination. — L'Ecole nationale des beaux-artsde Bourges
a pour objet de tonner des jeunes gens et des jeunes filles
à la pratique des arts et a l'enseignement du dessin. C'est
un établissement d'enseignement professionnel. Il comporte
un enseignement spécial aux professions des élèves. Les
décrets du 7 oct. 1881 et du i't oct. 1882 en règlent le
fonctionnement.
Conditions d'admission. — Pour être élève de l'Ecole et
ECOLE
— 396
participer aux récompensée qu'elle décerne, il fanl justifier
de h Qualité de Français. Toutefois les étrangers peuvent 5
être admis par autorisation spéciale du ministre ; mais ils
ne peuvent prétendre au prix d'honneur, non plus qu'au
bourses instituées pour les élèvesde l'établissement. L'ins-
cription a lieu au secrétariat de l'Ecole, tous les jours non
Fériés, aux heures îles cours. Pour être admis à 1 Ecole, les
élèves doivent avoir au moins dix ans révolus, savoir lire,
écrire et calculer; ils doivent être présentés par leur père,
mère, correspondant ou chef d'atelier. En entrant à l'Ecole,
tons les élèves doivent être munis des instruments néces-
saires a leurs études.
Ri cime intérieur. — L'enseignement est gratuit. Il com-
prend : 1° le dessin linéaire et géométrique; 2° le dessin
d'architecture, les mathématiques, la construction et la
perspective; 3° le dessin d'ornement et de figure, la com-
position ; 4° l'architecture; 5° la sculpture ; 0° la peinture;
7° la peinture et la sculpture appliquées à la céramique ;
8° l'analomie; 9° l'histoire de l'art. L'enseignement de
l'Ecole est réparti en trois divisions : division élémentaire,
division supérieure, cours spéciaux. Les épreuves pour le
passage d'un cours dans le cours supérieur consistent a
obtenir dans l'ensemble des matières une notation moyenne
d'au moins 1(1 points (maximum, 20 points), sans que, pour
chacune d'elles, la notation puisse être inférieure à 14; à
cet effet, tous les travaux, ainsi notés par chaque professeur
de cours, sont revisés par un jury, qui prononce chaque
mois sur le passage d'un cours dans un autre.
Un concours annuel, donnant lieu à des prix et à des
mentions, est institué pour chacune des facultés de l'ensei-
gnement de l'Ecole dans le dernier trimestre de l'année
scolaire ; peuvent seuls y prendre part les élèves inscrits à
l'Ecole antérieurement au 1er févr., et qui ont suivi régu-
lièrement les cours. Des hourses d'études sont accordées aux
élèves qui se distinguent le plus dans l'Ecole : un tiers est
réservé à ceux ou celles qui se destinent à l'enseignement;
elles ne peuvent se partager; pour y prétendre, il faut être
Français, être âgé au moins de quinze ans et être inscrit à
l'Ecole depuis une année au moins. Nul ne peut en obtenir
le renouvellement au delà de quatre ans.
Ecole nationale des beaux-arts de Dij on . — L'Ecole
nationale des beaux-arts do Dijon comprend l'enseignement
de la peinture, du dessin, de la sculpture, de l'architec-
ture, de l'art décoratif, de l'art industriel et des cours
accessoires. Pour être admis élève de cette école, il faut :
1° justifier de la qualité de Français ou, pour les étrangers,
de l'autorisation du préfet ; 2° résider à Dijon ; o° avoir
dix ans révolus ; 4° posséder les éléments de la grammaire
et de l'arithmétique.
Ecole nationale des beaux-arts de Lyon. — Des-
tination. — L'Ecole nationale des beaux-arts de Lyon a
pour objet l'enseignement du dessin, des beaux-arts et des
arts décoratifs.
Conditions d'admission. — Nul ne peut y être reçu s'il
n'a au moins quinze ans révolus. Les jeunes gens qui se
présentent à l'Ecole doivent préalablement se faire inscrire
au secrétariat, justifier de leur âge, de leur qualité de
Français , et prouver qu ils ont été vaccinés ou ont eu la
petite vérole. S'ils sont étrangers, ils doivent justifier de
l'autorisation du maire de Lyon. Les élèves, Français ou
étrangers, ne peuvent se présenter qu'avec un répondant
domicilié à Lyon.
Régihe intérieur. — Les élèves de l'Ecole se divisent en
deux catégories : les aspirants et les titulaires. Nul ne
peut devenir titulaire dans une classe, sans avoir subi les
examens spécifiés ci-après pour l'admission à chacune des
classes de l'Ecole.
Elèves aspirants. A leur entrée à l'Ecole, les élèves sont
examinés sur : les notions d'histoire générale, les mathé-
matiques élémentaires, le dessin géométral et le dessin
perspectif, el , selon leur degré d'instruction, ils sont
classés dans la division préparatoire ou de principes (ensei-
gnement du premier degré), ou dans la division de bosse
(enseignement du deuxième degré). — L'enseignement
du premier degré, division préparatoire ou de principe* ,
comprend': l'arithmétique et la géométrie, le dessin pers-
pectif el géométral a main levée, d'après des modèles en
relief (simples) : l'étude élémentaire de la figure humaine,
des animaux el de l'ornement, d'après des modèles graphies;
la pratique du dessin géométrique, ave* l'emploi des ins-
truments de mathématiques et le lavis. Pour être reçu dans
la division de bosse (enseignement du deuxième degré), les
élèves doivent subir un examen sur les matières du preniiei
degré, soit à leur entrée ,i l'Ecole, soit après un séjourdans
la division préparatoire. A cet effet, il y a deux exanens
par année, l'un à la rentrée des classes ( deuxième quin-
zaine d'octobre), l'autre fin décembre. Cet examen comporte :
une interrogation sur l'arithmétique et la géométrie élémen-
taire; un dessin perspectif et un dessin géométral à main
levée, d'après le même modelé en relief, de forme simple ;
un dessin géométrique exécuté avec les instruments de
mathématiques et comportant un peu de lavis. — L'ensei-
seignemenl du deuxième degré, division ne bosse, com-
prend : la géométrie, ,les éléments de perspective et de
géométrie descriptive, l'étude de la figure humaine, des
animaux el de l'ornement, d'après la bosse. Dans cette
division, les élèves se préparent aux examens exigés pour
les différentes classes d'application, lui conséquence, ceux
qui se destinent à l'architecture et à l'art décoratif peuvent
y étudier les relevés géométraux.
Elèves titulaires. Les élèves aspirants deviennent titu-
laires dans une classe d'application après avoir subi les
épreuves suivantes : Classe de peinture et de gravure :
une académie dessinée d'après l'antique ; un dessin d'orne-
ment d'après le plâtre ; un examen sur l'histoire générale
(notions élémentaires) ; un examen sur les éléments de la
perspective. — Classe de sculpture : une académie mo-
delée (haut-relief), d'après l'antique ; une étude d'ornement,
modelée ou dessinée d'après le plâtre ; un examen sur l'his-
toire générale (notions élémentaires); un examen sur le
tracé des formes géométriques. — Classe d'architecture :
une académie d'après la bosse, mise en place et massée à
l'effet en deux séances ; un dessin d'ornement d'après le
plâtre ; un relevé géométral rendu à l'aquarelle ; un examen
sur l'histoire générale (notions élémentaires) ; un examen
sur les éléments de la perspective. — Classe de fleur :
une académie d'après la bosse ; un dessin perspective et un
dessin géométral à main levée d'après le même objet orne-
mental ; un examen sur l'histoire générale (notions élé-
mentaires); un examen sur les éléments de perspective. Les
élèves doivent suivre en outre la classe d'art décoratif
durant deux années au moins. Ils font des cours d'appli-
cations industrielles à la fin de chaque année. — Classe
d'art décoratif : une académie d'après la bosse, mise en
place et massée à l'effet en deux séances : un dessin d'or-
nement d'après le plâtre ; un relevé géométral rendu à
l'aquarelle; un examen sur l'histoire générale (notions élé-
mentaires); un examen sur les éléments de perspective.
Ces épreuves, passées avec succès pour d'autres classes,
peuvent compter pour l'admission à la classe d'art déco-
ratif. Chaque année, il y a deux concours d'admission aux
différentes classes : en octobre et décembre. En outre, les
grands concours de fin d'année (juillet) peuvent être utilises
à cet effet. Tous les élèves titulaires des différentes classes
d'application doivent suivre : les cours de perspective, les
cours d'histoire de l'art et d'archéologie (pendant deux ans).
Le cours d'anatomie n'est imposé qu'aux élevés des classes de
peinture, sculpture et gravure; celui de géométrie descrip-
tive et stéréotomie, aux élèves de la classe d'architecture.
Six bourses de 200 IV. sont accordées chaque année sur la
proposition du conseil des professeurs. Outre les grands
concours de fin d'année dans toutes les sections, pour les-
quels il est alloue 100 fr. aux premiers prix et Ml fr. aux
seconds, il existe un prix d'honneur, consistant en livres
d'art donnés par le ministère et un grand prix dit prix de
l'aris, consistant en une pension annuelle de 1,800 fr.
— 897 —
ECOLE
(4,800 IV. de l'Etat et 600 fr. de la ville), pendant trois
ans ; ce prix est décerné à un élève français peintre, sculp-
teur, architecte ou graveur, a ta suite d'un concours (en
à doux de
Ecole nationale des beaux-arts d'Alger. — Dss-
iinwiun. — L'Ecole nationale des beaux-arts d'Alger a été
instituée et organisée par décret ilu s qov. 1881 en vue
de former les jeunes gens el les jeunes filles à la pratique
des arts, à renseignement du dessin el à l'exercice des
industries relevant de l'art.
Conditions d'admission. — Pour être élève de l'Ecole el
participer au\ récompenses qu'elle décerne, il faut justifier
de la «nullité de Français; toutefois, les étrangers peuvent
\ être admis par autorisation spéciale du ministre, délivrée
sur la demande du représentant de leur nation, après l'avis
du directeur de l'Ecole. L'inscription dos élèves a lieu.
tous les jours non fériés, au secrétariat de l'Ecole, aux
heures des COUTS ; pour être admis a l'Ecole, les candidats
doivent être présentes par leurs père, mère, correspondant
ou chef d'atelier, et savoir lire, écrire et calculer.
Régime intérieur. — L'enseignement1 est gratuit. Il est
divise, pour chacune des sections, tilles et garçons, en
première division, deuxième division, division supérieure,
cours spéciaux. 11 est institue près de l'Ecole nationale des
beaux-arts d'Alger des bourses an profit des élèves «pli se
distinguent le plus dans l'Ecole, lin tiers de ces bourses
est réserve, s'il y a lieu, pour ceux ou celles des élèves
qui se destinent à l'enseignement ; elles sont accordées
tous les ans au mois de janvier, sont payables à la fin de
l'année Molaire et ne peuvent se partager. Nul ne peut
y prétendre s'il n'est inscrit à l'Ecole depuis une année au
moins et ne peut en obtenir le renouvellement au delà de
quatre ans.
Ecole spéciale d'architecture. — Destination. —
Cette école, située à Paris, boulevard Montparnasse,
n° [36, a été fondée par une association d'efforts privés,
où H. Emile Trélat a eu la plus grande part, et reconnue
comme établissement d'utilité publique le 11 juin 1870.
Elle a pour but de former des architectes, et elle admet
des nationaux et des étrangers. Elle peut admettre égale-
ment, dans ses amphithéâtres, des auditeurs libres qui
doivent adresser leur demande aux professeurs titulaires
des chaires, au siège de l'Ecole.
Conditions d'admission. — 11 n'y a pas de limite d'âge.
Nul n'est admis a l'Ecole qu'après avoir subi des épreuves,
qui ont lieu au choix du candidat, soit à Paris, au siège de
l'Ecole, soit dans les chefs-lieux des départements, auprès
du professeur désigné, sur la demande de l'Ecole, par le
proviseur du lycée local ; soit à l'étranger, par les pro-
irs des universités. La session d'examen de Paris
commence vers le -23 oit. Tout postulant doit adresser sa
demande au directeur avant le 20 oct. — Les épreuves
d'admission comprennent : 1" un dessin d'après un orne-
ment eu relief; -2° le dessin (plan, coupe, élévation) d'un
édifice rendu sur un croquis coté ; 3° une composition fran-
çaise (ces trois premières épreuves sont remplacées dans
les départements par un certificat de l'architecte du dépar-
tement on de la ville, à l'étranger par un certificat d'un
architecte notable de la localité) ; 4° un examen oral
portant sur l'arithmétique, l'algèbre, la géométrie, la géo-
métrie descriptive , la géographie , conformément aux
programmes arrêtés par le conseil de l'Ecole. A la fin de
la troisième année d'études, les élèves qui ont satisfait à
toutes les épreuves réglementaires de l'enseignement sont
admis à un concours général, qui a pour but la participa-
tion au classement de sortie et l'obtention du diplôme que
le conseil de l'Ecole décerne i ceux de ses élevés qui lui
paraissent posséder les ressources et l'esprit de I ensei-
gnement. La ville de Paris a fonde des bourses à l'Ecole
spéciale d'architecture en faveur des jeune.-) gens nés i
Paris, ou dont les parents sont domiciliés dans cette «lie
depuis dix ans. Les candidats à ces bourses doivent se
faire inscrire à la préfecture de la Seine, du 1er au 30 sept.,
en produisant leur acte de naissance. Elles sont attribuées
tous les ans par le conseil municipal à la suite d'un con-
cours, qui a lieu au mois d'octobre.
Régime intérieur. — Les études normales durent trois
années. Les cours el les ateliers s'ouvrent le 10 nov. et se
ferment le 10 août. Le régime de l'Ecole esl L'externat.
Le prix de l'enseignement est de 850 fr. par an, payables
en quatre termes; les élèves sont, en outre, tenus de
verser à la caisse «le l'Ecole, au commencement de chaque
année, une somme de 40 fr., destinée, à garantir le
payement des objets perdus ou détériorés par leur faute;
ce déprit, entretenu trimestriellement au chiffre de 40 fr.,
leur est remboursé à la fin de chaque année ou lorsqu'ils
quittent L'Ecole pour une cause quelconque.
Ecole nationale des arts décoratifs de Paris. —
Destination. — L'Ecole nationale desarts décoratifs, située
à Paris, rue de l'Ecole-de-Médecine, ressortit au ministère
de l'instruction publique et des beaux-arts. Son objet est
de former des artistes et des artisans pour les industries
artistiques et décoratives ; elle leur donne en outre une
instruction générale appropriée et un enseignement profes-
sionnel comportant des cours et des exercices pratiques.
Historique. — Cette école a été fondée par J.-J. Ba-
chelier sous le règne de Louis XV, en 1765, pour les
ouvriers. Elle devint en 17b'7 V Ecole gratuite de dessin.
Son nom actuel ne date que de sept. 1877 ; sa dernière
réorganisation date de 1890. Elle représente la section des
garçons, celle des jeunes filles étant représentée par l'Ecole
de la rue de Seine (V. ci-après).
Conditions d'admission. — Les jeunes gens qui désirent
y être admis doivent se présenter au secrétariat pour leur
inscription, avec leurs parents, patrons ou répondants, et
produire leur bulletin de naissance. Ils doivent savoir lire,
écrire et calculer. Il faut être âgé de dix ans pour suivre
les cours du soir. Les étrangers ne sont admis que sur la
demande du représentant ou consul de leur nation, adres-
sée au directeur qui en réfère au ministre. L'Ecole est
dotée de huit bourses : une de 600 fr., trois de 480 fr.
et quatre de 3(30 fr. Pour être candidat à une bourse de
l'Ecole, il est nécessaire de suivre simultanément les divers
cours de l'enseignement supérieur de l'Ecole. Les élèves
français sont seuls admis au bénéfice des bourses ainsi
qu'à l'inscription aux ateliers de l'Ecole.
Régime intérieur. — L'Ecole des arts décoratifs a un
directeur spécial, dépendant du ministère de l'instruction
publique et des beaux-arts, directeur des deux sections, et
un sous-directeur de la section des garçons. L'enseigne-
ment, qui est gratuit, comporte des cours de jour et de
nuit, et son but est de former des élèves pour les appli-
cations de l'art à. l'industrie. On y apprend l'anatomie, les
éléments d'architecture, la perspective pratique, la légis-
lation industrielle et du bâtiment, les reproductions indus-
trielles, l'histoire générale, l'histoire des industries, du
dessin, de l'architecture, les applications décoratives poul-
ies modeleurs. Il y a, en outre, des cours de mathé-
matiques, de dessin, de sculpture et d'architecture. Les
élèves s'exercent au décor des papiers peints, des tentures
et des étoffes, des murailles, des tapisseries ; à la confec-
tion de modèles pour la céramique, les meubles, la reliure
et le bronze ; à l'exécution de modèles pour les diverses
industries de la pierre, du bois, du fer, du bronze, des mé-
taux plus ou moins précieux. L'Ecole est ouverte toute la
journée et toute la soirée, été comme hiver. Les classes de
jour ont lieu en trois séances : de huit heures et demie à
dix heures trois quarts, de onze heures à une heure et de
une heure à quatre heures. Les classes du soir pour le
dessin et la sculpture ont lieu de sept heures et demie
à neuf heures et demie et jusqu'à dix heures et demie,
par exception, les soirs où il y a cours de composition
d'ornement el d'anatomie. L'assiduité est obligatoire ;i
peine île radiation. Les peines disciplinaires sont: 1" la
réprimande; 2° L'exclusion temporaire; 3" l'exclusion défi-
nitive par le ministre sur rapport du directeur. Les élèves
ÉCOLE
- 398 -
sont classés par divisions dès leur mirée s l'Ecole et a la
suite d'un Boncours. Il y s des concours mensuels dans
toutes les divisions. Le passage à une division supérieure
n'esl accordé qu'à la condition d'avoir obtenu dans ces
conc b une certaine moyenne. Dea concours annuels
donnent lieu ;i des récompenses.
Les concours mensuels donnent lieu à des médailles de
bronze et d'argent, les autres à des livres, livrets de caisse
d'épargne, bourses de voyage de l'Etat el de la ville de
Taris, aux grands prix (en loges), au prix d'architecture,
au prix d'honneur de l'Ecole, el a diverses fondations. Les
prix qui peuvent donner lien a la dispense de deux années
de service militaire sont les suivants : prix Jacquot (appli-
cation décorative), prix Ja\ (dessin), prix de composition
et d'ornement, prix d'application décorative en peinture,
prix d'application décorative en sculpture, prix d'archi-
tecture, prix d'honneur de l'Ecole.
Ecole nationale de dessin pour les jeunes filles.
— Destination. — L'Ecole nationale de dessin pour les
jeunes filles, située à Paris, rue de Seine, 40, et ressortis-
sant au ministère de l'instruction publique et des beaux-
arts, forme une section de l'Ecole des arts décoratifs ; elle
répond pour les jeunes filles à ce que celle-ci est pour les
jeunes garçons. Toutefois l'application à l'industrie y est
moins importante ; le but principal est de former des pro-
fesseurs de dessin, en particulier de préparer aux examens
de la ville de Paris et de l'Etat.
Historique. — Fondée en 4803 par Mme Frère de
Montizon, cette Ecole a été réorganisée par le décret du
7 oct. 4884.
Conditions d'admission. — Les élèves sont admises de
douze à vingt-cinq ans. Présentées par leur père, mère ou
répondant, elles doivent produire leur acte de naissance.
On ne reçoit des étrangères qu'avec autorisation du mi-
nistre, et elles n'ont pas droit aux récompenses. Les élèves
doivent savoir lire, écrire et calculer. Six bourses de 400,
r!00 et "200 fr. sont données aux élèves les plus méri-
tantes.
Régime intérieur. — L'enseignement est gratuit. Il
comprend essentiellement le dessin approprié à l'exercice
des professions relevant de l'art : dessin linéaire et géo-
métrique, perspective, éléments d'architecture, dessin, mo-
delage, anatomie, composition d'ornements, histoire de
l'art, gravure sur bois, etc. L'Ecole a un sous-directeur
spécial relevant du directeur de l'Ecole nationale des arts
décoratifs.
Ecole nationale d'art décoratif d'Aubusson. —
Destination. — L'Ecole nationale d'art décoratif d'Aubus-
son a été établie dans une ville qui est un des centres de
production de la tapisserie française, afin de former des
ouvriers d'art des deux sexes. Elle comprend une division
de jeunes filles et une division de jeunes gens.
Conditions d'admission. — Il faut savoir lire, écrire et
calculer. Les étrangers ne sont admis qu'avec une autori-
sation .spéciale accordée sur la présentation du directeur
par le sous-préfet d'Aubusson. Les jeunes filles sont reçues
à l'âge de douze ans, les jeunes garçons à celui de treize
ans révolus.
Régime intérieur. — L'enseignement \ est gratuit. Il
porte sur le dessin linéaire et géométrique, le dessin
d'après l'ornement, la ligure et la plante, les éléments
d'architecture, d'anatomie et de composition décorative. En
outre, des cours spéciaux sont institués en vue de l'appli-
cation des arts du dessin aux industries locales : ce sont
des cours de ti>sage, de savonnerie, de mise en carte, de
broderie el de chimie tinctoriale.
L'Ecole est administrée par un directeur, président de
rassemblée des professeurs et des jurys: il est le (lie! de
tous les services; il est assisté d'un conseil préside par le
directeur des beaux-arts.
Ecole nationale d'art décoratif de Limoges. —
Destination. — L'Ecole nationale d'art décoratif de Li-
moges est instituée en vue de former les jeunes gens et
les jeunes tilles a l'enseignement du dessin et ., l'an i
des industriel relevant de l'art, fondée dan, une ville qui
e-t depuis longtemps un dei (entres de; production de la
unique française, die rise plus particulièrement i
branche de l'industrie artistique. Elle a été organisée par
le décret du ■> nov. 1 >>k i en conformité avec la loi du
1') juin 1884. Elle comporte on enseignemenl spc.ial
approprié aux professions auxquelles se destinent
élèves.
Conditions d'admission. — Pour être élève de l'Ecole et
participer aux récompenses qu'elle décerne, il faut justifier
de la qualité de Français. Toutefois les étrangers peuvent
être admis par autorisation spéciale du ministre, déli-
vrée sur la demande du représentant de leur nation, âpre,
l'avis du directeur de l'Ecole ; mais ils ne peinent prétendre
aux bourses. Pour être admis a l'Ecole, les jeunes
doivent être âgés de treize ans accomplis, les jeunes filles
de douze ans accomplis ; au delà, il n'y a pas de limite
d'âge. Les élèves doivent se présenter avec leurs parents,
patrons ou répondants, produire leur bulletin de naisBance,
et savoir lire, écrire et calculer.
Décime intérif.ih. — L'enseignement de l'Ecole est
entièrement gratuit. Il est divisé, pour chacune des sections,
filles et garçons, en division élémentaire, division supé-
rieure, cours spéciaux. Il est institué près l'Ecole nationale
d'art décoratif de Limoges des bourses au profit des él
qui se distinguent le plus dans l'Ecole. In tiers de ces
bourses est réservé, s'il y a lieu, pour ceux ou celles des
élèves qui se destinent à l'enseignement. Elles sont accor-
dées tous les ans, au mois de janvier, sont payables à la
fin de l'année scolaire et ne peuvent se partager ; peuvent
seuls y prétendre les élèves français, âgés au moins de
quinze ans, inscrits à l'Ecole depuis une année au moins,
ayant subi avec succès les cours de la division élémentaire
et inscrits à un, au moins, des cours spéciaux ; elles ne peu-
vent être renouvelées au delà de quatre ans.
Ecole nationale d'art décoratif de Nice. — Dis-
tinction. — L'Ecole nationale d'art décoratif de Niée a
une utilité moins spéciale et moins limitée aux indus-
tries locales que celles d'Aubusson et de Limoges. Elle se
rapproche plutôt par le caractère général de son ensei-
gnement des écoles des beaux-arts. On lui a adjoint une
écolc de dessin pour les jeunes tilles fondée en 18X-2 par
M. Chabal-Dussurgev. L'organisation a été réglée par les
décretsdes 7 oct. 4881, 45 nov. 4885 et 24 déc. 1888
Les mêmes règlements régissent les deux écoles. Produire
des artistes à même de se rendre utiles au pays et à eux-
mêmes, tel est le but auquel tendent toutes les études de
l'Ecole: aussi la composition décorative y est-elle pour-
suivie tout particulièrement non seulement en vue des
qualités qui sont indispensables a l'artiste à la recherche
de l'idéal, mais encore en vue de son application raisonnée
à l'industrie.
Conditions d'admission. — Les jeunes gens qui désirent
entrera l'Ecole nationale d'art décoratif de Nice doivent se
faire inscrire au secrétariat, justifier qu'ils mit dix ans
révolus, qu'ils sont Français ou naturalises Français et
remettre au secrétaire : 1" un extrait de leur acte de nais-
sance : -2" un certificat de vaccine. Les étrangers qui ont
reçu l'autorisation du maire peuvent prendre part à tous
les murs et prétendre à toutes les récompenses, excepté
aux bourses. Les élèves français ou étrangers ne peuvent
se présenter qu'avec un parent ou un répondant domicilié
ii Nice; ils doivent savoir lire et écrire correctement et
connaître les éléments de l'arithmétique.
Régime intérieur. — Les élèves de l'Ecole se divisent
en deux catégories, les aspirants et les titulaires. Nul.
parmi les aspirants, ne peut devenir titulaire sans avoir
subi les 'pleines réglementaires du premier degré. I.'en-
lement du premier degré a pour objet : le dessin li-
néaire, le dessin d'ornement et d'imitation, comprenant :
1° la représentation des ligures simples: J" les éléments
de l'ornementation : 3° limitation des parties de la figure
— m -
ÉCOLE
humaine. Le concours (les aspirants doit porter sur le pro-
gramme du premier degré, lies candidats qui ont tait leurs
études préparatoires dans d'autres écoles, et qui en justi-
fient devant le conseil dos professeurs, peuvent jouir pro-
visoirement, el jusqu'à l'examen le plus prochain, dos
avantages scolaires dos titulaires. — Les titulaires ont la
faculté de suivre en même temps les cours de peinture, de
sculpture, d'architecture, de dessin dos plantes vivantes e1
d'ornement : mais nul élève, s'il n'a répondu d'une manière
satisfaisante aux examens bimestriels que comporte cha-
oun dos ours particuliers, ne peut être dispense do >uivre
m, qui sent : I" les cours de perspective et d'his-
toire de l'art, obligatoires peur tous les élèves; -" le cours
d'anatomie, obligatoire pour les peintres et les sculpteurs ;
cours de mathématiques, obligatoire peur les archi-
tectes. — L'Ecole est administrée par le directeur, président
de rassemblée dos professeurs et des jurys, chef de tous les
services, assisté d'un conseil d'administration, que préside
le maire do la ville.
Ecole polytechnique. — Destination. — L'Ecole
polytechnique, établie à Paris et dépendant du ministère de
la guerre, est destinée spécialement à recruter dos sujets
Pour les services publics ci-après : l'artillerie de terre,
artillerie de mer. le génie militaire, le génie maritime,
la marine nationale, le corps des ingénieurs hydrographes,
la commissariat de. la marine, les ponts et chaussées, les
mines, les manufactures de l'Etat (tabacs), le corps des
ingénieurs des poudres et salpêtres, les lignes télégra-
phiques. Son objet propre est donc détonner des ingénieurs
civils ou militaires. Elle prépare, en outre, à toutes les
carrières qui exigent dos connaissances étendues dans les
sciences mathématiques, physiques et chimiques.
La durée des cours d'études est de deux ans. — Les
élèves ne peuvent être admis dans les services publics ci-
is désignés qu'après avoir satisfait aux examens de
sortie, à la tin des doux années d'études. L'admission dans
les services publics des élèves qui ont satisfait à ces exa-
mens est, d'ailleurs, subordonnée au nombre des places dis-
ponibles au moment de la sortie de l'Ecole et à leurs apti-
tudes. Voici le sens de cette double restriction. En raison
des démissions volontaires, des non-admissibilités en seconde
année et des vacances de toute nature produites dans l'Ecole,
on reçoit environ un dixième d'élèves de plus que ne le
comporterait le nombre strict des emplois qu'il sera pos-
sible de leur attribuer à leur sortie de l'Ecole. Cet excè-
dent d'un dixième résulte de l'expérience faite sur l'équi-
libre normal. Il peut arriver qu'on soit déçu. Dans quelques
d'ailleurs fort rares, des élèves ont été placés dans
l'infanterie ou dans la cavalerie. — Quant aux aptitudes
physiques, ce sont celles qui rendent aptes au service
militaire, ou tout au moins aux exercices militaires de
l'Ecole (V. ci-dessous). — L'Ecole polytechnique donne à
lèves une instruction théorique générale. A leur sortie
et avant d'entrer en tondions, ils passent par des écoles
d'application (V. plus bas). L'Ecole est soumise au régime
militaire.
Historique. — L'Ecole polytechnique est la plus popu-
laire des grandes écoles nationales. Elle doit ce prestige à
son double caractère militaire et civil et au grand nombre
d'hommes remarquables à divers titres qui en sont sortis ;
elle le doit aussi à ses traditions libérales. Elle a été créée
pendant la période révolutionnaire; comme tant d'autres
institutions fondamentales, elle doit son existence à la
Convention. Fondée sous le nom à'Ecole centrale des
travaux publics par décret du 24 ventôse an II (Il mars
1794), elle fut ouverte an début de l'an III. le 7 vendé-
miaire (28 sept. 1794), a peu près en même temps que
l'Ecole normale, les Ecoles centrales et l'Ecole de santé.
A ce moment . la Révolution étail triomphante et la
Convention, i l'apogée de sa gloire, réorganisai! la Erance
conformément aux principes nouveaux. Lue large place
lut faite à la science : ce n'était que justice, car, au mo-
ment de la grande crise de I7IK!, le concours des savants
avait seul permis do réaliser les etl'orts grandioses qui sau-
vèrent la France. 11 faut lire ce récit dans ['Histoire des
sciences de l>i«>t et voir comment on improvisa dos fonde-
ries et forges de canons, des fabrications d'armes, de mu-
nitions, des approvisionnements de salpêtre. Après la vic-
toire, on se préoccupa de rétablir une organisation régulière.
Pendant la lutte, les ingénieurs avaient manqué et on avait
eu beaucoup de peine a maintenir les travaux publics, à
mettre les roules en état de satisfaire aux nécessités delà
défense du territoire et du transport des subsistances. De
plus, la solidarité des diverses catégories d'ingénieurs avait
été nettement révélée. On eut donc, naturellement l'idée de
pourvoir par un institut unique au recrutement des ingé-
nieurs de toute sorte. Cette conception fut réalisée par la
fondation de l'Ecole centrale des travaux publics.
L'idée était neuve et philosophique. Jusqu'alors les prin-
cipaux services se recrutaient chacun par son école spé-
ciale. En voici la nomenclature sommaire : Ecole des élèves
du corps d'artillerie, supprimée en 1774, rétablie en 171)0
par décret de l'Assemblée nationale et placée à Châlons au
lieu de La Fère (1756) et Bapaume (176(i) ; — Ecole du
génie militaire, établie à Mézières, plus tard transférée à
Mot/; — Ecole des ponts et chaussées, fondée en 1747
par Perronet, à Paris ; — Ecole des élèves ingénieurs de la
marine placée au Louvre; — Ecole des mines à Paris; —
Ecole des ingénieurs géographes annexée au Dépôt de la
guerre. Ces diverses écoles avaient beaucoup soufl'ert de
la crise politique, et le besoin d'une réorganisation appa-
raissait évident. Les écoles les plus importantes étaient
celle de Mézières (génie) et celle des ponts et chaussées. Le
comité des ponts et chaussées, adjoint à celui de l'agri-
culture et du commerce, proposa la réunion des trois états
des ponts et chaussées, du génie militaire et de l'architec-
ture. Carnot fit prévaloir ce projet malgré les résistances.
C'est le 12 sept. 1793 que fut déposé à la Convention par
Leconte-Puyraveau, au nom des comités de la guerre et
des ponts et chaussées, le projet de fusion. Le rapport dé-
clarait que, pour donner toutes les garanties de savoir et
de civisme, il fallait renforcer le corps du génie militaire
en y réunissant celui des ponts et chaussées. « 11 faut faire
disparaître entièrement le corps du génie militaire et celui
des ponts et chaussées; ensuite créer un corps nombreux
des membres des deux corps réformés... Pour l'avenir, il
serait ridicule et contraire aux principes qu'il existât deux
corps du génie ayant cependant pour bases les mêmes con-
naissances : celles des mathématiques, du dessin, de l'art
des constructions, de la coupe des pierres, de la chimie, etc.
Nous ne pouvons pas laisser subsister une monstruo-
sité que l'ancien régime seul pouvait produire. Tout ce qui
sera fait sur les fonds de la République, en ouvrages d'art
de quelque nature qu'ils soient, sera désigné sous le nom
de travaux publics. Le soin de faire les plans, de les diri-
ger, de veiller à l'exécution, sera confié à un corps unique,
connu sous le nom ^ingénieurs nationaux. Une seule
école sera établie pour les former ; on y sera admis au
concours et on y enseignera tout ce qu'on peut apprendre
à l'Ecole de Mézières et à l'Ecole de Paris. » Ce projet de
décret est l'origine de l'Ecole polytechnique. On commença
par mettre les ingénieurs des ponts et chaussées à la
disposition du ministre de la guerre (16 sept. 1793) ; le
résultat fut la désorganisation de l'Ecole, fondée sur le
principe do l'enseignement mutuel. Le nouveau directeur,
Lamblardie (févr. 17!H), s'adressa au comité de Salut
public pour reprendre le projet de Leconte-Puyraveau. Il fut
appuyé par Carnot, Prieur (de la Côte-d'Or), anciens élèves
de Mézières, et Barrèrc. Ceux-ci firent voter par l'Assem-
blée la création d'une commission des travaux publics et
le principe de la fondation d'une Ecole centrale des tra-
vaux publics. Dans cette commission, Monge (ancien pro-
fesseur de Mézières) joua le plus grand rôle et son influence
y fut prépondérante pour l'organisation du nouvel ensei-
gnement. La commission s'était installée au Palais-Bourbon
et avait attribué à l'Ecole une partie des dépendances de
ÉCOLE
41 M) -
ce palais, on las aménagea sur-le-champ et on prépara le
matériel, tandis que la commission rédigeait le plan d études
el préparait la loi. Pour le plan d'études, Monge s'inspira
de ses théories, plaçant en tête les principes généraux des
mathématiques, en particulier la géométrie descriptive, de
la physique Bl de la chimie, les régies îles constructions
île toute sorte ; il s'inspira aussi des méthodes île l'Ecole
de Mézièros et de l'Ecole de Schemnitz, fondée en Hongrie
par Marie— Thérèse pour les travaux pratiques el les ma-
nipulations. Le rapport l'ut présenté à la Convention par
Fourcroy. « 11 nous faut, <lit-il : I" des ingénieurs mili-
taires pour la construction et I entretien des fortifications,
l'attaque et la défense des places et des camps, pour la
construction et l'entretien des bâtiments militaires, tels
que les casernes, les arsenaux, etc. ; 2° des ingénieurs des
ponts et chaussées pour construire et entretenir les com-
munications par terre et par eau, les chemins, les ponts,
les canaux, les écluses, les ports maritimes, les bassins,
les jetées, les phares, les édifices à lusage de la marine;
3° des ingénieurs géographes pour la levée des cartes géné-
rales et particulières de terre et de mer ; 4° des ingénieurs
des mines pour la recherche et l'exploitation des minéraux,
le traitement des métaux et la perfection de procédés mé-
tallurgiques ; 5° enfin des ingénieurs-constructeurs pour
la marine, pour diriger la construction de tous les bâtiments
de mer, leur donner les qualités les plus avantageuses à
leur genre de service, surveiller les approvisionnements
des ports en bois de construction et en matériaux de toutes
les espèces. »
Le projet de loi déposé par Fourcroy le 3 vendémiaire
an III fut adopté le 7 vendémiaire (28 sept. 1794). Le
comité de Salut public avait fait rédiger par Monge des
Développements sur l'enseignement adoptépour l'Ecole
centrale des travaux publics. La loi qui créait l'Ecole
stipulait que des examens d'admission commenceraient le
20 vendémiaire et seraient terminés le 30. On ne perdait
pas de temps.
Les examens publics devaient avoir lieu dans les
vingt-deux principales villes de France. Etaient admis à
s'y présenter les jeunes gens de seize à vingt ans non
compris dans la première réquisition et porteurs d'une
attestation de civisme. Les examens devaient porter sur
l'arithmétique, les éléments de l'algèbre et de la géométrie.
Ils étaient faits dans chaque ville par des professeurs de
mathématiques ou d'hydrographie et les ingénieurs des
ponts et chaussées qui y résidaient. On s'enquérait avec
soin de la moralité et de la bonne conduite des candidats;
mais on avait invité les examinateurs à tenir grand compte
des qualités intellectuelles, autant que des connaissances
acquises, de manière à « préférer celui qui sait le mieux à
celui qui sait le plus ». Le noyau de la première promotion
fut formé par les élèves de l'Ecole des ponts et chaussées,
ceux de l'Ecole de Mars et de l'Ecole de Châlons ; on ne put
s'en tenir aux limites d'âge fixées ; sur les 349 élèves
admis, il y en eut 70 de plus de vingt ans et 27 de moins
de seize, un même de douze ans el demi. En janv. et févr.
1795, on ouvrit à Paris et dans les départements un con-
cours supplémentaire qui porta à 396 le nombre des élèves.
L'ouverture des cours avait été fixée au 1 0 frimaire ; elle
futreculée ensuite au 1er nivôse (21 déc. 1794). Lamblardie
avait été nommé directeur de l'Ecole. Un s'occupa aussitôt
de réunir les matériaux de l'enseignement, machines, des-
sins, modèles, livres. Dans les vastes dépendances du Palais-
Bourbon, on aménagea une quarantaine de salles. Elles
étaient situées à peu près sur l'emplacement du ministère
actuel des affaires étrangères. L'organisation de l'Ecole
fut réglée par un arrêté du (> frimaire an III énumérant
les matières et les nu nies d'enseignement déterminant la
distribution du temps, la situation des élèves, professeurs,
agents de toute sorte, établissant enfin des cours prélimi-
naires. La durée des études avait été fixée à trois années,
au terme desquelles les élèves seraient employées aux
diverses fonctions d'ingénieurs. Les élèves devaient donc
fttn répartis en trois divisions correspondant an
années d'études. Chacune des divisions doit se subdiviser
en brigades de vingt élèves présidées par do dtefde bri-
gade. Les élèves travaillent dans l'intérieur de I I
distribués par salles pour le deSSÛ de la géométrie d
tive el l'étude de l'analyse; ils ont des laboratoires pour
les manipulations de chimie; ils exécutent eux-mêmes b-s
calculs, les dessins, les opérations siJr lesquelles a porté
le cours des | ractère pratique de i
gnement était son grand mérite aux yeux des fondateurs.
— Le cours complet devant durer trois ans, il eut fallu
attendre trois années pour le fonctionnement régulier de
l'Ecole. Mais on jugea préférable de l'assurer snr-Ie-ehamp.
On appliqua la méthode des cours révolutionnaires.
Chaque professeur exposa en trois mois les principes géné-
raux de sa science ou de son art ; cette instruction préli-
minaire rapide avait pour but de partager au bout de trois
mois les élèves en trois classes dont chacune suivrait en-
suite les cours alfectés à l'une des trois années, de sorte
que l'Ecole se trouvait dès sa naissance en activité dans
toutes ses parties.
Les candidats admis reçurent l'ordre de se rendre à
Paris pour le 10 frimaire an III (30 nov.) ; on leur allouait
comme indemnité de route la solde de canonniers de pre-
mière classe, 15 sous par jour en assignats (équivalant
à 4 sous en numéraire). A la date d'ouverture (21 déc.
1794), ils étaient à peu près tous arrivés et prêts à occu-
per les locaux qui leur étaient réservés. Le régime de
l'Ecole étant l'externat, il fallut s'occuper d'assurer la vie
des élèves dans la capitale. On leur alloua un traitement
de 1,200 livres en assignats. Le comité de Salut public,
jugeant qu'ils ne devaient être ni casernes, ni réunis dans
un pensionnat commun, voulut les mettre en pension, sépa-
rément ou par petits groupes, « chez de bons citoyens qui.
par leurs exemples domestiques, les formeraient aux vertus
républicaines ». On trouva un grand nombre de ces pères
sensibles auxquels on payait 900 livres pour la nourriture
et le logement des élèves. Chacun de ceux-ci devait avoir
sa chambre avec un lit, une table, trois ou quatre chaises,
une armoire et une commode ; les élèves, vivant avec les
citoyens chez qui ils logeaient, auraient même table et
même nourriture. Ils devaient.ètre rendus à l'Ecole à huit
heures du matin, y rester jusqu'à deux heures, aller diner
et revenir ensuite à cinq heures pour s'en retourner à huit
heures. Le sous-directeur de l'Ecole, Gardeur-Lebrun, et
l'officier de santé, Chaussier, visitaient journellement les
logements, veillant soigneusement au bien-être des élèves.
— Les cours révolutionnaires, commencés le 21 déc. 1794,
furent achevés le 21 mars 1795. On procéda au classement
des élèves d'après un examen d'ensemble devant le conseil
de l'Ecole. Pendant ces trois mois, Monge avait donné le
soir à l'hôtel Pommeuse une instruction spéciale aux cin-
quante meilleurs élèves, parmi lesquels on devait choisir
les vingt-cinq chefs de brigade. On les lit désigner par
leurs camarades. La formation des trois divisions eut lieu
alors. La première, dont le cours d'études devait durer
trois ans, comprit 152 élèves répartis en huit brigades.
Chacune des autres eut 1 15 élèves répartis en six briga
celles-ci avaient un cours d'études de deux années au bout
desquelles elles devaient alterner de manière à compléter
leur instruction.
L'enseignement des trois années d'études avait été réglé
comme suit par l'arrêté d'organisation. Dans la première
année on apprenait les principes généraux de l'analyse et
son application à la géométrie des trois dimensions; la
stéréotomie, donnant des règles générales el des méthodes
pour la coupe des pierres; la charpenterie; la détermina-
tion des ombres; la perspective aérienne et linéaire: le
nivellement et l'art de lever des plans et des caries : la
description des machines simples •■! composées; la physique
générale; la première partie de la chimie (substances
salines). Durant cette année et les deux autres on dessi-
nait la ligure d'ornement et le paysage, copiant les dessins.
- 101 —
ÉCOLE
la boBM ou la nature, selon la rapidité des progrès. — Dans
la seconde innée : application de l'analyse a la mécanique
des solides et tluides: l'architecture comprenant la cons-
truction et l'entretien îles chaussées, des ponts, des canaux
et des ports, la conduite des travaux des mines, la cons-
truction et la décoration des édifices particuliers et natio-
naux et l'ordonnance des fêtes publiques; la physique géné-
rale et le dessin comme dans la première année; la seconde
partie de la chimie (matières végétales et animales), —
Dans la troisième année: application de l'analyse au calcul
de l'effet des machines, physique générale et dessin comme
en première année; troisième partie de la chimie (miné-
raux); art de fortifier les places des frontières, de les
attaquer et de les défendre.
Lee maîtres chargés de cet enseignement, avec le titre
tfmstituteurs auquel on substitua t\^u\ ans après celui
de processeurs, turent : 1 Jgrange et Prony pour l'analyse,
Hoâge et Hachette pour la stéréotomie, Delorine et lîal-
tard pour l'architecture, Dobenheim et Martin pour la for-
titication. Neveu pour le dessin, llasseut'rat/. et liarruel
pour la physique générale, Berthollet, Chaptal, Pelletier.
\ aucjiielin, pour la physique particulière et la chimie. Les
représentants l'ourcrov. Cuvlon-Morveau, Arhogast et
Ferry prêtèrent quelque temps leur concours.
L'administration de l'Ecole centrale des travaux publics
fut confiée à un directeur et trois sous-directeurs (person-
nel et instruction, matériel, administration et comptabilité).
Un conseil tonné de ceux-ci et des professeurs avec leurs
adjointsavait l'autorité suprême, réglant l'emploi du temps,
le choix des livres et des modèles, discutant les projets
d'amélioration, etc. — On dressa un tableau de l'emploi
du temps des élèves par décade, reparlissant les exercices
entre les différentes heures de la journée de manière à sou-
tenir constamment l'intérêt sans fatiguer l'esprit. Cette
distribution était si judicieuse que presque partout on l'a
copiée et imitée; elle subsiste encore aujourd'hui dans ses
traits essentiels. A l'origine, six jours de chaque décade
étaient consacrés aux mathématiques, deux à la chimie, un
à la physique, le dixième ou décadi étant jour de repos.
Nul règlement disciplinaire n'avait paru nécessaire, et,
durant les dix années du régime d'externat, jamais l'har-
monie ne fut troublée entre les élèves et l'administration.
Cependant dans la vie troublée qui était celle de Paris en
1 7!C>, ils subirent les contre-coups «les agitations politiques.
Ils avaient été astreints au service de la garde nationale et
à chaque prise d'armes marchaient avec les sections. Ces
appels nuisaient un peu aux études. Dans les journées
d'alors, les élèves marchaient en général au secours de la
Convention. Toutefois, quelques-uns se laissèrent enrôler
dans la jeunesse doive, et il devait en résulter des inconvé-
nients pour l'Ecole. I.e> élèves eurent aussi leur larv.e part
iffranees matérielles si graves alors. Le traitement
qui leur avait été alloué n'en
représentait que 'd'àG en numéraire; dès les mois suivants,
il ne valait plus que 240, puis tomba à presque rien. La
vie matérielle devenait très difficile. En pluviôse an III, les
pères sensibles réclamèrent; on leur alloua 1,200 livres
au lieu de 900, et on écrivit aux parents pour les engager
à subventionner les élèves à qui il ne restait plus rien. La
Convention vota 30,000 livres pour les plus pauvres,
ulagement momentané, beaucoup furent obligés
de quitter Paris afin de ne pas mourir de faim. On finit
par assimiler les élèves aux volontaires de la garde natio-
nal'' en activité; on leur alloua a tous une ration de pain
et de viande ainsi que l'habillement et l'équipement; mais
le traitement ne fut conservé qu'a ceux qui n'avaient plus
d'autre ressource ; d'ailleurs, il ne valait plus en vendé-
miaire an IV que il fr. en numéraire.
A moment, de» changements notables furent apportés
dans l'organisation. La premier» année d'études était ache-
vée; on pouvait juger des premiers résultats. Voici quels
furent h-, changements résultant de-, lois du 15 fructidor
an III (1er sept. 1795) et du 30 vendémiaire an IV (22oct.
GRA.NLE E.NCYCLOPÉDIE. — XV.
ITD.'i), votées s«us l'influence dfi Prieur de la Côte-d'Or.
Les examens d'admission étaient fixes au I''r nivosc de
chaque année, le jury formé de cinq savants étrangers!!
l'Ecole, un examen de passage placé à la lin de chaque
année. On donnait a l'Ecole centrale des travaux publics
le nom d'Ecole polytechnique. Cette modification dans le
titre répondait à une modification profonde dans la desti-
nation. On avait espéré au début (pie l'Ecole centrale des
travaux publics remplacerait toutes les écoles spéciales
d'application OÙ se formaient les ingénieurs. Mais toutes
celles-ci ayant été conservées en fait, il fallut les réorga-
niser et régler leurs rapports avec l'Ecole polytechnique.
C'est ce que fit la loi du 30 vendémiaire pour les écoles
d'application de l'artillerie, du génie, des ponts et chaussées,
des mines, des ingénieurs géographes et des ingénieurs
de vaisseaux. Le nombre des élèves de l'Ecole polytech-
nique était réduit à 360. La durée des études demeu-
rait de trois années. Au bout de la première, on était
apte à concourir pour l'Ecole des géographes et celle
des ingénieurs de vaisseaux. Après la seconde année,
on pouvait se présenter aux autres écoles. Toutefois, les
élèves admis à celles du génie militaire et des ponts et
chaussées devaient achever leur troisième année avant
d'entrer à l'Ecole d'application. Les élèves refusés pou-
vaient rester un an de plus et se représenter. Aucun ne
pouvait passer plus de quatre ans a l'Ecole. La loi stipu-
lait que seuls les jeunes gens sortis de l'Ecole polytech-
nique seraient admis dans les écoles spéciales. Ainsi se
trouva complété le système de recrutement des ingénieurs.
Les bases adoptées ont été conservées depuis.
l'n nouveau changement eut lieu pourtant dès l'année
suivante, sur l'avis de Monge et de Prieur ; il résulte de
l'arrêté du 30 ventùsc an IV (20 mars 17!)(î). Au lieu de
spécialiser les élèves après la première année d'études dans
le travail particulier à la profession à laquelle ils se desti-
naient, on résolut de leur donner, durant tout leur séjour
à l'Ecole, un enseignement complet, préparatoire à celui
des écoles d'application. On se rapprochait du plan primi-
tif; la première année fut caractérisée par les études de
stéréotomie; la seconde par celles de travaux civils; la
troisième par celles de fortification. L'importance du con-
seil fut augmentée. Une série d'arrêtés réglèrent le passage
de l'Ecole polytechnique à l'Ecole des ingénieurs de vais-
seaux, au corps des ingénieurs des poudres et salpêtres, à
l'Ecole des géographes, à l'Ecole d'aérostation de Meudon.
Vis-à-vis des grandes écoles d'application, on rencontra
plus de résistance. On appliqua la loi, et, au bout de
la seconde année d'études, on envoya 10!) élèves dans
les diverses écoles d'application. Mais bientôt survint une
crise. Le comité des fortifications se fit l'organe de ceux
qui trouvaient exorbitant le monopole concédé aux poly-
techniciens. « Ce privilège exclusif de fournir tous fes
élèves destinés aux services publics tend à en écarter des
hommes de mérite, à affaiblir l'émulation, à restreindre les
moyens de recruter les services. » Le Directoire accueillit
ces plaintes, décidé de réduire le cours d'études à deux
ans, de supprimer les cours faisant double emploi avec ceux
des écoles spéciales, et voulut que, dans celles-ci, on put
entrer sans passer par l'Ecole polytechnique. La lutte fut vive
et se prolongea pendant toute l'année 1797. l'ne discussion
d'ensemble s'engagea au conseil des Cinq-Cents. Le projet de
réforme ne put aboutir, le coup d'Etat du 18 brumaire étant
survenu avant que les deux conseils se fussent mis d'accord.
Pendant toute cette période, renseignement de l'Ecole
fonctionnait d'une manière irrégulière; il était réduit, en
fait, a deux années. L'année scolaire durait dix mois, le
onzième étant réservé aux examens, le douzième aux va-
cances. On avait arrête un règlement disciplinaire. D'autre
part. l'Ecole d'artillerie de Cliâlons avait ouvert des exa-
mens et se recrutait hors des polytechniciens; la marine
de même. Enfin, la loi sur la conscription avait menacé
l'existence même de l'Ecole, puisque la première division
presque entière était reclamée et aurait dû quitter les
26
ÉCOLE
4M -
ùiiidos si on [l'avril obtenu contre-ordre. Irn des reproches
adressés au élèves, dansées années, lut d'être imbus d'idées
réactionnaires. En effet, an 13 vendémiaire, quelques-uns,
K un moins, se joignirent ans insurgés royalistes, Monge
obtint leur grâce ; parmi eai étaient Biot et Halos. Les
querelles des élèves avec la police étaient fréquentes. Enfin
plusieurs se mêlèrent aux clichyens on prirent part an
manifestations qui précédèrent le IN fructidor. An lende-
main de ce coup d'Etat, les polytechniciens s'y montrèrent
hostiles. Néanmoins, la grande majorité étaient républi-
cains. Tous, d'ailleurs, prétrient, au moment de la ren-
trée, le serment civique d'amour à la République et de
haine éternelle à la royauté. Après le coup d'Etal de fruc-
tidor et malgré l'intervention de Prieur, l'Ecole, accusée
d'incivisme, dut exclure 4 élèves hostiles à la République;
2 autres furent blâmés et 7 censurés.
Presque dès le début, les polytechniciens avaient reçu
un uniforme. La loi du î) frimaire an VIII les ayant assi-
milés aux gardes nationaux en activité de service, on dé-
cida de leur faire porter le costume de canonnier de la
garde nationale. Cette décision resta lettre morte. Ce n'est
que deux ans plus tard qu'on mit les élèves en demeure de
se procurer cet uniforme : habit a châles fermé par cinq
boutons, coupé à la française (fendu par derrière, un bou-
ton au-dessus de chaque poche, les ganses remplacées par
des boutonnières ordinaires), veste et pantalon couleur bleu
national, boutons dorés, chapeau à trois cornes. Les élèves
refusaient de le porter ou le dissimulaient sous une longue
redingote de couleur. On accepta la redingote comme effet
réglementaire, mais on y adapta un collet noir de 4 centim.
au moins. — Afin de constater l'assiduité, surtout aux
cours du soir concurrencés par le théâtre, on fit signer des
feuilles de présence, on procéda à des appels, on distribua
des cartes de circulation, on exigea le port de l'uniforme.
Beaucoup de personnes réclamaient le casernement. En
l'an VII fut proposé un règlement draconien qui fut adouci
et inscrit dans la loi du 25 frimaire an VIII (16 déc. 1799).
Cette loi consacre la troisième organisation de l'Ecole
polytechnique. Elle a été souvent modifiée depuis lors,
mais par décret ou ordonnance ; elle demeure la charte
fondamentale. L'Ecole est destinée à répandre l'instruction
des sciences mathématiques, physiques et chimiques, et
particulièrement à former des élèves pour les écoles d'ap-
plication des services publics. Le nombre des élèves est
fixé à 300, la limite d'âge pour les candidats de seize
ans au moins à vingt ans au plus, vingt-six ans pour
les militaires ayant fait deux campagnes ou trois ans de
service. On n'exigeait plus le certificat d'études dans une
des écoles nationales, mais une attestation de bonne con-
duite et d'attachement à la République, délivrée par l'ad-
ministration municipale. La durée des études était de deux
ans. Chaque candidat devait déclarer à l'examinateur le
service auquel il se destinait ; il ne pouvait plus, après
son entrée à l'Ecole, changer sa destination primitive. On
voulait ainsi garantir le recrutement de tous les services. On
avait donc ainsi des collections d'élèves affectés aux divers
services, mais fondues à l'Ecole et recevant une instruc-
tion uniforme. Tous avaient le grade et la solde de sergent
d'artillerie. S'ils n'étaient pas placés dans un service pu-
blic a leur sortie, ils restaient attachés à leur classe mi-
litaire, selon leur numéro de tirage au sort. Il fut créé, à
côté du conseil des professeurs, un conseil de perfection-
nement où entrèrent les examinateurs de sortie, des mem-
bres de l'Institut, des agents supérieurs ou officiers géné-
raux, des délégués du précédent conseil. Le nouveau
programme d'admission fut rédigé par Monge, les cours
généraux perfectionnés, les cours d'application maintenus.
Le règlement de l'an VIII précisa la discipline, les de-
voirs des élèves ef les punitions à leur infliger : c'étaient :
1° la réprimande, communiquée, s'il y a lieu, aux pa-
rents; 2° les arrêts, dans un local de l'Ecole; 3° l'aver-
tissement, donné par le directeur, en présence du conseil
assemblé; 4° l'exclusion. Bientôt, l'accès des salles d'étude
fut interdit aux étrangers. Dès Batte époque. la ris deve-
nait moins dure. Ole l'avril été beaucoup dans b-s pre-
mières années ; sur 274 élevas, on en rompt ail 160 sans
fortune, seulement 39 présumés riches, et lé traitesMOtan
monnaie dépréciée, souvent payé en retard, ae suffisait
pas : dans les onze premières années, sur les 391 ftlnros
qui durent quitter l'Ecole, 260 le firent peur inanflsaaea
de Fortune. Le patriotisme des élèves n'en était pas noÛM
aident; 38 partirent avec l'expédition d'Egypte; sa 1803,
ils s'offrirent pour la descente en Angleterre et construi-
sirent de leurs mains et S leurs frais une cfaaloape canon-
nière dans la Seine, la Polytechnique; 26 lurent appelés
a Boulogne. Ce dévouement est d'autant plus remarquable
que, personnellement, le premier consul était peu sympa ■
tbiqne aux élèves qui avaient blâmé le coup d'Etat de bru-
maire, refusé de voter pour la transformation du consulat
temporaire en consulat à vie et faillirent manifester contre
la fondation de l'Empire.
En ces années, les nécessités du service militaire tuent
souvent puiser à l'Ecole polytechnique, ou l'on prit 30 as-
pirants de marine, des lieutenants d'artillerie (40, puis
79), des sous-lieutenants d'infanterie parmi les élèves en
cours d'études ; on abaissa la limite d'âge a trente ans
pour les candidats militaires (1 1 germinal an XI), y admet-
tant des canonniers, des sapeurs, qui venaient de s'enga-
ger depuis quelques jours ; le premier consul envoya 1
l'Ecole un gamin de quinze ans en attendant qu'il eût I
pour être officier de cavalerie. En somme, la tendance de
Bonaparte était de transformer l'Ecole en une institution
militaire. Tel fut l'objet du décret du 27 messidor an XII
(Kijuil. 1804), signé à Boulogne dans un mouvement
d'humeur. Un gouverneur militaire est placé à la tête,
sous ses ordres tout un personnel militaire ; les élèves,
formés en un bataillon, sont casernes et astreints à des
exercices militaires journaliers ; l'établissement est ratta-
ché au ministère de la guerre. La transformation de la
grande Ecole créée par la Convention en un internat mili-
taire lui eut porté un coup mortel si son fonctionnement,
pendant une dizaine d'années, sous des hommes d'élite, n'y
eut développé une tradition scientifique qui résista à cette
épreuve et lui maintint son caractère. Il faut signaler
comme particulièrement regrettable le décret du 22 fruc-
tidor an XII (sept. 1805), qui imposa aux élèves le paye-
ment d'une pension de 800 fr. Le dictateur voulait s'ap-
puyer sur les classes aisées, se souciant peu des pauvres.
En revanche, en 1806, le conseil de perfectionnement
adopta une mesure qui semblait réaliser un progrès. Au
lieu d'être reçus dans chaque service d'après la déclaration
faite à l'entrée, les élèves furent classés entre ceux-ci
d'après les résultats des examens de sortie. I ne prime était
ainsi accordée au mérite et au travail. Il est vrai qu'on
substituait au choix d'une carrière librement acceptée l'obli-
gation d'entrer, suivant le rang de classement, dans une
autre pour laquelle on pourrait n'avoir pas de vocation ni
d'aptitude particulière. L'enseignement fut amoindri sur la
demande des militaires ; on supprima la plupart des cours
d'application: on restreignit le temps consacré au dessin.
La ruine de l'Ecole polytechnique faillit être consommée,
car l'empereur avait fait rédiger un projet de décret pour
la remplacer par une école napoléonienne recrutant des
officiers pour toutes les armes. Ce projet, rédigé en quatre-
vingts articles, fut heureusement écarté. L'empereur vou-
lait aussi utiliser pour l'armée tous les élèves de l'Ecole
polytechnique, les besoins de l'artillerie étant énormes :
puis il changea d'idées, et le décret du 30 août tKlt dé-
clara que, dorénavant. l'Ecole ne fournirait plus de sujets
pour 1 artillerie. Le ministre delà guerre prélèverait ceux
donl il aurait besoin pour le génie, les autres seraient don-
nes aux ponts et chaussées, aux mines, aux poudres et
salpêtres et autres services civils. Il est vrai qu'un mois
plus tard, l'empereur recommença a prendre des artilleurs
a l'Ecole, et qu'en 1812, il n'en laissa que tl aux ser-
vices civils. L'artillerie et le génie se recrutèrent à la fois
— 403
ÉCOLE
de ce côte et dans les antres écoles militaires (lycées, pryta-
- 6tC.),
La easarnemenl avait obligé à déménager. La Palais-
Bourbon ne pouvant suffire, oo chercha un autre local : le
château do Saint-Germain, celui de Vincennes, laSorbonne,
le couvent des Minimes, l'hôtel de Biron, la maison des
Jacobins de la rue Saint-Dominique turent proposés : on
choisit le collage île Navarre où l'on s'installa en DOV. 1805.
La régime militaire fut mis en activité dès aoûl ISO t par
le général Laeuée nommé gouverneur; les quatre rompa-
is turent organisées par des officiers d'infanterie, les
Sans-officiers étant pria parmi les élèves. Le bataillon de
L'Ecole (dont les élèves des ponts et chaussées formaient la
cinquième compagnie) reçut son drapeau en même temps
3 ue les autres le 3 dèc 1804 lors de la grande distribution
aigles au Champ de Mars. Il fut remis par l'empereur
au sergent Arago. U avait une hampe en bois peint et
verni en bleu, protégée en bas par une armure en cuivre
doré et surmontée de l'aigle impériale. Le corps était un
carre formé par un losange de taffetas blanc bordé d'une
branche de laurier peinte en or et terminée par des triangles
alternatifs bleus et ronges, garnis de couronnes du même
feuillage. Le champ portait deu\ inscriptions en lettres d'or :
d'un coté, « L'empereur des français aux élèves de l'Ecole
polytechnique » ; de l'autre, « Tout pour la patrie , les
sciences et la gloire ». Enfin on adopta un uniforme de
grande et de petite tenue. La grande tenue, celle des diman-
che>et fêtes, comportait un habit bleu national (avec 11 gros
bouton et 22 petits) à la française, avec collet montant en
drap ecarlate et revers blancs, les pattes et parements noirs,
les contre-epaulettes bleues. Les boulons dorés, les retroussis
en drap ecarlate en forme de triangle. En outre, une veste
en drap blanc très tin (a 12 petits boutons), une culotte de
même couleur, des guêtres de toile blanche (4(i boutons),
un chapeau à trois cornes avec bordure en galon noir et
H jaune, deux palmettes en soie bleue et la cocarde
nationale. La petite tenue se composait d'un surtout en drap
bleu avec parements noirs, d'une veste de même étoffe et
de guêtres d'estamette noire, d'une redingote croisée de drap
bleu, d'un bonnet de police à lisière ecarlate et gland jaune,
de la giberne et du havresac. Les grades se marquaient pour
les caporaux par deux galons jaunes sur chaque manche
ornes de deux palmettes en soie bleue. Les sergents n'avaient
qu'uo galon d'or et les mêmes palmettes. Eux seuls étaient
autorises à porter l'épée hors de l'Ecole. La tenue de sortie
était arbitraire et ne fut régularisée qu'eu 1813 où le schako
et les guêtres noires furent imposés à tous.
L'hostilité des polytechniciens pour l'Empire se manifesta
dès l'origine. Quand on leur demanda le serment d'obéis-
sance, la plupart se bornèrent à l'appel de leur nom à ré-
pondre : Présent ! le tils de IJrissot le girondin, s'écria : Non !
L'empereur n'osa sévir quand il constata l'étendue de la
résistance. Le résultat du casernement fut de solidariser
les élèves et de les liguer contre leurs chefs. Les anciens
imposèrent aux nouveaux ou conscrits des brimades souvent
violentes qui d'abord donnèrent lieu à des désordres ;
en déc 1809, ils se mirent a 4'i pour aller rosser Halte-
Bru chez lui. Le régime militaire fut donc nuisible à la
discipline, en même temps qu'il affaiblissait les études.
L'esprit frondeur des élèves céda un moment à l'enthou-
siasme qu'inspiraient les grandes victoires de 180j et
1806, mais reparut vite, malgré Les prévenances du sou-
verain, qui faisait figurer L'Ecole polytechnique dans les
mornes aussitôt après la garde impériale, en tète de
l'armée. Au moment ou La fiance fut a son tour envahie,
les élèves demandèrent des armes. On en forma trois com-
fiagnies de l'artillerie de la garde nationale. Le -28 mars, on
es envoya avec trente pointeurs a la barrière du Trône
servir vingt-huit pièces; engagée imprudemment le 29 mars
sur la route de Vincennes, cette artillerie fut attaquée
par les rssaqnrm; le-, élevés se défendirent vaillamment,
19 furent blessés et l'ennemi repoussé. Après la capitu-
lation, ils se retirèrent à Fontainebleau. Plus tard, ils ne j
rentrèrent qu'à contrc-cuuir, 69 envoyèrent leur démis-
sion. Maigre les avances des Bourbons, ils leur restaient
hostiles ; ils refusèrent de les appuyer au moment du
retour de Napoléon et se mirent à la disposition de celui-ci ;
mémo après Waterloo, ils se préparaient à combattre
quand on livra Paris aux alliés. L'Ecole polytechnique ne fut
pas frappée sur-le-champ par la réaction. Ce n'est qu'en
avr. isit! qu'on la licencia à l'occasion d'un conflit entre
le gouverneur et les élèves, qui réclamaient le renvoi d'un
répétiteur. Au moment du licenciement, les élèves formèrent
pour s'entr'aider une association qui eut ses bureaux à
Paris, Metz, Montpellier, Lyon et Saint-Jean-d'Angely.
Le travail de réorganisation de l'Ecole polytechnique fut
confié à une commission sous la direction de Laplace. On
se rapprocha sur certains points du régime initial, et l'or-
donnance du 4 sept. 1810 marque un progrès sur le système
impérial. L'internat fut maintenu, mais l'appareil militaire
supprimé ; l'uniforme fut civil : frac, pantalon bleu, chapeau
rond, palmes d'or au collet et boutons d'or. On porta le
prix, de la pension à 1,000 fr. pour favoriser le recrutement
dans les classes distinguées ; on créa pourtant vingt-quatre
bourses. Le conseil de perfectionnement fut composé de
quinze personnes étrangères à l'Ecole ; celle-ci était subor-
donnée au ministère de l'intérieur. Les fonctions d'exami-
nateur d'admission devinrent permanentes et incompatibles
avec celles de professeur ou de répétiteur. Tout candidat
fut tenu de déclarer s'il se destinait à un service public et
auquel, en désignant ceux qu'il choisirait successivement à
défaut de place dans les premiers ; bientôt on autorisa les
élèves à modifier ces déclarations jusqu'au dernier mois pré-
cédant l'examen de sortie. La disparition des cours d'appli-
cation commencée en 1800 fut consommée; on rétablit
toutefois celui qui était consacré à la théorie des machines ;
on donna plus d'importance à l'instruction littéraire et à
l'instruction religieuse. La faculté de passer une troisième
année à l'Ecole fut restreinte et devint exceptionnelle. On
discuta vivement dans les années suivantes; en 1820, le
conseil de perfectionnement voulait revenir à l'externat; en
1822, au contraire, on préférait un régime militaire. Les
ordonnances du 17 sept, et du 20oct. 1822 changèrent peu
de chose : suppression du conseil d'instruction, nomination
d'un gouverneur qui eut à peu près tous les pouvoirs. On
avait mis l'Ecole sous la protection du duc d'Angoulème, qui
s'en occupa activement, mais sans pouvoir lui rendre son
ancien éclat. En 181 (i, on ne reçut que 74 élèves; il n'y
avait eu que 124 candidats. On voulait empêcher les élèves de
sortir librement le dimanche et le mercredi, les conduisant en
promenade commune, comme les séminaristes et les lycéens ;
ils résistèrent et on leur céda. De même, il fallut tolérer les
initiations et mystifications imposées aux conscrits pen-
dant la période dite d'absorption (les deux premiers mois).
La séance des ombres ou l'on fait défiler les silhouettes (en
ombres chinoises) de tout le personnel de l'Ecole devint dès
lors classique. Ces vexations imposaient l'autorité des anciens
et prouvaient la solidarité des élèves, qui décidaient à la
majorité ce qu'ils feraient dans un cas déterminé, tenant
tête à l'autorité dés qu'ils étaient unis, car on ne pouvait
que les licencier en masse, mesure toujours grave et diffi-
cile à prendre. Les élèves ont fini par dresser un code de
leurs lois communes, le Code X, rédigé en 1849-1850,
mais d'origine bien antérieure. La camaraderie et l'esprit
de corps en ont été fortifiés.
C'est en 1 823 qu'on rendit aux élèves l'uniforme militaire,
celui qu'ils ont gardé et rendu si populaire : habit à un seul
rang de boutons avec revers rouges , parements et col en
velours noir, boutons de l'artillerie et du génie, chapeau à
deux cornes porté en bataille. L'épée ne fut portée jusqu'en
1830 que par Les sergents. Les élèves adoptèrent peu après
le manteau a la Chiroga, à la mode en ce temps, mais non
réglementaire.
Fidèles à la cause libérale, les polytechniciens étaient tenus
à une grande réserve par la surveillance du pouvoir. Une
vente de carbonari existant à l'Ecole, on licencia une salle
ÉCOLE
- 104 -
entière; Perdonnet, Léonce Reynaud forent exclus; celte
vente, dont le chef était Etienne Arago, disparut bientôt.
Lors de ses visites, le duc d'Angoulême était accueilli au cri
de « Vive la charte! ». <)u faisait de grands efforts pour
inculquer des idées religieuses aux élèves : prière en commun
le matin et le Boir après L'appel, messe i la chapelle de
l'Ecole, observation des abstinences commandées pari Eglise,
invitation a se confesser et communier. L'abbé de Noirlieu
lit supprimer les vêpres pour laisser aux élèves toute leur
journée du dimanche. Ce qui était plus grave, les listrs
d'admission lurent épurées par le ministre de l'intérieur, qui
raya les suspects. Ces vexations tournaient contre leur but.
On raillait les exercices du culte, on organisait des repas
de corps où l'on chaulait la Marseillaise. C'est l'époque où
les polytechniciens Auguste Comte, Bavard, Enfantin, Lau-
rent de l'Ardèche, Marceau, Transon, Michel Chevalier,
Jean Reynaud devenaient les apôtres d'une foi nouvelle.
La totalité des élèves appartenaient au parti libéral; à part
trois ou quatre chouans ou aristocrates, la plupart étaient
franchement républicains. Ils eurent occasion de le prouver.
L'Ecole polytechnique prit une part active à la révolution
de juillet 1X30. Le mardi "27, au lendemain des ordon-
nances, tandis que tout Paris s'organisait pour la résis-
tance, les élèves s'associèrent au mouvement libéral. Dans
la soirée, lorsque éclata la fusillade, tous quittèrent la salle
de dessin, se réunirent et se préparèrent à la lutte. Au
lendemain matin, la garde royale occupa l'Ecole, mais partit
bientôt. Charles X donna l'ordre de licencier les élèves. Ils
revêtirent leurs uniformes de grande tenue et sortirent.
Lue soixantaine se mêlèrent aux combattants , dirigés par
leur camarade Charras; on en trouve aux barricades du
faubourg Saint-Antoine, à la porte Saint-Denis, au pont
Notre-Dame, au- Pont-Neuf, surtout dans les quartiers
Saint-Jacques et Saint-Marceau ; à la place de l'Odéon, ils
centralisent les efforts, prennent la direction de la garde
nationale et partent à la tête des colonnes insurgées ; l'un
d'entre eux, Vaneau, fut tué à l'attaque de la caserne de
la rue de Babylone, ou l'élève Guillemaux se distingua;
d'autres contribuaient à la prise du Louvre. Après la vic-
toire, les polytechniciens se rendent à l'Hôtel de ville, servent
de délégués au gouvernement et à la commission munici-
pale, d'aides de camp du duc d'Orléans, du commandant
de la garde nationale, des officiers généraux. On leur confie
toutes sortes de missions, les envoyant en province; ils
mettent quelque ordre dans l'expédition de Rambouillet.
Parmi ceux qui se distinguèrent le plus dans la révolution de
1830, on cite, outre Vaneau, Charras, Lothon, Bosquet,
Baduel, Tamisier, Gavarret, Guillemaux, etc. Vaneau fut
solennellement inhumé le 31 juil. au cimetière Montpar-
nasse ; ses camarades lui élevèrent un monument et chaque
année, le "28 juil., ils viennent porter des couronnes sur sa
tombe pour célébrer l'anniversaire de sa mort glorieuse.
La conduite des polytechniciens dans les journées de
Juillet leur valut une grande popularité. Le peuple pari-
sien se prit pour eux d'une vive affection ; les poètes
chantaient leur valeur. Lafayette exprimait le sentiment
général en rédigeant son ordre du jour du S août 1830 :
« Lu présence des services rendus à la patrie par la popu-
lation parisienne et les jeunes gens des écoles, il n'est
aucun citoyen qui ne soit pénétré d'admiration, de con-
fiance, je dirai même de respect, à la vue de ce glorieux
uniforme de l'Ecole polytechnique, qui, dans ce mo rient
de crise, a fait de chaque individu une puissance pour la
conquête île la liberté et le maintien de l'ordre public. Le
général en chef prie les rlèves de l'Ecole polytechnique de
designer un de leurs membres pour rester auprès de lui
en qualité d'aide de camp. »
Des félicitations arrivaient de partout, de France, d'Eu-
rope, même d'Amérique, d'où l'académie (école militaire)
de West-Point envoya une adresse à ses collègues de
l'Ecole polytechnique. Le 17 août fut donné un va^te
banquet eu l'honneur des polytechniciens ; il réunit plus
de quatre cents convives dans l'Orangerie du Louvre. Le
lendemain, i l'Hôtel de ville, fut ternie une assemblée des
élèves actuels et des anciens élèves de l'Ecole, qui fonda
une institution destinée i resserrer h-s liens entre les po-
lytechniciens et le peuple; il s'agit de ? Association poly-
technique, où les jeunes savants organisèrent des cours
pour l'instruction des ouvriers ; Auguste Comte, M. Cour-
bai, Al. Heissas, Aug. Perdonnet lurent parmi les pre-
miers professeurs. L'esprit de générosité des jeunes poly-
techniciens allait être mis à une épreuve plus décisive i •
Le 6 août, Louis-Philippe avait signe une ordonnance
ainsi conçue: « Nous, Louis-Philippe, duc d'Orléans, lien-
tenant général du royaume, considérant lc> services dis-
tingués que les élèves de l'Ecole polytechnique ont rendus
a la cause de la patrie et de la liberté, et la part glorieuse
qu'ils ont prise aux héroïques journées des "27, 28 et
29 juillet; avons arrêté et arrêtons: Art. \". Tous les
élèves de l'Ecole polytechnique qui ont concouru a la
défense de Paris sont nommés au grade de lieutenant. —
Art. 2. Ceux d'entre eux qui se destinent à des services civils
recevront, dans les diverses carrières qu'ils embrasseront,
un avancement analogue. — Art. 3. Ils ne passeront point
d'examens pour leur sortie de l'Ecole, mais ils seront
classés d'après les notes qu'ils auront obtenues pendant la
durée du séjour qu'ils y ont fait. — Art. 4. Un congé de
trois mois leur est accordé. — Art. 5. Vu la difficulté de
reconnaître parmi tant de braves ceux qui sont les plus
dignes d'obtenir la croix de la Légion d'honneur, les élèves
désigneront eux-mêmes douze d'entre eux pour recevoir
cette décoration. » Cette ordonnance très maladroite sou-
leva de graves difficultés. Les élèves refusèrent la croix.
La nomination au grade de lieutenant, qu'on mettait quatre
ans a conquérir, parut excessive. Elle portait le plus grand
préjudice aux élèves de l'Ecole de Metz, qui protestèrent
violemment. Sur l'initiative d'Arago, les élèves, à la
presque unanimité, demandèrent à renoncer à ces avan-
tages pour ne pas nuire à l'avancement de leurs prédéces-
seurs. La seule récompense que les élèves de seconde
année acceptèrent fut de voir remonter la possession de
leur grade de sous-lieutenant au 6 août, gagnant trois mois
d'ancienneté. Le désintéressement et la correction dont
les polytechniciens faisaient preuve contribuèrent, autant
que leur bravoure et leur fidélité à la cause libérale, à
leur valoir la popularité exceptionnelle qu'ils ont su con-
server depuis lors. Il y eut, il est vrai, une contre-partie :
l'Ecole se trouva plus engagée dans la politique qu'il n'était
nécessaire et désirable, et, pendant toute la période si agitée
qui occupa les premières années de la monarchie de Juillet,
les élèves furent mêlés à toutes les affaires et à toutes les
agitations parisiennes. L'Ecole polytechnique eut alors une
véritable histoire politique.
Aussitôt après la Révolution, les élèves avaient été
classés dans les services publics et envoyés en vacances.
Une commission présidée par Arago établit une réorgani-
sation qui fut réalisée par l'ordonnance du 13 nov. 1830.
Cette ordonnance, signée par Montalivet (ancien élève de
l'Ecole), ministre de l'intérieur, consacrait des change-
ments notables. La décadence relative de l'Ecole polytech-
nique sous la Restauration avait motivé, l'année précé-
dente, la création de l'Ecole centrale qui devait former des
ingénieurs. 11 était urgent de fortifier la première. Elle
fut placée sous la direction du ministre de la guerre et
n'eut plus d'autre but que la préparation aux écoles spé-
ciales de service public. On conserva l'internat, mais en
accroissant la liberté intérieure. Aux chefs militaires furent
adjoints un directeur des études et un conseil, où siégeaient
les professeurs et examinateurs de sortie ; un répétiteur
fut adjoint a chacun des professeurs. On recula à v mo-
quai re ans la limite d'admission pour les militaires. Les
élèves eurent la faculté de passer une troisième aune,' à
l'Ecole quand ils n'avaient pas eu de place dans le service
choisi par eux. Ils purent entrer comme sous-lieutenants
dans l'infanterie ou la cavalerie, ou encore à l'Ecole fores-
tière, ou comme élèves libres dans les écoles d'application.
— 405
ÉCOLE
Le choix du service do) se taire irrévocablement au boni
de la première année d'études, la carrière de la marine
tut ouverte aux élèves. Les réclamations des élèves reçu-
rent satisfaction i>ar l'ordonnance du 25 nov. 1831 qui
recula à la tin de la seconde année le chois de la carrière
ei rétablit le conseil de perfectionnement. — En somme,
l'ordonnance du 13 nov. 1850 changeait peu de chose et
ne Modifiait pas le caractère de L'Ecole, qui est demeuré à
peu près le même jusqu'à nos jours.
La rentrée eut lieu aussitôt après (IS nov.). Arago,
commandant provisoire de l'Ecole, reçut le serment que la
loi du 31 août imposait aux fonctionnaires. Puis il laissa
les élèves s'organiser eux-mêmes. Affranchis de l'autorité
des officiers, ils se réunirent en assemblée générale et
votèrent leur règlement, l.e service religieux fut supprimé
à l'intérieur de 1 Ecole : plus tard (mars 181! 1), on s'en-
tendit pour le taire assurer avec le curé de la paroisse
(Saint-Ktienne-du-Mont) qui reçut le mobilier et les orne-
ments de la chapelle et s engagea à duc le dimanche une
■esse basse pour les élèves. Les sorties du mercredi et du
dimanche furent prolongées jusqu'à minuit, et les élèves
9 Bordèrent la faculté de sortir chaque jour durant la
récréation (de deux heures à cinq heures), mais bientôt ils
se contentèrent de deux petites sorties, mardi et vendredi;
ils refusèrent de rétablir l'externat. Us obligèrent les pro-
fesseurs impopulaires à se retirer, L'uniforme fut maintenu,
le port de l'épée accordé à tous les élèves (seuls les ser-
gents l'avaient), la nourriture l'ut améliorée. On aurait voulu
obtenir de plus grands changements et modifier l'ordon-
nance de réorganisation ; une délégation fut envoyée à cet
effet au roi, qui refusa de la recevoir. Puis on se remit au
travail sous le commandement du général Bertraud.
Mais on ne cessa pas de s'occuper de politique. La popu-
lation ouvrière de Paris était hostile à la monarchie orléa-
niste, implantée par surprise ; l'agitation était permanente.
L'Ecole y prit part. Elle figurait aux funérailles de Benja-
min Constant. Lorsque le procès des ministres de Charles X
et leur condamnation insuffisante faillirent amener une in-
surrection, les autorités conduisirent l'Kcole polytechnique
au Palais-Koyal pour assurer le roi de son dévouement.
Mais, d'accord avec les étudiants, les élèves faisaient affi-
cher un manifeste réclamant de larges concessions aux idées
démocratiques et républicaines. Ils protestèrent au nombre
de 8-2 contre l'attitude des députés de la majorité. Presque
tous appartenaient au parti du « mouvement » contre celui
de la « résistance ». Ils discutent passionnément sur les af-
faires du pays, ne se soumettent aux ordres qu'après les
avoir approuvés au scrutin. Ils s'aflilient aux sociétés se-
crètes. Après avoir marché d'accord avec la garde nationale,
ils s'en séparent, la trouvant trop peu avancée. Us organisent
une vente qui se met en rapport avec la Charbonnerie ;
150 élèves s'y rendent régulièrement (ruedel'Arbre-Sec) à
la suite de Latrade et de Caylus. Le jour des funérailles du
. ial Lamarque, un grand nombre sortent malgré la dé-
du général en bousculant les officiers de service; ils
prirent part à l'émeute, défendant notammentla barricade du
boulevard Bourdon. L'Kcole fut licenciée le 6 juin ; 6 élèves
furent arrêtés, un seul poursuivi (de Si halles) ; il fut
acquitte. Auboutde quelques jours, on rappela la majorité
des élèves, n'excluant que les 60 qui étaient sortis
d'abord; puis on bs reprit en leur faisant passer un nou-
vel examen d'admission ; au mois de janvier, ils furent clas-
sés en premier.- division, puis envoyés à l'Kcole de Metz en
promotion extraordinaire. L'ordonnance du 30 oct. 1832
accrut les pouvoirs du général commandant l'Ecole, créa
un conseil d'administration et un conseil de discipline.
Cette excitation ne nuisait pas aux études dirigées par
Coriolis et des professeurs comme Pouillet, Lamé, Dulong,
Hase. C'est à cette époque que la prédilection du professeur
de littérature Amault pour la famille d'OEdipe et les mal-
heurs de Laïus fit adopter le terme de laïus pour désigner
une composition de rhétorique. Il est impossible d'oublier
la part qu'eurent les anciens élève, de l'Kcole au mouve-
ment saint-simonien,Jean Regnaud, Enfantin, Aug. Comte,
Michel Chevalier, etc. ; ils n'eurent pas le temps de faire
beaucoup de prosélytes parmi leurs jeunes camarades.
5 élèves de l'Kcole polytechnique impliqués dans le
procès de la Société des droits de l'homme furent acquit-
tés avec les autres prétendus conspirateurs (20 déc, 1833),
Ce procès mit le comble à l'hostilité des polytechniciens
pour Louis-Philippe. Ils décidèrent de ne plus le saluer et
tinrent leur parole. Ils continuaient à fraterniser avec les
associations républicaines. En déc. 1834, la première di-
vision fut licenciée (un mois) à la suite d'une révolte. Dans
les années suivantes, l'effervescence diminua beaucoup. Les
démarches faites par le jeune duc d'Orléans contribuèrent à
l'apaisement. Comme la bourgeoisie, dont la plupart sor-
taient, les élèves se ralliaient à la monarchie de Juillet.
Lors du mouvement de Barbes et Blanqui (lu2 mai 1839),
les élèves prirent parti contre les insurges et s'armèrent
pour défendre l'Kcole. Toutefois, lorsqu'ils virent les gardes
municipaux égorger sous leurs yeux devant leur grille trois
hommes sans défense, ils furent indignés; 110 remon-
tèrent dans les salles d'étude ; 152 restèrent à la dispo-
sition du général. Un récit erroné ayant été publié par le
Journal îles Débats, ils lui imposèrent une rectification. On
emprisonna 40 élèves pendant un mois et on déplaça le
général Tholozé, commandant l'Ecole. Durant les années
suivantes, la discipline se relâcha complètement. Un inci-
dent provoqué par Duhamel, qui voulait cumuler les fonc-
tions de directeur des étudeset d'examinateur de sortie, fit
licencier l'Ecole en 1854. Le général Bostolan y rétablit
une discipline rigoureuse.
Au 24 févr. 1848, le général Aupick, commandant l'Ecole,
conseilla aux élèves de ne pas sortir. Ils s'assemblèrent
tumultueusement à l'amphithéâtre et, sur l'avis du sergent
fourrier de Freycinet, résolurent de se jeter entre les com-
battants pour éviter l'effusion du sang. Us sortirent donc,
se rendirent à la mairie du XIe arrondissement (aujour-
d'hui le Ve), sur la place du Panthéon, et se divisèrent en
douze groupes pour aller dans les douze arrondissements.
Lorsque Louis-Philippe se fut enfui, les élèves de l'Kcole
polytechnique se mirent à la disposition du gouvernement
provisoire ; 20 d'entre eux lui servirent d'aides de camp,
en tète de Freycinet. Ils inspiraient une certaine confiance
au populaire et leur intervention fut plusieurs fois efficace. Ils
furentehargès des missions les plusdiverses, envoyés comme
commissaires dans les départements. Le 30 avril, les élèves
rentraient à l'Kcole que commandait le général Poncelet ;
sous ses ordres, le chef d'escadron Lebœuf exerçait l'autorité
réelle. Au 15 mai, l'Kcole se prononça en faveur de l'As-
semblée nationale. Aux journées de juin, la plupart des
élèves étaient sortisayant achevé leurs examens. lisse mirent
à la disposition du gouvernement et plusieurs se battirent
pour lui. Après l'année 1848, le rôle politique de l'Kcole
polytechnique est terminé; la direction est passée de la
bourgeoisie aux masses populaires sur lesquelles son influence
est minime; elle ne se désintéresse pas de la cause libérale,
mais elle n'a plus occasion de la servir activement en corps.
L'arrêté du 11 nov. 1848 change peu de chose, ouvrant
aux élèves la carrière nouvelle des tabacs. On établit la
gratuité. Mais, l'année suivante, l'Kcole fut vivement atta-
quée. L'Kcole centrale d'une part, les démocrates de l'autre,
combattaient son privilège. On proposait de diviser le re-
crutement des services publics, civils et militaires, et de
recruter à l'Kcole militaire les officiers de toutes armes,
génie et artillerie comme les autres. Ces projets furent
abandonnés. La gratuité fut supprimée en 1850 et une com-
mission mixte chargée d'établir la concordance entre l'en-
seignement des lycées et les programmes d'admission. On
adopta pour celui-ci le programme de la classe des mathé-
matiques spéciales. I H décret du l°*nov. 1852 réorganisa
l'Ecole, son administration et l'enseignement. Depuis cette
date.il n'y eut plus que de légères modifications, résultant
principalement «les lois sur le recrutement de 1873 et
1889. Quant au rôle politique de l'Kcole, il était terminé.
ÉCOLE
- 400 -
Au 2 décembre on supprima la sortie et on lit ocenpet
la cour par des troupes. Les élèves ne broncbèrenl pu.
lisse bornèrent ensuite b manifester passivement leurnos-
lilité envers l'Empire. Voii i les principales circonstances.
Lors de la revue des troupes revenant de Crimée, passée
h '7 déc. 1855 sur la place de la Bastille, le bataillon des
élèves acclama les soldats, puis lorsque, marchant en tète
des troupes, il arriva a la place Vendôme, pas une vois
ne répéta le cri de Vive l'Empereur! proféré parle général
et le colonel. Lors des fêtes de Complègne, la COUT invita
les deux sergents-majors; on vota que l'invitation serait
refusée. Le prince impérial vint visiter l'Ecole (18(iK)
avec le général Froissa™ ; par 220 voix contre 19, on vota
que nul cri ne serait proféré à son arrivée.
La funeste guerre de 1870-71 fournit aux polytechniciens
une nouvelle occasion de prouver leur patriotisme. La pro-
motion de 1809 fut appelée à Paris, où elle alterna ses
études avec les manœuvres dans sa batterie de la porte
d'Italie et les bastions 85-89 ; peu à peu les élèves furent
répartis dans l'artillerie, les forts et les batteries de cam-
pagne ; 3 furent tués à l'ennemi (Benecb, Gayet, Men-
dousse). Les examens de 1870 se terminèrent le 12 sept. ;
la plupart des élèves ne purent entrer à Paris ; tandis qu'ici
L'Ecole cessait de fonctionner, on la rouvrait à Bordeaux le
4 janv. 1871. Les élèves furent bientôt rappelés à Paris.
Ils y arrivèrent pour assister à la Commune. Ils se pro-
noncèrent contre le Comité central qui ne compta que qua-
torze partisans dans le vote qui eut lieu. Le général les
invita à quitter Paris, ce que tous firent successivement;
la promotion se réunit à Tours, où elle fut casernée dans
l'hôtel du commandement. Elle rentra à Paris, où les
insurgés avaient failli brûler les bâtiments de l'Ecole.
Depuis, celle-ci a poursuivi pacifiquement sa glorieuse car-
rière ; le caractère démocratique de l'institution s'accentue
avec la proportion croissante des bourses, qui atteint la
moitié du chiffre total des élèves et assure ainsi tous les
avantages de la gratuité. Les élèves ont d'ailleurs leurs cais-
siers qui, sur le fonds commun, accordaient autrefois quelque
assistance à leurs camarades peu fortunés, leur remettant
un peu d'argent de poche. Aujourd'hui, l'argent de la caisse
sert seulement à fournir des secours aux pauvres du quar-
tier et à payer les obsèques des polytechniciens morts en
cours d'études. Cette fraternité s'est manifestée en 1805 par
la création de la Société amicale de secours des anciens
élèves de l'Ecole polytechnique. Organisée par les pro-
motions de 1803 et 1804, elle prit un rapide essor. Son
capital approche du million ; son budget dépasse 1 00,000 fr. ;
mais sa grande importance vient de ce qu'elle resserre les
liens entre les camarades de tout âge, lesquels se prêtent
les uns aux autres un concours d'autant plus efficace qu'ils
occupent une grande partie des plus hautes situations dans
leur pays, à commencer par la présidence de la République
et la présidence du conseil des ministres.
Pour clore cet historique, il nous reste à dire quelques
mots du local occupé par l'Ecole polytechnique. On sait que,
logée d'abord au Palais-Bourbon, elle fut transportée en
1804 sur la montagne Sainte-Geneviève. Elle occupe
l'emplacement des anciens collèges de Navarre, de Don-
court et de Tournai (V. ces mots), ces deux derniers
annexés au premier en 1038. Le bâtiment des Bacheliers,
élevé en 1738, sert aujourd'hui de pavillon aux élèves ; le
pavillon de l'état-major est à la place de l'ancien collège
de Boncourt ; ces constructions ont été achevées sous
l'Empire ; les quatre petits pavillons de la cour de Bon-
court, la grille d'honneur et le porche datent de la Restau-
ration. On a agrandi le pavillon des élèves sous la monarchie
de Juillet ; les travaux du square Monge ont permis quel-
ques améliorations; depuis 1870, on a édifié de ce côté,
jusqu'à la rue d'Arras, un bâtiment pour la bibliothèque,
les salles de dessin, les collections ; puis sur les rues
d'Arras et Cardinal-Lemoine un bâtiment et un amphithéâtre
pour la physique. Telles quelles, ces constructions sont
encore bien défectueuses ; on projette de les compléter;
de temps a autre, on propose de quitter le quartier, de
transporter l'école hors Paris, I Samt-Gennain, I Hendon,
:i Versailles, i Saint-Cbud ; on voulut la mettre I II'
en 1848. Après |X70, il fut question duTroeadéro. Un
jour ou l'autre, on se déridera .i la reconstruire sur place
pour mettre les locaus ï la hauteur des exigences de l'iiv-
giène et de la réputation de l'Ecole polytechnique.
Commuons h'ai.missio.n. — Nul n'est admis a l'Ecole
que par voie de concours. Pour se présenter à ee concours,
il faut que le candidat ait préalablement justifié : 1° qu'il
est français ou naturalisé Français; 2" qu'il a seize ans
au moins et vingt et un ans au plus au l'r janv. de l'année
du concours. — Toutefois, les militaires âgés de plus de
vingt et un ans, et qui auront accompli au \" juil. de
l'année du concours six mois de service effectif réel,
seront admis à concourir pourvu qu'ils n'aient pas dépassé
l'âge de vingt -cinq ans à cette même date et qu'ils
soient sous les drapeaux au moment des compositions.
Aucune dispense d'âge ou de temps de service, autre que
celles qui viennent d'être indiquées, ne sera accordée. —
Les militaires admis à concourir après l'âge de vingt et un
ans ne pourront être classés à leur sortie de l'Ecole que
dans les services militaires. — Les candidats devront se
faire inscrire, s'ils sont civils, à la préfecture du départe-
ment ou ils étudient, et, s'ils sont militaires, à la préfec-
ture du département dans lequel ils sont en garnison, le
15 avr. au plus tard. Nulle inscription ne sera admise après
cette époque. Les élèves du Prytanée militaire sont seuls
dispensés de l'inscription : ils sont examinés dans le centre
d'examens assigné au département de la Sarthe. Les can-
didats qui ne se présentent pas à leur tour d'inscription
sont considérés comme renonçant à prendre part aux
épreuves et rayés de la liste.
Les pièces à produire pour l'inscription sont : 1° l'acte
de naissance du candidat et celui de son père, revêtus des
formalités prescrites par la loi ; 2° une pièce attestant
la possession du diplôme de bachelier es sciences, ou du
diplôme de bachelier de l'enseignement secondaire spécial,
ou du certificat de la première épreuve du baccalauréat de
l'enseignement secondaire classique, ou du certificat relatif
à la première épreuve de l'ancien baccalauréat es lettres,
ou tout au moins une pièce justifiant de l'inscription comme
candidat pour l'obtention d'un de ces diplômes ou certi-
ficats à la session d'avril, pièce qui devra être remplacée
avant l'examen par une autre constatant l'obtention du
diplôme ou du certificat ; 3° une déclaration d'un doc-
teur en médecine attaché à un hospice civil ou à un hôpital
militaire, dûment légalisée, et constatant que le candidat
a eu la petite vérole ou qu'il a été vacciné ; 4° un cer-
tificat du commandant du bureau de recrutement de la
subdivision de région, constatant que le candidat remplit
les conditions d'aptitude physique exigées pour l'admission
à l'Ecole par le décret du \cr mars 1890, rendu en con-
formité de l'art. 28 de la loi du 15 juil. 1889; 5° une
désignation par écrit des centres d'examens et de compo-
sitions choisis par le candidat ou par sa famille, con-
formément aux dispositions ci-après énoncées; 0° une
déclaration du père, de la mère ou du tuteur, reconnais-
sant qu'il est en mesure de payer la pension, ou, à défaut
de cette déclaration, la remise d'une demande de conces-
sion de bourse, établie sur papier timbré : la demande de
bourse doit préciser si la famille sollicite une bourse avec
trousseau ou demi-trousseau, ou une demi-bourse avec trous-
seau ou demi-trousseau, ou seulement la demi-bourse.
Tout candidat militaire doit produire les mêmes pièces,
moins celles qui sont désignées aux paragraphes 3 et 4. Il
produit en outre les pièces suivantes : 1° un état signa-
lètique et les services renfermant, en sus des renseigne-
ments réglementaires, l'indication des périodes de mise en
subsistance dans d'autres corps; 2° une déclaration du
chef de corps, indiquant que le candidat comptera au
1er juil. de l'année du concours six mois de service effectif
réel sous les drapeaux (cette condition de six mois de ser-
— 407 —
ÉCOLE
rire n'est exigée que dM candidats militaires qui ont dépassé
la limite d'âge imposée aux candidats dvils) ; S* cm eer-
titieat de bonne conduite ; 4* un relevé M |»unitimis.
Le candidat non militaire a la faculté" de faire ses com-
positions et de sabir ses examens dans les centres assignés
aux départements où M trouve soi) le domicile de sa fa-
mille, soit rétablissement os il i achevé son instruction. Il
t'ait connaître le dépurtemenl qu'il choisit. Le candidat
militaire sul'it les épreuves dans les centres de compo-
sitions et d'examens assignes au département ou le corps
dont il fait partie se trouve en garnison. L'autorité mili-
taire doit lui délivrer, à cet etlet, s'il y a lieu, (les per-
mission'- dont la duire ne pourra excéder le temps néces-
saire au ravage et à l'examen. Si, après s'être fait inscrire
à la préfecture, le candidat militaire change do garnison,
il doit en informer le ministre de la guerre.
La liste des candidats est close environ deux mois avant
le concours. Le concours est publie. 11 a lieu chaque année
au début du mois de juin , en général , à Paris et
dans certains centres de province spécialement désignés.
I m épreuves portent uniquement sur les matières du pro-
gremme des connaissances exigées, arrêté tous les ans par
le ministre : mais toutes ces matières, y compris la langue
allemande, sont également obligatoires. Par suite, les can-
didats dont l'instruction en l'une quelconque des parties
du programme serait reconnue insuffisante sont déclarés
inadmissibles. Aucun candidat ne peut se présenter aux
épreuves du concours s'il n'est muni du diplôme de bachelier
ienees, va du diplôme de bachelier de l'enseignement
secondaire spécial, ou du certificat de la première épreuve de
l'ancien baccalauréat es lettres. In avantage de 13 points
est accorde aux candidats qui sont en possession du diplôme
de bachelier es lettres ou pourvus du certificat de la pre-
mière épreuve de ce baccalauréat. Le concours est divisé
en trois épreuves successives : les compositions, dont le
détail est donné ci-après, les examens oraux préliminaires
ou du premier degré, les examens oraux du second degré.
Les compositions comprennent : 1° un exercice sur le
cours de mathématiques spéciales; 2° une épure de géomé-
trie descriptive ; 3° une composition française ; 4° une
composition de physique et de chimie ; 5° un calcul trigo-
nométrique ; 6° un lavis ; 7° le dessin d'un buste d'après
la bosse. Toutes les compositions seront corrigées. Les
candidats dont les notes de compositions multipliées par
leui s coefficients respectifs formeront une somme inférieure
à une limite fixée par le jury de classement, seront élimi-
nés avant les examens du premier degré. Le jury de
classement est formé des examinateurs d'admission, du
rai commandant l'Ecole, du commandant en second,
du directeur des études, et de trois membres du conseil
de perfectionnement délégués par leurs collègues. — Le
rrogramme d'examen ne comporte pas pour la physique
ensemble du cours de la classe de mathématiques spé-
ciales ; les parties les plus difficiles ont été laissées de
côté. Kn revanche, à l'oral, les examinateurs peuvent
interroger sur l'arithmétique et la géométrie élémentaires
(cours de la classe de mathématiques élémentaires), et ils
le font fréquemment. Pour le détail, nous renvoyons aux
programmes spéciaux publiés chaque année.
I - '\amens oraux du premier degré (ayant lieu envi-
ron trois semaines après les compositions écrites) qui
portent sur l'ensemble des connaissances spécifiées dans le
programme d'admission, servent, avec les compositions de
mathématiques et de physique et chimie, à exclure des
examens oraux du second de^ré les candidats insuffisam-
ment préparés. A cet effet, la moyenne des notes des deux
examens oraux est multipliée par 10 ; on y ajoute la note
de la composition de physique et chimie multipliée par 2,
et la note de la composition de mathématiques. Les candidats
dont la somme de points ainsi obtenue sera inférieure à une
limite déterminée par le jury de classement sont éliminés.
Les examens oraux du second degré servent, concurrem-
ment avec les compositions et les examens oraux du pre-
mier degré, | déterminer le classement par ordre de mé-
rite des candidats. Chaque candidat admis aux examens
oraux du second degré, remet au président du jury, au
moment même de l'examen, les feuilles d'épurés, lavis et
dessins exécutes par lui pendant l'année scolaire courante,
d'après les spécifications portées au programme détaillé des
connaissances exigées. Les candidats qui ont déjà concouru
peuvent représenter les épures de l'année précédente, en y
ajoutant seulement cinq épures nouvelles relatives aux inter-
sections de surfaces et différant, par les données, de l'année
précédente. Les coefficients d'influence, pour les examens
oraux et pour les compositions, sont fixés ainsi qu'il suit :
1° Pour l'admissibilité. Examens oraux du premier
degré, 10; composition de mathématiques, 1 ; composi-
tion de physique et chimie, 2.
2° Pour l'admission définitive. Moyenne des deux exa-
mens oraux du premier degré, 18. Examens du deuxième
degré : mathématiques, premier examinateur, 20 ; deuxième
examinateur, 20; physique, 10; chimie, 5; allemand, 5.
Compositions. Composition de mathématiques, 4; épure
de géométrie descriptive, 3 ; composition de physique et
chimie, 3 ; calcul trigonométrique, 1; dessin d'imitation, 4;
lavis, 1 ; composition française, 6.
Les notes d'appréciation des épreuves varient de 0 à 20.
Tout candidat qui obtient, pour l'une des épreuves, une
note inférieure à 3, est de droit déféré au jury et peut ètro
exclu pour insuffisance d'instruction. En particulier, tout
candidat qui, pour l'une des compositions, remettra une
feuille blanche, ou ne renfermant que l'énoncé des ques-
tions posées, ne sera pas admis à passer les examens
oraux. Les candidats qui connaissent suffisamment une
langue vivante autre que l'allemand seront admis, s'ils le
demandent, à faire dans cette langue un thème sans dic-
tionnaire. Cette composition corrigée donnera au candidat
une immunité de : 1 point si elle est cotée 11 ou 12 ; 2 points
pour 13 ou 14 ; 3 points pour 13 et 16; 4 points pour
17 ou 18 ; 3 points pour 19 et 20. Si le candidat compose
ainsi en plusieurs langues, les nombres de points obtenus
pourchaque composition s'ajouteront. — Lescandidats admis
à subir les examens du second degré seront appelés devant
un jury spécial, qui constatera leurs connaissances en es-
crime, gymnastique et équitation. Un nombre de points
variant de 0 à 3 leur sera attribué pour l'ensemble de
leurs aptitudes physiques.
Le résultat du concours est publié vers le mois de sep-
tembre. Les promotions n'étaient que de 90 en 1830, de
1 itt à la fin du second Empire; elles ont 'été accrues pour
faire face aux besoins extraordinaires causés par la guerre
(on a reçu 170 élèves en 1834 et 1833); en 1872, on en
a reçu 290 ; c'est la plus forte promotion qui ait eu lieu
depuis la Révolution; de 1873 à 1876, on a reçu de 230 à
271 élèves, puis les chiffres ont été abaissés. Ils se sont
relevés à partir de 1889. Le concours tend à devenir de
plus en plus difficile, en raison de l'affluence croissante
des candidats. En 1891, pour 268 places, il y eut 1,603
candidats, dont 360 admissibles.
Le tableau en tète de la page suivante permettra de
juger du succès croissant de l'Ecole polytechnique.
Tout candidat admis qui renonce au bénéfice de son
admission doit adresser au ministre, dans le plus bref
délai, sa démission, accompagnée du consentement de son
père ou de son tuteur. Tout candidat nommé élève qui ne
sera pas présenté au commandant de l'Ecole dans le délai
fixé par sa lettre de nomination sera considéré comme dé-
missionnaire. Dès son arrivée à l'Ecole, chaque élève sera
soumis à une visite médicale dans l'établissement : les élèves
qui sont reconnus aptes au service militaire ne sont défini-
tivement admis à l'Ecole qu'a la condition de contracter,
devant le maire de l'un des arrondissements de Paris, un
engagement volontaire de trois ans, lequel courra du1''roct.
de l'année de l'entrée, sans être d'ailleurs assujettis à au-
cune condition d'Age autre que celles qui sont exigées pour
l'admission û l'Ecole. Les élèves qui, au moment de l'admis-
ÉOOLE
— 408 —
ANNÉES
NOMBBB DBI
qui se sont
pré entés
CANDIDATS
i|ui ont été
ailiuis .i l'Ecole
polytechnique
.'.Il
573
598
652
070
715
707
712
772
790
767
700
71 U
680
691
711
566
732
708
842
1.020
1.089
1.131
1.154
1.130
1.126
1.183
1.002
1.031
1.148
1.313
1.351
1.450
1.313
1.297
1.432
1.005
170
125
120
112
130
118
10'J
131
135
110
110
115
145
146
130
151
140
290
254
205
205
271
201
236
200
210
220
250
230
240
221
230
220
225
265
206
268
[856
1 857
1860
1863
1 868
1870
1871
1872
1873
1874
1875
1876
1877
1878
1880
1881
1883
1881
1885
1886
1887
1S8S
1889
lsyo
1891
sion, ne seront pas reconnus aptes au service militaire, ne
seront admis à l'Ecole qu'autant qu'ils rempliront les con-
(Ht ions fixées par le décret du tPr mars 1890. Il faut que
l'inaptitude physique ne soit que transitoire ou de nature à
permettre de remplir les services d'ingénieur. A leur sortie
de l'Ecole, ils seront de nouveau visités, afin de constater
si le vice de conformation ou l'infirmité qui les rendaient
impropres au service a persisté ou disparu et si, par suite,
il est possible de les classer dans un service militaire.
Ils sont considérés, pendant le temps qu'il passent à
l'Ecole, comme présents sous les drapeaux dans l'armée
active; ils reçoivent l'instruction militaire complète et sont
ii la disposition du ministre de la guerre. Ceux qui ne sa-
tisfont pas aux examens de sortie ou sont renvoyés pour
inc luite sont incorporés dans un corps de troupes pour
y terminer le temps de service qui leur reste à faire. Si
pendant la durée des études un élève est admis à redou-
bler une année à l'Ecole, cette année ne compte pas dans
la durée de l'engagement. — Les élèves admis dans l'un
des services civils recrutés à l'Ecole, ou quittant l'Ecole
après avoir satisfait aux examens de sortie sans entrer
dans aucun de ces services, sont nommés sous-lieutenants
de réserve et accomplissent en cette qualité, dans un corps
de troupe, leur troisième année de service. Les élèves qui
viendraient à quitter le service civil dans lequel ils ont été
admis n'en resteront pas moins soumis à cette obligation.
Ceux qui donneraient leur démission d'officier de réserve
avant l'accomplissement de leur troisième année de ser-
vice n'en resteront pas moins soumis ii toutes les consé-
quences de l'engagement volontaire de trois ans contracté
par eux lors de leur entrée à l'Ecole.
Les candidats qui, sans être reconnus aptes au service
militaire, remplissent cependant les conditions nécessaire
pour suivre les cours et exercices militaires de l'Ecole,
telles qu'elles sont définies par le déret du I" mais 1890,
sont admis à l'Ecole sans avoir à contracter un engagement,
Le prix de la pension est de 1,000 fr. par an, el celui
du trousseau de liiii) a TO0 fr.; une somme de lui) fr.
doit, en outre, être variée pour former le fonde de ni
de chaque élève. Le bordereau du trousseau, qui en (ou
le prix exact pour l'année courante, ainsi que lé détail dee
autres objets que lc> élèves devront apporter avec eux,
envoyé sus ramilles avec les lettres de nomination. Des
bourses et demi-bourses sont instituées en faveur des
élèves dont les parents sont hors d'état de payer la pen-
gion, et oui remplissent les conditions indiquées et-ejû
Déplus, il peut être alloué à chaque boursier ou demi-bour-
sier un trousseau ou demi-trousseau à son entrée a l'Ecole.
(.es concessions sont accordées par le ministre de la
guerre sur la proposition des conseils d'instruction et d'ad-
ministration de l'Ecole. Les demandes doivent être remises
au moment de l'inscription. Les bourses sont accordées
très libéralement selon le principe démocratique et de ma-
nière a assurer à tout candidat peu aise \r bénéfice de la
gratuité. Souvent la proportion des boursiers atteint la
moitié du nombre total des élèves. Un exige seulement des
parents ou tuteur du candidat un engagement de rem-
bourser ces frais de pension et de trousseau, au cas ou
l'élève ne servirait pas au moins dix ans dans les services
publics, civils OU militaires, auxquels il aura droit d'être
admis d'après son numérode classement sur la liste de sortie.
Nul ne peut, d'ailleurs, être reçu à l'Ecole s'il ne produit
un récépissé soit du receveur central de la Seine, soit d'un
trésorier-payeur général ou d'un receveur particulier,
constatant qu'il a payé le prix du trousseau ou du demi-
trousseau, suivant le cas. Il doit, en outre, remettre au gé-
néral commandant l'Ecole une promesse sous seing privé,
dans la forme indiquée par l'art. 132(3 du C. av., par
laquelle son père, sa mère ou son tuteur s'engage à verser
dans la caisse du receveur central de la Seine, d'un tréso-
rier-payeur général ou d'un receveur particulier, par tri-
mestre et d'avance, le montant de la pension, si l'élève est
pensionnaire, ou de la demi-pension, s'il a obtenu une
demi-place gratuite. Cette promesse, qui doit être légalisée
par le maire ou par le sous-préfet, sera faite par l'élève
lui-même, s'il est majeur ou s'il jouit de ses biens.
Quant à la somme de 100 fr. formant le fonds de masse
individuelle, elle doit être versée directement à la caisse
de l'Ecole le jour même de l'entrée de l'élève. Les élèves
dont les père, mère ou tuteur ne résident pas à proximité
de Paris, doivent, en outre, avoir un correspondant dûment
accrédité auprès du général commandant l'Ecole.
Régime intérieur. — Les élèves de l'Ecole polytech-
nique astreints au régime militaire et au port de l'uniforme,
composent un bataillon partagé en deux divisions, compre-
nant chacune deux compagnies. La première division se
compose des élèves de seconde année ; la seconde division,
de ceux de première. Le ministre fixe chaque année l'époque
d'entrée des élèves nouveaux et de rentrée des élèves de
seconde année (quelques jours plus tard, vers le milieu
d'octobre). Dans chaque division, les élèves sont répartis,
en général, au nombre de 8 par salle pour les études,
de 10 par table pour les repas, de 20 par laboratoire
pour les manipulations de chimie, et en nombre variable
par chambre pour le coucher. Toute la division est réunie
dans un même amphithéâtre pour les cours oraux. Il y a
à l'Ecole trois amphithéâtres : l'un en forme d'hémicycle
pour l'une des divisions, et où se font en outre tous les
cours de chimie; un second pour l'autre division, et un
troisième (le plus beau) pour les cours de physique.
Le cadre de chaque compagnie comprend 1 capitaine,
2 adjudants faisant fonctions de lieutenants. On y ajou-
tait I sergent-major. I sergent fourrier et 10 sergents.
Ces sous-officiers étaient pris parmi les élèves. Les !
premiers élèves de chaque promotion étant sergents-ma-
jors, le troisième et le quatrième sergents fourriers, les
20 suivants avaient le grade de sergents. Ces grades oui
disparu depuis l'application de la loi militaire de 1889.
Les élèves qui sont moralement responsables delà discipline
n'ont plus que le litre de chefs de salle. Comme toujours.
— 409 —
ÉCOLE
t'est le premier de la pronotion qui est chargé de parler en
son nom s'il y a lieu. 11 J a dans chaque salle d'études un
elè\e qui en esl le chef. Les chefs de salle transmettent aux
élèves de leurs salles respectives les ordres des supérieurs.
ta élèves sont en tenue militaire. A l'intérieur de
l'Ecole, la tenue consistait en une tunique dite bcrri/, un
pantalon semblable an pantalon d'extérieur et une cas-
quette a galons de laine. Depuis IN!I| le berrij est rem-
place par une vareuse. La coiffure d'intérieur est le képi
de la troupe dans l'artillerie avec une grenade rouge OU
jaune servant à distinguer les promotions. Le lever a lieu
I si\ heures, l'appel a six heures et demie. Le premier
repas a lieu à huit heures et demie, le diner à deux heures
et le souper à neuf heures, la plupart des cours ont lieu
BDtre le déjeuner et le dîner; la récréation qui suit celui-ci
et qui dure jusqu'à cinq heures, est remplie en partie par
les manu'uvies militaires, la gymnastique, l'équitation, l'es-
crime, etc. Les exercices militaires comprennent les ma-
noeuvres d'infanterie et d'artillerie; ils sont complétés chaque
année par le tir a la cible, qui est exécuté au polygone de
Vineennes. Les leçons d'escrime et celles d'équitation pen-
dant la seconde année sont obligatoires pour tous les élèves.
Les leçons de danse sont facultatives et aux frais des élèves,
qui s'y rendent avec ardeur.
La durée des études est de deux années. Chacune de ces
années est suhdivisée en deux semestres entre lesquels sont
répartis les cours. Première année. Semestre d'hiver
(octobre à lin février) : analyse, géométrie, chimie, histoire
et littérature, allemand, manipulations de chimie, travaux
graphiques, dessin. Semestre (Tété (du 1er mars au mois
de juillet) : physique, mécanique, architecture, histoire et
littérature, allemand, manipulations de chimie, travaux gra-
phiques, dessin.— Deuxième année. Semestre d'hiver :
analyse, physique, astronomie et géodésie, architecture,
histoire et littérature, allemand, manipulations de chimie,
travaux graphiques, dessin. Semestre d'été : mécanique,
chimie, art militaire, stéréotomie, histoire et littérature,
allemand, manipulations, travaux graphiques, dessin. — Les
élèves de première année ou conscrits forment la seconde
division, les élèves de seconde année (anciens ou carrés)
ferment la première. Au début et à la tin de chaque leçon
le professeur interroge quelques élèves désignés par le sort
(dans l'argot de l'Ecole ils sont dits Schicksalés). Les
répétiteurs interrogent chaque jour plusieurs élèves. Les
travaux graphiques sont remis à date fixe et comme pour
les interrogations (ou colles) on donne une note. En cas de
maladie prolongée un élève peut être autorisé à redoubler
l'une des deux années d'études ; en aucun cas il ne peut
séjourner plus de trois années a l'Ecole.
lèves sont internes et casernes ; mais ils jouissent
a l'intérieur d'une grande liberté. On leur accorde deux
jours de sortie générale par semaine : le dimanche, de huit
heures du matin à dix heures du soir; le mercredi, de deux
heures et demie de l'après-midi a dix heures du soir. Pour
affaires de famille, le général peut permettre des sorties
extraordinaires d'un ou plusieurs jours.
A la fin du premier semestre, les élèves des deux divi-
sions subissent des interrogations générales qui donnent
lieu à un classement ; elles sont suivies d'un congé d'une
dizaine de jours coïncidant avec la deuxième quinzaine de
février. A la fin du deuxième semestre, les élèves de chaque
diwsi'in subissent devant les examinateurs spéciaux des
examens, soit pour le passage de la seconde à la première
division, soit pour la sortie de l'Ecole. Ces examens, au
nombre de cinq pour chaque élève, ont lieu a la fin de juin
et pendant le mois de juillet ; ils sont espacés à dix jours
d'intervalle. Lee élèves trop faibles peuvent n'être pas ad-
mis au passagede la première à la deuxième année, ou bien
de eelle-ci dans les services publics, l'our satisfaire aux
besoins actuels de l'artillerie, on requit, depuis iwtl), -itj.i
élèves environ: sur ces 265 élèves 80 [les petits chapeaux,
comme on les appelle à l'Ecole) font seulement une année
d'études a la fin de laquelle ils vont à l'Ecole d'application
do Fontainebleau avec le titre d' « élèves de l'Ecole poly-
technique détachés à Fontainebleau»; ils portent encore
l'uniforme des polytechniciens. Après un an à l'Ecole d'ap-
plication, ils sont nommés sous-lieutenants-élèves d'artil-
lerie un jour avant leurs camarades de promotion. A la fin
de leur seconde année d'application, ils sont envoyés dans
un régiment comme sous-lieutenants et ne passent lieute-
nants qu'après un an de service, c.-à-d. en même temps
que ceux de leur promotion.
Sortie. — Le classement de sortie a une importance
capitale, puisqu'il détermine le choix de la carrière ; les
carrières civiles ont la préférence ; elles se classent géné-
ralement ainsi dans le choix des candidats : mines, ponts et
chaussées, génie maritime, tabacs.
Le résultat du travail intérieur à l'Ecole est de modifier
profondément le classement d'entrée ; beaucoup d'élèves
perdent la place relativement favorable qu'ils y occupaient
tandis que d'autres, grâce à un travail acharné, gagnent des
rangs sur la liste. Stimulés par les interrogations conti-
nuelles, les élèves travaillent sans relâche. Ils savent que
leur avenir est entre leurs mains et dépend essentiellement
de leur énergie. Ce système élève beaucoup le niveau de
l'instruction. En revanche, il produit souvent du surme-
nage et l'on a vu nombre d'élèves en être victimes, soit
qu'ils tombent malades, soient qu'ils restent fatigués long-
temps après. De là les critiques dirigées contre cette mé-
thode. Un lui reproche aussi de ne pas tenir compte pour
la répartition des polytechniciens entre des services tort
divers, des aptitudes spéciales que chacun pourrait avoir
pour l'un plutôt que pour l'autre, le classement se faisant
d'après l'ensemble des notes et le rang sur la liste d'en-
semble déterminant seul la faculté du choix. Ces objections
sont graves, mais n'ont pu faire modifier un régime qui
donne de bons résultats.
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1
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Artillerie
Artillerie de marine.
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10
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134
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20
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8
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1
Constructions na-
Ponts et chaussées.
Manu factures de
Poudres et salpêtres
212
211
210
175
169
Les élèves admis dans les services civils passent deux
ou trois années à Paris dans une école d'application avec
le titre d'élève-ingénieur ; ils reçoivent en outre un brevet
de sous-lieutenant de réserve dans l'artillerie ou le génie.
Ceux qui sont classés dans l'artillerie de terre ou de mer,
ou le génie militaire sont nommés sous-lieutenants et pas-
sent en cette qualité deux années à l'Ecole d'application de
Fontainebleau avant d'entrer dans les corps de troupe.
Enfin ceux qui sont nommés dans la marine nationale y
entrent avec le grade d'aspirant de première classe. Les
élèves déclarés non admissibles dans les services pu-
blics et qu'on appelle à l'Ecole les fruits secs, suivent les
conditions de la classe de recrutement à laquelle ils appar-
tiennent par leur âge. Ils font en général leur troisième
année de service comme sous-olliciers; cela n'est pas en
droit. Ils sont du reste en très petit nombre, un ou deux
par année moyenne. Il y a en revanche de 15 à 20 démis-
sions parmi les élèves classés dans les services militaires.
Les démissionnaires se consacrent à l'industrie privée ou
aux carrières administratives (inspection des finances par
ÉCOLE
— 410
exemple) oii leur litre d'anciens élèves de l'Ecole pdytmh*
nique et l'instruction qu'il garantit les font rechercher île
pins en plus.
Le tableau de la page précédente indique comment dans
1rs six dernières années se sont répartie entre les divers
services les élèves sortis de l'Ecole polytechnique
Aux chiffres des deux dernières années il faut ajouter
les ho petits chapeaux pour aToir le nombre total d'élèves
sortant (dans l'artillerie). A. -M. 11.
Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr. — Dksti-
nation. — L'Ecole spéciale militaire, établie à Saint-Cyr
et ressortissant au ministère de la guerre, est destinée à
former des officiera pour l'infanterie, la cavalerie et l'in-
fanterie de marine. Elle leur donne une instruction théo-
rique et pratique, mais no leur confère ni monopole, ni
privilège.
Historique. — L'institution d'une école ou académie
militaire pour l'instruction des futurs officiers tut proposée
à partir du xvic siècle. Le cardinal de Richelieu créa à oet
effet, en 1636, une Académie royale pour la noblesse
et lui donna une subvention de 22,000 livres. Elle siégeait
rue Vieille-du-Temple et ne survécut guère à son fondateur.
Le collège, fondé par Mazarin en 1655, devait avoir ce
caractère, mais il ne put y arriver. Louvois voulut adjoindre
à l'Hrttel des Invalides une école militaire, mais dut se
contenter de créer neuf compagnies de cadets gentilshommes
qui furent casernées dans les places frontières. On les sup-
prima en 1693. Reconstituées en 1724, sur l'initiative de
Pâris-Duverney, elles furent de nouveau supprimées peu
après. C'est Mme de Pompadour qui fonda notre première
école militaire. Elle obtint, le 22 juin 1751, des lettres
patentes du roi pour cette école spécialement destinée aux
« fils de gentilshommes nés sans biens ou morts à la
guerre ». La favorite mit une véritable passion à réaliser
son projet qui dota Paris du majestueux édifice riverain du
Champ de Mars, auquel a été conservé ce nom d'Ecole
militaire. Les élèves, avant de prendre possession de ce
palais, furent casernes au château de Vincennes. Les diffi-
cultés budgétaires nuisirent à l'école nouvelle, quoiqu'on
eût, pour l'alimenter, mis un impôt sur les cartes à jouer
et établi une loterie spécialement affectée à ses dépenses.
Au 1er févr. 1776, Louis XVI supprima l'Ecole militaire
de Paris; les élèves furent réunis en compagnies de cadets,
2uelques-uns envoyés aux écoles de Mézières et de La Fère.
ependant, on voulut suppléer par la création d'écoles
militaires provinciales, et les collèges de Brienne, Sorèze,
Tiron, Rebais, Pont-le-Voy, Vendôme, Effjat, Pont-à-Mous-
son, Tournon et Beaumont reçurent des élèves venus de
Paris et durent devenir des académies militaires. Dès l'année
suivante, on rétablit à Paris une sorte d'école centrale
sous la forme d'une compagnie de cadets, qui fut recrutée
parmi les meilleurs élèves des écoles provinciales. On sait
que Napoléon, entré à Brienne à dix ans, en 1779, fut
envoyé à l'Ecole militaire de Paris, en oct. 1784. Mais
cette combinaison, qui donnait à l'école parisienne le rôle
de nos écoles d'application, puisqu'on en sortait officier
pour commencer le service actif, ne fut pas définitive.
Tous les élèves des diverses écoles militaires voulurent
venir à Paris, si bien que cette compagnie de cadets, qui
comptait d'abord le chiffre respectable de 200 élèves, s'uc-
crut jusqu'à en renfermer 700. La charge budgétaire rede-
venant trop lourde, on la supprima de nouveau en oct. 1787,
et on distribua les élèves entre douze écoles de province.
celles d'Auxonne et de Dole s'ajoutant aux précédentes.
La Révolution française et les guerres qui éclatèrent
bientôt eurent pour conséquence une organisation nouvelle.
On sentit le besoin d'une école militaire, d'autant plus
qu'une grande partie des officiers avaient émigré. Sur le
rapport de Barrère, le 13 prairial an II, la Convention
décida la création de VEcole de Marx. Cette école, destinée
à 3,000 jeunes gens imbus des principes démocratiques,
fut établie dans la plaine des Sablons, le long du bois de
Boulogne; les élèves campaient sous la tente. On leur
avait donné un uniforme : maillot, tunique bleu clair,
bonnet orné de plumes, pique, (in les <vn;;iit au maniement
des armes. L'Eook de Mais ne dura que quelque, mois et
lui dissonte par déeret do 4 brumaire an III 1 25 m t. 1794).
Le généra] Bonaparte, premier consul, qui plaçait la
carrière militaire au premier rang, se préoccupa <
niscr l'enseignement militaire supérieur. A cet effet, il
décida, le 1er germinal an Mil, la création de quatre est*
lèges militaires qui furent appelé.-, prytanéet frai,
établis à Paris, Fontainebleau, Saint-Cyr et Saint-Ger-
main. Le 10 floréal an X (1er mai 1802), il créa une
école d'un ordre plus élevé, l'Ecole spéciale militaire.
C'est celle qui existe encore aujourd'hui. Au début, elle
fut placée à Fontainebleau et reçut 500 élèves. Mais le
24 mars 1808 un décret impérial transfera l'Ecole de
Fontainebleau à Saint-Cyr. Le prytanée de Saint-Cyr fut
transféré à La Flèche. Cette double translation fut mo-
tivée par le désir qu'avait l'empereur de prendre le palais
de Fontainebleau pour en faire sa résidence. L'Ecole spé-
ciale militaire fut donc installée à Saint-Cyr, dans les
locaux du prytanée qui étaient ceux de la fameuse maison
royale fondée par Mme de Maintenon en 1086. Cette mai-
son d'éducation avait été supprimée en 1772, évacuée le
1er avr. 1793 et changée en hôpital, puis en succursale
de l'Hôtel des Invalides, et enfin en l'an 1800 affectée au
prytanée. Pendant toute la durée de l'Empire, l'Ecole spé-
ciale militaire fonctionna très irrégulièrement; les études
ne s'achevaient pas ; continuellement des réquisitions anti-
cipées réclamaient les élèves-officiers pour les besoins do
la guerre. C'est ainsi qu'en 1KIJ7, par exemple, l'Ecole fut
à peu près vidée. Ses élèves, formés en bataillons, se dis-
tinguèrent dans la campagne de 1814. Us combattirent
vaillamment à Montereau et à Nemours.
La Restauration, peu favorable à cette institution impé-
riale, prononça la dissolution de l'Ecole de Saint-Cyr. On
la réorganisa conformément aux idées de l'ancien régime,
avec le désir d'en taire une institution nobiliaire. On ne
réussit pas. L'Ecole prit peu à peu l'importance prépondé-
rante qu'elle a maintenant dans le recrutement des officiers
d'infanterie et de cavalerie. Les élèves rendirent en 1870
de grands services ; ceux de la seconde division firent après
la guerre une année d'études avec le grade de sous-lieute-
nant. Depuis lors, quelques changements ont été introduits,
surtout par le décret de réorganisation du 18 janv. 1882
et par celui du 25 nov. 1890.
Conditions d'admission. — Nul n'est admis à l'Ecole de
Saint-Cyr que par voie de concours. Pour se présenter à ce
concours, le candidat doit préalablement justifier : 1° qu'il
est Français ou naturalisé; 2° qu'il a eu dix-sept ans au
moins et qu'il en compte moins de vingt et un au 1er janv.
de l'année du concours. — Néanmoins les sous-officiers,
caporaux ou brigadiers et les soldats des corps de l'armée,
Agés de plus de vingt et un ans, ayant six mois de service
réel et effectif, étaient jusqu'en 1892 admis à concourir
pourvu qu'ils eussent moins de vingt -cinq ans ; cette tolérance
a été supprimée et subsistera seulement pour ceux qui ont,
en 1891, plus de vingt et un ans et dépasseront vingt-cinq
en 1895; c'est donc à cette date que la limite d'âge sera
abaissée à vingt et un ans pour la totalité des candidats.
Les candidats devront se faire inscrire, s'ils sont civils,
à la préfecture du département où ils étudient, et, s'ils sont
militaires, à la préfecture du département où ils sont en
garnison. Nulle inscription ne sera admise après cette
époque. Il est donc indispensable que les familles ou les
directeurs d'établissements d'instruction se mettent en
mesure de rassembler les pièces des dossiers assez à temps
pour que tout retard dans l'inscription des candidats soit
évite. Les élèves du Prytanée militaire sont seuls dispensés
de l'inscription. Les pièces à produire pour l'inscription
sont : 1° l'acte de naissance du candidat et l'acte de nais-
sance du père du candidat, revêtus des formalités prescrites
par la loi ; 2° un certificat du commandant de recrutement
de la subdivision territoriale, constatant, dans les mêmes
- 4H —
ÉCOLE
conditions que pour l'engagement volontaire, l'aptitude
réelle au service militaire : re certifiai constatera que le
candidat a été vacciné avec succès on a eu la petite vérole;
8* une déclaration écrite des centres de compositions et
d'examen choisis par le candidat ou par sa famille. Les
candidats militaires doivent produire les mêmes pièces,
moins relie qui est désignée au paragraphe 2. Us pro-
duisent, en outre, les pièces suivantes : 1° un état signa-
létique et des services renfermant, en sus des renseigne-
ments réglementaires, l'indication des périodes de mise en
subsistance dans d'autres corps: 2° une déclaration du
chef île corps indiquant que le candidat comptera, au
lr mil. de l'année du concours, six mois de service réel
et effectif sous les drapeaux ; •">" un certificat de bonne
conduite ; 4° un relevé des punitions.
I - i ar.didats non militaires ont la faculté de choisir
les villes dans lesquelles ils veulent subir leurs examens,
comme il est dit plus haut; mais, ces choix une fois faits,
aucun candidat ne sera autorisé à changer île centre d'exa-
men que pour des motifs -caves, avec pièces à l'appui, et
par dé) ision du ministre. Les candidats militaires ne peuvent
choisir comme centres de compositions et d'examen oral
que les \illes les plus rapprochées du lieu ou ils sont.
Les listes d'inscriptions sont closes le K> avril, c.-à-d.
environ deux mois avant les épreuves. Le concours est
public; il a lieu chaque année à Paris et dans certaines
villes spécialement désignées ; celles-ci sont plus nom-
breuses pour les compositions écrites que pour les épreuves
orales. Les compositions écrites se font simultanément
partout; par contre, les épreuves orales du second degré
ont lieu successivement dans les divers centres où la même
commission d'examen se transporte.
I >ncours est divisé en trois épreuves successives :
1° les compositions écrites: 2° l'examen du premier degré;
3° l'examen du second degré. Nul ne peut être admis aux
compositions, s'il ne justifie de la possession de l'un des
diplômes de bachelier es lettres, bachelier es sciences, bache-
lier de l'enseignement secondaire spécial. In avantage de
40 points est accordé aux candidats pourvus du baccalauréat
es lettres complet, accompagné du baccalauréat es sciences
ou du baccalauréat de l'enseignement secondaire spécial.
80 points sont accordés aux candidats possédant le baccalau-
réat es lettres complet. Knfin, un avantage de "20 points est
compté aux candidats pourvus île la première partie du bac-
calauréat es lettres, accompagnée de l'un des deux diplômes
de bachelier es sciences ou de bachelier de l'enseignement
secondaire spécial. Il n'est tenu compte de ces avantages
que pour l'admission seulement. Les candidats présentent
au moment de l'appel, au président de la commission de
surveillance" des compositions, le diplôme sans lequel ils ne
peuvent être admis à concourir (baccalauréat es lettres,
mréat es sciences ou baccalauréat de l'enseignement
spécial). Ceux qui possèdent les diplômes ou certificats don-
nant droit aux avantages énumérés ci-dessus présentent leurs
titres au président de la commission d'examen, au moment
reuves orales du second degré. Indépendamment des
épreuves mentionnées ci-dessus, les candidats en subissent
une autre pour la constatation de leur aptitude physique et
de leur habileté dans l'exercice del'équitation, de l'escrime
et de la gymnastique, qui toutes les trois sont obligatoires.
Les compositions comprennent : 1° Une composition
française de la force de la classe de mathématiques élémen-
taires (deuxième année : narration, discours, lettre, rapport,
ition). — 2° In thème allemand. Les caractères
allemands seront employés pour l'écriture de ce thème, qui
sera fait sans l'aide de lexique ni de dictionnaire; le texte
sera accompagné, s'il e,t nécessaire, de quelques indica-
tions pour les mots et les tournures qui sortiraient de la
pratique usuelle. Une version allemande autographiée. —
3° Une composition mathématique comprenant des pro-
blèmes de force graduée. — 4e l'n calcul logarithmique,
résolution de triangle (on se servira des tables a sept
décimales). Les candidats ne pourront se présenter qu'avec
une table de logarithmes à sept décimales, tout autre
secours leur étant formellement interdit; cette épreuve est
obligatoire. On ne peut s'en dispenser sous peine d'ex-
clusion.— 5° l.e tracé d'une épure de géométrie descriptive
d'après des données numériques simples, et dont le sujet
sera pris dans la géométrie descriptive. — (>" lin dessin
au crayon qui sera, selon la désignation qui en sera faite
aux candidats par une insertion au Journal officiel un
mois avant le commencement des compositions, un buste,
un torse, ou une académie a représenter d'après la bosse
(collection des modèles des lycées et collèges). — 7° La copie
ombrée d'un paysage ; quiconque ne tait pas au moins
l'esquisse est exclu. — 8° Un lavis à teintes plates et à
teintes fondues, exécuté à l'encre de Chine. — Les can-
didats dont les notes de compositions, multipliées par
leurs coetlicients respectifs, formeront une somme infé-
rieure a une limite déterminée seront éliminés avant les exa-
mens du premier degré. Cette limite sera fixée tous les ans, par
le ministre, sur la proposition de la commission des exami-
nateurs d'admission présidée par le directeur de l'infanterie.
Examen du premier degré (admissibilité). L'examen
oral du premier degré décide de l'admissibilité, concur-
remment avec les compositions dont il est le complément. 11
porte sur l'ensemble des connaissances exigées, à l'exception
toutefois de l'allemand, sur lequel les candidats ne seront pas
interrogés. Les points obtenus à cet examen sont additionnés
avec les points obtenus pour les compositions. Les candidats
dont la somme des points ainsi obtenue sera inférieure à une
limite qui sera fixée chaque année, comme il a été dit ci-
dessus pour les compositions, seront éliminés et ne pourront
prendre part aux épreuves du second degré. Les candidats
qui auront satisfait aux conditions imposées recevront un
certificat d'admissibilité, sur la présentation duquel ils
seront admis à subir l'examen du second degré.
Examen du second degré (admission). L'examen oral
du second degré sert, concurremment avec les compositions
et les notes obtenues pour l'aptitude physique, à déterminer
le classement, par ordre de mérite, des candidats admis-
sibles. Il n'est pas tenu compte, pour ce classement, des
notes de l'examen oral du premier degré.
Tableau des coefficients. Les coetlicients sont fixés
ainsi qu'il suit, tant pour les compositions que pour les
examens oraux et l'aptitude physique :
1° Compositions.
1° Composition française 16
2° Composition mathématique et calcul loga-
rithmique 14
3° Epure
4° Dessin d'imitation
S0 Lavis à l'encre de Chine
(i° Thème allemand
7° Version allemande
Total
2° Examen du 1er degré.
1° Physique, mécanique, cosmographie, topo-
graphie
2° Algèbre, géométrie, géométrie descriptive
et cotée, trigonométrie, applications de
l'algèbre à la trigonométrie et à la
géométrie 10
3° Histoire et géographie 10
Total ~3ÏÏ
Somme des coefficients pour l'admissibilité. .
3" Examen du 2e degré.
/ Histoire 14
I Géographie 14
Allemand 10
[ Anglais (facultatif) 2
Total "iô
A reporter
(i
3
2
8
_A
53 53
10
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Lettres.
40
123
ÉCOLE
- 412 -
Sciences. .
Déport ,
Algèbre
Trigonométrie rectiligne
v Géométrie . .
' Géométrie de
123
escnpbve el cotée
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Aptitudephy-S ^ui.tation
' Escrime . .
sique
III
6
10
10
Applications <le l'algèbre .... 10
Mécanique 10
Cosmographie et topographie. 10
Physique 10
Total ~76 76
4° Aptitude physique.
2
3
3
h" h
207
(iyninasti«|iie
Total
Somme des coefficients pour l'admission ....
Le programme d'histoire comporte l'histoire de l'Europe
depuis Henri IV jusqu'à nos jours; celui de géographie, la
géographie universelle. Ces programmes ont été rapprochés,
autant que possible, du programme d'enseignement des
lycées, pour éviter que les candidats ne se croient obligés
à se donner une préparation trop spéciale et nuisible par là
même à leur éducation intellectuelle. Les candidats doivent,
avant toutes choses, faire preuve de connaissances géné-
rales et réfléchies en histoire et en géographie. L'examen
ne porte pas sur les menus détails de l'histoire des guerres.
Pour éviter l'abus en cette matière, le programme, dont le
caractère est limitatif, désigne, pour l'histoire, les hommes
de guerre et les actions militaires, et pour la géographie,
les régions stratégiques, qui doivent èlre l'objet d'une étude
plus attentive. Partout ailleurs ce sont les connaissances
générales qui sont requises. Pour la langue allemande, on
demande de faire quelques lignes de thème au tableau, de
lire l'écriture usuelle allemande, d'expliquer un texte à livre
ouvert, enfin de converser en allemand. Les programmes de
mathématiques, de physique, cosmographie, sont à peu près
ceux de la classe de mathématiques élémentaires.
Après la clôture des examens, le ministre nomme les
élèves, conformément à la liste de classement général dres-
sée par un jury spécial (un général de division président,
un des sous-chefs de l'état-major de l'armée, le chef du
cabinet du ministre de la guerre, les directeurs de l'infan-
terie et de la cavalerie, les examinateurs d'admission. C'est
dans le courant du mois d'octobre que la liste est publiée.
Le chiffre des dernières promotions a été de 450 élèves.
Régime intérieur. — La durée des études est de deux
années. L'Ecole est un internat soumis au régime militaire.
Les élèves doivent payer une pension de 1,000 fr. et
fournir un trousseau de 000 à 700 fr. Des bourses, demi-
bourses, trousseaux ou demi-trousseaux peuvent èlre
accordés aux candidats de famille peu aisée. Après l'ad-
missibilité à l'épreuve orale du premier degré, on rédige la
demande qu'on adresse au préfet en l'accompagnant d'un
engagement de rembourser le montant des frais de pension
et de trousseau accordés, dans le cas où l'élève ne servirait
pas au moins dix ans dans l'armée (y compris le temps
passé à l'Ecole). Le préfet consulte le conseil municipal
dont il joint l'avis, avec le sien, à la demande; il transmet
le tout au ministre de la guerre avant le l'T sept. — Tout
candidat nommé élève qui ne se présente pas au comman-
dant de l'Ecole dans le délai fixé par sa lettre de nomination
est regardé comme démissionnaire. — Nul ne peut être admis
s'il n'a au moins la taille de lm54, exigée par la loi sur le
recrutement de l'armée, ou s'il se trouve dan* un des cas
de réforme prévus par les ordonnances et règlements sur le
recrutement de l'armée. En conséquence, les élèves, à leur
arrivée à l'école, sont soumis à une contre-visite des officiers
de santé. — Les élèves non militaires doivent contracter un
engagement volontaire de trois, quatre ou cinq ans avant
leur entrée à l'Ecole. Ceux d'entre eux qui n'auraient pas
atteint l'âge de dix-huit ans au moment de leur entrée à
i'Ecok devront contracter le même engagement dès qu'ils
:illl < • II t atteint | el ;i(>e.
Nul ne peut, d'ailleurs, être reçu a l'Ecole s'il ne produit
un récépia é, oïl do receveur gênerai de Seine-et-Oise,
soit d'un receveur gênerai on particulier d'un autre dépar-
tement, constatant qu'il a payé le prix du trousseau ou
demi-trousseau, et s'il ne remet au général commandait!
I Ecole une promesse sous seing prive par laquelle ton
père, sa mère ou son tuteur s'engage a verser dans la
caisse du receveur général du dép. de Seine-et-Oise on de
tout autre receveur général ou particulier, par trimestre
et d'avance, le montant de la pension, si l'élève est pen-
sionnaire, ou de la demi-pension, s'il a obtenu une demi-
place gratuite. Cette promesse, qui doit être légalisée par
le maire ou par le sous-préfet, sera faite par l'élève lui-
même s'il est majeur ou s'il jouit de ses biens. Les élevés
dont le père ou le tuteur ne réside pas à proximité de Saint-
Cyr doivent, en outre, avoir un correspondant dûment
accrédité auprès du général commandant l'Ecole. Tout
élevé verse le jour de son entrée à la caisse de l'Ecole une
somme de 75 fr. Cette somme constitue le fonds de son
compte particulier; elle pourvoit aux remplacements ou
réparations des objets perdus ou détériorés. L'élève qui, en
deuxième année, est admis dans la section de cavalerie,
fait un versement complémentaire de 23 fr. Chaque élève,
en quittant l'Ecole, reçoit l'excédent de son compte, ou
rembourse le déficit s'il y a lieu.
Les élèves sont formés en bataillons et compagnies pour
l'instruction militaire ; pour l'enseignement, ils sont repartis
par année d'étude en divisions et sections selon la nature des
cours et l'ordre des études. Le bataillon de Saint-Cyr, re-
nommé pour la perfection de ses évolutions, porte le nom
de premier bataillon de France; il défile en tête dans les
revues; dans les prises d'armes, il occupe la droite de l'ar-
mée. Les sous-officiers et caporaux sont pris parmi les élèves;
ils portent les insignes de leur grade. Le régime militaire au-
quel les élèves sont soumis exige que tout supérieur trouve
dans ses subordonnés une obéissance passive; la discipline
est rigoureuse à Saint-Cyr ; les infractions sont rares. Les
sergents-majors sont chargés de tous les détails de la police
et de la discipline de leurs compagnies respectives ; ils ont,
pour les seconder, des sergents, un fourrier et des caporaux.
Les cours d'études de l'Ecole militaire se divisent ainsi
par année : Première aimée (deuxième division) : géométiie
descriptive (13 leçons) ; physique et chimie (52 leçons):
géographie, statistique militaire (31 leçons): littérature
(32 leçons) ; histoire (42 leçons) ; allemand, 2 conférences
par semaine. — Deuxième année (première division) :
topographie (13 leçons) ; fortification (27 leçons) ; artillerie
(11 leçons); art et histoire militaires (comprenant la tac-
tique et la stratégie (32 leçons) ; législation et administra-
tion militaires (22 leçons); hygiène militaire (conférences)
(5 leçons). En principe, la moitié de la journée est con-
sacrée à l'instruction générale et l'autre moitié à l'enseigne-
ment militaire comprenant les théories et les exercices.
Les récompenses sont les permissions de sortie, la no-
mination à la première classe elles promotions aux grades
de caporal et de sous-officier. Les élèves proposés pour la
première classe ou les différents grades sont choisis parmi
ceux places dans la première partie de la liste du classement
effectué à l'Ecole. Les permissions ne doivent être accor-
dées que tous les huit jours aux sous-officiers, tous les
quinze jours aux caporaux et élèves de première classe et
tous les mois aux autres élèves. Les punitions sont la
consigne à l'étude, ou le peloton de punition pendant la
récréation; la privation de sortie; la salle de police: le
blâme devant le bataillon ou la mise à l'ordre du jour ; la
perte de la première classe : la suspension ou la cassation
ilu grade ; la prison a l'Ecole ou a la prison militaire de
Pans. Le décret du 30 sept 1853 avait organisé à Saint-Cyr
uni' section de cavalerie. Elle a été réorganisée par le dé-
cret du 18 janv. 1882. Désormais tous les élèves sont fan-
tassins, mais tous prennent des leçons d'équitation. Pour le
- 113 —
ÉCOLE
iiffuiiwi dans l'aima de la cavalerie, le décret du 18 nov. 1 890
a décidé que les élèves de -" division »|ui désirent entrer
dans la cavalerie soient examinés par une commission d'offi-
ciers de cavalerie désignés par le ministre (on général de
brigade président, un colonel, un lieutenant-colonel el l'offi-
cier supérieur, directeur îles exercices «le cavalerie). Cette
i mssun se borne a constater l'aptitude générale au ser-
vice de la cavalerie sans taire de classement. Les examens
ont lieu au plus tard dans la semaine qui précède le congé
de Pâques. Les élevés reconnus aptes au service de la cava-
lerie sont classes entre OUI dans l'ordre du classement
-encrai qui a lieu à Piques entre tous les élevés de la même
promotion. La liste d aptitude arrêtée et signée par les
membres de la commission, est adressée au ministre, qui
fixe en raison des besoins présumés de l'arme, le nombre
de. élevés à admettre dans la cavalerie. Les élèves ainsi
mes suit immédiatement verses dans la section de ca-
valerie, lue t'ois classé dans la section de cavalerie, un
élève ne pourra être rave que pour cause d'infirmités qui
le rendraient impropre au service de l'arme. On avait
remarque que les élèves de la section de cavalerie négli-
Î paient souvent le travail scientifique. Le nouveau système
■ ut le monde a travailler, puisqu'il faut obtenir un
certain rang au classement de sortie pour pouvoir choisir.
Elèues étrangers. On admet chaque année à l'Ecole mi-
litaire, sur leur demande appuyée par leur agent diploma-
tique, quelques élèves étrangers, une dizaine tout au plus;
la plupart sont Arabes. Algériens, Roumains, Turcs, etc.
Sortie. — Chaque année, au mois de juillet, l'inspection
générale est laite par un général de division désigné à cet
èllet. Elle se termine du lo au "Î0 juil. Aussitôt après
l'inspection générale, les examens ont lieu pour les deux
divisions, el au fur et à mesure que les élèves ont terminé
les épreuves ils quittent l'Ecole; ceux de première année
sont en vacances jusqu'au H nov. ; ceux de seconde année
attendent qu'on les classe dans l'armée active et qu'on les
informe de leur destination. Les examens de sortie donnent
lieu à un classement par ordre de mérite. Les élèves choi-
nasenl les régiments dans lesquels ils veulent servir, et les
places vacantes leur sont attribuées selon leur demande et
l'ordre du classement. — L'usage s'est établi à Saint-Cyr
de designer chaque promotion par le fait militaire ou poli-
tique le plus saillant qui s'est produit durant la première
année de séjour a l'Ecole. C'est ainsi que la promotion de
1891 prit le nom de « promotion deCronstadt ».
Ecole d'application de l'artillerie et du génie
de Fontainebleau. — Df.mination. — L'Ecole d'appli-
cation de l'artillerie et d i génie est destinée à donner aux
élèves provenant de l'Ecole polytechnique jugés aptes àservir
dans les armes de l'artillerie de terre ou de la marine et dans
l'arme du génie, l'instruction militaire et technique qui leur
est nécessaire. Elle est régie par un décret du 28 oct. 188 1 .
HisTORii.ii t.. — Les institutions dont est issue l'Ecole
d'application de l'artillerie et du génie remontent au règne
de Louis XIV. En 1 tiS-2, Louvois organisait neuf compagnies
de cadets d'artillerie à Tournai, Cambrai, Valenciennes,
Mrasbourg, Longwy, Besancon, Charlemont, Brisach et
Metz. On y recevait des élèves de quatorze à vingt-cinq ans,
•■>, nourris, recevant une solde de 10 sous par jour.
On leur enseignait l'école d'intanterie plutôt que l'artillerie.
Ln HJ98, on établit à Douai une véritable école d'artillerie.
Elle fut licenciée bientôt et on en institua deux autres à
Hetz et à Strasbourg. D'ailleurs, en temps de guerre, ces
écoles disparaissaient, les cadets faisant campagne. Sous le
_:ie de Louis XV, on créa trois nouvelles écoles d'artillerie
à La Eère, a Grenoble et à Perpignan. L'enseignement
avait dans les cinq écoles un caractère a la lois théorique
et pratique. En 1 772, on établit a Douai une école de cadets
d'artillerie; on la supprima en 1779. On la rétablit en 1790
à Ch&lons-sur-Marne, niais elle disparut dans la Révolution
française. Rétablie par décret du 27 prairial an X, die fut
l'année suivante réunie a celle du génie qui était placée à
Metz. — Le corps du génie créé par Louvois eut dès l'ori-
gine un caractère scientifique. On n'y était admis (à partir
de 1703) qu'après un examen. En 1748, d'Argenson décida
la création d'une croie du génie. l'Ile Fut établie à Mézières
et s'acquit promptement une grande réputation. C'est une
des origines de V Ecole polytechnique (Y. ce S). Les élèves
de l'Ecole de Mézières, logés aux Irais de l'Etat, avaient
une solde annuelle de 60d livres. Les promotions étaient
d'une dizaine d'élèves âgés de dix-huit a vingt-sept ans.
L'artillerie et le génie ayant été momentanément réunis de
IT.'ii'i à 17,'iS, durant celle période les élèves passèrent
d'abord une année a La Fore; les meilleurs seuls furent
ensuite envoyés à Mézières. Les abbés Bossut et Mollet y
portèrent assez haut le niveau de l'enseignement; en 4775,
le célèbre Monge y débutait comme répétiteur pour devenir
professeur de physique. L'ordonnance de déc. 177(> donne
aux élèves de l'Ecole de Mézières le rang de sous-lieutenant
d'infanterie. L'Ecole subsista pendant la Révolution fran-
çaise. Elle fut transférée à Metz par lo décret consulaire qui
la réunit à l'Lcole d'artillerie. Au moment de l'organisation
de l'Ecole polytechnique, on avait décidé que cette école
prendrait le caractère d'école d'application (V. le § Ecole
polytechnique). C'est après les désastres de 1870 et la
perte de Metz que l'Ecole fut transférée à Fontainebleau.
Conditions d'admission. — Les élèves de l'Ecole polytech-
nique admis à l'Ecole d'application de Fontainebleau et
nommés sous-lieutenants sont pourvus de l'emploi de sous-
lieutenant-élève. Leur ancienneté de grade date Ju jour
fixé par le décret de nomination; ils prennent rang entre
eux d'après le numéro de mérite qu'ils ont obtenu aux
examens de sortie de l'Ecole polytechnique. — Lorsque les
élèves sont envoyés à l'Ecole d'application avant d'avoir
accompli à l'Ecole polytechnique les deux années exigées
par la loi, ces élèves ne sont nommés sous-lieutenants
qu'après l'expiration du temps voulu. Leur qualification est
celle d'élèves d'artillerie ou du génie et ils continuent à
porter l'uniforme de l'Ecole polytechnique. — Le ministre
de la guerre fait parvenir chaque année au général com-
mandant l'Ecole d'application l'état nominatif des sous-
lieutenants-élèves désignés pour cette école et fixe l'époque
à laquelle ils devront y être rendus. Il joint à cet état le
signalement de chacun d'eux, leurs notes et leur classement.
Régime intérieur. — Personnel. L'Ecole est commandée
par un général de brigade (alternativement choisi dans
l'artillerie et dans le génie) ayant sous ses ordres un colonel
ou lieutenant-colond, directeur des études; un chef d'esca-
dron d'artillerie et un chef de bataillon de génie, char-
gés de la direction de l'instruction spéciale de leur arme;
des capitaines instructeurs des deux armes, à raison d'un
par in élèves; un médecin principal, un médecin-major de
2e classe, un vétérinaire. Le personnel militaire comprend
encore les professeurs et professeurs adjoints, sauf ceux de
dessin. Il y a de plus un personnel civil d'administration.
11 a été établi à i'Ecole un conseil supérieur, un conseil
d'instruction et un conseil d'administration.
Les élèves restent deux ans à l'Ecole; ils sont classés
en deux divisions, la première étant formée des élèves qui
suivent les cours de deuxième année; la seconde, des
élèves nouvellement admis. Les sous- lieutenants-élèves
jouissent de tous les privilèges attachés à leur grade et sont
tenus de remplir tous les devoirs que les lois, décrets et rè-
glements imposent aux officiers de l'armée. Ils doivent en
outre se conformer aux règles de discipline spéciales à l'Ecole.
L'instruction qui est donnée aux élèves comprend : 1 ° l'ins-
truction commune aux armes de l'artillerie et du génie ;
2° l'instruction spéciale à chacune d'elles. Les programmes
sont arrêtés par le ministre de la guerre.
L'instruction commune aux deux armes a pour objet :
1° l'étude des règlements militaires, les manœuvres de
l'infanterie, de cavalerie et d'artillerie ; 2° l'étude de l'ar-
tillerie; 3° l'art militaire, la fortification passagère, l'admi-
nistration et la législation militaires; i" la fortification
permanente, l'attaque et la défense des places; 5° la topo-
graphie ; 6° l'application des sciences physiques et chimiques
ÉCOLE
- 414 -
aux arts militaires : 7 L'application de la mécanique aux
mpfthinM ; s1 1 'architecture et Lea constructions militaires ;
9° la langue allemande ; 10° L'hippiatrique el L'équitation ;
11" les travaux pratiques des deux armes, l'eserime et la
natation.
L'instruction spéciale pour les élèves de l'artillerie com-
prend: I" «les théories sur les manœuvres s pied et •>
cheval de l'artillerie ej le service des bouches à feu ; - le
levé el le tracé des bouches a feu, des affûts si dos Nui—
turcs ; il" des projets de bouches a feu.
L'instruction spéciale pour les élèves du génie comprend :
I" les théories d'infanterie ; i" une étude détaillée de for-
tification permanente en terrain varié ; ;$'' l'étude de l'amélio-
ration d'une place de guerre existante; 4e l'exécution des
opérations trigonomôtrurues.
Les cours sont rédiges par les professeurs; ils sont
ensuite lithographies ou imprimés pour faciliter L'instruc-
tion des élèves.
Le ministre de la guerre peut autoriser sur leur demande
des officiers d'artillerie et du génie provenant de la classe
des sous-ofliciers à participer a l'instruction qui se donne
à l'Ecole de Fontainebleau.
Sortie. — 11 est formé chaque année un jury d'examen
pour procéder au classement de sortie des élèves de la
première division (seconde année). Ce jury est composé
d'un général de division, deux généraux de brigade, quatre
officiels supérieurs, lesquels sont désignés par le ministre
de la guerre ; ces examinateurs se divisent en deux sections
fonctionnant simultanément (artillerie et génie), sous la
haute direction du général de division, président du jury.
Les élèves de deuxième division (première année) ne sont
déférés au jury d'examen que s'ils n'ont pas satisfait à
l'interrogation générale que les professeurs de l'Ecole leur
font subir sur chaque cours. Dans ce cas, c'est le jury
d 'examen qui décide s'ils peuvent passer en première
division ou doivent être classés à la suite de la nouvelle pro-
motion. Lejury arrête leclassement de passage de la deuxième
à la première division. Il arrête de même le classement des
élèves des deux armes de la première division, à la suite
d'un examen oral ou les questions sont tirées au sort. Ce
classement règle définitivement l'ordre d'admission dans
les services de l'artillerie ou du génie. Les sous-lieute-
nants-élèves de l'une ou l'autre division, qui, par suite
de maladies graves ou autres empêchements, régulièrement
constatés, se sont trouvés dans l'impossibilité d'acquérir
l'instruction suffisante, peuvent être autorisés par le mi-
nistre de la guerre, sur les propositions du commandant
de l'Ecole et du jury d'examen, à redoubler leur année
d'études avec la promotion suivante et à concourir avec
elle. Ceux qui n'ont pas satisfait aux examens de passage
ou de sortie peuvent être également autorisés à redoubler
leur année d'études. Si celte autorisation n'est pas accordée,
ils sont mis en non-activité par suspension d'emploi el
laissés à la disposition du ministre de la guerre. Dans
aucun cas, un élève ne peut rester à l'Ecole plus de trois
années. A. -M. B.
Ecole d'application de cavalerie de Saumur. —
Destination. — L'Ecole d'application de cavalerie est ins-
tituée en vue: 1° de perfectionner l'instruction d'un certain
nombre de lieutenants de cavalerie et d'artillerie, de lieu-
tenants et de sous-lieutenants du génie désignés pour en
suivre les cours ; 2° de compléter l'instruction des élèves
de la section de cavalerie de l'Ecole spéciale militaire ; H° de
perfectionner et d'uniformiser l'instruction des sous-officiers
de cavalerie reconnus susceptibles d'être nommés sous-lieu-
tenants; 4° de compléter l'instruction technique des aides-
vétérinaires stagiaires nouvellement promus, de leur ensei-
gner l'équitation et de les initier au service régimentaire.
11 est ainsi formé à l'Ecole de Saumur les catégories
d'élèves suivantes : division d'officiers d'instruction de cava-
lerie, d'artillerie el du génie; division d'offieiers-élèves;
division de sous-olficiers élèves-officiers; division d'aides*
vétérinaires stagiaires.
L'Ecole reçoit en outre : 1" îles élrw-s.télégraphiktes qui
riennenl l'exercer u maniement des appareils de télé
plue el .trique optique; ±' des élews-iiianiliam f.-rrants
provenant des corps de troupes a cheval. — Enfin, une
école de dn I annexée.
HisioiiioiE. — L'Ecole de cavalerie de Saumur remonte
au règne de Louis 5Y. SU a été créée sa 177t. Déjà une
Ordonnance du i\ août I7*ii a\ail institué quatre écoles
d'équitatioo à Metz, Douai, Angers si Besaacjsn. Elles dis-
parurent bientôt, mais sept ans après on en rétablit une à
Saumur et OO lui consacra la caserne édifiée en I7IJ8 |«wr
les carabiniers de Monsieur. Sous le règne de Louis XVI,
l'Ecole de Saumur lut supprimée faute d'argent, La
Convention rétablit les écoles de cavalerie par la loi du
7 vendémiaire an V i"27 sept. 1796). Il y sa avait trois, à
\ ersailles, à Lunéville et a Angers. G-s écoles lurent comme
toutes les autres écoles militaires victimes du régime im-
périal qui fis empêchait de fonctionner en les épuisant
d'élèves réquisitionnes pour la guerre avant d'avoir ter-
miné ou iiieiue avancé leur instruction. En ÎKIJ!), il n'en
restait plus qu'une, celle de Versailles, qui fut transférée
a Saint-Germain. On ne lui donnait que le caractère d'une
école d'application réservée aux élèves sortant de Saint-
Cyr. Elle ne fonctionna guère. La Restauration la transféra
a Saumur (M juil. 181 i) et lui rendit son caractère
primitif en y admettant concurremment les officiers et les
sous-officiers. Une révolte eut lieu en f 8"22 pour des motifs
politiques. L'Ecole fut dissoute. L'année suivante, on La
réorganisa à Versailles, mais seulement à titre d'Ecole
d'application pour les sainb-cyriens. Le défaut de ce sys-
tème parut être le suivant : les recrues des régiments de
cavalerie sont instruites non par les officiers, mais par les
sous-officiers. C'est donc à ces derniers qu'il faut inculquer
les principes uniformes qui donneront à l'instruction de
la cavalerie française un caractère homogène. Aussi, dés |,.
10 mars 1823, on ramène l'Ecole à Saumur et on y établit
à côté de la section d'officiers sortant de Saiut-Cyr des
escadrons de sous-officiers instructeurs. Cette organisation
a été modifiée à diverses reprises et, en dernier lieu, par le
décret du 25 mai 1883 qui régit encore l'Ecole. Les change-
ments introduits depuis sont secondaires.
L'Ecole de cavalerie de Saumur occupe encore ses bâti-
ments du xviu9 siècle ; à l'aile droite sont les officiers ; à
l'aile gauche les sous-officiers élèves-officiers ; devant
l'Ecole se développe, jusqu'à la Loire, le champ de ma-
nœuvres appelé leChardonnet; des deux cotés les annexes,
écuries, manèges, magasins à fourrages, etc.
Organisation générale. — En raison de la nature par-
ticulière de l'Ecole de Saumur qui réunit des catégories
d'élèves d'origine et de destination diverses, recevant des
enseignements différents, nous nous écarterons un peu
du plan suivi pour les autres écoles et nous étudierons
d'abord l'organisation générale et les conditions communes
à toutes les divisions d élèves.
Le cadre constitutif de l'Ecole comprend un gênerai de
brigade ou colonel, commandant ; un colonel ou lieutenant-
colonel, commandant en second; un major, quatre capi-
taines, deux adjudants-majors, un trésorier, un capitaine
d'habillement, deux lieutenants ou sous-lieutenants, sept
commis civils d'administration: les exercices militaires sont
diriges par un chef d'escadrons, instructeur en chef, et neuf
capitaines instructeurs; l'equitation, par un chef d'es.a-
drons, instructeur en chef; cinq capitaines instructeurs,
quatre lieutenants ou sous-lieutenants, sous-instructeurs.
L'enseignement gênerai est dirigé par un chef d'escadrons,
directeur des études et professeur d'art militaire et de topo-
graphie; un capitaine, sous-directeur des études et pro-
fesseur adjoint d'art militaire et de topographie: un capitaine
ou lieutenant, professeur d'histoire et de géographie mili-
taires : un capitaine, professeur de fortification et de sciences
appliquées à l'art militaire; un capitaine, professeur d'alle-
mand; un professeur do télégraphie. Une batterie d'artille-
rie a cheval est détachée tous les ans a Saumur pendant
— 413 —
ÉCOLE
trois mois pour l'instruction «les élèves de l'Ecole. Le cours
d'artillerie est tait par les officiers de cette batterie. Des
otlieiers d'instruction, quelle que soit leur arme, ou des otli-
ciei-s-elèves pcuvenl être choisis pour seconder le profes-
seur. Les cadres comprennent, de plus, trois médecins,
trois vétérinaires, des sous-otliciers et hommes de service.
Les hommes de troupe des diflerentes catégories existant
a k'Eoole de Saiimur sont repartis dans deux escailrons
places chacun sous les ordres d'un des capitaines faisant
fonction d'adjudant-major. I.e premier escadron est com-
posé «les elèvesoili. iors. des ordonnances des lieutenants
d'instruction, des chevaux des lieutenants et de ceux des
eleves-otliciers: le second escadron est compose des élèves-
m.uechaux ferrants, des elèves-telegraphistes, des chevaux
, d'armes de l'Ecole et des clie\aux des télégraphistes.
Suis entrer dans le détail du personne] secondaire (ma*
. escrime, télégraphie, maréchalerie, ateliers, etc.),
imus dirons que l'Ecole dispose pour son service, non seu-
lement des che\ aux de manège, de carrière, d'armes et de
•MtrgOB de son effectif normal, des chevaux desoliiciersdu
cadre, mais encore des chevaux de l'école de dressage (200
environ) et des chevaux d'armes amenés par les élèves de
toute nature (officiers d'instruction, sous-officiers, élèves—
effieiers et èlèves'télégraphistes.
In conseil d'instruction présidé par le commandant de
l'Ecole et compose du commandant en second, du directeur
des études, de l'instructeur en chef d'exercices militaires,
de l'instructeur en chef d'équitation et de trois capi-
taines (un professeur, un instructeur d'exercices militaires,
un instructeur d'équitation), est chargé de la haute direc-
tion de renseignement et de rétablissement de programmes
détaillés. Il émet des avis sur tout ce qui concerne les mé-
thodes d'instruction et le service de l'L'cole. Les matières
d'enseignement ainsi que les exercices pratiques sont indi-
qués dans des programmes arrêtés par le ministre. Les
otlieiers d'instruction de la cavalerie, de l'artillerie et du
peine, et les soiis-olliriers élèves-ofticiers continuent de
compter dans les corps de troupe auxquels ils appartiennent
au moment de leur entrée à Saumur.
Nous exposerons séparément les données relatives aux
officiers et el'ves-officiers de cavalerie qui forment le noyau
de l'Ecole de Saumur et ceux relatifs aux services annexes
des aides-vétérinaires, télégraphistes, maréchaux ferrants.
Tous les officiers célibataires et les sous-otiieiers vivent en
mess. | es m ss sont au nombre de trois : le premier est
affecté aux otlieiers du cadre, aux lieutenants d'instruction
de cavalerie, aux lieutenants et sous-lieutenants d'artil-
lerie et du génie et aux olliciers-élèves. Le deuxième est
attribue aux aides-vétérinaires stagiaires. Le troisième aux
sous-otlieiers du cadre et aux élèves-officiers. Ces mess
ont des salles de café indépendantes de leurs salles à manger.
Chacun d'eux est géré par un entrepreneur civil soumis
au dépôt d'un cautionnement et a des obligations détermi-
nées par un règlement spécial. Des commissions de sur-
vedlance veillent à l'exécution des règlements.
4° ÉCOLE DE CAVALERIE. — Conditions d'ahmis-
sion. — Officiera 'l'instruction île cavalerie. Les officiers
d'instruction de cavalerie sont designés par le ministre sur
la présentation des inspecteurs généraux qui les choisissent
parmi les lieutenants comptant au moins un an de grade au
ai dec. de l'année de leur entrée à l'Ecole.
Officier* d'instruction d'artillerie et du génie. Des
lieutenants d'artillerie ainsi qu'un certain nombre de lieu-
tenants et sous-lieutenants du génie sont envoyés à Saumur
dans le but d'acquérir les connaissances équestres irai leur
sont nécessaires comme instructeurs d'équitation. Ils sont
en outre initiés a la tactique et a l'emploi de la cavalerie.
Ces officiers font l'objet d'un classement spécial.
Officiers-élèves. Les officiers-élèves provenant de la
section de cavalerie de l'Ecole de Saint-Cvr sont envoyés
a Saumur dans le but d'y compléter et perfectionner leur
instruction équestre et militaire. — On adjoint à cettedivi-
sion les sous-lieutenants de corps de troupes à pied venus
dans l'arme de la cavalerie à la suite de permutations. — Les
sous-lieutenants promus à ce grade pour faits de guerre ou
toute autre cause exceptionnelle, sans avoir préalablement
suivi les cours des élèvrs-olliriors, doivent être autorisés à
suivie les cours de la première division d'olliciers-élèves
qui entrent à l'Ecole après leur promotion. Ils l'ont l'objet
(l'un classement spécial, mais une mention particulière
indique, pour mémoire, le numéro qu'ils auraient pu ob-
tenir dans le classement général do cette division.
Sous-officiers élèues-officiers. Les sous-officiers élèves-
officiers sont envoyés à Saumur à la suite des propositions
îles chefs de corps ou de service (V. plus bas les §§ Ecole
de Saint-Maiocent et Ecole de V artillerie et du génie)
et d'un concours subi dans les conditions déterminées par
le ministre de la guerre.
Régime ihtébieob. — La durée des cours est de onze mois.
Le personnel du cadre (professeurs, instructeurs) porte
l'uniforme de l'Ecole : dolman bleu noir, collet bleu clair,
pantalon rouge à bandes bleu clair, képi rouge à bande bleue.
Les officiers d'instruction conservent la tenue de leur
corps. Les olliciers-élèves ont l'uniforme de l'Ecole sans
les aiguillettes. Les sous-olliciers élèves-officiers portent
la tenue de maréchal des logis de leur corps, sauf des insi-
gnes distinctifs déterminés par règlement ministériel (tresse
mi-partie argent et rouge sur les manches). Les otlieiers
et sous-officiers élèves-officiers font usage pour les exercices
équestres de la tenue de manège sans le chapeau à l'écuyère.
L'enseignement donné aux otlieiers d'instruction de cava-
lerie a pour but de perfectionner leur instruction équestre et
militaire, et de les initiera tout ce qui concerne la conduite
et l'emploi de la cavalerie. Les matières de cet enseigne-
ment sont : 1° les règlements d'exercice de la cavalerie
en France et à l'étranger ; *i° l'équitation ; 3° l'hippologie;
4° l'art militaire (comprenant la législation militaire) et
la tactique appliquée à la cavalerie; o° la topographie;
0° la fortification passagère; 7° l'artillerie; 8° l'allemand.
— Les otlieiers d'instruction de l'artillerie et du génie
suivent les mêmes cours à l'exception de ceux d'artillerie et
de fortification.
Les olliciers-élèves étudient particulièrement les appli-
cations du service en campagne. L'enseignement général
se borne pour eux à un cours d'histoire militaire et un
cours d'allemand; mais, une fois par mois, on les interroge
sur les autres cours qui ont été professés à l'Ecole spé-
ciale militaire de Saint-Cyr. Ils pratiquent journellement
l'équitation, le dressage et les différents détails du service
intérieur. Ils sont exercés à l'escrime et au tir de la cara-
bine et du revolver. Les sous-officiers élèves-officiers sui-
vent des cours purement militaires comportant l'étude et
l'application du règlement sur les exercices de la cavalerie
et des divers services, l'équitation, le dressage et l'hippo-
logie ; ils suivent aussi des cours d'enseignement général
ayant pour ob;et : 1° l'histoire et la géographie militaires;
"2° des notions de sciences appliquées à l'art militaire ;
3° l'art militaire et la législation; 4° l'artillerie; 5° la
fortification passagère ; (>° la topographie ; 7° l'allemand .
Ils sont exercés à l'escrime et au tir de la carabine et du
revolver. — Tous les sous-officiers élèves-officiers sont
remis, à leur arrivée à l'Ecole, dans l'emploi de maréchal
des logis. Ils sont remplacés à leur corps dans les emplois
spéciaux dont ils peuvent y être pourvus (adjudant, maré-
chal des logis chef ou fourrier) et placés comme maréchaux
des logis dans un escadron. Ils doivent le salut aux offi-
ciers ; ils y ont droit de la part des maréchaux des logis
chefs, maréchaux des logis fourriers, maréchaux des logis,
brigadiers et cavaliers.
Sortie. — Examens de sortie. Le mérite de chaque
élève, dans les diverses parties de l'instruction générale
et militaire, se constate et s'apprécie par des interrogations
et des examens donnant lieu à des notes de 0 à 20. Les
notes de conduite s'expriment de même à la suite d'une
appréciation d'ensemble où l'on doit tenir compte séparé-
ment de la conduite proprement dite, de l'application aux
ÉCOLE
— 416 —
cours et exercices, <le b manière d'èlrc générale ; cette
noie d'ensemble <-st donnée par le commandant de l'Ecole.
La valeur relative des différents éléments de classement
est indiquée par le tableau suivant :
Note d'ensemble to
Equitation (pour toutes les divisions : 33 points)
Equitation pratique (position, conduite et énergie,
solidité, voltige) 22
Capacité comme professeur 4 1
Ç Connaissance du cheval.
" ( (Connaissance théorique.
33
Travail pratique.
Exercice» militaires (33 points)
Officiers d'instruction.
(Capacité comme instructeur.
Maniement de la troupe (ma-
nœuvres et service en cam-
pa^ne)
Escrime
Tir
( Règlement sur les exer-
r ■ ... • \ cices de la cavalerie et
Connaissance théorique! rè ,ements ét rs>
dure§lement Service en campagne..
l Tir
10
•20
3
13
Total 33
Officiers-élèves et élèves-officiers.
I Capacité comme instructeur. 10
„ .. ) Maniement de la troupe. .. . ~i I
Trava.l prat.que. Escrime J ,
f Tir 1]
Règlement sur les exer-
Connaissance théorique^ races de la cavalerie. 6 /
des règlements . . . . / Différents services .... 4 i
{ Tir 3 )_
Total 33
Enseignement général (33 points)
Officiers d'instruction.
Art militaire et applications 12
Topographie et connaissance du terrain 8
20
13
? .
33
4
1
5/
6
6 ,
3 33
}\
Fortification
Artillerie
Hygiène
Allemand
Officiers-élèves.
Art militaire
Histoire militaire
Topographie et connaissance du terrain
Fortification
Artillerie
Hygiène
Allemand
Elèves-officiers.
Art militaire
Histoire et géographie 6 ]
Topographie et connaissance du terrain (i l
Fortification
Artillerie ,
Sciences appliquées à l'art militaire
Hygiène 1
Allemand 5
Les examens de sortie des divisions d'officiers et de la
division des sous-officiers sont passés devant un jury choisi
en dehors du cadre de l'Ecole et composé de 1 inspecteur
général, président; deux colonels ou lieutenants-colonels,
quatre chefs d'escadrons, trois capitaines. Pendant la durée
(1rs murs, chaque élève doit subir des interrogations vîn-
tes différentes Branches de l'enseignement. Le nombre de
ces interrogations pour chaque branche est fixé à cinq.
La moyenne des notes multipliée par le coefficient constitue
l
33
en lin d'année uri<- IMBBM de points qui compte dans le
classement de sortie, l'our l'équitatton, l'escrime, la casa-
cité comme instructeur, la note de l'année est la dernière
note obtenue. — l'our l'examen de dasaemeol on répartit
les matières entre les membres du jurj spécial. Cura
d'eux, toujours assisté de l'instructeur ou du profaasear,
interroge l'élevé d'après un questionnaire établi au com-
mencement des cours par le conseil d'instruction de l'Ecole.
Les questions sont tirées an sort. La somme des notes
ajoutées à celles des moyennes de l'année détermine la
note définitive. Le minimum de moyenne générale exigé
pour qu'un élève Boit considéré comme avant satisfait aux
examens de sortie et puisse être classé, est livea 12 pour
l'equitation et [tour les exercices militaires, a 10 pour l'en-
seignement général. Les élèves doivent en outre avoir .
obtenu dans chaque cours en particulier une moyenne au
moins égale à 6 pour l'enseignement général et l'equitation,
à H pour les exercices militaires. Le minimum de '• Bat
toléré pour l'allemand. Dans le classement, la priorité est
acquise à égalité de points au candidat qui a la supériorité :
1" pour les exercices militaires; 2° pour l'equitation et
l'hippologie; 3" pour la note d'ensemble; 4° pour l'ensei-
gnement général ; 5" pour le classement d'entrée a l'Ecole.
Classement. — Officiers d'instruction. La question des
avantages à accorder aux officiers passant par Saumur a
donné lieu à de vives controverses et à des décisions con-
tradictoires. Un moment, on avait résolu que tous les lieu-
tenants proposés pour l'avancement au choix devraient
suivre les cours de l'Ecole d'application de cavalerie. Une
décision présidentielle du 3 oct. 1887 a arrêté que les
officiers d'instruction seraient désignés pour l'envoi à
Saumur par les inspecteurs généraux parmi les lieutenants
à raison d'un par deux régiments. A la fin du cours, ceux
qui ont obtenu la note très bien (de 10 à 20), les deux
premiers sur la liste de classement sont nommés aux deux
premiers emplois de capitaine revenant au choix.
Officiers-élèves. Ceux qui ont satisfait aux examens de
sortie sont appelés d'après leur numéro à choisir le corps
dans lequel ils désirent servir, sous la réserve de la con-
dition de taille déterminée pour chaque arme. Ceux qui
n'auraient pas satisfait aux examens de sortie, par mau-
vaise volonté, sont mis en non-activité par suspension
d'emploi pendant une année à l'expiiation de laquelle ils
sont admis à suivre un nouveau cours à Saumur. En cas
de nouvel échec, ils sont déférés à un conseil d'enquête
lequel prononce, s'il y a lieu, la mise en réforme.
Elèves-officiers. Tous les sous-officiers élèves-officiers
qui satisfont aux examens de sortie sont promus au grade
de sous-lieutenant et prennent rang dans ce grade d'après
leur numéro de classement aux examens de sortie.
Ecole ue dressage. — L'école de dressage annexée à
l'Ecole de cavalerie a pour but de mettre à la disposition
des élèves les ressources nécessaires pour s'exercer au
dressage tout en formant des chevaux susceptibles d'être
ultérieurement affectés soit à des officiers généraux, soit
au service spécial des écoles militaires. Les chevaux diffi-
ciles des régiments peuvent y être envoyés pour être sou-
mis à un dressage méthodique. L'école de dressage est
sous la direction immédiate du chef d'escadrons, instructeur
d'équilation.
Anair.it d'abçonneriB. — L'atelier d'arçonnerie est
charge de l'établissement des modèles de harnachement et
de la confection d'arçons pour selles de chevaux de troupe.
Les officiers et élèves s'y perfectionnent dans le maniement
de tous les appareils de harnachement.
2" ÉCOLES VÉTÉRINAIRES STAGIAIRES. —
Coh xs d'admission. — L'Ecole d'application de cavalerie
comprend une section d'aides-vètél inaires stagiain s. On sait
que le corps des vétérinaires militaires se recrute parmi les
vétérinaires diplômés (V. plus loin le § Ecoles vétérinaires).
Avant d'elle définitivement admis dans l'année, ils sont
envoyés en qualité d'aides-velerinaires stagiaires i l'ixole
d'application de cavalerie pour j recevoir pendant un an. à
— 4(7
ÉCOLE
partir du l'roct. de cluiquo année. des principos ilV'ijuitat inn ,
et être ainsi initiés à la pratique de la médecine vétérinaire
militaire et au Bervice réglementaire.
Le concours d'admission qui a lieu chaque année à Taris
comprend : I1' une épreuve édite; 2° une épreuve orale et
un examen pratique.
Nul ne peut être admis a concourir pour l'emploi d'aide-
vétérinaire stagiaire s'il ne remplit les conditions suivantes :
I être Français ou naturalise: 2" avoir obtenu le diplôme
de vétérinaire dans une des trois écoles vétérinaires de
France ou être candidat à ce diplôme; 3° justifier de sa
moralité: i" réunir les qualités physiques requises pour le
service militaire : .V n'avoir pas dépasse l'âge de trente ans
dans l'année du concours: toutefois une tolérance est
accordée aux candidats ayant été militaires; cette tolérance
est calculée jusqu'à concurrence du temps passé sous les
drapeaux: 6° être célibataire OU veuf sans enfant ; 7° sous-
crire un engagement d'honneur de servir comme vété-
rinaire militaire pendant six ans à partir de l'expiration
du stage.
andidats qui sollicitent l'autorisation de concourir
aux emplois d'aide-veterinaire stagiaire doivent adresser
leur demande au ministre de la guerre (bureau des re-
montes), avant le 20 juin, délai de rigueur, en ayant soin
d'indiquer l'école dans laquelle ils ont obtenu leur diplôme
M auront terminé leurs études et le chef-lieu de corps
d'armée dans lequel ils désirent faire leur composition
écrite. Ils y joignent les pièces suivantes : 1" leur acte de
naissance dûment légalisé: -2° un certificat de bonnes vie
et mœurs délivre par l'autorité civile, ou l'autorité mi-
litaire si le candidat fait partie de l'armée; dans le premier
ette pièce doit être visée par le préfet du département,
et dans le second par le chef de corps; 3° une attestation
des autorités ci-dessus spécifiées que le candidat est céliba-
taire ou veuf sans enfant; 4° un certificat d'aptitude au
service militaire délivré par un officier de recrutement;
a" un certificat délivré par le même service et indiquant
la situation du candidat au point de vue militaire; 6° leur
diplôme ou une attestation du directeur de l'Ecole vétéri-
uaire qu'ils sont candidats à ce diplôme; 7° leurs titres
antérieurs (baccalauréats, etc.).
Les épreuves comportent : 1° une composition écrite sur
un sujet de pathologie médicale ou chirurgicale, de physio-
logie ou d'hygiène; 2° une épreuve orale sur une partie
quelconque de la médecine vétérinaire; 3° un examen pra-
tique sur un cheval sain ou malade.
La composition écrite a lieu le 13 juil., à Paris, à Lyon,
à Toulouse, et, s'il y a lieu, dans d'autres chefs-lieux de
ressorts vétérinaires qui peuvent être désignés par le mi-
nistre pour les candidats déjà sortis des écoles vétérinaires
dans les années précédentes.
I - candidats sont réunis dans un local désigné par l'au-
torité militaire sous la surveillance du vétérinaire principal,
directeur du ressort, ou d'un vétérinaire en premier de la
garnison. Il est accordé quatre heures pour rédiger la com-
position écrite, sans livres ni notes. Le sujet est le même
pour tous les candidats.
I-es compositions écrites et les titres antérieurs seront
appréciés par les vétérinaires principaux de la section
technique de la cavalerie, réunis en commission sous la
présidence d'un général désigné par le ministre de la
guerre. L'appréciation des candidats pour chacune des
épreuves qu'il a à subir et pour les titres antérieurs est
exprimée par chaque examinateur par un chiffre de 0 à -20.
L'importance relative des diverses épreuves dans le classe-
ment est déterminée par les coefficients suivants :
Composition écrite. 10: épreuve orale, 7: examen pra-
tique. 3 : titres antérieurs, 10. Tout candidat n'ayant
pas obtenu dans la composition écrite les deux tiers du
maximum des points n'est point admis à subir les autres
épreuves. Il en est donné communication aux intéressés le
1er août. Sont également éliminés du concours les candi-
dat-, qui n'auraient pas obtenu leur diplôme aux examens
(IKANLE ENCYCLOPÉDIE. — W.
de fin d'études. L'épreuve orale et l'examen pratique com-
mencent le (i août, au ministère de la guerre, pour tous
les candidats admis à continuer le concours devant la com-
mission nommée par le ministre. La question orale est
tirée au sort par chacun des candidats; il est accordé
quinze minutes de réflexion, et quinze autres minutes pour
la traiter devant la commission et répondre à dos questions
incidentes sur toutes les parties delà médecine vétérinaire
se rapportant au sujet traité. La durée de l'examen pra-
tique est fixée à quinze minutes au plus.
Après la dernière épreuve, la commission procède, en
séance particulière, au classement des candidats par ordre
de mérite. A égalité de points dans le classement, la prio-
rité est acquise au candidat qui a obtenu la supériorité
dans l'épreuve écrite. Le nombre des points exigés pour
être classé admissible à l'emploi d'aide-vétérinaire sta-
giaire est fixé aux deux tiers du maximum que permet
d'atteindre la cote totalisée de tous les membres de la
commission, et l'admission a lieu d'après l'ordre du clas-
sement jusqu'à concurrence du nombre d'emploisà pourvoir.
Après la proclamation du résultat du classement, les
candidats déclarés admis sont invités à signer un engage-
ment d'honneur de servir pendant six ans dans l'armée
comme vétérinaires à partir de l'expiration du stage à
l'Ecole de cavalerie.
Régime intérieur. — Les aides-vétérinaires stagiaires
sont classés à l'Ecole d'application de cavalerie d'après le
numéro de mérite qu'ils ont obtenu à l'examen d'admission.
Ils sont, à leur arrivée à l'Ecole, soumis à une contre-
visite des officiers de santé, pour bien constater qu'ils
réunissent toutes les qualités physiques requises pour le
service militaire. Pendant leur séjour à l'Ecole, ils sont
soumis à la discipline militaire et reçoivent la solde affé-
rente à leur emploi, telle qu'elle est déterminée par les
tarifs en vigueur. Ils ont droit, en outre, à une indem-
nité de première mise d'équipement fixée à 350 fr., et qui
leur est payée à leur arrivée à l'Ecole.
Examens de sortie. Le jury pour les examens de sortie
est composé du général inspecteur ou du commandant de
l'Ecole, président, du commandant en second de l'Ecole
et de trois vétérinaires principaux dont celui de l'Ecole.
L'examen comporte quatre épreuves : 1° une composition
écrite, rapport à l'autorité militaire sur une question pra-
tique de médecine, de chirurgie ou d'hygiène vétérinaires;
2° un examen oral sur toutes les parties de l'enseignement ;
3° un examen pratique consistant en exercices sur l'exté-
rieur du cheval, la chirurgie, l'hygiène appliquée, la maré-
chalerie et les viandes de boucherie ; 4° un examen
d'équitation. Les coefficients des diverses épreuves sont :
composition écrite, 10; examen pratique, K; examen
oral, 4; équitation, 4; titres antérieurs, 2. Le nombre
de points exigé est fixé aux deux tiers du maximum.
Sortie. — Les aides-vétérinaires stagiaires qui ont subi
d'une manière satisfaisante l'examen de sortie, sont nom-
més aides-vétérinaires dans les corps de troupes à cheval
et reçoivent une indemnité de première mise d'équipement
de 400 fr. Ceux qui ne satisfont pas à l'examen de sortie
sont licenciés, et, s'ils appartiennent à l'armée comme
soldats, sont envoyés immédiatement dans les régiments
pour y faire leur temps de service. Toutefois, les aides-
vélérinaires stagiaires qui n'ont pas satisfait aux examens
de sortie par suite de maladie régulièrement constatée,
peuvent être autorisés à faire un nouveau stage.
3° KLÈVES-TÊLÊGRAPHISTES. — Un enseigne-
ment spécial a été organisé à Saumur à l'effet de former des
télégraphistes militaires. Deux divisions d'élèves-télégra-
phistesjsont appelées chaque année à Saumur. La première
est composée de jeunes soldats, conscrits affectés à la cava-
lerie et non encore exercés aux opérations télégraphiques.
On leur enseigne le maniement de ces appareils pendant
huit mois (du l'idée, au 15 juil.); après quoi on les
dirige sur leurs régiments. Au point de vue de l'instruc-
tion militaire, les élèves sont exercés à l'école du cavalier à
27
i (Oi.i:
— 4ix -
pied et a cheval, a l'école du peloton et an nwim m sam-
pagne. — L'Ecole comporta de plus un ooon assis! de
télégraphie militaire (formant la deuxième divines) qui
dure trois mois (du 15 juil. u 15 oet.) et dont l'objet esl
.le oompléter l'instruction des cavaliers qui, avanl leur in-
corporation, oui appris a manier lei eppareile dans lee
bureaux de télégraphe.
Les élèves-télégraphistes de la première division subissant
deux séries d'examens : a la lin de mars mi examen élimi-
natoire (manipulation et lecture du la bande de l'appareil
Morse, lecture au son, cours théorique, èquitation, gym-
nastique, iuitruetion militaire pratique et service en cam-
pagne), Ceux qui n'y satisfont pas sont renvoyée a leur
corps. A la lin du cours, la Blême commission leur l'ail
suliir un examen définitif portant en outre sur le réglage
des appareils, la recherche des dérangements et les notions
élémentaires sur la construction des lignes militaires. —
Un fonctionnaire des postes et télégraphes assiste à sel
examen et rédige un rapport ou il note ceux des élèves <[iii
seraient susceptibles d'être employés dans l'administration
à leur libération du service actif.
Les élèves de la seconde division dont l'instruction
technique est déjà presque faite subissent un examen de
sortie beaucoup plus difticile. Les épreuves portent sur la
théorie (télégraphie électrique, optique et militaire), cotlli-
cient, 20, et la pratique (appareil Morse, il); lecture au
son, 10 ; appareil à cadran, 12; réglage des appareils et
recherche des dérangements, 10 ; construction des lignes, 10;
mise en station et manœuvre des appareils optiques, 10;
èquitation, gymnastique, etc., 6), coefficient, 70, plus une
note d'ensemble (conduite, etc.), coefficient, 10. Il faut
que sur chaque groupe d'épreuves ils obtiennent une
movenne de 10.
4° ÉLÈVES-MARÉCHAUX FERRANTS. — Il y a à
Saumur un cours de maréchalerie qui dure environ un an. U
comprend l'étude théorique ou pratique du manuel de maré-
chalerie et l'instruction primaire du premier degré. Les
élèves-maréchaux ferrants provenant des régiments sont dé-
signés pour suivre ce cours. Au bout de cinq mois et demi, le
soldat-élève peut obtenir le brevet de maître maréchal.
Renvoyé au corps, il concourt pour l'emploi de maître ma-
réchal lorsqu'il se produit des examens. Pendant la durée
du cours, chaque élève reçoit des notes dont les coefficients
sont les suivants : noies de forge, 2 ; notes de ferrure ordi-
naire, 3 ; ferrure anglaise, 2 ; ferrure pathologique, 2 ;
enseignement général, 2; conduite, 2 ; assiduité, 2 ; apti-
tude physique, 2 ; aptitude intellectuelle, 2.
Les examens de sortie passés devant un jury présidé
par le commandant en second et formé d'un capitaine ins-
tructeur d'équitation et de deux vétérinaires, portent sur :
examen oral, 2; forge, 4 ; ferrure ordinaire, 3 ; ferrure
anglaise, 2 ; ferrure pathologique, 2. Ajoutées aux moyennes
de l'année, ces notes déterminent le classement; pour
èlre admis, il faut obtenir la moitié du maximum plus un
point.
Ecole supérieure de guerre. — Destination. —
L'Ecole supérieure de guerre, installée à Paris dans les
bâtiments de l'Ecole militaire, a été instituée par décret
du 18 juin 1878; elle est une école de hantes études
militaires et a peur objet en même temps d'assurer le recru-
tement et l'instruction des officiers du service d'état-major.
Le programme des études a été fixé par le règlement du
18 mars 1881, réorganisé le 29 oct. 1886.
Historique. — Cette Ecole a succédé à l'Ecole d'ap-
plication d'état-major à laquelle elle se rattache. Celle-ci
avait été créée par ordonnance du 10 mars 18 18 à l'ins-
tigation du maréchal Gouvion Saint-Cyr. Nous n'avons pas
à retracer ici l'histoire du corps d'état-major qui sera
indiquée dans un article spécial (V. Etat-major). Bor-
nons-nous à l'appeler qu'après une suppression momen-
tanée il t'allut reconstituer une école spécialement destinée
à prépare] des officiers pour le service d'état-major.
En 1876 (18 lève), on institua des cours spéciaux pour
former aux fonction-, d'itst snajordas effislersds toutes
.ooi' i : deux ans après, on organisa l'Ecole lupètîanre de
guerre, dont le programme iBsorbi ses ceera militaires
ipéciaUl t les militaires admis en 1871» et 1877 I le* suivie
formèrent les premières promotions de l'Eeole nouvelle.
ConuTiom ii'aiimission. — I/admission a lieu par voie
de concours; ce concours comporte : \" d>s épreuves
écrites déterminant l'admissibilité ; l" des épreuves orales ;
8" une épreuve d'équitation. Sont admis au concours, les
capitaines, lieutenants et Mus-lieutenants de toutes armes,
justifiant, au 31 dée. de l'année du concours, de <inq ans
de lervice comme officiers, dont trois de service réel et
effectif dans les corps de troupe au 1"r févr. de la même
année. La limite d'âge de trente-deux ans a été supprimée
en 1888. Les demandes d'admission au concours doivent
être adressées au commandant du oerpS d'armée, par l'in-
termédiaire du chef de corps ou de service, et, pour les
officiers de l'année de mer (infanterie de marine), au mi-
nistre de la marine. — Les gouverneurs militaires de Paris
et de Lyon el les commandants de corps d'arme.' adressées]
au ministre de la guerre l'étal nominatif des officiers admis
au concours le 10 oct., au plus tard, avec une appréciation
sur chaque candidat, au point de vue de son admission ou
de sa non-admission au concours. Chaque dossier devra
contenir: l'état des services de l'officier; le reb
extens», du registre du personnel de l'officier, depuis le
commencement de sa carrière ; la feuille d'inspection avec
les notes de ses chefs hiérarchiques, et. s'il y a lieu, de
l'inspecteur général.
Les demandes réunies, examinées et admises par les
commandants de chaque corps d'armée, seront envoyées
au ministère de la guerre avec un bordereau nominatif
sur lequel ils portent: i° toutes les demandes reçues par
eux; 2° celles qu'ils admettent et transmettent : .1° celles
qu'ils ont cru devoir rejeter, avec motif du rejet ; 4° des
observations personnelles sur chaque candidat au point de
vue de son admission au concours. L'examen des demandes
est fait par le comité consultatif d'état-major, et le ministre
prononce alors sur l'admission définitive au concours et fait
connaître aux commandants de corps d'armée les candidats
admis à y prendre part.
Les compositions écrites sont faites au chef-lieu des
corps d'armée, où les candidats sont réunis dés la veille.
Toutefois les officiers détachés ou eu position régulière
d'absence font leurs compositions au chef-lieu du corps
d'armée ou du gouvernement dans lequel ils se trouve-
ront. — Les candidats d'Algérie font leurs compositions
écrites à Alger ; ceux de la division d'occupation de
Tunisie à Tunis. — Les officiers de l'armée de mer
composent au chef-lieu de la préfecture maritime dans
laquelle ils sont régulièrement stationnés ou détachés. —
Les sujets de compositions sont les mêmes pour tous ; ils
sont adressés par le ministre à chaque commandant de
corps d'année, ainsi qu'aux préfets maritimes intéresses,
sous double enveloppe cachetée. La première est ouverte
dès la réception des sujets : la deuxième ne l'est qu'en
présence des candidats. — Pour assurer la régularité des
épreuves, les officiers sont prévenus qu'ils doivent s'abste-
nir absolument de signer leurs feuilles de composition et
d'y apporter d'autres indications que les suivantes :
1° corps d'armée, gouvernement militaire ou préfecture
maritime ; 2° centre de composition ; 3* une devise fort
courte à leur choix. Chaque candidat doit apporter une
devise unique pour toutes les compositions. Sur une antre
feuille de papier libre, ils inscrivent : 1° leur devise;
2° leur nom, leurs prénoms, grade, régiment, corps
d'armée, centre de composition. Les feuilles portant ces
renseignements sont enfermées sous pli cacheté par le chef
d'état-major en présence des candidats. — Les épreuves
écrites durent trois jours : elles sont au nombre de quatre :
I" (cinq bénies) solution d'une question militaire traitée
d'après la carte et se rattachant à une des opérations les
plus simples, sur les manœuvres avec cadres : 2° (trois
- 119
ÉCOLE
tares) analyse on étude sommaire fune question d'orga-
nisation, d'administration, de législation ou d'histoire mi-
litaire, dans les limites du programme de l'examen oral
correspondant; 3° (deux heures) traduction en allemand,
avec dictionnaire, d'un morceau de prose française, pris de
préférence dus os auteur militaire; î0 (quatre heures)
eroquis topographk|M à une échelle double ou quadruple
d'une portion de carte. If figuré du terrain étant représenté
par des courbes horizontales. 1. 'exécution de ce lever a lieu
dans chaque garnison. — Voici quels lurent, pour le con-
cours de I89S, les sujets choisis, la question de ma-
ncrtiwes concernait à la fois des mouvements de défensive
et d'offensive d'un détachement compose de trois bataillons,
deux escadrons et une batterie, en avant-garde à Tonnerre,
oppose à une colonne de quatre escadrons et deux bataillons
venant de Bar-sur-Seine. — La question d'histoire mili-
taire était la campagne de 1809 en Allemagne, avec exposé
complet de l'état organique des armées actives de la
France et de l'Autriche à cette époque. — L'épreuve de
législation militaire était toute d'actualité : les rengage-
ments pour le> sous-officiers et les hommes de troupe, y
compris la nouvelle loi du ti jam. 1892.
Les candidats déclares admissibles à la suite de cette
Eremierc série d'épreuves sont ensuite examinés à Paris.
- épreuves orales sont réparties en quatre groupes:
Organisation et histoire militaires; tactique d'infanterie ;
allemand. — Tactique de cavalerie: législation et admi-
nistration. — Artillerie; fortification. — Géographie;
topographie. Les candidats peuvent présenter à la com-
mission d'examen leurs travaux militaires répondant à
chaque matière de l'examen. — L'épreuve d'equitation est
subie également à Paris. Pour ces épreuves définitives, la
commission d'examen est composée exclusivement d'offi-
ciers généraux. Le programme des connaissances est
publié chaque année au Journal officiel dans le mois de
mars (par exemple le 30 mars 1891).
Les officiers se rendant à Paris pour y subir les examens
eut droit à l'indemnité de séjour pour la première quin-
zaine de leur présence dans la capitale. L'indemnité de
résidence leur est acquise au delà de cette période, et jus-
qu'à la lin de leur séjour à Paris (décis. du "21 avr. 1891).
Régime intérieur. — Les cours de l'Ecole supé-
rieure de guerre durent deux années. Ils commencent le
lr nov. Ils ont lieu dans les bâtiments de l'Ecole
militaire, dont une partie a été affectée à l'Ecole supé-
rieure, au profit de laquelle un a déplacé un des deux
régiments de cuirassiers casernes à Paris. — l'n généra]
de division ou de brigade commande l'Ecole supérieure de
guerre; un colonel ou un lieutenant-colonel du service
a'état-major est chargé de la direction des études. — Un
conseil d instruction a été institué (20 oct. 1888), auquel
a été confiée la haute direction de l'enseignement. Il com-
prend le général commandant l'Ecole, un ou deux sous-
chefs de I'etat-major général ; quatre généraux de brigade
(un de chaque arme), le commandant en second de l'Ecole,
quatre professeurs de l'Ecole, l'officier supérieur secrétaire
du corps d'état-major. — Les officiers se logent au dehors,
dans le voisinage de l'Ecole. Ils sont obligés d'assister aux
cours et à tous les exercices indiqués au tableau de tra-
vad. La présence est constatée. Les cours sont répartis
sur deux années. Il y a donc deux divisions ou promotions.
Chacune comprend en moyenne 7-2 officiers, dont près des
deux tiers appartiennent a l'infanterie. Chaque division est
[>artagée en groupes de 12 ofticiers, dans chacun desquels
e pins ancien gradé ■•-( le chef, servant d'intermédiaire
avec l'officier supérieur.
L'enseignement de l'Ecole supérieure de guerre comprend
des cours obligatoires et des cours facultatifs. Ceux-ci
il .i des professeurs, soit ù des conférenciers.
Sauf pour les langues étrangères, ce sont des officiers.
A. Cours obligatoires. 1° Professeurs : histoire mili-
taire, stratégie et tactique générale; tactique appliquée
d'infanterie; tactique appliquée de cavalerie; tactique appli-
quée d'artillerie et matériel d'artillerie; service d'état-
major et droit international; géologie et géographie; topo-
graphie, administration; équitation; langue allemande,
langue anglaise, langue italienne. — Pour chacun de ces
coins, il y a deux maîtres, l'officier supérieur professeur
et un professeur adjoint. — 2° Conférenciers : mobilisa-
tion: chemins de fer; hygiène et service de santé; télé-
graphie; géodésie; sciences appliquées à l'art militaire.
B. Cours facultatif. Langue russe. La période d'été
est, pour chaque division, consacrée à des voyages de
frontières, à îles éludes sur le terrain, puis a la partici-
pation aux grandes manœuvres pour lesquelles les officiers
de la première division son! affectés à des corps de troupe,
et ceux de la deuxième division à des états-majors.
Classement. Les listes de classement sont arrêtées à
la fin de chaque année, à la suite des épreuves suivantes :
I" épreuves orales portant sur l'ensemble de chaque
cours ; "2° épreuves pratiques, à savoir : levers topogra-
phiques et travaux extérieurs se rapportant à divers
cours, particulièrement des applications des cours de tac-
tique ; 3" des travaux d'étude comprenant en premier lieu
des questions traitées avec l'aide de tous les documents
que les officiers peuvent avoir à leur disposition, d'après
un programme donné et dans un temps déterminé, et, en
second lieu, des rapports faits à l improviste sans le
secours d'aucun document. Qu'ils soient terminés ou non,
les travaux doivent toujours être remis à l'époque fixée.
Tout travail d'un officier doit être fait entièrement de sa
main et siijué de lui, a peine de nullité. Pour passer en
première division, il faut avoir obtenu pour l'ensemble des
travaux de l'année une moyenne de 12 sur 20.
Sortie. — A la fin de la deuxième année, les listes
de classement sont arrêtées d'après le résultat des travaux
des deux ans et des examens de sortie. Ceux-ci com-
prennent : 1° un extrait d'étude écrit sur épreuve ; une
question de tactique générale traitée sans document;
2° une épreuve d'equitation ; 3° quatre séries d'examens
oraux devant les membres du comité d'état-major répartis
en quatre sous-commissions. Les officiers de la première
division (deuxième année) qui ont satisfait aux examens de
sortie reçoivent le brevet d'état-major et sont immédiate-
ment appelés à faire dans un état-major un stage de deux
ans, à la suite duquel ils sont ou bien mis hors cadre pour
être maintenus dans le service, ou bien rendus jusqu'à
nouvel ordre à leur arme.
Ecole militaire d'infanterie de Saint-Maixent.
— Dkstinatio.v. — L'Ecole militaire de Saint-Maixent (Deux-
Sèvres) a été créée par les décrets des 4 févr. 1881,
18 janv. et 1er déc. 1882 et réorganisée par décret du
22 mars 1883. Elle a pour but de compléter l'instruction
militaire des sous-officiers de cette arme jugés susceptibles
d'être nommés sous-lieutenants. Les sous-officiers des sec-
tions d'infirmiers, de commis et ouvriers d'administration,
de secrétaires d'état-major et de recrutement concourent
avec les sous-officiers des corps de troupe d'infanterie pour
l'admission à l'Ecole militaire de Saint-Maixent. En temps
de paix, nul sous-officier ne pourra être promu sous-lieu-
tenant au titre français s'il n'a suivi avec succès les cours
de cette Ecole. Indépendamment des sous-officiers de
l'armée de terre régulièrement désignés, l'Ecole peut rece-
voir, sur la demande du ministre de la marine, des sous-
officiers des régiments d'infanterie de marine.
Historique. — La création d'écoles de sous-officiers
d'infanterie fut décidée par le décret du 4 déc. 1874. La
première fut créée au camp d'Avor. C'est en 1881 qu'elle
fut transférée a Saint-Maixent.
Conditions d'admission. — Chaque année, à l'inspection
générale, les chefs de corps proposent, pour être admis à
subir les examens d'admission à l'r.cole militaire d'infan-
terie, les sous-olficiers de cette arme jugés aptes à devenir
officiers. Les sous-officiers du cadre fixe des écoles mili-
taires sont proposés par les commandants de ces écoles.
Pour être proposés, les sous-officiers doivent avoir deux ans
ÉCOLE
— 420 —
de grade de Bous-officier an 31 déc. «le l'année do eon-
(c.nts. Lee BOM-officiers qui Beraienl libérables pendant la
dorée de leur séjour à l'Ecole devront souscrire, avant d'j
entrer, un nouvel engagement. Les Boos-officien Caisanl
partie do corps d'occupation du Tonkin et l'Annam sont
proposés par le général commandant ce corps, qui leur luit
l'aire les compositions et, après leur correction, dresse une
liste de classement et renvoie en France ceux qu'il juge
capables de suivre avec fruit les cours de l'Ecole d'infan-
terie.
Il est établi pour chaque sous-oiïieier un mémoire de pro-
position sur lequel le mérite du candidat est successivement
apprécié par le chef de corps ou de service, le général de
brigade et l'inspecteur général. Chacun d'eux résume son
opinion en une note de 12 à 20. Le mémoire de proposi-
tion comprend le relevé des services, des punitions, les
noies particulières du chef de corps, le relevé des points
attribués au candidat pour les notes du chef de corps, du
général de brigade et de l'inspecteur général, ainsi que les
différentes majorations auxquelles il a droit en raison de
ses services. Il est accompagné d'un certificat d'instruction
militaire délivré par la commission régimentaire.
Concours d'admission. Le concours comprend des com-
positions écrites, des examens oraux, un examen d'instruc-
tion militaire pratique, un examen d'aptitude physique. —
Au début de janvier, les candidats sont convoqués pour
subir les épreuves écrites au lieu où se trouve l'état-major
de la division sur le territoire de laquelle ils vont stationner.
Les sujets des compositions sont les mêmes pour toute la
France; ils sont tirés du programme des écoles régimen-
taires d'infanterie. Les compositions écrites comprennent :
une dictée, une narration française (lettre, rapport ou étude
historique), la résolution de problèmes d'arithmétique ; la
résolution de problèmes de géométrie; on accorde un quart
d'heure pour relire la dictée, quatre heures pour la com-
position française, trois heures pour les autres. Les copies
sont corrigées à Paris, le nom des candidats étant secret.
On dresse la liste d'admissibilité, et c'est seulement après
qu'elle a été ratifiée par le ministre qu'on recherche les
noms correspondants aux numéros d'ordre des copies clas-
sées. Il faut obtenir au moins 10 pour la dictée à peine
d'élimination.
L'examen oral est subi devant une commission de quatre
membres : un colonel ou lieutenant-colonel, président, et
trois chefs de bataillon d'infanterie, dette commission siège
d'abord à Paris, puis se transporte successivement à Lyon,
Alger, Toulouse et Nantes. Les examens portent sur les
matières suivantes du programme des écoles régimentaires :
-1° arithmétique et géométrie; 2° fortification et topogra-
phie; 3° histoire de France; 4° géographie; ,'>° instruction
militaire pratique (première section de l'école de compagnie
et mouvements de la section en ordre dispersé); (i° service
intérieur, service en campagne, tir ; 7° gymnastique ;
8° escrime. — Les examens sont publics, mais pour les
candidats seulement. — Pour l'examen d'instruction mili-
taire pratique, il est constitué dans chaque centre une
compagnie de manœuvres de soixante-quatre files; les can-
didats expliquent et font exécuter comme instructeurs un
ou plusieurs mouvements. Ils remplissent en outre succes-
sivement les fonctions de guides et de chefs de section.
Les coefficients sont fixés comme suit :
Note d'ensemble (conduite, capacité, aptitude au comman-
dement) 20
Note du chef de corps 5
Note du général de brigade .... .'>
Note de l'inspecteur général. . . . 10
Compositions 36
Dictée 8
Narration 12
Arithmétique 8
Géométrie <s
Report
Examens uraa*
Arithmétique el géométrie 10
Fortification el topographie. ... io
Histoire 12
Géographie 12
Instruction militaire
Pratique
Service intérieur, en campagne,
tir
Gymnastique
I y urne
I'.
12
-)
2
Total.
'.;
30
130
A reporter.
Mi
Ku outre on accorde des majorations de points : pour une
à six années de grade de sous-officier excédant les deux
premières (10 points par an) ; pour les campagnes (10 p.);
blessures ou citations (20 p.); grade de sergent-major
(25 p.) ; rengagements pour deux an> (25 p.) ou cinq ans
(50 p.); médaille militaire (50 p.); Léuion d'honneur
(100 p.).
Régime uttébjeob. — Entrer. Le ministre fixe, chaque
année, suivant les besoins du service, le nombre des
élèves a admettre à l'Ecole. Pendant les premières années
les chiffres ont varié entre 350 et 4">0 ; ils se sont depuis
fixés à 400. Les sous-officiers ainsi désignés prennent la
dénomination île sous-officiers élèves-officiers ; ils sont
remplacés dans les emplois spéciaux (adjudant, sergent-
major, sergent fourrier) dont ils peuvent être pourvus
dans leur corps, et placés comme sergents dans une com-
pagnie; ils peuvent même être hors cadre sur l'ordre
du ministre. Les sous-officiers élèves-officiers reçoivent
tous la tenue, l'armement et l'équipement des sergents de
l'infanterie de ligne, sauf des signes distincts déterminés
par règlement ministériel. Les sous-officiers élèves — otli.
doivent le salut aux officiers ; ils y ont droit de la part
des sergents-majors, sergents fourriers, sergents, capo-
raux et soldats.
Direction. — La direction de l'Kcole est confiée à un
colonel ou à un lieutenant-colonel d'infanterie. Il a sous
ses ordres un chef de bataillon commandant en second.
L'autorité du commandant de l'Ecole s'étend sur toutes les
parties du service, de l'instruction et de l'administration.
Le commandant de l'Kcole est sous les ordres du ministre
de la guerre. Le commandant en second est chargé, sous
les ordres du commandant de l'Ecole, de toutes les parties
du service ; il remplit les fonctions de directeur des
études. — Des capitaines instructeurs sont chargés de l'ins-
truction théorique et pratique, de la tenue et de la disci-
pline ; ils ont sous leurs ordres des lieutenants instructeurs.
— Des capitaines professeurs, aidés par des lieutenants
professeurs adjoints, et au besoin par des lieutenants ins-
tructeurs, professent les cours, el sont, en outre, chai. -
des répétitions, des interrogations, de la correction des
travaux et de l'instruction pratique des cours qui leur sont
confiés. Le capitaine professeur do cours d'administration
l'emplit les fondions de major. In capitaine en second de
cavalerie dirige les exercices d'équitation. Deux lieutenants
remplissent les fonctions de trésorier et d'officier comptable
du matériel. Un inèderin-inajor de 2' classe est chargé du
service sanitaire de l'Kcole et professe le cours d'hygiène.
— Un personnel secondaire, composé de sous-officiers, de
caporaux et de soldats, est employé, soit à l'instruction
militaire des élèves, soit à la tenue des écritures et aux
divers exercices intérieurs de l'Kcole. Ce personnel est mis
hors cadre. In détachement de la 5' compagnie de cava-
liers de remonte est affecté au service de l'Ecole. — L'Kcole
est administrée par un conseil formé do commandant de
l'Ecole, du commandant en second, du capitaine professeur
d'administration, d'un capitaine instructeur, du capitaine
en second de cavalerie, du lieutenant trésorier et du lieute-
nant comptable.
Enseignement. — La durée des études est d'une année.
— '.21 —
ÉCOLE
Les sous-officiers èlèves-offieiera de l'Ecole de Saint-
Maixenl y reçoivent une instruction générale et une
instruction militaire. On tient en effet a leur donner la
culture intellectuelle nécessaire I l'officier. L'instruction
militaire est dirigée de manière à développer chez eux
l'aptitude professionnelle nécessaire a l'officier de compa-
gnie. Elle est donc théorique et pratique. I-es exercices
pratiques sont : les manœuvres d'infanterie, le tir, la
inaiiouwv des bouches à l'eu, l'équitation, l'escrime, la
gymnastique. — Les cours s'ouvrent dans la seconde
quinzaine d'avril et durent jusqu'au débat du mois do
mars de l'année suivante.
Sortik. — A la lin de l'année scolaire, c-a-d. en mars,
les élèves-officiers subissent les examens de sortie devant
un jury désigné par le ministre. Le conseil d'instruction
de l'Ecole dresse une liste de classement par ordre de
Dérite, d'après les notes des examens combinés avec celles
de l'année. Tous les sous-olliciers elèves-olliciers qui ont
subi avec succès les épreuves de l'examen de sortie sont
immédiatement nommés sous-lieutenants d'infanterie. Le
rang d'ancienneté est déterminé par le numéro du classe-
ment de sortie : c'est également d'après celui-ci que les
nouveaux sous-lieutenants sont appelés à choisir le corps
auquel ils désirent être affectés. — ("eux des élèves de
Samt-Maixenl qui n'ont pu satisfaire aux épreuves de
sortie sont renvoyés dans un corps et pourvus du grade et
de l'emploi qu'ils avaient avant leur entrée à l'Ecole. Toute-
fois, sur la proposition du conseil d'instruction, le ministre
de la guérie peut autoriser (eux qui auraient été victimes
d'une interruption forcée de travail de plus de trente jours,
I fane une deuxième aimée d'études.
Ecole militaire de l'artillerie et du génie à Ver-
sailles. — Destination. — L'Ecole militaire de Versailles
donne aux sons-officiers l'instruction générale et militaire
nécessaire pour qu'ils puissent passer officiers de l'artillerie,
du génie ou du train des équipages, Cette Ecole d'élèves-
otticiers. fondée par décret du 10 janv. 1884, est régie
par les décrets du i nov. 188(5 et du 16 oct. 1888.
Historique. — L'Ecole des sous-officiers élèves-officiers
de l'artillerie, du génie et du train des équipages, est installée
à Versailles, rue Gambetta, dans l'Hôtel de la surinten-
dance, bâti en ll>70, habité par Colbert, Louvois, Du-
bois, où fut placé durant la Révolution française un Institut
militaire pour les enfants des invalides.
Conditions d'admission. — L'admission a lieu au con-
cours. Chaque année, à l'inspection générale, les chefs de
corps ou de service peuvent proposer pour subir les examens
les sous-otliciei-s des batteries ou compagnies sous leurs
ordres qui auront au moins deux ans de grade au 'M déc.
de l'année courante et qu'ils jugent aptes à devenir offi-
ciers. Les candidats appartenant au cadre fixe des écoles
militaires sont proposés par les commandants de ces écoles.
II est établi pour chacun de ces sous-olliciers un mémoire
de proposition, lequel est annoté successivement par le chef
de corps ou de service, le général de brigade et l'inspec-
teur général. Chacun d'eux résume son opinion en une
note d'ensemble (de 0 à 20) qualifiant à la fois la tenue,
la conduite, la capacité et l'aptitude au commandement du
candidat, On y joint le relevé des services, le relevé des
punitions, l'acte de naissance, l'extrait du casier judiciaire.
Epreuves. Leconcoursd'adinissionest précédé d'épreuves
d'instruction générale ayant un caractère éliminatoire. Vers
le milieu de décembre, les candidats sont convoqués par
ii de corps d'armée à l'Ecole d'artillerie. Ils y font
les compositions écrites suivantes : 1" une dictée; 2° une
composition française : 3° um- composition d'histoire et de
raphie; '>" une composition d'arithmétique; .'i0 une
composition d'algèbre : 6° une composition de géométrie ;
ne composition de trigonométrie el de topographie ;
i d.-ssin linéaire. Les compositions durent chacune
quatre heures, sauf la dictée. Les copies sont envoyées au
ministre et corrigées par une commission spéciale. Toute
note inférieure à 14 pour la dictée, à 6 ponr une autre
composition, entraîne l'exclusion. A la suite de celle correc-
tion, on dresse une liste des candidats admissibles.
Le classement définitifs pour hase: lu les compositions
écrites affectées d'un coefficient d'ensemble ; 2° un examen
oral portant sur les mêmes matières que les compositions
écrites; ,i" la valeur militaire des sous-olliciers constatée
par leurs chefs hiérarchiques et par une commission char-
gée d'examiner leur instruction professionnelle, théorique
et pratique. Deux commissions spéciales opérant, l'une pour
l'artillerie et l'autre pour le génie, sont chargées de faire
subir les épreuves orales et les épreuves d'instruction pro-
fessionnelle. La première se compose de six membres nom-
més par le ministre (colonel ou lieutenant-colonel, prési-
dent, trois chefs d'escadron, deux capitaines), la seconde
de trois membres (colonel ou lieutenant-colonel, président,
deux chefs de bataillon). La commission d'examen pour
l'artillerie siège d'abord à Versailles, puis se transporte à
Bourges et à Toulouse. La commission du génie opère les
années de millésime impair à Versailles et à Grenoble, les
années de millésime pair à Arras et à Montpellier. L'entrée
des salles d'examen est interdite au public, permise aux
candidats et aux officiers en uniforme. Les coefficients at-
tribués aux divers éléments d'appréciation sont ainsi fixés :
1° Artillerie.
Note d'ensemble.
Noie du chef de corps .'> )
— du général de brigade S
— de 1 inspecteur général 10
Epreuves d'instruction générale.
Compositions d'admissibilité (20 )
,. \ Mathématiques 12 ,•
hxamens oraux ],,-.• , ' . . • 0 »
( Histoire et géographie 8 )
Instruction professionnelle.
Manœuvres 20
Cours spécial . . 1*2
Règlements 8
Total
2° Génie.
Note d'ensemble
20
■10
40
100
20
.',',
36
Instruction générale.
Compositions d admissibilité 24
Examens oraux 20
Instruction professionnelle.
Manœuvres 12
Instruction spéciale 16
Règlements 8
Total 100
Des majorations de points sont accordées aux sous-offi-
ciers qui sont dans un ou plusieurs des cas suivants : an-
nées de grade excédant deux, campagnes, blessure, citation,
emploi comme maréchal des logis, années de rengagement,
médaille militaire, Légion d'honneur. Il n'est tenu compte
des points de majoration que jusqu'à 150. Le classement
résulte du nombre total des points; à égalité de points,
l'ancienneté dans le grade de sous-officier assure la priorité.
Ces dispositions sont un peu modifiées pour les sous-
officiers <pii désirent entrer dans la division du train des
équipages militaires. Ceux qui sont bacheliers sont dispen-
sés de l'examen. Pour les autres, il ne comprend à l'écrit
qu'une dictée, des compositions de français, d'histoire et
géographie, d'arithmétique et de géométrie et topographie.
Les sous-olliciers détachés en Indo-Chine subissent les
épreuves devant une commission nommée par le général
commandant en chef. Ceux qui y obtiennent le minimum
de points lixé pour l'admission sont envoyés en France à
l'Ecole. Si leur instruction générale était reconnue trop
faibli', ils seraient reversés dans un corps de leur arme.
Régime intébieub. — Direction. Le commandement de
l'Ecole est confié à un colonel ou lieutenant-colonel d'artil-
lerie; il a sous ses ordres un chef de bataillon du génie,
ÉCOLE
— 422 —
niiiiiiKiii(l;nit en second. L'organisation est parallèle I celle
de l'Ecole d'infanterie (V. ci-dessus). Maison admet des
professeora civils & côté des militaires. On s institué un
conseil d'instruction, un conseil de discipline et un conseil
d'administration. _ •
Enseignement. Les sons-officiers élèves— officiel n -
çoivent S l'Ecole une instruction générale et une ins-
truction militaire, de manière à leur donner la culture
intellectuelle indispensable à tout officier et à leur (aire
acquérir l'aptitude nécessaire pour bien remplir les fonctions
d'officier d artillerie, du génie ou du train îles équipages.
Les cours durent onze mois; ils s'ouvrent au l'r avr. de
chaque année et se terminent à la lin de févr. de l'année
suivante. — Les élèves-officiers jouissent, au dehors, des
droits et prérogatives conférés aux adjudants; ils reçoivent
une solde de 2 fr. par jour, a laquelle vient s'ajouter pour
les rengagés une indemnité de résidence à Paris de 50 cent,
par jour.
Sortie. — A la fin de l'année d'études, les sous-officiers
élèves-officiers sont examinés par un jury composé ainsi
qu'il suit : un général de brigade île l'artillerie ou du génie,
un colonel ou lieutenant-colonel d'artillerie, un colonel ou
lieutenant-colonel du génie, un capitaine d'artillerie exami-
nateur, un capitaine du génie examinateur. On classe par
ordre de mérite les officiers de chaque arme. Tous les élèves-
officiers qui ont satisfait aux examens de sortie sont promus
sous-lieutenants de leur arme; leur rang de sortie est
déterminé par le numéro de classement. Ceux qui n'ont
pas satisfait aux épreuves de sortie sont renvoyés à leur
corps et pourvus du grade qu'ils avaient avant leur entrée
à l'Ecole. En cas d'interruption forcée de travail de plus
de trente jours, le ministre peut les autoriser à faire une
seconde année d'études avec la promotion suivante. A. -M. IL
Ecole d'administration militaire de Vincennes.
— Destination. — Une Ecole d'administration militaire
a été créée à Vincennes pour former le personnel néces-
saire au recrutement des officiers d'administration, des
bureaux de l'intendance militaire, des subsistances, des
hôpitaux, de l'habillement et du campement. Le décr. du
20 mars 1890 a réglé en dernier lieu le fonctionnement
de cette Ecole.
Conditions d'admission. — L'admission a lieu par voie
de concours entre les sous-officiers de l'armée active.
Il faut n'être pas âgé de plus de vingt-sept ans au
Ie' oct. de l'année du concours ; n'être pas marié ou
être veuf sans enfants ou divorcé sans enfants ; être ren-
gagé ou mis dans 1 obligation de se rengager dans l'année
qui précède son renvoi dans ses foyers. Il faut, de plus,
être l'objet d'une proposition du chef de corps ou de service
auquel ils appartiennent et transmise par la voie hiérar-
chique. Il est établi un état de proposition pour chaque can-
didat ; cet état contient les notes du chef de corps, de service
ou de bureau et celles du sous-intendant militaire chargé
de la surveillance administrative du corps. L'intendant
militaire directeur et le gouverneur militaire ou le général
commandant le corps d'armée, émettent leur avis sur la
suite à donner à la proposition.
Chaque état est accompagné : 1° d'une demande du
candidat ; 2° d'une copie certifiée de l'acte de naissance
du candidat (sur papier libre) ; 3° du relevé de ses ser-
vices ; 4° du relevé des punitions qui lui auraient été
infligées depuis son entrée au service ; 5° d'une copie des
titres universitaires, brevets, etc. Ces pièces sont certi-
fiées par le chef de corps ou de service. Les dossiers de
propositions doivent parvenir au ministre le IS niai de
chaque année, au plus tard.
Les candidats admissibles sont convoqués à Vincennes
pour y subir les épreuves orales, à la suite desquelles la liste
définitive de classement est arrêtée. Le ministre fixe, suivant
les besoins du service, le nombre d'élèves à admettre à
l'Ecole. Les épreuves écrites comprennent : 1° une dictée;
v2cune composition d'histoire; ;>" une composition d'arith-
métique. Les examens oraux comprennent des questions
d'histoire, de géographie générale <-t «iiiimmiato. d'arith-
métique, de géométrie et d'administration militaire.
lii.oiMi iMiiiiEi ii. — Las élèves et les hommes du cadre
vivent en mess. Ils couchent dans des dortoirs. Ils portant
un uniforme (capote, dolman, pantalon, képi) earacfa i
par les étoile-, en filé d'or au collet, et la SOUtache (soie
et argent) de i millim. de large, continuant le bord
supérieur des parement». — Les études durent un an ; elles
se terminent tin juin. Elles comportent un enseignemeal
général, un enseignement administratif, un enseignemeal
militaire. L'ouverture des cours est fixée par le nuoistN
chaque année. La fermeture a lieu avant le l'r juil., ce
mois étant consacré a la révision des cours et aux examens
de sortie. L'enseignement général donne aux sous-officiei-s
élèves-officiers comprend : \" le français; 2° des éléments
de- sciences appliquées et de topographie; 3° des notions
pratiques de botanique. L'enseignement administratif
embrasse: lesprinripes de législation, d'administration et de
comptabilité militaires; le> principes élémentaires de droit
administratif ; la comptabilité commerciale. Cet enseigne-
ment est a la fois théorique et pratique. Il est fait, dans
les principaux établissements nvils et militaires, des visites
dont l'objet se rapporte a l'enseignement de l'Ecole. L'en-
seignement militaire comprend la première partie de
l'école du soldat et le chap. Ier de la première partie de
l'école de compagnie et des extraits des règlements sur
le service intérieur et le service dans les places de guerre.
Sortie. — En fin d'études, la commission spéciale fait
subir aux élèves des examens consistant en épreuves écrites
et orales. Les épreuves écrites comprennent : 1° une
dictée ; 2° une narration (rapport administratif) ; 3° une
composition d'administration distincte sur chacun des cours
professés : législation, administration générale, subsis-
tances, hôpitaux, habillement. L'examen oral comporte une
ou plusieurs questions sur chacune des branches de l'ensei-
gnement. C'est le directeur de l'Ecole qui choisit les sujets
de composition et le questionnaire pour l'examen oral. Le
classement général des élèves a lieu d'après les données
suivantes : 1° Lne note d'appréciation générale sur l'édu-
cation, la conduite, le travail, les qualités physiques, mo-
rales et intellectuelles. Cette note, discutée par une
commission composée du sous-directeur et des officiers
d'administration de l'Ecole, est définitivement arrêtée,
par l'intendant général, président du jury d'examen, sur
la proposition du directeur. — 2° L'ensemble des notes
obtenues dans les différents cours pendant la session et
aux épreuves écrites et orales de fin d'année, les notes de
ces épreuves comptant pour le même nombre de points que
celles de toute l'année. Les élèves sous-officiers qui satis-
font aux examens de sortie sont nommés, en attendant leur
brevet d'officier, adjudants-élèves d'administration dans
l'une des branches administratives de l'armée (intendance,
campement, habillement, subsistances).
Ecoles de tir. — Les Indes de tir créées ou organisées
par le décret du 9 déc. 1N79 sont de deux catégories :
i° l'Ecole normale de tir de Chdlons- sur -Marne;
2° le» Ecoles régionales de Châlons-sur-Marne, du
Ruchard et de La Valbonne. Elles sont régies par le décret
du 18 nov. 1886.
Bistobiqi k. — Déjà on avait superposé aux écoles régi-
mentaires une école normale, puis des écoles régionales
de tir. Celles-ci figurent dans la loi organique du \'à mars
1878. Mais l'organisation actuelle est nouvelle et a pris
une importance exceptionnelle.
Les attributions de l'Ecole normale de tir instituée au
camp de Chatons sont les suivantes : 1° Etablir, d'après
les instructions de la direction de l'infanterie, les modèles
des armes et munitions destinées .t l'arme de l'infanterie;
vérifier mensuellement les produits de la fabrication cou-
rante des ateliers de chargement des cartouches; expéri-
menter les armes fabriquées par les manufactures et
tinees à l'infanterie. — 2° Expérimenter avant leur adoption
toutes les modifications aux armes de l'infanterie préposées
— «M -
Ecole
|>;ir les établissements producteurs (manufactures, cartou-
cheries, poudreries). — 3* Proposer les perfectionnements
.1 apporter aux armes et aux munitions en usage dans
L'infanterie. — '•" Examiner les propositions adressées k la
section technique de l'infanterie et relatives aux armes,
aux munitions, à l'instriii lion ilu lie. — 5° Déterminer les
règle* I suivre ilans l'exécution des feux; proposer à la
direction de l'infanterie les modifications à introduire dans
les règlements des manœuvres résultant de modifications
dans l'armement ou les munitions, ainsi que les perfec-
tionnements a apporter aux méthodes d'instruction en ce
3UI concerne le tir. — 6* Expérimenter les armes en usage
ans les armées étrangères. — 7" Proposer les mesures
pmpna à tenir les EcoTos régionales de tir et les corps do
troupe au courant des progrès réalises a l'étranger. —
s fabriquer les armes destinées a être distribuées comme
prix dans les concours de l'Ecole normale et des Ecoles
ivgionales de tir. En raison de ces attributions multiples,
le normale de tir comprend : d'une part, des ateliers
pour la fabrication de l'arme et des cartouches; de l'autre,
une commission d'expériences.
I I "de normale de tir forme pour les Ecoles régionales
de tir des professeurs et des instructeurs; pour les corps
de troupe des capitaines de tir ayant pour mission de donner
à l'infanterie une connaissance approfondie des armes à l'eu
portatives. Tous les ans, il est ouvert à cet effet à l'Ecole
normale un cours d'une durée de cinq mois et demi, lequel
-uivi par des capitaines d'infanterie. L'Ecole est dirigée
par un colonel ou lieutenant-colonel d'infanterie assisté de
deux chefs de bataillon, six capitaines d'infanterie et deux
contrôleurs d'armes. Il a la haute main sur l'Ecole régio-
nale de tir du camp de Chàlons, disposant dans l'intérêt
du service du personnel et du matériel de cette Ecole.
l-es Ecoles régionales des camps de Chalons, du Ruchard
et de La Valbonne sont destinées à former des instructeurs
(lieutenants ou sous-lieutenants, sous-officiers ou caporaux)
ayant pour mission de vulgariser dans les corps de troupe
MB progrés accomplis soit dans les méthodes d'instruction,
soit dans la fabrication des armes et munitions; elles sont
dirigées par un chet de bataillon assisté de sept officiers.
La durée des cours est de quatre mois pour les officiers et
de trois pour les sous-officiers et caporaux. Les hommes de
troupe des cadres fixes de ces écoles portent la tenue de
l'infanterie de ligne.
Ecole de dessin du service géographique de
l'armée. — Destination. — Au Service géographique
de l'armée a été annexé, par décision du 29 avr. 1883,
uni- Ecole de dessin ayant pour objet de former des dessi-
nateurs topographes et d'assurer le recrutement du per-
sonnel technique de cet établissement.
C.omiitmns d'admission. — Nul n'est admis à l'Ecole que
par voie de concours. Pour être admis à concourir, les
eb-ves doivent justifier : 1° de la qualité de Français ;
2° d'un âge de quinze ans au moins, dix-sept ans au plus,
le 1er janv. de l'année du concours; 3° d'une instruction
primaire suffisante, attestée soit par le certificat d'études
primaires, soit partout autre certificat analogue obtenu dans
les écoles de dessin, les ateliers, les écoles d'adultes, etc.
Leurs parents doivent faire la demande avant le 1er août
au directeur du service géographique de l'armée.
Les pièces ci-après désignées doivent accompagner la de-
mande : 1° l'acte de naissance dûment légalisé; 2° une
déclaration du père, de la mère ou du tuteur, s'engageant à
pourvoir aux besoins matériels des élèves pendant les deux
années d'études : 3" un certificat de bonnes vie et mœurs.
Les candidats admis au concours doivent exécuter :
1 une page d'écriture faite sous la dictée; 2" la même
page recopiée à main posée ; 3° une épreuve de dessin
linéaire, construction de figures de géométrie plane avec
la règle, ['équerre et le compas (ils doivent apporter les
instruments nécessaires) : i" un dessin d'ornement ou de
figure, d'après des modèles en plâtre ; .'>" une copie d'un
fragment de carte topographique, (les épreuves de dessin
ont pour but de constater si les élèves savent dessiner et
s'ils sont aptes au dessin spécial de topographie. — Lo
nombre annuel des admissions est très variable; il est do
5 à 40 élèves environ.
Régime uitérieur. — Le régime de l'Ecole est l'externat.
Des cours spéciaux de dessin, de topographie et de géomé-
trie, de lecture des cartes françaises et étrangères sont faits
aux élèves. Pendanl la belle saison, des exercices de topo-
graphie sont organisés aux environs de Paris et complétés
par des levés réguliers.
La durée normale des cours est fixée à deux années,
pendant lesquelles les élèves n'ont droit à aucune solde.
Les progrès et les aptitudes des élèves sont constatés
tous les six mois par des épreuves qui sont subies devant
une commission composée de deux officiers et d'un dessi-
nateur principal. Les examens comprennent une des deux
épreuves suivantes : un dessin topographique (planimètre,
courbes, hachures et lettres) ; un dessin d'après un relief
topographique. Les notes de dessin et d'interrogations, les
notes de conduite et d'exactitude données aux élèves pen-
dant le semestre écoulé, entreront en ligne de compte.
Après les épreuves semestrielles, les élèves sont classés et
reçoivent, sur l'avis du conseil de l'établissement et d'après
leur rang de classement, des gratifications pécuniaires com-
prises entre 50 et 200 fr.
Sortie. — Examen de sortie. A la fin de la deuxième
année d'études, les élèves exécutent un dessin topogra-
phique de concours, et sont interrogés par la commission
sur toutes les matières enseignées pendant leur séjour à
l'Ecole. Après les examens, la commission établit un clas-
sement de sortie qui est soumis au conseil de l'établissement
avec les notes particulières de chaque élève. Le conseil de
l'établissement désigne les élèves qui ont mérité le certi-
ficat d'aptitude, et choisit parmi ces derniers, ceux qui
pourront être admis dans les ateliers, à titre de surnumé-
raires, avec des appointements proportionnels à leur talent
et aux services qu'ils sont susceptibles de rendre. Toutes
les places de dessinateurs titulaires sont réservées aux
anciens élèves de l'Ecole. Après deux années de stage, les
surnuméraires peuvent être proposés pour passer dans le
cadre des titulaires, au fur et à mesure des vacances qui
se produisent; et leurs services comptent, pour justifier
leurs droits ultérieurs à la retraite, à dater du jour où ils
ont été nommés dessinateurs titulaires.
Ecole centrale de pyrotechnie militaire de
Bourges . — L'Ecole de pyrotechnie, qui avait été fon-
dée en 1824 et qui était primitivement établie dans la place
de Metz, fut transférée à Bourges par arrêté ministériel
du 2 juin 1870. On y fabrique les approvisionnements de
guerre et on y forme des praticiens à l'emploi et à la con-
fection des artifices de guerre. La durée des cours est d'une
année. Les élèves sont choisis parmi les maréchaux de
logis, les brigadiers, ou candidats inscrits pour l'un de ces
grades au tableau d'avancement, appartenant à l'artillerie
et désignés par les inspecteurs généraux. Une décision
spéciale du ministre de la guerre peut réduire la durée
des cours à six mois. Le programme des cours d'artifices
a été réglé en dernier lieu par une décision ministérielle
du 11 févr. 1894.
Ecole normale de gymnastique et d'escrime de
Joinville. — Destination. — En 18,">3 fut organisée
dans la redoute de la Faisanderie, près de Joinville-le-Pont
f Seine), une école militaire de gymnastique et d'escrime
dont 1 objet est de former des instructeurs de gymnastique
et des maitres d'armes destinés à répandre dans les diffé-
rents corps de troupe un mode d'enseignement uniforme
en ce qui concerne les principes et les exercices de gymnas-
tique et d'escrime et tout ce qui peut s'y rattacher au
point de vue de l'éducation physique du soldat.
Organisation. — Nous v consacrerons quelques détails
parce que l'Ecole de Joinville est le grand centre de l'en-
seignement de la gymnastique et même de l'escrime. Elle
est régie par le décret du 30 août 1882. L'Ecole comprend
ÊC01 i.
- 424 -
deux divisions d'instruction : 1 ° la division de gymnas-
tiqne, à laquelle appartiennent les officiers-élèves divisés en
trois groupes d'instruction el les élèves de la troupe répar-
tis en deux compagnies; — 2° la division d'escrime, i
laquelle appartiennenl les élèves de la troupe formant une
compagnie.
Les cours de gymnastique au nombre de deux |>Lir
année dînent cinq mois et demi chacun (l"r févr.— 12juil.
et Ie* aoû.t-15 janv.). Le coins d'escrime dure onze mois
el demi (l,T févr.-15janv.) — Le cours de gymnastique
est suivi:!" par 30 sous-lieutenants d'infanterie âgés de
moins de vingt-six ans, désignés par le ministre d'après un
roulement particulier ; 2" par des caporaux ou élèves-
caporaux des corps de troupe d'infanterie à raison d'un
militaire par régiment d'infanterie, 2 militaires par batail-
lon de chasseurs choisis exclusivement parmi ceux qui
sont dans leur première année de service et présentent le
plus d'aptitude ; de plus on envoie à Joinvillc, selon les
convenances du service, des sous-officiers, brigadiers ou
caporaux de l'artillerie ou du génie. — Le cours d'escrime
est suivi par 100 élèves désignés par les généraux com-
mandant les corps d'armée parmi les prévôts de toutes
armes examinés et classés par les jurys régionaux. On a
soin, en raison de la proximité de Paris, de ne choisir que
des sujets d'une conduite irréprochable.
Le personnel de l'Ecole comprend un cadre fixe ou per-
manent et un cadre mobile. Les officiers appartiennent au
cadre fixe. Les moniteurs de gymnastique (cadre mobile),
choisis par moitié environ à la tin de chaque cours de gym-
nastique, parmi les élèves les plus aptes aux fonctions
d'instructeurs, sont conservés à l'Ecole pendant les deux
cours qui suivent leur entrée en fonctions; ceux qui font
preuve d'aptitudes exceptionnelles peuvent être conservés
plus longtemps. Les moniteurs d'escrime (cadre mobile)
sont choisis à la fin de chaque cours parmi les prévôts-
élèves les plus capables ayant encore plus d'une année de
service à faire ou manifestant l'intention de rengager. Les
chefs de salle d'escrime (cadre mobile) sont choisis, à la
fin de chaque cours, parmi les moniteurs d'escrime les
plus capables. L'Ecole est dirigée par un commandant su-
bordonné au général commandant la place de Paris. Il est
assisté d'un sous-intendant, de capitaines instructeurs de
gymnastique et d'escrime, de lieutenants instructeurs, d'un
officier trésorier, d'un officier d'armement, etc.
L'enseignement est donné suivant le programme ci-après.
Les officiers-élèves sont divisés en trois groupes d'instruc-
tion. Voici la liste des matières d'enseignement et les
coefficients (dont 1/3 pour la théorie, 2/3 pour la pratique
en ce qui concerne la gymnastique) : 1° gymnastique théo-
rique et pratique comprenant les exercices d'assouplisse-
ment, 2 points; la boxe française, 3 p. ; le bâton et la
canne, 3 p. ; la natation, 2 p. ; la gymnastique aux appa-
reils, 18p.; — 2° l'escrime à L'épée, 4 p. ; — 3° l'équita-
tion, 3 p. ; — 4° la manœuvre de la pompe à incendie, 1 p. ;
— 5° la manœuvre de la rame et la conduite d'une em-
barcation, 1 p. ; — 6° le tir au revolver, 2 p. ; — 7" la
physiologie, l'anatomie et l'hygiène de l'homme, 2 p.; —
8" le règlement des manœuvres, 4 p. ; — 9° l'étude de
questions se rapportant à l'éducation physique du sol-
dat,4p.; — 10" conduite, 2 p. ; — 11° assiduité, 2 p.; —
12" manière d'être en général, 3 p.
L'instruction théorique et pratique donnée aux élèves
de troupe de la division de gymnastique comprend : 1" la
gymnastique théorique et pratique qui se subdivise en exer-
cicesd'assouplissement,2p.; boxe, 4p.; bâtonet canne, i p.;
natation, 2 p. ; gymnastique aux appareils, S p. ; — 2" l'es-
crime à l'épée, 2 [>. ; — 3e la manœuvre de la pompe à
incendie, 1 p.; — 4" la manœuvre de la rame, lp.; —
5° le tir à la cible, 3 p.; — (i"les manœuvres de l'infan-
terie, 3 p. — Les militaires de la division d'escrime sont
exercés à la pointe, la contre-pointe, la gymnastique d'as-
souplissement et les manœuvres. On attribue aux aptitudes
comme professeur de pointe, G p. ; comme tireur de
pointe, 12 p. : professeur de contre-pointe, 2 p. ; tireui
de contre-pointe, '■> p. ; aux exercices militaires, 1 p. Pour
les deux divisions, on noie la conduite, ■! p. ; la tenue, 2 p. ;
l'application, 2 p. ; L'aptitude comme instructeur, 4 p.
Chaque période d'instruction comporte trois examens:
un examen d'entrée, un examen de mi-session >-t un exa-
men de sortie. Les ii\es de troupe -oui placés en nombre
égal par année dans les compagnies et les sections d'après
leur numéro de régiment ou de bataillon. Ils -uni ensuite
repartis par rang de four ou d'aptitude entre les escouades
OU les salles de travail de chaque section. L'examen de
sortie a lieu sur toutes les parties de l'instruction théo-
rique et pratique devant un jury composé du commandant
de l'Ecole, du capitaine instructeur de gymnastique et du
plus ancien lieutenant instructeur pour [es oliici.-i ^-<l. ••■
d'un lieutenant et de deux adjudants pour les élèves de la
troupe. Les notes obtenues aux examens et multipliées par
les coefficients indiqués donnent une somme de points
d'après laquelle on établit le classement. A la suite des
examens de sortie, on décerne des récompenses, mentions
honorables ou prix (médailles de vermeil, d'argent, épin-
glettes de tir). — Les élèves de troupe à leur sortie de
l'Ecole reçoivent, s'ils en sont jugés dignes, des brevets de
moniteurs de gymnastique ou d'escrime et sont dirigés sur
leurs régiments respectifs. Quelques-uns entrent dans le
cadre de l'Ecole.
Ecoles militaires préparatoires. — Destination.
— Il a été institué six écoles militaires préparatoires par
la loi du 19 juil. 1884 et le décret du 3 mars 1885.
(Juatre sont consacrées à l'infanterie, celles de Rambouil-
let, Montreuil-sur-Mer, Saint-Hippolyte-du-Eort et Les
Andelys; une à la cavalerie (Autun) ; une à l'artillerie et
au génie (lîillom dans le Puy-de-Dôme). Il faut y ajouter
l'orphelinat Hériot a La Boissière (près de Rambouillet),
pour 100 enfants de troupe orphelins, qui sont élevés
et instruits de cinq à treize ans. Ces écoles assurent
aux enfants de troupe une instruction primaire et une
instruction militaire. Les écoles de l'infanterie reçoivent
les enfants de troupe inscrits sur les contrôles des corps
d'infanterie et des sections administratives ; l'école de
cavalerie reçoit les enfants de troupe de la cavalerie et des
compagnies de remonte ; celle de l'artillerie, les enfants
de troupe de l'artillerie, du train des équipages militaires
et du génie. Les enfants de troupe provenant de la gendar-
merie et de la marine et un certain nombre de fils de mili-
taires, non enfants de troupe, sont admis dans ces écoles.
Conditions d'admission. — Ne peuvent être admis dans
les écoles militaires préparatoires que les fils de soldats,
caporaux ou brigadiers, sous-officiers, officiers jusqu'au
grade de capitaine inclusivement ou assimilés, et d 'otiieiers
supérieurs ou assimilés décèdes. Les fils de militaires
retirés du service ne sont aptes à concourir qu'autant que
leur père est ou a été en possession d'une pension de re-
traite intégrale ou proportionnelle, d'une pension de re-
forme pour infirmités ou blessures, ou qu'il a contracté un
rengagement de cinq ans au moins. Les fils de militaires
réformés par congé n° 1 et jouissant d'une gratification
permanente sont également admis au bénéfice de ces dispo-
sitions. Les fils des militaires, non enfants de troupe, sont
admis dans les écoles aux mêmes conditions que les autres
enfants. Le ministre de la guerre fixe le nombre des places
réservé dans les écoles aux enfants de troupe de la marine.
Les conditions d'admission pour ces enfants sont les mêmes
que pour les enfants de troupe de l'armée de terre; mais
ces infants sont désignés par le ministre de la marine.
L'admission des élèves n'est prononcée que sur la pro-
duction d'une déclaration, signée par les parents ou tuteurs,
spécifiant : 1° qu'ils consentent i l'engagement ultérieur
île leur enfant dans les conditions stipulées par l'ait. S
de la loi du 1!' juil. 1884; 2° qu'ils uni pris connaissance
de la clause dudit article qui autorise le ministre de la
guerre a faire exercer contre eux. ou sur la fortune per-
sonnelle de l'enfant, le recouvrement de la moitié des frais
- 425 —
ÉC.0LK
paves par l'Etat, dans le cas on eet enfant sérail retiré
avant d'avoir atteint l'âge voulu pour contracter on enga-
gement, oq refuserai! de s'engager, on serait renvoyé de
l'école pour inconduite.
On exige en outre de tons les candidats qu'ils sachent
Inv. écrire, calculer (les quatre règles) ; un certificat d'ap-
titude physique constatant qu'ils ne sont atteints de nulle
infirmité les rendant impropres an service militaire.
RÉGIME intérim R. — Chacune des écoles reçoit 500 élèves
environ, sur lesquels 30 au plus non enfants île troupe, niais
til> île militaires. Ceux-ci sont entretenus au\ Irais de leurs
parents. Les élèves doivent avoir treize ans révolus et moins
de quatorze au I" août de l'année de leur admission ; ils
restent dans le* écoles jusqu'au jour de leur engagement.
Sortie. — l>ès l'âge minimum ti\é par la loi de re-
crutement, r.-a-d. à dix-huit ans, les élèves des écoles
militaires préparatoires sont appelés à contracter un
engagement volontaire, dont le terme est déterminé par
la date de l'expiration légale du service dans l'armée ac-
tive de la classe a laquelle ils doivent appartenir par leur
âge. L'élève engagé entre dans l'armée active comme soldat.
Ecoles régimentaires. — Les écoles régimentaires
ont pour objet l'instruction générale et technique des sol-
dats de toutes armes. Leur personnel est emprunté aux
cadres du régiment. Leur place dans le système militaire
sera définie à l'art. Instruction [Armée]. Elles représentent
l'équivalent de l'école primaire dans l'instruction publique.
Leur organisation est réglée parles décrets du 28 déc. 1883
portant règlement du service intérieur. Toutes disposent de
manuels spéciaux.
\.< oi us régimentaires d'infanterie. — Chaque régiment
OU bataillon tonnant corps a deux écoles : l'école primaire
de compagnie destinée aux illettrés et obligatoire jusqu'à
ce qu'ils sachent lire, écrire et compter; le cours prépara-
toire t'ait aux sous-officiers, caporaux et soldats ayant
une instruction primaire suffisante; ce cours est facultatif.
— Dans chaque compagnie, le capitaine a la direction et
'iisabilite de l'école primaire; le sergent-major est
spécialement chargé de cet enseignement sous la surveil-
lance du chef de peloton. Le colonel détermine le temps
qu'on y peut affecter. Le lieutenant-colonel propose et le
colonel désigne pour le cours préparatoire un capitaine
directeur et des officiers professeurs du grade de lieutenant
ou aons-lieuteoant, de manière que chacun n'ait autant que
possible qu'un cours ou deux au plus à faire. Ces officiers
ne sont habituellement exempts d'aucun service. Le capi-
taine directeur et les officiers professeurs composent une
commission d'examen présidée par le lieutenant-colonel.
La surveillance des écoles régimentaires dans un régiment
réuni appartient au lieutenant-colonel qui centralise cette
partie du service. La plus grande utilité des cours prépa-
ratoires est de préparer les sous-olliciers à entrer dans
l'Ecole d'élèves-officiers (Saint-Maixent). Le budget d'une
école rigimentaire est de 1,000 fr. (dépenses scolaires,
achat de livres, presse autographique, etc.). On rattache
aussi à l'école régimentaire : 1° l'enseignement de la
gymnastique, du tir, de la natation, des travaux de cam-
tous ces enseignements sont gratuits et obliea-
: 1° les écoles de tambours et de clairons (V. Mu-
BQOS militaire): 3° l'enseignement de l'escrime, les
exercices de boxe, de bâton et canne ( 1 ,873 fr. par an).
Ecoles reoimentaires de cavalerie. — Les écoles d'un
régiment comprennent l'école du premier degré, l'école du
second degré, le cours préparatoire de l'Ecole de cavalerie,
l'école d'escrime, l'école de natation. — L'école du pre-
mier degré est l'école primaire obligatoire pour les illettrés;
l'école du deuxième degré destinée aux brigadiers et élèves-
brigadiers désireux d'entretenir leur instruction est facul-
tative. Elle est faite comme la précédente dans chaque es-
cadron sous la direction du capitaine commandant. — Le
cours préparatoire est fait pour l'ensemble du régiment
sous la surveillance du lieutenant-colonel et sous la direc-
tion du capitaine instructeur qui a trois officiers pour
adjoints. Il est facultatif et destiné exclusivement auxsous-
omciers qui sont susceptibles de devenir officiers soit dans
l'année active (Ecole de Sainniir), soit dans la réserve. Il
comprend deux divisions, chaque cours ayant la durée
minimum d'une année scolaire ; la 28 division (premier
échelon) apprend l'orthographe, la géographie, l'arithmé-
tique, la géométrie; la lr'' division (deuxième échelon)
revise les cours précédents et apprend de plus la rédaction,
l'histoire, la topographie. On passe de la deuxième à la
première division après un examen. Chaque division a par
semaine trois séances d'une heure et demie. — L'école
d'escrime esl gratuite et obligatoire, dirigée par un officier;
renseignement y est donné par le maître d'escrime et deux
prévôts. — L'école de natation est dirigée dans chaque
escadron par le capitaine commandant.
Ecoi.es régimentaires d'artillerie et du train des équi-
pages. — Les écoles du régiment comprennent l'école
primaire, le cours secondaire ou préparatoire, l'école
d'escrime et l'école de natation. Le règlement du l°r sept.
1888 en détermine le fonctionnement. Elles sont organisées
dans chaque bataillon d'artillerie de forteresse, régiment
d'artillerie, escadron du train des équipages ou compagnie
formant corps. L'organisation est analogue à celle des
écoles d'infanterie et de cavalerie; les cours préparatoires
sont destinés aux sous-olliciers candidats soit à l'Ecole de
Versailles, soit au grade de garde d'artillerie ou de gardien
de batterie. Les cours secondaires comportent l'enseigne-
ment du français, de l'arithmétique, de l'algèbre, de la
géométrie, de la géographie et du dessin ; pour le train
des équipages et les candidats aux grades de garde d'artil-
lerie ou de gardien de batterie, les cours d'algèbre sont
remplacés par des leçons d'histoire.
Ecoles régimentaires du cénie. — Une école du génie
est établie dans chacune des garnisons affectées aux régi-
gentsdu génie pour l'instruction spéciale des soldats, bri-
gadiers, caporaux et des sous-olliciers, ainsi que pour celle
des officiers. Le colonel en a la direction supérieure; sous
ses ordres, elle est administrée par un chef de bataillon de
l'état-major du génie, avec le titre de commandant de
l'école. Il est secondé par deux capitaines, trois professeurs
civils nommés au concours (lettres, dessin, sciences) et
deux adjoints du génie. On trouvera dans le règlement du
25 juin 1885 des délails complets sur l'instruction théorique
(français, sciences mathématiques et physiques, dessin, for-
tification et art de l'ingénieur, géographie et cosmographie,
histoire de Erance). Les cours sont obligatoires pour les
soldats et sous-olliciers ; ils ont lieu dans les quatre mois
d'hiver (novembre à février), six fois par semaine.
Aux officiers, on fait un cours de mines et un cours d'at-
taque et de défense des places ; ils rédigent annuellement
un travail topographique, un mémoire et quatre projets qui
sont examinés par le commandant de l'école. L'instruction
spéciale pratique se compose de cinq écoles distinctes con-
cernant la fortification de campagne, la sape, les mines,
les ponts, les chemins de fer. Tous les hommes du régi-
ment les suivent. Outre les exercices relatifs à la nomen-
clature et encaissage des outils, chargement et déchar-
gement des voitures et chevaux de bât, on nomme encore
trois autres écoles : d'artifices, de levers, de télégraphie
optique. L'école pratique d'artifices initie à la confection
d'artifices usuels quelques hommes du régiment ; les chefs
artificiers se forment à l'Ecole centrale de pyrotechnie de
Bourges. L'école de levers est suivie par tous les sous-
olliciers et caporaux ayant l'aptitude nécessaire. L'école
pratique de télégraphie optique l'est par les hommes les
plus capables ou déjà instruits (V. Génie).
Ecoles régimentaires de tir (V. Tir).
Ecoles régimentaires de husiqi e, de trompettes, tam-
bours, clairons (y . musiqoe militaire).
Ecoles RÉGIMENTAIRES DE GYMNASTIQUE, de natation,
d'escrime (V. ri-dessus Ecoles régimentaires d'infan-
terie, île cavalerie, et Instruction [ArméeJ).
Ecole des travaux de campagne. — L'Ecole des travaux
ÉCOLE
- «H -
dfl campagne' pour les officiers dM corps de troupe d'infan-
terie Bel répartie entre les quatre écoles réamentairw <lu
génie, on elle se l'ait snccessivemenl et alternativement.
Chaque <<.rps envoie donc loua lee quatre ans un eapi-
taine à l'Ecole des travaux de campagne. Le personnel
enseignant es! désigné par le colonel du régimenl do génie.
Les cours commencent a la lin de septembre et durent
quatre semaines, y compris quatre jours employés à la tin
du eours à la rédaction d'un mémoire (mise en défense
d'une position).
EcOl.ES IIKCIMKMA1HES li'lNFANTEME HF. «ABIME. — DflS
organisation équivalente à celle (les troupes de terre a été
appliquée à l'infanterie de marine. Les écoles ou cours du
second degré ont une importance exceptionnelle, puisqu'il
n'y a pas ici d'école de sous-officiers élèves-officiers et qu'ils
en tiennent lieu. On y enseigne la grammaire française
complète, l'arithmétique jusqu'au système métrique, la
géométrie jusqu'à la mesure des surfaces, l'administration
militaire jusqu'à l'administration intérieure des compagnies.
la géographie générale, l'histoire de France, les notions de
fortification, l'étude et la lecture des cartes topographiques.
Les sous-officiers proposés pour le grade de sous-lieutenant
par les inspecteurs généraux suivent dans les ports de
Cherbourg, Brest, Bochefort, Toulon, un cours spécial,
fait par le professeur d'hydrographie du port et portant
sur l'arithmétique, la géométrie, la géographie, la partie
mathématique de la fortification et de la topographie, le
dessin linéaire et topographique dit à vol d'oiseau. En
outre, le capitaine directeur des écoles leur enseigne la
langue française, l'histoire de France jusqu'à nos jours,
l'administration et la législation militaires, la fortification
appliquée, le lever de plans et l'étahlissement de rapports
militaires, et leur commente l'ordonnance sur le service des
armées en campagne. Ils doivent présenter deux fois par
an un travail topographique (lever et rapport). Enfin, ils
suivent un cours de langue allemande.
Ecole navale. — Destination. — L'Ecole navale,
établie en rade de Brest et dépendant du ministère de la
marine, est destinée à former des officiers de marine.
Historique. — L'origine de l'Ecole navale actuelle re-
monte au début du xixe siècle, mais sous l'ancien régime
il existait des institutions analogues. La première idée
remonte au règne de Louis XIV ; en même temps que les
six compagnies de cadets destinées à former des officiers
pour l'armée de terre, il créa, le 22 juin 1682, trois com-
pagnies de gardes de la marine qui furent stationnées à
Toulon, Rochefort et Brest. Recrutées parmi les jeunes
nobles, elles leur donnaient l'instruction nécessaire pour
devenir officiers de marine. Le 18 nov. 1716, on régularisa
l'institution en réduisant le nombre exagéré des gardes de
la marine ; ils étaient 700 ; on ne conserva dans chaque
compagnie que 80 jeunes nobles. En outre, on créa une
compagnie de gardes du pavillon (au nombre de 80),
recrutée dans les trois précédentes ; les gardes du pavillon
recevaient l'instruction navale en servant près la personne
de l'amiral dans les ports et à la mer et sur les principaux
vaisseaux de guerre. L'uniforme de ces gardes de la marine
et de ces gardes du pavillon était le même : habit bleu,
veste, culotte et bas écarlates; les gardes du pavillon, de
grade supérieur, se distinguaient par un « bordé d'or haut
d'un pouce» aux parements et aux poches. Voici comment
était organisé l'enseignement. Pour l'admission, on cons-
tatait l'instruction, mais sans y attacher d'importance ; on
vérifiait la noblesse des candidats et on accordait la pré-
férence aux fils d'officiers de la marine ou aux jeunes gens
ayanl déjà navigué dans la marine officielle. Le roi choi-
sissait. Les gardes-marine dans leurs compagnies recevaient
un enseignement très soigné comportant les mathématiques,
l'hydrographie, le dessin, les constructions navales, l'es-
crime et la danse. Ils étaient mis au courant de la ma-
nœuvre et du pilotage par les mallres canonniers et les
maîtres d'équipage. Leurs études duraient en moyenne
trois années au bout desquelles on leur faisait passer des
examens de capacité. S'ds les soutenaient avec suc/<-s. ils
étaient embarqué! avec le titre de garde*, du pavillon. Ils
faisaient alors les études que tout nos aspirants sur le
vaisseau-école d'application ; les officiers les mettaient tu
courant, les associaient a leurs travaux ; ils faisaient le
quart avec eux: les premiers maîtres leur monnaient la
manœuvre du narire,lêpifotage,lemjutiemenl de l'artillerie,
complétant sur ces points l'instruction commencée atome
gardes-marine* IK naviguaient plusieurs années en qualité
de gardes do pavillon avant d'être promus enseignes de
vaisseau. Il est aisé de se rendre compte que cet en
ment méthodique donna de bons résultats. On util quelle
était, sous le régne de Louis XVI, le mérite et la réputation
du corps de la marine française. A coté de ces officiers
nobles, on recrutait, par engagement volontaire, le corps
des officiers bleus qui recevaient une instruction moins
étendue; ils servaient quatre ans et demi comme volontaires
(nobles ou non) dans la marine royale, puis devenaient
aptes ;, commander les vaisseaux marchands. On leur con-
fiait aussi le service des ports et on les employait dans les
arsenaux.
. Le corps des officiers de la marine fut désorganisé au
moment de la Révolution française, principalement par
l'émigration. Pour suppléer à la ruine des méthodes d'ins-
truction des officiers, la Convention décida la création
d'écoles navales à Brest et a Toulon. Ce décret ne fut pas
exécuté. C'est l'Empire qui, en 1810, organisa les écotes
navales de Brest et de Toulon, la première à bord du
Tourville, la seconde à bord du Lhiquesne. Ces écoles,
qui n'eurent jamais les 300 élèves attribués théorique-
ment à chacune et en réunirent à peine la moitié, qui
durèrent seulement quatre ou cinq années, n'en ont pas
moins donné les meilleurs résultats; de là sortirent nos
meilleurs officiers de marine. La Restauration licencia ces
écoles et, sous le prétexte saugrenu que le duc d'Angou-
lème était grand amiral de France, on institua un-
navale unique à Angoulême. Elle avait le titre de <
de la marine et on mit à sa disposition une grande
barque sur la Charente. Au terme de leurs études, les
élèves concouraient pour le grade d'élèves de deuxième
classe et étaient embarqués sur les vaisseaux de l'Etat. En
1827, sur la demande de l'amiral Roussin, l'Ecole navale
de Brest fut rétablie. Ce n'était en théorie qu'une succur-
sale du Collège d'Angoulême, mais elle prit le rôle prépon-
dérant; en 1829, on affecta le navire l'Orion, dans la rade
de Brest, à l'éducation pratique des futurs officiers. Le Collège
d'Angoulême, réduit au rôle d'école préparatoire, lut sup-
primé quatre années plus tard. Dans cette période de
transition, les élèves entraient à l'Ecole navale de Brest à
la suite d'un examen qui leur conférait le titre d'élève de
deuxième classe; l'instruction était gratuite, la nourri-
ture aux frais de l'Etat qui leur attribuait une solde. Les
études duraient seulement un an ; les élèves sortaient
comme ils étaient entrés, avec le grade d'élèves de deuxième
classe; au bout d'un an. ils passaient élèves de première
classe, puis lieutenants de frégate au tur et à mesure des
vacances. En 1833, tout ce système fut refondu et l'orga-
nisation actuelle remonte à cette époque.
Le séjour et les études à bord du vaisseau-école (YOrion
fut dés 1834 remplacé par le Borda, et depuis lors on
a toujours gardé ce nom au bâtiment qui servit de vaisseau-
école) durèrent deux années; le titre d'élève de deuxième
classe ne fut donné qu'à l'expiration de ces études et après
l'examen; les élèves avaient le titre d'aspirant; la gratuité
fut abolie; on exigea une pension de 700 fr. par an. plus
Un trousseau de 8(10 fr. Au sortir du Borda, les aspirants
passaient élèves de deuxième classe: deux ans plus tard,
élèves de première classe. Puis ce titre d'élèves disparut et
il n'y eut que des aspirants de deux classes. — En 1864,
afin de suppléer à l'insuffisance de l'instruction pratique
donnée sur le Borda, le ministre Chasseloup-Laubal créa
une école d'application qui fut organisée par le capitaine
de vaisseau Dieudonné. Elle fut placée à bord du Jean-
— 4-27 —
ÉCOLE
Kart. Auparavant, les élèves sortants qui naviguaient
quatre années eoome aspirants (deux ans dans chaque
rhmn) n'avaient pas, pendant ha deux annéaa de seconde
classe, autorité sur les officiers mariniers (adjudants et
premiers maîtres». On para a cet inconvénient en rédui-
sant a une année le Stage tomme aspirant de deuxième
eksse et en le faisant taire sur le vaisseau-école d'appli-
cation. Dans cet emploi, le Jean-liart a été remplacé par
Vlpliujt'nit'.
noNS d'admission. — Nul n'est admis à l'Ecole
navale que par voie de concours. Le concours a lieu chaque
année a Paris et dans une domaine de centres d'examen
désignes par le ministre (les principaux ports et Lyon,
Nancy. Toulouse). Voici comment le règlement du 7 oct.
I s' M détermine les conditions d'admission. Le nombre des
admissions est tixe d'avance par le ministre ; les élèves
démissionnaires ne sont pas remplacés.
Inscription. Les candidats doivent se faire inscrire du
1 r au 35 avr., ternie de rigueur, à la préfecture du
département ou est établi le domicile de leur famille ou
de celui ou ils poursuivent leurs études. Tout candidat,
lors de son inscription, doit justifier: 1° qu'il est Fran-
çais ; 8° qu'il a eu quatorze ans au moins et qu'il n'a pas
accompli sa dix-huitième année avant le 1™ janv. de l'anuée
du concours, C.-à-d., pour le concours de 1N!)2, que la
date de sa naissance est comprise entre le I"" janv. 1874
et le ol déc. 1S77. inclusivement. Les conditions d'âge
sont de rigueur; il n'est accordé aucune dispense. — Les
pièces à produire pour l'inscription sont : lu L'acte de
naissance du candidat, dûment légalisé. — 2" l'n certi-
ficat du maire de la localité habitée par la famille consta-
tant que le candidat est Français, ou bien qu'il se trouve
dans une des conditions énoncées ci-dessus. — 3° Un
i ertiiicat d'un docteur en médecine ou en chirurgie, dû-
ment légalisé, attestant que le candidat a eu la petite
féroh ou qu'il a été vacciné ou inoculé. — 4° Une décla-
ration écrite indiquant celui ou ceux des centres de com-
position écrite ou d'examen oral choisis par le candidat ou
par sa famille. Ce choix une fois fait, aucun candidat ne
sera autorisé à changer de centre d'examen ou de composi-
tion que pour des motifs graves, avec preuves à l'appui et
par décision du ministre. — 5° Une déclaration sur papier
timbré par laquelle les parents, père, mère ou tuteur, etc.,
s'engagent à payer au Trésor public, par trimestre et
d'avance, une pension annuelle de 700 fr. Cet engagement
devient nul en tout ou en partie en cas de concession d'une
bourse ou d'une demi-bourse. Les familles ont la faculté
de payer le prix de la pension des élèves à la caisse du
Trésor I Paris, ou, dans les départements, entre les mains
îles receveurs des finances qui en délivrent récépissé. —
' n second acte sur papier timbré, portant engagement
d>' payer le trousseau, les livres et objets nécessaires aux
études. Le prix de ces objets est d'environ 1,000 fr.,
payables au trésorier de l'Ecole en deux portions exigibles,
r : X00 fr. au moment de l'admission de l'élève et le
reste au commencement de la seconde année. Cet engage-
ment devient nul en tout ou en partie en cas de concession
d'un trousseau ou d'un demi-trousseau. — 7° S'il y a
lieu, le diplôme de bachelier es lettres (première partie),
ou de bachelier es lettres complet, ou le certificat d'apti-
tude au baccalauréat de l'enseigTiement secondaire clas-
sique (première partie) ; à défaut, un certificat du recteur
d'académie constatant que le candidat est en possession
d'un de ces diplômes. Ces pièces, sauf l'acte de naissance,
le certificat médical et les diplômes, ne sont valables que
pour l'année dont elles portent la date. Les dossiers d'ins-
cription ainsi que l'état prescrit seront envoyés au ministre
le 25 avr.. terme de rigueur.
Avant les examens, les candidats sont soumis à une
visite médicale, dont les conditions sont réglées par les
instructions du 4 août 1879 et du 23 mars 1888. La
commission comprend un officier supérieur de marine, pré-
sident ; un lieutenant de vaisseau et deux médecins de
marine de lr' classe au moins. Les candidats sont de plus
soumis aux épreuves optoinélriques et daltoniquesci-apres:
l'épreuve optoinetriquo consiste dans la lecture, à une dis-
tance do t m. pour la vision monoculaire, et a une dis-
tance de 2 m. pour la vision binoculaire, dans la propor-
tion de 18 sur 24, des lettres capitales u° 15, noires sur
fond blanc, de l'échelle typographique de Sneilen, éclairée
par une bougie placée a .'>() ceiilim. de ces lettres. — Re-
lativement au daltonisme, les candidats subissent une
épreuve de nuit avec L'appareil spécial (chromo-optomètre)
et une épreuve île jour avec les éclieveaux de laine. Le
président de la commission signale immédiatement au mi-
nistre, par télégramme, les noms des candidats qui, à
cause de la faiblesse de leur constitution physique ou de
l'insullisance de leurs facultés visuelles, n'ont pas été
admis par la commission. Il indique les motifs de cette
exclusion. Le ministre statue par réponse immédiate pour
que, sans retard, il en soit donné avis aux intéressés. Les
candidats reconnus aptes à servir dans la marine sont
seuls admis à faire les compositions. Ceux d'entre eux qui
renoncent ou ne se présentent pas à l'une des épreuves
sont, par cela seuls, exclus du concours.
Concours. Les épreuves pour l'admission consistent en
compositions et en examens oraux. La commission d'exa-
men comprend un capitaine de vaisseau, président ; deux
examinateurs pour les lettres et deux examinateurs pour
les sciences. La composition de dessin est corrigée par un
correcteur spécial. Les compositions ont lieu simultané-
ment dans les divers centres d'examen, les trois premiers
jours du mois de juin (dimanche excepté). 11 n'est adressé
aucun avis individuel. Aucun candidat n'est autorisé à
composer à une autre époque qu'à celle qui a été fixée.
Les séances de compositions sont dirigées et surveillées par
des officiers de la marine assistés de premiers maîtres dé-
signés à cet efi'et (un lieutenant de vaisseau et un premier
maître par vingt candidats). La liste des candidats est
remise le premier jour aux officiers surveillants, par les
préfets maritimes, préfets ou sous-préfets des départements.
Compositions écrites. Pour les compositions, les can-
didats sont appelés dans l'ordre alphabétique et placés
à la distance de lmî)0 au minimum les uns des autres.
Le sujet de chaque composition n'est dicté qu'au moment
précis où il doit être traité. Le temps de la dictée n'est
pas compris dans la durée attribuée à chaque composition.
Les candidats devront reproduire en tète de leurs feuilles
de compositions le texte du thème anglais et celui de la
composition française. Ces deux textes ne leur seront
jamais communiqués, mais l'officier relira, à tout candidat
qui lui en fera la demande, telle ou telle partie desdits
textes que ce candidat supposerait avoir incomplètement
ou inexactement reproduite. Il est tenu compte par chacun
des examinateurs du style, de l'orthographe et de l'écriture
dans l'appréciation des compositions. Les candidats ne
peuvent avoir, pendant les séances, aucun document écrit,
aucun livre, etc. ; ils sont tenus de faire le thème anglais
sans l'aide du dictionnaire. Ils doivent se munir de tout
ce qui est nécessaire pour écrire, dessiner (encre, plumes,
crayons, fusain, carton ou planche à dessin, etc.). Pour
le calcul numérique de trigonométrie et pendant cette seule
séance, les candidats pourront faire usage d'une table de
logarithmes sous la condition expresse qu'elle ne contienne
aucune note écrite à la main. Toute infraction au règle-
ment ou toute fraude dans l'une quelconque des épreuves
entraine l'exclusion du concours. La composition de dessin
consiste dans la reproduction d'un modèle d'après la ronde
bosse. La composition de géométrie et géométrie analytique,
celle d'arithmétique el algèbre durent trois heures et demie;
celle de géométrie cotée et la composition française, deux
heures et demie; celle du dessin, deux heures ; celles de
calcul trigonométrique et d'anglais, une heure.
en
puis
Après que ces compositions ont eu lieu, les copies sont
voyées à l'aris sous pli cacheté. Elles sont corrigées,
is le travail d'admissibilité est préparé à Paris par le
ÉCOLE
— 42X —
bureau do l'état-major de la flotte. Lea examinateurs al le
correcteur se rénniaBenl sons la préaidence du capitaine de
vaisseau, président, pour le classement des candidats auto-
risée s subir les éprouvée orales. La note donnée par
l'examinateur à une composition esl multipliée par le
coefficient indiqué dans le tableau ci-après, ce qui déter-
mine le nombre de points allërcnts au candidat pour cette
composition. 11 est tenu compte aux bacheliers es lettres
des points qui leur sont dus en vertu île dispositions
données plus bas.
Kn outre, il est attribué aux candidats qui, après avoir
terminé leur tbème anglais, le traduiraient ensuite en
allemand, une note spéciale comprise entre 0 et 20, sans
coefficient, et s'ajoutant à la note d'anglais. Ex. : un can-
didat a obtenu la note 18 pour le thème anglais et 12
pour le thème allemand, le nombre des points à lui attri-
buer est (15 X 4) + 12 = 72.
Examens oraux. Les candidats sont classés suivant le
nombre de points que chacun d'eux a obtenus. La commis-
sion fixe, d'après ce classement, le nombre de points au-
dessus duquel les candidats sont autorisés à se présenter
aux examens oraux. Le président en adresse la liste au
ministre. Les compositions sont conservées au ministère ;
elles ne peuvent être communiquées sous aucun prétexte.
Une liste, par centre d'examen, et dans l'ordre alphabé-
tique pour chaque centre, des candidats autorisés à subir
les épreuves orales, est publiée au Journal officiel. Cette
liste indique, en outre, les dates d'examen dans les diffé-
rents centres. D'après la seule publication de cette liste au
Journal officiel, les candidats doivent se rendre dans
celui des centres où ils ont demandé à être examinés, ou
dans le centre pour lequel ils sont désignés au Journal
officiel. Ils s'adressent, dans les ports militaires, à la pré-
fecture maritime, et, dans les autres centres, à la préfec-
ture ou à la sous-préfecture du département, où leur sont
indiqués les locaux affectés aux examens. Dans le cas ou
le nombre des candidats admissibles et devant subir les
épreuves orales dans un centre d'examen serait insuffisant
pour motiver le déplacement de la commission, le ministre
se réserve le droit de désigner aux candidats le centre où
ils devront se rendre pour être examinés.
Les matières du programme des examens oraux sont
réparties entre les examinateurs de la manière suivante :
1° anglais, histoire et géographie ; 2° français et latin ;
3° géométrie, géométrie cotée, géométrie analytique,
physique et chimie ; 4° arithmétique, algèbre et trigonomé-
trie. Les examens oraux commencent à Paris le 1er juillet
ou le 2, si le 1er est un dimanche ; ils ont lieu ultérieure-
ment dans les villes et suivant un ordre indiqué d'avance.
— L'ordre alphabétique des candidats détermine leur tour
d'examen. Le président fixe dans chaque ville les heures
des séances d'examen (l'appel des candidats pour le pre-
mier examen a toujours lieu à sept heures du matin). Il
tient la main à ce qu'aucune interrogation ne puisse avoir
lieu avant sept heures du matin, de midi à une heure de
l'après-midi, ni après six heures du soir. Dans le cours de
chaque séance, le président fait afficher la liste des candi-
dats qui peuvent être interrogés dans la séance suivante.
Ceux d'entre eux qui, sans motif valable, ne se présentent
pas au moment de l'appel sont exclus du concours. Les
candidats ne passent jamais plus de deux examens dans la
même journée. Les examens sont publics. Ils roulent
exclusivement sur les matières du programme. La durée
de chaque interrogation ne dépasse ordinairement pas
une heure. Le candidat appose sa signature sur une liste
spéciale.
L'examinateur attribue aux réponses des candidats un
numéro de mérite compris dans l'échelle de 0 à 20, se
rapportant aux diverses parties sur lesquelles il les a
interrogés ; il inscrit ce numéro sur un bulletin imprimé
portant le nom du candidat. Ce bulletin, signé par l'exa-
minateur, est remis au président. — Après la clôture des
examens dans chaque localité, le président de la commis-
sion adresse au ministre, SOUS pli racheté «| scellé, UN
bulletins individuels, la liste des candidats qui m
pas présentés et la liste de eau qui se sont retirés avant
la Un des épreuves. Il prépare le travail d'admission. \m
concours terminé, il adresse an ministre un rapport géné-
ral et l'accompagne desrapports particuliers qui doivent lui
être remis par les examinateurs.
Programme et coefficients. La valeur relative de
chaque épreuve est indiquée par le tableau ci-epri
COI FFICII
C«D
Lettres et dessin : —
Français ti
Latin »
Anglais i
Histoire »
Géographie »
Dessin : reproduction d'un modèle
d'après la ronde bosse 2
Lxjimn.i
28
Total des lettres. . . .
Sciences :
Arithmétique
Algèbre [9
Trigonométrie rectiligne *
Géométrie : géométrie rotée. . . . ) r.
Géométrie analytique \
Physique et chimie »
40
18
Total des sciences.
00
Total général 100
La production du diplôme de bachelier es lettres (com-
plet ou première partie) ou du certificat d'aptitude au
baccalauréat de l'enseignement secondaire classique (pre-
mière partie des épreuves) donne droit à un avantage de
30 points. La note attribuée à la traduction du thème an
allemand est ajoutée au total des points de la composition
anglaise, sans être multipliée par le coefficient attribué à
cette dernière langue. A l'oral, la connaissance de l'alle-
mand n'est pas prise en considération.
Classement. Le classement des candidats est fait par
un jury spécial composé ainsi qu'il suit : un officier géné-
ral de la marine, président ; le président de la commission
d'examen ; un officier supérieur de la marine ; les quatre
examinateurs d'admission ; un rédacteur de l'administra-
tion centrale est délégué pour la tenue des écritures. — Le
bureau de l'état-major de la flotte prépare le classement
provisoire. Il met les dossiers à la disposition du jury.
Ces dossiers sont vérifiés et collationnés en séance. Le jury
peut exclure de la liste de classement les candidats qu'une
grande disproportion entre un examen et la composition
correspondante convaincrait de fraude dans l'exécution de
cette dernière. — Le classement est établi d'après le
nombre total de points obtenus par les candidats. Si, dans
ce classement, plusieurs candidats ont le même nombre de
points, le jury donne la préférence à ceux qui ont obtenu
la somme plus élevée, pour : 1° les examens oraux ; 2° la
composition française ; 3° la composition anglaise : 4° les
compositions de mathématiques ; S0 le dessin. — Le pré-
sident du jury adresse au ministre la liste de classement.
Le ministre nomme, dans l'ordre du classement, les élèves
admis à l'Ecole navale.
Pensions, bourses, trousseaux. Le prix de la pension
est de 700 fr. par an, celui du trousseau est de 1.000 fr.
environ pour les deux années. — Les élèves redoublants,
qui l'ont une troisième année, ont à payer une somme sup-
plémentaire, qui est fixée chaque année par le conseil d'ad-
ministration de l'Ecole. — Des bourses, demi-bourses,
trousseaux, demi-trousseaux peuvent être accordés aux
élèves dont les parents sont hors d'état de payer la pan-
— 420
ÉCOLE
sion. — Los familles qui désirent obtenir le dégrèvement
total "ii partiel des frais de la pension ou du trousseau doi-
vent faire une demande énonçant qu'elles sollicitent : une
bourse, une demi-bourse ; une bourse avec trousseau ou
demi-trousseau: une demi-bourse avec trousseau ou demi-
trOUSSean, OU enfin un trousseau OU un demi-trousseau
seulement. Cette demande, adressée au ministre de la
marine, sur papier libre, doit être remise au moment de
l'inscription, e.-a-d. avant la '!■'■> avr.. au préfet du dopar-
ment ou réside la famille, accompagnée: 1" d'un état de
renseignements détailles sur les moyens d'existence, le
nombre, l'âge et la situation respective des enfants, et sur
les autres charges des parents: 2" d'un relevé du rôle des
contributions. — la demande et les documents sont ulté-
rieurement transmis au ministre de la marine par les pré-
fets des départements qui provoquent une délibération du
conseil municipal du lieu de la résidence ordinaire des fa-
milles, la joignent au dossier et font connaître leur avis.
— I - bourses, demi-bourses, trousseaux et demi-trous-
seaux sont accordés par le minisire de la marine sur la
proposition du conseil d'instruction de l'Ecole navale con-
formément à la loi des 26 janv., 3 mai et 5 juin 1880.
— Il peut être accorde en outre, par le ministre, sur la
proposition du mémo conseil, et en application de la même
loi, une première mise d'équipement (S'il) fr.) aux élèves
boursiers ou demi-boursiers de l'Ecole navale, à l'occasion
de leur nomination au grade d'aspirant de deuxième classe.
Les demandes de première mise d'équipement adressées
au ministre devront être remises au préfet du département
du domicile de la famille, avant le 25 avr. de l'année de la
sortie de l'Ecole navale. Les formalités à remplir et les
; produire sont les mêmes que celles énoncées ci-
. pour les concessions de bourses et de trousseaux.
Les dossiers des demandes de première mise d'équipe-
ment sout ultérieurement transmis au ministre (le 1er juil.
au plus tard) par les préfets des départements, qui pro-
voquent une délibération du conseil municipal du lieu de la
résidence ordinaire des familles, la joignent au dossier et
font connaître leur avis. Les pièces produites à l'appui des
demandes de bourses, ainsi qu'à l'appui des demandes de
première mise d'équipement, ne sont valables que pour
l'année dont elles portent la date.
lUc.iMF. mrsBiEtm. — Conditions générales. L'Ecole
navale est soumise au régime militaire. La durée des cours
e>t de deux ans. Le nombre des élèves est de 60 à 70 par
année ou division . — Les élèves peuvent compter comme
service effectif pour la pension de retraite le temps passé
à Ecole navale à partir de l'âge de seize ans (loi du IX
avr. 1831, art. 5, S 2). Toutefois ils ne sont pas consi-
dérés comme présents sous les drapeaux au point de vue
de l'accomplissement des obligations inscrites dans la loi
du recrutement ; par suite, les élèves démissionnaires,
expulses de l'Ecole par mesure de discipline, ou licenciés
en raison de l'insuffisance de leur instruction lors des
examens de fin d'année, sont assujettis a toutes lesobli-
gationsde la loi du 15 juil. 1889. — Les élèves de l'Ecole
navale ne sont obligés de contracter d'engagement ni lors
de leur admission, ni pendant le séjour qu'ils font à l'Ecole.
Ceux qui le demandent peuvent toutefois être autorisés
a contracter un engagement dans les équipages de la flotte,
a partir de seize ans, tout en restant à l'Ecole (loi du
22 juil. IKSti). — L'officier provenant de cette Ecole, qui
vient à démissionner, est astreint à compléter dans les
diverses catégories de l'armée vingt-cinq années de ser-
vices. ce5 services étant calculés a partir, soit du jour
ou l'intéressé a été commissionné comme aspirant de
2e classe, soit de celui où il a été lié au service comme
jeune soldat, si la commission est postérieure à cette der-
nière date, soit enfin, le cas échéant, à compter du jour
où il a contracté un engagement volontaire. — Les élèves
sortant de l'Erole navale sont considérés connue liés au
service dans l'armée active, a partir du jour ou ils reçoi-
vent leur brevet ou commission d'aspirants de 2' classe.
— L'art. 5 de la loi du 20 avr. 1882 classe les aspirants
de 2' classe dans la hiérarchie de l'armée navale. — Les
art. 7(i et 77 du code de justice maritime déclarent expres-
sément que les aspirants de 2'' classe sont justiciables des
conseils de guerre. — L'art. 30 de la loi du 15 juil. 1889
vise ces jeunes gens dans le cas où ils viennent a quitter
le service, et détermine les obligations auxquelles ils de-
meurent astreints.
Chaque année, après la clôture des cours, tous les
élèves sont examinés et classés par une commission que
préside le vice-amiral commandant en chef, préfet mari-
time à Brest. Les élèves reconnus incapables de suivre
l'enseignement de l'Ecole, ainsi que ceux qui ne satisfont
pas aux examens do fin d'année, sont licenciés et rendus
à leur famille, à l'exception toutefois de ceux qui sont
déjà liés au service militaire (V. ci-dessus).
Entrée. L'année scolaire commence le 1er oct. L'élève
qui arrive après cette époque sans justifier d'un motif
valable est soumis aux peines disciplinaires du bord ; celui
qui n'a pas rejoint dans le délai de quinze jours est consi-
dère comme démissionnaire.
La lettre de nomination tient lieu de feuille de route
pour se rendre à Brest et confère aux élèves de l'Ecole
navale le droit de voyager à prix réduit sur les voies fer-
rées. A celte lettre est annexé un feuillet contenant un cer-
tain nombre de dispositions auxquelles les élèves sont
tenus de se conformer. — L'offre de démission des élèves
de l'Ecole navale doit être accompagnée du consentement
de leur père ou de leur tuteur. — Le 30 sept, ou le
1er oct., dans la matinée, les élèves doivent se rendre à
l'Ecole des mécaniciens de la marine (ancien établissement
des pupilles), à Brest, avec leur lettre d'admission; ils sont
soumis à une contre-visite médicale. Ainsi qu'il a été dit,
le prix de la pension est de 700 fr. par an, payables par
trimestre et d'avance, entre les mains des receveurs des
finances dans les départements ou à la caisse du Trésor,
à Paris (soit, par trimestre, 175 fr.). De plus, chaque élève
admis doit verser à son arrivée, au trésorier de l'Ecole, les
sommes ci-après, savoir : 1° s'il n'a obtenu ni trousseau
ni demi-trousseau, 800 fr. la première année et 200 fr.
la deuxième année (y compris le prêt); 2° s'il est conces-
sionnaire d'un demi-trousseau, 130 fr. la première année
et 130 fr. la deuxième année (y compris le prêt); 3° s'il
est titulaire d'un trousseau, 60 fr. la première année et
00 fr. la deuxième année, pour les prêts. Enfin, chaque
élève doit verser par an une somme de 10 fr., destinée à
constituer un fonds commun (dégradations, menues répa-
rations, etc.). Les parents doivent absolument s'abstenir
d'intervenir pour la satisfaction des besoins des élèves; ce
soin incombe à l'économe de l'Ecole, qui, je cas échéant,
réclamerait des familles l'argent nécessaire. Il est interdit
aux élèves des deux divisions de conserver de l'argent en
dehors du prêt qui leur est payé hebdomadairement. Us ne
doivent avoir ni montre, ni bijoux, ni valeurs, et ne garder
aucun effet ou objet autre que ceux réglementairement mis
ou laissés à leur usage.
Discipline intérieure. La durée du séjour sur le vais-
seau-école le Borda étant de deux ans, les élèves sont ré-
partis en deux divisions : la première comprend les élèves
qui ont satisfait à l'examen de la première année, et la
seconde les nouveaux admis. Chaque division est partagée
en deux escouades. — Les élèves des deux divisions por-
tent le même uniforme. — L'entretien du trousseau est à
la charge des familles ; les frais de blanchissage sont à
la charge de l'administration. A la suite des classements
trimestriels et de fin d'année, il est accordé, dans chaque
division, des distinctions honorifiques au premier quart de
l'effectif dans l'ordre du classement. Les élèves compris
dans le premier tiers des élèves d'élite sont brigadiers.
Les examens de fin d'année se passent : 1" à l'ancien
établissement des pupilles (astronomie, analyse et méca-
nique, infanterie); 2" à la pharmacie de la marine (phy-
j sique et chimie); 3° à bord du Borda et de ses annexes
ÉCOLE
- 430
(manoeuvre); après la clôture dei examens, les élèves de la
première division peuvent rester à bord jusqu'à la lin de
l année scolaire ou se rendre dans leurs familles a'fla y
sont autorises.
Les pnnitiena qui peuvent être infligées ani élèves sont :
la réprimande simple (2 points) ou double (3 points). Le
peloton (■'! points + 2 par jour) qui se fait sans armes,
dans la batterie basse, de neuf à du heures du soir; la
police (8 points + 3 par jour). Les élèves punis de police
assistent aux course! aux exercices. Mais Le reste du temps
ils sont enfermés dans les prisons <lu faux-pont sous la sur-
veillance d'un l'actionnaire. Ils reçoivent la nourriture des
matelots. I.a prison (48 + (i par jour) astreint l'élève à
coucher sur un lit de camp et le prive des exercices. Le
cachot (50 points -f- 40 par jour) prive l'élève puni d'as-
sister aux cours et aux exercices; on lui retire ses livres
d'études et on le laisse dans l'obscurité. La détention à
V Amiral, vieux ponton servant de prison, est la plus grave
punition avant l'expulsion de l'Ecole. — Les peines graves,
à partir de la prison, entraînent la révocation des insignes
des élèves gradés. Tout élève qui s'est vu infliger pendant
le mois plus de "20 points de punitions est privé de soi tic.
Chaque trimestre l'élève est interrogé à deux reprises
différentes; la note de la seconde interrogation a une va-
leur double de celle de la première, et durant le troisième
trimestre elle a une valeur triple. On ne se borne pas à
une interrogation orale; on examine les cahiers des élèves.
Les notes sont données de 0 à "20. On procède à un classe-
ment général le 31 déc, à un autre le i'r avr.; c'est le
conseil d'instruction qui dresse cette liste par ordre de mé-
rite. A la fin de chaque cours tous les élèves doivent satis-
faire à une interrogation générale; ou combine la note qui
en résulte avec celles des interrogations particulières et à
celle de l'examen de fin d'année ; on obtient ainsi la note
générale de classement. Les examens de fin d'année ont
pour résultat le passage de première en seconde année et
pour les élèves de seconde année la nomination au grade
d'aspirant de deuxième classe.
Sortie. — Les élèves de l'Ecole navale retrouvent à leur
sortie le grade d'aspirant de deuxième classe. Ils font
ensuite une campagne à bord de la frégate-école d'appli-
cation après laquelle ils sont nommés aspirants de pre-
mière classe et commencent le service actif (V. Frégate-
École).
Ecole d'application du génie maritime. — Desti-
nation. — L'Ecole d'application du génie maritime, qui res-
sortit au ministère de la marine, est installée à Paris, 27,
quai de la Tournelle. Elle a pour but de former les ingé-
nieurs chargés de diriger la construction des vaisseaux et
les travaux relatifs à ce service, ainsi que ceux désignés
pour le service forestier de la marine. La loi du 27 juil.
4872, le décret du 23 janv. 478*2, l'arrêté du 4cr mars
1876 en règlent le fonctionnement. Outre les futurs ingé-
nieurs de la marine, anciens polytechniciens auxquels elle
donne une instruction préparatoire, elle fait bénéficier de
cet enseignement un certain nombre d'élèves libres qui à
leur sortie ne se placent pas dans les services publics.
Historique. — A l'origine, les bâtiments de la flotte fran-
çaise étaient construits par des maîtres subordonnés aux
commissaires et à l'intendant préposé à l'arsenal. Dans
chaque port les plans et les devis étaient arrêtés par un
conseil. Enfin un inspecteur visitait de temps à autre les
ports militaires pour veillera l'exécution des plans arrêtés,
contrôler les travaux et les dépenses et maintenir l'har-
monie entre l'ensemble des efforts. 11 devait à l'occasion
compléter l'éducation des charpentiers. Telles sont les
grandes lignes de l'organisation établie par l'ordonnance
de 1689. En 1765, on forma le corps des ingénieurs-
constructeurs; ce titre fut donné aux anciens maîtres
charpentiers, dénommés, en 1717, chefs des ouvrages des
constructions de radoub. L'ordonnance de I7(>3 stipulait
que des élèves-ingénieurs seraient envoyés des ports à Paris
afin de recevoir une forte instruction mathématique de
nature .'i leur mrvfa dans leurs travaux de construction.
En outre, on chargea les ofletera de marine de sweQler
les constructions navales et les refonte,, bien me les iagé-
nieurs-eonstnictenrs eussent toujours pour chef l'intendant.
I ne ordonnance du '27 no\. 1 7 7 < i mil I la tête du service
des constructions navales et préposa aux ingénieurs un
directeur et un sous-directeur choisis parmi les capitaines
de vaisseau. Enfin, en I7*fi, l'assimilation fui complétée
entre les ingénieurs-eonstrueteurs et b-s officiera de ma-
rine. Les ports marchand- fuient charge, de designer
IJ élèves que chaque année on envoya a Paris rt
l'instruction dan, une école spéciale. Après la Révolution,
un décret en date du 28 sept. I7ffl rangea b-s ingénieurs-
constructeurs dans l'administration de la marine avec les
titres de chefs, sous-chefs et aides de travaux de cons-
truction. L'administration civile de la marine ayant été
abolie par décret du 27 sept. 1793, les ingénieurs-cons-
tructeurs reprirent à la fois leur ancien nom et leur auto-
nomie. En 4795, se place l'institution de l'Ecole centrale
des travaux publics, la future Ecole polytechnique. On
décida que le corps des constructeurs de vaisseaux s'y
recruterait. Le directeur de l'Ecole d'application fut Sanê.
Le corps des ingénieurs-constructeurs fut réorganisé par
un arrêté du Consulat, en date du 7 thermidor an Ylll.
C'est alors qu'il reçut le nom de génie maritime qui lui
a été conservé depuis. L'Ecole spéciale d'application qui
avait subsisté à Paris fut transférée a Brest (arrêté du
3 vendémiaire an X). Napoléon V en établit une à Anvers
où il avait son grand chantier et arsenal, en vue de lut-
ter contre l'Angleterre. L'Ecole du génie maritime fut con-
servée par la Restauration. L'ne ordonnance du 28 mars
4830 la transféra à Lorient. Dans celte période elle
eut pour directeur Reech qui donnait seul l'instruction
théorique et se faisait aider par un ingénieur du port pour
l'instruction pratique. Reech, jugeant ce système insuffisant,
obtint que l'Ecole du génie maritime fût ramenée de Lorient
à Paris (décret du 4 4 avr. 4 834). On l'installa au Dépôt
des cartes et il continua de la diriger pendant tout l'Em-
pire avec le grade de directeur des constructions navales
et l'auxiliaire de maîtres éminents. En 4837. l'Ecole fut
logée rue de Lille, n° 2, dans l'hôtel cédé ultérieurement
à V Ecole des langues orientales (Y. ce paragraphe). L'n
décret du 8 févr. 4872 l'exila de nouveau hors de Paris,
cette fois à Cherbourg; mais le décret du 29 janv. |ss2
l'a ramenée à Paris, ou elle est actuellement, quai de la
Tournelle, n° 27.
Conditions d'admission. — Les élèves du génie maritime
sont choisis, d'après leur classement, parmi les jeunes gens
qui ont fait deux années d'études à l'Ecole polytechnique.
Le nombre en est déterminé chaque année par le ministre
d'après les besoins du service. Dans les six dernières
années le nombre a varié de 40 à 2, la moyenne étant
de 5 (V. le !j Ecole polytechnique). — Les jeunes gens,
nationaux ou étrangers, qui justifient auprès du directeur
d'une instruction préalable suffisante, et qui en obtiennent
l'autorisation du ministre, sont admis, à titre d'élèves
libres, à suivre les cours techniques oraux portant sur
les matières suivantes : construction navale, machines à
vapeur, théorie du navire, résistance des matériaux, tech-
nologie, mécanique appliquée, artillerie navale, électricité
appliquée, régulation des compas. Les plans et documents
des archives de l'Ecole d'application ne peuvent être com-
muniqués aux élèves libres que sur l'autorisation spéciale
du directeur. Les connaissances exigées des candidat aux
places d'élèves libres et dont le programme détaillé a été
inséré au Bulletin officiel de la marine (31 déc. 1884),
pp. 1306 à I3IH. comprennent les matières suivantes :
1° analyse : le calcul différentiel et le calcul intégral ;
2° mécanique : la mécanique complète et un certain
nombre d'applications aux machines: 3° géométrie des-
criptive : l'étude des courbes et surfaces principales, la
perspective, les projections cotées et des éléments de char-
pente; 4° physique : la chaleur, la thermodynamique.
— loi -
ÉCOLE
l'électricité et le magnétisme, l'optique; B« chimie :
|K métalloïdes et les métaux ; 6P dessin graphique et
lavis. Toute demande d'admission doit être adresse au
ministre avant le l,r sept, de chaque année, et être accom-
pagnée de l'acte de u.ii-sauce do candidat, ainsi que d'un
certificat de bonnes vie et mœurs délivra par 1 autorité
compétente. Les épreuves que doivent subir les candidats
ont heu chaque année a Paris, à partir du l''r ocl., devant
le duecleur de l'Ecole, assiste des professeurs. ('.Inique can-
didat est directement avisé par le directeur du jour auquel
il doit se présenter à l'examen. Ces épreuves donnent lieu
a la rédaction d'un procès-verbal de classement par ordre
de mente des candidats reconnus admissibles. C'est d'après
ce classement que le ministre prononce les admissions,
dans la limite du nombre des places disponibles dans le
de l'Ecole.
Sont réputés admissibles et dispensés de l'examen préa-
lable : 1° les anciens élèves de 1 Ecole polytechnique dé-
nhnissibles dans un service public et porteurs d'un
certificat de capacité ; -" les candidats étrangers, officiers
ou fonctionnaires qui ont été présentés comme tels par
leurs gouvernements. Le niveau des connaissances exigées
étant très élevé ainsi que celui des études de l'Ecole du
génù maritime, il n'y a que fort peu d'élèves libres en
dehors des anciens polytechniciens sortis dans un rang qui
ne leur a pas permis le choix, et des étrangers offioielfe-
ment admis.
Rirai intérieur. — La durée des études à l'Ecole d'ap-
plication du génie maritime est de deux années. Les coins
commencent au mois de novembre et se terminent au 20
Hun. Sur les quatre autre- mois, trois sont pris par les
missions qui complètent l'instruction pratique.
Ces élevés en titre ne sont pas internes, pas plus que les
élèves libres. Dsnçoiventun traitement annuel de 1,800 IV.,
it en ville et se nourrissent a leurs trais. Ils sont com-
plètement libres au dehors, mais doivent être présents a
l'Ecole pendant la durée des cours, de huit heures et demie
a dix heures et demie du matin et de midi à cinq heures du
. Leur assiduité est constatée par des appels. Chaque
ace est notée; il y a une note mensuelle d'assiduité,
de tenue et de régularité dans le service, dont on tient un
certain compte pour le classement de sortie. Les cours
répartis en deux années conformément au tableau placé
plus loin sont les saivants : constructions navales ; machine
a vapeur; théorie du navire; résistance des matériaux;
technologie: mécanique appliquée; artillerie navale; élec-
tricité appliquée: régulation des compas ; comptabilité;
anglais; travaux graphiques. On demande aux élèves comme
travaux graphiques : 1° un plan de navire d'après devis;
_ un plan de grand bâtiment a vapeur d'après devis,
accompagné du tracé des lignes d'eau hors bornages et de
tous les calculs de déplacement et de stabilité ; 3° un plan
de navire à vapeur avee les principaux détails de la char-
pente et des installations, et accompagné d'un plan de
voilure conforme aux règlements en vigueur; 4° tracé de
tous les détails d'une machine marine d'après les dessins
fournis aux élèves ; exécution des dessins d'ensemble de
cette machine, d'après des dessins de détail. — On demande
également de dresser îles projets de navires et de machines
a va|N-ur. .i -avoir : 1° trace d'un plan de navire d'après
- ilfisantes pour établir l'exposant de charge ;
rojet d'une machine a vapeur appropriée à un navire
déterminé. Chacun de ces deux projets doit être accom-
pagné d'un mémoire justificatif.
Enfin pendant la période des vacances ils doivent éla-
lHirer un travail de mission, portant sur l'étude des travaux
de construction et des ateliers qui se rencontrent dans les
■naiix et établissements de la marine. — La seconde
mission comprend un -■■jour ,i Indret. Elle est plus spécia-
lement affectée à l'étude îles mai bines à vapeur et des
ateliers a métaux.
Elevés libreê. Les élèves libres sont admis à participer
aux travaux intérieurs de l'Ecole, mais seulement dans des
salles affectées spécialement à leur usage et en nombre
limité par les places disponibles. Kn été, ils peuvent être
autorises a se rendre, a leurs frais, dans un des ports mili-
taires, pour y suivre les travaux des chantiers et ateliers,
mais ils n'y sont places sous les ordres d'aucun ingénieur.
La durée des mission- est d'environ trois mois, du 20 juin
au !!• sept, ce qui réduit a un mois la durée des vacances
complètes. Ces missions sont dirigées vers les établissements
du ministère de la marine.
Voici comment sont organisées les études. Les professeurs
ne se bornent pas ;i un cours ; ils interrogent fréquemment
leurs élèves avant le début de la leçon sur les matières
enseignées dans les leçons précédentes. De plus, chaque cours
donne lieu à plusieurs interrogations générales. Celles-ci
aboutissent à des notes de 0 à 30, lesquelles sont affichées
dans la salle des cours à la tin de chaque semaine. La
moyenne de ces notes est un élément du classement. Durant
la première mission d'été, les élèves se rendent dans les
ports et les arsenaux maritimes où ils se mettent au cou-
rant des travaux des chantiers et des ateliers, des essais
de bâtiments et autres expériences, de la régulation dis
compas, etc. Ils doivent rentrer à l'Ecole dans la première
quinzaine d'octobre pour se préparer avant la réouverture
des cours aux examens de passage en seconde année.
Après la deuxième mission et les vacances, les élèves
rentrent à l'Ecole pour faire leur projet de machine et
préparer les examens de sortie qui commencent le Ie1' déc.
Pour les missions, ce sont le directeur des constructions
navales a Cherbourg et le directeur de l'établissement
d'Indret qui indiquent le service auquel seront attachés les
élèves placés sous les ordres des ingénieurs chargés de
travaux en cours d'exécution. On surveille l'assiduité des
élèves et on leur assure toutes les facilités pour leurs
études et travaux. D'ailleurs, avant leur départ, ils reçoi-
vent du directeur de l'Ecole d'application une instruction
détaillée pour les guider dans leurs études. Ils rédigent
un journal avec croquis et plans relatifs aux travaux qu'ils
ont suivis hors de l'Ecole. Ce journal et ses plans sont
visés par l'ingénieur sous les ordres duquel on a placé
l'élève et par le directeur de l'établissement. Rentrés à
Paris, les élèves achèvent leur travail. Il est alors examiné
et reçoit une note, en tenant compte de la rédaction au
point de vue grammatical et littéraire. Pendant la durée de
leur emploi ou mission en dehors de l'Ecole , les élèves
reçoivent pour frais de bureau les mêmes allocations que les
officiers du génie maritime.
Sortie. — Examen. Après avoir terminé les études, les
élèves subissent un examen public sur les diverses parties
de l'instruction qu'ils ont reçue. La commission qui procède
à ces examens est présidée par un vice-amiral et composée
de l'inspecteur général du génie maritime, du directeur de
l'Ecole, d'un ingénieur de première classe et d'un capitaine
de vaisseau. Les élèves sont classés d'après le résultat de
ces examens combiné avec les notes de l'Ecole. L'échelle
de notation comprend les nombres de 0 à 20 multipliés par
les coefficients suivants :
Première année.
Cours de construction du navire 10
— de théorie du navire !)
— d'artillerie navale 5
— de régulation des compas S
— de technologie (lrcet 2e parties) 3
— d'anglais 3
Travaux graphiques .'!
Projet de navire 4
Travaux de mission .">
Assiduité, tenue et régularité dans le service . . 1,5
Deuxième année.
Cours de technologie (•'!' et '(ir parties) •">
— de machines à vapeur 10
— de résistance des matériaux 8
— de comptabilité 4
ECOLE
- 432 -
H
Cours d'anglais
Travaux graphiques
Projet de machine 4
Travaux de mission 5
Assiduité, tenue et régularité dans le service. . 1,5
On remarquera que tes travaux graphiques et les travaux
démission n'ont qu'une importance très secondaire au point
de vue du coefficient. Les connaissances théoriques relatives
à l'art de l'ingénieur, qui sont le plus haut cotées, donnent
lieu à deux examens suivant un mode de répartition que le
directeur de l'Ecole soumet chaque année au jury. Les deux
examens sont séparés par un intervalle de dix jours, pen-
dant lesquels ont lieu les épreuves sur la langue anglaise
et l'examen des travaux graphiques, dessins pittoresques,
projets, journaux de mission. L élève qui n'a obtenu qu'un
nombre total inférieur à la moitié du maximum n'est pas
classé. Toutefois, il peut obtenir l'autorisation de faire une
troisième année. Les élèves classés sont nommés sous-ingé-
nieurs de troisième classe aux appointements de 2,.'>00 fr.
Ils suivent la carrière du génie maritime (V. ce mot).
Elèves libres. Un diplôme est délivré à tout élève libre
ayant obtenu une somme totale de points égale au moins
à 1,240, sur un maximum de 1,900. — Un certificat
d'études est délivré à tout élève libre avant obtenu une
somme de points inférieure à 1,240, mais égale au moins
à 990, sur un maximum de 1,900. — La loi militaire
du 15 juil. 1889 accorde aux élèves libres de l'Ecole du
génie maritime la dispense conditionnelle de deux ans de
service actif, à la condition qu'ils obtiennent le diplôme
avant l'âge de vingt-six ans. Les élèves libres trouvent
facilement à s'employer dans l'industrie privée, soit en
France soit à l'étranger ; ils y retrouvent comme concur-
rents les officiers du' génie maritime qui ont obtenu l'au-
torisation de servir dans l'industrie. Parmi les étrangers,
leplus grand nombre ont été Espagnols ou Italiens.
Ecole d'administration de la marine à Brest.
— Destination. — L'Ecole d'administration de la marine,
fondée à Brest, a pour objet de former des élèves pour le
commissariat de la marine.
Conditions d'admission. — L'admission a lieu par voie
de concours annuel. Les candidats doivent être âgés de
moins de vingt-trois ans et pourvus du diplôme de licencié
en droit.
Régime intérieur. — La durée des cours est de
trois ans. Dès leur admission, les élèves reçoivent le titre
d'élèves-commissaires, avec un traitement de 1,818 fr. par
an. Les élèves stagiaires régulièrement admis à l'Ecole sont
admis au bénéfice de la dispense du service militaire
prévue par l'art. "23 de la loi du 15 juil. 1889, sur la
production d'un certificat de présence à l'Ecole, délivré par
le commissaire général du port de Brest et visé par le
ministre de la marine.
Les élèves dispensés du service sont tenus de justifier
annuellement, du 15 sept, au 1"> oct., au commandant de
recrutement de la subdivision dans laquelle ils ont pris
part au tirage, qu'ils continuent à être toujours en cours
d'études, en produisant le certificat délivré par le com-
missaire général du port de Brest et visé par le ministre
de la marine. Quant à ceux qui, à leur sortie de l'Ecole,
ne sont pas nommés élèves-commissaires ou aides-com-
missaires, ils sont tenus d'accomplir dans l'année active
les deux années de service dont ils avaient été dispenses.
Ils suivent ensuite le sort de leur classe.
Sortie. — Les élèves sont admis à concourir pour le
grade d'aide-commissaire après deux années de stage. Ceux
qui, après deux concours, ne sont pas reçus pour le grade
d'aide-commissaire soni rayés des cadres.
Ecoles élémentaires' des équipages d3 la flotte.
— Les écoles élémentaires des équipages de la flotte sont
destinées a donner les éléments d'instruction générale aux
malins de l'Etat. Elles correspondent donc aux écoles
régimentaires. Créées par un décret de la Convention j
(lii pluviôse an II), elles ont été réorganisées par arrêté |
du ->'■> mai 1870. L'école du premier degré, obligatoire
pour les illettrés, leur enseigne la lecture, l'ieriture et
le calcul (les quatre règles). L'école do second ik
obligatoire pour lés mousses et aorices, facultative |»our
i> apprentis marina ef quartien-mattres, leur enseigne un
peu d'bistoire, de grammaire, de géographie et d'anthxaé-
lique. L'école a liéii tous les jouis a terre, dois fois par
semaine a bord, chaque leçon durant deux heures. BUeeet
faite par un instituteur pourvu d'un brevet de capacité ou
par un sergent-major pourvu du brevet d'instituteur élé-
mentaire de la flotte. On se prépare à ces fonctions en
Hii\anl le cours normal établi a Kodiefort.
Ecoles des mécaniciens des équipages de la
flotte. — Destination. — Il a été institué dans nos
principaux ports de guerre des écoles destinées à tonner
pour ia Hotte française des mécaniciens, dont le rate et
l'importance augmentent sans cesse dans la marine mo-
derne. Il existe des écoles de mécaniciens à Brest et a
Toulon, nos plus grands ports, des écoles d'apprentis
mécaniciens dans les cinq préfectures maritimes (Cher-
bourg, Brest, Lorient, Bochefort, Toulon). Nous n'avons
a donner de détails que pour les premières : les conditions
d'admission sont les mêmes pour les autres, le minimum
d'âge étant fixé à seize ans et la durée des cours de deux
années.
Enfin, un cours préparatoire à l'emploi d'élève-méca-
nicien est institué auprès de chacune des deux grandes
écoles. L'admission a lieu au concours qui est ouvert
chaque année le i 5 oct., ou le 16, si le 15 est un dimanche
ou jour férié. Les candidats doivent être âgés de seize ans
au moins et de dix-huit ans au plus au 1er janv. qui suit
la date de l'ouverture du concours. L'inscription doit être
faite, du 1er sept, au 1er oct., à la majorité générale du
port militaire le plus voisin, par la production des pi
indiquées pour l'admission à ces écoles.
Conditions d'admission. — L'admission a lieu par voie
de concours. Les candidats devront être âgés de dix-sept ans
au moins et de vingt-quatre ans au plus le 1" oct. de l'année
du concours, qui a lieu, dans le courant de juin de chaque
année, dans les villes de Brest, Bordeaux, Epinal, Gre-
noble, Le Havre, Nancy, Nantes, Saumur et Toulon.
Les demandes d'admission seront adressées directement
au ministère de la marine ou par l'intermédiaire du préfet
du département de la résidence du candidat, dans le cou-
rant d'avril, et accompagnées : de l'acte de naissance ; d'un
certificat de bonnes vie et mœurs du maire du lieu de la
résidence de la famille, attestant que le candidat est
Français ; de l'extrait du casier judiciaire : d'un certificat
d'aptitude au service militaire dans les équipages de la
flotte (taille de lm54 au moins) ; d'un certificat du patron
chez lequel le candidat exerce sa profession. Ces pièces
devront être dûment légalisées.
Sont admis de préférence au concours les élèves des
écoles professionnelles, ajusteurs, chaudronniers, foi _
rons, serruriers, etc. Le concours comprend des épreuves
écrites et des épreuves annuelles. Les épreuves écrites sont
une analyse logique, des questions d'histoire et de géogra-
phie, d'arithmétique, d'algèbre, de géométrie, de dessin
linéaire, de mécanique. Les épreuves manuelles consistent
dans l'exécution de certains travaux ou ouvrages ressor-
tissant à la profession que le candidat exerce et pour
laquelle il se destine plus spécialement. Les candidats
admis sont tenus de contracter un engagement volontaire
de cinq ans dans les équipages de la flotte. La dorée
t\c> études est de deux années, au terme desquelles les
élèves sont affectés au service des équipages de la flotte
en qualité de mécaniciens.
Ecoles flottantes. — Destouttor. — Les écoles
Bottantes ont été organisées atin de former des apprentis
marins pour les fonctions spéciales de gabiers, canonniers,
pilotes, etc.
Organisation. — La première a été installée à bord du
vaisseau-école la Bretagne, en rade de Brest. Elle donne
— 433 —
ÉCOLE
au\ apprentis manna mu instruction générale et l'habitude
de la discipline ; ils se familiarisent avec l.i ma bord et
la mancenvre d'un navire. La durée de la période d'in-
struction générale est de six mois. Elle est donnée à 3S0
obiers, Ï80 canonnière, 180 limoniers, 60 torpilleurs.
A» bout ilf ce temps, ceux des apprentis qui sont juges
capables sont versés dans les écoles spéciales des gabiers,
des pilotes, des canonnière, «les torpilleurs.
Ecole des gabiers. L'Ecole des gabiers est installée à
boni de la frégate la Résolue, sur laquelle on embarque
les apprentis gabiers pour une croisière de quatre mois
et demi, au ternie de laquelle ils passent un examen et
sont brevetés gabiers de première ou deuxième classe
\ . Gabier).
Ecole des pilotes. Les apprentis pilotes ou timoniers se
perfectionnent à boni de l'Elan, dans l'Ecole des pilotes,
puis font une sorte de stage sur l'escadre d'évolution avant
d'être brevetés timoniers de première ou de deuxième
(V. Timonier).
Ecole des canonniers. L'Ecole des canonniers est étabie
en rade de Toulon sur la Couronne et quelques bâtiments
annexes. La durée des services y est de huit mois divisés
en deux périodes de quatre mois. Chaque année, trois promo-
j succèdent. Chacune comprend environ 300 appren-
tis. On y adjoint une centaine de candidats au brevet de
canonniers vétéran-. On exige des candidats canonniers
une taille de lmr>0, une vue excellente, l'âge de dix-sept
ans au moins, trente ans au plus. Ceux qui satisfont à
l'examen de sortie sont canonniers brevetés. Au bout de
quatre années, ils viennent faire un stage de quatre mois
pour passer canonniers vétérans. L'Ecole reçoit encore
des lieutenants et enseignes de vaisseau qui doivent y
ainsi que dans celles des défenses sous-marines et
de pyrotechnie.
École des torpilleurs (Y. le S Ecole des défenses sous-
marines et Tobpille).
Ecole des défenses sous-marines. — L'Ecole des
défenses sous-marines destinée à l'instruction des officiers
de tout grade et des mécaniciens qui veulent acquérir
les . onnaissances spéciales des torpilleurs, a été maintes
fois modifiée dans les dernières années, comme tout le
svslème des défenses sous-marines. Nous renverrons donc
aux art. Torpille et Torpilleur, en nous bornant à
signaler l'Ecole 'des défenses sous-marines de Boyardville
fermée en 1886, l'organisation équivalente créée à Toulon
et le bâtiment-école des torpilles automobiles le Japon (en
rade d'Ilvéres).
Ecole des fusiliers marins. — L'Ecole des fusiliers
marins est organisée à Lorient sous forme de bataillon
d'in-iruction. Elle forme des hommes pour les compagnies
de débarquement des navires. Ils se recrutent parmi les
conscrits âgés de dix-huit ans. Préparés dans le dépôt d'ins-
truction, ils entrent au bout de quatre mois dans le ba-
taillon d'instruction où ils passent cinq mois comme
apprentis -fusiliers. Au bout de ce temps, on leur fait
subir un examen après lequel ils sont promus matelots-
fusiliers de seconde classe. Ils naviguent six mois avant
de pouvoir passer à la première classe. — L'Ecole de Lo-
rient forme aussi des officiers mariniers et des quartiers-
maîtres au rôle d'instructeurs de la mousqueterie et leur
délivre un brevet spécial.
Ecole centrale de pyrotechnie maritime de
Toulon. — lia été créé à Toulon une école centrait' de
pyrotechnie maritime, par ordonnance royale du 18 déc.
|g ;u. Cette école a été réorganisée récemment par le décr.
du -21 avr. 1891 : elle reçoit annuellement du régiment
d'artillerie de marine (portion centrale et portion secon-
daire): 1° deux groupes d'élèves candidats sons-chefs arti-
choisis parmi les brigadiers ou candidats à ce
grade, et les maréchaux d>-s logis avant une aptitude par-
ticuliers pour le service des artifices; 2° on groupe de
canonniers. à raison de quatre par batterie du régiment
I en France, en qualité d'elèves-artificiers qui sont
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
destinés uniquement au recrutement de la compagnie
d'artificiers; ils doivent être passés à la première classo
d'instruction. Le nombre des élèves des deux catégories
est déterminé annuellement par le ministre de la marine,
d'après le- besoins du service.
Les cours spéciaux laits aux candidats sous-chefs et
chefs artificiers, et aux élèves-artificiers d'autre part, ont
une durée de : pour les premiers, six mois ; pour les
seconds, quatre mois. Ces cours sont fixés aux 1" janv.
et l™ juif, de chaque année.
Ecoles d'hydrographie. — Destination. — Les
écoles d'hydrographie sont des établissements d'enseigne-
ment professionnel ressortissant au ministère de la ma-
rine ; elles ont pour but de faciliter aux marins l'étude
des connaissances scientifiques nécessaires pour l'obtention
des brevets de capitaine au long cours et de maître au
cabotage. Il s'en trouve dans les principales villes mari-
times suivantes : Agde, Bastia, Bordeaux, Brest, Dun-
kerque, Granville, Le Havre, Marseille, Nantes, l'aimpol,
Saint-Malo. Il y a, en outre, des écoles d'hydrographie
provisoires à Saint-Brieuc, Lorient, Rochefort, Saint-
Tropez et Toulon, et une école libre à Saint-Nazaire. Elles
sont régies par les décrets du 2 oct. 1880, du 21 avr. 1882
et du 10 déc. 1885.
Conditions d'admission. — Pour être admis à suivre
les cours d'une école d'hydrographie, il faut être âgé de
treize ans au moins, savoir lire et écrire, connaître les
quatre premières règles de l'arithmétique, produire un
certificat constatant qu'on a eu la petite vérole ou qu'on
a été vacciné, enfin être porté sur les registres de l'ins-
cription maritime.
Régime intérieur. — L'enseignement est gratuit. Le
régime des écoles d'hydrographie est l'externat. L'ouver-
ture des cours se fait deux mois après la clôture des
examens, qui ont lieu à des époques variant selon les
écoles. La durée des cours est d'une année ; mais les
marins peuvent les suivre pendant plusieurs années.
Il y a deux sortes d'examens pour les brevets de capi-
taine au long cours et de maître au cabotage : un examen
pratique et un examen de théorie. Les candidats qui
échouent à l'examen pratique ne sont pas admis à l'examen
de théorie. Pour être admis à subir les examens, il faut être
Français ou naturalisé Français, être âgé de vingt-quatre ans
accomplis avant le 1er juil. de l'année de l'examen, et
justifier de soixante mois de navigation effective, accom-
plis, depuis l'âge de seize ans, sous pavillon français. Sur
ces soixante mois, les candidats au brevet de capitaine au
long cours doivent justifier de trente mois au moins de
navigation soit à bord d'un bâtiment de l'Etat ayant fait
campagne, soit à bord d'un navire de commerce armé au
long cours ou au cabotage.
Pour être admis à l'examen pratique, les candidats
doivent produire : 1° leur acte de naissance, ou, pour les
candidats d'origine étrangère, la justification de leur natu-
ralisation ; 2° l'état de leurs services ; 3° une attestation
de bonne conduite, délivrée par le maire du lieu de leur
domicile et visée par le commissaire do l'inscription mari-
time ; 4° les certificats des capitaines des bâtiments à bord
desquels ils ont navigué, avec visa des commissaires de
l'inscription maritime.
L'examen pratique pour le brevet de capitaine au long
cours porte sur le gréement, la manœuvre des bâtiments à
voiles et à vapeur et des embarcations, le canonnage et
l'usage des armes portatives ; l'éclairage des bâtiments
et les règles internationales pour prévenir les abordages,
l'usage des engins de sauvetage. Les candidats déclarés
admissibles à l'examen pratique reçoivent un certificat
d'aptitude pratique, qui leur permet de se présenter pen-
dant trois années, à partir de la date dudit certificat, à
l'examen de théorie, lequel se compose d'épreuves écrites
et d'épreuves orales. Les épreuves écrites comprennent
une composition française, permettant, en cas d'incapacité,
d'exclure le candidat des autres épreuves, deux séries de
28
ÉCOLE
- 434
calculs conformas nii typai adoptai ci une aérie u
questions portant Mu- laa eonnaïaaanoea exigeât. Laa
éprouvai oralea oomprannenl : lea élément! d'arithmétique
ci les notions élémentaire! d'algèbra, la géométrie ué->
meotaire, la trigonométrie rectiligne ci la trigonométrie
sphérique, des notions élémentaires d'aatronomia, la na-
vigation et l'usage îles instruments nautiquea, daa notiom
élémentairei sur laa machines a vapeur et leur application
ii la navigation.
L'examen pratique pour le brevet de maître au cabo-
tage porte sur le gréament, la manœuvre daa bâtiments à
\oilcs et à vapeur cl des embarcations, les sondée, la
connaissance des fonds, le gisement des terres et écucils,
les courante et les marées dans les limites assignées an
cabotage et plus particulièrement en ce qui concerne les
cotes de France, l'éclairage des bâtiments et les règles
internationales pour prévenir les abordages, l'usage des
engins de sauvetage. Les candidats déclarés admissibles à
l'examen pratique reçoivent un certificat d'aptitude pra-
tique, qui leur permet de se présenter pendant trois
années, à partir de la date dudit certificat, à l'examen de
théorie, lequel se compose d'épreuves écrites et d'épreuves
orales. Les épreuves écrites comprennent une dictée et
deux séries de calculs conformes aux types adoptés. Les
épreuves orales portent sur les éléments d'arithmétique
pratique, des notions élémentaires de géométrie, des élé-
ments de navigation pratique, des notions élémentaires sur
l'emploi des machines à vapeur.
Eiïues-hydroçjraphes. Il ne faut pas confondre ces
écoles d'hydrographie avec ce qu'on appelle parfois l'Ecole
d'hydrographie de Paris. On sait que le corps des ingé-
nieurs hydrographes se recrute à l'Ecole polytechnique. Un
ne peut parler d'école puisque c'est à peine si on demande
un élève tous les trois ans. — Les élèves-hydrographes
font leur stage et reçoivent l'instruction technique au Dépôt
des cartes de la marine, ou se trouve réuni presque tout
le corps. Au bout de deux années d'études, ils sont nommés
sous-ingénieurs de troisième classe. En qualité d'élèves,
ils reçoivent une solde de 1,800 fr. ; celle des sous-ingé-
nieurs est de 2,539 fr. à terre, 3,031 en mer.
Ecoles des mousses. — Destination. — 11 a été
créé des écoles des mousses pour former de futurs marins.
La principale est à Brest ; on peut citer encore celles de
Cette et de Marseille.
Conditions d'admission. — Les enfants doivent être
âgés de quatorze ans au moins et de quinze ans au plus.
Les fils de marins, de militaires ou d'ouvriers marins et
militaires sont admis de préférence aux autres candidats.
Le dossier est transmis au ministre de la marine pour
l'école de Brest et au préfet de Marseille ou de Montpel-
lier pour les deux autres écoles ; accompagné : acte de
naissance de l'enfant; certificat de bonnes vie et mœurs
délivré par l'autorité municipale de la résidence de la
famille et contenant l'indication qu'« il a été délivré pour
servir à l'admission de l'école des mousses » ; consente-
ment des père, mère ou tuteur ; certificat du directeur de
l'établissement ou de l'école dans laquelle l'enfant l'ait son
éducation, relatant le degré d'instruction ; états des ser-
vices du père; certificat d'aptitude délivré par un mé-
decin de la marine, ou à défaut par un médecin civil,
dûment légalisé.
Régime INTÉRIEUR. — La durée de l'instruction donnée
dans les écoles de mousses est d'environ deux années.
Dans celle de Mrest, on a formé une division composée de
deux sections de mousses mécaniciens, lesquels doivent
suivre pendant deux ans le cours des apprentis qnartiera-
mattres. leur nombre est !i\é annuellement par le mi-
nistre : ils sont désignés parmi les élèves présenta i
l'école, reconnus capables e1 âgés de seize ans et demi au
plus.
Sortie. — Quand les élèves ont atteint leur seizième
année, ils peuvent contracter un engagement volontaire
dans les équipages de la flotte ou demander leur inscrip-
tion an rôle de l'inscription maritime s'ils sont dani
conditions requin
Ecolo du service de santé militaire de Lyon. —
DiMivMHiN. — L'Ecole do service de santé militaire,
établie près la Faculté de médecine da Lyon, a été créée par
la loi du 1 i déc. I***; clic a pour objet : 1° d'aasur« la
recrutement des médacÛK de l'armée active; ndar
les études universitaires des éli oladuaervii
saute militaire; '■'>" de leur donner l'éducation militaire
jusqu'à leur païaage a l'Ecole d'application de médecine et
de pharmacie militaires (Val-de-Orftce),
HiaT0H10.DE. — bien que l'Ecole de Lyon date d'hier,
laa besoins auxquels elle correspond sont trop anciens pour
qu'un enseignement analogue n'ait pas été organiai
Inique date. En 1747, on l'institua dans les principaux
hôpitaux militaires ou furent enseignée! la nu ideéuM, l'ana-
tomie, la médecine opératoire, l'ostâologie, l'art des pan-
sements et bandages. L'ordonnance de 177-2 prévoit que
dans l'hôpital principal de chaque province, on établira
une ecolo d'instruction. Las ordonnançai des 2 dec. 1775,
iii févr. 1777 et i mai 1781 réalisent ce plan qui fut
appliqué à Strasbourg, Metz, Lille, Toulon et Brest. L'en-
seignement théorique portait sur la médecine, la chinu
l'anatomie, la pharmacie, la chimie, la botanique, L'ensei-
gnement clinique fonctionna dans ces écoles et hôpitaux
militaires avant d'être porté dans les facultés de médecine.
Les écoles du service de la santé étaient donc très impor-
tants sous le règne de Louis XVI. La durée des études
était au minimum de trois ans, au maximum de six ans.
Outre de nombreux examens de détail, on procédait chaque
année, au mois de mai, à un examen général. Toutes les
places du service étaient réservées aux élèves qui avaient
passé par l'amphithéâtre et satisfait aux examens. Pour les
chirurgiens, l'enseignement commencé à l'école était con-
tinué dans les hôpitaux militaires par les officiers de santé
placés a la tête.
Pendant la Révolution française, les écoles de saute
militaires furent un moment fermées, mais peu de temps.
Lea écoles de chirurgie militaires avaient subsiste. La
Convention par une loi du 14 frimaire an III ("23nov.l794)
fonda des écoles de santé à Paris. Montpellier et Stras-
bourg dans le but de former des officiers de santé pour kl
service des hôpitaux militaires, marins et autres. On allecla
à ces écoles les locaux des anciennes écoles de médecine
et de chirurgie de Strasbourg et Montpellier, à Paris ceux
de l'Académie de chirurgie (notre Ecole de médecine
actuelle) et du couvent des Cordeliers (aujourd'hui clinique
et école pratique). Les besoins se développant, pour y faire
face, on créa des cours d'instruction médicale dans les
hôpitaux de Lille, Metz. Strasbourg, Toulon, et a Paris
au Val-dc-Orâce. C'est en l'an V que ces cours se firent
régulièrement ; ceux de l'hôpital de Toulon furent bientôt
affectés au département de la marine. Une tentative (arrêté
du 4 thermidor an VIII) pour en créer à Rennes n'cul pas
de succès. Les cours portaient sur les matières suivantes:
1° physique de l'homme en étal de santé (anatomie, phy-
siologie, hygiène) : -2° physique de l'homme malade (pa-
thologie, histoire des malades, thérapeutique, médecine
opératoire) : 3° histoire naturelle des médicaments ;
1" physique médicale. Lu outra, OO donnait des cours et
exercices pratiques relatifs à la clinique chirurgicale, à
la clinique médicale, a la préparation et à l'emploi des
médicaments. On y ajoutait des leçons sur les rAfl
d'après lesquelles doit être organisé la service de santé
dans les hôpitaux militaires et a l'armée. Au Unit de
quelques années, ces écoles dépérirent, la recrutement ne
suffisant pas aux besoins d'une guerre presque ininter-
rompue. Le vide s'y lit et l'arrêté du 9 frimaire an Ml
les supprima.
iprés la chute de l'Empire, on se préoccupa de i
niser renseignement médical du service do santé militaire.
On y atlecta les quatre hôpitaux militaires du Val-de-
Grace (Paria), da Lille, Met/ et Strasbourg. L'easaigne*
- 4;t5 -
ÉCOLE
mont fut a peu près le même que celui que nous avons
indiqué, le règlement du 17 avr, isi" s'etsnl inspiré de
eelui du S vendémiaire an V. Il rat modifié par celui du
l avr. l s : ; i . |.a durée des études était de mus années ;
les élèves n'auraient pas dû rester ■ l'hôpital d'instruction
pins que oe temps, a moins d'j avoir obtenu de L'avance-
ment. En t'ait, on les j laissait cinq et même sept années,
L'ordonnance du t-2 août 1836 marque un progrès notable.
On subdivise l'enseignement en deux parties : enseigne^
meut général ou préparatoire donné dans les écoles «lu
- ml degré ou écoles élémentaires : enseignement tech-
nique ou spécial donné dans l'école du premier degré. Les
écoles du second degré fuient les hôpitaux militaires
d'instruction de Strasbourg, Mets et Lille ; l'école du pre-
mier lierre fut l'hôpital de perfectionnement du Yal-de-tiràro.
Le décret du 26 avr. 1864 simplifia ce système en rédui-
sant a une seule le nombre des étioles préparatoires. Celles
de Lille et de Ueti furent supprimées et renseignement
(iréparatoirede la médecine militaire se donna à Strasbourg,
4 durée normale des études à l'LYole de Strasbourg était
de quatre années pour les élèves-médecins, de trois années
pour les élèves-pharmaciens. Au bout de ce temps, ils
venaient passer une année à l'Ecole d'application du Val-
de-Grace, d'où ils boitaient comme stagiaires avec le grade
d'aide-major de deuxième classe. Les catastrophes de 1870
déterminèrent l'abandon de ce système, auquel on esta peu
près revenu en ISSS. La perte de l'Alsace eut pour consé-
quence la suppression de l'Ecole de Strasbourg prononcée
par le décret du ■'> Dût. 187:2.
On tenta d'assurer le recrutement des médecins et phar-
maciens militaires par une autre méthode en ne conservant
qu'une école d'application. Ce régime fut complètement
établi par le décret du 15 juin 1X80 et celui du 1er oct.
i I. Chaque année on ouvrait un concours parmi les étu-
diant.-, en médecine et en pharmacie. Ceux qui étaient
admis après les épreuves étaient répartis entre les villes
D| une laculté de médecine et une école supérieure de
pharmacie ou une faculté mixte, ou une école de plein
exercice el de pharmacie (Paris, Lille, Nancy, Lyon, Mar-
seille, Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Rennes,
Alger). Les élevés du service de saute militaire contrac-
taient un engagement décennal ; ils étaient dirigés sur la
ville qu'ils avaient choisie ; ils y faisaient leurs études
gvec une subvention du gouvernement, logeant en ville,
sans uniforme, mais subordonnés au médecin-chef de
l'hôpital militaire, lue fois reçus docteurs ou pharmaciens
de première classe, ils [lassaient à l'Ecole d'application du
Yjl-de-Or.tee, laquelle se recrutait aussi par un concours
ouvert aux docteurs en médecine et aux pharmaciens
civils. Ce régime donna de mauvais résultats; les élevés,
unies dans toute la France, n'avaient pas d'esprit de
corps; les garanties étaient trop faibles. On s'est donc dé-
ride a rétablir l'Ecole spéciale du service de santé et, après
de vives compétitions, on l'a placée à Lyon.
Conditions d'admission. — Le nombre des élèves à
admettre est tixe chaque année parle ministre de la guerre.
Nul n'est admis à 1 Ecole du serviee de santé que par la
du concours. Peuvent y prendre part les étudiants en
médecine ayant au moins quatre inscriptions valables pour
le doctorat el ayant subi avec succès le premier examen de
doctorat. Ils doivent préalablement justifier qu'ils remplis-
sent les conditions suivantes : 1 " être français ou natura-
lisé Français: 2° avoir eu, au l'r janv. de l'année du
concours, moins de vingt-deux an-: néanmoins, les sous-
otliciers. caporaux ou brigadiers et soldais, qui auront
ipli au l r juil. six mois de servies réel et effectif,
sont autorisés ,i concourir, pourvu qu'ils n'aient pas dé-
l'âge de vingt-cinq ans a cette même date, et qu'ils
l encore sous les drapeaux au moment du commence-*
ment des épreuves: i1 après avoir été vacciné avi
ou avoir eu la petite vérole; i" être robuste, bien des-
titué, et n'être atteint d'aucune maladie ou infirmité sus-
ceptible de le rendre inapte au service militaire: .'i0 être
pOWVU du diplôme de bachelier es lettres (I" et 2» par-
lies) el de celui de bachelier es sciences complet ou res-
treint poui la partie mathématique, ainsi que de quatre
inscriptions valables pour le doctorat et du premier examen
de doctorat, foules les comblions qui précèdent sont île
rigueur, et aucune dérogation ne pourra être autorisée pour
quelque motif que ce soit.
Le- candidats qui remplissent les conditions ci-dessus
indiquées devront ge faire inscrire avant le 4 juil. au soir ;
s'ils sont civils, à la préfecture du département ou ils font
leurs éludes, et, s'ils sont militaires, à la préfeclure du
département dans lequel ils sont en garnison. Nulle ins-
cription ne sera admise après celle époque, aucune liste
supplémentaire ne devant èlre établie.
La liste sera close le 4 juil. au soir; elle sera adressée
sans aucun délai au ministre de la guerre (7r direction),
qui fera parvenir, en temps opportun, aux directeurs de
service de santé des corps d'armée comprenant un centre
d'examen d'admissibilité ou d'épreuves définitives, les
noms de tous les candidats inscrits qui auront choisi
ce centre d'examen. La liste comprenant ces noms sera
remise au médecin-chef chargé de faire l'appel des can-
didats.
Les pièces à produire pour l'inscription sont : 1° l'acte do
naissance et celui du père du candidat, revêtus des forma-
lités prescrites par la loi; 4° un certificat de commandant
de recrutement de la subdivision territoriale, constatant,
dans les mêmes conditions ([lie pour l'engagement volon-
taire, l'aptitude réelle au service militaire; il" un certificat
du médecin militaire chargé du service du recrutement,
constatant que le candidat a été vacciné avec succès ou a
eu la petite vérole; 4° un certificat délivré par le com-
mandant du bureau du recrutement, indiquant la situation
du candidat au point de vue du service militaire; 5° une
déclaration écrite, indiquant les centres de composition et
d'examen choisis par le candidat parmi les villes désignées
ci-dessous, et dans lesquelles il devra se rendre aux dates
fixées, sans attendre aucun avertissement particulier. Une
fois le choix fait, aucun candidat ne sera autorisé à
changée de centre d'examen, soit pour les épreuves orales,
soit pour les épreuves écrites, que pour des motifs graves
et par décision spéciale du ministre ; 6° les diplômes de
bachelier es lettres et es sciences, le certificat constatant
que le candidat a passé avec succès son premier examen
de doctorat et faisant mention de la note obtenue, ainsi
que le relevé des inscriptions; toutefois ces diplômes, le
certificat d'examen et le relevé des inscriptions seront
seulement remis par le candidat au président du jury le
jour de l'ouverture de l'épreuve orale d'admissibilité;
7° l'indication du domicile où lui sera adressée, en cas
d'admission, sa commission d'élève du service de santé ;
•S' une déclaration, sur papier libre, du père, de la mère,
du tuteur ou de l'élève lui-même, s'il est majeur ou jouit
de ses biens, reconnaissant qu'il est en mesure de payer
la pension, ou, à défaut de cette déclaration, la remise
d'une demande de concession de bourse, sur papier timbré.
Les candidats présents sous les drapeaux doivent fournir
les mêmes pièces, moins les certificats de vaccine et d'apti-
tude au service militaire; ils produisent en outre : 1° un
état signalétique et des services; -1° un certificat de bonne
conduite; 3° un relevé des punitions; 4° une déclaration
du chef de corps, indiquant que le candidat comptera, au
1er juil. de l'année du concours, six mois de service réel
et effectif sous les drapeaux. Cette condition n'est exigée
que des candidats militaires ayant dépassé la limite d'âge
imposée aux candidats civils.
Les oandidats militaires ne peuvent choisir comme centre
de composition et d'examen oral que les villes les plus
rapprochées du heu où ils sont en garnison. A l'époque
de l'examen, ils ont droit a des permissions dont la
durée est calculée d'après le temps nécessaire au voyage et
à l'examen.
Epreuves. Le concours comporte deux séries d'épreuves :
ÉCOLE
— 436 —
1° pour l'admissibilité; i" pour l'admission. Les épreuves
d'admissibilité se subdivisent en deux groupes : écrit et
oral. Le» compositions écrites Bont: I" une composition
française sur un sujet de philosophie ou d'histoire géné-
rale de l'Europe, tiré du programme ci-dessous]; cette
i 'iiiii[nisitiiiu a pour objet non d'imposer aux candidats une
élude nouvelle el plus minutieuse des questions dont la
connaissance est attestée par leurs diplômes antérieurs,
mais de constater le degré de leur culture générale, la
sùrelé de leur jugement et leur aptitude littéraire; 2° une
composition écrite sur un sujet d'histoire naturelle, de
phvsique ou de chimie médicales; •>" une composition
écrite de langue étrangère (allemand ou anglais). Cette
composition consistera en un thème d'une page environ ;
elle se fera sans le secours d'aucun livre.
La composition scientifique se fait dans une salle de
l'hôpital militaire ou de l'école (Paris et Lyon), ou dans
le local désigné par le général commandant le corps
d'armée, sur la proposition du directeur du service de
santé. Quatre heures sont accordé"s pour sa rédaction.
La composition de langue étrangère se fait le même
jour dans le même local. Deux heures sont accordées pour
cette épreuve. La composition d'histoire ou de philosophie
se fait le lendemain matin, dans le même local. Trois
heures sont accordées pour cette composition. Les sujets
sont les mêmes partout : ils sont choisis par le jury, qui se
réunit à cet effet en commission spéciale, au ministère de
la guerre. Les précautions prises sont les mêmes que dans
les cas analogues pour assurer la surveillance, le secret du
sujet, l'anonymat aux compositions pendant la correction.
Les résultats de cette correction une fois acquis, on pro-
nonce l'admissibilité du premier degré; la liste des can-
didats qui l'ont obtenue est publiée au Journal officiel.
On procède alors à l'épreuve orale d'admissibilité.
Tous les candidats devront être rendus, la veille du jour
fixé pour ces examens, dans la ville qu'ils auront choisie,
et se présenter au médecin-chef de l'hôpital militaire ou des
salles militaires de l'hospice mixte qui leur donnera les
renseignements nécessaires pour les examens du lendemain.
Les examens oraux pour l'admissibilité sont publics et passés
devant le jury réuni ; leur durée est de quinze minutes pour
chaque candidat. Les candidats, au moment de l'ouverture
de la séance, remettent au président du jury, sous peine
d'exclusion du concours, les différentes pièces mentionnées
ci-dessus. Ils sont interrogés sur la physique médicale.
Deux questions empruntées au programme sont tirées au
sort par chacun d'eux. Il est mis dans l'urne un nombre
de questions double de celui des candidats ; la même ques-
tion peut être mise plusieurs fois dans l'urne. La note
obtenue pour chacun, combinée avec les notes des compo-
sitions écrites, détermine l'admissibilité. Les candidats dont
la somme de points ainsi obtenue sera inférieure à une
limite déterminée par le jury sont éliminés.
Epreuves définitives ou d'admission. Le président du
jury fait connaître quels sont les candidats admis à subir
les épreuves définitives. Elles ont lieu dans la même forme
que les examens de l'admissibilité orale; leur durée est de
vingt minutes pour chaque candidat. Elles consistent en
des interrogations sur l'histoire naturelle et la chimie
médicales. A la tin des opérations dans une localité, le pré-
sident du jury adresse au ministre le résultat de ces exa-
mens. Pour toutes les épreuves orales, il va de soi que c'est
le même jury qui les fait subir dans les divers centres
d'examen où il se transporte successivement dans les mois
d'août et de septembre.
Le jury est composé ainsi qu'il suit : un médecin ins-
pecteur, président, désigné par le ministre, et deux médecins
principaux ou majors de 1"' classe désignes par le ministre
sur la proposition du comité technique de saute, lies pro-
fesseurs de lettres el de langues étrangères sont adjoints au
jury poui1 la correction des épreuves de leur spécialité. Le
président dirige les séances et correspond directement avec
le ministre (direction du service de santé).
L'appréciation de la composition et de chaque épreuve
orale est exprimée par un chiffre compris de o i -ib. \ ■
Dotes sont multipliées par des coefficients ti\«-s ainsi qu'il
suit : composition scientifique, 20 ; composition française,
15; langue étrangère, 2.
i cametu oraux. Histoire naturelle, 10; physique, 40;
chimie, I". Un avantage de 20 points ne comptant que
pour le classement définitif est attribuée aux candidats
pourvus do diplôme de bachelier es sciences complet.
Après la clôture des examen,. Jr jury établit la liste des
candidats classés par ordre de mérite, d'après l'ensemble
des points obtenus, et le président du jury l'adresse, avec
les procès-verbaux des séances, au ministre, qui arrête la
liste des candidats nommés élevés de l'Ecole du service de
santé militaire.
Régi» qttébieub. — Entrée. \ms jeunes gens nommés
élevés de l'Ecole du service de santé militaire reçoivent
l'avis individuel de leur admission par une lettre ministé-
rielle. Ils doivent être rendus à l'Ecole de Lyon au jour qui
leur est fixé. A leur arrivée à l'Ecole, les élèves seront
munis des pièces suivantes :
1° La lettre de nomination d'élève de l'Ecole du service de
santé militaire. — 2° Le récépissé du receveur central de
la Seine, d'un trésorier-payeur général ou d'un receveur
particulier constatant que l'élève a payé : 1° le prix du
trousseau, fixe comme il est dit plus haut, ou du demi-
trousseau s'il n'en a pas été dégrevé ; 2" le prix du trimestre
ou du demi-trimestre de la pension, fixée à 1,000 fr. par
an, selon qu'il est pensionnaire ou qu'il a obtenu une
demi-bourse. Les boursiers n'ont à produire d'autre pièce
justificative que l'avis de notification du dégrèvement qui
leur est accorde. — 3° Une promesse légalisée par le maire
ou le sous-préfet, sous seing privé et sur papier timbré,
dans la forme indiquée par l'art. 1326 du C. civ., par
laquelle son père, sa mère ou son tuteur s'engagea \
dans la caisse du receveur central de la Seine, ou d'un
trésorier-payeur général, ou d'un receveur particulier, par
trimestre et d'avance, le montant de la pension si l'élève
est pensionnaire ou de la demi-pension s'il a obtenu une
demi-bourse. Cette promesse sera établie par l'élève lui-
même s'il est majeur ou s'il jouit de ses biens. — 4° Le nom
et l'adresse des parents ou tuteurs et du correspondant
choisi par la famille, et habitant la ville de Lyon, si toute-
fois la famille n'y réside pas elle-même. Les officiers de
l'Ecole ne pourront pas être les correspondants des élèves,
à moins qu'ils ne soient leurs parents. — o° Un extrait
du casier judiciaire nécessaire pour contracter l'engagement
spécial prévu par l'art. "29 delà loi du 15 juil. 1889. —
Tout élève appelé à l'Ecole et qui, sans raison dûment
constatée ou sans autorisation ministérielle préalable, ne
se présente pas dans les délais fixés par sa lettre de con-
vocation, est considéré comme démissionnaire. — D'autre
part, l'offre de démission des candidats admis à l'Ecole de
Lyon devra être accompagnée du consentement de leur père
ou de leur tuteur s'ils ne sont pas majeurs.
Tout élève, sans distinction aucune, en entrant a l'Ecole,
dépose entre les mains du trésorier de l'Ecole une somme
de 150 fr., destinée à fournir le fonds de sa masse indivi-
duelle. Si celle-ci venait à être épuisée, un nouveau verse-
ment de 150 fr. serait exigible. Nul ne peut être admis à
l'Ecole s'il ne produit les pièces énumérées ci-dessus. Le
directeur de l'Ecole ajourne l'admission de tout élève qui ne
se trouve pas dans [es conditions prescrites et en rend
compte au ministre.
Le prix de la pension est de 1,000 fr. par an. Celui du
trousseau est déterminé chaque année par le ministre de la
guerre (en 1892, l,030fr.).
Les livres et les instruments les (dus nécessaires aux
études des élèvi s leur sont fournis par l'Etal et sont comptés
dans le prix du trousseau. Les différents droits de scolarité
et d'examen à partir de l'admission sont paves par le mi-
nistre de la guerre, conformément aux règlements univer-
sitaires. Toutefois, en cas d'ajournement a un examen, les
437 -
ÉCOLE
bus de consignation pour la répétition de cet examen sont
.ila charge de l'élève; les Irais d'impression de la thèse
pour le doctoral sont également supportés par les élèves.
In second échec au même examen entraîne d'office le licen-
ciement de l'élève el sa radiation immédiate des contrôles,
a moins qu'il ne soit autorisée redoubler son année; cette
autorisation ne pourra être accordée que si l'élève justifie
régulièrement avoir été empêché par une maladie de suivre
les cours pendant une période de deux mois, au inoins, de
ladite année. Des bourses et des demi-bourses, des trousseaux
.'t dos demi-trousseaux peuvent être accordés aux élèves qui
ont préalablement fait constater dans les tonnes prescrites
l'insuffisance des ressources de leur famille pour leur
entretien a l'Ecole. Il peut être alloué a chaque bour-
sier ou demi-boursier un trousseau ou un demi-trous-
b. Les élèves démissionnaires ou exclus de l'Ecole
sont tenus au remboursement des trais de scolarité et,
s'ils ont été boursiers, au payement du montant des frais
de pension et trousseau avancés par l'administration de
la guerre.
Dès leur entrée à l'Ecole, tous les élèves, militaires ou
non, doivent contracter, dans une des mairies de Lyon,
rengagement prescrit par l'art. "2!l île la loi du 15 juil.
188$ et les an. 23 et 2i du décret du 28 sept. 1891,
engagement de servir pendant trois ans dans un corps de
troupe dans le cas ou ils n'obtiendraient pas le grade de
médecin aide-major de deuxième classe ou si, l'ayant
obteuu, ils ne servaient pas ensuite dans l'année active
durant six années.
Voici le texte de ce décret : Les jeunes gens nommés élèves
de l'Ecole du service de santé militaire souscrivent un
igement d'une durée de trois ans et s'obligent à servir
pendant six années dans l'armée active à partir de leur nomi-
nation au grade île médecin aide-major de deuxième classe.
Cet engagement est souscrit à la mairie de l'un des arrondis-
sements de Lyon. Le contractant n'est assujetti à aucune
condition d'âge autre que celles qui sont exigées pour l'ad-
mission à l'École. Il en justifie par la production du certi-
ficat d'admission. Il produit en outre : 1° l'extrait de son
casier judiciaire ; 2° un certificat d'aptitude au service
militaire. Ce certificat est délivré par le commandant du
bureau de recrutement de la subdivision dans laquelle est
contracté l'engagement. Les engagements sont souscrits
Finir l'une des armes de l'infanterie, de la cavalerie, de
artillerie ou du génie. L'autorité militaire désigne, au
moment de la mise en route, le corps sur lequel les enga-
iOQl dirigés : 1° s'ils n'obtiennent pas le grade de
médecin aide-major de deuxième classe; 2° si, une fois en
de ce grade, ils ne servent pas dans l'armée active
pendant six ans au moins. Dans l'un et l'autre cas, la
durée de l'engagement de trois ans souscrit à l'entrée à
l'Ecole ne court que du jour de l'incorporation.
Les élèves sont, à leur arrivée à l Ecole, soumis à une
visite médicale; ils ne sont définitivement admis que s'ils
sont déclarés aptes au service militaire; sinon, ils sont
renvoyés devant la commission spéciale de réforme, qui
statue. Les élèves sont soumis, à l'Ecole du service de santé,
au régime militaire. — En même temps qu'ils suivent les
cours, cliniques, conférences et travaux pratiques de la
Faculté de médecine, ils reçoivent à l'Ecole un complément
d'instruction scientifique et littéraire.
Personnel. Le personnel de l'Ecole du service de santé
militaire comprend : I ' l'état-major de l'Ecole, formé
d'officiers du corps de santé et d'officiers d'administration
des hôpitaux ; tous ces officiers sont du cadre actif;
•2° un petit état— n
L'état-major de l'Ecole comprend le personnel dirigeant
ou enseignant : 1 médecin inspecteur ou médecin principal
de première classe, directeur: 1 médecin principal ou
major de première classe, sous-directeur; 1 médecin-major
de première classe, major; 6 médecins-majors de deuxième
ou de première classe, répétiteurs; 5 médecins aides-majors
de première classe ou majors de deuxième classe, surveil-
lants des élèves; I officier d'administration de première ou
de deuxième classe des hôpitaux, comptable du matériel et
trésorier; I officier d'administration adjoint de première
ou de deuxième classe des hôpitaux, adjoint à l'officier
comptable. Des professeurs civils peuvent être attachés à
l'Ecole pour l'enseignement des belles- Ici très, arts et langues
étrangères. Tous ces officiers et professeurs sont nommes par
le ministre de la guerre. La direction est nommée par décret
sur sa proposition. Le petit état-major comprend le per-
sonnel de service SOUS-officiers et soldais.
\ in un élève ne peut être autorisé à redoubler une
année d'eludes, à moins que «les circonstances graves ne
lui aient occasionné une suspension forcée de travail, pen-
dant plus de deux mois. Tout élève qui aura subi à un
même examen de la l'acuité ou de l'Ecole deux échecs succes-
sifs est exclu de l'Ecole. Le conseil de discipline donne
son avis, le ministre décide. Sauf le cas où il en aurait été
renvoyé pour indiscipline ou inconduite, l'élève qui a
cessé de faire partie de l'Ecole peut y être admis do nou-
veau, par voie de concours, s'il remplit encore les condi-
tions générales d'admission.
Sortie. — Lorsque les élèves sont pourvus du diplôme de
docteur en médecine, ils passent de droit à l'Ecole d'appli-
cation de médecine et de pharmacie militaires (Val-de-
Grace) dont il est question ci-après. A la fin de leur
stage à cette école, ils sont promus médecins aides-majors
de deuxième classe, et il leur est attribué cinq ans de
service.
Ecole d'application de médecine et de phar-
macie militaires du Val-de-Gràce. — Destination.
— L'Ecole d'application de médecine et de pharmacie
militaires placée à Paris, auprès de l'hôpital militaire du
Val-de-Gràce (rue Saint-Jacques) est instituée pour
donner aux médecins et pharmaciens stagiaires l'instruc-
tion professionnelle militaire spéciale, théorique et pratique,
nécessaire pour remplir dans l'armée les obligations de
service qui incombent au corps de santé militaire.
Conditions d'admission. — Le recrutement de l'Ecole
du Val-de-Gràce, dont les promotions annuelles sont de
(ÎO à 70 élèves, comporte des origines diverses : en pre-
mier lieu, tout élève de l'Ecole du service de santé militaire
(de Lyon), reçu docteur en médecine, est admis de plein
droit à l'Ecole d'application du Val-de-Gràce.
En second lieu, comme cette école ne forme que des
médecins, on a conservé pour les pharmaciens l'ancien
système du décret de 1880. ("est l'objet du décret du
1 1 nov. 1891. Tous les ans, du 1er au 15 nov., on ouvre
un concours pour l'admission aux emplois d'élèves en
pharmacie du service de santé militaire, d'après un pro-
gramme arrêté par le ministre de la guerre. Sont admis
à concourir : 1° les étudiants ayant accompli au 1er nov.
de l'année du concours leur année de service militaire et
un stage régulier de deux années, valable pour le grade
de pharmacien de première classe ; 2° les étudiants ayant
accompli au 1er nov. de l'année du concours leur année de
service militaire et possédant quatre ou huit inscriptions
valables pour le grade de pharmacien de lre classe et ayant
satisfait aux examens de fin d'année. Les autres conditions
sont les mêmes que pour les candidats à l'Ecole de Lyon.
Les épreuves du concours ont lieu devant un jury unique,
composé du pharmacien inspecteur, président; du profes-
seur de chimie de l'Ecole d'application de médecine et de
pharmacie militaires et d'un pharmacien principal ou major
du gouvernement militaire de Paris. Les candidats recon-
nus admissibles et classés par ordre de mérite reçoivent,
dans la proportion déterminée parle ministre, une commis-
sion d'élèves en pharmacie du service de santé militaire.
— Les élèves en pharmacie du service de santé militaire
contractent dès leur admission un engagement de servir
dans l'armée active pendant six ans au moins, à dater de
leur promotion au grade de pharmacien aide-major de
deuxième classe. Ceux qui n'obtiendraient pas le grade
d'aide-major ou ceux qui ne réaliseraient pas l'engagement
ÉCOLE
- 138 -
sexeUnàl sont tenus de rembourser' le montant des fraude
scolarité et d'indemnité qui lent anront été allouée. —
Les élèves sont répartis à leur choix el suivant leur con-
venance entre les sept \illes suivantes : Bordeaux, Lille,
Lyon, Montpellier, Nancy, Paris et Toulouse, qui pos-
sèdent une école supérieure de pharmacie ou une faculté
mixte: Ils sont attachés a l'hôpital militaire ou II l'hospice
mixte sous les ordres et la surveillance du médecin en
chef et concourent a l'exécution du service pharmaceu-
tique, autant que le permettent les cours et les travaux
pratiques qu'ils sont tenus de suivie. — Os élevés ne
portent pas d'Uniforme ; ils sont soumis à certaines règles
disciplinaires ayant pour but d'exercer un contrôle fruc-
tueux sur leurs études el sur leur conduite, conformément
aux dispositions d'un règlement arrêté par le ministre de
l;i guerre. — il est accordé aux élèves-pharmaciens, dès
leur nomination, une indemnité annuelle de 1.000 fr.
Cette indemnité sera allouée, au maximum, pendant trois
ans aux élèves admis sans inscriptions, pendant deux ans
aux élèves ayant quatre inscriptions, pendant un an aux
élèves ayant déjà huit inscriptions. — A dater de l'admis-
sion à l'emploi d'élève du service de santé militaire, les
frais universitaires, réglés conformément aux tarifs en
vigueur, sont versés par l'administration de la guerre à la
caisse de l'enseignement supérieur. Toutefois, en cas
d'ajournement à un examen, les frais de consignation
pour la répétition de cet examen sont à la charge de
l'élève. Un second échec au même examen entraîne d'office
le licenciement de l'élève et sa radiation immédiate des
contrôles. L'autorisation de doubler une année d'études
ne pourra être accordée que si des circonstances graves
ont occasionné une suspension forcée de travail de plus
de deux mois. En cas de démission ou de licenciement,
l'élève sera tenu au remboursement des frais de scolarité
et d'indemnité. — Tout élève reçu pharmacien de première
classe passe de plein droit à l'Ecole d'application de mé-
decine et de pharmacie militaires (Yal-dc-Grâce) en qualité
de pharmacien stagiaire.
En troisième lieu, tandis que des élèves-médecins et
des élèves-pharmaciens du service de santé y sont admis
de plein droit, l'Ecole d'application se recrute directement.
Un concours a lieu tous les ans au mois de décembre
pour l'admission directe d'un certain nombre de docteurs
en médecine ou de pharmaciens de première classe. Voici les
dispositions prises à ce sujet : les emplois de médecins et
de pharmaciens stagiaires à l'Ecole d'application de méde-
cine et de pharmacie militaires sont, conformément à la
loi du 14 déc. 1888, accordés au concours. Les candidats
doivent remplir les conditions ci-après : 1° être nés ou natu-
ralisés Français ; 2° avoir au moins vingt-six ans au lcrjanv.
de l'année du concours; 3° avoir été reconnus aptes à
servir activement dans l'armée ; cette aptitude sera cons-
tatée par un certificat d'un médecin militaire, du grade de
médecin-major de deuxième classe au moins ; 4° souscrire
l'engagement de servir, au moins pendant six ans, dans le
corps de santé de l'armée active, à partir de leur promotion
au grade d'aide-major de deuxième classe. Cet engagement
n'est souscrit qu'après l'admission à l'Ecole ; il est con-
tracté devant le maire de leur résidence dans les formes
des engagements militaires.
Les' demandes d'admission au concours, adressées au
ministre de la guerre avant le 1er déc, devront être
accompagnées : 1° acte de naissance revêtu des formalités
légales ; °2° diplôme ou, à défaut, certificat de réception
au grade de docteur ou de pharmacien de première
classe (cette pièce pourra n'être produite que le joui?
de l'ouverture des épreuves) ; 3° certificat d'aptitude au
service militaire; 4° certificat délivré par le commandant
du bureau de recrutement, indiquant la situation du can-
didat au point de vue du service militaire ; D0 indication
du domicile où il lui sera adressé, en cas d admission, sa
commission de stagiaire. Les épreuves sont arrêtées pour
chaque concours par le ministre de la guerre et publiées
si\ mois à l'avance au JoUftialôfllèiel; elles comprennent
généralement : Tour les docteurs en médecine : 1° une
composition écrite sur un sujet de pathologie générale ;
2e examen de deux malades atteints, l'on d'une affection médi-
cale, l'autre d'une affection chirurgicale ; 3' Une épreuve de
i ne opératoire précédée de la description de la région
sur laquelle elle doit porter ; '•" interrogations sur l'hy-
gii ne. — Pour les pharmaciens de première classe: 1° com-
position écrite sur une question d'histoire naturelle des
médicaments ou de matière médicale: -2° interrogations
sur la physique, la chimie, l'histoire naturelle et la phar-
macie; 3° préparation d'un ou de plusieurs médicaments
inscrits au Codex et détermination de diverses substances
(minéraux usuels, drogues simples, plantes sèches ou
fraîches, médicaments composés).
Régime iyii.ium k. — La durée des études ou plus pré-
cisément du stage à l'Eu. le du Val-de-Grâce est d'une
année, à partir du l"rjanv. jusqu'au 1er nov. Les diverses
lu anches de l'enseignement sont déterminées par les pro-
grammes, soumis à l'approbation du ministre par le direc-
teur de l'Ecole. A partir de leur nomination, les stagiaip B
reçoivent la subvention déterminée par les tarifs de solde
(2,928 fr. par an), et il leur est attribué une indemnité
de première mise d'équipement. Ils sont soumis, à l'inté-
rieur de l'Ecole, à des interrogatoires et à des épreuves
pratiqués, qui donnent lieu à des notes permettant d'établir
tous les deux mois un classement qui est transmis au
ministre.
Enseignement. L'enseignement que les médecins et
pharmaciens stagiaires reçoivent à l'Ecole d'application est
essentiellement pratique et a surtout pour but de les initier
à l'exercice de l'art dans l'armée par des études chimiques
et pharmaceutiques complémentaires, ainsi que par des
notions d'administration et de législation militaires.
Le personnel de l'enseignement comprend des profes-
seurs et des professeurs agrégés, répartis comme il suit :
1° un professeur et un agrégé : maladies et épidémies des
armées; 2° un professeur et un agrégé : chirurgie d'armée
(blessures de guerre) ; 3° un professeur et deux agrégés :
anatomie chirurgicale, opérations et appareils; 4° un pro-
fesseur et un agrégé : hygiène militaire ; 5° un professeur
et un agrégé : médecine légale, législation, administration
et service de santé militaire ; (i° un professeur et un
agrégé : chimie appliquée aux expertises de l'armée et
toxicologie ; 7° un agrégé chargé de cours : microbie.
Les professeurs sont choisis parmi les anciens as
ou les agrégés en exercice. Ils sont nommés par le ministre
sur des listes de trois candidats, dressées, l'une par le
conseil de perfectionnement de l'Ecole, l'autre par le co-
mité consultatif de santé. Ils doivent être du grade de
major de première classe au moins et de principal de pre-
mière classe au plus. La durée des fonctions de professeur
ne peut excéder dix ans.
Les professeurs agrégés sont nommés au concours. Les
majors de première et de deuxième classe sont seuls admis
à concourir. La durée des fonctions de professeur a.
est fixée à cinq ans.
Les concours pour l'agrégation en médecine ou en chi-
rurgie au Yal-de-Gràce comprennent six épreuves, dont
une sur une question de législation, d'administration et de
service de saute militaire. Deux heures sont accordées pour
cette éprouvé qui n'est pas éliminatoire et à laquelle ne
prennent part que les candidats déclarés admissibles.
Outre 1 enseignement destiné aux médecins et aux phar-
maciens stagiaires, le ministre de la guerre a décidé qu'à
partir du l'r janv. 1889 les médecins militaires de tous
grades peuvent être autorisés, sur leur demande, à venir
taire, à l'Ecole du Val-de-C.race. des études de bactièridli -
Cet enseignement, dont la durée est de six semaines, est
donné par séries, comprenant chacune dix ou douze au-
diteurs.
Sortie. — Les examens de sortie sont passés devant un
jury, divisé en trois sections : un pour la médecine, un
— 1H9 —
ECOLE
pour la chirurgie, on pouf la pharmacie. Le jury de chaque
BectioD ost composa don inspecteur, présîcrefltj des pro-
fesseurs de l'Ecole et de deux médecins ou pharmaciens
principaux ou majors employés dans le gouvernement mili-
taire de Paris. Les membres du jury autres que les pro-
fesseurs sont désignés par le nunistre, sur la proposition
du comité consultatif de santé. Les unies des examens de
sortie, combinés avec les classements bimestriels, per-
mettent d'établir le classement de sortie.
stagiaires qui ont subi avec succès les épreuves de
l'examen de sortie quittent l'Ecole avec le grade (le méde-
cin aide-major de deuxième classe. L'ancienneté est défer-
ai lée par le numéro de classement de sortie.
Tout stagiaire qui n'aura pas obtenu à l'examen de
sortie la moyenne des points déterminés par le règlement
sur le service intérieur sera, sur la proposition du jury,
désigné au ministre pour être licencié de l'Ecole, et tenu
au remboursement du montant des frais de scolarité, d'in-
demnité qu'il aurait pu toucher étant élevé, et d'indem-
nité de première mise d'équipement. Le même rembour-
sement sera exigé des médecins ou pharmaciens militaires
qui quitteraient plus tard, volontairement, le service de
safité militaire, avant d'avoir accompli leur engagement
d'honneur.
Les élèves sont tenus de souscrire un engagement de
rir pendant six ans dans le corps de santé de l'armée
active. Par conséquent, ceux de ces élèves qui n'obtien-
draient pas le grade d'aide-niajor de deuxième classe ou qui
ne réaliseraient pas leur engagement sexennal, seront in-
corporés pour trois ans dans un régiment, sans déduction
aucune du temps passé à l'Ecole. Ils confèrent la dispense
à leurs frères.
Ecole du service de santé de la marine à Bor-
deaux. — Destination. — L'Ecole du service de santé de
ta marine a été créée, et celles de Brest, Hochefort et Tou-
lon ont été transformées en annexes, par la loi du 10 avr.
1890 el le décret du 22 juil. 1890. Elle a été placée
auprès de la Faculté de médecine de Bordeaux et elle a
pour objet : 1° d'assurer le recrutement des médecins et
pharmaciens de la marine et des médecins et pharmaciens
atonies ; 2° de seconder les études universitaires des
élèves du service de santé; 3° de donner à ces élevés
l'éducation maritime jusqu'à leur nomination de médecin
ou de pharmacien auxiliaire de deuxième classé. Elle jouit,
pour le recrutement du corps de santé de la marine, d'un
privilège, mais non d'un monopole, car, en cas de
besoin, on peut admettre des candidats provenant des
facultés civiles.
Conditions d'admission. — Les élèves se recrutent par
voie de concours : 1° parmi les étudiants en médecine et
en pharmacie provenant des écoles de médecine navale de
-t, Hochefort et Toulon; -2° s'il y a lieu, parmi les
étudiants en médecine et en pharmacie provenant des
facultés civiles.
Nul n'est admis à l'Ecole du service de santé de la ma-
rine que par voie de concours. Le concours a lieu tous les
ans dans les ports de Brest, Hochefort et Toulon. Le mi-
nistre de la marine en détermine les conditions ; chaque
année, il en arrête le programme et en fixe l'époque.
L'arrêté du ministre est rendu public. Le jury du coin ours
d'admission à l'Ecole de Bordeaux est composé d'un
directeur du service de santé, président ; d'un médecin
en chef ou principal ; d'un pharmacien en chef ou prin-
cipal. Le président et les membres du jury sont annuelle-
ment désignés par le ministre de la marine.
Nul ne peut être admis au concours : 1° s'il n'est Fran-
çais ou naturalise Français; 2" s'il est âgé de plus de
vingt-trois ans ou de moins de dix-huit ans au 1er janv.
qui suit la date du concours; 3° s'il n'a été vacciné avec
succès ou s'd n'a eu la petite vende; 1° s'il n'est robuste,
bien constitue el >'ii n'est atteint d'aucune maladie ou in-
lirmité susceptible de le rendre impropre au service de la
marine : 5° s'il n'a accompli une année d'études médicales
dans une des codes de médecine navale île l'.resl, Hoche-
fort el foulon, et s'il n'a subi avec succès le premier
examen du doctoral en médecine; — Toutefois, en cas
d'insuffisance dans le nombre Du la valeur des candidats
provenant de ces écoles, les étudiante des facultés civiles
peuvent être admis à prendre pari au concours. — Les
jeunes gens qm se destinent à la carrière pharmaceutique
doivent justifier, pour l'admission au concours, du diplôme
île bachelier es sciences complet ou de bachelier es
lettres ou de bachelier de renseignement secondaire spé-
cial et du stage officinal de trois années accompli dans
une des écoles de médecine navale de Brest, Horhel'ori ou
'foulon.
Les candidats doivent produire un certificat de bonnes
vie et mœurs, un extrait « pour néant » du casier judi-
ciaire et, s'il y a lieu, l'autorisation des parents ou des
tuteurs. Ils ont, de plus, à indiquer le port militaire dans
lequel ils désirent passer le concours d'admission.
(Iliaque demande doit être en outre accompagnée :
1° d'une déclaration, sur papier timbré, par laquelle les
parents, père, mère ou tuteur, s'engagent à payer au Tré-
sor publie, par trimestre et d'avance, une pension annuelle
de 700 l'r. ; 2° d'un second acte sur papier timbré, portant
engagement de payer le trousseau, les livres et les objets
nécessaires aux éludes. Ces deux engagements deviennent
nuls en tout ou en partie, en cas de concession d'une
bourse «u d'une demi-bourse, d'un trousseau ou d'un
demi-trousseau. Toutes ces conditions sont de rigueur et
aucune dérogation ne peut être autorisée.
Chaque année, à l'époque déterminée par la décision
ministérielle fixant le programme des épreuves, les candi-
dats auront à demander leur inscription au ministre de la
marine, en fournissant les pièces ci-dessus mentionnées.
La liste d'inscription est close le 1er juil. Les épreuves
écrites ont lieu du 1er au lo août, à une date fixée par le
ministre, dans les ports de Brest, de Hochefort etde Toulon.
Elles sont corrigées à Paris par le jury du concours qui
dresse les listes d'admissibilité aux épreuves orales. — Ces
dernières ont lieu devant le môme jury, qui se transporte
successivement à Brest, à Rochefort et à Toulon, du l"r
au 20 sept.
Les épreuves d'admissibilité se divisent en épreuves
écrites et en épreuves orales.
Epreuves écrites. Pour les étudiants en médecine pour-
vus du premier examen de doctorat et pour les étudiants
en pharmacie ayant subi avec succès l'examen de validation
du stage ollicinal : 1° une composition écrite sur un sujet
d'histoire naturelle, de physique ou de chimie médicales ;
la composition sera notée au double point de vue des con-
naissances scientifiques et des connaissances littéraires ;
2° une composition écrite de langue étrangère (allemand
ou anglais). Cette composition consistera en un thème
d'une page environ ; elle se fera sans le secours d'aucun
livre.
Epreuves orales. Pour les mêmes candidats : des inter-
rogations sur la physique, l'histoire naturelle et la chimie
médicales (les interrogations porteront sur deux de ces
matières seulement ; on n'interrogera pas sur celle qui
aura fait l'objet de la composition écrite), etsurPanatomic
et la petite chirurgie. Trois questions, empruntées au pro-
gramme détaillé, seront tirées au sort. Il sera mis dans
l'urne un nombre de questions double de celui îles candi-
dats. La même question pourra, au besoin, être mise plu-
sieurs fois dans l'urne.
Compositions écrites. La composition écrite sur un
sujet d'histoire naturelle, de physique ou de chimie médi-
cales, se fera la première. Trois heures seront accordées
pour sa rédaction. La composition de langue étrangère se
fera le même jour. Deux heures sont accordées pour cette
épreuve. Les sujets sont les mêmes partout ; ils sont choisis
par le conseil supérieur de sanlé de la marine, qui se
réunit, à cet etlet, en comité secret au ministère de la ma-
rine. Chaque sujet est mis, par cette commission, dans
ÉCOLE
- '.;o -
une enveloppr cachetée ■> la cira el donl la suscription
indique seulement la nature de la composition el la caté-
gorie de candidats. Ces enveloppes sonl réunies «lans une
deuxième enveloppe qui sel adressée ans préfets maritimes
des ports de Brest, Rocbefort el Toulon, pour être remises
au directeur du service de ganté de chacun de ces ports Le
matin du jour fixé par le ministre pour l'ouverture des
épreuves écrites. Le directeur désigne, dans chaque port,
deux médecins principaux ou de première classe chargés
de surveiller les candidats pendant le temps consacré aux
compositions écrites. Les enveloppes sont décachetées par
le directeur, en présence des candidats; le procès-verbal
de la séance devra indiquer que le cachet est intact. Les
candidats ne peuvent se servir ni de livres, ni de notes.
Les compositions sont laites sur des feuilles revêtues du
cachet du directeur du service de santé du port militaire
ou a lieu le concours. Chaque candidat inscrit en tête de sa
feuille son nom et ses prénoms et appose sa signature à
l'endroit indiqué, avant de la remettre aux médecins sur-
veillants. Ces derniers détachent les noms et prénoms et
les réunissent dans une envelopppe distincte qui est jointe
à l'enveloppe dans laquelle les compositions sont également
réunies ; le nom est remplacé par un numéro d'ordre qui
est reproduit sur la composition et sur l'en-tête de la
feuille. Le tout est adressé le jour même, par l'intermé-
diaire du service de santé, au ministre de la marine, qui
transmet les compositions aux examinateurs pourjes cor-
riger, mais conserve les enveloppes contenant les en-tètes.
Les compositions sont cotées par les examinateurs, qui éta-
blissent la liste d'admissibilité par ordre de mérite et d'après
le nombre de points obtenus. Le président du jury l'adresse
au ministre. Les enveloppes contenant les en-tètes sont
alors ouvertes et les noms des candidats sont inscrits sur
la liste générale à l'aide du numéro d'ordre porté sur l'en-
tête imprimé.
Les candidats dont les notes de composition, multipliées
par leurs coefficients respectifs, formeront, non compris
les points obtenus pour l'épreuve facultative de langue
étrangère, une somme inférieure à une limite fixée par le
jury, seront éliminés avant l'épreuve orale. La liste des
candidats admissibles à la suite des compositions écrites
est immédiatement adressée au Journal officiel.
Epreuve orale. Les examens oraux sont publics et
passés dans les ports de Brest, de Rochefort et de Toulon
devant le jury réuni; leur durée est de trente minutes au
maximum pour chaque candidat. La note obtenue par
chacun d'eux, combinée avec les notes des compositions
écrites, détermine le rang d'ad missibilité. Les candidats dont
la somme de points ainsi obtenus sera inférieure à une
limite déterminée par le jury, seront éliminés.
Notes et coefficients. L'appréciation de la composition
et de chaque épreuve orale est exprimée par un chiure
compris de 0 à 20. Les notes sont multipliées par des
coefficients fixés ainsi qu'il suit :
Composition écrite.
Partie scientifique 12
— littéraire 4
Composition de langue étrangère 4
Examens oraux
Histoire naturelle . . 10
Physique 10
Chimie 10
Anatomie et petite chirurgie 10
Après la clôture de tous les examens, le jury établit la
liste de tous les candidats classés par ordre de mérite,
d'après l'ensemble des points obtenus, et le président du
jury l'adresse, avec les procès-verbaux des séances, ;ui
ministre, qui arrête la liste des candidats nommés élèves
de l'Ecole du service de santé de la marine. Ces nomina-
tions ont lieu dans la limite des places disponibles.
Régime intérieur. — Pension. Le prix de la pension
est de 700 fr. par an : celui du trousseau de 800 fr. pour
la première année, de 250 fr. pour la deuxième année et
de 250 fr. pour la troisième année. Les livres, instruments
et objets nécessaires au études, sont compris dans le
trousseau.
lie* bourses el des demi-bourses, des trousseaux el des
demi-trousseaux peuvent être accordés aux élèves qui ont
préalablement lait constater, dans les formes pn
l'insuffisance des ressources de leur famille pour leur entre-
tien a l'Ecole. Les bourses et les demi-bourses, les trous-
seaux et les demi-trousseaux son! accordés par le ministre
de la marine sur la proposition du conseil d'instruction de
l'Ecole. Les familles qui désirent obtenir le dégrèvemenl
total ou partiel des frais de la pension ou du trousseau,
doivent faire une demande énonçant qu'elles sollicitent :
une bourse ou une demi-bourse ; une bourseava ti
ou demi-trousseau ; une demi-bourse avec trousseau ou
demi-trousseau, ou enfin un trousseau ou demi-trousseau
seulement. Celte demande, adressée au minisire de la ma-
rine, sur papier libre, doit être remise au moment de l'ins-
cription, c-à-d. avant le 1er août, au préfet du départe-
ment ou réside la famille, accompagnée : 1" d'un état de
renseignements détaillés sur les moyens d'existence, le
nombre, l'âge et la situation respective des enfants, et les
autres charges des parents ; 2° d'un relevé des contri-
butions. Le préfet provoque une délibération du conseil
municipal du lieu de résidence ordinaire des familles, la
joint au dossier et fait connaître son avis.
Les différents droits de scolarité et d'examen sont payés
par le ministre de la marine, conformément aux règlements
universitaires. Les élèves démissionnaires ou exclus de
l'Ecole sont tenus au remboursement des frais de scolarité
et, s'ils ont été boursiers, au pavement des frais de
pension et de trousseau avancés par l'administration de la
marine.
Les élèves du service de santé de la marine contractent,
au moment de leur entrée à l'Ecole, l'engagement militaire
de trois ans, soit au titre de l'infanterie de marine, soit
au titre des équipages de la flotte, et s'obligent, par acte
administratif, à servir six années dans le corps de santé de
la marine ou dans celui des colonies, à compter de leur
nomination de médecin ou de pharmacien auxiliaire de
2e classe.
Aucun élève ne peut être autorisé à redoubler une année
d'études, à moins que des circonstances graves ne lui aient
occasionné une suspension forcée de travail pendant plus
de deux mois. Tout élève qui aura subi, à un même examen
de la Faculté ou de l'Ecole, deux échecs successifs, sera
déféré au conseil de discipline qui fera parvenir au ministre
son appréciation sur le maintien ou le renvoi de l'élève.
Le ministre décidera. Dans le cas du maintien de l'élève à
l'Ecole, un troisième échec entraînera de droit son exclusion.
Sauf le cas où il en aurait été renvoyé pour indiscipline
ou inconduite, l'élève qui a cessé de faire partie de l'È oie
peut y être admis de nouveau par voie de concours, s'il
remplit encore les conditions générales d'admission.
Personnel de l'Ecole. Le personnel de l'Ecole du service
de santé de la marine comprend : 1 directeur du service
de santé ou 1 médecin en chef, directeur; 1 médecin eu
chef ou principal, sous-directeur; -4 médecins de lri' classe
et I pharmacien de lrc classe, répétiteurs; 1 sous-com-
missaire, trésorier ; 1 sous-agent comptable, économe ;
1 commis de comptabilité: 9 commis auxiliaires: i première
maîtres, surveillants; -1 clairons, dont un perruquier;
2 infirmiers; 4 agents du gardiennage; 2 coqs et les agents
inférieurs reconnus nécessaires.
Les répétiteurs sont chargés de faire aux élèves des
conférences ou répétitions, de seconder renseignement de
la Faculté et de donner, suivant les ordres du directeur,
l'instruction spéciale au service de la marine. Quatre des
répétiteurs sont spécialement charges chacun d'une des
divisions de l'Ecole et remplissent vis-à-vis de celle-ci des
fonctions analogues à celles des capitaines de compagnie.
Le sous-directeur, les répétiteurs et le trésorier sont
- iil —
ÉCOLE
tomates pour deux ans par le ministre de la marine. Cette
période peul être renouvelée une fois. Le sous-directeur et
les répétiteurs promus au grade supérieur, après leur
entrée en Fonctions, peuvent être maintenus à l'Ecole, avec
leur nouveau grade, jusqu'à l'expiration de leurs deux
années d'exercice.
Etudes. Les élèves de l'Ecole du service de santé de la
marine, sur le vu de leur lettre de nomination, sont inscrits
au secrétariat de la Faculté de médecine. Ils suivent à la
la Faculté les cours cliniques, conférences el exercices pra-
tiques afférents a leur année d'études et dans les mêmes
conditions que les étudiants civils. Ils reçoivent, en outre,
par les soins de l'Ecole, un enseignement spécial sous l'orme
de conférences, répétitions et interrogations se rapportant
à l'enseignement donné par la Faculté. Le directeur se
concerte avec le recteur de l'Académie et le doyen de la
Faculté au sujet îles heures des cours, conférences et exer-
cices pratiques, et, en général, de tout ce qui a trait à
l'enseignement donne par la Faculté aux élèves de l'Ecole,
de telle sorte que les obligations universitaires et celles du
service intérieur de l'Ecole soient mises en parfaite concor-
dance et se prêtent un mutuel appui. Les élèves subissent,
devant la Faculté, leurs examens probatoires dans l'ordre
et selon le mode prescrit par les règlements universitaires,
avec cette seule différence que. des qu'ils ont pris leur
seizième inscription, ils sont autorisés à passer le troisième
examen de doctorat, puis successivement le quatrième, le
cinquième et la thèse, de telle sorte qu'ils puissent être
nommes médecins auxiliaires de 2" classe le 1er févr. au
plus tard. A l'issue de chaque année scolaire, les notes
obtenues à la Faculté de médecine sont combinées avec les
notes données aux interrogations faites par les répétiteurs
à l'intérieur de l'Ecole et avec celles qui se rapportent à la
conduite et à la discipline.
lassements sont établis par le conseil d'instruction.
Ce conseil est composé des membres suivants : le directeur
de l'Ecole, président ; le sous-directeur, les cinq répétiteurs,
membres. Le sous-commissaire, trésorier, remplit les fonc-
tions de secrétaire.
Il est accordé, dans chaque division, des distinctions
honorifiques à ceux des élèves qui sont classés dans le
premier quart. Les élèves classés dans le premier douzième
de leur division reçoivent la dénomination de « brigadiers»,
Ceux classés dans le restant du premier quart sont « élèves
d'élite ». Le directeur, après avoir donné lecture des listes
de classement, proclame les brigadiers et les élèves d'élite
et leur remet des insignes qui consistent : pour les briga-
diers, en deux ancres en or de chaque côté du revers du
collet de la redingote; pour les élèves d'élite, en une seule
ancre de chaque côté. LEeoIe fait les frais de ces insignes.
Tout brigadier ou élève d'élite qui est puni de prison perd
le droit de porter les insignes pendant trois mois ; s'il y a
un classement avant l'expiration de ce temps et que son
- lui confère des insignes, il ne peut les prendre que
lorsque trois mois sont écoulés depuis la punition de prison.
Il en est de même pour tout élève ayant été puni de prison
alors qu'il n'avait pas d'insignes et qui, au classement, est
dans le premier quart. .
/;.,>. iplinc. L'Lrole est soumise au régime militaire.
Tou> les élèves -ont toges à l'Lcole et y prennent leurs
repas. Ils sont astreints a toutes les obligations de la dis-
cipline militaire. Le ministre règle les conditions dans les-
quelles les sorties sont accordées. Le directeur établit un
règlement sur le service intérieur de l'Lcole, qui est sou-
mis a l'approbation du ministre. Les élèves portent un uni-
forme spécial, dont la description est déterminée par décret.
>nt assimiles aux aspirants de deuxième classe de la
marine. Les élèves doivent le salut à tous les officiers et
fonctionnaires des armées de terre et de mer, ainsi qu'aux
premiers maîtres des équipages de la flotte el assimilés,
punitions disciplinaires a infliger aux élèves sont :
1° la réprimande prononcée par un officier répétiteur ;
i" la réprimande prononcée par le sous-directeur; 3° la
privation de sortie; 'ta la salle de police pendant dix jours
au plus; 5° la prison pendant dix jours au plus; (>° le
renvoi dans un régiment d'infanterie de marine ou dans
une division îles équipages de la flotte. Cette dernière puni-
tion est prononcée par le ministre sur l'avis motive du
conseil de discipline.
Le conseil de discipline est spécialement institué pour
prononcer sur le compte des élèves qui, pour fautes graves,
inconduite ou paresse habituelles, insullisaiice aux exa-
mens ou tout autre motif, se mettraient dans le cas d'être
exclus de l'Kcole. Il est composé de cinq membres, savoir :
le sous -directeur, président; trois officiers répétiteurs
desiunes par le directeur de l'Ecole ; le plus ancien de
grade des premiers maîtres surveillants. Les fonctions de
rapporteur sont remplies par le sous-commissaire tré-
sorier.
Les élèves démisionnaires ou ceux dont l'exclusion aura
élé ordonnée par le ministre seront, conformément aux dis-
positions de l'art. 29 de la loi du 15 juil. 1889, dirigés sur
un régiment d'infanterie de marine ou sur une division des
équipages de la flotte pour y accomplir les trois années de
service militaire réglementaires.
Administration et comptabilité. Sont au compte de la
famille de chaque élève ou sont prélevés sur le montant de
l'indemnité de trousseau si l'élève est titulaire d'un trous-
seau :
■1° Les effets d'habillement et de petit équipement com-
pris dans le tableau du trousseau, ainsi que les livres,
instruments, objets ou fournitures de bureau à délivrer
réglementairement à l'entrée à l'Ecole et au fur et à mesure
des besoins.
2° La somme de 10 fr. par an pour constituer un fonds
commun destiné à subvenir à la menue réparation des ellets,
à la propreté de la chaussure, à la fourniture de l'encre et
aux suppléments à donner aux coiffeurs et autres personnes
employées au service des élèves, etc. Lorsque l'élève est
titulaire d'un demi-trousseau, ces dépenses, déduction faite
du montant de l'indemnité ou du demi-trousseau, sont à
la charge de la famille.
Sont au compte de la famille, que l'élève soit ou non
titulaire d'une indemnité de trousseau :
8° Normalement, la somme de 15 fr. par an destinée à
former un fonds commun pour pourvoir au remplacement
des objets et du matériel de table dont l'usure, le bris ou
la perte ne peut être imputé spécialement à un élève.
4° Extraordinairement, les grandes réparations ou le
renouvellement des effets ou livres et objets usés préma-
turément, gaspillés ou perdus; les dégradations faites au
matériel de l'Lcole, les bris ou pertes d'objets appartenant
à l'Etat ou à la ville par suite de négligence ou de mé-
chanceté.
Sortie. — Lorsque les élèves sont pourvus du diplôme
de docteur en médecine ou du titre de pharmacien univer-
sitaire de première classe, ils sont nommés, sur la pro-
position du directeur de l'Ecole, à l'emploi de médecin
auxiliaire ou de pharmacien auxiliaire de deuxième classe.
Ces jeunes gens sont ensuite répartis dans les ports mili-
taires pour y faire un stage d'une année et y suivre des
cours d'application du 1er févr. au 1" sept. — Le jour
ou ils sont nommés médecins ou pharmaciens auxiliaires
de deuxième classe, il leur est attribué quatre années de
services à titre d'études.
Les médecins et pharmaciens auxiliaires de deuxième
classe sont employés à terre en France, dans les hôpitaux de
la marine, à la mer ou aux colonies. Ils portent l'uni-
forme et les insignes du grade de médecin ou de pharmacien
titulaire de deuxième classe. Après une année de stage, les
médecins et pharmaciens auxiliaires de deuxième classe sont
nommés, par décret, au grade de médecin ou de pharmacien
titulaire de deuxième classe. Ils reçoivent alors à la mer
une solde de 3,031 fr. par an; à terre, 2,7K.'l fr., y
compris l'indemnité de logement; aux colonies, 5,039 fr.
Ecoles annexes du service de santé de la ma-
ÉCOLE
- «41 -
rine. — Destination. — Les trois écoles annexes de méde-
cine navale sonl établies dans les ports, militaires de Brest,
Rocheforl el Toulon. Biles ont pour objel : l" de préparer
au premier examen de doctoral les jeunes gens qui se des-
tinent à la médecine navale el de [aire accomplir par les
candidats à lu carrière pharmaceutique les trois années de
stage réglementaires; 2° d'initier les docteurs en méde-
cine et 1rs pharmaciens universitaires de l,rt
nommés médecins el pharmaciens auxiliaires de 2' classe
de la marine, aux connaissances spécialement requises
pour le service du département.
Conditions d'admission. — Nul n'est admis dans une
des écoles annexes de Brest, Rochefort ou Toulon, s'il
nest : I" Français ou naturalisé Français; 2° âgé de dix-
sept ans au moins au 1er janv. qui suit la date de l'ad-
mission ; 3° vacciné avec succès ou s'il n'a eu la petite
vérole ; 4° robuste, bien constitué et s'il n'est atteint d'au-
cune maladie ou infirmité susceptible de le rendre impropre
au service de la marine (les candidats devront présenter
une acuité visuelle susceptible d'être ramenée, par des
verres correcteurs, au moins à 3/S pour l'un des yeux et
ù 2j 5 pour l'autre ; dans tous les cas, la myopie, quand
elle sera supérieure à 4 dioptries, sera un motif d exclu-
sion; lors de leur entrée à Bordeaux, les élèves qui pré-
sentent les conditions d'acuité visuelle mentionnées ci-
dessus et sans correction seront seuls admis à contracter
l'engagement militaire au titre des équipages de la flotte;
les autres devront contracter leur engagement au titre de
l'infanterie de marine); o° pourvu des diplômes des bac-
calauréats es lettres et es sciences restreint pour la méde-
cine, et du baccalauréat es sciences complet, ou du bacca-
lauréat es lettres, ou du baccalauréat de l'enseignement
secondaire spécial, pour la pharmacie.
Le candidat doit, en outre, produire un certificat de
bonnes vie et mœurs, un extrait, pour néant, du casier
judiciaire el le consentement des parents ou tuteurs. Les
admissions ont lieu au 1er nov. de chaque année par
décision ministérielle. L'effectif des élèves pour l'ensemble
des ti'ois écoles de médecine navale est fixé chaque année
par le ministre, de la marine. Les candidats adressent avant
le 15 oct., au ministre de la marine, leur demande d'admis-
sion, accompagnée des pièces exigées. Lorsque l'admission
a été prononcée, l'élève est inscrit sur une matricule
spéciale, tenue au conseil de santé. Le directeur du ser-
vice de santé adresse au commissaire aux revues une
copie des inscriptions et annotations portées sur cette ma-
tricule.
Régime intérieur. — Les élèves en médecine admis
dans les trois écoles annexes de Brest, Rochefort et Toulon
y accomplissent une année d'études médicales. Les élèves
en pharmacie admis dans les écoles annexes y accomplis-
sent les trois années de stage réglementaires. Si pendant
la durée de ces trois années ils se trouvent dans le cas
d'être appelés sous les drapeaux pour effectuer leur année
de service militaire actif, ils devront interrompre leur stage
pendant cette période.
Après avoir subi, avec succès, avant le 31 août, le pre-
mier examen de doctorat devant une faculté de médecine.
pour les étudiants en médecine, et l'examen de validation
de stage, pour les étudiants en pharmacie, ils prennent
part au concours d'entrée à l'Ecole principale du service de
santé de la marine.
Le régime est l'externat. Les élèves des écoles annexes
s'entretiennent à leurs frais : ils logent et prennent leurs
repas en ville et ne portent pas d'uniforme. Ils ne contrac-
tent aucun engagement. Les candidats ne doivent pas être
lies au service militaire ni susceptibles d'être appelés sous
les drapeaux au mois de novembre de l'année d'admis-
sion. Os élevés acquittent les droits des quatre premières
inscriptions et du premier examen de doctorat. Ils sont
exonérés de tous fiais universitaires à partir de leur entrée
à l'Ecole principale. Aucun élève ne peut être autorisé a
redoubler une année d'études, à moins que des circons-
tances graves ne lui aient occasionné uni
de travail pendant plus de deux mois, et dans le I
ayanl échoué au premier examen de doctorat ou au con-
cours d'admission 6 Bordeaux, il serai) proj
directeur pour le redoublement de l'année dVtudes.
Las élèves des écoles annexe, de médecine naval.
passibles des punitions suivantes : 1" la réprimande par
le chef de service; 2" la réprimande pur le directeur, en
séance i\n conseil de santé; 3" l'exclusion de l'école par
le ministre. Lorsque le ministre prononce l'exclusion d'un
élève, la mention de cetie exclusion, avec l'indication des
motifs qui l'ont déterminée, est consignée sur la matricule
des étudiants et portée a la connaissance des deux autres
écoles annexes de médecine navale.
Personnel. Chaque école annexe de médecine navale
comprend : trois pharmaciens en chef, principaux ou de
lre classe, et quatre médecins principaux OU de tr' classe,
"iirs. Tous ces professeurs sont nommés au concours.
— (iliaque école est dirigée par le directeur du service de
santé de la marine du port militaire ou elle est située.
Les chaires sont ainsi réparties, dans chaque école, entre
les professeurs : un pharmacien est Chargé du cours de
physique; un pharmacien est chargé du cours de chimie,
chimie médicale et analyses usuelles dans la marine: un
pharmacien, de celui d'histoire naturelle, histoire naturelle
médicale; un médecin de 1' «lasse esl chargé de la petite
chirurgie; un médecin de lre classe, de 1 anàtomie ; un
médecin principal ou de 1" classe occupe la chaire de chi-
rurgie militaire et navale, et un médecin principal ou de
lre classe, celle de pathologie exotique et d'hygiène navale.
Ces deux derniers cours sont faits aux docteurs en méde-
cine nommés médecins auxiliaires de 2" classe, pendant
qu'ils accomplissent leur stage d'application.
Etudes. L'année scolaire commence le 3 nov. et
finit le 31 août. L'année scolaire se divise en deux semes-
tres : l'un, d'hiver, s'étend du 3 nov. au 31 mars;
l'autre, d'été, du ["avril au 31 août. Dans chaque école,
le directeur du service de santé règle, en conseil des pro-
fesseurs, la répartition des matières de chaque cours, de
manière que l'avancement des études médicales soit con-
forme à l'ordre de succession des examens des facultés. A
la lin du semestre, chaque professeur rend compte de son
enseignement ; il indique le nombre des leçons qu'il a faites
el les matières exposées dans chaque séance. Lne expédi-
tion de ce compte rendu est adressée au ministre. — A la
fin de chaque semestre d'enseignement, les professeurs
s'assurent, par des interrogations, du degré d'instruction
et des progrès de ceux de leurs auditeurs qui sont tenus
de suivre leurs leçons. Ils expriment leur appréciation
sur chacun d'eux par une note qui varie de 0 à 20. Ces
notes, accompagnées de l'opinion du professeur sur chaque
médecin ou pharmacien, sont remises au directeur, pour
être transmises au ministre, avec l'appréciation du préfet
maritime. Des bibliothèques, des cabinets d'histoire natu-
relle, des jardins botaniques, des amphithéâtres de dissec-
tion, des musées d'anatomie, des laboratoires d'histologie,
de chimie, des cabinets de physique, sont à la disposition
des élèves, qui doivent verser au trésorier de la biblio-
thèque une somme de 50 fr. destinée à l'achat des livres.
Il est adressé trimestriellement au ministre un élat nominatif
des élèves présents dans les écoles, avec indication des
notes sur la conduite, la discipline, l'assiduité au travail
de chacun d'eux.
SoaTK. — Au terme de l'année ou des années d'études,
le, élèves-médecins ou pharmaciens concourent pour l'Ecole
de Bordeaux dont les places leur sont réservées en principe
(V. ci-dessus).
Ecole nationale supérieure des mines. — Desti-
nation. — L'Ecole des mines, établie à Paris, boulevard
Saint-Michel, 60, ressortissant au ministère des travaux
publics, a pour but :
1° De former des ingénieurs destinés au recrutement du
corps des mines ; — 2° de répandre dans le public la cou-
- 443
ÉCOLE
naissance îles sciences et des arts ivlatil's à l'industrie mi-
nérale et, en particulier, de former dos praticiens propres
à diriger des entreprises privées d exploitation de mines el
d'usines minénlurgiques; — 3° <le réunir el de classer
tous les matériaux nécessaires pour compléter la statistique
minéralogique des départements de la France el des colo-
nies françaises; — 4° de conserver nn musée et une
bibliothèque consacrés spécialement à l'industrie minérale
et de tenir les collections an niveau des progrès de l'indus-
trie des mines et des usines, ainsi que dc^ sciences qui
s\ rapportent; — 5° enfin d'exécuter, soil pour les admi-
nistrations publiques, soit pour les particuliers, les essais
et analyses qui peuvent aider au progrès de l'industrie
minérale.
Kilo reçoit des élèves de plusieurs catégories : élèves-
ingénieurs, élèves externes, élèves étrangers, audi-
teurs libres. — Les élèves-ingénieurs sont pris exclusive-
ment parmi les élèves sortant de l'Ecole polytechnique et
entrent seuls au service de l'Etat. Ils sont nommes par
décret. — Les élèves externes sont préparés pour les posi-
tions variées qu'offre l'industrie et surtout appelés à devenir
ingénieurs ou directeurs d'exploitations de mines, d'usines
iuetulluigiques.de chemins de for, de Fabriques de produits
chimiques, etc. Leur admission a lieu par voie de concours,
à la suite d'examens suliis devant une commission spéciale.
— Les élèves étrangers sont admis par décision du ministre,
sur la demande des ambassadeurs ou chargés d'affaires des
puissances étrangères, sous la condition de subir un examen
de capacité devant la mémo commission. — Les auditeurs
libres sont, sur leur demande personnelle, appuyée de
références suffisantes, simplement autorisés par le directeur
de l'Ecole des mines à en suivre les cours.
Historique. — La création de l'Ecole des mines remonte
a 1783. Dès l'année 1769, on l'avait préparée en décidant
3ue les concessionnaires des mines seraient désormais tenus
e verser annuellement une somme variant entre 800 et
200 livres et affectée à l'entretien d'une école des mineurs.
Ln 1770. lé receveur de la petite poste de Paris fut chargé
de percevoir ces contributions pour fonder l'Ecole des mines.
En 1778, le minéralogiste Sage fui chargé d'un cours gra-
tuit de minéralogie et de métallurgie docimasique ; cet
enseignement fut donné dans une salle de l'Hôtel des mon-
naies. Les lettres (latentes du 11 juin 1778 créaient bien
une école publique de minéralogie, mais celle-ci ne comporta
pas d'autre chaire. Vint ensuite la nominal ion de quatre
inspecteurs des mines. Enfin l'ordonnance royale du 19 mars
; organisa l'Ecole des mines. 11 y eut deux chaires :
1° chimie, minéralogie et do<imasie; 2° physique et art
de l'ingénieur; de plus, un garde et un sous-garde des
collections. Les candidats devaient subir un examen
d'admission sur la géométrie, le dessin et l'allemand. La
durée des études était fixée à trois ans. Les cours théo-
riques avaient lieu en hiver. En été, les élèves se fami-
liarisaient avec la pratique; ils accompagnaient les ins-
pecteurs dans leurs tournées ou étaient attachés à une
exploitation.
L'Ecole royale des mines fut fermée en 1790, mais
bientôt on réorganisa un enseignement équivalent. Le mérite
en revient au comité de Salut public. Il institua une
."' (i'.s minet qui. »ous un autre nom, reconstituait
l'Ecole, avec plus de développement. Elle comprenait 3
membres, 8 inspecteurs, 12 ingénieurs, iO élèves. L'en-
seignement comportait quatre cours : géographie physique,
extraction des mines, docimasie, métallurgie. Un y ajouta
encore un cours de cristallographie confié à llauy. Des
collections furent formées. L'hôtel de Houchy (203, rue
de l'Université) fut affecte au nouvel établissement (24 mes-
sidor au II 12 juil. 1794]). Un arrêté du 16 fructidor
c27 sept. 1794) régla les conditions du concours d'admis-
sion : on exigeait la connaissance des éléments de la géo-
métrie, de la statique, de la physique générale et de la
chimie, de l'art des projection,, de la levée et du dessin
des plans. La grande loi d'organisation du 30 vendémiaire
an IV (-2-2 oct. I70.vl) (V. le § Ecole polytechnique) res-
titua le nom d'Ecole des mines, el elle lit de cet établisse-
ment uni1 école d'application, subordonnée au conseil des
mines et puisant ses élèves à l'IVole polytechnique. Leur
nombre fut réduit à 20. Mais on décida d'adjoindre 10 élèves
externes qui seraient destinés a devenir des chefs d'éta-
blissements. Enfin on projetail de créer une école pratique
pour les travaux d'exploitation auprès d'une mine appar-
tenant à la République. Quelques années plus tara, le
premier consul prit dans ce sens une résolution désastreuse
(arrêté du 23 pluviôse an \ | 12 fé\r. 1802]). 11 supprima
l'école de Paris et on lui substitua deux écoles pratiques
placées, l'une dans le dép. de la Sarre, à f.eislautern (fer
et houille), l'autre (plomb, cuivre, argent) ii Pesey, dans
le dép. du Mont-lîlanr. Cette dernière fut la seule qui
fonctionna (à Moutiers et Pesey). Le remplacement de
l'école d'application par une école pratique donna de
mauvais résultais. L'enseignement des mines, désorga-
nisé en 1802, fut supprime en 1814, les mines de Géis-
lautern et de Pesey ayant cessé de faire partie du territoire
français.
L'Ecole des mines de Paris fut rétablie par l'ordonnance
du 5 sept. 1816, qui demeure la base de son organisation
actuelle. On avait voulu lui créer des succursales dans les
départements, mais ce projet n'aboutit pas. Elle reprit
d'abord possession do l'hôtel de Mouchy ou étaient restés le
laboratoire et les collections et y fonctionna de 1 8 1 7 à 1 837 .
Elle fut alors transportée à l'hôtel Vendôme, rue d'Enfer,
34. A la suite du percement du boulevard Saint-Michel,
elle a été rebâtie boulevard Saint-Michel, 60. Un décret du
16 sept. 1858 et, en dernier lieu, celui du 48 juil. 1800,
en règlent le régime actuel.
Conditions d'admission. — Les élèves-ingénieurs sont
recrutés parmi les élèves sortants de l'Ecole polytechnique
à qui leur rang sur la liste de classement permet de choisir
ce débouché. Leur nombre varie selon les besoins du ser-
vice ; il est de i à 2 depuis quelques années, en moyenne
de 3. Nous avons dit qu'ils sont nommés par décret, et
nous avons exposé comment sont admis les élèves étrangers
ou auditeurs libres. Nous n'avons donc à nous occuper ici
que des élèves externes, qui doivent se présenter à un
concours d'admission. Toutefois, ils en sont dispensés lors-
qu'ils ont justifie, dans les cours préparatoires ou à l'Ecole
polytechnique, des connaissances suffisantes.
Cours préparatoires. Les aspirants aux places d'élèves
externes à l'Ecole nationale supérieure des mines, qui ne
possèdent pas toutes les connaissances nécessaires pour
suivre les cours spéciaux de l'Ecole, peuvent être admis,
sous les conditions ci-après indiquées, à suivre les cours
préparatoires qui y sont institués. Le candidat doit être
IVançais ou naturalisé Erançais. Il doit être âgé de dix-sept
ans au moins et de vingt ans au plus, au Ier janv. de
l'année dans laquelle il se présente. Il peut donc avoir
vingt ans révolus, mais-ne doit pas avoir eu vingt et un
ans le 1er janv. de l'année du concours. La limite d'âge
est reportée à vingt-cinq ans pour les candidats ayant
accompli leur service dans l'armée active.
La demande d'admission doit être adressée au ministre
des travaux publics avant le 25 août et être accompagnée :
1° d'une copie authentique de l'acte de naissance du can-
didat, et, au besoin, des pièces établissant sa qualité de
Erançais; 2° d'un certificat de bonnes vie et mœurs, dé-
livré par les autorités du lieu de son domicile, et dûment
légalisé; 3° d'une déclaration, dûment légalisée, d'un doc-
teur en médecine, constatant que le candidat a été vacciné
ou qu'il a eu la petite \erole.
Les épreuves pour l'admission aux cours préparatoires
comprennent : I ° quatre examens oraux, portant sur l'arith-
métique, l'algèbre, la géométrie, la trigonométrie recliligne
et la trigonométrie sphérique, la géométrie analytique à
deux et a trois dimensions, la géométrie descriptive, la
physique et la chimie des métalloïdes, telles qu'elles sont
résumées dans les programmes arrêtés par le ministre ;
ÉCOLE
- ', i;
2" une dictée qui est jugée an point de me de l'écriture >•(
de l'orthographe : 3° un dessin d'après la bo
Le jury d'examen dresse mi procès-verbal constatant le
résultat des diverses épreuves subies par les candidats. Il
donne Sun opinion sur l'admissibilité de chacun d'eux. Ce
procès-verbal, accompagné de l'avise) îles propositions du
conseil de l'Ecole, est transmis au ministre, qui arn le
définitivement la liste des élèves admis a suivre les cours
préparatoires.
L'enseignement préparatoire se compose de quatre cours
oraux et d'exercices pratiques. Les cours comprennent :
1° les parties essentielles de l'analyse infinitésimale, ainsi
que la géométrie descriptive ci ses applications ; 2" la mé-
canique; 3° les parties de la physique qui traitent de la
chaleur, de la lumière et de l'électricité; 4° la chimie gé-
nérale. — Les exercices pratiques consistent en dessin
géométrique, en croquis de machines et en manipulations
chimiques.
Admission à l'Ecole. Les élèves qui ont été admis à
suivre les cours préparatoires sont, à la lin de ces cours,
examinés sur toutes les parties de l'enseignement. Ceux qui
ont suhi ces épreuves d'une façon satisfaisante sont, sans
nouvel examen, inscrits en tète de la liste d'admission aux
places d'élèves externes. Sont inscrits à la suite, dans
Tordre de leur rang de sortie de l'Ecole polytechnique, les
élèves de ladite Ecole qui ont obtenu à leur sortie un
nombre de points représentant une moyenne générale de
douze au moins, mais seulement jusqu'à concurrence de
cinq places. Enfin un concours spécial est ouvert pour l'ad-
mission aux places d'élève externe de l'Ecole des mines. Il
a lieu à Paris le 23 sept, comme le concours pour l'admis-
sion aux cours préparatoires.
Tout candidat à titre d'élève externe à l'enseignement
spécial de l'Ecole nationale supérieure des mines doit être
Français ou naturalisé Français. Il doit être âgé de
dix-huit ans au moins et de vingt-deux ans au plus au
lerjanv. de l'année dans laquelle il se présente au con-
cours. Il peut donc avoir vingt-deux ans révolus, mais ne
doit pas avoir eu vingt-trois ans avant le 1er janv. de
l'année du concours. La limite d'âge est reportée à
vingt-six ans pour les candidats ayant accompli leur ser-
vice dans l'armée active.
La demande d'admission au concours doit être adressée
au ministre des travaux publics et être accompagnée :
1° d'une copie authentique de l'acte de naissance du can-
didat, et, au besoin, des pièces établissant sa qualité de
Français ; 2" d'un certificat de bonnes vie et mœurs, déli-
vré par les autorités du lieu de son domicile, et dûment
légalisé ; 3° d'une déclaration, dûment légalisée, d'un
docteur en médecine, constatant que le candidat est vac-
ciné ou qu'il a eu la petite vérole. — Les élèves sortant
de l'Ecole polytechnique sont dispensés de produire les
pièces ci-dessus désignées ; ils doivent faire parvenir au
ministre des travaux publics, avant les examens, un cer-
tificat constatant les conditions de leur sortie de l'Ecole
polytechnique.
Les épreuves pour l'admission aux cours spéciaux com-
prennent : 1° quatre examens oraux portant sur l'analyse
infinitésimale, la mécanique, la géométrie descriptive et ses
applications, la physique et la chimie générales, telles
qu'elles sont résumées dans les programmes arrêtés parle
ministre, qui répondent à l'enseignement intérieur des
cours préparatoires; 2° une dictée, qui est jugée au point
de vue de l'écriture et de l'orthographe; 3° une épure de
géométrie descriptive el un lavis. Toutefois les élevés qui
se présentent au concours en sortant de l'Ecole polytech-
nique ne sont interrogés que sur les parties du programme
qui sont exigées dans les examens de sortie de cette Kcole.
Le jury d'examen dresse un prorès-verbal constatant le
résultat des diverses épreuves subies par les candidats. Il
donne son opinion sur l'admissibilité de chacun d'eux. Le
conseil de l'Ecole dresse la liste générale des candidats et
la présente au ministre avec ses propositions. Le ministre
urète définitivement la liste des élevée admis à l'Ecole
nationale supérieure des mines. Le nombre des él< res ex-
ternes admis chaque année varie, mais il est en moyenne
de !0.
Régime irtébjbi a. — Le régime de l'Ecole est l'externat
Les élèves-ingénieurs ont seuls droit de porter le costume
du corps, ce qu'ils ne fool guère, a l'Ecole, ils portent une
casquette & galons d'or. Les élèves extern.-, portent me
casquette a galons d'argent avec deux petits marteaux en
croix. L'enseignement de l'Ecole supérieure des mines est
entièrement gratuit. Les élèves externes, les élèves étran-
gers el les auditeurs libres des COUTS spéciaux et îles cours
préparatoires doivent verser au secrétariat, en entrant a
l'Ecole, une masse de 50 fr., pour garantie de dégâts. \ji
portion non dépensée de cette masse leur est remboun
leur sortie de l'Ecole. Les élèves-ingénieurs reçoivent un
traitement annuel de 1,800 fr.
Les élèves doivent être présents a l'Ecole de neuf a onze
heures et de midi à quatre heures. Les jours de cour» de
langues étrangères, ils sortent a cinq heures. I.a présence
est constatée par la signature sur un registre. Ils ne peu-
vent s'absenter sans autorisation du directeur. Pour l'as-
siduité aux cours et exercices pratiques, on attribue à
chaque élève un total de 100 points par année scolaire.
(Iliaque manque à l'appel ou défaut de signature fait perdre
■2 5 de point et •! 5 si l'appel précède un cours. On ajoute
les points d'assiduité qui restent en fin d'année aux points
d'examen pour établir le classement. Le règlement ajoute
qu'un élève qui aurait perdu plus de 20 de ces (.oints
ne pourrait passer dans la division supérieure. Les salles
de dessin et les laboratoires sont ouverts de huit heures et
demie du matin à quatre heures du soir; la bibliothèque,
de neuf heures du matin à cinq heures du soir. L'Ecole est
fermée les dimanches et fêtes.
L'enseignement est commun aux diverses catégories
d'élèves; toutefois, les élèves étrangers ne peuvent parti-
ciper aux exercices pratiques que dans la mesure du
nombre des places disponibles au laboratoire et dans les
salles de dessin.
La durée des cours spéciaux est de trois ans. Elle est
de quatre ans pour les élèes qui sont obligés de suivre les
cours préparatoires, avant d'entrer dans les cours spé-
ciaux; ces cours préparatoires, institués pour faciliter
l'admission aux places d'élèves externes, forment une pre-
mière année d'études. Les cours spéciaux comprennent les
cours suivants : exploitation des mines; métallurgie; chimie
analytique minérale; chimie industrielle; minéralogie;
paléontologie; géologie; géologie appliquée; topographie;
machines; applications de l'électricité; chemins de fer;
constructions ; législation des mines : économie indus-
trielle; langue allemande; langue anglaise. — L'enseigne-
ment comporte, outre ces cours, des exercices pratiques
et des voyages d'instruction. En première année, les élèves
doivent suivre les cours d'exploitation des mines ou de
machines, de métallurgie, de minéralogie, de géologie, de
docimasie, de paléontologie, de levers de plans. En deuxième
année, le cours de machines ou d'exploitation, la deuxième
partie des cours de métallurgie et de docimasie, et le cours
de géologie. Le cours de paléontologie est facultatif la
deuxième année, mais celui de minéralogie doit être re-
doublé par tout élève qui n'a pas obtenu la note 1G à
l'examen de première année sur cette science. En troisième
année, les élèves doivent suivre les cours de chemins de
fer et de constructions, de législation des mines et droit
administratif, d'économie politique, d'agriculture et de
géologie technique, de fortification militaire.
Les élevés .les trois années doivent suivie les cours
de langues vivantes, allemand ou anglais, pour chacun
desquels il existe deux divisions, suivant le degré d'in-
struction des élèves à leur entrée à l'Ecole. Les cours
et exercices scolaires s'ouvrent chaque année le premier
lundi de novembre et se ferment le 15 avril environ.
Pendant la durée des cours, les élèves de première et
— 143 —
ÉCOLE
de deuxième années travaillent alternativement au labora-
toire et au dessin, étndîenl les collections de l'Ecole et
visitent les usines el les ateliers îles environs de Paris.
Les élèves de première et de seconde année ont, par
Séries et alternativement, place aux laboratoires et aux
salles de dessin. Les élèves de troisième année ont place
toute l'année aux salles de dessin, et par séries alterna-
tives dans les laboratoires pour les exercices d'analyse. Il
faut passer l'examen au moins sur l'une des langues étran-
s. A la fin de chaque année scolaire, les élèves-ingé-
Dieun et les élèves externes subissent des examens sur
tous les cours afférents à celte année d'éludés. Les élèves
étrangers déclarent, au commencement de l'année scolaire,
le^ murs qu'ils désirent suivre. A la fin de l'année, ils
subissent les examens correspondants. Le conseil de l'Lcole
apprécie, d'après l'ensemble des notes obtenues, si l'élève
étran-er peut être maintenu l'année suivante à l'Ecole. Les
auditeurs libres ne sont admis ni aux exercices pratiques
ni aux examens. Les examens, qui ont lieu en avril et
mai. a la tin des cours, sont subis pour chaque cours à
huit jours d'intervalle devant une commission composée de
deux professeurs et d'un inspecteur des mines. A la suite
des examens du mois de mai, les élèves de première année
sont exercer aux analyses chimiques en juin et au lever
des plans pendant le mois de juillet. Les notes accordées à
travaux pratiques comptent pour la deuxième année.
En avril ou mai, les élèves de première et seconde
années font des excursions géologiques sous la direction
d'un professeur de l'Lcole. En été, ils exécutent un voyage
d'instruction dans divers districts de mines et d'usines,
dont le choix est à leur disposition, mais pour lequel ils
demandent des instructions au conseil des études. Ils
doivent rédiger un journal de voyage qu'ils remettent peu
de temps après l'ouverture des cours de l'année scolaire
suivante. Les élèves-ingénieurs remettent en outre, à la
suite de leur voyage de deuxième année, qui doit être de
trois mois environ, deux mémoires complets, accompagnés
de dessins et croquis cotés. Enfin, les élèves-ingénieurs
font un dernier voyage de trois mois à la suite delà troi-
sième année.
Les élèves de troisième année ont à préparer leur con-
cours de sortie, qui se compose d'un projet d'exploitation
et d'un projet de métallurgie, avec dessins d'ensemble et
de détails, cotés et lavés, mémoire justificatif et devis
complet. Les sujets de ces projets sont indiqués à la fin
de la deuxième année, afin que les élèves puissent faire
Bénir leur voyage à compléter leurs connaissances rela-
tives au travail qu'ils ont à exécuter. C'est pour y tra-
vailler à loisir qu'ils ont la jouissance ininterrompue des
salles de dessin.
Le résultat des examens dans chaque branche d'en-
ement donne lieu à des notes variant de 0 à 20.
Les coefficients sont fixés ainsi qu'il suit : cours d'ex-
ploitation et machines, 10; cours de métallurgie, 9;
cours de minéralogie, 7 ; cours de géologie et paléonto-
logie. 7 ; cours de docimasie, 7 ; cours de constructions, 4;
cours de chemins de fer, 3 ; cours de législation des
mines, droit administratif et économie politique, 3 ; cours
d'agriculture et géologie technique , 3 ; cours de forti-
fication militaire, 2 ; dessin, 7 ; mémoires et journaux
de voyage : de la deuxième année, 3 ; de la troisième
année. 7 : après la troisième année, 7 ; levers de plans, 4;
exercices de docimasie, 4 ; projets de métallurgie, i ;
projets d'exploitation, 4; langue allemande, 2;' langue
anglaise, J.
Pour les matières qui comprennent deux années d'étude
et qui donnent lieu ainsi à deux examens, on tient compte
des notes attribuées au premier examen, en ajoutant à la
note d'examen de deuxième année le-, 3 10 de la note
obtenue Cannée précédente, et on multiplie le total par
le coefficient 10/13. Il en esl de même pour l'examen
mméralogique, si l'élevé a passe deux fois cet examen.
A la fin de chaque année on procède a un classement
gênerai par ordre de mérite en additionnant le total des
points.
Les élèves dont les notes auraient été jugées insigni-
fiantes peuvent, soit être admis à redoubler l'année d'étude,
soit être exclus de l'Ecole.
Sortie. — A la sortie de l'Ecole, les élèves-ingénieurs
sont nommés ingénieurs ordinaires de troisième classe au
corps des mines avec traitement de 2,500 fr. ; les élèves
externes ou étrangers qui justifient des connaissances
nécessaires reçoivent un diplôme supérieur d'ingénieur
civil des mines ; à un degré moindre, ils peuvent obtenir
un certificat d'études. Les élèves étrangers ne peuvent
recevoir que des certificats d'études.
On sait combien est grande la réputation du corps des
ingénieurs des mines (Y. Mines). Quant aux élèves externes
diplômés, ils trouvent facilement des positions lucratives
dans les exploitations et industries privées.
Au point de vue du service militaire, les élèves externes
jouissent de la dispense conditionnelle de deux ans de
service actif conférée par l'art. 23 de la loi de 188!), mais
il faut qu'ils obtiennent le diplôme avant l'âge de vingt-
six ans.
Ecole des ponts et chaussées. — Destination. —
L'Ecole des ponts et chaussées, établie à Paris, rue des
Saints-Pères, 28, est destinée à former les ingénieurs pour
le service des ponts et chaussées. Elle est placée sous l'au-
torité du ministre des travaux publics. Les élèves de l'Ecole
des ponts et chaussées, destinés à recruter le corps des
ingénieurs de l'Etat, sont pris exclusivement parmi les élèves
de l'Ecole polytechnique. Indépendamment des élèves-ingé-
nieurs qui sortent de l'Ecole polytechnique, l'Ecole natio-
nale des ponts et chaussées reçoit des élèves externes
français et des élèves étrangers admis, après concours et
par décision ministérielle, à suivre les cours oraux et à
participer à tous les travaux intérieurs de l'Ecole. Ces
élèves, après avoir satisfait aux examens de sortie, reçoi-
vent un diplôme ou un certificat d'études constatant le
degré de l'instruction qu'ils ont acquise. — L'Ecole des
ponts et chaussées est régie par le décret du 13 oct. 1851 ;
les dernières prescriptions relatives à son fonctionnement
ont été édictées par le décret du 18 juil. 1890 et l'arrêté
du 1er mai 1891.
Historique. — L'historique de l'Ecole des ponts et
chaussées est liée à celle du corps des ingénieurs qui s'y
recrutent. Ce corps fut institué en 1716, organisé en 1720.
C'est en 1747, lorsque le surintendant ïrudaine eut fait
décider qu'on dresserait des plans exacts de toutes les
routes et chemins de France, que, pour former le personnel
nécessaire à ce vaste travail, Trudaine et Perronet organi-
sèrent à Paris un bureau qui peu à peu se transforma en
une école des ponts el chaussées. Dès l'origine, on distingua
dans ce bureau trois classes : les sous-ingénieurs, les élèves,
enfin les auxiliaires ; les employés les plus instruits
mettaient les autres au courant. C'est seulement en 4775
que Turgot institua officiellement l'Ecole des ponts et
chaussées dont Perronet demeura le directeur. Le nombre
des élèves fut fixé à t>0, plus 40 surnuméraires. On
conserva le principe de l'enseignement mutuel. Les élèves
étaient divisés en trois classes. Les 20 plus instruits ser-
vaient de professeurs aux autres. Ils étaient salariés et
portaient l'uniforme. Les élèves suivaient au dehors de
l'Ecole des cours de dessin et d'architecture. Pendant
l'été, on les envoyait en mission participer à des travaux
de toute sorte, afin de recevoir une instruction pratique.
On leur allouait des frais de voyages. Ce système des
missions fonctionne encore. Le niveau des études s'éleva
progressivement et le corps d'ingénieurs sortis de cette
école était très instruit et apprécie. Les pays d'Etat tels
que le Languedoc et la Bretagne gardèrent leur autonomie
vicinale et recrutaient séparément leurs ingénieurs, ("est
seulement un décret du 19 juin 1792 qui réunit leurs
élevés a ii'U\ de l'Ecole des ponts et cliaussées. Celle-ci
avait été maintenue par l'Assemblée nationale. La loi du
ËR01 l.
- m -
[9janv, I7i)i, refondant le corps des ponts et chaussées, sti-
pule qu'il \ aura une école nationale des ponts et thaus
srrs, comprenant 60 élèves divisés en trois classes de 20;
tous seront appointés. Nous avons déjà exposé dans l'article
relatif à VÉcole polytechnique (\. oe mot) que la ( an-
vention puisa dans ce personne] pour les besoins de la
défense nationale el mil les élèves des ponts el chaussées
:i la disposition du ministre de la pierre. Les 34 plus
torts avant été ainsi requis, les élèves-professeurs dis-*
parurent; l'enseignement mutuel , qui ttait le seul, ayant
cessé, l'Ecole lui désorganisée. Son directeur, Lamhlaraie,
qui avait succédé à Perronet, sur la désignation de celui-ci,
eut mie part considérable dans le grand projet qui aboutit
;i la fondation de H.i'oir centrale des travaux publics,
nuire Ecole polytechnique. On avait d'abord hésité à con-
server les anciennes écoles. On finit par adopter ce parti,
La loi du 30 vendémiaire an Vi (-- oct. 1795) consacra
le maintien de l'Ecole «les ponts ci chaussées a titre d'école
spéciale d'application. On décida que les élevés, au nombre
de 36, seraient tires de l'Ecole polytechnique. Lamblar-
die présida a la réorganisation, (m prit des professeurs
en dehors des élèves; c'était le premier coup porté à ren-
seignement mutuel qui, en 1799, disparut dans le plan
d'instruction élaboré par l'rony. lui 1804 eurent lieu des
changements. On revint au chiffre de (il) élevés dis-
tribués en trois classes de 20 et salariés (700 fr. la
première année, 800 fr. la seconde, 000 fr. la troisième),
lin 1830, en 1839, en 1842, des améliorations furent
apportées aux programmes el règlements intérieurs, préci-
sant bien le caractère d'école d'application.
Conditions d'admission. — Elèves-ingénieurs . Les
élèves provenant de l'Ecole polytechnique, les seuls véri-
tables élèves-ingénieurs de l'Ecole sont nommés par décret.
Ce sont ceux à qui leur rang de sortie a permis le choix de
ce service. Leur nombre a beaucoup varié. 11 étail d'une
vingtaine; il s'est élevé a 30 après le vote du vaste
programme des travaux publics de m. de Ereycinet. Depuis
il s'est abaissé à 8. Il y eut 32 élèves admis en 1881,
27 en 1882, 23 en 1883, 20 en 1884, 18 en 1883 et
•1880, 10 en 1887, 8 en 1888, 1889, 1890 et 1891.
Elèves externes et eléees étrangers. Un concours est
ouvert annuellement à Paris à l'effet de constater la capacité
des candidats qni se présentent pour être admis à l'Ecole. Les
examens d'admission s'ouvrent à Paris, à l'Ecole des ponts
et chaussées, le 23 sept., ou le 2(3 si le 23 est un dimanche.
Ils sont subis devant un jury d'examen, désigné par le
ministre, sur la proposition du directeur de l'Ecole.
Les candidats nés en France doivent être âges de dix-huit
ans au moins et de vingt-cinq ans au plus. La limite d'âge
est reportée à vingt-sept ans en ce qui concerne les can-
didats avant accompli ltuii1 service dans l'armée active.
Peuvent être admis par le ministre, sans limite d'âge, a
se présente? au concours d'admission pour les cours spé-
ciaux les conducteurs des ponts et chaussées, en activité
de service, qui justifient qu'ils auront six années de ser-
vice en qualité du conducteur au moment de l'examen.
Les demandes d'admission doivent être adressées sur
papier timbré au ministre des travaux publics avant le
23 août et être accompagnées : 1° d'une copie authentique
de l'acte de naissance du candidat, et au besoin des pièces
établissant sa qualité de Français; 2" d'un certificat de
bonnes vie et mœurs délivré par les autorités du lieu de
son domicile pi dûment légalisé; 3" d'une déclaration dû-
ment légalisée d'un docteur en médecine, constatant que
le candidat a été vacciné nu qu'il a eu la petite vérole, Les
demandes des candidats français doivent être vi>èes par
les parents ou tuteurs de ces candidats ou par un corres-
pondant habitant Paris. Celles des eandidatsétraugers doivent
être visées parles représentants de leurs gouvernements
respectifs el transmises au ministre des travaux publics
par le ministre des affaires étrangères. — Les candidats
étrangers sont prévenus qu'une habitude suffisante delà
langue française est exigée pour l'admission.
I épreuves dU concours WM/A/NÙ ffl compositions
écrites, en exécution da dessins et en examens oraux. 1-a
première épreuve est une composition écrite sur un ou plu-
gieurs sujets pris dans le programme des connaissances
e\lger,. La Sel olllle 0S| I • " X ' < ( I ( i «I II d'un dessin de .
criptive et d'un lavis d'architecture. I
ces compositions sont arrêtes par le jury. >ur le vu de ces
travaux préliminaires, le jury décide s'il y a lieu d'admettre
les candidat» aux examens oraux.
Le connaissances exigées poui être admis à l'Ecole des
ponts et chaussées comprennent : l'arithmétique, la géo*
mélrie élémentaire, l'algèbre, la trigonométrie rectiligne,
la géométrie analytique i deux ou trois dimensions ; des
notions de géométrie descriptive avec application à la
coupe des pierres et i la charpente ; des notions de calcul
différentiel et intégrai, de mécanique, de physique
chimie, d'architecture.
Chaque candidat subit successivement deux examens
oraux sur les matières du programme. Un délai de cinq
jours au moins est laissé entre ces deux examens. Le jury
dresse un procès-verbal constatant le résultat des diverses
épreuves subies par les candidats ; il donne son opinion
sur l'admissibilité de chacun d'eux. — Le nombre des ad-
missions aux places d'élève externe ne peut dépasser ?Q,
L'examen de capacité que les candidats étrangers ont à
subir pour être admis a Ile. de. conformément aux dispo-
sitions de l'art. 33 du décret du 18 juil. 1890, comporte
les mêmes épreuves que pour les candidats français. Tou-
tefois, dans des circonstances exceptionnelles, et sur la
proposition du conseil de l'Ecole, les candidats étraugers
peuvent être dispensés, par décision spéciale, de tout ou
partie des épreuves. Les élèves étrangers n'obtiennent de
places dans les salles d'étude que s'il en reste de dispo-
nibles.
Cours préparatoires. Pour assurer aux jeunes
qui voudraient être admis à l'Ecole des ponts et chaussées
en qualité d'élèves externes les moyens suffisants de pré-
paration a l'enseignement de l'Ecole, il a clé institué, sur
l'avis conforme du conseil de perfectionnement, par le
ministre des travaux publics, des cours préparatoires,
dont l'enseignement comprend : 1° le calcul différentiel, le
calcul intégral et la mécanique ; 2° la géométrie descrip-
tive, la stéréotomie, les éléments d'architecture, le dessin
linéaire et le lavis ; 3° la physique et la chimie.
La durée de l'enseignement préparatoire, qui est gratuit,
est d'une année. L'époque de l'ouverture des coins e^t
fixée au 1er nov. L'admission aux cours préparatoires est
prononcée à la suite d'un concours qui est subi devant
un jury d'examen désigné par le ministre des travaux
publics, sur la proposition du directeur de l'Eoole. Les
examens ont lieu à Paris, a l'Ecole des ponts et ch:
Ils commencent chaque année le 23 sept., ou le 20 si le 23
est un dimanche. La liste des candidats autorisés à s'y
présenter est arrêtée parle ministre.
Pour être admis au concours, les candidats français
doivent cire âgés de dix-sept ans au moins et de vingt-
quatre ans au plus ; vingt-six ans pour ceux qui ont
accompli leur service dans l'armée active. Les formalités
à accomplir sont les mêmes que pour le concours dont il
vient d'être parle. Les demandes des élèves étrangers doi-
vent être transmises au ministre des travaux publics par
l'intermédiaire du ministre des affaires elrangèi
demandes doivent avoir été. au préalable, soumises par les
candidats à l'agrément des représentants a Paris ii !
vernements intéressés. — Peuvent être dispenses, sur l'avis
du conseil de l'Ecole. Au concours d'admission aux cours
préparatoires, les candidats qui. ayant échoue au concours
pour les places d'élèves externes, sont reconnus pos-
séder drs connaissances suffisantes pour suivre les cours
préparatoires.
Le concours d'admission est divisé en deux parties :
un examen écrit et un examen oral, auquel sont seuls
admis les candidats qui ont subi d'une manière satisfaisante
- U7 -
ÉCOLE
les épreuves écrites. L'examen écril comprend : 1° une
composition sur un ou plusieurs sujets pris dans «pro-
gramme ; -2° l'exécution d'un dessin dé géométrie descriptive
et d'un Iaxis d'architecture. Les sujets de ces compositions
sont arrêtés par le jury. — L'examen oral porte sur l'en-
semble «les matières contenues dans le programme, qui
comprend: l'arithmétique, l'algèbre, la géométrie élémen-
taire et la trigonométrie rectiligne, la géométrie analytique
a deux et à trois dimensions, la géométrie descriptive, des
notions de physique et de chimie, de dessin linéaire et de
lavis. Le jury d'examen dresse un procès-verbal constatant
le résultai des diverses épreuves subies par les candidats. 11
donne son opinion sur l admissibilité de chacun d'eux. Ce
s- verbal, accompagné de l'avis du conseil de l'Ecole,
e^t transmis au ministre, qui arrête définitivement la liste
ves admis à suivre les cours préparatoires. — Le
nombre des admissions aux cours préparatoires ne peut
dépasser quinze.
A la lin de chaque session, les élèves des cours prépa-
ratoires sont examinés sur toutes les parties de l'ensei-
gnement. Ceux qui ont satisfait à cet examen sont déclarés
admissibles aux cours d'élèves externes et sont dispensés,
sur Lavis du conseil de l'Ecole, de l'examen prescrit par
l'arrêté ministériel du 14 fe\r. 1852. Ils sont inscrits en
tète de la liste des élèves externes de l'année suivante.
«intérieur. — L'enseignement dure trois années.
11 est entièrement gratuit. Le régime de l'Ecole est l'externat.
1 -cours et les études de l'intérieur de l'Ecole commencent
dans les premiers jours de novembre et durent jusqu'au
31 mai. L'enseignement comprend : la construction des
routes, ponts, chemins de fer, canaux, poils maritimes,
l'amélioration des rivières, l'architecture civile, la méca-
nique appliquée (résistance des matériaux et hydraulique),
les machines à vapeur, l'hydraulique agricole, les connais-
ea géologiques nécessaires aux ingénieurs, le droit
administratif et l'économie politique. Indépendamment des
cours désignes ci-dessus, des conférences sont faites sur
le service vicinal, l'assainissement des villes, etc., la pis-
ciculture, la télégraphie électrique, la photographie. — Les
travaux intérieurs de l'Ecole ont pour but d'exercer les
élèves sur les objets suivants : 1° travaux graphiques,
dessins, Iaxis, rédaction de mémoires et concours sur des
projets d'art; -2° manipulation et essai de matériaux de
construction ; 3° nivellement et lever de plans, lever de
machines et de bâtiments.
Du lor juin au 30 oct., les élèves de l'Ecole sont
envoyés en mission dans les départements et y sont atta-
ches aux travaux en cours d'exécution, pour s'exercer,
sous la direction des chefs de service, à la pratique de l'art
de l'ingénieur. La désignation des missions a donner aux
élèves est arrêtée par le ministre, sur la proposition du
conseil de l'Ecole. Les missions sont facultatives pour les
- externes.
L'Ecole est dirigée par un inspecteur de première classe
des ponts et chaussées qui a titre de directeur et par un
inspecteur général de seconde classe ou un ingénieur en
chef qui a titre d'inspecteur de l'Ecole.
Le, élèves-ingénieurs reçoivent un traitement de 1,800
francs par an ; de plus, "200 fr. pour frais de campagne et
- frais de voyage pendant la mission ; enfin, pendant le
aéjonr & Paris, une indemnité de 30 fr. par mois.
Du I™ nov. au 31 mai, les élèves son) obliges de fré-
Î[iienter l'Ecole tous les jours, sauf les dimanches et jours
. L'Ecole e>t ouverte de huit heures du matin à dix
heures du soir. Les élèves habitent en ville; ils doivent se
trouver à l'Ecole de huit heures trois quarts à dix heures
et demie du matin, puis de onze heures trois quarts à
cinq heures du soir. Leur présence est constatée au moyen
d'appels et de feuilles de présence. L'usage est de venir à
l'Ecole en costume civil avec la casquette d'uniforme, le
nombre des galons indiquant le grade de l'élève. La cas-
Îtte d'uniforme d'ingénieur étant le si-ne distinctif d'une
onction publique, les élèves externes ne peuvent la porter
Soil à l'intérieur, soit a l'extérieur de l'Ecole. — Les puni-
tions consistent en réprimande particulière, réprimande en
présence des camarades, exclusion temporaire des salles
d'étude, exclusion temporaire de l'Ecole, mise à l'ordre,
censure par le conseil avec ou sans mise à l'ordre, retard
d'avancement de classe, exclusion définitive.
Les élevés sont divisés en trois classes selon l'année de
leur promotion. Dans chaque classe ils sont rangés par
ordre de mérite. Il y a des examens généraux sur tous
les cours permanents professés à l'Ecole. Les élèves sont
prévenus ,'i l'avance des époques fixées pour ces examens.
Les notes prises par les élevés a l'amphithéâtre sont réunies
en cahier et mises plus tard sous les yeux du professeur
qui en tient compte pour la fixation des numéros de mé-
rite à attribuer aux examens. Le classement des élèves est
arrêté en conseil de l'Ecole à la tin de chaque année sco-
laire. Le rang de classement des élèves est déterminé : pour
le passage à la deuxième classe, par le nombre de points
obtenus dans la première année; pour le passage à la pre-
mière classe, en ajoutant aux points obtenus dans l'année
la moitié de ceux obtenus dans l'année précédente ; pour
la sortie, en ajoutant aux points obtenus dans l'année la
moitié des deux premières années, déduction faite des
points attribués aux langues dans le classement précédent.
Les élèves externes et les élèves étrangers se fournissent,
à leurs frais, de tous les objets nécessaires pour les tra-
vaux intérieurs de l'Ecole ; toutefois, ils reçoivent gratui-
tement le papier avec timbre pour les travaux graphiques
et le papier destiné à la rédaction des mémoires et devis, etc.
11 leur est prêté aussi gratuitement les divers objets et
instruments que l'Ecole met à la disposition des élèves-ingé-
nieurs, et, comme ces derniers, ils en sont responsables.
Les élèves externes et les élèves étrangers sont soumis à
tous les règlements intérieurs de l'Ecole. Ces élèves sont,
comme les élèves-ingénieurs, classés par année d'étude.
Ils participent, pendant la durée de chaque session, aux
mêmes études, leçons, exercices, manipulations, etc., que
les élèves-ingénieurs. Toutefois, les compositions littéraires
ne sont obligatoires que pour les élèves français. Les
leçons de langues ne sont que facultatives pour tous les
élèves. Sur leur demande, ces élèves peuvent obtenir, dans
l'intervalle des sessions, l'autorisation de visiter les tra-
vaux qui s'exécutent sur les chantiers de l'Etat. Les élèves
externes et les élèves étrangers concourent entre eux et par
classe. Le rang de mérite, dans chaque classe, est déter-
miné, comme pour les élèves-ingénieurs, d'après les degrés
qui sont attribués aux résultats des concours, des travaux
graphiques et autres, des examens oraux et à l'assiduité
aux cours et dans les salles d'étude. Les règles qui fixent
le minimum obligatoire pour que les élèves-ingénieurs puis-
sent passer d'une classe à l'autre, ou être déclarés hors
concours, sont applicables aux élèves externes et étrangers.
Le classement est arrêté par le conseil de l'Ecole.
Auditeurs libres. Des auditeurs libres peuvent aussi
être simplement admis, sur l'autorisation du directeur, à
suivre les cours oraux de l'Ecole des ponts et chaussées.
Les personnes qui ont obtenu cette autorisation, et qui sont
munies de cartes délix rées par le directeur, ne sont admises
à l'Ecole qu'aux heures des cours. Elles doivent y être
rendues aux heures indiquées par les règlements. La leçon
commencée, nul n'y est plus admis. Des élèves peuvent
ainsi être envoyés par les administrations publiques à
l'Ecole des ponts et chaussées. Leur présence aux leçons
est constatée. Ces élèves peuvent seuls être autorisés à
passer des examens et être admis, sur leur demande, dans
la bibliothèque de l'Ecole. Les cours auxquels est admise
cette catégorie d'auditeurs sont ceux: de mécanique appli-
quée: 1° résistance des matériaux, i" hydraulique; de
minéralogie et géologie, d'économie politique, d'hydrau-
lique agricole, de routes, de procédés généraux de cons-
truction, de ponts, de navigation intérieure, de machines
à vapeur, de chemins de fer, de travaux maritimes, d'ar-
chitecture, de droit administratif, de chimie appliquée.
ÉCOLE
- 448 -
South. — Nom avons indiqué ci-deeeu comment se
l'ail le classement d*aprèg les examens de sortie. — Les
élèves ayant complété leurs cours d'études sont nommés
ingénieurs ordinaires de 3" classe s la fin de leur^ troisième
mission. Les appointements sont de 2,300 fr, par an.
L'élève qui, après la première ou la seconde année d études,
n'est pas déclaré admissible à la classe supérieure, on «|iii,
après la troisième année, n'est pas reconnu capable d'être
placé dans le service actif, peut, sur la proposition du
conseil et par décision du ministre, être maintenu une
année de plus à l'Ecole. Ce délai peut même être porté à
deux ans, en cas de circonstances graves et exception-
nelles ; mais, dans aucun cas, un élève ne reste sur l>s
cadres plus de cinq ans.
Les élèves ingénieurs sortis de l'Ecole des ponls et chaus-
sées ont un privilège pour le recrutement du corps public
des ingénieurs des ponts et chaussées, mais ils n'ont pas
de monopole, car, aux ternies de la loi du 30 nov. tK.'K),
un sixième des places d'ingénieurs sont réservées aux con-
ducteurs des ponts et chaussées. Il est vrai que cette pres-
cription législative n'a pas été appliquée strictement;
l'immense majorité des ingénieurs sont des anciens poly-
techniciens qui ont passé par l'Ecole d'application. In
diplôme supérieur d'élève de l'Ecole des ponts et chaus-
sées est délivré par le ministre à ceux des élèves externes
qui ont satisfait aux conditions fixées par arrêté ministé-
riel et ont obtenu au moins 65 °/0 du total des points qui
peuvent être acquis dans tout le cours de l'enseignement
spécial. Ceux qui ont simplement satisfait aux conditions
de l'arrêté ministériel, sans atteindre le chiffre de (>o " „
du total des points, ne reçoivent du directeur qu'un certi-
ficat d'études. Les notes obtenues pour les examens et
les exercices sont inscrites au verso du diplôme et du certi-
ficat. Le diplôme confère des avantages appréciables :
1° au point de vue du service militaire ; 1° pour l'entrée
dans le service de la voirie parisienne. L'art. "23 de la
loi du 15 juil. 1889 sur le recrutement de l'armée porte
que les jeunes gens qui ont obtenu ou qui poursuivent leurs
études en vue d'obtenir le diplôme supérieur délivré aux
élèves externes par l'Ecole des ponts et chaussées, sont,
en temps de paix, après un an de présence sous les dra-
peaux, envoyés en congé dans leurs foyers, sur leur
demande, jusqu'à la date de leur passage dans la réserve.
Des deux arrêtés du préfet de la Seine (30 juin 1887 et
1er déc. 1890), il résulte que les anciens élèves externes
de l'Ecole des ponts et chaussées (de même que ceux des
Ecoles polytechnique, centrale et des mines), pourvus du
diplôme d'ingénieur, peuvent être nommés conducteurs
municipaux de 4e classe sans être astreints à subir l'exa-
men réglementaire prescrit par l'arrêté du lo avr. 1872,
s'ils remplissent d'ailleurs les conditions de nationalité,
d'âge et d'aptitude physique imposées par les règlements.
Les élèves étrangers reçoivent du directeur de l'Ecole un
certificat d'études sur lequel sont inscrites les notes par
eux obtenues pour les examens et exercices auxquels ils
ont pris part. Ceux d'entre eux qui ont satisfait a toutes
les épreuves dans les conditions exigées des élèves français
obtiennent du ministre, comme ces derniers, le diplôme
supérieur ci-dessus défini.
Ecole d'application des manufactures de l'Etat.
— Destination. — L'Ecole d'application des manufactures
de l'Etat, établie à Paris, quai d'Orsay, dans les bâtiments
de la manufacture de tabacs, a été créée pour mettre les
élèves-ingénieurs au courant des procédés de la fabrica-
tion qu'iis seront appelés ensuite à diriger. Ce service
publie recrute ses ingénieurs exclusivement parmi les
élèves sortant de l'Ecole polytechnique.
Historique. — Le monopole des tabacs a été établi le
29 déc. 1810 et organisé par décret du \"1 janv. 1811.
Pour le personnel technique, on commença par prendre des
surnuméraires, qualifiés élèves des manufactures, que les
employés mettaient au courant de la fabrication. Cet ensei-
gnement pratique était excellent. Mais on reconnut la néces-
sité d'v joindre un enseignement théorique que les rapides
progrès des sciences rendaient de plus en plus nécessaire.
En IX'JÎ. on annexa donc a la manufacture de Paris une
école. Nul ne put être promu sous-inspecteur sans a\oir
suivi les cours et subi a\ee succès un examen sur chaque
matière, l.n 1831, on décida que leg élèves de l'Ecole
polytechnique seraient seuls admis a l'Ecole d'application
des manufactures de l'Etal ; ils y feraient deux années
d'études. On donna aux cours une tournure différente;
l'enseignement théorique se donnant .i l'Ecole polytechnique,
il n'y eut plu-, a étudier que les applications d.- la science.
En 1861, on réorganisa I Ecole. En 1865, on annexa le-.
poudres aux manufactures de l'Etat. Mais, en 1878. on a
séparé VEcole d'application des poudres et tal\
A dire vrai, le petit nombre des élèves-ingénietinj
deux services ne permet guère de qualifier d'école l'éta-
blissement ou ils reçoivent b-ur instruction pratique.
Régime intérieur. — Il n'y a pas de concours d'admis-
sion, les élèves venant de l'Ecole polytechnique ; il \ en eut ,
dans les deux dernières années, 4 chaque fois; dans les
années précédentes, les promotions ne comprenaient qu'un
élève. Pour les poudres et salpêtres, on n'a pas pris d'élève-
ingénieur de 1886 a 1889, 1 en 1K90 et 1 en 1 891. Les
élèves-ingénieurs des manufactures ont des cours spéciaux
(chimie agricole et chimie appliquée au tabac; applications
de la chaleur; fabrication des tabacs; construction; résis-
tance des matériaux et machines; administration et comp-
tabilité) ; ceux des poudres et salpêtres sont placés au
Dépôt central des poudres et salpêtres. Ils dépendent du
ministère de la guerre; ils suivent les cours de l'Ecole
des mines, et les ingénieurs de leur corps leur enseignent
au Dépôt la technique du métier. — La durée des cours
est de huit mois, de novembre à juillet ; puis, chaque
année, pendant les vacances, les élèves sont envoyés en
mission dans les manufactures de tabacs et les poudreries
pour commencer leur instruction pratique auprès des ingé-
nieurs en service. Les élèves-ingénieurs reçoivent un trai-
tement de 1,800 fr., plus une indemnité pour les missions.
Ils portent dans les cérémonies l'uniforme du service
auquel ils appartiennent : habit vert foncé, avec petite
broderie d'argent au collet et aux manches. — L'Ecole
d'application des manufactures de l'Etat reçoit aussi,
comme élèves, des vérificateurs de la culture des tabacs,
qui suivent les cours et s'exercent à l'analyse chimique,
afin de se préparer pour les emplois supérieurs du service
de la culture.
Sortie. — Au terme du cours d'études, les élèves-ingé-
nieurs subissent un examen sérieux sur chacun des cours
qu'ils ont suivis. Le classement résultant de l'ensemble de
ces examens détei mine l'ordre de nomination à leur nou-
veau grade. En cas d'insuffisance à l'examen de sortie, ils
redoublent l'année d'école. Après avoir satisfait aux exa-
mens de sortie et justifié de l'ensemble des connaissances
indispensables à leur profession, ils sont nommés SOUS-
ingénieurs et complètent leur éducation pratique dans les
manufactures mêmes; on exige qu'ils restent six an» dans
ce grade avant de passer ingénieurs.
École d'application dès poudres et salpêtres. —
Cette école, organisée par décret du 25 mars 1878, n'a
qu'une existence théorique. Les conditions en ont été dé-
crites dans le paragraphe ci-dessus (V. aussi Part. Pou-
dres kt Salpêtres).
Ecole professionnelle et supérieure des postes
et télégraphes. — Destination. — L'Ecole professtonneHa
supérieure des postes et télégraphes, établie a Paris, rue de
Crénelle, n° 103, a pour objet la formation d'un personne]
instruit pour les postes et télégraphes. Elle a été fondée le
12 juil. 1878 par M. Cochery, ouverte le 1er nov. 1878,
réorganisée par décret du 29 mars 18SS. Elle comprend
deux sections. La première vise à former le personnel su-
périeur de l'administration des postes et télégraphes, la
seconde forme VEcole supérieure </<■ télégraphie pour
le recrutement et l'instruction personnelle des ingénieurs
— 449 —
ÉCOLE
des télégraphes. L'arrêté do S8joU. 1888 régie le fonc-
tionnement de l'Ecole supérieure des postes et télégraphes.
PREMIÈRE SECTION. — CONDITIONS D'ADMISSION. —
Nul n'est admis que par voie de concours. Ce concours est
ouvert chaque année an mois de juillet. Pour concourir, il
faut que le candidat soit bien note, ait vingt-cinq ansré-
volus et compte cinq années de service comme agent titu-
laire de l'administration au 1er janv. de l'année du concours.
I - épreuves exigées 'les candidats consistent en compo-
sitions écrites et en examens oraux sur les matières déter-
minées par un arrête ministériel. Les épreuves écrites sont
faites le même jour et a la même heure, dans les villes
es par décision du directeur général. Les candidats
déclarés admissibles après la correction des compositions
écrites sont appelés à l'aris pour subir les examens oraux.
La connaissance des langues étrangères est facultative; il
en est tenu compte pour le classement.
Régime intérieur. — La durée totale des cours et exer-
cices est de dix-huit mois. L'instruction professionnelle
donnée aux élèves de la première section de l'Ecole des
postes et télégraphes comprend deux séries réparties sur
deux périodes distinctes. Dans la première, les élèves re-
çoivent l'enseignement théorique ; dans la seconde, ils se
familiarisent avec les détails du service. L'enseignement
théorique comporte sept coins : histoire des relations
sociales et des progrès scientifiques; droit administratif et
comptabilité générale; législation et exploitation postales;
législation et exploitation télégraphiques; sciences appli-
quées : physique et chimie : construction et matériel. Durant
la seconde" période, on fait passer les élèves par les services
suivants : construction, surveillance et entretien des lignes
aériennes; construction, surveillance et entretien deslignes
spéciales souterraines, pneumatiques et téléphoniques ;
exploitation de grands bureaux télégraphiques (lignes
aériennes et souterraines) et des réseaux téléphoniques ;
établissements et services spéciaux de la poste et des télé-
graphes; services ambulants. A la fin de chaque trimestre
de la période consacrée à l'enseignement intérieur, les
élèves subissent des épreuves sur les matières enseignées à
l'Ecole et les exercices qui s'y rattachent ; à la fin de chaque
série de la période d'application, ils présentent un rapport
sur les travaux et études auxquels ils ont pris part. Ceux
dont les épreuves et les rapports ne sont pas jugés suffi-
sants peuvent, sur la proposition du directeur de l'Ecole,
n'être pas admis à subir les examens de sortie. Les notes
attribuées pour les examens trimestriels et pour les rapports
se combinent, pour le classement tinal, avec les notes obte-
nues aux examens de sortie.
Sortie. — Les examens de sortie en vue de l'obtention du
brevet ont lieu au mois d'avril de la dernière année d'études.
Les élèves qui échouent aux examens de sortie peuvent
être autorisés à se présenter de nouveau devant le jury de
l'année suivante. Les agents brevetés, s'ils justifient de la
connaissance d'une langue étrangère, peuvent être chargés,
en pays étrangers, de missions ayant pour objet l'étude
des questions intéressant le service des postes et des télé-
graphes.
Les élèves qui ont satisfait aux examens de sortie reçoi-
vent un diplôme qui leur donne accès aux emplois supé-
rieurs suivants : administrateur, chef et sous-chef de
bureau, commis principal à l'administration centrale, direc-
teur, inspecteur et sous-inspecteur du service départemental,
receveur de bureaux composés de première et seconde
classe, chef de centre, de dépôt, de section, etc.
ECOLE SUPÉRIEURE DE TÉLÉGRAPHIE.— Cm-
Dmons d'admission. — Indépendamment des rares élèves
de l'Ecole polytechnique classes, d'après leur rang de sortie,
dans les télégraphes I un seul dans les cinq dernières années),
l'Ecole reçoit d'autres élevés, qui y ^mt admis par voie de
concours, et des auditeurs libres. Français on étrangers,
dûment autorisés a suivre les cours et conférences. Le
concours a lieu, tous les deux ans seulement, au mois
d'octobre. Sont admis au concours : les agents des postes
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
et des télégraphes comptant deux ans de services ; les
licenciés es sciences ; les anciens élèves de l'Lcole poly-
technique; les anciens élèves de l'Lcole normale supé-
rieure ; les anciens élèves de l'Lcole supérieure des mines;
les anciens élèves de l'Kcole des ponts et chaussées ; les
anciens élèves de l'Ecole forestière; les anciens élèves de
l'Lcole centrale des arts et manufactures ayant satisfait aux
examens de sortie. — Les candidats doivent être Français ou
naturalisés Français et être âgés de vingt ans au moins et
de trente ans au plus au l'r janv. de l'année dans laquelle
ils se présentent au concours.
La demande d'admission au concours doit être adressée
au directeur général des postes et télégraphes avant le
1er sept, de l'année du concours et être accompagnée (sauf
pour les agents de l'administration) : l°d'un extrait régulier
de naissance du candidat, et, au besoin, de son acte de natu-
ralisation ; 2° d'un certificat de bonnes vie et mœurs délivré
par les autorités du lieu de son domicile et dûment légalisé ;
3° d'un extrait du casier judiciaire ; 4° d'une déclaration
dûment légalisée d'un docteur en médecine, constatant que
le candidat est vacciné ou qu'il a eu la petite vérole.
Tout candidat doit, en outre, justifier de sa situation au point
de vue militaire.
Les candidats subissent les examens à Paris, devant un
jury désigné à cet effet. Les épreuves consistent en : 1° une
composition écrite sur la physique et une composition
écrite sur la chimie; 2° un dessin graphique; 3° des
examens oraux, qui portent sur les mathématiques, le
calcul différentiel, le calcul intégral, la mécanique, la phy-
sique, la chimie, une langue vivante (l'anglais ou l'alle-
mand), conformément aux programmes arrêtés par le
ministre. Le jury détermine l'ordre de mérite des candidats
et en adresse la liste au ministre, qui statue sur l'admis-
sion. Le nombre des admissions varie selon les besoins du
service.
Régime intérieur. — Le régime de l'Ecole est l'exter-
nat. Llle admet, à côté des élèves, des auditeurs libres. Les
cours sont répartis sur deux années consécutives et ont
lieu alternativement tous les deux ans. Pendant la durée
des études, les élèves de l'Ecole prennent le titre d'élèves-
ingénieurs des télégraphes. Ils reçoivent un traitement fixe
de 1,800 francs. Les cours et conférences de l'Ecole por-
tent sur les matières suivantes : construction des lignes
télégraphiques aériennes, souterraines et sous-marines ;
mesure électrique ; physique ; appareils télégraphiques ;
chimie appliquée aux matières employées en télégraphie ;
téléphone ; lumière électrique ; transmission et distribution
de la force électrique ; vapeur; télégraphie militaire ; appli-
cations de l'électricité dans les chemins de fer ; architec-
ture et construction; anglais; allemand. En outre, les
élèves se livrent à des exercices pratiques de manipulations,
de mesure électrique, de télégraphie militaire. Durant l'été,
ils sont envoyés en mission, et il leur est alloué à cet effet
des allocations supplémentaires. L'objet de ces missions est
l'étude du service dans tel ou tel département, la visite
d'ateliers de fabrication d'instruments ou de matériel télé-
graphique. Les élèves rédigent un journal descriptif qu'ils
remettent à leur retour.
A l'Ecole sont annexés un laboratoire où se font des
recherches demandées par l'administration ; un musée où
sont conservés les modèles d'appareils employés par l'ad-
ministration autrefois ou actuellement, ceux qui le sont ou
l'ont été à l'étranger, enfin ceux qui ont été proposés.
Sortie. — Les élèves-ingénieurs des télégraphes ne peu-
vent être admis définitivement dans le service technique que
lorsqu'ils ont subi avec succès les examens de sortie de se-
conde année. Ils entrent dans ce service au 1er oct.de leur
deuxième année d'études avec le grade de sous-ingénieur
des télégraphes. — Les auditeurs libres peuvent obtenir un
diplôme ou an certificat spécial mentionnant les cours sur
lesquels ils ont subi un examen satisfaisant. A. -M. I!.
Ecole centrale des arts et manufactures. — Des-
tination. — L'Ecole centrale des arts et manufactures,
29
ÉCOLE
- 4,0 -
établie à Paris, rue Montgolfier, n°l, est spécialement desti-
nrc .{ lormor des ingénieurs pour toutes les branchi
l'industrie et pour les travaux et services publics dont la
direction n'appartient pas nécessairement aux ingénieurs
de l Etat, Les étrangers peuvent y être ailm:s comme les
nationaux et an\ mimes conditions. L'Ecole centrale res-
sortil au ministèredu commerce, mais elle s une organisa-
tion particulière qui lui assure une grande autonomie <\ . ci-
dessous). L'arrête ministériel réglementaire du 24 mai 1862
esi la charte de l'Ecole.
lliMoitiuuK. — L'Ecole centrale des arts et manufactures
a été créée par l'initiative privée en 1829. Son premier
prospectus «lit qu'elle fut fondée avec l'autorisation de
M. de Vatùnesml, ministre de l'instruction publique, par
MM. Lavallée, directeur, Benoit, Dumas, Olivier et Péclet,
professeurs. Les grands progrès scientifiques accomplis et
l'essor de l'industrie au moment de la lîestaiiralion fai-
saient vivement sentir la nécessité d'un corps d'ingé-
nieurs civils rendant à l'industrie privée les services que
les élèves de l'Ecole polytechnique rendaient à l'armée et
aux services publics. En 1828, trois jeunes savants prirent
l'initiative de la création d'une école où se formeraient ces
ingénieurs civils, directeurs d'usines, chefs de manufac-
tures, etc. ; c'étaient le physicien Pédet, sorti de l'Ecole
normale, le chimiste Olivier, élève de Monge, sorti de l'Ecole
polytechnique, passionné pour la géométrie descriptive,
enfin le chimiste J.-B. Dumas, professeur illustre, lis se
mirent d'accord avec Lavallée, qui fournit les capitaux. Un
acte d'association fut signé entre ces quatre hommes émi-
nents. Laissant à l'Ecole polytechnique les mathématiques
supérieures, aux écoles d'arts et métiers l'apprentissage
professionnel, on prit pour modèle l'ancienne Ecole cen-
trale des travaux publics (Ecole polytechnique) de la Révo-
lution française, étudiant les sciences mathématiques et
physiques au point de vue de leurs applications aux arts
industriels, consacrant beaucoup de temps aux travaux
graphiques et aux manipulations. On fit une innovation
féconde en faisant exécuter aux élèves de nombreux pro-
jets, d'après des données réelles, pour exciter à la fois et
pondérer l'esprit d'invention.
L'Ecole fut d'abord installée dans l'hôtel de Juigné, au
Marais, à l'angle des rues des Coutures-Saint-Gervais et de
Thorigny. Ce local, loué 15,000 fr., était heureusement
choisi. L'hôtel, bâti en 16:26 par le financier Aubert de
Villeneuve, acquis ensuite par le duc de Villeroy, puis par
l'archevêque de Paris, Juigné, était assez vaste pour abriter
les 500 élèves que M. Lavallée rêvait d'y amener un jour.
Il abrita l'Ecole centrale jusqu'en 1884. — Des agrandisse-
ments l'amenèrent jusqu'à la rue de la Perle et presque à la
rue Vieille-du-Temple. — Les cours s'ouvrirent le 3 nov.
1829. Aux trois professeurs fut adjoint M. Benoit, aussitôt
remplacé par Colladon, puis, en 1830, par Coriolis,qui traça
les cadres de l'enseignement de la mécanique à l'Ecole.
L'organisation était très simple. Le directeur était charge
de l'administration, de la représentation et de la corres-
pondance ; réuni aux autres membres fondateurs, il formait
le conseil supérieur de l'Ecole qui nommait les professeurs,
répétiteurs, etc., recevait ou écartait les candidats. Un
conseil des études était formé du directeur et de tous les
professeurs ; il dressait les listes de classement après les
examens de passage et les examens de sortie. La durée
des études, fixée d'abord à deux ans, fut étendue à trois ans
dès 1830. Les élèves devaient avoir au moins quinze ans
(à partir de 1835, seize ans) le jour de leur entrée, mais
on eut soin de n'établir aucune limite d'âge supérieure et
on eut à se féliciter de celte décision libérale. L'Ecole ne
recevait que des élevés externes. On établit pour l'admis-
sion, non pas un concours, mais des examens admettant sur
le même rang, sans en limiter le nombre, tous ceux qui
ètaienl capables de recevoir l'enseignement. Les examens
furent confiés en province aux professeurs de mathéma-
tiques spéciales des lycées ; à l'étranger, aux professeurs
des universités. Le programme d'admission était celui de
centrale des travaux publics eo r iriim-
lion scolaire fui fixée a 700, puis.de, | K'A) , a 800 fr. par an.
D Es d 'eiude-, nommés par Leurs camarades mainte-
naient l'ordre. Nulle autre peine disciplinaire que la répri-
mande ou l'exclusion. Les élèves étaient tenus en baleine
par de fréquentes interrogations. Les cours de, travaux
graphiques el la manipulation absorbaient tout le temps
l'Ecole. Rentrés chez eux, les élèves avaient à
reviser leur, notes et a se préparer pour éire toujours prêts
m répondre aux interrogations, enfin a exécuter les projets
demande,; cette gymnastique intellectuelle rendait toute
oisiveté impossible et l'externat n'avait nul inconvénient.
A l'onginc, il y eut neuf cours : géométrie descriptive ;
physique ; mécanique industrielle ; chimie el art, chimiques ;
histoire naturelle industrielle; exploitation des mine,; art
de bâtir; économie industrielle ; dessin. La première année,
140 élevés suivirent ces cours; 18 avaient plus de vingt et un
ans, quelques-uns plus de trente ans; quelques-uns étaient
rs. Le conseil de l'Ecole avait crée H0 demi-bourses
pour les candidats sans fortune. La seconde année on pro-
céda a l'organisation définitive, répartissant les cours entre
les trois années : quatre dans la première, huit dans la
seconde, dix dans la troisième ; la théorie des machines, la
construction des machines furent distinguées de la méca-
nique ; la métallurgie du fer devint l'objet de deux cours.
On subdivisa l'art de bâtir en deux cours : architecture
civile, grands travaux d'art. On enseigna encore la géo-
logie et minéralogie et l'hygiène. Tous les cours étaient
obligatoires pour tous les élèves, mais les dessins et mani-
pulations furent scindés en deux séries : l'une générale,
l'autre spéciale. Les élèves étaient séparés en cinq sections
spéciales : construclion des macliines et arts mécaniques ;
constructions proprement dites et arts physiques ; chimie
minérale et applications ; chimie organique et arts agri-
coles ; exploitation des mines et inétallurgies. Depuis, on a
réuni la troisième et la quatrième section. A leur sortie,
seuls les élèves jugés capables recevaient un diplôme de
capacité avec indication détaillée de leur travail à l'Ecole.
Celle-ci publiait un recueil mensuel : Annales de l'indus-
trie française et étrangère .
La révolution de Juillet amena une crise; des élèves par-
tirent; la nouvelle promotion fut peu nombreuse; le toud
des deux années ne dépassa pas 171 à la fin de 1830; en y
comprenant la troisième promotion (nov. 1831) on n'at-
teignait pas le chiffre de 200. Le choléra de 1832 aggrava
la situation. Les professeurs-fondateurs renoncèrent à leur
premier traité et remirent à H. Lavallée la propriété en-
tière de l'Ecole centrale avec toute la responsabilité pécu-
niaire. On ne délivra en 1*3-2 (premier examen de sortie)
que 26 diplômes ou certificats; la promotion de 1833 ne
fut que de 20 élèves, celle de 1834 de 17 seulement. Ces
chiffres se relevèrent un peu ensuite; la septième promo-
tion (1836-38) reçut 40 diplômes ou certificats. On sim-
plifia les rouages, un conseil remplaça les trois conseils
primitifs. Les cours subirent quelques remaniements. Eu
18 Î0, on demanda aux élèves un travail de vacances. Du-
rant cette période. l'Ecole centrale n'ayant pu gagner les
sympathies du ministère de l'instruction publique, passa
sons la protection de celui de l'agriculture et du commerce.
Celui-ci obtint de la Chambre des députés la création de
28 bourses (14 demi-bourses, 14 bourses entières et, de
plus, 8 pensions alimentaires pour les plus pauvres de ces
boursiers). Ce nombre fut porté à 40 et un grand nombre
de départements accordèrent des subventions pour les élèves.
Enfin on avait rendu plus difficile l'entrée en la subor-
donnant à un concours passé devant un jury nommé par
le ministre. Les progrès turent sensibles de \*',o a 1848;
le nombre des élevés et des diplômes fut double de celui
qu'on avait compté dans la période précédente. Il doubla
de nouveau dans la période IS:>0-.'>7. De 1899 à 1857,
l'Ecole centrale avait reçu 3,342 élèves el délivre 1.201
diplômes ou certificats. En 1848, les élèves de l'Ecole de-
mandèrent et obtinrent un uniforme qui d'ailleurs ne dura
— tëi —
ÉCOLE
pas. Cette innée \it [À mars) la fondation de h grande
Société des ingénieurs finis v\ . cet art.), principale-
ment composée dos anciens élèves de l'Ecole centrale, Le
cours de chemina de fer inauguré dès 1834 à l'Ecole avait
beaucoup fait pour le snecès de l'Ecole oui profitai! large-
mont dos progrès rapides de l'industrie. IV 1 s . ; 7 à is',0.
le nombre dos élèves atteint prasqae300. L'équilibre finan-
cier est enfin réalisé. Les examens deviennent plus ditli-
oilos. I ii 1880, l'Ecole a .'!50 élèves; en 1886, eue en ren-
ferme 480, et il faut agrandir les bâtiments et élever de
uouvoaux amphithéâtres.. Ain élèves-commissaires, on avait
adjoint pour la surveillance dos inspecteurs (capitaines en
retraite). Los Expositions universelles de Londres (1881)
et de Paris (1888) consacrèrent définitivement le grand
succès de l'Ecole contr.de. A ce moment, l'avenir l'ut assuré
pur la cession i\e l'Ecole à l'Etat.
La directeur et les fondateurs de l'Ecole centrale se pré-
occupaient de ce qu'elle deviendrait après eux, d'autant
que son hôtel ne lui appartenait pas. Le développement
pris par leur œuvre dépassait les limites d'une entreprise
particulière; elle avait tout le caractère d'un grand établis-
sement public. Il était désirable que l'Etat l'ajoutât à la
liste des centres d'instruction qu'il avait organisés. M. La-
vallée, d'accord avec MM. Humas et l'é. lot, proposa donc de
céder gratuitement l'Ecole centrale à l'Etat (25 l'ovr. 1888).
Cette proposition était d'autant plus généreuse que les béné-
- annuels de la direction dépassaient 100,000 fr. Le con-
seil des ministres accepta en principe à la fin de 1855. Les
objections du conseil d'Etat, fondées surtout sur les excel-
lents résultats obtenus par l'initiative privée, retardèrent
la solution. Voici les chiffres qui furent fournis au point de
vue financier, De 1837 s 1840, le nombre moyen d'élèves
était de 879, le produit net de 78,000 fr. par an; de 1840
à 1883, le nombre moyen d'élèves était de 304, le produit
net annuel de 05,000 fr. ; de 1853 à 1850, le nombre
moyen d'élèves était de 401, le produit net annuel de
89,000 fr.; en 1 888-86, le produit net dépassait 1 01 ,000 fr.
Le gouvernement accepta définitivement à la fin de l'année
1886. La convention fut signée entre le ministre du com-
merce et M. Lavallée le 13 av. 1 s.'iT. Le projet de loi rati-
fiant la cession fut présenté au Corps législatif le X mai 1887;
voté par lui, il fut ratifié par le Sénat. La loi fut pro-
mulguée le 19 juin suivant. Par cette convention, M. Martin-
Lavallèe et ses enfants cédaient et transportaient à l'Etat
la propriété de l'Ecole centrale des arts et manufactures y
compris le mobilier, le bail de l'hôtel de Juigné, les cons-
treetkmset agencements laits dans l'Ecole, etc. En échange,
l'I t:it v-rvait à MM. Dumas et Péclet une rente viagère de
4,000 fr., à Mme veuve Olivier une rente de 2,000, s'en-
ut à la servir à divers employés le jour ou ils cesseraient
a fonctions. L'art. 2 de la loi stipulait : « Les produits
de l'Ecole ne se confondront pas avec les recettes du Trésor
et seront spécialement affectés aux dépenses de l'établisse-
ment. » L'Ecole demeura rattachée au ministère de l'agri-
culture, du commerce et des travaux publics.
Le gouvernement conserva à l'Ecole centrale l'organisa-
tion et le système d'enseignement auxquels elle devait sa
prospérité. Mais il put opérer des améliorations sensibles.
La principale fut l'institution d'un concours d'admission
avei- épreuves écrites d'admissibilité et épreuves orales et
classement La limite d'âge minimum fut élevée à dix-
huit ans. Les candidats passaient le concours à Paris, par
sections, ce qui n'as>urait pas une égalité parfaite, les sujets
de composition étant différents. En 1862, on rédigea un
programme détaillé: depuis l'origine le niveau îles connais-
sances exigées n'avait cessé de s'élever. En ixi>7, on pro-
céda à une refonte de ce programme auquel on fit de
nouvelles additions. Le résiliât de ces modifications fut
lient. Alors que dans la première période il n'y avait
eu sur 3,342 i - que 1,291 avant ohfnu le
diplôme de fin d'études, le nombre de fruits secs s'élevanta
. dans la période de Ix.'.T à 1X77. sous la
direction de l'Etat, il veut, pour 3.92 i entrées, 2,763 sor-
ties réelles (avec diplômes) et seulement 1,161 fruits secs
(a peine 30 °/o). Les efforts de M. Carnet, directeur des
éludes, ont beaucoup contribué à ce résultat. — La cession
à l'Etat entraîna de grandes améliorations intérieures; on
put dédoubler les cours communs à la deuxième et à la troi-
sième année. Le règlement de l'Ecole centrale fut établi
par un arrêté du 24 mai 1802; on rétablit le conseil de
perfectionnement. L'autonomie de l'Ecole oi\ fut accrue. En
1867, on évaluait le nombre des candidats à 450, celui
des élèves rec.us à 220, le nombre des élèves présents à
590. fJes chiffres diminuèrent après la guerre de 1870, par
suite de la réception d'un plus grand nombre d'élèves à
l'Ecole polytechnique. En 1872, il n'y a que 300 candidats
pour plus de 200 places; cette moyenne se relève à 411
candidats en 1878.11 n'a cessé d'augmenter depuis. En 1891,
on a compté 834 candidats pour 248 admissions. L'élé-
vation du niveau des études résulte du fait que la propor-
tion des élèves admis à passer en seconde année s'est accrue
sans cesse; de même la proportion des élèves diplômés et
la note moyenne obtenue par eux. De 1859 à 1871, le
nombre moyen annuel des élèves ayant échoué à l'Ecole
polytechnique qui sont entrés à l'Ecole centrale a été de
dO, le quart de chaque promotion.
La Société amicale des anciens élèves de l'Ecole cen-
trale, créée en 1802, en reliant les promotions successives,
en a formé un faisceau puissant ; s'occupant des positions
vacantes dans les carrières ouvertes aux élèves de l'Ecole,
elle a rendu à ceux-ci les plus grands services ; elle a été
reconnue d'utilité publique le 14 août 1807.
Pour compléter l'histoire de l'Ecole centrale, il nous
reste à parler de son transfert dans les nouveaux bâtiments
qui ont été bâtis pour elle à l'ancien marché Saint-Martin,
dont la ville de Paris céda les 0,300 ni. q. pour le prix
de 150,000 fr. environ, en subordonnant la cession au
maintien de l'autonomie financière, administrative et sco-
laire de l'Ecole centrale.
Conditions d'admission. — Nul n'est admis à l'Ecole que
par voie de concours. Le concours a lieu tous les ans, à
Paris, et comprend deux sessions distinctes, entre lesquelles
les candidats ont le droit d'opter. Toutefois, ceux qui auront
subi les épreuves de la première session ne pourront se
présentera la seconde. La première session, en août, cor-
respond à la cessation des classes dans les lycées. La
seconde session, deux mois après, donne des facilités aux
préparations en retard. Pour être admis à concourir, il
suffit d'en faire la demande par écrit avant le 15 juil. pour
la première session et avant le 15 sept, pour la deuxième
session. Toutefois, les candidats de l'une ou l'autre session
qui aspirent aux subventions de l'Etat doivent toujours
avoir envoyé leur demande à la préfecture de leur dépar-
tement avant le 15 juil., ainsi qu'il est dit précédemment.
La demande d'inscription pour le concours doit être adressée
au directeur de l'Ecole.
Les candidats, en se présentant au secrétariat de l'Ecole
au jour fixé par leur lettre de convocation, doivent : jus-
tifier qu'ils ont eu dix-sept ans accomplis au 1er janv. de
l'année dans laquelle ils se présentent au concours ; pro-
duire un certificat de vaccine et un certificat do moralité
délivré par le chef de l'établissement dans lequel ils ont
accompli leur dernière année d'études, ou, à défaut, par le
maire de leur dernière résidence.
Le concours est public. Les épreuves consistent en com-
positions écrites et en examens oraux, qui portent sur les
connaissances ci-après : 1° la langue française ; 2" l'arith-
métique; 3° la géométrie élémentaire; 4° l'algèbre jusqu'à
la théorie générale des équations inclusivement ; 5" la tri-
gonométrie rectiligne ; 0° la géométrie analytique à deux
et à trois dimensions jusqu'aux notions générales sur les
surfaces du deuxième degré inclusivement ; 7° la géométrie
descriptive jusqu'aux surfaces gauches exclusivement ;
8° toute la partie de la physique que comprend l'ensei-
gnement des lycées, y compris la chaleur et des notion
•générales sur l'optique et l'électricité; 9° en chimie, le
ÉCOI.K
- 4M
généralités el les métalloïdes; 10° des notions l'histoire
naturelle; II' le dessin & main levée, le «It-ssin au trait
ei le lavis.
Toutes les matières comprises dans le programme détaillé
sont également obligatoires. Les candidats dont les connais-
sances sur l'une quelconque des matières seraient reconnues
insuffisantes ne pourront être admis.
Les compositions écrites peuvent s'appliquer a toutes
les divisions du programme ; une rédaction correcte et
méthodique, ainsi qu'une écriture régulière et très lisible,
en est la condition essentielle. Les candidats exécute-
ront, en outre, sous les yeux d'un surveillant, une é[ture
de géométrie descriptive et un dessin architectural renfer-
mant des parties ornementées, que le candidat doit pro-
duire à une échelle réduite, d'après un dessin modèle. Une
partie déterminée de ce dessin devra être lavée à teintes
plates.
Les candidats devront avoir une grande habitude du
dessin géométrique de machine et d'architecture, du lavis
et du dessin à main levée. Les compositions graphiques
qu'ils auront à taire sous les yeux des inspecteurs de l'Ecole
comprendront : 1" une épure de géométrie descriptive sur
un des sujets compris dans le programme ; 2° une feuille
de dessin comprenant un exercice de dessin au trait, un de
lavis ou un de dessin à main levée. Ces dessins seront faits
à une échelle réduite d'après un modèle donné.
Les candidats présenteront en outre aux examinateurs :
1° une collection d'épurés relatives aux questions spécifiées
dans le programme de géométrie descriptive et des tracés
des courbes du second degré ; 2° une collection de dessins
d'architecture et de machines, au trait et au lavis ; 8° un
cahier de croquis faits à main levée d'après des dessins
d'architecture, de pièces de machines et d'appareils de phy-
sique et de chimie. L'Ecole recommande d'une manière
spéciale aux candidats de s'attacher, dans leurs études de
dessin, autant à la rapidité d'exécution qu'à l'exactitude
des formes et à la pureté du trait.
Les épreuves du concours commencent vers le 1er août
pour la première session et vers le 10 oct. pour la deuxième
session.
Admission. Après la clôture du concours, la liste des
élèves admis sera définitivement arrêtée par 1 ministre,
sur la proposition du conseil de l'Ecole, et publiée au Jour-
nal officiel. Le nombre des élèves admis chaque année est
de 250 environ. Tout candidat nommé élève qui ne se sera
pas présenté au directeur au jour indiqué dans sa lettre
d'admission, sera considéré comme démissionnaire. — Les
parents qui ne résident pas à Paris sont tenus d'y avoir un
correspondant qui puisse les représenter auprès du direc-
teur de l'Ecole et surveiller la conduite de l'élève hors de
l'établisssement.
Subventions de l'Etat. Des subventions peuvent être
accordées sur les fonds de l'Etat aux élèves français qui se
recommandent à la fois par l'insuffisance constatée des res-
sources de leur famille et par leur rang de classement, soit
à la suite des examens d'admission, soit après les épreuves
de passage d'une division dans la division supérieure. Ces
subventions ne sont accordées que pour un an, mais elles
peuvent être continuées ou même augmentées en faveur des
élèves qui s'en rendent dignes par leurs progrès. Los sub-
ventions sur les fonds de l'Etat peuvent être cumulées avec
les allocations accordées aux élèves par les départements
et les communes. Le montant de ces subventions est versé
à la caisse de l'Ecole au moyen d'un mandat ordonnancé
au nom de l'agent comptable, qui en donne quittance. Si la
somme des subventions obtenues par un élève dépasse le
prix de renseignement, le surplus lui est payé, à titre de
pension alimentaire, sur un mandai du directeur.
Les candidats qui désirent avoir part aux subventions
de l'Etat doivent en faire la déclaration par écrit sur
papier timbré, avant le 15 juil., à la préfecture de leur
département. Toute demande postérieure à cette date, de
quelque manière qu'elle se présente, et quelles que soient les
causes du retard, sera irrévocablement écartée. Cette
déclaration e.->i accompagnée d'une demande adressée au
ministre, appuyée de l'extrait de naissance de l'élève et
d'un certificat de moralité délivré par le chef de l'établis-
sement dans lequel il a accompli sa dernière année d'études,
ou, à défaut, par le maire de si dernière résidence. La
demande est communiquée par le préfet au conseil muni-
cipal du domicile de la famille du candidat, afin que M
conseil vérifie si la famille est dépourvue des ressources
suffisantes pour subvenir a l'entretien de l'élève a Parie,
et au payement total ou partiel du pris de renseignement
pendant la durée des étude». Le préfet transmet an ministre,
avant le 1er oct., la délibération motivée du conseil muni-
cipal, avec les pièces justificatives a l'appui, et il y joint
son avis personnel.
l!i gihe i.Mi.iiiKi n. — L'Ecole centrale ne reçoit que des
élevés externe,. Le nombre total est d'environ fi'.1
en première année, 200 en seconde, 100 en troisième).
Ils ne portent aucun uniforme ni aucun signe distinctif en
dehors de l'Ecole. La durée des études est de trois ans.
Le prix de l'enseignement, y compris les frais de manipu-
lation et travaux pratiques, s'élève à 900 fr. en première
année, 1,000 fr. en seconde et en troisième année. En
outre, il est prélevé, pour le concours de sortie de troisième
année, un droit de 100 fr. Les frais que nécessitent les
travaux graphiques et les fournitures de bureau sont à la
charge de l'élève. Indépendamment du prix de l'enseigne-
ment, les élèves sont tenus de verser à la caisse de l'Ecole,
au commencement de chaque année, et à titre de dépôt,
une somme de 35 fr. destinée à garantir le payement des
objets perdus, cassés ou détériorés par leur faute.
Les élèves arrivent à l'Ecole de huit heures à huit heures
et demie du matin et en sortent de quatre heures à quatre
heures et demie. Ils ont une heure pour déjeuner (de dix
heures à onze heures). On met à leur disposition un réfec-
toire dont l'organisation rappelle celle des buffets des gares
de chemins de fer. Deux fournisseurs concurrents auxquels
l'Etat prête le local fournissent la nourriture à prix réduit.
L'Ecole est administrée sous l'autorité du ministre du
commerce par un directeur. Le directeur est nommé parmi
les personnes qui font ou ont fait partie du conseil de per-
fectionnement de l'Ecole centrale. Il est assisté d'un sous-
directeur. Le personnel enseignant comprend : un directeur
et un sous-directeur des études, des professeurs de sciences
industrielles et de sciences générales, des maîtres de con-
férence, chefs de travaux, répétiteurs et préparateurs. Le
directeur des études s'occupe de tous les détails des travaux
des élèves parmi lesquels il maintient la discipline avec
l'aide des inspecteurs.
Le conseil de l'Ecole se compose des professeurs de
sciences industrielles; les directeurs et sous -directeurs
peuvent assister aux séances. Il prépare et étudie les mesures
concernant la direction et l'amélioration de l'enseignement.
Il arrête le programme d'admission, les programmes des
cours et des travaux. Il prononce ou propose les peines
disciplinaires à infliger aux élèves. Il donne son avis sur
le projet de budget présenté par le directeur de l'Ecole,
ainsi que sur les dépenses imprévues (crédits supplémen-
taires). 11 délibère sur les comptes de gestion présentés par
l'agent comptable et sur les inventaires dressés par le
conservateur du matériel. Il dresse les listes de candidats
à proposer au ministre pour les emplois dans le personnel
enseignant ou le jury d'admission. Il dresse la liste des
candidats qu'il propose d'admettre à l'Ecole, celle des élèves
admis à passer d'une division à la division supérieure, celle
des élèves dignes du diplôme ou du certificat de capacité.
On lui adjoint neuf anciens membres ou élèves diplômés
(désignés pour six ans par le ministre sur la proposition
du directeur et avis du conseil) pour délibérer sur la liste
des élevés présentés pour le diplôme, sur les changements
ii faire aux programmes ou au règlement de l'Ecole, sur la
présentation des candidats aux fonctions de professeur.
Dans les délibérations sur les questions de personne, les
— 453 -
ÉCOLE
deux directeurs et les deux sous-directeurs voient. Le
eonsefl de l'Ecole, avec adjonction des neuf membres ci-
dessus désignés, remplit les fonctions de conseil de per-
fectionnement. Ces conseils se réunissent sur convocation
du directeur, qui fixe l'ordre du jour.[Un conseil d'ardre
est formé des deux directeurs et d'un délégué mensuel du
conseil de l'Ecole. 11 statue sur les questions relatives à
la discipline.
Les punitions qui peuvent étreinfligées aux élèves sont :
1° la censure particulière, qui peut être prononcée par le
conseil d'ordre; 8" la réprimande, prononcée par le même
conseil, avec OU sans comparution devant le conseil de
l'Ecole ; 3° la réprimande prononcée par le conseil de
l'Ecole, avec ou sans la mise à l'ordre de l'Ecole; 4° le
renvoi de l'Ecole prononcé par le ministre sur la proposition
du conseil de l'Ecole et l'avis du directeur. Toute réprimande
prononcée pur le conseil de l'Ecole est communiquée aux
parants. On adresse à ceux-ci ou aux correspondants le
bulletin annuel de notes de l'élève; une copie est adressée
aux préfets et aux maires pour les élèves auxquels leur
département ou leur commune accorde une subvention.
Service militaire. La loi du 15jufl. 188!) a accordé
aux élèves de l'Ecole centrale des avantages presque égaux
a ceux accordés aux élèves de l'Ecole polytechnique. Ceux
des jeunes gens reçus à l'Ecole qui sont reconnus propres
au service militaire n'y sont définitivement admis qu'à la
condition de contracter un engagement volontaire de quatre
ans. Ils doivent contracter cet engagement exclusivement
dans l'arme de l'artillerie. Ils sont considérés comme pré-
sents sous les drapeaux dans l'armée active pendant tout
le temps passe par eux dans ladite Ecole. Ils reçoivent,
dans cette Ecole, l'instruction militaire complète et sont à
la disposition du ministre de la guerre. Leurs engagements
courent du 1,T oct. de l'année de l'entrée à l'Ecole.
S'ils ne peuvent satisfaire aux examens de sortie, ou
s'ils sont renvoyés pour inconduite, ils sont incorporés
dans un corps de troupe pour y terminer le temps de ser-
rice qui leur reste à faire. Les élèves de l'Ecole centrale
quittant l'Ecole après avoir satisfait aux examens de sortie
accomplissent une année de service dans un corps de
troupe. A la fin de cette année de service, ils peuvent être
nommés sous-lieutenants de réserve.
Le jeune homme qui demande à s'engager se présente
devant un commandant de bureau de recrutement. Cet
ntlirier supérieur, après s'être assuré, avec l'assistance
d'un médecin militaire, ou, à défaut, d'un docteur en
médecine désigné par l'autorité militaire, que le jeune
homme n'a aucune infirmité ni maladie apparente ou
cachée, qu'il est d'une constitution saine et robuste, qu'il
a la taille et qu'il réunit les conditions exigées pour servir
dans le corps ou il désire entrer, lui délivre un certificat
d'aptitude. Le chef du corps où désire entrer l'engagé peut
nient délivrer ce certificat après visite d'un des
médecins placés sous ses ordres.
Si. pendant la durée des études, un élève est admis à
redoubler une année à l'Ecole, cette année ne compte pas
dans la durée de l'engagement. Ces engagements sont con-
tractés au moment de l'admission à l'Ecole. Il en justifie
par la production du certificat d'admission. Il produit, en
outre : 1° l'extrait de son casier judiciaire ; 2° le certi-
ficat d'aptitude au service militaire. Ce certificat est délivré
pur le commandant du bureau de recrutement de la Seine.
Les jeunes gens reçus à l'Ecole centrale des arts et
manufactures, non aptes au service militaire au moment de
l'entrée à ladite Ecole, y sont admis sans avoir à faire
preuve de conditions d'aptitudes physiques autres que
celles qui sont nécessaires pour suivre les cours de l'Ecole.
L'aptitude physique de ces jeunes gens est constatée par
une commission composée du directeur de l'Ecole, du
commandant de recrutement de la Seine et d'un médecin
militaire désigné par le ministre de la guerre. Cette com-
mission, après s'être assurée que les vices de confor-
mation et les infirmités dont ces jeunes gens sont atteints,
ne sont pas de nature a les mettre hors d'état de suivre
les cours de l'Ecole, désigne ceux d'entre eux qui seront
tenus de prendre part aux exercices militaires. Les déci-
sions de la commission sont prises à la majorité des voix et
sont sans appel. — Toul élève non engagé qui est devenu
apte au service militaire peul souscrire, pendant son
séjour à l'Ecole, soit avant sa comparution devant le
conseil de revision, soit au moment de cette comparution,
un engagement de quatre ans, remontant au 1"" oct.
de l'année de son entrée à l'Ecole. Il sera soumis aux
mêmes obligations que les élèves de sa promotion engagés
au moment de leur admission. Tout élève non engagé,
appelé après sa sortie devant le conseil de revision et
reconnu apte au service militaire, ne sera tenu d'accomplir
qu'une seule année de service effectif dans les conditions
auxquelles il aurait été soumis s'il s'était engagé au
moment de son admission à l'Ecole, pourvu, toutefois,
qu'il ait satisfait aux examens de sortie de l'Ecole à
laquelle il a appartenu.
Les frais du costume militaire, exigé des élèves ayant
contracté un engagement, sont entièrement a la charge des
familles. Ce costume ne quitte pas l'Ecole pendant tout le
temps des études ; il est rendu aux élèves à leur sortie.
Enseignement. La durée du cours d'études est de trois
années. La première année est principalement consacrée à
l'étude des sciences générales et de quelques-unes de leurs
applications les plus élémentaires; les deux autres, à
l'étude des sciences appliquées à l'industrie. Pendant la
deuxième et la troisième année, les élèves sont partagés,
pour les travaux pratiques, en quatre spécialités : cons-
tructeurs, mécaniciens, métallurgistes, chimistes. Ils
continuent néamoins à suivre tous les cours et à subir les
examens correspondants. A la fin de la troisième année
ont lieu les examens dans chaque spécialité pour l'obten-
tion du diplôme. Nul ne peut être admis à passer à l'Ecole
centrale une quatrième année que par une décision minis-
térielle et après une interruption forcée de son travail. Un
élève qui quitte l'Ecole dans le courant de la première année,
pour autre cause que l'exclusion, peut y être admis de
nouveau en subissant les épreuves du concours; il peut
même être dispensé de celles-ci.
Pendant la première année, les cours portent sur les
sujets suivants : analyse et mécanique générale; géométrie
descriptive; physique générale; chimie générale; cinéma-
tique (mouvement des machines) ; construction des ma-
chines; hygiène et histoire naturelle appliquée; minéralogie
et géologie ; architecture ; botanique, zoologie ; dessin
industriel; dessin d'ensemble. On exécute en outre des
manipulations de physique, de chimie, de stéréotomie, des
levers des travaux graphiques, des problèmes. Chaque élève
est, durant l'année scolaire, interrogé trois ou quatre fois
par mois par un répétiteur. Voici la liste par cours de ces
interrogations : calcul infinitésimal, 3 examens; mécanique
générale, 3 ; géométrie descriptive, .'> ; physique générale,
5; chimie générale, (i; minéralogie et géologie, 2; ciné-
matique, 2; construction des machines, 1 ; botanique et
zoologie, 2.
Outre ces examens particuliers qui concourent aux clas-
sements, les professeurs eux-mêmes font passer à la fin de
l'année un examen général, à chaque élève, sur la totalité
des cours. — Pendant les vacances qui suivent la première
année scolaire, les élèves doivent faire des levers de bâti-
ments et des levers de mai ■bines. Dans un mémoire spécial,
ils ont à traiter des questions relatives à la résistance des
matériaux. Les mémoires, les croquis et les dessins au net
sont remis à la rentrée en deuxième année.
En deuxième année, les cours portent sur : mécanique
appliquée ; résistance des matériaux employés dans les
machines et dans les constructions ; ((instruction et établis-
sement des machines; chimie analytique; chimie indus-
trielle minérale; métallurgie; constructions ci viles; physique
industrielle; législation industrielle; céramique; teinture;
art de la verrerie.
ÉCOLE
- 454 -
On ftxécntede plus dos manipulations de physique indus-
trielle; lèvera de terrains, jaugeage d'un cours d'eau;
construction de machines ; travaux graphiques el projeta
(un par mois).
Les interrogations <lc la deuxième année sonl réparties
par cours : mécanique appliquée, . ; construction des
machines, . ; chimie analytique, 2 ; chimie industrielle, 3 ;
exploitation des mines, 2 ; architecture, 4 ; physique indus-
trielle, 2.
11 v a de plus des manipulations de ehimie analytique;
manipulations de physique appliquée; levers de terrain;
jaugeage des cours d'eau ; législation industrielle.
Pendant les vacances qui suivent la deuxième année
scolaire, les élèves doivent visiter diverses usines. A leur
rentrée en troisième année, ils ont à remettre : 1" un
journal-mémoire ou compte rendu très sommaire des études
faites et des usines ou exploitations visitées ; 2° un album
contenant les notes et les croquis faits sur place ; 3° des
dessins au net détaillant les objets remarquables contenus
dans l'album ; 4° un mémoire relatif à des questions de
mécanique appliquée.
En troisième année, les cours portent sur : mécanique
appliquée ; construction et établissement de machines ;
chimie industrielle et agricole; métallurgie générale et
métallurgie du fer ; exploitation des mines ; travaux
publics; chemins de fer.
Les projets sont divisés en deux séries. Dans la pre-
mière, on met les questions les plus essentielles de tous
les cours : elle comprend quatre études différentes exigées
de tous les élèves de la division. La seconde série appar-
tient entièrement à la spécialité; elle comprend trois projets.
Les interrogations sont réparties comme suit : méca-
nique appliquée, 3; construction des machines, 2; chimie
analytique, 4 ; chimie industrielle, 2 ; métallurgie, 3 ;
exploitation des mines, 1 ; travaux publics, 3 ; chemins
de fer, 2 ; machines à vapeur, 2 ; constructions navales, 1 .
A la fin des cours ont lieu, sur l'ensemble des leçons de
l'année, les examens généraux. Le trait caractéristique de
l'enseignement de l'Ecole centrale est l'entrainement mé-
thodique et continu par le système des interrogations. Un
bon élève doit travailler au moins trois heures par jour
hors de l'Ecole, dans la soirée, afin de reviser ses notes ;
non seulement il est obligé à une grande assiduité, mais il
est tenu constamment en haleine par la fréquence des
interrogations. Au bout de la première année, un cinquième
des élèves reçus sont éliminés pour le passage en seconde
année ; quelques-uns encore restent en chemin à ce moment,
et, sur 250 élèves entrés dans chaque promotion, il n'y
en a guère que la moitié (110 à 150, selon les années)
qui obtiennent le diplôme. On dit donc qu'il est facile
d'entrer à l'Ecole centrale et difficile de s'y maintenir.
Quant aux catégories d'élèves classées par origine, on en
remarque de très diverses : beaucoup de candidats qui ont
échoué à l'Ecole polytechnique ou qui ont dépassé la limite
d'âge pour celle-ci; un certain nombre d'anciens élèves
des écoles d'arts et métiers; ceux-ci sont habiles dessina-
teurs et souvent gagnent des rangs en seconde ou en troi-
sième année.
Il y a entre les élèves une grande solidarité. Ils ont une
caisse entretenue par des cotisations mensuelles, et em-
ploient une partie des fonds au profit dos camarades dont
on devine la situation gênée. Parmi les amusements bruyants
des élèves, il faut mentionner leurs monômes dont le plus
connu les conduit à la foire au pain d'épiée (place de la
Nation), et la revue annuelle où ils caricaturent leurs
professeurs. La suppression de celle-ci donna lieu, en
févr. 1892, à des troubles et à un bref licenciement de
l'Ecole.
Sortie. — Examen. Au commencement du mois de
juin, les cours et examens étant terminés, on distribue aux
élèves sortants le projet de concours. Ils quittent l'Ecole
durant un mois pour le préparer. Ils vont visiter, à cet
effet, des établissements industriels et rapportent des notes
et des esquisses. Le i" juil., ils rentrent à l'Ecole et
exécutent i<-ur projet sur des feuilles timbrées. Le jury,
auquel sont soumis ces projets, se compose de quatre pro-
fesseurs el est présidé par le professeur de la spécialité ■.<
laquelle appartient l'élève. Le projet de eonooun, accom-
pagné de mémoires et de calculs, esl discoté eontradictoi-
i «iii'ii i avec son auteur s l'examen oral, d'une durée de
trois quarts d'heure. Pour le classement définitif, on attribue
3 10 au chiffre du concours. . in aux notes de troisième
année. 2 10 aux notes de seconde année, | |(i aux notes
de première année. || y a quatre sortes de diplômes : ingé-
nieur-mécanicien, constructeur, métallurgiste, chi-
mùte. Le nombre des diplômes n'est pas limité; on en
donne autant ou aussi peu qu'il y a d'élèves le méritant;
sa valeur est donc absolue et non relative à la force de
chaque promotion. Les élèves qui n'ont pu obtenir le
diplôme, mais ont été jugés dignes du certificat de capa-
cité, peuvent concourir une seconde fois pour le dipi
d'ingénieur dans l'une des cinq années qui suivent leur
sortie de l'Ecole.
La grande majorité des diplômes sont accordés à des
ingénieurs mécaniciens et constructeurs ; voici d'ailleurs
les chiffres pour l'année 1891 : mécaniciens, 40 ; cons-
tructeurs, 52; métallurgistes, 17; chimistes, 2. A leur
sortie, les élèves de l'Ecole centrale trouvent à s'employer
en France ou à l'étranger, dans les usines, manufactures,
mines, etc. Leur Association amicale des anciens éU
leur est d'un grand secours. Quelques carrières publiques
leur sont ouvertes. Le certificat de capacité dispense de
l'examen pour la place d'agent voyer cantonal, le diplôme
pour celle d'agent voyer d'arrondissement. A. -M. B.
Ecoles nationales d'arts et métiers. — Destina-
tion. — Les écoles nationales d'arts et métiers sont au
nombre de trois, et établies à Aix, Angers, Chàlons-sur-
Marne ; celle de Lille, dont la création fut décidée par la
loi du 10 mars 1881, n'a pas été organisée. Elles dépen-
dent du ministère du commerce, de l'industrie et des colo-
nies, et ont pour objet de former des ouvriers capables
de devenir des chefs d'atelier et des industriels versés
dans la pratique des arts mécaniques. Elles sont placées
sous l'autorité du ministre du commerce et sous la haute
surveillance du préfet du département dans lequel chacune
d'elles est établie.
Historique. — L'origine de nos écoles d'arts et métiers
remonte au siècle dernier, et leur création est due à l'ini-
tiative privée. L'honneur en revient au duc de La Roche-
foucault-Liancourt. Ce grand seigneur, qui fut un des
hommes les plus éclairés de son temps, avait établi sur son
domaine de Liancourt une filature de coton. En 1788, il
y annexa une ferme modèle et une école ouvrière, où il lit
instruire une vingtaine d'orphelins. Les instructeurs furent
tirés de son régiment de dragons : ce furent des sergents
et des maîtres ouvriers. On appelait cette fondation Ecole
de la Montagne parée qu'elle était au sommet du domaine.
Elle se développa si vite que, dès 1791. elle comptait envi-
ron 100 élèves. Obligé de quitter la France après la chute
de la royauté, le duc vit son œuvre subsister. On éi
Liancourt en école nationale : le domaine ne fut donc pas
vendu et, dès 179!», le duc, rentré en France, put en
reprendre possession. Il demanda le transfert de l'école
au château de Compiègne. On l'effectua ; mais cette insti-
tution dut se plier comme les autres au militarisme alors
triomphant. OÙ la fusionna avec VEcole de Popineourt,
celles des Tambours, des Enfants de la Pairie pour cons-
tituer le Prytanée français. Le 13 thermidor an IX, on
divisa le Prytanée en quatre collèges qui furent places à
Paris, Saint-Cyr, Saint-Germain et Compiègne. Toutefois,
le collège de Compiègne conserva quelque chose de son
caractère originel. On y forma deux sections OU divisions :
les élèves de l'une furent instruits et exercés dans les ails
mécaniques ; ceux de l'autre prépares au service de la
marine.
Dès l'année suivante, une visite accidentelle de Bonaparte
— 485 -
ÉCOLE
eut d'heureuses conséquences. Il décida par décret du
i> ventôse an XI que le Prytanée de Compiègne deviendrait
une Ecole d'arts et métiers destinée à tonner des sons-
officiers pour l'industrie, c.-à-d. des contremaîtres. Le
ime militaire subsistait, mais la destination de l'Ecole
devenait M qu'elle a été depuis lors. On répartit les
elé\es en trois divisions d'après leur âge : les petits des
femmes, jeunes enfants dont l'éducation était confiée aux
femmes; les commençants el les artistes, aux mains de
qui on mettait les outils. 1. 'instruction fut simultanément
tliéoricpie et pratique, l'eu après, le premier consul créa
une second.' école d'arts et métiers dans l'ancien collège
de Beaupréau, près d'Angers, pour le Centre et l'Ouest de
la France. En 1806, il eut envie du château de Compiègne
pour y tenir sa cour, et il transféra l'Ecole d'arts et
métiers à Chàlons-sur-Marne, dans les bâtiments de l'an-
cien séminaire et du couvent de Toussaint et de la Doc-
trine. Sous la Restauration, l'ordonnance du 31 dèc. I82(i
réforma les écoles d'arts et métiers pour les ramènera
leur destination propre : former des chefs d'ateliers et des
maîtres ouvriers. En sept. 1832, on fit cesser le régime
militaire, qui n'avait pas de raison d'être. Dans la hiérar-
chie scolaire, les sergents et les caporaux devinrent élèves
chefs et élèves sous-chefs. Les galons furent supprimés
ainsi que l'uniforme militaire. On adopta le costume civil,
habit gris foncé avec des abeilles au collet, chapeau rond
arec cocarde tricolore ; le mécontentement fut très vif et
se traduisit à C.hàlons par des révoltes.
A partir de 1837, les progrès furent très sensibles,
grâce a l'influence de Vincent chargé d'inspecter les écoles.
Il orienta les études de manière à préparer les élèves pour
la grande industrie dont l'usage généralisé des machines
à vapeur centuplait les forces et les besoins. Pour les
chemins de fer, pour la marine, pour les usines qui se
multipliaient, on faisait sans cesse appel aux écoles d'arts
et métiers qui ne suffisaient pas aux demandes de person-
nel. En 1843, on en créa une troisième à Aix (Bouches-
du-Rhdne) pour les départements du Midi. En même temps,
on refondit l'organisation ; chaque école reçut 300 élèves
groupés en trois divisions. L'uniforme avec tunique et képi
fut rendu aux élèves ; les programmes furent remaniés
!>our les mettre à la hauteur des nouvelles applications de
a science. Depuis cette époque, les écoles d'arts et métiers
n'ont cessé de prospérer. Elles sont une des institutions
démocratiques les plus appréciées en France et à l'étranger.
Conditions d'admission. — L'admission dans les écoles
nationales d'arts et métiers n'a lieu que par voie de con-
cours et conformément aux règles ci-après déterminées.
Nul ne peut être admis au concours s'il n'est Français .et
s'il n'a préalablement justifié qu'il aura plus de quinze ans
et moins de dix-sept ans au 1er octobre de l'année dans
laquelle le concours a lieu. Cependant les candidats habi-
tant les colonies (Algérie exceptée) peuvent se présenter
jusqu'à ce qu'ils aient dix-huit ans, c.-à-d. un an plus
tard. Aucune dispense d'âge n'est accordée. Les demandes
d'admission au concours doivent être adressées par écrit
au préfet du département dans lequel la famille est domi-
ciliée, avant le 1er mai de chaque année. Ces demandes
doivent être accompagnées des pièces suivantes : \" l'acte
de naissance du candidat; — 2° un certificat d'un docteur-
médecin assermenté, constatant qu'il est d'une bonne cons-
titution, et spécialement qu'il n'est atteint d'aucune' affec-
tion srrofuleuse ou maladie chronique contagieuse ; —
3° un certificat de revaccination constatant que cette
opération a été effectuée dans l'année où le concours a lieu,
ou bien qu'elle a été pratiquée avec succès depuis moins
de deux ans; — 4e un certificat de bonnes vie et mœurs
délivré par l'autorité locale, dûment légalisé ; — 5° l'en-
gagement pris par les parents d'acquitter la totalité ou la
frai tion de la pension laissée à leur charge, ainsi que le
piix du trousseau et la somme destinée à constituer et
entretenir la masse particulière de l'élève.
Les candidats sont répartis entre les écoles selon leur
département. Voici le tableau de la circonscription do
chaque école :
Aix: Ain, Algérie, Basses-Alpes, Hautes-Alpes, Alpes-
Maritimes, Anlerlie, Àriège, Aude, Avevron, Bouches-du-
Rhône, Cantal, Corrèze, Corse, Drôme, Gard, Haute-
Garonne, Gers, Hérault, Isère, Loire, Haute-Loire, Lot,
Lot-et-Garonne, Lozère, Puy-de-Dôme, Pyrénées- Orien-
tales, llhùne, Saône-et-Loire, Savoie, Haute-Savoie, Tarn,
Tarn-et-Garonne , Var, Vaucluse. — Angers: Allier, Cal-
vados, Charente, Charente-Inférieure, Cher, Côtes-du-Nord,
Creuse, Dordogne, Eure-et-Loir, Finistère, Gironde, llle-
et-Vilaine, Indre, Indre-et-Loire, Landes, Loir-et-Cher,
Loire-Inférieure, Loiret, Maine-et-Loire, Manche, Mayenne,
Morbihan, Nièvre, Orne, Basses-Pyrénées, Hautes-Pyré-
nées, Sarthe, Seine, Deux-Sèvres, Vendée, Vienne, Haute-
Vienne. — Chutons: Aisne, Ardennes, Aube, Côte-d'Or,
Doubs, Eure, Jura, Marne, Haute-Marne, Meurthe-et-Mo-
selle, Meuse, Nord, Oise, Pas-de-Calais , Haute-Saône,
Seine, Seine-Inférieure, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise,
Somme, Vosges, Yonne, et arrondissement de Belfort.
Examen. Les connaissances exigées pour l'admission
aux écoles sont : 1° l'écriture; 2° la grammaire française
et l'orthographe; 3° l'arithmétique théorique et pratique;
4° la géométrie élémentaire; 5° l'algèbre jusqu'aux équa-
tions du second degré exclusivement ; 6° des notions
d'histoire de France et de géographie, dans les limites du
programme de l'enseignement primaire (cours supérieur).
Les candidats font, sous la surveillance d'une commis-
sion nommée à cet effet par le préfet : 4° une dictée avec
résumé et explication de mots et un exercice d'analyse
grammaticale et logique; 2° une épure de dessin linéaire
et un dessin d'ornement à la plume ; 3° deux problèmes
d'arithmétique et deux de géométrie; 4° ils doivent enfin
exécuter, également sous les yeux de la commission, une
pièce de bois ou de fer déterminée par le programme des
examens. Les épreuves écrites sont, identiques pour les trois
écoles. Elles ont lieu le même jour et aux mêmes heures,
au chef-lieu de chaque département. Toutefois, et à titre
exceptionnel, ces épreuves peuvent avoir lieu également
dans des chefs-lieux d'arrondissement désignés par arrêté
ministériel. Ces compositions sont corrigées à Paris par le
jury d'examen régional. Un arrêté ministériel fixe, chaque
année, le programme du concours.
Les diverses épreuves du concours sont appréciées par un
chiffre variant de 0 à 20. Les coefficients afférents à chacune
des épreuves sont fixés ainsi qu'il suit '.Epreuves écrites:
dictée, 2; analyse grammaticale et logique, 1 ; écriture, 1;
problèmes d'arithmétique, 2; problèmes de géométrie, 2;
épure de dessin linéaire, 2; dessin d'ornement à la plume,
1 ; travail manuel, 2. — Epreuves orales : questions
d'histoire et de géographie, 1 ; questions d'arithmétique et
d'algèbre, 4; questions de géométrie, 4. Total général :
2"2. Les candidats qui ont obtenu 156 points au moins
aux épreuves écrites peuvent seuls être admis à subir les
épreuves orales. Une commission spéciale pour chaque
région est nommée par le ministre pour faire subir aux
candidats l'examen définitif. Cet examen est purement oral.
La commission se transporte successivement dans les villes
fixées par le ministre comme sièges d'examen et aux
époques préalablement annoncées par le Journal officiel.
Les candidats admis au concours définitif sont prévenus par
lettres individuelles de la date et du lieu de l'examen.
D'après les notes des épreuves écrites et celles obtenues
aux examens oraux par chaque candidat, les commissions
régionales dressent un état définitif de classement et, sur
le vu de cet état, le ministre arrête la liste des élèves
admis à chacune des écoles. Peuvent être admis à l'école
les candidats qui ont obtenu pour l'ensemble des épreuves
au moins 264 points, soit les trois cinquièmes du maxi-
mum. Sont éliminés de plein droit, alors même que le total
de leurs points serait supérieur aux chiffres maxima
ci-dessus, tous ceux qui n'ont obtenu qu'une note infé-
rieure à H en français ou à 6 pour les autres matières. Ces
ÉCOLE
',;,., _
dispositions vin applicables au épreuves écrites aussi bien
qu'aux épreuves orales.
Sur le vu de l'état définitif de classement dressé par les
commissions régionales, le ministre arrête la liste des élèves
admis a chacune des renies. Les élèves admis doivent être
rendus à l'école le 15oct. Tout élève qui n'y est pas rendu
à eeiic date <;st considéré comme démissionnaire, >;nil le,
cas d'excuse légitime, qui sont soumis à l'appréciation du
ministre.
Régime intérieur. — La durée des études dans les écoles
nationales d'arts et métiers est de trois ans. Aucun élève
ne peut faire une quatrième année que dans la cas de ma-
ladie ayant entrainé une suspension de travail de plus de
six semaines ou d'une absence d'égale durée pour un motif
légitime et après avis favorable «lu conseil de l'école.
Les élèves portent un uniforme dont le modèle est arrêté
par le ministre. Ils ne peuvent modifier cet uniforme dans
aucune de ses parties, même lorsqu'ils le portent au dehors
de l'école.
Pension. Les écoles nationales d'arts et métiers reçoivent
des élèves internes et des élèves externes. Le nombre des
élèves internes que chacune d'elles peut recevoir ne peut
dépasser 300. Le prix de la pension est de 600 fr. par an,
payables a une caisse publique, par quart (soit ISO fr.), au
commencement de chaque trimestre. Pour le premier terme,
chaque élève admis doit, s'il n'est pas boursier, présenter
en entrant le récépissé de la somme versée. Le prix du trous-
seau, fixé à 300 fr., doit être également versé d'avance.
Une somme de 75 fr. est versée en outre à l'entrée de chaque
élève, pour sa masse d'entretien. 11 est également versé,
pour frais accessoires, 30 fr., formant le prix coûtant d'un
étui de mathématiques, d'une règle à calcul, de deux
planches à dessin et, au besoin, d'une caisse-malle, qui
sont fournis par l'école.
Bourses. Des bourses ou fractions de bourses peuvent
être accordées par l'Etat aux élèves dont les familles ont
préalablement fait constater l'insuffisance de leurs res-
sources. Ces bourses ne sont accordées que pour une année
scolaire. Dans certains cas, le trousseau peut être accordé
gratuitement . Le nombre des trousseaux accordés gratuite-
ment ne peut dépasser 3 °/0 des élèvesadmis. Les demandes
de bourse sont adressées au ministre. Elles sont déposées
à la préfecture en même temps que les demandes d'admis-
sion. Le préfet procède, par les moyens dont il dispose, à
une enquête sur la situation de la famille. Les pièces cons-
tatant le résultat de l'enquête préfectorale sont jointes aux
demandes, pour être communiquées au conseil municipal
du domicile de la famille du candidat. La délibération mo-
tivée du conseil municipal, avec toutes les pièces relatives
a chaque demande, est ensuite transmise au ministre par
le préfet, qui y joint son avis personnel. Lorsque, dans le
cours d'une année d'éludés et par suite de circonstances
imprévues, la famille d'un élève se trouve hors d'état de
payer la pension à sa charge, le ministre peut, par une
décision spéciale rendue sur l'avis favorable du conseil de
l'école et du directeur, la dispenser exceptionnellement de
ce payement. Les dégrèvements ne seront accordés qu'a la
fin de chaque semestre.
Enseignement. L'enseignement donné dans les écoles
nationales d'arts et métiers est théorique et pratique.
L'enseignement théorique, toujours dirigé dans le sens des
applications, comprend : 1° dans un but d'uniformisation,
la revision très rapide des parties les plus importantes de
l'examen d'entrée; 2° l'algèbre jusqu'au binôme de Newton
et ses applications inclusivement, et des notions élémen-
taires sur les dérivées; 3° la trigonométrie rectiligne, des
notions très élémentaires de cosmographie, l'arpentage et
le nivellement ; i° des notions élémentaires de géométrie
analytique; 5° la géométrie descriptive, les ombres, lis
plans cotés ainsi que des notions de perspective usuelle,
de coupe de pierres et de charpente ; 0° la cinématique
théorique cl appliquée; 7° la mécanique pure et appliquée,
comprenant : la dynamique, la statique, les résistances
passives, la résistance dis matériaux, l'hydraulique et les
machines a vapeur; x° la physique et ses applications in-
dustrielles; !•" la chimie et ses principales applications
industrielles et ootammenf a la métallurgie; 10* lie dessin,
el principalement le dessin industrie] ; IL la technologie,
cliidiee tout spécialement dans se, applications a la eons-
truction des machines; 12° l'étude de la langue française ;
13° l'histoire: révision du programme d'admission avec
étude plus approfondie de la période moderne : 1 i° la
géographie : révision des programmes d'admission avec
étude plus approfondie de la géographie de la Iran"
ses colonies; 15° la comptabilité industrielle et des no-
tions d'économie industrielle ; 16° l'hygiène industrielle.
L'enseignement pratique se donne dans des ateliei
ciaux, savoir : menuiserie et modèles ; fonderie; f"i
chaudronnerie; ajustage. Le nombre des ateliers peut être
augmenté. Les élèves sont répartis, pendant la durée de
leurs études, entre les ateliers, d'après les règles déter-
minées par arrêtés ministériels. Ces règles sont rédigées
de telle façon que, dans les deux premières années, chaque
élève passe au moins par trois ateliers et que, pendant la
dernière année, il soit attaché à celui qu'il aura choisi
d'après son rang de classement et ses aptitudes spéciales
constatées par le conseil de l'école. Le produit du tiavail
exécuté dans les ateliers appartient à l'Etat. Les puni-
tions qui peuvent être infligées aux élèves sont : la con-
signe, la salle de police, la prison et le renvoi. Dans le
courant du mois de mars, il y a un examen général pour
constater l'instruction et les progrés des élèves pendant la
première moitié de l'année scolaire. In examen semblable
a lieu à la fin du second semestre ; il est suivi de la dis-
tribution des prix et récompenses, ainsi que des promotions
de classes.
Sortie. — Des brevets sont délivrés par le ministre du
commerce, de l'industrie et des colonies aux élèves de
troisième année ayant, à la suite des examens généraux
de sortie, satisfait d'une manière complète à toutes les
épreuves. La notation allant de 0 à "20, sont considérés
comme remplissant les conditions exigées les élèves ayant
obtenu une moyenne générale au moins égale à 11 , et au-
cune moyenne particulière inférieure à 6.
Les élèves dont la conduite aura été satisfaisante, et qui,
à la suite des examens de fin d'études, n'auraient pu
obtenir le brevet à raison de l'insuffisance d'une moyenne
particulière, pourront être autorisés à subir, dans le délai
d'un an, une nouvelle épreuve portant exclusivement sur
la branche d'enseignement dans laquelle leur insuffisance
aura été reconnue. Dans le cas ou ils subiraient avec
succès cette nouvelle épreuve, le diplôme pourra leur être
délivré.
Ces brevets confèrent à ceux qui les obtiennent le titre
d'élèves brevetés des Ecoles nationales d'arts et mé-
tiers. Ne sont reconnus comme anciens élèves des écoles
nationales d'arts et métiers que ceux ayant obtenu le
brevet. Il est décerné à ceux ayant obtenu une moyenne
générale au moins égale à 15, et aucune moyenne parti-
culière inférieure a 11, un brevet particulier et une mé-
daille d'argent d'après le modèle adopté par le ministre du
commerce. L'élève sortant le premier de sa promotion
reçoit la même médaille en or. Les quinze premiers élèves
qui, dans le délai de deux ans à partir de leur sortie de
l'école, justifieront d'une année de travail manuel dans
un atelier, pourront recevoir une récompense de 500 fr.
Au point de vue du service militaire, les élèves de ces
trois écoles qui justifient avoir été compris dans les quatre
premiers cinquièmes de la liste de mérite de ceux des
élèves français qui ont obtenu, pour tout le cours de leur
scolarité. 65 ° „ au moins du total des points que l'on peut
obtenir d'après les règlements de ces écoles, sont admis au
bénéfice de la dispense du service militaire dans les condi-
tions déterminées par l'art. v23 de la loi dulSjuil. 1889.
Un lion nombre des anciens élevés des codes d'arts et
métiers passent ensuite par l'Ecole centrale des ai ts et
— 457 —
ÉCOLE
manufactures, ou ils obtiennent de réels sucées. I>e plus en
plus, ees écoles temlent à tonner non des contremaîtres et
dbs chefs d'ateliers, mais îles industriels. Le principal
débouche est ouvert eu mécaniciens; on calculait il y a dix
ans que chaque année il sortait des écoles d'arts et métiers
liO ajusteurs-mécaniciens, 18 menuisiers-modeleurs, 18
tondeurs. 10 forgerons. La supériorité la plus marquée
des élèves tient à leurs connaissances du dessin, et la plu-
part sont employés comme dessinateurs dans la profession
qu'ils exercent.
1 1 Soi iété des anciens élèves des arts et métiers, fondée
en IS'.S, maintient la solidarité entre les anciens élèves et
publie un bulletin OÙ sont insérés des mémoires techniques
d'une valeur réelle. A. -M. B.
Ecole des mines de Saint-Etienne. — Destination.
— L'Ecole des mines de Saint-Etienne (Loire), dépendant
du ministre îles travaux publics, est destinée a former des
ingénieurs et des directeurs d'exploitations de mines et
d'usines métallurgiques. Elle est régie par le décret du
18 juil. 1890.
Historique. — L'Ecole des mines de Saint-Etienne fut
créée par une ordonnance royale du 2 août 1816, afin de
remplacer les deux écoles pratiques de Pesey et Geislau-
tern (Y. ci-dessus le ,s Ecole supérieure des mines) et de
donner a l'exploitation pratique des mines un développe-
ment scientifique. L'organisation a peu changé, mais le
niveau des études s'est élevé beaucoup. Le nom d'Ecole
des mineurs a été changé en nov. 1882 pour le nom
actuel.
Conditions d'admission. — L'admission à cette école
dépend exclusivement du concours. Le concours a lieu
chaque année à Saint-Etienne, le -1er août (ou le 2, si
le [ct est un dimanche), devant le directeur et les pro-
tirs constitués en jury d'examen. Les candidats aux
places d'élèves titulaires de l'Ecole de Saint-Etienne doi-
vent être Français ou naturalisés Français et être Agés
de dix-sept ans au moins et de vingt-six ans au plus le
lt'r janv. de l'année dans laquelle ils se présentent au con-
cours d'admission. Ils doivent adresser au directeur de
l'Ecole, avant le l'r juil., leur demande, accompagnée :
1° d'une copie authentique de l'acte de naissance du can-
didat et, au besoin , de pièces établissant sa qualité de
Français; 2° d'un certificat de bonnes vie et mœurs, déli-
vré par les autorités du lieu de son domicile et dûment
légalisé ; 3° d'une déclaration dûment légalisée d'un doc-
teur en médecine, constatant que le candidat a été vacciné
ou qu'il a eu la petite vérole.
Les élèves sortant de l'Ecole polytechnique, qui se pré-
sentent pour suivre les cours d'application de l'Ecole des
mines de Saint-Etienne, sont admis directement dans la
deuxième année d'études, pourvu qu'ils subissent avec
succès, devant le directeur et les professeurs de l'Ecole,
quatre examens oraux sur : 1° l'analyse et la mécanique
rationnelle ; 2° la physique ; 3° la chimie ; 4° la géométrie
descriptive et la stéréotomie, telles qu'elles sont enseignées
à l'Ecole polytechnique. — Les élèves étrangers doivent
présenter leur demande d'admission au ministre des tra-
vaux publics par l'intermédiaire du ministre des affaires
étrangères, avant le 18 oct. ; leur demande doit avoir été,
au préalable, soumise par le candidat à l'agrément du
représentant à Paris du gouvernement intéressé. Avant la
rentrée, ils subissent un examen destiné à faire connaître
s'ils sont aptes à suivre les cours; mais ils n'obtiennent
de places dans les salles d'études et au laboratoire que s'il
en reste de disponibles.
Concours. Les épreuves d'admission comprennent :
1° trois examens oraux portant sur l'arithmétique, l'al-
gèbre, la géométrie, la trigonométrie rectiligne, la géo-
métrie analytique à deux ou trois dimensions, la géométrie
descriptive, la physique et chimie, telles qu'elles sont résu-
mées dans les programmes arrêtés par le ministre; 2° une
composition d'algèbre ou de géométrie analytique; 3° une
composition de physique et de chimie ; 4° une composition
française, jugée au point de vue de l'orthographe et de la
rédaction; 8° une épure do géométrie descriptive; (i" un
dessin d'imitation ; 7° un calcul do trigonométrie. Le
ministre arrête la liste d'admission et la transmet d'ur-
gence au directeur pour que celui-ci fasse établir à temps
les certificats à produire par les élèves à l'autorité mili-
taire, en conformité du règlement d'administration publique
du 23 nov. 1889.
Régime intériei a. — L'enseignement est gratuit. Tou-
tefois les élèves sont tenus de se procurer les livres ct
autres objets nécessaires à leur instruction. Les élèves ne
sont pas casernes; mais tous les jours, les dimanches et
fêtes exceptés, ils restent à l'Ecole, le matin de huit heures
à midi, et le soir de deux heures et demie à sept heures.
Même au dehors de l'établissement, la conduite des élèves
est soumise à la censure du directeur et des professeurs.
Les élèves ont un uniforme qui rappelle celui de l'Ecole
polytechnique (sauf la couleur bleue au lieu de rouge); ils
doivent le porter les dimanches et les jours d'examens.
Le reste du temps, ils sont libres de prendre les vêtements
qu'ils veulent, mais ils doivent avoir une casquette galonnée
portant les emblèmes de l'Ecole. — Les cours de l'Ecole
durent trois années. La première année est spécialement
consacrée aux cours théoriques d'analyse mathématique,
de mécanique rationnelle, de physique, de chimie, de mi-
néralogie, de géométrie descriptive, de stéréotomie et de
lever de plans. Les deux autres années sont consacrées aux
cours d'application, savoir: machines et constructions;
exploitation des mines et préparation mécanique, métal-
lurgie, docimasie; géologie; chemins de fer; législation
des mines ; comptabilité et économie industrielle.
L'Ecole est dirigée par un directeur, assisté d'un conseil
de perfectionnement, lequel comprend : l'inspecteur général
des mines de la division ; le directeur de l'Ecole (ingénieur
en chef) ; les professeurs ; l'ingénieur en chef de l'arron-
dissement minéralogique; quatre anciens élèves de l'Ecole;
deux grands industriels. Les exercices pratiques auxquels
les élèves sont exercés comprennent les travaux de labo-
ratoire, le dessin au trait et au lavis, les épures de géo-
métrie descriptive et de stéréotomie, des croquis d'organes
de machines et d'appareils métallurgiques, des projets
d'exploitation des mines, de métallurgie et de mécanique,
des levers de machines, des levers de plans superficiels et
souterrains, des visites de mines et d'usines. Le système
d'instruction de l'Ecole se compose de deux parties : l'en-
seignement de l'Ecole proprement dit ; des voyages d'ins-
truction. Les voyages d'instruction ont lieu après chacune
des deux dernières périodes du cours d'application ; les
élèves sont tenus de remettre des rapports et des jour-
naux de voyage.
Les cours et les études de l'intérieur de l'Ecole com-
mencent vers le 15 oct. et se terminent vers le 15 août.
Pendant les vacances des deux premières années, les élèves
doivent parcourir un ou plusieurs districts miniers et rédiger
un rapport détaillé sur les travaux visités. — Les élèves de
la première année s'exercent aux manipulations chimiques,
étudient les collections minéralogiques, visitent les mines
du bassin de Saint-Etienne. — Les élèves de deuxième année
s'exercent à l'analyse chimique et au lever des machines;
ils visitent les établissements métallurgiques des environs,
le matériel des chemins de fer et les machines relatives à
l'épuisement et au transport dans les mines et à la surface ;
ils font des projets de concours d'exploitation des mines,
de mécanique et de métallurgie. — A la fin de la dernière
année scolaire, ils font, dans le dép. de la Loire et dans
les départements voisins qui offrent le [dus d'intérêt sous
le rapport de l'industrie minière, un voyage dont l'itiné-
raire leur est tracé par le conseil de l'Ecole, et qui a pour
but de compléter leur instruction pratique et de les initier
à l'art d'observer. Ils rendent compte de leurs observa-
tions dans des rapports et mémoires accompagnés de dessins
et de croquis cotés. — Indépendamment des examens géné-
raux, qui terminent les études de chaque division, les
école
- 458 -
élèves subissent, pendant l'année scolaire, des examens
partiels sur chacun des cours qu'ils ont suivis. Les résul-
tats de ces examens, combinés avec ceux des examens
généraux, servent .1 déterminer le mérite relatif des élèves
et leur classement définitif. Le classement des élèves fran-
çais est arrêté, dans chaque promotion, par le conseil de
l'Ecole, ;i la fin de l'année scolaire. Leur classement final
a lieu à la fin des exercices de troisième année. — Le
directeur de l'Ecole peut autoriser des personnes étran-
gères à l'Ecole .1 raivre les leçons de certains cours. Les
personnes de nationalité étrangère doivent, dans ce cas,
taire apostiller leur demande par le représentant de leur
gouvernement en Erance.
Servira millilitre. Les élèves compris dans les quatre
premiers cinquièmes de la liste de mérite de ceux des
élèves français qui ont obtenu, pour tout le cours de leur
scolarité, 65 °/0 au moins du total des points que l'on peut
obtenir d'après le règlement de l'Ecole, jouissent de la dis-
pense conditionnelle de deux années de service militaire actif
inscrite dans l'art. 23 de la loi militaire du 15 juil. 1889 ;
il est fait mention sur les diplômes du rang de classement
et du nombre des élèves français ayant obtenu le nombre
de points défini ci-dessus.
Sortie. — Le ministre délivre un diplôme supérieur
d'ancien élève de l'Ecole des mines de Saint-Etienne, apte
à exercer les fonctions d'ingénieur, aux élèves ayant satis-
fait aux conditions fixées par arrêté ministériel et qui
ont obtenu 65 °/0 au moins des points de mérite qui
peuvent être acquis durant tout le cours de la scolarité.
Le diplôme remis à chaque élève fait connaître son rang
de sortie et le nombre total de diplômes supérieurs
délivrés dans l'année. — Les élèves qui ont simplement
satisfait aux conditions de l'arrêté ministériel ne reçoi-
vent du directeur qu'un certificat d'études, sur lequel
sont inscrits le nombre des points qu'ils ont obtenus et le
nombre total des points de mérite. — Les élèves étrangers
reçoivent du directeur un certificat d'études, sur lequel
sont inscrites les notes obtenues par eux aux examens.
Les élèves diplômés sont recherchés par les directeurs de
mines ou d'usines métallurgiques auxquelles ils ont fourni
un grand nombre d'ingénieurs distingués sans parler des
gardes-mines, emploi secondaire qu'ils peuvent remplir. A
la Société amicale des anciens élèves, ils se prêtent un
concours précieux.
Ecoles des maîtres ouvriers mineurs. — Desti-
nation. — Il existe deux écoles des maîtres ouvriers
mineurs, celles d'Alais (Gard) et de Douai (Nord), ressor-
tissant l'une et l'autre au ministère des travaux publics,
et destinées à former des contremaîtres qui possèdent à la
fois assez de pratique pour surveiller et guider le travail
des ouvriers, assez de connaissances théoriques pour bien
comprendre et exécuter les ordres d'un directeur d'exploi-
tation.
Historique. — L'Ecole d'Alais fut instituée par ordon-
nance du *25 juil. 1845 au voisinage des bassins houillers
et métallurgiques d'Alais, la Grand-Combe, Bessèges, etc.
Celle de Douai a été créée le 27 juil. 1878 auprès du
grand bassin houiller du Nord et du Pas-de-Calais. Les
conditions d'admission et l'organisation intérieure différant
sensiblement, nous les exposerons séparément. Elles sont
réglées par un décret du 18 juil. 1890.
1° ECOLE D'ALAIS. — Conditions d'admission. — Il
n'est reçu dans l'Ecole que des ouvriers mineurs français
âgés de plus de dix-huit ans, et justifiant par un livret ou
par des certificats dûment légalisés qu'ils ont travaillé pen-
dant dix-huit mois au moins dans les mines. Toutefois, des
élèves étrangers peuvent être admis à des conditions déter-
minées par le ministre des travaux publics. Pour être admis,
les candidats doivent fournir la preuve qu'ils sont de
bonne conduite, suffisamment robustes, et qu'ils possèdent
une instruction élémentaire satisfaisante, comprenant la
lecture, l'écriture, l'orthographe, les quatre premières
règles de l'arithmétique, les nombres décimaux et le sys-
tème métrique. IN ont a produire un certificat de bonnet
rie et moeurs, et un certificat dûment légalisé d'un médecin
ou officier de santé, constatant qu'ils ont été vaccnéi ou
qu'ils ont eu la petite vérole, qu'ils sont d'une bonne
constitution et exempts de toute mffrmité permanente les
rendant impropres au travail des mines. — Les concours
uni lieu dans le mois d'août. Une commission d'exa-
mens, composée du président du conseil d'administra-
tion, du directeur de l'Ecole et des professeurs, se réunit
en temps opportun, pour préparer la 1 i-st-- des admissibles
et pour procéder aux examens d'admission, de passage et
de sortie.
Régime nrrÉaiEOB. — Le régime de l'Ecole est l'internat ;
l'instruction des élèves est gratuite; mais des frais de
pension s'élevant à 'jOO fr. sont payés par les élèves, par
leurs familles, ou par des bourses. — Les cours s'ouvrent
chaque année dans les premiers jours de novembre. Les
élèves passent six mois a l'Ecole et six mois dans les mines,
savoir : à l'Ecole, les mois de novembre, décembre, janvier,
février, juin, juillet; dans les mines, les mois de mars,
avril, mai, août, septembre et octobre. Les deux années
d'école comprennent quatre trimestres pratiques, pendant
lesquels les élèves sont répartis entre diverses mines de la
région, où ils sont reçus comme ouvriers, soumis à l'au-
torité des chefs d'exploitation.
L'enseignement théorique comprend les matières sui-
vantes : langue française, arithmétique, géométrie, phy-
sique et chimie, minéralogie et géologie, mécanique,
exploitation des mines (procédés d'entaillement au pic et à
la poudre ; boisage et muraillement des puits et galeries ;
systèmes d'exploitation applicables à différents gisements ;
roulage intérieur; extraction; précautions contre les incen-
dies, les explosions de grisou, les inondations; premiers
soins à donner aux hommes en cas d'accidents, etc.). L'en-
seignement est combiné de manière à permettre aux élèves
de seconde année de suivre de nouveau les leçons d'arithmé-
tique, de géométrie et d'arpentage de la première année.
Les exercices pratiques consistent en lever de plans, tant
à la surface que dans les mines, et en travaux manuels
dans les exploitations de mines situées dans un certain
rayon autour d'Alais. Pendant ces travaux, les élèves sont
entièrement assimilés aux autres ouvriers de la mine, et
soumis aux mêmes règlements que ceux-ci ; ils doivent
obéir, comme eux, aux maîtres mineurs ou chefs de poste;
ils reçoivent un salaire proportionné à leur travail. Le
directeur de l'Ecole et le répétiteur visitent alternativement
les chantiers où les élèves seront employés et leur donnent
des explications et instructions sur leurs travaux. Des
examens généraux ont lieu à la fin de chaque année, en
présence du conseil d'administration de l'Ecole. A la suite
de ces examens, il est fait un classement des élèves de
chaque division. On a égard pour ce classement : 1° à la
conduite de l'élève pendant les leçons et pendant les exer-
cices pratiques : 2° au mérite des travaux graphiques et
autres exécutés par lui pendant l'année: 3° au résultat de
l'examen général. Le classement des élèves de première
année détermine ceux qui sont aptes à passer dans la divi-
sion supérieure ; ceux qui, à raison de l'insuffisance de
leurs connaissances, sont appelés à redoubler; enfin ceux
qui, par leur conduite ou leur incapacité, ont encouru
l'exclusion.
Service militaire. Les conditions sont les mêmes que
pour l'Ecole des mines de Saint-Etienne.
Sortie. — Les diplômes supérieurs sont délivrés par le
ministre aux élèves avant obtenu ii5 ° „ au moins du total
des points de mérite; mention est faite sur le diplôme du
rang de classement et du nombre de diplômes délfr
Les élèves ayant obtenu moins de (>•"> ° 0, mais plus de
SS " ,,, reçoivent an certificat d'études délivré par le préfet.
Les trois premiers sortants sont dispensés de l'examen
pour entrer dans le corps des -aides-mines.
2° ECOLE DE doi'ai. — Conditions d'admission.—
L'Ecole admet des ouvriers âgés de plus de seize ans, et jus-
- 439 -
ÉCOLE
titiant, par un livret, qu'ils ont déjà travaillé dans les mines
pendant un temps qui sera au moins d'une année, et d'au-
tant plus long que l'ouvrier sera plus âgé. L'ouvrier doit
fournir des témoignages de bonne conduite et l'aire preuve
de eapaeite et d'une instruction élémentaire comprenant :
la lecture, l'écriture, les quatre règles de l'arithmétique et
la connaissance du système légal des poids et mesures.
I a examens pour l'admission a l'Ecole sont laits par une
commission composée du sous-préfel de Douai ou d'un
membre du conseil d'arrondissement désigné par le sous-
préfet, de l'ingénieur en chef des mines, directeur de l'Ecole,
de deux directeurs d'exploitation de mines, désignés, l'un
par le préfet du Nord, et l'autre par le préfet du Pas-de-
Calais. L'admission est prononcée par le préfet du Nord,
sur le rapport de cette commission.
Régime imtkiitr. — Le régime de l'Ecole est l'internat.
Le prix de la pension est fixé par le conseil d'administra-
tion. La direction de l'Ecole et l'enseignement des élèves
sont confiés, sous la surveillance du conseil d'administra-
tion, à l'ingénieur en chef des mines de l'arrondissement
de Douai, ayant sous ses ordres deux répétiteurs ou sous-
mltras et un surveillant, salariés par l'Etat. Les répétiteurs
ou sous-maitres sont pris soit parmi les gardes-mines, soit
parmi les maîtres mineurs. L'enseignement est réparti en
deux années : il a pour objet : 1° la lecture, l'écriture et
l'orthographe ; i° les mathématiques élémentaires, com-
prenant l'arithmétique et les premiers éléments de géo-
métrie ; 3° le dessin linéaire, le dessin des machines, l'ar-
pentage et le lever des plans de mines; i° des notions très
élémentaires de physique, de chimie, de minéralogie, de
géologie et d'exploitation des mines, ces diverses notions
étant présentées sous la forme la plus simple et appro-
priées à des hommes de la classe ouvrière. Dans l'inter-
valle des leçons, les élèves s'exercent à la pratique du
travail de la forge, de la charpente et du charronnage
d'une manière appropriée à l'exploitation des mines. Chaque
année, à des époques déterminées, les leçons de l'Ecole
sont interrompues, et il est pris des mesures pour que
les élèves soient reçus dans des établissements de mines,
où ils travaillent comme ouvriers. Ils y sont accompagnés
par les sous-maitres et par les ingénieurs de la mine, qui
ieur donnent des explications sur les différents travaux
auxquels ils sont employés. Les élèves sont examinés dans
le courant de l'année à des époques déterminées et, à la
fin de l'année, sur les matières qui ont fait l'objet de
leurs travaux et de leurs exercices. A l'expiration de la
seconde année, il est délivré des diplômes supérieurs ou
des certificats de maîtres mineurs à ceux des élèves qui
s'en sont rendus dignes par leur instruction et leur bonne
conduite.
Service militaire. Les conditions sont les mêmes que
pour les élèves de l'Ecole des mines de Saint-Etienne.
Sortie. — Les diplômes supérieurs sont délivrés aux
élèves ayant obtenu bn °/o au moins du total des points de
mérite qui peuvent être obtenus dans tout le cours de la
scolarité. Les élèves qui ont obtenu moins de 65 °/0,
mais plus de 35 °0, reçoivent un certificat d'études. —
Les diplômes supérieurs sont délivrés par le ministre des
travaux publics, sur la proposition du conseil d'adminis-
tration de l'Ecole ; les certificats sont délivrés de même
par le préfet du Nord.
Ecole municipale de physique et de chimie
industrielles. — Destination. — L'ne école municipale
de physique et de chimie industrielles a été créée à l'aris
et installée rue Lhomond, n° 42, dans les bâtiments de
l'ancien collège Rollin. Elle est destinée à servir de com-
plément aux écoles d'enseignement primaire supérieur et à
fournir aux jeunes gens sortant de ces écoles les moyens
d'acquérir des connaissances scientifiques spéciales qui leur
permettent d'occuper, dans l'industrie privée, des emplois
d'ingénieurs, de chimistes ou de chefs d'ateliers.
Conditions d'admission. — Les élèves sont admis à la
suite de concours qui ont lieu chaque année à l'époque fixée
par un arrêté préfectoral. Les candidats doivent se faire
inscrire, dans les délais indiqués, au troisième bureau île
la direction de renseignement primaire, à la préfecture de
la Seine, en produisant leur acte de naissance, constatant
qu'ils auront quatorze ans au moins ci dix-neuf ans au
plus au Ier oct. de l'année du concours, et un certificat
du maire de la commune de leur origine constatant qu'ils
sont de nationalité française. Ils peuvent égalemenl se
faire inscrire a l'Ecole.
Le concours comprend des épreuves écrites et des
épreuves orales. Les épreuves écrites se composent :
1° d'une narration française (lettre ou simple récit, dont
le sujet est pris, autant que possible, dans l'histoire do
France) ; "2° de deux compositions de mathématiques, com-
prenant, l'une une question théorique d'arithmétique,
l'autre une question d'algèbre et de géométrie plane ou de
géométrie dans l'espace ; 3° d'une composition de physique ;
4° d'une composition de chimie. L'ensemble des épreuves
écrites est éliminatoire.
Les épreuves orales comprennent des interrogations
sur: l°les mathématiques; "1° la physique; 3° la chimie;
les questions sont tirées au sort. Des programmes parti-
culiers sont arrêtés sur chacune des matières de l'examen,
tant aux épreuves écrites qu'aux épreuves orales : arith-
métique, algèbre, géométrie plane, géométrie dans l'espace,
éléments de géométrie descriptive (pesanteur, chaleur,
électricité), chimie.
L'enseignement est gratuit. Les élèves peuvent obtenir
une indemnité de 30 fr. par mois pendant les trois années
d'études réglementaires passées à l'Ecole. Ils devront
adresser, à cet effet, par l'intermédiaire de leurs parents
ou tenant lieu, une demande motivée, sur laquelle le con-
seil d'administration est appelé à statuer après examen.
Régime intérieur. — La durée du cours d'études est
de trois années. Le nombre des élèves admis à l'Ecole
est fixé à 30 pour chacune des trois divisions (première,
deuxième et troisième années). — Les mathématiques et la
mécanique sont enseignées à l'Ecole en même temps que la
physique et la chimie ; mais elles ne sont envisagées que
comme auxiliaires de ces deux dernières sciences.
Pendant les trois premiers semestres, les élèves d'une
même promotion suivent en commun des cours et des ma-
nipulations de physique, de chimie, de mathématiques et
de dessin. A ia fin du troisième semestre, ils sont partagés
en élèves-physiciens, au nombre de 10, et élèves-chimistes,
au nombre de 20. A partir de ce moment, si les cours
restent encore communs aux deux catégories d'élèves, il
n'en est pas de même des exercices pratiques. Les élèves-
chimistes ne manipulent plus que dans les laboratoires de
chimie, et les élèves-physiciens que dans ceux de physique.
Les manipulations acquièrent, en outre, une plus grande
importance par le temps qu'on y consacre.
Pour chaque promotion, les trois premiers semestres
sont remplis par les études générales et scientifiques. Les
applications techniques font l'objet des cours et exercices
dans les trois derniers semestres.
Les élèves entrent à l'Ecole à huit heures et demie du
matin et en sortent à six heures du soir ; ils trouvent une
cantine à l'intérieur pour leur déjeuner. En dehors des
heures de cours et d'études, les jeunes gens sont constam-
ment occupés dans les divers laboratoires, sous la direction
des professeurs et des préparateurs. Les matières vues dans
chaque cours font l'objet d'une interrogation, pour chaque
élève, de quinzaine en quinzaine. Le classement, semestriel
se fait en combinant, d'après une règle fixe, les notes des
examens semestriels des professeurs, les notes des inter-
rogations des préparateurs, les notes des exercices pra-
tiques et celles relatives à la lionne tenue des cahiers et aux
devoirs. Après chaque classement semestriel, les élèves
qui n'ont pas obtenu une certaine moyenne de points, ou
dont les notes dans l'une des branches de renseignement
sont trop faibles, sont déférés au jugement du conseil de
perfectionnement et peuvent être éliminés.
ÉCOLE
- 4ti0 -
A l.i lin île la troisième année, il est délivré des certi-
cats aux élèves qui oui Bubi les examens de sortis d'une
manière satisfaisante, et des diplômes aux élèves qui se
sont particulièrement distingués. Ces derniers peuvent être
admis à travailler comme élèves Libres dans les laboratoires
de l'Ecole, après l'achèvement des trois années réglemen-
taires.
Ecole nationale des arts industriels à Rou-
baix. — Destination. — L'Ecole nationale îles arts indus-
triels de Roubaix, dépendant du ministère de l'instruction
publique et des beaux-arts, a pour objet de former des
artisans pour l'industrie des tissus et de leur donner une
instruction à la lois scientifique, technique et artistique.
Son programme d'études, fort étendu, est approprié aux
besoins de l'industrie locale qui jouit d'une réputation uni-
verselle. Il est ;i la fois théorique et pratique. Il est inter-
médiaire entre celui des écoles des arts et métiers et celui
des écoles des arts décoratifs.
Historique. — L'importance industrielle croissante de
Roubaix, qui est devenu une des plus grandes villes de
France, grâce surtout à la fabrication des tissus, a rendu
de bonne heure nécessaire un enseignement d'art indus-
triel. Cet enseignement n'a pas d'abord été organisé par
l'Etat sur un plan méthodique. Mais les différents cours
d'art appliqué à l'industrie qui, depuis fort longtemps,
fonctionnaient ;i Roubaix, ont été réorganisés en 1883 et
fondus en un seul établissement, qui a pris le titre d'Ecole
nationale des arts industriels de Roubaix.
Conditions d'admission. — Les élèves qui n'ont pas en-
core fréquenté l'Ecole doivent être présentés à l'adminis-
trateur, par leurs parents ou tuteurs ; ils doivent se munir
de leur acte de naissance. Les étrangers doivent, pour ob-
tenir leur inscription, être en possession d'une lettre du
représentant de leur nation. Nul n'est admis aux cours de
dessin s'il n'est âgé de neuf ans révolus ; aux cours de tis-
sage et de remettage, avant treize ans ; aux cours de phy-
sique, chimie et manipulation, avant quatorze ans ; aux cours
de teinture, avant quinze ans. Un délégué du conseil supé-
rieur et le professeur de teinture examinent si les aspirants
aux cours de teinture possèdent des connaissances suffisantes
pour être admis à suivre utilement cet enseignement.
Tout élève qui désire être admis aux cours de mécanique
et d'architecture doit préalablement suivre les cours de
dessin linéaire élémentaire, de géométrie plane, de géo-
métrie dans l'espace et d'algèbre, à moins qu'il ne justifie
de connaissances suffisantes. Nul élève n'est admis à suivre
les cours de peinture décorative, de dessin supérieur, de
dessin moyen et d'architecture, s'il ne fréquente régulière-
ment les cours d'histoire de l'art. — L'enseignement est
gratuit.
Ecole nationale d'apprentissage de Dellys. —
Destination. — L'Ecole d'apprentissage créée en Algérie,
à Dellys, a pour but de former des ouvriers habiles, Fran-
çais et indigènes, pour les métiers qui emploient le fer et
le bois. Elle ressortit au ministère du commerce. Elle avait
été installée d'abord auprès de Fort-National, au centre de
la kabylie, où l'on espérait former une école d'arts et
métiers* analogue à celles de France et y former des indi-
gènes, pris surtout dans cette région, la plus laborieuse de
l'Algérie. Les anciens élèves de l'Ecole furent les premiers
à la détruire lors de l'insurrection de 1871. On l'a réor-
ganisée à Dellys, où elle végète.
Conditions d'admission. — L'Ecole reçoit les Français
ou les indigènes nés en Algérie, âgés de plus de qua-
torze ans et de moins de dix-sept au 1er oct. de l'année
du concours. Ils adressent leur demande au préfet ou au
général commandant la division, selon que leur terri-
toire est civil ou militaire ; ils l'accompagnent d'un acte
de naissance ou d'un acte de notoriété (pour les indi-
gènes) ; d'un certificat médical de bonne constitution, d'un
certificat de vaccine, d'un certificat de bonnes vie et mœurs
délivré par l'autorité municipale. Us doivent justifier de la
connaissance de l'écriture française, des quatre règles
d'arithmétique el «lu système métrique. Os font un* dii lés
et un problème d'arithmétique. Les élevas admis doivent
être rendus i l'Ecole de Dellys dans la première moitié
d'octobre.
Régime uitebuob. — Le régime est l'internat. Il j a
HO internes : ils payenl 100 If. par an, de plus un
trousseau de _J00 fr. et 50 fr. pour la masse d'entretien
de l'élève. L'Etat, le département, b-s communes ac-
cordent des bourses. Les élèves portent un uniforme sem-
blable a celui des écoles d'arts et métiers. — La dorée des
études est de trois années. Aucun élève ne peut faire une
quatrième année, sauf dans le cas de maladie avant en-
traîné une suspension de tra\ail de plus de six semaines
ou d'absence d'égale durée pour un motif légitime. —
L'enseignement donnédans l'Ecole est théorique el surtout
pratique. L'enseignement théorique comprend : la langue
française, la lecture et l'écriture, la grammaire, l'histoire
et la géographie, des notions strictement élémentaires de
géométrie, d'algèbre, de physique, de chimie, de géométrie
descriptive et de mécanique, le dessin, le tracé des ouvrages
exécutés dans les ateliers et la pratique des épures; enfin
la comptabilité commerciale. L'enseignement pratique,
correspondant aux métiers qui emploient le fer et le bois,
se donne dans les ateliers annexés à l'établissement. I.es
élèves sont répartis pendant la durée de leurs études dans
chaque atelier. Le produit du travail exécuté dans les
ateliers appartient à l'Etat. A la fin de chaque année
scolaire, le conseil, après des examens généraux pas-
les élèves, arrête la liste de leur classement dans chaque
division et propose les prix à décerner. Il désigne les élèves
qui, en raison de la faiblesse de leurs notes ou de leur
mauvaise conduite, doivent être exclus de l'École. — Les
punitions qui peuvent être infligées aux élèves sont : la
consigne ou retenue; la salle de police; la prison; le renvoi
de l'Ecole.
Le résumé semestriel des notes est envoyé aux parents
ou aux correspondants des élèves.
A leur sortie, les élèves de l'Ecole de Dellys peuvent se
placer comme contremaîtres dans la colonie. Il y aurait
de grands progrès à réaliser pour que le niveau se rap-
prochât de celui des écoles d'arts et métiers de Châlons,
Angers ou Aix.
Écoles d'apprentis. — Les écoles d'apprentis sont
destinées à donner aux apprentis l'instruction primaire élé-
mentaire, et, parfois, supérieure. La loi du 13 mars 18'iO
avait prévu la création d'écoles primaires communales pour
les apprentis de plus de douze ans. Actuellement, on vise
à assimiler les apprentis aux autres élèves des écoles pri-
maires. Il existe cependant pour eux des classes et même
des écoles spéciales. Nous avons déjà parlé des Ecoles df
manufacture (V. ce paragraphe), organisées le plus effi-
cacement sur le système du demi-temps (Y. ce mot). —
A l'étranger, nous signalerons : en Prusse, des écoles pro-
fessionnelles pour les apprentis auxquels on y enseigne le
dessin, les travaux pratiques, la comptabilité, l'arithmé-
tique et la correspondance commerciale, la physique, la
chimie, etc. En Bavière, les écoles d'apprentis sont annexées
aux écoles professionnelles ou aux écoles primaires. Dans
les autres pays, l'obligation scolaire imposée aux apprentis
jusqu'à quatorze, seize ou dix-huit ans, ne comporte pas
la fondation d'écoles spéciales.
Ecoles d'apprentissage. — L'école d'apprentissage
a pour but la formation d'apprentis qu'elle prépare à un
métier défini où ils puissent, le plus tôt possible, g
leur vie. M. Salicis a fort bien marqué (Dict. de péda-
gogie, t. Ier, 1!IG) en quoi elle diffère de l'école d'ap-
prentis, de l'école professionnelle, technique, industrielle,
réelle, etc. « V école professionnelles* propose surtout
d'augmenter le bagage intellectuel que l'école primaire a
pu fournir, et elle y parvient naturellement en complétant
les programmes du premier enseignement. Elle est destinée
a recevoir les enfants de ces nombreuses familles qui, sans
être riches, ni même aisées, n'en sont pas réduites cepen-
— i(»l —
ÉCOLE
liant a vivre d'un salaire journalier : employés, commer-
çants, patrons modestes, contremaîtres, etc. Chacune de
ces familles vise pour ses enfants h une situation qui les
affranchisse da travail manuel. — L'école d'apprentissage,
au contraire, sans prétendre cantonner dans le travail
manuel une partie de la génération qui grandit et toute sa
descendance, doit se proposer de donner a tous les enfants
qui vont demander leur vie au salaire journalier les moyens
d'arriver le plus tôt possible à se suffire. l'Ile est doue
différente en m point des classes ou écoles d'apprentis,
qui ne sont que l'enseignement simplement primaire donné
ou continue aux entants engagés dans un apprentissage
quelconque. Il y a lieu enfin et il est très facile de la distin-
guer des écoles techniques, industrielles, des arts et
métiers, fteaUchulen, dénominations plus ou moins simi-
laires de celles de professionnelles, et qui, au point de vue
de l'apprentissage, expriment un degré à la fois supérieur
etinsullisant. — Si l'école d'apprentissage, sans restreindre
les acquisitions intellectuelles, rend l'ouvrier non seulement
plus policé, mais encore plus habile, plus épris de son état,
et par conséquent plus laborieux, elle le rendra du même
coup plus moral, plus économe, moins indépendant, et
ainsi, en même temps qu'elle procure des avantages immé-
diats à l'énorme population des travailleurs, elle augmente,
à bref délai, le rendement économique dans tout le pays
et \ hausse le niveau moral et social par le relèvement des
ouvriers. L'école d'apprentissage doit être une sorte d'ins-
titution, en quelque sorte parallèle à l'école professionnelle,
mais destinée aux enfants qui se préparent non à une pro-
fession, expression trop vague, mais à un métier. » Il
existe un certain nombre de ces écoles en France, particu-
lièrement à Paris. H faut citer en première ligne les
écoles municipales professionnelles de la ville de Paris
(Y. ci-dessous le paragraphe spécial); l'école d'imprimerie
_ misée par M. C.liaix; celle des apprentis bijoutiers
fondée par le syndicat; pour les tilles, les établissements
de la Société pour l'enseignement professionnel des femmes,
les ouvroirs (Y. ce mot), etc. Une mention spéciale doit
être accordée aux fondations catholiques. La plus considé-
rable est un internat, celui de Saint-Nicolas, dirigé à
Vaugirard par les frères des Ecoles chrétiennes. Il com-
prend près d'une vingtaine d'ateliers, livrés chacun à un
fabricant qui y délègue un contremaître et tire parti des
travaux exécutés. In autre internat-école d'apprentissage,
a été fondée rue Oberkampf par M. Lemairc. Hors de
Paris, on remarque les écoles du Creusot, de Mulhouse,
des chantiers de La Ciotat, du Havre, l'école municipale
d'horlogerie de Besançon, etc. Ce qui concerne l'étranger
sera exposé dans l'art. Enseignement professionnel et
TF.CHNIQLE.
Ecoles manuelles d'apprentissage. — Destination.
— Les écoles manuelles d'apprentissage ont été créées
atin de répondre aux besoins que nous avons indiqués dans
le paragraphe précédent. La loi du 11 déc. 1880 les a
reconnues; elles sont régies en outre par la loi du
30 oct. 1880 et les décrets des 17 mars et 28 mil. 1888.
Elles ressortissent à la fois au ministère de l'instruction
publique et au ministère du commerce et de l'industrie.
On en distingue deux catégories : 1° les écoles manuelles
d'apprentissage fondées par les communes, les départe-
ments ou des particuliers, pour développer chez les jeunes
18 qui se destinent aux professions manuelles la dexté-
rité nécessaire et les connaissances techniqnes. L'école
manuelle d'apprentissage, qui a pour but de développer
l'aptitude professionnelle et de compléter à un point de
vue spécial l'enseignement de l'école primaire élémentaire,
ne peut recevoir que des enfants pourvus du certificat
d'études primaires ou âges d'au moins treize ans ; 2° les
écoles publiques d'enseignement primaire supérieur ou
complémentaire dont le programme comprend des cours ou
des classes d'enseignement professionnel.
Coniutim\> d'admission. — Nul ne peut y entrer avant
douze ans accomplis. Tout candidat, pour se faire inscrire,
doit justifier de la possession du certificat d'études pri-
maires élémentaires; à défaut de ce titre, il subit un
examen d'entrée équivalent, auquel il ne peut se présenter
qu'a l'âge de treize ans révolus el en justifiant de l'accom-
plissement de l'obligation scolaire.
Dans h' cas mi le nombre des candidats est supérieur à
celui dos places disponibles de l'école, il est ouvert entre
eux un concours portant sur les diverses matières du cer-
tificat d'études primaires élémentaires et en outre sur le
travail manuel.
Le programme d'enseignement de ces écoles, arrêté
d'après un plan élaboré par les fondateurs, doit être ap-
prouvé par les ministres de l'instruction publique, du
commerce et de l'industrie. Le personnel enseignant de
chaque école comprend au minimum : l°un professeur ou
un instituteur adjoint chargé de l'enseignement des ma-
tières du programme général; "l" un chef d'atelier ou
un contremaître préposé à l'apprentissage. L'enseignement
scientifique et technologique prévu par le programme spé-
cial de chaque école peut être confié soit au directeur,
soit au personnel enseignant, soit à des professeurs ou
maîtres auxiliaires nommés ou délégués à cet effet. Le
nombre et la rémunération des auxiliaires sont, pour chaque
école, déterminés par décision des deux ministres, après
avis de la commission de surveillance et de perfectionne-
ment, sur la proposition du conseil municipal. Le préfet,
si l'établissement est départemental; le maire, si l'établis-
sement est municipal, fixe, sur la proposition du directeur
et après avis de la commission de surveillance et de per-
fectionnement, le nombre des emplois de contremaîtres,
chefs et sous-chefs d'atelier, ouvriers instructeurs et autres
préposés à l'apprentissage qu'il y a lieu de créer dans
l'école. Le préfet ou le maire détermine, dans les mêmes
conditions, le mode de rétribution de ce personnel. Aucun
internat ne peut y être annexé, sans l'autorisation préa-
lable des deux ministres.
Les écoles manuelles d'apprentissage et les écoles pri-
maires supérieures professionnelles assurent aux élèves :
1" un complément d'instruction primaire; "2° une instruc-
tion professionnelle préparant soit à l'industrie, soit au
commerce, ou comprenant ces deux genres d'enseigne-
ment. Elles sont soumises à l'inspection de l'enseignement
technique, qui a pour mission d'étudier les besoins locaux
au point de vue de la direction à donner à l'enseignement
professionnel, de se rendre compte de la valeur et de l'état
de l'outillage et des améliorations qu'il y aurait lieu d'y
apporter, de surveiller les méthodes, enfin de renseigner
les deux administrations de l'instruction publique et du
commerce, de l'industrie et des colonies sur tout ce qu'il
serait utile de faire pour rendre l'enseignement aussi pra-
tique et aussi profitable que possible. Dans ces écoles, la
durée des études est de trois ans au minimum ; une qua-
trième année peut être jugée nécessaire.
Ecoles nationales mixtes d'enseignement pri-
maire supérieur et d'enseignement professionnel.
— Les écoles nationales mixtes d'enseignement primaire
supérieur et d'enseignement professionnel, prévues par la
loi du 11 déc. 1880, organisées par les décrets des
9 juil. 1880, :20 mars et 26 juil. 1882, 17 mars 1888,
ressortissent a la fois au ministère de l'instruction publique
et au ministère du commerce, de l'industrie et des colo-
nies. Elles répondent au besoin de créer, dans les centres
industriels, des écoles professionnelles spéciales pour chaque
branche d'industrie, pouvant remplacer ce qu'était pour les
jeunes gens l'apprentissage d'autrefois. Des écoles de ce
genre ont été instituées a Yierzon (Cher), à Arnientiéres
(Nord) el à Voiron (Isère).
Ces écoles sont créées par décrets, rendus sur la propo-
sition des deux ministres, qui règlent pour chaque école la
composition du conseil d'administration; les membres de
ce conseil sont nommés par arrêté du ministre de l'instruc-
tion publique sur l'avis conforme du ministre du com-
1 merce, de l'industrie et des colonies. La nomination du
ÉCOLE
- 469 -
directeur el du personnel enseignant de tout ordre y est
faite par arrêtés pris d'accord entre les deux mini
Ecoles de cuisine. — Une école professionnelle de
cuisine a été créée il Paris par la Société des cuisiniers
français; elle a reçu une subvention de l'Etal et B'eet ouverte
le -jn mais ls:M. Elle s'occupe de ce gui concerne la cui-
sine, la pâtisserie, la confiserie, les liqueurs, l'office, la
som Ilerie, la charcuterie, les conserves alimentaires.
Elle est administrée par la Société des cuisiniers français.
L'enseignement comprend deux parties: enseignement pour
les dames el les jeunes filles; enseignement professionnel
pour les élèves nommes. L'enseignement public comporte
lies cours gratuits d'économie domestique et de cuisine
ménagère et des cours payant (I IV. par leçon) d'enseigne-
ment élémentaire et de cuisine bourgeoise. L'enseignement
professionnel est réservé aux élèves et apprentis de toutes
les professions de Pari culinaire. On décerne à la fin de
chaque année scolaire des médailles aux plus méritants.
Voici la nomenclature complète des cours et conférences :
hygiène alimentaire, chimie alimentaire, histoire générale
des sciences alimentaires, botanique alimentaire, dessin et
modelage, droit usuel et professionnel, comptabilité pro-
fessionnelle, installations culinaires, gastronomie contem-
poraine. L'enseignement professionnel porte sur les matières
suivantes, chacune étudiée par un professeur ou prépara-
teur : fond de cuisine; entremets; rôtisserie; entremets
froids ; décoration, moulage et modelage ; décoration artis-
tique; rédaction des menus; pastillage; cuisine anglaise et
cosmopolite; fond de pâtisserie ; historique des spécialités ;
inspection des décors et travaux en sucre; glaces ; charcu-
terie; conserves; office; sommellerie.
Etranger. — En Angleterre et aux Etats-Unis on a
fondé dans plusieurs villes des écoles de cuisine, où des
ménagères et des jeunes filles reçoivent un enseignement
professionnel, théorique et pratique. La première d'Angle-
terre fut celle de South Kensington (en 187H) : National
Training School for Cookery, sorte d'école normale où
se recrute le personnel enseignant des écoles de cuisine de
Londres et des autres villes anglaises. Le cours dure cinq
mois; l'élève apprend successivement: théorie, lavage de
la vaisselle; leçons pratiques de cuisine ouvrière; leçons
pratiques de cuisine bourgeoise; chacun de ces enseigne-
ments est suivi de quinze jours d'exercices pratiques. Le
dernier mois, l'élève doit s'exercer à l'enseignement privé
et public. L'école de South Kensington délivre des diplômes
de professeur d'art culinaire et des certificats d'études. Des
classes de cuisine ont été annexées aux écoles publiques de
filles de Londres, et 21 écoles de cuisine y ont été ouvertes
en une dizaine d'années. Les grandes villes d'Angleterre
ont, à partir de 1875, suivi l'exemple de Londres. — Aux
Etats-Unis, une école de cuisine fut ouverte à New-York
par miss Corson en 1874; elle comprit trois cours pour
enfants, pour dames, pour cuisinières. Plusieurs autres
villes, Boston, Washington, etc., possèdent des écoles de
cuisine.
Ecoles d'horlogerie. — Destination. — Les écoles
nationales d'horlogerie sont au nombre de deux : celle de
Cluses et celle de Besançon. Il existe déplus une école pro-
fessionnelle d'horlogerie à Paris, une école municipale à
Anet (Eure-et-Loir), etc. Mieux que toute industrie, en
raison de son caractère scientifique, l'horlogerie comporte
la préparation dans une école spéciale d'ouvriers et de chefs
d'atelier. Nous ne parlerons ici que des deux écoles natio-
nales, nous bornant à donner quelques renseignements sur
l'Ecole de Paris.
Les écoles nationales d'horlogerie ont pour objet : l°de
former des ouvriers instruite el habiles, capables d'exécuter
en tout ou en partie les appareils destinés à la mesure du
temps ou tous autres mécanismes de précision appropries
aux usages des sciences et des arts; i° de donner l'ins-
truction nécessaire aux jeunes gens qui se destinent a de-
venir, dans ces genres d'industrie, fabricants ou chefs
d'ateliers.
UUTORIQUX. — L'Ecole de Closes fut fondée en |K',x
parle gouvernement sarde, cédée par loi as pniinpiiiiian
français, qui l'institua i nouveau par la décret du 30 mv.
IHH.;. Eue a été reconstruite el ses nouveaux hàtaMots
furent inaugurés en sept. 1886. l.lle est régie par le à
du 8 févr. ih!ii). L'Ecole de Besançon fol fondée par la
municipalité de celte ville qui est le grand centre de la
fabrication des montres en France. La concurrence de 11
de Cluses nuisit a son développement et par contre-coup a
l'industrie locale dont les plaintes étaient d'autant [dus
rives qu'elles invoquaient le voisinage de Cluses et de Ge-
nève, rivale étrangère de Besançon. Il fallut dix année»
d'efforts aux Bisontins pour obtenir le décret du ±1 juil.
1891 érigeant leur école en école nationale.
Conditions d'admissioh. — Il n'est reçu à l'Ecole que des
élevés âges de plusde quatorze ans ; la rentrée des cil
ayant lieu chaque année au début de novembre, les candi-
dais doivent justifier qu'ils auront au moins quatorze ans
le l'r dudit mois. L'admission est prononcée par le
ministre. Les demandes d'admission doivent être adl
sées par écrit au préfet du département dans lequel
réside la famille du candidat, du l'r août au vJ0 sept.
Ces demandes doivent être accompagnées des pièces sui-
vants : 1° l'acte de naissance du candidat ; i" un certifiât
de vaccine et de bonne constitution d'un docteur assermenté;
3° un certificat de bonnes vie et mœurs délivre par l'autorité
locale attestant, de plus, que le candidat jouit de la qualité
de Français; 4° le certificat d'études primaires ou, à dé-
faut, un certificat délivré par un fonctionnaire de l'ensei-
gnement public justifiant que le candidat possède les con-
naissances suivantes : la lecture, une écriture lisible et
courante, une orthographe à peu près correcte, l'arithmé-
tique comprenant les quatre premières règles, les fractions,
le système décimal, le système métrique, les règles de trois
simple et composée; 5° l'engagement par écrit pris par les
parents d'acquitter, aux époques fixées, la totalité ou la
fraction des frais d'entretien laissés à leur charge. Tout
élève qui ne serait pas présent à l'ouverture des cours serait
considéré comme démissionnaire.
Un certain nombre de places est réservé, chaque année,
pour les ouvriers horlogers qui voudraient se perfectionner
dans une ou plusieurs parties de la fabrication de la montre.
Ces ouvriers sont reçus par le directeur qui doit préalable-
ment s'assurer de leur moralité. La durée de leur séjour
dans les ateliers de l'Ecole est de six mois.
Régime intérieur. — Le régime de l'Ecole de Cluses est
l'externat. Les élèves sont placés par leurs parents chez
des correspondants domiciliés dans la com. de Cluses et
agréés par l'administration de l'Ecole. Toutefois, l'admi-
nistration peut, sur la demande des familles, se dm
de placer les jeunes gens. Dans ce cas. les parents doivent
verser, par trimestre et d'avance, une pension annuelle de
(iOO fr. environ.
L'Ecole de Besançon possède un pensionnat installé dans
les bâtiments du lycée. Des bourses ou fractions de bourse
d'entretien peuvent être accordées sur les fonds de l'Etat
aux élèves dont les familles ont fait constater préalablement
l'insuffisance de leurs ressources. Ces bourses, données
pour une année scolaire, sont renouvelables. Un nombre
plus considérable de bourses sont données par les dépar-
tements ou les communes; en 1889, il y avait à l'Ecole de
Cluses i"2 bourses départementales ou communales pour
une somme de 12,396 fr. el -l bourses de l'Etat pour une
somme de 3,000 fr. En outre, le ministre du commerce
décerne à un grand nombre d'élèves des médailles d'ar-
gent, des livres et outils a l'usage de leur profession. —
Au point de vue du service militaire, les horlogers et ou-
vriers horlogers sont admis à concourir pour la dispense de
deux ans de service actif, au titre des industries d'art. lors
de la formation de la classe a laquelle ils appartiennent.
— L'Ecole de Cluses avait, en 1889, 130 élèves: celle de
Besançon en comptait beaucoup moins, niais son érection
en école nationale lui vaudra une prospérité certaine. Les
463 -
ÉCOLE
élèves sont soumis à la surveillance de l'administration non
seulement dans l'intérieur de l'établissement, mais au dehors
et chez les correspondants.
La durée dos études est de trois ans. L'enseignement est
gratuit. Cel enseignement esl a la fois théorique et pratique.
L'enseignement pratique comprend les méthodes et les opé-
rations propres a donner aux élèves l'habileté de main
nécessaire dans une ou plusieurs des spécialités de la fabri-
cation de la montre. L enseignement théorique comprend
les éléments de l'arithmétique, de la géométrie et do la
mécanique. Les élèves sont, en outre, exercés au dessin des
pièces détachées de la montre et des outils d'horlogerie.
L'enseignement est dirigé de telle sorte une, dès sa
sortie île l'Ecole, chaque élève puisse se livrer dans l'in-
dustrie a l'une des spécialités de la fabrication de la montre
avec une suffisante habileté. Les élèves sont répartis par
le directeur dans les différents ateliers. — Des examens
généraux ont lieu à la fin de chaque année, en présence du
directeur et d'un ou de plusieurs membres du conseil d'ad-
ministration. A la suite de ces examens, il est t'ait un clas-
sement des élèves de chaque division. Les éléments de ce
classement sont : 1° la conduite de l'élève pendant les
leçons et pendant les exercices pratiques; 2° le mérite des
travaux exécutes par lui pendant l'année; 3° les notes de
L'examen général. — A la suite des examens de lin d'année,
on autorise les élèves a passer dans la division supérieure ou
on les oblige à redoubler. Le dernier est l'examen de sortie.
SoiiTit:. — Au ternie des études, il est délivré par le
directeur, après avis du conseil d'administration, des cer-
tificats d'études à ceux des élèves de seconde année qui en
sont jugés dignes. Ces certificats indiquent le degré d'ha-
leté de l'élève comme ouvrier horloger, avec mention delà
spécialité à laquelle il s'est plus particulièrement adonné
pendant son séjour a l'Leole. Non seulement ce certificat
I i es apprécié dans les grandes maisons d'horlogerie de
Paris, de Besançon et même de Genève, mais un certain
nombre d'élèves sont admis parmi les ouvriers mécaniciens
eiuplovés à la construction des appareils télégraphiques de
l'Etat. A.-ll. B.
Ecole professionnelle d'horlogerie de Paris. —
L'Ecole de Paris a été fondée en 1880 par la chambre
syndicale de l'horlogerie, inaugurée le 6 mars 1881, re-
connue d'utilité publique en 1880, transférée depuis rue
Manin. Elle compte ÎÔO élèves externes ou internes. La
durée des études est de quatre ans. Elle possède trois ate-
liers par lesquels les élevés passent avant de se spécialiser :
le premier est consacré à la fabrication des grosses pièces
de pendules; le second à la fabrication et au montage
complet de la pendule ; la troisième a la fabrication et au
montage complet des montres et chronomètres. Le soir ont
lieu des cours théoriques. Une collection de modèles et une
bibliothèque sont annexées à l'Ecole.
Ecole nationale professionnelle de Nevers spé-
ciale à la grosse chaudronnerie et aux grandes
constructions en fer. — Cette école, dont le titre indique
suffisamment la destination, prépare comme les écolesd'arts
et métiers des chefs d'atelier et des contremaîtres. Mais elle
a un objectif beaucoup plus spécial que ces écoles, visant
l'inent les constructions en fer (ponts, viaducs, halles, etc.)
et la grosse chaudronnerie. Elle a été fondée par la loi du
1U mars 1881, afin d'indemniser la ville de Nevers de la
suppression de l'ancienne fonderie descanons de la marine.
Les bâtiments de celle-ci lui ont été affectés.
Son régime intérieur est analogue à celui des écoles
d'arts et métiers. Le cours d'études est de trois années.
Les élèves sont internes, mais on admet aussi des externes.
Le prix de la pension est île 600 fr. par an. L'Ltat entre-
tient des bourses et des demi-bourses.
Ecoles municipales professionnelles de Paris.—
Ii ville de- Paris a organisé > partir de 187-2 plusieurs
îles destinées a suppléera la décadence de Papprentis-
gnement d-clinique donné dans ces écoles
devrait former des ouvriers d'élite pour les divers métiers.
Le succès a été inégal; l'Ecole Diderot a bien réussi,
l'Leole Lstieune (industrie du livre) a d'abord échoué.
Nous passerons eu revue les principales créations de la
municipalité parisienne, en donnant sur chacune de ces
écoles des renseignements aussi complets et pratiques que
possible. L'enseignement de ces écoles est destiné aux
jeunes Parisiens. Mais les enfants dont les familles sont
domiciliées dans les communes de la banlieue, peuvent être
admis dans les écoles professionnelles de Paris, en raison
du rang pour eux obtenu au concours, à la condition, tou-
tefois, que les communes suburbaines, auxquelles appartien-
dront les enfants admis, s'engagent à rembourser, pour
chaque enfant, une somme annuelle de 200 fr.
Li ou Diderot. — Destination. L'Ecole Diderot (60, bou-
levard de la Villette), fondée le tijanv. 1873, est destinée
à former des ouvriers d'élite ; elle reçoit des apprentis
pour le travail des métaux et du bois. Elle combine un
enseignement général et un enseignement professionnel.
Conditions (l'admission. Aucun élève n'est admis
avant l'âge de treize ans révolus ni après seize ans. Les
candidats sont reçus après un examen qui a lieu à l'Ecole.
L'examen comporte : 1° une dictée; 2° un problème
d'arithmétique sur les règles de trois ; 3° un problème sur
les fractions ou les rapports ; 4" un calcul de surface ou
de volume avec application du système métrique; 5° un
croquis à main levée et coté. — Les examens d'admission
ont lieu, tous les ans, à la fin du mois de juillet. La date
exacte est indiquée par voie d'alliches. Les inscriptions des
candidats sont reçues au siège de l'Ecole, du 1er mai au
jour de l'examen, tous les jours, sans exception, de huit
heures du matin à quatre heures du soir. Les pièces à
produire pour l'inscription sont les suivantes : 1° le certi-
ficat de revaccination ; 2" une pièce officielle établissant
que le père du candidat a satisfait à la loi sur le recru-
tement; 3° le certificat d'études primaires du candidat, s'il
le possède ; 4° l'extrait de naissance du candidat.
Régime intérieur. Les élèves sont externes. Leur
nombre est d'environ 300. L'enseignement est gratuit ; les
élèves sont fournis gratuitement de tous les moyens d'études
et de travail. L'entrée a lieu à sept heures trois quarts du
matin, pour les élèves de première et de deuxième année,
et à six heures trois quarts pour ceux de troisième année.
La sortie se fait à six heures du soir pour tous les élèves.
Les élèves ne sortent sous aucun prétexte dans la journée.
Ils peuvent prendre le repas de midi et le goûter à la
cantine de l'Ecole, au prix de 50 centimes par jour de
présence, en apportant leur boisson. Des bourses de
déjeuner sont accordées en grand nombre aux élèves de
deuxième et troisième année. L'élève qui manque aux cours
du matin n'est point admis aux exercices de l'après-midi.
Toute absence doit être autorisée par le directeur. Les
absences non autorisées et non justifiées motiveront une
punition ; si elles se renouvellent trop fréquemment, l'ad-
ministration, sur la proposition du directeur, prononcera
le renvoi de l'élève. Les absences trop fréquentes, même
justifiées, peuvent entraîner le redoublement d'une année
de présence à l'Ecole.
Enseignement. L'Ecole comprend huit sortes de mé-
tiers : forge; tours sur métaux ; ajustage; serrurerie;
mécanique de précision; modelage; menuiserie; tours sur
bois. L'enseignement général porte sur la langue française,
les mathématiques, la chimie, la physique, la technologie,
la mécanique, l'histoire, la géographie, le dessin d'orne-
ment, le dessin industriel, la comptabilité.
La durée de l'apprentissage est de trois ans. Pendant la
première année, les élèves passent successivement des
ateliers du bois à ceux du fer, afin de rechercher prati-
quement leur aptitude. Pendant les deux dernières années,
ils ne quittent plus la profession qu'ils ont choisie, d'accord
avec leurs parents, dans le courant de leur première année,
et qui leur est attribuée au concours, s'il y a lieu, suivant
le nombre de places disponibles. La journée comprend
cinq heures et demie d'atelier pour les deux premières
ECO] i.
- ■;<;.; —
années, huit heures pour la troisième; trois heures de
classe pour les demi premières années, une heure et demie
pour la troisième. Les deux genres d'exercices sont séparés
par des repos consacrés aui repas et aux récréations. Les
exercices militaires oui lieu tous les jeudis pendant deux
heures et demie.
Sortie. Le certificat délivré a la suite d'un examen
technique, manuel et théorique, en lin de troisième année,
tient lieu de livret d'ouvrier. La préfecture de police,
sur la présentai ion de ce certificat, délivre aux
élèves qui le demandent le livret d'ouvrier. A leur
sortie, les anciens élèves trouvent facilement à s'employer
dans les ateliers ou ils entrent en qualité d'ouvriers.
Sur l'annuaire de la Société amicale des anciens élèves,
nous relevons les chiffres suivants : la première promo-
tion (de 4875) ne compte que 21 anciens élèves; celle de
4880 en compte 34; celle de 4885, ~t\ ■; celle de 4894 en
compte 402. L'Ecole a formé une quinzaine d'industriels,
une trentaine de contremaîtres, une vingtaine de for-
gerons, plus de 300 ajusteurs, près de 80 modeleurs, plus
de 50 menuisiers, de 70 serruriers, de 40 précisionnistes,
de 50 tourneurs, etc.
Ecole Germain-Pilon. — Destination. L'Ecole muni-
cipale de dessin pratique Germain-Pilon (40, rue Sainte-Eli-
sabeth), fondée en 1883, offre aux ouvriers des principales
branches de l'industrie artistique l'enseignement qui leur
est nécessaire.
Conditions d'admission. Les élèves sont admis après
un examen qui a pour but de constater s'ils ont une
aptitude suffisante. L'examen comporte une épreuve écrite
(dictée, problèmes d'arithmétique et de géométrie pratique),
une épreuve orale et une épreuve graphique (dessin géo-
métrique et en perspective d'un objet de forme simple).
Les examens ont lieu le premier dimanche de chaque mois.
Les candidats doivent avoir quinze ans pour les cours du
soir, quatorze ans pour ceux du jour; nulle limite d'âge
supérieure. Il faut être Français, produire un acte de nais-
sance, un certificat de vaccine, le certificat d'études
primaires.
Régime intérieur. Les élèves sont externes. L'ensei-
gnement est gratuit. En outre, pour faciliter la fréquen-
tation de l'Ecole, des primes journalières de 4 à 2 fr. peu-
vent être accordées à partir de la deuxième année. Le
nombre des élèves varie de (iO à 80. La durée des études
est de trois années. Les matières de l'enseignement théo-
' rique sont les suivantes : géométrie ; perspective ; ana-
tomie ; architecture; histoire de l'art ; analyse des styles.
Les matières de l'enseignement technique sont les sui-
vantes : dessin d'après les plâtres et d'après nature;
modelage ; aquarelle ; ameublement ; composition déco-
rative. Les cours durent de huit heures à onze heures du
matin, de une heure à quatre heures de l'après-midi. Tous
les soirs, de huit heures à dix heures, les mêmes profes-
seurs font les mêmes cours à des élèves déjà placés.
430 élèves environ suivent ces cours sans être astreints
à la même régularité que les élèves des cours du jour.
Sortie. A l'expiration de leurs études, les élèves
entrent comme ouvriers dans l'une des spécialités sui-
vantes : décorateurs de théâtre ; tapissiers-décorateurs ;
bronzes d'art ; serrurerie d'art; broderies; orfèvrerie, cise-
leurs ; graveurs.
Ecole Bernard-Palissy. — Destination. L'Ecole mu-
nicipale Bernard-Palissy (19, rue des Petits-Hôtels) vise
l'application des beaux-arts à l'industrie. Elle a été fondée
en oct. 4883.
Conditions d'admission. Les mêmes que pour l'Ecole
précédente. L'examen d'admission a lieu deux fois par an,
le dernier dimanche de septembre et le premier de février.
On fait dessiner aux candidats un objet en relief, à vue et
géométralement.
Régime intérieur. Le même que pour l'Ecole précé-
dente. Le nombre des élèves est de 00; aux cours du soir
il vient 70 auditeurs. La durée des études est de trois
ans et plus, s'il y a lieu. Les matières théoriques sont les
suivantes : dessin k vue, dessin linéaire, modelage,
pective, anatomie comparée, histoire [de l'art et compo-
sition. Celle de renseignement technique sont : la céra-
mique, la sculpture sur bois, pierre et marbre, le A
sur étoffe, la peinture décorative. Des ateliers annexi
l'Ecole permettent de pratiquer chacun de ces métiers.
Sortie. A l'expiration des trois ou quatre années d'études,
quelquefois avant pour cause de nécessité matérielle, les
élèves quittent l'Ecole. On étudie un projet de certificat
d'études a leur délivrer. Ils se placent comme ouvriers
dans les différents arts industriels qu'ils ont appris a
l'Ecole.
Ecole Boulle. — Destination. L'Ecole Boulle,
municipale professionnelle d'ameublement (25, rue de
Neuilly), a pour but de former des ouvriers habiles et mé-
ritants pour les industries du meuble, si importantes au
faubourg Saint-Antoine. Ouverte en 1886, elle se verra
bientôt adjoindre un nouveau local ou l'on formera des ap-
prentis pour les industries du métal (bronze d'art, orfèvrerie)
et pour la gravure.
Conditions d'admission. Il faut être Français, domi-
cilié à Paris ou dans le dép. de la Seine, avoir douze ans
et demi et le certificat d'études, celui de revaccination,
être reconnu de bonne constitution par le médecin de
l'Ecole Boulle. Il faut, en outre, subir un concours, le
nombre de places disponibles étant toujours inférieur à
celui des demandes d'admission.
Régime intérieur. Tous les élèves sont soumis au
même régime, qui peut être assimilé à celui des demi-pen-
sionnaires dans un lycée. Ils entrent à sept heures et demie
du matin (sept heures quarante-cinq en hiver) et partent
à six heures quinze du soir. Leur nombre est d'environ 200.
II sera de 380 après l'adjonction des industries du métal
et de la gravure. L'enseignement est gratuit; les élèves
sont pourvus gratuitement de toutes les fournitures. Tous
les élèves de Paris ont des bourses de déjeuner. Ceux de
la banlieue portent leur manger ou payent le prix moyen
auquel revient chaque jour la nourriture de l'élève.
La durée des études est de quatre années. Les matières
de l'enseignement théorique sont les suivantes : français,
histoire, géographie, comptabilité, archéologie, histoire de
l'art; aquarelle pour les tapissiers; anatomie élémentaire
pour les sculpteurs. Les matières de l'enseignement tech-
nique, pour chacune desquelles existent des ateliers, sont
les suivantes : ébénisterie ou menuiserie et sièges ou sculp-
ture ou tapisserie ou tournage. — Les ébénistes apprennent
un peu de marqueterie. Tous les élèves suivent les cours
de modelage, de dessin industriel et de dessin à vue.
Sortie. Les élèves subissent un examen à la fin de leur
apprentissage. Ceux qui subissent cet examen avec succès
reçoivent un diplôme de fin d'apprentissage; les autres
reçoivent un simple certificat constatant que l'enfant a fait
son apprentissage. — Les élèves sortis sont tous placés dans
l'industrie où ils peuvent gagner de 3 à 7 fr. par jour,
un an après leur sortie de l'Ecole.
Ecole Estie.nne. — Destination. L'Ecole Estienne,
école municipale des arts et industries du livre, a pour
objet, comme les précédentes, la formation d'ouvriers
habiles. Elle a été fondée en 4889, provisoirement installée
rue Vauquelin dans l'ancien collège Bollin et prendra pos-
session en 4892-93 des bâtiments construits pour elle rue
de Gentilly et boulevard d'Italie. Les débuts ont été mau-
vais, mais on espère beaucoup de la réorganisation.
Conditions d'admission. L'admission a lieu par voie
de concours annuel. Les candidats doivent remplir les con-
ditions suivantes : être Français et domicilies à Paris ou
dans le dep. de la Seine, avoir au moins douze ans accom-
plis et n'avoir pas plus de quinze ans à la date du concours :
être pourvu du certificat d'études primaires. Les pièces à
produire sont : le bulletin de naissance, un certificat
d'études primaires, un certificat de vaccine et le livret des
notes scolaires. Le concours d'admission comprend trois
— 4C>5 —
ÉCOLE
éprouves : une dictée ; deux problèmes d'arithmétique (ap-
plications simples des quatre opérations sur les nombres
entiers, les nombres décimaux, les fractions et le système
métrique); un dessin d'après la bosse.
Régime intérieur. Le régime est le même qu'à l'Ecole
Boulle, sauf que les élèves entrent à huit heures du matin,
sortent à six heures du soir. La durée des études est de
quatre années, L'enseignement théorique porte sur les
matières suivantes : langue française, histoire, géographie,
arithmétique, histoire naturelle, chimie, physique et méca-
nique, dessin, modelage, etc. L'enseignement technique
porte sur les matières suivantes : fonderie de caractères,
typographie, reliure, brochage, dorure, gravure sur bois,
sur cuivre et sur pierre, photographie. 11 est donné dans les
ateliers de l'Ecole; ceux-ci sont repartis en cinq groupes :
école de typographie, école de lithographie, école de gravure,
école de reliure et papeterie, école de photographie. L'en-
seignement est confié à des professeurs ouvriers choisis au
concours, ayant eu comme juges leurs pairs et une com-
mission du conseil municipal. Durant la première année,
les élèves doivent passer successivement par tous les ate-
liers. Ils sont ensuite répartis entre les spécialités, selon
les aptitudes dont ils ont fait preuve. Cette répartition est
faite par le conseil de l'Ecole.
Sortie. Au terme de leurs études, les élèves reçoivent
un certificat d'apprentissage qui doit leur permettre d'en-
trer comme ouvriers dans l'un des établissements indus-
triels du livre. A. -M. B.
Ecoles commerciales. — Destination. — Les écoles
commerciales ont pour objet de donner aux jeunes gens un
enseignement spécial les préparant aux diverses carrières
commerciales et administratives. Elles ressemblent donc
fort aux écoles professionnelles et primaires supérieures,
avec lesquelles elles font presque douple emploi. J.a prin-
cipale est celle qui a été créée a Paris en 1803 et se trouve
avenue Trudaine, n° 23. Nous en indiquons l'organisation.
i imitions d'admission. — Il suffit de savoir lire, écrire
et compter. Des cours préparatoires divisés en plusieurs
sections, suivant l'âge et la force des élèves, permettent de
recevoir les enfants trop jeunes ou trop peu avancés pour
suivre avec fruit les cours normaux. Cette division, qui
comprend les entants de sept à douze ans, est entièrement
séparée du reste de l'Ecole; elle a son entrée particulière
(rue P>orhard-de-Saron) . Les élèves de la division élémen-
taire peuvent, sur la demande des familles, être admis à
faire leurs devoirs à l'Ecole, dans une étude surveillée,
qui dure jusqu'à six heures du soir, moyennant une rétri-
bution mensuelle de .'> fr.
Régue intérieur. — L'Ecole commerciale ne reçoit que
des élèves externes. Tout élève doit présenter à son entrée :
1° son acte de naissance; 2° un certificat de vaccine;
3n un certificat de bonne conduite, s'il a déjà été dans un
autre établissement.
La rétribution annuelle est de 220 fr. payables par
dixièmes, d'avance. Dans ce prix sont comprises les four-
nitures mensuelles de papeterie accordées par l'Ecole. Le
payement des livres de classe et du livret de quinzaine est
à la charge des élèves et doit être effectué au comptant.
Les élèves viennent à l'Ecole à huit heures du matin et la
quittent le soir à cinq heures moins un quart. Ils sont
tenus de déjeuner à l'Ecole, à moins d'être autorisés spé-
cialement à déjeuner dans leur famille.
L'enseignement de l'Ecole commerciale comprend quatre
années d'études. Use répartit entre les matières suivantes :
langue française, mathématiques, comptabilité, littérature,
histoire, géographie, droit usuel et commercial, économie
politique, calligraphie, dessin. Il est complété par des con-
férences littéraires et des conférences scientifiques. Toutes
les facultés enseignées dans les diverses années sont obli-
gatoires pour tous les élèves. A la fin de chaque année
scolaire, des examens ont lieu en présence des membres
de la chambre de commerce délégués à cet effet par le pré-
sident de la chambre.
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
Sortie. — La chambre de commerce délivre, à la suite des
examens de fin d'année, des diplômes et des certificats aux
élèves qui, après avoir achevé leur quatrième année, ont
fait preuve de connaissances réelles sur l'ensemble des
matières enseignées à l'Ecole.
Ecoles supérieures de commerce. —Généralités.
— Les écoles supérieures de commerce sont destinées à
former des négociants, des armateurs, des banquiers, des
administrateurs, des directeurs et des employés d'établis-
sements industriels et commerciaux. Elles dépendent du
ministère du commerce et ont été organisées par l'Etat
avec le concours des chambres de commerce de nos prin-
cipales villes. Il en existe à Paris, à Bordeaux, au Havre,
à Lyon et à Marseille. Elles sont régies par le décret du
22 juil. 1890. Nous exposerons d'abord l'organisation de
celle do Paris; nous parlerons ensuite des autres, en indi-
quant ce qui est particulier à chacune d'elles.
ECOLE SUPÉRIEURE DE COMMERCE DE PARIS.
— L'Ecole de Paris, établie rue Amelot, D° 102, est placée
sous le patronage de la chambre de commerce de Paris et
sous la surveillance d'un conseil de perfectionnemenl pré-
sidé par le ministre du commerce et de l'industrie. Exclu-
sivement consacrée aux études commerciales supérieures,
son enseignement convient spécialement aux jeunes gens
qui veulent suivre la carrière du commerce, de l'adminis-
tration, des finances, etc.
Conditions d'admission. — L'admission a lieu au con-
cours. On admet aux mémos conditions les candidats fran-
çais et étrangers. Pour être admis au concours, les candi-
dats doivent être âgés de seize ans au moins, au 1er janv.
de l'année du concours. La demande d'admission doit par-
venir au directeur de l'Ecole, au plus tard, quinze jours
avant l'ouverture du concours, accompagnée des pièces
ci-après : 1° acte de naissance; 2° certificat de bonnes vie
et mœurs ; 3° certificat du médecin constatant que le can-
didat a eu la petite vérole ou qu'il a été vacciné avec succès ;
4° titres universitaires, s'il y a lieu. — Le nombre des
places mises au concours est fixé chaque année par le
ministre. En 1891, ce nombre a été de 40, et le concours
s'ouvrit le mardi 6 oct. Les épreuves du concours com-
prennent, pour l'écrit, trois compositions : 1° mathéma-
tiques, questions d'arithmétique et d'algèbre ; 2° langue
française, rédaction, orthographe, écriture ; 3° langue
vivante (anglais, allemand ou espagnol), thème, version.
Pour l'oral : arithmétique, algèbre, géométrie, physique,
chimie, géographie, histoire, langue vivante. Les candi-
dats pourvus de l'un des diplômes de baccalauréat (ensei-
gnement secondaire spécial, es lettres, es sciences, ensei-
gnement secondaire classique), bénéficient de 60 points. De
même, les candidats étrangers pourvus d'un diplôme reconnu
équivalent.
Bourses. Des boursiers sont entretenus par l'Etat, les
départements, les communes et les chambres de commerce.
L'Etat donne douze bourses, six par an. Elles sont données
d'après le rang de classement au concours à des candidats
français qui ont joint à leur demande un certificat délivré
par le maire de la commune où résident leurs parents,
constatant la situation de fortune de ces derniers ; un
extrait du rôle des contributions dues par les parents du
candidat.
Régime intérieur. — Cette Ecole reçoit des élèves
internes et des élèves demi-pensionnaires déjeunant à
l'Ecole, âgés de quinze ans révolus. Le prix de la pension est
de 2,000 fr. par an. Chaque élève interne paye, en outre,
un droit d'entrée de 30 fr. pour l'amortissement du maté-
riel pendant la durée de son séjour à l'Ecole. Le trousseau
est à la volonté des parents. Le prix de la demi-pension, y
compris le déjeuner, est fixé à 1,000 fr. par an. Chaque
élève demi-pensionnaire doit payer, en outre, un droit
d'entrée de 15 fr. pour l'amortissement du matériel.
Le cours des études estde deux ans. L'enseignement est
arrêté par le ministre après avis du directeur de l'Ecole
et de la commistion permanente du conseil de l'enseignc-
30
ÉCOLE
— MO —
ment technique. Il comprend : Il littérature frai
l'arithmétique, l'algèbre, les opérations commerciales ci de
banque, la comptabilité commerciale, théorique et pratique,
l'histoire, la géographie, les langues étrangères, la chimie,
la physique, le dessin, la sténographie, la chimie appliquée
a l étude des marchandiNi et a la recherche des matières
falsifiées, la oomplabihté pratique ilu eommeree, de l'in-
dustrie) de la banque; arbitrages et changes, méoanique
appliquée aux besoins du commerce, «le l'industrie, au ma-
tériel des porls, des chemins de fer et des docks, la
technologie des principales industries) le droit commercial
et maritime, l'histoire littéraire, les langues étrangères,
l'économie politique, etc.
Sefvice militaire. Au point de vue militaire, les élèves
compris dans les quatre premiers cinquièmes de la liste par
ordre de mérite des élèves français qui ont obtenu pour
tout le cours de leur scolarité 68 % au moins du toUd
des points que l'on peut obtenir par le règlement de l'Ecole,
sont admis, sur leur demande, au bénélice de la dispense
après une année de service (art. 23 de la loi du 45 juil.
■1889). Il est fait mention sur le diplôme du rang de clas-
sement et du nombre des élèves français.
Quant aux élèves qui contractent un engagement volon-
taire de trois, quatre ou cinq ans, et qui désirent être
renvoyés dans leurs foyers après une année de service, ils
doivent en faire la demande par écrit, avec pièces justifi-
catives à l'appui, au moment de la signature de l'acte
d'engagement qui en fera mention.
Les élèves dispensés par les conseils de revision, en vue
de poursuivre leurs études, sont tenus de justifier annuel-
lement, du 15 sept, au 45 oct., au commandant de recru-
tement, qu'ils continuent à être en cours régulier d'études,
par la production d'un certificat délivré par le directeur de
l'Ecole et visé par le ministre du commerce. Si, à l'âge
de vingt-six ans, ils n'ont pas obtenu un diplôme de sortie
dans les conditions indiquées plus haut, ils sont tenus
d'accomplir les deux années de service dont ils avaient été
dispensés. Ils suivent ensuite le sort de leur classe.
Sortie. — A la fin de la seconde année a lieu un exa-
men de sortie devant le conseil de perfectionnement de
l'Ecole. Les élèves qui ont obtenu au moins 65 °/0 du
total des points que l'on peut obtenir pendant tout le cours
de la scolarité, reçoivent un diplôme de capacité signé
du ministre. Les élèves qui ont obtenu au moins 50 °/0
du total des points que l'on peut obtenir pendant tout le
cours de la scolarité, et au moins 60 °/0 du total des
points attribués aux épreuves de l'examen de sortie,
reçoivent un certificat d'études. Des diplômes supérieurs
ou des certificats d'études sont distribués aux élèves étran-
gers dans les mêmes conditions.
Débouchés. L'Ecole ne peut prendre aucun engagement,
quant à l'avenir des élèves qui désirent trouver une position
à la lin de leurs études; mais elle regarde comme un
devoir de continuer toujours et partout son patronage à
ceux qui s'en montrent dignes, et de seconder leurs efforts
par tous les moyens en sa puissance. Ses relations étendues
et le concours cordial de l'Union amicale des anciens élèves
lui rendent presque toujours l'accomplissement de ce devoir
très facile.
ECOLE SUPÉRIEURE DE COMMERCE DE BOR-
DEAUX. — Les conditions d'admission, le régime inté-
rieur, les avantages pour le service militaire sont les
mêmes qu'a Paris. En 1801, il a été admis 50 élèves, dont
3 boursiers de l'Etat. La chambre de commerce de Dor-
deaux accorde aux deux élèves sortis les premiers deux
bourses de voyage, l'une de 3,500 pour les voyages hors
d'Europe, l'autre de 2,500 fr. pour les voyages en Europe.
ECOLE SUPÉRIEURE DE COMMERCE DU HA VRE.
• — Cette école, appelée aussi Ecole des hautes études com-
merciales, vise spécialement la formation d'armateurs et
d'hommes capables de développer nos relations commer-
ciales extérieures. Les conditions d'admission sont les
mêmes qu'à Paris. En 1801, on admit 80 élèves, dont
I boursier. L'Ecole est un externat. b:s frais d'études
sont de 600 fr. par an.
Les études (deux années) sont csssntiellemefll tanner-
cûtii . elh i c imprennent, en outre, la géographie, l'his-
hrire, la législation commerciale, l'économie politique,
armements maritimes et la connaissance de la langue an-
glaise (obligatoire) et, au choix, l'espagnole ou l'alle-
mande. Pour le diplôme, le certificat, le service militaire,
V. ce qui a été du de l'Ecole supérieure de commerce de
Paris.
ÉCOLE SUPÉRIEURE DB COMMERCE DËLYON.-
II rnjATioN. — L'Ecole supérieure de commerce de Lyon
a été instituée dans le but de former un personnel Capable
de diriger des maisons de banque, de commerce ou d'in-
dustries diverses, notamment celles des soieries ; elle eom-
prend deux sections distinctes : 1° le tissage; 1 le com-
merce.
OiMunoNs D'ADMISSION.— V. i i-éHUÙiV Eeote de I
En 1801, le nombre des places mises au concours était
de 80, dont 2 boursiers de l'Etat. L'épreuve de langue
vivante porte au choix du candidat sur la langue anglaise,
allemande, espagnole ou italienne.
PiKi.iMF. intérieur. — La durée des études est de deux
ans, mais on a organisé dans la section de commerce des
cours préparatoires donnant un enseignement élémentaire
(V. ci-après ce qui est dit des cours analogues de l'Ecole
des hautes études commerciales de Paris). Les frais d'études
sont, dans la section de commerce : 1" enseignement
élémentaire : internes, 1,800 fr. ; demi-pensionnaires,
665 fr. ; externes, 310 fr. ; 2° enseignement supérieur:
internes, 2,200 fr. ; demi-pensionnaires, 965 fr. ; ex-
ternes, 610 fr. Dans la section de tissage : internes,
2,400 fr. ; demi-pensionnaires, 1, 1 65 fr.; externes, 810 fr.
Sortie. — Mêmes conditions et avantages qu'à Paris. La
direction de l'Ecole attribue des prix aux élèves les plus
distingués et une bourse de voyage au diplômé le plus
méritant.
ECOLE SUPÉRIEURE DE COMMERCE DE MAR-
SEILLE. — Destination. — Cette école a été créée en
vue de former des négociants et des employés capables de
diriger des maisons de commerce intérieur ou d'exportation.
Conditions d'amiismon. — Les mêmes qu'à l'Ecole de
Paris. En 1891, il y avait 60 places, dont 4 bourses de
l'Etat, mises au concours.
Réc.ime intérieur. — L'Ecole est un externat. Les frais
d'études sont de 400 fr. pour la première année et de
600 fr. pour la deuxième année. Bien que le régime soit
l'externat, l'Ecole reçoit des demi-pensionnaires à raison
de 800 fr. pour la première année et 1,000 fr. pour la
deuxième année. — L'enseignement porte sur la langue fran-
çaise, l'arithmétique, l'algèbre, la géométrie, la chimie,
la physique, la géographie, la cosmographie, les langues
vivantes (anglais, obligatoire pour tous les élèves, alle-
mand, arabe, espagnol, italien, grec), les sciences com-
merciales, la connaissance des marchandises, la géographie
commerciale, l'économie politique, les armements" mari-
time, etc.
Sortie. — V. ce qui est dit de l'Ecole supérieure de
commerce de Paris. A. -M. 1>.
Ecole des hautes études commerciales de Paris.
— Destination. — L'Ecole des hautes études commerciale-,
établie à Paris, boulevard Malesherbes, n° 108, et rue de
Tocqueville, n" 43, est placée sous le patronage de la
chambre de commerce de Paris. Elle ressortit au ministère
du commerce, de l'industrie et des colonies. Elle est des-
tinée à couronner, par un enseignement élevé, h s études
faites dans les établissements spéciaux, et à donner aux
jeunes gens qui sortent des lycées et collèges les connais-
sances nécessaires pour arriver promptemenl à la direction
des affaires de la banque, du commerce et de l'industrie.
Elle forme aussi des agents consulaires capables de repré-
senter dignement la France dans les relations du commerce
international.
467 —
ÉCOLE
Bbtouquk. — KHe ■ été fondée par la ebambre da
commerce de Paris el inaugurée au IwHi Bile oeeufi* un
auparba édifie*, construit pont alla al nui a coûté plus de
doux millions île fraiu >.
Conditions d'admission. — L'admission a lieu par voie
de concours, teacondifaonaet le programme étant les mêmes
que pour l'Ecole snpéi icure île commerce île Paris; la date
ilaaaanl la même, van le début d'octobre. En 1891,
le noaahrn des plaies mises an eoncours était île 120.
(luire les bourses île L'Etat (4 demi-bourses et 9 bourses
entières eu 1891), le conseil municipal de l'aris, les con-
aéraux de la Seine, de plusieurs départements, de la
(iuadeloupe. les chambres de commerce de l'aris, île l'hi-
■ppeville, des communes, des sociétés ou des particuliers
entretiennent des boursiers parmi les élèves récusa l'Ecole.
Les bourses sont accordées pour un an et renouvelables.
Ecole préparatoire. I ne eeole préparatoire, destinée à
former les élèves pour l'admission à l'Ecole des hautes
éludes coiiimeiviales. a ete annexée a celle-ci. L'ouverture
des cours préparatoires a lieu, chaque année, lo premier
lundi du mois d'octobre. Les candidats Agés de quinze ans
y sont admis a toute époque de l'année, et sans examen
spécial. Ils ont à produire : 1 un acte de naissance ;
1 un certificat de bonne conduite délivré par le chef du
dernier établissement d'instruction qu'ils ont fréquente.
L'Ecole préparai. 'ire reçoit des externes, des demi-pen-
sionnaires et des internes. Le prix de l'externat est de
1,000 fr.. celui du demi-pensionnat de 1,300 fr. et celui
de l'internai de 2, -200 fr.
Degime inti.rieir. — L'Ecole des hautes études com-
mei'i udes reçoit des élèves internes et des demi-pension-
naires. Les étrangers y sont admis aux mêmes conditions
et dans la même forme que les nationaux. Le prix du
demi-pensionnat est fixé à 1,000 fr., plus 300 fr. pour le
déjeuner, qui est obligatoire. Le prix de l'internat est
fixé à la somme de 2,800 fr. Indépendamment du prix de
la pension, tous les élèves indistinctement, qu'ils soient
boursiers ou non, sont tenus de verser chaque année une
somme de 30 fr. pour les internes, de la fr. pour les
demi-pensionnaires, destinée à l'entretien du matériel.
Chaque élève interne a sa chambre. L'ameublement, le
chauffage et l'éclairage sont compris dans le prix de la
pension. L'Ecole n'a pas d'uniforme. Le trousseau est à la
volonté des parents, sous certaines conditions minimum.
L'ouverture annuelle des cours a lieu le premier lundi du
mois d'octobre. L'enseignement comprend deux années
d'études normales (première et deuxième années) ; les élèves
ne peuvent passer de première en deuxième année qu'après
avoir subi un examen sur les matières enseignées en
première année. Aucurt élève n'est admis à entrer directe-
ment en deuxième année.
L'enseignement comprend les cours suivants : compta-
bilité générale et bureau commercial ("i professeurs) ;
mathématiques appliquées au commerce (2 prof.); étude
des marchandises (4 prof.) ; essai des marchandises, ana-
I falsification ( 1 prof.) ; travaux chimiques ( 1 prof.) ;
histoire du commerce (1 prof.); géographie commerciale
(2 prof.); code civil, organisation judiciaire, éléments de
procédure civile (1 prof.); droit commercial, industriel et
maritime (4 prof.) ; législation budgétaire et douanière
(1 prof.) ; législations commerciales étrangères (1 prof.) ;
économie politique (1 prof.); étude des transports (1 prof.);
outilla»'' et matériel commercial (1 prof.); langue anglaise
(3 prof.) ; langue allemande (1 prof.); langue espagnole
(lprof.); langue italienne (1 prof.): travaux calligra-
phiques (1 prot.). Les élèves sont fréquemment interrogés
sur les matières enseignées par leurs professeurs et par
sept examinateurs spéciaux.
Sortie. — Mêmes conditions pour le diplôme, le certificat,
le service militaire, qu'a l'Ecole supérieure de commerce.
r. In décret du 2i juin 1886 décide que les
élèves diplômés de l'Ecole peuvent être admis (Im* les con-
sulats en qualité d'élèves-chanreliers. Les candidats à
l'emploi de rédacteur au ministère du commerce, de l'in-
dustrie et des colonies doivent posséder un diplôme de
bachelier ou le diplôme de sortie de l'Ecole des hautes
études commerciales. Les candidats munis du diplôme de
l'Ecole (les hautes études commerciales peuvent prendre
part aux concours pour les bourses de séjour a l'étranger
fondées par le ministre du commerce, de l'industrie et des
colonies. A.-M. B.
Ecole forestière de Nancy. — Destination. —
L'Ecole forestière, établie à Nancy, a pour objet de former
les jeunes gens qui se destinent à l'administration des
forêts. Elle ressortit au ministère de l'agriculture et a le
caractère d'une écolo d'application comparable, dans une cer-
taine mesure, à celles des ponts et chaussées ou de Saumur.
Historique. — L'Ecole forestière fut créée par ordon-
nance du 20 août 1824, organisée par l'ordonnance du
1er déc. 1824 et le règlement du 31 janv. 1823, afin
de compléter la reconstitution de l'administration des
forêts (V. cet art.) en lui fournissant une pépinière
d'agents capables. Le premier directeur fut Lorentz (1825-
18^0), dont plus tard le gendre, Parade (1838-1804), fut
le véritable organisateur de l'Ecole forestière. C'est en
1839 qu'on décida de caserner les élèves. L'Ecole, ayant
été à demi militarisée, reçut un règlement intérieur ana-
logue à celui de l'Ecole polytechnique. Elle lui a été assi-
milée au point de vue du service militaire. Les élèves étaient
admis après un concours spécial dont le programme était
à peu près le même que celui de l'Ecole de Saint-Cyr.
Mais depuis 188!) ils se recrutent parmi les élèves diplômés
de l'Institut agronomique. Un décret du 12oct. 1889 a réglé
ce qui concerne le personnel administratif et les professeurs.
L'enseignement a aussi été réorganisé depuis lors.
Conditions d'admission. — Tous les élèves de l'Ecole
forestière se recrutent parmi les élèves diplômés de l'Ins-
titut national agronomique suivant le mode adopté à l'Ecole
polytechnique pour le recrutement de ses écoles d'appli-
cation. Toutefois, on admet une exception établie (par dé-
cret du 18 avr. 1873) en faveur des élèves sortant de
l'Ecole polytechnique, lesquels n'en profitent presque jamais.
Le nombre des élèves admis annuellement ne peut être
supérieur à 12, mais ce nombre peut ne pas être atteint.
Les élèves devront avoir vingt-deux ans accomplis au 1er janv.
de l'année de leur admission, sauf en ce qui concerne les
jeunes gens ayant satisfait à la loi militaire, pour lesquels
la limite d'âge est reculée du temps passé par eux sous
les drapeaux. Avant leur démission définitive, les élèves
sont examinés par le médecin de l'Ecole, qui vérifie s'ils
n'ont aucun vice de conformation ou aucune infirmité qui
les mette hors d'état de suivre les cours de l'Ecole ou qui
les rende impropres au service forestier. — Des jeunes
gens, français ou étrangers, peuvent être admis en qualité
d'auditeurs libres.
Régime intérieur. — Le cours des études est de deux
années, dix mois de cours (du 2 nov. au 2 sept.) et deux
mois de vacances. Le régime est l'internat. Les élèves sont
relativement libres. Après la fin des cours, ils peuvent sortir
et ne rentrer qu'à dix heures du soir ou, les jours de
théâtre, à la fin de la représentation. Ils logent à l'Ecole,
seuls ou deux par deux, sont servis à leurs frais par des
domestiques que désigne le directeur. La pension est de
1,500 fr. par an, non compris les frais d'armement et
d'équipement, qui sont évalués à 1,030 fr. versés par
chaque élève à son entrée, il est donné annuellement dix
bourses de 1,500 fr., qui peuvent être subdivisées en
demi-bourses. Elles sont accordées aux élèves qui en font
la demande, après que l'insuffisance de leur fortune a été
constatée dans les formes administratives. Les élèves por-
tent l'uniforme et le sabre; le port en est obligatoire.
L'uniforme est celui de l'officier d'infanterie, sauf les
couleurs : dolman vert, pantalon en drap gris à double
bande verte; képi semblable à celui des polytechniciens
(argent au lieu d'or), sabre des officiers de tirailleurs. —
Les punitions disciplinaires sont : la censure, la consigne,
ÉCOLE
— 408 —
les arrêta simples, la mise a l'ordre de l'Ecole, les arrêts
forcés, l'exclusion temporaire, l'exclusion définitive.
L'Ecole forestière esl administrée par on directeur nommé
par décret Bur la proposition du ministre de l'agriculture;
i! est choisi parmi les conservateurs des forêts, les inspec-
teurs on les professeurs ; le directeur est assisté d'an sous-
directeur, d'un inspecteur des études (choisis parmi les pro-
fesseurs), d'un préparateur, d'un agent comptable et
d'adjudants de surveillance. — Le personnel enseignant
comprend des professeurs de sciences forestières, de sciences
naturelles appliquées aux forêts, de législation lorcstière,
de mathématiques appliquées, et des chargés de cours de
sciences forestières, de sciences appliquées aux forêts, de
mathématiques appliquées, d'art militaire, de langue alle-
mande. Tous sont choisis parmi les agents forestiers, excepté
les deux derniers. Les élèves prennent des leçons d'équi-
tation.
Les six premiers mois de l'année sont employés aux
études théoriques, qui se terminent par un examen géné-
ral sur toutes les parties enseignées; les mois de mai, juin
et juillet sont consacrés aux applications et exercices pra-
tiques. Pendant ces trois mois, les élèves font, sous la di-
rection des professeurs, des excursions dans les forêts des
Vosges et du Jura, de Fontainebleau et de Compiègne, pour
la démonstration et l'application sur le terrain des notions
théoriques acquises pendant la durée des cours.
La période du 15 juil. au 10 août est consacrée aux
travaux préparatoires à l'examen de tin d'année et à cet
examen même. A la suite de l'examen général de clôture
des cours, les élèves sont classés par ordre de mérite ; ce
n'est là qu'un classement semestriel.
A la tin de l'année scolaire, un jury, composé du di-
recteur président, ou d'un inspecteur général délégué par
lui ; du directeur de l'Ecole ou du sous-directeur délégué;
du professeur du cours sur lequel porte l'examen, et de
l'un des professeurs adjoints, procède aux examens de
passage et de sortie. Cet examen, à l'égard des élèves sor-
tants, porte non seulement sur le cours de seconde année,
mais encore sur les matières enseignées en première année
dont la revision est jugée nécessaire. L'examen de fin d'an-
née terminé, le jury procède au classement définitif.
Service militaire. Les jeunes gens reconnus propres
au service militaire ne sont définitivement admis à l'Ecole
qu'après avoir souscrit dans les formes ordinaires un enga-
gement volontaire de trois ans. Ils sont considérés comme
présents sous les drapeaux dans l'armée active, pendant
tout le temps passé par eux à l'Ecole, où ils reçoivent
l'instruction militaire complète, et sont à la disposition du
ministre de la guerre. Ceux de ces élèves qui ne satisfont
pas aux examens de sortie ou qui sont renvoyés pour
inconduite, sont incorporés dans un corps de troupe pour
y terminer le temps de service qui leur reste à faire. Quant
à ceux qui satisfont à ces examens et qui sont nommés a
leur sortie de l'Ecole gardes généraux, ils reçoivent un
brevet de sous-lieutenant de réserve et accomplissent, en
celte qualité, dans un corps de troupe, une année de service
actif. S'ils donnent leur démission d'officier de réserve, ou
s'ils quittent l'administration, ils restent toujours soumis,
comme conséquence de l'engagement volontaire qu'ils ont
du contracter avant leur entrée à l'Ecole, à l'accomplisse-
ment d'une année de service actif. Ils suivent ensuite le
sort de la classe à laquelle ils appartiennent.
Les ('lèves titulaires, bien qu'ayant contracté un enga-
gement volontaire, et quoique réputés présents sous les
drapeaux dans l'armée active pendant leur séjour ù l'Ecole,
ne sauraient procurer la dispense à leurs frères. En effet,
l'engagement spécial que ces élèves ont souscrit n'a d'autre
but que de leur permettre de terminer leurs études avant
d'aller accomplir l'année à laquelle se trouve en réalité
réduite pour eux l'obligation du service d'activité. Ces
élèves, n'entrant à l'Ecole qu'à vingt-deux ans accomplis.
n'ont plus de justification à faire auprès des autorités civiles
au point de vue militaire, ces justifications ayant été effec-
tuées par eux pendant leur séjour a l'Institut agronomique
(Y. Insiiii I AOMOMJMIOI K).
Sortie. — A leur sortie de l'Ecole forestière, les élèves
qui oui subi avec succès les examens de lin de ooui
envoyés, avec le grade de garde général stagiaire, auprès
d'un inspecteur chargé de les initier a la pratique di
vice. Il, reçoivent un traitement de t.. Oit fr. Après une
année environ de stage, ces jeunes gens sont nommes
gardes généraux en pied et ont la direction d'un cantonne-
ment. Ils reçoivent alors un traitement de -2,000 fr., au-
quel s'ajoute généralement une indemnité de tournée (300
a.'.OUfr. \. M. B.
Ecoles nationales d'agriculture. — Dornurio*.
— Les écoles nationales d'agriculture ont pour but de
préparer des agriculteurs éclairés, des cultivateurs prati-
ciens instruits et habiles, et des aides ruraux adroits et
intelligents. Elles rassortissent au ministère de l'agricul-
ture. On en compte trois, établies à Grignon(pai Neauphle-
le-Cliàteau), en Seim-el-Oise ; a Montpellier | Hérault) et
à Grand-Jouan (par Nozay), dans la Loire-Inferieure. Leur
régime est réglé par un arrêté du 1er mai 1891.
Historique. — L'Ecole de Grignon fut fondée en 18Î1
par une société anonyme sur un domaine que lui fournit
le roi Charles X. Elles devint établissement public en 18 5*.
L'Ecole de Grand-Jouan lut fondée en 1830 sur un défri-
chement de landes, et une ferme-école y fut annexée.
L'Ecole de Montpellier a remplacé, en 187-2, celle de La
Saulsaie (Ain).
CoMUTiONS d'admission. — L'admission a lieu au con-
cours. Les étrangers peuvent y être admis aux mêmes
titres et conditions que les nationaux. Tout candidat doit
être âgé de seize ans accomplis au 1er oct. de l'année d'ad-
mission et subir un examen. Aucune dispense <l.
peut être accordée. Les auditeurs libres n'ont pas d'examen
à subir; ils sont admis sur l'autorisation du directeur de
l'Ecole et moyennant l'acquittement d'un droit de 50 fr.
par trimestre, payable d'avance.
La demande d'admission doit être adressée au ministre
avant le 1er sept.; elle doit être accompagnée des pièces
suivantes, toutes légalisées : \*> l'acte de naissance du
candidat; 2° un certificat de moralité, délivré par le chef
de l'établissement dans lequel le candidat a accompli sa
dernière année d'études, ou, à défaut, par le maire de sa
dernière résidence; 3° un certificat de médecin attestant
que le candidat a été vacciné ou qu'il a eu la petite vérole;
4° une obligation souscrite sur papier timbré par ses
parents, tuteur ou protecteur, pour garantir le payement,
par terme et d'avance, de sa pension pendant toute la
durée de son séjour à l'Ecole. Pour les candidats étran-
gers, l'obligation relative au payement de la pension doit
être fournie, à défaut de parents, par un correspondant
résidant en France, laquelle obligation le constitue per-
sonnellement responsable île ce payement. Les épreuves
de l'examen ont lieu, dans chaque école, au commence-
ment d'octobre, devant un jury nommé par le ministre.
L'examen se compose d'épreuves écrites et d'épreuves
orales. Les épreuves écrites d'admissibilité comprennent :
1" une narration; 2° la solution d'un problème d'arith-
métique ou d'algèbre et d'un problème de géométrie. Il
faut obtenir au moins la moitié du total des points (40
sur 80) pour être admissible. Les épreuves orales portent
sur L'arithmétique, l'algèbre, la géométrie, la physique, la
chimie et la géographie, d'après les programmes adoptés
par le ministre. Ces notes (00 points au maximum), ajou-
tées à celles des épreuves écrites et à celles qui résultent
des litres déterminent le classement. Les candidats qui
justifient du diplôme de bachelier es sciences ou de l'en-
seignement secondaire spécial ont un avantage de l.'i points.
On fait aussi des avantages aux bacheliers es lettres
(10 p.), aux brevetés de l'enseignement primaire (10 p.),
aux diplômés des écoles pratiques d'agriculture (15 p.) ou
des fermes écoles (10 p.). Le cumul de ces titres n'est
admis que jusqu'à concurence de *2-> points.
— 40! I -
ÉCOLE
Régime urriaisua. — Des bourses et des demi-bourses,
exclusivement attribuées aux élèves internes, sont instituées
par l'Etal dans les écoles d'agriculture. La moitié de ces
bourses est réservée aux anciens apprentis des fermes-
ècoles ou élèves d'écoles pratiques d agriculture, porteurs
du oartificat de capacité délivré dans ces établissements, et
se donnent au concours et dès l'entrée à l'Ecole. Les
autres, fractionnables en demi-bourses, sont attribuées
au jeunes gens dont les ressources ou celles de leurs
familles sont insuffisantes pour subvenir au pavement total
ou partiel du prix de la pension. — la durée du cours
d'études est de deux années et demie.
I.e prix de la pension est de [,200 fr. par an pour les
élèves internes de l'Ecole de Grignon, de 1,000 fr. pour
les élèves internes des Ecoles de Grand-Jouan et de Mont-
pellier, de 600 IV. pour les demi-pensionnaires, 400 IV.
Sour les externes et 200 fr. pour les auditeurs libres
ans les trois écoles. En outre, les élèves internes doivent
être munis d'un trousseau en bon état, et cbaque élève
interne ou externe doit se procurer à sek frais les divers
objets nécessaires a ses études et verser entre les mains
du comptable de l'Ecole une somme de 30 fr., destinée à
garantir le payement des objets cassés, détériorés ou perdus
par sa faute.
Les élèves internes, demi— pensionnaires et externes
suivent toutes les leçons et participent à tous les travaux,
applications et exercices pratiques; les auditeurs libres
assistent aux cours qui sont à leur convenance et n'ont
entrée ni aux salles d'étude, ni aux laboratoires; ils peu-
vent, toutefois, être autorisés à suivre les exercices pra-
tiques, moyennant l'acquittement d'un droit mensuel et
spécial de -23 fr. Les étrangers peuvent être admis dans
les écoles nationales d'agriculture en qualité d'externes
ou d'auditeurs libres. A défaut de candidats nationaux, les
places disponibles d'internes et demi-internes pourront être
attribuées à des élèves étrangers.
l.a durée des études est de deux années et demie. L'en-
seignement est à la fois théorique et pratique. Il s'adresse
aux jeunes gens qui se destinent à l'enseignement agricole
et à la gestion des domaines ruraux, soit pour leur propre
compte, soit pour autrui. On trouvera ci-après l'indica-
tion détaillée des matières sur lesquelles il porte dans
chacune des trois écoles. L'instruction est donnée dans
des cours réguliers et des conférences ; en outre, des
applications et des travaux pratiques sont effectués dans
les laboratoires et sur le domaine de l'Ecole. En prenant
part aux divers services de l'exploitation, les élèves ont
ainsi l'occasion de pénétrer dans les détails de la surveil-
lance, de l'exécution et de la direction des travaux de la
ferme. Des excursions dans des fermes et dans des usines
agricoles ont lieu sous la direction des professeurs pour
compléter l'enseignement donné à l'Ecole.
Le travail et les progrès des élèves sont constatés: 1° par
des interrogations hebdomadaires faites par les répétiteurs
et par l'appréciation de tous les travaux et exercices pra-
tiques des élèves; 2° par des examens généraux effectués
par les professeurs à la fin de chaque cours. Tout élève
qui, à la fin de l'année, n'obtient pas une moyenne suffi—
santé, ne peut passer dans la division supérieure.
Enseignement. Dans les trois écoles nationales d'agri-
culture, l'enseignement, à la fois théorique et pratique, est
organisé sur des bases analogues, mais il comporte des
dinerences assez sensibles, selon les climats, les cultures
et les produits îles légions ou sont placées ces écoles.
>Ie de Grignon, située dans la France septentrionale,
pays de grande culture, étudie particulièrement la culture
des céréales et des plantes industrielles, l'élevage, les in-
dustries agricoles du Nord.
L Ecole de Grand-Jouan, placée dans la France occiden-
tale, étudie la mise en valeur des terres incultes, les
prairies naturelles, la culture pastorale mixte, le colo-
naie partiaire, les industries agricoles de l'Ouest.
L'Ecole de Montpellier, située au Midi, dans la région
méditerranéenne, étudie spécialement la viticulture, Par—
boriculture (arbres à fruits), le reboisement, les cultures
favorisées par l'irrigation, la sériciculture, la transhu-
mance des troupeaux, les industries agricoles du sud de la
France.
L'enseignement théorique porte dans les trois écoles
sur l'agriculture, la zoologie et zootechnie, la physique,
météorologie, minéralogie et géologie, la botanique et
la sylviculture, le génie rural et les constructions agri-
coles, la chimie et technologie, l'économie et législation
rurales, la comptabilité agricole. L'instruction pratique
comporte : des manipulations de laboratoire, analyses des
produits agricoles de chaque région, des exercices de des-
sin linéaire, plans de drainage, dessèchement, irrigation,
constructions agricoles, bâtiments ruraux, etc.; l'emploi
des instruments et machines agricoles dans les princi-
pales opérations de la culture ; les soins à donner au bé-
tail; l'étude sur place des plantes utiles et nuisibles; la
fabrication du beurre, du sucre, du cidre, du vin, de
l'huile, la distillation des grains, l'extraction de la fécule,
le rouissage du chanvre, etc. Chaque école possède un
champ d'exercices, un champ d'expériences et une exploi-
tation rurale dirigée d'après les méthodes rationnelles. On
l'ait successivement passer les élèves par toutes les par-
ties de L'exploitation, cl on complète leur apprentissage par
des excursions géologiques, botaniques, forestières, agri-
coles, technologiques, que dirigent leurs professeurs et
répétiteurs.
Sortie. — A la fin de leurs études, les élèves qui ont
satisfait à toutes les épreuves exigées par le règlement
reçoivent le diplôme d'Ecole nationale d' agriculture.
Ce diplôme est délivré par le ministre. Les élèves qui, sans
avoir obtenu de diplôme, ont fait preuve cependant de
connaissances suffisantes et d'un travail régulier, peuvent
obtenir un certificat d'c'trides. Chaque année, les trois
élèves sortis les premiers de leur promotion, reçoivent : le
premier, une médaille d'or; le deuxième, une médaille
d'argent ; le troisième, une médaille de bronze. Aux termes
du décret du 23 nov. -188Ï), rendu pour l'exécution de la
loi du 13 juil. 1889 sur le recrutement de l'armée, les
jeunes gens diplômés des écoles nationales d'agriculture,
compris dans les quatre premiers cinquièmes de la liste de
mérite de ceux des élèves français qui ont obtenu pour
tout le cours de leur scolarité 63 0/o au moins du total
des points que l'on peut obtenir d'après les règlements
desdites écoles, ne sont astreints en temps de paix qu'à un
an de présence sous les drapeaux. A. -M. 15.
Ecole des haras du Pin. — Destination. — Cette
école, qui ressortit au ministère de l'agriculture, est placée
sous le commandement du directeur du dépôt d'étalons du
Pin (Orne). Elle a pour but principal de former des pra-
ticiens dans le dressage et l'élevage des chevaux.
Historique. — L'Ecole des haras a été créée en 1874
auprès du grand haras du Pin, institué sous Louis XV. La
loi du °29 mai 1874 a accordé à cette école un privilège
exclusif pour le recrutement des officiers des haras.
Conditions d'admission. — Pour être admis comme in-
terne à l'Ecole des haras, les candidats doivent justifier do
la qualité de Français et produire un diplôme constatant
qu'ils ont satisfait aux examens de sortie de l'Institut na-
tional agronomique ou d'une des écoles vétérinaires du
gouvernement. Ils doivent être âgés, au l'r oct. de l'an-
née d'admission, de dix-neuf ans au moins et de vingt-
cinq ans au plus. A la demande d'admission doivent être
joints : 1" l'acte de naissance du candidat; 2° un certifi-
cat délivré par un médecin assermenté et attestant la
bonne constitution et l'aptitude physique du candidat; le
ministre fait contrôler, s'il le juge convenable, les décla-
rations contenues dans ce certificat par un médecin délégué
à cet effet. Ces pièces doivent être adressées, avant le
13 sept., au ministre de l'agriculture, qui statue sur les
admissions. Le nombre des élèves admis varie île 8 à 12
par an.
ÉCOLE
- 470 -
lin.iMi intérieur. — La durée <i«- c - est d'one in-
née. L'enseignement est gratuit. Lee élèves qui portent lo
litre d'aspirants stagiaires des haras reçoivent une in-
demnité annuelle de 1,500 fr. ; ils sont logés à IT'.cole,
mais se nourrissent et s'entretiennent à leurs frais. —
L'uniforme est très élégant : casquette en drap bien na-
tional, pelisse en drap pareil à brandebourgs, culotte en
drap bleu national avec bande écarlate de 3 contint. ; hottes
molles et éperons; rriméenne comme pardessus.
Les élèves compris dans les quatre premiers cinquièmes
de la liste de mérite de ceux des élèves français qui ont
obtenu, pour tout le cours de la scolarité, 65 °'0 au moins
du total des points que l'on peut obtenir, bénéficient de la dis-
pense du service militaire prévue par la loi du 15 juil. 188!).
Elèves externes. L'Ecole des haras reçoit également des
élèves externes admis par le ministre à la suite d'un exa-
men spécial. Ceux-ci doivent être Français, âgés de plus do
dix-huit ans et moins de vingt-cinq ans ; ils doivent pro-
duire leur acte de naissance, un certificat de vaccine et de
bonne conduite. On n'en peut admettre plus de 12 par an.
Chaque élève doit payer entre les mains d'un receveur
des finances la somme de 600 fr. à titre de rétribution
scolaire de l'année. Ceux de ces élèves externes qui auront
subi avec succès les examens de fin d'année recevront un
certificat d'études. Celui-ci ne leur confère aucun titre
aux places d'officiers des haras, lesquelles sont réservées aux
élèves internes. Les étrangers peuvent, sur la présentation
de leur gouvernement, être admis par décision ministérielle
comme élèves externes aux mêmes conditions.
Sortie. — Sont seuls admissibles aux emplois d'officier
des haras les élèves internes qui obtiennent un diplôme
attestant qu'ils ont satisfait aux examens de sortie de
l'Ecole.
Les aspirants stagiaires des haras qui, à leur sortie de
l'Ecole, ont obtenu un diplôme, sont nommés surveillants
stagiaires, au traitement annuel de 1,600 fr. (V. Haras).
Ceux qui, par leurs notes et les examens de fin de cours,
n'auront pas fait preuve de connaissances suffisantes et
d'aptitudes convenables, seront renvoyés. Aucun élève ren-
voyé ne pourra être réintégré à l'Ecole.
Ecoles nationales vétérinaires. — Destination. —
Les écoles nationales vétérinaires établies à Alfort, à Lyon
et à Toulouse ont pour objet l'enseignement de l'art vété-
rinaire. Elles admettent les étrangers au même titre que
les nationaux.
Historique. — La première Ecole vétérinaire fut fondée
à Lyon par le célèbre Bourgelat. La notoriété que lui valut
son livre sur l'hippiatrique fut telle que la ville de Lyon le
chargea de diriger une école où l'on enseignerait le mode
de traitement des animaux domestiques. En 1763, elle reçut
le titre à'Ecole royale vétérinaire. Deux élèves de lîour-
gelat, fJiabert et Bredin, fondèrent en 1766 une école vété-
rinaire à Alfort. On projeta des créations analogues dans
d'autres villes. Supprimées en 1793, les écoles vétérinaires
de Lyon et d'Alfort furent réorganisées en 1795. La Con-
vention, par un arrêté du 1er germinal an III, leur donna
une nouvelle existence. L'Ecole d'Alfort devint la plus im-
portante et fut illustrée par des maîtres de premier ordre.
Elle fut réorganisée par décret du 5 juin 1813 et surtout
par l'ordonnance du 1er sept. 1825, véritable charte du
service vétérinaire. Une troisième école fut établie à Tou-
louse en 1828. Les écoles vétérinaires sont régies actuel-
lement par le décret du 21 oct. 1881 et l'arrêté du
ier mars 1891.
Conditions d'admission. — L'admission dans les écoles
vétérinaires a lieu par voie de concours. Les épreuves sont
subies au chef-lieu de chaque département. Les jeunes gens
qui ont obtenu le diplôme délivré par l'Institut agrono-
mique ou les Ecoles nationales d'agriculture sont dispensés
du concours et sont admis de droit. Nul ne peut être admis
a concourir s'il n'a préalablement justifié qu'il aura dix-
sept ans au moins et vingt-cinq ans au plus au 1er oct.
de l'année du concours et s'il n'est possesseur de l'un des
trois diplômes du baccalauréat es lettres, es sciences eom-
plel ou de renseignement secondaire spécial. Aucun'- dis-
pense d'âge ne peut i tre accordée.
Les demandes d'admission doivent indiquer le chef-Ken
du département dans lequel le candidat veut subir les
du concours et l'école dans laquelle il désire en-
trer; elles doivent aussi mentionner celle des deux autres
écoles qu'il choisirait si, par suite de son rang de classe-
ment, il était primé par d'autres concurrents pour toutes
les places disponibles dans l'école qu'il désigne; elles doi-
vent être écrites sur papier timbré et adressées an ministre
de l'agriculture, avant le l'r août, délai de rigueur. Les
demandes doivent être accompagnées des pièces sui-
vantes : 1° l'acte de naissance du candidat dans la forme
légale; 2° les diplômes de bachelier es lettres, bachelier
es sciences complet, bachelier de l'enseignement secondaire
spécial, dont le candidat est titulaire, ou le diplôme délivré
soit par l'Institut agronomique, soit par les écoles natio-
nales d'agriculture; S" un certificat de médecin attestant
que le candidat a eu la petite vérole ou a été revacciné
depuis moins de trois ans ; 4° un certificat de moralité dé-
livré par le chef de l'établissement dans lequel le candidat
a accompli sa dernière année d'études, ou, à défaut, par le
maire de sa dernière résidence; 5° une obligation sous-
crite sur papier timbré par les parents du candidat pour
garantir le payement de sa pension pendant tout le temps
de son séjour à l'Ecole. Cette obligation doit être produite
même lorsqu'une demande de bourse est faite en faveur du
candidat. Pour les candidats étrangers, l'obligation relative
au payement de la pension doit être fournie, à défaut de
parents, par un correspondant résidant en France, en son
propre nom, laquelle le constitue personnellement respon-
sable de ce payement.
Le concours d'admission, qui se passe au chef-lieu de
chaque département, se compose uniquement d'épreuves
écrites. Il comprend : l°une composition française; 2° la
solution d'un problème d'arithmétique ou d'algèbre et d'un
problème de géométrie ; 3° une composition de physique et
de chimie ; 4° une composition d'histoire naturelle. — Le
nombre de places mises au concours est fixé chaque année
par le ministre. Trois septièmes de ces places sont affectés
à l'Ecole d'Alfort; deux septièmes de ces places sont
affectés à l'Ecole de Lyon ; deux septièmes de ces places
sont affectés à l'Ecole de Toulouse. — Les candidats admis
sont informés de leur admission par les soins du ministre
de l'agriculture ; ils doivent être rendus à l'Ecole qui leur
est désignée, le 15 oct. avant deux heures du soir.
Bourses. Les bourses ou fractions de bourses sont
accordées par le ministre de l'agriculture, d'après l'ordre
de classement, aux élèves qui ont subi avec succès les
épreuves du concours ou les épreuves de passage d'une
division à la division supérieure, et dont les familles ont
préalablement justifié de l'insuffisance de leurs ressources
pour subvenir au payement total ou partiel du prix de la
pension. Mais ces bourses ne sont accordées que pour une
année scolaire ; elles ne sont maintenues qu'aux élèves qui
continuent à s'en rendre dignes par leur conduite et leurs
progrès. Elles peuvent être retirées au cours de l'année
scolaire par mesure disciplinaire. Les demandes de bourses
sont formées par les parents des candidats ; elles doivent
être écrites sur papier timbré et adressées au ministre de
l'agriculture. Elles sont soumises à une instruction, à l'effet
de constater les moyens d'existence et les charges de
famille du pétitionnaire; elles sont, en outre, communiquées
au conseil municipal de la résidence des parents, qui prend,
à ce sujet, une délibération motivée. Les demandes con-
cernant les jeunes gens qui aspirent à entrer dans les
écoles doivent être adressées au ministre en même temps
que la demande d'admission. Les bourses et fractions de
bourses étant accordées d'après l'ordre de classement, les
candidats admis en raison de leur diplôme, et qui sollicitent
une bourse, doivent subir les épreuves du concours d'ad-
mission. Les demandes concernant les élèves déjà présents
- 471 -
ÉCOLE
à l'Ecole doivent Un adressées an ministre avant le Ier mai,
délai de rigueur,
Bowrswn militaires- Indépendamment des bourses
ci-dessus, il existe dans lea écoles nationales vétérinaires
t>o bonnes instituées par le département de la guerre et
reparties entre les trois écoles, a raison de 30 pour Alfort
et de !•> pour chacune des écoles de Lyon et de Toulouse.
L'admission des boursiers militaires donne lieu à un am-
i-ours Spécial) dont les conditions particulières sont les
suivantes : un certificat délivré pu le commandant d'un
bureau de recrutement, attestant qu'il a la taille de iB54,
et qu'il reunit les qualités requises pour servir dans l'arme
de la cavalerie. — l ne obligation souscrite sur papier
timbré par les parents du candidat et par laquelle ils s en—
■ ut à rembourser les frais d'entretien de celui-ci, dans
le cas ou il perdrait sa bourse par suite de renvoi ou do
démission. — Nul n'est admis à concourir aux bourses
militaires s'il n'est àgè de dix-sept ans au moins avant le
1 oct. de l'année du concours ou de dix— huit ans au plus
dans le courant de la même année. — Les élèves boursiers
militaires, en entrant à l'Ecole vétérinaire, souscrivent un
engagement d'une durée de trois ans et s'engagent à servir
dans l'armée active pendant six ans au moins à dater de
leur nomination au grade d'aide-vétérinaire. — Les bour-
siers militaires qui perdraient leur bourse, par suite de
renvoi, de démission ou de toute autre cause, sont dirigés
sur le corps pour lequel ils ont contracte leur engagement,
atin d'y accomplir comme soldats leurs trois ans de service.
lii i.iml nrruuKoa. — Les écoles vétérinaires reçoivent
des élèves internes, des élèves demi-pensionnaires et des
élèves alternas. Le prix de la pension des élèves internes
;e 600 fr. pour l'année scolaire. Les élèves demi-pen-
sionnaires et les élèves externes acquittent une rétribution
lixc à Î00 fr. pour les demi-pensionnaires et à 200 fr.
pour les externes. Tous les élèves, boursiers et payant
pension, sont obligés de se procurer à leurs frais les effets
de trousseau, ainsi que les livres et les instruments néces-
saires à leur instruction.
Enseignement. La durée des études est de quatre
années, après lesquelles les élèves qui sont reconnus en
état d'exercer la médecine des animaux domestiques re-
çoivent un diplôme de vétérinaire. Tout élève qui n'est pas
reconnu capable de passer dans la division supérieure est
rayé des contrôles. Toutefois, le ministre, sur la proposition
du conseil de l'Eeole, peut accorder aux élèves trop taibles
pour passer dans la division supérieure la faculté de recom-
mencer les cours de l'année écoulée ; mais cette faculté ne
peut s'exercer qu'une seule fois pendant toute la période
réglementaire des études.
L'enseignement dans les écoles vétérinaires comprend :
1° l'anatomie des animaux domestiques et l'extérieur du
cheval; -1° la physique, la chimie, la pharmacie et la toxi-
cologie; 3a l'histoire naturelle et la matière médicale;
4° la physiologie des animaux domestiques, la tératologie
et la thérapeutique; 5° la pathologie générale, la patho-
logie médicale et chirurgicale, la clinique, le manuel opé-
ratoire et la ferrure; 6° la pathologie des maladies conta-
gieuses, la police sanitaire, l'inspection des viandes de
boucherie, la médecine légale et la législation commerciale
en matière de vente d'animaux ; 7° l'hygiène et la
ïootechnie. — La valeur scientifique du corps enseignant est
très grande, et un grand nombre de savants ont illustré
l'Ecole d'Alfort et l'Ecole de Lyon.
Discipline. Les élèves internes ne peuvent quitter l'Ecole
sans l'autorisation du directeur, qui, après s'être assuré
qu'ils ne sont plus détenteurs d'objets appartenant à l'éta-
blissement, leur délivre un l.nssez-passer pour la sortie de
leurs effets. Les jeudis, dimanches et jours de fête sont les
seuls jours de congé. — Les élèves demi-pensionnaires
doivent être rendus h l'Ecole le rmitin pour le premier
cours ou le premier exercice d'enseignement et ne doivent
partir qu'à l'heure du diner. Ils prennent le déjeuner avec
les élèves internes. Les élèves externes doivent éealement
être rendus à l'Ecole le matin pour le premier cours ou le
premier exercice et ne partir qu'à l'heure du diner; mais
ils sortent au moment du déjeuner, pour lequel il leur est
accorde le même temps (ici irai ion comprise) qu'aux élèves
internes. — Les élèves demi-pensionnaires et les élèves
externes doivent assister régulièrement à tous les exercices
de renseignement. En cas d'absence non motivée, ils re-
çoivent un avertissement. Après le troisième, ils sont rayés
des contrôles et cessent de faire partie de l'Ecole. — 11 est
détendu aux élèves internes do sortir de l'Ecole même aux
heures de récréation, sans en avoir obtenu la permission
expresse du directeur. Cette permission ne peut être mo-
tivée que par des affaires assez urgentes pour ne pouvoir
être remises au plus prochain jour de congé. — 11 peut
être accordé des congés do quinze jours au plus, par le
directeur de l'Ecole, aux élèves que le mauvais état de leur
santé ou des alîairos indispensables appellent chez leurs
parents.
Toute demande de prolongation do congé doit être
adressée au directeur, qui la transmet au ministre. Tout
élève qui ne rentre pas à l'expiration de son congé est
considéré comme ayant abandonné les études vétérinaires :
il est rayé des contrôles de l'Ecole et ne peut y rentrer
qu'en vertu d'une décision du ministre. — En cas de ma-
ladie, tous les soins nécessaires sont donnés à l'infirmerie
aux élèves internes. Si la maladie parait devoir être grave
et de longuo durée, l'élève peut être remis à sa famille. —
Les parents ou les correspondants peuvent voir les élèves
au parloir chaque jour de la semaine, mais do uno heure
à deux heures seulement.
Service militaire. Les élèves des écoles vétérinaires
qui ont obtenu ou qui poursuivent leurs études en vue d'ob-
tenir le diplôme de vétérinaire, figurent parmi les jeunes
gens que l'art. v23 de la loi militaire du 15 juil. 1889 dis-
pense de deux ans de service militaire actif. Ceux qui
n'auraient pas obtenu le diplôme avant l'âge de vingt-six
ans doivent accomplir les deux années complémentaires de
service actif.
Sortie. — Après les quatre années d'études, les élèves
reçoivent le diplôme de vétérinaire (V. ce mot). On leur
ouvre ainsi une carrière dont l'importance augmente sans
cesse avec les progrès des méthodes scientifiques appli-
quées à l'agriculture et à l'élevage. — Quant aux bour-
siers militaires, lorsqu'ils ont obtenu le diplôme de vétéri-
naire, ils sont admis dans le cadre des aides-vétérinaires
stagiaires, après avoir satisfait aux épreuves d'un concours,
avec les autres vétérinaires diplômés, devant une com-
mission spéciale, et sont envoyés à l'Ecole do cavalerie pour
y accomplir un stage d'une année. A la fin du stage, et
après qu'ils ont subi un examen de sortie, ils sont nommés
aides- vétérinaires titulaires et attachés à des corps de troupes
à cheval. — Ceux qui n'obtiendraient pas le grade d'aide-vé-
térinaire, ou qui ne réaliseraient pas l'engagement sexennal
sont incorporés dans un corps de troupe pour trois ans,
sans déduction aucune du temps écoulé depuis leur entrée
a l'Ecole. A.-M. B.
Ecole de sylviculture des Barres. — Destination.
— L'Ecole de sylviculture instituée au domaine des Barres,
près de Nogent-sur-Vernisson (Loiret), a été organisée par
décret du 14 janv. et arrêté du 15 janv. 1888. Elle a rem-
placé l'ancienne Ecole primaire des forets, adjointe à
l'Ecole secondaire forestière, qui occupe dans le service
forestier la place que tiennent dans l'armée les écoles de
sous-officiers élèves-officiers (Saint-Maixent, Versailles).
Nous indiquerons donc successivement ce qui se rapporte
a l'Ecole pratique de sylviculture et à l'Ecole secondaire
d'enseignement forestier professionnel et pratique.
ECOLE PRATIQUE.— Destination.— L'Ecole pratique
de sylviculture a pour but de former des gardes particuliers,
des régisseurs agricoles et forestiers, et de donner une
bonne instruction professionnelle aux jeunes gens qui se
destinent a ces sortes d'emplois.
Commons d'admission. — Les élèves sont reçus après un
ÉCOLE
- 'm —
examen qui o lien tous les ans dans la première quinzaine
de juillet an chef-lien de ta conservation dont dépend la
rendeneedu candidat. Lea pièces 6 fournir sont : la demande
du candidat on des parente; l'extrait de l'acte de naiwMVf :
uncertiflcal de lionne conduite; un engagement soit du
père OU d'un répondant, soit <lu candidat, s'il est majeur,
d'acquitter régulièrement le prix de la pension. Pour être
admis .1 l'examen, les candidats doivent avoir dix -sept ans
an moins, trente— ciii(| ans an plus le t''r janv. de 1 année
de leur admission. L'examen d'admission se compose de
trois épreuves écrites : une dictée, une composition d'his-
toire et de géographie (de la France), une composition
d'arithmétique et de géométrie élémentaire.
Bourses. (Iliaque année, l'Etat attribue un certain
nombre de bourses, entières ou fractionnées, aux lils
d'agents ou de préposés qui ont subi avec succès l'examen
d'admission et justifient de l'insuffisance de leurs res-
sources,
Récime intérieur. — L'Ecole reçoit des élèves internes
et demi-pensionnaires. Le prix de la pension est de (>00 fr.
par an et celui de la demi-pension de 300 fr., payable
d'avance et par dixième en trois versements, en entrant,
en janvier et en avril. Ces sommes sont destinées à assurer
la nourriture et l'entretien de l'élève. Indépendamment du
prix de la pension, les élèves sont tenus de verser, à leur
entrée dans l'établissement, une somme de 100 fr., des-
tinée à garantir le payement de l'uniforme. Le rembour-
sement ou la réparation des objets cassés, détériorés ou
perdus par leur faute. Les élèves sont, en outre, tenus de
se pourvoir, à leurs frais, des effets de trousseau et des
livres nécessaires à leur instruction. L'administration
fournit gratuitement, non seulement l'instruction, mais le
logement, le chauffage, l'éclairage, les soins médicaux.
Les élèves s'occupent eux-mêmes de leur ordinaire. Les
dépenses sont réglées à la fin du mois par une commission
de 4 élèves dans chaque division. La durée des études
est de deux ans. Les cours commencent le 45 oct. et sont
terminés le 15 août. L'enseignement est à la fois théorique
et pratique. A cet effet, le temps des élèves est partagé
entre les travaux sur le terrain, les cours et leurs appli-
cations, d'après un emploi du temps réglé , suivant la
saison, par le directeur de l'Ecole. L'enseignement pra-
tique comprend des travaux de culture et de main-d'œuvre
dans le domaine et dans les pépinières, des exercices au
laboratoire et des exercices de topographie sur le domaine
et aux environs. Il est complété par des excursions dans la
forêt de Montargis, où. les élèves prennent part à toutes les
opérations relatives aux coupes. — L'enseignement théo-
rique comprend les matières suivantes : 1° agriculture
générale; "2° éléments de sylviculture; 3° éléments de droit
forestier et notions sur l'organisation administrative en
France; 4° éléments de botanique forestière ; 5° arboricul-
ture et viticulture; 6° histoire et géographie; 7" arithmé-
tique et géométrie élémentaire, notions algébriques ; 8° topo-
graphie, dessin linéaire ; 9° langue française (rédaction
d'un rapport) ; 10° physique, météorologie et chimie appli-
quées à l'agriculture ; 11° comptabilité agricole; 12° exer-
cices militaires. — A la fin de chaque année, les élèves
sont l'objet d'un classement résultant des notes obtenues
par eux daus les diverses épreuves. Les élèves de première
année qui ont une moyenne générale inférieure à 8, ou
une moyenne inférieure à 4 dans une matière quelconque,
sont obligés de redoubler ou de quitter l'Ecole.
Sortie. — Les élèves qui, à la fin de leur deuxième
année, ont obtenu aux examens de sortie une moyenne gé-
nérale supérieure à 10 et n'ont en aucune matière une
moyenne inférieure à 5, reçoivent un certificat délivré par
le ministre. Quand ils ont vingt-cinq ans et ont satisfait à
la loi militaire, ils peuvent être nommés gardes forestiers
domaniaux de seconde classe.
ECOLE SECONDAIRE D'ENSEIGNEMENT FORES-
TIER. — Destination. — L'hYole secondaire d'enseigne-
ment forestier, qui est antérieure a l'autre, est destinée à
faciliter aux préposes l'accès au grade de garde général,
auquel ils ne peuvent arriver qu'après quinze ans de ser-
vice actif, a moins de passer par cette école. Elle corres-
pond, avons-nous dit, dans la hiérarchie, aux écoles ru il i-
tairee de- sons-offiaera èlèves-offieiera.
Conditions d'aohbsioii. — Chaque année, les conserva-
teurs des forêts lont connaître bs préposes qu'ils jugent
aptes a devenir gardes généraux. On ne peut comprendre
dans ces listes de présentation que ceux qui ont trois ans
de service actif et moins de trente-cinq an> d'âge; deux
ans de service suffisent pour les élèves sortis de l'Ecole
pratique de sylviculture. Le directeur des foiéts arrête la
liste des préposés admis au concours. Ce concours d'ad-
mission comprend des compositions écrites d'admissibilité
(dictée, composition française, composition de mathéma-
tiques, dessin); des examens oraux (arithmétique, géomé-
trie, histoire, géographie) et des examens d'instruction
pratique (arpentage, cubage, notions administratives). l>a
somme des notes de ces diverses épreuves détermine le
rang des candidats sur la liste de classement. On en admet
ti par an.
Régime intébieob. — Le régime est l'internat. Les pré-
posés admis à l'Ecole reçoivent, s'ils ne l'ont déjà, le grade
de brigadier. Ils conservent la tenue, l'armement et l'équi-
pement des préposés forestiers avec les insignes corres-
pondant à leur grade et ils restent soumis aux mêmes
obligations professionnelles que dans le service actif. Il est
alloué aux préposés pendant la durée des cours et, en plus
de leur traitement et avantages réglementaires, une indem-
nité de séjour calculée à raison de 50 fr. par mois et, en
outre, une indemnité de route pour se rendre de leur rési-
dence à l'Ecole, ainsi que pour leur retour. Les brigadiers-
élèves reçoivent à l'Ecole une instruction générale et une
instruction forestière. La première a pour but de leur
donner la culture intellectuelle indispensable. L'instruction
forestière, qui est à la fois théorique et pratique, est dirigée
de façon à leur faire acquérir l'aptitude professionnelle
nécessaire pour bien remplir les fonctions d'agents.
La durée des cours d'études est de deux ans. Le pro-
gramme de l'enseignement est ainsi divisé : première année:
économie forestière, exploitation et débit des bois, revision
des cours d'arithmétique, géométrie, algèbre et trigono-
métrie, lever des plans, botanique, droit (première partie),
repeuplements artificiels, revision de la géographie géné-
rale. — Deuxième année : aménagement, constructions,
routes, géologie, zoologie, dunes, reboisement, droit
(deuxième partie), éléments de chimie, agriculture, notions
de littérature, géographie de la France. — Comme exer-
cices pratiques, les élèves font, sous la direction des pro-
fesseurs, des excursions de sylviculture et d'aménagement
dans les forêts de Montargis et d'Orléans; ils en suivent
les exploitations et y font des études de toute nature.
A la tin des cours, les brigadiers-élèves subissent, devant
le directeur et les professeurs de l'Ecole réunis en jury,
sous la présidence du directeur de l'administration ou d'un
inspecteur général délégué, les examens de passage en pre-
mière division on de sortie. Le conseil d'instruction établit,
à la fin des opérations du jury, le classement des élèves
par ordre de mérite, d'après les résultats de ces examens
et les notes de l'année.
Sortie. — Les élèves qui ont satisfait aux examens de
sortie sont nommés gardes généraux. Ceux qui n'ont pas
satisfait aux examens de passage ou de sortie sont ren-
voyés dans le service actif avec le grade de brigadier, ou
même replacés à celui qu'ils avaient avant l'entrée à l'Ecole.
Ceux qui auraient été victimes d'une interruption forcée de
travail de plus de quarante-cinq jours peuvent être auto-
risés à redoubler une année de cours. \.-M. IL
Ecole nationale d'horticulture de Versailles.
— Destination. — L'Ecole nationale d'horticulture de
Versailles, établie au potager du parc et dépendant du mi-
nistère de l'agriculture, a pour objet de former des jardi-
niers capables et instruits dans toutes les connaissances
— 473 —
ÉCOLE
iMoriqnrH et pratiques de l'art horticole, le dernier règle-
meut est de juin ISI'I .
Conditions d'adhésion. — Les candidats doivent être
âges de seîie ans au moins et de vingt-six ans au plus au
1 r oct. de l'année de leur admission. Les demandes d'ad-
mission, rédigées sur papier timbré, doivent être adressées
au v préfets des départements dans lesquels résident les
candidats et parvenu le lr sept, au plus tard, délai de
rigueur. Toutefois, pour les dép. de la Seino et de
Seine-et-Oise. ees demandes doivent être adressées au
ministre de l'agriculture. — Elles sont accompagnées :
I" de l'aete de n.iissanee du candidat: 2° d'un certificat
de moralité délivré par l'autorité locale; d'un certificat
de médecin attestant la bonne constitution et l'aptitude
physique du candidat aux travaux des jardins; 4° des cer-
tificats, litres ou diplômes dont le candidat est possesseur,
ou de copies certifiées de ces pièces. Sur le vu de ces
■ 1 u i doivent être légalisées, le ministre ou le préfet
autorise, s'il y a lieu. le candidat à se présenter à l'exa-
men et lui en doue avis.
Examen. Les candidats subissent un examen d'admis-
sion, qui porte sur les matières suivantes : A. Epreuves
écrites : 1° dictée d'ortographe, servant en même temps
d'épreuve d'écriture; 2° questions d'arithmétique portant
sur les applications du calcul et du système métrique, avec
solution raisonnée; 3° une rédaction d'un genre simple (ré-
cit, lettre, etc.). — B. Epreuves orales : 1° analyse d'une
phrase écrite au tableau noir; 2° éléments d'histoire et de
géographie de la France; 3° questions d'application pra-
tique sur le calcul et le système métrique. — Les épreuves
de cet examen ont lieu le 15 sept., à la préfecture ou à la
sous-préfecture, devant un examinateur désigné par le
fuefet, ou au siège même de l'Ecole pour les candidats de
a Seine et de Seine-et-Oise.
Les candidats qui ont subi ces épreuves d'une manière
satisfaisante sont admis élèves titulaires. Ceux qui ont
obtenu le certificat d'études primaires ou le certificat d'ap-
prentissage d'une école pratique d'agriculture ou d'une
ferme-école sont dispensés de l'examen d'admission. Les
uns et les autres doivent être rendus à l'Ecole le 1er oct.,
date tixée pour l'ouverture de l'année scolaire. A leur
arrivée, ils subissent tous un examen de classement, qui
sert en même temps pour l'attribution des bourses de
l'Etat. Pour cet examen, il est tenu compte aux élèves des
connaissances techniques qu'ils peuvent posséder.
Ki (.iMF. ixTKiiiK.i r. — L'Ecole ne reçoit que des élèves
externes. L'instruction y est donnée gratuitement. La durée
des études est de trois années. Des bourses, au nombre de
six, d'une valeur de 1,000 fr., et pouvant être frac-
tionnées, sont accordées, chaque année, au concours, aux
élèves portés parmi les premiers sur la liste de classement.
Les demandes de bourses doivent être adressées direc-
tement au ministre avant le 1er sept., terme de rigueur.
Celles-ci ne sont données qu'aux élèves qui ont justifié de
l'insuffisance de leurs ressources pour leur entretien com-
plet ou partiel à Versailles. Les bourses peuvent être
retirées, si les titulaires viennent à démériter.
L'Ecole d'horticulture admet également des élèves s'en-
tretenant à leurs frais, ainsi que ceux envoyés par les
départements, les villes, les associations agricoles ou hor-
ticoles ou autres sociétés savantes, subventionnés par ces
diverses administrations. — Tous les élèves, boursiers ou
non, sont soumis aux mêmes études, aux mêmes travaux
pratiques, aux mêmes examens et aux mêmes règlements
intérieurs. Ils ne forment à l'Ecole qu'une seule catégorie
d'élèves et sont astreints aux mêmes obligations.
Discipline. Des roulements particuliers déterminent les
heures de présence à l'Ecole, l'emploi du temps, l'ordre
des travaux et les règles a observer pour le maintien delà
discipline intérieure. Les élèves sont tenus de s'y sou-
mettre sous peine des punitions qui y sont indiquées. —
Chaque année, les cours théoriques sont suspendus pendant
d.ux mois, du 1er août au 1er oct. Pendant cette période,
des congés temporaires peuvent être accordés aux élèves
qui en font la demande; mais le directeur de l'Ecole reste
libre île les limiter ou de les refuser. Tout élève qui ne
rentre pas à l'expiration de son congé est considéré comme
ayant abandonne l'Ecole ; il est rave des contrôles et ne
peut rentrer qu'en vertu d'une décision du ministre.
Enseignement. L'enseignement embrasse les matières
suivantes : I" l'arboriculture fruitière de plein air et de
primeur; la pomologie; 2° l'arboriculture d'ornement et
forestière, comprenant la pépinière en général ; 3° la cul-
ture potagère de primeur et de pleine terre ; 4° la flori-
culture de plein air et de serre; 5° la botanique élémen-
taire et descriptive ; 0° les principes de l'architecture des
jardins et des serres ; 7° des notions élémentaires de
physique, de météorologie, de chimie, de géologie, de
minéralogie, appliquées à la culture ; 8° les éléments de
zoologie et d'entomologie dans leurs rapports avec l'horti-
culture et l'arboriculture; il0 l'arithmétique et la géométrie
appliquées aux besoins du jardinage (mesure des surfaces,
cubages, lever de plans, nivellement, etc.) ; 10° le dessin
linéaire, le dessin de plantes et d'instruments ; 11° des
leçons de langue française et de comptabilité; 12° des
leçons de langue anglaise ; 13° l'exercice militaire.
L'instruction pratique est manuelle et raisonnée. Elle
s'applique à tous les travaux de jardinage, quelles que
soient leur nature et leur durée. Les élèves sont appelés
à fournir la main-d'œuvre nécessaire à l'établissement, et
tenus d'exécuter ces travaux, auxquels une partie de leur
temps est consacrée, afin d'acquérir l'habileté manuelle
indispensable. — Indépendamment des cours et des con-
férences faits à l'Ecole, des visites aux principaux établis-
sements d'horticulture permettent de mettre sous les yeux
des élèves les meilleurs exemples de la pratique horticole
et arboricole.
A la tin de chaque année scolaire, un examen général a
lieu et sert à établir le classement des élèves. Ceux d'entre
eux qui sont reconnus trop faibles pour passer à une divi-
sion supérieure cessent de faire partie de l'Ecole.
Sortie. — Les élèves qui ont satisfait aux examens de
sortie reçoivent, sur la proposition du jury d'examen, un
certificat d'études délivré par le ministre. En outre, les
élèves sortis parmi les premiers peuvent obtenir, si le degré
de leur instruction et leurs aptitudes justifient cette faveur,
un stage d'une année dans de grands établissements horti-
coles de la France ou de l'étranger. Une allocation de
1,200 fr. est affectée à chacun de ces stages, dont le
nombre ne peut être supérieur à deux par année. Toutefois,
le stage n'est pas acquis de droit aux élèves classés les
premiers. Il est accordé dans le cas seulement où les notes
des examens de sortie démontrent qu'ils sont capables de
tirer un bon parti de ce complément d'instruction, et de
préférence à ceux qui manifestent des dispositions pour
l'enseignement et le désir de s'y consacrer.
Ecoles de bergers. — Destination. — Les écoles de
bergers représentent le degré le plusrudimentaire d'instruc-
tion. Elles ont pour but d'initier les jeunes gens à la con-
duite et à la bonne gestion des troupeaux. Il en existe deux,
celle de Rambouillet (Seine-et-Oise), annexée à une ber-
gerie nationale, et celle de Moudjebeur (Algérie).
ECOLE DE RAMBOUILLET. — Conditions d'admis-
sion. — Le candidat doit avoir quinze ans accomplis et
adresser, avant le 10 oct., au ministre de l'agriculture, une
demande accompagnée des pièces suivantes : 1° son acte de
naissance; 2° un certificat constatant qu'il a été vacciné ou
qu'il a eu la petite vérole, qu'il est d'une bonne constitu-
tion et qu'il n'est atteint d'aucune infirmité qui le rende
impropre aux travaux des champs ; 3° un certificat de
bonnes vie et mœurs ; 4° un procès-verbal de l'examen
qu'il a dû passer préalablement devant l'instituteur de sa
commune sur la lecture, l'écriture et la pratique des quatre
premières règles de l'arithmétique ; à ce procès-verbal doit
être jointe une page écrite par le candidat.
Régime intérieur. — La durée de l'apprentissage est
KCOLE
- 474 -
de deux ans. Le régime dl lï.cole est l'internat. La nour-
riture fi l'enseignenwnl sont gratuits. L'année scolaire
comnience le l''r nov.
Sortis. — Au terme dei deux années d'apprentissage
les élèves subissent un examen de sortit- et reçoivent, s'ils
en sont jugée dignes, une prime de 200 fr. (300 f'r. pour
le premier) et un certificat d'aptitude.
ECOLE DE MOUDJEBEUR, — Conditions d'admis-
sion. — Le nombre des élèves à admettre chaque année
est lixé à -!'■>. Pour être admis, les candidats européens
ou indigènes doivent être âgés do quatorze ans au moins.
Ils ont a se présenter) avant le 15 oct., à la direction de
l'établissement ou à se faire inscrire aux préfectures, sous-
préfeotures, mairies, bureaux de cercles ou d'annexés de
l'Algérie, et B produire : 1° un certificat de bonne con-
duite délivré par l'autorité locale de leur circonscription
administrative (maire, administrateur de commune mixte,
commandant supérieur de cercle ou d'annexé); 2° un cer-
tificat de médecin constatant qu'ils ont été vaccinés ou
qu'ils ont eu la petite vérole, qu'ils sont d'une bonne
constitution et qu'ils ne sont atteints d'aucune infirmité qui
les rende impropres aux travaux des champs.
Régime intérieur. — La durée de l'apprentissage est de
trois ans. L'enseignement est gratuit et essentiellement
pratique. Le régime de l'Kcole est l'internat. Les élèves
ont à fournir un trousseau. L'année scolaire commence le
1er nov.
Des jeunes gens, âgés de seize ans au moins, et justifiant
qu'ils ont reçu une bonne instruction primaire, peuvent
obtenir de suivre, à titre d'apprentis ou de stagiaires, les
opérations du domaine rural et l'administration du trou-
peau. L'enseignement et le logement leur sont donnés gra-
tuitement. Pour leur pension, ils ont à payer une rétribu-
tion de 600 fr. par an, payable d'avance et par trimestre,
à moins qu'il ne leur ait été fait remise totale ou partielle
de cette pension.
Sortie. — > A l'expiration des trois années d'apprentis-
sage, les élèves subissent un examen de sortie qui s'étend
sur la pratique raisonnée des travaux de la ferme et sur
toutes les opérations pratiques relatives à la conduite des
troupeaux. Un diplôme est délivré aux apprentis qui en
sont jugés dignes. A.-M. B.
Ecoles pratiques d'agriculture. — Organisation
générale. — Les écoles pratiques d'agriculture ont, d'après
la loi du 30 juil. 1875, pour objet de donner, concurrem-
ment avec les fermes-écoles (V. ce mot), un enseignement
élémentaire agricole pratique. Ce sont des institutionsappar-
tenant à des départements ou même ù des particuliers qui
les gèrent à leurs risques et périls. Le gouvernement ne
s'occupe que de l'enseignement dont il paye les frais et sur-
veille la bonne direction. Les écoles se fondent après avis
du conseil général ; le ministre fait étudier le domaine et
crée l'école pratique par arrêté. Les frais de premier éta-
blissement incombent, en général, au département.
Voici quelles sont les conditions générales d'organisation
des écoles pratiques d'agriculture. Nous exposerons ensuite
ce qui est particulier à chacune d'elles, s'il y a lieu.
Elles sont destinées à donner une bonne instruction pro-
fessionnelle aux fils de cultivateurs, vignerons, proprié-
taires et fermiers, et, en général, aux jeunes gens qui se
destinent à la carrière agricole. Leur programme et leur
destination varient selon les départements (V. ci-après).
La limite d'Age supérieure est partout de dix-huit ans pour
les élèves proprement dits.
Pour être admis à ces écoles, il faut être pourvu d'une
bonne instruction primaire. Les conditions d'âge varient,
mais le plus généralement, on est reçu de treize;» dix-huit
ans. Un comité de surveillance et de perfeclionneraent fait
fonctions de jury d'examen pour l'admission des élèves.
L'examen d'admission porte sur la langue française, l'arith-
métique et le système métrique, les notions générales d'his-
toire et de géographie de la France. 11 est tenu compte
aux candidats des connaissances en dessin, géométrie,
science^ physiques, chimiques et naturelles qui ne sont pas
exigées pour l'examen. Les candidat:, munis du icrtilnat
d'études primaires ou de l'en ut secondaire seront
reÇUS de droit jusqu'à concurrence du nombre des pi
disponibles.
Les candidats adressent leur demande d'inscription au
directeur de l'école et datent produire les pièces suivant
I" demande des parent-, ; i- extrait de l'acte de naissance
du candidat ; 8" certificat de vaccine; 4" certificat de bonne
conduite délivré parle chef de rétablissement dans lequel
le candidat a accompli sa dernière année d'études, ou, a
défaut, par le maire de sa dernière réridfSlffl : 5* engage-
ment du père de famille ou du répondant d'acquitter régu-
lièrement le prix de la pension; 0° enfin les certificats
d'études dont le candidat peut être pourvu. Les candidats
pour lesquels une bourse est demandée doivent joindre à
ces pièces une délibération du conseil municipal de la com-
mune ou réside la famille, constatant l'état de ses ressources
et de ses charges. Les candidats aux bourses, quels que
soient les titres universitaires ou autres dont ils sont pour-
vus, doivent subir l'examen.
Les examens d'admission ont lieu, d'ordinaire, chaque
année, le 15 sept., au siège de l'école.
La durée de l'enseignement est de deux ou trois ans.
L'enseignement est théorique et pratique ; il comporte les
matières suivantes : développement de l'enseignement pri-
maire, rédaction, lecture, calcul, géométrie, arpentage,
nivellement, éléments d'histoire naturelle, de météorologie,
de physique et de chimie, agriculture, mécanique agricole,
horticulture, arboriculture, économie rurale, zootechnie,
comptabilité. Le temps des élèves est réparti par moitié
entre le travail manuel et les leçons.
Ces écoles reçoivent toutes des internes, pour lesquels
elles sont plus spécialement organisées, étant placées, par
définition, à la campagne et, le plus souvent, assez loin
des centres de communication. Mais la plupart reçoivent
également des demi-pensionnaires et des externes. Le prix
de pension sera indiqué pour chaque école; naturellement,
les internes fournissent en outre leur trousseau. Un grand
nombre de bourses sont instituées dans chacune des écoles
pratiques d'agriculture par l'Etat, les départements, les
communes, les comices agricoles, etc.
Les élèves qui ont satisfait, pendant leur séjour à l'école,
aux examens particuliers et de fin d'études, reçoivent, à
leur sortie, un certificat d'études qui, sous le régime de la
loi de 1872, leur donnait droit au bénéfice du volontariat
d'un an. 11 ne confère aucun avantage d'après la loi de
1 889, mais les élèves qui l'ont reçu ont le droit de con-
courir pour les bourses instituées à l'Institut agronomique
et dans les écoles nationales d'agriculture en faveur des
meilleurs élèves des écoles pratiques.
Nous plaçons ici la liste, par ordre alphabétique de
département, des écoles pratiques d'agriculture en indiquant
brièvement les conditions qui sont particulières à chacune
d'elles :
Alger: Rouïba (par Alger). Agriculture et Viticulture.
14 ans au moins. Internes, 000 fr. ; de plus, élèves sur-
numéraires aux mêmes conditions et stagiaires libres
(330 fr. par trimestre). Deux ans d'études.
Allier : Turreaux. Agriculture.
Bourhes-du-lxhone : Valabri (parG-ardanne).i4<7rtrt//-
turr et Viticulture. 13 ans au moins. Internes. 400 fr. :
demi-pensionnaires, 200 fr.; externes, gratuitement. Trois
ans d'études.
Côte-d'Or : Beapne. Agriculture et Viticulture. t3 ans
au moins. Internes, 500 fr. ; demi-pensionnaires. -25(1 fr. :
externes, 50 fr. Trois ans d'études.
Eure: Le Neurocrg. Agriculture. 13 ans au moins.
Internes, 500 fr. ; demi-pensionnaires. -250 fr. : externes,
100 fr.
Finistère : Lézardeah (par Qtrimperlé). Agriculture
et Irrigation. L'Kcole pratique d'agriculture et d'irriga-
tion de Lézardeau est destinée à donner une bonne instrne-
- 478 -
ÉCOLE - ÉCOLES
lion professionnelle aux fils de cultivateurs, propriétaires
ou fermiers, et. en général, aux jeunes gens se préparant
à It carrière agricole, ainsi qu'à former dès agents spéciaux
pour les travaux d'irrigation et de drainage, l.'examen
d'admission a lien à la finif octobre el porte sur l'orthographe,
l'arithmétique et la géométrie. La durée des études est de
deux ans: toutefois, les élèves qui recherchent spécialement
l'enseignement de l'irrigation et du drainage entrent immé-
diatement en deuxième année s'ils possèdent le certifies)
d'instruction d'une ferme-école ou s'ils justifient des con-
naissanees agricoles nécessaires. L'âge minimum d'admis-
sion est fixé à quinze ans pour les élèves de la première
année et à seize ans pour ceux qui entrent directement en
deuxième année. Les élèves qui se destinent aux études
spéciales d'irrigation et entrent en seconde année, sont
choisis de préférence parmi les premiers des fermes-écoles,
sur la présentation d'un certificat d'études et d'un certi-
ficat du directeur de la lerme-ècole d'où ils sortent. Ils
subissent en entrant un examen destiné à permettre leur
classement et à déterminer ceux qui ont droit aux bourses,
dans le cas de candidats plus nombreux que les bourses.
I Bfi matières de l'examen sont les mêmes que pour l'entrée
en première année.
IlIe-et-Yilaine. Coetlogon, à Trois-Croix (près de Rennes).
Ecole de Laiterie. L'Ecole fondée le î févr. 188(5, annexée
à la ferme-école du département, est la seule école d'agri-
culture pour les femmes; elle reçoit des jeunes filles internes
de 1 i ans au moins. 8 bourses sont accordées chaque
année par l'Etat. Le prix de la pension est de "250 fr. La
durée des études est de six mois ; les meilleures élèves
peuvent rester une année. L'enseignement est théorique et
F trafique. L'instruction théorique comprend : 1° l'étude de
a vache laitière, caractère, soins, alimentation, élevage
et engraissement des veaux; 2° l'hygiène des ètables;
3° la technologie du lait, fabrication du beurre et du fro-
mage, utilisation des déchets de laiterie ; 4° la porcherie
et la basse-cour, élevage et engraissement ; 5° le ménage
de la ferme, les soins intérieurs, la comptabilité de la ferme
et spécialement de l'exploitation laitière. L'enseignement
pratique comprend les travaux de laiterie, de basse-cour et
d'horticulture. Au terme des études et après examen, on
délivre auv élèves un certificat d'instruction.
Loiret. Le Ches.noy (près de Montargis). Agriculture.
Manche. Coight. Agriculture et Laiterie.
Marne (Haute-). Saixt-Bon (corn, de Champcourt, près
de Biaise), 15 ans au moins. Internes, 450 fr. Deux ans
d'études.
Meurthe-et-Moselle. Ecole Mathieu de Dombasle, au
château de Tombelaine, près de Nancy. Agriculture. 1 S ans
au moins. Internes, 600 fr.; externes, "200 fr. Auditeurs
libres. Deux ans d'études.
Meuse. Les Mkrchines (près de Vaubecourt). Agri-
culture.
Morbihan. Le Grand-Resto (près de Pontivv). Agri-
culture. 14 ans au moins. Internes, 350 fr., trousseaux
et literie ; demi-pensionnaires, 200 fr. ; externes, 50 fr.
Deux ans d'études.
Pas-de-Calais. Bertiionyal (près de Mont-Saint-Eloy).
Agriculture. 13 ans au moins. Internes, 400 fr. ; demi-
pensionnaires, 200 fr. : externes 50 fr. Trois ans d'études.
Puy-de-Dôme. Lv Molière (près de lîillom). Agricul-
ture. 1 ', ans au moins. Internes, 400 fr. ; externes, gra-
tuitement.
Rhône. Ecuui (près de Lyon). Agriculture. Admission
exclusivement au concours. 1 4 ans au moins. Internes
450 fr. ; externes, 50 fr. Trois ans d'études.
Seine-Inférieure. Aumale. Agriculture. 13 ansaumoins.
Internes, 500 fr. ; demi-pensionnaires, 230 fr.; externes,
50 fr. Trois ans d'études.
Somme. Le Paraclet (près de Boves). Agriculture.
13 ans au moins. Internes, 150 fr.
Haute-Saone. Swnt-Remy (près d'Amance). Agricul-
ture. 15 ans au moins. Internes, 25 ou 50 fr. par mois,
100 fr. avec chambre particulière. LTIcole vise autant
l'éducation des futurs propriétaires agriculteurs que celle
des cultivateurs et fermiers. La durée des études est de
deux ans el demi.
Vaucluse. Atignok. Viticulture et Irrigation.
Vendée. Foxtknay-i.e-Comtk. Agriculture.
Vosges. Su t.xi itr.s-sun-Mosn.i.K. Agriculture et Lai-
te rie . 12 ans au moins. Internes, 500 fr.; demi-pension-
naires, 250 fr. ; externes, 50 fr. Deux ans d'études.
Nonne. La Drosse (près d'Auxerre)..1j/n'n///*<ry\14ans
au moins. Internes, 430 fr. Trois ans d'études. A. -M. B.
H 1 1: i.. : Le document fondamental, pour tes écoles pri-
maires surtout, est le Dictionnaire de pédagogie do
Buisson; Paris, 1882 et 1887.
Pour l'architecture, Y. V. Narjoux, les Ecoles publi-
ques, etc.; Paris, 1879, in-8, flg.
Pour l'hygiène, V. Javai., Hygiène des écoles primaires.
Rapport au ministre de l'instruction publique, 1884. —
Droutneau, Règlement de i882 sur les constructions
scolaires. — Layet, art. Ecoles, dans le Dictionnaire ency-
clopédique de médecine moderne, 1890. — Arnoult, te
Groupa scolaire, dans Eléments d'hygiène.
Pour les écoles normales, V. dans le Recueil des mono-
graphies pédagogiques, 18*9, t. II, les travaux de Jacou-
let, Notice historique sur les Ecoles normales d'insti-
tuteurs el d'institutrices, et de Plcaut, Organisation et
administration matérielles des Ecoles normales.— W ■ aussi
la notieo de Dopuy, l'Ecole normale supérieure.
Pour les grandes écoles du gouvernement, les pro-
grammes sont publiés par Del AL AIN. — V. aussi Stalis-
lique de l'enseignement supérieur de 1868 a 1 818 ; Paris,
1879, in-4, et de 1818 à 1888; Paris, 1889, in-4. — Mortimer
D'Ooaonb, les Grandes Ecoles de France; Paris, 1887. —
Andreani, les Ecoles françaises civiles et militaires;
Paris, lN'.il.— Les principales écoles ont donné lieu à des
monographies. — bouc y, Histoire de l'Ecole polytech-
nique.— Pimet, Histoire de l'Ecole polytecli nique ; Paris,
1887. — Comberousse, Histoire de l'Ecole centrale 'les
arts cl manufactures; Paris, 1879. — Eug. Mûntz, Guide
de l'Ecole nationale des beaux-arts; Paris, in-8, fig.
ÉCOLE. Com. du dép. de la Savoie, arr. de Chambéry,
cant. du Chàtelard ; 839 hab.
ÉCOLES chrétiennes (Frèresdes). Leur institut, appelé
aussi Congrégation des Frères de Saint-Yon, a été fondé
par Jean-Baptiste de La Salle, né à Reims en 1651, mort
en 1719, déclaré vénérable par Grégoire XVI (8 mai 1840),
bienheureux par Pie IX (V. Canonisation, t. IX, p. 82,
col. 1). Fils d'un conseiller au présidial de Reims, J.-B.
de La Salle était chanoine de l'église de cette ville, dès l'âge
de quinze ans (1666); il ne reçut la prêtrise qu'en 1678. Il
commença par consacrer son activité aux enfants pauvres
en sollicitant et en obtenant des lettres patentes pour l'éta-
blissement des sœurs de l'Enfant-Jésus (V. Enfant-Jésus
[Sœurs de l'J) fondé par Roland, chanoine et théologal de
Reims. Vers le même temps, il contribuait puissamment
par ses conseils, son influence et ses sacrifices personnels
à l'ouverture d'écoles gratuites pour les garçons, dans les
paroisses Saint-Maurice et Saint-Jacques. En 1679, il se
voua entièrement à cette œuvre ; pour la maintenir et la
développer, il s'appliqua à recruter et à préparer des maî-
tres selon ses vues. 11 les réunit dans une maison particu-
lière et constitua avec eux une sorte de communauté dont
il devint le directeur et le confesseur. Mais, comme il pos-
sédait lui-même un riche canonicat et une grande fortune,
ces maîtres goûtaient peu les leçons de renoncement et
d'abandon à la providence qu'il s'efforçait de leur incul-
quer ; plusieurs cherchèrent ailleurs des occupations pro-
mettant un avenir plus assuré. Afin de les convaincre par
son exemple, il résigna son canonicat en faveur d'un prêtre
pauvre, qu'il préféra à son propre frère : pendant la famine
de 1681, il distribua aux pauvres le prix de tous ses biens.
Devenu pauvre lui-même, il mendia publiquement dans sa
ville natale, au grand chagrin de sa famille. — Après
Reims, ce fut ii Kethel et à "Guise que s'ouvrirent les pre-
mières écoles tenues par des maîtres formés par La Salle.
Ln 1684, ils commencèrent à faire des vieux de chasteté,
de pauvreté el d'obéissance : ils adoptèrent le costume
qu'ils portent encore et prirent le nom de frères des
Ecoles chrétiennes. La Salle voulait que leurs vœux ne
fussent que pour trois ans ; mais, sur les instances des
ÉGOLBS — 47i> —
frères, il consenti! a îles rmiu perpétuel*. En 1688, il vint
à Paris, avec déni de bm disciples, et \ ouvrit une école,
me Princesse, dans ls paroisse Saint-Sulpice. In 1705, il
acheta dans le faubourg Saint-Sever, b Rouen, la maison
de Saint-Yon, dont il (il le centre de son institut. Il établit
d'abord à Reims, ensuite a Paris, des séminaires de maîtres
d'école, qu'on peut considérer comme les premières écoles
normales d'instituteurs ; il forma un noviciat pour les ado-
lescents et un autre pour des jeunes gens plus avancés.
Enfin, il compléta son œuvre en organisant des leçons
dominicales pour les ouvriers. — A sa mort, sa congré-
gation possédait des «rôles a Alais, Avignon, Boulogne,
Calais, Chartres, Dijon, Grenoble, (luise, Laon, Marseille,
Blende, Moulins, Paris, Reims, Rouen, Saint-Denis, Troyes,
Les Vans, Versailles. Au début, elle avait remontre', en
divers endroits, une vive opposition, soit delà part des su-
périeurs ecclésiastiques, en méfiance contre une institution
nouvelle et d'aspect singulier, soit de la part des maîtres
d'école lésés par la concurrence d'un enseignement gratuit
et soutenus par les chantres des chapitres' qui exerçaient
juridiction sur eux (V. Cfiantrk). Les meubles de ses mai-
sons lurent plus d'une fois saisis pour fournir le payement
des amendes auxquelles les frères avaient été condamnés.
Vers la fin de sa vie, La Salle se démit de la direction
de son institut; il réunit les frères en assemblée générale
et leur fit adopter formellement comme statuts les règles
que son exemple et son autorité personnelle avaient fait
pratiquer pendant près de quarante ans. Les dispositions
caractéristiques de ces statuts primitifs sont : la prescrip-
tion d'une absolue gratuité (art. 4, 17, "23, 27); l'obliga-
tion de l'enseignement simultané ; la nécessité de la présence
de trois frères au moins en chaque maison; l'interdiction
d'admettre des prêtres comme membres de la congrégation;
la défense de recevoir des pensionnaires dans les maisons
d'école (ch. xiv); celle d'enseigner le latin à qui que ce
fût, dans la maison et au dehors. Les Irères qui avaient
appris la langue latine n'en devaient faire aucun usage
dans la maison et se comporter comme s'ils ne le savaient
point (art. 60). Le programme officiel des études compre-
nait la lecture du français et du latin, des livres et des
manuscrits, l'écriture, l'histoire sainte, les éléments de la
langue française, l'arithmétique; des exercices religieux et
une instruction édifiante donnée chaque jour pendant une
demi-heure {Statuts publiés en 1787). — Leur institut
fut approuvé par Benoit XIII, en janv. 1725, six années
environ après la mort de La Salle. En 1770, le siège de
l'institut fut établi à Reims; quelques années plus tard,
il fut transféré à Melun. En 1789, la congrégation com-
prenait 1,000 frères et possédait 121 maisons. Elle fut
supprimée par le décret du 18 août 179-2, qui liquida les
pensions des frères d'après le nombre des années qu'ils
avaient vécu dans la congrégation. Le maximum de ces
pensions était de 900 livres (lit. III, ch. u, art. 1). Le
refus ou le défaut du serment civique emportait déchéance
(tit. V, art. 1).
Les frères reparurent en 1801 ; dès 1802, ils ouvrirent
des écoles à Lyon, à Paris, à Saint-Germain-en-Laye, au
Gros-Caillou, à Toulouse. Le gouvernement autorisa les
villes à admettre ces écoles et à en faire supporter les frais
par les hospices. Le 2 sept. 1805, les frères reprirent leur
costume. Le décret du 17 mars 1808 légalisa leur existence
et statua qu'ils seraient brevetés et encouragés parle grand
maître de l'Université, qui viserait leurs statuts intérieurs,
les admettrait au serment, leur prescrirait un habit et fe-
rait surveiller leurs écoles (art. 109). Leurs supérieurs
pouvaient être membres de l'Université. L'archevêque de
Lyon obtint pour les frères l'exemption du service mili-
taire. Sous la Restauration, le gouvernement les combla de
faveurs et leur accorda une grande maison au faubourg
Saint-Martin, à Paris. En 1824, leur institut comptait en
France 1,800 frères et 197 maisons. Activement mêles à
la politique réactionnaire et cléricale de la Restauration,
ils reçurent le contre-coup de la révolution de Juillet.
Hais ils se relevèrent bientôt, lie-, ik'.k, ils étaient déjà
en mesure de profiter ries immenses avantages que devait
leur "Urir la loi <\u 15 mars 1850. Sous l'Empire et
pendant les premières années de la troisième République,
leur institut prit un énorme développement. En
le gouvernement des écoles chrétienne- fut divise en vingt
provinces : dix pour la France, l'Algérie et les colonies;
les dix autres pour l'Allemagne, la Belgique, la Suisse,
la Savoie, le Piémont, les Etats de l'Eglise, le Levant,
le Canada, les Etats-Unis et la tfalaisie. Les frères avaient
dan- ces vingt provinces 750 établissements, 1,353 écoles,
4,126 classes, -27'). 000 élèves. L'institut comptait alors
7,000 membres. En 1878, il en avait 9,818 répartis
dans 1,004 écoles publiques et 385 écoles libres. Il a
des noviciats à Castletown (Irlande). Vienne (Autriche),
Alost (Belgique), Madrid (Espagne), Albano (Italie),
Colombo (lie Ce vlan), El-Biar (Algérie), Ramlefa (Egypte,
près d'Alexandrie), Saint -Denis (île de la Réunion).
Montréal (Canada), Baltimore, New-York, Saint-Louis,
San Francisco (Etats-Unis), Quito (Equateur), Santiago
(Chili). — La maison mère est a Paris, rue Oudinot. 27
(ancienne rue Plumet) ; elle a été coneédéeponr remplacer
la maison du faubourg Saint-Martin expropriée a cause de
l'établissement du chemin de 1er de Strasbourg. L'institut
est dirigé dans son ensemble par un supérieur y
nommé à vie par un chapitre général. Mais à ce supé-
rieur est adjoint un conseil permanent composé de huit
assistants, lesquels sont aussi élus à vie par le chapitre
général. L'administration proprement dite est confiée à un
procureur. La province de Savoie a conservé son siège
distinct à Chambéry : 31 maisons, 202 frères (en 1861).
Cet institut est peut-être, de toutes les congrégations
religieuses, celle qui a payé la rançon du vo'U de chasteté
par les plus nombreuses condamnations pour attentats
aux moeurs. Quelques-unes de ces condamnations, comme
celle du frère Léotade (viol et assassinat de Cécile Com-
bette), appartiennent à l'histoire des Causes célèbres. I.es
lois qui ont institué la laïcité et la gratuité dans les écoles
publiques où se donne l'instruction primaire ont enlevé
beaucoup d'écoles aux frères. Mais, comme ils n'exercent
que dans les villes ou des communes importantes, ils ont
pu rassembler un grand nombre d'élèves dans des établis-
sements soutenus par les catholiques dévots et par les
adversaires du régime républicain. Ils compensent, d'ail-
leurs, largement ce qu'ils ont perdu du côté de l'instruc-
tion communale, par le développement toujours croissant
de la partie la phis moderne de leur œuvre. Ils ont élargi
considérablement le programme de leur enseignement :
contrairement à leurs statuts primitifs, ils ont délaissé
la gratuité et [iris des pensionnaires; ils tiennent des
orphelinats , des maisons d'apprentissage , des fermes-
écoles et même des hôtels garnis, des pensionnats et des
demi-pensionnats, des établissements d'instruction profes-
sionnelle, industrielle et commerciale. Leurs maisons de
Passy, de Saint-Nicolas et plusieurs autres, dans nos dé-
partements, sont, en leur genre, des institutions de premier
ordre. Par leur nombre, par leur organisation, par leur
discipline, par l'esprit d'entreprise et de persévérance qui
les anime, par leur origine; par les ressources qu'ils pos-
sèdent déjà et qui s'accroissent toujours; par la valeur
pratique de leurs méthodes, dirigées par une expérience
séculaire et appliquées avec suite, du commencement à la
fin des études (pour l'examen critique de ces méthodes.
V. Fréri:s I Pédagogie]); par la clientèle qu'ils recrutent
parmi les ouvriers, la petite et même la 'moyenne bour-
geoisie ; par les principes qu'ils inculquent à leurs élèves;
par les habitudes de protection mutuelle auxquelles ils les
dressent ; par les rapports constants qu'ils entretiennent
avec eux, après leur sortie; par les avantages qu'ils
savent leur procurer dans le monde bien pensant; par
leur zèle pour les patronages et les cercles d'ouvriers, ils
sont devenus la milice la plus puissante du parti clérical :
une puissance dont il serait insensé de méconnaître les
— i77 —
ECOLES — ÉCONOME
causes et les effets. — Œuvres principales de J.-l>. de La
Salle : Règles de /<; bienséance et de la civilité chré-
tienne; Conduite des écoles chrétiennes; les Douze
Vertus d'un bon maître.
Une congrégation de frères des Ecoles chrétiennes
d'Irlande a été approuvée, le S sept. 1820, par le bref Ad
pastoralis de Ke Ml. Ses statuts diffèrent un pende
ceux des Frères de J.-l>. de La Salle. Aux trois vœux de
chasteté, de pauvreté et d'obéissance, ils ajoutent celui de
persévérance dans l'institut. Le supérieur n'est élu que
pour dix ans. — Une congrégation de frères des Ecoles
chrétien >t<s de la Miséricorde, dont la maison mère est à
Montebonrg (Manche), possédait, en 1861, 18 maisons
comprenant 98 frères ; ils tenaient des écoles primaires,
des pensionnats et des écoles normales. K.-ll. Yollet.
Bnu.. : Vie de J.-li. de La Salle: Rouen, 1733, 2 vol.
in-l. — Garrc.au, Vie de J.-B. de La Salle ; Rouen, 1700,
in-12. — Ddroson, l'Abbé de La Salie; Paris, 1848, in-8.
ÉCOLES i iir.KTiENM s (Sœurs des), dites sœurs de la
Sàinte-1 '.xvanck. 35 maisons, '218 sœurs (recensement
spécial de 1861) ; maison centrale, Versailles.
ÉCOLES chrétiennes DE LA Miséricorde (Sœurs des).
89 maisons, 295 sœurs (recensement spécial de 1861).
Pour les frères du même nom, V. Ec.oi.es CHRÉTIENNES
(frères des).
ÉCOLES CHRÉTIENNES ET CHARITABLES HE l'EnFANT-JésuS
(frères et sœurs des). Communautés d'hommes et de filles
instituées par le P. Barré, minime, né à Amiens vers 1621,
mort à Paris en 1681. Leur principal emploi était d'ins-
truire gratuitement les enfants pauvres : il leur était
défendu d'enseigner au dehors et ne rien recevoir des
parents de leurs élèves. Les frères et les sœurs appartenant
à ces communautés ne faisaient point de vœux, mais vivaient
sous la conduite d'un supérieur ou d'une supérieure et lui
devaient obéissance. Les frères avaient pour habillement
une soutane et une houppelande avec des manches pen-
dantes ; le tout d'étoffe noire et grossière. Cette institution
est antérieure à celle de J.-B. de La Salle, qui en a repro-
duit plusieurs dispositions. E.-H. Voi.i.et.
Bibl. : Helvot continué par Bullot, Histoire des
ordres monastiques, religieux et militaires, et des con-
grégations religieuses séculières de l'un et de l'autre sexe;
Paris, 1714-1721, 8 vol. in-8, Bg.
ÉCOLES imes (Pères ou Clercs réguliers des) (V. Pia-
RISTES).
ECOLISMENSES. Peuplade d'Aquitaine. La civitas
I lismensium ou Ecolisnensium de la provincia aqui-
taniea seeunda, mentionnée pour la première fois dans la
Notice des Procinces, doit s'être formée, vers le ivc siècle
de notre ère, aux dépens du territoire des Santoncs. Dans
l'ordre ecclésiastique, elle donna naissance au diocèse
d'Angoulème, et, dans l'ordre administratif, à l'Angoumois
(vagus Egolismensium, Egolminsis ou Engolismensis
(Y. Angocmois et Am.ollème).
ÉCOLLEMONT. Com. du dép. de la Marne, arr. deVitry-
le-François, cant. de Saint-Rem y-en-Bonzement; 95 hab.
ÉCOMAN. Com. du dép. de Loir-et-Cher, arr. de Blois,
cant. d'Ouzoucr-le-Marché ; 342 hab.
ÉCOMMOY.C.h.-l. de cant. du dép. de la Sarthe, arr.
du Mans, sur le versant de la ligne de faite qui sépare la
vallée de la Sarthe de celle du Loir ; 3,709 hab. Stat. du
chem. de fer d'Orléans, ligne de Tours au Mans. Fonderie,
faïencerie, fabrique de tuiles, briques et carreaux ; toiles ;
chaux. Lglise moderne de style gothique. Châteaux de
Bézonnais et de Fontenaille.
ÉCONOME. I. Administration byzantine. — Dignitaire
ecclésiastique à Byzance, chargé de la gestion des finances
de l'Eglise. On connait diverses sortes d'économe : le grand
économe, haut dignitaire du patriarcat, souvent directement
nommé par l'empereur et qui avait tûv ÈxxXipnaoTixcdV
xrAuctcdv Tr,v icpovotav; au-dessous de lui, les économes
de chaque église, par exemple de Sainte-Sophie et de Saint-
Georges; h- grand économe des fondations pieuses (tûv
eùayûv), chef suprême de l'administration des biens des
monastères, et les simples économes ses subordonnés ;
puis les économes des métropolitains, les vice-économes,
les économes des monastères, etc. On possède quelques
sceaux peu nombreux, mais fort intéressants do ces divers
fonctionnaires. Ch. Du. m,.
II. Administration civile. — On appelle de ce nom le
fonctionnaire chargé de l'administration financière d'une
école normale, d'un lycée. Dans les lycées, l'économe s'ap-
pelait primitivement un procureur-gérant (loi du 1 1 floréal
an X). Dès 180!*, cet agent comptable prit le nom d'éco-
nome. Il est chargé seul sous sa responsabilité d'effectuer
toutes les recettes et toutes les dépenses du lycée, de
poursuivre la rentrée de tous les revenus et de toutes
les sommes qui lui sont dues, ainsi que d'acquitter les
dépenses ordonnancées par le proviseur jusqu'à concur-
rence des crédits régulièrement accordés, il a la respon-
sabilité du matériel et des approvisionnements (décret du
31 mars 1862). L'économe est tenu de fournir un caution-
nement. Les comptes annuels de sa gestion sont jugés par
la cour des comptes. Son service ne se borne pas aux
opérations de comptabilité et aux écritures : il doit discuter
avec soin les marchés, .présider aux livraisons des fourni-
tures et aux distributions, survoilier les domestiques, veiller
à ce que toutes les parties de la maison soient tenues dans
un état de propreté convenable, et, en évitant toute dépense
et toute consommation inutile, ne rien négliger de ce qui
peut contribuer au bien-être des élèves (circulaire du
lOfévr. 1838). Le décret du 26 août 1882 a réglé le trai-
tement des économes des lycées, qui sont divisés en trois
classes, les économes des lycées de Paris restant hors classe.
Le décret du 10 nov. 1883 a nommé aussi des économes
dans les lycées de jeunes filles. De même, dans les écoles
normales d'instituteurs et d'institutrices ont été établis des
fonctionnaires spécialement chargés du service de l'écono-
mat. G. Compayré.
III. Administration ecclésiastique. — On appelle éco-
nome, dans le droit canon, une personne préposée à l'admi-
nistration de certains biens de l'Eglise. Cet office parait avoir
été établi dès les premiers siècles, tant pour assurer la
bonne administration et le bon emploi des biens de l'Eglise
que pour décharger l'évèquedu soin des choses temporelles
et lui permettre de«e consacrer entièrement à son minis-
tère spirituel. Quelques evêques s'élant affranchis de cette
assistance, qui comportait un certain contrôle, le concile
de Chalcédoine décida que toute église ayant un évêque
aurait un économe choisi parmi son propre clergé. Il
semble que cette nomination appartenait au clergé ; mais,
en divers lieux, l'évêque s'en était emparé. Pour le cas
où le clergé ou l'évêque aurait négligé d'y procéder, le
VU9 concile œcuménique l'attribua, par dévolution, à
l'archevêque et au patriarche. Cette discipline a presque
toujours été observée en Orient; mais, dans l'Eglise latine,
les économes n'étaient guère connus que sous le nom d'ar-
chidiacres ou, pour mieux dire, c'étaient les archidiacres
qui faisaient fonctions d'économes. Néanmoins, sur cer-
taines épitres de saint Grégoire, Thomassin observe que
les économes avaient le soin des revenus; les archidiacres,
celui des fonds, mais que les uns comme les autres devaient
rendre compte de leur administration à l'évêque, lequel
gardait, d'ailleurs, la disposition des oblations et des
dîmes. — Le partage des biens de l'Eglise et leur répar-
tition en bénéfices (Y. Biens nu clergé avant la Révolution,
t. YI, pp. 739 et suiv.) renversa l'ordre ainsi établi pour
la régie des biens ecclésiastiques par le ministère des éco-
nomes, de sorte que ceux-ci devinrent à peu près inutiles
et que leurs fonctions furent restreintes au soin des revenus
de l'évêque pendant la vacance du siège. — Comme nos
rois, en vertu de la régale, jouissaient des revenus des
évêchés et de certains bénéfices vacants, ils en faisaient
percevoir les fruits par un économe laïque. Par un (dit
du mois de mai 1578, Henri III érigea, en litre d'offices,
des économats en chaque diocèse. Cette création d'offices fut
supprimée par l'édit de Melun (1580), puis rétablie par
ÉGQNOME - ÉCONOMIE
- 478 -
un cdit de déc, 1691 el finalement abolie par un édit de
déc. III 1. Lee fonction! d'économe ■équestre forent dès
Ion exercées par des personnes spécialemenl wmmwwi par
la roL II j avait puni- les économats un bureau «lu conseil,
nu se portaient les contestations concernant la matière. —
Les bénéfices ecclésiastiques ayant été supprimés par la
Révolution et us évoques n'ayant plus guèred autreemi
épiscopaiee que leur traitement inscrit au budget, des dis-
positions accommodées au régime nouveau fuirent établies
par le décret du 6 dov. 1813 (tit. Il), L'art. :ii dit qu'au
décès de chaque archevêque et évoque il sera nommé, par
le ministre des cultes, un commissaire pour l'administration
de la mense épiscopale pendant la vacance. E.-ll. VoLLET.
li! m.. : Adminisi ration bvzani use. — Schli mbi
Bibliographie byzantine, p. 393
ADMINISTRATION ECCLESIASTIQUE. — ■ THOMAS8IR, An-
cienne et Nouvelle Discipline de l'Eglise; lJuris. 1678-1679,
3 vol. Ln-fol. — Durand de Maillane. Dictionnaire de
droil canonique et de pratique bénéAclale ; Lyon, I7s7,
6 vol. in-8. — Anbuk (d'A vallon) et Condib, Dictionnaire
de droit canonique; Paris, 18«8-'J0, 3 vol. in-S.
ÉCONOMIE domestique. L'expression fait pléonasme,
puisque économie tout seul signifie déjà administration de
la maison ; mais le sens de ce mot s'étant élargi jusqu'à
désigner en général toute espèce d'ordre et d'arrangement,
l'économie domestique, science du bon ordre dans les inté-
rêts privés et le gouvernement de la maison, s'oppose à
l'économie politique, science des lois qui régissent les inté-
rêts sociaux. L'ouvrage de Xénophon qui a pour titre
l'Economique ou Y Art de bien ordonner une maison,
est sans doute le premier traité qu'il y ait eu sur la ma-
tière. Ce qui en fait le prix, ce sont surtout les considéra-
tions morales; et, de fait, les vertus domestiques étant la
condition essentielle de la prospérité des maisons, tout
économiste devra toujours être plus ou moins un moraliste,
tout traité d'économie commencer ou tinir par louer les
vertus ménagères, qui font la paix et la joie du foyer. Une
personne douée de ces vertus, en effet, diligence, tempé-
rance, épargne, amour du travail, amour de l'ordre, se
passerait mieux de notions techniques qu'une personne
munie de toutes les connaissances ne se passerait de ces
vertus. Cependant V économie est une science, la science
des règles, soit rationnelles, soit empiriques qui font, toutes
choses' égales d'ailleurs, croître ou décroître l'aisance et le
bonheur dans une famille. Xénophon déjà, Caton dans son
De Ile rustica, tous les anciens en général qui ont écrit
sur la question, considèrent une famille à la campagne, et
traitent de l'économie rurale, voire de l'agriculture tout
entière autant que de la tenue de la maison. En effet, bien
que la vie moderne, le développement de l'industrie, du
commerce et des fonctions publiques ait multiplié, dans
les grandes villes surtout, les familles dont l'existence toute
urbaine est sans rapports directs avec la terre, on ne con-
çoit guère, encore aujourd'hui, un traité d'économie domes-
tique où il ne serait pas question du jardin. Jardin, basse'
cour, laiterie, tout ce qui fournit des ressources au ménage
et réclame ses soins, relève de l'économie domestique. Seu-
lement, selon les cas et les besoins, ce vaste sujet peut
être circonscrit diversement.
En l'introduisant dans les programmes d'études, ce qu'on
a fait avec tant de raison dans ces dernières années, on en
a écarté en général tous les travaux virils, qui relèvent
plutôt, soit de l'apprentissage, soit de l'enseignement pro-
fessionnel. On s'est à peu près restreint à la science du
ménage proprement dit, à 1 administration intérieure, en
tant qu'elle est l'œuvre de la femme. Car selon l'expres-
sion de Fénelon, ce sont les femmes « qui ruinent ou qui
soutiennent les maisons » par la façon dont « elles règlent
tout le détail des choses domestiques ». Si l'homme le plus
souvent, chargé des travaux du dehors, pourvoit aux besoins
de la famille,' il appartient a la femme d'employer bien les
ressources procurées par son travail pour en tirer autant
d'abondance el de bien-être qu'il se peut, lussi, est-ce
naturellement dans L'instruction des filles que cette étude
a trouvé place Dans l'enseignement primaire, tant supérieur
;i
uVIémentaire, elle n'est représentée que par b-s travaux
d'aiguille, et l'on peut trouver qui c'est insuffisant; ce le
serait surtout s'il n'y avait pas heu de croire qn'hne bonne
partie des notions nécessaires te glissent <i.ms les !■
ei b-s explications, notamment dans les leçons de morala <t
d'hygiène. .Mais l'arrêté du '.< août 1883 institue expressé-
ment dans b-s écoles normale! d'institutrices l'enseigne-
ment de l'économie domestique, a raison d'une heure pu
semaine pendant un semestre de la deuxième année, en h-
distinguant, et de celui de l'hygiène et de celui des travaux
de couture. Une note prescrit en même temps que Lef
élèvcs-maltrcsses soient autant que possible « a.ss0n>
la tenue du ménage et à la préparation des repas ».
Déjà en 188-2 (arrête du 28juiL),on avait uns l'économie
domestique à deux reprises parmi les matières de l'ensei-
gnement secondaire osa jeunes tilles, une première lois en
troisième année sous l'orme de « notions élémentaires »,
et île nouveau eu cinquième année, selon le programme
que \oici : Introduction : Du rôle de la femme dans la
famille; sa part dans l'administration de la maison. Néces-
sité de l'ordre, de la prévoyance, de l'économie. Emploi du
temps. — De l'habitation : Choix et disposition de l'ha-
bitation.— De l'ameublement et des vêtements: Entre-
tien du mobilier, des étoffes et du linge. Raccommodage.
Emploi des machines à coudre. Lessive et repassage. —
Des achats en général : Provenance des principaux objets
de consommation usuelle; époques auxquelles il convient de
faire les achats. — De l'alimentation : Ordre et compo-
sition des repas ; notions élémentaires de cuisine. — Gou-
vernement de la maison : Choix et surveillance des ser-
viteurs. Choix et direction du personnel dans les maisons
nombreuses, les exploitations agricoles ou industrielles, les
maisons de campagne, etc. — Comptabilité du ménage:
Budget des recettes et des dépenses. Dépenses nécessaires.
Dépenses inutiles. Livres à tenir. Epargne, assurances sur
la vie. Du luxe, ses dangers. Du goût dans la tenue de la
maison. Dignité du foyer domestique. — Cet excellent pro-
gramme a été adapté aux écoles normales d'institutrices,
mais en prenant un caractère plus positif encore et plus
précis et en recevant beaucoup plus d'extension. Ainsi, pour
ce qui est du ménage même, une attention expresse est
donnée au chauffage et aux divers combustibles, à l'éclai-
rage, à la cuisson du pain, à la pâtisserie, au choix et au
soin des boissons, à la conservation des viandes, des légtunes
et des fruits. Puis sous deux autres rubriques, le Jardin et
la Ferme, sont groupées les notions élémentaires relatives
à la culture en général, au jardinage, aux arbres fruitiers,
aux fleurs, au laitage, à l'élevage des petits animaux domes-
tiques, aux soins de la bergerie, de la basse-cour, de la
ruche et du colombier.
Chacun de ces mots ayant sa place dans la Grande En-
cyclopédie, rien ne serait plus vain que de chercher à résu-
mer ici, même de la manière la plus sommaire, tant de
choses développées dans tant d'articles. Qu'il nous suffise
d'avoir donné, avec une vue d'ensemble du domaine de
l'économie domestique, une idée de l'intérêt qu'elle offre
et de l'utilité qu'il y a à en faire un objet d'enseignement.
En vain dirait-on que la plupart de ces choses ne s'ap-
prennent bien que par l'usage, dans la famille. Cela est
vrai dans les conditions idéales; mais, en fait, la pratique
est défectueuse dans un très grand nombre de familles; les
Dotions courantes ont souvent besoin d'être rectifiées : par
l'enseignement seul on a chance d'en répandre de plus cor-
rectes, ce qui n'est pas d'une médiocre importance pour le
progrès non seulement du bien-êtie privé, mais de la
la fortune publique. 11. MabJOM.
ÉCONOMIE politique. Généralités et munition. —
L'économie politique, ayant pour objet l'étude des intérêts
matériels de nos sociétés, est une branche de la SOCtoiOffW
(V. ce mot). Les écrivains ne sont d'accord ni sur sa défi-
nition, ni sur l'étendue el les limites de son champ d'in-
vestigation, ni sur son caractère exact. Elle est générale-
ment considérée comme une science, étant entendu que le
— 470 —
ÉCONOMIE
mot science n'a pas ici le sons rigoureux qu'on lui donne
lorsqu'il est question de sciences mathématiques, physiques
ou naturelles; à o6té de celles-ci, les sciences mondes el
politiques, avec des méthodes de moindre précision, peuvent
aboutir à des lois fondées sur l'observation, confirmées par
Pexpérience. Toute cette partie philosophique sera traitée eux
mots Lai el Scnutcx. L'économie politique est donc l'une des
Bctenees morales. Mais l'est-elle complètement el exclusive-
ment .' On a soutenu oo'elle avait au moins autant le caractère
d'un ait. Selon la définition de Destutt deTraey, un art est la
oolkction dos maximes ou préceptes pratiques dont l'obser-
\ation conduit à fiiire avec succès une chose déterminée.
Presque toute science dans ses applications comprend un
art. La science astronomique est le fondement de l'art de
la navigation; les mathématiques sont le fondement des arts
mécaniques; les sciences pnvsiques, de l'art médical. Ce
qu'on appelle les sciences politiques confond évidemment un
art et une science. La politique proprement dite est essentiel-
lement un art (V. PoUTIQOï). L'économie politique est-elle
autre chose? a-t-elle vraiment un caractère suffisamment
scientifique? possède*t-eIle des lois, indépendantes de toute
application particulière.' On l'a conteste parfois. 11 est cer-
tain qu'il i comme partout la pratique a devancé la théorie.
Les gouvernements d'autrefois ont en une politique écono-
mique fondée sur leur expérience personnelle et celle de
3 nuques cas analogues OU bien encore sur des théories ou
es croyances auxquelles ils voulaient plier les faits. C'est
seulement au wnr' siècle que les penseurs, analysant mé-
thodiquement les problèmes économiques, en ont dégagé
un certain nombre de principes; qu'ils ont montré l'enchaî-
nement des faits économiques et constitué une sorte de
science. Ce qui caractérise la science, c'est, en effet, la
connaissance des rapports qui existent entre des phéno-
mènes et la connaissance des lois permanentes qui régissent
ces rapports. La coordination de ces lois en un ensemble
systématique qui en révèle l'harmonie, achève de constituer
la science et de la caractériser. L'historique que l'on trouvera
ci-dessous montrera comment la conception de la science
économique s'est peu à peu dégagée des travaux des philo-
sophes économistes du siècle dernier. Mais aujourd'hui en-
core on n'a pu se mettre d'accord sur une délinition, non plus
d'ailleurs que sur plusieurs des théories fondamentales:
Adam Smith disait (Introd. au livre IV de la Richesse
des nations) : « L'économie politique, considérée comme
branche de la science de l'homme d'Etat et du législateur,
se propose deux objets distincts : d'abord de fournir à la
nation un abondant revenu ou de larges moyens de subsis-
tance, ou plus exactement de mettre la nation en mesure
de se les procurer à elle-même; en second lieu, de pour-
voir l'Etat ou la communauté d'un revenu suffisant pour
rémunérer les services publics. Elle a pour but d'enrichir
à la fois la nation et le souverain. » On voit que le fon-
dateur de l'économie politique ne l'envisage nullement
comme une science, au sens que nous donnons à ce mot,
mais au contraire comme une branche de l'art politique.
Il s'en tenait à l'opinion de l'école d'Aristote, à qui on a
emprunté la dénomination : r, ôtxovoptxij signifie l'art
d'acquérir et de gérer la propriété, et l'auteur des Econo-
miques distingue l'économie royale, salrapique, politique
et domestique; pour lui. par conséquent, l'économie poli-
tique est l'ensemble des règles de la politique financière
d'un Etat républicain. C'est Montchrestien, sieur de Wat-
teville, qui reprit celte désignation en 161M (V. ci-dessous)
et ce sont les écrivains français qui la consacrèrent défini-
nitivement et la firent adopter. Ce sont eux aussi qui
émirent la prétention d'ériger en science l'ensemble des
règles relatives à la richesse publique. J.-B. Say distingue
expressément de la politique, science de l'organisation des
sociétés, l'économie politique qui enseigne comment se
forment, se distribuent et se consomment les richesses qui
satisfont aux besoins des sociétés, attendu que, dit-il,
les richesses sont essentiellement indépendantes de l'orga-
nisation politique. Il va plus loin et écrit : « L'économie
politique est la science qui traite des intérêts do la société;
sous quelque gouvernement que vivent les nations, quelque
climat qu'elles habitent, elles subsistent, s'entretiennent
suivant des lois naturelles mi les faits se lient à leurs causes
et à leurs résultats. C'est cet enchaînement qui tient à la
nature des choses que l'économie politique l'ait connaître.»
Si ces affirmations étaient strictement exactes, l'économie
politique serait une science bien distincte. Mais il est très
contestable que les conditions générales du travail, de la
production, tle l'échange soient soumises à des règles inva-
riables tenant à la nature même de ces opérations. Ces
conditions varient avec, l'organisation sociale, avec le cli-
mat, facteur essentiel de la civilisation ; il est donc bien
difficile de détacher l'économie politique de la sociologie.
Les maximes développées par les économistes sont pour la
plupart relatives à notre civilisation et à notre état social.
D'ordinaire, on se contente de la définition de J.-15. Say,
qu'il donne comme titre de son Traité d'économie poli-
tique, « exposition de la manière dont se forment, se
distribuent et se consomment les richesses ». Cette déli-
nition a l'avantage d'être claire, précise, de n'impliquer
nulle hypothèse. Kossi s'en est tenu à cette conception et
a proposé de substituer au terme vague d'économie politique
celui de chrématistique, science de la richesse. D'autres
ont présenté des objections à la définition de Say; ils
trouvent que les mots production, distribution, consom-
mation, richesse ont ici un sens technique sur lequel on
s'entend moins qu'on ne le croit et qui demeure inexpliqué
au profane. Cette définition leur parait trop compréhensive
et vague, car la production des richesses comprend tous les
arts industriels, agricoles et manufacturiers; or l'éconoinio
politique s'occupe, non pas du mécanisme de la production,
mais de la valeur des produits. On se rapprocherait alors
de l'opinion de Condillac, qui qualifie la science économique
de « philosophie du commerce » ou « science des échanges ».
Cette définition, adoptée par H. Dunning Mac-Leod, lui
parut la plus conforme aux idées modernes. « En même temps
qu'elle satisfait aux conditions d'une science physique, elle
embrasse un ordre distinct de quantités, quantités dont
les rapports mutuels sont réglés par une idée ou conception
unique, la possibilité d'être échangés ; la science a ainsi
pour objet de découvrir les lois de leurs relations réci-
proques en tant qu'échangeables ou variables. » Limitée
ainsi, l'économie politique, s'appuyant sur la science finan-
cière, parait, en effet, très scientifique. Mais beaucoup
d'économistes veulent en élargir le cadre. Ils montrent
d'abord que la définition de J.-B. Say semble confondre
les richesses naturelles et les richesses industrielles et
sociales; les biens que la nature prodigue à tous, par
exempe la lumière, la chaleur solaire, ne sont pas en eux-
mêmes l'objet de notre étude ; il faut distinguer la valeur
en utilité de la valeur échangeable, la seule dont s'occupe
l'économie politique. Celle-ci n'étudie pas les besoins de
l'homme, mais le résultat de ces besoins dont chacun est
juge et qu'il traduit par une demande de tel ou tel produit.
Après avoir développé ces vues, M. Coquelin conclut que
l'économie politique étudie les résultats du travail de
l'homme, ce qu'on langage technique on appelle l'industrie.
L'auteur du Dictionnaire d'économie politique blâme
les économistes qui fondent leur science sur la définition
abstraite de la richesse, se font « un langage à part, entor-
tillé, obscur, nourri de distinctions subtiles et d'abstrac-
tions ». Mais lui-même n'échappe pas à ces reproches, car
ils tiennent à la nature même des spéculations des écono-
mistes, lesquels n'étudient pas l'ensemble des phénomènes
de la production, de la circulation, de la consommation, mais
seulement les conditions abstraites de ces phénomènes; ils
sont par là obligés d'avoir leur langage, leur terminologie,
et la complexité même des questions les empêche de se
mettre complètement d'accord, même sur les définitions.
La conclusion que nous tirerons de ces divergences, c'est
Su'en réalité l'économie politique n'est pas une science,
'est un ensemble de connaissances indiquées par l'ana-
ÉCONOMIE
- 4K0 -
lyso philosophique el l'expérience, «l'on l'on induit des règlei
relatives à la production et aux échanges (industrie el
commerce), définissant leurs conditions essentielles, afin
de guider les pouvoirs publics lorsqu'ils interviennent en
ces matières. Beaucoup de ces résultais, d'une grande uti-
lité pour les politiques, ne sont exacts que dans la phase
actuelle de L'évolution sociale et dans les conditions de rie
matérielle, de civilisation, de climat, d'organisation poli-
tique des peuples de race européenne. La partie la mieux
étudiée, celle où les règles établies ont le plus le caractère
de lois, est la science financière, tout ce qui est relatif à
la monnaie, le plus abstrait des objets d'échange; en
général, les considérations relatives au commerce sont soli-
dement établies. En revanche, tout ce qui est relatif à la
production, à la propriété est controversé. Si vous faites
abstraction de la science financière, il ne reste plus beau-
coup de science, mais plutôt de la philosophie, des théories
très controversées et uni? collection de conseils pratiques.
L'économie politique vous apparaît une doctrine philoso-
phique, la doctrine d'une école qui de l'analyse des faits
conclut aux avantages de la liberté. Les grands débats
qu'elle soutient et qui ont été sa principale préoccu-
pation seront exposés aux articles Libre-Échange et So-
cialisme.
Les phénomènes économiques ne sont pas susceptibles de
mesures précises d'évaluations quantitatives ; l'utilisation
même des documents fournis par la statistique est difficile.
La complexité de ces faits défie les ressources des mathé-
matiques. Malgré l'apparence contraire, ce sont des faits
moraux autant que matériels. L'économie politique repose
sur la psychologie. L'origine de la valeur est le désir, la
base du crédit est la confiance; valeur et crédit restent
soumis à des variations ou la psychologie joue le rôle
essentiel, de même dans tout ce qui concerne le luxe, fac-
teur dominant de la production moderne.
En somme, on réunit, sous le nom d'économie politique,
un ensemble de lois et de faits sociologiques, de règles
politiques, de doctrines philosophiques. La manière dont
ces sciences ont été groupées et systématisées ne sera
peut-être pas conservée. Elle n'en témoigne pas moins d'un
puissant effort de la pensée humaine, grâce auquel ont été
acquises bien des notions précieuses et élucidés des pro-
blèmes dont les anciens gouvernements soupçonnaient à
peine l'obscurité. Nous décrirons l'histoire des doctrines
économiques, en insistant sur la position actuelle des pro-
blèmes, mais sans donner d'exposé dogmatique, en raison
du désaccord qui existe sur les points fondamentaux.
Histoire. — L'histoire de l'économie politique envisagée
comme science commence au xviii0 siècle ; c'est alors que des
théoriciens illustres en établissent les principes fondamen-
taux et les coordonnent en un ensemble systématique. Mais
la plupart de ces principes avaient déjà été formulés par les
philosophes grecs. Les analyses de Platon, de Xénophon,
d'Aristote valent celles d'Adam Smith et de J.-H. Say. De
plus, l'économie politique, envisagée comme un art, fut pra-
tiquée par les Etats antiques, lesquels furent très préoccupés
de la bonne gestion de la fortune publique. Les expériences
entreprises alors sont fort instructives et n'ont pas peu
contribué à grossir ce trésor de sagesse pratique oii les
économistes puisent pour étayer leurs théories. Les diffé-
rents problèmes que soulèvent la production, l'échange,
l'intervention du législateur dans ces domaines, tous ces
problèmes ont été posés en Grèce et en Italie, il y a deux
mille ans. Nous suivrons donc la méthode adoptée par
lîlanqui dans sa classique Histoire de l'Economie poli-
tique, et nous indiquerons successivement les traits essen-
tiels de la politique économique des Etats européens ou,
du moins, les idées directrices de cette politique écono-
mique, avant d'aborder l'étude de la science économique
fondée au xvmr siècle. Nous ne parlerons pas ici des mo-
narchies orientales, parce que leur histoire se lie munis à
la nôtre, que les conditions sociales et économiques sont
tout autres dans ces pays, presque tous voisins de la zone
tropicale, surtout enfin parce que les faiu les plus saillants
sont exposés iluns h-s articles auxquels nous NE ■
également pour tous les détails de l'histoire économique
(Y. Barque, Capital, Cbahge,Commsbce, CoacmuEii i . I
Tinisi mous, Crédit, Cries, Dette, Dot uie, Eparcre, Escla-
vage, Etat, Exportation, Finances. Imi-om ai ions, Nhôt,
Indisiiiik, Imi.iiei, Libre-Echange, \j le, Morraii ,1'ai pc-
HISME, PoLITlOIE, PROPRIETE, IU.NTE, lin i; .11(1.,
Société, Travail, Usure, etc. V. aussi Civilisation,
Ci.assessocial.es, C.oi.i.i.(.ii\ismk, Commi nisme, Demociialiiil,
Socialisme, etc.).
L'étude du monde antique est fort instructive. Ainsi que
dit lîlanqui, « Sparte, Athènes, liome, ont eu leur économie
politique comme la France et l'Angleterre ont la leur.
L'usure, les impôts exagérés, les tarifs, les fermages exor-
bitants, l'insuffisance des salaires, le paupérisme ont allligé
les vieilles sociétés comme les nouvelles, et nos anc
n'ont pas fait moins d'efforts que nous pour se débarrasser
de ces fléaux. On se tromperait étrangement si l'on croyait
qu'ils n'ont jamais réfléchi aux difficultés des réformes dont
ils sentaient le besoin. Quand on étudie avec attention la
législation financière des Grecs et des Romains, on ne peut
s'empêcher de reconnaître que les plus graves questions
d'économie politique ont de tout temps attiré l'attention de
ces peuples. Il suffit de voir avec quelle sollicitude ils
veillaient sur leurs relations internationales, sur l'état civil
des étrangers, sur la nature et les effets des impôts, sur
les encouragements à donner à l'agriculture et sur le régime
de la navigation. » Dans le cadre assez restreint de la cité
antique, l'expérience des gouvernements fit adoptera plu-
sieurs une véritable doctrine économique; ils conformè-
rent leurs lois et règlements à des théories. A cet égard,
comme pour toute la science politique, ils furent bien supé-
rieurs aux hommes du moyen âge. Après les grandes décou-
vertes accomplies au xvie siècle et le bouleversement écono-
mique qui en fut la conséquence, on vit enfin les « hommes
d'Etat et les savants remonter à la cause première de ces
révolutions, causes dont l'étude constitue aujourd'hui la
science économique. Nos pères ont fait de l'économie poli-
tique sans en connaître les principes, comme la plupart des
hommes vivent sans être initiés aux phénomènes physio-
logiques de la vie. Colbert seul, parmi tous les ministres
auxquels il fut donné de rendre des édits en ces graves
matières, Colbert seul parait avoir eu un système comme
plus tard Law devait avoir le sien, comme les économistes
du xviue siècle ont proclamé le leur. Mais ces hautes intelli-
gences ne peuvent pas être considérées comme le foyer
primitif d'où la science est sortie toute faite. Quand nous
exposerons les idées de Platon, d'Aristote, de Xénophon,
sur des questions si admirablement posées par Adam Smith,
et si vivement controversées de nos jours, il sera difficile
de ne pas reconnaître que ces génies antiques en ont entrevu
l'importance et préparé la solution. » L'étude de l'économie
politique des anciens et de leurs théories à ce sujet est donc
un excellent préambule à l'étude de la science économique
et de son évolution depuis un siècle.
En retraçant l'histoire des idées économiques qui se sont
succédé depuis deux mille cinq cents ans dans les civilisa-
tions européennes, il va de soi que nous ne prétendons pas
donner l'histoire économique des peuples dont il sera ques-
tion. On en trouvera les linéaments dans les articles Coh-
iusb.ce, Esclavage, Industrie, Monnaie, et dans un grand
nombre d'articles spéciaux auxquels nous renvoyons le
lecteur. Cependant, il serait impossible d'esquisser l'his-
toire des idées économiques sans dire quelques mots de
l'histoire économique; en effet, les idées se sont constam-
ment modifiées sous l'influence de changements dans la
situation matérielle des peuples, de progrès de la technique
industrielle, de bouleversements politiques et sociaux, etc.
D'autre part, le mouvement philosophique n'a cesse d'in-
fluer sur les théories économiques. Mais, ces réserves une
fois faites, nous nous bornerons autant que possible à
l'exposé historique des idées.
— 4SI -
ÉCONOMIE
Nous commencerons cette histoire à rancieime Grèce.
\n point de \ no économique, les monarchies orientales
forent en général mieux réglées nue les cités grecques.
Hais c'est en Grèce que se produisit le développement de
la pensée abstraite et de la spéculation philosophique inau-
gurée par les écrivains ioniens du VIe siècle; ce sont les
philosophes grecs qui nous ont fourni les rudiments de notre
organisation et de nos théories sociales et économiques. La
puissance île leur génie, la netteté de leur analyse, la per-
fection île leurs systèmes politiques, ont souvent fait iilu-
et en lisant telle ou telle page on croirait avoir
affaire à une société pareille à la notre. Il n'en est rien ;
les différences sont radicales entre les peuples de l'antiquité
classique et les nôtres. La société gréco-romaine est fondée :
1° sur l'esclavage, d'où résulte une tendance à mépriser le
travail, surtout le travail manufacturier, regardé comme
servile; -" sur la toute-puissance de l'Etat. L'agent de
production est exclu non seulement de la direction des
affaires, mais le plus souvent de la culture intellectuelle ;
le citoyen est considère, non pas comme producteur, mais
comme possesseur de la richesse matérielle. L'idéal des
Grecs est d'assurer à une classe dirigeante des loisirs suffi-
sants pour perfectionner sa beauté et sa torce physique,
cultiver son intelligence, l'appliquer aux affaires publiques.
Les Dorions réalisent une division du travail social, aussi
complète que dans le régime des castes; a Sparte, en Crète,
les descendants de la race conquérante se bornent à la pro-
fession militaire; au-dessous d'eux est la classe laborieuse
qu'ils exploitent. La démocratie athénienne mit le travail
en honneur (Y. Dkmocratiei; mais c'est une exception, et
les philosophes athéniens sont très méprisants pour les
travailleurs. Platon déclare que la nature n'a pas fait de
cordonniers ni de forgerons ; de telles occupations sont
dégradantes, ceux qui les exercent sont de vils merce-
naires, des gens sans nom, exclus par leur état même des
droits politiques ; dans sa cité idéale, Platon ferait con-
damner à un an de prison le citoyen qui se serait avili par
le commerce en boutique. Celui-ci ne peut être permisqu'aux
étrangers. Le magistrat tiendra un registre exact de leurs
opérations et ne leur permettra de faire qu'un très petit béné-
fice. Xénophon condamne aussi les arts manuels comme in-
dignes du citoyen, surtout parce qu'ils déforment le corps, ne
laissent nul temps à consacrer à la république ou aux amis.
Ces théories nous semblent insensées; il ne faut pas oublier
qu'elles sont une conséquence du principe de la division du
travail poussé à l'extrême ; il ne faut pas oublier non plus
que ce principe a eu pour la civilisation les plus heureuses
conséquences. Cette minorité de citoyens à peu prés affran-
chi! des soucis de la vie matérielle a produit une quantité
de chefs-d'oevre incomparables, et nul système n'a donné
d'aussi extraordinaires résultats dans l'art, dans la science,
dans les lettres, dans toutes les branches de l'activité hu-
maine. On l'admirera encore bien davantage, si l'on songe
à la faiblesse numérique de la population grecque. L'appli-
cation radicale du principe de la division du travail et la
subordination des intérêts individuels à l'intérêt public ont
fait à la Orèce antique une place à part dans l'histoire de
l'humanité. Ajoutons avec Sismondi que les Grecs avaient
une morale très haute, lorsqu'ils reconnaissaient que la
richesse n'a de prix qu'autant qu'elle contribue au bonheur
.'■lierai ; ne la considérant pas abstraitement comme nous,
ils ont souvent eu des idées plus justes que les nûtres.
l-eur économie politique, observe Blanqui « était éminem-
ment gouvernementale et réglementaire. Leurs écrivains
veulent que la loi ^e mêle de tout et ne laisse presque rien
à la liberté individuelle des citoyens. La cité n'est pour eus
qu'une vaste association où chaque habitant joue un rôle
convenu, ou bien une grande machine dont il représente un
des rouages. » Celui qui va le plus loin dans ce sens est
Platon. Dans la classe supérieure de sa république, il éta-
blit le communisme pour supprimer toul intérêt privé et
consacier l'homme tout entier au service public. Sou rêve
est d'isoler sa cité idéale, de la préserver du contact de
GRANDE ENCYCLOPEDIE. — XV.
l'étranger; il veut qu'elle se snllise à elle-même et s'interdise
tout commerce extérieur. A côté de ces utopies, le philosophe
nous étonne par la finesse de son analyse; il indique avec
une netteté parfaite les avantages de la division du travail
et de la spécialisation, la nécessité d'une monnaie, symbole
du contrat d'échange; il explique comment l'inégale distri-
bution de la richesse est dangereuse. « Qu'est-cequi perd
les artisans.' — L'opulence et la pauvreté. — Comment
cela ? — Le voici : Le potier devenu riche s'embarrasscrait-
t-il beaucoup de son métier? — Non. — Il deviendra dejour
en jour plus fainéant el plus négligent? — Sans doute. —
Et par conséquent plus mauvais potier? — Oui. — D'un
autre coté, si la pauvreté lui ôte les moyens de se fournir
d'outils et de tout ce qui est nécessaire à son art, son travail
en souffrira ; ses enfants et les ouvriers qu'il forme en seront
moins habiles. » Pour maintenir l'équilibre dans sa répu-
blique, Platon prend les plus grandes précautions contre
un accroissement de la population; il tient à maintenir
l'égalité des fortunes et la division de la propriété. Enfin,
il veut que le gouvernement intervienne sans cesse, dans
le détail, pour maintenir la morale et le bon ordre, mais
aussi pour assurer à la population toutes les nécessités et
tous les agréments de la vie.
Xénophon est un esprit plus pratique que Platon; c'est
un homme d'action. Il s'occupe surtout de l'économie do-
mestique; quand il parle de l'économie politique, c'est avec
un giand bon sens. Il a, comme ses contemporains, une
prédilection pour l'agriculture; mais il reconnaît l'impor-
tance de l'industrie manufacturière et du commerce. Il a
des idées fausses sur la monnaie, partage l'erreur com-
mune qui regarde les métaux précieux comme étant la
richesse par excellence ; il avance même que la grande
abondance de l'argent n'en ferait jamais baisser le prix;
cependant il s'aperçoit que l'on ne s'appauvrit pas lorsqu'on
exporte de la monnaie en échange d'objets utiles.
Aristote, le plus puissant des théoriciens politiques de
l'antiquité, a abordé les problèmes économiques dans sa
Politique. Il n'a pas ou presque pas l'idée de l'évolution
historique d'un phénomène ou d'une loi sociale ; mais, en
revanche, il sent bien l'étroite cohérence de toutes les études
relatives à la société, des chapitres de la sociologie : éthique,
politique, économie. Quand il parle de la richesse, il l'en-
visage, non comme une fin en soi, mais comme un élément
de la vie de la collectivité. Il attribue l'origine des sociétés
aux besoins psychologiques de la nature humaine plus
qu'à des nécessités économiques ; il veut sauvegarder la
liberté et l'initiative individuelles, la propriété personnelle;
il est partisan de l'esclavage. Il applique à la théorie des
richesses le nom de chrématis tique. Cette partie de son
œuvre renferme des analyses souvent citées : « Tout objet
de propriété, dit-il, a deux usages, tous deux inhérents à
l'objet, avec une destination particulière. L'un est l'usage
naturel, l'autre est l'usage artificiel. Ainsi l'usage naturel
d'une chaussure est de servir à marcher, son usage arti-
ficiel est d'être un objet d'échange. » Peut-on mieux dis-
tinguer la valeur en usage de la valeur en échange? Ailleurs
il explique nettement le rôle de la monnaie, signe conven-
tionnel de la valeur, indique la révolution qui résulta de
son adoption et conclut en ces termes : « On s'est accou-
tumé à restreindre l'art de la spéculation à la seule mon-
naie ; on a pensé que l'unique fonction du spéculateur était
d'amasser des métaux précieux, parce que le résultat défi-
nitif de ses opérations est de procurer de l'or et des
richesses. Cependant la monnaie ne serait-elle pas un bien
imaginaire? Sa valeur est toute dans la loi. Ou est celle
qu'elle a dans la nature.' Si l'opinion qui l'admet dans la
circulation vient à changer, où est son prix réel ? Quel
besoin de la vie pourrait-elle soulager? » Quand il parle
de la production, Aristote est plus loin de nos idées ; il
serait ilispuse .1 regarder l'agriculture comme étant seule
directement productrice, les autres branches de l'industrie
qui transforment ou distribuent les produits n'ajoutant
rien de positif à la richesse totale de la communauté. Il
:li
ÉCONOMIE
— Mi —
condamne le prêt a intérêt, parée que L'argent, par sa propre
efficacité, ne peul engendrer de l'argent. Il redoute un
accroissement excessif de la population de l'Etal el recom-
mande de la limiter prudemment
Les Romains ont tourné leur activité vers la guerre et
l.i politique; leurs idées économiques sont médiocres; leurs
philosophes les empruntent aux Grecs. Essentiellement
agriculteurs, ils méprisent le travail manufacturier et le
commerce de détail. Ils furent victimes des lois écono-
miques, lorsque la substitution du travail Bervile au travail
libre et des latifundia aux petits champs raina l'Italie et
détruisit la classe moyenne qui avait fait la force de leurs
armées. Leurs écrivains, constatant ces malheurs, sont
pleins d'éloges pour l'agriculture, pour l'antique simplicité ;
ils blâment le luxe, cause de corruption; au\ moralistes,
comme Cicéron et Sénèque, s'ajoutent les écrivains agri-
coles, auteurs de traités de rc rustica, Caton, VaiTon,
Columelle; ils signalent le danger de la prédominance du
travail servile sur le travail libre. Columelle est partisan
résidu de la petite culture contre la grande. Les juristes
se sont occupés du prêl a intérêt et de l'usure que les
législateurs romains furent impuissants à réprimer. Les régle-
mentations somptuaires restrictives du luxe furent égale-
ment inefficaces. Les juristes ont bien compris la nature delà
monnaie, qui doit avoir une valeur propre et ne peut être
imposée par un acte de l'autorité publique, ni modifiée
arbitrairement. A un autre point de vue, les immenses
accumulations de capitaux amassés à Rome par la conquête
furent très nuisibles aux pays conquis sans profiter beau-
coup aux conquérants. Plus tard une circulation régulière
s'établit, la capitale drainant la monnaie par l'impôt que
lui payaient les provinces, niais la lui renvoyant par ses
acbats. Le résultat fut la démoralisation complète de la
population de Rome, inactive, parasite et très pauvre. La
paix romaine fut pour les vaincus un bienfait immense.
Le développement des routes donna au commerce le plus
grand essor. Le monde jouit d'une sécurité inconnue jus-
qu'alors. On connaît mal les causes de la décadence de
l'empire romain, si prospère au second siècle de l'ère chré-
tienne. On admet, au premier rang, parmi les causes de
ruine, les imperfections sociales et économiques. L'escla-
vage, qui portait tout le poids de cette société, en fut
écrasé ; le système fiscal, de plus en plus onéreux, devint
intolérable au ive et au ve siècle ; enfin la grande crise du
m siècle, en supprimant toute sécurité, interrompant le
commerce, avait détruit les capitaux qui ne purent se recons-
tituer, d'autant' que les impôts devenaient plus lourds, la
guerre et les pillages continuels. Plus la décadence s'ag-
grave, plus se multiplient les lois et les règlements écono-
miques: la fixation d'un maximum légal pour les prix des
denrées de toute nature est un des faits économiques les
plus remarquables (V. Classes sociales et Empire romain i.
Au point de vue de la richesse matérielle, comme au
point de vue du développement intellectuel et scientifique,
le moyen âge, du vc au xivc siècle, marque une période de
dépression profonde. Le développement du catholicisme et
la reconstitution d'un ordre social absorbent l'énergie des
penseurs et des hommes d'action. Les théories économiques
sont empruntées a la religion ou subordonnées a ses ensei-
gnements. A l'époque féodale, la classe qui prédomine est
rurale et militaire; l'industrie manufacturière est dédai-
gnée, le commerce restreint, surtout par l'insécurité des
communications et le déplorable état des routes. Dans les
derniers siècles du moyen âge, le progrès recommence avec
le développement de la vie et la formation de la bourgeoisie
urbaine ; les croisades élargissent l'horizon, le commerce
augmente. Les principes économiques sont ceux du chris-
tianisme «pli les consigne dans le droit canonique. La vie
es1 envisagée au point de vue des intérêts spirituels, non
matériels. L'idéal est la communauté des biens: la pro-
priété personnelle esl une institution nécessaire en raison
de la déchéance de l'homme: mais, en certains cas, l'auto-
rité peut rétablir cette communauté primitive. L'assistante
est due auv pauvres; la cupidité est la mm de tous les
main Bf doit 'lie combattue énergiquemcrit. L'agriculture
et l'industrie sont dei modes d'acquisition légitimes ; mais
le commerce est mal vu pane iju'ii s'allie constamment à
la fraude. Le marchand est tenu dt fixer à M maichan-
prii légitime {justum pretium),noa p.is on prix
résultant de l'offre et de la demande. Il ne doit p.-
b-> défauts de sa marchandise ni tira1 avantage de la fai-
I le l'acheteur. Le prêt d'argent a intérêt est prohibé.
L'interdiction de l'usure est la grande préoccupation des
canonistes. La question de savoir' si un prêt était ou non
usoraire est une de celles qui se présentaient le plus sou-
vent aux casuistes ou aux tribunaux de l'Eglise. Ces prêt-
cripuons ont un caractère de moralité indéniable, mais elles
ont nui beaucoup au progrès, dont l'intérêt personnel est
le grand ressort. Les progrés de l'industrie exigent a la
fois une division croissante du travail cl l'emploi de grands
capitaux; eeux-ci étant indispensables pour les grandes
entreprises, il fallut éluder les lois sur l'usure pour se les
procurer. Le prêt à intérêt interdit aux chrétiens devint la
spécialité des juifs. Les interdictions ne servirent qu'à
rendre les emprunts plus difficiles et, par suite, l'intérêt plus
onéreux. L'économie politique de- canonistes était si exclu-
sive que force fut de faire des concessions. Quand on connut
AristOte, on adopta ses idées, les combinant avec celles du
christianisme ; c'est ce que t'ait saint Thomas d'Aquin ou
l'auteur du de Regimine principum. Il accepte même
l'esclavage, et cela au moment ou il disparaît. L'affran-
chissement de la classe laborieuse est le fait essentiel de
l'histoire du moyen âge. On trouvera ailleurs le récit de
cette révolution (Y. Classes sociales et Esclavage). L'n
second changement, très considérable, fut la division des
travailleurs en patrons et ouvriers, la formation d'une
classe de capitalistes producteurs. La solidarité du capital
et du travail se manifeste, alors que dans l'antiquité le capi-
taliste est essentiellement un exploiteur inaetif, enrichi par
la guerre ou l'administration. Rappelons enfin l'organi-
sation des corporations, qui, dans les villes, groupent et
régularisent les efforts des ouvriers (Y. Corporation). Non
seulement elles créent 1' « esprit de corps », assurent la
sécurité au travailleur, mais elles garantissent la qualité
technique des produits.
Au xiv -et au xve siècle, le système économique du moyen
âge s'effondre. L'Eglise, après sa longue lutte contre le
pouvoir temporel, apparaît incapable de gouverner le
monde. Celui-ci n'est plus aussi exclusivement livré aux
idées générales et abstraites : l'énergie individuelle reprend
le dessus et ses efforts irréguliers bouleversent la société.
II se forme des gouvernements forts qui y remettent l'ordre.
Les classes laborieuses croissent en importance : la spécia-
lisation des fonctions est attestée par la formation d'armées
permanentes soldées pour défendre la population qui tra-
vaille. Les manufactures se développent : il est vrai que
les guerres effroyables du xiveet du XVe siècle enrayent le
progrès, mai- elles ne l'empêchent pas. Les villes italiennes,
enrichies par le commerce (Y. ce mot), jettent les fonde-
ments du crédit public. Dans tonte cette période, on s'occupe
peu de dissertations économiques, sauf pourtant en ce qui
regarde les questions financières. On discute fréquemment
les questions d'impôts, au moment ou les gouvernements
rétablissent les taxes annuelles et régulières qui avaient
disparu avec l'empire romain. La question de la monnaie
est également examinée : les erreurs économiques des rois
qui croient pouvoir l'altérer et en fixer arbitrairement la
valeur ont de désastreuses conséquences: elles dessillent
les yeux, et l'évêque de Lisieux. Nicolas Oresme (mort
en 1382) donne une théorie de la monnaie à laquelle il
n'y a presque rien a i\outet{Tractatus de origine, notera,
jure ri mutaHonums monetamm, réimprime pu Wo-
lovvski, 1864). Ni pour le fond, ni pour la forme, les éco-
nomistes modernes ne peuvent dédaigner cet économiste.
Au XVe siècle et au xvr'. la découverte de la route des
Indes, la découverte de l'Amérique, la grande navigation,
— 483 —
ÉCONOMIE
la supériorité assurée aux peuples européens par l'usage
de la poudra à canon, la diffusion des idées résultant par
l'imprimerie al la gravure, ta constitution de monarchies
centralisées pourvues d'une année el d'un impôt permanent
inaugurent la péri >de brillante de la civilisation moderne,
civilisation industrielle. Toutefois, il tant remarquer que
h plus grand mérite dans notre prodigieux avancemenl
économique revient a la science, dont les applications mé-
thodiques ont changé la face du monde : l'astronomie, « i n i
rendit possible la grande navigation : la chimie, qui fournit
losifs et rendit impossible tout retour offensif de la
barbarie, qui transforma l'alimentation, le vêtement, toute
la vie domestique; les mathématiques, qui préparèrent
les arts mécaniques : la physique, à qui nous devons
la vapeur, la télégraphie, etc. : la médecine, qui doubla la
durée de la vie humaine : tels fuient, tels sont encore
les fadeurs prépondérants; les hommes d'Etat, les phi-
losophes n'ont joue qu'un rôle secondaire. Les modifica-
tions sociales ont été surtout la conséquence de modifica-
tions économiques résultant des progrès de l'industrie. Les
transformations les plus considérables se sont accomplies à
partir de la fin du wiu"' siècle. La période moderne, com-
prenant les trois siècles précédents, n'a fait que les pré-
parer. Elle n'en a pas moins eu une histoire économique
d'autant plus intéressante que les gouvernements centra-
it eu une politique économique et des systèmes qu'ils
se sont efforcés d'appliquer dans 1 espoir de s'enrichir, fies
spéculations sont le point de départ de notre économie poli-
tique.
L'histoire moderne est signalée par la politique des gou-
vernements qui encouragent méthodiquement l'industrie el
s'efforcent de la réglementer, ils ne peuvent mènera bien
leurs projets politiques et militaires que par l'organisation
des finances et, pour supporter les charges croissantes, ils
veulent augmenter la richesse de leur peuple. L'opinion
dominante alors est traduite par le système mercantile. On
regardait la monnaie, les métaux précieux comme étant la
par excellence: l'objectif était donc de les attirer à
soi par le commerce et de les accumuler. Chaque pays devait
donc vendre le plus qu'il pourrait de ses propres produits et
acheter le moins possible au dehors, de manière à recevoir
la ditférence en or ou en argent ; la balance du commerce
était favorable quand on recevait plus d'argent qu'on n'en
déboursait. Cette doctrine était contraire à celle du moyen
npation principale était la crainte de man-
quer de produits et où chacun voulait d'abord se réserver
ceux de son pays, puis y ajouter ceux des autres. L'une et
l'autre doctrine sont restrictives de la liberté commer-
ciale et du progrès (V. Commerce et Libre-Echange). D'ail-
leurs, le système mercantile tel que nous venons de l'exposer
d cortège de prohibitions à l'importation des denrées
étrangères, à l'exportation des métaux précieux, est une
conception théorique extrême. Kn fait, les idées écono-
miques du xvii9 siècle étaient plus complexes. Roscher
déclare qu'on ne peut les résumer en un axiome, mais
mieux en une suite de propositions marquant des tendances
plutôt que des théorèmes : importance excessive attachée à
la possession 'l'un grand stock de métaux précieux; pré-
pondérance accordée au commerce extérieur sur le com-
merce intérieur, à l'industrie manufacturière qui trans-
forme les matériaux <ur celle qui les produit (agriculture) ;
persuasion que le chiffre élevé de la population est l'élé-
ment essentiel de la puissance : application de l'autorité
publique et législative pour réaliser toute fin conçue comme
désirable. H esl aise de comprendre comment ces idées se
formèn-nt. Les découvertes géographiques avaient a la fois
ipé le c immerce et accru dans d'énormes propor-
tions la masse des métaux précieux. L'économie du temps
fondée sur les fournitures en nature, fuît place a
une nouvelle économie oa la propriété mobilière el la monnaie
ont un rôle prépondérant. On fut alors très frappé de ce
fait que les métaux précieux étaient une richesse d'un genre
particulier, toujours employable et demandée en tout temps
et en tout pays, donnant la faculté d'acquérir tous les
autres biens. I l'autre part, les besoins financiers des gou-
verne nts centralisés tirent sentir le prix de l'industrie ma-
nufacturière; celle-ci provoque des concentrations d'hommes
et de capitaux plus grandes que l'industrie agricole ; elle
donne lieu a un commerce plus actif; elle lut donc bien
plus appréciée et favorisée, d'autant que les produits manu-
factures s'exportaient particulièrement aux colonies dont
l'exploitation semblait un des principaux revenus publics
(V. Commerce el Colonisation). Les gouvernements cher-
chèrent donc a créer chez eux toutes les espèces d'indus-
tries manufacturières; ils les encouragèrent, mais aussi les
réglementèrent, afin de garantir la bonne qualité des pro-
duits exportes et par là leur renom sur le marché étran-
ger. L'Etat, des corporations ou des compagnies privilégiées
furent chargés de ce contrôle. On négocia des traités de
commerce avec la double préoccupation de s'ouvrir des
débouchés et de se réserver le plus possible le marché
national ; quant aux colonies, la métropole leur interdit de
commercer avec d'autres qu'avec elle-même. On trouvera
aux articles Commerce, Industrie et Libre-Echange des ren-
seignements plus détaillés. Ce que nous disons ici permet
de constater que la politique économique des nations mo-
dernes, celle particulièrement pratiquée au xvi° et au
xvn" siècle, lut le résultat des circonstances et de l'obser-
vation plus que de vues théoriques préconçues. Cependant
on y apporta un esprit de méthode et de système remar-
quable, surtout au xvue siècle.
Il est incontestable que ces idées, que nos économistes
regardent comme arriérées, ont, en leur temps, procuré
les plus grands bénéfices à ceux qui les professaient et les
appliquaient. La prédilection pour l'industrie manufactu-
rière et le commerce, l'intervention active du gouverne-
ment en leur faveur, furent très efficaces. La terre étant
toujours aux mains des nobles, les accroissements de la
richesse agricole n'eussent guère profité aux travailleurs et,
d'autre part, la science était trop peu avancée pour les sti-
muler; enfin la population des villes, plus instruite, était
plus susceptible d'une direction méthodique. Les efforts
officiels furent couronnés de succès; les manufactures se
multiplièrent, de grands progrès techniques furent réalisés,
les facilités croissantes de transport décuplèrent le trafic.
Lutin l'application du système mercantile et protecteur,
lorsqu'elle fut faite avec assez de méthode, eut les meil-
leurs effets. Elle permit aux nations de créer des indus-
tries dont la concurrence étrangère paralysait les débuts,
de s'assurer une marine nationale et le profit de leur
propre commerce. L'origine de la fortune économique de
l'Angleterre et de la France lui fut due. On s'est de-
mandé quel fut l'inventeur de ce système. La question ne
comporte pas de réponse précise. Cependant Charles-Quint
fut le premier souverain qui s'efforça de retenir le numé-
raire, de proscrire les marchandises étrangères, afin de s'en-
richir en vendant sans acheter; il fut aussi l'organisateur
de l'exploitation coloniale, facilitée par la traite des nègres.
Les résultats pour l'Espagne furent désastreux ; mais, en
Angleterre, Henri Vllt et Elisabeth obtiennent, d'une
politique analogue, de grands avantages. Cependant, au
xvu* siècle, la prépondérance commerciale appartient encore
a la Hollande. Elle lui fut enlevée par la politique de
l'Angleterre et de la France, nullement par le simple jeu
des lois économiques. L'«acte de navigation» d'une part,
d'autre part les ordonnances et règlements inspirés par
Colbert, sont les applications du système protecteur. Col-
bert en est le plus illustre représentant, à tel point qu'on
l'appelle souvent le colbertisme. « Il est le seul ministre qui
ait eu un système arrêté, complet el conséquent dans toutes
>es parties, et c'est l'honneur éternel de son nom qu'il l'ait
fait triompher en dépit des obstacles de tout genre amon-
celés sous ses pas. Quoique ce système soit loin d'être irré-
prochable dans toutes ses parties, il était un progrès
immense au temps de son apparition, et nous n'avons rien
eu, depuis lors, qui puisse lui être comparé en fait d'étendue
ÉCONOMIE
— 48 i —
ci de profondeur, Son organisation lemble avoir conservé
quelque chose du respect qui t'attache aux fondai
religieuses; elle a l'ait secte. » (Blanqui, i. I. p. 410).
Colbert fui activement hostile i là classe des rentiers et s
celle des hommes d'office, qu'il considérail comme des pa-
rasites de l'Etat; il réduisait le nombre îles charges, dont
un autre vice était d'immobiliser des capitaux considérables
au détriment des classes laborieuses. 11 revisa les tarifs
de douane et en lit un moyen de protection pour les ma-
nufactures nationales au lieu d'une simple ressource fiscale
qu'elles étaient auparavant; il en atténua les rigueurs
par la création d'entrepôts. Il encouragea l'industrie, ré-
duisant les droits d'entrée sur les matières premières, les
augmentant sur les objets manufacturés; il la disciplina,
surveillant avec soin la qualité des produits; il encouragea
la marine par des primes. Il ne chercha nullement à créer
des monopoles éternels, puisqu'il proclama la liberté du
commerce des colonies. Son œuvre capitale fut son sys-
tème de politique douanière. La discipline qu'il voulait
imposer aux manufacturiers devint fâcheuse, car elle gênait
l'esprit d'initiative et les améliorations. Cependant lecol-
bertisme, dont le but était d'encourager l'industrie natio-
nale, l'atteignit si bien que, dans toute l'Europe, on l'imita.
Les fabriques se fondaient, le régime protecteur assurait
des profits aux capitaux qui s'y engageaient, et ces profits
les multipliaient. On se procurait ainsi en abondance
l'argent, forme tangible de la richesse, nerf de la guerre.
On énonce alors le système mercantile sous la forme
absolue que nous avons indiquée en premier lieu : le com-
merce intérieur ne fait que déplacer les biens, sans enri-
chir la nation, puisqu'il n'y augmente pas la masse du
numéraire ; la vraie source de la richesse est le commerce
extérieur, où les transactions se soldent en argent; il faut
vendre le plus possible, acheter le moins possible. Le sys-
tème protecteur favorise la création d'industries nationales
susceptibles d'exporter et restreint les achats à l'étranger
V. Commerce, Libre-Echange et Monnaie). Nous avons
dit combien ce système s'accorde avec la formation des
nations modernes. Il y a une réelle solidarité entre les idées
de patriotisme exclusif et de nationalité qui n'ont cessé de
se répandre depuis le xvn0 siècle et les idées économiques
que nous exposons. L'économie politique fut ici d'accord
avec la politique.
La culture intellectuelle due à la Renaissance, la diffu-
sion des idées facilitée par l'imprimerie, devaient susciter
des ouvrages où seraient débattus par des théorisions ou
par des écrivains, représentant des intérêts contradictoires,
tous les problèmes économiques. A la fin du xvic siècle
commence une littérature économique dont l'importance ira
sans cesse grandissant. La première chose qui frappa les
théoriciens fut le renchérissement général qui suivit la
découverte des mines américaines (V. Métaux et Monnaie).
Ce renchérissement troubla profondément toute la vie éco-
nomique , et il en résulta une crise d'autant plus grave
que les causes échappaient. La principale était la déprécia-
tion des métaux précieux (signe de la valeur), conséquence
fatale de leur plus grande abondance ; ajoutez les fluctua-
tions dans la valeur relative de l'or et de l'argent. L'Italie
souffrait plus que les autres pays ; elle restait en dehors
des nouvelles routes commerciales, et, de plus, était divisée
et dévastée par des guerres incessantes. Le comte Gasparo
Scarufïi publie en 1582 son Discorso sopra le monete e
dclla vera proporzione fra l'oro e t'argento, où il pro-
pose l'adoption d'une monnaie universelle, de forme, de
composition, de valeur et de désignation identique dans
tous les Etals. Davanzati (de Florence) publie en 1588
ses Lexdoni délie Monete. — Plus compréhensif était le
Français Jean Bodin, dont les principaux ouvrages sont :
Hélions, -s aux paradoxes de M. Malestroit touchant
renchérissement de toutes choses et des monnaies
(1568), Discours sur le rehaussement et diminution
des monnaies (Io78) et surtout les Sic Livres de la
République (1576). Bodin a parfaitement saisi les rap-
ports entre la monnaie et la richesse, et dit que l'interdic-
tion d'exporter les métaux précieux est absurde. Dans son
traité politique, il défend la propriété individuelle ; il
approuve l'intervention protectrice du gouvernement et
attache l.i plus grande importance a la densité de la popu-
lation ; mais il soutien! la liberté commerciale et affirme
contre Montaigne que ce qu'une nation _ i pas
acquis nécessairement au détriment d'une autre, il d
loppe les éléments du système mercantile. — EnAngleti
William Staffordfait imprimer Brie feConceipte of English
l'olicy (1581), dialogue spirituel ou il reproduit les i
de liodin et les applique à son pays; il prêche la prohibi-
tion de l'exportation des matières premières et de l'impor-
tation de produits ouvrés. — En Allemagne, nous ne trou-
vons pas de traité théorique qui mérite d'être signalé; mais,
des 1530, une guerre de pamphlets entre la maison Ernes-
tine et la maison Albertine de Saxe avait donné lieu a des
publications d'un réel mérite. Le duc George de la ligne
Ernestine voulait changer le cours de la monnaie ; ses pa-
rents de l'autre ligne firent é«rire contre lui, en langue
allemande, un pamphlet, Gemeine Stymmcn von der
Mùntze; le duc lit répondre ; son apologie contient les pre-
miers aperçus du système mercantile. La réplique des
Albertins est encore plus curieuse par la netteté de ses
considérations sur le r6le de la monnaie, la nature du com-
merce et de la richesse publique, etc.
Au xvne siècle, les théories se généralisent ; on discute
les problèmes économiques dans toute leur étendue ; voici
des traités d'ensemble. En 1613, celui du Calabrais An-
tonio Serra : Brève Trattato délie cause che possono
fare abbondare li regni d'oro c d'argento dove non
sono minière. Il développe le système mercantile et met
en relief la supériorité de l'industrie manufacturière sur
l'agriculture comme source de richesse et moyen d'attirer
à soi le numéraire : il s'appuie sur l'exemple des opulentes
cités industrielles et commerçantes d'Italie, Gènes, Venise,
Florence, les opposant au royaume de Naples, agricole et
pauvre. Il indique aussi l'importance des qualités morales
du peuple et celle d'une bonne administration, conditions
essentielles de l'enrichissement. — Deux années plus tard,
Montchrestien de Watteville publie son Traité d'économie
politique (1615). Il a parfois été regardé comme fonda-
teur de la science à laquelle il a fourni sa dénomination. Il
néglige l'agriculture, mais traite les autres parties de son
sujet : manufactures, navigation, commerce, finances pu-
bliques. Peu favorable à la liberté complète du commerce,
il fait surtout l'apologie du trafic avec l'étranger et les
colonies. L'Anglais Thomas Mun expose la théorie de la
balance du commerce dans England's Trcasure by Fo-
reign Trade (1664) ; il l'avait déjà indiquée dans A Dis-
course of Trade from England unto the East Indics
(1621). Il invite l'Etat à réglementer la production indus-
trielle, le commerce d'exportation et d'importation de ma-
nière à attirer chez lui l'argent étranger ; il juge inutile
l'interdiction d'exporter les métaux précieux en échange
de marchandises étrangères, attendu que celles-ci, trans-
formées et réexportées, seront vendues plus cher qu'on ne
les a achetées. Mun ajoute qu'il est dangereux d'avoir une
trop grande abondance de numéraire en circulation, parce
qu'il en résulte un renchérissement des denrées, qu'il de-
vient plus difficile de vendre au dehors. Il en conclut à la
nécessité d'un trésor d'Etat où se concentrent les métaux
précieux. In autre théoricien du système mercantile et colo-
nial fut sir Josiah Child. auteur' de lirief Observations
concerning Trade and the Intcrest of Moncy (1668) et
de I New Discourse of Trade (1668). Il propose comme
modèle la Hollande et montre les immenses avantages qui
résultent du bas loyer des capitaux : mais il en conclut que
le gouvernement doit l'imposer en limitant le taux de l'in-
térêt. Il insiste sur les avantages d'une population nom
tireuse. 11 accepte la doctrine de la balance .lu commei
mais fait observer qu'on ne peut vendre sans acheter et
doute que l'exportation des métaux précieux soit nuisible
— 183 —
ECONOMIE
on soi. Il est partisan du monopole du commerce colonial
au profil de la métropole et même de compagnies privilé-
s. Il critique l'acte de navigation, mais lui est favorable
en principe. Sir W. Temple est aussi on grand admirateur
delà Hollande (Observations upon the United Provinces
of the Nethertands, 167Î), partisan de la balance du
commerce; il a bien vu que le travail est la source de la
richesse (Essayon the Trade oflreland, 1673).
i s hommes d'Etat du vnP siècle ont été généralement
ai.jiiis au système mercantile ; ils l'ont appliqué avec plus
ou moins de radicalisme et lui ont attribué, non sans motif,
le développement île l'industrie et du commerce, car ce fut
incontestablement une arme puissante dans la concurrence
économique entre les diverses nations. Mais en même temps
Hue la protection prévalait dans la politique, des philosophes
tiraient de l'analyse 'les phénomènes économiques des con-
clusions toutes différentes. Ils démontraient que la richesse
d'une nation n'est pas le résultat i\e l'accumulation de
métaux préàeUX, mais des ressources naturelles et du tra-
vail humain ; que le commerce étranger n'a pas de vertus
plus grandes que le commerce intérieur; que l'agriculture
est aussi importante que l'industrie proprement dite. On
batiste sur les inconvénients de ce formidable appareil de
/■monts, de prohibitions, de monopoles, de privilèges
corporatifs dont les gouvernements ont encombré le champ
du travail ; on montre les avantages de la liberté. Tandis
qu'en Angleterre on se borne aux critiques, il se forme
en France une école d'économistes qui deviendront un
pouvoir dans l'Etat et qui se préoccupent surtout des ques-
tions sociales, protestant contre un régime oppressif et
proposant pour but aux gouvernements de procurer à la
population entière la plus grande quantité possible de bien-
être matériel.
Les philosophes anglais ne se bornent pas à l'étude de
l'économie politique ; ils l'abordent plutôt comme un cha-
pitre de la sociologie, dont Bacon a dit l'importance. Il faut
mentionner William Petty qui est un précurseur des grands
économistes. Il distingue dans la population deux parties:
la classe productive et la classe improductive; la première
imprenant que les gens occupés du travail manuel, de
la production matérielle et directe. La mesure de la valeur
d'un objet est la quantité de travail nécessaire pour le pro-
duire; l'unité est le minimum nécessaire pour la vie quoti-
dienne d'un homme. La rente foncière est l'excédent de la
valeur marchande des produits sur le coût de la produc-
tion. Peu favorable à l'intervention publique, il ne juge
- lire à un pays que la masse de numéraire affectée
aux besoins de la circulation; il est monométalliste; enfin
il attache grande importance à l'arithmétique politique
e.-è-d. a la statistique, dont il est un des fondateurs. Sir
Dudley North, auteur de Discourses upon Trade (169 1 ) , est
le protagoniste du libre-échange. H affirme que la richesse
existe indépendamment des métaux précieux, qu'elle résulte
de l'industrie humaine appliquée à la culture du sol ou au
travail manufacturier. Les métaux précieux ne sont qu'un
élément de la fortune publique. Leur raréfaction ou leur
surabondance sont des phénomènes qu'il faut laisser se
régler librement. L'exportation du surnuméraire surabon-
(I un enrichissement, non un appauvrissement, car
la grande utilité du commerce est d'échanger des supcr-
fluitcs. Les nations sont vis-à-vis de l'humanité dans le
méin" rapport que les villes dans une nation, les familles
dans une ville: North en conclut que le commerce inté-
rieur vaut le commerce extérieur. Le taux de l'intérêt
dépend, comme le prix de toute marchandise, du rapport
entre l'offre et la demande. Tout commerce, tout échange
est profitable, sans quoi il n'aurait pas lien. Il faut laisser
bj> prix se tix'T par le jeu naturel du négoce, sans les
réglementer. North esï le précurseur d'Adam Smith; ses
vues sont analogues, il ne lui manqua que le génie systé-
matique du grand économiste pour énoncer en lois et coor-
donner en un ensemble les idées qu'il avait. — Locke lui
est a cet égard très inférieur. Ses Considérations of the
iowering of Interest and rai&ing the value ofMoney
t 1691) et Further Considérations (1698) témoignent
d'une certaine confiance dans le système mercantile; il dit
que la richesse consiste en la possession d'une grande
masse d'oc el d'argent et qu'un pays qui n'a pas de mines
ne les peut acquérir que par conquête ou commerce. 11
accepte la théorie de la balance du commerce. Il n'admet
pas 1 intervention législative pour régler le taux de l'intérêt.
Les économistes Français se font remarquer au début du
xvui'' siècle par leurs protestations contre le colbertisme.
Les deux plus illustres sont: Pierre Boisguillebert, auteur
d'un irait*' de la nature el du commun' des grains,
des Dissertations sur la nature des richesses, de l'ar-
gent et des tributs, et d'un Essai stir la rareté de l'ar-
gent. Il insiste avec la plus grande énergie sur cette vérité
que la richesse d'une nation ne consiste pas en métaux
précieux, mais dans les objets de consommation, spéciale-
ment dans les produits agricoles. Il invective cet « argent
criminel », simple esclave du commerce qui en est devenu
le tyran. Il condamne tous les règlements arbitraires im-
posés au commerce intérieur et extérieur, surtout ceux
qui gênent le commerce des grains. Il atlirme que la
richesse nationale ne dépend pas du gouvernement, mais
de lois économiques naturelles qu'on ne peut transgresser
impunément. Sous un régime de liberté, les intérêts des
différentes classes de la société sont les mêmes, et ceux des
individus coïncident avec ceux de l'Etat. Les nations sont
solidaires les unes des autres, comme les villes d'un même
pays. La grande différence entre les hommes est celle qui
sépare la classe laborieuse qui travaille pour vivre et n'y
parvient qu'à peine, de la classe des oisifs qui jouissent de
tout sans rien produire. Il faudrait renverser les rôles.
Les écrits de Boisguillebert sont animés de ce grand souffle
de philanthropie qui caractérise les écrivains français du
xvme siècle. — Le même éloge s'applique à ceux de Vauban
dont le principal ouvrage est le Projet d'une DLvmc
royale (1707). Il déplore la misère des classes laborieuses
et trouve que le gouvernement doit assurer le bien-être de
tous les membres de la communauté ; les classes labo-
rieuses sont la base de l'organisation sociale ; la richesse
nationale résulte du travail et spécialement de l'agricul-
ture ; l'industrie a surtout besoin de liberté. Comme Bois-
guillebert, Vauban veut supprimer les impôts indirects,
les remplacer par un impôt sur le revenu ; il veut que cet
impôt unique soit égal pour tous ; iâMlme royale com-
prendra le dixième des produits agricoles, le dixième des
revenus des industriels ou des commerçants.
La détresse financière et l'épuisement des forces produc-
tives de la France, signalés par Vauban et Boisguillebert,
décidèrent le régent à patronner une opération qui est le
plus remarquable exemple d'une application de théories
économiques à la politique; nous voulons parler de l'entre-
prise de Law (V. ce nom). Ce fameux spéculateur, très
informé des mécanismes du crédit public, qu'il a parfaite-
ment exposés dans ses Considérations sur le numéraire,
frappé des bienfaits que l'activité de la circulation moné-
taire réalisait en Hollande, convaincu comme tant d'autres
que l'abondance de la monnaie était une cause essentielle
de richesse par le développement qu'elle donnait à l'indus-
trie, jugea que les banques de circulation permettaient de
suppléer au numéraire, de décupler la somme de la mon-
naie par la puissance d'un crédit garanti par l'Etat et, par
suite, d'activer le travail sous toutes ses formes en lui
fournissant les capitaux à bon marché et en multipliant les
achats. Il voulait aussi affranchir les travailleurs du despo-
tisme des prêteurs d'argent en leur donnant la commandite
du crédit de l'Etat. « C'est au souverain à donner le crédit,
non à le recevoir. » Son disciple, Uutot, a décrit dans les
Réflexions politiques sur les finances et le commerce
( \~'->X) les heureux résultats obtenus par la banque de Law,
résultats conformes aux prévisions de l'inventeur. Il obtint
ce résultat de faire préférer le papier-monnaie au numé-
raire par le public. Il conçut un projet plus vaste: « Réunir
ÉCONOMIE
- 486 -
en une association commune tous LeB capitalistes de France
i-i leur luire mettre en commandite tous les éléments de le
richesse publique depuis la propriété foncière jusqu'aux
éventualités du commerce colonial. Quelle plus belle hypo-
thèque que la France '■ el quelle râleur une telle garantie
devail acquérir, quand le crédit assuré an plus humble
propriétaire ouvrirait une carrière illimitée au\ améliora-
tions de toute espèce ! » (Blanqui, t. Il, p. 71). On verra
ailleurs (V. Bahqui el L.wv) comment lies exigences du
gouvernement et surtout la spéculation organisée sur une
de ces entreprises coloniales, dont le mirage n'a cessé
d'abuser nos compatriotes, entraîna la ruine du système de
Law ; il acheva de se discréditer par les mesures les plus
tyranniquea et les plus contraires à ses principes. Mais il
n'en est pas moins certain que cette expérience économique,
la plus colossale qui ait jamais été tentée, eut d'heureux effets
malgré la banqueroute finale. Mlle créa en France les pre-
mières valeurs industrielles, fournissant un placement aux
petits capitaux, un emploi à l'épargne, diminua l'intérêt de
l'argent; elle mobilisa la propriété foncière. Les projets les
plus audacieux de certains réformateurs ne dépassent pas
ce que Law réalisa pendant deux ou trois ans. Les spécu-
lations de bourse qui détruisirent son œuvre ne doivent
pas en faire oublier la grandeur. Au point de vue qui nous
intéresse, elle demeure l'exemple le plus étonnant et le plus
complet d'une politique économique procédant uniquement
d'une théorie.
Les économistes qui vinrent ensuite développèrent des
principes opposés, sous l'influence d'une réaction bien na-
turelle. Blanqui l'explique en ces ternies : « De toutes les
valeurs industrielles écloses sous l'atmosphère embrasée du
« système », il ne restait plus rien que la ruine, la désola-
tion et la banqueroute. La propriété foncière seule n'avait
pas péri dans cette tourmente. Elle s'était même améliorée
en changeant de mains et en se subdivisant. L'importance
qu'elle acquérait ainsi tout à coup augmenta considéra-
blement sa valeur, et bientôt l'activité des esprits désillu-
sionnés de spéculations se porta vers la culture du sol
pour lui demander réparation des malheurs du système.
On eût dit que chaque homme avait besoin de se reposer à
l'ombre de sa vigne et de son figuier des secousses et des
agitations de la bourse. Jamais transition ne fut plus
brusque. On y procédait toutefois au travers d'un monceau
de livres. Il pleuvait des écrits sur ia circulation, sur le
crédit, sur l'industrie, sur la spéculation, sur le luxe :
chacun voulait expliquer la crise dont on sortait et croyait
avoir trouvé pour sa consolation le mot de cette énigme.
On avait pensé pendant quelque temps que l'argent était la
richesse par excellence et qu'en multipliant le papier qui
la représentait on multipliait la richesse elle-même. Mais
le renchérissement de toutes choses et la chute du papier
avaient dessillé les yeux des plus aveugles, et, comme c'est
l'usage dans les circonstances semblables, on avait passé
de l'engouement à l'aversion, du fanatisme à l'incrédulité.
Il n'y avait plus désormais de richesse véritable que la
terre, et de revenus assurés que ceux qui émanaient de son
sein. C'est de cette réaction qu'est sorti le système agricole,
plus connu sous le nom des économistes ou de Quesnay
qui en fut le principal fondateur. C'est aussi le premier
système qui ait fait école et qui se soit formulé avec une
précision dogmatique assez rare dans les annales de la
science. » Telle est la raison pour laquelle on le place d'or-
dinaire en tète de l'histoire de l'économie politique. C'est
à partir de cette époque que celle-ci se présente comme un
corps de doctrine homogène.
Les chefs de la nouvelle école qui s'intitulaient les
économistes, mais auxquels on applique le plus souvent le
nom de physiocrates (inventé par Dupont de Nemours),
furent François Quesnay (1694-4774) et Jean- Claude-
Marie Vincent, sieur de Gournay (1712-1759). Stanley
Jevons a voulu reporter à Cantillon, auteur d'un Essai
sur la nature du commerce en général (1755}, l'honneur
d'avoir été le promoteur des nouvelles doctrines. Mais,
en réalité, il convient de le laisser à Quesnav. Nous ren-
voyons 9 sa biographie en citant ks articles Fermiers et
Grains de ['Encyclopédie (1756-57), né-
raies de gouvernement économique d'un royaume agri-
cole (ilo$) & ion tableau économique. Son intime
économique lit d'autant plus d'effet qu'il se présenta banque
d'une réforme financière. Jusque-là on avait peu parlé de
l'agriculture. Quesnaj déclara que tontes Us nebi
provenaient de la terre, attendu que c'était d'elle que II l
hommes tiraient Nui- alimentation et les matières pre-
mières de toutes les industries. Le travail appliqué a la
terre produisait de quoi s'alimenter lui-même, et, de plus,
un excédent qui s'ajoutait a la masse des ri '■>-
tantes. Cet excédent fut dénommé le produit net. La
faculté créatrice fut refusée par Quesnay aux autres indus-
tries qui se bornaient a transformer les produits du sol,
parce que, disait Quesnay, leurs produits ne représentaient
que l'équivalent de la madère première, plus la somme de
leurs consommations durant le travail, de telle sorte que
le total des richesses était le même après qu'avant; il n'en
était autrement que dans le cas ou les maîtres on les ou-
vriers avaient mis en réserve, épargné ce qu'ils auraient
pu consommer. Le travail agricole était seul productif; les
autres n'augmentant pas le capital social, ne faisant qu'en
modifier la forme, étaient stériles. C'était donc une néces-
sité naturelle que les propriétaires fonciers eussent la pré-
pondérance dans l'Etat. Recueillant la totalité des produits,
ils en distribuaient une part aux non-propriétaires sous le
nom de salaire. Les économistes en concluaient qu'on ne
pouvait mettre d'impôts sur les salaires; il ne devait y
avoir qu'un impôt unique, Y impôt territorial, lequel
devait être levé sur les propriétaires fonciers et déduit
de leur produit net. L'intérêt fondamental de l'Etat était
de multiplier les produits agricoles. Préoccupés surtout île
la classe foncière, les économistes voulant lui assurer le
bon marché par la concurrence des vendeurs, prêchèrent
la liberté absolue de l'industrie et du commerce. Ils adop-
tèrent la célèbre maxime « Laissez taire , laissez passer ».
Quesnay, médecin de Louis XV, était aimé du roi qui im-
prima lui-même les épreuves de son Tableau économique
avec l'épigraphe « Pauvres paysans, pauvre royaume;
pauvre royaume, pauvre roi ». Cet ouvrage indiquait la
distribution du revenu territorial résultant des lois de la
production. Il avait l'allure dogmatique et scientifique d'un
traite de mathématiques. Son succès fut prodigieux et on
y vit le catéchisme d'une science, d'une foi nouvelle. Les
Maximes insistaient sur le rôle du gouvernement et sur le
côté politique de ces questions. C'est là aussi que les écono-
mistes remportèrent les plus brillants succès. Dénonçant
sans relâche les abus des privilèges et mesures restrictives,
corporations, douanes, corvées, impôts mal assis, soulevant
les problèmes sociaux les plus graves, ils eurent une grande
influence sur tous les princes réformateurs de la seconde
moitié du xvui* siècle, Joseph II, Catherine de Russie, le
grand-duc de Toscane, etc. En France, à côté de Quesnay
et de Gournay, de leurs élèves, Mercier-Larivière, l'abbé
lîaudeau, il faut citer des hommes politiques, Trudaine,
Malesherbes, d'Argenson, Turgot. Leur passion pour la
liberté commerciale, leur hostilité pour l'impôt indirect se
sont perpétuées. Malgré l'antagonisme de Voltaire et de
Montesquieu, les économistes firent autant que les philo-
sophes pour renouveler la société européenne et préparer
la Révolution française. Ils étaient universellement res-
pectés, Quesnay surtout, à cause de leur conviction et de
leur sérieux; leurs allures doctrinaires, leurs affirmations
dogmatiques faisaient grand effet, lue foule d'écrits, de
journaux, répandaient leurs idées.
A côté de Quesnay, fils de cultivateur et panégyriste de
l'agriculture, il faut faire place à Gournay, négociant, qui
étudie particulièrement les questions commerciales; il lut
l'auteur de la formule « Laisse/ l'aire, laisse/, passer », com-
battit les monopoles et les droits sur les matières pre-
mières. Il a traduit Child, niais n'a écrit que des mémoires
— 487
ÉCONOMIE
adressé* aux ministres. Ses idées sont exposées dans VEloge
que lui consacra Turgot, Il n'a pas admis le paradoxe de
(improductivité de l industrie manufacturière et du com-
merce.
Un de leurs premiers disciples fut Victor Mirabeau
qui délava en lourds volumes les théories de Quesnay,
mais soutint malgré BOH maître la petite culture contre la
Bande. Outre l'Ami des hommes, traite sur la po-
pulation (4756), sa Théorie de l'impôt (1760) et ses
Economiques (4769), il a laisse une Philosophie rurale
ou Economie générale et politique de l'agriculture
(4763), exposé complet du système physiocratique. Celui
qui inventa ce nom de physioerates, par allusion à la
prééminence que l'école reconnaissait aux ressources na-
turelles, fut Dupont de Nemours (1739-4847), dont la
l'hysiocratie ou Constitution naturelle du gouverne-
ment le plus avantageux au genre humain (4763)
peut être regardée comme le catéchisme des économistes.
Un autre de leurs principaux écrivains fut Mercier-Lari-
\ière. auteur de l'Ordre naturel et essentiel des sociétés
folitiquei (4767). C'est contre lui quo Voltaire écrivit
Homme aux quarante écus.
I ne place eminente doit être réservée à Turgot (4727-
17^1). qui mit en action le programme des économistes,
affranchissant le commerce des blés, supprimant les cor-
l, abolissant les corporations en proclamant le droit
au travail. Il eut moins de succès en voulant réaliser
l'impôt territorial ou en condamnant les emprunts. Il agit
avec la sereine confiance et la hardiesse d'un croyant.
Came théoricien, son œuvre principale est le Traité de
la formation et de la distribution des richesses (4766).
Il v expose admirablement la division du travail, le rôle
de la monnaie, le mécanisme du commerce, l'influence du
taux de l'intérêt sur toutes les entreprises. Il le compare à
une nappe d'eau répandue sur un pays accidenté : « Il suffit
que l'eau monte ou baisse d'un pied pour inonder ou rendre
à la culture des plages immenses. C'est l'abondance des
capitaux qui anime tontes les entreprises, et le bas prix de
l'argent est tout à la fois l'effet et l'indice de l'abondance
des capitaux. » Turgot est le précurseur direct d'Adam
Smith. 11 eut le mérite d'avoir le premier appliqué les idées
des économistes et de les avoir ainsi soumises par l'épreuve
de la pratique au jugement de tous.
Avant de passer à un autre chapitre de cet historique, il
nous faut présenter un tableau d'ensemble de la doctrine
physiocratique, car il serait injuste de ne la juger que sur
rtions les plus contestées. Klle repose sur une
théorie politique. Une société est formée d'individus ayant
des droits naturels égaux, chacun ayant la connaissance de
son intérêt particulier et étant naturellement incliné à le
suivre. L'union sociale résulte d'un contrat virtuel entre
eux ; elle limite la liberté naturelle de chacun dans lame-
sure ou elle serait incompatible avec les droits des autres.
I •■ gouvernement est un mal nécessaire; il ne doit inter-
venir que lorsque cela est indispensable. Dans l'ordre éco-
nomique, chaque individu a droit au produit qu'il peut
acquérir par son travail. Ce travail ne doit donc être gêné
en rien, et ses produits doivent être garantis au travail-
leur: de là résulte la légitimité de la propriété. Il faut que
chaque citoyen travaille le plus possible. Donc, liberté
• d'échange et concurrence illimitée sur le marché.
Vient ensuite la théorie de la productivité agricole et du
produit net que nous avons analysée d'après Quesnav.
Remarquons qu'elle repose sur une confusion entre la ma-
tière, l'énergie, qui est fournie par la nature et seulement
transformée par l'homme, et la valeur qui résulte précisé-
ment de cette adaptation à nos besoins. Le grand résultat
obtenu par les physioerates fut la destruction du système
mercantile, de la faveur exclusive pour l'industrie, de la
entation et des privilèges, en un mot de la méthode
suivie par les gouvernements européens depuis un ou deux
siècles. Leurs tendances individualistes et libérales, leurs
invocations du droit naturel, conformes aux idées régnantes,
à celles de Rousseau nommément, eurent une grande
influence sur la Révolution française. L'Assemblée consti-
tuante lit quelques tentatives pour réaliser le système phy-
siocratique. Celui-ci l'ut ensuite négligé pour celui d'Adam
Smith.
Lu Italie se manifestait a la même époque un mouve-
ment économique du en grande partie à l'ascendant des
idées françaises, l n de ses premiers auteurs fui Bandini
(li!77-IT(i(l), promoteur des réformes en Toscane. Antonio
Broggia(7Vattà<tetei tributiedelle momie edelgoverno
poliliea délia societii, I 743) et OirolamoBelloni (Disserta-
ÙOniSOpra il COmmerdo, 1750) sont encore des adeptes
de l'école mercantile; de même Cenovesi (4742-47Ô9).
C'est pour ce Napolitain que fut fondée en 17.vi.fi la pre-
mière chaire d'économie politique où cette science ail été
enseignée. Une autre le fut dix ans [dus tard pour Bec-
caria ; mais dans l'intervalle on en avait établi une en
Suède, à Stockholm (I7.'>X). Cenovesi publia son cours,
Lezioni di commercio, ossia di economia civile ([UN).
— Ferdinando Caliani est aussi partisan du système mer-
cantile (Délia Moneta, 17o0) ; il dut sa réputation à ses
spirituels Dialogues sur le commerce des blt's (1770),
ou il soutient que le meilleur système est de n'en avoir
aucun ; il entra en discussion avec les physioerates, avec
Morellct particulièrement. Ses idées étaient très arriérées.
— Cesare Beccaria (4738-4794) est plus avancé. Ses Ele-
menti di economia pubblica (4769-4774) résument son
cours. Il partage les idées des physioerates, estime l'agri-
culture seule productive, les privilèges et monopoles nui-
sibles ; mais il est protectionniste en matière de commerce
extérieur et n'est pas acquis à la liberté du commerce des
céréales. — Son ami Pietro Verri (1728-1797) fut un des
administrateurs de la Lombardie, où il eut occasion de
faire des réformes. Il renoncerait à la réglementation du
commerce intérieur et de l'industrie, mais veut que le gou-
vernement les protège contre la concurrence étrangère. II
préfère la petite à la grande culture, rejette l'impôt ter-
ritorial. Dans ses Meditazioni suW cconomica politica
(1771), il adopte comme critérium « l'augmentation de la
reproduction », c.-à-d. des produits annuels du sol et du
travail ; est bonne une mesure qui augmente ce produit. —
Carli (4720-4795) montre la fausseté de la balance du
cor»"nerce (Ragionamenti sopra i bilanci cconomiei
nette naxioni) ; il a réfuié la doctrine physiocratique de
la productivité exclusive de l'agriculture -:M-2v. -'.-."' 'a
nécessité de plusieurs classes économiques dans unê"ïï,-.ac'iever
et les profits réflexes que la prospérité manufacturière vaut "s
à l'agriculture. — Vasco (1733-1790) blâme les corpo-
rations, la réglementation officielle de l'industrie, mais
voudrait que le gouvernement assurât la division de la
propriété foncière. — Filangieri (1752-1788) réclame la
liberté absolue du commerce et de l'industrie et se rallie
aux opinions des physioerates. — Ludovico Ricci (1742-
1799) dans son rapport Sulla Hiforma degli istituti
pii délia città di Modena (-1787) traite à fond la question
de l'assistance publique et met en relief les dangers qu'en
présente l'abus. Il a des idées analogues à celles de Malthus.
— Franceseo Mengotti se fait connaître parune vigoureuse
attaque contre II Colbertismo (1794) et le système pro-
tectionniste ; il fait ressortir ( Del Commercio de' Romani,
4792), contre Muet, les différences radicales entre les
civilisations antiques et modernes. — Ciammaria Ortes
(1713-1790) rejette également les théories mercantiles et
plivsiocratiques; il cherche son idéal dans l'organisation du
moyen âge, blâme le prêt à intérêt. Il croit que le chiffre
de la population est toujours proportionnel à la somme de
la richesse publique. Tout ce que le riche gagne est perdu
par quelque pauvre. Il est vain d'essayer d'accroître la
richesse publique; on ne peut qu'en modifier la répartition
(Rifkssioni sulla popolazione délie nazioni per rap-
borto ail' economia politica). Ortes admet que la popu-
lation s'accroîtrait normalement suivant une progression géo-
métrique, mais que cet accroissement est limité par la raison.
ÉCONOMIE
_ 4KX -
lin Espagne, la liberté d'exprimer sa pensée était bien
niuiiicliv qu'en France; la littérature économique y et) bien
pins pauvre. I Btariz (Teorica // Practica del Comercw
1/ Marina, 1724) pousse à leurs conséquences extrêmes
les théories mercantiles. Le comte de Campomanesi \~ï>-
imiji prélude comme Turgol par des études économiques
a ses grandes réformes ministérielles el démontre que
l'Espagne doit cherche) sa richesse dans son industrie na-
tionale, dod dans les mines d'Amérique.
En Allemagne, on aborda 1rs études économiques par le
côté politique et juridique. Pour préparer les candidats aux
tribunaux caméraux et conseils auhques, on institua dans
1rs universités un enseignement <lit caméralistique sur
l'administration et les finances, bref sur les sciences poli-
tiques et économiques. Les théoriciens allemands furent
tous au xvu" siècle partisans du système mercantile et de
la balance du commerce, Bêcher, liesold, liornitz, llor—
neck, Klock, Schrœder, Seckendorf ; jusqu'au milieu du
xviu1' siècle cet engouement se maintient. Justi (-f- 1771),
l'auteur du premier traité allemand d'économie politique,
en témoigne. Aux phvsiociates se rallient Schlettvvein
(1731-1802), Manvillon (1743-1794) et le margrave de
Bade, Karl-Friedrich, qui rédige pour ses fils un médiocre
Abrégé d'économie politique (1772). Theodor Schinalz
(1764-18111) défendra obstinément ce système contre celui
d'Adam Smith. Le plus illustre économiste allemand du
xvme siècle est JustusMœser (1720-1794), dont les Patrio-
tische Phanlasim (1774) ont un renom littéraire. Il
défend les corporations, toute l'organisation du moyen âge,
à laquelle il souhaitederevenir.il est surtout remarquable
par sa verve caustique et les critiques qu'il dirige contre
les théories en vogue.
En Angleterre, la première moitié du xvine siècle ne
nous apporte rien. Mais en 1752 et 1753 paraissent les
dissertations économiques de Hume (Politisai Discourses
et Essays and Treatises on Several Subjects).Le philo-
sophe y met ses qualités de penseur profond et subtil,
d'analyste perspicace et clair. Il traite de la monnaie, de
l'intérêt de l'argent, du commerce, des finances, etc. Il
réfute le système mercantile, montre le vrai rôle de la
monnaie et l'explique très habilement. Il analyse de même
le problème du taux de l'intérêt, explique les causes qui
le font hausser ou baisser. Parlant du commerce, il expose
comment les nations sont solidaires les unes des autres
par la division territoriale du travail ; partisan de la
liberté-fcommerciale, il reconnaît pourtant les avantages
que peut présenter la politique protectionniste. Il n'admet
pas l'impôt unique des physiocrates, et critique les emprunts
publics par lesquels nous nous déchargeons d'un fardeau
sur nos héritiers. Ce qui est le plus intéressant chez Hume,
c'est en premier lieu son souci de montrer la cohérence entre
les données économiques et celles de la politique et de la
sociologie ; en second lieu, l'emploi de la méthode historique,
qu'il substitue à la méthode dogmatique. Il a eu au plus
haut degré le sentiment de la solidarité de toutes les fonc-
tions de la vie sociale et de la relativité de chaque phéno-
mène à la période d'évolution à laquelle il correspond. 11
témoigne en ceci comme en tout de la puissance et de la
netteté de son esprit philosophique. Autant que les écono-
mistes français, Hume fut le maître d'Adam Smith, qu'il
dépasse singulièrement par l'ampleur de ses conceptions.
Josiah Tucker (-f 171)9) fut un apôtre du libre-échange.
Sir James Steuart s'en tient au mercantilisme (Inquiry
inlo the Principles of Political Economy, 1767), mais
très assagi; malgré la valeur de son ouvrage, il fut vite
oublié, étant trop en dehors des idées libérales en vogue.
Adam Smith (1723-1790) révolutionna l'économie poli-
tique par ses immortelles analyses qui furent la base
des théories ultérieures. Il admet, comme les physiocrates,
le principe de la liberté naturelle, mais il procède suivant
une méthode toute différente, qu'il tient de Hume. Nous ren-
voyons ;i sa biographie pour le détail de ses ouvrages et
de sa théorie, rappelant qu'elle est développée dans ses
Recherche* sur lu nature el sur les cause* de la rù lu
dt i nations (1""ii). En roki les traita prmcipaax. (,vsi
le travail annuel d'une nation qui e^t la source d'et elle
tire sa richesse, c.-à-d. les produits nécessaires i sa
consommation et les produits qu'elle échange contre ceux
qu'ont créés les autres nations. La richesse provient donc,
non pas du sol, mais du travail humain ; c'est lui qui rend
la terre féconde. La richesse consiste dans la valeur échan-
geable des objets, el plus OU possède ou produit d'objets
échangeables, (dus on est riche. Le travail manufacturier
est donc producteur au même titra que le travail agricole.
Les capitaux représentent du travail accumulé; ils ne peu-
vent être créés que par L'épargne. Ceci implique la réfu-
tation du système mercantile. Smith développe merveilleo-
seuieiit les effets de la division du travail ; il en prouve les
avantage» d'une manière péremptoiie. Il montre comment
les produits s'échangent par l'intermédiaire de la monnaie :
il analyse les éléments du prix des marchandises, les fonc-
tions de la monnaie. Il établit que les prix résultent de la
loi de l'offre et de la demande. Toutes ces démonstrations
sont classiques. La théorie de la monnaie réelle et fidu—
ciaire, des billets de banque, du papier-monnaie, toute la
science du crédit, reposent encore sur les définitions et les
travaux d'Adam Smith. Il distingue la valeur en échange
de la valeur d'usage. Le rapport entre deux valeurs
d'échange s'exprime en une valeur conventionnelle, la
monnaie; c'est le prix. Dans le prix, il faut distinguer le
prix réel, ou prix de revient, du prix nominal. Le prix
comprend trois éléments : salaire du travail, profit de
l'entrepreneur, rente de la terre qui a fourni la matière
première. Smith explique comment s'établissent le taux des
salaires, le taux des profits, la rente de la terre (produit
net ou fermage). La richesse, une fois créée, se divise en
deux parties, celle qui est consommée, celle qui, mise en
réserve, forme le capital et va fournir un revenu. Le
capital est tantôt engagé, tantôt circulant ; ici nous retrou-
vons la question du taux de l'intérêt. Le travail favorisé
par le capital dispose de toute sa puissance. Smith affirme
que l'intérêt privé porte nécessairement les capitalistes à
préférer l'emploi le plus favorable à l'industrie nationale,
parce que ce sera aussi le plus avantageux pour eux. 11 est
donc partisan de la liberté illimitée de l'industrie et de la
concurrence. Quant aux impôts, puisque toute forme de tra-
vail est productive, que tout citoyen peut créer des valeurs,
il doit à l'Etat sa part de contribution, de coopération aux
charges publiques. Adam Smith, accordant toute l'importance
au travail, a négligé le rôle de la terre et des capitaux dans
la création des produits; il n'a pas tenu compte du travail
intellectuel en bornant la qualification de richesse aux va-
leurs fixées dans des substances matérielles ; il n'a pas fait
une place suffisante au commerce, ni bien analysé son rôle
dans la production générale. Sa théorie est toute indivi-
dualiste et égoïste ; il néglige l'altruisme et les passions
désintéressées ; il est bien optimiste quand il affirme que
le bien de la communauté est atteint sûrement par le
libre jeu des cupidités individuelles ; ces assertions sont la
conséquence d'idées à priori sur le droit naturel, la liberté
naturelle; réduisant tout au gain individuel, il distingue
artificiellement la valeur d'échange de la richesse, et, par
suite, donne à l'économie politique un caractère abstrait
et superficiel; l'isolant de la biologie et de la sociologie,
il ne pose pas la question de l'utilité sociale réelle ; c'est
chose hasardeuse de répudier toute intervention régulatrice
de l'Etat; Smith supprime toute considération de but
moral de l'existence ; regardant la richesse comme fin. non
comme moyen, il aboutit à un matérialisme brutal: il
oublie trop que l'homme est le membre d'une société, un
produit de l'histoire, et qu'on ne peut l'envisager isolement
de la phase d'évolution sociale où il vit. Il s'en faut donc
que l'œuvre de Smith soit complète; les principes en ont
été contestés depuis, surtout par ceux qui se placent an
point de vue SOCU1. Mais telle quelle, avec ses la. unes, la
théorie de Smith demeure le fondement de l'économie poli-
— 489 —
ÉCONOMIE
tique classique ou orthodoxe et le point de départ obligé
de tout débat ea eaa mations, sur le rôle du capital et du
travail, de la monnaie et du crédit.
I .'individualisme d' Vilain Smith, livrant le inonde écono-
mique a la concurrence cl supprimant toute intervention
modératrice du gouvernement, ne devait-il pas nuire au
bonheur social ou inèine au bonheur individuel? Une théorie
de la formation des richesses pouvait-elle être appliquée
sans danger .1 la politique/ l.e problème lut posé sur-le-
champ. Smith écrivait au moment même ou une série de
découvertes allait transformer l'industrie par le travail des
■tchnes. Sa doctrine, essentiellement industrielle, en pro-
liia. mais elle devint solidaire des dangers créés par la
nouvelle situation économique, La question sociale apparat.
Le matérialisme de l'économiste écossais ne pouvait y
échapper (Y. Inihsthik. et Socialisme). Le premier qui
l'aborda l'ut un conservateur, Thomas-Robert Malthus
(4766-4834); il apporta dans celte étude l'implacable
rigueur d'analyse de son maître. L'ouvrage de Malthus (,4m
/ tsatjon tlir PrmcipU of Population, as U affecte the
futur, • improvemenî of Society, with Remaries on the
spéculations of Mr. Godvrin, Mr. Condorcet ami other
Writers, 1 71*8) est dirige contre les publicistes français et les
idées révolutionnaires. L'argumentation d'Adam Smith avait
été généralement admise: on savait désormais comment se
forment et circulent les richesses; mais pourquoi sont-elles
si inégalement réparties entre les différents membres de la
été? Ce problème tut abordé par la Révolution française
qui déclarait que l'inégalité économique et les fléaux qu'elle
implique étaient le résultat d'une mauvaise organisation poli-
tique. Le plus brillant représentant en Angleterre de ces
Mes était William Godvrin; il publia, en 1793, Enquiry
concerning Political Justice et soutint que l'imperfection
des institutions politiques et les vices des gouvernements
liaient la cause du malheur social. 11 y a plus de richesses
qu'il n'en faudrait pour le bonheur de tous; leur égale
répartition assurerait une sorte d'âge d'or. Cette thèse,
reprise dans un article de YEnquirer sur la prodigalité et
l'avarice, donna lieu à une vive discussion entre Malthus
et son père ; le premier rédigea alors son fameux essai pour
réfuter Condorcet et Godvrin. Il s'efforce de prouver que le
mal social est le résultat fatal du simple jeu des lois éco-
nomiques et qu'il est la condition du progrès. Malthus pose
en principe que la population, par le simple effet de la repro-
duction, s'accroîtrait en proportion géométrique; les sub-
sistances indispensables pour la nourrir ne s'accroissent pas
avec la même rapidité, mais seulement selon une progres-
sion arithmétique. Les provisions seraient vite épuisées si
les maladies, la misère ne rétablissaient l'équilibre; un Etat
ou tous jouiraient du bien-être ne pourrait durer; la mul-
tiplication des hommes n'étant pas enrayée, en peu de temps
la masse des vivres deviendrait insuffisante; la lutte pour
l'existence s'imposerait et ramènerait aussitôt l'inégalité des
conditions. Cet essai polémique fut ensuite développé par
Malthus, qui compléta sa théorie en 1803 (Essay on the
l'rinciplc of Population, or a view of Us Past and
Présents Effects on Human Happiness; with an En-
quiry into our prospects respecting the future removal
or mitigation of the evils which il occasions. L'écono-
miste a fait passer dans son langage l'inflexibilité des lois
naturelles qu'il invoque : « Un homme, dit-il, qui nait
dans un monde déjà occupé, si sa famille n'a pas le moyen
de le nourrir ou si la société n'a pas besoin de son travail,
cet homme n'a pas le moindre droit à réclamer une portion
quelconque de nourriture, et il est réellement de trop sur
la terre. Au grand banquet de la nature, il n'y a point de
couvert mis pour lui. La nature lui commande de s'en aller
et elle ne tarde pas à mettre elle-même cet ordre à exécu-
tion. » Ce que Malthus dit de la lutte pour l'existence
(struggle for lifel est son idée la plus géniale; depuis,
Darwin en a fait le facteur essentiel de l'évolution et du
progrès par le mécanisme de la sélection naturelle. L'hon-
ii'-ui de la théorie revient bien à Malthus, d'autant qu'il
n'a hésité devant aucune de ses conséquences. L'élimina-
tion des faibles, leur extermination, lui semble logique; il
ne recule pas devant l'éloge de la guerre, des épidémies,
des famines. Nul système, même celui des physiocrates,
n'a été ainsi poussé à ses extrêmes résultats. Malthus
fait remonter tous les maux à la surproduction de la
population. Il proclame le danger de la charité, des au—
moues privées, surtout de l'assistance publique. Ce sont
des encouragements à la paresse; leur principal résultat
est de multiplier le nombre des misérables, car rien n'est
prolifère comme la misère. Les lois des pauvres et. tous les
efforts faits en Angleterre pour l'assistance publique sont
des moyens d'accroître artificiellement la population, de
préparer des maux incalculables en troublant h; jeu des lois
naturelles. L'économiste propose enlin un remède, une con-
trainte morale pour limiter l'accroissement. Il s'elloree de
démontrer aux travailleurs qu'ils vont contre leur intérêt
en multipliant le nombre des enfants; ils se créent des
concurrents, provoquent la baisse des salaires en exagérant
l'offre de travail en face du capitaliste demandeur qui peut
les employer au rabais. La société d'autre part est inté-
ressée à limiter la reproduction de l'espèce, puisqu'il résulte
de son abus des maux et des crimes sans nombre. Malthus
veut donc limiter les mariages, ne les admettre que lorsque
l'on possède la provision nécessaire à l'entretien d'une
famille. Il veut au moins promulguer une loi déclarant que
nul enfant à naître n'aura plus droit à l'assistance de la
[iaroisse. Ln somme, il dépend des parents d'éviter la nais-
sance d'enfants trop nombreux et, si on leur indique bien
clairement leur intérêt, il est probable qu'ils le suivront.
On sait qu'en effet le malthusianisme a trouvé de nom-
breux adeptes et qu'au point de vue de l'intérêt familial
ou même de l'intérêt de classe, il attend encore une réfu-
tation. L'audacieux écrivain a, plus que nul autre, aliirmé
la prévalence des lois naturelles, fatales, sur les institu-
tions humaines qui ne sont à ses yeux que des causes légères
et superficielles, rien que des plumes qui tlottent à la sur-
face. L'exagération de ses idées fut réfutée par Godvvin
lui-même et l'a souvent été depuis, car l'accroissement de
population est pour une nation une cause de puissance indé-
niable. Quant à la loi sur la proportion de l'accroissement
des vivres et de la population, elle est arbitraire. Mais en
fai.;ant la Mftdfi l'exagération du polémiste, Malthus n'en
reste pas moins un des plus grands remueurs d'idées.
Un autre disciple d'Adam Smith aûait, en développant par
la logique déductive certaines théories de son maitre, achever
la construction de l'économie politique orthodoxe ; nous
parlons de David Ricardo (1772-1823). Celui-ci n'est plus
un observateur comme Smith qui joint toujours l'exemple
concret à l'assertion théorique. Ricardo se meut dans un
monde d'abstractions. Ses principes posés, il déduit leurs
conséquences et énonce ses conclusions en affirmant dogma-
tiquement la vérité. S'il prend des exemples, ce sont des
exemples inventés pour les besoins de la cause : il suppose
deux sauvages traitant l'un avec l'autre. Il emploie cette
méthode sans en justifier l'application aux faits écono-
miques : c'est plus tard que Stnart Mill pré^eptera lia
justification. Mais cette méthode, si pratiquée dans les écoles
déHroitrséduit par la netteté des énoncés et l'attrait de
sa logique. Llle semble atteindre à la rigueur des démons-
trations mathématiques. Ricardo, cependant, plus encore
que ses successeurs, s'en écarte par son impuissance à
définir les mots qu'il emploie; le vague de sa phraséologie
jette une grande confusion sur les discussions. 11 est si
dillicile de n'employer les mots que dans un sens technique
sans leur rien prêter du sens usuel ! Ces questions de voca-
bulaire sont, pour les économistes comme pour les philo-
sophes, une cause perpétuelle d'erreur. Le principal ouvrage
de Ricardo parut en I S 1 7 (l'riitciples of Polilical Economy
and Taxation). Son objet est d'établir comment le pro-
duit total doit se répartir entre le propriétaire du sol, le
capitaliste et le travailleur. Son principe fondamental est
que la valeur d'échange de tout article de consommation
ÉC0N0M1K
- 490 -
dont la production peut être accrue à volonté, ost réglée
sous on régime de 1 ï I > ro concurrence par la quantité de
travail nécessaire II n production. Ce théorei t lea
théories de Ricardo seront discutés ailleurs (V. Ricabdo,
Rente, etc.). L'économiste soutienl que le revenu est
étranger aux irais de la production. Les salaires varient
en raison inverse des profita. La hausse «les salaires
amène la baisse dans les profits, mais non dans le prix des
denrées: réciproquement, la baisse des salaires amené la
hausse dans les profita, mais non la baisse dans les prix.
Le taux des salaires résulte des frais de production des
articles nécessaires à la consommation. Quelque élevé qu'en
soit le prix, le travailleur en recevra toujours la quantité
indispensable pour se nourrir, lui et sa famille. D'autre
part, la subsistance est surtout formée de produits bruts, et
plus la population s'accroit, plus il faut avoir recours à des
terrains infertiles, d'abord négligés. Les frais de produc-
tion, et par suite les. salaires, ont donc une tendance cons-
tante à s'accroître, et les profits une tendance à baisser à
mesure que croissent la richesse et la population. Le profit
que fait un propriétaire foncier, la rente que lui sert son
fermier, ne représente jamais que l'excédent, à égalité de
frais, du produit de sa terre sur le produit des plus mau-
vaises terres cultivées dans le même pays. On remarquera
que Ricardo fait tout dépendre du prix des subsistances,
principalement fournies par l'agriculture. Le prix des objets
manufacturés tend à baisser continuellement à cause de la
division croissante du travail, et le prix du travail est dé-
terminé par la quantité de subsistance nécessaire à la vie
de l'ouvrier. Le prix des produits industriels dépendrait
donc uniquement de celui des subsistances.
Les socialistes ont souvent invoqué la loi d'airain de
Ricardo en en accentuant le caractère, le travailleur ne
recevant pour salaire que la quantité du produit de son
travail strictement nécessaire pour son existence. Les éco-
nomistes ont surtout discuté sa théorie de la rente. Sur
plusieurs points, Ricardo a fait la lumière, notamment sur
l'avantage à tirer du commerce qui est surtout de procurer
à chaque nation, en échange d'une quantité donnée de
travail, une quantité de subsistances et de denrées puisées
ailleurs, plus considérable que celle que leur procurerait
directement ce travail (V. Commerce). Ce qui importe à la
nation, d'après Ricardo, c'est non pas le psodwMptal du sol
et du travail, mais le. ocûdtrit net, l'excédent sur les frais de
production, la rente. Le salaire est confondu dans les frais
de production. L'industrie est envisagée, comme par les
mercantilistes, uniquement dans ses rapports avec la
puissance politique et militaire de l'Etat; le travailleur
n'est pas regardé comme un membre de la société, mais
comme un instrument auquel il faut affecter une part du
produit, à peu près comme à la subsistance des animaux
domestiques. Il n'est question que de la richesse, nullement
du bonheur ou de la condition morale des hommes. Jamais
on ne vit mieux combien la science économique, limitée à
une théorie de la richesse est insuffisante à fournir des
principes de gouvernement. Elle néglige de parti pris les
facteurs essentiels du problème social.
Le succès des théories de Ricardo fut très grand ; il
fournissait une théorie aux manufacturiers et aux capita-
listes anglais, de jour en jour plus puissants; les grands
services qu'il avait rendus par ses travaux sur les billets de
banque et la monnaie dont il fixa définitivement les principes
créèrent une sorte de préjugé en sa faveur. La combinaison
de ses doctrines avec celles de Malthus forma ce qu'on
appela l'économie politique orthodoxe. Mais Malthus n'admit
jamais le système de son émuleeten prédit l'abandon pour
des théories moins simples, mais plus conformes aux faits.
Un admet généralement aujourd'hui que Kicardo détourna
les économistes de la voie où les avait engagés Adam Smith
en substituant à l'observation des conceptions abstraites,
la méthode dèductive et des conclusions dogmatiques.
Les principaux disciples de Kicardo furent James Mill qui
rédigea ses idées en un système (Eléments of Political
Economy. 1814); MacCulloen (4779-4864) m lia vul-
garisa dans Edinburgh lieuiewet dans son Dictionnaire
a'économù politique; William Senior (1790-1864), pro-
fesseur d'économie politique a l'université d'Oxford, qui
exagéra encore la méthode dèductive, u'en admettant nulle
autre; Robert Torrens (4780-4864) et Martinean (IH0-2-
I^Tii) qui sont plus éclectiques et cherchent h concilier
Malthus et Ricardo. — Le principal adversaire fut Richard
Jones (4790-4855), qui critiqua la théorie de la rente
foncière dans son Etsay ou the Distribution <>f Weatth
and mi ihr Sources of Taxation (4834); il soutint qu'il
fallait distinguer des cas très différents, que les contrats
particuliers résultaient de la coutume plus que de la con-
currence; employant la méthode indoetive, il démolit pièce
a pièce toute la construction de Ricardo, prouve qu'elle ne
s'applique pas au monde économique réel ou le, situations
sont bien autrement complexes. Celles même de ces pro-
positions qu'il juge admissibles ne peuvent être Nflardées
comme des lois actuellement réalisées, mais comme des
tendances; il laut toujours, dans les phénomènes écono-
miques, tenir grand compte du temps. L'ouvrage de Jones
passa presque inaperçu. L'économie politique, à laquelle
l'école de Kicardo donnait l'allure et l'autorité d'une science,
généralisait son influence et allait diriger la politique bri-
tannique; elle réussit à abattre le système protecteur et,
après le succès obtenu dans la question du commerce des
céréales, elle jouit d'un crédit universel. Admise par les
hommes d'affaires, elle est envisagée comme définitivement
constituée; on se croit sorti de la période de polémique et
d'élaboration : on affirme que les principales vérités écono-
miques sont connues et indiscutables.
Stuart Mill (180<>-1873) fut le rédacteur du nouveau
credo économique ; c'est dans son manuel que la plupart
des économistes postérieurs viendront puiser leur savoir.
Il commença par ajouter quelques pierres à l'édifice de
Smith, Malthus et Kicardo. Dans ses Essays on some
Unsettlcd Questions of Political Economy (484
établit comme loi du commerce international « l'équation
de la demande internationale ». Quand deux pays échan-
gent deux produits de consommation, les prix de chacun
se règlent proportionnellement à la quantité demandée, de
telle sorte que la quantité exportée de chaque côté suffise
à payer la quantité importée. Mill examine l'influence de
la consommation sur la production, les problèmes de Vab-
sentéisme, de la surproduction (Y. ces mots). Il atténue
le théorème de Kicardo sur la proportionnalité inverse' de
la rente et du salaire. Son titre est d'avoir donné un ma-
nuel classique, Principles of Political Economy. icitli
someof tluir Applications to Social Pliilosophy (1848);
il manifeste l'intention de rétablir la connexion entre l'éco-
nomie politique et la sociologie, qui a tant progressé depuis
le xvine siècle. Il n'y réussit pas. Ln réalité, il se borne à
exposer avec une admirable lucidité la théorie de Kicardo
en y amalgamant celle de Malthus et quelques nouveautés.
Le manuel, pour remarquable qu'il soit, n'atteste pas un
progrès sensible. L'influence d'Auguste Comte, laquelle
fut grande sur Stuart Mill, ne suffit pas pour lui donner
le sentiment historique qui lui manquait ; il est plus logi-
cien que critique et positiviste.
Le plus original des disciples de Mill fut John Klliott
Cairnes (4824-4875), qu'on peut regarder comme le der-
nier chef de l'école orthodoxe. Il en a d'abord examiné la
méthode (Logical ilcthod of Political Economy. IS.STi :
il s'en lient a la logique dèductive, écarte résolument l'in-
duction, n'admet pas que les vérités économiques puissent
être jamais établies ni réfutées par des documents stati-ti-
ques ou expérimentaux. La position prise par Stuart Mill
et Cairnes indique avec évidence que l'économie politique
orthodoxe où Ricardo voyait une science conforme aux
réalités actuelles, n'est pas autre chose qu'une construction
hypothétique ; « l'homme économique « sur lequel elle opère
n'est qu'un être de raison exclusivement mû par le désir
de la richesse ; la valeur des conclusions dépend de la con-
- 491 —
ÉCONOMIE
formité de cette hypothèse aux faits. Toute cette discussion
sera indiquée aux art. Socuiismk et SoOOIAGR. L'ouvrage
capital de ('.aimes est Somê Leading Principles of Poli-
tirai Economy neivlii l'.vponndeit (4874). Ce n'est pas
Va traite complet, puisqu'il est seulement question de la
valeur dn travail et <in capital, du commerce international.
Il s'en tient SUT les points essentiels aux doctrines de Hi-
( ardo, même sur la question du salaire. Il profits des exposes
«le J.-iï. Say, insiste surtout sur la loi de l'offre et de la
demande, lai somme, l'ouvrage de Cannes, très intéressant
dans le détail, montre bien 00 an est l'école anglaise. Avant
de lui opposer l'école historique qui procède d'Auguste
('ointe, nous avons a parler Ay> économistes français, amé-
ricains, allemands, etc.. qui se rattachent plus ou moins
directement au mouvement inauguré par Adam Smith.
1. 'école française a, en général, adopté les idées de
l'école anglaise, mais en répudiant les exagérations de
Bicardo et de ses disciples. La puissance d'invention y est
moindre, mais les Anglais eux-mêmes reconnaissent que
pour l'exposition les économistes français sont sans rivaux.
C'est dans leurs écrits qu'il faut chercher le tableau de
l'économie politique orthodoxe. Le premier de ces traités
est celui de Jean-Baptiste Say (1767-4833). Ce Traits
eF 'économie politique (4803) reproduit les idées de Smith,
niais dans un arrangement plus logique et plus systéma-
tique. Son grand mérite est d'avoir nettement défini les
principes de la nouvelle science économique et créé la no-
menclature adoptée ensuite par tons les économistes.
• I eonomie politique n'est à ses yeux qu'une science qui
traite de la production de la distribution et de la consom-
mation des richesses. Les richesses se produisent au moyen
des trois grandes branches, qui réunissent tout le travail
humain : l'agriculture, l'industrie et le commerce. Les
capitaux et les fonds de terre sont les instruments princi-
paux de la production ; par l'épargne et l'accumulation,
on obtient les premiers: la propriété garantit la libre action
des autres. Le travail de l'homme combiné avec celui delà
nature et des machines donne la vie à tout cet ensemble
de ressources. » La principale originalité de Say est sa
théorie des débouchés. Il se fonda sur les faits pour dé-
montrer que les nations ne payent les produits qu'avec des
produits, et qu'empêcher d'acheter c'est empêcher de
vendre. L'univers entier est solidaire dans la bonne comme
dans la mauvaise fortune ; quand un pays est riche, ses voi-
sins en tirent profit, soit à cause des demandes de marchan-
l'il leur fait, soit à cause du bon marché auquel ils
peuvent s'en procurer d'autres sur ce marché. Le système
prohibitionniste, le système colonial ne peuvent résister a
cette constatation. J.-lî. Say nie qu'il puisse y avoir une
surproduction générale ; ce ne peut être qu'un accident
particulier a une industrie et à un pays. Il a enfin aperçu
l'importance des produits immatériels, bien qu'ils ne puis-
sent être accumulés. II est passionnément hostile a toute
intervention gouvernementale dans le domaine économique.
Par sa propagande très active et la clarté de ses exposés,
il a contribué plus que personne à populariser l'économie
politique.
^ En face de Say, champion de l'école anglaise, se placent
d'autres écrivains qui en contestent les doctrines; moins
exclusivement individualistes, ils se préoccupent des intérêts
sociaux. Sismondi (1773-4842), dans ses Nouveaux Prin-
cipes d'économie poHtique ou de la Richesse dans ses
rapports avec la population (1819), reproche aux dis-
ciples de Srnilh d'envisager la richesse comme fin unique,
au lieu d'en étudier l'usage pour la réalisation du bonheur
général. Ii voudrait qu'on cherche non seulement a s'en-
richir, mais surtout à réaliser une meilleure répartition des
• s. Il reproche au système anglais d'avoir cet eflet
de rendre le riche plus riche, mais aussi le pauvre plus
pauvre. La concurrence entre les travailleurs amené la
des salaires, tandis que les machines, payées par
le capital, diminuent la demande de travail. La somme des
richesses produites augmente, mais sans accroître le revenu
des classes laborieuses, dont les moyens d'existence devien-
nent insuffisante. L'équilibre entre la population et le revenu
des travailleurs ne peut être maintenu ou rétabli que selon
les théories malthusiennes. Pour l'agriculture, Sismondi
préconise le système patriarcal, le paysan propriétaire cul-
livaul lui-même et limitant le nombre de ses enfants pour
maintenir la situation sociale de sa famille. Nul n'a signalé
avec plus d'éloquence les plaies de L'industrialisme. Son
pessimisme a quelque chose de décourageant, mais il est
au moins aussi justifié que l'optimisme îles élèves de Smith.
11 no conclut pas, il désirerait une intervention régula-
trice de l'Etat, montrant que celui-ci ne peut se désinté-
resser du bien-être social, qu'il a mission d'étendre. Il
est un des précurseurs des socialistes de la chaire. Il a
porté un coup terrible à la doctrine du « laissez faire ».
— Le système industriel préconisé par les économistes
anglais fut combattu non moins vivement par Villeneuve-
Bargemont (Economie politique chrétienne, 1834), qui
voudrait revenir aux institutions du moyen âge, et souhaite
l'intervention de l'Etat pour donner l'instruction technique,
imposer l'épargne aux travailleurs et les grouper en cor-
porations.
Charles Dunoyer (lISG-lSlri), dans son Traité d'éco-
nomie sociale (1821) et plus complètement dans la
Liberté du travail (18 io), établit que les phénomènes
économiques sont inséparables de l'ensemble des phéno-
mènes sociaux ; l'économie politique n'est qu'un chapitre
de la sociologie. Il en résulte que les considérations pure-
ment économiques ne peuvent suffire ; il faut tenir compte
des considérations politiques, intellectuelles, morales, dont
l'effet est très grand, ce que Dunoyer prouve en examinant
l'histoire du progrès social. L'effort de production est
exercé soit sur des choses, soit sur des hommes. Exercé
sur les choses, il comporte les industries extractive,
voiturière, manufacturière, agricole; cette division a été
acceptée par Stuart Mill ; le grand commerce et la banque
sont classés à part, étant envisagés, non comme moyen de
production, comme fonctions économiques régulatrices. Les
industries qui agissent sur l'homme peuvent améliorer sa
nature physique, son imagination et ses sentiments, son
intelligence, sa valeur morale. Le médecin, l'artiste, l'édu-
cateur, le prêtre sont donc des producteurs. Le principe
de Dunoyer.çst que le vrai objet d'échange entre les hommes,
ce sont les Semées; cette conception [dus large embrasse
aussi bien les objets matériels qm- ,cs autres. Toute valeur
résulte de l'activité humaine, intellectuelle autant que ma-
nuelle. Les forces naturelles nous prêtent un concours
gratuit ; la rente foncière n'est qu'une forme de l'intérêt
du capital. Dunoyer est radicalement opposé à toute inter-
vention législative. Il blâme la philanthropie de Sismondi
au nom de la raison. Les inégalités sociales sont la condi-
tion de la division du travail, sans laquelle il n'y aurait
pas de production suffisante pour faire face aux besoins de
la société. Si on assurait le sort de tous les hommes, on
ruinerait le principal motif d'action et par là même de
vertu.
Frédéric Bastiat (1 801-1 8M0) est le plus brillant des
économistes français ; clair et superficiel, il fut surtout
vulgarisateur et polémiste. Dans ses Sophismes écono-
miques ( 1845-48) et ses Harmonies économiques (1830)
se manifeste un imperturbable optimisme. Il s'appuie sur
une philosophie finaliste assez naïve, d'un caractère presque
théologique. Tous les motifs d'action, tous les intérêts
coopèrent à une œuvre collective de l'humanité, tendant à
une perfection finale dont elle se rapprochera indéfiniment.
11 développe l'idée féconde du Dunoyer que la valeur n'est
pas inhérente aux objets, qu'elle signifie seulement un
rapport entre des « services » que les hommes échangent;
ces services mutuels ont seuls une valeur et seuls peuvent
réclamer rétribution. Bastiat ajoute avec Carey (V. ci-
dessous), auquel il emprunte beaucoup, que la rente fon-
cière est uniquement la rémunération des efforts faits par
ceux qui ont mis le sol en culture et lui ont incorporé une
ÉCONOMIE
— é9fl —
valeur par dei améliorations permanentes. M. Paul Lcrov-
Beaulien Boutient encore cette opinion (Essai surin répar-
tition des richesses, ink-J). nais foirnesen a fait justice.
Ce n'est qu'un argument de discussion opposé :mx socia-
listes (|in B'anpuvaicnl sur la théorie de liicardo. Dans la
valeur d'un diamant, pour combien entre l'effort humain \
L'usage des lunes naturelles est un élément fondamental
de la valeur, spécialement quand il s'agit du sol, <'t Itastiat
lui-même, après l'avoir exclu, l'introduit confusément dans
sa notion du service. Enfin l'idée des harmonies écono-
miques qu'il puise chez Carey a rie taxée d'exagération. La
solidarité des diverses industries, du capital et du travail
est certaine, niais non moins certains sont les antagonismes
et les conflits; le problème est île les atténuer.
Augustin Cournot (1801-1877) tenta d'appliquer à
l'étude des questions économiques les méthodes mathé-
matiques (Recherches sur 1rs principes mathématiques
de la théorie des richesses, 1 8H8) . Les formules et les sym-
boles qu'il proposa furent jugés trop imparfaits. Lui-même y
renonça dans ses Principes de la théorie des richesses
(1863). Non seulement la valeur des déductions reste subor-
donna à celledes hypothèses d'où l'on part, mais les concepts
fondamentaux sont, de leur nature, trop vagues pour se
prêter au raisonnement mathématique; une définition rigou-
reuse et une appréciation quantitative du besoin, de l'uti-
lité, du désir, sont impossibles; il n'y a pas d'unité de
mesure psychologique ; l'unité de valeur, s'appliquant à
un échange de services , n'est pas davantage mesurable.
Enfin les faits économiques sont d'une complexité telle que
leur analyse, avec celle des répercussions et réactions réci-
proques, écraserait le puissant appareil des mathématiques
modernes. Il n'en reste pas moins vrai qu'une certaine
éducation mathématique serait nécessaire aux économistes
à qui la méthode rendrait, pour certains cas, de grands
services et éviterait des erreurs graves : telles que de dire
que deux quantités varient en raison inverse l'une de l'autre
lorsque c'est la somme, et non le produit, qui est constante.
Qu'est-ce encore que la quantité de travail, sinon une
notion vague et complexe, renfermant des éléments si divers
qu'on ne peut, en bonne logique, se borner à comparer deux
quantités de travail. Mais que devient alors le système de
liicardo ? La tentative de Cournot est donc très intéressante
en ce qu'elle a démontré l'insuffisance de la }»sihode déuuc-
tive appliquée aux faits économiques.
Les Etats-Unis de l'Amérique du Nord ne comptent
qu'un grand économiste, mais de premier ordre, Henry-
Charles Carey (1793-1879), de race irlandaise. Sur ce
terrain du Nouveau-Monde, si favorable aux observations et
aux expériences, dans cette société nouvelle qui se grandit
si vite, il devait se manifester des faits et des tendances
sensiblement différents de ceux de l'Angleterre et de la
vieille Europe, et il était vraisemblable que des théories en
seraient données, contradictoires avec celles de l'école an-
glaise. Tel fut le rôle de Carey. Avant lui, nous ne trou-
vons à citer que Benjamin Franklin, qui inséra dans ses
écrits des vues intéressantes, affirma dès 1721 que le
travail était la mesure de la valeur, et signala, dès 1751,
les dangers sociaux de l'accroissement indéfini de la popu-
lation; et Alexandre llamilton qui, en 1791, exposa com-
ment un système douanier protecteur était indispensable
pour permettre l'établissement de l'industrie manufacturière
dans un pays neuf. — L'ouvrage capital de Carey est Prin-
ciples of Social Science (1859). Sa philosophie est opti-
miste; il croit a l'action généralement bienfaisante des lois
économiques. Il a l'ait une critique victorieuse des lois de
Malthus, en notant que l'insuffisance des subsistances est
le défaut des sociétés peu avancées, où la population est
clairsemée, bien plus que de celles plus développées ou elle
est dense. L'accroissement de la population et du travail
humain permet de mettre en valeur les terres les plus
fertiles, celles des vallées et des fonds alluviaux, lesquelles
sont utilisées les dernières et reperdues les premières quand
la civilisation décline. Carey observe qu'on a confondu la
richesse avec la somme des valeurs d'échange ; or la
richesse est la somme des produits utilisables. Son n
est la nature qui fournil la malien- et les loue, physique*
si puissantes; le travail humain ne lait que les approprier,
les adapter ■< son usage. La nature nous fournit son con-
cours gratuitement. La valeur résulte seulement du travail.
[In produit vaut d'autant plus que. dans sa production, la
part de la nature a été moindre, la part du travail plus
grande; mais il accroît d'autant moins notre richesse que
cette dépense du travail a été plus forte; il v a donc anti-
thèse entre la valeur et la richesse. I.a richesse n'est que
la mesure du pouvoir que nous avons acquis sur la nature;
la valeur d'un objet exprime la résistance de la nature
surmontée par le travail nécessite par la production deesl
objet. Le résultat du progrès est d'accroître la rich
et de diminuer la valeur. L'intelligence et l'organisation
sociale augmentent notre puissance sur la nature, permet-
tent d'en tirer davantage avec un moindre travail et font
baisser la valeur de chaque produit. Otte valeur ne dépend
pas des frais de production passés, mais de l'effort néces-
saire pour produire l'objet à nouveau dans l'état actuel de
la science et de l'industrie. Tel est le vrai rapport de la
valeur aux frais de production. Hicardo n'en admettait un
que pour les objets susceptibles d'être reproduits et mul-
tipliés indéfiniment, et par conséquent faisait une plaie a
part à la terre; il admettait que les puissances productives
du sol avaient été monopolisées par les propriétaires
fonciers et que leur valeur croissait avec la demande
croissante de subsistances. Cette valeur, rien n'en justifiait
l'attribution au propriétaire. Carey réplique que la terre
n'est qu'un instrument de production façonné par l'homme,
qui doit sa valeur au travail qui y fut incorporé dans le
passé, bien que la mesure de cette valeur soit actuellement
non pas le total du travail ancien qui y fut affecté, mais
seulement le travail nécessaire dans les conditions actuelles
pour réaliser une productivité égale. Dans toute cette dis-
cussion, l'économiste américain a le grand avantage de
parler en homme qui a vu comment les choses se passent
quand l'homme prend possession du sol et l'approprie à
ses commodités. A ses yeux, le propriétaire foncier est
un capitaliste comme un autre. Ici se place la réfutation
de la théorie de la rente foncière. La proportion de la
rente au produit total diminue avec le temps, comme les
autres lormes du taux de l'intérêt, mais la somme totale
de la rente s'accroit. Le salaire du travailleur tend à aug-
menter, absolument d'abord, et aussi proportionnellement
à la valeur du produit. Cette opinion optimiste est très
contestable. Carey en conclut que les intérêts des différentes
classes sociales sont en harmonie. 11 insiste sur la néces-
sité, pour maintenir l'harmonie, de restituer au sol tout
ce qu'on lui a pris, sous peine de l'épuiser. Il faut donc
que le producteur et le consommateur soient cote a cote.
Il y a danger à exporter ses produits agricoles en échange
de produits manufacturés; c'est s'appauvrir en diminuant
les facultés productrices du sol national. Carey est ainsi
conduit à combattre le libre-échange. De l'étude des tarifs
douaniers, il conclut que la politique protectionniste est la
plus profitable ; elle empêche les intérêts privés de troubler
l'harmonie économique ; il est essentiel pour un pays de
posséder toutes les fonctions économiques et de ne pas
laisser ruiner une industrie, surtout l'ensemble de l'in-
dustrie manufacturière, par la concurrence étrangère;
lorsqu'elle a succombé, l'agriculture périclite bientôt et l'on
est livré à l'exploitation étrangère. Carey combat avec une
extrême énergie le système anglais; ii s'efforce de dé-
montrer que tous les pays qui l'ont subi en ont éprouvé
les funestes effets. L'intervention protectrice de l'Etat est
nécessaire pour écarter les obstacles qui mettent en péril
le développement national, surtout lorsqu'il s'agit de
nations jeunes aux prises avec des nations plus anciennes
et plus munies de capitaux. Nous reviendrons sur ce débat
dans l'article LlBRK-EcHANGE (Y. aussi Conuacs). Carey
a démontré que, sans même faire intervenir les considéra-
— 493 -
ÉCONOMIE
lions morales, il n'y a de solidarité économique complète
3 n'entre les différents citoyens, les différentes élusses, les
ifférents intérêts d'un même Etat.
En Allemagne, les théories anglaises t'nrent généralement
acceptées an début du xix" siècle. Biles sont exposées par
lian (1795-1870) ilans Lehrbuch der politisehen (Éco-
nomie (1826-1832), on l'auteur traite également île la
science administrative et des finances publiques. Wilhelm
llermann (1793 1868) r&àiap Staatswtrthscnaftliche l)n-
tersuchungen (1833), on il discute en homme du métier les
principes économiques; il conteste que le prix résulte du
travail et affirma qu'il résulte de facteurs complexes. Von
Tliunen (1783-1850), auteur d'une utopie (Der isolirte
Stadt in Bexiehung aufLandwirthschaft uud National-
oskonotnie, 1826), analyse admirablement ce qu'on appelle
l'économie rurale, les conditions et les modes de la pro-
duction agricole. 11 croit que le « salaire naturel » est
\/ap, a représentant les frais de subsistance du travailleur,
p représentant le produit de son travail. 11 cherche à
prévenir un conflit entre le prolétariat et la classe moyenne.
— Storch (1766-1825), précepteur de l'empereur Nicolas,
a publié son Cours d économie politique ( 1 81 .">) ; il est
asse/ éclectique, jugeant que les doctrines des économistes
anglais et français correspondent à l'état de la société
dans leurs pays : il souligne l'importance des facteurs imma-
tériels de la prospérité publique, la différence entre le
revenu public et celui des individus (Considérations
sur la nature du revenu national, 1824, en réponse
à J.-l!. Say).
Le système d'Adam Smith fut combattu en Allemagne
par kdam Millier (1779-1829) et Friedrich List (1798-
1846*). Muller résiste à la nouvelle école, parce qu'elle
s'en tient à une conception mécaniste et matérialiste de la
société en négligeant l'élément moral, pour lui dominant.
Llle ne s'occupe que de la propriété et des intérêts privés,
oubliant qu'un peuple est une collectivité solidaire et une
existence historique. Les nations sont de véritables orga-
nismes avec leurs habitudes de vie, leurs individualités
définies qui déterminent leur évolution historique. La vie
économique d'un peuple est une de ses fondions, laquelle doit
être d'accord avec les autres, et cet accord doit être effectué
par les soins de l'Etat, organe de l'ensemble. A côté
du capital matériel dont parle Smith, les nations possèdent
un capital moral, le langage prenant ici le rôle de la mon-
naie, capital d'expérience, de sagesse, de qualités et de
sentiments, qui se transmet et s'accroit d'une génération à
l'autre et permet à chacune de produire bien plus qu'elle
ne pourrait par ses seuls efforts. Le système de Smith
est inoffensif en Angleterre à cause de la position insulaire de
ce pays qui peut sauvegarder son capital spirituel de lois,
d'usages, de mœurs, cause essentielle de sa prospérité ;
mais ['Allemagne n'a pas les mêmes immunités; il faut
qu'elle s'attache à développer un pouvoir national et à
concentrer ses forces matérielles et morales. Muller de-
vance ainsi l'école historique. — List n'est pas moins
adversaire du cosmopolitisme et proteste contre le libre-
échange absolu: c'est aussi un nationaliste.il réfute le
parallélisme que Smith établissait entre l'économie d'un indi-
vidu et d'une nation, jugeant que les intérêts économiques,
comme b-s autres, doivent être subordonnés au maintien et
au progrès de la collectivité nationale. La vraie richesse
n'est pas dans la somme des valeurs d'échange, mais dans
le développement complet des forces productives. Il faut que
chacun des grands pouvoirs, agriculture, industrie, com-
merce, soit assuré de son développement normal, les deux
derniers surtout. I ne distinction s'impose entre les régions
tropicales et les autres: mais de plus, même dans les pays
de la zone tempérée, on distingue des degrés successifs de
développement : état pastoral; état agricole; état agricole
et manufacturier; état agricole, manufacturier et com-
merçant. Une nation débute par le libre-échange, expor-
tant les produits du sol, important les objets manufacturés
des pays plus riches et plus civilisés; niais elle réalise un
progrès lorsqu'elle se pourvoit de manufactures, et pour
cela il faut qu'elle protège leurs débuts contre la concur-
rence de rivaux étrangers mieux outillés; après cette
période protectionniste, elle peut, sans danger, revenir au
libre-échange. L'Allemagne et les Etats-Unis étaient, d'après
List, à une phase de développement ou la protection s'im-
posait. Ce qu'elles perdraient a ce moment en valeurs
d'échange, elles le gagneraient au décuple en accroissant
leur puissance productive.
Il est aisé de remarquer combien les écrivains allemands
sont dominés par la préoccupation nationale et conforment
leurs théories à ce qu'ils observent chez eux. Nous voici
loin de ces abstractions où se complaisait Hicardo. Avant
de continuer et de parler de l'école historique qui a suc-
cédé à celle de Smith, il nous faut insister brièvement sur
les tendances diverses des écrivains selon leur origine na-
tionale. Les économistes italiens ont été philosophes et
réformateurs, philanthropes et cosmopolites depuis le xvi°
jusqu'au xix° siècle; ils n'envisagent pas la richesse
abstraite, ils visent toujours le bien-être général; ils
n'oublient jamais l'aspect politique ou moral des questions.
Dans le détail, ils ont excellemment traité des institutions
philanthropiques, des monnaies aussi et de la liberté de
navigation. Même Gioja, propagateur des idées de Smith
(Nuovo Prospetto dette Scienze economiche, 1815-17)
juge nécessaire l'action gouvernementale pour régulariser
la vie économique. — En Espagne, l'économie politique
ne fut que fiscale; ses nombreux écrits expriment les idées
prohihitionnistes ou mercantiles, justifient le système d'ex-
ploitation des colonies, les monopoles et les privilèges.
Les protestations sont peu écoutées; citons celles de Jo-
vellanos en 1795. — En France, l'économie politique est
étudiée avec l'ensemble de la science sociale, constamment en
vue d'une application politique. Cette préoccupation sociale
fait l'originalité de l'école française même quand elle se rallie
aux idées de l'école anglaise. — En Allemagne, l'esprit de
philosophie politique domine ; l'économie politique n'est
pas séparée de la science administrative et financière, de
tout le complexus des sciences politiques, y compris la
diplomatie, la démographie, le droit constitutionnel. —
En Angleterre, les idées sont moins larges, mais plus
nettes; on ne se préoccupe pas de l'organisation sociale,
comme en France, politique comme en- Allemagne, huma-
nitaire comme en Italie; on étudie la production des ri-
chesses, avec l'indifférence de l'industrialisme pour les
maux qui peuvent en résulter. Suivant en logiciens les
conséquences des principes posés par Smith, les économistes
anglais ont la prétention de constituer une science et non
pas seulement de rédiger des considérations plus ou moins
suggestives sur les problèmes économiques et sociaux.
Cette prétention, ils l'ont presque fait accepter, et les dis-
ciples de Smith et de Ricardo forment aujourd'hui encore,
dans les principaux pays, une école, on pourrait dire une
église, qui se croit en possession de la vérité, l'énonce en
axiomes et déclare que hors d'elle il n'y a point de salut.
En face des économistes orthodoxes se place l'école histo-
rique.
Le fondateur de l'école historique est Auguste Comte,
génie d'une puissance égale et d'une étendue bien supé-
rieure à celui d'Adam Smith. Ce n'est pas ici le lieu
d'exposer comment il est le fondateur de la science sociale
dont il marqua la place, établit l'unité, posa les problèmes,
définit les principes et la méthode (V. Sociologie). II nous
suffit de rappeler la distinction entre la statique et la
dynamique sociale ; la conception de l'évolution substituée
à celle d'une société idéale, régie par des lois absolues et
vraies en soi ; l'emploi de la méthode historique et cri-
tique remplaçant la logique déductive; la constatation que
les collectivités sont dirigées par des conceptions morales,
par une psychologie particulière, différente des concep-
tions et intérêts individuels, des notions individualistes de
droit naturel ; l'affirmation que le progrès s'accomplit par
ÉCONOMIE
- 404 -
évolution et non par révolution. Exposée dès 1822, com-
plètement en 1839 {Philosophie positive, t. IV), Ls
méthode sociologique a renouvelé les queatiooi. L'assimi-
lation de la société a un organiame a été très
livi'. L'étude historique, la comparaison des phases
livea de l'évolution sociale, ont prouvé que ceat un
,:ilil effort et une prétention outrecuidante de vouloir
déduire les lois Bocialea de quelques principes èiémentairea
en dehors de l'observation. Si nous appliquons ces consta-
tations a notre sujet spécial, nous concluons qu'il est impos-
sible d'étudier le travail et la vie économique d'une Bociété
isolément de ses autres fonctions; il l'est encore bien plus
de demander à la méthode déductive le secret de sa struc-
ture actuelle et de son développement. Il faut nous adresser
à la méthode historique et abandonner l'illusion d'une doc-
trine économique vraie pour tous les temps et tous les pays.
Les démonstrations d'Auguste Comte, combinées avec
la tendance générale de l'école allemande de jurisprudence,
personnifiée en Savigny, donnèrent naissance en Allemagne
a l'école historique. I n système juridique n'est pas absolu;
il varie d'une société a l'autre, d'une période à une-autre; il
est en relations constantes avec les autres éléments de la vie
sociale. Cette notion de relativité parut applicable aux sys-
tèmes économiques. L'initiative appartint à WilhelmRoscher.
Dans la préface deson ouvrage (Grundriss nber die Slttals-
wirthschaft nach geschichtlicher Méthode, 1851-5), il fait
les déclarations suivantes : ilfaut étudier ce que les nations
ont pensé, tenté, réalisé dans l'ordre économique et pour-
quoi elles l'ont atteint ; un peuple n'est pas seulement une
collection d'hommes vivant aujourd'hui, et il ne suffit pas
d'analyser les faits actuels ; tous les peuples doivent être
étudiés, surtout les anciens dont nous connaissons le déve-
loppement complet ; il est naïf de louer ou blâmer une
institution économique, car bien peu ont été salutaires ou
nuisibles en soi; dans tous les cas, il faut montrer où,
quand, comment elles furent bonnes ou mauvaises. —
Brunoi\i\debrand(Die Nalionalœkonomie der Gegenwart
und Zukunft, 4848, inachevé) présente une critique
magistrale des systèmes économiques de ses devanciers et
contemporains, et propose comme modèle aux économistes
la science du langage. — Knies (Die politische GEkoiiô-
mie vont Standpunkt der Instorischcn Méthode, 1853)
publie enfin l'exposé méthodique et complet des solutions
proposées par la nouvelle école. Nous en avons exposé les
princes, ils sont moins nets que dans le chef-d'œuvre de
Comte'. Knies critique également au nom du principe de
relativité ce qu'il appelle le perpétualisme et le cosmopo-
litisme, l'erreur qui consiste à croire qu'une théorie vaut
indépendamment du milieu (national) et de la phase de
l'évolution sociale. Or, la seconde erreur est extrêmement
grave, car il est impossible de juger un fait social si l'on
ignore le sens et le moment de l'évolution ou il se place,
tandis que les différences de race et de milieu sont secon-
daires, la marche de l'évolution étant sensiblement la
même partout. D'autre part, certains adeptes de l'école
historique ont été jusqu'à contester l'existence de lois éco-
nomiques, lesquelles sont constatées en fait.
Les plus éminents représentants de l'école historique
allemande furent, outre Rosrhcr, llildebrand et Knies, l.ujo
Brentano, Adolf Held, Erwin Nasse, G. Kries, Gustav
Schmoller, II. Rœsler, Albert Schaeffle, Hansvon Scheel,
Gustav Schœnberg, Adolf Wagner. Parmi leurs ouvrages très
nombreux, nous citerons: de Roscher, System der Volks-
wirthschaft (4880-82, 3° éd.), Geschichte der Nationalr
œkonomik in Deutschland (1874) et Ansiehten der
Volkswirthschafl vom geschiehtlichen Statidpunkte
(|S7s. :;■ éd.); de Knies, Geld und JTr*d# (1873-79); de
Rœsler, Zur Krttikder Lettre vont Arbeiùlohn (1861) :
de Held, Grundriss fur Vorlesungen ùber Nationalœko-
nomie (1878, 3e éd.); de Schaeffle, Dos gesellschaftliche
System der meitselilielien Wirthschaft (1873, 3* éd.) et
llatt und Leben des sou, rien Karpers (1881, 2' 'éd.) : de
Wagner, Lehrbneh der politisetten Œkonomie. 11 faut
également mentionner les travaux tastoriqBea de l;
et Dilhring, les manuels doNasecet de Schomb r
lente préface mise par Scheel en tête d'un traite sur la
position actuelle et l'objet de l'économie |>oliiique ; le,
travaux de Brentano, Nasse, sur le monde ouvrier, de
Schaîffle, Held, Stein .sur la science financière. Non- ren-
voyons aux biographies de chacun de <.- uiteun pour
le détail et l'expose sommaire de leOTS Hees particulières
et de leur part dans la science. Il DOUi reste seulement a
signaler ici leurs principales propositions. Il faut tenir
grand compte des éléments moraux (Schmoller. >cha-llle,
Kries); il y a lieu de distinguer trois ipbèree d'action, eeBe
on du minent les intérêts privés (économie privée), c«Ue où
prévalent les intérêts collectifs de la société (économie
publique); celle de la charité; même dans la première, on
ne peut laisser l'intérêt privé sans frein ; dans la seconde,
les considérations morales sont capitales; dans la troisième
elles existent presque seules. L'économie politique est
intimement liée à la science juridique (Stein, Rœsler,
Wagner) : la discussion des théories de droit naturel, de la
liberté individuelle et delà propriété conduit à l'admettre.
Wagner renverse la méthode de Smith et, conformément à
l'ordre historique, il commence par étudier les conditions de
la vie économique dans la société, afin de déterminer la
sphère de la liberté économique de l'individu. — L'Etat
n'est pas seulement une institution policière chargée du
maintien de l'ordre, c'est l'organe de la nation pour tout
ce qui ne peut être réalisé par l'effort individuel ; toutes
les fois que l'Etat peut seul atteindre un but, ou peut
l'atteindre plus facilement, au prix d'un moindre effort, son
action est légitime et désirable. Toute cette question des
droits et devoirs de l'Etat sera examinée ailleurs (V. Etat).
Ce qu'il faut seulement ajouter ici, c'est que cet ordre
d'idées a mis les économistes allemands en rapport avec
les socialistes. Leurs débats à ce sujet seront exposés à
l'art. Socialisme. Les plus illustres d'entre eux, comme
Wagner et Schaeffle, y ont consacré une grande partie de
leurs études.
L'intluence du socialisme a été très grande sur les éco-
nomistes de la seconde moitié du xixc siècle ; mais, pas
plus que la sociologie, ce n'est ici le lieu d'exjtoser cette
théorie. Rappelons qu'elle est née en Krance des travaux
de l'ecoie saiui-simonienne, qu'elle a été représentée le
plus brillamment par Proudhon et que ses principaux chefs
de file sont actuellement en Allemagne, où les économistes
historiques ont fait de telles concessions qu'on les désigne
sous le nom de socialistes de la chaire. Au contraire, l'école
orthodoxe ou libérale, s'en tenant à son individualisme et
à l'idée du droit naturel, n'a cessé de protester contre
toute intervention de l'Etat dans le domaine économique.
En Italie, la lutte est très vive entre l'école orthodoxe et
l'école historique. Les principaux écrivains de ce pays:
Cossa (né en 18:20, auteur de Scienm délie Finmize,
1 882, ■!" éd.. et de Primi Elément! di Economie! politiea,
I878,4eéd.); Lampertico(né en 1833, auteur d'Economia
det popoli e degli stati 1874-lS.sil); Minghetti (Eco-
nom m publiai e le sur aitinenze colla morale e col
diritto, 4859), et Luzzati se sont surtout préoccupés des
questions monétaires et financières. Il faut citer encore
\ Histoire de l'Economie politique au moyen âge, de
Vito Cusumano (4876), et les travaux de Ricci Salerno sur
les théories du capital, du salaire, de l'intérêt (1877-79).
Cossa et une partie des économistes italiens sont éclec-
tiques et se rapprochent de l'école française : les autres,
comme Luzzati, Lampertico, Scialoja, de l'école historique
bien défendue par Schiattarella [Del Metodoin Ecommtia
sociale, I87;>). Ils restent fidèles aux tendances géné-
rales de l'esprit italien indiquées plus haut.
En France, où l'on n'admit jamais les conséquences
radicales des théories de Kicardo, et ou on les tempéra
toujours par un certain éclectisme, l'école historique a
trouve peu d'adeptes : l'école orthodoxe, maltresse de ren-
seignement, est très occupée de la lutte contre les socia-
-495 -
ÉCONOMIE — ÉCOWŒ
li-tes. beaucoup aussi contre les protectionnistes. On peut
(■lier Droi | (Economie politique, 1829); Rossi (Cours
\nomie politique, 1838-1854); Miche) Chevalier
(Cours d'économie politique, 1845-1880); Baudrillort
(les Rapports de la morale et de l'économie politique,
1883, r éd., ci C umù politique. 1878,
!.); Gantier, CourceUe-Seneuil(7rawe' des opeValùww
(/,• banque, Théorie des entreprises industrielles, 1856,
d'économie politique). Ce dernier passe pour
le meilleur manuel, et son auteur esl le représentant le plus
qualifié de l'école orthodoxe. Parmi les défenseurs de
celle-ci. il faut nommer Paul Leroy-Beantieu. Les écrivains
catholiques dont l'idéal serait on retour au système du moyeu
âge et la subordination des intérêts à la morale ont eu
pour principal organe, outre Villeneuve-Bargemont, Leplay,
dont les théories de socialisme chrétien seront étudiées
ailleurs (V. l.r.n.w et Socuushb), C Pèrin (les Doc-
trine économiques depuis un siècle, 1880) et pour
orateur le comte de Mun. Les travaux historiques de
Battue, dément, Baudrillart, Lavergne sont très estimés
(V. les biographies de ces auteurs). En somme, le principal
mista français de l'école historique est un Belge,
. 11 en a développé les idées dans son ouvrage :
Propriété et de ses formes primitives (1874).
9, depuis, dans les Lois naturelles et l'objet de VéCO-
lie politique (1883), il s'en est séparé par des asser-
tions originales, mais très contestées et rétrogrades. Il nie
l'existence de lois économiques réelles, c-à-d. indépen-
dantes du vouloir individuel ; il refuse donc à l'économie
politique le caractère d'une science ; c'est simplement un art.
In Angleterre, bien que le terrain parût moins favo-
rable, l'école historique a eu plus de succès qu'en France.
Walter Bagehot, qui s'est illustré par ses travaux sur les
qumliom monétaires et financières, a démontré (Economie
Studi t, 1880) que le système de Hicardo et de Mill
n'était vrai que dans des conditions très particulières, réali-
-'tileinent en un temps et dans un espace étroitement
limites, ou le commerce est largement développé et orga-
nise comme il l'est en Angleterre ; il croit que pour la
civilisation industrielle moderne l'économie politique ortho-
doxe reste exacte et applicable, et n'admet pas que la mé-
thode historique puisse jamais remplacer cette partie de la
sociologie qui traite des richesses et qui lui semble devoir
être étudiée à part. — Ctiffe Leslie fut en Angleterre le
champion de l'école historique contre Mill et Cairnes
(Essaut Mm-nl awl Political, 1879). Toynbee (1852-
! lement. Stanley levons (1835-1882)a
tente de concilier tes deux méthodes et souhaitait l'emploi
• mathématiques (Theory ofPolitical Economu, 1879,
_ i.). l.a tendance nouvelle qui se développe en Angle-
terre, particulièrement à Oxford, parait être de faire au
me libéral ou orthodoxe une place dans la construction
générale de l'école historique, en s'elforçant d'en conserver
comme vraies, au moins pour notre état social, les pro-
fonde- analyses sur la production et la circulation de-
richesses, bases de la science financière. A. -M. B.
Biiil.: Les principaux ouvrages ori.'inaux ont été cités
■ le I article ; pour un complément
de audra se reporter aux biographies de leurs
rare; nous avons cité de mène les traitée ou manuels.
. i de Giob français), Fawcbtt, Mars-
hall an--:.ii~ ,Si bbbl allemand): le Dictionnaire d
nomie politique, de Coqoelin et (iuiu.u min 1 -:>2-.*)3) et la
grande Collection des principaux economu tes, avec notices
• • Dair.-. et Scritlori classici Ilaliani <lclla econonu
tic, l .0 vol.— Pour la partie historique,
V. Blan .ii Histoire de l'Economie politique ; Paris, 1837-
3-. — Vh-lbhbovb-Babobmont, Histoire de l'Economie
Îiolitique, Bruxelles, 1839.— Kautz, System der Nationa-
tie und de • Fi lanzlehre, 1875. - I)i bring, Kri-
Usche Geschichle der Valions Sozia-
1879.— Mai i. The Littérature
ofPolitical Economu, 1845. — Cossa, Guido allô studio
de, a polilica . 1876-87. — Moritz Mi.yi.k. Die
neuere.Vafionate/iO/iomie in iliren IIauptrichtungen,\88Z,
3«
ÉCOPE (Tech.). L'écope est une longue pelle en bois
munie d'un manche, avec laquelle les bateliers jettent l'eau
de leurs bateaux, l.'éeope est préférable aux seaux, niais
on ne peut l'employer que pour des épuisements peu
importants et lorsque l'eau n'a besoin dètre élevée qu'à
une faible hauteur. La pelle hollandaise n'est autre chose
qu'une grande ècope suspendue par un manche et au
moyen d'une corde a une chevrette a trois pieds. Un
homme prend le boni du manche de la pelle, et, par un
mouvement d'oscillation, il effleure les couches supérieures
de la nappe d'eau ; la pelle se remplit et l'eau est jetée à
une certaine distance par-dessus les bords de la fouille de
l'enceinte. 11 résulte d'expériences qu'un homme peut
élever 68 lit. d'eau à 1 m. de hauteur par minute et
34 lit. si la hauteur est de lm80, ce qui donne par heure
de travail un effet utile moyen de 3,876 kilogranimètres.
Marin donne 5,750 kilogrammètres quand l'homme tra-
vaille avec un seau léger, 6,000 s'il travaille avec une
écope ordinaire, et 15,000 si c'est avec une écope hollan-
daise. D'où l'on voit que ce dernier instrument est très
avantageux, et qu'un homme peut élever 1 ni. c. d'eau
à l'heure à 1 m. de hauteur. Mais l'écope hollandaise,
connue les seaux et les écopes ordinaires, ne peut être
employée avec avantage que dans les épuisements de peu
d'importance et lorsque la hauteur à laquelle on doit élever
l'eau est 1res petite. L. K.
ÉCOPERCHE (Constr.). Longue perche appelée aussi
échasse et qu'on emploie pour échafauder. L'écôperche est
aussi la pièce de bois armée d'une poulie et qui s'ajoute
au bec d'une grue ou d'un engin à soulever les fardeaux
pour lui donner plus de volée.
ÉCOQUENEAUVILLE. Corn, du dép. de la Manche,
arr. le Valognes, cant. de Sainte-Mère-Eglise; 1"21 hab.
ÉC0RÇAGE (Techn.) (V. Ecoiice.ment).
ÉCORCE. I. Botanique. — L'écorce, formée des
couches les plus extérieures des tiges et des racines, ren-
ferme, en commun avec le bois, comme élément le plus
important, le tissu dit conducteur ; c'est un tissu mort qui
sert à disséminer les matières nutritives dans les diverses
parties de la plante. Ce tissu, caractéristique des Phanéro-
games et des Cryptogames vasculaires, manque totalement
dans les Champignonset les Algues et n'existe qu'à l'état rudi-
mentaire dans les Muscinées. Il se compose de faisceaux
libériens, partie essentielle de l'écorce, et de faisceaux
ligneux propres au bois. Par leur réunion, ils forment
les faisceaux libéro-ligneux appelés plus communément
fibro-vasculaires. On peut rencontrer les faisceaux libé-
riens et ligneux isolés, comme dans les racines de certaines
Monocotyledones ; mais, en général, ils sont associés. Les
faisceaux fibro-vasculaires sont dits fermés lorsqu'ils ne
s'accroissent plus, c.-à-d. lorsqu'il n'y a pas de camhium
interposé entre les éléments libériens et ligneux (Monoco-
tyledones) ; ils sont dits ouverts lorsqu'une couche cam-
bienne interposée assure l'accroissement des faisceaux (Di-
cotylédones). Les faisceaux libériens forment la zone la plus
interne de l'écorce, séparée du bois par la couche génératrice
ou cambium; outre le liber, l'écorce renferme du paren-
chyme qui constitue l'enveloppe celluleuse, enfin la couche
subéreuse ou liège immédiatement recouverte parl'épiderme,
lorsqu'il n'a pas disparu. Link a appelé ces trois couches
endophlceum, mesophlœum et epiphlœum. Rarement,
l'un de ces trois éléments fait défaut, mais leur disposition
n'est pas toujours très régulière, en particulier dans les
Acot ylcdones ; elle est généralement régulière chez les Mo-
nocotyledones et les Dicotylédones. Comme type pour la
description des différentes parties de l'écorce, nous choisirons
la tige des Dicotylédones, cl nous décrirons successivement
. le liber, l'enveloppe cellulaire et la couche subéreuse.
1° Liber. Le liber esl forme de parenchyme, de libres
et de tubes cribreux; la consistance des tubes et du paren-
chyme est faible, ce qui leur a fait donner le nom de liber
mou, par opposition aux fibres plus fermes qui forment
le liber dur. Le parenchyme se compose de cellules
propres et de cellules des rayons médullaires. Les
cellules de ce parenchyme sont généralement allongées
ÉCOItCE
— 496 —
dans |« sens de l'axe cl forment des bandes régu-
lières entre les rayons médullairee (bouleau blanc,
Sophora japonica) ou bien Boni isolées par petitsgroupes
(hêtre); elles renferment de l'amidon. megeli ■ donné le
iioiii «le cellules eambiformet a des cellules prismatique!
allongées et délicates qui, souvent, accompagnent les tubes
cribreux. Parfois le parenchyme libérien s'épaissit en
vieillissant et forme du sclérenchyme. Les tubes cribreua
ou cellules grillagées constituent l'élément fondamental
du liber; ce sont (les cellules placées bout à bout et com-
muniquant par les fines ouvertures <|in criblent leurs cloi-
sons de séparation ; ces perforations se ferment en au-
tomne et se rouvrent au printemps au moment de la reprise
de la végétation. Les tubes cribreux sont exclusivement
cellulosiques, jamais lignifiés. Leur disposition est variée
fiar rapport aux libres libériennes. Dans les Slryclmos et
es Szlvadora, le liber mou forme des faisceaux inter-
xylaires. Quant aux fibres libériennes, ce sont des libres
fusiformes, cellulosiques, comme les tubes cribreux, et de
plus flexibles et tenaces. Elles manquent dans le Groseil-
lier, le Viburnum lanterna, le Phytolacca ttioica, etc.,
empiètent sur le bois chez les Piper, Ulex, Gui, etc., et
même peuvent n'exister que dans le bois (Petasitr.s). Le
plus souvent, les fibres libériennes tonnent des feuillets en
couches minces ; il peut arriver que les faisceaux paral-
lèles restent séparés sur toute la longueur d'un entre-na'ud
(Vigne) ou isolés (Cornouiller blanc). Quoi qu'il en soit,
l'industrie utilise les propriétés physiques des fibres libé-
riennes du lin, du chanvre, du china-grass, de la ramie, etc.
2° Enveloppe cellulaire. Ordinairement homogène, elle
peut cependant, dans un grand nombre de cas, offrir deux
zones ; la zone interne qui entoure le liber est parenchyma-
teuse {parenchyme cortical) et composée de cellules ar-
rondies ou polyédriques, laissant des méats ; ces cellules
renferment de îa chlorophylle dans la portion périphérique,
de l'amidon dans celle qui avoisine le liber ; elle est quel-
quefois parcourue par des laticifères ou par des canaux à
résine ou à gomme. La zone externe, protectrice, est com-
posée de cellules épaissies, devenues réfringentes, sus-
ceptibles de gonfler par l'eau et de prendre un aspect de
cire; c'est ce qu'on appelle le collencliyine; d'autres fois,
ces cellules deviennent scléreuses et alors on les appelle en-
core fibres libériennes sous-épidermiques. Richard a donné
le nom de mésoderme à cette zone externe.
3° Couche subcreuse. C'est le stratum phlœum de
Mohi, le suber des auteurs, vulgairement liège. Elle
remplace l'épiderme lorsqu'il vient à disparaître. Elle
est formée de cellules tabulaires disposées en files con-
centriques et en couches radiales, sans méats, privées de
bonne heure de suc celluleux et de noyaux, qui sont alors
remplacés par des gaz; la paroi cellulosique des cellules se
transforme en subérine, produit analogue à la cutine. Ces
cellules forment un tissu imperméable dont l'épaisseur
s'accroît par le cloisonnement de l'assise génératrice subé-
reuse ou phellogène; celle-ci peut dépendre de l'épiderme
(l'omacées, Salix, Viburnum lantana, etc.), ou de
l'écorce jeune, dite primaire (Robinia pseudo-acacia,
Cytisus laburnum, Framboisier, Groseillier, Berberis,
Lycium, Lonicera, etc.), ou enfin du parenchyme libé-
rien (Seringat, Spirœa opulifolia, etc.). Nous n'insiste-
rons pas sur cette question. Bornons-nous à dire que, en
se développant, le liège détermine la mortification et sou-
vent la chute des tissus situés en dehors de lui, et peut
lui-même perdre ses couches les plus extérieures qui sont
du reste remplacées. On appelle quelquefois rhytidome
l'ensemble des couches ainsi mortifiées ; le rhytidome per-
siste dans l'Orme, tombe par écailles chez le Platane et par
fragments annulaires chez le Cerisier. L'épaisseur de la
eoui lie subéreuse est considérable dans certains arbres tels
que l'Urme [Ulmus suberosa Ehrh.), le Quercus occi-
aentalis F. Gay et le Quercus suber !.. ; c'est particu-
lièrement ce dernier qui sert à l'extraction du liège.
Extérieurement à la couche subéreuse se trouve l'épiderme
( \ .<c mot). Celui-ci persiste danslas piaules fierl, .,,,■, . mais
disparaît tôt on tard ehez les végétaux ligneux par las pro-
de la couche subéreuse pour être remplacé dans son
rôle protecteur par le péridermeen zoos de tissu nbé-
iiu\ engendrée par l'assise phellogène. Mohl nom
de périderme a la couche la plus interne de cette zone,
formée de cellules tabulaires épaisses, de conteur foi
C'est cette couche, remarquable par sa cohérence, qn
dans le bouleau à la confection de vases légers, <\<- bottes,
de semelles, etc., et même, au Canada, de canots. I.Y
des arbres présente généralement à sa surface de légères pro-
éminences d'abord arrondies ou lenticulaires, puis allonî
transversalement, qu'on appelle lenttcellet (V. 60 mot) et
qui, le plus souvent, offrent un stomate en leur milieu.
L'écorce ne se trouve pas d'emblée constituée telle que
nous venons de la décrire ; c'est la sa structure lecoodatre,
qui peut même manquer chez quelques (liantes annuelles.
D'autres fois, la structure secondaire se borne à l'aug-
mentation, au moyen du cambium, des éléments con-
stitutifs de chacun des faisceaux libéro-ligneux (Cucurbi-
tacées, Aristoloche, Berberis, etc.); dans ce cas, le vo-
lume seul des faisceaux augmente, mais leur nombre
reste le même, de sorte que la structure primaire parait
permanente. Un mot est nécessaire pour caractériser cette
structure primaire : l'écorce du jeune végétal est recou-
verte d'un épiderme pourvu de stomates et de poils non ab-
sorbants, tandis que le même épiderme dans les racines
ne présente pas de stomates et porte des poils absorbants,
du moins vers l'extrémité des racines; ces poils radicaux
disparaissent avec l'épiderme en arrière et sont remplaces
par d'autres sur les nouveaux ramules ; elle est paren-
chymateuse et formée de grandes cellules polyédriques ren-
fermant souvent de la chlorophylle ou de l'amidon ; elle
renferme fréquemment des cellules épaissies de collen-
chyme disposées en couche circulaire continue riiez tes
Bégonias, les Courges, etc., mais le plus souvent formant
des îlots aux points qui ont le plus besoin d'être renforcés
(angles, cotes) chez les Labiées, les Ombellifères. etc. On
a donné le nom d'endoderme à l'assise la plus interne de
l'écorce, formée de cellules étroitement unies munies sur
leurs parois radiales de plissements lignifiés qui engrènent
avec les cellules voisines; sur une coupe transversale, ces
plissements apparaissent comme des points noirs situés sur
le milieu des faces radiales; surtout marqués dans l'écorce
de la racine, ces plissements sont moins apparents ailleurs,
mais l'endoderme est toujours aisément reconnaissable à la
quantité considérable d'amidon que renferment ses cellules,
lors mèmeque tout le parenchyme cortical en est privé. Chez
les Conifères, l'écorce primaire renferme des canaux sécré-
teurs qui ne manquent que chez l'If, et parfois des cellules
scléreuses. En dedans de l'endoderme existe une ast
dont les cellules alternent avec celles de l'endoderme et
qu'on appelle le péricycle ; il est simple ou compose selon
qu'il est formé d'une assise de cellules (toujours dans la
racine) ou de plusieurs : il est même très épais dans les
Cucurbitacées ; il est homogène ou hétérogène, paivn-
cbvmateux, fibreux, ou à la fois parenchymateux et libreux.
En dedans du péricycle sont disposés les faisceaux conduc-
teurs ou libéro-ligneux, ouverts chez les Dicotylédones,
fermés chez les Monocotylédones, disposes en cercles dans
les premiers, très nombreux et irrégulièrement disp
dans les seconds, plus serrés dans ce cas à la périphéi ie
que vers le centre.
Chez les Dicotylédones, la structure secondaire de la
tige s'établit par le fonctionnement de deux assises généra-
trices, l'une l'assise génératrice libéro-lignense OU cam-
bium proprement dit, disposée en arcs entre les faisceaux
successifs et formant ainsi une assise cambianne continue:
elle assure la formation de nouveaux faisceaux lit"
ligneux dans l'épaisseur des rayons médullaires ou sert à
la multiplication du parenchyme : dans certains CBS, il se
forme un anneau libéro-ligneux complet. La deuxième as-
sise génératrice peut prendre naissance dans l'épiderme,
— ',!I7 —
ECORCE
réeoNe ou le péricyde; quand elle est d'origine péri-
evdiqae, elk se cloisonne seulemenl sur sa face interne el
produit un tissu parenchymateux disigné quelquefois sous
le nom A'écorce secondaire. Mais, en général, elle se
Coupe transversale d'une tige d'Aspidisrra elalior (srross.
i;, . — e;>, épidémie; ec, écorce; /", faisceaux lib.ro-
ligneux ; m, moelle.
dotsonae sur les deux cotés et donne alors du parenchyme
en dedans, du liège en dehors. Nous avons vu plus haut
que la tige des Umoeotylédones offre une structure pri-
maire permanente, et son épaisseur ne varie pas, sauf,
cependant, dans le Dragonnier, les Yuccas, les Aloès, etc.,
chez lesquels tonctionne une assise génératrice anormale
Coupe transversale d'une tige de Lapin [gross. 360). — pc
parenchyme cortical; end, endoderme; per, péricyde;
l1, liber primaire; F, liber secondaire; c, cambium; b1,
primaire; b*. bois Becondaire; m, moelle; c.int.,
cambium interne d'après lierait).
constituée aux dépens du péricyde et donnant naissance à
des cercles successifs de faisceaux libéro-ligneux. L'épi-
démie est encroûte de silice «lie/, le, Palmiers, en parti-
culier chez les Rotangs, ainsi que chez les Graminées; le
plus souvent, il disparait et est remplacé par le suher.
Nous avons déjà indiqué quelques particularités relatives
à la racine ; d'une façon générale, les choses s'y passent
GRA.NDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
comme dans la tige. Nous aurions encore à nous occupei des
lootylédones on Cryptogames vasculaires ; ce groupe de
végétaux ne se prête pas à des considérai ions générales, et on
reviendra sur la structure de leur écorce aux mots Fougère,
Ltcopodiacées, Equisétacées. Mi m im i s et Tige. Enfin nous
renvoyons aux mots Liane et TlGE pour la description des
anomalies de développement de ['écorce aussi bien que du
bois chez diverses Dicotylédones. l)r L. Hahn.
II. Nomenclature. — Parmi les écorces employées
en médecine ou dans l'industrie, plusieurs, comme l'E.
de chêne, l'E. de grenadier, l'E. de quinquina, l'E. de
saule, etc., etc., sont suffisamment désignées, quanl à leur
origine, par l'adjonction du nom du végétal qui les four-
nit. Mais, pour beaucoup d'autres, le nom n indique pas
l'origine botanique. Nous mentionnons donc ci-après les
plus importantes, en inscrivant, à côté, le nom des plantes
d'où elles proviennent : Ecorce d'alcoruoque, fournie par
les Bodwickia virgilioides 11. B. K. et B. major Mart.
(V. Bowdichia) ; E. d'Angusture, fournie par le Galipea
febrifuga II. 15. K. (V. Angusture); E. d'Angusture
fausse, fournie par \cSlychnos mix vomira L. (V. Vomi-
quier); E. d'Angusture du Brésil, fournie par VEsrn-
brrkia febrifuga Mart. (V. Esenbecma) ; E. astringente,
E. de Barbatimao ou E. du Brésil, produite par plusieurs
Légumineuses-Mimosées (V. Barbatimao) ; E. de Bebeeru,
provenant du Nirtandra Hodicri Schomb. (V. Beheeru);
E. de Cail-Cedra ou Quinquina des pauvres, fournie par
le Khaya senegalensis Guill. et Perr. (V. Cail-Cedra) ;
E. de Cassia lignea, produite par le Cinnamomum Cas-
sia Blum. (V. Cannelle) ; E. de Dita, provenant de l'.l/s-
tonia seolaris R. Br. (V. Alstonie); E. de Géoffrée, pro-
duite par plusieurs Légumineuses-Papilionacées du genre
. I nilira (V. ce mot) ; E. éleuthérienne, fournie par le Croton
elutheria Benn. (V. Cascarille); E. Giroflée, produite
par le Dicypellium raryophyllatum Nées, de la famille
des Lauracées. On l'appelle également Cannelle-Giroflcc.
Les Brésiliens l'emploient en médecine comme stimulante
et dans l'économie domestique comme aromatique ; E. de
Guaranhem, de Buranhem ou de Monesia, produite au
Brésil par le Luriima (/lyrijphlœa Mart., de la famille
des Sapotacées (V. Monesia) ; E. de Hoàng-nan, fournie
par le Stryclinos Gauthertana Pierre, arbuste grimpant
de la famille des Loganiacées, originaire des montagnes
qui séparent l'Annam du Laos. Elle renferme de la strych-
nine et de la brucine ; on l'a vantée récemment comme
remède des affections chroniques et rebelles de la peau ;
E. de jeunesse et de virginité, produite par le Pithecolobium
avaremotemo Mart. (V. Barratimao); E. de Lavola, attri-
buée à l'Illicium anisatum L. (V. Badianier) ; E. de
Malabar, fournie par le Wrightia antidysentericaR. Br.,
de la famille des Apocynacées. C'est un puissant astringent,
très employé, aux Indes orientales, contre les aflections
diarrhéiques ; E. de Malambo, produite par le Croton
Malambo Karst., de la famille des Enphorbiacées. Elle est
vantée comme aromatique-amère ; E. de Mancône, fournie
par V Erythrophlœum guineense Don, arbre de la
famille des Légumineuses-Orsalpiniées, qui croit sur la
côte de Mozambique; on en extrait un alcaloïde très véné-
neux, YErythrophléine (V. ce mot) ; E. deMargosa, pro-
duite, aux Indes orientales, par le Melia indica Brand.
(V. Margosa) ; E. de Mudar, fournie par le Calotropis
procera R. Br., de la famille des Apocynacées. Elle est
préconisée, dans l'Asie et l'Afrique tropicales, comme
tonique et diaphonique; E. de Moussennaou de Mussenna,
fournie par VAlbix&ia anthelmintica lirong. (V. Mous-
senxa) ; E. de Palo-Matras, la même que l'E. de Malambo;
E. de Paraguatan, produite, au Pérou, par le Condaminea
tinctoria 1)C. Elle donne une belle couleur rouge, em
ployée dans la teinture; E. de Panama, fournie par plu-
sieurs Rosacées du genre Quillaja, notamment les Q. &a-
ponaria Molin., Q. smegmadermos DC. et (J. hr<i\i-
liensis A. s. II.; E. de Pichurim, produite par VOcotea
cymbarum II. B. K., de la famille des Lauracées ; E. pré-
32
ÉCORCE — ÉCORCHEURS
- i!W -
;,. , [Coscq pretiosa des Brésiliens), fournie par le
Mespilodaphne pretiosa NéeSi de la famille des Launcéee;
(m en retire, par distillation, uns essence qui ■ Isa pro-
priétés de l'essence de cannelle; E. de Rohn, fournie par
le Swietenia febrifuga A. J., de la famille des Méliacée :
l.. de Surinam, produite par VAndira retusa II. li. K.
(V. a.mhiia) ; E. de Winter, fournie par le Drimys
Winteri Fort., de la famille des Magnouaoéet-Dlieiées ;
ri., de Wintar du commerce est le Cinnamodêtidron
corticosum Miers, qui appartient également à la famille
des Ma-noliacées. Kd. Lef.
III. Chimie industrielle. — Ecorcet tannante».
Toutes les écorees riches en tanin peuvent être utilisées
pour la préparation des peaux. En Europe, on utilise prin-
cipalement, dans la région centrale, l'écorce des différentes
espèces de chêne, du châtaignier, de l'aune; dans le Nord,
l'écorce de bouleau et celle des arbres résineux. Les pays
tropicaux renferment un très grand nombre de végétaux
qui servent au tannage des peaux.
Ecorees tinctoriales. Les écorees astringentes employées
dans la tannerie peuvent également être employées dans la
teinture; mais seulement, en général, pour les étoffes gros-
sières; elles donnent des nuances variant du jaune au brun
plus ou moins foncé. L'écorce tinctoriale la plus employée
est l'écorce de quercitron (V. ce mot).
IV. Géologie. — Ecorce terrestre (V. Terre).
ÉCORCEI. Corn, du dép. de l'Orne, arr. de Mortagne,
tant . de Laigle; 273 hab.
ÉCORCEMENT (Sylvie.) L'écorcement se pratique sur
le chêne rouvre, le chêne pédoncule, sur le chêne tauzin
dans l'Ouest, le chêne vert dans le Sud-Est, l'épicéa; en
Russie, sur le saule, le bouleau, l'aune. L'écorce de ces
arbres est employée au tannage des cuirs. Celle de l'aune
donne aux cuirs une couleur foncée et peut servir à la
teinture des feutres. On écorcele chêne-liège, le chêne occi-
dental pour leur liège, le tilleul dont l'écorce sert à faire
des cordes, des liens. L'écorcement se fait : 1° en temps
de sève sur pied ou sur chevalet; 2° à la vapeur. Dans
le premier cas, on ne peut écorcerque durant quarante jours
environ, depuis les premiers jours de mai jusqu'à la fin
de juin, plus ou moins tôt, plus ou moins tard, selon les
années. Le chêne vert est couramment écorcé sur pied.
Avec une serpe, l'ouvrier enlève une étroite lanière d'écorce
le long de la tige, et avec W'corçoir ou ruscadou, mor-
ceau de bois taillé en biseau, il détache l'écorce en canon.
Le prix de la façon est de 2 fr. «0 à 3 fr. les 100 kilogr.
d'écorce verte. Cette écorce perd en deux jours 35 à 40 °/0
de son poids. On la met en bottes qu'on range en piles sur
un terrain sec. Le rendement moyen à l'hectare est de
2,000 kilogr. Les prix varient de 13 à 20 fr. les 100 kilogr.
secs. D'après M. Muntz l'écorce des taillis de chêne vert
renferme 12 à 17 °/0 de tanin, celle des taillis des chênes
à feuilles caduques en contient 7 à 10 °/0. La quantité de
tanin contenue dans l'écorce varie avec l'âge des tiges. C'est
aux environs de vingt ans qu'elle en renferme le plus. Dès
qu'elle se gerce et se crevasse, sa richesse diminue. Les
bois écorcés sont abattus durant l'été et souvent pendant
l'hiver suivant, la main-d'osuvre étant alors moins chère.
De là, perte d'une année de croissance, perte d'une feuille
et affaiblissement des souches, qui ne reçoivent pas les ma-
tières nutritives élaborées par les feuilles. L'écorcement sur
chevalet est plus généralement appliqué. Les tiges coupées
et émondées sont couchées et fixées sur le chevalet. L'écorce
est ensuite détachée comme il vient d'être dit.
L'écorcement à la vapeur présente ce grand avantage
qu'il peut s'exécuter plusieurs mois même après la coupe.
C'est en 1864 que M. Maître, de Châtillon-sur-Seine,eui le
premier l'idée d employer la vapeur. Un courant de vapeur
d'eau bouillante arrivait dans des caisses fermée-, sur les
rondins. Au bout d'une demi-heure l'écorce se détachait
facilement. M. de Nomaison, quelques années après, per-
fectionna ce procédé. Il employa de la vapeur sèche, un
appareil plus léger, démontable, pouvant se transporter en
forêt, L'écorce est d'aussi lionne qualité que celle enlevée
par les autre, pracédi i. G. Bon,
ÉCORCES (Lee). Corn, du dés. du Douas, arr. de
Montbeiiard, aant. de Hafehe; 407 hab.
ÉCORCHAGE (V.Chaeci nsu, t. X, p. 6l
ÉCORCHÉ [Beaux-arts). Reproduction, en dimension
réelle ou réduite, d'un corps d'homme ou d'animal, dépouillé
de sa peau, et montrant la disposition extérieure des muscles.
L'étude de l'écorché est des plus utiles à l'artiste, et l'im-
portance que lui ont toujours donnée les grands maîtres
permet d'affirmer que, sans elle, un peintre est expo*
commettre de nombreuses incorrections de dessin. Les meil-
leurs modèles d'écorchés offerts aux études ont été exéentés
par lloudon et Salvage; celui du premier est dans l'atti-
tude d'un homme debout, le bras étendu, celui du second
présente les formes et l'attitude du Gladio ur combattant.
Michel-Ange aussi a sculpté un très bel éeorché : mais sa
pose violente, contorsionnée, le rend peu propre a l'étude
et le fait considérer comme une de ces œuvres audacieuses
qu'un puissant génie peut se permettre, mais qu'il sciait
plus que dangereux d'imiter. Les anciennes œuvres de l'école
florentine sont du reste remarquables par la perfection ana-
tomique de leurs figures ; les études sérieuses que ces artistes
faisaient d'après l'écorché sont encore attestées par les écrits
qu'ils ont laissés. La rénovation artistique à laquelle David
a donné la plus puissante impulsion remit en honneur les
études anatomiques dans l'école française ; on en vit même
l'exagération dans de nombreuses figures peintes avec une
musculature fouillée et redondante comme celle d'un éeorché.
Ce fut probablement pour réagir contre cet excès que l'un
des grands chefs d'école de l'époque suivante, Ingres, pros-
crivit de son enseignement les études d'écorché, comme
contraires à la sincérité du rendu de la nature. Géricault,
qui étudia les chevaux avec tant de passion, a laissé un bel
éeorché de cheval, et des études analogues ont été faites,
pour les grands carnassiers, par les sculpteurs lîarve et
Rouillard.' Ad. T.
ÉCORCHES. Coin, du dép. de l'Orne, arr. d'Argentan,
cant. de Trun; 303 hab.
ÉCORCHEURS. Gens de guerre qui, vers le milieu du
xv' siècle, exercèrent dans toute la France un véritable
brigandage. On pourrait donner ce nom aux bandes de
mercenaires, grandes compagnies, armagnacs, routiers,
qui, pendant toute la guerre de Cent ans, commirent par-
tout les plus horribles ravages; mais il s'applique particu-
lièrement aux aventuriers qui, de 1435 à 1445, se signa-
lèrent par une recrudescence de déprédations et de férocité.
Après le traité d'Arras (20 sept. 1433), quand il fallut
évacuer les places rendues au duc de Bourgogne, les garni-
sons de la Champagne licenciées par le connétable de
Richemont formèrent des bandes qui s'associèrent bientôt
avec d'autres pour le pillage et le butin. Elles avaient des
chefs renommés qui, pour la plupart, avaient été ou étaient
encore au service de Charles VIL comme la Rire, Sain-
trailles, A. de Chabannes, L. de Rueil, Rod. de Villan-
drando, etc. Le pillage, la dévastation, l'incendie, le viol,
le meurtre marquaient partout le passage des écorcheurs.
Après eux venaient encore les retondeurs, ainsi nommés
parce que « ils retondoient tout ce que les premiers a\ oient
failly de happer» (01. de La Marche, I. 245). Ni les
ordonnances royales, ni la sévérité, pourtant si redoutée,
du connétable, ne purent même atténuer le mal. La résis-
tance des écorcheurs fut, avec celle de la féodalité, le prin-
cipal obstacle aux réformes militaires si ardemment ré-
clamées par les Etats généraux de 1439, et la principale
cause de la l'raguerie (1440). Quand la trêve de Tours
(-20 mai 1 144) suspendit les hostilités entre la France et
l'Angleterre, le péril devint encore plus menaçant. l'our
délivrer la France de ce fléau. Charles Vil et le dauphin
conduisirent les écorcheurs en Lorraine et en Alsace, ou
ils périrent en grand nombre. Ces expéditions ( I '. '. î-l '. 15)
mirent à peu près fin à VéCOrcherie. La reforme de
l'armée et la création des compagnies d'ordonnance (I îi.'>)
- 499 -
ÉCORCIIEURS - ECOSSE
permirent ensuite de mieux réprimer les excès des gêna de
lis non de les Pure cesser entièrement K. C.
guerre, m
Hnu 1
Marche, êdit de la
tniqueurs de l'époque, surtout Ol. ok La
de l'IiiM. de Fr., 1,843,845, etc.
- Monstbbl«t, td . V. 317, etc. - m. Basto, W., I, 56,
- J. Chartibr, adit, Valut db vibivilli, i,
217, etc. — Le Bourmoia de Paria. 6d. A. lum-uv, lso,
—Martial d'Auvkbonb,(« Vigiles de < nartea » /'.
edii LeCousTEUi a; Paris, 1784, 8 vol. in-18,,1, 117.- U
Chronique tfarlintenne, êdit. gothique d Anthoine iVSRARD,
w\\. CCI XXXVI, — Vallbt db Viamu-B,
HULdaCharUa Y IL 11, ISOel auiv. — A. Tubtby, tes JBcor-
cheura sous Charlea VII; MontbéUard, 1874, ta-8. — Db
Bbauooubt, lîiat de Chartes VN, t. III, pp. 13 et auiv.,
suiv., i. IV, ch. i. - J. QutCHEBAT. Rodrigo de
Villandrando, 131 et suiv. — E. Cosneau, le Conm'table
de Ric'.emont. 837, 288 et suiv.. 898, 318 et suiv., 311, 861,
suiv. - Mus. IV. 5088, passim: 5054, fol. 87 ; lr. 25,
711, n* 187, a la Bibl. nat: JJ. 185, fol. 215 v, K. Oa
V 1488, fol. 104J V fol. 2ô, 86, aux Arch. nat.
ÉCORDAL. (oui. du dép. des Ardennes, arr. de Vou/.iers,
cant. de Tourleron ; T*.M liai».
ÉCORPAIN. Coin, dudép. de la Sarthe, arr. et cant. de
Saint-Calais: 583 liab.
ECOS. Ch.-I. de cant. du dép. de L'Eure, arr. des An-
delys; 8(H tiab.
ÉCOSSAISE (Philosophie^ On a, pendant longtemps,
• chez nous, sous le nom d'école écossaise, l'école
inaugurée au xvni1- siècle par Thomas Heid, représentée
ensuite par Dugald Stewart et Th. Brown, illustrée enfin
par William llaiiiilton. 1. 'histoire de cette école se confond
presque avec l'histoire d'un problème ou plutôt d'une am-
bition spéculative. Reid, au wiii'' siècle, s'était proposé
d'établir sur des fondements psychologiques inébranlables
la légitimité de la croyance a la réalité du inonde sensible;
et avec lui. jusqu'à William llamilton, la philosophie ècos-
aaâe traversa une crise réaliste. Il ne faut pas confondre
sa que l'on a. peut-être a^se/ improprement, appelé « école
avec la philosophie écossaise. La première dure
à peu près un siècle, depuis l'époque à laquelle Heid com-
menee d'écrire jusqu'à la mort d'Hamilton, en 1856. On
peut faire commencer la seconde vers 1710, et son dévelop-
pement historique n'est pas près de prendre fin. Il ne faut
pa> croire non plus que les traits dominants de la philo-
sophie écossaise ne se rencontrent que chez Reid. Reid est
remarquable comme psychologue, ou, du moins, il a long-
temps eu la renommée d'être le plus gage et le plus exact
des observateurs de l'ànie humaine. Mais Hume n'est guère
moins exact, et il est, à coup BÛT, plus avisé. Reid tient la
métaphysique en grande défiance ; Hume la tient pour
Bible, et -i. en Hume, le psychologue est doublé d'un
incomparable dialecticien, ce qui n'est certainement pas le
ras de Reid. la valeur de Hume comme psychologue est
tout à fait hors de pair. La psychologie de Reid reste à
fleur d'expérience ou plutôt d'observation ; il ne veut voir
Jue le visible à l'œil nu. Hume regarde au microscope.
'est donc faire preuve d'un défaut de sens historique et
rhilos.iphique tout ensemble, que d'entreprendre, ainsi que
■ Victor Cousin, une histoire de la philosophie
ise, en considérant tous les prédécesseurs de Reid
comme ses précurseurs et en supprimant David Hume.
Reid, loin d'inaugurer une période d'apogée, pourrait bien
inaugurer une période de décadence. Certains l'ont pensé,
Bt leurs arguments portent. Il est évident que la philoso—
Fhie de Reid est en pleine réaction sur celle de Hume ; il
est moins que Reid soit un philosophe réactionnaire, dans
le sens défavorable attaché à l'épithète. Quoi que l'on puisse
penser a cet égard, il est permis de soutenir que Reid doit
beaucoup à David Hume, et l'on ne saurait trop insister sur
la part d'influence positive exercée par Hume sur Reid. Il
est presque de tradition d'admettre que la dogmatique de
si sortie des excès de la critique sceptique de Hume.
Elle en est sortir' sans doute, mais mainte page des Essais
philosophiques sur l'entendement humain pourrait
senir rie préfaee aux œuvres de Heid : en effet, il n'a pas
échappe ;, Hume que, si l.i critique mène au scepticisme, la
« nature > en détourne. Hume savait donc que la nature
est impérieusement dogmatique et que sa philosophie allait
g rencontre du sens commun. S'il n'a pas été Reid, c'est
qu'il n'a pas voulu l'être.
De ce rapprochement entra Hume et Reid, qu'on ne peut
ici qu'indiquer, et de tout un ensemble de remarques con-
duisant à des inductions analogues, on esi autorisé à conclure
qu'il faut désormais ne plus séparer l'histoire de l'école
écossaise de celle de la philosophie écossaise, ou du moins,
qu'en se bornant a la première, on evpose simplement
l'une de ses phases. De c,o qui vient d'être dit, le lecteur
peut aisément, se rendre compte à l'aide de la Scotlish
Philosophy du professeur James Mac Cosh. Sous ce titre,
en un fort volume, se trouvent réunies plus de cinquante
études, consacrées chacune à un philosophe écossais. Shaf-
tesbury est le premier, llamilton est le dernier de la galerie
à travers laquelle l'auteur nous promène, et l'on s'aperçoit
que, si les doctrines d'Hamilton, de Rrown, de Stewart et
de Reid y sont très exactement et très finement analysées,
d'autres, beaucoup moins connues, tiennent dans le livre à
peu près autant de place, et elles en semblent dignes. On
s'aperçoit encore d'autre chose, c'est que, si les philosophes
écossais sont curieux de psychologie, cette curiosité ne se
stillit pas à elle-même ; une fois satisfaite, elle prépare ou
même commence la solution des problèmes de la morale et
de la religion naturelle. A ce point de vue, Reid ne fait
point exception. Mais la très grande étendue qu'il donne
dans ses ouvrages aux recherches de psychologie dispose
le lecteur à oublier qu'il était avant tout un homme de
raison pratique. Il a côtoyé maintes fois le kantisme et,
pour être liant, le génie seul lui a manqué.
Cette remarque n'a pas échappé à l'un des historiens
français de Reid, Charles de Rémusat (tissais de philoso-
phie)] elle s'applique non seulement à Reid, mais à presque
tous les Ecossais. Et cela explique pourquoi l'Ecosse, qui
a été la patrie de psychologues observateurs, tels que Reid
et Stewart, de psychologues dialecticiens tels que Hume,
Brown, llamilton et Stuart Mill, est représentée, au mo-
ment où nous écrivons, par des maîtres destinés, semblc-
t-il, à une renommée moins éclatante, mais dont les doc-
trines ont fait subir à la philosophie, dans ce pays, un
changement de caractère assez notable. Nous croyons
cependant qu'il n'y a pas eu métamorphose, mais simple
évolution. En ce moment, l'Ecosse, en dehors de l'illustre
Rain, n'a qu'un psychologue, M. Mac Cosh. Elle a un logicien
distingué, M. Veitch, disciple d'Hamilton, éditeur de ses
œuvres. Elle compte d'excellents et distingués moralistes,
et des moralistes qui savent être métaphysiciens. S'ils sont
métaphysiciens, à peine est-il besoin de le dire, c'est en
vue de fonder une philosophie de la raison pratique. L'his-
torien du criticisme anglais au xixe siècle, à supposer qu'il
se rencontre un jour, devra consacrer de nombreux et im-
portants chapitres aux successeurs des Reid et des llamilton
dans les universités d'Lcosse.
Le livre de M. Mac Cosh est le meilleur guide à
suivre pour l'histoire de la philosophie écossaise jusqu'à
llamilton. Le livre de Victor Cousin, la Philosophie écos-
saise, est excellent pour qui veut lire Thomas Reid en
abrégé, et, de même, on doit louer sans réserves les essais
consacrés à ce philosophe par Charles de Rémusat. Un
autre livre, dû au prolesseurde Saint-Andrews, M. André
Seth, destiné à relever le crédit de Reid et à réclamer pour
lui une place voisine de celle que l'histoire assigne à Kant,
Scottish Philosophy, sera lu avec fruit par tous ceux qui
aimeront à s'expliquer comment le pays d'élection de la
psychologie exacte et sagace est devenu, au moment où nous
écrivons, le pays de refuge d'une métaphysique religieuse
animée d'un double esprit criticiste et chrétien. — En
France, Heid a eu pour disciples Royer-Collard,Jouffroy,
Adolphe Garnirr (\. ces noms). Lionel Daotuac.
ECOSSE. Généralités. — Limites, bupbbficik. —
L'Ecosse (Scotland) est une des trois parties du Royaume-
Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande. Elle occupe la partie
septentrionale de l'île de Grande-Rretagne. Elle est limitée
ÉGOSSI
— 500 —
de trois cotés par la mer, à ITS., au N. et à l'O. ; au S.,
elle confine à I Angleterre. Elle comprend, outre la fraction
septentrionale de la Grande-Bretagne, un grand nombre
d'iles plus ou moins distantes ilu littoral. Elle s'étend depuis
54°3y jusqu'à 58° 40' 30"lat.N.etde V6 a8035'Ion \.0.
en ne tenant pas compte îles îles. Le point le plus septen-
trional est Dunnet llead; le plus méridional, le Mull de
Galloway ; le plus oriental est Peterhead ; le plus occi-
dental, la pointe d'Ardnamachan. Mais, si l'on tient compte
des Iles, les points extrêmes se trouvent au N, par 60* '51 "M)"
(Outsack,dans les Iles Shetland), à l'E.. par 30° l.'i' long.O.
dans les Iles Shetland), à l'O. par 10° 56' (lie de Saint-
Kilda). Pour nous en tenir à ce que nous appellerons la
terre terme, en l'opposant aux petites Iles, l'Ecosse mesure
403 kil. de Dunnet llead au Mull de Galloway ; sa plus
grande longueur du N. au S., de Durncss (comté de
Sutherland), à Burrow Head (comté de Wigtown) serait de
437; sa plus grande largeur, de l'E. à l'O., de Peter-
head (comté d'Aberdeen) à Applecross (comté de Ross),
serait de "2.10 kil. Sa plus petite largeur entre l'estuaire du
Forth et celui de la Clyde, de Grangemouth (comté de
Stirling) à Bowling (comté de Dumbarton) n'est que de
57 kil. La forme de l'Ecosse est extrêmement irrégulière.
Elle est très profondément découpée par la mer ; à première
vue, on y distingue trois tronçons (sans parler des iles);
de la frontière méridionale à l'étranglement entre le Forth
et la Clyde ; depuis celui-ci jusqu'à la dépression du Glen-
more entre les golfes de Moray et du Loch Linnhe, distants
de 115 kil.; enfin le tronçon septentrional. Si l'on fait abs-
traction des archipels des Orcades et des Shetland placés
au N., les iles se trouvent presque toutes du côté occi-
dental, le plus capricieusement entaillé par la mer. La
frontière orientale est formée par la mer du Nord, la fron-
tière septentrionale et occidentale par l'océan Atlantique ;
au S.-O. est le canal du Nord qui sépare l'Ecosse de l'Ir-
lande ; au S. sont le golfe de Solway, dépendance de la mer
d'Irlande, et la frontière terrestre qui sépare l'Ecosse de
l'Angleterre. Cette frontière terrestre est formée par l'en-
clave de Berwick, la Tweed, une ligne qui se dirige vers
le S. pour gagner la crête des monts Cheviots, qu'elle suit
du N.-E. au S.-O., puis le ruisseau de Kershope (affluent
du Liddell), le Liddell (affluent de l'Esk), enfin le ruisseau
de Sark qui débouche dans les grèves du golfe de Solway.
Cette ligne assez irrégulière mesure 145 kil. de la mer du
Nord au golfe de Solway ; mais, à vol d'oiseau, la distance
n'est que de 112 kil. Le développement des côtes, en fai-
sant abstraction des îles, des petites baies et anfractuosités
du littoral, est de 3,540 kil. L'Ecosse est donc une contrée
essentiellement maritime. Aucun point n'est distant de la
mer de plus de 120 kil.
La superficie de l'Ecosse est évaluée (Ordnance Sur-
vey, 1881) à 80,435 kil. q., dont environ 9,600 kil. q.
pour les iles. Ce total comprend 1,240 kil. q. pour la
laisse de mer et 1,600 kil. q. d'eau (lacs et rivières), de
sorte que la terre proprement dite n'occupe que 7" ,400 kil. q.
environ.
Géographie physique (V. Grande-Bretagne).
Géographie politique. — L'Ecosse est un royaume
réuni depuis l'acte du 16 mars 1707 à celui d'Angleterre.
Elle est subdivisée en 33 comtés. Elle envoie à la Chambre
des lords 16 pairs élus par l'ensemble de la haute noblesse
écossaise à chaque renouvellement du Parlement; à la
Chambre des communes 72 députés, dont 39 élus par les
comtés, 31 par les bourgs et 2 par les universités. Au
moment de l'Union, l'Ecosse conserva ses lois et son admi-
nistration modelées sur celles de France ; elles ont été
rapprochées depuis de celles d'Angleterre, mais l'Ecosse a
gardé ses tribunaux. La Court of Session (créée en 1532)
répondait au parlement de Paris ; elle a été modifiée
depuis; elle compte 13 juges répartis entre la chambre
intérieure (8) et la chambre extérieure (5). Les appels
doivent être portés à la Chambre des lords, lue haute
cour de justice, instituée en 1672 pour les affaires crimi-
nelles, comprend 7 jugea dont le lord-justice général ,
président.
Divisions POUTIQOES ACTUELLES. — I.a division admi-
nistrative est le comté, mais le* comtes sont groupés en
huit divisions. De plus, on peut adopter d'autres radies
que ceux des comtés pour noe série de cas (administration,
police, élections, etc.). A la tête de chaque comté est un
lord-lieutenant nommé à vie par la couronne; il a les
pouvoirs militaires et ceux d'un haut sheriff. Mais le pou-
voir réel appartient a des commissaires qui règlent le*
questions d impôts, de finances, de police, et aux sheriffi
(V. ce mot). Dans le* bourgs, les pouvoirs de ces derniers
appartiennent aux baillis. On compte 70 bourgs royaux,
dont i ont moins de 500 habitants ; EarisfeiTJ (comte
de FiTe) en a 286 seulement. Les Registrations Countùs,
comtés administratifs, différent un peu des anciens comtés
historiques parce que, quand une paroisse est située sur
deux ou trois comtés, elle est entièrement attribuée a
celui où se trouve l'église paroissiale.
Mouvement he la population. — A la fin du xve siècle,
la population de l'Ecosse est évaluée très approximative-
ment à un demi-million d'habitants : Edimbourg en comp-
tait 20,000, Perth 9,000, Aberdeen et Dundee 4. 000.
Au début du xvin6 siècle, la population s'élevait à un
million d'habitants; en 1755, on l'évaluait à 1,263,000.
Le recensement de 1801 donna le chiffre de 1,608,420.
Les recensements décennaux qui ont suivi ont marqué un
progrès constant; en 1881, il y avait 3,735,573 hab. ;
en 1886, on en comptait 3,050,000 environ. Le tableau
inséré ci-contre indique la répartition par comtés et régions
de cette population. La densité totale est relativement
faible, guère plus du quart de celle de l'Angleterre. Cela
tient à la grande étendue du territoire montagneux, l.n
effet, dans les comtés du Nord-Ouest qui occupent près du
quart de l'Ecosse, il y a moins de 9 hab. par kilomètre
carré; dans ceux du Nord, la proportion n'est que de 13.
Si l'on y ajoute les comtés d'Argyll et de Perth, on aura
une superficie totale de 43,000 kil. q., avec seulement
500,000 hab., soit une moyenne de 12 par kilomètre carré.
D'autre part, la région montagneuse du Sud n'a pas
210,000 hab. pour plus de 8,000 kil. q., soit 26 hab.
par kilomètre carré. En revanche, la région dite du
Sud-Ouest avait, en 1881, 1,385,000 hab., plus du
tiers de la population de l'Ecosse, sur 5,800 kil. q., une
densité de 237 hab. par kilomètre carré. La plaine de la
Clyde et du Forth (jusqu'au Tay), qui sépare des Highlands
la région montagneuse du Sud, nourrit beaucoup plus de
la moitié des Ecossais. On y trouve sept des huit grandes
villes : Glasgow, Edimbourg, Dundee, Greenock, Pais-
ley, Leith et Perth; la seule qui soit en dehors est
Aberdeen.
Voici quels sont les chiffres des recensements décennaux
de ce siècle :
1801 1.608.420 hab.
1811 1. SU.'.. 864 —
1821 2.091.621 —
1831 2.364.386 —
1841 2.620.484 —
1851 2.888.742 —
1861 3.062.294 —
1871 3.360.018 —
1881 3.735.573 —
L'accroissement île la population fut général dans tous
les comtés, de 1801 à 1841 , et partout dépassa 1 0 ' „, sauf
dans les comtés d'Argyll. Perth et Sutherland. Mais, depuis
1841 plusieurs comtés ruraux ont perdu, surtout ceux
des Highlands. Ceux dont la population a diminue sont :
Sutherland. Hoss et Cromarlv. hivernes-.. Vrgvll. l'ertb.
Kinross, Wigtown. Dans un seul (Kinross), elle est tombée
au-dessous du chiffre de 1801. La population insulaire a
diminue de près de 5,000 hab. en trente ans (1851-
1881), la population rurale de plus de 125.(100 en vingt
ans (1861-1881). Dans la période 1861-1881, la popula-
ECOSSE
— ;.oi —
lion ronde do comté de Caithnessest tombé» de 28,879 hab.
à 14,309; celui deSutheriand de 81,560 à 18,696; celui
et Ross .'i Cromartj de 59,1 H a 19,883; celui d'Inver-
67,355 .» T ;.;:;;); celui d'Argyll de 60,409 à
ECOSSE
16,081. I ne des causes les plus actives de la dépopulation
îles Bighlands osl que les propriétaires expulsent les petits
fermiers pour créer de vastes domaines île chasse. Ceux-ci
occupaient, îles 1X77, plus de 800,000 lied. (V. GRANDE-
COMTl -
CHEFS-LIEUX
SUPERFICIE
POPULATION
au
recensement
du 4 avr. 1881
POPULATION
calculée
au 30 juin 1886
D ENS I T É
de la population
Habitante
par kil. carré
l.erwick.
Kirkwall.
Wick.
Dornoch.
1.428
973
1.775
5.250
29.705
32.014
89.859
22.376
88.758
32.460
39.268
21.911
21
33
22
4.3
9.42G
fj;i.:i8'i
122.391
13,1
5. R.>ss et Cromany
Dingwal, Cromarty.
Inverties*.
S. 103
10.584
79.467
86.389
1657856~~
78.122
87.575
1657697
9,8
s, 2
8,9
' 11 . Norlh Western
18.681
Nairn.
Elgin.
BanlT.
Aberdeen.
Stonebavon.
163
1.232
1.659
5.062
993
8.847
45.108
59.783
269.047
35.465
9. ION
45.408
60.262
280.932
35.662
19
37
36
53
36
: tgin
1 Banff
9.409
418.250
131.372
44
12. Fozfar [Angus)
H Fifo
For far.
Penh.
Cupar.
Kinross.
Clackmannan.
8.266
6.541
1.274
188
123
268.653
130.288
172.131
7.330
24.025
281.116
131.202
177.758
7.039
25.028
118,6
20
135
39
195
IV. Easl Midland
70.395
602.k21
625.143
5K
17. Stirlini;
Stirling.
Dumbarton.
Inverary.
Rotbesay.
1.158
625
8.318
561
106.883
78.182
80.761
17.634
289.460
114.411
88.977
s 1.353
17.997
92
125
9,7
31
26,6
19 \r>'\ Il
Bâta
V. West Midland
10.665
302.738
Renfrew.
Ayr.
Lanark.
634
2.922
2 . 2s;',
225.611
217.630
942.206
242.613
226.239
1.032.397
356
74
413
\vr
23. I ànark
VI. South Western
5 . 839
1. 385. 447
/. 501. 249
237
24. Unlithgow (MMUnJ. .
ES . F.dinliurgh (liiUltiai
26. Haddington intinbm' ..
Linlitligow.
Edinburgh.
Haddington.
Greenlaw.
Peebles.
Selkirk.
311
937
701
1.192
918
666
4.725 "~
44.005
388.836
38.510
35.273
18.688
2H.346
546.658
45.463
423. 76S
38.918
34.705
14.529
30.733
141
415
55
30
15
40
— ïlè
:- Peebles
- Ikirk
588.116
3). Roxburgh
Jedburgb.
Dunifries.
Kirkcudbright.
Wigtown.
1.722
2.751
2.324
1.257
52.592
76.167
42.290
38.448
55.031
76.879
42.3W
38 373
31
28
18
31
32. Kirkcndbright
8.054
209.497
212.681
2G
77200
3. 735- 573
3- 949 393
48
Bretagne, § Géographe économique). Cette diminution
île la population rurale, étant due non seulement à l'immi-
gration dans les villes, mais à l'émigration horsde l'Ecosse,
a eu ce résultat que l'accroissement de la population totale
->e g'esl proportionnellement moins accrue de 184-1
a ixxi que 1801 à 18il ; dans la période récente, l'ac-
croissement a été de 12 et demi ° 0; il était précédemment
1 ,. Dans la période 1871-1881, l'accroissement a
été de 1 1 , |s o . || a été de 37,65 dans le comté de Sel-
kirk, quia pas-e de 18,579 hab. a 25,564; de -28 ",'0dans
le eomlé de Diimliarton, qui a passé de ;>8,SM7 hab. à
: de -21 . t 0 dans le comté de Renfrew, qui a passé
hab. à 263,374; de ix.17 % dans le comté
de lanark, qui a passé de 765,339 hab. à 904,412 ; de
18,51 "/„ dans le comté d'Edimbourg, qui a passé de
"'hali. à 389,164. L'influence des grandes villes
est manifeste. D'autre paît, les comtés suivants ont vu
décroître le chiffre de leur population : Kinross, de 7 0;
Shetland, de 6 °0; Sutherland, de 3,9 °0; Berwick, de
'! °/0; Ross et Cromarty, de 3 °'0; Caithness, de 2,8 °/„;
Wigtown, de 0,6 °/oî Kincardine, de 0,5 °/0. La popula-
tion des villes était en 1861 de 1,61 6,31 4 hab.; en 1881,
de 2,306,852; — celle des villages était en 1861 de
339,740 hab.; en 1881, de 447,884; —celle des districts
ruraux élait en 1861 de 1,106,420 hab.; en 1881, de
980,387. La population des villes a donc gagné 335,570
hab. et représente 61,75 % du total au lieu de 58,0!) °/0,
tandis que celle des campagnes a décru de 85,0!)!) hab.
et ne représente plus que W'),L2(i °/0 du total au lieu de
30,3!) °/0.
Le tableau de la page 502 montre comment la popula-
tion a varié dans les principales villes depuis le début du
xixe siècle.
Au point de vue de la nationalité, on comptait en
Ecosse en 1881 :
Ecossais 3 . 397 . 759
Irlandais 218.745
Anglais et Gallois 91.823
ECOSSE
- :.02 -
Natifs des colonies britanniques. . 12.874
Sujets britanniques 7 .024
Natifs îles Iles anglo-normandes. 949
Etrangers 6.899
D'autre part, on a recensé la même année en Irlande
22,328 hVonnnis nt en Angleterre 2S3, 828 EScosaaia; c.-a-d.
qu'il y adans le Royaume-Uni environ 310,000 Anglais el
VILLES
1801
1821
1841
1861
1881
Edimbourg (avec
Leitti)
81.404
77.058
20.992
27.396
25.058
17.190
10.388
130.351
140.432
43.821
32.120
38.102
21.719
18.19?
158.961
201.004
63.288
64.869
48.263
30.109
20.407
201.71'i
394.864
78.805
90. 117
47.400
43.098
25.250
287.841
551.415
105.189
110.23'»
55.038
66.704
38.980
Perth
Irlandais établis en Ecosse contre environ 234,000 Ecos-
sais établis en Angleterre et en Irlande. On émigré donc
plus de ces contrées vers l'Ecosse que de l'Ecosse vers elles.
Une quantité considérable d'Ecossais ont émigré hors du
Royaume-l'ni ; de 1858 à 1883, il en est parti 308,790.
Le mouvement tend à se développer; de 1853 à 1833, il
émigra 02,314 Ecossais; de 1856 à 18(10, 59,016; de
1861 à 1865, 62,461; de 1866 à 1870, 85,621; de
1871 à 1875, 93,055; de 1876 à 1880, 70,596; de
1881 à 1885, 133,527.
Le chiffre des naissances fut, dans la période 1861-71,
de 1,120,791; dans la période 1871-81, de 1,254,351.
Celui des décès fut, dans la période 1861-71, de 706,196;
dans la période de 1871-81, de 765,468 ; ce qui fait res-
sortir un excédent de 414,593 naissances sur les décès
de 1861 à 1871, et un excédent de 468,833 de 1871 à
1881. La proportion des célibataires était, pour le sexe
masculin, de 66,28 °/0 ; pour le sexe féminin, de 62,85 °/0 ;
celle des gens mariés, de 30,44 % pour les hommes,
28,90 °/0 pour les femmes; celle des veufs, de 3,28 "/o!
celle des veuves, de 8,19 °/0. La population se répartissait
comme suit d'après ses occupations :
Improductifs 2.128.589
Industriels 932.653
Agriculteurs. 269.537
Commerçants 132.126
Domestiques 176. 565
Professions libérales . . 96.103
On trouvera le complément de ces renseignements dans
l'article Grande-Bretagne, § Géographie économique.
Au point de vue de la langue et de l'ethnographie, on
distingue deux groupes fondamentaux : celui des Highlands
ou Hautes Terres et celui des Lowlands, plaines et col-
lines du S. et de l'E. La population des Highlands parle
encore en grande majorité le gaélique, dialecte celtique ;
celui-ci domine sur près de 40,000 kit. q. (Sutherland, Ross
et Cmmarty, Inverness, lies Hébrides, Argyll, partie
montagneuse du Perthshire), bien qu'il ne soit usité que
par 231,394 personnes. Ce chiffre montre combien est
faible la densité de la population dans les Highlands. La,
le gaélique est encore la langue ecclésiastique, mais il perd
sans cesse du terrain devant l'anglais. La population anglo-
phone dos Basses Terres est de sang très mélangé; sur le
fond celtique se sont superposés des Angles et des Scan-
dinaves. Le produit de ces croisements, l'Ecossais du Sud,
est un homme de taille moyenne, aux longues jambes, aux
pommettes accentuées, aux yeux clairs, intelligent, réfléchi
et persévérant, très attaché à sa patrie, plus sociable que
l'Anglais et d'abord plus agréable, niais assez méfiant et
très économe. Les Highlanders, Celtes à peu près purs, ont
perdu beaucoup de leur originalité, et l'on n'y reconnaîtrait
plus les héros des romans de Walter Scott. Ils n'ont plus
le régime patriarcal des clans, aboli au siècle dernier, ni le
costume national. Le caractère est resté le même, vaillant,
indépendant, hospitalier, loyal, fidèle à la parole donnée
et a ['attachement pour le chef de la tribu, mais très
superatitiem. Le costume classique ne m retrouve plus
guère : il comprenait une veste, un plaid nu tartan accro-
ché au-dessus de l'épaule gain lie et un bonnet. Le modèle
et les couleurs du plaid variaient selon les dl
régime patriarcal des clans l'onde sur la coutume tradi-
tionnelle fut attaqué au xvii» siècle et détruit au xvin".
L'attachement «les chefs des Highlanders a la cause
dis Stuarts amena leur ruine. Les progrès de la civili-
sation rendirent leurs pillages intolérables aux Lowlan-
ders, gens des Basses Terres, qui les pourchas
Cromwell désarma les clans et leur imposa une vie paci-
fique. Fortifies par la Restauration, ils furent attaqués après
l'insurrection de 1713 (V. ci-après le § Histoire). Leur
mécontentement se traduisit par l'insurrection de 1 T ;
qui décida leur ruine. On les désarma, on interdit le cos-
tume national, on supprima le régime patriarcal et l'auto-
rité des chefs héréditaires.
Divisions historiées. I>es divisions administratives ac-
tuelles de l'Ecosse, les trente-trois comtés, ne correspondent
qu'imparfaitement aux anciennes divisions historiques.
Nous indiquerons donc brièvement celles-ci telles qu'elles
étaient établies au xvie siècle, et nous y ajouterons un
tableau des anciens clans des Highlands*. La distinction
fondamentale était en Highlands et Lowlands, Hautes et
Basses Terres. Les Lowlands occupaient le S. et l'E. de
l'Ecosse; les Highlands, l'O. et le N. La séparation peut
être marquée par une ligne droite tirée à partir de l'es-
tuaire de la Clyde à l'O. de Dumbarton, et dirigée vers le
N.-E. jusqu'au voisinage des sources de l'Esk, coupant le
Forth près de Kippen (à l'O. de Stirling), le Teith. à l'E.
de Callander, l'Earn, vers Cri eff, leTay.prèsde Dunkeld,
prenant à l'O. de Blairgowrie et d'Àlvth. A partir des
monts Battack et Keen, cette ligne de démarcation s'incurve
vers le N., coupe la Dee vers Balmater, les sources du
Doveran, la Spey vers Charlestown, et vient aboutir sur
le golfe de Moray, à l'O. de l'embouchure de Eindhorn.
Ainsi, le N.-O. du comté actuel de Dumbarton, la moitié
occidentale de celui de Stirling, celui de Perth moins la
lande orientale, appartenaient aux Highlands ; la frontière
de celui d'Angus coïncide à peu près avec la ligne de démar-
cation indiquée; l'extrémité occidentale du comté d'Aber-
deen, la moitié septentrionale de ceux de Banff et d'Elgin
appartenaient aux Highlands, qui possédaient en entier les
territoires formant les comtes actuels de Bute, Argyll, In-
verness, Ross et Cromarty, Nairn et Sutherland ; celui de
Caithnessen était distingué. — Au xvie siècle, les divisions
n'étaient pas les mêmes, mais il y avait aussi une série de
comtés divisés entre les Highlands et les Lowlands : Lennox,
Menteith, Strathearn, Max, Moray.
Voici quelles étaient les provinces ou comtés de l'Ecosse
du xvi9 siècle, en commençant par le S. anglais. No -
indiquons la concordance avec les comtés actuels. Gallo-
way (Kirkcudbright est le Calloway oriental, Wigtown le
Oalloway occidental avec le château de Kenmure et de
Thrieve sur la Dee). — Ayr, comté actuel où l'on distin-
guait trois territoires, Carrick au S., Kyle au centre. Cun-
ningham au N. ; sur le littoral, les châteaux de Turnherry
et Dunure, en face l'Ile de Bute, les iles de Cumbray. —
Nithsdale, bassin de la Nilh, avec la ville de Dumfries et
le château de Druinlonrig; réuni à VAnncmdale, bassin
de l'Annan, il forme le comté actuel de Domines. — Tr-
viotdale, bassin du Teviot, comté actuel de Roxburgh ;
c'était cette région des Chcviots où la guerre de frontière,
le brigandage, étaient à l'état endémique ; outre les châteaux
d'Hermitage etdeCessford, signalons sur la Tweed L'abbaye
di' Melrose, l'abbaye de Dryborgh, le château de Roxborgn.
Au S.-O. du Teviotilale. le Ltddesdale, bassin du l.idde.
formait un canton à part. — Verte répond a notre comté
de Berwick, avec les cant occidental de Laudenlale et
septentrional de Lammermoor. — Iweeddole, bassin supé-
rieur de la Tweed, avec le château de Neidpath, correspond
- S03 -
ECOSSE
aux cointt's actuels de Peehlw Bl Sclkirck. le second ayant
absorbé l'Eltrieif Forest, les vallées de l'Ettrick et ilu
Yarrow, célèbres dans les fastes militaires de l'Ecosse. —
Clydcsdale, bassin de la Clyde, était une des régions les
pliiN importantes avec ses château de Douglas, Hamilton,
BothweU, la ville de Glasgow. C'est à peu près notre comté
de Lanarek. — Non moins important était le Lothian,
la plaine riveraine de l'estuaire du Forth, «ne la capitale
Edimbourg, les châteaux de Blackness, Niddry, Craig-
inillar. Borthvrick, Crichton, Carberry, Tantaflon, etc.
On v découpa trois comtes, oriental, central, occidental
(Haddiogton, Edimbourg, Linlithgow). — L'ancien comté
de Stirling ne comprenait que la partie orientale du comté
actuel (plus Linlithgovr) ; mais il s'étendait au N. du Forth
sur le canton qu'on en a détaché pour former le comté de
( l.-vkniainnan. — Le comte de Fin, entre Forth et Tay, a
joué on grand rôle dans l'histoire écossaise; on en a détaché
relui de Kinross. les villes principales étaient Ikinfermlino
et Saint \ndrows : citons aussi les châteaux de l.even, Falk-
land, Bambrieck. — I.e comté i'Angus est devenu celui
de Forfar avec sa ville de Dundee, sesi bateaux de Claver-
house, Airlie, kinnaird, etc. — Celui de )lcarns est devenu
Kincardine (château de Dunnottar). — Dans toute cette
région des Lowlands, les cadres ont peu varié; les comtés
actuels répondent a peu prés exactement aux anciens. Il
n'en est plus de même quand nous abordons les Highlands.
I e comté de I.rnnox, à cheval sur l'estuaire de la
Clyde, auquel il ajoutait le bassin du lac Lomond, a été
démembre entre les comtés de Hentrew. He Dumbarton
(qui a pris l'O. du lac Lomond) et de Stirling auquel on
a ajouté la bande entre ce lac et le Forth. Dans le l.en-
nox étaient les châteaux de Balglass. Buchanan, Duckrav. —
Le Wenteith s'étendait au N. du Forth , sur les rives
du loch Katrine et du Teith, avec les châteaux de Ichma-
home. Doune, Dunblane; c'est aujourd'hui la fraction
méridionale du comte de l'erth. — Celui-ci comprend en
outre les comtés de Strathearn, de Breadalbane, d'Athole,
sans parler des cant. de Rannorh, Glenshie, Stormont
f.owrie, etc. — Le Strathearn était le bassin de l'Earn avec
Urummond, l'erth et Scone. — Le comté de Breadalbane
appartenait entièrement aux lligblands; c'était le bassin
supérieur du Tay, avec les châteaux de Lawers, Finlarig,
Garth. — Le pays d'Athole, au N. de notre comté dé
l'erth, embrassait les régions du lac Rannoch et le bassin
moyen du Tay. Sauf Inverqueich, il appartenait aux High-
lands. — Le comte île Uttrr comprenait le bassin supé-
rieur de la Dee (dont le cours inférieur le limitait au S.)
et relui du Don (cant d'Alford) avec les châteaux d'In-
verev. Braemar, Balmoral, Kildrummy, Lesmore, Balquham.
Hallforesl et la ville d'Aberdeen; il a été absorbé par le
comté d'Aberdeen, lequel renferme en outre l'ancien comté
de Dm han avec les cant. de Garrioch (sur l'L'ry) et do
I "rmartin de long de l'Ythan). — Ce comté de Buchan
à la pointe N.-F. de l'Ecosse appartenait aux Lowlands,
a peu près en entier, avec les châteaux de Slains, Cairn-
hulg, htsligo, Findlater, Munllv. La moitié occidentale du
Dm han a formé le comté actuel de Banfl, lequel possède
en outre la vallée de l'A von, prise sur le pays de Marr.
— Le Mono/ allait du Spey au Glass, en embrassant les
ba-sins du Findhorn, du Nairn, du loch Ness. Sauf la bande
riveraine, qui a formé le comté d'Elgin, il appartenait aux
Highlands (comté de Nairn et N. de celui d'Inverness).
j peut signaler les districts de Aird, Stralhspey,
Sthratlidearn.Stratlinairn.Siratheuri k.l.lenurqhart.GIcn-
moriston, StrathJass, les château d'Urqhart, Boy, Crant,
Dunphail, la ville d'Inverness. — Au centre de l'Ecosse, aux
soin .es du Spey et autour du lac l.aggan, entre les pavs
d'Athole, Moray et Lochaber, était le aadenoch (S.-E. du
comte d'Inverness). — Le comté de Ross était un peu [dus
étendu au N.-O., un peu moins au S.-O. qu'il n'est actuel-
lement : on y distinguait les districts d'Ardross, Ardmea-
nach, Ferindonald, strathearron, Cairlorh, Lochbroom,etc.
— Le Sutherland actuel a absorbé l'ancien Sutherland
au S. et le Stratluiatyrn au N., avec les districts de la
rote occidentale, Assynt, EddracbiUes. — Le comté de
Caithness a garde ses limites historiques. — Sur la cùte
occidentale, ou la terre est déchiquetée par les Bords et
lochs, les des (Hébrides, Skye. etc.) étaient partagées
entre les clans; nous en parlerons tout à l'heure. La terre
tenue et les iles colières se partageaient, entre le Lochaber
au N., l'Argyll au S. — I.e Lochaber répond au S. du
comte d'Inverness, autour du Ben \e\is, avec les châteaux
d'Inverlochv, Ardgovver, etc.; on y peut rattacher les dis-
tricts de Knoidart, Arisaig, Moidart, Locheil, Ardgower,
Sunart, Ardnamuchan, Morvern; ces derniers ont été rat-
tachés au comté A'Argyll, lequel répond à l'ancien comté
avec ses districts de Lorn, Argyll, Knapdale, Corval, Can-
tyre (ou Kintire), et les iles avnisinantes. — Enlin, les
grandes iles méridionales de Bute (château de Rolhesay)
et A'Ârran ont toujours gardé leur autonomie.
H nous faut maintenant dire comment ces vallées, ces
pâturages et ces iles des Iliglands se partageaient entre les
seigneurs et les clans. Cette division historique ne répond
guère aux grands compartiments que nous venons d'indi-
quer, et naturellement les limites ont varié d'une période
à l'autre selon la puissance relative des clans; beaucoup
ont péri, d'autres se sont agrandis ou bien subdivisés. Le
tableau que nous en tracerons ne sera donc qu'approxima-
tivement exact, mémo pour le xvie siècle.
L'Ile d'Arran appartenait aux Hamilttm. L'Ile de Bute
aux Stewarts ou Stuarts, lesquels étaient également ré-
pandus à la lisière S. orientale des Higlands. — Dans le
Lennox, nous trouvons au S.-O. du lac Lomond les Gai-
braiths, au N. de ceux-ci les Cabjuhouns, puis les Mac-
farlartes; le long de la mer, contigus aux Galbraiths, les
Macaulaijs (vers Hellensburg). A l'E. du lac Lomond, les
Buchanans, au N. de ceux-ci les Mac-Gregors, entre les
lacs Lomond et Katrine. — Au N. du Forth et sur le lac
Katrine, dans le Menteith, étaient les puissants Grahams,
bornés au N. par le clan Lauivn Maclarrns. — Dans la
vallée supérieure de l'Earn (Strathearn) et sur le lacVoil,
nous retrouvons les Steivarts au milieu desquels s'enclave
le clan précédent. AuN.de l'Earn, dans le Strathearn, sont
les Murrays, puis le comte de Goivrie; sur le Tay moyen
et supérieur (Athole) encore les Stewarts dont les terri-
toires s'enchevêtrent avec ceux des Bobertsons et des Men-
zies. Le principal noyau du clan Donachy ou Bobertsons
borne le lac Hannoch; plus à l'O., entre les lacs Hannoch
et Ericht est le centre des Menzies. Au N. des Bobertsons
sont les terres des comtes d'Athole ou Atholl, sur le
Carrv, auprès le petit clan des Mackintoshes deClentilt;
sur FEricht les Macthomas et les Fergusons; au S., sur
la même rivière, les Spaldings. A l'E. de cette vallée,
confinant à FAngus, le lord Ogilvy d' Airlie. — A l'O. du
comté de Mar, sur la Dee supérieure, les Fart/uharsons
(Balmoral, Inverey) ; auN. de ceux-ci, aux sources du Don,
le comte de Hiintly. — Entre celui-ci et les Grants,
maîtres du bassin moyen du Spey, s'intercalent les ShaWS,
débris du clan Quhele, jadis redoutés. Aux sources du
Spey, sur le Findhorn sont les descendants du clan rival
de Chattan, les Murphersons et les Mackintoshes, les
premiers dans le Badenoch oriental, les autres au N. et au
centre du Moray. Les terres du comté de Murray confi-
nent à la haie de Moray et au Findhorn inférieur. A l'O.
du lac Ness, nous retrouvons les Grants, encadrés entre
les Frax-ers qui sont établis à l'E. du Glenmore, depuis le
lac Lochy jusqu'à Inverncss et dans le bassin du Beaulyet
du Farar. Sur le Glass sont les Chisholms. — Le comté
de Boss est occupé par la puissante tribu des Mackenzies.
A l'O. du nord de Cromarty, autour de Fowlis, sont les
Munroes. Entre ce fiord et celui de Dornoch, le clan An-
rias, ou de Boss. Sur l'autre rivage, près du loch Broom,
la tribu de Glengarry, également établie plus au S., sur le
loch Carron, en face de l'Ile de Skye. — Le Sutherland
appartient aux Murrays, au N. desquels nous trouvons, sur
l'L'llie, le clan Cnnn contigu au comté de Caithness.
ECOSSE
— 504 -
Dans le Stralhnaveni est le clan Morgan on dM Hackays.
— Nniis voici parvenus au clani insulaires, un moment
1res importants. La pins grande des Hébrides, l'Ile Lewis,
est occupée par les Maclëods, divisée en deux branches:
an N.les Maclëods de Lewis, au S.lesMacleods d'Harris;
ils se sont établis aussi mu la truc ferme : dans le district
d'Assynt; au loch Enanl; entre Les lochsEive etTorridon,
dans le Gairloch; enfin an pied du Ben Scrial, an N. ilu
loch llonrn. L'Ile de Raasay et celle de Saint-Rona ont
aux Maclëods (Macgilliechallum). L'O. de l'Ile de Skye est
aux mains des Uacleods d'Harris. — Les Rébridi
traies, North I ist et South l ist, appartiennent au clan
Donald; North l ist aux Donalds au .Von/; South I ist
aux Macdonalds. Les Donalds du Nord ont aussi la pres-
qu'île septentrionale de l'Ile de Skye et la partie S.-E. de
cette ile avec les iles Hum, Canna, Eigg et Muck; nous
avons dit que le troisième tronçon (occidental) de Skye
était aux Maclëods; le quatrième (N.-E., avec l'Ile Scalpa)
est aux Mackinnons. Sur la terre ferme, nous retrouvons
les Macdonalds. Le clan Ronald Macdonald s'étend depuis
la mer jusqu'au lac Oich, sur le Moidart (au N. du lac
Shiel), l'Arisaig, le Knoidart, le glen Garry. Au S. du lac
Shiel est le clan Maehian, ou des Macdonalds d'Ardna-
muchan et Sunart. Dans leBadenoch, sur le Spean, dans
le district de Lochaber, sont le clan Ronald de Lorliaber
et un peu au S. les Macdonalds de Keppoch, sur le lac
Treag, confinant aux Macphersons à l'E., aux Camerons à
l'O. et au S. Enfin une dernière tribu des Macdonalds
habite le long du loch Leven, au S. des damerons. Une
autre branche de cette grande tribu, le clan Donald du
Sud, possède l'île Islay, le S. de l'Ile Jura et la presqu'île
de Cantyre. Aux limites du Cantyre et du Knapdale est le
petit clan des Macallisters. — Les Hébrides méridionales
(Eriskay, Barra, Mingulay, etc.) appartiennent aux Mac-
neils. — La grande ile Mull avec les îles voisines (Tirée,
Coll, etc.) est au clan Gillean, ou des Macleans, auxquels
s'adjoignent les Macquaries (iles de Staffa, Ulna, etc.).
Les Macleans s'étendent entre les lochs Sunart et Linnlie
jusqu'au loch EU, sur les districts de Morvern et d'Ard-
gower. Ils ont encore le N. de l'ile de Jura et les petites
lies de Luing et Scarba. — Les iles Colonsay et Oronsay
sont habitées par le clan Duffy ou des Mac fies. Hevenus
à la terre ferme, le S. du Glenmore, le loch Eil et les
pentes du Ben Nevis jusqu'au loch Leven, sont le domaine
du clan Cameron. — Nous voici enfin parvenus au terri-
toire du plus puissant des clans écossais, celui de Campbell,
auquel appartiennent les comtes d'Argyll et qui a fini par
s'emparer de presque tous les comtés d'Argyll et de Brea-
dalbane en refoulant ou soumettant d'autres clans [dus
faibles. Ils s'étendent depuis le lac Tay jusqu'à la mer
(firth of Lorn) et de l'estuaire du Eorth au loch Linnhe.
Le centre de leur puissance est le loch Eyne sur lequel
est leur capitale Inverary. Les clans dépossédés par eux ou
refoulés sont: au S. du loch Linnhe lesStewartsd'Appin ;
au S. du loch Etive les Macdougals ; au N. d'Inverary les
Macnaughtan; au N. du lac Awe le clan Gregor ou des
Mac Grcgors qui, anciennement, s'étendaitdu lac Lomond
au loch Leven et au lac Laidon, mais fut dépossédé parles
Campbells de presque toutes ses terres, particulièrement du
district de Glenorehy. Maîtres des deux rives du lac Tay,
les Campbells confinent aux Stewarls, aux Robertsons, au
comté de Gowrie. Dans la vallée ou glen Docharl, qui aboutit
au lac Tay, se sont maintenus les Macnabs. A. -M. B.
Géographie économique (V. Grande-Bretagne).
Histoire. — La première période de l'histoire d'Ecosse
s'étend depuis l'expédition du Romain Âgricola dans le
nord de la Grande-Bretagne jusqu'à l'évacuation île l'île
par les Romains. Sur les temps antérieurs, on ne pos-
sède aucun document écrit ; l'anthropologie et l'archéo-
logie seules jettent sur la préhistoire de ces âges une
Lumière douteuse (cf. J. Anderson, ScoUand in pagan
limes, the Bronze and Stone Ages; Edimbourg, 1886,
in-8 ; W.-F. Skcne, Celtic ScoUand, 3 vol. in— 8). Qu'il
nous Milice île dire que, dans les iles écossaises et BÉflM
dans certains districts des lliglilands, ont persisté jusqu'à
nos jours des sociétés archaïques, de très anciens procédés
de culture et de partage du sol, qui sont, sans doute, des
vestiges d'une civilisation bien antérieure a l'ère chrétienne
(cf. '..-L. Gomme, The Village Cotnmunity; Londres,
1890, in-12, passim). Agricola est le premier Romain qui
ail franchi la Solway; deux routes, dont les traces sont
encore reconnaissflbles, sillonnèrent le paya conquis: l'une
part de Carliste, passe parDumfries et Lanark pour aboutir
au delà de la Clyde; L'autre paît de Bigfa Riechester en
Nortbumberiand, traverse le Lothian et aboutit au Forth,
a Cramond. lin 7(J, Agricola campa dans les comtés actuels
de Miiling et de L'ertli. Il lit construire une ligne de forts
entre le Eorth et la Clyde, remplacée sous Antonin le
Dieux par un mur continu, afin de défendre les Lowlands
romanisés contre les incursions des Calédoniens (c'était le
nom générique que les Romains donnaient aux sau\ages
habitants des Hautes Terres). En 84, la bataille dite des
Grampians, livrée par le chef calédonien Calgacus aux
environs de Blairgowrie, décida pour toujours que les
aigles ne dépasseraient point le cours du Tay.
Sous Adrien, trois légions furent chargées de défendre
un mur construit d'une mer à l'autre entre Ncwcastle et
Carlisle; c'est le fameux mur d'Adrien contre les Calédo-
niens, haut de \ G pieds, épais de G, protégé par une tranchée
de 34 pieds de large, long de 80 milles anglais. On a dit avec
raison que ce mur d'Adrien fut à la fois un symbole de la
grandeur de Rome et de la valeur des Bretons du Nord, que
Rome semblait ainsi renoncer a subjuguer jamais. Sous
Antonin le Pieux, le général Lollius Lrbicus reconquit tou-
tefois le district compris entre le mur d'Adrien et les forts
d'Agricola, qu'il relia, nous l'avons déjà dit, par un second
mur (Grahanis dyke). On ne sait pas exactement combien
de temps la contrée comprise entre les deux murs demeura
soumise aux empereurs ; on y a trouvé peu de monnaies
romaines postérieures au règne d'Antonin. Septime Sévère,
en 208, fit cependant un puissant effort pour entamer les
Highlands ; il répara les brèches pratiquées dans les murs
d'Adrien et d'Antonin et s'avança jusque sur la Dee, mais
il mourut à York en 2-1 1 , et l'entreprise de la conquête fut
abandonnée. Pendant cent ans, l'histoire est muette après
cela sur les barbares deCalédonie, géants à cheveux rouges,
dit Tacite, tatoués, armés de courtes épées et de boucliers
légers, au rapport des annalistes de Sévère. Au ive siècle,
apparaissent les noms de Pietés (30o) et de Scots (360,
dans Ammien Marcellin) ; la région enfermée entre les
deux murs fut recouvrée pour la dernière fois en 368 par
un général qui lui donna, en l'honneur de l'empereur ré-
gnant, le nom de Yalentia ; mais, avant 409, non seule-
ment la province intermédiaire était reperdue, mais les
garnisons romaines s'étaient repliées jusque sur le conti-
nent ; la Grande-Bretagne tout entière était derelicta a
Romanis, abandonnée par les légions.
Quelle était, à cette époque, la population de l'Ecosse?
Elle se composait de deux groupes : une population au-
tochtone, réduite à l'état de servage, d'une autre race
que les Aryens; au-dessus d'elle, à l'état d'aristocratie
guerrière, les conquérants celtes. Ceux-ci étaient divisés
eux-mêmes en plusieurs peuplades : Bretons ou Kymris,
au sud, apparentés étroitement aux Bretons de l'Angle-
terre, Pietés et Scots. Au VIe siècle, les Pietés, qui se
donnaient le nom de ('ruitbne, occupaient le nord et le
centre des Highlands; on a une chronique des Pietés,
en latin, du x'' siècle, qui donne de loueurs généalogies
royales; c'est a peu près tout ce que nous savons sur
ce peuple. Les Scots, à la même date, étaient établis à
ArgylJ et dans les des; ils étaient venus de l'ile d'Irlande
qui, jusqu'au xin" siècle, a porté le nom de ScoHa ma-
jor. Scots et Pietés d'Ecosse étaient, a cette époque,
beaucoup plus barbares que leurs frères d'Irlande et du
pays île Galles; ils ne nous ont point laisse, en effet,
de monuments juridiques comparables au Senchut Mor,
— SOS —
ECOSSE
lit» monuments annalistiques comparables aux 'Iriadcs gal-
loises (cf. W.-P. Skene, Chrokicles of thé Picts and
Seots and otherearly Wémorials of stottish histoiy;
Edimbourg, ISiiT, in-8). Le christianisme ae parvint
pas jusqu'à eu a\ant le 1* siècle ; suint Ninian, fils d'un
eue/ breton de Gallovray, fut le premier apôtre des Pietés ;
il èvangélisa les comtés modernes de Stirhng, Penh et
l'oit'.ii; il out pour successeurs Palladius, Kentigern, plus
connu sous le nom de Mungo. saint Patrick, Çolumban
. \. s noms). Çolumban, de naissance irlandaise, fonda,
à la fin du n* siècle, le fameux monastère d'Iona (HyJ et
acheva la conversion des Pietés ; parmi ses disciples,
Martiar créa l'église d'Aberdeen ; Cormac, l'apôtre îles
Oreades; Drostan, le premier abbédo monastère de Deer.
Os fondateurs apportèrent en Ecosse le christianisme sous
la forme nue cette religion avait reçue dans les premiers
pays eeltiques qui l'avaient adoptée, sous la forme monas-
tique : il ne semble pas qu'ils aient éprouvé de sérieuses
difficultés à extirper les superstitions antérieures (cf. Dun-
ean Keith, .1 Bistery of ScoUand, civil and ecclesias-
tical, from the ear&est times to the ieafh of David l. ;
Edimbourg, 1886, ul vol. in-8).
\prés la conversion au christianisme, l'événement le plus
important de l'histoire d'Ecosse est l'unification des diverses
peuplades sous le sceptre de henneth Mac Alpine. La période
de deux siècles pendant laquelle cette union fut préparée est
malheureusement très obscure. Les Angles de Northumber-
land s'établirent dans le l.othian, c'est là un fait certain et
capital. Mona, l'Ile sacrée des Celtes, devint l'Ile des Angles,
Anglesey. Les Celtes de Strathclyde et d'Ecosse furent
désormais séparés de leurs compatriotes du pays de C-alles
par l'interposition d'une province anglaise. Le roi germain
Kdwin étendit son royaume jusqu'au Forth et donna son
nom a la future capitale de l'Ecosse (Edwinsburgh, Edim-
bourg). Or. la région écossaise ainsi recouverte par les
Angfos de Northumberland fut le siège d'un très fécond
mélange des deux races. Les Celtes, déjà chrétiens, conver-
tirent les Angles (Y. Cithbert [SaintJ) et leur communi-
quèrent la science, alors fameuse, qui se transmettait dans
leurs monastères : Bède, Ca-dmon, Alcuin en ont bénéficié.
D'autre part, le Lothian anglicisé fut le centre d'où la
langue et la civilisation teuloniques ont rayonné plus tard
dans l'Ecosse celtique. Notons ici une importante différence
entre l'Angleterre et l'Ecosse : en Angleterre, l'élément
germanique a supprimé l'élément celtique ; en Ecosse, il
se l'e-t assimilé. — Hors du Lothian anglicisé, les Pietés
furent les premiers à former, par le groupement successif
is. un grand royaume. Leur roi, Angus Mac Fergus
(731-761), exerça une suprématie effective sur plus de la
moitié de L'Ecosse actuelle. On ignore comment cette domi-
nation fut renversée ; mais, au milieu du ixe siècle, un
certain Kenneth Mac Alpine, roi des ScotS, gouvernait à la
fois bs Pietés et les Seots, soit que les premiers aient été
subjugués par les seconds, soit, ce qui est plus probable,
3ue Kenneth fut à la fois l'héritier des lignées royales des
eux peuples. Il n'y eut plus dès lors qu'un royaume
(royaume de Scone, Albania, Scotia) au N. de la ligne
du Forth et de la Clyde. Deux circonstances avaient cer-
tainement contribué à rendre facile cette fusion des prin-
cipautés primitives en une seule : 1° le triomphe de la
liturgie romaine sur l'ancienne liturgie de l'Eglise celtique,
sation du pays en diocèses, l'introduction de la hié-
rarchie toute monarchique de l'Eglise romaine ; *2° les
invasions des Normands, qui firent sentir le besoin de
l'union; les pirates norvégiens ne s'en établirent pas moins
solidement, du reste, dans les Hébrides, dans les Shetlands,
à Cailhness, a Sutherland et dan> l'ancien royaume des
Angles de Northumbrie. Kenneth Mac Alpine régna seize
I J-XiiO) et ne cessa pas de guerroyer dans toutes
les directions ; il combattit les Danois (qui s'avancèrent
cependant jusqu'à Dunkeld) ; les Bretons du district de
Strathclyde (qui brûlèrent Dunblane); les gens du Lothian,
chez qui il ne fit pas moins de six invasions. L'œuvre
de ses descendants lut justement de continuer toutes ces
guerres, d'annexer le Lothian, d'annexer le district celtique
de Strathclyde, de réduire les clans encore indépendants
de l'extrême Nord : Angus, Mearns, Moray ; de rejeter les
Danois à la mer et de constituer ainsi une Ecosse unie et
libre. Les rois seots de la dynastie de Kenneth, qui se sont
succédé, non de père en fils, mais suivant l'ordre établi
parla coutume celtique appelée tanistry (V. ce mot) furent,
au ix1' siècle, Donald I", Constantin I" , Grig, Donald II
(V. ces noms). Donald II fut remplacé par le plus grand
prince de cette lignée, Constantin II, qui régna quarante
ans ('J00-9UI) ; Constantin ne put, toutefois, que se tenir
sur la défensive : les Danois étaient encore trop forts et
les Saxons de Wessex, sous Edouard l'Ancien, étaient au
plus beau moment de leur expansion; mais son fils Indulf
chassa les Northumbriens d'Edimbourg; Malcolm 11 (1005-
1034) gagna la bataille de Carham (1018), qui dévolut
pour toujours le Lothian à l'Ecosse. A sa mort, le royaume
de Scone comprenait, outre les districts primitifs des Pietés
et des Seots, Angus et Mearns, Fife, Aberdeen, le Lothian.
A Malcolm II succéda son petit-fils, Duncan (1034-1040),
et c'est ici que se place la fameuse légende de Macbeth,
immortalisée par Shakespeare, d'après Holinshed. Macbeth
(V. ce nom) était fils d'un chef de Moray qui, par sa femme
Gruoch, avait des prétentions à la couronne ; il assassina
Duncan, qui, par son mariage avec la fille du Danois Nor-
thumbrien Siward, avait manifesté des tendances à l'alliance
de l'Ecosse celtique avec les races germaniques du Sud.
Macbeth, représentant du celtisme intransigeant, régna
seize ans, jusqu'en 1037, non sans habileté ni vigueur;
il succomba cependant à la bataille de Lumphanan in Mar,
gagnée par le jeune Malcolm, fils de Duncan, et Tostig,
son allié, comte saxon de Northumberland.
L'avènement de Malcolm III Canmore marque une ère
toute nouvelle dans les destinées du royaume. La période
préparatoire, qui s'achève à la mort de Macbeth, avait été,
en somme, très utile; pendant deux siècles, les Ecossais
s'étaient montrés capables de vivre unis et de se défendre,
ce que les Irlandais, par exemple, n'ont jamais su faire. Mais
il y avait encore beaucoup de progrès à accomplir ; il n'y
avait pas de lois écrites, pas d'institutions régulières, pas
de commerce, pas d'industrie, pas même de monnaie.
L'existence du royaume de Scone reposait tout entière sur
la fidélité personnelle des chefs de clan au roi, leur suze-
rain. Dans la période qui va s'ouvrir, les Anglo-Saxons du
Lothian et les Normands donneront aux Ecossais ce qui
leur manque encore ; ils introduiront en Ecosse le régime
féodal, la culture occidentale, et certaines qualités viriles
que le Celte pur possède rarement. « Le royaume celtique
d'Ecosse se civilisa, à partir de Malcolm III, sous des
influences normandes et saxonnes, sans rien perdre de sa
vigueur native. » La prospérité de l'Ecosse indépendante,
au xuc et au xin" siècle, fut la conséquence de cette, heu-
reuse évolution. — Malcolm Canmore (1 0.18-1 0'J3) avait
été élevé à la cour d'Edouard le Confesseur, roi des Anglo-
Saxons, cour entièrement soumise à l'influence des Nor-
mands de Neustrie. Malcolm n'y reçut point une éducation
anglo-saxonne, mais bien une éducation anglo-normande,
fait capital, car il eut pour conséquence de faire passer
l'Ecosse du xie et du xh° siècle, sans transition, de la civi-
lisation celtique à la civilisation du continent. Les institu-
tions proprement saxonnes n'ont eu aucune fortune chez
les Seots, qui n'imitèrent leurs voisins d'Angleterre que
lorsque ceux-ci eurent été normannisés. Cependant, Malcolm,
après la complète de Guillaume le lîâtard, accueillit dans
ses Etats l'atheling saxon Edgar, petit-fils d'Edmond Côte
de Fer, et, quand les Normands eurent atteint le Northum-
berland, il engagea contre eux une lutte inégale; il fut
contraint de prêter hommage à Guillaume le Conquérant
et a Guillaume le Roux. A sa mort, en lOîKî, le royaume
était borné au S. par la Tweed, les Cheviots et la Solway ;
mais les borders étaient l'objet de revendications contra-
dictoires : les rois normands d'Angleterre avaient des
ECOSSE
— 50fi -
prétentions sur le l.othian, comme héritiers ta i\
l'ancien royaume de Northumbrie ; lee rois d'Ecosse récla-
maient, en revanche, le Cnmberland anglais en t'appuyanl
sur îles conventions <lu temps d'Edgar. La femme de Mal-
rnlm, Marguerite, fille de l'alhelingJEdooard el d'une prin-
oesse de Hongrie, contribua beaucoup, bu u' siècle, ;i
Bdoocir les mœnn rudes des montagnards ilu Nord ; elle
restaura, mec l'aide de l'archevêque de Canterbury, Lan-
franc, la liturgie romaine en Ecosse, el fonda des établisse-
ments sharitablei ; surtout elle donna aui sujets de Mal-
colm l'idée et le modèle de la sainteté féminine.
Le vieil esprit celtique ne pouvait pas, néanmoins, dis-
paraître sans quelques protestations violentes. Les Celtes,
attachés aux anciennes coutumes, choisirent pour roi,8oivani
la coutume traditionnelle de la tanistry, non le lils, mais le
frère de Malcolm, Donald Bain. L'héritier légitime (légitime
au point de vue du droit normand), Edgar, fils de Malcolm
et de Marguerite, ne fut installé sur le trône qu'après une
guerre acharnée et grâce à l'appui d'une armée normanno-
saxonne. H fut, ainsi que son frère Alexandre 1er (1107-
•11:24), un partisan résolu de l'alliance et de la culture
anglo-normandes ; il avait épousé une fille naturelle de
Henri 1er Beau-Clerc. A l'exemple de son père, il appela
des ecclésiastiques de Canterbury et de Durham pour réor-
ganiser les cadres de l'Eglise celtique; on trouve pour la
première fois, à sa cour, un connétable, un chancelier, un
sheriff d'Ecosse, des comtes, des germes d'institutions et
d'étiquette féodales. David I<r (4124-1153), élevé à la
cour de Henri Ier, fut, dit-on, encore mieux « dégagé de la
rouille de la barbarie écossaise » ; il épousa une Saxonne,
héritière du comté de Huntingdon, veuve d'un comte nor-
mand de Northampton, et Ventoura de Normands ; il
administra même le comté de Northampton pendant la
minorité de son beau-fils, et entra, à ce titre, dans d'intimes
relations féodales avec le roi normand d'Angleterre. Cela
n'empêcha pas, du reste, David de maintenir, comme son
frère Alexandre, l'indépendance des évêchés écossais à
l'égard des sièges métropolitains d'York et de Canterbury.
Mais, comme baron anglais, il s'immisça dans les affaires
intérieures de l'Angleterre, prit le parti de sa nièce Mathilde
contre Etienne, après la mort de Henri Ier. Sa cour fut
entièrement modelée sur celle du royaume voisin ; il eut
un justiciarius ; il institua des juges itinérants ; ses chartes
sont rédigées dans le style des actes émanés de la chan-
cellerie anglaise ; il distribua force terres du domaine
royal sous réserve de charges féodales, et il confirma des
concessions analogues consenties par plusieurs do ses sujets.
Il fit des édits fiscaux et de procédure criminelle « avec
le conseil des grands du royaume », à l'exemple de ce qui
se passait à Londres ou à Winchester. L'Ecosse devint
même, sous le règne de David, un Etat féodal plus
régulièrement féodal que l'Angleterre elle-même, car, en
Angleterre, le droit normand eut à compter avec la per-
sistance des coutumes saxonnes, qui ont laissé des traces
si profondes dans la common law ; en Ecosse, il fut
adopté intégralement; la seule législation qui ait influé sur
la common law écossaise, en dehors du droit féodal nor-
mand, n'est pas d'origine celtique ; c'est le droit romain à
travers le droit canonique.
Malcolm IV, fils de David (1154-1165), continua la
politique paternelle ; il suivit même Henri II Plantagenet
dans l'une de ses expéditions contre Toulouse et lui céda
le Cumberland ; c'était aller loin dans la voie de la défé-
rence; on estima, en Ecosse, que c'était aller trop loin,
et quelques soulèvements l'indiquèrent, mais les insurgés
furent vaincus ; le pays de Moray (ou Murray), entière-
ment soumis, fut partagé par Malcolm entre des colons
normands et flamands ; ainsi fut éteint le dernier foyer
du (eltisme (H 60). Guillaume le Lion (1165-1214)
servit d'abord dans les armées de Henri 11 contre la
Erance, en qualité de comte do Huntingdon, comme avait
fait son prédécesseur ; mais, n'ayant pu obtenir la resti-
tution du Cumberland qui lui avait été promise, il entama
ta négociations avec Ixmis Vil de France. Ces m
lions son) la première manifestation authentique di
alliance franco-écossaise qui, cimentée par mie h«n« com-
mune de l'Angleterre, a été si solide pendant près de m
cents années. Dès lors, l'Ecosse s'émancipa de la tutelle
anglo-normande; c'est en France que les Ecossais iront
chercher désormais la science et la civilisation; i
l ranee qui sera leur initiatrice el leur suzeraine intellec-
tuelle. Lei rapport8 de Guillaume le Lion et de Louis Ml
restèrent toutefois Btériles. Au cours de la rébellion du
jeune Henri contre son pire Henri II, Guillaume le Lion,
oui avait pris le parti du rebelle, fut fait prisonnier à
Alnwick par Kanuif de Glanville, et interné a lai.:
Normandie. Le désastreux traité de Falaise rendit la liberté
a Guillaume, mais à condition de prêter hommage à la
couronne d'Angleterre pour l'Ecosse et de reBODCer à l'in-
dépendance de ['Eglise écossaise a l'égard du siège d'York.
Les quatre villes du Lotliian, Edimbourg, Stirling, Bar»
wick, Roxburgh, furent livrées comme garantie aux Anglo-
Normands. Heureusement pour Guillaume, ce traité ne
resta pas longtemps en vigueur; Henri 11, vieilli, n'eut
pas la force de veiller à ce qu'il fût rigoureusement exé-
cuté ; le clergé écossais put refuser impunément de payer
la dime saladine, et, à son avènement (1189), Richard
Cour de Lion consentit, moyennant une somme de
10,000 marcs, à abroger les conventions de Falaise. Guil-
laume employa la seconde partie de son règne à l'adminis-
tration pacifique du royaume ; il fut grand protecteur des
villes, auxquelles il donna des chartes, qui lui fournirent
des subsides et acquirent par là certains droits (lesquels se
transformèrent plus tard en droits parlementaires) à se
mêler des affaires publiques. Presque toutes les chartes
municipales d'Ecosse datent de Guillaume le Lion; citons:
Perth, Aberdeen, Inverness, Dumfries, Lanark, Irvine,
Ayr, Forfar, Dundee, Arbroath , Montrose, Kintore,
Banff, Cullen, Nairn (cf. Ch. Gross, The GUd V -
chant; Oxford, 1890, in-8, t. I, appendice D). Mêmes
tendances sous Alexandre II (1214-1219). Alexandre II
fut un prince populaire, nullement imbu d'idées autocra-
tiques ; il s'allia aux barons anglais pour arracher au roi
Jean la grande charte ; son nom figure parmi ceux des
signataires de ce document. Alexandre chercha contre Jean
un appui dans l'alliance française : il prêta hommage à
Louis, fils de Philippe-Auguste, à Douvres, lorsque celui-
ci envahit l'Angleterre (1210). La paix faite avec Henri 111,
il s'employa à combattre les dernières convulsions des
Celtes et des Scandinaves des districts septentrionaux et
occidentaux, et il épousa Marie de Couci, fille d'une noble
maison française. Le fils né de ce mariage. Alexandre III
(1249-1285), hérita, à l'Age de huit ans, d'un royaume
florissant et paisible, entièrement féodalisé, qui pouvait,
au dire de Mathieu de Paris, mettre sur pied dix mille che-
vaux et cent mille fantassins. 11 fut le dernier de la lignée
des rois féodaux de l'Ecosse, dont Malcolm Canmore avait
été le premier. Il mit le comble aux services rendus par
celle dynastie au pays en réduisant les Hébrides et File de
Man, forteresses jusque-là inexpugnables des descendants
des Scandinaves du ix° siècle. De quelle popularité les
noms des deux Alexandre du xin' siècle ont joui de leur
temps (et surtout dans l'Ecosse des âges suivants), oti
l'imaginera aisément en comparant leurs règnes heureux
et tranquilles aux trois siècles de guerres incessantes, et
souvent malheureuses, qui ont suivi. Jamais l'Ecosse ne
fut plus riche, plus unie, aussi indépendante. Des querelles
de succession, qui donnèrent aux rois d'Angleterre l'occa-
sion de poser leur candidature au gouvernement de l'I
mirent lin, à la mort d'Alexandre 111. a cet âge d'or. La
« guerre de l'indépendance» commença avec les tentatives
d'Edouard Ier d'Angleterre pour hure suhir à l'Ecosse le
sort des principautés galloises, et ne s'acheva qu'à l'avène-
ment de la maison de Stuart.
Alexandre 111 avait vu mourir l'un après l'autre tous
ses héritiers mâles ; le Parlement écossais de 1284 re-
— 507 -
ECOSSE
connut, comme la future reine, Marguerite, sa petite-tille,
née du mariage de sa fille unique avec Brie de Norvège.
Mais la Norvégienne [the Maki of Norway)mwraU et la
question de sa succession lui posée. Treize prétendante se
trouvèrent en présence. Edouard lr d'Angleterre fut
choisi ivmme arbitre ; niais il n'accepta de départager les
rivaux qu'à la condition d'être reconnu tout d'abord comme
suzerain du royaume : entre Bruce et Baliol, les deux
seuls prétendants sérieux. Edouard (17 boy. 1892) choisit
Baliol, petit-fils d'une tille a'nee de David [«, choix très
défendable au point de vue du droit féodal. Ce qui était
moins défendable, celait la prétention d'Edouard à la suze-
raineté sur PEeoase : il s'appuyait sur l'histoire d'Edouard
l'Ancien, de ('.mit. sur le traité de Falaise, consenti par
Guillaume le lion : il oubliait le traité par lequel Richard
Cœur de LJOO avait annule la convention de falaise, et le
refus des deux Alexandre de revenir sur cette annulation.
Les conséquences du droit de suzeraineté consenti par Ba-
hol m tardèrent pas à se dessiner. Sur un appel frivole du
tils du comte de l'il'e. l'.aliol lut cité à comparaître à
Londres, comme justiciable : les procès entre Ecossais
furent portés devant et tranchés par la cour du roi d'Angle-
terre en dernier ressort. I.à-dessus, les barons écossais mirent
lîaliol, trop faible, en tutelle, et envahirent les comtés anglais
du Nord, d'accord avec le roi de France (mars 1290). Mais
ils n'étaient pas en état de résister à Edouard : dès la pre-
mière campagne, celui-ci prit Roxburgh, Yedburgh, Edim-
bourg, Stirling, l'erth. Scène, villes ouvertes, et il trans-
porta a Westminster la pierre sacrée de Scone, sur laquelle
les chefs celtiques étaient couronnés à leur avènement.
lîaliol abdiqua. Edouard reçut et fit consigner sur les
Raijman llolls les hommages des nobles et des évêques
-ais. Il appointa un gardien, un trésorier et un justi-
cier d'Ecosse. Il fit fortifier Berwick, la capitale commer-
ciale de l'Ecosse, désormais place anglaise, clef des
Lothians. Il semblait donc que c'en fut fait quand parut le
libérateur populaire : Wallace (Y. ce nom). Wallace était
le fils cadet d'un gentilhomme des environs de Paisley :
pour venger le meurtre de sa femme, il tua le sheriff d'Àyr
et brûla Lanark, au début de l'année 1297. A la tête de
bandes de paysans (car les nobles, à quelques rares excep-
tions près, refusèrent de se joindre à cette jacquerie), il
Îoa la célèbre bataille du pont de Stirling (H sept.),
a première qui ait été gagnée par des rustres sur une
armée féodale régulièrement équipée. Wallace fit tout ce
Îu'il put pour utiliser ce succès : il écrivit à l'étranger ;
récompensa ses partisans par des charges ; il entra en
\nJeterre jusqu'à llexham. Mais Edouard, inquiet à juste
titre, se hâta de revenir en Flandre avec des troupes for-
midables, et la bataille de Falkuk (22 juil. 1298) annula
l'effet de celle de Stirling. La résistance continua néan-
moins, désespérée, malgré les exhortations à la soumission
que Boniface VIII envoya en 1302, aux « rebelles » écos-
sais. Cependant, après la prise de Caerlaverock (1300) et
de Stirling (54 janv. 1304), après que Wallace eût été
livré et exécuté à Londres (23 août 1303), la cause natio-
nale parut plus compromise que jamais. Edouard, avec le
concours de dix représentants élus de l'Ecosse, rédigea
une Oniinatio pro stabilitatr terre Scotie, analogue
aux règlements déjà promulgués par lui pour l'Irlande et
le pays de Galles. Sa politique « impériale » triomphait. II
nomma en Ecosse des fonctionnaires anglais pour admi-
nistrer la justice suivant les lois locales, sauf recours au
roi à Westminster. L'ordonnance de 1305 n'est point,
comme on l'a dit. un monument de tyrannie ; c'est un code
. libéral et évidemment composé avec l'intention de
gagner le peuple conquis (cf. Document» illustrativc of
thr history oj Sâotland from thr death of the King
Alex. III. tothe accession ofR. Bruce, p.p. J.Stevenson,
Londres, 1870, 2 vol. in-8). _ H n'atteignit pas toutefois
le but, parce que le but ne pouvait pas être atteint. Le
patriotisme écossais, surexcité par la lutte, était trop incoer-
cible. Edouard lpf n'était pas encore mort que son œuvre
était compromise, et qu'un émule do Wallace s'élevait en
Robert Bruce. Bruce, d'une très noble famille, alliée à la
maison royale, s'était tenu à l'écart du mouvement dirigé
par Wallace, el avait môme rendu des services aux Anglais,
lors du siège de Stirling (1303). Mais, en 1305, il se tourna
ouvertement contre ses allies de la veille et lit revivre les
prétentions à la couronne qu'il avait jadis présentées sans
SUCCèa eu regard de celles de l'.aliol. Le 10 févr. 1300,
il tua dans l'église des Frères mineurs de Duml'ries, Jean
le Ronge Comyn de Badenoch, neveu de Baliol (de la
grande famille anglophile des Comyn, très probablement
originaire do Commines en Flandre). Cet éclat marqua le
commencement des hostilités, d'autant que. Bruce so fit
aussitôt après couronner à Scone par l'évèquo de Saint-
Andrews. Battu d'abord, le roi national so réfugia dans
l'ile de Bathlin, sur les eûtes d'Irlande; mais toute l'Ecosse
était pour lui. Edouard Ior fit un suprême effort pour
écraser le nouveau Wallace ; en vain ; il mourut lui-
même, en campagne, le 7 juin 1307, et sa mort changea
la face des choses. Bruce sut pousser si] bien ses avan-
tages qu'à la fin de 1313, deux villes seulement en Ecosso
étaient encore au pouvoir des Anglais : Berwick et Stirling.
Le mémorable combat de Bannockburn (24 juil. 1314)
décida enfin que l'Ecosse serait libre. Bruce régna encore
heureusement quinze années après Bannockburn, assez
longtemps pour conclure avec Edouard II le traité de Nor-
thampton (avr. 1328) aux termes duquel l'Ecosse, « telle
qu'elle était au temps d'Alexandre IV, demeurerait perpé-
tuellement à Bruce et à ses descendants, libre de toute
subjection, vassalité ou servitude vis à-vis de la couronne
d'Angleterre ». Ce fut un prince militaire, bon justicier,
actif, libéral, pieux ; il est resté le héros légendaire de sa
nation. — Son fils, David II (1329-1370), ne lui ressem-
blait pas, et son long règne revit des malheurs presque
égaux à ceux qui avaient frappé le pays à la fin du
xme siècle. Edouard III suscita et appuya la candidature
d'un nouveau Baliol, chef de la noblesse anglophile, et
l'issue du combat de llalidon Ilill (20 juil. 1333) força
Bruce à se réfugier en France, où il resta sept ans. Pen-
dant ce temps, les épigones de Wallace et de Robert Bruce
maintinrent vaillamment la cause écossaise : Moray of
Bothvvell, Douglas of Liddesdale, sir Alexandre Ramsay of
Dalhousie, etc. David ne revint du reste que pour se faire
battre et prendre à Neville's Cross (17 oct. 1340). Sa
captivité dura onze ans ; il ne fut libéré que par le traité
de Berwick (3 oct. 1357), moyennant une énorme rançon.
Mais il avait trouvé le séjour de la cour d'Angleterre fort
agréable ; comme le roi Jean de France, son compagnon
de captivité à Londres, il avait pris la passion des amuse-
ments de Londres au point que, libre, il y retourna tous
les ans ; comme Baliol, il aurait volontiers abandonné son
royaume à FMouard III en échange d'une ignominieuse pen-
sion. Mais les barons écossais ne souffrirent pas cette
honte ; ils refusèrent de reconnaître l'héritier anglais
(Lionel de Clarence) que David désignait à leur choix. Ils
profitèrent même de la faiblesse du roi pour lui arracher
des garanties constitutionnelles et limiter la monarchie. Lo
Parlement écossais de 1307 imposa à David II une espèce
de grande charte, analogue à celle de Runnymede, qui
plaça la loi au-dessus de la volonté royale. David, quoiqu'il
eût épousé plusieurs de ses maitresses, mourut sans enfants
(21 févr. 1370), et la couronne passa au premier des
Stuarts, Robert, petit-fils de Bruce par sa fille Marjory.
La période de l'histoire d'Ecosse qui s'étend de l'avène-
ment des Stuarts à la Réforme est médiocrement intéres-
sante. Les relations avec la France, la diffusion obscure des
doctrines de Wicleff et de iluss dans ce pays d'hommes
pauvres et graves, enfin des tragédies de palais, en com-
posent la trame. Bobert II (1370-90) fut un roi maladif et
paresseux, qui ne fit rien. Sous Robert III (1390-1406),
les premiers grands écrivains de l'Ecosse chantèrent les
exploits de l'âge de Bruce: Barbour, Fordun, Wyntoun ;
mais Robert III lui-même, brave homme et cœur faible,
masse
- BOK -
vécut sur lu gloire de ses ancêtres. Sou règne lut désolé par
des guerres privées, notamment entre les dans sauvages
des Highlands. Un frère cadet du roi, Alexandre, surnommé
li' Loup de Badenoch, brûla impunément la cathédrale
d'Elgin ; un fils bâtard de cet aventurier épousa malgré
elle la comtesse de Mar. Le fils aîné du roi, duc de Rothe-
say, mourut de faim dans la prison où on l'avait enfermé
à cause de ses débauches; on accusa le ducd'Albany, sou
oncle, de l'avoir assassiné. Robert, effrayé, pour soustraire
son second lils Jacques (James) au même sort, l'envoya en
France, mais le vaisseau qui le transportait fut capturé en
mer par les Anglais, et l'héritier du trône d'Ecosse resta
prisonnier en Angleterre pendant dix-neuf ans. Jacques I''r,
quoique captif, fut néanmoins proclamé à la mort de son
père (140(>), mais la régence fut confiée ù Âlbany, qui pré-
para les voies à son ambition par un gouvernement pater-
nel et par une pluie de faveurs répandue sur des grands
seigneurs tels que les Douglas (d'origine flamande comme
les Comyn), les comtes de Mardi et de Mar. Sa régence ne
fut marquée par aucun événement ; à peine peut-on citer
le supplice, à Perth, en 1407, d'un prêtre anglais, James
Resby, disciple de Wideff, le premier martyr pour la foi en
Ecosse ; et les victoires remportées sur le continent par
les régiments écossais an service du roi de France : les
Douglas, les liuchan (connétable de France), les Wigtown
s'illustrèrent aux combats de Verneuil, de Crevant et de
Beaugé. Albany étant mort en 1419, sans autres héritiers
qu'un fils et des petits-fils incapables, on s'arrangea enfin
pour faire revenir Jacques Ier d'exil. Celui-ci fut couronné
à Scone le 21 mai 1423. C'était un homme. Son esprit
était très cultivé ; il était poète, mais c'était en même
temps un excellent soldat et un politique décidé. Il comprit
fort bien que le mal dont souffrait l'Ecosse depuis la mort
de Bruce, c'était, en l'absence d'un gouvernement fort,
l'anarchie aristocratique. Il résolut, avec l'aide du clergé
et du peuple, d'y porter remède. Ses premiers actes furent
décisifs : il interdit les guerres privées, fit dresser la liste
des biens de la couronne qui avaient été indûment aliénés,
admit dans son conseil privé des gens de médiocre nais-
sance, à l'exclusion des grands seigneurs, fit juger et dé-
capiter les descendants d'Albany. Il put oser ces actes
hardis parce qu'il était sûr de l'appui du peuple, du clergé
et des puissances du continent. Le dauphin de France était
fiancé à sa fille Marguerite. Il entretenait d'excellentes re-
lations avec les villes flamandes, avec la Norvège, avec le
pape. Il avait fait brûler, dans son zèle pour l'orthodoxie,
un docteur bohémien, disciple de Jean Huss. En 1426, il
établit la « Session », tribunal royal pour les causes civiles,
destiné à distribuer aux sujets la justice exacte qu'ils trou-
vaient trop rarement dans les cours seigneuriales. 11 ne tint
pas moins de treize parlements en quatorze ans, désireux
de corroborer son autorité par celle de la nation assem-
blée ; car il ne combattait pas les libertés légitimes, mais
bien la licence des privilégiés. Il fit décider dans l'un de
ces parlements que les propriétaires ruraux et les bourgeois
seraient armés. Grâce à la popularité qu'il mérita de la
sorte, il fut le maître : le lord des îles et les autres chefs
de clan turbulents des Highlands se mirent à sa merci, à
la suite d'expéditions bien conduites : bien plus, il enleva
à plusieurs grands personnages des domaines qu'ils déte-
naient illégalement et réunit de la sorte au patrimoine
royal les comtés de Mardi, de Mar, de Strathearn. Cela
souleva naturellement bien des haines ; la confiscation de
Strathearn décida un seigneur, lésé par cette mesure, sir
Robert Graham, non pas à tenter la fortune d'une rébel-
lion, mais a tendre au roi un piège et ù le tuer. Jacques Ier
fut assassiné au monastère dominicain de Perth par Graham
et son clan, en févr. 1437. — Sun lils Jacques II (1 137—
1460) n'avait que six uns. C'a été la fatalité de la dynastie
des Stuarts que tous ses meilleurs princes sont morts
jeunes et que de désastreuses minorités ont compromis leur
œuvre. La minorité de Jacques II fut signalée par une
recrudescence de ces guerres privées, plaie des nations
celtiques : guerre entre les Douglas, le-, Crawfords, les
lioss, les Livingslones. Jacques II avait hérité < • p'-tidant
de l énergie paternelle, de sa sollicitude pour les paysans,
en faveur (lesquels il promulgua plusieurs statuts, <:■
hardiesse h réprimer les empiétements de la haute doMi
H n'a vécu que jusqu'à sa trentième année, ayant été tué
le 3 août 1 160 pur l'explosion accidentelle d'une pièce
d'artillerie ; pendant le court espace de temps ou il gou-
verna eu personne, il a luit cependant de grandi
il tuu de su propre muin le chef de lu puissante maison de
Douglas et partagea les fiefs immenses de cette maison entre
ses fidèles serviteurs, les ilumilton et les Bnccleuch, jusque-
là gentilshommes obscurs : VAct of annexation de I '»•>.'.
lui permit de multiplier les confiscations, et il en usa ; il
accueillit enfin les chefs delà Hosc rouge et prit avec leur
aide Roxhurgh, qui avait délié depuis un siècle les eflorts
de ses prédécesseurs. — Nouvelle minorité sous Jacques IL*
( 1 160-1 188). Les premières années en furent assez tran-
quilles, grâce à l'habileté de Kennedy, évèque de Saint—
Andrews, chef du gouvernement de la régence. Mais,
Kennedy disparu, on revit les factions se disputer, pour
l'accaparer, la personne du roi mineur. Le « justicier »
Robert Liovd de Kilmarnock, s'empara du jeune prince
(oct. 146G) et régna quelque temps sous son nom ; sa chute,
du reste, fut aussi rapide que l'avait été son élévation.
Jacques, marié avec une princesse de Norvège qui apporta
en dot à l'Ecosse les Orcades et les Shetlands, secoua le
joug et fit chasser, exécuter ou ruiner tous les membres
de la famille des Boyd, sous prétexte de trahison (1469).
Ce ne fut pas malheureusement pour suivre les exemples
de son père et de son aïeul. Tout au moins, comme il fut
moins heureux qu'eux, il passe généralement pour avoir
été moins habile. De même que son contemporain Louis \I
de France, il voulut gouverner par de petites gens, des
créatures à lui : un Cochrane qui, dit-on, avait été maçon ;
un musicien anglais nommé Roger; un astrologue nommé
Andrews. La fortune insolente de ses favoris exaspéra la
noblesse, qui avait des chefs naturels dans le duc d'Albany
et le comte de Mar, frères du roi, ornés de toutes sortes
de qualités chevaleresques. Les intrigues d'Albany en France
et en Angleterre troublèrent le règne d'un bout ù l'autre.
Les barons mêmes qui restèrent attachés au roi contre
Albany, lorsque celui-ci envahit l'Ecosse avec des secours
fournis par Edouard III, se mutinèrent (1483). et, à Lon-
dres, pendirent Cochrane sous les yeux de son maitre. En
1487, il y eut un soulèvement général de l'aristocratie ;
les Angus, les Argyll, les Hepburns en furent les L'aders
et conduisirent la campagne au nom de l'héritier présomptif,
le futur Jacques IV. Jacques III fut tué ù Sauchie, le
1 1 juin 1488, ù trente-cinq ans. On ne peut s'empêcher de
croire qu'il aurait pu mieux profiter, pour régner, des dis-
cordes de ses adversaires, des querelles intestines des clans,
des très sanglantes luttes des partisans iU'^ Deux Roses qui,
de son temps, épuisèrent l'Angleterre. Il était trop laible,
avec une nature féminine et des goûts maladifs d'artiste.
Son triste règne est comme une préfiguration de celui de
Marie Smart. — Jacques IV, âge de seize ans à la mort
de son père, réussit mieux dans le métier de roi : il mé-
nagea tout le monde et s'en trouva bien ; aussi libéral que
Jacques 111 était avare, aussi amoureux de la magnificence
chevaleresque que l'autre avait l'unie simple, et, pour ainsi
dire, bourgeoise, il séduisit. Sa cour fut brillante, luxueuse,
immorale. Henri VII, qui recherchait l'alliance do l'Ecosse,
contrairement à la politique ancienne des Plantagenets,
lui donna en mariage su fille Marguerite. Hais Jacques IV
vonlail une guerre, et une guérie anglaise, pour gagner
ses éperons. L'Ecosse, depuis le temps de Bruce, s'était
fait une belle flotte: sur terre, elle pouvait, disent les
chroniqueurs anglais, mettre aisément cent mille hommes
sur pied. L'occasion se présenta peu de temps après l'avè-
nement de Henri Vlll (1509). Henri V11I avait vu d'un
mauvais uil le mariage de sa sceur; il refusait toute satis-
faction pour les pillages commis par ses pirates au detri-
— 509 —
ECOSSE
mont an commerce écossais. Jacques renouvela la vieille
alliance avec la France el déclara la gnerre (11 août 1513)
dés que Henri Vlll fut arrivé à Thérouanne pour envahir la
France. La bataille de Flodden (9 sept) livrée, comme
eeUee de Créej et de Poitiers avec une témérité folle el
sans aucune précaution stratégique, fut le plus grave
désastre oui eût encore frappé les armes écossaises ;
doue mille Ecossais et parmi eux le Toi, son tils, l'arche-
vêque de Saint-Andrews, deux évoques, douze comtes, res-
terenl parmi les morts. — Jacques V, le nouveau roi
..). n'avait que dix-huit mois; et la Réformation
allait venir compliquer et envenimer encore le conflit, inèvi-
tahle pendanl une minorité, des ambitions et des haines.
La Renaissance et la Réforme remuaient l'Europe dans
fondeurs à l'époque où Jacques IV et Jacques V
régnaient en Ecosse. Ce royaume lointain, si pauvre qu'on
n'en exportait que des matières premières, poissons, four-
rures, laines, et que les vaisseaux français et néerlandais
devaient j apporter tous les produits manufacturés sans
exception (nous le savons par les livres d'un notable com-
merçant écossais, André llalvburton, établi à Middelbourg,
en Hollande, de 1 493 a 1503, qui nous ont été conservés),
n'échappa pas à la contagion. Elphinstone, évèque d'Aber-
deen, fonda sous Jacques IV une université dans sa ville
ipiscopale et y amena l'historien Hector Boèce. L'Ecossais
Buchanan s'imprégna à Paris de l'esprit de la réformation
qu'il rapporta dans son pays. Edimbourg eut de bonne
heure des imprimeries (\\ . Ctiepman, 1507). Toutefois, ce
n'est que sous Marie Stuart que les nouveautés se tirent
jour avec éclat. Le règne de Jacques V ressembla encore à
celui de ses prédécesseurs. D'abord une minorité orageuse,
des luttes atroces pour la régence, l'anarchie dans les
Highlands, la guerre civile en permanence entre une faction
française, forte dans les comtés de l'Est, dirigée par James
Beaton, archevêque de Glasgow et chancelier, Arran,
Lennox, Cassilis, et une faction anglaise, subventionnée
par Henri VIII, forte dans les comtés de l'Ouest, et dirigée
par Angns, Crawford, Glamis et la majorité des évèques.
Jacques V, à l'âge de dix-sept ans, échappa à la tyrannie
d'Angus et commença à gouverner par lui-même. On revit
alors ce que l'on avait déjà vu quatre fois : l'Ecosse, fati-
guée de troubles, se jette dans les bras d'un roi jeune, actif
et aimable. Jacques V fit des expéditions heureuses contre
les barons des bordas et des hautes terres : Argyll fut
emprisonné, Bothwell décapité ; on confisqua les biens du
comte de Crawford. La « court de session », cour de jus-
tice centrale pour tout le royaume, institution si chère aux
Stuarts, fut réorganisée a Edimbourg (15 mai 1532). A
l'extérieur, Jacques V, conseillé par le cardinal lleaton, le
« WoJsey i de l Ecosse, adhéra très étroitement à l'alliance
française, et. par contrecoup, au catholicisme (bien qu'il ait
été l'ami, le protecteur du fameux poète anticlérical sir David
Lindsay | V.ce nomj) : il épousa en 1537 Madeleine, fille de
François Ier, et, après la mort de celle-ci, Marie de (luise;
les barons catholiques du nord de l'Angleterre, persécutés
par Henri VIII, regardèrent vers lui comme vers un protec-
teur. Malheureusement, la désaffection de la noblesse était
venue avec les années. Jacques V se vit abandonné par ses
troupes féodales dans une expédition le long du border. Ce
qui lui resta de fidèles éprouva (-25 nov. 4î>42) une défaite
a .Solway Moss. Il en mourut de chagrin, accablé des malé-
diction^ des réformés, déjà nombreux dans le royaume. Sa
fille, qui venait de naitre. Marie Stuart, lui succéda.
On n'attend pas que nous traitions ici avec l'ampleur
qu'elle comporte l'histoire des vingt-cinq ans qu'a duré le
tragique de Marie; on la trouvera au mot Habib
Sti'akt. De brèves remarques sur le cours général des évé-
iiements suffiront « La couronne est entrée dans la maison
de Stuart par (in'- fille, avait dit Jacques V en apprenant la
d •• de sa fille Marie; elle en sortira par une fille. »
A peine le roi était-il mort que la main de Marie, encore
en nourrice, devint le point de mire de la diplomatie an-
glaise et de la diplomatie française. Henri VIII aurait voulu
fiancer l'héritière d'Ecosse à son fils Edouard VI, mais le
patriotisme écossais avait été trop violemment blessé à
Solway Moss : la reine régente et le cardinal Beaton firent
tout ce qui était en leur pouvoir pour réchauffer les ran-
cunes du temps ,1c la guerre de [indépendance; ils furent
ahlcs dans cette tâche par les cruautés que les Anglais com-
mirent, pour brusquer les choses, dans les villes et les
villages du Lothiau, ou les soldats iconoclastes du protec-
teur Somerset ilelriiisirenl les abbayes illustres de Ivclso,
de Jedburgh, de Melrose, de Dryburgh, de Roxburgh, du
Goldingham. Somerset fut vainqueur à l'inkie (1K sept.
1547) et détruisit Edimbourg. Tout espoir d'union entre
les deux royaumes héréditairement ennemis fut ainsi perdu.
Les excès du Protecteur déterminèrent même les Etals
d'Ecosse à consentir au mariage de Marie Stuart, qui fut
envoyée en France (151-8), avec le lits aine de Henri 11. L'al-
liance française parut à ce moment nécessaire à tous les
patriotes, tant catholiques que réformés. — Les semences
de réforme avaient en effet commencé à lèvera cette date.
Le prédicant Georges Wishart avait été brûlé comme cal-
viniste à Saint-Andrews ; quelques semaines après, le car-
dinal Beaton, défenseur de l'orthodoxie, avait été assassiné
par des vengeurs de Wishart, au nombre desquels était
Knox. L'archevêque Hamilton, successeur de Beaton, publia
en 1552 un catéchisme où le nom du pape n'est pas pro-
noncé et qui propose une sorte de transaction entre les
anciennes et les nouvelles doctrines ; il n'en fit pas moins
brûler un puritain fanatique, AdamWallace. L'Ecosse, entre
1550 et 1560, vacilla entre les deux confessions et fut le
théâtre de la plus active propagande : les réformés Harlaw,
Knox, Willock, refoulés dans leur pays natal quand l'avè-
nement de Marie Tudor les eût expulsés d'Angleterre, y
firent quantité de prosélytes, en dépit de l'habile et sage
régente, Marie de Cuise, et du mariage de la reine avec le
dauphin (i juil. 1558). Knox recruta des adhérents dans
toutes les classes de la société : marchands, ouvriers et
seigneurs. Les lords convertis à la réformation (entre autres
Argyll, Clencairn, Morton, Lomé, Erskine) formèrent dès
le mois de déc. 1557 une ligue pour défendre la « congré-
gation » de Christ. On les appela les Lords de la Congré-
gation. Leur ligue est la première en date des covenants
religieux en Ecosse. Mais l'archevêque Hamilton crut, sur
ces entrefaites, de son devoir de sévir; il fit prononcer
quelques bannissements et brûler à Saint-Andrews un prêtre
paroissial des environs de Montrose, Walter Myln, âgé de
quatre-vingt-deux ans (8 avr. 1558). Myln a été le dernier
martyr écossais du protestantisme. Des pétitions furent
incontinent présentées à la régente, au Parlement, pour
rendre légale la prédication en langue vulgaire et l'exercice
libre de la religion de Genève. Un sermon de Knox à
Perth, ville célèbre pour son zèle calviniste, qui enflamma
la population au point de lui faire saccager les églises
locales, mit le feu aux poudres. La régente, avec des
troupes françaises et catholiques, trouva entre elles et les
coupables les contingents des Lords de la Congrégation.
Elle entra, il est vrai, dans Perth, mais seulement avec
la permission de ceux-ci, et dut bientôt se replier vers
Dunbar, abandonnant aux covenanters Stirling, Linlith-
gow, Edimbourg. Elle ne cessait de réclamer des secours
de France tandis que ses adversaires, réconciliés avec l'idée
d'une union avec l'Angleterre, depuis que la protestante
Elisabeth y était reine, faisaient appel à leurs coreligion-
naires anglais. L'intérêt d'Elisabeth était évidemment d'ap-
puyer les calvinistes d'Ecosse ; elle hésita cependant:
Knox, en effet, l'avait personnellement offensée; l'Eglise
anglicane, si docile, ne l'avait pas habituée, tant s'en faut,
à la raideur du puritanisme écossais, qui la choquait et qui
lui faisait peur; ajoutez que le jeune comte d'Arran, pro-
testant, héritier présomptif du trône après Marie Stuart,
désigné par les Covenanters pour épouser Elisabeth, lui
déplut. Peut-être, avec delà prudence, Marie et François II
auraient-ils pu fortifier ces répugnances au profit de leur
cause ; mais, au contraire, ils multiplièrent les provoca-
ECOSSE
- 510 -
lions; ils protestèrent oonlre l'avènement d'Elisabeth à eaase
de l'illégitimité de Ba naissance el de son hérésie : Marie
Stuart, qui, par Marguerite d'Angleterre, Femme de Jac-
ques IV. avait des (Innts eertaini i la couronne anglaise,
plaça les armes royales d'Angleterre dans son blason. Le
ministre d'Elisabeth, Cedl, était, dn reste, partisan déclaré
de l'union avec les Lords de la Congrégation : on traité
d'alliance offensive si défensive contre la France intervînt
donc en janv. 1560 entre les réformés des deux royaumes
insulaires. Les Français au service de la régente furent
assiégés dans Leith par une armée anglo-écos>aisc. En juin,
Marie de Guise mourut, et eet événement l'ut suivi d'une
trêve, connue sous le nom de traité d'Edimbourg. Le
10 juil. 1500 s'assembla à Edimbourg le fameux Parlement
qui consomma la rupture de l'Ecosse et de la catholicité
(Reformation Par Hantent)', il vota, le 18 août, une
confession protestante, préparée par Knox et cinq autres
pasteurs; et l'acte abolissant toute juridiction de révèque
de Home dans le royaume fut voté le 24 du même mois. Il
ne s'agissait plus alors de permettre l'exercice de la reli-
gion réformée; le Parlement de 1560 l'imposa, édictant
des pénalités contre les personnes qui observeraient à
l'avenir les rites romains. La hiérarchie épiscopale fut
conservée, mais jusqu'à l'année suivante seulement. Le
Parlement de 1 SGI, après avoir rejeté un premier projet
de réorganisation ecclésiastique, très radical, dû à Knox, et
à des amis {First Book of Discipline) en adopta une édi-
tion abrégée et revisée (Second Book of Discipline), dont
il sera longuement parlé au mot Presbytérianisme.
Le (> dec. 1560, la mort de François II laissa Marie
Stuart veuve; à l'âge de dix-neuf ans. Elle revint en Ecosse.
Les circonstances étaient tellement changées depuis son
enfance qu'elle eut de la difficulté à faire célébrer la messe
dans son palais d'IIolyrood. Knox avait coutume de dire
qu'il craignait plus une seule messe que vingt mille enne-
mis en campagne ; il lançait la populace contre les chape-
lains de la reine. Il eut du reste avec elle-même des en-
trevues, ou il lui reprocha durement son obstination, son
mépris pour les prédications évangéliques, son goût pour
la danse et d'autres frivolités. Appuyé par le frère bâtard
de Marie, Jacques, comte de Mar et de Murray, premier
ministre, Knox réussit même à arracher l'ordre d'entamer
de véritables persécutions contre les catholiques, notamment
contre l'archevêque de Saint-Andrews pour avoir célébré
la messe et reçu des confessions. Ce chef de la démocratie
puritaine lut un moment le maître absolu, et il exerça le
pouvoir avec la férocité dçs anciens juges d'Israël, ses mo-
dèles. Il osa défendre a Marie d'épouser en secondes noces
un catholique et se vanta de ne s'être point laissé émouvoir
par ses larmes, tant la royauté écossaise était tombée en
tutelle. On verra à l'article Marie Stuart et sous les noms
des divers personnages intéressés, comment la reine épousa
à l'improviste, son cousin, Henri Stuart, lord Darnley, et
les malheurs qui s'ensuivirent : le meurtre de Rizzio, le
meurtre de Darnley (10 fév. 15(57) par Bothwell, enfin le
remariage extraordinaire de Marie avec le meurtrier de son
second époux, la fuite de Bothwell attaqué par un parti
de lords, enfin l'emprisonnement et l'abdication forcée de
la reine à Lochleven Castle. Le jeune roi, fils de Marie et
de Darnley, fut couronné à Stirling le 29 juil. 1567.
L'ex-reine* resta près d'un an prisonnière à Lochleven ;
mais, ayant réussi à s'échapper, elle réunit autour d'elle
les forces des lords catholiques et livra bataille aux lords
protestants commandés par son frère, le régent Murray.
Battue à Langside, près de Glasgow (1!) mai 1568), elle
s'enfuit en Angleterre, comme jadis Baliol, et se remit a
la générosité de sa rivale Elisabeth. A partir de ce jour,
elle disparaît de la scène de l'histoire d'Ecosse, quoique elle
ait continué encore longtemps à entretenir secrètement, du
fond de l'exil, les espérances des catholiques dans son an-
cien royaume. — Quatre régents se succédèrent rapidement
en Ecosse après l'expulsion de Marie; tons quatre pé-
rirent d'une manière tragique. Cet âge fut un âge de
sang, d'anarchie aristocratique et deqoerebV
l.e premier régent, Murray, persécutera de Mark sinart,
et, comme il semble, l'inventâar des Euietum lettn
cassette (auket letton), la colonne du protestantisme, le
maître selon le «BUT de Knox, fut assassiné le -i> janv.
1570 a LinlithgOW par un llamilion. La second. LtBMS,
père de Darnley, instrument d'Elisabeth et des Anglais,
Fui tué le •> Bept. 1971 a Stirling par DU autre Hamilton.
Le troisième. Mar, mourut le 28 OCt.1572, et l'on crut
qu'il a \ ai leie empoisonné, l.e quatrième, Morton. protestant,
personnage fort avare, enrichi des dépouilles de l'Eglise
catholique, allidia une tendance à favoriser l'adoption
d'une solution du problème religieux analogue à Belle qui
avait prévalu BU Angleterre : le loi. chef {}ua,<l) de
l'Eglise nationale et de la hiérarchie episeopale. Il se mit
ainsi à dos les presbytériens rigides, dirigés, depmi la mort
(le Knox, par Andrew M.-lville, sain u m oncilier, bien
entendu, avec les catholiques. (>;ux-ci ne tenaient [dus que
dans une seule place forte, le château d'Edimbourg ; Mor-
ton, avec de l'artillerie anglaise, en eut raison : l
niers fidèles de Marie, Kirkaldy, Lethington, furent exécutés
a cette occasion. Ce furent cependant les catholiques qui
profitèrent de la désaffection des presbytériens pour abattre
le régent. Argyll, Athole, Erskine, catholiques romains,
s'emparèrent, suivant l'usage des révolutionnaii
Ecosse, de la personne du roi et le proclamèrent majeur,
à l'âge de douze ans. Morton céda, mais pour quelques
temps seulement, car il fit empoisonner Athole et revint
encore une fois au pouvoir. Il en fut définitivement chassé
par un cousin du roi, lord Stuart d'Aubigny. élevé en
France, qui devint le favori de Jacques VI, séduit par le
charme de ses manières. D'Aubigny fut fait lord Lennox,
chambellan, gardien du château de Dumbarlon. Il fut bien-
tôt assez fort pour accuser ouvertement Morton. dans une
séance du conseil tenue à Holyrood, de complicité dans le
meurtre de Darnley. Morton fut exécuté sous ce prétexte
le 2 juin 1581. — Le nouveau comte, puis duc de Len-
nox, régna sur l'esprit de Jacques VI pendant un an et
demi, de déc. 1580 au mois d'août 1581. Bien qu'il eut
adhéré nominalement à la Réforme, sa politique -
parait avoir tendu au rappel de Marie Stuart, au rétablis-
sement du catholicisme, à un renouvellement de l'ancienne
alliance française et à une guerre avec l'Angleterre. 1^
22 août 1582, Jacques VI étant en visite chez le comte de
Gowrie, près de Perth, fut, en l'absence de Lennox, cap-
turé par les lords presbytériens : Lennox s'enfuit en
France, où il mourut, et la balance oscilla encore une fois
du côté des partisans du puritanisme les plus intransigeants ;
c'est ce qu'on appela le raid de Huthven. Mais ce coup
d'Etat n'eut d'effet que pendant dix mois. Le roi n'était
plus un enfant ; les presbytériens le fatiguaient ; il s'échappa
de leurs mains, qualifia de trahison \eraidAc Ruthven, et
rappela auprès de lui le capitaine James Stuart, qu'il avait
fait comte d'Arran et qui avait partagé le poids du gou-
vernement avec Lennox en 1584. Les lords presbytériens
furent bannis: Melville se retira en Angleterre. C'est alors
qu'eut lieu l'effort le plus considérable qui ait jamais été
tenté pour faire triompher l'épiscopalisme anglican an
Ecosse, avec les cours ecclésiastiques, les synodes, le ré-
gime des déclarations de conformité imposée au clergé, et
l'absolutisme de la couronne tant au spirituel qu'au tem-
porel. Ces projets devaient plaire à Elisabeth, qui, d'ail-
leurs, n'avait qu'une sympathie très médiocre pour les
lords et les predieants puritains réfugiés chez elle depuis
l'échec final du raid de Huthven. Toutefois, comme Arran
n'était pas non plus persona grata auprès d'elle, elle se
laissa persuader d'appuyer un nouveau favori de Jacques \ |.
Grey, qui renversa Arran, fit rappeler les presbytériens
bannis, et amena son maître à signer avec Elisabeth une
ligue* pour la défense de la vraie religion « contre les
catholiques, lieue ratifiée par lesEtatsd'Ecosseenjuil. 1585.
L'alliance de 1585 trancha définitivement la question
de savoir si l'Ecosse serait protestante et si elle préférait
— 511 —
ECOSSE
l'union avec l'Angleterre à l'union avec la France. Elisa-
beth vieillissait; Jacques VI était son héritier présomptif;
c'en était assea pour ton! décider. Pour satisfaire Elisabeth,
non seulement Jacques, à l'instigation de Grey, pardonna
au\ exilés duraiddeRuthven — Glamis, Lngus,Mar, etc.
— mais il rendit leurs bénéfices aux pasteurs presbyté-
riens qu'il en avait dépouillés, et il souffrit presque sans
protestation l'exécution de sa mère Marie Stuart, à Fothe-
ringav (8 fèvr. 1587). A cette époque, Jacques, marié à
Anne de Danemark, parait avoir été assez dispose à renon-
cer k ses convictions épiscopalistes ; on acte parlementaire
ifèra a la couronne les liions d'église confisqués,
à l'exception de ceux que les grands seigneurs s'étaient
appropriés : le roi, qui avait dos ambitions littéraires, ré-
digea un Commentaire de F Apocalypse à la manière des
puritains. C'était le temps où l'archevêque Adamson de
Saint-Andrew s rétractait publiquement tout ce qu'il avait
écrit dans sa vie contre le presbytérianisme. Le Parlement
de 1599 rétablit l'organisation ecclésiastique presbyté-
rienne conformément aux plans de Helville et de sir John
Htitland, lord Tbirlestane, qui avait succédé à Gre] comme
ii personnel do roi; tous les actes antérieurs au sujet
des droits de juridiction des èvèques furent rapportés.
I. 'histoire des onze années qui suivirent cette réaction
presbytérienne est extrêmement confuse. Ce sont toujours
les mêmes acteurs, engagés dans la mémo lutte avec des
èsalternatifs : épiscopaliens, presbytériens, catholiques,
et, au milieu de cette anarchie, le faible Jacques VI perdu
dans des rêve- de toute-puissance qu'il a consignés dans
son livre sur le droit des couronnes, BasMcon Dorofl.
•nement le [dus marquant de cette période fut (5 août
I60OJ la conspiration de Gowrie, ourdie par les chefs de
la noblesse puritaine en vue, sinon de tuer, au moins de
capturer le roi. Cette conspiration fut découverte, et cela
donna à Jacques VI la force et le courage nécessaires pour
se débarrasser des presbytériens, dont la tyrannie lui était
devenue insupportable. Le 24 mars 1603 mourut Elisa-
beth ; elle avait désigné, comme son successeur en Angle—
. son cousin le roi d'Ecosse, qui lui succéda sans dif-
ficulté. Ainsi fut accomplie pacifiquement l'union des deux
nues insulaires, tant désirée depuis dos siècles. Com-
bien profitable elle devait être a l'Ecosse ! On ne s'en aper-
çut pleinement qu'au xvui* siècle : mais ne pouvait-on le
prévoir dès 1603 ? l'ius de guerres de frontières, le Lo-
thian enfin tranquille, de nouveaux débouchés pour le
commerce et pour l'activité de la race, le pays pauvre et
barbare ouvert largement à la civilisation, à la science, à
la littérature, aux arts de l'Angleterre, alors en pleine flo-
■• es bienfaits furent malheureusement peu sen-
sibles d'abord, et c'est ce qui explique pourquoi des années
< nt avant la pacification complète du royaume du
I. — Jacques avait promis en 1603 de revenir visiter
l'Ecosse au moins tous les trois ans, mais, trop heureux
d'échanger la cour écossaise, simple et souvent insolente,
l>ourla cour policée et servfledes Tudors, il n'y remit les
pieds que quatorze ans après. Il n'en eut pas moins une
politique très nette a l'égard de son pays d'origine, qui
peut se résumer ainsi : unir l'Ecosse a 1 Angleterre, non
pas seulement par la fusion de- deux couronnes sur la
même tête, mais en unifiant les lois, les Parlements et les
Eglises des deux royaumes ; en second lieu, aider au
triomphe, dans les deux royaumes, de l'Eglise épiscopale, et
d'une solution du problème religieux intermédiaire entre
les solutions radicales en sens contraire de Home et de Ge-
nève. Le roi essaya de faire adopter le principe que les
v<ist nati, c-a-d. les sujets an^lai- on écossais nés depuis
k -'■. mars 1603, jouiraient dans les deux royaumes des
droits de citoyen. En 1612, il rétablit officiellement de
nouveau ta hiérarchie épiscopale en Ecosse, malgré le vœu
de la nati'ui : et, en 1618, les « cinq articles de Perth »
furent promulgués pour uniformiser le rituel de 11
{lise anglicane. Jacques
aurait bien voulu réduite aussi le Parlement d'Ecosse a
la condition oii les Tudors avaient réduit celui d'Angle-
terre, pourvu cependant de précédents bien plus formels
et d'une organisation meilleure. Il y réussit jusqu'à un
certain point, niais son succès éphémère accumula les res-
sentiments qui devaient éclater sous son lils avec, tant
de violence. On s'accorde à louer, maigre cela, une idée
qui fut très chère à Jacques VJ : celle do la colonisation.
Jacques VI chercha des débouchés au surplus de la popula-
tion qui, en Ecosse, augmente très vite quand la guerre no
décime pas les générations. Des gens du comté de Eife
furent encouragés à créer des « plantations » dans les Hé-
brides. Des fermiers écossais (presbytériens) colonisèrent
le comté d'Ulster, en Irlande. Enfin une« nouvelle Ecosse »
fut fondée au delà de l'Atlantique, par les précurseurs des
innombrables pionniers écossais qui, depuis, ont défriché
tant de terres d'outre-mer. — Jacques VI laissa (1i mars
1625), un lourd héritage à son (ils Charles Ier qui, pen-
dant les douze premières années de son règne, se contenta
de continuer la tradition paternelle, surtout en vue de la
restauration de l'autorité épiscopale sur les sectes presby-
tériennes. Conseillé par Laud (V. ce nom), il agit avec
une extrême vigueur. Les nobles, la gentry, qui s'étaient
enrichis des dépouilles de l'ancienne Eglise, furent mena-
cés d'avoir à restituer ce qu'ils avaient usurpé; et, pour
commencer, les dîmes; Edimbourg devint le siège d'un
èvêché nouveau. Les cinq articles de Perth furent réédic-
tés. Laud conseilla d'imposer aux Ecossais l'usage du
Prayer liook anglais. Le Parlement de 1033 passa, sous
l'œil et la pression du roi, trente et un actes d'un carac-
tère absolutiste et menaçants pour les convictions des pres-
bytériens. L'un d'eux allait jusqu'à investir le roi du droit
de réglementer le costume ecclésiastique (et l'on sait jus-
qu'à quel point les passions furent excitées au xvne siècle
par la question du « surplis »). Enfin neuf évoques fu-
rent admis au conseil privé, et un livre canonique (Bookof
Canons) fut publié en 1(330 à Aberdeen; il contenait une
liturgie épiscopalienne qui devait entrer en vigueur le
23 juil. 1037, combinaison de celle du Prayer lîook avec
des additions empruntées au rituel romain. Or, le 23 juil.
il y eut des émeutes à Edimbourg'; il fallut suspendre
l'exécution des ordres du roi, auquel de nombreuses péti-
tions furent envoyées de tous côtés. Charles 1er s'obstina ;
alors les lords Rothes, Loudon, Montrose, le légiste
Johnston de Warriston, Alexandre llenderson, pasteur, pré-
parèrent un Covenant qui fut signé le 1er mars 4638, à
Greyfriars Church, Edimbourg, par plus de trois cents
ministres de l'Evangile, et une grande multitude de peuple.
Des copies de ce Covenant furent répandues ù profusion,
et bien accueillies partout, sauf à Saint-Andrews. Beau-
coup, dit-on, les signèrent avec leur sang. Le fanatisme était
arrivé à un si haut degré d'intensité, que les concessions du
roi, effrayé par l'unanimité du mouvement, ne servirent à
rien. Les covenanters assemblés à Glasgow déposèrent en
bloc tous les évêques, dénoncèrent les articles de Perth et
restaurèrent le pur gouvernement presbytérien de l'Eglise.
La guerre fut ainsi déclarée. Les presbytériens entrèrent
immédiatement en campagne sous les ordres d'un ancien
général de Gustave-Adolphe, Alexandre Leslie. Charles Ier,
sans argent, temporisa ; il espérait des subsides du Parle-
lement anglais, qu'il réunit à cette occasion, mais le Parle-
ment anglais avait tant de griefs de son côté à présenter, et il
les présenta de telle manière, que le roi se trouva amené à
faire au contraire sa paix avec les Ecossais, et à recher-
cher leur appui contre ses sujets d'Angleterre. Un Parle-
ment se réunit à Edimbourg en août 1641, où Charles Ier,
confirmant solennellement les réformes décidées à l'assem-
blée de Glasgow, consentit à toutes les limitations de la
prérogative que les presbytériens réclamaient, et à l'éta-
blissement d'une périodicité triennale des Parlements écos-
sais. Ea guerre civile com nça l'année suivante en An-
gleterre ; et les Ecossais se trouvèrent tout d'un coup
arbitres entre le roi et le Parlement anglais rebelle, solli-
j cités par les deux partis. Presbytériens, ils penchaient,
ECOSSE
- .VI 2 -
comme il étail naturel, vers la conte parlementaire, et, ■
l'automne de 1643 des commissaire* <lu Long Parlement,
sous la conduite de sir Benrj Vane, jurèrent 1 Edimbourg
le Covenant écossais. Mais contre "attente générale, les
trou|ics tics covenanters rendirent peu de services à la
cause de la révolution; elles se seraient fait battre à Mai
ton Moor, si les indépendants de Cromwell n'avaient pas
regagné la partie. Les Highlanders, traditionnellement aé-
voues & La maison de Stuart, se soulevèrent bous Montrosc
en faveur des royalistes, et Hontrose vainquit Argyll,
chef suprême des presbytériens, à Inverlochy, après avoir
pris Perth. Il fut encore vainqueur à Auldearn, a Alford,
à Kilsyth ; il ne fut arrêté ijue par Leslie a Philiphaugh
(13 sept. 1644). Si malheureux à la guerre, les presby-
tériens se querellèrent en outre avec les soldats de Crom-
well et avec les commissaires anglais qui leur devaient
400,000 livres d'arriéré de solde; si bien que, quand
Charles lor eut été vaincu à Naseby, il crut possible de
trouver un abri dans les rangs de l'armée de Leslie, campée
à Nevvark. Lu, Ilenderson l'exhorta avant toutes choses à
accepter le Covenant. Mais les commissaires anglais ayant,
sur ces entrefaites, versé l'arriéré de solde, le roi fut livré.
Pendant la captivité du roi à l'Ile deWight, son agent Ha-
milton réussit à détacher une fraction considérable, la plus
modérée, du parti des covenanters. Charles Ier sanction-
nerait le Covenant ; liberté de conscience serait laissée à
ceux qui n'y adhéreraient pas. Hamilton envahit l'Angle-
terre à la tête de ces nouveaux royalistes, mais il fut battu
par Cromwell à Preston (17 août 1048). Charles Ier et
llamilton furent jugés et exécutés bientôt après.
Tandis que la République était proclamée en Angleterre
par le dictateur militaire, les presbytériens envers lesquels
ce dictateur n'avait jamais été tendre, et surtout les modérés
attachés au principe de l'hérédité monarchique, procla-
mèrent Charles II en Ecosse. Charles II, le 9 mai 1650,
promit de respecter la constitution presbytérienne et d'ap-
pliquer les lois contre les catholiques ; à ce prix, il eut
une armée écossaise. Mais cette armée fut dispersée par
Cromwell à Dunbar (3 sept. 1630). Charles n'en reçut
pas moins la couronne à Scone(ler janv. 1631) des mains
d'Argyll, le patron du Covenant, et le presbytérianisme fit
un dernier effort. L'Angleterre fut envahie, et les Ecossais
royalistes pénétrèrent jusqu'à Worcester ; leur défaite devant
cette ville consolida définitivement Cromwell. Charles II
s'exila en France. Ce fut Monk que Cromwell chargea de
tenir l'Ecosse en bride. Monk y régna par la terreur, comme
en pays conquis. L'administration fut enlevée aux indigènes
et remise tout entière au conseil de Cromwell siégeant à
Londres. La « Court de session » fut suspendue et remplacée
par une commission de justice, composée de quatre Anglais
et de trois Ecossais, qui jugea d'après le commun law d'An-
gleterre. Des impôts très lourds furent levés (environ
140,000 livres st. par an). Ce gouvernement de Cromwell
en Ecosse, qui dura huit ans. fut très dur, mais, somme
toute, bienfaisant : on n'entendit plus parler de ces pil-
leries seigneuriales qui désolaient le paysan depuis des
siècles; on établit le libre-échange avec l'Angleterre. La
bourgeoisie, la classe moyenne, les commons furent élevés
aux dépens de la noblesse. Cromwell aurait voulu con-
sommer la fusion parfaite des deux Etats insulaires : il con-
voqua des représentants de l'Ecosse à ses Parlements de
Westminster : c'était un centralisateur ; le home ride lui
faisait horreur. Néanmoins la mort du Protecteur fut sa-
luée en Ecosse comme une délivrance : Charles II restauré
fut accueilli comme un libérateur, destiné à rétablir dans
tout leur éclat les privilèges nationaux. Mais une profonde
désillusion attendait, sous la Restauration, les presbytériens
écossais. Charles II ne les avait jamais aimés ; il n'avait
supporté le joug de leurs prèdicants que lorsqu'il avait eu
besoin d'eux. H'autre part, Cromwell avait montré qu'il
était possible, avec de l'énergie et de bonnes troupes, de
mater tous ces gens-là et de leur faire par-dessus le mar-
ché verser de fortes sommes au trésor public. Ces leçons
du protectorat ne lurent pas perdues pour le roi. I
était passée, au temps de Hos* et de Cromwell,! l'étal de
province soumise : elle ne retrouva point l'indépendance
au temps de Charles II. Et elle était devenue incapable de
l.i reconquérir les armes s La main, carie presbytéria-
nisme y était désormais divisé, les sectes t'y étaient mul-
tipliées et b'j dévoraient. Hiddleton, le Monk du gou-
vernement de la Restauration, exerça impunément Ici
vengeances de son maître. Argyll fut exécuté, ainsi quedeax
autres personnages du parti presbytérien >\alté, le mi-
ni^tn- uutbrie, Johnston de Warriston. I n Parlement tenu
en respect par Middleton abolît tous les actes passés de-
puis 1640, et en même temps le Covenant. Des 161
régime épiscopal fut réintroduit en Ecosse, et Charles II
trouva aisément des presbytériens modérés pour accepter
des titres d'archevêque eto'évêqnes; les ministres intran-
sigeants furent privés de leurs bénéfices. Après Middle-
ton, disgiacié à cause de sa rivalité avec I.auderdale, qui
remplissait en quelque sorte à I>ondres les fonctions de
secrétaire pour l'Ecosse, son successeur, Kotbes, agit de
même. Le nouvel archevêque de Saint-Andrevvs. Sharp,
obtint la création d'une cour de haute commission, analo-
gue à celle qui avait été si impopulaire du temps de Laud
pour connaître des infractions aux lois ecclésiastiques. I>es
presbytériens rigides souffrirent des persécutions ; les
prêches « au désert », dans les champs, furent interdits.
In soulèvement des vieux eonvetumters échoua ; Dalziel,
un officier écossais jadis au service de la Russie, que
Charles II s'était attaché, écrasa les fanatiques à Hulhon
Green, et d'atroces exécutions suivirent. Des garnisons
d'Anglais et de Highlanders catholiques occupaient toutes
les forteresses ; l'état de siège était permanent ; on cal-
cule que dix-sept mille personnes furent frappées de pri-
son ou d'amende jusqu'en 1678, pour avoir assisté à des
conventicules prohibés. Fut exilée à partir de 167-2 toute
personne qui ferait baptiser ses enfants par un pasteur
privé de son bénéfice, ou qui s'absenterait trois dimanches
de suite de l'église paroissiale. Le roi ne convoqua plus
de Parlementa partir de 1674. Os rigueurs ne pouvaient
manquer d'entraîner une réaction violente. Le 3 mai 1679
l'archevêque Sharp, qui avait déjà été l'objet de plusieurs
tentatives d'assassinat, fut tué par une bande de covenan-
ters. Un certain Hamilton, dans l'Ouest, groupa autour du
drapeau du Covenant assez d'hommes pour infliger à Ou-
don IIïll une défaite au fameux (îraliam de Claverhouse.
Mais, vingt jours après, le duc deMonmouth, fils naturel de
Charles II, répara cet échec au pont de Bothwell. Confis-
cations, supplices, bannissements en masse aux colonies,
tels furent les châtiments infligés par Lauderdale aux
vaincus. Le duc d'York, frère de Charles II, converti au
catholicisme, et Claverhouse exercèrent pendant plusieurs
années une véritable inquisition ; ce fut « un âge de sang »
(Killing Times); une foule de presbytériens de liante
naissance comme Dalrymple, président de la Court of Ses-
sion, Argyll, etc., cherchèrent un refuge en Hollande :
les membres de la société secrète populaire fondée par un
prédicant nommé Cameron, échappé au massacre de Both-
well Bridge, furent appliqués à des tortures raffine-. Le
martyrologe du presbytérianisme pondant les années 1680
à 1683 est extrêmement riche. — Le duc d'York, on le sait,
devint roi d'Angleterre et d'Ecosse après la mort oV son
frère Charles II sous le nom de Jacques II dans le premier
royaume et de Jacques VII dans le second. Fervent catho-
lique, il décida plusieurs grands seigneurs écossais i ren-
trer dans le sein de l'Eglise romaine : Perth. lord chance-
lier, son frère Melfort, le comte de Moray. etc. Il refusa
de prêter le serment royal OÙ se trouvait une promesse de
protection envers L'Eglise établie. La terreur était si forte
que le Parlement de I6S3 ne réclama point et protesta au
contraire de son loyalismedans îles tenues d'une bas
extrême. Jacques II supprima les anciens actes qui inter-
disaient aux catholiques l'exercice de leur culte : mais en
fevr. 1688, un presbytérien nommé Reuwick lut encore
— 513 —
MISSE
exécuté à Edimbourg pour avoir tenu un prêche aux
champs. Quand Guillaume d'Orange eut renversé son beau-
père avec l'aide et a l'instigation des Anglais et des Ecos-
sais réfugiés en Hollande. "Angleterre accepta sans oppo-
sition l'avènement de Guillaume 111. 11 n'en fui pas tout à
fait de même de l'Ecosse. Les èmscopahens restèrent fidèles
à la maison de Stuart. et aussi, naturellement, les catho-
liques, nombreux dans les lligblands : ils formèrent un
parti jacobite ou légitimiste, qui résista pendant cinquante
ans a la nouvelle dynastie. Les presbytériens, en majorité
dans les villes dos Lowlands, accueillirent cordialement, au
contraire, le régime qui accorda pour la première lois à
de sérieuses garanties constitutionnelles. Le pre-
mier soulèvement jacobite eut pour chef Claverhouse, devenu
vicomte Dundee, un nouveau Hontrose; ildéfil a Killiecrankie
(S9iuil. 1689) les troupes de Guillaume III. mais il l'ut
tue dans le combat, et les clans se débandèrent. Le Par-
lement écossais reconnut donc Guillaume et Marie après
avoir voté un Cluini ofRight, identique au Bill of Bighls
du Parlement d'Angleterre. Le presbytérianisme rede-
vint la discipline officielle. Cependant le gouvernement de
Guillaume 111 ne parait pas avoir été populaire en Ecosse :
au point de vue commercial, il sacrifia trop souvent les
intérêts de ce pays a ceux de l'Angleterre proprement
dite: en second lieu, le massacre célèbre des Maedonald,
a Glencoe, par Campbell, de Glenlyon, approuvé par le
roi dans le but de jeter la terreur parmi les lliglilanders,
indigna tout le monde et convertit beaucoup d'indifférents
au parti jacobite.
Il était réservé à la reine Anne d'opérer cette union
intime des deux royaumes, qui avait été le rêve de tant de
aanniaîilll. depuis Edouard Ier jusqu'à Cromvvell. Ce ne
tut pas >ans difficulté. L'Ecosse s'était crue lésée par la poli-
tique anglophile de Guillaume ; elle paraissait, au contraire,
toute prête, au commencement du xviuc siècle, à assumer
une attitude séparatiste. Il fallut toute l'habileté de Queens-
Ihmtv pour décider le Parlement écossais à désigner, en
1705, 31 commissaires pour élaborer de concert avec
31 commissaires du Parlement anglais un plan d'union des
deux royaumes en toute matière autre que l'organisation
ecclésiastique. Les (>i délibérèrent à Whitehalldu Oi avr.
au i'< juil. Ils décidèrent sagement de laisser de coté les
lois civiles; chaque pays garderait les siennes, comme il gar-
derait son Eglise. Le traité d'union stipula seulement : 1° que
le* deux couronnes ne seraient plus séparées et iraient, après
la mort de la reine Anne, aux descendants hanovriens de
rélectrice Sophie; "2" que le libre-échange régirait désor-
mais les rapports commerciaux des deux royaumes; 3° uni-
fication des systèmes d'impôts et des dettes nationales;
-ntants de l'Ecosse seraient admis à la Chambre
mmunes, et 16 pairs d'Ecosse (élus) à la Chambre
des lords. Cette union était assurément avantageuse aux deux
parties contractantes; mais les Ecossais de lTO.'i nelarati-
point avec enthousiasme: l'orgueil national, la crainte
d'une absorption prochaine et d'autres raisons qu'on ima-
gine aisément devaient l'empêcher d'être populaire. L'Ecosse
n'en pouvait tirer profit que dans un avenir éloigné (par
l'augmentation de son industrie et de son commerce), et
elle perdait en attendant beaucoup de choses qui lui étaient
i hères. 11 y eut une lorte opposition à la ratification de
l'acte d'union, tant de la part des jacobites que de la part
.• rates a demi républicains dont FletcherdeSalton
était le leader. L'acte d'union ne fut voté par le dernier
Parlement écossais qu'à une majorité de il \oix (ii!) contre
I 10), quelle qu'eût été la pression ministérielle. Il entra
eu vigueur le l" mai 1707. Un secrétaire d'Etat pour
dirigea dès lors (jusqu'en 17'*ii; charge ressus-
eitée en !**.'>), de Londres, les affaires écossaises.
Les jacobites, au xvui* siècle, essayèrent deux fois de
Caire revivre au profit des descendants de Jacques H l'indé-
pendance de l'Ecosse. Les Highlands lurent ainsi une
Vendée jacobite. La première rébellion eut lieu en 171") ;
Argyll l apaisa par sa facile victoire de Sheriffmuir sur le
CaÀHDE KM ÏCLOPÉDIE. — XV.
comte de Mar. La seconde dirigée par le jeune prétendant,
Charles-Edouard, ressembla à un roman d'aventures.
Charles-Edouard, en I7it>, prit Edimbourg, et, renforcé
par linéiques catholiques anglais, s'avança jusqu'à Derby
sur le chemin de Londres. 11 fut encore vainqueur à Eal-
kirk, niais la bataille de Culloden (16 avr.) détruisit sa
fortune. 11 s'enfuit aux Hébrides, puis en France. Après
Culloden, les jacobites furent décimés avec une impitoyable
sévérité. Les souvenirs de Culloden et de Glencoe ont
empêché bien longtemps les Celtes des lliglilands de se
reconcilier avec la dynastie protestante. Ils s'y sont rési-
gnés pourtant, surtout à partir du moment où, sous Pitt,
ils furent organisés en régiments et contribuèrent, aux Indes
et au temps de Napoléon Ier, a tant de victoires anglaises.
— A la fin du xvnic siècle, le jacobitisme n'était déjà plus
qu'une conviction littéraire. D'innombrables satires ridi-
culisèrent alors ces lourdes brutes, les Hanovriens, les Cove-
nanters, en les opposant aux partisans élégants et héroïques
du jeune Edouard. Le légitimisme finit en Ecosse par des
légendes et des chansons.
Les craintes des patriotes écossais à la veille de l'acte
d'union ont-elles été justifiées depuis deux siècles? — « On
a laissé de coté, disait Eletcher de Salton, l'organisation
ecclésiastique ; eh bien, quand l'union sera faite, l'Eglise
presbytérienne sera peu à peu atteinte et lésée. » Cette
prophétie s'est réalisée. Dans les dernières années du règne
d'Anne, le parti tory restaura en Ecosse, malgré les pro-
testations des presbytériens, le droit de patronage, et ac-
corda la liberté de conscience et de culte aux épiscopaliens.
Cette question du patronage est restée brûlante pendant un
siècle. Il est question aujourd'hui de « désétablir » l'Eglise
presbytérienne, du reste fort affaiblie par des sécessions
répétées. — « La représentation de l'Ecosse à Westminster,
ajoutait-on, sera insuffisante. » Elle l'a été longtemps, à
cause des vices de la procédure électorale et du caractère
de l'électorat. En ce siècle, la franchise a été fort étendue;
la représentation du peuple écossais n'est plus fictive, et les
représentants de l'Ecosse ont un vif sentiment de leur soli-
darité : beaucoup d'entre eux sont partisans du home rule,
non seulement pour l'Irlande, mais pour le pays de Galles
et pour leur patrie. — Quant aux avantages à longue
échéance que l'union promettait, ils ont été considérables.
Le peuple écossais, qui a conservé de nos jours sa phy-
sionomie à part, son Eglise, son droit civil, son système
d'instruction publique original, depuis les plus humbles
écoles jusqu'aux universités, voire son dialecte et sa litté-
rature propres, a été convié par l'Angleterre à partager
avec elle l'empire de domaines coloniaux immenses, de la
mer, de l'industrie et du commerce. Toujours les pauvres
montagnards d'Ecosse, laborieux et actifs, ont cherché à
l'étranger des débouchés pour leur énergie, comme mis-
sionnaires du christianisme au temps de Columban, de la
science au temps de Charlemagne, comme soldats pendant
la guerre de Cent ans : l'Angleterre leur a ouvert l'Amé-
rique, l'Australie, le Cap et les Indes. Aidée par les capi-
taux et les exemples anglais, l'Ecosse elle-même est devenue
riche. Glasgow est une des capitales industrielles de la
Grande-Bretagne : la Clyde rivalisa avec la Mersey. L'An-
gleterre, enfin, a fait profiter les poètes nationaux de
l'Ecosse, Burns, Walter Scott ; ses historiens, Gibbon,
Burton, Carlyle ; ses philosophes et ses économistes,
Adam Smith, Thomas Beid, etc., de l'audience dont sa
langue jouit dans le monde. Quelle différence entre l'Ecosse,
qui a accepté franchement un acte d'union honorable,
et l'Irlande, qui, traitée en pays d'exploitation, ne s'est
débarrassée de la tyrannie que pour vouloir l'indépen-
dance, l'indépendance dans la pauvreté et peut-être dans
l'anarchie. Ch.-V. Eanglois.
Église d'Ecosse (V. Eglise d'Ecosse).
Littérature (V. Angleterre).
Beaux-Arts (V. Angleterre).
Numismatique. — Les premières monnaies nationales
de l'Ecosse ne remontent pas au delà du xe siècle de notre
33
ECOSSE — ÉCOUEN
- B14
m-; auparavant, an peut dire que lo monnaya^
s'il c\i>iu, B6 confond avec celui du royaume won de
Nortbumberland oa avec celui qu'on attribue au mis dea
ilrs Hébrides, Anegmund et Somerled. Sur oertaina daniara
Irai barbares, quelque* Bavants croienl recoaualtre les nom
des rois écossais Mîricolm 111 et Donald VIII, mail ces attri-
butions sunt bien oonjectunlea; on peut en dire presque
autant des deniersqu'oii classe a Alexandre l'r. Un u'arnve
à nne certitude scientifique qu'avec les monnaies de David I' r
( 1 1 -2 1— l IS3) c|ni sont aombreusea et d'une lecture indu-
liilable. Ce sont des deniers fort semblables aux deniers
anglais contemporains. Au droit, OU litDAYlT REX, autour
de la tète royale; au revers est le nom de l'atelier et du
monnayer, autour d'une croix cantonnée d'annelets. Les
mêmes types persistent sous les règnes postérieurs: devant
la tétc du roi, il y a un sceptre ileuronné, et la croix du
revers coupe la légende en quatre tronçons. Les ateliers qui
frappent monnaie sont Berwick, Edimbourg, Perth et Rox-
burgh. Alexandre 111 (1Î49-1285) est le premier qui émit,
outre le denier [penny), des oboles et des farthings (un
quart de denier). Le premier à son tour, David II
(4329—1371) fit frapper des monnaies d'or, à l'imitation
des rois d'Angleterre : ce sont des nobles d'orù la légende
DAVID DEI GRA ■ REX SCÛTÛRVM et représentant le roi
sur une galère. Au revers, une croix très ornée, avec la
légende II1C • AVTEM TRANSIENS P ■ MEDIVM • ILLOKVM-
IBAT. Bientôt, sous les règnes suivants, les espèces d'or
se multiplient; sous Robert II parait le Saint-André repré-
sentant le saint les bras en croix; viennent ensuite les
pièces dénommées d'après leurs types, le lion, le rider,
l'unicorne ou licorne, î'écu, la pièce au ebapeau, le ryal,
la couronne, le sceptre, l'ange, la pistole, le dollar à l'épée,
le dollar au chardon. La monnaie d'argent comprend, à
partir du xiv° siècle, des gros, des demi-gros, des deniers,
des demi-deniers, des oboles et des farthings, jusqu'au
règne de Marie (1842-1567). Le buste royal, au lieu d'être
de prolil, est souvent de face. Sous Marie apparaît le feston
et le ryal avec leurs divisions; la couronne d'argent est
adoptée en 1565; puis vient le marc d'argent et d'autres
espèces. Sous Jacques VI, les pièces d'argent sont très
nombreuses. Un distinguait d'ailleurs avec beaucoup de
soin la monnaie d'argent ou monnaie blanche de la monnaie
de billon ou monnaie noire : cette dernière n'était en
Ecosse, comme dans les autres pays, qu'un acheminement
à la monnaie de cuivre. La monnaie de cuivre écossaise
commence sous Jacques III (1400-1488) avec des farthings
de cuivre au type de la croix de Saint-André; à partir de
Jacques VI (15(i7-l(iv25), il y a le denier (penny) et ses
multiples ou ses divisions, le turner, le bawbee, le bodle,
leatkinson, le plack, le hardhead. Jacques VI, étant devenu
roi d'Angleterre, continua à faire frapper des monnaies
écossaises : ces monnaies sont, au point de vue des types,
pareilles à celles que le même prince faisait frapper en
Angleterre. Mais ce qui les distingue, c'est que l'écusson
qui y figure est écartelé aux 1 et 4 d'Ecosse, au 2 de
France-Angleterre et au 3 d'Irlande. En 1707, lorsque les
deux royaumes d'Angleterre et d'Ecosse furent réunis en
une seule monarchie, la monnaie écossaise cessa d'être
émise : on la retira du commerce pour l'envoyer au creuset.
Guillaume d'Urange (1694-1702) est le dernier prince qui
lit frapper des monnaies écossaises. E. Babelon.
BlBL. : Géographie. — Sinclair, Stalistical View of
Scotland; Edimbourg, 1794-1796,21 vol.; abrégé en 2 vol.;
Edimbourg, 1823.— Playfair, Geographical and Stalis-
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1887, 2 vol. in-8. — Œ.-J.-C. Mackay, dans Encyclop,
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l'article. — M. Piiilii'pson, Histoire du règne de Marie
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Ecossais en France et les Français en Ecosse; Paris, 1858,
. — ScoUi Publication», -'1i.li.ki
de la France et de VEepagn
Ni mi MA i [QOI .— A. D8 CAI
Edimbourg, 1786, ln-4.— Cch bran-Patrick, Record» oflhe
I K/e <>f Scolumd; Edimboui
of Scotland; Edimbourg, 1887, '■', vol.
mi. .i.-i) Robektson, Hàndbook to the Colnageof
1 «a, 1878, in-1.
ECOSSE (Nouvelle-) (V. Nouvaxis-Ecosen).
EC0T. Onu. du dé», du Doubs, ut. de Montbétiard,
cant. de Pont-de-Roide ; 384 hab.
ÉCOT. Cmn. du dép. de la Haute-Marne, arr. de Chau-
mont, cant. d'Andelot; 187 hab.
ÉCOTAY-l'Ouœ. Com. du dép. de la Loire, air. et cant.
de Hontbrison ; 507 hah.
ÉCOTS. Coin, du dép. du Calvados, arr. de Liaieux,
cant. de Saint-Pierrc-sur-Dives; 195 hah.
ÉCOUAILLES. Nom donne aux laines provenant de
moutons abattus, quelle qu'en soit du reste la provent
ECOUCHARD-Li.uia.N (V. Lt.mu>).
ÉCOUCHÉ. Ch.-I. de cant. du dép. de L'Orne, arr.
d'Argentan, dans une plaine entre l'Unie, la (jnce et
II don ; 1,455 hab. Slat. du chem. de 1er de l'Ouest,
ligne de Paris à Granville. Haras; commerce important de
chevaux, de laines et de farines; fabrique de tissus; tan-
nerie; teinturerie; carrières de pierres; manie. Kglise
inachevée, mélange de style gothique et de la lîenaissaace.
Hospice dont la chapelle conserve un curieux retable de
pierre sculptée et peinte.
ÉCOUEN (Iticiniscoa, Esconiwn). Ch.-l. de cant. du
dép. de Seine-et-Uise, arr. de Pontoise; 1,360 hab. Stat.
du chem. de fer de Paris â Beauvais par Beaumont. On
trouve Ecouen mentionné en 0H2 sous le nom d' Iticiniscoa
dans un acte par lequel Dagobert Ier donne ce village à
l'abbaye de Saint-Denis. Au xic siècle, la terre appartenait
aux sires de Montmorency, qui y firent sans doute é
un château fort. Vers 1540, le connétable Anne de Mont-
morency confia à l'architecte célèbre Jean Huilant (V. ce
nom) la construction du château actuel, qui passe a juste
titre pour un des meilleurs spécimens de l'art de la Renais-
sance. Bien que mutilé en 1787, sous prétexte de restau-
ration, ce bel édifice se compose encore aujourd'hui de trois
corps de bâtiment (il formait auparavant un quadrilat*
dont le style est fort remarquable. On ne saurait mieux le
comparer qu'aux parties des châteaux de Mois, de Cham-
bord et de Cluiumont (V. ces mots) qui datent du même
temps. Comme dans ces deux derniers, notamment, l'ar-
chitecture militaire du moyen âge se trahit encore par
l'existence de larges fossés et de tourelles flanquant l'édi-
fice ; mais ce qu'il y a d'un peu rude dans ce système de
défense, plus apparent que réel, est corrigé de la façon la
plus heureuse par l'élégance des constructions. La façade qui
a disparu devait être charmante; elle se composait d'un
avant-corps s'élevant à la hauteur de trois étages et sur-
monté d'un attique dans l'evidement duquel était la statue
équestre d'Anne de Montmorency. Jean Goujon, Paul Ponce,
Bernard Palissy contribuèrent à embellir le château : les
Captifs enchaînés de Michel-Ange, qui sont maintenant
au Louvre, s'y voyaient jadis ; la chapelle montre encore ses
mosaïques, qui sont peut-être l'œuvre de Palissy, et les
peintures de ses voûtes.
Avec la Révolution, le château d'Eeouen devint domaine
national. On l'eut démoli sans l'intervention opportune de
l'évêque Grégoire. D fut tranformé alors en prison militaire,
puis successivement en hôpital, en prison politique et en
caserne. En 1807, Napoléon Ier le choisit pour être l'une dea
maisons d'éducation des tilles de légionnaires, avec Mmt Cam-
pait pour directrice. En 1814, le château fut rendu au
prince de Condé, et les pensionnaires transférées a Saint-
Denis; en 1830, le prince le donnait au duc d'Aumale
avec une rente de 100,000 IV., â la charge d'y faire élever
cent fils de chevaliers de Saint-Louis ayant servi dans
l'armée de Condé. Cette disposition fut annulée peu api es.
La Légion d'honneur est rentrée eu possession d'Lcouen
— S48 —
KCOIT.N — ÉTOrLKMKNT
depuis 1838; toutefois les pensionnaires n'y revinrent qu'au
mois de mai 1851. L'èelis», dédiée à saint Acheol, est aussi
un remarquable édificeoe la Renaissance, reconstruit presque
entièrement en 1545 aux frais d'Anne de Montmorency.
Jean huilant y fut inhumé le 11' OOt 1578; inalheureu-
sement b pierre kanbale qui recouvrait ses restes a dispara,
et l'un ignore quel sort elle a subi. Pernand Bodbnon.
liiuL. : L'abbé LsBBtnF, Histoire du diocèse de Péris,
i. II. pp. Is0-1m. de l'édit. de 1883. — L'abbé Chbvausb,
S i' couen, Ecouen, la paroisse, te château, la maison
d'êetuc*tio \ 1865, in-18. — Bonnbville de
,. M'- Campan a Ecouen; Paris, 1879^ Ln-8.
— V. aussi au t. VI îles \ de l'art français, pp.
139, une dissertation portant ce titre : Jean Buttant,
tftecte du connétable de Montmorency. Actes extraits
((es registres de 'a mairie d'JEcouen . eommu-
nùnuis par MAf. EmUe Régnant et Ja,cquin, arec une
notice de M. A. de Montaiaton sur la biographie de Jean
Unltant, sur la bibliographie de ses livres, sut la date de
la construction du château d Ecouen, sur la i>arl ijite Jean
Goujon peut y avoir tr la grotte rustique faite
par Bei nard Patissy pour te connétable.
ECOUFLANT. Coin, du <lep. de Maine-et-Loire, arr, et
eut (VT.i d'Angers, an confluent de la Sarthe et delà
Mayenne; 948 uab. Stat. du ehein.de 1er de l'Ouest,
ligne du Mans à Angers. Château d'Eventard, ancienne
..-née des évéques d'Angers. Ruines de l'abbaye cister-
cienne du Perray-aux-Nonnains, fondée au mu0 siècle.
Champ de course-.
ÉCOUIS. (.oui. du dép. de l'Eure, arr. des Andelys,
cant.de l'Ieui y-sur- vndelle; 880 hah. C'est un marché
mportant. L'église paroissiale est une collé-
giale fondée (1310) par Enguerrand de Marigny, lequel
y fut enseveli. C'est un édifice intéressant du style gothique.
Les fenêtres sont terminées par des rosaces a quatre lobes,
sauf au extrémités, où sont des rosaces à six lobes. Les
deux clochers font grand effet, en raison de l'heureuse
situation de l'église, l.e tombeau d'Enguerrand a été
détruit, mais celui de son frère Jean de Marigny (statue en
marbre blanc, sur tombe en marbre noir) a été conservé.
ÉCOULEMENT. I. Technologie. — La rupture par
cisaillement ou glissement des corps solides présente, avec
la rupture par extension, une différence notable. Dans cette
dernière, les particules du corps rompu, qui se détachent
de leurs voisines, se trouvent en même temps séparées de
toutes les autres et la rupture se traduit par une disjonc-
tion complète des deux parties. Dans la rupture par cisaille-
ment, au contraire, les particules de l'une des portions du
corps se séparent bien des particules correspondantes de
l'autre partie, mais elles restent, par rapport aux voisines,
à des distances comparables, de sorte que le solide ne subit
pas. tout d'abord, une disjonction définitive, l.e phénomène
offre quelque analogie avec ce qui se passerait dans un
liquide : l'une d"S parties du corps continuant a se déplacer
par rapport a l'autre sans s'en éloigner, à la manière
d'une couche liquide qui s'écoulerait sur une couche infé-
rieure. L'effort n'augmente plus avec le déplacement qui,
une fois commencé sous un effort déterminé, continue à
se produire sous le même effort. Les phénomènes d'écou-
lement des solides, étudiés d'abord par Tresca, se rat-
tachent donc d'une façon tout à fait intime à ceux de rup-
ture par cisaillement. Lorsqu'un corps solide, SOUS l'action
d'une forte pression extérieure, acquiert ainsi des caractères
de plasticité. île telle manière que les particules qui le
constituent glissent les unes sur les autres sans se séparer,
l'effort tangentiel. sur chacun des points ou le glissement
se fait sentir, est égal a celui qui produit la rupture par
cisaillement. En soumettant a de très fortes pressions des
solides de diverses natures: matières plastiques, telles que
les niques: matières pulvérulentes, comme les
grès: matière> grenues, telles que le plomb de chasse;
matières plus ou inoins compactes, comme le plomb, le ter,
l'acier. Tresca est arrivé a constater pour les solides forcés
parla pression a passer ;, travers des ouvertures prati-
quées dans une enveloppe rigide, îles lois d'écoulement
pareilles, comme nous le disions plus haut, à celles qui
régissent l'écoulement des liquides. 11 a même observé dans
les solides les phénomènes de torsion et de contraction do
la veine, tels qu'on les remarque dans l'écoulement des
liquides. L'auteur a tiré de ses expériences des consé-
quences remarquables concernant les phénomènes géolo-
giques ; il en a déduit aussi des applications intéressantes
relativement aux métaux étirés sous le laminoir ou étendus
sous le marteau. I.. Ivnab.
II. Physique. — Ecoulement des gaz. — L'écoulement
des gaz est un phénomène dont les lois varient considérable-
ment avec la nature du chemin que les gaz ont a suivie pour
s'écouler. Ainsi, un cas simple et très intéressant étudié à
l'art. Diffusion consiste dans l'écoulement à travers un ori-
fice infiniment étroit percé dans une cloison infiniment mince.
Le passage des gaz à travers diverses substances poreuses,
qui a reçu le nom de transpiration ou de diffusion selon la
nature de la substance, donne lieu à des résultats plus
compliqués, étudiés dans le mémo article. Nous ne nous
occuperons ici que des principaux phénomènes présentés
par l'écoulement des gaz dans les tuyaux. Lorsqu'un gaz
s'écoule, le vase qui le contient éprouve une réaction de
sens contraire; c'est ainsi que l'écoulement des gaz produit
dans la déflagration de la poudre donne à la l'usée où elle
se produit un mouvement de recul qui lui permet de s'élever
dans les airs. Lorsqu'un gaz s'écoule d'un orifice d'une façon
continue, il constitue une veine gazeuse analogue à la veine
liquide, présentant comme elle une section contractée située
à une petite distance de l'embouchure, puis des renflements
animés de mouvements vibratoires. Ces phénomènes peu-
vent être mis en évidence soit par l'emploi de gaz colorés,
l'acide hypoa/.otique par exemple, qui est d'un rouge foncé,
soit en mettant en suspension dans le gaz de la poudre de
lycopode très fine ; la fumée du tabac peut aussi être em-
ployée dans cette expérience. Lorsque l'écoulement est
brusque, plus ou moins analogue à une explosion, le gaz
sort sous forme d'une couronne, d'un tore, animé de mou-
vements de translation et de rotation ; cet aspect se ren-
contre constamment avec les bulles de phosphure d'hy-
drogène qui s'enflamment à l'air et quelquefois dans la
vapeur lancée, dans un air calme, par les cheminées des
locomotives. On peut reproduire aisément ce phénomène
en emplissant sa bouche de fumée de tabac, l'ouvrant un
peu et en frappant légèrement sur sa joue : il sort alors
une boudée qui affecte souvent cette forme d'anneau.
L'écoulement des gaz dans les tuyaux présente des phé-
nomènes de pression remarquables : souvent la pression
exercée sur les parois de l'ajutage est moindre non seule-
ment que celle que possède le gaz dans le réservoir, mais
même que celle de l'atmosphère dans lequel s'écoule le gaz.
Quand on dirige, d'autre part, un jet gazeux sortant d'une
lame plane contre une autre lame plane, celle-ci éprouve,
selon sa distance à l'orifice, des répulsions ou des attrac-
tions : quand la lame est placée très loin, il y a répulsion
faible; cette répulsion augmente quand la distance à l'ori-
fice diminue, conformément à ce «pie l'on pouvait prévoir;
mais ensuite, pour une distance assez petite, la répulsion
diminue, se change même en une attraction. Ce phénomène
curieux, signalé d'abord par Grillith, a été étudié par Clé-
ment Desormes, qui a montré qu'il était dû à ce que, à une cer-
taine distance de l'orifice, le gaz qui s'écoule entre les deux
lames possède en certains points une tension inférieure à la
pression atmosphérique ; l'attraction observée a pour mesure
la différence entre l'action de l'atmosphère sur toute la surface
extérieure de la lame et la résultante des pressions qu'exerce
le gaz qui s'écoule sur la face interne de la même lame.
Vitesse d'écoulement, La vitesse d'écoulement d'un gaz
est l'espace parcouru pendant une seconde par une molé-
cule de gaz qui conserverait pendant ce temps la vitesse
(définie comme en mécanique) qu'elle possédait au moment
ou elle franchissait l'orifice, liernouilli a appliqué aux gaz
la formule l/= \ ii/k donnée par Turricelli pour les liquides,
formule dans laquelle v représente la vitesse d'écoulement,
LEMENT - ÉCOI VILLON
- 546 —
g l'accélération due i la pesanteur et h la hauteur d'une
oolonne de gaz de section i dont lepoidaeit égal a la diffé-
rence dee pression» P — l'' du gaz dans le réservoir et du
milieu où il s'écoule. Cette formule devient :
v = m\ ,J'
5 ètanf la densité du gaz à la température de l'expérience;
on déduit de la que la vitesse déroulement de l'air dans
le vide est de .'Jll't ni. par seconde et celle de l'hydrogène
de 1,500 m. Cette formule de Bernouilli a été vérifiée ex-
périmentalement d'une façon assez satisfaisante pour des
diirérences de pression ne dépassant guère 1 m. d'eau.
D'Aubuisson, <|ui a étudie l'écoulement des gaz a travers
les tuyaux cylindriques, a trouvé que la quantité Q de gaz
écoulé était alors sensiblement exprimée par la formule sui-
vante :
Qr=227!i
/ PI)5 "
P est la pression du gaz en colonne de mercure, D le dia-
mètre du tuyau, L sa longueur et o! le diamètre de l'orifice
qui a laissé échapper le gaz. Un a D = d, et la formule se
simplifie un peu quand le tuyau est librement ouvert à
l'air par son extrémité. L'écoulement des gaz est accom-
pagné de refroidissement puisqu'il provient de la détente
d'un gaz; l'abaissement de température peut être calculé
à l'aide des formules de la théorie mécanique de la chaleur
(V. Détente).
Ecoulement des liquides. — Il y lieu de distinguer
plusieurs cas, selen que l'écoulement a lieu avec ou sans
frottement. Ecoulement par un orifice percé en mince
paroi. On peut alors considérer comme nul le frottement
du liquide sur l'épaisseur de la paroi ; la vitesse d'écoule-
ment est alors donnée par la loi suivante énoncée par Torri-
celli : la vitesse du liquide à sa sortie est égale à celle
qu'aurait un corps tombant en chute libre d'une hauteur
égale à la distance du niveau du liquide à l'orifice de sortie,
c.-à-d., si l'on désigne par v cette vitesse et par h cette
hauteur, ona u = ^J-gh. Mariotte a vérifié cette loi et
D. Bernouilli en a donné le premier la démonstration théo-
rique. Cette formule permet de résoudre un certain nombre
de problèmes relatifs à l'amplitude des jets paraboliques
qui s'échappent de réservoirs à parois minces, quand on
néglige la résistance de l'air, ou à la dépense d'eau pendant
un temps donné. Ainsi, l'on peut calculer à l'aide de cette
formule le temps nécessaire pour qu'un vase cylindrique
contenant de l'eau à la hauteur h se vide. Ce temps est
égal à
V^
- étant le rapport des sections du vase et
l'orifice. Ce
temps est le double de celui qu'il aurait fallu employer
pour obtenir la même quantité d'eau si le niveau avait été
maintenu au niveau constant. Newton a observé le premier
un phénomène important présenté par les veines d'eau : il
a montré que la section de la veine va en diminuant jus-
qu'à une certaine distance de l'orifice qui peut égaler et
môme dépasser le diamètre de celui-ci, et la section con-
tractée est en moyenne les deux tiers de l'orifice. On a
d'abord attribué ce phénomène au frottement, mais on a
montré qu'il n'en était rien et qu'il fallait plutôt l'attribuer
à la tension superficielle, car, si l'on dispose une expé-
rience de façon que le jet traverse une atmosphère conte-
nant des vapeur d'étber OU d'alcool qui diminuent beaucoup
le tension superficielle en se dissolvant en petite quantité
dans le jet, on augmente beaucoup non la vitesse d écoule-
ment, mais la quantité d'eau écoulée, la contraction de la
veine étant moins considérable. Savart a montré en outre
que la reine, u delà de la section contractée, allait en
s amincissant légèrement par suit'' de l'accélération due a
la pesanteur et qu'elle ne poeaéoaHnne transparence qui l'a
bit justement comparer i une ti^e de cristal que jnaqna ne
certaine distance de l'orifice; au delà, la reme letrooJUe;
elle présente une série de ventres et de noeuds due i es que
la veine se brise et se résont en gouttelettes animées de
mouvements vibratoires qui produisent ces renflement
ces nœuds. Les sons musieatn émis dans le voish
d'une veine changent son aspect en déplaçant les vent
lin a\ait autrefois cherché à expliquer la résolution de
la veine en gouttelettes par l'accélération de la pesanteur,
niais cette cause n'agit que pour amincir la rame, car lu
résolution en goutte se fait toujours, que !•• jet soit du
vers le haut on vers le bas. Plateau a montre par M
périences sur la capillarité qu'un cylindre liquide ne pou-
vait subsister des que sa longueur atteignait, par rapport à
son diamètre, une certaine valeur; il se réduit alors en
gouttes isolées de grosseurs inégales.
Les écoulements de l'eau par des ajutages, dans des
tuyaux ou des canaux, sont très compliqués. Ouand l'aju-
tage est un cône se rétrécissant d'une forme semblable à
la contraction naturelle de la veine, la dépense est pas
changée (diminuée de <> % avec un cône de 15°). Quand
l'ajutage est cylindrique, la dépense n'est [dus que les
quatre-vingt-deux centièmes de la dépense sans ajutage.
En employant comme ajutage un cône rétrécissant suivi
d'un cône divergent, on a pu tripler la dépense (Venturi).
Si, au lieu d'ajutages toujours courts on emploie des tuyaux,
des frottements considérables prennent naissance; ainsi,
dans un tuyau parcouru par un courant d'eau d'une vitesse
V, la pression n'est pas la même en tous les points ; si on
appelle d la distance de deux points, S la surface, ('. le pé-
rimètre de la section, on a pour la différence des pressions
Pi — Pj en ces points :
P1-P8=^(aV-r-AV«),
a et b étant des constantes. A. Jouons.
III. Médecine (V. Blennorrhagie, Flububs blanches,
Leucorrhée, Hémorragie, Oreille, etc.).
Bibl. : Technologie. — Comptes rendus de l'Académie
des sciences, 1*61. — Mémoire sur le poinçonnage des mé-
taux et la déformation des corps solides, dans tiecueil des
savants étrangers de l'Académie des sciences. 1872, t. XX. —
Flamant, Résistance des matériaux; Paris, 1
ÉCOURT-Saint-Qientix. Coin, du dép. du Pas-de-Ca-
lais, cant. de Marquion; 1,890 hab.
ÉCOUST-Saint-Mein. Corn, du dép. du Pas-de-Calais,
arr. d'Arras, cant. de Croisilles; 779 hab.
ÉCOUTE (Y. Voile).
ÉCOUTÊTE (en lat. seultetus). On donnait ce nom au
moyen âge dans les pays germaniques et spécialement en
Flandre à un officier seigneurial, chargé des attributions
judiciaires et de police qui, en France, étaient dévolues aux
prévôts et aux baillis.
ÉCOUVIEZ. Coin, du dép. de la Meuse, arr. et cant.
de Montmédy; 303 hab.
ÉCOUVILLON (Artill.). L'écouvillon est un instrument
servant à nettoyer et à graisser l'âme d'une bouche à feu.
Il se compose d'une hampe en bois portant à l'une de ses
extrémités une tête en paillets lardés (pour le nettoyage) ou
une brosse en soies de porc (pour le graissage); il est sou-
vent terminé à l'autre extrémité par une tète formant rc—
fouloir pour décharger la pièce s'il y a lieu. L'écouvillon
des canons de campagne est transporté sous l'affût ; pour
écouvillonner l'âme de la pièce, on rassemble avec le re-
fouloir. Avec les pièces se chargeant parla culasse.il n'est
pas nécessaire d'écouvillonner pendant le tir. a moins qu'on
n'exécute le tir en blanc. Avec les pièces se chargeant par
la bouche, cette opération se faisait après chaque coup ;
elle était indispensable pour nettoyer l'âme et assurer l'ex-
tinction des résidus incandescents avant l'introduction de
— 517 —
ÉCOUVILLON — ÉCRAN
la nouvelle charge. Pour ecouviiionnor, la lumière étant
bouchée par le pointeor, les premiers servants enfonçaient
la brosse jusqu'au fond de l'âme, tournaient l'écouvillon
trois lois dans un sons, trois fois dans l'antre sons, puis
retiraient l'écouvillon sans (|u,> la lumière cessai d'être
bouchée 0 . Dorera*).
ÉCOUVOTTE. Coin, du dép. du Doubs, arr. do Baunio-
les-Dames, ont. de Romans; tiT hab.
ECOYEUX. Coin, du dép. do la Charente-Inférieure,
arr. de Saintes, eant. de liurie: 1,016 bah.
ECPHANTE U SYRACUSE, philosophe grec, do l'école
pythagoricienne. Nous saxons peu de chose sur ce phi—
msophe; il parait avoir vécu après Philolaûs, avoir été
contemporain d'Archytas de Tarente et. selon une conjec-
ture plausible île Boekh, il lut le disciple de cet llicétas
de Syracuse qui eut le premier l'idée du mouvement de la
terre autour de son axe. Ecphante modifia notablement la
doctrine de Pythagore. Trouvant sans doute que lesnombres
el les unités du maître étaient des principes trop abstraits,
il les remplaça par des atomes conçus comme corporels,
ayant pour attributs la grandeur, la forme et la force. Ces
atomes no tombent pas sous les sens ; ils sont séparés par
lo vide. Malgré ces analogies avec la philosophie de Démo-
nue, la doctrine d'Ecphante en est fort différente, car,
admirant l'unité du monde, ce philosophe l'expliquait non
par des causes mécaniques, mais par l'action de la Provi-
dence; parla il se rapprochait d'Anaxagore. Il parait avoir
écarté la théorie de la pluralité infinie des mondes, et il
admit avec Hicétas le mouvement de la terre autour de
son axe. Y. Brochard.
ECPHANTIDES, poète comique d'Athènes, du vi° siècle
av. J.-C. Il fut vraisemblablement le contemporain [tins
âge de Cratinosqui l'attaqua dans ses comédies. Il lui repro-
chait de se faire aider pour la composition de ses pièces, par
un esclave nommé Chœrilus, comme Aristophane accuse
Euripide d'avoir usé de la collaboration de son esclave Cé-
phisophon. C'est encore Cratinos qui donnait à son rival le
nom de Karv!a;, l'homme de fumée, probablement à cause
de l'obscurité de son style. On eonnait le titre d'une de ses
comédies. Eocrupoi, mais nous n'avons de lui qu'un petit
nombre de fragments insignifiants ; dans l'un d'eux il
déclare abandonner la comédie mégarienne, sans doute à
cause de la grossièreté de ces sortes de pièces (V. le scho-
liaste d'Aristophane, Gren., Y, 151 et 118-2; Meineke,
Fragtn. Comicorwn Grœrorum, 1. 1, pp. 35-38 ; II, pp. 12
et >uiv.i. A. W.
ECQUEDECQUES. Coin, du dép. du Pas-de-Calais,
arr. de Béthnne, cant. de Norrent-Fontes; 454 hab.
ECQUEMICOURT. Corn, du dép. du Pas-de-Calais, arr.
de Montreuil-sur-Mer , cant. de Champagne-lès-IIesdin;
134 hab.
ECQUES. Com. du dép. du Pas-de-Calais, arr. de
Saint-Omer, cant. d'Aire, sur un affluent de la Melde ;
1,381 hab. Source de l'Eaubonne jaillissant de puits arté-
siens creusés au xvn* siècle. Eglise avec clocher roman.
ECQUETOT. Com. du dép. de l'Eure, arr. de Louviers,
cant. du Neubourg; 345 hab.
ECQUEVILLY. Com. du dép. de Seine-et-Oise, arr. de
Versailles, eant. de Heulan; 534 hab.
ECQUEVILLY (Armand -Erançois Hexneolin, mar-
quis d'). général français, né à Paris le 30 sept. 1747,
mort a Paris le 9 sept. 1830. Capitaine du vautrait, il de-
vint, en 177», meatre de camp du Royal-cavalerie, et en
.u-' chai de camp. 11 émigra et servit dans l'armée
i il exerça les fonctions de chef d'état-major. Il
accompagna le prince à Saint-Pétersbourg, s'établit ensuite
en Hongrie et ne revint en France qu'en 1814. Lieutenant
général, il fut nommé pair de France le 17 août 1815,
présida la commission qui jugea le général Gilly en 1816
et, avant sa mise à la retraite ( I8|!l), occupa les fonctions
de directeur du dépùtde la guerre, d'inspecteur général des
ingénieurs géographes, de président du comité de la guerre.
Il a écrit : Campagnes ducorps sous 1rs ordres du prince
de Condé d'ans, isis, 3 vol. in-8). U avait reçu son
titre de marquis le IS janv. 1821.
ÉCRAINIER (V. l.wK.Tii-.n).
ECRAINVILLE. Coin, du dép. do la Seine-Inférieure,
arr. du Havre, cant. do Goderville; !*V2N hab.
ECRAMMEVILLE. Com. du dép. du Calvados, arr. de
Bayeux, cant. de Trévières; 438 hab.
ÉCRAN (Ainoubl.). Meuble portatif qui se place devant
la cheminée pour garantir de l'ardeur du feu. L'usage des
écrans remonte à une date reculée, et les miniatures des
anciens manuscrits montrent des écrans d'osier placés der-
rière les seigneurs à table, en face des cheminées à plusieurs
âtres, où brûlaient des arbres entiers afin de réchauffer
les salles immenses des châteaux. L'écran n'était alors qu'un
ustensile mobile qui ne se prêtait à aucune décoration artis-
tique. Au xvne siècle, l'écran devint un objet de luxe, et de
portatif il devint permanent. Les pieds et l'encadrement en
furent délicatement sculptés, tandis que la surface était
tendue de riches étoffes brochées ou brodées. L'établissement
de la manufacture des Gobelins développa le luxe des écrans.
En même temps que leurs montants étaient sculptés par les
plus habiles ornemanistes, on y encadrait des panneaux de
tapisserie dont les gracieux motifs étaient dessinés par
Berain , par Marot et par Loir. La manufacture de basse-
lisse de lieauvais a exécute des garnitures d'écran qui sont
Ecran en tapisserie", d'après Boucher, monture en bois
sculpté (xvnr> siècle).
des merveilles de goût et de travail. Les Pastorales de Bou-
cher succédèrent axa. Arabesques d'Audran et de Gillot qui
avaient remplacé les maîtres de l'école de Lebrun. L'art de
Louis XV s'y montre moins noble et moins élégant qu'au
siècle précédent , mais il rachète cette infériorité de style
par des qualités de fantaisie et de grâce facile qui sont
restées sans rivales. U serait impossible d'énumérer les
transformations que l'ingéniosité do nos artistes et de nos
ouvriers avait fait subira l'écran vers le milieu du xviii" siècle.
On ne peut connaître toutes les recherches du mobilier de
ce temps qu'en parcourant les gravures de Moreau le Jeune
et celles qui illustrent les ouvrages contemporains. Ce ne
sont que des tables à écran, des écrans à coulisse, des écrans
ÉCRAN — ÉCREVISSE
- 518 -
do flambeau ou de candélabre, et dee èerana I main dont il
«'\i^tc de charmants modèles publiés par Booeber, par
Marillier el par Huquier. La sculpture des montants luirai)
également les variations du goùi ; après avoir été décorée de
rocailles, elle pril un caractère plus régulier dans la dcr-
nière partie du règne de Louis W, et elle devint classique
mois le règne suivant. Ranson fut alors chargé de dessiner
des garnitures d'écran qu'il décorail de Deurs et d'attributs
pastoraux. <»n y joignit bientôt des médaillons en camaïeu
et des arabesques qui rappelaient 1rs peintures murales
antiques. Les cheminées, en diminuant de dimensions, ont
rendu moins nombreux les écrans placés devant Titre, mais
l'usage des écrans à main est général, et le Japon inonde les
marcliés européens de ces ustensiles peints sur soie.
ÉCRASEMENT. I. Construction.— Ecrasement des
MÉTAUX, DES PIERRES (V. RÉSISTANCE DES MATÉRIAUX).
IL Chirurgie. — L'écrasement linéaire est un procédé
de destruction des tissus qui a pour effet de les sectionner
par pression et avec lenteur, en prévenant les hémorragies.
L'écraseur linéaire de Chassaignac, le ligateur de Maison-
neuve sont utilisés dans ce but. L'écraseur est formé d'une
chaîne articulée qu'on manœuvre au moyen d'une crémail-
lère fixée sur une tige ou vis. Pour l'appliquer, on embrasse
la base d'une tumeur ou des portions de tumeur, on passe
la chaîne ou le fil de fer autour d'elles ; on endort ensuite
l'opéré et l'on serre, selon la vascularité de la région, en
avançant d'un cran ou d'un tour de vis toutes les dix
secondes, toutes les minutes ou toutes les deux minutes.
Lorsqu'on sent une résistance vaincue, les organes sont
coupés. Pour enlever l'instrument, on le tourne sur lui-
même jusqu'à ce qu'il se détache. Pendant cette manœuvre
d'écrasement, les vaisseaux s'oblitèrent de la façon suivante :
les tuniques artérielles résistent inégalement aux tractions,
la couche interne et la couche moyenne se rompent d'abord,
se rétractent et forment un bourrelet qui oppose une pre-
mière digue à la circulation ; la couche externe celluleuse
s'étire, s'effile comme un verre à la lampe de l'émailleur,
et les tissus se fusionnent en véritable cul-de-sac, second
obstacle à l'effusion du sang (Forgue et Reclus). D'après
ces auteurs, malgré ses propriétés hémostatiques indiscu-
tables, les occasions de faire l'écrasement linéaire se sont
bien réduites, grâce au perfectionnement de l'arsenal chi-
rurgical actuel. Dans une cavité étroite, malaisée à atteindre,
s'il faut sectionner un point peu accessible on très vascu-
laire, l'écraseur peut l'emporter sur lethermo, le bistouri
et les ciseaux courbes. C'est le cas de certains polypes de
l'utérus, des fosses nasales ou de l'arrière-pharynx.
Dr A. Coustan.
ÉCRASEUR de platine. Instrument employé en calo-
rimétrie (V. ce mot, t. VIII, p. 974, fig. 9).
ÉCREHOU (Iles). Ilots rocheux situés dans la Manche,
entre l'île de Jersey et la côte française du Cotentin, vis-à-
vis de Portbail. Les deux principaux sont Marmoutier et
Matire. — Les Ecrehou sont en dehors des zones territo-
riales française et anglaise, que la Convention du ~i août
■1839 limite à trois milles des côtes. Ils sont donc neutres.
On a prêté (notamment en 188(>) aux Anglais le projet d'y
élever un fort ou simplement de les occuper. L'intérêt
principal serait d'étendre au profit de leurs pêcheurs les
limites de leur mer territoriale au détriment des pécheurs
français. Les susceptibilités éveillées à ce sujet semblent
sans fondement, la possession des Ecrehou ne pouvant à
aucun titre être revendiquée par l'Angleterre.
ÉCRÉMAGE (V. Beurre, t. VI, p. 546).
ÉC RENNES (Les). Corn, du dép. de Seine-et-Marne,
arr. de Melun, cant. du Châtelel ; 300 hab.
ÉCRETTEVILLE-i.es-Iîaons. Com. du dép. de la Seine-
Inférieure, arr. et cant. d'Yvetot ; 554 hab.
ÉCRETTEVILLE-sur-Mer. Com. du dép. de la Seine-
Inférieure, arr. d'Yvetot, cant. de Valmont, à l'entrée
d'un vallon ouvrant sur la mer; L85 hab. Vestiges d'un
ancien château consistant en une enceinte carrée, flanquée
de (oareUas du \w siècle et entourée de deates. I m
ancienne maison a conserve une jolie pjèes du xnr Méats
dite Su/h' de V audience i lamelle on accéda par un in-1
i ancien. l.;i ferme du Cattd a i tes
de constructions romanes.
ÉCREVISSE. I. Zoologis. — Nom français du genre
de I aiiriciiis. Les Astacui sont Le type d'une
famille de Crustacés Décapodes Macroures, qui comprend
encore, comme genres principaux, les Nephropt et lloma-
rus. Les Astacut ont l'appendice frontal triangulaire, le
dernier anneau iboracique mobile ; les pinces de la pre-
mière paire de pattes sont fortement renflées, a surface
convexe ; le premier anneau de l'abdomen est muni, chez le
mâle, d'appendices sexuels. Ce sont des animaux qui habitent
exclusivement l'eau douce. Il existe en Europe plusieurs
espèces d'Ecrevisses : A. /luviatilis Fabr. (Ecrev. à pieds
rouges, la plus grosse et la plus estimée pour l'alimentation),
A. pallipes Lereb. (E.à pieds blancs), A. torrert tiiuu Sclir.
( I. longicornis Lereb.), .1. Irptodaclylm Bathke, etc. Lee
Ecrevisses recherchent les eaux courantes et pures, dans les-
quelles elles s'abritent sous les racines des arbres et sous les
pierres; elles ne sortent de leurs abris que pour chercher
leur nourriture qui consiste en toutes sortes d'animaux
aquatiques, Crustacés, Mollusques, Insectes, Poissons ; elles
ne dédaignent pas la chair des animaux morts et ne refusent
pas une nourriture végétale : il parait même qu'elles s'accom-
modent à merveille de ce dernier genre d'aliments et que,
si on les meta ce régime exclusivement, leur chair devient
plus blanche, plus ferme et d'une délicatesse parfaite.
L'accouplement de ces animaux se fait vers la fin d'oc-
tobre ; le maie et la femelle se placent ventre à ventre,
s'enlaçant étroitement à l'aide de leurs pattes ; le sperme,
contenu dans des spermatophores, est fixé sur le sternum
et à la partie supérieure de l'abdomen de la femelle; <
seulement du vingtième au vingt-cinquième jour que la
ponte s'effectue et que les spermatozoïdes, sortant de leur
enveloppe, peuvent féconder les ovules. La femelle fixe ses
u'iifs sur les fausses pattes de l'abdomen, par une matière
visqueuse sécrétée par des glandes spéciales ; ceux d'entre
eux qui ne sont pas fécondés n'évoluent pas et se détruisent ;
les autres se développent très lentement et c'est seulement
six mois après la ponte, vers la mi-mai, qu'a lieu l'éclosion.
Pendant toute sa portée, l'Ecrevisse reste cachée dans un
trou étroit qu'elle a creusé et dont elle ne sort que pour
prendre sa nourriture. La jeune Ecrevisse mesure environ
\ cent, et demi de longueur à sa naissance ; pendant près
d'un mois, elle ne quitte guère sa mère, sous l'abdomen
de laquelle elle se réfugie à la moindre alerte. Par suite
de l'extensibilité de sa carapace, l'Ecrevisse ne peut grandir
qu'au moment de chaque mue ; mais, comme elle ne mue
qu'une fois par an, vers la mi-juin, son accroissement est
fort lent, à telle enseigne que les Ecrevisses marchandes
ont au moins neuf ou dix ans d'âge. La durée de la vie de
cet animal est d'environ vingt ans, pendant lesquels il
continue à s'accroître — on a dit qu'il pouvait vivre qua-
rante et même cinquante ans : dans ce cas, l'Ecrevi-,
pourrait atteindre le poids exceptionnel de '200 gr. Les
plus belles Ecrevisses de nos régions, sinon les meilleures,
sont celles de la Meuse et du Kbin ; l'Yonne et la Nièvre
en nourrissent aussi de très bonnes. La chair de ces ani-
maux est très recherchée parce que, convenablement assai-
sonnée, elle est savoureuse.
La pèche des Ecrevisses se fait de diverses manières:
d'abord, avec un filet que l'on suspend le soir au-dessous d'un
morceau de chair putréfiée, ou, dit-on, de viande an
d'essence de térébenthine; ces animaux sont parfois attirés
en grand nombre par l'appât. On met aussi quelquefois de
la viande dans un fagot menu que l'on retire quand les
I crevisses ont pénètre de toutes [parts entre les branches.
D'autres emploient des baguettes fendues : on met dans la
fente un appât et on place le piège dans les points ou les
Crustacés sont abondants : ils ne tardent pas à s'attachera
l'appât ; on retire alors les baguettes de l'eau avec précaution
- M9 -
ÉCREVISSE
et on glisse sous chacune d'elles un panier. A peine soitie de
l'eau. l'EererisBfl abandonne le oorps qu'elfe dévorai! et
tombé dans le panier: quelques pécheurs, mettant à profil
hii de l'Ecrevisse pour le sel. se servent de morne Balèe
comme appât. On peut également prendre ces animaux à la
main en touillant leurs retraites. Ils se pèchent aussi au
t'en, et surfont i la balance, la nuit, enfin par des procédés
plus compliques que ceux-ci, mais qui ne sont pas d'un
emploi courant.
Quand OD veut conserver quelque temps les Ecrevisses
et qu'on ne dispose pas d'un appareil dans lequel l'eau se
renouvelle constamment, il faut se Barder de les placer
dans des herbes ou de la paille humide, mais les essuyer
avec soin et les placer, dans un filet ou dans un panier,
dans un endroit trais : elles peuvent vivre, ainsi pendant
dix ou quinze jours, lorsqu'elles sont dans de bonnes con-
ditions d'aération.
1 es 1 v revisses sont attaquées par des ennemis assez nom-
breux; en laissant de côté ceux qui s'attaquent aux œufs
(Crevettes d'eau douce. Umélides, Insectes), il faut signaler
en première ligne une production végétale appartenant à
la famille des Algues Saprolégniées, le Mycosis astacina,
formé par un mycélium qui envahirait peu à peu tous les
mes et déterminerait la mort — ce parasite est encore
mal connu et assez discuté dans ses eflets — ; un Distome
[D.àrrhigerum)sB rencontre aussi, en certaines localités.
enkysté par centaines dans les muscles du Crustacé dont il
détermine la mort : et enfin, on a également trouvé, répan-
dues en quantité énorme dans les tissus de cet animal, en
outre du Psorospermium Iheckel des productions très mal
connues, qui ont été rapportées aux Grégarines et qui se
rattachent peut-être aux Saprolégniées dont nous venons de
parler. Beaucoup moins nuisibles sont les Dreissena,
Mollusques bivalves qui s'attachent parfois aux pattes des
Ecrevisses vieilles ou malades, le Distoma isostomum
qui se trouve libre entre les muscles de la queue ; deux
espèces de petites Hirudinées, longues de a à 10 millim.,
s'observent souvent sur les branchies, mais elles n'apportent
point de troubles à la santé de leur hôte : ce sont les Bran-
chiobdclla astaci et parasitica. La mortalité due aux
parasites et surtout l'altération des cours d'eau, par le fait
de l'industrie a causé, en beaucoup de pays d'Europe, un
véritable dépeuplement des Ecrevisses, d'où les nombreuses
tentatives faites de divers cotés pour repeupler les eaux et
l'extension qu'a pris l'élevage artificiel de ces animaux,
surtout en Allemagne : c'est de ce dernier pays qu'arrivent
la plupart des Ecrevisses qui alimentent le marché de Paris,
l'apport de nos cours d'eau pouvant être considéré comme
à j>eu près nul.
La consommation de l'écrevisse devient en effet, de plus
en plus considérable; la consommation annuelle pour Paris
seulement atteint environ six millions de pièces, le prix de
vente s 'élevant sans cesse; voici quelques détails sur la
culture rationnelle de l'écrevisse. Pour l'écrevisse à pieds
jes [et pour l'écrevisse de la Meuse, il faut disposer
d'eaux calcaires; l'écrevisse à pieds blancs, l'écrevisse des
fontaines, peuvent à la rigueur vivre dans des eaux sili-
ceuses, à condition que l'eau se renouvelle fréquemment ;
le fond de l'étang doit être composé de gravier et les berges
garnies de nombreux refuges. Le peuplement se fait en
avril, au moyen de six reproducteurs âgés de quatre ans
par 30 m. q. de vivier; dans un vivier convenablement
aménagé, on peut pécher chaque année de quinze à vingt
ecrevisses marchandes par mètre carré, soit huit à dix
mille franc» de valeur annuelle par hectare d'eau ; on
cultive généralement du cresson dans les viviers à écrevisse,
ce qui augmente les bénéfices. L'écrevisse ayant des ma'urs
nocturnes, la nourriture doit être principalement donnée le
soir; elle consiste en vers de terre, en larves d'insectes,
en détritus de toute sorte.
L'élevage de lï>revïsse pratiqué par les Romainset dont la
tradition, alternativement perdue et retrouvée ensuite, con-
servée finalement en Erance par quelques communautés
religieuses jusqu'à la Révolution, a été repris dans notre
pays, à Clairefontaine, près de Rambouillet, et surtout à
Yilliers, prés de l.a Eerté-Alais, dans l'arr. d'Etampes,
par M. de Selve : cette dernière exploitation, qui était des
plus florissantes en 1870, fut détruite a cette époque, de
fond en comble, par les Allemands ; elle n'a pas été relevée
de ses ruines.
Signalons enfin que certaines régions de la Russie d'Eu-
rope sont extrêmement riches en Ecrevisses et que, depuis
quelque temps, il s'est établi d'importantes fabriques de
conserves de queue:; d'écrevisses, qui ont aujourd'hui un
débit fort important, tant en Russie qu'à l'étranger. On a
beaucoup écrit sur l'Ecrevisse considérée à différents points
de vue, et nous ne pouvons mieux faire que renvoyer le
lecteur à quelques-unes de ces publications : Huxley,
l'Ecrevisse (Bibliothèque scientifique internationale,
1883) ; P. Carhonnier, l'Ecrevisse (Paris, 18fi9) ; Schiem-
kewitsch, Caractères spécifiques et distribution géogra-
phique du genre Astacus (1887) ; llarz, Die sogenannte
Krebspest, ihre Ursache und Vcrhùtung (Vienne, 1887).
R. Moniez.
11. Paléontologie et distribution géographique. —
Les Ecrevisses d'eau douce ont eu des ancêtres marins ;
d'ailleurs, à l'époque actuelle, la famille des Astacidœ (ou
Astaeoinorpha) comprend encore les Homards, qui ne dif-
fèrent guère des Ecrevisses que par leurs métamorphoses
compliquées, et le genre Nephrops, dont certaines espèces
habitent les eaux douces. Par contre, de véritables Ecre-
visses (genre Parastacus) vivent dans l'eau saumâtre, à
l'embouchure des grandes rivières de l'hémisphère sud. Les
genres fossiles marins, Eryma et Pseudastacus, qui sont
du lias et du jurassique d'Europe, peuvent être considé-
rés comme les ancêtres communs de tous les Astacidœ
(Ecrevisses et Homards). Les genres d'eau douce Astacus
et Cambarus se montrent dans le tertiaire et peut-être
même dans le crétacé d'Europe et de l'Amérique du Nord.
A l'époque actuelle, les Ecrevisses ont une distribution
géographique très remarquable. Ce type d'eau douce ne se
trouve que dans les régions tempérées du globe. Des deux
sous-familles, les Astacinœ (ou Potamobiidœ des au-
teurs), sont propres à l'hémisphère boréal tandis que les
Parastacinœ sont de l'hémisphère austral. Le genre Asta-
cus, qui renferme nos Ecrevisses d'Europe, s'étend sur une
grande partie de la région paléarctique, jusque dans l'A-
mour et au Japon. L'Afrique et l'Inde n'ont pas d'Ecre-
vïsses, mais le genre Astacus se retrouve de l'autre côté
du Pacifique, sur le versant occidental des montagnes Ro-
cheuses, de l'Orégon à la Californie. La partie orientale de
la région néarctique (Etats-Unis) est habitée par le genre
Cambarus, qui pénètre dans la région néotropicale, s éten-
dant des grands lacs au Guatemala. Les Parastacinœ sont
surtout abondants en Australie, où le Parastacus serra-
tus du fleuve Murray atteint la taille de nos Homards.
Engœus vit en Tasmanie, et Paranephrops à la Nouvelle-
Zélande et aux îles Fidji. Le genre Parastacus se retrouve
au Chili et dans le S. du Brésil. Enfin, Astacoïdcs re-
présente Parastacus dans le S. de Madagascar. La dis-
tribution disjointe de ce type, semblable à celle d'autres
organismes d'eau douce, est l'indice et la conséquence de
son origine ancienne. E. Trouessart.
III. Art culinaire. — Les ecrevisses constituent un
aliment fort apprécié, très nourrissant, mais peu digestible
pour certains estomacs. Elles font l'objet d'un grand nombre
de préparations. La plus simple et la plus fréquemment
employée consiste à préparer d'abord un court-bouillon
avec un morceau de beurre, du persil en branches, du
thym, du laurier, un oignon, des carottes, du poivre, du
sel et du vin blanc sec, ou à son défaut de l'eau et du
vinaigre en égale proportion. Après avoir lavé les ecrevisses
dans plusieurs eaux, et les avoir vidées en tirant doucement
l'écaillé du milieu du bout de la queue et en détachant
ainsi un petit boyau noir qui, s'il n'était pas enlevé, leur
communiquerait un goût amer, on les plonge encore toutes
ÉCREVISSE — KCHITOIRK
— S20 -
vivantes dans le COUrt-bouillon, OÙ on Isa laisse cuira pen-
dant dix iiiiniitrs environ. On les êgoutte et on les main-
tient chaudes jusqu'au moment de les servir. Comme
entremets, on les dresse sur un plat en forme pyramidale,
la tète en haut ; on forme alors ce que les praticiens
appellent un buisson. Les écrevisses Bervent aussi a l'aire
des coulis et des potages excellents connus sous le nom
de bisques (V. Coulis et ISisole). S'il est nécessaire de
les réchauffer, on le fait dans le court-bouillon qui a
servi à leur cuisson. On sait que la cuisson fait passer la
carapace de l'érrevissc du brun au rouge ; ce phénomène
tient à ce que des deux pigments qui existent dans l'épi-
démie, l'un rouge et l'autre bleu, ce dernier se détruit
par la chaleur et il ne reste de visible que le rouge. —
L'estomac de L'écrevisse renferme, lorsqu'elle est sur le
point de muer, des concrétions pierreuses, dont la médecine
faisait autrefois usage comme absorbants ; on les désignait
sous le nom d'yeux d'écrevisses.
IV. Astronomie. — Constellation zodiacale la plus diffi-
cile à distinguer à cause de ses faibles étoiles, mais aussi la
plus boréale. Elle est située entre le Petit Lion et le Lynx,
les Gémeaux, le Petit Chien, l'Hydre et le Lion. Sa plus
belle étoile, a ou Sertan, de quatrième grandeur, a pour
coordonnées moyennes en 1892 :
M = 81'1 52m 34s,80 ; P = 77° 43' 28",4.
On remarque dans cette constellation un groupe d'étoiles
très petites qu'on nomme l'Etable, la Ruche, la Nébuleuse
ou Prœcepe, entre les deux quartaires S et y, qui sont les
Anes (V. ce mot). Le nom d'Ecrevisse a probablement été
donné à cette constellation en raison de ce que le mouve-
ment ascendant du soleil en déclinaison s'arrête au solstice
d'été, et que cet astre semble revenir sur ses pas et reculer,
selon l'opinion vulgaire, à la manière de l'écrevisse. On
appelle aussi cette constellation le Cancer (V. ce mot).
L. Barré.
V. Musique (V. Canon).
VI. Technologie. — Nom d'un instrument destiné à
saisir des fardeaux ou à retirer du fond de l'eau des ma-
tériaux, des canons ou autres objets. Les dimensions de
l'écrevisse varient suivant les usages spéciaux auxquels
elle est destinée. Dans son état le plus général, elle a la
forme de grandes tenailles, composées de deux branches
articulées en leur milieu sur un axe commun et figurant
assez bien un compas d'épaisseur. L'écrevisse est employée
dans les forges pour porter du foyer à l'enclume les pièces
rougies au feu. L. K.
VII. Archéologie (V. Costume, t. XII, p. 1163).
ÉCRIENNES. Coin, du dép. de la Marne, arr. de
Vitry-le-Francois, cant. de Thiéblemont ; 784 hab.
ÉCR1LLE (Pèche). On nomme ainsi une sorte de clô-
ture de clayonnage qui se place à la décharge d'un étang
pour empêcher les poissons de s'échapper.
ÉCRILLES. Com. du dép. du Jura, arr. de Lons-le-
Saunier, cant. d'Orgelet; 10!) hab.
ÉCRIN (Arch.). On donne ce nom à des cassettes et à
des petites boites dans lesquelles on serre les bijoux ou les
objets précieux. Les dimensions de l'écrin primiti! étaient
moins réduites que de nos jours, et il y en avait de toutes
les grandeurs et destinés à tous les usages. C'étaient des
sortes de coffres dont quelques-uns étaient en bois sculpté.
Les ouvriers qui produisaient cette fabrication spéciale
s'appelaient des escriniers. Au commencement ils avaient
fait partie de la corporation des menuisiers-huchiers, mais
par la suite ils furent autorisés à former la communauté
spéciale îles maîtres layetiers-écrainiers de la ville et fau-
bourg de Paris. Ils avaient le privilège de fabriquer les
huches de bois de hêtre, les écrins et layettes à gorge ou
autrement, les ratières, les cages, les coffres de bois
cloués, les boites à balances, les pupitres, les écritoireset
les boites d'épinettes. Les plus remarquables des écrins qui
nous soient restes datent de la Renaissance et sont recou-
verts en cuir gaufré et doré. On rencontre quelques écrins
du xiii' siècle et du moyen âge dans les trésors des églises,
on ils préservaient des objets préeieox. Il y a égfJcaefsl n
certain nombre de | oHrcts du IV* sieele ,,
gravé el gaufré qui ont peut-être servi primitiveaieatd'écrma.
Les inventaires dn moyen âge joignent souvent à la descrip-
tion des pièce-, d'orfèvrerie celle des écrins qui le, reofer-
Ecrin couvert en cuir paufré et dore (xvnc siècle),
au musée de Cluny.
maient. Le terme d'écrin, versle xviu8 siècle, ne servit plus
qu'à désigner le coffret renfermant les bijoux. Il a conservé
ce sens dans le langage moderne, mais en détournant sou-
vent le mot de son application primitive. Prenant le contenu
pour le contenant, on dit souvent : l'écrin d'une dame, pour
désigner l'ensemble des bijoux qui lui appartiennent et qui
sont conservés dans ce meuble. A. de Champeaix.
ÉCRITEAU (ArchéoL). Inscription tracée sur une plan-
chette pour porter un avis à la connaissance du public. Dans
les temps primitifs, les écriteaux étaient nombreux dans les
églises et il y avait des cadres en bois pour les recevoir.
Avant l'invention de l'imprimerie, c'était une sorte de journal
destiné à solliciter les aumônes ou à rappeler aux fidèles les
pratiques de la religion. Ils remplirent un rôle moralisateur
considérable pendant toute la durée du moyen âge , et ils
ne cessèrent d'être en usage que vers la fin du xvi1' siècle.
Une grande partie des tableaux et des tapisseries anciennes
est accompagnée de longues banderoles et de parchemins
déroulés sur lesquels sont inscrites les explications des sujets
qui y sont représentés. On donnait aussi ce nom aux tableaux
que les maîtres écrivains suspendaient à leurs portes pour
faire connaître leur habileté calligraphique. A. de Cu.
ÉCRITOIRE (Ameubl.). Ce mot servait à la fois pour
désigner l'encrier portatif dont le scribe faisait usage et le
meuble sur lequel il s'appuyait pendant son travail. Au
moyen âge, où la copie des manuscrits était très active, il
y avait dans les couvents une chambre nommée escriptoire,
où travaillaient les ealligraphes et les clercs, l'n grand
nombre de miniatures représentent des moines ou des auteurs
assis dans une chaire devant un pupitre carré ou circulaire,
sur lequel ils transcrivent leurs ouvrages, et qui est garni
de tous les ustensiles spéciaux. Les seigneurs possédaient
des écritoires en matières précieuses, sortes de nécessaires
qui les suivaient dans leurs voyages et qui contenaient tout
ce qu'il fallait pour écrire. Les écrivains et les officiers
ministériels portaient, suspendu à la ceinture de leurs robes,
un étui long où étaient renfermés l'encrier et les plumes.
Quelques-uns de ces étuis sont en cuir gaufré d'un travail
très soigné ; l'usage en persista au Palais de justice jusqu'à
L'époque de la Révolution. Ces ustensiles étaient fabriqués
par les gainiers. — Le célèbre C.-A. Boulle créa des écri-
toires dont les formes et la décoration s'harmonisaient
avec les grands bureaux incrustés de cuivre et d'écaillé qu'il
fabriquait pour la cour et pour les grands financiers de son
temps. Ce sont des sortes de plateaux supportes par quatre
pieds recourbés à mascarons, dans lesquels sont évidées
deux larges rainures pour les plumes, qui sont séparées par
un ressaut à cases ou se trouvent l'encrier et le poudrier.
- m —
ÉCRITOffiE — ECRITURE
Hallin ci les orfèvres de louis \IV eoaposaient des ècri«
tains plus importantes, supportées par des pieds à balnstre
et dans lesquelles le récipient à l'encre était entouré de
bobèches à taupes. Ils s'inspiraient, pour l'exécution de ces
belles pièces disparues à la fonte, <l<'s modèles de Lebrun
et ilo Bénin. Le dessinateur dn cabinet de Louis XV, Heis-
sonnier, a publié plusieurs écritoires de style rocaille, d'une
ptarfe richesse; il nous est parvenu des imitations de ces
petits meublée an bronze ciselé. Les orfèvres Germain ont
lècuté de grandes écritoires de vermeil pour la cour
et pour les souverains étrangère. Les fortunes plus modestes
se cont. Mitaient d'encriers moins dispendieux. On en fabri-
quait 60 plomb et surtout eu faïence et en grès. Les poteries
dTrhino, au xvi" siècle, celles de Rouen et de Mousticrs au
Keritoire eir iVienee de Rouen (xvu« siècle).
xvn1' ont produit des écritoires qui ont mérité d'être re-
cueillies dans nos musées et dans les collections publiques.
fabriques de Nevers inondèrent plus tard la France de
leurs encriers dont la forme et le décor sont également infé-
rieurs. Il serait impossible de relever toutes les transforma-
tions que le goût ou les besoins particuliers de chaque époque
ont fait subir à ces ustensiles d'usage courant, dont la ma-
tière et la disposition n'ont jamais eu aucune fixité. On trouve
dans certains inventaires anciens la mention d'écritoires en
tormede table et disposées comme des pupitres. Ce n'étaient
ù que des exceptions de définition, et ces meubles doivent
rentrer plus exactement dans la série des tables à écrire
et des pupitres. On trouvera également des renseignements
BW les divers genres d'écritoires au mot Encrier.
ÉCRITURE. I. Ethnographie. — L'idée de communi-
quer graphiquement sa pensée à un autre, dans le temps
et dans l'espace, devait naître chez l'homme dès l'origine de
la civilisation ; mais que d'étapes n'a-t-elle pas du parcourir
pour se réaliser dans ce système si simple et si ingénieux
que l'on appelle l'écriture alphabétique ! Avant d'inventer
l'écriture phonétique en général, l'homme a dû passer par
la période de l'écriture idéographique, et cette dernière
écriture est déjà un progrès sur d'autres moyens de figurer
et de communiquer sa pensée, moyens beaucoup plus
simples que l'on peut appeler d'une façon générale l'usage
des objets symboliques et des marques mnémoniques.
Ces moyens primitifs sont encore en vigueur aujourd'hui
chez lieaucoup de peuplades sauvages ou mi-civilisées.
Comme type de l'usage des objets symboliques, on peut
cher les messages des Malais de Sumatra ; ils sont for-
més de paquets contenant différents objets : morceaux de
sel, de poivre, de bétel, etc., ayant respectivement la signi-
fication de l'amour, de la haine, de la jalousie, etc.; sui-
vant la quantité et la disposition des objets dans le paquet,
le message sert à exprimer tel ou tel sentiment. Dans le
même ordre d'idée, on peut rappeler le fameux message
des roi< scythee à Darius, formé d'un oiseau, d'un rat,
d'une grenouille et d'une flèche. Ce système atteint sa per-
fection dans les Wampoums des Peaux-Rouges (série de
perles de différentes couleurs enfilées sur des cordes). Les
bâtons-messag.s en usage chez les Mélanésiens, les Niam-
Niam. les Achantis, les paysans de la Lusace, de la Si-
lésie. etc., oui la même signification. C'est ordinairement
une -ort" de passeport ou de convocation à une assemblée :
la forme du bâton, ainsi que les marques particulières qu'il
porte, sont autant de signes particuliers pour faire connaître
'>mmandements d'un chef, l'ordre du jour de l'asscm-
12
blée, etc. Les encoches que portent parfois ces bâtons
forment le passage vers les marques mnémoniques, que les
peuples les moins civilisés ont l'habitude de graver sur des
arbres, sur des morceaux d'écorce ou des pièces de bois.
C'est le premier pas vers récriture proprement, dite. On a
trouve des planchettes en bois de cerf portant des encoches
dans les grottes sépulcrales de la période quaternaire à
Aurignac (Dordogne) ; on en signale l'usage chez les an-
ciens Mongols (les planchettes hhe-moii, qui se sont trans-
formées ensuite en Paï-tsé couverts d'écriture carrée en
caractères Pagba ou Passe-Pa) et actuellement chez les
Esquimaux, les Iakoutes, les Ostiaks, les Macusis de la
Guyane, les Nègres de la cote
occidentale d'Afrique, les Lao-
tiens, les Mélanésiens, les Micro-
nésiens et même chez les Euro-
péens, à l'état de survivance, sous
forme des bâtonnets de compte des
boulangers, etc. Le nom allemand
pour désigner les lettres (Buchs-
taben) n'est qu'un souvenir de
l'usage des marques sur les bâ-
tonnets de hêtre chez les anciens
Germains. Les planchettes à en-
coches servent surtout à compter.
Voici, par exemple, la traduction
de ce que veut dire une plan-
chette à encoches des Laotiens
que Harmand a trouvée à l'entrée
d'un village atteint d'une épidémie
de choléra (fig. \) : D'ici douze
jours (12), tout homme, qui osera
pénétrer dans notre palissade,
restera prisonnier ou nous payera
quatre buffles ( i) ou douze ticales
de rançon (12). De l'autre côté,
mais avec doute, le nombre des
hommes, des femmes et des en-
fants du village.
Un instrument mnémonique
analogue, c'est la corde à nœuds
que l'on rencontre chezles Ostiaks,
les Nègres Angolais et Loangos,
les Malgaches , les Alfourus de
Célèbes, etc. Suivant le nombre
et la couleur des cordes, suivant
le nombre de nœuds qu'elles
portent, on se remémore les évé-
nements, on établit les comptes
pendant l'échange, etc. Chez les
Micronésiens des lies Palaos,
quand deux individus se donnent
un rendez-vous à une certaine
date, ils font], chacun sur une
corde, autant de nœuds qu'il
reste de jours jusqu'à cette date ;
dénouant ensuite chaque jour un nœud etarrivantau dernier
juste le jour du rendez-vous, ils se le rappellent forcément.
Suivant la tradition chinoise, les premiers habitants des
bords du Hoang-ho, avant l'invention de l'écriture pro-
prement dite, se servaient, eux aussi, de cordelettes nouées
à des bâtons comme instruments mnémoniques. On rat-
tache même à ces bâtons noueux les mystérieux diagrammes
dont il est traité dans le Yik-King. D'ailleurs, notre usage
de mettre un na-ud au mouchoir pour se rappeler quelque
chose, n'est-ce pas une survivance de cette coutume ? Le
moyen d'exprimer certains événements et certaines idées à
l'aide de nœuds faits de différentes façons et diversement
disposés a été poussé au dernier degré de perfection
dans les Quipos des anciens Péruviens: ce sont des anneaux
en corde ou en bois, auxquels sont attachées, en grand
nombre, des cordelettes de couleurs différentes sur chacune
desquelles se trouve deux ou plusieurs nœuds diversement
12
Fig. 1. — Planchette à
encoches des Lao-
tiens.
ÉCRITURE
- rrlî -
façonnes (lig. 8). Enfin, pour en terminer avec les moyens
mnémotechniques, notons les différentes marques de pro-
Fig. 2. — Quipo péruvien.
priété, de parenté, de tribut (les Totems des Peaux-Rouges,
les Tatngas des Kirghis, etc.), que l'on a l'habitude de
graver sur les armes, sur les habitations, sur les animaux
et même sur le corps des hommes (tatouages des Maons).
Lei moyens que nous venons de signaler M -ont que
les précurseurs de la véritable èeritnre : cette dernière
ne commence réellement qu'avec les dessins, exprimant
une suite d'idées, avec la pietographie. On en troi:
estais imparfaits dans les dessins îles Mélanéf
sentant différents événements de leur rie, dam i
vures sur os des Esquimaux, dans certaini taMetun
rupestres des Rochimans, des Australiens, ou bien dans
ceux que nous ont laissés les peuplade* inconnues sur les
bords du Iéniséï. Mais c'est efaez les Indiens de l'Amé-
rique du Nord que la pietographie a pris le plus haut degré
de développement. On peut en juger par l'exemple ei-i!
(fig. 3), emprunté à une pétition présentée par les Indiens
au président des Etats-Unis, pour reclamer la possession
de certains lacs situés dans le voisinage du lac Supé-
rieur. La figure n° \ représente le principal chef péti-
tionnaire par l'image d'une grue, totem de son clan : les
animaux qui suivent sont les totems de ses copétition-
naires. Leurs yeux sont tous reliés aux siens, pour expri-
mer l'unité de vues, leur cœur au sien, pour exprimer
l'unité de sentiments. L'œil de la grue, symbole du chef
principal, est en outre le point de départ d'une ligne qui
se dirige vers le président et d'une autre qui va rejoindre
les lacs. Dans d'autres inscriptions, le symbolisme des
figures est poussé beaucoup plus loin. Les signes, non
encore déchiffrés des « bois parlants » en usage chez les
Polynésiens de l'ile de Pâques (fig. 4) se rapprochent de la
Fig. 3. — Pietographie des Indiens Peaux-Rouges.
pietographie américaine, tout en offrant en même temps
des signes symboliques pour le chant.
C'est aussi d'une pareille pietographie un peu perfectionnée
qu'est issue l'écriture figurative en hiéroglyphes des Mexi-
cains duplateau d'Anahuac et celle de leurs voisins, les Maya
Fig. i. — Signes des « bois parlants » des Polynésiens.
de la presqu'île de Yucatan (fig. 5). Cette écriture consti-
tue un pas en avant en ce que certaines figures ont une
valeur phonétique en même temps qu'une signification
réelle. La meilleure preuve est fournie par la transcription
des deux premiers mots du Pater en hiéroglyphes mexicains
(fig. 6). C'est 1» système du rébus. La valeur phonétique
des hiéroglyphes égyptiens a été déduite à peu près de la
même façon d'après le son du langage parlé désignant
l'objet figuré. On peut poursuivre la transformation des
figures d'objets en signes conventionnels de plus en plus
simplifiés, c.-à-d. en représentations ou peintures des sons,
dans l'écriture cunéiforme (Y. ce mot) des Assyriens
aussi bien que dans les écritures égyptienne et chinoise,
comme on le voit sur les fig. 7 et 8. Dans la G|
la première ligne représente les hiéroglyphes anciens et la
deuxième les caractères modernes pour le chinois; dans
la fig. 8 la première colonne montre les hiéroglyphes et
la seconde les caractères hiératiques des Egyptiens, qui en
sont dérivés. Souvent ces caractères simplifiés ont gardé néan-
moins leur signification première, et l'association di
figures avec les signes purement phonétiques constitue tout
le secret de l'écriture chinoise : les deux cent quatorze « cl.
ou idéogrammes représentant les catégories d'objets ou sym-
bolisant des idées générales, joints a un millier de signes pho-
nétiques, suffisent pour attribuer, par leurs combinaisons,
un sens exact à des séries des hiéroglyphes homophones consti-
tuant les quarante-quatre mille quatre cent quarante-neuf
caractères de l'écriture chinoise. Ainsi, le mot ou la syllabe
m signifie bananier, char de guerre, cicatrice, cri, etc.
Pour distinguer ces diverses acceptions du mot, il faut
joindre au signe phonétique pa (dérivé d'un mot dont le
sens propre est oblitéré depuis longtemps) la clef des plantas
ou celle du fer, des maladies, de Ta bouche, suivant le sens
— 5-23 -
ECRITURE
que l'on veut lui donner. La structure monosyllabique du
chinois se prête à merveille à cette écriture hiéroglyphique.
et réciproquement ce système graphique, si bien élaboré
de très bonne heure dans tous ses détails, a peut-être
empêché la langue chinoise d'évoluer rers le polysyllabisme.
iS
o o o
00 ooo
9
o oopo
o o
O o o o
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oo o o
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o
o
3
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ooo oo
o oo oo o
OO O O Q
ai
8
&
oo ooo
o
o
o
0
!§
Fi;:. 5. — Signes du calendrier mexicain
Les caractères chinois n'ont été adoptés que par un seul
peuple à langue agglutinative, les Japonais, qui d'ailleurs
ont inventé à côté une autre écriture (Kata-Kana), sylla-
P
pa Le noicA ée
l"i_-. 6. — Pater noster en hiéroglyphes mexicains.
bique celle-là, sans compter l'écriture courante (Hina-
hiimi). Les Egyptiens, parlant une langue à flexion, ont
du quitter, au contraire, de bonne heure, l'écriture hié-
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Vis. 7. — Dérivation des caractères chinois des hiéro-
glyphes anciens.
roglyphique pour passer à récriture phonétique des carac-
tère! hiératiques et démotiques. T'est de cette écriture que
.'alphabet dit phénicien, le prototype de la plupart
des alphabets de la terre (V. Alphabet). La propagation
îles différentes écritures anciennes et modernes et leur
adoption par différents peuples sont étroitement liées à la
religion et aux progrès de la civilisation de ces peuples.
Ainsi tout le monde musulman adopte l'écriture arabo ;
les bouddhistes du Nord, sans distinction de race, ont en
grande estime les «saints» caractères tibétains, tandis que
ceux du Sud vénèrent l'écriture pâli. Les alphabets mon-
gol et mandjou sont les restes de l'influence ou'igouro
et du nestorianisme qui a importé de l'écriture syriaque en
Asie centrale, comme l'alphabet javanais est le reste de la
— Dérivation des caractères hiératiques égyptiens
des hiéroglyphes.
domination civilisatrice des Hindous à Java. Avec l'expan-
sion qu'a prise la colonisation européenne, les caractères
de l'alphabet latin s'imposent de plus en plus ; en Europe
même, ils tendent à reléguer au deuxième plan les autres
caractères (gothiques, cyrilliques, etc.). En même temps, il
surgit de nouveaux modes d écriture , l'alphabet télégra-
phique, la sténographie, les signes du phonographe, pré-
curseurs d'une écriture de l'avenir, universelle, interna-
tionale, simple et rapide. J. Deniker.
II. Histoire. — Les recherches modernes ont conduit
à observer, dans l'histoire de l'écriture, comme on a déjà
pu le constater en lisant le paragraphe précédent, une
évolution analogue à celle de l'histoire des langues. Le
besoin de fixer la pensée, pour la transmettre à d'autres ou
pour conserver le souvenir de certains faits, a donné nais-
sance à l'écriture sur un grand nombre de points du globe.
A une époque de civilisation peu avancée a correspondu
une forme primitive d'écriture qui consiste soit en signes
conventionnels et purement mnémoniques, soit dans la
représentation plus ou moins grossière et abrégée des objets
dont on voulait rappeler le souvenir (V. Pictographie).
Ces procédés ont été plus ou moins variés, perfectionnés
et compliqués ; ils n'en représentent pas moins une ten-
tative encore fort imparfaite et fort insuffisante de fixer la
pensée, condamnée à n'exprimer ainsi que des idées simples
et des faits concrets. Aussi ne se sont-ils conservés que dans
les pays d'une civilisation rudimentaire ; partout ailleurs,
ils ont dû, ou bien se transformer, ou bien céder la place
à des systèmes plus perfectionnés.
Un pas important fut fait par les écritures qui, d'images
plus ou moins incertaines ou simplement figuratives, ont
passé à un système dans lequel les signes figuratifs ont
acquis, avec une fixité et une régularité conventionnelles,
une indépendance plus grande de l'objet figuré, dans lequel,
enfin, aux représentations des objets réels, se sont ajoutés
des symboles propres à rendre les idées abstraites; c'est ce
que l'on nomme l'idéographisme (V. ce mot), apte déjà à
exprimer un nombre d'idées beaucoup plus considérable
que les systèmes primitifs, et corrélatif, par conséquent, à
un état de civilisation notablement plus avancé. Observons
que, jusqu'ici, l'écriture demeure totalement indépendante
du langage. Mais les idéogrammes, qui d'abord n'avaient été
que la figuration ou le symbole des objets ou des idées,
devaient, par la force même des choses, en arriver à
exprimer des sons, et, par là, l'écriture devait se lier inti-
mement aux langues. A l'idéographisme devait à la longue
se substituer naturellement le phonétisme. Voici comment
ÉCRITURE
- 524 -
cette révolution, capitale dans l'histoire de l'écriture, i <in
s'accomplir. Lorsqu'on voulait exprimer par le langage les
idées exprimées par des images ou des symboles, ou, '-m
d'autres termes, lire les idéogrammes, on les traduisait
inui naturellement par 1rs mots attachés dans le langag< 1
l'expression de ces mêmes idées. A la longue, les lignes
figuratifs en arrivaient à éveiller dans l'esprit, d'abord les
deux idées associées de la chose et de son expression dans
le langage parlé. Puis, la notion de l'idée b affaiblissant,
d'autant plus que les images conventionnelles étaient plus
abrégées et partant plus altérées, d'autant plus surtout que
les symboles y étaient plus multipliés et plus complexes,
que les rapports des représentations avec les idées à noter
et. lient plus éloignés et plus tictils, les signes en vinrent
à ne plus rappeler à l'esprit la chose même, mais seulement
le son du mot par lequel elle était exprimée. Le passage
de l'idéographisme au phonétisme s'est donc fait par un
système très analogue à celui du rébus. C'est ainsi qu'il est
arrivé que les idéogrammes, transformés en hiéroglyphes
(Y. ce mot) en sont venus à exprimer plusieurs mots,
divers par le sens, mais semblables par le son.
Quatre systèmes d'écritures hiéroglyphiques sont connus
dans l'ancien monde : l'écriture chinoise, l'écriture cunéi-
forme, les hiéroglyphes égyptiens, et les hiéroglyphes hit-
tites, récemment découverts et encore imparfaitement
déchiffrés (V. Hittites). Dans une langue comme le chinois,
où les mots n'ont qu'une seule syllabe, le phonétisme pro-
duisait naturellement une écriture où chaque signe repré-
sentait à la fois une syllabe et un mot (V. Chine, t. XI,
p. 112). Mais dans les langues où les mots peuvent
être polysyllabiques, le phonétisme ne permettait point
d'isoler les syllabes et de les représenter par des signes
fixes et invariables. Il n'est pas très facile de se rendre
compte de la manière dont il arriva que certains caractères
furent choisis pour représenter non plus toutes les syl-
labes composant le mot dont ils étaient l'image, mais seu-
lement l'une de ces syllabes et ordinairement la première.
Mais au point de civilisation que suppose la transition de
l'idéographisme au phonétisme, peut-être n'est-il pas témé-
raire de conjecturer que l'ingéniosité et le travail réfléchi
d'hommes de génie et de savants ont pu avoir une action
sur cette transformation de l'écriture. Quoi qu'il en soit, les
Chaldéens et les Egyptiens ont ainsi transformé leurs idéo-
grammes primitifs en syllabaires. On comprendra que les
anciennes représentations figurées, du moment qu'elles
n'avaient plus la valeur d'idéogrammes, devaient rapide-
ment s'altérer et se transformer en s'éloignant toujours
davantage de leur forme primitive. Cela arriva en eflet :
les signes se simplifièrent, devinrent peu à peu, en quelque
sorte, plus maniables; ils s'adaptèrent à la fois aux ins-
truments qui servaient à les écrire et aux matières sur
lesquelles on les traçait, en un mot, comme le dit très
justement M. Berger, ils ont subi la loi du moindre effort,
commune à toutes les transformations de l'industrie
humaine. C'est ainsi que les très anciens idéogrammes chal-
déens sont devenus les caractères semblables à des paquets
de clous, qui ont donné leur nom aux écritures cunéiformes,
et que les hiéroglyphes égyptiens, tout en se maintenant
pour les inscriptions décoratives, se sont peu à peu défi-
gurés lorsqu'on écrivit au calame, et ont produit l'écriture
dite hu'ratitjuc, qui se simplifia plus tard encore et devint
entre la xvi° et la xvc dynastie, l'écriture populaire ou
démotique.
Les écritures ainsi développées et perfectionnées consti-
tuaient un progrès déjà considérable ; aussi devaient-elles
nécessairement se propager au delà des frontières des
peuples chez lesquels elles s'étaient formées, et remplacer
des écritures plus imparfaites en s'adaptant à des langues
différentes de celles qui leur avaient donné naissance. C'est
ainsi que les Japonais empruntèrent aux Chinois les élé-
ments de leur écriture (V. Japon) , et que l'écriture cunéiforme
des Chaldéens fut adoptée par les Assyriens, d'où elle
se propagea ensuite en Arménie, en Médie, en Susiane,
en Perse, ou elle subit des transformations fe<on<le>, ,-t
jusque dans l'île de Chypre, ou elle fut employée a errire
un dialecte erse (V. unÉtroniots [Inscriptions], t. Mil,
p. fil*, et Chtpbx, t. M. p. :;.'J8j.
L'écriture égyptienne devait avoir une fortune plu
extraordinaire encore. Mais, avant de l'indiquer, il conviant
de taire observer que. inèuie sous la forme biéroglyphiqne
ei a une époque fort ancienne, elle avait atteint un se
île plus que les autres écritures dans la voie du perfeetMHh
oement. Non seulement, en effet, elle avait donne a s— idéo-
grammes une valeur syllabique, mais dans cette von- du.
développement phonétique, elle ne s'était point arrêtée à la
syllabe, elle en avait décomposé les éléments et en avait isolé
la lettre. Plus de trois mille ans avant notre ère, les Egyp-
tiens avaient senti le besoin de dégager par l'écriture un
certain nombre d'articulations et ils l'avaient fait en attri-
buant à certains signes figuratifs la valeur de la M'csniete
articulation formée en prononçant le mot auquel chacun de
ces signes correspondait dans leur langue. Ils avaient, de
la sorte, créé un certain nombre de véritables lettres.
L'écriture égyptiennne était devenue de la sorte à la fois
idéographique, syllabique et alphabétique. Quelques mois
d'un emploi général continuaient a être exprimés par des
signes purement idéographiques et, d'autre part, des
idéogrammes en assez grand nombre, sans valeur phoné-
tique, placés après les mots, servaient à en déterminer le
sens. La plupart des mots eux-mêmes étaient exprimés par
des combinaisons de signes syllabiques et alphabétiques.
Cette combinaison de l'idéographisme et du phonétisme
avait fait de l'écriture égyptienne un instrument très
compliqué, mais en même temps très savant et très riche.
Elle lui donnait une supériorité très marquée sur toutes les
autres écritures du monde ancien ; mais, si sa richesse.la ren-
dait propre à exprimer un grand nombre d'articulations, sa
complication empêchait qu'elle fut facilement assimilable.
La simplification nécessaire à la propagation de l'écriture,
et qui devait en constituer le dernier perfectionnement, fut
l'œuvre d'un peuple que le commerce mettait en relation
constante avec les Egyptiens. La science moderne a com-
plètement confirmé sur ce point les traditions de l'antiquité
classique. Les Phéniciens, guidés en cela par le besoin
pratique et les nécessités de leur commerce, en arrivèrent
à débarrasser l'écriture qu'ils empruntèrent aux Egyptiens
des idéogrammes et des signes syllabiques qui l'encom-
braient, pour n'en retenir que vingt-deux caractères, cor-
respondant à des articulations simples, soit vingt-deux
consonnes; leur langue, qui laissait les voyelles assez
indistinctes, les avait prédisposés à décomposer ainsi la
syllabe sans en préciser le vocalisme. L'alphabet était créé;
lès éléments primordiaux de la parole avaient été isolés et
représentés par des signes; et, comme ces éléments sont
sensiblement les mêmes chez tous les peuples, ces signes
pouvaient, avec quelques modifications, s'appliquer à toutes
les langues. C'est une question encore controversée de
savoir si les caractères de l'alphabet phénicien ont été
empruntés directement aux signes hiéroglyphiques ou aux
caractères de l'écriture hiératique. Quoi qu'il en soit ,
l'invention des Phéniciens fut portée, grâce à leurs relations
commerciales dans toutes les parties du monde antique et
se propagea de proche en proche, d'une part dans tout le
bassin de la Méditerranée et jusque dans le N. de l'Eu-
rope, principalement par l'intermédiaire des Crées, d'autre
part dans le monde sémitique et chez les Indiens, par
l'influence des Araméens, si bien que les alphabets du
monde entier ont pour origine la merveilleuse invention des
Phéniciens (V. Phénicien et Alphabet).
Ce n'est pas ici le lieu d'expliquer comment l'alphabet
grec est sorti de l'alphabet phénicien; il suffira d'indiquer
en quelques mots que, pour 1 approprier a leur génie propre,
les Crées en ont. à la longue, changé la direction, qu'ils
en ont redressé et régularisé les caractères, mais surtout
que. pour l'adapter à' leur langue sonore, ils en ont. par
une véritable et nouvelle création, tire les voyelles, choisis-
— -tfS —
ECRITURE
saut pour cela ilos caractères représentant dos gutturales
et îles semi-voyelles dont ils n'avaient pas besoin.
\iusi transformé et porté ainsi à un haut degré de per-
fection, l'alphabet grée >e propagea avec la civilisation
hellénique : les alphabets phrygien, lyeien et iorien en
sont des dérivés. On a cru longtemps que les Etrusques
avaient directement emprunté leur alphabet aux Phéniciens,
mais hs recherches nouvelles tendent a prouver qu'ils l'ont,
eux aussi, reçu des Crées (Y. EtBUSQDK). Dans tous les
eaSi l'écriture étrusque a donne naissance aux autres al-
phabets italioles. a ceux du centre de l'Italie : ombrien.
. sabellique, comme à ceux du Nord : euganéen,
MHUSt, rhétiquc (V. ces mots), l.a question est plus
eontroTenée en ce qui touche l'origine dé l'alphabet latin.
On a admis longtemps, et beaucoup de savants admettent
encore, que les Romains ont emprunté leur alphabet aux
du S. de l'Italie et de la Sicile, et que les caractères
de l'alphabet latin dérivent de ceux de l'alphabet éolo-
dorion usité dans ces colonies. L'histoire semble confirmer
sur ce point les données fournies par la comparaison et
l'analyse des inscriptions; néanmoins, M. Michel Bréal
croit pouvoir démontrer que la dérivation du grec ne s'est
faite la encore que par l'intermédiaire de l'étrusque.
Nous n'avons pas à faire ici l'histoire du développement
et des transformations de l'écriture latine, qui est du res-
sort, pour les inscriptions, de Wpigraplue (Y. ce mot), et
pour les manuscrits, de la paléographie (Y. ce mot).
L'alphabet latin a continue à se transformer et à subir de
lentes modifications, amenées pour la plupart par la tendance
constante à amplifier les caractères et à les tracer d'un
seul trait. C'est lui qui a donné naissance aux écritures
- de nos jours chez, les peuples de races latine et ger-
manique : ou peut, en se reportant aux articles consacrés à
chaque lettre de l'alphabet dans la présente Encyclopédie,
M icndre compte d'une part de leur dérivation et d'autre
part des transformations qu'elles ont subies jusqu'à nos
jours.
D'autres écritures du bassin de la Méditerranée et du
monde occidental doivent encore se rattacher à l'alphabet
phénicien, les unes directement, les autres par l'intermé-
diaire des tirées. Après l'établissement du christianisme
sur les bords du Nil, les descendants des anciens Egyptiens,
les Coptes.|adaptèrent à leur langue l'alphabet grec, auquel
ils joignirent quelques lettres empruntées à l'alphabet dé-
motique (V. Egypte). Au ixe siècle, l'apôtre du monde
slave. Cyrille, tira de l'alphabet grec un alphabet nouveau,
mêlé d'éléments hébreux et syriaques, l'alphabet slavon,
qui se répandit dans les pays slaves (Russie, Serbie, Bul-
garie) et qui a donné naissance à l'alphabet civil des Busses
(V. Cyrille [SaintJ). Auparavant déjà, certains peuples de
race slave, et notamment les Serbes, se servaient d'un
autre alphabet dit glagôlithique (Y. ce mot), que certains
auteurs disent tiré des lettres minuscules de l'alphabet
grec, que d'autres prétendent rattacher aux runes. Les
runes elles-mêmes (Y. ce mot), qui furent l'écriture des
peuplée de l'Europe septentrionale, se rattachent certaine-
ment a l'alphabet phénicien ; mais on n'a pas déterminé
encore avec certitude comment elles se sont formées ; les
uns les prétendent dérivées directement de l'écriture des
Phéniciens; d'autres, au contraire, les croient en rapport
de filiation avec les alphabets grec ou latin. A cette influence,
il f.mt ajouter celle d'une autre écriture beaucoup plus
rudimentaire. celle de l'ancienne écriture de l'Irlande ou
écriture ogamique (Y. ce mot). A leur tour, les runes
combinées avec les lettres onciales donnèrent naissances
l'ancienne écriture gothique i \ . ce mot), créée au ivc siècle
par l'évéqne Uphilas. En Espagne, on rencontre aiis-i. à
l'époque ancienne, un alphabet particulier, apparenté cer-
tainement a l'alphabet phénicien, l'alphabet ibérique (Y.
ce mol), mai^ il est imparfaitement classé, et on n'a pas
réussi encore a en déterminer avec certitude la filiation.
On voit quelle a été la force d'expansion de l'alphabet
phénicien dans l'Europe occidental». Nous allons voir qu'elle
n'a pas été moins grande dans le monde oriental. Chez les
peuples sémitiques qui ne conçoivent pas la voyelle indé-
pendante de la consonne, l'alphabet phénicien n'avait be-
soin, pour être employé, d'aucune adaptation à la langue;
aussi son histoire n'y est-elle marquée que par des modi -
tieations, mais souvent assez profondes, dans les formes
des caractères. Sans parler îles transformations que subit
l'écriture phénicienne pour aboutir à la forme cursive de
l'époque romaine, connue sous le nom de m'o- punique ,
c'est elle qui a donné naissance a l'ancienne écriture hé-
braïque (Y. ce mot) dont s'est détaché comme un rameau
isole l'alphabet samaritain (V. ce mot). Mais les princi-
paux propagateurs de l'alphabet en Asie furent les Ara-
méens ou Syriens (V. Aram). Après avoir transformé
l'écriture phénicienne en une écriture cursive, ils l'impor-
tèrent en l'erse, oii elle se substitua à l'ancienne écriture
cunéiforme, en Arabie et jusqu'en l'Egypte. A la longue,
l'alphabet araméen fut adopté par tous les peuples sémi-
tiques. L'hébreu carré, qui s'est substitué vers le ve siècle
av. J.-C. à l'ancienne écriture hébraïque, est un dérivé non
de celle-ci, mais de l'écriture aramèenne; il s'est transformé
plus tard à son tour en une écriture cursive qui est l'hé-
breu rabbinique. Il en est de même de l'écriture palmy-
rénienne ou écriture usitée à Palmyre, à l'époque où cette
ville de Syrie fut un centre de civilisation, c.-à-d. aux
trois premiers siècles de notre ère (V. Palmyre); de même
de l'écriture nabatéenne , dont les inscriptions [de la
vallée d'EI-Hedjr nous ont conservé de nombreux spécimens
datant de l'époque des Hérodes (V. Naratéen); de même
encore, mais par l'intermédiaire du palmyrénien, de l'écri-
ture syriaque ou estranghelo (V. ce mot) telle qu'on la
trouve dans quelques rares inscriptions du icr siècle, mais
surtout dans les manuscrits si nombreux depuis le com-
mencement du Ve siècle de notre ère; de même enfin, sous
l'influence syriaque, de l'écriture arabe, dont quelques
spécimens de l'époque préislamique montrent comment se
sont formées, d'une part la belle écriture monumentale
connue sous le nom de koùfique et d'autre part l'écriture
courante ou naskhi restée en usage jusqu'à nos jours et
dont la diffusion est due en grande partie à ce qu'elle a été
l'écriture du Coran et a été ainsi imposée à tous les peuples
qui ont adopté l'islamisme. Cette écriture a elle-même donné
naissance aux écritures du Maghreb (Y. Arare, t. III,
p. 487, et les mots Koùfique et Naskhi). Notons ici que
les ressources de l'alphabet phénicien ont été chez les
peuples sémitiques augmentées par la création de signes
complémentaires destinés à exprimer les voyelles dont les
Phéniciens ne paraissent pas avoir jamais senti le besoin.
Après avoir tenté de noter les voyelles, comme l'avaient
fait les Grecs, à l'aide de certaines lettres de l'alphabet,
gutturales ou semi-voyelles, les Sémites s'arrêtèrent à un
système artificiel, d'origine savante, consistant à préciser
le vocalisme par l'emploi de points ou de traits ajoutés aux
consonnes; ce système semble avoir pris naissance dans
l'écriture syriaque ; il s'est développé chez les Hébreux, où
on le rencontre au xe siècle, dans les plus anciens manus-
crits de la Bible, et a passé avec quelques modifications
dans l'écriture arabe. D'autres écritures du monde sémi-
tique , les écritures sabéennes (V. Sara) , Vhimyarite
(Y. ce mot) dont de nombreuses inscriptions ont été dé-
couvertes dans l'Yemcn, le ghezet Vamharique, les deux
formes de l'écriture des Ethiopiens (V. Ethiopie) et les
écritures safaïtiques (V. Saka) proviennent certainement
aussi de l'alphabet phénicien, mais on n'a pas encore dé-
terminé exactement par quelle voie. Peut-être faut-il encore
rattacher à l'alphabet phénicien, par l'intermédiaire de
l'éthiopien, l'écriture ly bique ou berbère usitée par les
anciennes populations de la Numidie et delà Maurétanieet
dont on trouve en Kabylie de nombreuses inscriptions.
Dans tous les cas, cette écriture a été la forme primitive
de l'écriture tefinagh ou écriture sacrée des Touaregs
(V. ce mot).
Il nous faut maintenant revenir à l'autre extrémité du
ÉCRITURE
- 526 -
monde orienta] pour suivre en Asie la diffusion de l'alpha-
bet, toujours par l'intermédiaire de L'écriture araméenne.
C'est à lépoque perae que de cette écriture est née l'écri-
ture indienne (V. l'art. Ilpbabei nsin, t. Il, p, 192) et
l'écriture indo—bactrienne qui ont produit a travers de
nombreuses transformations récriture moderne du sanscrit
classique qui porte le nom de devandgari. La propagande
bouddhique a répandu cette écriture dans une grande pi lie
de l'Asie et jusqu'en Corée. Bien que leur classification soit
encore imparfaite, il est clair cependant que tous les alpha-
bets modernes do l'Inde dérivent de l'écriture sanscrite et
il en est de même de ceux de la plupart des pays soumis
à l'influence de la civilisation hindoue; citons l'écriture
du Tibet qui, importée en Chine au xiu' siècle de notre
ère, y a donné naissance a l'écriture alphabétique connue
sous le nom de Va'-sse-pa; les écritures sacrées de la
Birmanie et du Cambodge, l'écriture cinghalaise, les écri-
tures de Java et de la Mulaisie, et enfin l'écriture coréenne,
qui aurait à son tour donné naissance à une écriture
alphabétique usitée au Japon et à laquelle les Japonais au-
raient substitué plus tard l'écriture chinoise.
A l'écriture araméenne encore se rattachent l'écriture
des livres sacrés de l'Iran, ou zend, et l'écriture pehlvi
qui toutes deux se sont fixées à l'époque perse.
Cette revue, nécessairement fort rapide, de l'histoire de
l'écriture permet de se rendre compte de son évolution ;
elle suffit à montrer comment les perfectionnements de l'écri-
ture ont suivi les progrès de la civilisation, comment les
écritures perfectionnées ont peu à peu supplanté les sys-
tèmes primitifs, et comment enfin la merveilleuse invention
des Phéniciens, l'alphabet, a fini par prévaloir dans le monde
civilisé presque tout entier. Aujourd'hui, les écritures en
usage se peuvent réduire à quelques types principaux. Ce
sont : l'écriture chinoise, qui s'est perpétuée à l'écart de
toute influence occidentale, l'écriture arabe, employée par
tous les peuples soumis à l'islamisme en Asie et en Afrique,
les écritures indiennes, l'écriture grecque, l'écriture russe,
l'écriture allemande, et enfin l'écriture latine, adoptée par
une grande partie des nations de l'Europe et par tous les
peuples civilisés de l'Amérique et de l'Australie. A. G.
Ecriture en lettres d'or. — L'art d'écrire en lettres
d'or ou d'argent a préoccupé beaucoup les scribes de l'an-
tiquité et du moyen âge. Il n'y a pas moins de quinze ou
seize formules sur ce sujet, dans le papyrus égyptien de
Leyde, et il a été traité aussi à plusieurs reprises dans les
manuscrits de nos bibliothèques ; Montfaucon et Fabricius
ont aussi publié plusieurs recettes tirées de ces derniers.
Rappelons-en brièvement quelques-unes. — Feuilles d'or
broyées avec de la gomme. Ce procédé figure encore de
nos jours dans le Manuel Roret (1832, t. H, p. 136;
[triturer une feuille d'or avec du miel et de la gomme,
jusqu'à pulvérisation, etc.].— Or amalgamé et gomme.—
Amalgame d'or. — Dans une autre recette, on prépare
d'abord un alliage d'or et de plomb, auquel on fait subir
certaines préparations. — Dans les recettes précédentes, l'or
forme le fond du principe colorant. Mais on employait aussi
des succédanés pour écrire en couleur d'or, sans or : par
exemple, un mélange intime de soufre natif, d'alun et de
rouille, et délayés dans du vin ; — et encore : litharge
couleur d'or ; safran et bile de tortue. — Cuivre rendu
semblable à l'or par un enduit de cumin. — Fleur de car-
thame et bile de tortue ou de veau. — D'autres recettes
suivantes reposent sur l'emploi de l'orpiment (arsenic des
anciens), parfois avec addition de safran. — Dans une
autre préparation plus compliquée, l'orpiment, la chélidome,
la bile de tortue et le safran sont associés, suivant une
recette composite. L'orpiment apparaît ici comme matière
employée pour sa couleur propre, et non comme colorant
des métaux, emploi qu'il a pris plus tard. — On trouve
encore une recette pour écrire en lettres d'asèm (alliage
d'argent et d'or), au moyeu de la couperose, du soufre et
du vinaigre, c.-à-d. sans or ni argent ; — et une recette
pour écrire en lettres d'argent, avec de la litharge délayée
dans la fiente de colombe et du riantre» — Il ente sa-
jourd'hui des recettes analogues dus le Manuel Boni
(1832, t. Il, p. 140 ) : « Btain pulvérisé et Diktats, on
forme DO enduit, OO polit au brunissoir ; on ajoute uik-
couche de vernis a l'huile ou a la oOflMM laque, M qui
fournit une couleur blanche ou dorée, sur bois, sur car,
fer, etc. » — Si j'ai donné quelques détails sur ces recettes
pour écrire des lettres d'or ou d'argent, c'est en raison
de l'importance qu'elles présentaient a\aot l'invention de
l'imprimerie. M. 11.
III. Pédagogie. — Tous les pédagogues sont una-
nimes ponr reconnaître ojne l'enfant doit être aura
écrire dès son entrée à l'école et qu'il ne faut pas attendre
pour cela qu'il soit en état de lire couramment. « La
lecture et l'écriture, dit M. Gréard, sont nécessairement
le fond de l'enseignement élémentaire. > De plus en plus
Ofl comprend la vérité de cet axiome pédagogique : « 1 1
sin, écriture et lecture s'appellent et se soutiennent. » U
n'y a pas, à proprement parler, de méthodes distinctes
pour l'enseignement de l'écriture : il y a seulement des
procédés divers. Les principaux sont le calque, Yimitatwn
îles modèles, les cahiers préparés. Le calque et l'emploi
des transparents ont été longtemps en usage, mais on a
généralement renoncé à ce procédé trop mécanique. Les
cahiers préparés, ou l'enfant n'a d'abord qu'à calquer,
mais ou les lignes d'écriture deviennent de plus en plus
rares à mesure qu'on avance, sont la méthode qui con-
vient le mieux à l'enfant qui commence à écrire. Ce
système est la combinaison du calque et de l'imitation. Il
doit être admis, au début, à condition qu'on ne prêts
pas plus qu'il ne faut cet exercice mécanique et trop com-
mode. L'élève doit être le plus tôt possible exercé à
imiter librement des modèles. Il y a, d'ailleurs, diffé-
rentes façons de lui présenter ces modèles, soit en les lui
offrant écrits sur le papier, soit en traçant les caractères
et les mots au tableau noir, ce qui, entre autres avan-
tages, a celui de favoriser l'enseignement collectif. Ine
autre différence dans l'enseignement de l'écriture provient
de la préférence accordée tantôt à l'emploi de l'ardoise et
du crayon, tantôt à celui du papier et de la plume. Pesla-
lozzi, qui subordonnait l'écriture au dessin, a vivement
recommandé l'usage de l'ardoise, pour cette raison que
l'enfant manie le crayon plus aisément que la plume et
aussi parce que sur l'ardoise il efface rapidement ses
fautes. D'autres pédagogues, en revanche, ont fait remar-
quer que l'ardoise, « le papier du pauvre », n'est qu'un
expédient et, qu'en outre, l'usage de l'ardoise rend la
main lourde et contracte les doigts. Une autre distinction
dérive encore du choix que l'on fait entre diverses formes
d'écriture, les uns recommandant l'écriture cursive ou
anglaise, les autres l'écriture française, mélange de la
bâtarde et de la coulée. M. Buisson, dans son Rapport
sur V Exposition de Vienne, en 1873, constatait déjà
qu' « il y a partout réaction contre l'abus de l'anglaise ».
Les programmes officiels français n'exigent plus aujour-
d'hui que la cursive, la bâtarde et la ronde. Nous n'avons
pas à insister sur tous les détails pratiques de l'enseigne-
ment de l'écriture, sur les précautions que l'on prend
pour assurer la bonne position du corps, du bras, de la
main, la bonne tenue de la plume. Quoiqu'elle n'attache
pas la même importance qu'autrefois au mérite d'une belle
écriture, la pédagogie actuelle a multiplié les recomman-
dations et les conseils sur les moyens de rendre plus facile
et en même temps moins machinale l'acquisition de cette
connaissance instrumentale. Elle appelle l'attention sur
les nombreux cas de déviation de la taille, sur les défor-
mations scolaires qui peuvent provenir de mauvais prin-
cipes appliques a l'enseignement de l'écriture. Elle prescrit
au maître de ne plus se contenter de mettre un cahier
et une plume aux mains des élèves, en les laissant faire,
niais d'intervenir constamment dans le travail des enfants ;
de descendre de sa chaire après avoir donné sa leçon au
. tableau noir ; de circuler de banc en banc |>our suivre de
près M exercices dos élèves, pour corriger les fautes,
pour redresser les lettres mal Entes. Elle demande qu on
renonce au vain luxe calligraphions, aux puérils obefs-
d'osuvre de récriture, aux traits de plume qui ne visent
(iu*i l'ornement Elle veut, non qu'on fesse, comme autre-
lois dans les ècolee des frères, de parfaits calligraphes,
mai- qu'on mette amplement 1rs enfants a même d'écrire
unment et lisiblement Ella exige, avec le programme
officiel, que l'écriture an gros soit le plus tût possible
remplacée par récriture moyenne, une écriture^ expédiée,
courante, repondant aux besoins de la vie pratique. Une
autre prescription des règlements officiels, c'est que le
temps consacré aux exercices d'écriture proprement dite
se réduise graduellement les divers devoirs diètes ou
rédigés pouvant en tenir lieu. Enfin, c'est avec raison
«'on rappelle que la leçon d'écriture elle-même peut
devenir un exercice de jugement, si l'instituteur a soin
d'appeler l'attention des élèves sur le sens des mots qu ils
copient sur la signification morale des phrases qu'ils
écrivent Sans aller jusqu'à dire avec eertaius maîtres
d'écriture, dont les exagérations rappellent celles du
maître à danser du Bourgeois GentiUumune, que
l'étude de la calligraphie « doit cultiver le sentiment du
beau et du bien ►, qu « elle peut développer le sentiment
..iti-tiqiie et. par conséquent exercer une influence salu-
taire sur le sentiment moral », nous croyons qu'il est
oie d'introduire un peu d'intelligence jusque dans les
d'écriture et. par le choix des modèles tout au
moins, qui ne saurait être indifférent agir déjà sur
l'esprit et le emur «les élèves. G. Compayré.
IV. Cryptographie. — Ecritire secrète (V. Crypto-
graphie).
..\riiiE. — H. André, Ethnographische
Paralleen uni Yergeiche: Stuttçard, 1878, in-8, p. 184. —
Du même, iS'eue Eôlge; Leipzig, 1888, pp. 66 et 74.
Histoire.— On trouvera la bibliographie spéciale a cha-
cune dea éeriiures dont il a été parle ei-dessusàla suite des
Is il a été renvoyé; nous ne pouvons indi-
quer ici que les ouvrages généraux où est traité l'ensemiiie
de la question. — G. ItASPBBO, les Ecritures du monde
orientai, à la lin de son Histoire ancienne des peuples de
l'Orient. — Fr. Lbnormant, Essai sur la propagation de.
l'alphabet phénicien dans l'ancien momie; Paris, 1874, t. I
• ' 1" part. du t. Il seuls parus), in-8.— Pli. Berger, His-
toire de l'écriture dans l'antiquité; Paris, 1891, in-8.
ÉCRITURES saintes (Hist. relig.) (Y. Iîible et Nou-
veai Testament).
ÉCRIVAIN. I. Mœurs et coutumes. — Ecrivain
public. — Pour l'histoire de la profession d'écrivain,
Y. le- art. ScRiBS et Mam >crit. La corporation des écri-
vains et enlumineurs se confondit pendant tout le moyen
avec celle des libraires (Y. ce mot). Elle n'eut
;irée qu'à dater du xvie siècle. Pour la
Monde l'authenticité et des vérifications de l'écriture,
• animent discutée en matière juridique et financière,
\. Kxpkbi et Faux. Cest également là qu'on trouvera
l'histoire de la corporation des experts-écrivains ou
maîtres écrivains formée en loTO, et des privilèges qui
lui furent accordes pour renseignement de l'écriture aussi
bien que pour les vérifications. Nous ne parlerons ici que
des écrivains publics, qui se mettent au service des illet-
r leurs lettres ; ils subsistent tant bien que
mal dans les grandes villes, rédigeant, outre les correspon-
dances, les pétitions, demandes d'emploi, etc., adressées
aux administrations ou aux gens influents. La lithogra-
phie leur a enlevé la copie des lettres de faire part, de
mariage, de décès, etc. Ils sont à l'occasion employés
comme copistes, mais c'est plutôt une classe à part et plus
instruite qui fait la besogne de copiste, surtout dans les
bibliothèques et archives et même pour les pièces juridi-
II --n sera parlé au mot ScKIBB.
II. Entomologie (V. Abbxds).
ÉCROMAGNY. LV». du dép. ci.- la llaute-Saùne, arr.
de Lur<-, eant de .Melrsev; 373 bab.
ÉCROSNES. Coin, du dép. d'Eure-et-Loir, arr. de
Chartres, cant. de Haintunon ; T04 hab.
Fie. 1 et 2.-
— S81 — ÉCRITURE — EC110U
ÉCROU. I. Technologie. — Pièce de fer découpée ou
forgée qui est percée d'un trou cylindrique à l'intérieur
duquel règne, en hélice, une partie saillante, à section carrée
ou rectangulaire et à laquelle on donne le nom do filet. Ce
trou reçoit une vis dont le filet, aussi en hélice, s'engage
exactement dans les cannelures formées par le filet de l'écrou.
Tantôt c'est la vis qui pénètre dans l'écrou, en avançant
dans le sens de son axe el en tournant autour de cet axe,
tantôt c'est, au contraire, la vis qui est fixe et l'écrou qui est
mobile. Extérieurement, l'écrou est limité par des pans ou
faces planes au nombre de quatre ou de six par exemple,
en foi nie de carré ou d'hexagone régulier, qui permettent
de le saisir dans la mâchoire d'une clef quand on veut le
tourner pour le serrer. Les écrous reçoivent des dénomi-
nations diverses suivant leur mode de construction ; nous
signalerons particulièrement l'écrou carré, destiné, dans la
construction, le charronnage, la carrosserie, etc., au ser-
rage des boulons nécessaires à l'assemblage des bois entre
eux ou avec le fer ; l'écrou à six pans (fig. 1), utilisé, dans
la construction métallique et en mécanique, au serrage des
boulons (V. Tou-
lon , t. VII , p.
C99 ) ; l'écrou à
chapeau (fig. L2),
qui porte à l'une
de ses bases une
sorte de rondelle,
formant chapeau,
obtenue à la forge
et servant à limi-
ter le jeu latéral
des boulons d'ar-
ticulation;l'écrou
d'essieu qui se fait
carré et particu-
lièrement à six
pans, il offre
cette particularité que l'écrou de la fusée de droite est taraudé
à droite, et celui de gauche taraudé à gauche, afin que les
coins tournant dans le sens de l'avancement ne puissent
desserrer cet écrou employé spécialement pour les grosses
voitures de transport; l'écrou borgne, dont le trou taraudé
est arrêté à l'intérieur de la pièce et n'est pas débouché ;
l'écrou à oreilles
(fig.3) qui porte
deux petits ap-
pendices en
forme d'oreilles,
destinés à facili-
ter le serrage à
la main ; l'écrou
à molette (fig.
'»); l'écrou rond
à encoches ou
entailles (fig.o);
l'écrou trapézoï-
dal, etc. Dans
l'industrie des
pompes, le bou-
lon et son écrou
se font en bronze. Les écrous différentiels comprennent
deux pièces, dont l'une est un écrou ordinaire vissé sur la
pailie extérieure d'un second écrou vissé lui-même sur un
boulon taraudé. Cette combinaison de mouvement est ap-
pliquée sur certains appareils de précision.
Les écrous que l'on rencontre continuellement dans l'in-
dustrie ne sont que de deux formes, et ils ont leurs dimen-
sions déterminées par celles des boulons correspondants :
les écrous à six pans en forme d'hexagone régulier, dont la
hauteur est égale au diamètre du boulon , le diamètre du
cercle circonscrit à l'hexagone étant égal à deux fois la
hauteur ; les écrous carrés, dont la hauteur est égale an
diamètre du boulon correspondant, et la largeur du côté du
■ Ecrou à six pans et écrou
à chapeau.
Fig. 3 et 4.— Ecrou à oreilles et écrou
à molette.
ÉCROU - ÉCROUISSAGE
- St8 -
Fig. 5. — Ecrou
à entailles.
carré égale k deux fois la hauteur. L'extension toujours
croissante qu'a prise ces dernières années l'emploi <lu bou-
lon a amené une transformation île l'outillage. On a dis-
posé des machines spéciales qui permettent de les fabriquer
mécaniquement d'une manière beaucoup plus rapide et plus
économique que par le travail à la main. Nous décrirons
sommairement les deux modes de fabrication. Pour forger
une série d'éeroUS du même type dans le travail à la main,
l'ouvrier prend une barre de fêr de section rectangulaire,
dont la largeur fournira la hauteur de l'écrou et l'épaisseur
donnera la quantité de métal nécessaire pour former l'éeron
par enroulement de la tige. La harre, chauffée sur l'une
des extrémités, est enroulée au-
tour d'un axe dont le diamètre
représente le trou du taraudage
de l'écrou, puis coupée et soudée.
Lorsque le soudage est sullisanl,
le forgeron comprime la rondelle
ainsi ohtenue dans une matrice
présentant tçois côtés de l'hexa-
gone de l'écrou ; il obtient ainsi
deux pans, fait faire un sixième
de tour environ, refoule le métal
dans la matrice, obtient ainsi les
deux pans suivants, et enfin les deux derniers par une
troisième et semblable opération. Il'pare ensuite son écrou
et vérifie s'il est du calibre voulu. La barre, pendant ce
travail, est réchauffée pour procéder à un nouveau for-
geage. L'opération exige de la part de l'ouvrier de l'habi-
leté'et une attention soutenue.
La machine à forger les écrous remplace avantageusement
le forgeage à la main, tant au point de vue de la bonne
exécution que de la rapidité de fabrication. Nous donnerons
le principe de ces machines, généralement assez compliquées.
La machine comprend une cisaille verticale servant de
matrice, placée à l'avant du bâti et qui est destinée à
ébaucher la forme de l'écrou à l'extrémité de la barre
chauffée que l'ouvrier présente perpendiculairement au bâti
dans un logement spécial destiné à la recevoir. La cisaille
est commandée par une came calée sur l'arbre moteur ; elle
exécute un va-et-vient pour chaque tour de rotation de cet
arbre, et dans son mouvement descendant elle vient appuyer
sur l'extrémité de la barre en la refoulant dans la matrice
et lui donne la forme d'un écrou plein retenu par un seul
pan. L'ébauche ainsi formée est détachée par deux poinçons
horizontaux placés en avant du bâti, de part et d'autre de
la cisaille et commandés eux-mêmes par des cames calées
sur des arbres tournants, qui viennent les refouler sur l'écrou
en temps convenable. Chacun de ces poinçons, de forme
hexagonale, est traversé lui-même par un poinçon central
de forme ronde, destiné à enlever la débouchure de l'écrou.
Ce second poinçon, indépendant des premiers, est commandé
lui-même par une barre spéciale calée sur le même arbre.
Les trois arbres moteurs portant les cames sont rattachés
entre eux par des roues d'engrenage, qui conservent ainsi
la dépendance nécessaire de leurs mouvements. Le poinçon
hexagonal de droite saisit le premier l'ébauche une fois
formée ; il la détache de la barre et la fait pénétrer dans la
matrice du porte-outil, tandis que le poinçon rond qui était
en retraite à l'intérieur est repoussé lui-même par la came
directrice et vient refouler le métal de l'écrou. Il s'arrête
lorsqu'il fait une saillie de 5 millim. sur le poinçon hexa-
gonal et le poinçon rond de gauche avance lui-même à une
distance de S millim. de celui de droite. Le poinçon hexa-
gonal de gauche qui n'a pas encore été actionné par la
came est repoussé par le refoulement du métal jusqu'à
faire équilibre à un système de ressorts Belleville à ron-
delles, dont la tige, articulée sur un levier, oscille autour
de l'une de ses extrémités, tandis que la butée se produit
sur une vis placée sur l'autre extrémité de ce levier. Lorsque
les deux poinçons ronds sont à 5 centim. l'un de l'autre,
celui de droite, dont le coulisseau est dégage de sa came,
est repoussé par celui de gauche, qui avance en découpant
la débouchure comprise entre les deux ponçons et la loge
dans le poinçon hexagonal de gauche, qui est resté un ins-
tant stationnaire. Celui-ci recule alors sous l'action de la
came en entraînant le poinçon rond par suite de la pré-
sence de la débouchure. Pendant 00 mouvement, le poinçon
hexagonal de gauche pousse l'écrou termine en dehors de
la matrice et en avant de la cisaille, ou un chasseur, com-
mandé par un bossage fixé latéralement sur la roue du
milieu, \ieni le rejeter définitivement. Lorsque est écrou est
tombé, la came qui commande le poinçon rond de droite
chasse la débouchure placée dans le poinçon hexagonal du
même cote, et mie came de ramenage ramène Ce poinç
sa position initiale pour une nouvelle opération. J>-s écrous
en sortant de la machine à forger, ont des face> planes avec
des arêtes vives qu'il faut ébôrber à la machine; on n'a
[dus qu'a tarauder les écrous à l'aide de machines spéi
(V. Tahaudage). La machine à forger, qui fait quarante-
cinq tours par minute, permet d'obtenir vingt écrous à la
minute, soit, en tenant compte des pertes de temps, huit
mille écrous par jour. L. Khab.
Droit criminel. — L'écrou est un acte ou procès-
verbal constatant qu'un individu en état d'arrestation a
été remis au gardien d'une prison, et faisant mention du
jour et de la cause de l'emprisonnement. Cet acte e5t con-
signé sur le registre à ce destiné, dit registre des empri-
sonnements ou registre d'c'crou, que sont tenus d'avoir
les gardiens des maisons d'arrêt, des maisons de justi>
des prisons. Le registre d'écrou est signé et parafé, à toutes
pages, par le juge d'instruction, pour les maisons d'arrêt ;
par le président de la cour d'assises, ou, en son absence,
par le président du tribunal de première instance, pour les
maisons de justice; par le prèiét, pour les prisons pour
peines(C. instr. crim., art. 607). L'écrou est dressé, quelle
que soit la cause de l'emprisonnement. Il a pour but de
donner décharge du prisonnier aux officiers publics qui ont
fait ou ont ordonné la capture et d'en charger le gardien
de la prison ; l'écrou est aussi appelé acte de remise : tout
exécuteur de mandat d'arrêt, d'ordonnance de prise de
corps, d'arrêt ou de jugement de condamnation, est tenu,
avant de remettre au gardien la personne qu'il conduit,
de faire inscrire sur le registre l'acte dont il est porteur ;
l'acte de remise est écrit devant lui ; le tout est signé tant
par lui que par le gardien ; le gardien lui en remet une co-
pie signée de lui, pour sa décharge (C. instr. crùn., art.
608). Sur le registre d'écrou, en marge de l'acte de re-
mise, est mentionnée la date de la sortie du prisonnier,
ainsi que l'ordonnance, l'arrêt ou le jugement en vertu
duquel elle a lieu (C. instr. crim., art. 010). Aujourd'hui
l'écrou n'a plus d'application qu'en matière criminelle;
mais, avant la loi du 2ijuil. i8(>7 abolitive de la contrainte
par corps en matière civile et commerciale, il intervenait
également comme suite d'une arrestation pour dettes^ Les
formes de l'écrou d'un prisonnier pour dettes étaient ré-
glées par l'art. 789 du C. de procéd. civ. Louis André.
ÉCROU ELLES. Nom vulgaire de la scrofule (V. ce
mot). Les rois de France possédaient le don de guérir
les écrouelles par le simple toucher ; la cérémonie du
toucher du roi remonte aux premiers siècles de la mo-
narchie française : déjà Clovis, après son sacre, jouit de
cette prérogative, dont Louis le Gros usa fréquemment ;
Guibert, de Nogent, en fait foi. Depuis saint Louis, le
toucher des scrofules fut une cérémonie purement reli-
gieuse, qui s'est continuée jusqu'à Louis MI et qu'on
a essaye de faire revivre sous la Restauration; habituelle-
ment le Roi Très-Chrétien touchait les malades aux quatre
grandes fêtes de l'année : Pâques, Pentecôte, la Toussaint
et Noël : on accourait de toute l'Europe a la cérémonie.
N'oublions pas que les rois d'Espagne et d'Angleterre ont
dispute aux rois de France cette précieuse prérogative. Des
savants émineiits. tels que Du Laurens, Du Val. etc., ont
parlé de cette coutume superstitieuse avec la foi la plus
absolue. Dr L. Ru.
ÉCROUISSAGE (Indust.). Chaque fois que l'on travaille
— SS9 —
KC.ROl ISSAGE — ECTINOSOMA
un métal a une température inférieure à colle ou ses mo-
lécoles peuvent reprendre Unir équilibre, celui-ci subit au
changement d'état qui le rend plus aigre, plus élastique
et ■ assant : on du qu'il es! écroui. 11 no faut pas confondre
ootto action avec colle du forgeage, qui modifie simplement
la forme à une température où le métal est plus ou moins
piteux, tandis que L'écrouissage a lieu Lorsqu'on le soumet
à dos opérations dépassant a la ibis et sa limite d'élasti-
cité ot la température ou il pourrait la reprendre, comme
dans l'étirage, le laminage, la traction, flexion, torsion ot
la compression à froid. L ecrouissage, ou resserrant les mo-
lécules du métal, augmente sa densité, lui donne plus
de nerf, do dureté ot une texture fibreuse plus résistante,
surtout pour lo for. Ou détruit oot effet de l'écrouissage par
H recuit, opération consistant a réchauffer lo métal a une
température ou cotte propriété permanente ne peut plus
îter. L'étirage à froid du lil do fer exige qu'on le
recuise de temps en temps, car lo métal s'écrouit, devient
aigre ot finirait par se briser à la traction, l.e recuit à l'abri
<.W l'air, en lui rendant sa douceur ot sa malléabilité primi-
tives, permet de nouveaux passages a la filière.
ÉCROUVES. Com. du dèp. deMeurthe-et-Moselle, arr.
et cant. (N.i di'Toul: 1,7*7 liab.
ECRU. Los matières textiles, quel que soit leur état,
brutes, filées OU tis-ees. sont dites ècrues lorsqu'elles con-
servent leur couleur naturelle sans avoir subi de blanchi-
ment ou de teinture.
ÉCRUAGE (Chiin. indust.). On donne le nom d'écruage
aux opérations qui ont pour but de donner aux lins la cou-
leur gris jaunâtre dite teinte écrue. Quand les lins sont de
bonne qualité, que leur rouissage a bien réussi, l'écruage
ou blanc a Heur nécessite deux tortes lessives, qui portent
plus particulièrement le nom d'« écruage ». Ces lessives sont
suivies de lavages à chaud avec de l'eau alcaline, puis le
lin est passé en bains décolorants et en bains acides, inter-
calés do lavages jusqu'à ce que la fibre ait la teinte voulue;
l'opération est terminée par un vitriolage. Pour les lins de
mauvaise qualité, mal rouis, chaque traitement alcalin est
suivi d'un traitement acide. Les fils simplement essorés,
légèrement acides, sont ensuite passés en bain décolorant.
Doux ritriolages sont parfois nécessaires. Ch. Girard.
ECTACODON (Paléont.) (V. Cortphodon).
ECTHESIS ou Exposition de la foi. Consultation théo-
rie rédigée par le patriarche de C.onstantinople Sergius
et publiée en G38 par iléraclius, sous forme de décret
impérial, pour mettre un terme à la querelle du monothé-
lisme (Y. Monotiiélites, Hébacuos) . En proposant aux deux
partis une formule de conciliation, Héraclius espérait réta-
lilir l'unité dans l'Empire, et dans ce but il tenta d'imposer
parla force l'ecthesisà l'approbation des pontifes romains;
mais l'opposition des papes Séverin et Jean IV ruina les
l'empereur; et son successeur Constant II,
en promulguant le type, se décida à abroger l'ecthesis (649).
ECTHYMA (Pathol.). On désigne, en pathologie, sous le
nom d'ecthyma une affection cutanée, constituée par des
lésions pustuleuses, arrondies, plus ou moins larges, évo-
luant sur une base enflammée, se recouvrant de croûtes
foncées et laissant souvent à leur suite des taches violacées
ou même de véritables cicatrices. L'ecthyma s'obs
surtout chez les sujets affaiblis par l'àgc, la" maladie ou de
farheoses conditions hygiéniques. L'alcoolisme, l'albumi-
nurie, le diabète, Partnritisme, le lymphatisme, la fièvre
typhoïde, la scarlatine, la rougeole et principalement la
variole, doivent être rangés au nombre des causes prédis-
posantes. L'affection se rencontre souvent chez les enfants
soumis a un allaitement défectueux ou atteints de troubles
gastro-intestinaux. Klle n'est pas rare dans les prisons, les
asiles, dans les quartiers pauvres des grandes villes, par-
tout où la nourriture est malsaine, l'air insuffisant, le tra-
vail excessif. On voit l'ecthyma naître avec La facilité la
plus grande sous l'influence de la malpropreté. La phti-
riase et la gale jouent un rôle considérable dans letiologie
de l'affection. Us frôlements, le-, grattages répétés, le
GRA5DE E>CYCL0PÉl)IE. — XV.
décubitus prolongé, les contacts irritants, favorisent aussi
le développement de l'éruption. D'après Bazin, le type de
la pustule ecthymateuse se trouve réalisé par la lésion que
produit sur les téguments l'application du tartre stihié. Le
mémo auteur signale la fréquence de l'ecthyma chez les
artisans qui manient dos substances acres ou irritantes,
des produits métalliques, etc., die/, les épiciers, cuisi-
niers, maçons, teinturiers, apprèteurs de couleurs, mégis-
siers, criniers, tanneurs, fondeurs, mineurs, etc. (ecthyma
professionnel). Les recherches de M. E.Vidal ont démontré
que, par inoculation, Le liquide dos pustules peut facilement
et indéfiniment reproduire dos lésions de même nature, non
seulement sur la peau du malade, mais encore sur celle
de toute personne saine.
Symptômes. Pronostic. La lésion n'est tout d'abord
qu'un point rouge prurigineux. Celui-ci se transforme
rapidement en papule, puis en une petite vésicule. En même
temps, la zone inflammatoire s'élargit ; une auréole rou-
geàtre et dure, sensible à la pression, circonscrit la vésicule
qui s'acumine et se trouble. Dès le troisième ou quatrième
jour, la lésion est franchement pustuleuse ; peu à peu sa
surface s'élargit, s'aplatit et se transforme en une croûte
jaunâtre plus ou moins mêlée de sang. L'affection a une
marche rapide ; chaque élément évolue en une dizaine de
jours au plus. Lorsque la croûte tombe, elle ne met ordi-
nairement à nu qu'une surlace excoriée qui mérite à peine
le nom d'ulcération. Mais sur les organismes débilités, chez
les nouveau-nés, les vieillards, chez tous les malades
cachectiques, on voit quelquefois se produire un processus
destructif d'une réelle gravité et pouvant même aboutir au
sphacèle. Si chaque pustule, considérée en elle-même, dure
seulement quelques jours, il faut toutefois reconnaître que
l'affection, dans son ensemble, peut persister autant que la
cause qui l'a fait naître ; et les poussées éruptives se pro-
longent d'autant mieux que l'ecthyma, nous l'avons vu,
est auto-inoculable. L'afiection peut à la rigueur se montrer
sur tous les points des téguments ; mais les épaules, le
dos et principalement les membres doivent être considérés
comme les sièges d'élection. La poussée d'ecthyma se fait
en général sans déterminer de réaction fébrile. Le pronostic
de l'ecthyma, en tant que lésion locale, est toujours favo-
rable. Quelques semaines suffisent à amener la guérison des
pustules, lorsque le traitement est judicieusement institué
et régulièrement suivi.
Traitement. Le premier devoir du médecin, dans le
traitement de l'ecthyma, est de s'attaquer aux causes de
L'éruption. La connaissance d'une prédisposition interne
accidentelle ou diathésique fixera, s'il y a lieu, la conduite
à tenir dans le choix d'une médication générale. Les causes
extérieures (pediculi, acares, applications irritantes, etc.)
seront immédiatement supprimées. Ce premier point acquis,
chaque élément éruplif devra être antiseptisé avec soin.
Pour atteindre ce but, on fera tomber toutes les croûtes
en se servant de bains, de cataplasmes, d'enveloppement
par le caoutchouc, puis chaque plaie sera lavée avec une
solution boriquée, phéniquée ou sublimée. Enfin, pour
éviter les inoculations secondaires, qui font si souvent
traîner en longueur les poussées d'ecthyma, chaque lésion
sera exactement recouverte par une rondelle d'emplâtre qui
pourra joindre, par surcroît, à sa propriété isolante une
action à la fois antiseptique et siccative. A. Pignot.
ECTIN0S0MA(/.ool.). Genre de Crustacés Copépodes na-
geurs de la famille des Ilarpactides, établi par Bœck en \ 864.
Le corps chez ces animaux est grêle, la tête petite, soudée
avec le premier segment thoracique, les antennes antérieures
sont très courtes et portent des soies nombreuses; les
postérieures sont fortes, à trois articles, avec une branche
secondaire bi ou triarticulée; les mandibules sont gicles,
profondément fendues à la pointe; ; la première paire de
pattes— mâchoires est pourvue de deux crochets terminaux
puissants; la deuxième est grêle, son second article est le
plus long; il existe quatre paires de pattes natatoires, Inca-
rnées, chaque branche formée de trois articles presque égaux;
34
I.( IIMiSnMA - ECTROl'ION
- 590
l,i ainquiènu paire est formée de <icu x lames -.éni.i.-.. i ,■
mâlca ne wnl pu connus shea la plupail dei espèce*. Poppe
;i l'aii aonnattre celui de l'JS. eurtieontê, stdaGnerneoelui u
17.. .Uliiiilirum. .Mit iIii Nord, A t Ui ni i< j jh- , Médilerraiice.
ECTOCARPEES (Bot.). Tribu d'Algues, de l'ordre daa
Phéophyoées et de la femllle des Phéosporéea, à thalle Ma-
mentaux articulé, monoaiphoné, de eoloration toneée, fili-
forme. Double fructification but la même plante ou deux
plantes différentes. Sporanges globuleux ou ovales, sessilet
mi pédicellés. Cette tribu comprend les genres Eetoi
//us. Desmareiia, Arthrocladia, Mesogcsla, Myriufiis,
Bloehistea, Cattagnea, Liebmannia. II. F.
ECTOCARPUS (Bot.). Genre d'Algues Ectocarpées, a
fronde filiforme,rameuse, a filaments tous semblables, tantôt
opposés, ou verticillés, ou alternes ; zoosporanges déve-
loppés aux dépens de certaines cellules du thalle qui se
cloisonnent. Dans les logettes se forment des gamètes a
deux (ils qui, mis en liberté, se fixent et se réunissent deux
a deux pour former un œuf qui développe ensuite un nou-
veau thalle. H. F.
ECT0CI0N ou ECTOCIUM (Palèont.) (V. Iïrontotuère
et Lamiwotherium).
ECTOCYNODON (Paléont.). Cope a décrit sous ce nom
un Reptile du terrain permien du Texas, caractérisé par le
crâne court et large, l'orbite grande, les dents du type
rhizodonte, comprimées, à bord tranchant, la dent située
entre le niveau de l'orbite et la narine plus forte que les
autres ; la symphyse mandibulaire est ligamenteuse. Le
type du genre est E. ordinatus. E. Sauvage.
Bibl. : Proc. Amer. Philos. Soc, 1878, t. XVII.
ECTOGANUS (V. Calamodo.n et Tillodonte).
ECTOPAGES (Tératol.) (V. Monstre double).
ECT0PARAS1TES (Zool.). On désigne ainsi les para-
sites, animaux ou végétaux, qui vivent à la surface du
corps ou qui, venus directement du dehors, se sont enfon-
cés plus ou moins profondément dans le tégument. En ce
qui concerne les animaux, les ectoparasites appartiennent
ù des groupes très divers : sans parler des Bactéries ou des
Champignons, on peut ranger dans cette catégorie toute
une série d'Insectes, d'Acariens, de Crustacés, de Vers et
de Protozoaires; les uns sont de vrais parasites, les autres
sont plutôt des commensaux (V. Parasite). R. Bl.
ECTOPIE (Tératol.). Les anomalies de situation recon-
naissant pour cause une perturbation du développement em-
bryonnaire sont d'importance fort variable. Entre les inver-
sions splanokniques portant sur la totalité des viscères
thoraciques ou abdominaux, ou sur les deux à la fois
(V. Inversion, Hktérotaxie) et les simples variations ana-
tomiques telles qu'une déviation de direction modifiant le
trajet des troncs vasculaires ou nerveux de moyen calibre,
l'insertion vicieuse d'une dent, etc., viennent se placer les
ectopies proprement dites. Ce nom est habituellement
réservé, en effet, au déplacement ou au changement de
rapports d'un organe isole ou d'un petit nombre d'organes
voisins. La plupart de ces anomalies s'expliquent par un
arrêt de développement. Dans un premier groupe, les or-
ganes se trouvent hernies par suite de l'aplasie d'une por-
tion plus ou moins notable de la paroi de l'une des grandes
cavités du corps. Comme exemples les plus communs, nous
citerons l'ectopie du cœur qui vient battre sous la peau, ou
même faire entièrement saillie en dehors de la poitrine
lorsque le sternum est largement fissuré ou qu'il fait
défaut avec la partie ^voisinante des cotes; les hernies
ombilicales (l'.rontpluilr), Yrxstrophit- de la vessie, toutes
anomalies dont les degrés plus avancés continent a l'éven-
tration (V. Célosomie, Exsthoimiie, etc.). D'autre part, les
viscères thoraciques peuvent empiéter sur l'abdomen, ou
réciproquement, lorsque le diaphragme est incomplètement
formé. On doit ranger sous le même chef les hernies des
centres nerveux ou de leurs enveloppes à travers des défec-
tuosités de la Imite crânienne ou du rachis, constituant les
différentes formes de YencéphalocileÇf. ta description des
monstres rxcnci'phtilicns au mot Ankm i fHM.it. ; V. ai
Srou ar/uu).
I ne <! rie comprend les organes ayant a
Miliir un déplacement an cours du développement normal
et D'accomplissant leur migration que d'une façon impar-
faite, lie la la position anormale du cœur lorsqu'il i.
dans la région cervicale au lieu de descendre dans le thorax ;
celle des raina ou deaglandea génitales, principalement
testicules, qui demeurent fixes dans l'abdomen ou dans le
trajet inguinal, au lieu d'aller se loger dans les boni
(cryptorehidie) (V. lai articles relatifs aux différents or>
ganes). Au lieu de suivre le mouvement de rotation qui lui
donne sa position transversale, l'estomac conserve parfois la
direction verticale qu'il affecte chez le jeune embryon, etc.
Un a signalé enfin certaines ectopies que l'embryologie est
impuissante à expliquer jusqu'à ce jour : fusion des deux
pompons dans la cavité pleurale gauche, le cour étant pi
à droite ; ectopie lombaire du coeur, etc. G. IIkrumann.
ECTOPROCTES (Zool.). Nitsche a réuni sous ce nom,
formé par opposition a Endoproctes, tous les Bryozoaires
dont l'orifice anal est situé on dehors du lophophore. Le
lophophore et les tentacules sont retractiles dans une
gaine. Ils comprennent la plupart des Bryozoaires et se
divisent en deux ordres, suivant que le lophophore est
circulaire, Gymrwlœmes, ou en fer à cheval, Pkytaclo-
Uemes (V. ces mots). L. Cabry.
ECTOT-l'Aiber. Corn, du dép. de la Seine-Inférieure,
arr. d'Yvetot, cant. d'Yerville, 417 hab.
ECTOT-i.ks-Bao.ns. Coin, du dép. de la Seine-Infé-
rieure, arr. d'Yvetot, cant. de Yerville; 317 hab.
ECTRODACTYLIE (V. Doigt).
ECTROMÉLIE (Tératol.). Anomalie consistant dans
l'arrêt de développement plus ou moins complet d'un ou de
plusieurs membres. I.-C. Saint-Hilaire a groupé artificielle-
ment en trois genres les monstres de la famille des Ectro-
meliens : 1° genre Phocomèlr, membres réduits aux
mains ou aux pieds qui semblent s'insérer directement sur
le tronc ; 2° genre llemimêle, membres thoraciques ou abdo-
minaux très incomplets, terminés en moignon, doigts nuls
ou rudimentaires ; 3° genre Ectrumèle, membres à peu près
nuls. Quant aux simples malformations des doigts ou de-
orteils, cet auteur les range parmi les hémiténes, genre
Ectrodactyle. On conçoit qu'il soit très difficile d'assigner
des caractères généraux à une monstruosité se prêtant à
des combinaisons aussi multiples que l'eclromélie. Les indi-
vidus des deux premiers genres sont généralement viables, et
l'on peut observer parfois sur eux de curieux exemples de
suppléance : c'est ainsi qu'on voit des hêniiinèles, privés de
leurs membres supérieurs, arriver à exécuter avec leurs
pieds les ouvrages les plus délicats, devenir même peintres
ou musiciens. Dans le genre ectromèle, il y a souvent arrêt
de développement des organes génitaux ; quant aux malfor-
mations concomitantes des centres nerveux, on ue sait
encore si elles sont la cause de l'ectromélie ou si elles en
sont une conséquence. L'influence de l'hérédité a été cons-
tatée dans un certain nombre de cas, notamment chez les
mammifères ou l'on trouve parfois des octromeliens en
même temps que des petits bien conformés, dans plusieurs
portées successives. Pour la pathogénie de cette anomalie,
on a mis en cause principalement la compression exercée par
les enveloppes fœtales. C'est à tort que quelques auteui-s
ont confondu l'ectromélie avec les cas â'amputation con-
génitale, dont elle est absolument distincte.
ECTROPION (Pathol.). Ce mot désigne le renversement
de la paupière en dehors. De cette éversion, il résulte que
la portion de muqueuse conjonotivale correspondante est
en contact permanent avec l'air libre, et que le bord ciliaire
se trouve éloigné du globe de l'œil. Cette disposition mala-
dive n'atteint ordinairement que l'une des paupières, l'in-
férieure, se montre a des degrés différents et a des causes
multiples. La trame même de la paupière est comprise entre
deux plans, le plan conjonclival et le plan cutané. Ce sont
presque toujours les modifications survenues dans l'un de
- fôi -
KCTKOI'ION — ECU
Irai plans iiui amènent l'ectropion. Do sota de la con-
jonctive, lea inflammations chroniques, telles que le tra-
chome, lea infiltrations prolongées de cette membrane (che-
mosis), son èpaississement sarcomateux donnent lieu à une
augmentation de volume, qui se traduit finalement par
une èversioo plus ou moins limitée, tendant à progresser
chaque jour, par suite de la déviation du point lacrymal.
dt' la non-ab>orptiou «los larmes si de leur icoulemenl au
isb - ne dans ce cas est nettement conjonctivals.
U plupart du temps elle est cutanée. Le renversement de
la paupière dépend alors des excoriations de la peau et «les
rétractions consécutives. Par conséquent, nous devons
mettra en première ligne les brûlures et les morsures;
toutes les plaies en général, aussi bien celles qui résultent
de phlegmons ou d'abcès pustuleux, que celles qui succèdent
à la cane du rebord orbitaire; toutes finissent par amener
des cicatrices rétractilesoo adhérentesqui attirent le rebord
palpébral. Une troisième cause de l'ectropion réside dans
le plan musculaire de la paupière. Chef, les vieillards, le
muscle orbiculaire perd de sa force, il se paralyse quel-
quefois et la paupière est déjetée en dehors par suite de
la prédominance des autres muselés. Il est rare qu'on ait
atlaire a un véritable ectropion dans les cas d'exophtalmie
ou de tumeurs de l'orbite.
Symptômes. Le point lacrymal étant dévié, et les larmes
n'étant plus absorbées, le premier signe est un èpiphora
plus ou moins abondant. Il >utlit dans quelques eas, pour
remédiera un ectropion sénile non cicatriciel, de fendre le
point lacrymal et de rétablir le trajet des larmes par le
eathétérisme. Pour peu que la maladie soit ancienne, la
conjonctive, sans cesse irritée par le contact de l'air, s'épais-
sit, devient granuleuse et re\ét les caractères de l'épi-
démie, tandis que la peau constamment lobréfiée s'excorie
retracte encore davantage. Par le fait de l'occlusion
incomplète des paupières, l'œil est protégé d'une manière
insuffisante, et il arrive souvent que la cornée s'enflamme,
ne fut-ce que par le contact des poussières ou la pénétra-
tion des corps étrangers.
Traitement. Le traitement de cette difformité est entiè-
rement chirurgical. Je n'indiquerai par les différents pro-
- de mobilisation et de remise en place de la paupière.
IK -ont innombrables. Chaque chirurgien a le sicn(V. I!i.k-
phahoplastif). Le plus usuel consiste à faire l'excision
d'un lambeau triangulaire de la peau, après l'incision de la
commissure externe des paupières et l'avivement des bords
palpébraux. On décolle finement la peau avec le bistouri;
au voisinage de l'excision, on réunit d'abord la plaie verti-
cale, puis ensuite celle de la commissure externe, par des
points de suture. Le chirurgien anglais Adams taillait un
lur.e lambeau dans toute l'épaisseur de la paupière, et ilrap-
f liait à l'aide d'une suture entortillée les lèvres delà plaie,
.e professeur Richet a imaginé un procédé qui consiste dans
une incision curviligne parallèle au bord palpébral, située à
•1 "U 3 millim. de ce bord. Cette incision préliminaire sert
uniquement à libérer la paupière et à permettre de pratiquer
facilement l'occlusion palpébrale. I ne deuxième incision est
faite à \ centim. plus bas. dans le même sens; la peau
est soigneusement disséquée, divisée par un coup de ciseaux,
- deux lambeaux auwi formes sont remontés en haut,
suturés à la paupière et réunis entre eux. Cette opération se
complète par une petite partie de substance triangulaire,
dont les lèvres sont rapprochées par des nouveaux points
de suture. |)r Ad. I'uchmd.
Bihl. : Fri kt, IHeph.iroplaslili. — Wahthon JONES,
ADAMS, RlOAtm, Auloplaslio.. — Dkmkb, Auloplastie. —
Mirault (d'An.- \ RiLiiiER, Ectropion, etc.
ECTYPE (Senlpt.). Refief obtenu au moyen d'un moule
en creux. On applique ce terme à ta reproduction d*noe mé-
daille. au i ifage d'une inscription antique, etc.
ECU. I. Archéologie. — t>n donne renom au l»ou«-li-r
porté par l'homme d'armes pendant le moveu âge, par oppo-
sition au bouclier rond dont se couvraient les gens de pied.
Il est ordinairement en forme d'amande, un peu courbe, avec
Fig. 1. — Face interne d'un
écu laissant voir les
énarmes, composées de
deux courroies en sau-
toir et d'une courroie ver-
ticale pour passer le bras.
La m un Blisissatt les
courroies croisées en-
semble ou séparément.
le chef coupé plus ou moins carrément et la partie infé-
rieure taillée en pointe plus ou moins prononcée, l'ne
courroie sert à le suspendre au cou : c'est la guige ;
d'autres à y passer le bras et a l'empoigner : ce sont les
énarmes. Le champ de l'écu est sa surface extérieure, sur
laquelle sont peintes des armoiries ou des aires de cou-
leurs tranchées qui sont les reconnaissances, car elles ser-
vaient à faire reconnaître
l'homme d'armes dans la mê-
lée. Son chef est la partie
supérieure, sa pointe la région
inférieure. Sa face interne est
ordinairement matelassée
pour que le bras ne souffre
pas des chocs. L'écu ne porte
la bosse centrale ou umbo
qu'aux époques anciennes, au
xii8 siècle ; il était alors
haut de quatre pieds et plus,
de forme très allongée, fait
de planches de bois soigneu-
sement assemblées, collées,
recouvertes d'un épais enduit ,
sorte de ciment très dur sur
lequel on marouflait même de
la peau. Les contours étaient
affermis par des orles de mé-
tal ; des dispositions des énar-
mes, au nombre de quatre,
réparties par groupes de deux,
il résulte qu'on pouvait le
tenir vertical ou horizontal.
L'umbo, très saillant, était
une calotte de fer en forme
de demi-coquille d'oeuf. —
Souvent, quand les hommes
d'armes combattaient à pied,
ils fichaient la pointe de l'écu en terre, formant ainsi un
front de bataille abrité, fraisé de fers de lance. Déjà, sur
la tapisserie de Baveux, les Normands sont figurés armés
de ces grands écus dont sont dérivés les pavois des gens
de pied. Vers la fin du xne siècle, les dimensions de l'écu
diminuent , et il est représenté comme un triangle
presque équilatéral ; ses énarmes sont fournies par les
prolongements des courroies de guige rivées au champ
intérieur. Pour combattre à cheval, l'homme d'armes
gardait l'écu pendu au col par la guige et l'empoignait
par les énarmes ; c'est ce qu'on appelait enchanteler
l'écu, ou porter l'écu en chantel (ou cantel). Au
xiv" siècle la forme de l'écu varie un peu ; ses bords, à
partir du chef, restent parallèles dans la première moitié
de leur longueur ; sa hauteur ne dépasse guère cinquante
centim., sa courbure est moyenne, mais va en s'exagé-
rant à la fin du siècle, disposition tendant à faire passer
les coups d'estoc sur son champ convexe. En même temps
que ses bords tendent pour ainsi dire à se rejoindre et à
lui donner la forme d'un demi-cylindre, une courbure con-
cave se creuse en son champ, reportant la pointe en avant,
et celle-ci devient de plus en plus mousse. Les énarmes
disparaissent ; seule la guige fixe l'écu au-dessus de la
saignée, sous l'épaule, laissant ainsi la main gauche libre
de manier les rênes. Ainsi se firent ces modifications qui
changèrent au XVe siècle l'écu en large, puis en manteau
d'armes, pièces destinées à garantir l'épaule et le côté
gauches que la position du cavalier chargeant exposait
davantage aux coups.
L'écu était un insigne de noblesse, la personnification
même de l'homme d'armes qui le portait. Il joue un grand
rôle dans la cérémonie des tournois et des pas d'armes,
et, dans les combats entre vilains, on donnait à ceux-ci des
écus, mais donl la pointe était à la place du chef. Frapper
ou renverser l'écu d'un chevalier était considéré comme
une provocation ou un outrage. Maurice Maindron.
ÉCU
- 533 —
II. Numismatique. — Monnaie d'origine française qui
avait pour signe distinctif on écu sur 1 une de bm faces.
Eco it'uit. — Le nom d'écu s'est appliqué d'abord a des
monnaies d'or, puis a des monnaies d argent. Vers la fin de
son règne, saint Louis créa le denier d'or i l'écu (fig. 2),
dont voici la description : + LVDOVICS : DE1 : GRACIA :
FRÂNCOB REX. Ecu semé de fleurs de lis dans une
rosace, r + \ir,\iN<.iï-\i'i.-iii.<;\ vr-\h.-i\ii'i i; \ i.
Croix feuillue, cantonnée de quatre fleurs de lis. Cette
pièce est d'or pur, a 24 carats; elle était taillée à raison
de 58 au marc : elle aurait donc dû peser i r2l. L'exem-
plaire du cabinet de France ne pèse toutefois que 4-r05.
L'écu d'or est la seule pièce de ce métal qu'ait l'ait frapper
saint Louis. M. de Marchéville a récemment prouvé que
l'agnel d'or qu'on attribue généralement à saint Louis est
postérieur à ce prince [Revue numismatique, 1889, p. 1 ).
L'écu d'or fut abandonné après saint Louis pour ne réap-
paraître que sous Philippe de Valois. En janv. 1337, aux
parisis d'or fin de 84 3/5 au marc, ayant cours pourl livre
5 sous, on substitua des deniers à l'écu d'or lin, de.Vi au
marc et courant pour 1 livre. Le type de cette monnaie
était tout différent du type adopté par saint Louis ; c'était,
au droit, le roi assis sur un siège gothique, tenant une
épée de la main droite, la gauche appuyée sur l'écu de
France; au revers, une croix feuillue dans une rosace qua-
drilobée (V. Hoffmann, Monnaies royales, pi. XVI, n° 3).
Le 13 juin 1346, une ordonnance régla le cours de qua-
torze espèces d'or d'ancienne fabrication laissées dans la
Fig. 2.
circulation, et, le 2 oct., on les décria pour leur substituer
une pièce nouvelle, le denier d'or à la chaise, qui était taillé
sur le pied de 52 au marc et valait une livre. En janv.
1348, il fut remplacé par un nouveau denier à l'écu n'ayant
plus que 23 carats de loi, de 84 au marc et courant pour
•18 sols 9 deniers. Le 23 août 1348, le titre de cette pièce
fut abaissé à 22 carats 3,4 ; le 11 mars, à 22 carats, et
le G mai, à 21 carats ; malgré cette diminution de titre,
son cours fut successivement fixé à 18 sols 9 deniers, à
1 livre, à 1 livre 5 sols, pour revenir à 18 sols 9 deniers
le 12 avr. 1350.
Sous le roi Jean, les affaiblissements de la monnaie
fuient fréquents et désordonnés, à ce point qu'on a pu
dire que les assignats ne furent pas plus désastreux pour
la France. Le type du denier à l'écu resta le même que
sous Philippe de Valois. Du mois d'août 1350 à la fin de
1354, on frappa des deniers d'or à l'écu de 54 au marc,
mais leur titre fut abaissé successivement de 24 carats à
IN carats (22 sept. 1351). Pendant cette même période, le
cours varia entre 1 livre 5 sous tournois et 12 sous 0 de-
niers. Le denier d'or à l'écu fut remplacé le 17 jan\. 1355
par le denier d'or à l'agnel, qui était au titre de 24 carats,
mais à la taille de 52 au marc. Cependant, le denier d'or
à l'écu demeura dans la circulation ; le 22 août 1358, son
cours fut fixé à 1 livre tournois. On ne frappa point de
denier à l'écu sous Charles V. Une nouvelle pièce d'or
apparut sous Charles VI, l'écu à la couronne (fig. 3), créé
par ordonnance du 11 mars 1384, d'or fin, de 60 au maie,
ayant cours pour 22 sous (i deniers tournois. Cette pièce
tire son nom de l'écu aux trois fleurs de lis timbré d'une
couronne, gravé sur l'une de ses laces. La taille fut bien-
tôt modifiée et portée successivement à 01 1/3 au marc
(28 févr. 1387), 62(29 mil. 1395), (IV (2 nov. 1441).
Une ordonnance du 3 juil. 1413 prescrivit la frappe d'un
petit éi h a la couronne, d'or fin et de 96 u mare, râlant
15 sols tournois. Le Ht mai 1417, fut ordonnée la frappe
de moutons d'or a 23 carats et 96 au marc, valant h
Fig. 3.
tournois. La fabrication des écus fut interrompue. Une
ordonnance du 7 mars 1418, qui, probablement, n'a pas
été exécutée, prescrivit la frappe d'écus à la couronne a
23 carats, 63 au marc, valant 50 sous tournois.
I De ordonnance du 7 mars 1418 fixa le titre de l'écu à
23 carats, sa taille à 07 au marc et sa valeur à 30 sous
tournois. L'ordonnance du 19 déc. 1 120 releva le titre à
24 carats, abaissa la taille à 00 et rétablit l'ancien cours
de 22 sous 0 deniers tournois. On a des écus à la couronne
du dauphin Charles frappés de 1418 à 1422. L'éeu heaume
et le demi-ècu heaume, créés par ordonnance du 9 nov.
1417, sont ainsi appelés parce que leur type est l'écu de
France timbré d'un heaume couronné (Hoffmann, pi. XXV,
nos 5 et 0). Sous le règne de Charles VU, l'écu à la cou-
ronne varia incessamment comme titre (entre 24 et 1 G ca-
rats), comme poids (entre 72 et 04 au marc) ; son cours
varia peu : il fut presque constamment de 25 sous tour-
nois; il s'abaissa cependant à 1 livre et, à la fin du règne,
se releva à 27 sous G deniers. Nous ne saurions donner
ici le tableau de ces variations, qu'on trouvera dans YA/i-
nuaire de la Société française de numismatique (1877,
t. V, pp. 143 et suiv., v° les Ecus à la couronne par
F. de Saulcy). L'écu à la couronne de Charles VII est
reconnaissante à ce que l'écu est accosté soit de deux fleurs
de lis couronnées (Hoffmann, pi. XXXI, n° 2), soit de
deux petites couronnes (ibid., n° 3). On appelle écu au
briquet l'écu à la couronne qui présente au revers une
croix feuillue cantonnée de deux petites couronnes et de
deux briquets. Charles VII fit frapper des demi-écus.
Louis XI fit continuer la fabrication des écus a la couronne
au même type que ceux de son père. De 1401 à 1474,
l'écu à la couronne était au titre de 23 1/8 carats, à la
taille de 72 au marc ; son cours fut fixé successivement à
1 livre 7 sous G deniers, 1 livre 8 sous 4 deniers, 1 livre
10 sous 3 deniers et 1 livre 12 sous 1 denier. En nov.
1475, Louis XI créa l'écu au soleil ou écu sol, qui était un
écu à la couronne présentant au-dessus de la couronne
l'image d'un petit soleil (Hoffmann, pi. XXXVI, n° 1).
L'écu au soleil était taillé à raison de 70 au marc et eut
cours d'abord pour 1 livre 13 sols tournois. Louis XI émit
aussi des demi-écus à la couronne et au soleil. La frappe
des ecus et demi-écus au soleil continua sous Charles VIII,
Louis Ml, François Ier.
Les écus de Charles VIII frappés pour la Bretagne ont
l'écu de France accosté de deux hermines couronnées (Hoff-
mann, pi. XXXVIII, n° 7); ceux qui sont frappés pour le
Dauphiné ont le champ ècartelé de France et de Dauphiné
(ibid., n° 8). Le cours des écus d'or re>ta tixe. sous le
règne de Charles VIII jusqu'au 31 juil. 1^7. ou il fut
porté de 33 sols tournois a 36 suis 3 deniers. On conserve
au Cabinet des médailles de Paris un triple écu d'or qui
n'est probablement qu'un essai monétaire. Des écus ont été
émis en Italie au nom de Charles VIII. Sur les écus de Pise,
le roi de France porte le litre de Pisanorum libéral, r
(Hoffmann, pi. XL, n° 47). A Naples, le même roi fit
frapper des écus et doubles écus où il prend le titre de
Hcx Francorum etSicilie; mais, sur ces monnaies, l'ecu
- S33 -
ÉCD
qui orne le droit est toujours eelui de France, [-unis \ll
no lit fabriquer d'autres monnaies d'or que des écus et
demi-écus 10 s.>K-il et au poro-épic : les uns et les autres
étaient de même titre et même poids que les feus <1 or an
soleil du règne précédent, c.-à-<l. de 70 au marc et à
i9 1/8 '.nais. Le cours fut porté de .'>6 sols à 36 sols
."> deniers. On ne commença les écus au poro-épic que le
19 bot. 1510. Cette monnaie tirait son nom des porcs-
èpks qui aeeostaieol l'écu (Hoffmann, pi. \l.lll, n" 6).
loms \ll frappa a Asti, dont il était seigneur, îles mon-
naies d'or qui portaient l'éeu de France, mais qui s'appelaient
àncatï (V. ce mot); il en est île même des monnaies d'or
de Naploset de Milan, au nom de Louis Ml ; des écus au
-"I.mI furent frappés s Gênes, sur lesquels Louis XII s'in-
titule Froneorum rr.r d Januedux (Hoffmann, pi. Ll,
n" 104).
Sous François 1"', on ne fabriqua en Franco, comme
monnaie d'or, que îles écus et demi-écus au soleil ; leur
titre, leur poids, leur valeur varia. Los premiers écus d'or
fuient do mêmes litre et poids que ceux du règne précédent ;
l'an 1849, on diminua le titre d'un quart do carat, et le
poids fut atlaildi d'un grain trois quarts; on les distingua
«e premiers en plaçant deux F aux cotés de l'écu (Hoff-
mann, pi. 1.1V, n° Mi ; en 1858, le titre fui atlaildi de
3 carats; depuis le IS août 1519 jusqu'en 1539, les écus
for furent au titre de 23 carats et à la taille de 71 1/6 au
marc. Ce litre et ce poids durèrent presque pendant tout
le règne de François 1 ' et pondant tout celui de Henri II.
Quant au cours, il fut d'abord fixé à 2 livres tournois,
puis fut porté, on 1533, à 2 livres 5 sols. Les diverses
émissions furent distinguées par de petits signes qui don-
nèrent lieu a des appellations populaires. On appela écus
d'or à la noisette ceux qui ont au revers une petite croix
carrée a la place delà croix fleurdelisée (Hoffmann, pi. LIV,
n° 12), et écus à la salamandre ceux oii l'écu du droit est
«té de deux salamandres (Hoffmann, pi. LV, n° 26).
In certain nombre de pièces d'or au nom de François I'r
et portant d'un côté une tète, de l'autre un éeu, sont, non
pas des écus d'or, mais dos essais sur or de monnaies d'ar-
Sont (testons). François Ier a émis des écus d'or à Milan,
enri IL outre les écus et demi-écus d'or, fit fabriquer des
quarts d'écu. l'ne nouvelle pièce d'or parut : le double
éeu, qui fut appelé hetlH (V. ce nom) et au droit duquel
était gravé le portrait du roi. Sous Charles IX, on fit dos
écus d'or toujours au mémo type de l'écu couronné, au
droit, et de la croix fleurdelisée, au revers, mais dont lo
poids fut diminué d'un grain ; le cours fut porte à 50 sols
>-n 1861, puisa .Vf sois en 1573. Les écus d'or frappés
[Hiur le Dauphinë portaient, comme sous les règnes précé-
dents, un éeu écartelé de France et de Daupbiné. Sous le
règne de Henri III, on fit des doubles écus d'or, des écus
' 'les demi-écus d'or. Le 22 sept. 1874, le cours de
l'écu fut fixé à 58 sols et, en 1878, a (iO sols. Mais le
peuple poussa le prix de l'écu jusqu'à 08 sols. Pour arrê-
ter ce désordre, la cour des monnaies présenta au roi et
aux Ftats généraux de Blois des remontrances sur le règle-
ment de la monnaie. In édit conforme fut rendu au mois
de sept. 1577. publié et enregistré au Parlement les 13 et
IX nov. suivants, et en la cour des monnaies, le 20 du
mène mois. Cet édit fixait le prix des écus à 60 sols ; de
plus, le compte par sols et livres fut aboli et remplacé par
le compte à éeu ; le compte à sol était une des causes du
surhaussement des espèces, parce que les débiteurs s'effor-
çaient de mettre celles-ci au plus haut prix possible pour
en donner le moins possible ; si l'ecu valait 3 livres, il n'en
fallait que trente-trois et un tiers pour l'aire 100 livres,
au lieu que, s'il ne valait que .'.u BOUS, il en fallait quarante
pour faire la même somme. En 1890, Charles X, cardinal
de Bourbon, fit frapper des écus et demi-écus ou il prenait
le titre île nu de France. Depuis la mort de Henri III jus-
qu'en 1594, le [>euple fit Imusser le cours des monnaies et
donna a l'ecu d'or une valeur de 64 sols. En 1594, le roi
tit défense d'exposer l'écu ni de le recevoir pour plus de
60 sols. L'an 160-2, lo compte à éeu fut aboli et le compte
à livre rétabli. L'ecu d'or fut mis a .'» livres 5 sols. Henri IV
tit frapper des double;, cens, des cens el des demi-écus. La
Croix illl revers affecte sur ces espèces des formes diffé-
rentes siuvanl les omissions; on appelle éeu aux quatre H
celui ou les brandies de celle croix sont formées de quatre
II fleurdelisés, disposés autour d'un centre quadnlobé.
Louis \lll lil fabriquer des écus et demi-écus du même
dire et du même poids que ceux de sou prédécesseur. Le
cours fut porté à 3 livres 15 sols par ordonnance du 5 déc.
161 '..
lui l'evr. 1630, on permit par provision que l'écu d'or
s'exposât pour 4 livres 3 sols, et, en juif. 1633, pour
4 livres 6 sols. Le .'> mars 1636, un édit fixa le cours
de l'écu d'or à 4 livres 14 sols ; mais, le 28 juin suivant,
on dut l'augmenter do 10 sols. L'écu et le demi-écu d'or
continuèrent d'être frappés sous le règne de Louis XIV,
toujours au même type et au même titre jusqu'en 1036.
Après celte date, on ne fabriqua plus d'éeus d'or. Mais cette
monnaie continua d'avoir cours pendant quelques années
encore. Par déclaration du 4 avr. KJ.'iiî, le prix de l'écu d'or
fut fixé à 5 livres 14 sols. Puis son cours fut porté en mars
165'! à 6 livres 4 sols ; on juin 1653, à 5 livres 19 sols ;
puis diminué, en septembre, à 5 livres 14 sols; en dé-
cembre, à 5 livres 0 sols ; en avr. 1634, à 5 livres i sols.
Mais ce rabais ayant provoqué le transport des monnaies
hors du royaume, le Ier janv. 1666, on remit l'écu d'or
au prix de 5 livres 11 sols 6 deniers. L'édit sur les mon-
naies du mois de déc. 1689 fixa le cours de l'écu à (i livres;
mais jusqu'au 31 avr. 1090 seulement ; ce terme passé,
l'écu ne devait plus avoir cours et ne serait plus payé dans
les hôtels des monnaies. Cependant, nous voyons que le
terme fut prorogé, car un arrêt du conseil du 20 mai
1692 fixait le prix de l'écu d'or à 3 livres 16 sols 6 deniers.
Ce cours resta le même jusqu'à l'arrêt du 16 juin 1693,
qui est le dernier qui mentionne l'écu d'or.
Le type de l'écu a été très répandu, et de nombreuses
pièces d'or ont été frappées par les seigneurs français et les
souverains étrangers à l'imitation de l'écu français. Des
écus d'or ont été frappés en Bretagne, par les ducs Fran-
çois Ier (1442-1450), François II (1438-1488); en Aqui-
taine, par F>louard III, roi d'Angleterre; en Béarn, par
Gaston de Foix (1436-1472), François-Phœbus (1472-
1482); en Navarre, par Henri d'Albret (1518-1555),
Antoine de Bourbon et Jeanne d'Albret (1556-1572) ; à
Avignon, par divers papes, et spécialement par Paul III,
en 1535 ; en Flandre, par Philippe le Hardi et Philippe le
Bon ; à Cambrai, par l'archevêque Maximilien de Berghes
(1556-1570), etc.
Eeu i/ahgent. — On donne le nom de quart d'écu à une
pièce d'argent frappée, pour la première fois, par le roi
Henri III, en oct. 1580. Cette pièce valait le quart de l'écu
d'or, d'où son nom. Klle était au titre de 11 deniers d'ar-
Fig. 4.
gentfin, à la taille de 25 1/5 au marc et avait cours pour
15 sols. Voici la description de cette pièce ; IIKNHICVS-
IH'DEI-G-FR-ET-POL-REX. Eco de France, timbre de la
couronne royale, accosté des lettres numérales H II (e.-à-d. 4);
eu bas, I., lettre indiquant l'atelier de Poitiers, r' + SIT*
NOMEN-DOMINI-BENED-d887. Croix fleurdelisée (fig. '.).
On frappa en mémo temps dos demi-quarts d'écu, d'un
l'I
- 534 -
module plus petit, si on l'écn ni Bicosté des lettres numé-
raies MM. Le fabrication ds ces espèces fut continuée soua
Henri IV, Louis Mil et Louis XIV. Bien qu'on assez grand
nombre de pièces d'argent portent, en France et à l'étran-
ger, depuis le \i\" nècle, on écu dans le champ, on
réserve le nom d'èen à hi nièce dont la fabrication lui
ordonnée par Louis Mil. le 23 déc. 1644. Cette pièce es)
aussi désignée parles noms de lonis d'argent el écu blanc
Bile était an litre de II deniers el à la taille de 8 pièces
11/12 au marc Elle eut cours pour 60sols. Voici sa des-
cription : LVDOVICVS-Xm-D-G-FR-ET-NAV-REX. Buste
duroilauréàdroHe.wSIT-NOMEN'DOBllNI-BENEDICTVM'
1041. Kcu de France couronné ; au-dessous, la lettre indi-
quant l'atelier mo-
nétaire (flg. 5). On
fit aussi des écus de
HO sols, 15 sols et
5 sols. Le cours
des écus varia. En
mars 1653, la va-
leur de Féeu hlanc
fut portée à 3 livres
10 sols ; elle fut
ramenée à 3 livres
enavr. 1654.L'édit
de déc. l(iX9 pres-
crivit la fabrication
d'écus d'argent au
titre de 1 1 deniers
et à la taille de 9 au
marc, ayant cours
pour 66 sols, en d'autres termes 3 livres 6 sols ; les demi-
écus et quarts étaient à proportion ; les écus et demi-écus
devaient avoir sur la tranche la légende Domine salmirn fac
regem. Le cours des écus varia sans cesse au xvnie siècle,
mais de 1 689 à 1 709 il ne s'éleva jamais plus haut que 3 livres
10 sols. Le type fut modifié à chaque émission. C'est ainsi
qu'on distingue l'écu du Parlement (avec le Saint-Esprit
portant la sainte Ampoule au-dessus de la tête du roi),
l'écu aux colliers (avec les colliers des ordres autour de
l'écu), l'écu de Flandre dit carambole (avec l'écu de France
écartelé de Bourgogne ancien et moderne), l'écn aux huit L,
de 1089 (où l'écu est remplacé par huit L disposées en
croix). Par édit de mai 1709, il fut ordonné une nouvelle
fabrication d'écus de 8 au marc, appelés écus aux couronnes
à cause des trois couronnes qui ornaient le champ du revers
et y remplaçaient l'écu ; ils eurent cours pour 5 livres. En
1713 (30 sept.), ces écus furent réduits à 4 livres 17 sols
6 deniers. Le cours de l'écu fut affaibli peu à peu et tomba,
au 1er août 1714, à 3 livres 10 sols. Louis XV ordonna
par édit de déc. 1715 la fabrication d'écus de 8 au marc
qui eurent cours pour 4 livres. Ce furent les vertugadins,
au revers desquels est gravé un écu de France, de forme
ronde, timbré d'une couronne. Un édit du mois de mai 1718
ordonna une refonte générale des espèces et une fabrication
d'écus à la taille de 10 au marc, qui eurent cours pour
0 livres. Ce fut l'écu dit de Navarre, parce que l'écu du
revers est écartelé de France et de Navarre. Le cours de
l'écu fat soumis à des variations incessantes sous le règne
de Louis XV. Le type changea également. On distingue
l'écu de France, l'écu aux huit L, l'écu aux lauriers, l'écu
au bandeau, l'écu de six livres. Des divisions de l'écu, demis,
tiers, sixièmes, huitièmes, douzièmes, seizièmes, etc., furent
émises à plusieurs reprises. Ue 17:20 jusqu'à sa disparition,
l'écu valut 6 livres. On désigne sous le nom d'écu de
Galonné une pièce d'argent frappée en 1786 portant au
droit le buste lauré du roi, tourné à gauche, et au revers
deux I, formées de palmes, affrontés et enlaces, timbrés
d'une couronne royale. En 179-2. fut frappé l'écu dil
constitutionnel, dont voici la description : LOUIS \M
KOI DES FRANÇAIS. Buste du roi à gauche; au-dessous,
1792. r' RÈGNE DE LA LOI. In génie ailé, nu, debout,
tourné ù droite, écrivant sur une table le mot CONSTITU-
TION; a l'exergue. I. AN IV DE LA LIHEI'.'IÏ.. Lt dernier
éen frappé lut l'écu dit républicain ayant pour type le
génie de la Franco, comme au revers de l'écu constitu-
tionnel, el au revers, la valeur de la pièce au milieu d'une
couronne de chêne, a\ec la légende lw.1'1 BLIQI I. FRAN-
i USE. et ft l'eiergne, L'AN 11. Sur la tranche, LIBERTÉ,
ÉGALITÉ séparés par le bonne! phrygien, le niveau et
di\eis ornements. L'adoption du système décimal lit
remplacer l'écu par la pièce de 5 fir. ; mais le nom d'éea
resta longtemps è cette pièce, qu'on appelait vnlgairesnenl
écu de S fr. I.'ecu de 6 livres et ses fractions osait-
nuèrenl « l * an ider jusqu'à la promulgation de la loi du
14 juin IN-2'.i qui en ordonna la démonétisation. — On
désigne aujourd'hui
vulgairement par le
mol éen une somme
de 3 fr.
Nous ne saurions
donner ici l'indica-
tion de toutes les
pièces d'argent
étrangères des
xvnie et xix
désignées en France
bous le nom d'écus.
On en trouvera la
liste dans le Traité
des monnaies d'or
et d'argent qui
circulent chez les
différents peu-
ples, par Bonneville (Paris, 1806, in-fol.).
Actuellement, les pièces appelées écus sont : Bolivie,
l'écu d'or, du poids de 4?r388, au titre de 901 mill.
valant 4 piastres 1/4, soit 22 fr. 95 ; le demi-éru du
poids de 2sr194, valant 2 piastres 1/8, soit 11 fr. 47. —
Chili, l'escudo ou pièce de 2 pesos, du poids de 3-r050,
au litre de 900 mill., valant 9 fr. 45. — Espagne, la
pièce d'or de 4 escudos, du poids de 3*T35o, valant
10 fr. 40, celle de 2 escudos, du poids de l?r677.
valant 5 fr. 20, toutes deux au titre de 900 millièmes ;
l'escudo d'argent, du poids de 12<>'r980, au titre de 900
millièmes, valant 10 réaux ou 2 fr. 60. — Etats pon-
tificaux (anciennes monnaies), les pièces d'or de 10 scudi,
5 scudi et 2 scudi 1/2, pesant respectivement 17sr336,
8sr068 et 4er334, au titre de 900 mill., valant 53 fr. 60,
26 fr. 80 et 13 fr. 40; le scudi, pesant 1^733, valant
5 fr. 36; en argent, les scudi de 100, 50 et 20 bajocci
au même titre que les pièces d'or pesant respectivement
2<i-r835, 13sr417 et .V 367, valant 5 fr. 36, 2 IV.
1 fr. 08 ; les scudi de 10 et 5 bajocci, du poids de 2-
et lsr341 , au titre de 800 mill., valant 0 fr. 59 et 0 fr. 2".
— Naples et Deux-Siciles (anciennes monnaies), lui argent .
l'écu de 12 carlins, pesant 27-r (il!* et valant 5 fr. 10 ;
l'écu de 18 carlins pe>ant 22-r810, valant \ fr. 2*>. ces
deux pièces au titre de 833 mill. M. Pboc.
III. Art héraldique. — Fond sur lequel sont repré-
sentées les ligures héraldiques composant un blason, terme
générique des armoiries d'un chevalier, d'une famille, d'une
nation : Vécu de France. 11 symbolise le bouclier, la cotte
d'armes, la bannière; aussi sa forme n'est-elle pas identique
à tous les temps et dans toutes les nations. L'écu français
eut d'abord la forme exacte du bouclier, et les hérauts
d'armes lui assignèrent celle qui est encore en usa^e de nos
jours (V. Blason), mais on en \it de triangulaires et de
carres. Ces derniers se nomment des ecus en bannière. L'écu
d'une tille non mariée a la forme d'un losange ou d'un
ovale ; celui d'une femme mariée est place à côté de celui
de son époux (lorsqu'on regarde deux écUS ainsi accolés,
celui de dextre est celui du mari, celui de senestre celui de
la femme) : une seule couronne les surmonte, (elle du mari,
lieux ('mis d'Etats réunis sous la même souveraineté sont
aussi accolés et surmontés de la couronne du souverain :
— 535 —
ECU — ÉCUBIER.
tels les oous d« France et do Navarre. Los écus étrangers
M reconnaissent à leur Forme particulière, aux angles du
chef prolongés an pointe (fig. 8). Les anciens crus alle-
inainls mit la forme représentée liu. T ; toutefois, les mo-
dernes mit la mémo l'orme que les eeus français. Les crus
italiens sont souvent représentés comme dans la fig. 8.
Les écus de la Russie du Nord et surtout de la Pologne,
ont d'oixlinaire la forme donnée dans la fig. 9. Le blason
en usage dans la Confédération helvétique est représenté
Fig. 9.
fig. 10; l'ecu espagnol et l'écu portugais ressemblent à
l'écu français, avec cette différence qu'il est rond dans le
bas (fig. ||). (In rencontre aussi sous cette forme l'an-
cien ci u flamand. Tous les érus d'une nation ne sont pas
Kic. 10.
fis. 11.
semblables à ceux ci-dessus désignés, mais tous ceux qui
ont la forme décrite appartiennent aux Etats indiqués. On
voit aussi en France, comme ailleurs, des écus penchés
I droite ou à gauche. Cette posture n'a aucune significa-
tion; elle est due généralement à des exigences décora-
tives, quand il s'agit d'orner un dessus de porte, un
cadre, etc. U reste, après avoir constaté la provenance par
la forme, à la deviner par quelques autres indices : beau-
coup de blasons français sont d'azur (bleu) à l'imitation
de celui du souverain, de même que nombre d'écus bretons
sont d'hermine, parce que les ducs de Bretagne portaient
d'hermine. Au contraire, les fonds de gueules (rouges)
denotent des écus de Bourgogne. Beaucoup de croix meu-
blent les écus français en souvenir des croisades ; beau-
coup de tours et de châteaux sur les écus de Guyenne, de
Sur ceux de Picardie, nombre de lions et de
léopards; sur ceux du Dauphiné des chefs, etc. Les écus
anglais sont beaucoup plus chargés que ceux de France,
beaucoup de partitions et de pièces les meublent, de mémo
que les écus espagnols et portugais. Chacun d'eux est une
véritable carte d'échantillons: a coté de pièces honorables,
on y voit des objets d'un usage journalier, puis des lions,
des fleurs, des coquilles. Les écus hollandais sont fré-
quemment de sinople (verts), symbole du sol couvert de
prairies, les fasces ondées ; les pals sont très employés ; ils
représentent les rivières et les canaux. Les écus suédois
sont aussi rouverts de fasces, de bandes ondées, des ins-
truments de pèche ou de chasse, occupations des nobles.
L'écu italien exprime souvent par sa composition le nom de
son possesseur, les armes parlantes y sort très répandues.
L'usage est déplacer l'écu dans un cartouche. La plupart
des écus danois sont diaprés; les cens polonais sont presque
tous de gueules ; les écus russes sont fertiles en ligures
d'animaux, de chasse et de guerre ; le gueules étant la
couleur caractéristique des premiers habitants de la Suisse,
il se retrouve sur beaucoup d'écus de la Confédération.
L'écu représenté sur un blason change de nom et devient
un bouclier qu'on appelle targe. C'est un symbolo de la
noblesse militaire. II. Gourdon de Genouillac.
IV. Ordres. — Ordre de l'Ecu d'or. — Créé en France
le lcrjanv. 1369, par Louis II dit le Bon, duc de Bourbon,
dans le dessein de récompenser, lors d'une assemblée qui
se tinta Moulins, les principaux gentilshommes de sa cour
qui lui avaient donné des preuves d'affection et de dévoue-
ment. Les chevaliers portaient comme signe distinctif un
écu d'or à la bande d'azur chargée du mot allen alkn.
L'ordre fut réuni à celui de Notre-Dame-du-Chardon peu
de temps après 1403. H. Gourdon de Genouillac.
V. Astronomie. — Ecu de Sobieski. — On nomme
ainsi une constellation placée par Hévélius dans l'hémis-
phère austral entre Antinous, le Sagittaire, le Serpent, le
Serpentaire, le Taureau royal de Poniatowski et l'Aigle.
Bibl. : Archéologie. — Viollet-le-Duc, Dictionnaire
du mobilier français, t. V, p. 310, art. Ecu. — Wendelin
Bœheim, Handbuch der Waffenhunde ; Leipzig, 1890,
in-4. — H. de Curzon, la Règle du Temple,d&ns la Soci<'l<:
de l'histoire de France; Paris, 1886. — Antoine de La
Salle, Traité des tournois. — La Curne de Sainte-
I'alaye, Mémoires sur l'ancienne chevalerie; Paris, 1779-
1780, 3 vol. in-12. — Le Père Ménétrier, Traité des
tournois, etc. ; Lyon, 1669, in-4. — Meyrick, History
of ancients armours ; Londres, 1830, 3 vol. in-4, atlas
paru en 1854. — Hefner-Alteneck. Costumes du moyen
âge chrétien; Mannheim, 1840-54. — Hewit, Ancients
Armours and weapons ; Londres, 1859, 3 vol. in-8. —
Specht, Gesicht der Waflen; Leipzig, 4 vol. in-8. —
Marc Vulson de La Colombière, le Vrai Théâtre d'hon-
neur ; Paris, 1648, 2 vol. in-fol. — Et les traites sur les
tournois : les Tournois du roi René; Paris, 1889, in-4. —
Les Tournois de Chauvency, décrits par Breton; Valen-
ciennes, 1835, in-8. — L'Epervier d'or (description des
joutes et tournois à Lille) ; Paris, 1839, in-8. — Le Pas
d'armes de la bergère. Cérémonies des gages de bataille
(dans la collection Crapelet). — Olivier de La Marche,
Traité des tournois; Paris, 1870, in-8.— Godefroy, Céré-
monial français ; Paris, 1649, in-5. — Maurice Maindron,
les Armes ; Paris, 1890, in-8 (Bibliothèque de l'Enseigne-
ment des Beaux-Arts). — Demay, le Costume d'après les
sceaux, 1885, in-8.
Numismatique. — Le Blanc, Traité historique des mon-
noies de France ; Paris, 1690, in-4. — Prix des monnaies
de France; Nantes, 1732, in-4. — Abot de Bazinghi m,
Traité des monnoie* , Paris, 1761, in-4. — Hoffmann, les
Monnaies royales de France; Paris, 187s, in-fol. — De
Saulcy, les Ecus d'or à la couronne, dans Annuaire de la
Soc. de num., t. V, p. 143.— R. Vallentin, les Ecus d'ur
avignonais du pape Paul III ; Paris, 1890, in-8 (extrait de
l'Annuaire de la Soc. de num.).
ECUADOR (V. Equateur [République de 1'] ).
ÉCUANTEUR (Carross.). Inclinaison des raies sur le
moyeu d'une roue (V. Carrosserie, t. IX, p. 536).
ÉCUBIER (Mar.). Les écubiers sont des trous horizon-
taux et ronds pratiqués sur l'avant dans les joues du navire,
pour livrer passage aux câbles et aux chaînes attachés aux
ancres. Ils sont situés à gauche et à droite de l'étrave;
leurs axes sont parallèles à la quille ; ils s'alignent sur
les seuillets de sabords des batteries. Leur nombre varie sui-
vant la force et le type du bâtiment. Ils sont garnis de
manchons munis d'oreilles épaisses, en fonte de fer, qui
protègent les vaigres et le bordé, c.-à-d. les deux côtés de
la muraille du navire contre le frottement des chaines.
Chaque écubier est entouré d'un encadrement qui dépasse,
par l'épaisseur des tringles, le dehors de l'oreille exté-
rieure du manchon : cet encadrement reçoit un mantelel
de fermeture. In chemin de fer destiné à faciliter la course
des câbles, chaines, ainsi que l'action de linguet qui a pour
écuiîiek - ÉCURAGE
— 536 -
luii de les nrrèler 6 volonté, s'y prolonge quelquefois jus-
qu'au dehors de l'écubier. On donne aussi le nom d'éco-
biers ;mx ouverturee pratiquées bot le pont el nrnÎM <i 'nu
manchon de fer qui servenl de passage aux chaînes qu'on
haie de l'intérieur du navire.
ECU BLE. ('.uni. du dép. d'Eure-et— Loir, arr. de Dreux,
cant. de Chateauneuf-en-Thimerais; 400 hab.
ECUBLEN S. Village de Suisse, cant.de Vaud.à * kil.a
l'o. (le Lausanne; 6*0 hab. Ce village, qui est Fort ancien
— on le trouve mentionné déjà en 969 — était le Biege
d'une ancienne famille féodale qui remonte au xn* siècle
et a joué un certain rôle dans l'histoire de l'évêché de Lau-
sanne. La famille d'Ecublens s'esl éteinte vers la lin du
xv6 siècle. E. K.
ECU El L. Com. du dép. de la Marne, arr. de Reims,
cant. de Ville-en-Tardenois; 302 hab.
ÉCUEILLÉ. Ch.-I. de cant. du dép. de l'Indre, arr. de
Châteauroux; 1,939 hah.
ÉCUELIN. Com. du dép. du Nord, arr. d'Avesnes, cant.
de lîerlaimont ; 145 liai).
ÉCUELLE. 1. Archéologie. — Vase de métal, de faïence
ou de bois, à deux oreilles, dont un se sert pour prendre
du bouillon ou pour manger la soupe. L'écuelle est de tous
les temps, et son usage est général. La matière seule dont
elle est formée varie suivant les classes auxquelles elle est
destinée. Dans les palais et les châteaux, elle était d'or et
d'argent; dans les maisons bourgeoises, de métal commun
ou de faïence, tandis que le pauvre et le paysan se conten-
taient d'écuelles de huis. De nos jours, l'usage de l'écuelle
a été remplacé par celui des assiettes ; à neine en trouve-
t on de rares spécimens dans les provinces reculées. Pen-
dant le moyen âge, l'écuelle (escuelle) était un des meubles
essentiels du service de la table. Celles que possédaient
les souverains de la race des Valois sont détruites pour
la plupart ; mais on conserve dans nos musées et dans
nos collections particulières des pièces datant des xvie et
xvne siècles, que la richesse de leur matière et la finesse de
leur exécution condamnait à n'être jamais que des orne-
ments de buffet d'apparat. On possède également des
écuelles en émail peint que le talent de Léonard Limosin
et des artistes de Limoges ont transformées en chefs-
d'œuvre de l'art. Il entrait dans les habitudes anciennes
d'offrir, aux femmes accouchées, la soupe dans une écuelle
à oreilles et à couvercle placée sur une assiette. Les faïen-
ciers de l'Italie, et plus tard ceux de Rouen, se plurent à
revêtir ces humbles vases de leurs peintures les plus har-
monieuses. La mode des écuelles d'accouchées, exécutées en
argent ciselé ou en étain gravé, persista en France jusqu'à
la fin du xviiic siècle.
II. Botanique. — Ecuelle d'eau (V. Hvdrocotyle).
ÉCUELLE (Scutella). Com. du dép. de la Haute-
Saône, arr. de Gray, cant. d'Autrey; 473 hab. Tuilerie.
Entre le bois de la Gravotte et le village, voie antique,
autour de laquelle on a trouvé des tuiles, des monnaies,
des objets en bronze et des morceaux de sculpture remon-
tant à l'époque romaine. Les bénédictins de l'abbaye de
Montiéramey avaient fondé au xue siècle à Ecuelle un
prieuré qu'ils transférèrent à Morey au xvne. Les derniers
seigneurs d'Ecuelle lurent M. de Lacoré et Mme de Lorges.
ÉCUELLES (Scovella, Scutella). Com. du dép. de
Saône-et-Loire, arr. de Chalon-sur-Saône, cant. de Verdun-
sur-le-Doubs, sur la Saune; 668 hab. L'abside de l'église
est du xv° siècle. Le château, dont les quatre tours remon-
tent ;ui moyen âge, mais dont la façade a été décorée de
médaillons de la Renaissance, a appartenu à Anne de La
Tour el a Philippe Lebel au xvn'' siècle, et aux de Tessej
au xvine. Au hameau de Molaise, il y avait avant la Ré-
volution une importante abbaye de femmes de l'ordre de
Clteaux. l.-\.
ÉCUELLES. Com. du dép. de Seine-et-Marne, arr. de
Fontainebleau, cant. de More! ; 334 hab.
ÉCUILLE. Com. du dép. de Maine-et-Loire, arr. d'An-
gers, eant. de Tiercé, a la source de la Semé; 586 hab.
Source minérale. Sur le territoire de cette commune est le
i li. lie. m de Plessis-Ronrré, qui doit son nom au ministre de
lirais XI, Jean Bourré, dont il lui la propriété. Lecbftten
actuel, entouré de larges douves, date de la seconde moitié
du iv( siècle; c'esl un quadrilatère presque régulier dont
les iv,i<s mit de 60 à 70 m. et dont chaque angle est pro-
tégé par une leur engagée. Celle du S-E., plus forte que
bs autres, constituait le donjon. La salle des gardes a
; .' un curieux plafond de buis dont les peintures, qui
datent du xv* siècle, représentent des proverbes en action
accompagnés de légendes en vers.
ECUIRES. Com. du dép. du Pas-de-Calais, arr. et cant.
de Montreuil-sur-Mer ; 600 hab.
ECU ISS ES. Cora. du dép. de Saône-et-Loire, arr. de
Chalon-sur-Saône, cant. de Buxy, près le canal du Centre;
1,724 bah. Carrières, moulin, fours a chaux, tuilerie, bri-
queterie, huilerie. Ancien château de la Motte.
ÉCULLEVILLE. Com. du dép. delà Manche, arr. de
Cherbourg, cant. de lîeaumont-llague ; 10-2 hab.
ÉCULLY. Com. du dép. du Rhône, arr. de Lyon, cant.
de Limonest, sur une colline dominant le faubourg de Vaise;
3,336 hab. Pépinières. Ateliers de construction de matériel
de chemins de fer. Fontaine pétrifiante.
ÉCUME. I. Minéralogie. — Ecume de mer. — Va-
riété de magnésite, silicate hydraté de magnésie. Ce minéral
doit son nom à sa faible dureté (2,5) et à sa faible densité
(1,2 à 1,6) jointes à une grande porosité. Il e>t blanc ou
jaunâtre, happe à la langue, est doux au toucher et sus-
ceptible de prendre le poli. On le trouve en Asie Mineure,
en Grèce, etc., en rognons à cassure terreuse. L'écume de
mer est employée dans l'industrie pour la fabrication des
pipes. Au chalumeau, cette substance s'arrondit, noircit,
puis blanchit en fondant sur les bords en émail blanc. Dans
le tube fermé, elle donne de l'eau. Attaquée par l'acide
chlorhydrique. A. Lacroix.
II. Chimie industrielle. — Ecume de défécation
(V. Sucre).
III. Métallurgie. — Dans la fonte des métaux, on
appelle écume les parties impures du métal qui remontent à
la surface et se trouvent en contact avec l'air. Avant la
coulée d'une statue, on enlève cette partie, au moment de
verser le liquide dans le moule, à l'aide d'un ringard.
IV. Botanique. — Ecume pri.ntan.nière (V. Aphro-
phore).
ÉCURAGE. Les produits employés pour l'écurage ou le
récurage du cuivre, du fer et, en général, des ustensiles de
cuisine sont très nombreux. Sans compter les feuillages ou
herbes à sucs acides, très employés dans les campagnes,
on peut les diviser en deux classes : les compositions acides
dissolvant les oxydes et les sulfures formés à la surface du
métal, et celles à base de corps gras qui ont pour but de
détacher, de détruire l'adhérence de ces oxydes et du métal.
Compositions acides. Un des produits les plus em-
ployés est l'acide oxalique, qu'on appelle communément
dans le commerce « acide de sucre », ou le bioxalate de
potasse, plus connu sous le nom de sel d'oseille, en solu-
tion dans l'eau à raison de 3 °0. On les additionne sou-
vent d'acide chlorhydrique ou sulfunque, d'alun et de terre
pourrie ou de tripoli. Voici une composition que l'on ren-
contre assez souvent dans le commerce : eau, 1,000 gr. ;
acide oxalique, 10 gr. ; acide sulfurique, 10 gr., ou acide
chlorhydrique, 15 gr. ; alun, 20 gr. L acide oxalique entre
dans presque toutes les compositions de ce genre a cause
de la facilité avec laquelle il se combine aux cxydes et de
la solubilité des sels tonnes.
Compositions grasses. Celles-ci sont de beaucoup les
plus nombreuses ; presque toutes les matières fiasses mit
été employées, les huiles végétales aussi bien (pie les
graisses, animales ou minérales, soit seules soit mélangées
entre elles. Elles sont toujours additionnées d'une matière
pulvérulente qui a pour action de faciliter le départ des
— 537 —
ÉCURAGE — ÉCUREUIL
oxydes et surtout de polir la surface métallique nettoyée;
quelques-unes contiennent même an tàde dissous ou émal-
sionne dans la matière crasse. Nous ne donnerons pas leur
composition : elle est peu intéressante, les proportions entre
les ditl'erents éléments n'influant pas sensiblement sur le
résultai final. Nous nous contenterons de citer les corps les
plus employés. En première ligne arrive l'oxyde de fer,
désigné sous le nom de eolcotar on rouge d'Angleterre,
pois le tripoli qui est parfois simplement délave dans l'eau,
la terre pourrie, la terre d'infosoires, le blanc d'Espagne
et certains grès à grains excessivement tins. On vend enfin
dans le commerce un mélange de caoutchouc ou de lintta—
percha et de rouge d'Angleterre pour nettoyer les objets
en enivre, laiton et acier. ('h. (ïirard.
ECU RAS. Coin, du dép. de la Charente, arr. d'Angou-
lème. cant. de Monlbron; 1,644 hab.
ECU RAT. Coin, du dép. de la Charente-Inférieure, arr.
et cant. (S.) de Saintes; ,'!-2(i hab. On y a trouvé des
(ombelles et monuments celtiques, et on y remarque
l'église romane de Saint-Pierre-ès-liens.
Îiiiu.. : K.-P. I.esson, Fastes historiques du d('p. delà
Charente-Inférieure ; Rochefort, 1848-1045, II, p. 52. —Du
ne, Lettres historiques sur (a Saintonge et l'Aunis ;
shelle, 1840, (>p. ;>:? et sniv.
ECUREUIL(.Sn'HrM.v). I. Zoologie. — Genre de Mammi-
fères de l'ordre des Rongeurs, devenu le type d'une nom-
breuse famille [Scittridœ) qui présente les caractères
suivants : molaires au nombre de quatre paires à chaque
mâchoire et souvent de cinq paires à la supérieure ; sur ce
chiffre il y a une ou deux prémolaires en haut suivant les
i es et toujours une seule en bas. Ces dents sont radi-
culèes et à couronne tuberculeuse, au moins dans le jeune
âge. CrAne muni d'apophyses postorbitaires bien dévelop-
pes ; trou sous-orbitaire petit, ordinairement situé en avant
de l'arcade zygomatique ; le palais est large, lisse. La queue
est cylindrique, poilue. Les clavicules sont bien dévelop-
pées: tous les animaux de cette famille se servent de leurs
pattes antérieures comme de mains. — Les Sciuridés se
subdivisent en deux sous-familles : Sciurinœ ou Ecureuils
proprement dits, qui renferment les formes arboricoles;
Arctonu/inœ ou Marmottes (V. ce mot), qui sont des
Ecureuils à formes plus lourdes, à mœurs terricoles, ayant
les pattes conformées pour fouir et non pour grimper. —
Les véritables Ecureuils se reconnaissent à leurs incisives
comprimées, leurs formes légères et leur queue longue.
Il» sont cosmopolites, à l'exception de la région austra-
It- nue, et leurs nombreuses espèces ont été réparties
entre les genres Pteromys, Eupetaurus, Sciurus, lihei-
thrmscittrus, lihinosciurus. XeruseA Tamias. La taille
\aiie de celle d'un Lièvre ou d'une Marmotte à celle d'une
Souris.
Les Pteromys (Cuv.) ou Ecureuils-volants, dont le
genre Sciitropterus (F. Cuv.) ou Polatouche, qui com-
prend les plus petites espèces, constitue tout au plus un
sous-genre (Alston), se distinguent des autres Ecureuils
par le prolongement de la peau des flancs qui enveloppe
les quatre membres jusqu'aux pieds, formant ainsi une sorte
de parachute que l'animal déploie à volonté ; la queue est
longue, touffue. Les molaires ont ordinairement leur cou-
ronne usée de très bonne heure, mais chez quelques
--. nre Sciitropterus) cette couronne reste tu-
berculeuse toute la vie. Il y a deux prémolaires supérieures,
dont la première est rudimentaire. — Une espèce de ce
genre vit dans le N. de l'Europe : c'est le Polatouche
uropterus volons) que l'on trouve dans les forêts de
la Volhynie (Pologne russe), et de là vers le N. jusqu'en
Laponie et dans la plus grande partie de la Sibérie. C'est
un gracieux animal, un peu plus petit que notre Ecureuil
d'Europe, à pelage doux et fin, d'un tiris cendré dessus,
blanc dessous avec la queue touffue et distique, c.-à-d.
ayant les poils disposés comme les barbes d'une plume. Il
vit sur les arbres, se nourrissant de graines et de fruits;
mais, eomme il est nocturne, ce n'est guère que le soir
qu'U se met en mouvement. Il déploie alors une très grande
agilité, se servant du parachute que lui fournit la mem-
brane de ses lianes pour sauter d'un arbre à l'autre avec
une légèreté comparable à celle d'un oiseau : c'est ce qui
lui a valu le nom d' Eeiireiul-volnnl . Ce prétendu vol n'est
qu'une sorte de glissade, dans laquelle l'animal utilise la
résistance de l'air ei atténue l'action de la pesanteur de
manière à rendre ses sauts moins obliques et à les rap-
procher de la ligne horizontale. L'Assapan de Sibérie, con-
fondu à tort avec le N. volitcelln, ne diffère pas du Pola-
touebe que le S. momoga remplace au Japon, et le
S. volucella dans toute l'Amérique du Nord. On trouve aussi
des Polatouches dans les légions montagneuses et boisées
de la zone intertropicale : tels sont les .S. sagittaet S. ge-
nibarbis de Java, S. spadiceus, S. llorsjieldi, S. mela-
notis et S. pulverulentus de Cochinchine ; plus au N. on
trouve dans le Yunnan, le Népaul et le S. de la Chine,
les S. alboniger et S. Pearsonii.
Les Pteromys sont des Polatouches de plus grande taille
et à molaires plus rapidement usées et dépourvues de
tubercules, ce qui semble indiquer une nourriture plus
dure et moins choisie que celle des précédents, bien qu'elle
consiste également en fruits et en jeunes pousses que ces
animaux cherchent sur les arbres. On a constaté qu'ils
s'engourdissent pendant l'hiver. Tous sont nocturnes, et les
Fig. 1.— Pteromys alboruf'us.
espèces, assez nombreuses, sont propres au continent asia-
tique et aux lies qui en dépendent. Elles sont généralement
parées de couleurs vives et tranchées, mais sujettes à varier,
suivant l'âge, les localités et les saisons comme celles de
tous les Ecureuils. Le Pétauriste (l't. petaurista) ou
Taguan de Buffon est marron foncé tiqueté de blanc. Il
habite l'Inde continentale et Ceylan. Jerdon dit avoir vu
un de ces animaux franchir d'un seul élan, grâce à son
parachute, une distance de plus de 50 m. Le Pt. magni-
fiais d'HodgSOn est marron dessus, roux vif dessous, avec
la face et la queue de celte môme couleur et celle-ci ter-
minée de noir. Il est des monts Himalaya. C'est aussi la
patrie du PI. albiventer qui s'étend jusqu'au Cachemire
et du Pt. fimbriatus. Le Pt. fuscocapillus est du S. de
l'Hindoustan (monts Nilgherries) et de Ceylan. Plus à l'E.
on trouve, dans la Malaisie, les Pt. eleguns, Pt. nitidus
(Desmarest), /'/. phœomelasel l't. tephromelas (de Java,
Sumatra, Bonn t Malacca). Le Pt.pectoralis est de l'Ile
de lormose et le Pt. leucogenys du Japon. Au N. des
monts Himalaya, le genre est aussi représenté, en Chine
par le Pt. xanthipes, au Tibet par les Pt. melanopterus
ÉCUREUIL
- 538 -
ci alboruhu (Milite Edwards). Ce dernier atteint ni
grande taille, comme le montrent les beaux exemplaires
rapportes récemment parBonvalot et le prince d'Orléans
de leur voyage dans I Asie centrale. Le pelage esl marron
avec une grande tache rousse sur le milieu do dos, le des-
sous '■! la tète varies de blanc et la queue noire. Le genre
Eupetaunu (Thomas) a pour type une espèce du Cache-
mire (£. cinereus) qui se distingue de ions les Sciuridés
par srs dents molaires très élevées et semblables a celles
des Hystricomorpha.
Ia- genre Ecobeoil (Sciurus) proprement dit comprend
toutes les espèces dépourvues de parachute, à habitudes
franchement arboricoles, à formes légères et élancées, a
queue généralement longue et toufTuc, en panache, à oreilles
bien développées, souvent terminées par un pinceau ou
touffe de poils. 11 n'y a pas d'abajoues. La première pré-
molaire supérieure est tantôt présente et bien développée,
tantôt rudimentaire ou nulle, suivant les espèces. La taille
varie depuis celle du Lièvre jusqu'à celle d'une Souris. Le
nombre des espèces de ce genre, presque cosmopolite (plus
de soixante-quinze d'Europe, d'Asie, d'Afrique et des deux
Amériques) a encore été exagéré par les auteurs qui ont
fondé de nombreuses espèces nominales sur des variations
de saisons et d'âge. On peut se faire une idée des pre-
mières d'après les changements qui s'opèrent chez notre
Ecureuil d'Europe qui, roux en été, devient d'un gris foncé
en hiver. Ce changement est surtout manifeste dans la
variété de cette espèce propre au N. de la Russie et de la
Sibén e et désignée sous le nom de Petit-Gris. Une autre
variété propre à nos montagnes d'Europe (Sciurus alpi-
nus F. Cuv.) est presque noire avec des tiquetures jau-
nâtres. — Chez certaines espèces propres au S. de l'Asie
et à la Malaisie, on constate des variations de pelage plus
considérables encore, comparables à celles que l'on con-
naît chez les Oiseaux et constituant un véritable pelage de
noces. C'est ainsi que le mâle du Sciurus caniceps (Grav)
de Coehinchine, ordinairement de couleur grise, prend en
décembre une robe d'un bel orangé vif (Se. erythrœus
Desm.), quelquefois entièrement noire (Se. Gcrmani), qu'il
garde jusqu'en mars, c.-à-d. pendant toute la saison des
noces. Une autre espèce encore plus variable, le Se. Pre-
Fig. 2. — Sciurus Prevostii (de la Malaisie).
vostii (Desmarest), qui s'étend de l'Indo-Chine à Célèbes
à travers toute la Malaisie, est remarquable par les bandes
de couleur tranchées (ordinairement une ligne noire au-
dessous d'une ligne blanche) que présentent les lianes, el
ses teintes sont si variables qu'on trouve difficilement deux
individus absolument semblables. D'après Anderson, ces
bandes constituent une livrée de passage entre la livrée du
jeune et le pelage de l'adulte. Le jeune est d'abord gris
avec le ventre roux ou blanc; à mesure qu'il devient adulte,
le gris du dos passe au noir en commençant par la ligne
médiane et envahissant peu à peu les flancs, et le ventre
passe au roux bai. Les lignes latérales plus ou moins larges
que portent beaucoup d individus sont des restes de la
livrée du jeune agi' : l'adulte (décrit sous le nom de Ne.
atricapUÎus) est noir dessus, marron dessous, sans bandes
latérales, ou même entièrement noir (Se. piulo). Un grand
nombre d'espèces nominales ne sont fondées qtu
livrées de |ia^a;:e. que de-, variations locales riment
encore compliquer. — On a essayé de subdiviser le e.
Sciurus d'après h-s caractères dentaire-, el la distribu-
tion géographique : mais CM coupes n'étant pas toujours
naturelles, nous ne tiendrons compte ici que de l'ordre
raphique, les espèces eurasutiques , africaines ou
américaines ayant chacune un faciès particulier (teintes du
pelage, etc.) qui permet de reconnaître a première vue
leur patin- d'origine. Tous d'ailleurs ont, a peu de cl,
[ires, les mêmes mœurs que notre Ecureuil d'Europe.
L'E< i Hi.in. commis ou d'Europe (Sciurut communia)
est la seule espèce qui habite notre pays. Il est de taille
moyenne (- décim. de long et à peu près autant pour la
queue), avec les oreilles terminées par une longue touffe
de poils (pinceau), et la queue touffue, relevée ea panache.
Comme nous l'avons dit, son pelage d'été est d'un roux bai
brillant, blanc en dessous ; celui d'hiver est plus ou moins
mêlé de gris avec le bout de la queue brun foncé, et dans
les montagnes (Alpes, Pyrénées) on trouve une variété
(Se. atpiuus) de couleur brun foncé tiquetée de jaune
avec le dessous blanc. Ce n'est que dans les pays du Nord
que cette fourrure prend, en hiver, cette belle teinte grise
uniforme, tranchant avec le blanc du ventre, qu'on appelle
petit-gris. L'espèce s'étend à travers tout le N. de l'Asie,
jusqu'aux environs de Pékin, en Chine, et les individus
provenant de cette localité ont la même teinte d'un brun
foncé qui caractérise l'Ecureuil alpin. On trouve d'ailleurs
tous les intermédiaires. La même espèce vit aussi dans le
N. du Japon. On rencontre, même en France, des Ecu-
reuils noirs, gris perle et même entièrement blancs (albi-
nisme). — L'Ecureuil habite de préférence les grandes
forêts de pins, où il passe facilement d'un^arbre à l'autre
en sautant de branche en branche avec une agilité extrême.
11 se nourrit de fruits tels que glands, faines, noix et
noisettes, de semences et de bourgeons de pins et de sa-
pins, quelquefois d'œufs d'oiseaux. Il construit son nid à
la cime d'un arbre élevé ; ce nid, formé de bûchettes en-
trelacées, est un abri couvert, de forme ronde et garni de
mousse. Un couple a souvent plusieurs de ces nids. En
outre l'Ecureuil fait de petits magasins ou il amasse des
fruits et des graines pour l'hiver et les jours de pluie ou
de vent, qu'il redoute beaucoup, et pendant lesquels il ne
quitte pas sa demeure. En tout temps il y dort une bonne
partie de la journée. Ses ongles pointus et recourbés lui
permettent d'escalader les arbres les plus élevés, et tous
ses mouvements sont vifs et gracieux ; même à terre il
court avec rapidité. Sa voix est un petit murmure qui
indique la satisfaction et se change en un sifflement aigu
quand il est effrayé ou poursuivi. Son principal ennemi,
après l'homme, est la Martre qui a comme lui des habitudes
arboricoles.
La reproduction commence en mars ; les mâles se battent
pour la possession des femelles. La gestation est de quatre
semaines et chaque portée de trois à sept petits. La femelle
choisit pour mettre bas l'un des nids, ou de préférence le
creux d'un tronc d'arbre, qu'elle garnit mollement. Les
petits n'ouvrent les yeux qu'au bout de neuf jours : la mère
veille sur eux et les transporte, quand elle est inquiétée,
d'un nid à l'autre. En juin, il y a d'ordinaire une seconde
portée moins nombreuse et la mère veille alors sur les
petits des deux portées, car on rencontre des bandes de
douze à quinze individus. — L'Ecureuil est incontestable-
ment un animal nuisible dans les grandes forêts, où il se
multiplie beaucoup, détruisant les bourgeons et les jeunes
pousses des pins et des sapins, saccageant le nid des oiseaux
insectivores. Malgré sa petite taille, sa chair est at
bonne pour qu'on le considère comme un gibier, et sa peau
n'est pas sans valeur, bien que celle des Ecureuils du Nord
soit seule recherchée comme fourrure.
L'Asie, en y comprenant la Malaisie. peut être consi-
dérée comme la véritable patrie des Ecureuils, car elle
possède à elle seule plus d espèces que l'Europe, l'Afrique
— 539 —
ECUKEUIL
et l'Amérique ensemble. Kn outre, c'est la que l'on trouve
il la fois les plus grandes et les plus petites espèces. L'Eu-
rope n'a qu'une seule espèce, l'Amérique dix, l'Afrique
seize, taudis que l'Asie possède plus de trente véritables
Kcureiuls. Le sombre S) le variété de ces animaux aug-
mente en allant du N. au S., el c'est dans les grandes iles
de Sumatra el Bornéo qu'ils sont le plus nombreux. On
n'en trouve plus à l'K. de Celèbes, mais le Japon en pos-
sède au moins deux espèces. — In premier groupe (£<W-
eut rus Trt .) comprend de grandes espèces, deux ou trois
fois plus grosses que l'Ecureuil commun, à queuo très
touffue, plus longue que le corps, parées, comme tous les
Ecureuils asiatiques, de couleurs vives et tranchées. Tous
habitent les forêts montagneuses de la région orientale.
Tel est 11. i un ii. su Malabar (Seiurus indiens ou
■MJCàmu) qui habite l'Inde (monts Chats et Tarai). Il
est d'un brun marron pourpré dessus, fauve orangé des-
sous, avec la queuo unicolore, d'un brun presque noir. Les
oreilles sont terminées par une longue touffe de poils mar-
ron. — Des espèces très voisines sont : les Sc.gtganteus,
de l'Himalaya, de la CocbJncbine et de Bornéo ; .Se. trieth
ior de Sumatra et Java : Se. albieeps de l 'Indo-Chine et
d.'s trois grandes iles malaises avec Malacca : ce dernier
n'a pas de pinceaux aux oreilles, et le ventre est souvent
blanc et non fauve doré. Une espèce plus différente est le
s '.t'y la niais de Ceylan, qui a deux prémolaires supé-
rieures bien développées (tandis que les autres grandes
espèces n'en ont qu'une); la queue est d'un blanc pur, et
cilles portent un pinceau.
Les espèces de la taille de l'Ecureuil commun ou un peu
plus grandes sont nombreuses en Asie. Leur queue dé-
M rarement la longueur du corps ou est plus courte.
La plupart ont deux prémolaires supérieures. Notre Seiu-
rus vulgaris est l'espèce qui remonte le plus vers le N. ;
sa limite méridionale s'étend du Caucase au Japon à travers
le Tibet et le N. de la Chine. Dans le S. du Japon, il est
remplacé par le .Se. lis, qui se trouve près de Yeddo. En
laie Mineure et même déjà dans le S. de la Russie et de
là dans le N. de l'Arabie et la Perse, on trouve le Se, sy-
Mi qui est d'un fauve pâle. Le Se. Alstoni, de Bor-
néo, a de longs pinceaux blancs aux oreilles. Le .Se. hip-
purus, de Malacca, Sumatra et Bornéo, a la queue si
touffue qu'on lui a donné le nom à'Ecureuil à queue de
cheval. Les Se. erythrœus. Se. lokriah, Se. lokroides,
s , l'ernyi. Se. Davidiamu (celui-ci muni d'abajoues
rudimentaires qui
indiquent un pas-
sage aux Tamias),
Se. caniceps,
Se. atrodorsalis,
Se. quinques-
iriatus (remar-
quable par son
ventre rayé),
Se. castaneoven-
tris, Se. pygery-
thruSfSc. Uiardi,
Se. tennis, Se.
Jentinki, Sc.mu-
rinus, Se. rubri-
venter,Se.Roscn-
bergii, Se. Steeri,
Se. l'revostii,
Se. plantant, Se.
microtis, etc.,
s'étendent du Tibet
à travers le centre
et le S. de la
Chine et toute l'Indo-Cbine jusqu'aux iles malaises et
aux Philippin... Ceet dans ce groupe que l'on obv
!<"-, corietu changements de pelage que nous avons décrits
[dus haut sous le nom de pelage de noces et de livrée de
passage. — L'n petit groupe a part {Nannosciurus Trt.)
M. — Sciurus Whiteheadi.
comprend quatre très petites espèces, dont la taille dépasse
peu celle de la Souris : Se, exilis, Le plus petit de tous,
est de Malacca, Sumatra et Bornéo; Se. sorieinus (ou
melanotis) est de Sumatra, Banka, Bornéo et Java;
Se. concinnus (Thomas) est des Philippines; enfin
Se. Wkiteheadi (Thomas), dont les oreilles portent do
longs pinceaux blancs, est des montagnes du N. de Bornéo.
On groupe à part (Funambulus Les. .mi) comprend les
espèces asiatiques dont le dos est rayé (à tous les âges)
comme ches les Tamias. Elles ont généralement deux
prémolaires supérieures. Tels sont : .Se. insii/nis, de la
Malaisie et du S. de la Chine ; Se. sublineatus, du S. de
l'Inde et de Ceylan ; .Se. Berdmorei, de l'Indo-Chine ;
Se. tristriatus, qui des monts Himalaya s'étend jusqu'à
Ceylan à travers l'Ilindoustan ; Se. palmarum, du Ben-
gale et de Ceylan ; enfin, Se. maclellandii, qui s'étend
du Tibet à Formose et vers le S. jusqu'à Siam. — Pour
en finir avec les Ecureuils asiatiques, il nous reste à
signaler deux espèces dont les caractères sont assez tran-
chés pour qu'on en ait fait deux genres à part.
Le Genre Hiiinosciurus (Cray) so distingue des précé-
dents par son museau pointu comme celui des Tupaias : le
Fig. 4. — Rhinosciurus laticaudatus (de Bornéo).
crâne est allongé, comprimé, et il y a deux prémolaires
supérieures. La queue est plus courte que le corps, touffue
seulement à son extrémité. L'unique espèce (l\h. laticau-
datus ou tu-
paoïdes) est de
taille moyenne, et
le pelage, de teinte
variable, est brun
plus ou moins
ioncédessus, blanc
ou fauve dessous,
avec la queue an-
nelée. Cet Ecu-
reuil habite Ma-
lacca et Bornéo. —
Plus remarquable
encore est le genre
Kheithrosuu-
rus (Cray) qui n'a
qu'une seule pré-
molaire supé-
rieure. Les inci-
sives sont sillon-
nées de sept à dix
lignes longitudi-
nales, ce qui est
exceptionnel chez les Ecureuils, et les molaires ont uno
couronne très simple : le Rh.macrotis est un Ecureuil de
la plus forte taille, à queue très touffue, à oreilles munies
d'un long pinceau. Son pelage est d'un gris plus ou moins
foncé, relevé sur les llams par des bandes alternativement
blanches et noires. Il habite Bornéo.
Les Ecureuils africains (IleUoseiurus Trt.) se distin-
guent de leurs congénères par leurs teintes tirant tantôt sur
Fig. 5. — Uheitlirosciurus macrotis.
ÉCUREl M
— 540 -
l'olivàtr i le vert, tantôt sur l'isabcllc, teinte qui Bel
l'uniforme des animaux «lu désert. En outre, ce pelage e§l
pins court, peu fourni, souvent sec et raide. Lee oreilles
n'uni jamais de pinceaux, et la queue,généralement cylin-
drique, est inoin-- touffue que celle des Ecureuils asiatiques.
Plusieurs ont 1rs incisives supérieures sillonnées. On peut
les grouper de la manière suivante : 1° Ecureuils sans
raies dorsales ou n'ayant qu'une très petite raie sur chaque
liane : Sciurut Stangeri, de l'Afrique <». (Gabon);
Se. Ebii, delà Côte d'Or; Se. Aubini, de Libéria et de la
Côte d'Or; Se. rufobrachiatus, de Libéria, du Gabon et
d'Angola ; Se. pnlti/itus, de l'Afrique E. (dalla, Zanzi-
bar, Mozambique, Natal); Se. mutabilis, du Mozambique;
Se. punctatus, de l'Afrique 0. (Achantis, Gabon, etc.);
Se. annulâtes, du Sénégal et de lu jusqu'en Abyssinie
à travers le Soudan ; Sc.cepapi, du Zanzibar et de la jus-
qu'au Cap; Se. poensis, de l'Afrique 0. (Gabon, Libéria),
et Se. minutus, ce dernier très petit (1*2 centim. avec la
queue qui n'a que M centim.), des montagnes du Kendo,
dans l'intérieur de l'Afrique ().; 2° Ecureuils avec deux
raies sur chaque liane : Se. pyrropus, du Sénégal, du
Gabon et de toute l'Afrique 0.; Se. congicus, du Congo,
d'Angola et de là jusqu'au Mozambique et à Mombaça ;
3° Ecureuils avec des raies nombreuses sur le dos et les
lianes (Tamias africains : Funisciurus Trt.) ; le pelage est
doux: une seule espèce, .Se. lemniscatus, des Cameroons,
du Gabon et d'Angola; 4° Ecureuils rayés à pelage sec et
dur (sous-genre Spermosciurus Lesson); une seule espèce,
I'Ecuredil baruaiiesque (Sc.getulus), qui habite le Maroc
et une partie de l'Algérie. Par son pelage à poils aplatis,
épineux, cette espèce se rapproche plus qu'aucune autre des
Ecureuils terrestres (genre Xerus) dont nous parlerons
bientôt.
Les Ecureuils américains différent moins des Ecureuils
asiatiques et européens que les Ecureuils d'Afrique. Comme
les premiers, ils présentent de grandes variations de pelage
qui paraissent dues surtout à leur répartition sur une vaste
étendue de pays (du cercle arctique à l'équateur) et de
l'influence des différents climats sur une même espèce, ré-
pandue souvent, du N. au S., sur tout le continent nord-
américain. Le nombre des prémolaires supérieures parait
moins constant que chez les Ecureuils asiatiques, la pre-
mière étant probablement caduque. Il en est de même du
pinceau des oreilles, qui est présent ou fait défaut, dans une
même espèce, suivant les localités ou les saisons. L'Ecu-
reuil gris de la Caroline (Ne. Carolinensis) est l'espèce
la plus anciennement connue : elle s'étend du Canada au
Guatemala et au Honduras; le Se. Hudsonius est l'espèce
qui s'étend le plus au N., atteignant la limite septentrionale
des forêts et, de là, vers le S. jusqu'au Mexique; le
Se. fossor est de l'Orégon et de la Californie ; le Capis-
trate ou Coouallin de Buffon (Se. niger) est des Etats-
Unis, s'étendant à l'O. jusqu'à l'Indiana et au S. jusqu'au
Texas ; le Se. alberti est du Colorado, de l'Arizona et
du N. du Mexique ; le Se. variegatus, delà Californie et
du Mexique, s'étend à travers l'isthme jusqu'à l'Equateur;
le Se. stramineus est de l'Equateur et du Pérou ; le
Se. variabilis s'étend de Costa-Rica jusqu'au Brésil, en
Bolivie et dans le N. du Chili; c'est l'espèce la plus méri-
dionale du groupe; le Se. chrgsuros se trouve du Mexique
à la Nouvelle-Grenade et à la Colombie; le Gcerlinguet
(Se. Œstlians), du Nicaragua au Pérou et à la Bolivie à
travers la Colombie, les Guyanes et le Brésil. — D'après
Jentink (4883), il faudrait rapporter, à l'une ou l'autre de
ces dix espèces, toutes les espèces nominales décrites par
les naturalistes américains. Alston, dans sa Biologia cen-
trali-Arnericana (1S8-2), admet neuf espèces dans l'Amé-
rique centrale, les N. arizonensis, S. griseoflavus,
S. hypopyrrhus et .S. Deppei étant considères connue
espèces distinctes des précédents. J.-A. Allen et Merriam
ont aussi décrit récemment (1889-1890) de nouvelles
espèces telles que Se. Alstoni, du Mexique (nom préoc-
cupé par une espèce de Bornéo nommée par Andersen et
que rions proposons de changer en Si. Mlnti). V. Fre-
monti de Californie et des montagnes Rocheuses, etc.
I.es Tamias (Tamias , Dliger) Boni de, Ecureuils i
moeurs terrestres, D queue moins fournie que celle des pré-
cédents, ;i oreilles plus courtes et sans pinceau. Le nombre
îles prémolaires varie suivant b-s espèces, et les molaires
ont des tubercules assez taillants. Ils ont des abaiom , M-
forment le passage des Ecureuils au\ Specmophifea et aux
Cynomys (\ . Marmotte). Les Tamias habitent le N. des
deux continents et renferment la ténia espèce du groupe
qui toit commune à l'Asie et a l'Amérique : c'est l'I
humus aeiaticus), qui vit dans les forets du N.de
l'Europe (Suède, Laponie), de la Sibérie, du Japon et de
l'Amérique du Nord. Il est plus petit que l'Ecureuil ma-
in un, roux avec cinq lignes noires sur le dos. Il vit plus
souvent à terre que sur les arbres, se creuse un terrier i
deux ouvertures et muni de chambres latérales où il
amasse des provisions d'hiver consistant surtout en graines.
Toutes les autres espèces sont propres à l'Amérique du
I'ig. 6. — Tamias striatusj'(de l'Amérique du Nord).
Nord. Tels sont les T. striants (ou amerieanus) qui n'a
qu'une seule prémolaire supérieure, tandis que le précédent
en a deux, et qui remplace celui-ci sur le versant atlan-
tique des montagnes Rocheuses; T. Harrisi et T. latera-
lis, de Californie et d'Arizona; T. cinereicollis (Allen),
de Californie; T. leueurus (Merriam), du même pays, et
plusieurs autres formes des territoires de l'Est récemment
décrites par ce dernier.
Le genre Xerus (Ehremberg) comprend des Ecureuils
terrestres africains à pelage clairsemé, dur et épineux, à
oreilles très courtes ou presque nulles, à ongles longs, peu
recourbées, avec le doigt médian dépassant les autres, l-es
poils sont aplatis, pointus; le ventre est presque nu. I e
sont des animaux essentiellement fouisseurs qui se creu-
sent un terrier entre les racines des arbres dans les ré-
gions sablonneuses de l'Afrique. La couleur de leur pelage
est celle du désert, c.-à-d. le fauve isabelle, mais varie
cependant dans d'étroites limites. Jentink réduit le nombre
des espèces à trois qui se répartissent en deux groupes.
Dans le premier, qui a deux espèces, l'oreille externe est
encore représentée par des replis qui ressemblent à ceux
Eïg. 7. — Xerus rutilus (d'Abyssinie).
de l'oreille humaine. Tel est le Xerus rutilus. qui n'a
qu'une seule prémolaire supérieure, les incisives teintées
(l'orange et vit en Abyssinie, dans le pays des Somalis, et
de là jusqu'au Sénégal et au Gabon, à travers tout le Sou-
dan. En Abyssinie, on le trouve jusqu'à une hauteur de
1,500 pieds. Le X. erythroms en diffère par une bande
blanche latérale et une très petite molaire supérieure
de plus. Il habite l'Afrique ()., du Sénégal au Loango, et
de là à travers l'Afrique centrale jusqu'à l'Abyssinieet au
Zanzibar. — Le X. capensis, type et unique espèce du
second groupe, n'a plus trace de conque auditive et pré-
sente aussi uue bande blanche latérale : il n'a qu'une
— 541
ÉCUREUIL - ÉCUSSON
luvinolaire supérieure. Cette espèce habite la colonie ilu
Cap, notamment lee Sneenbergen et le pays desNama-
(]ll0is. B. ÏROl KSS.VRT.
II. PAxtoirroLoeo. — Le type de L'Ecureuil se montre
iIon le début de l'époque tertiaire. Les genres fossiles Co-
Umomyt, Taxymysei Ttilomys de Marsh sont de L'éocèna
ilu Wyomming (Amérique do Nord). Les genres AUomys
(Mann) et Xeniscomys (Cope), do miocène de l'Orègon,
sa rapprochent, par leurs dents, des Pteromys. En Europe,
iioiamiiu'iit on France, on trouve de véritables Ecureuils
daiiN les couches oligocènes (Sourus fossiUs ou Ecureuil
des pliitrit-rt-sAc Cuvier, Se. CayUuéi, Se. Dubius, etc.,
Phosphorites du Quercy, el les genres Sriurodon,
Sàurofdes pou différents do Sciants proprement dit).
Dans le miocène d'Europe, on trouve Sciurus sansanien-
Pseudosciums suencus, etc., el des espèces du goure
Sciurus dans le miocène des Etats-Unis. Enfin les espèces
pliocènes et quaternaires d'Europe, d'Asie et de l'Amérique
du Nord diffèrent peu de celles qui vivent encore dans les
mêmes pays. L'absence de ce type dans le tertiaire de
l'Amérique du Sud prouve que les Ecureuils sont origi-
naires tlos forêts de l hémisphère boréal, comme leur dis-
tribution géographique actuelle semble bien l'indiquer.
E.Tboubssart.
Bibl. : Zoologie et Paléontologie.— Outre les traités
■aux de Mammalogie, consultez : E. Trouessart,
Catalogue des Mammifères, II, Rongeurs, dans Bull.
Soc. d'Eludés scient. d'Angers, i880. p. C3. — Du môme,
Revision du Mitra Ecureuil, dans /.■ Xaturalisle, 1SS0,
p. 90.— A. M. -Edwards, .Voie sur l'Ecureuil ferrugineux,
dans Bull. Soc. Philom , \^'.~. p. 16. — Du mémo, Re-
cherches sur les Mammifères, 1868-1878.— H.Schlbobl,
.Voie sur les Ecureuils à ventre muge et flancs rayés de
l'archipel Indien, dans Xederl. Tijds. Dierhunde, 1864. —
J.-A. Ai i su, Synonymie List of the American Sciuri,
dans Bull. geol. and geog. Survey. I,s78. — E.-R. Alston,
Biologia centrah-Americuna. Mammalia, 18S0. — Huet,
Recherches sur les Ecureuils africains, dans Nouv. Arch.
du Muséum, 1880. — K.-A. Jbntink, Monograph of Ihe
Afncan Sguirrels, dans Notes from the Leyden Muséum,
i — Du même, List of spécimens oflhe genus Sciurus
in the Leyden Muséum, dans Notes, 1883. — Andbrson,
Zoological and Anatom. Researches from Yunnan, 1878.
— V. aussi, de divers auteurs : Proc. Zool. Soc. London
de 1878 a 1890.— Allen, Bull. Amer. Mus. Xal.Hist., 1889.
— Mi.rriam, Contrib. to Ihe Norlh- American Fauna, dans
17. S. Depl. of Agricult., 1890. — Sciilosser, Die Nœger
des Europœisch. Terlixrs, dans Patasontoorap/iia, lbS7,
t. XXXI, p. 323.
ÉCUREY. Corn, du dép. de la Meuse, arr. de Mont-
médy, cant. de Damvillers; 'JO.'i liab.
ECURIE. I. Economie rurale (V. Bâtiments ruraux,
V, p. 778).
II. Histoire. — Ecuries du roi. — Sous l'ancienne
monarchie, le roi avait la grande et la petite écurie.
Celle-ci comprenait les chevaux, voitures, pages et valets
de pied dont il se servait constamment, ainsi que les litières
et chaises. La livrée des ducs était à peu près semblable.
Le personnel de la grande écurie comprenait : le grand
écuyer, un premier écuyer de la grande écurie, trois écuyers
ordinaires, trois écuyers cavalcadours, cinquante pages,
quarante-deux valets de pied, quarante palefreniers, cin-
quante aides, un corps de musique, le roi et les hérauts
d'armes, des médecins, chirurgiens, aumôniers, etc., etc.
Magnifiquement réorganisée en ili66, la grande écurie
renfermait plus de deux cents chevaux de manège. A la tin
du règne de Louis XIV, près de cent coureurs anglais à
courte queue dont le roi se servait pour la promenade ou
pour la chasse. — La petite écurie avait dix-neuf écuyers,
vingt pages, etc.. commandés par le premier écuyer. Les
pages de la grande el de la petite écurie devaient, pour
être admis, bure preuve de six degrés de noblesse héré-
ditaire. — Les bâtiments des deux écuries avaient été
construits par Mansard de 1679 a 1685 en face du château
de Versailles. La grande écurie renfermait des selleries
Bphmdides et un manège utilises parfois pour des carrousels
ou des représentations théâtrales. Tout cheval venant à
Paris devait être présenté, d'après les règlements du 14avr.
1613 et du 14 fe\i. 1724, aux écuries do roi, et l'on retenait
ceux qui pouvaient convenir. En 1 (>(>,'!, C.olbert réorganisa
le haras du roi à Saint-Léger près de Kamboiiillet, trans-
féré au Pin en 1715. L. Dela.va.ud.
Bibl. : Dussinux, (a Château de Versailles, t. II, p. 160.
— Etal de (a France, 1698, t. !•», p. 539. — Saint-Simon,
Mcmoires, éd. de M. de Boislile, t. VI, p. 896. — Le 1'.
A\ iixn.l. VIII. — Guyot, Traite des Droits annexés à
chaque dignité, 1780, t. 1.
ÉCURIE. Coin, du dép. du Pas-de-Calais, arr. et cant.
(X.) d'Arras; 295 hab.
ÉCURY-i.f.-Kki'os. Coin, du dép. de la Marne, arr. de
Châlons— sur-Marne, cant. de Vertus; 131 hab.
ÉCURY-sur-Coole. Ch.-l. do cant. du dép. de la Marne,
arr. de Chàlons-sur-Marne ; 339 hab. Stat. du chem. de
fer de l'Est, sur la ligne de Châlons à Troyes. Carrière
de craie, huileries, moulins. Belle église romane, avec
llèche du xmc siècle. Une galerie souterraine, creusée dans
le tuf crayeux, règne tout le long du village, du côté
oriental.
ÉCUSS0N. I. Généralités. — Cartouche destiné à re-
cevoir des armoiries ou une inscription. La forme de
l'ècusson rappelle le plus souvent celle de l'écu armorié.
Il est placé habituellement sur le fronton ou dans la partie
centrale de l'édifice dont il complète la décoration. L'ècusson
est souvent confondu avec l'écu armorié, et on les plaçait,
au moyen âge, aussi bien sur les murailles et sur les pla-
fonds intérieurs des châteaux, que sur les meubles et les
ustensiles, et même sur les vêtements des chevaliers et des
dames nobles. Les peintres étaient chargés de les repré-
senter sur les miniatures des manuscrits et sur les torches
qui étaient portées dans les cérémonies funèbres. Le fron-
tispice des volumes imprimés montre fréquemment l'ècus-
son des personnages auxquels l'ouvrage est dédié ou celui
des imprimeurs ou des libraires qui ont mis l'ouvrage dans
la circulation. De nos jours, des écussons de métal doré
servent encore à indiquer les études des notaires et des
huissiers. A. deCiiampeaux.
II. Art héraldique. — Petit écu, considéré comme une
pièce héraldique meublant un blason ; il est généralement
posé en abime. La famille M usaroy
porte de gueules, à un écusson
d'argent. Il peut être en nombre.
C'est souvent une concession; on
le voit aussi placé sur le tout,
c.-à-d. au milieu d'une écartelure.
C'est à tort qu'on emploie vulgai-
rement le mot écusson pour écu;
l'écu, c'est le blason, et l'ècusson
est une figure représentée seule ou
en nombre sur l'écu ; il peut être
lui-même chargé et accompagné
d'autres figures. Nous donnons ci-dessus un blason écartelé
de gueules et d'argent, sur le tout un écusson d'argent,
à la barre d'azur. IL Gouruon de Genouillac.
III. Armurerie. — C'est le point massif de la garde
d'une épée représentant son centre et par ou passe la soie.
De chaque coté naissent les branches de la croix, croisil-
lons ou quillons. L'ècusson est ainsi nommé parce que sa
région inférieure est le plus souvent abattue en pointe,
tandis que son plan supérieur est horizontal et ses côtés
parallèles, ce qui lui donne la forme d'un écu. Le trou
carré qui le traverse de haut en bas et par où passe la soie
de la lame, s'évase inférieuremont en un évidement qui
divise la pointe en deux portions symétriques qui s'appli-
quent sur la lame et la serrent entre elles, disposition très
marquée dans les sabres turcs. Là, les pointes de l'ècus-
son sont dégagées et viennent serrer la chape du fourreau,
tandis que supérieurement l'ècusson présente deux pointes
semblables qui embrassent la fusée (V. Saure et Epée).
Maurice Maindron.
IV. Entomologie. — Chez les Insectes, l'ècusson (scutel-
lum) est cette pièce, de forme et de grandeur très varia-
bles, qui s'avance plus ou moins entre la base des ailes
supérieures. Parfois.réduit a un point presque imperceptible,
ÉniissoN - teOYM - Ml —
rniiiMic dans les Copris, l'éenssoa peut, dans Mrtaini eu,
se développer tellement, qu'il recouvre l'abdomen lout
entier* c'esl ce qui arrive notamment chez les Hemiptères-
Uètéroptères, du groupe des Scutellèrides. Sa forme la
ploa générale est celle a'un triangle : mais il peut eti
rond, carré, eordiforme, arrondi an sommet, èchancré ou
fourchu en arrière el être pourvu d'appendices variés
(épines, cornes, etc.), qui fournissent d'utiles caractères
spécifiques. Ed. Lsr.
V. Ainionicri.it m (V. Greffe).
VI. Pharmacie. — On donne le nom à'écuSSOTU à des
préparations pour usage externe, qu'on étend en couches
iiiin.es suc divers tissus, de la toile, du sparadrap, de la
peau, <lo la baudruche, etc. On les désigne vulgairement
sous le nom d'emplâtres. Leur forme, qui est très variée,
est ordinairement fixée par le médecin. On les prépare
avec des onguents, des résines, des èlectuaires, des pom-
mades, etc., la masse devant être assez consistante pour ne
pas se liquéfiera la chaleur du corps. Pour confectionner
un écusson, on découpe dans une feuille de papier un moule
dont l'intérieur représente exactement la grandeur du médi-
cament. Ce moule étant disposé sur une peau ou sur du
sparadrap, par exemple, on étend dans l'intérieur, en
couche mince, la masse emplastique, soit avec le doigt, soit
avec un fer légèrement chauffé; on lisse la surface, on
enlève le moulé et on ajuste le pourtour. Les èlectuaires,
les onguents, les extraits, etc., qui ont naturellement une
consistance molle ou qui peuvent être amenés à cet état
par l'eau chaude ou la chaleur de la main, sont simplement
étendus dans le moule avec une spatule ; on lisse la surface
avec un peu d'eau ou avec une lampe à alcool. Parfois on
recouvre la surface d'une poudre médicamenteuse. 11 faut
alors ramollir la surface à une douce chaleur ou au moyen
d'un peu d'alcool, afin d'obtenir une adhérence suffisante.
On se sert aussi de teintures et de divers solutés médica-
mentaux. C'est ainsi que pour camphrer un vésicatoire, on
dissout le camphre dans un peu d'éther et on étend le liquide
uniformément à la surface : le véhicule s'évapore rapidement
et laisse le camphre en couche mince sur le médicament.
Enfin, quelquefois, le médecin prescrit d'entourer l'écusson
d'une bande de diachylon gommé, afin de donner plus de
fixité au médicament et l'empêcher de s'étendre au delà de
lu limite qui lui a été tracée. Ed. Bourgoin.
ÉCUTIGNY. Com. du dép. de la Côte-d'Or, arr. de
Beaune, tant, de Bligny-sur-Ouche; "209 hab.
ÉCUVILLY. Com. du dép. de l'Oise, arr. deCompiègne,
cant. de Massigny; 29*2 hab.
ÉCUYER. Ce titre a eu, dans l'ancienne société fran-
çaise, deux acceptions principales, dont l'une dérive de
l'autre : 1° dans son sens primitif, c'était la qualité portée
par le jeune noble, pendant la durée du service qu'il faisait
auprès du seigneur féodal qui Pèlevait et le préparait à la
chevalerie ; 2° dans son sens dérivé, c'était la qualifi-
cation ordinaire de la simple noblesse, par opposition à
la noblesse de chevalerie et à la noblesse titrée.
4° Le mot ècuyer, qui apparaît dans la langue française
au xie siècle sous la forme esquier (Chanson de Roland),
plus tard escuier, venait du latin scutarium ou tcutife-
rum et désignait étymologiquement l'homme qui porte le
bouclier ou l'écu (scittiun). Il est à remarquer que l'époque
où ce mot entre en usage est précisément celle ou le bou-
clier rond et bombé, dont se servaient les Francs, prit, en
devenant plus long, plus lourd et pointu à sa partie inté-
rieure, la forme nouvelle qui reçut le nom dVca (V. ce
mot). Les chevaliers, dont c'était la principale arme
défensive, faisaient porter leur écu, avant et après le
combat, par des gens de leur suite, que l'on nomma pour
cette raison scutiferi, eseuiers. Unsi, comme le mot, la
fonction qu'il désigne date de l'époque féodale. Par consé-
quent, il n'v a lieu de luire aucun rapprochement historique,
comme on l'a quelquefois tenté, entre les éeuysrs du moyen
âge et les SCUtaril OU SCUtiferi de l'empire romain. Ceux-
ci étaient des soldats de police organisés en corps régu-
lier! par Constantin pour la gtrda du palais impérial el
OUÏ avaient pour signe distini tif il '. - du bouclier
cane usité dans l'arma romaine Ci. ce mot), tandis que
les éeuyers étaient attachés individuellement an service
des chevaliers, et ne tiraient p*nt l«ur nom d'ans arme
défensive qui leur fïit propre, mais de la fonction qu'ils
exerçaient auprès de ses chevaliers en portant leurs armes
el spécialement leur écu.
Les éeuyers paraissent avoir été d'abord des gens de
condition inférieure, confondus avec les garçons ou valets
d'armée que l'on chargeait des ouvrages vulgaires et des
charrois. Mais, à partir du mi siècle, ils forent toujours
pris parmi les jeunes nobles. A cette époque, tout fils de
gentilhomme était envoyé dès l'enfance par son père a la
cour d'un baron voisin : il y restait en qualité de damoi-
seau (domicellus) ou de valet (vaualehu), jusqu'à ce
qu'il lui en âge de devenir chevalier, recevant l'éducation
qui convenait i sa naissance, et remplissant auprès du baron
divers offices domestiques, tels que rhabiller, le
à table, faire à ses botes les honneurs du château. Vers
l'âge de douze ans, il était attaché au service personnel
d'un chevalier, dont il devenait l'écuyer. Ce nouveau titre
ne le dispensait pas des fonctions domestiques, qu'il conti-
nuait à exercer au château avec les autres damoiseaux ;
mais, en outre, il était chargé du soin de l'écurie et du
dressage des chevaux ; il accompagnait le chevalier à la
chasse et au tournoi et s'exerçait sous sa direction au
maniement des armes ; il le suivait à la guerre, portant
ses armes, conduisant « à destre » son cheval de bataille
ou destrier, se tenant près de lui dans la mêlée pour le
secourir au besoin et garder ses prisonniers. — Le service
d'écuyer durait ordinairement de cinq à sept années,
c.-à-d. jusque vers l'âge de dix-huit ans: le jeune noble était
alors admis aux épreuves solennelles qui précédaient l'en-
trée dans la chevalerie (Y. ce mot). Toutefois, il n'y avait
pas de règle fixe à cet égard, et il n'était point rare qu'un
écuyer fût armé chevalier avant cet âge, ou qu'il prolon-
geât au contraire son service au delà de ce terme ; depuis
le xiii6 siècle, la tendance fut même de reculer jusqu'à
vingt et un ans l'âge ou il devenait chevalier.
La vie des éeuyers était généralement rude et laborieuse,
et leur condition en tous points inférieure a celle des che-
valiers. Bans les premiers temps de la féodalité, les armes
distinctives de la chevalerie, l'épée, la lance, le heaume,
le haubert et la cotte armoriée leur étaient absolument
interdites : ils ne pouvaient se revêtir que d'un gambeson,
d'un plastron d'acier et d'un chapeau de fer. Mais peu à
peu cette rigueur s'adoucit : on leur permit au xmc siècle
de porter l'épée, et dès lors, avant d'être admis au rang
d'écuyer, le damoiseau dut être présenté à l'autel par son
père et sa mère pour recevoir cette arme des mains d'un
prêtre, suivant les usages que l'Eglise avait établis. Plus
tard, les autres armes leur furent également permises: au
xive siècle, ils furent admis à combattre avec les cheva-
liers dans les tournois et ne se distinguèrent plus d'eux
que par leurs éperons qui étaient d'argent, tandis que ceux
îles chevaliers étaient d'or. Ils ne pouvaient porter ni
velours, ni drap d'écarlate, ni fourrures de vair ou d'her
mine, vêtements réservés aux chevaliers. Bans les rela-
tions de la vie civile, même infériorité: ils ne pouvaient
prendre que le titre de damoiseau ou donzel. jamais celui
de messire ; leur femme n'était point dame, mais damoi-
selle ; dans les actes, leurs noms ne devaient figurer
qu'après celui des chevaliers. En justice, ils n'étaient point
leurs pairs, et ne pouvaient réclamer contre eux ni le duel
ni les gages de bataille; toutefois, en ras d'injure faite à
un écuyer par un chevalier, quelques coutumes autorisaient
le duel à conditions égales, c.-à-d. à pied, sans autres
armes que l'épée et l'écu.
Lorsque la chevalerie tomba en décadence, au xi\ et
au x\ siècle, les fonctions d'écuyer changèrent de carac-
tère. Clles cessèrent peu à peu d'être une préparation à la
vie de chevalier, pour devenir de plus en plus un ser-
— 543
ÉCUYEll
%ii-e domestique, ennobli par la condition sociale du maître
et du serviteur. Comme les chevaliers désertaient les
champs de bataille, les écuyers ne s'exerçaient plus au
métier des .innés que pour prendre part aux tournois, ou
bout courir les aventures à la suite de quelque chevalier
errant: le plus souvent leur vie s'écoulait au château,
dans l'exercice de tondions de plus en plus spécialisées.
Tout seigneur de quelque importance avait de nombreux
s, entre lesquels étaient répartis, a lourde rôle ou
d'une manière permanente, les divers offices précédemment
ènumérés. C'est ainsi qu'on distinguait l'écuyer de corps
ou écw/ëT d'honneur, attaché au service personnel du
seigneur ou de la dame, les accompagnant partout, portant
au tournoi et à l'année la bannière île son maître; l'écuyer
chambré ou cbambellan. a qui était spécialement
confie le soûl de la vaisselle d'or et d'argent ; Vécuyer
tranchant, qui découpait les viandes el veillait au service
de la table; Vécuyjerd'echansonnerie;l'ecuyer de panne-
Vécuyer a écurie, qui dressait les chevaux ; Vécuyer
,'. qui faisait fonction de valet de chambre, etc.
Pour expliquer comment ces fonctions, dont quelques-unes
avaient te caractère de la plus basse domesticité, avaient
été confiées a des écuyers, on a supposé que primitivement
elles étaient exercées par des valets d'ordre intérieur dont
les titres [scurarii,scuteltarii, escarii), dérives des mots
; (écurie), scutellos (vaisselle), esca (nourriture),
auraient, par leur assonance avec le mot escuier, rendu
Sable la confusion. Cette hypothèse gratuite, qui soulève
graves objections philologiques, est tout à l'ait inutile:
la notion d'enivei \ telle qu'elle était entendue dans les
premiers temps de la féodalité, contenait en germe tous ces
es. les plus vulgaires aussi bien que les plus nobles.
— De même que les maisons seigneuriales, la cour du roi
de France entretenait un grand nombre d'écuyers, chargés
des fonctions les plus variées, sous l'autorité du (/ranci
écuyer (V. ci-dessous) et de quelques autres officiers
a rie i'L roi, Maison or uoi).
2J Le titre d'écuyer, a l'époque féodale, impliquait,
comme on vient de le voir, deux conditions : la première,
que celui qui le portait était noble ; la seconde, qu'il rem-
plissait auprès d'un chevalier certaines (onctions subal-
terne. Suivant que l'on s'attacha de préférence à l'idée de
noblesse ou a celle de domesticité, ou en vint à donner à
ire deux sens assez différents de son acception primi-
tive. On appela écuyers, tantôt des gens qui exerçaient dans
une maison des fonctions domestiques, alors même qu'ils
n'étaient pas de condition noble; tantôt des nobles qui
n'avaient point reçu la chevalerie, alors même qu'ils n'étaient
attaches au service d'aucun autre gentilhomme.
I premier >ens ne se rencontre que d'une manière
optionnelle, dans quelques textes du xiu*', du xive et
du I relatifs a des maisons ecclésiastiques, ou le
titre d'écuyers [escuerii, escuderii) était donné aux gens
de service (cf. valet, Dossaletus: d'abord jeune noble, fils
d'un vassal; puis serviteur).
Au contraire, le second sens se généralisa au point de
devenir, à partir du wr siècle, le sens principal du mot
éeayer. Dès le xm' siècle, beaucoup de nobles, arrivés à
la majorité, s'abstenaient d'entrer dans la cheva-
lerie, parée qu'ils n'étaient point assez riches pour l'aire
t mener le train de vie qu'elle exigeait. En
droit féodal, tout suzerain, ayant intérêt à être servi par
le plus grand nombre possible de chevaliers, pouvait for-
a recevoir la chevalerie, lorsqu'ils avaient
atteint l'âge requis et que leur fief donnait un revenu suf-
fisant pour leui permettre de vivre honorablement. Le roi
de France eut le même intérêt, tant que les chevaliers
firent la principale force des aimées royales, et un man-
dement de Philippe le Bel, en 1293, punissait (Tune
amende fécuyer qui ne s'était pas fait armer chevalier a
vingt-quatre ans accomplis. Mais les nobles qui étaient
trop pauvre, pour qu'on put exiger d'eux cette dé-
pense, gardaient toute leur vie le rang et le titre d'écuyer :
écuyers simples, s'ils étaient fils d'un simple bachelier,
écuyers bannerets, s'ils descendaient d'un chevalier a
bannière. Ils suivaient à l'armée leur suzerain, non plus
comme gens attachés a son service, mais comme vassaux
d'ordre inférieur. Us combattaient avec, les mêmes armes
que les chevaliers, dont ils ne se distinguaient que par
leurs éperons: niais ils devaient leur céder le pas, n'ayant
le droit de marcher qu'avant les sergents, les arbalétriers
el les autres roturiers. Leur dépense en temps de guerre,
et par conséquent leur solde, était ordinairement évaluée à
la moitié de celle des chevaliers : 5 sous par jour sous
Philippe 111 (1-283) et sous Philippe le Bel (1294) ; 7 sous
à l'époque de Philippe VI (4335) et de Jean II (1351) ;
■20 sous à la fin du xiv' siècle. Le nombre des gentils-
hommes qui ne recevaient pas la chevalerie augmenta au
xiv et au xv° siècle, à mesure que la vie chevaleresque,
détournée do son idéal primitif, devenait plus fastueuse et
plus frivole. D'autre part, il arriva que des seigneurs
inféodaient des terres peu importantes sous la charge que
le détenteur leur devrait le service militaire dans les mêmes
conditions qu'un écuyer (feoda scutiferorum), et alors le
vassal tenu de celte obligation prenait le titre d'écuyer,
bien qu'il n'en ait jamais rempli la fonction. Lnfin les
possesseurs d'autres fiefs inférieurs, tels que des vavasso-
ries ou des sergenteries, qui devaient à leur suzerain un
service militaire de même ordre, furent souvent désignés
pour cette raison sous la dénomination générale d'écuyers.
— Il résulta de ces diverses circonstances qu'au xvie siècle
ce titre remplaça dans l'usage celui de noble homme
ou noble personne, dont on se servait jusque-là pour dési-
gner communément les gentilshommes qui n'avaient pas
reçu la chevalerie et les détenteurs de fiefs nobles d'ordre
inférieur. Le mot est pris en ce sens dans l'ordonnance do
Blois (lo~9) et dans les édits du mois d'août 1583 et du
mois de mars 1600; et, lorsque les feudistes de cette
époque arrêtèrent les cadres de la hiérarchie nobiliaire,
ils distinguèrent trois catégories de gentilshommes : en
premier lieu \es seigneurs titrés{daes, princes, marquis,
comtes, vicomtes ou barons) ; en deuxième lieu les cheva-
liers (châtelains et possesseurs de fiefs de haubert), en troi-
sième lieu les écuyers, qui comprenaient tout le reste de
la noblesse, aussi bien les gentilshommes de robe, de ville
ou d'office que les gentilshommes d'épée (cf. en Angle-
terre le titre i'esquire devenu synonyme de gentleman).
11 faut bien remarquer que ce nouveau sens du mot écuyer,
quelque général qu'il fût, ne détruisit pas l'ancien, qui sub-
sistait dans les maisons seigneuriales et à la cour de France ;
mais lorsqu'on voulait parler de la fonction d'écuyer, on
faisait suivre ce titre du nom spécial de l'office qui le carac-
térisait : écuyer de corps, de chambre, d'écurie, etc.,
tandis qu'on l'employait d'une manière absolue (X..., écuyer)
pour désigner le gentilhomme de simple noblesse par oppo-
sition au chevalier et au seigneur titré.
La qualité d'écuyer était héréditaire, à la dilférence de
celle de chevalier, qui ne fut jamais transmissihle, sauf
dans quelques cas exceptionnels (ord. de 1029), à moins
de concession expresse du roi : en règle générale, le fils
d'un chevalier naissait écuyer et gardait cette qualité jus-
qu'à ce qu'il eut reçu les lettres royales qui lui conféraient
le titre de chevalier. La qualité d'écuyer pouvait s'acquérir
non seulement par la naissance, mais aussi par concession
gracieuse du roi, par achat d'une terre noble ou d'un
office auquel ce titre était attaché : ainsi les gardes du
corps du roi, les commissaires et contrôleurs des guerres
avaient le droit de prendre la qualification d'écuyers. On
perdait ce titre par les causes qui entraînaient déchéance
ou suspension de la noblesse (V. ce mot). Divers édits
et règlements eurent pour objet de maintenir la distinction
sociale qui séparait les écuyers des chevaliers d'une part
et des roturiers de l'autre : notamment une déclaration
de janv. 1624 frappa d'une amende de 2,000 livres tous
ceux qui usurperaient le titre d'écuyer ; et un arrêt du
règlement du 13 août 1663 interdit, sous peine de
LCUYEH - ECZI M \
- 544 -
1 ,.'i(mi livres d'amende, a quiconque n'était pas noble de
prendre le titre d'écuyer, el a tout écuyer de prendre le
titre de metsire, qui ne convenail qu'aux chevaliei .
Ch. Moiuu.
GnAND f.t i-iti.MiK.it BCOTEBS. — Fonctionnaires de la COUT
sous l'ancienne monarchie. 1-e maître de l'écurie do roi
hérita des fonctions originelles et îles prérogatives du con-
nétable et des maréchaux an fur el à mesure du déve-
loppement de l'importance de ces officiers, et en raison de
leur spécialisation dans un rôle particulièrement militaire;
il veillait à l'administration île l'écurie du roi ; il portait
l'épce royale dans le fourreau aux entrées solennelles et
autres cérémonies ; pour marque de sa dignité, il la mettait
de même, avec le baudrier, de chaque côté de l'écti de
ses armes; le connétable qui a cessé d'avoir la (larde de
l'épce du roi à une époque indéterminée, et qui de fonc-
tionnaire de la maison du roi, est devenu un haut digni-
taire de l'Etat et le chef de l'armée, portait l'épée au
sacre du roi, et la mettait, nue, de chaque coté de ses
armes. Le P. Anselme donne (t. VIII) une longue liste
des maîtres de l'écurie du roi depuis 1 294 ; cette charge
fut occupée à partir du xv° siècle par les plus grands
seigneurs, avec le titre de premier ou de grand écuyer ;
les charges de premier et de grand écuyers furent dis-
tinctes à partir du xvnc siècle. Voici quels furent les
grands écuyers de 1470 à -1789: Alain de Goyon (1470),
Pierre d'Urfé (1483), Galéus de Saint-Séverin (1505),
Jacques de Gourdon de Genouillac (4524), Claude de
Gouflier (1546), Léon de Chabot (1570), le duc d'Elbeuf
(1397), Roze de Saint-Lary, duc de Bellegarde (1605),
César-Auguste de Saint-Lary, marquis de Termes (1017);
le duc de Bellegarde, de nouveau (1621); Henri Coèffier de
Ruzé, marquis de Cinq-Mars (1639-1642); Henri de Lor-
raine, comte d'Harcourt (1643); son fils Louis, comte
d'Armagnac (1666); son fils Charles, prince de Lorraine
(1718); son frère Louis, comte de Brionne(1751); son fils
Charles, prince de Lambesc (1761).
Le grand écuyer, qu'on appelait d'ordinaire « Monsieur
le grand », était un des sept grands officiers de la couronne
depuis 1617. Les droits et prérogatives de sa charge furent
fixés en dernier lieu par les règlements du 22 oct. 1715,
du 6 janv. 1717, du 23 mai 1723 et du 16 févr. 1724. Il
avait la haute main sur la grande écurie ; il ordonnait des
dépenses, pourvoyait aux charges, recevait les serments.
Ses appointements étaient de 3,600 livres seulement, mais
il percevait de nombreux droits sur les entrées et charges,
prestation de serment, etc. A la mort du roi, tous les che-
vaux des écuries et les harnais lui revenaient de droit. C'est
lui qui réglait les duels et qui disposait des fonds ordonnés
pour les sacres, les couronnements, etc. Aux entrées so-
lennelles, il marchait devant le roi. Il avait séance
aux lits de justice aux pieds du roi. Les haras dépendaient
de lui. C'est encore de lui que relevaient les pages et le
juge d'armes, les chevaucheurs et courriers de cabinet,
le héraut d'armes, etc. — Le premier écuyer, chef de
la petite écurie, était indépendant du grand écuyer. Cette
charge lui donnait des relations fréquentes avec le roi,
qu'if accompagnait en carrosse ou à cheval. Il avait
3,000 livres d'appointement ; à la mort du roi, la dépouille
de la petite écurie lui appartenait. Les titulaires de cette
charge furent : François de Baradat (I625),le duc Claude
de Saint-Simon (1627); Henri de Beringhen (1645); son
fils Jaques, marquis de Beringhen (1692); son fils
Jacques (4723); son fils Henri-Camille (1723); le duc de
Coigny (1774). — Sous Napoléon 1°'', le grand écuyer était
grand" officier de la couronne; cette charge fut exercée par
le général de Caulaincourt, duc de Vicence, en 1808, qui
avait sous ses ordres un premier écuyer, un écuyer caval-
cadour, etc. Louis M III et Charles X ne pourvurent pas à
la charge de grand écuyer : les Jonctions en lurent remplies
par le <\m- de Polignac, premier écuyer, ayant sous ses
ordres unécuyer commandant, des écuyerscavalcadours, des
écuyers chefs de manège, des écuyers de manège, des écuyers
ordinaires, des élèves èeuyen, des pages, un inspecteur-
contrôleur, un secrétaire général, etc. LouWPhQippe n'eut
qn'un écuyer commandant. Napoléon III eréa grand écuyer
Le maréchal de Saint-Arnaud (1852— 1854), puis, aprèa
une vacance de neuf ans, le général Fleury. L Del.
Rcorea ikax.hant. — <m donnait ce nom en l
bous l'ancienne monarchie, a des officiers de la couronne.
Le premier écuyer tranchant, ou simplement premier-
tranchant, avait, depuis Le \i\' siècle au moins, la garde
de l'étendard royal ou cornette blanche et marchait, a
l'armée, derrière le roi. Ses (onctions se eoiiservèretd
jusqu'au cœur du x\iï siècle.
Bibl. : Lo. M des ordres et simples dignité»;
1610, chap. iv. — Db La Koq< b, Traité de la noblesse,
1734. — L* Cobnedb Saisi i. -I'ai. avi", Mémoire» sur l'an-
cienne chevalerie. 1 70'*, t. [.— GtrvoT, Répertoire de .
prudence, 17M, v" Ecuyer, .Xoblessc. — UOi am.l, dlossa-
rium média; ei infinœ latinitatia, éd. Didot, 1840, \ • Ai mi-
ger, Escuerius, Scutifer, Scularius. — Bootabxc, le»
Institutions militaires de (a France, lk,>' — A
liAKTiM.i i ..\i y. De la Qualification d'écuyer, dans Revue
nobiliaire, 2* m rie, 1865, t. I. p. 33. — L. Galiiek, la
Chevalerie, 2« éd., 1890, p. I
ECZÉMA (PathoL). L'eczéma, type populaire des affec-
tions cutanées, est moins en réalité une dermatose auto-
nome et distincte qu'un syndrome éruptif pouvant être réalisé
dans des conditions très diverses. Bazin a défini l'eczéma :
« Une affection de la peau caractérisée a sa période d'état
par l'existence de vésicules petites, acuminées, agglone i
sur une surface plus ou moins étendue, et contenant un
liquide séreux et transparent, vésicules qui s'affaissent
lorsque le liquide qu'elles contiennent est résorbe, mais
qui le plus souvent se rompent après vingt-quatre ou qua-
rante-huit heures d'existence, et auxquelles succèdent
l'exhalation et la sécrétion d'un liquide séreux et trans-
parent qui se concrète en lamelles plus ou moins épai-
et ensuite une simple exfoliation épidermique. » Ainsi
défini, l'eczéma se distingue cliniquement de l'herpès, dont
les vésicules plus volumineuses persistent pendant un temps
plus long ; des sudamina, de la miliaire et de la varicelle,
affections qui occupent toute la surface du corps et dont
l'élément vésiculeux ne disparaît pas aussi rapidement que
celui de l'eczéma ; du pemphigus, constitué par des pous-
sées successives de bulles ; de l'impétigo, enfin, dont les
éléments groupés, il est vrai, sont pustuleux et non vési-
culeux. Mais la définition longtemps classique de Bazin ne
peut être acceptée comme complète, puisqu'elle n'indique
ni la pathogénie, ni le critérium anatomique de l'affection;
d'ailleurs, même à ne considérer que le point de vue cli-
nique, elle a le tort de faire une part trop grande à l'état
vésiculeux et de ne pas assez indiquer que l'eczéma est,
au premier chef, une dermile polymorphe. Pendant long-
temps on a divisé l'eczéma, au point de vue étiologique,
en deux grandes catégories : L'eczéma de cause externe et
l'eczéma de cause interne. Le premier était du soit à l'ac-
tion de parasites (pediculi, acares, microphytes, etc.). soit
à des agents irritants (pressions, frottements, grattage- :
contact des sueurs ou de l'urine: cantharides, croton.
moutarde, thapsia, térébenthine, arnica, mercure, chaux,
potasse, etc. ; influence chimique des rayons électriques
ou solaires, etc.). On pouvait adjoindre à cette classe les
eczémas dits pathogénétiques, c.-à-d. résultant de l'inges-
tion de certaines substances alimentaires ou médicamen-
teuses qui s'éliminent par les glandes de la peau. Quant a
l'eczéma de cause interne, il était le symptôme d'un état
névropathique ou d'une maladie constitutionnelle telle que
la scrofule ou L'arthritis.
Otle manière éclectique de comprendre la pathogénie
de l'eczéma avait au moins le mérite de la simplicité et fut
longtemps acceptée : aujourd'hui elle ne satisfait plus per-
sonne, et elle a contre elle les deux grands courants qui
partagent actuellement les dermatologistes. L'école alle-
mande considère avant tout l'eczéma comme une lésion
locale, llelua et ses disciples professent qu'il est toujours
possible de déterminer artificiellement sur un point quel-
— Uo
ECZÉMA
conque de la peau et sur !'' premier individu venu toutes
l,s variétés « l'eczéma; ils ne reconnaisse!!! à aucune
dvscrasie le pouvoir d'engendrer directement l'affection ;
tout au plus admettent-Os que certains états morbides déter-
minent, par altération secondaire des tissus, une irritabilité
imentsel que ceux-ci peuvent alors devenir le siège
ia sous l'influence de telle ou telle cause extérieure.
Pour l'école française, au contraire, l'eczéma résulte avant
tout d'une prédisposition personnelle. Le rôle capital que
les auteurs allemands prêtent a l'irritation locale, les der-
Btttologistes français l'attribuent à l'étal général, à l'apti-
tude morbide du sujet. N'est pas eczémateux qui veut. 11
existe une série d'affections qualifiées ajuste titre d'eczémas
ciui détient toute reproduction expérimentale. I,a provoca-
tion externe locale, quand elle existe, n'est que peu de
chose, si une cause d'ordre plus élevé n'intervient. Les
applications irritantes pourront faire surgir une éruption
(dus on moins eczéiiiatoide ; mais la lésion ainsi produite
s'atténuera rapidement si la cause disparaît et si le terrain
n'est pas spécialement propice : il y aura épidermite ou
dennite, il n'j aura pas eczéma. Pour que l'affection, telle
que nous la concevons, se réalise, il faut véritablement le
concours d'un vice interne, constitutionnel ou autre. Pro-
voqué ou non par des irritations venues du dehors,
l'eczéma, dit M. Besnier, comporte toujours au nombre de
ses facteurs, qui sont multiples, une condition individuelle
avec prédisposition héréditaire ou acquise. L'eczéma est
certainement la plus commune des dermatoses; d'après une
statistique de l'hôpital Saint-Louis, il entre environ pour
un tiers dans le total des affections cutanées.
Symptomatologie. L'affection se présente sous la forme
aiguë* ou chronique. Dans la forme la plus commune de
l'eczéma aigu, le malade, sans prodromes généraux mani-
festes, éprouve, dans une région donnée, une sensation de
prurit, de cuisson qui, chez les arthritiques, est souvent
très marquée. Puis la région se couvre d'une teinte éry-
thémateuse variant du rose pâle au rouge sombre et se
tuméfie plus ou moins selon la laxité des tissus. Elle devient
bientôt le siège de papules minuscules et d'une nuée de
vésicules miliaires remplies d'une sérosité alcaline, citrine,
transparente et légèrement gommeuse qui n'est autre que
du sérum sanguin (Kaposi). L'exsudation peut être assez
intense pour produire de véritables bulles (E. phlycté-
ruride) ; mais elle reste parfois si faible que les vésicules
demeurent imperceptibles et peuvent même manquer tota-
lement par places (E. sec). Lorsque la vésicule eczéma-
ifuse se remplit de leucocytes sans que ses parois éclatent,
la lésion élémentaire devient une vésico-pustule [E. im-
pctù/ineux). Dans certains cas, surtout aux membres
inférieurs et chez les sujets variqueux, le liquide exsudé
renferme, en proportions notables, des globules rouges qui
prêtent aux vésicules et aux bulles une coloration légère-
ment sanguinolente. L'état vésiculeux n'a qu'une existence
éphémère. Les vésicules se rompent, et le liquide concrète
se mélange aux débris de l'épiderme altéré pour former
des croûtes jaunâtres plus ou moins épaisses et plus ou
moins adhérentes. Li surface laissée à vif est rouge, poin-
tillée. chaude, humide, suintante, mal limitée ; ses bords,
Msnlien et diffus, se perdent peu à peu dans les régions
restées saines. Le suintement qui constitue l'apogée de
révélation morbide mérite bien a l'eczéma la dénomination
d'inflammation catarrhale de la peau qui lui est donnée par
quelques auteurs. Sa durée est très variable. Lorsqu'il
s'arrête, les croûtes se dessèchent, s'émiettent et dispa-
raissent, montrant à leur place une pellicule épidermique
lisse, luisante, très mince, non viable, qui ne tarde pas à
se flétrir et est elle-mènie remplacée par une série suc-
cessive d'épidermes transitoires et, pour ainsi dire, d'essai,
s'en allant à leur tour en squames et en poussière [E. squa-
meux), jusqu'à ce que la kératinisation se refasse dans les
« ellules cornées. I j peau reprend alors sa souplesse et sa
coloration habituelles, et il ne reste bientôt plus trace de
la poussée eczémateuse. Ces états divers du processus mor-
GRA5DE E5CÏCL0PÉD1E. — XV.
bide ne sont rigoureusement successifs que si l'on consi-
dère un point donné de l'éruption; mais on les trouve le
plus souvent confondus si l'on étudie l'affection dans l'en-
semble de ses manifestations : souvent, chez un mémo
sujet, les vésicules se montrent à peine sur un point que
déjà, dans une région voisine, la réparation de l'épiderme
est achevée
L'étendue de l'éruption varie dans des limites énormes;
elle peut n'intéresser que quelques millimètres de la surface
tégumentaire ou l'envahir presque en entier. Dans ce der-
nier cas, l'inflammation cutanée est violente, les symptômes
généraux s'accentuent et se rapprochent assez de ceux
des fièvres èruptives {E. rubrum). Le plus souvent
l'eczéma se présente sous l'aspect de placards irréguliers,
de dimensions variables et très imparfaitement limités;
dans d'autres formes, on voit les vésicules rester dissémi-
nées ça et là (E. sparsum),on s'assembler en petits groupes
discoïdes et nettement circonscrits (E. nummulairc). La
forme chronique de l'eczéma peut se montrer d'emblée ou
survenir à la suite d'une ou plusieurs poussées aiguës. Les
lésions fondamentales de l'eczéma chronique ne sont autres
que celles de l'eczéma aigu ; seule l'évolution diffère. La
peau perd sa souplesse et sa coloration normales ; elle
s'épaissit, s'infiltre, parfois même se fissure et se gerce ;
les régions malades d'une teinte rouge violacé, et fortement
prurigineuses, se recouvrent de lamelles et de squames qui
se renouvellent indéfiniment. On peut ainsi, pendant des
semaines et des mois, constater simultanément toutes les
phases et toutes les variétés possibles du mal : ici dévelop-
pement ou exacerbation, plus loin régression ou rémission
de l'éruption. M. Quinquaud a signale comme fait excep-
tionnel, à la suite de l'eczéma chronique, la transformation
ichtyosoïde de certains territoires cutanés. Quelle que soit
son ancienneté, l'eczéma chronique peut toujours revenir à
l'état aigu sous des influences locales ou générales.
MM. Besnier et Brocq ont attiré l'attention sur ce fait que,
chez les eczémateux, les poussées aiguës ont souvent pour
point de départ une plaque chronique solitaire dont la vita-
lité vient à se réveiller : d'où l'indication formelle de ne
jamais abandonner à elles-mêmes les plaques isolées, et en
apparence négligeables, d'eczéma chronique. Certaines loca-
lisations de l'affection offrent un intérêt très réel, tant au
point de vue de leur aspect et de leur marche qu'à celui
du traitement. Tels sont les eczémas du cuir chevelu, de
la barbe, des narines, du mamelon, des parties génitales,
des mains et des pieds ; mais nous ne pouvons en donner
ici une description même succincte. Les ongles peuvent être
le siège d'eczéma, avec ou sans lésion concomitante des
doigts. Primitif ou secondaire, l'eczéma unguéal se présente
sous deux formes bien distinctes : tantôt l'ongle se racor-
nit, se décolle et tombe en laissant à nu une surface épaissie,
enflammée, érodée et suintante (forme périonyxiquë) ;
tantôt l'inflammation matricielle fait totalement défaut et
l'on voit simplement l'ongle, dégénéré, athrepsié, se ternir,
se strier et se déformer peu à peu jusqu'à ce qu'il s'exfolie
et s'effrite.
L'eczéma des muqueuses, dont l'existence n'est pas dis-
cutable aujourd'hui, résulte le plus souvent de la propa-
gation d'un eczéma cutané. Il peut à la rigueur se produire
spontanément, mais on trouve alors, presque toujours sur
la peau ou le cuir chevelu, la coexistence d'une lésion de
même nature. Toutes les muqueuses ne sont pas aptes à
produire l'eczéma : l'affection ne se développe jamais que
sur celles qui ont avec la peau la plus grande analogie de
structure (conjonctives, muqueuses des narines et des fosses
nasales, des lèvres, de la bouche, de la langue ; muqueuses
glando-préputiale, vulvaire, vaginale, anale ; muqueuse du
col utérin. Nous avons indiqué plus haut le rôle considé-
rable joué par la constitution du malade dans l'apparition
de l'affection. Ce rôle n'est pas moindre dans la physionomie
revêtue par les poussées eczémateuses. Chez les sujets lym-
phatiques, la réaction inflammatoire se fait vivement sentir,
les ganglions s'engorgent, le suintement est considérable
33
eczéma - i:dda
- 54fi -
ci produit ces croates mellifofmes qui constituent lu variété
dite impétigineuae. Chez. Im arthritique*, loi pou
fluxionnaires sont souvent rapides et intenses et récidivent
très facilement. Dans les périodes régressives, il est assez
commun d'observer chez eux les variétés cannelées et cra-
quelées.
Aucun âge n'est à l'abri de l'eczéma. Un connaît chez
le nouveau-né trois formes de l'affection (croûtes de lait) :
l'eczéma nerveux de dentition, l'eczéma strùnietu et l'eczéma
séborrhéique de Unna (V. SéBORBHée). Dans la seconde
enfance, la forme impétigineuse prédomine. L'adolescence
et la jeunesse semblent plus particulièrement exposées aux
poussées congestives, rapides, mais récidivantes : l'eczéma
symptomalique de l'arthritisme et de la goutte se montre
principalement à l'âge mûr. C'est surtout à cette époque de
là vie qu'il est possible de voir des alternances curieuses
se produire entre la manifestation cutanée et certaines
manifestations viscérales du côté des poumons, des reins,
du cœur, de l'encéphale, etc. (Brocq, Gaucher, Thibierge).
Les eczémas répétés peuvent aboutir chez le vieillard à
l'état décrit par Bazin sous le nom d'herpétide exfoliatrice
maligne ; mais il est plus commun de voir les progrès
de 1 âge amener dans l'affection une sorte d'atténuation,
d'affaissement qui n'est pas sans rapport avec l'altération
régressive de la peau. Chez la femme, la période des règles
et la ménopause sont assez souvent l'occasion d'éruptions
eczémateuses plus ou moins accentuées. D'après Brocq,
certains érysipèles menstruels ne sont que des eczémas.
Unna (de Hambourg) a décrit récemment un eczéma
séborrhéique, pour l'histoire duquel nous renvoyons au
mot Séborrhée. Vecxéma marginé de Hebra est carac-
térisé par des cercles ou segments de cercle de dimensions
très variables, circonscrits à leur périphérie par une rangée
de papules rouges, de vésicules et de croutelles, présentant
une aire foncée, ordinairement excoriée et se développant
excentriquement autour d'une papule centrale (Kaposi).
Cette création de l'école viennoise ne représente pas une
affection univoque ; pour les plus autorisés des dermatolo-
gistes français, elle n'est qu'un mode éruptif, qu'une
manière d'être possible de plusieurs causes très distinctes :
tricophytie, pityriasis versicolore, erythrasma, etc.
Pronostic. Sauf aux âges extrêmes, l'eczéma est toujours
d'un pronostic favorable, quant à la vie du malade. Mais
même dans les cas les plus bénins en apparence, le médecin
devra garder la plus grande réserve sur les questions de
durée, d'extension et de récidive. C'est que, en effet, la
marche de l'affection, ainsi que nous venons de le voir, est
soumise avant tout à l'état général et à la constitution du
sujet. Vouloir condenser dans une formule unique le pro-
nostic général des affections eczémateuses serait s'exposer
sans excuse à de fâcheux mécomptes.
Traitement. Il y a dans l'eczéma deux éléments à soi-
gner : la lésion et la maladie. D'où la nécessité d'un trai-
tement à la fois local et général. Nous ne pouvons entrer
à cette place dans de longs développements sur les innom-
brables procédés mis en œuvre pour guérir l'eczéma. Nous
dirons simplement que, dans la forme aigué, le médecin doit
se garder avant tout des remèdes trop énergiques. Une
médication violente transforme souvent en une affection
éteudue et rebelle ce qui n'était au début qu'un eczéma
léger. Les applications émollientes et adoucissantes se-
ront conseillées de préférence, surtout au début du mal,
lorsque l'inflammation est vive et le suintement abondant.
Plus tard, si la lésion persiste, on arrivera graduellement
aux préparations plus actives. Quand l'eczéma est nette-
ment clironique, les topiques résolutifs ou substituûfs
peuvent être employés de préférence, mais non sans pru-
dence et sans choix, surtout chez les vieux arthritiques
et chez les sujets atteints de troubles viscéraux graves.
Quelque important que soit le traitement local, il ne pourra
le plus souvent réussir qu'avec le concours de l'hygiène et
d'une médication interne s'adressent à la maladie générale,
cause première de l'éruption. On conçoit d'ailleurs qu'il
n'existe point, à proprement parier, dé Mnede spécifique
contre l'eczéma. Il n'y a oas, dit M. Besnier, de traitement
général de l'eCZéllU ; il n'y a que des eczémateux qu'il faut
1 ou
traiter non seulement selon 1 espèce particulière d'eczéma
dont ils souillent, mais encore selon leur olat <Jjiith/-^i'jue,
selon les conditions d'organes et de fonctions qu'ils pré-
sentent. Dr f'iGNOT.
EDA (Ile). L'une des Iles Oreades, au N. de l'Archipel,
entre Westra, Rowsa et Strousa; bon mouillage du Calf
Sound; K()(J liab. environ (V. OtXADIs).
EDAM. Ville des Pays-Bas, prov. de Hollande septen-
trionale, arr. de Boom, prés ^Amsterdam, sur le Zuv-
derzée ; dans la baie de l'V, par '■>■!" 30' W de lat. N.ct
22° 42' 43" de long. L' ; 4,000 hab. Port de mer (cons-
tructions de navire), raffinerie de sel, fonderie d'huile de
baleine, commerce de bois et de fromage; grande, foires
aux fromages. Cathédrale avec de beaux vitraux. Entsj.'i,
les digues d'Kdam furent rompues par la mer, ce qui
causa de grands désastres. M. d'K.
EDAM. Ile de la Malaisie (archipel delà Sonde), près de
la cote N. de Java, à 24 kil. N. de Batavia ; circonfé-
rence de 3 kil. Elle est couverte de bois.
ÉDAPHODON (Paléont.). Buckland a établi ce genre
pour des Chimérides des terrains tertiaires inférieurs d'An-
gleterre caractérisés par les maxillaires supérieurs munis
de trois tubercules, deux situés au bord interne de l'os,
l'autre, plus long et étroit, au bord externe; au maxil-
laire inférieur se trouvent un large tubercule plat, qui
occupe presque toute sa surface interne, et deux petits
tubercules, placés obliquement sur le bord dentaire ; lin—
termaxillaire est concave en dedans, convexe en dehors.
Bidl. : Agassiz, Poissons fossiles, %. III, p. SU.
ÉDAPHOSAURE (Paléont.). Cope a établi ce genre pour
un Batracien du terrain permien du Texas, allié aux l'an-
tylus. Les dents de la mandibule et du maxillaire sont
subconiques, subégales ; la partie postérieure du mandibu-
laire est étendue et porte de nombreuses dents serrées : le
ptérygoïde et probablement l'expansion interne de l'os
malaire sont armés de dents nombreuses et serrées ; le con-
dyle occipital n'est pas divisé. Le type du genre est E. po-
gonias. E. Sauvage.
Bibl. : Cope, Auierican Philosophical Society,
EDAR. Ville de l'Inde, dans le Goudjerat, ch.-l. d'une
principauté de la confédération du Muhikanta (V. ce
nom), au S. des monts Douugars; la ville a 1,000 hab.,
la principauté 220,000 environ.
EDBAÏ, ETBAH ou ETBAYE. Massif montagneux delà
Nubie orientale qui s'étend jusque dans la mer Rouge, où il
a donné son nom au cap dit Elbea (altération de Edbaï) qui
se trouve par 22° 2' de lat. N. Ce massif contenait des
mines d'or célèbres que les pharaons d'Egypte avaient
exploitées. La ville maritime d'Aïdab parait également
avoir été ainsi dénommée d'après une forme altérée du
nom de ce massif montagneux.
EDDA (Aïeule). Recueil de traités en prose islandaise,
composé au commencement du lin8 siècle par l'historien
Snorré Sturluson (f 1241). Il comprend: 1° Gylfagin-
ning ou fascination de Gylfé, sorte de catéchisme de la
mythologie Scandinave, avec les Récits de Bragé. ainsi
qu'un Prologue et un Epilogue où l'auteur s'efforce de
concilier les traditions sur les émigrés trovens avec celles
des anciens peuples établis en Scandinavie ; 2" SkaUU-
kaparmdl ou Skalda, traité de la diction poétique (péri-
plirases, métaphores, épithèfes, synonymes, etc.). avec de
nombreux exemples tirés des chants des Skalds ; 3° llut-
taial, métrique avec des exemples des diverses espèces de
vers et de strophes composés par Snorré. Ces traités sont
accompagnes de pièces généralement bien différentes, dans
les plus anciens manuscrits qui les Contiennent, mais ce sont
les seuls auxquels on ait donné le nom d'Edda au moyen âge.
Comme ce recueil renfermait aussi des vers et mèinedes
poèmes entiers, le savant évèque Brynjulf Sveinsson appela
de même un autre recueil qu il attribuait à Sœmund Sig-
- ;)47 -
EDDA — GDKUNCK
fiisson (f 1488) et qui s? compose de poèmes mythiques,
éthiques et héroïques, accompagnes <Ie courtes explications
eu prose. S.einund avant vécu une centaine d'années
avant 5norré, cette Edda l'ut appelée ancienne sa poé-
tique par opposition à la nouvelle ou prosaïque* Ces
chants, composes dans le mètre archaïque (fornurdolaq)
ou ses variétés sont, dans leur simplicité grandiose, du
nombre des plus beaux de la vieille littérature norraine.
Quoiqu'ils aient été transcrits, remanies ou tout au moins
rajeunis par des chrétiens, leur caractère est essentielle-
ment païen et les sujets historiques remontent jusqu'au
ui° siècle de notre ère. Comme la plupart des poésies po-
pulaires, ils sont anonymes. L'ensemble n'est conservé que
dans un seul manuscrit du xiu° siècle, le fameux Codex
rniius ou île la bibliothèque royale de Copenhague, mais
quelqms fragments ou des morceaux de même genre, qui
nnent dans Y Edda deSnorré ou ailleurs leur ont été
adjoints dans différentes éditions. Ils peuvent être ainsi
choses: 1° chants mythiques : Vcriuspd, Y<<jtamskvida
ou Rêves de Baldr, Thrymskrida. Bvmiskvidai Loka-
M ou (Egisdrekka, Hdrbardsïjod, Skirnisfœr,
Vafthrudnismdl, Grimnismdl, Alrissmdl ; 8° poème
éthique: Hdvamdl; 3° poèmes généalogiques: Rigsmdl,
Hyndluljod : 4° chants légendaires : Helgakvida Hjœr-
oardssonar, Helgakvida Hundmgsbana (l et II), Sin-
fjœtlalok, Sigumarkvida Fdfnisbana (I, II, III). Fdfni-
smdl. Sigrdnfumdl, Gudrunarkvida (I, II, III), Ilelreid
Brynhildar, Drdp Mflunga, Oddrunargrdt, Atlakvida,
Athimdl, Gudrunarhm t. I hum Usinai. Les poèmes my-
thiques analogues sont : Grottasœng, Grogaldr, Fjœls-
viniismdl. Hrafnagaldr Odins, Darradarljod et Se—
larljod. Beauvois.
Bibl. : Ancienne Edda. — Codex reaius, reproduction
phototypiçiue ; Copenliague, 1691. — EdàaSxmundar hins
[roda, "edit. arnamagnéenne avec trad. et comment, en
latin; Copenhague. 1787-1828,3 vol. in-4. — Texte édité par
Rask et Afzbltos ; Stockholm, 1S18, in-8 ; — par P.-A.
Munch ; Christiania, 1817, in-8 ; — par Th. Mœbius ;
Leipzig, 1860, in-12 ; —par S. Bugge; Christiania, 1867,
. — par S vend Grundtvig ; Copenliague, 1868; 2«édit.,
1874; — par Gudbrand S'igfosson et F. y. Powkll,
dans le t. I de Corpus poeticum boréale, avec trad. an-
glaise ; Londres, ls»3 ; — par B. SuMONS,av.trad. allem.;
Halle, 1888, lfl-8 ; —par Kinn JoNSSONJ Halle, 1888-89,
2 vol. in-8. — Traduit en danois: par Finn Magnusen;
Copenhague, 1821-1823, 4 vol. in-8; — par V.-B. Hjort,
ibid., 1865 ; — par G.-II. M<t.llf.r, ibid., 1871 ; — par
A. Gjbssing ; Ohristianssand, 1862. — En suédois, par
ickholra, 1818: — par P.-A. Gœdecke, ibid.,
1877, — Kn allemand, par K. Simbock; Stuttgart, 1861;
8» édit., 1882; — par W. Jordan ; Krancfort-sur-le-Main,
1889.— En français, par M"« R. du Puiret; Paris, 1844;
- En anglais, par B. Thorpe ; Londres,
.-12.
Nouvelle Edda. — E<lda Islandorum, édit. par Reren,
avec trad. lat. de M. OlavîI; Copenhague, 1665, in-4. —
Snorra Edda, édit. par Hask ; Stockholm, 1818, in-8. —
Edda Snorra Sturlusonar, éd. par Sveinbiœrn Eoilsson;
Reykjavik, 1-4% in-^ ; par la commission arnaina-
:ine, 1848, 1. 1 ; 1852, t. Il; Copenhague, 1880-1887, t. III,
3 vol. in-S, avec trad. latine; — par Th. Jonsson, ibid., 1875.
Pour les éditions et traductions partielles des deux
Eddas, les vocabulaires et les commentaires dont elles
ont • V. les deux catalogues de M'Kiiius ; Leip-
'in>8 et 1880, in-8, et les bibliographies périodiques ou
annuelles publiées dans Germania. dans Shyrslur de la
•té de littérature islandaise et dans A rkiv for nordislt
FUoloqi.
EDDIS (E.-l'.), peintre anglais du xix° siècle. Ses
tableaux se distinguent par une belle ordonnance et un
coloris harmonieux. On cite une liuth et Soémi et de
beaux portraits.
EDDYSTONE. Hécif de la côte méridionale d'Angleterre,
dans In Manche, au large du comté de Cornouailles, à
il. S.-O. de Plymooth, par 50" IC49" lat. N. et
"■V long. 0. Le roeherà fleur d'eau est longdel83in.;
il se prolonge sous la mer de 142 in. vers le S., 1 15 à l'E.
et 274 au N.-E: a 1*0., on trouve au pied même 20 m. de
fond. A marée haute, la mer recouvre tout le rocher; bien
que d'un gneiss très dur. il e>t rongé par les values qui dé-
ferlent à 60 m. de haut. La fréquence des naufrages fit
décider en 1690 l'érection d'un phare à L'ddystone; achevé
en 1700 par Winstanlov, il fut emporté par les Ilots, dès
1703, «toc l'architecte. On en reconstruisit un antre de 1700
à 170!), en bois comme le premier, mais avec des fonda-
tions en pierre; il avait 30 ni. de haut; il brûla en l7,->."i.
Dès l'année suivante. Sinealoii le rebâtit (4756-4789) dans
des conditions de solidité très admirées des ingénieurs, sur
le modèle d'un tronc de chêne. Il était bâti en blocs d'oo-
lithe de Portland et de granit du poids de deux tonnes,
avait 83 pieds île haut, 203 de diamètre à la base et 15 an
haut; le feu était à 72 pieds de haut et visible à une dis-
tance de 21 kil. Le rocher ayant été rongé en dessous par
la mer, on rebâtit à 37 m. plus loin un nouveau phare
(4879-4882) qui remplaça celui de Smeaton et dont le feu
a une portéo do "21 kil. (V. Phare).
EDÉBALI, savant cheik, célèbre par sa sagesse et son
érudition et particulièrement par le rôle qu'il a joué dans
la vie du fondateur de l'empire ottoman. Il était natif
d'Adana, ville de la Karmanie, et après avoir fait ses études
en Syrie, il venait s'établir à Itbourouni, village voisin
d'Eskichehr, pour enseigner la foi et les lois de l'islamisme
aux Turcs. Sa réputation d'un sage et grand savant se ré-
pandait bientôt et même le prince Othman, fils d'Ertog-
lirul, allait souvent le visiter et leconsulter. Mais ce n'était
pas seulement la sagesse du cheik qui attira le jeune prince,
l'.débali était père d'une fille, Malkhatoun (femme-trésor),
dont la beauté enchanta tellement Othman, qu'il la demanda
pour épouse à son père. Cependant celui-ci, vu la diffé-
rence entre la condition du jeune prince et celle de sa fille,
la lui refusa, et ce ne fut que grâce à un hasard heureux
qu'Othman atteignit son but. Othman, passant une fois la
nuit chez le cheik, eut un songe étrange qu'il raconta, à
son réveil, au cheik. Celui-ci croyant reconnaître dans ce
songe une prédiction de la grandeur future d'Othman, réuni
avec sa fille, céda enfin et accorda sa fille au prince. Elle
fut la mère d'Ourkhan, second sultan ottoman. J. I.
Bibl. : J. de Hammer, Histoire de l'Empire ottoman,
trad. par J.-J. Hellert, 1835, t. I. — A. de Lamartine, IIis~
toire de la Turquie, 1854, t. I.
E 0 E L (Terre d') . Ancien nom de la côte occidentale d'Aus-
tralie, entre "20° et 31° lat. N. C'était celui du navigateur
hollandais qui en prit connaissance le premier (1019). ,
EDELCRANTZ (Ahrahain-Niklas) (V. Clewberg).
EDELFELT(Albert-Custaf-Aristides), peintre finlandais,
né à Kiala, près de Uorgâ, le "21 juil. 4854* où son père
était directeur en chef des travaux publics. Il hérita des
goûts artistiques de ce dernier, et il était encore étudiant;'!
l'université de llelsingfors (1874-72) qu'il commençait déjà
d'exposer des copies, des portraits et même des tableaux
de genre, ce qui lui valut une subvention de l'Etat pour
aller étudier à Anvers (1873). De là il vint en France
(1874), où il travailla dans l'atelier de Gérôme. Il retourne
chaque année dans sa patrie, et il a voyagé en Italie (1870
et 1880), en Espagne (1881), en Angleterre (1881), mais
c'est à Paris qu'il réside d'ordinaire. Il a fourni des des-
sins à divers journaux illustrés de Paris, de New-York, de
Copenhague ; on lui doit aussi des pastels et des aquarelles,
mais ce sont ses peintures qui ont fondé sa réputation. Le
coloris en est moelleux, la touche vive et sûre, le dessin
élégant. Il faut se borner à citer parmi ses œuvres mul-
tiples quelques-uns de ses tableaux : lu Heine Blanche
(1877) ; le Duc Charles (IX) devant le cadavre de Glas
Fleming (1878) ; le Village en feu; Convoi d'enfant
(1880); Deux Amis; Office religieux dans les récifs du
y gland (4882), acheté pour le musée du Luxembourg;
laGrand'Maman de dix ans; Sur mer (I88'i); Portrait
de Pasteur (I8sii), /,• Samedi soir; Au Jardin du
Luxembourg ; les Lingères; Horace et Lydie. B-s.
EDELFORSITE (Miner.). Syn. OEdelforsitc. Silicate de
chaux trouvé a OEdelforss en Smâland (Suède). Il se trouve
en massée fibreuses ou compactes, blanches ou grisâtres.
Dureté, 5,5 ; densité, 2,5. Soluble dans les acides en
faisant gelée. Fusible au chalumeau. A. LACROIX,
EDELINCK (Gérard), célèbre graveur français, d'origine
EDELINCK - EDEN
— 548 -
flamande, Dé S Anvers vers 1640, morl à Puis le '2 avr.
1707. Fils «le Bernard Edelinck, tailleur d'habits, il eut
pour premier maître Corneille Galle le Jeune, le moins habile
des artistes de cette famille. A celte date, la haute renommée
de la gravure flamande était déjà presque éteinte et celle
de l'école française venait de commencera briller. Edelinck
vint donc, en 1(166, à Paris, où son frère Jean l'avait déjà
précédé. 11 y trouva l'appui et l'amitié de son ancien con-
disciple, Nicolas l'itau, graveur d'un grand talent, mort pré-
maturément. Celui-ci relit en quelque sorte l'éducation artis-
tique de son compatriote, et l'on constate, en effet, de sérieux
progrès dans l'estampe Jésus et la Samaritaine qu'Ede-
linck a gravée en 1670 d'après Philippe de Champaigne. Cet
illustre peintre le prit à son tour en affection et lui confia
des tableaux à graver; au surplus, en ardent janséniste qu'il
était, il exerça sur lui une puissante influence morale qui
se reflète dans la vie entière d'Edelinck. Notre jeune artiste
fut heureux en tout, et partout il trouva des sympathies.
François de Poilly le fit travailler chez lui, Nanteuil l'attira
ensuite dans son atelier et lui fit même épouser sa nièce,
Madeleine Regnesson (1er mai 1672). Le tout-puissant
Le Brun le recommanda à Colbert, qui lui fit graver, pour
la thèse de son fils, le futur archevêque de Rouen, la
Sainte Famille, dite de François Ier. Ce fut la première
interprétation d'un tableau de Raphaël digne de ce peintre,
et cette estampe classa Edelinck parmi les maîtres de la
gravure. Dans la Tente de Darius, d'après Le Brun, il sut
faire ressortir toutes les qualités du modèle et en atténuer
les défauts. Dès lors, il fut chargé de graver toute une
série de tableaux de ce peintre, entre autres la Madeleine
repentante qui passe pour être le portrait de Mlle de la
Vallière. Naturalisé par lettres du 25 oct. 1675, il entra
à l'Académie royale de peinture le 6 mars 1677 et, le jour
de sa réception, il reçut le titre de conseiller de l'Académie,
faveur sans précédent. Le roi le nomma son premier gra-
veur et lui accorda un logement aux Gobelins, où il dirigea
jusqu'à sa mort la petite « académie établie pour l'instruc-
tion des artistes-tapissiers ». Le pape le fit plus tard
chevalier romain. Edelinck méritait tous ces honneurs par
les hautes qualités de son art et la rare souplesse de son
talent. Graveur d'histoire incomparable (cette partie de
son œuvre compte environ cent quarante pièces), il égala
presque Nanteuil comme portraitiste. Le plus remarquable
de ses portraits est celui de Philippe de Champaigne, chef-
d'œuvre de l'art et qui rend on ne peut mieux la dignité et
le calme philosophique de ce grand artiste. Parmi les deux
cents autres effigies, une place d'honneur est due à celles de
Ch . Le Brun, d'après Largillière ; du sculpteur Desjardins,
d'après Rigaud; de l'abbé Claude de Sainte-Marthe,
d'après Jouvenet ; du ministre protestant NathanaèlDilger.
La grande suoériorité d'Edelinck comme graveur consiste
en ce qu'il n'eut recours qu'au burin seul, mais qu'il mania
avec une aisance sans égale, sachant en varier le style et
le procédé seion les caractères du modèle. Dessinateur
accompli, il fut le premier à donner de la couleur à ses
estampes, et la réunion exceptionnelle de tant de qualités
diverses font de lui le plus complet des graveurs, comme
M. le vicomte Delaborde l'a démontré dans sa brillante
monographie. S'il n'a formé aucun élève direct d'une valeur
réelle, il fut l'instituteur de tous les maîtres qui vinrent
après lui. G. Pawi.owski.
Bibl. : Mémoires sur la vie el les ouvrages îles membres
de l'Académie royale de peinture et de' sculpture, liS51,
t. II. — Mariette, Abecedavio, t. II. — Robbbt-Dumbsnil,
le I'eintre-Graveur français, t. VII et XI. — Jal, Diction,
critique il hist. et de biogr. — A. FlBMIN-DlDOT, les Gra-
veurs de portraits en France, t. I. — G. DtlPLBSSIS, His-
loirede la gravure. — V" H. Delauorde, Gérard Edelinck,
ÎSSG, in-4, avec .il grav.
EDELINCK (Jean), graveur français, né à Anvers vers
1643, mort à Paris le 44 mai IliSO. Frère du précédent et
élève comme lui de Corneille Galle, il vint s'établir à Paris
avant 1666. Il montra du talent dans quelques vignettes
de son invention et dans des frontispices ingénieusement
agencés. Ses estampes, telles que : la Sainte Vierge mon- I
tranl In tunu/w de son fUi, d 'après J.-li. de (.hampaigne;
Apollon servi par les Nymphes, d'après le greagi
Cirardon, cinq planches faisant partie de la suite intitulée
la Grotte de Versailles; plasieors portraits, entre autres
celui de Nicolas Santon, géographe, attestent qu'il eût
COnqnU une place distinguée parmi les buiinistes de l'époque
sans sa mort prématuré.'. H eut le titre de graveur du roi.
EDELINCK (Gaspard-François), graveur au burin, né a
Anvers vers 1644, mort à Paris le 21 mai 1722. Elevais
son frère Gérard, il fit preuve d'un talent réel, au point
que certaines de ses planches ont été attribuées au maître,
telles que les portraits du comédien Poisson et du chanoine
Feuillet. On lui doit encore ceux de Langeron de Matilc-
vrirr, abbé général de Saint-Antoine, et du cardinal
Ximenès. Son œuvre n'est pas encore reconstitué et les
iconographes le passent généralement sous silène:.
EDELINCK (Nicolas-Etienne), graveur, né à Paris le
9 avr. 1681, mort à Paris le 11 mai 1767. Fils et élève
de Gérard, il travailla également dans l'atelier d'Amling,
à Munich, puis séjourna" longtemps à Venise et a Rome.
Mariette constate qu'une grande indolence l'empêcha d'exer-
cer avec succès un artpourlequel il avait d'heureuses dispo-
sitions. Sa meilleure œuvre est une Sainte Vierge tenant
CEnfanUésus endormi, d'après un tableau attribué au Cor-
rège, estampe datée 1708. On lui doit un certain nombre
de portraits, généralement peu connus, entre autres ceux de
Haphaèl, de Malebranche, du peintre Poerson, d'Houdart
de La Motte, de Saint-Evremond, de AP" de Sévigné,
de Philippe d'Orléans, régent, et celui de son père,
Gérard Edelinck, d'après Tortebat. G. P-i.
EDELMANN (Jean-Frédéric), compositeur français, né
à Strasbourg le 6 mai 1749, mort à Paris, sur l'échafaud,
le 17 juil. 1794. Il se produisit d'abord comme pianiste,
publia de nombreuses sonates pour son instrument, puis fit
exécuter au concert spirituel un oratorio, Esther , et une
cantate, la Bergère lyrique. En 1782, il donna à l'Opéra
le Feu, un acte, et Ariane dans Vile de Naxos, un acte,
son meilleur ouvrage, qui obtint un grand succès. Pen-
dant la Révolution, il retourna à Strasbourg, s'y mêla aux
événements politiques, fut amené devant le tribunal révo-
lutionnaire à Paris, condamné à mort et exécuté avec son
frère, qui était facteur d'instruments à Strasbourg. Edel-
mann avait été le maître de Méhul.
EDELSHEIM (Ludwig, baron von), homme politique
allemand, né à Karlsruhe le 24 oct. 1823, mort le 23 févr.
1872. Il entra au service de la Hesse-Darmstadt, puis du
grand-duché de Bade (1861) qu'il représenta à Vienne; il
fut président d'un ministère progressiste (oct. 1865), décida
en 1866 le grand-duc à faire la guerre à la Prusse et dut
se retirer le'23 juil. 1866. Il rentra dans la vie privée.
EDELSHEIM-Gyllai (Leopold-YVilhelm, baron d'), gé-
néral autrichien, né à Carlsruhe le 10 mai 1826, frère du
précédent. Adopté en 1860 par son cousin le comte Gvulai,
il en ajouta le nom au sien. Il entra au service de l'Au-
triche dans la cavalerie, combattit en Italie et en Hongrie
(1848-49), était colonel de hussards dans la campagne de
1859 ; il commandait une division de cavalerie légère dans
la campagne de Bohême (4866). D fut chargé de réorga-
niser la cavalerie avec le titre d'inspecteur.
EDELWEISS (V. Gnaphalium).
EDEN ou jardin d'Eden, c.-à-d. de délices. C'est le nom
donné au jardin ou parc où la Bible place le premier couple
humain (V. Chute | Histoire religieuse], t. XL p. 331).
EDEN. Fleuve d'Angleterre, comtés de Westmoreland
et Cumberland (V. ces mots). Il coule vers le N.-N.-O.
entre les monts Cumbriens et la chaîne Pennine, arrose
Applebv, Kirkosvvald, Carlisle, et débouche dans le golfe
de Solway après un cours de 143 kil. Sa vallée est pitto-
resque. H reçoit à droite le Croglin et l'irlhmg, à gauche
l'Eamont et le Caldew. C'est le principal cours d'eau de
cette région. Ses pêcheries de saumon sont renommées.—
11 v a en Ecosse un fleuve côtier du même nom, loug de
30' kil. qui traverse le comté de Fife, de l'O. et l'E., et
— 54!) —
EDEN
arrose Qopir. En outre, un affluent de gauche de la Tweed
porte le nèese Bon.
ÉDEN-TiirVtrk. C'est a l'imitation d'un théâtre nouvel-
lement construit sous ce nom à Bruxelles et dont les pre-
miers succès avaient été brillants, qu'on eut l'idée d'élever
i Paris, rue Boudreau, a deux pas de l'Opéra, un établis-
sement haaeox du même genre, consacre surtout au grand
ballet scenupie. Les directeurs île l'entreprise étaient
MM. l'lunkett, C.antin et Ernesl Bertrand, qui inaugurèrent
le nmimil théâtre, le 7 janv. 1883, par la première
représentation d'un grand ballet italien, E.vcelsior, de
M. Man/otli. musique de M. Marenco. Le genre était abso-
lument neuf pour les spectateurs français; l'ouvrage était
monte avec une somptuosité extraordinaire; le succès fut
énorme, et lout Paris voulut voir Excelsior. Malheureu-
sement, les frais étaient tels qu'ils ne pouvaient même être
couverts pat l'abondance des recettes. A E.vcelsior suc-
céda un autre ballet du même genre, Sieba, mais moins
heureux. !.es difficultés commencèrent; la première direc-
tion passa la main à M. Paul ("lèves, qui eut bientôt pour
successeur M. l'lunkett, seul. On vit tour à tour plusieurs
■raade ballets. A; Cour d'amour, Messalina, Speranza,
bjammah, où se tirent remarquer plusieurs excellentes
dansni-es : M * ' Cornalba, Zucchi, Laus, Saracco, Carmen,
Bivolta. On autre ballet italien, Brahma, puis Viviane,
entremêlés ou accompagnés de petites pantomimes moins
importantes : Polie parisienne, un Théâtre au Japon,
la Phalène, la Fille mal gardée, le Roman comique.
Pierrot en voyage, etc., ne purent maintenir la première
- e du théâtre, qui dut fermer ses portes. C'est alors
que M. Lamoureux loua la salle pour la transformer en
un théâtre lyrique consacré surtout à Wagner, et qu'il y
donna, le 3 mai I88T, la première représentation de
Lohengrin. Des troubles extérieurs ayant arrêté net cette
nouvelle exploitation, le théâtre reprit son genre primitif
avec un nouveau ballet italien, Rolla, sous la direction de
M. Comy. M. Bertrand, ayant succédé à ce dernier, eut
l'idée d'introduire l'opérette et la féerie à l'Eden, et y
donna des reprises de la Fille de Madame Angot, dit
Pied de mouton et du Petit Duc, après quoi il monta,
sans aucun succès, une grande opérette de M. Ch. Lecocq,
Ali-Baba, dont la fortune avait pourtant été grande à
liruxelles. On vit ensuite encore un ballet italien, Armida,
puis une revue de MM. Blondeau et Monréal, Paris après
position; mais rien de tout cela n'était heureux, et
le théâtre cessa de nouveau ses représentations. C'est à ce
moment que M. Verdhurt, ancien directeur du théâtre de
Honen, voulut à son tour y établir un théâtre lyrique, et
offrit au public un fort bel opéra de M. Saint-Saëns,
S—mm et Dalila, encore inconnu a Paris et joué par
M Biecfa, MM. Talazac et Bouhy, et la reprise de la
Mie PiUe de l'ertli, de Bizet, avec MUc Caroline Méze-
ray, MM. EngeL, Boyer et Isnardon. Mais M. Verdhurt
était sans ressources aucunes, et, malgré la faveur avec
laquelle son entreprise fut accueillie, elle ne put se sou-
tenir au delà de quelques représentations. Depuis lors,
l'Kden-Theàtre végète misérablement, et c'est à peine si le
public connait encore l'existence de cette salle superbe,
mal aménagée, mais dont on pourrait faire un ma-
gnifique théâtre. Arthur Polgin.
EDEN (Richard), écrivain anglais, né dans le comté
dlleref'ord vers 1524, mort en 1576. Il est connu par
9 traductions, entre autres : la Cosmographie de
Huaster (1553) ; le <l>' Satura magnetis de Taisner
(I574); /<• Voyage de Ludovico Barthema aux Indes
"et surtout par un recueil de relations de voyages
fort intéressantes, publié sous le titre : The Décades of
the newe world<' or West India (1555). Chassé d'An-
■ pour hérésie, il était entré, en 1562, au service
du vidame de Chartres, Jean de Perrièree. En 1573, il
revint à Londres après avoir échappé, non sans peine, aux
massacres de la Saint-Barthélémy.
EDEN (William), premier lord Auckland (V. ce nom).
EDEN (Morton), premier baron Henley, diplomate an-
glais, né le S juil. 1752, mort le (i déc. 1830. Aussitôt
après avoir terminé ses études a Oxford, il entra dans la
diplomatie, fut ministre plénipotentiaire à la cour de Ba-
vière, ministre à la diète de Batisbonne (I77(i), envoyé
extraordinaire a Copenhague (177!)), à Dresde (1782), mi-
nistre plénipotentiaire à la COUT de Saxe-Ootha (1791),
puisa la cour de Berlin la même année. En 1793, il était
nommé ambassadeur à Vienne et, en 1794, ambassadeur
extraordinaire à Madrid. Mais il fut rappelé presque aus-
sitôt à Vienne, où il demeura jusqu'en 1 799. En nov. 1799,
il se retira de la carrière et reçu le titre de baron llenlcy.
C'était un savant, et il fit partie de la Société royale. —
Son fils, Hubert Eden, second baron Henley, né en 1789,
mort à Londres le l01' févr. 1841, inscrit au barreau de
Londres en 181 i, maître à la chancellerie (1 8^<>-18i0),
représenta Fovvey à la Chambre des communes do 18*27 à
1830 et entra à la Chambre des lords à la mort de son père.
Il a publié divers ouvrages : Décisions oflord Northing-
ton m /lie court of chancery (1823, 2 vol.); Memoir
ofthe lifeof Robert Henley, earlof'Northington (1831 ) ;
A Practical Trcatise on the bankrupt Law (1825) ; A
Digest of the bankrupt Law (1832) ; A Plan for a new
arrangement and increase in number of the diocèses
ofE»glandandWales{lH'S4). • R. S.
EDEN (Sir Frederick Morton), économiste anglais, né
en 1766, mort à Londres le 14 nov. 1809. Il fit ses études
et prit ses grades à Oxford. Il consacra sa vie entière à
des travaux économiques. Il fut un des fondateurs et un
des présidents de la Compagnie d'assurances le Globe.
Nous citerons de lui : The State of the poor, or an his-
tory of the labour ing classes in England (Londres,
3 vol. in-4) ; Porto Bello or a plan for the improve-
ment of the Port andeity of London (Londres, 1798);
An Estimate ofthe number of the inhabitants in Créât
Britain and Ireland (Londres, 1800) ; Observations on
friendly societies for the maintenance of the indus-
trious classes during sickness, injirmity, old âge and
other exigencies (Londres, 1801); Eight Letters on the
peace and on commerce and manufactures of Great
Britain (1802) ; Address on the maritime rights of
Great Britain (1807); The Vision (1820).
EDEN (George), homme d'Etat anglais, né à Eden Farm
(comté de Kent) le 25 août 1784, mort à La Grange
(Hampshire) le 1er janv. 1849, fils de lord Auckland
(V. ce nom). Après avoir fait ses études à Oxford, il fut
inscrit au barreau de Londres en 1809, et le 10 mars
1 8 1 0, il succédait à son frère comme représentant de Wood-
stock à la Chambre des communes où il siégea jusqu'en
1812. Réélu par le même bourg en 1813, il hérita du titre
et des prérogatives de son père le 28 mai 1814 et entra
alors à la Chambre des lords. Membre influent du parti
vvhig, il reçut dans le cabinet Grey (1830) le portefeuille
du commerce, et succéda à sir James Graham, en 1834,
comme premier lord de l'amirauté. Tombé avec lord Mel-
bourne en déc. 1834, il reprit ces fonctions d'avril à sept.
1835. A ce moment, il fut nommé gouverneur général de
l'Inde. Ce fut sous son administration et grâce à ses menées
que s'ouvrit la campagne contre les Afghans, qui débuta
par son manifeste du 1er oct. 1838, enlevant le trône à
Dost Mohammed. Les premiers succès de cette campagne
excitèrent en Angleterre le plus vif enthousiasme. Auckland
fut créé, le 21 déc. 183!), lord Eden of Norwood et comte
d'Auckland. Mais survinrent les désastres de 1841, cau-
sés en grande partie par son imprévoyance. Auckland fut
rappelé. En 1846, il redevint premier lord de l'amirauté
dans le cabinet de John Russell. — Ses titres passèrent â
son frère, Robert-John Eden, né le 10 juil. 1799, mort
le 25 avr. 1870, chapelain de Guillaume IV (1831-1837),
puis de la reine Victoria (1837-1847), évèque de Sodor
et Man (1847), évèque de Bath et Wells (4854). Le troi-
sième baron Auckland a écrit Charges of the Bishop of
Bath and Wells (1855-1861, 2 vol.) et édité le Jour-
IM.N — ÉDENTÉS
- K80 -
nul ci la Correspondance de William loni Auckland
(1860). R.S.
EDEN (Emily), femme auteur anglaise, née à Westmine-
1er !'■ 3 mars 1*97, morte prèe de Richmond le 5 août
18<>'.t. Elle accompagna aux Indes son frère George, deuxième
baron Auckland (1835-4842) et, de retour en Angleterre,
écrivit le récit de son séjour: Portraits oj Peuple and
Princes of India (Londres, 1844) ci Up the Country
(|8li(i). (liions encore d'elle deux romans qui obtinrent un
succès énorme: The Semi-detached aouse (Londres,
1859); The Si'mi-atlachcd Couple (1860), et une traduc-
tion de Marion Delorme en vers blancs. Son salon, à
Londres, était fréquenté |>ar les personnalités littéraires et
politiques les plus considérables.
EDEN (Charles-Page), écrivain anglais, né à Bristol en
1807, mort le 14 déc. 1885. Il entra dans les ordres,
devint vicaire d'Abcrford en 1850 et fut pourvu du cano-
nicat de Riccall en 1870. Il a donné un certain nombre
d'éditions d'ouvrages de théologie, considérées comme
excellentes, publié les Œuvres de Jeremy Taylor (10 vol.
in-8) et imprimé ses Sermons preachcd al St. Mary's
in Oxford (1855).
EDEN (Sir Ashley), troisième lord Auckland, adminis-
trateur anglais, né à Hertingfordburv le 13 nov. 1831,
mort le 9 juil. 1887. Il occupa, à partir de 1852, divers
emplois dans l'administration de l'Inde, devint, en 1860,
secrétaire du gouvernement du Bengale, signa en 1861 un
heureux traité avec le rajah de Sikkim, mais échoua dans
une mission semblable auprès du rajah du Bouthan, échec
qui amena la guerre entre l'Angleterre et cet Etat. En 1871,
Eden fut nommé gouverneur de la Birmanie anglaise, où il
réalisa d'habiles réformes administratives. Il succéda, en
1877, à sir Richard Temple dans le gouvernement du Ben-
gale où il se signala. En 1882, il fut nommé secrétaire au
conseil d'Etat.
EDENATES. Peuple celtique des Alpes, qu'on n'a pas
encore pu localiser d'une manière certaine. Il n'est connu
que par l'inscription du Trophée des Alpes, rapportée par
Pline l'Ancien (H. nat., LU, xxiv, 4). Certains savants le
rapprochent des Adanates, dont le nom est inscrit sur l'arc
de Suse, tandis que d'autres, comme Honoré Bouche,
d'Anville et plus tard M. Deloye, cherchent la cité des
Edenates à Seyne, ch.-l. de cant. de l'arr. de Digne
(Basses-Alpes). L. W.
Bibl. : Honoré Bouche, Histoire de Provence, I, 104-
105 ; 268. — D'Anville, Notice de la Gaule ancienne, pp.
293-294. — Jaeopo Durandi, Il Piemonte cispadano an-
tico; Turin, pp. 24-25. — Augustin Deloye, Des Edenates
et des monnaies de la ville de Seyne en Provence, dans
Bibl. de l'Ecole des chartes, V, pp. 393-412, 2° série.
EDENDALE. Village du Natal, à quelques kil. S.-O.
de Pieter-Maritzburg, centre principal de la propagande
d'éducation dirigée par les missionnaires wesleyens.
EDENKOBEN. Ville d'Allemagne, roy. de Bavière, Pa-
latinat rhénan, près de Landau ; 4,900 hab. Eaux sulfu-
reuses ; vin réputé. Villa de Ludwigshœhe et ruines de
l'abbaye d' Heilsbrùck.
ÉDENTÉS. I. Zoologie. — On désigne sous ce nom, et
quelquefois sous le nom latin de Brûla, un ordre ou plutôt
un groupe supérieur (sous-classe) des Mammifères placen-
taires qui comprend des animaux de formes et d'habitudes
très diverses, mais présentant en commun les caractères
suivants : mammifères terrestres liomodontes, c.-à-d. à
dents toutes semblables, sans racine et sans revêtement
d'émail, n'ayant jamais d'incisives aussi bien en haut qu'en
bas; pattes terminées par des doigts libres dont la dernière
phalange est enveloppée d'un ongle généralement très épais
et très'fort, plus semblable à un sabot qu'à un ongle véri-
table. Ce dernier caractère place les Edentés entre les On-
guiculés et les Ongulés. L'absence des incisives, qui leur
a valu le nom d' Edentés, est constante, bien que chez cer-
tains Tatous [Dasypus seacinctus) la première paire de
dents de la mâchoire supérieure, d'ailleurs semblable aux
autres, soit implantée dans l'os inlermaxillaire qui porte
habituellement hs incisives. De même, il n'y a pas de
canines, bien une dan- le genre Cholatpui (V. Biamct)
la première pane de dents en haut et an bas mit forte 1 1
pointue comme une canine. Tontes les dents, esosidérées
par conséquent comme dis molaires, ont une < (institution
uniforme; eUei sont tans racine, ouvertes par bur ba-*
et a pulpe persistante : 1 email manque toujours (saut
dan-, quelques formes fossiles), mai-, il y a une couche
épaisse de cément qui recourre l'ivoire ou destine et
pénètre même quelquefois entre les prismes dont est for-
nii. la ileut (Orjcterope). Les Edentés sont pour la plupart
Monopliyodoitte.s (sauf les genres Tatusia et Oryctero-
pus), C.-à-d. qu'il n'y a pas de dent', de remplacement et
que la dentition dite de lait n'existe pas. Même chez ieux
qui présentent deux dentitions, le remplacement se tait sui-
vant un mode plus semblable a celui des Reptiles qu'a celui
des Mammifères supérieurs. Dans plusieurs types (Myrme-
cophaga, Munis), les dents font complètement défaut.
Les Edentés se distinguent des autres Mammifères pla-
centaires par diverses particularités anatomiques. l>eur
cerveau est assez variable, mais généralement lisse ou cou-
vert de circonvolutions peu compliquées, indiquant une
intelligence très faible. Tous ont l'apophyse coracoïde de
l'omoplate très développée et sont pourvus d'une clavicule,
bien que les ongles énormes dont la dernière phalange est
enveloppée comme d'un dé ne leur permettent guère de se
servir du membre antérieur en guise de main. Ce ne sont
donc pas de véritables Onguiculés, bien qu'on les place
généralement dans ce groupe. Le bassin, d'une forme par-
ticulière, comprend un nombre de vertèbres plus considé-
rable que celui des autres Mammifères. Les organes de la
reproduction sont aussi très différents : chez les Pares-
Type d'Edentés;(Oryctérope du Cap).
seux (Cholœpus [V. Bradtpe]), le pénis du mâle, peu
visible extérieurement même à l'époque du rut, est très
peu développé, en forme de clitoris, et le vagin de la
femelle est divisé en deux parties latérales par une cloison
médiane. Chez les Tatous (Dasypus), le pénis est plus
développé bien que dépourvu de gland et de bulbe, et les
testicules restent en tout temps renfermés dans l'abdomen
comme chez les précédents. Le vagin est simple. Enfin
chez les Pangolins {Manis), le pénis est bien développé et
les testicules descendent dans le canal inguinal. Le vagin
est simple et l'utérus bicorne, comme chez les autres
Mammifères placentaires. La forme des membranes fœtales
parait très variable suivant les genres : chez les Bradypes
(Cholœpus) le placenta est déctdu, discoïde ou formant
plusieurs lobes réunis en forme de cloche ; chez les Pan-
golins (Manis), cet organe est diffus comme chez la plu-
part des Ongulés : enfin, chez les Oryctèropes, le placenta
est zonaire comme chez les Carnivores. Les téguments ont
une organisation très variable suivant les groupes : cou-
verts de poils généralement grossiers, secs et durs chez les
Paresseux [Bradypidos), les fourmiliers {Myrmecopha-
gidœ) et les Oryctèropes (OrycteropiJir), ils sont revêtus
d'écaillés imbriquées, formées par la soudure des poils.
chez les Pangolins (Manidœ). et de plaques ossifiées, dispo-
— ;;;;t —
ÉDENTÉS
sees par bandes articulées et en forme de ilaniier, oluv. les
Talons (Dasypidee)*
Les mœurs et le régime m sont pas moins variables :
oseux al les petites espèces de Fourmiliers vivenl
sur tes arbres : tous les autres oui îles habitudes presque ex-
clusiteœent terrestres. Les Paresseui bs nourrissent exclu-
sivement de matières végétales; les TatOUS sont omnivores,
se nourrissant indiffèremmeul de fruits, de racines et de
matières animales eu décomposition, notamment de ca-
davres; enfin, les Fourmiliers, les Pangolins et les Oryc-
teropes sont insectivores, taisant leur nourriture a peu près
exclusive des fourmis, qui abondent dans leur patrie
d'origine.
l<a distribution géographique des Edentés est fort re-
marquable. On peut dire, d'une façon générale, que tous
habitent, a l'époque actuelle, {'hémisphère amiral. Les
Hradypidtr, Myn>ui\>phagidœ et Dasypidœ, c.-à-d. le
plus grand nombre d'entre eux, sont propres à la région
néotropicale (Amérique centrale et méridionale); les Ma-
nidûS et les Orycteropidœ habitent, sur l'ancien conti-
nent, la région orientale (Asie méridionale, Malaisie et
Afrique au S. du Sahara). Les Edentés placentaires l'ont
défaut à la région australienne, mais y sont représentés par
les Monotrètnes (Y. ce mot), qui sont de véritables Edentés
aplacentaires. Tout ce qui est relatil a la classification et à
la phylogénie des Edentés sera exposé ci-dessous, § l\i-
Uontologie (Y. aussi Bradïpe, Fourmilier, Ouïctérope,
Pangolin, Tatou).
11. Paléontologie. — Le groupe des Edentés est un
groupe en voie d'extinction et qui a été représenté, à
l'époque tertiaire, par des formes beaucoup plus nom-
breuses et variées dont plusieurs étaient de taille colossale.
Tels sont les Megothertdœ (Gravigrades), qui, par leurs
caractères, se rattachent au type des Bradypes, et les Glyp-
Dradypodidœ.
Tableau phylogénétique des Edentés.
Myrmeeophagidae.
Dasypodidae.
Xcnartlira (primitifs)
Glyptodontidae.
Manids.
Orycteropidœ.
Nomarthra (primitifs).
todontidœ qui appartiennent à celui des Tatous (V. Glïp-
todox, Megathemi'm). Le nombre des espèces connues à
l'état fossile est bien supérieur à celui des espèces encore
vivantes. Ainsi qu'on devait s'y attendre, d'après la dis-
tribution géographique actuelle de cet ordre, c'est dans
l'Amérique du Sud que se montrent les premiers Edentés.
aïs l'éocène le plus ancien de la Patagonie, Ameghino
signale le genre Dasypus ou un genre voisin, et une es-
adétermînée du groupe des Mégathères. Bientôt
dan- le santacruàen, ou éocène inférieur, les
Edentés sont représentés par des types nombreux apparte-
nant aux Mrgatlieridœ, aux Glyp'todontidœ, aux Dasy-
Sodidœ et, ce qui est plus intéressant, aux Oryctcropidœ
jenre Scotœops) actuellement confinés sur l'ancien conti-
nent. Des groupes désignés par Ameghino sous le nom de
fuummkŒntelopt) et de Peltatoïdea (Stegothcrium)
n'ont déjà plus de représentants à l'époque suivante (pata-
gonien ou oligocène), et les Oryctcropidœ ont déjà émi-
gré vers d'autres contrées. Mais les Mégathères et les
uljptodontes n'atteignent leur entier développement qu'aux
époques miocène et pliocène dans l'Amérique du Sud. Plu-
sieurs de leurs espèces avaient une taille comparable à celle
inocéros et des Eléphants, et ces Edentés gigan-
tesques ont été contemporains de l'homme primitif améri-
cain et ne se sont éteintes que vers le milieu de la période
quaternaire. Sur l'ancien continent, les Edentés n'appa-
raissent qu'assez tard dans le miocène. En Europe, on trouve
'1-3 Mammifère-, fossiles de grande taille qui se rapprochent
beaucoup, notamment par la forme de leurs membres, des
Edentés ; mais les découvertes récentes semblent prouver
que ces Mammifères éteints, désignés sous les noms û'Ancy-
totherium, Macrotherium, etc. (V. ces mots), n'étaient
pas de véritables Edentés par leur dentition et appartenaient
en réalité à un type d'Ongulés très modifiés (V. Chalico-
therium), intermédiaire aux Ongulés et aux Edentés. Ceci
nous met sur la voie de l'origine des Edentés que l'on doit
considérer comme des Ongulés dégénérés, ayant perdu leurs
dents par défaut d'usage, cette spécialisation ayant eu lieu
de très bonne heure (dès l'époque éocène).
Flower a proposé de subdiviser les Edentés en quatre
sous-ordres comme l'indique le tableau suivant qui tient
compte à la fois des formes fossiles et des formes actuelles :
( Bradypodida".
S.-O. 1. Pilosa } Megatheridae.
Myrmecophagida>.
% LORICATA.
edentata\
ou
bruta I
Dasypodidœ.
Glyptodontida».
Manidœ.
Orycteropid;e.
3. Squamata ....
— 4. TuBULIDENTATA.
De son côté, FI. Ameghino, après avoir étudié les formes
fossiles sud-américaines, les a classées de la manière sui-
vante :
/l. Pleiodonta. — Entelopsidœ.
2. A.mcanodonta. — a. Vermilinguia : Orycteropidœ,
Phororhacosidœ. — b. Gravigrada : Megatheridœ,
Orthotheridœ , Meyalonycidœ , Lestodontidœ ,
Scelidotheridœ, Mylodontida.
g J3. Hicanodonta. — a. Glyptodontia : Glyptodontidœ,
1 Hoplophoridœ, Didicuridœ. — b. Dasypoda :
Chlamydothcridœ, Praopidœ, Dasypidœ. —
\ c. Peltatoïdea : Stegotheridœ.
Enfin Cope, dans un mémoire sur les Edentés nord-amé-
ricains, qui descendent tous, de la façon la plus évidente,
ÉDENTÉS — ÉDESSE
- 552 -
drs I dentés sud-américains par suite d'uni- migration \<rs
le Nord, divise let Edentée dé la façon suivante :
/ 1. NoMAinilliA. — Ailii ■iilation dis vertèbres dor-
sales avec les vertébrée lombaires normale: Oryc-
£jj \ teropidas, Manidce.
-: \ 2. \F.NAirruiiA. — Articulation des vertèbres dor-
sales avec les vertèbres lombaires se faisant par
ta I l'épisphène et les zygantrapophvses (Flower) qui
g 1 portent des surfaces articulaires : bradypoilidu',
Megatheridœ, Myrmecophagidce, Dasypodidœ,
Glyptudontulir.
Les rapports phylogénétiques de ces différents groupes
sont indiqués dans le tableau de la page précédente.
Ê. Thouessart.
Biul. : Flower, On the Mutual Affinities of the Eden-
tatu, dans Proc. Zool. Soc. Lond., 1882, p. 358.— AmBOHINO,
Los Mamiferos fosiles de la Republ. Argentina, 1889. —
Copb, The Edentala of Nortli-America, dans The Ame-
rican Naturalist, 188'J, p. 057.
EDER. Rivière d'Allemagne, affluent de la Fulda, qui
descend du Westerwald, arrose la Westphalie, la Hesse-
Nassau, la principauté de Waldeck. Elle a 135 kil. de
long. Aux xve et xvie siècles, on exploita ses sables auri-
fères, et le comte Philippe H, les landgraves de liesse,
Charles et Frédéric II frappèrent en 1480, 1677 et 1777
des ducats de CEder.
EDER (Joseph-Karl), historien hongrois, né à Kronstadt
le 21 janv. 1700, mort à Hermannstadt le 11 janv. 1810.
Il a réuni beaucoup de manuscrits (conservés au musée
de Budapest) et publié trois ouvrages principaux en latin :
Supplex libellas Valachorum Transilvaniœ (Klausen-
bourg, 1791); De lnitiis jurilnisque primievis Saxo-
num Transi Ivaniœ (Vienne, 1792), et Scriptores rerum
transilcanurum (Hermannstadt, 1797-1800, 4 vol.).
EDER (Joseph-Maria), chimiste autrichien, né à Krems
le 6 mars 1855, professeur à l'Ecole d'arts et métiers de
Vienne; il a publié des travaux estimés sur la photographie
au moyen des sels de chrome, du bromure et du chlorure
d'argent, et un manuel Ausfuhrliches Handbuch der
Photographie (Halle, 1882-1885, 2 livr.).
EDERI. Oasis de Tripolitaine (Fezzan), à environ 250 kil.
N.-O. de Mourzouk, dans la vallée desséchée appelée Ech-
Chiati, sur une haute butte, avec une muraille assez forte
pour enceinte; 800 hab. environ. Elle a été visitée, en
1850, par Richardson, Barth et Overweg, et en 1876 par
E. von Bary. E. Cat.
ÉDERN. Com. dudép. du Finistère, arr. de Châteaulin,
cant. de Pleyben; 2,293 hab. Eglise de la Renaissance,
du xvie siècle, avec beaux vitraux et statue du saint repré-
senté sur un cerf; menhirs et tombelles.
ÉDESSE. Capitale de la Macédoine. Son ancien nom
était yEgae. Située à l'O. de Thessalonique, /Egae-Edesse
était la résidence des rois de Macédoine, puis, quand la ca-
pitale fut transférée à l'ella, elle resta nécropole royale.
Pyrrhus pilla la ville en 287 av. J.-C. Après la conquête
romaine, elle devint nobilis urbs. Il existe des monnaies
impériales frappées depuis Auguste jusqu'à Gallien avec la
légende EAEEEAIQN. A l'époque byzantine, elle avait
pris le nom slave (voda, eau, à cause de ses sources) de
Bodena, qui est resté dans le nom moderne Vodena. C'était
une place importante. E. Dromn.
ÉDESSE (mod. Orfa). I. Histoire et Géographie. —
Ancienne ville du N. de la Mésopotamie, sise sur le Scir-
tos ou Dâïçan, petite rivière tributaire du Balikh, lequel se
jette dans l'Euphrate, et au pied d'une colline (le Tord-d-
Ourhoï des écrivains syriaques), sur laquelle se sont
élevés, à l'époque chrétienne, de nombreux monastères. La
ville existait probablement au temps des campagnes des rois
d'Assyrie, mais on n'a pu encore l'identifier avec une des
nombreuses villes dont Assurbanipal nous a laissé la liste.
Le nom asiatique d'Edesse est Osrot', tiré sans doute du
nom du satrape Osroes (forme arménienne de Khosroès),
qui avait gouverné la contrée de YOsroène. C'est cette
dernière forme, en grec 'Oapor,vrf, devenue 'Op^orjvii., quia
donné naissance au syriaque Ourhrf, arménien (Jurhûi,
arabe Er-Roha (d'où, par changement de h n /, le nom
moderne Orfa). Dans la riDe mène- étaient des soui.
auxquelles les Grecs donnèrent le nom de «XXip^o») (don
on a voulu faire venir à tort le mot d'Orrlioenei et qui sont
i - 1 (célèbres jusqu'à nos jours. Quant an nom d I
nous savons par Appien et Etienne de Bynnee qu'il fut
donné par SékuctU Nicator lorsqu'il reconstruisit la ville,
en 303 av. J.-C., en souvenir de la capitale de la Macé-
doine (V. l'art, précédent), et la peupla, ainsi que Nisibe et
[dusieurs autres villes, de vétérans de son armée (d'où le
nom de Mygdonie, prononciation macédonienne du mot
Maccdonia donné à la contrée). Un peu plus tard, sous
Antiochus IV, cette même ville fut appelée Antiochia prés
Kallirrhoë , ainsi que l'attestent des monnaies portant
cette légende.
En dehors de quelques rares renseignements que l'on
trouve dans les auteurs classiques, on ne connaît l'histoire
d'Edesse que par les chroniques syriaques, telles que la
Chronique anonyme d'Edesse, rédigée vers 540 de notre
ère, et la Chroniipie de Denis de Tell-Mahrè, composée
vers 776 sur des documents anciens, et, pour la période
chrétienne, par les auteurs arméniens, qu'il ne faut toute-
fois consulter qu'avec réserve. C'est par ces documents
que nous savons que, vers l'an 136 av. J.-C, Edesse se-
coua le joug arménien. Son premier roi fut Ariou (défiguré
par Denis en Orhaï pour en faire un éponyme) ; on trou-
vera, à la fin de l'article , la liste des souverains, qui
ont gouverné le petit royaume d'Osroène pendant près de
quatre siècles. Sauf quelques-uns d'origine iranienne (Par-
thes ou Arméniens), la plupart de ces souverains étaient
d'origine nabatéenne ou arabe. Pline appelle du reste ce
royaume celui des Arabes Aroei, Arabiam Arœon
dictam regionem. Il s'étendait à l'O. et au N. jusqu'à
l'Euphrate, qui le séparait de la Comagène, et à l'E. jus-
qu'au Tigre, qui le séparait de l'Adiabène; il comprenait
des villes importantes et connues, comme Carrhes, Nisibe
(pendant quelque temps), Saroug, Zeugma sur l'Euphrate
(où était le passage des caravanes, mod. Biredjek), Rhe—
saena, Singara et même Tigranocerte, Samosate et Mé-
litène. A i'époque des conquêtes de Lucullus, de Pompée
et de Crassus en Arménie, les rois d'Edesse eurent la pru-
dence de se faire les alliés des Romains. Plutarque et Dion
Cassius sont pleins de détails intéressants sur quelques-
uns de ces rois de l'Osroène, notamment sur Abgar II
Ariamnès qui, tout en trahissant Crassus pour le livrer
aux Parthes, parvint à sauvegarder son indépendance.
D'après une légende syriaque, ce fut sous Abgar V Ou-
kàma (13-50 de J.-C), que le christianisme aurait été
prêché à Edesse par Thaddée ou Addaï, disciple du Christ ;
on croyait même que Jésus avait écrit une lettre au roi
d'Edesse. Il a été expliqué au mot Abgar que cette légende
avait pris naissance au me ou ive siècle et que le christia-
nisme n'avait été introduit dans l'Osroène que sous Ab-
gar VIII, vers l'an 200. Tous les récits de persécution qui
se trouvent dans la Doctrine d' Addaï, les Actes de
Charbil, deliarsamia, et de Habib, et qui placent différents
martyrs sous Trajan en 104, se réfèrent en réalité à des
événements du ive siècle, ainsi que l'a montré M. R. Duval.
Vers l'an 50, un roi d'Adiabène, Sanatrouk, s'empara
de Nisibe, dont il fit sa résidence, et d'Edesse, mais en 109
la dynastie indigène reprend le pouvoir en la personne
d'AbgarVII qui fut, il est vrai, dépossédé par Trajan en 116.
Après une occupation de quelques années par les armées
romaines et deux princes étrangers, la royauté légitime
fut rétablie en 123, avec Manu VU. frère d'A'hgar. A partir
de cette époque, nous possédons des monnaies frappées
par les rois d'Edesse avec l'effigie de l'empereur au revers,
ce qui permet de faire une classification (V. ci-des>ous,
$ Numismatique). Oa sait qu'Adrien abandonna toutes les
conquêtes de Trajan au delà de l'Euphrate, niais ses succes-
seurs continuèrent à exercer les droits de haute suzeraineté
sur tous les petits Etats du N. et du S. delà Mésopotamie
— 553 —
EDESSE,
Bb -2 lii. Ganealh s'empara définitivement d'Edesse, et le
nnaume d'Osroène l'ut réduit an province romaine, il
anale ropondaal des uioun.ui's ai nom d'un Abgar avec la
Ma et la légende de Gordien 111 qui laisseraient supposer
■an ee royaume fut rétabli un moment vers 243. A cette
apoqOO, e.-a-d. Tan le milieu du m* siècle, le christia-
uisme avait t'ait de rapides progrès a Kdesse, qui devint
pan à pan le centre d'une culture intellectuelle rayonnant
dans tout l'Orient l.es t'.lialdeo-lVrsans chrétiens, chapes
de la l'erse par les Sassamdes, se réfugièrent a Kdesse et
contribuèrent ainsi à donner de l'éclat a son académie. On
v lit sans doute à ce moment la version syriaque de l'Ecri-
ture dite pechito. Mais les querelles religieuses, la lutte
:iiodoxes et des nesioriens divisèrent la ville au
v nède et amenèrent la rupture entre les deux sectes. Il
se forma alors deux écoles : à Kdesse restèrent les ortho-
doxes (plus tard jacobites et monophysites).et les nestoriens
aa retirèrent à Nisibe, qui devint à son tour le centre lit-
téraire île toute la société chaldeo-persane. On a conservé
la li>te de la plupart des évèques, docteurs et grammairiens
qui ont illustré les deux académies, jacobite et nestorienne.
( aat a la suite de cette séparation que le syriaque se divisa
en deux langues littéraires : celle d'Edesse ou jacobite,
iMtee dans le N. de la Mésopotamie, en Syrie et en Pales-
tine, et le dialecte de Nisibe ou nestorien, employé en Adia-
k'iie, dans le Khorassan, l'Asie centrale et tous les pays ou
JJ*L
*N
• • •
-+ : ^< -+
Inscription collective en mémoire des diacres Elias, Abra-
ham et Jean, de l'an 494 de J.-C, trouvée dans la grotte
de Nimroud Dagh, prés du château d'Edesse, par Sachau
en 1879, en caractères estranghelo-édesséniens.
pénétrèrent les missionnaires nestoriens. Mais le syriaque
èdessénien resta partout la langue ecclésiastique et litté-
raire ; c'est celle des grands écrivains de la littérature
syriaque comme Jacques de. Nisibe, saint Kphrem (f380);
Jacques d'Edesse (+ 709) ; Théophile d'Edesse (f 791) ;
et le grammairien-historien l!ar-llebraeus (•{- 1282).
Pendant le moyen âge, Edesse fut très éprouvée par les
guerres entre les empereurs byzantins et les Sassanides.
Prise une première fois par les Arabes en 640, elle retomba
au pouvoir des Grecs. Sous la première croisade, elle de-
vint le siège d'une principauté framjue, érigée en faveur
de Baudoin, frère deGodefroy de Bouillon ; lorsque celui-ci
devint roi de Jérusalem, il laissa la principauté d'Edesse à
son cousin Baudoin 11 ( 1 100). Celui-ci devint roi à son
tour (I 148), fui remplace par son cousin Joscelin de C.our-
tenay (mort en 1 i;îl). Sous son successeur Joscelin II, les
Turcs assiégèrent Kdesse, en 1 lii, la prirent d'assaut et
la livrèrent au pillage. Co fut la lin de la principauté
franque. La prise d'Edesse par les Turcs causa en Europe
une profonde émotion et détermina la seconde croisade.
Kdesse fut ensuite successivement incendiée et ravagée en
11-48, en 1234 et en 1400 par les différents souverains
atabeks, mongols et turcs qui se sont succédé en Mésopo-
tamie. Elle fait partie aujourd'hui de l'empire turc sous
le nom d'Orfa et dépend du vilayet d'Haleb; la ville
a environ 50,000 hab., dont un tiers de chrétiens et
de juifs ; le reste est musulman. En dehors des mosquées,
il existe quelques monuments, anciens couvents, églises,
et les établissements modernes où sont logées les mis-
sions catholiques et protestantes (américaines). Edesse a
été visitée à plusieurs reprises par de savants voyageurs
et, en dernier lieu, en 1879, par le professeur Sachau,
de Berlin, qui y a trouvé des inscriptions en grec et en
syriaque des ne, iue et Ve siècles, notamment l'inscription
d'Amathchemech, princesse de la famille de Manu, datée
de 163, une de la reine Chalmath, fille de Manu IX, de
l'an 206, et une inscription funéraire de l'an 494.
Voici la liste des souverains d'Kdesse, d'après le dernier
travail de von Gutschmid : Ariou, 136 av. J.-C. — Abdu
barMazùr, 427. — PhradastbarGebarû, 120.— Bakrùler,
445.— Bakrû 11,442.— Manu Ier, 94.— Abgar Ier, 92.
— Abgar II Ariaranès, 68. — Domination parthe, 53-52.
— Manu II Alaha, 52. — Pacore, 34. — Abgar III, 29.
— Abgar IV, 26. — Manu III, 23. — Abgar V Oukama,
4 av. J.-C. à 7 après. — Manu IV, 7 à 13. — Abgar V
(restauré), 13 à 50. — Manu V, 50, — Manu VI, 57. —
Abgar VI, 71. — Sanatrouk, 91-109. — Abgar VII, 109.
— Domination romaine, 116. — Djalùd et Phratamûspat,
418-123. — Manu VII, 123. — Manu VIII, 139. —
Vàil, 163. — Abgar VIII, 165. — Manu VIII (restauré),
167. — Abgar IX, le Grand, 179. — Abgar X, 214-
216. — 2° royaume d'Edesse : Manu IX, 216 (de nom).
— Abgar XI, 242-244. E. Drouin.
II. Numismatique. — Sous Antiochus IV, roi de Syrie
(175-164 av. J.-C), la ville d'Edesse, à cause de la colonie
d'Antiochèens qui vinrent s'y établir, prit le nomd'Antioche
près Kallirrhoé : c'est ainsi que l'appellent quelques rares
monnaies de bronze qu'elle frappa à l'effigie d'Antiochus IV.
Après la mort de ce prince, Edesse reprit son ancien nom
qu'elle ne quitta plus : elle cessa d'ailleurs aussi de frapper
monnaie à l'effigie des princes syriens. Plus tard, les
rois d'Edesse eux-mêmes ne frappèrent pas monnaie tout
d'abord : les Parthes, leurs suzerains, ne leur octroyèrent
ce droit que tardivement. Les premières pièces jusqu'ici
connues des rois d'Edesse sont de petits bronzes qui ont
des légendes araméennes en écriture estranghelo. Ces
légendes nous fournissent les noms d'un Manu , qui doit
être le contemporain de Trajan et d'Adrien, et de Vâïl
qui, vers 163-164, fut soutenu parles Parthes contre les
Romains. Après le rétablissement de l'influence romaine
en Osroène, les rois de ce petit pays bénéficièrent du
privilège de frapper des deniers d'argent et des monnaies
de bronze. Ces pièces, à légendes grecques, portent sur une
face le nom et l'effigie de l'empereur romain régnant et de
l'autre le nom du dynaste osroénien, Manu ou Abgar,
autour de son effigie caractérisée par une haute tiare arrondie
en son sommet. Dans la légende monétaire, le roi d'Edesse
s'intitule souvent «MAOPQMAIOS, ami des liomains.
Le dernier prince qui frappa monnaie est Abgar, contem-
porain de Gordien III le Pieux. A l'époque de Domitien et
de Marc-Aurèle, l'atelier d'Edesse émit, en même temps
fiDESSE — EUf.AR
— 554 -
3ue les monnaies royales, des deniers romains à l'effigie
e l'empereur, mais sans nom d'atelier et sans le nom on
l'effigie du roi d'Edesse : les légendei p oei
espèeei commémorent les victoires des Romains suc les
Parthes. Enfin, depuis Caracalla jusqu'à Trajan Dèce,
Edesse fît frapper en abondance, s IViligie des empereurs
romains, des monnaies de bronze municipales, c.-a-d.
indépendantes du monnayage royal, sur lesquelles on lit
simplement l'ethnique EAEE2HNQN, ou bien sur les-
quelles la ville prend, en l'honneur de Macrin, le nom de
colonie maerinienne, métropole de la Mésopotamie.
BlBL. : HlBTOI&K BT GtOGRAPHIB. — Outre los ouvra-, s
déjà cites sous les mots Aucun, Aram, on peut encore
mentionner : A. von Gutschmid, KOnïgreich OsroSne,
1887, in-t. — G. BowbT-Mauby, la Légende d'Abgar et de
Thaddée, 1887. — Tixerond, les Origines de l'Eglise
d'Edesse, 1888.— Martin, les Origines de l'Eglise d'Edesse
et des Eglises syriennes, 1889. — Dasiiian, Zur Abgar-
Sage, 1890. — li. Duval, Mémoire sur Edesse, dans le
Journ. asiat., 1891-1892,
EDESTOSAURUS (V. Pvthonomorphes).
EDESTUS (Paléont.). Trantschold a désigné sous ce
nom, en 4879, des épines de poissons trouvées dans le ter-
rain carbonifère de Moscou ; ces aiguillons de nageoires
sont libres, garnies des dents non sillonnées et soud>
Il carène de l'aiguillon.
EDEYEN. Pluriel du mot harbèw adehi, employé parles
Tonareg pour désigner les régioni de grandes dunes. 11
est appliqué particulièrement I cette partie du Sahara qui
s'étend I l'E. de Temassinim jusqu'au Pesas, sur une
largeur qui varie rie 30 a 200 kil. C'est une des parties les
plus désolée! du désert.
EDFOU (Archéot égypt.). Cette ville de la lia ute-
Egypte avait pour nom antique Tch, et, en égyptien mo-
derne ou copte, Atbô, d'où lùlfou ; c'est la même ville
qu'Apollinopolis Magna. A Edfou, s'élevait un temple con-
sidérable, dont le déblaiement est dû aux soins de notre
savant et regretté compatriote Mariette Pacha. I^s ins-
criptions d'une chapelle en granit placée dans le sanctuaire,
et le sanctuaire étant toujours le noyau primitif de ces
édifices, permettent d'attribuer la fondation de ce temple
à Nekhtaneb II (xxxc dynastie), mais l'ensemble du monu-
ment est ptolémaïque. Deux pylônes gigantesques, séparés
par une énorme porte, annoncent l'entrée du temple; à
l'extérieur, de larges rainures, réservées dans le plan incliné
des murailles, étaient destinées à recevoir des mâts. La
Temple d'Edfou.
porte donne accès dans une grande cour entourée d'une
galerie couverte qui n'en occupe que trois côtés; elle
s'arrête devant la façade du pronaos, où l'on entre par
une grande porte centrale. Le pronaos est soutenu par
dix-huit grandes colonnes couvertes de sculptures comme
toutes les autres parties de l'édifice. A l'intérieur, à droite
delà porte d'entrée, un petit édicùle, appliqué contre le
deuxième entre-colonnement de la façade, était la biblio-
thèque du temple ; de l'autre côté, un autre, tout sem-
blable, était destiné à recevoir les vases sacrés et les
instruments du culte. Vient ensuite, et toujours dans le
grand axe de l'édifice, une salle moins élevée que le pro-
naos, couverte par d'énormes dalles et supportée par douze
colonnes ; puis on trouve une salle encore assez large,
mais moins profonde. Elle est suivie d'une troisième salle
à peu près semblable, mais maintenant entièrement décou-
verte et qui précède le sanctuaire contenant la chapelle
monolithe dont il a été parlé plus haut. Les trois salles
qui viennent d'être mentionnées donnent accès dans un
certain nombre de chapelles, couloirs, cachettes sombres,
escaliers conduisant aux terrasses, etc. Les parois latérales
de la cour sont prolongées de manière à former un couloir
qui règne tout autour du monument ; on pouvait y entrer
du pronaos et des salles suivantes par des portes de côté.
Les parois très élevées de ce couloir ne sont pas moins
richement décorées que les autres parties de cette admi-
rable construction, qui donne une idée très complète de
ce qu'était un temple égyptien. Les innombrables textes
qu'elle contient nous offrent une mine abondante de ren-
seignements sur la religion et aussi sur la division topo-
graphique de l'Egypte. On y trouve un véritable plan du
temple, décrit en style poétique, sous forme de dialogue
entre le dieu et le foi. Le roi offre à llorus l'édifice qu'il
vient de construire ; le dieu témoigne sa satisfaction, et le
roi commence ensuite la description du temple. Nous pou-
vons ainsi connaître l'usage de chaque partie, de chaque
chambre intérieure, et nous trouvons en même temps des
renseignements précieux sur les mesures égyptiennes, car
les dimensions sont partout indiquées et il est facile, sur
place, de les réduire en mètres. Les inscriptions nous ap-
prennent que ce magnifique édifice représente un travail
de quatre-vingt-quatorze années. Paul Pierret.
EDGAR (John), théologien et philanthrope irlandais, né
à Baliykine en 1798, mort à Belfast en 186G, où il avait
succédé à son père comme professeur de théologie. 11
s'occupa très activement des questions de tempérance, de
protection de l'enfance et de la femme, et fut un des fon-
dateurs de la Rcligious Book and Tract Society. Ses
principaux écrits ont été réunis en un volume, sous le litre
de Select Works of John Edgar. B.-H. G.
EDGAR (John-George), publiciste anglais, né en 1834,
mort le 22 avr. 18<>i. D'abord employé de commerce, il
voyagea aux Indes pour affaires et abandonna bientôt un
métier qui lui déplaisait. Il débuta dans les lettres par Boy-
hood ofgreat men (Londres, 1853) et un autre ouvrage
de même nature, Footprints of jeûnons mai (Londres,
1853), et écrivit un grand nombre de volumes pour les
enfants (romans historiques et biographies). Il donna encore
des articles politiques à la presse conservatrice de Londres.
EDGAR le Pacifique, roi d'Angleterre, né en SM '<.
mort en 975. Eils d'Edmond le Magnifique, il fut proba-
blement élevé à la cour de son oncle Eadred. A 1 avène-
ment de son frère aine Edwy, en 957, il lui fut opposé
par un parti d'insurgés. A la mort de son rival, en 989,
il fut seul roi de wéssex, de Mercie et de Northumbrie.
Son règne fut pacifique et heureux, grâce à la sagesse de
— 555 —
EDGAR - EDGEWORTH
son ministre , saint Dunstan, archevêque de Canterbury. Il
entretint d'excellentes relations avec les colonies danoises
de N'orthumbrie. au grand >candale des Savon- .le la vieille
roelie, et prétendit le premier ne lane un une différence
entre ses sujets « anglais, danois et bretons », Oswald.
qu'il lit nommer en 978 archevêque d'Yorki était un Da-
noi-d'onune. Oswald et Dunstan prirent part rote a cote
au couronnement solennel du roi à Hall), le II mai 973,
dont la Vita S- Osicatdi nous a conservé une descrip-
tion minutieuse, — sorte d'intronisation d'Ldgard comme
•livreur » de toutes les nations de la Grande-Bretagne,
unies sous son sceptre. Edgar s'intitule dans ses chartes
JIMmm jnpermtor Atmuhu. les princes du pays do
tialles. d'Ecosse et de l'Irlande danoise reconnaissaient sa
suprématie. Hors des lies, le nom du roi d'Angleterre était
connu, et l'on vit ses ambassadeurs à la cour des deux
rremiers Othon. Edgar était jeune, beau, vigoureux, à
époque du couronnement de liath. I.a gloire de son
règne tit une profonde impression sur ses contemporains,
et toute une littérature épique et lyrique s'est formée autour
de son nom. Les moines chroniqueurs le vantent connue
protecteur de l'Eglise et promoteur de l'institution monas-
tique, à l'exception du vieux chroniqueur saxon de Peterbo-
rough qui déplore * ses faiblesses pour les étrangers ».Mais
la tradition populaire lui est moins favorable ; elle le repré-
sente comme cruel et exceptionnellement luxurieux. Le fait
est qu'il punissait très sévèrement les atteintes à son autorité;
l'Ile de Thanet, en 968, fut entièrement ravagée par ses
ordres à la suite d'une rébellion. Quant à ses débauches
précoces, elles ont donné lieu à mille légendes. Edgar
fut toutefois surnommé /<* Pacifique puce que la paix
qu'il maintint est encore le trait de son règne qui frappa
le plus les hommes de son temps. Il mourut à trente-deux
ans et tut enterré à Glastonbury. En 1054, l'abbé de ce
monastère imagina d'exposer ses restes dans un reliquaire
à la vénération des fidèles de Glastonbury ; il parait que ces
pseudo-reliques tirent des miracles. Ch.-V. L.
EDGCUMBE (Sir Richard), homme d'Etat anglais, mort
le 8 sept. 1 4S9. Après avoir représenté Tavistock au Par-
lement en 1 467, il leva des troupes pour soutenir la cause
de Buckingham, fut mis en jugement pour cet acte de
rébellion et réussit à échapper à toutes les poursuites.
Il combattit ensuite à Bosworth avec Henry Tudor, qui
l'avait pris en amitié, fut nommé contrôleur de la maison
du roi. chambellan de l'échiquier, membre du conseil privé.
Sheriff de Devonshire en 1487, il prit part à la bataille de
Stuke et fut chargé de négocier un armistice avec l'Ecosse.
Il accomplit une autre ambassade en Irlande en 1488, fut
envoyé en Bretagne auprès de la duchesse Anne et conclut
un arrangement avec elle, puis auprès de Charles VIII en
I Iv». ("est au cours de cette mission qu'il mourut à Mor-
laix. — Son fils, l'iers Edgcumbe, sheriff de Devonshire
•■ 1493-94 et 1497, organisa l'expédition de 1513 en
Erance. Il mniirut le 14 août 1539. — Son fils, liichard,
né en 1499, mort le lr fevr. 1569, sheriff de Devonshire
en 1543 et 1544. commissaire de recrutement en 1557,
leva des troupes en Cornouailles. Ce fut un esprit cultivé
et il s'occupa d'astrologie avec passion. — Le premier
baron Edgcumbe, Richard, descendant de la même famille,
né en 1680, mort le 22 nov. 1758, fit de fortes études
classiques a Cambridge, où il publia d'élégantes pièces de
vers latin-. Représentant de Cornouailles au Parlement en
I7H1, de Saint-Gcrmans en 170-2, il fut élu par Plympton
la même année et réélu par cette circonscription jusqu'à
son élévation à la pairie. Lord de la trésorerie en 1716 et
en 17-20. vire-trésorier, payeur général en 1724, créé
baron jen 17i2. il fut encore nommé chancelier du duché
de Laoeastre en 17'(.'i. Il leva un régiment contre les
les eu I7Î5 et de\int garde des forêts royales en
î. — Son fils, Richard, né en 1716, mort en 1764,
eut une certaine renommée littéraire et artistique (V. ci-
après). — Son frère, Georqe, né le 3 mars 17-21, mort le
i. 1795, entra dans la marine et se distingua dans les
croisières de 17 55 a 1748, échappa habilement aux Fran-
çais à Minorque en 1756, se distingua au combat du cap
Mola, à la prise de l.ouisbourg et à la bataille de la baie
de Quiberon (1759). Il continua a Bénir sous Hawke et
Boscawen jusqu'en 1761 et lut promu contre-amiral le
•21 oct. 1702. Q commanda en chef a Plymouthde 1766e
1770 et devint amiral en 1778. Créé le 17 tè\r. 1781
vicomte Mount Edgcumbe, en 1789 comte de Mounl
Edgcumbe, il occupa d'importantes situations officielles,
entre autres celle de vice-trésorier d'Irlande. — Son fils,
liichard, né le 13 sept. 1761, mort à Richmond le
26 sept. 1839, représenta Fowej au Parlement de 1786
à 1795, entra au conseil privé en 1808, et se distingua
surtout par ses goûts artistiques. 11 a écrit : Musical Rémi-
niscences of an old amateur (1827, plus. éd.). — Son
fils, Ernest-Auqustus, né en 1797, mort en 1861, est
l'auteur d'un volume assez intéressant : Extracis frorn
Journals kept durinq the révolutions at Rome and
Palermo (1849; 2e éd., 1850). R. S.
EDGCUMBE (Richard), poète anglais, né en 1716,
mort le 10 mai 1761, fils du premier baron Edgcumbe
(V. ci-dessus). Entré dans l'armée, il quitta le service peu
après avoir obtenu le grade de major général. Elu membre
du Parlement par le bourg de Lostwithiel en 1747, il le
représenta jusqu'en 1754, fut alors élu par Penryn et, en
1755, fut nommé lord de l'amirauté. En 1756, il devint
contrôleur de la maison du roi et membre du conseil privé.
Le même année, il héritait de la pairie de son père et était
nommé lord lieutenant et custos rotulorum du comté de
Cornouailles. Extrêmement spirituel, Edgcumbe a écrit des
poésies dont il ne reste que peu de chose et sur lesquelles
il ne faudrait pas le juger : The Eable ofthe Ass, Nightin-
gale and Kidet une Ode to Health. 11 avait aussi beau-
coup de goût pour les arts, dessinait agréablement et fut un
des premiers à apprécier le talent de Reynolds, R. S.
EDGEWORTH (Richard-Lovell), inventeur et écrivain
anglais, né à Rath le 13 mai 1744, mort le 13 juin 1817.
Une jeunesse assez irrégulière, des travaux de mécanique :
inventions d'un système télégraphique, de voitures à voile,
de vélocipèdes, de machines à arpenter, etc., des voyages
sur le continent, où il essaya de changer le cours du Rhône
et montra à J.-J. Rousseau son fils, qu'il élevait suivant les
principes de l'Emile, quatre mariages, des travaux agri-
coles dans ses domaines d'Irlande, une part active prise à la
défense organisée en ce pays contre les menaces d'invasion
française (1797-1798), tel est le résumé de la vie de cet
homme énergique et exubérant. Au milieu de tant d'oc-
cupations diverses, il trouvait du temps pour les travaux
littéraires, et sa fille, Maria Edgeworth, eut en lui, au
début de sa carrière d'écrivain, un collaborateur zélé.
Parmi les ouvrages qu'il publia seul, les plus curieux sont
sa lettre à lord Claremont sur le Tcllographc et la dé-
fense de l'Irlande (1797) et son Essai sur les routes et
les chemins de fer (1817). R.-H. G.
EDGEWORTH (Maria), femme de lettres anglaise, née
à Black Rourton (Oxfordshire) le 1er janv. 1767, morte à
Edgevvorthstown le 22 mai 1849. Fille du précédent, elle
débuta en 1798 par un roman de mœurs irlandaises, Castlc
Rackrent, le meilleur de ses livres, ou elle déploie de
grandes qualités d'humour et d'observation. Comme toutes
les œuvres remarquables, Castle Rackrent vit naître quan-
tité d'imitations, et à Maria Edgeworth la littérature de la
Grande-Bretagne doit l'invasion de tous ces romanciers et
surtout ces romancières, qui se sont mis à dépeindre dans
de longs fatras ennuyeux et puérils les mœurs particulières
du pays de Galles, de l'Irlande et de l'Ecosse. Avec une
fécondité toute féminine, rachetée d'ailleurs par un réel
talent, miss Edgeworth publia d'année en année des histoires
morales, populaires, des traités d'éducation, des contes, des
romans. Ses livres pour enfants sous les titres de Par eut' s
Assistant et Early Eessons, obtinrent un légitime succès
et ont été imités et traduits à l'étranger. Entre ses romans
il faut citer, par ordre chronologique, Belinda (1801)'
EDGEWORTH - ÉDILE
— S56 —
Leonora (4806), Patronage (lSii),\Mma des Eoliea tu
des vices des eusses aristocratiqoes; Harrington (1817),
plaidoyer en faveur des. juifs; Orrnond (1817). L tyu
de mi^s Edgewortb est sunple, nerveux, tout en restant
élégant, et, ce qui est rare chez les femmes, sans afféterie.
Sun père, il est vrai, corrigeait el émondail ses écrits, ce
qui lit supposer à tort quils collaboraient ensemble. Elle
est douée dune grande imagination et sait attacher le lec-
teur par un plan bien coordonné et un intérêt constamment
soutenu. Ses œuvres complètes publiées ;i Londres en 1825,
(14 vol.) lurent suivies d'autres éditions en 1832, 1848,
I s;,7 . Presque toutes ont été traduites en français. Elle a
aussi complété et publié l'autobiographie de son père (Me-
moirs,\ 820, 2 vol.). Hector France.
EDGEWORTH de Fiumont (Ilenry-Essex), confesseur
de Louis XVI, né à Edgeworthtown (Irlande) en 174.">,
mort à Mittau le 22 mai 1807. Descendant par sa mère
de l'archevêque l ssher, fils d'un elergyman anglais con-
verti au catholicisme, il fut élevé au collège des jésuites de
Toulouse, et entra au séminaire des missions étrangères à
Paris. Quand les tantes du roi quittèrent, en févr. 1791,
la France pour Home, elles emmenèrent avec elles Madier,
chapelain de MraL' Elisabeth, et Edgeworth remplaça Madier.
II assista Louis XVI le jour de sa mort, et cet acte de cou-
rage l'a rendu célèbre. La légende royaliste veut qu'il ait
dit, au moment où le couteau tomba : « Fils de saint Louis,
montez au ciel » ; mais il est prouvé que cette phrase
fameuse a été inventée par Lacretelle (cf. Louis Combes,
Episodes et curiosités révolutionnaires ; Paris, s. d.,
in— 16, pp. 101-111). L'abbé Edgewortha déclaré lui-même
qu'il n'avait aucun souvenir de l'avoir prononcée. Après
l'exécution du roi, son confesseur quitta la France, mais
accepta le titre de chapelain de Louis XVIII, pendant les
séjours de ce prince à Blankenberg et à Mittau ; puis, ayant
été ruiné, une pension de Pitt. 11 mourut de fièvres contrac-
tées au chevet de prisonniers français. Ses Mémoires,
recueillis par C. Sneyd Edgeworth, ont été trad. en franc.
(Paris, 1815), de même que ses Lettres écrites à ses
amis depuis 1777 (Paris, 1818). Ch.-V. L.
EDGEWORTHIA (Bot.). Genre de Thyméléacées, établi
par Meissner pour le Daphne papyrifera Reinvv., dont
l'écorce sert, au Japon, à fabriquer un papier d'excellente
qualité. On le cultive en Europe, dans les serres froides. Le
genre se distingue des Daphne (V. ce mot) par les fleurs
tétramères et par le style cylindracé, longuement linéaire
à son extrémité stigmatifère. Ed. Lef.
EDGIVE, EDWIGE ou OGIVE, reine de France, fille du
roi anglo-saxon lùlouard l'Ancien; elle épousa, en 919,
le roi Charles III le Simple, se retira en Angleterre pendant
la captivité de son mari (923), puis, en 951, elle épousa
le comte de Troyes, Herbert II de Vermandois. On ignore
la date de sa mort.
EDGREN (Anna-Charlotta-Gustava Leffler), auteur
dramatique et romancière suédoise, née le 1er oct. 1849.
Le juge G.-E. Edgren, qui lui donna (1872) le nom sous
lequel elle est le plus connue comme écrivain, ayant fait
prononcer le divorce (12 févr. 1889), elle épousa en 1890
le duc di Cajanello. Après avoir débuté dans la littérature
par un recueil de nouvelles, Par hasard (18<i9), elle fit
jouer plusieurs pièces de théâtre: l'Actrice (4873) ; Sous
la férule (187(i) ; le Pasteur adjoint (187G) ; le Lutin
(1880) ; les Vraies Femmes (1883) ; l'Ange sauveur
(1883), toutes imprimées en 1883 et dont quelques-unes
eurent beaucoup de succès, et plus tard : Comment on
fait le bien (1883); Lutte pour le bonheur (1887),
deux drames parallèles. Ses cinq recueils de Scènes de la
vie (1882-1890) contiennent quelques-unes des meilleures
nouvelles de la littérature suédoise. Elle sait esquisser
d'une main légère, mais sûre, les situations qu'elle observe
avec perspicacité. Au reste, ces qualités n'ont pas seules
contribué à attirer sur ses écrits l'attention publique déjà
éveillée par ses tendances socialistes et ses théories sur
l'émancipation de la femme. Beauvois.
EDHEM Punk, homme d'Etat ottoman, né de pan-nts
gffMS <l;ins l'de de Chios, <-ii 1820 ou M 1*-J.;. \inen«- <-n
France par Imédée lanbert dès 4834, il y lit de sérinnsos
études, s'appliqua surtout I bien connaître l'exploitation
des mines, voyagea pour son instruction en Suisse >-t en
Allemagne et, rentré en Turquie, devint capitaine d'étal-
major. D'importants travaux tonogrnphiqnos lui valurent
de bonne heure le grade de colonel. Membre du conseil
des mines, il fut, en 1840, pris comme aide de camp par
le sultan Abdul-Medjid, qui le prit en grande affectasse
l'éleva au rang de général de division et le mit a la tête
de sa maison militaire. Disgracié un moment en 4856, il
fut fort peu après nommé ministre des affaires étrangères,
mais perdit sa place l'année suivante. Sous Abdul-Azziz,
il lit partie de divers ministères et tint notamment deux
fois le portefeuille des travaux publics. Ambassadeur a
Berlin en 1873, il lut, à la fin de 4876, un des repré-
sentants de la Porte à la conférence de Constantinople.
Après la chute de Midhat Pacha, il occupa (févr. 1877),
dans les circonstances les plus difficiles, le grand vizirat
qu'il dut résigner après le triomphe de la Rassis -ur
les armes turques (févr. 1878). Depuis, il a été quelque
temps ambassadeur a Vienne. A. Deihdouh.
EDIGA ou EDIGEI, khan de Crimée, fondateur du kha-
nat de cette province. Il ravagea la Lithuanie, assiégea
Moscou (1408) et pilla Kiev en 1416.
EDIGER, prince sibérien du xvie siècle. Il demanda la
protection d'Ivan III et promit de lui envoyer un tribut de
trente mille fourrures. 11 fut tué en 1563 par Koulchoum,
prince des Kirghizes.
EDIGER Mahmet, prince héritier de Kazan, devint tsar
de Kazan vers le milieu du xvie siècle. Après la prise de
cette ville par Ivan le Terrible (1332), il se fit chrétien et
épousa une Koutousov. Il servit dans l'armée russe contre
la Crimée (1355), contre les Lithuaniens et contre
Kourbsky (1564). L. L.
ÉDILE. Les édiles, en latin œdiles, sont des magistrats
romains chargés de la police des rues, de la surveillance
des constructions publiques et privées (œdes : d'où, selon
toute vraisemblance, l'origine de leur nom). Ils furent ins-
titués, suivant la tradition, en 494 av., J.-C, en même
temps que les tribuns de la plèbe : au nombre de deux (on
disait duoviri œdiles), choisis parmi les plébéiens, ils ne
furent pendant longtemps que les auxiliaires des tribuns :
ils tenaient près d'eux la même place que les questeurs près
des consuls. Ils étaient nommés pour un an, étaient sacro-
saints comme les tribuns. Les deux fonctions sont d'ail-
leurs étroitement unies au début : les édiles exécutent,
dans les procès, les sentences prononcées par les tribuns ;
ils peuvent infliger des amendes, saisir des gages. Ils sur-
veillent les archives de la plèbe, sous la haute direction des
tribuns (elles étaient renfermées dans le temple de Cérès).
Peu à peu, on leur confia le soin de la voirie et de la police
municipale ; en 463, on les voit prendre en main l'admi-
nistration intérieure de Rome, au moment d'une grande
peste. En 428, on les voit même s'occuper des détails du
culte et de la police religieuse. En 366, sur le modèle des
édiles plébéiens, on créa deux édiles patriciens, tedilet
curiales. En 44, Jules César institua deux nouveaux
édiles, les wdilcs ceriales. Il y eut dès lors six édiles,
dont deux seulement patriciens. Le mode de nomination
des édiles (dans l'assemblée par tribus et pour un an) ne
fut pas changé, mais leurs fonctions se modifièrent légè-
rement. Ils fuient exclusivement chargés de ce que nous
appellerions aujourd'hui la police municipale : surveillance
des marchés, des poids et mesures ; approvisionnement de
Rome (cura annonce)', nettoyage, entretien des rues de
Rome et des édifices publics ; police des rues, des établis-
sements publics, des mœurs; direction des jeux publics et
privés ; exécution des lois somptuaires ; arrestation des
malfaiteurs. Ilsont par suTte un certam pouvoir judiciaire :
ils peuvent influer des contraventions, exproprier pour
cause d'utilité publique, mettre des biens sous séquestre et
— 557 —
ÉDILE — ÉDIMBOUIU;
t
siins doute ;iussi ils sont juges de paix en matière civile et
commerciale, et juges correctionnels en matière de police.
C'est a l'aide des èdits rendus par les édiles qu'on a pu
rédiger une sorte de code de commerce (edictum irilih-
tium). Sous l'Empire, les édiles se rirent enlever succes-
sivement leurs différentes attributions, qui passèrent aux
préteurs, aux questeurs et surtout aux fonctionnaires im-
périaux, comme le préfel de la ville. 11 ne leur testa que
la police des rues et des marchés, et il est même probable
que, dès le second siècle, l'édilité n'est plus qu'une magis-
trature honorifique. Elle est, à ce moment, dans \o cursus
honorum. supérieure à la questure, inférieure à la pre-
nne : elle est, dans les derniers siècles de Bon existence,
LSUT le même pied que le triluinat. Elle disparait vers
a tin du ni" siècle, et ce qui lui restait de compétence a
dû passer aux mains des tribuns. — Il y avait dans les muni-
ripes ou les colonies des édiles, duumviri ou ijuatuorviri
adiles, qui avaient les mêmes attributions que les édiles
romains. C. Julman.
Bibl. : Outre les manuels do MoiraSBN et de Bouché-
nsulier Labatut, les Ediles et les mœurs;
.
EDIMBOURG. Ville. — I. Géographie. — Edimbourg
(Edinburgh i est la capitale de l'Ecosse et du comté d'Edim-
ou de Mtdlothian; 1,080 hect. : 228,357 hab. en
1SSI : 296,414 en y comprenant Leith et Granton qui lui
servent de ports. Elle est située par .'ni0 57' lat. N. et 5°
■!■'< lung. 0., dans une position extrêmement pittoresque, au
pied descollines de Pentlands. Elle s'étend sur la rive droite
d'une petite rivière qui débouche dans l'estuaire du Forth,
le Water of Leith, à l'E. de celle-ci, au S. du golfe, au
N. des hauteurs qui dominent le Lothran. Toute cette région
c'dière du Lothian est très accidentée, sillonnée de col-
lines. Edimbourg occupe trois de ces collines orientées de
i'O. et les vallées qui les séparent. Toute la ville
est dominée par les hauteurs basaltiques i'Artftur S Seat
1251 m.) ; la colline méridionale part de la pente escarpée
des Salisbury Crags ; la colline centrale est celle du Châ-
teau (117 m.) : la colline septentrionale s'appelle Calton
JIill (107 m.). Les rues basses sont à 30 m. d'alt., les
rues hautes à 80 m., les pentes très raides. La sombre
niasse du Château est le trait caractéristique de la ville. Les
collines sont reliées les unes aux autres par des ponts qui
enjambent les vallées intermédiaires. On distingue la Vieille-
Ville qui est placée au S. de la Ville-Neuve qui s'est déve-
loppée au N. ; entre les deux passe le chemin de fer; au
N.-K. est le port de Leith. Telles sont les trois principales
parties de l'agglomération urbaine d'Edimbourg. Nous dé-
crirons successivement les deux premières, renvoyant pour
Leith a l'article consacré à celte ville.
La Vieille- Ville occupe la colline centrale, depuis le Châ-
teau jusqu'au palais d'Holyrood, qui en est distant de
1,600 m.: ses rues s'étendent au midi jusqu'au parc des
Maillons (prairies) au delà duquel sont la promenade des
Links, les faubourgs de Newington, Merchiston, Mor-
njngtide ; à l'E. la vieille ville atteint le pied des pentes
d'Arthurs Seat. L'ancien Edimbourg a conservé sa phy-
sionomie historique et demeure une des villes les plus
intéressantes d'Europe, avec ses hautes maisons de dix
et douze étages, ses ruelles étroites (close) et ses rues à
peine plus larges [wynd), mais accessibles aux voitures.
Contrairement aux habitudes anglaises, chaque maison est
divisée entre plusieurs familles, dont chacune a un étage
(JJat). La principale rue est celle qui mène sur la colline
centrale, de l'esplanade du Château au palais d'Holyrood
[Bigh Street , Canongate) ; des deux cùlés s'embranchent
les rues et ruelles ; dans la partie orientale, entre la voie
centrale de Canongate. il y a des deux cotés deux autres
rues parallèles limitant ce quartier (North Haeh of Ca-
nongate et South Bacli of Canongate). Sur l'art
traie, on remarque la cathédrale (Saint-Giles), le palais du
Parlement, la maison de Knox, etc. Au pied delà colline de
la Vieille- Ville, du côté du S., est la vallée qui séparait
celle-ci des anciens faubourgs qu'elle a absorbés. Au fond
sont le marché aux herbes (Grassmarket)elCowgate (qui
se prolonge par Smith Bacti of Canongate). l'uis nous re-
montons sur la colline méridionale. Celle-ci est réunie au
noyau central et à la rue Haute (lligh Street) par deux
viaducs : George IV Bridge, construit en 1825-1836 et
South Bridge, construit en 1785-1788. Celui de South
Bridge, qui est le premier en date, se prolonge du N.
{North Bridge) et forme ainsi une voie perpendiculaire à
la rue Haute. C'est autour de cette rue, qui prend au S. le
nom de Nicolson Street, que sont les principaux édifices de
la ville méridionale, l'Université, le Muséum des arts et
métiers; l'hôpital Heriot est plus à l'O., entre Crassmarket
et la rue Lauriston qui le sépare de l'Hospice royal (Hoyal
In/irmary). Le quartier méridional fut jadis celui de la
noblesse et des riches. Il a été depuis la fin du xvin0 siècle
abandonné pour la nouvelle ville, de sorte que l'ancien
Edimbourg renferme les éléments pauvres de la population.
Le noyau historique de la cité n'a plus ses maisons nobi-
liaires ou royales; il a perdu sa prison, la fameuse Tol-
booth, le « cœur de Midiothian », comme on l'appelait iro-
niquement. Mais il a conservé son aspect romantique, et les
travaux exécutés depuis un demi-siècle, tout en détruisant
maint édifice cher aux archéologues, ont respecté la physio-
nomie générale de la vieille ville.
La Ville-Neuve, au N. de l'ancienne, présente avec celle-
ci un contraste frappant ; au lieu de ces rues et ruelles en
pente, distribuées irrégulièrement autour du Château et au
pied des rochers escarpés de Salisbury Crags et d'Arthurs
Seat, une ville moderne, avec ses alignements géométriques,
ses larges voies se coupant à angle droit, ses squares ver-
doyants. Rien n'y manque, pas même le ridicule d'une
reproduction de l'Acropole d'Athènes sur la colline de
Calton. Une ligne de démarcation est tracée entre ces
deux parties par le chemin de fer. Jadis la séparation était
encore plus tranchée. Au N. du Château se trouvait un
grand étang (loch North), dont les eaux baignaient les
pentes de Calton Hill. C'est au delà de cet étang qu'on com-
mença en 1767 la Ville-Neuve. En 1816, on dessécha
l'étang, qui fut transformé en un jardin (Princes Gardens) ,
puis on y traça le chemin de fer. Au milieu de ce jardin,
on a établi un remblai, large de 50 m., long de 295 m.
(the Mound), formé avec les matériaux excavés des fon-
dations des maisons de la rue du Prince; il a été régularisé
lorsqu'on y éleva les palais qui le surmontent actuellement,
et relie la vieille et la nouvelle cité; plus à l'E., les com-
munications sont complétées par le viaduc ou pont de
Waverley, surplombant la gare centrale et par le viaduc
du Nord (North Bridge), qui prolonge le viaduc du S.
et rejoint la rue Haute. Sur |Ie Mound sont deux édifices
modernes (Royal Institution et National Gallery) édifiés,
le premier de 1823 à 1836, le second de 1850 à 1854.
Au N. de Princes Gardens s'allonge un beau boulevard
rectiligne (Princes Street) qui aboutit au viaduc septen-
trional et à l'éminence de Calton Hill, au pied de laquelle
est la plaine verdoyante de Waterloo. Ce boulevard est le
centre de la ville actuelle et la région la plus élégante ; le
long s'élèvent la Poste, le palais des Archives, le monument
de Walter Scott, baldaquin de style gothique, recouvrant
la statue, œuvre de Steell, les statues de Wellington, John
Wilson, Allan Hamsay, Livingstone. Au N. se trouve la
Ville-Neuve, dont les maisons monumentales sont bâties en
pierre de Craigleith. Le premier quartier de la Ville-Neuve
forme un long rectangle délimité par Princes Street au S.,
Queens Street au N. ; au milieu est la place Saint-André
{Saint-Andrew Square), avec la colonne de lord Mel-
ville et plusieurs banques, les plus affairées de la ville. La
rue Saint-George relie la place Saint-Andréa la place Char-
lotte plus à l'O., sur laquelle est l'église Saint-George.
Dans la rue Saint-George, on remarque les monuments de
Pitt, Chalmers et George IV; sur la place Charlotte, celui
du prince Albert. Au N. de Queens Street est un jardin
(Queens Garden), au delà duquel on a construit les maisons
ÉDiMiioriu;
- :.:,8 -
les plus aristocratiques et les plus somptueuses d'Edim-
bourg; une place octogone (Moray l'iace), confinant a la
rivière de Leith, est la plus belle de ccqtiarticr. Un pont,
long de 136 m., élevé de 03 m. au-dessus du fond de la
vallée, le pont de Stock Bridge, conduit au faubourg de
tir la rive gauche du Water of Leilh. Au pied
jaillit une source minérale. Sur la rive droite, entre la
i r. me et le chemin de fer, la ville s'étend vers lluymarket.
PLAN D ' É D I IV! B O U RG
A. D. Albert Dock (Dock Albert).
Ar. Archives.
C. E. Corn Exchanco (Bourse des blés).
Ed. D. Edinburch Dock (Dock d'Edimbourg).
E O. D. East old Dock (ancien Dock de l'Est).
M. The Mound.
N. Nortb Bridge.
P. Poste.
Leith, bien que formant une ville distincte, un bourg
parlementaire avec ses magistrats municipaux, tend à se
confondre avec Edimbourg, chacune des villes rapprochant
ses maisons de l'autre ; une large chaussée les met en rela-
tions (/.n//) walk) sans parler des autres routes et du
chemin de fer qui passe entre les deux villes. La cité mari-
ÉCHELLB DU ■lU.ULO»
P. P.
IV.
S. \Y. M.
St.
T. C.
V. D.
W,
W. O. D
Parc public.
Prison.
W. Scott Monument(Monument de W.Scott'.
Station.
Throne Cburch (Eglise du Trône).
Victoria Dock (Dock Victoria'.
Waverley Bridge.
West old Dock (ancien Dock de l'Ouest).
tune se prolonge le long de la mer à PO., par d'autres
agglomérations" Ainificld, Newhaven, hinily, Grantoii
(Y. Lf.itu).
A l'extrémité orientale de la nouvelle ville culmine la
colline de (laiton. On l'a comparée à l'Acropole d'Athènes,
et cette comparaison llattaut l'amour-propre écossais, on a
— RS9 —
EDIMBOURG
tente dfl reproduire sur (6 sommet les merveilles »lo 1 art
- M du a édifié tin l'artliéiion. monument national, com-
mémorant de la bataille de Waterloo; mats on n'a Ml M
M quoi l'acheter; on i édifié va l'honneur de DugaJd Ste-
watt une copie tin monument ehora-ique : à eôtè, on a
mis la «'..tonne M Nelson, liante de 37 m., une statue de
IMaytair ; an pied de la colonne, un temple rond consacre a
ri Burns.
Edinboorg reDferme nn très grand nombre de monu-
ments anciens on récents. Les plus remarquables ne sont
pas les édifices rdigieui dont peu méritent une mention,
bien qu'il v en ait 149. De ces églises, la moitié sont
tériennes : 31 appartiennent à l'Eglise d'Ecosse,
l'Eglise libre (\ . Eguse), 50 a .les sectes protes-
tantes dmrses, 16 à l'Eglise épiscopale, 3 à l'Eglise ca-
tbolique. la plus intéressante est Saint-Gilcs, ancienne
Mise collégiale et cathédrale de la capitale. Elle possède
une tour de' 17 m. en style gothique, un chœur du xv° siècle
avec chaire en pierre et stalles en bois, mais elle a été
abîmée par les remaniements modernes. On y voit les
tombes du régent Murray, du marquis de Montrose, de
Napier. Citons encore l'église du Trône (1637-1663) et la
cathédrale édifiée pour les épiscopaux à l'instigation de miss
Walker de Coates et Drumsheugh; les plans furent établis
par Gilbert Scott et l'église commencée en 1874. Elle est
dans le style ogival du xivc siècle ; la plus haute de ses
tours a 8 1 m. d'àlt. Les autres églises, sans avoir de mérite
particulier, ont cet avantage que leurs dômes, leurs llèches,
leurs tours contribuent il l'aspect pittoresque d'Edimbourg.
Les églises profanes sont plus importantes. En premier
lieu, il tant nommer le Château; il occupe, au sommet
de la colline, une superficie de deux hectares et demi ; une
esplanade, l'ancienne place de justice, aujourd'hui place
d'exercices, le sépare de la ville. Il a succédé îi un fort
romain (V. ci-dessous le § Histoire). Il renferme actuel-
lement des constructions de dates fort diflérentes. La cha-
>Mi
#pff
- — ;:;■;>: y ;
Château d'Edimbourg (d'après une photographie).
pelle Sainte-Marguerite {Saint - Margarct) remonterait
au xi8 siècle et serait une fondation de l'épouse de Malcolm
Canmore ; en tout cas. elle existait au temps de David I".
Les autres bâtiments ne sont pas antérieurs au xvic siècle.
Deux ailes subsistent du vieux palais royal, en haut du
rocher, du coté méridional; c'est dans ces appartements
que logeait la régente Marie de Guise, avec sa fille Marie
on montre encore la chambre ou naquit Jacques II
(ja, Angleterre). Auprès est la chambre royale
(Crown Room) ou sont conservés les insignes de la cou-
ronne d'Ecosse (the Honours of Scotland), les joyaux
restitués à la mort du cardinal d'York, dernier des Stuarts,
l'épée offerte a Jacques IV par le pape Jules II; non loin
est la prison d'Etat ou furent massacrés les partisans des
irta. L'arsenal, construit a l'époque moderne sur le côte
0. du rocher, renferme îles armes pour 30,000 hommes,
outre une belle collection des temps anciens et un canon
géant fondu I Mon, en l'an 1 176, la Horu Meg, souvent
mentionnée dan, l'histoire locale. Le Château a encore des
casernes pour 2,000 hommes et des batteries, notamment
la batterie d'Argyll, au S. de la chapelle Sainte-Margue-
rite, ou finirait "la Mont Meg; mais ces défenses n'ont
qu'une valeur historique.
Le palais d'Holyrood, l'ancienne résidence des rois
d'Ecosse, était primitivement une abbaye d'augustins, fondée
par David Ier en 11°28; le vaisseau de l'église abbatiale,
en ruine, renferme encore quelques débris de l'édifice
original, au N.-E. du palais. Celui-ci a été en grande partie
restauré en 1830, et il subsiste peu de chose de celui des
Stuarts du xvie siècle. Contigus à l'église ruinée, sont les
anciens appartements de Marie Stuart et la chambre où
fut égorgé Rizzio ; c'est ce qui reste du palais de Jacques IV
et Jacques V. L'abbaye formait alors un ensemble irrégu-
lier dans lequel la tour actuelle du N.-O. était reliée par
un cloître à l'édifice principal. Mais elle fut brûlée par les
Anglais du comte de Hertford en 1844 et 1547. On re-
construisit un véritable palais qui fut incendié par accident
en lè.'JO, tandis que les soldats de Cromwcll l'occupaient.
Le Protecteur le fit rebâtir, mais le nouveau palais ne fut
achevé qu'au temps de Charles II, sur les plans de William
Bruce de Kinross, par Robert Mylne auquel on doit la
belle cour entourée d'une colonnade. La plus belle salle
est une galerie de oO m. consacrée aux tableaux historiques.
On y voit les 100 portraits de rois mythiques de l'Ecosse,
descendants présumés de Fergus Ier; un triptyque de 1-484
avec les portraits de Jacques III et de sa femme Margue-
KDIMItOUUG
- 500 —
rite; c'est dans cette calorie que lo prétendant Charles-
Edouard tînt sa cour en 17 '..'>; c'est là qu'ont lien lei
élections des pairs écossais. Le château d'Holyrood fut la
résidence du dernier des Bourbons de France; le comte
d'Artois y résida avec sa suite d'émigrés jusqu'en août
1799. H y revint sous le nom de Charles \, après la révo-
lution de 1830. Le prince Albert a décoré le palais avec
une élégante fontaine copiée sarcelle du palais de unlithgow.
Lepalaisdu Parlement (Parliameni Bouse) est le troi-
sième des grands monuments historiques de la capitale.
Il a été bâti de 4032 à 1040. Le Parlement écossais s'y
réunit jusqu'à sa suppression, après l'union de 1707. Il
est encore le siège de la plus haute juridiction écossaise
(V. EcossK).La grande salle des séances de l'ancien Par-
lement, remarquable par ses belles boiseries de chêne,
sert de vestibule ou salle des pas perdus. Elle a 43 m. de
long et 13 m. de large. Autour on a construit des annexes
modernes, salle des tribunaux, bibliothèques, etc. Des deux
bibliothèques (Advocates Library et Signets Library) la
première est importante; elle renferme près de 300,000 vol.;
fondée en 4082 par sir George Mackenzie, elle est une
des cinq bibliothèques anglaises auxquelles on attribue le
dépôt légal. C'est une sorte de bibliothèque nationale. La
seconde (00,000 vol.), a un caractère professionnel ; les
avocats et notaires continuent de l'enrichir. — A l'extrémité
orientale de la rue du Prince, est le palais des Archives
(liegister Office) surmonté d'une coupole de lo m. C'est
une institution annexe de la cour suprême et, comme telle,
parfaitement organisée et rendant les plus grands services
pour tout ce qui concerne les titres, actes de l'état civil,
et aussi les renseignements démographiques et statistiques,
sans parler des pièces proprement historiques. — En face
est la Poste, bâtie en 4861 dans le style italien.
Les deux édifices modernes qui bordent le Mound, au
centre des jardins du Prince, sont consacrés à la culture
intellectuelle et esthétique. Royal Institution est en style
dorique, National Gallery en style ionique. Royal Insti-
tution fut construit par sir Jones Steell, de 4823 à 4830.
Il abrite un musée d'antiquités nationales, une galerie de
sculpture et les locaux de la Société royale et de la Société
des antiquaires d'Ecosse. Celle-ci fut fondée en 4780 chez
le comte de Buchan et sur-le-champ constitua son musée ;
les grands seigneurs écossais y prirent une part active et,
après un grand nombre de déménagements, on jugea indis-
pensable la possesion d'un monument spécial pour contenir
les collections archéologiques; on obtint en 4849, du gou-
vernement, une partie de celui de Royal Institution, d'abord
affecté à l'Académie royale des artistes. Le musée archéolo-
gique est très riche; la Société publie des Archœlogica
Scotica. La Société royale (Académie des sciences, sur le
modèle de celle de Londres) est logée dans le même édifice
avec sa bibliothèque. — L'Académie royale de peinture,
sculpture et architecture, fondée en 1820, fut dotée en
1830 d'un palais à elle (achevé en 4834) qui supprima
les bâtisses provisoires de YEarthcn Mound et compléta
assez heureusement le coup dVil offert par cette région de
la ville, au pied du Château et de la Vieille-Ville. L'Aca-
démie des beaux-arts y tient ses expositions annuelles et
y a placé un musée de peinture et de sculpture.
L : Université d'Edimbourg remonte au règne de Jac-
ques VI ; elle a été réorganisée en 1838 par un acte qui
la mise sous le patronage et le contrôle de la munici-
palité (V. ci-dessous le § Université). Le véritable fon-
dateur ne fut pas le roi dont elle garde le nom (Collège
of King James) ; cet honneur revient à des citoyens de
la ville, William et Clément Little et James Lawson. L'édi-
fice actuel, qui tient l'emplacement de l'ancienne église
collégiale de Saint-Mary in the Field ou de Kirk of
Field, fut construit de " 178!) à 1827 sur les plans de
Robert Adam et de W.-ll. Playfair autour d'une cour
quadrangulaire ; on admire le portique orné de colonnes
doriques. Au S.-O. fut édifié récemment (1878) un nouvel
institut destiné à la faculté de médecine. De celle-ci dé-
pend l'hospice royal (lioyal lnfirmary) précédemment situé
àl'E. de l'Université, pmsreeomstrnil sur un plan pista v^t,-
au N. dM MeadûWS. In jardin botanique est également
adjoint à l'Université ; il a été fondé en 1070, occupe une
dizaine d'hectares au N. de la ville, a gauche de la mitai
de l.cith, près A'Inverleith. Il possède un aquarium et un
observatoire magnétique. Un observatoire agronomique
s'élève au sommet de (laiton llill dont il complète la déco-
ration. A l'O. des bâtiments de l'Université est logée une
autre institution annexe, le Muséum (Muséum of science
and art), bâti en 4801. C'est un grand édifice en style
gothique vénitien, analogue au musée anglais de Kensing-
ton. Auprès de collections scientifiques très complètes, il
renferme des échantillons de tous les produits du travail
humain : c'est donc a la fois un musée scientifique et un
musée des arts industriels. On peut encore rattacher â
l'Université le collège des chirurgiens établi au voisinage
(Nicolson Street) qui remonte au début du xvie siècle. En
revanche, le collège des médecins (privilège de 4681), logé
dans Queens Street, ne prend pas part à l'u-uvre éducatrice
de l'Université. — Celle-ci est prospère et c'est le princi-
pal établissement d'enseignement supérieur de l'Ecosse;
elle comptait, en 4884, 46 professeurs et plus de 3,000 élè-
ves. Sur son organisation, Y. ci-dessous, § Université.
Le nouveau collège [New Collège) est un des édifices
caractéristiques d'Edimbourg. 11 est situé au N. du Mound,
auprès du palais de National Gallery, sur un point très
élevé et bien en vue, où était jadis le palais de Marie de
Guise. Il a été construit il y a une quarantaine d'années
en style flamboyant ; à l'angle N.-E. est l'église flanquée
de trois tours. Le nouveau collège a été fondé par l'Eglise
libre, après le schisme de 4843 ; primitivement, il devait
être une sorte d'université ; ce n'est qu'une faculté de
théologie ; dans la grande salle se tiennent les assemblées
générales qui forment la cour suprême de l'Eglise libre. —
Sur la teriasse du Château est une institution rivale, celle
de l'Eglise presbytérienne unie, établie à la place d'un
théâtre (New Edinburgh Théâtre). — On peut encore citer
comme établissement d'enseignement supérieur la Philoso-
phical Institution (Queens Street) et V Edinburgh Lite-
rary Institute (South clerk Street) dont les conférences
sont très suivies.
Les écoles d'enseignement secondaire ou primaire sont
nombreuses. La plus illustre est High School fondée au
début du xvic siècle (1319); elle fut longtemps installée
dans l'antique couvent de Black-Friars ; en 1825, on l'a
transportée au pied de Calton Hill. L'éducation moderne
scientifique et professionnelle y est associée à l'éducation
classique. V Académie, fondée en 4824, est une autre
école secondaire classique. On cite encore à Edimbourg
3 séminaires théologiques, 3 écoles normales, 2 collèges
de jeunes filles et dames, 2 écoles vétérinaires, 4 école
dentaire, 1 école de pharmacie, des écoles de dessin,
I école d'arts industriels {Watt Institution). l'Académie
de Merchiston établie dans la tour de Napier, etc. —
II y faut ajouter les fondations charitables dans lesquelles
les fondateurs ont associé l'idée d'éducation à celle d'assis-
tance. Tel est l'hospice Ilei-iot, fondé par testament de
George Heriot, orfèvre du roi Jacques VI (1624) en faveur
des orphelins d'Edimbourg. C'est un bel édifice quadran-
gulaire, bâti sur la colline méridionale au lieu dit High
liigs, entre Grassmarket et les Meadows, beau type de l'ar-
chitecture de transition du début du xvr siècle. On y
entretient 180 orphelins, qui sont ensuite placés en appren-
tissage ou bien envoyés à l'Université durant quatre années.
Sur le même modèle furent crées successivement les hos-
pices George Watson, John Watson, Donaldson. Stewart ;
enfin, on adapta à la même fin les hospices des marchands
(Merchani Maiden et Trades Maiden Hospital) pour
les fils et filles de bourgeois et commerçants. L'hospice
Heriot possédant les terrains sur lesquels 00 éleva la ville
neuve, ses revenus devinrent tels qu'on les affecta à la
création d'une série de nouvelles écoles primaires, si bien
- 561
EDIMHOURG
qu'il v i actuellement k Edimbourg une vingtaine de ces
fondations assurant l'éducation et. au besoin, l'entretien
à ;. wo enfants des deux sexes. !. hospice George Watson,
fusionne avec celui des Marchands, est devenu une école
secondaire. De même Fettes Collège, fondé sur le modèle
de l'hospice llenot. Au point de vue architectural, il faut
signaler l'hospice Donaldson et le collège Fettes (au N. de
la ville).
I - fondations hospitalières proprement dites sont éga-
lenient très développées. Sans parler du grand hôpital
Infirmant. 600 lits), nous mentionnerons l'hospice
i unité, l'hospice Chalniers, au-dessus de Meadows,
l'hospice des convalescents près de Corstorphine, l'hospice
des enfants, celui des incurables, la Maternité, l'asile
d'aliénés (SJO malades) dans le faubourg de Morningside,
l'asile des aveugles, etc. — Les prisons sont groupées au
pied de la terrasse méridionale de (laiton llill. entre Canon-
gate et la place Waterloo: dominées par la maison du
gouverneur, elles offrent un peu l'aspect d'un château féodal.
Ainsi qu'on a pu en juger, l'activité intellectuelle est
considérable dans la capitale de l'Ecosse. A toutes les ins-
titutions officielles que nous avons énumérées, il convient
d'ajouter plusieurs sociétés importantes : celle d'agriculture
(Highlarul and Agricultural Society of Scotland), la
géologique, la Société météorologique, diverses
sociétés médicales, la Société d'astronomie, la Société de
lue. la Société de phrénologie, etc. Les grandes
l'Edimbourg comptent parmi les premières d'Europe
{Edinburgh Review et Blackwoods Magazine). I.a ville
deux théâtres, plusieurs salles de concert, un
jardin d'hiver. La population adore la danse (golf). Cepen-
dant elle observe strictement le sabbat. — Edimbourg est
le centre de la vie religieuse de l'Ecosse. A l'époque où on
l'episeopat. la capitale fut un évêché et l'église
Saint-Giles devint cathédrale. Aujourd'hui, c'est à Edim-
bourg que se tient annuellement au mois de mai la grande
fée générale de l'Eglise d'Ecosse; le représentant de
la reine s'établit au palais d'Uolyrood; il se rend à High
Church, puis sur la colline du Château pour y présider;
la municipalité lui présente solennellement les clefs de la
ville: les réceptions et banquets officiels rendent au palais
quelque chose de son ancienne splendeur. L'Eglise libre et
1 Eglise presbytérienne unie tiennent leurs synodes au même
moment, de sorte que le mois de mai est celui où Edimbourg
ient tout à fait capitale de l'Ecosse.
L'administration de la ville appartient à un conseil mu-
nicipal composé d'un lord-prévôt, de 6 baillis (bailles),
d'un représentant des huit corporations (dean of guild),
d'un délégué des commerçants (convener of Tradcs) et
de 3-2 conseillers. Le lord-prévôt est aussi sherifl de
Leith. Canongate a conservé son conseil municipal dis-
tinct, sous la direction du lord-prévôt. La ville est bien
pourvue d'eau (22 millions de litres par jour) par un
aqueduc construit en 1849 et amenant les eaux des vallées
méridionales ou des réservoirs les emmagasinent. Elle est
bien pavée, bien éclairée et ses odeurs ne lui mériteraient
[dus le sobriquet A'Old Reekie. — La population s'accroit
rapidement: de 136,294 hab. en 1831, elle a passé en
288,531 (V. Ecosse). Cependant Edimbourg n'est
i tout une cité industrielle. Sa situation n'est pas
comparable à cet égard a i elles de Glasgow et de Dundee.
Elle n'a de manufactures et de commerce que ce qui est
nécessaire à toute grande ville; on ne pourrait guère nom-
mer comme industries locales florissantes que la brasserie,
l'imprimerie, la librairie. C'est essentiellement une capitale;
elle doit sa prospérité a ses tribunaux, à ses écoles, à ses
établissement- d a-si>tance publique. Mais il est remar-
quable qu'écoles. et hospices >ont dus à l'initiative de ses
citoyen-, lesquels ont été les arti>ans principaux de la
fortune de leur ville natale.
Bbtoibe. — Le rocher du Château, masse basaltique
abrupte qui émerge du sol sablonneux de la plaine, dut
attirer de bonne heure l'attention; facile à mettre en
GRANDE ESCTCLOPÉDIE. — XV.
défense, il fut le noyau d'Edimbourg. Il y eut probablement
là un l'oit romain ; la convergence des ruines romaines
l'indique ; mais on rejette l'hypothèse de Camden qui l'iden-
tifiait avec Miita Castra, le ikpà-to-Eoiv LTtspcuTo'v de
Ptolémée. Plus tard, ce l'ut un lieu fortifié du royaume des
l'ictes; on a voulu l'identifier avec la colline d'Agned,
théâtre d'une victoire d'Arthur. Le rocher du Château por-
tait le .!/</;//( Duii (Maiilen Castlc) au pied duquel se
forma un hameau. On admet que la paroisse de Saint-
Cuthbert fut la première de la ville. Le nom actuel vien-
drait du roi Etlvvin de Norlhumbrie (616-633), lequel
aurait occupé le Château et appuyé sur Edwins-burgh (la
forteresse d'Edwin) la domination des Angles sur les rives
du l'orth. Cette tradition est douteuse, et durant des siècles
toute cette région de la Tweed et l'orth fut disputée entre
les Anglo-Saxons, les Danois et les Dictes (V. Ecosse
[Histoire]). Edimbourg n'était qu'un fort de la frontière.
Sous le règne de Malcolm Canmore, on y construisit un
palais royal où la pieuse reine Marguerite, petite-nièce
d'Edouard le Confesseur, mourut en 1093. Les fils de
Malcolm et de Marguerite continuèrent d'y habiter, et la
ville grandit rapidement dans les premières années du
xnc siècle. L'église Saint-Gilles fut fondée par Alexandre Ier
vers 11-10; le Château fortifié de nouveau par David Ier,
dont le donjon ne fut détruit qu'en 1572. C'est aussi
David Ier qui fonda l'abbaye de llolyrood, où les rois
d'Ecosse vinrent souvent, de même qu'à leur château. Le
bourg de Canongate s'accrut, grâce à ce voisinage de l'ab-
baye. Néanmoins, Edimbourg était toujours regardé comme
une place frontière; les souverains y venaient de temps à
autre. En 1215, on y rassembla un parlement. Le véritable
essor de la ville date du xve siècle, lorsque les Stuarts en
firent leur capitale et y fixèrent leur résidence. C'est alors
que la cité du Château absorba les bourgs et villages voisins
de Calton, Portsburgh, Saint-Cuthbert, Montries llill,
lîroughton, Canonmills, Sillvermills, Deanhaugh, compris
dans la Vieille-Ville. Déjà, pourtant, Edimbourg était regardé
comme un des quatre principaux bourgs d'Ecosse avec
Stirling, Roxburgh et Berwick, et la réunion de leurs
coutumes formait, en matière commerciale, le premier
corps de la législation écossaise. Cependant, jusqu'en -1450,
la ville ne dépassait pas la région du Château et de la rue
Haute. C'est à cette date qu'une enceinte commune y
réunit les bourgs voisins et constitua la Vieille-Ville. Ainsi
abritée, elle se développa rapidement. Après l'assassinat de
Jacques Ier (1436) à Perth, on avait transféré la capitale et
la cour des rives du Tay à celles du Forth. Jacques II fut
couronné à Holyrood et non à Scone, et le jeune roi, avec sa
mère, s'installa dans le ("bateau. De ses quatorze parlements,
huit furent tenus à Edimbourg, où son père n'en avait
assemblé qu'un sur treize. Jacques III, bien qu'il préférât
la résidence de Stirling, tint ses parlements à Edimbourg.
Il lui conserva les privilèges, concédés par Jacques II,
qui l'avait, en 1452, placé en tête des bourgs royaux. Il en
ajouta de nouveaux ; la Charte d'or (Golden Charter) de
1482 conféra au prévôt et à la municipalité l'office héré-
ditaire de sherifl' avec des pouvoirs judiciaires et financiers
étendus. Ces privilèges furent confirmés et accrus par
la suite, en dernier lieu dans la charte de 1603, con-
cédée par Jacques VI. Après le désastre de Flodden, les
bourgeois construisirent à la hâte une seconde enceinte
comprenant Cowgate et la colline méridionale (Grey l'riars
et l'hospice Ileriot), mais Canongate, dépendant de l'abbaye
de Holyrood, resta encore en dehors. C'est pour entasser
la population chaque jour plus dense à l'intérieur de cette
enceinte que furent élevées ces maisons à dix étages qui
font d'Edimbourg une ville si différente des villes anglaises.
La Vieille-Ville, formée de la réunion d'Edimbourg et de
Canongate, conserva jusqu'à la fin du xvin" siècle l'aspect
de cité du moyen âge, sans autres rues carrossables que la
rue Haute et Cowgate. Elle devint le rendez-vous de la
noblesse écossaise et de tout le monde officiel, et prit le
caractère qu'elle a conservé. Il est vrai que les avantages
36
EDIMBOURG
- 562 -
du rati» de capitale n'allaient paa sans inconvénients corré-
latifs. Devenu'' le rempart de la nationalité écossaise, elle
connut plus qoe par le passé les maux de la guerre. Ce
ipi'avaii épargné l'incendie de 1530 fut détruit, en 151 ; .
par les Anglais du comte de llertfonl. Ils revinrent lois
ans après. Le Château, Holyrood et Saint-Gilles forent les
seuls monuments qui Survécurent à ces dévastations. La cita-
delle résista même après la prise de la ville ; si Cromwell la
prit, elle tint en échec les jacoltiles. Mais, dés cette époque,
la principale gloire d'Edimbourg fut due à l'intelligence;
ce fut la métropole intellectuelle de l'Ecosse. C'est là qu'en
1507 fut établie la première imprimerie du royaume. A la
cour de Jacques II brillèrent les poètes Dumbar, Walter
Kennedy, Cawin-Douglas ; c'est à Crecnside, au N. de
Calton llill, que sir David Lindsay lit jouer sa Satire of
the Tiare Estâtes. Au xvi° siècle, il faut nommer Knox,
lliicbanan, Alexander Montgomery; au xvii0, Drummond
de Hawthornden; au xvinc, Allan Ramsav, Smollet, Fer-
gusson et Burns. Enfin, à la fin du xvm" siècle et au
commencement du xixc, une pléiade d'hommes célèbres :
les deux Monros, Cullcn, Black, Playfair, Dugald Stewart,
Leslie, professèrent à l'Université; Hume, Adam Smith,
Robcrtson, Henry Mackensie les surpassèrent; autour de
Walter Scott, le romancier et poète national, on peut citer
Wilson, Brougham, JeH'rey, Cockburn, Chalmers, puis
Carlyle qui s'efforcent de justifier le surnom d'Athènes
moderne. Autour de la cour suprême se groupent des
jurisconsultes renommés ; l'école de médecine peut citer
des savants connus dans toute l'Europe. Les noms de
Nasmyth, Wilkie, Mac Culloch, Watson Gordon, Harvey,
Drummond, sont presque aussi connus que ceux des litté-
rateurs. Edimbourg, qui n'avait que 20,000 hab. en 1678,
en comptait le double en 1722, le quadruple en 1801.
Comté. — Comté d'Ecosse, appelé aussi Midlothian ;
situé au S. du golfe ou estuaire du Eorth, borné au N.-O.
par le comté de Linlithgow (Westlothian), au S.-O. par
celui de Lanark, au S. par ceux de Peebles et de Selkirk ,
à l'E. par ceux de Boxburgh, Berwick et Haddington. Il
mesure 937 kil. q. et comptait, en 1881, 388,836 hab.,
soit 415 par kil. q. Le sol en est extrêmement accidenté ;
les Pentland Hills, qui occupent la zone méridionale,
s'avançant jusqu'à 8 kil. de la mer, ont une altitude de 3
à 400 m.; les sommets les plus élevés sont de Scald Law
(579 m.), le Carnethie (577 m.), le Cairn Hill oriental et
occidental (562 m.), le West Kip (551 m.). Ils sont de
forme arrondie et revêtus d'herbe ou de bruyère. A l'angle
S.-E. du comté sont les Morfoot Hills, prolongement des
collines de Lammermoor, dont le point culminant est le
Blackhope Scar (651 m.). On peut citer encore les éminen-
ces isolées de Blackford au S. d'Edimbourg, Arthurs Seat à
l'E., Corstorphine à l'O. Toutes les eaux du comté vont à
la mer du Nord, presque toutes par l'estuaire du Forth ;
au S.-E. le Gala en conduit un peu à la Tweed. Le prin-
cipal de ces fleuves cotiers, dont aucun n'est navigable, est
l'Esk, formé par la jonction de deux rivières, dont l'une
(méridionale) vient du Blackhope Scar, reçoit le Redside,
le Middleton Burns et arrose l'abbaye de Newbaltle ;
l'autre (septentrionale) descend des Pentlands par une val-
lée pittoresque où sont Roslin, Lasswade, Eskbank ; l'Esk
ainsi constitué arrose Dalkeith. Les autres fleuves cotiers
sont le Braid Burn, qui débouche à Portobello; le Water of
Leith, qui baigne Balerno, Currie, Juniper Green, Colinton,
Edimbourg et Loith; l'Almond, venu du comté de Lanark,
dont un affluent de droite, le Breich Water, forme la
limite entre les comtés d'Edimbourg et de Linlithgow. Le
seul lac est celui de Duddington près d'Edimbourg. — La
géologie du comté a été étudiée par des savants connus
(llutton, Hall, Jamieson, Cunningham, llugh Miller. Fle-
ming, etc.); il en sera question à l'art. Gradde-Bretagnb,
de même que du climat. — Au point de vue de l'agricul-
ture, les Pentland Hills sont la seule légion peu fertile.
En 1881, il y avait 31) ° ,, de la superficie en champs.
21 "/y en prairies, 5 »/„ en bois. On comptait plus de
10,000 bœufs et de 166,000 moutons. On tire du sol de
7 I 800,000 tonnes de charbon 'vallée de l'Esk), 160,000
tonnes d'huile minérale, 25,000 de fer (vallée de I Etk
septentrional); les carrières de Craigleilh, Craùnnillar, Bam-
ton Uount fournissent de bonne pierre. Les trots quarts de b
population étant concentres à Edimbourg et Leith, l'indus-
trie el le commerce ont une certaine importance : imprimerie
et librairie, brasserie, verrerie, savonnerie, etc. — b'S prin-
cipales villes sont Edimbourg, Leith, Dalkeith, Musselburgh,
Portobello. Compris dans la province romaine de Yalentia,
puis dans le royaume de Noi thumbrie, ce comté renferme
encore des domaines féodaux, les châteaux de Borthwkk et
de Craigmillar, la chapelle de lioslin. A. -M. B.
Université d'Edimbourg. — L'univ. ■ ;n bourg
est sortie d'un petit collège [the town's allège) qui fut
fondé en 1583 par le conseil de ville d'Edimbourg. Ce col-
lège posséda dès l'origine le droit de conférer des degrés,
privilège qui lui fut confirmé par acte du Parlement de
1621. Peu a peu, le collège municipal, ou, comme on l'ai>-
pelait aussi, le collège de Jacques VI, assuma le nom et la
dignité d' « Université d'Edimbourg », mais l'institution
demeura sous le contrôle immédiat et le patronage du con-
seil municipal d'Edimbourg jusqu'en 1858, date de VL'ni-
versities (Scotland) Act, qui conféra de nouvelles constitu-
tions autonomes à tous les établissements d'enseignement
supérieur de l'Ecosse. — L'université d'Edimbourg est une
corporation composée d'un chancelier, d'un recteur, d'un
principal, de professeurs, de gradués enregistrés et d'étu-
diants immatriculés. De 1858 à 1890, le gouvernement en
a été exercé par le Senatus academicus, sous réserve du
contrôle de VUniversity Court. Depuis YUniversities
(Scotland) Âct de 1889, VUniversity Court est devenue
une corporation perpétuelle, pourvue d'un sceau ; elle ad-
ministre les revenus et les biens de l'université. Quant au
Senatus academicus, il surveille et régente l'enseigne-
ment et la discipline. Le nombre des étudiants immatriculés
s'élevait à 1,336 en 1858; il a été de 3,551 en 1889. Le
chancelier est élu à vie par le General Council; il est le
chef de l'université; il désigne le vice-chancelier. Le recteur
(auj. M. Goschen) est élu tous les trois ans par les étu-
diants immatriculés. VUniversity Court comprend : le
recteur, président, le principal, le lord prévôt d'Edim-
bourg, un assesseur nommé par le chancelier, un asses-
seur nommé par le recteur, un assesseur nommé par le
lord prévôt, quatre assesseurs élus par le General Coun-
cil, quatre autres élus par le Senatus academicus, quatre
représentants (au plus) des collèges affiliés. En 18o8, le
patronage des dix-sept chaires de l'université fut enlevé au
conseil municipal d'Edimbourg et transféré à sept cura-
tors, désignés trois par l'Uni versity Court et quatre par le
conseil municipal; les curators sont élus pour trois ans.
Le principal est élu à vie par le collège des curators; il
demeure dans le collège dont il est le chef et préside le
Senatus academicus, constitué lui-même par le corps
des professeurs. Il y a quatre facultés : arts, théologie,
droit et médecine. On appelle enfin General Council
l'assemblée, présidée par le chancelier, des membres do
VUniversity Court, des professeurs, des gradués, etc.
(6,622 membres au 1er janv. 1891). Le General Council
de l'université d'Edimbourg, d'accord avec celui de l'uni-
versité de Saint-Andrews, élit un représentant à la Chambre
des communes. Les bâtiments de l'université (South Bridge
Street) ont été élevés sur les plans de Robert Adam à la
fin du xviu'' siècle et au commencement du xixc. La biblio-
thèque universitaire possède 177.000 volumes et 3.000 ma-
nuscrits. — Le budget annuel des dépenses est de 15,922
livres sterling. Le principal reçoil 1,000 livres: les chaires
des quatre facultés coûtent 10,280 livres : la mieux rému-
nérée est celle de critique biblique (630 l.) ; la moins payée
est celle de grec (238 L). Le capital en la possession de
l'université (à cause de legs, douai ions, etc.,) monte à
plus de -'» 12,000 livres: son revenu total à 40,983 livres.
— Consulter, pour les règlements intérieurs des facultés,
- r»63 -
EDIMBOURG — EDISON
i programmes et les statistiques qui ne peateol ôffe
liquées ici, The Edinburgh Inivrrsity Calendar (offl-
il) publié chaque année par L'imprimeur de l'I diversité,
les
indi
ciel) publié ehaqi
James ïliii-. Ch.-V. Làmglois.
Bœl. : Vn.i r. — Maitland, Hislory of Edinburgh, i ..■•'■—
à»KOT.Hi8lorvo/'fidin6ttroh,1789.-R.CHAMBKB8, / rao>
tionsof Edinburgh, 1824.— D. WiiaoHMemorudaofEain-
tmr.ih m the Olden Time, 1846-48. — Ou môme, Reminis-
of old Edinburgn, 1878,2 vol. — Andbrson, //i.<-
«on/ or Edinbumh. lsôo. — l>u./.i i. Wtturij of the Um-
oently of Edinburgh, 1862,2 vol. - 11. Mu i.kh, Edinburgh
and lis nsiffhAournood; 1870, 4«ôd. Tous ces ouvrages
I dimbourg.
Umvb*sitb d'Edimbodeo. — A l'occasion du troisième
. fondation du collège d'Edimbourg, de
grandes fêtes ont été célébrées en 1884; elles ont donné
de nombreux écrits, en toutes langues, sur l'his-
toire de l'Université. V. surtout W. IIoi.k, Quasi Cur-
portraitea of the liigh officers and professors of
nioersily of Edinburgh at Us trccentcnry festival;
Edimbourg, 1884, in-4.
EDIMBOURG (Altivd-I'.rnest-Albert, duc d'), second fils
île la ivme Victoria, ne I Windsor le (i avr. 1844. Il acheva
seseliide>a Oeiiève, entra ensuite dans la marine et devrai
Nice-amiral en BOV. INS-J, commanda l'escadre de la Médi-
terranée en 1886 et, promu amiral en 1887, devint en 1890
commandant en chef de la marine a Devonport. Son titre
de duc d'Edimbourg lui a été conféré le ~1'< mai 1806. Il
a épuise, le -ï.> janv. 1874, la grande-duchesse de Russie,
\le\androvna.
EDINA. Village d'Afrique, sur la côte de Guinée, Etat
de Libéria, à lYmlioiu'hure du Saint-John, en face de Grand-
ou Buchanan). C'est la que l'on croit retrouver l'em-
placement de Petit-Dieppe, établissement londé vers 1384
par deux navires dieppois. Buchanan et Edina réunis for-
ment un groupe de population de o,000 hab.
EDIS (Robert-William), architecte anglais, né à Hun-
tingdon en 1839. Architecte de talent, il présida à deux
reprises l'Association des architectes et devint membre de
l'Institut royal des architectes anglais en 183-2 et de la
Société des antiquaires en 1870. Il fut aide de camp de lord
liury durant la guerre franco-allemande de 1870-71 et se
il à Paris pendant la dernière période delà Commune.
On lui doit un grand nombre de publications sur l'archi-
tecture et l'hygiène de l'habitation, une étude sur the
Fircproof mat crin Is { 1 87 i ) , etc. Il a construit d'importants
bâtiments tant en Angleterre qu'en Amérique.
EDISON (Thomas- uva), physicien américain, né à Milan
(Ohio) le 11 ftvr. 1847. L'histoire de la première moitié
de sa vie semble un de ces contes intitulés : « L'odyssée
d'un petit savant ». Son père, de grands parents hollan-
dais, avait été sans succès tailleur, potier, pépiniériste,
prèaetùr, et exerçait en dernier lieu à Port Huron (Michi-
gan), où il s'était établi en 1834, la modeste profession
de brocanteur. C'est dans une humble arrière-boutique que
Thomas reçut de sa mère, ancienne institutrice, des notions
fort rudimentaires de calcul, de littérature et de dessin.
Su vive et curieuse intelligence lui faisait, il est vrai,
dévorer avidement de la première à la dernière ligne tous
les livres d'histoire et de science que le hasard mettait à
sa disposition ; mais ces lectures, entreprises sans méthode
et poursuivies sans but, lui profitaient médiocrement, et
en I8"»9, son père, incapable de le nourrir plus
longtemps, le fit embaucher comme train-boy (homme
d'équipe) sur le Grand Irunk lUiilway of Canada and
Central Michigan, le futur geôlier de la parole (qui ne
devait jamais fréquenter une école) possédait une instruc-
tion très ordinaire pour un garçon de douze ans. Il partit
| uniques dollars en poche. Le propriétaire du buffet
lui ouvrit un petit crédit, et il s'occupa, entre les stations,
de colporter d'un boni a l'autre du train des journaux, des
pâtisseries, des sirops el des cigares. En moins d'un an,
il gagna à ce commerce plusieurs milliers de francs, qu'il
fut fier de remettre a ses parents. Il s'était d'ailleurs
bientôt adjoint deux ou trois gamins, « ses commis », qu'il
chargeait de placer la marchandise, tandis que lui-même,
enfermé dans le fourgon, pouvait s'adonner sans trêve à
sa passion pour la lecture. Un jour qu'à Détroit, pendant
un arrêt, il vit vendre un vieux matériel d'imprimerie, il
l'acheta, se mit en rapport avec une agence de renseigne-
ments, qui lui promit des télégrammes de station en station,
et fonda The Grand Railrood Trunli Herald, devenu
ensuite The Week t y Herald, journal d 'in forma lions et de
réclames rédigé, composé, tiré et plié par lui seul pendant
la marche du train et vendu aux voyageurs, au numéro
d'abord, puis par abonnement (8 Cents par mois!). Les
nouvelles en étaient on ne peut plus fraîches, le succès
fut grand et le Tintes en parla alors avec éloges. Thomas
n'avait pas treize ans! Vers le même temps, une traduction
du Traité d'analyse qualitative de Eresenius lui ayant
inspiré le goût de la chimie, il installa, toujours dans son
fourgon, une espèce de petit laboratoire. Malheureusement,
un flacon de phosphore renversé mit un jour le feu au
plancher, et le chef de train, furieux, fit passer par dessus
bord cornues, produits chimiques, presse, livres, et admi-
nistra une correction au jeune préparateur. Enhardi par
son premier succès de presse, Thomas créa alors à Port
Huron une nouvelle feuille plus sédentaire, qui justifiait
son titre de Paul Pry (Paul l'indiscret) par toutes sortes do
critiques et de révélations plus ou moins diffamatoires. Un
des malmenés se fâcha, saisit par le fond de la culotte le
rédacteur en chef de quatorze ans et le jeta dans le bassin
du port. Notre héros savait nager. Mais ces mésaventures
le dégoûtèrent du métier do journaliste aussi bien que de
celui de train-boy. Il avait tàté de beaucoup d'autres, de
celui de cordonnier par exemple; ce fut cependant une
circonstance fortuite qui lui ouvrit sa véritable voie. Un
chef de gare, dont il avait courageusement sauvé le baby
au péril de sa propre vie, lui avait enseigné pendant des
arrêts du train la manœuvre et le vocabulaire du télé-
graphe. Il s'était souvent ingénié depuis à improviser
divers petits appareils électriques et, comme il avait fini
par acquérir à ces amusements d'assez sérieuses con-
naissances en mécanique et en physique, il pensa à en
tirer parti et obtint facilement une place dans les bureaux
du télégraphe de Port Huron (1862). Habile opérateur, il
fut un détestable employé. Toujours occupé à des travaux
étrangers, jamais à son poste, il se vit imposer, pour assu-
rer sa présence, la transmission du mot « six » toutes les
demi-heures. Il imagina aussitôt un appareil à déclenchement
accomplissant automatiquement cette tache. C'était en 1804.
La même année, il conçut et indiqua un moyen pratique pour
faire passer simultanément deux dépêches télégraphiques
en sens inverses sur le même fil; on ne connaissait pas
encore les récents essais des physiciens allemands et sué-
dois, et on haussa les épaules. On l'avait successivement
envoyé à Stratford, à Adrian, à Indianapolis, à Cincinnati,
à Memphis. Dans cette dernière ville, il voulut établir une
communication télégraphique entre deux trains en marche;
ayant mal pris ses dispositions, il occasionna une ren-
contre. Cette fois, on le remercia tout à fait (1868). Il se
rendit alors à Boston, où diverses sociétés et fabriques
l'employèrent. Il y poursuivit d'importantes recherches sur
les appareils vibratoires et y ouvrit, en 1869, un premier
atelier pour la réalisation de ses inventions. En 1870, il
vint à New- York. Des études et des expériences très dis-
pendieuses et assez peu heureuses 1 avaient réduit au
dénuement le plus complet; mais il ne tarda pas à être
attaché, en qualité d'ingénieur électricien, d'abord à la
Laws Gold Reporting Co., agence télégraphique financière
dont il avait habilement et prestement réparé un indicateur
automatique du cours des valeurs, puis à la Gold and
Stock Co. et à la Western Union Teleyraph Co. Sa
fortune était faite. Ces deux dernières sociétés, qui lui
avaient acheté dès le premier jour, moyennant une rente
annuelle de 6,000 dollars, le droit d'appliquer son système
duplex, lui assurèrent en commun, outre un fixe consi-
dérable, l'acquisition, a des prix déterminés par arbitre,
du plus grand nombre de ses inventions. Elles lui firent
d'autre part construire à Newark, près de New- York, un
EDISON - ÉD1T
- 504 -
atelier qu'il dirigea pendant six années et où il occupa
jusqu'à trois cents ouvriers. Il le quitta eu 1876, pour
pouvoir consacrer plus de temps ;m\ recherches et a L'étude,
et fonda, quelques milles plus loin, a Orange (New-Jersey),
sur la ligne de Pennsylvanie, le laboratoire désormais his-
torique de .Menlo Park, ou, secondé par un nombreux el
savant état-major de chimistes, de physiciens, de mécani-
ciens et de mathématiciens, il devait réaliser coup sur coup
tant de découvertes. Le bâtiment avait son rez-de-chaussée
occupé par les machines, les bureaux et la bibliothèque ;
le premier éta^e était pris tout entier par le cabinet de.
travail <lu maître. Il y a quelques années, ce local
étant devenu insuffisant, il a élevé à peu de distance un
nouvel établissement formant, avec ses deux mille ou-
vriers, une grande cité industrielle. Lui-même habite
non loin de là le coquet chalet de Levveln qui, con-
struit presque entièrement en bois, n'est somptueux que
pour le pays et où, naturellement, tout marche a l'élec-
tricité. D'autres usines lui appartiennent encore en pleine
propriété ou pour partie : à Newdjeasin, à New-York, à
Brooklyn, à Philadelphie, à Chicago, etc. En 1886, V Edi-
son Electric HRiminating Co. possédait, aux Etats-Unis
seuls, près de 150 stations centrales et alimentait plus de
120,000 lampes. La Compagnie continentale Edison,
société fondée à Paris en 1881, a, d'autre part, le mono-
pole de l'exploitation en Europe de ses brevets relatifs à
l'éclairage électrique; son capital, de 3,500,000 fr. d'abord,
a été porté à 10 millions de francs en 1889, et elle pos-
sède, entre autres, les ateliers de fabrication d'Ivry (Seine),
les usines du faubourg Montmartre, de l'avenue Trudaine
et du Palais-Royal à Paris. Bien qu'il dépense sans compter
pour ses recherches et ses expériences, l'ancien camelot
du Grand Trunk Railroad a aujourd'hui une fortune
personnelle de plusieurs millions de dollars. Il s'est marié
deux fois : en 1873, à une de ses ouvrières de Newark;
en 1887, à la fille d'un riche négociant de l'Ohio, miss Miller
d'Akron. De haute taille, les épaules larges, le visage pale
et imberbe, les cheveux blonds et longs, l'œil bleu et pro-
fond, l'air un peu distrait, grand conteur et musicien pas-
sionné, le « sorcier de Menlo Park », comme l'appellent ses
compatriotes, est aussi modeste qu'affable. Les Parisiens
lui ont fait une chaleureuse réception lors de sa visite à
l'Exposition universelle de 1889.
Telles sont, rapidement esquissées, les plus notables
étapes de la vie romanesque de cet homme extraordinaire
qui, parti de la plus humble origine et grandi dans les
conditions les plus défavorables, excite aujourd'hui la curio-
sité et l'étonnement du monde entier autant par le carac-
tère merveilleux que par la multiplicité de ses inventions.
Il en compte déjà plus de six cents, et il est âgé de qua-
rante-cinq ans à peine (1892). Certaines ne constituent
à la vérité que des perfectionnements; mais d'autres, abso-
lument originales, lui sont exclusivement personnelles.
Nous nous contenterons de citer, en renvoyant d'ailleurs
pour les détails aux articles spéciaux : un répétiteur auto-
matique (1803); le télégraphe duplex (1864), dont la
priorité d'invention semble revenir à Gintl (1853), mais
qu'il a imaginé de son côté et considérablement amélioré ;
la plume électrique ; le télégraphe quadruplex, qui est
une combinaison des systèmes duplex et diplex et qu'il a
réalisé pratiquement en 1874 ; le phonoplex ou way-
duplex; un télégraphe automatique, qu'à la demande du
gouvernement anglais il vint, en 1873, expérimenter avec
un plein succès entre Londres et Liverpool ; un appareil
typo-télégraphique, qui figurait à L'exposition d'électricité
de Paris de 1881 ; le téléphone à courant électrique ou
micro-téléphone (IS77), qui constituait un progrès capital
sur le téléphone, jusque-là sans utilité pratique, de Graham
Bell : il avait d'abord simplement adapté à ce dernier son
transmetteur à pastille de charbon, puis il en avait rem-
placé le récepteur lui-même par son nouvel électromoto-
graphe; le phonographe, « la plus remarquable, la plus
incontestable et la moins contestée de ses inventions »,
qui date de 18"7, mais qui n'a reçu sa dernière Corme
qu'en 1888, et dont la combinaison avec h- transmetteur
a charbon et l'électromotographe a récemment donné nai*-
lance ■< la télépbonographie ; le relais a pression ; le
mégaphone (4878) ; laérophone (IX7X): un rhéostat ■<
charbon; {harmonie engine; une encre a impreasieas
multiples; le phonomètre; le microtasimètre, thennosesfe
d'une lies grande sensibilité; le « compteur de courant »
galvanoplastiqije, enregistrant la consommation d'éle< tricité
au moyen d'un dépôt de enivre; h* voltamètre sonore; la
subdivision de la lumière électrique, réalisée pour la pre-
mière fois <lans son usine centrale d'électricité de New-York
dont les plans figuraient à l'exposition de Paris de 18X1 ;
la lampe électrique incandescente, dont il n'a pas imaginé
le principe, mais qu'il a rendue pratiquement utilisable en
produisant un ville [dus parfait par la substitution de la
pompe de Sprengel a la machine pneumatique et en obte-
nant, par l'emploi de filaments de bambou du Japon car-
bonisés, des fils susceptibles de brûler huit cents hem
une machine dynamo-électrique à courant continu d'une
grande puissance (celles de l'usine de New-York peuvent
alimenter chacune 1,200 lampes de 16 bougies); un sépa-
rateur magnétique du minerai de fer à fonctionnement
continu et automatique ; la poupée ou babij phonographique,
dont le corps en étain renferme un phonographe rucimen-
taire et minuscule et qui peut réciter de petits contes,
chanter, etc. ; une machine dynamo-pyromagnétique pour
la production directe de l'électricité par le combustible
(1887). Il travaille actuellement à un bateau-volant et à
l'achèvement d'un « téléphote » devant permettre la vision
à la distance de plusieurs kilomètres d'une personne sous-
traite aux regards directs. On lui prête enfin l'intention de
chercher à emmagasiner les forces développées par le mou-
vement des vagues de la mer et à transporter à Buffalo,
à l'aide d'un câble immergé, l'énergie développée par une
habile utilisation des chutes du Niagara. Partisan de l'em-
ploi exclusif de courants continus pour les distributions
souterraines d'électricité dans les villes, il a, dans plusieurs
articles de revues, exprimé la conviction que les courants
alternatifs à haute tension ainsi canalisés présentent les
plus graves dangers pour la sécurité publique. — Yilliers
de ITsle-Adam a fait d'Edison le principal personnage d'un
de ses derniers romans : l'Eve future. Léon Sagxet.
Biiil. : J.-B. Mac-Clure, Edison and his inventions ;
Chicago, 1879, in-8. — Prescott, The Speaking Téléphone,
electric light, etc. ; New-York. 1879. — Marie Colombier,
Voyage de Sarah Bernhardt en Amérique; Paris. 1881,
in-12. — La Lumière Edison; Paris, 1888, in-s. — Ed. Ligne-
ri ux, Edison et le Phonographe ; Paris, 1882. — Gaston
Tissandier, Th.-A. Edison, dans ta Nature du 31 août
1889. — Exposition universelle de 1889, Notice sur la Com-
pagnie continentale Edison : Paris. 1889, in-4. — Le Figaro
des 10, 12, l(i et 27 août 1889. — Em. Durer, Edison, sa
vie, ses œuvres; Paris. 1889, in-8. — Louis Figuier, le
Roman d'Edison, dans (a Lecture des 25 août et 10 sept.
1890. — G. Dcmont, Dictionnaire d'Electricité; Pans.
1889, in-4 i aux différents mots cités).
EDIST0. Fleuve des Etats-Unis, Etat de la Caroline du
. Sud. Il prend sa source près de Brancheville, sur un pla-
teau qui s'étend à l'E. des monts Appalaches entre les
fleuves Cougarec et Savannah. L'Edisto est navigable pen-
dant 150 kil. et se jette dans l'océan Atlantique en deux
branches qui forment entre elles l'Ile Edisto.
ÉDIT. I. Antiquité romaine. — Les édits {edicta)
sont des communications adressées au public qui, d'après
L'étymologie (ex dicere), ont d'abord été orales et qui,
dans le sens postérieur du mot, sont en outre publiées par
voie d'affiches. Dans cette acceptation large, les édits
pourraient venir de n'importe qui, même de particuliers,
et il n'est pas impossible de relever des textes en ce sens.
Mais sans avoir peut-être un caractère absolument diffé-
rent, ils prennent naturellement une toute autre portée sous
le rapport des conséquences juridiques quand ils émanent
d'autorités qui recourent a cette voie pour adresser au
peuple ou à des citoyens isolés, soit des ordres, soit des
notifications, soit de simples avis, par exemple pour con-
— S63 —
KDIT
roquer les citoyens I des comices ou kd«8COficwti«s,ponr
faire des citations de procédure, pour annoncer des retes
mobiles, pour faire connaître aux intéressés en entrant en
eharge les principes qu'ils comptent suivre dans leur admi-
nistration, dans la confection dn cens pour les censeurs,
dans l'administration de la justice pour les préteurs, lesgou-
\erneurs. les édiles émules. C'est à ce point de vue qu'on
se place pour parler du fus cJicrndi de certaines autorités
ou pour enuinerer les édita qui nous ont été transmis.
Hontes que l'on cite connue investies du jus «K-
ttrnU sont : d'abord les magistrats supérieurs dû peuple
.t de la l'iéhe. consuls, gouverneurs, préteurs, tribuns ;
l'iiis certains magistrats moins élevés, ainsi les édiles
curiiles et plus étroitement les censeurs ; enfin certains
] rétres, non seulement le grand pontife, mais d'antiesen-
oare que des inscriptions récemment découvertes montrent
avoir exerce ce droit plus largement qu'on ne le soupçon-
nait, l.esédits de ces diverses autorités étaient d'abord lus
à haute voix: mais il> étaient en outre en général atlichés
dans un endroit public plus ou moins nettement déterminé,
pendant un délai qui dépendait de leur luit, mais qui ne
pouvait en principe guère exceller la durée des pouvoirs de
celui qui les avait rendus.
Il nous a été transmis quelques édits de magistrats ou
de prêtres que l'on trouve rassemblés dans les recueils
spéciaux et auxquels sont même venus tout récemment
s ajouter les assez nombreux édits sacerdotaux auxquels
nous avons déjà fait allusion, édits relatifs aux jeux sécu-
laires du temps d'Auguste et de Sévère, découverts à Rome
en 1890 et publies par M. Mommsen à la fin de 1891.
. à ente de ces édits particuliers qui nous ont été con-
servés textuellement, il y a d'autres édits, infiniment plus
preeieux pour le droit et l'histoire qui, s'ils ne nous sont
pas parvenus directement, sont aujourd'hui connus par
une quantité d'informations en permettant une restitu-
tion d'ensemble. Ce sont les édits qui étaient rendus
par les magistrats judiciaires, préteurs urbains et péré-
grins à Rome et gouverneurs en province ayant à coté
d'eux pour la juridiction des marchés les édiles curulesà
Rome et les questeurs dans les provinces du Sénat, et qui,
après être devenus progressivement un corps de législa-
tion complet, ont reçu une codification définitive sous
\drien (147-438), par les soins du jurisconsulte Salvius
Julien. La manière dont Ledit prétorien a peu à peu jux-
taposé une législation nouvelle a la législation civile a déjà
ipliquée a l'art. Droit prétorien. Il ne nous reste ici
3 n'a signaler les divers éléments dont il se compose. L'étude
- lements soulèverait deux questions : l'examen de
ieur antiquité respective, ou l'élude de la formation pro-
vsm de l'édit, et la détermination de leur disposition
final-1 ou la restitution de l'édit de Julien. Mais la seconde
:eux questions esl seule résolue. La première, qui serait
pour l'histoire générale du droit du plus haut intérêt, a été
jusqu'à ce jour a peu prés complètement négligée. Le seul
travail moderne qui lui soit directement consacré est une
courte dissertation de M. Dernburg ou il s'est efforcé de
ivrir dans les dispositions de l'édit des diversités de
rédaction qui permettraient un classement chronologique et
ou il a proposé dans ce sens deux critériums qui ont été con-
- par certains, admis par d'autres, mais qui ne seraient
■iit cas qu'un des éléments de solution. Tous les autres
niitériaux juridiques, historiques et philologiques qui exis-
. and nombre et dont certains même ont déjà
été utilises pour de^ recherchée spéciales, mais qu'un grou-
pemeat d'ensemble pourrait seul permettre d'apprécier
metenent, attendent encore une mise en œuvre systé-
matique'. Tout ce que nous pouvons dire ici, c'est qu'à peu
éments de Ledit y avaient déjà pris place au
début de l'Empire et qu'a part quelques magistrats excep-
tionnellement actifs et compétents tels qae.CassmsLongmus,
il en l'an 30, et Julien lui-même, les préteurs du Lrin-
cipat n'y changèrent plus rien que sur l'ordre du Sénat ou
de l'empereur. — (Juant à la rédaction de Julien, qui ne
parait avoir différé qu'assev. peu de l'édit antérieur — car
elle garde encore, aussi bien dans sa structure générale
qui' dans ses détails, tous les traits d'une formation coii-
tuinière faite au jour le jour — elle nous est au contraire
parfaitement connue, surtout depuis la publication de
l'ouvrage magistral de l.enel qui, principalement à l'aide
des fragments de commentaires de l'édit, est arrivé non
seulement à rétablir l'ordre et les divisions de l'édit de
Julien, mais à retrouver des quantités d'édits et de formules
dissimulés et défigurés dans les compilations de Justiuien.
L'édit du préteur comprenait : d'une part, quatre parties
principales contenant des édits et des formules d'actions et
relatives, avec beaucoup d'interversions et do digressions,
la première à l'introduction de l'instance jusqu'à la litis
contestatio, la quatrième à l'exécution depuis la senten-
tia, la deuxième et la troisième aux divers moyens prin-
cipaux répartis , suivant un critérium découvert par
M. Lenel et depuis généralement admis, en moyens rentrant
ou dans la juris dictio ou dans Vimperium des magis-
trats; d'autre part, un appendice ou plutôt trois appen-
dices renfermant les formules des interdits, des exceptions
et des stipulations prétoriennes. Ht symétriquement, l'édit
des édiles, également codifié par Julien, comprenait une
partie principale contenant des édits et des formules d'ac-
tions et un appendice donnant la formule de la stipulatio
duplic. Maintenant, outre cette division du fond qui ne se
manifestait probablement pas extérieurement, l'édit préto-
rien était divisé matériellement en un certain nombre de
titres désignés par des rubriques et peut-être numérotés.
Ensuite chaque titre était à son tour ordinairement subdi-
visé en plusieurs sections distinguées, semble-t-il, par des
rubriques. Enfin, que le titre fut ou non divisé en plusieurs
paragraphes, il contenait : dans les trois appendices à peu
près exclusivement des formules; dans le corps de l'édit
des édits et des formules d'actions, des édits quand le pré-
teur promettait de faire quelque chose, que ce fut de donner
une action prétorienne ou un autre moyen, des formules
quand le moyen auquel se référait la rubrique était une
action civile ou prétorienne. Et, par suite, on peut rencon-
trer sous une rubrique soit des formules sans édits, comme
dans les appendices pour les interdits, les exceptions et
les stipulations et dans le corps de l'édit pour les actions
civiles — que le préteur n'a pas à promettre, suivant une
doctrine de M. Wlassak qu'ont singulièrement confirmée
les recherches postérieures sur l'édit, — soit des édits sans
formules, quand, dans le corps de l'édit, le préteur promet
autre chose qu'une action, — une bonorum possession un
moyen dont la formule est dans l'un des appendices, —
soit enfin à la fois des édits et des formules quand le préteur
promet à titre abstrait une action prétorienne et en donne
en même temps la formule concrète. P.-F. Girard.
Edit du prince (V. Constitutions impériales, t. XII,
P. 63S).
II. Histoire. — Le terme ediclum fut conservé au
moyen âge et appliqué aux actes législatifs émanés des rois
que l'on a pris l'habitude d'appeler plus ordinairement
capitulaires (V. ce mot). Cependant certaines de ces lois
sont communément nommées édits; ce sont par exemple
celles qui émanent des rois lombards; quelques-unes aussi
de celles des monarques francs; par exemple l'édit de
Listes, qui est un capitulaire promulgué par Charles le
Chauve en 863. Les souverains de la France ayant à peu
près cessé, depuis la fin du ixe siècle, de promulguer
des lois générales, le mot édit, quoiqu'il soit demeuré
encore en usage dans les formules et qu'il ait été fréquem-
ment appliqué aux actes émanés des rois, n'est cepen-
dant pas employé pour désigner ces documents dans le
langage scientifique. On lui préfère les termes de préceptes,
privilèges, etc. Lorsque les monarques capétiens exercèrent
de nouveau depuis Louis Vil et Philippe-Auguste le pouvoir
législatif, ils désignèrent parfois encore leurs actes par le
mot edwtum, mais l'usage s'est établi de les nommer
plutôt des ordonnances (V. ce mot). Au xvie siècle seule-
KOIT — ÉDITION
- 566 —
ment on distingua entre l'édit et l'ordonnance. Ce dernier
tenue l'ut appliqué ;<ux lois générale! contenant un a-siv.
grand nombre de dispositions sur dee matières différentes
1 1 en particulier sur L'administration de la justice, rendues
le plus souvent ensuite do remontrances des l.lyt» ; ledit
au contraire était ordinairement un acte législatif qui ne
réglait qu'une seule matière. Les édits royaux étaient géné-
ralement expédiés par la grande chancellerie en forme de
grandes lettres patentes, c.-à-d. qu'ils sont adressés « a
tous présents et à venir », datés de l'année et du mois,
sans indication de quantième, et scellés du grand sceau
de cire verte. II y a eu toutefois des exceptions. Los
édits, rendus sous cette forme, ont constitué essentiellement
avec les ordonnances, les lois de l'Etat pendant toute la durée
do l'ancienne monarchie. On les désignait généralement sous
le nom de la ville où ils avaient été rendus : édits d'Am-
lioise, de Chàteaubriant, de Nantes, etc. On trouvera des
renseignements sur les plus célèbres de ces édits aux noms
des localités par lesquelles ils sont désignés. A. G.
Chambre de l'Edit (V. Chambhe, t. X, p. 379).
Euits relatifs aux protestants. — La plupart de ces
édits sont indiqués et résumés au mot Nantes (Edit de).
Bibl. : Antiquité romaine. — V. principalement sur le
jus edicendi, Mommsen, Droit public romain, 1892, I, pp.
230-238, 2« éd. fr. — Les principaux édits qui nous ont été
transmis directement sont reproduits ou énumérés dans
Bruns, Fontes juris Romani-, 1887, pp. 215-221,5" éd. donnée
par Mommsen et Girard, Textes de droit romain, 1890,
pp. 141-145. — Les édits relatifs aux jeux séculaires ont
été publiés et commentés, Monumenti antiqui publicati per
curadellaR. Academiadeilincei, 1891, pp. 602-672.— L'élude
de M. Dernburg sur la date des dispositions de l'édit se
trouve dans les Feslgabe fur Heffter, 1873, pp. 93 et suiv.
Cf. Karlowa, Rômische Rechtsgeschichte, 1885, 1, p. 467,
n° 4, et Krueger, Geschichle der Quellen des rômischen
Rechts, 1888, p. 37, n» 28, et en général pp. 30-39. — Pour
l'édit de Julien, l'ouvrage de M. Lenel, bas Edictum per-
petuum, 1883, a rendu à peu près inutiles tous les ouvrages
antérieurs, sauf peut-être, pour certaines indications his-
toriques, celui de Rudorff, De Iuris dictione edictum,
1869. — Pour la littérature plus récente, on peut notamment
consulter Glasson, Etude sur Gaius, 1885, pp. 271-302,
2* éd.; Karlowa, op. cit., pp. 628-641: Krueger, op. cit.,
g p. 84-92, et les tableaux sommaires de l'édit donnés dans
irard, Textes, pp. 115-145. et par M. Lenel lui-même dans
Bruns, op. cit., pp. 188-214, et Palingenesia iuris civilis,
1889, t. II, pp. 1247-1256.
É D 1T E U R. Ce mot a aujourd'hui une signification double.
A l'origine et pendant plusieurs siècles, il désignait exclu-
sivement un èrudit, un savant ou un simple lettré qui
publiait une œuvre quelconque d'autrui, soit pour la faire
connaître lorsqu'elle était inédite, soit pour en donner un
texte meilleur ou un commentaire nouveau, quand elle était
déjà connue.
Vers la fin du xvne siècle, on a appliqué le même quali-
ficatif à tout libraire (V. ce mot) qui imprimait ou faisait
imprimer des livres pour son compte ou pour celui des
auteurs. Toutefois, il ne fut adopté officiellement que dans
notre siècle. Dans cette dernière acception, ce mot s'ap-
plique non seulement à des libraires, mais aussi à des
sociétés savantes ou à de simples particuliers publiant des
livres, et encore à ceux qui mettent dans le commerce soit
des estampes, soit des pièces de musique, soit des cartes
géographiques, etc. — Sous la Restauration, il fut introduit
même dans le journalisme par la loi de 1819 sur la presse,
loi qui exigea pour chaque publication périodique la dési-
gnation d'un « éditeur responsable » chargé de répondre
légalement de tout ce qui s'y imprimait (V. Presse). Aujour-
d'hui, cette responsabilité incombe au gérant (V. ce mot),
dont le nom doit figurer sur chaque numéro d'un journal
ou d'une revue. G. P-i.
EDITH (Sainte), née en 961, morte en 984 (fête le
16 sept.). Elle était fille naturelle du roi de Northumbrie,
Edgar, et de Wultrith, plus tard sainte Wulfrith, abbesse
do Wilton, à laquelle le roi avait fait violence. Elevée dans
le monastère de sa mère, elle prit le voile à quinze ans,
refusa plusieurs riches abbaves et même la couronne qu'en
lui otlrit après l'assassinat d'Edouard, son frère (978).
Dunstan (V. ce nom) assista à ses derniers moments et
lui fit élever un monument somptueux. Le biographe
d'Edith, un moine du nom de uoscellin, qui \i\ait au
xr siècle, et dont l'ommoi ■ été édité par Sonna t ntce
sa n<- 1. ; Cologne, 1570) et dans letActa San» forutn, vaste
l'inépuisable et humble charité de son héroïne. I .-H. K.
EDITH d'il anglo-saxon Eadayth), reine d'Angb
morte en 107'j. Elle était fille oe Godwin, comte de v.
sex, fut élevée a l'abbaye de Wilton et épousa en 1045 le
roi Edouard le Confesseur qui, par piété, s'abstint de toute
relation conjugale avec elle. La légende la représente comme
très belle, très pieuse et très libérale ; mais des documents
irréfragables la montrent violente, avide et sans scrupules,
comme tous les membres de la famille du comte Godwin.
En 1051, la disgrâce de Godwin entraîna l'exil de sa fille
dans un monastère; elle revint en faveur avec lui en
1052. Dans les querelles de ses frères Tostig et llarold,
elle prit le parti du féroce Tostig, dont Edouard dut cepen-
dant ordonner le bannissement. Après la mort d'Edouard le
Confesseur, elle se retira dans sa cité de Winchester, fai-
sant des vo-ux pour la réussite de l'expédition de Tostig
contre llarold, dont elle fut peut-être l'inspiratrice et qui
échoua. (Juand, après la bataille d'Hastings, Guillaume le
Conquérant fit demander le tribut aux gens de Winchester,
il n'éprouva aucune résistance ; en récompense, Edith ne
fut jamais molestée par les Normands. Sur son lit de mort,
elle éprouva le besoin de nier solennellement les désordres
et les débauches dont le bruit public l'accusait (V. une
curieuse anecdote sur le baiser qu'elle donna un jour,
suivant l'habitude anglaise, à l'abbé Gervinus de Saint-Iti-
quier, dans le Chronicon Centulense, IV, 2"2). Ch.-V. L.
ÉDITION. Parallèlement à celui d'éditeur, ce mot a une
acception double. Tout d'abord il s'applique à la publi-
cation par quelqu'un d'une œuvre d'autrui, inédite ou non,
qui, dans ce cas, est le plus souvent accompagnée d'un
commentaire, de notes et éclaircissements. — Une édition
s'appelle « diplomatique > lorsqu'elle reproduit un texte
manuscrit, tel qu'il est, sans aucune modification ; aujour-
d'hui on a recours, dans ce but, à des procédés de repro-
duction héliographique pour assurer la fidélité matérielle
du texte et en faire connaître le caractère paléographique.
— Une édition est dite « critique > lorsqu'elle se propose de
fixer ou de restituer même hvpothétiquement un texte plus
ou moins altéré ou tronqué, soit par la faute des copistes
successifs à travers les âges, ce qui a généralement lieu
pour des œuvres antérieures à l'invention de l'imprimerie,
soit par la négligence des typographes, ou bien du fait des
exigences extérieures du moment, lorsqu'il s'agit des
œuvres déjà propagées par la typographie. La valeur d'une
édition critique dépend de la science et du talent de son
éditeur, et les règles pour l'établissement d'un texte ont
déjà été exposées ici (V. Critique de textes, t. XII, p. 410).
Le même mot signifie aussi l'impression d'un livre ou
l'ensemble des exemplaires d'une publication, c.-à-d. la
matérialité du fait. Dans la pratique, on désigne l'édition
d'un livre publié en dehors de la participation de son
auteur, tantôt par le nom de son éditeur intellectuel (par
exemple, les Mémoires de Saint-Simon, édition Chéruel, ou
édition de Boislille), tantôt sous celui de son éditeur com-
mercial (par exemple Aristote, édition Didot ; Buffon, édi-
tion Garnier, etc.).
Une première édition est appelée en bibliographie édi-
tion princeps, lorsqu'il s'agit d'une œuvre de l'antiquité
classique ; on emploie le terme d'édition originale pour
des productions des littératures modernes. Les unes et les
autres ont joué et jouent encore un rôle important en
bibliophilie, en raison surtout de leur rareté. Quelquefois
aussi elles ont une grande importance philologique ou litté-
raire, attendu que telle édition « princeps » reproduit le texte
d'un manuscrit aujourd'hui disparu et en lient lieu, tandis
que telle édition « originale » d'une ouvre nous la donne
dans son état primitif, a\ant les modification» ou les
transformations que l'auteur a pu lui faire subir ultérieu-
rement.
— 5(i7 -
ÉDITION — EDMOND
Au l'Oint do vue M la bibliographie, une édition n'est
réellement nouvelle que si elk est le produit d'une impres-
sion nouvelle, quand l'ion mente elle D'apportanit aucun
changement an texte do la précédente et n'en offrirait
qu'une réimpression pure et simple. Cependant, déjà au
ilo, les libraires, pour l'aire écouler plus aisément
molaires non Tenons d'un livre et leur redonner
l'attrait de la nouveauté, en renouvelaient simplement le
titre, tvee la mention que c'était une édition nouvelle. Cette
supercherie devint a la longue une habitude constante. De
nos jours, il s'est introduit en France une pratique plus
abasive encore a cet égard. Afin de créer autour d'un livre
une renommée factice de succès et d'allécher ainsi le
public, certains éditeurs changent h' titre à chaque mille
,1'ovmplaires (souvent même à chaque cinq cents ou même
. |wur y ajouter la mention mensongère do 8*, •'>'',
1 . etc.. édition. Quelquefois même, une dixième prétendue
édition est lancée dans le commerce avant qu'on ait touché
à la seconde, et il ne manque pas de gens qui s'y laissent
■rendre. Dans certains pays étrangers, on a l'honnêteté
d'avertir le public compétent, dans des bulletins perio-
d.ques de la librairie, que telle édition, qualifiée de nou-
velle, n'est qu'une réimpression de la précédente ou bien
n'a de nouveau que le titre avec le millésime du jour. On
sait alors a quoi s'en tenir. G. Pawlowski.
EDKINS (John), sinologue anglais et missionnaire de la
< Lmdon Missionary Sodetj ». Envoyé en Chine, il arriva
M i Chang-hai, qu'il quitta en 1800 pour
habiter successivementTohe-tou, Tien-tsin et Feking ( 1 863),
Depuis ISSU, il est attaché aux douanes impériales chi-
- - et réside à Chang-hai. Outre un grand nombre
d'ouvrages en chinois, ce savant a donné : Grammar of
CoUoquiai Chattes*, as exhibited in tlie Shang-haï
lhaltrt (Chang-hai, 1853, in-8 [réimpr.]); Grammar of
tfw Chinese CoUoquiai Language commonly called the
Mandarin Dialrct (Chang-hai, 1857, in-8 [réimpr.]);
Chine' s Place in Philohgy (Londres, 1871, in-8), ou-
vrage de philologie comparée qui a soulevé de nombreuses
controverses lors de son apparition; lieligion in China
(Londres, 1878, in-8, plusieurs éditions; la première est
• '); de nombreux mémoires dans les journaux de la
asiatique de Chang-hai, de la Société orientale de
Peking, etc., dont le dernier, The Effect ofXomad Life on
tkâ Growth of Language, a été lu récemment au Congrès
des orientalistes de Londres (1891). 11. C.
Bidl. : H. Cordieb, Bibl. sinica.
EQKÔ. Lac d'Egypte, dans le delta du Nil, d'une forme
triangulaire, 340 kil. q. de superficie, compris entre le
canal Mahmoudièh au S. et la branche de Rosette à l'E. II
communique avec la mer par un passage ouvert au N.-O.
sur la baie d'Aboukir. I^e lac, très poissonneux il y a encore
le, parait se dessécher graduellement et se transfor-
mer en marécage.
EDLUND (Erik), physicien suédois, né à Nérike le
I > mars 1819, mort à YVaxholm, près de Stockholm, en
Il était professeur de sciences physiques à l'Acadé-
■H royale des sciences de Suède. Les principaux mémoires
qu'il a publiés sont relatifs à l'électricité. Dans ses recher-
ches sur le phénomène de Peltier, sur la force électro-
motrice de l'are voltaique, sur la polarisation électrique, sur
la dilatation électrique, sur la force électromotrice produite
par l'écoulement d'un liquide, il s'est montré physicien dis-
tingue. La télégraphie a été aussi l'objet de ses études; il
a nontré en particulier, l'un des premiers, dès 185o, qu'on
pouvait transmettre simultanément, mais en sens inverses,
deux éépéchra télégraphiques sur le même fil. Au point de
vue théorique, l'une des plus intéressantes recherches
d'Edlund se rapporte à ce qu'il a appelé l'induction unipo-
laire; il explique par celte théorie l'origine de l'électricité
atmosphérique qui serait un phénomène d'induction magné-
tique produit par la rotation de la terre et des couches supé-
rieures de l'atmosphère. L'air tend à prendre une charge
paatne dans les régions supérieures, la terre une charge
négative. L'air, qui est peu conducteur à la surface du sol,
sert de diélectrique; au contraire, l'air des couches supé-
rieures, à une pression beaucoup plus faible, est beaucoup
meilleur conducteur; c'est dans ces couches que se pro-
duisent des courants électriques qui conduisent l'électricité
vers les pôles. Dans les régions équatoriales, la résistance
a la recombinaison du Quide des couches supérieures de l'air
et de celui de la terre est maximum; aussi ces recombinai"
sons se font sous forme do décharges disruptives et don-
nent lieu aux terribles orages de ces régions. Dans les
régions polaires, c'est l'inverse, la recombinaison est facile :
les orages sont très rares; mais les aurores boréales, qui no
sont autres que les phénomènes lumineux produits par
cette recombinaison, sont au contraire très fréquentes.
Cette théorie d'Edlund est très ingénieuse ; c'est en outre
la première théorie vraiment scientifique faite pour expliquer
l'origine et les modes d'action de l'électricité atmosphé-
rique. Aussi a-t-elle valu à son auteur le prix Dordin dé-
cerné par l'Académie des sciences de Paris en 1887.
EDMOND (en anglo-saxon Eadmund), roi d'Est-
Anglie, saint et martyr, né à Nuremberg (Saxe) en 841,
mort en 870. Il fut adopté en 854 par Otfa, roi d'Est-
Anglie, et à la mort de ce prince, décédé au retour d'un
pèlerinage au Saint-Sépulcre, en 85.'>, il fut couronné, à
l'âge de quinze ans. C'était le temps des plus formidables
invasions des Danois. Après la malheureuse bataille de
Thettord, Edmond, ayant refusé de s'enfuir et d'abjurer, fut
martyrisé par les hommes du Nord. Ses restes furent
d'abord ensevelis à lloxne ; comme ils firent des miracles,
on les transporta dans un magnifique reliquaire à l'abbaye
de Bury, qui fut enrichie plus tard par le Danois chrétien
Cnut. L'arbre auquel, suivant la tradition, saint Edmond
avait été attaché par les païens qui le criblèrent de flèches,
dans le parc de lloxne, a été abattu en 1849. On y a re-
trouvé des pointes de flèche. Ch.-V. L.
EDMOND, roi des Anglo-Saxons, né vers 922, mort en
946. A la mort d'Athelstan, le 27 oct. 940, il devint roi
et essaya immédiatement de réduire les pays danois du
Nord, qui avaient choisi Olaf, Normand d'Irlande, pour
leur roi. La campagne fut indécise, et, par le traité qui
intervint, Edmond dut se contenter, comme jadis Alfred,
de la contrée située au S. de Watling Street, sous réserve,
d'une vassalité nominale des chefs du Nord envers la cou.
ronne saxonne. En 941, Edmond parait avoir été plus heu
reux, mais on manque de détails. Il s'occupait en même
temps de défendre son neveu Louis contre les entreprises
du duc Hugues de Erance. A l'intérieur, il fut un patron
zèle du clergé, et fit Dunstan (V. ce nom) abbé du Glas-
tonbury. 11 fut assassiné à Pucklechurch dans le Glouces-
tershire par un seigneur appelé Liofa. Ch.-V. L.
EDMOND, surnommé Ironside ou Câte-de-Fcr, roi des
Anglo-Saxons, né vers 981, mort en 101(j. Fils d'Ethelred,
il épouse en 1045, malgré la volonté de son père, Eadgyth,
de la famille d'un comte danois banni. Il se rendit cepen-
dant fameux par sa lutte opiniâtre contre les Danois de
Cnut. Choisi comme roi à la mort d'Ethelred par les par-
tisans de l'indépendance anglo-saxonne, avec une armée où
les Bretons ou Gallois étaient nombreux, il battit Cnut à
Selwood (en Somerset), puis àSherston (Wilts). On trouve
un récit épique de la bataille sanglante de Sherston dans
le ch. x de la Knytlinga Saga. Mais la fortune l'aban-
donna à Ashington (Essex). Toutefois, par la convention
qui intervint, l'Angleterre fut partagée entre Edmond et
Cnut, et le royaume entier fut promis au dernier survi-
vant. Edmond mourut quelques jours après, probable-
ment assassiné. D'après Guillaume de Malraesbury, deux
chambellans ferreum uncum Eadmundo, ad natura
requisita sedenti, in locis posterioribus adegerunt.
La culpabilité de Cnut n'est pas prouvée, mais celle de
Eadric, comte de Mercie et beau-frère d'Edmond, est très
probable. Ch.-V. L.
EDMOND ou EDMUND (Saint), archevêque de Canter-
bury, né en 1190, mort en 1240. Il fit ses études en partie
EDMOND — ÉDOCÉPHALE
— 508 _
;i Paris, eu partie k Oxford, oh il contribué faire connaîtra
les œuvres d'Aristote. Son talent oratoire le lit désigner
comme l'un des prédicateurs de la sixième croisade (1227).
Quelques années pins lard, il fui nommé primat d'Angleterre
et occupa le Biègede Canterbury (1233). Ses revendications
politiques lui firent encourir l'hostilité du roi Henri III, qui
sut détacher de lui Bon protecteur, le pape Innocent III.
Edmond présida plusieurs assemblées politiques et ecclé-
siastiques dans lesquelles il revendiquait contre la couronne
le maintien de la grande charte et l'exclusion des étrangers
de toutes les fonctions publiques. Ne se croyant pas en
sécurité en Angleterre, Edmond se réfugia en France, près
de Manche de Castille (1240). H mourut peu de temps
après son arrivée dans ce pays. 11 fut canonisé par Inno-
cent IV en 1249. G. II.
EDMOND (Charles) (V. Charles-Edmond).
EDMOND ES (Sir Thomas), diplomate anglais, né à
Plymouth vers 1363, mort le 20 sept. 1039. Grâce a la
protection de sir Francis Walsingharo, il entra dans le
service diplomatique et débuta comme agent auprès
de Henri IV à Paris en 159-2. Nommé, en 1596, secrétaire
de la reine , il revint en Angleterre, remplit diverses
missions à Paris en 1397 et 1598, et en déc. de cette
dernière année fut chargé d'organiser entre les envoyés
anglais et l'archiduc Albert une conférence qui eut lieu à
Boulogne et qui ne put aboutir. Il obtint alors un emploi
de secrétaire au conseil privé. En 1601, il revint encore
en France pour tenter de négocier une alliance entre
Henri IV et l'Angleterre contre l'Espagne. Membre du Par-
lement pour Liskeard le 29 sept. 1001, pour Wilton en
1004, il occupa le poste d'ambassadeur à Bruxelles du
18 août 1004 à 1009. En 1010, après avoir essayé de
conclure une alliance défensive avec la France, il fut
chargé, en qualité d'ambassadeur, de faire une enquête sur
les conséquences possibles de l'assassinat de Henri IV. Il
fut ensuite fort occupé à négocier un mariage entre le prince
Henry et la sœur de Louis XIII, puis entre le prince
Charles et cette princesse, et assista à la conférence de
Loudun entre les protestants et le gouvernement français
(1010). Nommé contrôleur de la maison de Jacques Ier, le
20 déc. 1010, il accomplit une nouvelle ambassade en
France en 1017, devint trésorier de la maison royale le
19 janv. 1018, fut élu membre du Parlement en 1620 à la
fois par Dorchester et Bewdley, en 1624 par Chichester,
par Oxford en 1025 et 1020, par Penryn en 1028 et sou-
tint avec zèle, à la Chambre des communes, la politique
de Charles Ier. Il fut encore envoyé comme ambassadeur
à Paris en 102!) pour ratifier un traité de paix entre la
France et l'Angleterre. 11 rentra ensuite dans la vie privée.
II jouit de son temps, comme diplomate, d'une renommée
considérable. Sa correspondance existe au British Mu-
séum (Stowe mss. 707, 12 vol. in-fol.) ; une partie a été
imprimée dans ['Historical View of the négociations bet-
ween the courts of England, France and Brussels de
Thomas Birch (Londres, 1749), dans les Memoirs of
queen Elisabeth (Londres, 1754) et autres publications
historiques. R. S.
EDMONDSON (Joseph), peintre d'armoiries et généalo-
giste anglais, mort à Londres le 17 févr. 1786. En peignant
des armes sur des panneaux de voitures, Edmondson prit le
goût de la science du blason et se fit recevoir de la Society
of Antiguaries ; il obtint peu après un grade dans le Collège
des hérauts d'armes (1704), sans pour cela cesser son
métier de peintre, que son fils continua après sa mort. Il a
laissé plusieurs ouvrages, dont les deux plus importants sont
une nouvelle édition, corrigée et augmentée, du Uarona-
<l nun Genealogicum de sir William Segar, en 0 vol. in-
fol. (1764), al A Complète Bodij of lleraldry (1780,
2 vol. in-fol.). B.-H. G.
EDMONDSON (George), éducateur anglais, né à Lan-
caster le 8 sept. 1798, mort le 15 mai 1863. Elevé par
ses parents dans les convictions de la secte des quakers,
le jeune Edmondson accompagna Wheeler en Russie en
INI". Il revint en Angleterre pour se marier, mai- il
retourna bientôt à Okia, près de Saint-Pétersboarg, ou il
rendit, avec un désintéressemenl bien rare, de grands
services à l'agriculture en desséchant des marais <-t défri-
chanl des terres incultes. La seconde partie de sa vie lui
consacrée s l'enseignement. Il reprit, après un ou deux
essais ailleurs, l'école de Qoeenvood Rail, dan- le Ramp-
sbire, qui avait été fonde.- par les disciples de Robert
Owen, et en fit une institution modèle, ou il formait les
jeunes gens à l'agriculture et aux différents métiers, tout
en leur donnant une solide instruction. Archer Hirst,
Frankland, Tyndall enseignèrent dans son école; Henry
Fawcett en sortit. Sa femme, fille d'un maitre d'école des
environs de Shellield, nommé Singleton, fut sa collabora-
trice assidue et contribua largement à ses succès.
EDMONDSTON (Laurence), naturaliste écossais.
Lerwick, dans les Iles Shetlands, en 1795, mort en 1879.
Frère puîné d'Arthur Edmonston, qui a laissé d'intéres-
sants écrits sur leurs Iles natales, Laurence s'engagea
d'abord dans le commerce ; mais, cédant à ses goûts scien-
tifiques, il étudia la médecine et s'établit à Unst, la plus
septentrionale des Shetlands. Linguiste éminent, très versé
dans tous les dialectes Scandinaves, il étudiait avec passion
les vieilles légendes norses ; mais on lui doit surtout des
découvertes et des observations importantes en minéralo-
gie et en ornithologie. Il a publié beaucoup d'articles et de
brochures, parmi lesquelles nous ne citerons que Observa-
tions on the Distinctions, History, and Hunting of
Seals in the Shetland Isla?uts (1837). — Ses trois fils
ont hérité de son goût pour les sciences naturelles, et sa
fille, Jessie-Margaret, mariée à un naturaliste distingué,
Mr. Henry-L. Saxby, auteur de The Birds of Shetland,
a publié plusieurs volumes de vers et de récits inspirés
par les légendes Scandinaves. B.-H. G.
EDMONSTON E (Robert), peintre anglais, né à kelso
en 1794, mort à Kelso le 21 sept. 1834. Après avoir été
apprenti horloger, il alla étudier le dessin à Edimbourg,
puis à Londres, où on le trouve en 1819 fréquentant l'ate-
lier de Harlow et élève de l'Académie royale. Après un
voyage de deux ans en Italie, il revint à Londres, ou il fit
de nombreux portraits et surtout des portraits d'enfants,
de 1824 à 1829. En 1830, il exposa son tableau le plus
important, Jeunes Italiens jouant aux cartes, et repartit
l'année suivante par l'Italie, où il fut atteint de fièvres palu-
déennes, dont les suites l'emportèrent une lois qu'il fut
revenu dans son pays natal.
EDMONSTON E (Sir Archibald), voyageur et écrivain
anglais, né à Londres le 12 mars 1795, mort à I^ndres
le 13 mars 1871. Un voyage qu'il fit en Egypte en 1819
lui fournit le sujet de son plus important ouvrage, .4
.lourney to Two of Oases of the Upper Egypt (1822).
H a laissé, en outre, des vers religieux, deux ou trois tra-
gédies, et d'autres écrits déjà oubliés. B.-H. G.
EDMONTON. Faubourg de Londres, dans le Middlesex.
à 13 kil. du pont de Londres (V. Londres).
EDMUNDS (George), homme politique américain, né à
Bichmond le 1er févr. 1828. Membre de la Chambre de
l'Etat de Vermont de 1854 à 1859 et président de cette
assemblée pendant trois ans, il entra au Sénat en 1801 et
en devint également président. Envoyé au Sénat des Etats-
Unis en 1800 en remplacement de Foote, il devint un des
leaders républicains de cette assemblée, et il a même re-
cueilli un certain nombre de voix pour la présidence de
l'Union aux élections de 1880 et 1884.
ÉDOCÉPHALE (Teratol.). Monstre unitaire présentant
concurremment les anomalies delà cyclopie, de l'astomie et de
la synotie (troisième genre des Otocéphadicns de I.-G. Saint-
Rilaire). L édocéphale a un œil, ou du moins un orbite médian
et unique, surmonté d'une trompe: les mâchoires sont liés
atrophiées, et a la place de la bouche absente se voient les
deux oreilles, rapprochées ou réunies sous la tète. Cette
monstruosité, fort rare chez l'homme, est plu commune chez
les mammifères domestiques (V. Cyclopii; et Synotie).
— S69 -
KDOM — EDOUARD
EDOM, EDOMITES (Y. Immkk).
ÉDON. Coin, du dès. de h Charente, air. d'Angoulème,
eut. de Villebois-la-Vtlettej 618 btb.
EDON ES (Gèogr. anc). Peuple de Trtoe, annexé a la
Macédoine par Philippe II: il occupait le pays entre le
Strymon el le Nestusod se trouvaient les villes d'Eion,
tapbipolis, Philippes, De ton, Drabescus, Neapobs.
EDOUARD l 'Aveux, roi des Anglo-Saxons, mort en
la d'Alfred. Il se distingua aux eotéa de son père
dans les guerres contre les Danois, et reçut dés 898, bien
qu'aucune partie du royaume paternel ne lui fut alors spé-
cialement attribuée, le titre de roi. C'est en 901 qu'il fut
ehoisi par le wtta* pour succédera son père mort, en dépit
dea efforts d'un tils d'Ethelred, son eempetiteur, nommé
.Kttielwald. Cet l'.thelwald troubla jusqu'à sa mort, en 905,
d'Edouard, avec l'appui des Danois. Mais la guerre
contre les Danois ne fut pas arrêtée par la disparition du
prétendant: elle se reveilla en 910 (victoire de Tetten-
halli. en Mil (bataille de Wodensfield). A la mort de
l'ealdonnan de Mercie, son beau-frère, Edouard détacha
de la Mercie. pour l'annexer BU royaume proprement dit des
Savons, les districts île Londres et d'Oxford. En 918, nou-
velles invasions des Normands, venus, cette fois, des cotes
de Bretagne, qui s'attaquèrent au pays de Galles; Edouard
les rejeta en Irlande, la chronologie de la tin du règne est
très confuse. On entrevoit que le roi, toujours victorieux,
réduisit successivement plusieurs des Fit» Boroughs da-
Notxmghaai, Derby. Leicester, et reunit la Mercie au
rovaume des Saxons a la mort de sa sœur. Elhelfled, veuve
de l'ealdorman régional. Que le roi d'Ecosse l'ait choisi à
cette époque comme patron, c'est ce qu'on lit à l'année 92 i,
dtaa la chronique anglo-saxonne de Winchester, maison a
eu bien tort de voir dans cet épisode, peut-être apocryphe
et interpolé, la première trace historique de la supré-
matie de la couronne d'Angleterre sur celle d'Ecosse. Les
« lois » du temps d'Edouard l'Ancien attestent les progrès
que tit sous son règne prospère la prérogative royale, dégagée
par la victoire des eut raves du compagnonnage germanique.
aKubme Ecgwyn, ce roi avait eu un fils qui lui
succéda. L'une de ses tilles. Edwige, épousa, en 919,
le roi franc Charles le Simple; une autre, Edith, le futur
empereur Othon. en 930.
EDOUARD le MuiTïit, roi des Anglo-Saxnns, né vers
963, mort le |S mars !t"S. 11 devint roi en 975 à la mort de
son père Edgar (V. ce nom) et fut assassiné par les partisans
d'une faction rivale. Son tombeau à Shaftesbury lit des tni-
. Dès 1001, on y allait en pèlerinage.
EDOUARD le CoHFESSH a, roi d'Angleterre, né à Islip
(Oxfordabire] vers 1004, mort le 5 janv. 1066. Fils du roi
Ethelred et d'Emma, fille de Richard sans Peur, duc de Nor-
mandie, il fut élevé au monastère d'Ely. Quand Emma, chas-
i les succès du roi danois Sweyn, fut obligée, en
lui ■>. d'aller chercher un refuge en Normandie, auprès de
son frère, elle emmena son fils, qui continua son éducation
à la cour ducale de Rouen. Vers la fin du règne de Cnut,
le due Robert essaya de rétablir l'exilé sur son trône, mais
la tempête dispersa la flotte d'invasion qu'il avait réunie à
Fécamp. Edouard ne retourna en Angleterre, pour y régner,
qu'en 1042, à la mort de son demi-frère Harth Cnut,
accompagné d'une suite de personnages normands et fran-
çais Il fut couronne a Winchester le 3 avr. 1043. Il devait
le partie Min élévation au comte Godwin de Wessex ;
il ep.msa >a fille Edith en 1045 : l'Angleterre fut partagée
entre les trois _ran>]s comtes, chefs du parti qui avait
ition du repre>eutant de la vieille dynas-
dwin (Weasex), Leofrie (Mercie), Siward (Northum-
brie). C'était un homme de moyenne taille, avec la barbe
et les cheveux tout blancs dès I adolescence, un albinos; de
manières simples, tempérant, dévot, charitable, mais colé-
rique et trop peu soucieux de >es devoirs royaux. 11 était
Me et se laissa toujours diriger, notamment par des
- originaires du continent, camarades de son long
exil, qu'il accabla de pensions, de charges palatines et de
dignités ecclésiastiques. On dit (mais ce fait n'est pas signalé
par les contemporains ; ou ne l'a tenu communément pour
certain qu'au XIIe siècle) qu'il ne se prévalut jamais de
ses droits conjugaux dans ^es rapports avec sa femme bien
qu'il l'ait laite fort ejUSCOMOCMl. Peut-être était-il impuis-
sant aussi bien physiquement que moralement. On raconte
de lui, en son âge mur, des traits d'une extrême puérilité.
La discorde ne tarda pas a éclater entre le faiseur de rois
anglo-saxon Godwin el le principal des favoris étrangers
du nouveau roi, Robert, abbé de Jumièges en Normandie,
èvèque de Londres dès 1044. En oct. 1050, mourut l'ar-
chevêque saxon de Canterbury ; Alfric, un parent de God-
win, canoniquement élu à ce siège, fut rejeté par le roi,
décidé à élever Robert de Jumièges au rang primatial. En
1051, antre incident : les gens de Douvres, molestés par
les domestiques d'un seigneur du continent, Eustace de Bou-
logne, beau-père du roi, les battirent; et, quoi qu'ils puis-
sent invoquer la légitime défense, Edouard enjoignit à God-
win (qui avait Douvres dans sa circonscription) de les
châtier. Godwin refusa, et, dans le witan qui fut tenu à
l'occasion de cette désobéissance, il fut abandonné par les
comtes Leofrie et Siward, qui embrassèrent la cause du roi;
Godwin et son fils llarold se virent refuser même un sauf-
conduit; ils durent s'enfuir ; l'archevêque Robert persuada
à Edouard, sinon de divorcer, au moins de saisir les biens de
sa femme, fille de Godwin, et de l'enfermer dans un couvent.
Les Normands furent alors les maîtres absolus à la cour
d'Angleterre; Guillaume, duc de Normandie, vint dans l'Ile
faire une visite à son cousin, et put se croire chez lui, tant
il rencontra de compatriotes. Il est probable que le faible
Edouard lui promit en cette occasion de faciliter un jour
par tous les moyens en son pouvoir les prétentions encore
cachées de Guillaume à la couronne d'Angleterre. Mais la
fortune changea bientôt. Godwin et son fils llarold débar-
quèrent en lOa^ à Southvvark près de Londres, à l'impro-
viste, et le roi capturé dut leur accorder leur pardon. A
cette nouvelle, les favoris normands s'empressèrent de pas-
ser sur le continent. Edouard tomba dès lors dans l'escla-
vage de Godwin, de la reine, rappelée de son monastère,
de Stigand, évèque de Winchester depuis 1047, à qui God-
win donna, au mépris de toutes les règles canoniques, le
siège de Canterbury dont le titulaire, Robert de Jumièges,
avait pris la fuite. Godwin, à la vérité, mourut en 1053,
mais son fils llarold lui succéda dans son comté et dans sa
toute-puissance. Cependant le frère d'Ilarold, Tostig, homme
violent et brutal, avait pris sur le roi une grande influence
personnelle depuis le départ des Normands ; il était égale-
ment préféré à llarold parla reine, leur sœur. II réussit en
1055, à la mort de Siward. à se faire attribuer le grand
comté de Xorthumberland. Edouard chassait avec Tostig,
en oct. 406.'), dans les forêts voisines de Wilton quand
llarold, qui avait passé les dix dernières années en guerres
sanglantes et heureuses contre les Gallois, lui apporta la
nouvelle d'une rébellion formidable du Northuniberland.
Les Northunibriens avaient été fort choqués d'être négligés
par Tostig, qui les faisait gouverner par procureur; et
l'absence du maître les avait encouragés à le rejeter. Ils
avaient choisi Morkère, fils du comte de Mercie, et vou-
laient l'imposer à la place de Tostig à l'agrément du roi.
Or, llarold avait épousé la sœur de ce Morkère, et, comme
il n'était point en excellentes relations avec Tostig, celui-ci
l'accusa formellement à l'assemblée de Rritford, près de
Salisliury, d'avoir fomente la rébellion contre lui. llarold
se purgea de cette accusation par serment, mais il refusa
de marcher avec les siens contre les révoltés de Northum-
brie. Tostig dut quitter l'Angleterre. Cette dernière humi-
liation brisa la santé d'Edouard. Depuis 1051, il n'avait
cessé de s'occuper de la construction d'une grande abbaye
à Thornev, près de la porte 0. de Londres (West-Mins-
ter) et d'une église en style normand. Cette église, d'une
architecture jusque-là inconnue dans Pile, lut inaugurée
solennellement le "2N déc. 1065; mais le roi ne put assis-
ter à la cérémonie ; il était ce jour-là couché sur son lit de
KDOUAHD
570 -
mort. Son tombeau, à Westminster, fit aussitôt dM mi-
racles. Guillaume l<! Conquérant, qui m prétendit toujoun
l'héritier légitime «lu Confesseur, encouragea la dévotion
à sa mémoire. Mais la canonisation officielle ne fut pro-
noncée qu'en in»i par la papa Alexandre III. Henri W
Plantagenet avail une dévotion spéciale pour Edouard, a
qui il ressemblait sur plus d'un point ; c'est ce qui la dé-
termina à choisir lo Confesseur comme patron il*' son tils
aine, Edouard Ier (V. ce nom). — On appelle « lois
d'Edouard le Confesseur »le résumé des déclarations faites
sous serment sur le droit ancien du pays par des jurys de
douze témoins réunis dans chaque comte en -1070. A cette
date, le Conquérant normaml promit à ses sujets saxons
de les laisser vivre selon la « loi d'Edouard », c.-à-d.
d'après leurs vieilles coutumes nationales. Ainsi Cnut avait
jadis promis aux Saxons assujettis de les laisser vivre sui-
vant les « lois » d'Edgar.
Bibi.. : E.-A. Fbf.eman, History of the norman Con-
qxiest, t. II.
EDOUARD 1er, roi d'Angleterre, fils aîné de Henri III et
d'Eléonorc de Provence, né à Westminster le 1 7 ou 1 8 juin
1*239, mort à Burgh, près de Carlisle, le 7 juil. 1307. Il
fut élevé à Windsor, sous la direction de llu^.h Giffard.
En 1252, Henri III lui donna en apanage le duché de Gas-
cogne. Craignant que les Gascons, peu dociles, ne trou-
vassent de l'appui en Castille, Henri négocia, pour son fils,
dès 1254, un mariage avec Eléonore, sœur d'Alfonse X.
Le mariage eut lieu en octobre, au monastère de las Huel-
gas; Henri donna en dot aux époux, avec la Gascogne,
l'Irlande, le pays de Galles, Bristol, Stamford et Grantham.
Le prince avait alors un goût décidé pour les exercices
violents et chevaleresques, tels que les tournois. On se sou-
vint longtemps deses prouesses au tournoi de Blythe (4 juin
1250). L'administration de ses vastes domaines, il l'aban-
donnait à son entourage, composé d'étrangers sans scru-
pules. Son règne futur s'annonçait mal; fils d'un père
francisé et d'une mère provençale, il n'avait rien d'anglais.
Les Gallois furent les premiers à protester contre les exac-
tions de ses agents ; Llewellyn, fils de Gruffydd, envahit
ses marches et fit une alliance avec les barons écossais;
or Edouard n'avait pas d'argent pour résister ; il fut obligé
d'en emprunter, en engageant ses biens à son oncle avide,
Guilhem de Valence. Cette malheureuse affaire de Galles
contribua fort à porter au paroxysme le mécontentement
des barons anglais, qui firent jurer à Henri III et à son fils
les fameuses provisions d'Oxford (V. Henri 1U, Oxford).
Edouard, se retournant contre son père, lit même quelque
temps des avances à Simon de Monti'ort.En 1262 et 1203,
il parcourut la Bourgogne et la France, toujours assidu aux
tournois, tantôt vainqueur, tantôt battu. Mais, en 1204,
eut lieu, entre les partisans de la couronne et ceux de
Simon de Montfort, leader du parti des barons, le décisif
combat de Lewes. Edouard mit en fuite les troupes de
Londres qui lui étaient opposées ; malheureusement, il
s'attarda à les poursuivre ; quand il revint, sa journée était
perdue. D'abord enferméà Kenilvvorth, il réussit à s'échap-
per des mains du comte de Leicester et trouva un appui
chez les Mortimer, chefs des marches galloises. Il recruta
une nouvelle armée et gagna la bataille d'Evesham oii Simon
de Leicester fut tué : succès suivi de beaucoup d'autres,
moins importants, sur les tenants obstinés de7 la révolution
manquée, à Axholm, à Winchelsea, à Kenilvvorth. Encore
en 1207, Edouard futoccupé à comprimer par la force une
rébellion des comtés du Nord et à réduire les barons réfu-
giés dans une citadelle sise au milieu des marais inabor-
dables d'Ely. Le 24 janv. 1208, en accomplissement d'un
vœu qu'il avait fait, il se croisa: il devait faire partie de
l'expédition organisée par saint Louis contre Tunis; mais,
quand il arriva à Aiguës-Mortes, Louis IX et les Français
en étaient déjà partis; quand il arriva à Tunis, Louis IX
était mort et les croisés de France avaient fait la paix avec
le sultan des infidèles. 11 refusa d'imiter cette conduite et
cingla avec ses treize vaisseaux vers Saint-Jeau-d'Acre, où
il débarqua en mai 1271. Il n'avait guère qu'un millier
d'hommes avec lui ; il ii' cependant de grandea presja
Il releva la ville d'Acre, qui «tait ruinée, prit Nazareth,
gagna \<- combat <ril;nla et s'avança jusqu'à Chatean-
l'elenn. Cependant, se> succès ne pouvaient avoir de réeaitat
érieux; le 17 juin 1-272, il lut victime d'une tentative
d'assassinat par un musulman fanatique qui bu donna un
coup «le couteau dans le bras; fatigué, ses troupes é -
méea, il conclut une trêve de dix ans avec le suhan al
partit le 15 août. Lu Sicile, il apprit la mort de son |«;re,
qui li' taisait roi d'Angleterre, celle de son oncle Kichard,
celle de Jean, son fils alm'-. C'était alors un homme vigou-
reux, un soldat, mais, en même temps, un organisateur
expérimenté,* législateur par instinct », Son ique
une ère nouvelle dans l'histoire constitutionnelle de l'An-
gleterre au moyen âge.
Edouard, sachant que son royaume était en bonnes mains,
sagement gouverné par les régenta Walter, archevêque
d'York, Loger Mortimer, Robert Burnell, mit plus de deux
ans à revenir de Sicile en Angleterre. Il passa par l'Italie,
où il eut une entrevue, à Orvieto, avec le pape Grégoire X ;
traversa les Alpes au montCenis; prèsdel.yon. il tut invité
par le comte de Chalon à un tournoi qui dégénéra en mèlee
sanglante et qu'on a appelé, pour cette raison, « la petite
bataille de Chalon». A Paris, le roi prêta hommage à Phi-
lippe III pour la Gascogne et se rendit dans cette province ou
Gaston de Béarn, qui s'était révolté, le tint en échec pendant
un an. Il ne débarqua a Douvres que le 2 août 1274 et fut
couronné à Westminster, avec la reine Eléonore. Il s'appliqua
aussitôt à la politique intérieure, avec l'aide de Burnell,
qu'il fit chancelier, du trésorier John Kirkby et de son
conseiller François Accurse, fils du fameux légiste de
Bologne, qu'il avait emmené d'Italie. Dès 1274, une en-
quête fut ordonnée sur les droits des seigneurs féodaux.
En 1275 fut passé le « Premier Statut de Westminster »,
qui réédite plusieurs clauses de la Grande Charte, fixe le
montant des charges féodales, des aides et des reliefs. Des
mesures de pardon furent prises en 1270 en faveur des
« déshérités » du règne précédent et l'on se prépara à la
guerre inévitable contre les Gallois; au Parlement d'oc-
tobre furent passés les statuts de Bigamis et Rageman.
L'année suivante, Llewellyn fit sa soumission au château
neuf, bâti par les ordres d'Edouard, à Hhuddlan, sous
condition d'hommage et de tribut. En 1278, le statut de
Gloucester amenda l'organisation des juridictions territo-
riales, et, en vertu de ce statut, Edouard lança des ordres
de quo warranta pour obliger les seigneurs à fournir le
titre (warrant) sur lequel ils s'appuyaient pour exercer
leur juridiction ; au mois de novembre, il fit arrêter tous
les juifs de son royaume et en fit pendre deux cent
soixante— sept à Londres, comme usuriers, en avr. 1279.
La mort de la reine mère, à qui appartenait le comté de
Ponthieu, obligea Edouard et sa femme à aller en France
en 1279. Le 11 mai.il prêta hommage à Philippe 1U |>our
cette province et renonça définitivement, en relie occasion,
à toute prétention sur la Normandie. A la place de kild-
warby, démissionnaire, il aurait voulu placer sur le siège
archiépiscopal de Canterbury son ami et ministre Robert
Burnell, mais le pape Nicolas 111 préféra John Peckham.
Cet archevêque ne tarda pas à offenser le roi en prescri-
vant d'atlicher à la porte de chaque église paroissiale un
exemplaire de la Grande Charte; c'est pour répondre à ce
procédé qu'Edouard fit voter au Parlement de I
le statut De religiosis ou de « mainmorte », où se
trouvent développées les précautions de l'une des Provisions
de 1259 contre l'accroissement indéfini des biens d'Eglise.
— Pendant qu'Edouard célébrait à Devina la fête de
Pâques 1282, il apprit que Llewellyn et son frère David,
qu'il avait comblé de faveurs, avaient repris traîtreusement
les armes. La campagne, dirigée par Edouard, de Hhuddlan
comme quartier général, fut d'abord malheureuse; mais
Llewellyn fut tué le 10 déc. à Badnor. et cet événement
rétablit les affaires. Un pont fut commencé pour joindre
— n71 —
EDOUARD
Anglesev à la terre, al plusieurs chAteaux bâtis sur le mo-
dèle de ceux de Rhoddlan et de l- lint. par exemple a Aber-
eoowav. Les Gallois uvrèrent an vainqueur la couronne
d'Arthur et leur chef David iini l'ut condamné a la peine
capitale par une assemblée de ses pairs a Shrewsbury.
Quelques jours après, a Acton Burnell, Edouard publia
une ordonnance, le Statut d'Alton l'.urnell. célèbre dans
I histoire de la législation commerciale anglaise. De 1884
date le * Statute oi Wales » qui imposa au pays de Galles
conquis les cadres de l'administration anglaise et le droit
criminel anglais. En 1885, Edouard l'ut convoqué, comme
due d'Aquitaine, par Philippe 111. pour prendre parts la croi-
sade d'Aragon (\. Pbhjppi III); il employa, pour ne point
>'\ rendre, une procédure dilatoire, qui l'eussit. et cette
année 12S.'> est précisément celle où son activité législative
l'ut le plus notable. Il èdieta au Parlement d'été tenu à
Westminster le second statut de Westminster, qui est un
véritable code, et il limita étroitement la juridiction ecclé-
siastique par le fameux writ Circumpecte agatis. Le
Statut de Winchester, promulgué au Parlement d'octobre,
fit revivre et développa les anciennes lois relatives à l'orga-
nisation de la police en vue du maintien de la paix publique.
Après la mort de Philippe III, Edouard annonça son
intention de se rendre sur le continent. Français et Ara-
gonais se disputaient alors la Sicile. Dés 1282, Charles
d'Anjou et Pierre d'Aragon avaient choisi le roi d'Angleterre
comme arbitre du combat qu'ils se proposaient d'engager
à Bordeaux, an champ clos, l'un contre l'autre. En 1286,
le> tils de Charles d'Anjou, Philippe IV, les nobles de Pro-
vence, invoquaient son intervention pour régler leurs diffé-
rends. Il fut d'abord à Amiens, où il prêta hommage pour ses
■ continentales. A Cordeaux, il présida une sorte
de congrès diplomatique auquel prirent part les représen-
tants des rois d'Aragon, de France, de Castille et de Ma-
nue et deux légats du pape. Une trêve y fut arrangée,
5 juil.. entre la France et l'Aragon. En -I '287, Edouard
demeura en Aquitaine, se croisa et expulsa les juifs du duché.
Ln 1-288. il travailla à la délivrance de Charles le'Boiteux
et lui prêta des sommes considérables pour sa rançon, en
même temps qu'il faisait présenter au pape Nicolas IV
l'expression des sentiments qu'il éprouvait à voir un pape
exciter la guerre entre chrétiens, alors que les infidèles triom-
phaient en Syrie. Ayant appris qu'enfin on se lassait en
Anglelerre de sa longue absence, il y revint au mois d'août
et eut aussitôt à redresser les iniquités commises par plusieurs
juges de la couronne, qui lurent punis. Il visita sa mère, qui
avait pria le voile à Amesbury et s'acquitta de divers pèleri-
nages aux tombeaux des saints Thomas, Edmond, etc.
ut en effet un homme très pieux, de goûts ecclésias-
tiques, quoique viril et sagement incrédule à l'égard des su-
perstitions populaires. Le Parlement de -1-289 fut marqué
par la promulgation du statut Quia emptores qui interdit
les sous-inféodations. et par un statut pour l'expulsion des
juifs. La mort de la reine, arrivée à Harby (Noltinghamshire),
le 28 nov., attrista beaucoup Edouard, qui se retira, pour
v passer plusieurs mois dans la retraite, au couvent des Bons-
ilommes d'Ashridge. En mai 1891, il eut à s'occuper de la
• ssion d'Ecosse : Alexandre III d'Ecosse était mort en
1 186, laissant comme héritière Marguerite de Norvège, qui
fut fiancée en 1-288 à Edouard, fils d'Edouard lor, avec dis-
E- ii pape et approbation de la noblesse écossaise. Les
tats d unis a Brigham, près de Roxburgh, le
tu mars 1-290, manifestèrent publiquement leur satisfaction,
sous réserve des droits et des lois du royaume. Là-dessus,
Edouard avait envoyé en Ecosse, comme gouverneur, son
ndi-le Antony (Jek, évèque de Durham. Mais Marguerite mou-
rut dans ia traversée de Norvège aux Orrades, et il n'y avait
pas moins de treize compétitiui-s a sa succession. Edouard
tit d'abord reconnaître par tous les compétiteurs son droit
de suzeraineté sur la couronne d'Ecosse; il désigna ensuite
tatiol(V. ce nom) comme le roi légitime (17 nov. 1898).
Mu i ea >iitrefailes commença la guerre avec la France.
I^s hostilités étaient continuelles entre les marins des Cinq-
Ports et ceux des cotes de Normandie ; elles prirent, en 1 293,
de très graves proportions ; de mémo, les frontières de l'Aqui-
taine étaient le théàlrede conflits perpétuels entre les sujets
îles rois de France Si d'Angleterre. Philippe cita Edouard
à comparaître devant le Parlement do Paris, comme duc
d'Aquitaine, et saisit le duché, faute de comparution. Ea
guerre l'ut ainsi déclarée. Edouard, toutefois, n'y prit pas
part en personne, étant retenu par une insurrection des
Gallois sous Madoe, fils de Elevvellyn, qui l'obligea à taxer
le clergé à la moitié de ses revenus pendant un an. Cette
guerre de Galles l'occupa jusqu'au mois de mai 1295. Pour
la guerre de France, il en remit le soin à John of Saint-
John, son sénéchal en Aquitaine, et à ses alliés, le comte
de Bar, les princes des Pays-Bas et le roi des Romains,
Adolphe de Nassau. Les Français, cependant, faisaient
souvent des descentes sur les côtes anglaises de la Manche.
Un certain chevalier nommé Turberville fut persuadé,
dit-on, de livrer à Philippe les Cinq-Ports. Mythe fut
attaquée, Douvres fut brûlée. L'Ecosse remuait. Edouard
convoqua dans ces circonstances critiques, pour nov. 1295,
un Parlement qui différa des précédents en ce que, dans les
writs de convocation envoyés aux évoques, fut insérée
pour la première fois la clause Prœmunientes qui leur
enjoignait d'amener au Parlement des représentants du
clergé inférieur de leurs diocèses. Le Parlement de 1295
fut le type normal des Parlements à venir, car il fut com-
posé des représentants des comtés, des villes, du clergé et
des barons. U vota des subsides ; mais, ces subsides, Edouard
ne put pas encore les employer contre la France. Ce furent
les affaires d'Ecosse qui absorbèrent son activité. — Macduff,
comte de Fifo, ayant appelé d'une décision de Baliol au roi
d'Angleterre, celui-ci, comme suzerain, fit citer à sa cour
le roi d'Ecosse, qui comparut. Les nobles écossais furent
peu satisfaits de cette conduite et, en vue de profiter des
embarras de leurs voisins, entamèrent des négociations
avec Philippe de France. Dès mars 1296, ils ravagèrent lo
Cumberland et tentèrent un coup de main sur Carlisle.
Edouard ne fut pas pris au dépourvu ; deux armées enva-
hirent l'Ecosse; Berwick fut prise, et ses habitants furent
massacrés; Dunbar, Roxburgh, Jedburgh tombèrent, ainsi
qu'Edimbourg et Stirling. Le 10 juil., à Montrose, Baliol
remit son royaume entre les mains d'Edouard, à qui vingt
semaines avaient sulli pour faire la conquête du pays tout
entier. Le 28 août fut tenu le Parlement de Berwick où le
clergé, les barons et la noblesse d'Ecosse jurèrent fidélité à
leur nouveau maître. Le roi institua des officiers pour
l'Ecosse et retourna en Angleterre tenir (en novembre) sou
parlement anglais à Bury-Saint-Edmond. — Là, le clergé,
par l'organe de l'archevêque Winchelsey, fit savoir qu'il
lui était impossible d'accorder quelque aide pécuniaire que
ce fût, à cause de la bulle Clericis laicos, récemment
lancée par le pape Boniface VIII. Cette déclaration, le
clergé la renouvela encore, après de longues délibérations,
le 20 janv. 1297, à l'exception des prélats de la province
d'York, qui cédèrent. La colère du roi en présence de
l'obstination de la province du Sud fut extrême, d'autant
qu'il apprit à cette époque quelques revers de ses armes en
Gascogne. Il convoqua donc, à Salisbury, en février, les
lords, pour les prier individuellement de l'accompagner
outre-mer. Tous refusèrent, et, au premier rang, Humphrey
Bohun, comte d'Hereford, connétable, et Roger Bigod,
comte de Norfolk, maréchal du royaume. Les deux comtes
prirent même la campagne avec quinze cents hommes et
empêchèrent les sheritfs do réunir des provisions de
guerre dans leurs ressorts. Edouard vit bien qu'il fallait
plier : il se réconcilia avec l'archevêque de Canterbury ;
il promit de salarier ceux de ses tenanciers qui l'accompa-
gneraient en Flandre; il promit de confirmer la Grande
Charte et la Charte des forêts; il fit une sorte de discours
au peuple d'une plate-forme élevée devant Westminster Hall
(14 juil.). — En Flandre, ses soldats se querellèrent avec
les Gantois dès le début de la campagne et c'est à Gand
qu'Edouard dut (5 nov.), en exécution de ses promesses,
EDOUARD
- 572 —
confirmer les chartes anglaises, non sans d'importante! addi-
limis; il s'engagea, par eea additions, I ne pins lever de
lues arbitraires s;ms le consentement des Etats dn royaume
assemblés. Los articles additionnels sonl rédigés sous déni
tonnes, l'une en français, l'antre en latin, beaucoup plus
précise, sons le titre de De Tallagio non conceaendo.
Cette dernière n'est pas originale, mais elle a acquis l'au-
torité d'un statut, bien qu'elle n'ait été en son temps qu'une
traduction et nue paraphrase, depuis qu'elle a été citée
officiellement dans le préambule de la Pétition des droits
de 1028. Edouard ne tit rien en Flandre et, par les soins
de lioniface VIII, une trêve de deux ans tut signée entre
la France et l'Angleterre; Edouard, de plus, épousa Mar-
guerite, sœur du roi de France ; son fils et héritier fut en-
gage à Isabelle, fille de Philippe le Bel. Le mariage du roi
avec Marguerite eut lieu à Canterbury le 10 sept. 1299 et
la trêve, prorogée plusieurs t'ois, fut transformée en pais
définitive le 20 mai -1303. La Gascogne fut rendue au
Plantagenet, mais il abandonna en revanche son allié, le
comte de Flandre, à la vengeance du Capétien.
En Ecosse, le feu couvait sous la cendre. Wallace infligea
une désastreuse défaite aux Anglais le 1 1 sept . 1 297 , au pont
de Stirling. En 1298, cet échec fut vengé, il est vrai, par
une victoire personnelle d'Edouard à Falkirk; mais, aban-
donné par Norfolk et Hereford, mécontents du lot qui leur
avait été assigné dans le partage des biens des Ecossais
rebelles, le roi fut obligé de quitter le pays en 1299, avec
la crainte qu'une nouvelle insurrection ne Je forçât prochai-
nement à y retourner. Il dut confirmer plusieurs fois en-
core les Chartes avec des additions (Articuli super cartas
de 4300); mais, à chaque saison favorable, il faisait, grâce
à l'argent que les confirmations lui procuraient, des che-
vauchées en Ecosse. Celle de 1300 fut signalée par le
fameux siège du château de Caerlaverock, défendu pendant
quelque temps contre toute l'armée anglaise par soixante
hommes seulement; le 30 oct.,il conclut avec les Ecossais
une trêve jusqu'à la Pentecôte. — A partir de 1302, tou-
tefois, il se trouva plus à l'aise; jusque-là, l'opposition
constitutionnelle acharnée des barons, dirigés par Hereford
et Norfolk, le pape Boniface et le roi de France, l'avaient
gêné de diverses manières dans ses entreprises sur l'Ecosse.
Dr Hereford mourut et son fils épousa une fille du roi ; en
second lieu, Edouard réussit à brouiller l'aristocratie laïque
avec l'aristocratie ecclésiastique, et il cessa d'avoir à les
craindre. Philippe de France, acharné contre les Flamands,
consentit, nous l'avons vu, à la paix d'Amiens qui restitua
la Gascogne aux Anglais ; enfin Boniface, désireux de se
faire des alliés dans sa lutte contre Philippe, abandonna,
pour se concilier Edouard, la cause, qu'il avait défendue
jusque-là avec zèle, de l'indépendance écossaise. Dès lors,
Edouard agit. Le 24 févr. 1303, Comyn avait gagné la
bataille de Hoslin sur l'armée anglaise commandée par sir
John Segrave. Il fut contraint, au premier choc du roi d'An-
gleterre, de faire amende honorable, à Dunfermline. Stirling,
seule, résistait encore en 1 304 ; cette ville fut prise le 24 juil. ,
après un siège héroïque. Wallace fut livré l'année suivante
et exécuté à Londres comme traître. — De retour à Londres,
le roi, informé de certaines atteintes à la paix publique
qui s'étaient produites durant son absence, promulgua un
statut (avr. 1305), dit de Trailbaston, pour la punition
de ces crimes. — Cette année-là, un noble gascon, Ber-
trand de Goth, fidèle ami d'Edouard Ier, fut élevé à la pa-
pautésousle nom de Clément V. Le roi lui envoya aussitôt
des ambassadeurs pour traiter avec lui « d'une certaine
matière qui lui tenait fort à cœur »; il s'agissait des pro-
messes qui lui avaient été arrachées au sujet des chartes.
Ses sujets n'avaient-ils pas abusé de ses embarras pour
empiéter sur les droits les plus légitimes de la couronne '!
Clément V s'empressa de le délier en effet des engagements
par serment qu'il avait pris en 1297. Il défendit en outre
à tous ecclésiastiques de l'excommunier sans l'assentiment
du siège pontifical; c'était désarmer totalement l'Eglise
d'Angleterre et particulièrement son chef, AYinchelscy, qui
l'avait dirigée dans sa résistance a la fiscalité royale.
Edouard détestait Winehelsey; il obtint , eu 1306, la
suspension de ce personnage, qui fut obligé de quitter
l'Angleterre. — L Ecosse remuait encore; la rébellion de
Robert Bruce est de 1306. Le 22 mai. jour «le la Pentecôte,
a Londres, Edouard l'r célébra une fête spiesdide : il
in son fils Edouard du duché d'Aquitaine, le fit che-
valier et promit de partir pour la croisade aussitôt après
avoir fait justice de Hubert Bruce. Bruce vif bientôt ses
adhérents se disperser, et s'exila en Irlande ; des châtiments
terribles frappèrent les siens, car le roi était malade, aigri,
furieux de voir l'œuvre de sa vie s'écrouler toujours, quand
il avait des raisons de la croire solide. Avant de mourir, il
avait fait promettre à son fils d'envoyer son cœur en Tarn
sainte, avec une escorte de cent chevaliers, et de ne pas
enterrer son corps avant d'avoir définitivement réunît
l'Ecosse. Il fut néanmoins enterré dés le 27 ocL, •> West-
minster Abbey. De sa première femme. Eléonoro de Castille,
il eut quatre fils et neuf filles. De sa seconde femme, Mar-
guerite, il eut deux fils (Thomas de Norfolk, Edmond de Kent)
et une fille. — Un annonce comme devant paraître prochai-
nement dans la collection dite Twelve english statesmen
une monographie sur le règne d'Edouard Ier. Ch.-V. L.
EDOUARD 11 de Cakiin'akvon (1284-1327), roi d'An-
gleterre, quatrième fils d'Edouard Ier et d'Eléonore de
Castille, né à Caernarvon le 25 avr. 1284, assassiné à
Berkeley Castle le 21 sept. 1327. Il devint héritier pré-
somptif peu de mois après sa naissance, par la mort de
ses aînés. En 1297, il fut régent (nominal) pendant l'ab-
sence de son père en Flandre, et dut rééditer le 10 set., en
présence de l'agitation des barons, la Confirmatio car-
tarum. Dès 1299, des négociations furent engagées entre
la France et l'Angleterre au sujet d'un mariage à interve-
nir entre Edouard et Isabelle, tille de Philippe le Bel. roi
de France, mais le projet n'aboutit que le 20 mai 1303,
date à laquelle eut lieu, à Paris, la célébration officielle de
cette union. Le 7 févr. 1301, Edouard avait été créé
prince de Galles, mesure qui fut accueillie avec enthou-
siasme par les Gallois. A partir de 1302, il accompagna
toujours son père dans ses campagnes contre les Ecossais.
Il semble que dès cette époque il ait montré du penchant
pour les amusements frivoles et grossiers, pour les excen-
tricités à l'anglaise. Il perdait beaucoup d'argent au jeu,
se faisait accompagner partout par un lion et par des mu-
siciens génois ; il fut obligé de payer des dommages
intérêts à un fou qu'il avait, pour rire, cruellement mal-
traité. Un de ses compagnons, d'origine gasconne, Pierre
de Gaveston, avait déjà acquis sur son esprit un funeste
ascendant, ainsi que son précepteur Walter Reynolds. En
juin 1303, ayant empiété surles chasses del'évêqueLangton,
trésorier du royaume, il répondit par des insultes aux re-
montrances de l'offensé : cette frasque lui valut un exil
de six mois loin de la cour paternelle. Cependant, au mo-
ment de la révolte de l'Ecosse, Edouard Ier, qui sentait ses
forces diminuer, fit un nouvel effort pour rendre son fils
digne de lui succéder. A Pâques 1306, le prime de Galles
reçut la Gascogne en apanage; a la Pentecôte, il fut fait
chevalier avec trois cents autres jeunes nobles et reçut le
commandement de Pavant-garde contre les Ecossais. Le
7 juil. 1307, la mort de son père le fit roi.
C'était alors un homme de fort belle mine, comme
Edouard 1' r, et d'une force physique exceptionnelle, bien que
d'un tempérament mou. Il n'aima pas la guerre. Sa volonté
était des plus faibles. Il buvait beaucoup. 11 avait les goûts
de la canaille et la fréquentait volontiers. 11 excellait, parait-
il, aux arts mécaniques; il était bon forgeron et bon terras-
sier, remarquable athlète, excellent coureur, homme de
cheval par-dessus tout. Il avait une espèce d'écurie de
courses, de haras, a Ditchling en Sussex. Il était très fier
de ses meutes de chiens gallois et de leurs sauvages piqueurs,
venus de ses montagnes natales. Un dit qu'en outre il
aimait la musique, et que Walter Reynolds gagna sa laveur
par son habileté in ludis thealraiibus. Avec cela fort
— 873 —
EDOl'AKD
rtnl (il ne savait pas la latin), amoureux da la pompe
extérieure, bavard, sans dignité, toujour> accroché à quelque
favori dont il était le jouet. Sun premier acte, comme roi,
fut d'élever Pierre de Gaveston ■ la pairie, sous la titre de
comte de Goraouailles, malgré la désapprobation dos barons.
Puis il renvoya brutalement los ministres de son père,
non sans sa venger particulièrement de Langton, qu'il fit
dépouiller et enfermer à la Tour. Le successeur <li> Lang-
ton a la trésorerie fat Walter Reynolds. Gaveston fut re-
in rayaunm, pendant le voyage do roi an France, ou
tard se rendit pour prêter hommage comme due d'Aqui-
taine et épouser brillamment sa femme Isabelle. Le cou-
ronnement d'Edouard et d'Isabelle eut lieu à Westminster
le 85 favr. 1308. Mais déjà la nation était indignée de
l'amour du roi pour Gaveston ; quand le grand conseil se
réunit le lOavr., il exigea l'expulsion de ce parvenu d'une
manière si énergique qu il fallut céder. Edouard se consola
en faisant l'exile vice-roi d'Irlande et en commençant im-
médiatement I intriguer pour sa restauration. Gaveston
était en effet de retour dès juil. 1309 : le roi avait accepté,
pour l'obtenir, plusieurs remontrances du Parlement et
individuellement par des dons los principaux barons,
ndant Lancastre donna le signal d'une opposition ou-
verte: d'accord avec les comtes de Lincoln, YVarwick,
Oxford et Arundel. il refusa de paraître au conseil convo-
que à York en octobre. C'est en vain qu'Edouard chercha
a échapper à des difficultés qu'il prévoyait en prolongeant
la seSBtOU et en tenant sa cour à Noël, dans son château
favori de Langley ; ses barons lui imposèrent, en mars
1340, le concours de trente et un « lords ordonnateurs » ;
il essaya de s'y soustraire en prétextant une expédition sur
les frontières de l'Ecosse. Quand, en 1314, les lords or-
donnateurs lui présentèrent leurs cahiers, il n'y vit qu'une
abuse : la destitution de Gaveston: mais, s'il ne cédait pas,
c'était la guerre civile : Gaveston s'en fut en Flandre. En
frvr. 1343, toutefois, le tenace Gascon était de retour, et
l.i guerre commença. Lancastre et Pembroke prirent Gaves-
ton dans Scarborough en lui promettant la vie sauve ; mais
Warwick le fit exécuter, contre la foi jurée, à Black-
low Bill, le 19 juin. Le roi ne put qu'assurera son « frère
lierre > la plus honorable sépulture à Langley où il fonda
un couvent de moines noirs.— Cet excès de violence ramena,
du reste, des partisans à Edouard II. Warenne, Hugues le
enser formèrent dès lors un parti pour s'opposer aux
entreprises de Lancastre sous la prérogative royale. En mai
I 143, ce fut le vieil ami du roi, Reynolds, qui succéda à
Winchelsey comme archevêque de Canterhury. Les « trois
contai » se réconcilièrent avec la couronne en 4343. Des
querelles qui avaient troublé la première partie du règne, il
semblait, à cette date, que rien ne restât.
L'année 131 4 fut marquée par une grande bataille en
I m . Bmee reprit aux Anglais Edimbourg, Roxburgh,
Stirling. Edouard tenta la fortune dans un combat décisif,
à lîannoekburn (-23 juin) et fut vaincu. Cette défaite le
rejeta pieds et poings lies sous la coupe de Lancastre et des
barons, qui 1- mirent en tutelle, reformant sa maison, chas-
sant son nouveau conseiller Pespencer, le réduisant à une
maigre pension de 10 livres sterling par jour. Mais Lancastre
M H montra pas plus digne qu'Edouard du pouvoir. L'Ir-
lande fut envahie par Bruce; les Gallois se révoltèrent; les
l'avancèrent jusqu'à Fnrnesa ; la famine qui désola
l'Angleterre en l'année 1346 fut la plus cruelle du moyen
âge. Le roi reprit quelque confiance et quelque autorité a
la suite des échecs du leader de ses adversaires, bien
qu'au parlement d'York (oit. 1318), il ait été encore
obligé de feindre une réconciliation avec Lancastre. Sa
■KM se portait maintenant sur Hugh de Despenser, l'un
cohéritiers, par sa femme, de la maison de Glou-
1 r. Une guerre privée éclata, en 1321, dans les marches
galloises entre h-s trois cohéritiers, Despenser, Audley et
Amory. Edouard prit ouvertement le parti du premier; les
barons, conduits par Lancastre. Pembroke et liadlesmere,
celui des autres. Sur ce.-> entrefaites, ladv Badlesmere
ayant lait fermer les portes de son château de Leeds pour
ne pas recevoir la reine Isabelle qui se rendait à Canterhury,
le roi se servit de cet incident pour secouer le joug dos
barons. Il pril et rasa le château de Leeds; il profila de ce
succès pour marcher sur le pays de Galles, où il reçut la
soumission des Mortimcr ; Roger d'Ainory l'ut pris; Lan-
castre lui-même s'enfuit, mais fui capturé à Boroughbridge
(Yorkshire), sommairement jugé àPontefract, et décapité. Le
triomphe d'Edouard et des Despenser fut complété par la
pendaison de Badlesmere et la condamnation de Mortimer
et d'Audley à la prison perpétuelle. Le 2 mai 1322 se
réunit le Parlement d'York, qui effaça les dernières traces
des « Ordinances » imposées à la couronne après Bannock-
burn. La tenue de ce parlement royaliste fut suivie d'une
nouvelle expédition contre l'Ecosse et d'une trêve de treize
ans avec ce pays. — De 1322 à 4326, Edouard régna à
peu près tranquillement, sous l'ascendant des Despenser
(Y. ce nom). Mais la reine Isabelle parut alors sur la scène,
comme ennemie furieuse du jeune Despenser, qui l'avait
l'ait mettre en surveillance et en quelque sorte en tutelle le
28 sept. 4324. Roger Mortimer s'enfuit vers le même temps
de la Tour et se réfugia en France. Or Charles IV, frère
d'Isabelle, régnait alors en ce pays ; il avait maintes fois
réclamé, depuis son avènement (4322), l'hommage'd'Edouard
pour l'Aquitaine et le Ponthieu ; il menaçait de déclarer la
guerre au roi d'Angleterre si cet hommage ne lui était pas
prêté. Le !) mars 1325, Edouard eut l'imprudence de dé-
pêcher sa femme à Paris pour faire prendre patience au
roi son frère ; il eut l'imprudence plus grande encore d'en-
voyer son fils aine et héritier, Edouard, rejoindre sa mère
en France (12 sept.), à charge de rendre hommage à
Charles IV, en son lieu et place, pour l'Aquitaine. Quand
l'hommage eût été dûment prêté à Vincennes (fin de sept.
1323), Edouard II pria sa femme et son fils de le rejoindre,
mais ceux-ci refusèrent de repasser la mer tant que les
Despenser resteraient en faveur. Prières, menaces, lettres
des évêques assemblés, rien n'agit sur Isabelle, qui avait
trouvé un conseiller (et un amant) dans l'exilé Roger Mor-
timer. Le comte de Hainaut, dont la fille était fiancée au
jeune Edouard d'Aquitaine, était du complot de la reine.
Isabelle, du reste, prit bientôt l'offensive. Le 24 sept. 1326,
elle débarqua à Orwell (Suffolk) avec les exilés du parti
des barons. Edouard II était à Londres ; il s'enfuit dans les
possessions galloises des Despenser, mais le vieux Despen-
ser fut pris et exécuté à Bristol. Le 2(i oct., le duc d'Aqui-
taine (Edouard III, fils d'Edouard II) lança, comme « gardien
du royaume » une proclamation montrant clairement que
les conjurés de Paris avaient d'autres visées encore que de
chasser les Despenser ou de venger la mort de Lancastre.
Le roi fut pris le 16 nov., près de Llantrissaint. Le 7 janv.
1327, le Parlement de Westminster, à la requête du chan-
celier Adam d'Orlton, élut roi le duc d'Aquitaine; Edouard II
était déposé; il fut enfermé à Kenilworth. Mais le gouver-
nement d'Isabelle et de Mortimer ne pouvait lui laisser la
vie ; il n'était pas assez fort pour être généreux. Le mal-
heureux fils d'Edouard rr fut traîné de château en château
par ses deux atroces geôliers, Thomas de Gournay et John
Maltravers. A Berkeley, sa dernière résidence, on essaya
de le faire mourir de faim, de froid ; on le fit loger au-
dessus d'un charnier pour le faire mourir de maladie; mais
sa robuste constitution résistait à tout; il fut enfin tué
dans son lit le 21 sept, par un procédé épouvantable (em-
palé avec une broche de cuisine). Il fut enterré à Glou-
cester ; son tombeau est l'un des chefs-d'œuvre de la sculp-
ture du moyen âge. Comme Thomas de Lancastre, il fut, à
cause de sa fin tragique, bientôt canonisé par la supersti-
tion populaire. Les Gallois, qui aimaient en lui leur premier
« prince de Galles ». onl conservé nombre de chansons sur
ses malheurs. Beaucoup de gens restèrent persuadés que
le roi martyr n'était pas mort a Berkeley; on croyait en-
core au milieu du xiv' siècle qu'il s'était échappé et avait
fini ermite en Lomhardie, après de romanesques aventures
en Irlande, dans les Pays-Bas et en France.
EDOUARD
- 374 -
Bibl. : Lerév. <:.-ll. ELlrtshobnb a publié l'itinéraire
d'Edouard II dana Collect&nea Archéologie*. 1, 118-44
[Britiah Archeologlcal Aasoclatton). — Cf. 8.-A. moobb,
Document leting (o the detdh and imri:it of Edward il,
dana Àrc/uBOiooia, 1,215-226. — Arc/uBologicaJ Journal,
XVII, 297-310. —Arc/uBologia, XXVI, 318-45;XXVIII, 24*
— Stubbs, Cftroniclea o/ the reigna <</' Edward i
Edward H, Rolls aeriea.— Lettre cteéfanueicteFiMçue
(es derniérei années d'Edouard II, publ, [iin- M. A. Ger-
main, dans Méiu. de /a .S'/c. arc/i. de Montpellier, 1S77.
EDOUARD III, roi d'Angleterre, né aWindtorle 13 dot.
131 v2, mort à Sheeenle "il juin 1377. Fils aine d'Edouard H
et d'Isabelle de France, il fut pourra dés sa naissain se îles
comtés deChesteret de Flint, mais ne porta jamais le litre
de prince de Galles. Son précepteur lut Richard de Bury,
évêque de Durham, le fameux bibliophile. Pour ne pas
avoir à prêter hommage personnellement a Charles IV, son
père lui transporta en sept. 132.') le Ponthieu et l'Aqui-
taine. Accompagné de sa mère, il partit pour la France à
cette date, prêta l'hommage au roi de France, et se rendit
à la cour du comte de Rainant, dont sa lille Philippa lui fut
fiancée. On a vu au mot Edouard II comment sa mère et
Mortimer l'entraînèrent [dans leur expédition contre son
père, et comment par la déposition d'Edouard II il devint
roi (janv. 1327). Le pouvoir réel demeura toutefois pen-
dant près de quatre années après l'avènement aux mains
d'Isabelle et de Mortimer. Pendant ce temps-là, le jeune
roi fit (1327) une expédition médiocrement honorable sur
les frontières d'Ecosse et épousa Philippa de Hainaut, à
York (24 janv. -1328). Il envoya aussi des ambassadeurs
à Paris, à la mort de Charles IV, pour réclamer le trône
de France, comme héritier, par sa mère Isabelle, de Phi-
lippe le Rel ; mais le trône fut adjugé à Philippe de Valois,
fils d'un puiné de Philippe le Rel. Il était admis que les
femmes n'avaient pas de droit au trône de France ; eus-
sent-elles eu le droit d'en transmettre, celui d'Edouard
aurait encore été primé par celui de Charles d'Evreux, fils
d'une autre fille de Philippe le Rel, Jeanne de Navarre.
Cependant le règne du favori, Mortimer, paraissait intolé-
rable à bien des gens. Lancastre, chef du parti des lords
« ordonnateurs » pendant le règne précédent, organisa, le
"2 janv. 1329, une conspiration des barons pour mettre fin
à la domination scélérate des assassins d'Edouard II, mais
l'archevêque de Canterbury s'interposa cette fois entre les
deux partis. Cependant Edouard III devenait un homme;
en juin 1329, il prêta solennellement hommage, à Amiens,
à Philippe VI, non sans réserver ses droits à la couronne
de France ; et un fils, qui fut le prince Noir, lui naquit.
Isabelle et Mortimer ayant mis le comble à leur tyrannie
en faisant juger et exécuter arbitrairement Edmond de
Woostock, oncle du roi, sous prétexte qu'il répandait le
bruit que Edouard II n'était pas mort, Edouard III saisit
Mortimer à ('improviste, pendant la nuit, dans le château
de Nottingham, et le fit pendre sommairement (29 nov.).
Une pension fut allouée à la reine mère Isabelle, qui reçut
comme résidence Castlerising en Norfolk, où le roi alla
chaque année, jusqu'à sa mort, lui faire une visite de cé-
rémonie.
Quand, par la chute de Mortimer, Edouard III devint roi
en fait comme de nom, il avait dix-huit ans ; il était de
belle prestance, fort, actif, grand chasseur. Il parlait cou-
ramment le français et l'anglais, comprenait l'allemand. Il
avait les qualités chevaleresques, mais il était dur. et,
dans sa vie privée, il fut, à la fin do sa carrière, immoral.
Comme roi, il eut l'ambition d'un conquérant, mais pas
de principes fixes en matière de politique intérieure. Il
considérait la royauté comme son patrimoine, point du
tout comme un office public. Quoique son règne ait été
fut glorieux, il ne fut pas aimé du peuple, qui souffrit
de son luxe extravagant. Le commerce anglais fit, pendanl
les cinquante années qu'il présida aux destinées nationales,
de remarquables progrès. L'organisation du Parlement se
compliqua; la Chambre des communes et celle des lords se
formèrent aux dépens de la niasse primitivement homo-
gène. De grauds changements sociaux furent amenés par
la « grande peste ». Mais Edouard III n'a Cet qu'assister à
ces événements considérables; il n'y contribua m
dans li- présent article, on ne l'oeeapera que de sa bio-
graphie personnelle. — Edouard, a la chute et atotiaar,
choisit comme ministre dons anciens membre», du pain et
Lancastre : l'archevêque Melton qu'il lit trétoi ier, et rèvéna
Strafford qui fut chancelier. Deux exiles qui vinreot cher-
cher asile a sa cour le lancèrent bientôt dans les aventures.
Le premier, Raliol, était candidat au tréne d'Eco
promettait, s'il l'obtenait, de prêter hommage-lige à la
couronne d'Angleterre. Edouard gagna, le 20 juil. I , ,.;.
la grande bataille de Rerwick \ Raliol redevint roi d'1
et abandonna aux Anglais tout l'ancien district de Lothian.
I.e second était Robert d'Artois, ehasté de France a cause
de ses querelles Btec Philippe VI, qui ne cessa point d'ex-
citer son hôte contre les Français. Le roi de France, d'ail-
leurs, fournissait aux Ecossais hostiles à Raliol des secours
de toute nature. Les années 1334-1330 furent emp
à de continuelles campagnes en Ecosse et à des prépara-
tifs contre la France, grâce à des subsides libéralement
votés par le Parlement; des intrigues furent nouées diplo-
matiquement avec Jacques d'Artevelde, qui dirigeait les
grosses villes flamandes, avec le duc de Rrabant, avec le
margrave de Juliers, avec les comtes de Gueldre et de Hai-
naut. Edouard fit un traité pour louage de troupes avec
l'empereur Louis de Ravière et essaya de se faire nommer
vicaire impérial. Sans que la guerre fut encore déclarée,
les hostilités avaient commencé entre la France et l'Angle-
terre, dans la Manche, sur les frontières d'Aquitaine. Les
Français brûlèrent Portsmouth, ravagèrent Guernesey et
Jersey; devant Southampton, ils capturèrent les meilleures
« cogues » royales d'Angleterre. De son côté, Edouard
fit le siège de Cambrai et pilla le Vermandois. C'est pen-
dant son séjour à Anvers que sur les conseils d'Artevelde
il prit pour la première fois ouvertement le titre de roi de
France (les villes flamandes, au sentiment d'Artevelde, lui
obéiraient plus aisément si, en lui obéissant, elles pou-
vaient dire qu'elles obéissaient au roi de France, leur sei-
peur naturel). Le 2ti janv. 1340, à Rruxelles, Edouard
fit écarteler pour la première fois ses armes des lis de
France posés à côté des léopards d'Angleterre. Le 24 fevr.
il gagna sur les F'rançais et leurs alliés une grande bataille
navale à Sluys, mais échoua au siège de Tournai, tandis
que Robert d'Artois était vaincu à Saint-Omer et qu'en
Ecosse, Raliol faiblissait. Ces contre-temps irritèrent vire-
ment Edouard, qui revint brusquement des Pays-Ras à
Londres, où il destitua son chancelier, son trésorier et
divers officiers de justice, qui l'avaient laissé manquer
d'argent. Il choisit pour chancelier, le 14 déc, sir Robert
Bourchier, le premier laïque à qui ait été confié le grand
sceau, et entama une violente campagne de libelles contre
Strafford, archevêque de Canterbury, qui avait prêché contre
les taxes, et qui, étant chancelier, avart fait échouer le
siège de Tournai par des retards dans l'expédition des
fonds. Il profita de sa présence dans l'Ile pour se montrer
de nouveau en Ecosse, en cette année 131 1. t'est alors
qu'il serait tombé amoureux de la comtesse de Salisbury et
qu'il l'aurait violée parce qu'elle lui résistait. Cette même
année, l'empereur Louis de Ravière, qui l'avait fait son
vicaire impérial en Flandre, lui enleva ce titre et s'allia avec
la France. Ainsi tous les eflorts qu'Edouard avait faits
pour pénétrer en France par la Flandre et avec l'appui
des Allemands et des Flamands avaient échoué. Il cher-
chait une autre voie d'invasion. Elle s'offrit à lui. Jean
de Montfort, qui disputait le duché de Rretagne à Charles
de Rlois, vint lui offrir la suzeraineté de la Rretagne s'il
voulait l'aider. Le 20 mars 1348, le roi d'Angleterre en-
voya une armée en Bretagne sous sir Waller Manny et
débarqua lui-même a Brest en octobre. Il resta dans la
péninsule, sans faire de besogne bien utile, jusqu'à la
trêve conclue près de Vannes le 19 janv. 1313. Les années
1343 et 1344 furent employées à denouveaui préparatifs
contre la France, et Edouard tint eu janv. 1344, à Wind-
- 575 -
EDOUARD
sor. la fameuse « Table ronde » à l'imitation du légendaire
Arthur. C'est l celte occasion que la tour ronde de Wind-
sor fut construite, LeSO mai 1345, 1> guerre l'ut déclarée
à l'occasion de prétendues violations des trêves commises
par les gens de Philippe VI en Bretagne, en Aquitaine et
ailleurs. Elle commença pour le roi d'Angleterre sous de
-.11 allie. Jacques d'Artevelde, qui tra-
vaillait .1 soulever en sa faveur le- ville- llainandes, fut as-
i t.and: les banquiers florentins de la couronne,
y ,1 leePernxxi de Florence, firent faillite à cause
s imprndentoe qu'ils avaient consenties à
Edouard. Maigre cela, a l'été de 1346, il aborda à La
.iv ce une petite armée, tandis que les forces fran-
ètaient engagées du cote de l'Aquitaine. Le 86 juil.
il -lait I L'aen. Son projet était de rejoindre les Flamands
à travers la France du Nord et de tout ravager sur sa
route. Il ne put prendra Kouen. les ponts avant été coupés ;
et il ne réussit même à passer la Seine qu'à PoisS} . le
t. Tendant ce temps, Philippe M avait réuni des
troupe-, et se mit à la poursuite des envahisseurs. Le
choc eut lieu à Crée* en Ponthieu (26 août); il fut dé-
sastreux pour l'année de France qui laissa sur le champ de
bataille un nombre de cadavres égal à celui des combat-
tants de l'armée anglaise, et, parmi ces cadavres, ceux du
roi de Bohème, du duc de Lorraine, des comtes d'Alençon,
d'Ilarcourt. de Flandre, de Btois, d'Uimale, de Nevers
et de quatre-vingts bannerets. I e 18, sans se reposer,
Edouard 111 met le siège devant Calais, nid de pirates qui
avaient fait beaucoup de mal jusque-là au commerce an-
glaise! flamand. Les Ecossais étaient simultanément battus
I Nevill's Cross (Durham), et le roi David, rival de Baliol,
fait prisonnier, était enfermé à la Tour de Londres. En
le comté de Derby se rendit maitre de toute l'Aqui-
taine, et, en Bretagne, Charles de Blois fut fait prison-
nier. Le siège de Calais fut long, mais Philippe VI essaya
en vain de débloquer la place ; elle se rendit à discrétion
it 1347; tous les habitants en furent chassés et
remplacés par des colons anglais. Edouard conclut ensuite
une trêve rlH sept.) et alla jouir de son triomphe en An-
gleterre. Ce furent des fêtes prodigieuses, à Bury, à
Eltham, d'un luxe insensé, alimenté par les dépouilles de
la France. Le 23 avr. 1349, fut fondé l'ordre fameux de la
Jarretière. Au milieu de ces réjouissances tomba la peste
noire, compliquée d'épizoolie et de famine, qui resta endé-
mique eu Angleterre jusqu'en 1357. Ce n'est pas exagérer
que de dire que la population fut largement diminuée de
moitié. I ■ - gages doublèrent à cause de la rareté de la
main-d'œuvre ; et pour empêcher cette naturelle évolution
économique fut édicté le 9 févr. 1351 le fameux « Statut
oureurs » qui ramenait légalement les salaires au
taux usuel avant la peste, dans l'intérêt des employeurs.
Le même parlement de févr. 1331 édicta le statut des
rs (V. ce mot), et celui de 1353 l'acte non moins
célèbre dit de Prœmunire, dirigé, comme le précédent,
contre les abus de l'autorité pontificale en Angleterre.
ta paix avec la France n'était que provisoire et continuel-
lement troublée par des hostilités irrégulières. En 1351,
Guines fut livrée à Edouard par la garnison. C'est dans cette
ville qu'eurent lieu, en 1353, sous la médiation d'Inno-
cent IV, des négociations en vue de la paix : les préten-
tions d'Edouard n'étaient pas minces ; il demandait en
échange d'une renonciation à ses droits sur la couronne
1 Normandie, l'Aquitaineet le Ponthieu en pleine
souveraineté. -ans compter les conquêtes en Bretagne et en
Flandre, avec la suzeraineté de la Flandre. Sur ces entre-
faites, Charles de Navarre, qui possédait plusieurs villes
fortes de Normandie, se brouilla avec le roi de France et
s'entendit avec les Anglais pour leur faciliter une invasion
e : mai- son alliance n'était pas sûre : tandis que le
prince Noir cm-lait vers l'Aquitaine. Edouard se rendit à
Calais (août 135 1 il conduisit des troupes mercenaires
de Brabançons au pillage des frontières. Il fut toutefois rap-
pelé bientôt par la nouvelle que les Ecossais s'étaient em-
parés de Berwick. Le 20 déc, Raliol abdiqua en sa faveur
à Koxhurgh, et Edouard ravagea le Lothian pendant l'hiver
de 4355-56 sans succès marqué. La bataille de Poitiers,
gagnée par le prince Noir, fut naturellement accueillie en
Angleterre avec une grande joie; le roi de France, pri-
sonnier, entra à Londres le 24 mai 1357, où David, roi
d'Ecosse, était déjà enfermé. Il s'agissait de profiter des
malheurs des deux rois pour conclure avec eux des traités
favorables. Le premier traité fut passé à Londres, le 3 oct.
1357, avec David d'Ecosse qui s'engagea à payer une ran-
çon de 100,000 livres. Avec le roi de France, la paix ne
lut conclue qu'en mars 1350 : Jean céderait à Edouard,
en pleine souveraineté, tout le S.-O. de la F'rance depuis
le Poitou jusqu'à la Gascogne avec Calais, Guines et le
Ponthieu, et se rachèterait lui-même pour 4 millions de
couronnes, à condition qu'Edouard renoncerait aux pro-
vinces situées au N. de la Loire. Mais les Etats généraux
de France refusèrent de ratifier ce fait honteux, et la guerre
recommença. Edouard vint mettre le siège devant Ueims
avec le dessein de s'y faire couronner de la couronne des
Capétiens ; obligé de lever ce siège le 11 janv. 1300, il
passa en Bourgogne, où il prit Tonnerre, menaça Paris de
son camp de Montlhéry, mais, n'ayant pu décider le régent
à lui livrer bataille, il se replia sur la Bretagne avec l'in-
tention d'y faire reposer ses gens et d'en repartir la sai-
son suivante pour une nouvelle campagne. Cependant les
rnarinsnormands avaient pillé Winchclsea (15 mars 1300).
Edouard consentit à traiter à Brétigny, près de Chartres.
Les plénipotentiaires des deux partis signèrent, le vendredi
S mai 1300, une trêve qui devait durer jusqu'à la Saint-
Michel de l'année suivante, et le traité proprement dit
de Brétigny qui fut ratifié à Calais par les deux rois et
par leurs fils aines le 24 oct. (V. E. Cosneau, les Grands
Traités de la guerre de Cent ans; Paris, 1889, p. 30,
in— 8). L'Aquitaine, Calais, Guines et le Ponthieu étaient
cédés à l'Angleterre ; Edouard renonçait aux Flandres et
aux provinces au N. de la Loire. La question de la suc-
cession de Bretagne restait pendante, mais les deux rois
s'engageaient à ne plus se brouiller au sujet des querelles
des compétiteurs.
Le roi, désormais tranquille, ne songea plus qu'à se
livrer aux plaisirs; son indolence et ses débauches étaient
déjà le sujet de chansons populaires ; il se laissa aller
librement à ses goûts. On le pria d'Espagne, de Chypre
et d'Arménie, d'entreprendre une croisade ; il refusa à
cause de son âge ; il se débarrassa des soucis qu 'en-
traînait la possession de l'Aquitaine en faisant de cette
province un apanage pour son fils ; il s'abstint de réunir
régulièrement les Parlements. On remarque cependant que
le Parlement de 1302 fut le premier qui obtint que, à cause
de l'ignorance générale de la langue française, les plaidoi-
ries auraient lieu désormais en anglais, et que les arrêts
seraient rédigés en latin. En 1303, le chancelier ouvrit la
session du Parlement par un discours en anglais. L'au-
tomne de 1303 vitde grandes fêtes à la cour d'Angleterre,
où Edouard réunit jusqu'à quatre rois : Waldemar IV de
Danemark et le roi Pierre de Chypre, venu pour l'exhorter
à la croisade ; les rois de F'rance et d'Ecosse ramenés
à Londres pour traiter des questions litigieuses rela-
tives à leurs rançons. Jean de F'rance avait fort regretté
les plaisirs de sa captivité à la cour d'Edouard III ; il y
revint très volontiers et y mourut (dans le palais de Savoy)
le 8 avr. 1304. La victoire, pendant ce temps, restait
fidèle aux armes anglaises : Chandos et Calveley détrui-
sirent à Auray l'armée de Charles de Blois, le prétendant
français au duché de Bretagne, qui fut tué. En politique,
Edouard était moins heureux : il avait formé le projet
d'unir son fils Edmond de Cambridge à Marguerite, héri-
tière de Flandre, et veuve de Philippe de Rouvre, duc de
Bourgogne; mais il avait besoin d'une dispense cano-
nique. Charles V s'arrangea pour faire refuser cette dis-
pense par le j>ape Urbain V, et fit épouser l'héritière à son
propre frère Philippe. Le prince Noir fut encore vainqueur,
EDOUARD
- 576
a Navarette, des grandes compagnies amenées par i>n
Guesclin auseconn de Henri de Transtamaro, eanduht an
Irons <lc Castille ; mais ce fui le dernier triomphe. La paix
avail mis sur le pavé une foui»; de mercenaires anglais el
gascons. Après la campagne de Castille, le prince Non-, pour
m débarrasser l'Aquitaine, leur persuada d'aller chercher
leur vie sur le territoire français. Charles V trouva dans
ce procédé un commode casus l>rlli. Il s'était sagement
préparé depuis Brétignj a une guerre de revanche ; il
s'était assuré des intelligences en Guyenne ; le sire d'Al-
ln-i't et le comte d'Armagnac appelèrent à sa mur de la
conduite du prince Noir, comme si le traité de Rrètigny
n'avait pas cédé en toute souveraineté l'Aquitaine aux An-
glais; il reçut cet appel (janv. 1369), et la guerre fut ainsi
déclarée de nouveau. Edouard reprit aussitôt le nom et
les armes de roi de France. Mais il avait vieilli; smi fils
aîné était atteint d'une maladie mortelle ; les opérations
lurent médiocrememt menées du côté des Anglais; elles se
bornèrent à des razzias, vengées du reste par les marins
français qui incendièrent Portsmouth. Le ib août 13<i'J
mourut la reine Philippa de Hainaut; Edouard l'avait alors
remplacée déjà parunedeses suivantes, Alice Perrers,qui,
après la mort de Philippa, prit sur l'esprit du vieillard le
plus funeste ascendant. L'année 1370 se passa en escar-
mouches : les Anglais perdirent du terrain au Midi ; les
bandes de sir Robert Knolles furent refoulées en Bretagne ;
le prince Noir reprit Limoges. En 1374, le mariage d'un
fils du roi, Lancastre, avec l'héritière de Pierre le Cruel,
tué en 136!), et les prétentions de celui-ci au trône de Cas-
tille, amenèrent Henri de Transtamare à se déclarer nette-
ment pour la France. Le comte de Pembroke, en essayant
de débloquer La Rochelle avec une grosse flotte de renfort,
fut battu par des vaisseaux espagnols et fut pris en même
temps que l'argent et les renforts qu'il apportait en Aqui-
taine. Cette bataille navale livra aux Français Poitiers
et La Rochelle, le Poitou, la Saintonge, l'Angoumois. Cet
échec et les désordres de la cour mécontentèrent grande-
ment la nation, qui s'exprima sévèrement à ce sujet par
l'organe des communes. Edouard n'en garda pas moins une
confiance entière en son fils Jean de Gand, duc de Lancastre,
le chef de la méprisable clique de courtisans qui, d'accord
avec Alice Perrers, gaspillait les ressources du royaume.
Le 12 juin 1373, Lancastre, investi du titre de capitaine
général en France, parut avec une grande armée à Calais,
et traversa toute la France de Calais à Rordeaux en pillant,
mais sans livrer bataille, si bien que son expédition fut
inutile; il laissa sur son chemin la fleur de la chevalerie, qui
périt de faim, de maladie ou sous les coups des maraudeurs.
Quand Lancastre revint en Angleterre (avr. 1374),
deux villes seulement dans toute l'Aquitaine, Rayonne et
Bordeaux, tenaient encore pour les Anglais. Le 27 juin
1375, une trêve d'un an fut conclue à Bruges sous la mé-
diation du pape entre l'Angleterre d'une part, la France
et la Castille de l'autre, trêve qui fut tacitement renou-
velée d'année en année jusqu'à la fin du règne. Alice Per-
rers devenait chaque jour plus insolente; le 8 août 1373,
elle s'était fait donner les joyaux de la défunte reine Phi-
lippa ; elle se mêlait des choses de la justice. L'impopu-
larité personnelle de la favorite et de son allié Jean de
Gand se fit jour au « Bon Parlement » de 1373. Le
speaker des communes à ce Parlement, Pierre de La Marc,
d'accord avec l'évêque de Winchester et le prince de Galles,
alors mourant, s'étendit audacieusement sur les abus de
l'administration du royaume et sur les maux causés parles
favoris. H accusa nommément lord Latimer, chambellan du
roi, etLyons, un de ses agents financiers, de malversations.
Les biens de ces personnages furent en conséquence con-
fisqués, et Alice Perrers fut bannie. La mort du prince de
Galles, leur protecteur, ne diminua pas la hardiesse des
communes; elles demandèrent à voir Richard, l'héritier du
tronc, le principal obstacle désormais à l'ambition de Jean
de (.and; elles voulurent imposer à la couronne un conseil
de lords élu et la périodicité annuelle des Parlements. Mal-
heureusement, dès que le s Bon Parlement » fut dissmi-
m jud.), Lancastre reprit tout son pouvoir ; Alice r\ i
lui rappelée. Pierre de La Mare et l'évêque de Winchester
furent emprisonnés. Edouard, dans bob testament daté du
7 m 1., désigna Latimer et Lancastre comme ses <-x<-< ut<- ur~.
testamentaires. Le Parlement de 1377, <-lu smis l'influeoce
de Lancastre, désormais allié au parti anticlérical de ll'i-
rli'U'(\. ce nom), abolit tous les actes de * 'lui de 1376.
Edouard III montai abandonné d'Alice Perrers et de toute
sa cour. H fut enterré a Westminster, près de la reine
Philippa, qui lui avait donné douze entants.
BtBL. : J.BA3.1TBB, Life of Edward 1 1 1 \*>>> — :as.
Life ■■nui timea of Edward 1 II ; Londres, 1869,2 voL in-*.
EDOUARD IV, roi d'Angleterre, né à Rouen le 28 avr.
1442, mort le 9 avr. 1483. Il était lils de Richard, duc
d'York, et descendant direct d'Edouard III par tes aieai
Lionel de Clarence (troisième filfl d'Edouard III) et Edmond
d'York (cinquième fils), dont les droits a la couronne avaient
été primés par ceux des descendants de Jean de Gand (le
quatrième fils), rois d'Angleterre, depuis Henri IY, sous le
nom de dynastie de Lancastre. Edouard porta d'abord le
titre de comte de Mardi. En 1459, avec les comtes de
Salisbury et de Warwick, il défendit très heureusement
Calais sous le drapeau de la Rose blanche. Les trois comtes
traversèrent la mer en juin 1460, entrèrent triomphale-
ment dans Londres, battirent l'armée de Henri Yl .i Nor-
thamplon, et firent prisonnier le malheureux roi. Richard
d'York revint aussitôt d'Irlande et afficha ouvertement ses
prétentions à la couronne. Il finit par consentir à un com-
promis. Henri YI resterait roi jusqu'à la fin de sa vie ;
mais ce serait la lignée d'York qui lui succéderait au pré-
judice de son fils. C'est à quoi la femme d'Henri, Margue-
rite d'Anjou, ne voulut pas consentir. A la tête d'une
armée de rudes gentilshommes des comtés du Nord, elle
vainquit et tua en décembre le duc d'York à Wakefield.
Edouard, qui était alors à Gloucester, ne fut pas abattu
par ce désastre ; il le répara à demi par une victoire sur
Jasper Tudor à Mortimer's Cross (2 fév. 1461). Il s'établit
ensuite à Londres, ville toute dévouée à la Rose blanche,
d'où, après la seconde bataille, de Saint-Albans, Margue-
rite d'Anjou avait réussi à enlever Henri YI. Il y fut pro-
clamé roi sous le nom d'Edouard IY, le 3 mars. A la san-
glante bataille deTowton,les Lancastriens furent vaincus ;
on dit que les deux armées laissèrent vingt-huit mille
hommes sur la neige du champ de bataille ; Henri et Mar-
guerite durent s'enfuir en Ecosse. Le 28 juin eut lieu la
cérémonie solennelle du couronnement d'Edouard IV, con-
solidé, entouré de ses deux frères Clarence et Gloucester.
Cependant Marguerite, infatigable, avait trouvé des alliés
dans les ennemis héréditaires de l'Angleterre, Français et
Ecossais ; Edouard, de son côté, épuisé par de juvéniles
débauches, n'était pas assez vigilant. Les comtés du Nord
étaient toujours des foyers d'intrigues ou les nobles atta-
chés à la Rose rouge, les lords Somerset, Ross, Hungerford,
entretenaient la rébellion. Les lords furent complètement
vaincus, à la vérité, par lord Montagne, en 1464, à Hed-
giey Moor et à Hexham. Mais ces victoires ne tranchèrent
point les racines de l'opposition lancastrienne.
A cette époque, Edouard IY était devenu fort aniuuivux
d'une certaine Elisabeth WoodviUe, fille de Richard Wood-
ville, lord Hivers, et de sa femme, mariée en premières noces
au duc de Redford, frère de Henri Y. Elisabeth elle-même
était veuve de sir John Grey de Groby. Le roi l'épousa
secrètement à Grafton. bien qu'on lui proposât en ce temps
là même l'alliance d'Isabelle de Castille et de Bonne de
Savoie. Ce dernier mariage avait été soigneusement pré-
paré par l'un des principaux conseillers de la Rose blanche,
Warwick; quand, à la Saint-Michel. Edouard annonça offi-
ciellement à Reading qu'il était marié, le dépit de Warwick
et d'une bonne partie de la noblesse yurkiste fut sans
boni, s ; il fui encore accru par la pluie d'honneurs et de
largesses qui ne tarda pas à tomber sur la tète de tous les
membres de la famille (lancastrienne d'origine) des Wood-
— 877 —
EDOl'ARD
ville. Toutefois Edouard IV n'eut pas à se repentit immé-
diatement de son imprudence, la fortune travaillait pour
lui. Henri VI fol pris on juin 1463 dans le Lancasnire
et lut enfermé à la Tour de Londres. Le jeune roi se crut
fort pour se séparer complètement de Warwick;
il rvjt'u dodaignoMimmimi l'alliance irtnçaise à laquelle
Wanriek avait apporté tous ses soins diplomatiques ; il
reobarcba celle de la maison de Bourgogne ; il relira les
sceaux i l'archevêque dTork, frère de Warw ici ; il annonça
l'intention de faire revivre les vieilles prétentions de ses
ancêtres sur la couronne de France : il maria sa sœurMar-
guerite a Ourlas le Téméraire. C'était plus que le c fai-
seur île mis » n'en pouvait supporter ; il commença, pour
se venger, à détacher d'Edouard IV son frère Clarence,
atroonnage sans scrupules, à qui il lit épouser l'héritière
i'e la naison de Warwick. L archevêque d'York suscita
sous main dans le Nord l'insurrection de Robin de Redes-
dale. victorieux des troupes galloises de la Rose blanche à
■ (ili juil. I 169); lord Rivers et sou tils John Wood-
ville furent décapités a Coventry après cette affaire d'Edg-
eote. IN organisèrent un autre soulèvement en faveur des
stre dans le Lincolnshire sons la conduite de sir
Robert Welles : mais, quand ce soulèvement eut été ré-
prune à la journée de l.osecoattield, on y reconnut leur
main ; ils durent s'enfuir d'abord dans le Nord, puis en
France.
A la cour du roi de France, a Angers, se rencontrèrent
doue en 147(1, Warwick, Clarence. Marguerite d'Anjou et
le tils de celle-ci. Edouard. Tous étaient des adversaires
prononcés d'Edouard IV, mais ils étaient aussi adversaires
les uns des autres. Louis M réussit cependant à les recon-
cilier pour l'œuvre commune à accomplir. Marguerite d'An-
JN elle-même fut persuadée de pardonnera Warwick, qu'elle
considérait connue l'auteur de tous ses malheurs, et de
li.ui< er son tils à la seconde fille du faiseur de rois, à con-
dition que Henri VI serait rétabli. Sur des vaisseaux du
rai île France, Warwick et les Lancastriens abordèrent
en Angleterre : Edouard comptait pour le défendre sur
l'ailllée levée par lord Montagne, frère de Warwick ;
celle-ci cria : « Vive le roi Henri ! » Edouard IV fut heu-
reux de trouver a Lynn un vaisseau pour le transporter
en Hollande. — Henri VI fut tiré de sa prison et proclamé
roi une fois de plus. — Charles le Téméraire, l'ennemi de
Warwick, beau-frère d'Edouard, ne pouvait cependant le
laisser sans secours; il lui fournit secrètement les moyens
«mer en Angleterre avec douze mille combattants,
innée débarqua à Ravenspur le li mars 1471, à
l'endroit même ou Henri IV avait jadis débarqué. Comme
la province tenait pour Lancastre, Edouard faisait crier à
iats : « Vive le roi Henri! » et prétendait n'être re-
venu que pour réclamer -on duché d'York. Mais, arrivé à
Nottingham, en pays ami. il réassuma le titre royal, et
entra en campagne contre Warwick, du parti duquel il dé-
tacha d'abord par de belles promesses l'incapable Clarence.
Le II a\r.,il entra a Londres, ou l'archevêque d'York lui
livr.i. pour obtenir sa grâce, la personne de Henri VI. C'est
a Itarnet qu'il rencontra l'armée lancastrienne, commandée
pu Warwick, Exeter, Montagne et Oxford. Le premier et le
ne restèrent sur le champ de bataille, qui demeura
a la Rose blanch'-. Nouvelle bataille le i mai a Tewkes-
bury: Marguerite d'Anjou y fut prise; son (ils fut assas-
sine après le combat, ainsi que le duc de Somerset, au mé-
tootee les lois de la guerre et de la foi jurée. Le
-21 mai, Henri VI mourut a Londres, d'une manière sans
doute tragique. Le 26 mai. la capitulation du bâtard l'al-
conbridge dan> Sandwii h abolit les dernières espérances
du parti bncastrien. Aussi bien, la descendance de Jean de
Gand était désormais éteinte : elle n'était [dus représentée
qu'indirectement j.ar Henri Todor,comtede Ricbmond, dont
les ancêtre-, les Beaufort, étaient de légitimité douteuse.
Edouard I\. débarrassé désormais de toute compétition
• n Angleterre, songea à faire revivre ses prétentions sur
h eonronne de France, avec l'alliance du duc de Bour-
'.KANbE E.NCYCLOFLWE. — XV.
gogne. Il leva a cet effet de nombreuses contributions, de
liT-J à 1474, taxes soi-disant volontaires, connues sous
le nom ironique de benevolences. Quand tout fui prêt, il
passa la mer avec une année magnifique, et s'installa a
Cakis; une armée pareille devait se rendre au secours du
ùiw. de Bretagne. Mais Louis M réussit a persuader aux
Anglais qu'ils allaient combattre moins pour eux-mêmes
que pour le Bourguignon, lequel, à ce moment, venait
justement de gaspiller ses forces au siège de Neuss. Avant
qu'un seul coup de canon eût été tiré, un traité intervint
stipulant une paix de sept ans. Louis devait payer à
Edouard une pension annuelle de 7.'>,000 couronnes. Le
dauphin devait épouser la tille ainée d'Edouard, Elisabeth,
dès qu'elle serait d'âge. Ce fut la paix de Picquigny
(î$ août) peu glorieuse pour l'un et l'autre des contrac-
tants. Charles le Téméraire mourut devant Nancy le Sjanv.
U77, ne laissant qu'une héritière, Marie. Clarence pré-
tendit a sa main, et raviva ainsi la vieille jalousie de son
frère Edouard, qui s'elïorc.a de le faire échouer; Clarence
en fut indigné, ne s'en cacha pas et fut envoyé à la Tour;
il fut accusé devant le Parlement (li7S), condamné et
exécuté secrètement ; le bruit courut qu'on l'avait noyé
dans un tonneau de malvoisie. — Edouard était devenu,
au temps où la mort de Clarence le laissa autocrate absolu,
très corpulent, paresseux, pacifique. L'héritière, du Témé-
raire, Marie, l'implora vainement contre Louis XI, qui lui
enleva la Picardie. Il tenait à la pension de Erance et au
mariage conclu à Picquigny. Mais il n'en fut que plus fu-
rieux quand il apprit le traité d'Arias (23 déc. 1482) entre
Louis \I et Maxiinilien d'Autriche, veuf de Marie. Le dau-
phin, en vertu de ce traité, devait épouser, non plus la fille
d'Edouard IV, mais celle de Maximilien, Marguerite, ù qui
I' \nois et une partie de la Bourgogne seraient attribuées
en dot. Le roi d'Angleterre, qui venait précisément (en
mai 1 182) d'entreprendre contre le roi d'Ecosse une expé-
dition facile, demanda de nouveaux subsides; il parlait de
recommencer la campagne contre les Français, quand il
mourut. — Edouard IV était un homme très vigoureux,
brave, populaire, résolu à l'occasion, et vert-galant. Ses
bonnes fortunes auprès des bourgeoises de Londres étaient
célèbres, et ne contribuèrent pas peu, dit-on, à confirmer
la fidélité des maris à la dynastie d'York. — l)e sa femme
il eut dix enfants, dont sept lui survécurent (deux lils et
cinq tilles).
EDOUARD V, roi d'Angleterre, né à Westminster le 2
ou le ';> nov. 1470, mort en liSIIJils aine du précédent, eut
pour précepteur l'èvêque Alcock. Il n'avait que treize ans
quand de prince de Galles il devint roi. Son court règne fut
rempli par les querelles de son oncle paternel, Richard de
Cloucesler, et de sa famille maternelle, les Woodville. Ri-
chard de Gloucester eut le dessus et ne tarda pas à songer
à se substituer a son neveu (V. Richard III). Le "H juin
1 iS:>, le I)r Shaw, frère du lord-maire de Londres, prêcha
à la Croix de Saint-Paul contre la légitimité des enfants nés
d'Elisabeth Woodville, et proposa de reconnaître comme roi
véritable le duc de Cloucester. Une députation des lords et
des communes, escortée des principaux bourgeois de Londres,
alla le 25 juin supplier Richard d'accepter la couronne, qu'il
ne refusa pas. Ainsi cessa de régner Edouard V, qui fut
bientôt tue par ordre de Richard III, à la Tour, avec son
frère, le duc d'York. Des documents réunis par sir Thomas
More, il résulte (pie Richard III, peu après son couronne-
ment, dépêcha un messager nommé John Green à sir Ro-
bert Brackenbury, connétable de la Tour, le priant de
mettre les deux princes à mort. Brackenbury refusa, et
reçut peu après l'ordre de remettre pour une nuit ses pou-
voirs à sir James Tyrell. L'n valet de Tyrell, Dighton, et
un geôlier nommé Miles Eorest auraient pénétré dans la
chambre de- enfants d'Edouard et les auraient étouffés
sous des oreillers. On aurait enterré les deux cadavres SOUS
une marche d'escalier. Sous Charles II, on retrouva en
effet deux squelettes d'enfant au pied d'un escalier de la
White Tower. Toutefois, on ne saurait encore affirmer avec
37
EDOUARD
- 578 -
certitude comment sont morts les lils d'Edouard IV, ni h
quelle date il - lonl morts.
EDOUARD VI, roi d'Angleterre, né le 12 oet 1537, mort
le 6 jnil. 1553, lils de Henri \ III et de sa troisième femme,
j :mi-- Seymour. Holbein lit mhi portrait a l'âge d'un an ainsi
que celui de sa nourrice, « motner Jak », Il fut élevé par des
remmes jusqu'à l'âge de si\ ans, et passa ensuite aux mains
du Dr Richard Cox, d'Ascham, de bit John Cheke et de
sir Anthony Cooke. A l'âge de huit ans, il écrivail déjà en
latin à son parrain l'archevêque Cranmer. Le Britisb Mu-
séum et la bibliothèque Bodléienne d'Oxford conservent
trois de ses cahiers d'exercices scolaires datés de 4548-
1550. A l'âge de treize ans, il avait lu toute l'Ethique
d'Aristote et traduisait en grec des opuscules de Cioéron.H
parlait français et jouait du luth ; il s'intéressail à l'astro-
nomie, et, en 1554, écrivit pour la défense de cette Bcience.
11 était d'un naturel très studieux ; on le considérait una-
nimement comme un petit prodige de science. Son cama-
rade le plus cher était Barnaby Pitzpatrick, héritier de
Barnaby, lord of UpperOssory, avec qui il a entretenu plus
tard une correspondance imprimée par Horace Walpole en
177-2. — A son avènement, il avait neuf ans (24 janv.
1547). Son oncle maternel, Hertford, fut protecteur du
royaume et se fit attribuer le duché de Somerset; le frère
d'llertford,sir Thomas Seymour, devint amiral et lord Sey-
mour of Sudeley. Ces personnages étaient fort attachés au
parti de la réforme religieuse ; le jeune Edouard VI parta-
geait leurs sympathies à cet égard ; dès juin 1348, il s'abs-
tint de faire aucune offrande suivant le rite catholique à
l'offertoire des dimanches. Ridley et surtout Hugh Latimer
étaient ses prédicateurs favoris ; mais il entendait avec
plaisir jusqu'à des prédicants puritains comme Hooper et
John Knox. Edouard VI promettait à l'Angleterre un roi
puritain ; les réformés de toute l'Europe étaient enthou-
siasmés de sa piété précoce. Le 15 mai 1550, Martin Ru-
cer écrivait : « Il n'y a pas d'étude qui passionne autant
le roi que celles des saintes écritures. Il en lit dix chapitres
par jour avec la plus grande attention. » En avr. 1531,
Calvin lui envoya une longue lettre de louange et d'exhor-
tation. C'était le nouveau Josias. Mais la dévotion savante
et fervente n'allait pas de pair chez Edouard avec la simple
honte naturelle. Sauf Fitzpatrick, il parait n'avoir aimé
personne. Il avait dès son enfance quelque chose de la sé-
cheresse et de la dureté d'Henri VIII. Il n'avait que de
l'indifférence pour son oncle, le protecteur Somerset. Tan-
dis que Somerset dirigeait en 1547 une expédition contre
l'Ecosse, son Irèrc, lord Seymour, essaya traîtreusement
de le perdre dans l'esprit du roi. Il lui représenta un jour
que le protecteur se faisait vieux. — « Sans doute, repar-
tit Edouard, il vaudrait mieux qu'il fût mort. » Mais lord
Seymour ayant été décrété de haute trahison au retour de
Somerset, Edouard donna avec une égale froideur son con-
sentement à l'exécution du coupable. En oct. 15411, le con-
seil, à l'instigation de Dudley, se révolta contre le protec-
teur qui s'empressa de transporter le roi d'Hampton Court,
où l'on aurait pu le lui enlever, à Windsor. Là-dessus, il
l'ut accusé d'avoir inquiété Edouard sans raison, et d'avoir
compromis sa santé par un voyage précipité. Celui-ci, qui
avait en ellet souffert d'un rhume, consentit à I'éloignement
de Somerset, et nota, en ces termes, sur le journal personnel
qu'il tenait depuis son avènement, les fautes qui avaient mé-
rité à son oncle cette disgrâce : « Ambition, vanité, avidité...;
il a voulu tout faire de sa propre autorité. » Le pouvoir
passa aux mains du comte de Warwick, qui ne changea
rien du reste à la politique religieuse de son prédécesseur.
Somerset, à la vérité, fut rappelé à la cour en févr. 1550,
mais il n'y eut plus de prestige, et, dés le U> oct. 1331,
Warwick, devenu due de Northumberland, trouva moyen
de le faire envoyer a la l'ouï', puis à l'échaiaud : « Le duc
de Somerset, note tranquillement le roi dans son journal,
a eu la tète coupée le 22 janv. à Tower UNI. » Cependant
h' jeune roi se raidissait de plus en plus dans un protes-
tantisme intransigeant. Il n'était pas d'avis de laisser sa
BOBUT Marie iTudor) avoir une chapelle catholique. Sftsaité,
du reste, fut profondément atteinte en 4552 par une attaque
de petite vérole; son journal l'arrête au mois de MMBOn
de cette année, i.'un de ses derniers actes fotdedoaDerle
palais royal de Bridewel a la « corporation » de la riuV
Londres pour y établir un « workhoose ». En juin l
sua état parut désespéré; Northumberland, qui dominait
entièrement son esprit, résolut de loi Elire signer un testa*
meut politique en faveur de sa helle-lille, ladv Jaie- G
(V. Di ni.Kv). au détriment de Marie Tudor et d'Elisabeth.
Il y réussit. Le roi g'éteignil le 'i juil. en répétant une
prière de U composition. Il fut enterré dans la chapelle
d'Henri VU, a Whitehall. — Au physique, Edouard VI était
un entant malingre, pale, avec (les yeux gris, faibleset un
air calme. On a de lui d'innombrables portraits qui le re-
présentent a tous les âges : beaucoup ont . —
Son « Journal » autographe est conservé à Londres, au
Rritish Muséum, sous la cote Nero, C X. Cf. J.-L. Ni-
chols, Literary Remains of Edward VI (Roxbure.li Club,
1875). Ch.-V. L.
EDOUARD, prince de Galles, dit le prince .Voir, né
à Woodstoek le 15 juin 1330, mort à Westminster le
8 juil. 1376. Fils aîné d'Edouard III et de l'hilippa de
Rainant, il fut élevé par le Dr. Waltar Rurley, de Merton
Collège, Oxford, sous le nom de comte de Chester, duc de
Cornouailles. En 4343, il fut créé prince de Galles, et,
le 11 juil. 1343, il fut de l'expédition que le roi son père
commença par le débarquement de ses troupes à 1 -a Mof
Il commandait l'aile droite à Crécy, et, suivant l'expc--
sion d'Edouard III, « gagna ses éperons > ce jour-la. On
dit communément que le prince de Galles fut appelé dès
lors « prince Noir » à cause de l'armure noire qu'il por-
tait à Crécy; mais le nom de « prince Noir » ne se trouve
point dans les textes antérieurs à la fin du xvc siècle.
On dit aussi qu'il emprunta les plumes d'autruche qui
ornent les armes des princes de Galles et la devise Ich
ilir/i au roi de Bohême, tué à Créer. Mais plusieurs érudits
anglais, combattant cette opinion, font d'abord observer que
le cimier de Jean de Bohème portait deux ailes de vautour,
semées de feuilles de tilleul argent, et non pas une plume
(1 autruche ; ils établissent ensuite que les plumes d'autruche
sur écusson noir appartenaient à la reine Philippa, soit
comme armoirie de famille, soit comme armes adoptées en
vertu de sa souveraineté sur le territoire d'Ostrevant; l
donc aux armes de sa mère que le prince Noir aurait
emprunté les plumes d'autruche. Quoi qu'il en soit, après
la prise de Calais, le prince Edouard retourna en Angleterre
(42 oct. 1347). En août 1350, il se distingua dans un
combat naval dans la Manche, contre une galiote castil-
lane. En 1354, il réprima des troubles dans ses domaines
du Cheshire et veilla à ce que les juges itinérants y tins-
sent leurs assises en paix. Quand le roi résolut de recom-
mencer les hostilités contre la France, en 1335. il ordonna
au prince d'agir en Aquitaine, tandis que Lancastre opé-
rerait en Bretagne et lui-même en Normandie. Le 40 juil.
il appointa son lieutenant en Gascogne avec pleins pou-
voirs. La première campagne du prince Noir en Aquitaine
ne fut guère qu'une maraude ; il pilla les comtes d'Arma-
gnac, d'Astarac, de Comminges. presque sans résistance.
Montgiscar fut brûlé avec tous ses habitants, l^es villes de
Carcassonne, Narbonne. Avignon et Castelnaudary furent
ravagées par les avides Gascons de son armée. L'expédi-
tion dura deux mois : il ne l'ut pas livré de bataille, mais la
France n'en souffrit pas moins un très grave préjudice. En
juil. 1356, il forma le projet hardi de traverser la France
de part en part pour rejoindre Sun père en Normandie. 11
franchit la Dordogne à Rergerac le 4 août et désola tout
sur sa route jusqu'à Bourges, dont il brûla les faubourgs;
mais la ville même résista, ainsi que celle li'lssoudun. Il
prit Vierzon. Là, il apprit qu'il lui serait impossible de
percer jusqu'à la Bretagne ou jusqu'à la Normandie, et il
résolut de retourner à Bordeaux par le Poitou. Romoran-
tin ne résista que trois jours. Mais le roi de France avait
— r>79
EDOUARD
réuni une grosse unes pour lui couper la retraite. G'esl
prts de Poitiers, probablement à la Lardinerie, commune
se Beauvoir, qu'eut lion le 19 sept la fameuse bataille de
Poitiers on, maigri l'infériorité numérique, la stratégie
l'emporta d'une façon si signalée sur la témérité. Los Fran-
çais perdirent 1111/0 1111110 hommes, et, parmi leurs deui mille
prisonniers, les Anglais eurent, outra le roi de Franco on
.' et son 61s Philippe, cent chevaliers bannerets.
Da retour à Bordeaux le 3 oct., le prince Noir y resta jus-
qo'ea avr. 1857, date a laquelle il partit pour l'Angle-
-.•s principales prises.
Son entrée triomphale a Londres, aux côtés du roi Jean,
est lion lo 14 mai. En oet 1359, il repartit avec son père
pecr une nouvelle expédition sur lo continent. A la tin de
ootio campagne, il ont grande pari aux négociations qui
amenèrent la conclusion du traité de Brètigny. Le 10 ort.
n cousine Jeanne, comtesse do Kent, fille
d'Edmond de Woodstock, tils cadet d'Edouard I"\ et déjà
da sir Thomas Holland. Le 19juil. 1362, Edouard III
lui lit don do toutes ses possessions d'Aquitaine et de
ne, constituées on principauté. Il passa la fin de
l'année a recevoir les hommages de ses nouveaux vassaux
dans des cours magnifiques tenues a Bordeaux, à Angou-
lème. a Périguenx, a \geii. a Niort, à Poitiers. Il appointa
Chandos connétable de Guyenne. Un luxe exagéré et la
faveur exclusive témoignée par le prince à ses compatriotes
d'oatre-Manehe ne tarderont pas cependant à susciter du
mécontentement. Les seigneurs d'Albret et de Poix, pour ne
citer que ceux-là, étaient Français t\<' coeur; Charles Y les
encourageait : la position du prince ne fut pas d'abord fort
agréable. Mais la guerre avait recommencé en Bretagne;
Edouard permit à C.handos de lever des troupes et d'aller
soutenir le parti de Montfort; c'est Chandos qui gagna ia
bataille d'Auray. En 1365, Du Guesdin, à la tête d'un cer-
tain nombre de grandes compagnies, força le roi Pierre de
Castille a quitter son royaume et mit en sa place le
bâtard Henri de Transtamare. L'exilé, qui était un allié
d'Edouard III. chercha un refuge dans les possessions du
Noir. Celui-ci, par horreur chevaleresque pour l'usur-
pation d'un bâtard, séduit d'ailleurs par les promesses du
mi détrôné, prêta à Pierre des sommes considérables et
leva une grosso armée. Il quitta Bordeaux dans les premiers
jours de fevr. triliti et marcha sur Pampelune, par Saint-
Jean-Pied-de-Port. car le roi Charles de Navarre lui avait
accordé, moyennant finance, libre passage sur ses terres.
magmas aii service do Henri de Transtamare étaient
en grande partie commandées par des aventuriers ajiglais,
comme llugh de Calveley, ou gascons. Elles passèrent dès
le débat des hostilités du coté du prince d'Aquitaine. La
bataille de Navarrette, en avril, fut aisément gagnée par
gkt-Gasoons sur les dernières troupes du bâtard. Les
vainqueurs prirent leurs quartiers de printemps près de
9, attendant l'argent promis. Mais Pierre n'avait pas
l'intention de s'acquitter. Il s'était engagé à livrer la lïis—
cave jusqu'à parfait payement de ses dettes ; il refusasous
■ que h-s Biscayens ne consentiraient point à servir
s. L'armée anglaise souffrit terriblement de la cha-
leur à Valladolid au cours des négociations ; elle fondit au
soleil d'Espagne. Pendant ce temps. Henri de Transtamare
avait franchi les Pyrénées et ravageait Bagnères. Le prince
Edouard revint lui-même a Bordeaux, escorté de ses mer-
cenaires, mécontents, non payes, qui se mirent à piller le
1 harli - \ ne manqua pas d'exploiter en cette occa-
sion les mécontentements de la noblesse d'Aquitaine : le
seigneur d'Albret, qui avait épousé Marguerite de Bourbon,
sœurd-' la reine de France, et le comte d'Armagnac, fu-
rent entièrement gagnés à la cause française. Quand le prince,
l'avis de Chandos, résolut d'imposer un fouage de
- pour cinq an>, Albret, Périgoro, Armagnac et Com-
appelèrentau roi d>- France comme a leur suzerain
Supérieur. Charles en profita pour cher Edouard à compa-
raître devant le Parlement de Paris, garni des pairs de
France, pour y être jugé. Le prince répondit en -mprison-
nant les porteurs de la citation, ce qui était déclarer la
guerre. >l;iîr< il ne s'était jamais remis depuis son séjour en
Castille, où le hruit courait que Pierre lui avait fait absor-
ber un poison lent. Il était si faible qu'il ne pouvait plus
chevaucher. En avr. I3(>9, il n'en commença pas moins
les hostilités, aidé des comtes de Cambridge et de Pem-
broke el du partisan sir Robert Knolles, que son père lui
avait envoyés. La désaffection de la Gascogne était pro-
fonde ; Chandos mourut le I"" janv. 1370 ; Jean de Cand
intriguait contre le prince son frère à la cour même
d'Angleterre ; doux armées françaises se préparaient à
envahir l'une la Guyenne, l'autre le Limousin. Celle der-
nière, commandée par le ducdeBerry, prit Limoges grâce
à une trahison de lévêque. Le prince Noir jura de venger
ce désastre, et, après un mois de siège, il reprit effecti-
vement la ville ou plusieurs milliers do personnes furent
massacrées. Après le sac de Limoges, Edouard retourna à
son quartier général, Cognac; mais il dut bientôt renoncer
à tout espoir de conduire en personne la défense du duché ;
il était très bas; son fils aine venait de mourir; les méde-
cins lui conseillèrent l'air natal. Il débarqua en Angle-
terre en janv. l 37 1 , ruiné de toutes les manières ; le S oct.
il donna sa démission de prince d'Aquitaine, alléguant
comme motif l'insuffisance des revenus de la principauté.
A l'époque de la réunion du « Bon Parlement » (avr. -1376),
il était communément regardé comme le chef de l'opposi-
tion constitutionnelle (si forte dans les Communes) contre
les abus de l'administration royale. Il était d'accord avec
William do Wykeham pour lutter contre l'influence de la
petite cour qui s'était groupée autour de Jean de Gand, et
qui devait être si funeste a son fils Richard II. Il fit une
fin édifiante. Son tombeau est encore aujourd'hui, intact,
dans la cathédrale de Canterbury. Ch.-V. Langlois.
Bibl. : Collins, Life of E., prince ofWales. — G.-P.-R.
James;, Histori/ of the li/e of Edw., the Black Prince, 1822.
— Le Prince Noir, poème du héraut Chandos, publié par
Fr. Michel. — L. Creigiiton, Life of Edw. the Black
Prince; Londres, 18'.)0, in-lG. — M. l'abbé Moisant prépare
un livre sur le Prince Noir en Aquitaine.
EDOUARD (Uuarte), onzième roi de Portugal, néà Viseu
le 30 oct. 1391, mort à Tomar le 9 sept. 1438. Fils aine
de l'illustre Jean Ier, fondateur d'une nouvelle dynastie, et
de Philippa de Lancastre, modèle de toutes les vertus
féminines, il hérita des hautes qualités de ses parents. II
était brave, éloquent, instruit, noble de cœur, et il ne lui
manqua pour devenir à son tour un grand roi qu'un peu de
bonheur et plus de fermeté de caractère. Son règne de cinq
années ne fut marqué que par des catastrophes. A son
avènement (1433), le Portugal jouissait d'une paix profonde
et d'une grande prospérité. L'esprit aventureux des infants
Henrique et Fernando, frères du roi, l'entraîna, malgré
lui, à consentir à une expédition contre Tanger (1437).
Entreprise sans réflexion, avec des forces insuffisantes,
elle aboutit à une défaite complète, et l'infant Fernando
fut retenu en otage jusqu'à la reddition de Ceuta, conquise
sous le règne précédent, ("est lui qui fut immortalisé par
Calderon sous le nom de « Prince constant ». La peste qui
envahit le Portugal empêcha de le délivrer, et le roi lui-
même en fut victime. Celui-ci avait été le promoteur de
l'unification des lois du royaume, réforme qui ne fut accom-
plie que sous le règne de son fils. Ce fut encore un phi-
losophe et un écrivain de valeur. Son ouvrage principal,
0 L'ai Conselheiro, expose ses vues sur les règles de la
vie et celles du gouvernement, en partie d'après ses pro-
pres expériences et méditations; la politique s'y fonde avec
la morale pratique, dictée par un cu'iir pur et un jugement
droit. En autre ouvrage important, 0 f.iuro da enssy-
nança de bem cavalgar, est le fruit de sa passion pour
le dressage des chevaux, art dans lequel il n'eut pas de
rival. L'un et l'autre ont été publiés ensemble à deux
reprises d'après le précieux manuscrit de la Bibliothèque
nationale de Paris (Paris, \Xi-l. gr. in-4, et Lisbonne,
1843). On doit encore au roi Edouard de nombreux mé-
moires sur des sujets divers ; quelques-uns ont été édités
KDOUAHD — ÉDRISITES
- ;»so -
par Sousa, Provas, 1. 1. Partonl il M montre écrivain facile,
substantiel el d'une grande clarté.
De son mariage avec Eléonore d' Wagon t\ , ce nom),
il eut six enfants : [Iphonse I, qui lui succéda; Fer-
muai, duc de Viseu, connétable de Portugal ; Philippe,
mort jeune; Eléonore, mariée à l'empereur Frédéric III:
Jeanne, épouse de Henri IV, roi deCastille; el Catherine,
morte jeune. G. Pàwlowski.
Bibl.: Ri ï de Pina, Cronica do senhor rey h. Duarle,
dans la Collecçâo de livros ineditos de hist. portug., publ.
par J. Correa da Serra; Lisbonne, 1790, t. I. — Duarte
Nomes de Li âo, Cronica del reuD. Du&rie; Lisb., 1780.
N. i>n i.a Clbdb, llist. (jrn. de Portugal; Paris, 1735,2 vol.
in-4. — Ferd. Denis, niât, de Portugal.
EDOUARD (Albert-Jules), peintre français contempo-
rain, né à Caen en 1845. Elève de Cornu, Léon Cogmet,
(in unie et Delaunay, cet artiste peint simultanément le
portrait et l'histoire. Depuis son début au Salon de 1868,
nu il exposa une Idylle, on peut citer comme les meilleures
de ses toiles : Cahgula el le Cordonnier (S. 1882); In
Reine Khiomara apportut/t à son t'pou.r la tête du
centurion qui l'avait violée (S. 1884); Briséis et ses
Compagnes pleurant sur le corps de Patrocle (S. 1885).
Ses dernières œuvres sont des portraits (S. 1891). Le
talent de cet artiste est correct, sa composition bien pon-
dérée, mais l'ensemble est froid, sans originalité et sans
vigueur.
EDOUGH. Massif montagneux d'Algérie, dans le dép.
de Constantine. Il s'étend sur le bord de la mer, du cap de
Fer à l'O. jusque près de Boue à l'E., et court dans la
direction de l'O. au S.-E. en projetant quelques contreforts
sur le bord des flots. Sa partie culminante, qui s'élève à
l'horizon 0. de Bône, atteint 1,008 in. au village de
Bugeaud. L'Edough a de magnifiques forêts de chênes-lièges,
des sources et cascades, et présente un aspect des plus pit-
toresques. — Un hameau de 100 Européens, siège de la
Société anonyme des lièges de l'Edough, porte le nom
d'Edough et forme une annexe de la commune de plein
exercice de Bugeaud. E. Cat.
EDRED, roi des Anglo-Saxons, mort en 955, choisi
en 946 pour succéder à son frère Edmond, dont les deux
fils n'étaient pas en âge de régner. Lui-même était fort
jeune, toujours malade, et le gouvernement sous son règne
fut exercé par sa mère Eadgifre, par son ministre saint
Dunstan. lient cependant à combattre plusieurs rébellions
des gens de Northumbrie (947, 902), et il fut obligé de
reconnaître aux Danois de ce pays une certaine indépen-
dance sous le comte qu'il leur donna, Oswuff. Il mourut à
Frome (Somersetshire) sans postérité, et fut enterré à
Winchester. Ch.-V. L.
ÉDREDON (Moh.). Duvet chaud et léger qui couvre
l'estomac de l'eider, canard habitant les mers glaciales, et
avec lequel on remplit un grand sac de soie ou de coton
pour servir de couvre-pied. Par extension, on a donné le
nom d'édredon à cet objet de literie. Toutefois le duvet
étant d'un prix élevé, n'entre qu'en petites quantités dans
la fabrication des édredons ; on le mélange avec de la plume
d'oie et de canard, et même le plus souvent ces dernières
seules sont employées (V. Duvet). L. K.
EDREMID. Ville de la Turquie d'Asie, sandjak de Karasi,
à \ul kil. au N.-E. de l'ancienne Adramyttium, en face
de Mytilène, dans la plaine qui domine les ramifications
de l'Ida ; 8,000 hab. Le port est aujourd'hui envase.
ÉDRIOPHTHALMES. I. Zoologie. — Division impor-
tante des Crustacés Malacostracés dénommée par Leach et
synonyme de Arthrostracés. Les animaux qui la forment
ont les yeux latéraux sessiles, ce qui les met en opposition
avec les Crustacés Thoracoslracés dont la plupart ont les
yeux pédoncules; ils ont d'ordinaire sept anneaux thora-
ciques séparés, et non plus réunis sous une carapace, plus
raie ni six anneaux OU moins encore, avec un nombre
correspondant de paires de pattes. Les Edriopbthalmes com-
prennent les deux ordres des Amphipodes, sous lequel
rentrent les Lœmodipodes, et des Isopodes. H. Moniez.
il. Paléontologie (V. Ajkhipobss, botoMi el Ctot-
ïai es [Paléont.]).
EDRIS ECHZ-CHAFIY (V. Chaut).
EDRISI lAbou Abd Allah Mohammed Dm Ahmed, connu
sous le nom de Ack-chérif a/-), descendant da fondateur
de la dynastie marocaine dee Edrisites, né a Ceuta en
1099, mort vers 1480. Il vint étadier è Cordoae, ou il
B'adonna principalement a l'étude de l'astronomie, de la
raphie et de la médecin.-, n se mit ensuite a voyager,
visita h- S. de l'Italie, la Grèce, l'Asie Mineure, le Maroc,
le Portugal el même, dit-on, les cote, de France et d'An-
gleterre. Etant venu en Sicile, il fut retenu par Roger II,
roi normand des Deux-Sioles, qui le combla de les laveur-..
Suivant le désir de ce prince, Edrisi grava mit un plani-
sphère {(luira) d'argent la forme de la terre telle qu'on la
supposait alors, divisée en sept climats parallèles, le pre-
mier commençant vers l'équateuret le septième comprenait
les pays de l'extrême Nord et limité par l'océan Ténébrenz.
Il écrivit ensuite, pour l'intelligence de ce planisphère, un
traité qu'il intitula Noxhal Al Mochtâq /i tklitiràn al
Afâq (récréation de celui qui désire parcouru; les horizons).
Cet ouvrage, divisé d'après l'ordre des sept climats, chaque
climat comprenant à son tour dix sections, est le traité
géographique le plus complet que les Arabes nous aient
laissé. L'exactitude avec laquelle Edrisi indique les mesures
itinéraires et l'intérêt des détails qu'il rapporte font de
cette œuvre un document précieux pour la géographie du
commencement du moyen âge. Des exemplaires manuscrits
de l'ouvrage se trouvent dans les bibliothèques de Paris et
d'Oxford. Un abrégé en arabe imprimé a Rome en 1592 a
été traduit en latin sous le titre de Geographia Kubiensis
( Paris, 1019). Plusieurs parties ont été publiées séparément :
Edrisi* Africa, par Hartmann (Gœttingue, \ 790) ; Edrisii
Hispania, parlemême(Marbourg, 1803); Descripciôn de
Espana, par Conde (Madrid, 1799). A. Jaubert en a donné
une traduction française complète : Géographie d' Edrisi
(Paris. 1836-1840, '1 vol.). Enfin une excellente édition de
la partie concernant l'Espagne et l'Afrique a été publiée par
Dozy et de Gœje : Edrisi, Description de VEspagne et
de V Afrique, avec trad. franc, et notes (Leyde, 186
Non moins remarquables sont : Saavedra, La Geografia
de Espana (Madrid, 1881) ; Amaiï et Schiaparelli, L'Halia
(Borne, 1883); Gildemeister, Palaeslina umt Syria
(Bonn, 1885). L. Lericiie.
Bibl. : Reinaid, Géographie d'Aboulfcda. t. I, p. cm.
ÉDRISITES ou IDRISITES. Cette dynastie musul-
mane, qui régna de ~XX à 9Ho sur le Maghreb extrême et
sur une partie du Maghreb moyen, fut fondée par Edris,
fils d'Abdallah, fils de Hasen III, fils de Hasen II, fils de
Hasen es-Sibt, fils de Fatime, femme d'Ali et fille du pro-
phète. Vaincu à la bataille d'Elfakkh (780), où il avait pris
parti pour son neveu Hoseïn contre le khalife abbasside
El-Mehdi, Edris s'enfuit en Egypte. Après être demeuré
environ deux ans au Caire en compagnie de son fidèle
affranchi Rached, il dut, pour éviter la colère du khalife,
fuir dans le Maghreb et vint s'établir à Oulili. petite ville
située dans la montagne de Zerlroun. tout près de Méquinez.
Bien accueilli en sa qualité de descendant du prophète,
Edris prit bien vite un grand ascendant sur les tribus
berbères au milieu desquelles il vivait, et en 788 il se fit
proclamer souverain des peuplades qui entouraient Oulili.
Peu à peu il agrandit ses Etals en s'avançant vers le S.
jusqu'à Tedla et vers l'E. jusqu'à Tlemcen, qui se rendit à
lui. En même temps il contraignait les populations chré-
tiennes et juives qu'il rencontrait sur sa route à embras-
ser l'islamisme, et semblait devoir soumettre à son autorité
tous les Berbers, lorsqu'il fut empoisonné par un émissaire
du khalife llaroun er-liacbid. en 783. Edris n'ayant point
laissé d'enfant, sa mort allait mettre fin à la dynastie qu'il
avait voulu fonder, lorsque Rached obtint des Berbers
qu'ils reconnaîtraient comme successeur de ^<n maître
I enfant qu'une concubine de ce dernier devait meiireau
monde deux mois après. Cet enfant, auquel on donna le nom
— 581 —
KDKISITRS — ÉDUCATION
(TEdràle Jeoneoa Bdris II, succéda donc a son père, mais
il m i .-< ut le serment de fidélité qu'en 804 à Tapa de onze
us. Durant sa minorité, Rached exerça le pouvoir jusqu'en
sn-2. époque a laquelle il fui assassiné par un agent des
kghlahites : il fut remplacé dans sa tutelle par Abou-Kha-
le«l Yexid. In oorps dévoué de cinq cents guerriers arabes,
qui vinrent se ranger sous la bannière dEdris 11, permit
ce prince d'étendre ses conquêtes et de n'avoir plus a
redooter les défections dos Berbers, qui étaient pousses a la
révolta par les \ghlahites. 11 put alors faire périr impu-
nément Isbaq bon Mahmoud, le chef des Aureba, qui avait
donné asile à son père, et don! l'influence pouvait faire
èohei I la sienne ; enfin pour mieux affirmer qu'il n'enten-
dait pas rester dans la dépendance des tribus qui avaient
confié l'autorité à son pore, il abandonna OulUi pour aller
établir sa capitale dans la \ille de Fez, qu'il fonda en S(l7.
Bdris II lutta d'abord avec succès contre les Aghhbites,
ot étendit la frontière de ses Etats à l'E. jusqu'aux rives du
Chelif. niais la versatilité dos Berbers, qui so laissaient vo-
loniiors corrompre par ses ennemis, l'empêcha de pousser
conquêtes plus loin. Mohammed succéda à son père
- i8. Sur les conseils pernicieux de sa grand'-
mèrc Kon/a. Mohammed partagea son empire avec- sept de
frères. Cette mesure impolitique amena bientôt îles
ivilesqui furent, il est vrai, réprimées, mais qui
jettèrent dans le nouvel empire les germes d'une déca-
dence prochaine. Néanmoins Ali, qui succéda à son père
Mohammed en 836, et Yahia Ier, qui succéda à son frère
Ali ai 848, administrèrent sagemenl leur royaume; ils
mdirenl leurs Etats et leur assureront une prospérité
plus grande encore que colle dont ils avaient joui jus-
qu'alors. En 859, sous le règne de Vahia Ier, on construisit
I Fea la célèbre mosquée dite d'Elqarouin, et la capitale
édrisite, grâce aux embellissements dont elle fut l'objet,
prit rang parmi les grandes cités du Maghreb. La conduite
scandaleuse de Yahia II, fils et successeur de Yahia I"r,
oionna une révolte qui lui fit perdre la couronne ;
son cousin Ali II, qui lui succéda, fut également chassé de
Fei et remplacé par son cousin Yahia III. Malgré le gou-
vernement paisible de Yahia III, qui cependant mourut
■ n 904, la dynastie édrisite ne put parvenir
i.iblir son prestige affaibli par les triées règnes de
Yahia II et d'Ah II. Après avoir exercé le pouvoir sans trop
de difficultés jusqu'en :MT, Yahia IV fut attaqué par Mes-
. le ,aid du chine Obeïd-Allah qui gouvernait à Qaï-
rouan. Assiégé dans Fez, sa capitale, Yahia IV dut bientôt
imaitie vassal d'Obeïd-Allah. A cette
condition, il conserva ses Etals pendant quatre ans encore,
mais en 921 il fut arrêté, chargé de chaînes et exile a
AmI.i. I. "empire édrisite lut alors livré par Messala à
Rihan Llkelami. qui s'établit à Fez et gouverna le pays du-
rant près de deux ans. El-Hasen, surnommé El-Haddjam,
■ a de rétablir en sa personne la dynastie édrisite, et
en 9223 chassa Rihan de Fez. Cette tentative heureuse
au début ne tarda guère a échouer. Mousa, tils d'Abou'lafia,
émir niiknai ien, attaqua Kl-Hasen, le vainquit et s'empara
de Fei (925). Désormais les Edrisites ne devaient plus
der que le |',if et le pays de Ghomara ; cependant l'un
d'eux, Kenooun, réussit a étendre son autorité sur une autre
partie du Maghreb. Mais ni son premier fils Abou'l-Anh
Ahmed qui se plaça sous la suzeraineté des Omeyyades
d'Espagne, ni son second tils El-Hasen qui succéda à son
154 n'avaient la valeur nécessaire pour s'imposer
aux Ik-rbers et lutter contre les khalifes d'Espagne. Après
avoir d'abord abdiqué en 97 5. El-Hasen reprit le pouvoir
sur les quelques villes qui avaient reconnu son autorité;
deux >n 985, il mourait et avec lui s'éteignait
pour toujours la dynastie édrisite qui, en réalite, avait i •
-1er dès l'année !M7. 0. Houdas.
a. Bsacmibr, Roudh el-Karlas i Paris, 1860.
— Da S: !:i:rbères; Alger, 1854. —
I- NI. ri ibr, Histoire de i Afrique septentrionale ; Paris,
...I.
ÉDUCATION. Il ne sera question ici que de l'éducation
humaine, car le mot a un sons beaucoup plus largo.; il
désigne toute action, même involontaire, qui dirige le
développement d'un être vivant vers sa fin naturelle ou lo
modifie en vue d'une tin qu'on lui assigne. Eliminant la part
de l'hérédité, celle du million el i\<' toutes les influences
inconscientes, il faut d'abord restreindre le mol à l'action
intentionnelle et méthodique d'un être sur le développe-
ment d'un autre. On peut ainsi à la rigueur dire que l'oi-
seau t'ait l'éducation de ses petits en leur apprenant à
voler, et, plus exactement, que le dresseur fait l'éducation
du cheval, le chasseur celle du chien d'arrêt. Mais le seul
éducateur, au sens propre, c'est l'homme, parce que seul
il se représente nettement l'avenir et combine des moyens
pour le préparoi' ; et de même la seule éducation digne de
ce nom est celle de l'homme. Elle comprend tout le tra-
vail réparti jadis entre la nourrice, le gouverneur et les
maîtres, selon ce passage do Varron : educit obstetrix,
rduciit nutrix, insbituii pœdagogus, docet magister;
c-à-d. tout l'ensemble des soins et des opérations inten-
tionnelles par lesquels on conduit le développement do
l'enfant pour ou faire un homme : « C'est l'art do former
les hommes », dit Rousseau, art dont la première règle
est d'ailleurs de tenir compte de ['éducation des choses,
comme l'appelle le même écrivain, c.-à-d. des influences
sociales et mémo physiques plus ou moins indépendantes
de notre volonté. Car un homme est formé par tout ce
qu'il éprouve depuis le berceau... et même avant. S'il faut
en croire, en effet, M. de Frarières, après Malebranche, il
y aurait, moralement même, une « éducation antérieure»
ou intra-utérine, une influence de l'état mental de la mère
pondant la gestation sur les prédispositions morales et in-
tellectuelles dos enfants. Mais l'éducation proprement dite
est essentiellement œuvre de volonté et de raison, et toutes
ces actions inconscientes ne l'intéressent que dans la mesure
où la volonté peut ou s'emparer d'elles ou s'y soustraire.
D'autre part, un être doué comme l'homme de volonté
et de raison a seul besoin d'éducation. La nature se
charge de pourvoir au développement de l'animal comme
tel. Une intervention n'a de raison d'être que lorsque la
nature toute seule ne mènerait pas sûrement ni le mieux
possible l'être dont il s'agit ii sa destination : tel est le cas
pour l'homme seul, dit Kant, dus einzige Gcschôpf das
erxogen werden muss, parce que, seul des animaux, il ne
saurait accomplir sa destinée par son simple développement
naturel sans le secours de son semblable adulte et cultivé.
Physiquement même, avant d'être en état de subsister et
de se mouvoir sans danger au milieu des forces naturelles,
il a besoin de soins infiniment plus longs et plus délicats
que n'importe quel autre animal. Mentalement et morale-
ment, la culture doit chez lui suppléer, compléter, corri-
ger les instincts; car sa destination est de faire prédomi-
ner en lui l'humanité sur l'animalité, de devenir au sens
fort une personne, ce qui n'a lieu que par l'éducation, la
nature livrée à elle— même développant plutôt l'animalité.
Ce n'est pas à dire que l'éducation elle-même ne doive
pas suivre la nature, comme Rousseau l'a établi. On n'agit
sur la nature qu'en lui obéissant. La connaissance des lois
de la vie tant psychique que physiologique est la hase né-
cessaire de la science de l'éducation, de toute action ra-
tionnelle exercée sur le développement humain. Kant va
bien, à la suite de Rousseau, jusqu'à accorder que tous
les penchants naturels sont bons en eux-mêmes ; mais c'est
à condition de se développer avec proportion. Ils ont besoin
d'être soumis à une règle. L'animal reçoit de la nature sa
règle toute faite et inviolable; l'homme doit si; faire la
sienne et, en attendant, la recevoir d'un autre homme. Né
pour la raison, il n'est rien que par elle. L'absence de régies
étant pour lui la source de tout mal, « l'éducation est la
source de tout bien... La discipline empêche seule l'ani-
malité et la sauvagerie d'étouffer en nous l'humanité. »
On le voit, la notion même d'éducation implique celle
d'un idéal, d'une perfection supérieure à la nature simple-
ment donnée. C'est ce qu'oxpriiiient diversement toutes les
ÉDUCATION
— n«2 —
définitions. « L'éducation, «lit J- Stuart Mill, embrasse tout
ce que noua misons nous-mêmes et tort et que Les autres
l'ont pour nous, an vue de nous élever plus près de la per-
fection de notre nature. » Et ailleurs : i <.'est la culture
que chaque génération donne exprès à ceux qui doivent lui
succéder, afin de les rendre ;i|>tes à conserver au moins,
à accroître s'd Be peut les progrés de tous genres aoeomplia
jusqu'à eux. » — « Elever un enfant, ilit M1"" Nerker
de Saussure, c'est le mettre en état de remplir un jour le
mieux possible la destination de sa vie. » l'our Stein, le
but de l'éducation est « le développement harmonieux de
toutes les facultés de l'homme... Elle doit déployer toutes
les puissances de L'Ame, exciter et alimenter tous les prin-
cipes de vie, en évitant toute culture exclusive, en s 'ap-
pliquant à mettre en œuvre toutes les tendances qui font
la force et la valeur des hommes. » Pour Herbert Spencer,
elle doit « préparer à la vie complète ». Autant de ma-
nières de dire avec Kant que l'éducation a pour objet de
« développer dans l'homme toute la perfection que sa na-
ture comporte ». — Il suit de là que la fin de l'éducation
est dans l'enfant lui-même et non hors de lui ; cette fin,
c'est le bien supérieur de l'enfant, non la satisfaction per-
sonnelle des parents et des maîtres. En ce sens, l'abnéga-
tion est littéralement le premier devoir de l'éducateur. Ce
n'est pas à dire, bien entendu, qu'il taille laisser l'enfant
se prendre lui-même pour fin : le respect des autres et de
leurs droits, l'esprit de sacrifice même, font partie au pre-
mier chef des qualités à développer en lui ; mais c'est pour
son bien même avant tout, c'est pour accroître sa valeur
d'homme qu'il faut l'habituer au respect. En le corrigeant
dans une autre intention, en le mettant au pas, par exemple,
avec humeur, pour nous défendre contre ses empiétements,
nous pouvons user d'un droit et faire encore oeuvre utile
socialement ; nous ne faisons pas œuvre sereine d'éduca-
teurs. Cette vue domine toute la théorie des punitions, et
aussi celle des récompenses.
A la perfection individuelle ainsi donnée pour fin su-
prême à l'éducation se rattachent toutes les fins secon-
daires. Le bonheur, par exemple, tant de la société que de
l'individu, ne peut manquer d'être aussi grand que pos-
sible si la valeur de tous est tout ce qu'elle peut être.
Mais la réciproque n'est pas vraie ; aussi est-il imprudent
de dire avec James Mill que « le but de l'éducation est de
faire de l'individu autant que possible un instrument de
bonheur pour lui-même et pour les autres ». D'abord le mot
instrument sonne faux : il s'agit de faire une -personne,
et non, selon le mot de Guizot « un outil humain ». Puis,
il n'est pas vrai que l'éducation doive se proposer avant
tout le bonheur. Le bonheur, chacun l'entend à sa guise
et le prend où il le trouve. Il n'y a donc là ni principe
fixe, ni garantie. Le bonheur doit venir par surcroit si
l'éducation est bonne ; mais elle n'est bonne que si elle
apprend à trouver le bonheur où il convient, voire à s'en
passer au besoin, non à tout subordonner à sa recherche.
Une autre conséquence de la définition adoptée, est de
faire apparaître l'éducation comme une œuvre infinie. Elle
commence au berceau et nul ne peut dire quand elle finit ;
car l'idéal recule à mesure qu'on avance. Ni notre carac-
tère ne cesse d'être plastique, ni notre esprit de pouvoir
acquérir, à l'âge où l'on sort de la sujétion des parents et
des maîtres. L'éducation, qui est censée prendre tin alors,
continue donc ; elle continue aussi longtemps que nous
sommes perfectibles ; elle change seulement rie mains, de-
vient l'œuvre de tous ceux dont la volonté et l'exemple
ont prise sur nous, l'œuvre du mari, pour la femme,
l'œuvre de la femme, pour le mari ; elle devient surtout
l'œuvre propre de chacun, puisque chacun est responsable
de soi et tenu d'achever son développement lui-même. De
là pour les maîtres et les parents une indication capitale,
un critérium infaillible de l'éducation. La meilleure est
celle qui met le mieux l'enfant en état de se gouverner
lui-même et en goût de continuer seul son perfectionne-
ment. « Apprendre à l'homme à s'élever lui-même lorsque
d'autres auront MMé del'él ri là Le but suprême,
suivant Guizot. Tout bon éducateur aspire | se rendre inu-
tile, non en formant îles machmes, maa des pffsonnei
guidées par Le sentiment ferme de leur responsabilité,
l'amour et la claire vue d'un idéal. C'est La eondamnation
absolue de toute éducation servile et mécanique, de tous
bs movena lias, connue les coups, l'espionnage, la déla-
tion, i menaces et des promesses. Il n'y a de bon
en éducation que ce qui élevé. Il ne s'agit pas de faire des
manequina dociles, d'élégants automates, mais des hommes.
Et la perfection de l'homme n'est pas de taire ceci ou cela
sous une volonté extérieure, c'est d'agir librement à ses
risques et périls, de vouloir le bien et d'aspirer au mieux.
A ce point de vue, tel enfant qui passe pour très bien
élevé l'est fort mal, ou plutôt ne l'est pas du tout
(V. Discipline).
Enfin l'éducation déborde la vie individuelle; elle fait,
avec l'hérédité, le lien des générations successives; elle
est l'affaire de toute l'espèce. « Pour faire de grandes choses,
a dit Vauvenargues, il faut vivre comme si l'on ne devait
jamais mourir. » L'individu meurt, mais il se survit dans
ses-enlants : l'espèce subsiste. Par l'éducation, chaque gé-
nération épargne à la suivante, autant que possible, un
apprentissage hasardeux et lui lègue, accru de ce qu'elle a
pu y ajouter, le patrimoine reçu des ancêtres. J| y a sans
doute dans la nature et dans l'hérédité des limites aux
acquisitions et aux perfectionnements possibles: mais l'hé-
rédité elle-même peut, comme l'habitude, être un agent de
transformation aussi bien que de conservation ; et par l'ac-
cumulation des petits eflets, les suites d'une éducation vont
à l'infini. Car l'homme élève l'homme; bien élevé, il l'élève
bien à son tour. Et il n'y a aucune contradiction à se
soucier ainsi de l'avenir de l'espèce humaine et de ses
progrès possibles, après avoir assigné pour objet à l'édu-
cation le perfectionnement de chaque enfant. Car. si le but
est de faire réaliser à l'homme toute la perfection que sa
nature comporte, cela s'entend évidemment de l'homme en
général et non pas seulement de l'individu ; mais, pour tra-
vailler au progrès général, il n'y a qu'un moyen et qui est
d'ailleurs infaillible, c'est d'améliorer les individus. En
plaisir, en bonheur même, le gain d'un particulier peut
constituer une perte pour d'autres; mais, en perfection,
l'individu ne peut rien gagner que l'humanité n'en profite.
Comment concevoir d'ailleurs un homme vraiment bon,
qui se contente de sa perfection pour ainsi dire solitaire,
s'y enferme et s'y endorme, sans souci d'accroître le bien
des autres? L'homme est un être essentiellement sociable.
Sa destination comme individu coïncide et concorde avec
celle des groupes naturels dont il fait partie, famille, na-
tion, humanité ; et le seul moyen pour lui de ne pas man-
quer sa fin personnelle est de travailler au bien collectif,
(l'est ce qu'il faut répondre à l'objection spécieuse et su-
perficielle qu'on élève parfois, au nom de la patrie, par
exemple, contre notre conception de l'éducation comme
accordant trop à I Individu pris pour centre. L'individu
n'est rien par lui seul, et il le sent d'autant mieux qu'il vaut
plus. Il ne s'épanouit que dans la famille, laquelle ne
subsiste et ne prospère que dans la nation : et c'est du
concert des nations, à la fois indépendantes et unies, que
sera fait à son tour le bien de l'humanité. Chacun doit se
subordonner, se sacrifier au besoin à ces collectivités dont
il fait partie : et il appartient à l'éducation de nous
apprendre à les servir toutes en conciliant ce qu'on doit à
chacune. Mais le sacrifice n'a de prix que s'il est conscient
et libre: la première condition pour se dévouer utilement,
c'est d'être quelqu'un et de valoir quelque chose. Nous
avions donc raison de dire qu'il faut avant tout élever
l'enfant pour lui-même, développer l'individu comme tel
de façon ii lui donner toute sa valeur d'homme: en dehors
de là il n'y a que dressage; mais l'élever pour lui-même,
en ce sens supérieur, c'est l'élever en même temps pour la
famille. La nation et l'humanité : c'est l'élever non seule-
ment pour le présent, mais pour l'avenir, non seulement
— Î583 —
ÉDUCATION — EDWARDES
pour qu'il joue son rôh d'hounno dans le monde toi qu'il
est aujourd'hui, mais pour qu'il contribue, s'il sopoiil. a
laisser lo monde un pou nioillour. L'éducation vraiment
fflglM do m nom, mémo quand elle arino ot prépare l'en-
fant pour los rudos luttas df la vie actuelle, De doit jamais
-or d'avoir on vuo, solon la belle parole do Kant, « la
perspective d'uno humanité meilleure et plus heureuse ».
mis de l'éducation ainsi fixées, sos grandes divisions
■ découlent. Il faut d'abord distinguer do ['éducation
. la seule dont il s'agisse, v éducation nrofes-
,'i;7--,qui ne peut venir qu'après et qui'pi'ond autant
île formes qu'il y a de eatégoriea de métiers ou de fonctions
demandant une préparation technique : celle-ci n'est pas
non plus à dédaigner, mais elle est moins do l'ordre d^
l'éducation que de celui de l'apprentissage. Le mot de
M «taigne, qu'il faut apprendre aux entants ce qu'ils doi-
vent faire étant hommes, n'est juste que si on le prend
dans un sens très large et très élevé. Sans doute pour
déterminer le mode précis et le degré d'éducation, surtout
lo mode et le degré de culture qu'il faut donner à un en-
fant, il omvi.nl d'avoir égard l sa condition et à sa vie
probables. Mais, comme le «lit Rousseau, nous ne sommes
plus au temps ou le lils était obligé d'embrasser l'état de
son péri' ;et. si les rangs demeurent, les hommes en chan-
gent sans cesse. \u contraire. « leur vocation commune
l'état d'hommes, et quiconque est bien élevé pour
celui-là ne peut mal remplir ceux qui s'y rapportent. Qu'on
ne mon élève à l'épée, à l'église, au barreau... la na-
ture avant tout l'appelle à la vie humaine. Vivre est le mé-
tier que je lui veux apprendre. En sortant de mes mains,
il ne sera ni magistrat, ni soldat, ni prêtre; il sera pre-
mièrement homme ; tout ce qu'un homme doit être, il
>aura l'être au !>esoin... ; et la fortune aura beau le faire
changer de place, il sera toujours à la sienne. » Sans faire
fi de I utilité, il faut donc dire résolument qu'elle ne doit
venir qu'en seconde ligne dans l'éducation, parce qu'on
n'élève pas l'enfant à la vie complète, si on a en vue d'abord
le métier. L'éducation proprement dite est générale par
définition, et libérale, puisqu'elle doit former l'homme
tout entier, et l'homme libre!
Elle se divise en autant de parties qu'il y a d'élé-
ments essentiels dans la nature humaine : [éducation
l'hysii/w préside au développement du corps, assure
l'épanouissement des - vitales, support et base
de tons les autres. Car « ni ange ni bête », si l'homme
i'Ius qu'un simple animal, il est un animal premiè-
rement, et. pour accomplir sa destinée en ce monde, il
faut qu'il commence, selon le mot d'il. Spencer, par être
« un bon animal ». Parallèlement doit se faire Yédu-
■i intellectuelle et morale, qui dirige le développe-
ment psychique, et oui repose sur la connaissance des
lois de la vi*> mentale, comme l'éducation physique sur
celle des lois de la vie organique. 11 faut y distinguer l'édu-
cation morale proprement dite, qui forme le caractère,
r.-à-d. la volonté et le cœur, et l'éducation intellectuelle
qui façonne l'esprit. Cette dernière comprend l'instruction,
mais n'y est pas simplement identique, car autre chose est
instruire l'esprit, c.-a-d. le munir de connaissances qui
peuvent le remplir sans le nourrir et n'ajoutent pas toutes
é-abment a sa qualité, — autre chose est le fortifier, l'as-
souplir et l'nrliner par l'exercice, en visant à lui donner,
indépendamment de tel et tel savoir, tout ce qu'il com-
le vigueur et d'ouverture, de netteté, de justesse et
de précision. Un pourrait encore nommer à part Véduca-
tthétùpie, qui forme le goût, apprend à discerner
'itir la beauté. Mais les divisions deviennent factices
si on les multiplie. Mieux vaut dire et redire que tout se
ti^nt dans l'éducation, que toutes les parties en sont so-
lidaires, nue l'unité en est la qualité maltresse, puisqu'elle
doit développer l'homme harmonieusement et que l'unité
s.'iile. l'accord avec soi-même fait la beauté d'une vie,
comme la valeur d'un caractère.
Sans quitter les généralités les plus hautes, que n'y au-
rait-il pas à dire mrVéducationciuiqu6,svr l'éducation
religieuse, eto.,c.-4-d. sur le développement à donnera
certains sentiments, exaltes outre mesure par les uns,
comprimés ou faussés systématiquement par les autres!
I.a place nous ferait défaut même pour indiquer tous les
problèmes généraux, a plus forte raison pour descendre
ici dans l'Ùlfuu détail des questions, des discussions, des
théories auxquelles donne heu l'éducation. On les trouvera
exposées chacune à leur place (Y. par exemple les articles
Caractère, Discipline, Ecole, Enseignement, Pédagogie).
Sous cette dernière rubrique viendra naturellement la
question de savoir dans quelle mesure il y a une « science
de l'éducation » et en quoi ello consiste. C'est sous ce
titre, on le sait, qu'a été institué chez nous récemment
un enseignement public de la philosophie de l'éducation.
Démonter aux principes d'une part, dégager d'autre part
de l'histoire des doctrines et des institutions, puis de 1 l'ex-
périence des nations diverses les régies fondamentales de
l'éducation ; chercher enfin l'application de ces principes
et de ces régies à nos conditions sociales et à nos mœurs,
— c'était évidemment un des grands besoins de notre
temps, une des fonctions de l'enseignement supérieur dans
notre démocratie, au moment oii l'éducation nationale, sous
toutes ses formes et à tous ses degrés, prenait le premier
rang parmi les préoccupations publiques. — On ne trou-
vera coordonnés et condensés que dans les ouvrages spé-
ciaux (et dans aucun sans doute d'une manière complète
ni qui satisfasse absolument) les éléments d'une doctrine
qui, par définition, touche à tout, emprunte à toutes les
sciences, engage tous les intérêts, confine à la fois à la
plus haute philosophie et à la plus humble pratique, enfin
a pour elle seule ses encyclopédies. II. Marion.
liiuL. : Les ouvrages qui traitent de l'éducation sont
innombrables en France et à l'étranger : la liste en rem-
plirait un volume de la Grande Encyclopédie. Les plus
importants en français sont analysés dans G. Compayré,
Huit, critique des doctrines de Véducat. en France; on en
trouvera aussi l'indication dans Buisson, Dictionnaire de
Pédagogie, art. Education. Un répertoire excellent parmi
les plus récents est : O. Gréard, Education et Instruction;
Pans, 1887-1889, 4 vol. in-12. En Allemagne, la littérature
pédagogique est plus riche encore, ce qui ne veut pus dire
plus intéressante, ni plus originale. Tout le meilleur en
est inspiré par l'Emile de Rousseau. Après le traité de
Kant, il faut surtout mentionner les Discours de Fichte à.
la nation allemande. En Angleterre, citons les ouvrages
de Herb. Spencer, Education intellectual, moral andphy-
sical ; Londres, ISliO, in-8, et d'A. Bain, Education as a
S'ience, 1878, in-S, tous deux trad. en français. En Amé-
rique, M. Stanley Hall a donné Hints Towards a sélect
and descriptive Bihlingraphy of Education; Boston, 1886,
in-12; et M. W. H. Payne, Contributions lo the science
of Education ; New-York, 18815, in-12. Partout enfin abon-
dant et se multiplient de jour en jour les publications pé-
riodiques spécialement consacrées aux choses de l'édu-
cation. V. Pédagogie.
ÉDUCATION chrétienne (Sœurs de 1'). Neuf maisons,
cent trente-sept sœurs (recensement spécial de 1861);
maison centrale à Argentan (Orne).
ÉDUENS (V. /Edui).
ÉDUTS (Les). Corn, du dép. de la Charente-Inférieure,
arr. de Saint-Jean-d'Angely, cant. d'Aulnay; 118 hab.
EDWARDES (Sir Herbert-Benjamin), officier anglais, né
à Frodesley (Shropshire) le 12 nov. 1819, mort à Londres
le 23 déc. 1SK8. Kntré comme cadet en 1841 dans l'in-
fanterie du Bengale, il occupa ses loisirs à l'étude des
dialectes de l'Inde et à la publication dans la Delhi Gazette
d'articles qui furent remarqués (Letters of lirahminee Bull
in India to lus cousin John in England). Il enlra bientôt
dans l'état-major de sir Iliigh Gough et prit part avec lui
aux sanglants combats de Moudkee et de Sobraon. Il fut
ensuite attaché à Henry Lawrence, travailla à la réforme
de l'administration civile et gagna une grande influence sur
les indigènes. En 1843, il réprima presque seul et sans
antre aide que celle de tribus alliées une sérieuse rébel-
lion, gagnant les batailles de Kineyri (18 juin) et de
Sadusam (3 juil.), et prenant une part prépondérante au
siège de Huitan. Edwardes fut récompensé de ces services
par le brevet de major, l'ordre du Bain et une médaille d'or
i:ii\\ IRDES - EDWARDS
— 584 —
de la Compagnie dee Indes. Il revint en 1850 en Angleterre,
(m il pa m un accueil enthousiaste el publia l tear on
the Punjab Frontier (Londres, 1850), récit il«' ses aven-
tures. M retourna en tx.M auj Indes, nu il occupa le poste
de vice— commissaire du district de Djalandar (Jalundnur).
En 1853, il passa en même qualité a Hazara, puis ;i
Péichavér (Peschawer), oii il fut chargé de négocier un
traité avec Dos! Mohammed, et, lors de la grande révolte
de is.'iii, réussit a maintenir les Afghans dans la stricte
neutralité. Mais il s'était tellement surmené <|u'il réclama
son rappel en 1859. Après deux années passées en An-
gleterre, il lut nommé commissaire d'Ambala (Umballa),
mais il dut revenir en Europe en 1865, emportant la
renommée d'un administrateur hors ligne. Il fut promu
major-général et passa les trois dernières années de sa vie
fort occupé des querelles religieuses suscitées par la ques-
lion du ntualisme dans l'Eglise anglicane. H. S.
Bibl. : Memoriala ofthe Life and Lettera of Major gêne-
rai air II. Edwardes ; Londres, 1886. — Boswoetb Smith,
Life nf John Lawrence. — EDWARDEset Merivajlb, Li/e
of Henry Lawrence. — H. -Ci. KEENE, Life of Edwardes,
dansLeslie Stephen, t. XVII.
EDWARDS (Richard), poète et dramaturge anglais, né
dans le Somerset vers 1523, mort à Londres le 31 oct. 1566.
Il étudia à l'université d'Oxford et abandonna le barreau
auquel on le destinait pour s'occuper de musique. Il prit
des leçons de George Etheridge, devint gentleman de la
chapelle royale et maître des enfants de la chapelle, lin
15(34, il leur fit jouer à Richmond, devant Elisabeth, une
pièce de son cru. Deux ans après, il suivit la reine dans
son voyage à Oxford et donna en son honneur, dans un des
collèges de l'Université, Palamon and Arcyte, première
tragédie anglaise sur un sujet antique, qui excita l'admira-
tion générale. Cette pièce, pas plus que la précédente, ne
nous est parvenue. La seule qui existe, et plusieurs fois
réimprimée, parut en 1571 sous le titre The Excellent
Comédie of two the moste faithfullest Freendes, Da-
nton and Pitkias, tragi-comédie dont Beaumont et Flct-
cher reprirent et développèrent l'idée plus tard dans The
Two ?ioble Kinsmen. Ses poésies, Eglogues , Epi-
grammes, Sonnets, Chansons, non dépourvues de grâce,
étaient fort admirées par ses contemporains ; aussi Thomas
Twine appelait-il Richard Edwards « la fleur de notre
royaume, le phénix de notre âge ». 11 eut l'heureuse idée
de réunir sous le titre Paradise of Dainty Devices les
meilleures poésies de son temps, ce qui sauva beaucoup
d'oeuvres charmantes de la destruction. Mais il oublia
d'assurer le même sort aux siennes, car, outre ses deux
premières pièces, quantités de petites histoires comiques
écrites par lui ont été perdues. Hector France.
EDWARDS (Thomas), poète anglais de la fin du xvip siè-
cle. Il est l'auteur de deux jolis poèmes : Cep/talus and
Procris et Narcissus, publiés en un volume par John
Wolfe en 1595, et dont on ne connaît qu'un exemplaire,
découvert dans la bibliothèque de la cathédrale de Peter-
borough en 1878. Ce Th. Edwards est probablement le
même (pie l'auteur de cinquante-cinq hexamètres latins sur
les villes d'Italie, qu'on trouve dans leParvum Theatrum
Urbium d'Adrianus Romanus (Francfort, 1595). On ne
sait d'ailleurs rien sur sa vie. H. -II. G.
EDWARDS (Thomas), théologien anglais, né en 1599,
mort le 2't août. 1647. Fougueux puritain, Edwards fut sou-
vent persécuté pour ses sermons et pour ses écrits, dont rien
ne saurait dépasser la violence. Celui qui eut le plus de
retentissement est intitulé Gangrœna ou Catalogue et expo-
sition de nombreuses erreurs, hérésies, propositions blas-
phématoires et pratiques pernicieuses des sectaires de ce
temps; la première partie, publiée eu 'lliili. fut suivie de
deux autres. L'année suivante, l'intolérant polémiste jugea
nécessaire a sa sûreté de se réfugier en Hollande ; mais il
mourut de la lièvre peu après y être arrivé.
EDWARDS (Charles), écrivain gallois, mort en 1691.
Apres avoir été fellow de Jésus Collège (Oxford), il reçut
un bénéfice en 1653 dans le pays de Galles, mais, après
l'avènement de Charles II, il fut dépouille. Abandonné (on
ne s;nt pourquoi) par -a femme et par mi enfants, il re-
tourna I Oxford en tfiii'i et se comacra des lors tout en-
tier a la littérature galloise. Il publia en Oi7l ton livre le
plus connu. Hunes y Ffydd DdifftUttlt, sorte de i
dance des oeuvrai des anciens tardes et (b-s préceptes du
christianisme, qui a eu sept éditions i la dernière a i.annar-
tbeii. en I8'i<i). Il semble qu'à la fin de sa vie il ait été
libraire, ni curieuse autobiographie, intitulée AnAfjltfted
Mante testimony concerning lus troublée, parut en 1091 ,
quelques mois, on le suppose, avant ta mort. l.li.-Y. L
EDWARDS (John), théologien anglais. Dé a Herttord le
26 févr. 1637, mort le 16 avr. 17t»i. Il prit ses grades à
Cambridge, lut ordonné diacre en 1664, et préau
grand succès a l'église de la Trinité de Cambridge, l^ectu-
rer à lin rv S. Edmtmds après 1664, il fut oblige de m
démettre, à cause de ses opinions calvinistes, et fit alors du
droit. Il redevint pasteur a la paroisse du Saint-Sé-
pulcre de Cambridge, puis fut nommé, en 16*3. vicaire
de Saint-Pierre a Colehester, situation qu'il abandonna en
1686 pour se livrer entièrement a l'étude. Il a écrit un
grand nombre d'ouvrages et acquis une renommée consi-
dérable dans sa sphère spéciale. Nous citerons seulement
de lui : Cometomantia (1684, in-4) ; A Démonstration
of the existence and Providence ofGod (1690, in-N) ;
Some Thoughts concerning the several causes and oc-
casions ofathrism (Londres, 1693, in-4) ; Sodm
unmaskcd (1696, in-8); The Socinian Creed
in-8) ; lirief Remarks on Mr. Whiston's nrw theory of
earth (1697, in-8); QoXukoIkXoc Soofac, a compleat
history of ail dispensations and methods of Religion
(1699, 2 vol. in-8) ; A Free Discourse concerning truth
and error especially in matters of Religion (1701,
in-8) ; The Arininian Doctrines condamnée by the lloly
Scripture (1711, in-8); Iheologia reformata (ITLi.
2 vol. in-fol.), etc. R. S.
EDWARDS (Thomas), écrivain anglais, né en 1699,
mort le 3 janv. 1757. Il est surtout connu par sa polé-
mique avec Warbnrton, l'éditeur de Shakespeare, dont il
avait relevé les grotesques audaces dans un volume intitulé
The Canons of crilieism. and aglossary, being a sup-
plément to sir Warburton's édition of Shakspear
(Londres, 1747 ; 7e éd., 1765). On a d'Edwards un cer-
tain nombre de Sonnets et une volumineuse correspondance
avec les principaux littérateurs de l'époque, notamment
Richardson.
EDWARDS (Jonathan), théologien anglais, né dans le
Connecticut en 1703, mort en I75.N. Après avoir rempli,
pendant deux ans, les fonctions de pasteur dans une com-
munauté congréganiste à New-York, il passa quelque temps
au collège de Yale en qualité de répétiteur et fut appelé,
en 1726, à Northampton comme sullïagant de son grand-
père. II y resta pendant vingt-quatre ans, occupé .,
voira du ministère sacré et de l'étude des questions théolo-
giques ou philosophiques. En 1750. a la suite d'un désaccord
avec les membres de son église sur les conditions de l'ad-
mission des fidèles à la table sainte, il se fit missionnaire
chez les Indiens. A son retour, en 1757. il fut nommé
président du collège de New-Jersey. Il conserva cette dignité
jusqu'à sa mort. Le principal ouvrage d'Edwards confine à
la fois à la théologie et à la philosophie, An ln<jiiiry in-
to thnt modem prevailing notion of tliat freedom of
will it'hieh is supposai to be essential to moral ageney
(175 il. C'est un exposé des idées calvinistes sur la ques-
tion de la liberté, d'un raisonnement serré et d'un Style
clair. Naturellement l'argumentation d'Edwards est entie-
i cm 'lit dirigée contre le libre arbitre. UBistory of Rédemp-
tion parut en 177X. vingt ans après sa mort. G. Q.
EDWARDS (William), ingénieur et prédicateur anglais,
né à Eglwvsilaw (comte de Glaumrgan) en 1719. mort
a Eglwysilaw an 1789. Ayant appris la construction à
Cardin", ville où il fit élever plusieurs usines. William
Edwards revint dans son pays natal vers 1744, époque ou
- 588
EDWARDS
il ."-n.i\.i d'édifier m pont en pierre snrk Tatl. Ce premier
|mnt avant été emporté par les eau deux ans après son
achèvement, Edwards le reconstruisit en métal el d'une
soule arche de l W pieds de portée; après un nouvel acci-
dent ainsi que d'importantes modifications dans sa BtrUO-
ture. M pont fui achevé en 1755 et passa BlOTS pour le
plus remarquable ouvrage de ce genre existant dans le,
monde entier. A la suite de ce succès, Edwards fut appelé
.1 construire, dans le S. du pays de Galles, plusieurs ponts,
dont il ani>a a réduire notablement la flèche des arcs et
la masse des piles, <'ii conservant cependant toujours à la
maçonnerie de ces dernières un caractère archaïque. Avant
ete ordonné ministre de la secte des Indépendants, Wil-
liam Bdvmrds prononça, dans les dernières années de sa
vie. de nombreux sermons, tous en langue gaélique et qui
excitèrent un grand enthousiasme. — David Edwards, se-
cond tils et élève de William, lit construire les ponts de
Ltndelo sur le Towv et de' Newport sur le l sk. Eli. Lucas.
EDWARDS (Edward), peintre et graveur anglais, ne
a Londres le 7 mars 1738, mort a Londres le 1!) déc.
11 itait tiU d'un ébéniste, dont il commença par
apprendre le métier. Mais son père lui lit donner des leçons
de dessin, et. en 1759, on le trouve étudiant la peinture
dans la galerie du due de Richniond. En 1773, il devint
■ombre de la Royal Academy. Parmi ses principaux
tjhleaux on cite: Racelius et Ariane; une Partie de
chasse dans laquelle il a placé les portraits du duc de
l'.eaufort et de ses tils, etc.
EDWARDS (Bryan), marchand et historien anglais, né
imrv (Wiltshire) le "21 mai 1743, mort à Sou-
Ihamplna le 13 ou 10 juil. 1800. Ayant hérité d'un oncle
fort riche, colon a la Jamaïque, il prit une grande part à la
politique locale dans cette colonie. 11 revint une première
fois en Angleterre en 47S-2 pour disputer à un protégé
du doc de Kuhmond le bourg pourri de Chichester, et, en
1799, pour s'établir définitivement dans l'ile comme ban-
quier, a Southampton. Elu membre de la Chambre des
communes en 1796 pour le bourg cornouaillais de Grara-
poiinil, il parla en faveur du maintien de l'esclavage. Il est
surtout connu, comme historien, par son History of the
british colonies in the West butùs (1793). La cinquième
édition de cet ouvrage est de 1819. Edwards a publié
•î I7!i7 une Histoire de la colonie française de
Saint-Domingue qui l'entraîna dans d'assez vives polé-
miques avec des Français. M. Venault de Charmilly par
exemple. (Jn dit aussi qu'il aida Mungo Park à rédiger le
■-ditions en Afrique. Ch.-V. L.
EDWARDS (Arthur), archéologue anglais, mort à Lon-
22 juin 1 7 i3. Membre de la Société des antiquaires
en 1725, il lut le collaborateur assidu de lord Winchclsea
et du Dr Stukeley (Y. ces noms). Il est connu aussi par
_- important (175.000 fr.) qu'il fit à la Cation Li-
brary. Il appartenait à l'armée et parvint au grade de
major des Itorse guards.
EDWARDS (John), poète gallois, appelé par ses com-
patriotes Sion Ceuuog, né à Crogen Y\ ladys en 1747. mort
••n I7:i2. 11 fut, avec Owen Jones (Myfyr) et Robert
Rmjkea (Robin I)du o Fon), un des trois "fondateurs de la
1 n l'honneur de laquelle il composa
. et dont il fut tour à tour secrétaire et président.
EDWARDS (John), poète irlandais, né en 1751, mort
2. On a de lui, entre autres ouvrages en vers, une
radotes and Panthea (1808), et un poème,
Tlf Patriot Soldiert. Il était lieutenant-colonel de dra-
gons dans l'armée volontaire d'Irlande. Son livre, Inter-
ests of Ireland (1815) peut encore être consulté avec
fruit. B.-H. G.
EDWARDS (George), médecin et publiciste anglais, né
en 17.V2. mort a Londres le 17 févr. 1823. Il a laissé un
grand nombre d'écrits politiques où il expose des idées de
réformes sociales et d.-s plans de bonheur universel qui
font [dus d'honneur a son cour qu'a sa raison. On a de
lui, en français, une Adresse aux Citoyens français sur
la y o\ivelte Constitution, et Idées pour former une
Nouvelle Constitution et pour assurer la prospérité
et le bonheur de la France et d'autres nations
(Paris, 1793).
EDWARDS (James), libraire et bibliographe anglais, né
en 1757, mort a llarrow le 2 janv. 18l(i. lu grand
nombre de bibliothèques célèbres furent vendues par ses
soins; citons seulement celles de Pinelli, de Venise, de
S ilichelti, de Homo, de Mev/ien, de Paris et do la duchesse
de Portland. Les catalogues d'Edwards sont encore aujour-
d'hui précieux pour les bibliographes. Il était l'ami de
Dibdîn, qui le peint sous le nom de Rinaldo. Il se retira
des affaires vers 1804, eleut pour successeur Robert llar-
ding Evans. R.-ll. G.
EDWARDS (Svdenham-Teak), peintre anglais, né vers
1768, mort le 8 févr. 1819. Il a dessiné pour des ouvrages
sur l'histoire naturelle, et a collaboré au liotanical Maga-
sine et au Cynographia Britannica, puis s'est surtout
consacré au liotanical Register, fondé par lui.
EDWARDS (William-Frédéric), médecin et philosophe,
né à la Jamaïque en 1777, mort à Versailles le 23 juil.
1842. Reçu docteur à Paris en 1813, il se livra à des
travaux de physiologie qu'il présenta à l'Académie des
sciences et qui furent plusieurs fois récompensés. Les plus
importants de ces travaux sont réunis dans de l'Influence
îles agents physiques sur la vie (Paris, 1824, in-8).
Citons encore : des Caractères physiologiques des races
humaines (Paris, 1829, in-8) ; Recherches sur les
langues celtiques (Paris, 1844, in-8). Edwards était
membre de l'Académie de médecine et de l'Académie des
sciences morales et politiques. Dr L. Un.
EDWARDS (Ilenri-Milne), célèbre zoologiste français,
frère du précédent, né à Rruges le 23 oct. 1800, mort à
Paris le 29 juil. 1885. Reçu docteur en médecine à Paris
en 1823, il se livra quelque temps à la pratique et publia
plusieurs ouvrages de vulgarisation médicale, puis par ses
Recherches anatomiques sur les Crustacés (Paris,
1828) inaugura sa carrière de naturaliste. En 1838, il
succéda à Cuvier à l'Académie des sciences, puis en 1841
obtint la chaire d'entomologie du Muséum, en 1843 celle
d'entomologie et de physiologie comparées à la Faculté des
sciences; en 1862, il succéda au Muséum à Geoffroy
Saint-Hilaire dans la chaire de zoologie et lut nommé, en
1864, directeur de cet établissement. En 1854, il fut élu
membre associé libre de l'Académie de médecine ; en 1861,
il obtint la croix de commandeur de la Légion d'honneur.
— Henri-Milne Edwards ilirigea, depuis 1837, la partie
zoologique des Annales des sciences naturelles, qui
renferment une foule de mémoires de lui. Parmi ses ou-
vrages les plus importants, nous nous bornerons a signa-
ler : Eléments de zoologie, ou Leçons sur l'anatomie,
la physiologie, la classification, etc., des animaux
(Paris, 1834-35, en 4 part, in-8 ; nouv. éd. sous le titre:
Cours élémentaire de zoologie, 1851, in-12, fig.) ;
Histoire naturelle des Crustacés, etc. (Paris, 1837-41,
3 vol. in-8, av. pi.); Histoire naturelle des Coralliaires
ou Polypes proprement dits (Paris, 1858-00, 3 vol.
in-8, av. pi.) ; Recherches pour servir à l'histoire des
Mammifères (Paris, 1808-7 i, 2 vol. in-4, texte et atlas) ;
il rédigea avec Deshayes V Histoire naturelle des ani-
maux sans vertèbres de Lamarck (Paris, 1836-45, 11 vol.
in-8). Son ouvrage le plus considérable, ses Leçons sur
la physiologie et l'anatomie comparées de l'homme
et des animaux (Paris, 1855-1884, 14 vol. in-8), n'a
été terminé que peu avant sa mort. — Milne Edwards le
premier a nettement exprimé le principe de la division du
travail physiologique el montré que cette division devait
être le critérium du degré de perfection de chaque espèce et
du rang qu'elle doit occuper dans l'échelle des êtres. Dans
son Introduction à la tootogie générale (1853), il expose
ses idées sur le plan du monde animé et sur la création des
êtres; il rejette comme trop hypothétique les doctrines mo-
dernes de l'évolution et du transformisme. Dr L. Un.
F.DWAHDS
- 586 -
BlBL. : BntTRBLOTi I'.lopc (le Milne Edwards, dan» Ac.
des êeU 1891.
EDWARDS (Lewis), théologien et publiciste gallois, ni
en 1809, mort <ii 1887. Il appartenait a la leete dei mé-
thodistes calvinistes, |icu nombreux dans son pays. Il créa
et dirigea Bala Collège pendant cinquante ans. Lapins im-
portante des revues écrites en gallois, ) Traethoèydd on
The Essayist, lut tondéepar lui, et il y inséra de remar-
quables études sur différents sujets littéraires et philoso-
phiques qui ont été réunies en deux volumes in-X (IN67).
Il est aussi le fondateur d'une feuille populaire, intitulée
Geiniogwerth (le Journal a deux sous). B.-ll. I'..
EDWARDS (Edward), pnblicisteet bibliographe anglais,
né en IHI2, mort en l88o. Un écrit de lui sur le British
Muséum lui valut d'être désigné, avec John-Wintor Jones,
Thomas Watts et Serjcant Parry, pour établir, sous la
direction de Panizzi, les bases du catalogue de la grande
bibliothèque londonienne. Il avait auparavant travaillé,
pour les propriétaires du procédé Collas en Angleterre, à
un grand ouvrage sur les sceaux anglais et sur les mé-
dailles frappées en France pendant le premier Empire.
Nommé, en 1850, bibliothécaire de la première Free l.i-
brary, qui venait d'être fondée à Manchester, il ne s'en-
tendit pas longtemps avec les directeurs et donna sa démis-
sion en 1858. Il fut occupé pendant quelques années à
cataloguer la bibliothèque de Queen's Collège, à Oxford, et
passa le reste de sa vie à Niton, dans l'Ile de Wight, pour-
suivant jusqu'à la fin ses études bibliographiques. On lui
doit des travaux d'une grande valeur, tels que Mcmoirs of
Libraries (1859) avec son complément : Libraries and
their Foundcrs (18(i5); une biographie de sir Walter
Raleigh (1865, 2 vol.); Chapters on thc Biographical
History ofthc French Academy (1864), et Livcs ofthe
Foundcrs of the British Muséum (1870). B.-H. G.
EDWARDS (Henry-Sutherland),publiciste et littérateur
anglais contemporain, né à Londres en 1828. Envoyé comme
correspondant d'un journal au couronnement de l'empereur
Alexandre II, il fit un long séjour en Russie et publia
The Russians at home (Londres, 1858 ; nouv. éd., 1879).
II y retourna, en qualité de correspondant du Times, à
l'époque de l'émancipation des serfs, puis assista à toutes
les péripéties de l'insurrection polonaise de 1863, dont il
a écrit une intéressante histoire intime : Priva te History
of a Polish insurrection (1865, 2 vol.). Pendant la
guerre de 1870-1871, il suivit toutes les opérations mili-
taires dans les camps allemands et en publia une relation
critique sous le titre de The Germans in France (1874).
A l'occasion de la guerre russo-turque, il exposa ses vues
sur la question d'Orientdans The Slavonian Provinces of
Turkcy (1876). Grand connaisseur en musique, il publia
sur ce sujet plusieurs ouvrages de mérite: History ofthe
Opéra (lS(i"2, -1 vol.); Life of Rossini (1869); Rossini
and his school (1881); The Lyrical Drama; cssays on
subjects, composcrs and exécutants of the modem
opéra (1881, 2 vol.). Il s'était encore tait connaître comme
romancier par les ouvrages suivants: The Thrce l.ouisas
(1866, 3 vol.); The Governor's daughter{iM$, 2 vol.);
Malvma (1871, 3 vol.). G. P-i.
EDWARDS (Amélia Iîlandford), romancière anglaise et
égyptologue distinguée, née à Londres en 1831. Elle dé-
buta très jeune dans les revues et les journaux, et son pre-
mier roman, My Brothefs Wife, paru en 1855, obtint
du succès et fut suivi d'une douzaine d'autres, dont voici
les titres : Hand and Glovc (1859); Barbara History
(1864) : Ealfa Million ofMoney (1865) ; Debenhamfs
Vow (1869) ; In thc Days of my Youth (1873) : Mou-
sieur Maurice (IS73) ; Lord Brackenbury (1880). En
1865, elle publia un volume de Ballades, puis en 1N73 cl
ES77 deux livres de voyages, Untrodden Peaks and Un-
frequented Valleys ci A Ihousand Miles u/> thc Mile
Miss Amélia Edwards mena une existence fort active; en
ISS!», elle faisait dans les grandes villes des Etats-Unis
une série do conférences sur la terre des pharaons. Elle
fut une des fondatrices de la Société d'exploration égvp-
tienne [Egypi Exploration Fund) et écrivit de nom-
breux el intéressants articles sur ce sujet au journal The
Academy et a VEncyclopedia Britannica. Elle •
outre, membre de la Biblical Areheological
lu Society for thc Promotion "/ BeUenic Stuà
vice-présidente de la Bristol ami West Engtand Natio-
nal Society for Women't Suffrage, l* plupart de ses
livres comptent plusieurs éditions et ont ete traduits en
français, en allemand et en ruw. Hector Franck.
EDWARDS (Alphonse MnjfE-), naturaliste français con-
temporain, fils de Ilenri-Milrie Edwards, né à Paris le
13oct. 1835. Docteur' en médecine de la faculté de Paris
en 1860, docteur es sciences en 1864, il fut nommé aide-
naturaliste au Muséum d'histoire naturelle en 186%,
de l'Ecole supérieure de pharmacie en 1864, prol
titulaire de zoologie a ladite Ecole en 18tj.'>, directeur ad-
joint dn laboratoire de zoologie de l'Ecole des hautes études
en 1869, et directeur en issi). professeur de zoologie au
Muséum d'histoire naturelle en 1876, membre de l'Institut
en 1879, membre de l'Académie de médecine en 1885,
et enfin directeur du Muséum d'histoire naturelle en 1894.
Ses premiers travaux se rapportent à la physiologie médi-
cale, ainsi : Influence de la proportion de phosphate de
chaux contenu dans les aliments sur la formation du
cal (1856) ; Etudes chimiques et physiologiques sur les
os (1860), etc. M. Alph. Milne-Edwards a publié depuis
une longue suite d'ouvrages et de mémoires consacrés à
l'anatomie des mammifères, à la zoologie en général et à
la paléontologie. Nous citerons les principaux : Recherches
anatomiques, zoologiques et naléontologiques sur la fa-
milledes chevrotains (1868) ; Observations sur quelques
points de l'embryologie des lémuriens (1*71 1 : lie-
cherches pour servir à l 'histoire des mammifères 1 1
Recherches anatomiques et paléontologiques pour ser-
vir à l'histoire des oiseaux fossiles de la France
(1866-71). L'exploration des grandes profondeurs de la
mer, en ce qui concerne leur population zoologique, a été
l'objet de plusieurs missions dirigées par M. AÏph. Milne-
Edwards de 1880 à 1883, missions dans lesquelles il a pu
explorer le golfe de Gascogne et l'océan Atlantique jus-
qu'au Sénégal, la Corse, etc. Des animaux variés ont été
capturés jusqu'à 5,000 m. et des centaines de formes nou-
velles sont venues s'intercaler entre des types que l'on
supposait fort distincts. L'auteur a déjà fait connaître
entre autres les modifications des organes des sens que
présentent les animaux des grandes profondeurs. Ajoutons
que ces campagnes de dragages sont en cours de publi-
tion sous le titre de Expéditions scientifiques du « Tra-
vailleur » et du « Talisman ». Dr A. Direai.
EDWARDS (.Miss Matilda-Barbara Betham). femme de
lettres anglaise, née à W'esterfield (Suffolk) en
Elle a fourni aux journaux et magazines anglais un grand
nombre de romans qui ont eu un succès considérable et
dont quelques-uns ont été traduits en plusieurs langues.
Nous citerons parmi les plus connus : The \\ hite Houseby
the Sea, John and I, Doctor Jacob, hitty. Love and
Mirage, etc. Dans d'autres genres, elle a publié : A Winter
with the Swallows in Algeria, A Ycar tn Western
France, The Roof of France, dos Poems et une édition
des Voyages en France d'Arthur Young (Londres. 1889).
EDWARDS (F.), journaliste français contemporain, né
à Constantinople le 10 juil. 1856. Fils d'un riche financier
anglais établi en Orient et d'une mère française, il a fait
ses études a Paris, au lycée Bonaparte, et entra au Figaro,
m 1876, pour y inaugurer le grand reportage à la taçon
américaine. In 1N7!". il passa au Gaulois comme reporter
en chef et fut ensuite, pendant plus de deux ans. secrétaire
de la rédaction du Clairon, dirige par M. Cornely. Après
avoir tonde un journal anglais d'informations. The Morning
yens, il a crée, en ISS',, sur le même type, le Matin,
qui a conquis de suite une place importante, en raison de
l'originalité de sa conception et surtout à cause de ses
_ .-.87 —
EDWARDS — EECKHOUT
article de fond rédigés a tour de rôle par des journaliste
appartenant I (MM 1rs partis politiques, tels que MM. Jules
Simon. Cornély, Paul de Cassagnac, Jules Vallès, John
1 .einoine. hum. Arène. A. liane, M. Maret, J. Delafosse,
(h. Luirent et le chroniqueur Aurélien Scfaoll. G. P-i.
EDWARSIA. 1. ZooLocw. — (Edwarsia Quatre!
rede Zoanthaiiw constitué par de petites Actinies à seize
ti'ut.uules. Lear corps, plus ou moins claviforme, plus gros
SB arrière qu*en avant, présente huit sillons longitudinaux
- ares par huit arêtes sur lesquelles se \oit une rangée
de petites épines ; il est divisé en trois régions. Le Segment
antérieur, sorte de petite tête, a des téguments délicats et
porte les tentacules. Le moyen, on tronc, est protégé par
une enveloppe de nature ehitinoide. Mutin, la région pos-
■îre. ou vésicule terminale, est [dus renflée, trans-
parente et retractile: elle est dépourvue de pore. La larve
e-t le ealHphobe Busch. — Il y a trois espèces : l'A.'. Cla-
jMrt'dii (Pane.) Amlr. présente des tentacules de 1 centim.
de long, tachetés : la tète, jaune-rouge, montre huit points
BlaBea jaunâtres et îles sillons vers son extrémité posté-
rieure : le corps, qui peut atteindre 6 centim.. est d'un
jaune aide, et la vésicule postérieure est très délicate. Cette
trouve dans la Méditerranée, dans le sable, le
creux d.'s rochers, sur les zostères, etc. J. Ki:nstlf.r.
11. Botanique. — Genre de Légumhieuses-Papilio-
naeées, établi par Salisbury pour certaines espèces de
Scfkora (Y. ce mot) qui ont l'étendard plus court quo
la carène et les gousses parcourues par quatre ailes longi-
tudinales. !.'/•'. (jrandiflora Salisb. {Sophora tetraptera
Willd.i est un arbuste de la Nouvelle-Zélande que l'on
cultive fréquemment dans les orangeries pour ses belles et
grandes fleurs jaunes, disposées en grappes pendantes.
EDWIN, roi de Northuinhrie, né vers 585, mort en 633.
Fils de OEUa.roi de Deira, il fut chassé de ses Etats pendant
son enfance parle roi deBernicie et trouva un refuse chez
la mi de Mercie, puis chez celui d'Est Anglie, Radwald,
qui refusa de le livrer aux Berniciens, et, à la suite de vic-
toires décisives sur ceux-ci, lui restitua même son royaume.
1 dwin réunit le Deira à la Rernirie sous son sceptre, avec
\oik comme capitale. Il s'étendit ensuite dans toutes les
directions; il s'annexa l'Ecosse jusqu'à Edimbourg; il en-
leva aux Bretons le AN est Riding de Yorkshire; après la
mort de Radwald, il exerça sa souveraineté sur l'Est An-
glie En 825, il épousa Aethelborh, tille d'Aethelbert, le
premier roi chrétien de Kent. La reine amena à sa suite à
la eoar d'York des missionnaires chrétiens, entre autres
Paulinus, èvèque. Edwin promit de se convertir à la reli-
du Christ si celui-ci lui donnait la victoire dans sa
: re contre le roi des Saxons de l'Ouest. Il fut vainqueur
et devint ainsi souverain de toute l'Angleterre, le Kent
h régnait son beau-père : Bède le compte, dans
kromque, comme le cinquième des princes (qu'il appelle
Iwaida) qui ont exercé une suprématie effective sur
t.ius les autres rois de 111e. Il reçut le baptême des mains
de Paulinus, le premier archevêque d'York, et rit détruire,
avec l'assentiment de son vitan, les temples des anciens
dieux. L'empire d'Edwin se convertit presque tout entier
(sauf la Bernici.i à son exemple. Mais le roi païen de Mer-
Peada, s<> posa en champion des vieilles divinités per-
la grande bataille d'Ileathfield (près de Doncaster)
fut di | • les chrétiens. Edwin fut tué avec son
tils aîné: son empire fut dissous: le christianisme disparut
pour longtemps du royaume du Nord (12oct. 633). Le roi
martyr, dont Bède le Vénérable mil le (dus grand éloge,
sel honore par l'Eglise le '. oet. (V. les Acta sanetoi
des Boflandistes, VI vol. d'oct., p. 108). Ch.-V. L.
EDWIN (Sir Humphrey), lord-maire de Londres, ne à
Hereforden 1642, moitié 1'. déc. 1 TOT. Riche marchand
de laine, il fut nommé alderman de la Tour le 11 oct.
et la même année sheriffda Glamorganshire. En
-. il devenait sheriffde Londres el Middlesex; en 1689,
commissaire de l'excise, et était élu lord-maire le 30 sept.
:. Il présida, en cette qualité, à la magnifique entrée
de Guillaume III de retour en Angleterre après le traité do
Ryswick. D'opinions non conformistes, Edwin eut de reten-
tissants démêles avec l'Eglise d'Angleterre, et ces querelles
donnèrent lieu à une infinité de pamphlets ou se distin-
guèrent Swift {laleofa Tub) e1 de Foe (An Enquiry into
me occasional conformai) of Dissenters in aises of
preferment, etc.). R. S.
EDWY, roi des Anglo-Saxons, mort en 955. Il succéda
à son oncle Edred (V. ce nom) a l'Age de quinze ans en-
viron, en 955. On le surnomma le Beau. Le jour de son
couronnement, il quitta la salle du banquet pour aller avec
des femmes : il fallut que saint Dunstan lo ramenât près
de ses hâtes en le tirant par l'oreille. A l'instigation de
l'une des femmes en question, Dunstan fut banni et Edwy
épousa une certaine Aelfgifu. Le gouvernement alla à la
dérive. Il y eut en 957 une insurrection de la Mercio
et de la Northumbrie qui se termina par un compromis.
Edwy dut se séparer de sa femme et se contenter du pays
situé au S. de la Tamise; le Nord fut régi désormais par
Edgar, frère cadet du roi. Celui-ci mourut le 9 oct. 959,
sans enfants, et fut enterré à Winchester. Les chroniqueurs
monastiques du parti de Dunstan ont naturellenent maltraité
sa mémoire; mais Henry do Huntingdon, qui est souvent
l'écho d'anciennes traditions populaires saxonnes, parle do
lui avec attendrissement. Ch.-V. L.
EDZARD (Esdras),hébraïsant allemand, né à Hambourg
le 26 juin 1629, mort le "2 janv. 1708. Il acquit à Leip-
zig, à Râle et à Strasbourg, entre les années 1647 et
1655, une grande connaissance de l'hébreu et d'autres
langues orientales. Sa fortune lui permit de vivre indé-
pendant à Hambourg; il y enseignait d'une manière toute
privée l'hébreu, et un grand nombre d'étudiants séjour-
nèrent à Hambourg uniquement pour le fréquenter. Au
dernier tiers du xvn" siècle, la plupart des chaires de
langues orientales étaient occupées par des élèves d'Edzard.
De là sa renommée ; il n'a publié que quelques opuscules
de controverse ; il considérait comme le but de sa vie la
conversion des Juifs. F.— II. K.
Bibl. : C.-W. Gleiss, Esdr. Edzard ; Hambourg, 1871,
2" éd. — Dr H. Rinn, Der Hamburger Judenfreund Esdr.
Edzard, dans Nathunaël ; Karlsruhe, 1886, pp. 05 et suiv.
EECKE. Corn, du dép. du Nord, arr. de Hazebrouck,
cant. de Steenvoorde ; 1,472 hab.
EECKEREN. Com. de Belgique, prov. et arr. d'Anvers ;
3,000 hab. Stat. du ch. de 1er d'Anvers à Rotterdam.
Eabriques de chicorée; tanneries, moulins à huile et à
farine. Le HO juin 1703, le maréchal de Boufflers défit à
Eeckeren une armée hollandaise commandée par le général
Obdam.
EECKHOUT (Gerbrand Van den), peintre et graveur
hollandais, né a Amsterdam le 19 août 16"2t, mort le
"H sept. 1674. Pour les admirateurs passionnés des élé-
gances italiennes, Van den Eeckhout est un maître dont
l'idéal indulgent a fait trop bon accueil aux formes vulgaires
et qui ne s'est pas sutlisamment défendu contre l'invasion
de la laideur; mais pour ceux qui tiennent compte de l'his-
toire et qui acceptent le génie hollandais, ce peintre, au
pinceau résolu, aux colorations chaleureuses, sera toujours
un des meilleures élèves de Rembrandt, un de ceux qui ont
le mieux appliqué ses méthodes. Fils d'un orfèvre d'Ams-
terdam, il entra jeune dans l'atelier de Rembrandt, et il fut
toujours fidèle aux leçons de son maître. H lui emprunte sa
manière de peindre et sa façon de penser ; il lui prend non
seulement sa couleur, mais ses types et le bizarre orienta-
lisme de ses costumes, quand il raconte des scènes bibliques,
sorte de sujets qu'il a traités avec une véritable prédilec-
tion. Van den Eeckhout a peint aussi des portraits, dans
lesquels le sentiment moral n'est pas creusé très profond
et qui ne donnent que l'aspect physique du personnage
mais ou l'exécution, la force du pinceau et la manière
d'éclairer les chairs révèlent un artiste tellement conquis
par Rembrandt qu'il va jusqu'à abdiquer sa personnalité.
Van den Eeckhout a fait de grands tableaux, parfois un
EECklIOLT - KETIoN
— 588 -
peu lâchés el hum style, et aussi de petites peinturée où
la forme est étudiée de plus prèe el oo les lètee sont wu-
M'ui toaohées avec esprit Volontien sis coloration! sont
brunes mi fauves; elles s'enveloppent de lumières am-
brées et se relèvenl (à et là de beaux ronges rompus et ra-
battusau bénéfice de l'harmonie générale. Les tableaux de
Van den Eeekhout ne sont pas rares, et nous en rencontrons
dans presque tous les musées. Le Louvre possède Anne con-
sacrant son /ils mi Seigneur ; on voit de \ an den Eeekhout
à Amsterdam la Femme adultère, qui appartient à sa ma-
nière la plus soignée, etun Chasseur au repos ;<i La Haye,
F Adoration des Mages; à Rotterdam, liuth et Booz
(1(>5.'>), Ilfiltaim, un portrait d'enfant (contesté parlïur-
ger); Berlin expose une Présentation de Jésus au temple
et un Mercure tuanl Argus (4666); Munich a Jésus
Î)armi les docteurs (1662), Abraham chassant Agar,
snae bénissant Jacob. L'Ermitage est plus riche encore :
nous y trouvons Crésus montrant ses trésors, Quatre
Enfants dans un parc(1671), le Savant, les Deux Offi-
ciers (1655) et la Famille de Darius (1662), curieux
tableaux oii l'on voit, comme dans la Continence de Sci-
pion du musée de Lille (1679), quelle conception Van den
Eeekhout s'était faite de l'antiquité. Dans ces compositions
à base historique, le dédain de la couleur locale et du
costume est poussé jusqu'à l'impertinence. De loin, les
peintures de Van den Eeekhout font illusion : on croirait
voir des Rembrandt ; mais, quand on les examine avec plus
d'attention, on s'aperçoit bien vite qu'il y manque l'émo-
tion personnelle, le sentiment et le mystère que le grand
maître a seul connus. P. Mantz.
Hun.. : W. Burokr, les Musées de la Hollande, 1858-
1860. — Vosmaer, Rembrandt, sa vie et ses œuvres, 1877.
— Havard, Peinture hollandaise, 1882.
EECKHOUT (Jacques-Joseph), peintre flamand, né à
Anvers en 1798, mort à Paris en 18(51 . Artiste d'une
école en pleine décadence, Eeekhout se forma à l'Académie
d'Anvers. En 1881, il s'établit à La Haye et plus tard il
fut nommé directeur de l'Académie de cette ville où l'on
avait oublié l'art de peindre (188!)). Revenu en Belgique
en 1844, il habita Malines et Bruxelles. En 1889, il se
fixa à Paris. Il peignait le portrait, le genre, le tableau à
costumes. On voit de lui au musée de Gand le Jeu d'échecs
qui remporta le prix au concours de 1823, et à Amsterdam
le Mariage de Jacqueline de Bavière, signé et daté 1839.
Eeekhout a vécu dans un moment douloureux pour l'école
flamande et sa peinture sans caractère se ressent de l'heure
néfaste où elle a été faite. P. M.
Bibl. : Sunaert, Catalogue du musée de Gand, 1870.
EECLOO. Ville de Belgique, ch.-l. d'arr. de la Flandre
orientale, sur la Lieve; 11,600 hab. Stat. du ch. de fer de
Bruges à Gand. Fabriques de tissus et de toiles, amidon-
neries, distilleries, commerce agricole très important. Les
armoiries d'Eecloo sont : d'urgent à un rinceau de
chêne de sinople glandé de même et posé en orle
autour de Vécusson de Flandre. Eecloo a donné le jour
au célèbre poète flamand Ch. Ledeganck.
EEKHOUD (Georges), littérateur belge, né à Anvers en
1854. Il débuta comme critique littéraire au Précurseur
d'Anvers, puis à Y Etoile belge et publia dès 1877 un
recueil de poésies, Myrtes et Cyprès; vinrent ensuite les
Zigzags poétiques et les Pittoresques (1879). Ces œuvres
brillent par la couleur et le souffle, mais on y remarque un
excès de néologisme et des négligences de style fort re-
grettables. Eekhoud a fait preuve d'un réel talent d'obser-
vation et de description dans ses romans Kees Dootïk et
les Kermesses (1884), études sur les mœurs des campagnes
flamandes, et dans la Nouvelle Cartilage, tableau peu flatté
de l'Anvers bourgeois et enrichi. Tandis que la plupart
des auteurs belges s'évertuent à imiter servilement les ro-
manciers français, Eekhoud a su rester vraiment original
et personnel.
EELKAMA (Kelke-Jelles), peintre hollandais, né à Lcu-
warden le 8 juil. 1788, mort le *1~ nov. 1839. Devenu
sourd et muet à la suite d'une maladie, il entra à sept ans
a l'école des sourds-muets de Groningue. puis reçut des
laçons de dessin du peintre G. de San, el obtint du roi de
Hollande, qui l'avait remarqué dans une visite a llnstUat
des -'/unis el muets, une pension pour aller continuer ses
étude- & Paris. Il y resta quatre ans. visita la Sui-
\. de l'Italie, séjourna i Turin el revint se fixer a
Leuwarden, ou il a laissé des paysages el des tableaux
de fleurs.
EEM. liivière navigable des Pays-Bas, prov. d'Uni ht.
Elle est formée de plusieurs ruisseaux et se jette non loin
de Naarden, dans le Zuyderzée.
EENDRACHT.Dias de rKscaut, entre les prov. ile/.elande
et Brabanl septentrional.
EENENS (Alexis-Michel), général et historien belge, ne
à Bruxelles en 1805, mort a Schaerbeek en 1883. II entra
comme officier d'artillerie dans l'armée hollandaise, se rallia
au gouvernement belge en 1831, se distingua a la bataille
de Louvain et contribua puissamment à foire échouer les
complots orangistes ourdis par plusieurs chefs de l'armée.
II parcourut rapidement tous les grades el devint lieutenant
général aide de camp du roi. Elu en 1*17 représentant de
Bruxelles, il siégea dans les rangs de la gauche et se dis-
tingua par la haute compétence dont il fit preuve dans la
discussion des questions militaires. Admis a la retrait'- Bfl
1870,Eenens consacra ses loisirs à la rédaction d'un grand
ouvrage intitulé les Conspirations militaires de I8;M .
Il voulait, disait-il, laver le stigmate de honte que les évé-
nements des [iremiers mois de 1831 et la défaite du mois
d'août de la même année avaient imprimé à la nation belge.
Les faits sont exposés avec sincérité et conscience, mais
les jugements manquent peut-être d'équité. L'auteur ne
fait pas assez la part des circonstances, de l'état troublé
de la société belge en 1880, de la difficulté avec laquelle
beaucoup d'officiers honnêtes pouvaient alors discerner la
vraie voie à suivre. D'autre part, son livre avait le grand
tort de réveiller des souvenirs douloureux qui, pour la
masse indifférente, se perdaient dans la nuit de l'oubli, et
de jeter ainsi, aux quatre vents de la publicité, la défaveur
sur des noms très honorablement portés aujourd'hui par
les fils des personnages incriminés. Les Conspirations
militaires de 1831 donnèrent lieu à une polémique des
plus violentes, tant en Hollande qu'en Belgique, et le roi
des Belges, fort mécontent de tout ce bruit, révoqua Eenens
de ses fonctions d'aide de camp. On trouvera la nomencla-
ture de tous les mémoires publiés à cette occasion dans de
Koninck, Bibliographie nationale, t. II, pp. 4-5. E. IL
EERENS (Dominique-Jacques de), homme de guerre
hollandais, né à Alkmaar le I" mars 1781, mort à Bui-
tenzorg le 80 mai 1840. Il s'engagea de bonne heure dans
l'armée, prit part aux campagnes de 1800 et 1801 et fut
nommé lieutenant sur le champ de bataille. Plus tard, il
devint aide de camp du roi Louis et suivit Napoléon dans
les campagnes de Prusse, d'Espagne, de Russie et de
France. En 1814, il était colonel d'état-major; il rentra
alors dans l'armée du royaume des Pays-Bas et devint lieu-
tenant général. Le roi Guillaume l'appela en 1884 au poste
de gouverneur général des Indes : de Eerens rendit les ser-
vices les plus signalés; il fit régner l'ordre le plus parfait
dans l'administration et les finances, maintint les princes
vassaux dans le devoir, aplanit très habilement des litiges
pendants avec l'Angleterre, entin, il créa de nombreuses
écoles, fit dresser les premières bonnes cartes de Java et
favorisa de tout son pouvoir l'étude des sciences naturelles
en subventionnant des explorateurs distingués. E. II.
EETION (Hythol.). Ce nom a été porté par plusieurs
personnages légendaires de la Grèce ancienne. Le plus
connu est le roi de Tbébè en CUicie, tué par Achille avec
ses sept fils dans une des expéditions qui préludèrent au
siège de Tnue. Il était le père d'Andromaque, femme
d'Hector, d'où le nom d'Eetione que porte quelquefois
cette dernière; sa femme, ravie par Achille, fut délivrée
moyennant une furie rançon, mais péril sous les coups
d'Artémis. Parmi le butin remporté de Thébe par Achille
— S89 —
KKTION — EFFET
figuraient un ianne disque an airain qui fut donné en prix
aux jeux funèbres on 1 honneur de Patrocle, le cheval
Pedasus donl parle également Bomère, et une lyre d'ar-
gent, tahille honora son ennemi vaincu en le brûlant avec
toutes sos armes ot en un élevant de ses mains un tom-
beau, j.-v. II.
EFAT. De de la cote 0. d'Afrique, dans le golfe d'Aden;
elk fut vendue en 1858 aux Anglais par le sultan de
Zeila. On y a signalé dos gisements de guano. Elle est
inhabitée.
EFAT (De) (V. Noovkujs-Hrbrides).
EFEN Dl et non Effendi comme on a coutume de récrire.
Mot turc qui signifie maître, seigneur et est corrompu
du grec àweVnjç. Il s'emploie comme titre après un nom
do personne , mais seulement quand il s'applique à un
fonctionnaire civil, les titres A'agha et de oey étant spé-
cialement réserves aux fonctionnaires militaires. Le plus
souvent ce mot sert à désigner les gens de lettres et les
magistrats.
EFERDING. Ville d'Autriche, prov. de Haute- Au triche,
près de Web, dans la vallée du Danube; '2,109 liai). Belle
église gothique du xvc siècle .avec tombeaux dos familles
Schaumburg et Starhemberg. Château des Starhemberg.
Ancien hôtel de ville. C'est une vieille ville dont il est
question dans les Niebelungeti.
EFFACÉ (Dessin). Ligne ou modelé auquel l'artiste a
renoncé et qu'il a enlevé à l'aide d'un procédé quelconque.
On lui donne quelquefois encore le nom caractéristique de
repentir. Souvent aussi l'effacement d'un dessin est pro-
duit par son ancienneté même, le peu de solidité du fusain
ou du crayon qui a servi à l'exécuter.
EFFANAGE do blé (Agric.). Cette opération, encore dé-
signée sous le nom A'épamprement, consiste à couper ou
à enlever, en avril ou en mai, alors que l'épi n'est pas cn-
sorti, les extrémités des feuilles ou fanes des céréales
dont la végétation est trop exhubérante et qui, de ce fait,
seraient exposées à la verse (V. ce mot). L'etfanage peut
être appliqué à toutes les céréales, mais c'est surtout sur
les blés qu'on le pratique le plus habituellement. Par cette
opération, la vitalité de la plante se trouve ralentie et le but
poursuivi est atteint, si l'opération a été bien conduite.
On l'exécute de deux manières : d'abord avec la dent
des moutons, puis à l'aide d'un instrument tranchant. En
taisant passer les montons au sortir de l'hiver sur les blés
trop forts, on retarde la végétation, on évite la verse, on
favorise le tallag-' et, de plus, le sol se trouve affermi par-
le piétinement des animaux et engraissé par leurs déjec-
tions. Néanmoins, on profère appliquer aujourd'hui les
instruments tranchants, faux ou faucille, qu'on dirige plus
facilement. Avec la faux, qui est de beaucoup le moyen le
plus expéditif, l'ouvrier déplace la poignée do celle-ci en la
rapprochant de la lame de manière à équilibrer l'instrument
,i la hauteur voulue, après quoi il fauche franchement en
inrlinant un tant suit peu le tranchant de la lame vers le
haut. Un faucheur peut exécuter ainsi 45 à oO ares par
jour. Mais il est de première importance de ne pas effaner
trop tard et surtout de ne pas couper trop haut, autrement
toute la récolle serait compromise. Lorsque les tiges ont
environ le tiers de leur développement, c.-à-d. lorsque
. encore renfermé dans la partie inférieure de la
, se trouve à l'i ou 18 centim. de terre : en coupant
. >u 5 centim. au-dessus, on ne court aucun risque. L'ef-
fanage, tout en empêchant la verse, a en outre l'avantage
de supprimeriez seigles et les orges qui peuvent se trouver
dans le champ de blé et qui ont déjà épié au moment où
on le pratique ; de plus, la suppression des fanes supé-
rieures permet aux tiges de se développer plus rapidement
et de mieux profiter de l'air et de la lumière; la récolte
en profite comme quantité et comme qualité. — Les effu-
mws ou fines supérieures, mises en las, peuvent être
données comme nourriture an bétail; elles constituent même
un excellent fourrage vert. AU). Larbaléthier.
EFFECTIF militaire. C'est le nombre de militaires
i\c tous grades composant un corps de troupes. On distingue :
1° l'effectif complet qui est fixé par la loi pour le pieu de
paix et pour le pied de guerre; 2° l'effectif moyen annuel
qui est fi\é tous les ans par la loi du budget; 3° l'effectif
total journalier comprenant pour chaque corps les présents
et les absents; 1° l'effectif présent qui se compose de (mis
les hommes disponibles pour le service et prêts a marcher.
La loi du 13 mars I87.'i a fixé l'effectif des régiments et
corps de chaque arme; mais d'assez, nombreuses modifica-
tions lui ont été successivement apportées, notamment en
ce qui concerne l'infanterie, l'artillerie et le génie.
EFFERVESCENCE (Chim.). Phénomène physique qui
consiste dans un dégagement gazeux plus ou moins tumul-
tueux. Tel est le cas d'un acide qu'on verse sur les pierres
calcaires, de certaines eaux qui bouillonnent en arrivant
au contact de l'air, par suite d'un dégagement de gaz car-
bonique, retenu jusque-là en dissolution par la pression.
L'effervescence peut être due à d'autres gaz que l'acide car-
bonique : on l'observe parfois dans la préparation du chlo-
roforme, lorsqu'il se produit un vif dégagement d'oxygène;
dans certaines fermentations, par exemple lorsque les sucs
sucrés dégagent brusquement des vapeurs nitreuses, etc.
EFFET. I. Philosophie (V. Cause).
II. Mécanique. — I. Effet d'une force. — Ouelleque
soit l'idée métaphysique adoptée au sujet de la nature des
forces, leur étude se réduit, dans le domaine de la mécanique,
à celle de leurs effets qui, seuls, nous sont directement
connus. Le cas le plus simple est celui d'un corps de dimen-
sions négligeables (point matériel), entièrement libre dans
l'espace et soumis à l'action d'une force unique. Si la force
n'existait pas, le point matériel devrait, en vertu du prin-
cipe de l'inertie, rester perpétuellement en repos ou se
mouvoir avec une vitesse rectiligne et uniforme. L'effet de
la force se traduit par une modification de cet état de repos
ou de mouvement. Soient v et v-^-dv les grandeurs géo-
métriques qui représentent les vitesses au boutdes temps t
et t + dt. La grandeur dv qui, composée avec v, donne
v-\-dv, est, par définition, la vitesse acquise élémen-
taire pendant le temps dt; c'est elle qu'on prend pour
mesure de l'effet de la force pendant le même temps. La
dv
grandeur géométrique -j- est Y accélération totale due à
la force. Ceci posé, on admet que l'effet d'une même force
agissant pendant le même temps dt sur un même point ma-
tériel est indépendant de l'état de repos ou de mouvement
et se traduit toujours par la même vitesse acquise élémen-
taire dv : c'est ce que l'on appelle le principe de Vindé-
pendance des effets d'une force et au mouvement an-
térieurement acquis. Considérons maintenant plusieurs
forces agissant simultanément sur un même point matériel.
Chacune d'elles, agissant isolément, produirait dans le
temps dt une vitesse élémentaire dv. On admet que, dans
l'action simultanée, la vitesse acquise élémentaire est la
résultante géométrique de toutes ces vitesses partielles :
c'est le principe de l'indépendance des effets des forces
agissant simultanément sur un point matériel. Ces
deux principes, joints a celui de l'inertie et à celui de l'éga-
lité entre l'action et la réaction, forment les quatre postu-
lata de la mécanique rationnelle.
II. Effet utile. — Dans une machine quelconque, le travail
moteur est égal au travail résistant, mais celui-ci est ab-
sorbé en partie par les résistances passives de toute nature
(frottements, chocs, etc.). Le reste constitue le travail utile.
Le rapport entre le travail utile et le travail résistant me-
sure v effet utile de la machine. L'effet utile porte aussi
le nom de rendement (V. ce mot). L. Lecornu.
III. Effet de uillard (V. Billard).
III. Physique. — Effet Peltier (V. Phénomène de
Peltier).
Effet Thomson (V. Phénomène de Thomson).
IV. Jurisprudence. — Effet rétroactif (V. Loi).
V. Peinture. — Impression donnée aux yeux et à
EFFET — BFFBTS
- B0O -
l'esprit par l'ensemble des lignes, des formes, el mrtoatda
ekir-obscar el du coloris, dans un tableau. Cette impres-
sion, acceptée d'une façon presque inconsciente par le
Bpectateur, l'artiste <1« »ï t aisément en comprendre el en
faire jouer tons les éléments divers. Ce terme l'emploie le
pins généralement, dans une acception plus restreinte, pour
désigner le jeu du clair-obscur dans une composition : c'esl
dans ce sens qu'on dit mettre un dessin à l'effet. LeCara-
vage, Valentin, et par-dessus ions Ribera et Rembrandtont
produit des tableaux saisissants d'effet. Certains artistes,
épris de cette manière de composer, se sont adonnés d'une
manière exclusive aux effets de nui! éclairés parla lune, aux
effets de lumière factice, etc. Mais indépendamment de cette
acception, la plus fréquemment employée, il en est d'autres
qui doivent être précisées. Un dessin peut avoir un effet très
puissant, dans un éclairage calme et diffus, lorsque les
contours sont indiqués avec fermeté et simplicité; cette
impression, que donnent souvent les anciennes fresques,
se retrouve plus particulièrement dans les travaux de Michel-
Ange. L'effet dans le coloris consiste a grouper les tons
selon la loi des complémentaires, à les soutenir les uns par
les autres, ou à les faire contraster en oppositions violentes ;
les ouvrages d'Eug. Delacroix, et particulièrement le plafond
de la galerie d'Apollon au Louvre, offrent de remarquables
exemples de cette conception artistique. Ad. T.
VI. Musique. — Le mot effet a, musicalement, deux
sens principaux : un sens esthétique, lorsque le terme
s'applique à des passages écrits en vue de produire une
vive impression sur l'auditeur (eflet vocal, effet instrumen-
tal, effets de rythme, de sonorité, de timbres, etc.), et un
sens technique, relatif à la différence qu'il y a souvent
entre la réalité des. sons écrits et la notation employée pour
les écrire. Par exemple, la partie de contrebasse est géné-
ralement écrite une octave au-dessus de sa hauteur vraie :
on dit alors que l'effet réel ou simplement l'effet est une
octave plus bas. Les instruments transpositeurs, tels que
le cor anglais, les clarinettes autres que la clarinette en
ut, les cors et trompettes qui ne sont point non plus dans
ce ton, et la plupart des instruments de musique militaire,
supposent un effet différent de la note écrite. Si un mor-
ceau est écrit dans le ton de mi bémol, la partie de clari-
nette en .si h1 mol sera écrite sur une portée munie d'un
bémol unique, c.-à-d. paraîtra écrite en fa, et l'effet sera
réellement un ton plus bas que les notes marquées. Dans
le cor anglais, l'effet est plus grave d'une quinte que la
note écrite. Alfred Erhst.
EFFETS. I. Administration militaire (V. Habille-
ment, Equipement).
II. Droit civil. — Effets mobiliers. — Les biens se
distinguent en meubles et en immeubles ; les meubles comme
les immeubles sont ou corporels ou incorporels (V. Bien). Ce
sont les seules expressions juridiques employées pour dé-
signer ces deux catégories de biens qui aient de la précision.
En ce qui concerne les biens meubles, corporels ou incor-
porels, on fait souvent usage dans le langage courant,
pour spécifier certaines espèces ou catégories de meubles.
d'expressions équivalentes dont la valeur juridique, quand
on les rencontre dans les actes, n'est pas toujours facile à
déterminer. Telle est entre autres celle d'effets mobiliers.
Le législateur de 1804 avait espéré prévenir tontes les
difficultés qui s'étaient présentées dans l'ancien droit en
en déterminant le sens légal. L'art. 535 du C. civ. porte:
L'expression biens meubles, celle de mobilier ou d'effets
mobiliers comprennent généralement tout ce qui est censé
meuble...; en d'autres termes ces mots comprennent tout
ce qui n'est pas immeuble par nature ou par destination.
Celte idée de définir législativenient le sens des mots mo-
bilier el effets mobiliers n'était pas heureuse : elle était,
de plus, dangereuse, car elle n'est pas d'accord avec le lan-
gage usuel qui lui-même attache à ces mots une valeur
variable. Quoi qu'il en soit d'ailleurs de ce que ces mots
olirent de sens vague à l'esprit, il est au moins certain.
comme le dit Laurent, que dans le langage usuel on n'en-
tend pas par là l'argent comptant, bien moins Bnesn Im
créance , renies, obligations et actions, l rédacteur
de l'art, 535 n'a pas réfléchi qu'en pareil eas l'a
tion en usage ici on la primerait fatalement l'accepta»
contraire qui froisse la notion commune des mots, et
que les personne, qui auraient,, les employer leur on
reraient instinctivement une valeur différente de «elle que
la loi a voulu leur donner. Interpréter les acte, d'apn
définition légale sérail donc, en pareilleoeeorenee, fausser la
volonté des parties : aussi enseigne-t-on généralement que
les tribunaux saisis de difficultés élevées sur l'étendue d'une
disposition relative à du mobilier ou a des effeti mobi-
liers, doivent s'attacher plutôt a rechercher quelle adu
la véritable intention des parties, qu'à la délinition légale.
C'est plus particulièrement en matière de libéralités testa-
mentaires que les cas douteux se présentent, l'our en citer
quelques exemples, la jurisprudence a décide : que le m >t
meubles précédant effets mobilière n'a été employé qu'en
vue de restreindre h- sens général et absolu que l'art,
donne a ces dernières expressions ; que le legs de tous les
meubles et effets mobiliers, or, argent monnayé, provi-
sions et denrées, peut, par une interprétation de la volonté
résultant de la combinaison des dispositions d'un testa-
ment, être considéré comme excluant les rentes consti-
tuées; que le legs de tous les effets mobiliers généralement
quelconques que le testateur laissera dans sa maison, ne
comprend pas les titres de créances ou valeurs industrielles,
ni les rentes ou fermages. C'est donc seulement lorsqu'il
n'y a pas de preuve de l'intention contraire du testateur
que l'on devra décider que les mots meubles et effets mobi-
liers comprennent tout ce qui est censé meuble aux termes
de l'art. 535 du C. civ.
Le législateurs employé l'expression effets mobiliers dans
diverses autres circonstances ou il lui a donné le même sens
général (art. 948) ; il en est d'autres ou l'on pouvait se
demander s'il avait lui-même voulu être aussi compréhensif
qu'il l'avait été dans l'art. 535; c'est le cas, notamment,
de l'art. "2102, §4, qui confère un privilège au vendeur
d'effets mobiliers non payés sur le prix de ces mêmes
objets. Il ne s'agissait plus ici d'interpréter un contrat
d'après l'intention présumable des parties, mais la vo-
lonté même du législateur. L'opinion généralement admise
aujourd'hui est que l'expression en question a le même
sens dans l'art. 2102 que dans l'art. 535, et qu'il faut y
comprendre les choses incorporelles, créances, actions,
obligations, cessions d'offices. Il eut en effet été au moins
bizarre que le législateur, qui avait pris le soin de fixer le
sens des mots effets mobiliers par une disposition expresse,
lui ont attribué une valeur restrictive dans une des cir-
constances ou il avait eu occasion de les employé».
La raison de douter est que, lorsqu'il s'occupe de la vente
des effets mobiliers, il tait une distinction, en ce qui con-
cerne la délivrance .les effets mobiliers, entre les effets
mobiliers proprement dits et les droits incorporels. Lu effet,
la propriété des effets mobiliers se transfère par le seul
effet des conventions aussi bien que celle des immeubles.
Mais la vente des effets mobiliers comporte une formalité
complémentaire, la délivrance ou tradition qui est effec-
tive, manuelle en quelque sorte, quand elle s'applique aux
meubles, tandis qu'elle n'est que fictive pour les immeuble-.
Le vendeur est obligé de délivrer la chose à l'acheteur
(C. civ.. art. 1603). Cette délivrance est le transport de
la chose en sa puissance et possession ; elle s'effectue, pour
les effets mobiliers, ou par la tradition réelle, ou par la
remise des clefs îles bâtiments qui la contiennent, ou même
par le seul consentement des parties, si le transport ne
peut pas s'en faire au moment de la vente, ou si l'acheteur
les avait déjà en son pouvoir à un autre titre. S'il s'agit
de droits incorporels, la tradition se tail par la remise des
titres ou par l'usage qu'en l'an l'acquéreur du consentement
du vendeur (art. 1606 et lt>07). La délivrance s'effectue
au lieu ou la chose se trouve au moment de la vente, à
moins que le vendeur ne soit obligé de la livrer au douii-
— m —
EFFKTS
■h de l'acheteur, ou d'un tiers désigné, oo an tout autre
endroit déterminé, la délivrance a pour but de mettre
l'acheteur a même de prendre possession, de se saisir de la
les trais en sont a la charge du vendeur. Mais, cela
l'ait, il reste encore quelque chose à accomplir pour l'acqué-
reur, c'est la crise de possession de l'eilet mobilier dont il
e>t désormais propriétaire : elle est à >a disposition ; il faut
qu'il s'en saisisse, qu'il Yt-nUiw qu'il la retire. En ce qui
touche eut acte terminal de la vente, la différence que nous
Tenons de constater pour la délivrance entre les effets mo-
biliers et les droits incorporels se retrouve dans le mode
de prise de possession par l'acquéreur. Pour les effets mo-
luliers, l'appréhension est matérielle, manuelle, en quelque
sorte, m les effets sont sur place. S'il s'agit de marchan-
iransporter d'une place à une autre, la livraison
se fait soit au point de départ, soit au point d'arrivée et, si
l'on emploie un intermédiaire pour effectuer le transport,
cet intermédiaire, ce coituricr, suivant la qualifica-
tion juridique sous laquelle on désigne tous les entrepre-
:■■ transports, est l'agent, le représentant du vendeur
ou de l'acheteur suivant que la délivrance est laite au point
ut ou au point d'arrivée, ou qu'à l'inverse le reti-
renient doit avoir lieu à l'un oui l'autre de ces points; c'est
à lui. suivant les mêmes distinctions, que les Irais de trans-
port sont payés par l'acheteur ou le vendeur. — Pour les
créances autres quecelles consistant en valeurs au porteur,
l'acquéreur n'est valablement saisi, à l'égard de* tiers,
que par la signification au débiteur cédé, s'il s'agit de
créâmes sur particuliers, ou par la constatation sur les
s du débiteur, s'il s'agit de titres nominatifs, rentes
sur l'Etat fiançais ou étranger, actions ou obligations de
villes, grandes compagnies ou sociétés industrielles ou com-
merciales. Tant que ces formalités ne sont pas remplies,
ItS tiers, aussi bien que les débiteurs cédés, ignorent léga-
lement, et souvent en fait, la cession, et tout ce qu'ils ont
fait à rencontre du cédant ou de concert avec lui est va-
lable et ne peut être critiqué par l'acquéreur, qui n'a,
contre son vendeur, en cas d'éviction, qu'une action en res-
titution du prix, s'il a payé, ou en dommages-intérêts.
La preuve de la vente des effets mobiliers se fait par les
mêmes moyens que celle de tous les contrats (V. ce mot).
CeBe des marchandises entre commerçants se fait en outre:
!ur le bordereau de l'agent de change ou du courtier ; par
a facture acceptée; par la correspondance ; par les livres
naeree (C. de com., art. 109). Les possesseurs
I missent en principe d'un avantage par-
ticulier, celui de la possession même, qui les dispense de
tout<' preuve, en principe du moins : « En fait de meubles
possession vaut titre », dit l'art. 2279 du C. civ. ; néan-
moins celui qui a perdu ou à qui il a été volé une chose
peut la revendiquer pendant trois ans, à compter du jour
de la perte ou du vol, contre celui dans les mains duquel
il la trouve. <> V. encore les art. du C. civ. suivants :
145, 746, 717, 948, 1743, 1874, 1875, 1947, I948et
suiv.. 1949etsuiv., l'Jtil et suiv.,2072, et les mots Ac-
cession, Dépc-t, Donation, Gage, Magasins généraux,
MoM-uE-PiETE. Les effets mobiliers corporels peuvent
devenir immeubles par destination dans les conditions déter-
minées par les art. 317 et suiv. du C. civ. (Y. Immei t.i.k).
E. Dramahd.
Effets publics. — Anciennement, on appelait effets pu-
blics tout contrat de rente, tout titre de créance dont le roi
avait autorisé la création, en reservant le nom d'effets
royaux aux titres qui devaient être acquittés directement
par le roi, soit au Trésor royal, soit dans d'autres caisses
lui appartenant. Cette distinction des effets publics dans
l'ensemble des valeurs mobilières se fait encore d'une façon
analogue, et l'on considère comme tels tous les titres qui,
ment ou indirectement, ont demandé l'intervention
de l'Etat. Ces effets publics comprennent ainsi : les rentes
sur l'Etat français ou b-s Etats étrangers, les titres émis
par les départements, les villes, les bons du Trésor qui
représentent la dette flottante, les actions et obligations des
compagnies de chemins do fer, les actions et obligations des
sociétés anonymes créées avec l'autorisation de l'Etat. Les
agents de change ayant le privilège de faire seuls les né-
gociations des effets publics et autres susceptibles d'être
. cette séparation des valeurs mobilières en deux
catégories distinctes n'avait pour eux aucune importance;
elle n'avait d'utilité qu'au point de vue pénal, les art. 421
et 'rll réprimant les paris à la hausse et a la baisse sur les
effets publies; l'exception de jeu (art. 4965 du C. civ.)
était applicable aux opérations sur etlets publics, mais
elle était généralement appliquée de même aux autres opé-
rations de bourse rentrant dans la catégorie des jeux de
bourse. Mais, depuis la loi du 28 mars 1 8 8 ."> , qui a reconnu
la légalité des marchés à terme, la distinction des valeurs
mobilières en effets publics et en effets non publics n'a
plus aucune raison d'être. G. François.
III. Droit commercial. — Effets de commerce. —
On réunit sous ce nom les divers titres transniissibles par
endossement et qui résultent en général d'actes de com-
merce : lettres de change, mandats, billets à ordre, chèques,
et même warrants; mais il est à remarquer que, sauf pour
la lettre de change, les obligations qui en dérivent ne sont
pas nécessairement commerciales, et ce notamment pour
les billets à ordre et les chèques ; il serait plus exact
d'appeler ces titres effets de circulation, si ce ternie n'avait
pas déjà une signification particulière (V. ci-dessous
§ Effets de complaisance). Un trouvera aux mots Change
(Lettre de), Mandat, etc., tous les détails nécessaires.
Effets de complaisance. — On désigne ainsi , et quel-
quefois sous le nom de valeurs ou effets de circulation,
îles lettres de change, mandats ou billets à ordre, ne re-
posant sur aucune opération réelle, acceptés quelquefois
par complaisance et plus souvent par complicité, et dont
les fonds sont faits à l'échéance par le tireur ou bénéfi-
ciaire, au moyen de la négociation d'un renouvellement du
même genre. Lorsque les effets de complaisance ne sont
échangés qu'entre deux personnes, il est facile à un ban-
quier de s'apercevoir de la fraude ; mais si, comme cela
arrive le plus souvent, l'échange se fait entre un certain
nombre de négociants se prêtant mutuellement leur signa-
ture, ce n'est guère que le jour où l'un d'eux suspend sis
payements que la fraude peut se découvrir. Il existe en
fait des agences où s'opèrent de semblables échanges de
signatures (V. un jugement du tribunal de la Seine du
48 juil. 187ti), et ou des négociants gênés arrivent ainsi,
pour quelque temps, à retrouver un peu de crédit. Ces
manœuvres peuvent donner lieu à des poursuites pour
escroquerie; mais en général les tribunaux se montrent
trop indulgents pour ces procédés, qui constituent réelle-
ment un abus de confiance de la part de celui qui les em-
ploie. Sous l'empire du code de 1807, si les signatures de
crédit et de circulation données par le failli excédaient le
triple de son actif, il devait obligatoirement être pour-
suivi comme banqueroutier ; d'après le projet adopté par
la Chambre des députés (23 mars 1833), l'emploi des va-
leurs de complaisance suffisait pour que le failli fût con-
sidéré comme banqueroutier, mais la Chambre des pairs
(10 mai 1837) en lit un cas de banqueroute facultatif.
Actuellement, l'usage des valeurs de crédit et de circula-
tion fait par un commerçant failli, pendant une assez
longue période, rentre dans les cas prévus par l'art. 583,
S 3 du C. de comm. (Nancy, 46 mai 1882), et suffit pour
faire déclarer la banqueroute simple ; mais ces dispositions
ne sont que très rarement appliquées. G. François.
IV. Fiscalité. — Les effets négociables de toute
nature, sauf les chèques (V. ce mot), sont passibles du
timbre proportionnel. Cette taxe, dont l'introduction
remonte à la loi organique du 13 brumaire an VII, est
graduée à raison de la somme portée dans l'effet. Sa quo-
tité, fixée a 3 cent. °/0 par la loi du 3 juin 1830, a été
doublée par la loi du 23 août 1874, et triplée par celle
du 1!) ie\r. 1*74. Depuis le E'r mai 1879, le tarif est
revenu au taux primitif de 3 cent. % (loi du 2*2 déc. 1878).
EFFETS
- ses —
Le droit de 5 mil. "/„ s'applique : aux lettres de change,
billets a ordre ou au porteur, traites et tous antrea effets
négociables on de commerce ; au billets simples et obli-
gations non négociables ne contenant pas on engagement
synallagmatique ; aux billets, obligations, délégations et
mandats non négociables, Bftrvanl s procurer une remise
de tonds de place à place ; aux warrants des magasins géné-
raux, endossés séparément îles récépissés, et aux effets
négociables venant de l'étranger ou des colonies dans
lesquelles le timbre n'aurait pas encore été établi. Le
tarit de 5 cent. °/(, est gradue de 100 fa*, en 100 fr.,
sans fraction (loi du 29 juil. 1881). Ainsi, un effet de
250 fr. est considéré, pour l'application de l'impôt, comme
étant de 300 fr., et supporte, par conséquent, une taxe de
1 5 cent.
Les effets négociables et billets passibles du droit de
5 cent. % peuvent être timbrés de quatre manières diffé-
rentes : 1° par l'emploi d'un coupon de papier timbré de la
débite ; 2° par le timbrage à l'extraordinaire ; 3° par l'ap-
position de timbres mobiles; 4° par le visa pour timbre.
Les papiers timbrés de la débite sont mis à la disposition du
public dans les bureaux de l'enregistrement et les distribu-
tions auxiliaires de papier timbré. Ces coupons ne sont
gradués de 100 fr. en 100 fr. que jusqu'à 1,000 fr. A
partir de ce chiffre, la graduation va de 1 ,000 fr. en
1 ,000 fr. Si donc on voulait souscrire sur un coupon de la
débite un effet de 1,100 fr., il faudrait appliquer sur le
coupon timbré à l'avance pour 1,000 fr., un timbre mo-
bile supplémentaire de 5 cent. Ajoutons que les bu-
reaux de timbre ne débitent pas de papier timbré pour les
effets de plus de 20,000 fr. Les billets supérieurs à cette
somme peuvent toutefois être écrits sur un coupon de
20,000 fr., visé pour supplément de timbre ou revêtu de
timbres mobiles supplémentaires.
Le timbrage à l'extraordinaire des papiers à vignette
en blanc n'a lieu qu'à Paris, dans les bureaux de l'atelier
général. Les commerçants qui veulent faire timbrer leurs
formules de lettres de change doivent les déposer «tu
bureau de l'enregistrement de leur résidence et verser,
en même temps, le montant des droits. Les vignettes
sont transmises à l'atelier général et réexpédiées après le
timbrage, à la personne intéressée, par l'intermédiaire
du receveur. Les négociants qui ne jugent pas à propos
d'acheter du papier timbré de la débite ou de recourir au
timbrage à l'extraordinaire, peuvent acquitter le droit de
timbre au moyen de timbres mobiles, qu'ils apposent
eux-mêmes sur leurs effets. Ces timbres sont mis en vente
dans les bureaux d'enregistrement et dans un grand
nombre de débits de tabac. Ils doivent être collés au
recto de l'effet, au moment même de sa rédaction, à côté
de la signature du souscripteur et oblitéré immédiate-
ment par celui-ci. L'oblitération résulte de l'inscription,
sur le timbre mobile, à l'encre noire, du lieu et de la date
où elle est effectuée et de la signature du souscripteur. Le
timbre mobile peut être annulé aussi, au moyen d'une griffe
à encre grasse noire, faisant connaître le nom et la raison
sociale, le lieu et la date de l'oblitération. L'empreinte de
cette griffe doit être déposée au bureau d'enregistrement
de la résidence du négociant qui veut en faire usage. —
Quant au visa pour timbre, qui est donne par les receveurs
d'enregistrement, il est surtout employé pour acquitter le
droit de timbre des effets venant de l'étranger et les sup-
pléments de taxe pour les billets de plus de 20,000 fr.,
créés sur les coupons de la débite. Le souscripteur, l'ac-
cepteur, le bénéficiaire ou premier endosseur d'un effet
négociable non timbré encourent chacun une amende de
6 °/0 du montant de l'effet. Si la contravention résulte de
l'emploi d'un timbre insuffisant, l'amende n'est calculée que
sur la différence. Sont considérés comme non timbres 1rs
effets de commerce revêtus d'un timbre mobile axant déjà
servi ou incomplètement oblitéré. Les amendes et le droit
de timbre sont dus solidairement par les contrevenants
et doivent être avancés par le porteur de l'effet. Les mai-
sons de banque qui encaissant un effet de eomraerae
non timbré deviennent passibles d'une amenda de 6
La loi du 5 juin 1850 a eorrol Mictions pé-
nales par une sanction cùrile, en décidant que le porteur
d'un effet négociable non timbré n'a d'action que outre
le souscripteur ou le tireur (et contre l'accepteur, en cas
d'acceptation).
Indépendamment des effets de commerce proprement dits,
la loi fiscale assujettit a des droits de timbre spéciaux, b-s
billets de la Banque de France (lois des 30 juin I
13 juin 1878), les obligations et lettre, de gage du Crédit
fomicr (lois des 8 juil. 1852 et 30 mars 1872) et tes obli-
gations négociables des sociétés, compagnies, villes, dépar-
tements et établissements publics (lois des 5 juin
23 juin 1857, 2!) juin 1872). l'our les billets de banque,
le droit de timbre est perçu chaque année, au taux de
.')() c.-nt. 00/o0 sur la moyenne des billets an porteur ou a
ordre en circulation pendant l'année précédente. Toute-
fois, le tarif de 50 cent. 00;'o0 ne porte que sur la quotité
des billets correspondant à l'escompte, aux avances et
autres opérations productives. L'ensemble des billets ènrâa
par la Banque en représentation de dépots de numéraire
bénéficie du tarif réduit de 20 cent. °'J,„0. Les obliga-
tions et lettres de gage du Crédit foncier de France sont
assimilées aux effets de commerce ordinaires, quant à
la quotité du droit de timbre et, par suite, sont passibles
du droit de 5 cent. °/0. Mais, à la différence des simples
particuliers, le Crédit foncier est admis à se libérer de
cette taxe, par voie d'abonnement annuel, à raison de
5 cent. °%o du montant des lettres de gage et obliga-
tions en circulation. — Quant aux obligations négociables
des sociétés, communes, départements et établissements
publics, elles sont frappées (l'un droit de timbre de I
du montant du titre. Le législateur, estimant que le paye-
ment immédiat de cet impôl pourrait nuire, dans cer-
taines circonstances, au succès d'une entreprise, a auto-
risé les sociétés et autres collectivités à s'affranchir de-
cette obligation, en contractant avec l'Etat un abonnement
annuel pour toute la durée des titres. Cet abonnement,
dont le taux est de 6 cent. ° „ du montant des titres émis.
est réglé, par trimestre, au bureau de l'enregistrement du
siège social. Les titres admis à l'abonnement sont revètas
d'un timbre spécial dont la légende est : obligation-abonne-
ment. Cette taxe d'abonnement est acquittée, en ce qui
concerne les sociétés, villes et établissements publics étran-
gers dont les titres circulent ou sont cotés en France,
d'après une quotité imposable fixée par le ministre, sur
l'avis d'une commission spéciale.
C'est seulement en cas de protêt que les effets de com-
merce sont assujettis à l'enregistrement. Ce droit est de
50 cent. % du montant de l'effet (02 cent, et demi ° „
avec les décimes). Les lettres de gage du Crédit foncier
doivent être enregistrées au droit fixe de 15 cent., en
même temps que l'acte de prêt en représentation duquel
elles sont émises. Enfin, les obligations négociables des
sociétés et compagnies de toute nature, des départements,
communes et établissements publics supportent une taxe
proportionnelle de transmission (lois des 23 juin 1851 et
16 sept. 1871). Ce droit, qui frappe la circulation des
titres, comporte deux quotités, l'our les obligations nomi-
natives, dont la cession s'opère par un transfert sur les
registres de la société, le droit est perçu à chaque trans-
fert, au taux de 50 cent. °/0. Pour les obligations au
porteur et pour les titres nominatifs cessibles autrement
que par voie de transfert, le droit de 50 cent. , est
converti en une taxe annuelle et obligatoire de 20 cent. °„
du capital des obligations. Le droit de 50 cent. " „ et la taxe
d'abonnement dont il s'agit sont verses, chaque trimestre,
par la société ou l'établissement public, dans les caisses
de l'administration de l'enregistrement.
Les effets de commerce, billets et obligations négociables
de toute nature ont, en 1889, procuré au budget les
recettes ci-après :
— 898 —
EFFETS — EFFIGIE
t* Timbre proportionnel 14.39S.S41 tr. ■
2° Droit de timbre des obligations fran-
çaises et étrangères négociées à la
Lus.. 14.940.436 -
S* Droit d'enregistrement îles billets i
ordre, lettres de change, etc — 3.454.788 —
4" Di nit d'enregistremenl îles lettres de
m du Crédit foncier >
.'> ■' Droit île transmission des obligations
cotées à la Bourse 83. 667. 604 -
Ensemble 58. 155.366 IV.
Emmanuel Besson.
Bol. : Droit civil. —Effets mobiliers. Tous les traités
immentaires généraux du code civil. — Malapert,
Essai sur la distinction des biens; Paris, tsto, in-8.
EFFEUILLAGE (Arboric). Par cette opération on enlève
les feuilles qui recouvrent les fruits. Elle a pour but de
hâter leur maturation et de les colorer en les aérant et les
soumettant à l'action directe du soleil. Elle les préserve
•Mon de l'excès d'humidité lorsque les rameaux traînent
sur le sol. Il faut se garder de la pousser trop loin et de
l'exécuter trop tôt : le but serait manqué et, ce qui est plus
■ e. les fruits, mal nourris, resteraient petits, durs, sans
:r agréable. On pratique l'effeuillage lorsque les fruits
ont acquis les trois quarts environ de leur développement
complet. G. B.
EFFIAT. Com. du dép. du Puy-de-Dôme, arr. de Riom,
tut. tTAigueperse ; 1,384 hab. — Les environs d'Effiat
furent pilles en 1438 par Rodrigue de Villandrando. En
1557, la seigneurie d'Effiat fut achetée par Gilbert Coéffier,
rai des finances de Dauphiné, Savoie et
Piémont, et resta dans sa descendance jusqu'à la mort
d' Vntoine Coeffier-Ruzè, dernier marquis d'Effiat, en 1719.
Acheté alors par Law, elle fut, après son renvoi, vendue à
la famille de Rehès de Sampigny d'Issancourt qui la pos-
i t encore en 1789. — L'église a été reconstruite sous
Louis XIII par le maréchal d'Effiat, père de Cinq-Mars
(V. ce nom), qui fit bâtir également le château et un col-
lège d'oratoriens, tranformé en 1776 en une école militaire
d'où sortit Desaix. L. F.
EFFIAT (Antoine Coëffier, marquis d'), maréchal de
France, surintendant des finances, né en 1 38 1 , mort a Luzell-
stein, en Lorraine, le 27 juil. 1632. Il resta orphelin de
bonne heure et reçut une grande partie des biens de son oncle
maternel. Martin Ruzé de Beaulieu, à condition qu'il adop-
terait le nom et les armes des Ruzé. Il se distingua à la fois
comme diplomate, homme de guerre et administrateur.
D'abord réformateur général des mines et minières de
France, il attira l'attention du cardinal de Richelieu. En
1616, il fut nommé premier écuver de la grande écurie, et,
l'année suivante, capitaine des chevau-légers de la garde du
roi ; il servit en qualité de maréchal de camp au siège de
U Rochelie. et fut fait en 4685 chevalier des Ordres.
Ambassadeur a Ixmdres en 1624, ce fut lui qui négocia le
mariage d'Henriette de France avec Charles Ier. Devenu
pou après surintendant des finances, il présenta en 1626
aux Notables l'état des finances du royaume, et put réduire
le taux de l'intérêt du denier 10 au denier 18. Grand
maître de l'artillerie par commission en 1629, il fut choisi
par Louis XIII. en 1630, pour commander dans le Pié-
mont, et se fit remarquer à Veillane, à Carignan, à la
prise de Saluées. Maréchal de France en 1631 , il' commanda
l'armée d'Alsace, mais il succomba à une fièvre inflamma-
toire au moment ou, commençant la campagne, il marchait
sur l'électorat de Trêves. ]\ était gouverneur du Bourbon-
nais, de l'Auvergne et de i'\njou. Il reste de lui plu-
sieurs écrits : l'Etat de» affaires de» finance» (1686);
Iriscours sur son ambassade en Angleterre ; Lettres
du marquis d'Effiat sur 1rs finances ; les Heureux
Progritàet armée» de Louis A'/// en Piémont (1632) ;
'/ noire» concernant l>*s dernière» guerre» d'Italie
(4639); divers Mémoires et recueils de lettres manuscrites.
Bibl.: Le p.jre Anski.me, Histoire des grands officiers.
GRA.XDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
EFFIAT (Antoine Ruzé, marquis d'), petit-fils du précé-
dent, tils de Martin Ruzé, marquis d'Effiat, et d'Isabelle
d'Escoubleau de Sourdis, né en 1638, mort le 3 juin 4749,
Il fut premier écuver de Monsieur, puis du Régent. A la
mort de Madame, duchesse d'Orléans, on le soupçonna d'avoir
administré du poison à la duchesse; mais l'accusation n'eut
pas de suites. En 1668, Louis XIV le promut chevalier du
Saint-Esprit, et le duc d'Orléans le fit entrer au conseil de
régence. 11 soutint, avec Villeroi et Besons, les doctrines
du gallicanisme en 1717, et, l'année suivante, se signala
par son opposition au traité de la quadruple alliance.
BlBL. : Le Père ANSELME, Histoire des grands officiers.
— Saint-Simon, Mémoires, t. III et XIV.
EFFIAT (Renolt-Jean-Gabriel-Armand Ruzé, comte d'),
homme politique français, né à Tours le 6 sept. 1780,
mort au château de Ghezelles (Indre-et-Loire) le 7 sept
1870. Il émigra sous la Révolution et, rentré en France à
la Restauration, fut élu conseiller général d'Indre-et-
Loire et maire de Chinon. Le 9 mai 1822, il devint député
d'Indre-et-Loire, siégea à l'extrême droite et fut réélu le
2o févr. 1824. Le 5 nov. 1827 il était créé pair de France.
En 1830, il n'adhéra pas au gouvernement de Juillet et
rentra dans la vie privée.
EFFIGIE. On entend par effigie, en numismatique, une
tète ou un buste fait pour donner les traits d'un per-
sonnage. Les plus anciennes monnaies perses, connues
sous le nom de dariques, montrent déjà la figure du
grand roi ; mais comme le corps tout entier est figuré sur
ces pièces, on ne saurait y voir une véritable effigie. Vers
380 avant J.-C., on voit paraître dans les provinces occiden-
tales de l'Asie Mineure de belles monnaies de travail grec
qui portent une tête barbue, couverte de la tiare perse et
dans laquelle il faut certainement reconnaître un portrait
de satrape. Toutefois, on s'est demandé s'il ne s'agissait
pas d'un type général de satrape plutôt que de véritables
portraits destinés à représenter chaque prince ou gouver-
neur. Le premier portrait indiscutable est celui d'Alexandre
le Grand que Ptolémée Soter fit mettre sur la monnaie
qu'il frappa comme régent ; Lysimaque, de son côté, émet
des monnaies nombreuses avec la tête du conquérant déifié,
portant le diadème et les cornes d'Ammon qui rappellent
son origine divine. A partir de cette époque, aux têtes de
divinités qui avaient jusqu'alors tenu la plus grande place
dans la numismatique, on vit succéder des séries de por-
traits tels que ceux des Séleucides, des Ptolémées et des
rois de Bactriane et de Macédoine dont la valeur est grande
au double point de vue de l'art et de l'iconographie. Les
anciens rois grecs ne mettaient pas leur tête sur les mon-
naies; Alexandre lui-même s'était borné à donner ses traits
à la tête d'Hercule que l'on voit sur des tétradrachmes. Le
droit d'effigie devint un honneur qui rapprochait de la divi-
nité ; c'est pourquoi la monnaie porte souvent la tète d'un
prince mort. Ainsi le portrait d'Alexandre se voit sur les
tétradrachmes de Lysimaque, et celui de Séleucus sur les
pièces de Philétaire, tandis que ce dernier prince, après
sa mort, est honoré de la même façon par Attale Ier, roi de
Pergame. En Egypte, Ptolémée II Philadelphe et Arsinoé II
mettent sur leurs belles monnaies leurs portraits accolés et,
au revers, ceux de Ptolémée Ier Soter et de Bérénice Ire.
Le droit d'effigie ne semble pas avoir été soumis à des
règles bien établies, car on voit des reines ou des prin-
cesses figurées tantôt seules, tantôt avec leur époux ou leur
frère. A Syracuse, la reine Philistis, sur laquelle on sait
peu de chose, met sur de nombreuses pièces d'argent son
portrait et son nom seuls. Sur les monnaies des villes,
l'effigie d'un prince est une marque de respect et de sou-
mission que les cités sont heureuses de montrer : c'est
ainsi que plusieurs villes de la Phénicie et de la Grèce pla-
cent sur leurs espèces la tète d'un roi de Syrie, etSmyrne
accorde le même honneur à Mithridate.
A Rome, les portraits ne firent leur apparition que fort
tard, ce qu'explique facilement la constitution démocra-
tique de cet Etat. L'année même de la mort de Gésar, le
38
EFFIGIE - FF IM \K
— 594 —
Sénat ordonna de mettra sa tète sur los monnaies (44 av.
J. -().). Après le meurtre du dictateur, les généraux reçu-
rent (m prirent le droit de placer leur effigie sur Isa mon-
naies quils frappaient; c'est ainsi que nous avons les (Mai
de Brutus, de Labienus, de Domitùu Ahenobarbut, etc. Du
reste, certains proconsuls reçurent le droit d'effigie moné-
taire , ainsi, Afncanus Fabius Maximus, |iroconsul d'Afrique,
et P. Sittius, gouverneur de Cirta, et encore Marcas
Annius Afrinus, gouverneur de Galatie. Sous l'empire
romain, la tète du souverain devient le type principal de
la monnaie. Mais on trouve aussi d'autres portraits qui
sont ceux de princes et de princesses de la famille impé-
riale. Les villes grecques émettent un nombreux numéraire
sur lequel paraissent les têtes de l'empereur et des mem-
bres de sa famille. Quelquefois, comme sur les monnaies
grecques citées plus haut, on voit paraître un personnage
mort: c'est ce qui arrive pour le père de Trajan, pour
Auguste, pour Tibère et pour un certain nombre d'empe-
reurs dont on possède des monnaies dites de restitution.
L'efiigie présente un grand intérêt iconographique jus-
qu'au iv8 siècle; à partir de cette époque, l'art devient de
plus en plus incapable de produire des portraits véritables.
Dans certaines contrées, on continue à mettre sur les mon-
naies un buste qui représente le souverain, mais qui est le
plus souvent informe; c'est le cas des monnaies mérovin-
f;iennes. Après avoir été reprise par Charlemagne et Louis
e Débonnaire, l'effigie disparut complètement des mon-
naies carolingiennes, tandis qu'à la même époque, les
Byzantins, loin d'abandonner la représentation du souve-
rain, mettent quelquefois plusieurs figures sur la même
pièce : un exemple curieux entre tous est celui du sou
d'or portant les bustes de Théophile, de Théodora sa femme,
de Thécla, d'Anna et d'Anastasia, leurs filles. Les mon-
naies françaises présentent un certain nombre de figures à
pied et à cheval qu'on ne peut considérer comme de véri-
tables effigies royales. Sous l'influence de la Renaissance
italienne, certaines monnaies de Louis XII reçoivent une
tète comme type principal et prennent le nom de testons.
Cette innovation amena une réforme dans l'organisation
monétaire. Henri II créa, en 1547, l'office de graveur géné-
ral des monnaies de France en faveur de Marc Béchot qui
fut chargé de fournir des coins dont la perfection devait
empêcher les contrefaçons. Cette réforme ne fut pas suffi-
sante et on se vit obligé de créer un contrôleur général
des effigies qui fut le célèbre sculpteur Germain Pilon,
pourvu par lettres patentes de Charles IX, en date du
29 oct. 1572, afin de veiller à ce que l'effigie du roi
fût bien représentée sur toutes les monnaies. Gervais
Pilon succéda à son père en 1593 et fut suivi par Philippe
Danfrie le Jeune (1596), Jean Pilon, second fils de Ger-
main (1604), Guillaume Dupré (1604), Abraham Dupré
(1639) et Jean Warin qui fut le dernier contrôleur géné-
ral des effigies (1618-1672).
L'effigie est naturellement le type principal de la plupart
des monnaies modernes. Les pièces des Etats-Fnis nous
fournissent quelques remarques curieuses. Un projet de loi
avait proposé de mettre la tète de Washington sur la mon-
naie, mais, après les réclamations des ultra-démocrates, on
adopta une tète idéale de la Liberté (loi du 2 avr. 1792).
On fit d'abord quelques pièces avec le portrait de Washington
dans sa jeunesse, puis la femme du président servit de modèle
pour la tète de la Liberté. De 1796 à 1838, les graveurs
reproduisirent dans cette tète les traits de l'Indienne
Pocahontas, puis ceux de Mme Madison, femme du président
(1808) etceuxdeMm<,Patterson, femme du directeur général
de la monnaie (1816-1838). J.-Adrien Hlanchet.
Des effigies plus complètes que celles des médailles,
de véritables bustes (Y. ce mol) ou statues, en cire ou en
l mis, furent parfois employées dans des cérémonies publiques.
Dans la Rome ancienne, les bustes des ancêtres peints au
naturel et ornés de barbes postiches, figuraient toujours
aux cortèges funèbres des membres de familles patri-
ciennes. En France, la coutume subsista jusqu'au xvu0 siècle
d'exposer m effigie, sur un lit de parade, tel rois et divers
grands personnages, pendant le bon oui suivait leur à
H faut rappeler enfin que, dans notre législation criminelle,
l'incarcération et l'exécution en effgû , stigmate infamant
dont on chargeait le nom du criminel qui s'était soustrait
I l'action des lois, a\ aient pris naissance au xn* tiède et
Be conservèrent jusqu'au roi*. Ad. T.
Bibl. : i . Lenormant, ta Monnaie dans l'antiquité, t il
r.|j. I68etsuiv. — (hhoop-Blumeb Porlr&tk&pfeaufantii-
ken Mùnzen, I8e6. — Mommmen. B laças, de witte, His-
toire de (;i monnaie romaine, t. III. p. ï.— WaooINi
Mêlant/ex de numismatique, 1K17, p. 133. — E. BabblO*,
Revue numismatique, 1897, p. Wj. — A. Basse, Graveurs
généraux et particuliers des monnaies de France. 1W7. —
Alex. Vattemasb. Collection de monnaies et médailles
de l'Amérique du Nord, lfstil, p. 2ô.
EFFILÉ (Tissage). Les petites serviettes sont souvent
entourées d'une sorte de frange, appelée effilé, qui est pro-
duite en disposant, lors du tissage, a droite et à gauche de
la chaîne qui formera le fond de l'étoffe, et à des distances
égales a la longueur des effilés que l'on veut produire,
quelques fils qui lient et retiennent la trame à chacun de
ses passages à travers l'étoffe ; en coupant ensuite ces fils,
les franges sont immédiatement formées. Pour celles qui
terminent la serviette à ses extrémités, il suffit de faire
avancer la chaîne sans tisser de la quantité voulue. On
donne également le nom d'effilés à des passementeries gar-
nies de franges.
EFFILOCHAGE (Papeterie) (V. Défilage).
EFFINCOURT. Corn, du dep. de la Haute-Marne, arr.
de Wassy, cant. de Poissons; 207 hab.
EFFLORESCENCE (Chiin.). Sorte dépoussière blanche
ou jaunâtre, formée de petits groupes disposés en chou-fleur
qu'on rencontre tantôt sur le sol ou sur les murs salpêtres,
tantôt sur certains sels qu'on nomme, pour cette raison,
sels efflorescents; tels sont le carbonate de soude, le sulfate
de fer, etc. Cet efiet est dû à l'évaporation d'une partie ou
de la totalité de l'eau de cristallisation de ces sels. Par
suite de ce phénomène, la matière diminue de poids , perd
sa transparence, se désagrège et tombe en poussière plus
ou moins lentement. Pour empêcher un sel de cette nature
de s'effleurir, il suffit de le placer dans un milieu saturé
d'humidité, dans un vase fermé contenant un peu d'eau.
On donne aussi le nom d'efflorescence au phénomène lui-
même du passage d'un corps solide à l'état pulvérulent,
par suite d'un dégagement de son eau de cristallisation.
L'eftlorescence est l'inverse de la déliquescence.
EFFLUVE. I. Médecine. — Autrefois, on désignait sous
ce nom les émanations de nature animale ou végétale,
quelles qu'elles fussent. Aujourd'hui, il sert exclusivement
à désigner les émanations qui se dégagent des terrains
marécageux, c.-à-d. une variété d'émanations miasmatiques
(V. Miasme).
IL Physique. — L'effluve est un mode particulier de dé-
charge électrique ; on l'obtient toutes les fois qu'un corps
électrisé possède sur sa surface des régions où le rayon de
courbure est très petit, par exemple lorsqu'il présente des
pointes ou des arêtes ; un fil fin peut facilement donner
naissance à des effluves. Un autre cas, beaucoup plus em-
ployé dans la pratique, consiste dans l'emploi de corps
conducteurs en regard, chargés à des potentiels très diffé-
rents et séparés par des substances diélectriques de résis-
tance électrique assez forte pour s'opposer au passage de
l'étincelle proprement dite. Il y a lieu d'étudier dans
l'effluve les actions qu'elle produit et qui sont d'ordrecalo-
ritique et d'ordre chimique, la dépendance possible de ces
deux ordres de phénomènes, enfin l'énergie mise en jeu.
Nous ne nous occuperons pas ici des phénomènes chimiques
produits par l'effluve. Les phénomènes calorifiques peuvent
se calculer par les procèdes ordinaires qui servent à la me-
sure de la chaleur dégagée par les courants, si l'on con-
naît la différence de potentiel des deux armatures et le
débit de l'électricité. Ce dernier se mesure a l'aide d'un
galvanomètre introduit dans le circuit qui relie au sol l'une
des armatures ; les potentiels ou plutôt le plus souvent
— 595 —
EFFLUVE — EFFORT
le potentiel de l'autre armature est déterminé à l'aide d'un
elertroniètie. Mais si l'on l'ait paSSW dans l'appareil a
sffluve un gai eapaJùe d'éprouver une réaction chimique, la
chaleur correspondante viendra augmenter on diminuer
d'anianu suivant que la réaction est exothermique on endo-
thennique, la chaleur dégagée par l'effluve. Ainsi dans une
expérience de MM. Bkhal etGuntz, ees savants ont trouvé
en opérant sur l'oxygène se transformant en ozone, une
chaleur dégagée totale égale à I690aï3; eu calculant, d'après
le pouls di- l'ozone forme et la chaleui de formation de l'ozone,
la quantité de chaleur qui avait disparu, ils ont trouvé 0,6 t.
D'autre part, les mesures fournies par l'électromètre et le
galvanomètre montraient que ledébitèlectriquede cette expé-
nanot correspondait a un nombre de calories égalé 169,95,
uonibre qui est a très peu près la somme des deux précé-
dents. Si au lieu d'une formation endothermique on avait
considéré une reaction exothermique, le dernier nomhrc
aurait ete la différence des deux premiers. On pourra donc,
dans tou> les cas, calculer le phénomène thermique de l'ef-
llu\e, connaissant d'une part la différence de potentiel qui
le produit, le débit, et d'autre parties données chimiques,
c.-a-d. la quantité de substance nouvelle produite et la quan-
tité de chaleur qui correspond à sa formation. L'énergie
iniv eu jeu dans un phénomène d'effluve est proportionnelle
I la quantité de chaleur produite dans ce phénomène quand
on la calcule à l'aide des données électriques, sans tenir
compte des reactions qui peuvent se passer. Ainsi dans l'expé-
rience citée plus haut 169°»19o était la chaleur électrique en
petites calories ; l'énergie correspondante évaluée en ergs
était égale a 169,95 < \io X 10i = 74-2,28ToOOO. Vêner-
ile de l'effluve est celle qui, dans le cas d'une réaction
endothermique comme la précédente, sert à transformer le
corps. Dans l'exemple cité plus haut, le rapport de l'éner-
gie utile a l'énergie dépensée étant très faible, il n'atteignait
pas ^ . niais dans une expérience faite à — 20°, en em-
ployant un appareil à effluve de M. Berthelot, et avec un
courant d'oxygène très rapide, MM. Bichat et Guntz ont
obtenu pour ce rapport, c.-à-d. pour rendement, les nombres
■l 0,990 dans deux expériences. Quand on se place
dans ces conditions, c.-a-d. pour des rendements voisins
de l'unité, on trouve que la quantité de substance formée
par l'effluve, la quantité d'ozone par exemple, est pro-
portionnelle au carré de la différence de potentiel des arma-
tures. A. Joanms.
111. Chimie (V. Energie [Chimie], § Réactions électro-
chàmques).
EFFONDREMENT (Géol.). Les effondrements étant
intimement lies aux actions chimiques exercées par les
eaux d'infiltration dans leur circulation souterraine,
V. I AwiiNF. Eltol'LESIF.NT, RlVlÊRE SOUTERRAINE.
EFFORCEMENT. Ordre par lequel un suzerain or-
donnait a un des vassaux d'aller compléter la cour féodale
d'un autre qui est son égal ou son inférieur en dignité.
Kn principe, lorsqu'un seigneur n'avait pas un nombre
suffisant d'hommes pour tenir sa cour, les causes étaient
dévolues au suzerain. Pour éviter cela, on admettait, dans
certaines coutumes, notamment dans les assises de Jéru-
salem, que le seigneur pouvait, dans ce cas, demander au
suzerain de lui fournir des hommes qu'il s'engageait à ré-
tribuer. D'après le droit féodal, une cour ne devant se com-
poser que de pairs, les seigneurs, placés à un degré supé-
rieur de la hiérarchie, n'étaient pas obligés de s'y rendre
puisque aueune foi ni obligation de service ne les engageaient
il du seigneur de la cour. Il fallait que le suzerain
intervint pour les y contraindre. On disait qu'il les donnait
au seigneur de la cour en efforcement. Efforcer une cour,
c'était la compléter. J. Declarelil.
EFFORT. I. Mathématiques. — Le mot effort est em-
: ms la théorie de l'élasticité, pour désigner l'action
d'un ensemble des forces agissant d'une manière déter-
minée sur une partie d'un rorp> solide. Ex. : effort de trac-
tion, effort de compression, effort de flexion, effort tran-
chant, etc. L. Lecor.nl.
IL Puysioi.ogie. — L'effort consiste dans la contrac-
tion musculaire intense de plusieurs groupes musculaires,
avant pour luit de vaincre une résistance extérieure
ou d'accomplir une fonction. Ce qui caractérise l'effort,
c'est l'intensité de la contraction et la simultanéité de
la contraction d'un certain nombre de muscles. Il est in-
dispensable, en effet, pour obtenir une certaine force, qu'un
certain nombre des points d'attache des muscles soient
fixés. Or le point d'appui essentiel est constitué par la
cage Ihoracique. Tout effort est donc précédé de la con-
traction de tous les muscles inspirateurs. L'air ayant
pénétré dans les poumons, la glotte se ferme, les muscles
expirateurs se contractant immobilisent tout le squelette de
la cage thoracique et c'est alors seulement que les groupes
musculaires spéciaux entrent en jeu pour produire l'effort
voulu. Il résulte de ce fait que l'occlusion de la glotte est
un des éléments importants de l'effort, important mais non
rigoureusement nécessaire au moins pour les efforts d'une
intensité moyenne. On a vu en effet que les hommes et les
animaux pourvus d'une canule trachéale pouvaient encore
faire certains efforts, mais ces derniers sont toujours moins
énergiques et surtout moins soutenus. Une autre théorie
a été émise pour expliquer l'immobilisation de la cage
thoracique qui précède toujours l'efiort : par suite de
l'arrêt des échanges respiratoires, il se produit une accu-
mulation d'acide carbonique dans le sang, d'où augmen-
tation d'excitabilité des centres moteurs spinaux et bul-
baires et par suite incitations plus énergiques envoyées
aux groupes musculaires. Cette explication bio-chimique
ne nous parait pas aussi plausible que la théorie purement
inécaniquedes points d'appui immobilisés. Un certain nombre
d'actes physiologiques s'accompagnent souvent d'eflort : tels
la défécation dans les conditions ordinaires, l'accouchement
dans lequel l'effort atteint son maximum d'intensité.
L'effort peut être volontaire, comme lorsqu'il s'agit de
soulever un pesant fardeau, de pousser un cri puissant; il
est au contraire involontaire et d'acte réflexe dans les dou-
leurs de l'accouchement, dans les vomissements. La com-
pression violente de l'air thoracique ou des viscères abdo-
minaux dans l'effort peut quelquefois produire des accidents
de nature diverse. Dans l'effort fait pour se moucher, l'air
comprimé pénètre par la trompe d'Eustache dans l'oreille
moyenne, tend la membrane du tympan qui bombe en
dehors, et il en résulte une certaine surdité momentanée,
à laquelle on remédie facilement en avalant de la salive et
en faisant par suite tomber la pression dans la trompe. Les
organes comprimés dans la cavité abdominale font quelque-
fois saillie par les points de moindre résistance des parois,
d'où l'apparition de hernie. Cette cause est si commune
qu'on emploie vulgairement les mots d'effort et de hernie
comme synonymes. La compression de l'air thoracique reten-
tit également sur le cœur et les gros vaisseaux. Le cœur
gauche envoie tout son sang à la périphérie, la tension
augmente et on s'explique ainsi les hémorragies cérébrales,
les ruptures des vaisseaux constatées à la suite d'un vio-
lent effort. Dr P. Langlois.
III. Art vétérinaire. — On désigne, par eflort, dans le
langage vétérinaire usuel, un certain nombre de maladies
causées par des actions violentes. C'est ainsi qu'on dit : effort
de reins, effort d'épaule, effort de hanche, effort de jarret,
effort de boulet. L'effort d'épaule constitue l'écart ; l'effort de
hanche constitue l'allonge ; l'effort de boulet constitue l'en-
torse du boulet, c.-à-d. de l'articulation métacarpo ou mé-
tatarso-phalangienne. L'effort de boulet est le résultat du
travail exagéré, de la course excessive, d'un faux pas,
d'une chute, d'un coup violent; l'effort peut se produire et
sur les ligaments latéraux de la jointure, et sur ses liga-
ments postérieurs, suspenseur du boulet, tendons des
fléchisseurs des phalanges. L'effort de boulet varie dans
sa gravité comme dans la lésion des parties intéressées;
tantôt il y a dilacération du tissu cellulaire, tantôt dila-
cération ou rupture partielle des tendons et des muscles
dont ils procèdent, des ligaments articulaires, avec ou sans
EFFORT — EFFRAYE — ">% —
déplacement des os et de leurs abouts articulaires. l.a dou-
leur et la boiterie nnt les première symptômes de l'effort
de boulet, huilerie variable dans son mode d'expression
depuis l'appui diminué sur le membre soutirant jusqu'à
l'appui complètement nul. Quelques heures après l'appa-
rition de cea premiers symptômes, l'articulation forcée
devient le siège d'un engorgement œdémateux, chaud et
douloureux, causé par l'infiltration dans les mailles du
tissu cellulaire de la sérosité inflammatoire et du nng
extravasé. Puis les membranes synoviales articulaires et
tendineuses deviennent à leur tour le siège d'une hyper-
sécrétion morbide, hypersécrétion se dessinant à l'extérieur
par des tumeurs saillantes sur les parois du boulet au-
dessus et au-dessous des sésamoïdes. L'effort de boulet,
conséquence d'une entorse légère, seguérit par les douches
d'eau froide, des bandages astringents et des frictions vési-
cantes; s'il résulte d'une entorse grave, il devient dès lors
une affection des plus redoutables et le plus souvent diffi-
cile à guérir. La première indication est de laisser l'animal
à un repos absolu. On appliquera ensuite sur la région
malade un vésicaloire énergique ; le vésicatoire agit comme
révulsif et comme moyen de contention. S'il ne suffit pas
pour faire cesser la boiterie, il faut recourir à la cautéri-
sation, soit en raies, soit en pointes. L. Garnieh.
IV. Philosophie. — Le sentiment de l'effort joue un
grand rôle non seulement en psychologie, mais en métaphy-
sique, depuis que Maine de Biran a placé là l'origine de
l'idée de cause, dont on connaît l'importance peut-être
sans égale dans la philosophie tout entière (V. Cause). Avec
Maine de Biran, le sens commun voit généralement dans
l'effort la manifestation par excellence de l'énergie volon-
taire, par suite le type même de l'activité spontanée, en
tant du moins qu'elle rencontre des résistances dans l'inertie
ou dans l'action contraire des choses environnantes. Mais
de nos jours, l'analyse psycho-physiologique tend à réduire
le sentiment de l'effort aux seules sensations passives
qui, en effet, y entrent comme composantes : sensations
de contraction musculaire, d'occlusion de la glotte, de
la respiration suspendue, de la circulation modifiée, etc.
(V. ci-dessus § Physiologie), si bien que ce qui se passe
communément pour la conscience vive de notre activité
libre ne serait au contraire que le sentiment confus
de l'impression que font sur notre cerveau des change-
ments mécaniques survenus dans nos autres organes. Cette
vue originale a été exposée surtout, et avec beaucoup de
force, par M. William James, et, depuis ses études sur
ce sujet (V. la Critique philosophique, 4880-1881), la
« psychologie de l'effort » a donné lieu de toutes parts à des
recherches et à des spéculations de valeur d'ailleurs fort
inégale.
Il y a certainement une large part de vérité dans cette
analyse. Il est incontestable, par exemple, que tels senti-
ments qu'on pourrait croire d'origine purement psychique,
comme la colère, sont amplifiés dans une proportion sin-
gulière, sinon exclusivement produits, par les mêmes trou-
bles organiques qui les manifestent au dehors. On croit
que la rougeur, l'agitation, le trépignement sont seule-
ment des signes de la colère ; c'en sont des causes en même
temps que des signes ; ce sont au moins des facteurs de ce
sentiment si complexe.
Cependant, jusqu'à plus ample informé, j'incline à croire
que ce sont des facteurs seulement, et même des facteurs
secondaires; que la colère, en son essence et dans son prin-
cipe, est avant tout un trouble psychique, r.-à-d. produit
dans la sphère des idées, ou, physiologiquoment parlant,
dans les centres, organes de l'idéation. De mente, et à plus
forte raison pour l'effort. Il faut admettre sans hésiter que
le sentiment que nous en avons est accru, décuplé peut-
être, centuplé, si l'on veut, par tout l'ensemble des faits
rsycho-physiologiques qui constituent ou accompagnent
effort musculaire, lequel est de beaucoup le plus ordinaire
et le plus facilement observable. Mais, d'abord, il y a des
efforts de volonté qui sont et restent tout intérieurs : ceux- I
là échappent a la théorie, semhle-t-il, ou du moins n'y
rentrent que d'une manière assez hypothétique, si l'on
admet, comme équivalents des phénomènes de contraction
musculaire et antres concomitants, je se sais quelle
tension cérébrale et des modifications de la circulation
encéphalique qui accompagnent, je le crois, l'effort pure-
ment mental, mais que personne pourtant n'a pu encore
observer scientifiquement dans leurs rapports avec lui. 1 1
d'autre part, dans l'effort musculaire lui-inéiiie, il faudra
toujours, croyons-nous, distinguer des impressions orga-
niques multiples dont est faite pour une grande part en
effet la sensation complexe de l'effort, mais qui sont con-
sécutives plutôt qu'essentielles au nisus psychique, le sen-
timent initial de ce nisus, sentiment simple, indescrip-
tible comme tout ce qui nous est le plus intime, et qui
est précisément le sentiment même de l'effort dans ce qu'il
a d'irréductible. Car personne ne confondra jamais avec
l'effort, qui par définition vient de nous, quelque ensemble
que ce soit de sensations respiratoires, contractiles et
autres, produites en nous mécaniquement ou à titre de
réflexes, et purement subies de notre part. Or, tant qu'on
n'aura pas effacé la différence profonde qui sépare dans la
conscience le sentiment de la passivité de celui de l'action
spontanée, il restera quelque chose, tout le principal
même restera de l'analyse de Maine de Biran, et par con-
séquent, de ce qui s'en déduit touchant notre notion de la
causalité et son application aux problèmes de philosophie
générale. Ce n'est pas à dire, tant s'en faut, que ces spé-
culations échappent à la critique; mais il n'est pas exact
qu'elles soient ruinées, dès à présent, par la psychologie
de l'eïïovt H. MÂBION.
EFFRACTION (V. Vol).
EFFRAYE (Ornith.). Les Effrayes ou Effraies (Strix)
méritent de constituer, dans le sous-ordre de Rapaces noc-
turnes (V. Rapace et Oiseau de proie), une famille dis-
tincte, celle des Strigidés. Elles se distinguent, en effet, des
Hibous, des Chouettes ordinaires et. des Chats-Huants
(V. ces mots), à la fois par certaines particularités ostéo-
logiques et par divers caractères extérieurs, tels que l'ab-
sence d'aigrettes, la réunion des disques faciaux au-dessus
Elïraye commune.
du bec, la dénudation des doigts, la présence des denticu-
lations sur le bord interne du doigt médian, et les teintes
claires du plumage qui est, sur les parties intérieures du
corps, d'un blanc pur ou légèrement jaunâtre avec des
flammèches plus ou moins distinctes, et sur les parties su-
périeures d'un jaune roussàtre. tacheté et vermiculé de
noir, de brun, de gris et de blanc. Les mêmes caractères
et le même système de coloration s'observent chez l'Effraye
commune (Strix flummea L.), qui est presque cosmopo-
lite, chez l'Effraye blanche [Strix canaida L) de l'Asie
méridionale, chez l'Effraye du Cap (Strix capensis Smith),
chez l'Effraye de la Nouvelle— Hollande (Strix novœ-hol-
- 597
KFFRAYE — ÉGALITÉ
landnr Steph.), etc. Os différentes espèces ne peuvent
être distinguées les unes îles autres que grâce à des modi-
fications dans la taille, dans les proportions des diverses
parties du corps et dans les nuances du plumage.
L'Effort commune présente du reste, elle-même, d'une
contrée a l'.uiire, il.' légères variations auxquelles certains
ornithologistes ont attribué a tort une trop grande valeur.
Cette espèce, de taille as>e/ forte, inesnrant a l'âge adulte
en\iron3l> eentim.de long, est plus répandue dans notre pays
qu'on ne le croit généralement, mais passe souvent inaper-
çue en raison de ses habitudes nocturnes. Pendant II JJOUr-
mv elle se tient cachée dans les clochers, dans les vieilles
tours ou dans les greniers et ne sort qu'à la nuit close
pour donner la chassa aux Mulots, aux Campagnols et aux
Souris. V.n \ol.int au-dessus des campagnes endormies,
l'Effrave pousse de temps en temps un en désagréable, et
au printemps elle t'ait entendre des sortes de gémissements
que beaucoup de gens s'obstinent encore à considérer
comme un funeste présage, comme un signal de mort.
Ai!»i l'Effraye partage-t-eUe la réprobation dont sont
l'objet les llibous et les Chouettes et est-elle généralement
persécutée au lieu d'être protégée comme elle mériterait de
l'être en raison des services qu'elle rend à l'agriculture. —
Comme tous les oiseaux de nuit, l'Effraye pond des œufs
d'un blanc pur. Elle élève avec beaucoup de sollicitude ses
petits, qui sont couverts d'un duvet blanc. E. Oustalet.
Bibl. : Daobbmton, PI. enl. de Buffon, 1770, t. I, pi.
410. — J. GOOI i\ Hirds of Europa, 1S3S. pi. 36; Birds of
Australia, pi. 28, 29 et 31. — Dbgland et Gbrui:, Ornith.
• . 1867, t. I, p. 133. 2« édit.
EFFRY. Corn, du dep. de l'Aisne, arr. de Venins,
cant. de Hirson; 343 hab.
EFFUSION (Loi de 1') (Phys.) (V. Diffusion).
EFRAÏM df Bonn (lil« de Jacob), écrivain et liturgiste
juif, né en 1483. II avait treize ans lors de la deuxième
croisade qui, comme la première, avant tout se dirigea
contre les juifs. Il fut témoin oculaire de toutes les
cruautés et persécutions dont ses malheureux coreligion-
naires étaient les victimes et auxquelles lui-même n'échappa
pas. Dans les dernières années de sa vie, il composa une
relation concise de ces calamités et d'autres qui avaient
Irappé les juifs en la continuant jusqu'à l'an 1496; ce
martyrologe, qui a été publié pour la première fois par
M. M. Wiener comme appendice à la traduction alle-
mande de VEmek ha-bakha de Joseph Kohen (Leipzig,
1838), représente une source très précieuse pour l'histoire
de^ juifs au in* siècle. Ses poésies, dont deuv. sont com-
langue araméenne, sont d'un caractère élégiaque
et pleines d'allusions aux tristes événements de son temps.
Il est aussi auteur d'un commentaire sur quelques parties
du MakUT (cycle des prières pour les tètes) qui s'est
conservé en partie dans un manuscrit d'OxIord (catalogue
Neubauer n° 1317), et d'un autre sur Aboth.
Bibl.: Literaturblatt des Orients, 1M5, n° 47. — Zunz,
Synagogale Poésie; Berlin, 1858. — Du même, Literalur-
geschicnledersynagogalen Poésie ; Berlin, 1*65. — I,. I.am.s-
hlth. Amude ha-.Aboda. onomasticon auclorum hymno-
rum Ziebraeorum; Berlin, 1857.
EFREMOV. Ville de Russie, ch.-l. de district du gou-
vernement de Toula; 7,40-2 hab.
EGA. Nom de plusieurs villes de l'antiquité (V. yEc.*:).
EGA. Hiviere d'Espagne, formée par la réunion de plu-
sieurs ruivs-aux dans la province d'Alava, court d'abord
du Y au S., puis de l'O. à l'E.. entre dans la Navarre par
le détile de Arquijas, passe à Estella et va se jeter dans
rEare. L'Ega reçoit sur ses deux rives dee ruisseaux très
nombreux, mais de peu d'importance; lui-même n'est guère
qu'un torrent qui roule l'hiver d'énormes masses d'eau,
mais est preeqoe à sec pendant l'été. E. Cat.
ÉGADES (Des) (V. /Egateb).
ÉGAGROPHILES (ZooL). On désigne sous ce nom des
concrétions que]', ,n trouve dans le canal digestif des Mam-
mifères ruminants et nui sont essentiellement formées des
poils que l'animal avale en se léchant et que les mouve-
ments de l'estomac rassemblent sous forme de boules feu-
trées. Ces boules sont aussi désignées sous le nom de
bézoords d'Allemagne. Outre les poils, on y trouve sou-
vent des débris de végétaux et des substances calcaires.
Lorsque ces pelotes sont anciennes, leur surface s'use et
se polit par le frottement au point de ressemblera de vé-
ritables calculs. Ces concrétions, par leur volume, peuvent
quelquefois causer des accidents en obstruant l'intestin, et
même causer la mort de l'animal (V. Bézoard). E). Trt.
EGAL Dépression de l'Afrique centrale par laquelle se
continue vers le N.-O. la longue et large vallée du Fêdé,
ou Bahr el Chazàl, ancien lit d'un puissant tributaire du
Tchad. L'humidité du sous-sol y entretient des pâturages
renommés, dont les peuplades pastorales du Kanem et du
Bodelé se disputent la possession. Nachtigal a visité l'Egal
en 1871.
ÉGALES (Méthode des racines) (V. Racine).
EGA LITÉ.I. Mathématiques. — L'égalité a souvent besoin
d'être définie ; elle ne saurait l'être d'une façon générale,
mais elle peut et doit l'être ordinairement dans chaque cas
particulier ; ainsi, en géométrie, on dit que deux figures sont
égales quand elles sont susceptibles de coïncider ou de se
décomposer en parties susceptibles de coïncider chacune à
chacune. Deux temps sont égaux quand ils sont la durée
de phénomènes identiques, etc. On exprime que deux
nombres sont égaux, c.-à-d. mesurent des quantités égales
en les séparant par le signe =. Lorsque dans une égalité
on a négligé certains multiples de quantités connues, on
remplace le signe == par =; elle porte alors les noms de
congruence, équivalence (V. ces mots et Equation,
Identité). H. Laurent.
II. Astronomie. — On employait beaucoup dans le système
de Ptolémée les cercles d'égalité ou équants (V. ce mot).
III. Sociologie. — Dans l'organisation sociale, et parti-
culièrement en ce qui concerne les droits politiques et
privés, l'égalité suppose l'application des mêmes règles à
tous les citoyens sans exception ; droits et devoirs sont les
mêmes pour tous, et la loi est la même sans distinction.
L'égalité est le principe fondamental des démocraties mo-
dernes, et c'est le seul qu'elles aient à peu près réalisé.
Nous renvoyons pour les détails aux art. Classes so-
ciales, Constitution, Démocratie, Etat, Société, etc.
La déclaration des droits de l'homme et du citoyen, inspirée
des idées philosophiques sur le droit naturel, affirme dans
son premier article : « Les hommes naissent et demeurent
libres et égaux en droits. » Une série d'autres constitutions
affirment expressément l'égalité des citoyens devant la loi
(Prusse, Bavière, Saxe, Italie, Grèce, etc.). On remarquera
que cette formule est moins compréhensive que celle votée
par l'Assemblée constituante. En fait, celle-ci est plus
philosophique que réelle, et il y a lieu de distinguer trois
points de vue selon qu'il s'agit de l'égalité dans les droits
privés , de l'égalité politique, de l'égalité sociale. L'égalité
devant la loi en matière privée a été presque complètement
réalisée dans l'Europe et l'Amérique modernes. C'est le
grand progrès accompli depuis l'effondrement du système
féodal, lequel reposait essentiellement sur l'inégalité des
droits et des devoirs (V. Classes sociales, Etat, etc.).
Dans l'Etat moderne, chaque homme, quel qu'il soit, est
envisagé comme un individu dans ses rapports avec d'autres
individus, et ceux-ci sont réglés sans tenir compte de la
qualité personnelle. On fait même très peu de distinction
entre les nationaux et les étrangers. Tel est le résultat de
la Révolution française. Le principe de l'égalité des droits
naturels, qu'elle proclamait, a prévalu. Même le souverain
et l'Etat, dans les affaires de droit privé, sont traités
comme les autres individualités sans privilège. Cette égalité
n'est pas absolue, toutefois. Elle comporte des restrictions
fondées sur le sexe et sur l'âge, sur l'état de santé et
d'équilibre moral des individus; ni les femmes, ni les mi-
neurs n'ont l'égalité de droits ; les aliénés, les interdits,
les condamnés en sont privés. D'autre part, il subsiste dans
certains pays des privilèges spéciaux pour le souverain et
sa famille, notamment en ce qui touche le mariage et les
ÉGALITÉ - EGA HT
.",98 -
unions morganatiques. D'ailleurs, cette condition parti-
culière de lu famille souveraine est plutôt restrictive
des droits individuels de ses membres. Ajoutons que l'éga-
lité devant la loi n'est réelle qu'en droit. Kn l'ait, le
plications de la procédure et les délais qu'elle impose
rendent très souvent impossible au pauvre l'usage de cet
appareil compliqué, et, dans les pays les plus a\ancés, il
subsiste, au profil des riches et des puissants, une inégalité
très marquée. Toutefois, c'est un progrès immense que
d'avoir inscrit l'égalité dans la loi, si l'on songe que l'an-
tiquité reposait sur Yesclavage (V. ce mot) et que, jusqu'à
la lin du siècle dernier en France, jusqu'à il y a un vingtaine
d'années dans de grands pays européens, les droits indivi-
duels privés variaient d'une classe à l'autre (V. Classes so-
ciales). 11 subsiste quelques traces de cette inégalité dans
le régime de la propriété en Allemagne, en Angleterre, etc.
Malgré toutes ces restrictions, notre civilisation est fondée
sur l'égalité des droits civils.
L'égalité politique est moins réalisée ; si l'on excepte les
républiques fondées sur le suffrage universel, on trouve des
droits prépondérants constitués, soit au bénéfice d'un sou-
verain héréditaire, soit au profit d'une aristocratie de cen-
sitaires. Dans des pays très libres, comme les Etats Scan-
dinaves, les droits électoraux ne sont pas égaux entre les
individus ; ils sont encore exercés par des groupes sociaux,
par des classes; ailleurs (Angleterre, Belgique, Italie) les
pauvres en sont destitués. Même en France, le jury est
recruté exclusivement dans une minorité et ne représente
que l'opinion de la classe capitaliste. L'égalité, au point de
vue des charges, n'est pas complète ; les très grosses for-
tunes échappent aux exigences du fisc. Pour le service
militaire en France, l'égalité complète ne date que de la
loi de 1889, le privilège du remplacement ayant jusqu'alors
en partie survécu dans l'institution du volontariat d'un an.
Depuis 1889, il n'y a plus d'avantage fait qu'à l'instruction
et l'on peut admettre que le système des bourses permet
aux pauvres comme aux riches de recevoir l'instruction ;
par là il constitue un élément essentiel de l'égalité démo-
cratique.
Si nous arrivons à l'égalité sociale, nous constatons
qu'elle n'existe à peu près nulle part; je ne dis pas seule-
ment l'égalité de fortune, ni même l'égalité de rémuné-
ration pour des efforts égaux, mais simplement cette égalité
qui fasse que le riche et le pauvre, le noble et le plébéien
soient considérés seulement en raison de leur mérite indi-
viduel. Malgré les progrès faits par le sentiment démo-
cratique, nous sommes encore loin de cet idéal. Dans un
échange de services celui qui donne l'argent se juge supé-
rieur en dignité à celui à qui il le remet. Il faut aller dans
les pays de vieille démocratie rurale, comme la Norvège
et quelques cantons suisses, pour voir le salarié se consi-
dérer comme l'égal de celui qui paye, et le traiter comme
tel, sans lui marquer cette déférence instinctive qui, dans
nos mœurs, parait presque due à ce qu'on appelle une
situation sociale plus élevée. La jeune démocratie des
Etats-Unis est aussi à peu près égalitaire; n'ayant pas
d'aristocratie héréditaire, voyant la fortune se modifier
sans cesse par l'action de l'énergie individuelle, elle n'a
pas nos préjugés sur les rangs sociaux. Rappelons enfin,
pour conclure, que l'école socialiste, chaque jour plus
puissante, prétend établir entre les hommes, non seulement
l'égalité dans la hiérarchie sociale, mais l'égalité réelle :
de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins
(V. Collectivisme).
EGAN (Pierre), publiciste anglais, né à Londres en 1772,
mort à Londres le 3 août 1849. II se fil une grande noto-
riété en écrivant dans les journaux les comptes rendus du
sporl et fonda en 1818 une revue spéciale, Boxiana, qui
parut jusqu'en! 824, el en 1821 un recueil mensuel illustré.
Life in London, qui obtint un succès colossal. Les per-
sonnages excentriques Jerry, Tom et Bob Logic qu'il pro-
mena à travers les mille spectacles de Londres devinrent
populaires. Fne légion d'imitateurs et de plagiaires surgirent.
entre autres Real Life in London et Life in Paris, et l'on
produisit à la scène les aventures de Tom, de Jerry et de
Logic. Dégoûté à la fin de ces plagiats. BgSB écrivit :
Finish to the adventuret of Tom, Jerry and Loqic in
Iheir pursuits through Life in and out London
(Londres, 1828). Ses autres ouvres, presque toutes humo
ristiques, sont nombreuses. Nous nierons : The Mistressof
Royatly (Londres, 1814); The Life and exlraordinary
Adventitre» of S. D. Ilayward, denominated tk
dern Maeheath (1828) : The Life of an actor (I
• les of the turf, the chose, the ring and the stage
(18271 ; Walks through Rat h (4828) ; The Show folks
(1831); Matiews's comic annual (1831); book of
sports and Mirror of Life (1832) : The Pilgrims ofthe
Thames in search of the national (\H'ôS). La plupart
de ces ouvrages sont fort bien illustrés. H. -s.
EGAN (Pierce), romancier anglais, né à Londres en
1814, mort à Londres le 6 juil. 1880, fils du précédent.
Dessinateur et graveur de talent, il illustra notamment
les Pilgrims of the Thames de son père et une série
de ses propres romans. Sa production est considérable : il
fut le fournisseur attitré et très lu des feuilletons de
YHlustrated London News, du Home Circle, du London
Journal, etc. Nous citerons de lui : Wat lyler (1844,
3 vol.); Adam Bell, Clym o' the Cleuah, and William
ofCloudeslie (1842) ; The Waits (1857); Clifton Grey
(1857); Flourr ofthe Flock (1857) ; The Make in the
grass (1858) ; Love me leave me not (1860) ; The Poor
Girl (1863); Eve or the Angel of innocence (I
The Blue eyed ivitch (1869) ; Ever my queen (1873) ;
Two \oung Hearts (1876); Loved in secret (187
Shadovo on the future (1880). R. S.
EGAS (Annequin de), architecte et sculpteur d'origine
flamande et dont le véritable nom est Hantje Yander
Eycken. Il fut, de 1459 à 1494, maestro mayor des travaux
de la cathédrale de Tolède et, en cette qualité, il dirigea, vers
la fin du \v' siècle, la construction de la superbe lacade dite
des Lions, aidé de son appareilleur Juan Fernandez de
Liena et probablement de son fils Henrique. P. L.
EGAS (Henrique), architecte et sculpteur, fils du pré-
cédent et plus habituellement désigné dans les documents
espagnols par le surnom de maître Henrique. A la mort
de son père, le chapitre de la cathédrale de Tolède l'appela
à lui succéder dans son emploi de maestro mayor qu'il
conserva jusqu'en 1534, date que l'on suppose être celle
de sa mort. En 1480, il dirigeait déjà la construction, à
Valladolid, du grand collège de Santa Cruz. fondé par le
cardinal Pedr o Gonzalez de Mendoza, et, en 1 504. il édifiait
l'hôpital des Enfants trouvés, à Tolède, fondé parle même
cardinal, dont il éleva le tombeau dans la cathédrale. D fut
chargé, également en 1504, de tracer les (dans du grand
hôpital de Santiago en Galice, fondé par les « rois catho-
liques». En 1519. il faisait modifier la coupole de la cha-
pelle mozarabe à la cathédrale de Tolède. Il fut consulté
au sujet des travaux de la coupole de la cathédrale de
Séville (t.Mv2 et 1515), de la cathédrale de Salamanque
( 1529 et 1534). de celles de la Seuà Saragosse (1505). de
Malaga (1528) et de Ségovie. — Henrique Egas laissa
quatre enfants, dont l'un, nommé comme son père Ben—
rique, fut architecte; un autre, Diego, fut sculpteur et
décora avec Melcbor de Salmeron la chapelle de lot Rt*yes
micros (1531 et suiv.); Pedro, le troisième, fut peintre
et travailla à décorer la cathédrale de Tolède. Il avait marié
sa tille, Maria, au célèbre architecte Alonso de Covar-
rubias.
Uni.. : Z.vnco nEi. Vallf, Documentos ineditos; Madrid,
lfc-70. — Lagi.n.i y Amiroia. h'oltcias de los Arquitectos
y Arquiiectura deEspafia; Madrid, 1829,
ÉGAT. Coin, du dép. des Pyrénées-Orientales, arr. de
Prades, cant. de Saillagousse; P20 liai).
EGATES (Géogr. anc.) (Y. .Ec.ates).
ÉGAULTnrs NoÈs (Pierre-Marie-Thomas), ingénieur
français, né à Dinan le 16 juin 1787. mort à Moulins le
— 599 -
ÉGAULT - EGEDE
2-2 janv. 18o0. 11 appartenait au corps dos ponts et chaus-
* a donné son nom a un niveau a bulle d'air qui
twmtitillil un grand progrès a l'époqm (4806) de son
invention; on >e sert encore couraininont du niveau
. '. . l'gauli a été charge on IS0.'> de la distribution
i\ de L'Oanq dans Paris. Il a publié on 1844 un
grand mémoire sur les inondations de la Seine a Paris, tra-
\ad ini|H)rIaut que l'on consulte encore. M. -G. L.
EGBA. Peuple aègrc de la Guinée orienlale, delà famille
: - \ ... •. Leur pays s'étend au S. de l'Yorouba, entre
le Dahomey a PO. et le Bénin à PE. Les Editas, d'un carac-
tère plus sociable que les Dahoméens et les Minas, étaient
particulièrement recherches par les négriers pour le recru-
tement de l'esclavage du Brésil et de Cuba; Abéokouta est
leur capitale actuelle (à 75 kil. à vol d'oiseau de Lagos).
bas sont adonnes au fétichisme : mais leur fétichisme
n'a rien de farouche. Leur constitution, plus complexe que
celle de la plupart des tribus nègres, est un mélange de
coutumes indigènes et de principes inspirés par les mis-
sionnaires anglais. Les Kgbas passent pour les meilleurs
agriculteurs des deux Guinèes.
E6BERT (Eambercth, Bggberht, Hechbertus), arche-
vêque d'York dès 78-2 ou 734, mort en 706 ou 707. 11
appartenait à la famille des rois de Northumbrie; son frère
fut roi en 738. Après avoir reçu sa première éducation
dans un monastère de son pays, il était allé à Home et y
avait été ordonne diacre; en 735, il reçut le pallium, de
Grégoire III. Il fonda et dirigea l'école cathédrale d'York
et la dota d'une bibliothèque. Les étudiants y affluèrent
bientôt de tous les pays de l'Europe. Alcuin y fut son dis-
ciple, puis professeur et directeur. — Œuvres : Pontift-
cal<\ imprimé d'après un manuscrit de notre Bibliothèque
nationale, provenant de l'église d'Evreux. Martène (De An-
tiquis Ecclesiœ ritibm; Rouen, 4700, 4 vol. in-fol.) en
a reproduit des extraits. Succintus dialogus Ecclesias-
tieœ institutions, traité, par demandes et par réponses,
sur divers points de discipline ecclésiastique (Dublin, 1664).
Escarpsitm de Canonibus Catholicorum Patrum, vel
Pœnitentiale ad remedium animarum, imprimé dans
la Velerum Scriptorum et monumentorum... amplis-
sinia collectio de Martène et Durand (Paris, 4724-4*33,
9 vol. in-lol.).On a attribué à Egbert des Excerptiones,
extraits des Pères et des canons de l'Eglise ; mais Wasser-
schlebei^Dù" irischeCanonensammlung ;Giessm, 1874)
a démontré que cet ouvrage ne provient pas d'Egbert,
parce qu'il contient des extraits des capitulaires de Charle-
magne. E.-II. Vollet.
Bibl. : Cave, Historia lilleraria scriptorum ecclesiasti-
corum ; Oxford, 17*0-1743, 2 vol. in-fol. — Wasser.schi.e-
: ne Bussordnuugen der abendlândischer Kircha;
Halle, 1851, in-s. — J. BaiCB, dans te Diclion&ry of Chris-
tian biography de \V. Smith et H. Wack ; Londres, 1877-
in-8.
EGBERT le Grand, roi des Saxons, mort en 839. Il
passa sa jeunesse dans l'exil, à la cour de Charlemagne,
refuge des bannis des divers pays anglo-saxons. Il y arriva
probablement en 789 et y resta treize ans. 11 retourna en
Angleterre en 8 J2 et fut accepté par les Saxons de l'Ouest
(..mine roi. Les commencements de son règne sont obs-
curs : il livra bataille, en 824, aux Gallois de Cornouailles
et aux gen- de la Même, qu'il vainquit près de Winchester.
A la suite de cette victoire, il conquit le Kent, sur lequel il
avait des droits, puis la Mercie (828). En 829, il marcha
contre les Northumbriens, qui se soumirent à lui sans
combat. \a Chronique anglo-saxonne note qu'en cette
année 829 Egbert devint le huitième Bretwalda, c.-à-d.
le huitième suzerain général de tous les royaumes anglo-
saxons de Pile. Ce n'est pas qu'Egbert ait détruit les
royautés locales; on n'avait pas l'idée en ce temps-là de
l'unité territoriale ; mais il a exercé dans toute l'Angleterre
une espèce d'autorité impériale. La fin de la vie d'Egbert
fut attristée, comme celle de Charlemagne, par les inva-
sions normandes. En 834, les pirates Scandinaves enva-
hirent ses domaines et pillèrent l'Ile de Sheppey. L'année
suivante, l'.gbert fut battu par eux à Charmouth (Dorset-
shire). En 837, une grande flotte de Normands d'Irlando
envahit le Wossex par la Cornouailles avec l'appui des Cor-
nouaillais. La bataille fut livrée a llengesldune et fut pour
Egberl une victoire complète. Le roi mourut en paix et eut
pour successeur son fils Ethelwulf. Ch.-V. L.
EGEDE (llans), premier missionnaire dos Esquimaux,
né le 34 janv. 1686 à Senjen (Norvège), mort à Stubbek-
jobiug (r'alster) le 5 nov. 4758. Vers 1707, il était pas-
teur luthérien à Vaagen (Lofoten), quand il entendit parler
des Esquimaux à peine connus alors ; de vieilles chroniques
qu'il étudia a ce propos lui révélèrent l'ancienne colonisa-
tion norvégienne du Groenland ; il confondit les anciens et
les nouveaux habitants et prit la résolution d'aller iaire
revivre le christianisme au Groenland. Aucune objection ne
l'arrêta; il surmonta tous les obstacles; en 1721, il réus-
sit à former à Bergen une société grœnlandaise à laquelle
le roi Erédéric IV, qui s'intéressait au projet, accorda des
privilèges. Egede partit le 3 mai 1721 avec quarante-cinq
personnes. Ils débarquèrent dans une baie qu'il nomma
Godthaab (Bonne-Espérance). Il dépensa des trésors de
patience et d'amour pour apprivoiser les Esquimaux, et,
avec le secours de ses propres enfants, finit par apprendre
leur langue. Les colons ne donnèrent guère moins de peine
à Egede que les naturels, surtout quand, en 1728, il arriva
une cargaison de forçats. La même année la « Société
grœnlandaise » liquida ses affaires ; le bateau annuel de
1731 apporta au Groenland la nouvelle de la mort de Eré-
déric IV et la suppression de toute l'entreprise. Les colons
se rembarquèrent pour l'Europe et Egede resta seul. Une
épidémie de variole importée par un Esquimau qui avait été
en Danemark dépeupla les environs de Godthaab en 4734.
Egede vit mourir sa femme Gertrude Rask, sa fidèle com-
pagne; en 4730, il se décida à retourner en Europe. Il
dirigea le séminaire grœnlandais à Copenhague, et fut
nommé, en 1740, surintendant de l'Eglise grœnlandaise.
En 1747, il se retira sur l'Ile de Ealster, où il mourut.
Il avait publié : Beretning am den Grônlandske Mis-
sion (Copenhague, 1738) et Detgamle Grônlands nye
Perillu stratton (ibid., 1741). F.-Herm. Krûger.
Biiil.: Grônlands historiske Mindesmxrker; Copenhague,
1883, lro partie. — N.-M. Petersen, H. Egedes Levnet ;
1 niienhague, 1849. — Fenger, Bidrag til H. Egedes og den
Grônl. Missions Historié 1T11-1160; Copenhague, 1879. —
Koch, Kirhehist. Samling ; Copenhague, 1886.
EGEDE (Paul), fils du précédent, né en 1708, mort à
Copenhague en 1789. Son père l'envoya faire ses études
théologiques à Copenhague en 1721; puis il fut l'aide et
le successeur de son père au Groenland de 1734 à 1740.
On a de lui plusieurs travaux linguistiques, en particulier
un Dictionnaire grœnlandais-danois-latiniCopenhagm,
1750), une Grammaire grœnlandaise (Copenhague,
1700) ; il compléta la traduction du Nouveau Testament que
son père avait commencée et la publia en 1760, ainsi que
quelques autres traductions en grœnlandais. Après la mort
de son père, il fut nommé surintendant de l'Eglise grœn-
landaise, avec le titre d'évèque. — Son fils, Hans-E.-
Saabye Egede, fut également missionnaire au Groenland
de 1770 à 1778. F.-H. K.
EGEDE (Christian-Thestrup), explorateur danois, né
le 14 nov. 4764, mort le 17 oct. 1803. Petit-fils du précé-
dent, il prit part, en qualité de sous-lieutenant de marine
(1782) à l'expédition de P. de Lœvenœrn sur les côtes
orientales du Grœnland, que son chef ne put attendre ;
chargé de la continuer avec le yacht Nye-Pnrve, monté
par neuf hommes (1786-87), il put, malgré les glaces qui
obstruaient le détroit de Danemark, se rapprocher assez
du littoral pour en donner des vues exactes de 65° à
66° 30' de lat. X. Sa relation a paru sous le titre de :
Hejsebeskrivelse til OEstergrœnlands Opdagelse (Co-
penhague, 1789 ; 2e édit., 1796). Devenu lieutenant en
premier (1789), il se distingua au combat naval dans la
rade de Copenhague en 1801 et fut nommé capitaine la
même année. Beauvois.
EGEDESMINDE — KGKRTON
— 600 -
EGEDESMINDE. Etablissement danois de la côte du
Grœaland, dans une lie de la haie Risco; il fut fondé en
1759, par Hans Egede, fils de Paul (V. ce mot). Ces) un
groupe de i|iialre villages avec une population d'un millier
d'âmes. On recueille le duvet de l'eider dans les Iles
voisines.
EGÉE. Ancien nom de la mer de Y Archipel (V. ce mot).
Suivant certains auteurs, la mer Egée aurait tiré son nom
du roi Kgée, père de Thésée, qui s'y était précipité. D'après
Sirahon, ce nom viendrait de la ville d'vKga, dans l'Ile d'Eu-
hée ; d'autres écrivains grecs le font venir de «i^E?, chèvres,
c.-à-d. « vagues bondissantes ».
EGÉE, roi d'Athènes (V. Thésée).
EGELN. Ville d'Allemagne, royaume de Prusse, district
de Magdebourg; 5,000 hab. On y fabrique du sucre et
une bière renommée (Egelei). C'est une ancienne sei-
gneurie annexée au Brandebourg en 1659. Aux environs
est le couvent de femmes de Marienstuhl, fondé en 1262.
EGENOLFF (Christian), imprimeur, libraire et graveur
allemand, né à Hadamar (Nassau) le 26 juil. 1502,
mort à Francfort-sur-le-Main le 9 févr. 1555. Il fit ses
humanités à Mayence, y apprit l'art typographique et
s'établit à Strasbourg en 1529; mais, dès le début de
l'année 1531, il transporta son imprimerie à Francfort et
fut le premier typographe de cette cité. Il édita nombre
d'ouvrages illustrés, notamment avec gravures sur bois
des célèbres Hans Sebald Beham et Virgil Solis. Son éta-
blissement ne subsista que jusqu'à la mort de sa veuve
en 1577.
Bibl. : H. Grotefend, Christian Egenolff; Francfort,
1881, gr. in-4, fig.
EGER (tchèque Ohre). Rivière de Bohême, affluent de
gauche de l'Elbe. L'Eger prend sa source en Bavière, dans
le Fichtelgebirge, à 720 m. d'alt., près du Schneeberg;
il serpente sur un haut plateau, arrose Weissenstadt et
Rœslau, reçoit le Rœslau, puis il descend en Bohème par
une gorge très encaissée, près de Hohenberg. A partir de
la ville d'Eger, la pente s'adoucit ; la rivière coule dans
VEgerland, bassin encaissé entre le Bœhmerwald et ses
contreforts (Teplergebirge) et I'Erzgebirge ; ce bassin, large
de 15 à 22 kil., est un ancien lac rempli de terrains ter-
tiaires, entre les schistes cristallins et les roches érup-
tives (granit, etc.) qui forment la Bohême occidentale et
septentrionale ; dans la région moyenne, vers Kaaden, les
roches volcaniques se sont épanchées, le terrain tertiaire
reparaît ensuite jusque vers Laun où l'Eger entre dans le
crétacé. Le bassin de l'Eger forme une région nettement
délimitée. La rivière y arrose Eger, Kœnigsburg, Falkenau,
Elbogen, Karlsbad, Klosterle, Kaaden ; d'Elbogen à
Kaaden, son cours est gêné par des rochers; elle s'infléchit
au N.-E. pour contourner le Hengsberg ; elle passe ensuite
à Saatz, Laun, Lebochowitz, Budin, puis tourne au N.,
baigne Iheresienstadt et se jette dans l'Elbe en aval de
cette ville et en face de Leitmerilz, à 128 m. d'alt. Son
cours est de 310 kil. ; la direction générale est vers l'E.;
les eaux ont une teinte d'ocre ; les rochers et les rapides
de son lit ne permettent que le flottage. Les principaux
affluents sont à droite le Tepl, l'Au, à gauche la Zwodau,
le Rœhlau. La vallée de l'Eger jusqu'à Laun est habitée par
des Allemands ; ceux-ci ont, surtout autour d'Eger, con-
servé les mœurs et le costume d'autrefois.
EGER. Rivière du Wurttemberg et de la Bavière, affluent
de la Wœrnitz, qui arrose Nœrdlingen ; elle a 52 kil.
de long.
EGER (tchèque Cheb). Ville de Bohème, sur la rive
droite de Y Eger (V. ci-dessus) , à 4 1 0 m. d'alt. ; 1 7 ,1 48 hab.
C'est un centre commercial important ; elle a quelques
scieries, brasseries, filatures, tissages, cordonneries, etc.
Elle n'a conservé que des ruines de son château où furent
égorgés les amis de Wallenstein (Terzky, Illo, lvinsky,
Neumann), les murs de la grande salle, la tour noire, !a
chapelle gothique avec substructions romanes. De ses cinq
églises, il faut citer l'église paroissiale avec ses deux tours ;
on remarque encore des couvents de dominicains (fondé
in 1276), de franciscains (fondé en 1256), la maivin de
ville (qui date de 1600) ou fut assassin»' Wallenstein,
l'hôtel de ville qui date de 1728, etc. L'importance straté-
gique d'Eger, due à sa situation à l'angle N.-O. de la
Bohème, entre la Bavière et la Saxe, est encore accrue par
ce fait que c'est un centre de croisement de voies ferrées
qui se dirigent vers Vienne au S.-E., Prague à l'E., Dresde
au N.-E., I^ipzig au N., la vallée du Main à l'O., Ratis-
bonne et Munich au S. — On ignore l'origine de la ville; elle
appartint aux margraves du Xordgau qui y résidèrent. Ils
la transmirent à Frédéric Barberousse (1119) qui en fit
une fille impériale (1179). Elle fut conquise par Ottocar II,
reperdue par la Bohême, mais acquise de nouveau en t.'-iJJ.
les empereurs l'ayant donnée en gage. C'est la qu'en 1 191
fut négociée une "transaction entre les hussites et les délé-
gués du concile de Bâle. Pendant la guerre de Trente ans,
les Suédois l'occupèrent deux fois (1631, 1647); Wallen-
stein y fut tué le 25 févr. 1634. Les Français la prirent
le 19 avr. 1742, l'évacuèrent l'année suivante. Elle fut
démantelée en 1809.
Bibl.: Gradl, Die Chronihen der Stadt Eger ; Eger,
18^5. — Drivok, JEllere Geschichle des deulchen Reich-
stadt Eger ; Leiu/.ig, 1874.— Grueber, Die Kaiserburg zu
Eger ; Prague, 18tit.
EGER. Ville de Hongrie (V. Eruu).
EGERI (Unter-) ou £GERI. Grand village de Suisse,
cant. de Zug ; 2,378 hab. Cette localité, qui est située à
l'extrémité N.-O. du petit lac d\£geri, sur le torrent de la
Lorze, a formé pendant longtemps une république démo-
cratique indépendante et était entrée dans l'alliance conclue
par les trois cantons primitifs, L'ri, Schwytz et Unterwal-
den, avant le cant. de Zug lui-même.
ÉGÉRIE. I. Mythologie. — Nom d'une nymphe, adorée
à Rome et dans le Latium. Elle habitait d'abord une source
située aux portes mêmes de Rome, entre les voies latine et
Appienne. C'était elle, disait-on, qui avait inspiré au roi
Numa sa législation religieuse ; et Numa parlait volontiers,
d'après Tite-Live, de ses colloques nocturnes avec la nymphe
Egérie. Après la mort de Numa, elle se retira dans le La-
tium, à Aricie, où elle donna naissance à une autre source.
Ovide a raconté sa légende en vers touchants. En réalité,
Egérie paraît avoir été dans l'ancienne religion latine une
divinité locale, adorée également à Aricie et à Rome, et à
laquelle on attribuait d'aider les femmes dans leur déli-
vrance ; jusque dans les derniers temps de Rome, les
femmes enceintes avaient coutume de lui sacrifier. C. J.
IL Astronomie. — Nom du 13e astéroïde (V. ce mot).
Bibl.: Preller, Rœmische mythologie, t. II, p. 129,2* éd.
EGERTON. Duc de Bridgewater (V. ce nom).
EGERTON (Sir Thomas), baron Ellesmere, vicomte
Brackley, homme d'Etat anglais, né vers 1540, mort le
15 mars Kil 7. Fils naturel de sir Richard Egerton de
Ridley, il entra en 1556 à la Chambre des communes pour
Oxford, se fit inscrire au barreau de Londres en 1572 et
acquit une grande renommée d'avocat. Solicitor gênerai le
26 juin 158*1, attorney gênerai le 2 juin 1592, il fut nommé
en 1593 chambellan de Chester. Devenu maître des rôles
en 1594, il fut promu lord keeper en 1596, en remplace-
ment de sir John Puckering, et entra au conseil privé. Très
en faveur auprès d'Elisabeth, il usa de son influence pour
protéger Francis Bacon. Il joua un rôle prépondérant dans
le jugement du comte d'Essex (1601), avec lequel il avait
été fort lié. Egerton continua à se maintenir en faveur à
la cour de Jacques Ier. Il reçut le grand sceau le 19 juil.
1603, avec le titre de baron Ellesmere, et eut part aux
affaires les plus importantes. 11 fut notamment un des pft»
moteurs de l'acte d'union entre l'Ecosse et l'Angleterre
(1606-1607) et conseilla l'emprisonnement de Whitelocke
à la Tour (16 13). Créé vicomte Bneklev le 7 nov. 1610. il
supplia le roi de le releverde ses foin lions de lord chance-
lier à cause de sa mauvaise santé. Jacques Ier ne voulut
y consentir que douze jours avant sa mort (3 mars 1647).
- 601 -
KGKRTON - EGGER
— Son lils John l'ut alors créé comte de Bridgeivater
(V. to nom). R. S.
Un». : l-'.-ll. Eobrton, Lift ofsir Thomas Eoerton;
i n lr a r .;. — Egerton Papem, puM. par la Camden
■ ';;, 1840.
E6ERT0N (Francis Lbyb6oi*-Gowrr-), comte d'Eiu.s-
nu (V. Il LESMERe).
EGERTONIA (Palèont.). Cocchi a établi ce genre pour
des plaques dentaires de poissons voisins des Labres ; il
n'existe qu'une plaque pharyngienne supérieure, armée de
dents égales ou presque égales aux dents latérales ; la
plaque pharyngienne inférieure porte au bord des dents
arrondies. Le type du genre est E. isodonta du terrain
tertiaire inférieur de File de Sheppey. E. Sauvage.
Hihi .. : COOCBT, Monografia (ici Pliaryngodopclidx, 1866.
EGGA. Ville du Soudan occidental, sur la rire droite du
M jer, à 110 kil. en amont du confluent delà Binoué et à
kil. de l'embouchure du Niger; Egga s'élève au milieu
de marécages, sur la berge occidentale du fleuve. Egga
occupe. a\ec ses maisons, ses magasins et sesappontements,
une longueur de 3 kil. Le mouvement des barques y est
nés actif; les navires anglais remontent jusque-là. Les deux
principaux objets de commerce sont l'ivoire et les coton-
nades bleues appelées guinées, fabriquées par les métiers
indk es. Egga a ete comprise, par la convention anglo-
française du o août 1890, dans la sphère d'action de la
Compagnie anglaise du Niger.
EGGEBAS." Poids de 2L-r44, usité en Guinée.
EGGEBI. Ville du Soudan occidental (Etat de Sokoto).
La population est adonnée à l'agriculture et à l'élève du
bétail. La principale industrie consiste dans l'ornementa-
tion des calebasses, décorées de fines gravures représentant
des animaux domestiques.
EGGELING (Jules), sanscritiste allemand, né dans le
duché d'Anhalt en 184-2. Après avoir fait ses études à
Breslau et à Berlin, il se rendit à l'Angleterre et s'établit à
Londres, ou il fut d'abord nommé bibliothécaire de la Royal
Asiatic Society, et plus tard professeur de sanscrit à l'Uni-
ver>ity Collège. En 1875, il fut appelé à l'université d'Edim-
bourg pour la chaire du sanscrit et de linguistique II est
surtout connu par la publication d'une série de textes,
parmi lesquels les plus remarquables sont : le Kcitantra
avi'c le commentaire de Durgasinha (Calcutta, 1874-78);
Tanaratnamahodadhi de Vardhamàna (Londres, 1879-
; The Gatapatha-Bràhmana, translatai according
the text ofthe Mddhyandina School (Oxford, 1882). Il a
aussi rédigé en collaboration avec M. Cowell de Cambridge
le catalogue des manuscrits sanscrits et bouddhistes, ap-
partenant à la Royal Asiatic Society (1871).
EGGER (Emile), philologue français, né à Paris le
18 juil. 1813, mort à Paris le 1er sept. 1885, d'une fa-
mille originaire de la Carinthie. Elève de l'Ecole normale,
agrégé de grammaire en 1834, docteur es lettres en 1837,
il professa au collège Saint-Louis, au lycée Charlemagne ;
devint maître de conférences à l'Ecole normale (1839) ; en
48 40, il fut nommé au concours agrégé près la Faculté des
lettres et devint professeur suppléant de littérature grecque
a la Faculté des lettres de Paris. A partir de 185->, il fut
titulaire de cette chaire qu'il conserva jusqu'à sa mort. Il
fut élu en 1854 à l'Académie des inscriptions. Ses publi-
cations sont extrêmement nombreuses. Une édition de
Varmn (Dr l.ingua latina; Paris, 1837, in-8),de Longin
(Paris, 1837, in-16), de Festus et Verrius Flaccus (Paris,
■9), correctes, mais sans originalité. Il se fit connaître
par son Exaimn criti/jue des historiens anciens de la
vie et du règne d'Auguste qui obtint un prix académique
en 1839 et fut publié en 1844 (Paris, in-8) ; puis il donna
Latini termonis velustioris relitjuiœ selectœ (Paris,
1843, in-8) : Recherche» sur les Auyustalcs(Park, 1844,
in-8|. Il aborda ensuite la littérature grecque où il se spé-
cialisa de plus en plus : Méthode, pour étudier l'accen-
tuation grecque (avec (ialusky ; Paris, 1844, in-12);
Epigraphices gruecœ specimina selecta in usum prœ-
leetionum academicarum (Paris, 1844, in-8) ; Aperçu
sur les origines de la littérature grecque (Pans, 1846,
in-8) ; Essai sur l'histoire il,- la critique CMZ les Grées,
suivi de la Poétique d'Aristotc et d'extraits de ses pro-
blèmes (Paris, 1850, in-8) ; cet ouvrage est peut-être le
plus intéressant et celui qui a conservé le plus sa valeur ;
les Notions élémentaires de grammaire comparée pour
servir à l'étude îles trois langues classiques (Paris,
1S52, in-12 ; 8° éd., 1880), eurent un très vit succès et
classèrent définitivement M. Egger en tète des philologues
français de son temps. Il fit paraître ensuite Apollonius
Dyscole, essai sur l'histoire des théories grammaticales
dans l'antit/uité (Paris, 1854, in-8) ; une série de mémoires
lus en séances publiques de l'Institut : de l'Etude de la
langue latine chez les Grecs de l'antiquité (Paris, 1855,
in-8) ; Considt'rations historiques sur les traités inter-
nationaux chez les Grecs et les Romains (1856, publié
en 1866, in-8) ; Observations historiques sur la fonc-
tion de secrétaire des princes chez les anciens (1858);
S'il y a eu chez les Athéniens de véritables avocats
(1860) ; de la Langue et de la nationalité grecques ;
Réflexions sur quelques documents historiques du
temps de la prise de Constantinople par les Jures
(1864). En même temps, il publiait des recueils de Mémoires
de littérature ancienne (Paris, 1862, in-8) ; Mémoires
d'histoire ancienne et de philologie (Paris, 1863, in-8) ;
des Observations sur un procédé de dérivation très
fréquent dans la langue française (Paris, 1864, in-8) ;
le Recueil des papyrus grecs du Louvre, avec Brunet de
Presle (Paris, 1866) ; le Papier dans l'antiquité et dans
les temps modernes (Paris, 1867, in-18), et enfin son
grand ouvrage resté classique : l'Hellénisme en France,
leçons sur l'influence des études grecques dans le dévelop-
pement de la langue et de la littérature françaises (Paris,
1869, 2 vol. in-8). Il faudrait ajouter à cette liste ses
articles du Journal de l'Instruction publique, de la Re-
vue des Deux Mondes, de la Revue archéologique, de
l'Enseignement public, de la Nouvelle Revue encyclo-
pédique, de la Revue française, de l'Encyclopédie du
xixe siècle, de la Nouvelle Biographie générale de Didot,
du Dictionnaire des sciences philosophiques, etc., dans
lesquels il vulgarisait les résultats obtenus par les autres
érudits et par lui-même. Ses dernières publications furent:
un Ménage d'autrefois, étude de morale et d'écono-
mie domestique (Paris, 1867, in-18) ; les Derniers Jours
de l'éloquence athénienne (Paris, 1868, in-8); l'Egypte
moderne et l'Egypte ancienne (Paris, 1868, in-8);
Etuded'histoireancienne; les projets de réforme sociale
dans l'antiquité (Paris, 1868, in-8) ; de l'Histoire et
du bon usage de la langue française (Paris, 1868, in-8);
Observations sur l'Erotnos (Paris, 1871, in-8) ; Notice
sur un papyrus gréco-égyptien inédit (appartenant à la
bibliothèque de l'université d'Athènes (Paris, 1873, in-8) ;
Observations sur le genre de drame appelé satj/rique
(Paris, 1873, in-8); un Sénatus-Consulte romain contre
les industriels (Paris, 1873, in-8) ; les Substantifs
verbaux formés par l'apocope de l'infinitif (Paris,
1875) ; des Documents qui ont servi aux anciens
historiens grecs (Paris, 1875, in-8); Observations et
réflexions sur le développement de l'intelligence et du
langage chez les enfants (Paris, 187!), in-8) ; Histoire
du livre (Paris, 1880, in-8) ; la Tradition et les ré-
formes dans l'enseignement universitaire (Paris, 1883,
in-8). Cette énumération suffit à montrer l'activité intel-
lectuelle d'Egger et l'étendue de sa science. Bien que ce
n'ait pas été un grand philologue original, il mérite
d'être placé haut. Ce fut un érudit sagace, profondément
consciencieux ; son savoir fut parfois dé seconde main,
mais son esprit critique fut rarement en défaut, et il avait
des connaissances presque encyclopédiques. On ne peut
d'ailleurs le juger seulement sur ses ouvrages. Ce fut un
professeur remarquable ; il réagit contre les tendances trop
littéraires et superficielles des professeurs d' « éloquence »
EGGER - EGGERS
— 602 —
classique et fut le rénovateur des études philologiques M
France. Estimé el aimé de tous ceux <jui rapprochaient, il
exerça une influence considérable.
EGGER (Victor-Emile), philosophe français, né à Paris
le 14 lévr. 18',8, fils du précédent et petit-fils de l'hellé-
niste F.-D. Dehèque. Il lit ses éludes aux lycées Saint-
l.ouis et Charlemagne et l'ut élève de l'Ecole normale supé-
rieure (1867-1870). Chargé de cours au lycée de Bastia
(1871), puis agrégé de philosophie (4872), il a été pro-
fesseur au lycée d'Angers (1872-77) et maître de confé-
rences à la faculté de Bordeaux (1877-82) ; il est profes-
seur à la faculté de Nancy depuis mai -1882. Comme
ouvrages, il n'a publié que ses thèses de doctorat : de
Fontibus Diogenis Laertii (Paris, 1881, in-8), et la
Parole intérieure (ibid., -1881, in-8). Mais il a collaboré
à la Revue des Deux Mondes (la Physiologie cérébrale
et la psychologie, 1er nov. -1877), à la Revue philoso-
phique (les Illusions visuelles, 1885 et ■ISSU), à la
Revue scientifique (la Vision des monuments élevés,
14 déc. 1889), aux Annales de la faculté des lettres de
Bordeaux (la Certitude scientifique, 1879; la Nais-
sance des habitudes, 1880 ; VOEU et l'Oreille, 1886),
à la Critique philosophique (Intelligence et conscience;
l'esprit est irréductible à Vâme, 1885 ; le Sommeil,
la certitude 'et la mémoire, 1888), à la Revue inter-
nationale de V enseignement (Science ancienne et
science moderne, 1890). Il a aussi donné de nom-
breux articles dans le Dictionnaire usuel des sciences
médicales (1885), dans la Gazette hebdomadaire de
médecine (1884-89) et les articles Expérience, Expé-
rimentation et Induction dans le Dictionnaire ency-
clopédique des sciences médicales (1888-89). Psy-
chologue avant tout, M. V. Egger est partisan d'une
psychologie pure, indépendante à la fois de la physiologie
et de la métaphysique. Il a contribué à l'avancement de
cette science surtout par une théorie du signe, une théorie
de l'habitude, une théorie de la perception externe et de
la reconnaissance, développées dans ses cours et dans sa
Parole intérieure. En philosophie générale, sa méthode
est la méthode psychologique ; sa doctrine, inspirée du
criticisme de M. Renouvier, est un phénoménisme décidé,
mais dégagé de tout déterminisme et à tendance franche-
ment spii'itualiste. H. M.
EGGERS (Bartholomeo), sculpteur hollandais, né à
Amsterdam au xvne siècle. Des œuvres d'Eggers dans son
pays natal, on ne connaît que le beau tombeau des princes de
Wassenaer-Obdam.A Berlin, outre les statues des princes
de la maison des Hohenzollern, on cite : les empereurs Justi-
nien, Constantin, Charlemagne et Rodolph 11, diverses
cariatides et figures décoratives.
EGGERS (Jakob, baron d'), militaire suédois, né Dorpat
le 25 déc. 1704, mort à Danzig le 12 janv. 1773. Il fut
emmené par les Russes en captivité à Arkhangel avec sa
mère et dut son instruction militaire à des prisonniers sué-
dois. Libéré en 1722, il entra dans l'armée suédoise, s'oc-
cupa surtout de fortification. Il vint en France en 1728,
servit Stanislas Leczynski de 1733 à 1735, et défendit
Danzig. Il passa au service de la Hesse et fortifia Rhein-
fels (1735), puis de la Saxe avec le grade de capitaine,
voyagea dans l'Europe méridionale, fit les campagnes de
1741 avec les Saxons, 1743 avec les Suédois contre les
Russes, rentra en 1744 dans l'armée saxonne, prit part en
1747 avec les Français au siège de Berg-op-Zoom, dont il
publia une relation, Journal du siège de Bergopzoom
(Leipzig, 1750), fut le précepteur militaire des princes
Xavier et Charles de Saxe, rédigea Neues liriegs. Ingé-
nieur, Artillerie, Sec und Flotte» l.cxicon (Dresde,
1757, 2 vol.), fut promu colonel et élevé a la noblesse par
le roi de Suède (1749), et appelé par le roi de Pologne
électeur de Saxe à commander la place de Danzig avec le
titre de général (1758).
Bmi. .: H.-K. Eqobrs, Geschichte des Geschlechts
Eggers; Ploen, 1879.
EGGERS (Heinrich-Peter von), écrivain holsteino-danois,
né È Segebere le 29 déc. 17M, mort a Oipenhague le
19 mars 1836. Apres avoir été employé à la chancellerie
allemande (1 776-1 794), il entra dans les pestes 't ht
directeur de celle du Danemark a Hambourg (4808-1816).
Sun remarquable mémoire sur la situation de l'Eystribyad
ou colonie orientale du Groenland fut couronné par H
Société d'économie rurale et inséré dans le t. IV de ses
Skrifter (Copenhague, 1794, in-8). Il y démootre avec
beaucoup d'érudition et de perspicacité que les épithètes
d'oriental et d'occidental ne doivent pas être prises dans un
sens absolu par rapport à l'ensemble du Gm-nland, mais
s'appliquent l'une et l'autre à la cote occidentale seule dont
la partie méridionale est plus a l'L. que la partie septen-
trionale. En se plaçant à Gards, l'ancien chef-lieu civil et
ecclésiastique, l'Eystribygd et le Vestribygd se trom
effet, celui-là à l'Ë., celui-ci à l'O. Beaivois.
EGGERS (Christian-l'Irich-Detlev, baron d"), écono-
miste et écrivain holsteino-danois, frère du précédent, né
à Itzeho le 11 mai 1758, mort à Kiel le 21 nov. 1813.
Après avoir étudié à Kiel et aux universités allemandes,
il fut professeur de droit à celle de Copenhague (1785). Il
publia ses leçons en danois et en allemand (1785-86) et,
même après avoir été dispensé de faire des cours (1789),
il continua de traiter de ces matières dans de nombreux
ouvrages, entre autres : sur l'Histoire de ta liberté de
la presse en Danemark (1791) ; Institutionrs juris
civitatis publici et gentium universahs (1796) ; Lehr-
buch des Natur und Privatrcchts und gemeinen
preussischen Rechts (Berlin, 1797, 3 vol.); Gesetzbuch
fur Schleswig und Holstein (Kiel, 1808). Membre d'une
commission islandaise, il publia : Beschreibung von Is-
land (1786, t. I), et Schilderung der gegenwn rtigen
Verfassung von Island (Altona, 1786). D prit part au
congrès de Rastadt (1797-98) comme conseiller de léga-
tion, devint député au collège des finances (1800), puis
à la chancellerie allemande (1802), enfin président à Kiel
(1813). Le gouvernement autrichien le consulta sur des
questions législatives (1805) et le nomma baron de l'Em-
pire (1806). Parmi les soixante-dix volumes dus à ce
fécond écrivain, il faut encore citer : Denkwurdigkeiten
der franzœsichen Révolution (Copenhague, 1794-1804,
6 vol.) ; Denkwurdigkeiten aus dem Leben des Staats-
minister P. A. Grafen von Bernstorf (ibid., 1800;
en franc., 1801) ; Memoiren ûber die dœnischcn Fi-
nanzen (Hambourg, 1800-1801, 2 vol.) ; Bemerkungen
aufeiner Reise durch das sùdliehe Deutschland, den
EÛazund die Schweiz (Copenhague, 1801-1805, t. I-
VI; Brunswick, 1809, t. VII-VIÎI) ; Ueber den neuen
franzœsischcn Erbadel (Hambourg, 1808) : Reise durch
Franken. Baiern, Œstemich, Preussen und Sachsen
(Leipzig, 1810, 4 vol.). — Son frère, Frirdrich-Ludwig
von Eggers, né à Gliickstadt le 5 juin 1763, mort le
26 ©et. 4812, fut auditeur (1787), archiviste (1791) et
conseiller (1797) à la cour d'appel de Gottorp. Avec
Brockdorff, il publia Corpus statutorum Slcsviccnsium
(1794-4842,3 vol.). Beuvois.
Biul. : H.-K. Eggers, Gesc/iic/ife des Geschlechts Eg-
gers, 1879-1887, 2 vol.
EGGERS (Johann-Karl), peintre d'histoire allemand, né
àNeustrelitzen 1790. mort en 1863. 11 étudia avec Matthaeis
à Dresde, puis séjourna à Rome, où il exécuta des fresques
au Brarcio nuovo du Vatican. On a de lui une Vénus en-
dormie (\H\9); le Christ avec Marthe et Marie, elc. Il
laissa aussi des portraits, entre autres celui du Grand-Duc
de Mecklembourg-SIrelitz au palais du roi à Berlin.
EGGERS (Friedrich), écrivain d'art allemand, né à
Rostock le 27 nov. 1819. mort a Berlin le 11 août 1*72.
Rédacteur du Kunstblatl et professeur d'histoire de l'art
à l'Académie des beaux-arts de Berlin, il a rédigé une
biographie de Rauch achevée par son frère. Karl I
(Berlin, 1873-1881, 3 vol.) et des Poésies également en
collaboration avec son frère (Breslau, 1874 et 1875; les
603 -
EGGERS — EGGS
dernières en dialecte mecklembourgeois sous le titre Trem-
sen).
EGGERS (Heinrich-Fran/-Alexander, baron von), voya-
Seur et botaniste danois, né a Slesvig le 4 déc. 1844.
Bervh dans la guerre contre l'Allemagne 1 1864), ensuite
dans Tannée de l'empereur Haiimilieo (1865), fut fait
prisonnier à Oaxaca (1866) et tii à traders, le Mexique
9 xcursions qu'il a décrites dans Erindringer fra
Mexico (Copenhague. 1869) et dans le recueil Fra aile
Tfmdtt (1867). Rentré dans l'année danoise comme sous-
lieutenant (4868), il fut envoyé dans les Antilles, devint
capitaine (1878) et obtint sa retraite en 1885. Il a rap-
porté de ses voyages de riches collections botaniques et des
matériaux pour un grand nombre d'articles dans des
revues danoises, allemandes, américaines, françaises. B-s.
EGGERT (Franz-Xaver). peintre de vitraux allemand,
né à Bochstadl sur le Danube en 1802, mort à Munich le
I i oct. 1876. Formé à Augsbourg et Munich à l'Académie
royale de peinture sur verre, il a publié de nombreux cahiers
de plans de décoration, travaillé pour la cathédrale de Co-
logne, l'église de l'An (Munich) et fourni celles des cathé-
drales de Baie, de Constance, etc., exécutées dans la maison
fondée par lui en 1851.
EGGERT Olafsson (en danois Olafscn ; en latin
Egerhardus Olaeius). poète et voyageur islandais, né à
Svefney le 1er déc. 17-26. Il périt le 30 mai 1768 avec toute
sa famille et une partie de ses collections et de ses manus-
crits, en traversant le Breidifjœrd, à l'O. de l'Islande,
pour s'établir dans une nouvelle demeure. Après avoir
terminé ses études à l'université de Copenhague, il fut
chargé, avec son compatriote Bjarné Pâlsson (Povelsen),
d'étudier la statistique, l'économie rurale et l'histoire na-
turelle de l'Islande. Les importants résultats de leur
voyage, qui dura de 1757 à 1739, sont consignés dans
Ilejse iujennem Island (Sorœ, 1772, 2 vol. in-4 ; en
allemand par Geuss ; Copenhague, 4772-74, 2 vol. in-4 ;
en français par Gauthier de Lapeyronie ; Paris, 1802,
.'i voL in-8 avec atlas). Il devint vice-président des assises
du S. et de l'E. de l'Islande. Il publia en latin : Enar-
rationcs historicœ de hlandiœ natura et construc-
tione (Copenhague, 1749, in-8); De Ortu et progressu
superstitionis circa ignem hlandiœ subterraneum
(ioid., 1751), et des poésies de circonstance; en islandais,
des géorgiques qui font encore les délices des paysans de
l'Ile (Bunadarbrilk ; Hrappsey, 1783, in-8 ; "en vers
danois par Finn Magnusen dans Skandinavisk Muséum,
'. I. pp. 171-2)0), réunies avec d'autres poésies
dans ses Kvœdi (Copenhague, 1831) (Notice sur lui par
Bjœrn Haldorsson ; Hrappsey, 1784). Beauvois.
EGGESTEYN ou Ecksteyn (Heinrich), imprimeur stras-
bourgeois du xve s. Maître es arts et en philosophie, il fut
reçu bourgeois de Strasbourg en 1442 et devint chancelier
épiscopal. Vers 1460, il établit dans cette ville une typo-
graphie rivale de celle de Jean Menhelin, et ne fut nulle-
ment son associé comme certains l'ont prétendu. Ses nom-
breuses impressions les plus anciennes, parmi lesquelles
Igorenl deux précieuses Bibles latines et une allemande,
né portent aucune indication de lieu, de date et de nom,
et ne lui ont été restitués qu'en raison des caractères
employés spécialement par ce typographe. Il ne se nomma
pour la première fois que dansson édition du Deerctum
Cratiani (1471,in-fol.) qui est en même temps le premier
livre imprimé à Strasbourg avec date. Son nom figure
encore dans le colophon des Constitutionet de Clément V
(I '.71 ) et dans les Institutions de Justinien (I ',72). et
il disparaît ensuite des annales de la typographie. G.P-i.
EGGIS (Etienne), poète suisse, né à Fribourg le 25 oct.
mort à Berlin le 13 fé\r. 1867. Neveu par alliance
de M. de Sénancoor, l'auteur tfObermann, Eggis s'éprit
tout jeune d'une véritable passion pour la littérature. Pré-
cepteur chez un comte bavarois, il abandonna son poste
pour mener en Allemagne la vie de l'étudiant errant. Il prit
goût à la vie de bohème et la continua jusqu'à la fin de ses
jours, d'abord à Paris, où il vécut quelques années et publia
ses vers, puis à Berlin, où il végéta péniblement et mou-
rut de phtisie, peut-être de misère. Arsène Houssaye et
Maxime Du Camp furent de ses amis et lui ont consacré des
pages intéressantes. Jules Janin remarqua celui qu'il appe-
lait avec justesse « lin poète gallo-allemand ». Il lit l'éloge
des deux recueils qu'il lit paraître : En nuisant avec la
lune (1850); Voyages au pays du cœur (1852). Eggis
est un vrai romantique, un Petrus Borel suisse, comme on
l'a appelé. C'est un des seuls représentants de la poésie
allemande en langue française : il chante les clairs de lune,
les sérénades, les buveurs mélancoliques, et ne manque ni
de charme ni de style. M. Philippe Godet a réuni ses meil-
leures o'uvres dans un volume précédé d'une notice fort
attachante (Neuchàtel, 1886). E. K.
EGGMÙHL ou ECKMÛHL Village de Bavière, prov. de
Bavière-Inférieure, sur les bords de la Grande-Laber, au
S. de Ratisbonne ; 120 hab. Château. Il est célèbre parce
qu'il a donné son nom à la bataille livrée le 22 avr. 1809
entre les Français et les Autrichiens. Cette bataille acheva
la défaite de l'armée autrichienne qui avait envahi la Bavière.
L'aile gauche des Autrichiens avait été vaincue à Abensberg
le 19 avr., coupée du corps principal et refoulée au delà de
la Petite-Laber, sur la route de Landshut. Le 21 avr., son
chef lliller fut attaqué par Napoléon et pris à revers par
Masséna qui le rejetèrent sur la rive droite de l'Isar en lui
infligeant de grandes pertes. Pendant ce temps, l'archiduc
Charles, s'avançaut plus au N., avait occupé Batisbonne le
20 avr. et fait sa jonction avec Kolowrat. 11 avait réuni
quatre corps d'armée (Bosenberg, Hohenzollern, Kolowrat,
Liechtenstein) et s'était porté à Eggmùhl, d'où il menaçait
le flanc de l'armée française et pouvait la couper de
Donauwerth. Davout, chargé de le contenir, y réussit pen-
dant la journée du 21 avr. Le lendemain. Napoléon, chargeant
Bessières de poursuivre Hiller, se porta au N. par la route
de Landshut à Katisbonne avec les corps de Lannes et de
Masséna, les Wurtembergeois de Vandamme, les divisions
de cuirassiers Nansouty et Saint-Sulpice. Le pont d 'Eggmùhl
était la ciel de la position. Davout obligea Bosenberg à se
replier ; Lannes et les Wurtembergeois attaquèrent Eggmùhl
qui fut vaillamment défendu; la division Morand passa la
Laber, la cavalerie (Nansouty et Saint-Sulpice) chargea
l'infanterie autrichienne, tandis que les Bavarois enlevaient
une batterie de seize pièces. Davout emporta les redoutes
d'Unterlaichling appuyé par la division Friant. Malgré la
perte des bords de la rivière, les Autrichiens se défendaient
sur les hauteurs qui la dominaient. Le corps de Rosenberg
supportait le principal effort. L'archiduc Charles ne voulut
pas engager ses réserves de crainte de faire détruire toute
son armée. Il donna l'ordre de la retraite sur Batisbonne.
Rosenberg se retira par les bois de Santing et Eglofsheim.
Mais, lorsque les Français furent maîtres des hauteurs, le
danger devint grand. L'archiduc Charles jugea nécessaire
de sacrifier sa cavalerie. Il la massa devant Eglofsheim et
une sanglante mêlée s'ensuivit. Les cuirassiers français l'em-
portèrent et sabrèrent ensuite deux carrés de grenadiers
hongrois. On s'arrêta alors, d'épuisement. Les Français
avaient fait une marche de plus de douze lieues pour arriver
au champ de bataille. L'archiduc Charles évacua Ratisbonne
pendant la nuit et se retira en liohème. L'armée autrichienne
avait durant ces quatre journées perdu 25,000 hommes
tués ou pris, une centaine de canons, douze drapeaux,
une partie de ses bagages. Elle avait dû laisser libre la
route de Vienne. Davout, qui s'était particulièrement dis-
tingué, fut créé par l'empereur prince d'Eckmûhl.
EGGS (Jean-Ignace), antiquaire suisse, né à Rheinfeld
en 1618, niorl à Lauffenbourg le lcrfévr. 1702. Il servit
comme aumfmicr à bord d'un vaisseau vénitien et alla
comme capucin en mission dans le Levant. Durant ses
voyages, il recueillit soigneusement toutes les antiquités
qu'il rencontra en Asie Mineure et en Terre sainte, ou il
accompagna le comte Octave de La Tour et Taxis. A son
retour en Suisse, il donna ses antiquités à divers musées,
eggs — e<;il
- 004 -
et, tout en s'occupant de la conversion des protestants, il
[mblia la relation de son voyage sous le nom d'Ignace de
Iheînfeld, avec le titre suivant : Relation du voyage de
Jérusalem et description de toutes les missions apos-
toliques de l'Ordre des capucins (Fribourg en Brisgau,
1666, in-4).
EGHAM. Village d'Angleterre, comté de Surrey, sur la
Tamise, en aval de Staines; 2,500 hab. Asile de conva-
lescents, collège de femmes. Auprès sont l'école d'ingé-
nieurs indiens (Coopers liill) et la prairie de Runnimead
où le roi Jean signa la Grande Charte en 1215.
EGHIN (Turquie d'Asie) (V. Akin).
ÉGHISHÉ ou ÉLISE (latinisé en Elisœus), historien
et théologien arménien, mort à Rhechtounikh vers 480.
Disciple de Sahaq et de Mesrop, il accompagna comme se-
crétaire le prince Vartan dans sa malheureuse campagne
contre les Perses. Il fut ensuite nommé évoque d'Amatou-
liek. Son principal ouvrage, qui lui assigne une place d'hon-
neur à côté de Moïse de Khorèn, est une Histoire des
guerres de Vartan ; il raconte comme témoin oculaire, et
en se servant de documents officiels aujourd'hui perdus,
les persécutions du christianisme par les Perses et les
guerres qui en résultèrent. Cet ouvrage fut d'abord im-
primé à Constantinople en 1764, puis plusieurs fois à
Venise ; la meilleure de ces éditions est celle de 1832. Il a
été traduit en plusieurs langues, en français par Cabaradji
(Paris, 1844). Les écrits théologiques d'Eghishé ont moins
d'intérêt ; une édition de ses Œuvres complètes a été im-
primée à Venise en 1838. F. -H. K.
EGHRIS (V. Ecris).
ÉGIALÉE ou >EGIALÉE. I. Géographie ancienne. —
Nom ancien de la côte septentrionale du Peloponèse, qui
devint YAchaïe, lorsque les Achéens y eurent remplacé les
Ioniens (V. Achaïe).
II. Mythologie. — Fille d'Adraste ou de ses fils.Egia-
leus et d'Amphithea, d'où, chez les poètes, son surnom
d'Adrestind. Femme de Diomède, roi d'Argos, elle resta
fidèle longtemps à son époux lorsqu'il partit pour Troie.
Mais Aphrodite, pour se venger de la blessure que lui avait
faite Diomède, jeta l'égarement dans l'esprit d'Egialée ;
celle-ci trompa Diomède avec plusieurs jeunes Argiens et
attenta même à sa vie après son retour. Le héros fut
obligé de se réfugier en Hespérie. La légende ne dit rien
sur la fin de l'infidèle. J.-A. Hii.d.
EG I B I . Nom d'un chef de tribu dans l'ancienne Babylone.
Les habitants de cette grande cité étaient divisés, en dehors
des étrangers et des esclaves, en castes d'un très grand
nombre. Ces castes ou tribus étaient ou des corps de mé-
tiers de toute nature, ou bien c'étaient des tribus qui se
distinguaient par le nom d'un ancêtre. Les familles qui se
dénommaient ainsi d'un nom de personne s'élèvent dans
les documents babyloniens à plusieurs centaines; ils sem-
blent avoir formé l'élite de la société babylonienne, avec
les castes des prêtres et des juges. L'ancêtre s'appelle en
assyrien Banû, générateur, et le descendant de ce per-
sonnage patronymique se nomme Mar Banû, fils d'an-
cêtre, un hidalgo, un ingenors.
Parmi les différents noms d'ancêtres se distingue celui
d'Egibi; à la famille qui dérive de cet aïeul, appartient
toute une série de riches négociants qui, depuis Nabopo-
lassar jusqu'à Artaxerxès, vendaient, achetaient des im-
meubles, des produits agricoles, des esclaves, prêtaient de
l'argent sur intérêts avec ou sans gages. On connaît sur-
tout la filiation de Nabu-zir-ukin (vers 600 av. J.-C);
de Sula (jusqu'à 582); de Nabu-akhë-iddin (jusqu'à
543); d'Itti-Morduk-balat (jusqu'à 521); de Marduk-
nazir-abal (jusqu'à 480); de Nidintabel, sous Xerxès.
Ces six générations semblent avoir conservé leurs richesses
pendant plus d'un siècle et demi; à côté de cela il y a des
descendants d'Egibi, qui ne sont rien moins que fortunés,
puisque quelques-uns ont été soumis à des saisies.
Le nom d'Egibi, tout individuel qu'il soit, semble être le
dérivé d'un pluriel, et représente une collectivité. Le nom
d'Egibi doit signifier « les presseurs de vin » et a des ana-
logie avec d'autres mettra peraonnifiea, tels que Iiabibi
«les plaignants, b» avocats » ; Mandidi, « \et arpenteurs».
I ri savant allemand qui l'occupe d'assynologie, M. De-
litscb, a voulu exciter l'attention du grand public, <-n
parlant de la maison de banque Egibi a Babylone, et flatter
l'antisémitisme en assurant que cette maison de banque
était un établissement Nraélite. Il j eut dune déjà des
banquiers Israélites a Babylone.' car Lgibi serait la forme
babylonienne de Jacob. Mais le nom est plu» ancien que
Jacob qui, d'ailleurs, se nomme dans les textes cunéiformes
Yagùbu et Yuqûbu. Le nom d'Egibi est babylonien et
nullement juif. J. 0.
ÉGIDE. Nom donné par Homère soit au bouclier de
Zeus, soit à un emblème analogue, manteau ou cuirasse,
d'Apollon et d'Athéna, qui le tiennent de Zeus lui-même.
L'égide est le symbole de la nuée d'orage, sombre et ter-
rible, que sillonnent les éclairs et qui verse les torrents de
pluie. Dans l'épopée homérique, lorsque Zeus, appelé
°"Y-0/.°î (<lu' P01'1'' 1 égide), saisit cet attribut pour mani-
fester sa colère, le mont Ida se couvre de nuages et la
foudre retentit. Il se confond dans l'imagination populaire,
peut-être en vertu d'un simple rapprochement de mots à
consonance identique (aV;, chèvre , et aï; , mouvement
violent, d'où à'asaj, s'élancer), avec la peau d'une chèvre
que la divinité roule autour du bras gauche en guise de
bouclier ou dont elle se couvre la poitrine comme d'une
cuirasse. Zeus s'en est servi pour la première fois dans la
lutte contre les Titans et les Géants ; Athéna et Apollon la
portent sur les champs de bataille. Elle est l'œuvre d'Ilé-
phaistos, qui l'a garnie tout à l'entour de glands d'or étin-
celants ; au centre est fixée la tète terrible de la Gorgone
(V.ce nom). Les artistes lui ont donné la forme d'une cui-
rasse, le plus souvent imbriquée, dont le gorgoncïon est
l'ornement principal et qui est fixée sur la poitrine par
des nœuds figurant des serpents, comme on peut voir au
mot Athéna (Athéna de Velletri et Athéna Parthénos). Les
mythographes en ont fait la peau d'un monstre fabuleux
tué par cette dernière divinité et aussi la peau de la chèvre
Amalthée, nourrice de Zeus. J.-A. Hild.
EGIDIO Antonini, connu sous le nom de Gilles de
Viterbe, évèque, prédicateur et écrivain, né à Viterbe,
mort à Borne en 1532. Il paraît avoir été un des prédica-
teurs les plus éloquents de son temps. Général des ermites
de Saint-Augustin, depuis 1507, il fut nommé patriarche
in partibus de Constantinople et évèque de Viterbe, ou-
vrit, en 1512, le concile de Latran, et fut chargé par le
pape de missions en Allemagne (1 5 1 7) et en Espagne (1 51 8 ) .
Outre quelques commentaires sacrés, Egidio a écrit de
petites poésies ; il rivalisait dans ce genre avec P. Bembo
(V. ce nom), mais fut loin de l'égaler.
EGIDIUS (V. .Egidius).
EGIDIUS Coloxna (V. Colonna).
EGILou EIGIL Skallagrimsson, célèbre skald islan-
dais, né vers 900, mort vers 980. Issu d'une famille nor-
végienne, les Myramen, que l'hostilité de Harald Hârfagr
avait forcés d'émigrer et qui étaient aussi remarquables
par leurs talents poétiques que par leur force, leur lai-
deur ou leur beauté, il partit tout jeune avec son frère
Thôrolf pour faire la course dans la Baltique et la mer du
Nord. Ils firent des descentes en Courlande,en Skanie, où
ils brûlèrent Lund, en Jutland, en Frise, en Flandre, puis
ils se mirent au service du roi d'Angleterre .Kthelstân
(925) qui les fit ondoyer et les plaça à la tête des cor-
saires qui se battirent à Weondune (Vinheide). Egil com-
posa en l'honneur de ce monarque une drdpa dont il ne
reste qu'une strophe et le refrain. Rentré en Islande
(927) après douze ans d'absence, il en repartit (933) pour
recueillir en Norvège un héritage échu à sa femme, tua
son beau-frère, qui lui refusait sa part, se vengea du roi
Erik Blodœxe et de la reine Gunnhilde, qui avaient pris
parti contre lui, en faisant égorger leur fils Bœgnvald
(934) ; mais, deux ans plus tard, naufragé sur le littoral
— «05 -
EGIL — ÉGINE
du Northumhorland. il tomba en leur pouvoir et ne put
sauver sa vie «m'en déclamant *ingl magnifiques couplets de
facture à la gloire d'Erik, an partie conservés et appelés
HœfudUtusnoa « rançon de la tète ►, traduits et expli-
qués en suédois par Par Sosensson (Lund, 1868, in-8),
mais si obscurs menu pour les plus savants Islandais que
Bjcem Jonsson de Skardsà passa toute une année à les
commenter (4634). Après avoir gagné beaucoup de ri-
- comme vainqueur dans deux combats singuliers,
18) dans son domaine de Borge, dans la
partie S.-O. de [Islande. Mais les intérêts qu'il avait
en Norvège le rappelèrent (950) dans ce pays, où régnait
alors le Sera et vainqueur d'Erik Blodœxe, îlàkon le Bon,
3ui lui en voulait d'avoir tué son neveu et qui lui par-
onna pour s'être acquitté avec succès d'une périlleuse
mission dans le Wermland (954). Les courses qu'il fît
dans le paya des Prisons furent ses dernières aventures à
l'étranger. Retiré dans son domaine de Borge, où il menait
un grand train de vie, il vécut désormais en paix, tantôt
contant m prouesses a son ami le poète EinarSkalaglam,
tantôt composant des drapas sur la perte de son fils (So-
nartorrtk, 960) ou à la louange de son ami Arinbja'rn
(Arùtbjarnardrdpa, 97">, traduite et expliquée en sué-
ar Bjœrtin, 1864), on bien sur le bouclier de Ilâkon-
jarl Skjaldar drdpa, 970. etBerudrdpa, 978). Mais il
vécut trop longtemps; plus qu'octogénaire, aveugle, privé
de ceux qu'il avait aimés et de la vigueur extraordinaire
dont il avait abusé, il devint le jouet des jeunes ; pour se
veng.r. à la veille de sa mort, il caclia tout l'or et les objets
Srécieux qu'il avait rapportés de ses courses. Ce qui reste
[>oèmes se trouve soit dans la véridique saga dont
il est le héros, l'Eigla, qui comprend beaucoup d'autres
fragments de ses chants, soit à la suite du texte dans les
éditions de 1809, 4856 et 1886-88. Beauvois.
Bidl. : Eigils saga Shalla-grimssonar ; Ilrappsey, 1782,
in-t. — Egils saga , édit. arna-magnéenne avec trad.
latine et commentaire; Copenhague, 1S09, in-4. — Sagan
af Agli Skallagrimssyni, édit. par Jnn ThOrkelsson ;
Reykjavik, 1855, in-8. — Egils saga, édit. par Kinn Jôns-
ton, avec commentaire ; Copenhague, 188b-88, in-8. — Tra-
ductions danoises par T. N., 1738 ; — par N.-M. Petersen,
1839; 2* éd., 1862 ; par Lefolii et Sv. Grundtvig, 1Si.7 ; —
suédoise, par Baath ; Stockholm, 1886 ; — allemande,
par lerd. Kubju. ; Vienne, 1887. — Commentaires par
Machos Grimssom, dans Safn lil sœgu Islands, t. Il ; —
par E. Jessrn, dans Historische Zeltsschrift de S y bel,
t XIV; — par Kinn Jonsson, dans Kriliske Studier ;
Copenhague, lbM.
EGILSSON (Sveinbjœrn), savant islandais, né à Gull-
bringa (Islande) le "24 fevr. 4791. mort à Reykjavik le
17 août 185$. 11 fut un des fondateurs de la Société litté-
raire d'Islande (Islenzka Bôkmentafélag, 4816) et de la
Société des antiquaires du Nord (Sorclisk Oldokrij't Sels-
kab. iXit)) ; il prit part, avec Rask, Petersen, Rafn, etc., à
la publication des historiens islandais {Fornmanna Sôgur;
Copenhague, 18-2.'>-1837 ; trad. en latin, Scripta historien
hlandorum; Copenhague, 1828-4846), publia la nouvelle
Edita (1848-1849) et un grand nombre d'articles ou de
dissertations philologiques et archéologiques. Enfin il pré-
para un dictionnaire, édité après sa mort par la Société
des antiquaires du Nord, Lexicon poeticum antiquœ
linguœ septentrionalis (Copenhague, 4855-4860). Un a
réuni ses écrits en trois volumes publiés à Reykjawik
i). Dans le second, John Arnason a inséré la
biographie de l'auteur.
ÉGINE (Astron.). Nom du 91" astéroïde (V. ce mot).
ÉGINE (A'-'.vi). I. Géographie. — Ile des cotes orien-
tales de la Grèce, dans le golfe d'Egine (ancien golfe Saro-
niquei. entre les cotes de l'Argolide, de la Még'aride et de
l'Altique. Klle appartient aujourd'hui au nome d'Attique
et Béotie, dont elle forme une éparchie; elle a 86 kil. q.
de superficie: 6,000 hab. Sa forme est celle d'un trapé-
zoide ayant sa grande base au N., la petite au S. Au centre
s'élève une montagne de forme conique, le mont Saint-
Elie (534 m.i, le Panhellenius des anciens; avec ses con-
treforts, il occupe toute la partie méridionale de l'Ile, tandis
que l'Ouest forme une plaino bien cultivée et fertile ; il y a
une assez, haute colline au N.-K. (190 m. d'altitude). Egino
est entourée de rochers et d'écucils qui rendent, difficile
l'approche de ses rivages. Le côté occidental est le seul
accessible aux navires. Bile est entièrement déboisée et n'a
presque pas d'eaux courantes. Le sol calcaire produit do
l'orge, du vin, des amandes, de l'huile, des figues. On en
retire une excellente argile à potier, et, auN., des pierres
de taille. Dans le golfe et l'Ile d'Egine, la pèclio des
éponges est très pratiquée. — Le chef-lieu est la ville
AEgitie (3,000 hab.). Il possède une rade ouverte et les
deux ports artificiels des anciens, celui du S. restauré par
Capo d'istria.
Dans l'antiquité, la principale ville qui portait le même
nom que l'Ile était située dans la plaine nord-occidentale.
Elle a été décrite par Pausanias et les ruines en sont encore
visibles. L'édifice principal était V/Eaceium, enclos con-
sacré à Eaquc (V. ce nom). Près de la mer était un vaste
théâtre ; la ville possédait aussi un stade et plusieurs
temples. Elle avait deux ports, le principal près du temple
d'Aphrodite, le second, appelé « port secret », près du
théâtre. Les ruines qui sont encore visibles consistent en
substructions de murailles, en blocs épars et en tombeaux.
Près du rivage sont deux colonnes doriques ; non loin, au
S., un port ovale fermé par deux môles et jadis défendu
par deux tours : l'entrée en est très étroite ; un peu plus
loin, au S., un second port ovale d'une amplitude double,
également fermé par deux môles de 5 à 6 m. d'épaisseur.
Les remparts de la cité sont encore apparents du côté de la
terre. Ils ont environ 3 m. d'épaisseur. On y discerne trois
portes principales. — Sur la colline du N.-E. de l'île sont
les ruines du fameux temple d'Egine. On l'a d'abord con-
fondu avec le temple de Zeus Panhellenius, mais Stackel-
berg a fait admettre que celui-ci se dressait au sommet de
la montagne du S. de l'Ile (c'était un autel entouré d'une
muraille semi-circulaire et remplacé depuis par la chapelle
de Saint-Elie) ; le temple de la colline du N.-E. était con-
sacré à Athéna. Il était situé dans une très belle position,
dominant la mer, en face de la côte de l'Attique. Une partie
des colonnes, d'ordre dorique, sont encore debout. Les
belles sculptures du tympan ont été exhumées en 1811
et transportées au musée de Munich (V. le § Histoire de
l'art). M. Garnier a donné une remarquable restauration
de ce temple en rétablissant la décoration polychrome. —
A l'intérieur de l'Ile, à une lieue environ de la cité d'Egine,
èlait la ville d'OEa, peut-être la première capitale de l'île.
On discute au sujet de sa position, que quelques-uns fixent
à Paleœ Khora, la capitale moderne. On ignore l'empla-
cement des temples d'Alphœa, d'IIéraklès, mentionnées
par Pausanias et Xénophon.
II. Histoire. — Cette petite île a joué un grand rôle
dans l'histoire de l'ancienne Grèce. Elle fut le siège d'une
cité florissante dont les artistes ont conquis un renom im-
périssable. Les origines de cette cité remontent au delà de
la période historique. On raconte que l'Ile, s'appelait d'abord
Œnoncou OEnopia, nom qui se rapproche de celui de la
ville d'OEa. Elle aurait emprunté le nom d'Egine à une fille
du fleuve Asopus, amante de Zeus, par qui elle fut trans-
portée dans cette Ile et où elle enfanta Eaque, né des œu-
vres du dieu (V. Eaque). Une autre légende, combinée
ultérieurement avec celle-ci, portait que l'Ile, d'abord dé-
serte, fut peuplée par des fourmis que Zeus changea en
hommes, créant ainsi le peuple des Myrmidons sur lequel
régna Eaque. On a supposé que ces légendes font allusion
à une colonisation d'Egine par des gens de Phlionte (vallée
de l'Asopus) et de Phtia, en Thessalie, pays des Myrmi-
dons. Le héros national, patron de l'île, était Eaque. Mais
la famille des Eacides ne s'y fixa pas, puisque l'on faisait
régner son fils Pelée à Phtia, et son autre fils Tèlamon
a Salamine. La population de l'époque homérique, de race
achéenne, fut submergée plus tard par des Doriens venus
d'Epidaure, lesquels imposèrent leur dialecte et leurs cou-
tumes.
ÉC1NE
- iiO« —
Au mu' siècle encore, Erine dépendait d'Kpidaure et fut
soumit' avec elle an tyran Phidon. A cette époque remonte
l'origine de la monnaie (V. ci-après le S Numumati
La situation insulaire d'Egine et l'activité de ses habitants
lui assurèrent un grand développement durant la période
de la colonisation (V. ce mot) ; elle devint une des places
commerciales Ils plus riches de la Méditerranée. Les Egi-
nèies s'affranchirent alors de l'autorité d'Kpidaure (vers
530 av. J.-C); atin d'assurer leur autonomie et de pro-
téger leurs navires marchands, ils équipèrent de nombreuses
galères, lurent presque les maîtres de la mer Egée. Ils
commerçaient non seulement avec le Péloponèse et les
rivages de la mer Egée, mais avec le Pont, la Crète d'où
ils tiraient du blé, et l'Italie. Ils envoyèrent des colons en
Crète (à Cydonie) et jusqu'en Ouibrie; ils avaient un comp-
toir à Naucratis, en Egypte. Le gouvernement, qui était
aristocratique, comme dans les autres cités doriennes,
parait s'être montré assez sage. L'apogée de la prospérité
d'Egine se place vers la lin du vi° siècle, dans la période
qui précède immédiatement les guerres médiques. AristOte
nous dit qu'elle possédait plus de 400,000 esclaves : ceci
supposerait une population totale de plus d'un demi-million
d'âmes. Comme on s'étonne de la voir concentrée sur un
si petit espace, on a supposé que ce chiffre d'esclaves
s'applique à ceux que les citoyens d'Egine possédaient dans
l'île et dans leurs comptoirs du dehors. Egine fut sup-
plantée par Athènes, qu'elle avait devancée pour l'art
comme pour le commerce. Lorsque l'Etat athénien se fut
constitué et se tourna vers la mer, il rencontra la concur-
rence des Eginètes, et un conflit devint inévitable. Situées
dans le même golfe, à cinq lieues de distance, les deux cités
ne pouvaient guère vivre en paix, d'autant que l'une était
dorienne et aristocratique, tandis que, daus l'autre, la
race ionienne organisait la démocratie. Leur proximité était
telle que la sécurité de chacune exigeait la ruine de sa
voisine. La guerre éclata en 503 av. J.-C. Les Thébains,
aux prises avec les Athéniens, obtinrent l'alliance des Egi-
nètes. Ceux-ci commencèrent les hostilités sans déclaration
préalable et dévastèrent les cotes de l'Attique ; la lutte se
prolongea pendant un quart de siècle, jusqu'à la seconde
guerre médique. Lorsque Darius fit demander la terre et
l'eau aux cités grecques, Egine, comme Thèbes, se soumit.
Les Athéniens portèrent plainte à Sparte, cité directrice
de l'HelIade, exposant les dangers que créait le « mé-
disme » de leurs adversaires. Pour les mettre à l'abri, au
moment de la première guerre médique, les rois de Sparte
Cléomène et Léotychide vinrent à Egine, où ils compri-
mèrent le parti médique, se saisirent d'otages qu'ils
remirent aux Athéniens pour les garantir contre une
attaque éventuelle des Eginètes. Plus tard, ceux-ci, après
la mort de Cléomène, réclamèrent leurs otages, qu'Athènes
refusa de rendre à Léotychide. Une conspiration démocra-
tique fut fomentée par les Athéniens. Elle était dirigée
par Nicodrome. Les conjurés furent découverts : 700
furent pris et mis à mort ; un d'eux s'était réfugié à l'autel
de Déméter Thesmophore ; n'osant l'en arracher, on lui
coupa les mains, puis on le tua. Nicodrome et une partie
des démocrates s'étaient réfugiés en Attique : on les établit
à Sunium, d'où ils harcelèrent leurs compatriotes. Au
moment de la seconde guerre médique, une réconciliation
fut imposée à Athènes et Egine. Mais celle-ci n'en fut pas
moins victime de cette guerre.
Les Athéniens, obligés de devenir une puissance mari-
time, avaient mis à flot un nombre de navires qui leur
assurait la prépondérance. Contre les Perses, les Eginètes
envoyèrent 80 galères; mais, bien qu'on leur ait décerné
le prix de la vaillance à Salamine, leur rôle ne fut pas
comparable à celui des Athéniens. Ceux-ci l'emportèrent
décidément. En 460, la guerre reprit ; malgré l'alliance
de Corinthe, Egine eut le dessous. Après la défaite de
Kekryplialeia, sa flotte fut détruite dans une grande bataille
navale où 70 vaisseaux furent perdus ; la cité, assiégée,
succomba après une énergique résistance (456). Egine fut
nnexée aux possessions athéniennes. Péfîclèa, qui l'appe-
jii t la taie (mit l'oeil) du Pires », n'était pas encore
■nmrcfla
lait « la taie (>ur l'CBUj nu nree >, n était pas encore
satisfait. \u début de la guerre du Péloponèse, pour
éviter une insurrection qui eût pu reconstituer en lace
d'eui un centre ennemi si dangereux, les Athéniens dé-
portèrent en masse la population de l'Ile et la reuipl
par des colons athéniens. Les Eginètes se retirèrent a
Thyrea, sur les cotes de Laeonie. Ils furent re.
dans leur patrie par I.y->andre, après la bataille d
l'otainoi. Instruits par l'expérience, ils voulaient \
paix ; les Spartiates les forcèrent de guerroyer contre leurs
rivaux. Ils engagèrent une guerre d'escarmouches qui fut
très désagréable aux Athéniens dont les eorsaires d'Egine
gênaient les navires. Le débarquement de Chabrias dans
l'île, la surprise et le pillage du l'irée par Téleulias. furent
les principaux épisodes île cette lutte, qui contribua fort a
décider les Athéniens à l'acceptation du traite d'Antal-
cidas (387). — Jamais Egine ne recouvra son an< ■ii-nne
puissance. Elle tomba successivement aux mains d.-s Ma-
cédoniens, des Etoliens, d'Attale, roi de Pergame, et enfin
des Romains.
III. Histoire de l'art. — Ecole d'Egine. — On désigne
ainsi une des plus grandes écoles de sculpture de la Grèce
antique. Le mouvement artistique qu'elle représente corres-
pond surtout à la fin du vie siècle avant notre ère : il s'ar-
rête peu après les guerres médiques, dans le premier tiers
du vc siècle, après la conquête de l'Ile d'Egine par les
Athéniens. Le style de l'école se rattache par certains côtés
aux traditions de l'archaïsme dorien : on y retrouve les
qualités et les défauts de la plastique pèloponésienne, la
solidité de la construction, la sobriété et la précision presque
géométrique du modelé, niais aussi l'uniformité des types,
la raideur de l'exécution, le manque d'expression dans les
visages. Les œuvres de l'école d'Egine ont toutes sur les
lèvres ce sourire insignifiant et béat que l'on a pour cette
raison qualifié d'éginétique. Mais, si engagée qu'elle soit
encore dans les conventions de l'archaïsme, l'école marque
un effort notable vers l'imitation de la nature vivante et la
vérité du rendu anatomique. On connaît quelques-uns des
artistes qui l'ont illustrée, Smilis, Callon. Glaukias, Anaxa-
goras, Callitelès, Simon, Synnoon, Ptolichos, Aristonoos,
Serambos, Theopropos, Ouatas. A l'école d'Egine appar-
tient un ensemble de statues fort important qui provient
des ruines du temple d'Athéna, découvertes à Egine en 18 H.
Ces statues, qui sont aujourd'hui à la Glyptothèque de
Munich et dont on peut voir les moulages à l'Ecole des
beaux-arts à Paris, décoraient les frontons de l'édifice.
Elles se rapportent à l'histoire légendaire des héros de l'Ile :
Télamon, dont un des frontons représentait le combat sin-
gulier avec lleraklès. Ajax et Teucer, fils de Télamon, que
l'autre fronton montrait luttant contre les Troyens pour
défendre le corps de Patrocle. J. M.
IV. Numismatique. — Primitivement, les populations
de la Grèce, comme celles du monde entier, échangeaient
dans la circulation commerciale des lingots de métal précieux
qui étaient acceptés pour leur valeur pondérale intrinsèque.
L'ile d'Egine fut la première des contrées de l'Europe qui
adopta l'usage de la monnaie proprement dite : ses pièces
primitives ont encore la forme de pastilles ovoïdes et len-
ticulaires, portant sur une face l'image d'une tortue de mer
et, sur l'autre face, un carré creux partagé en cinq com-
partiments par des lignes en relief. Ces monnaies d'argent.
qui remontent environ à l'an 700 avant notre ère, sont-
elles plus anciennes que les premières pièces d'or et d'elec-
triim des rois de Lydie î Les témoignages des anciens sont
contradictoires sur ce point : pour les uns. les plus anciennes
sont celles que Phidon, roi d'Argos. fit frapper au type de
la tortue, dans l'ile d'Egine, dont il était le maître; pour
d'autres, notamment Hérodote, c'est au rois de Lydie que
revient l'honneur d'avoir inventé la monnaie. Aujourd'hui,
la question est encore controversée : BOUS penchons per-
sonnellement en faveur de l'antériorité des monnaies d'or
et d'eleclrum d'Asie Mineure (V. Honuv). Il existe d'ail-
- 607 -
Et UNE - ÉGINIIARD
leurs de très rares monnaies d'eleetruni au type éginétiquo
le la tortae de nier, qui prouvent que ce sont les marchands
phéniciens on ioniens oui introduisirenl le statère d'elec-
tiuni asiatique dans l'Ile dï'gme : Phidon inaugura dans
l'Ile la monnaie d'argent, en copiant ces pièces d'eleetruni
aussi liien pour le type que pour le svslème métrique.
l es plus anciennes monnaies d'argent d'Egine pèsent
environ l,i-r70. poids qui D'est qu'une dégradation légère
de l'étalon phénicien d'argent, usité dans un grand nombre
desvi les de la cote d'Asie Mineure. I o peu plus tard, c-à-d.
versï'an 600, le poids des monnaies d'Egine s'étant gra-
duellement et lentement affaiblie devient fixe avec un étalon
'<>(>. Les divisions de la monnaie d'Egine présentent
alors l'échelle suivante :
Statère 12,60 gr.
Dnchme 6,30 —
Triobole 3,48 —
Dubois 8,40 —
Trihemiobole I ,51 —
Obole 1,05 —
llemiobole 0,52 —
Tetarteuiorion 0,26 —
Tel est le système eginèlique; il se répandit rapidement
dans la plupart des contrées grecques, et d'après lui
lurent frappées les monnaies de nombreuses villes du Pélo-
. des colonies chaleidiennes de l'Italie et de la Sicile,
M la Crète, des Cvclades et même de certaines villes d'Asie
Mineure, comme Téos et peut-être Cymé. L'étalon cgine-
tique fut un des plus usités dans le monnayage de la Grèce
JMQn'ao iv si.'ile. A l'origine même il dominait exclusive-
ment : c'est d'après lui qu'a Athènes on mesura le poids
des métaux précieux et qu'on tailla les monnaies jusqu'à la
réforme de Solou (Y. Athknes).
Quant aux monnaies de l'île d'Egine, elles étaient popu-
laires dans la circulation commerciale sous le nom de
v (ysÀGjva:). à cause de leur type constant, aussi
uniforme que celui des monnaies d'Athènes. L'image de la
tortue, pourtant, se transforme graduellement au fur et à
mesure des progrès de l'art. A partir de l'an 404, date de
Monnaie archaïque d'Egine (argent).
l'émancipation des Eginètes par rapport à Athènes, la tortue
est particulièrement bien gravée, avec tous les détails de
sa carapace ; au revers, les pièces portent, dans les compar-
timents du carré creux, un dauphin avec les lettres AITI
(v7-(uv). A partir d'Alexandre, le monnayage d'Egine est
tout différent ; la tortue et le dauphin n'y paraissent plus
qu'a l'étal de symboles accessoires; les types principaux
pour les pièces d'argent sont ceux mêmes des monnaies
f Alexandre. Les pièces de bronze de la même période ont
"ous l'empire romain, Egine a encore un
monnayage de bronze avec la légende AlTEINHTûN,
qui ne va pas au delà de la famille des Sévère. Parmi les
types de revers de ces monnaies impériales, nous citerons
celui qui représente le plan, à vol d'oiseau, du port d'Egine
et du temple d'Aphrodite qui le dominait. E. Babkloh.
Biml. : Geucrai'iuk bt Uis ioiri:. < >utre les géograpliies
et hist -îles de la Grèce, V. MCi.ler. fâgineti-
corum liber; Berlin, 1*17. — Arout, Mémoire sur l'île
d'Egine, dans Arch. des missions scientifiques, 3 articles.
IIistoiri: ije l'art. — OvERHi ck, Gesclucliled. gr. Pias-
tik. — BztJLB, Histoire de l'art grec avant Péric/As.— Mir-
ray, ftulory of greeh sculpture from the earliesl limes
down the âge of ' Pheidias. — Coluomon, Manuel d'ar-
chéolo(iie grecque. — Brunn, liesclireibung der Glyp-
tolheh (Munich).
Numismatique. — Barclay Head, Hisloria numorum,
pp. 331 et suiv.
ÉGINHARD ou EINHARD, historien de l'époque caro-
lingienne, ne de parents nobles, à Maingau, dans le bassin
du Main, vers 770. Il fut élevé au célèbre monastère de
l'ulda, avec lequel d resta toujours en relations el qui était
alors un des centres les plus actifs de la civilisation chré-
tienne dans la France orientale. Les aptitudes qu'il y
montra étaient telles que l'abbé Baugulf l'envoya à la cour
de Charlemagne, entre 701 et 700, afin qu'il y put com-
pléter son éducation dans le commerce des hommes ins-
truits qui v étaient réunis. 11 y compta bientôt parmi les
beaux esprits de l'Ecole palatine et y gagna de nombreux
amis ; si on y raillait sans aigreur sa petite taille qui lui
lit donner le surnom de Nardulus (diminutil de Nardus,
Einhardus), on estimait beaucoup son savoir et son carac-
tère. Théoduli d'Orléans, dans un de ses poèmes, disait de
lui : « Le Nardulus qui court çà et là à petits pas comme
une fourmi loge une grande Ame dans un petit corps. »
Il était poêle, prosateur; il était aussi architecte, d'où le
surnom de Béséleel sous lequel on le désignait à l'Ecole
palatine. 11 prit part aux travaux de construction du palais
impérial d'Aix-la-Chapelle. Charlemagne lui témoigna une
grande conliance qu'attestent plusieurs faits : en 806, il
l'envoya en mission auprès du pape pour obtenir de celui-
ci l'approbation du partage éventuel de l'empire entre ses
(ils; en 813, ce fut en partie d'après ses conseils, parait-
il, qu'il couronna empereur son fils Louis. Après la mort
de Charlemagne, Eginhard conserva la faveur de son suc-
cesseur. En 815, par exemple, Louis le Pieux donnait
à Eginhard et à sa femme Imma, la terre de Michelstadt.
Ce fut là qu'il songea d'abord à élever un monastère, en
827, lorsqu'il se fut procuré des reliques des saints Mar-
cellin et Pierre, mais une vision le ht changer d'avis et
l'église destinée à contenir ces reliques fut construite à
Mnlillieim-sur-le-Main, qui prit le nom de Seligenstadt. Au
milieu des luttes qui agitèrent alors l'empire carolingien,
Eginhard, par la modération de son caractère, s'efforça
toujours de ramener la concorde. Louis le Pieux l'avait,
en 817, donné comme conseiller à son (ils Lothaire; plus
tard, Eginhard travailla à réconcilier le père et le fils. Ces
dissensions l'affligeaient; il se relira peu à peu de la cour,
n'y apparaissant plus que de temps à autre. En 830, il
s'établit à Seligenstadt. En 836, la mort de sa femme
Imma, qui était peut-être la sœur de l'évèque de Worms,
Bernard, lui causa une profonde douleur; il mourut lui-
même le 14 mars 840. On a de lui des œuvres nom-
breuses ; la plus célèbre est sa Vie de Charlemagne.
L'influence de la littérature romaine, si sensible dans toutes
les œuvres de la littérature carolingienne, y domine.
Eginhard imite le plan et le style de Suétone dans ses Vies
des Césars; il lui emprunte jusqu'à l'ordonnance des récits,
jusqu'à des expressions. De là une trop grande absence
d'originalité; Eginhard ne donne évidemment qu'une image
affaiblie et latinisée à l'excès de son héros. Il déclare lui-
même qu'il n'a pas voulu composer une histoire complète
du grand empereur et que son but a été surtout d'indiquer
les traits principaux du caractère de Charlemagne et de son
gouvernement. On a même pu relever dans cette courte
biographie des erreurs de dates et de faits graves et nom-
breuses. Malgré tout, on ne trouve nulle part ailleurs un
tableau plus complet de la cour de Charlemagne. Eginhard
écrivit cet ouvrage peu de temps après la mort de l'em-
pereur ; on le trouve déjà mentionné en 8*20 ; le succès
en fut grand et durable; aujourd'hui encore on connaît
plus de soixante manuscrits de la Vie de Charlemagne.
Une autre œuvre historique lui a longtemps été attribuée
sans discussion : il s'agit d'un remaniement des Annales
de Lorsch qui comprend la période de 741 à 829. On les
appelait les Annales d' Eginhard ; aucune source n'est
plus importante pour le règne de Charlemagne et pour la
première partie de celui de Louis le Pieux. Aujour-
d'hui, on s'accorde en général pour y reconnaître Pieuvre
d'un personnage qui a vécu à la cour ; quelques critiques
veulent même y voir une véritable chronique officielle, des
KGINIIARD — ÉGLETONS
— 608 -
annales royales (lieirlisaïuialeu), mais l'attribution à
Eginhard a été fort contestée. Depuis trente ma environ,
en Allemagne, les dissertations relatives à cet ouvrage se
sont multipliées : quelques-uns des plu illustres historiens
modernes au delà du Rhin, Ranke, Giesebrecht, Sybel ont
pris part à re déliât. Il n'est pas possible de donner ici
une analyse de cette polémique, ni des arguments qui ont
été échangés de part et d'autre. L'ancienne opinion trouve
encore de savants défenseurs : ainsi, en 1882, M. Mani-
tius, après un long examen du style de la Vie de Char-
lemagne et des Annales, déclarait que les Grandet
Annales de Lorsch de 7(J(i à 829, les Annales de Fulda
de 714 à 794, les Annales dites i' Eginhard étaient
l'œuvre d'Eginhard. On s'abstiendra ici de toute conclusion,
et on se contentera d'indiquer que les anciennes affirma-
tions ne doivent plus tout au moins être acceptées avec la
même confiance. D'autres écrits d'une valeur historique
moindre sont certainement d'Eginbard. Dans la Transla-
tion des relûmes des saints Marcellin et Pierre, il a
raconté la passion de ces martyrs sous Dioctétien, com-
ment il se procura leurs reliques, comment il les transféra
à Seligenstadt, quels miracles s'accomplirent grâce à elles :
c'est un document curieux pour l'histoire des croyances
et des pratiques religieuses de ce temps. Les Lettres
d'Eginhard donnent aussi d'intéressants détails sur la
société à cette époque. C. Bayet.
Bidl. : Histoire littéraire de la France. — Frese , de
Einhardi vila et scriplis , 1845. — Wattenbach, Deut-
schlands Geschichlsquellen, 1885, 5» éd., t. I, pp. 169 et
suiv. — Ebert, Histoire de la littérature latine au
moyen âge, trad. AYMERicet Condamin, 1884, t. Il, pp. 105
et suiv. — Bâcha, Etude biographique sur Eginhard;
Liège, 1888. — Principales éditions : Œuvres complètes
d'Eginhard, avec trad. fr. par Teulet, dans les publica-
tions de la Société de l'histoire de France, 1840-1843, 2 vol.
— Pertz, Monumenla Germ. historica, Script., t. I et II;
Einharti epistolae et Vila Caroli, dans les Monumenta
Carolina de Jaffé ; Vita Caroli, éd. Wattenbach, 187(5.
— Principaux travaux critiques sur les écrits d'Eprinhard :
Ranke, Zur Krilik frànhisch-deutscher Reichsannalislen,
dans les Abhandlungen der Berliner Ahademie, 1854. —
Waitz, Zu den Lorscher und Einhards Annalen, dans les
Goettingische Nachrichten, 1857. — Simson , de Statu
qusestionis, sintne Einhardi neene sint quos ex scribunt
annales imperii, 1860. — Giesebrecht, Die franhischen
Kônigsannaten und ihr Ursprung, dans le Mùnchner
Hist. Jahrbuch, 1864. — Monod, Revue critique, 1873. —
Ebrard, Reichsannalen und ihre Umarbeitung, dans
les Forschungen zur deutsche Geschichte , t. XIII. —
Dunzelmann, Beitrâge zur Krilik der karolingischen
Annalen, dans le Neues Archiv der Gesellschaft fur
altère deutsche Geschichlshunde, t. II. — Sybel, Die karo-
lingischen Annalen, dans VHistorische Zeitschrift, 1880.—
Be'rnays, Zur Kritik der karolingischen Annalen. —
Manitius, Einharls Werke und ihr Stil, dans le Neues
Archiv., 188?, etc. — Cette liste, fort incomplète, prouve
avec quelle ardeur érudite cette question a été discutée.
EGINTON (Francis), peintre sur verre, néà Birmingham
en 1737, mort à Birmingham le 25 mars 1805. Il a fait
des vitraux remarquables par l'intensité de leur coloris,
mais exécutés trop souvent avec la préoccupation d'arriver
à l'effet d'un tableau. On cite parmi les principaux : une
Résurrection d'après Schwartz,dans le Magdalen Collège,
à Oxford, huit vitraux avec portraits d'évêques dans la
chapelle du même collège, etc. F. Coukboin.
EGIPAN (V. ^gipan).
EGISTHE (Myth. gr.). L'un des Pélopides, né de
l'union incestueuse de Thyesteet de sa propre fille Pélopia.
Exposé après sa naissance, élevé par des bergers, son
oncle Atrée l'adopta. Sa mère ayant découvert l'inceste
s'était suicidée. Atrée voulut faire tuer par Egisthe son
pèreThyeste; mais Egisthe égorgea son oncle tandis qu'il
sacrifiait à l'autel ; puis Thyeste et Egisthe devinrent rois
de Mycènes. Il est malaisé de fixer l'origine de ces légendes
compliquées que nous transmet Hygin ; notons seulement
qu'Homère les ignore. Ce qu'il raconte est suffisamment
tragique. Egisthe, cousin d'Agamemnon ((ils d'Atrée), pro-
fite de l'absence de celui-ci pour séduire sa femme Clytem-
nestre. Revenu de Troie, l'époux trompé est égorgé. Egisthe
règne alors sur Mycènes sept ou huit années jusqu'à ce
m "reste venge son père. D'après Homère, le meurtrier
union serait Egisthe. Les poètes tragique donnent
le principal rôle a Cl vtemnestre (V. Auranoa al Outn ).
EGIUM ou >£GIUM. Ville dé la Grèce ancienne (auj.
l). Elle fut une des douze riDes qui se parta-
geaient le territoire de FAchue. Dan, le catalogue des
vaisseaux, Homère nous dit qu'elle dépendait du rovaume
d'Agamemnon ; elle était formée par la réunion de sept ou
huit dénies, comme la plupart des localités du Pelopoôèse
mentionnées par Homère. Par l'adjonction des territoires
'I l.LM ci d'Hélice, détruites par un tremblement de terre,
Egium devint un centre de population assez considérable.
Lors de la Ligue achéenne, cette ville fut le siège de-
blées générales de la nation. D'après la tradition, Jupiter
y naquit, et la chèvre Amalthée l'y nourrit de son lait.
Hibi.. : Homère, Iliade, II. 574. — Strabox. VIII ~, —
Im: l.ivi:, XXXVIII, 30. — Pausamas. VII, 23-24.
EGIZIO (Matteo, comte), littérateur et savant italien, né
à Naples le 23 janv. 1674, mort le 40 mai 1745. Après
avoir rempli diverses fonctions dans l'administration , il
entra dans la diplomatie, ou il se distingua ; Louis XV l'es-
timait particulièrement. Ayant donné sa démission, il se
consacra entièrement à l'érudition et fut nomme bibliothé-
caire royal. Ses écrits sont d'une médiocre érudition.
EGLANTIER (Bot.). Nom donné indistinctement à plu-
sieurs rosiers sauvages, notamment au liosa canina L. et
au H. eglanteria L. (V. Rosier).
ÉGLÉ. I. Mythologie. — Personnification de l'éclat
lumineux ou du ciel ou de la mer. L'étendue et la variété
de ce mot explique qu'il soit devenu l'appellation d'un
grand nombre de figures divines, nymphes et héroïnes,
d'ailleurs sans importance. La plus connue est la fille de
Panopeus, qui triompha de l'amour d'Ariane dans le cœur
de Thésée. j..a. H.
IL Astronomie. — Nom du 96e astéroïde (V. ce mot).
III. Paléontologie (V. /Eglina).
EGLE (Joseph von), architecte allemand, né à Dellmen-
singen (Wurttemberg) en 1818. Elève de l'Ecole polvtechni-
que de Vienne et de l'Académie de Berlin, il s'est signalé par
ses constructions religieuses ou civiles, notamment par la
construction de l'église catholique de Stuttgart, de la nou-
velle Ecole polytechnique dans la même ville, ainsi que par
beaucoup d'autres édifices. Il devint, en 1852, professeur
à l'Ecole polytechnique de Stuttgart.
ÉGLEFIN" (V. Écrefin).
ÉGLENY. Coin, du dép. de l'Yonne, arr. d'Auxerre,
cant. de Toucy ; 598 hab.
EGLEST0N (Thomas), minéralogiste américain, néà
New-York le 9 déc. 1832. Il a été élève de l'Ecole des
mines de Paris (1860). Il a fondé aux Etats-Unis, en 1864,
une école analogue, dont il occupe, depuis cette époque,
la chaire de minéralogie et de métallurgie. Il est membre
de l'Académie des sciences de New-York. Il s'est acquis la
réputation d'un savant naturaliste, d'un habile chimiste et
d'un ingénieur distingué. Outre une centaine d'intéressants
mémoires insérés dans divers recueils et revues scienti-
fiques, il a publié : Tables for the détermination of
minerais (New-York, 1867); Metallurgicol Ta/j/rs (New-
York, 1868 et 1869, 2 vol.) ; Tables ofweights, ma-
sures and coins ofthe United States and France (New-
York, 1868) ; Lectures on mineralogy (New-York,
1871) ; The Metallurgy ofgold, situer and nwreury in
the Vnited States (New-York. ISSTl. |.. S.
ÉGLETONS {De Ctotone, deGlotonilnts), chef-lieu de
cant. du dép. de la Corrèze, arr. de Tulle, sur le chemin
de fer de Brive à L'ssel: 1,890 hab. Entouré de murailles
au moyen âge. Egletons appartenait aux seigneurs de Ven-
tadour, et c'est la que siégea de 1578 à 161 S la sénéchaus-
sée que le comté de Ventadour, érige en duché, avait obte-
nue du roi. L'église, qui a un curieux porche, appartient a
la période de transition, lin du xns ou commencement
du xuie siècle. Elle possède quelques reliquaires emaillés
du XIIIe siècle.
- 60*
ÉGLETONS — ÉGLISE
Uii.i.. René Faok, Bxtursions limousines, -* série: De I
Tulle i t/ssel et Bypvrande, 1880.
EGLi (Raphaël), théologien susse, né à FranenWd en
1559, mort à Marbourg leSOaoùl 16M. Aptes avoir étu-
nv. Bile »t Genève, il vint se fixer à Zurich en
i s'j lit rite un nom comme prédicateur et profes-
seur de théologie. Mêlé plus ou moins directement à une
■faire d'alchimie, il dut quitter Zurich ou 1603 el tut
choisi par le landgrave deHesse pour professer la théologie
a Marboorg, où il passa le reste de sa rie. Outre ses écrits
jolies, il a laisse des chants religieux. E. K.
EGLI (Jean-Henri), musicien suisse, né à Seegreben
(Zurich) le l mars 1742, mort a Zurich en 1NI0. II ne
commença qu'à quinze ans l'étude île la musique avec le
pasteur de Wetzikon. Bientôt il fut employé comme musi-
cien dans les églises, et dès lors sa vie entière fut consacrée
au développement de l'art dans son pays. Il passe pour un
fa meilleurs compositeurs suisses, surtout dans le domaine
du chant religieux. On a de lui beaucoup de cantiques sur
des paroles de Mopslock. de Cramer, de l.avater, des chan-
son> populaires, les odes sacrées de Gellert avec mélodies
chorales et un grand nombre d'antres ouvres musicales,
parues à Zurich de 1775a I SOT. Quelques-unes ont eu jus-
t éditions. E. K.
EGLI ( Johann- Jakob), géographe suisse, né à Laufsen
(Zurich) le 17 mai IS-2.'i, professeur à l'université et à l'école
polytechnique de Zurich. Il a publié entre autres : Neue Erd-
kunde (Saint-Gall , 1881, 6« éd.); New Schweiier-
hmde (Saint-Gall, \WS,~' éd.); Seue Handelsqemjraphie
(Leipzi. éd.), et surtout Nomma geographiea
Yersuch einer aUgemeinen geographischen Onoma-
tologù' (Leipzig, 1870-187-2), dont il a été détaché un
lexique étymologique de géographie (1880); il a donné
encore Gesch. der geographischen yamenkunde (Leip-
zig I8t
EGLI (Kmile), théologien et historien suisse né à Flaach
(Zurich) le 9 janv. 1848, pasteurà Metmenstetten et actuel-
lement (1892) professeur libre d'histoire ecclésiastique à
l'université de Zurich. Outre les Origines du Nouveau Tes-
tament (1874), on lui doit de nombreux travaux sur la
réformation à Zurich : Bataille île h'appel. Adversaires
dé la Réforme -Airichoise, etc.
ÉGLIGNY. Corn, du dép. de Seine-et-Marne, arr. de
Provins, cant. de Donnemarie; 413 hab. Sur le territoire
de la commune, au lieu dit la Pêcherie, subsistent quelques
_-s d'un château fort.
EGLINTON (Comtes d') (V. Montgomerie et Seton).
EGLISAU. Petite ville de Suisse, cant. de Zurich, sur
le Rhin, à 25 kil. au N. de la ville de Zurich ; 1 ,3"2f> hab.
n irons de cette ville ont été le théâtre de nombreux
combats entre les Français, les Russes et les Autrichiens
i n 1797. Château historique.
ÉGLISE. 1. Architecture. — Le mot église signifie as-
$rmblé<\ et comme ce mot fut employé par les premiers chré-
tiens pour désigner leurs réunions le plus souvent secrètes et
aussi les confréries ou groupes religieux qu'ils organisèrent
dans les différentes parties de l'empire romain pendant les
trois premiers siècles de notre ère, au temps des persécutions,
et mot prévalut plus tard pourdésigner les édifices qu'ilscons-
truisirent sur un plan spécial en vue de célébrer en commun
et au grand jour les mystères de leur religion. Le sens de
ce mot église indique déjà la grande différence qui dut
exister, même à l'origine, entre les temples consacrés par
H et les Romains à leurs divinités et les églises que
les chrétiens élevèrent a leur Dieu. En effet, dans l'anti-
quité, les prêtres et ceux qui participaient aux cérémonies
religieuses pouvaient seuls entrer dans les temples, lesquels
nt. a proprement parler, que la maison de la divi-
nité représentée par sa statue et oii l'on gardait les plus
riche-, des offrandes qui lui étaient apportées, tandis que,
dés l'ère nouvelle, tnus les fidèles, même avant le baptême
qui les faisait chrétiens, pouvaient et devaient se réunir dans
les églises et y accomplir certains oflires communs. De là
CRAJLE ESCTCLOPÉDIE. — XV.
le nombre et l'étendue des églises dans les grands centres
de population. De cette participation plus ou moins grande
des ministres du culte et des assistants aux cérémonies
ainsi que de la nature même de ces cérémonies et du sym-
bolisme particulier à la nouvelle religion, découlèrent les
dispositions intérieures et les tonnes extérieures des églises,
lesquelles devinrent beaucoup plus compliquées que celles
des temples grecs ou romains. Ce ne fut cependant pas
immédiatement après que Constantin eut, par Pédit de
Milan en 3 I .'!, proclamé le christianisme religion de l'Empire,
que les lieux d'assemblée des chrétiens prirent le nom
d'églises ; car, parmi les premiers fidèles, si ceux qui
vivaient dans les cités, dissimulés au milieu de la société
civile, se réunissaient dans des catacombes, comme à Rome,
ou dans des locaux écartés et dont rien ne trahissait la
destination, comme dans nombre de villes de l'Empire, et
si ceux qui vivaient dans la solitude où ils habitaient des
cellules, comme les plus anciens religieux des déserts delà
Thébaïde, se construisaient, à proximité de leurs cellules,
une cellule plus grande où ils se rendaient à certaines heu-
res pour prier en commun, d'où le nom d'oratoire appli-
qué à ce premier sanctuaire des moines, quand les chrétiens
purent pratiquer librement leur religion, ils ne manquèrent
pas d'aller au plus pressé et d'approprier aux besoins de
leur culte les édifices, si nombreux et en partie abandonnés
par suite de la dépopulation considérable, qui, sous le nom
de basiliques (V. ce mot), servaient, près des forums des
villes, à rendre la justice, et les chrétiens conservèrent leur
ancienne dénomination à ces édifices auxquels ils donnèrent
ainsi une destination nouvelle.
La basilique romaine se prêtait au reste à merveille aux
données du culte chrétien primitif, ce qui explique, la tra-
dition aidant, comme, malgré d'importantes modifications,
ses principales dispositions se perpétuèrent dans les édifices
chrétiens, qui furent érigés par la suite. L'église devant
représenter la barque de saint Pierre, l'ancien pécheur,
l'avenue centrale de la basilique fut appelée nef, et cette
nef fut divisée en plusieurs parties à l'aide de balustrades
basses de bois, de pierre ou de marbre ; dans la partie
près de l'entrée, délimitée parfois dans les grandes basi-
liques par une colonnade parallèle à la façade, se tenaient
les catéchumènes n'ayant pas encore reçu le baptême, et les
pénitents retranchés provisoirement de la communauté,
lesquels ne pouvaient, les uns et les autres, assister à tout
le sacrifice, tandis que, dans la partie milieu, se réunis-
saient ceux appartenant à la communion des fidèles, et que,
plus en avant, était le chœur occupé par tout le personnel
des serviteurs de l'église, ceux qui n'étaient pas ordonnés,
tels que les diacres, pour lesquels étaient disposés des
ambons ou pupitres destinés à la lecture de l'Epitre et de
l'Evangile, les chantres, les instrumentistes, etc. ; enfin,
au haut bout de la net, au milieu duchalcidique ou tran-
sept (V. ce mot), lequel formait avec la nef un T qui, pour
les chrétiens primitifs, figurait la croix, fut placé l'autel et
derrière cet autel, dans l'hémicycle ou abside (V. ce mot),
sur le banc circulaire où siégeaient autrefois le préteur et
ses assistants, étaient assis les prêtres ordonnés, à droite
et à gauche de l'évêque ou de son délégué. Ce dernier occu-
pait, au milieu de ce banc, un siège plus élevé, chaire ou
cathedra, lequel donna plus tard son nom à l'église cathé-
drale, la principale église d'un épiscopat ou d'un archiépis-
copal Dans les avenues latérales, nefs latérales, basses
nefs ou bas cotés, se groupait l'assistance, laquelle, dans
les temps primitifs plus rapprochés du judaïsme, observait
la séparation des sexes, les hommes occupant la droite et
les femmes la gauche de la nef centrale. Mais autant les
Grecs et les Romains élevaient les façades de leurs temples
presque sur la voie publique, autant les chrétiens s'effor-
cèrent, à l'origine et même assez avant dans le moyen âge,
d'isoler leurs églises île cette voie publique, et, dans ce but,
ils les faisaient précéder d'une cour carrée entourée de
portiques, dont un plus large juxtaposé à la façade de
l'église et, dans cette cour comme plus tard dans les mos-
39
ÉGLISE
- <H0 -
niées arabes, une fontaine servait aux ablutions. La basi-
lique de Saint-Clément, à Rome, reconstruite dans la pre-
mière moitié do i\" siècle, et surtout l'ancienne basilique de
Saint-Pierre, dans la môme ville, et dont le plan nous a été
conserve par
Fontana(fig.l),
du il ne bien
l'idée de ce que
pouvait être une
grande basi-
lique chrétienne
de l'ère latine,
vaste édifice au
corps principal
duquel s'ajou-
taient des tours
pour les cloches
qui appelaient
les fidèles ; des
absidiolesou pe-
tites absides, à
l'extrémité des
nets latérales,
pour recevoir
des autels consa-
crés à des mar-
tyrs dont ces
autels recou-
vraient le tom-
beau ou des
reliques; des
pièces à usage
de sacristie, de
trésor, de biblio-
thèque, d'école,
de salle syno-
dale et même,
autour d'un
cloitre, des habi-
tations pour les
prêtres et les
clercs, des lo-
gettes pour les
pénitents, etc.
Après tant de
siècles, pendant
lesquels, dans presque tous les pays de l'Europe, les grandes
basiliques et les cathédrales ont été incendiées par accident,
dévastées par les guerres civiles et religieuses et enfin par-
fois reconstruites de fond en comble, on peut cependant,
dans quelques villes d'Italie, d'Allemagne ou d'Angleterre,
plus encore qu'en France, se faire une idée exacte, par ce
qu'il en subsiste, de l'ensemble des bâtiments qui entou-
raient les grandes églises du moyen âge et qui formaient
comme une petite ville sainte dominée par la masse impo-
sante de l'église et les silhouettes élancées de ses clochers.
Mais un autre type, commun à la fois à l'Occident et à
l'Orient, vint apporter un nouvel élément des plus impor-
tants dans la composition du plan ainsi que dans la cons-
truction et par suite dans la forme extérieure des églises.
Les chrétiens, tout en s'appropriant, pour célébrer les céré-
monies de leur culte, les basiliques romaines au plan rec-
tangulaire et à la couverture à deux versants, voulurent
cependant, dès le ivc siècle de notre ère, créer des édifices
distincts et sur des plans différents du plan des basiliques,
et ces édifices, mausolées, baptistères, oratoires, utilisés
aussi comme églises, atlectèrent en plan des formes rondes,
carrées ou polygonales, pendant que, pour leur couverture,
il était fait appel à la coupole (Y. ce mot), cet élément
connu de toute antiquité, dont le Panthéon d'Agrippa, à
Rome, offrait un type qui n'a pas été surpassé, mais dont
les architectes chrétiens devaient, surtout en Orient, mul-
tiplier les exemples et aussi modifier la structure. Parmi ces
t'ig. 1. — Plan de l'ancienne basilique
de Saint-Pierre, à Home (d'après Fon-
tana).
édifices des premiers siècles du christianisme triomphant, le
mausolée de Sainte-Constance, a Rome, l'église de Sainte-
Sophie, à Constantinople, et l'cglLse primitive de hamt-
Mare, a Venise, tous édifices construits du iv'au x' siècle,
servirent de types à des églises bien (lifienotas COSSSM plan
des basiliques romaines et dans lesquelles des modifiratiow
profondes, comme dispositions intérieures, comme construc-
tion et comme aspect extérieur, découlèrent du r6le domi-
nant qu'y joua la coupole (V. aux mot* Architecture CHUV
iiknm. primitive et Architecture m /.aminé, la description
de ces trou édifices). Cependant, dans l'érection de l'église
du Saint-Sépulcre, a Jérusalem, église comprenant juxta-
posés un mausolée de forme circulaire et une basilique rec-
tangulaire, on vit au iv<: siècle, réunis en un seul édifice,
les deux types qui devaient, pendant plus de quinze siècles,
servir de modèles à l'architecture du monde entier.
Nous ne suivrons pas, dans leurs développements suc-
cessifs, ces deux formes principales des églises et, tout en
constatant qu'à toutes lesépoques et dans toutes les régions,
furent érigées, dans les campagnes, des églises de peu
d'importance consistant en une seule salle, parfois ronde,
polygonale ou carrée, mais le plus souvent rectangulaire,
nous renverrons aux art. spéciaux Abside, Bas Cotés, Cha-
pelle, Choeur, Clocher, Narthex, Nef, I'ohche, Sacristie,
Transept, etc., pour tout ce qui concerne les diverses par-
ties des églises ; aux art. Architecture romane, gothique,
ue la Renaissance et ues Temps modernes, pour tout ce
qui est de leur style, et à de nombreux articles de cons-
truction, de décoration ou d'ameublement, pour tout ce qui
Plan de la cathédrale d'Angouléme.
se rapporte à leur structure, à leur aspect extérieur et
intérieur, ainsi qu'à leur aménagement, nous bornant seule-
ment a reproduire ici quelques exemples, pris entre mille,
de plans d'églises intéressantes par leur forme et par
leur importance, églises dont les façades ou des vues
extérieures sont données aux noms des villes qui les ont
su élever.
(Mi -
ÉGLISE
La cathédrale d'Angoulème (V. au mot /ukoh&u, t. II,
p. I l68,nnewnee>oatte cathédrale) esl un édifice de l'archi-
tectore romane datant du Ht* siècle el constrah à l'exemple
de l'église Saint-Front de Pèrigueux, elle-même imitée au
de de l'église Saint-Mare de Venise. Cette cathédrale
était composée l l'origine [\ ■ Sg. 2 le plan de la cathédrale
d'Angoulème) d'une seule nef à quatre travées, ayant ses con-
treforts légèrement saillants à [Intérieur et surmontées de
uuooliit) ilont la dernière s'élevait a l'intersection de la nef
et des deux bras du transept. Cette nef était prolongée au
delà du transept par une abside circulaire avec quatre
petites chapelles rayonnantes : niais, au milieu du xn* siècle,
au moment de la reconstruction ou de l'agrandissement des
principales cathédrales chrétiennes, on ajouta, dans cette
aux deux bras du transept, des tours dont, seule,
celle du nord existe aujourd'hui. Des colonnes engagées
furent aussi incrustées, à l'intérieur de la nef. dans les
pieds-droits recevant les retombées des arcs portant les
coupoles, et la façade fut reconstruite et ornementée de
sculptures. Cependant ,
malgré ces modifica-
tions, la cathédrale
d'Angoulème a conservé
les grandes lignes deson
plan primitif et de sa
construction première :
une seule nef couverte
à l'aide de coupoles,
réunissant ainsi les dis-
positions de la basilique
romaine à la couverture
en coupole des éditices
du premier âge du chris-
tianisme.
Datant à peu près de
la même époque, la ca-
thédrale de Worms
( Hesse - Darmstadt ) a
trois nefs qui aboutis-
sent à un transept, ce
qui donne à l'ensemble
du plan (fig. 3) la forme
d'une croix latine ; mais
cette église a, particu-
larité assez rare,
deux chœurs, dont l'un,
à l'orient, se termine à
l'extérieur par une par-
tie carrée masquant l'hé-
micycle intérieur, et
dont l'autre, à l'occi-
dent, à la place habi-
tuelle du grand portail
des cathédrales, est de
forme polygonale. En
outre, les nefs sont cou-
vertes par des voûtes
d'arêtes sans arcs dou-
bleaux et la coupole qui
surmonte la croisée du
transe; .onale et, comme dans certaines églises
byzantines, repose en partie sur des niches voûtées en quart
le qui rachètent le passage de plan carré à l'octogone.
' au>si au milieu du xn" siècle qu'il faut faire re-
monter la eon-tnu tion de la cathédrale de Noyon ou tout
au mnins du rlntur et du transept (les parties les plus
anciennes), dont les deux bras (V. fig. 4 le plan de cette
cathédrale) sont demi-circulaires, probablement, dit M.Vitet
raphw de Céglise Notre-Dame de Noyon; Paris,
« pour complaire aux souvenirs et aux prédilec-
tions des chanoines »: car la vieille église que l'on rempla-
çait avait probablement, comme sa sœur la cathédrale de
Tournai (autrefois sutlragante du diocèse de Novon), des
bras de transept ainsi arrondis suivant un ancien type
byzantin qui s'esl perpétué dans plusieurs églises de Cologne
et des bonis du lilun. Dans la cathédrale de Noyon, comme
dans l'église abbatiale de Saint Denis, qui lui est de fort peu
antérieure et qui semble lui avoir servi de type, le chœur
î. — Plan de ta cathédrale
de Worms.
Fig. 1. — Plan de la cathédrale de Noyon.
est accompagné de cinq chapelles circulaires et de quatre
chapelles carrées que l'on retrouve dans le plan de nombre
d'autres grandes cathédrales, ainsi que la galerie voûtée
qui surmonte les collatéraux au premier étage; enfin les
arcs doubleaux et les arcs ogives des voûtes, ces derniers
peut-être remaniés postérieurement, et le système des
contreforts font pressentir la grande époque de l'art go-
thique ou ogival dont la cathédrale de Reims montre le plus
complet épanouissement.
La cathédrale de Reims, qui fut commencée en 1212,
est, dit M. Corroyer (l'Architecture gothique; Paris,
1892), « la superbe expression des inventions antérieures
des constructeurs de l'Aquitaine et de l'Anjou réunies à
celles des architectes de l'Ile-de-France. Elle est la mani-
festation la plus complète de leurs efforts persévérants pour
établir un système de construction qui a comme principe
de maintenir en équilibre un édifice dont les poussées des
voûtes, sur croisée d'oyives (V. ce mot), sont contrebutées
par des arcs-boutanls extérieurs. » Quelles que soient les
critiques méritées que l'on puisse faire à un pareil système
de construction, le plan si bien étudié, malgré quelques
hésitations ou retouches, de la cathédrale de Reims, œuvre
de Robert de Couey, frappe par les masses puissantes de
son périmètre et la légèreté de ses points d'appui intérieurs
ainsi que parla disposition logique de ses contreforts (V. ce
plan, fig. •')). Et M. Corroyer ajoute : « Ce qu'il faut admirer
sans réserve à Reims, c'est la magnifique ordonnance de
sa façade occidentale (V. cette façade au mot Champagne,
t. X, p. 433) et la parfaite convenance de l'ornementation,
ÉCLUSE
— tJI2 —
étudiée Bt appliquée avec autant de sobriété que de justesse,
qui fait de la statuaire, des chapiteaux, des frises, des cro-
chets et des lleurons autant d'exemples de l'art déroratif
du moyen âge. »
Alin de donner une idée de ce qu'aurait pu être une ca-
thédrale française de cette époque, complètement conçue et
achevée dans les données de composition et dans le style
architectural de la cathédrale de Reims, Viollet-le-Duc a
Fig. 5. — Plan de la cathédrale de Reims.
dessiné une vue cavalière que nous réduisons (fig. 6) et
qui montre bien l'importance relative du grand portail ou
portail occidental, avec ses deux hautes flèches reliées à la
base par une galerie, et des portails du transept avec leurs
flèches de moindre hauteur et aussi de la tour centrale sur
la partie carrée de laquelle viennent se buter les combles
de la nef et du transept et que surmonte un clocher accom-
pagné de clochetons. Quoique due tout entière à l'imagina-
tion de cet artiste, archéologue sans rival dans l'étude de
l'architecture religieuse du moyen âge, cette composition
fait concevoir la masse imposante et élégante à la fois d'une
cathédrale française qui aurait été conçue et achevée au
xiii0 siècle, sans les défaillances et aussi les incendies qui
en entravèrent souvent la construction.
Il est cependant une cathédrale, sinon français/', «lu moins
français; d'inspiration, remontant au milieu du xiii* siècle,
Fig. 6. — Vue cavalière d'une cathédrale du xin* siècle
(d'après Viollet-le-Duc).
et dont notre époque contemporaine a vu terminer l'œuvre
architecturale d'une parfaite régularité et d'une remarquable
Fig. 7. — Plan de la cathédrale de Cologne.
exécution de détail. La cathédrale de Cologne (V. Colognk,
t. XI, p. 995), dont le plan (fig. 7) est imite du plan de la
cathédrale d'Amiens et du plan resté inachevé de la cathé-
- 613 -
ÉtlLISE
drale do l>eau\ais, acte complètement terminée de nos jours
d'après les projets primitifs du xni' siècle, dit-on, mais,
dans tous les cas. mirant une conception originale respectée
dans ses mandes lignes et dont l'achèvement fait grand
honneur à la perse\erance et au patriotisme de l'Alle-
magne.
A cote .le celte influence, surtout française, qui se fit
sentir si longtemps dans la composition, la construction et
ration des grandes églises à plusieurs nefs du moyen
.•m . il ne faut pas croire que la forme circulaire, celle que
l'on disait inspirée de la rotonde du Saint -Sépulcre de
Jérusalem, lut tout à fait abandonnée : loin de là, on
construisit toujours, dans tous les pays de la chrétienté,
Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Angleterre, Suède, Dane-
mark, Espagne, Portugal, Italie et aussi en France, surtout
à partir des croisades, des églises circulaires et polygonales,
Fig. 8.— Plan de l'église du Temple, à Londres
(d'après Britton).
quelquefois accompagnées d'absides, de nefs ou de porches,
et dont un curieux exemple, remontant pour la partie cir-
culaire à la fin du xne siècle et existant encore de nos jours,
est fourni par l'église du Temple, à Londres, église dont le
nom même rappelle les chevaliers templiers, ses fondateurs.
Le plan de cet édifice (fig. 8) se compose de deux parties
bien distinctes communiquant l'une avec l'autre : la rotonde
de beaucoup la plus ancienne, et un vaisseau ajouté posté-
rieurement et du style ordinaire des églises gothiques.
Edifice de transition du style anglo-normand au style ogival,
la rotonde montre l'emploi simultané de l'arc plein cintrej
d'arcatures formées d'arcs entrelacés et de l'arc ogival :
aussi est-elle une page curieuse de l'architecture religieuse
anglaise du moyen âge.
Mais, maigre le grand enthousiasme excité chez les na-
tions du N. de l'Europe par les grandes cathédrales de
style ogival et par leurs admirables sculptures faisant si
bien corps avec les lignes de leur architecture et en aug-
mentant l'effet monumental, l'Italie et surtout la ville de
Rome, siège de la papauté, n'avait jamais cessé, malgré les
guerres continuelles qui désolèrent ce pays pendant tout le
Fig. 9. — Plan du Panthéon, a Paris.
moyen âge, de conserver un certain culte des édifices an-
tiques, et se mit à chercher, aussi bien dans leurs ruines
que dans les constructions byzantines de l'empire grec,
dans les salles des thermes romains comme à Sainte-Sophie
de Constantinople ou au Saint-Sépulcre de Jérusalem, la
Fig. 10. — Plan de l'église Saint-Paul, à Malmo (Suède).
solution du problème que présentait aux architectes chré-
tiens la nécessité de réunir les fidèles autour ou tout au
moins en vue d'un autel principal dont la position serait
accusée extérieurement par une masse architecturale impo-
sante. Aussi, pendant que, dans le N. de l'Europe, les
maîtres d'œuvres du xvie siècle s'efforçaient de décorer
d'ordres classiques des églises dans la construction desquelles
entraient, comme dans l'église Saint -Eustache de Paris,
ÉGLISE
— OU —
les éléments de l'architecture ogivale, la coupole reprenait
faveur dans l'Italie centrale et, après Buschelto et la cathé-
drale de l'ise au xn" siècle et Brunellesrhi et Sainle-Maric-
des-lïeurs de Florence au commencement du xv* siècle,
Michel-Ange élevait, àSaint-Pierre de Borne, au ivi* siècle,
le dôme du Panthéon d'Agrippa au-dessus du centre de la
croix grecque que Bramante avait donnée pour plan primitif
à cette basilique suprême du catholicisme. L'influence
exercée dans le monde entier par ce retour aux traditions
classiques et par leur application aux églises chrétiennes
fut des plus considérables et dure encore. Toutes les grandes
villes métropolitaines voulurent posséder un ou plusieurs
sanctuaires dans lesquels des ordres antiques décorèrent des
nefs et les bras d'un transept dont la croisée fut surmontée
d'une coupole, et, entre autres exemples, Paris put s'en-
orgueillir, à la fin du dernier siècle, de la nouvelle église
Sainte-Geneviève, aujourd'hui le Panthéon. Le plan de cet
édifice (fig. 9) figure exactement une croix grecque pré-
cédée d'un vaste portique et au centre de laquelle s'élève,
sur un tambour monumental, une triple coupole dont l'une,
inférieure et hémisphérique, tronquée à son sommet, laisse
voir les peintures décorant une seconde coupole ovoïde que
recouvre une troisième coupole, également ovoïde, portant
la couverture (V. au mot Coupole, t. XIII, p. 09, une coupe
delà partie supérieure du dôme des Invalides de Paris, dont
la construction précéda et inspira celle du dôme du Pan-
théon).
Laissant de côté, dans cette étude, les édifices consacrés
spécialement au rite grec, lesquels ont conserve les traditions
de l'empire byzantin au milieu duquel ce rite a pris nais-
sance et s'est développé, nous avons bien peu de choses à
dire des églises protestantes au point de vue de leur forme
architecturale. Partout, dans tous les pays ou a dominé la
Réforme et dans ceux où elle s'est partagé avec le catholicisme
la majorité des chrétiens, d'anciennes églises catholiques ont
été affectées à la religion nouvelle et, de nos jours, suivant
les nationalités et aussi la diflérence des confessions et des
sectes protestantes, les architectes s'inspirent, dans la cons-
truction des églises qui leur sont destinées, de tel ou tel
style d'architecture, se bornant le plus souvent à suppri-
mer les chapelles qui sont sans destination dans le culte
protestant, à modifier l'importance, la nature et la place
du mobilier fixe et surtout à donner à leurs œuvres une
extrême sobriété dans la décoration extérieure et intérieure.
Cependant, une tentative qui mérite d'être signalée est
faite actuellement en Suède par un architecte de talent,
M. Langlet, auteur de nombreuses églises protestantes,
afin de donner à ces églises une forme en rapport avec les
nécessités du protestantisme (V. fig. 10 le plan de l'église
Saint-Paul, à Malmo). Cet architecte cherche, autant que pos-
sible, dans le plan des églises qu'il élève et à défaut d'une
forme absolument circulaire, une forme polygonale ou de croix
grecque, aux angles coupés et aux bras très courts. Cette
forme, qui concentre bien l'auditoire auprès du pasteur et
qui, de plus, met ce dernier presque en vue de tous, rap-
pelle assez bien l'unité de l'église et l'égalité des fidèles.
En outre, il est facile, avec un tel plan, défaire converger
les différents pans de la couverture vers le cintre au-
dessus duquel une lanterne vitrée éclaire l'église par le
haut et supporte un petit campanile recevant une cloche.
Les angles de la croix grecque ou du polygone régulier
sont rachetés par les escaliers des tribunes et de petites
sacristies ou dépôts de mobilier et de livres, pendant que
le vestibule d'entrée, avec, au-dessus, la tribune d'orgue,
fait lace à l'emplacement de l'autel et de la chaire. On ne
saurait nier qu'il y a là une tentative tout au moins digne
d'attention et essayant de faire revivre, à notre époque, et
dans les églises protestantes, les sentiments d'égalité et les
formes d'architecture qui imprimaient leur caractère aux
édifices consacrés, à l'origine du christianisme, à abriter
■ les premières assemblées des fidèles.
Par rapport aux dispositions de leur plan, les églises sont
. dites simples, si elles n'ont que la nef et le chœur sans
bas côtés ; à bas côtés et à doubles bas côtés, suivant
qu'elle ont la nef principale accompagnée d'un ou de deux
de promenoirs ou de galérien, soatreatda deux étages
de hauteur et avec ou sanseliapelles latérales; — quelques
églises même, appartenant à des ordres mendiants, n'ont
qu'un lias côté accolé a la nef principale ou encore l'église
est divisée en deux nets presque égales. On dit encore que
l'église esl en forme de croix grecque , de cruix lutine ou
de croix (!<■ Lorraine, suivant les dimensions égales ou
différentes des bras de la croix ou le double transept for-
mant une croix archiépiscopale appelée aussi croix de
Lorraine. Enfin une église est dite orientée, lorsque l'axe
de la nef ou du diamètre de sa partie circulaire passant par
la porte principale et par le maitre-autel, suit la direction
de l'occident à l'orient, direction parfois infléchie vers la
gauche, en souvenir, croit-on, de l'inclinaison de la tête
du Christ sur la croix. Charles Lucas.
II. Droit ecclésiastique et Liturgie. — Ce mot dé-
signe ici l'édifice dans lequel les fidèles se réunissent pour
la célébration normale du culte catholique. — Les églises
portent différents titres suivant leur destination. Le nom
appartient essentiellement à l'église cathédrale, c.-à-d.
affectée au siège de l'évèque. Cette église est aussi appelée
matrice, parce qu'elle est censée avoir produit toutes les
autres églises du diocèse, lesquelles sont dites ses filiales.
Cependant, dans un sens plus étendu, on donne le titre
de matrices à toutes les églises qui en ont d'autres sous
leur dépendance ; on le donne même à toutes les églises
baptismales, c.-à-d. à toutes les églises qui possèdent des
fonts baptismaux : dicitur matrix quia générât per
baptismum. Parmi les églises cathédrales, les espèces sont
caractérisées par les mots patriarchale , primatiale,
archiépiscopale ou métropolitaine, épiscopale. Viennent
ensuite les églises collégiales, desservies par un chapitre
ou collège de chanoines autres que ceux de la cathédrale
(V. Chanoine). Les églises de paroisse desservies par un
curé s'appellent paroissiales. Les églises de communautés
qui font office de paroisses, sont dites conventuelles ;
celles qui sont le siège d'un abbé ou d'un prieur, abba-
tiales ou priorales. Pour les lieux de culte d'un ordre
inférieur, V. Chapelle, t. X, p. î)57, col. 2. A cesdivers titres
correspondent des droits sacerdotaux, des droits litur-
giques, des droits lucratifs, des préséances et des honneurs
minutieusement énumérés par les canonistes. Il n'y a plus
en France d'églises collégiales ni d'églises conventuelles
proprement dites. — A ces anciennes distinctions la poli-
tique des papes a ajouté une hiérarchie nouvelle, en attri-
buant à quelques églises le titre de basilique, aujourd'hui
fort prisé par le clergé ultramontain et comportant cer-
tains insignes et certains privilèges. Dans les basiliques
majeures, appelées aussi patriarchales ou sacrosaintes,
le maltre-autel est dit autel papal, parce que le pape seul
peut y célébrer. Les basiliques mineures possèdent pré-
séance sur toutes les autres églises, à l'exception des
cathédrales. Elles se classent entre elles selon l'ancienneté
de la concession, sans tenir compte du qualificatif perin-
signis donné à quelques-unes. Le qualificatif insignis est
concédé à certaines collégiales. Les privilèges des basiliques
mineures, les seules qu'on trouve en France, résultent
des deux décrets de la Sacrée Congrégation des Rites du
22 mai 1817 et du 27 août 1836. Le premier est la pré-
séanee, dont il vient d'être parlé et qui vaut même en
dehors du diocèse. I eur insigne le plus important est le
pavillon, immense parasol, dont l'armature est recouverte
de bandes alternativement rouges et jaunes. Ces couleurs,
qui sont celles du gouvernement pontifical, attestent une
sujétion plus immédiate au pape. Le pavillon est porté, en
tète de toutes les processions, par un employé de 1
vêtu d'une grande robe ou sac de toile blanche, lié à la
taille par un cordon blanc ou une lanière de cuir. Le second
insigne est la clochette, appareil d'une structure et d'une
ornementation compliquées, qui dans les processions pré-
cède toujours le pavillon. Elle est portée et tintée par un
(il 5 -
ÉGLISE
homme vêtu comme le porteur du pavillon. Le pavillon et
l.i clochette appartiennent Al droit I toutes les basiliques
mineures, l.e troisième insigne ne peut être porte que là
00 il existe un ihapitro. C'est la COttpa canoniale, qu'il
faut distinguer île la (•<//>/)<: episcopaie. — Depuis ISO,',
jusqu'en ISSti, trente—quatre enlises île France ont été
décorées dfl titre île basiliques mineures. Parmi elles,
Notre-Dame de Paris (4808) ; Notre-Dame du Sacré-Cœur
d'Issoudun, l'église paroissiale île Para\-le-Monial, Notre-
Dame île lourdes et Notre-Dame île la Salctte.
Dee ilocuments très anciens mentionnent l'autorisation
de révoque comme nécessaire à la construction des églises.
Notre droit civil-ecclésiastique en reconnaît encore la
nécessité (Articles organiques, 44, 77). Suivant le Ponti-
fical romain et le droit canon, le plan de l'église étant
trace. l'e\èquefait planter une croix au lieu ou doit être
l'autel ; puis il bénit la première pierre et les fondements,
des prières qui font mention de Jésus-Christ, la pierre
angulaire, et des mystères signifiés psi la construction
matérielle. — Lorsque l'édifice est achevé ou assez avancé
pour qu'il soit possible d'y célébrer l'office divin, l'évèque
en annonce la dédicace ou consécration par un mande-
ment ordonnant un jeune préparatoire. La dédicace d'une
église est la plus longue et la plus compliquée de toutes les
cérémonies ecclésiastiques. La veille on jeune et on chante
des vigiles devant les reliques qui doivent être mises sur
l'autel ou dedans, mais qui sont provisoirement déposées
dans une église voisine ou dans une tente disposée à cet
effet. Le matin, l'évèque entre dans la nouvelle église,
où sont peintes douze croix, chacune surmontée d'un
cierge. Quand les cierges sont allumés, il sort, ne laissant
à l'intérieur qu'un seul diacre. Il va prier au lieu où sont
les reliques, et il revient faire des aspersions autour
de l'église ; quand il se présente devant la porte, il la
trouve lermée : il la frappe avec sa crosse pastorale, mais
elle ne s'ouvre pas. Seconde procession autour des murs
avec aspersion : deuxième coup frappé à la porte, qui reste
toujours fermée. Après une troisième aspersion des murs,
l'évèque frappe encore la porte; enfin, il y fait une croix
en disant : Ecce Crucis signum, fugiant phantasmata
euncta ; la porte s'ouvre. La cérémonie se continue dans
l'intérieur avec des chants et des actes symboliques ana-
lognea aux précédents. L'évèque trace avec sa crosse, sur
la cendre dont le pavé a été légèrement couvert, une croix
figurant la lettre X. Sur les branches de cette croix il
forme l'alphabet grec et l'alphabet romain. Puis, il bénit
un mélange d'eau, de sel, de vin et de cendre, matières
itiellement purificatrices et figures, prétend-on, d'un
Dieu-homme, mort et ressuscité ; il en fait aspersion sur
les murs et sur l'autel. Quand il a commencé la consécra-
tion de l'autel avec l'eau, l'huile des catéchumènes et le
saint chrême, on va chercher les reliques au lieu où elles
sont déposées, et on les apporte processionnellement dans
la nouvelle église. La consécration de l'autel est achevée
par une eftusion d'huile sainte ; et on termine la cérémonie
en faisant des onctions sur les douze croix et sur les
murs, et en brûlant cinq grains d'encens sur l'autel, pen-
dant qu'on chante : Ascendit fumus aromatum incons-
pectu Domini, de manu angeli. Le rite de la consé-
cration e>t attribué au pape Sylvestre, qui en fit, dit-on,
la première cérémonie sur l'église du Sauveur, bâtie par
M.intin. en son palais de Latran. D'après des conciles
de Carthage, (TEpaone, d'Agde, de Paris, de Mayence et
une épltre du pape Péfii IV (526 530), on ne peut célé-
brer la messe et offrir les sacrifices au Seigneur que dans
les lieux et sur les autels consacrés par l'évèque. — Néan-
moins, dans l'usage, on se contente souvent de bénir une
église, sans la consacrer. Les chapelles no reçoivent ordi-
nairement qu'une simple bénédiction. La bénédiction des
églises et des chapelles, n'étant point attachée au caractère
épiscopal, peut être commise à un grand vicaire, à un curé
ou à tout autre prêtre. — Plusieurs docteurs estiment que
l'entrée dans une église consacrée remet, comme l'aspersion
d'eau bénite, les péchés véniels. D'après saint Thomas,
il v a vraiment une vertu divine dans ce lieu, car Celui
qui a son habitation dans le ciel le visite et le protège
[Summa théologien, p. III, q. 88, art. 3). Parmi les
inscriptions gravées sur la façade on lit fréquemment :
Domus Ih'i, porta etvli. La visite des églises est d'ail-
leurs puissamment incitée par le nombre des indulgences
et faveurs spirituelles qui y sont affectées. — Pour la pro-
priété et l'entretien des églises, V. Commune, t. XII, p. 129,
col. 1, et p. 134, col. 2 ; Domaine public et Fabrique.
E.-H. Vollet.
III. Théologie. — Le mot ('alise ne se trouve que
dans deux passages des Evangiles. Dans le premier
(5. Matthieu, xvi, 18-19), il désigne un édifice spiri-
tuel que Jésus-Christ doit bâtir et contre lequel les puis-
sances de l'enfer ne prévaudront point. A cette déclaration
sont adjointes la promesse des clefs du royaume de Dieu
et la délégation d'un pouvoir do lier et de délier s'éten-
dant dans les cieux comme sur la terre. Dans le second
passage (S. Matthieu, xvm, 17-18), il s'agit d'une assem-
blée locale investie d'un droit de juridiction sanctionné
par la réprobation et l'exclusion de ceux qui refusent
d'écouter cette assemblée. D'autres textes, sans produire
le nom, paraissent ne pouvoir se rapporter qu'à l'Eglise.
En effet, ils contiennent la formule d'une commission
qui ne pouvait être remplie que par l'œuvre do nom-
breuses générations humaines et la promesse d'une assis-
tance continuée jusqu'à la fin du monde : « Toute puis-
sance m'est donnée dans le ciel et sur la terre. Allez
donc et instruisez les nations, les baptisant au nom du
Père, du Fils et du Saint-Esprit ; leur apprenant à garder
tout ce que je vous ai commandé. Et voici, je suis toujours
avec vous jusqu'à la fin du inonde (S. Matthieu, xxviu,
19-20). Allez par tout le monde et prêchez l'Evangile à
toute créature. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé;
mais celui qui ne croira point sera condamné (S. Marc,
xvi, 16-17). » — Dans les Actes des Apôtres, les
Epitres et l'Apocalypse, le mot est employé avec trois
acceptions différentes. Il désigne tantôt un fait local et
momentané, c.-à-d. l'assemblée des personnes se trouvant
réunies dans un même endroit, à un instant donné ; tantôt
la totalité des fidèles habitant la même ville ; enfin, dans
un sens mystique, l'universalité des croyants, quel que
soit le lieu de leur habitation.
Chez les Grecs, le mot 'Exy.X7]<ï(a désignaithabituelle-
ment une assemblée délibérante. Les chrétiens, qui com-
mencèrent à l'adopter, de préférence au mot synagogue,
lorsque leur séparation d'avec les juif s devint plus pronon-
cée, y ajoutaient parfois un déterminatif, pour en indiquer
la valeur nouvelle et essentiellement religieuse; ils disaient
l'Eglise de Dieu ou l'Eglise du Christ (I, Cor, xv, 9 ;
Act. Ap., xx, 28). En ce sens, l'Eglise était la commu-
nauté ou l'universalité de tous ceux qui avaient été appelés
et étaient parvenus au salut par Jésus-Christ (Act. Ap.,
h, 47). Suivant saint Paul, tous les fidèles forment
ensemble un seul peuple, le peuple particulier du Christ
(Tite, ii, 15). Chez ce peuple-là, il n'y a plus ni juif, ni
Grec, ni esclave, ni homme, ni femme. Tous ne sont qu'un
en Jésus-Christ (Galates, m, 28). Le baptême a fait d'eux
un seul corps en Christ (I, Cor., xn, 13; Rom., xn, 5),
un corps dont Christ est la tète (Ephe"s., iv, 15 ; V, 23).
Des fonctions diverses ont été assignées aux divers membres
de ce corps (I, Cor., xn, 4-31; Rom., xn, 4-8) ; mais
dans la diversité des ministères, il n'y a qu'un seul Sei-
gneur (I, Cor., xn, 5), et dans la diversité des opérations,
un même Dieu qui opère toutes choses en tous (5). L'es-
prit qui se manifeste dans chacun lui est donné pour
l'utilité commune (7). Les membres qui paraissent les plus
faibles sont les plus nécessaires (22). Le même apôtre
caractérise l'unité de l'Eglise par ces mots : un seul corps
et un seul esprit, une seule espérance, un seul baptême,
un seul Dieu et père de tous, qui est au-dessus de tous,
parmi tous et en tous. La grâce est donnée à chacun selon
ElilJSE
— «16 —
la mesure du don de Christ (Ephéi., iv, 4-7). Tous les
fidèles doivent s'efforcer de conserver l'unité de L'esprit
par le lien de la [*aix (3). Le symbole de leur union et le
gage de la Nouvelle Alliance, scellée avec le sang du
Christ, c'était la Sainte-Cène, le souper du Seigneur,
repas commun auquel tOUS les fidèles venaient prendre
part et à la lin duquel le pain, après avoir été rompu,
était distribué entre tous et le calice présenté a tous
(I, Cor., xi, 20-34; x, 16-17). — Avec l'unité, la
sainteté. Kn la plupart de ses épitres, Paul appelle ceux
à qui il les adresse : bien-aimés de Dieu, saints en Jésus-
Christ, appelés. Pierre écrit aux frères dispersés : vous
êtes la race élue, sacrificateurs et rois, la nation sainte,
le peuple acquis, le peuple de Dieu {1, Pierre, n, 0-1 0).
Les réalités constatées par les documents apostoliques
ne répondent que de fort loin à ces aliirmations d'unité et
de sainteté. Il est vrai que l'Eglise primitive était indemne
des spéculations métaphysiques que l'histoire montre pro-
duisant ordinairement tant de confusions et parfois des
dissensions si haineuses. Toute la théologie consistait alors
dans cette déclaration : Jésus de Nazareth est le Messie,
le Christ. Tous les fidèles croyaient à sa résurrection et
attendaient son retour. Même accord vraisemblablement
sur ce que VEpitre aux Ht'breux appelle le fondement :
la repentance, la foi en Dieu, la doctrine du baptême, l'im-
position des mains, la résurrection des morts et le juge-
ment éternel (vi, 1-2). Mais, d'autre part, nous avons montré
(au mot Chmstianisme, t. XI, pp. 273 et suiv.) quelle
diversité de croyance et de pratique se produisait sur des
points de la plus haute importance, tels que la nécessité
de la circoncision et l'observance de la loi mosaïque ; quelles
différences et quels différends cette diversité déterminait
parmi les premiers fidèles ; le caractère défectueux de la
décision arrêtée, au nom du Saint-Esprit, par la confé-
rence de Jérusalem, pour établir l'accord sur ces points :
décision dont l'effet ne dura que pour ce qu'elle tolérait,
mais nullement pour ce qu'elle prohibait, et qui laissa
subsister le conflit entre les partis contemporains. Nulle
autorité centime vraiment dirigeante : d'un coté, les douze
apôtres, vénérés par les judaïsants, mais qui semblent
inconscients de la nécessité et des conditions de l'évan-
gèlisation du monde païen, et qui se laissent devancer
par d'autres dans l'initiative de cette œuvre ; parmi ces
apôtres, Pierre qui parle et agit comme s'il ignorait com-
plètement la suprématie que ceux qui s'appelleront ses
successeurs, prétendront exercer en son nom, plusieurs
siècles après. En face des douze, un treizième apôtre qui,
à leur insu, avait reçu l'imposition des mains de quelques
docteurs et prophètes d'Antioche, Paul, proclamait l'indé-
pendance absolue de son ministère, et, à l'occasion, n'hé-
sitait point à censurer Pierre publiquement. — Les faits
que révèle une lecture quelque peu attentive des docu-
ments apostoliques ne permettent aucune illusion sur
la sainteté spécifique attribuée par fe légende aux chré-
tiens de l'Eglise primitive. En ce qui concerne parti-
culièrement les communautés recrutées parmi les païens
et qui n'avaient point reçu du judaïsme une éducation pré-
paratoire, cette légende n'est évidemment que l'effet du
mirage qui montre l'âge d'or au début de toutes les sociétés
humaines, et fait oublier que tout ce qui doit se développer
sur la terre est soumis aux lois du progrès et subit des
commencements difficiles. Il est infiniment plus facile d'in-
duire au martyre des païens convertis, que de les mener à
la sainteté, et même de les tenir soumis aux inspirations
de la charité ou aux lois de la chasteté et de la moralité
chrétiennes. L'indice de cette difficulté résulte de la nature
des recommandations et des reproches adressés par les
apôtres aux églises et des méfaits visés en ces recomman-
dations et ces reproches. Ainsi dans l'église favorite de
saint Paul, l'Eglise de Dieu qui était à Corintlie, l'église
de ceux qui avaient été sanctifiés et appelés, lorsque les
chrétiens s'assemblaient pour célébrer le souper du Sei-
gneur, chacun *e hâtait de manger ce qu'il avait apporté
pour son propre repas, de sorte que l<-s uns mliiml avec
leur faim, tandis que les autres étaient i I Cor.,
xi, 18-21). En cette même église, un chrétien entrete-
nait la femme de son père, notoirement et sans en
aiinine mesure manifestant l'affliction ou la réprobation
des autres (\, l-'i). Il fallut une sommation indignée de
saint Paul pour contraindre les Corinthiens à punir ce
scandale par l'exclusion du coupable.
Aux mots Evf.oi x, IIiékarchie ecclésiastique on trou-
vera des indications sur l'origine, la formation et l'orga-
nisation des ministères et des charges, l'introduction d'un
Bacerdoce el d'un clergé dans les églises. Parallèlement a
ces institutions se produisit l'idée de catliolicité (Y. ce
mot), dont le développement fut stimulé par la lutte contre
les hérésies. Dès le commencement et malgré les dr
que nous avons mentionnées précédemment, les chrétiens
avaient considéré comme une chose essentielle de sentir
qu'ils formaient une unité resserrée par les liens d'une
même foi, d'une même espérance et d'un même amour.
Mais cette unité était purement spirituelle, les relations
qui devaient rattacher les diverses communautés, les unes
avec les autres, n'étant point encore réglementées et
n'étant entretenues que par des individus. Aux sectes qui
s'efforçaient d'altérer la foi, tout en se prétendant chré-
tiennes, les communautés orthodoxes opposèrent l'unité
d'une entité imposante, qu'elles appelèrent V Eglise catho-
lique, c.-à-d. universelle. En conséquence, elles s'appli-
quèrent à donner a l'unité interne et spirituelle qui cons-
tituait cette église une forme extérieure et visible, non
seulement en la faisant ressortir de l'accord dans la doc-
trine ou dans les formules, ou des similitudes d'organisa-
tion et d'usage chez les diverses communautés, mais aussi
en la consolidant par une union plus intime et mieux
réglementée des communautés entre elles. — Le déve-
loppement de la catholicité produisit l'institution d'une
Règle de foi générale (Kavùv T7J; oikrfidaii, liegula fidei),
résumant l'ensemble des doctrines essentielles au christia-
nisme. Cette règle, destinée à assurer l'unité dogma-
tique, consistait, non dans un formulaire officiellement
rédigé, mais dans toute une série d'articles que chacun
était libre d'exprimer comme il l'entendait, à la condition
de ne point altérer le fond. Il ne faut point la confondre
avec le Symbole, courte confession de foi qui devait être
faite par ceux que l'on baptisait. Le symbole était une
formule, mais cette formule différait dans les diverses com-
munautés, chacune y ajoutant les articles qu'elle croyait
devoir faire ressortir, à cause des conditions particulières
dans lesquelles elle était placée, surtout à cause du voisi-
nage de certains partis hérétiques. La règle de la foi n'était
point tirée de l'interprétation des Saintes Ecritures, car
les livres du Nouveau Testament n'étant point encore ras-
semblés, n'étaient répandus que isolément. Elle était
empruntée à la tradition apostolique, c.-â-d. à ce qui
s'était propagé, sous ce nom, dans les communautés chré-
tiennes. En cas de doute ou de contestation, on s'adressait
ordinairement aux églises apostoliques, C.-à-d. aux
dont le siège avait été ou était censé avoir été occupé par
les apôtres (Jérusalem, Antioche, Alexandrie, Rome,
Ephèse), et qui, pour cette raison, semblaient avoir été
constituées dépositaires et gardiennes de leur doctrine.
Irenèe(120 ?-202?) désigne l'Eglise catholique comme
le vase dans lequel les apôtres ont déposé la vérité et
comme la porte de la vie (Adversus hœreses, 1. III, c iv).
Tertullien (460 ? — 245 ?) écrit que l'Eglise est le corps
mystique des trois personnes divines (De baptismo, v) ;
il la compare déjà à l'arche de Noè(vin). Cette comparai-
son fut reprise et développée par Cyprien (200? -258),
qui en appliqua les conséquences non seulement aux païens
et aux hérétiques, mais aux schismatiques, et identifia
l'Eglise avec la hiérarchie dont l'épiscopal était devenu
le sommet : « Que personne ne trompe les fidèles et n'al-
tère la vérité. L'épiscopal est un et chaque évéque en pos-
sède solidairement une partie. De même, l'Eglise est une,
— 017 —
EGLISE
ei aile M répand. |ur sa téconilite, en plusieurs personnes :
comme il v I plusieurs rayons île soleil, mais il n'y a
qu'une lumière ; comme un arbre a plusieurs branches,
mais n'a qu'un tronc et qu'une racine... C'est ello qui
nous fait naître, nous nourrit de son lait et nous anime
de son esprit. LYponse île Jésus-Christ ne j'OUt être cor-
rompue, car elle Kl dMSU et incorruptible. Klle ne con-
naît qu'une maison et n'a qu'une seule couche, qu'elle
parole pure et inviolalile... Quiconque se sépare de l'Eglise
et s'unit à une .ulullère (c.-à-d. à une enlise autre que
celle ou Cyprin était evèquei n'a point île part aux pro-
j qu lui ont été faites. Celui qui abandonne l'Eglise
Jèsos-Chrisl ne recevra jamais les récompenses de
Mann (Tirint t'est un étranger, un profane, un ennemi.
Celui-là ne peut avoir Dieu pour père, qui n'a point
pour mère. Il est tout aussi impossible de se sauver
hors de l'Eglise, qu'au temps île Noe de se sauver hors de
l'arche... Le schisme est un crime si énorme, que la mort
r.e le saurait expier. Celui-là ne peut être martyr qui n'est
F oint dans l'Eglise... In schismatique qui est tué hors de
ne peut avoir part aux recompenses de l'Eglise...
Il tant fuir un homme qui est séparé de l'Eglise, quel qu'il
soit, c.-à-d. quand même il aurait confessé sa toi devant la
menace du supplice ou dans les tourments (De unitate
Ecclesiœ). Enfin Cyprien aperçoit et signale dans les
schismes sévissant de son temps le signe de la fin prochaine
du monde ; en conséquence, il exhorte les chrétiens à
veiller, fidèles et unis, en attendant l'avènement imprévu
de leur suprême pasteur.
Dès le temps de Tertullien, on faisait déjà mention de
dans le baptême (De baptismo, Y) ; mais les sym-
cclesiastiques, alors en usage, ne le mentionnaient
qu'à l'occasion des grâces dont elle est l'instrument ou des
vérités dont elle est la messagère : Credo remissionem
peccatorum et vitam eternam par sanctam Ecclesiam
(Cyprien, Epist., TU et Tti, éd. Baluze). Plus tard, on fit
de la foi à 1 Eglise l'objet d'un article spécial : Credo sanc-
tam Ecclesiam. I) est vraisemblable que l'insertion de
cet article dans le Credo fut déterminée par les nécessités
de la controverse avec les novatiens (Y. ce mot). Ceux-ci,
B'élevanl contre les communautés catholiques à cause de
la tolérance ou plutôt de la complicité qu'ils leur repro-
chaient à l'égard des apostats et des pécheurs manifestes,
F retendaient que ces communautés ne pouvaient représenter
Eglise, dont le caractère distinctif est la sainteté. Les ca-
tholiques, inaugurant un procédé qu'ils ont fréquemment
renouvelé depuis et qui fait partie de leur tradition, écar-
tèrent les arguments de fait par une distinction subtile et
une aflirmation superbe ; ils proclamèrent comme article
de foi ne l'Eglise est sainte, substantiellement sainte, et
ils expliquèrent que sa sainteté, reposant sur son institution,
sa base et son essence, est indépendante de l'indignité per-
sonnelle de ses membres et de ses ministres. — Dans plu-
sieurs symboles, fut ajouté ensuite le mot unam, dirigé
contre les sectes hérétiques qui prétendaient pareillement
former de véritables églises. — Enfin, au iv° siècle, on
inséra le mot catholicam, auquel on attacha l'idée que
l'Eglise catholique, précédemment définie, renferme tous les
vrais chrétien*; qu'on n'est chrétien qu'à la condition de
lui appartenir et que en dehors d'elle il n'y a ni christia-
nisme, ni vérité, ni salut. — Pour un quatrième caractère,
adjoint à h sainteté, a Yunitéell la catholicité, \. Apos-
toliuté (t. III, p. 374).
Le besoin d'union qui provoqua l'élaboration des dogmes
de l'unité et de la catholicité et l'introduction dans l'Eglise
d'une hiérarchie de plus en plus puissante, résultait, non
seulement de la nécessité d'écarter les divisions et les
causes d'affaiblissement amenées par- les hérésies et les
■fanes, mais aussi de la situation des chrétiens dans le
monde païen. Au milieu de ce monde, dont ils haïssaient la
religion et les mœurs, dont ils répudiaient le passé et dont
3a menaçaient l'avenir, l'Eglise leur apparaissait comme
l'arche de Noe, hors de laquelle tous les hommes devaient
périr. En outre, suspects eux-mêmes et parfois persécutés,
ils tonnaient parmi les païens une société étrangère, sinon
une année ennemie, qui ne pouvait subsister qu'en accep-
tant la direction d'une autorité énergique et en se soumet-
tant à une discipline sévère. Lorsque cette contrainte morale
fut rendue inutile par la victoire du christianisme, elle lut
remplacée par L'action des lois impériales qui ne recon-
nurent qu'aux catholiques seuls la qualité de chrétiens et
sévirent contre les dissidents. Dès lors, quand il surgit des
divergences périlleuses, on fit décréter la catholicité de la
doctrine et de la discipline sur les points débattus par des
conciles œcuméniques, qui devinrent les cours suprêmes de
l'Eglise tout entière et se trouvèrent investis de l'infail-
libilité (V. ce mot). La foi à celte infaillibilité ne fut point
définie d'abord et imposée par un canon, mais elle provint
de la nature des choses. La conférence de Jérusalem avait
parlé au nom du Saint-Esprit (Act. Ap., xv, 28). Par
suite, tous les conciles furent censés être placés sous une
direction spéciale du Saint-Esprit. Les décisions des con-
ciles œcuméniques ne pouvant être réformées par aucune
autre autorité, il était inadmissible qu'elles pussent con-
sacrer des erreurs sur la foi ou sur les mœurs : on les
attribua à une inspiration plénière du Saint-Esprit ; tandis
que, en réalité, elles dépendaient en grande partie des pa-
triarches, auxquels les autres évoques étaient habitués à
obéir, et que, parfois même, elles étaient déterminées par
les impulsions des empereurs.
Nous avons déjà dit que saint Paul considérait la sainte
cène comme le symbole du lien qui doit unir les chrétiens
avec le Christ et les unir entre eux. Cette idée prévalut
dans l'Eglise primitive. Le pain et le vin étaient envoyés
aux absents, parfois même par une communauté à une autre,
en témoignage de communion fraternelle. Exclure quel-
qu'une de la sainte cène, c'était l'exclure de la communion
de l'Eglise. D'après un usage qui prit naissance au tie siècle,
les parents des chrétiens décédés, pour exprimer la per-
suasion que ceux-ci continuaient à participer à cette com-
munion, offraient en leur nom et comme s'ils étaient en-
core présents, des oblat ions qu'on apportait comme celles
des vivants, avant la célébration de la cène, et leurs
noms étaient prononcés dans la prière faite en cette occa-
sion, ainsi que les noms de ceux qui assistaient réellement
à la cérémonie (V. Diptyque). Le développement de cette
croyance aboutit vers le vie siècle au dogme de la commu-
nion des saints (V. ce mot) et finalement à la division de
l'Eglise en deux parties : l'Eglise triomphante, composée
de ceux qui, après avoir vaincu le monde, la chair et le dé-
mon, sont délivrés des épreuves et des misères de la vie ter-
restre et jouissent delà béatitude éternelle ; l'Eglise mili-
tante, formée par les fidèles vivant encore sur la terre :
elle est ainsi appelée, parce qu'elle soutient une guerre
perpétuelle contre le monde, la chair et Satan (Catéchisme
du concile de Trente). Aces deux parties une doctrine
plus moderne encore a ajouté l'Eglise souffra7ite, compre-
nant les âmes du purgatoire.
La scolastique ajouta peu à la doctrine sur l'Eglise, les
spéculations sur ce sujet étant devenues inutiles et surtout
fort dangereuses. Ce qui pouvait être dit de meilleur ou
de plus spécieux sur ce sujet avait été formulé dès les cinq
premiers siècles, dans la lutte contre les hérésies et les
schismes. D'autre part, à l'époque où la scolastique floris-
sait, ceux qui prétendaient représenter l'Eglise imposaient
leur autorité avec une force irrésistible. Toute apparence
de contradiction, peut-être même tout examen, eût semblé
une tentative de rébellion ; et dans ce cas la réfutation
était confiée non aux docteurs, mais aux bourreaux. Pour
que la doctrine dominante fût examinée et discutée avec la
liberté nécessaire, il fallut une révolution provoquée par
les infidélités et les abus reprochés à l'Eglise romaine. —
Aux mots Apostolicité et Catholicité, nous avons résumé
les arguments par lesquels les protestants estiment démon-
trer que l'église qui a le moins de droits aux titres d'apos
tolique et de catholique est précisément celle qui se les
ÉGLISE
— 618 -
arroge, par privilège exclusif. Contre la sainteli1 d'une
église qui compte «les ehefs suprêmes tels que les p
Benoit IX et Alexandre \l, ils invoquent le témoignage de
l'histoire attestant l'indignité scandaleuse d'un grand
nombre de ses dignitaires, la violence et l'iniquité des pro-
cédés employés par elle pour établir et maintenir h domi-
nation. A son unité ils opposent les diversités des sneii :
communautés chrétiennes, la liste des schismes irréduc-
tibles et le développement toujours croissant des églises
dissidentes; a son infaillibilité, l'incertitude ot elle était
avant 1870, sur l'organe de cette infaillibilité, les contra-
dictions des décisions des papes entre elles, leurs contra-
dictions avec l'Ecriture sainte et les dogmes de leur
église, et même les contradictions de plusieurs de ces
dogmes avec la Bible; à son antiquité, les nouveautés
de ses doctrines, de ses institutions, de ses ordonnances et
même de ses sacrements. — Enfin et comme base de
leur argumentation, ils signalent une équivoque, une con-
fusion entre deux choses essentiellement distinctes, quoique
désignées par le même nom : confusion de l'église mys-
tique, dont le Christ est le chef permanent et incom-
mutable, de l'Eglise qui est le corps du Christ et dont
tous les vrais fidèles sont les membres, composée de
tous ceux qui sont parvenus, parviennent ou parviendront
au salut, avec les communautés établies pour préparer et
édifier cette Eglise, c.-à-d. pour annoncer l'évangile, ad-
ministrer les sacrements, rassembler, instruire et diriger
les chrétiens. L'Eglise mystique étant composée de tous
ceux qui sont ou seront sauvés, il est incontestable que en
dehors d'elle il n'y a point de salut; ne comprenant que
des âmes qui sont parvenues ou qui parviendront à la sain-
teté, elle mérite indubitablement le titre de sainte; pa-
reillement, celui de catholique, puisqu'elle renferme la
« grande multitude que personne ne peut compter de toute
nation et de toute tribu, do tout peuple et de toute langue,
qui doit se tenir devant le trône et devant l'Agneau {Apo-
calypse, vu, y). Elle est une, puisqu'il ne pourrait y avoir
deux églises réunissant ces caractères. Mais cette Eglise-là
est invisible, Dieu seul en connaît les membres. A pro-
prement parler, il n'y a point une Eglise visible pour les
hommes sur la terre. Ce qu'on appelle ainsi n'est qu'une
somme ou une tédération d'unités distinctes, comme étaient,
au premier âge, les églises de Jérusalem, d'Antioche,
d'Ephèse, de Smyrne, de Pergame, de Rome, de Corinthe,
de ïhessalonique, etc., unies par la foi en Jésus-Christ,
le baptême et la cène, mais différenciées par des diver-
gences sur des points importants et par leurs préférences
pour Pierre ou pour Paul ou pour Jacques. Non seulement
plusieurs de ces églises différaient entre elles à l'origine ;
mais siècle par siècle, chacune d'elles a différé sensiblement
d'elle-même, à ce point que, bien avant le xv8 siècle, il eût
été impossible de trouver en Occident une église repro-
duisant l'image quelque peu ressemblante d'une église pri-
mitive. A ces différences correspondent des altérations plus
ou moins profondes du type originel, quant à la doctrine,
quant au culte et quanta l'organisation. Quelques-unes de
ces altérations peuvent être acceptées comme des disposi-
tions d'ordre local ou comme de simples modifications jus-
tifiées par les lois du développement. D'autres, au contraire,
affectent la substance même du christianisme et ont fait
perdre aux églises qui les ont commises le caractère chré-
tien. Quand il s'agit de décider si une église possède ce ca-
ractère, tout le débat doit être ramené à ces deux questions
principales : Cette église annonce-t-elle purement tout
l'évangile, sans addition et sans retranchement ? Admi-
nistre-t-elle les sacrements fidèlement, suivant l'esprit et la ,
forme essentielle de leur institution ? Si oui, elle est une
église véritable, quelles que soient les particularités acces-
soires ; si non, elle est une iausse église, quelles que
soient ses prétentions pour le reste. — Pour le droit que
les protestants dénient à toute église de décréter des ar-
ticles de foi et des commandements, V. CowUHDl mknts de
l'Eglise et Foi. E.-H. Vollet.
IV. Sociologie (V. Clame et Etat).
V. Musique (Y. Mdsiqoeulkadic).
Hi ni- : Ait'Hiii'. lui-.i Dict. de C Académie deê Beaux-
Arts ; I';iris, 1868, t. IL in-8, fl>. — Vioiaet-
Dict. de l'Architecture; I ,flg. -- Congrès inter-
national de» architectes de W*; Paris, 1881, ln-8, fip.
li i.as, tes Egliêe» circulaires d'Angleterre ;
1882, ui-h, li-'. — Alpb l'Evolution <ic- i
chrétienne*. aans lu Itevue générale de l'Architecture;
l'.iris, t. XI. III, fi;-'., in-8. — Kd COBEOYER, l'Architecture
romane, l'Architecture gothique; l'an-
ÉGLISE (Etats de 1') (V. États de l'I.i.i
ÉGLISES ai'ostoi.kji es (Y. ci-dessus § Théologie).
ÉGLISE catholique romaine. I.e premier document
qui mentionne d'une manière précise l'Eglise de Home est
l'épltre adressée, vers l'an ^8, par saint Paul, aux i hré-
tiens de cette ville. Il leur dit qu'il souhaite fort de trouver
DBS occasion de les aller voir, pour leur faire part de
quelque don spirituel, afin qu'ils soient affermis (i, M I .
Il est vraisemblable que ces chrétiens étaient judaisants
et qu'ils furent médiocrement reconnaissants des
de Paul et du dessein qu'il avait « d'aller cueillir quelqw
fruit parmi eux, comme parmi les autres nations (13) ».
Lorsque l'apôtre fut amené prisonnier à Rome, ils le lais-
sèrent sans assistance et sans consolation (I, Colossiens,
iv, 11 ; II, Timothée, iv, 16). Il y serait resté dans l'indi-
gence, si les Philippiens ne lui avaient envoyé des secours
(Philippiens, n, 25; îv, 18). — On ne possède aucun
renseignement certain sur la fondation de cette Eglise. La
légende catholique l'attribue à l'apôtre Pierre, qui serait
allé une première fois à Rome, vers 42 ou 43, puis y serait
retourné et enfin y aurait été martyrisé, vers 65 ou 66.
Il est impossible de trouver dans le Nouveau Testament le
moindre texte indiquant ces faits, qu'il serait d'ailleurs
fort difficile de concilier avec l'attitude de Paul en son
épltre aux Romains et le projet qu'elle annonce, et avec
les renseignements qu'il donne en d'autres épltres sur sa
propre captivité. Le silence de ces dernières épltres à l'égard
de Pierre serait inexplicable ou injurieux, si Pierre avait
gouverné l'Eglise de Rome au temps ou elles ont été écrites.
De même, le silence des Actes des Apôtres (xxvui, 15, 31)
racontant l'arrivée à Rome de Paul, prisonnier, et sa pré-
dication en cette ville. Il n'est point absolument improbable
que Pierre soit mort à Rome; mais les motifs que nous
venons d'indiquer et plusieurs autres nous semblent écarter
l'hypothèse de la fondation de l'Eglise de Rome par cet
apôtre, et celle d'un pontificat ayant duré vingt -deux ou
vingt-cinq années (V. Pierre [Saint], apôtre). Du reste,
l'histoire de ces commencements est fort obscure ; à ce
point qu'il est impossible de constater avec certitude les
noms et d'établir la succession des premiers évèques. Non
seulement elle est obscure, mais elle est à peu près nulle ;
pendant la plus grande partie des deux premiers siècles,
elle ne présente guère que des listes de noms. Beaucoup
de ces noms sont d'origine grecque ou orientale et con-
courent avec d'autres indices à démontrer que, pendant
plusieurs siècles, cette Eglise contint une forte proportion
d'éléments étrangers, les Romains étant restés longtemps
attachés au culte de leurs dieux et de leurs empereurs,
qu'ils identifiaient avec la gloire et la prospérité de l'Em-
pire. La première évangélisation de l'Occident, notamment
de la Gaule, fut, pour la plus grande part, entreprise par
îles chrétiens venus d'Orient et opérée sur des immigrés
originaires des mêmes contrées. La population indigène des
villes ne se converti) que lentement; plus lentement encore
celle de la campagne. I>e là, le mot paganisme.
Pendant les premiers siècles, non seulement le nombre
des chrétiens de langue latine était faible, en comparaison
de l'Eglise grecque, mais l'Eglise latine ne formait guère,
quant à l'activité intellectuelle, qu'une dépendance de
l'Eglise grecque. Ne possédant point encore de littérature à
elle, elle se rattachait à celle du christianisme oriental. C'est
en grec qu'ont écrit les plus anciens auteurs de l'Occident,
tels que Clément de Rome et [renée. Tertullien lui-même
avait rédigé plusieurs ouvrages en grec ; en sorte que cette
— 619 -
EGIJSE
langue, dans laquelle les apôtres avaient déjà exprimé les
idées chrétiennes, fut longtemps considérée, même dans
l'Eglise occidentale, comme le seul organe qui put les
rendre d'une manière satisfaisante. Plus lard, tous les
conciles œcuméniques jusqu'en Sti:i furent assembles dans
la partie orientale de l'Empire et rédigèrent leurs canons
en grec IV la, le gjraad Domine de mots provenant de
celle langue, introduits et conserves dans le vocabulaire
- ts pie. — Ce n'était point seulement la définition
des dogmes qui se faisait en Orient, c'était aussi leur ela-
■.• 1..11. V cet égard, il convient de noter ici une dille-
reuce essentielle entre le caractère de la théologie ou le
tempérament des théologiens dans les deux Eglises. Tandis
que les théologii I l _i s, notamment les alexandrins, pé-
nètres consciemment ou inconsciemment de philosophie, se
livrent aux spéculations les plus lonéflinu sur les objets
de la métaphysique religieuse, les théologiens latins ré-
prouvent la philosophie, comme la mère des hérésies, BtM
tardent contre les banlieues de la pensée ; ils acceptent
comme inviolables toutes les doetrines transmises par la
tradition ou énoncées par les conciles, et ils se contentent
de les expliquer et de les défendre. Quand ils se permettent
un effort original, ils le tout porter sur des sujets pratiques
et |K)sitifs : apologétique, culte, sacrements, moyens de
salut, morale, discipline, gouvernement ecclésiastique,
(.'est en Afrique, par Tertulhen. Cyprin et Augustin, que
le latin a ete adapté à la théologie. L'œuvre de ces écri-
vains, même celle d'Augustin, le plus aventureux, présente
le caractère que nous venons d'indiquer; pareillement, celles
de Jérôme si de Grégoire le Grand. Cette tendance persista
lorsque l'Eglise latine, séparée de l'Eglise grecque, se mit
à confectionner des dogmes, à son tour.
Ite^ la tin du \V siècle, on trouve en Occident la recon-
naissance d'une certaine supériorité de l'Eglise de Home.
Irenee préconise « la tradition et la foi précitée à tous dans
l'Eglise romaine, cette Eglise si grande, si ancienne, si
( "imue de tous, que les glorieux apôtres saint Pierre et
saint Paul ont fondée et établie ; tradition qui est venue
jusqu'à nous par la succession des évèques Il faut qu'à
cette Eglise, à cause de son éminente supériorité, se con-
forme toute autre Eglise, r.-à-d. les fidèles qui sont de
toutes parts ; parce que la tradition des apôtres y a tou-
jours été observée par ceux qui y viennent de tous côtés. »
Dans la controverse avec les protestants, les théologiens
catholiques nous semblent avoir tiré de ce témoignage des
eoBséquences excessives. Il ne faut ni en amoindrir ni en
gérer la valeur, mais en bien lire le texte. La supério-
rité rec mnue par Irenee 1 l'Eglise de Kome ne résulte ni
de la ['rimante de Pierre, ni d'un droit de lier et de délier
attribué aux evèques de Rome, en qualité de successeurs
de et apôtre, mais du fait que cette Eglise, ayant été,
suivant lui, fondée par Pierre et par Paul, a reçu l'ensei-
nent de ces déni apôtres, qu'elle en a été cons-
tituée dépositaire et qu'elle en est restée fidèle gardienne.
Il s'agit ici de transmission, de tradition, nullement de
sion ou de juridiction. Cette interprétation est confirmée
par la conduite d'Iréoée lui-même à l'occasion de faits se
rapportant aux diversités qui persistaient encore dans
les Eglises. Victor, èvèque de Rome, voulait rompre la com-
munion arec les Eglises d'Orient qui. suivant la coutume
ancienne, eéiébreieal la fête de Pâques un autre jour
•nie l'Eglise de Rome. Irenee intervint et amena Victor à
renoncer à son dessein.
Suivant les copies l«-s plus récentes (suspectes d'interpo-
lation) de KSS lettres, -aint Cyprin aurait écrit que l'unité
sacerdotale provient de la chaire de Pierre et de l'Eglise
principale (Epist. /.A. ad Cornelium). .Mais dans le texte
itesté de son traite Sur l'Unité de l'Eglise, il affirme
la complète égalité de tous les apôtres, pari consortio
prœ.diti et honoris et votestatis; il professe que l'épis-
copat est un el indivisible, et que chaque évêque en possède
solidairement une portion. 11 sut défendre, avec énergie et
avec succès, l'égalité épiscopale. 11 considérait comme nul
le baptême administré par des hérétiques. Au contraire,
Etienne, èvèque de Rome, le déclarait valable, prétendant
énoncer la tradition (nil innorrtur). Dans ce conllit, les
Eglises de l'Asie Mineure, dont l'opinion fui exprimée par
saint l'irnnllien, èvèque de Césarée en Cappadoce, attestè-
rent que la doctrine de Cyprien était conforme à la vérité
et à ta COUiltme. Elle fut solennellement adoptée par un
concile de Cartilage (236). Dans une allocution adressée à
ce concile, Cyprien, réprouvant les prétentions et les pro-
cèdes de l'évèque de Rome, disait : Il n'y a parmi nous
aucun èvèque s 'établissant l'évèque des autres évèques, et
réduisant par une terreur tyrannique ses collègues à la
nécessité de lui obéir. Chaque èvèque jouit do son propre
arbitre, pro licentia libertatis et potestatis, tanquam
juiUcari al> alis non possit, cum nec ipsepossit alterum
judicare (V. Cartuage [Conciles dej, t. IX, p. 610,
col. 2). — Dans la querelle des deux Denys (V. Denvs,
pape, et Denys, èvèque d'Alexandrie) ces évèques discu-
tent, sur le pied d'une parfaite égalité. Au iv° siècle et au
commencement du Ve, les évèques de Rome, écrivant à
d'autres évèques, prenaient encore et tout simplement le
titre d'évèque de la ville ou d'èvêque de l'Eglise de Rome.
Parmi les causes qui ont concouru à l'extension de l'au-
torité des évèques de Rome, la première, suivant nous, est
ce fait, attesté par l'histoire des premiers siècles, que l'im-
portance des évèques était généralement proportionnée à
L'importance de la ville ou leur siège était placé. La seconde
appartient au même ordre de faits, et résulte de l'établis-
sement et du développement, avec ou sans ce nom, du
régime métropolitain (V. Métropole). Le VIe canon du con-
cile de Nicée (323) constate que le pouvoir de l'évèque de
Rome s'exerçait déjà sur les régions suburbicaires, et il
reconnaît a l'évèque d'Alexandrie un pouvoir analogue sur
l'Egypte, la Lybie et la Pentapole. Il ajoute que les droits
et les privilèges de l'Eglise d'Antioche et des autres Eglises
seront pareillement conservés. Les régions suburbicaires
comprenaient la Campanie, la Toscane avec l'Ombrie, le
Picenum, la Sicile, la Calabre avec l'Apulie, la Lucanie
avec le Rrutium, le Sammiuni, la Sardaigne, la Corse, la
Valérie ; elles ne s'étendaient pas au delà du golte de
Spezia, au N., et de l'embouchure du Rubicon, à l'E.,
laissant en dehors Aquilée, Ravenne et Milan. Telle était
aussi la circonscription de ce qui fut appelé le Synode
romain. Le texte grec du VIe canon de Nicée ne men-
tionne nullement la primauté du siège de Rome; mais une
copie latine portait cette addition : Y Eglise romaine a
toujours eu la primauté. L'interpolation tut signalée au
concile de Chalcedoine, lors de la lecture du texte, à la
confusion des légats romains (Mansi, Sacrosancta con-
cilia, t. XX, p. 168).
Aux causes précédemment indiquées il convient d'ajouter,
d'une part, la propagation, la consolidation de la légende
de Pierre et l'emploi hardi qu'en firent les évèques de
Rome ; d'autre part, le besoin instinctif, dès que le chris-
tianisme fut devenu la religion de l'Etat, de faire refléter
dans l'Eglise l'image de l'Empire. Dans cos conditions, le
siège de Rome se trouvait naturellement désigné pour
l'honneur suprême. Le principe de l'appel à Rome, en
faveur des évèques, même contre les synodes provinciaux,
fut admis par le concile de Sardique (347) ; mais les orien-
taux ont toujours protesté contre ce concile, auquel ils
avaient refusé d'assister (V. Ariamsme, 1. 111, p. 892, col. 2).
L'Eglise d'Afrique réprouva longtemps et ènergiqueinent
ce qu'elle nommait les appellations d'outre-mer (V. Car-
TDAGE,concilede419, t. IX, p. 611). Persistant dans la doc-
trine de Cyprien, elle décida qu'aucun primat quelconque
ne pourrait être appelé prince des prêtres, ni souverain
pontife. — Le canon III du concile œcuménique de Cons-
tantinople (381) statua que l'église de cette ville aurait la
préséance d'honneur, xa jtpeatœTa xfti Tipjç, après l'Eglise
de Rome. En résumé, les quatre premiers siècles s'écou-
lèrent sans que la suprématie efjective de Home fût
positivement reconnue. Saint Jérôme lui-même, exposant la
ÉGLISE
— 620 —
nécessité d'une autorité centrale et unique, la montre dans
le chef de chaque subdivision de l'organisme ecclésiastique,
évèque, archidiacre, Brohiprétre;mais il ne parle point de
l'évèque de Home et n'ose point l'indiquer comme le chef
de l'Eglise entière (Ad Rusticum). Tertullien, Cyprien,
Lactance, avaient ignoré les droits particuliers de l'évèque
de Home ; ils ne parlent jamais d'un droit supérieur qui
lui aurait appartenu en matière de doctrine. Chez les prin-
cipaux écrivains de l'Eglise grecque, Eusèbe, Athana>e,
Basile le Grand, les deux Grégoire, les deux Cyrille, on ne
peut trouver un seul mot sur ces privilèges; non plus
chez les Latins llilaire, Pacien, Zenon, Lucifer, Sulpice,
Ambroise. Dans sa controverse avec les donatistes, Augustin
se tait sur la nécessité de la communion avec Rome comme
centre de l'unité, argument qui aurait été d'une valeur
décisive. Aucun des Pères du ive et du ve siècle, traitant
exégétiquement les passages de l'Evangile relatifs à Pierre
(S. Matthieu, xvi, 18 ; S. Jean, xxi, 18), n'en fait
l'application aux évèques de Rome, comme successeurs de
Pierre.
Dès le commencement du ve siècle, Innocent Ier s'ap-
pliqua à revendiquer etjà exercer l'autorité qu'il préten-
dait lui appartenir, à titre de successeur de saint Pierre.
Il fut imité par ses successeurs et dépassé par Léon le
Grand (440-461). Le concile œcuménique de Chalcé-
doine (431) rappela aux évèques de Rome que leur siège
devait la préséance qui lui avait été précédemment reconnue
à la situation politique de la ville. En son XXVIIIe canon,
il déclara que « le Très-Saint Siège de la nouvelle Rome
(Constantinople) devait jouir des mêmes privilèges que
celui de l'ancienne Rome... La ville honorée de la couronne
et du Sénat, qui jouit des mêmes honneurs que l'ancienne
Rome, doit être glorifiée dans les affaires de l'Eglise autant
qu'elle, étant la première après elle. » (V. Cualcédoine [Con-
ciles de], t. X, p. 228). Suivant les instructions qu'ils avaient
reçues, les légats protestèrent à Chalcédoine. Léon déclara
ce canon nul et le cassa. Ses successeurs persistèrent dans
cette opposition. Néanmoins, la décision du concile, qui
conformait la condition de l'Eglise à celle de l'Empire et
qui appliquait aux mêmes situations la même règle, reçut
son entier eflet. Elle a déterminé depuis lors le régime de
l'Eglise d'Orient, en même temps que sa conduite et sa
doctrine à l'égard des prérogatives de Rome. L'obstination
des papes à n'en point tenir compte fut la cause originelle,
la cause profonde du schisme d'Orient (V. ce mot).
En 45o, Léon le Grand obtint de Valentinien III, empe-
reur d'Occident, un édit qui soumettait absolument à
l'évèque de Rome tous les évèques de son Empire. Cet édit
est motivé sur le canon du concile de Sardique précédem-
ment mentionné, sur l'importance politique de Rome et
surtout sur les prérogatives de saint Pierre, argument favori
de Léon ; il ordonne aux officiers impériaux de con-
traindre les évèques à l'obéissance. Mais ces officiers auraient
été fort empêchés, s'ils avaient voulu prêter main-forte
aux prétentions du siège romain. L'empire d'Occident était
disloqué ; les Vandales occupaient l'Afrique, les Baléares,
la Sicile, la Corse, la Sardaigne et saccageaient Rome ; les
Wisigoths tenaient l'Espagne et le midi de la Gaule; auprès
d'eux, les Burgondes. Tous ces conquérants étaient ariens.
Les Francs, qui se trouvaient dans les provinces du Nord,
étaient encore païens. La Bretagne était abandonnée depuis
près de cinquante ans. D'ailleurs, les chrétiens bretons se
considéraient comme absolument indépendants de Rome.
Ils montrèrent cette indépendance lorsque Grégoire 1er
envoya chez eux des missionnaires pour convertir les
Anglo-Saxons. — L'organisation normale des Eglises de
ces contrées était ce que nous appellerons l'organisation
métropolitaine-synodale, commune, en ses traits princi-
paux, à toutes les Eglises de la chrétienté; diversifiée, en
des particularités accessoires, par des coutumes locales. Ses
divisions avaient été adaptées à celles de l'Empire. Au chef-
lieu de chaque province, un évéque, qui était le président
des autres ; lorsque l'un d'eux mourait, il convoquait les
eréqoea du voisinage pour la consécration de son succes-
seur ; il certifiait aux autres Eglises de la catholicité la
validité de L'élection et de la consécration, et, au besoin.
les défendait contre les contestants, ce qui aboutit au droit
de confirmation. l>e canon IX du concile d'Antioche, tout
i ii retenant les droits de chaque évèqae pour les initierai
concernant exclusivement son diocèse, exige dans toutes
les assemblées délibérant sur des questions d'intérêt géné-
ral la présence du métropolitain. Celui-ci présidait les
conciles qui devaient se tenir deux fois par an pour statuer
sur les accusations portées contre les évèques, et sur les
appels de leurs décisions; il veillait a l'exécution des réso-
lutions. Lorsque la nécessité en apparaissait, les évèques de
plusieurs provinces et même tous ceux d'une même contrée
se réunissaient en des conciles que dirigeait l'un de leurs
métropolitains. Chaque région avait certaines ordonnances
et certains usages particuliers, non seulement pour l'admi-
nistration et la discipline, mais aussi pour le culte et la
liturgie (V. Canon, t. IX, p. 57, col. 2). Toutes, d'ailleurs,
professaient un religieux attachement à la tradition catho-
lique et acceptaient les définitions doctrinales des conciles
œcuméniques.
Ce régime, qui suffisait au gouvernement des Eglises,
ne faisait aucune part à la juridiction des évèques de
Rome. Cependant Hilaire, successeur de Léon (461-467),
adressa aux évèques de la Gaule une lettre dans laquelle il
exprimait des prétentions impliquant une autorité, non
seulement universelle, mais immédiate (Thiel, Rom. pont.
Epist., 1, 141-146). Les évèques de Rome avaient déjà
pour eux le prestige qui entourait le nom de leur ville,
encore plus grand, peut-être, aux yeux des barbares qu'aux
veux des populations latinisées ; la recrudescence du senti-
ment romain et catholique, stimulé par le ressentiment
contre les conquérants ariens; la succession de saint Pierre,
alors généralement admise ; par conséquent, le caractère
apostolique, que leur siège possédait seul en Occident. Ce
titre incontesté leur valait d'être consultés sur les questions
qui ne pouvaient être bien résolues qu'en connaissance
exacte de la doctrine et de la coutume apostoliques. Leurs
réponses ont reçu le nom de décrétâtes (V. ce mot). La
plus ancienne ne remonte pas au delà de la dernière partie
du ive siècle. A ce propos, on a remarqué que les évèques
romains des quatre premiers siècles, dont les successeurs
se prétendent les organes suprêmes et infaillibles du
dogme, ont laissé passer les nombreuses occasions que leur
offraient les hérésies de leur temps, sans promulguer
aucune décision définissant la foi de l'Eglise. — En Orient,
les métropolitains étaient confirmés et consacrés par les
exarques ou les patriarches ; en Occident, ils étaient consa-
crés par les autres évèques de leurprovince. Lorsque Rome
voulut exercer le pouvoir patriarcal sur tout l'Occident, elle
émit la prétention de sanctionner la nomination des métro-
politains par la remise du pal lin m (V. ce mot). Dès le
vie siècle, un pape (nous donnerons désormais ce titre aux
évèques de Rome, quoiqu'il semble que ce fût seulement à
la fin du vie siècle qu'il leur fut attribué exclusivement
en Occident avec la signification de pater patrum), un
pape avait envoyé le pallium à l'évèque d Arles comme
insigne de la qualité qu'il lui attribuait de vicaire perpé-
tuel du saint-siège dans la Gaule. Grégoire le Grand fit
de même à l'égard de certains autres métropolitains.
Néanmoins ceux-ci n'étaient point obligés d'attendre le
pallium pour exercer leurs fonctions. Ce fut seulement
au concile de Francfort (742) que Boniface, le^at de
Zacharie, obtint une décision obligeant les métropolitains
à solliciter le pallium et à obéir aux ordres légitimes du
pape. Cette exigence fournit plus tard l'occasion d'imposer
aux métropolitains une promesse d'obéissance, que Gré-
goire VU transforma en un serment formel de vassalité
dont les ternies furent empruntés au droit féodal séculier.
Elle devint aussi une source féconde de revenus : au
xve siècle, les métropolitains allemands payaient vingt
mille florins pour la réception du pallium.
— (5-21 —
ÉGLISE
Au nom de lîonifaee (V. ce nom), apôtre de la Ger-
manie. que nous venons M mentionner, doit se rattacher
l'indication de doux causes qui ool pnfMWWwal contribué
à développer la domination des papes: la conversion des
■pmlon restes païens, par des missionnaires envoyés de Rome
ou s'v rattachant, et l'alliance de la papauté avec les Caro-
lingiens. Les Eglises formées en Germanie par lîoniface et
npagnons avaient été organisées en vue de la sou-
de Rome. Il en avait été de même de
celles qui avaient été précédemment fondées chez les Anglo-
Saxons par Augustin. En conquérant une partie de la Ger-
manie au christianisme, lîoniface, comme on l'a dit, avait
travaille a la fois pour les princes austrasions et pour
romaine. D'autre part, ce fut Boniface que Zacharie
a de sacrer Pépin roi de France. La réciprocité, la
communauté d'intérêts qui devaient unir les papes et les
Carolingiens, et les résultats de leur alliance relativement
.1 l'Eglise et a l'Empire sont des faits trop connus pour qu'il
soit nécessaire de les exposer ici. Pour deux épisodes fort
instructifs de cette histoire et qui consistent en deux faux
céléhres : la Lettre de saint Pierre aux Francs et la Dona-
tion de Constantin, nous renvoyons au dernier de ces mots.
— Pour une falsification (dus célèbre encore, nous renvoyons
pareillement aux mots Canon, t. IX, pp. 6-2,63, et Décré-
tale, t. XIII. pp. 1094, 1093. Ce n'est point sans raison que
leN théologiens et les canonistes gallicans ont attribué aux
Fausses Décrétâtes l'origine d'un changement profond,
quelques-uns même disent d'une révolution, dans la discipline
et le gouvernement des Eglises d'Occident. Non seulement
elles ajoutaient à la primauté des papes la juridiction univer-
selle et soumettaient à leur arbitre les métropolitains et les
conciles particuliers, mais elles montraient le siège de Rome
possédant et exerçant, dès le commencement de l'Eglise, les
prérogatives qu'elles lui adjugeaient frauduleusement. Les
papes étaient restés étrangers à la fabrication des Fausses
Décrétâtes, mais ils s'empressèrent d'en profiter. Dès 864,
Nicolas [™ s'en servit, à l'occasion de l'appel de Rothade,
évèque de Soissons, contre Hincmar, archevêque de Reims,
Four établir qu'aucun concile ne pouvait se réunir sans
assentiment du pape : innovation manifeste, car les nom-
breux conciles tenus en Gaule et en France depuis le
iv« siècle avaient été convoqués sans qu'on se fût adressé
à Rome. On dit même que Nicolas prétendit que les origi-
naux des Fausses Décrétâtes se trouvaient dans les
archives romaines. — Jean VIII obtint de Charles le Chauve
l'acceptation des canons d'un concile tenu à Ravenne(877),
décidant que désormais l'investiture des métropolitains
serait soumise à l'approbation pontificale.
Après avoir amoindri l'autorité et la juridiction des
métropolitains, les papes s'emparèrent d'une partie de la
juridiction de tous les évéques indistinctement, en s'appro-
priant certains de leurs justiciables et certaines de leurs
causes. On trouvera aux mots Cas réservés, Causes
majeures. Exemptions, l'indication des faits relatifs à cette
'■ntreprise. A part quelques cas peu importants, intéressant
spécialement les églises d'Italie ou de Germanie directe-
ment soumises au siège de Rome, la première des exemp-
tion fut établie en faveur de la congrégation de Cluny
(V. Appellations ecclésiastiques, t. III, p. 417). Des pri-
vilèges analogues furent accordés successivement à toutes
les congrégations ou ordres quelque peu considérables, et
même à des chapitres de cathédrale. Ils finirent par
s'étendre sur presque tout le clergé régulier, dont ils firent
une milice dévouée aux papes et qui les aida puissamment
dans leurs entreprises contre la simonie et le concubinage
des prêtres, contre les princes et l'Fmpire, contre les
évéques et les Eglises nationales. — De 1 049 à 1052,
Léon IX présida six conciles en France, en Allemagne et
en Italie. L'un d'eux, tenu à Reims (1049) malgré l'op-
position du roi Henri Ier, déclara que l'évèque de Rome
est le primat apostolique de l'Eglise universelle. Léon
déposa quelques prélats coupables de simonie et excom-
munia ceux qui s'étaient abstenus d'assister au concile. —
Suis son successeur, Victor II, s'accomplit définitivement,
par excommunication réciproque (1054), le schisme
d'Orient (V. ce mot). En conséquence, l'I^glise orientale
resta étrangère aux grands conciles du moyen âge, tenus
depuis 1123, et que la plupart des historiens classent
parmi les conciles œcuméniques (V. Latran, Lyon, Vienne
[Conciles de]. Ces assemblées ne furent en réalité que des
conciles généraux de l'Eglise latine. D'ailleurs, leur carac-
tère diffère profondément de celui des anciens conciles
œcuméniques. Les papes s'en servent pour associer les
Eglises à leur cause ; mais ils les convoquent seuls et les
réduisent au rôle d'assemblées consultatives. Les décisions
sont préparées et prises par eux; le concile les écoute, et
elles sont publiées, sacro approbante concilio.
D'après les idées exprimées par Grégoire VII dans ses
lettres et résumées dans les propositions du Dictatus
Gregorii, l'Eglise romaine n'a jamais erré dans le passé;
jamais elle n'errera dans l'avenir. Le pontife romain,
canoniquement consacré, devient saint par le mérite de
l'apôtre Pierre, dont il est le successeur. Lui seul peut
être appelé le pontife universel. Il ne peut être jugé par
personne, mais il juge tous les autres, et nul ne peut
appeler de sa sentence. Selon la nécessité des temps, il
peut faire des lois sur l'organisation ecclésiastique. Il peut
déposer et transférer tous les évéques ; lui seul le peut.
Ses légats ont la préséance dans les conciles. Aucun con-
cile n'est œcuménique s'il n'est convoqué par lui. Celui
qui est investi de ces pouvoirs dans l'ordre spirituel doit,
à plus forte raison, les exercer dans le domaine temporel;
il peut déposer les empereurs et les rois, et délier de leur
serment de fidélité les sujets des princes qu'il a condamnés.
— Cette doctrine fut juridiquement libellée et amplifiée
par Anselme de Lucques, Bonizon et d'autres canonistes
grégoriens de ce temps-là, reproduisant les falsifications
et les erreurs de fait déjà indiquées et en ajoutant d'autres.
Gratien les dépassa ; il écrit que « la sacrosainte Eglise
romaine communique le droit et l'autorité aux canons,
mais qu'elle n'est point liée par eux... Ha ergo auctori-
tatem sacris canonibus prœstat, ut se ipsam non sub-
jiciat eis. Quand les papes y obéissent, ils font comme
Jésus, qui obéissait à la loi, tout en étant et en restant le
maître de la loi. Nonnunquam vero, seu jubendo, seu
definiendo, seu aliter agendo, se decretorum dominos
et conditores ostendunt (Causa XXV, quœst. i, c. 11,
12, 16). On sait quelle autorité Gratien exerçait. Par les
soins de la cour de Rome, son livre devint bientôt le code
et le traité juridique de l'Occident. Toute la législation des
décrétales de 1159 à 1320 est édifiée sur le Decretum.
Il en est de même de la dogmatique de Thomas d'Aquin
sur les sujets correspondants. Du reste, toute la dogma-
tique scolastique, concernant la constitution de l'Eglise, se
soumettait entièrement à la jurisprudence. — Il avait suffi
à Grégoire VII et à Alexandre III d'être appelés vicaires
de saint Pierre, Innocent III dédaigna d'être le vicaire d'un
simple homme : il se qualifia de vicaire de Dieu ou de
Jésus-Christ. De ce titre, des glossateurs déduisirent que
ce que fait le pape est fait par Dieu lui-même. Il peut
changer la nature des choses, en appliquant aux unes les
propriétés substantielles des autres, par exemple, changer
l'injustice en justice. Ce qui est condamnable de la part
des autres hommes ne l'est plus si l'auteur est le pape :
« En cour de Rome, il n'y a point de simonie. » Il a le
droit de donner toute espèce de dispenses (V. ce mot); il
peut même en accorder pour des infractions futures. —
Dépassant encore Grégoire VII sur un autre point, Inno-
cent III posa en principe que, le pape seul ayant la plé-
nitude de, la puissance, tous les évéques ne sont institués
que pour expédier, en qualité d'aides ou d'assistants, la
portion des affaires qu'il veut bien leur confier. Cette pré-
tention, qui correspond au titre d'évêque universel, abaisse
tous les évéques au niveau de simples serviteurs, auxquels
le pape communique telle portion de son autorité qu'il juge
convenable ; ils ne peuvent pas même résigner leurs fonc-
ÉGUSE
— en —
lions Bam '-11'1' déliés par lui des liens qui les :itt:ic )i<nt |
leur église. Jean Wll en vint même à tarauder la i
que la nomination a l'évéehé vacant appartient au pape,
anciennement, un évoque pouvait m démettre de son office
lorsque sa conscience fa lui conseillail ; cette résignatiou
avait lieu ordinairement dans les conciles provinciaux.
Après s'être emparé île tout le spirituel de l'Eglise, les
papes entreprirent de s'approprier le temporel des églises.
Ils avaient coniniencé par pousser au partage de leon
biens en favorisant la constitution distincte des bénéfices,
puis ils en envahirent subrepticement la collation; enlin,
ils s'en déclarèrent les mailies, ainsi que de tous domaines
ecclésiastiques (V. Biens du CLERGÉ avant la Hévolution,
t. M, p. 740 ; Collation des bénéfices, t. XI, p. 983 ;
Dévolut, Dévolution, Inuui.t, Mois du pai>e, Taxes). Pour
d'autres mesures fiscales, V. Annates, Dénier de Saint-
Pierre, Décimes, Dispenses, Indulgences. Le clergé des
Eglises nationales se montra plus sensible à la diminution
de ses avantages temporels qu'à celle de ses prérogatives
spirituelles. Kn plusieurs pays, notamment en France, il
sentit le besoin de s'associer à la résistance des princes,
menacés ou frappés par les papes dans les droits de leur
souveraineté temporelle ou dans ceux dont ils avaient
acquis la possession sur les choses ou les affaires de leurs
églises. Déjà, les empereurs avaient pu réunir des conciles
condamnant et déposant le pape ; ils avaient trouvé, même
dans les ordres monastiques, des théologiens pour réfuter
les prétentions de Rome. Cette résistance prit un caractère
désisif dans la lutte entre Philippe le Bel et Bonijace Vlll
(V. ce nom). Ce pape, qui avait entrepris d'appliquer, en
leurs dernières conséquences, les maximes proclamées à
Rome et de couronner l'œuvre de Grégoire VII et d'Inno-
cent III, en imposant à tous les princes chrétiens sa sou-
veraineté absolue, tant dans l'ordre temporel que dans
l'ordre spirituel, fut vaincu ; et l'insuccès de ses efforts,
pour porter la papauté au sommet de la puissance, la pré-
cipita dans une décadence dont elle ne s'est jamais relevée
complètement. Le pontificat qui succéda au sien ne dura
que neuf mois. Il y eut ensuite un interrègne de plus de
huit mois; puis le siège apostolique fut transféré en Kranre,
où il resta pendant ces soixante-huit années (1309-1377),
qui ont été appelées la Captivité de Babilone et qui
aboutirent au grand schisme d'Occident : 4378-1449
(V. ce mot).
Le schisme de la papauté obligea l'Eglise à chercher un
tribunal supérieur, qui put juger les papes rivaux.
On le trouva dans le concile général, juridiction déjà
réclamée au xive siècle, par Philippe le Bel, Louis de
Bavière et les franciscains rigides, dans leurs conflits avec
Rome. Un concile, convoqué par les cardinaux des deux
papes, se réunit à Pise en 1409. Il s'y trouva vingt-deux
cardinaux, plus de deux cents archevêques et évêques
assistant en personne ou représentés, près de trois cents
abbés et prieurs, les généraux des ordres mendiants, les
supérieurs des autres congrégations monastiques, les grands
maîtres des ordres chevaleresques, les députés d'une cen-
taine de chapitres et ceux des universités françaises, an-
glaises, allemandes, italiennes; plus de trois cents docteurs
en théologie ou en droit canon, les ambassadeurs des rois
et des princes. Grégoire XII et Benoit XIII, invités à com-
paraître, protestèrent et s'abstinrent. Le concile, stimulé
par un mémoire amplement motivé de Gerson,LV auferi-
bilitate papa' ab Kcclesia, les déposa comme hérétiques
et schismatiques, coupables de crime de parjure, scanda-
lisant l'Eglise de Dieu par leur obstination manifeste
(V. Pise [Concile de]). Alexandre V fut élu pour les rem-
placer et reconnu par les Eglises de France, d'Angleterre,
d'Allemagne, de Portugal, de Bohème, de Hongrie, de
Pologne, des royaumes du Nord, de la plus grande partie
de l'Italie, et même par l'Eglise de Rome, qui reçut comme
légitime Jean XXIII, son successeur immédiat.
Cependant, les papes déposés conservaient des partisans,
et, d'autre part, Jean XXIII scandalisait la chrétienté par
I et s'aliénait ses adhérents par s<-8 exactions.
L'Université de Paris, l'empereur Sigismond et la grande
majorité des catholiques réclamèrent, avec une insistance
menaçante, la convocation d'un second concile général, pour
abolir définitivement le schisme et pour réformer l'Eglise
dans son chef et dans se^ membres. Jean Wlll se i
;i le convoquera Constance (1414-1 il 8). Iles sa l>
don (20 mars 1415) ce concile décréta qu'étant un « con-
cile général, légitimement assemblé au nom du Saint-
Eeprit, il représentait l'Eglise militante, qui a reçu
immédiatement de lésas-Christ une puissance a laquelle
toute personne, de quelque état et de quelque dignité tpn
ce fût, même papale, était obligée d'obéir en tout ce qui
appartenait à la foi, à l'extirpation du schisme et à la
réformation de l'Eglise dans son chef et dans ses membres ».
Dans sa Xe session (14 mai), il déclara Jean XXIII con-
tumax, atteint et convaincu de soixante-dix chefs d'accu-
sation, et le suspendit de toutes ses fonctions de pape et
de toute administration, tant spirituelle que temporelle.
Dans la XIIe session ("2!i mai), ce pape fut formellement
déposé « comme notoirement simoniaque, dissipateur des
droits et des biens de l'Eglise romaine etdes autres Eglises,
ayant mal administré le temporel et le spirituel, scandalisé
le peuple chrétien par ses mo-urs déréglées, et persévéré
dans cette mauvaise conduite, de manière à se montrer
incorrigible ». Il fut condamné à être enfermé sous la garde
de l'empereur aussi longtemps que le concile le jugerait
convenable. Le 4 juil. 1415, fut reçue et approuvée la
renonciation de Grégoire XII, présentée par son mandataire,
Charles de Malatesta, seigneur de Rimini, en des formes
qui revendiquaient la légitimité antérieure des fonctions
qu'il abdiquait. Le concile mit cet ex-pape au nombre des
cardinaux. Benoit XUI, s'obstinant à résister, fut condamné
dans la XXXVIIe session ('26 juil. 1417) comme parjure,
ayant scandalisé l'Eglise universelle, fauteur de schisme et
de division, indigne de tout titre; en conséquence, déposé
et dégradé de tous ses offices et dignités. Dans la
XXXIXe session (9 oct. 1417), cinq décrets. Le premier
sur la nécessité de tenir tous les dix ans des conciles pour
prévenir les hérésies et les schismes. Le second regarde les
schismes : il ordonne que, lorsqu'il y aura deux contendants
à la papauté, le concile se tienne l'année suivante, et que
les contendants soient suspens de toute administration dès
que le concile sera commencé. La troisième règle la pro-
fession de foi qui devra faire le pape élu, en présence des
électeurs. Dans cette profession étaient les huit premiers
conciles œcuméniques : Nicée, Constantinople. Ephèse,
Chalcédoine, Constantinople, Constantinople. Nicée, Cons-
tantinople; en outre, les conciles latins de Latran, Lyon
et Vienne. Le quatrième décret défend la translation des
évêques sans une extrême nécessité, et prescrit que le pape
n'en fasse aucune que du conseil des cardinaux et à la
pluralité des voix. — Dans la XL8 session (30 oct. 1 HTY
il fut décidé que le nouveau pape ferait, d'accord avec le
comité, une réforme sur dix-huit articles, dont le trei-
zième concerne les cas dans lesquels on peut corriger un
pape et le dépoaer et comment. Pour les autres, V.
Constance (Concile de), t. XII, p. 564. Les réformations
ainsi projetées ne furent arrêtées que sur quelques articles :
exemptions, dispenses, simonie. Pour d'autres, le pape fit
des concordats particuliers, mais presque identiques, avec
les français, les Anglais et les Allemands. — Après avoir
délivré l'Eglise de ses trois papes, le concile avait décrété
la nomination d'un autre, qui serait, pour cette fois, élu
dans un conclave comprenant les cardinaux avec adjonction
de six prélats ou ecclésiastiques de chaque nation (fran-
çaise, anglaise, italienne, allemande, espagnole). 1-e 4 nov.,
Otto Colonne fut élu et prit le nom de Martin Y. Avant de
le couronner, il fallut le sacrer prêtre, puis évéqne. Entre
la XI. 11° et la XEIII» session, il publia une bulle portant
que celui qui sera suspect d'hérésie, devra jurer qu'il reçoit
tous les conciles généraux et en particulier celui de Cons-
tance, représentant l'Eglise universelle, et que tout ce que
— 6'23 —
ÉGLISE
le coucilo a approuve et condamne doit être approuve et
condamne par tous les fidèles (Labbe, S lerosuneta Con-
cilia, t. XII, p. -
IUuï la XLIV*s îsion Je Constance, Martin V avait fait
lire une bulle dans laquelle, pour satisfaire à un des dé-
crets précités, il désignait, avec le consentement des pères,
la ville de l'avie pour la tenue du prochain concile, cinq
ans après. Ce concile, ouvert à ravie, fut transféré a
Sienne, à cause d'une peste. 11 eut peu d'assistants. Les
dangers dont l'Eglise était menacée par les aussitea déci-
• .1 convoquer un concile général pour le
mois de mai-s 1431, dans la ville de Baie. Ce pape mourut
avant l'ouverture. Son successeur, Lugène IV, élu le 3 mars,
jora d'entreprendre avec le concile la reforme « de la cour
R une dans ^n chef et dans ses membres », ainsi que
colle « île l'Eglise, quant à la foi, la vie et les mœurs ».
ta première session générale eut lieu le li déc. 1431.
l>aus la seconde (lIS févr. 1433), le concile confirma et
Utvela les décrets île Constance sur la convocation et la
maiie des conciles généraux. Il les dépassa bientôt
et considérablement, entreprenant d'exercer la souverai-
uete ecclésiastique dans toute son étendue et s'iinmis^ant
même dans le gouvernement des possessions du pape. Fina-
lement (23 juin lil'J), il déposa Eugène IV et élut un
antipape (Félix V), qui reçut l'adhésiou empressée de la
plupart des universités, mais qui ne fut reconnu que par
la Savoie, les rois d'Aragon et de Hongrie, les ducs de
Bavière et d'Autriche et la Confédération suisse. L'histoire
de ce long concile (1431-1 149), qui est celle d'un conllit
presque incessant avec la papauté, tantôt sourd, tantôt
éclatant, est résumée au mot Bâll. — Avant la déposition
d'Eugène IV, l'Eglise et le royaume de France avaient
accueilli avec grande faveur les décrets du concile. Les vingt-
trois articles de la Pragmatique sanction de Bourges (\ . ce
mot), édictée le 7 juil. 1438, enregistrée le 13 juil. 1349
n'en sont guère que la reproduction, intégrale pour la
plupart , accommodée pour quelques autres, aux temps,
mœurs et personnes du royaume, mais avec déclaration
expresse que ces modifications n'avaient point pour objet
de mettre en doute la puissance du concile. Principales
dispositions : I. Les conciles généraux seront célébrés
tous les dix ans. Le pape, de 1 avis du concile finissant,
désignera le lieu de l'autre concile, lequel ne pourra être
changé que pour de graves raisons, et par le conseil des
cardinaux... Cette sainte assemblée tient sa puissance im-
mdialement de Jésus-Christ. Toute personne, même de
ailé papale, y est soumise... Tous doivent y obéir, même
le pape, qui est punissable, s'il y contrevient... Le con-
cile ne peut être dissons, ni transféré, ni prorogé, par per-
sonne, pas même par le pape, sans le consentement des
père>. II. Il sera pourvu aux dignités des églises cathé-
drales, collégiales et monastiques, par voie d'élection ; le
pape, au jour de son exaltation, jurera d'observer ce dé-
cret... IIL Toutes réserves de bénélices, tant générales que
particulières, sont abolies (sauf quelques exceptions spéci-
fiées dans la Pragmatique). IV. Les expectatives faisant
souhaiter la mort d'au trui et donnant lieu à une infinité de
procès, les papes n'en accorderont plus dans la suite (sauf
certaines exceptions spécifiées). V. Toutes les causes ecclé-
des provinces à quatre journées de Home seront
terminées dans le lieu même, hors les causes majeures et
tes qui dépendent immédiatement du Saint-Siège,
Dans les appels, ou gardera l'ordre des tribunaux; jamais
on n'appellera au pape, sans passer auparavant par le tri-
bunal intermédiaire. IX. On n'exigera plus rien, soit en
cour de Home, soit ailleurs, pour la confirmation des
élections, ni pour tuute autre disposition an matière de
bénéfices, d'ordres, de bénédictions, de droits de pat-
lium; et cela BOUS quelque prétexte que ce soit.de bulles,
de sceau, d'annates, de menus services, de premiers fruits
et de déports. On se contentera de donner un salaire con-
venable aux scribes, eecfétsires et copistes des expéditions.
Iqu'un contrevient à ce décret, il sera soumis aux
peines portées contre les simoniaques. Si le pape venait à
scandaliser l'Eglise en se permettant quelque chose contre
ceite ordonnance, il faudra le déférer au concile général.
Wlll. Conclusion de l'Eglise gallicane pour la réception
des décrets de' Baie, avec les modifications apportées. Les
évoques prient le roi d'accepter tout ce corps de discipline,
de le faire publier dans son royaume et d'obliger les olli-
ciers de son parlement et des autres tribunaux à s'y con-
former ponctuellement.
Les décrets reproduits parla Pragmatique, à l'exception
de deux, les plus moi\ëvcs(l)e eollationibus et De cuusis),
édictés après la rupture définitive, avaient été implicite—
mont approuvés par Eugène IV, en conséquence d'un accord
qu'il avait fait avec le concile. Mais en réalité, ils renver-
saient l'édifice élevé par la papauté avec tant de hardiesse,
d'habileté et de persévérance. Ruinant tout leur système
gouvernemental et financier, ils ne laissaient guère aux
papes qu'une primauté subordonnée et une juridiction loin-
taine et gratuite. Ils laissaient aussi fort peu de chose aux
princes. Les papes et les princes s'entendirent pour re-
prendre et partager ensemble ce que l'œuvre de lîàle avait
rendu à l'Eglise et aux Eglises (V. Concordat, Election,
Etat,§ Etat et. Eglise, Pragmatique-sanction). Néanmoins,
plusieurs Eglises, notamment celle de France, restèrent
longtemps attachées fermement aux maximes fondamentales
énoncées à Constance, dans le décret relatif à la suprématie
des conciles généraux (V. Déclaration du clergé, Gallica-
nisme). — D'autre part, les exactions des papes, la récla-
mation faite par eux aux Anglais de trente-trois années
arriérées du tribut auquel ils prétendaient sur leur pays,
l'ébranlement occasionné par le schisme, et vraisemblable-
ment aussi, les mœurs du clergé, les abus entachant cer-
taines institutions, certaines doctrines et certaines pra-
tiques, avaient provoqué des soulèvements de pensée et de
conscience, des prédications et des écrits attaquant non
seulement la papauté, mais toute la conduite et toute la
hiérarchie de l'Eglise, et réclamant le retour au christia-
nisme primitif, dans la doctrine, la constitution et le culte.
Ces premiers mouvements furent violemment réprimés. Le
concile de Constance ordonna de brûler les écrits et les
ossements déterrés de Wiclef, et lui-même fit brûler Jean
Huss et Jérôme de Prague ; les lollards furent exterminés
en Angleterre et les hussites comprimes en Bohême. Mais
les aventures politiques des papes, et des pontificats tels
que celui d'Alexandre VI, ne pouvaient relever le prestige
de l'Eglise, dont la plus haute représentation était la pa-
pauté. Précisément au moment où Léon X venait de con-
clure avec François I"1" le concordat qui les débarrassait de
la Pragmatique sanction, la protestation de Luther contre
le trafic des indulgences émises par le pape commença une
révolution qui devait enlever à l'Eglise catholique romaine
plusieurs contrées de l'Europe et peupler d'adversaires les
meilleures parties du monde nouvellement découvertes
(V. Protestantisme, Réformation).
Vers le même temps, se formait un ordre nouveau, qui
devint bientôt une puissance dans le monde et dans l'Eglise
et qui contribua singulièrement à arrêter les progrès du
protestantisme, la Société de Jésus, vouée à la proclama-
tion de l'infaillibilité et au service delà souveraineté absolue
du pape. Le succès définitif de cette partie de son œuvre
se fit longtemps attendre. Le concile de Trente n'arrêta
aucun canon décisif sur l'autorité suprême dans l'Eglise,
le pape et les prélats devant s'unir pour résister à l'en-
nemi commun et écarter toutes les questions qui pouvaient
les diviser. En France, les rois, le clergé et les parlements
persistèrent à affirmer et à délendre contre les papes les
libertés de l'Eglise gallicane. Leurs maximes prévalurent
dans toutes les monarchies appartenant à la maison de
Bourbon; elles furent dépassées en Allemagne (V. Ems
[Ponctations de], FÉBRONiANiSHE.JosÉPfflSME), en Toscane,
à Venise et en Portugal. L'ordre des jésuites lut supprimé
par le pape lui-même. A la tin du xvme siècle, la cause de
la suprématie plénière de la papauté semblait perdue. Elle
ÉGLISE - 8*4 —
fui sauvée par les changements que la Hévolulion amena
en France et en plusieurs autres contrées dans le régime
des églises. Dépouillé de la totalité ou de la plus grande
partie de ses biens, exclu de la participation directe aux
affaires publiques, le clergé n'avait plus à défendre les
droits de l'Etat ou son propre patrimoine contre les entre-
prise de Rome. D'ailleurs, en perdant les assemblées ou M8
députés se réunissaient périodiquement, il avait perdu son
centre, sa cohésion, sa représentation, en quelque sorte,
une partie de sa taille. 11 se trouvait composé de fonction-
naires plus ou moins isolés, salariés sur le budget et recru-
tés d'ordinaire dans des familles fort humbles. Dans ces
conditions, il était naturellement induit à chercher le
prestige du lointain, à tirer du dehors le lustre qui lui fai-
sait défaut au dedans et à demander à l'Eglise de Rome ce
qui manquait à l'Eglise de sa nation. D'autre part, entouré
de sceptiques ou d'adversaires, il devenait dangereux pour
lui de prolonger l'incertitude ou de continuer le débat sur
la question de l'autorité suprême; et, puisqu'il fallait opter,
il était expédient de se rallier à la doctrine du plus obstiné,
laquelle, d'ailleurs, rehausse l'Eglise, dans son représen-
tant le plus en vue.
Le 18 juil. 1870 fut décrétée, dans le concile du
Vatican, la constitution Pastor Aiternus, qui consacre
toutes les prétentions de la papauté. En voici, littérale-
ment extraites, les principales dispositions : « Tous les
fidèles sont obligés de croire que le Saint-Siège Aposto-
lique et le Pontife romain ont la primauté sur le monde
entier ; que le même Pontife romain est le successeur du
bienheureux Pierre, prince des Apôtres, le vrai Vicaire de
Jésus-Christ, le chef de toute l'Eglise, le père et le docteur
de tous les chrétiens, et qu'à lui a été confié, par Notre-
Seigneur Jésus-Christ, le plein pouvoir de paitre, de régir
et de gouverner l'Eglise universelle... — L'Eglise ro-
maine, par une disposition divine, a la principauté de
pouvoir ordinaire sur toutes les autres Eglises. Ce pouvoir de
juridiction du Pontife romain, pouvoir vraiment épiscopal,
est immédiat. Les pasteurs etles fidèles, chacun et tous, quels
que soient leur rite et leur dignité, lui sont assujettis par le
devoir de la subordination hiérarchique et d'une vraie obéis-
sance, non seulement dans les choses qui concernent la
foi et les mœurs, mais aussi dans celles qui appartiennent à
la discipline et au gouvernement de l'Eglise répandue dans
l'univers... — De ce pouvoir suprême du Pontife romain
de gouverner l'Eglise universelle résulte pour lui le droit
de communiquer librement, dans l'exercice de sa charge,
avec les pasteurs et les troupeaux de l'Eglise... En consé-
quence, sont condamnées et réprouvées les maximes de
ceux qui prétendent que cette communication du chef su-
prême avec les pasteurs et les troupeaux peut être légiti-
mement empêchée ou qui la tont dépendre du pouvoir
séculier... — Le Pontife romain est le juge suprême
des fidèles : on peut recourir à son jugement dans toutes
les causes qui sont de la compétence ecclésiastique. Au
contraire, le jugement du siège apostolique, au-dessus
duquel il n'y a point d'autorité, ne peut être réformé par
personne ; il n'est permis à personne de juger son juge-
ment. Ceux-là donc dévient du droit chemin de la vérité,
qui affirment qu'il est permis d'appeler des jugements des
Souverains Pontiles au Concile œcuménique, comme à une
autorité supérieure au Pontife romain... — Le Pon-
tife romain, lorsqu'il parle ex cathedra, c.-à-d. lorsque
remplissant la charge de pasteur et de docteur de tous les
chrétiens, en vertu de sa suprême autorité apostolique, il
définit qu'une doctrine sur la foi ou les mœurs doit être
crue par l'Eglise universelle, jouit pleinement, par l'assis-
tance qui lui a été promise dans la personne du bienheu-
reux Pierre, de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur
a voulu que son Eglise fut pourvue en définissant la doc-
trine touchant la loi et les mœurs. Par conséquent, de
lellesdéfinitionsdu Pontife romain sont indéformables d'elles-
mêmes, et non en vertu du consentement de l'Eglise. Une
si quelqu'un, ce qu'à Dieu ne plaise, avait la témé-
rité de contredire cette définition, qu'il soit anathème. »
— Ces décisions transforment en hérésies posthumes les
affirmations de beaucoup de docteurs longtemps %■
et en hérésie permanente la doctrine de toute l'Eglise
orientale-orthodoxe. Il est vraisemblable qu'elles ontâeré
entre cette Eglise et l'Eglise latine une barrière infran-
chissable. — Aux mots Cathéchese, t. IX, p. 822, eoL ! ;
Liturgie, on trouvera des indications sur ce qui a été
fait et s'achève pour compléter l'unité par l'uniformité et
remplacer les catéchismes diocésains et le rit local par un
catéchisme unique et le rit romain.
D'après les statistiques les plus récentes, mais encore
plus ou moins conjecturales, la totalité des chrétiens serait
ainsi répartie : Catholiques romains ou unis à l'Eglise de
Rome, 217,000,000; Protestants. 129,000,000; Orien-
taux schismatiques, 120,000,000; Abyssins monophy-
sites, 1,000,000; Arméniens grégoriens (monophysites),
2,000,000; Coptes monophysites,' 450,000 ; Vs'toriens
non réunis, 400,000. Le développement rapide des nations
protestantes et de l'empire russe modifie fort sensiblement,
d'année en année, les proportions réciproques de ces
diverses parties de la chrétienté. — Cette notice, étant
principalement affectée à l'histoire de la formation et de
la constitution spécifique de l'Eglise catholique romaine,
omet plusieurs choses qu'on cherche parfois au nom de
cette Eglise. On en trouvera la plupart dans les notices
suivantes : Canon (Droit), Cardinal, Célibat, Chasteté
(Vœu de), Dogme, Election, Etat, § Etat et Eglise,
Èvêque, Gallicanisme, Hérésie, Hiérarchie, Infaillibi-
lité, Liberté de conscience, Liberté des ccltis, Liturgie,
Ordres religieux, Pape, Persécution, Protestantisme,
§ Protestantisme et Catholicisme, Réformation, Sacre-
ment, Syllabus , Synodes, Lltramontanisme , Vatican
(Concile du). — Pour la bibliographie, V. les notices
qui viennent d'être indiquées et toutes celles auxquelles
des renvois sont faits dans le présent article, et Histoire
ECCLÉSIASTIQUE E.-H. VûLLET.
ÉGLISE d'Afrique. On comprend sous ce titre l'Eglise
de l'Afrique proprie dicta, suivant le terme romain
(V. Afrique, 1. 1, p. 7;>2). L'importance et le caractère de
cette province ecclésiastique ont été indiqués à l'art. Car-
thage (t. IX, p. (HO). Il s'agit de tracer ici le cadre his-
torique général qui embrasse les principaux épisodes des an-
nales de l'Eglise africaine. Les renvois aux articles spéciaux
seront faits à leur place. — Les origines du christianisme
dans l'Afrique romaine sont obscures ; mais, en l'absence
de documents, des conjectures sérieuses élèvent à un haut
degré de probabilité l'opinion qui fait passer le christianisme
de Rome à Carthage. Les débuts de ce mouvement remon-
tent peut-être au dernier tiers du Ier siècle. Les pre-
miers documents historiques sur le christianisme africain
sont des Actes de martyrs : des chrétiens de Sri H
(V. ce mot) furent exécutés à Carthage en 180; d'autres
périrent vers la même époque à Madaure. en Numidie. Peu
après, les écrits de Tertullien (V. ce nom) jettent une
vive lumière sur le caractère, la force numérique et la
puissance du christianisme africain aux environs de l'an
200. La réaction connue sous le nom de montanisme
(Y. ce mot), qui protestait au nom de l'enthousiasme pri-
mitif contre la réglementation administrative de l'Eglise
chrétienne, commençait à se faire sentir alors en Afrique
(V. Perpétue [Sainte]). Tertullien prit lui-même parti pour
les montanistes vers 206. On peut juger de l'étendue de
l'Eglise vers 220, en notant qu'un concile réuni alors à Car-
thagepar Agrippinuscomptait soixante-dix évêqu es présents.
— Deuxième période. La génération qui vécut eu Afrique
entre 220 et 250, put librement professer et propager le
christianisme; mais, en 230, l'édit de Dèce déchaîna la
persécution [\. ce mot) contre les chrétiens africains. Les
défections furent nombreuses; les difficultés causées par
la réadmission des renégats donnèrent naissance au schisme
de /■W/n.v\'f//n<.\(Y. conoiii et l'art. Novatiehs). Les érrils
de saint Cypricn (Y. ce nom, t. XIII, p. 709), en parti-
— 625 —
ÉGLISE
euliei- ses lettres, dessinent rkureaict la situation ^ecclé-
siastique .huant l'épiseopal de ce prélat (248-S58). au
concile assemblé à Carthage en Î56, on «t quatre-vingt-
sept évèques, dont environ cinquante de 1 Afrique procon-
M.lauv. une trentaine de la Numidie et quetauesHius de la
Mauritanie. Après cela, quarante années de paix agran-
dirent l'ère géographique du christianisme en Alnque et
affaiblirent son énergie spirituelle. Les èdits de Dioctétien
furent exécutés avec une certaine mollesse en Alii.juo
et pendant deux ans seulement. Cependant le trouble créé
par cette persécution fut suivi d'un schisme dont lorigme
iractéristique et dont le développement fut déçu
peur l'histoire ultérieure de l'Afrique chrëtienne(V. Doua-
tisxk. t. \l\. pp. 901-903). Les péripéties de cette lutte
eeelésiastique occupent plus d'un siècle; et il se fit, .pen-
dant ce* querelles,une polarisation de plus en plus visible de
deux éléments hostiles, celui des indigènes et celui des imnu-
. La personnalité de saint Augustin (\ . ce nom, 1. 1\ ,
p. 663), évèque d'Hippone de 398 a 130, marque 1 apogée
du christianisme en Afrique. La conférence de i 1 1 réunit
rthage deux cent quatre-vingt-six évèques officiels el
,ieuv cent soixante-dix-neul évèques donatistes. Toutefois,
<>n découvre aisément dans ces rivalités des germes de ma-
ladie qui préparent l'affaiblissement et la disparition de
liseafricaineauvii' siècle (V. encore MinuctosF., Unobe
i. m. ,,. to7l . P.Orosi ». — Troisième période, saint
Augustin mourut (430) pendant que les Vandales assoi-
ent Hippone. L'irruption de ces Germains, qui avaient
pté le christianisme sous sa forme arienne i \ . Ariahisme,
t. III. p. 894) introduit comme une sorte de grande paren-
thèse dans l'histoire africaine. Dès leur entrée en Afrique
3 chrétiens ariens persécutèrent les chrétiens catho-
liques au même titre <[iie les donatistes. sauf ceux d'entre
rmersqui, avec le gros de la population indigène, tirent
- ■ commune avec les envahisseurs. Viciante \ ite (\ . ce
nom) raconte l'histoire de cette période en témoin oculaire.
îdeGenserich (mort en 477) et de Hunerich (mort
Me turent qu'une longue et cruelle persécution.
lue grande conférence convoquée parle roi a Carthage en
réunit quatre cent soixante et un évèques, dont quatre-
vingts périrent pendant la conférence, par suite des sévices
qu'on leur lit subir ; quarante-six furent exilés en Corse,
plus de trois cents chassés dans le désert, vingt-huit réus-
t à échapper a leurs persécuteurs et à se réfugier
septentrionales de la Méditerranée. Comme
il v avait alors seize sièges vacants, on voil que le nombre
des ricains était de quatre cent soixante-dix-sept.
La victoiie que le général de Justinien, Bélisaire (V. ce
nom), remporta a Trieaméron, en 533, mit fin à la domi-
- Vandales. Un svnode composé de deux cent dix-
sep; - >us la présidence de l'archevêque Reparatus
d>- Carthage, réorganisa, en 533, ll.uli^e catholique. Les
s îles Berbers, le- troubles politiques,
subtilités théologiques de Constantinople compliquées
m par des intrigues de cour ne permirent par, a l'Eglise
• ique de se raffermir. La Johannide de Corippus i V. ce
nom. t. ML p. HT-2) peut donner une idée de ce que fut
la prétendue restauration byzantine en Afrique. Quand
1 Islam, jeune et enthousiaste, apparut à l'horizon, le sort
de l'Eglise d'Afrique était facile à prévoir. Le patrice Gré-
it rendu indépendant de Byzance, fut vaincu
B I mis la Tripolitaine, par Abdalla-ibn-Sâd : en *>T0,
Ofcba courut jusqu'à l'Atlantique, puis fonda Kaïronan,
l.i future ville sainte; la destruction de ce qui restait de
Carthage, en << •'. fut le signal du départ vers l'Europe
qui étaient encore en Afrique. Le
christianisme des indigènes s'éteignit assez rapidement et
sans qu'il y eut besoin de persécutions (\ . encore Fm>
- i de Ruspe, Fulgi m t Fana un), Faci «nos d Ilermiane,
.Kt\ - de Carthag f .-H. Km geb.
tini.. : lui. S. oi LSi BJi 1 1 . Eccle8ia Afr
Ihaginiensi ; Pa M. Leyoecker, Hisloria
c. illtulrata; I trecht, 1690. — l.-.x. Sanchbz,
il. 1781.— A. Mon' BLA.i,Africa
GRANDE L.M.YCI.OPKDIF.. — XV.
christiana ; Brescia, 1816) 8 vol. in- 1. — F. MOhter, Pri-
mordia écoles. A /Vie. : Copenhague, 1829, in-4. — J.-B.
Rossr.De Christiania titulia Carthaginiensious, dans Spi-
eilegium Solesmensa : Paris, 1858, éd. 1). Pitra,t. IV,p, V.n.
— Mkndbn, Nordafrik. Kirche; Mûnstereifel, 1870.
EGLISE GRECQUE OU ORIENTALE-ORTHODOXE. Cette Kglisc
n'est autre que l'ancienne Eglise chrétienne d'Orient, sé-
parée définitivement de l'Eglise romaine, à la suite des
anathèmes lances par le pape Léon IX contre Michel Ceru-
larius, patriarche de Constantinople (46 juil. lO.'ii). Elle
comprend les débris des anciens patriarenats de Byzance,
d'Antioche, d'Alexandrie et de Jérusalem,. soumis à la do-
mination turque; et d'elle, comme métropole, sont issues les
églises orthodoxes de Grèce, de Bulgarie, de Roumanie et de
Serbie, de Géorgie et de Russie, ainsi que les Raitzen, ou
Grecs orthodoxes de l'Autriche-Hongrie.
Caractères distinctifs. — 1° En dogmatique. Aristote
avait déjà remarqué qu'autant l'Oriental se plaît à la «méta-
physique, autant les Occidentaux se plaisent à la morale»,
lui effet, ce qui distingue de prime abord l'Eglise orientale de
l'Eglise romaine, c'est une tendance spéculative très forte,
le goût des subtilités dialectiques et des diseussions théolo-
giques : toutes les grandes controverses dogmatiques sont
nées chez les Grecs. Seulement, tandis qu'en Occident
l'évolution dogmatique s'est poursuivie à travers la sco-
lastique du moyen âge et dure encore, en Orient la vie
des dogmes s'est pour ainsi dire figée à la fin du vne siècle,
après la controverse monothélite. Le symbole de la foi
orthodoxe, que professent encore aujourd'hui Grecs et
Russes, fut complètement achevé par le concile de Nicée
et par le premier concile de Constantinople. De lit, dans la
doctrine des chrétiens d'Orient quelque chose de plus an-
tique et de plus stable que dans celle des Latins et qui la
rapproche des temps apostoliques. C'est ainsi que les Grecs
orthodoxes admettent que le Saint-Esprit procède, par un
acte éternel, du l'ère (a Pâtre), seul principe de la Trinité,
mais rejettent le Filioque ajouté au Credo des La-
tins par le synode de Tolède (589). De même, ils adorent
la vierge Marie, en qualité de mère de Dieu (Oeo-co'/.oç),
vierge avant, pendant et après la naissance du Christ,
mais rejettent le dogme de l'immaculée conception ; ils
enseignent que l'homme doit concourir à son salut par les
bonnes œuvres, mais nient les mérites surérogatoircs des
saints, et par suite les indulgences. Enfin, ils croient qu'en
attendant le jugement dernier, les âmes qui n'ont pas en-
couru, à la mort, la damnation, demeurent dans une sorte
de stage d'épreuves où nous pouvons leur venir en aide
par nos prières, nos bonnes œuvres et la célébration de
l'eucharistie, mais ils repoussent le purgatoire et la pré-
destination.
•l'J En discipline et organisation. En fait d'organisation
et de discipline, l'Eglise orientale ne diffère pas moins de
l'Eglise romaine. Dans celle-ci, le gouvernement a revêtu
la forme d'une monarchie absolue depuis que l'évoque de
Home a été déclaré supérieur au concile général, autocrate
et infaillihle. Chez les Crées, au contraire, l'autorité su-
prême réside toujours dans le concile œcuménique; chaque
évèque prend part au gouvernement général de l'Eglise ;
chaque Eglise nationale est autocéphale, c.-à-d. se gou-
verne elle-même par le moyen de ses évèques et d'un
exarque ou d'un métropolitain, réunis en concile. A la tête
de l'Eglise orientale, au lieu d'un pape unique et infaillible,
se trouvent les quatre patriarches de Constantinople,
d'Antioche, d'Alexandrie et de Jérusalem, qui ont conservé
chacun sa juridiction et qui, réunis en synode, sous la
présidence du premier, décident en dernier ressort toutes
les affaires d'intérêt général et de justice.
La discipline de l'Eglise grecque a aussi un caractère
plus paternel; elle est plus semblable à celle des apôtres,
sauf sur l'article des jeûnes, qui sont plus rigoureux que chez
les Latins. Le mariage est autorisé et même gênerai dans Le
clergé séculier, mais les deuxièmes noces sont interdites;
les moines d'Orient, soumis à la règle de Saint-Basile,
ont conserve le caractère laïque et les allures indépendantes
40
ÉGLISE
- 626 -
qu'ils avaient dam les premiers temps : ee sont Las caloyen ;
la minorité seule reçoit l'ordination, d'où lenomde fuéro-
nomaques; c'est parmi ces derniers que se reeratent les
évoques el les archimandrites. Les Grecs reconnaissent
quatre-vingt-cinq canons disciplinaires, proclames aposto-
liques par le concile in TnUlo, dit Quinùaxte, tandis que
les Latins n'en admettent que cinquante (V. Canon).
3° Liturgie et rites du culte. Les Grecs sont encore
plus conservateurs en fait de rites qu'en matière de
dogmes. Leur liturgie, comme dans l'Eglise des premiers
siècles, se divise en trois parties : liturgie préparatoire,
liturgie des catéchumènes, liturgie des fidèles, el renferme
beaucoup de formules de prières et des liymmcs qui re-
montent à saint Basile, a saint Jean Chrysostoiiie et plus
haut encore. La liturgie, ainsi que la lecture de la Bible,
doit être dite à liante voix etdansune langue intelligible de
tous, e.-à-d. en langue nationale. Les fidèles, a l'église, se
tiennent debout, sauf à la Pentecôte, ou l'on s'agenouille ;
les hommes sont séparés des femmes par un treillis, et la
musique instrumentale est interdite. Quant aux sacrements,
ils en ont sept comme les Latins, mais les administrent
suivant des rites sensiblement différents. C'est ainsi qu'ils
donnent le baptême par triple immersion et, aussitôt après,
la confirmation. Ils célèbrent l'eucharistie, dans laquelle
ils voient d'ailleurs une transsubstantiation, sous les deux
espèces, se servent de pain avec levain iprosphores), la dis-
tribuent aux enfants ; donc plus de catéchumènes ni de
première communion. C'est seulement sur le chapitre des
fêtes et des images que les Orientaux se sont montrés
novateurs : ils ont ajouté aux grandes lotos fondamentales
une quantité de fêtes en l'honneur de la Vierge et des
saints; tout en proscrivant les représentations en relief des
saints (sculptures ou bas-reliefs), ils vénèrent les images
peintes et célèbrent une grande fête : la Panégyrie de
l'Orthodoxie en l'honneur du triomphe du culte des images
au septième concile général, à Nicée(787). Enfin, par suite
du déclin des études théologiques dans le clergé et de la vie
religieuse chez les laïques, la graade masse des chrétiens
orthodoxes en est venue à attacher aux formules litur-
giques et aux gestes de l'officiant une importance telle que
la foi dégénère souvent en croyance magique et l'adora-
tion en ritualisme machinal.
Historique. — L'histoire de l'Eglise grecque pendant
les huit premiers siècles peut se ramener à celle des grands
conciles œcuméniques, qui se tinrent sans exception en
Orient. Il faut seulement signaler ici le fait que, outre les
sept conciles généraux reconnus par les Latins jusqu'à
787, les Grecs admettent l'autorité du concile in Trullo
dit Quinisextc, réuni par Justinien II pour compléter
l'œuvre des cinquième et sixième œcuméniques tenus à
Constantinople et qui avaient négligé d'édicterla discipline.
Ces conciles eurent d'ailleurs pour effet de démembrer
successivement le grand corps de l'Eglise d'Orient, en
produisant une série de schismes. Ainsi, leconcile de Nicée
fut suivi du schisme des ariens, celui d'Ephèse et de Chal-
cédoine causèrent l'émigration des nestoriens et des Armé-
niens (4SI). Enfin, le schisme des monophysites (ou
jacobites), celui des monothélètes et celui des iconoclastes
furent déterminés par les décrets des deuxième (553)
et troisième (660) conciles de Constantinople et par le
deuxième concile de Nicée (787). Tandis que l'Eglise
orientale se déchirait ainsi de ses propres mains, les Arabes
accouraient à cheval, animés par une foi nouvelle et ardente,
et, levant l'étendard vert du prophète Mohammed, ils lui
arrachaient ses plus belles provinces, celles qui avaient été
le berceau mê del'Eglise: laSyrieel la Palestine (635-
38); l'Egypte (638-49), Rhodes et Chypre et, traversant
toute l'Asie .Mineure, ils s'avançaient jusqu'à P.yzance
(668-718). Cependant l'Europe chrétienne, indignée de
voir le Saint-Sépulcre aux mains des infidèles, se levait,
à la voix de Pierre l'Ermite et de saint Bernard, et. orga-
nisant les croisades, se ruait contre l'Orient. .Mais le
patriarche de Constantinople, au lieu de se prêter à un
accommodement, rompit irréTocableaMBtaveeftoaet 1054),
et les croisé-, latins, au lieu de venir en aide au\ Eglises
. exploitaient les églisesou les couvents byzantins,
persécutaient le clergé orthodoxe et finissaient mima par
s'emparer de Constantinople et y trader l'empire latin
(1024-1261). Les croisades n'eurent pour effet qne de
suspendre pendant deuxsièclei l'invasion des Turcs Seld—
joucides. En 1326, ils reprirent de plus belle leur marche
en avant, envahirent la Macédoine et la Thrace (prise
d'Andrinople : 1361), achevèrent la conquête de I \-ie
Mineure, de la Bosnie et de la Serine, et. enfin, prirent
Constantinople 1 1453). Depuis cette époque, l'Eglise grecque
d'Orient a végété sons la domination ottomane, c inauiiul
certains privilèges, mais soumise a tous les caprices du
sultan.
Or, tandis que le tronc même de l'Eglise oriental'- état
sapé par les coups de l'Islam, las missionnaires byzantins
convertissaient au christianisme un certain nombre de races
jeunes et vaillantes, qui allaient former comme de vigou-
reux rejetons. C'est ainsi que se dressèrent les Eglises de
Céorgie (ou Ibérie dép. 332), de Bulgarie et de
(ixc siècle), de Russie (988). D'autre part, dans notre
siècle, l'affranchissement de quelques nations du joug otto-
man a amené la constitution d'Eglises orthodoxes autocé-
pliales telles que : l'Eglise hellénique (1833); l'Eglise
roumaine, l'Eglise du Monténégro; l'Eglise bulgare ( l
cette dernière a été déclarée schismatique par le synode de
Constantinople en 187"2. — D'autre paît, les papes ont
réussi à rallier à l'Eglise romaine quelques bram ;
l'Eglise orientale; par exemple les Maronites (4182 et
1445), les Grecs— Unis de la Russie blanche et de la Lithua-
nie (1596) et les Arméniens-Unis (fin du xvne siècle) qui
possèdent le couvent célèbre fondé par Mekhitar à Venise
(1717). Les branches réunies à Rome ne comptent guère
qu'une population de 5,000,(100 d'âmes.
On peut évaluer le total des personnes se rattachant à
l'Eglise grecque à environ 120 millions, dont la grande
majorité habitent l'Europe orientale ; plus des quatre cin-
quièmes appartiennent à l'Eglise russe (V. Russie).
G. Bo.NET-M.U'MY.
Bibl. : M. Le QulBN, Oriens chrislianus ; Paris. 1730-40
3 vul.in-fol. — J .-l...\<>E\\\yi.DeCatholicisseupalriarchis
Chaldxorurn el Neslorianorum ;Roroe, 1775, 5 vol. in-foL —
J.-M. NEALE.HÏstory oftlie EaslernChurch; Londres. 1850,
2 vol. in-8. — F. Micklosich et J. Mullkr. Acla. et diplo-
mala grœca Medii JEvi : Vienne, lt>6u et suiv., 3 vol.
gr. in-8 (en cours). — A.-P. Stanley, Lecfurea- on IfieHistory
of the Eastern Church : Londres, 1»73. in-8. — J. MoSBAKIS,
art. Enlise grecque, dans l'Encyclopédie des Sciences
religieuses de Lichtenbbrobb. — Œconomos, Histoirede
l'Eglise de Grèce: Athènes, 1864. — Philakëthi: de
Tenernij-'oir), Histoire de l'Eglise russe; Moscou, 1860
(traduit en allemand |>ar le Dr Blunientli.il, Leipzùj
imité en français par Boissard, Paris. 1861 . — W,
Symbolih der griecliischen Kirche ; Leipzig . 1^72. —
A. Leroy-Bbaulieu, lEmpive des Tsars, t. fil, la Reli-
gion, l'aris, 1889, in-s.
ÉGLISE copte. L'Eglise copte est un débris de l'ancien
Orient chrétien ; elle est isolée depuis l'invasion musul-
mane et est intéressante, non a cause de son énergie ac-
tuelle, mais à cause de ses origines et de l'antiquité des
coutumes qu'elle a maintenues. — tin estime les membres
de l'Eglise copte à environ 150,000. Ils ne forment pas
une population compacte : la communauté la plus nom-
breuse est celle du Caire; elle compte environ 10,000
chrétiens ; les autres communautés sont disperst
toute l'Egypte ; elles sont plus denses qu'ailleurs dans le
Fayoûm. Le clergé copte a pour chef unique et indépen-
dant un patriarche qui réside au Caire, mais continue à
porter le titre historique de métropolitain d'Alexandrie;
il est considéré par les Coptes comme le successeur de
saint Marc, missionnaire et premier évèque d'Alexan-
drie. Il peut être désigné par son prédécesseur: à défaut
de cela, il est élu par les évéques, le clergé et quelques
laïques : et si ce collège ne réussit pas à s'entendre, on a
recours au sort. De toute façon, le candidat est pris parmi
les moines du couvent de Saint-Antoine. On n'exige pas du
— 627 —
ÉGLISE
candidat DM Banda 900008 ; dos sommaires particuliers
sont (liâmes de la correspondance «lu patriarcat 11 n'est
pas nécessaire non pins que le futur patriarche soit dans
K^ ordrea : dm fins élu on designé, le candidat, >'il est
laïque, est ordonné diacn un jour, prêtre le lendemain et
arcaiprétn le jour suivant ; alors senlemeat on procède à
- cration de patriarche.
La juridiction du chef de l'Eglise copte s'étend à VEqlise
t;thiopu-ti>it-{\. Ohdessoos), dont il consacre leinetropolitain
ou « abonna ». Les cvèques. actuellement au nombre de
douze, ne peuvent avancer au rang de patriarche. Us sont
entièrement dépendants de celui-ci. approuvés et consacrés
par lui. Ce sont toujours d'anciens moines, quoique les
canons coptes érigent seulement que l'évéque soit veuf ou
non marié. I.e clergé intérieur se compose d'arrhiprétres,
de prêtres et de diacres. Tour être ordonné diacre, on peut
être marie en premières noces ou non marié; une fois dans
ht ordres, on ne peut plus se marier. Les prêtres sont
parmi les diacres âgés d'au inoins trente-trois ans;
leur culture littéraire est d'habitude peu développée : li
plupart savent lire la liturgie < opte, mais peu d'entre eux
comprennent la langne copte : ils ne reçoivent aucun traite-
ment Isa et se trouvent souvent réduits à des expédients
- de leur ministère. Les moines et les nonnes sont
'înhreux dans l'Eglise copte; on sait que l'Egypte
fut le berceau du monachisme. I.e moine copte ne s'occupe
ni de science théobgique m d'oeuvres de charité : sa vie
doit être purement contemplative; tout au plus cultive-t-il
un carre de terre et tend-il la main pour mendier. Les
nonnes sont presque toutes de pauvres femmes, veuves pour
la plupart.
3 sont d'assez chétives constructions, sauf au
Caire, ou l'église Sainte-Marie est très remarquable, et à
Alexandrie, qui possède une église neuvedepuis 1871. Dans
l'intérieur de l'église, on distingue surtout, à l'extrémité
orientale, le « heykal » ou sanctuaire, avec l'autel, le tout
séparé du reste de l'église par une cloison. Dans la nef
Ïrincipale. un autre compartiment treillissé est réservé aux
SBSBses. Il n'y a point de statues dans les églises, mais
les mui-s sont ornés de peintures. Les fidèles restent debout
pendant le culte, sauf lorsqu'ils se prosternent ; comme le
Service est généralement très long, on s'appuie souvent sur
une sorte de béquille spéciale pour éviter la trop grande
fatigue. L'assemblée prend une part assez considérable au
culte par ses répons, qui >ont un indice de l'antiquité de la
liturgie. In effet, la liturgie copte est du type de celle dite
it-Marc, l'antique liturgie alexandrine, la plus inté-
te de l'ancienne Eglise orientale (V. Litorgis). Les
frîéree s'int en langne copte, la lecture de Pépitre et de
jile en copte est généralement accompagnée d'une
traduction arabe, la seule langue comprise aujourd'hui. —
I.e texte île la Bible copte, dans les trois dialectes connus,
est un élément assez important pour la critique du texte
original soit de l'Ancien, soit du Nouveau Testament, vu
remous co] tes du Nouveau Testament, par exemple,
sont antérieures aux plus anciens manuscrits grecs que l'on
possède; mais la collation des manuscrits coptes de la Bible
■ ■ré fort peu avancée.
Chaque servie a l'église se termine par l'eucharistie,
sans toutefois que les fidèles participent toujours au sacre-
SMOl : lorsqu'ils le font, les hommes s'avancent vers le
« heykal • (sanctuaire) et reçoivent la communion sous
tandis que les femmes restent à leur place,
où le prêtre leur apporte le pain a vin. On croit
à la transsubstantiation, et on ne conserve jamais l'eucha-
ristie. Le baptême est administré par trois immersions,
aux garenris quarante j.mrs. aux tilles quatre-vingts jours
m naissance. L'immersion est précédée d'onctions
compliquées et nombreuses de saint chrême et d'une huile
bénite pour les exorcismes. Aussitôt nprès le baptême,
Tenlaut est continué et reçoit la communion sous forme
d'une goutte de vin consacré. Il est a remarquer que les
< .optes pratiquent la circoncision, mais non comme une
cérémonie religieuse; cette coulumo leur vient des anciens
Egyptiens, leurs ancêtres. La confession est exigée de qui-
conque veut communier et a dépassé vingt-cinq ans; avant
cet âge, on est considéré comme mineur et innocent, à moins
que l'on ne soit marié ; le mariage émancipe et rend la con-
fession obligatoire. — Les chrétiens coptes sont grands
observateurs du jeûne ; ils font quatre carêmes stricts dans
l'année ; mais, même en carême, on ne jeune jamais les
samedis, non plus que les dimanches. — Le mariage est
précède des fiançailles pour lesquelles un prêtre se trans-
porte au domicile des parents de l'un des futurs époux afin
de s'enquérir sur les empêchements canoniques et de réci-
ter ensuite quelques oraisons sur les fiancés. La cérémonie
du mariage s'accomplit à l'église ; les époux y sont couron-
nés et couverts d'un voile blanc ; la communion termine
le service. Les canons coptes n'autorisent le divorce qu'en
cas d'adultère ; mais, en partie sous l'influence des mœurs
musulmanes, le patriarche ou les évèques usent assez fré-
quemment du droit d'accorder le divorce et l'autorisation
de contracter un nouveau mariage. — Ce qui est devenu
l'extrême-onction dans l'Eglise romaine est connu dans
l'Eglise copte sous le nom de sainte onction et se rap-
proche beaucoup du précepte contenu dans VEpitre de. saint
Jacques (v, 14). Le prêtre n'est jamais seul pour admi-
nistrer cette onction, et elle est donnée non seulement aux
malades, mais aux pêcheurs et aux affligés. Le chrétien
copte prie beaucoup : sept fois par jour, il récite des prières;
l'office du clergé est plus long que celui des laïques, et à
mesure que l'on monte dans la hiérarchie, l'office s'al-
longe ; il est le même tous les jours. — En somme, on
remarque dans l'organisation et dans le culte de l'Eglise
copte un formalisme touffu, funeste à la vie religieuse, et
un conservatisme tenace, extrêmement intéressant pour
l'archéologue.
Quant à la doctrine, l'Eglise copte prétend professer la
foi chrétienne telle qu'elle a été exprimée avant le concile
de Chalcédoine, en 451 . En realité, le clergé copte, sans
parler des laïques, est très ignorant en matière de dogme
et se contente d'anathématiser toutes les communautés
chrétiennes autres que celles qui sont demeurées fidèles au
monophysisme (V. ce mot). Cela nécessite quelques mots
sur les origines de l'Eglise copte, aussi intéressantes pour
l'histoire de l'Orient chrétien que les rites ecclésiastiques
coptes le sont pour l'archéologie chrétienne. Deux causes
ont contribué a la formation de l'Eglise copte : la situation
politique du siège patriarcal d'Alexandrie et la curieuse
évolution du christianisme en Egypte entre le mc et la fin
du ve siècle. Le patriarche d'Alexandrie, de même que
l'évéque de Home, fier de sa longue possession, considérait
le patriarche de la jeune capitale de Byzance comme un
parvenu dont l'autorité provenait et dépendait en quelque
sorte d'un accident politique. Comme le souverain de
Byzance soutenait son patriarche, l'antipathie du métro-
politain d'Alexandrie s'étendit peu à peu au gouvernement
central de l'Empire. Ce n'est que quand l'évéque de Byzance
était mal en cour que le patriarche alexandrin se mettait
d'accord avec l'empereur pour renverser son rival de la
capitale. L'exemple le plus connu de cette combinaison
insolite est lourni par l'histoire de Chrysostome. D'autre
part, Alexandrie qui, entre le ne et le mc siècle, avait
entendu les Pantenus, les Clément, les Origène et avait
été le foyer le plus brillant de la philosophie chrétienne,
vit, vers la fin du nr" siècle, descendre des déserts et de
la haute Egypte un monachisme exalté, fanatique, ignorant
et barbare ; c'était la forme nationale égyptienne du chris-
tianisme en réaction contre le christianisme alexandrin,
plus grec qu'égyptien. Cent ans plus tard, les patriarches
d'Alexandrie, que leur politique d'opposition contre Byzance
obligeait a chercher un point d'appui en Egypte, firent cause
commune avec les moines de la Thébaide. Le patriarche
Théophile détruit le Sérapéion et fulmine contre les
origénistes en 391 : en il.'), sous Cyrille, son neveu et suc-
cesseur, Hypalie est assassinée. La scission s'opérait ainsi
EGLISE
— 618 —
entrais pensée grecque et le Biège patriarcal d'Alexandrie,
Ki iik'-ii n, ili'ux siècles auparavant, s'était consommée
l'union entre l'hellénisme et le christianisme. D suffit alors
d'uni' divergence doctrinale pour transformer cette scis-
sion en un schisme dont la conséquence esl incarnée jus-
qu'à nos jours dans l'Eglise copte. Pour les développements,
Y. Ch&lcédoine (Concile de), Ephèse (Concile de), Dios-
i.uiii: (i.XIY, |i. o20), Melkite, Monophtsisjie, Eutycbxs,
Pbotère.
L'histoire de l'Eglise copte, à partir du vu' siècle, tient
tout entière dans le cadre de l'histoire du régime arabe el
turc en Egypte. <>n peut dire que, depuis te milieu du
v* siècle, l'Eglise chrétienne d'Egypte n a plus pensé; elle
n'a plus guère agi non plus ; elle a vécu ou plutôt végété
sous les vexations et les persécutions de l'Islam, marquées
parfois par de terribles massacres; elle a subi sous ce
régime une lente et constante décroissance jusqu'à nos
jours. I .11. Iv.
ISmi.. : Eus. RenAUDOT, Historia pntrinrch. alex-jaco-
bitarum ; Paris, 1703, in-1. — Du même, Lilurgiarum
orient, collectio ; Paris, 1715 ; L'« éd. a Francfort, 1847. —
Choix de lettres édifiantes ; Paris, 1824 2« éd., t. Y. pp.
210-339. — Makrizi, Histoire des Coptes, texte arabe et al-
lemand par Wiistenfelil ; Gœtting.'ue, 18 15, in-1. — Hlt-
li:r, The Ancienl Churches of Egypt ; Oxford, 1885,2 vol.
in-8. — E. Ambi.ineau, MonumeiUs pour servir à l'histoire
de l'Egypte chrétienne aux iv et v« siècles, dans les Mé-
moires de la mission archéologique française au Caire;
Paris, 1888, t. IV, in-1. — Du munie. Monuments pour ser-
vir à l'histoire de l'Egypte chrétienne au i\° siècle, dans
les Annales du musée Guimet; Paris, 18î>9, t. XVII, in-4.
ÉGLISE éthiopiennk. Cette Eglise dépend entièrement
de V Eglise copte (\ . ci-dessus). Son chef, Yabounu (notre
père), qui réside à Gondar, est non seulement nommé et
investi par le patriarche d'Alexandrie, mais depuis le
XIVe siècle aucun Abyssin n'a revêtu cette dignité ; on ne la
confère qu'à un Copte (V. ci-dessous). Les pouvoirs de
l'abonna sont très étendus : seul il ordonne les prêtres et
les diacres; seul aussi il peut sacrer le roi; parfois l'in-
succès de ce dernier a pour cause le mauvais vouloir du
chef de l'Eglise éthiopienne. Pour être ordonné diacre, il
suffit de savoir lire le gheez, l'ancien éthiopien, qui est
resté la langue liturgique. Le prêtre doit en outre savoir
réciter la confession de foi du concile de Nicée et connaître
les rites; il paye pour son ordination deux morceaux de
sel, ancienne monnaie courante du pays. Les diacres, s'ils
ne sont déjà mariés, se marient généralement avant de
demander la prêtrise; ordonnés prêtres, ils ne peuvent ni
se marier, ni se remarier, le cas échéant. Jusque vers le
xve siècle, il y avait eu des évêques; il n'y en a plus aujour-
d'hui. Les qômôs sont des sortes d'archiprêtres, chefs du
clergé paroissial. Valaka, attaché d'office à presque toutes
les églises abyssiniennes, est un laïque incarnant en quelque
sorte le conseil de fabrique. Les debtera sont des scribes.
Le clergé régulier, fort nombreux, est gouverné par Veteh'égê
qui doit obéissance à l'abouna, mais dont l'autorité est con-
sidérable. 11 est d'office prieur du couvent de Debra-Libanos,
dans le Choa, fondé par Tckla-Haïmànot (V. ci-dessous) au
xtne siècle. Les couvents les [tins importants sont, outre ce
dernier, ceux de Debra-Dammo, ou plus de trois cents
moines vivent en cénobites dans des cases séparées, puis
ceux d'Axoum, d'Abba-Garima, de Waddoubba et de Saint-
Etienne. Les moines et les nonnes s'occupent quelquefois
de l'instruction de la jeunesse. — Les églises extrêmement
nombreuses et généralement situées sur une hauteur et
ombragées d'arbres, sont le plus souvent de forme circu-
laire, couvertes d'un toit de chaume conique et construites
sans aucun art. Elles ont des portes sur les quatre points
cardinaux. Elles sont entourées d'un parvis, ou se tiennent
les laïques. L'intérieur, décoré de \i\es images sans goût,
représentant la Vierge, les saints et parfois le diable, est
divisé en deux parties : le saint et le 1res saint OÙ même les
diacres ne pénètrenl pas ; c'est là que se trouve une surir
d'arche (tabot). Le culte consiste ''n lectures liturgiques et
en litanies psalmodiées; le tout en gheez, que le peuple ne
comprend point, que la plupart des prêtres lisent seulement
sans l'entendre. La circoncision, pratiquée le huitième jour,
le baptême, qui est administre aux garçons le qua-
rantième joui-, aux tilles le quatre-vingtième; m souvenir
du baptême, tout Abyssin porte autour du cou un cordon de
soie bleue (miltrli) qui le distingue des non-rli/eten-.
L'onction du saint chrême et la communion sous les deux
espèces suit immédiatement le baptême ; le piètre célèbre
la communion tous les jours: les fidèles l'obtiennent sur leur
demande : le pain est ordinairement levé sauf durant la
semaine sainte. La transsubstantiation n'est pas formulée. La
bénédiction nuptiale n'est pas indispensable pour que le
mariage soit légalement contracté. Le baptême et la com-
munion sont donc apparemment les deux seuls sacrements
de l'Eglise éthiopienne, Ijhui qœ le mol mister par lequel
on les désigne, gignifie aussi les dogme, fondamentaux,
surtout la doctrine monophvsite sur la personne du I
(Y. Uohophvsisme). Le clergé et les scribes, dépourvus de
toute culture scientifique ou théologique, discutent passion-
nément sur la double ou triple naissance de Jésus-Christ.
Les partisans de la double naissance se contentent d'affirmer
la génération éternelle du Mis et l'incarnation; c'est la
doctrine officielle, strictement monophysite. I.es adrensàn -
y ajoutent ce qu'ils nomment une troisième naissance, la
communication du Saint-Esprit au Christ lors du baptême.
Ces disputes ont été très vives sous le règne de Théodoros
et sont un élément des guerres du négus Jean contre le
Choa. Une autre controverse sur le titre de « mère de
Dieu » accordé à la Vierge est la conséquence de la précé-
dente. Le canon des saintes Ecritures s'appelle semanya
ahddon, c.-à-d. quatre-vingt-un ; il se compose, en effet,
de quatre-vingt-un livres comprenant ceux de l'Ancien
Testament, ceux du Nouveau ainsi que les Apocryphes,
sauf les Macchabées. On accorde presque la même autorité
à la ditlaskalia, un recueil de constitutions a|>ostoliques et
au hmnuuiota-abou (foi des pères), autre recueil formé
d'extraits des canons antichalcédoniens et des pères grecs,
ainsi qu'au fetha-nagoust ou code des rois. Outre le diman-
che, on célèbre le sabbat et environ cent quatre-vingts jours
de fête, dont plusieurs sont des jours de jeune. Comme dans
l'Eglise copte, le jeune est, d'ailleurs, le grand moyen pour
s'assurer la rémission des péchés ; on y doit joindre sou-
vent les aumônes et parfois les retraites spirituelles. Les
prêtres se chargent contre remboursement d'accomplir ces
expiations (pour les Falacha et les Sautantes, Y. ces
noms).
L'introduction du christianisme en Abvssinie remonte
au commencement du ivc siècle. Les traditions qui font
remonter plus haut le christianisme éthiopien ou qui font
régner le judaïsme en Abyssinie avant l'adoption du chris-
tianisme, sont légendaires. Frumence (Y. ce nom) et
Edesius, deux chrétiens de la cote phénicienne, tirent nau-
frage sur la cote africaine de la nier Rouge, furent conduits
a la cour d'Axoum. vers 330, et devinrent les instruments
de la conversion du roi et d'une partie du peuple. I'rumence
se lit ensuite ordonner piètre et sacrer èvèque par Atha-
nase, patriarche d'Alexandrie, d'où provient jusqu'à nos
jouis la dépendance de l'Eglise éthiopienne à l'égard de
l'Eglise copte. Avec cette dernière, les Abyssins embrassèrent
le m iphysisme (V. Eglise copte) qui parait avoir été pro-
pagé dans les montagnes de l'Ethiopie surtout par neuf
moines vénères depuis connue des saints. Ce sont Aragawi.
Pantalèon, Garlma, Alef, Çahma, Aftsè. [mata, Lykanos et
Goubha, qui tiennent une grande place dans les légendes
abyssiniennes. Le premier est considère comme celui qui
introduisit le monachisme en Ethiopie. Un de ses successeurs
qui fut en même temps abonni, c.-à-d. métropolitain de
l'Eglise éthiopienne, et qui joue un rôle considérable dans
l'histoire politique de l'Aby/ssinie, devint au xi\ siècle le
réformateur «les couvents abyssiniens; c'est Tekla Baï-
inaiiot. Il y avait encore de son temps des districts païens
qu'il convertit au christianisme. H n'avait d'ailleurs qu'une
faible confiance dans le clergé éthiopien, et, désespérant de
le voir jamais capable de se diriger lui-même, il tixa la règle,
— 639
KG LISE
encore en vigueur. <iu<> l'abonna doit être un Copte. — Au
commencement du vn* siècle, des relations s'établirent, par
l'intermédiaire d'un Arménien du nom de Mathieu, entre
le Poi lugal et 1' Ibyssinie, affaiblie alors par les musulmans
al iiion.u-.v par les (".alla. De cette façon, des jésuites
portugais partirent, en 1553, de Rome pour l'Abyssinie.
Leurs efforts el ceux de louis successeurs, surtout de Pedro
(mort en li>-2.">). pour soumettre l'Eglise éthiopienne
a Ki>:ii<>. sont intimement mêlés à l'histoire politique de cette
m : en 1626, avec l'arrivée du jésuite Alph. Momie/,
patriarche d' Abyssinie a Lisbonne en lii-2i, l'entre-
prise sembla un instant devoir être couronnée de succès;
mais des 1632, sous Fasilidas (Basilidés), l'ancienne Eglise
nationale l'ut rétablie, et les jésuites durent quitter le pays eu
I".;.;. Le premier abonna qui monta, après ces événements,
.l' Alexandrie en Abyssinie, futaccompagné par un Allemand,
Pierre fkyling (Y. ce nom), qui séjourna quelque temps
dans le pays. Puis les relations furent de nouveau inter-
rompoes asseï l.>nuttMii|>>. De 1808 à 1818, un moine
éthiopien, Abi-Roukh, arrivéà Alexandrie avec le voyageur
J. Bruce (\. ce nom), traduisit à la requête du consul de
France, \sselin. toute la Bible en langue amharique, c.-à-d.
as éthiopien vulgaire. Ce tut pour la Société anglicane de
BHaann l'occasion d'envoyer vers 1830 le missionnaire
■/ (V. ce nom) en Abyssinie. En 1856, d'autres mis-
sionnaires protestants, envoyés par la Chrischona (près
Baie), se fixèrent dans le pays. Vers 1864, Théodoros les
mit en prison, ou ils furent bientôt rejoints par l'ambassa-
deur anglais. <e qui devint la cause de la campagne contre
Théodoros en [868. Dès 1839, les lazaristes avaient éga-
lement pénétré en Abyssinie, parmi eux Mgr de Jacobis,
nomme patriarche on 184!'. Son cinquième successeur est
actuellement Mgr Crouzet, dont les prêtres ont souvent
d'intermédiaires dans les récentes affaires entre les
Italiens et les Négous. F. -II. K.
Bibl. : Ludolp, Hisloriœ œlhiopicœ lib. IV: Francfort,
:. — Du même, Commentarius ad hîst. sethiop.,
iWd., 1691. — Vbvssier la Croze, Hist. du christianisme
d Ethiopie... ; I.a Haye, 1739. — Flad, Zwôlf Jahre in
<inicn ; Base!; 1-
ÉGLISE AHXKsiENNE. Il est indispensable, pour com-
prendre la situation religieuse actuelle des Arméniens, de
rappeler brièvement l'origine du christianisme parmi eux,
et les faits décisifs de >on histoire en Arménie. Les rap-
ports d'Abgar, roi d'Edesse, et sa correspondance avec le
Christ appartiennent à la légende (Y. Abgar, t.I, p. 88);
mais il [>ourrait bien y avoir un noyau historique dans la
autour dos noms de Thaddée et d'Addée.
Quoi qu'il en >oit, l'histoire chrétienne de l'Arménie ne
commence qu'au iv* siècle. C'est Grégoire VRlumina-
tcur (Y. ce nom), mort en 334, qui propagea dans sa pa-
le Tiridate (Terdat) III, le christianisme
qu'il avait accepté lui-même en Cappadoce ; il fut du reste
ordonne évèque par Léonce de Césarée. Il s'ensuit que le
christianisme arménien est d'origine grecque. Dès36o, ce-
pendant, le synode arménien de Vagharchabat rompit le
lien avec le diocèse de Césarée en décidant que le patriarche
d'Arménie soi-ait désormais nommé par les évêques armé-
niens. On sait que la littérature arménienne est toute chré-
tienne (V. AnaôtmB, t. 111. \>. 1018); elle remonte a Mes-
ii contemporain, le patriarche Saliaq
• mêmes hommes réglèrent le culte au synode
I'uis. dans la seconde moitié du v" siècle. l'Eglise
syrienne, surtout par l'école d'Edesse. exerça une inQucnce
considérable sur l'Arménie christianisée. A cette époque
appartiennent également les premières méprises qui Unirent
par faire do l'Eglise arménienne une Eglise monophysite.
■ Uaq et de Hesrop, envoyés par leurs
nt pour s'y familiariser avec la culture
hellénique, rapportèrent en Arménie les décisions du con-
cile d*Ephèse de ',:;i ; elles furent acceptées et sanction-
ode d'Achtichat; trois ans plus tard
r-de Théodore de Hopsneste et de Diodore de Tarse
fureut formellement condamnés. Mais, pendant que le qua-
trième concile œcuménique délibérait àChalcédoine (4SI),
l'Arménie luttait pour sa loi contre les Perses; elle n'ob-
tint que des rapports contradictoires sur ce concile. Par
contre, vers le dernier quart du ve siècle, alors qu'il y avait
comme une détente politique en Arménie, on y reçut 17<<;-
noticon i\ . ce mot) île l empereur Zenon (482) ; cet acte
ne mentionne que les trois premiers conciles oecuméniques.
Le katholikos (patriarche) lialikèn convoqua un synode à
Vagharchabad on 191 : l'hénoticon fut adopté et les déci-
sions du concile de Chalcédoine, que L'on interprétait faus-
sement du reste, furent rejetées. Ainsi l'Eglise arménienne
accepta ldmonophysisme(V. ce mot) sans se rendre exac-
tement compte de ce qu'elle faisait. — L'histoire des
querelles dogmatiques et des nombreuses variations qui
suivirent peut être passée sous silence ici : une série de
métropolitains entament, à partir du xn8 siècle, des négo-
ciations avec Byzance ou avec Rome. Des dominicains, en-
voyés par Jean XXII, arrivèrent en Arménie vers 1318.
C'est par eux que le vartabet (docteur) Jean de Kherrni
fut gagné à l'union avec Home, et devint le fondateur d'une
branche arménienne de dominicains qu'il appela les « Unis-
seurs ». L'union proclamée au concile de Florence (1439)
no fut qu'une formalité; elle ne comprend que les Armé-
niens dispersés et une partie de l'Arménie occidentale. Ces
Arméniens unis professent le dogme de Home et sont sou-
mis au pape, mais ils conservent leurs rites ; ils forment
la partie la plus cultivée de la nation ; il en existe des
communautés au Liban, en Perse, en Russie, en Pologne,
on Galicie, en Italie et à Marseille (V. Mkkhitar, Has-
soln [Mgr],.Koi ipélian). Quant aux Arméniens grégoriens
ou non-unis, qualifiés de schismatiques par Rome, leur
centre religieux est depuis 1141 la ville d'Etchmiadzin
près d'Erivan ; c'est là que réside le katholikos le plus
respecté ; mais il y en a aussi un à Aghthamar sur le lac
Van, et un troisième à Sis en Cilicie, qui ont parfois des
velléités d'indépendance. Le patriarche arménien de Jéru-
salem jouit d'une certaine autonomie depuis que le sultan
lui a accordé en 1311 le titre de patriarche et de malik
en-neçâra (chef des chrétiens). Enfin, il y a un patriarche
arménien à Constantinople, dont l'office est surtout de re-
présenter auprès de la Porte les intérêts des Arméniens
appartenant à l'empire ottoman. Cet office devint la cause
de conflits qui durent encore et où se mêle de plus en plus
l'antagonisme île la Russie et de la Turquie dans l'Asie
antérieure. Le clergé arménien travaille depuis longtemps
à réduire le pouvoir du patriarche de Constantinople et
surtout à soumettre son autorité à celle du katholikos
d'Etchmiadzin qui est dans l'Arménie russe.
Voici maintenant l'organisation ecclésiastique des Armé-
niens grégoriens. Le katholikos ou métropolitain d'Etch-
miadzin est soit désigné par son prédécesseur, soit élu par
les évêques présents dans la ville. II nomme ou du moins
investit tous les évêques qui d'habitude sont pris dans le
clergé noir, c.-à-d. parmi les moines. Ceux-ci se distin-
guent du clergé blanc ou séculier, qui est marié, mais en
premières noces seulement. La culture théologique esta
peu près nulle; la préparation au ministère consiste plu-
tôt en exercices ascétiques ; cependant il faut que le prêtre
sache lire le missel on arménien littéral. Avant l'ordina-
tion, il passe quarante jours dans l'église. Durant le festin
qui termine celte retraite, la femme du prêtre demeure
assise sur un escabeau les yeux bandés, les oreilles bou-
chées, la bouche formée, pour marquer la retenue qu'elle
doit avoir à l'égard des fonctions de son mari. Los imrta-
bed ou docteurs tiennent un rang intermédiaire entre le
clergé noir ot le clergé blanc; ils sont très honorés; leur
science est variable suivant les cas, mais toujours purement
traditionnelle. En général, le clergé arménien est pauvre;
son revenu consiste dans les aumônes qu'il reçoit et
dans les cadeaux qu'on lui fait pour les cérémonies reli-
gieuses qu'il accomplit. Les ressources du métropolitain
proviennent du saint chrême, qu'il bénît tous les sept ans
a Etchmiadzin, et dont la distribution dans toutes les pa-
ÉGLISE
- «30 -
roisscs provoque de riches cadeaux. — Les églises sont
orientées; la contame est de se déchausser en entrant Le
sanetuaire esl séparé de la nef [>ar un grand rideau. I. 'au-
tel est de pierre, simple et sans reliques. L'Eglise armé-
nienne reconnaît sept sacrements. Le baptême esl admi-
nistré à l'enfant le huitième jour par une triple immersion
complète après l'onction d'huile bénite. La confirmation
suil aussitôt, ainsi que l'administration de la communion.
Pour cette dernière, on emploie du pain levé et <ni vin
pur. Le piètre qui dit la messe passe la nuit précédente
dans l'église. Une sorte d'extrème-onction est administrée
aux prêtres seulement et immédiatement après leur mort.
Le culte de la Vierge et des saints est assez développé. Les
lètes sont nombreuses, toujours précédées d'un ou de plu-
sieurs jours de jeûnes. F.-ll. K.
Bibl. : Clém. Galants, Historia armena ecclesiastica
etpolilica ; Colopne, 1086, in-i'ol. — G. DBSbrpos, t'om-
pendio slorico di rnemorie cronologiche concernenti la.
religione e la morale délia nazione Armena; Venise,
1786, 3 vol. in-8. — Hamachod, Chronological Succession
of Armen. Patriarchs; Londres, 1865. — S.-C. Malan, The
Life and Urnes of S. Gregory; Londres, 1868. — Du même,
The Divine Lilurgy of Ihe Armenian Church; Loni
1870. — M. Ormanian, (e Vatican et les Arméniens;
Home, 1878.
ÉGLISE luthérienne. On appelle ainsi l'Eglise issue de
la réforme de Luther, et qui s'est constituée le jour où
elle a formulé sa foi et ses principes dans la confession
d'Augsbourg. Elle doit son nom à ses adversaires. Les
luthériens s'appelèrent longtemps « protestants » ou « évan-
géliques », en opposition aux réformés aussi bien qu'aux
catholiques ; mais ils finirent par adopter le nom de luthé-
riens que leur donnaient leurs ennemis, pour affirmer leur
fidélité à la foi et aux principes de leur Eglise. Née au
xvie siècle dans la Saxe électorale, l'Eglise luthérienne s'est
répandue dans la majeure partie de l'Empire germanique,
puis dans le Danemark, la Norvège, la Suède, les pro-
vinces baltiques, la Finlande ; elle a pénétré en Pologne,
en France par l'Alsace et l'ancien comté de Montbéliard ;
dans notre siècle, enfin, elle a fait de grands progrès aux
Etats-Unis, grâce à l'immigration de nombreux luthériens
d'Europe. L'Eglise luthérienne doit son caractère particulier
au réformateur qui l'a marquée de son empreinte. Luther
n'a jamais voulu fonder une Eglise nouvelle, indépendante
de l'Eglise catholique, mais uniquement réformer celle-ci,
dont il prétendait être l'enfant le plus dévoué et le plus
fidèle ; il ne pensait s'attaquer qu'à des abus, à des inno-
vations qui, dans le cours des siècles, auraient déformé
l'Eglise des apôtres. C'est l'Ecriture sainte qui servit de
règle à sa réforme. Tout ce qui lui paraissait manifestement
contraire à l'Ecriture, il le rejetait ; tout ce qui, par
contre, n'était pas en opposition avec elle, il le conservait.
Tandis que les zwingliens et les calvinistes faisaient table
rase pour reconstruire l'Eglise apostolique d'après l'Ecri-
ture, en brisant avec toute tradition, Luther admettait le
développement historique de l'Eglise. Pour lui, il ne s'agis-
sait pas de tout renouveler, comme si, depuis le temps des
apôtres, l'Eglise avait cessé d'exister, de vivre et de se déve-
lopper, mais de remettre l'Evangile en honneur, en le déga-
geant des superfétations qui le défiguraient. Aussi Luther
fut-il essentiellement conservateur; il conserva bien des
choses de l'Eglise catholique, que les réformés puritains
considéraient comme des abominations du papisme, tels
que le crucifix, le signe de la croix, l'autel, les images, les
chants liturgiques, etc. Il se gardait bien de proscrire l'art
du culte : « Je ne suis pas d'avis, disait-il, que l'Evangile
doive proscrire et anéantir les arts, comme le veulent
quelques spiritualistes à outrance; je voudrais, au con-
traire, voir tous les arts, en particulier la musique, au
service de celui qui les a créés et qui nous les a donnés. »
Aussi les confessionsde foi de l'Eglise luthérienne n'avaient-
elles pas d'autre but que de montrer et de prouver que
l'on ne fondait pas une Eglise nouvelle: on y cite les Pères
tout autant que l'Ecriture, on y montre que renseignement
des docteurs luthériens est l'enseignement authentique de
l'Eglise catholique, apostolique et romain*'. Aussi en appe-
lait-on. a toute occasion, a un concile aseoméniqne libre ;
on ne perdait pas l'espoir de convaincre Rome même : de
la ces nombreux colloques et c^sai^ île conciliation, qui se
continuèrent encore après la mort de Luther. On ne re-
nonça a cet espoir que lorsque le concile de Trente <-ut
sanctionné officiellement tous les abus et tontes kseiieun.
Pour b-s luthériens, c'était IT.gli>«- de Home qui fanait
défection : désormais, c'esl l'Eglise luthérienne qui est la
vraie Eglise catholique, apostolique. El en effet, elle a
gardé un certain caractère de catholicité ; die n'a jamais
voulu être une Eglise nationale, comme les Eglises réformées
dont les confessions de foi s'appellent yallieana, belgica,
anglica, scoticana, etc. Dans tous les pays ou elle a pé-
nétré, l'Eglise luthérienne a les mêmes confessions de loi,
soit le livre de la concorde tout entier, soit seulement la
confession d'Augsbourg invariata et le petit catéchisme
de Luther (V. Coanssums de roi protestantes). Quant à
son organisation, sa constitution, il faut remonter aux
origines pour la bien comprendre. Luther avait voulu, dans
les commencements, donner à l'Eglise une organisation
démocratique ; il rêvait une sorte de république religieuse
où lut appliqué de la manière la plus complète le Bacerdooe
universel, ou chaque fidèle fut « prêtre et roi ». Mais
quand il eût vu le peuple de plus près, il abandonna ses
illusions; ce peuple n'était pas mur pour la liberté: il
était grossier, ignorant, abusant de la liberté évangélique
pour se livrer sans contrainte à tous ses instincts grossiers;
Luther le trouva tout à fait incapable de se gouverner soi-
même. Par contre, il eut affaire à des princes de grand
mérite et d'une vraie piété, tels que Frédéric le Sage, Jean
le Constant et autres. 11 se résigna donc, bien que sans
enthousiasme, à faire son œuvre par eux. Aussi les princes
eurent-ils une grande autorité dans l'Eglise ; ils présen-
taient et signaient les confessions de foi avec les pasteurs
et les docteurs et conduisaient le mouvement de la Réforme.
Mais la conséquence en fut une sorte de césaropapisme,
en vertu duquel, dans la plupart des pays d'Allemagne, le
souverain était aussi le summus episcopus. Plus d'un a
abusé de son pouvoir pour appliquer le principe si fréquem-
ment pratiqué aux xvi° et xvue siècles : Cujus rrgio,
illius religio, et changer l'Eglise luthérienne de son pays
en Eglise réformée, ou pour imposer ['Union (Y. ce mot),
qui était aussi un anéantissement de l'Eglise luthérienne.
Bien que l'on considérât les questions d'organisation comme
secondaires et libres, c'est le système épiscopal qui pré-
valut généralement dans l'Eglise luthérienne, soit que,
comme en Suède, Danemark, Finlande, etc., on conservai
des archevêques et des évèques, soit qu'on nommât ces
dignitaires prélats, surintendants ou inspecteurs.
On compte aujourd'hui environ trente millions de luthé-
riens. En Allemagne, l'Union a été introduite dans divers
pays, notamment dans la Prusse qui, dans l'origine, était
luthérienne: mais, dans tous ces pays, il se forma des com-
munautés luthériennes séparées (V. Vieux Luthériens) ;
par contre, l'Eglise luthérienne s'est maintenue jusqu'à ce
jour dans le Hanovre, la Saxe, le Slesvig. la Bavière, les
deux Mecklembourg, le Yv'urttemberg, etc. Dans le Dane-
mark, l'Islande, la Suède et la Norvège, sauf une ving-
taine de mille dissidents, toute la population est luthérienne.
En Russie (en y comprenant la Finlande, qui est entière-
rement luthérienne), il y a environ 4 millions de luthé-
riens. Dans les Pays-Bas, il n'y en a que 70,000, en face
de ~1 millions de réformés et de plus de 1 million de catho-
liques. En Autriche-Hongrie, on compte 1,365,835 luthé-
riens (252,327 en Autriche, 1,443,508 en Hongrie), en
tare de 2,443,478 reformés. Ces deux Fglise> ont une
autorité supérieure commune, le consistoire de Vienne.
dont récemment encore le président devait être un laïque
catholique. En France, l'Eglise luthérienne a été très
réduite par la perte de l'Alsace. Il ne lui reste plus que
1rs deus circonscriptions synodales ou inspections de Mont-
béliard et de Paris (celte dernière comprend Lyon, Nice
— 631 —
ÉGLISE
et l'Algérie) comptant environ 80.000 fidèles el une cen-
taine de pasteurs titulaires et auxiliaires. C'est aux Etat-
l'nis .pie l'Eglise luthérienne a t'ait le plus de progrès. Elle
compte 7,948 paroisses avec l,69S pasteurs; ce qui la
caractérise, c'est qu'elle est comme une image de l'Eglise
luthérienne tout entière ; la doctrine luthérienne j est
prèehée en quatorze langues différentes : en allemand,
norvégien, suédois, danois, islandais, anglais, finnois, let-
ton, wendo. polonais, ezèque, slavon, magyare el français.
Cependant les trois quarts des paroisses sont allemandes ;
unes, 582 suédoises. Il s'y publie cin-
quante et un journaux luthériens allemands et quarante-
htiit anglais. Les luthériens des Etats-Unis se sont groupés
Bjnodes OU Cou un h, dont quelques-uns sont d'un
• ! rigorisme doctrinal (par exemple le synode de Mis-
t. mais en même temps d'une grande activité mission-
naire. L'Eglise luthérienne s'est montrée moins entrepre-
nante, moins hardie que les Eglises réformées, mais elle
distinguée par la science de ses théologiens, et c'est
elle qui a produit les ouvrages ascétiques les plus popu-
laires, comme aussi elle a excellé dans la poésie et la mu-
sique religieuse. th. Pff.nder.
ÉGLISE \\r,[ii;.\NFKiMsr.0PAi.F. Communion religieuse qui
occupe une position intermédiaire entre le catholicisme et le
protestantisme. Elle s'intitule, en Angleterre. Ckurch of
; en Irlande, Church of Ireland; en Ecosse, où
l'Eglise nationale est presbytérienne, Scottish (Episeopal)
Ckurch; aux Etats-l nis. Protestant episeopal Ckurch
i merican brandi ofthe Ckurch Catholtc. — L'Eglise
anglicane a été fondée par Henri VIII quand ce prince, à
l'occasion de son divorce d'avec Catherine d'Aragon, se
brouilla avec la cour de Rome, dont il avait d'abord sol-
licite et obtenu le titre de « défenseur de la foi ». L'an-
glicanisme ne consista d'abord qu'à substituer le roi au
pape comme chef de l'Eglise d'Angleterre. L'hérésie, luthé-
rienne, calviniste ou wiclefiste, qui avait poussé de profondes
racines en Angleterre, fut persécutée par Henri VIII avant
comme après la rupture avec Rome. L'anglicanisme eut
pour raison d'être et comme moyen du succès, à l'origine,
une vaste spoliation des monastères et des biens ecclésias-
tiques. Il fut adopté et maintenu par les classes qui s'enri-
chirent, au xvie siècle, des dépouilles de l'Eglise catho-
lique du moyen âge. L'Eglise anglicane est toujours restée,
en eflet. celle des liasses moyennes et supérieures de
l'Angleterre monarchique; elle a toujours approprié son
enseignement au goût de ces classes; de là, son loyalisme,
son respect pour l'ordre établi et le décorum, sa haine
du mysticisme, la médiocrité de sa théologie, qui est
toute morale. L'anglicanisme n'a point produit de livres
comparables à ceux des catholiques Thomas a Kcmpis ou
François de Sales, ni au Pilgrim's Progrès* du puritain
Bunyan. Son ïiook of Common frayer, le plus beau
livre liturgique peut-être qui existe en langue vulgaire,
raduit el composé d'anciennes hymnes du moyen âge,
et beaucoup de ceux qui s'en servent ne le conservent
qu'à regret. L'Eglise anglicane, en résumé, est une cons-
truction artificielle des Tudors, dont les seuls principes
vivants sont le loyalisme monarchique, et, de nos jours, le
prestige de la tradition. Partout ailleurs qu'en Angleterre,
ou les institutions, même peu viables en principe, durent
quand elles sont établies, quitte à se transformer et à
s'adapter à de nouveaux modes d'existence, l'établissement
anglican se serait décomposé de bonne heure ; la moitié de
l'-l-s serait retournée au catholicisme romain, dont
l'anglicanisme a gardé la hiérarchie et presque tous les
dogmes ; l'autre moitié l'aurait abandonné pour le protes-
tantisme proprement dit. Cette évolution naturelle n'a pas
eu lieu, ou, du moins, elle ne s'est produite que sur une
très faible échelle. L'Eglise anglicane a subsisté depuis
trois siècles et demi a coté des confessions rivales, et elle a
même poussé des rejetons rigouretn dans les pays nou-
veaux (Etats-Unis, Cap, Australie, etc.), où les conquêtes
de la race anglo-saxonne l'ont portée. Assurément, le
conllit entre les deux factions qui s'y trouvèrent, dès le
début, en présence : l'élément conservateur, traditionna-
liste, sacerdotal, et l'élément réformateur, bibliciste, puri-
tain, n'a pu manquer de s'engager ; mais ce conllit s'est
engagé dans le sein même de l'Eglise, où des partis so
sont créés, assez différents pour no conclure que des com-
promis fragiles, pas assez intransigeants cependant pour
recourir à l'extrémité d'un schisme. L'histoire de l'Eglise
anglicane au xvi° et au xvne siècle se compose de l'histoiro
des combats violents que s'y livrèrent les conservateurs
el les réformateurs, en vue de s'expulser réciproquement.
Henri Mil, Elisabeth et les premiers Stuarts (V. Laud)
appuyèrent de tout leur pouvoir les conservateurs et persé-
cutèrent les radicaux presque aussi durement que les catho-
liques romains. La Révolution do 1649 fut une revanche
pour le parti à tendances calvinistes ; mais la restauration
de Charles II destitua deux mille clergymen anglicans
qui refusèrent, en 1662, de souscrire à 1 Acte d'unifor-
mité. Les dénominations de high church et de low
ckurch furent, vers cette époque, appliquées respective-
ment aux traditionnalistes et aux réformés. Guillaume III
favorisa les plus modérés des low churclimcn, qui avaient
du penchant pour les idées arminiennes et sociniennes, et
qui étaient appelés « latitudinaires », tels que Tillotson,
Gilbert Rurnet, etc. Sous la reine Anne, les deux tendances
se trouvèrent en concurrence acharnée. Les « latitudi-
naires », ou, comme on commençait à les nommer, broad
rhurchmen, également éloignés des exagérations préla-
tistes et puritaines, revinrent au pouvoir sous les Georges,
au grand dépit du clergé rural, très généralement high
ckurch. Aussi bien, le régne de George Ier fut marqué
par un refroidissement général du zèle ; le scepticisme fit
des adeptes ; une école, dirigée par Collins et Tindal,
exprima ouvertement ses doutes au sujet des révélations
et des miracles (English Deists) ; c'est contre cette école
que J. Butler, évêque de Durham, écrivit son fameux
livre, Analogy of religion (1736). En même temps,
dans le peuple, la grossièreté des mœurs devint très
choquante.
C'est alors que l'Eglise engourdie fut réveillée par l'en-
thousiasme du fameux fondateur du méthodisme, John
Wesley (V. ce nom). Le réveil méthodiste réagit sur
l'Eglise établie, y ranima la vie chrétienne dans le sens
puritain, bien que ses promoteurs en aient été de
bonne heure écartés. Le « mouvement évangélique » fut,
au sein de l'anglicanisme, comme un contre-coup du mou-
vement non conformiste de John Wesley. On doit aux
évangéliques, gens étroits, mais pieux et foncièrement mo-
raux, la suppression d'un grand nombre d'abus sociaux, la
création d'une foule d'institutions de bienfaisance et d'en-
treprises de mission à l'intérieur et au dehors. Les pre-
miers « évangéliques » furent Toplady, auteur de l'hymne
Rock of âges; Grimshaw, vicaire d'Haworth ; FSerridge,
vicaire d'Everton. Les plus fameux sont : W. Romaine,
qui se retira de la société dite Lad;/ Hunlingdon's Con-
nexion, en 1781 , quand elle manifesta du penchant au
non-conformisme, en même temps que IL Venn, vicaire
d'IIuddersfield, auteur du Complète Duty of mari ; John
Newton (1725-1807), l'ancien marchand d'esclaves;
Thomas Scott (1747-1821), commentateur de la Bible;
J. Milne (mort en 1707), auteur d'une histoire ecclésias-
tique ; parmi les laïques de cette tendance, il faut citer :
W. Cowper, le poète, et W. Wilberforce, l'ami de Pitt.
Les évangéliques fondèrent la London Missionary So-
ciety (1705), la Church Missionary Society (1799), la
Religions tract Society (1700) et la Bible Society
(1*0-2). L'établissement des « écoles du dimanche » (Sun-
day schools) fut une des conséquences du mouvement
évangélique; la Sunday school Society date de 1785.
— Au commencement du xix'' siècle, les évangéliques
formaient la partie du clergé anglican oii la vie spirituelle
était le plus active, mais ils n'étaient ni très nombreux ni
très influents, malgré la notoriété de quelques-uns de leurs
ÉGLISE
- 63a -
chefs: Charles Siméon (de Cambridge), mort en 1836;
C.li.-J. Blomfield, évoque de Londres de 1828 à 1856. Les
vieux préjugés de la high church régnaient toujours; la plu-
part îles clergymen étaient des nobles ou des fils de nobles,
entrés dans l'Eglise sans vocation, indifférents au devoirs
de leur profession, scandaleusement mondains. Le pi
Crabbe a esquissé en ces termes le portrait de la grande
majorité des clergymen campagnards sous George III :
A jovial youth, who tliinks dis Bundav task
As loucli u.s («mi or iiuiii can tairly ask;
The rcst lie ^'i\cs to loves and labours liffht,
To fields the moraine and to feasts the night;
Noue better Bkilled the noisy pack to gu
To urge their chas.', to cheer (hem or to chide.
A sportsman keen, lie shoots through half the daj
And, skilled at whist, dévotes the ntght t" play.
Entre ces high churchmen pharisaïques et les « évangé-
liques », enfermés dans un dogmatisme sec et déplaisant,
rccommandables à cause de leur zèle pratique, mais sans
portée intellectuelle, il y avait place, vers 1830, au mo-
ment où triomphait l'école littéraire dite romantique, pour
une réaction dans le sens mystique et catholique. Oriel
Collège, à Oxford, devint le centre, à cette époque, d'un
intéressant mouvement théologique : on remarquait parmi
ses ft'lloii's John Keble (1792-1866), le poète discret et
gracieux qui écrivit le Christian Yea ; E.-D. I'usey
(1808-1882), professeur d'hébreu, homme prudent, savant
et riche ; J.-H. Newman, depuis cardinal de l'Eglise ro-
maine. Ces jeunes ecclésiastiques anglicans se réunirent
pour publier en commun des pamphlets (tracts) « sur
l'Eglise, le ministère et les sacrements ». Nourris de la
lecture des Pères de l'Eglise, ils entreprirent de restaurer
des «outumes et des croyances qui étaient tombées en
désuétude dans la communion anglicane. « Ils vénéraient
l'antiquité catholique, et, s'ils rejetaient l'absolutisme
papal comme une excroissance du système, ils n'éprou-
vaient que de la sympathie pour l'orthodoxie orientale. Ils
reniaient, en revanche, toute compromission avec la réforme
calviniste, hérétique à leurs yeux. »(Chaponnière.) Ces idées,
ils les exposèrent, à partir de 1833, dans leurs fameux
Tracts for the Times. La masse des fidèles ne fut que super-
ficiellement remuée par cette agitation puséiste, dont elle
était incapable de goûter les raffinements esthétiques ; mais
le vieux parti high church, une partie de l'aristocratie,
toute l'Eglise épiscopale d'Ecosse, en contact avec les
formes les plus prosaïques de la croyance calviniste, se
précipitèrent dans la doctrine nouvelle. Le mouvement
puséiste fut un réveil de la haute Eglise comme le mouve-
ment évangélique avait été un réveil de la basse. Il devint
puissant vers 4837 et fut propagé par des hommes comme
H.-J. Rose, W.-F. Hook, H. Phillpotts, èvèque d'Exeter
(1831-09). Le « mouvement puséiste, tractarien ou
d'Oxford » (car toutes ces expressions sont synonymes) « fit
relleurir l'intelligence de l'antiquité chrétienne et de l'art
religieux ; il ranima dans la partie du clergé et du trou-
peau qui avait échappé à l'influence méthodiste, l'ardeur
pour les œuvres de piété et de charité ; il provoqua l'érec-
tion d'un grand nombre d'églises et de chapelles » (Cha-
ponnière). Quelques-uns de ses adeptes allèrent très loin
dans la voie archaïque où ils s'étaient engagés ; Newman
et plus de cinq cents ecclésiastiques anglicans se conver-
tirent, à partir de 1837, au catholicisme romain. Mais
cette défection ne mit pas en péril le puséisme qui, grâce à
l'habileté du Dr I'usey, arriva à compter dans ses rangs
la majorité du clergé anglican. On donna aux puséistes
le nom de ritualistes, à cause de leur goût pour les rites
sensibles, et quoique leurs chefs eussent toujours attaché
beaucoup plus d'importance à leurs revendications dog-
matiques qu'à la restauration de l'ancien rituel. Le juge-
ment dans l'affaire Bennett, à la cour des Arches (1870),
a autorisé renseignement des doctrines caractéristiques
de la high church puséiste dans les églises de la com-
munion anglicane. Les èvangéliques avaient obtenu une
autorisation analogue pour leurs doctrines particulières en
1847 (jugement Gorham). Quant aux continuateun mo-
dernes îles latitudioaires du \\nr siècle, des Tillotaon et
des Bornât, les broad churchmen, ds se sont fait recon-
naître également une place au soleil. Ils représentent lu
tendance libérale, critique, rationaliste: ils admettent
l'idée du progrès doctrinal; quelques-uns d'entre eux vont
jusqu'à rejeter totalement la notion du surnaturel. Ils ont
en ce siècle des leaders comme l'.-|). Maurice (mort es
1872), F. RoberUon de Brighton, Charles Kingsli
teur d'Eversley, poète et romancier (mort en 187
doyen Manies de Westminster, M. Malhew Arnold. L'un
d'eux, le \)' Rowland Williams, vice-principal de Saint-
David Collège, Lampeter, fut traduit devant le •
privé, sous 1 inculpation d'hérésie, en I*'il ; il fut acquitté.
Ce jugement et ceux qui lurent rendus dans les affaires
Gorham et Bennett ont place sur le mena' pied de tolé-
rance les doctrines si opposées des broad churchmt
èvangéliques et des puséistes. « L'Eglise épiscopale tend
donc i n'être plus qu'un faisceau de sectes. Quelques
penseurs distingues n'< n soutiennent pas moins, avec une
sorte de ferveur passionnée, que le caractère composite et
complexe de l'anglicanisme est, en réalite, sa force, sa
richesse et sa gloire. » (Chaponnière.)
Est-ce donc l'anarchie doctrinale et liturgique qui
dans l'Eglise anglicane de nos jouis ? On le croirait, en ce
qui touche le rituel, à jeter les yeux sur des statistiques
comme celle-ci. Il y a a Londres environ 850 cultes an-
glicanes ; dans 3'JO, la communion est célébrée une fois
par semaine, chaque jour dans 40. Il y a des services
tous les jours dans 1 40, le dimanche seulement dans 138.
Il y a une maîtrise vêtue de surplis dans 350 ; le chant
grégorien est en usage dans 115 ; les places sont gratuites
dans -J.'iO ; il y a un offertoire par semaine dans 450 ; on
prêche en surplis dans 460. On se sert d'encens dans 14,
de cierges allumés dans 58, de cierges non allumés dans
41. Le célébrant, au moment de la communion, se tourne
vers l'orient dans 180 églises. La fête de la Dédicace est
observée dans 150 ; 120 sont ouvertes tous les jours aux
personnes qui veulent y faire des prières particulières. Au
point de vue doctrinal, nous avons déjà vu que trois sectes
au moins s'abritent fraternellement sous le toit anglican.
Ne confond-on pas sous le nom d'anglicans ces puséistes
si amoureux d'etoles brodées et de vitraux, « qui parlent
plus souvent de l'Eglise que du Seigneur », qui croient au
purgatoire, à la régénération par le baptême, recomman-
dent la confession auriculaire et la commémoration des
saints, et, d'autre part, les lalitudinaires extrêmes, à
peine chrétiens, qui se servent des termes ordinaires de la
théologie dans un sens ésotérique, qui parlent de la « vie
divine du Christ » sans se prononcer par là sur la question
de la divinité du Christ. Si le I)r Pusey était anglican,
M. Matthew Arnold l'était aussi; or, le premier croyait à la
continuité de la tradition apostolique, à l'efficacité des sacre-
ments et même à la présence réelle, tandis que le second
considérait l'Eglise anglicane comme « une société natio-
nale pour la diffusion de la bonté », un conservatoire de
bonnes manières, d'humanité, de culture, de raffinement re-
ligieux, toutes choses mises en péril, à son avis, par le zèle
aveugle des non-conformistes. L'Eglise anglicane a toute-
fois un symbole, les Trente-neuf articles, et un livre litur-
gique, le Book ofCommon prayer. Mais ni ce symbole,
ni ce livre ne sont des instruments efficaces d'uniformité.
L'Eglise épiscopale des Etats-Unis a fait subir aux Trente-
neuf articles des changements conçus dans le sens protes-
tant. En I>osse. le Prayer Book, quoique déjà suffisam-
ment imprégné de la tradition catholique, a été retouché
dans un esprit puséiste : en revanche, il a été revise dans
un esprit calviniste en friande (pays ou les èpiscopalistes
Sont en contact avec le catholicisme romain) et aux Etats-
Unis, où l'on en a supprimé complètement le symbole
d'Athanase. D'ailleurs, comme le remarque en bons termes
M. Chaponnière, « étant donné qu'aucun des partis qui
(('existent dans l'Eglise ne peut souscrire à l'ensemble de
— 633 —
ÉGLISE
sos professions de foi sans éluder la sons naturel de telle
ou telle de leurs déclarations, oel engagement de fidélité
n'est interprété liltéralenwnl par personne ». Les formu-
laires anglicans sont devenus assea élastiques pour pouvoir
lire souscrits, sous bénéfice de quelques réserves mon-
ades, pur les liidh, low et broad churchmen. Si l'on
vont déterminer de nos jours précisément les contours de
l.i dogmatique anglicane en général, ce n'est pas ans
rreate-neul articles qu'il faut recourir, c'est au corps de la
jurisprudence accumulée depuis le commencement du siècle
par les cours ecclésiastiques et le Conseil privé à l'occasion
des procès intentés, a propos <le questions doctrinales, à
rgymen ou a des évèques. Or la jurisprudence est
susceptible de changer; les contours de la dogmatique an-
glicane ont donc cesse d'être rigides. En t'ait, elle admet
toutes les opinions, a l'exception des plus radicales : en-
lles-ci ont-elles chance d'être admises un jour. Le
G orhaœ ne croyait pas a la régénération par le bap-
tême ci refusait en conséquence de lire les paroles du
rituel : Vuis itmeque cet enfant «si I . il a été
jugé qu'il pouvait croire ou ne pas croire à la régénéra-
tion, niais que, en ton! cas. il devait prononcer les paroles.
Le ministre Bennelt croyait a la présence réelle dans l'Eu-
ihanstie : il a été jugé que cette croyance était permise,
•ou nu qu'on n'adhérai pas ouvertement au catholicisme
romain. Les auteurs du livre Essays and reviews ne
croyaient pa> a l'éternité des châtiments, à l'imputation des
mérites du Christ, à l'inspiration des livres >aints ; il a
déjugé que des ministres avaient le droit de professer ces
opinions sans perdre leurs bénéfices, pourvu qu'on ne niât
pas ouvertement l'idée do salut par la médiation du tilsde
Iheu. De même en ce uni concerne la liturgie. Les pu-
■ nt essayé de réintroduire subrepticement la plu-
part des coutumes catholiques : le surplis, l'étole, la mitre
la Grosse, les chantres, les jeûnes, les retraites, les
es spirituels. « Jadis, dit le l)r Ince, professeur de
gie à Oxford, on disputait dans les écoles sur la
nation, la rédemption, la grâce; il n'est plus ques-
tion aujourd'hui que d'encens, de cierges, de pain sans
levain et de vestiaire. » Les évangéliqnes ont essavé d'en-
rayer les innovations puséistes ; ils l'ont fait non seule-
ment en lançant dans la circulation des ballades connue
celle on une vieille paroissienne, choquée des nouveautés
introduites par un jeune vicaire ritualiste, déclare que
les vitraux sont sans doute très beaux, mais qu'elle re-
taot de même le temps, où, a travers la vitre trans-
p.u.iite dea fenêtres, elle pouvait voir le ciel bleu et les
pimpantes; ils l'ont fait aussi en traduisant les mi-
trop suspects de faiblesse pour les rites papistes
devant les cours ecclésiastiques (procès Tooth, Ridsdale,
Piirchas. etc.). Les jugements prononcés ont mis à l'index
un certain nombre de rites comme trop évidemment imités
des rili-s catholiques, mais les ritualistes se sont hàtès île
généraliser tous les usages qui n'ont pas été expressément
condamnes et ils n'ont pas hésite a conserver même ceux-ci
en 1rs altérant un peu. En vain, la Chambre des lords
est-elle intervenue à plusieurs reprises, la Convocation, ou
les représentants du bas clergé, s'est toujours
- mesures législatives propres à faire échec aux
- du ritnalisme.
Tout cela n'empêche pas que l'Eglise anglicane ne
soit très prospère, très riche, et continuellement en voie
d'enrichissement. Pendant les cinquante dernières années,
plus r),. trois mille paroisse-, nouvelles ont été 1 1
Angleterre, sous les Peel't Ckurch Building Acts. Huit
nosveanx esches ont été établis '■ •< EUpon, Manchester,
Saint-Albans. Truro, Newcastle, liverpool, Southwell,
Wakefield. Outre-mer, quantité de diocèses ont surgi : m
bien qu'en 187*. un synode pananglican aréuni a Londres
ju-pi a quatre-\ingt-(|uinze évèques de la communion; le
nombre des pères a été encore plus considérable au synode
i. Lutin, des réformes ont amélioré grandement l'or-
ganisation matérielle de l'Eglise.
L'Eglise anglicane a succède sans révolution au xvi° siècle
à l'Eglise catholique d'Angleterre ; elle garde donc beau-
coup de traits de ressemblance avec l'ancienne Eglise du
moyen âge a laquelle ello a succédé. Le pape, à la vérité,
a été remplacé comme « chef suprême » par le roi qui
exerce par l'intermédiaire de son Parlement, de son con-
seil prive et de son ministère, l'anlonte en dernier ressort
Mir h' corps ecclésiastique. Mais tous les membres du clergé
anglican revendiquent le bénéfice de la succession aposto-
lique; le caractère sacerdotal est très fortement imprimé
en eux : ils se divisent, comme les membres du clergé
catholique, en diacres, prêtres et évoques. L'éducation
du cierge se lait dans les universités (Oxford, Cambridge,
Du.rh.am, Dublin), ou dans les collèges tels que celui de
Lampeter (pays de dalles) ou de (îlenalmond (près de
Porta, Ecosse). Or, on sait que, jusqu'à une époque tout à
fait récente, les études ont été très faibles dans ces grands
séminaires du clergé anglican, les universités anglaises. Ce
clergé a donc été longtemps très ignorant, surtout en théo-
logie, mais il se flattait par compensation d'être exclusi-
vement composé de gentlemen,c.—k-d. de gens bien élevés :
« 11 faut, disait-on, qu'il y ait au moins un gentlemen dans
chaque village : le vicaire. » Effectivement, les clergi/men
anglicans ont été longtemps recrutés dans la classe riche,
et ils avaient généralement cette correction, cette dignité
que donnent l'usage du monde et la possession héréditaire
d'une large aisance. A la tête du clergé sont en Angleterre,
les deux archevêques deCanterbury et d'York, les évèques
de Londres, Winchester, Durham, Bangor, ISath and Wells,
Carlisle, Chester, Chichester, Gloucester, Hereford, Lich-
lield, Liverpool (1880), Llandafl, Newcastle (-1882), Nor-
wich, Oxford, Peterborough , Hochester, Saint-Albans
(1877), Saint-Asaph, Saint- Davids, Southwell (1884),
Truro (1877), Worcester, Lincoln, Kipon, Manchester,
Wakefield. La plupart de ces prélats jouissent de con-
sidérables privilèges civils et de revenus magnifiques. Ils
sont choisis par le premier ministre de la couronne parmi
les individualités à la fois les plus distinguées et les
plus modérées (cf. cependant le procès récent [18!)0] de
l'evèque de Lincoln, accusé de ritualisme), de l'une ou
l'autre des trois grandes écoles théologiques. Les évoques
de Londres. Winchester et Durham, siègent ex oflicio à la
Chambre des lords ; les autres évèques n'y prennent place
qu'à leur tour, quand, par suite d'extinctions dans le corps
èpiscopal, ils figurent parmi les vingt et un plus anciens
évèques du royaume. En Amérique, les évèques sont élus
par le synode diocésain. Les archidiacres de chaque diocèse
sont appointés par l'evèque et exercent, chacun dans leur
circonscription, une autorité subordonnée à la sienne ; ce
sont les hommes d'alfaires du diocèse, qu'ils visitent chaque
année pour vérifier l'état matériel des bâtiments ecclésias-
tiques, etc., assistés de deux ckurch wardens, l'un repré-
sentant du clergyman dont l'église est inspectée, l'autre élu
par la congrégation. L'archidiacre est, comme au moyen âge,
« l'œil de l'evèque ». il est généralement en possession d'un
canonicat dans l'église cathédrale. Les chanoines de l'église
cathédrale forment un chapitre gouverné par un doyen (dean).
Ledean, qualifié de venj révérend, le premier personnage
du diocèse après l'evèque, est choisi par la couronne, sauf
dans le pays de Galles, où il l'est par l'evèque ; il touche
de 25,000 a .')0.(JII0 fr. par an. Les chanoines, qui tou-
chent de 12,500 à J.'),(llll) fr., sont appointés a ces siné-
cures, soit par la couronne, soit par l'evèque, en récompense
(théoriquement, mais la théorie est fréquemment mise en
pratique) d'éminents services. L'evèque n'a pas d'autorité
sur le corps capitulaire de la cathédrale, à l'exception d'un
droit nominal d'inspection. L'evèque ne peut même prêcher
dans la cathédrale que sur l'invitation expresse des doyen et
chapitre. Les chanoines résidente lourde rôle près de leur
cathédrale pendant une période de trois mois ; c'est la seule
obligation a laquelle ils soient astreints. — Les dignités de
doyen, de chanoine et d'archidiacre ont été supprimées
chez les anglicans des Etats-Unis. — Le doyen rural n'a
ÉGLISE
— 634 -
rion de commun arec le doyen de la cathédrale; il dépend
étroitement de l'évêqoe; son office et ses droits tout de
pure coartoiaie ; il réunit parfois les eurésde son doyenné,
maia il n'a pas le droil de les forcer a faire acte de pré-
sence; il y a environ six cents doyennes ruraux en Angle-
terre. — Au premier rang du clergé paroissial se trouvent
les recteurs, auxquels seuls appartient le titre très honorable
de ■• parson » [quiapersonam ecclesim gerunt). Rectenrs,
vicaires el curés perpétuels sont également des bénéficiée
[incumbents) ; ils ne diffèrent que par le salaire. Les rec-
teurs perçoivent tous les revenus des manses paroissiales,
tandis que les vicaires n'en touchent qu'une partie, aban-
donnant le reste à Vimpropriator ou patron, évéque, cor-
poration ou personnage laïque, par suite d'inféodations des
dimes qui remontent au xin1' siècle. tjuant aux cures per_
pétuels (perpétuai curâtes), ils datent de la Restauration.
Les prêtres ayant charge d'âmes étaient souvent réduits à
la misère par des recteurs non résidents qui gardaient le
revenu des cures et ne laissaient à leurs suppléants qu'une
misérable portion congrue. Aux suppléants furent attri-
buées, dès lors, pour remédiera cet abus, la dignité de curé
perpétuel, et une rente fixe, annuelle, assise sur les do-
maines rectoraux. Il y a une vingtaine d'années que le
titre de curé perpétuel est tombé en désuétude ; les curés
sont confondus aujourd'hui avec les vicaires. C'est à la
pauvreté relative de cet ordre de bénéficiés que l'Eglise an-
glicane est redevable de l'institution connue sous le nom
de Queen Anne's Bounty. Il parut au commencement du
xvme siècle que les salaires des curés perpétuels étaient
si faibles que la gêne de ces fonctionnaires déshonorait
l'établissement. La reine Anne, en conséquence, proposa au
Parlement de consacrer certains revenus de la couronne à
l'amélioration perpétuelle du sort des curés. Les adminis-
trateurs de la Queen' s Anne Bounty prêtent encore au-
jourd'hui fréquemment de grosses sommes aux clergijmen
dans l'embarras, notamment en vue de réparations aux
églises et aux presbytères. — Pour la nomination des béné-
ficiés, le système du patronage existe encore. Pour qu'un
ecclésiastique soit pourvu d'un bénéfice, il faut qu'il soit
présente1 par le patron, dont le droit de vocation (advowson)
est une propriété qui se vend, s'achète et se transmet par
héritage ; admis par l'évêque ; institué par le même,
après la prestation du serment d'obéissance canonique ;
installé (inducted) par l'archidiacre. En Irlande, en Ecosse,
aux colonies et aux Etats-Unis, ce sont les assemblées de
paroisses qui font la présentation des candidats. Tous les
abus que le système de patronage entraînait dans l'Eglise
catholique du moyen âge (simonie, népotisme, favoritisme,
avec les conséquences : nomination de pasteurs mondains
et indignes), le même système les a produits, naturelle-
ment, dans l'Eglise anglicane. Le progrès des mœurs a
rendu les scandales plus rares, mais il y en a encore; on
propose, pour les empêcher, de faciliter le veto de l'évêque
et d'en attribuer un aux paroissiens, jusqu'ici nullement
consultés. Le cumul des bénéfices et la non-résidence sont
d'autres abus du moyen âge, dont l'Eglise anglicane n'a
été purgée que par un acte de 1838; les bénéficiers sont
aujourd'hui forcés de résider et de rétribuer convenable-
ment les auxiliaires qu'ils se donnent, s'ils ne veulent rien
faire. — D'où viennent les revenus pécuniaires attachés
aux bénéfices des cures? Ce n'est pas l'Etat qui les four-
nit. L'Eglise anglicane, la plus riche du monde, coûte
très peu au budget anglais ; mais elle tient de la loi le droit
de percevoir des taxes pour son entretien, entre autres la
dîme, convertie depuis 1835 en redevance pécuniaire. On
estime le revenu fixe des biens de l'Eglise d'Angleterre a
plus de quatre millions de livres sterling, dont le quart
étant tombé dans l'appropriation privée est perçu par des
laïques. Près de six millions de livres sont en outre four-
nies annuellement par des contributions volontaires.
L'Eglise épiseopale d'Irlande a été, comme on dit,
« désétablie », séparée d'avec l'Etat en 1868, mais elle
n'y a pas perdu, chaque bénéficier ayant reçu à titre de
compensation une rente viagère égale au traitement qu'il
avait, ou bien un capital <orres|>ondant. I,es intéie-
préféré le capital et l'ont versé I bl HUM centrale de
l'Eglise épiseopale (libre) d'Irlande, qui leur a, a son tour,
servi une rente convenable, niais qui s'est constitué ainsi
une fortune durable. La question du déaétabiissemeat et
du iisendowment de l'Eglise épiseopale do paysdeGalha
est à l'ordre du jour. — La générosité des fidèles angli-
cans est d'ailleurs sollicitée par un très grand nombre
d'oeuvres dont quelques-unes ont une réputation méritée
par des services positifs, comme la S. F. P. C. K. f S
for pronmt ing Christian Knowledge, fondée en 1698),
la Society for tin- propagation of me Gospel in foreign
paris, fondée en 1701. la Church Mitsionary Society.
L'Eglise anglicane d'Angleterre est trop étroitement liée
à l'Etat pour pouvoir jouir d'une large autonomie. I^s an-
ciennes assemblées politiques du clergé anglais, les Convo-
cations d'York et de Canterbury. divisées en deux chambres,
à l'instar du Parlement : une chambre haute et une chambre
basse, furent tenues régulièrement jusqu'au xvm* siècle.
Mais le gouvernement, qui avait essayé de se servir d'elles
pour certaines réformes ecclésiastiques qui lui tenaient à
cœur, les trouva trop indépendantes à son gré (surtout les
chambres basses) et prit l'habitude de les proroger indéfi-
niment. Le Parlement seul fut désormais consulte au sujet
de la législation ecclésiastique. Ce n'e-t qu'en l>C>4 que,
grâce aux efforts et au tact de l'évêque d Oxford, S. ^Yil-
berforce (1805-1873), les Convocations furent de nouveau
autorisées à délibérer quelques jours chaque année. Leurs
décisions ne sont toutefois considérées que comme de simples
avis. Les puséistes voudraient bien faire revenir, entre
autres vieilleries, les anciens synodes diocésains, à la place
des conférences officieuses qui sont réunies aujourd'hui
dans la plupart des diocèses. — Hors d'Angleterre, le pou-
voir législatif de l'Eglise épiseopale réside dans le Synode
général, composé de deux chambres : archevêques et
évêques dans l'une, délégués du bas clergé et du corps des
laïques dans l'autre.
Le tribunal suprême de l'Eglise d'Angleterre est celui
du souverain qui a délégué ses pouvoirs, depuis 183-2, an
comité judiciaire du conseil privé. Ainsi le dernier mot, en
matière de juridiction ecclésiastique, appartient à des
laïques. Mais l'Eglise n'en a pas moins conservé des tribu-
naux de première instance et d'appel qui lui sont propres.
La fusion des deux cours archiépiscopales de Canterbury
et d'York a constitué en 1875 la Cour métropolitaine,
dite Cour des Arches parce que le tribunal de l'arche-
vêque de Canterbury siégeait jadis à Londres, en l'église
de Bow {SanctOrMaria Je Arcubus). Il y a dans chaque
diocèse une cour consistoriale présidée par le chancelier
de l'évêque; des cours archidiaconales présidées par Voffi-
cial de l'archidiacre.
Le bizarre édifice de Henri VIII est-il destiné à durer
longtemps encore '! L'avenir le dira. On peut constater
seulement que les puséistes et les broad churchmen y
sont fort attachés et ne paraissent pas près de l'aban-
donner. L'Eglise anglicane est trop richement dotée pour
que ses membres en veuillent, de gaieté de cœur, compro-
mettre l'existence en se montrant intolérants à l'égard les
uns des autres. Ils ne retrouveraient point ces beaux ca-
nonicats qui font de si nobles loisirs à tant d'esprits déli-
cats, (toiles aux spéculations morales ou théologiqoes. Le
danger qui menace l'Eglise anglicane n'est donc pas interne.
C'est l'esprit révolutionnaire, anticlérical, du dehors. V.i-
t-on pas déjà parlé de « nationaliser » les biens de la
Church of England et de donner les canonicats près des
splendides cathédrales du moyen âge comme recompense et
comme retraite aux grands savants, aux grands écrivains,
aux grands artistes'.' A vrai dire, une telle extrémité n'est
pas à redouter: on en est très loin. Mais la question du
- désétablissemenl », de la suppression des dimes est déjà
brûlante: elle figure dans le programme des grands partis
politiques. L'anglicanisme abrite des abus colossaux, qui
- 635 -
EGLISE
ne peuvent manquer d'offenser l'Angleterre démocratique,
nouvelle, qui point à l'horizon. Ch.-V. I.
Hmi .. : Histoire* eecMsiastigiiM de twwjleterre, pur
Coi mer, J. Gilam r, K.-F. s ra i m in, Carwi nncN. Stou-
QHTON, Pkrrv ,t DlRON. — G. BORNI r. An Exposition of
the XXXIX articles ; Oxford, is 15. in-8. — Curti ia, Dis-
lin itl relation 10 the Churchof l'tKjland; Londres,
' . in-S. — Bl ONT et PHtl i rMORB, ihe'liooli of Clllirch
law : Londres, 1876, in-S. — A. Wi Bt et W. Dai rymplb-
Maci v..an. /'te Church and the âge; Londres, 1870-72,
ice, H ist.of the protestant episc.
(Vitirc/i m America. 1856. — Chaponniêrk, (Unis l'Ency-
îie des sciences religieuses de M. Lichtenberger.
E6LISE d'Ecosse. Les écrits de Luther pénétrèrent en
pars 1535. Les principes de la Réforme y forent
activement propagés par le jeune Patrick llamilton, de la
famille des comtes d'Àrran, qui mourut sur le bûcher, en
I8f7, à peine âge de vingt-quatre ans. Par des mesures
d'une rigueur extrême, le cardinal IVaton s'efforça d'en-
traver les progrès du protestantisme. Mais l'exécution de
Wïshart (4546) mil le comble à l'exaspération populaire.
I •■ cardinal péril lui-même assassiné peu de temps après.
DUS les années qui suivirent, la lutte fut ardente entre les
réformateurs soutenus par le peuple et la noblesse d'une
part, et l'Eglise défendue parla couronne, de l'autre. C'est
dans ces conjonctures que parut sur la scène John Knox, le
nisateur du parti protestant en Ecosse. A son
instigation, tes membres de la noblesse protestante forment
une ligue puissante sons le nom de The Lords of the con-
Îiregation. Ils dominent bientôt tout le pays. Aussi, quand
Parlement se réunit en 1560, un de ses premiers actes
fut-il d'interdire l'exercice de la religion catholique. Le
17 juil., une confession de foi (Confessio Scotica) repro-
duisant les principales doctrines de Y Institution chrétienne
de Calvin et rédigée en grande partie par Knox, fut solen-
nellement adoptée. Quelques mois plus tard, la première
nblee générale de I Eglise se réunit (décembre) et
" u|>c de la rédaction du Livre de discipline. On y traite
toutes les questions relatives à l'organisation des congré-
gations individuelles. Lo Second Livre de discipline parut
seulement à l'assemblée générale de l'Eglise de 4578. Il
complète le premier et a surtout pour objet de régler les
rapports des congrégations avec les cours ecclésiastiques
eures. Le point de départ du système presbytérien
3 ni prévaut en Ecosse est l'administration de l'Eglise par
ministres et des anciens nommés par les fidèles. Toutes
h-s questions pendantes ressortissent à quatre tribunaux
ou cours ecclésiastiques : 4° le conseil presbytéral ou kirk-
âonj i" le consistoire ou presbytery , ; 3° le synode
provincial mbJée générale. Chaque cour est pré-
>idée par un modérateur élu par ses collègues. Les minis-
tP'S sont éligibles. On peut appeler des sentences de ces
tribunaux à l'assemblée générale, dont les décisions sont
irrévoi
la seconde moitié du xvi° siècle, la cause protes-
tante, défendue par Knox sous Marie Stuart et par André
Melville sous Jacques VI, ne cesse de gagner du terrain.
A la mort de Marie Stuart (4586), l'Angleterre et l'Ecosse,
longtemps ennemies, se rapprochent dans la poursuite
d'ui, but commun : l'établissement du protestantisme chez
elles. Telle était la situation de ers deux pays quand Jac-
ques VI monta sur le trône d'Angleterre (1603). Tout sem-
blait annoncer l'avènement d'une ère de paix intérieure,
h-s Stnarts, mal conseillés par Laud, en imposant
rasage de b liturgie anglicane aux protestants d'Ecosse,
rient l'afiection de leurs sujets. Us presbytériens se
<tent contre le parti des prélats. Ils s'engagent par le
■nn teague and CovenmU (1038) à exterminer leurs
adversaires et contribuent, avec les parlementaires d'Angle-
terre, à l'établissement de la république et du protectorat
de Cromwell. Leur triomphe est le triomphe de leur Eglise.
Ils complètent son organisation en abolissant le droit que
s'arrogent les seigneurs de nommer les titulaires aux fonc-
rales. Renchérissant sur b-s doctrines de la con-
fession de foi de Knox, ils adoptent la confession plus rigide
de Westminster (4647). Mais à la restauration desStuarts,
en I (>(>(>. l'épiscopat fut réintègre dans tous ses privilèges.
Pendant vingt-huit ans, sous les règnes de Charles II et de
Jacques 11, les presbytériens furent persécutes sans merci.
Aii^si accueillirent-ils avec enthousiasme la révolution qui
renversa ce dernier, l'n des premiers actes du Parlement
Jui appela Guillaume III d'Orange à monter sur le trône
'Angleterre fut de ratifier l'établissement du presbytéria-
nisme en Ecosse (4690). Pour cette histoire, V. Ecosse.
Les attaques venant du dehors ne tardèrent pas a être
remplacées par des luttes incessantes entre les congrégations
et les seigneurs, au sujet du patronage. Tant que régna
Guillaume 111, les églises n'eurent pas à souffrir de l'tn-
trusion (c'est ainsi qu'on désignait la prétention des sei-
gneurs do nommer les titulaires aux chaires vacantes) et
s'administrèrent elles-mêmes. Mais, quand le traité d'union
entre l'Angleterre et l'Ecosse fut définitivement signé
(1707), le patronage qui était tombé en désuétude lut re-
mis en honneur. C'était un moyen pour la couronne de se
concilier les sympathies de la noblesse écossaise. Quelques
années plus tard, en 4742, quand le parti tory, représenté
par llarley et Bolingbroke, arriva au pouvoir, on se hâta
de confirmer les privilèges accordés aux seigneurs. L'Eglise
d'Ecosse se trouva dès lors divisée en deux camps : 4° les
modérâtes, partisans de la soumission à tout prix, quelque
peu indifférents sur les questions de doctrine, disposés à
faire de l'Eglise une institution de l'Etat; 1° les évangé-
liqucs, presbytériens convaincus, conservateurs des tradi-
tions primitives, hostiles à X1 intrusion sous toutes ses
formes. Telle était la situation intérieure de l'Eglise au
xviii0 siècle. L'organisation presbytérienne était ouvertement
foulée aux pieds. Aussi, devant la violation de leurs droits,
vit-on de nombreux fidèles quitter l'Eglise à différentes
époques et fonder des congrégations nouvelles avec des
pasteurs de leur choix. La première en date de ces commu-
nautés dissidentes fut créée par Ebenezer Erskine, pasteur
de Stirling (1733) et fut désignée sous le nom de Asso-
ciate Synod. Les séparatistes (seceders), auxquels se joi-
gnirent trois autres pasteurs, Wilson, Moncriefi, Eisher,
attaquèrent l'Eglise au double point de vue doctrinal et dis-
ciplinaire. Leur exemple fut imité par d'autres. En 4764,
un groupe important de fidèles suivit le pasteur Thomas
Cil lespie révoqué par l'assemblée générale pour avoir refusé
d'installer un titulaire imposé à une congrégation en vertu
du patronage. Ce parti lorma le Presbytery of relief ou
Eglise de la délivrance. Malgré la division de VAsmciate
Synod, en 1747, en burghers et anliburghers sur la
question de la prestation du serment en matière politique,
les deux puissantes communautés dissidentes fondées par
Erskine et Gillespie eurent, pendant de longues années,
une existence très prospère. Lne foi commune et une situa-
tion semblable vis-à-vis de l'Eglise d'Ecosse devaient opérer
tôt ou tard entre elles un rapprochement. En 4847, elles
se constituèrent en un seul corps sous le nom de Synod of
United original seceders ou Eglise presbytérienne unie.
Cependant, l'Eglise d'Ecosse continuait à subir le système
des intrusions. Les plaintes des congrégations devinrent de
jour en jour plus nombreuses et plus pressantes. L'assem-
blée générale des Eglises se vit forcée, en 4 834, d'accorder
aux fidèles le droit de veto contre l'installation de tout
pasteur n'ayant fias leur confiance. Mais le conflit ayant été
porté devant les tribunaux, ceux-ci se déclarèrent contre
les congrégations en faveur des patrons. Cette décision pro-
voqua une indignation générale. Thomas Chalmers, prési-
dent de l'assemblée, se mil à la tête des mécontents. Il so
sépara de l'Eglise établie d'Ecosse avec quatre cent soixante-
dix pasteurs (48 mars 1 8 ',.'!) et fonda l'Église libre. A partir
de ce moment, l'Eglise d'Ecosse ne comprend plus que la
minorité des habitants de ce pays. — Son union avec l'Etat
lui a été fatale. En 4 874, l'abolition du patronage a consacré
le triomphe du parti évangélique. Ainsi, dans celte longue
lutte entre les congrégations et les patrons, la victoire est
restée aux congrégations. G. de La Qdesnerie.
église
— 686 -
Bibl. : John Knox, Histoire de la Réforme en I
1072. Marc Wilkb , Précis de l'histoire <i<- l'Eglise
d'Ecosse, 1844, \Y. IIanna, Mémoire of Ch&lmert bu his
son-in-lav), 1849-1852. — Mkri.k d'Aubioné, Trou.
de lutte en Ecosse, 1850,
ÉGLISE MÉTHODISTE. En 17"29, deux jeunes théologien-
protestante d'Oxford, deux frères, John et Charles Wesley,
fondèrent, avec une trentaine d'étudiants, une société dont
le luit était d'appliquer à la \ i^ quotidienne les préceptes
de l'Evangile. Leurs mœurs ascétiques et la régularité qu'ils
apportaient a l'accomplissement de nombreux exercices de
piété valurent a ces i veaux réformateurs l'appellation
dédaigneuse de méthodistes. Cette société fui le point de
départ du réveil de la conscience religieuse en Angleterre
au xviii' siècle. Elle recruta bientôt de fervents adhérents,
parmi lesquels George Whitefield (173-2) se signala par son
zèle et un grand talent d'orateur. Avec John Wesley, le
véritable organisateur de l'œuvre, il entreprit de faire
pénétrer la lumière de l'Evangile dans toutes les classes
de la société, même les plus déshéritées. La parole ardente
de ces deux apôtres trouva un écho dans toute l'Angleterre
et au delà des mers, dans les colonies de l'Amérique. En
1735, Wesley partit pour la Géorgie et Whitefield l'y re-
joignit bientôt. Après quelques années, ils quittent cette
colonie, en y laissant les promesses d'une abondante récolte
spirituelle, et reviennent en Europe, Wesley en 1738 et
Whitefield en 173!). — Ce voyage fut pour le développe-
ment de Wesley d'une importance capitale. Membre de
l'Eglise anglicane, il en avait jusque-là accepté sans dis-
cussion les dogmes et la discipline. Mais les expériences de
l'apostolat, et sans doute aussi l'influence qu'eut sur lui la
notion mystique de la foi de quelques émigrants moraves
dont il fit la rencontre dans ses voyages, l'amenèrent à
attacher toujours plus de valeur à l'idée de la régénération
intérieure^ la conscience de Dieu dans le cœur de l'homme.
Dès son retour, il se mit en rapport avec Bôhler, le pasteur
de la communauté morave de Londres. Celui-ci le confirma
dans sa nouvelle manière de voir. Les circonstances sem-
blaient d'ailleurs favoriser un rapprochement entre les
méthodistes et les moraves. Au début de leur œuvre, Wesley
et Whitefield avaient, il est vrai, trouvé dans les membres
du clergé anglican des auxiliaires pleins de bonne volonté.
Mais, devant les succès toujours croissants de leur prédica-
tion, ces sentiments s'étaient peu à peu transformés en une
hostilité plus ou moins déguisée. Les ministres refusaient
quelquefois de leur prêter leurs églises. De là, la nécessité
pour Wesley et pour Whitefield de se contenter d'abord
des salles de réunion des moraves et bientôt après (1739)
d'inaugurer à Kingswood, près de Bristol, et à Moorfield, près
de Londres, des prédications en plein air devant des foules
comprenant, d'après des témoins dignes de foi, jusqu'à
trente mille personnes. Malgré l'opposition de plus en plus
ouverte de l'Eglise anglicane, Wesley ne rompit point avec
elle. L'alliance qu'il avait contractée avec les frères moraves
n'eut, au contraire, qu'une durée éphémère. Il se sépara
d'eux au bout d'une année. Homme d'action avant tout, le
?uiétisme mystique des disciples de Zinzendortl' pouvait
ormer un élément de sa foi, mais ne pouvait être toute sa
foi. La doctrine exagérée du repos en Dieu fut son principal
grief contre les frères moraves, auxquels il reprochait aussi
leur antinomisme. C'est à ce moment critique (1739) que
Wesley entreprit de donner une organisation indépendante
aux sociétés locales d'où sortirent plus tard les églises mé-
thodistes. Mais à peine son plan recevait-il un commence-
ment d'exécution que l'union spirituelle qui avait jusque-là
existé entre lui et Whitefield cessait subitement. En 1741,
la question du péché et de la grâce divisa les méthodistes
en deux camps. Wesley adopta la solution large d'Armi-
nius, condamnée par le synode de Dordrerht en l(>18 ;
Whitefield se lit le défenseur des doctrines calvinistes. Ce
schisme lit de Wesley le chef incontesté des méthodistes.
Mais ce litre, il le mérite surtout par le travail d'organi-
sation dont nous venons de parler.
Ce fut en 1713 que parurent, au nom des deux frères
John et Charles Wesley, les règles <hs société»
Les fidèles sont considéra ■• la Ibis eoltecxivemenl et indi-
viduellement leur ensemble forme b feUe-d
est elle-même composée île chutes comprenant des subdivi-
sions désignées sou.-, le nom de circuits. A la tète îles
classes sont des présidents laies, leaders an assistants,
qui entretiennent le zèle de- fidèles et dirigent le cuits,
sauf l'administration des sacrements, la oommanioa no-
tamment. Os présidents ont des subordonnés ou helpers.
Dans ce cadre, on trouve encore des bands ou entrent les
hommes et les femmes, sépare-, en marie- et célibataires.
Le- membres de ces diverses catégoriel sont individuelle—
menl l'objet de \i-itesa domicile et, quand les circonstances
l'exigent, de secours matériels. Chaque société a un conseil
de discipline forme par l'assemblée des leaders. En ménM
temps, Wesley institue un ordre de prédicateurs i
de visiter les sociétés et d'en fonder de nouvelles, sans
qu'ils aient le droit de rester plus de trois ans dans le
même poste. Le- prédicateurs remplissent les fonctions pas-
torales, a l'exclusion de l'administration des sacrements que
les frères Wesley se réservèrent dès le début dans toutes
les sociétés. Les fidèles pouvaient toutefois prendre la
communion des mains des pasteurs anglicans quand, pour
des raisons de distance ou toute autre cause, le» brèret
Wesley n'avaient pu se rendre à leur réunion. Mai-, devant
le refus assez fréquent de l'autorité ecclésiastique d'admettre
les méthodistes à la table sainte de l'Eglise paroissiale,
Wesley se vit forcé d'investir ses pasteurs de tous le- pou-
voirs sacerdotaux. A partir de ce moment, on peut parler
d'Eglises méthodistes, puisque les réunions primitives ont
rompu les derniers liens qui les rattachaient à i
anglicane. Enfin, l'organisation du méthodisme se complète
par l'institution de conférences annuelles (1744). Ces
conférences sont composées de cent prédicateurs nommés
directement par Wesley (the légal hundred) pour discuter
les questions d'intérêt général. Tant que vécut Wesley,4es
décisions de l'assemblée furent subordonnées à son appro-
bation personnelle. Mais à sa mort (1791), la conférence,
qui nomme elle-même ses membres quand des vides se pro-
duisent dans son sein, se trouva investie de l'autorité su-
prême sur toutes les sociétés. Elle délègue, dans certains
cas, ses pouvoirs à des comités locaux.
L'Amérique était trop loin pour que l'action spirituelle et
sacerdotale de Wesley s'y exerçât directement. Les fidèles
des colonies étaient par conséquent souvent exposés à ne
pouvoir prendre la communion, d'autant plus que l'Eglise
anglicane, en ces années où on luttait pour conquérir l'in-
dépendance politique, n'avait pas leurs sympathies. Wesley,
dans ces circonstances, ordonna un èvèque, le docteur
Coke, auquel il confia l'autorité spirituelle sur les sociétés
vesléyennes du nouveau monde. C'est ce Coke, assisté
d'Asbury, qui fonda l'Eglise méthodiste épiscopale d'Amé-
rique (1781). Elle est actuellement très florissante. Les
détails de l'organisation intérieure de cette Eglise sont con-
formes à ceux que nous avons donnés plus haut. C'est en
Amérique que les Réveils religieux (Revivais), chers au
méthodisme, ont pris tout leur développement. La célébra-
tion des Love Feasts ou agapes fraternelles, renouvelée
des pratiques de l'Eglise primitive, aboutit à l'institution
des camp-meetings. Les fidèles, campés en grandes masses
dans un endroit retiré, forêt ou lande déserte, poursuivent
quelquefois pendant plusieurs jours leurs exercices religieux ,
sans aucune interruption. Le chant des cantiques et les
prières succèdent aux exhortations et aux appels à la
repentante. La confession publique des péchés, au milieu
des larmes des assistants, et les cris enthousiastes quand le
pécheur rentre en grâce sont des phénomènes fréquents dans
ces immenses assemblées. Quoique les méthodistes en \me-
rique soient restés, pour la plupart, fidèles aux institutions
èpiscopales, on rencontre dans ce pays des méthodistes
congrégationalistes repoussant la centralisation ecclésias-
tique. " — En Ecosse. l'Eglise méthodiste fut organisée,
eu 1785, par Wesley. Pour les mêmes raisons que nous
— 637 —
ÉGLISE — ÉGLOMISÉ
avons exposées plus liant on parlant do l'Amérique, il l'ut
obligé de confier à ses prédicateurs l'administration tlos
■ereaenls. la même nécessité d'étendre les pouvoirs dos
prédicateurs s'impose liUenrs encore. Peu a peu, ee qui
mil l'exception, du moins en Angleterre, est devenue la
règle partout Les prédicateurs sont aujourd'hui de véri-
tabtea ministres remplissent toutes les fonctions sacerdo-
(;,!,.<. — \u potnl de vuo doctrinal, il convient d'ajouter
que la théologie vresléyenne est essentiellement évangèlique.
S Ile insiste sur le péché originel, elle repousse les doc-
trines extrêmes de Calvin sur la prédestination et la
prie*. La justification par la foi, la rédemption générale
par l'expiation >\c Jésus-Christ, mort pour tous los hommes,
\<- témoignage du Saint-Esprit dans la conscience, consti-
tuont le tond de l'enseignement de Wesley. 11 aimait à le
•nor en cette formule : i présent, free and full sal-
tatùm (un salut immédiat, libre el complet). — Statis-
tique d'après le Wesleyan Methodist Catendor pour 1891 :
Grande-Bretagne et missions, non compris le Canada :
-levons: o.')lT ministres, 760,098 mem-
- Méthodistes de la Nouvelle Connexion : 202 ministres,
775 membres; Chrétiens de la Bible: -271 ministres,
nombres; Méthodistes primitifs : 1,049 mi-
nistre-.. 193,658 membres; Eglises méthodistes libres
unies : il" ministres, s;>, itil membres; Méthodistes
indépendants : 333 ministres, iLtiiiii membres; linon
maléyenne réformée: 1!' ministres, 8,096 membres. Total
pour la Grande-Bretagne: 5,810 ministres. 1,122,089
membres. — Etats-Unis et missions : Eglises épiscopales :
1 18 ministres, 4,572,177 membres; Eglises non épis-
1,072 ministres, 201, 2ti4 membres. Total pour
los Etats-Unis: 82,010 ministres, 4,773,441 membres.
Canada: 1,588 ministres, 227,034 membres. — Total
pour toutes les branches du méthodisme : 39,408 ministres,
12,56 i membres. Comme il a été dit au mot Baptisue,
les 1 glises méthodistes étant des l'élises de professants,
il convient de quadrupler au moins le nombre dos membres,
pour évaluer celui des adhérents : ce qui donnerait ici en-
viron -25.000.000. G. de La Quesnerie.
BlBL. : Smith. Histoire du méthodisme ; Londres. 1n>7-
1- i Bancs, Histoire du méthodisme &mér icain: New-
Y . 1889-1841. — Ch. de Rbmusat, Wes/ej/ el le Métho-
disme, dans Revue des Deux Mondes, 15 janv. 1870. —
Math. Lf.likvre, John Wesley: Paris, 1891,
ÉGLISES baptistes (V. Iîaptisme).
ÉGLISE constitutionnelle (V. Etat, § Etat et Eglise,
et Election).
ÉGLISE (Petite) (Y. Etat, § Etat et Eglise).
ÉGLISE gallicane (V. Fra.nce ecclésiastique et Galli-
canisme i.
ÉGLISES protestantes (V. Ij.lise [Théologie], Eglise
ANr.i.ir.ANE. Bgusb d'Ecosse, Eglise li thbbienne, Eglise
■truosBR, Iîvptisme et Protestantisme, 5j Organisation
jHses protestantes).
ÉGLISES RÉFORMÉES (V. Protestantisme, § Organisa-
tion des églises protestantes).
ÉGLISE PRESBYTÉRIENNE (V. PROTESTANTISME, § Orga-
nisation des églises protestantes, et Presbttébia-
mu).
ÉGLISE cathouqde et apostolique (V. IrvIngiens).
ÉGLISE— vi.x—l;<ii^ il.'). Coin, du dép. de la Corrèze,
arr. de Tulle, tant, de Treignac; 522 bah.
ÉGLISE— Nei ve. Com. do dép. de la Dordogne, arr. de
teux, cant. de Vergt ; 310 hait.
ÊGLISE-Neuve-d'Entbaigues. Com. du dép. du Puy-
de-Dôme, arr. dlssoire, cant. de lVsse; 2,193 hab.
Armurerie, fironi .
EGLISE-Nbove-OES-Liards. Com. du dép. du Puy-de-
. arr. d'Issoire, cant. de Sauxillanges; 562 hab.
du mi' siècle, clocher du \iv .
ÉGLISE-.Vi ive-d'Issa< .. Com. du dép. de la Dordogne,
arr. de Bergerie, cant. de Villamblard; 30-2 hab.
ÉGLISE-NixvE-PKÈs-lhi.i.oM. Com. du dép. du Puy-
de-Dôme, arr. do Clerinonl-l'orrand, cant.de Billom;
1,513 hab.
ÉGLISES-d'Argenteutl (Les). Coin, du dép. de la
Charente-Inférieure, arr. ot cant. do Saint-Jean-d'An-
gelj ; 757 hab.
EGLISIA (Malac). Genre de Mollusques Gastéropodes,
de l'ordre des Prusohranrhes-Poetinihranchos, établi par
J.-E. C.ravon 1840 pour une coquille lurrieulée, dé|iourvue
d'ombilic, à tours nombreux, renflés, arrondis, striés
transversalement et séparés par une suture profonde ; ou-
verture arrondie, petite; bord interne aplati, épaissi, an-
guleux, mais non réfléchi en avant. Un opercule corné ;
spiral à tours de spire peu nombreux et à nucléus
presque central. Type : Eglisia spirata Sowerhy. Les
Eglisies vivent dans l'océan Atlantique et dans l'océan Pa-
cifique; on les trouve à une certaine profondeur sur los côtes
d'Europe, d'Afrique; sur celles du Japon, etc. J. Mar.
EGLIS0LLES. Com. du dép. du Puy-de-Dôme, arr.
d'Ambert, cant. de Viverols; 1,097 hab.
EGLISOTTES-et-Chalaure (Les). Com. du dép. de
la Gironde, arr. de Libourne, cant. de ('outras, au pied
des collines de la Double, sur la Dronne, où tombe le Cba-
laure; 1,221 hab. Stat. du chem. de fer d'Angoulèmc
à Bordeaux. Papeterie de Montfourat, sur la Dronne;
fabrique de toiles peintes; vins de Brande-Bergère ;
vignobles.
EGLOFF (Louise), femme poète suisse, née à liaden
(Argovie) en 1803, morte le 3 janv. 1X34. Devenue
aveugle quelques semaines après sa naissance, ses parents
la placèrent à l'Institut des aveugles de Zurich. On a d'elle
un recueil de Poésies publiées en 18:23 : d'un style élé-
gant et facile, d'une inspiration élevée, ce sont des poésies
intimes toutes de grâce et de charme.
EGLOFS. Village de Wurttomberg, cercle du Danube,
près de la frontière bavaroise. Château. C'est l'ancien siège
d'un comté (Megelolves, puis Meglof ) vendu en 1243 à l'em-
pereur Frédéric II. Rodolphe de Habsbourg lui accorda l'im-
médiateté. Plus tard, Eglofs appartint aux comtes d'Avens-
berg-Traun, fut acheté par le prince Windischgrœtz en
1804, annexé au Wurttemberg en 1810.
ÉGLOGUE. Ce mot vient du grec lxXo-pi{. Il désignait
primitivement toute espèce d'extrait, de fragment littéraire.
Il lut employé ensuite pour nommer toute espèce de petit
poème. Ainsi Pline le Jeune, envoyant ses hendécassyllabes
a un ami (ép. IV, 14), lui dit: « Donne-leur le nom que
tu voudras, épigrammes, idylles, éclogues ou petits poèmes
[poetnatia). » Les satires et les épitres d'Horace sont de
même appelées eclogœ par Suétone, dans la vie de ce poète,
et par Porphyrion (ép. I, 7, I). Cicéron appelle Eclogarii
des extraits choisis d'un livre (Ad AU.,\\l, *2), et Ausone
donne le titre à'Eclogarium à un recueil de poésies. Enfin
le mot ecloga désignait en particulier les petits poèmes
pastoraux de Virgile et de Calpurnius ; c'est par là qu'il est
devenu chez nous synonyme d'idylle (V. Bucoliques). A. W.
ÉGLOMISÉ. On appelle églomiser, revêtir une plaque
de verre de peintures et de dorures qui, par transpa-
rence, semblent être un émail (Darcel, Catalogue îles
émaux du Louvre). Tel est, en effet, le sens attribué
de nos jours à cette expression par les rédacteurs de Cata-
logues, qui se sont empressés de l'appliquer à toute une série
de pièces de verre du xvi" siècle, décorées de peintures sur
fond doré à froid et généralement d'origine vénitienne.
Mais ce terme est loin d'avoir une origine aussi ancienne.
L'habileté de Glomy, peintre, restaurateur de tableaux,
estimateur ou simplement encadreur au xvni'' siècle, nous
ne savons lequel, lui donna naissance. Glomisd, qui devint
plus tard églomisé, se dit tout d'abord d'un dessin collé
on plein sur carte forte, grise ou bleutée, encadré de filets
noirs, tracés a l'encre de Chine, avec accompagnement
parfois d'un filet blanc et toujours d'un filet de papier doré
étroit (Montaiglon). Glomy dut prendre à ce moment pour
ÉGLOMISÉ - BGMONT
— 038 —
jimiich- ont des montures de Mariette, qui encadrait
dessins d'une décoration toujours différente. Mariette avait
emprunte cette manière i vasari, qui, lui, montait tes
dessins sur carton blanc et leur faisait de sa main un
entourage 1res décoratif. Plus tard, églomité désigna cer-
tains petits fixés du irai' siècle, sortis probablement de
L'atelier de l'encadreur réputé; et c'est ainsi que, dans
l'argot des curieux du siècle passé, les modernes érudite,
sans se préoccuper <le ses origines, ont découvert cette
expression qu'ils ont appliquée à des pièces d'une facture
toute différente et beaucoup plus ancienne que celles desi-
gaées dans le principe par le mot églomisé. V. ni. Mu.v.
ÉGLY [V). Rivière de France (V. Agly [L'J).
ÉGLY. (loin, du dép. de Seine-et-Oise, arr. de Corbeil,
cant. d'Arpajon; 353 bab.
EGMOND aan Zbs. Village des Pays-Bas, prov. de Hol-
lande, arr. et à l'O. d'Alkinaar, sur la mer du .Nord ;
1,200 hali. Phare. Non loin de là s'élevait autrefois l'abbaye
des bénédictins et le château qui a donné le nom à la célèbre
famille des comtes d'Egmond. L'abbaye fut détruite en
1572 par les réformés, le château le fut par les Espagnols.
En 1791), combat entre les Russes et les Français.
EGMONT(lles). Groupes d'Iles coralliaires de l'archipel
des Cliagos (V. ce mot) ; cocotiers, huile de palme
(25,000 litres par an).
EGMONT (Mont) ou PokehaupapA. Volcan éteint de la
Nouvelle-Irlande, au S.-O. de l'île du Nord, prov. de
Taranaki; il a 2,521 m. de haut et domine un cap riverain
du détroit de Cook.
EGMONT Bay. Baie et bourg du Canada, sur la côte
méridionale de l'Ile du Prince-Edouard (V. ce mot);
mouillage médiocre.
EGMONT ou EGMOND (D') (selon l'orthographe hol-
landaise). L'une des plus puissantes et des plus illustres
familles des Pays-Bas, qui tire son nom du château, bourg
et seigneurie d'Egmond (V. ci-dessus) dans la Nord-Hol-
lande. Elle est authentiquement connue depuis le xu° siècle.
Jean // d'Egmont (mort en 1452), surnommé « aux son-
nettes », grand guerrier, qui jouissait d'une autorité souve-
raine dans ses possessions, eut deux fils : Arnould et
Guillaume. L'aîné devint duc de Gueldre et comte de
Zutphen (1423) du chef de son aïeule maternelle, Jeanne
de Juliers, fille du duc de Juliers et de Marie, duchesse de
Gueldre. Il fut le père d'Adolphe et l'aïeul de Charles
(V. ci-dessous), qui ne laissa pas de postérité. La sœur
de celui-ci, Phiiippote, épousa René II, duc de Lorraine. —
Guillaume, l'auteur de la branche cadette, eut pour fils
aîné Jean ///, qui devint stathouder de Hollande en 1483
et obtint en 1 480 l'érection de sa terre d'Egmont en comté.
L'un des fils de celui-ci, Jean IV, épousa Françoise de
Luxembourg, en faveur de laquelle le comté de Gavre fut
érigé en principauté en 1310. Leur second fils fut le célèbre
Lamoral (V. ci-dessous), dont la sœur Marguerite, épouse
de Nicolas de Lorraine-Vaudemont, fut la mère de Louise
de Lorraine, femme de Henri III, roi de France. La descen-
dance mâle des comtes d'Egmont, princes de Gavre, s'étei-
gnit en la personne de Procope-François, mort en 1707,
et son nom et ses titres furent dévolus à son neveu, fils de
sa sœur et de Nicolas Pignatelli (V. ce nom), duc de Bi-
saccia. — La branche des comtes de Buren, formée au
w'' siècle par Frédéric d'Egmont, second fils de Guillaume
et père lui-même de Florent (V. ci-dessous), nui fut Païen]
maternel du comte de Bornes, décapité en 1568, était déjà
éteinte depuis 1548. G. P-I.
EGMONT (Charles d'), duc de Gueldre, m1 ;ï Gavre
le 9 nov. 1467, mort à Arnhem le 23 juin 1538. Fils
d'Adolphe d'Egmont qui avait dû céder la Gueldre à Charles
le Téméraire, il passa sa vie à tenter île reconquérir l'hé-
ritage paternel. Constamment soutenu par 1rs rois de France,
il lutta successivement contre Philippe le Beau el contre
Charles-Quint. En 1328, le traité de Gorcum lui rendit la
Gueldre, mais il dut reconnaître la suzeraineté de l'empe-
reur qui devenait son héritier à défaut de postérité légitime.
Mais, en 1537, d'Egmont notifia aux Etats de Gnaldn mi
intention d'assurer sa tnocenioo au roi de Francs et il
demanda que le serment de fidélité lut prêté immédiatement
a François Ier. Ce fut le signal d'une guerre civile dans
laquelle Charles eut le dénoua. La convention de Nimi
déclara héritier de la Gueldre Guillaume de Clives, qui dut
bientôt se soumettre a Charles-Quint. I.. 11.
Bibl. : A. iti.NSK, Hialairedu 'tomr df Charlei-Quin I dans
les Pays-Boa; Bruxelles, 1858-1860, lu vol. in--. — I. Ji
Charles-Quilù et Marguerite d'Autriche; Bruxelles, I
in-K.
EGMONT (Florent d). comte de Blkkn, uéenl '»•!!», mort
à Buren le 1 4 oct. î .Vil). Il fut appelé au conseil de Philippe
le Beau, créé chevalier de la Toison d'or en 1 '>0.'j et envoyé
en Prise comme stathouder en 1545. Il y réprima la révolte
fomentée par son paient (.liai les d'Egmont (V. o-deaanu) 1 1
devint en 1522 capitaine général des bandes d'ordonnance.
Il fit, en cette qualité, la campagne de Picardie, prit Doulb-ns
et Hesdin et s'avança jusqu'à onze lieues de Paris. L. II.
EGMONT (Maximilien d*), comte de Borex, fils du
dent, né en L'iOO, mort à Bruxelles le 22 dec. 1548. D prit
une part brillante aux guerres de Charles-Quint contre la
France et, en 1546, sauva Charles— Quint, pressé par les
luthériens d'Allemagne, en lui amenant à Ingolstadt un corps
de quiuze mille hommes. Il s'empara de Darmstadt et de
Francfort et reçut en récompense de sa valeur le collier de la
Toison d'or. La branche des comtes d'Egmont-Buren s'étei-
gnit avec lui. — Sa fille unique, Anne d'Egmont, devint la
femme de Guillaume le Taciturne. E. IL
Bibl. : J. Sohbltbma, la Néerlande politique (en hol-
landais); Amsterdam, ls2tj, 0 vol. in-8. — A. Hcnne, His-
toire du règne de Charles -Quint dans les Pays-Bas;
Bruxelles. 1858-18(30, 10 vol. in-8.
EGMONT (Lamoral, comte d'), prince de Gavre, fils
de Jean IV, né au château de La Hamaidc (llainaut)
le 18 nov. 1522, exécuté à Bruxelles le 5 juin 1508. Chef
d'une des [dus riches familles des Pays-Bas, d'Egmont lit
ses premières armes en Afrique, sous les ordres de Charles-
Quint et se signala ensuite dans les guerres contre Fran-
çois Ier. Sa bravoure fut récompensée, dès 1546, par le
commandement d'une compagnie des bandes d'ordonnance
et par le collier de la Toison d'or. Eu 1554, il fut chargé
par l'empereur de négocier le mariage de l'infant Philippe
avec Marie Tudor. La guerre avec la France ayant recom-
mencé en 1557, le comte d'Egmont se couvrit de gloire à
Saint-Quentin et à Gravelines. Il fut alors nommé capitaine
général de la Flandre et membre du conseil d'Etat. Ce
conseil, chargé d'assister Marguerite de Parme dans le gou-
vernement des Pays-Bas, était composé de Granvelle.
Viglius et Berlaimont (V. ces noms), trois personnages
aveuglément soumis à Philippe II, et, d'autre part, de
d'Egmont et du prince d'Orange qui représentaient la no-
blesse belge et les aspirations nationales. Les trois pre-
miers formaient un comité serret ou consulte, investi par
le roi de l'autorité effective. Hès que d'Egmont eut deviné
l'existence de ce pouvoir occulte, il envoya sa démission à
Philippe II, ne voulant pas, disait-il, avoir a répondre de
ce qui se faisait sans lui. Le roi refusa cette démission et
promit qu'aucune affaire ne serait désormais traitée si ce
n'est de l'avis de tout le conseil. Bientôt de graves dis>i-
dences se produisirent : le roi voulait lever en Flandre des
troupes pour aider Charles IX à combattre les huguenots;
le prince d'Orange et d'Egmont demandèrent que la ques-
tion fut soumise aux Etals généraux; mais Granvelle et
Marguerite de Parme étaient d'accord pour refuser tout
recours à cette dangereuse expression de la volonté natio-
nale. Alors d'Egmont envoya au roi une requête dans
laquelle il attribuait le mécontentement du pays à l'outre-
cuidance du cardinal et à l'influence excessive qu'il exer-
çait sur la gouvernante; il demandait donc sonéloignemeut,
ajoutant qui) se retirerait du service jusqu'au joui- où une
politique plus sage et plus tolérante serait inaugurée parla
cour d'Espagne. On peut croire que Philippe s'était a
convaincre, car il donna à Granvelle l'ordre de quitter les
Pays-Bas. L'année suivante vl5t>5), le comte se rendit a
- 639 -
EGMONT
Madrid pour fairo un suprême appel à la sagesse du mi il
lui faire comprendre la nécessité d'accorder fa concessions
et dt se rendre à Bruxelles sans être accompagné d'Espa-
gnols. Philippe l'écoota d'un tir bienveillant et lui promit
d'examiner avec maturité lea plaintes de la nation. Aussi
d'Eguiont rapporta-t-il de son voyage une grande confiance
dans les intentions royales: niais bientôt arrivèrent des
dépêches prescrivant d'exécuter les édita avec plus de
rigueur que jamais. La révolution ne devait pas tarder à
eelater. D'Egmont n'y prit aucune part et voulut mémo
détourner ses amis de s associer au Compromis des nobles.
iiait que les Français ne profitassent delà situation
des esprits pour s'emparer des villes frontières. Il conseilla
à la gouvernante d'adopter des mesures de transaction ;
tiuu- la duchesse, constatant que les excès des iconoclastes
avaient provoque une réaction, maintint l'exécution des
placards et exigea de tous les officiers un nouveau serment
de fidélité. Le taciturne tonna alors une ligue pour em-
pêcher rentrée des troupes espagnoles dans les Pays-Bas ;
m d'Egmont s'v était joint, il aurait pu, grâce a l'immense
popularité dont il jouissait, soulever le pays et arrêter les
ince royale, dont il devait être la première
victime; mais il s'y refusa obstinément. Au mois de
juil. 1567, le duc d'Albe arriva en Belgique. Deux mois
plus tard, d'Egmont était arrêté avec le comte de llornes,
mis au secret dans la citadelle de Gand et, au mépris des
privilèges de la Toison d'or, traduit devant le conseil des
troubles. Il était accusé d'avoir favorisé les ennemis de la
religion catholique et médite le renversement du roi. Il
protesta de son innocence et démontra qu'il avait loyale-
ment accompli ses devoirs de vassal et de conseiller.il n'en
fut pas inoins condamné à mort et exécuté sur la grand'-
[■lace de Bruxelles, en même temps que le comte de Bornes.
La ville de Bruxelles a élevé une statue aux deux nobles
victimes du despotisme étranger. E. 11.
Hn.i.. : Lea historiens du rej-'ne de Philippe II. — I. JoSTB,
le Comte d'Egmont et le comte de Hornes, d'après des
documents authentiques et inédits; Bruxelles, 1862, In-8.
— De Bava y, Procès du comte d'Egmont et pièces juslifi-
; Bruxelles, ls.">3, in-s.
E6M0NT (Philippe d'), tils du précédent, né à liruxelles
en 1558, tue à [vry le 1 i mars K>90. Après la mort de
son père, il devint colonel d'un régiment wallon et défendit
vaillamment Anvers en t,'>7ii contre les Espagnols mutinés.
Pendant le gouvernement de don Juan, il demeura fidèle à
la cau>e nationale, mais il accepta plus tard les propositions
de Farnese et tenta même, mais sans succès, de reprendre
Bruxelles pour le compte du roi d'Espagne. Apres cet acte
de trahison, il lutta ouvertement contre l'année des Etats-
nu et fut fait prisonnière Ninove en 1580. Après
cinq ans de captivité, il l'ut échangé et reçut de Philippe II
le collier de la Toison d'or et le poste de gouverneur de
. En 1590, d'Egmont reçut l'ordre de se porter
avec un corps espagnol au secours de Mayenne; il l'ut tué
en conduisant une charge de cavalerie à la bataille d'Ivry.
Il avait épousé la comtesse Marie de llornes et n'eut
|K>int de postérité. E. H.
Bibi.. : Kervyn de Volkaersbekb et Diegerick, Docu-
ments historiques inédits concernant l'histoire des troubles
aux Pays-Bas; Gand, 1850, in-s. — Gai haro, Correspon-
dance d'Alexandre Famèse arec Philippe II; Bruxelles,
in-1. — A. Henné et A. W'auters, Histoire de la ville
de Bruxelles; Bruxelles, 1S4Ô, 3 vol. in-S.
EGMONT rjoost Van) ou JUSTUS Vois d'Egmomt,
peintre bollandais-llamand, ne a Leyde en 1602, mort à
- le 8 janv. 1 » »T i . La biographie de ce maitre, qui a
longtemps travaillé en France, présente plusieurs problèmes
dont la solution est douteuse encore. Il a été certainement
confondu avec des peintres qui portaient le même nom et
qui appartenaient sans doute i la même famille. Ne tenons
compte quedes certitudes : parmi ces homonymes, le seul
qui importe a l'histoire, c'est Joo>t Van Egmontquià Paris
se faisait appeler Juste et dont Tallemanl des Beaux elles
poètes du temps ont parle plusieurs fois, lie-, sa jeunesse,
il est fixé à Anvers. Kn 1615, il entre dans l'atelier de
Kaspar Van den Boecke. 11 obéit à la mode flamande : il
part pour l'Italie (1648). A son retour. Juste d'Egmont
se tourna du cote du soleil qui illuminait alors l'école; il
fréquenta chez Hiibens, dont il devint le collaborateur dé-
voue. Ses relations avec le grand maiire sont attestées par
un curieux document. Le 19 août 1628, Bubens veut dé-
livrer un certificat en faveur de Deodal de! Mont qui a été
son camarade en Italie : la pièce doit être signée par un
témoin; Bubens appelle l'élève qu'il a ce jour-là sous la
main, et cet élève est Juste d'Egmont, qui appose sa signa-
ture sur le certificat attendu. Quelque temps après. Juste
est à Paris ; il a rejoint le groupe de ses compatriotes, et
un document de 1633 nous apprend qu'il était alors « mar-
guillier » de la nation flamande. L'acte lui donne déjà le
titre de peintre du roi, et l'appelle Justin. Par deux fois,
en 1 63G et en 1638, il est parrain à Saint-Sulpice, et il est
désigné sur les registres paroissiaux comme peintre de la
chambre. Juste d'Egmont peignait alors des portraits, et
c'est eu qualité de portraitiste que Tallemant des Beaux le
mêle à diverses aventures. Ses œuvres étaient recherchées
dans le grand monde. En 1646, Scudéry l'introduit dans
sou Cabinet et célèbre en vers d'une parfaite platitude
son portrait de la duchesse d'Aiguillon. Il avait connu Si-
mon Vouet et parait avoir été associé à ses travaux. On
raconte, sans preuves, il est vrai, qu'il l'aida dans l'exé-
cution de ses modèles de tapisseries. Quoi qu'il en soit,
Juste prit pari aux conférences préliminaires qui abou-
tirent en 1648 à la création de l'Académie royale de pein-
ture. Il fut au nombre des fondateurs, et son nom figure
parmi les douze membres qui prirent le titre d'anciens.
Il s'acquitta de tous ses devoirs envers la compagnie à qui
il donna le portrait de Gaston d'Orléans. En 1651, nous
le voyons signer le contrat de jonction qui devait rétablir
la paix entre la corporation des maîtres et l'Académie
royale. Comme portraitiste, il n'échappa point aux ennuis
auxquels sont exposés ses pareils. Les Archives de l'art
français ont publié des renseignements sur un procès
qu'il dut intenter en 1054 à une certaine Mme Duverger,
dont il avait fait le portrait et qui refusait de le payer.
Mais, en cette même année 1634, on le revit à Anvers, et
l'on suppose que ce fut vers cette époque qu'il peignit le
portrait de la reine Christine représentée en Pallas, dont
Paul Pontius nous a conservé la gravure. On sait par une
date authentique inscrite au revers d'une de ses peintures
qu'en 1655 il était à Bruxelles. On doute qu'il soit re-
venu à Paris : il faut cependant le reconnaître dans le
« M. Juste le père » qui en 1673 prend part à l'exposition
académique où il montre les portraits de M. et de Mme Per-
seval et celui de .)/. Perseval leur fils.
Cette biographie de Juste d'Egmont paraissant provi-
soirement établie, car un document nouveau peut être dé-
couvert demain, nous ne savons trop quelle place doit être
donnée aux artistes du même nom dont l'existence nous
est révélée par des actes indiscutables. Les mots em-
ployés par l'Académie royale « M. Juste le père » démon-
trent qu'il a eu au moins un fils. Les notes relevées par
Jal dans les registres des paroisses mettent en scène un
Constant ou Constantin d'Egmont qui, en 1634, est par-
rain à Saint-Koch. il se marie à Saint-Etienne-du-Mont
le 29 nov. 1656, et l'acte le dit natif d'Anvers et lui
donne le titre d'ecuyer, mais Constantin d'Egmont était
peintre, car lors du baptême de ses filles jumelles, le
13 sept. 1667, il est qualifié de peintre ordinaire du roi
et de gentilhomme de sa chambre. D'autre part, la Revue
de l'art français nous raconte comment, en 1608, Cons-
tantin-Juste d'Egmont, poursuivi à la requête d'une créan-
cière de méchante humeur, fut enfermé a la Conciergerie
et relâché quelques jours après. Le 25 janv. 1672, il assista
à l'enterrement de son frère Théodore qui, lui aussi, était
peintre. Enfin, nous avons la date de son décès. Il mourut
le "29 janv. 1679. L'acte le désigne comme peintre ordi-
naire du roi et de M-r le duc d'Orléans. Il ne fut pas de
l'Académie.
BGMONT - EGNATIUS
- 840 -
Pour ''il revenir a Juste d'Egmonl le père, le seul don)
la critique puisse B'occuper quant ;i présent, il a été reri-
tablemenl célèbre sou- Louis Mil el pendant le commen-
cement ilu règne de Louis XIV. Les vers de Scudérj ne
siiiii pas significatifs, mais l'abbé Cotiu lui consacre dans
ses GEuvres galantes une phrase qui donne la note du
temps. « Qui a jamais cru, écrit-il, en voyant les tableaux
de Titien et du Corrège, un portrait de Juste et de Cham-
paigne, «jue ces miracles de la peinture ne fussent qu'un
pur effet du hasard .' >< Ajoutons que la renommée de Juste
d'Egmont s'était répandue jusqu'en Italie. Dans le Micro-
cosme délia pittura publié en 1657,Scannelli mentionne
avec éloge Giusto,piUoreoltramontano,neritrattistra-
ordinario. Cette réputation durait encore au x\ju° siècle :
« Personne, dit Mariette, n'estoit plus capable de bien
peindre une teste. J'en ai vu qui sont dignes de Van Dyck,
tant elles sont peintes avec fraîcheur. » Cette appréciation
est d'une importance capitale pour reconnaître et recons-
tituer l'œuvre de Juste d'Egmont. Elle prouve que l'artiste
avait conservé le caractère flamand et qu'il était resté
l'élève de Rubans. Ses peintures sont extrêmement rares.
On ne peut guère citer de lui que les portraits de Louis XIV
et de Marie-Thérèse du musée de La Haye, un grand ta-
bleau (1663) chez le baron Borrekens à Anvers, et au
musée de Vienne deux portraits de Philippe IV et celui de
l'archiduc Lt'opold-Guillauiiu; cuirassé et appuyé sur
un lion, figure dont J.-A. Wauters signale le « grand air
et la belle tenue ». A ces œuvres, il faut ajouter deux por-
traits de femme conservés en Suède (collection Ohrman, à
Vingàker; collection de Mme Barkman, à Stockholm). Ce
dernier portrait, qui est encore sur sa toile vierge, porte
au revers l'inscription Justus Verus d'Egmont fc. A0.
1655, Bruxelles. 11 doit exister ailleurs d'autres peintures
de Juste, mais elles ont été débaptisées et les amateurs ne
les reconnaissent plus. En raison du moment historique
où il a vécu, Juste d'Egmont a dû faire des dessins aux
crayons de couleur comme son contemporain Daniel Du-
moustier. Nous ne connaissons pas ces dessins, mais nous
en soupçonnons l'existence et nous les cherchons. Notre
attention a été appelée sur ce point par l'abbé Colin qui,
dans ses Œuvres galantes (1665), introduit un sixain
adressé à Juste et intitulé: Sur un crayon pour S. A. II.
La reconstitution de l'œuvre du maître exige évidemment
de nouvelles investigations : il faudra dans cette recherche
se souvenir que l'artiste appartient à l'école d'Anvers.
Etudions les lïubens suspects : il y a peut-être là de vé-
ritables Juste d'Egmont. Paul SIantz.
Bibl. : Jal, Dictionnaire de biographie, 1867. — Nou-
velles Archives de l'art français, 1872. — Catalogue du
musée d'Anvers. — Granberu, Collections privées de la
Suède; Stockholm, 1886. — Revue de l'art français. 1890.
EGMONT (Sophie-Jeanne-Armande-Elisabeth-Si jitima-
nie de Vignerot du Plessis-Richeliel-, comtesse d"), 611e
du maréchal de Richelieu et d'Elisabeth-Sophie de Lor-
raine, de la brandie des comtes d'Ilarcourt, princes de
Guise, née à Montpellier le 1er mars 1740, morte à Braisne
le 14 oct. 4773. Son enfance se passa à Montpellier,
résidence de son père, d'où, en 1747, elle passa sous l'au-
torité de sa tante, Mmc de Richelieu, abbesse des béné-
dictines du Trésor, près de Vernon, et reçut d'elle une bril-
lante et solide éducation. La duchesse douairière d 'Aiguillon
présida ensuite à l'éducation mondaine de M"e de Richelieu,
qui, le 18 août 1750, fut pour la première fois présentée
à la cour, et habita tantôt l'hôtel d'Aiguillon, tantôt les
châteaux de Rueil et de Véretz. Le 10 l'évr. 1756, -ans
avoir été consultée par son père, elle fut mariée à Casimir,
marquis de Pignatelh, duc de Bisaccia, comte d'Egmont, veui
de Blanche de Saint- Ses ci in. et âgé alors de vingt-neuf au-.
Vers 1760, elle ouvrit, dans son hôtel de la rue Louis-le-
Grand, voisin de celui de Richelieu, et aussi chez le maré-
chal, un salon très choisi où l'on remarquait, parmi les
diplomates, le comte de Mercy, lord Stormont, le baron de
Gleichen, le comte de Creutz, le marquis de Castromonte,
le comte de luentès; parmi les artistes et les littérateurs.
Roslin (qui fit son portrait), J. Veroet, La Moyw (auteur
d'un buste d'elle), Chardin, Hall, Grétry, Monaigny, J.-J.
Rousseau, Rulhière surtout, qu'elle introduisil auprès du
duc de ChoiseuL dn baron de Bretooil qui l'emmena i
bu en Russie, Hostile aux réformes do chancelier Maupeou,
elle se distingua alors, avec sun amie la eomteate de
Brionne, par la vivacité de son opposition. Mise en rapport
de très bonne heure, par le comte de Creutz, avec Gus-
tave III, alors qu'il était encore prince royal, elle l'encou-
i et l'aida, pendant son voyage t Paris, en 1771,
dans ses démarches pour obtenir l'appui de la France
dans les projets qu'il méditait en Suéde, Une a||;., |„„, très
vive, et qui paraît avoir été pure, naquit entre le pi
et la jeune comtesse. Nous lui devons une correspond
quia été en partie publiée par M. GeftVoy et la comtesse
d'Armaillé. Peu sympathique aux encyclopédistes, elleavah
patronné Palissot et sa eomédiedes Philosophe» (1760) qui
souleva tant d'orages. Atteinte de consomption, elle s'étei-
gnit au château de Braines, ou elle passait ordinairement
ses êtes. ].. \au.
Bibl. : I d Aumah.i.i . la Comtesse d'Egmont;
Paris, 1890, in-12. — Geffroy, Gustave III el la cour de
France; Paris, 1867, 2 vol. in-12; et dans Notices el Ex-
traits sur les nis. des liibliolh. surit-, 1 S56, in-8,
PJP 156, 166.— Makmovu.i., Méiu., édit Tonrneux; Parie,
1891,11, 107. — C. Roussel, le Comte de Gisors; Paris,
1868. — Rulhibbb, Œuvres. — Du même, Anecdotes sur
Richelieu, éd. E. AsBe; Paris, 1890, p. 62.— ISachaimont,
A/cm., IV, 266 ; VII, 72; XIII, 61 : XXIV, 301
EGNACH. Bourg de Suisse, cant. de Thnrgovie, sur le
lac de Constance. Vignobles renommés. Grand connu
de poires, prunes, etc.
EGNATIUS. Nom d'une famille originaire du Samnium
(gens Egnotia) ; elle vivait d'abord a Teanum. Apn
guerre sociale, les membres de cette famille se transpor-
tèrent à Rome. Voici les plus connus d'entre eux :
Egnatius (Gellius), chef samnite. prit part à la guerre
des Samnites contre Home, en 288; il réussit a soulever
les Etrusques contre les Romains ; mais, dans une première
rencontre, il fut battu par les consuls Appius Claudius et
Volumnius. Dans une nouvelle campagne (295), il pot
les Ombriens à faire défection et les Gaulois à entrer dans
la ligne samnite ; la Campanie fut dévastée, mais le consul
Volumnius parvint à chasser les rebelles de cette province.
Néanmoins Egnatius forma une nouvelle confédération, ou
entrèrent les quatre peuples déjà cités. Une légion romaine
fut battue près de Clusium. Egnatius fut tué dans la bataille
de Sentinum.
Egnatius (Marins), chef samnite, fut, dans la guerre
suscitée contre les Romains par les Marses, un des généraux
les plus habiles de la confédération italienne (90 av. J.-C).
Il surprit Venafrum, place forte de la Campanie, et en
massacra la garnison romaine, grâce à la complicité des
habitants. Peu de temps après, il surprit le consul L. César
dans les défilés du mont Massique, et lui lit subir des pertes
sérieuses. Au passage du Vulturne, Egnatius battit l'arrière-
garde de l'armée romaine qui marchait sur Teanum. En
l'année 89, il força le préteur Cosconius à lever le siège de
Venouse, mais il fut lui-même vaincu et tué sur les bords de
l'Aufide. Sa défaite livra aux Romains presque toute l'Apulie.
Le préteur de Teanum, battu de verges, en 123, devant les
habitants de cette ville, était peut-être le père d'Egnatius.
Egnatius (Caius) vivait à Rome dans le premier siècle
avant notre ère. 11 prit part à la vie politique, fut admis
dans le Sénat, niais les censeurs l'en expulsèrent, à cause
de la mauvaise réputation qui s'était attachée a sa personne.
Egnatius. lils du précèdent, fut sénateur ainsi que son
père, el conserva son rang lorsque celui-ci eut été chassé
du Sénat. Son père le déshérita.
Egnatius. peut-être le tils du précédent, fut un des lieu-
tenants de (iras-us dans la guerre contre les Parlhcs. Il prit
part a la bataille où péril LrasSUS, en .">.'> av. J.-C, et par-
vint à échapper aux ennemis. Appien raconte que, pendant
les proscriptions de l'an 43, qui suivirent le second trium-
virat, deux Egnatius, le père et le tils. turent ègorj
— 641 —
EGNATIUS — ÉGOUT
EgnafntT. poète romain de la première partis du premier
siède av. J.-C. Sa vie m nous est pas connue. Maerobe cite
deux passagaa de cet écrivain, qui avait composé un poème
« sur la nature dos choses ». C. Gaxiayhe.
EGNAZIO (Gfovanni-Battiata Cipïlu, dit), savant ita-
lien, no a Noms." on I '.7;;, mort le 4 juil. 1553. Disciple
d'Ange Politien et ami de Léon \, il professa los belles-
lettres a Venise, ave. un certain eolat, moine on un temps
ou les eiiulits étaient si nombreux et si distingués; mais de
cette soienre il reste peu do chose, et ses ouvrages n'en
ilonnent qu'une faible idée : ce sont : De Cœsaril'us
libri 111 a dktatore Ccesare ad Constantinum Palœo-
logum lune a Caroio M. ai Maximilianum Cœsarem
(Venise, 1516); Racemationes, dansGruter, Lampassive
Fti.v (irtium liberalium, hoc est thésaurus criticus, etc.
cfort, 1602-1642, ii vol. in-8, et Florence, 1737-
IT'.T. 3 vol. in-t'ol.). Egna/.io avait un caractère d'une
extrême violence, et. tout ecclésiastique qu'il était, il n'en
donna pas moins, un jour, au milieu d'une discussion, un
grand coupd'épée dans le ventre à un interlocuteur qui le
censurait trop vivement à son gré. H. &•
tliiiL. : FABRICIU3, Biblio'irapHia anliquaria sive Intro-
(fucti'iin nvtitiam ecriptoromm qui anliquilates hebraicas,
MRH . romanas et christianas scriptis illustrarunt ;
Hambourg, 1713, in- 1. — David Ci.kmknt, Bibliothèque
curieuse, historique et critique, des livres difficiles à trou-
ver ; Gôttinu-uo, 1750-1760, 9 vol. in-4.
EGOBOLE (V. Kt.onoLE).
ÉGOCÈRE (Y. .Ko.oaiîE, Antilope).
ÉG0H1NE (Hortic). Scie a lame étroite que l'on manie
d'une seule main et destinée à couper les grosses branches
des arbres fruitiers. Pour que le jeu en soit facile, il im-
porto que le bord denté soit plus épais que le bord opposé.
ÉGOÏSMEil'sychol. et morale). L'égoisme est une habi-
tude de la volonté individuelle qui dans toutes ses démarches
ne se propose plus d'autre tin que ses propres intérêts,
l.'égoisme ne doit pas se confondre avec l'amour-propre.
I. amour-propre, très bien analysé par Jouflroy (Premiers
Mélanges), n'est autre chose que l'inclination naturelle
par laquelle l'homme est porté à s'aimer lui-même. En soi
une telle inclination n'a rien de blâmable, pourvu qu'elle
suit contenue dans de justes bornes. Chaque individu, en
effet, a sa raison d'existence, et il n'y a rien que de raison-
nable à ce que l'individu lui-même adhère à la raison qui
légitime son être. .Mais l'amour-propre est subtil et envahis-
sant de sa nature, l.arochefoucauld (Maximes) et la plu-
part des moralistes ont très bien montré comment il pous-
sait l'homme à sortir de la raison, à se voir en toutes choses
• i à se chercher partout, c.-à-d. à devenir égoïste. Ainsi
l'amour-propre est la tendance naturelle dont l'égoisme est
une exagération. I. 'amour-propre peut être contenu dans
daa limites raisonnables; l'égoisme est toujours déraison-
nable et vicieux. Kt comment pourrait-il en être autrement
puisque la raison consiste à agir conformément à la loi,
t-d. selon des fins impersonnelles et universelles, et que
l'égoïste au contraire n'agit qu'en vue de ses fins person-
nelle» et singulières ? — Il ne serait pas juste de confondre
que quelques contemporains appellent
i Maurice Barrés, in Homme libre; Paris,
1889, in-18) et qui consiste dans la culture attentive des
diverses facultés du moi et dans la jouissance des senti-
ments radines qui résultent de cette culture. La première
partie ou la culture du moi, loin d'être égoïste, est au
contraire le résultat d'un noble souci de la perfection ;
mais la seconde partie, qui n'est qu'une sorte de dilettan-
tisme psychologique et moral, ne peut guère se défendre du
reproche d'égoïsme. G. Fohsecbive.
EGOPHONIE (Méd.). Laënnec a désigné sous ce nom
une modification de la voix thoiacique caractérisée par un
chevrotement particulier qui rappelle le bêlement d'une
ce ou mieux le son produit quand on parle dans l'ori-
ice d'un mirliton. Le plus souvent, le chevrotement accom-
pagne la \oix et se lie à l'articulation même des mots; s'il
est associe a la bronchophonie. il constitue la broncho-
GRANbE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
égophonie, caractérisée par la voix de polichinelle ou par
un timbre qui rappelle la voix passant par un roseau fêlé
ou celle produite en parlant avec un jeton entre les dents
et les lèvres. Le siège d'élection de l'égophonie est au
niveau de l'angle inférieur de l'omoplate et dans une zone
de quelques travers île doigt en dedans et en dehors ; elle
est généralement limitée à un côté. Elle est la plus fré-
quente dans la pleurésie aiguë avec épanehement et se
manifeste en général du troisième au cinquième jour; si
l'épanchement prend de grandes proportions et dilate mani-
festement la poitrine, l'égophonie disparait. Elle se ren-
contre parfois aussi dans ihydrothorax double qui accom-
pagne l'anasarque et certaines affections cachectiques; elle
est. alors bilatérale et coïncide avec un souille tubaire très
doux. La broncho-égophonie se remarque surtout dans
la pleuro-pneunumie. — D'après Laënnec, l'égophonie
vraie n'existe pas en l'absence d'épanchement liquide dans
la plèvre ; cette opinion, très controversée depuis, parait
cependant la seule exacte. Les théories les plus disparates ont
été produites pour expliquer l'égophonie; nous n'y insiste-
rons pas ; pour 11. Barth l'égophonie est le résultat des vibra-
tions indépendantes d'une lamede poumon détendue en raison
delà diminution du vide pleural, mais cependant perméable
à l'air, et en contact avec une couche de liquide mobile qui
laisse à ces vibrations toute leur amplitude. Dr L. Un.
EGOR, EGORII. Forme russe de Georgii, Georges. Il
désigne dans la poésie populaire saint Georges le Victorieux.
Il est le héros de nombreux poèmes et de nombreuses légendes .
EG0R1EVSK. Ville de Russie d'Europe, chef-lieu de
district du gouvernement de Riazan; .">,100 liai). Elle pos-
sède des fabriques importantes ; le district d'Egorievsk est
couvert en partie de lacs et de forêts, il est très pauvre en
céréales.
EGORLYK ou JAGERLYK. Rivière de Russie, affluent
du Manych (rive droite). On dislingue le grand et le petit
Egorlyk qui sépare le gouvernement de Stavropol du ter-
ritoire des Cosaques du Don.
EGOROV (Alexis-Egorovitch), peintre russe, né en 4770,
mort en 1851. Il fit son éducation artistique à Moscou et
en Italie. L'un de ses meilleurs tableaux est la Flagel-
lation du Sauveur.
ÉGOTISME (V. Egoïsme).
ÉGOUT. I. Travaux publics. — On donne le nom
d'éyoul à tout conduit établi dans le sol et destiné à l'écoule-
ment des eaux nuisibles ou usées. Primitivement, ]&> égouts
n'étaient autre chose que des rigoles en terre, de simples
fossés, qu'on a été amené peu à peu à revêtir de matériaux
résistants et à recouvrir d'une voûte : souvent de petits
cours d'eau ont été transformés ainsi par un usage constant
en véritables égouts. Les égouts qu'on établit aujourd'hui
sont des conduits souterrains, fermés, en matériaux résis-
tants. Si la quantité d'eau à écouler est faible, on em-
ploiera le plus souvent de simples tuyaux en poterie, ou
mieux en grès vernissé, parfois en béton de ciment
moulé, ou de petits conduits en maçonnerie à section cir-
culaire. S'il s'agit de volumes d'eau plus considérables, la
section augmente et il faut nécessairement recourir à la
maçonnerie de moellons ou de briques, mais en conser-
vant toujours les formes arrondies qui facilitent l'écoule-
ment, évitent les dépôts et proscrivent absolument les
pieds-droits verticaux et les radiers plats en usage autrefois
et dont on a reconnu les graves inconvénients. On s'attache
à éviter les angles rentrants, a obtenir des surfaces lisses
au moyen iV enduit s, de joinloiements soignés, ou par
l'emploi de blocs de grès vernissé. Souvent, pour faciliter
la surveillance et le curage, on veut avoir des égouts visu
tables : ce sont alors des sortes de galeries souterraines,
auxquelles la forme ovoïde convient particulièrement et
qui doivent recevoir une bailleur minima de 1m8(), afin
qu'un homme y puisse circuler debout. Ces galeries peu-
vent alors rendre bien des services accessoires ; c'est ainsi
qu'à Paris on y a placé les conduites d'eau, les fils télé-
graphiques et téléphoniques, les tubes pneumatiques de Ia
41
ÉGOUT
- Mf
poste, les oanalisations de dâstribtttûm de la fores mo-
trice, etc. Et, afin d'y taciliter a la l'ois lYnonlnmanl
eaux et la circulation des «>u\ lii-rs, OU est conduit a v ilis-
poser, a cole d'une ciiucltr (\ . C6 mot) formant lit mineur
pour les eaux ordinaires, une ou deux banquette» que
recouvrent ordinairement les eaux d'orage. Le plus souvent
le-, égeilte reçoivent les eaux pluviales et les eaux m no-
gères. Depuis <|ucl(jue temps, l'usage s'est introduit d'y
déverser aussi les eaux vannes si les matières de vidange,
en pratiquant ainsi le tout à Végout. Certains ingénieurs
préconisent au contraire le dédoublement des égouts et
veulent qu'on établisse deux réseaux de conduits distincte,
l'un pour les vidanges et les eaux ménagères, l'autre
pour les eaux de pluie seules : c'est le separate System.
Dans une ville, les égouts forment un ensemble auquel
on donne le nom de réseau. Ils aboutissent à des con-
duits principaux, de plus grande dimension, qui consti-
tuent les Collecteurs. Ces collecteurs, qui réunissent toutes
les eaux amenées par leurs affluents, conduisent ensuite ces
eaux vers les points choisis comme débouchés, soit sur
la rive d'un fleuve ou d'un lac, soit dans un péri
ou sur le rivage de la nier, soit en tète d'un système de
rigoles d'irrigation, soit même dans le puisard d'une usine
élevatoire où les eaux sont pompées pour être refoulées à
distance. Ils sont, le plus souvent, munis de déversoirs
par ou s'échappent, en certains points du parcours, les
eaux pluviales surabondantes, lors des averses exception-
nelles. Les égouts comportent de nombreux ouvrages acces-
soires, parmi lesquels il convient de citer : les bouches, qui
reçoivent les eaux de la rue, les orifices de diverse forme,
munis ou non de grilles, par ou s'y déversent les eaux des
cours, etc. ; les branchements, qui relient ces bouches,
ces orifices, ainsi que les tuyaux de chute des maisons au
corps de l'égout ; les regards ou cheminées de descente
ou d'inspection, généralement fermés par des plaques mo-
biles en fonte et munis d'échelles fixes en fer ; les siphons
ou intercepteurs hydrauliques, placés au pied des tuyaux de
chute et qui ont le double objet d'arrêter les corps solides
jetés dans ces tuyaux et d'empêcher le reflux des gaz
d'égout dans l'intérieur des habitations ; les paniers à
sable ou à ordures placés sous les bouches et qui retiennent
les corps solides qu'on y projette ou qui sont entrâmes par
les eaux, etc., etc.
Le curage des égouts est tantôt automatique, tantôt
pratiqué de main d'homme. Le premier cas se rencontre
dans les réseaux de conduits de petite section, qui coulent
souvent à gueule bée et où les eaux se mettant en pression
produisent des chasses de temps à autre ; on en améliore
le fonctionnement en disposant des appareils spéciaux qui
y déterminent périodiquement des chasses, alimentées soit
par les eaux sales elles-mêmes, soit par des eaux propres
empruntées à la distribution. Le second mode est le seul
applicable aux galeries de grande dimension et à faible
pente ; il comporte l'emploi d'outils appropriés, balais,
rabots en bois, etc., et il est grandement facilité par des
retenues d'eau réalisées au moyen de barrages mobiles
ou par des chasses périodiques, comme dans le cas précé-
dent. Dans les très grands égouts, on est amené à employer
des engins spéciaux, comme le wagon-van ne et le bateau-
vanne dans les collecteurs de Paris, qui circulent sous la
poussée de l'eau et chassent devant eux les sables amon-
celés sur le radier. Il est à recommander d'assurer une
parfaite ventilation des égouls : c'est le moyen d'y em-
pêcher la fermentation putride des matières organiques cl
le développement des odeurs félidés, d'y permettre la res-
piration des personnes obligées d'y séjourner. Cette venti-
lation se produit naturellement le plus souvent par les
bouches de la rue, les tuyaux de chute des maisons ou par
des cheminées et des prises d'air spéciales. Quelquefois
aussi on a eu recours à des moyens artificiels, tels que
foyers aspiratoires, ventilateurs mécaniques, etc., mais ces
procédés ne se sont pas généralisés.
Les <■«!/ c d'égout sont, en général, opaques, d'un gris
sale. Pgf [g repos, les matières solides s'en séparent et
fbrmenl un dépôt au-dessus duquel reste un liquide, de
couleur blonde le plu souvent, u-es chargé encore d'une-
retéa de toute nature et qui contient notamment beaucoup
de produits azotes. La composition des eauxd'égoai est
nécessairement variable d'ans localité j l'autre, suivant les
quantités d'eau distribuées, la nature des industries, etc.
Eues son) moins chargées au moment des grandes pluies
qu'eu temps sec, dans les villes ou les matures fécales ne
sont pas reçues a l'cgout que dans celles on cette pratique
est admise, mais toujours elles contiennent en proportion
notable des substances azotées, de l'acide phosphorique. de
la chaux, des alcalis, du sable, de la terre, des détritus
animaux et végétaux, etc. < Biles constituent, a dit M. de
Irevcinet, la plus puissante et la plus générale de toutes
les causes de souillure », car « eues réunissent dans leur
sein toutes les impuretés que l'activité humaine peut enfan-
ter, depuis les rebuts de la fabrique jusqu'à ceux de l'habi-
tation. » Il est évident que de pareilles eaux, lorsqu'elles
sont exposées à la fermentation, deviennent bien vite un
danger pour la salubrité, et l'on conçoit qu'une des grandes
préoccupations de l'hygiène urbaine soit de les éloigner au
plus vite de tout centre d'agglomération. On les conduit
d'ordinaire aux nappes superficielles les plus voisines. LeS
petites rivières qui reçoivent ces apports en quantité un
peu considérable sont bientôt absolument contaminées : on
sait dans quel état les eaux d'égout ont mis la Bièvre à
Paris, la Senne à Bruxelles, la Vesle à Keims, l'Espierre
à Roubaix, l'Irvvell à Manchester, etc. ; l'eau des fleuves
elle-même est gravement altérée de la sorte, ainsi qu'on
l'a constaté pour la Tamise à Londres, la Seine à Pans, la
Sprée à Berlin ; plus d'un port maritime est infecté par les
eaux d'égout, et l'envoi à la mer n'aboutit le plus souvent
qu'à la contamination progressive du littoral.
D'autre part, en raison précisément de la grande quan-
tité des matières organiques qu'elles renferment, les eaux
d'égout sont un engrais précieux : si les substances ferti-
lisantes y sont très diluées, par contre la difl'usion peut
en être obtenue aisément el régulièrement par voie d'iiri-
gation. Aussi, dans tous les temps et dans tous les pavs.
ont-elles reçu, quand les circonstances locales s'y prêtaient,
une utilisation agricole : sans remonter à l'antique Jéru-
salem, il convient de citer la huerta de Valence, les mar-
cites de Milan, les prairies de Craigentinny près d'Edim-
bourg, comme des exemples célèbres de l'emploi agricole
des eaux d'égout. Depuis que les hygiénistes ont préconisé
l'irrigation agricole comme un précieux moyen d'i'jmra-
tion des eaux d'égout, des applications remarquables de
ce procédé ont été faites par diverses villes anglaises, puis
en France à Gennevilliers près de Paris, à Reims, à Mon-
télimar, en Allemagne à Berlin, Breslau. Danzig, etc.,
tandis qu'ailleurs on tentait, mais sans obtenir le même
succès, de réaliser l'opération par des procédés chimiques
multiples et variés. Parfois on a combiné les deux systèmes,
et en Angleterre, notamment, on fait souvent subir aux
eaux d'égout une préparation spéciale avant l'épan-
sur les champs: tantôt c'est une décantation qui les débar-
rasse des matières solides inertes, tantôt on y additionne
des substances chimiques qui ont pour objet de précipiter
les éléments inutiles pour la culture. G. Bfxhmann.
II. Agriculture. — Emploi i>es BAUX d'égoit. — L'uti-
lisation des eaux d'égout constitue une question de la plus
haute importance, au double point de vue de l'hygiène pu-
blique et de la fertilisation des terres, ou plutôt de la mise
eu valeur des principes utiles que ces eaux renferment. Si
la solution de cette question n'est pas encore absolument
résolue au point de vue pratique, on peut néanmoins affir-
mer, suivant la juste remarque de M. Domain, que le prin-
cipe de cette solution est assez nettement posé, pour qu'il
n'v ait plus qu'à se préoccuper des moyens matériels de la
réalisation, et l'on peut espérer voir bientôt les cites do-
tées d'une installation avantageuse à tous les points de
\ue. Il n'est pas besoin d'insister beaucoup pour établir
643 —
ÊGOUT
l'importance de cette grande opération : débarrasser les
centres peuplés îles masses d'eau plus ou moins chargées
d'impuretés qui se ramassent a la surface du sol, et qui
atteignent jusqu'à 600 et 700,000 m.c. par jour à Lon-
r exemple, et 400,000 à Paris. Cetenlévement doit
eue aussi prompt que possible, et c'est à cela que servent
Mais que faire ensuite de cette masse (l'impu-
L'envoyer dans une rivière voisine qui la conduira
à la mer semblerait au premier abord la solution la plus
simple. L'infection de la Seine, de la Tamise sont des
faits trop connus de tous pour qu'il soit besoin de réfuter
eette solution. Substituer à cette rivière une canalisation
spéciale, close, avant la même destination î Ici intervien-
nent des questions de dépenses telles qu'on ne peut les
omettre, vinsi de Taris à la mer. outre les difficultés pro-
venant de la faiblesse de pente, on évalue la dépense à
100 millions de francs. El encore, comme le tait reinar-
I, Durand-Claye, qui peut nous garantir de ne pas
rencontrer au débouché de ce canal les mêmes inconvé-
nients qu'au débouché des collecteurs dans les rivières.
inconvénients accrus encore par la diflérence entre le mou-
vement continu d'une rivière et celui intermittent par le
flux ei le reflux de la mer. En outre, cette évacuation des
eaux d'égout vers la mer laisse perdre tous les principes
fertilisants qu'elles renferment et dont l'agriculture, quoi
qu'on en ait dit. peut tirer un si utile profit. Voyons donc
tout d'abord la composition de ces eaux et examinons si
celles-ci valent la peine qu'on les utilise.
Composition chtjiiqoe des baux d'égout. — Cette com-
position, on le comprend sans peine, est très variable ;
néanmoins toujours elle montre des matières minérales et
surtout des matières organiques : en première ligne nous
y voyons figurer l'azote, qui s'y trouve surtout sous l'orme
organique et ammoniacale : en outre, il y a de l'acide phos-
phorique et delà potasse. La moyenne de dix-huit années
d'observations, sur les produits du collecteur de Clichy,
conduit à admettre comme composition moyenne par m. c. :
■u ... , \zote
Matières organiques . .
8 M ' Autres matières.
0.0', I
0,77 i
phosphorique 0,0 1 7
- 0,031 /
0,354 ,
i insoluble dans les acides 0,704 \
Produits divers 0,630 /
kg
0*815
4,783
2,548
l^ilK
1,943
Les analyses faites par MM. Hervé-Maugon et Léon Du-
rand-Claye assignent aux eaux do l'égout de Saint-Denis
une composition un peu différente :
,. ,.. • I Azote 0,440
Matières organiques] A(|(|.(S ma||(,n,s_ , :17S
acide phosphorique 0,0 10
Potasse 0,089
Soude 0,"2I4
Matières minérales diverses 1,000 )
3,464
Dans les eaux d'éyout de Londres, Vœlcker a trouvé :
kg
Matières organiques 0, 128, contenant :
ammoniaque 0,099
Matières minérales 0,8,'iO, contenant :
Acide phosphorique . . . 0,044
Potasse 0,043
Matières inertes 0,799
4,284
D'après M. A. Huiler, la composition des eaux d'égout
serait :
ta
Azote organique 0,010
— ammoniacal 0,000
Potasse 0,040
Acide phosphorique 0,040
Magnésie 0,017
Carbonate de chaux 0,150
0,347
Comme on le voit, les résultats trouvés sont très dissem-
blables et la teneur en principes fertilisants est en général
assez faible, mais il convient de faire remarquer que ces
chillres s'appliquent à un mètre cube; aussi, pour se faire
une idée exacte de la valeur des eaux d'égout, faut-il com-
biner les chiffres résultant des analyses avec ceux prove-
nant des jaugeages; en ce qui concerne les eaux d'égout de
Paris, le grand nombre des uns et des autres permet, à ce
point de vue, une précision indiscutable. On obtient alors
pour les deux collecteurs de Clichy et de Saint-Denis, les
résultats contenus dans le tableau ci-dessous.
Rien qu'en ce qui concerne l'azote : (î, 996, 000 kilogr.
Ce n'est pas une quantité négligeable, loin de là, car en ne
l'évaluant qu'au prix de 1 fr. le kilogr. qui est un mini-
COLLKCTKLKS
De Clichy (par mètre cube)
De Saint-Denis par mètre cube)
De Clichv (débit par an : 116.000.000 ni. c.)
De Saint-Denis (débit par an : 16.000.000 m. c.)
Total gk.ncral
MAlILHi:S ORGANIQUES
Azote
kg
0?041
0.140
4.756.000
2.240.000
6.996.000
kg
D7815
1.518
94.540.000
24.288.000
118.828.000
MATIERES MINERALES
Aride
phosphorique
kg
0 017
0.040
1.972.000
640.000
2.612.000
Potasse
kg
0T031
0.089
3.596.000
1.424.000
5.020.000
Matières
totales
kg
1.733
1.943
201.028.000
31.0S8.000
232.116.000
fait pour leséuouN de Paris une valeur
16,000 fr. On voit donc et c'est là que nous vou-
lions en venir, l'importance capitale qu'il y a de détourner
les eaux d'égout des rivières qu'elles infectent et d'utiliser
les matières qu'elle- chafricBt au profit de l'agriculture.
Comme dit \i<tor Bogo : « l'ne grande ville est le plus
puissant des stercoraires... Il n'est aucun guano compa-
rable en fertilité aux détritus d'une capitale... Kmplover la
tumer la [daine, u Mail une réussite certaine...
Si notre or est fumier, pn revanche notre fumier est or.
Que fait-on de cet or-fumier.' On le balaye à l'abîme. A
cette négligence, deux résultats : la terre appauvrie et l'air
empesté. La faim sortant du sillon et la maladie sortant
du fleuve. »
Altérabilité des bai x d'égout. — Les eaux d'égout,
chargées de matières si diverses, sont éminemment alté-
rables et putrescibles: c'est par millions que les bactéries
l'j comptent au centimètre cube. On peut admettre que :
1° la quantité d'azote organique croit brusquement en aval
des débouchés des collecteurs et M ensuite en diminuant
graduellement par suite des combustions de la matière
Organique; 2° l'oxygène dissous dans l'eau suit une marche
inverse; il diminue brusquement en aval des collecteurs et
revient peu à peu a son niveau normal quand l'action des
EGOUT
- 644 -
ferments commence I Be ralentir, ainsi qu'il résulte des
recherchée de M. Duclaux. Les produits de désagrégation
de la matière organique varient Buivant que le milieu . -i
oxygéné ou dépourvu d'oxygène. Si l'oxygène (ail défaut,
les microbes anaérobies se développent et produisent des
réductions qui donnent naissance à une véritable pu
tiini. Il y a production d'ammoniaque et de sulfures, el le
lleuve et los environs sont infestés. Si l'eau est aérée, il se
produit une véritable combustion; les matures azotées se
nitrifient, les matières carbonées disparaissent, les eaux
s'épurent. Mais, en présence de la grande altérabilité de ces
résidus et de la mauvaise odeur qu'ils répandent, on a du
chercher des procédés pour épurer les eaux d'égout. Les
systèmes proposés sont excessivement nombreux ; mais ils
se rattachent tous à trois types bien distincts : 1" épuration
par filtrage et décantation, moyens mécaniques; 2° épuration
chimique, précipitation; 3° épuration parle sol, irrigation.
1" Epuration par filtrage et décantation. Ce sys-
tème, employé en Angleterre dans un grand nombre de
villes, est loin de donner les résultats qu'on est en droit I
d'exiger : il consiste à amener les eaux dans des bassins, |
de telle sorte que la vitesse du courant ne dépasse pas 7 à
Kmillim. par seconde. Les matières les plus lourdes, dit
à ce sujet M. F. Bertrand, se déposent au tond des bassins
d'où elles doivent être extraites, puis égouttées ; les ma-
tières les plus légères sont en partie retenues par un filtre
grossier que les eaux sont obligées de traverser. On obtient
ainsi un engrais d'une faible valeur et dont la vente est
excessivement difficile ; et de plus, l'épuration est telle-
ment incomplète que l'infection des rivières n'est que re-
tardée. Enfin les fosses de décantation sont souvent elles-
mêmes un foyer d'émanations malsaines. Ce procédé a été
appliqué à Birmingham où un bassin de 110 m. de long
sur 30 m. de large et 2ra10 de profondeur, divisé en trois
compartiments, recevait chaque jour 55,000 m. c. d'eau
d'égout provenant de 250,000 hab. Des filtres établis
sur le passage du liquide ont dû être abandonnés. Le dé-
pôt solide, qui atteignait (>0 tonnes par jour, était offert
gratuitement aux cultivateurs. Le résultat, désastreux au
point de vue économique, n'est guère meilleur au point de
vue hygiénique. Des procédés très voisins ont été appliqués
à Plymouth, à Blackburn, à Rugby, etc.; dans ces deux
dernières villes on a du y renoncer. A Ashby-de-la-Zouch,
les résultats sont un peu moins mauvais, mais la perte
moyenne annuelle est encore de 200 fr., et cela pour une
ville de 4,000 hab.
2° Epuration chimique. Les procédés chimiques sont
également très nombreux; ils consistent dans l'emploi de
substances ou réactifs, dont l'action est de coaguler les
matières en suspension et les matières dissoutes et d'en
faciliter ainsi le dépôt. Ordinairement, on ajoute en même
temps que le réactif chimique une matière poreuse telle
que du charbon ou de l'argile, etc., destinée à compléter
son action. Les principaux agents qu'on a proposés ou em-
ployés sont : la chaux, le sulfate d'alumine, le perchlorure
de fer, etc. La chaux a été employée en Angleterre, no-
tamment à Tohenham; on a dû y renoncer. A Leicester,
ville de 70,000 hab., on a aussi obtenu un engrais assez
actif, mais d'un prix trop élevé; deux ans après on y re-
nonçait. A Coventry, à Cbeltenham el même à Londres on
a fait des essais du même genre; partout l'opération est
mauvaise au point de vue économique ; d'ailleurs, le pro-
cédé est imparfait, car avec la chaux l'eau est chaulée
mais non épurée. En étudiant à ce point de vue les eaux
de Reims, M. Hervé-Mangon a trouvé que la chaux diminue
au plus la masse des impuretés de 52 °/„ ; en outre, ces
eaux entrent facilement en fermentation. Le chlorure de
chaux proposé par M. Letheby a donné les mêmes résul-
tais. Le sulfate d'alumine, essayé à Londres en 1854, en
mélange avec le sulfate de zinc et le charbon, n'a pas
donne de résultats meilleurs. Le sulfate d'alumine, essayé
à Paris dès lSlili, a un peu mieux réussi; néanmoins la
purification était encore très incomplète, car après l'opé-
ration l'eau renfermait encore 0*044 d'azote, 0*440 de
matières organiques et 0*744 de maliens minérales par
mètre cube. Le perchlornre de fer, essayé en Angleterre
vers 1860 par Hoffmann et Franckland, n'a pas mieux
réussi ; les eaux ainsi épurées fermentaient au lout d'une
huitaine de jours.
Voici l'analyse de produits obtenus par ces actions chi-
miques; elles sont dues au Dr Vœlcker: le n° 1 provient
delà précipitation faite avec la chaux et le perchlorure de
fer; le n° 2 est un précipité obtenu avec le sulfate d'alu-
mine; enfin le n" 3 a été obtenu en traitant b-s eaux
d'égoul par de l'alun, du sang et de l'argile:
N" 1 N I N«3
Eau 60.83 47.30 57.40
Azote 0.44 • 0.31
Acide phosphonque. 0.30 0.80 0.35
Potasse 0.30 0.20 0
Carbonate de chaux. 8.18 7.30 5.60
En résumé, aucun procédé chimique ne parvient a épurer
les eaux d'égout; ils les clarifient tout au pins. Aussi BOUt-US
complètement abandonnés aujourd'hui, au triple point de
vue du résultat final, des difficultés pratiques et de la va-
leur minime des produits obtenus.
3° Epuration par le sol. Emploi agricole des eaux
d'égout. Nous arrivons ici aux procédés les plus pratiques
à tous les points de vue. Dans ce système, on a eu re-
cours, lors des expériences, à l'action du sol naturelle-
ment ou artificiellement perméable, combinée avec la végé-
tation pour obtenir un double résultat : 1° la purification
absolue de ces eaux qui, prises à la sortie des égouts, sont
employées à irriguer convenablement des emplacements
particuliers, pour ressortir de ce filtre naturel complète-
ment débarrassées de toutes leurs impuretés, et plus pro-
pres à la consommation que les eaux de la plupart des ri-
vières ordinaires ; 2° l'utilisation de toutes les matières
retenues pour déterminer la fertilité d'un sol pauvre,
impropre auparavant à la culture et devenu désormais un
jardin maraîcher de premier ordre. Voici d'après M. Ro-
main, ingénieur des mines, le principe de ce système :
les eaux versées sur un terrain perméable se filtrent com-
plètement dans leur passage à travers les couches superfi-
cielles, les matières organiques se divisent dans les cou-
ches du sous-sol, et là, sous l'influence de l'oxygène et
des multitudes de microgermes, se nitrifient. Ces faits re-
marquables ont été établis par MM. Schlœsing et Muntz.
Ils ont montré expérimentalement qu'un gramme d'eau
d'égout à l'état naturel renferme 20,000 microgermes,
1 gr. d'eau de Seine pris à Bercy 1,400, àClichy 3,200,
1 gr. d'eau de la Vanne 64, alors que les eaux d'égout à
leur sortie des drains de Gennevilliers ou elles sont aussi
épurées n'en contiennent plus que 12. L'eau de Gennevil-
liers est donc plus pure que la plus belle eau potable de la
Vanne qu'on boit à Paris. Ces résultais si considérables
obtenus par la persévérance des ingénieurs, tant en France
qu'en Angleterre et en Allemagne, n'ont cependant pas été
acquis sans une lutte pénible contre les préjugés. Et pour-
tant il n'y a qu'à voir ce qu'on a obtenu à Gennevilliers;
aussi Berlin, Danzig, Breslau, Bruxelles et plus de cent
trente villes anglaises appliquent aujourd'hui ce système.
Emploi hen eaux d'égoit à Gennevilliers. — Les eaux
prises dans le collecteur d'Asnières sont aspirées au dé-
bouché de cet égout par deux puissantes machines qui les
refoulent par îles conduites fermées passant sur le pont de
Clichy et gagnant la presqu'île ; celles du collecteur de
Saint-Ouen y descendent par la seule action de b pesan-
teur. Toutes ces eaux sont ensuite dirigées sur les divers
points de la plaine par des conduites fermées en maçonnerie,
munies de bouches d'arrosage, lesquelles versent l'eau
dans des rigoles secondaires £ ciel ouvert, qui suivent les
chemins à un niveau un peu supérieur à celui des terres
cultivées. Ces bouches d'arrosage sont au sommet d'un
tuyau formant ventouse avec déversoir limitant la pression
- 615 -
ÉGOUT
dans les conduite en maçonnerie en sas d'excès de débit
mi de charge. Le loyau-ventouse porte on flotteur arec on
petit drapeau indiquant de loin aux ouvriers chargés du ser-
vice des irrigations les variations de cliai-.'. et par suite
le débit, pour les guider. On l'ait ensuite circiilei' ces eaux
dans des rigoles séparées les unes des antres pat des ados
f lus ou inoins larges, Mir lesquels OU cultive les végétaux,
e travail des ados et d«8 rigoles peu! élre l'ait à la char-
riii'. M qui le simplifie considérablement. \ Gennevilliers,
l'asage de l'eau est libre; aucun propriétaire n'est obligé
d'au prendre; chacun peut en consommer autant qu'il lui
plaît et l'appliquer à la culture qu'il juge convenable. La
nature de la culture est assez variable. Voici, sinon une
règle absolue, au moins un usage assez, suivi à Gennevil-
i e chou est la plante qui réussit le mieux et cela
plusieurs années de suite; cette plante n'en fournit pas
par an un million de tètes pesant 5 kilogr. en
moveiine chacun : les carottes, les céleris, les artichauts
s'adjoignent à la culture du chou. L'eau est distribuée sur
un même emplacement, d'une façon intermittente, tous les
trois ou quatre jours, à raison de .10,000 in. c. environ
fiar an et par lie» tare; il résulte de ce mode d'emploi que
es terres sont humectées sans être détrempées. Une coni-
■iiiniiiii ^'e^t spécialement occupée de l'influence de l'emploi
eaux sur la culture. Llle a conclu : 1° à l'abon-
dance des produits obtenus par ce procédé ; le rendement
compare s'élève du simple au triple et même au quintuple;
2 ' la culture des arbres fruitiers et des pépinières offrent
-ultats de même nature ; 3° l'industrie horticole pré-
sente un suies complet, notamment en ce qui concerne les
feuilles et les tiges; 1° la qualité des produits égale celle
de la culture ordinaire et lui devient même supérieure ;
5° l'emploi des eaux d'égout a rendu possible la mise en
culture de dires absolument improductives autrefois; il a
eleve le rondement et par suite la valeur de ces terres au
niveau de celui des terres restées jusqu'ici le centre de la
production de même nature.
Ces documents laissent prévoir que l'emploi des eaux
d'égout dans la presqu'île de Gennevilliers a dû être
accueilli avec empressement par les cultivateurs, et prendre
tous les jours une plus grande extension : les chiffres qui
suivent, relevé officiel des terrains irrigués, en sont la
preuve : en 1870, on a irrigué 21 hect. avec (140,000 m. c.
d'eau; cn!872, .'il hect. avec 1,765,000 m. c. d'eau; en
1874, US hect. avec 7,078,000 m. c. d'eau; en 1870,
898 hect. avec 10,600,000 m. c. d'eau; en 1878,
.I7!l hect. avec 1 1,750,000 m. c. d'eau; enl880, W'I hect.
ave 15,000,000 m. c. d'eau; en 1881, 500 hect. avec
IH.1100,000 m. c. d'eau.
La valeur des terrains a augmenté en proportion. Ainsi
la valeur locative de ces terres sablonneuses qui était,
avant les irrigations, de 0(1 à 150 fr. l'hectare, s'élève au-
jourd'hui à 450 et 500 fr. dans le périmètre arrosé. La
valeur foncière est de 10,000 à 1-2,000 fr. l'hectare. 11
convient de faire remarquer que la porosité du sol de
Gennevilliers n'a pas subi de modifications depuis que les
irrigations à l'eau d'égout y ont été pratiquées. En com-
parant des échantillons de terres irriguées depuis sept ans
et d'autres non irriguées, M. Schbrsing a trouvé les ré-
sultats suivants, pour 100 kilogr. de terre :
e du sol
A O"50 de profondeur
A 1 m. île profondenr,
TERRAIN LIMONEUX
IRRIGUÉ
Carbone
0.83
0.61
kg
0.23
0.11
0.10
NON IRRIGUÉ
Carbone
kg
l.yo
0.57
Azote
kg
0.19
0.07
0.06
Surface du sol
A 0™50 de profondeur..
A lu,50 de profondeur. .
TERRAIN GRAVELEUX
IRRIGUÉ
Carbone Azote
kg
1.63
0.32
0.01
kg
0.150
0.035
0.006
NON IRRIGUÉ
Carbone Azote
kg
1.250
0.160
0.022
kg
0.100
0.027
0.004
Comme on peut le voir par ces cliiffres, l'apport des
eaux d'égout a enrichi le sol en principes carbonés et azo-
Bariehissement doit être attribué en majeure
partie aux matières tenues en suspension. A Berlin, l'uti-
lisation des eaux d'égout se fait de la même manière; la
municipalité a acheté deux domaines présentant une super-
ficie totale de 1,500 hect. Les terrains y sont consacrés à
la culture courante et au patinage.
vif. di « toit À l'égout ». — Ce système, qui a sou-
levé beaucoup de controverses, consiste en ceci : y a-t-il
avantage, dans les grandes villes comme Paris, à déverser
dans les égouts les déjections humaines à mesure de leur
production, supprimant ainsi les fosses et leurs inconvé-
nients? Ce système du « tout à l'égout » est vivement com-
battu au point de vue de l'hygiène même des villes, par
des hommes autorisés qui signalent les dangers suivants :
1° infection de l'air a la suite des dégagements de gaz fé-
tides, tels que l'hydrogène sulfuré et l'ammoniaque, se ré-
pandant par les bouches d'égout ouvertes sur les voies
publiques, dégagements d'autant plus à redouter, font
remarquer MM. Muntz et A.-C. Girard, que les égouts
ayant moins de penie laissent déposer et s'accumuler des
i des boues, et que le niveau des eaux, subissant
des alternatives de hausse et de baisse, laisse a découvert
sur les parois des matières fennentescibles ; 2° infiltration
des eaux dans le sous-sol. par suite de la non-étanchéité ou
de l'usure des parois de l'égout. Ce système ne saurait
Ébbc être appliqué que si les egouts sont placés dans des
conditions parfaites d'imperméabilité et d'obturation, si
leur pente est sullisante, si le déversement d'eau est assez
considérable pour diluer les matières fécales, et le lavage
des égouts fréquemment répété, enfin, si les eaux chargées
d'excréments peuvent être répandues sur de grandes surfaces
capables de les épurer. Les eaux d'égout sont déjà assez
malsaines et assez nauséabondes pour qu'il n'y ait aucun
besoin de les surcharger encore de matières fécales. D'ail-
leurs, ces dernières, dans toutes les villes bien administrées,
peuvent être avantageusement recueillies et transportées au
loin sans que l'hygiène publique en souffre. C'est pour-
quoi le système du « tout à l'égout » n'est pas recom-
mandable; il coûterait très cher, beaucoup trop cher même
en proportion des services, bien problématiques d'ailleurs,
qu'il rendrait. Albert Larbalétrier.
III. Droit civil. — Egout des toits. — Cette expres-
sion désigne soit les eaux pluviales recueillies par le toit
d'un bâtiment, soit les conduites qui les amènent de ce toit
jusqu'au sol, soit, mais plus rarement, l'emplacement même
sur lequel elles tombent. D'après l'art. 681 du C. civ.,
« tout propriétaire doit établir ses toits de manière que les
eaux pluviales s'écoulent sur son terrain ou sur la voie
publique ; il ne peut les faire verser sur le fonds de son
voisin ». Cette prescription de l'art. 08 1 est une conséquence
du principe posé par l'art. 040 d'après lequel les fonds
inférieurs ne sont assujettis envers ceux qui sont plus élevés
qu'a recevoir les eaux qui en découlent naturellement sans
que la mai a de l'homme y ait contribué, et d'après lequel
aussi le propriétaire inférieur ne peut rien faire qui aggrave
la servitude du fonds inférieur. — Le seul moyen pour le
propriétaire de se conformer à l'art. 681 consiste à élever
son bâtiment non pas à la limite exacte de sa propriété,
mais en retrait de quelque distance, de façon que l'eau tom-
bant naturellement du toit tombe encore sur son terrain :
ÉGOUT - ÉGRENAGE
- G46 -
il est dont d'usage do laisser une bande de terre entre
le parement extérieur du mur et l'héritage eontîgfl : la lar-
geur de cette bande de terrain s'est fixée par aucun texte,
mais on a l'habitude de la porter an double de l'avance-
ment du toit ou à 3 pieds, c.-à-d. 1 m. — Remarquons
que le propriétaire du bâtiment ne saurait faire avancer
suii toit sur l'héritage voisin, sauf à en conduire les eaux,
par un tuyau ronde, sur son propre terrain, car d'après
l'art. 332 le propriétaire du fonds voisin, étant proprié-
taire du « dessus et du dessous » est en droit de s'oppo-
ser à ce qu'une construction quelconque s'avance au-dessus
de son terrain, un pareil agencement constituant pour lui
une servitude. Notons encore que, d'après la jurisprudence
la plus récente, l'art. 681 précité n'établit pas au profit
du propriétaire du toit une prescription légale de propriété
de la partie du terrain que couvre la saillie de son toit et
sur laquelle se déversent les eaux pluviales. Il n'établit
qu'une simple présomption abandonnée à l'appréciation des
juges et qui peut être combattue par des preuves ou pré-
somptions contraires. Kn résumé, la disposition de l'art. 681
s'oppose simplement à ce que les eaux pluviales tombent
directement du haut du toit sur le fonds du voisin : le pro-
priétaire doit les recevoir sur son terrain, mais il n'est pas
tenu à davantage, et, à partir du moment ou elles ont tou-
ché terre, il a le droit de les laisser couler naturellement,
suivant la pente du terrain, et, si cette pente les conduit
chez le voisin, celui-ci doit les recevoir, par application de
l'art. 040, sans pouvoir les repousser.
D'ailleurs, le propriétaire d'un bâtiment peut acquérir le
droit de laisser tomber directement l'eau du haut de son
toit sur le fonds du voisin : il jouit dans ce cas de la ser-
vitude d'égout ou stillicide. Cette servitude se manifestant
soit par l'avancement du toit, soit par des tuyaux ou gar-
gouilles, et s' exerçant indépendamment du fait de l'homme,
est une servitude continue et apparente (V. art. 688) et
peut s'acquérir par prescription ou par destination du
père de famille ou par convention : elle ne doit pas, quel
que soit son mode d'acquisition, être aggravée par le pro-
priétaire du fonds dominant. Disons enfin, en terminant,
que si l'art. 681 permet au propriétaire de déverser les
eaux pluviales sur la voie publique, ce n'est qu'à la condition
de se conformer aux règlements de police et de voirie, et
notamment à ceux qui exigent que les eaux soient amenées
jusqu'au sol par des conduites et ne tombent pas du haut
du toit par des gargouilles, au préjudice des passants et
de la voie publique elle-même. F. Girodon.
Bim.. : Agriculture. — J.-A. Barral et Sag.nier, Dic-
tionnaire d'agriculture; Paris, 1890, t. II. — 0. Lami,
Dictionnaire de l'industrie; Paris, 1884, t. IV. — Enquute
de la commission d'assainissement de Paris, publiée par
la Préfecture de la Seine. — Muntz et A. Girard, tes
Engrais ; Paris, 1888, t. I. — Duclaux, Chimie biologique;
Paris, 1882.
ÉGOUTIER. Les égoutiers de la ville de Paris sont au
nombre d'environ 830. Ils se divisent en 180 chefs can-
tonniors-égoutiers, 400 cantonniers-egoutiers, 200 auxi-
liaires et 120 stagiaires. Les cantonniers-egoutiers ont un
salaire de 130 à 138 fr. par mois, les auxiliaires 4 fr. 80
par jour et les stagiaires 4 fr. pour dix heures de travail.
La Ville leur fournit des bottes hautes et solides qui sont
renouvelées tous les six mois. Au bout de six mois de ser-
vice, les bottes rentrent aux magasins généraux de la Ville,
qui les vend à la criée à peu près 120 à 125 fr. le cent.
Les tiges servent à faire des chaussures de luxe; les pieds
deviennent des galoches fabriquées surtout a Méru. Les
égoutiers sont répartis en brigades volantes qui sont diri-
gées selon les besoins du service.
ÉG RAI NOIRE (Arcbéol.). Petites cages dans lesquelles
les oiseliers étaient tenus de garder les oiseaux de sexe
diffèrent qu'ils mettaient en vente. Les mâles chanteurs
devaient être placés dans des rai;es hautes et les femelles
dans des cages basses dites égrainoires, afin d'empêcher la
vente abusive des femelles, en les donnant pour des malt s
dont le prix était plus élevé.
ÉGRAPPAGE (Vitic). Opération vinicole qui consiste à
léparef les graina de raisin de la rafle, dans des propor-
tions détermiBéel ou complètement suivant la nature des
»nis el les conditions de la maturité des fruits. Llle a pour
imt de corriger certains défauts et d'augmenter la lim-^'
des \ins lY. Yinihc.viion). P. Y.
ÈGRE (L'|. Rivière de France i\. Aj£U [I. ).
ÉGREFIN ou ÉGLEFIN (l.htvol.). Nom vuLaire d'une
espèce de Moi j, \«GaauttBglefinuê(y. Hou s).
EGREM0NT (Baron et comte d") (\ . Wttoba*).
ÉGRENAGE. I. Acnicn.Tiiih. — L'égrenage consiste à
séparer les graines des plantes cultivées des enveloppes qui
les recouvrent. Néanmoins, cette expression est plutôt réser-
vée maintenant à l'action de séparer les crains de mais de
la partie centrale de l'épi ou rafle, a laquelle ils sont adhé-
rents. Pour les autres céréales, la séparation du grain se
fait par le dépicage et le battage (V. ces mots) . Dans le M iiii .
on emploie plusieurs systèmes d'égrenoirs à maïs. Un des plus
répandus consiste en deux disques en fonte, dont la surface
est couverte de petites aspérités; les épis sont engagés
dans une sorte de goulotte en fer dont la partie inférieure
est fortement pressée contre le disque par un ressort
d'acier que l'on règle à volonté au moyen d'une vis. L'épi
se trouve donc comprimé sur le disque, et en même temps,
par leur mouvement de rotation, les aspérités détachent les
grains de mais qui tombent avec les rafles sur un plan
incliné et de là dans un tarare, où ils subissent un premier
nettoyage. Un arbre avec maniveile et deux volants donne
Eirrenoir de maïs.
le mouvement au plateau par l'intermédiaire d'un pignon.
Dans les égrenoirs de graines fourragères, le batteur
affecte la forme d'un tronc de cùne muni de battes en
fer lisses ou cannetons. Le batteur est renfermé dans un
contre-batteur de même forme en tôle perforée; 1',
ment peut être réglé au moyen d'une vis qui rapproche
plus ou moins du contre-batteur l'extrémité étroite du bat-
teur. Les graines de trèfle et de luzerne sont séparées des
bourres par le passage entre le batteur et le contre-batteur;
elles lomlient a l'autre extrémité de l'appareil ainsi que
les bourres sur un crible et de la s'engagent dans un ven-
tilateur qui achève le nettoyage. A. Larkai.étrier.
IL Filature. — Opération par laquelle on sépare
les libres du coton des graines auxquelles elles sont plus
ou moins adhérentes suivant les variétés des cotonniers qui
les ont produites. Cette opération se fait mécaniquement
sur les lieux de production; l'appareil le plus simple, et
qui ménage le mieux les fibres, se compose simplement de
deux rouleaux en bois de 3 a 3 centiin. de diamètre et envi-
ron 33 centiin. de longueur, appuyés l'un sur l'autre et
que l'ouvrier fait lourner au moyen d'une manivelle en
même temps qu'il leur présente le colon ; il a été trans-
forme en une véritable machine par la maisou Platt par
— (547 —
ÊGRENAGE - BGUILAZ
l'adjonction tl'uno table sur laquelle on répand le coton.
de eyhndresÉ dents et de fourches transporteuses facilitant
le lr.i\.ul et permettant d'obtenir environ 75 à Si) kilogr.
ite coton egrene par jour. In Egypte et plusieurs autres
ia nul nsagc défreoeusea ■ bases de icie (aruHrtn)
composées d'une trémie dans laquelle on jette le OOtoi et
ou pénètrent, entre les batreau d'une mille, des sortes de
I.hii.'s de sci<s circulaires dkpoooee les unes à cote des
autres sur un tambour; les dénis dont ces lame- BOBt
armées arractient et entraînent les libres tamlis que les
graines sont retenues |>ar la pille. I ne inacliine armée
d'environ quatre-vingt-dix lames peut fournir environ
^Od kilogr. de tilires par j.>ur. Différents autres types
euses, notamment celui de Mac Carthy, sont encore
d'un usage plus ou moins fréquent
EGRESSY (Gabriel), acteur hongrois, né à Laszlofalu
en 1*07, mort a l'est le 50 jml. 1866. Après diverses aven-
I devint, en 1837, l'étoile du nouveau théâtre national
en langue magyare. In séjour à Vienne, un autre séjour
qu'il lit a Paris en 1843 le perfectionnèrent dans son art.
11 joua un rôle politique pendant la guerre de l^'i'.1 et
fut oblige de s'enfuir en Turquie, puis il reparut sur
les planches et ne les quitta plus. Il excellait également
dans la comédie et la tragédie, notamment dans les iules
kespeare. Il écrivit en langue hongroise des études
shakespeariennes et un Manuel dr l'art dramatique
. — Son tils, Akusitii l'a continué sur la
seèue. — Son frère, Benjamin Fgressy, ne en 1813,
mort le 19 juU. 1854, a aussi été acteur; mais la vraie
gloire qu'il a conquise en sa courte existence est celle du
mnskiea populaire. Ses mélodies, d'un rythme essentiel-
lement national, sout répandues aujourd'hui dans toute
l'Europe.
ÉGREVILLE. Com.dudép. de Seine-et-Marne, arr.de
Fontainebleau, cant. de Lorrez-Ie-Bocage ; 4,738 hab.
Stat. des cheni. de fer départementaux (ligne de Montcreau
a Njuppes). Château du xvic siècle.
EGRILIA (Gens). Famille romaine, connue surtout par
des inscriptions d'Ostie. File compta parmi ses membres:
Mus Plarianus, consul sufTect sous les Flaviens;
Q. Egriliu* l'iarianus, légat propréteur d'Afrique sous
les Antonins. 11. L.-G.
ÉGRILLON (Pèche). Pour empêcher les poissons de
s'échapper d'un étang, tout en permettant à l'eau de passer,
on place a la décharge une sorte de grille formée de pieux
• t liés ensemble.
E6RIP0.Nom moderne de Chalrix{\. ce motetFrnÉF).
EGRIS on EGHRIS. Plaine d'Algérie, dép. d'Oran, au
S. de Mascara, a une ait. moyenne de 500 m.; elle est
particulièrement fertile en céréales et en vignes. Les Fran-
■ ais, surtout des habitants de Mascara, y ont, depuis une
trentaine d'années, établi de grandes fermes très prospères.
Les villages européens, créés dans cette plaine qui appar-
tenait jadis aux llachem, la poissante tribu d'Ahd-el-
Kadpr. sont : Palikao, Maoussa, Froha, Thiersville,
F. Cat.
ÉGRISÉE. I.'é^risée est de la poudre de diamant obte-
usant l'un contre l'autre deux diamants bruts co-
endns impropres à la taille et appelés dia-
iture. Ces diamants sont solidement enchâssés
es manches en bois r-t frottés pointe contre pointe
à la main ou a la machine. La pondre qui résulte de cette
opération vaut environ 60,000 fir. le kilogr. cl est soi-
llie dans une petite boite appelée égri-
sûir, placé.- sous les main- de L'ouvrier. I.'égrisée vient
ècialement d'Am>terdam ou depuis longtemps s'est
concentrée l'induatrie de- la taille du diamant. On l'em-
ploie surtout [xiur tailler et polir les pierres précieuses
très dures, chaînant, rubis, saphir, grenat, etc.
ÉGRISELLES-i.r.-l.ocACF.. Corn, du dép. de l'Yonne,
- us : 1,482 bab.
ÉGRUGE0IRE (Anhéol.). Petil mortier de bois dans
lequel on egruge le sel de cuisine au moyen d'un pilon
rond. On appelait aussi ègrogeoire une râpe sur laquelle
on trottait des substances culinaires.
ÉGRY. Com. du dep. du Loiret, air. de l'ithiviers, cant.
de l!eaune-la-Uolande ; 57!) hab.
EGUAL (Maria), marquise de Castf.i.fort, née le Ojanv.
1698, morte le 23 avr. 17,'!.'). Mariée au marquis de
Castelfort, elle vécut à Valence. File est célèbre par son
savoir et son talent pour la poésie. Son salon était très
fréquenté par les gens de lettres, et c'est chez elle que fui
représentée La comédie de Salazar y Torres, Twmbien se
ama en el abismo, pour laquelle elle fit une Loa. On di-
sait que de son vivant elle avait une pleine malle de poé-
sies, mais que par scrupule religieux pendant une maladie
elle les brûla. Cependant ses amis en recueillirent un cer-
tain nombre en 3 vol. que possédait son neveu, en 1749. On
ne sait trop ce qu'ils sont devenus. Alberto de Fa Barrera
attribue à Maria Egual deux comédies également inédites :
Los Prodigios de Thesalia et Triunfos de amor en el
aire, cette dernière avec musique. E. Cat.
ÉGUENIGUE. Com. du territoire de Belforf, cant. de
Fontaine; Î40 hab.
EGUIA (Franeisco-Ramon de), général et homme d'Ftat
espagnol, né à Durango (Navarre) en 1750, mort à Ma-
drid en 18*27. H se distingua dans la guerre de l'Indépen-
dance et commanda sous Flio une division de l'armée de
Valence. En mai 1844, il marcha sur Madrid pour exécuter
le décret qui abolissait la constitution de 1842 et fut nommé
pour cela capitaine général de la Nouvelle-Castille; peu
après, il devint ministre de la guerre dans le cabinet pré-
sidé par le duc de San Carlos et fut un des plus violents
royalistes. Remplacé au ministère par Ballesteros, il alla
comme capitaine général dans la province de Grenade et
remplit les prisons de constitutionnels. Le triomphe de
ceux-ci, en 1820, le força de fuir en France où il s'occupa
de recruter des partisans pour V armée de la foi, et d'où
il dirigea la guerre civile en Navarre ; en moins de deux
années, il dépensa, dit-on, 22 millions, et quand l'armée de
Moncey entra en Espagne pour rétablir le pouvoir absolu, il
mit à sa disposition des bandes nombreuses qui formaient
presque une armée. Il redevint aussitôt capitaine général de
la Nouvelle-Castille (4823) ; mais son rôle politique jusqu'à
sa mort fut assez effacé. E. Cat.
EGUIARA y Eguren (Juan-José), théologien, prédica-
teur et bibliographe hispano-mexicain, né à Mexico en
1706, mort le 29 ianv. 1763. Il fut professeur de théo-
logie et chancelier de l'université de cette ville, qualitica-
teur du saint-office, chapelain en chef des capucines.
Appelé au siège épiscopal du Yucatan (1751), il le refusa
pour continuer ses travaux littéraires. Il publia cinq pané-
gyriques (4729-4757), deux oraisons funèbres (4753-
4760), trois conférences théologiques (1725, 4729, 1747);
Dissertaiiones Mcxicanœ ad scholasticam spectantes
thcologiam (4745, in-tol.) et laissa en manuscrit la ma-
tière de deux autres volumes, ainsi que vingt tomes de
sermons, deux d'opuscules latins sur les belles-lettres, etc.
Mais son ouvrage le plus précieux pour nous est une
Bibliotheca Mrxicana sive cruditorum hisloria viro-
rum, rangée par ordre de jirénoms (Mexico, 4755, 1. 1,
A-C, in-4). La continuation jusqu'à la lettre J est inédite,
mais Iieristain en a tiré parti. Son oraison funèbre en latin
a été écrite par I'.-R. Arizpe (Mexico, 4763, in-4). l>-s.
EGUILAZ (Luis), poète dramatique espagnol, né à San
Lucar de Barrameda (Andalousie) vers 1833, mort à
Madrid en 4876. Venu à Madrid en 1852, il ne cessa de
fournir à la scène des drames et des comédies, et il fut, à
cet égard, l'un des auteurs les plus féconds. Les person-
de ces drames sont tous empruntés à l'histoire
nationale; la conception en est vigoureuse, mais la struc-
ture en est trop, uniforme et le lyrisme y déborde telle-
ment que la versification, peu flexible du poète, a de la
peine a obéir a sa pensée. Les meilleurs de ses drames sont :
Lan Querellas del llcy Sabio, Lope de Rueda, La Vida
EGUILAZ - EGYPTE
- 648 -
Je Juan Soldado, El l'alnurru del l'uria. Il est de
beaucoup supérieur dans la comédie, oa L*aetâoa est |>lus
naturelle, les caractères mieui tracés, la Corme plus sobre
et plus correcte. On <l«>it citer a cet égard ses Los s<>l-
daaOS de plomo et surtout La Cru: del matrimonio,
(|iii est son chef-d'œuvre et fut inséré comme tel dans la
Bibliothèque espagnole de Brockhaus (Leipzig, 1868).
Sa dernière pièce, El Salto del Pasiego, a été publiée
après sa mort (Madrid, 1878). G. Pàwlowski.
BlBL, : (i. GÀLVO-AsBNSIO, El Tttatro liis]i;iiiii-ltisil;tnn
en el sijlit xix; Madrid, 1875, in-8.
ÉGUILLE (L'). Corn, du dép. de la Charente-Inférieure,
arr.dè Marenncs, eant. de Koyan, sur la Seudre; 7 iS hab.
Syndicat maritime ; bureau de douanes ; ruines d'un châ-
teau féodal ; église romane.
ÉGUILLES. (loin, du dép. desBouches-du-Bhone, arr. et
cant. (S.) d'Aix, dans la chaîne d'Eguilles, détachée de la
chaîne Sainte-Victoire, au S. de la vallée de la Toulouhre;
946 hab. Amandes, huiles et plâtres. Ancien château du
marquis de Boyer d'Eguilles, protégé de Baehaumont et
compagnon de Charles-Edouard en Ecosse.
ÉGUILLES (A.-J.-B. de Boyer d') (V. Argens [Mar-
quis d']).
ÉGUILLEY. Corn, du dép. de la Haute-Saône, arr. de
Vesoul, cant. de Bioz; 75 hab.
EGUILLY. Com. du dép. de l'Aube, arr. de Bar-sur-
Seine, cant. d'Essoyes; 257 hab.
ÉGUILLY.Com. du dép. delat'.ôte-d'Or, arr. de Beaune,
cant. de Pouilly-en-Auxois ; 185 hab.
EGUISHEIM (Egenesheim, 817, en allemand Egis-
lieim). Com. de la Haute-Alsace, arr. de Colmar,cant. de
Winzenheim ; 1 ,676 hab. Stat. sur la ligne de chem. de fer
de Strasbourg à Baie. Vins blancs estimés. Eglise mo-
derne avec une tour carrée et un curieux portail de l'époque
romane : fontaine avec la statue moderne de Léon IX. La
commune, primitivement station préhistorique (V. Alsace,
t. II, p. 514), doit son origine au château des comtes
d'Eguisheim, qui, suivant M. Kraus, date du xie siècle. De
ce vieux manoir il existe encore le mur d'enceinte, octogone
régulier de 32m50 de diamètre, au milieu duquel Stumpf,
évêque de Strasbourg, fit construire, en 1890, une cha-
pelle dédiée à Léon IX, parce que c'est là qu'une tradition
fait naître le célèbre pape alsacien (V. Dai:o). Quand
la puissante famille des comtes d'Eguisheim se fut éteinte,
en 1144, avec Udalrich, la petite ville devint successive-
ment la possession des comtes de Ferrette, de la maison
d'Autriche, et à partir de 1648 de la France. Eguisheim,
entourée de murs au xine siècle, fut assiégée en 1:21)8 par
l'empereur Adolphe de Nassau et dévastée en 1444 parles
Armagnacs. — A 2 kil. au S. d'Eguisheim se trouvent les
ruines de Marbach, célèbre abbaye de moines augustins,
fondée en 1094 et détruite en 1682 par les Suédois. —
A 3 kil. au S. -G., s'élèvent sur un immense rocher, d'une
ait. de 598 m., les ruines des trois châteaux d'Eguisheim
(drei Excri), hauts de 40 à 45 m. et autrefois entourés
d'une enceinte commune. Probablement élevés par le comte
Hugues IV, père du pape Léon IX, ils furent en partie dé-
truits par les Mulhousois en 1466 pendant la guerre des
six oboles. — Eguisheim est la patrie de Stumpf, èvéque
de Strasbourg, mort en 1890. — Les armes de l'ancienne
ville portaient diapré de gueules h un saint Pierre de
carnation sur une terrasse de sinople habillé d'argent,
le manteau d'or, qui tient de sa main droite une clef de
sable et de sa gauche un livre ferméde même. L. Will.
BlBL.: SCHOEPFLIN, AU. HL, passim. — GrANDIDIBR,
Œuvres hist. inéd.,1, 3!l!)-100; pièces justif., 55. 59, il ; Y,
378. — SCHWBIGHABUSER et GOLBERY, Ant. d'Aïs., I,
pp. 47 ut suiv. — Krieg von H' i< ni blden, Mililiirarehi-
teklur,'.)Z, 181, 2811. — Bul. de la Soc. pour la cons. des
mon. hist. d'Aïs.. lro série, IV ; 2° série, I, II, III, passim.
— Dbxem, Où est né la pape Lion IX f Strasbourg, 1884.
— J.-H. Meybr, Eguisheim, Doc. pour servira l'hist. de
cette commune, dans Rev.d'Ala., 2» série. I, pp. 407—122. —
X. Kraus, Kunst xind Alterthum in EU. l.othr.; Stras-
bourg, 1884, II, pp. 04-70.
EGOSQUIZA (Rogelio), peindre espagnol du ko1 sieste,
m- a Santander. Elève de l'Ecoiedea beaax-arU. tait
il exposait i Santander une Vierge au rosaire; sa 181
.1 Hadrid, il envoyai) deux cotnpontioni : la Ditcumkm
entre I). Quichotte et le curé* Michel- inge devant le
cadavre de Vittoria Colonna. En 1868, au Salon des
Champs-Elysées, il exposa son Char let-Quint au coût
de Saint-Yuste, uni i été reproduit par la gravure. Cal
artiste a figuré également a l'Exposition Universelle de 1*7*
avec deux sujets de genre : Un Concert de famille, le
Maître d'armes et un portrait de dame. P. L.
ÉGUZON. Ch.-L- de cant. du dép. de l'Indre, arr. de
La Châtre, près de la Creuse ; \ ,656 hab. Stat. (a 2 kil. I 1
du bourg) du ch. de fer d'Orléans, ligne de Paris a Liui.._
Pyrites ferrugineuses ; plombagine: châtaignes ; vesliges
d'un château féodal.
EGYPTE. AFyuxrof des Grecs, d'où .Egyptus des
Latins ; dans les langues sémitiques : matsor, mitsraim
(hébr.); Moumuri (assyr.); Mesour, Masr (arab.); entre
autres noms usités en égyptien antique, celui de Kern (le
Chain biblique) = la terre noire, d'où le kopte Kemi. lais-
sons de côté les savantes dissertations auxquelles ont
donné lieu les différents noms de l'Egypte ; disons toute-
fois que le nom grec, origine de celui qui est passé dans
toutes les langues de l'Europe, a été rattaché par quelques
égyptologues à la forme Ha-ka-ptah, un des noms de
Memphis, et a été expliqué par Pictet au moyen des
racines indo-européennes ai (avi, ovis) et gup (garder),
dont le composé, signifiant pasteur, berger, appliqué par
ironie au vautour (aîyuTTtôs), l'aurait été aussi aux
Egyptiens à l'époque lointaine où les pasteurs firent irrup-
tion dans la vallée du Nil, événement dont le souvenir
se trouverait également conservé dans le mythe d'.-Egvp-
tos, que son père Belos, roi de Babylone, envoie con-
quérir l'Arabie.
Géographie physique. — L'Egypte n'est, à propre-
ment parler, que la partie de la vallée du Nil comprise
entre la cataracte de Syène (24° 5' i") et l'embouchure
du fleuve (3i° 30'). Etroite et directe jusqu'à Edfou (25°),
elle serpente et s'élargit jusqu'au coude de Denderah,
puis, s'élargissant encore, elle décrit à l'O. une courbe
majestueuse et reprend sa direction vers le N., où
elle s'étale bientôt en un vaste delta formé par la bifur-
cation des eaux. Sa plus grande longueur, dans le sens
du méridien, du cap Bourlos à l'Ile de Philae, est de
788 kil ; mais, en suivant les contours du fleuve, elle
devient d'un peu plus de 1,200 kil. Sa largeur, réduite
par endroits au lit même du Nil (Cilcilehf, atteint, en
s'éloignant de plus en plus de la cataracte, 5 kil. (Edfou),
de 10 à 15 (Thèbes, Girgeh, Siout), 25 (Manlalout. Béni
Souef) ; son plus grand développement, 600 kil., est me-
suré par le cordon de dunes qui cerne le littoral du Delta.
La position méridienne de l'Egypte est comprise entre les
27" et 51° de long. E. (de Paris). Le territoire de la vice-
royauté de l'Egypte s'étend à l'E. jusqu'à la mer Bouge;
a l'O., il n'a pas de limites précises, et on comprend ordi-
nairement dans ce territoire toute la partie du Sahara
dite désert de Libye, dans laquelle se trouvent les oasis
dépendant du gouvernement égyptien; au S., sa fron-
tière a changé suivant l'état politique ; la révolte du mahdi
lui a enlevé presque toute la Nubie. L'Egypte peut être
divisée ainsi :
21.650 k.q.
11.600 —
27 -
606.723 —
\all,, du Nii^^sso-Kgypte(avecleslacs).
| Haute-Egypte
Isthme de Suez
Désert de Libye (avec les Oasis), désert
arabique et autres parties non habitées.
Egypte proprement dite, s'étendant de la
Méditerranée à 21°41' de lat. N 640.000k. q.
Partie de la Nubie conservée par l'Egypte. 400.000 — î
Total 1.040.000k.q.?
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- 649 -
EGYPTE
IV cette superficie, la «allée do Nil. h Fayoum, le Delta
et les oasis -,nit seuls cultivables; ils représentent une
superficie totale de 87,681 kil. q. qui, déduction faite
des parties iacnltes,se réduite environ "21 .OOOk.q.
Les anciennes possessions de l'Egypte,
avant la révoltedanuhdi, comprenaient
environ 1,850,000 kil. q., savoir :
Partie de la Nubie 600,000?
koniofan et désert environ- i
■Mit SOO.OOOîf, ..... ,,.,.,.
Dar For et désert environ- , l. 850.000k. q.
nant ',0(1,000 .M
I -...ii de l'Equateur 650,000?
Après avoir franchi à 100 ni. d'alt la chaîne de granit
qui obstrue sou lit par de nombreux ilôts, le Nil coule
sans obstacle jusqu'à la Méditerranée, d'abord sur un fond
puis calcaire à partir d'El Kal> et avec une pente
moyenne de 11 centini. par kilomètre jusqu'à la pointe du
Delta, ou elle s'abaisse a moins de 'nontiiii. La hauteur de
- - ; rgesa accentue du N. au S. Mesurant a peine 2 m.
au-dessus des basses eaux dans la partie moyenne du Delta,
•Des atteignent .'i à 0 m. au Caire et 10 à 1-2 dans la
Hast* Egyute, ce qui exige une crue minima de 13 m. au
BMkyas iPAssouan et de n a II m. au mekyas du Caire
pour que l'inondation soit jugée suffisante (pour la crue et
lYxhaussenieut progressif du lit du fleuve, Y. Nu.). La
largeur du fleuve est évaluée a 1 ,200 m. dans la Haute et
la Moyenne-Egypte et à tiOO m. dans le Delta. A la hauteur
de Farchout, il se divi>(> en deux bras parallèles dont cha-
cun longe l'une des chaînes qui forment la vallée. Le bras
de l'O.. étroit et irrégulier, resterait à sec la plus grande
partie de l'année sans les nombreuses prises d'eau qu'il fait
au fleuve proprement dit, etdont les plus importantes sont
celles de Mechteh, d'Echarabyeh, de Mangabatte (au N.
de Siout) et la double dérivation qui s'opère au coude
lonne par la croupe supérieure du gebel Abou F'oda. Jus-
qu'à ce point, le bras de l'O. porte le nom de Bahr Souha-
: d reçoit dès lors celui de llahr Youssef qu'il con-
serve jusqu'à la plaine de Oizeh, au-dessus de laquelle il
rejoint le Delta. Primitivement, il semble avoir détaché à
gauche un affluent qui longeait la vallée des lacs de Natron
et se jetait dans la nier à quelques lieues à l'O. du lac
Le lit de cet affluent, très hvpothétique, car il
■ a révélé à l'examen aucune trace de" dépôt limoneux,
torme encore une dépression connue sous le nom de Bahr
Bala Ma (le lleuve sans eau). Le rôle du Bahr Youssef est
a |*u près nul en tant que route navigable; il n'en est pas
iième au point de vue de l'irrigation. C'est lui qui
dérive sur les portions les plus larges de la vallée et pen-
dant une grande partie de l'année une masse d'eau que le
ut du fleuve entraînerait à la mer ; c'est lui aussi qui
l»orle la vie et la fertilité dans le Fayoum.
lyoum est, avec le Delta, la seule partie de l'Egypte
qui soit en dehors de la vallée. C'est une enclave de
te dans le désert libyque. Sa configuration est celle
d un bassin elliptique muré par une ceinture de hauteurs
-;•( dont le grand axe, dirigé du N.-E. au S.-O., mesure
>o kil Le fond de ce bassin n'est pas uni, mais s'étage
«s de 1 0. à l'K. La région orientale est à 8 m. au-
- du niveau du Nil. pris à Béni Souef ; celle du N.-O
est au niveau du fleuve; enfin, la plus occidentale est
■ par le B.rket el Keroun dont le niveau descend à
« m. au-dessous. Un ne saurait se représenter ce vaste
réservoir d eau saumàtre par une plus juste image que celle
qui est contenue dans son nom, le lacdn- la Conie.Cest
'■n effet, une longue nappe d'eau qui baigne, sur une
étendue de plus de 40 kil., la muraille occidentale du
cirque, étroite en son milieu, encore plus étroite a ses
deux extrémités qui s amincissent et se recourbent en
torme de corne. Le Dirket reçoit, au moment de l'inon-
dation le trop-plein des>aux que le Mal,.- Youssef déverse
dans le rayoum par une sorte de porte percée dans la
chaîne libyque. Ln brasse la rivière, réglé en ce point
par une digue, y pénètre jusqu'au cour de l'immense oasis
et s'y ramifie en mille petits canaux qui l'ont du Fayoum
la région la plus arrosée de toute l'Egypte. Sa configu-
ration particulière et sa fertilité vantée par les voyageurs
grecs la désignèrent, dès la plus haute antiquité, aux
grandes entreprises agricoles des pharaons. On attribue à
.Menés l'établissement de la digue de Kocheichah, à quel-
ques lieues au N. de la prise d'eau d'Illahoun; c'était pré-
destiner le Fayoum à devenir le grand réservoir du Nil.
Mais l'exécution définitive d'un plan aussi grandiose n'eut
lieu que sous Aineneniliat 111, auteur du labyrinthe et du
lac Mûris qu'on a longtemps confondu avec le Birket el
Keroun. Au milieu de ce lac naturel s'élève, en effet, une
ile, Geùret ci Keroun, ou l'on a voulu voir l'espace libre
dominé par les deux pyramides dont parte Diodore (1, 52).
Un examen attentif a fait rejeter cette identification par
Linant, qui, cherchant plus à FF. l'emplacement du Mœris,
crut le trouver dans les restes encore importants d'une
grande digue enveloppant la terrasse supérieure du Fayoum
et répondant ainsi à la nécessité de tenir élevées les eaux
du réservoir afin d'en régler le débit. Les deux pyramides
de Bialnnou, à une lieue au N. de Medinet el Fayoum,
répondraient, dans l'hypothèse de Linant, à la description
de Diodore. D'autres hypothèses également ingénieuses ont
été opposées à celle de Linant; nous aurons à les examiner
au mot Moeris.
C'est à 12 kil. au N.-O. du Caire, au Datn el Bat/aralt,
que le Nil proprement dit, divisant son cours, commence
à se frayer, à travers les terrains d'alluvion et les lagunes
qui forment son delta, une double route vers la mer. Celle
de l'O. serpente sur un parcours de près de 80 kil., au
pied des derniers contreforts de la chaîne libyque, puis se
dirige vers le N., où elle se jette dans la mer par un étroit
passage entre le lac d'Edkou et le lac Kourlos, prolongé à
travers le promontoire sablonneux où s'élève Hosette.
L'autre, au contraire, se dirige d'abord vers le N. sur un
parcours de plus de 120 kil, avant d'obliquer franchement
vers la mer, qu'elle atteint à hauteur du vieux Damiette,
sur le bord du lac Menzaleh. Ces deux bouches de Rosette
et de Damiette correspondent aux anciennes bouches bol-
bitique et phatnitique. Cette dernière seule avait de l'im-
portance à l'époque de Strabon qui, toutefois, ne lui donne
rang qu'après les bouches canopique et pélusiaque. La
configuration du Delta s'est tellement transformée dans
l'intervalle de ces dix-neuf siècles, que la célèbre bouche
canopique n'est plus qu'une échancrure au N. du lac
d'Aboukir. On en peut dire autant des bouches sébennytique
au X., tanitique et pélusiaque à l'E. Leur emplacement
n'est reconnaissable qu'à une découpure de la cote, (Juant
à la bouche mendésienne, dont l'emplacement est à cher-
cher sur le cordon littoral qui barre le lac Menzaleh, elle
est aujourd'hui fermée. Néanmoins, le lit des anciennes
branches de l'embouchure du Nil peut encore être reconnu
ç.i et là parmi les nombreux canaux qui s'enchevêtrent
dans le Delta. Une partie de la bouche canopique se re-
trouve dans le Mahmoudieh ; le Bahr Chibin et le Bahr
Sakra coulent manifestement dans la direction de l'an-
cienne branche sébennytique ; enfin, le Bahr Moezz, qui
passe à Zagazig, rejoignait autrefois la mer par la bouche
pélusiaque. Nous venons de dire que le Delta est une con-
quête du Nil sur la mer; nous en avons non seulement la
preuve dans les fréquentes modifications subies par le
cours du fleuve et le colmatage progressif qui en est ré-
sulté, mais aussi dans les grands lacs détachés de la Médi-
terranée par la soudure d'un chapelet d'ilôts, ainsi trans-
formé en cette longue chaîne de dunes qui borde la base
du Delta. Ces lacs, qui occupent une superficie à peu près
égale au quart de la Basse-Egypte sont, de l'O. à FE. : le
lac Mariout, le lac d'Aboukir, le lac d'Edkou, le lac Bour-
los et le lac Menzaleh. Le lac Mariout, ancien Mareotis
(80,000 hect.), était encore, au xvi" siècle, une véritable
nappe d'eau douce alimentée par plusieurs canaux. Mais,
peu à peu asséché par la négligence des Mamelouks, il
EGYPTE
- 650 -
n'était plus qu'âne plaine marécageuse lois de l'expédition
française. Le '• avr. 1801 , l'armée anglaise rompit la digne
ilu lac d'Aboukir, qui lui déversa ses eaui salées el sub-
mergea quarante villages. Héhémet-AIi rétablit la digne el
lit (lu Marioul une aorte de déversoir ou le Mahmondieh
B'épanche au moment de l'inondation. Le lar d'Aboukir,
appelé aussi lac Maadyeh, offre une superficie de 1 1,000
bect. Ollc du lac d'Edkou, compris entre le précédent et
la branche de Hosette, est de 34,008 liect. l.e lac Bour-
los, le plus septentrional, couvre de ses eau\ et de ses
marécages une surface de \\ "2,000 hect. et communique
avec la mer par l'ancienne liouche sébennytique. Cette vaste
étendue d'eau est dépassée par celle du Menzaleh (ancien
Taniticus), qui va actuellement de la branche de Damiette
au canal de Suez et offre ainsi une superficie de plus de
150,000 hect. Il ne communique plus avec la mer par la
bouche de Dibeh (ancienne bouche mendésienne), aujour-
d'hui fermée, mais par l'étroit passage de Gemileh.
C'est l'isthme de Suez qui forme à l'E. la limite natu-
relle de la liasse-Egypte. Sa longueur est de 140 kil.
Elle était autrefois beaucoup moindre, car le niveau moyen
de cette plaine basse, où viennent se confondre insensible-
ment les dernières pentes de la chaine arabique d'Egypte
et de la terrasse du gehel et Tih, est inférieur à celui des
deux mers. Il est donc très vraisemblable qu'à une époque
encore indéterminée, l'isthme n'était formé que par la
petite chaine de collines qui entoure le lac Timsah, la
Méditerranée rejoignant alors le lac Ballah, distant du
Menzaleh de moins de 4 kil., et le golfe de Suez se pro-
longeant jusqu'aux lacs Amers, c.-à-d. à 10 kil. au N.
du boyau qui le termine et qui est en regard de l'ap-
pendice formant la partie intérieure de ces lacs. Cet
accroissement aux dépens de la mer Rouge, constaté par
la comparaison de la mesure actuelle du Casios à Hé-
roopolis (140 kil.) avec celle qu'en donne Hérodote
(4 ,000 stades = 100 kil.) et par l'examen des bords des lacs
Amers (degré de salure du sol, amoncellement d'anciens
coquillages) est très postérieur à l'exhaussement qui s'est
produit au N. de l'isthme. Car il ne faut pas oublier que
le Menzaleh est d'origine récente et résulte de l'état d'aban-
don dans lequel étaient tombées les trois branches orien-
tales du Nil à l'époque romaine. L'intervalle compris entre
l'ancienne branche pélusiaque et le cordon des trois lacs
(Amer, Timsah et Ballah) est formé par les dernières ter-
rasses du système de plateaux qui porte le nom de gebel
Attakah et qui n'est lui-même que l'extrémité septentrionale
de la grande chaine arabique. A hauteur du lac Timsah
(30° 33' lat.), cette région est traversée par une vallée
transversale qui relie son bassin au Delta. On sait que cette
vallée, qui porte aujourd'hui le nom d'Ouadi Toumilat,
a été identifiée avec l'ancienne terre de Goshen, concédée
par un des pharaons hyesos aux tribus Israélites. Elle est
arrosée aujourd'hui par le canal d'eau douce qui va du
Caire à Suez; elle l'était donc dès avant l'époque deSétiet
de Kamsès 11, qu'on considère comme les premiers auteurs
du canal navigable du Nil à la mer Rouge par Bubaste
et les lacs Amers (les Fontes am/iri de Pline).
Les deux grands déserts qui bordent la vallée du Nil
sont de larges plateaux montagneux dont la configuration
prête à plusieurs remarques. Le désert arabique, qui dresse
le long du fleuve ses hautes falaises, continue à s'élever
jusqu'à la rive occidentale de la mer Bouge, où il se des-
sine par une longue chaîne ou, plus exactement, une série
de chaînes montagneuses donl les nœuds les plus impor-
tants sont, entre le 30° et le 23° de lat., après le gebel
Takah ou Attakah, le G. Abou Araga, le G. Qolzim, le
G. Gharib, à la latitude de Tor, lé G. ez Zelt, le G.
hiikhan (Mons porphyriles), le G. Oum Delpha et le G.
Zebara {Mons smaragdus). Le désert libyque s'abaisse
rapidement, au contraire, en s'éloignant du Nil, en sorte
que l'Egypte présente une double pente du S. au N. et de
l'E. à l'Ô. Les plateaux montagneux du désert arabique
sont coupés de longues entailles transversales qui relient
la vallée à la mer Rouge. De tout temps séjour de« tribus
bédouines menaçant*" pour la sécurité des villes-, est oua-
dis attirèrent de bonne heure l'attention des pharaon
ne tardèrent pas a leur révéler ces magnifiques carre
ranit et de porphyre (O. Baimnamat, G. DoMum et
G. I atirah), qui furent exploitées jusqu'à l'époque romaine.
Ils leur révélèrent aussi les routes les plus directes du Nil
•i la mer Ronge. Ces routes sont, pour ne citer que les
principales: celles d'Assouan et de Daraoo qui se croisent
pour conduire a l'ancien port de Bérénice et a la boucle de
Baïouda, que le Nil forme dans la Haute-Nubie entre sa
quatrième et sa cinquième cataracte; la joute oblique de
Coptos a Bérénice, mentionnée par Strabon, l'line et l'Iti-
néraire d'Antonin comme la [dus suivie depuis le forage
îles citernes entrepris par les soins de l'tolémée Phila-
delphe; les routes d'Apollinopolis Parva(Kous), de Coptos
a l.eucos-l.imen (Qoceïr) et ne Ramonons (Keneth) a M vos
Hormos. Le golfe de Suez et les carrières des monts l»,,r-
pbvrites communiquent avec la Moyenne-Egypte par l'ouadi
es Siout, PO. Tarfeh et les diverses routes des couvents
de Saint-Antoine et de Saint-Paul, qui s'ouvrent en regard
de Béni Souef et de Atfieh. Citons en dernier lieu la grande
vallée de l'Egarement (Ouadi et Tih), la route des pèlerins
qui longent les deux versants de l'Attakah.
Le désert libyque présente le même aspect que le Sahara,
dont il n'est que le prolongement. C'est un vaste bassin
sablonneux, soulevé par places et sillonné d'un réseau
de monticules calcaires. L'une des vallées ainsi formées
court parallèlement du Nil pendant près de 400 kil. et
abrite quatre grandes oasis échelonnées à trois jours de
marche et à une distance à peu près semblable des villes
d'Egypte qui leur correspondent. Ce sont : la grande Oasis
(150 kil. de long, sur 20 de large), portant également les
noms d'oasis de Thèbes et d'F.l Knargeh (on s'y rend d'As-
souan et de Thèbes; mais la route la plus directe est celle
qui part de Girgeh); les oasis de Dakhleh et de Farafreh
et la petite Oasis oU se trouve une source d'eaux thermales,
et qui a ses tètes de routes à Abou Girgeh et a Medinet
el Fayoum. Enfin, à neuf journées de marche au N.-O de
cette dernière, dans une vallée qui court de l'E. à l'O.,
s'enfonce l'oasis d'Ammon ou de Siouah, célèbre par ses
oracles. Elle ne présente qu'un faible développement (10 kil.
sur ri) et appartient au moins autant à la Cyrénaïque qu'à
l'Egypte, dont elle est distante d'environ quinze jours de
marche.
Le sol primitif de l'Egypte est exclusivement composé des
minéraux que renferment les deux chaînes de sa vallée. Le
banc granitique d'Assouan offre surtout les variétés con-
nues sous le nom de syénites, dont la plus remarquable,
la syénite rose, a fourni aux anciens Egyptiens la matière
de leurs sarcophages et de leurs chapelles, de leurs obé-
lisques et de tous les monolithes employés dans la cons-
truction ou la décoration des temples, du y trouve égale-
ment des filons de porphyre, de serpentine, de gneiss, de
feldspath compact, d'amphibolite et d'autres roches pri-
mitives. Le basalte noir et vert, qui est commun dans les
environs d'Assouan et les montagnes de la mer Rouge, a
été aussi une des matières les plus recherchées des anciens
constructeurs. On peu au N. d'Assouan, la formation
granitique est recouverte d'argile et de poudingues quartzeux
sur lesquels reposent d'épaisses couches de
dont se compose tout le système de collines qui boule la
vallée jusqu'à quelques kil. au nord d'Esné. se ramènent
à trois espèces : le grès ferrugineux nuancé de veines rou-
geâtres, le -lès siliceux légèrement gris et employé dans
la préparation des ciments, enfin le grès rose ou grès mo-
numental, qui ne ditlere pas beaucoup de nos grès à bâtir
el dont le grain un peu gros, jugé par les Egyptiens
d'un emploi peu propre à la sculpture, a été presque exclu-
sivement réservé a la construction. C'est ce grès, d'un ton
tirant sur le jaune, qui a fourni les matériaux des plus
grands temples de l'Egypte : Karnaq, I.ouqsor, Medinet
Abou, Edfou, Denderah, Phikr, etc. Aux basses collines de
- 651 -
EGYPTE
grès succèdent les hautes terrasses de calcaire, dontl'extrènio
fnesse, susceptible d'un certain poli, nous a valu ces déli-
cates sculptures qui ornent les anciens hypogées. En dehois
dos nombreux édifices excaves, quelques temples ont été
construits do blocs calcaires rapportés (Déir el Bahari et
tbydos), qui figurent parmi les plus beaux Bpécimons de
l'architecture égyptienne. Les carrières de Tourah [chaîne
• Y lat.), tics activement exploitées pendant la
durée du premier empire memphite, sont celles qui donnent
la pierre la plus nette el la plus compacte. Los pharaons
de la 1\ dvnastie l'avaient employée dans le revêtement
amides. (.'est dans les vallées transversales parmi
les atterrissements formés par les courants, que l'on trouve
surtout ces couches de pouoingues et de psammites friables,
qui contiennent de gros blocs roulés de porphyres et de
brèches vertes, le jaspe, l'agathe, l'onyx et un grand nombre
de pierres dures opaques ou transparentes, entre autres
de jade, connus dans l antiquité bous le nom
debasanite. L'albâtre d'Egypte, l'une des matières les plus
bées des anciens et qui, travaillée au tour, nous a
ilonne ces innombrables séries de vases employés à tous
Isa Bsaj rie civile et religieuse, provient de deux
importantes carrières, dont l'une se trouve sur la route des
couvents de Saint-Antoine el de Saint-Paul, et l'autre à
quelques heures de Béni Sonet'. .Mentionnons aussi les
mines d'emeiaude des montagnes de l'ancienne Troglo-
dvtique, sur les bords de la nier Rouge, et qui semblent
n avoir ete exploitées d'une manière suivie qu'au temps
des Ptoléniees et de la domination romaine, ainsi que les
anciens gisements de fossiles végétaux et animaux des en-
virons du Caire, de l'Ouadi et l'ih, où l'on rencontre de
véritables forets pétrifiées, et de la vallée des Rois, en face
de Thèbes, d'où proviennent ces remarquables coquilles
connues sous le nom d'ammonites. En ce qui concerne
les métaux, il faut reporter sur l'Arabie et le Soudan
une grands partie des richesses que les auteurs anciens
attribuaient à l'Egypte. On n'y connaît aujourd'hui aucune
mine d'or ou d'argent l'est tout au plus si l'on peut
admettre l'existence du cuivre et du plomb, dont quelques
us ont signalé la trace aux environs de Siout et au
mont Baram, à quelques lieues d'Assouan. Les substances
minérales dont le sol de l'Egypte est le plus riche sont les
substances salines : le natron qui se récolte en quantité
considérable dans la vallée de ce nom, sur les bords des
lacs du Delta, dans le Fayoum et jusqu'aux environs
d'Esné; le sel gemme que l'on recueille dans le terrain cal-
caire formant le lit du Birket el Keroun, et l'alun dont
les nombreuses mines, exploitées depuis le gouvernement
de Méhémet-Ali, sont plus que suffisantes pour l'aire de
cette matière un article d'exportation. Citons, en dernier
lieu, les mines de soufre du gebel Kabrit, dans la vallée
des Lineraudes, les sources de pétrole du G. ez Zeit, sur
le promontoire qui se détache à l'entrée du golfe de Suez
et quelques carrières de gypse connues pour ne donner
que d'assez mauvais plâtre.
Climat. Mktkorologie. — Les anciens Egyptiens dis-
tinguaient trois saisons, en se basant sur des observations
re purement agricole; les Egyptiens modernes ont
adopté la même division. Ces trois "périodes sont : chetoui
(l'hiver): .sc/i d'été); îiili (l'inondation). Les observations
auxquelles donne lieu le climat de l'Egypte, justifient
pleinement cette division. Du 15 nov. au 15 mars est la
(•triode la plu5 doues et la {dus saine, celle à laquelle on
donne par extension le nom d'hiver. En réalité, 1 hiver ne
dure que deux m • pte. La température y varie
de -p ij ' à 4- 18°. Ce n'est qu'à plus de dix ans d'inter-
valle et dans le froid aigu de la nuit qu'on a pu constater
un abaissement jusqu'à zéro et au-dessous. La neige et le
givre sont, comme on l'a souvent dit, choses tout à fait
inconnues de^ -.Les mois extrêmes de cette saison,
novembre et février, correspondent assez exactement par
leur température a nos mois de septembre et de mai. Du
4o mars au 15 jud., première période de chaleur, très sup-
portable a cause du degré île siccite do l'atmosphère, tem-
pérée jusqu'au 15 avr. dans la Basse-Egypte, mais déjà
très élevée et constante dans la partie de la vallée en
amont de Siout, notamment entre Louqsor et Assouan, où
le thermomètre accuse de 38° à 40° oentigr. Du 15 juil.
au 15 UOV., deuxième période de chaleur, beaucoup moins
supportable surtout en septembre a cause du degré d'hu-
midité de l'air saturé par les vapeurs que dégagent les
immenses nappes stagnantes qui recouvrent le sol. La
différence de température entre la région du Delta et la
Haute-Egypte devient alors insignifiante. Le thermomètre
se maintient partout au-dessus de ;>8° et peut atteindre en
août et septembre 43° et même 48". C'est la période la
plus pénible pour les étrangers, car les nuits jusqu'alors
très fraîches ne le sont plus assez pour être réparatrices.
Le régime des vents est très régulier. Voici ce qu'en
dit Yolney : Lorsque le soleil se rapproche de nos zones,
les vents qui se tenaient dans la partie de LE. passent aux
rumbs du N. et s'y fixent. Pendant juin, ils soufflent
constamment N. et N.-O. Ils continuent, en juillet, de
souffler N., variant du N.-O. au N.-E. Sur la tin de juil-
let et la moitié de septembre, ils se fixent N. pur, et ils
sont modérés, plus vils le jour et plus calmes la nuit. Vers
la fin de septembre, lorsque le soleil repasse la ligne, les
vents reviennent vers LE., et, sans y être fixés, ils en
soufflent plus que d'un autre rumb, le N. seul excepté.
A mesure que le soleil passe à l'autre tropique, les
vents deviennent plus variables, plus tumultueux; leurs
régions les plus constantes sont le N., le N.-O et l'O.
Ils s'y maintiennent jusqu'en février. Vers la fin de ce
mois et jusqu'à la mi-mai, ils tournent au S., oscillant
entre le S.-E. et le S.-O. Ce sont ces vents du S. que
les Arabes appellent semoum (poison) et khamsin (cin-
quante) parce qu'ils sont d'une chaleur étouffante et qu'ils
ne se manifestent que pendant une période qui ne dépasse
guère cinquante jours. Les voyageurs ont souvent décrit le
semoum : obscurcissement du ciel, rougeur du soleil, tour-
billons de sable aveuglants, etc. Ce phénomène serait in-
supportable s'il se prolongeait ; mais il est très intermit-
tent et ne dure jamais plus de quelques heures, pendant
lesquelles la vie extérieure est entièrement suspendue.
Il faut n'avoir visité l'Egypte qu'après le mois d'avril
pour supposer que les pluies y sont inconnues. C'est assu-
rément un des pays ou elles sont le plus rares ; elles n'en
sont pas moins une des caractéristiques de l'hiver. En effet,
pendant et même un peu au delà des deux termes de cette
saison, de fréquentes ondées s'abattent sur le littoral et
ont vite fait de transformer en marécages le sol naturel
des villes. Le Caire est bien connu pour être impraticable
aux piétons après ces fortes averses qui se renouvellent de
quinze à vingt fois dans la saison. Moitié moindres dans la
Moyenne-Egypte, elles n'apparaissent qu'à de plus grands
intervalles (une ou deux fois l'an) entre Louqsor et Assouan.
Il n'est pas tombé une seule goutte d'eau dans celte der-
nière ville en 1889. Les habitants de Suez prétendent que
le percement du canal n'a pas été sans exercer une cer-
taine influence sur les conditions climatériques de leur
région ; mais cette opinion ne repose sur aucune observa-
tion rigoureuse. Elle n'est que la reproduction de la croyance
erronée que les plantations de Meheinet-Ali avaient aug-
menté la fréquence et la durée des pluies dans une grande
partie de l'Egypte. On n'eut qu'à comparer les tables mé-
téorologiques dressées pendant l'occupation française avec
celles qui le furent quarante ans plus tard pour détruire ce
préjuge. La véritable pluie de la Hante-Egypte et du désert
c'est, on peut bien le dire, la rosée. Elle y tombe avec assez
d'abondance pendant les mois d'hiver pour fertiliser les
terrains sablonneux et permettre à l'Arabe nomade de semer
et de récolter son blé. — Un dernier phénomène très remar-
qué en Egypte, c'est le mirage. Nous savons, depuis les
explications de Monge, de Wollaston et de Biot, qu'il ré-
sulte de l'action qu'exercent sur le sol rafraîchi les basses
couches d'air brusquement échauffées. La terre paraît alors
EGYPTE
— 684 —
terminée par une veste étendue d'eau d'on émargent des lies.
Cette surir de lue qui recule au fur el .i mesure qa'on
s'avance et qui se déplace avec l'horizon, reflète limage
des objets voisins comme le ferait un lac véritable. On a a
pal oublié les cruelles déceptions que le mirage lit subir
aux soldats de Bonaparte torturés par la suif dans l'émw-
vante traversée du désert d'Alexandrie au Caire.
RÉGIME DES eaux. — Productions du sol. « L'Egypte
est un présent du Nil. » Rien n'exprime mieux que
celle réflexion d'Hérodote la dépendance absolue dans
laquelle se trouve l'Egypte par rapport à son fleuve. Si le
Fellah pouvait jamais l'oublier, il suffirait d'une faible crue
comme celle de 18!)0 pour le lui rappeler. Le Nil trop bas,
c'est la famine et la ruine. « Aussi en aucun pays, a pu dire
Napoléon, l'administration n'a autant d'influence sur la
prospérité publique. Si l'administration est bonne, les ca-
naux sont bien creusés, bien entretenus, les règlements
pour l'irrigation sont exécutés avec justice, l'inondation
est plus étendue. Si l'administration est mauvaise, vicieuse
ou faible, les canaux sont obstrués de vase, les digues mal
entretenues, les règlements de l'irrigation transgressés,
Nilomètre.
les principes du système d'inondation contrariés par la
sédition et les intérêts particuliers des individus ou des
localités. » C'est assez faire entendre que les Egyptiens ne
le laissent pas déborder comme nos fleuves dans les crues
subites qui suivent de longues pluies, mais le dirigent dans
l'intérieur des terres au moyen de canaux irrigateurs. Ces
canaux sont creusés jusqu'au pied des deux chaînes de la
vallée et se prolongent parallèlement au désert. De dis-
tance en distance, ils sont barrés de digues. Au commen-
cement de la crue, on abat successivement ces obstacles de
façon à régler l'inondation. Les eaux se déversent ainsi de
bassin en bassin et sont rendues au Nil après y avoir
séjourné le temps nécessaire. Il faut se représenter 1 Egypte
au plus fort de l'inondation comme un ensemble d'étangs
mitoyens de plus en plus élevés en raison de leur éloigne-
ment du Nil, et séparés les uns des autres par de hauts
talus. Les digues sont, en dehors des villes et des villages,
les seules terres praticables.
Leur entretien autant que celui des principaux barrages
est de la plus haute importance. L'ouverture de ces der-
niers exige surtout une très grande prévoyance, afin que
les riverains du fleuve ne reçoivent pas au delà de leur
besoin le volume d'eau nécessaire aux terres èJoigm
que celles-ci ne deviennent pas charakyeh, ou privées
d'eau. Tontes ces opérations -ont mbordonnéea i l'exacte
Connaissance du niveau des eaux, qui est donnée par le
nilomètre. On entend par la une espèce de puils gradué qui
communique ave* le fleuve et permet de noter la hausse
et la baisse des eaux comme lès échelles établies sur les
piles des ponts modernes. Ces nilomètTOS ou meqyas, comme
les appellent les Arabes, sont une vieille invention des
Egyptiens, bien qu'il n'en existe d'autres traces que celle-, de
l'ancien meqyas d'Lléphantine, qui parait être ptolérnaïque.
Le nilomètre qui donne la cote officielle du Caire est actuel-
lement celui de la petite lie de liaoudah. Sa fondation
remonte au kalife oineyyade Soleyman (an !t~ hég.); il a
subi depuis de nombreuses transformations. Il consiste en
une colonne de marbre blanc élevée au centre d'un puits
rectangulaire ouvert au Nil par une bouche pratiquée à sa
base. La colonne est graduée en i(i coudées. Iji coudée
égyptienne (340 millim.) se subdivise en six palmes de
quatre doigts. Les crues moyennes sont de 1 3 a \ 4 coudées :
les bonnes crues de 16 et 17 : au-dessus de ce nombre, il n'y
a que des crues dangereuses. Le service de l'irrigation a
établi en ces dernières années un grand nombre d'échelles
nilométriques sur tout le parcours du Nil. D'Assouan à
Siout, on n'en compte pas moins de vingt-huit. C'est à
peu près à la mi-juin que commence la crue (V. No.) ; elle
atteint le milieu de l'échelle vers le 15 août. La vidange
(sarf) des bassins d'irrigation a généralement lieu vers la
tin de septembre pour ceux qui sont compris entre Assouan
et Sohag, courant d'octobre pour la moudirieh de Siout.
A la fin de ce mois, on coupe la digue de Kocheïchah pour
les bassins échelonnés au N. de Deyrouth. Il a été prouvé
en 4889 que la coupure des bassins de la Haute-Egypte
pendant les hautes eaux n'influe pas sensiblement sur la
crue dans le Delta.
Les semailles suivent le retrait des eaux, et la végéta-
tion est alors si active que là même ou il n'existe pour
ainsi dire pas un atome de terre végétale, le seul contact
des eaux suffit à féconder le sol. Indépendamment de l'inon-
dation, un des agents les plus puissants de cette féconda-
tion, c'est la filtration due à la pression que le fleuve exerce
sur ses rives et d'autant plus énergique que le volume des
eaux est plus considérable. Au moment de la crue celte
filtration s'exerce des rives aux confins de la vallée; quand
les bassins se vident, elle redescend vers le lit du fleuve.
Il va sans dire aussi qu'elle est entretenue par les canaux
qu'alimentent le Nil et la vidange des bassins. L'utilisation
de ces filtrations sous-jacentes. ainsi que la nécessite d'éle-
ver les eaux du fleuve au moment de l'etiage. a provoqué
de bonne heure en Egypte l'invention d'appareils elevatoii es.
Ces appareils, qui suppléent à l'insuffisance ou a l'absence
de la crue, et qui sont par conséquent d'un emploi à peu
près constant et général daus toute la vallée, sont la sdkicli
— 653 —
EGYPTE
■I la chadtmf. La sakieh consiste en un chapelet de pots
m terre, plongeant successivement dans L'eu an moyen d an
treuil. Ce tranl est mis aa mouvement par on manège auquel
e>t attelé un bœul ou nn chameau. Le chadouf est beaucoup
plus simple: une longue antenne en bois flexible, alourdie
i mm extrémité inférieure d'un contrepoids en terre,
rodent suspendu, au moyen d'une perche légère, un panier
Chadouf.
de rinr ou d'osier. Cet appareil, qui bascule sur une tra-
\ei»' horizontale, fonctionne à la main. Les sakieh» et les
tkadoufs s'étagenten gradins, des bords de l'eau au terrain
osé le 'anal I remplir. Le chadouf élève à une
hauteur de 3 m. près de 50 litresd'eau par minute : dans le
même temps la sakieh en élève au double près de 300 litres,
tiit à l'irrigation de quelques feddans. A ces appareils
indigènes, il faut joindre les machines élévatoires importées
d'Europe et au moyen desquelles s'alimentent les grands
canaux $efi ou artères régionales qui servent à l'irriga-
tion des cultures du même nom. On distingue en effet quatre
genres de cultures en Egypte : 1° les cultures el-baiadi
qui se font sur les terres inondées par la crue; "2° les cul-
tures el-chetoui (ou d'hiver), qui ont lieu à la même époque,
mais sur les terres qui, n'étant que peu ou point inondées
par le Nil, réclament un arrosement artificiel; 3° les cul-
tures el— sert ou cultures d'été ; elles suivent immédiate-
ment les précédentes et tombent par conséquent au moment
des plus basses eaux ; 4° les cultures el-demiri (basses
terres) et el-nabari (hautes terres) viennent ensuite, con-
ionl-nt par conséquent avec le commencement de la crue
et n'exigent pas un arrosage aussi suivi que celui des cul-
tures sert.
(les différentes cultures produisent le blé, l'orge, le
dourah, le mais, le riz, la canne à sucre, le trèfle, le
fenu grec, la gesse, les pois, les lentilles, les fèves, les
lupins, les pois chiches, les haricots, un grand nombre
Charru-- .'gyptienne.
«le plantes potagères, presque toutes les cucurbitacées, les
plantes a graines oléifères, le colza, l'arachide, le ricin, le
. Les plantes textiles, le chanvre, le coton et le lin,
I» plantn tmctorialrn , le carthame, la garance, l'indigo, etc.
Les procèdes de culture du blé varient suivant les localités.
On le sème, dans la Saute-Egypte, aussitôt après la re-
traitedes eaux, c-à-d. en octobre. La terre à ensemencer,
que le Fellah n'atteint souvent qu'après une traversée en
radeau, est encore à l'étal de marécage. Le semeur s'y
embourbe jusqu'aux genoux et sème son grain à la volée.
Quelques jours après, dès que le sol commence à reprendre
consistance, on laboure pour enterrer la semence. La
charrue égyptienne, souvent décrite, est un assemblage de
deux pièces de buis, sous nu angle qui peut s'ouvrir ou se
fermer au inoven d'une cheville. La pièce la plus longue
sert de timon; un joug transversal lui est adapté, auquel
on attelle une couple de bœufs. La pièce la plus courte est
légèrement recourbée : un soc de fer en forme de bêche y
est emmanché. Il s'enfonce en terre à la pesée qui s'exerce
à laide d'une troisième pièce verticale également emman-
chée au timon. Cet instrument si simple n'est autre que
celui dont se servaient les anciens Fellahs, ainsi qu'on en
peut juger par les tableaux de la vie des champs repré-
sentés dans les tombes. Dans la liasse-Egypte, l'ensemen-
cement est précédé d'un premier labour. Chaque feddan
reçoit un demi-ardeb et en rend ordinairement de 4
à 7. Les meilleures terres en rendent <8 dans la Haute-
Egj pie ; les plus mauvaises 3 ou 4 dans le Delta.
La moisson a lieu de tin mars à mai, ce dernier mois dans
la Basse-Egypte, où les semailles sont également plus tar-
dives. Les blés sont arrachés à la main et transportés en
petites gerbes sur l'aire voisine, où on les délie. On les
étend ensuite en couches légères pour les hacher à l'aide
d'une machine appelée noreg ou nourag. Cette machine
se compose de deux ou trois cylindres agencés à un châs-
sis auquel on attelle des bœufs. Dans certaines localités,
on se contente de faire fouler le blé par du bétail et notam-
ment des chèvres. Le blé ainsi haché ou foulé, on le vanne
en le frappant à grands coups de fourche. La paille, pro-
jetée en l'air, se sépare d'avec le grain, qu'on passe en
dernier lieu dans le crible. L'orge se traite de la même
manière que le blé; il constitue la principale culture baiadi.
Le dourah ou blé de Turquie fait le principal aliment du
Fellah : on le sème à époques différentes, fin mai et fin
août. 11 appartient donc aux cultures sefi et nabari et
s'arrose au moyen d'un damier de petites rigoles alimentées
par le chadouf. Le dourah sefi n'exige pas moins de
cent jours d'ouvrage par feddan. Le rendement du dourah
atteint 240 pour 1 , sans compter la valeur de la paille.
Le riz n'est cultivé que dans le voisinage des lacs du
Delta, où le peu de différence entre les hautes et basses
eaux favorise l'irrigation. On le sème en avril après l'avoir
amolli et gonflé dans un bain. Le sol à ensemencer est
inondé au préalable, puis labouré par deux fois. La récolte
a lieu au mois de novembre; elle se fait à la faucille. Le dé-
piquage du riz ne diffère pas de celui de l'orge et du blé.
On l'expose ensuite au soleil pendant dix ou quinze jours;
on le décortique aa moyen d'un appareil à pilons mis
en mouvement par un manège. Ces moulins à blanchir le
riz portent le nom de oud s ils ont deux pilons et dayreh
s'ils en ont quatre. A Damiette, le dayreh blanchit un
ardebetdemi par jour; le oud moitié moins. La produc-
tion du riz est de 18 pour 1 . La canne à sucre est cultivée
dans une grande partie de la Haute et de la Moyenne-r'gvpte,
et principalement dans les provinces de Keneh, de Cirgeh
et de Minieh. La plantation a lieu en mars et en avril, la
EGYPTE
— «r,4 -
coupe en octobre pour li consommation en verf et lin jan-
vier | ■ la fabrication du niera. La culture des légunri-
in'ii^c-, dora il'' novembre ■> mare et te fait de préférence
sur les terras inondées; elle rentre conséquemmenl dans
]>' genre baiadi. La culture sefl par excellence est celle
.lu ci, ii. ii. Le coton indigène était de qualité inférieure.
L'ensemencement du coton indien, essayé avec succès en
1821 par Jumel, n'a cessé de s'étendre jusqu'à ce jour.
Les terrains indiquée pour cette culture doivent être
protégés de l'inondation par des digues et arrosés très
modérément avec le chadoufou la Bakyeh. 1-e plant dure
de deux a quatre ans. Il v a actuellement une propen-
sion à restreindre celte culture, dont la prospérité n'a dû
son succès qu'à la disparition des cotons américains des
marchés de l'Europe pendant la guerre de Sécession. La
culture de l'indigo (seli) elot la série des principales pro-
ductions de l'Egypte. Son amélioration date du gouverne-
ment de Méhémet-Ali. Il n'existe en Egypte d'autres
forêts que celles de dattiers, et l'on ne donne que par
extension ce nom aux bois de Mvt Raynefa et d'Assouan. Le
dattier est en effet l'arbre qui forme les groupes les plus
compacts dans toute la vallée du Nil, ou il croit sur les
hautes terres à la limite du désert et jusque dans les
oasis. On en distingue vingt-quatre espèces. Les meilleures
dattes sont celles d'Assouan et des oasis. Elles y commen-
cent à mûrir vers la fin de juin et tardent jusqu'à la fin
de juillet dans la Basse-Egypte. La récolte s'en fait tou-
jours avant la pleine maturité. Les Arabes mettent le dat-
tier au premier rang des bienfaits de Dieu et vantent ses
nombreux services, car tout est bon dans cet arbre béni :
le fruit, qui se partage avec le dourah l'alimentation du
Fellah et du Bédouin ; les feuilles, dont on fait des nattes
et des corbeilles ; les fibres du tronc et des grappes qu'on
tisse ou qu'on tresse en cordes de toute espèce; le tronc et
les branches qui constituent toute la charpente des maisons
indigènes, .tout en est utilisé, jusqu'aux pistils des fleurs
dont les filaments tiennent lieu d'épongés et les noyaux
qu'on brûle ou qu'on donne aux chameaux. Les arbres
indigènes sont avec le palmier-dattier, le palmier-doum,
dont le tronc lisse et dur se ramifie en deux branches et
dont le fruit, également ligneux, constitue une assez maigre
nourriture ; le sycomore, qui produit des figues sans saveur,
mais surtout utile par son bois dur et incorruptible et son
feuillage vert et touffu en toute saison; l'acacia lebekh,
qui rivalise de puissance et de beauté avec le sycomore et
que l'on a planté à profusion dans toutes les villes ; le
gommier, acacia rabougri, qui n'est productif que dans la
région du tropique ; quelques variétés de mimosas odorants,
le tamarix, l'olivier et le nopal ou cactus; quelques arbris-
seaux : le myrte, le henné dont les feuilles broyées four-
nissent une pâte tinctoriale employée dès les temps anciens;
le rosier, transplanté à la même époque, s'il n'est pas
indigène. La liste des arbres transplantés serait lon-
gue : presque toutes les essences asiatiques et quelques-
unes de l'Europe l'ont été avec plein succès. Les [dus
répandues sont l'oranger, le citronnier, le grenadier et le
jujubier. La vigne existait en Egypte dès une très haute
antiquité. Un en voit les pampres très exactement repré-
sentées dans les peintures des tombes thébaines : on sait
aussi par les écrivains classiques qu'elle était un des produits
les plus estimés par la qualité de ses vins. Elle prospéra
jusqu'à la conquête musulmane, qui lui porta le coup fatal
avec la prohibition absolue édictée dans le Coran. Méhémet-
Ali a tenté de la restaurer en acclimatant toutes les
espèces européennes. Ces essais ont parfaitement réussi
dans le Delta; mais, depuis lors, ils ont été très négli-es.
Des deux plantes qui symbolisaient en quelque sorte l'an-
cienne Egypte, le papyrus et le lotus, la première a com-
plètement disparu, la seconde est encore représentée par
quelques espèces de nymphéas.
Faune. — La similitude reconnue entre la plupart des
mammifères et des reptiles qui peuplent l'Egypte et ceux
qui peuplent la Barbarie, semble désigner cette partie ,1e
l'Afrique septentrionale comme leur habitat Quant aux
oiseaux, si quelques-uns y sont sédentaires, on ■-ait que le
and nombre n'y ont qu'un point d'attache ou de tran-
sition dans les migrations annuelles. Parmi les marnn
les animaux domestiques indigènes OU acclimatés de longue
date sont : le cheval, l'àne, le mulet, le chameau a une
qui sert de bête de somme et de course (hagi ou
dromadaire), le bœuf, le buffle, qui ne figure pas plus que
le chameau sur les anciens monuments, le mouton, la
chèvre, le chien et le chat; les animaux sauvages sont:
le loup, le renard, le chacal, l'hyène, le sanglier, la gazelle,
le hérisson, la marte, la mangouste, le lynx, la gerboise,
diverses espèces de rats et le lièvre; le bon et les grandi
félins, l'éléphant et l'hippopotame, n'ont laisse d'autres
traces de leur séjour en Egypte que celles que nous a
conservées l'ancienne religion. Les oiseaux domesnqut
la poule, la poule d'Inde, le pigeon et l'oie; autrement
nombreux sont les oiseaux sauvages, d'abord les rapaces :
trois espèces de vautours, sept espèces de faucons, quatre
espèces d'aigles, ti i d'aigles pécheurs, l'épervier,
l'oiseau le plus commun, le milan et la buse; un
nombre d'oiseaux nocturnes : l'orfraie, le grand-duc,
diverses espèces de chouettes, la chauve-souris, dont au-
cun pays ne présente une plus grande variété; presque tous
les passereaux connus en Europe ; quelques grimpeurs,
parmi lesquels le coucou . de nombreux gallinacés , les
gangas, la caille et la tourterelle, et une série d'échassiers
telle qu'il faut renoncer à l'énumérer.
Parmi les reptiles, il faut citer le crocodile, de plus en
plus rare dans les eaux égyptiennes depuis que le Nil est
sillonné de bateaux à vapeur ; la trionyx ou tortue du Nil
qu'on trouve encore dans les environs de la cataracte d'As-
souan ; l'ouaran ou monitor. lézard de plus d'un mètre de
long, qui dénonce par son sifflement la présence du
dile; le stellion, l'agame, le gecko, le caméléon, le lézard;
quelques batraciens, parmi lesquels la rainette, une grande
variété de serpents et des plus venimeux, tels que les
cythales des pyramides, le céraste ou vipère a cornes d'au-
tant plus dangereux que sa couleur ne tranche pas sur c<»lle
du sable, et l'aspic de Cléopatrc (najah), magnifique ser-
pent de o pieds de long qui se plaît dans les terrains humides
et se dresse en gonflant ses joues quand il est attaqué. I^s
couleuvres sont plus nombreuses que les serpents veni-
meux. On en compte quatre espèces, très répandues dans
les campagnes et dans les villes, où elles sont protégées
par la superstition populaire. — Les insectes de l'Egypte
n'offrent pas de séries aussi variées qu'on est tenté de le
croire : les plus communs sont les scarabées, les mouches
et les moustiques, qui, plus que les sauterelles, les arach-
nides et les scorpions, sont la plaie du pays. — Le Nil
compte plus de cinquante espèces de poissons, parmi les-
quelles il faut citer : le mormyre oxyrrhinque, mentionné
par son rôle dans le mythe osirien, poisson remarquable
par son museau allongé en forme de bec; le mochokus nilo-
tieus, de petite taille, redouté des pécheurs à cause de ses
épines, le silure électrique ou raad (tonnerre), le tétraodon
qui se gonfle comme un ballon et lance avec force un jet
d'eau, poisson tics commun au moment de l'inondation,
ou les enfants des Fellahs s'en emparent facilement
quand les eaux se retirent ; le bichir polyptère, qui est
aussi une des curiosités du Nil. « Il tient des serpents,
dit Geoffroy Saint-Hilaire. par son port, sa forme allongée
et la nature de ses téguments ; des cétacés en ce qu'il
est pourvu d'éventa et d'ouvertures dans le crâne, par
ou s'échappe l'eau qui a été portée sur les branchies,
et des quadrupèdes par des extrémités analogo
leurs, les nageoires ventrales et pectorales étant placées
à la suite de prolongations charnues. » Ce poisson est
assez rare ; on le pèche au moment des basses eaux ; sa
chair est savoureuse, et sa peau, que le couteau ne peut en-
tamer, est employée par le Fellah en ^uise d'étui. Le pois-
son dont on se nourrit le plus est le hayad, qui atteint
facilement I m. de long et qu'on débite sur les marchés en
- 643 -
EGYPTE
mm tandis. — Compilés à h fauno de L'ancienne
Egypte, telle qu'elle noua est donnée par les monuments, la
(aune actuelle n'en diffère que par l'absenw dn non, du
chien hyénoide, de l'hippopotame, de l'oryctérope el de
l'ibis sacré et par la présence du chameau, du buffle et de
la poule, introduita an Egypte par les Arabes. Le chat n'ao-
parait pas sur les monuments avant le premier empire thc-
kim. et le cheval avant la nouvel empire.
Population. Races. — 11 n'\ a pas eu en Egypte ;><'
sèment de la population depuis 18S-2. L'est le chiffre
deeeree«nsement(è,ol8,000 hab. pour la Basse, la Haute-
Egypte, l'Isthme el les Oasis) qui sert couramment de base
à toutes les statistiques officielles de l'Egypte, comme si les
s circonstances qui se produisirent depuis cette date
;it été sans exercer la moindre influence sur la popu-
lation de l'Egypte. Nous voulons parler des insurrections
d'Arabi et du Soudan, du choiera et des changements dus à
l'occupation anglaise (licenciement d'un grand nombre d'em-
ployée turcs et levantins ainsi poussés à émigrer, aug-
mentation du nombre des Européens, etc.). Onn'a pas oublié
non plus les résultats d'enquêtes spéciales, l'une du recru»
tement. qui amena la découverte de 43,307 non inscrits
sur les registres des naissances (ce chiffre élevé poui1 les
seuls districts de Eous, de Farcbout et de Keneh); l'autre
du - Ha ire de Carbieh qui, en 18X0, trouva
i enfants dou enregistrés dans cette province. Il ré-
sulte de ceci que le total du recensement officiel ne doit être
accepte qu'avec beaucoup de réserves et seulement pour
donner une idée approximative de la densité de la popula-
tion, laquelle étant ainsi de I7S hab. par kil. q., est supé-
rieure a celle de presque tous les Etats d'Europe. Elle se
cou. _ ntiens proprement dits, Masri, de liarbarins,
de Bédouins, de [un -. deJuils, de Levantins et enfin d'étran-
gers musulmans et européens. Les Egyptiens proprement
dits, qui toi nient le fond de cette population si bigarrée, se
subdivisent en Fellahs et Coptes. C'est a tort qu'on donne
aux premiers le nom d'Arabes; ils sont dans toute la force
du terme les descendants des habitants primitifs de l'Egypte.
Il >utlit. comme on l'a souvent fait, de les comparer avec
les muges de leurs ancêtres pour se convaincre de l'iden-
tité de race. C'est des deux parts la même forme de cràue
légèrement dolichocéphale, le même visage au front bas, aux
très tendus et très ouverts, aux joues pleines, à la
bouche épaisse et souriante, la même carrure d'épaules, le
même port et la même taille. Uuel voyageur n'a fait la re-
marque que les extrémités plates et carrées du Fellah reliées
par des attaches tines a des membres fortement musclés
mais un peu ^ros, sont autant de caractères propres à de
nombreu- intiques, plus fidèles qu'on ne se l'ima-
gine communément. Le croisement qui s'est opéré à la suite
de l'invasion arabe n'a pas exerce plus d'influence sur la
race indigène que les invasions qui l'ont précédée ou suivie :
la rare indigène a, par une lente absorption, toujours re-
Ïiris le dessus : ce qui a été dit des Fellahs s'applique pareil-
ement aux Coptes. Il n'existe d'autre distinction entre eux
que des distinctions sociales. Les premiers se sont conver-
tis a l'islamisme, les seconds lui sont restés rebelles, et
c'est ainsi qu'en conservant leur nom {Kopti, de Aiguptos)
et leur culte (le christianisme, qui était la religion natio-
nale avant la conquête arabe), ils se sont eux-mêmes con-
damnes comme les Juifs et les Parais a ne former qu'une
minorité opprimée et dégradée par le mépris des musul-
mans. E'est là surtout œqui explique la persistance de cer-
tains traits qui leur sont particuliers et qui résultent, comme
pour les Juifs, d'un même genre de vie et d'union trop fré-
quemment renouvelées entre mêmes familles. Les petites
communautés coptes fixées depuis plusieurs siècles dans
certain-- villes ne sent, a vrai due. elles-mêmes qu'autant
de familles, dont quelques membres sont des fonctionnaires,
quelques autres de riches commerçants, un plus grand
nombre de petits marchands, de simples sarraj ou même
de, domestiques. Les Fellahs et les Coptes BC présentent pas
de grandes différences au point de vue physique, bien qu'on
ait prétendu que ces derniers ont été plus mélanges d'élé-
ments étrangers. Les observations relatives à la couleur de
leur teint sont aussi de piètres arguments pour trancher
la question de race. Chez le Fellah, a-t-on dit, la peau devient
de plus en plus foncée à mesure que l'on remonte au S. ;
pale chez les Alexandrins, jaunâtre dans la Moyenne-Egypte,
brune dans le Saïd, elle est presque noire aux contins de
la Nubie, tandis que le Copte a toujours le teint mat et
pâle du Levantin. La vérité est que les ('optes d'Akmin et
de l.ouqsor sont aussi hauts en couleur que les Fellahs du Saïd
et qu'en tout cas ceux des classes aisées ne doivent leur
blancheur qu'a une vie renfermée et ue diffèrent pas à cet
égard des Egyptiens de race pure appartenant à dé vieilles
familles de négociants ou d'oulémas dont la vie s'écoule à
l'ombre des bazars et des mosquées.
L'Egyptienne est bien conformée et. justifie jusqu'à vingt
ans l'admiration des étrangers. De taille moyenne et bien
prise, fine d'attaches, noble et gracieuse de port et de dé-
marche, elle doit surtout sa beauté à un ensemble de qua-
lités physiques entretenues par l'activité de sa vie et la
liberté de sa mise. Mais, après quelques années de mariage,
ses traits s'étirent, son teint perd toute sa Heur, sa poitrine
tombe et il ne lui reste d'autre ressource que le fard, dont
elle fait un emploi qui no s'arrête ni à la dernière misère,
ni à l'extrême vieillesse.
Les Barbarins ou Barabrah (pluriel du mol Berberi) oc-
cupent les petits villages voisins de la première cataracte
ou ils ont émigré de la Nubie, leur véritable patrie. Ils se
distinguent des Egyptiens par des traits plus fins, une
peau plus semblable par sa couleur à celle des nègres du
Soudan. Tenus par les Egyptiens au dernier degré de l'échelle
sociale, exclus avec mépris de la conscription et des emplois
les plus minimes, ils ne sont astreints qu'à l'impôt. Le Fel-
lah est surtout agriculteur; le Barbarin est marinier. Pen-
dant que sa femme vaque aux travaux des champs et de la
maison, il rame sur les grandes daahiehs de transport qui
font le transit de la première à la deuxième cataracte. Il n'est
pas de meilleur pilote pour diriger une barque au milieu
des brisants. Les derniers événements du Soudan et la sus-
pension du droit de navigation sur le Nil nubien poussent
de plus en plus les Barbarins à chercher leur vie dans les
grandes villes. Mais ceux qui savent quelques mots d'arabe
arrivent, grâce à une réputation d'honnêteté surfaite et
surtout à leur bonne tenue et à leur intelligence, à sup-
planter sans peine les Fellahs dans tous les emplois de la
domesticité. Les Bédouins, qui seuls ont conservé purs le
sang et les mœurs arabes, habitent les terres voisines du
désert, qu'ils traversent sans cesse, allant d'une oasis à
l'autre. C'est à tort qu'on les appelle nomades et surtout
qu'on étend à tous cette dénomination. Les moins séden-
taires ont toujours un point d'attache, la terre qu'ils cul-
tivent ou font cultiver, où restent fixées leurs tentes et où
paissent leurs troupeaux. Ces tribus, tout en gardant les
vieilles mœurs bédouines, n'écument plus le désert comme
par le passé et se résignent à vivre de l'élève du bétail, de
la culture et du trafic des produits de leurs petites indus-
tries. Mais le plus grand nombre ont depuis Méhémet-Aii
résolument accepté la vie et la condition des Fellahs. La
plupart des villages de la Moyenne-Egypte et notamment de
la rive droite du Nil, ne sont peuplés que de ces Arabes,
qui descendent des tribus turbulentes dont Jomard (Des-
cription de l'Egypte, t. I) nous a laissé un si vivant
tableau. C'est tout au plus si d'une année à l'autre un
crime retentissant ou le pillage d'une esbeh réveille le sou-
venir de leur ancien brigandage. Le désert arabique abrite
encore dans le voisinage de l'Attakali une tribu arabe tout
à fait réfractaire à la vie policée : c'est la féroce tribu des
Haoutàt, que les autres tribus bédouines désignent elles-
mêmes du nom de llarami, « brigands ». Plus au S-, dans
le vaste territoire qui forme l'ancienne Troglodytique, se
trouvent les Ababdeh elles Bicharis qui, pas plus que les
Barabrah, ne sont apparentés avec les Arabes ou avec les
Fellahs. Fixées depuis longtemps dans ces déserts, ces
EGYPTE
— 056 —
tribus sont relias que 1rs voyageait greCI désignaient du nom
de Blemmyes et de Troglodytes. Leur accoutrement, leur
langage et leurs mœurs four donnent une physionomie tout
s faite part. La population étrangère <)'-s villas est essen-
liellemenl mobile : l'élément oriental se compose de 10 a
12,000 Turcs, d'un tiliis grand nombre encore de Levan-
tins et de 6 ou 7,000 Juifs. Il va sans dire que cette po-
pulation se compose d'individus appartenant à toutes les
(lasses sociales; les Turcs eux-mêmes n'y sont pas tous
beys ou pachas ; mais la plupart sont chawich (garda el
courriers) dans les ministères ou petits marchands ou cafe-
tiers. I.a population européenne est évaluée par le recen-
sement de 1882 de la manière suivante : Grecs, 37,300;
Italiens, 18,600 ; Français, 15,716 ; Anglais, 6,118 ; Aus-
tro-Hongrois, 8,000; Allemands, îi.'iO ; diverses nationa-
lités, 2,959.
La société. Moeurs et coutumes. — L'organisation
sociale des musulmans d'Egypte repose sur le principe de
l'égalité de tous ses membres. Elle n'admet en droit ni
aristocratie, ni esclaves. Ce qui constitue une aristocratie,
c'est la transmissibilitè des immunités. En Egypte comme
en Turquie, elles sont essentiellement viagères. Les titres
de bey et de pacha, les seuls qui semblent impliquer une
idée analogue aux nôtres, sont des honneurs que le sultan
confère à une personne, jamais à une famille. Pas plus que
les décorations et les fonctions, on ne peut les transmettre
par héritage. L'esclavage est légalement aboli, mais ne le
sera en fait que le jour où les mœurs musulmanes se
seront entièrement affranchies des préjugés du harem.
C'est en effet le harem plus encore que les travaux des
champs qui absorbe la plupart des esclaves achetés en
Egypte et qui est la barrière à laquelle se heurtent les
tentatives des puissances européennes pour l'exécution des
décisions arrêtées en congrès. Au reste, il faut se bien
garder de comparer l'esclavage en pays musulman à ce
qu'il était en Amérique. Consacré, mais aussi tempéré par
la foi religieuse, il diffère à peine de la dépendance dans
laquelle le Fellah libre, mais ne possédant rien, se trouve
vis-à-vis de son chef ou de son patron. La polygamie, cette
autre anomalie de la vie orientale, est, comme l'esclavage,
autorisée et réglée par le Coran, qui sauvegarde par des
prescriptions très nettes les droits de la femme. Il s'en
faut, d'ailleurs, qu'en Egypte elle atteigne les mêmes pro-
portions qu'à Constantinople ; car, outre la difficulté de sub-
venir aux frais considérables qu'entraîne la pluralité des
harems, il est facile de constater dans la haute et la
moyenne société égyptienne une tendance marquée à se
rapprocher en cela des mœurs européennes. Quant à la basse
classe, elle élude les lourdes charges de la polygamie en
usant du droit de répudiation et de divorce qui s'accorde
avec une surprenante facilité. La seule formalité à remplir
consiste à restituer la dotation de la femme, c.-à-d. un
méchant mobilier et quelques guinées.
L'influence de l'Europe se fait de plus en plus sentir en
Egypte dans l'éducation et l'instruction des enfants, dans
la mise extérieure, dans l'aménagement et l'ameublement
des maisons, dans la façon de recevoir ses hôtes, le choix
des aliments, la manière de les manger, etc. Cette lente
révolution des mœurs s'opère surtout dans le monde admi-
nistratif et politique en contact perpétuel avec l'élément
européen. La société religieuse, les commerçants et le
peuple restent tidèles aux vieilles habitudes qui leur pa-
raissent, à tort ou à raison selon les cas, faire corps avec
la loi du prophète. Le costume indigène n'est porté, à pro-
prement parler, que par le Fellah : il se compose d'une
sorte de calotte en feutre ou en cotonnade qui épouse exac-
tement la forme du crâne et d'un long sarrau teint en
indigo. Le Fellah le complète d'une chemise et d'un caleçon
en coton blanc, d'un gilet rayé de couleurs vives et de
babouches terminées en pointe, empruntés originairement,
avec le turban, la galabieh et le caftan, aux Arabes, aux
Persans el aux Turcs. Ces derniers vêtements constituent
la mise de la classe moyenne et des oulémas. Ceux-ci ne se
distinguent en rien des laïques. Lei MfJtl distinctions
observées dans la mise orientale rendent dan-, la cooJeor
du turban. Les soi -disant descendants ita prophète le
portent vert et les Coptes brun ou unir. Les Egyptiens
vêtus à l'européenne ont néanmoins conservé le tarbouch.
Les fonctionnaires portent, quel que soit leur rang hiérar-
chique, une Borte de redingote noire .i collet noir qui
s'appelle la stambouline et dont le port est aussi de rigueur
pour les Européens au service du khédive.
L'habitation du Fellah moderne ne diffère pas de celle
du Fellah de l'antiquité. C'est toujours la maison en brique
crue ou en pisé, forme.' de la réunion de petites chambres
très basses et mal éclairées autour d'une ou de plusieurs
cours. Telle nous la voyons dessinée mm les parois des
tombes ou bien réduite aux proportions d'un ex-voto, telle
nous la retrouvons dans les faubourgs et villages, meublée de
quelques coffres, de nattes d'alfa, et fournie d'une gi
vaisselle en bois ou en terre qui n'est aussi que la repro-
duction inconsciente des ustensiles les plus anciens. Le
Fellah n'y pose que pour dormir; il part des l'aurore pour
le chadouf ou la charrue et ne reparaît que le soir. La
femme est l'âme delà maison. Elle y vaque aux petits soins
du ménage, au milieu de ses vieux parents, de sa mar-
maille bruyante et de son bétail. C'est elle qui cuit les
aliments, fait le pain de dourah, coud de gros points le
linge de coton dont s'habille toute sa maisonnée. \jh plus
souvent accroupie dans un coin de la cour, elle ne craint
pas, comme la citadine, d'affronter les regards du pensant.
Son yabrah de cotonnade bleue franchement rejeté en
arrière ne cache que sa chevelure finement tressée et lui-
sante d'huile de ricin. On distingue sans peine le maquillage
au kohol de ses sourcils et de ses cils, le tatouage à l'in-
digo de son front et de son menton, sa robe d'indienne
serrée au-dessous des seins, les colliers et les bracelets d'or
mal soudés et travaillés au repoussé, et la verroterie de Venise
qui complètent sa parure. Elle n'est jamais si belle que
lorsqu'elle s'avance d'un pas assuré, son amphore |>osée
sur la tète et maintenue d'un geste gracieux. La femme de
condition aisée reste toujours pour l'étranger une sorte de
créature mystérieuse dont les formes disparaissent dans un
ample yabrah de soie noire qui l'enveloppe comme un sac.
Un voile étroit et long, noir ou blanc, uni ou brodé,
attaché au-dessus des oreilles et retombant jusqu'aux pieds
ne laisse paraître que les yeux rendus plus vifs par le
contraste et surtout par un ingénieux maquillage. Pour
cette femme, il est aussi du meilleur ton de cacher dans
les plis de son voile ses doigts barbouillés de henné. Sous
cet accoutrement, on a peine à reconnaître les dames de
leurs servantes qui les accompagnent dans les rares
courses qu'elles font à pied. Les princesses et les dames
de haut rang sont vêtues à la turque.
L'Egyptien est surtout homme de loisirs; ouvrier ou
paysan, il a de la peine à se mettre en train. Le bâton
auquel on attribue tant de prodiges n'a plus grande action
sur son échine endurante. Marchand, il ne se donne aucune
peine pour écouler ses denrées, ne poursuivant jamais, mais
attendant la fortune; fonctionnaire ou commis, il se sur-
mène encore moins, n'étant retenu que le matin à ses
affaires. Passé une heure de l'après-midi, la vie publique
et administrative s'arrête. Chacun regagne ses appartements
ou son harem. Les rues deviennent bientôt désertes jusqu'à
quatre ou cinq heures, selon la saison. Pendant cette inter-
ruption de la vie, semblable à celle de la nuit, les visites
sont messéantes. C'est seulement une heure avant le maghreb
que l'animation reprend, que les relations mondaines, la
promenade recommencent. C'est alors le moment propice
pour admirer les grandes villes d'Egypte dans tout leur éclat
et toute l'intensité de leur vie. L'Egyptien est très sociable:
il aime les longues visites où l'on n'échange que d'intermi-
nables politesses, les festins qui se donnent en toute occa-
sion, les rencontres à la promenade, an bain, les réjouis-
sances publiques. On le voit accompagné d'anus dans tontes
les foules, sur le passage du inalunil pour assister au départ
— 651
EGYPTE
ri au retour da Tapis. aux abords du palais khédiviallejour
•lit Courbara Baïram, à la cérémonie de l'ouverture du
khalig. h la foire do Mouled en Nebi (de la naissance du
prophète). Tout est pour lui prétexte à fêtes : le Sham «'1
Nessim, l'anniversaire de tous le> saints vénérés dans les
divers quartiers des grandes villes, le Ramadan, les ma-
ta circoncision el jusqu'aux enterrements. Il aime
la musique el s'attarde a écouter, plongé dan-- une douce
. les improvisations qu'accompagnent sur la cithare
et le tambourin des chanteurs à la voix dolente et nasillarde,
bans aucun pays, la musique n'est aussi étroitement asso-
ciée a tantes les manifestations de la vie populaire. Elle
a sa place non la moindre, en tenues les cérémonies pru-
nelles ei. survivance îles mœurs antiques, elle est
l'accompagnement indispensable de ions les mouvements
d'ensemble, de toutes les manœuvres. S'agit-il de tramer
un fardeau, de monter la vergue on simplement de laver le
pont d'un bateau, une Bute et un tambourin sont toujours
la peur rythmer la cadence. L'Egyptien Limite aussi très
vivement les romans poétiques que îles conteurs, formant
une sorte de corporation, rapsodientJa nuit, aux portes
- 1 .1 danse est le plaisir des adolescents. Elle ne
ble en rien à ce qu'on voit chez nous; elle consiste
simplement en une marche expressive el mimée. La gravité
des hommes mûrs ne s'accommode que da rôle de specta-
teurs, niais elle ne se déplaît pas aux danses lascives des
aimées. Ces aimées ne sont plus les célèbres danseuses du
temps jadis qui ne se prodiguaient que chez les sultans et
les pachas, mais de vulgaires baladines formant une sorte
-te ou plus exactement appartenant à celle qui
fournit l'Egypte de montreurs de singes el de psylles. Elles
vont de fête en l'été, mais résident d'ordinaire en quelques
villes de la llaute-K.ypie. notamment à Esné, ou leur
ration fut réléguée par Abbas Pacha. (■. B.
Géographie politique et économique. — Goi ver-
hmert. — L'Egypte forme une vice-royauté vassale de
l'empire ottoman. Les rapports politiques de l'Egypte avec
la Porte ont été réglés par les traites de l*iO et 1841,
ainsi que par le hatli-cherif du 18 levr. et le firman du
l'r juin 1841, concédant à la famille de Méhémet-Ali
le gouvernement héréditaire, transmissihle à l'alné de
la famille, selon la loi musulmane. La transmissibilité
en Gis, pai dérogation a cette loi, a été concédée
au grand-père du vice-roi actuel (Abhas Pacha, 1892) par
un irade du 19 moharrem 1283 (17 mai lXijii), en échange
d'une augmentation d'un tiers du tribut annuel. Ce prince
obtint également, par un firman de juin 1807, la substi-
tution du titre de khédive (seigneur) au titre de pacha ou
vice-roi que ies puissances étrangères lui donnaient dans
s diplomatiques. Le même firman, conservant au
sultan le droit d'investiture, reconnaissait au khédive le
droit de rendre la justice, de percevoir les impôts, de battre
monnaie tau nom du sultan), de lever des troupes n'excé-
dant pas dix-huit mille hommes, sauf le cas de force ma-
jeure, ou, plus exactement, les besoins de la Sublime-Porte,
ait le droit de faire appel aux contingents
égyptiens; d'avoir nue Hotte limitée, sauf autorisation spé-
liale: de conférer, dans le civil el le militaire, jusqu'au
grade de bey ou colonel. A ces pouvoirs, le tirman de juin
jouta eelui de conclure de-, traités de commerce et
fie percevoir d>-s droits île douane. Le firman d'investiture
du prince Tewfik (14 août lx7'.l) a, de nouveau, précisé
le* droite et les obligations dn gouvernement khédmal en des
termes qui ne permettent aucun doute sur les prétentions
de la Porte a ne pas laisser dénaturer sa suzeraineté. Les
impôts devront être levés au nom du sultan; les Egyptiens,
ses sujets, ne devront pas être opprimés; si le Khédive a
toute faculté d'établir des règlements intérieurs, il ne
pourra, en revanche, contracter ou renouveler de eonven-
ur saris porter atteinte aux traités poli-
du gouvernement impérial, ni à ses droits de sou-
veraine- ..-nt ions devront être communiquées à la
Sabtime-Porte après bue promulgation. De plus, le khédive
GRANDE ENCYLLOPhDIE. — XV.
ne pourra contracter d'emprunts que pour le règlement de
la situation financière antérieure et d'accord avec, les fon-
des de pouvoir des créanciers (V. QoBSTION d'Ohient,
S Affaires d'Egypte), ne devra abandonner aucun des pri-
vilèges accordés a l'Egypte, ni de son territoire, seul droit
èmanantde la prérogative impériale, payera le tribut annuel
fixé à 750,000 livres turques, frappera, comme par le passé,
monnaie au nom du sultan, enfin, en ce qui concerne
l'organisation militaire (effectif et hiérarchie), devra se
conformer aux termes des anciens traités. Notons aussi
une clause relative a l'interdiction d'élever des forteresses
blindées.
l.e gouvernement du khédive était, jusqu'à l'immixtion
de l'Europe, un gouvernement absolu dans toute la force
du terme, malgré l'apparence constitutionnelle que lui don-
naient deux assemblées, l'une composée de délégués cen-
sément élus par les provinces {meglis rhora-en-nouab) ;
l'antre, le conseil privé (mrglis khossaussi), de sept mem-
bres nommés par décret ; l'une et l'autre n'ayant, au fond,
que des attributions purement, consultatives. La chambre
élue ne s'est affranchie de cet état de subordination, vrai-
ment trop consenti par les mœurs orientales pour être cho-
quant, qu'a la faveur des troubles provoqués par les
désordres d'ismail. Elle n'en resta pas moins, en cette
circonstance, un instrument aux mains d'Ismaïl, préoccupé
d'abriter ses décisions derrière un simulacre de consulta-
tion du pays, comme, deux ans plus tard, aux mains d'Arabi.
actuellement, le conseil législatif, le seul qui subsiste de
la constitution de 1866, se compose d'un président, de
deux vice-présidents, de douze membres permanents (dont
le grand cadi et le patriarche grec) et de seize membres
élus, un par Le Caire, un par Alexandrie, le reste par
chacune des moudiriat ou provinces. Il délibère sur
les affaires intérieures du pays ainsi que sur les projets
que le gouvernement croit devoir lui soumettre. Le résul-
tat de ses délibérations est soumis à l'approbation du
khédive.
Le khédive Tewfik était, en quelque sorte, résigné au rôle
de souverain constitutionnel, abdiquant la plus grande par-
tie de ses pouvoirs aux mains de son conseil des ministres,
dont il se bornait à contresigner les décisions sous forme
de décret. Ce conseil est composé des secrétaires d'Etat
préposés aux sept départements de l'administration égyp-
tienne et assistés dans leurs délibérations de deux conseil-
lers, l'un financier, l'autre judiciaire, exerçant, en fait,
l'un et l'autre, le contrôle au nom de la nation occupante,
bien que nommés par le khédive et assimilés comme tels
aux fonctionnaires égyptiens. Un troisième fonctionnaire,
le directeur général de la sûreté, a été momentanément
admis à prendre part aux délibérations du conseil.
Administration. — Les sept départements de l'adminis-
tration sont : les affaires étrangères, l'intérieur, les tra-
vaux publics, les finances, la justice, la guerre et l'ins-
truction publique. Le ministère des affaires étrangères se
compose d'un ministre, d'un sous-secrétaire d'Etat, d'un
directeur des bureaux, d'un maître des cérémonies et de
six secrétaires ou sous-secrétaires ayant le titre de bey
(en tout 5 fonctionnaires européens). Le ministère des
finances ayant à sa tète un ministre, un sous-secrétaire
d'Etat et un conseiller financier (anglais), comprend avec
le cabinet du conseiller financier les services suivants : 1° la
direction du secrétariat (service central, économat central,
caisse centrale, bureau de traduction, imprimerie natio-
nale); la direction de la correspondance arabe, le service et
la perception des contributions indirectes, l'inspection des
finances; tous ces services forment une sorte de direction
générale, désignée sous la rubrique de secrétariat général ;
"1" la comptabilité générale de l Etat dirigée par un con-
trôleur et subdivisée en secrétariat, trésorerie, comptabilité
centrale, comptabilité des travaux publics, comptabilité du
Soudan et pensions; 3° les contributions directes avec un
contrôleur, deux sous-directeurs et un directeur des im-
meubles libres de l'Etal (en tout J!t fonctionnaires euro-
42
EGYPTE
- 658 _
beau dont 7 anglais). Par raite de la suppression dea
Dairali Baladiefa «lu Caire el d'Alexandrie, le ternes et
la perception des contributions indirectes ont été rattaché
aux gouvernorats de ces «lfu\ villes a partir du i,rjanv.
1892. L'intérieur (ministre et sous-secrétaire d'Etat)
comprend : 1° l'administration centrale ; 2° la divi-
sion de la sécurité publique; 3° l'inspectorat général des
prisons ; 4° le service de la répression de la traite;
a0 l'administration des services sanitaires et d'hygiène pu-
blique (24 fonctionnaires européens dont 12 anglais).
Les travaux publics (ministre, sous-secrétaire d'Etal,
secrétaire général) comprennent : 1° l'administration cen-
trale : service administratif et service technique; 2° la
direction générale des villes et bâtiments ; 3° l'inspection
générale des irrigations divisée en cinq cercles; 4° la direc-
tion générale des musées et des touilles (32 fonctionnaires
européens dont 17 anglais). La justice (ministre et sous-
seorétaire d'Etat) est divisée en deux directions, la direc-
tion européenne et la direction indigène (5 fonctionnaires
européens). La guerre comprend, avec le cabinet du mi-
nistre et du sous-secrétaire d'Etat, l'état-major général
dirigé par le sirdar, le service de l'adjudant général, celui
du recrutement, la cour martiale permanente, l'intendance
générale et le service médical (12 officiers généraux ou su-
périeurs anglais sur un total de 18, sans compter le com-
mandement des troupes ; V. § Armée). L'instruction pu-
blique, représentée par un certain nombre d'établissements
suffisamment organisés, est administrée par un ministre
assisté de six hauts fonctionnaires, dont trois européens.
Le contentieux de l'Etat est divisé en quatre directions,
dont une à Alexandrie et auxquelles sont préposés quatre
conseillers khédiviaux (15 fonctionnaires européens). A
ces grands services administratifs, il faut joindre l'admi-
nistration générale des i>a/t/'(absolument fermée aux Euro-
péens) chargée d'administrer les biens de mainmorte
consistant en dotations pieuses affectées aux mosquées et
jouant dans l'aflectation d'une partie de ces revenus le rôle
d'un véritable ministère des cultes. Un comité de conser-
vation des monuments de l'art arabe rattaché aux vakf
comprend parmi ses membres un certain nombre de nota-
bilités étrangères à la religion musulmane.
Administrations affectées au service de la dette.
Ce sont: 1° la commission de la caisse de la dette publique,
composée de six commissaires délégués par l'Allemagne,
l'Autriche, la Erance, la Grande-Bretagne, l'Italie et la
Russie ; 2° l'administration des domaines de l'Etat, dirigée
par trois commissaires délégués par la Erance, l'Angleterre
et l'Egypte ; 3° l'administration des chemins de fer, des
télégraphes et du port d'Alexandrie : trois commissaires
(Angleterre, Erance, Egypte) ; 4J l'administration de la
Dairah Sanieh : un directeur général indigène, deux con-
trôleurs généraux (Erance, Angleterre). Ces trois adminis-
trations comportent, indépendamment du service central,
un nombreux personnel d 'ingénieurs-constructeurs, méca-
niciens ou agronomes, d'inspecteurs de toute sorte, d'agents
émargeurs, etc.
Divisions politiques actuelles. — En 1875, la conquête
du Soudan avait porté l'étendue du territoire khédivial a
2,850,000 kil. q. ; l'insurrection mahdiste, victorieuse
malgré l'héroïsme des troupes des généraux llicks, Baker
et (iraham a ramené l'Egypte non pas précisément a ses
frontières naturelles, mais à la partie de la vallée du Nil
comprise entre l'embouchure du lleuve et la deuxième
cataracte, c.-à-d. formée par l'Egypte proprement dite et
la Basse-Nubie.
Les deux grandes divisions de l'Egypte sont : la Basse-
Egypte (Beherah) et la Haute-Egypte (Saïd). Chacune de
ce-; parties est divisée en sept provinces (immdiritit .
plur. de ■moudirieh).
Basse-Egypte: Kalioubieh, oh.-l. Benha el Asal: Char-
kieh, ch.-l. Zagasig; Dakhalieh, ch.-l. Mansonrah ; Ghar-
bieh, ch.-l. Tantah; Menoufieh, ch.-l. Chibin el Kom;
Beherah, ch.-l. Damanhour: Gizeh, ch.-l. Gizeh.
Haute-Egypte : Béni Soaaf, ch.-l. Rem Sonef; l lyotm,
ch.-l. Medinet el layoum ; Minieh, ch.-l. Minieh; Biont,
ch.-l. Sioul ; Gireeh, ch.-l. Sohag : E nanti, ch.-l. Keneh ;
Frontière, ch.-l. Eané el Onadi llalfa.
Les mondirial sont administrées par des préfets ou
moudir résidant dans le ehef-lien et subdivisées est dis-
tricts (maraks» ou aksdm, plur. de marital et faim).
Le sous-préfst ou chef de district parle le nom & mu-
mour, personnage résidant dans le Ixmdar ou grand
marche de la provinee.
Les autres subdivisions de la moudirieh sont : la nalneli
(plur. nawahi), ville on village possédant one circonscrip-
tion territoriale analogue a celle de nos cantons; IVtséan
(plur. 'ezuh), village généralement formé par des groupes
d'habitations d'ouvriers agricoles; hnazleh (plur. nozal).
village de nomades ou primitivement habite par des no-
mades; la khelweli (plur. khelwat) formée originairement
comme lieu de retraite par des personnes pieuses, etc.
Le Caire, Alexandrie, Souakin , Rosette. Daraiette,
Suez, le canal de Suez, Kosséir et El Arisch forment des
gouvernorats (moafz<is) indépendants des moudiriat et
administrés par un mohatiz ou gouverneur. Le nombre des
villes, villages et bourgades est de 13,1 15.
Moudiriat : 1° Kalioubieh (271,391 hab.). Superfi-
cie : 217,198 fedd. (912ki422). Productions : cotons,
céréales , oranges et citrons. Ch.-l. Benha el Asal
(11,796 hab.). Villes principales ou chefs-lieux de district:
Kalioub, Touk el Melek, Chibin el Kanater.
2° Charkieh (40i,655 hab.). Superficie: 558.061 fedd.
(2,344ki319). Productions : cotons, céréales. Industrie :
égrenage du coton, moulins et presses à sucre. Ch.-l. :
Zagazig (19,815 hab.). Tribunal indigène. Villes princi-
pales : Belbeis, Min el Kom, El Arine, El Ibrahùnieh, El
Sawaleh.
3° Dakhalieh (380,033 hab.). Superficie: 573.975 fedd.
(2,411 kil. q.). Productions: coton, céréales. Industrie :
égrenage, presses et moulins, tissus et broderies. Ch.-l.
Mansourah (30.439 hab.). Tribunal mixte. Villes princi-
pales: Soumbellaouin, Mit Samannoud, Mit Ghamr, Eares-
kor Ockcriifis
4»Gharbieb (929,488 hab.). Superficie: 1,443,103 fedd.
(6,002k''483). Productions : coton, céréales, fourres
légumineuses. Industrie : égrenage et presses. Ch.-l. Tan-
tah (33,730 hab.), renommée par ses foires. Mosquée de
Satd Ahmed el Bedaoui très importante. Tribunal indi-
gène. Villes principales : Kafr es Saiat, Mehellet el Kebir.
Samanhoud, Rallim, Chirbin, Dessouk, El Ga'farieh, Kafr
el Cheik, Ziftah, Nabaroh.
5° Menoufieh (646,000 hab.). Superficie : 398,9*1 fedd.
(1.665kli793). Productions : cotons, céréales. Peu d'in-
dustrie. Ch.-l. Chibin el Kom (16.337 bah.); Menouf,
Acbmoun, Birkel el Sab, Tala.
6° Beherah (398,860 hab.). Superficie : 374.563 fedd.
(2,413kll768). Productions: cotons, graines oléagineuses,
riz, céréales, canne à sucre, salines et nation. Industrie:
égrenage de coton et tissus variés. Ch.-l. Damanhour
(19,6*0 hab.); Atieh, Abou llommos. Choubrah Kbit. Il
Delingat. El Net>hilah.
7° Gisefa (2s':!.iiS(l hab.). Superficie : 227,661 fedd.
(936k'i365). Productions : fourrages, légumineuses, céréales,
bois important de palmiers. Ch.-l. Gizeh (13,339 hab.) ;
Gheziret Embabeh, Kafr el Dessami, El A'iat.
8° Béni SouelV-H 9.370 halO. Superficie :29(L62* fedd.
(l,2S0k*879). Productions : céréales et coton. Ch.-l. Béni
Souef (11,076 hab.). Tribunal indigène. Deba el Kobra.
Zaouiet el Masloub.
9° Payoum (228,709 hab.). Superficie : 303,988 fedd.
( l ,976k*989). Productions : cet sales, légumineuses, graines
oléagineuses. Industrie : égrenage. dècortieage, parfume-
rie, vannerie. Ch.-l. Medinet el Payoam (27,996 hab.).
Manhés importants : Sannonrès, Tobhar.
10° Minieh {316,818 hab.). Superficie : ',76.021 fedd.
(1 ,999*1683). Productions: coton, céréales, cannes à sucre.
— 689 —
EGYPTE
Industrie : sucreries très importantes de la Oairah Sanieh.
moulins et presses, tissus de laine. Ch.-l. Minieli
ilT.t 15 hab.). Villas principales : Aha'l Warf,El IVchn,
■a'saret SamalouL
II» Siout (569,137 hali.'). Superficie: 817,658 fedd.
(•2.17 '.-'*. 593). Productions : mton, céréales. Industries :
sellerie et cordonnerie indigène très renommées; industrie
de l'ehène et de l'ivoire, tissus, céramique décorative très
répandue en Egypte. Ch.-l. Sioul ou Vsiout (81,575 hab.).
le la division de police de la Haute-Egypte et d'un
tribunal indigène. Tète de ligne méridionale du chemin de
kr. Port important sur le Nu. Villes principales: Ahnouh,
Abouti.. DéiTOUt, Sadafa. Mallawi, Manfalout, liodah.
.ir,e!i (531,413 hab.). Superficie : KM, 978 fedd.
(1,686 kil. q.ï. Productions : céréales. Ch.-l. Sohag
(11,718 hab.). \ illes principales : Girgeh (belles mosquées,
ancien ch.-l.). lama, Tahla. Hardis. Aklnniui (moulins,
tissus de coton pour tentures), Menchvdi. Kellianeh.
|3°Keneh (406.860 hab.). Superficie : 385,631 fedd.
I. Productions: coton, céréales. Industrie : fa-
briques de sucres, tissus, gargoulettes. Ch.-l. Keneh
85 hau.). Tribunal indigène, commerce important
taire et les porta de la mer Ronge : un des anciens
aaam hés d'esclaves. Mlles principales : Dechna, Farchout,
Louqsor (anc. Thèses).
Jusqu'à ces dernières années, la moudirieh la plus méri-
dionale était celle d'I'.sné. avec Bsné ponr chef-lieu, et
s'étendait juvjif.i Issooan. Elle a été d'abord démembrée
et rattachée partie à la moudirieh de Keneh, partie au oom-
mandenient de ta frontière, puis rattachée tout entière à
ce commandement y compris le district d'Edfnu détaché de
• la moudirieh de Keneh.
Commandement de la frontière. Il s'étend depuis
Sarras. a environ "20 kil. au S. de Ouadi llalfa, jusqu'à
Herment, e.-4-d. englobe la moitié de la vallée du Nil
égyptien. Villes principales : Bsné (10,500 hab.), fabri-
ques de sucres de la Daurah Sanieh ; Salmieh ; Edfou, grand
temple: Assouan ou mieux Açoilân (l'ancienne Syène),
6,000 hab., bois de palmiers, port important sur le Nil,
chantier de carénage, garnison, petit chemin de fer pour
le transit de la cataracte. Les liée principales de la pre-
mière cataracte sont : Ceziret Assouan (l'ancienne Elé-
phantine), ruines, petit village; Selnul. rochers couverts
d'inscriptions: Philo?, ancien sanctuaire d'Isis, très célèbre
à l'époque des Ptolémées et des empereurs, temples admi-
rablement conservée ; Begheh, ruines, village barbarin.
meipalee villes comprises entre la première et la
deuxième cataracte, qui ne sont, à vrai dire, que des
- nubiens sans autre intérêt que les antiquités, sonl
halabcheh, l'ancien Talmis : Dakkeh. l'ancien Pselchis ;
Korosko, sur la rive droite du Nil. clef d'une des plus
importantes routes du Soudan, à sept jours d'Abou Ahmed,
garnison, petite colonie grecque: Derr, A hou Simbel ou
fsainboul. deux grands temples creusés dans le roc, très
célèbres; Ouadi llalfa (3,450 hab.). prend chaque année
de l'importance depuis que le miralai, commandant la
défense, y a établi son quartier général. La plus forte
garnison de l'Egypte après celle du Caire. Forts avancés
reliés au camp retranche par un chemin de fer. Les oa»is
ie B Farafrah (ch.-l. Kl Faralrah) et de Waliat el
Baharieh (ch.-l. Ka*r) dépendent du Favoum: Wahat el
D.iklah (ch.-l. kasr) et Wahat el Khargcli (ch.-l. El Khar-
dépendent d'Asiont.
Religion. — ]j religion d'F.tat est l'islamisme. L'auto-
rité suprême du sultan, héritier du khalifat . est plutôt
nominale que réelle. Les véritables détenteurs de l'autorité
religieuse sont les oulémas ou docteurs qui, à raison du
double caractèrp de leur mission civile, et religieuse, se
divisent en imans (prêtres) et en cadis (juges). Les imams
sont cheiks (chargés dp la prédication) ou khatibs (chargés
de la prière le vendredi). Une autre classe d'imams, tout a
fait distincte du corps des oulémas, vaque aux soins maté-
riels du culte et notamment aux cérémonies relatives aux
mariages et aux enterrements. Ces imams ne perçoivent que
de très faibles salaires et exercent généralement en dehors
du culte une profession OU un métier. A la mosquée, ils l'ont
fonctions de muezzins, C.-à-d. annoncent cinq l'ois par jour
la prière à la porte OU sur la plate-forme du minaret, font
fonctions de kaims en veillant à l'ordre intérieur et à la
propreté du sanctuaire. L'Egypte, comme tous les Etats mu-
sulmans, possède aussi des tekkés ou couvents de derviches.
A côté de l'islamisme, l'exercice de toutes les religions est
entièrement libre. On peut même dire qu'il n'est pas de pavs
ou elles soient plus complètement représentées. L'Eglise
grecque et ses trois fractions, l'Eglise arménienne, les six
groupes formant l'Eglise latine (Latins, Grecs-Unis, Syriens,
Maronites. \rméniens-Unis, Coptes-Unis), toutes les formes
du protestantisme, les Coptes et les Israélites, ont des cha-
pelles ou des couvents dans tout le pays. G. 11.
Justice. — Il existe plusieurs ordres de juridiction :
tribunaux indigènes, mixtes et consulaires. On sait que
les musulmans n'établissent aucune distinction entre la
loi civile et la loi religieuse, cette dernière étant pour eux
le fondement de toute législation (V. Droit musulman,
t. XIV, p. H 05). Leur code c'est le Coran, ou plus exac-
tement la Cheriai qui comprend, outre le Coran, la Sonna
(tradition), V Egmah-y-Ummet (accord de la nation) et
le Kyas (jurisprudence). Il est donc logique que leurs
juges soient, comme nous l'avons dit, des ministres de la
religion. Ces ministres ou cadis, qui appartiennent au corps
des oulémas, rendent la justice en matière civile et reli-
gieuse. Chaque village d'une certaine importance possède
un cadi, sorte de juge de paix payé par les parties. Ces
cadis. ainsi que le grand cadi du Caire, ou cheik-ul-
islam, primitivement chef suprême de la justice mais ne
connaissant actuellement que des délits religieux, sont un
reste de l'ancienne justice qui tend à être de plus en plus
absorbée par la nouvelle organisation judiciaire. Les tri-
bunaux religieux ou mehkemehs n'ont actuellement de
compétence que pour les causes relatives au statut per-
sonnel. Ils fonctionnent, dans tous les chefs-lieux de mou-
dirieh et des villes de gouvernorat. Ils sont présidés par
des cadis, c.-à-d. par des magistrats portant le même titre
et recrutés de la même manière que les cadis des villages.
Le grand cadi, envoyé tous les ans de Constantinople, a son
mehkemeh au Caire. Son assesseur porte le titre de naïb. Les
nouveaux tribunaux indigènes constituent une organisation à
deux degrés : les tribunaux de première instance au nombre
de huit (LeCaire, Alexandrie, Zagazig, Benha el Asal, Tan-
tah, Siout, Béni Souef et Keneh) et une cour d'appel unique
au Caire. Ils connaissent des affaires criminelles, civiles et
commerciales entre indigènes seulement. Les étrangers ont
été admis à remplir les diverses magistratures.
Les tribunaux indigènes sont d'abord les tribunaux reli-
gieux, qui, d'une manière générale, connaissent des ques-
tions de statut personnel et de propriété : les mehkemehs
« ehérH » (juridiction des cadis ; — le grand cadi est
nommé par le cheik-ul-islam de Constantinople); \emeg-
liss-el-Hasbey (conseil des tutelles); le beit-rl-mal
(administration des successions); ces diverses juridictions
ne sont compétentes qu'à l'égard des musulmans ; en ce
qui concerne les catholiques coptes ou grecs et les Juifs,
leurs patriarches ou leurs rabbins remplacent ces divers
tribunaux. A côté figurent les juridictions qualifiées parfois
de juridictions de statut réel et qui sont actuellement les
juridictions indigènes de droit commun ; ce sont pour une
partie du pays (Haute-Egypte) le Megliss-el-Helmi, qui
remonte au milieu du siècle et qui comporte trois degrés :
première instance, appel et revision ; pour une autre partie
(Basse-Egypte) les tribunaux institués en 1881 et réorga-
nises par décret du 14 juin 1883, qui ressortissent à une
cour d'appel, siégeant au Caire, et qui sont composés de
magistrats indigènes ou européens désignés par le khédive.
Il existe enfin des tribunaux indigènes de justice sommaire
et de conciliation institués par décret du 9 févr. 1887 et
i misés par décret du 2 nov. 1890.
EGYPTE
- 660 -
1rs tribunaux mixtes ou de la réforme ont été instituée
en 1875 (28 juin); ils devaient disparaître après on délai
de cinq années qui a été l'objet de prorogations succes-
sives, la dernière en date du -il janv. 1889, également
pour cinq années ; ils ressortissenl s la cour d'appel mixte
d'Alexandrie el sont composés de magistrats indigènes et
étrangers, désignés par le khédive, mais ces derniers avec
l'approbation de leurs gouvernements respectifs; les ma-
gistrats français sont désignés par le ministre de la jus-
tice en France (arrangement «lu 10 nov. 1X7'.). Il y a
trois tribunaux de première instance (Le Caire, Alexandrie,
Mansourali), plus une délégation judiciaire à Port-Saïd et
la cour d'appel unique d'Alexandrie. Ils sont compétents
entre étrangers et indigènes ou entre étrangers de natio-
nalité différente, mais seulement pour les matières qui
leur sont expressément attribuées par le règlement d'or-
ganisation de 1875; la pratique tend d'ailleurs à étendre
leur compétence. Enfin les juridictions consulaires (V. Ca-
pitulations) sont compétentes en matière de statut per-
sonnel et pour les litiges intéressant exclusivement leurs
nationaux respectifs; ce sont simplement des juridictions
de première instance ; l'appel est porté devant un tribunal
de la métropole ; en France, devant la cour d'Aix.
Législation. — La législation en Egypte est encore en
voie de formation ; les lois les plus importantes y sont
l'objet de modifications incessantes. Aussi les indications
qui vont suivre seront-elles forcément incomplètes ; de plus,
elles peuvent très rapidement cesser d'être exactes.
Le khédive réunit dans ses mains le pouvoir législatif
et le pouvoir exécutif ; il est assisté de corps délibérants,
organisés par le décret du 1er mai 1883 (loi organique
d'Egypte), recrutés par voie d'élection, du moins en partie,
conformément au décret du 1er mai 1883 (loi électorale) :
il y a des conseils provinciaux, un conseil législatif, com-
posé des ministres ou de leurs représentants et des per-
sonnes qu'ils désignent pour les assister; enfin, une assem-
blée générale, composée des membres du conseil législatif
et des délégués des provinces.
Chaque ordre de tribunaux applique une législation
différente. Les tribunaux consulaires appliquent les lois de
leur Etat ; les juridictions religieuses (chrétiennes, coptes
ou grecques et juives) conservent leurs lois propres; le
Coran et ses dispositions complémentaires (c'est la loi
musulmane du rite hané/îte) sont appliqués par les juri-
dictions religieuses musulmanes ; les tribunaux mixtes
appliquent les codes promulgués le l(i sept. 1875, qui ont
subi ultérieurement certaines modifications de détail ; enfin,
les tribunaux indigènes, autres que les tribunaux reli-
gieux, ont été également dotés décodes: le code civil date
du 28 oct. 1883 ; le code de commerce, du 13 nov. 1883;
le code de procédure civile et commerciale, du 23 du même
mois ; il faut y joindre la loi des patentes du 9 janv. 1890.
Les tribunaux mixtes ont un code pénal et un code
d'instruction criminelle du 16 sept. 1873; les tribunaux
indigènes, du 13 nov. 1883. La réorganisation du service
de la police a eu lieu par décret du 31 déc. 1883. La
presse et l'imprimerie sont régies par un décret du
26 nov. 1881 ; c'est le régime de l'autorisation préalable
et de la suspension par voie administrative. L'armée est
recrutée et composée conformément aux décrets du 26 mars
1885, des 12 juin et 13 oct. 1889. L. Le Sueur.
Etat de la propriété. — Conditions des terres et
impôts. En Egypte comme dans toute l'étendue des pays
musulmans, les terres sont divisées en terre ochouri (ou
décimales) et terres kharadji (ou tributaires). Les terres
ochouri sont les terres arabes, les terres kharadji toutes
celles qui sont devenues musulmanes par droit de conquête
ou autrement. Une terre kharadji peut cependant être créée
ochouri par le conquérant, dans certaines circonstances.
Mais c'est seulement après Méhémet-Ali que cette distinc-
tion a pu s'appliquer. Auparavant toutes les terres égyp-
tiennes étaient kharadji, et c'est à la suite de divers décrets,
de concessions faites aux officiers et serviteurs des vice-
rois, d'abandons conaentia d une partie des droits soaveraiaa
que les terrée ochouri sont apparues. Outr sdes
divisions de la propriété, on remarque las sabdivaiiaBi
Buivantea.
]" Terres atarieh oa muik, c.-a-d. appartenant en
toute propriété a leurs possesseurs; 2° terres maxrouf,
c-à-d. adjugées jadis par soumission cachetée: c<-s terras
sont restées en la possession des adjudicataires moyennant
un prix de- location annuelle devenu par la suite un impôt:
'■'<" terres ayant payé la moukahalab ; 4 " terres n'ayant pas
payé la moukabalah. Les terres qui ont payé an tout ou
partie la moukabalah appartiennent en toute propriei
leurs détenteurs. Les terres kharadji qui n'ont rien ■
ne sont données qu'en usufruit a leur détenteur; elles
appartiennent toujours à l'Etat En cas d'expropriation pour
cause d'utilité publique, l'Etat n'est tenu ni au rembour-
sement du prix de la terre expropriée, ni a une compensa-
tion quelconque. En cas d'expropriation totale, toutefois, il
doit donnera l'occupant une terre suffisante pour le nour-
rir, lui et sa famille. Au cas ou un usufruitier laisserait
sans culture une terre kharadji, il perdrait son droit à
l'usufruit. Les étrangers non musulmans peuvent acquérir
des propriétés en Egypte à la condition de se soumettre
aux lois et règlements qui refissent la propriété musul-
mane et d'acquitter les impôts. Cette faculté ne leur a été
concédée que depuis 1864.
C'est le gouvernement qui est le plus gros propriétaire
foncier de l'Egypte. Il y a présentement deux espèces de
domaines d'Etat séparément administrés : 1° les domaines
cédés par la famille d'Ismail (426,000 feddans) affectes a
l'emprunt Rothschild ; les domaines des Daira Sanieh et
Khassah déclarés propriétés de l'Etat par la loi de liqui-
dation en 1880 (485,000 feddans). L'Etat possède en outre
de nombreuses terres libres qu'il concède ou vend suivant
leur qualité ou leur position. Les terres concédées sont
divisées eu trois grandes catégories et sont exenij
d'impôts pour une période de cinq, sept ou dix ans. Vient
ensuite un certain nombre de grands propriétaires; puis la
terre est divisée en une infinité de parcelles étroites n'ayant
parfois que quelques mètres de largeur.
Comme les terres, les impôts sont oc hou ri ou kharadji.
I, 'impôt ochouri correspond assez bien à la dime. Jadis il
était payé en nature; et même on revient encore aujour-
d'hui à la perception en nature lorsque les circonstances
sont défavorables. Les impôts kharadji sont fixés d'après
une classification compliquée qui comprend un nombre exces-
sif de subdivisions (50 dans certaines provinces). On conçoit
que les terres ochouri sont dans ce système infiniment moins
taxées que les terres kharadji. Nous empruntons à M. Chélu
(Y. la bibliographie) le tableau de la page suivante.
Outre ces deux grands impôts existent des impôts
spéciaux : les terres mazrouf réparties en plus de 80 caté-
gories payent environ 506 fr. par feddan dans la première
et i piastres 15 iO dans la dernière. Toutes les terres
arrosées par le canal Ibrahimieh sont soumises à une taxe
supplémentaire d'arrosage qui varie, suivant la nature des
cultures, de 5 à 10 piastres par feddan. Il y a encore un
impôt sur les plantations de tabac qui revient à 777 fr. 75
environ par feddan ; un impôt sur les dattiers de i piastres
et demie par arbre. En somme, les impôts qui frappent la
terre égyptienne sont si lourds que le possesseur du sol peut
être considéré comme un fermier de l'Etat plutôt que comme
un contribuable. Tels sont les impôts fonciers. Les autres
contributions sont : l'impôt sur les propriétés bâties, l'im-
pôt professionnel, l'impôt sur les moutons et les chèvres.
l'impôt sur les voitures et pressoirs, eufin les contributions
indirectes.
La contribution foncière sur la propriété bâtie, établie
en Egypte par le décret du 13 mars IS84,est un impôt de
quotité basé sur le revenu net des immeubles. Cet impôt
frappe tous les bâtiments, quelle que soit leur nature ou
leur affectation, ainsi que les jardins qui y sont annexés;
mais, aux termes de l'art. 27 du décret, il n'est applicable
— 664 -
EGYPTE
que dans H villes nominativement désignées. Lt quotité de
la taxe est fixée au douzième du revenu brut des immeubles
uniformément réduil de 10" „. Indépendamment des excep-
tions Stipulées en faveur des bâtiments affectés a un service
public, a l'exercice du culte et des œuvres de bienfai-
sance, etc., le décret exonère de l'impôt les cabanes non
productives de revenu ainsi nue les maisons dont la valeur
louable n'excède pas 5 livres (429 IV. 00) a condition, en
ci' qui concerne ces demeures, qu'elles soient habitées par
le propriétaire ou par l'usufruitier. Enfin les propriétés
impôts par feddan, en piastres égyptiennes.
TEKKKS nciIOl'RI
Delta et M>>u-'
dirieli, Gixeh ,
Supérieures. ■ .\ L _
Moyennes J o" _
Intérieures....) £* ~
Supérieures., .] L '_
\ lr# et
M - ) .>. _
Inférieures....! },'' °'
Ayant payé
la
NoQkibalih
90 . 30
S5.05
66.80
19.35
33.10
16.25
66.20
58.08
49.35
41.22
84.87
16.25
N'a\ ;int pas
pavé la
llouk jlulah
108.03
74.33
33.10
71.33
58.08
33.10
I
Depuis 1880 les 1,648,908 feddans qui (.imposent les superficies
oclmuri ont été Trappes, par décret, d'une surtaxe de 150.000 livres
agypt., réparties au prorata des impôts primitifs.
TKRHKS KHARADJI
Delta .
i lizefa .
Kayoum
Sald ....
I Maximum.
' ( Minimum .
^ Maximum.
' ) Minimum .
( Maximum.
■ ( Minimum .
\ Maximum.
' l Minimum .
174.21
32.03
166 33
30.32
133.05
64.06
154.00
14.00
Pour le Delta l'impôt kharadji atteint son
maximum le plus élevé dans la province
Dakhalieh et dans la Gharbieh son mi-
nimum le plus bas. Dans le Saïd, Mineh
et F.sné payent, la premières le kharadji
le plus fort, la seconde l'impôt le plus
faible.
demeurées inoccupées pendant un semestre au moins ont
droit à l'exemption d'impôt pendant la durée de la vacance.
1 1 revenu des immeubles est évalue d'après les faits
existant au jour ou se produit cette évaluation. On y com-
prend la valeur locative du sol ; mais, lorsqu'il s'agit de
l'estimation d'un établissement industriel, la valeur de
l'outillage n'entre pas en considération. Les propriétaires
d'immeubles nouvellement construits doivent en fairechaque
année la déclaration sous peine d'encourir le double droit.
Les évaluations restent invariables pendant une période de
huit ans, sauf dans le cas de modifications survenues dans
la consistance de la propriété. Ces modifications peuvent
donner lieu, soit à la demande du contribuable, soit à la
requête de l'administration, à une nouvelle évaluation de
l'immeuble. Les évaluations sont faites par des commis-
sions sociales composées de 4 délégués du gouvernement
et de 3 membres tires au sort sur une liste de 1-2 proprié-
taires élus par les contribuables. Ces commissions se trans-
latent sur les lieux, visitent et évaluent les immeubles et
-ignent les résultats de buis opérations sur des états
qui sont affichés aux sièges de perception. Les intéressés
<<nt droit de faire appel de la décision prise à leur égard
devant un conseil de revision composé d'un délégué du
gouvernement et de 6 membres désignés par le sort et pris
parmi les 13 propriétaires élus par les contribuables. Cet
inri[M'>t produisait, en 1889, 3,401,948 fr., le nombre des
propriétés imposées était de 105,553, et le revenu impo-
sais • fr.
L'impôt professionnel, joint à celui des taxes urbaines,
est porté au budget de |X'.l-> pour 185,000 livres égvp-
tiennes. L'impôt sur les moutons et les chèvres rapportait
en Ixkk environ 200,000 fr., les voitures et pressoirs à
la même date environ 60,000 fr. Huant aux contributions
indirecte,, elles se subdivisent ainsi : douanes (1,400,000
livres en 1892) : octrois (190,000) : pêcheries (85,000) ;
droits de navigation (75,000) : sel et nation (233,000) :
timl ■ _ strement (environ 2,550,000 fr.). K. S.
un publics. — C'est .1 Méhémet-Ali que revient
l'honneur d'avoir rouvert en Egypte l'ère de, grands tra-
■ depuis longtemps parle stérile despotisme des
Mamelouks. On sait toute I admiration que ce prince avait
Bonaparte et à l'œuvre delà commission d'Egypte.
Il appela à lui les continuateurs de cette grande œuvre, les I
Linant et les Mougel, s'inspira de leurs conseils et leur
confia l'exécution de projets grandioses, comme s'il avait
été jaloux de surpasser la gloire des pharaons. Une sorte de
préjugé l'empêcha d'exécuter le projet du percement de
l'isthme, dont il avait compris toute l'importance, mais
qu'il considérait comme pouvant être nuisible à l'indépen-
dance de l'Egypte et partant à ses intérêts dynastiques. Il
semble que les derniers événements lui aient donné raison.
Reconnaissons toutefois que, si l'Egypte recouvre un jour
son indépendance, elle le devra à l'impérieuse nécessité pour
l'Europe de faire respecter la neutralité du canal. L'agri-
culture étant la source de la richesse de l'Egypte, la plus
grande préoccupation de Méhémet-Ali fut l'irrigation. II lit
endiguer le Nil, multiplier les canaux dans le Saïd, trans-
former le système d'irrigation du Delta, reconstruire la digue
d'Aboukir détruite en 17!)!) par l'armée anglo-turque, celles
de Koeheic hah, de Tamiah, du Bahr Bêla Ma, élever le grand
barrage du Bahr Chibin, entreprendre celui du Nil, œuvre
colossale qui avait pour but de maîtriser le plus puissant
des fleuves à son embouchure, afin d'élever ou d'abaisser à
volonté le niveau de ses eaux. Les chiffres suivants feront
comprendre mieux que toute espèce de commentaire l'im-
portance de l'œuvre de Méhémet-Ali de 1834 a 1840 :
travaux de canalisation, 104,356,667 m. c. ; ouvrages de
maçonnerie. 2,814,140 m. c. Cet hommage rendu à Méhé-
met-Ali, examinons rapidement les grands travaux d'utilité
publique menés à terme aujourd'hui :
Irrigation en Haute-Egypte (Saïd). — Trois modes :
1° le plus répandu est l'irrigation par bassins, appliqué
à 1 ,400,000 feddans ; "2° le mode employé pour les
terres hautes est ce qu'on appelle la canalisation sayalleh;
3° celui qui est actuellement employé pour L'irrigation de
la région du canal [brahimieh, c.-à-d. de Sioul à Béni
Sonet, est le système d'irrigation sefi au moyen de canaux
dérivés du Nil; il est aussi applique dans la plus grande
partie du Favouni ; total des terres irriguées par ce sys-
tème : 290,000 feddans.
Irrigation par bassins. C'est le procédé traditionnel par
excellence, appliqué jusqu'en 1*37 à toute l'Egypte, au-
jourd'hui affecté seulement à la plus grande partie du
Saïd. Vingt-six groupes autonomes de bassins, treize sur
chaque rive du Meuve. Les bassins dont la réunion cons-
titue chacun île ces groupes ou systèmes, hotl. de leur nom
ÉCY1TK
— 662 -
arabe, sont formes au moyen de «ligues transversales,
talibeh, qui vonl du fleuve an désert. D'autres digoee,
Itiriid, viennent arrêter les bassins en coupant les sahbehs
parallèlement an fleuve, encaissé lui-même par la surélé-
vation de ses berges. Gel endiguemenf du Nu n'a pas [>our
fonction d'empêcher son débordement, nous dit M. Chélu
dans le savant ouvrage (V. la bibliographie) auquel nous
empruntons tous ces détails techniques, mais de contenir
l'eau prise en amont le temps nécessaire à l'irrigation. Les
bassins sont, comme nous l'avons déjà dit, disposés en ter-
rasses et de telle sorte qu'il y ait une différence progressive
de niveau entre deux bassins consécutifs. Les hods peuvent
enfin, dans les parties hautes, se subdiviser en bassins
secondaires empruntant l'eau aux hods voisins, au moyen
d'une brèche ou d'une canalisation spéciale intermédiaire
(comme hauteur de plafond) entre l'étiage et la surface des
terres à irriguer. Ces canaux, du type niti, ne sont par
conséquent en eau qu'à l'époque de l'inondation.
L'emplissage des hods a lieu dans la seconde partie du
mois d'août, après la récolte du dourah, laissée sur pied
jusqu'à ce moment. Le Nil, qui charrie des eaux rouges
depuis quelques jours déjà, ainsi laissé à lui-même, va porter
les prémices de l'inondation au Delta, qui ne tarderait pas
à courir le risque d'être submergé si remplissage simultané
de tous les systèmes du Saïd n'amenait immédiatement une
décroissance rapide de niveau. Le signal de la rupture des
digues est donné d'Assouan, d'après la cote du nilomètre.
Il faut pour cela qu'il marque 14 pics. L'emplissage des
hods se fait soit par simple brèche dans le talus, soit par
ouverture de ponts-barrages en maçonnerie. On commence
par submerger les bassins les plus au N. de chaque
groupe autonome, et l'on continue de proche en proche en
veillant à ce que la différence de niveau des eaux reste
sensiblement supérieure à un mètre d'un bassin au bassin
adjacent. La crue terminée, on continue l'inondation en
procédant inversement (du S. au N.), c.-à-d. qu'on dis-
tribue en aval ce qu'on a repris en amont. Les terrains
ainsi détrempés pendant une quarantaine de jours, le sarf
ou vidange s'opère méthodiquement de façon à ne pas dé-
tériorer les digues, ni endommager les bassins ensemencés
d'aval. Nous empruntons au livre de M. Chélu, en le sim-
plifiant, le tableau des groupes autonomes de bassins du
Saïd :
1 m. X 80
= -2-2,8-27 m. de leur
PROVINCES
SUPERFICIE
en feddans
des bassins
rive gauche
SUPERFICIE 1
en feddans
des bassins 1
rive droite
59.079
19.958
103.132
254.526
255.324
234.718
190.719
129.324
24.220
127.702
19.137
TU. 517
»
»
47.616
Esné et Keneh
Total
1.246.780
319.192
Irrigation snyalleh. Le système d'irrigation des sahels
ou terres hautes qui longent le Nil sur une largeur de près
de 3 kil., comporte une canalisation spéciale dite sayalleh,
dont la partie inférieure à son point de départ s'élève
progressivement en s'éloignant du Nil et n'élève l'eau à
hauteur des sahels qu'après un long parcours : « l.a déclivité
du Nil, dit M. Chélu, étant de 0m07S et celle des sayallehs
de 0m040 par kilomètre, le plan d'eau dans les canaux
s'élève d'autant de fois 0m03o par rapport au niveau cor-
respondant du fleuve qu'il s'éloigne de kilomètres de son
point de dérivation. D'autre part, le développement du Nil
étant à l'alignement presque toujours direct des canaux dans
le rapport de 100 à 80, si le niveau des terres à arroser
est de 1 m. supérieur à la cote du Nil ou du canal au poinl
de départ de la sayalleh, les eaux dérivées se répandront
àlasurfareduBoU0.or)/ioo.
point d'élévation. Les sayallehs passent toujours en siphon
au-dessous dea grandi canaux d'inondation qu'elles ren-
contrenl sur leurs parcours. »
Inondation par carmin. Ce procède substitue ■
Méhémet-Ali a l'irrigation par bassins pour toute la région
de l'Ibrahimieh, de Siout a Béni Souef, sur une étendue de
iso. oui) feddans et la plus grande partie du Fayoum,
le procédé décrit plus haut sous le nom de seli. Il permet
d'arroser toute l'année et d'obtenir des cultures intensives
comme celles de la canne à sucre et du coton, au lieu
d'une récolte unique de céréales. Dans ce mode d'irriga-
tion, la quantité d eau que doit recevoir un feddan de terre
cultivable en vingt-quatre heures est. selon M. Chélu, la
suivante : canne a sucre, de 33 à 36 m. cubes ; coton, de
-2,'i à 28 ; rizières, de 33 a 40 ; céréales, de 16 a 20.
Le Fayoum emprunte l'eau de sa canalisation au Bahr
Yousseuf que l'Ibrahimieh permet de maintenir en eau toute
l'année. Le Bahr Yousseufalimente soixante-dix-neuf canaux
qui, à leur tour, alimentent cent seize ramifications secon-
daires. Son débit, dont les habitants du Fayoum taisaient
un véritable abus au détriment du reste de l'Egypte et en
s'exposant eux-mêmes à des inondations désastreuses, a
été régularisé de manière à donner : en avril, 2 millions
de m. c. ; en juillet, 3 millions ; en octobre, 3 millions.
Ajoutons que les 231,285 feddans de terres cultivées dans
le Fayoum sont ainsi répartis : culture nili, 120,285 fed-
dans ; culture sefi, 52,300 ; culture chetoui, 58,700.
Irrigation en Basse -Egypte (Beberah). — Son système
d'irrigation a été modifié à la même époque et de la même
manière que celui du Fayoum. Aux bassins ont été sub-
stitués des canaux sefi, creusés pour la plupart dans le lit
des anciens canaux nili qui desservaient ces bassins. « Ces
canaux sefi, dit M. Chélu, ont une pente de 0m01, infé-
rieure de 0m03 à 0m04 à celle du Nil et à la pente naturelle
du sol, de sorte que leur plafond qui, à la prise, est de 8m.*>o
au-dessous du niveau des terres, se rapproche sensiblement
de celui des terrains de l'extrémité N. du Delta, et leur plan
d'eau s'élève par rapport à celui du Nil, au fur et à mesure
qu'ils s'éloignent de leur point de départ. » Ces canaux
donnent une longueur totale de 7,200 kil. à laquelle il
convient d'ajouter 4,000 kil. de canaux nili dérivés du Nil.
Le barrage commencé par Mougel en 1843 serait, s'il
était terminé, le plus grand ouvrage hydraulique du monde.
Il est destiné à relever de 4 m. à 4i50 le plan d'eau du
Nil en amont et aménagé de manière à laisser passer trois
artères d'irrigation pour assurer et régler la part du Delta.
Il se compose de deux barrages, l'un de 322m20 de lon-
gueur sur la branche de Damiette, l'autre de 432m30 sur
la branche de Kosette, réunis l'un et l'autre par un quai
circulaire. Chacun d'eux est muni de deux écluses. Dans
l'état actuel, la retenue d'eau obtenue en amont n'atteint
que 2 m., en sorte que le barrage n'agit, à vrai dire, que
comme répartiteur des basses eaux dans les deux bouches
du Nil, qui se les partageaient très inégalement (le bras de
Rosette étant alimenté au détriment de Damiette). Ajoutons
que des affouillements s'etant déjà, depuis plusieurs années,
produits dans son radier. 26 millions ont été affectés par
la conférence de Londres à sa réparation, confiée à des
ingénieurs anglais. Ces derniers travaux ne semblent pas
avoir donne tous les résultats espérés.
La corvée est une obligation inhérente à la nature du
pays. C'est, en réalité, le" véritable service militaire de
l'Egypte. L'inondation est, en effet, une force qui peut
exiger la mobilisation immédiate de plusieurs milliers de
bras dont l'effort devra être dirigé par une volonté unique.
Indépendamment de l'action à opposer aux débordements
causés par des ruptures accidentelles et qui sont fré-
quents à cause du nombre incalculable des digues, il y
a l'obligation annuelle de refaire pendant la saison de
l'étiage le profil des canaux déformé par les alluvions. La
moindre négligence à cet égard se solde par une importante
- 603 -
EGYPTE
moins-value dans le rendement. t>n en a eu la pr»mvo après
l.i néfaste année de iss-2, pendrai laquelle les travaux
d'entretien avaient été suspendus. L'importance da secours
exigé de la eorvée ne sranil être mieox attestée que par
les chiffres suivants. Pour conserver les profils îles canaux,
JSaire, nous dit M. Chélu. d'enlever à la main,
chaque année, de 2<i à 28 millions de mètres cubes d'allu-
vions dans les canaux à SM et d'en draguer '2 millions
dans les canauv conserves en eau. Néanmoins, les incon-
vénients «le cette mesure, qui ne pesait que sur la classe
la moins intéressée à la prospérité du pays, amenèrent
Ismail a en décréter la suppression en échange d'un
im|uM encore plus impopulaire, car l'impôt venait s'ajouter
à la corvée conservée de t'ait, quoique supprimée en
droit, comme il arrive toujours en Egypte, \ussi fut-
elle retaldie en 1879 et étendue graduellement à tous les
contribuables en proportion de l'importance de leurs pro-
priétés, le corollaire de cette mesure fut, bien entendu,
l'exemption personnelle, comme chez nous pour la presta-
tion, au moyen du remplacement. Kn 1889, on en est
revenu à une suppression partielle, grâce à l'affectation
spéciale de 6,500 livres égyptiennes an budget des tra-
vaux publics, somme à laquelle venait s'ajouter le produit
du rachat tarife par un règlement. I.a suppression totale
est aujourd'hui un fait accompli. Les ressources du gouver-
nement égyptien affectées à cette suppression sont, d'une
part, un crédit de '.00,000 livres égyptiennes (ancien
crédit de -250,000 livres transformé), d'autre part, une
somme de 910,000 livres à départir en plusieurs années.
L'irrigation soulève en Egypte d'autres problèmes que
celui de la conèe. La conception d'un vaste système fai-
sant de l'Etat le maître et le répartiteur de la masse des
eaux exigeait la création d'une législation spéciale
pour objet l'amélioration du mode de distribution en même
temps que la fixation des garanties contre tout ce qui
serait de nature à l'entraver et à troubler l'équilibre vital
du pays. Cette législation a été promulguée le 12 avr.
1890 dans un règlement qui ne compte pas moins de qua-
rante articles dont l'énoncé ne saurait trouver place ici.
Ajoutons qu'une révolution est sur le point de s'opérer
dans le mode d'irrigation d'une grande partie de la Haute-
Egypte.
- de coMMiMCATiOM. — En dehors des grandes
artères d'irrigation navigables , qui présentent un par-
cours de plus de 3,000 kil.. l'Egypte ne possède pas de
mutes dignes de ce nom. Néanmoins, les communications
y sont de la plus grande facilité à cause de la nature du
sol. Au moment de l'inondation, il n'existe, en dehors des
villes, d'autre chemin sur la terre ferme que les chaussées
et les digues. Pour ce qui concerne le canal maritime de
Mu s, Y. Sœ (Isthme et canal de). Jusqu'en 1882,
te possédait plus de 14,000 kil. de lignes télégra-
phiques. Depuis les événements dont le Soudan a été le
théâtre, le fil qui se reliait à Khartoum et El Obéid a été
coupé dans ses communications avec l'Egypte qui a actuel-
lement sa station la plus méridionale au fort de Khor
Moussa (-2 milles au S. de Ouadi Halla).
Chemins de frr. A l'avènement d'ismaïl, l'Egypte pos-
sédait 394 kil. de voie ferrée, portés à 1,771° kil. à la
fin de 187I-I, augmentés de Kil kil. en 1874 et 1875.
Aujourd'hui, cette longueur excède 2.000 kil. Les lignes
actuellement en exploitation sont :
1° D'Alexandrie au Caire par Bonha el Asal, Tantah
et Damanhour ; 2° de Benha a Zagazie (Alexandrie-Suez);
'■'<" de Zagarig à .Miç7 ; 4° de Galioub S Mansourah ; 5° de
Chibin el kom à Damiette par Tantah, Mahallet el Kebiret
Talka ; 6° de Damanhour a Ziltah par Dessouk et Mahallet
Rokh ; 7° d'Alexandrie i Rosette ; 8° d'Alexandrie à
li.unleh : 0° de Tell el Baroud a Boutaq Dakrour (Alexan-
II inte-Egypte : io° du Caire I Bétouan ; M" ou Caire
I Mer; : \-i de Boulaq Dakrour à Siout ; 13° de El
Ouasta au Fayoum. En outre, petits chemins de fer d'As-
souan à Chcll'al et de Ouadi Halfa à Sarras.
Ports. Navigation. Alexandrie, Rosette, Damiette et
Port-Saïd SUT la Méditerranée ; Rai el Ech, El kantarali,
Ismaïlien, Serapeum, Chalouf-et-Terraba sur le canal de
Sue/ ; Sue/. Qoséir, Souakin sur la cote occidentale de
la mer Ronge. L'Egypte est chargée aussi par la Porte de
la surveillance du port de Tor (presqu'île du Sinaï) et de
Djeddah (Hedjax). Le nombre de bâtiments entres dans le
port d'Alexandrie en grande navigation a été de -',182011
ISS!» ; la moyenne annuelle est de 3,243. Si on y ajoute
la moyenne générale d'entrée des autres ports de 1 Egypte,
on arrive à un chiffre total de 0,0711 navires. Les embar-
cations en usage pour la navigation sur le Nil et les canaux
et qui ne diffèrent pas beaucoup des bateaux usités dans
l'antiquité sont les suivantes : la gerrn, à deux mats,
jaugeant de 800 a 2,000 ardebs ; les mâdil ou kyas, de
même forme, mais de dimensions moindres ; le mstaeli ou
chaland ; la dahabieh et le ghareb, à deux mats avec un
corps do cabines à l'arrière.
Dl'dc.f.t. — Le budget général pour l'exercice 1892
était ainsi établi en livres égyptiennes (la livre égvtienno
vaut 25 fr. 92).
Recettes
Contributions directes 5 . 255 . 000
— indirectes 2.070.000
Revenus des administrations de recettes. . . 1 .981-. 000
Recettes des services administratifs 527 . 000
Location et produit des propriétés du gou-
vernement 80.000
Recettes du gouvernorat de Souakin 16.000
Retenues sur les traitements du personnel. 55.000
Economies de la conversion de la dette et
de la Daïra Sanieh 30 000
10.007.000
Dépenses
Liste civile et maison du khédive 268.547
Administration et perception 1 . 822 . 400
Administration des recettes 1 .035.666
Sécurité publique 707 . 399
Gouvernorat de Souakin 119.900
Pensions 420.000
Tribut et dette publique 4 . 680 . 088
Dépenses imprévues 46 . 000
Suppression de la corvée 250 .000
9.350.000
657.000
Excédent des recettes.
Df.tte publique. — En décret du 7 mai 1876 décidait
l'unification des dettes diverses contractées par voies d'em-
prunts de 1862 à 1873, et se montant a 54,793,150 liv.
st., avec un capital nominal de 59,000,000 liv. st.,
et intérêt de 7 ° 0 amortissable dans un délai de
soixante-cinq ans par tirages trimestriels. La loi de liqui-
dation (17 juil. 1880) a réduit l'intérêt à 4 °L. En même
temps, émission de nouveaux titres pour 1 ,958,402 liv. st.
Le 31 déc. 1889, le capital nominal de la dette unifiée se
trouvait être de 55,988,920 liv. st. avec une dotation d'in-
térêt de 2,239,557 liv. st. Un décret du 20 nov. 1876
créa de plus pour 17 millions de liv. st. d'obligations pri-
vilégiées à 5 0/o payées à l'aide des revenus des chemins
de fer, des télégraphes et du port d'Alexandrie. Une nou-
velle émission d'obligations privilégiées pour 5,743,800 liv.
st. a été autorisée par la loi de liquidation. Le taux de
l'intérêt de la privilégiée a été converti en 1 889 en 3 1/2 °/0.
Une des conséquences de cette conversion a été l'élévation du
capital nominal à 31 millions de liv. st. La dette générale
Daïrah réglée par V emprunt Daïrah Sanieh du 7 mai
1876, était à l'origine de 9,512,900 liv. st. nominales. A
la fin de 1890, le capital nominal se trouvait réduit par suite
d'amortissement et de conversion à 7,299,360 liv. st. La
dette domaniale résulte de l'emprunt autorisé par décret
du 26 oct. 1878, garanti par la cession des propriétés
immobilières de la famille khédivialo à MM.de Rothschild
EGYPTE
— 604 —
de Londres. Son capital Dominai de 8,500,000 li % . it. s esl
abaissé, par saite de l'amortissement, .1 5,080,820; inté-
rêts, '■> " . . Les deui derniers emprunta contractée par le
gouvernement égyptien sont : l'emprunt garanti 3 fl (décrel
du 28 jinl. 1885) par le payement dea indemnités d'Alexan-
drie et les irrigations, descendu de 9,424,000 liv. st.
nominales à 9,069,400 pur amortissement et l'emprunt
î 1/2° ,, (décrel du 3 avr. 1888 pour contribuer à la con-
version de la privilégiée) amorti complètement le 15 juin 1890,
Industrie. — Lès produits minéraux exploités eD Egypte
sont : le nation, le nitre et le sel marin. C'est dans la pro-
vince de Beherah que s'exploite le natron pour près de
s millions de kilogr. par an. Les 8 nitreries du gouver-
nement produisent annuellement environ 650,000 kilogr.
de nitre brut, et les 12 salines, 158,000 kectol. de sel.
Les industries chimiques exploitées en Egypte sont : la
teinturerie, la fabrication de l'amidon, des essences, de la
bougie, etc. Les industries textiles sont les Bibliques de
laine, les filatures de lin et de coton, les tissus de laine,
de coton et de soie, pour l'ameublement, la literie et le
vêtement. L'industrie des métaux est représentée par de
nombreux ateliers de fonderie, de forges, de ferblanterie,
de chaudronnerie. La sellerie, la cordonnerie, l'ébénis-
terie et la céramique prospèrent dans les grandes villes du
Delta et du Saïd. La fabrication du sucre est devenue une
des principales industries de l'Egypte. Elle est représentée
par 22 fabriques dont 40 appartiennent à la Daïrah Sanieh ;
elles peuvent produire ensemble 1 4-6.000 tonnes de sucre.
Nous avons cité le coton parmi les industries textiles ; mais
la principale industrie cotonnière en Egypte est celle de
l'égrenage. Les domaines de l'Etat égyptien possèdent
7 usines d'égrenage mettant en œuvre 463 métiers. Les
usines ont reçu, en 1885, 382, 130 kantars de coton brut,
et ont livré 400,290 kantars de coton égrené. Citons aussi
la décortication du riz qui occupe un grand nombre d'ate-
liers à Damiette, et notamment la grande usine de Ivafr cl
liattikh, le pressage des graines oléagineuses, l'éclosion
artificielle des œufs avec 000 fours produisant chacun une
couvée annuelle de plus de 40,000 poulets, l'élevage des
autruches, etc. Mais la principale industrie de l'Egypte, c'est
son agriculture. Son exportation annuelle consistant princi-
palement en produits agricoles se chiffre de la façon suivante :
sucre et mélasse, 4 ,000,000 kantars ; coton, 1 million ; blé,
3 millions d'ardebs; maïs, 3 millions; orge, 2 millions;
fèves, 2 millions; lentilles, 2 millions. En 1889, Vexpor-
talion était de 310 millions de francs, dont 303 millions
pour Alexandrie. De ces exportations, huit dixièmes vont en
Angleterre, un dixième en France, le dernier dixième se
répartit sur le reste de l'Europe, notamment la Turquie,
la Russie et la Grèce. L'importation a atteint 182 mil-
lions et demi la même année, dont 4 dixèmes de prove-
nance anglaise, 2 dixièmes du Levant, 1 dixième de
France, etc.
Poids et mesures. — La coudée beledi, base du
système métrique égyptien, n'est pas l'ancienne coudée
royale d'époque pharaonique, mais la coudée mesurant
2 pieds romains, introduite en Egypte au ive siècle de
notre ère. E'ardeb (mesure de capacité), cube de la cou-
dée ordinaire, date également de l'époque romaine ; le dir-
ham (poids) n'est pas moins ancien. La kassabah, mesure
agraire, remonte au temps des pharaons, mais avarie selon
les temps.
Mesures de longueur. Coudée ou dira beledi = 0m582 :
pic ou coudée du Nil, dira nili = 0m524 ; coudée turque,
dira stambouli = 0m(i8; coudée pour les étoiles, dira
bendazi = 0m65; coudée à bâtir = 0m75; kassabah
= 3m55; bah (3 coudées) = 4mT4; chibr (grand em-
pan) = 0m49; fît 1 (petit empan) = 0"'l(i.
Mesures de superficie. Kassabah = I2m'60; feddan
= 4,200'" '188.
Mesures de capacité. Ardeb (cube de la coudée ordi-
naire) = 197ut74: ouebeb (I 6ardeb)= 32u»96; kélé
(1/2 ouebeh) = I6li*48; roubeb (I 2 kélé) = 8UI24;
meloueh il î roubeb) '< 42; koddab (1 îmeloueh)
2U«06. Pour la Haute- Egypte, l'ardeb de I97m74
comprend : 6 ouebeh, h mid, 24 roubeh.
Poids. Kantar (100 rotolis ou 36 okes)
oke (400 dirhams): I 236; rotoli (144 dirhams)
ii 144; ardeb de blé i 13 E>37 : ardeb de lea
151 kilogr. ; ardeb de riz 185 kilogr.
Monnaies. L'unité monétaire <■< la piastre, monnaie
d'argent pesant l-'8-> et valant, a un millime près, 26 cen-
times de notre monnaie. — Les monnaies d'oi
tiennes sont: la livre ou guinée= 100 piastres (25 fr. 92);
la l 2 livre = 50 piastres (12 fr. 96); le \ 4 de livre
: 25 piastres (6 fr. 18). — Les monnaies d'argentsoat :
le talari = 20 piastres (5 fr. 18); le 1 2 talari =
10 piastres (2 fr. 59); le I 4 de talari :
(I fr. 80}: la piastre (0 fr. 26). — Les monnaies de billon
sont : la I 2 piastre (nickel) = 0 fr. 18.
Division DO TEMPS. — Le khédive Isinail a introduit
l'usage du calendrier grégorien en Egypte depuis le 1er janv.
1 x 7 * i . Le calendrier musulman a été exclusivement i rvé
a la religion: il sert toujours à déterminer les fêtes. De
même les Coptes ont conservé pour leurs fêtes leur calen-
drier basé sur la division de; l'année en douze mois de
trente jours et de cinq jours intercalaires, et partant de
l'ère des martyrs (Dioclètieio.
Instruction publique. — C'est a Méhémet-Ali que
l'Egypte est redevable d'un commencement de réorganisa-
tion de l'enseignement public exécute avec le concours de
Jomaid. L'ancien membre de la commission d'Egypte con-
sentit en effet à diriger à Paris une mission de jeunes
Egyptiens, Turcs et arméniens, qu'il partagea entre les diffé-
rents lycées et écoles supérieures. Cette mission devint le
premier noyau de l'élément éclairé qui depuis lors n'a jamais
manque à l'Egypte. C'est également de Hehémet-Aliqne date
la création d'écoles spéciales et d'un ministère de I instruc-
tion publique en Egypte. En 185(1. il y avait en tout
0,000 élèves, logés, nourris, vêtus et même payés. Les
élèves de l'enseignement primaire recevaient une prime
mensuelle variant de 8 à 18 piastres; ceux de l'ensi
ment préparatoire ou secondaire de 20 à 35 pi
selon la classe, enfin ceux des écoles spéciales de Ml I
70 piastres (la piastre = 26 cent.). Entrente ans, le nombre
des enfants recevant l'enseignement primaire était arrivé
à 90,000 (statistique de 1873) ; en 1875, il atteignait
11 1,803 avec 4,800 écoles et près de 0,000 maîtres. \ -
iiielleiuent, L'enseignement supérieur et spécial comprend :
l'école de médecine et de pharmacie, l'école de droit,
l'école polytechnique, l'école des arts et métiers, l'école
d'agriculture, L'école de Dar el Ûlmim (école normale
arabe). L'enseignement secondaire : l'école normale et lycée
Tewfik et l'école Khedivieh. L'enseignement primaire est
très répandu : il n'est pas de ville si petite qu'elle n'ait une
ou deux écoles: on y apprend à Lire, à écrire et à compter,
ainsi que les idées fondamentales du Coran. Dans les grandes
villes, L'enseignement est complété par celui de l'histoire
et des langues vivantes.
Les établissements scientifiques de l'Egypte sont : le
musée deC.i/eh. ancien musée de Boulaq; l'institut égyp-
tien; la société khédiviale de géographie et la bibliothèque
khèdiviale qui renferme plus de 1-0,000 volumes. La
France entretient aussi en Egypte un institut d'archéo-
logie orientale fonde en 1SX| par l'heureuse initiative de
MM. X. Char s et G. Maspero.
AiiviKi;. Maiuxe. — Les sujets égyptiens sont tous as-
treints a la conscription avec faculté de se libérer par voie
de rachat. La taxe de rachat est progressive. Fixée à
20 livres égyptiennes (820 fr.) avant le tirage au sort, elle
atteint L00 livres (2,600 fr.) api es l'examen du conseil de
revision. La durée du service e>t de quatre ans dans l'ar-
mée active et de quatre ans dans le corps de police militaire
au service des moudiriat et par conséquent ressortissant
du ministère de l'intérieur.
L'état-major de l'armée égyptienne, a l'exception du
- 66* -
ëi;ypte
directeur de l'école militaire et du directeur du génie el des
arsenaux, ayant l'un el l'autre le grade liwa (général de
brigade) qui sont français, se compose d'officiers anglais el
indigènes. 1rs officiers anglais n\ peuvent descendre dans
la hiérarchie au-dessous du grade de bimbachi (major). Les
Tableau des forces militaires de l'Egypte
central «(uartier géné-
ral
major.
i ilt- lotat-major.
Intendance
militaire de l'étal
Police militaire
rie
Artillerie : Etat-major
1 batterie vol aine
1 — a chameaux. .
1 — ;1 mulets
3 — de place
Corpa d'infanterie montée a eha-
meaux (Caire
Corps il infant, montée frontière ..
..lions aral
— Soudan. us .
1 — dépôt
médical
— vétérinaire
militaire
es troupes. . .
ivalerie
Compagnie de discipline
i i Iledjaz
Surnuméraires
13..
130
20
37
as
18
16
3
132
10S
109
177
145
145
5.204
142
10
76
78
lis
55
12.047 667
supérieurs occupés par eux sont les suivants : 1 sir-
tiar (chef d'état-major général), 1 adjudant général ayant
de liwa (général de brigade), 1 commandant delà
frontière "t 1 gouverneur militaire de Souakin ayant l'un
et l'autre le grade de liwa, I directeur du service médical
et 1 intendant général avec le même grade : total: 6offi-
. -iiérauv sur un ensemble de 10: 3 miralaï (colo-
nels), le commandant de la brigade du Caire, le commandant
en deuxième de la frontière, le trésorier de l'armée, sur un
ensemble de ', ; t.'i Lumakam ou lieutenants-colonels sur *1-1.
Comme noua l'avons dit plus haut, l'armée égyptienne est
ée a la turque : les grades sont turcs, et la langue
du commandement est la langue turque. La marine de
guerre égyptienne n'existe que de nom : les débris de l'an-
râenne marine d'Ismail, qu'on voit dans le port d'Alexandrie,
■ [>lu.-> depuis longtemps en armement. Les seuls ba-
teaux en sa ■■ ut îles canonnières d'un des faible
tirant d'eau et ai n s de mitrailleuses Galtling pour con-
courir aux opérations militaires i la frontière Sud et dont
le port d'attache est Ouadi Halfa. Le corps d'occupation
britannique se compose d'effectifs variables se montant a
environ trois mille nommes. Il <>t commandé par un major
quartier général an Caire. Os troupes
- entre cette dernière ville et Alexandrie.
\n\infs itiiv.ngères. — L'Egypte n'a pas d'autres
ntauts accrédités auprès des puissances que lesam-
irs ou chargés d'affaires de la Sublime-Porte. Les
nati.-ii- près du khédive par des agents di-
plomatiques sont les suivante- : Allemagne (agence
subit général); Autriche-Hongrie (ùL); Belgique (id.) ;
ilat général à Uexandne); Danemark (id.) ;
Espagne (eonsul.it général) ; Etats-Unis d'Amérique (agence
.lai général); France (id.) : Grande-Bretagne (id.)\
el Alexandrie (id.) : Haïti (consulat); Italie (agence
al) ; Maroc (consulat) : Pays-Bas (agence
sulat général) ; Perse (id.); Portugal (consul
Uexandrie); Russie (agence et consulat général);
Suède el Norvège (consulat général). Mentionnons égale-
ment la mission extraordinaire impériale ottomane com-
posée d'un haut commissaire impérial, de trois secrétaires
et de quatre aides de camp. Les grandes villes, peuplées
d'importantes colonies étrangères comme Le Cane, Alexan-
drie, Sue/, Ismailia. Port-Saïd, sont pourvues de consulats
ou vice-consulats des grandes puissances représentées diplo-
matiquement ; les autres villes, d'agents consulaires indi-
gènes, communs pour la plupart à deux ou trois puissances.
Ainsi l'agent consulaire de Louqsor représente la Franco et
l'Autriche. La colonie étrangère comprend 91,286 rési-
dents, ainsi répartis: Allemands, 948; Américains, 183;
Anglais, (i. US; Austro-Hongrois, 8,022; Belges, 637;
Danois, 149; Espagnols, 589 ; Français, 15,716; Hel-
lènes, 37,301 : Hollandais, ±î\ ; Italiens, 18,665; Per-
sans, 1,553; Portugais, 30; Russes, 533; Principautés
danubiennes, 323; Suédois, 15 ; Suisses, 412. Les nations
de l'Europe étaient représentées, en '18X0, dans les admi-
nistrations de l'Etat égyptien, par 1,662 fonctionnaires,
dont 31!) Français. G. B.
Géographie médicale. — La pathologie égyptienne
se rapproche beaucoup de celle de la zone torride. C'est
d'abord l'anémie qui, chez l'Européen, est une conséquence
de la suractivité fonctionnelle de lapeauetde la dépression
des fonctions digestives, ainsi que de l'intoxication palustre;
cette dernière cause, ajoutée à l'insuffisance de i'alimenta-
tion et à l'action d'un parasite, L'ankylostome duodénal
(V. Ankyi.ostome), produit les mêmes effets chez les indi-
gènes. En somme, le quart de la population est atteint
d'anémie. — La malaria fait ses ravages principalement dans
la campagne du Delta et au Fayoum et s'étend jusqu'aux
oasis. Les dysenteries et les hépatites aiguës sont égale-
ment fréquentes, et leur gravité augmente en remontant le
Nil, c.-à-d. avec l'accroissement de la température ; les
diarrhées chroniques, consécutives ou non à la dysenterie,
sont très fréquentes ; les hypertrophies du foie sont très
répandues. Dans les diarrhées avec ulcérations intestinales,
on rencontre dans l'intestin deux espèces de protozoaires pa-
rasites, VAmœba coliet VA. intestinalis (V. Amibe). Outre
ces caractères, un autre encore, très important, la fré-
quence et la prédominance des pyrexies accompagnées de
phénomènes bilieux, rappelle la pathologie des pays chauds.
C'est en Egypte qu'a été observée pour la première fois la
lièvre typhoïde bilieuse, qui n'est que la forme grave de la
lièvre à rechutes (Criesinger); la fièvre typhoïde ordinaire est
assez répandue en Egypte comme dans toute la région mé-
diterranéenne ; le typhus exanthématique est rare. — Long-
temps le Delta a été considéré comme l'un des principaux
loyers de la peste; depuis 1845, la maladie y a disparu à
peu près complètement, après y avoir régné pendant toute
l'ère chrétienne et peut-être avant elle. De 531 à 580, la
laineuse peste de Juslinicny pénétra parl'eluse; au xive siècle,
l'Egypte perdit plus du tiers de ses habitants par la mort
noire venue de l'Inde. Les autres épidémies relevées ont été
nombreuses depuis 1504 jusqu'en 184"2. Aujourd'hui, la
peste semble reléguée en Asie. Mais l'Egypte est la porte
d'entrée pour l'Europe d'un autre fléau, le choléra, dont
elle n'est cependant pas le foyer. Après avoir étèavisitée
par le choléra dans les diverses épidémies qui envahirent
l'Europe depuis 1831, elle fui épargnée de 1865 à 4883 ;
malheureusement, les Anglais, ayant acquis la prépondé-
rance politique en Egypte en 1882, Défirent plus observer
rigoureusement les mesures quarantenaires qui préservaient
ce pays et l'Europe depuis dix-huit ans, et accordèrent une
tolérance toute spéciale à leurs navires venant de l'Inde. En
1883, le choléra éclata à Damiette, puis se propageai
Alexandrie et au Caire; depuis lors le choléra n'a plus été
signalé en Egypte. — La dengue fait quelquefois aussi son
apparition en Egypte, ma s sous une forme atténuée qui
rappelle plus ou moins la grippe ; du reste celle-ci s'y est plu-
sieurs fois montrée épidémiquement. — Les fièvres éruptives
font aujourd'hui moins de ravages en Egypte qu'autrefois;
la variole recule devant la vaccine ; la rougeole y règne
EGYPTE
- 886 -
souvent épidémiquement sur toutes les races; la scarlatine est
rare; les oreillons y prennent une grande ntesrion. — La
diphtérie paraît n'atteindre que les enfanta d'origine canea-
Bique. — Parmi lea affections de poitrine, la |ilus fréquente et
la plus meurtrière est la bronchite ; la phtisie pulmonaire
est assez fréquente, la pneumonie et la pleurésie aont rares.
Le rhumstisme est la maladie la [dus fréquente dans le
désert et le long du haut Nil, ou un froid humide et glacial
succède la nuit à la chaleur torridedu jour; en revanche
les maladies du ro-ur sont très rares. La goutte ne s'ob-
serve guère. Les lithiases biliaire et urinaire se rencon-
trent bien plus souvent chez les Fellahs que chez les nègres.
L'hématurie rhyleuse, produite par la bilharzie, est fré-
quente. — On a peu de renseignements sur la fréquence des
affections psychiques ; beaucoup d'Egyptiens se livrent au
haschischisme qui remplace pour eux l'alcoolisme. Les
autres affections nerveuses, tétanos infantile, hystérie, épi—
lepsie, sont fréquentes. — Peu de pays comptent autant de
borgnes et d'aveugles que l'Egypte ; c'est que les affections
oculaires y sont nombreuses; la vivacité de la lumière, les
poussières fines et salées, la syphilis et la scrofulose, qui
sont fréquentes, en sont autant de causes ; de plus, il existe
une ophtalmie purulente contagieuse qu'on a souvent con-
sidérée comme spéciale à l'Egypte. — Parmi les maladies de
peau, signalons le Lichen tropicus ou bourbouilles, qui
tourmente les blancs dans tous les pays chauds, puis l'érup-
tion rubéolique connue sous le nom de boutons du Nil, par-
fois suivie de furoncles et d'anthrax, également plus fré-
quente chez les Européens que chez les Arabes, nulle chez
les Nubiens et les nègres ; le bouton d'Alep ou clou de
Biskra est plus sérieux ; la lèpre des Grecs se montre quel-
quefois encore dans la partie méridionale de l'Egypte sur
les nègres et les Arabes; l'éléphantiasisdes Arabes, com-
mun dans le Delta, affecte également de préférence les
hommes de race colorée. Signalons en outre les ulcérations
phagédéniques (plaie de l'Yémen) et, parmi les parasites,
outre l'amibe, l'ankylostome et la bilharzie, le dragonneau
ou ver de Médine. Dr L. Hahn.
Egypte ancienne . — Le livre X de la Genèse
donne Misraïm pour frère à Kouch et Chanaan. A l'époque
où remonte ce document, l'Egypte et l'Ethiopie avaient
mêmes mœurs, même civilisation et pouvaient sembler
deux nations sœurs. Les Grecs renchérirent encore sur ce
point de vue en supposant que les habitants primitifs de
l'Egypte n'étaient autres que des colons éthiopiens. C'est
l'hypothèse inverse qu'ils auraient dû faire : nous savons
aujourd'hui que les colons ont remonté et non descendu le
Nil et que la civilisation éthiopienne n'était qu'une impor-
tation égyptienne d'époque relativement récente par rap-
port aux temps éloignés où l'Egypte sortit de la barbarie.
Si la parenté est problématique entre Kouch et Misraïm,
il n'en est pas de même entre Misraïm et Chanaan. Les
savants modernes, se fondant sur les caractères ethnogra-
phiques et sur certaines analogies linguistiques, s'accordent
à rattacher les anciens Egyptiens à la grande famille de
peuples qui occupaient l'Asie antérieure et l'Arabie. Les uns
les font èmigrer dans la vallée du Nil par le détroit de
Babel Brandeb, les autres par l'isthme de Suez. Quant à
eux, ils se considéraient comme les premiers habitants de
la vallée ou du moins comme les premiers hommes qui la
reçurent en partage, car ils croyaient qu'elle avait d'abord
été habitée par des dieux. Ils ne reconnaissaient, à vrai
dire, ce titre qu'aux rois qui régnèrent pendant la période
préhistorique. Leurs sujets étaient ces Chesou-llor (servi-
teurs d'Horus), que les Egyptiens vénéraient comme les
plus pieux des hommes et connue les fondateurs des villes
et des temples. Ce sont ces générations antéhistoriques qui
conquirent patiemment le sol sur les marécages, fertili-
sèrent de véritables déserts, s'essayèrent les premiers à
ce système savant d'irrigation au moyen de canaux et de
digues qui est resté en usage jusqu'à nos jours. Ce sont
elles aussi qui formèrent les premiers groupes de petits
Etats indépendants, origine des circonscriptions adminis-
tratives que les Grecs appelèrent nomes. Os petits Etats se
composaient des villes, dont la principale inout) était le
d'un gouvernement civil et militaire et d'un culte
spécial ;de terres cultivées (niiou) et de marais [pehou). Ils
étaient désignés d'un nom formé avec l'emblème du dieu local.
Les chefs héréditaires de ces Etats s'appelaient lu g
vaste fédération, fondée sur le respect dr !>"'i-
proques, ne pouvait durer longtemps. Des querelles de
voisinage suscitèrent des guéries d'où sortirent, avec un
nouveau groupement des forces rives de I Egypte, plu-
sieurs royaumes bientôt réduits à deux : celui du Nord et
celui du Sud. Os deux grands Etats furent, pendant la
plus grande partie de la période historique, réunis sous un
même sceptre. Le roi portait le titre de souten khab, roi
de la Haute et de la Basse-Egypte, de nxb taoui, roi des
deux pays et aussi de sr lia, fils du Soleil. Le principal
emblème de la royauté était un cartouche, sorte de
limbe dans lequel on inscrivait le nom royal. Dès la
Ve dvnastie, les rois firent précéder leur nom de famille
d'un nom d'intronisation. L'ensemble de ces noms, joints
à une devise inscrite sur une sorte de pavois, constitue ce
que les égyptologues appellent le protocole. Le protocole
royal s'écrivait intégralement de cette manière : 1° le
pavois portant la devise et surmonté de l'épervier d'Horus;
2° une phrase exaltant les vertus ou la puissance du
souverain et commençant par l'expression maître du vau-
tour et de l'urœus (autrement dit de la Haute et de la
Basse-Egypte) ; 3° le titre de souten khab, suivi du premier
cartouche (nom d'intronisation) ; 4° le titre de filsdu soleil,
suivi du deuxième cartouche (nom de famille) ; oTèpithète
divine par excellence : vivificateur éternel. Le protocole
ne pouvait manquer d'exercer la sagacité des égyptologues.
Ils se sont appliqués à démontrer que ces titres avaient
une signification qui dépassait la portée d'une simple
hyperbole et l'ont cherchée dans la conception qu'on se
faisait en Egypte des rapports du roi avec les dieux. C'est
ainsi que M. Maspéro, reprenant et développant la distinc-
tion établie par Erman entre les titres solaires et les titres
d'Horus ou d'épervier et appliquant les uns à la personne
même du roi, et les autres à son double (V. ci-après, p. 67 1 ) .
a pu poser l'équation suivante : 1° l'épervier sur le pavois
représentant l'àme du soleil sur la tombe = nom du double
royal survivant dans l'autre monde, c.-à-d. du pharaon
complètement divinisé ; — 2° l'épervier sur le collier d'or
= nom du double royal, émanation directe de la divinité,
incarné dans la personne royale dès sa naissance ; — 3° le
premier cartouche précédé du titre de souten khab = nom
que prenait le roi en montant sur le trône, c.-à-d. en rece-
vant l'investiture du dieu ; — 4° le deuxième cartouche pré-
cédé du titre de fils du Soleil = nom de famille du roi. le
seul qu'il aurait porté, moins le cartouche et le titre, s'il
n'était pas arrivé au trône. — De sorte que, si l'on
retourne la progression, on a dans l'ordre même où se
présentent les noms royaux le cursus honorum résumé
d'un pharaon depuis sa naissance jusqu'à sa plus complète
divination. Le roi était aussi appelé le (te-" bon et la
grande maison (prraa). Cette dernière dénomination, la
plus populaire en Egypte, devenue pharo dans la trans-
cription hébraïque de la Bible est restée courante dans les
langues modernes. Il s'en faut que les pharaons aient tou-
jours pu transmettre intacte à leurs successeurs la double
royauté fondée sur le droit divin. La fin de chaque
dynastie et souvent toute la durée d'une dynastie étaient
marquées par la rupture du lien de vassalité des Etats les
plus éloignés du pouvoir central. Les chefs héréditaires
(hiqouou ropatou) de ces principautés révoltées usurpaient
alors le cartouche. Quand ils étaient assez puissants pour
soumettre les autres principautés, ils devenaient les véri-
tables rois de l'Egypte, prenaient le titre de souten et éri-
geaient leur ville en capitale du royaume. Au temps de
leur plus grande puissance, les pharaons substituèrent aux
princes héréditaires de véritables fonctionnaires (mer nout
djât) ou nomarques, choisis tantôt parmi les courtisans,
- 667 -
EGYPTE
tantôt parmi les vieilles familles tèodales. Ces préfets
axaient les pouvoirs les plus étendus : ils étaient les chefs
«■mis et militaires île Won circonscriptions • ils levaient
les impôts pour le compte du roi et dirigeaient, a sa réqui-
sition, le> opérations du remuement, de l'armement et de
l'instruction des troupes. Celles-ci étaient commandées, en
temps de guerre, par un elat-niajor compose d'olliriers
des archei-s et d'officiel* des chars, places directement
sous les ordres du roi. Ces olliciers étaient en temps de
paix pourvus de fondions civiles et religieuses. Ils pou-
vaient recevoir, après une heureuse campagne, des dota-
tions en terres, des hiens de toute sorte et la décoration
du roltier </<• la vaillance. I. impôt était prélevé en na-
;ure et d'après une estimation de la richesse foncière
établie par les scrihes du cadasire. Il était emmagasiné
dans de vastes greniers auxquels étaient préposée des fonc-
tionnaires spéciaux. l.e bétail provenant de la dime était
dirige sur les pâturais du roi. Les hiens de la double
couronne avaient pris une telle extension, qu'on ne pouvait
les administrer sans un véritable peuple de fonctionnaires,
les uns purement locaux sous les ordres du préfet, les
autres rattaches au pouvoir central et chargés de l'ins-
pection et du contrôle. Ces nombreux fonctionnaires for-
maient avec le sacerdoce et les chefs militaires une vaste
caste, celle des scribes. Elle comportait une importante
hiérarchie ; car il y avait loin du scribe modeste qui enre-
gistrait les résultats d'une pesée ou le fret d'une barque
au grand scribe de la double Maison blanche, qui était, en
quelque sorte, le ministre des tinances. Elle absorbait ainsi
tout l'élément cultivé de la société égyptienne ; au delà de
son degré le plus humble, commençaient les corporations
ouvrières, dont l'organisation également hiérarchique nous
échappe encore en tous ses détails. Le Fellah des villes et
des champs occupe le dernier degré de l'échelle. C'est lui
qui, sous le bâton du contremaître, élève les digues,
traîne les fardeaux et travaille humblement à la prospérité
et à la gloire de l'Egypte. Pendant longtemps c'est lui qui,
refoulant les nègres, les Libyens et les Asiatiques, a élargi
les limites de la double terre. Plus tard, les pharaons em-
ployèrent des mercenaires qui finirent par constituer en
ite cette caste des guerriers dont parlent les historiens
Le nombre des nomes ou préfectures varie, selon les
temps et selon les sources, de 36 à 44. La liste en était
souvent dressée sur les murailles des temples où nous les
voyons encore sous la forme symbolique de personnages
venant faire au roi l'oBrande des biens de la terre,
personnages disposés en longue procession sur le soubas-
sement des murs ont toujours la tête surmontée de l'em-
blème divin qui leur sert de nom. La plupart ont pu être
identifies sûrement. Ceux des nomes de la Haute-Egypte
ne laissent place à aucun doute. A la frontière do la'.Nu-
bie ou Tokensit s étendait le nome du même nom avec
l'Ile d'Ajiou (Kléphantine) pour chef-lieu. Au temps de la
domination romaine, elle céda ce rang à Noubit (Ombos).
>vene de son nom égyptien Souanou (Assouan) s'élevait
sur la rive droite en face d'Eléphantine, célèbre dans l'an-
tiquité a cause de ses carrières et du fameux puits que le
>oleil éclairait verticalement le jour du solstice d'été. Le
nome se terminait au S. par les deux lies saintes de
S*>nem (ffigeh) et d'Ilak (Phase), lieux de pèlerinages pen-
dant toute l'antiquité. Le temple d'Isis a l'hihe resta le
dernier Btnetoaire du paganisme en Egypte. Au N. de
M nome était celui de les llor (ApoUomtes) avec Debo
Minospoli-; Magnai pour chef-li»'u.Cett<> ville, la moderne
Bdfbo, irait au temps des Ptoléméea assez d'importance
pour être dotée par ces princes d'un grand et magnifique
temple élevé sur l'emplacement de l'ancien sanctuaire du
dieu Horhoud. A il kil. au S. de Defa s'élevait Khennou
(Cilnhs) célèbre par ses carrières de grès exploitées dè> le
temps de la \IE dynastie et son école où l'on formait dès
la même époque au métier de scribes les jeunes gens de
bonne famille venus de tous les points de l'Egypte. Puis
c'étaient le nome de Ten (Latopolites) et celui d'Ouas
(Phatyrites). Le chef-lieu du premier fut d'abord Nekheh
(Eiletiiva) puis Sfli (Latopolis). Nekheh, aujourd'hui El
hah, était une ville très ancienne. Son nom est resté dans
les textes religieux un dos noms symboliques de la Mante—
Egypte. Au temps des llycsos, elle fut le dernier boule-
vard de la résistance. C'est dans uno des grottes do sa
nécropole que so trouve le tombeau d'Ahinos, chef des
nautonniers, dont la grande inscription est un des docu-
ments les plus intéressants pour l'histoire do la libération
de l'Egypte. Ahmos, en effet, prit part à la bataille d'Ava-
ris, qui consomma la défaite des llycsos. Le nome d'Ouas
avait pour chef-lieu Apit ou Tapit, la Thèhes des Crées
(l)iospolis Magna), capitale de l'empire sous neuf dynas-
ties. Son histoire est en quelque sorte celle de l'Egypte.
Grande et forte lorsque ses rois étendent leurs conquêtes
depuis la cinquième cataracte du Nil jusqu'à l'Euphrate,
elle est tour à tour prise et pillée par tous les envahisseurs
de l'Egypte, Ethiopiens, Assyriens et Perses. Mais ce fut un
cataclysme qui lui porta le dernier coup. A moitié dé-
truite par un tremblement de terre en l'an "21 av. J.-C,
elle n'offre plus aujourd'hui que les ruines imposantes,
disséminées dans les villages de Karnaq et de Louqsor (rive
droite), de Medinet Habou, Gournah, Déir el Iîahari (rive
gauche). A l'époque romaine, le chef-lieu du nome avait
été transporté à On du Sud (Hermonthis). Au N. du
nome Phatyrite, on entrait dans les nomes Coptites (lloroui)
el Tentyrites. Le premier sur la rive droite avait pour
chef-lieu Coubti(Coptos), la moderne Kol't, qui parait avoir
balancé, au début delà XIe dynastie, l'influence de Thèbes,
et qui lui succéda sous les Ptolémées, comme capitale com-
merciale de la Haute-Egypte. Elle fut alors et resta pen-
dant toute l'époque romaine le grand entrepôt des mar-
chandises de l'Inde. Le second, sur la rive gauche, avait
pour chef-lieu Tentarer (Tentyris), la moderne Denderah,
consacrée dès les temps les plus anciens à la déesse Hathor.
Son grand temple, qui fait l'admiration des voyageurs,
n'est qu'une reconstruction d'époque romaine. Le nome
de Haskek (Diospolites) venait ensuite avec Hou (Diospo-
lis Parva), la moderne Hâou. Le nome Thinites, qui s'éten-
dait sur les deux rives, comme le précédent, fut le berceau
de la monarchie. Sa première capitale, Thinis, aujourd'hui
Kôm es Soultan selon les uns, et Bellianeh selon d'autres,
céda le pas dès une haute antiquité à Aboudou (Abydos),
la ville sacrée qui se vantait de posséder le tombeau d'Osi-
ris et qui fut remplacée à son tour par Psoi (Ptolémaïs).
" Les nomes del'Egypte-Moyenne, entre Abydos et Mem-
phis, dit M. Maspéro, sans avoir jamais obtenu une pré-
pondérance marquée, ont pesé d'un grand poids dans les
destinées du pays. Remplis d'une population nombreuse,
couverts de places fortes situées avantageusement sur les
différents bras du Nil, ils pouvaient couper à volonté les
communications entre Thèbes et Memphis et arrêter long-
temps la marche des années. » Le premier d'entre eux, le
nome de Kherni (Panopolites), avait pour chef-lieu Apou
(Khemmis), appelée aussi Panopolis pour les Grecs qui
avaient identifié son dieu ithyphallique, Khem, avec Pan.
In autre nom du dieu était Min, lequel, fondu avec le
premier, a donné à la ville son nom moderne d'Akhmin.
Venaient ensuite le nom de Dout (Anta;opolites) dont le
chef-lieu Toukaou (Antaopolis) s'élevait sur l'emplace-
ment de la moderne Caou el Kebir (rive droite) et le nome
de Baar (Hypselites) avec Chachotpi (Nesl et Chetoub) sur
la rive opposée. On entrait alors dans le Iotef supérieur
(Lycopolites),même rive, qui avait pour chef-lieu Lycopolis
(Siout) où l'on adorait le chacal Anubis comme dieu des
morts, puis dans le Iotef inférieur, chef-lieu Ivousit (Cusae),
la moderne Qossyeh. Ce nome se fondit avec les deux
voisins à l'époque gréco-romaine. L'un d'eux, le nome de
Ounou (llermopolites) avait pour chel-lieu kmounou(Her-
mopolis), aujourd'hui Achmouneïn. Il tirait son nom de
son dieu principal (Thot, Hermès). Sur l'autre rive du
Nil, Aménophis IV avait élevé la ville dont les ruines se
EGYPTE
_ r.iis _
retrouvent a côté de Tel] el Amarna. I.e Hefaj avait pour
chef— lieu Hbennou (Théodosiopolis), ville obseure el qui a
laissé moins de gonvenin que Nowroos (Khom ri thmar)
ou l'on voil encore dee tombée il'- l'ancien empire, el sur-
tniit que Panoubt (Speos Artemidos) dont la nécropole
forme une Bérie île grottes réparties entré cette localité et
Béni Hassan, (les tombes qui sont celles de princes de la
XII'' dynastie nous ont conservé les documents les |>lus
précieux sur la vie et les UUBUrs de la féodalité a IY|>oque
du premier empire thèbain. Les [dus anciennes villes du
nome étaient Monait Khoufou, fondée par Khoufou (Chéops),
sur l'emplacement de la moderne Miniah. Sur la rive
droite les deux nomes de Pa, chef-lien Haibonou, et de Ma-
ton (Aphrodites), chef-lieu Panibtepahe (Aphroditopolis),
la moderne Atfieli , taisaient face au nome de Ouabou
(Oxyrrhinchites), chef-lieu Pamadjit(OxyrrbinchosPemsje),
aujourd'hui liehneceli, au Nouhit supérieur (lleracleopo-
lites), chef-lieu Makhnensou (llerarlcopolis Magna), aujour-
d'hui Hnassieh, et au Nouhit inférieur, chef-lieu Miritoum,
aujourd'hui Mcidoum. Le Favoum , qui était attaché au
premier, forma à son tour un nome nouveau, l'Arsinoites,
avec Chedou (Crocodilopolis) pour chef-lieu. Toute cette
partie de l'Egypte comprise entre Lyropolis et Mitoum sernhle
avoir eu la prépondérance pendant prés d'un siècle, alors
que les dynasties memphites étaient déchues de leur an-
cienne grandeur et que les princes de Thèbes n'avaient pas
encore fait parler d'eux. La Basse-Egypte commençait au
nome de Anbouhaït(Memphites), dont le chef-lieu Mannoouir
(Memphis), appelé aussi Hakaphtah, a donné son nom à
l'Egypte. Son histoire comme celle de Thèbes, sa rivale, est
intimement liée à celle de l'Egypte. Puissante et prospère
au temps où ses rois régnaient sur toute la vallée, puis
délaissée pendant de longs siècles, elle reprit une partie de
son importance au vi* siècle avant J.-C. et ne déclina tout
à fait qu'à l'époque romaine. Ses ruines couvrent encore
aujourd'hui la vaste plaine comprise entre Bedrecheïn et
Mitrayneh. Sa nécropole, encore plus grande que celle de
Thèbes, comprend la série de pyramides qui s'étend
d'Abou Roach à Dachour. L'identification des nomes du
Delta est loin de présenter le même degré de certitude que
celle des provinces de la Haute et de la Moyenne-Egypte.
Nous pouvons cependant citer les nomes Létopolite et llélio-
polite, l'un à gauche, l'autre à droite de la pointe méri-
dionale du Delta. Le premier avait pour chef-lieu Sokhmit
(Létopolis), le second, On du Nord (Héliopolis) moins im-
portante par sa population ou son rôle politique que par
son collège de prêtres, fondateur d'un système théologique
qui exerça la plus grande inlluence sur la religion de l'em-
pire. Sa célébrité était telle dans le monde ancien que
les Grecs s'imaginaient qu'il avait été l'école où s'étaient
formés leurs plus grands philosophes. Les nomes Saïtes,
chef-lieu Sais, sur la rive droite de la branche canopique,
Phteneotes ou Am inférieur, chef-lieu Boulo (Ouadijt),
jouirent dès la plus haute antiquité d'une certaine impor-
tance. Le culte de Neit, à Sais, qui eut surtout sa vogue
sous les rois de la XXVIe dynastie, remontait à l'ancien
empire ; quant à Bouto, elle n'a pu, comme Nekhab, sym-
boliser le N. de l'Egypte que grâce à une prépondé-
rance politique ou religieuse dont l'histoire n'a pourtant
conservé aucune autre trace. A défaut des nomes on a re-
trouvé remplacement d'un grand nombre de villes dont les
principales sont Khsoou (Xois), aujourd'hui Sakhra, sur
l'ancienne branche sébennytique, Panihdidou (Mendès),au
S.-O. du lacMenzaleh, Thebnoutir (Sebennytos), aujour-
d'hui Samanhoud, sur la branche de Danùette; l'a Hast
(Bubastis), aujourd'hui Tell Basta, au S. de Zagazig, et
Tanis, aujourd'hui San, ou Mariette* mis au jour les cu-
rieux monuments qui nous font remonter au temps de la
domination des llycsos.
Religion. — Aucun peuple n'a eu autant de dieux que
les Egyptiens. Chaque tribu, chaque petit Etat el plus tard
chaque nome eut les siens. Ce n'étaient a l'origine que les
personnifications des forces ou des principaux aspects de
la nature, h ciel, les astres, les phénomène*
Nil, la tei/c productrice, un grand nombre d'ssûmaux,
des arbres, des minéraux, etc. La croyance populaire
attribuait même certaines vertus a des ohjets fabriques. A
la longue, '<■ grossier fctirlusuie s'épura. Les théologiens
distinguèrent entre les divinités primordiales et les génies
secondaires qui restèrent toujours l'objet delà superstition
du peuple. Les dieux proprement dits ne réussirent pas néan-
moins a s'affranchir complètement des éléments li
qui les constituaient a l'origine et qui restèrent leur mode
d'expression. Des dieux cosmiques comme Sowek, Tbot,
Chnoum, l'tah. etc., ne purent jamais se dégager des
formes du crocodile, du singe ou de l'ibis, du bélier et du
bœuf avec lesquels ils ne Faisaient qu'un au début, et qui
demeurèrent leur vivant symbole; a plus forte raison les
dieuv qui DO pouvaient avoir d'autre signification que celles
qui était contenue dans leur forme animale. Les Egyptiens
ne concevaient donc pas les dieux autrement conformés
que leurs créatures : ils leur attribuaient un corps, une ou
plusieurs âmes comme a l'homme, des besoins, des pas-
sions, en un mot la vie. Ils naissaient et mouraient, se
mariaient et s'engendraient, se haïssaient et se faisaient
la guerre comme les hommes. Il est vrai qu'ils ne mou-
raient jamais complètement ; mais cela ne leur constituait
pas une immunité, car l'homme avait le même droit à la
résurrection et l'obtenait par l'accomplissement de certaines
formalités dont les dieux ne pouvaient non plus s'abstenir.
On ne saurait nier pourtant que les textes de l'époque
thébaine nous mettent en présence de conceptions reli-
gieuses d'un ordre assez élevé : Amon, par exemple, y
reçoit les titres de dieu un, unique, de maître de l'éternité
ni plus ni moins que le Jahouèh des Juifs. Mais ces con-
ceptions, d'ailleurs spéciales aux théologiens, laissèrent
coexister les croyances primitives, de la même manière
que la création de l'écriture cursive laissa subsister l'an-
cienne écriture hiéroglyphique, sur laquelle elle était un
sérieux progrès. Le trait dominant du caractère égyptien
a été de tout temps un conservatisme absolu : rien ne s'est
transformé en Egypte, tout s'est superposé. C'est ainsi
qu'on retrouve intacte, aux derniers moments du paga-
nisme, la cosmogonie imaginée dès avant la période histo-
rique par les prêtres d'Hèliopolis. Selon cette doctrine,
rien à l'origine n'existait avant le Nouit, l'océan primordial.
Le premier dieu qui en sortit, Toum ou Atoum, engendra
de lui-même' un premier couple divin, Chou et Tafnout, qui
sépara le ciel d'avec la terre. Comment se fit cette opéra-
tion, c'est ce que nous montrent les nombreuses répliques
d'un tableau devenu très populaire en Egypte. La déesse-
ciel .N'ont tient embrassé le dieu-terre Sib couché de tout
son long sous elle. Chou, qui jouait seul ce rôle dans la
forme primitive du mythe, se glisse entre les deux corps,
et soulève, d'abord agenouillé, puis dressé, la dee-
qu'il supporte indéfiniment, et dont les bras et les jambes
pendantes restent en contact par leurs extrémités avec
le dieu Sib. Chou représentait ainsi l'air, c.-à-d. l'élément
intermédiaire. Le monde ainsi formé s'éclaire subitement :
le soleil parait hors du lotus qui émerge de l'Océan, et
accomplit sa première course, vivifiant tout sur sa route.
Suit la naissance d'Osiris, le premier homme, fils de Sib
et de Nout. (Isiris, comme l'Adam biblique, a une cam-
pagne, Isis, et de plus un frère, Sit, qui représente le mal.
comme lui-même représente le bien. Sit fait la guerre à
son frère, le tue et le met eu pièces. Mais Isis rassemble
les morceaux epars dans toute l'Egypte et aidée de sa sœur
Nephthys les embaume. De son époux ainsi rendu a une
vie qui n'est plus la vie terrestre, elle conçoit un fils
(Horus) qui deviendra le vengeur de son para et mettra a
mort son meurtrier Sit. Ce mythe de la création ainsi
accomplie en plusieurs actes (création de l'élément actif
qui sépare le ciel d'avec la terre, création du monde.
création de la vie et de la mort) n'est pas seulement l'une
des plus vieilles théories de la science, c'est aussi le pre-
mier indice que nous ayons de la concentration en un seul
— 669 —
EGYPTE
culte de dWifiités d'origines divorces, source do syncré-
tisme qui dois apparaît dèié en toute sa complexité dans
les textes les plus anciens. Neuf des dieux de cette légende,
ainsi groupés eu «tméade, Toum, Chou, Tafnout, Sib,
Nout, Osins, Isi-, sii, Nephthys, avaient une existence
indépendante ayant de former ensemble un cycle. Chou,
Sib, Nout étaient, a \rai due, îles dieu?; élémentaires
eonununs à la plupart des tribus qui èmigrèrenl dans la
«allée du Nil ; de mène Isi- qui du limon fertile devint la
divinité mère par excellente : mais Osiris et Sit étaient des
divinités locale-. Osiris de Mendès, Sit de certaines tribus
du Delta. Toum. Tafnout et Nephthys appartiennent ii
une disse de divinités tout autre: elles ne proviennent
pas d'un fond populaire, mais ont été loin s artificielle-
ment pour les besoins de la cause. Il y avait ainsi en
■te trois sortes de dieux : les dieux élémentaires com-
muns a toute l'Egypte et dont un petit nombre, [sis et
llor. par exemple, ont ete adoptes par certains nomes et
ont eu à ce titre des temples spéciaux et un culte, les dieux
locaux dont l'un (Osiris) a eu le sort inverse en devenant
une divinité nationale, et, en dernier lieu, les dieux fac-
tices dont les théologiens ont rempli la mythologie. L'en-
néade heliopolitaine parait s'être substituée de bonne heure
à la (dupait des systèmes élaborés dans les autres écoles.
On se contenta le plus souvent de changer le dieu primor-
dial par le dieu principal de la localité, homme ou femme,
car chaque centre religieux n'adorait pas nécessairement
un dieu masculin. Sais mettait en première ligne la déesse
Nit , Denderah la déesse llathor, les iles de la première
cataracte les déesses Anouqit et Satit, Philse la déesse
Isis. etc. Certains sanctuaires éliminèrent Sit, le dieu
maudit, au profit d'Hor, tils d'iisiris, lequel, bien avant
de jouer un rôle dans la légende de la Passion égyptienne,
fut un dieu-ciel, puis un dieu-soleil. Il y eut aussi des
enneades qui comptèrent dix, douze dieux et au delà ; mais
les dieux supplémentaires ne comptaient que pour un avec
les dieux essentiels de l'ennéade dont ils étaient les
parèdres. L'école d'Héliopolis ne s'en tint pas à une
ennéade unique ; elle s'efforça de grouper de la même
manière les principaux dieux de l'Egypte et de les rat-
tacher ainsi à un vaste système d'explication de l'Univers.
Le premier cycle ou grande neuvaine renfermait les divi-
nités créatrices, le cycle suivant ou petite neuvaine fut
destiné a représenter l'organisation et la marche du
monde une fois créé. Nous n'en connaissons pas la compo-
sition primitive, mais les exemples qui nous sont fournis
par Thèbes et Phihe s'accordent à y incorporer les dieux
Hor. Anubis, Sotp, Harmachis, Thot, les déesses llathor
et Mait. Les théologiens ne s'arrêtèrent pas en si beau che-
min. Une troisième neuvaine comprit des dieux du troisième
degré et ainsi de suite. Une école sacerdotale célèbre, celle
d'Hermopolis, fut réfractaire à l'ennéade heliopolitaine et
lui en opposa une formée par le doublement des quatre
dieux-singes que le grand dieu de Kmounou, Thot, avait
préposés aux quatre points cardinaux. Cette ennéade se com-
posa donc de Thot comme dieu primordial et des quatre
couples Nounou et Nounit, Hchou et llchit, Kakou et Ka-
kit, Nenou et Nenit.
La combinaison par trois ou triade, qu'on a longtemps
considérée comme la base de l'ennéade, semble avoir eu
son point de départ dans la tendance qu'avaient les
anciens Egyptiens i ramener toutes leurs conceptions
religieuses à l'imitation uniforme des choses humaines. La
triade se composait d'un dieu père, d'une déesse mère et
d'un dieu (ils. Conception populaire a L'origine, elle ne
tarda pas a être adoptée par les théologiens, qui se ser-
virent des unions divines comme on l'ail des mariages
politiques pour fondre des intérêts de culte quand les cir-
eoastanees l'exigeaient. C'est ain-i que l'tab de Hemphis
épousa Sekhet de Létopolis et adopta -on tils Nowre-
Toum. né san- doute d'un premier mariage de la déesse
avec Toum d'Héliopolis, et qu'Amon, dieu de Thèbes, fut
transformé en père de Mentou et a ce titre le supplanta
comme dieu de la Thébanle, Lorsque Thèbes, de simple bour-
gade qu'elle était, devint la capitale du double royaume.
L'une des plus anciennes triades était celle que compo-
saient <t>iris, [sis et Bonis : elle fut en tout cas La plus ré-
pandue. La triade la plus artificielle est à coup sûr, comme
l'a remarqué M. Maspéro, celle de sii a qui L'on donnait
pour épouse ci pour fils Nepththys et Anubis, divinités qui
lui étaient hostiles en tant qu'alliées d'Osiris. La triade oc-
cupa bientôt, a côté de l'ennéade, un eplace importante dans
la religion égyptienne : on peut même dire que, dès la se-
conde période thebaine, elle occupa la première. Dès lors,
il s'en forma de toutes sortes par addition d'un dieu à la
déesse locale quand celle-ci avait un fils OU de deux dieux
dans le cas contraire, par la création de déesses au moyen
d'un petit artifice philologique : Amonit, d'Amon, Ralt, de
Rà, etc. A L'époque ptolémaïque on ne tint plus aucun compte
du type père, mère, lils, qui était le principe même de la
triade et l'on admit toutes les combinaisons quelles qu'elles
fussent : Osiris, Haroeris, llarpechroud ; Osiris, Isis,
Nephthys, Khnoum, Satit et Anouqit ; Isis, Nephthys et
Selqit, etc.
L influence exercée par l'école d'Héliopolis sur les
croyances de l'Egypte ne s'est pas seulement manilestée
pas la diffusion de sa cosmogonie et de son ennéade, mais
aussi par la prépondérance à laquelle arriva son dieu
solaire dans tous ies sanctuaires de l'Egypte. Il semble en
effet que lia soit devenu le dieu égyptien par excellence.
Tous les dieux chefs d'ennéades se transformèrent à son
exemple en soleils; ceux même dont le caractère originel
s'était le moins effacé comme Chnoum, qui était un dieu Nil,
comme l'tah, qui était un dieu Terre, etc. Amon lui-même
ne put faire accepter sa prépondérance à l'époque de l'hé-
gémonie thebaine qu'en se confondant avec Rà. Le nom du
dieu d'Héliopolis entra en composition avec un grand nombre
de noms divins : Amon-Rà, Knoum-Râ, Sevvek-Rà, etc. Rà
ayant le titre de père de tous les dieux, ses imitateurs
l'usurpèrent. Celui de fils de Rà fut pris de la même façon
par les pharaons, dès les premiers temps de la monarchie.
L'identification de toutes les divinités locales avec le soleil
est un fait capital dans l'histoire des religions de l'Egypte.
Elle contenait en germe ce monothéisme imparfait que
quelques savants considèrent comme l'essence du paganisme
égyptien. Le procès de cette doctrine a été fait avec une
haute autorité par M. Maspéro dans la Revue de l'histoire
des religions, de 1880 à 1889.
Le culte rendu aux dieux donne encore plus que la mytho-
logie la mesure du degré de grossièreté qui les carac-
térise. Le temple est la demeure où ils résident en corps et
en esprit. Ce n'était à l'origine qu'une chambre où le fé-
tiche dresse sur son socle recevait l'adoration des fidèles,
ou encore une sorte d'étable précédée d'un enclos où s'ébat-
tait l'animal divin. Les purifications, les offrandes dont on
le nourrissait, les sorties solennelles qu'on lui faisait faire
furent à l'origine et restèrent toujours les éléments essen-
tiels du culte. Diverses causes contribuèrent de bonne heure
à la transformation du temple : 1° l'association des pa-
rèdres au culte de la divinité principale; "2° L'accroisse-
ment prodigieux des offrandes pour les dieux dont le
pouvoir s'étendait au delà des limites du nome ; 3° la dévo-
tion des souverains qui n'était pas exempte d'une arrière-
pensée politique et qui leur suggéra le dessein de ces
constructions splendides destinées à rendre plus sensible
l'importance de leur dieu régional. La chapelle primitive s'ac-
crut de chapelles pour les dieux parèdres, de nombreuses
chambres pour le- accessoires du cuite, les purifications,
le sacrifice, l'installation du sacerdoce. On jugea aussi à
propos de dérober à la vue de la foule les sorties les plus
fréquente- du dieu: d'où ces cours a portiques clos de
haute- murailles. A l'état rudimentaire, ces dispositions
étaient rigoureusement contenues dans un massif bâti sur
plan rectangulaire, avec des murs de même hauteur. Mais
Les accroissements successifs que reçurent ces édifices
leur tirent bientôt franchir ces limites. Les portiques et
EGYPTE
670
1rs vestibules érigea |>ar les rois en souvenir de leurs no-
toires prirenl des pn>|iortions telles que le sanctuaire ne
devint bq moins en apparence qu'un seeessoire dn temple.
Il disparaissait derrière ces Buperbes annexes qu'une règle
absolue plaçai) toujours en avant îles constructions plus
anciennes. Le type primitif <lu temple lit donc place :i nu
type nouveau que les pharaons de la XIX" dynastie prirenl
pour modèle. Il se composait du temenos, auquel on accé-
dait par an Ions dromos bordé (!<• sphinx, d'un nombre
variable de portiques avec propylées, du pronaos on salle
bypostyle el du secos. Inaccessible aux dévots, mystérieux
par sa profondeur et son obscurité, le secos ou sanctuaire
était formé |>ar une chapelle centrale autour de laquelle se
groupaient plus ou moins régulièrement d'autres chapelles
ainsi que les chambres d'un caractère trop sacré pour prendre
jour sur les portiques. Ce qui contribua à la consécration de
ces dispositions, ce fut l'assimilation de tous les dieux au dieu
d'Ileliopolis. Sous l'influence de ce mysticisme, le temple
devint la maison du soleil, c-à-d. l'univers. Le culte se
modifia dans le même sens. Le dieu se recueillait au fond
de sa chapelle comme l'astre perdu derrière l'horizon ;
comme lui, il se levait dans sa barque et apparaissait dans
la salle bypostyle construite à l'image du monde visible :
son plafond constellé figurait le ciel, les papyrus et les lotus
qui ornaient sa base et qui alternaient avec les images des
nomes et des dieux Nils rappelaient le monde terrestre ;
l'espace intermédiaire représentait la région de l'air acces-
sible aux seuls dieux et au pharaon divinisé. Le dernier
[iropyiône qui était aussi le plus élevé correspondait pareil-
ement au zénith, au point culminant d'où le soleil redes-
cend lentement pour se perdre derrière l'horizon. C'est là
que la barque divine portée par les naophores resplendis-
sait entre les deux obélisques et répandait sa lumière et sa
gloire sur la foule des fidèles, pour reprendre bientôt comme
le soleil sa route vers la demeure mystérieuse, au fond de
I'adytum. Certains temples possédaient aussi dans une de
leurs vastes cours un petit lac où l'on faisait accomplir à
la barque sacrée la traversée mystique du Nil céleste.
En tant que soleil, le dieu n'en était pas moins soumis
à toutes les nécessités inhérentes à la condition humaine.
Il lui fallait des vêtements, des parfums, des aliments. 11
avait sa garde-robe, ses officines et ses cuisines, ses gre-
niers, son bétail et ses pâturages, ses pêcheries, etc. Il ne
se contentait pas de l'impôt que lui payait la piété de ses
adorateurs ; des biens immenses en Egypte et au dehors
lui assuraient d'importants revenus. Il avait sa part aux
dépouilles des vaincus et se partageait avec le pharaon
tous les avantages d'une prépotence purement terrestre.
Quoique dieu lui-même, ce dernier lui devait la plus
entière soumission et l'honorait d'un culte en règle en
échange d'une protection toute spéciale. Les nombreuses
scènes qui illustrent les temples nous initient clairement
aux rapports du dieu et du pharaon. Parfois nous les
voyons assis côte à côte sur un pied de quasi-égalite ; mais
le plus souvent le dieu trône seul, et reçoit de son fils
birn-aimc l'offrande du vin, de l'eau, du lait, des deux
couronnes, du sistre, du collier menât, des pains sa-
crés, etc. Nous voyons le roi lui-même chasser au lasso
les quatre bœufs du sacrifice, qu'il accomplira intégra-
lement comme un simple officiant. Ces scènes strictement
liturgiques ornent l'intérieur des chapelles, des chambres
et de la salle hypostyle. Les scènes réservées à l'extérieur
sont d'une autre nature. Elles nous représentent le pha-
raon partant pour la guerre , rencontrant et battant
l'ennemi, puis rentrant triomphalement sur son char avec
les chefs des vaincus qui seront en dernier lieu sacrifies
devant le trône divin. Dans tous ces actes, rilualistiques
ou militaires, le pharaon s'astreint à une mise en scène
et un costume réglé par le cérémonial. Ici il porte la
couronne du Sud, là celle du Nord, ailleurs, le psi lient
ou le klaft, selon les cas, le diadème atef, le casque,
ou la tète nue. Des légendes hiéroglyphiques qui accom-
pagnent ces scènes nombreuses ne nous passent aucun
détail : elles nous donnent b-s noms et les titres des per-
sonnages, les noms des «*■— ■ ; elles reproduisent jus-
qu'aux parOMS jetées BU milieu de lardon. !•
dialogue engagé entre i,< roi et ses oSeietu. Ainsi le temple,
avec la chronique détaillée des campagnes royales, les
listes de peuples vaincus et des tributs payés aux
dieux, le texte des prierai et des actions de grâces, les
tableaux des fêtes périodiques, les formulaires de l'ollcande
et du sacrifice, le détail des cérémonios, constitue l ha
seul le répertoire le plus important pour l'étude de la lis
publique et religieuse de l'Egypte. A l'époque ptntfiwsiqnn.
il subit diverses modifications. Les cours plus ou moins
nombreuses de l'ancien temple se réduisaient à une cour
unique entourée de portiques que Slrabon (dont nous res-
pectons la nomenclature) appelle ptèra ; les colonnades
des diverses salles du B60S8 SB localisent dans le pronaos
ou salle hypostyle toujours en avant et toujours plus élevée
que le naos proprement dit ; les chapelles et autres dispo-
sitions intérieures de cette dernière partie se groupent
symétriquement par rapport à la chapelle principale rede-
venue ce qu'elle devait être, r.-a-d. le noyau du BOOM,
Toutes les représentations relatives aux campagnes royales
n'intéressant plus directement le culte disparaissent et
laissent le champ libre à la mythologie et aux scènes
purement liturgiques. De même la géographie antique four-
nie par les listes de peuples vaincus cède la place à la géo-
graphie égyptienne, soit à propos des guerres mythiques
d'Osiris et de Sit, soit à propos des redevances dont le
dieu était honoré de la part des différents nomes. Huant
au roi lagide et plus tard au césar, il se substitue pure-
ment et simplement au pharaon, dont il prend les costumes,
les attributs et le cartouche.
Nous savions par les auteurs anciens la place que
tenaient les croyances relatives à la vie future dans les
préoccupations des Egyptiens. L'étude des textes et des
monuments a confirmé cette manière de voir. Chaque nome
avait à côté de son dieu des vivants un dieu des morts :
Osiris régnait dans la nécropole de Didou (Busiris) et de
Panibdidou (Mendès) ; Sokari, dans celle de Memphis ; la
déesse Miritskro dans celle de Thèbes ; les morts du nome
Thinites obéissaient à Khontamenti, ceux du Lycopolitesà
Anubis. Les croyances locales relatives à la vie d'outre-
tombe eurent le même sort que les conceptions purement
mythologiques : elles se fondirent de bonne heure, et
chaque nécropole, tout en conservant son dieu primitif, se
mit en devoir d'honorer les dieux des morts des nomes
voisins et progressivement tous les dieux des morts. L'un
d'eux cependant ne tarda pas à primer tous les autres. Dès
les temps historiques, Osiris nous apparait en effet comme
la divinité funéraire par excellence. Son domaine primitif
se trouvait dans les lagunes du lac Menzaleh. C'était là que
les Mendésiens d'avant les rois plaçaient le Sokhit lalou
(le champs des fèves), refuge des âmes. « Les champs
d'Ialou, dit M. Maspéro. suivirent la même fortune que les
lies bienheureuses des Crées : ils se déplacèrent à mesure
qu'on connut mieux la géographie de l'Egypte el des con-
trées environnantes. Ils partirent naturellement vers le
N.-E. dans la direction qu'indiquait leur situation primi-
tive. Plusieurs traits du mythe d'Osiris montrent qu'une de
leurs premières étapes fut sur la côte de Phènieîe.
en Phénicie. à Byhlos.que le courant emporta le corps du
dieu, qu'lsis se réfugia, qu'abordait chaque année la tête
en papyrus jetée dans le fleuve par les prêtres d'Egypte. Je
ne sais si de Phénicie les champs d'Ialou ne passèrent
point sur la côte plus lointaine d'Asie Mineure: le certain,
c'est qu'ils quittèrent bientôt la terre pour s 'élever au ciel.
Il y prirent place au N.-E.. comme il résulte du témoi-
gnage dn Livre des Morts, dans le voisinage de la Grande
Ourse et des constellations boréales. » Ce qui fit la fortune
d'Osiris comme principal dieu des morts, ce fut l'immense
popularité dont il jouissait dans toute l'Egypte autant que
type idéal du premier homme né de la terre et du ciel.
Dès lors il ne tarda pas à être associe ou identifié aux
— 1571 —
EGYPTE
autres dieux dos morts île la même manière que EU, le
Soleil, au\ «lieux primordiaux îles 'rivants, t'est ainsi
■m Sokari devint Sokar-Osiris, que Khontamenti devint
KhooUinentit-Osiris, etc., et eeia sans tenir aucun compte
d<*s divergences qui existaient entre les caractères originels
de ees différents dieux ainsi qu'entre les diverses BOUCep-
lions du inonde infernal auquel ils étaient préposés. I. en-
fer île Sokari ne ressemblait en rien à celui d'Osiria :
celui-ci. nous l'axons dit. était un archipel d'ilôts vor-
dovauts perdu dans les lagunes orientales du Delta ; celui-
là 'comprenait tes cavernes 00 les longs couloirs creuses
■•■a la cliame lihyque a la lisière occidentale de la nécro-
pole meinpliite. Pour les Abydéniens, l'enfer ou Douaou
n'était pas une localité, niais une grande division de i'uni-
veis. datte croyance s'imposa de bonne heure à toute
Il gypte et contribua vraisemblablement à la bizarre con-
ception que les Egyptiens se taisaient du inonde dont nous
avons exposé plus haut la création. Ils lui supposaient la
l'orme d'une immense boite ovale orientée par ses deux
extrémités vers le N. et le S. La partie supérieure
était formée par le ciel, voûte d'airain ou étaient suspen-
dues les lampes tixes (akhimou ourdou) et les lampes
■mates (akhimou M'khoul : le fond était forme par la terre
dont l'Egypte était le milieu : quant aux parois, qui sou-
tenaient la VOÛte céleste, c'était la double chaîne de mon-
tagnes qui encaisse la vallée. « Le soleil, nous explique
M. Maspero, circulait le long des parois de la boite sur
un cours d'eau qui, semblable au neuve Océan des Grecs,
enveloppait complètement notre terre et la séparait du ciel.
Le lit dans lequel il coulait et les régions qui l'avoisinaieitt
formaient autour des remparts do monde comme une ban-
Ïuette placée presque immédiatement sous le ciel étoile.
Ile était bordée dans toute la moitié N. de l'ellipse par
une chaîne ininterrompue de montagnes abruptes qui nais-
saient à l'O., à la hauteur d'Abydos, s'élevaient rapide-
ment et devenaient bientôt si hautes qu'elles s'interposaient
comme un écran entre notre terre et le fleuve, puis se ter-
minaient à l'E. au pic de Bakhou. Le pays qui s'étendait
derrière elles était le Douaout, la région des âmes... A
partir du pic de Bakhou, la chaîne s'effaçait, et un large
plateau lui succédait, qui courait d'abord de l'E. ou S.
puis du S. à l'O. Du soir au matin, le soleil traversait
le Douaout, et la hauteur des montagnes empêchait sa
lumière d'arriver jusqu'à nous : mitre terre était plongée
dans la nuit. Du matin au soir, il parcourait le plateau
de la partie méridionale ; ses rayons n'étaient plus arrêtés
par aucun obstacle et se répandaient librement ; notre
terre était en pleine lumière et jouissait du jour. » Dans
la théorie abydénienne, le soleil, une fois franchi le terri-
toire de la Fente, échancrure de la montagne libyque
qui passait pour l'entrée des Enfers, devenait à la fois un
soleil mort et le dieu des morts, et, comme tel, était iden-
ti6é avec Osiris. Gette assimilation eut pour conséquence
l'assimilation inverse d'Osiris avec le soleil et de même
que le soleil apparent absorba à la longue tous les dieux
des vivants, le soleil invisible modifia si complètement le
caractère primitif des dieux d'outre-tombe qu'à un moment
donné on ne distingua plus entre le soleil et Osiris.
Quoiqu'il en soit, c'est toujours le point de vueosirien
qui domine dans les pratiques funéraires qui suivent immé-
diatement la mort. A peine en effet a-t-il rendu le dernier
souffle, que l'Egyptien passe a l'état d'Osiria. On procède à
son égard comme Isis a celui de son époux; on l'embaume
selon un rite qui reproduisait purement et simplement la
cérémonie de l'embaumement d'Osiris; on enferme la momie
dans un cercueil taille a l'image de ce dieu et, à partir de
ce moment, le service funèbre nV^t plus que la représen-
tation d'un mystère à plusieurs personnageB et qui pourrait
s'intituler la résurrection d'Osiris. Le transfert de la
momie à la nécropole, par terre ou par eau, qui en est le
prologue, devient activement le voyage l Abydos, au tom-
beau d'Osiris. I>es cérémonies de l'ouverture de la bouche
et des veux et de la reconstitution successive de tous les
organes et de tous les membres au moyen de formules que
récitent alternativement divers personnages au seuil de la
tombe, ainsi que le sacrifice funéraire par lequel se ter-
minent les démonstrations en l'honneur do mort, sont autant
de scènes décalquées sur les scènes les plus typiques et les
plus populaires de la passion d'Osiris, telle «pie la tradition
l'avait lixée. I ne fois la momie dans son caveau, commen-
cent pour l'Egyptien les croyances les plus diverses au sujet
de sa destinée. La sagesse des piètres qui les avait re-
cueillies avait essayé de les concilier eu établissant autant
de distinctions dans les conditions et la nature de l'âme
qu'il y avait de systèmes dans ces croyances, (l'est ainsi
qu'un Thébain contemporain de Hainsès 11 admettait pour
la solution du mystérieux problème de la survie toutes les
solutions naïves qui, depuis les temps les plus anciens,
s'étaient en quelque sorte amassées dans l'esprit do peuple.
Il croyait d'abord à l'existence d'un reflet (qa) de sa forme
corporelle, pouvant à son gré se confondre avec sa momie
ou s'en détacher. Ce double conservait tous les besoins
et tous les appétits de la terre. Il lui fallait de la nourri-
ture, des vêtements, îles parfums, des serviteurs, en un
mot de quoi continuer sans aucun changement son premier
train de vie. Négligé et abandonné à lui-même, le double
était condamné à la dernière des misères : il errait la nuit
au milieu des chemins, cherchant sa vie dans les immon-
dices, et venait troubler de ses menaces les survivants
égoïstes qui l'avaient oublié. La piété envers le double
consistait donc à joindre d'abord à la momie et dans son
propre caveau, un mobilier complet et tous les objets d'uti-
lité ou de luxe que le double pouvait souhaiter, puis à
déposer à sa portée, dans la chapelle de la tombe ou il
était censé avoir accès, les aliments nécessaires à sa vie de
chaque jour. C'était un impôt très lourd sur l'héritage :
on l'éluda par la vertu des formules magiques, et c'est
ainsi que des troupeaux de bétail, des champs d'orge re-
présentés sur les murs de la chapelle et des simulacres en
pierre ou en carton de mets de toute sorte, souvent même
la simple énumération des offrandes dont on voulait lui
assurer l'éternelle jouissance, pouvaient à l'appel du mort
proféré d'une certaine manière devenir autant de réalités.
Tout dépendait donc du mort ou de sa capacité en tant que
ma-kherou, c.-à-d. juste de ton. Une formule prononcée
sur un ton faux restait sans effet. Il est vrai qu'il n'était
pas plus malaisé de transformer le mort en ma-kherou
que de lui rendre l'usage des yeux ou de la bouche. Le
même Thébain, qui croyait à l'existence du double, n'en
croyait pas moins à l'existence d'une âme plus spirituelle
et qui, pendant que le double se morfondait dans le caveau,
poursuivait une destinée bien autrement aventureuse dans
le Douaou. Le Douaou, ou enfer des Egyptiens, était, nous
l'avons dit, la région des douze heures de nuit. C'était une
sorte de vallée divisée en douze territoires et reproduisant
plus ou moins l'aspect des parties correspondantes du Nil.
Plongé dans l'obscurité pendant le jour, cet enfer s'illumi-
nait chaque nuit au passage du soleil, sauf pourtant les
régions souterraines qui correspondaient à la nécropole de
Memphis, dont Sokari était le dieu souterrain. Toutes
ces régions étaient peuplées de génies plus étranges les
les uns que les autres et qui appréhendaient l'âme à toutes
portes et à tous les passages ; mais le même genre de
formule et le même pouvoir qui assuraient la vie du double
assuraient le voyage de l'âme jusqu'au nome de la sixième
heure, où siégeait Osiris entouré de ses quarante-deux
assesseurs. C'est alors qu'avait lieu le jugement de l'âme
ou psychostasie. Le cœur, pesé par les dieux llor et
Anubis, dictait, selon qu'il était déclaré lourd ou léger, une
sentence sans appel au dieu Tliot dont la croyance populaire
avait fait un greffier pour la circonstance. En même temps,
l'âme récitait la confession négative conservée dansle Livre
des M mi s : « ... Je n'ai commis aucune fraude contre les
hommes ! Je n'ai pas tourmenté la veuve ! Je n'ai pas menti
dans le tribunal ! Je ne connais pas la mauvaise foi ! Je
n'ai fait aucune chose défendue! Je n'ai pas fait exécuter
EGYPTE
- 672 —
a un chef de travailleurs, chaque jour, ploi de travaux
qu'il n'en devail faire!.. .Je n'ai pas été négligent ! Je n'ai
pas été oisif! Je n'ai pu faibli! Je n'ai pas défailli! Je
n'ai pas fait ce qui était abominable aux dieux ! Je n' li
desservi l'esclave auprès de son maître ! Jr n'ai pas affamé !
Jr n'ai pas fail pleurer ! Je n'ai point tué ! Je n'ai pas
ordonné le meurtre par trahison ! Je n'ai eommis de fraude
envers personne ! Je n'ai point détourné les pains des
temples! Je n'ai point distrait les gâteaux d'offrande des
dieux! Je n'ai pas enlevé les provisions ou les bandelettes
des morts! Je n'ai point fait de gains frauduleux ! Je n'ai
pas altéré les mesures de grain ! Je n'ai pas fraudé d'un
doigt sur une parure! Je n'ai pas usurpé dans les champs !...
Je n'ai pas faussé l'équilibre île la balance ! Je n'ai pas
enlevé le lait de la bouche des nourrissons! Je n'ai point
chassé les bestiaux sacrés sur leurs herbages ! Je n'ai pas
pris au filet les oiseaux divins ! Je n'ai pas péché les pois-
sons sacrés dans leurs étangs ! Je n'ai pas repoussé l'eau
en sa saison! Je n'ai pas coupé un bras d'eau bu
passage ! Je n'ai pas éteint le feu sacré en son heure ! Je
n'ai pas violé la neuvaine des dieux dans des idl'randes
choisies ! Je n'ai pas repoussé les bœufs des propriétés
divines ! Je n'ai pas repoussé de dieu dans sa procession !
Je suis pur ! Je suis pur! Je suis pur ! » Reconnue impure,
l'âme est impitoyablement chassée et soutire tous les maux
avant l'anéantissement final ; pure, elle pénétre dans la
région de la septième heure où commencent les champs
d'ialou, ce paradis bizarre ou les âmes ne paraissent pas
jouir d'une félicité différente du bonheur terrestre, c.-à-d.
d'un bonheur acheté par le travail. Elles sont tenues, en
effet, de labourer la terre, labourage, il est vrai, tout mys-
tique et dont elles se débarrassent sur une foule de servi-
teurs dont elles sont accompagnées. Ces serviteurs ne sont
autres que ces figures de faïence représentant un Osiris
armé d'un hoyau, dont nos musées regorgent, et qui étaient
déposés dans la tombe par centaines. Au delà des jardins
d'ialou et du paradis vraiment terrestre, il y avait encore
place pour la croyance à une immortalité éthèrée ; l'âme,
alors plongée dans la béatitude infinie, faisait partie à
tout jamais du cortège solaire ou se mêlait à la foule des
divinités célestes chargées de la conservation des astres.
Il est aujourd'hui prouvé que le caractère moral de ces
doctrines pour ce qui touche à l'idée de rémunération et
d'expiation est relativement récent: on n'en trouve aucune
trace dans les monuments antérieurs au deuxième empire
thébain. Il laissa néanmoins subsister l'ancienne croyance
à un pouvoir magique qui faisait du défunt un être assez
puissant pour n'avoir rien à attendre d'un dieu d'amour et
de justice. Nous croyons avoir donné une idée suffisante
du caractère contradictoire de ces diverses doctrines pour
nous dispenser de toucher aux autres conceptions plus ou
moins enfantines dont nous trouvons la trace dans les écrits
funéraires. Deux mots seulement sur ces écrits. La croyance
au pouvoir magique avait de bonne heure suggéré aux
hommes de l'art l'idée de composer de petits formulaires a
l'usage du mort. Ces petits livres, qui avaient pour but de lui
procurer des armes contre les mauvais génies de la tombe
et toutes les ressources indispensables à sa conservation,
eurent la même fortune que les croyances qui les avaient
inspirées : on les réunit en un seul livre dont on fil le prin-
cipal viatique du mort. Cette énorme compilation, qui porte
le titre de Permhrou, est celle que les savants modernes
appellent Rituel ou Livre des Morts (Y. ce mot). Elle ne
comprend pas moins de cent soixante-cinq chapitres. On en
plaçait une copie plus ou moins complète sur papyrus auprès
de la momie; on en copiait de longs extraits sur les parois
du couloir qui mettait la chapelle funéraire en communica-
tion avec le puits et sur celles du sarcophage. On ne se
borna pas à cette seule compilation. Les prêtres de certains
(entres crurent faire œuvre de critique en faisant un choix
dans ces fatras et en l'accompagnant de longs développe-
ments conformes aux doctrines enseignées dans leurs écoles.
C'est à des travaux de ce genre que nous devons le Livre
it /' \midouaouti\tLivri des Porto, manuels 4e géogra-
phie infernale rédigés par li uder
le mort à la suite du soleil dans les régions des téw
1 ortes de livres concouraient également t la décoration
de la tombe. La bibliothèque funéraire comprenait aus-i
des traités spéciaux tels que le l'./l \ul lit Triiihn il nuin, ni
et le Livre ie l'ouverture de la bouche qu'on m
bornait pas a consulter pour la Btricte exécution des pra-
tiques funéraires, mais qu'on reproduisait aussi, a l'occasion,
sur les murs de la chapelle OU du couloir. C'est am>i que
la tombe, avec ses décorations murales se rapportant soit
a la vie du double calquée sur la vie terrestre, soit a la vie
de l'aine, le tout accompagné de longs textes biographiques
ou religieux, avec Bes offrandes et son mobilier, ave.
momies et ses papyrus, a contribué, beaucoup plus que le
temple lui-même, a la résurrection de l'ancienne Egypte.
Largue. — Le rapprochement de l'égyptien avec les lan-
gues sémitiques n'est pas ce qu'on pourrait appeler une
nouveauté scientifique: il date du siècle dernier, c-a-d.
débuts des études coptes. On fut alors vivement frSMN
analogies que présentent certaines classes de mots et cer-
taines formes en hébreu et en copte. A ces analogies on ne
manqua pas d'opposer les différences essentielles qu'accu-
sent les deux vocabulaires. Ces deux points de vue n'ont
cessé depuis lors de trouver des partisans, les égyptologues
inclinant le plus généralement vers la parenté, les sémiti-
sants versant dans l'opinion apposée. Les ressemblances de
l'égyptien avec les langues sémitiques sont, de l'aveu de tous,
indéniables, et toute la question consiste à chercher la véri-
table cause de ces ressemblances. Tiennent-elles à la nature
même de l'esprit humain, susceptible de produire des résul-
tats identiques dans des conditions identiques? Tiennent-
elles à des raisons beaucoup plus contingentes'.' Si, pour ne
prendre qu'un exemple, le pronom affectait les mêmes fora -
dans toutes les langues, ou des formes susceptibles d'être
ramenées à un type unique, alors vraiment la question se
poserait d'une sorte de raison philosophique : mais ce n'est
pas le cas. Nous savons au contraire que chaque race a sa
philosophie spéciale du langage. Nous sommes donc rame-
nés à demander la solution du problème à l'ethnographie
ou à l'histoire. Rien dans le premier de ces points de vue
ne s'oppose au rattachement de l'égyptien avec les lartL
sémitiques parlées par une race avec laquelle celle des habi-
tants de la vallée du Nil présente la plus grande affinité.
La plupart des savants n'éprouvent aujourd'hui aucune
répugnance à accepter la théorie de Benfey, d'après laquelle
la famille sémitique devait se diviser en deux branches : la
branche asiatique, avec toutes les ramifications dites sémi-
tiques d'un côté de l'isthme de Suez, et de l'autre côté la
branche africaine avec les rameaux copte, berbère, toua-
reg, etc., car quelques-unes des analogies que l'égyptien offre
avec l'hébreu se retrouvent dans certaines langues du N. de
l'Afrique. Le certain c'est que le rédacteur du livre \ de
la Genèse n'hésite pas à faire des Chananéens (que nous
savons avoir parlé des idiomes étroitement apparentés I
l'hébreu) les frères des Egyptiens. On a bien dit, pour tran-
cher la difficulté, que Chanaan avait été exclu svstemati-
quement de la descendance de Sem, à cause de l'horreur
qu'il inspirait aux Juifs. Comment se fait-il que le rédacteur
ne se soit pas servi du même procède a l'égard d'Assour?
Nous pensons que l'origine de cette classification n'est pas
aussi arbitraire, et que la division des races, telle qu'on la
concevait alors, sans avoir une valeur absolue au point de
vue ethnographique, reposait sur les souvenirs plus ou
moins altères qu'on avait conservés des diverses migrations.
On devait être porte à considérer comme appartenant à la
même race les masses de tribus d'origine quelquefois très
diverses qui venaient occuper d'un seul bloc tout un pavs.
comme par exemple les Hétéens et les Amorrhéens, et ut-
versement comme appartenant à des raies différentes, des
tribus peut-être de même origine, mais avant contracté des
habitudes différentes au (durs d'une longue période de sépa-
ration, ou avant l'ait leur migration en des époques ou par
— (i73 —
EGYPTE
dos voies différentes. Quoi qu'il en Miit.le témoignage de la Ge-
nèse prouve sortoul une chose, c'est que l'auteur du livre \,
i|ui n'était pas sans avoir fréquente les Egyptiens et les
Chananèens, n'éprouvait aucune répugnance a les l'aire des-
cendre d'un même ancêtre. Ce n'est peut-être pas un argu-
ment d'un grand poids au point de vue ethnographique,
mais d'un peu plus île valeur au point de vue historique. Et,
en effet, nous pensons que la solution e>t à chercher de ce
cote, e.-a.-d. en remontant beaucoup moins haut qu'au
berceau primitif des deux races, où d'ailleurs, scientifique-
ment parlant, nous ne pouvons atteindre. Par le point de
vue historique, nous n'entendons parler que île la méthode,
quoique l'application en soit faite ici à une époque antérieure
à l'histoire. C'est en effet bien avant que l'histoire ne s'ouvre
sur les premières dynasties, au temps où les Egyptiens
vivaient cote à côte avec les Chananèens, loin delà vallée du
Nil. que leur langage encore en pleine voie de formation,
incertain comme le sont les idiomes des peuples barbares
qui ne connaissent pas l'écriture, reçut l'empreinte du lan-
plus net et plus ferme (on sait que c'est la caractéris-
tique des langues sémitiques), qui était alors dominant dans
la plus grande partie de l'Asie antérieure. De'cette époque
daterait pour les futurs habitants de la vallée du Nil et dans
des proportions variables pour les autres populations duN.
de l'Afrique l'adoption de certains procédés grammaticaux
tels que les pronoms isolés et suffixes, quelques désinences
du genre et du nombre, la formation d'un des temps du
verbe, ainsi que certaines habitudes phonétiques telles que
l'assimilation des consonnes et l'instabilité de la voyelle
rendant possibles ces bizarres formes de pluriel brisé ou
interne dont nous avons lieu de croire à l'existence en
tien. Ces emprunts nous ramèneraient à l'époque loin-
taine ou les Egyptiens reçurent certains éléments religieux
(la déesse Hathor, peut-être le dieu Sit, assez vraisem-
blablement la valeur symbolique des nombres, etc.) dont
le caractère asiatique n'est guère contestable, bien que ces
éléments présentent dans les plus anciens textes un haut
degré d'homogénéité avec le reste des croyances de l'Egypte.
Quelle que soit la prétention des savants modernes à bien
connaître les peuples anciens de l'Egypte et de Chanaan,
il est plus que probable que le rédacteur du livre X les con-
naissait mieux que nous, surtout les Chananèens, et avait
de nombreuses raisons (raisons tout extérieures, bien en-
tendu) qui nous échappent aujourd'hui, de croire à leur
parenté, sans avoir pour cela conservé, hypothèse qui serait
absurde, des souvenirs remontant aussi loin que quarante
ou cinquante siècles.
La langue des anciens Egyptiens nous est parvenue sous
toutes les formes par lesquelles elle a évolué, et on peut
suivre le caractère de cette évolution depuis le premier em-
pire memphite jusqu'à l'invasion arabe. Les textes des pyra-
mides diffèrent assez sensiblement de ceux d'époque thé—
haine tant par le vocabulaire que par la grammaire dont
les transformations ont lieu en sens inverse. Le vocabulaire,
en effet, semble s'appauvrir en s'approchant de l'époque
classique tandis que les formes grammaticales se multi-
plient. On a donné le nom de classiques aux textes contem-
porains du deuxième empire thébain, parce que la langue
qu'ils nous offrent est arrivée à sa pleine maturité : les
rapports de la pensée y sont finement nuancés par une
syntaxe à peu près constante; certaines beautés y sont déjà
devenues conventionnelles : l'orthographe y est pleine et tout
à fait conforme au génie pléonastique de l'écriture. Malgré
son caractère de fixité, on y voit déjà apparaître les germes
des changements qui constitueront les deux dernières pé-
riodes de la langue égyptienne qui sont représentées par le
nouvel égyptien et par le copte.
\a substantif se présente en ancien égyptien tantôt sous
la forme radicale simple, tantôt modifiée par un redouble-
ment, par l'addition de certains éléments ou le changement
de la voyelle intérieure. C'est surtout le copte qui nous
offre la plus grande variété îles formes que le radical était
susceptible de prendre avec la valeur nominale ; ces élé-
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XV
ments étaient soit des suffixes comme i, <\ f, s, t, H, n,
ont, etc., soit des préfixes comme an, ai, rrf (celui qui
fait) et su (l'homme) pour former des agents, le privatif ai,
le relatif ment pour former des noms abstraits, etc. Il n'y
a pas de flexion du cas en égyptien ; le nominatif était quel-
quefois marqué par un exposant. Le genre est caractérisé
soit par l'article, soit par le déterminatif, soit par une
désinence spéciale (féminin). Le genre neutre n'existe pas
dans les substantifs. Le nombre est nettement caractérise :
1° par une désinence spéciale; *2° par l'addition de II ou
de III ; 3° par la répétition de l'objet doublé ou triplé
selon qu'on voudrait imprimer le duel ou le pluriel. Le duel
n'existe pas en copte.
L'article défini, rare aux plus anciennes époques, devient
d'un usage assez fréquent à l'époque thébaine, encore plus
fréquent à l'époque ptolémaïque et obligatoire en copte.
L'article démonstratif formé des mêmes racines que le pré-
cédent différait dans l'ancienne langue et le copte en ce
qu'il suivait le nom dans la première et le précédait dans la
seconde. L'adjectif ne se distingue pas en égyptien antique
du nom : ne fer, bon et beau (de beau). En copte, il est
susceptible de s'ajouter un affixe : nanc-f, bon, nane-s,
bonne. Dans l'une et l'autre langue il s'accorde en genre
et en nombre avec son sujet. Le comparatif s'exprimait à
l'aide d'une préposition, le superlatif à l'aide d'un adverbe
ou d'une périphrase. L'égyptien est riche en pronoms : il pos-
sède d'abord des affixes pronominaux s'attachant au nom, au
verbe et aux particules. A la suite des noms, ces affixes
jouent le rôle d'adjectif possessif ; à la suite du verbe, ils
jouent le rôle de sujet ou de régime. Ces affixes pronominaux
formaient à leur tour, en s'accolant à l'article, des adjectifs
possessifs, et à certaines particules relatives, des pronoms
personnels. Certains substantifs localisant l'action ou le
sentiment pouvaient aussi remplir ce rôle de support et
donner lieu à des périphrases de ce genre : haouk, ta per-
sonne (toi) ; tejif, sa tète (lui) ; khat, sen, leur ventre, hati
sen, leur cœur (eux) ; les substantifs les plus fréquemment
employés dans ce cas sont ro, la bouche : ro-i ou ro-a, ma
bouche (moi), ro-k, ta bouche (toi), etc.; tôt, main, tot-f,
sa main (lui), etc. Ces particules substantives sont d'un
usage très fréquent dans le démotique et le copte. L'égyp-
tien avait aussi à son service des particules pour exprimer
la relation, l'interrogation, la négation et l'affirmation; la
copule n'y apparaît que très tard.
La conjugaison ne nous présente qu'un seul mode per-
sonnel, l'indicatif, et que deux temps, le présent et le pré-
térit. Mais ces temps sont susceptibles de prendre des
formes très diverses. En effet, ils peuvent tantôt se conju-
guer sous la forme simple, tantôt à l'aide d'auxiliaires
renforcés ou non de diverses prépositions. Ces auxiliaires
sont au nombre de dix dans l'ancien égyptien : au, tu.
pu, un, khoper, ha, ar, du, rta, iri; la plupart de ces
particules sont plus ou moins tombées en désuétude dans le
démotique, qui s'est servi de préférence des trois premières,
au, tu, pu. On les retrouve également en copte. Le copte,
dont la conjugaison est beaucoup plus avancée que celle de
l'ancienne et la nouvelle langue, a des nuances pour rendre
l'imparfait et le plus-que-parfait. C'est la tournure générale
de la phrase qui le plus souvent permet de distinguer le
temps futur, les modes subjonctifs et optatifs et la voix
passive.
Ecriture. — L'écriture égyptienne était à la fois idéo-
graphique et phonétique. Les mots pouvaient être repré-
sentés soit par les images des idées exprimées, soit par
la notation des sons. Les idéogrammes donnaient tantôt
la peinture de l'objet même, tantôt d'une de ses parties,
tantôt d'un objet suffisant à éveiller par métaphore l'idée à
exprimer. Les signes phonétiques étaient de deux sortes :
les uns exprimaient des sons complexes (syllabes et diph-
thongucs),les autres dessons simples (voyelles et consonnes).
Tous ces procédés pouvaient être employés simultanément;
ainsi le mot mos (enfanter) s'écrivait : \" avec un signe ayant
à lui seul la valeur mos (syllabiquc), "1" avec un signe
43
EGYPTE
— 6T4 —
ayant la valeur s (alphahétique) ; ;i° avec un signe repré-
gentanl une femme accouchant (idéographique). Si le pro-
cédé idéographique se suffisait à lui-même, il n'en était pas
de même du phonétique. Tout mot écrit au moyen de si
alphabétiques ou syllabiques était accompagné d'un idéo-
gramme auquel les ègyptologues ont donne le nom de dé-
terminatif. Il va sans dire que, dans bien des cas, les
déteruùnatifs étaient abusifs et n'avaient qu'un rapport
très éloigné avec l'idée exprimée. Dans l'écriture hiéro-
glyphique, tous ces signes, quels qu'ils fussent, consistaient
en images. Ainsi la bouche ne servait pas seulement a
exprimer l'idée de bouche, mais la syllabe ro et la lettre r;
la main, l'idée de la main et la lettre d; dans l'écriture
hiératique ou cursive, aucun de ces signes, quels qu'ils
fussent, ne consistaient en images, mais en caractères con-
ventionnels dérivés des images de l'écriture hiéroglyphique.
L'écriture hiératique n'était en somme qu'une déformation
tachygraphique de la première. Les Egyptiens ne s'en tin-
rent pas là; une nouvelle écriture cursive (démotique ou
populaire) se forma par l'abréviation de l'hiératique, mar-
quant sur celle-ci un progrès, mais portant toujours avec
elle la marque de son origine. Jamais, en eflet, l'écriture
démotique, même aux temps les plus récents (époque
romaine), ne sut s'affranchir d'une multitude de traits de-
venus abusifs pour uue langue ou l'orthographe ne corres-
pondait plus à la prononciation. L'écriture hiéroglyphique
s'écrivait de droite à gauche, de gauche à droite, en colonnes
régulières et en colonnes rétrogrades, la dernière étant
la première et inversement; l'hiératique et le démotique
s'écrivaient toujours de droite à gauche. On ne possède aucun
document hiératique de l'ancien empire memphite ni aucun
texte démotique antérieur au vme siècle (le plus ancien
est le contrat démotique du Louvre du Bocchoris). Vers le
vie siècle de notre ère, l'écriture démotique commenta à
tomber en désuétude, et, sous l'influence des Grecs, qui
n'avaient cessé de gagner du terrain depuis la conquête
d'Alexandre et qui occupaient une grande partie des places
dans l'administration romaine, l'alphabet grec fut employé
par les Egyptiens eux-mêmes pour transcrire leur propre
langue. Mais les M lettres de l'alphabet grec ne suffisant
pas à exprimer tous les sons de l'égyptien, les coptes ou
jacobites y ajoutèrent les 7 lettres suivantes empruntées
à l'alphabet démotique : schei (sch), fei (f), khei (kh),
hori (h), djandia (dj et si), scima (s fort) et dei (di et ti).
Matériaux du scribe. Les anciens Egyptiens écrivaient
aucalame sur des tessons de vase (ostraca), sur parchemin,
et principalement sur une sorte de papier formé de papyrus,
dont l'usage se répandit d'Egypte dans tout l'empire ro-
main. La fabrication en était assez longue et son prix de
revient assez élevé ; aussi les scribes n'en usaient-ils le
plus généralement que pour la mise au net. Ils se servaient
pour leurs brouillons, ainsi que pour les pièces les plus
courantes, notes, quittances, lettres d'avis, etc., d'ostraca
ou du verso d'anciens papyrus (manuscrits opisthographes).
Tout l'attirail du scribe était réuni dans une sorte de pa-
lette longue, avec de petites cases pour les pastilles de
couleur et une rainure pour les calâmes et les pinceaux.
D'intéressants spécimens de ces palettes se trouvent dans
les principaux musées d'antiquités égyptiennes.
Lettres. Sciences. — La sûreté des méthodes scienti-
fiques employées par les successeurs de Champollion et la
variété des documents découverts dans la deuxième moitié
de ce siècle nous permet de nous faire une assez juste
idée de la littérature des anciens scribes autant par la
diversité des genres alors en honneur que par la qualité
des œuvres qui nous sont parvenues.
Des principaux genres littéraires, il n'en est qu'un dont
nous ne puissions citer un seul spécimen : c'est le théâtre.
Le cérémonial funéraire comportait, nous l'avons déjà dit,
des parties mimées et dialoguees ayant un caractère scenique
assez prononcé. De là au drame il n'y a qu'un pas. Les
Egyptiens L'ont-ils franchi ? C'est ce dont malheureusement
nous n'avons pas la preuve. Nous savons, en revanche,
qu'ils Ont cultive la poésie épique, lyrique et satirique, le
roman et plus particulièrement le conte populaire, erotique
mtastiqne. Les petits traités de morale jouissaient aussi
d'une certaine vogue: deux d'entre eux, trouves dans un
plus anciennes tombes thébaines, étaient datés de l'ancien
empire, tas traités s'occupaient beaucoup motus de la
morale proprement dite que des règles 'lu savoir-vivre et du
respect â rendre au\ grands. Le sentiment de la hiérarchie
et, ut poussé si loin chez eux qu'ils en avaient rédigé des
manuels, témoin l'étrange papyrus Hood-Wilbour qui nous
indique les degrés compris entre le dieu et le cordonnier'
du roi. Si l'épigraphie prolixe des temples et des tombeaux
nous manquait, nous saurions néanmoins par quelques
papyrus et parManéthon comment ils écrivaient l'histoire.
Les archives royales regorgeaient de récits de règne, de
relations de campagnes et d'événements relatifs à la vie
publique. Ces documents étaient de nature a provoquer la
rédaction d'une histoire suivie de l'Egypte. L'œuvre grecque
de Manéthon suppose forcément de nombreux écrits de ce
genre en langue égyptienne. L'histoire telle que la com-
prenaient les anciens égyptiens ne sort pas du sec procédé
des annales. Il y avait trop de dieux et de prêtres pour que
la théologie n'ait pas été très florissante en Egypte. Elle
tient une grande place dans l'héritage littéraire de cette vieille
civilisation; nous la souhaiterions parfois moins obscure.
Le plaisir d'écrire pour écrire était tel chez eux que le
genre épistolaire faisait l'objet d'une étude spéciale et qu'on
s'y adonnait, comme nos pères s'adonnaient a la tragédie.
Le British Muséum contient une riche collection de lettres
à destinations tout à fait fictives.
La magie jouait un grand rôle dans la vie des anciens
Egyptiens; elle était étroitement associée à leurs pratiques
religieuses et funéraires; elle formait le fond de leur mé-
decine. Les maladies étaient pour eux des troubles causés
par des esprits malins dont on ne venait à bout qu'a l'aide
de sortilèges. On pourrait en somme se demander quels
étaient les actes de la vie qu'ils pouvaient accomplir sans
avoir à faire au préalable quelque incantation pour en
assurer la réussite. A d'autres égards, ils ne manquaient
pas pourtant, ainsi que nous Talions voir, d'une certaine
justesse d'esprit.
L'observation de certains phénomènes célestes en relation
avec le retour des saisons mit ces agriculteurs sur la
voie des premières découvertes astronomiques. Ils remar-
quèrent, par exemple, la concordance qui existe entre le
lever héliaque de Sirius et le commencement de la crue du
Nil. Les levers d'étoiles, la marche du soleil, la rétrogra-
dation de la lune, voilà ce qui les intéressait par-dessus
tout, voilà ce qu'ils étudiaient à l'aide de repères pris
tantôt dans le ciel, tantôt sur la terre. Pour cela, nul besoin
d'instrument, la pureté de l'atmosphère leur en tenait heu.
Mais ce n'est pas avec la pureté de l'atmosphère qu'on
mesure des angles, et cette importante partie de la science,
celle, à vrai dire, avec laquelle la science commence, leur
fit totalement défaut. Ils connurent en revanche la mesure
des temps, partie non moins essentielle de l'astronomie, et
arrivèrent à déduire exactement la durée des révolutions
planétaires, bien entendu pour les seuls astres visibles à
Puai nu. Quelques savants vont jusqu'à prétendre qu'ils
auraient pu donner une explication satisfaisante du mou-
vement diurne et que leur connaissance des quatre phases
cardinales de la course du soleil les avait incontestable-
ment mis sur la voie de la découverte de l'obliquité de
l'écliptique. Cela est fort douteux. Bien parmi les docu-
ments d'origine proprement égyptienne ne nous autorise à
leur prêter une pareille hauteur de vues; il ne faut pas
partir du l'ait que les savants grecs d'Alexandrie furent
plus ou moins en rapport avec les prêtres d'Ileliopolis, pour
mettre au compte des vieilles doctrines de l'Egypte, la
science des Eralosthène et des Hipparque. Les ancêtres de
l'astronomie grecque, ce sont jusqu'à un certain point les
mages chaldéeas, non les prêtres du collège héliopolitain.
Bien loin de progresser, l'astronomie resta en quelque sorte
— 675 —
EGYPTE
enlisée ilans la routine la plus empirique ; elle ne se dis-
tingua pas de l'astrologie, l.a physique puérile des cosmo-
■owes d'Hébopous «m d'Hermopolis, reflet exact, si l'on
vont. des croyances populaires, mais qui liai une grande
place dans les spéculations des théologiens, serait la chose
du inonde la plus inexplicable avec l'hypothèse de la
connaissance de la rondeur de la terre, de la véritable
nature du ciel, etc., surtout m l'on accorde que les astro-
et les théologiens formaient une seule et même
corporation. Or il n'est personne pour admettre qu'il y
ait eu en Egypte une science libre Opposée à la science
très, et bien loin .pie les quelques résultats obtenus
|ur des siècles et des siècles d'observations patientes
aient pu réagir sur les théories enfantines du inonde que
nous voyons dans les mythes cosmogoniques, c'est cette
physique de sauvage consistant dans la ferme croyance
que le ciel était une voûte d'airain, les astres de simples
lani|>es entretenues par des génies, et la terre une ile
ronde ou rectangulaire, suspendue on ne sait comment
m océan, qui lut le principal obstacle aux progrès
de l'astronomie, une autre cause de l'immobilité de cette
branche de la science en particulier et de toutes les autres
branches en général, ce tut l'absence de spéculation dèsin-
semblableàcequi se passa dans le monde
.nie au temps ou la philosophie divaguait sur les
- des choses; chaque science était pour l'Kgyptenon
un corps de doctrine, niais un ensemble de receltes à sui-
vre en vue d'un but bien déterminé. Que demandaient-ils à
l'astronomie.' De déterminer simplement la périodicité de
certains retours auxquels étaient liées les l'êtes religieuses.
tat le plus clair des recherches faites dans cette voie
ce fut le calendrier.
Les deux principales écoles astronomiques étaient les
- d'Héliopolis et d'Ilermonthis. Leur fondation re-
montait aux époques les plus lointaines de l'histoire, peut-
. lie même a celle qui précéda l'établissement de la monar-
chie. Quoiqu'il en soit, les monuments de la \c et de la
VI' dynastie nous mettent déjà en présence de données
astronomiques ne différant pas sensiblement de celles que
nous trouverons dans les textes des plus bas temps. Le
ciel y est déjà divisé en quatre parties, que le soleil par-
court en cercle. La marche de la lune, ainsi que l'a remar-
Brugsch, y est exprimée par un verbe d'un sens
tout différent ; elle y est dite celle qui court à travers.
Nous y trouvons de plus la mention, plus tard si fréquente,
de deux sortes d'étoiles : \e&akhimov,sekouel\esakh.inwu
oun>U'li>u (les étoiles du N. et les étoiles du S., selon
i; les planètes et les fixes, selon Maspéro). Il est
a de Sirius (Sopd), d'Orion (Sahou), de la
Gi-ande Ourse (Maskait. la cuisse), de Saturne (Kapet) et
de Venus qu'on avait dédoublée en étoile du matin et en étoile
du soir. Indépendamment de sa division en quatre parties,
le ciel était déjà considéré comme composé de 30 régions
>ndant aux 36 nomes terrestres, auxquelles étaient
préposés les 36 dècans. Les inscriptions du nouvel empire
et de l'époque ptolémaïque confirment, en les développant,
toutes ces idée-*. A partir de l'époque romaine, apparait un
nouvel élément, le Zodiaque, emprunt de l'astrologie gréco-
romaine qui semble elle-même l'avoir reçu de Chaldée.
Le soleil, fia d'une manière générale, prenait aussi le
nom de Ton m, avant son apparition et après son coucher,
et d'Ilarmachouti en son midi ; il accomplissait, tantôt dans
sa barque Mali, tantôt dans sa barque Sekti, les quatre
cardinales de son évolution annuelle et les douze
étapes de >a navigation diurne. OLil droit du macrocosme
(dont la lune était Péril gauche), épervier planant dans
e, enfant, adolescent ou vieillard selon qu'on l'en-
visageait a l'aube, au zénith ou au crépuscule, il semble
avoir toujours une individualité distincte de sa forme visible,
le disque, de même la lune (Aah, Iah, Thot, Khonsou)
et les cinq planètes, Jupiter (llor Shetaou), Saturne (Hor
Ka l'et). Mars (Hortesher, Harmachouti), Mercure (Sewek),
Vénus (Sebzabennou Osiri, Douaounoutri). Les noms portés
par chacun de ces astres n'étaient pas simplement une
désignation conventionnelle, mais les noms des dieux dont
ils riaient le signe visible.
La liste la plus longue d'étoiles fixes que nous ont
laissée les anciens Egyptiens est celle des 36 dérans, pour
lesquels les textes astronomiques des différentes époques
nous donnent de nombreuses variantes. Le cadre de cet article
s'opposant à de longues comparaisons, nous nous bornerons
I donner ici le tableau des 36 décans à l'époque grecque,
avec les transcriptions que nous a conservées Salmasius.
Nous empruntons, sauf quelques modifications orthogra-
phiques, ce tableau à YEgyptologie de M. II. lîrugsch.
SIGNES
NOMS
ÉPOQUES
du
des
du
Zodiaque.
DÉCANS
Calendrier.
Ec revisse . .
Sopdi, Scu8(;.
1/1 =19juil.
Sit, EtT.
11/1 =29 —
— ....
Knoumi, Kvoup-iç.
21/1 = 8 août.
Kharknoumi,Xapxvouu.i';.
1,2 =18 —
— ....
Iladzat. 'Hrrjx.
11 2 =28 -
— . . . .
Phoudzat, <1>out7Ît.
21/2 = 7 sept.
Vierge ....
Toum, Twp..
1/3 =17 -
— . ...
0ushtabkat,Oùc<jTE|3y.(OTi.
11/3 =27 —
— . . . .
Apsot, 'Acpoad.
21/3 = 7 oct.
Balance. . .
Sovkhos, i2ou-/(Ô5.
1/4 =17 —
—
Tepchont, T-r^ôvz.
11/4 =27 —
—
Khonthar, Xovcoép.
21 4 = 6 nov.
Scorpion . .
Soptekhenou, Sstj^vs.
1/5 = 16 —
— ....
Seshmou, SeapW.
11,5 =26 —
— . . . .
Siseshmou, Stacapi.
21/5 = 6 déc.
Sagittaire. .
lierabouô, 'Pr,ou<ô.
1/6 =16 —
Seshmou, Ssapi.
11/6 =26 —
— ....
honimou, Kovijxe.
21/6 = 5 janv.
Capricorne.
Smati, Xp-otT.
1/7 =15 —
— . . . .
Srôt, Epw.
11/7 =25 —
— ....
Sisrot, Swpio.
217=4 févr.
Verseau. . .
Tapkhou, T^rj^û.
1/8 =14 —
— ....
Khou, Xû.
11/8 =24 —
—
Tapebiou, T^r^feu.
21/8 = 6 mars.
Poissons . .
Biou, Bfou.
1/9 =16 —
— ....
Khontakar, Kovtapj'.
Il 9 =26 —
— . . . .
Tapebiou, TmCfou.
21 9 = 5 avr.
Bélier ....
» »
1 10 = 15 —
— .. . .
Ivhontaker, Xov:a)(pe.
11,10 = 25 —
Sikat, Sc/.e't.
21/10= 5 mai.
Taureau . .
Kaou, Xâou.
1-11 = 15 —
— . . . .
Itérât, 'Epfi.
11/11=25 —
— ....
Remenhar, 'Pspuvaapc'.
21 11= 4 juin.
Oénieaux. .
Tesouk, ©oao'Xx.
1/12 = 14 —
— ....
Ouar, Qùipê.
11/12=24 —
—
Phouhor, <î>ouo'p.
21,12= 4juil.
(S
uivent les 5 jours épagon
lênes.)
Les peintures des anciens tombeaux, ainsi que les repré-
sentations zodiacales de basse époque, nous font connaître
en outre quelques désignations des constellations, telles
que Y Hippopotame femelle, la plus boréale de toutes (par
conséquent la Petite Ourse), la Cuisse (le Chariot), Yllorus
combattant, un Homme debout, le Guerrier frappant
de la lance, YEpervier, le Grand Singe, la Déesse
Selqil, de Lion, le Crocodile et autres dont l'identifica-
tion présente des difficultés presque insurmontables.
Ajoutons que les résultats des recherches astronomiques
formaient une série de recueils qui avait sa place dans
les archives des temples avec les livres religieux et les
calendriers. Aucun de ces recueils ne nous est parvenu
intégralement ; mais les tombeaux et les temples, prin-
cipalement ceux d'époque gréco-romaine, nous en ont
conservé les extraits. C'étaient, par exemple, des traités de
EGYPTE
— 676 —
la Révolution <iu Soleil et de lu Lune, de la Marche des
astres, des Conjonctions du iiis'jiu' solaire, etc.
Aussi haut que nous remontons dans son passé histo-
rique, nous voyons l'Egypte eu possession d'une division
rationnelle du temps. Elle a une année de 365 jours formée
de 12 mois de 30 jours et de 3 jours supplémentaires ; ce
(jui suppose une année primitive de 360 jours. Un mythe
recueilli par 1rs Grecs confirme cette supposition. « Hhea
ayant eu avec Saturne un commerce secret, le Soleil en fut
informé et prononça contre elle cette incantation : Qu'elle
n'accouche ni pendant la durée d'un mois, ni pendant la
durée d'une année ! Mais Hermès, qui était épris de la
déesse et qui en avait reçu des faveurs, joua aux dés avec
la Lune et lui gagna la soixante-douzième partie de chacun
de ses jours. Il en fit cinq jours, qu'il ajouta aux trois cent
soixante. » (Delsis.et Usir., <j 12.)
dette année était divisée en trois saisons fondées sur
des observations d'ordre exclusivement agricole. Ces trois
saisons, qui persistèrent en Egypte au delà de l'époque où
prévalurent les idées grecques, étaient: 1° la saison Shd
(du commencement) qui correspondait à l'inondation ; 2° la
saison Pro (des semailles) qui répondait à l'hiver ; 3° la
saison Shemou (de la récolte) au printemps et à l'été. Ces
trois saisons étaient d'égale longueur et comptaient chacune
quatre mois. Les mois se subdivisaient en trois décades ou
dizaines de jours ; le jour, d'un lever de soleil à l'autre,
en vingt-quatre heures (12 X 2), comptées, la première
douzaine, du lever du soleil ; la seconde, du crépuscule.
Que les Egyptiens aient dénommé chacun des mois de
l'année et des jours de la décade, c'est ce qui ressort des
noms des douze mois coptes en usage au temps d'Hérodote
et du fait que les heures elles-mêmes portaient un nom
spécial ; mais, en dehors du nom des saisons, le temps
n'avait pas d'autre expression graphique que celle du
nombre indiquant l'ordre du mois par rapport à la saison,
et du jour par rapport au mois. Le quantième s'écrivait
ainsi : l'an III (du roi N), mois III de la saison pro, jour IL
Les noms conservés par le calendrier copte sont les
suivants :
( 1° Thôout, grec 8toot59.
2° Paophi, — 9aw?{.
3° Athôr, — â8ûp.
4° Choiak, — yoiâx.
1° Tôbi, — tu6f.
2° Mechir, — p.e-//p.
3° Phamenôth, — oauevOoS.
4° Pharmouti, — yappoM.
1° Pachôn, — ko%cùv.
2° Paôni, — jtaiivi.
3° Epèp, - Ijciçf.
4° Mesuré,
Saison Shà (inondation)..
Saison Pro (semailles). .
Saison Shemou (récolte).'
— |j.saoprJ.
L'année sothiaque ayant son point de départ le jour du
lever héliaque de Sothis (Sirius), le 1er thot correspondait
dans le cas d'une année normale au 19 juil., mais la dif-
férence de cette année (à laquelle on a également donné le
nom d'année vague) avec l'année tropique se trouvant être de
6 heures, il en résultait un retard d'un jour (4 X 6 heures)
de la première sur la seconde tous les quatre ans. Il fallait
donc 1461 ans de 363 jours pour que le retard fût exacte-
ment d'une année et que le 1er thot retombât le jour du lever
de Sirius. « Les prêtres, dit M. Maspéro, célébraient le
lever de l'astre par des fêtes solennelles dont l'origine
devait remonter plus haut que les rois de la Ire dynastie,
au temps des Shosou-llor, et donnaient le nom de pJ-
riode sothiaque à la période de 1 160-1461 qui ramenait
celte coïncidence merveilleuse. » Ce fut seulement sous
Ptolémée Evergète Ier que, grâce à l'addition d'un sixième
jour intercalaire à la fin de chaque période de quatre ans,
l'accord fut rétabli entre l'année civile et l'année tropique
(décret de Canope). Il n'est pas inutile de faire observer
ici que le calendrier ainsi réformé présentait le même défaut
que le calendrier julien établi plus tard sur le même prin-
cipe par les soins de Sosigèoe d'Alexandrie. I^es six heures
supplémentaires qu'on supposait nécessaires pour rétablir
l'équilibre entre l'année astronomique et l'année vague
excédaient de 1 1 minutes la durée d'une révolution solaire,
si bien que l'écart entre les deux années redeveoail d'un
jour après cent trente et un ans. On sait que c'est le pape
Grégoire Mil qui remédia à cet inconvénient par la sup-
preasion de trois btssextes par période de quatre siècles.
(.<■ qui a été dit de l'astronomie s'applique exactement
aux sciences mathématiques. Les anciens Egyptiens s'en
sont tenus aux résultats les plus élémentaires. Il ne nous
est jusqu'à présent parvenu qu'un seul écrit mathématique,
le papyrus Hhind du Brilish Muséum, texte assurément
très obscur, mais qui, dans ses parties intelligibles, ne
révèle rien de nature à poser son auteur en précurseur des
Euclide et des Archimède. Il est certain que la construction
des pyramides et des temples suppose une longue pratique
de la géométrie, mais c'était une géométrie très élémen-
taire et très routinière. La stéréotomie de toutes ces cons-
tructions est des plus bornées ; il n'est pour ainsi dire pas
une seule combinaison qui ait exigé une épure préalable. Le
système des plans inclinés pour l'élévation des matériaux,
employé depuis les temps immémoriaux jusqu'au siècle ou
vivait Pline, suffit à nous prouver que les Egyptiens n'abor-
dèrent jamais résolument les problèmes de la mécanique.
Leur arithmétique partait d'un excellent principe; elle était
décimale ; mais elle fut entravée par son insuffisance gra-
phique. Eaute d'avoir imaginé un chiffre pour chacune des
neuf unités, le tracé des nombres, compliqué par lui-même,
compliqua les opérations. Pour écrire un nombre, ils écri-
vaient autant de fois le signe des unités, des dizaines, des
centaines, des mille, etc., qu'il y avait d'unités, de dizaines,
de centaines, de mille, etc. On trouve, il est vrai, dans
les textes les plus récents des signes spéciaux pour les
nombres o, 7, 8, 9, mais toujours isolés et n'entrant jamais
en composition. Leur système de fraction était aussi des
plus primitifs ; il n'admettait que des fractions ayant l'unité
pour numérateur, éludant Eexpression si simple d'une quan-
tité comme j^ par l'expression plus compliquée â -r- 77: ■
La seule exception qu'on connaisse à cet usage nous est
2 .
fournie par la fraction jj . On conçoit qu'avec une pareille
arithmétique ils aient été obligés d'avoir fréquemment
recours à des tables présentant des opérations toutes faites.
C'est précisément une de ces tables que nous révèlent une
des parties les mieux déchiffrées du papyrus Hhind et
d'autres documents de basse époque, grecs et coptes.
Georges Bénédite.
Droit égyptien. — Le droit égyptien nous est connu
principalement par toute une série de contrats remontant
jusqu'au règne de Bocchoris, ce roi que Diodore de Sicile
nous désigne avec raison comme l'auteur du code égyptien
des contrats. C'est un droit d'une physionomie toute par-
ticulière, qui, par beaucoup de points, se rapproche infini-
ment plus de nos droits modernes que la plupart des autres
droits, à nous connus, de l'antiquité, même très posté-
rieurs en date. Il serait impossible d'en donner en quelques
lignes une idée complète. Bornons-nous à dire seulement :
que la situation de la femme y était très avantageuse ;
que le père, au lieu d'être un despote, comme le pater
familias romain, n'y avait que les pouvoirs restreints
d'un tuteur agissant dans l'intérêt de tous; que de son
coté le mari n'avait nul pouvoir sur sa femme; que l'es-
clave même y possédait encore, dans une certaine limite,
une personnalité civile, des liens de famille et un recours
possible contre les abus trop criants du pouvoir du maitre.
Les contrats étaient entoures de toutes les garanties pos-
sibles d'authenticité. Pour les rendre encore plus limpides,
on leur donnait toujours la forme unilatérale d'une sorte
de discours ou l'on faisait parler celui ou ceux qui s'obli-
geaient ou abandonnaient quelque droit ou se dessaisissaient
— «77 —
Éf.YlTK
de quelque bien en laveur d'une autre personne. Cette
tonne unilatérale était obtenue, dans certains contrats pour
le fond synallagmatiques. par des procédés juridiques bien
calculés et devenus les rênes d'un droit très savant. Quand
il s'agissait par exemple de vendre un bien immobilier, il
était de principe que le prix convenu fut toujours censé
payé d'année, de telle aorte que l'acheteur n'avait1 aucune
obligation à ce titre envers le vendeur, et que celui-ci seul,
dans l'acte 00 il cédait ainsi son bien, avait à fournir en
même temps a l'acheteur toutes les garanties que la loi
exigeait d'une façon formelle. S'il arrivait que l'achelciir,
dans la realite des choses, n'eut pas eu en mains l'argent
lire pour paver d'abord le prix de la vente, le ven-
deur qui lui faisait crédit était censé lui prêter la somme
et on faisait intervenir à cette occasion un acte de créance
absolument distinct de l'acte de vente, mais qui pouvait
comporter sur le bien dont il s'agissait soit une hypothèque,
soit même, pour tenir lieu de notre privilège actuel du
vendeur, une vente conditionnelle à terme, en sens con-
traire, pour le cas ou la somme due ne serait pas payée à
l'échéance.
Dans ces contrats, dresses par un notaire, pourvus de la
signature de témoins très nombreux, enregistrés de diverses
manières suivant les époques et qui. en dernier lieu — outre
les enregistrements relatifs au payement des droits de mu-
tation, outre bs indications prises sur les registres du
cadastre tenus par les komogrammates — devaient, sous
peine de nullité, être reproduit-; en entier sur les registres
de transcription au rpoffov (on dirait aujourd'hui au
greffe), on arrivait, par des moyens non moins juridique-
ment habiles et sous des formes beaucoup plus simples, à
réaliser «les opérations non moins compliquées que celles
qui se font dans nos contrats notariaux d'aujourd'hui. Nous
ne parlons en ce moment que de la période dite classique
du droit égyptien. Mais dans les périodes antérieures qui
se succédèrent depuis Bocchoris jusqu'à la constitution dé-
finitive de ce droit classique sous les dernières dynasties
nationales, le droit égyptien, malgré les changements qu'y
avaient apportés d'abord les rois éthiopiens, puis Amasis, etc.,
avait toujours conservé l'aspect si remarquablement original
et si élevé de principes que dès la rédaction de son code Boc-
choris lui avait donné. Aussi était-il très admiré par les
anciens, suivant lesquels les plus grands législateurs grecs
étaient allés chercher d'abord leurs inspirations en Egypte.
Sa supériorité réelle, incontestable, le fit conserver sous
toute une série de dominations étrangères. Le papyrus
grec I'r de Turin nous le montre constituant encore la loi
du pays sous les I^agides, moins de cent vingt ans avant
notre ère. Les contrats démotiques de l'époque romaine
nous le font voir en vigueur encore sous les césars, et on
en retrouve certains principes fondamentaux, certaines
applications traditionnelles passées en coutumes, non seu-
lement jusque dans les contrats grecs ou coptes de l'époque
byzantine, mais jusque dans les contrats coptes ou arabes
de l'époque musulmane.
Tout récemment, d'après les renseignements fournis par
le moudir d'Assouan dans les provinces du haut Nil, la
société familiale se conservait après la mort du père entre
s^s enfants, sous la direction d'un aine administrant les
biens communs, en qualité de gérant, sans en avoir d'ail-
leurs une part plus grande que ses frères. Cette particu-
larité si curieuse du plus ancien droit égyptien se main-
tenait encore en usage. Sur la demande du moudir en
question, le droit traditionnel a été maintenu dans la pro-
vince frontière qu'il dirige, et les nouveaux tribunaux n'y
ont pas été installés comme dans le reste de l'Egypte ; on
sait en effet qu'on a récemment rédigé, à l'imitation de notre
code civil, un nouveau code égyptien publié en français
et dont l'application est surveillée par des tribunaux à la
moderne; tandis que le droit sacré musulman, sur les ques-
tions prévues par le Coran, se pratique encore comme dans
tout le monde musulman. Nous ne pouvons entrer ici dans
de plus grands détails; mais nous renverrons pour l'étude
du droit égyptien à nos volumes sur VEtat des personnes,
sur /('.s- obligations en droit égyptien comparé aux
autres doits </<• l'antiquité, parus depuis plusieurs années,
et a nos volumes sur VEtat des Mens, actuellement sous
presse. E. Reyillout.
Histoire de l'Egypte dans l'antiquité. — Les trente
et une dynasties de l'histoire de Manéthon ont été groupées
par les modernes en quatre grandes périodes : I" ancien
empire ou période inemphite (l'''-\e dynastie! ; "î" moyen
empire ou première période thébaine (Xl'-WII'' dynastie);
3° nouvel empire ou deuxième période thébaine (XVIII0-
XX0 dynastie) ; 4° période saite (XXI8 dynastie, conquête
perse). .
Origines : établissement de la monarchie. Ancien
empire. L'histoire necommence, à vrai dire, qu'avec le der-
nier roi de la III1' dynastie, Snewrou, auquel se rapporte
le plus ancien des documents originaux, (.et ancêtre des
monuments historiques de l'Egypte consiste en un bas-relief
gravé à l'entrée d'une galerie de mines dans le Ouadi
Magharah (presqu'île du Sinaï). 11 nous représente le pha-
raon immolant au dieu Bonis un prisonnier de guerre avec
la légende : le roi du Sud et du Nord, seigneur du
Vautour et de l'Urœus, maître de la vérité, Vépcrvier
d'or, Snewrou, écrase les montagnards. Les termes de
cette formule qui ne diffèrent pas du protocole consacré
en pareil cas dans les inscriptions analogues des époques
postérieures ; l'aspect du monumeut, son emplacement à
l'entrée d'une mine de cuivre en plein désert, à sept ou
huit jours de Memphis, sont autant de preuves qu'au temps
des premières dynasties memphites, l'Egypte était arrivée
à un degré de civilisation troji avancé pour ne pas sup-
poser, avant l'établissement de la monarchie, une très
longue période au cours de laquelle les habitants de la
vallée seraient non seulement passés de la barbarie à la vie
policée, mais encore arrivés à une grande pratique des
principaux éléments constitutifs de la civilisation égyptienne.
Les Egyptiens comblaient ce gouffre d'un passé fécond,
mais sans tradition, au moyen de dynasties divines. Les
sources indigènes auxquelles avait puisé Manéthon faisaient
au moins mention de deux de ces dynasties suivies d'une
troisième dynastie de héros. M. Maspéro a récemment
prouvé que ces trois dynasties correspondaient aux trois
ennéades divines selon le système d'Héliopolis, avec quel-
ques modifications provenant de l'adaptation des trois
ennéades à la théologie memphite, et, cela va sans dire, de
l'identification des dieux de l'Egypte à ceux du panthéon
grec. Le thème plus ou moins déformé de la cosmogonie
héliopolitaine, le mythe d'Osiris, les guerres d'Ilorus et de
Set avaient permis de placer en regard de ces noms divins
un ensemble de récits légendaires qui variaient de pro-
vince à province. Avec Menés (Mini) de Thinis, nous sor-
tons de la mythologie sans pourtant qu'aucun document
original mentionne ce prince et ses successeurs. Les pha-
raons de Thèbes, deux mille ans plus tard, honorèrent en
lui un ancêtre dont ils croyaient perpétuer la race, esti-
mant que la monarchie ne pourrait durer qu'autant que
durerait la descendance de celui qui l'avait fondée sur les
ruines du pouvoir sacerdotal. La tradition populaire, de
son côté, lui attribuait l'une des œuvres les plus colossales
accomplies en Egypte, la création de la grande digue de
Kocheïchah qui assurait la fertilité du Eayoum en même
temps qu'elle réglait l'irrigation du Delta, jusqu'alors noyé
dans les marécages. On se plaisait pareillement à faire
remonter au règne des Thinites l'établissement de certains
cultes comme ceux d'IIapis, de Mnevis et du bouc mendé-
sien (roi Kakeou), la législation qui assurait le droit de
succession aux femmes de sang royal (roi Binnoutri), jus-
qu'à des traités de médecine (roi Teta), etc. Les premiers
memphites (III" dynastie) n'offrent pas au sujet des faits
une plus grande consistance que les Thinites; ils n'existent
qu'à l'état de noms. Mais avec les successeurs de Snew-
rou (IVe dynastie), nous entrons dans le domaine de l'his-
toire authentique.
EGYPTE
— «78 —
(l'est l'époque do Klioufou, le Chéops dej Gre I, de kha-
fra (Khephren) el «le Menkera (Mykerinos). P''u de faits
militaires : quelques guerres avec les tribues bédouines de
l'Est, mais tous les caractères d'une civilisation brillante
poursuivant sou développement en plaine paix. « Des villes
sont fondées, dit Mariette, de grandes fermes enrichissent
les campagnes. On y élève des milliers de tètes de bétail.
Des antilopes, des cigognes, des oies sauvages y sont gar-
dées en domesticité. Des moissons abondantes et soignées
couvrent le sol. Une architecture élégante embellit les habi-
tations. Là, le maître de la maison vit aimé et respecté
des siens ; il cultive les fleurs ; des jeux, des danses sont
exécutées devant lui. 11 chasse; il pêche dans les nom-
breux canaux dont la contrée est sillonnée. De grandes
barques aux voiles carrées flottent pour lui sur le Nil, ins-
truments d'un commerce sans doute très actif. Partout
l'Egypte nous apparaît alors dans l'épanouissement d'une
jeunesse vigoureuse et pleine de sève. » Cette peinture de
l'Egypte sous les rois de la IVe dynastie n'a rien de con-
jectural ; elle n'est pas l'œuvre de l'historien moderne,
mais des contemporains. Nous la voyons s'étaler encore
avec une netteté incomparable sur les parois des tombes de
Gizeh et de Saqqarah. « Ces tombes formaient à l'O. de
Memphis, sur un vaste plateau de la chaine libyque, une
importante nécropole d'une superficie plus grande que celle
de la ville des vivants. Au N. de cette nécropole, un roi
demeuré inconnu, mais qu'il faut peut-être reporter aux
temps antérieurs à Mini, avait fait tailler dans le roc un
sphinx énorme, symbole d'Harmachis, le soleil levant.
Plus tard un temple d'albâtre et de granit, le seul spéci-
men que nous possédions de l'architecture monumentale de
l'ancien empire, fut construit à quelque distance de l'image
du dieu; d'autres temples, aujourd'hui détruits, s'élevèrent
çà et là et firent du plateau entier comme un vaste sanc-
tuaire consacré aux divinilés funéraires. » (Maspéro.) C'est
là, dans le voisinage du sphinx, sur le rebord du plateau,
que Khoufou, Khafra et Menkera bâtirent leurs pyramides
(V. ce mot). La tradition grecque nous représente les deux
premiers comme des rois impies qui fermèrent les temples
pendant toute la durée de leur règne, afin qu'aucune
préoccupation, pas même celle des dieux, ne vint détourner
le peuple de la corvée à laquelle il avait été astreint pour
l'érection des deux colosses. La science moderne a tait
justice de cette accusation assez étrange contre des rois de
droit divin, qui se considéraient non seulement comme les
ministres des volontés divines, mais même comme les propres
fils des dieux. La Ve dynastie, également raemphito (et non
éléphantine comme l'a dit par confusion l'un des copistes
de Manéthon), se rattache sans secousse à la précédente dont
elle n'est, à vrai dire, que la continuation. De nombreux
monuments d'un style aussi achevé que ceux de la IV6 dy-
nastie témoignent de la prospérité de l'Egypte, qui n'a
guère à se défendre que contre les incursions de quelques
tribus nomades. L'exploitation des mines du Ouadi Ma-
gharah continue de plus belle, ainsi que le prouvent des
stèles au nom de An Ousornirà et de Tatkara. La pyra-
mide d'Ounas, le dernier roi, se trouve à Saqqarah dans
le groupe des pyramides de la VIe dynastie ; elle a été
ouverte par M. Maspéro, le 23 févr. 1881. Teti, succes-
seur d'Ounas, inaugure la VIe dynastie, originaire d'Elé-
phantine. Nous ne savons que peu de choses de ce roi,
ainsi que d'un certain Ati, connu seulement par une ins-
cription de sa première année et qu'on place soit avant soit
après Teti. Il n'en est pas de même de Pepi Ier Merirà,
dont le règne de près de dix-huit ans marque une des
grandes époques de la puissance égyptienne. A Tanis, à
El Kab, dans la vallée d'Hammamat, à Assouan, au Sinaï,
on trouve un peu partout les traces de sa prodigieuse
activité. Secondé par sjh ministre Ouni, il étend sa puis-
sance à l'E. jusqu'aux déserts delà Syrie méridionale, au
S. sur les tribus noires de la Haute-Nubie. Le document
capital pour l'histoire de son règne est la longue inscrip-
tion du tombeau d'Onni, son ministre, découverte à Abv-
dos par Mariette et transportée par lui au musée du Caire.
Cet Ouni, qui avait 80 SOCès aux honneurs sous le règne
de Teti, devint sous Pepi une sorte de grand chanceuse
cumulant une foule de hauts emplois et dirigeant les aftail
du royaume a\rc l'aide d'un seul assesseur. 11 avaii
charge de l'insigne mission de choLurè Tourah le bloc de
calcaire destine a abriter la momie royale, puis, a l'occa-
sion d'uni- grande guerre soutenue contre les Syriens et
les hommes du désert, investi du haut commandement.
Son armée, recrutée parmi les tribus nègres, fit d'abord
cinq campagnes contre les Herichaou; puis, les barbares
s'étant de nouveau soulevés malgré leurs défaites, Ouni
dut prendre la mer pour les poursuivre jusque dans les
extrémités reculées de leur pays. Tant de victoires valurent
à Ouni l'honneur suprême de conserver ses sandales dans
le palais. Le roi Merenra, fils et successeur de Pepi, lui
conféra de nouvelles charges. II l'envoya en outre, comme
avait fait son père, à la recherche de son sarcophage et
des matériaux nécessaires à l'érection de sa pyramide.
Le règne de Merenra fut pacifique et vraisemblablement
de courte durée. La momie de ce prince, recueillie en
1881 dans sa pyramide, porte encore la tresse des ado-
lescents. Nolerkara, second fils de la reine Miiira-Anchnas,
succéda à son frère aîné. Si l'on en croit Manéthon, son
règne aurait été de cent ans. Après cette suite continue de
quatre pharaons, les monuments se taisent, et c'est Héro-
dote et Manéthon qui terminent l'histoire de la VI* dynas-
tie par un Metesouphis et une Xitonis plus qu'à demi-
légendaires. Le nom de Nitaqrit a été retrouvé dans un
fragment du papyrus de Turin. De plus, le remaniement
constaté dans la "pyramide de Menkera, où fut aussi trouvée
une seconde chambre, confirme l'assertion de Manéthon que
cette reine y aurait été ensevelie. Les pyramides des rois
de la VIe dynastie forment le groupe le plus important de
la nécropole de Saqqarah. Attaqué par Mariette quelques
mois avant sa mort, il n'a livré ses secrets qu'à M. Maspéro
qui de 1880 à 1881 a pu reconnaître et relever successi-
vement les tombes de Merenra, de Pepi Ier, de Noferkara
(Pepi II). de Teti, ainsi que celle d'Ounas de la V' dynastie.
Les couloirs et les chambres de ces pyramides portent
gravés de nombreux textes religieux. De ce que les mas-
tabahs ou tombes de simples particuliers et les pyramides
de Gizeh ne contenaient aucune allusion à la vie de l'âme,
on s'était trop pressé de conclure que les doctrines mys-
tiques relatives à la vie d'outre-tombe, telles qu'on les
connaissait par le Livre des Morts, étaient l'œuvre de
théologiens d'époques postérieures. Les pyramides de la
Ve et de la VI1' dynastie ont répondu à cette théorie.
Pour les quatre dynasties suivantes, il y a désaccord
dans les sources. Le papyrus de Turin ne semble mentionner
entre la VIe el la XIIe dynastie que 23 rois divisés en
deux dynasties, tandis queMauéthon en compte 4 (2 mem-
phites et 2 héracléopolitaines). La VIII'- dynastie (uiem-
phite) n'aurait duré que 70 jours selon une des versions
manéthoniennes et 75 ans selon l'autre ; la Mil1- dynas-
tie (memphite), I iG ans et 100 ans. Le désaccord n'est
pas moins grand en ce qui concerne le nombre des rois qui,
pour la VIIe dynastie, est tantôt de 70, tantôt de 5, et le
singulier, c'est que les 70 rois appartiennent non à la
version de 7,'i ans, mais de 70 jours. Quant à la VIII* dy-
nastie, elle aurait été de 27 rois. Ces divergences mon-
trent qu'aucune tradition n'était parfaitement établie,
sans doute du fait des compétitions qui mirent plusieurs
familles en présence, en sorte que la légitimité était partout
et nulle part. Il en résulte en tous cas que la puissance
memphite dut passer par une crise d'ou elle sortit si affai-
blie que la suzeraineté fut confisquée par un Etat vassal
de la Moyenne-Egypte. L'histoire des deux dynasties héra-
cléopolitaines (E4e et .V) est encore a écrire. Longtemps
considérée comme un simple problème de chronologie,
dont la donnée d'ailleurs n'était fournie que par les abré-
viateurs de Manéthon et le ehronographe Eratosthène, elle
a été remise à l'ordre du jour par la découverte de nou-
679 -
ÈCYl'TE
venin documents et surtout pur L'étude d'anciens jus-
qu'alors attribues a d'antres époques. 11 ressort jusqu'à
présent de l'examen de tous ces fragments que la maison
priinieiv dUeraclèopolis (Mues, aujourd'hui Ueuassleh)
commença a prendre de l'importance pendant les règnes
des derniers rois memphitos et, a la faveur de guerres
contre les principautés du Sud, arriva, par l'extension
donnée a se> domaines, a supplanter définitivement les
princes «lu Nord. Que cette souveraineté ait pu s'étendre
pendant plusieurs siècles a toute l'Egypte, c'est ce dont
nous n'avons pour l'instant nulle preuve ; toujours est-il
que, pendant cette période, les princes de Unes étaient de
beaucoup les plus puissants, qu'ils tirent reconnaître leur
suzeraineté à ceux de Siout, et étendirent leur sphère
d'action jusqu'aux cotes de la mer Rouge.
'/ | n empire. Jusqu'à l'avènement des dynasties héra-
cléopolitaines, les nomes du Sud n'avaient joué qu'un rôle
effacé; les inscriptions des tombeaux de Siout nous les
montrent sortant de la tranquille obscurité où ils vivaient
pour eutrer en lutte avec leurs voisins du Nord et essayer
de reprendre a leur compte l'hégémonie (qui avait sans
doute reçu plus d'une atteinte) des princes de Unes sur le
reste de l'Egypte. Le plus ancien des princes connus de
cette XI* dynastie qui posa les premières assises de la
puissance thebaine. F.ntuuf l'r. n'était qu'un ropa (seigneur
héréditaire). Son (ils Mentouliotep lor et ses successeurs
s'enhardireut a prendre le cartouche, sans pourtant s'im-
poser comme suzerains à la Basse-Egypte restée soumise à
l'ancienne métropole. On s'accorde néanmoins à reconnaître
qu'après dix règnes dont la durée est encore indéterminée,
un des rois de Thèbes, Nibkheroura Mentouhotep (IV) fut
:eureux pour justifier son titre de roi des deux pays
par une conquête effective qui se borna vraisemblablement
a l'Egypte proprement dite, car on ne trouve trace de la
puissance thebaine à pareille époque ni au delà des rochers
de la première cataracte, ni dans la presqu'île du Sinai, dont
les mines étaient abandonnées. En revanche, ces princes,
a l'exemple des rois héracleopolitains, donnèrent leurs soins
aux carrières de la vallée d'Hammamat et cherchèrent,
peut-être les premiers, par. la londation d'un port voisin
de l'emplacement de la moderne Qocéir, un débouché sur
la mer Rouge. La nécropole de la XI' dynastie est située
au N. de la grande nécropole thebaine (rive gauche), à
Drah Abou'l Negah, c.-à-d. près du point où débouche le
défilé de Bab el Molouk (vallée des Rois).
La XII' dynastie est celle des Amenemhat et des Ousir-
taaen, par eonsequent l'une des plus importantes. Elle nous
intéresse a plusieurs égards. Elle a d'abord l'inappréciable
avantage d'être la mieux connue de toutes les dynasties
égyptiennes. Ses huit souverains se font suite sans interrup-
tion. Sans doute, sa durée varie selon les diverses sources;
mais il e^t à remarquer que le total des années de règne
donné par les monuments (181 ans) est à peu près la
moyenne entre le chiffre de Manéthon (MiO) et celui du
canon de Turin ("213). L'ne des particularités de cette dy-
nastie est la précaution, renouvelée presque à chaque règne,
que prennent les pharaons, après un exercice plus ou moins
long du pouvoir, d'associer leurs successeurs au trône avec
la jouissance de toutes les prérogatives royales. C'est ainsi
qu'Amencmhat [•*, fondateur de la dynastie, partagea,
uaraiite-deux ans de règne, le pouvoir avec son fils
Ousirtasen I r, lequel, après trente-deux ans de règne,
rendit la pareille a son fils, Amenemhat II. Amenemhat II
ne fit pas autrement à l'égard d'Ousirtasen II et, après
interruption, Amenemhat III reprit la coutume en faveur
d'AaenembatlV. Ce système de gouvernement n'avaii pas
seulement l'avantage de mettre le trône a l'abri des com-
pétitions; il avait celui d'intéresser plus vivement chaque
prince à l'œuvre de son prédécesseur. Le bénéfice qu en
retira l'Egypte fut immense ; a aucune autre époque, elle
n'eut un meilleur gouvernement, ni une plus réelle pros-
I ' - pharaons de la XII' dynastie furent des con-
quérants à la manière de Pepi \". Ils se préoccupèrent
avant tout d'assurer à l'Egypte la protection de ses fron-
tières de PE. et de PO., sans cesse menacées par les
Bédouins du Sinai et do Libye. Ils reprirent l'exploitation
de l'ancien district de Magharah, ouvrirent même de nou-
\ elles mines sur le haut plateau de Sarbût el Khadem. Ils
attachèrent surtout un grand prix à la possession complète
du cours du Nil proprement dit et s'en rendirent maîtres
après d'heureuses campagnes dirigées contre les tribus
éthiopiennes et les tribus noires. Ils jugèrent prudent,
néanmoins, de ne pas étendre trop au S. leurs occupations
et tirent de Seinneli, à une journée en avant de la deuxième
cataracte, leur poste-frontière. On y voit encore les restes
imposants de la forteresse élevée par Ousirtasen III. C'est
surtout comme ingénieurs-agriculteurs que ces pharaons
sont restés célèbres. Ils donnèrent en effet tous leurs soins à
l'agriculture en multipliant les bassins et les canaux, en
redressant les berges du fleuve, en appliquant, en un mot,
les procédés les plus rationnels à l'irrigation , dont ils
eurent une très haute conception. La construction du grand
réservoir ou lac Mœvis (V. ce mot), par Amenemhat III, a
été (si le récit d'Hérodote ne repose pas sur un malentendu)
une œuvre qui, même à notre époque, n'a pas été dépassée
et dont les bassins projetés de Kalabcheh et de Cilcileh
ne seront guère que l'imitation. Le temple que ce même
roi construisit à l'entrée de Fayoum et connu sous le nom
de Labyrinthe (V. ce mot) faisait, dans l'antiquité, l'éton-
nement des voyageurs. Hérodote le déclarait supérieur aux
pyramides, dont une seule pourtant, disait-il, dépasse de
beaucoup les plus grandes constructions grecques. « A côté
de ces entreprises gigantesques, dit M. Maspéro, les travaux
exécutés par Amenemhat III lui-même n'oflrent que peu
d'intérêt. A Thèbes, Amenemhat et Ousirtasen Ier embellirent
de leurs odrandes le grand temple d'Amon. Dans la ville
sainte d'Abydos, Ousirtasen Ier restaura le temple d'Osiris.
A Memphis, Amenemhat III édifia les propylées au N. du
temple de Ptah. A Tanis, Amenemhat Ier fonda, en l'hon-
neur des divinités de Memphis, un temple que ses succes-
seurs agrandirent à l'envi. Fakous, Héliopolis, Hakhninsou,
Zorit, Edfou et d'autres localités moins importantes ne
furent pas négligées. » Aucun monument ne nous laisse
une plus juste vue d'ensemble de l'état de l'Egypte à cette
époque que les tombes de Béni Hassan. Elles nous fonl con-
naître les noms, l'histoire et la situation politique d'une
famille de princes héréditaires, les princes de Mini, qui, si les
circonstances s'y étaient prêtées, auraient pu devenir rois
d'Egypte de la même manière que les princes de Unes ou de
Thèbes. Ils durent se résigner à ne devenir que grands digni-
taires de la cour de Thèbes et administrer leurs Etats comme
préfets héréditaires du pharaon. Ces mêmes tombeaux sont
une mine très riche de renseignements sur la vie agricole et
les industries de l'Egypte à cette époque. L'un d'entre eux
(tombeau de Knoumhotep) nous montre également une
famille d'émigrants asiatiques amenée devant le gouverneur
de la province de Mihi. Ainsi, plus d'un siècle avant l'invasion
des Hycsos, des familles sémitiques ou chananéennes pou-
vaient non seulement, commele raconte la légended 'Abraham,
pénétrer librementen Egypte, dont la frontière n'était fermée
qu'aux bandes agressives, mais remonter la vallée jusqu'à
la province de Mihi (moudirieh actuelle de Minieh). Le
papyrus de Berlin n° 1 nous apprend que les Egyptiens
pouvaient trouver le même accueil auprès des tribus sémites
du désert. Le héros de ce conte populaire, dont la scène se
passe au temps des deux premiers rois de la XIIe dynastie,
obligé de prendre la fuite dans les vallées du Sinai, ren-
contre un Bédouin qui l'amène, d'étape en étape, jusqu'au
pays des Edomites. Le grand cheik de la tribu le nomme
commandant de ses troupes, etc. (pour plus de détails sur
la donnée de ce conte, V. Sinouhit). Ce joli conte n'est pas
d'ailleurs le seul spécimen de la littérature égyptienne à
l'époque la plus florissante du premier empire thébain. Les
papyrus du Musée britannique nous ont conservé un hymne
au Nil souvent cité, le petit traité de morale rédigé par
Amenemhat Ier à l'usage de son fils Ousirtasen, ainsi qu'une
EGYPTE
— tiXO -
sorte de satire rythmée de imis les métiers manuels, cen-
sément écrite par un vieux scribe à son (ils étudiant au
séminaire de CUcilis.
La KOI* dynastie, tliébaine comme lesdcux précédentes,
l'ait par son incertitude le plus grand contraste avec la \ll .
Manéthon lui attribue une durée de 453 ans et 00 rois,
mais sans nous donner aucun nom. Il la fait suivre d'une
dynastie de Xoïs avec 7(i rois (sans autre désignation) pour
une durée de 48 i ans. Un important fragment du papyrus
de Turin place précisément après la XIIe une série de 130
à 150 prénoms ou surnoms d'intronisation dont quelques-
uns seulement sont accompagnés de noms de famille.
La moindre des difficultés que présente une pareille liste
consiste à déterminer le point de séparation des deux
dynasties. Le résultat le plus clair des plus ingénieuses
tentatives a été d'attribuer à la XIIIe dynastie les cartouches
de Sowekhotep et de Nowréhotep, mentionnés d'ailleurs
sur de nombreux monuments figurés dont quelques-uns
ont été d'un grand secours pour le classement. Le lieu
où ils ont été trouvés n'a pas été moins significatif. Il a
permis de réfuter l'assertion que l'invasion des Hycsos
avait eu lieu sous la XIIIe dynastie. C'est en elfet San,
la future capitale des Hycsos, l'ile d'Argo, près de Don-
golah, Semneh, indépendamment de Tbèbes et d'Abydos
qui nous ont fourni la majeure partie de ces monuments.
Comment concilier une activité dont le rayon s'étend de Tanis
à Dongolab avec une invasion étrangère? La qualité des
monuments n'y contredit pas moins. Ce sont, pour ne citer
que les principaux : le colosse de Sowekhotep III, prove-
nant des fouilles de Drovetti dans la Basse-Egypte (Louvre,
A, 16) ; une statue demi-grandeur du même en granit gris
(id., A, 17) ; le sphinx de granit rose, portant indûment
le cartouche de Ramsès II (id., A, 21) ; la statue de Sowe-
kemsaw, provenant d'Abydos (mus. Gizeh). Tant que des
fouilles fructueuses n'auront pas arraché son secret à la
bourgade minuscule (Sakhra) qui fut l'ancienne Xoïs, la
XIV0 dynastie restera pour nous lettre morte. Son avène-
ment, comme le remarque M. Maspéro, fut en partie le
résultat de l'importance que prirent les villes du Delta
sous les princes de la XIIIe dynastie. — Monument : au
musée de Gizeh, petit groupe de calcaire représentant le
roi Menkaoura Nahit en adoration devant le dieu Min de
Coptos.
C'est après cette longue et obscure dynastie xotte que les
abréviateurs de Manéthon placent l'invasion des Hycsos.
Le Delta affaibli tombe sans l'ombre de résistance. Le chef
de ces pasteurs, Salâtes ou Saïtès, élit Memphis pour capi-
tale, transforme Avaris, à la frontière orientale du Delta,
en un vaste camp retranché, puis une fois en garde contre les
incursions de tribus congénères, attirées par l'appât du
butin, se tourne contre le Sud, dont les Etats menacés se
rallient aux princes de Thèbes. Il meurt avant de les avoir
réduits. Son règne avait été de dix-neuf ans. Ses succes-
seurs, Bnôn, Apachnas, Apophis et Iannas, ne sont pas plus
heureux. Mais deux siècles de résistance opiniâtre finissent
pas user Thèbes, qui succombe à son tour et les Hycsos
sont maîtres de toute l'Egypte. Cette victoire définitive fut
l'œuvre d'Assès, successeur de Iannas, et avec qui prend
fin la I™ dynastie étrangère. Elle avait duré environ
deux siècles et demi. La IIe dynastie hycsos (XVIe) règne
sans partage, au dire de Manéthon, pendant près de
cinq cents ans.
Après une si longue période, les Pasteurs trouvent encore
le moyen de fournir une IIIe dynastie de 43 rois pour
151 ans de règne, au terme desquels ils sont battus et
refoulés dans Avaris par un prince thébain que Josèphe
appelle Misphragmuthosis. Son fils Thoutmosis les laisse
après un long règne évacuer pacifiquement l'Egypte. Nous
avons une autre version non moins romanesque, mais
de source indigène. Le papyrus Sallier Ier du Musée bri-
tannique met en présence Apopi et le roi thébain Sqe-
nenrà Ier. Il s'agit de savoir lequel des deux adorera le
dieu de l'autre; sera-ce Apopi qui se convertira à Amoll-
it, i mi Sqenenrt an dieu SouteUi ! Tout dépendra d'une
sorte d'énigme quels chef hycsos fait poser an efaefthébtia.
Le roman populaire laisse au moins entrevoir que la i
de la guerre pour l'indépendance eut un motif religieux,
en tout cas qu'elle est I placer a l'époque de Sqeni !
Les noms de quelques-uns des princes de cette W II' d
tliébaine qui délivra l'Egypte nous sont depuis longtemps
connus par les monuments. I.a cachette de Déir el Itahari
nous a même livré le cercueil et la momie de l'un d'entre
eux, Sqenenrâ III. Pour ce qui est des rois pasteurs,
nous n'avons d'autre documents originaux que les monu-
ments trouvés par Mariette à San, et portant le cartouche
d'un Apopi. Mais le document plus important pour cette
époque est l'inscription du tombeau d'Ahmos, fils d'Abna,
à El Kab. Ce personnage, né sous Sqenenrâ III, nous
raconte toutes ses campagnes et la part qu'il prit au siège
d'Avaris, sous le roi Ahmos et la poursuite des II - ■
jusqu'en Asie. — Principaux monuments : au musée de
Gizeh, deux sphinx et un groupe de deux dieux Nils,
avec le nom d'Aakenenrâ Apopi, provenant des familles de
Tanis ; le buste royal ou sacerdotal de Mit Parés (Fayoum)
qui présente les mêmes caractères que les monuments de
Tanis. M. Naville a trouvé récemment d'autres monuments
de la même époque. Aucune trace de construction des
princes thébains ; bijoux au nom de Kamos, d'Aahhotep,
d'Ahmos.
Nouvel Empire. Une dynastie glorieuse entre toutes,
c'est la XVIIIe. Fondée par Ahmos Ier (Amosis), le libé-
rateur de l'Egypte, elle marque sa place dans l'histoire par
une série de conquêtes qui assurent, pour près de quatre
siècles, la prépondérance des pharaons. L'inscription du
tombeau d'Ahmos, fils d'Abna, commandant de la flottille,
nous apprend que le roi, son homonyme, poursuivit les
Hycsos jusqu'à Sharouliana (peut-être Sharouken de Si-
méon) , leur infligea l'an VI de son règne une sanglante
défaite, et qu'après la prise de Sharouhana, il tourna ses
armes vers la frontière Sud. Sa campagne dans le Khontnefer
fit rentrer dans l'obéissance une partie des anciennes po-
pulations tributaires du haut Nil. Favorisé par ses vic-
toires, Ahmos Ier s'appliqua à remettre en vigueur les tra-
ditions délaissées pendant de longs règnes : il partagea son
activité entre la guerre qui lui fournit d'importantes res-
sources et l'embellissement de sa capitale qui les absorba.
Il ne borna pas ses soins à Thèbes et au sanctuaire d'Ahmos :
le temple de Ptah à Memphis en eut sa très grande part.
Ahmos tenait ses droits au trône de Nofertari, sa femme,
fille du roi Kamos et de la reine Aahhotep. 11 en eut un fils,
Amenhotep Ier (Amenophis), qui lui succéda. Amenhotep
épousa sa sœur Aahhotep II, conformément à un usage qui
se perpétua en Egypte jusqu'à l'introduction du christia-
nisme. La mort de son père ne le mit pas en pleine possession
du trône : il dut le partager avec la reine mère Nofertari
qui incarnait à un trop haut degré la légitimité pour perdre
ses droits par le veuvage. Au point de vue militaire, le
règne d'Amenhotep fut fécond en beaux résultats. La
Haute-Nubie, maintenue dans le devoir, devint une colonie
si prospère qu'on ne distinguait plus entre les territoires
au N. et les territoires au S. de la première cataracte. Les
richesses agricoles du Dongolah furent exploitées par des
colons qui trouvèrent alors dans le pays de Koush une sé-
curité égale à celle des provinces de L'Egypte proprement
dite.Thoutmos Ier, fils et successeur d'Amenotep, contribua
à cette sécurité en se montrant sur le haut Nil comme son
prédécesseur. Une inscription gravée sur les rochers de la
troisième cataracte marque les traces de son passage.
Thoutmos avait d'ailleurs mieux à faire qu'à batailler contre
les nègres. Depuis le temps des Pasteurs, l'Asie s'était
affirmée comme la source des plus grands dangers que
pouvait courir l'Egypte. Thoutmos prit les devants. A peine
couronné, il envahit le pays des Chanaanitcs. et fit pour la
première fois sentir le poids des armes égyptiennes aux
Rotenou, peuplade sémitique maîtresse des territoires com-
pris entre le Liban et le désert de Syrie. Une stèle élevée
- (581
EGYPTE
sur les borda de l'Euphrate montra qu'a la défaite des
Kolonou. il ajouta celle des tribus du Naliariua (Méso-
potamie ouphrato-orontienne). Sou tils el successeur,
Thoutmos 11, ue parait pas lui avoir longtemps survoeu.
La mort de ee prima rendit le pouvoir a la reine
llatshepsou. sa sumr et épouse, fille de la reine Alunes,
llatshepsou avait, .en effet, déjà l'ait l'apprentissage de
la puissance royale du vivant d'Ainenophis, qui l'avait
lee au troue : a la mort de ïhoutinos 11, elle
- tma, en qualité de régente, o.-à-d. en attendant la
majorité de Thoutmos 111, tils du roi précédent et de sa
coueuhine bas.
l.e nom de cette régente, dont la tradition classique n'a
pas conserve le souvenir, est pourtant un des plus grands
noms de l'histoire d'Egypte; car, si jamais l'esprit d'entre-
prise s'est manifeste en ces temps lointains dans un but
BtteUeaaent pacifique, c'est seulement lors du gouver-
nement de la reine llatshepsou. Non contente de reprendre
l'exploitation des districts miniers du Sinaï délaissés depuis
la Ml' dvnastie. elle expédia une flotte dans le To-Nouter
(le pavs des Soflttlis) à la recherche des produits naturels
que la renommée plaçait dans ces régions reculées. « Les
itiens, descendus à terre, dressèrent une tente dans
laquelle ils entassèrent leurs pacotilles pour les échanger
contre les produits du pays. Les indigènes appartenaient à
la même race que les Koushites de l'Arabie méridionale et
de la Nubie. Ils étaient grands, élancés, d'une couleur qui
varie entre le rouge brique et le brun presque noir... Les
principales conditions du marche se réglèrent probablement
dans un banquet, où l'on servit aux barbares toutes les
délicatesses de la cuisine égyptienne. Les envoyés reçurent
d'eux entre autres objets précieux trente-deux arbrisseaux
a parfums, disposés dans des paniers avec des mottes de
terre, llatshepsou les tit planter par la suite dans ses
jardins de Thèbes : c'est, je crois, le premier essai connu
d'acclimatation. » (Maspéro.) llatshepsou parait avoir exercé
le pouvoir jusqu'en ranXXdurègneoffîcieldeThoutmosIlI;
toujours est-il que dès l'an XXI, ce dernier règne seul. A
peine débarrasséde cette longue tutelle, il s'efforça d'abolir les
traces d'un passé humiliant pour son orgueil, en s'acharnant
avec une rage iconoclastique contre la mémoire de la reine.
Ce tempérament d'une énergie brutale le prédestinait à de-
venir, dans le domaine de la guerre, le personnage capital
de l'histoire d'Egypte. Les trente-cinq ans que dura son
• depuis la mort d'IIatshepsou furent marqués par
tant d'expéditions militaires qu'on pourrait se demander
non combien d'années mais de mois l'Egypte put jouir de
la paix, si l'on ne savait par avance que la guerre, telle que
la pratiquaient les chefs des grands empires orientaux,
n'était le plus souvent qu'une promenade armée organisée
à travers des pays dont la capitulation était assurée. Ces
expéditions, qui n'avaient d'autre but que d'ajouter aux
revenus des pharaons l'énorme impôt que des voisins trop
faibles payaient pour acheter la paix, ne devaient guère
durer qu'une saison et n'absorbaient pas de contin-
gents assez forts pour que l'agriculture s'en ressentit. Les
moindres ^u>'ires civiles ou féodales au dedans exerçaient
plus lourdement leur action sur la vie régulière que trente
ans de campagnes au dehors, qui accumulaient dans la
nation victorieuse un butin énorme d'esclaves et de denrées
de toute sorte. De l'an XXIV à l'an XXVIII, Thoutmos par-
■ ouït quatre fois la Syrie et la Phénicie. La défaite des
non a Ma.eddo (an WIII) après une bataille insigni-
fiante", lui donna immédiatement la mesure de sa supériorité.
Dia lors rien ne l'arrêta. L'an XXIX, il pousse jusqu'à
l'Euphrate. pille Tounipou et Karkemish. Il revenait chargé
de butin de cette expédition lointaine, lorsque la richesse
du pays de Djahi (la Phénieie septentrionale) le détourna
de l'Egypte. « L'abondance fut si grande au camp du vain-
queur, que les soldats purent se gorger d'huile d'olive
chaque jour, luxe qu'ils ne se donnaient en Egypte qu'aux
jours de fête. > (Maspéro.) Les campagnes de l'an XXX et
XXXI mirent à la merci des pharaons Qadesh, Symira,
Arad, Arrotou, celle de l'an WIII ramena Thoutmos devant
les Ivhiti du Naharina; c'est au retour do cette expédition
qu'il s'empara de Nii, ville de la Syrie septentrionale qu'on
a confondue avec Ninive. D'autres noms de villes ou de peu-
ples de la même région ont été ainsi identifiés à plaisir avec
îles villes ou des nations reculées, et l'on a longtemps
cru pouvoir dire avec Mariette que l'empire s'étendait alors
depuis PAbyssinie et le Soudan jusqu'à l'Irak Arabi, le
Kurdistan et l'Arménie. En réalité, toutes les guerres do
Thoutmos, depuis la campagne de l'an XXU jusqu'à celle
de l'an XLII, ont eu pour théâtre, en Asie occidentale, la
région comprise entre le Taurus, l'Euphrate et la lisière
du désert de Syrie ; sur mer, les lies les plus voisines de
l'Egypte, Chypre et la Crète. Au S., il dut, à l'exemple de
ses prédécesseurs, pousser beaucoup plus loin et asseoir sa
puissance sur la plus grande partie du bassin du Nil. Son
(ils Amenhotep II et son petit-fils Thoutmos IV suivirent
son exemple et tinrent en haleine les bataillons de l'Egypte
par des expéditions répétées. Sous Amenhotep III, la su-
zeraineté de l'Egypte sur les petits Etats asiatiques se trou-
vait tellement consolidée, qu'il n'y eut guère plus de résis-
tance de la part des princes vassaux. Les relations pacifiques
se multiplièrent, provoquant l'action d'influences diverses
et favorisant, par le voyage, le commerce, la diffusion des
langues, le développement des deux civilisations. Le règne
d' \menhotep IV (Khounaton) nous offre le curieux spectacle
des plus anciennes luttes du sacerdoce et de l'empire : un
pharaon provoquant un schisme pour anéantir la puissance
du grand prêtre d'Amon. Le dieu de Thèbes, Amon, avait
profité de la fortune de la maison royale ; de simple divinité
locale, il était parvenu à la suprématie de l'Olympe égyp-
tien. Son grand prêtre n'avait pas eu la plus maigre part
à cet avancement, qui se traduisait non seulement par un
grand accroissement d'influence religieuse, mais surtout
par l'extension d'une sorte de pouvoir temporel qui s'exer-
çait dans l'administration des domaines du temple. Amon
n'avait pu s'affirmer comme le principal dieu sans devenir
en même temps le principal propriétaire foncier de l'Egypte.
Parmi les antiques sanctuaires qui perdirent le plus au
triomphe de ce parvenu, celui d'Héliopolis, qui avait doté
l'Egypte de son système religieux, était au premier rang.
Amenhotep l'associa assez ingénieusement à sa rancune. II
lui emprunta, comme machine de guerre, une forme secon-
daire de son dieu soleil, opposa cette divinité jusqu'alors
assez effacée, Aton (le disque), au dieu de Thèbes, lui cons-
titua d'importants domaines dans la Moyenne-Egypte et fit
de sa métropole, Khounaton (actuellement Tell el Amarna),
la capitale de l'empire. Mais la puissance d'Amon était trop
solidement assise pour être ébranlée par un dieu secon-
daire, et Aton ne survécut pas longtemps à son champion.
Déjà l'un des successeurs d'Amenhotep IV, Aï, qui était
son gendre, avait jugé prudent de rentrer dans les bonnes
grâces du dieu thébain,sans pourtant tout à fait abandonner
son rival ; mais, après une période de troubles dont nous
ne pouvons mesurer la durée, Haremhebi, sans doute soutenu
par le sacerdoce thébain, se fit l'instrument de la réaction et
assura la solidité du trdneen exerçant contre Aton les repré-
sailles d'Amon. Il ne fut pas seul à recueillir le fruit de son
habileté. La suprématie resta à Thèbes pour près de trois
siècles. Sous la XIXe dynastie, l'Egypte, sans rien perdre de
sa force vitale, ne fut plus comme par le passé l'arbitre du
sort de ses voisins d'Asie, l'ne puissance rivale, celle des
Khiti ou Hittim, quijusqu'alorsn'avaitsongéqu'à sedéfendre
contre les invasions des conquérants de la XVI111' dynastie,
avait profitéde l'affaiblissement momentané de l'Egypte après
la mort d'Amenophis IV pour secouer le joug des pharaons
et substituer sa propre suzeraineté sur les Etats syro-phé-
niciens à celle de l'Egypte. L'histoire des guerres égypto-
hittites est le fait le plus saillant de celte nouvelle période.
Une première campagne se termina par un traité conclu
entre Sapaloul et Hamsès Ier. l'ne seconde campagne mit
aux prises leurs successeurs Morousar et Seti Ier. Mais
Seti, qui était très facilement venu à bout des Shasou,des
EGYPTE
_ 689 -
Libnanou et autres populations de la Syrie méridionale,
rencontra de la part des Hittites une résistance tout a frit
imprévue, (l'est qu'il n'avait plus affaire aux Kditi qu'avaient
battus et razzies Tlioutiuos IV, mais a une nation puissante
faisant non seulement la loi chez elle, c.-à-d. dans leNalia-
rina, mais encore dans la plus grande partie de l'Asie
Mineure, la Cilicie, la Lycie, la Mysie. llion et Pedasos
étaient ses tributaires et formaient avec elle une sorte de
fédération mililaire assez forte pour se faire respecter,
et même en mesure de s'organiser pour la conquête. Seti I"r
jugea prudent de mettre lin à des victoires incertaines par
un bon traité qui fixait à TOronte la démarcation des deux
zones d'influence. « Restreinte à la Syrie du Sud et à la
Phénicie, l'autorité des pharaons, dit M. Maspéro, gagna
en solidité ce qu'elle perdait en extension. Il semble que
Seti Ier, au lieu d'exiger simplement le tribut, imposa à
chacun des peuples vaincus des gouverneurs de race égyp-
tienne et mit des garnisons permanentes dans quelques
places, comme Gaza et Magidi. » Ce n'est pas de là que
devait venir le danger. Les peuples de l'Asie Mineure qui
savaient par leurs relations avec les Khiti quelle riche proie
devait être l'Egypte, tentèrent une invasion par mer favo-
risée par les Libyens, mais ils furent battus par Ramsès II
(le Sésostris des Grecs), que son père Seti avait, sur ses
vieux jours, associé à l'empire. Au nombre de ces peuplades
se trouvaient des Shardanes ou Sardinens, ses prisonniers,
qu'il incorpora dans sa garde. Jusqu'alors l'armée égyptienne
n'avait emprunté son élément étranger qu'aux peuplades
nègres du haut Nil ; Ramsès préluda ainsi à l'organisation
des troupes mercenaires qui supplanta, dans la suite, l'armée
nationale. Toutes ces guerres de Ramsès II s'effacent devant
sa fameuse campagne de l'an V, célébrée par une sorte
d'épopée qu'un poète aux gages du roi, Pentaour, composa
pour la circonstance. Cette longue pièce, gravée en entier
et en abrégé sur plusieurs temples, nous est également
parvenue par des copies manuscrites. Motour, fils de Mo-
rousar, avait été fidèle aux engagements pris par son père,
mais son frère et successeur, Khitisar, n'imita pas son
exemple. Les peuples de l'Asie Mineure ne demandaient
qu'à marcher contre l'Egypte ; il se mit à la tête de la coa-
lition, et « l'on vit des bandes troyennes traverser la pénin-
sule dans toute sa longueur et venir camper en pleine vallée
de TOronte, à trois cents lieues de leur patrie. » L'armée
égyptienne n'offrait pas un moins singulier mélange.
« Elle renfermait, remarque M. Maspéro, à côté des
Egyptiens de race pure, des Libyens, des Mashouasha de
Libye, des Maziou, des Shardana, débris de l'invasion re-
poussée victorieusement quelques années auparavant. » Ce
fut à Shabtouna, petite bourgade syrienne, située un peu
au S.-O. de Qadesch, que les deux armées se rejoignirent.
Celle de Ramsès y fut surprise par l'ennemi, qui avait mis
les Rédouins de l'endroit dans son jeu. Deux de ces Bédouins
vinrent faire un faux rapport au pharaon et l'attirèrent,
lui et toute son escorte, dans un guet-apens dont il ne se
tira que par des prodiges de valeur. La victoire lui resta
finalement et Khitisar demanda la paix. Mais la guerre ainsi
rallumée en pays chananéen ne prit pas fin de sitôt.
Fomentée par le roi de Khiti, elle dura jusqu'à ce que les
deux puissances également fatiguées éprouvèrent sponta-
nément le besoin d'une paix définitive. Elle fut signée
l'an XXI de Ramsès. Le texte du traité nous a été fort
heureusement conservé, grâce à la coutume épigraphique
d'alors, qui faisait des murailles des temples de véritables
archives. L'alliance qui garantissait les nombreuses clauses
decet acte fut quelque temps après consolidée par un mariage
politique. Ramsès épousa la fille ainéo de Khitisar et en-
tretint des rapports d'amitié avec son beau-père qui se
décida à faire le voyage d'Egypte, l'ne stèle commemoralive
fut gravée en l'honneur de cet heureux événement qui lait
le plus singulier contraste avec les épilhèles injurieuses
que les princes de pays étrangers ne manquaient alorsjamais
de se décerner dans les actes de chancellerie. Les quarante-
six années de paix qui s'écoulèrent entre la fin des hosti-
lité et la mort de Hamsès furent suivies d'une période de
troubles qm fit perdre I l'Egypte le fruit de ses dernières
conquêtes, i n des résultats du long règne de Ramsès avait
été d'u i vivant toute une série d'heritiel
somptifa et d'élever au trône un prince déjà vieu\. M- -
nephtah, son treizième fils. L'an V de Jon règne, le Deiu
eut a subir une nouvelle invasion des peu;
.Mineure. Aux Tu rbeiiiens. au\ Shardanes et aux Syriens
que Ramsès avait déjà défaits s'étaient joints des tnbus
nouvelles, les Akaiousha (Achéens) et les Shakaloosha
(Sicules). Ils avaient débarqué chez leur- alliés 'le Libye
et s'étaient avancés jusqu'à Prosopis. La vaillance des
troupes de Menepthah qu'un songe empêcha désister à la
bataille conjura le danger. Les « peuples de la mer » furent
battus et l'Egypte délivrée d'une invasion qui, si elle s'était
produite vingt ans plus tard, auraient pu singulièrement
changer la face des choses. Le peu de monuments de toute
nature qui nous sont parvenus de cette époque nous montrent
en effet l'Egypte gouvernée par des princes sans autorité qui
laissent usurper presque toute l'étendue de leurs pouvoirs
par des vice-rois ou des ministres. Des collatéraux, au mépris
de la loi d'hérédité, s'intercalent entre le règne d'un père
(Menephtah) et de son fils (Seti II). L'autorité éphémère
de ces princes s'étendait-elle au moins sur toute l'I
C'est fort douteux. En tous cas, la Syrie, délivrée par ses
garnisons égyptiennes, rappelées en toute hâte par Menepthah,
s'est affranchie du tribut ; les nombreux prisonniers attelés
à des lourdes besognes dans les chantiers royaux repren-
nent, sans être inquiétés, le chemin de leurs pays et c'est
dans ces départs en masse, que l'autorité militaire était
impuissante à prévenir, que fut compris l'exode des tribus
Israélites dans le désert montagneux du Sinaï. L'usurpa-
tion d'un chef syrien, « Arisou qui fut chef parmi les princes
des nomes et força le pays entier à prêter hommage devant
lui », mit fin à la XIXe dynastie.
La XXe dynastie va nous faire assister à la ruine de
la puissance thébaine. Sans doute Ramsès III, fils de
Nekthseti, qui avait renversé l'usurpateur Arisou et rétabli
avec la légitimité la paix en Egypte, fut un roi glorieux.
A l'exemple des grands pharaons de la XVIII' et de la
XIXe dynastie, et surtout de Sésostris, qu'il s'était donné
comme modèle, il avait fait plus que conjurer les dangers
dont le Delta fut menacé du t'ait des Libyens et des confé-
dérés d'Asie Mineure. Après avoir repoussé une première
invasion des Shasou du désert arabique, deux invasions
libyennes et, dans l'intervalle, une troisième attaque des
Tyrrhéniens, des Shakalash et des Danaens, ralliés au prince
du Khiti, venus par terre et par mer jusqu'à Raphia, il
avait restauré la suzeraineté des pharaons sur la Syrie,
concédé des territoires aux Mashouasha à l'O. et aux
Pelishti à l'E. de la frontière égyptienne, et intéressé ainsi
à la prospérité du pays des tribus turbulentes qui, dès
lors, combattirent dans les rangs de ses légions ; il avait
repris l'exploitation des mines du Sinaï, et, comme la reine
llatshepsou, envoyé ses flottes jusqu'aux rives lointaines du
Pount et du To-Nouter. Mais, victorieux au dehors, il n'avait
pu faire disparaître au dedans les germes de décomposition
qui, depuis plus d'un siècle, travaillaient profondément
l'Egypte. Au milieu du désarroi gênerai, résultat de plu-
sieurs siècles de guerres qui avaient modifié par le mélange
des races les caractères et les îiwurs, une seule puissance
était resiée debout et, à la faveur des circonstances, en
était venue d'empiétements en empiétements à balancer
l'autorité royale ; c'était le haut clergé de Thèbes. Déjà le
premier prophète d'Amon, Nekhtou, s'était élevé à une
sorte de souveraineté spirituelle à cote de Ramsès IV et
de ses successeurs éphémères; son fils Amenhotep n'en
la^sa lien perdre. Quand le onzième el dernier des Rarases-
Miies mourut, le grand piètre Rrihor, successeur d' Amen-
hotep qui s'était, du vivant du roi. fait décerner le litre
princier de \ice-roi d'Ethiopie, prétendit a la royauté, et,
fort de son union avec la reine Noiljemit, usurpa le car-
touche, tout en conservant comme nom d'intronisation le
- 683 -
EGYPTE
titre sacerdotal. Le roi-prêtre Hribor-Siamon ne semble
pas avoir joui longtemps de la pleine souveraineté sur toute
nEgypte. Lo Delta qu'il avail Favorisé lui-même, a l'exemple
des rois <lc la \1\ dynastie, lui suscita un concurrent,
Nsihindid (le Mondes de Mauotlion) qui l'emporta et
installa sur le trône de Tanis, élevée au rang de capitale, la
\\l dynastie.
Enumérer les monuments construits par les rois du
second empire théhaîn serait (à quelques temples près bâtis
par les Ptolémées el les empereurs romains] passer en
ravie tous les temples de l'Egypte. Le nouvel empire est,
en effet, la période de construction par excellence, ou plus
M teinent de reconstruction. Les premiers pharaons de
la WIIl'" dynastie donnèrent le signal en restaurant les
édifices qui avaient le plus souffert pendant la guerre de
l'indépendance. A partir de Thoutuios l", les rois ne se
contentent plus à si peu de frais : la vallée du Nil se trans-
forme depuis la mer jusqu'au gebel liarkal en un immense
chantier ou les bras sont comptes par milliers. Grâce, en
effet, aux populations entières que ces pharaons transpor-
tent de tous les pays vaincus en Egypte, des temples de
proportions inusitées jusqu'alors s'élèvent et couvrent de
rne en règne des espaces de plus en plus grands, chaque
fiharaon ajoutant à l'œuvre de son prédécesseur ; des obé-
isques, des statues colossales se dressent; des avenues
de sphinx sillonnent de vastes plaines, si vastes que le
voyageur émerveille en retrouve encore les traces loin du
périmètre des villes. A Napata, à Soleb, à Semneh, à
Duadi llalfa, à Abou Simbel, en plus de vingt villes, au-
jourd'hui bourgades à peu près désertes de la liasse-Nubie,
à Elephantine, à Syène, à Oinbos, à El Kab, à Esné, à
Liment, a Thèbes surtout, ou l'activité ne se ralentit que
sous les rois hérétiques, et de Thèbes jusqu'à Memphis, de
Memphis jusqu'aux bouches du Nil, dès que la politique
asiatique de Kamsès II eût rendu au Delta et même accru
l'importance qu'il avait avec les rois memphites, l'Egypte
se couvrit de temples, de forteresses, d'arsenaux, de ma-
gasins, pour recevoir l'impôt, de belles villas ; les hautes
talaises de calcaires qui bordent le Nil se creusèrent pour
abriter trente générations de morts en luxueuses syringes
où l'art le plus consommé nous révèle aujourd'hui comme
par enchantement les merveilles de cette extraordinaire
civilisation.
Période saite. Il s'opère alors un grand changement :
une Egypte nouvelle s'élève sur les ruines de la vieille
■te des rois thébains. « Le centre de gravité, observe
M. Maspéro, qui, après la chute du premier empire, était
descendu au S., vers Thèbes, par la conquête de l'Ethiopie
et le développement de la puissance égyptienne dans le Sou-
dan, remonta peu à peu vers le N. et oscilla quelque temps
entre les différentes villes du Delta. Tanis, Bubaste, Sais se
disputèrent le pouvoir avec des chances à peu près égales et
l'exercèrent tour à tour, sans jamais approcher de la splen-
deur de Thèbes ni produire aucune dynastie comparable aux
dynasties des rois thébains. » Les grands prêtres d'Amon
it prudent de ne pas contester la suzeraineté des rois
tanites moyennant une reconnaissance de leurs droits. C'est
ainsi qu'ils restèrent en possession du grand fief de Thèbes,
comprenant alors toute la Haute et une partie de la Moyenne-
Egypte. De même ils recherchèrent la main des prin-
le la n. nivelle maison royale, mêlant ainsi par des
unions calculées en vue de leur prestige le sang des parvenus
de Tanis au sang des Ramsès déchus. Un vit le grand prêtre
Pinodjem Ier, petit-Iils d'Ilrihor et de la reine Nodjemil
(ancienne maison royale de Thèbes), épouser la princesse
Makarù, fille de FMoùkhannoul Ier de Tanis (Psousennés), et
son petit-fils Pinodjem II s'enorgueillir du titre de fils de
Psioukhannout bien que, d'un autre ht, il n'eût pas une seule
goutte de sang tanite. On vit pareillement Pinodjem I''r joindre
a -un titre sacerdotal le titre consenti de roi, et le roi Psiou-
khannout, son beau-frère et son suzerain, s'intituler c imme
lui premier prophète d'Amon. Tout cela ne dénote-t-il pas
une parfaite entente entre les deux familles qui s'étaient
élevées sur les débris de l'antique maison des Hamsessides?
Pendant les cent cinquante ans environ que régnèrent les
sept rois tanites, l'Egypte conserva une apparence de force.
Les temps étaient trop récents ou ses armées conquérantes
parcouraient les chemins de l'Asie. Le roi d'Israël, Salo-
mon, et le roi des Iduméens, lladad, se ménageaient l'amitié
du pharaon (peut-être Psioukhannout 11) en épousant ses
filles. Le Delta devenait de plus le grand marché ou s'appro-
visionnaient par l'eut remise des Phéniciens les peuples do
l'Asie occidentale et de l'archipel, l'ne certaine activité
régnait sur les chantiers de constructions : pendant que les
grands prêtres d'Amon faisaient des eflorts pour arrêter
leur vieille capitale sur la rapide pente de la décadence, les
rois de Tanis concentraient les leurs sur la nouvelle et
mettaient la dernière main à l'exécution des plans de
Kamsès IL
En se renouvelant, l'Egypte des rois du Nord restait
pourtant plus que jamais ce qu'elle avait toujours été, c.-à-d.
un pays politiquement travaille par des forces contraires
s'équiîibrant plus ou moins et se remplaçant l'une pur
l'autre dans un rapide jeu de bascule, l'ne famille est à
peine usée qu'une autre est toute prête à recueillir sa suc-
cession. Quelle circonstance provoqua la chute des Tanites?
Nous l'ignorons. Toujours est-il qu'une famille libyenne,
fixée depuis plus d'un siècle à Bubaste après avoir vu
grandir de génération en génération son influence avec l'im-
portance chaque jour croissante des colonies libyennes, se
trouva prête à recueillir l'héritage des Tanites. Déjà, du
vivant de Psousennés II, Sheshonq, alors généralissime,
préparait les voies à son ambition en plaçant son fils
Aoupouti sur le siège pontifical d'Amon. C'était faire preuve
d'une grande prévoyance. Les pharaons de sa famille l'imi-
tèrent et purent maintenir intacte leur hégémonie au S. de
l'Egypte en déléguant un de leurs fils à la suprême dignité
sacerdotale jusqu'alors héréditaire. Ils ne firent guère en
cela que revenir à la coutume royale qui donnait en apa-
nage au prince héritier le gouvernement du pays de Koush.
Au reste, à l'époque où nous sommes, le pays de Koush
relevait directement du gouvernement sacerdotal de Thèbes.
Les Buhastites étaient trop préoccupés d'atténuer le sou-
venir de leur origine étrangère pour dédaigner la formalité
du mariage avec des princesses de sang rainsesside.
Comme tous les fondateurs de dynasties, Sheshonq Ier
déploya la plus grande activité. Il intervint dans les affaires
de Judée, pilla Jérusalem et envahit le royaume du Nord.
« La comparaison de sa liste (gravée à Karnak) avec celle
de Thoutuios 111, dit M. Maspéro, montre combien était
profond l'affaiblissement de l'Egypte, même victorieuse,
sous la XXIIe dynastie. Il n'est plus question ni de Gar-
gamish, ni de Qodshou ((Jadesh), ni de Damas, ni des villes
du Naharanna. Magidi est le point le plus septentrional où
Sheshonq soit parvenu. » Sa suzeraineté sur la Palestine ne
dur-j qu'autant que lui. Ses successeurs eurent trop à faire
à l'intérieur pour se donner le luxe d'envoyer des armées
au dehors. Lue féodalité nouvelle avait progressivement
remplacé l'ancienne. Quoique jssue de la famille royale,
qui s'était égrenée sur tout le pays, absorbant les petits gou-
vernements comme elle avait absorbe le grand, cette féodalité
n'était ni moins ambitieuse ni moins turbulente que la pre-
mière, et l'Egypte n'eut pendant tout le règne des Buhastites
qu'une ombre de stabilité. Du moins ces princes en profi-
lèrent-ils pour laisser par des monuments le souvenir de leur
règne. Bubaste, Tanis et Memphis en eurent la meilleure
part ; Thèbes ne fut pas complètement oubliée. Une cour im-
mense ornée d'un double portique vint s'ajouter en avant des
constructions grandioses de .Vu [er et de Kamsès II. C'est
au temps des Bubaslites que fut prise la singulière précau-
tion a laquelle nous sommes redevables de l'importante
trouvaille de Deir el Bahari. Le danger que courait alors
les momies royales exposées, dans le relâchement général
de l'autorité, aux convoitises du petit personnel des nécro-
poles, inspira la pensée de les retirer de leurs tombes et de
les déposer dans une chapelle attenante à la tombe d'Ame-
é<;yptk
— 684 —
nophis Iorou l'on pouvait concentrer la surveillance. Pour
plus de commodité, le grand prêtre Aonponti les fit, après
un certain tempa, transporter dans son tombeau de famille,
on M. Uaspéro les a retrouvées en 1HH1, entassées pèle-
raèle avec celles des grands prêtres. Au nombre de ces
nu murs se trouvaient celles du roi Sqenenrâ III de la
XYJI" dynastie; des rois Alnnos 1" , Aménophis Ier,
Thoutmos II, Thoutmos III, Seti l9r, Ramsès Ier, Kamsès II,
Ramsès III, des reines Nofertari, Aahhotep, Nodjemit,
Makarà et isimkheb, les grands prêtres Hrihor et Pinod-
jeui III. Elles sont aujourd'hui au musée de Gizeh.
A la faveur des désordres qui troublèrent les règnes des
derniers Bubastites, une maison de Tanis était arrivée à
prendre assez d'importance pour imposer, à la mort de
Sheshonq IV, sa suzeraineté sur les petites principautés,
suzeraineté d'ailleurs précaire et qui ne parait pas avoir
duré plus d'un demi-siècle. La XXIV" dynastie, qui vient
ensuite, n'eut pas une plus brillante fortune. Ce n'était, à
vrai dire, qu'une première tentative des princes saïtes qui
n'aspiraient qu'à avoir leur siècle de puissance et de grandeur
comme les Tanites et les Bubastites. Mais l'audace sans
frein de Tafnekht compromit en partie le succès de son
entreprise. Après s'être emparé par la force de toute la
région occidentale du Delta, il remontait le cours du Nil,
quand il se heurta, au N. d'Abydos, à la flotte du roi
éthiopien Piankhi-Miamoun, venu au secours des petits
souverains locaux. L'assistance de Piankhi n'était pas abso-
lument désintéressée. On se rappelle que les Bubastites
avaient dépossédé les grands prêtres d'Amon pour consti-
tuer un apanage à l'un de leurs fils. Exilés de Thèbes, les
descendants des Hrihor et des Pinodjem s'étaient retirés
dans la partie la plus méridionale de leur ancien royaume,
entre la deuxième et la quatrième cataracte où la civilisa-
tion égyptienne n'avait cessé de pénétrer depuis les rois de
la XIIe dynastie. C'est ainsi que le roi-prètre Piankhi atten-
dait depuis près de vingt ans dans Napata, sa capitale, une
occasion d'intervenir en Egypte et de reconquérir le domaine
de ses pères. L'appel des princes le trouva prêt. De vic-
toires en victoires il arriva jusqu'à Memphis, dont il s'em-
para par surprise, se fit reconnaître roi par les prêtres
d'Héliopolis, les princes de Bubaste disposés à tout accep-
ter par la crainte des représailles, enfin par tous les petits
souverains du Delta. Tafnekht capitula comme les autres et
dut s'estimer très heureux de conserver sa petite principauté
saïte; mais son fils et successeur Bokenranf expia plus cruel-
lement les erreurs de son ambition. Après une guerre mal-
heureuse, il tomba aux mains de Shabaka (Sabacon), roi
d'Ethiopie, et fut brûlé vif dans Sais, sa capitale. Sa défaite
et sa mort livrèrent l'Egypte entière aux Ethiopiens. Que
Sabacon ait réalisé le type du bon souverain oriental; qu'il
ait été, comme le veut la tradition, le législateur modèle,
cela n'a rien d'invraisemblable ; toujours est-il que c'est de
son règne qu'il faut dater l'événement le plus fécond en con-
séquences néfastes pour l'Egypte, l'entrée de ce pays dans la
ligue des Etats de la Palestine et de la Syrie contre les Assy-
riens. Battu à Raphia par le roi Sargon, Sabacon, qui n'avait
dû son salut qu'à la fuite, trouva sans doute, en rentrant
sur les bords du Nil, que sa malheureuse intervention avait
singulièrement compromis ses droits suzerains. In prêtre
saïte, Stephinatès, s'était proclamé roi des deux pays :
mais il fut à son tour dépossédé par Taharqa, roi d'Ethiopie,
qui reprit à son compte le duel avec l'Assyrie. Taharqa joua
de malheur. Battu par Assaraddon, il s'enfuit jusqu'à
Napata, abandonnant Memphis et Thèbes, qui furent pillés
par l'ennemi. Ce que perdaient les Ethiopiens devait pro-
fiter aux Saïtes, leurs adversaires. Neko Iar, second succes-
seur de Stephinatès, fut investi chef de la ligue îles princes
par Assaraddon qui l'appuya d'un corps d'occupation. Trois
ans après, Taharqa, à la fausse nouve'!».- de la mort du
roi de Ninive, leva une année et reprit Memphis sur les
garnisaires d'Assaraddon ; mais , Dattu et poursuivi par
Assourbanipal, son successeoi, il dut s'enfuir de Thèbes,
son refuge, et provoqua „msi la seconde entrée des sol-
dats assyrien! dans la ville d'Amon. La troisième cam-
pagne de Taharqa fut favorisée par les petits princes, y
compris Neko de Sais, qui avait finit par reconnaître que
l'Ethiopien était pour le inoins aussi dangereux que leNini-
vite. Assourbanipal eut le bon esprit de ne pas s'en forma-
liser. Après une nouvelle victoire, il remit en liberté
otages et replace généreusement Neko sur son tronc. Il ne
devait pas en jouir longtemps ; Onrdamani, beau-fils et
Buccesseur de Taharqa, s'empara de lui et le mil a mort,
mais il fut défait a son tour pur l'armée d'Assourbanipal,
mis en fuite et poursuivi jusqu'à Thèbes qui vit, pour la
troisième fois, les bataillons ninivites. Assourbanipal réta-
blit les princes avec le corps d'occupation, mais donna cette
fois la préséance à Paqrour, prince dePisoupli. Après une
nouvelle et dernière invasion éthiopienne conduite par Te—
nouatamon,successeurd'Ourdamani, et qui bouleversa l'or-
ganisation d'Assourbanipal, le Saïte Psamitik, fils de Neko,
entre en scène et achève ce que l'Ethiopien avait commencé.
Aidé de bandes ioniennes et cariennes, il bat les princes
confédérés à Momemphiset dépouille Paqrour de ses droits
suzerains. Son mariage avec la princesse Shapenap, mère
de Sabacon, vint donner à son usurpation le vernis de
la légitimité auxquels les Egyptiens étaient si puérilement
attachés. Sous la XXVIe dynastie, le déclin de l'Egypte
s'illumina d'un magnifique rayonnement. Animés d'un
grand sens politique, |les princes de Sais, qu'une énergie
patiente et tenace avait enfin rendus maîtres de toute
l'Egypte, poussèrent l'amour du progrès bien au delà des
limites que lui assignait l'esprit routinier d'alors. Us ren-
dirent aux travaux publics une impulsion qu'on ne peut
comparer qu'à celle des grands pharaons thébains. Us répa-
rèrent et agrandirent les temples, patronnèrent les arts,
firent éclore notamment cette brillante école de sculpteurs
sur roche dure et de fondeurs qui prirent pour modèles les
œuvres des vieux artistes memphites, et parfois les imi-
tèrent si bien que les modernes s'y sont trompés. Ils ne
se préoccupèrent pas moins des grands travaux utilitaires
(reprise de l'exploitation des carrières de Tourah, de la
vallée d'Hammamat et de Syène ; réfection du canal des
deux mers, ensablé depuis près de trois siècles) et rom-
pirent avec l'orgueilleux traditionnisme sacerdotal pour
étendre expérimentalement leurs connaissances. Bien de
plus caractéristique à ce point de vue que ce périple complet
de l'Afrique exécuté par les matelots phéniciens de la flotte
par ordre de Neko II. Mais, à coup sûr, l'acte le plus
hardi de la politique saïte fut de rompre avec le préjugé
national contre les étrangers. Sans doute, depuis les guerres
du nouvel empire, ce préjugé s'était singulièrement atténué
envers les races de l'Asie, mais, comme l'observe M. Mas-
péro, il était resté entier à l'égard des Grecs. Ce sont pré-
cisément les Grecs, et les Grecs de toute origine, de l'Asie
Mineure et des Iles, de l'Hellade ou de Cyrène, qui furent
non seulement l'objet de la plus grande tolérance, mais
purent encore se vanter d'avoir joui d'un meilleur traite-
ment que les indigènes eux-mêmes. Pour se faire une petite
idée de la situation des Grecs en Egypte au temps des
Saïtes, il suffit de se représenter celle des colons français
sous le règne de Méhémet-Ali. Psammetik III leur accorda
une première concession sur les territoires riverains du
bras pélusiaque (Ioniens et Cariens) et du bras bolbitique
(Milésiens) et les incorpora avec la haute paye dans sa
garde du corps, ce qui provoqua la fameuse sécession des
240,000 automoles. Neko II et Apriès (Ouabsbrs) leur
confirmèrent ces différents privilèges. Enfin, Amasis, qui
avait été porté au pouvoir par le parti nationaliste, ne fut
pas plus tôt roi, qu'il renchérit sur la politique philhellène
de ses prédécesseurs. Il épousa une femme grecque de
Cyrène, Ladiké. Aucune cité grecque ne fit en vain appel
;i -a générosité. Il transféra dans la capitale de l'empire,
à Memphis. la colonie des riverains de la Pélusiaque;
puis, comme de nouveaux colons , attirés par le bon
renom de son hospitalité, affluaient (le divers points de
la Grèce, il leur concéda sur les bords de la Canopique un
— t>85 —
ECYPTE
territoire ou ils bâtirent la ville entièrement grecque de
Nnaieratis (actuellement En Namïeh). Sous son règne,
les Grecs, qui jouissaient «l'un régime analogue i celui dos
Capitulât tout, ne tardèrent pas i so sentir les eosdées
franche-.. Malgré le projuge populaire dea indigènes, ils
aient dans tout le pays et fondèrent de nouveaux
établissements dans quelques villes (peut ex. Ahvdos) et
dans la grande Dastt.
Los Saiios étaient trop ambitieux pour ne pas prendre
paît an [ai suivirent l'effondrement de Ninive et
qui provoquèrent oeloi de Babylone. Psammetik 11 s'était
borne a oooquérir le paya des Philistins; Neko 11, plus hardi,
i jusqu'à l'Euphrate et fier de sa facile victoire sur le
roi de Judée, Josias, envoya pompeusement sa cuirasse au
tomple d'Apollon Ridymèen. Mais, trois ans plus tard, il
éprouva l'inconstance de la fortune quand, battu par Nabu-
îfedonowr sur le théâtre de son ancienne victoire et pour-
suivi jtsqu'i l'eluse. il dut so soumettre pour arrêter
le l'.abv Ionien ii sa frontière. Il ne fut venge que trente
: i. la flotte d'Apriès, montée par dos équipages
grecs, battit les galères phéniciennes de Nabuchodonosor
devant Sidon. victoire qui valut a l'Egypte la possession de
la Svrio. Sous Amasis, Babylone passe du ride d'adversaire
,i i elui d'alliée. C'est qu'il s'agit de se défendre contre Cyrus,
l'ennemi commun. La défaite désastreuse de Crésus se pro-
duisit asseï tôt pour arrêter Amasis dans ses projets avan-
tageai (546). Mais vingt ans plus tard, son successeur,
Psammetik IQ (Psamenite) ne put arrêter Cambyse victorieux,
qui le déposa et le remplaça par le satrape Aryandès Çrl',i).
La politique de Cambyse, assez conciliante au début, ne
tarda pas à tourner à la plus terrible des persécutions.
Son successeur, Darius, s'efforça vainement d'en atténuer
iivonir. Il eut beau se faire le continuateur de l'œuvre
d.s rois saitos. reprendre leur vaste programme en vue
de développer la prospérité industrielle et commerciale de
1*1 Kypte devenue le principal entrepôt du trafic de la mer
Rouge et de la mer des Indes avec la Méditerranée, il ne
réussit pas à étouffer chez elle les regrets de son indépen-
dance. Pendant les quatre-vingts ans que dura la domination
perse jusqu'à la victoire d'Amyrtée, les satrapes de Darius,
de Xerxès et d'Artaxerxès s'épuisèrent à reprimer d'inces-
santes révoltes que soutenaient les armes et les vaisseau*
d'Athènes. Le Saite Kabbisha et le Libyen Inaros furent,
avec le premier Amyrlée, les héros de ces luttes patrio-
tiques ou la fortune de l'Egypte passa par des alternatives
de victoire (Papremis , Memphis) et de défaite (Proso-
pitis). Des mains d'Amyrtée, le sceptre de la nation déli-
vrée passa à celles de Noferit de Mendès. Sparte venait de
sortir victorieuse et puissante de la guerre du Peloponèse ;
Noferit rechercha son alliance, mais la plus sûre garantie
que l'Egypte ait eu de sa liberté, sous les rois mendésiens,
ce furent les difficultés que créa au grand roi la révolte
de la province d'Asie Mineure et de Chypre. On le vit
bien quand, après la paix d'Antalcidas, Artaxerxès envoya
contre la Syne et l'Egypte Pharnabaze à la tète d'une
armée formidable. A la faveur des troubles suscités par
les compétitions des petits princes héréditaires, une famille
de Sebeanytos (XXX' dynastie) s'était emparée du pou-
voir; Nectanèbe et son successeur Taho se préparèrent à
recevoir le choc. Dien mieux, ce dernier résolut d'ouvrir
les hostilités en marchant sur la Syrie au-devant de l'armée
perse. Il avait avec lui les meilleurs généraux de la Grèce,
Chabrias d'Athènes, et le vieux capitaine Spartiate Agésilas.
Mais toutes les combinaisons qu'il adopta pour assurer ses
chances se retournèrent contre lui. En prenant le com-
mandement supérieur des troupes, il dut laisser à Memphis
un régent qui, bien loin de lui conserver son trône, le lui fit
perdre à la première occasion au profit de son propre fils,
tanèbe IL En rentrant de Syne, ou il combattait sous
Taho, le nouveau pharaon eut d'abord à réprimer une révolte
fomentée par un prince de Hendès. Il triompha de ce pre-
mier obstacle. La fortune lui sourit aussi dans la première
rencontre qu'il eut aux portes de l'Egypte avec l'armée
d'Artaxerxès III Oklios. Mais il fut moins heureux dans
la seconde. Les mercenaires du grand roi vinrent , cette
fois, à bout de ses mercenaires. Lacratès s'empara de
Peluse, Mentor de Bubaste, et Nectanèbe II , éperdu ,
prit, comme tous les rois fugitifs, le chemin de l'Ethiopie.
Il fut le dernier pharaon. Avec lui prit tin l'indépendance
de l'Egypte. Redevenue province de l'empire des Achémé-
nides, l'Egypte partagea sa destinée et passa, après la bataille
d'issos (330), sous la domination d'Alexandre le Grand.
Précédé par sa renommée, Alexandre fut accueilli en
Egypte comme un libérateur. Les fâcheux souvenirs lais-
ses par les cruautés de Cambyse et d'Ochos lui dictaient
en quelque sorte sa ligne de conduite : il montra autant
de respect que les Perses avaient montré de mépris pour
les croyances et les coutumes du pays. Il se posa en pro-
tecteur de la religion, et le parti sacerdotal se déclara hau-
tement pour lui. Il apporta même la plus grande affecta-
tion à prendre l'avis desoracles et alla consulter en grande
pompe celui de l'oasis d'Ammon. Il ne montra pas moins de
clairvoyance en comprenant le rôle central que l'Egypte
était appelée à jouer par suite de l'agrandissement de la
carte commerciale du monde et fonda la belle et puissante
cité maritime à laquelle il donna son nom. Après sa mort,
l'Egypte échut en partage à son lieutenant Ptolémée, fils de
Lagôs.
Ptolémée prit le gouvernement à titre de satrape à
l'exemple des autres généraux d'Alexandre. Il fut d'abord
servi par la mauvaise fortune de son rival Perdiccas, qui
échoua devant Péluse. La troisième année de son gouver-
nement il avait, par des campagnes heureuses, réuni à
l'Egypte, Cyrène, la Syrie, la Cœlésyrie et la Phénicie.
L'éloignement de sa province aurait pu le tenir à l'écart
des guerres qui divisèrent les diadoques ; il n'en fut rien.
C'estainsi que, en 315, nous le voyons s'associer aux projets
de Cassandre, de Lysimaque et de Sèleucus contre l'ambition
d'Antigone. L'année suivante, il réprime les velléités d'indé-
pendance que manifestent Chypre et Cyrène et engage une
nouvelle campagne en Syrie contre Dèmétrius, fils d'Anti-
gone. Il le bat à Gaza, puis, battu à son tour dans la per-
sonne de son sous-lieutenant Celles qui n'avait pu empê-
cher la jonction d'Antigone et de Dèmétrius, il évacue la
Syrie. Le pacte de désintéressement conclu en 314 entre
les quatre généraux ayant été rompu par la mauvaise foi
d'Antigone, qui mettait des garnisons dans les villes
grecques après avoir adhéré à la reconnaissance de leur
liberté, la guerre éclate de nouveau, mettant aux prises les
troupes des alliés et d'Antigone un peu partout, surl'HelIes-
pont, en Cilicie où Léonès, lieutenant de Ptolémée, fut
vaincu, sur la côte occidentale de l'Asie Mineure, dans l'Ar-
chipel, en Grèce où la flotte de Ptolémée s'empare coup sur
coup de Sicyone, de Corinthe et de Mégare. L'année 307
fut favorable aux armées d'Antigone. Après s'être emparé
d'Athènes, Dèmétrius cingla vers Chypre, où il détruisit
la flotte de Ptolémée, mais, l'année suivante, le père et le
fils échouèrent dans leur attaque combinée contre Péluse.
Antigone se tourna alors contre Rhodes qui résista grâce
aux secours des trois confédérés. Mais Ptolémée, toujours
habile, après l'avoir soutenue dans sa résistance, lui donna
le conseil de traiter avec Antigone. Les Rhodiens se trou-
vèrent si bien de ses bons offices et de ses conseils qu'ils
lui décernèrent les honneurs divins avec le titre de Soter.
Une nouvelle ligue se forma bientôt contre Antigone; aux
trois confédérés se joignit Sèleucus. La journée d'Ipsus,
fatale à Antigone, ne mit pas fin aux rivalités. Le partage
de ses dépouilles divisa les vainqueurs en deux camps et
donna lieu à de nouvelles guerres, au cours desquelles
Ptolémée fut assez heureux pour reprendre Chypre et
Cyrène,
Ptolémée se montra en Egypte scrupuleux observa-
teur de la légalité : les monuments portant les cartou-
ches de Philippe Arrhidée et d'Alexandre TEgos en font
foi. Ce n'est qu'en 303 qu'il se décida à prendre la cou-
ronne et les titres royaux et fit frapper monnaie en son
ÊGYPTI
— 686 —
nom, mais en daiani sos années de règse d'âpre! La durée
totale de bod gouvernement. L'an 39 de oe comput, il
associa à son trône Ptolémée, le lils qu'il avait eu de
Bérénice sa première femme. Son règne n'a i»as laissa qu
souvenin militaires: c'estàSoter, en effet, qu'il Tant faire
honneur des rapides progrès qne tii la nouvelle capitale.
11 construisit le phare, dans 1 lie de Pharoa qu'il relia an
port, fonda l'école <'i la bibliothèque d'Alexandrie, attira
les plus illustres des savants et des artiste! grecs. Le
Uusffon, sou palais, était une véritable académie. Il se
montra, en un mot, fidèle exécuteur des magnifiques pro-
jets d'Alexandre.
Sou tils ei successeur, Philadelphe, né a (lus pendant
L'expédition de :)08 dans les Cyclades où Bérénice l'avait
suivi, eut pour précepteurs Straton et Philétas. Le règne
de ce prince s'en ressentit heureusement. Sans prendre à
la lettre les louanges dithyrambiques de Théocrite, on
peut dire néanmoins que, pendant les trente-huit ans de
règne de Philadelphe, l'Egypte fut très prospère. Alexan-
drie, devenue de plus en plus la capitale intellectuelle du
monde grec, redoubla d'éclat et de grandeur; le phare fut
achevé, la bibliothèque transportée du liriichium dans le
magnifique palais du Serapeum , la Version des Septante
commencée. D'autres traductions paraissent aussi avoir
été entreprises à la même époque, notamment celle d'une
histoire d'Egypte par Manélhon. L'intérêt porté aux
questions économiques et commerciales ne fut pas moins
grand. Pour créer de nombreux débouchés aux produits des
industries locales, on explore la cote orientale et l'intérieur
de l'Afrique (voyages de Timosthène et d'Aristocréon); le
canal du Nil à la mer, repris par Neko et par Darius, est
continué ; des flottes partent d'Arsinoé (non loin de Suez)
dans la direction de la mer des Indes et du golfe Per-
sique. Cette révolution opérée par les idées grecques ne porte
néanmoins aucune atteinte aux croyances de l'Egypte. A
l'exemple des pharaons, Philadelphe affecte des revenus aux
temples, contribue à leur embellissement et même les recons-
truit (Isis de Philœ). Ses guerres avec son frère Magas,
l'instigateur de la révolte de Cyrène et Antiochus se termi-
nèrent à son avantage. Il engagea ce dernier à répudier Lao-
dice pour épouser sa fille Bérénice.
Son fils Evergète lui succéda en 247. Le premier acte de
ce prince fut l'expédition de Syrie qu'il entreprit pour
vengersa sœur Bérénice, que Laodice venait de faire assas-
siner peu de temps après la mort d'Antiochus. Il parcourut
en vainqueur toute l'étendue de l'empire séleucide, et rap-
porta triomphalement en Egypte les statues divines et les
trésors des temples enlevés par Cambyse. Quelques années
après ("240), Séleucus II, roi de Syrie, se crut assez fort
pour envahir l'Egypte. Une seconde expédition d'Evergète
le contraignit à la fuite. Mais s'étant réconcilie avec son
frère Antiochus Hierax, que le roi d'Egypte avait favorisé
à ses dépens, celui-ci jugea expédient de conclure une
trêve de dix ans. De nouveaux démêlés s'élevèrent entre les
deux frères et favorisèrent les desseins d'Evergète, qui put
se livrer en toute sécurité à l'administration intérieure de
l'Egypte. Il éleva un temple à Canope, continua celui de
Pselchis (Dakkeh) fondé par le roi d'Ethiopie, Ergamène,
ainsi que ceux de Philae et d'Esné. Son nom ainsi que
celui de sa femme et sœur, la reine Bérénice, se lisent éga-
lement sur plusieurs monuments de Thèbes. Ce fut celte
reine qui, pendant la campagne d'Asie, consacra à Vénus sa
chevelure pour l'heureux retour de son époux. On sait que
l'astronome Conon de Samos, pour donner une explication
flatteuse de sa disparition, publia qu'elle brillait au ciel
sous la forme d'une constellation.
Philopator, fils d'Evergète, souilla son régne du sang de
son frère Magas, de sa mère Bérénice et de son hôte,
Cléomène, le roi fugitif de Sparte, que son père avait
accueilli. Il commit tous ces crimes à l'instigation de son
ministre Sosibios, qui n'avait trouvé rien de mieux, pour
conserver son ascendant, que de flatter ses plus honteux
penchants. Le surnom de Philopator, dont il jugea prudent
île s'affubler, ne donna pas le change à l'opinion publique,
qui s'obstina I le rendre responsable de la mort d'-
il iv. i. histoire militaire de son règne est remplie m
guerres avec Antiochus le Grand. Apres deux malheureuses
campagnes, il défit I Raphia ('JHii s'in redoutable adver-
saire qui prit la fuite et se résigna a un traite snérenx
Philopator reprit possession des villes de Palestine ■
Syrie conquises par ses prédécesseurs. Il lui restait un
crime a commettra : le meurtre de sa Estants, Arsmoé.
l'eu de temps avant sa mort, il la sacrifia à sa passion
pour Agathoclée. Ses for&ita ne le détournèrent pas, néan-
moins, de la politique prudente des Ptoléffleesi l'égard éi
parti clérical : il le combla comme avaient fait ses pères
et allai lia ion nom à de nombreuses eonstm lions ou res-
taurations à Akumlm, à Thèbes, à Edfou, a Phila-, a Dak-
keh, etc.
Son fils Epiphane n'avait que cinq ans quand il fut
appelé à régner. Trois régents se succédèrent pendant
sa minorité : Agalhoclès, Tlepolemos et Aristomène. Le
peuple, tassé du premier, se révolta et arracha au jeune
roi sa condamnation; le second perdit également la vie en
perdant le pouvoir. Les troubles qui éclatèrent en Egypte
pendant la minorité d'Epiphane incitèrent Antiochus à
reprendre les hostilités. Battus par Scopas, général de Pto-
lémée, il ne tarda pas à prendre sa revanche et fit renlrer
sous sa domination les villes de Cilicie, de l.ycie, de Syrie
et de Palestine qui avaient des garnisons égyptiennes. Les
affaires d'Europe le déterminèrent néanmoins à ne pas
abuser de sa victoire et il scella la paix de la main de sa
tille Cléopàtre, qu'Epiphane épousa. Cette princesse apporta
comme dot la province de Syrie. Epiphane se montra par
ses cruautés le digne fils de son père ; il n'épargna ni les
révoltés de Lycopolis qu'il fit mettre à mort, ni Scopas,
son général, qu'il abandonna à la rancune d'Aristoméne,
ni même ce dernier, dont la tutelle lui pesait et qu'il con-
damna à prendre la ciguë. 11 n'eut pas lui-même une
meilleure fin : il mourut empoisonné pendant les prépa-
ratifs d'une expédition conire le successeur d'Antiochus,
après vingt-quatre ans de règne. Thèbes, Esné, Edfou. Um-
bos, Philae, eurent part à ses largesses. Ses cartouches se
répètent sur leurs monuments. Ajoutons que c'est en l'hon-
lîeur d'Epiphane que les prêtres reunis à Memphis rendirent
le fameux décret bilingue, trouvé à Rosette et qui a été la
base du déchiffrement.
Philométor n'avait que cinq ans quand il succéda à son
père. Pendant sa minorité, la régence fut d'abord exercée
par sa mère, Cléopàtre, puis, simultanément, par Lénéos
et Euléos. La possession de la Cœlesyrie, de la Phenicie
et de la Judée mit encore aux prises les armées lagide et
séleucide. L'appui moral de Home que sa guerre avec Persée
empêchait d'agir plus efficacement, ne put empêcher An-
tiochus de reconquérir les provinces abandonnées par son
grand-père. Il entra en Egvpte, surprit Philométor dans
Memphis et marcha sur Alexandrie, où le jeune frère du
roi venait d'être proclamé sous le nom d'Evergète II. Ine
révolte des Juifs l'obligea à lever le siège, mais, avant de
quitter l'Egypte, il eut soin de remettre lui-même Memphis
aux mains de Philométor, avec l'espoir que la revendication
de son tronc mettrait ce dernier en guerre avec son frère.
Au contraire, la crainte qu'il leur inspirait les unit dans un
commun effort. Mais il ne fallut pas moins d'une nouvelle
intervention de l'ambassadeur romain. Popilius Lenas, pour
l'obliger a évacuer l'Egypte qu'il avait de nouveau en-
vahie (11)8). Toutefois, l'espoir d'Antiochus ne fut pas
complètement déçu : le partage de l'empire mit aux pi
les deux frères. Evergète ne voulait pas se contenter de
(vrène et de la Libye; Philométor refusait de SB rendre
aux ordres du sénat romain, qui lui enjoignait d'y ajouter
Cypre. Ils finirent par tomber d'accord au prix de la con-
cession de quelques villes cypriotes, et la fin du règne de
Philométor ne fut troublée par d'autres queues que celle
qu'il tit pour soutenir les prétentions d Alexandre Bâta
contre Demélrius, puis celles de Démélrius conire \le\andre
— 887 —
EGYPTE
Bah. Heureux dans ses ntreprises, il assura chaque t'ois
le succès 'li' son allié.
Bvergète 11 (Physcon), qui n'attendail que sa mort
pour prendre possession da trône d'Egypte, commença
par faire exécuter son ih-v.hi Eupator, que Cléopâtre avait
fait proclamer roi. Il fuut dire qu'il n était arrivera ses
tins qu'en épousant la veuve de son frère et en s'attri-
buant la régeu ■ Une insurrection, causée par la haine
et le dégoût qu'il inspirait, l'obligea à se réfugier à
re avec sa seconde femme, Cléopâtre II. Bile de la pre-
mière. Mais la victoire que remporta son parti lui rendit
le pouvoir et Cléopâtre dut, a son tour, chercher refuge à
la cour de Démétnus Nicator.
II ou Lathyre (I I7-SI) fut en quelque sorte imposé
par les Alexandrins. Sa mère. Cléopâtre II. qui favorisait
>on frère Alexandre, après îles années d'hostilité sourde,
ie tu faussement convaincre de tentatives parricides et exiler
en qualité de gouverneur à Cypre (106) et fit couronner
frire. Alexandre lui marqua quelques années plus tard
sa rvvonn.iiss.iiHe en la faisant assassiner. Cet acte mons-
trueux et beaui oup d'autres, comme la violation du tombeau
d'Alexandre le Grand, réussirent si bien à lui aliéner l'affec-
tion des Alexandrins qu'il dut tuir à son tour, chassé par
une émeute, et abandonner le troue a l'exile de Cypre. I.C
retour de Latin re ne remontra pas le même accueil dans
toute l'Egypte : Tbèbes refusa de le reconnaître. Il se miten
route comre l'ancienne capitale, s'en empan et la livra à
toutes les horreurs de la guerre. Son règne s'acheva paisi-
blement en 8 1 .
Le meurtre de sa fille, Bérénice, par Alexandre II, fils
de Ptolemée Alexandre I,r, et d'Alexandre II par le peuple
indigné, amena au pouvoir son tils naturel, Ptolemée Aulète
52). Aulète, qui avait tout à craindre des Romains,
dont il remplaçait le protégé, par le libre choix du peuple
d'Alexandrie, ne tarda pas à devenir à son tour leur client.
l'Alexandrie par ce même peuple indigné de ce
qu'il s'était laissé prendre l'île de Cypre, il dut se réfugier
a Rome et y solliciter par toutes sortes de bassesses les
secours nécessaires à la reprise de son pouvoir. Pompée,
alors consul, lui donna des lettres pour Gabinius, gou-
verneur de Syrie, qu'il acheva de gagner avec des présents.
C'est ainsi qu'il put rentrer en Tio à Alexandrie, accom-
pagné d'une légion, et s'y maintenir avec une garde de
soldats gaulois que lui laissa Gabinius. En vertu de son
testament, dont Pompée avait été constitué dépositaire,
Aulète eut pour successeurs son fils Ptolemée (Neos Uyo-
zé de treize ans, et sa fille Cléopâtre, qui en avait
dix-sept. Les secours que cette dernière envoya à Pompée
pendant sa guerre contre J. César, la firent chasser
d'Alexandrie ou elle ne rentra que rappelée par César après
sa victoire. L'ingérence des Romains dans les affaires des
Ptoleniees ne larda pas a blesser les Alexandrins, excités,
d'ailleurs, par l'eunuque Pothin, Théodote et Achillas,
ministres du jeune Ptolemée, qui l'entretenaient dans
une perpétuelle aversion de sa sœur, l'ne armée de
»|)0 hommes, commandée par Achillas, marcha sur
Alexandrie. César s'enferma dans le Bruchion avec Cleo-
pâtre qu'il refusa de livrer au peuple en délire et soutint
un siège qui ne prit fin qu'à l'arrivée des renforts envoyés
par Domitius Calvinus. Ptolemée s'était constitué son pri-
sonnier. Victorieux, César consentit a le délivrer, estimant
Sue le groupement de toutes les forces autour du roi, loin
e lui créer de nouvelles difficultés, lui permettrait de
s'emparer de l'Egypte par une victoire décisive. Et, en
effet, à peine rendu à la liberté, Ptolemée prit le comman-
dement de son armée, essuya une première défaite en
essayant d'arrêter au passage Mithridate de Pergame qui se
portait au secours de César, puis fut battu et perdit la yie
dans une seconde rencontre avec les troupes de ce dernier
(47). Fidèle exécuteur du testament d'Aulète, César n'usa
pas de sa victoire pour s'emparer de l'Egypte, mais appela
M jeune frère de Ptolérm ter conjointement avec
Cléopâtre. Celle-ci resta d'ailleurs après comme avant la
véritable souveraine du pays. La mort de son second mari,
empoisonné après un très court règne, ne changea donc
rien à la situation. Elle se résigna à régner dans la dépen-
dance de Home, dont les légions restaient en permanence
en Egypte. César assassiné, elle prit parti pour les trium-
virs et obtint la reconnaissance de son tils Césarion comme
roi. On sait comment elle s'empara de l'esprit d'Antoine
qui l'avait mandée à Tarse pour s expliquer sur son attitude
pendant la guerre civile. Elle sut se servir habilement de
lui pour étendre les possessions de l'Egypte : c'est ainsi
ou elle se lit donner toute la région orientale du bassin
de la Méditerranée, la Phénicie, la Syrie, une partie de la
Cilicie, Chypre, l'Arabie des Nabatéens, en somme, la plu-
part des pays en relations commerciales avec Alexandrie.
Antoine ayant répudié, pour l'épouser, sa femme Octavie,
sœur de son collègue Octave, celui-ci le fit accuser devant
le Sénat d'avoir démembré l'Empire et destituer. La guerre
fut déclarée à Cléopâtre. La bataille navale d'Actium,
perdue par Antoine, suivie bientôt de l'invasion de l'Egypte
par les légions d'Octave, mit à néant les desseins gran-
dioses de Cléopâtre. Après la prise d'Alexandrie, leur
dernier refuge, Antoine et Cléopâtre se donnèrent la mort,
le premier pour ne pas tomber vivant aux mains de son
rival, la dernière après avoir vainement essayé ses charmes
sur Octave, et pour échapper à l'humiliation d'être exhibée
vivante à son triomphe (30). L'Egypte fut réduite en pro-
vince romaine.
l'ne légende assez consolante pour l'amour-propre du
peuple vaincu faisait naître Alexandre d'Olympias et du roi
sorcier Nectanébo réfugié en Macédoine. Soter étant consi-
déré comme fils de Philippe, il en résultait que les Lagides
avaient tous les droits possibles à la double couronne. Ce
rôle de pharaon que leur prêtait l'imagination populaire,
ils le jouèrent, il faut bien le dire, avec un art consommé.
Ils en prirent le costume parce qu'il symbolisait la toute-
puissance royale, et, comme le roi d'Egypte devait être
dieu, ils se firent du même coup adorer; ne se refusant
pas d'ailleurs à prendre part eux-mêmes au culte rendu
aux dieux et aux anciens rois du pays, en leur qualité de
chefs de la religion. Est-il besoin de dire qu'ils conser-
vèrent scrupuleusement toutes les cérémonies et tous les
usages relatifs à la royauté : panégyries annuelles, asso-
ciation du prince héritier au trône paternel, mariages entre
frères et sœurs, pratique funéraire de l'embaumement, etc.
Mais ils ne s'en tinrent pas à ce formalisme. Leur politique
extérieure fut celle des pharaons. Sans doute, ils laissèrent
subsister en toute indépendance le royaume d'Ethiopie
dont les pharaons, depuis Pepi jusqu'à Ramsès III, s'étaient
efforcés de faire une province égyptienne ; mais c'est
qu'avec les migrations successives, le royaume de Napata
s'était civilisé a l'égal de l'Egypte, et, s'il ne pouvait plus
prétendre renouveler les exploits des Piankhi, des Sabacon,
et de Taharqa, il avait au moins la prétention de n'être pas
traité en quantité négligeable. Ce fut surtout du coté de
l'Asie et de la Libye que s'orienta la politique des La-
gides : l'histoire de leur dynastie est remplie d'un bout à
l'autre de leurs démêlés et de leurs guerres avec celle des
Séleucides; en cela ils furent, consciemment ou non, les
vrais continuateurs des grands pharaons thébains, qui ne
purent supporter une puissance rivale entre le Nil et
l'Euphrate. Mais là ou ils les surpassèrent, ce fut dans
la politique commerciale. Ils réussirent à se faire les
premiers clients des Arabes en leur offrant, comme le
remarque G. Lumbroso, une route moins dispendieuse et
moins longue que celle de la Phénicie et de la Syrie, et la
possibilité de se débarrasser le plus rapidement et aux meil-
leures conditions de leurs marchandises, et cela en mettant
la main sur les territoires voisins de la Syrie et de la
Palestine, en multipliant les points de relâche sur le lit-
toral de la mer Kouge, en rétablissant le canal de l'isthme
de manière à diriger tout le courant indo-arabique sur
Alexandrie. Malheureusement, les navigateurs, astreints à
ne jamais perdre de vue les côtes, mettaient des années à
EGYPTE
— (MX —
{aire le tertio des échelles de lu mer Rouge et de la mer
dei Indes, et le commerce par caravane était encore plus
rapide et plus actif que le commerce maritime. Ce fui len-
tement a la fin de la dynastie Lagide, sous le règne d'An-
lète (7-2) qu'un marin du nom dHippalos constata l'exis-
tence de la mousson et comprit l'importance du parti qu'on
pouvait tirer de la périodicité de ce vent souillant la moitié
de l'année de l'O. à l'E., el de l'E. a l'O. l'autre moitié, pour
naviguer en pleine mer. Il va sans dire que cette colossale
exlcntion des relations commerciales de l 'Egypte se fit
pour le plus grand profit des Grecs qui y résidaient. Aussi
bien avait-elle été leur œuvre exclusive. Toutefois, pour
ce qui est du commerce avec les Indes, il faut bien recon-
naître qu'ils n'arrivèrent jamais à supplanter les Arabes,
mais ils prirent le sage parti de les accepter comme inter-
médiaires, trop heureux de réserver le monopole des
transactions entre la mer Rouge et la Méditerranée. Ces
transactions s'opéraient alors sur un immense réseau
comprenant la Troglodytique, l'Ethiopie, les oasis du dé-
sert libyque, la Marmarique, ia Cyrénaique, l'Afrique (avec
le sens restreint qu'avait alors ce nom, appliqué au littoral
occidental de la Syrte), Carthage, Marseille, l'Italie, la
Sicile, la péninsule et l'archipel helléniques, la Crète,
Rhodes et Chypre, la Cilicie, Tyr, Ptoléinais, Joppé, As-
calon, etc.
La constitution et l'administration de l'Egypte sous les
Lagides furent un très habile compromis entre l'organisa-
tion indigène primitive et la conception cosmopolite que
pouvait se faire d'un Etat monarchique une lignée de
princes profondément imbue des idées d'Alexandre. Autour
du roi se trouvait groupée une hiérarchie nobiliaire, à la
fois égyptienne, persane et macédonienne : les parents du
roi (aviyrevjïç), les gardes du corps (àpy_ia<D|j.aTo?tjXocxE;_et
tî(D».aToçijXax£;),les amis (oftoi),les envoyés (ihay^iktii)
et les parents catèques ((juyyevîïç xetToixot). A ces titres
nobiliaires, qui étaient à l'origine les désignations de véri-
tables fonctions, s'ajoutaient certains titres militaires de-
venus purement honorifiques. C'était dans cette noblesse
que se recrutaient les hauts fonctionnaires du palais,
Yépitrope, ou régent, personnage dont l'autorité balançait
quelquefois la puissance royale, le garde du sceau qui était
aussi directeur du musée et, en sa qualité de prêtre
d'Alexandre et des Ptolémées, le chef du clergé grec et indi-
gène ; les archypérètes ou payeurs généraux des troupes
macédoniennes, l'archicynège ou grand veneur, l'arche-
deatre ou principal majordome. Au point de vue adminis-
tratif, l'Egypte restait, à l'exception des communautés
grecques d'Alexandrie, de Ptolémais et de Naucratis, divisée
en nomes qui se subdivisaient en cités (xaS^iai) et terri-
toires cultivés (zôkoi). Le nome était administré par un
nomarque ou stratège (charge devenue civile de militaire
qu'elle était à l'origine) qui avait en sous-ordre un épis-
tate du nome, autorité essentiellement judiciaire; la cité
par Vépistate de la cité, sorte de gouverneur-juge, et les
territoires cultivés par un toparque assisté d'un épimé-
lète. Le stratège avait sous ses ordres un interprète, un
agoranome ou intendant des marchés, des ingénieurs
chargés du service technique de l'irrigation et des autres tra-
vaux publics, des laocrites ou juges de paix, et enfin les
nombreux cheiks de tous les villages du nome (7cp£u6ûï£poi).
Postérieurement, l'administration provinciale de l'Egypte
fut divisée en trois épistratégies ou vice-royautés : la liasse-
Egypte, l'IIeptanomide ou Moyenne-Egypte, et la Haute-
Egypte avec Héliopolis, Memphis et Ptolémais pour chefs-
lieux, mais sans préjudice des nomes, passés au degré de
subdivision. Cette complication du rouage administratif
porta aussi sur les nomes qui se subdivisèrent en topar-
chies. Alexandrie, capitale de l'Egypte en mémo temps que
cité grecque, c.-à-d. divisée en phyles et en dèmes, avait le
privilège de posséder une administration centrale et une
administration locale. En tant que municipalité, elle avait
une [îoiA7i ou conseil élu. Elle était le siège d'un exégète,
d'un hypomnématographe,d'un archidicaste ou président de
li 'our d'appel (les 30 juges royaux : 10 pour Memphis,
10 pour Thèbes, 10 pour Héliopolis), d'un Stratège de
nuit, d'un alabarque ou directeur des contrîbations, du
dicBcéte ou ministre des nuances, de Itrypodioscéte et des
autres hauts fonctionnaires de l'administration des finances,
morne et le basilieogramma te desquels dépendaient tous
les comogrammataa et topogrammates de l'Egypte. Ptolé-
mais. fondée jiar Soter SUI remplacement de Psoi (aujour-
d'hui Henschieh) venait par rang d'importance après Alexan-
drie : son organisation était entièrement grecque. Naucratis,
l'ancienne colonie milésienne, avait des timouques et un
hellenion. Les décrets de Rosette et de Canope divisent
les temples de l'Egypte en trois classes selon leur importance.
Chaque temple était desservi par une corporation de prêtres
Composée de plusieurs ^jàs', dirigée par des phvlarques.
Chaque temple avait un conseil de vingt à vingt-cinq prêtres re-
nouvelablechaque année et chargé de régler toutesles affaires
intérieures et extérieures du temple. La hiérarchie sacer-
dotale, telle qu'elle nous est donnée par les mêmes décrets,
comprenait les grands prêtres (âpYtepetî) qui pouvaient
être grecs, les prophètes, les hiérotoîistes, les ptérophores
et les hiérogrammates. L'organisation militairedes Lagides
présente le même caractère de complexité qui se retrouve
alors dans toutesles institutions de l'Egypte. Elle comprend
les diadoques, troupe d'élite macédonienne casernée autour
du palais, les catèques ou territoriaux qui composaient les
colonies militaires. On donnait souvent le nom d'épigones
aux catèques nés dans le pays, c.-à-d. fils des premiers
colons, vétérans qui s'établirent après les conquêtes. Ces
colons étaient de toutes races. L'armée active se composait
de mercenaires (ije'voi et puaOoyô'poi) et de troupes indi-
gènes (ÈYX.wp'0')-
Les empereurs romains conservèrent en grande partie
l'œuvre des Ptolémées. L'Egypte resta jusqu'à l'époque
de Dioclétien divisée en épistratégies, nomes, topar-
chies, etc. L'épistratège était un fonctionnaire romain
ayant des pouvoirs civils et militaires. Le stratège ou no-
marque demeura ce qu'en avaient fait les Ptolémées en lui en-
levant ses attributions militaires, un magistrat doublé d'un
percepteur; la charge était triennale et faisait partie de
celles dont l'exercice était confié aux indigènes grecs ou
égyptiens. Les villes grecques, indépendantes des épistraté-
gies, gardèrent leur autonomie. Toutefois, Auguste rem-
plaça le conseil élu d'Alexandrie par une administration
dont le chef portait le titre de juridicus Alexandriœ. Ce
juridicus ne dépendait que de l'empereur. Quant aux an-
ciennes fonctions d'archidicaste, d'exégète, d'hypomnéma-
tographe et de stratège de nuit, elles furent respectées par
la réforme d'Auguste. Ajoutons enfin que les cultes natio-
naux ne reçurent aucune entrave.
Ainsi organisée avec sa population quasi cosmopolite de
7,800,000 habitants, dont un million de Juifs, son admi-
nistration à trois couches (égypto-giéto-romaine) qui se
servait du grec comme langue officielle, son activité reli-
gieuse que le mouvement philosophique n'avait nullement
contrariée, l'Egypte faisait partie de ce qu'on appelait les
provinces impériales, c.-à-d. de celles qui avaient été
affranchies du contrôle et de la juridiction du Sénat et
qu'Auguste s'était réservées vu leur importance pour la
sécurité et la stabilité de l'Empire. Elle forma même une
catégorie à part dans la catégorie des provinces impériales
et fut classée proprement comme bien privé de l'empereur
(VSio; Xôyoî). C'est ainsi que les domaines royaux devin-
rent domaines d'Auguste et les impôts ses revenus. Il fut
interdit aux sénateurs et viuequUes illustres d'y pénétrer
et inversement aux Egyptiens qui avaient reçu le droit de
cilé romaine d'exercer des fonctions pouvant donner accès
au Sénat. Sous C.aracalla, les citoyens d'Alexandrie purent
être admis au Sénat; les Egyptiens des nomes ne le purent
jamais. Le représentant de "empereur était pris parmi les
chevaliers. Il avait le titre de pratfectus .V.i.iypti ou
Augustalis, comme on l'appela plus tard, était vis-à-vis de
l'empereur dans la condition d'un intendant (proeurator)
- 689 —
EGYPTE
et vis-à-vis dos l'.gvptiens dans colle d'un vice-roi. Muni
des pleins pouvoirs civils et ilu haut commandeaient mili-
taire, mais sans les l'ai>i eaux, il nommait à tous les emplois,
sauf ceux que s'était ivs.m vos l'empereur; il percevait
riapot, mais ne pouvait l'établir de lui-même. I. 'année
d'occupation se composa de trois légions smis Auguste, de
deu\ sous Tibère, d'une, accompagnée de corps auxiliaires,
à partir de Irajan. Le commandement en lut contié à des
chevaliers {prœfcctus castorum). l.a réorganisation de
l>io> letien plaça l'Egypte dans le diocèse d'Orient. Ce diocèse
comprenait cinq provinces : 1° .Egvptus Jovia (la Basse-
pte), a l'O. du Nil; 2° .Egvptus Berculia, plus tard
Augustainmica ; 3a Tliebais ; *° l.ibva inferior; 5° Libya
aperior (Cyrénaïque). Plus tard, une sixième province l'ut
ajoutée par une coupure de l'AngUStanunique a l'Arcadia
(du nomd'Areadius, le premier empereur d'Orient).
Nous ne pouvons donner ici qu'une chronologie très suc-
cincte des principaux faits historiques de l'Egypte romaine
et chrétienne (an 30 av. J.-C.-tiiO apr. J.-C). Auguste :
Révolta de quelques villes de la Haute-Egypte, dontThèbes,
réprimée par Cornélius Gallus, le premier préfet ; révolte
d'Alexandrie k cause de l'impôt, réprimée [>ar Petronius, suc-
cesseur de C. Gallus: expédition en Arabie, d'.Elius Gallus,
lieutenant de Petronius. La frontière méridionale ayant été
dégarnie par la mobilisation du corps de G. Gallus, la reine
d'Ethiopie, ('.audace, en profita pour s'introduire en Egypte
et ravager la Thébaule. L'Ile fut repoussée jusqu'à Napata,
sa capitale, par Petronius, demanda à traiter et envoya des
ambassadeurs à Auguste, qui leur accorda l'exemption du
tribut imposé par son préfet. Aucun fait d'importance sous
Tibère : c'est lui qui écrivit au préfet d'Egypte, .Emilius
Aulus. trop zélé dans son rôle de procurator, qu'il voulait
bien tondre les brebis, mais non les égorger. Sous Cali-
gula, l'esprit turbulent des Juifs leur aliéna le préfet Avi-
tius Placcus, qui les persécuta sans merci. Sous Claude, ils
attaquèrent les Alexandrins pour revendiquer les privilèges
<;ui leur avaient été enlevés, entre autres celui d'avoir à
leur tète un ethnarque de leur nation. L'empereur leur
donna raison. Le fait le plus saillant du règne de Néron
est l'expédition qu'il envoya à la découverte des sources
du Nil. Le préfet Tibère Alexandre reconnut Galba et
Othon ; mais, pressentant l'avènement de Vespasien, alors
en Syrie, il n'en fit pas autant à l'égard de Vitellius. Sous
Vespasien, les querelles des Juifs avec les Grecs et la
préfecture redoublèrent. L'empereur donna l'ordre d'abattre
le temple bâti par Onias. Il ne le fut complètement que
deux ans après (73), lorsque tout moyen de répression fut
épuisé. Les trois règnes suivants (Titus, Domitien, Nerva)
sont muets sur le chapitre de la politique ; mais c'est à
ce moment que se place un fait capital dans l'histoire du
christianisme, la fondation de l'église d'Alexandrie par
saint Marc.
Lavant-dernière année du règne de Trajan (HO), les
Juifs de Cyrène se soulèvent contre les Grecs et les
Romains et mettent en fuite H. Hutilius Lupus, parti
d'Alexandrie pour comprimer la révolte. L'empereur envoie
alors Martius Turbo pour lui porter secours et pacifier le
Delta, où s'était propagée l'insurrection. Le calme ne re-
vint complètement que sous Adrien. Il ne fut pas de longue
durée. Les |>erturbateurs furent cette fois des Egyptiens.
La querelle fut vive : il s'agissait d'un llapis. Adrien
visita l'Egypte avec l'impératrice Sabine ; il fit restaurer
la tombe de Pompée ; il alla voir et entendre la statue de
Memnon (V. ce mot). Son favori Antinous s'étant noyé
dans le Nil, il le plaça au rang des dieux et bâtit en son
honneur la ville d'Antinoè. Sous les derniers Antonins se
place la dévastation de l'Egypte par les bandes armées
d'Isidore. Avidius Cassius sauva Alexandrie et extermina
les rebelles. Il était simple légat. Déçu dans son ambition
lorsque Marc Aurèle confia la préfecture à Elavitius Calvi-
tius, il se révolta et se fit proclamer empereur par les
légions de Svri<\ Son usurpation lui coûta la vie ainsi
qu'a son fils. Passons sur Commode et ses successeurs.
i.RANDF. ESCYU.OPKIilE. — XV.
Les empereurs syriens se signalèrent par leurs persécu-
tions contre les chrétiens. C'est au temps de Septime
Sévère que vivait le célèbre Origène dont le père, Léonide,
fut une des principales victimes du préfet Lœtus et qui
remplit l'Egypte de sescontroversesavec le patriarche Démé-
trius. Caracalla n'établit pas de distinction religieuse dans
ses cruautés: les chrétiens, les juifs, les païens eux-mêmes
en eurent leur part. Il livra Alexandrie aux fureurs de la
soldatesque pour se venger des railleries des Alexandrins.
L'agitation religieuse et les sanglants désordres qui mar-
quèrent les règnes précédents ainsi que ceux de Macrien et
a'Héliogabale firent place sous Alexandre Sévère à une
bienfaisante accalmie. L'Egypte put respirer ; les lettres
et les arts se mirent à refleurir comme par enchantement.
Sous les règnes éphémères de Maximin et de ses six
successeurs, les persécutions contre les chrétiens conti-
nuèrent sans relâche ; elles atteignirent leur comble sous
l'empereur Decius (L250). Son préfet Sabinus se montra
d'une telle cruauté qu'en quelques mois les déserts du
Sinaï et de la Thébaïde se peuplèrent d'anachorètes. La
violence était alors tellement entrée dans les mœurs qu'une
fois les persécutions arrêtées, les chrétiens livrés à eux-
mêmes s'abandonnèrent à toutes les fureurs des contro-
verses théologiques (hérésie de Sabellius). A ces querelles
succédèrent (car les Alexandrins ne pouvaient se passer
de tumultes) les troubles causés par la rivalité de Macrien et
du préfet Emilien. Emilien se fit proclamer empereur par la
foule et la soldatesque ; son exemple fut suivi par d'autres
ambitieux ; on put même voir autant de candidats à l'Empire
que de quartiers dans Alexandrie. Toutefois Emilien l'em-
porta sur ses coprétendants. Il put, grâce aux embarras où
était l'empereur Gallien, jouir deux ans du pouvoir ; mais
le légat Tliéodote, envoyé avec une armée, le défit en plu-
sieurs rencontres et le fit étrangler dans sa prison. Théodote
fut à son tour expulsé par le parti de Macrien qui usurpa
la pourpre. Il s'associa au trône ses deux fils, Macrien et
Quietus. Comme celle d'Emilien, son autorité ne dura que
deux ans. II fut vaincu et tué avec son fils Macrien en
Illyrie, où il avait eu l'audace de marcher contre Gallien.
Quant à Quietus, qui était resté en Egypte, le prince
arabe Odenat, époux de la fameuse Zénobie, se chargea de
l'évincer. Ce ne fut pas Odenat, mort assassiné, mais la reine
de Palmyre qui s'empara de l'Egypte alors lasse du joug
des Romains, mais incapable de défendre sa liberté. Aidée
de l'Egyptien Timagène, elle triompha de Zabdas qui com-
mandait le parti des indépendants et entra dans Alexandrie,
mais en fut chassée par Probatus qui restaura la domina-
tion impériale. Timagène étant revenu à la charge avec des
renforts, Probatus fut battu et Zénobie reprit pour trois ans
possession de l'Egypte. Ce fut Probus, général de l'em-
pereur Aurélien, qui l'en chassa. Il n'en avait pas fini avec
les usurpateurs. En 273, un négociant d'Alexandrie, enrichi
dans le commerce des papyrus, Firmus, qui avait appar-
tenu au parti palmyrénien, se souleva à son tour et, aidé
des Arabes et des Blemmyes avec lesquels il entretenait
des rapports commerciaux, devint maître de l'Egypte et
prit la pourpre. Probus lui infligea trois défaites, le fit
prisonnier et le livra à ses licteurs. Après le règne court
et insignifiant de Tacite et de Florien, Probus lui-même
arriva à l'Empire; l'usurpation de Saturninus, son préfet,
qu'il croyait d'une fidélité éprouvée, l'obligea à intervenir
une troisième fois en Egypte. Coptos et Ptolémaïs avaient
pris une grande part au mouvement insurrectionnel; elles
furent sévèrement châtiées. La poursuite et l'expulsion
des Blemmyes, qui avaient envahi la Thébaïde à la faveur
de ces désordres, achevèrent de pacifier l'Egypte. Mais la
paix ne fut pas de longue durée. Le coup d'Etat d'Achilleas
exigea quelques années plus tard l'intervention de l'empe-
reur Dioclétien. L'histoire a conservé le souvenir des ré-
pressions terribles de cet empereur, qui s'était déjà signalé
dès le début de son règne comme un des plus fervents
persécuteurs du christianisme. La plupart des villes qui
| avaient tenu pour Achilleas furent livrées à toutes les
44
KGYI'TI
horreurs de la pierre, Alexandrie en première li^n*-. Dio-
ctétien avait donné l'ordre qu'on n'arrêtât le massacre que
lorsque Ie8 Ilots de sang baigneraient les genoux di
cheval. Après a%oir reconquit l'Egypte sur son préfet ré-
volté, Dioctétien en fat encore réduit à la reconquérir sur
les Blemmyes. Désireux de s'éviter une campagne pénible,
il obtint l'évacuation des provinces par leurs bandes en leur
offrant un tribut avec un traité aux termes duquel ils s'enga-
gèrent à faire la police du haut Nil. Nous n'avons pas ici à
nous occuper des dispositions que prit Dioctétien au sujet de
l'Empire, du partage qu'il en fi t d'abord avec Maximilien
Hercule, puis avec Constance Chlore et Maximilien Galère.
Nous avons déjà fait allusion à sa réorganisation adminis-
trative à propos de l'incorporation de la province d'Egypte
dans le diocèse d'Orient.
Avec Constantin s'ouvre une ère nouvelle. Le christia-
nisme est devenu en Egypte, comme dans le reste de l'Em-
pire, la religion de l'État; l'autorité des gouverneurs ou
présides s'efface devant celle des patriarches. Les contro-
verses théologiques passent au premier plan et la question
religieuse absorbe les forces vives du pays. Celle del'aria-
nisme, qui divisa la chrétienté pendant plus de deux siècles,
remplit tout le règne de Constantin. On sait que cet empe-
reur, d'abord défavorable à la doctrine d'Arien, lors du
patriarcat d'Alexandre qui fit condamner l'hérésiarque par
le concile de Nicée (323), s'y rallia complètement au temps
d'Athanase que de graves accusations perdirent dans son
esprit. On le représentait comme s'étant opposé au trans-
port des blés d'Egypte dans la nouvelle capitale de l'Empire.
A l'exemple de son père, l'empereur Constance qui avait eu
l'Orient en partage, embrassa l'arianisme. De là source de
conflits avec l'Eglise orthodoxe. Le patriarche Athanase,
délivré par Constantin le Jeune de l'interdit qui pesait sur
lui, était rentré à Alexandrie aux acclamations de ses par-
tisans. Mais de nouvelles accusations au sujet des distribu-
tions de blé (privilège qui était passé de la préfecture au
patriarcat) provoquèrent sa condamnation par le concile de
341 et sa destitution par l'empereur. Son successeur,
Grégoire de Cappadoce, dut céder devant les démonstrations
de ses partisans qui en étaient venus aux mains avec les
légions et surtout devant les injonctions de Constant qui
régnait à Rome. Constance ne voulut pas braver les menaces
de son père et consentit à la réinstallation d'Athanase.
Réexpulsé après la mort de Constant et remplacé par
George, puis rentré dans Alexandrie sous Julien, après le
meurtre de George, Athanase s'aliéna par son fanatisme et
ses violences l'empereur païen, et dut reprendre la fuite pour
reparaître triomphalement sous Julien. Enfin l'empereur
Valens, sous le règne duquel il mourut (373), prit son
parti de le tolérer, autant à cause de son grand âge que
de sa popularité. Le patriarche Pierre, son successeur, fut
dépouillé par Valens au profit de l'arien Lucien; mais
Théodore expulsa Lucien et le rétablit. Le règne de Valens
fut marqué par des persécutions dirigées contre les moines,
le monachisme étant alors la plaie de l'Egypte; celui de
Théodose par des persécutions dirigées contre les ariens qui
furent dépossédés du patriarcat et des églises, et contre
les païens dont les temples furent fermés par l'edit de 389.
Le patriarche Théophile, chargé de l'exécution du décret,
s'acquitta de cette tache avec un zèle implacable. Un grand
nombre de temples furent détruits; ceux qui restèrent
debout turent convertis en églises. Ces mesures portèrent
un rude coup au paganisme, qui n'eut d'autre refuge que
les sociétés secrètes ou la Nubie, au delà du commilitiuni,
c.-à-d. au S. d'ibrim. Le temple d'Isis, à Phike, fut aussi
conservé en vertu d'une tolérance spéciale.
A la mort de Théodose (393), la scission complète entre
les deux empires d'Orient et d'Occident eut pour résultat de
rattacher l'Egypte à Byzance. La condition de l'Egypte n'en
fui pas meilleure. Aux maux que lui avait fait éprouver
l'irruption des barbares à l'O. et à l'E. du delta (les Ma-
ziques, les Austuriens, les Arabes) vinrent se joindre les
désordres intérieurs causés par le mauvais état des finances
«f»ll _
H les exactions du fisc. En même temps, le fanati
Théophile, après s'être exercé contre les ariens et les païens,
se donna carrière contre ses propres partisans; il déclara la
guerre aux moines et aux èvêques. mais, comme ceux-ci lui
résistèrent, il en vint tout de suite aux grandi ma
expédia contre eux des bandes armées qui prirent d'assaut
les cellules et massacrèrent b-s anachorètes. Son neveu et
soccesseur Cyrille rivalisa avec lui d'intrigues el de vio-
lence. Les trente ans que dura son patriarcat furent rem-
plis de ses attaques contre les juifs, contre les novatiens,
contre le préfet Oreste, contre Hypathie qu'il fit ignond-
nieusement massacrer par ses moines, enfin contre Nestorint,
patriarche de Byzance. Son successeur, Dioscore, prit une
grande part à I un des événements religieux les plus con-
sidérables, à la propagande de l'hérésie monophysite qui
ne devait fias tarder â détrôner complètement le catholi-
cisme en Egypte. Il avait pris la défense d'Eutyehès devant
le concile d'Lphèse et employé tous les moyens pour obtenir
son absolution. Condamné par le concile de Chalcédoine que
provoqua l'empereur Marcien en 531, il ne se crut tenu à
aucune espèce de ménagement et commença dès lors, en
faveur de l'hérésie monophysite, une campagne acharnée
qui se traduisit par la conversion de l'Egypte entière. Puis,
pour répondre au décret de Marcien qui interdisait en Egypte
tout concile ou toute discussion concernant le dogme,
il fit arrêter les blés à destination de Constantinople et jeta
sur la Palestine et la Syrie de véritables bandes de mis-
sionnaires. Sans l'énergique résistance de Marcien. qui
envoya une garnison en Egypte, expulsa Dioscore et affama
Alexandrie en détournant les convois de blé par la branche
pélusiaque, le schisme desdeux Eglises était un fait accompli.
A la même époque se placent deux incursions des Blemmyes,
repoussées, l'une par le chambellan de l'empereur, .Maximi-
lien, l'autre par le préfet Florus. Sous le règne de Léon (457-
474), les eutychéens d'Alexandrie se soulèvent, égorgent
le patriarche melkile Proterius et portent au patriarcat le
moine Thimothée Ailouros, chef de la sédition. L'empereur
répondit à cette manœuvre révolutionnaire en envoyant
comme patriarche un certain Thimothée surnommé Salofa-
kiolos, avec une bonne garnison pour l'appuyer. Tant que
régna Zenon, les eutychéens, domptés, en furent réduits à
attendre les événements, mais sa mort fut le signal des
désordres. Les querelles que provoqua sa succession et
qui durèrent trois ans, favorisèrent tourà tour les melkites
et les eutychéens, selon que Zenon l'emporta sur Bazilisque
ou Bazilisque sur Zenon. En 477, Zenon ayant été vain-
queur de son rival, Ailouros, qui avait pu reprendre sous
le gouvernement de Bazilisque possession de son patriarcat,
fut chassé et réduit à s'empoisonner. Le peuple lui donna
comme remplaçant un des meurtriers de Proterius,
Pierre Mongos (le Bègue), mais le préfet rétablit Salofa-
kiolos et Mongos dut attendre sa mort pour rentrer en pos-
session du patriarcat, cette fois avec l'investiture de Zenon
et contre le gré du peuple, qui avait abandonné Mongos
pour un certain Talaia. Si Mongos fut dans cette circons-
tance le candidat de Zenon, c'est qu'il avait abjuré l'euty-
chèîsme. 11 ne lui en coûta pas davantage de redevenir
eutyi heen sous l'empereur Auastase, dont le règne vit la
doctrine monophysite s'implanter d'une manière définitive
en Egypte. Ce résultat ne se produisit pas sans de vives
résistances du parti melkile, qui était pourtant, il faut
bien le dire, sorti très affaibli de la crise religieuse
suscitée par l'édit de Zenon. Mais ces résistances ne purent
empêcher l'eutychéen Nikeoclès de succéder à Mongos, ni
Dioscore II de succéder a Nikeoclès. Si à ces causes de
troubles on ajoute l'effroyable rigorisme du fisc qui exi-
geait du numéraire ou l'on pouvait s'acquitter en nature,
les houleuses concussions des préfets et île leurs acolytes,
la famine et la pesle, on aura une idée de l'Egypte au
temps de l'empereur Anastase (491-548). Sous le règne
de son successeur. Justin I'r (518-527), Alexandrie fut
en proie aux désordres provoqués par les polémiques des
deux eutychéens Julien et Sévère. Sous celui de Justinien,
— 6i»1 —
EGYPTE
la sanctuaire il-1 Pinte, dernier rata du ptgaahnw, tut
fermé ei pillé par Narsès que l'empereur avait envoyé contre
les Blemuiyes. L'Egypte ne sortit ptsdn régime de fiscalité
effrénée ni "des trouMes religieux. Il suffisait que l'empereur
iiiiioiu-àt on nouveau patriarche p»ur que le peuple lui
opposai un rival: d'où querelles sanglantes dans les rues
d Alexandrie entre les partisans de l'un et les partisans de
l'autre. I a cai BisM avait tini par n'avoir |>lus d'antre raison
d'être ooe d'assurer la paneption de l'impôt el d'appuyer
le patriarche qui avait la confiance de rempereur en le
dabarrassam de son concurrent. C'est ainsi que les soldats
de [tarses expulsèrent Gainas que le peuple avait opposé à
Théodore, créature de l'impératrice Théodora. Mais Théo-
dore ne put se maintenir, et Juslmien lui donna romme
remplaçant le moine orthodoxe Paul de T.mis a«fee des
presque illimités. Il est vrai qu'il le rappela plus
tard et l'envova en exil pour avoir conspire quelques années
plus tard (55*4).
Justinien poussa le mépris de l'Egypte jusqu'à lui
envoyer comme patriarche un capitaine de sa garde, Apolli-
naire, qui lit militairement son entrée à Alexandrie avec
un corps de troupe, et n'apparut vêtu des ornements pon-
tirieaux qu'à l'église ou le peuple l'avait suivi, et par un
véritable coup de théâtre, Cette sorte de mascarade se ter-
mina dans le sang. De l'avènement de Justin 11 jusqu'à la
mort de Phocas |563 640) nous n'avons à enregistrer que
.les luttes sanglantes entre les melkites et lesjaeobites, les
rruautes sans nombre des empereurs soucieux, semble-
rait-il. de creuser de plus en plus le fossé qui séparait
le de Byxance, Phocas poussant même l'imprévoyance
édirter l'exclusion des Egyptiens de toutes les
plaies de l'Etat et de la province. Les juifs n'échappent
pas a ces persécutions; mais ce sont surtout lesjaeobites
que poursuit la haine implacable de Phocas. C'est tout au
plus si dans celte terrible période l'Egypte peut jouir de
Îualre ans de repos sous le règne trop court de Til)ère II.
la faveur de ce calme, les différentes sectes de l'euty-
chéisme se fondirent en une seule secte en acceptant le
le doctrine qu'avait coordonne le moine Jacolms
Baradeos. Des lors, il n'y eut plus en Egypte que des jaco-
bites et des melkites. Sous le régne d'Ilérarlius, ce gouver-
neur d'Afrique qui avait détrôné et mis à mort l'usurpa-
teur Phocas. l'Egypte subit deux invasions : la première
du roi de l'erse, déjà naître d'une grande partie de
•,et que les juifs et les jacolntes. fatigués de l'oppres-
sion hvzantine, reçurent comme on libérateur, la seconde
>f \mrou. lieutenant du khalife Omar. Avec la compli-
cité de Mokoukos (on Makaukas), préfet de la Moyenne-
i i parti jacobile, il entra dans Memphis,
s'empara de la forteresse de Babylone et marcha sur
Alexandrie, ou l'élément melkile (r-à-d. les Grecs) opposa la
plus opiniâtre résistance. Enfin après quatorze mois de
isse de n'avoir reçu aucun secours de Byzanee, où
lient le> compétiteurs à la succession d'Ilérarlius,
Alexani ndil (22 déc. 640), et l'Egypte, heureuse
ranties que lui offrait le vainqueur, échangea avec
empressement le joug cruel et lourd des empereurs de
Byzanee contre relui des sectateurs triomphants de Maho-
met. Ij dnminaiion roniaine(y compris celle du Bas-Empire)
avait été de i'2C> ans ; celle des successions d'Arradius de
ms. Georges Rknédite.
Egypte mnsulmane. — l>ès 828, le prophète Moham-
med, dans s.i naïveté d'apôtre heureux, avait pensé pouvoir
traiter d'égal à égal avec les rois de la terre, ainsi qu'il
appelait les potentats voisins de sa péninsule. Chacun d'eux
avait été sommé par lui de choisir eotre la guerre et l'is-
lam. Ces démarches étranges et hardies à la fois n'obtin-
rent pas le succès que le prophète des Irabesen attendait.
Seul le d'Egypte (préfet indigène). Djoreidj, fils
de Mina, montra des dispositions amicales; il envova
même des présents consistant en un mulet , un âne et
une femme. Marie |a Copte, que Mohammed s'empressa
d'épouser. Quelques années plus tard, sous le règne d'Omar
ibn el-Khattàh, deuxième calite (639-644), les musulmans
devaient trouver en lui un utile allié. L empire sassanide
de Perso venait de tomber sous leurs coups; la Syrie tout
entière était occupée mililairement. Restait l'Egypte, prin-
cipal objet de leur convoitise. Celte province faisait partie
de l'empire romain et obéissait alors à lléraclius, treizième
successeur d'Arradius. Sa population, véritable mosaïque
de nations et de races, était formée de deux éléments abso-
lument distincts, vivant juxtaposés, mais nullement mêlés,
de deux castes politiques et ethnographiques : les gouver-
nants et les gouvernés, les melkites et les jacobites. Les
premiers étaient les Grecs affluant de Byzanee, tous revê-
tus d'emplois et de fonctions militaires ou administratives,
exacteurs impitoyables, colons insolents, presque tous
appartenant à la religion orthodoxe. Les seconds compre-
naient les descendants des anciens maîtres du sol, les Copies
on Egyptiens, race d'agriculteurs et d'artisans, craintive,
paisible, faite au joug depuis plusieurs siècles; ils avaient
généralement embrassé l'hérésie d'Eutvchès ou des mono-
phvsites, propagée dans la vallée du Nil par Jacob Baradée,
mort évèque d'Edesse en .">78. Tout s'opposait donc à une
fusion entre ces deux populations d'un même pays : les
haines de race, l'inimitié du vaincu à l'égard du vainqueur
et aussi les divergences religieuses de deux partis égale-
ment fanatiques. De la de perpétuelles luttes intestines, de
réciproques excommunications, qu'entretenaient la tyrannie
des agents impériaux et l'exaspération des indigènes. Tel
est le singulier spectacle qu'offrait l'Egypte en 6;î!), lorsque
Amr ibn El-.\a (V. ce nom), l'un des plus brillants géné-
raux de l'armée de Syrie, envahit la contrée par El Artch,
Earamâ (Péluse) et Menf (Memphis). Alexandrie était la
capitale grecque de l'Egypte, Menf, la capitale copte. La
marche des musulmans fut une promenade militaire : les
Grecs n'étaient pas en état de tenir la campagne, et,
d'autre part, la population copte accueillait Amr en libéra-
teur. Saisissant avec empressement cette occasion inespérée
de rompre avec Alexandrie et son gouvernement, le mo-
qauqis de Menf conclut avec Amr un traité par lequel les
Coptes promettaient aux musulmans une soumission en-
tière. En échange, Amr leur assurait la liberté religieuse,
la sûreté personnelle, l'inviolabilité des biens, une justice
exacte et impartiale. Les vexations arbitraires et exhor-
bitantes des préposés impériaux furent remplacées par la
redevance fixe et annuelle d'un dinar par tète. Les clauses
de ce traité parurent si favorables que toute la population
des provinces se mit sous la protection des Arabes. Cepen-
dant l'élément grec de la population refusa de se soumettre
et se réfugia à Alexandrie ou se retrancha dans la forte-
resse de Babylone, située sur la rive droite du Nil, un peu
au N. de Menf. Amr attaqua cette forteresse qui fit peu
de résistanc, grâce aux intrigues du moqauqis. Maitrede
la partie la plus considérable de l'Egypte, Amr marcha sur
Alexandrie, dont la prise pouvait seul lui assurer la pos-
session du pays. Bien qu'abandonnés à leurs propres res-
sources, les Alexandrins tinrent quatorze mois contre les
assauts réitérés des Arabes, dans l'un desquels Amr lui-
même fut lait prisonnier. Une ruse le fit relâcher. Les
Grecs vaincus gagnèrent Constantinople sur leurs vaisseaux.
Amr avait perdu dans ce siège vingt-trois mille hommes
(-2-2 déc. 640). Selon une tradition peu authentique, le ca-
life Omar lui aurait donné l'ordre de faire brûler ce qui
restait de manuscrits dans les bibliothèques d'Alexandrie.
L'Egypte subjuguée, Amr songea à organiser sa conquête,
tandis que ses lieutenants poussaient leurs armes victo-
rieuses jusqu'au pays de Barqa (Cyrénaïque) et jusqu'en
Nubie. Il construisit une capitale militaire, FostdtMlST (V.ce
mol), avec une mosquée cathédrale encore existante ; il y
établit sa résidence, y forma divers établissements et s'ef-
Força de mettre en pratique un système de sage et prudente
administration. Tous les habitants furent soumis à unecapi-
tation uniforme; les anciens nilomètres furent réparés, de
nouveaux furent construits; l'ancien canal de Qolzoum.qui
joignait le Nil à la mer Rouge, fut restauré ; d'autres grands
EGYPTE
- 698 —
travaux forent entrepris et en quelque temps l'Egypte m
trouva entièrement régénérée. L'impôt a\aii rapporté pen-
dant la première année de la conquête un million de dinars;
douze ans plus tard il produisait quatorze millions. En
644, le premier soin d'Oçmàn ibo Ailàn, suecessenrdu calife
Omar, fut de destituer Amr au profit de son livre de lait,
Abd Allah ibn Said. Le nouveau gouverneur augmenta de
suite les impôts modérés que son prédécesseur avait ins-
titués. Il conserva néanmoins son poste jusqu'à la mort du
calife (655). Le vieil Amr ne fut remis en possession
de son gouvernement que sous Moawiya, premier calife
omeyyade, qui lui devait son élévation au trône. Malheureu-
sement il mourut deux ans après (003). Dès lors, les Coptes
purent se croire revenus aux pires jours de la domination
romaine. Le gouvernement de l'Egypte fut confié jusqu'à
l'avènement des Abbâsides (750) à une série de créatures
avides ou incapables qui mirent en coupe réglée la plus
belle province de l'empire des califes. Aux actes d'intolé-
rance et de despotisme des dmil, aux incarcérations, aux
amendes, aux confiscations, au pillage des églises et des
monastères, aux massacres, les Egyptiens répondirent par
d'inutiles révoltes aussitôt étouffées dans le sang. Ils
jouirent toutefois d'un repos relatif, et le pays recouvra un
instant sa prospérité sous l'administration bienfaisante
d'Abd el-Aziz, frère du calife Abd el-Malik, de 683 à 705.
Quarante-cinq ans plus tard, l'Egypte saluait avec enthou-
siasme l'usurpation d'Aboù'l Abbàs le Sanguinaire, qui
venait de vaincre Mcrwân 11 dans les plaines d'Arbelles et
de fonder la dynastie des Abbâsides sur les débris de celle
des Omeyyades (750). Merwân chercha vainement un re-
fuge sur les bords du Nil ; il fut tué par trahison quelques
mois après sa défaite. Dans la crainte que la jouissance
d'une autorité aussi lointaine n'inspirât à leurs délégués
des idées d'indépendance et d'usurpation, les chefs de î'is-
làm eurent plus soin que jamais de changer souvent les
titulaires. Malgré ces fréquentes mutations, l'Egypte, heu-
reuse sous le nouveau régime, resta tranquille et soumise.
Depuis la conquête du pays par Amr ibn el-As jusqu'à
l'apparition d'Ahmed ibn foùloùn sur la scène politique,
c.-à-d. en l'espace de deux cent vingt-huit ans, il n'y eut
pas moins de cent quatorze nominations de gouverneurs,
dont cinq sous les califes légitimes, trente et une sous les
Omeyyades et soixante-dix-huit sous les Abbâsides; quel-
ques-uns de ces proconsuls étaient restés quinze jours en
place, d'autres avaient du résigner leurs fonctions à deux
et trois reprises.
Toùloi'inidcs (868-905). Pendant la dernière période,
qui fut une époque d'intrigues et de conspirations perma-
nentes à la cour de Baghdâd, il arriva rarement que les
personnages influents nommés au gouvernement des pro-
vinces, se déterminassent à quitter la métropole pour aller
résider dans leurs gouvernements. Ils les faisaient admi-
nistrer en leur nom par des lieutenants qui étaient leurs
hommes-liges. L'administration de l'Egypte était ainsi
partagée entre plusieurs vice-gouverneurs, les uns coin-
mandant à Fostât, d'autres à Alexandrie, à Syoùt ou à
Assouân. Le pouvoir n'y était pas concentré dans les mêmes
mains, mais, dans chacune de ces préfectures, l'armée avait
un chef particulier, tandis qu'un autre fonctionnaire était
chargé de l'administration civile et de la levée des impôts.
En 868, le gouverneur de l'Egypte, Bakbak, avait fait
choix d'un nommé Ahmed ibn Toùloùn pour son lieute-
nant militaire à Fostât, confiant l'administration civile et
financière à un autre agent; puis il était retourné à la
cour, en Iraq. Ahmed était fils d'un esclave affranchi
originaire du Turkestan, qui avait su obtenir d'El-Mâmoûn
et de ses successeurs plusieurs emplois honorables. Lui-
même avait hérité de la faveur dont avait joui son père
(y 853). Homme supérieur et d'une éducation distinguée,
il devint bientôt assez puissant dans Foslàt pour rendre
son autorité égale à celle d'un gouverneur en titre et pour
soumettre par les arme» ceux de ses collègues qui préten-
daient conserver dans les différentes préfectures de 1 Egypte
leur indépendance vis-a-vis de lui. En 674, il obtenait
du table le litre de gouverneur et, dès lors, investi de
toute l'administration politique et financière, de teu l<-s
pouvoirs civils et militaires de l'Egypte, il agit en souve-
rain maître, tout en se reconnaissant le vassal d'LI-Motamid.
Le palais des anciens gouverneurs lui étant devenu insuf-
fisant par suite de l'expansion de sa maison, de ses arme-
ments et de ses richesses, il construisit a 11., de I oslat
la cité militaire û'Ll-Qatat (les fiefs), avec un hôpital, une
citadelle, un palais et la splcndide mosquée qui porte son
nom; en outre, il répara le phare d'Alexandrie, le nilo-
metre de Itauda, les canaux de la Basse-Egypte, fonda la
ville de Raehld (Rosette); enfin il réduisit de 100,000 dinars
bs impôts vexatoircs de ses prédécesseurs. En 877, il
s'empara de la Syrie dans une seule campagne : c'était
rompre ouvertement avec le calife, ou plutôt avec le gérant
de l'empire, El-Mouwafl'aq, qui tenait son frère Ll-Molauiid
dans une étroite tutelle. Lorsqu'il mourut, après un règne
de dix-huit ans (884), sou fils khomàroùyah recueillit sans
conteste son vaste héritage. Dès lors, la souveraineté des
califes de Baghdâd sur l'Egypte n'est plus que nominale et
ne consiste qu'en un droit d'investiture et un tribut annuel
de 3 millions, rarement payé. Au demeurant, les relations
entre vassal et suzerain étaient des plus amicales, et c'est
pour cimenter ces relations que Khomàroùyah fit épouser
au calife sa propre fille, Qatr en-Nadà (Goutte de Hosée),
qui reçut en dot un million de dinars et dont les noces
furent célébrées avec un luxe inusité. Véritable monarque,
Khomàroùyah dépassa son père en faste et en munificence.
Les historiographes arabes décrivent avec admiration les
merveilles contenues dans le palais d'El-Qalài, les statues
représentant le prince et ses femmes, les jardins, les vo-
lières, la ménagerie, un lac tout de mercure, etc. C'est de
tout l'éclat de la richesse et de la puissance que brilla le
règne des deux premiers Toùloùuides. Sous leur gouver-
nement très populaire, l'Egypte eut pour la première fois
une force et une existence spéciales ; elle fut dotée d'une
marine respectable, son revenu fut porté à 300 millions de
pièces d'or, l'agriculture fut encouragée, les arts, les
sciences et les lettres furent aussi en faveur qu'à la cour de
Baghdâd. Mais avec Khomàroùya, assassiné en 895, s'anéan-
tit la splendeur de cette dynastie, qui semblait cependant
fermement assise et qui ne dura pas plus de trente-sept ans.
La faiblesse et l'inexpérience des deux fils de ce prince, trop
jeunes pour régner, une incursion des ('.armai hes et surtout
l'insubordination des émirs d'Egypte et de Syrie, pous-
sèrent le calife El-.Moktafi à profiter des circonstances
pour faire rentrer ces deux provinces sous son autorité im-
médiate (905).
L'Egypte releva de nouveau des Abbâsides. Mais cette
reprise de possession fut précaire et de bien courte durée;
elle contribua à exciter les convoitises d'un antagoniste
dont le parti, depuis un demi-siècle, révolutionnait le monde
musulman et sapait sourdement la puissance décrépite de
la maison d'Abbàs. Je veux parler du soi-disant mahdi
Obeid Allah, fondateur de la dynastie fameuse des Fàli-
mites qui devait rompre avec le califat orthodoxe de Baghdâd
par un schisme éclatant, à la fois politique et religieux.
Cet Obeid Allah se vantait d'être issu de Fàtima, fille du
Prophète et femme d'Ali ibn Abi Tàlib. Mais on sait au-
jourd'hui ce qu'il faut penser de celte prétention. Il était
en réalité le petit-fils de l'oculiste persan Abd Allah ibn
Mennoùn, sous la direction duquel s'était formée, vers 870.
une \a>te société secrète se disant Ismaïlienne (chyite) et
n'ayant d'autre but que la ruine de l'islamisme officiel
et de la dynastie abbaside. De là sortirent les sectes re-
doutables des Carmathes, des Druxes et des Assassins
(Y. ces mots). Investi du pontificat ismàilien, Obeid Allah
passa en t»0tî de Syrie en Afrique ou l'attendait une armée
de partisans recrutés par ses dàï ou missionnaires. En
908, grâce à de faciles conquêtes, son empire embrassait
une partie du Maroc actuel, l'Ifrikiya (Afrique proprement
dite), la Cyrénaïque et la Tripolitaine, sans compter la
— 693 -
EGYPTE
Sicile. Malle, la Sanl.iii.ne et les Baléares. Les Àgfalftbites
étaient l peine chasses île Qaiiou.in. Us Idrisites trem-
blaient encore dans le/. «|iie déjà le regard du nialidi
kwniail vers l'Orient, vers l'Egypte- Trois années
d'invasion pénétrèrent simultanément dans le Delta; mais
elles furent victorieusement repou-sees par les troupes
abbàsides (912). I ne seconde expédition Un valut la pos-
- mmo définitive du Fayouno el d'Alexandrie. Entre temps.
.onime il lui fallait une capitale neuve, il avait fonde El- Mali-
diva: connue il lui fallait un titre, a défaut d'aïeux, il
s'était fait proclamer calife, s'attriUuant les droits exclu-
sifs de la légitimité, a l'égal, d'ailleurs, des califes de Cor-
doue et de Baghdid.
tkhehidites (935-969). En 934, son (ils. El-Omm,
lui succéda dans sa puissance comme dans ses grands des-
seins. Aux précédentes conquêtes il ajouta le Said, malgré
les préparatifs de défense et les efforts du gouverneur de
l'Egypte, gênerai brave et habile. Aboù Bekr Mohammed
ibn Toghdj. dont le père avait été un des principaux émirs
des princes Toùloùnides. Les Abbàsides ne possédaient
donc plu> en Afrique que la vallée inférieure du Nil ; ils
étaient 1 la veille de se voir enlever pour toujours ce lam-
beau d'une province qui avait constitué le plus beau fleu-
ron de leur couronne. Dès l'année 935, sous le califat de
l'efféminé Er-Radi Billàh. Mohammed ibn Toghdj, témoin
de l'anarchie profonde qui régnait d'une extrémité à l'autre
de l'empire, ne comptant plus d'ailleurs que sur lui-
même et sur le peuple égyptien pour préserver le pays
contre une nouvelle tentative du dehors, arbora le drapeau
de l'indépendance et força le chef de l'islam à reconnaître
son usuq>ation. Il prit le titre A'El-lhhchid qui était celui
des rois du Ferghànah (Sogdiane) dont il disait descendre et
transmit à ses (ils un pouvoir héréditaire que brisa, trente-
quatre ans plus tard le Fâtimite El-Momzz li-Dtn Allai). F.n
effet, l'avènement d'Ahmed, pelit-tils île El-Ikhchid, à l'âge
de onze ans et dans un temps de peste, de famine et de
i re, ayant été le signal de graves désordres, les émirs,
,eux de mettre un terme à la période de dure misère
que traversait l'Egypte, résolurent de recourir à l'inter-
vention d'un prince étranger. Ils appelèrent El-Mouïzz,
arrière-petit-tils du inahdi (Jbeid Allah. Celui-ci ne fit pas
attendre longtemps sa réponse. Il rassembla une armée
d'élite et la lança vers l'Est sous le commandement suprême
du (irec Djauhar qu'il chargea de prendre possession delà
Basse-Egypte en son nom et de fonder sur les bords du
grand fleuve une capitale capable de rivaliser avec la liagh-
d.id abbàside. En juin 969, Djauhar campait sous les murs
de Eost.it: une victoire décisive remportée sur les partisans
des Ikhchidites lui en ouvrait les portes. La khotba (Sal-
MMH foc) fut aussitôt récitée par Djauhar au nom des Fà-
timites, acte solennel qui consacrait l'avènement de la
nouvelle dynastie.
Fâtimite» (969-HT1). Sans perdre de temps, Djauhar
se mit en devoir d'achever se mission. A l'endroit même
on les troupes maghrébines avaient dressé leurs tentes,
— d. un peu au au N. d'El-Qatâï et a une certaine dis-
tance du Nil, les assises d'une nouvelle capitale furent
jetées, chaque corps d'armée fondant un quartier auquel il
donna son nom ou celui de son chef. Lorsque, trois ans
amrèa (973), le camp fut devenu ville (la ville victorieuse,
El-ijdhira). que la célèbre mosquée El-Azhar et l'immense
palais construit pour le calife (93,495 m. q. de superficie)
furent complètement terminés. El-Mouizz quitta El-Mahdlya
■tac sa cour, son harem et ses volumineux trésors et trans-
porta au Caire le siège du califat (V. Caire). Le rêve du
mahdi se trouvait enfin réalisé : El-Mahdlya, dans sa pen-
sée, n'avait été qu'un abri provisoire. Dans l'intervalle,
Djauhar avait réorganisé et dégrevé l'Egypte ; il avait
conquis la Syrie en moins de temps qu'il n'en faut pour la
parcourir, rattachant à l'Egypte cette province qui ne
devait cesser d'en faire politiquement partie que de nos
jours. L'Egypte avait souffert des dernières guerres : El-
Mouizz et son successeur l.l-A/i/ réussirent a lui rendre
la prospérité d'autrefois. A partir de cette époque, les
Fàtiniites soutinrent avec avantage la lutte spirituelle
engagée de longue date avec les califes orthodoxes de
BaghdAd. Leur profession de foi, prononcée du haut des
chaires dans toutes les mosquées de l'Afrique, de la Syrie
et de l'Arabie, gravée sur leurs monnaies, brodée sur leurs
étendards blancs, fut : Il n'y a d'autre dieu qu'Allah,
Mohammed est l'envoyé d'Allah, Ali le chéri d'Allah!
(Là ilttku illti' lluh wa-Mohammad rasoûl Allah wa
Ali wali 'lldlii). Avec le sixième calife de cette famille,
El-Hàkim (996-4020), qui fut bien le prince le plus étrange
de son temps, l'ismàïlisme prit de suite un développement
original et fort éloigné de l'esprit qui avait animé la secte
à ses débuts. Tour a tour musulman bigot, ou athée effréné,
il en vint à croire, sur la foi de deux sectaires étrangers,
Daràzi et llamza, qu'il était l'incarnation de la divinité.
El-Ilàkim prétendit forcer l'Egypte à lui rendre les hon-
neurs divins. Cette conduite provoqua au Caire un soulè-
vement qui dura trois jours : le calife, par représailles,
mit le feu à la ville. Cependant, toute une église se forma
autour de ce dieu de chair, et, quand il disparut subitement
trois ans après son apothéose, probablement assassiné, ses
fidèles annoncèrent qu'il reparaîtrait dans son humanité au
jour de la résurrection. Le culte d'El-Hakim ne survécut
guère à son dieu en Egypte, mais il a subsisté jusqu'à nos
jours dans les montagnes de Syrie : Darâzi et Hamza y
ont laissé des disciples qui, sous le nom du premier, les
Druzes, attendent encore le retour d'El-Hâkim, homme et
dieu. Le règne d'El-Mostansir, qui ne dura pas moins de
cinquante-huit ans (1036-94), marque l'apogée delà dynas-
tie, mais cet apogée fut suivi d'un désastreux lendemain.
El-Mostansir fut au moment de rétablir le califat univer-
sel. Moyennant des subsides en hommes et en argent, un
émir mécontent, Arslàn el-Basàsiri, général des troupes au
service des Abbàsides, se chargea de chasser de Baghdâd
le calife El-Qàïm, et de le contraindre à renoncer à ses
droits à l'imamat en faveur des Fàtiniites. L'autorité
d'El-Mostansir fut ainsi reconnue jusque dans le Khora-
sàn. El-Qâïm, affolé, se jeta dans les bras du Seldjoûqide
Toghrul Bey qui mit fin à cette tentative révolution-
naire en rétablissant lui-même dix mois après son suzerain
sur le trône. Il est vrai qu'il tint à assumer sur lui et sur
sa descendance toutes les responsabilités du pouvoir tem-
porel ( i05")). El-Mostansir en fut pour ses frais. En Egypte,
la situation se compliquait pour lui en raison de sa faiblesse
et du mauvais gouvernement de son premier ministre, El-
Yàzoùri. Une querelle entre un mercenaire turc et un soldat
de la milice nègre du calife alluma pour quatre ans la
guerre civile. La victoire finit par rester à Nasr ed-Daula,
chef des Turcs. Mais, alors, l'insolence et les exigences de
ceux-ci ne connurent plus de bornes; ils vendirent à
l'encan les richesses accumulées par les Fàtimites, pillè-
rent leurs palais, brûlèrent leurs bibliothèques et s'arro-
gèrent l'autorité tout entière. El-Mostansir, réduit au
dernier dénuement, allait être déposé, quand l'émir de
Syrie, Bedr el-Djamiili ( V .ce nom), secrètement appelé avec
ses troupes, délivra l'Egypte des factieux par un massacre
général. Bedr, devenu premier ministre et généralissime
d'El-Mostansir, administra ensuite l'Egype pendant vingt
ans en maitre absolu, mais éclairé; il y rétablit la paix, le
travail et l'abondance absents depuis quarante années.
Tous deux moururent en 1094 ; à cette date, les revenus
publics avaient monté de 42 millions à 46 millions et demi.
En 1068, la dynastie des Zeirites, qui gouvernait l'Afrique
fâtimite depuis 972, s'était déclarée indépendante. La Syrie
allait bientôt se morceler à la suite des invasions franques.
Châhinchàh el-Afdal, fils et successeur de Bedr au vizirat,
eut en effet à guerroyer contre les Ortoqides et les Francs
de la première croisade qui lui prirent Jérusalem (1099).
Les progrès des chrétiens en Syrie et en Mésopotamie
fuient (Tailleurs singulièrement favorisés par la rivalité
entre 1rs différents princes seldjoûqides et par le schisme
qui divisait Abbàsides et Fàtimites. Quant à l'Egypte,
KCYPTE
- 694 -
défendue qu'elle était par ses déserts de l'Est, elle rest:i pour
le moment m dehon de la lutte. Ce ne l'ut qu'en 1117.
sous le calili' l.l-Aiiur, que Baudouin Ier lit a ['improviste
une pointe sur Faramâ. qu'il mit a feu et i sang. Mais la
mort le surprit prés d'il- Amli et l'Egypte fut pour eette
lois épargnée. Après l.l-Amir, poignardé en 1 130 par an
émissaire du Viens de la Montagne qui commençât! a l'aire
trembler les monarques de l'Orient, la décadence des
F&titnites s'accentue d'année en année. Les quatre derniers
califes (11 HO— 1 171), réduits a la nullité, renfermée dans
le liai cm ou ils se livrent a de petites intrigues entre
leurs femmes et leurs mignons, abandonnent toute l'au-
torité à leurs vi/irs, qui s'arrogent, du reste, avec la plé-
nitude du pouvoir, le titre de maltk, roi. (les ministres-
rois ont nom Houdwàn, Ibn Sallàr, Abbâs qui tue le ealife
Ez-Zàlir pour venger son tils du déshonneur, Talâï, son
fils Kouzzlk, Chàwar, Uirghàm, (îhtrkoûh, enfin Salah ed-
Dln (Saladin). Eu cette dernière période, l'Egypte est ensan-
glantée par les discordes de ces émirs turbulents et ambt-
tieux qui se disputent le gouvernement, mais ne savent ni
conserver Ascalon, prise par les croisés, ni empêcher les
Normands de Sicile de briller Tinnis et de menacer Alexan-
drie (1153). En 1163, sous El-Adhid, dernier prince de
cette dynastie moribonde, Chàwar, supplanté par Dirgham,
sollicita le concours de l'atàbek de Syrie, Noùr ed-l)in, tils
de /.engui. Celui-ci, heureux de pouvoir s'immiscer dans
les affaires d'Egypte, envoya une armée commandée par
Chirkoùh ibn Chaut, un des principaux émirs de sa cour,
qui emmena avec lui son neveu Yoùsout Salàh ed-Din ibn
Ayyoùb. Saladin marchait sans le savoir a la conquête d'un
troue. Mais bientôt Chàwar, rétabli par les armes des
Syriens, se brouilla avec ses protecteurs. Pour s'en mieux
débarrasser, il appela à son aide Amaury, roi de Jéru-
salem, qui avait autant d'intérêt que l'atàbek à s'emparer
de l'Egypte. Aussi ce pays devint-il, de 1165 à 1169, le
théâtre d'une guerre acharnée. Amaury, après avoir ravagé
le Delta, fut bien vite aux portes du Caire, qu'il espérait
prendre et piller, pour se le faire racheter ensuite à prix
d'or. Ce fut le tour du calife de réclamer l'aide de Chirkoûh
contre son vizir et contre les Francs. Ceux-ci sont battus et
chassés d'Egypte, Chàwar est assassiné et le généralissime
de Noùr ed-L)in est mis à sa place. Mais il meurt peu de
mois après (1169), léguant son pouvoir à son neveu Sa-
adin, qui relègue El-Adhid au londdeson harem, proclame
sa déchéance et substitue à son nom, dans la kholba, celui
du calife abbàside. Sur ces entrefaites, El-Adhid, malade
depuis longtemps, meurt (1 17 1) se croyant toujours calife;
Saladin ne lui donne pas de successeur, mais gouverne au
nom de l'atàbek de Syrie. Ainsi s'éteignit, entre les mains
d'un soldat kurde, cette dynastie fàlnnite qu'un sectaire
ambitieux avait fondée deux siècles et demi auparavant.
Ayyoùbitcs {I 11 1-1250). Toutelois, ce ne fut pas sans
une vive opposition que le nouveau régime fut accepté par
les populations indigènes sincèrement attachées à la secte
d'Ali. Le parti dynastique complaît de nombreux défen-
seurs, et en 1173 une formidable conspiration éclata pour
chasser Saladin et rétablir le califat en la personne de
l'imàm El-Mostasim, cousin d'El-Adhid. Conduite par le
poète Uuràra, celte conspiration réunissait les Francs, les
Assassins ou Ismaïliens, les nègres de la Haute-Egypte et
tous les partisans des Fàtimites. Les Francs furent battus
et chasses; la conspiration formée au Caire fut étouffée;
quant aux Ismaïliens, ils avaient tenté deux fois d'assassiner
Saladin; celui-ci ne pouvant les atteindre jugera meilleur
de s'allier avec leur Chef Sinàn (1 177). Dèj lors, la reac-
tion fut réduite à l'impuissance, et Saladin s'appliqua par
tous les moyens possibles à déraciner dans le pays les
principes du cliyisme : c'est ainsi qu'il détruisit les anciennes
académies fàliuntes pour les remplacer par des collèges
selon le rite orthodoxe de l'imàm Ch.il'y. Dans le nie ne
temps, l'atàbek Noùr ed-Dln, qui commençait à prendre
ombrage de la trop grande puissance de son lieutenant,
meurt (H7i). Sous prétexte de sauvegarder les intérêts
de son héritier au trône, Saladin occupe la Syne militai—
mnent, puis, levant le masque, il se déeUn indépendant
t;iiii en Egypte qu'en Syne après avoir l*attu et chassé
le m, de Soùr ed-Din et tous ses eompétiteun (1476). I
croisée deviennent alors -es ennemis direct, et penenath.
IU ne lui hissent pu I'* loisir d'administrer par lui-même
l'Egypte ou il ne mit que deux courtes apparitions. Saladin
en confie le gouvernement I son lieutenant, le légendaire
H, lu ed-Dln Qarâqoûch (l'Oiseau noir), qui s'acquitte de
sa tâche avec fidélité et intelligence, réglant les impôts,
rétablissant les canaux d'inondation, les dignes >t tel
chemins, entourant Le Caire d'une nouvelle enceinte et
commençant la construction du château de la Montagne ou
les maîtres de l'Egypte habiteront jusqu'au milieu de ce
siècle. La révolution opérée par Saladin avait eu une poi !
immense : elle avait aggravé la situation des colonies chré-
tiennes en Orient et l'ait eesser, au point de vue politique.
le grand schisme qui partageait l'Eglise musulmane : il
n'y aura plus désormais qu'un chef spirituel, qui sera
sunnite, c.-à-d. orthodoxe. A la mort de Saladin (1 193).
ses lils, frères, oncles, neveux et cousins, toute la descen-
dance d'Ayvoùb, en un mot, s'apprêtèrent à se partager
son vaste "empire. L'Egypte échut a son lils El-Malik el-
Aziz (1193-98). Mais bientôt, d'alliées qu'elles étaient, les
différentes branches de la famille ayyoûbite devinrent
ennemies. El-Adil, frère de Saladin et prince de karak,
s'empara de la sultanie du Caire (1200) et réunit bientôt
sous sa domination les apanages de ses neveux. Cet homme
énergique et audacieux tint en échec les chrétiens des
quatrième, cinquième et sixième croisades qui comptaient
sur la division des Ayyoùbitcs. Son lils El-Kâmil (1-218-38)
ne put empêcher les' Francs de remonter le Nil et de s'ou-
vrir, après un combat à El-Mansoûra, le chemin du Caire.
Vainement il proposa un arrangement aux chefs croisés.
Enfin, il reçut du renfort des princes syriens de sa
famille. Un mouvement t uirnant, opéré par les musulmans
qui rompirent les digues des canaux et livrèrent l'année
chrétienne au fléau de l'inondation, obligea les croU'
implorer la paix et à rendre Damielte sans compensation:
l'Egypte fut évacuée (1-221). En lî*0, Es-Salin, fils
d'EÏ-lvàmil, tua El-Adil 11, son propre frère, et usurpa le
pouvoir. Son règne, comme celui de ses prédécesseurs,
offrit le triste spectacle de luttes fratricides, mêlées au duel
engagé depuis cent cinquante ans entre musulmans et chré-
tiens". Pour la septième fois, l'Europe chrétienne vint fondre
en armes sur l'islamisme. A la tête de cette croisade mar-
chaient saint Louis et l'élite de la chevalerie française.
Tout d'abord Damiette, clef de l'Egypte, est prise. L'année
sarrasine vient prendre position devant El-Mansoùra, lorsque
Es-Salih succombe a une maladie; il venait de créer, pour
la ruine de sa dynastie, la garde prétorienne (halqa) des
Mamloûks, esclaves turcs achetés à prix d'argent. Sa mort
est tenue secrète jusqu'après l'arrivée de son fils KT-Moaz-
zam Toùràn Chah qui guerroie en Syrie. l.e 6 avr. IÎ50,
un combat meurtrier est livré devant El-Mansoùra que les
Francs mettent à sac. Mais la marche en avant de l'ennemi
est arrêtée par les Mainloùks qui coupent ses commu-
nications avec Damiette. Poursuivis, harcelés, décimés, les
Francs battent en retraite sur Fàriskoùr où saint Louis,
après une lutte héroïque, est capturé avec les princes et
les barons de France survivants. Le 4 mai, Toùràn Chah.
qui s'était vite aliène l'esprit de ses troupes par des rigueurs
intempestives, meurt sous les yeux des prisonniers francs,
assassiné par Baibars el-Boundoukdari. l'un des princi-
paux émirs mamloûks. L'Egypte, ou plutôt les Mamloûks,
n'avait plus de maître : Chad.arat ed-[)ourr. mère du
sultan massacre, se chargea de leur en donner un : elle se
lit proclamer reine, événement unique dans les fastes
musulmans, et ch.isit pour attbek (tuteur) I/.z ed-l>in
Albek. comme elle Turc de naissance et ancien esclave.
qui était son amant et qu'elle épousa. Mais bientôt le
paru des Mamloûks conservateurs força le nouveau sultan
a s'associer au pouvoir un descendant de Saladiu. le jeune
— 698 -
EGYPTE
El-Achraf Moùsà, arnère-petit-tils du sultan Kl-Kàmil avec
3 ni [un tin, quatre ans après (183 1). la glorieuse dynastie
- lyyoùbitM d'Egypte. Dans l'intervalle, saint Louis
s'était retiré on Syrie avec ses troupes après avoir rendu
Damtette pour a rançon et pave >ix millions pour mile des
prisonniers chrétiens (V. Caoisadc).
)laniL)ùks turkomam bahrites [1254-1389). Alors
nnu'iica effectivement le règne des sultans mamloùks
qui comprend deux périodes d'une durée presque égale,
eomepondant I deux dynasties d'origine différente. Les
nouveaux malires de l'Egypte, ceux de la première dynas-
tie, étaient des Turcs originaires du Kiptehak. Ils avaient
été introduits en Egypte vers I-227, au nombre de 1-2,000,
i l'époque ou Tehinguiz khàn lançait ses hordes mogholes
I travers l'Asie et l'Europe orientale. Ce l'ut cette expé-
dition qui cassa la création des Mamloùks. Les Tatars
avaient ramené avec eux une foule de jeunes gens des deux
s : leurs camps, leurs marches regorgeaient d'esclaves.
I sultans d'Egypte virent là une bonne occasion de se
procurer sur-le-champ des troupes solides et nombreuses
dont le> cadres continuèrent toujours à se remplir par la
même voie de sélection et d'achat. Cette milice devint
bientôt si puissante en Egypte qu'elle finit par supplanter
maîtres dans les circonstances que l'on sait. I,a dynastie
•les M unloaks torkoman* ou bahrites (ainsi nommés parce
que leurs casernements s'étendaient le long du Nil, cl ll'ihr)
n'a gnère que trois sultans célèbres : Es-Zâhir Haibars,
Kl-Mansoùr Qalàwoùn et le tils de celui-ci, En-Nasir
Mohammed. En 1258, Baghdàd tombait au pouvoir d'Iloù-
m, petit-fils de Tchingnix Khan, et le califat abbaside
était détruit. Ce lut liuliars (1-200-77), le meurtrier de
Tourtn Chah, qui recueillit les membres de la famille
abbaside échappés au fer des Mo^hols et lit revivre au
Caire, en eux et dans leur race, le califat orthodoxe qui
"erpétua jusqu'en 1517 sous le patronage des sultans
d'Egypte, ijd.iwonn (1-270-90), surnommé El-Alfi pour
avoir été jadis acheté mille dinars, soit douze à quinze
mille francs, repoussa une invasion d'Abaka Khan, conclut
un traité d'alliance avec Alphonse III d'Aragon et fonda une
foule d'établissements utiles; il fut la tige d'une suite de
quinze rois dont la succession fut peu interrompue jusqu'au
renversement de sa dynastie par les Mamloùks bourdjites.
Bn-Nts i ■ ipa le truie à trois reprises ditfèrentes ; son
• -1341) fut le plus long, l'un des plus
paisibles et des plus bienfaisants qu'aient vu les popula-
tions égyptiennes. Mais après lui, ses tils ou petits— tils,
d'-venus le jouet des émirs mamloùks, fournirent des règnes
éphémères, sans éclat, et préparèrent en inoins d'un demi-
siècle le renversement de leur dynastie. Les Ayvoùbiles
avaient commis une grave faute en s'entourant d'une garde
prétorienne ; Qalàwoùn, qui était lui-même un Maiiiloùk
d" cette garde, ne sut profiter de l'expérience le jour où,
voulant donner un contrepoids à la prépondérance de ses
congénères devenus ses sujets, il créa un nouveau corps de
soldats esclaves, non plus d'origine turkomane cette fois,
mais circassienne. La halqa des sultans bahrites, chargée
surtout de la défense des forteresses, des hourdj, d'où son
nom de bourdjile, fut d'abord un appui et une force, puis
devint un embarras et un péril ; après avoir consolidé le
trône, elle en vint à l'usurper avec Es-Zâhir Barqoûq
(1389-88) qui lut le premier des suLans circassiens.
Mamloùks rintwietu bourdjites (1382-1517). Du
reste, cette seconde dynastie de princes mamloùks ne lit
guère que continuer celle des Turkomans. Ce fut toujours
la même marche et la même politique ; toujours des émirs
turbulents qui se disputaient le pouvoir a chaque vacance
et en créaient le plu, souvent possible par des voies anar-
ehi | ies et violentes. Barqoûq eut au moins cette gloire
qu'il sauva l'Egypte de l'invasion d'un nouveau conquérant
moghol plus terrible que le premier, Timo ir Leng, qui
remplirait alors V taie tout entière du bruit de ses exploits.
Kn l il -2. a la suite d'un coup d'Etat que rien n'eût pu
faire prévoir après un siècle et demi d'effacement, le trente-
huitième calife abbaside, El-Mostaïn Billàh, se trouva
investi des pouvoirs temporel et spirituel comme aux plus
beaux jours de la papauté musulmane. En réalité, il n'était
qu'un aveugle instrument entre les mains du plus ambi-
tieux des émus mamloùks, Cheikh Mahmoùdi, qui, en cette
affaire, n'avait prétendu travailler que pour lui-même.
Moins d'un an après son triomphe, le trop confiant El-
Mostaïn était détrôné, puis exilé par son protecteur, lequel
se contenta de régner temporellement, du reste en princo
accompli, sous le nom célèbre d'El-Mouayyad (1412-1421).
El-Achraf Bars lîây, après lui, fit l'Egypte heureuse au
dedans et glorieuse à l'extérieur (1422-1437). Le pieux
sultan Qâit Bay parvint à se maintenir vingt-huit ans sur
un trône que menaçait déjà la puissance ottomane ; celle-
ci commençait a prévaloir sur l'inlluence moghole. Par une
générosité fatale, Qait Bay donna asile au prince Djem (25-
zim), compétiteur de Bajazet II, ce qui attira sur lui des
haines funestes dans l'avenir ( 1467-1493). Au reste, maints
signes extérieurs indiquaient clairement que la dynastie
circassienne et la fortune de l'Egypte étaient à la veille do
s'abimer dans une commune catastrophe. L'Egypte était
lasse de la domination rarement supportable des sultans
mamloùks, grâce auxquels, cependant, elle avait atteint le
plus haut degré de la civilisation orientale. Cette aristo-
cratie guerrière, composée d'esclaves achetés sur les mar-
chés, n'avait pas de racine dans le pays qu'elle exploitait
plutôt qu'elle ne le gouvernait. Elle était également dé-
testée des Coptes, des Grecs et des Arabes qui formaient
la population de l'Egypte. En outre, la prospérité commer-
ciale du pays venait d'être profondément ébranlée par la
découverte de la route du cap de Bonne-Espérance (1408).
Alexandrie, comme Venise, se trouva déshéritée du com-
merce de l'Inde et de la Chine au profit des pays occiden-
taux de l'Europe. En 1304, le doge et le sultan s'unirent
par une alliance contre les Portugais. Ce fut peine inutile;
les Portugais étaient déjà maîtres de l'Inde. L'anarchie inté-
rieure et la ruine du commerce maritime préparèrent
l'œuvre de la conquête turque. A l'automne de 1516,
Sélim II, successeur de Bajazet, envahissait la Syrie. Le
sultan Qànsoûh IV El-Ghoûrf, malgré ses quatre-vingts ans,
marcha au-devant des Turcs. Il fut vaincu et tué, près d'Alep,
malgré la valeur désespérée des Mamloùks. La victoire de
Gaza donna à Sélim l'entrée de l'Egypte, celle de Heidà-
nlya lui ouvrit les portes du Caire (22 janv. 1317). Tou-
rnai] Bây, élu sultan d'Egypte |»ar les Mamloùks, y rentra
secrètement et extermina le corps d'occupation. Sélim fut
obligé de reprendre la ville rue par rue, maison [>ar mai-
son. Mais Le Caire fut puni de sa révolte par le massacre
de 30,000 hab. Toumân Bay opposa une résistance
héroïque, mais vaine. Trahi par un Arabe, il fut livré à
Sélim qui le fit pendre au Caire sous l'arcade de la porte
Zowaïleh (13 avr.).
Domination ottomane (io/7-1805). Sélim II réunit
ainsi dans ses mains le pouvoir temporel des sultans et le
pouvoir spirituel des califes en s'empurantd'LI-Moiawakkil,
cinquante-cinquième et dernier calite abbaside. Les villes
saintes, La Mekke et Médine, enchaînées au sort de l'Egypte,
passèrent avec ce pays sous le joug ottoman. La province
d'Egypte fut confiée à un pacha, surveille lui-môme et con-
trôlé par deux autres pouvoirs collatéraux : les aghds et
les anciens beijs mamloùks. Les premiers, au nombre de
six, puis de sept, formèrent le conseil obligé du pacha,
qu'ils devaient surveiller et, au besoin, dénoncer à Cons-
tantinople ; ils avaient sous leurs ordres les six corps mi-
litaires ou odjâk chargés de la défense, de la police et de
la perception des impôts. Les beys, au nombre de douze,
rééligibles tous les ans, furent chargés des douze gouver-
nements de l'Egypte. Les bases de celte organisation furent
tant soit peu modifiées par Soliman Ier, qui donna à l'ad-
ministrai ion de l'Egypte la tonne compliquée qu'elle con-
serva jusqu'à Mohammed-Ali. Cette organisation fut si
bien équilibrée pour la stabilité de la possession, mais non
pour le bien-être du pays, que, malgré les distances, mal-
EGYPTE
— 690 —
gré une suite non interrompue de conspirations, l'Egypte
resta pendant près de trois liècles vassale de la Porte. Il
serait long et fastidieux de suivre cette nomenclature de
pachas (on en compte cent seize de 1511 à l'tlii),
hommes sans importance pour la plupart, agents de la
Porte, tantôt obéis, tantôt méconnus, tenanciers d'une ferme
fiolitique, qui ne travaillèrent qu'à s'enrichir et à mériter
e lacet de soie. Au x v 1 1 1 ° siècle, avec l'affaiblissement de
l'empire, la dignité de pacha d'Egypte, accordée au plus
offrant, ne cessa de s'avilir davantage. A la tin, le pacha
ottoman n'eut plus qu'un rôle fictif et dépendit entière-
ment du cheikh (i-balad ou chef des beys mamlouks, qui
devint roi effectif. A côté de ces gouverneurs sans gloire
figurèrent bientôt ces beys héréditaires qui en savaient
acquérir. Ismâil Bey, Doù'I Fikàr, Ibrahim Kiahvà, Boud-
wan, Khalil liey et surtout Ail Bey el-Kébir (1703-1772).
Hèvant l'indépendance de l'Egypte, Ail Bey osa braver la
Forte, lui désobéit, la combattit et la vainquit; le pre-
mier il osa battre monnaie à son coin et se faire nommer
par le chérlf de La Mekke sultan-roi de l'Egypte. En cette
qualité, il rechercha des alliances européennes, s'adressant
aux Vénitiens par l'intermédiaire de l'Italien Kosetti, et
aux Busses par le canal de l'Arménien Yâqoùb qui fit des
ouvertures à l'amiral Orloff. Sous son règne l'Egypte fut
réorganisée, pacifiée, prospère. Mais la trahison entraina,
avec des révoltes, la défaite d'Ali Bey qui, fait prisonnier
sur le champ de bataille, mourut au Caire de ses blessures.
Ibrahim et Moûràd, auxquels l'expédition française donna
tant de relief, ne surent qu'attirer les colères de la France
républicaine par les avanies intolérables qu'ils firent subir
aux nationaux. En effet, dans le courant de l'année 1795,
Magallon, notre consul au Caire, adressa au Directoire une
série de pétitions qui concluaient à la conquête de l'Egypte,
projet déjà mis en avant par Leibniz en 167*2, puis sous
Louis XV par Choiseul. Au retour de Campo-Formio (oct.
1797) Bonaparte prit connaissance de ces pétitions. Poussé
par l'ambition et la gloire, l'horreur de l'inaction, la crainte
des haines secrètes du gouvernement, Bonaparte fit décré-
ter l'expédition d'Egypte. Le Directoire, de son côté,
n'était pas fâché de se débarrasser d'un homme dont la ré-
putation l'écrasait. Le prétexte politique fut de frapper
l'Angleterre dans l'Inde. Le moment toutefois était mal
choisi; mais, en cette circonstance, les véritables intérêts
du pays ne furent pas consultés.
Expédition française (mai 1798-sept. 1801). Le
Directoire abandonna à Bonaparte des pouvoirs discrétion-
naires pour préparer dans le plus grand secret la conquête
et la colonisation de l'Egypte. L'armée expéditionnaire,
forte de 30,000 hommes, dont 2,500 cavaliers, presque
tous soldats de l'armée d'Italie, et de 10,000 marins,
s'embarqua à Toulon (19 mai). La flotte se composait de
30 vaisseaux ou frégates, 72 corvettes et 400 transports.
Bonaparte emmenait, outre les généraux Berthier, Lannes,
Marniont, Murât, Kléber, Desaix, Reynier, Menou, un corps
auxiliaire de cent vingt-deux savants et artistes tels que
Monge, Berthollet, Larrey, Desgenettes, Geoffroy Saint-
Hilaire, Denon, Marcel, qui devaient l'aider « dans la
tâche laborieuse de faire oublier parles bienfaits de la paix
les misères de la conquête ». L'amiral Brueys avait sous
ses ordres Gantheaume, Villeneuve, Decrès. Le 10 juin,
Malte fut prise après un simulacre de défense; le 2 juil.,
le débarquement avait lieu à l'anse du Marabout, à 4 lieues
d'Alexandrie, qui était aussitôt enlevée d'assaut après un
combat violent. Bonaparte y laissaKléberavec3,000liommes
et marcha de suite sur Le Caire. Les troupes, après une
marche très pénible par le désert de Damanhoùr, attei-
gnirent (10 juil.) Rahmantyeh, ou elles opérèrent leur
jonction avec la flottille du Nil, chargée des convois. La
première rencontre eut lieu à Chébreïs (13 juil.) : Moûràd,
à la tète de 1 ,"200 Mamlouks et 500 Arabes fut repoussé
avec pertes. Le 21 était livrée la fameuse bataille d'Ein-
bâbeb ou des Pyramides (Y. ce mot). Moùrad fut aussitôt
poussé dans la Haute-Egypte par Desaix; Ibrahim s'enfuit
iln côté de |a Svrie, el les Français, avant franchi le
fleuve, tirent leur entrée au Clin 122-25 juil.). Bonaparte
déclara aux habitants qu'il venait comme allie de la Parle
ottomane pour les délivrer de la domination des Mamlouks.
Il donna un gouvernement municipal à la ville, respecta
les propriétés, les moins, la religion des habitants, établit
(les manufactures, entoura Le Caire d'une cemture de forts
et bientôt fonda V Institut <T Egypte, instrument actif de
colonisation forme par l'élite des savants, des ingénieurs et
des artistes Irançais. On commençait a avoir l'espoir de
taire un établissement durable dans ce pays, lorsqu'un
irréparable désastre vint ruiner tout I avenir de l'expédition.
La flotte française, poursuivie depuis deux mois par les
Anglais, n'ayant pu entrer dans le port d'Alexandrie fut
surprise et détruite par l'escadre de Nelson dans la rade
d'Aboukir; Brueys était tué (1er août 1798). Ce fut l'un
des événements qui ont le plus influé sur les destinées du
monde. Si la plupart des habitants n'avaient qu'à se louer
de la domination française, il s'en fallait que le clergé mon-
trât de l'enthousiasme a l'égard des infidèles. I ne mesure
fiscale du maladroit Poussielgue ajouta aux griefs des me-
neurs, et, le 21 oct., une insurrection terrible éclata au Caire
dans laquelle périrent 300 Français et qui ne fut apaisée
qu'après une bataille de deux jours. Pendant ce temps, Desaix
avec 4,000 hommes et les généraux Davout, Belliard et Friant
finissait par rejeter Moûràd en Nubie. 1a- 3 mars 1799,
Belliard atteignait Philae ; le 29 mai, Desaix occupait le
port de Qoseïr, sur la mer Bouge. Vers la même époque,
deux armées turques se rassemblaient à Bhodes et à Damas
pour chasser les Français de l'Egypte. Bonaparte, qui
savait que la possession de la Syrie est indispensable à qui
veut conserver l'Egypte, fit ses préparatifs de campagne.
Le 10 févr., il partait, à la tète de 13,000 hommes, dans
la direction d'El-Arich, traversait le désert, entrait dans
Gaza et arrivait le 7 mars devant Jaffa, qu'il prenait d'assaut
le 13. On sait que, embarrassé de ses prisonniers, il les fit
fusiller. De là, il marcha sur Saint-Jean-d'Acre qui,
vigoureusement défendue par le pacha Djezzàr, Sydney
Smith, commandant de la croisière anglaise, et deux émigrés
français, repoussa deux assauts (20 mars). Pendant ce
temps, l'armée de Damas s'avançait sur le Jourdain. Kléber,
avec 2,000 hommes, marcha à sa rencontre et fut enveloppé
près du mont Thabor par 12,000 cavaliers et autant de
fantassins. Bonaparte arriva à temps avec 3,000 hommes
pour mettre l'immense cohue des barbares en déroute
(16 avr.). On retourna devant Saint-Jean-d'Acre; mais,
menacé par l'armée de Rhodes, Bonaparte en dut lever le
siège après quatorze assauts et deux mois d'inutiles efforts.
Il fallait renoncer à la conquête de la Syrie, partant à tout
espoir de succès ultérieur. L'armée revint au Caire sans
obstacle, mais diminuée de 4,000 hommes et découragée
(21 mai). Bientôt après, l'armée de Rhodes, forte de
18,000 hommes, abordait dans la presqu'ile d'Aboukir et
s'y retranchait. A cette nouvelle, le général en chef accou-
rut du Caire avec 6,000 hommes; le 25 juil., l'armée
turque était détruite et, par cette victoire, la possession de
l'Egypte sembla assurée aux Français. Le 22 août suivant,
Bonaparte quittait secrètement l'Egypte avec Lannes, Duroc,
Bessières, Marmunt, Berthier, Moni;e et Berthollet ; il venait
d'apprendre par les journaux que lui avait envoyés l'amiral
anglais les récents désastres et l'anarchie de la France.
Auréolé maintenant d'une gloire fabuleuse, il se laissa
entraîner par le souci de sa fortune politique; il partit,
abandonnant le commandement de l'année à Kléber avec
des instructions qui l'autorisaient à évacuer l'Egypte
(22 août).
Ce départ fut regardé par l'armée tout entière comme
comme une désertion. Kléber exhala son indignation dans
une lettre au Directoire. Privée de marine et de renforts, sans
défense du côté de la Syrie, menacée de plus par les forces
considérables et renouvelables des Anglais et des Turcs,
réduite enfin à 15.000 combattants disponibles, l'armée
française était démoralisée et craignait de ne pouvoir se
- 697 -
EGYPTE
maintenir longtemps sur cette terre éloignée. Alors Kléber,
cédant aux clameurs de MB soldats, aux inauvais conseils
de Résilier, entama îles négociations avec la Port* et Sydney
Smith et Mena la convention d'El-Arleh (24 janv. 1800).
L'année française devait rendra les forteresses et évacuer
le pavs avec tous les honneurs de la guerre pour être trans-
portée en France sur des vaisseaux anglais. Le niouveinent
d'évacuation était commencé lorsque, par une perâdie
insigne, l'amiral Keith avertit Kléber que le cabinet britan-
nique ne pouvait reconnaître la convention d'El-Arlch, à
moins que l'armée ne se rendit à discrétion ("20 mars).
Indigné, Kléber rompt aussitôt la convention. Avec 40,000
hommes, il marche contre l'armée du grand vizir forte de
M,000 Turcs, la met en pleine déroute à Matariveh (llélio-
l>olis. 14 nais), puis, revenant au Caire où Ibrahim Bey
était rentré en son absence, il bombarde la ville révoltée et
la soumet après une bataille de dix jours. Les Français
reprirent leurs positions; Hoûrad Bel traita avec eux et s'en
alla gouverner l'Egypte comme tributaire : l'Egypte était
■nquise. Le courage revenait aux troupes et les projets
de colonisation étaient repris avec une ardeur toute nouvelle,
1*1 •qu'un nouveau malheur vint décider pour toujours du
sort de l'expédition: le I 4 juin 1800, Kléber tombait
frappe à mort par un Syrien fanatisé. Le général Menou
lui succéda, non par l'ordre de mérite, mais par le droit
de l'âge. La colonie affaiblie jouit encore de six mois de paix
intérieure.
\u commencement de l'année 1801, 30,000 Anglais,
sous les ordres du gênerai Abercrombie, débarquent à
Aboukir. Le -I mars. Menou est écrasé à Canope, parla
faute de Keynier. qui reste immobile avec sa division; il se
retire a Alexandrie, mais y reste bloqué, Hutchinson ayant
rompu les digues qui séparent la mer du lac Mareotis,
alors desséché depuis deux siècles. Son lieutenant, Belliard,
enveloppé avec 8,000 hommes dans Le Caire par 30,000
Turcs ou Anglais, se décide à capituler sur les bases de la
convention d'El-Arlch ("23 juin). Il évacue la ville avec tous
les honneurs de la guerre et embarque ses troupes sur des
vaisseaux anglais. Menou, assiège dans Alexandrie, se rend
le 2 sept., aux mêmes conditions que Belliard. Dans le
courant du même mois, l'évacuation complète de l'Egypte
était consommée. Telle fut cette brillante, mais fragile con-
![uète, cette expédition manquée au point de vue politique,
èconde malgré tout en heureux résultats, c La France, dit
M. Bbem, dut renoncer à la possession de l'Egypte; mais
son influence y est restée toute-puissante. Si la culture
européenne a conquis sur les bords du Nil, plus vive
Ju'en aucun autre pays de l'Orient, les hautes régions
e la société et commence même à détourner le peuple de
mainte coutume ancienne, les Français en ont le mérite;
' l'œuvre en partie des règlements qu'ils avaient intro-
duis sous Bonaparte, en partie de 1 amabilité propre à
leur race et grâce à laquelle ils surent gagner le cœur
des gouvernants. » {L'Egypte, trad. de M. Maspéro, t. I,
Vice-roi* (1805-1892). Le départ des Français laissa
• pte au pouvoir des Turcs, des Anglais et des Mam-
louks. f.eux-ri, réunis sous leurs deux principaux bevs,
Oeaaan Bardlat et Mohammed et-Alfl remportèrent sur le
gouverneur turc Khosreu Pacha une victoire complète.
Ce dernier imputa sa défaite à l'absence d'un commandant
de 1,000 Albanais, et l'appela auprès de lui dans le dessein
de le mettre a mort. Ce chef nommé Mohammed-Ali (il était
né en 17*i9 i Ravala, port de Macédoine), prévenu à
temps, s'allia aux Mamloùks et leur ouvrit les portes du
Caire ; puis, se mettant à la solde de Bardisl, il marcha
naître Khosreu et le fit prisonnier (1803). S'élevant peu
à peu jusqu'au premier rari^ en face des beys, ses rivaux,
il renversa bientôt Khosreu, puis Khourchid. gouverneurs
turcs, et finit, grâce à son audace, à sa popularité, à la
division entre Turcs et Mamloùks dont il sut profiter, par se
fair.-elire pacha du Caire et gouverneur de l'Egypte (1803).
La Porte sanctionna cette usurpation sous la condition d'un
tribut de " millions. Le nouveau pacha réunit une forte
armée, rétablit l'ordre dans le pays et se mit ouvertement
à appuyer la politique française. En effet, les Anglais, de
concert avec les Mamloùks, ayant tenté de s'emparer du
pays, le général Fraser qui tenait Alexandrie fut repoussé
(sept. 1807); quant aux Mamloùks, dont la rapacité et la
turbulence ne cessaient de troubler l'Egypte, Mohammed-
Ali résolut de les anéantir. Le l,r mars 1811, il les faisait
exterminer au nombre de 480 dans un guet-apens à la
Citadelle. Ceux restés en province, plus de 000 en tout,
furent égorgés sur son ordre. Son pouvoir était désormais
affermi. Aussitôt après cet horrible massacre, le pacha
pressa l'expédition d'Arabie contre les sectaires wahhàbites,
expédition commandée par la Porte qui ne voyait pas sans
inquiétude grandir ce vassal redoutable. Cette guerre, que
conduisirent ses fils Toùsoùn et Ibrahim, se termina au bout
de sept ans par la conquête du élidjàz et la délivrance des
lieux saints. En 1822, la Nubie, le Sennàr et le Kordofân
lui étaient conquis par son troisième fils Ismàïl et son gendre
le deflerdàr Ahmed-Bey ; Khaitoùm était fondée au con-
fluent des deux Nils. En 1824, le sultan Mahmoud ayant
imploré contre la Grèce révoltée le secours de son puissant
vassal, celui-ci envoya Ibrahim Pacha avec 26,000 hommes.
La flotte turco-égyptienne fut écrasée à Navarin (20 oet.
1827) et Ibrahim dut évacuer la Morée (1828). Pour prix
de ses services, Mohammed-Ali réclama le gouvernement de
Syrie; Mahmoud refusa. Ibrahim envahit la Syrie, puis
l'Anatolie et battit deux généraux turcs à lloms et à Konyeh
(1832); Constantinople était menacée. La Russie et la
France intervinrent et imposèrent aux belligérants la con-
vention de Kutàhyeh (14 mai 1833) qui laissait au pacha
d'Egypte la Syrie tout entière. En 1839, la Porte, à l'ins-
tigation de l'Angleterre, reprit les hostilités : Ibrahim écrasa
de nouveau les Turcs a Nezib (24 juin), mais il fut forcé
d'évacuer la Syrie devant les troupes anglaises qui lui enle-
vèrent Beyroùt et Acre. La France conseilla à Mohammed-
Ali de céder et le sultan Abd uI-Madjid finit par lui assu-
rer la possession héréditaire de l'Egypte, en vertu d'un
hatti— chérit" et d'un traité ratifié par les grandes puis-
sances (1841). Sept ans plus tard, l'ancien chef de milice
albanaise, le fondateur de la dynastie actuellement régnante,
tombé en enfance, abdiquait le pouvoir entre les mains de
son fils Ibrahim. Celui-ci, atteint lui-même d'une grave
maladie inflammatoire, mourait le 10 nov. 1843 après un
règne de six semaines.
On peut dire de Mohammed-Ali qu'il ressuscita l'Egypte.
En même temps qu'il poursuivait ses guerres et ses con-
quêtes, il appliqua tous ses soins à l'organisation et à
l'exploitation de ce beau pays. Il avait été initié dans sa
jeunesse aux spéculations de l'Occident par un négociant
de Marseille ; plus tard, il fut encouragé et conseillé par
les consuls français Mathieu de Lesseps et Drovetti. Ses
sympathies étaient depuis longtemps acquises à la France,
et c'est à la France qu'il demanda des instructeurs, des
marins, des ingénieurs, des constructeurs, des mécani-
ciens, des chimistes, des médecins. Les noms de Selve,
Besson, Varin, de Cerizy, Clôt, Linant de Bellelonds,
Ch. Lambert, Bruneau, Mougel, sont intimement liés à
l'histoire de son règne. La digue d'Aboukir fut restaurée
en 181(i,et en 1819 fut creusé le canal Mahmoùdiyeh. Dès
1822, il envoya de jeunes Egyptiens à Paris pour s'ins-
truire dans les sciences et dans les lettres ; il donna une
grande extension à la culture du coton et créa des filatures,
des raffineries, etc., dans tous les chefs-lieux de province.
Mais de ces usines élevées à grands frais, en masse, avec une
rapidité inconsidérée, la plupart tombèrent faute d'entretien,
de débouchés et de qualité suffisante des produits. En
outre, pouropérer ce bouleversement civilisateur, le vice-roi
écrasa les Fellahs de corvées et d'impôts, et les déposséda;
toutes les propriétés passèrent entre ses mains ; il réserva
pour l'Etat tout commerce extérieur et exerça le plus
rigoureux des monopoles. Cette situation ne fil que s'aggra-
ver sous Abbàs Pacha, fils de Toùsoùn, successeur d'Ibràblm,
EGYPTE
- 698 -
3ui, docile à la voix de l'Angleterre, compromit l'œuvre
aération commencée (2a nov. 1848-1-4 juiL 18,'ii).
Mais Said Pacha, quatrième tils de Mohammed-Ali, oui
a% ;< ii quelque chose de I intelligence hardie et civilisatrice
di' son père, avec une instruction européenne très étendue
et infiniment d'esprit, poursuivit les reformes et les éten-
dit, lui deux ans, il abolit le trafic des esclaves, supprima
les douanes intérieures ainsi que les monopoles, rendit
aux Fellahs la liberté individuelle et le droit de propriété,
éteignit les anciennes dettes de l'Etat. C'est lui qui acheva
le barrage du Nil, autorisa M. de Lesseps, son ami d'en-
fance, à percer le canal de Suez, et qui le premier créa la
Liste civile. Le .'> janv. I8.'»f>, Said Pacha donnait à M. de
Lesseps l 'acte de concession du canal de Suez. Kn nov. 1 858,
il souscrivait pour 170,602 actions delà Compagnie du canal
de Suez au nom du gouvernement égyptien. En avr. 18">9
avait lieu le commencemejit effectif des travaux, malgré les
attaques de l'Angleterre qui longtemps sembla croire à un
retour de la vieille politique de lionaparte. Ismàïl Hacha,
fils d'Ibrahim, succéda à Said le 18 janv. 1803. Sous le
règne de ce prince, les institutions nouvelles furent main-
tenues, les travaux continués, les études scientifiques en-
couragées. Kn octobre de la même année, le musée égyptien
créé par le français Mariette, à Boi'ilàq, fut solennellement
inauguré. Kn 186b', le vice-roi obtint du sultan le droit
d'hérédité pour ses fils et l'abolition de l'ordre de primo-
géniture pour les branches collatérales, et l'année suivante
(juin ;867), il reçut officiellement le titre de khédive ,
titre qui, dans la hiérarchie ottomane, vient immédiatement
après celui de sultan et se place avant celui de vizir. Au
mois de novembre de la même année, le canal de Suez fut
achevé et solennellement inauguré sous la présidence de
M. de Lesseps et en présence des notabilités de tous les
pays du monde. De 1871 à 1876, l'Egypte, par Samuel
Baker, puis le colonel Gordon, étendit sa domination sur
le haut Nil, dans le Dârfoûr, le Kordofàn, le Feïzoghloû,
sur la mer Rouge, jusqu'aux frontières de l'Abyssinie,
des grands lacs intérieurs et des territoires somalis:
1,965,560 kil. q. peuplés de 10,800,000 hab. Mais le
khédive, en dix ans de règne, avait emprunté à des condi-
tions onéreuses 2 milliards et demi. Ce prince dissipateur
et orientalement voluptueux avait espéré par ses largesses
et le faste inouï de son hospitalité, conquérir une indépen-
dance absolue vis-à-vis de la Porte. 11 ne réussit qu'à
vider le Trésor et à rendre imminente la banqueroute de
l'Egypte. Un dut recourir aux mesures les plus sérieuses.
Le i mai 1876 parut un décret instituant en Egypte une
caisse d'amortissement ou caisse de la dette publique ; le 7,
un décret d'unification de cette dette ; le 11, un décret sur :
1° l'installation d'un conseil suprême et ses attributions,
2° la formation du budget de l'Etat, 3" la composition et
l'organisation des sections du conseil suprême du Trésor.
Le 18 nov. nouveau décret sur : 1° la séparation de la Du ira
(domaine privé) du khédive d'avec la dette publique, 2° le
rétablissement de la Mowjdbala (impôt compensateur),
3° la nomination de deux contrôleurs généraux, l'un fran-
çais, l'autre Anglais. Ismàïl Pacha se voyait forcé d'accepter
l'intervention européenne dans la gestion des finances de
l'Egypte. Deux ministres étrangers, M. Hivers Wilson,
Anglais, et M. de Blignières, Français, entrèrent dans le
cabinet égyptien (1879). Kn même temps les propriétés
khédiviales et princières étaient abandonnées à l'Etat, qui
offrit a MM. Rothschild de Londres de leur confier tous
ces biens, en garantie d'un emprunt de 8 millions et demi
de livres sterling, plus de 200 millions de francs. Des
conflits ne tardèrent pas à s'élever sur le service de la
dette; le khédive refusa de se soumettre au contrôle et des-
titua les deux Européens. La France et l'Angleterre exigèrent
de la Porie la déposition d'Ismaïl. Klle fut accordée par
le sultan et le pouvoir transmis le 26 juin 1879 à Tewflk
Pacha, fils d'ismàïl, sous le contrôle anglo-français pour
tout ce qui concernait les finances égyptiennes.
Alors éclata, en 1881, une émeute militaire suscitée
par un soi-disant parti national, qui entendait supprimer
le contrôle. Le 9 sept., 4,000 hommes de la garnison du
Caire assiégèrent le khédive dans ion palais, demandant la
destitution du cabinet, L'augmentation de l'armée, une
assemblée de notable,, etc. Le cabinet tut renvené et
le parti national appelé au pouvoir. A la suite de nou-
veaux troubles, le colonel Arabl lut nommé ministre de la
guerre (ijanv. 188:2). La chute de Chéril Pacha donna
lieu à la formation du ministère Mahmoud BaroAdl
(2 fevr.) qui proposa la déposition de Tewflk (10 mai);
les consuls généraux rie France et d'Angleterre exigèrent
l'éloignement d'Arabi et il fut entendu qu'une conférence
européenne se tiendrait a Constantinople pour le règlement
des affaires égyptiennes (31 mai). Sur tes entrefaites, une
émeute éclata à Alexandrie; un grand nombre d'Kuropéens
furent massacrés ou blessés, sous les yeux du khédive im-
puissant et des flottes française et anglaise immobiles
(Il juin). Un mois après, l'amiral français Conrad, sur
l'ordre de son gouvernement, quittait les eaux d'Alexandrie,
emportant avec son pavillon notre prestige en Egypte,
et le lendemain (11 juil.) l'amiral anglais Seymour bom-
bardait la ville. Arabl entama des négociations pour gagner
du temps, et tandis qu'il se retirait avec ses troupes à
Ivafr ed Douâr, il fit ouvrir les portes du bagne. Les forçats
pillèrent la ville et l'incendièrent (V. Alexanuhie). A Paris,
la Chambre ayant refusé les crédits demandes pour parer
aux événements, il en résulta une crise ministérielle qui
se termina par la chute du ministère Freycinet et l'an i
au pouvoir du cabinet Duclerc (7 août). Quanta la Sublime-
Porte qui devait envoyer o ou 6,000 hommes, il lui fut im-
posé de si ridicules conditions de débarquement sur son
propre territoire, que sa dignité de puissance suzeraine
l'obligea à s'abstenir, ainsi que les Anglais y comptaient.
Dans le même temps, le khédive déclarait Arabl rebelle et
autorisait l'amiral Seymour à occuper la ligne du canal de
Suez et à combattre la révolte. Le 20 août. 35,000 Anglais,
sous le commandement de sir Carnet Wolseley, débar-
quaient à Port-Saïd, battaient les troupes d'Arabi a Oassàsin
(28 août) et les mettaient en pleine déroule, après une
fusillade de cinq minutes dans la plaine de Tell el-kebir
(13 sept.) Le lendemain, l'avant-garde anglaise s'embar-
quait sur le chemin de fer et arrivait tranquillement au
Caire. On a attribué tout le mérite de celte facile victoire
à la cavalerie de Saint-Georges, par allusion à l'effigie
des livres sterling, avec quoi elle aurait été achetée au
préalable. Toujours est-il qu'Arabi et ses complices se
rendirent, passèrent devant une cour martiale, furent
condamnés à mort après un semblant de procès et que
le khédive, docile jusqu'au bout au secret verdict de l'An-
gleterre, commua la peine en celle de l'exil perpétuel. A
la suite de cette tragi-comédie, le contrôle anglo-français
fut supprimé (11 janv. 1883); malgré les réclamations de
la Porte, et grâce à la politique d'abandon de la France,
l'Angleterre disposa sans rivale des destinées de l'Egypte.
Elle annonça le projet de réformer l'administration de la
dette égyptienne, d'établir des impôts communs aux indi-
gènes et aux Européens, de prolonger les pouvoirs des tribu-
naux mixtes pour permettre de méditera loisir une réforme
judiciaire, de réorganiser l'armée, de créer une gendarmerie,
d'abolir le contrôle moyennant la nomination par le khédive
d'un conseiller européen (anglais), de doter le pays d'une
constitution plus ou moins représentative, enfin d'abolir
l'esclavage. Lord Dufferin, malgré son titre d'ambassadeur
auprès de la Sublime-Porte, fut chargé d'étudier surplace
tous ces projets et d'en assurer l'exécution.
Jusque-là, à cause de l'éloignement et des graves préoccupa-
tions du moment, le cabinet britannique n'avait porté qu'une
attention distraite sur le mouvement insurrectionnel dont
les provinces du haut Nil étaient le théâtre. En effet, par
une coïncidence étrange qui a l'ait croire à une vaste cons-
piration du panislamisme, dans le même temps que s'élait
révélé le parti national, tout le Soudan égyptien s'était
soulevé à la voix d'un nouveau mahdi. Mohammed-Ahmed.
- 699 -
EGYPTE
ne i DoMfoll n ors IS;,i. Cet illumine, s'altribuanl la mis-
sion divine de réformer l'islùm. puis passant do la prédi-
cation aux acies, avait tout a coup proclamé la guerre
sainte (soûl 1841). Quatre mois iprès, 7,000 hommes
envoyés par Reouf Pacha, gouverneur de hihartoum, étaient
attaquée par 50.00 i insurgés et exterminés (décembre). Le
lTjanv. 1 8 ^ -2 , El-Oheid loin liait ilans les mains du mahdl.qui
anéantissait successivement trois nouveaux détachements,
nuis se portail sur Kliarlouin (juillet i. Alors avaient lieu
les massacres d' Uaiandrie. Entre Aralu. maître de la Basse-
ite.et Mohammed-Ahmed, maître du Soudan, le khédive
aambhwt perdu. Le gouvernement de la reine comprit qu'il
n devait isoa protégé : il confia à llieks Pacha, ancien
colonel de l'armée «dès Indes, le soin de rétablir l'ordre au
Soudan. 1 1 n ksi s'e nbarqua pour Souàkin en décembre avec
',1 officiers européens et 10,000 Fellahs enrôlés à prix
d'or. Ou était depuis dix unis sans nouvelles de Pexpédi-
tion. et les troupes anglaises se préparaient à évacuer
L'Egypte, sait 3.00.1 hommes laisses à Alexandrie lors-
qu'on apprit avec stupeur que llieks avait été massacre
avec tome son armée dans un défilé inconnu du Kordofân,
Babsgale, et qu'un renfort de 3;)0 hommes envoyé à sa
rencontre avait subi le même sort à Tokar. près de Souàkin
(3-«> no\ 1883). Ce désastre inattendu humiliait tant soi!
peu le prestige de l'Angleterre; mais il venait fort à pro-
pos permettre au cabinet de Londres de contremander le
mouvement d'évacuation sans paraître faillir aux protesta-
tions libérales dont lord Dulf rin s'était l'ait l'interprète.
\u supin, l'opinion publique en Egypte contraignit l'A n-
Jeterro a intervenir directement. Des colonnes expédition-
naires tirées d'abord du corps d'occupation, puis de l'armée
des Indes, furent coup sur coup dirigées vers le Soudan,
soit par la voie du Mil, soit par Souàkin et lierber. Mais,
dans ces contrées sauvages, les Anglais devaient subir de
terribles échecs. Les desastres succédèrent aux désastres -
deux années durant, chaque victoire équivalant à une dé-
faite. Dès le ;> fevr. 1*8;. Baker Pacha est anéanti à Trm-
kitat : le -29 fevr. a Tebb. puis le il mars à Tamâni yeh,
Graham est vainqueur d'Oçmân Degna, mais il sort
décime de cette lutte inégale; en avril, Gordon tente vai-
nement une sortie sur llalfiveh pour dégager la route du
; ; le 16 janv. L885, Stewart écrase les Soudanais aux
puits d'Aboù Kléa, mais il est blessé à mort; le "IX. sir
Wilson est repoussé devant Khartoum qui a été livré au
mahdl par le gouverneur égyptien et où l'héroïque Gordon
vient d'être BMS3 une partie de la population. Dés
lors, la campagne est perdue, le sort de 10,000 hommes
compromis. Sir Wblseley se porte sur lîerber, résolu
i s'en emparer coûte que coûte, afin d'ouvrir par Souàkin
des communications avec l'Angleterre et d'y attendre du
renfort (février); Earle, dans cette marche." est vainqueur
entre Derbikàn et Doulka, mais il est tué; enfin, le
20 mars, Graham, parti de Souàkin au secours de l'armée,
livre prés de Ta mai deux combats qui ne laissent plus d'es-
poir sur cette tentative téméraire. Wolseley reprend la
route du Caire avec les débris de sa vaillante armée, re-
nonçant a lutter contre un climat meurtrier et un fanatisme
religieux qui transforme en fauves ceux qui en sont pos-
i.Ab suite de cette campigne néfaste, le cabinet Glad-
stone dut se résignera l'humiliante évacuation du Soudan:
il reporta les frontières de l'Egypte a Wadl Halfâ. De ses
immenses p i^e,>i„ns du Soudan. l'Egypte ne conserva que
ftin ou fut placée une garnison de 300 hommes sous le
commandement du major Kitclmer, puis du général Grenfell.
Essora cette cité, ruines aujourd'hui el toute déchue, restâ-
t-elle longtemps bloquée par les bandes d'Oçmân Degna.
A L'heure actuelle, le Soudan tout entier obéit à l'émir
And el-ALi. successeur temporel de Mohammed-Ahmed,
qui est mort depuis tantôt quatre ans; La pacification s'y
opère d'elle-même, l'âme de la révolte n'étant plus là et
l'indépendance paraissant pour longtemps conquise. Com-
bien d>' tei titrées barbares resteront-elles fera a
à l'Europe.' In mahdi, un prophète peut seul le dire. En
attendant, c'est pour la civilisation du Soudan égyptien
un recul d'un demi-siècle. Par contre, à 500 lieues de là,
L'Angleterre poursuit tranquillement son œuvre « civilisa-
trice » en réduisant l'Egypte à l'étal de vassale, en laisant
du khédive un fantôme, en s'atlirant par une série de me-
sures inutiles et gratuites l'hostilité invincible de tout ce
qui compte dans le pays. Maintenant que l'ordre le plus
parlait règne en Egypte, que l'état des finances est pros-
père, que les administrations fonctionnent régulièrement,
rien ne justifie plus aux yeux de l'Europe un protectorat
arbitraire qui, en se prolongeant davantage, ressemblerait
à nue prise de possession, à une usurpation. Il est temps
sans doute de rendre l'Egypte aux Egyptiens. Ceux-ci n'ont
pas oublie les paroles que prononçait M. Gladstone à la
Chambre des communes, le 5 mars 1883 : « Nous sommes
en Egypte, non comme maîtres, mais comme amis et con-
seillers du gouvernement égyptien ; pour plusieurs objets
que nous nous sommes proposés, d'autres nations ont en
Egypte des intérêts et des droits aussi définis et aussi
incontestables que les nôtres. Le gouvernement ne recon-
naît pas à notre pays, dans cette affaire, des intérêts
égoïstes et particuliers, séparés des intérêts généraux des
nations civilisées et qui doivent être poursuivis d'une façon
égoïste et étroite. » Mais l'événement d'hier ne semble pas
de nature à rendre de sitôt son indépendance à l'Egypte :
les dernières nouvelles nous annoncent la mort du khédive
Tewflk et l'avènement de son fils aine, âgé de dix-huit ans,
S. A. Abbàs II (7 janv. 189-2). Paul Ravaissk.
Numismatique. — Les Égyptiens de l'époque pha-
raonique ne connaissaient pas l'usage de la monnaie. Ils
échangeaient, dans leurs opérations commerciales, des
lingots de métaux précieux, généralement forgés en forme
d'anneaux, qu'ils appelaient uutens. Des peintures égyp-
tiennes représentent des personnages occupés à peser des
anneaux de ce genre qui ont été livrés en payement de mar-
chandises. Pareil usage régnait clvz les Assyriens!, les
Hébreux et les autres anciens peuples de l'Orient. Les Perses
introduisirent en Egypte l'usage de la monnaie. Le satrape
d'Egypte sous Darius Ier el Xerxès, Arvandès, fut mis à
mort, raconte Hérodote, pour avoir fabriqué des monnaies
de meilleur aloi que celles du grand roi lui-même. Malgré
ce témoignage précis, on n'a pas encore retrouvé les mon-
naies du satrape Aryandès, et l'on peut croire qu'elles ne
se distinguaient pas, par les types, des monnaies que le roi
de Perse faisait frapper dans les diverses satrapies de son
empire. Les monnaies d'argent frappées en Egypte par
l'eunuque Dagoas, en 345, sous Artaxer.xès Oehus, sont
déterminées depuis peu : elles sont remarquables en ce
qu'elles représentent sur une de leurs faces un Egyptien,
en costume national, suivant le char du Hoi des rois : les
plus grandes de ces pièces sont des doubles sicles qui pèsent
jusqu'à 288*40.
Après la mort d'Alexandre le Grand, Ptolémée, gouver-
neur de l'Egypte au nom de Philippe Arrhidée et du jeune
Alexandre IV, fit frapper des monnaies au nom et au type
du conquérant défunt. Ce sont, notamment, de magnifiques
tétradrachmes qui portent, au droit, la tète idéalisée
d'Alexandre avec les cornes d'Ammon et coiffée de la dé-
pouille d'une tête d'éléphant. Au revers, on voit Zeus assis
tenant l'aigle et le sceptre, ou bien Athena Alkis debout,
brandissant le foudre et se couvrant de son bouclier. Sur la
plupart de ces remarquables pièces, on lit le nom d'Alexandre
an génitif; mais quelques-unes portent AAK3AN-
APEION [ITOAEMAIOY, c-à-d. Alexandreion de
Ptolémée, w mot Alexandreion étant le nom donné à cette
espèce de monnaie. — Devenu roi, Ptolémée Ier Soter fit
frapper des monnaies qui portent d'un côté son elfigic, et
de l'autre l'aigle sur un foudre, avec la légende BADI-
AllllZ LITOAEMAIOY. Ces types se' perpétuèrent,
en concurrence avec quelques autres, sur la monnaie
des Lagides jusqu'à l'établissement de la domination ro-
maine, sans qu'il soit possible de répartir ces pièces entre
les différents princes qui les ont fait frapper. H en est de
EGYPTE
— 71)0 —
même <lrs monnaiet de bronze de tous modale* qui portent
mu droit le tète de Zeui Arnmon, et au revers, la même
r de Ptolémée 1" Sotrr, roi d'Egypte.
légende impersonnelle autour de l'aigle debout sur un
foudre. Ces pièces égyptiennes sont peut-être les plus com-
munes de la numismatique grecque, tant a été abondante
leur émission. Les
plus grandes sont
d'énormes disques
de bronze qui pèsent
jusqu'à 80 gr. avec
un diamètre de
48 millim.
Parmi les autres
types de la série des
monnaies des rois
lagides, il faut citer
les grandes pièces
d'or avec la lé-
gende AAEA$QN
@E£sN représen-
tant d'un coté les têtes
de Ptolémée II Philadelphe et d'Arsinoé II, et de l'autre les
têtes déifiées de Ptolémée Soter et de Bérénice I". D'autres
pièces d'or, qui font la joie des collectionneurs, représen-
tent les effigies des rois et reines d'Egypte jusqu'à Pto-
lémée V Epiphane, époque où le monnayage de l'or disparait
dans la série égyptienne. Les monnaies d'argent de ces
Monnaie d'or d'Arsinoé Philopator, reine d'Fgypte.
mêmes princes ne sont pas moins remarquables que les
monnaies d'or. On en cite qui ont des dimensions inusitées,
par exemple un octodrachme de Bérénice II qui a un mo-
dule de 3o millim. et pèse près de 35 gr. La plupart de
ces magnifiques pièces d'or et d'argent ont, au revers, la
corne ou la double corne d'abondance, type qui, avec l'aigle
ou le double aigle, est exclusif sur les monnaies de la dy-
nastie, jusqu'à Cléopâtre VII qui, sur ses monnaies d'argent
et de bronze, associe l'effigie de Marc-Antoine à la sienne.
On a découvert en 1886 une petite monnaie de bronze
portant, à coté de la tète d'Aphrodite, la légende NAT,
qui parait désigner la ville de Naucratis. Mais, à celle excep-
tion près, on peut dire que la seule ville d'Egypte dont le
nom paraisse sur les monnaies est Alexandrie. La série
numismatique de cette puissante ville consiste en pièces de
bas argent et de bronze, épaisses, d'aspect rugueux et
souvent grossier, qui ont été frappées en quantités énormes,
à l'effigie des empereurs romains, depuis Auguste jusqu'à
l'usurpateur romain Domitius Domitianus en l'an v2!Hi de
notre ère. Cette suite renferme quelques noms d'usurpa-
teurs qui n'ont pus régné à Home, mais seulement en
Orient. Ce qui la rend surtout intéressante pour les histo-
riens et les archéologues, c'est que toutes les pièces portent
dot datât, laeoan précieux pour la dmnologw; ''est,
en outre, que Im t\pes du revers sont extrêmement fil
et se trouvent expliqués par la légende qui Ici accompagne.
Loi principales divinités représentées, souvent avec leur-.
noms, sont Cronos, /.eus, liera. Apollon. Lis. Sérapis,
Artemis. Athéna, Aie,. Déméter, Perséphone, Poséidon,
Héraclès, Dionysos, Hermès, Hélios, Séléné, le> Dioseoret,
Triptolème, Harpocrate, Asclépios et Hygie. Tyehé, Niké,
Los, Orphée, tnubis, Persee et Andromède, Orphée,
Paris, l'Océan, le Nil, Home, Alexandrie, le Peuple,
l'Arménie, Antinous, la Paix, l'Equité, l'Espérance, la
Liberté, les Botlû nuptÛB, l'Abondance, la Concorde, la
Providence, la Monnaie, la tète d'Lis sur un vase cano-
pique , etc. En outre , la plupart de ces divinités \
figurent en action dans les principales phases de leurs
mythes. Nous y voyons, par exemple, Apollon Didyméen
entre les deux Némè-
sis ; Déméter accom-
pagnée des Dioscures,
Anubis avec ses di-
vers attributs; les di-
vers exploits d'Héra-
clès contre le lion
néméen, l'hydre de
Lerne, le sanglier
d'Ervmanthe,les éta-
bles d'Augias, les
bœufs de Cèryon, le
taureau crétois, les
oiseaux de Stym-
phale, le jardin des
Hespérides, le cen-
taure Chiron, Cerbère, Antéc, la reine des Amazones, le
monstre anguipède Echidna, etc. Nous voyons des types as-
tronomiques, tels que le Phénix avec l'inscription AIQN,
le Zodiaque, Jupiter ou Vénus dans le signe du Taureau,
le soleil dans le signe du Lion, Vénus dans la Balance ou
dans les Gémeaux, Mars dans le Scorpion, Saturne dans le
Monnaie de bronze de l'Egypte sous les Lagides (demi-grandeur).
Monnaie en bronze d'Alexandrie, de l'an onzième de
l'empereur Adrien.
Capricorne ou dans le Verseau, etc. : ces types astrono-
miques ont tous été frappés dans la huitième année du
règne d'Antonin le Pieux. Les animaux qui vivent sur les
bords du Nil, le serpent, le crocodile, l'hippopotame, le
rhinocéros, l'ibis, l'aigle, ou divers attributs symboliques
des dieux égyptiens, forment aussi des types intéressants
et variés dans la numismatique alexandrine.
Une autre suite monétaire égyptienne non moins inté-
ressante que la précédente, mais peu nombreuse, est cons-
tituée par les monnaies des nomes. Il existe en effet
des pièces de bronze
frappées sous l'empire
romain, sur lesquelles se
trouvent inscrits les noms
des différents nomes ou
divisions administratives
de l'Egypte, et ces noms
sont accompagnés d'une
représentation de la divinité spécialement adorée dans cha-
cune de ces petites provinces. Ces pièces paraissent avoir
été toutes frappées à Alexandrie pendant une période de
cinquante-quatre ans, mais à plusieurs intervalles ; on en
a de la onzième année de Domitien, de la douzième jusqu'à
Monnaie en bronze du nome
égyptien Cynopolitc.
— 70! —
EGYPTE
i.i M'i/ièine innée do Tnjan, de lu onnème d'Adrien el
de la huitième d'Antonio lé Pieux. Ces monnaies sont
du plus haut intérêt poor la géographie el l'histoire dos
mltee locaux en Egypte sous los Romains. K. Babelon.
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EGYPTE - EHRENBERG
— 702 —
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. ni >, Getchichle des Allen Œgyptenêi Berlii i
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i ,,,iii. mi i8i i uanb. — QuATRRMi ré, Mémoires histo-
riques et géographiques sur l'Egypte; Paris, 1811. —
Hamont, "Egypte sous Mehetnet-Âli; Paria, 1843. — F.
WOstbnfbli), Geschichle der Copient GOitingue, 1845. —
QuATRBMBRB. Histoire des sultans Mamelouhs ; Paris,
l s i ., . — J.-J. Marcbl, a. Rymb, etc. l'Egypte (Univers
pittoresque); Paris, 1848. — Maqhizi, Kil&b el-Kiiitat;
Boùl&q, 1270 de l'Hég. (1853). — Abou'l Mahasin, Kou-
djoihn ez-Z&hira, éd. Juynboll et Matthes; Leyde, i ^.05. —
G. Wi m . Geschichle des Abasaidenctialifats m Égyplen;
Suttgart, 1860-61. — P. Merruau, / Egypte contemporaine
de I8k0 a (557; Paris, 1869.— Aboo ChAma, KUâb er-
Raudatetn; Caire, l.'*7 de l'Hég. (1870). W ?t<jnfeld,
lue Stalthaller von Aegypten; Goitingue, 1875-76, — L)u
même Die Géographie un Verwallung oon Aegypten;
ibid., 18*9. — Djauartï, Adjâlb el-Açâr; Boùl&j, lzu7 de
l'Hég. (1880). - Wustbnfeld, Geschichle der Falimidenr
Chalifen; Gôttingue, 1881. — Soyoûtî, Housn el-MouhA-
dura; Caire, 1299 de l'Hég. (1882).— B. Girard, V Egypte
en IHS'2; Paris, lst>3. — Colonel Hennedert, les Anglais
en Egypte, l'Angleterre et le Mahdl; Pans, (884. — Ai.i
Pai ma MoUBÂRBK, KitAb el-Kliilat el-Tewfihlya el-Dja-
dida; Boûlàq, 13U6 de l'Hég. (1888). — E. Plauciiut.
l'Egypte -el l'Oceupalion anglaise; Paris, 1889.
Expédition d'Egypte. — Berthier, Relation des cam-
patpws du général Bonaparte en Egypte et en Syrie;
Paris, an Vil, in-M. — Mémoires sur l'Egypte publiés pen-
dant les campagnes du général Bonaparte; Paris, an IX,
4 vol. in-8. — Pièces diverses el correspondance relatives
aux opérations de l'armée française en Orient ; Paris,
an IX, in-8. — Campagnes d'Egypte el de Syrie (mém.
dictés à Sainte-Hélène et publ. par les (ils du général Ber-
trand) ; Paris, 1847, 2 vol. in-8. — Mémoires pour servir a
l'histoire de France sous le règne de Napoléon, écrits à
Sainte-Hélène par les généraux qui ont partagé sa cap-
tivité, t. IV et V. — Exp dilion d'Egypte el de Syrie;
Paris, 1830, 9 vol. in-8, 2 éd. — Gai.lami, Tableau de
l'Egypte pendant le séjour de l'armée française; Paris,
1801,' 2 vol. in-8. — Conquêtes des Français en Egypte;
Paris, an Vil, in-8. — Miut, Mémoires pour servir a
l'histoire des expéditions d'Egypte el de Syrie ; Paris,
18U1, in-8. — Adkk, Histoire de l'expédition d'Egypte et
de Syrie ; Paris, 1826. — Raybaud, Histoire scientifique
et militaire de l'expédition française en Egypte; Paris,
1830-1836, 9 vol. — ScHBlDAWiNO, Geschiclile der Expé-
dition der Franzosen nach /Egyplen; Deux-Ponts, 1830.
3 vol. — Boulay de La Meurthe, le Directoire el
l'Expédition d'Egypte ; Paris, 1885, in-12. — La Décade
égyptienne; Le Caire, ans VII et VIII, 3 vol. in-l. —
Le Courrier ue l'Egypte ; Le Caire, ans VII à IX, in-4.
Numismatique. — F. Feuardent, Numismastique de
l'Egypte ancienne, 1870, in-8. — Du même, Monnaies de
l'Egypte sous la domination romaine, 1873, in-8. — A. ni:
LoNupiiRiER, Œuvres, t. III, pp. 311 et suiv. — R. Stuaki-
Pooi.e, The Plolemies (Catalogue des monnaies du
Musée, britannique). — B. Haed, Historia numorum,
pp. 711 à 724.
ÉGYPTIEN (Ordre) (V. Ordhe).
ÉGYPTIEN N E (Typogr. ). Genre de caractères grasdonl on
se sert pour les titres, les sous-titres, les divisions des cha-
pitres, etc. Voici un exemple d'égyptiennes grandes capitales
et bas de casse : GRANDE ENCYCLOPÉDIE, Paris. On a
parfois imprimé des ouvrages entiers en égyptiennes.
EHINGEN-an-dkr-Donau. Ville d'Allemagne, roy. de
Wurttemberg, cercle du Danube, au S. de l'Albe, sur la
S'mieche, près du Danube; 4,000 hab. Horlogerie, bras-
serie, elc.
EHLERT (Louis), pianiste, compositeur el critique mu-
sical allemand, né a Kœnigsherg le 13 janv. l82o, mort
a Wiesbaden le 4 janv. 1884. Il fut élève du Conservatoire
de Leipzig, où il travailla sous la direction de r'inrk. Ses
compositions principales sont des symphonies, surtout la
Symphonie du printemps, une Sonate romantique
assez connue, une autre sonate pour piano, un allegro
concertant pour piano, violon et violoncelle, des lieder,
des ouvertures, etc. Sa musique, surtout ses pièces de
piano, révèlent la nés grande influence de Schumann.
('.<> le écrivain. Ehlert a donné de nombreux articles dans
la HouveUe Gazette musicale de Berlin, mais il s'est
acquis une réputation d'esprit et d'ingéniosité critique par
la publication d'un petit volume intitulé llri>-fe uhi-r Mu\ik
mi eine Freundin (Berlin, 1850; 3*édit., I8T9; trad.
en iianç. par J. Cranter, 187*). On loi don eacon :
fiômùche Tage (IM)7| el Ans der ToniveU. Exmys
(1877-84 2 vol.). Bu 1*71, de concert I
Ehlert a (onde a Berlin un cours supérieur de musique |«iur
le piano. A. EuST.
EHN il.'). Rivière de b Basse-Alsace. Elle a sa source
au N.-n. du tnorii Sainte-Odile, alimente plusieurs sôe
et les différents établissements métallurgiques de Klingen-
th.il, traverse la ville d'Obernai iOberehnheim), pnad le
nomd'Ergers l Irgenza, 834) dans son cour, inférieur el
se jette d.nis l'Ill pies de Geispolsoeira.
ÉHNINGEN (Wurttemberg) (V. Ehunu*).
EHNINGER (John-Welton), peintre, ué a New-York m
1*27. Ehninger reçut ses premières leçon, au <> Colombu
Collège ".et, en 18'. 7. vint à Paris ou il étudia pendant deux
ans chez Couture. Il alla ensuite a Dusseldorf. On «ite de
lui : le portrait de Pierre Stuyvesant (4850), les illustra-
tions de Mile» Standish de Longfellow (1858), etc.
EH0UD (Y. Aon).
EH RANG. Bourg d'Allemagne, roy. de Prusse, district
de Trêves (province rhénane)"; -2,20(3 hab. Etablissements
métallurgiques de Quint.
EHRENBERS. Ancienne forteresse de la frontière sep-
tentrionale du Tirol, commandant le défilé d'Ehrenberg. par
lequel on passe de Fussen à la vallée supérieure de l'Inn. Le
fort fut enlevé par Maurice de Saxe-Weimar le 19 mai I55Î,
et c'est à la suite de ce coup de main qu'il faillit prendre
Charles-Quint à Innsbruck. En 1634, Bernard de Saxe-
Weimar y échoua ; les Bavarois le prirent en 1703 ; il fut
rasé à la fin du xvmr siècle.
EHRENBERG (Friedrich), théologien allemand évan-
gélique, né a Elberfeld le 6 déc. 1776, mort à Berlin le
8 déc. 1852. Il l'ut prédicateur à Pleltenberg (1798),
Iserlobn (1803). Berlin (180b') et devint prédicateur de la
cour de Prusse (1834). Il s'est surtout occupe des femmes
et a publié entre autres : Weiblielter Sinn und ttribli-
ches Leben (Berlin, 1809 ; 4e éd., 1861, 2 vol.); lieden
an Gebildete ans dem weiblichen GeschtechUEÙierte&à.,
1804 ; 5" éd., Iserlohn,18o3); Andachtsbuck fur Gebil-
dete des weiblichen Geschlechts (Leipzig, 1816, i vol.;
7e éd., 1836).
EHRENBERG (Chrislian-Gottfried). naturaliste et mi-
crographe allemand, né à Delitseh le 19 avr. 1793. mort
ii Berlin le 27 juin l<w7ii. Il étudia à Leipzig et a Berlin
et, ses études terminées, lut envoyé à konigsberg pour
suppléer le botaniste Schweigger. Il fut chargé en 1820
d'accompagner le général de Minuioli dans une mission
en lîgypte ; ses neuf compagnons périrent successivement
et il revint seul, en 1823, rapportant quatre-vingt mille
échantillons de plantes ou d'animaux. En 1827, il devint
membre de l'Académie des sciences de Berlin et professeur
extraordinaire de médecine à l'Université : en 1829, de
llumboldl se l'adjoignit pour une exploration de l'Oural,
de la Sibérie et de l'Altaï. Nomme professeur ordinaire de
médecine à Berlin en 1839, il devint en 184i secrétaire
perpétuel de l'Académie des sciences. De 1S2S ,ï 1836,
Ehrenberg publia une série d'ouvrages relatifs à son
voyage en Egypte et sur le littoral de huner Rouge. Depuis
lors, il porta son attention en particulier sur les animal-
cules microscopiques ; de la, depuis 1830. une série
d'ouvrages sur les infusoires, dont le plus important a
pour titre Die Infusionsihierehen als vollkotrunene
Organismen, etc. (Leipzig, 1838. pi.): il étendit -
recherches aux terrains et aux roches et en trouva un
grand nombre formes de carapaces siliceuses ou calcaires
d'intusoires, de spicules de spongiaires, etc. : parmi les
nombreux ouvrages gu'il a publies sur ce sujet depuis
1837, le plus remarquable est MUtrogeologische Stu-
dien (Leipzig, 1834-78, pi.). Lutin, il a étudie également
les poussières aériennes et, entre autres, a mis au jour
Uebersichl derseit IS47 forlges. Untersuch. ûàer du*
— 703 -
EIIRENRERG — EIIRENSTRÀLE
von (fer Atmosphère unsiehtbargetragene reichs orga-
nische Leben (Berlin, IST 1-7-2). Enrenberg est le premier
qui démontra que la phosphorescence île la mer est due à
la présence d animalcules, ùas Leuckten des Meeres
(Berlin, I études sur les animaux inférieurs ont
puissamment contribué à l'aire mieux connaître l'ancien
embranchement îles loophytes. D' L. Un.
EHRENBERGER, écrivain tchèque, né BUX environs île
Cliaulini en 1815, morta Prague en I88S.II devint prêtre
en 1841 et se fit remarquer par son talent de prédicateur;
il a publié des nouvelles et îles études historiques dans la
ue du musée <k' Prague. Ses ouvres complètes fort
nombreuses onl été reunies a Prague an 1875-76. C'est
l'un dos écrivains les plus populaires de la littérature
tchèque au xrx" siècle. L. L.
EH REN B REITSTEI N. YilleJ' Allemagne, roy. de Prusse,
district de Coblenti (province rhénane), sur la rive droite
du Rhin, en lace de l'embouchure de la Moselle et de la
ville de Coblenl/.. au pied d'un rocher (175 in. au-dessus du
niveau de la mer) qui porte la forteresse d'Ehrenbreitstein.
• jinlation de la ville est exclusivement militaire. Deux
[mis !a relient a Cobléntz (Y. ce mot). Le rocher domine
e Rhin île 118 m.; il est coupe abruptement au S. et au
■. et entoure d'ouvrages puissants, un triple étage de
oates et batteries; au S. est le fort iTAsterstein sur
une colline voisine, Ehrenbreitstein fut Fortifié par l'em-
pereur romain Julien, occupé parla famille Erembert, acquis
en 1153 par l'archevêque lliblin de Trêves qui en accrut
fortifications (1153). Elles furent renouvelées par ses
-seuis vers 1280 et en 1481. Les Français occupèrent
Ehrenhreitstein de 1631 a 1637, les Autrichiens de 1637
à 1650. Les fortifications furent rebâties en I ti7-2. Les
Français en furent maîtres de 174!' a 1762, les attaquèrent
en 1688, 1795, 1796. 1797 ; ils s'en emparèrent en
janv. 1799 et les démantelèrent. La Prusse fortifia de
nouveau cette position (1816-26), une des plus impor-
tantes de l'Allemagne ; en 1836, fut bâtie la tour
a l'O.
EHRENFELD. Ville d'Allemagne, roy. de Prusse, dis-
trict de Cologne; 14,880 liai), (en 1880) ; c'est un fau-
bourg manufacturier de Coloene qui grandit rapidement.
EHRENFEUCHTER (Kriedrich-August-Eduard), théo-
logien allemand, né à Leopoldshaven, près de Karlsruhe, en
184 t. mort à Gottingue le -20 mars 1878. Il fut professeur
de théologie à Gottingue depuis 18i3, et enseigna surtout
la théologie pratique. Ses principaux ouvrages furent :
Théorie d< s christlichen hultus (Hambourg, 1840);
Getchichts des Katechismus (Gottingue, 1837); Die
nraklische Théologie (Gottingue, 1859); Christenthum
utut moderne IVeuaaschauung (1876). C. P.
EHRENFRIEDERSDORF. Ville d'Allemagne, roy. de
Sue, cercle de Zwkkaa, dans l'Erzgebirge (près du Grei-
■ un: 4,000 lub. ; les mines sont presque aban-
données ; la passementerie et la cordonnerie sont floris-
santes. Eglise de l'an 1300.
EHRENGRANAT (Claes-Adam), hippologiste suédois, né
ickbolm le 4 nov. 1781. mort le -21 fevr. I8i2 Ecuver
• barlee Mil (l*li), directeur du haras de Flyinge
|8l H 837) et ècuyer de la cour (18-29), il passe pour
avoir été le meilleur maître d'equitation en Suède. Ses
ouvrages sur la matière sont fort estimés; les principaux
sont : la Mouvementé du cheval (Lund, 1818, in-fol.);
VEcott d'equitation (1836). B-s.
EHRENHEIM ( FrcJrik- Vilh.-lni, baron von), homme
d'Etat et physicien suédois, né a Brobv (Sœdermanland)
la -2:» juin 1753, mort a Stockholm Le 2 août 1828. 11 fut
chargé d'affaires a Dresde (1787), à Copenhague (I7!M),
ministre d.-- aB^ires étrangères (1797), président de la
chancellerie (1801). Ces hautes fonctions, qui d'ailleurs
lui donnaient peu d'influence mius un monarque capricieux
comme Gustave I\, ne l'enrichirent paa et, a, nés la révo-
lution de 1 >S0!», il se retira dans un petit domaine en
Smàland. Ses rapports brillent par le style et ses écrits
scientifiques par la clarté. Le plus étendu de ceux-ci est le
Recueil de physique générale (Stockholm, 18°2-2). Il
publia Tessin et Tessiniana, biographie et anecdotes
tirées des manuscrits du célèbre riksrâd. R-s.
EHRENSTRAHL (David KlûSKER, anobli en 1674 SOUS
le nom de KlOECKEB von), célèbre peintre suédois, né à
Hambourg le 23 sept. 1629, mort à Stockholm le 23 oct.
1698. Entré comme copiste à la chancellerie suédoise
(1646), il as>i>ta à la conclusion des traités de West-
phalie (1658). Il s'exerçait dès lors à la peinture qu'il
alla étudier à Amsterdam sous Juriaen Jacobsz, et son
premier tableau est de 1651. Son portrait de C.-G. Wran-
gel (I(i5"2) servit de modèle pour une statue équestre en
bronze par J. Falck (1655). Pour l'attacher à la Suède,
la reine Maria-Eleonora le fit voyager d'abord dans ce
royaume (1653), ensuite en Allemagne (1654) et en Italie
ou il resta jusqu'en 1661. Ayant eu pour maîtres J. San-
drarl à Nuremberg et P. de Coi loue, il l'était devenu lui-
même et il fut nommé portraitiste du roi Charles XI (dée.
1661), puis intendant de la cour (1690). Par ses talents
varies et sa fécondité artistique qui lui valurent honneurs
et richesse, il exerça une grande influence sur le dévelop-
pement de l'art en Suède, ou il fit école, avant eu pour
disciples L. Weyandt, M. Dabi, D. von Krafft, M. Ilan-
nibal, Chr. Thomas, H. -G. Muller, Elias Brenner,
E. Utterhielm, A. von Behn, la reine Ulrika-Eleonora et
sa fille, Anna-Maria Ehrenstrahl (née en 1666, mariée en
1688 à J. Wattrang, f 17"24 comme vice-président de la
cour de Svea) qui reunit à Sandemar une nombreuse col-
lections d'eeuvres de son père avec les siennes. Malheu-
reusement, il manquait d'originalité et il peignit plutôt
selon les conventions que d'après la nature ; aussi, à part
les portraits qu'il fallait bien faire ressemblants, les ta-
bleaux de ce contemporain de la grandeur de la Suède
n'ont-ils pas toute la valeur historique qui les rendrait si
précieux. Parmi ses principales œuvres, dont beaucoup se
distinguent par l'arrangement, les effets de lumière, l'har-
monie des couleurs, on cite : le grand plafond de la salle
de réunion de la noblesse (1669-1674), qui représente fes
Vertus tenant conseil; les plafonds et peintures murales
du château de Droltningholm (1670-1693) ou les allégo-
ries sont plus froides et moins transparentes ; l'Histoire
de Disa, représentée sur les murs du château de Venn-
garn et qui ne sont plus connues que par des gravures ;
te Couronnement de Charles XI (1676) ; celui d' Ulrika-
Eleonora; le Crucifiement (1693); le Jugement der-
nier (1696), toile colossale pour la chapelle du palais
royal à Stockholm; le magistral portrait de Charles XI ;
celui d'Erik. Duhlberg ; ceux de nombreux membres du
conseil et de généraux ; des figures de chevaux et de chiens.
Beaucoup de ses tableaux ont été gravés par G.-C. Eimmart,
à qui l'on doit le Certamen équestre ou tournoi, à l'oc-
casion du couronnement de Charles XI (en 6V2 feuilles,
1686, avec texte allemand et latin), par J. Sandrart, Van
Aveelen, Padtbrugge, Boulanger, Edelinck, Schenck, Van
Munnickhuysen et Van Sehuppen. L'Académie suédoise fit
frapper une médaille en son honneur (1808) et son éloge
fut prononcé par Nordin dans Svenska Academiens
hundlingar (1819, t. V). Beauvois.
EHRENSTRÂLE (David Nehrman, anobli en 1746 sous
le nom de), juris e suédois, né à Malmœ le 14 juil. 1693,
mort à Saiby (Smàland) le 6 mai 1769. Après avoir étu-
dié le droit à Lund, à Halle et en Hollande, il fut audi-
teur à la cour de Gœta (1717), puis professeur de droit à
Lund (1720-1733). Aussi profond que clair, il fut le pre-
mier qui interpréta avec autorite la législation de la période
parlementaire. 11 avait écrit sur toutes les matières de son
enseignement, et s s manuscrits sont conservés, quoique
sa riche bibliothèque ait péri dans un incendie en 173-2. 11
publia : Introduction à la jurisprudence civile (Lund,
17-29, in-4); à la procédure civile (ibid., 1732; nouv.
édit. ; Upsala, 1731 et 1739); à la procédure crimi-
nelle (Stockholm, 1736, in-i); le Droit civil de la Suède
KIIRFNSTRALF — FIIRENSV l.RD
— 704 —
(ibiil., ITiii); Leçons sur le titre du mariage (ibid.,
1747); sur /e?succtfst0fM(Upaala, 1752), plus vu l i il
dissertations (1749-1752) et < irnj programmes. Il v
EHRENSTRŒM (Johan-Albrekt), nomme politique et
mémorialiste finno-suédois, né à nelsingforo le 28 août
1702, mort le 1S avr. 18i7. Après avoir été chaise par
Gustave III d'une mission secrète en Livonic et en Estho-
nie (1787), il devint second secrétaire au cabinet de la
correspondance étrangère (1788), puis secrétaire d'am-
bassade et fut, en cotte qualité, l'un des signataires dn
traité de Verehe (1790). Il suivit le roi a Aix-la-Chapelle
(1791) et il avait devant lui les plus brillantes perspec-
tives, bientôt assombries par la mort tragique du mo-
narque (1792). Mis à la retraite, il complota avec Armfelt
et Aminoff le renversement de la régence et son remplace-
ment par les derniers conseillers de Gustave III. Leur
correspondance ayant été saisie (déc. 17!);}), il fut con-
damné à mort (22 sept. 1794), mais gracié sur l'échafaud
(8 oct.) et mis en liberté à la majorité de Gustave IV
(1796), puis réhabilité (1800) et même nommé conseiller
d'Etat (1809). Après la séparation de la Finlande, il s'y
fixa, devint président de la commission des travaux publics
à Helsingfors (1812-1818), membre du sénat (1820-
1823). Une partie de ses intéressantes lettres à G. Adles-
parre (1811-1824) furent publiées par celui-ci dans
Handlingur rœrande Sveriges historia (Stockholm,
1 883, t. IX). ScsNotes historiques, qui ne devaient paraître
que vingt-cinq ans après sa mort, ont été éditées par
S.-J. Boëthius (1882-83). Beauvois.
EHRENSTRŒM (Marianne-Maximiliana-Christina-Lo-
visa Pollet, dame), femme de lettres suédoise, née à
Deux-Ponts le 9 déc. 1773, morte à Stockholm le 4 janv.
1867. Demoiselle d'honneur de la reine douairière Sofia-
Magdalena (1792), elle fut mariée (1803) au général Xils-
Fredrik Ehrenstrœm (f 1816), frère du précédent, et,
pendant que son mari commandait à Gœteborg, elle donna
l'hospitalité aux Bourbons exilés. Elle tint une école à
Stockholm de 181 S à 1831. Ses talents variés la firent
appeler la Corinne de la Suède. Elle était membre de
l'Académie de musique (1799) et de celle des beaux-arts
(1800), mais son esprit et ses grâces la firent mieux
apprécier de ses contemporains que ne la recommandent à
la postérité ses tableaux et ses Notices sur la littérature
et les beaux-arts en Suède (Stockholm, 1826) et sa
Notice sur M. de Léopold (ibid., 1833), toutes deux en
français. Des Souvenirs, tirés de ses Mémoires et de ses
Notes sur les contemporains, ont été publiés par
A. Ahnfelt dans Ur svenska ho f vêts och aristokratiens
lif (1880). Beauvois.
EHRENSV/ERD (Augustin, comte), général et grand
organisateur suédois, né à Fullern» (Vestmanland) le
23' sept. 1710, mort à Saris (lsen d'Àbo) le 4 oct. 1772.
Engagé dans l'artillerie (1726), il devint lieutenant en
173't et il inventa une Manière de tirer et de lancer les
projectiles (Stockholm, 1741) avec plus de précision et
de force. Il fit comme capitaine la guerre de 1741-42.
En qualité de lieutenant-colonel (17 47), de général de
brigade (1756) et de membre influent de la Chambre des
nobles, il prit une part importante aux mesures de défense,
fut chargé de fortifier Sveaborg (1749) et créa la flottille
côtière (1736), si bien appropriée pour être utilisée dans
les récifs qui bordent la Finlande, où elle pouvait servir
d'auxiliaire tout à la fois à la grande flotte et à l'armée.
Ses travaux furent interrompus par la guerre de Pomé-
ranie (1737-62), où il commanda d'abord en second. Il
devint lieutenant général (1739) et, après s'être remis
d'une blessure reçue à Passevalk (1760), fut nommé
général en chef (1761), mais un excellent plan d'opéra-
tions qu'il avait soumis au comité secret dut être rejeté,
faute de ressources, et la paix fut conclue. Les Bonnets
ayant eu le dessus dans les luttes parlementaires, il fut
mis à l'écart (1766) jusqu'au triomphe des Chapeaux
(Hattarne) en 1770. Baronnisé en 1765, comtifié en
1771, il fut nommé feld-maréchal M 1772. Td «tait son
patriotique désintéressement qu'après avoir naué dea
millions il mourut pauvre. Ses restes furent transféra aa
milieu de sis belles créations, a Sveahorg, par ordre de Gus-
tave 111, qui lui lit élever un monument. H clait aus^i poète,
peintre el graveur. L'Académio dei sciences de Stockholm,
dont il fut membre (1738), secrétaire (17'.0) et président
(1742-48), fit frapper une médaille an MM honneur et
prononcer son éloge par 1 1. Waern (1876). Buovofs.
EHRENSV>ERD (Cart-August, comte), amiral, esthé-
ticien et dessinateur suédois, fils du précédent, né le
o mai 1743, mort à OErebro le 21 mai 1800. Inscrit
comme cadet dès l'âge de huit ans, il devint, en 1761,
lieutenant sur la flottille entière, fit la guerre de Poméranie
(1761-02), visita Brest et d'antres ports français (1768),
fit un voyage en Italie (1780-82) dont il a donné la rela-
tion (Stockholm, 1786, in-4). Du grade de colonel (1777),
il passa à celui de grand amiral (1784), continua les for-
tifications de Karlskrona et mit la flotte en état de prendre
une part honorable à la guerre de 1788. Il fut moins heu-
reux comme chef de la flottille côtière (1789), qui fut
détruite à Svensksund (2i août), mais on attribua ce
désastre à l'intervention de Gustave III qui prit d'ailleurs
une éclatante revanche au même lieu les 9 et 10 juil.
1790. Mécontent du roi, il se fit relever de son comman-
dement et ne le reprit que comme membre du conseil de
régence (sept. 1792 à nov. 1794). Dans ses loisirs, il
cultiva les lettres et le dessin, non pas en simple ama-
teur, mais en véritable penseur et en habile artiste. Sa
Philosophie des beaux-arts (Stockholm, 1786), où il
montre trop de partialité pour l'antique, ne se distingue
pas autant par la clarté que par la profondeur et l'origi-
nalité. Les mêmes qualités se retrouvent dans ses rapports
sur le système administratif à Karlskrona et dans l'ami-
rauté (dans lievue maritime suédoise, 1840) et dans
son Mémorandum adressé à Gustave III. Ses Ecrits, pu-
bliés à Strengnœs (1816) et à Stockholm (1837) ont été
réédités par C. Eichhorn (Stockholm, 1866) avec une
notice biographique. Ses deux albums de caricatures sur
l'histoire de Suède étaient regardés par J.-G. Oxenstierna
comme une œuvre de génie. Beauvois.
Bibl. : Kranzkn. Eloge, dans Svenska Ahademiens
handlingar, 1833, t. XV. — Atteruom, Siare och shalder,
t. I. — B. von Beskow, ]Vo(., dans Villerhels-hislorie-
och antiq. Ahademiens handlingar, 1 841, t. XVI. —
Ljunggren, Sur la Philos. d'Lhrensvxrd, dans Sv. Ahad-
handl., 1857, t. XXIX, et 1S71, t. XLVI. — A. Nybueus,
Den filosopska forshningen i Sverige, 1873, t. I.
EHRENSV£RD (Gustaf-Johan, baron), mémorialiste
suédois, cousin du précédent, né le 20 févr. 17 46, mort à
Berlin le 24 févr. 1783. Enrôlé dès l'âge de sept ans et
enseigne sur la flottille côtière dès 1762, il fut chambel-
lan (1767-1780) de Gustave III qu'il suivit dans ses
voyages en 1770-71, et cumula avec ces fonctions celles
de directeur du théâtre royal (1773-76). Penchant vers
l'opposition, il fut nommé ministre à La Haye (1780) et
termina sa carrière diplomatique en Prusse, où il était
passé en 1782. Imbu du sentimentalisme de Rousseau, il
déclama souvent contre la vie des cours quoiqu'il brillât
à celle de Gustave III, dont il était estimé. Le journal qu'il
tint en 1770, puis de mai à oct. 1776 et de juil. 1779 à
juil. 1780. est aussi remarquable comme œuvre littéraire
que précieux comme source historique. Connu depuis long-
temps par des extraits, il a été publié en entier par
F. -Y. Montan, Dagboksantcckninqar farda vid Gus-
taj III s Iwf (Stockholm, 1777-78, 2 vol. in-8), avec
son rapport sur V Origine du théâtre suédois. Beauvois.
EHRENSV/ERD-Gyli.emboirg (Carl-Fredrik), homme
politique et publiciste suédois, frère consanguin du précé-
dent, né le 7 janv. 1767, mort à Copenhague en 1815. Il
était lieutenant d'artillerie lorsqu'il fut condamné à mort
pour complicité non active dans l'assassinat de Gustave III
(1792). \ la demande de ce monarque, la peine fut com-
muée en bannissement et à la perte de la noblesse. Il se
- 708 -
EI1RENSV.ERD - EIIRSTROEM
relira en Danemark, et le nom de sa mère (Gyllenborg),
■D'il ajouta au sien, fut illustré 30U3 -a forme li.iinisoo
(Gyllembourg) par Th. Chr. Buntten, femme divorcée de
P. -A. Heiberg et mère do célèbre J.-I-. Heiberg, qu'il
ipoeaa en 1801. Il écrivit en faveur de l'union pacifique
des Irais Buta Scandinaves une brochure qui fui répandue
eu Stnnie par dos ballons non montés (1808-1809). Il
traita aussi on danois dos questions politiques et d'économie
rurale. ',,s-
EHRHARDT (Kari-LudwK-Adolf), peintre allemand,
m à Berlin le -l nov. 1813. Il i été, a Dusseldorf, élève de
Sohadow, osi établi a Dresde depuis 1836 et professe à
l'Académie des beaux-arts depuis 1846. Il a travaillé à la
décoration murale de la salle du Irène et a la galerie (les
Fêtes du château royal et a peint un grand nombre de
tableaux d'histoire et" de piété, ainsi que quelques poitrails.
ivres principales sont les trois peinturas murales
de la RtndesaUe du lycée do Bautaen, représentant l'his-
toire des sciences.
EHRHART (Frédéric), botaniste suisse, né à Holderbank
i krfftrie) en 174-2, mort on 1795. Fils d'un pasteur, il
il tout jeune à l'histoire naturelle, et le grand Dal-
ler voulut en faire son bibliothécaire, mais il refusa pour
M pas abandonner son pore malade. Plus tard, il étudia la
pharmacie et la botanique à Nuremberg, Erlangen, Hanovre
et Upsal, ou il suivit les levons des deux Linné. Il passa le
reste de sa vie dans le Hanovre, où il fut chargé parle gou-
vernement de dresser la flore du pays. On lui doit, outre la
flore hanovrienne, qui n'a pas eto publiée, le Supplemen-
tum plantarum de Linné jeune, sept volumes de Suppli'-
mïnts à VkÙUrire naturelle, et cent vingt-six «décades»
précieux herbiers. Le nom à'Ehrharta a été donné
a un genre de la famille des Graminées. E. K.
EH RM AN N {Marianne, née Brentaxo), polygraplie
née à Rapperschw y 1 le 25 nov. IT.'io, morte à Stutt-
gart le 14 août ITl'.'i. File dirigeait avec succès dans sa
ville natale un pensionnat de jeunes filles lorsqu'elle épousa
un homme qui dissipa promptement sa petite fortune. Elle
partit alors pour Vienne, qu'elle quitta sous le nom de
Sternheim pour courir l'Allemagne comme comédienne.
Remariée à Strasbourg avec le géographe Ehrmann, elle
alla habiter Stuttgart. De nouveaux malheurs conjugaux
rengagèrent à embrasser la carrière des lettres, où elle se
fit un nom. \a plupart de ses ouvrages sont consacrés à
l'éducation des femmes : d'une pensée sage, d'une morale
pure et douce, d'un style excellent, ils ne laissent rien devi-
ner delà vie accidentée de leur auteur. Citons entre autres :
Heures de loisir d'une dame. Philosophie (Tune femme,
Heure* de récréation d'Amélie, journal périodique rem-
place par la Solitaire des Alpes, Légèreté et bon casur-,
te Comte Uildi ng, etc. E. K.
EHRMANN (Jean— François), homme politique français,
né à Strasbourg le 12 mars 1757, mort à une date que
nous ignorons. Avocat a Strasbourg, juge au tribunal de
o.'tte ville, il fut élu le S sept. 1792 député suppléant du
Bai Rhin à la Convention. Il fut immédiatement appelé à
par suite du refus de Jean Bertrand, ne prit aucune
part au jugement du roi pour cause de maladie et remplit
des missions aux armées de Rhin-et-Moselle. Il fut, dans
nblée, un partisan de la réforme judiciaire dans un
sens économique et prit part aux discussions sur l'Ecole
normale, le code civil, la déclaration des droits, l'organisa-
tion judiciaire, etc. Le 23 vendémiaire an IV, il fut nommé
dépoté du lias-Rhin au conseil des Cinq-Cents ou il s'oc-
cupa activement des questions d'enseignement. En 17!ID,
il fut nommé juge au tribunal d'appel de Colmar et devint
en IS1 1 conseiller à la cour impériale de cette ville. Il fut
destitué par la Restauration.
EHRMANN (Les). Famille de médecins alsaciens dont
plusieurs furent professeurs à l'université de Strasbourg.
Le plus éminent a été Charles-Henri Ehrmann, anato-
■jste et chirurgien, né a Strasbourg le 15 sept. 1 7!)2, mort
a >tra>bourg le 19 juin 1S7S. Il servit dans l'armée en
GRA.NDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
1813 et 181 i, fui reçu chef des travaux analomiques à la
faculté de Strasbourg en 1822, nommé professeur d'ana-
tomieel de clinique chirurgicale en 1820, médecin accou-
cheur en chef des hospices civils en 18117, et organisa
l'internat dos élèves sages-femmes. En prenant à sa charge
l'enseignement de l'anatomie pathologique! il devint par le
fait directeur du Musée anatomique, dont il publia les
catalogues. De 1857 à 1867, Ehrmann remplit les fonc-
tions de doyen de la faculté. Ce qui a fait surtout la célé-
brité de son nom, c'est l'opération de la laryngotomie
exécutée par lui en 1844 pour un polype du larynx, affec-
tion réputée incurable jusqu'alors. Ouvrages principaux :
Laryngotomie, etc. (Strasbourg, 1844, in-8) ; Observa-
tion danatomie pathologique, etc. (Strasbourg, 1847,
pet. in-fol. av. 6 pi.) ; Histoire des polypes du la-
ri/n.e, etc. (Strasbourg, 1850, in-fol. av. 0 pi.) ; !\'ou-
veau Recueil de mémoire d'anatomie pathologique, etc.
(Strasbourg, 1862, in-fol. av. 7 pi.). — Son fils, Albert
Erhmann, médecin militaire de grand mérite, né à Stras-
bourg le 9 sept. 18-21, mort au Mans le 1er janv. 1871,
avait pris part à l'expédition du Mexique et à la guerre
de 1870.
EH RM AN N (François-Emile), peintre français, né à Stras-
bourg le 5 sept. 1833. Elève de Gleyre, entré à l'Ecole
des beaux-arts en 1857, il a été successivement médaillé
en 1863, 1868 et 1874, a obtenu une médaille d'or à
l'Exposition universelle de 1889, et a été décoré en 1879.
M. Ehrmann a peint, entre autres œuvres, le Vainqueur,
la Fontaine de Jouvence; il a composé quatre cartons
pour des tapisseries des Gobelins destinées à la Biblio-
thèque nationale : le Manuscrit, le Livre, l'Antiquité et
le Moyen Age. On lui doit aussi les Muses, plafond pour la
chancellerie de la Légion d'honneur.
EHRNROTH (Gustaf-Robert), officier et écrivain fin-
landais, né à Lovisa le 31 janv. 1827. Fils du général
Gustaf-Adolf Ehrnrotli (1779-1848), il entra dans la
garde en 1858 et fut nommé général de brigade en 1861
et de division en 1878. Il a publié en français: Projet
d'une amélioration à introduire dans le système
d'armement de l'infanterie (Liège, 1847), et en suédois:
Règlements pour les exercices des bataillons de tirail-
leurs de V indelta finlandaise (1855); Guide pour
l'élève du cheval (1876). — Sa sœur, Lovisa- Adélaïde,
née le 17 janv. 1826 à Nastola, a adressé à divers jour-
naux des lettres de l'étranger, écrites dans ses nombreux
voyages en Scandinavie, en Allemagne, en France, en
Suisse et en Italie. Elle a aussi publié à part, en suédois,
des Traditions et Souvenirs (1865), ainsi que des récits
et nouvelles dont la pensée dominante est l'émancipation
de la femme: Présents de Noël (1865) ; la Famille
Vœrnskœld (1866) ; Dagmar (1870) ; le Temps passe et
nous aussi (1878), et le Pierrot (1868), calendrier. —
Leur frère, Johan-Kasimir, né le 26 nov. 1833, entra
dans l'armée russe (1850) au sortir de l'école des cadets
de Fredrikshamn, servit comme major au Caucase (1857),
où il fut blessé (1858) et reçut un sabre d'honneur;
ensuite en Pologne (1863), devint général de brigade
(1868), enfin lieutenant général (1877) dans la guerre des
Balkans. 11 prit un congé temporaire (1881) pour remplir
en Bulgarie les fonctions de ministre de la guerre. A son
retour en Finlande, il fut nommé sous-secrétaire d'Etat
(1882), puis secrétaire d'Etat (1888). B-s.
EHRSTRŒM (Erik-Gustaf), linguiste finlandais, né le
28 mai 1791, mort le 25 avr. IS;>,'>. Après avoir enseigné
le russe à l'universitéd'Àbo, et publié une grammaire et un
vocabulaire de cette langue, il se fit ordonner prêtre (1824)
et devint pasteur à Tenhola, puis à Saint-Pétersbourg. Dès
1821, il exposait avec une remarquable précision le pro-
gramme du fennisme, aujourd'hui réalisé par l'enseigne-
ment du suomalais dans toutes les écoles et par son emploi
comme une des deux langues officielles. — Son fils, Carl-
Guslaf, criminaliste, né a Abo le 17 mars 1822, est mort
à Helsingfors le 23 oct. 1886. Après avoir publié des thèses
45
EHRSTRŒM - EU:
- T06 -
sur la Procédure criminelle (1884) el le Principe de
l'organisation du système pénitentiaire il*'»!'), il lut
nommé professeur de droit § > « - r i : j I à l'université de nelsing-
fors (iHtiO) et prit une pari active à l'adoncissement des
pénalités, soit comme membre on secrétaire de comités
législatifs, soit comme représentant de l'université aui
diètes de 187-2 et 1877; il rédigea le projet de code pénal
(1875). Kn lxso, le sénat de Finlande, dont il était membre
depuis 1 H77, le désigna | r faire partie du comité des
affaires finlandaises a Saint-Pétersbourg | In.nO). il a publié
de nombreux travaux sur le droit pénal dans la Revue de
la Société, juridique de lu Finlande, dont il lut l'éditeur
de 18(>(ià 1875, et dans des revues suédoise et allemande.
Béai vois.
F.HSTES ou ESTHONIENS. Peuple de la Russie d'Eu-
rope. Us s'appellent en allemand Ehsten, en russe Esty
ou Estants//. Eux-mêmes se donnent le nom de Jalupoëg,
Maarhwas ou Eestlased. Ils sont de race finnoise, appa-
rentés aux Suomi de Finlande. Ils ont donné leur nom
à la province d'Ehstonie, mais ils se rencontrent également
en Livonie et dans les gouvernements de Saint-Péters-
bourg, de Pskov, de Vitebsk. Ils ressemblent beaucoup
aux Tavastes finlandais : ils ont comme eux les cheveux
d'un blond pâle ou châtains, les yeux bleus ou gris, les
paupières souvent bridées. Ils sont, sauf au bord de la mer,
de taille moyenne et de ohétive apparence. Ils sont essen-
tiellement agricoles. Leur langue apparentée au finlandais
se divise en deux dialectes principaux : celui de Reval et
celui de Verro. Ils ont une littérature populaire fort inté-
ressante ; on a recueilli chez eux des chants qui forment
une sorte d'épopée : le Kalevipoëg (Fils de Kalevi) où l'on
a voulu voir le pendant du Kalevata finnois, et le Vuna
Kannel (Lyre antique). Ils appartiennent à l'Eglise luthé-
rienne sauf 50,000 environ, qui, en 1840, et, en 1882,
14,000, en Esthonie, ont passé à l'Eglise orthodoxe. —
Ils sont au nombre d'environ 800,000, dont 300,000
en Ehstonie, 140,000 en Livonie, le reste dans les gou-
vernements limitrophes. Ils paraissent être aborigènes dans
ces provinces. Ce seraient les Fenni de Tacite. Soumis
d'abord par les Danois, ensuite par les Allemands, ils ont
eu à supporter de longs siècles de servitude. Ils ont été
affranchis du servage au commencement du xixe siècle ; un
certain nombre d'entre eux se sont élevés peu à peu a la
condition de propriétaires ruraux ; mais jusqu'ici ils n'ont
guère eu de classe moyenne, moins encore d'aristocratie.
Ceux d'entre eux qui arrivaient à une condition supérieure
devenaient Allemands ou Russes. Dans ces dernières années
ils ont bénéficié des réformes introduites par le gouverne-
ment russe qui tendent à annihiler de plus en plus l'an-
tique prépondérance des Allemands. Leur littérature con-
siste surtout en livres religieux ou populaires. Ils publient
quelques journaux. Depuis 187,'! existe une société de litté-
rature nationale qui édite des livres populaires. Parmi les
écrivains de notre temps, les plus remarquables sont
Mrae Lydia Jansen, Kreutzwald, llurt et Weske. L. Léger.
Hiul. : V., outre les ouvrages généraux sur les Finie lis et
leurs tangues et sur les provinces baltiques, Wiedbmann,
Eslhnisehée deutsches Weerterbuch; Saint-Pétersbourg,
lSii.î. — Un môme, ÈathnischeGrammatik; Saint-Péters-
bourg, 1875.— Schott, Die Sagen von Kalcwi Poeg;
Hertin, 1863. — Neuss, Eslhnische Volkslieder; Reval,
1850-1851. — Kreutzwald, Sagen und Mterchen, traduits
iiar I.ôwe; Halle, 1809. — Huiler et KREUTZWALD, Der
Csthen aberglxublichc Gebrxuchc; Saint-Pétersbourg,
1854. — Krusa, Urgeschichte des esthnisehen Volk-
stammes; Moscou, 1818. — Wiedemann, Aua dem Innern
und Aeussern Leben der Esthen; Saint-Pétersbourg,(1876.
— Verhandlungen der gelehrten estknisclien GeseÙschaft
ru Dorpal.
EHSTONIE Ou ESTHONIE (en allemand Esthland, en
russe Est lin u d in). Géographie. — Province de l'empire
de Russie. Les indigènes l'appelle Eesti-Maa. Elle est com-
prise entre 58°20' et 59° 40' lai. N.| I!'" W et 25° 50'
long. E. l'Ile fait partie des provinces dites Baltiques. Elle esl
bornée à l'E. par le gouvernement de Saint-Pétersbourg dont
le sépare la Narva ; au S. par la Livonie, au N. et à 10. par
la mer Baltique. Sa superficie M de 10,147 kil. a. Le
gouvernement d'Ehstonie comprend, en dehors de |M Ml
propre, roixante-dii des. I a province forme une
plaine d'où émergent quelques collines. L'altitude varie
entre fil) et 120 m. Le point le plus élevé atteint 15', in.
Le sol esi essentiellement sablonneux et eakure. On v
trouve de nombreni marais. Les lies sont au nombre de
demi cents. En dehors de la Narva. la cours d'eaux les
plus importants sont le Kasarg. le Kegel, le Tala et la
Witna. Les forêt! occupent un espace considérable; mais,
faute de cours d'eau navigables, elles sont insuffisamment
exploitées. Les côtes assez élevées au-dessus de la mer sont
constituées par du calcaire et du grés. On y trouve de
l'ambre. Le climat estasses malsain a cause d<- l'humidité
du pays, très chaud en été, 1res froid en hiver. A Reval. la
température moyenne est de -H î°. L'agriculture, l'élevé
du bétail, la pèche, la construction des navires, la distilla-
tion fie l'alcool, sont les principales industries des habi-
tants. Les principaux objets d'exportation sont le lin, les
nréales. l'alcool. La culture des arbres fruitiers est com-
plètement négligée. Le c immerce est concentré dans les
ports de Reval, Port-lîaltique, Kunda et tlapsal. Ils impor-
tent des objets manufacturés et exportent des matières pre-
mières.
La population est de 395,979 hab. Elle appartient en
majorité à la nationalité chstr (Y. ri-dessus) et à la religion
luthérienne). 4"/0 environ des habitants professent le culte
orthodoxe ou le catholicisme. 5,000 Suédois habitent
les iles; l'allemand a été jusqu'ici la langue des classes
supérieures et l'idiome officiel : dans ces dernières années
on lui a substitué le russe. L'instruction primaire est assez
répandue : on rompte une école pour environ 500 hab. La
province n'a pas d'établissement d'enseignement supérieur.
Elle est divisée en quatre districts : Harrien. Jerven,
Wiek, Wirland. Le chef-lieu est Reval. Les villes prin-
cipales sont les ports ci-dessus indiqués.
Histoire. — Les habitants primitifs de la province, les
Ehstes, restèrent païens jusqu'au xmc siècle : ils furent
convertis par les Danois, qui s'emparèrent de leur pays et
fondèrent un évèché a Reval. En 1340, YValdemar Ul ven-
dit le pays aux chevaliers toutoniques qui l'incorporèrent
à la Livonie et réduisirent les habitants en servitude. En
1561, l'Ehstonie passa au pouvoir de la Suède. En 17-21,
elle fut cédée à la Russie par le traité de Nystadt. Ses
habitants avaient embrassé la Réforme dès ses origines. ta
Russie respecta la religion des habitants et supprima le
servage en 1819. En 1835, elle introduisit le code russe
et proclama la langue russe idiome officiel à coté de l'alle-
mand. Dans ces dernières années, elle s'est efforcée d'in-
troduire le russe dans les divers ordres d'enseiçnement,
d'émanciper les Ehstoniens de la prépondérance allemande
et de propager la foi orthodoxe au détriment du luthéra-
nisme. L. Léger.
BniL. : V.. notre les cuivrages sur les peuples finnois el
la Livonie, MOllkr, Beitrsge :»r Orographie und Hydro-
graphie von Esthland: Saint-Pétersbourg, 1869-1871.—
Willigerod, Geschichte Esthlands; Leipzig, 1M7. —
Panek.br, Die Rrgenirn Esthlands; Reval, I>sô5. —
Bunob, Das Herzognim Esthland unter ctan Koniqen von
Danemark; Gotha, 1877.— Rutenbbrg, Geschichle der
Oslseeprovinzen ; Leipzig, 1859, et les ouvrages ciiés à
l'article précédent.
EH UNS. Coin, du dép. de la Haute-Saone.arr.de I.ure,
cant. de l.uxeuil, près de la Lantenne: -227 hab. Plateau
dit camp de César OU quelques archéologues ont placé le
lieu de la défaite d'Arioviste par César. Au-dessous de ce
plateau et près de l'ancienne voie romaine de Besancon à
l.uxeuil on a trouvé des armes, des poteries et des monnaies.
EIA. Fleuve de Russie, allluent de la mer d'Azov. Sa
longueur est d'environ "230 kil.
El B (Lac). Lac de Ravière. au pied de la pointe de Zug,
dans une situation pittoresque au centre des Alpes bava-
roises, ii 959 m. d'alt.: il a 3 kil. de long. 1 de large;
plusieurs de ses riverains semblent de la race des Tsiganes.
Hiul. : Reit/ks-tein, Der Eibsce; Munich, 1885.
- 7(17 -
KIisNKR - Ë1CHB0RN
EiBNER (JokaM-Gaorg), peintre d'architecture, né à
Hilpollstein, dus l'Oberpfau (Haui-Palatinat). le 16 févr.
IS-Ji>. mortà Munich le 18 nov. 1877. Eiboer visita divers
musées de l'Europe. Ls dernier de ses nombreux voyages
fut celui qu'il tit en Espagne avec h prince Mestehersky, el
• mie-cinq aquarelles qu'il exécuta alors montrent à
quoi point il était maître en ça gourai Trente-cinq de ces
aquarelles ont para bous le titre Beudenkmùler Spaniens.
EICH. Rivière de Luxembourg (\. ce mot).
ElCHEL il .') (AouiUt, 743). Rivière d'Alsace-Lorraine,
■ - ame an N. de la Petite— Pierre (Basse-Alsace),
traverse fJieaMringen el s.' jette dans la Sarre près d'Et»
h i orraine, après un cours de '•'• kil. Depuis 1892
ii \.illi( de l'Eichel est traversée par le chemin de 1er do
Homme iheim à Sarreguemines.
Hun. : P. Ki-ti.i m isKK. /« Marche d'Aquitte, dane
Bull, i el* Soc. des mon. Iiisl. d.\ls., 2« Bérie, II. 184-187,
\ Box, Notice sur Ifs pays de ii Sarre: Metz. 1889.
EICHENDORFF (Joseph FaETHEtta Vos), écrivain alle-
mand, ne au château de Lubovrite, près de Ratiboren Silè-
ât, le in mars 1788. mort a Neîsse le 26 nov. 1857. Il
recul sa première instruction au gymnase catholique de
Ratibor, et étudia ensuite le droit au\ universités de Halle
et de Heidelberg. Il lit un voyagea Paris en (808, et, au
retour, il séjourna a Vienne (4840). Loin iln soulèvement
de l'Allemagne contre Napoléon en 1813, il entra comme
volontaire dans un bataillon de ehasseurs, et il fit cam-
>vec les armées prussiennes jusqu'en 4845. Revenu
en Mlcmagse, il devint conseiller référendaire à Breslau
. puis conseiller du gouvernement à Danrig (4884),
à KoBoigsbergl |S2'ii el à Berlin (1834), et fut enfin atta-
ché comme conseiller privé au ministère des cultes (l*'«l).
Depuis 1844, il vécut dans la retraite a Neisse. Ses œuvres
complétée, précédées d'une notice biographique très dé-
taillée, ont ete publiées en six volumes (Leipzig, 1864).
fcichendorn" a été appelé le dernier des romantiques : cette
épithète a été donnée également à Henri Heine; elle prouve
seulement que Kichendorlf, aussi bien que Heine, n'était
pas un romantique dans le vrai sens du mot. Les roman-
tiques étaient des mystiques en religion et en poésie, des
réactionnaire* en politique; Eichendorff ètah franchement
catholique, sans répudier aucune des libertés modernes. Sa
d'une grande profondeur de sentiment, a des con-
tour* nets et précis ; quelques-uns de ses lieder ont été
nii- en musique et sont restés populaires. Il est moins heu-
reux dans ses grandes compositions romanesques en prose
ou en \ei-s: l'art de la composition lui manquait : mais ses
nouvelles, surtout les Episodes de la trie d'un petit aven-
turier, sont devenues classiques. Ses drames et sescomé-
nt en partie imités de l'espagnol ; il a traduit aussi
te Lvcanor de don Juan Manuel. Vers la fin de sa
vie, Kichendorlf publia quelques ouvrages de critique et
d'histoire, qui ne sont pas compris dans l'édition de ses
- complètes, el ou il cherchait à combattre l'influence
du protestantisme dans la littérature; ce sont : De la Si-
gmfication morale et religieuse de la nouvelle poésie
romantique en Allemagne (Leipzig, 1847) ; le Roman
allemand du xvm« siècle dans son rapport avec le
ehristiémsme (td., |8S4) ; Aperçus sur l'histoire du
drame Mrf., UC4); Histoire de la littérature poétique
de TAlienwgne (Paderborn, IH.'iT, -J part.). A. B.
EICHENS iIh.u-.su1, ,r, ,v. Boussole, t VII, p. 846).
EICHENS (Friedrich-Eduard), dessinateur et graveur
allemand, né à Berlin le 27 mai 1804, mort le 5 mai 1877.
Il s'est formé à l'Académie de [ferlin, a visite la France et
l'Italie, est devenu élève de Tosehi à l'arme et a laissé de
nombreuses gravures d'après les maîtres classiques, entre
autres : la Vision d'Ezéchiel, d'après Raphaël; Sainte
Madeleine, d'après le Dominiquin: te Christ dans son
tombeau, d'après IL Carraehe; le Prince Radzhvill sur
son lit de mort, d'après W. lieuse], etc.
EICHENS (l'hilip-llermann). lithographe et graveur
allemand, ne à Berlin le te sept. 181:2, i'rére du précédent.
Il étudia à l'Académie de Berlin, sous la direction d'Ilensel.
Parmi ses gravures, an remarque: laJoconde; le Retour
des pirates de Meyerkeim, etc. Il a été médaillé à Paris,
comme lithographe, en 1842, 1859, 1861 el 1863.
EICHHOFF (Frédéric-Gustave), philologue français, né
au Havre le 17 août 4799, mort à Paris le "2(1 mai 1875.
Répétiteur à l'institution Massin, il devint précepteur des
princes d'Orléans, lui nommé en is:;i bibliothécaire de la
reine, suppléa en 1838 Fauriel dans sa chaire de la Sor-
bonne, professa ensuite la littérature étrangère à la faculté
de Lyon (4844) et fut nommé en 1855 inspecteur général
de l'Université. Il avait été élu en 4847 membre cor-
respondant de l'Académie des inscriptions. On a de lui :
Etudes grecques sur Virgile (Paris, 1825, 3 vol. in-8);
Parallèle des langues dé l'Europe et de Vlnde (1836,
in-'i); Cour* de littérature allemande (4838, in-8) ; ■
Histoire de lu langue el de la littérature des Slaves,
liasses, Serbes, Bohèmes, Polonais et Lettons (1839,
in-8) ; Dictionnaire étymologique îles racines aile-
mandes (4 840, in-42), en collab. avec Suckau; Mélanges
litl ■■mires ( 1842, in-8) ; Essai sur l'origine îles Slaves
(1845, in-8); poésie héroïque des Indiens comparée
à l'épopée grecque et romaine ( l.soo, in-8); les Racines
de la tangue allemande rangées par désinences (1864,
in- 12) : les Racines de la langue anglaise (A86&, in-42);
Grammaire générale indo-européenne (4867, in-8);
Etu les sur Ninive, Persépolis et la mythologie de
l'Bdda (485S) ; Concordance des quatre évangiles
(4864), etc., sans compter un grand nombre de livres
classiques : morceaux choisis, versions, etc.
lîlCHHORN (Johann-Gottfried) , orientaliste et théologien
allemand, né à Dœrenzimern le Kioct. 1752, mort à
Gcettingue le 25 juin 1827. Dès 1783 il fut professeur de
langues orientales à Iéna; en 1788, il passa à tîœttinguc
ou il professa jusqu'à sa mort. Autant sa vie extérieure tut
monotone, autant son activité scientifique fut multiple et
féconde; illustre exemplum félicitât is acoAemic.ee, dit
le panégyrique d'un collègue. Ses nombreux ouvrages, cata-
logués ailleurs, forment deux catégories : les uns s'occupent
de l'histoire politique et littéraire des temps modernes,
très estimés en leur temps, comme le prouvent les nom-
breuses éditions ; ils sont oubliés aujourd'hui. Dans la
seconde catégorie, on peut distinguer les études consacrées
à la littérature orientale en général, comme Proijram. de
Cusehiris verisimilia (Arnstadt, 1774, in-8) ; Geschichte
desns/ind. Handels vor Mohammed (Gotha, 177.°>, in-8);
Moaumentaanliquissima historiœ Arabum, etc. (Iéna,
I77(!, in-4), et bien d'autres qui conservent leur valeur.
In périodique qu'il publia de 1777 à 1780 sous le titre de
Wepertorium furbibl. u. morgenl. Litteratur (Leipzig,
18 vol. in-8) peut servir de transition aux ouvrages con-
sacrés à la littérature biblique, ou le génie d'Eichhorn finit
par se localiser. De 1787 à 1803, il rédigea encore VAUge-
meine Bibliothek der bibl. Litteratur (Leipzig. 10 vol.
in-1'2). C'est dans ce domaine qu'il exerça une réelle
influence : il transforma, dans la voie ouverte par 11. Simon
et Semler, l'isagogique traditionnelle en une histoire lin -
raîrede la Bible, en publiant son Einleilung in dos Aile
Testament (Leipzig, 1780-4783; 4e éd. à Gœttinguei
1823-4826, 5 vol. in-8); Einleilung in dieapokryph.
Bûcher des A. T. (Leipzig, 1795, in-8) et Einleitung in
dus Neue Test. (Leipzig, 1. 1, 1804; 2° éd., 4820; t. Il-V,
1810-1827, in-8). Son enthousiasme juvénile et commu-
nicalif faisait de lui un professeur populaire; il admirait,
d'ailleurs, dans la littérature biblique, plutôt des écrits
intéressants par leur antiquité que des documents reli-
gieux, l'.-ll. KrOger.
Bibl. : Saalfeld, Oeschichle derUniversitaH Gaettinaen ':
ingue. 1820, et Dœring, môme ouvrage .suite). is:;s,
donnent la list< xits d'Eichhorn. — Kioii-
si kdt, Oratio de J.-G. Eichliornio ..; Ii na, 1827, in-4. —
Tyi ii-i:\. Memoria Eichhornii; Gœttingue, 1828, in-8.
EICHH0RN (lohann-Albreihl-Frieilcicli). homme d'Etat
prussien, né à Wertheim-am-Main le -2 mars 1770, mort
EICIIIIOBN — KIUIKODT
708
à Berlin le 16 janv. I8.'ili. Entré dans ia magistrature, il
travailla activement au relèvement de la Prusse et com-
battit en 1X1 «i ; il lit partie de la commission chu
d'administrer provisoirement les paya allemands reprisa la
Franc»! et publia Die Zentralverwaltung der Verbun-
ilftrn unterdem Freiherm vom Slein (4814); joua un
rôle dans la liquidation des réclamations allemandes contre
la France, devint conseiller secret du ministère des affaires
étrangères, puis conseiller d'Etat (4847). Il l'ut, dans toute
cette période, un des principaux hommes d'Etat qui pré-
parèrent la grandeur de la Prusse, en particulier par le
Zollverein. En 1X40, il fut nommé ministre des cultes, de
l'instruction publique et de l'hygiène; il suivit une poli-
tique cléricale, tenta vainement l'organisation synodale de
l'Eglise évangélique. Sa manière d'agir accrut beaucoup les
forces des ultramontains catholiques et des piétistes pro-
testants. Il se retira en 1848.
EICHHORN (Karl-Friedrich), jurisconsulte, né à léna
en 1781, mort en 1834. Dès 1803, il était privat-docent
à Gœttingue; de 1805 à 1811, il fut professeur ordinaire
à Francfort-sur- l'Oder ; de 1811 à 1817, à Berlin; enfin
et jusqu'en 1831, à Gœttingue, ou il enseigna avec un grand
succès le droit allemand, le droit ecclésiastique et le droit
puhlic. De 1832 à 4847, il remplit de hautes fonctions
judiciaires et administratives. En 1815, il avait fondé avec
Savigny la Zeitschrift fur geschichtliche Hechtswissen-
schaft, ou il publia des articles fort intéressants sur les
collections espagnoles de droit canon : Uber die spanische
Sammlung der Quellen des Kirchenrechts. — Œuvres
principales : Deutsche Staats-undIteclitsgeschichte(Gwl-
tingue, 1808-1823, 4 vol. in-8 ; 5" édit., 1843-1844) ;
Einleitung in das deutsche Privatrecht mit Einschluss
des Lehnrechts (Gœttingue, 4823, in-8; 5e édit., 1845);
Grundsdtze des Kirchenrechts (Gœttingue, 4 821 -1823,
2 vol. in-8) traduit en français par H. Jouffroy : le Droit
canon et son application à l'Eglise protestante (Leipzig
et Paris, 1843). E.-H.V.
Biiîl. : Siegel, Erinnerung an K.-Fr. Eichhorn ; Vienne,
1881, in-8. — Schulte, K.-Fr. Eichhorn nac/i seinen
Aufzeichnungen Briefen; Stuttgart, 1884, in-8.
EICHHORN, famille de musiciens allemands. Johann-
Paul, né le 22 févr. 1787 au village de Neuses, près de
Cobourg. Il y reçut une éducation de paysan et apprit seul
le violon. En 1821, il fut admis dans la musique de la cour
à Cobourg. Il eut d'un premier mariage Ernst Eichhorn,
né le 30 avr. 1822, et d'un second Eduard Eichhorn, né
le 17 oct. 1823. Les deux enfants étaient merveilleuse-
ment doués pour la musique, et leur père, tirant parti de
leurs aptitudes, en fit des « petits prodiges ». Au mois de
mars 1828. Ernst, qui n'avait pas six ans, joua à la cour
un concerto de Kreutzer, accompagné par son frère Eduard.
A la suite de ce premier succès, la famille Eichhorn com-
mença des tournées artistiques dans toute l'Allemagne.
Puis les deux frères se firent entendre à Paris, Londres,
Vienne. Ernst devint un violoniste très habile. Il est mort
à Cobourg le 16 juin 1844. Son frère Eduard, violoniste
et compositeur, a écrit plusieurs œuvres de virtuosité,
notamment un concerto pour violon. Il est maître de cha-
pelle à Cobourg. Ch. Boudes.
EICHHORN (Albert), paysagiste et peintre d'architec-
ture allemand, né à Freienwalde-sur-Oder le 7 juil. 4844,
mort à Potsdam le 19 oct. 1851. Il fit ses études au gym-
nase de Joachimsthal à Berlin et s'occupa d'abord d'archi-
tecture. En exécutant des travaux d'arpentage, il fut frappé
de la beauté du paysage et le goût de la peinture s'éveilla
en lui. Elève de Biermann à Berlin, il fit en 1840 un
voyage en Italie et en Grèce, où son talent se développa
complètement. Il peignait les paysages méridionaux à la
manière classique, mais en les éclairant d'une lumière
très vive. Le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume IV, lui fit
exécuter un grand nombre de tableaux et le chargea sur-
tout de décorer ses châteaux de Potsdam. Sujet à la mé-
lancolie, Eichhorn se suicida.
EICHHORN (Chiistolfer). érudit nédoit, ai I Stock-
holm le 26 oct. 1x37. Attaché I la bibliotbèqne royale de
celle ville depuis I80i, il a publie, outre de, ai1|( -les de
critique littéraire, dramatique et artistique dans divers
journaux, un recueil de Poésies et Récits (1X76) ; Pseu-
donymes et anonymes suédois dévoilés (1X59. I) ; /;<--
cherches sur le» Anecdotes de Suède (1803) ; la P
non rimer en Suéde au temps du parlementarisme
(4865) ; Etudes suédoises (4869, 1872, 1K81, 3 fasc.) ;
l'Architecture suédoise (1871); Guitt. Doyen, mono-
graphie artistique (1879) ; llelhuan et son dernier bio-
graphe, A. Fryxell (1879) ; Bellman au Parc zootogique
(1879). Un lui doit aussi une traduction du Décaméron
de Boccace (4864-62 ; 38 éd., 1883) et le U-xte de beau-
coup d'ouvrages illustrés : Decwil pour l'histoire de l'art
suédois par Mandelgrén (4866-68) ; les Dois de Suèds
et leurs contemporains, portraits par M. Josephson (1866) ;
Monuments de l'art suédois : moyen âge et Benaissance
(1878) ; Photographies d'après dès tableaux etdcs gra-
vures (1880-1890); Tableaux de l'ancien Stockholm
(4887-4889). 11 a édité Tisbe d'Asteropherus (1863),
ainsi que les œuvres de Stagnelius (1866-1868), de
C.-A. Ehrenswaerd (1866), de Sommelius (1867), de Bell-
man (1876), ainsi que plusieurs calendriers littéraires, et
il a pris part à la publication du Recueil d'ouvrages lit-
téraires d'écrivains suédois de Stjernhjelm à Dalin,
édité par Hanselli (22 vol. in-8). U a contribué par plu-
sieurs écrits à éveiller chez ses compatriotes le sentiment
de l'utilité des études et des collections d'art industriel. B-s.
EICHHORST (Hermann), médecin allemand contempo-
rain, né à Kœnigsberg le 3 mars 1849. Successivement
professeur extraordinaire à léna et à Gœttingue, depuis
1884 professeur ordinaire et directeur de la clinique médi-
cale à Zurich, il s'est fait connaître par d'importants tra-
vaux sur l'anémie pernicieuse (1878), l'innervation du
cœur (1879), les méthodes d'exploration physique (1881,
et autres éditions, dont une française en 1890), etc. ; il a
publié un Handb. der spec. Pathologie (Vienne, 1883,
in-8; Irad. en français, Paris, 1889, 4 vol. in-8).
EICHLER (Heinrich), sculpteur-ébéniste allemand, né à
Lippstadten 1637, mort à Augsbourgen 1719. C'est dans
celte dernière ville que se trouvent ses principales œuvres,
tables, cabinets et bois sculptés, notamment la chaire de
l'église Sainte-Anne.
EICHLER (Gottfried), peintre allemand, fils du précé-
dent, né à Augsbourg en 1677, mort en 1759. 11 fit le
voyage de Borne où il travailla sous Carlo Maratta et habita
successivement Vienne et Augsbourg. Il fit des tableaux
d'histoire, de religion et des portraits. Son œuvre la plus
connue est la Cène de l'église des Carmes déchaussés
d'Augsbourg. — Son fils, Johann-Gottfried Eichler(mort
en 4770) et son petit-fils, Mathias-Gottfried Eichler(mort
en 1818), sont connus comme graveurs.
EICHMANN (V. Driander).
EICHNER (Ernst), virtuose allemand sur le basson,
né à Mannheim le 9 févr. 1740, mort à Potsdam en 1777.
Il fut d'abord maître de concerts du prince de Deux-
Ponts. Après deux ans de séjour en Angleterre, où son
talent fut très apprécié, il entra au service du prince
royal de Prusse et acheva sa vie à Potsdam, se livrant
tout entier à la composition et à l'enseignement. Il a écrit
dix concertos pour le basson, une vingtaine de sympho-
nies, des quatuors, des trios.
EICHR0DT (Ludwig), écrivain humoristique et poète
allemand, né à Durlach, dans le grand-duché de Bade, le
2 févr. iSil. Ilétudia les lettres et le droit à Heidelberg et
à Fribourg, et vécut ensuite à Karlsruhe, à Francfort et à
Munich. 11 publia, en 1848, dans les FliegendeBUetter de
Berlin, ses chansons humoristiques, Wamlerlust , dont le
succès le détermina à écrire une série d'ouvrages du même
genre, lue partie de ses poésies sont écrites en dialecte
souabe {Rhetnschwcebisch, Gedichte in mittelbadiseher
Mundurt ; Karlsruhe, 1809). Le Lahrer Commerslnuii,
_ 709 -
EICHRODT — EICIITIIAL
recueil de chansons d'étudiants, n eu de nombreuses édi-
tions. Kuimxli est depuis 1875 jnge de paix à Lahr. A. B.
EICHST>OT ou AICHST£DT. Ville. — GêKRA-
n, — Ville d'Allemagne, ray. de Bavière, district de
Frainoiiie moyenne : 7,500 hab. Ancien château èpiseopal
transformé en easerne. ealhedrale avec anciens vitraux et
HrcniflOI. renfermant le tombeau de saint Wilihald: enlise
du couvent dM nonnes de WaJpOTgH et cinq autres églises.
Préparation d'ardoises, de pieries lithographiques, etc.
Eiehstetl exporte aussi beaucoup de fossiles (poissons et
saurieo-t extraits des carrières du Jura franconien.
Notoire. — l.a ville actuelle est Initie sur remplacement
d'une station ratatine, mais elle remonte a l'époque caro-
lingienne i lureatum Rubiloctu ou Eysteetï). En 745,
saint Bonifare y fonda un e\éche avec le concours du
comte Suit^ar. l.a ville prospéra lorsqu'on y apporta en
S7I les reliques île sainte Walpurgis. De la pierre qui les
recouvrait suintait une huile miraculeuse. Kn 908, Kisrlita-tt
s'entoure île murs: au n* siède( 1 042-1042), on restaure
le couvent de Walpurgis; au xi\° siècle, l'évèque Berthold
bâtit auprès de la ville le château dr W'ilibaldsburg où
(lies résidèrent jusqu'en 1723. La ville possédait
l'imnii'diatete. I.n 1805, elle fut incorporée à la Bavière;
les couvents et la commanderie de l'ordre teutonique furent
sécularises (4803-4807). De 1817 à 1833, le duc de
l.euehtenberg résida à Eichstatt.
Principauté. — l.a principauté d'Kichst;ett comprenait
à la tin du wm siècle 1,400 k. q. et 58,000 hab.; elle
était comprise dans le cercle de Eranconie, confinait au
duché de Nenbonrg, à la principauté d'Anshach, etc. Elle
appartenait à levèchè; celui-ci, fondé en 745, ressortis-
sait a l'archevêché de Mayence. Il fut sécularisé en 180-2,
et la principauté d'Eichsta'tt, d'abord annexée à la Bavière,
fut bientôt affectée au grand-duc de Toscane, puis restituée
a la Bavière en 1805. En 1817, on reconstitua la princi-
pauté, sous la suzeraineté de la Bavière, au profit d'Eugène
de Beauharnais, ancien roi d'Italie, devenu duc de Leuch-
tenberg et prince d'Eichsta'tt. Elle comprenait la ville
d'Eichsta'tt et quelques localités voisines; elle disparut
en ls
Bibl. : Sui'lHEK, Dibliotheca Eyslellensis; 1866-67. —
Sax. Die Bisch'ife und Reichsfùrslen von Eichsteett (745-
I.andshut. 1884.
EICHST>€TT ( Prince d') (V. Beaiharnais [Eugène de]).
EICHSTATT (Heinrich-Karl Abraham), philologue alle-
mand, né à Oschatz le 8 août 177"2, mort à Iéna le
4 mars 1X48. Privat-docent (1793), professeur de philo-
sophie (4795) à l'université de Leipzig, il passa comme
professeur d'éloquence et de poésie à celle d'Iéna(1797),
dont il dirigea le séminaire philologique. Il a commenté
des éditions de Diodore (Halle, 1800-1802, 2 vol.), de
Lucrèce (Leipzig, 1801); sa réputation fut due à l'élégance
de ses discours latins réunis par Weissenborn sous le
titre d'Opuscula oratoria (Iéna, 1850). Sa corres-
pondance avec Goethe a été éditée par Biedermann
(Berlin. 1872).
EICHTHAL (Gustave d'), publiciste français, né à Nancy
le -2-2 mars 1804, mort à Paris le 9 avr. 1880. Israélite de
naissance, il fut converti au catholicisme à treize ans, puis,
au sortir du lycée Henri IV (18-2-2), devint élève d'Aug.
Comte, qui l'initia à la doctrine saint-simonienne. Malgré
la rupture de Comte avec Saint-Simon et la mort de celui-
ci en 18-25, (i. d'Eichlhal, après divers voyages et des
études commerciales, s'attacha résolument à cette école
. a laquelle il consacra une partie de sa fortune. Il
écri\it dans Y Organisateur et le Globe tX, quand commen-
cèrent les poursuites judiciaires, défendit éloquemment
Duveyrier devant la cour d'assises de Paris (27 août 1 832 1.
La famille une fois dissoute, il partit pour l'Italie, puis
pour la Grèce, où il séjourna vingt mois, travaillant avec
d'autres jeunes philhellènes au relèvement économique du
pays ruiné par la guerre de l'Indépendance. H fonda à cet
effet le bureau d'économie politique; mais, mal sou-
tenu par le pouvoir, il dut se retirer à la chute du ministre
(olettis, qui seul l'avait compris et appuyé. Plus tard,
son dévouement désintéressé fut publiquement reconnu par
les Grecs, dont il resta toujours l'ami passionné et dont il
rêvait de faire adopter la langue comme organe universel
des relations entre les peuples civilisés. A son retour en
France, il publia sous ce titre, les Deux Mandes (Paris,
1836, in-8), ses observations et réflexions sur la question
d'Orient. Dans les dix années qui suivent, il s'occupe sur-
tout d'ethnographie. 11 visite l'Algérie en 1838, mais n'a
jamais fait le voyage d'exploration en Sibérie que lui prê-
tent certains biographes, le confondant avec un homonyme
plus jeune. Secrétaire de la Société ethnologique, il prélude
par une étude sur V Histoire primitive des races océa-
niennes et américaines, au travail qu'il donnera plus
tard sur les Origines bouddhiques de la civilisation
américaine (Revue archéol., sept. 1804 et avr. 1805).
Foncièrement religieux , quoique d'une religion tout
humaine ayant pour premier objectif le bonheur et le
progrès de l'espèce en ce monde, il s'attache alors à
l'exégèse chrétienne et prépare avec « une incroyable pa-
tience », dit Sainte-Beuve (Nouveaux Lundis, t. VI,
p. 11), son Examen critique et comparatif des trois
premiers évangiles (Paris, 1863, 2 vol. in-8). Plus tard,
il entreprendra une étude critique du Pentateuque (la
Sortie d'Egypte, Paris, 1873) et donnera (ilnd., 1875)
un mémoire sur le Texte primitif du premier récit de
la création, réimprimé après sa mort par son fils, M. Eug.
d'Eichthal, avec d'autres travaux d'histoire et de philo-
sophie religieuses réunis sous ce titre : Mélanges de cri-
tique biblique (Paris, 1880, in-8). Ce volume contient
notamment une étude sur le Nom et le caractère du
Dieu d'Israël, Jahvek, et surtout un fragment sur la
Déclaration des droits de l'homme et l'Etre suprême,
où l'auteur marque bien le lien qui devait, dans sa pensée,
rattacher aux idées religieuses de la Judée l'avenir des
sociétés modernes. Le même esprit animait déjà sa bro-
chure, les Trois grands Peuples méditerranéens et le
christianisme (Paris, 1864, in-8), et se retrouve dans des
essais d'un caractère plus purement philosophique : la
Justice dans Platon (1863) (dans la Revue germanique)
et Théologie et doctrine religieuse de Socrate (Paris,
1881, in-8). Tous ces travaux témoignent d'un esprit
élevé, consciencieux, généreux, à la fois positif et idéaliste
jusqu'à l'utopie, scientifique et mystique ou du moins
religieux au meilleur sens de ce mot. Mais le plus grand
service peut-être qu'ait rendu pratiquement cet homme
distingué, toujours occupé de grands intérêts moraux et
soucieux du bien public, ce fut de fonder, en 1867, avec
Beulé et Brunet de Presles, l'Association pour l'encou-
ragement des études grecques (V. l'Annuaire de cette
société, 1877, pp. 1 à 70). C'est là qu'il produisit ses
études philologiques sur la prononciation du grec, les rap-
ports du grec moderne et du grec classique, etc., tendant
toutes à faire admettre l'Usage pratique de la langue
grecque comme langue universelle, selon son idée
favorite développée dès 1864 dans une brochure publiée
avec M. Renieri. Son fils a encore rassemblé après sa mort
la plupart de ces études en 1 vol. in-8 (Paris, 1887), inti-
tulé la Langue grecque, mémoires et notice, et en
tète duquel figure une très bonne notice biographique par
le marquis de Queux de Saint-Hilaire.
Quand il mourut en 1886, après une verte vieillesse
restée toute chaude de ses enthousiasmes juvéniles, Gust.
d'Eichthal laissait deux fils. L'un, Georges d'Eichthal,
ingénieur, fut enlevé à quarante-cinq ans, en 1890 ;
l'autre, M. Eugène d'Eichthal, né en 1844, outre les
écrits posthumes de son père, a publié des études d'éco-
nomie sociale dans la Revue des Deux Mondes, le Jour-
nal des économistes, etc. Les principales de ces études,
Collectivisme agraire et nationalisation du sol, et
l'article Socialisme du Nouveau Dictionnaire d'écono-
mie politùjuc, ont formé 1 vol. in-8 (Paris, 1891).
i:iCIITII\l. - ElliKKHANHx
- 716 -
M. Eug. d'Kichthal collabore, en outre, u la Revue cru-
tique h •! la Revue historique. II. Mabio>.
BICHWALO(Karl-Edaanl), médecin et naturaliste russe,
né ;i Mitau (Courlande) le '< iuil. I79S, norl s Syint-
Pétersbourg II t<> nov. 1876. En 1844, il enseignas
Dorpcl l'histoire oaturelle, puis en is-i.'t l'anatemie com-
parée el l'art obstétrical s Katan ; en 1 ^-27. il l'ut nommé
professeur titulaire de zoologie Bt d'anatomie comparées
à Vilna; en 1838, il devint secrétaire de l'Académie chi-
rurgicale <!<• Pétersbourg et professeur a cette même école,
en niôme temps que professeur de paléontologie a l'institut
des mines. Eichwald a été un voyageur infatigable; presque
ions ses ouvrages sont relatifs li la faune, à la Dore, a la
géognorie el à la paléontologie de la Russie. Citons seule-
ment de lui : Piantarùm novarum quas in itinere
Caspio-Caucasico obseroavit jase. (Vilna et Leipzig,
1831-33, in— toi. ) ; Die Urweli RussUmds (Pétersbourg,
1840*47, i vol.) ; Lâthœa Rosmca on Paléontologie de
la Russie décrite et figurée (Stuttgart, 18SbM868,
B vol.). DrL. Il.v.
EICHWALD (Eduard-Georg von), médecin russe contem-
porain1, lils du précédent, né à Vilna le 84 mars 1838. Il
fut nommé en istiii professeur de diagnostic et de théra-
peutique générale à l'Académie médico-chirurgicale de
Pétersbourg, en 18S3 professeur ordinaire de chirurgie
médicale, etc. ; c'est lui qui a fondé l'Institut clinique de
la prinresse Hélène. Ouvrages les plus importants : lieitr.
x-ur Cliemieder gewebebiUL. Substanuen (Berlin, 4S7-2);
AlUjetn. Thérapie (Pétcrsbourg, 1877, 4e éd.). Eichwald
est le médecin consultant le plus répandu de Pétersbourg.
El DAM IA (Bot.). Champignon Saccliaromycète dont les
filaments irréguliers 'se développent à l'extérieur des cellules
corticales des racines et des rhizomes des Orchidées en
s'enchevêtrait sous forme de pelotes, mais sans gonflements
ampullaires.
EIDER (Œgyr Diir). Fleuve d'Allemagne, rov. de
Prusse, prov. de Slesvïg-IIolstein, qui se jette dans la mer
du Nord après un parcours de 1 SX kil. Il naît à Schten-
hagen, au S. de Kiel, dans le llolstein, coule au N. comme
pour se jeter dans la mer Baltique, traverse les lacs
Barkau (ou Bolhkamp) et de Vlemhudc, tourne vers
l'O., arrose Rendsburg et forme désormais la frontière
entre le Slesvig et le llolstein, décrivant de longs méandres
à travers la plaine tourbeuse que des digues protègent
contre ses inondations. Il passe à Wittenbergen, Frie-
drichstadt et débouche dans la mer près de T;enning ; il a
alors 300 m. de large et 4 à S m. de profondeur. Il
reçoit à droite la Sorge et la Trente, à gauche le Jevenau.
L'Eider est navigable à partir de Rendsburg, mais on a
ulilisé son cours pour réunir, par une route fluvial», la
Baltique et Kiel à la mer du Nord. Le canal de l'Eider,
commencé en -1777, achevé en t78'i, part de Holtenau,
sur la baie de Kiel et joint l'Eider vers Sebertedt, d'où il
est canalisé jusqu'à Rendsburg. Il a 30 m. de large et
3m60 de profondeur. Le mouvement du canal fut, en
1SSi.de î,321 bateaux. — L'Eider a joué un grand mie
dans l'histoire allemande; il formait la frontière de l'em-
pire au N.,. surtout après que l'empereur Conrad eut
renoncé à toute prétention sur le Slesvig (10-27).
EIDER (Ornith.). Les Kiders, qui appartiennent à la
grande famille des Anatidés (V. ce mot) et à la subdivi-
sion des Fuligulinés, sont des Canards (Y. ce mot) de
forte taille, dont les femelles portent une livrée roussàtiv.
rayée et tachetée de brun et de noir, tandis que les mâles
sont revêtus d'un riche costume sur lequel le noir de ve-
lours s'associe au blanc pur, au fauve pâle, au gris et au
vert de mer. dette dernière teinte occupe la nuque et les
côtés du cou, tandis que le noir dessine une calotte ou une
marque en forme de V sur la gorge et occupe également
l'abdomen el une partie du dos. Le bec qui rappelle beau-
coup #oar sa forme le bec d'une Oie, est étroit, fortement
relevé a la base et garni de ce Côté de rangées de petites
plumes veloutées; les pattes sont robustes et les ailes sonl
n eoavtrtes de plairas retom béates i Le mode de disliitas
lion des couleurs, le dessin do plumage <-t las proportion*
des diverses parties du corps permettent de distinguer
dans le genre Somateria troisespèess, savoir : Sonate—
rm spectûHlù L., habitant l'Islande, la Scandinavie et
d'autres coatrées de l'Eurape Boréale, et ou l'avaaeaefl.
hiver jusque sur nos cotes ; S. mollistima L. qui se
trouve ;i la lois dans le nord de l'Europe, au Spitzbêrg et
dans le nord ds l'Amérique, et S. V. niyrutu, presque au
N.-O. de ce dernier (outillent. Peut-être même laul-il
considérer comme une •oatriéme espèce d'Eidcr sue forme
très rare de l'Amérique russe, la Lat/iprunella ou An to-
iletta Fischeri Brandt.
les Eiders vivent tous sur le bord de la mer et pnietBl
lapins grande partie de h-in SBJSloaee Bnr les îlot-, na-
geant et plongeant avec la plus grande aisance. Dana la
saison de la reproduction, les couples viennent bâtir leurs
nids sur les cotes, et, lorsqu'ils se sentent proie,
craignent pas de s'installer dans le voisinage immédiat des
habitations ou même dans les élables. Les nids, MOStroRa
avec des plantes marines, des herbes ou de la paille gros-
sièrement entrelacée, sont tapissés avec du duvet que la
mère arrache de sa poitrine et renferment de six à huit
u-ufs allongés, d'un gris olivâtre. Aussitôt que la ponte est
terminée, le mâle abandonne à la femelle le soin de l'incuba-
tion et va rejoindre a la mer les autres individus de son BBBA
Dans beaucoup de pays du Nord, les Eiders sont l'objet
Eider vulgaire.
d'une chasse effrénée qui chaque année diminue leur nombre
dans des proportions considérables ; mais en Islande, de-
puis quelque temps, le gouvernement danois a pris des
mesures rigoureuses pour assurer la conservation de l'es-
pèce, qui, tout en conservant sa liberté, peut être sou:
mise à une exploitation régulière et rendre autant et même
plus de services (pie nos races de Canards domestiques.
En Islande, en effet, les femelles d'Eider se montrent si
confiantes qu'on peut enlever deux fois de suite le duvet
qu'elles disposent pour recevoir leurs o'tifs sans que pour
cela elles abandonnent leur nid. Souvent même on leur
prend successivement un certain nombre d'œufs qui sont
bientôt remplacés par d'antres. Le duvet ainsi récolté est
l'édredon qui est si recherché dans l'industrie. L'Islande
seule exporte plus de 3.000 kilogr. par an de ce produit
précieux et le Groenland en fournit plusieurs centaines de
livres. Bans le N. de la Russie, en Suède et en Norvège,
on fabrique aussi, avec des dépouilles entières d'Eiders
mâles cousues ensemble, des couvertures Irèslégèresel d'uu
dessin fort original. Enfin les œufs des Eiders entrent pour
une large part dans l'alimentation des Islandais. 1". Oi-t.
Bidl. : T. Gould. Birds of Europa, 1838, pi. 37)
— D.-i;. Blliot, Blrds .v. Amer., pi. i; et 4S. — !.. Ma.
oaud h Acia --•■s, l'Eider Si t'Edredon, dans Revue îles
S<\ nul. appliquées, ISull. de ta Soc. dacclim., 1NV'.\
86« année, n* 20, p
EIDERDANSK (c.-à-d. Danois jusqu'à l'Eider). Nom
— TU -
EIDERDANSK - EIFFEL
d'un parti qui, dans l'espoir »lt» Mnatraire le Danemark, aux
tracasseries perpétuelles de la Confédération germanique,
proposai! d'abandonner les duchés allemands de rlolsteiuel
m Lueabowg, at d'unir plus intimement au royaume le
duché essentiellement danois de Sudjutland ou Slesvig. Ce
programme, que les rois de Suède et de Norvège, Oscarl"
al (.ii.nK'> X.V, étaient disposés à prendre pour base d'une
alliance avec le Danemark, fut adopté par les ministères
A.-W. Heltke (1848), Hall(1863), Monrad (1864). R-s.
EIDERSTEDT. Presqu'île de la côte 0. du Slesvig, au
v de l'embouchure de lEider, au S. de la baie d'Hevers-
iimui. Elle a été an partie rongée car la mer; Le reste est
abrite par des digues construites depuis l'inondation de
1634; les Kœge ou polders ont été ainsi préservés
(V. Si bsvig).
EIOSVOLD. Paroisse de Norvège, située à l'endroit où
le Vormeo soit du lac Hjœsen. C'est là que se tenaient,
dans les temps païens, le Heidsœvisthing, et, au moyen
. le / idsifathirig, assises dont la juridiction s'étendait
tant la v.-<». de la Norvège. En févr. 181 i. des no-
tables s'y réunirent dans l'usine Anker pour proclamer l'in-
dépendance de la Norvège (cédée a la Suède par le traité
de Kieli et. du 10 avr. au 19 mai, les représentants du
une restauré s'j assemblèrent pour voler la Consti-
tution (TEidsvol l qui, légèrement modifiée le î nov., est
encore la base du droit public. Cette maison mémorable a
achetée en 1 S > 7 avec le produit d'une souscription et
convertie en un musée qui l'entérine les portraits de tous
istituants. Bi vi vois.
EIFEL. Région montagneuse volcanique de l'Allemagne,
située sur la rive gauche du Rhin, au N. de la Moselle
inférieure, entre Trêves, Aix-la-Chapelle et Coblentz, sur-
tout entre la Moselle, le Rhin, l'Ahr et l'Our. L'ait.
moyenne est de G a 700 m.; le point culminant (llolie
i ( i atteint 781 m. Le climat y est très âpre, surtout aux
environs da Prflm (dans le Scknee Eifel). Quelques rares
cultures s'éparpillent entre les amas rocheux ; la population
est rare et pauvre. La région la plus curieuse est celle du
lac de Laach, entouré de 31 anciens volcans. L'Eifel est
une région très intéressante pour les géologues en raison
de ses formations dévoniennes et surtout de ses volcans
(V. Pans», S Géologie).
EIFÉLIEN (GéoL). Terme appliqué au sous-étage infé-
rieur du dévonien moyen en raison de son importance
dans l'Elfel (V. Dkvomkn).
EIFFEL (Alexandre-Gustave), ingénieur et constructeur
français, ne à Dijon le 15 déc. 1832. Sorti en lHo'i de
l'Ecole centrale des arts et manufactures, il a inauguré sa
brillante carrière en I8S8 par la conduite, en qualité de
da service. îles importants travaux du grand pont mé-
tallique de Bordeaux et par l'application aux fondations
des piles de cet ouvrage du procédé alors tout nouveau de
l'air comprimé. Il a ensuite exécuté le pont de la Nive, à
Rayonne, ceux de Capdenac et de Floirac, sur la ligne de
Taris a Toulouse. Lors de l'Exposition universellede 1867,
il a été officiellement chargé d'établir théoriquement, puis
de vérifier expérimentalement les calculs relatifs aux arcs
de la galerie des machines et il a résumé les résultats de
recherches dans un intéressant mémoire ou se trouve
tiv d'une façon précis- le module d'élasticité des pièces
composées. De la même époque date la fondation de ses
ateliers de constructions métalliques de Levallois-Perret
< \ . ni dwaaow). Il a depuis lors imaginé et réalisé, au cours
des nombreux travaux dont il a eu l'initiative ou l'entre-
prise, toute une série de perfectionnements qui intéressent
a la fois la science de l'ingénieur et l'art du constructeur,
et qui ont notablement contribué au développement de
l'industrie française. Il convient de citer plus particulière-
ment : la substitution île grands caissons quadrangulaires
en fer aux colonnes de fonte des piles de ponts (1809);
le lançage par leviers rt châssit h bascule des longues
poutres droites en treillis (1869) : son type de pont à arc
parabolique gigantesque en forme de croissant, pour la tra-
verse!' des vallées ou rivières larges et profondes (1873) ;
l'introduction en France du montage en porte à /aux par
cheminement progressif (1876). Les diverses innovations
ont été appliquées avec un plein succès par leur auteur à
la construction des viaducs de la Sioule et de Neuvial, sur
la ligne de Commentrj à Gannat (1869), du pontduDouro,
à arc parabolique de 100 m. d'ouverture (1870), de celui
de Vianna, sur la ligne du Minho-Portugal, qui a neuf piles
et 736 m. de longueur (LS77), du grand vestibule et de
la façade de l'Exposition universelle de 1878, de la gare en
1er de Budapest!) (1878), du pont du Tage, sur la ligne
de ('.acérés (1880), des beaux ponts-routes de Cubzac, sur
la Dordogne (1880), de Szegedin, en Hongrie, dont l'arche
principale a 110 m. de portée (1881), et des Messageries,
a Saigon (188-2), du célèbre viaduc do Garabit (Cantal),
qui est imité du pont du Douro et qui franchit la vallée de
la Truvère, a 122 m. de haut., au moyen d'une arche pa-
rabolique de 10') m. d'ouverture (1882), du viaduc de la
Tardes, sur la ligne de Montluçon à Eygurande, dont la
principale travée est. formée par une poutre droite de
104 m. (1884), de celui de Collonges, en amont de Lyon,
sur la Saône (1880), etc. Les ponts du Douro, de Vianna
et de Szegedin avaient été l'objet de concours internatio-
naux. On doit encore à M. Eiffel la nouvelle coupole de
22 m. de diamètre de l'observatoire de Nice, dont la masse,
supérieure à 100,000 kilogr., repose sur un flotteur annu-
laire de son invention et peut être déplacée à la main sans
efforts; la fameuse tour de 300 m. (V. ci-dessous), qui
constitue dans sa pensée le type de pile des grands ponts
de l'avenir; un système de ponts portatifs et démontables
(V. ci-dessous) ; un avant-projet de chemin de fer métro-
politain pour Paris (1890). Il a enfin pris une part directe
à tous les autres travaux de moindre intérètexécutés depuis
vingt-sept années par l'important établissement auquel il
a donné une si grande extension et dont la direction effec-
tive lui a été conservée après sa cession à une société ano-
nyme (1890). La Société d'encouragement pour l'industrie
nationale lui a décerné en 18851e prixquinquennalElphège
Bande, et l'Institut, en 1889, un prix de mécanique. Il a
été président de la Société des ingénieurs civils (1889). Il
a fait plusieurs conférences sur les constructions métalli-
ques. 11 a publié : Communication sur les travaux de
la tour île SOU m. (Paris, 1887, in-8); les Grandes
Constructions métalliques (Paris, 1888, in-4) ; les Ponts
portatifs économiques, en collaboration avec M. J. Collin
(Paris, 1888, in-8); Mémoire présenté à l'appui du
projet définitif du viaduc de Garabit(Paris, 1889, in-8).
Établissements Eiffel. — Fondée en 186o à Leval-
lois-Perret (Seine) par M. G. Eiffel, la maison Eiffel est
devenue en 1890 la Compagnie desétablissementsEiffel,
société anonyme au capital de 0 millions de francs divisé
en 12,000 actions au porteur de 500 fr. (350 fr. versés).
Ses ateliers, qui se sont étendus sur place, couvrent actuel-
lement (avr. 1892) près de 20,000 m. q. Elle s'occupe
surtout de constructions métalliques ; mais elle est aussi
organisée pour les entreprises générales de travaux compor-
tant terrassements, maçonnerie, etc. Outre les nombreux
ouvrages d'art énumerés dans la biographie de M. Eiffel,
elle a exécuté : tous les ponts des lignes de chemin de fer
de Latour à Millau, de Fréjus à Saint-Raphaël, de Vendée,
en France ; de Gerone, des Asturies, Galice et Léon, de
Lacérés, en Espagne; du Minho, du Douro, de Beira-Alta,
de Lisbonne à Cintra, en Portugal; de Jassy à Ungheni, de
Ploescià Prédéal,en Roumanie; les ponts-routes de l'Oued-
Djemma, en Algérie, de Sainte-Llaire-d'Oloron (Basses-
Pyrénées) ; les grandes charpentes métalliques de l'Ecole
Monge, des magasins du Bon-Marché, de l'hôtel du Crédit
lyonnais, du pavillon de la Ville (Expos, univ. de 1878), à
Paris; l'importante usine à gaz de Clichy (Seine); le môle
et la douane d'Arica, au Pérou; l'ossature de la statue de
la Liberté de Bartholdi ; le barrage de Port-Mort, sur la
Seine ; le casino des Sables-d'Olonue, — et quantité d'autres
ponts, halles, usines, barrages, de gares, de réservoirs, de
EIFFEL
- 712 —
barrières roulantes, de pues êlévatoirea, etc. Elle avait
accepté en 188K l'entreprise complète (crensement des sas
pi portes métalliques) des dix èdnses géantes de Panama
(V. ce mot) ; les portes étaient prêtes et un demi-million
de m. c. de déblais enlevés, lorsque les embarras finan-
ciers de la Compagnie <ln canal sont venus interrompre les
travaux (4890). Elle construit actuellement les écluses de
Port-Ville/. (Seme-et-Oise), sur la Seine, le |>ont-canal de
Briare, sur la Loire, le grand appontement de Pauiliac, sur
la Gironde. Elle a enfin déjà fourni, tant en Franee qu'a
l'étranger et aux colonies, 20,000m. linéaires de ses ponts
portatifs démontables.
Ponts portatifs Eiffel. — Ces ponts, tout en acier,
ont été employés pour la première fois, en 188.">, par la
Compagnie d'Orléans pour une déviation provisoire de la
ligne de Questembert à l'iocrmel. Ils paraissaient devoir
être très utiles en temps de guerre. Ils se composent de
deux poutres, de 1m50 à 3 m. de haut, suivant le type,
réunies à leur partie inférieure par des entretoises que
relient elles-mêmes deux files de longerons supportant les
rails. Chaque poutre est d'ailleurs formée par un petit
nombre d'éléments triangulaires identiques, susceptibles
d'être séparés ou rassemblés rapidement et de s'emboiter
pour le transport. Les pièces les plus lourdes pèsent
417 kilogr. Les types principaux sont au nombre de cinq :
ponts-routes (3 à 4 m. de larg., 24 à 27 m. de portée),
ponts militaires (3 m. de larg., 24 m. de portée), ponts
pour voies Decauville (21 m. de portée), ponts pour voies de
i m. (22 m. de portée), ponts pour voies normales (45 m.
de portée). Ces derniers ne pèsent que 85,000 kilogr.,
supportent des épreuves de 6,500 kilogr. par mètre et
peuvent être montés, lancés et raccordés à la voie par une
section de 60 soldats du génie en deux jours et demi.
Tour Eiffel. — Haute de 300 m. et toute en fer, cette
gigantesque « pile de pont » isolée, dont la curieuse ossa-
ture se dresse à l'entrée du Champ de Mars et domine
tout Paris, a été exécutée par M. G. Eiffel à l'occasion
de l'Exposition universelle de 1889. L'avant-projet, dû à
la collaboration de l'éminent constructeur, de MM. E. Nou-
guier et Maurice Kœchlin, ingénieurs de sa maison, et
de M. Stephen Sauveslre, architecte, en fut officiellement
adopté au mois de juin \ 886, malgré une vive protesta-
tion d'un groupe assez nombreux de gens de lettres et
d'artistes des plus célèbres, qui craignaient que sa masse
ajourée ne déparât la capitale. Le 8 janv. -1887, la con-
vention fixant les conditions définitives de son édification
fut signée avec l'Etat et la Ville de Paris. Le 28 du même
mois, le premier coup de pioche fut donné. Les fondations
furent terminées le 30 juin 4887, le montage de la partie
métallique le 31 mars 1889, l'aménagement et la décora-
tion le 17 mai suivant. 2 ans, 4 mois et 9 jours avaient
suffi. Jamais entreprise aussi considérable ne fut con-
duite avec autant de rapidité et de précision. Aucune erreur,
aucun mécompte (si ce n'est une courte grève d'ouvriers)
np vinrent déranger un programme arrêté d'avance pour
chaque jour et dans ses moindres détails.
La tour Eiffel présente l'apparence générale d'un tronc
de pyramide quadrangulaire régulière à faces courbes. Elle
est en réalité essentiellement constituée par quatre mon-
tants ou arêtiers distincts en treillis, rectilignes jusqu'à la
première plate-forme, curvilignes ensuite, et seulement
reliés, d'abord au sixième et au tiers environ delà hauteur,
par des poutres horizontales également en treillis, formant
ceintures et portant planchers, puis du second étage jusqu'à
leur point de jonction, par des diagonales en croix de Saint-
André. Les arêtes intérieures des montants sont d'ailleurs
supprimées à partir du second éfage. Tout le reste, grands
arcs formant voûte sur chaque façade, consoles, balcons,
campanile, n'intervient que pour l'ornementation et ne
contribue en rien à la stabilité de la tour. — Sa teinte \a
en dégradant du rouge sombre, à la base, au jaune orange,
au sommet.
Les fondations ne sont pas la partie la moins intéres-
sante de l'ouvre. Le sous-mI est larme ■ est endroit par
une couche d'argile plastique île 16 m., reposant sur la
ciaie du bassin de Paris et surmontée d'un banc de SSMs
et de envier compact, qui s'inclina rapidement «en le lit
de la Seine et qu'il était de toute nécessité d'atteindre : le
terrain supérieur n'est en effet qu'un amas de sable ta ai
vaseux et de remblais n'offrant pas une consistance suffi-
sante. Pour les piles E. et S. (de gaoehe et de droite, et
en arrière, lorsque l'on fait face a l'Ecole militaire), nulle
ie*
Tour Eitïel (d'après une photographie).
difficulté. Le banc de sable fut rencontré à la profondeur de
7 m. et l'on put opérer à l'air libre. Pour les piles N. et O.,
au contraire, distantes de la berge de 120 m. seulement,
il fallut aller chercher ce banc à 12 m., c.-à-d. à 5 m.
au-dessons du niveau de l'eau, et l'on dut recourir au pro-
cédé de l'air comprimé (V. Ain, t. I, p. 1054). — Chaque
pile a quatre arêtes et chaque arête a sa fondation parti-
culière. H y a ainsi 16 massifs, qui ont trois de leurs
faces verticales et la quatrième inclinée à 52". suivant la
direction de l'arête correspondante. Leur base, rectangu-
laire, a 10 m. sur 6 m. pour les piles E. et S., 15 m. sur
0 m. pour les piles N. et 0. ; elle est formée par une épaisse
couche de béton au ciment de Boulogne. Le mole lui-niéme
pst en pierres de Souppes. couronnées par deux assises de
larges pierres de taille de Chàteau-Landon. Chaque arête
est fixée au moyen d'un sabot en fonte que calent deux
boulons scellés, de 7 m. de long, sur 0ml0 de diamètre.
— 743 —
Ell'TEL
Gel ancrage, inutile pou la stabilité de la loue, donne ce-
pendant un excès de garantie contre ton) glissement. Il a
en outre servi poor le montage des fois .mi porte a faux.
Kntin. dans chaque sabot ■ eu ménagée, par une dtsposi-
tion ingénieuse, une presse hydraulique de 800 tonnes,
que deux hommes peuvent facilement taire fonctionner. Ces
seize puissants leviers de réglage, qui ont déjà été Bm-
ivei succès pour l'assembla ge des montants avec les
poutres du 1 r étage, Boni d'antre pari destinés à rétablir
au besoin la parfaite verticalité de l'édifice. Il serait morne
pratiquement aise a 33 nommes, faisant a^ir simultanément
cette force totale de 13,800 tonnes, de soulever de plusieurs
centimètres la tour entière. Son poids ne dépasse pas en
effet 9,000 tonnes, y compris les accessoires. Il se résout,
en v ajoutant l'effort des plus grands vents et la charge de
la maçonnerie de subslruction, qui cube I-, 000 m., en
une pression verticale de 3**1 au maximum (3 atmos-
phères et demie) sur chaque centim. q. des 1,200 ni. de la
surface d'appui. Quant a la plus forte pression oblique,
elle s'exerce sous les sabots, sur les assises en pierre de
taille : mais la même elle n'est que de 30 kilogr. par
centim. q., el ces pierres ont donné aux essais une résis-
tance de 1,335 kilogr. Ainsi, nul danger de tassement ni
du sol. ni des fondations. Tonte cette infrastructure dis—
parait dans un remblai arasé au niveau du Champ de Mars
(sauf pour la pile S., ou une vaste cave a été conservée
entre les quatre massifs), et un soubassement décoratif,
en grandes dalles de béton Coignet, entoure le pied de
chacune des quatre piles. I.'écartement de deux piles voi-
sines est de 103"90 entre leurs axes, de 1lNm90 entre
les arêtes extérieures des fers, de IS^SS entre les côtés
extérieurs des soubassements.
De la hase au premier étage, les quatres montants sont
des prismes I section horizontale carrée de 15 m. de côté,
inclinés à 52°. Leurs arêtes ou arbalétriers sont îles poutres
de fer creuses de 0m80 de coté. Mies sont reliées par des
en treillis de fer cornières disposées en croix de
Saint-André et par des traverses horizontales de même
eontexture formant avec les premières des panneaux de
I4"50 de haut. Jusqu'à 2t> m., le montage « en porte à
faux > put s'effectuer au moyen de simples bigues munies
de treuils et sans le secours d'aucun échafaudage. Douze
gigantesques pyramides en bois étayèrent ensuite les douze
arbalétriers iutérieurs, et quatre puissantes grues pivotantes
de I i m. de portée, que l'on déplaçait progressivement le
hmg des futures poutres de roulement des ascenseurs, his-
sèrent désormais les lourdes pièces métalliques. Quant aux
poutres transversales de 7U150 de côté et 45 m. de long.,
qui réunissent les quatre montants et leur servent en même
temps de points d'appui, elles furent mises en place, partie
a l'aide de quatre nouveaux échafaudages de48 m. de haut.,
partie par cheminement en porte à faux. Klles sont dissi-
mulées par de nombreux accessoires et appliques purement
décoratifs. Elles supportent un plancher qui est a 57"'(j.'!
tus du sol, mesure 70m70 de côté, 4, "200 m. q. de
surface, et présente en son milieu un vaste trou béant.
Trois restaurants et une salle de concert y sont installés ;
un promenoir couvert, de -2S,'-î m. dc développement sur
2m»iO de largeur, en fait le tour. Quant aux quatre arches
monumentales qui s'ouvrent sur chaque façade, elles ne
sont, nous l'avons dit, que des motifs d'ornementation ;
elles mesurent 39*40 de hauteur sous clef de voûte el
7 tm-l '» de corde.
lie |;i première à la troisième plate-forme, les montants
sont constitués parles mêmes éléments légèrement modifiés.
Leurs sciions horizontales, quoique toujours carrées, vont
en rétrécissant depuis 15 m. jusqu'à .'> m. de coté. Leurs
-ont dirigées suivant la courbe de plus grande ré-
aiataiie an vent; au nombre de lf> jusqu'à la deuxième
plate-forme, elles se réduisent ensuite à L2, tonds exté-
rieures, puisa 8. Cette seconde partie du montage s'effectua
beaucoup plus facilement et sans échafaudages, l/'s mêmes
grues fonctionnèrent dans des conditions analogues. Des
relais, desservis par des locomobiles, furent seulement
installés sur les plates-formes successives. La deuxième,
supportée comme la première par un cadre de poutres en
treillis, esl à ll.'i'n7;! au-dessus du sol et est également
entourée d'un promenoir de 2ra(i0 de largeur. Mais son
plancber, de 1,400 m. q., est continu. Le Figaro y tirait
pendant l'Exposition une édition spéciale. La troisième
est à 27ii'"l<i ; le public ne monte pas plus haut. La tour
n'a plus que 10 m. de largeur; mais une terrasse en
encorbellement porte à l8mo5 le côté du plancher. Tout
autour règne une galerie couverte d'où l'on découvre, der-
rière des châssis vitrés, un panorama féerique ; par les
temps très clairs, les lunettes qui y sont disposées per-
mettent de découvrir des points distants de 90 kil. (forêt
de Lyons, près de Rouen). Le centre est affecté à divers
services. Au-dessus sont aménagées (i petites salles. Trois
constituent l' 'appartement de M. Eiffel, qui y a tout un
ameublement avec piano, lustres Edison, cheminée à gaz, etc.
Les trois autres sont des laboratoires d'astronomie, de
physique et météorologie, de microbiologie, où d'intéres-
santes expériences ont déjà été faites. Une terrasse à ciel
ouvert fait le tour de l'étage (278m95 au-dessus du sol).
Le campanile, dont la hauteur est celle d'une maison à
six étages, est formé par quatre arceaux convergents en
treillis, orientés suivant les diagonales de la section carrée
de la tour et portant en leur point de jonction le phare
terminal. Sa lampe, alimentée par un courant de 100 am-
pères, a une intensité propre de 5,500 carcels. Mais deux
tambours, l'un catadioptrique, l'autre dioptrique, multi-
plient considérablement celte lumière qui, invisible dans
un rayon de 1,500 m., atteint 100,000 carcels pour des
distances de 2,500 m. et 515,000 carcels, dans les
éclats, pour des distances de 4 kil. et demi. Sa portée
théorique est de 200 kil. En réalité, la courbure dc la
terre ne permettrait de l'apercevoir qu'à X5 kil. pour des
points cotés 34 m. (ait. du Champ de Mars), qu'à 127 kil.
pour des sommets de 300 m. Une couronne de verres de
couleur tourne autour de l'appareil qui est fixe, en sorte
que le feu brille successivement bleu, blanc, rouge, blanc.
Ce phare est allumé tous les soirs, sauf l'hiver. 11 est dû
à MM. Sautter et Lemonnier, ainsi que deux puissants pro-
jecteurs système Mangin, de 0in90 de diam., mobiles sur
la terrasse de l'appartement de M. Eiffel. L'intensité de
chacun d'eux est de (i millions de carcels ; ils permettent
de distinguer, la nuit, avec une lunette, tous les détails
d'un objet distant de II kil. Ils ne fonctionnent qu'excep-
tionnellement. Une dernière plate-forme, de lm40dc diam.,
que surmonte un paratonnerre servant de hampe à un dra-
peau de 50 m. q., occupe le sommet de la coupole du phare.
De nombreux instruments de météorologie, construits par
M. M. Richard, y constatent automatiquement les divers
phénomènes atmosphériques. Ce sont deux thermomètres
à maxima et à minima, un psychromètre, un hygromètre
et un pluviomètre, simplement enregistreurs ; un thermo-
mètre, une girouette et deux anémomètres, transmettant
par fils électriques leurs indications au bureau central
météorologique de la rue de l'Université. Cette terrasse
est à 300m52 au-dessus du sol, à 334™02 au-dessus du
niveau de la mer. Les autres monuments les plus élevés de
la Terre sont: la Mole Antonelliana, à Turin (170 m.),
l'obélisque de Washington (469 m.), la cathédrale de Co-
logne (456 m.), la cathédrale de Rouen (150 m.), le
munster de Strasbourg et la grande pyramide d'Egypte
(442 m.). Les dômes des Invalides et du Panthéon, àl'aris,
n'ont que 105 m. et 79 m. Malgré la hauteur anormale
du sommet de la tour Eiffel, les oscillations y sont insen-
sibles et leur amplitude ne saurait, dans les conditions les
plus défavorables, dépasser 10 centim. Les éléments de
l'édifice ont du reste été calculés pour résister à des pres-
sions latérales de 400 kilogr. au mètre carré; dans les
plus grandes tempêtes, cette pression n'a jamais dépassée
Paris 150 kilogr.
L'ascension s'effectue soit par les escaliers, soit par les
KIITEI. - EILERS
— 714 —
ijoenteurs. Il y b de la bue bu i"r stage, dans chacune
des piles l'.. el 0., un escalier en zigzag* de \ m. (360
marches), du !•* an "2", dans chacune d'-s quatre piles, on
escalier hélicoïdal de 0m60 (380 marches) ; cet m esca-
liers Boni accesàblei au publié ; du 2° au .'!", un unique
escalier hélicoïdal de ûm6û, interdit au publie (4 ,062 mar-
ches); du •'>" ii t j phare, d'abord un eseaiier en partie béli-
ooïdal (71 marches), puis 30 échelons dans une cheminée
centrale de 0"80 de diam., du phare à la terrasse supé-
rieure, 'Xi nouveaux échelons. En tout, y compris les
8 marches du souhasseinent, 1,027 marches et échelons.
— Les ascenseurs sont de trois types différents. Deux
ascenseurs Houx, Gombaluzier et Lepape vont en une mi-
nute et demie du sol à la lro plate-tonne par les piles B.
et 0. ; un ascenseur Otis va en deux minutes du sol à la
2" plate-forme par la pile N. ; un autre ascenseur Otis va
en une minute de la lr< à la 2" plate-forme parla pile S.;
enfin, un ascenseur vertical Edoux va en 4 minutes de
la 2" à la 3e plate-forme. La cabine de l'ascenseur Koux,
Combaluzier et Lepape, aménagée pour 100 voyageurs, est
poussée par une série de tiges articulées, qui remplissent
le double office d'une chaine sans tin, s'engrenant sur
une roue motrice à empreintes et sur une poulie, et d'un
piston rigide dont les éléments sont emprisonnés dans
une gaine en tôle s'opposant à tout déplacement latéral.
Une rainure pratiquée dans la gaine permet l'attache au
véhicule. La cabine de l'ascenseur Otis, disposée pour
48 voyageurs, est entraînée par 4 cables en fils d'acier.
Le mouvement leur est communiqué par un piston qui
est établi au bas de la pile et qui n'a que 10 m. de lon-
gueur, mais dont les déplacements se trouvent multipliés
par 12 grâce à un système de poulies mouflées formant
un gigantesque palan à 48 brins. L'ascenseur Edoux est
double. Une première cabine à 60 places est poussée par
deux pistons verticaux parallèles de 80 m. de haut, et de
0^32 de diam., et va d'un plancher intermédiaire, à 19tim.
du sol, jusqu'à la 3e plate-forme. De sa partie supérieure
partent 4 câbles qui, passant sur des poulies établies au
sommet de la tour, supportent une deuxième cabine analogue
allant de la 2" plate-forme au plancher intermédiaire. Pen-
dant que l'une monte, l'autre descend, et un transborde-
ment s'effectue au plancher intermédiaire où elles se ren-
contrent. Ces divers ascenseurs sont munis de freins
puissants parant à toute éventualité. Leurs moteurs sont
hydrauliques. L'eau est élevée dans deux réservoirs, au
"2e étage et au sommet, par 4 machines à vapeur, d'une
puissance totale de 300 chevaux, installées dans la cave de
la pile S. Là sont encore deux autres machines, affectées
à la production de la lumière électrique. Dernier détail :
l'écoulement de l'électricité atmosphérique est assuré par
•lfi conduites en fonte de 0m30 de diam., en communica-
tion avec la partie métallique de la tour et immergées au-
dessous du niveau de la nappe aquifère du sol.
Le poids des fers et fontes de l'ossature de la tour
est de 7,500,000 kilogr. environ; mais son poids total, y
compris les planchers, constructions, ascenseurs, etc.,
s'élève, nous l'avons dit, à 9 millions de kilogr. Le nombre
des rivets est de 2 millions et demi, dont 800,000 ont été
posés sur place. Toutes les pièces métalliques, au nombre
de 12,000, ont donné lieu à autant d'épurés, dont les élé-
ments ont été calculés par logarithmes à 0'"0001 près.
Elles ont été amenées des usines de Levai lois-Perret à pied
d'oeuvre, percées do tous leurs trous et entièrement ter-
minées. Aucun ajustage, aucun alésage n'ont été nécessaires
au cours du montage, qui n'a jamais occupé plus de
300 ouvriers. La dépense totale a atteint 6,500,000 fr.
se répartissent ainsi : fondations, maçonnerie, sou-
hasseinent : 9011,000 fr. ; fers et montage métallique :
3,800,000 fr. ; peinture (quatre couches) : 200,000 fr. ;
ascenseurs et machines : 1,200,000 fr. ; installations et
aménagements divers : 400,000 fr. M. Eiffel avait reçu
de l'Etat une subvention de 1,500,000 l'r. el de la Ville
de Paris la concession gratuite du terrain. Mais la propriété
de la tour ne lui appartient que pour -20 années à dater
de la clôture de l'Exposition; sua passera ensuite sans
indemnité à la Ville. M. Eiffel a du reste aédé des le début
ce droit temporaire I une compagnie financière, la s
de la tour Eiffel, qui l'est constituée an capital de
.'.,100,001) l'r. (.'.mil bons pour l'achat de la tour. 100, OOO fr.
comme fonda de roulement) et qui lui a remis, |»our ses
apports, la moitié des puis. Les hénnflfes proviennent
surtout de* aseensions, qui ont lias pendant toute la belle
saison et dont le prix varie de 0 l'r. 50 a 4 fr., suivant le
jour et l'étage. La recette de l'année de l'Imposition s'est
élevée a 7 millions et demi et a permis de rembourser tout
de suite le capital aux actionnaires. Léon Sagnkt.
Hmt.. : 'l'i k., a s. les Grandet Usines; Paris 1686 t. XVIII.
livr. 300 ei 354, in-8. — Ma* m. Namsoi i v, lu Tour Eiffel;
Paris, 1889, in-s. — <;. En ' el, Conférence s.<r la tour de
300 m.; Paris, 1889, in-s. _ m. An-ai.oni, .Voie sur les
urs de la tour de 300 m. ; Paris, 1889 în-h. —G.
Cai.mi.i ri:, (a Tour Eiffel. <lan* le (iuïda bleu du /•'c/aro;
Parie, 1889, in-12. — Louis Figuier, Année scientifl
Industrielle [1889); Paris, 1890, p. lui in-8. — Henri ds
I'auvii.i.i:. In TOUT de 800 m., duos les Exposition» de
l'Etat; Paris, 1890. p. 81, in-4. — La Heviie t,cienti/iijue, le
Génie Civil, la .Xulure, années 1888 et 1
El G. Ile de la côte 0. d'Ecosse, comté d'Inverness, l'une
des petites Hébrides, au S. de l'Ile de Skye, à l'entrée du
Sleat Sound; MO lui. q. ; 300 bah. Elle est de formation
basaltique et ses colonnades (scuir) sont célèbres ; elles
atteignent une hauteur de 143 m. ; le point culminant de
l'ile a 417 m. Une grotte renferme les ossements des
200 bab. de l'Ile qu'y enfuma un Macleod. L'ile d'Lig
appartenait au clan Mardonald. Ses habitants soin
catholiques. Sa géologie a été étudiée par llugb Miller qui
y observa la résonance musicale du sable.
EIGLA (V. Eut Skallagrisisson).
EIGTVED (Nicolai), architecte danois, né à Egtved
(Sélande) le 22 juin 1701, mort le 7 juin 1754. Il était
ouvrier jardinier en Allemagne, lorsqu'il se mit à étudier
les beaux-arts et devint lieutenant du génie dans l'année
saxonne (1729). Rappelé par Christian VI (1732) qui le fit
voyager trois ans en Italie, le nomma capitaine ( 1 735), puis
architecte de la cour, colonel, inspecteur de l'Académie des
beaux-arts de Copenhague (1745), il devint directeur de
cet établissement (1751 ), dont il rédigea les statuts. Parmi
les édifices à la construction desquels il prit part, on doit
citer : le palais du Prince (1745), les quatre palais d'Ama-
lienborg, l'ancien Théâtre royal, les châteaux de Christ*
tiansborg et de Fredensborg, ceux de Sophienberg et de
Bregentved, l'église de marbre à Copenhague. B-s.
EILEITHYA (Myth.) (V. Ilitiiyia).
EILENBURG. Ville d'Allemagne, roy. de Prusse, dis-
trict de Mersebourg (Saxe), sur la Mulde; 10, (134 bab.
Vannerie, produits chimiques, brasserie, etc. Château des
comtes d'Eulenburg. La ville fut bâtie dans une fie de la
Mulde, sous le nom de Mildenau et prit le nom du château
fort {llburg), élevé par Henri Ier contre les Slaves (Sorbes
et Wendes). Eilenburg fut un de premiers biens de la
maison de W'ettin, chef-lieu de la Marche orientale, puis
réunie à la Misnie. Elle a été annexée à la Prusse en 1815.
Bibl. : (iiNiiEiniANN, Clironik der Sladl Eilenburg ;
Eilenburg, 1S7U et suiv.
EILERS (Gerd), pédagogue prussien, né à Grabstede
(Oldenbourg) le 31 janv. 1788, mort à Saarbruck le
4 mai 1863. Il fut un des principaux agents d'Eichhorn et
fonda, après la retraite de celui-ci, à Halle, une maison
d'éducation à tendances conservatrices, qui eut un moment
de grande vogue. Il a écrit Wandenmg dttrehs Lcbcn
(Leipzig, 1656-61, ti vol.), etc.
EILERS (Gustav), graveur allemand contemporain, au
burin et a l'eau-forte, né à Konigsberg le 28 juil. 1834.
Elève de l'Académie de sa ville natale, il se rixa. en 1863,
à Berlin, el se lit un nom par une série de belles planches
au burin, telles que : le limier de César, d'après le
Titien; /.' Portrait d'une dame, d'après le tableau de
. Van Dyckde la galerie de Cassel: les portraits (U\ marchand
- 715 -
EFLEHS - KINAR
i. . Gmô ci celui de l'orfèvre MofiU, d'après llol-
Ii.'mi. .Mo. Son ouvre I lYaii-I.Mt.' est encore plus consi-
dérable; il i MBsi interprété' avec talent les maîtres
■oëeraes de l'Allemagne : Kaolbaoh, Kraus. etc. , ou a
■ b propres compositions, notamment dos marines
ci des i>.i\ - 0. l'-i.
ElLHÀRTo'iHinn-.. poète allemand do l» fin dq ut siècle.
Il .Mail attaché an service de Henri le Lion; doe da Bavière.
Il ci nui un poème sur le sujet de 1 1 ntan et ferait, qui lut
repris, ne cinquantaine d'années plus tard, par Gottfried
,l, - «me d'Kilharl n'a été longtemps connu
on par deux mannscrits très incorrects du w siècle, qui
notent l'un a Dresde, l'autre a Heidelberg. Hoffmun
de KaMersIeben publia, en 1823, quatre feuillets d'un ma-
nuscrit meilleur, de la lin .lu xm* siècle (Hoffmann, Futod-
■ftaVn, au l,r vol.; réimprimé dan l'édition desceuvres
de Coittï.oil .le Strasbourg, par von .1er llagon.au "1" vol.).
I roman en prose allemande BUT Tristan est une para-
phrase de l'oravre il'l.iltiaii. A. I!.
EILIF Ci lui NuiMiN, poète norrain du xe siècle, dont
la vie est pou comme. On sait seulement qu'il chanta
Bakou jail, le dira rhdr | TMndrépa) et le Christ, d'où
l'on conclut qu'il se ouvert il au christianisme vers l'an
lOUO. On n'a eonarvé que des fragments de ses poèmes.
II ne faut pas le confondre avec Lihf Kulnasvoin, qui pa-
rait avoir voeu plus lard. lî-s.
ElLSCHOV (Prederik-Christian), philosophe danois, né
i Rynkebj (Fionie) le 13 févr. 17w23, mort le 13 oct.
(7M>. Dès l'âge'de dix-huit ans, il publia une Méthode
ulatiw pour les ignorant* (4743) et il était à peine
.le l'école qu'il commença d'écrire en latin et en da-
nois, avec une grande indépendance d'esprit, sur la libre
pensée, sur l'émancipation de la femme, sur la nécessité
«le cultiver la langue maternelle et de substituer des com-
pnéa danois aux termes étrangers. I.a plupart des nou-
veaux; mots proposés par lui ont passé dans la langue.
Outre une dizaine d'ouvrages originaux, aussi remarquables
par le fond que par la clarté du style, il donna des tra-
ductions du latin, de l'italien, du français Ç/jidig). B-s.
EILSEN. Station balnéaire d'Allemagne, principauté de
Scbaomburg-Lippe; eaux sulfureuses.
lin.i.. : I .i.miim.kk, EUsen und seine Heilquellcn ; I
„
ElMAKS ou AIMAKS. Peuplade de l'Afghanistan occi-
dental; on peut la regarder connue une traction des Béxûr
. dont les Liniaks diffèrent par la religion, étant musul-
mans Bannîtes |V. Ili ubeb).
EIMBECK ou EINBECK. Ville d'Allemagne, roy. de
l'i usse, district d'HUdesheim (Saxe); 6,800 hab. C'est
l'ancienne capitale dos princes de Grubenhagen, dont
l'église Saint-Alexandre renferme les tombeaux. La prospé—
ni.- de la ville fut due a sa bière, célèbre à partir du
àè le le mot bock vieillirait du mot Einbeck).
Miw.. : Harlam., Geschiehte der Sladi Einbeck; Eira-
EIMBECK ikonra.l von), soulpteur allemand du com-
mencement du xv* siècle. Il a laisse dans la « Moril/.kirehe »,
a Halle, nombre de srulptures. parmi lesquelles on re-
marque : un Ecee Homo colossal (1416); le haut-rebef
de Sttint-)lauricf (4444), etc.
EIMEO iV. Société [ II.-s de la]).
El MER. Mesure de capacité allemande et variable d'une
lo alité a l'autre. Eiiiut vent aussi dire seau. La valeur
de l'eimer est comprise entre 40 el 70 Lires.
EIMERIA (Zool.). Schneider (1875) a eréé ce genre de
mrines pour une espèce parasite de l'intestm de la
ris, déente par Limer sous le nom de Gregarina f-<l-
mit. Il peut se caractériser ainsi : kystes sphériqoes
on oviformes, très petits (ne dépassant guère 0,04 nùllim.
de diamètre), dont le eontenu m- forme qu'une senlespare,
dans laquelle s- développent dos oombreux corpuscules /al-
ciformes. Os «Mies habitent les cellules qui tapissent les
es dans lesquels on les trouve. /•;. tekneideri lîut-
lefiH, dans l'intestin d'un Mynapo.lc (l.ithobius), g. nova
Schneider, vaisseaux de Halpighi d'un Glotheris, E. hir-
stilu Schn., intestin de larves de Cyrins, E, nepas, etc.
EINAR Ijmhiiiivsiin. surnommé Thambârskelfi (l'Ar-
cher), homme politique norvégien, ne vers 989, mort vers
1054. Fils d'un grand l'eudataire des environs de Trond-
hjem, il combattit sur le navire du roi Olaf Tryggvason à
la bataille de Svceldr (ItlOO); son are luise, il se sauva à
la nage el se réconcilia avec les jarls vaiiupieurs, Lirik et
Sveiu llakonarson, dont il épousa la sœur Borgljot. 11
devint letuliMir de son neveu llakon, tils du premier (IUI3),
et s'enfuit en Suède avec le second après la perte de la
bataille de Ness (1016). Adversaire do saint. Olaf, il excita
contre lui Kniii le Grand qui se lit proclamer roi de Nor-
vège et v reinstalla Hàkon Liriksson comme vice-roi (I0V28).
Il jouit d'une grande inlliience sous le gouvernement de
son neveu. Après la mort de ce dernier ( 1030), mécontent
de n'avoir pas été appelé à lui succéder, il l'ut l'un des
seigneurs qui allèrent chercher en liussie Magnùs, fils de
saint Olaf, et qui le proclamèrent roi de Norvège (1033) ;
mais il se brouilla avec l'oncle et successeur de ce dernier,
llaral.l llar.lra.le, qui le lit assassiner avec son lils Lindridé
(C.-M. Fabien; Einar ïambcskjelver; Bergen, 18 l.'i; —
W.-S. Dahl, Einar Thambarskelver ; Christiania, 1884^.
EINAR Cii.sson, le dernier desskalds de renom et l'un des
premiers auteurs des rimas, vivait au xiv° siècle. Il fut bailli
du canton de llunavaln. puis président des assisesdel'Islande
occidentale et septentrionale (1367-68). De nombreux frag-
ments de sa Gudmundardrdpa et de ses Chansons de l'ogre
se trouvent dans la Saga de Cévêque Gudmund(Biskupa
sœgur; Copenhague, 1857, t. Il) et sa Hima de saint
Olaf, qui passe pour être la plus ancienne du genre, dans
le Fkdeyjarbék (Christiania, 1800, t. I). B-s.
EINAR Hafi.idason, biographe et annaliste islandais, né
le 16 sept. 1307, mort le 22 sept. 1393. Fils d'un curé,
il fut lui-même tonsuré dès 1313 et commença ses études
au monastère de Thingeyré, sous le futur évoque Lauren-
tius, dont il devint secrétaire intime (1324-1331) et dont
il écrivit la biographie qui, pour être la dernière saga his-
torique, n'est pas la moins pittoresque (éditée dans liis-
kupa sœgur; Copenhague, 1837, t. II. in— 8). Ordonné
prêtre en 1332, il devint curé de Iloskuldstads (1334),
de Breidabolstad (1344), conseiller (1340) de son ancien
maître Lgil Eyjdlfsson, évoque de Unis, et, après la mort
de celui-ci (1341), il remplit les fonctions d'otlicial, qu'il
occupa de nouveau pendant l'absence de l'évêque J.in Skallé
(1370-4376) et de 1891 a 1393. Kn 1346, il fut envoyé
près. lu souverain pontife à Avignon et passa quelque temps
à Paris. On lui doit pour le xive siècle de précieuses anno-
tations qui ont été insérées dans les Annales du juge (éd.
parG.Storm i&uslslandske Annaler; Christiania, 1888).
EINAR Hi-xgason, surnommé Skdlaglarn et aussi ap-
pelé Sioaldhbyjah— Einab, skald islandais, né vers !)30,
mort dans un naufrage sur les cotes du Breidifjœrd vers la lin
t\u x" siècle. Apparenté avec OËlvi Hnufa, Eyvind Skaldaspilli
et Lgil Skallagrimsson, avec qui il était fort lié, il jouait
aussi bien de la lyreqnedel'épée. Etant au service de llakon
jarl auprès duquel il combattit à IIjuTimgavâg (i)8(i) et
qui lui fit présent d'un plateau sonore (skdlaglarn) et d'un
magnifique bouclier (sujet do la Skjaldardrdpa d'Egil
Skallagrimsson), il composa en l'honneur de ce prince une
drdpa (vers l'an 963) et, après 986, la Vellekla (traduite
.m commentée par A.-i). Freudenthal; Helsingfors, 1865;
et par Finn J.insson dans larbasger for nordisk Oldkyn-
dighed, 1891). I*es fragments do ces poèmes nous ont été
conservés dans VEdda de Snorré, la Heimskringla, la
Fagrskinna, VEigla el le Flateyjarbôk. B-s.
EINAR Sici -niissoN, poète islandais, né à llraun dans
l'Adalroykjadal en 1539, mort à lleydals le 13 juil .
4626. Fils d'un pasteur, il fut ordonné prêtre à dix-huit
ans el nommé (par son propre lils, l'évèque de Skàlholt,
Odd Einarsson) pasteur do Hvarnm, puis.lo lleydals (13ïM).
A sa mort, il comptait plus de cent descendants et, en
. il y avait eu Islande non moins de trente-six prêtres
EINAR — E1NSPIEI.EH
— 710 —
issus de lui. Il fut ancêtre d'un grand nombre dllMBDM
célèbres, entre autres 1rs poètes Olaf Einarsson, Slelàii
ôlafsson, Hallgrimm Eldjirôsson, Bjarné Thdrarensen,
Jouas Hallgrimsson. Il fut le premier des grands psal-
misies originaux après la déformation, et beaucoup de ses
IKiesies religieuses onl été bien des luis réimprimées dans
e Psautier islandais, dans les Yisnabok de 1649 et de
17 18. Nombre d'antres pièces sont inédites. li-s.
EINAR Ski i w>n, le meilleur et le plus fécond desskalds
islandais du xi' siècle, ne vers 1 095, vivait encore en 1160.
Apparenté avec les poètes Egil Skallagrimsson. Snorré
Sturluson, Sturla et Olaf Thordarson, il alla comme eux
chercher fortune dans les cours Scandinaves et y passa la
plus grande partie de sa vie. Dès 1114, on le trouve à la
cour de Sigurd le Jérosolymitain et il était encore en Nor-
vège en ll.'ii); mais on sait que, dans l'intervalle, il passa
une dizaine d'années dans son domaine de Borge en Islande.
Quoique prêtre, il fut nommé maréchal par le roi Eystein
Ilaraldsson. Lors de l'inauguration du siège archiépiscopal
deThrondhjem (1 152), il chanta les louanges de saint Olaf
dans la cathédrale qui renferme ses reliques. Ce poème,
appelé O'iafs drapa et Geislé (rayon) fut plus admiré des
anciens qu'il ne l'est des modernes. C'est la plus ancienne
ode chrétienne en langue norraine qui nous ait été conser-
vée : dans le Konungabôk de l'abbé Berg(éd. par G. Ceder-
schiœld, Lund, 1874) et, avec lacune de trois strophes dans
le Flatcyjarbôk (1860, 1. 1. ; édité en outre dans Heims-
kringla, 1783, t. III in— fol. ; dans Forntnantia sœgitr,
t. V, avec traduction latine dans Scripta historica Islan-
dorum, t. V; enfin par Lars Wennberg, avec traduction
suédoise; Lund, 1874). Ses autres poèmes sur les rois de
Norvège, Sigurd le Jérosolymitain, Eystein Magnùsson, Ma-
gnûs Sigurdarson, Harald Gillé et ses fils, Sigurd, Eystein
et Ingé ; sur le roi de Suède Sverker Kolsson ; sur le roi
de Danemark Svein Grade ; sur Eindridé le Jeune et Gre-
gorius Dagsson, sur la Hache, ne sont connus que par des
fragments ou même totalement perdus. B-s.
El NARSFOSTRÉ (Sigurd Thorimrson, surnommé), poète
islandais du xiv" siècle. Son surnom (que l'on prend sou-
vent pour son nom : Einar Fostré) vient, sans doute, de
ce qu'il fut soit le pupille (fostré), soit le père nourricier
(fostré) d'Einar, l'un père, l'autre fils de Bjœrn Einarsson,
gouverneur de l'Islande, auprès duquel il remplissait les
fonctions de ménestrel et de narrateur. C'est pour dis-
traire celui-ci dans le cours d'un pèlerinage à Jérusalem
(1391) qu'il composa Skidarima, poème héroï-comique,
dont beaucoup de vers ont passé en proverbe (éd. par
C. Maurer; Munich, 1869; par Th. Wisén dans Carmina
norrwna; Lund, 1886; et par Gudbrand Vigfusson dans
Corpus poeticum boréale; Londres, 1883, t. II; la tra-
duction en hexamètres latins par l'évéque Jôn Vidalin
et Jôn Arnason est inédite). On lui attribue aussi l'Episode
dit renard (éd. par Kœlbing dans ses Beitrœge; Halle,
1876; par G. Vigfusson dans Corpus, t. II ; et par Jon
Thôrkelsson dans Om Digtningenpâ Island ; Copenhague,
1888, in-8), ainsi que des Chansons enfantines. La re-
lation des voyages de Bjœrn Einarsson, dont il ne reste
que des fragments relatifs au Grœnland, avait peut-être
été rédigée par lui. B-s.
EINARSSON (Baldvin), publiciste islandais, né le i août
1801 à Molastad, au N. de l'île, mort à Copenhague le
9 févr. 1833. 11 travaillait encore dans le domaine paternel
à l'âge de vingt ans lorsqu'il commença d'étudier dans les
écoles : après avoir passé par l'université de Copenhague
( 1826), il entra à l'Ecole polytechnique de cette ville (IS.il).
Il publia l'annuaire historique (Skirnir, Copenhague,
I8-.2!), 3" ann. in-8) de la Société de littérature islandaise,
dont il était secrétaire, et une intéresante revue d'économie
politique, rurale et domestique (Artnunn a Althingi, ibid.,
1830-34, 4 vol.), qui promettait un écrivain distingué et
qui ne contribua pas peu au réveil de l'Islande. U-s.
EINBECK (V. Eimbeck).
EINSIEDELN. Gros bourg de Suisse, cant. de Schwytz;
8,506 bali. Cette localité se compose en grande partie
d'auberges, d'hôtels, de boutiques d'objets de déva-
tiuii, chapelets, st.itnetti's, images, etc. Ole MMjèdfl un
grand établissement (plus de soo ouvriers) de librairie ca-
tholique et de topographie artistique patronné par le pape,
et \it des pèlerins, car l'abbaye d'Einsiedeln est I objet
d'un des pèlerinages importants de l'Europe (V. ci-des-
sous). On remarque dans la trésor, outre des toilettes 1res
riches, un ciboire d'or pur orné de près de trois mille
pierres précieuses. L'abbaye posséda une bibliothèque de
trente-cinq mille volumes, riche en incunables et en
curiosités historiques, et de riches collections d'histoire
naturelle. Elle a un gymnase-lycée qui est fréquenté par
environ deux cent cinquante élèves. L'abbaye d'Einsiedeln
est de l'ordre des bénédictins. L'abbé portait, jusqu'au
siècle dernier, le titre de prince. Le reformate*]! suisse
Zwinglefut curé d'Einsiedeln de 15151 1549.
Abi;aye d'Einsiedeln OD Noihk-Dame-des-Erjiitls. —
L'origine de cette abbaye remonte, suivant la légende,
à saint Meginrad ou Meinrad, originaire du Sulichgau, sur
le Neckar, qui au ix' siècle doit s être retiré dans les mon-
tagnes sauvages d'Einsiedeln pour y mener une vie d'er-
mite ; il y fut assassiné en 861 : deux corbeaux apprivoisés
désignèrent ses meurtriers aux Zurichois. La première trace
de ce récit date du xie siècle. Au x' siècle, deux ecclésias-
tiques strasbourgeois de noble lignée, d'abord Bennon, puis
Eberhard, commencèrent à grouper quelques religieux autour
de la cellule de Meinrad. Le premier document authentique
est daté de 947 : c'est une charte d'Othon Ier; elle recon-
naît la communauté de la cellule de Meginrad ainsi que son
chef, Eberhard, et lui accorde le droit de choisir librement
son abbé. Suivent les actes des riches donations faites par
Othon 1er, Olhon II et Henri II, cette dernière comprenait
des pâturages que revendiquaient les hommes de Schwyz.
L'abbaye souffrit de la sorte des luttes entre la confédé-
ration naissante et les Habsbourg. Depuis la fin du xiv1' siècle,
l'abbaye est placée sous la protection du cant. de Schwyz.
Zvvingle était prêtre séculier de l'abbaye au moment de la
Béformation , dont l'essor compromit pendant quelques
années l'existence du couvent. L'abbé Joachim Eichhom
(1554-1569) le réorganisa. Au xvnc siècle, on y publia les
Documenta archivii Einsiedlensis (4 vol. in-fol.); dès
1612, le bibliothécaire Christ. Hartmann avait donné les
Annales ïleremi (Fribourg en Brisgau). Les guerres de la
fin du xvnie siècle désolèrent encore une fois l'abbaye ;
elle se releva en 1818 ; aujourd'hui, elle a plusieurs annexes,
dont une dans l'Amérique du Nord. L'abbaye d'Einsiedeln
n'a ni déployé l'activité littéraire, ni exercé l'influence civi-
lisatrice de celle de Saint-Gall. Elle est fameuse par son
pèlerinage. Dès le moyen âge, on y affluait pour obtenir ce
que promet l'inscription mise sur le portail : Hic cstplena
remissio omnium peccatorum a eulpa et picna. C'est le
14 sept, qu'on célèbre la consécration miraculeuse qui doit
avoir eu lieu en 948. L'image de la Vierge noire qui se
trouve dans le sanctuaire est très ancienne. On compte
environ cent cinquante mille pèlerins par été. F. -H. Eriger.
Biiil. : Annales S. Meginradi. Heremi et Einsiedlenses,
dans Pertz, .Vomim. Germ. Mut.; Script, t. 111, pp. 137-
149. — P. Ciall Morel. Regesten der Benedihtinerabtei
Einsiedeln, dans von Mohr, Itegesten der schweiz. Ar-
chive, 1. 1, 1818.— G. von Wtss, dans Jahrbuch f. sc/iwcir.
Geschielite. t. X.
EINSLE (Anton), portraitiste viennois, né en 1801, mort
le 10 mars 187 1 . Elève de l'Académie de Vienne. La répu-
tation de cet artiste est due au coloris délicat et au modelé
de ses portraits. On remarque ceux du Comte Zicliy (1835),
de la Comtesse W'ickenburg costumée (1816), de V lr-
cliiiluc Charles-Louis (1848), etc. Il fut nommé, en 1867,
peintre de la cour.
EINSPIELER (André), patriote slovène, né en Carin-
thie en 1813, mort en 1888. Il fut prêtre et professeur à
Klagenfurt. Il fonda en 1851 la société de Saint-Herma-
goras pour la publication de livres populaires en langue
slovène, et différents journaux catholiques en slovène et en
- 717 —
EINSP1ELER — EIRIKSSON
allemand. 11 fut député à la dièle et Carinlhie et s'y
moiiini défenseur intrépide de sa nationalité. Il a écrit dans
fa deux Langues, allemand.' et Slovène, plusieurs ouvrages
de pieté ou de polémique politique OU religieuse.
EINVAUX. Coin, du défi, de Meurthe-et-Moselle, arr.
de LunèviUe, cant. de Baron; 388 hab.
EINVILLE [Villa Awiuinu, 699). Corn, du dép. de la
Heurtne-et-Moselle, ht. el cant. IN.) de Lunévilie, sur le
Sanon et le canal de la Marne au Rhin; («433 hab. Bancs
de sel gemme; salines; brasserie. — Einville, autrefois
qualifie de ville, était eh.-l. d'une prévoie et chàtellcnie.
I - dues de Lorraine j avaient une jumenterie. Les armoi-
ries sont : coupé </<■ gueules à un alérion d'argent et
t azur, au massacre de cerf (For.
El RI K Ravdé ou leBouge, colonisateur du Groenland,
mort après l'an 1007. A la suite d'un meurtre, il quitta
a\ee sa famille le eanton de Jailer (extrémité S.-O. de la
Norvège) ei s'etaldit dans la presqu'île N.-O. de l'Islande,
Ile dont l'un des principaux découvreurs avait été son pa-
rent. Naddodd. Banni pour d'autres meurtres en 982, il
partit dans la direct ion de l'O. pour les récifs découverts
par Gunnbjoern, et il trouva le Groenland, dont il explora
le littoral pendant trois ans pour chercher les localités ha-
bitables ; il leur imposa des noms et. afin de suggérer une
idée favorable, il donna à l'ensemble du pays celui de
Groenland (pays vert, à cause de la couleur des glaces,
plutôt que de la végétation). Après quoi, il retourna cher-
dur des colons en Islande et repartit en 986 avec vingt-cinq
navires, dont quatorze seulement parvinrent à destination.
II s'établit lui-même à Brattahlid (probablement Ii^aliko,
près de Julianehaab) dans VEystribygd (colonie, mais non
orientale [V. 11. -P. von EggersJ). Il était païen,
mais son fils, Leif l'Heureux, qui découvrit le Vinland ou
littoral N.-K. des Etats—Unis, évangélisa la nouvelle colo-
nie vers l'an 1000. Deux autres de ses fils, Thdrvald et
Thôrslein, et sa fille Freydise, partirent successivement
pour le Vinland. V Episode d'Eirik Bamtt, qui figure
dans le Flateyiarbok, écrit de 1387 à 1395, est avec la
Saga de Thorfinn Karlsefni la principale source de l'his-
toire de ces découvertes. B-s.
El RI K \'idfœrU'(le grand voyageur), héros d'une saga
légendaire du xnie ou du xiv siècle. Il partit de Norvège
pour CoDstantinople et delà pour l'extrême Orient, afin de
chercher le paradis terrestre, dont il ne put découvrir que
les limbes. Cette relation en vieux norrain, fort différente
de ses congénères, a été éditée par Rafn dans Fornaldar
l'ii/iir (Copenhague, 1830, t. III, in— 8) et par l'nger dans
Ftatejnorbôk (Christiania, 1860, t. I, in-X). B-s.
EIRIK IKkonakso.n, jarl ou duc norvégien, né vers 962,
mort en Angleterre vers 10-23. Fils, du célèbre Hâkon Si-
gurdarson qui avait été vaincu par Olaf Tryggvason (995),
il le vengea en remportant la victoire de Svœldr (1000),
de concert avec fa rois de Danemark et de Suède, Svein
Tju^uskegg et Olaf Sipnské, sous la suzeraineté desquels
il gouverna la Norvège avec son frère Svein. Quoiqu'il eût fait
un pèlerinage à Rome, il toléra le paganisme. C'est sous son
. w que le duel judiciaire fut aboli (10I3|. Il prit part
avec son beau-frère et suzerain, Knut le Grand (1015), à
la conquête de l'Angleterre, tandis que son fils Hâkon,
esté en Norvège, était dépouillé par saint Olaf. C'était un
guerrier magnanime, qui fut célébré par huit skalds, entre
autres Eyjôlf Dadaskald, Thord kolbeinsson , Hallfred
Yandned.i>kald et Gunnlaug Ormstunga, dont les poèmes
ont été la principale source des historiens de son règne. B-s.
EIRIK Haraliisso.n, surnommé Blôd / xe (hache san-
glante), roi de Norvège, tué en 950 à la bataille de Stan-
mor (Northumberland). Fils aîné de llarald Hàrfagr, il
reçut avec ses frères, du vivant même de leur père, le titre
de roi, avec les fiefs de Hâlogaland, Nordnueré et Raums-
dal (900), puis ceux de Firdafylké et de llaurdaland, et fut
désigné comme suzerain éventuel (930). Mais, à peine eut-
il succédé à la dignité suprême (933) qu'il trouva des
compétiteurs dans chacun de ses frères ; deux d'entre eux,
Olaf, roi du Vik, et Sigru-d, roi du pays de Throndhjcm,
pél nent à la bataille de Tunsberg (93 i) ; mais sa tyrannie,
ses cruautés el la méchanceté de sa belle reine (ïuniihilde
l'ayant rendu odieux, il fut abandonné de la plus grande
partie des Norvégiens qui proclamèrent roi (935) son plus
jeune frère llàkon, revenu d'Angleterre, où il avait été
élevé par l'.thelstàn. Eirik dut se réfugier dans les Or-
cades, d'où il ravagea l'Ecosse et même l Angleterre, jus-
qu'à ce qu'il eut été installé (936) comme vice-roi dans le
Northumberland, à condition de se (aire baptiser et de
protéger ce pays contre les autres vikings, mais il succomba
à la tache. Ses lils restèrent dans les Orcades, jusqu'en
961, où leur oncle llàkon Adalsteinsfostré les rappela
pour lui succéder sous la suzeraineté de leur aine llarald
Gréfeld. Erik a été chanté par quelques-uns des meilleurs
poètes de son temps : Egil Skallagrimsson, Glum Geirason
et l'auteur anonyme de VEiriksmdl. B-s.
EIRIK Jônsson, lexicographe islandais, né le 22 mars
1822. 11 est vice-inspecteur du collège de la Régence à
Copenhague. Après avoir collaboré au Dictionnaire
islandais-anglais de R. Cleasby, fort amélioré et publié
par Gudbrand Vigfusson (Oxford, 4874, in-4), il rédigea
pour la Société des antiquaires du Nord un dictionnaire
de la même langue expliqué en danois {Oldnordisk Orilbog;
Copenhague, 1803, in-8). B-s.
EIRIK Magmsson, surnommé Prcstahataré (Ennemi
des prêtres), roi de Norvège, né en 1268, mort en 1299.
Fils de Magnûs Lagabaeti, il lui succéda en 1280, sous la
tutelle de Rjarné Erlingsson, d'Audun Hugleiksson et
d'autres dignitaires laïques qui eurent à lutter contre les
archevêques Jôn Raudé et Jœrund (d'où son surnom) et
contre les villes hanséatiques (traité de Kalmar, 1283).
Il fut lui-même en guerre, de 1284 à 1297, avec les rois
de Danemark Erik Glipping et Erik Menved, qui refusaient
de lui payer la dot de sa mère, Ingeborge, fille d'Erik
Plovpenmng. C'est en vain qu'il réclama le trône d'Ecosse
comme héritier (1290) de la reine Marguerite, l'unique
enfant qu'il eût eu de son mariage avec Marguerite, fille du
roi Alexandre III. Il eut pour successeur son frère llàkon,
qui était déjà roi de la Norvège centrale et de deux des
provinces méridionales. B-s.
EIRIK Magnïsson, érudit anglais, né en Islande
le 1er févr. 1833. Sous-bibliothécaire de l'université de
Cambridge, il a publié dans les Communications de la
Société archéologique de celte ville : On a runic Calcndar
found in Laptand in 1866 (1878, t. IV, n° 1); Des-
cription of a norvegian clog-calendar (1879, t. IV,
n° 2); On Hdvamûl verses 2 and 3 (1883). II a traduit
en anglais les sagas de Gretti (Londres, 1869), de Thomas
Bccket (1873—1883, 4 vol. in-8) avec le texte islandais;
de Gunnlaug Ormstunga, Fridthjof, Viglund, etc.
(Three Northern Love stories, 1873), des Vœlsungs
(1879); Eyrbyggiasaga et Heidarvigasaga (1891);
Heimskringla île Snorré (1892, 4 vol.); Lilja, poème
d'Eystein Asgrimsson (1870); Icelandic legends de Jôn
Arnason (1864-66, 2 vol.). B-s.
EIRIK Oodson, savant biographe islandais du xn° siècle,
auteur de Hryggjarstykké, recueil de biographies des rois
de Norvège, Harald Giflé, de ses fils Sigurd Mund, Eystein,
Magnûs et Ingé, de Magnûs Blindé et de Sigurd Slembe-
djakn, qui régnèrent de 1130 à 1162. Ces sagas, écrites
d'après ses souvenirs personnels ou les récits de témoins
oculaires, étaient une source de premier ordre ; mal-
heureusement le texte en est perdu, mais elles avaient
été utilisées dans la Heimskringla de Snorré et la Mor-
kinskinna. B-s.
EIRIK Vidsjà, skald islandais du commencement du
xic siècle. Il fut banni pour avoir pris part aux combats
de Heidarvig (1014) qu'il chanta dans un poème dont il ne
reste que des fragments dans Saga af Viga-Styr ok Hci-
darvigum (t. II des lslendinga sœgur; Copenhague,
18 '.7, in-8). B-s.
EIRIKSSON (Magnas), rationaliste danois, né à Skinna-
BIRIKSSON - ElSENMANN
- 718 -
Ion. le domaine le ploa septentrional de l'Islande, le 32 juin
IKOti. moh a Copenhague le 3 juil. Ikmi. kprèi avoir
terminé ses études h l'université <le Copenhague ( l .s ; j 7 ) . il
lui un préparateur fort ooeupé jusqu'à ce que seecro
hétérodoxes el se^ opinions libérales, exprimées dans ton
livre sur les Baptutes et le Baptême (4844), dans ses
polémiques avec Martensen el dans une lettre à Chris-
tian Vul (1847), eussent éloigné les étudiants. Elles ne
lui permirent pas non plus d'accepter un pastoral auquel
il avait été nommé (l^.'iii). A la fin de su \ie, cel éerivain
aussi fécond que penseur convaincu, obtint «lu Parlement
une modeste pension, il faisait preuve d'une foi naïve el
d'une piété sincère dans l'Efficacité de la prière (Copen-
hague, IH70) ei l'oiirntis-iiiitts aimer le prochain comme
nous-mêmes? (il>. I x~tt), tandis <in'il soutenait dans des
ouvrages en danois {l'Evangile de saint Jean est-il un
revit apostolique ? 1868 : le Dogme du baptême, 1X05 ;
Dieu et le Réformateur, 1866; Paul et le Christ, 1871 ;
Juifs et Cli retiens, 1H7.'!| el dans deux brochures en islan-
dais, que les Ecritures avaient été falsifiées et la doctrine
du Christ corrompue. B-s.
Bibl. : Autobioqr. littér., dans Flyvende Dtad de Villi.
Mœller, 12 juin 1^75. — lu-i niltende A&rhundrede, rase, de
juin-juil; lh~5. — Hafsteim Pjettubsson, notice dans
Tintant, 1887, t. VIII.
EISACK ou EISACH. Rivière de l'empire d'Autriche.
Elle prend sa source au Brenner, arrose le Tirol et se
jette dans l'Adige. Sa longueur est de KO kil.
EISELEN (Johann - Friedrich - Gottfried) , économiste
allemand, né à Rothenburg le 5M sept. 1785, mort à Halle
le 3 oct. 1865. Il professa l'histoire et les sciences poli-
tiques à Derlin, Breslau (1820) et Halle (182!») ; il a pu-
blié, outre des manuels estimés. Die l.ehre von der Volks-
ivirthschaft (Breslau, 1843) et Der preùssische Staat
(Berlin, 1862). — Son frère, Ernst-Withehn-Hernhard
(1793-1846), fut un des propagateurs des sociétés de gym-
nastique et d'escrime en Allemagne.
EISEN (Charles), peintre-graveur français, né àYalen-
ciennes le 17 août 1720, mort à Bruxelles le4 janv. 1778.
Cet artiste est un des plus charmants illustrateurs du xvine
siècle, et ses œuvres ont retrouvé de nos jours une vogue
nouvelle. On recherche surtout, d'Eisen, les Contes de La
Fontaine, édition dite des Fermiers généraux ; le duc d'Au-
male possède les dessins originaux de cette illustration. Eisen
a été aussi le graveur des Baisers de Dorât, de la Henriade,
des Métamorphoses d'Ovide. Il était fils de François Eisen,
né à Bruxelles, qui s'était adonné à la peinture et était
venu s'établir à Yalenciennes, ou il avait travaillé à des
tableaux de sainteté. Il s'était ensuite fixé à Paris et avait
cherché à se faire connaître par des sujets galants, des
compositions plaisantesetlibertines.il entra, à Paris, dans
l'atelier de Le Bas et s'y forma au travail de la gravure.
Il fit paraître, en 1755, sa première suite importante :
Premier Livre d'une œuvre suivie, contenant différents
sujets de décorations et d'ornements : c'est, suivant les
Concourt, l'album complet des croquis de la « rocaille ». Il
se fit recevoir de l'Académie de Saint-Luc et concourut à
quelques expositions de cette association indépendante qui
le nomma plus tard adjoint à recteur. Il y exposa des
tableaux mythologiques, des portraits et des dessins de
tous genres. L'illustration des Contes de La Fontaine,
en 1762, le mit pleinement en vue et lui attira les félici-
tations de Voltaire, qui devait, à son tour, tirer parti de
son talent. Eisen devint maître de dessin de M'"° de Pom-
padour et dessinateur attitré du roi; mais il ne conserva
pas longtemps ces fonctions; il les perdit, suivant ses bio-
graphes, a la suite de quelques fautes de tad dues a son
manque d'éducation et a des habitudes populaires, qu'on est
surpris de rencontrer chez un graveur aussi élégant. On
peut lui reprocher encore d'antres fautes dans sa vie privée;
il avait abandonné, à l'âge de quarante-sept ans, sa femme,
plus âgée que lui, pour aller vivre avec une maîtresse.
Allt. \ AI.\l;l;l<;iF..
limi.. : Ed. et J. db GoKcoort, l'Art du x\m« siècle. —
Henri Bbqaldi et U baron 1:.. -.-i Pobtaum, ta Qtm
au wuptiécle Ukllii b, Antoine W'allea
tes contemporain» H('.cart, biographie
— Jaj . Dictionnaire critique il'- biographie et d histe
EISEN ACH. Ville d'Allemagne. grand-du< lié de
Weitnar, au N.-n. du ThuringerwaJd, au confluent d.- la
Nesseetdu Hœrsel (afllucnts de la Werra); 19,641 hab.,
avec jea cinq faubourgs. Corroirie, couleurs artificielles,
poterie, etc. Château du xviir3 siècle (ou résida la dur'
Hélène d'Orléans). Eisenacfa e-t une des villégiatures les
plus fréquentées d'Allemagne, à cause du voisinage des
beaux sites du Thuringerwald et de |a Wartburg (V. ea
mot), a 2 kil. au s. — PSsenach [Itenacum) est une des
plus anciennes villes d'Allemagne : sou histoire i partir du
m.oyen âge se confond avec celle de la Wartburg; les ducs
de Save, d'une ligne Ernestine, y résidèrent de 15!
1741 (\. Sam). Lu 1852, s'y tint une conférence 0
de ['Eglise évangéliqtte qui ira\ailla a unifier la religion
protestante en Allemagne. Depuis lors, c'est a Eisenacb
que se réunissent t. mis les deux ans les délègues de. Eglises
évangéliqnes de langue allemande (V. I'hotf.-i am
§ Organisation îles églws protestantes). — Le H juil.
1853, intervint, entre les pays de la Confédération ger-
manique, la convention d'Etsenach (encore en vigueur)
pour l'assistance médicale et l'ensevelissement de' leurs
sujets respectifs sur les territoires l"s mis des autres. —
En 1872 s'y réunit un congrès d'économistes qui formula
la théorie socialiste (V. Socialisme). L'ancienne principauté
d'Eisenach comprenait 1,200 kil. et 50 à 60,000 bah.
Son histoire sera donnée à l'art. Saxe.
Bidi.. : Schweedt et J/BGEE, Eiscuach und die Wart-
ouiv/; Eisenacb, ls71,2° éd.
EISENBERG. Ville d'Allemagne, duché de Saxe-Alten-
bourg; 0,277 hab. Elle fut quelque temps le chef-Ken
d'une lignée de la maison de Saxe (1675-1707) (V. Sv
Bibl. : Back, Chronik der Stadl und des Amtes Eisen-
bern ; Eisenberg, 1^13.
EISEN10HR (Jakob- Friedrich), architecte allemand,
né à Lflrraeh (Bade) le 23 nov. 1*05. mort a harlsruhe
le 27 févr. 1854. Professeur (I85!t) de l'école d'architec-
ture de karlsruhe, il en devint le directeur en 1853. Il
s est tait connaître par ses constructions, non moins que
par ses publications, parmi lesquelles il faut citer : Millvl-
aUerliche Bautoerke in Siiddeutschland und uni l:
(karlsruhe, 1853-1857); Holzbauten des SchumrnutUê*
(Karlsruhe, 1853); Die Urnnmentik in ihrer Anuvn-
dung auf verschiedene Baugewerke (halsruhe, 1849-
1867, 21 l'asc); Bauvensierungen in Hol:- zum prak-
tischen Branche (Kalsruhe. 1868-1870, 12 fasc).
EISEN LOHR (August), égvptologue allemand, né à
Mannheim le (i oct. 1834, élève de Cbabas et Brugsdi. Il
étudia le Papyrus Barris (Leipzig. 1872). les mesures
égyptiennes d'après le Papyrus liliiud qu'il édita [Ein
mathemdtisches Handbuchder allen Mgypter ; Leipzig,
1872, 2 vol.).
ElSENMANN (f.otffricd). médecin et homme politique
allemand, né à Wurt/.bourg le 2(1 mai 17(15, niort à
vYurtzhonrg le 25 mars 1867. Doué d'un esprit très libéral
et même révolutionnaire, il prit part en 1818 à la formation
de la « BurschenschaR » : persécuté par le gouvernement
bavarois, il fut arrêté en 1852 pour délit de presse, con-
damne a la prison à perpétuité et enfermé dans la forte-
resse d'Oberhaus, près de Passai!, puis en 18 il transféré
dans la forteresse de Rosenberg et soumis a un régime plus
doux. Il sortit .le prison en I S 17 et fut élu l'année suivante
membre du parlement de Francfort. Partisan de l'école dite
naturaliste, il tomba, comme son maître Schœnleih, dans la
systématisation à outrance. Néanmoins, se- ouvrages portent
le cachet d'un esprit scientifique élevé ; citons : 'Der Trijh
per, etc. (Erlangen, 1830,8 vol. in 8); Die Kindbeltfte-
ber, etc. (Erlangen, 1834, in-8) ; Dîi KrankhcitsfaniiÙè
Typhus (Erlangen, 1833, in-8); Die hrankettsfam.
Rheuma (Erlangen, 1841-42, 3 vol. in-8); Die Hirner-
weichung (Leipzig. 18 H, gr. in-8); Die Patli, u. Therap.
- 710 -
EISENMANN - ElTELBI.lU'.Elt
drrUh (WuHttoun, 1860, în-8)j DieBeive-
gangs- Uaxù (Vienne, 1868, m-8, pi.). 1)r '-• "N-
" EISENMENGER (Johann-Andreas). orientaliste allo-
mmd.aèa iinalieimen 1654, mort* H«delnergle20dèc.
1704. Il fui professeur de lingues orientales a Heidelberg
depuis 1700. rendant ses études à Amsterdam, la polémique
d'un nbbia, David Lida, contre le christianisme, l'avail
décide I réunir en on seul ouvrage tout ce qui lui paraissait
erreur ou blasphème dans le judaïsme. Il tii imprimer cette
compilation, on l'on trouve dès renseignements intéressants
et difficiles a trouver ailleurs, mais on manque l'hnpartia-
. ms le titre de Entdeektes Jiulsiitlunn , etc. (Hei-
., 1 7001. Sur la demande des juifs, le livre l'ut mis
[oestre par l'empereur Léopold 1": ni les héritiers
de l'auteur, ni l'intervention directe de Frédéric lor de
Prusse n'obtinrent le retrait de cette mesure. Finalement
te mi ili' Prusse tit réimprimer l*ou\ rage à ses trais (Kœnigs-
ii réalité Berlin, 171 1. ~2 vol. in-4). Le séquestre
de l'édition de Heidelberg ne fut levé que quarante ans
phntard. F.-H. K.
EISENMENGER (Michel), ingénieur et musicien fran-
çais, d'une famille originaire du Palatinat. En 1838, il
ta a l'Académie des sciences un projet de notation
musicale par BOgraphiques, qui] a exposé dans
un ouvrage intitulé Traité de l'art graphique et de la
■ \iqve appliqués à la musique d'ans, 1838).
M 1 s.'nuienger a construit une variété de piano vertical,
le piano incliné, dont l'usage n'a pas été adopté.
EISENMENGER (August), peintre décorateur, né à
Vienne le II Rvr. 1830. Après avoir étudié avec Schultz,
menper 'nira à l'Académie en 1843, et, en 1856,
devint élève île Hahl, qu'il aida dans ses travaux. Il fut
nommé, en 187-2, professeur à l'Académie de Vienne. On
voit ses œuvres au palais C.utman. au château llornstein et
dans les monuments puldics de Vienne.
EISENSCHMIDT (Jobann-Caspar), mathématicien et
médecin français, né a Strasbourg le IS (?) sept, (ou nov.)
I, mort a Strasbourg le î fou 5) déc. 171-2. Il fut
reçu en 1(576 docteur en philosophie avec une thèse remar-
quable, Dr imbiliro trrrœ. en 1684 docteur en médecine,
e\erça cet art jusqu'en 1696, puis, devenu impotent à la
suite d'une chute, se voua exclusivement aux mathémati-
ques, qui avaient toujours été son et iule préférée. Il est
de a tort par presque tous les biographes comme
ibre de l'Académie des sciences de Paris. Il soutint
contre Newton et Huyghens, dans une brochure intitulée
Diatribe de figura talurti eUiptieo-sphaeroidd (Stras-
bourg. 1691, in-'») et dans plusieurs articles ajournai des
v mis (|()!,-2) que la terre était elliptique. Outre divers
mémoires de mathématiques, d'astronomie, de médecine,
parus dan^ les recueils et journaux scientifiques de l'épo-
que, il a encore écrit : Inhroductio a<l tabulas logarilh-
mteasJ. Krplri (Strasbourg, 1700, in-8); De Ponde-
ribux et mensuris veterum Romanorum, Grtecorum,
Hebrttorum, etc. (Strasbourg. 1708, in-8; 2e éd., 1737),
ouvrage d'une a>>e/ grau le valeur. L. S.
EISENSTADT. Nom allemand d'une ville de Hongrie
(V. lus Hilton).
E1SENSTEIN (Ferdinand-Cotthold-Max), mathémali-
. ii-n allemand, né à Berlin le 1 « » avr. 1823, mort a Berlin
le II "t. 1852. Nommé professeur adjoint à l'université
de lîieslau en l*»7, membre de l'Académie des sciences
d. Merlin en lK.'i-2, il semblait appelé à la célébrité. Mais
il mourut a trente ans. Son œuvre scientifique est néan-
moins considérable. Ses travaux, qui ont surtout porté sur
Ma fonctions elliptiques, sur la théorie des nombres, et plus
spécial -ment sur les formes cubiques, sont consignés dans
une cinquantaine d'intéressants mémoires publie, de 1844
a 1852 par le Journal de Crelle, IcaNouueUes Innales
ie mathématiques el les Monatsberichten de l'Acadé-
mie des sciences de Berlin. Quelques-uns ont été réunis en
un volume, avec préface dedans» (Berlin, 1848). L. S.
moires précités se trouve dans le
Catalogue of scienliflc papers de la Société royale; Lon-
drea, [868, t. Il, in-l.
EISERNES Tinm (V. l'uni ks iif. FER).
EISFELO. Ville d'Allemagne, duché de Saxo-Meiuin-
gen. sur la Werra ; 3,200 liab. ; vieux château, églises
gothiques. Très prospère à la lin du moyen âge a cause do
sa situation sur la route de Thuringe en Krauconie et dos
mines du voisinage, elle fut ruinée par la guerre de Trente
ans.
EISK. Ville de la Russie d'Europe, port du territoire du
Kouban ; 26,275 liab. Elle doit son nom a la rivière Eia
qui forme à son embouchure un limon de plus de "2(1 kil.
de longueur. (Vile ville, fondée en 1848, s'est très rapide-
ment développée. Mlle est le chef-lieu d'un district riche
en pâturages et dont l'élève du bétail est la principale
' industrie.
EISLEBEN (Islebia). Ville d'Allemagne, royaume de
Prusse, district de Mersebourg (Saxe), auprès do vastes la-
gunes ; 18,187 liab. C'est la patrie de Luther dont la
maison fut presque détruite par un incendie en 1()8!) ; on
l'a transformée en musée. — La ville appartint aux comtes
de Mansfeld du xie au xvin9 siècle.
EISMANN (Johann-Anton) (et non Lis)nann), peintre
paysagiste allemand, neaSalzbourg en 1634, mort à Venise
en 1698. Ile Munich il alla à Venise par Vérone, ou il
séjourna quelque temps. Mais c'est surtout à Venise qu'il a
travaillé. On rencontre ses Paysages dans plusieurs inusées
allemands, notamment à Dresde. Il adopta à Venise Carlo
Brisighella, qui prit son nom.
EISSAUGUE (Pèche). Ce filet, en usage sur les cotes
de la Méditerranée, consiste en deux ailes et une poche ou
manche placée au milieu, en l'orme de sac conique ; d'après
le règlement du 1!) nov. 185'J, la longueur totale des ailes
ne doit pas excéder 350 m., les mailles du manche doivent
avoir au minimum "2 centim. en carré; ce filet, qui ne peut
qu'elle halé à bras du large à terre, est interdit sur la côte,
du l'r mars au 1er mai, dans les étangs du 1er mars au
i,r oct.
EISSENHARDT (Johann), artiste allemand contempo-
rain, graveur au burin et à l'eau-forte, né a Francfort-sur-le-
Main en 1824. Elève de l'Institut Schadel, sous la direction
du graveur SchalVr. lia gravé des portraits pour les billets
de banque russes, puis des planches d'après les maitres
modernes, et a reproduit un certain nombre do tableaux
de la galerie de Francfort, de la collection Esterhazy à
Pest, etc. Son œuvre capitale est la Madone avec sept
arabes, d'après Sandre Botticelli, gravée pour le compte du
gouvernement prussien (1886). G. P-i.
EITEL (Ernst-J.), sinologue et missionnaire de la So-
ciété évangélique de Baie, qui l'envoya à Mong-kong en
ÎSM, puis (avr. 18(io) de la London Missionary Society.
11 occupe maintenant dans cette ile anglaise le poste d'ins-
pecteur des écoles. Le principal ouvrage de ce savant est
un Chinese Dictionary in the Cantonese Dialect (Hong-
kong, 1877-188/!, in-8). Depuis longtemps, il dirige le
recueil estimé, \The China Ileview, auquel il donne de
nombreux articles. 11. C.
Hibl. : 11. Cordieb, Bib.Sinica.
EITELBERGER von Edëlberg (Budolph), archéologue
et administrateur autrichien, né à Olinutz le 17 avr. 1817,
mort à Vienne le 18 août 1885. Professeur à l'université
de Vienne, il contribua, soit par ses livres, soit par ses
articles publiés dans les journaux, à donner l'impulsion du
mouvement qui aboutit en Autriche a l'organisation de
l'enseignement du dessin en vue des applications de l'art à
l'industrie. S'inspirant des mêmes idées qui commençaient
alors à S'affirmer en France sur ces questions et qui
amenèrent la fondation à Londres du South Kensingtort
Muséum, Eitelberger s'occupa activement delà création de
l'Ecole des arts décoratifs de Vienne et du Musée des arts
et de l'industrie. Il s'occupa ausM de la formation de plu-
sieurs sociétés industrielles ayant pour objet le progrès de
l'art et acquit, en même temps qu'une situation de critique
EITELKERCER — I M -.lil-.iu;
- 7-20 —
des plus autorisés, une lérieuH influença. Il fut tour k tour
iioiiiinr par le gouvernement autrichien commissaire au\
exposition! universelles de Londres et de Paris. Outre nne
brochure qui l'ut très remarquée lorsqu'elle parut, hn-
Reform des Kunttunterrichis (Vienne, 18',8) et d'inté-
ressantes lettres sur l'art moderne en France [Briefe ûber
die moderne Kurut Frankreichs; 1838), Eilelb
a publié, en collaboration avec Heider et Hieser, mtt-
telalterliche Kunstdenkmale des œsterr. Kaiserstaats
(Stuttgart, 1858-60, 2 vol.), et, seul, il a consacré encore
plusieurs volumes a la description des monuments du
Eiioul (1857, 185!)), de la Dalmatie (1861), etc. lia
dirigé, à partir de 1871, un recueil d'érudition, Quelle//-
sehriflen zur Kurutgeschichte und Kunsttechnik des
Nitlelallers und der Renaissance (18 vol.). 11 a réuni
ses écrits sur l'histoire de l'art (GesammeUe kunsthist.
Schriften; Vienne, 187!)). V. Chahpier.
EITNER (Kobert), compositeur et érudit allemand, né
le 22oct. 183-2 à Breslau. En 1833, il devint professeur
à Berlin. Comme compositeur il a écrit un Slabat une
Cantate pour la Pentecôte, une ouverture pour le Cid,
un opéra sacré, Judith. Comme historien musical, il a
l'ait un dictionnaire biographique des compositeurs hollan-
dais, diverses études et une biographie de Peter Svveelinck;
il est un des membres les plus actif de la société qui re-
cherche et publie les ouvrages des musiciens du xive et
xvie siècles, et il dirige la Revue mensuelle pour l'his-
toire de la musique. A. E.
EIX. Coin, du dèp. de la Meuse, arr. de Verdun-sur-
Meuse, cant. d'Etain ; 616 hab.
EIYANEH. Petite ville de l'Arabie, aujourd'hui ruinée,
qui se trouvait dans leNedjd, à 32 kil. 0. de Riàd. Son
nom eût été certainement oublié si elle n'avait été la patrie
d'Abdelouahhab, le fondateur de la secte musulmane des
Ouahhabites.
EK (Johannes-Gustaf), linguiste suédois, né à Skede le
3 sept. 1808, mort le 8 oct. 1862 à Lund,où il fut docent
(1833), adjoint (1836), enfin professeur (1812) à l'Univer-
sité. Ordonné prêtre en 1848, il reçut la cure-prébende de
Hardeberga. 11 cultivait l'éloquence et la poésie latines
avec autant de succès qu'il les enseignait. Il traduisit en
beaux vers latins sept chants (1829-1851) de la Saga de
Frithjof par Tegner et en suédois des ouvrages d'Horace
(1847, 1833), d'Ovide et de Plaute. Il publia en outre un
recueil de Traditions populaires (1831) et un Diction-
naire danois-suédois (1861), ainsi que des dissertations
et des programmes. B-s.
EKATERINA (V. Catherine Ire, t. IX, p. 843).
EKATERINBOURG ou IEKATERINENBOURG. Ville de
la Russie d'Europe, ch.-l. de district du gouvernement
de Perm, sur la rivière Iset, située au pied de l'Oural, sur
le chemin de fer de Perm à Tioumen, amorce des chemins
de fer sibériens; 32,000 hab. Elle est le siège de la direc-
tion de toutes les mines de l'Oural qui appartiennent à l'Etat.
Elle possède des laboratoires importants, une monnaie qui
frappe des pièces de cuivre et plusieurs usines, notamment
pour la fabrication des machines et des vases en pierres
précieuses de l'Oural. Elle fait un grand commerce de
bétail, de céréales, de fer et de denrées coloniales. Le
district d'Ekaterinbourg est, grâce à l'industrie minière,
l'un des plus riches de l'Empire. Ekaterinbourg d >it sa
fondation à Pierre le Grand (1723) et son nom à l'impéra-
trice Catherine P9. L. L.
EKATERINENFELD. Colonie allemande du Caucase dans
les environs de Tillis. Vins renommés.
EKATERINENSTADT ou IEKATERINENSTAOT. Ville
de Russie, située dans le gouvernement de Samara, district
de Nikolaev ; 3,000 hab. Elle doit son origine à une
colonie allemande fondée en 1763 sous Catherine II.
EKATERINODAR ou IEKATERINODAR. Ville de la
Russie d'Europe, ch.-l. du territoire du Kouban, sur la
rive droite du Kouban ; 30,000 hab. Elle est la résidence
de Vataman des Cosaques du Kouban et possède plu^u-urs
établissements militaires. Cette ville a été rondes a lT'.ij
par Catherine 11 qui lui donna son nom et y transporta des
Cosaques Zaporogues. Le district d'Ekaterinodar est surtout
habité par des Cosaques. L'élève des chevaux et du U-tail
est ia principale industrie. L. L.
EKATERINOGRAD OU IEKATERINOGRAD. Station do
Cosaquesdu territoire du Terek Caucase); 3,000 hab.
EKATERIN0P0L ou IEKATERIN0P0L. Ville de la
Russie d'Europe, gouvernement de Kiev, district de Zveni-
gorod; 4,000 hab. Aux environs s'étendent d'importantes
mines de charbon.
EKATERINOSLAV ou I EKATERI NOS LAV. Ville de
Russie, ch.-l. du gouvernement du même nom, située sur
le Dnieper et sur la ligne de chemin de fer Lozovo-Sébas-
topol : 3.1)00 hab. Elle possède neuf églises orthodoxe
quatre synagogues. Elle renferme de nombreuses usines,
notamment de bougie et de savon. Elle fut fondée par Ca-
therine II en 1787 a la mémoire de laquelle un monument
a été érigé près de la cathédrale. Potemkine y est enterre.
Le gouvernement d'Ekaterinoslav occupe une superficie
de 59,507 verstesq. (67,419 kil. q.). Il e>i constitué en
grande partie par des steppes. Il renferme des mines de
charbons, de fer et d'anthracite. Il est arrosé par le
Dnieper, le Don et le Donets. La nationalité dominante est
la nationalité russe. L'agriculture, l'élève du bétail et des
chevaux sont les industries principales. Le gouvernement
est divisé en huit districts : Ekaterinoslav, Alexandrovsk,
Rakhmout, Verkhnednieprov, .Nova Moskva, Pavlograd,
Rostov et Slaviano-Serbsk. Les ports sont : Taganrog,
Rostov, Marioupol et Berdiansk. Le gouvernement se rat-
tache au gouvernement général d'Odessa. L. L.
EKATÉRINTHAL ou "lEKATERINTHAL. Vallée de l'Es-
thonie qui débouche sur le golfe de Einlande, à TE. de
Revel. Elle se termine par deux rochers surmontés de deux
phares qui signalent l'entrée de la rade de Revel.
EKB0HRN (C.arl-.Magnus Ekrom, plus tard), littérateur
suédois, né à Stockholm le 8 janv. 1807, mort en 1881.
Après avoir rédigé des journaux de province, il entra dans
les douanes à Stockholm (1833). On lui doit : Essais
littéraires de "jeunesse (1826-1 834); Nouvelles Poésies
(1864); Dictionnaire nautique (1840); Explication des
nuits et noms étrangers passés dans la langiw suédoise
(1868; 3e éd., 1887); des écrits politiques, des manuels,
des ouvrages pour la jeunesse et des traductions. B-s.
EKDAHL (Xils-Johan), érudit suédois, né à Fogeltofta
(Skanie) le 27 avr. 1799, mort à Stockholm le 20 déc.
1870. Ordonné prêtre en 1823, il fut pasteur et aumônier
militaire à Stockholm. En 1830, il fut suspendu pour avoir
béni un mariage en dépit d'empêchements légaux. Après
avoir fait du zèle comme piétiste, philanthrope et orthodoxe,
il pencha vers l'hétérodoxie, traduisit (1864) l'ouvrage de
Hagnûs Eiriksson sur l'Evangile de saint Jean et finit comme
orateur démocratique. L'Académie des belles-lettres, d'his-
toire et d'archéologie l'ayant chargé d'une mission, il
rapporta de ses excursions dans l'île de Cotland et le N. de
la Suède douze cents parchemins, des bâtons runiques.
des contes et des traditions populaires, fit dessiner un
grand nombre d'antiquités et de monuments; en outre, de
[830 à 1846, il prit part au dépouillement et au partage
des papiers de Christian II transportés de Munich a Chris-
tiania. Les fruits de ces éludes furent les Archives de
Christian II (Stockholm, 1833-1836,3 vol. in-8, avec
Appendice \ 1852] tiré des archives suédoises i. On lui doit
encore un rapport Sur l'Abaissement du niveau de lu
mer au délit du cercle polaire, ses causes et ses effets
(1866); des brochures Sur ta Question norvégienne
(1860) et Sur la Déhanche à Stockholm (1866).' B-s.
EKEBERG (Carl-Guslal), navigateur suédois, né à
Djursholm, près de Stockholm, le 10 juin 1716, mort le
•'. avr. I78Î. Il apprit l'art de naviguer en exerçant la
médecine a bord d'un vaisseau, devin! pilote (1742), lieu-
tenant (1733), capitaine (1748) et fut regardé comme l'un
— 7-21 ~
EKEBERG - EKMAN
des plus habiles marins de son temps. Dans dix voyages
un tons cours, il lit de Doabrwm» observations qu'il dé-
crivit dans divers recueils, notamment dans les ActtS de
l'Académie des sciences de Stockholm, dont il fut membre
(4761) el présidenl M 768). Il publia a part : Economie
rurale des Chinois (Stockholm, 1787 ; en français par D.de
Bkcfbrd, Milan, 1771); Voyages aux btdes orientales
en 1770-1771 (Stockholm, 1773), dressa plusieurs cartes
.•t pourvut de plantes rares lesherbiersde Linitéqui nomma
d'après lui YÉkebergia capensis. Son éloge tut prononce
par Sparnnan.iini lavait accompagné dans son voyage de
1761 ( letes de l'Acad.des s»', de Stockholm, 1790). B-s.
EKELUND (Jacob), fécond écrivain suédois, né à N'alla
(Bohus la») le 17 déc. 1790, mort à Stockholm le (î déc.
18 10. Ordonné prêtre en ISIS, pasteur adjoint et maître à
l'une des écoles paroissiales de Stockholm, il publia quinze
manuels d'histoire, pittoresques et vivement écrits. qui lurent
en usage pendant un demi-siècle. Un lui doit en outre des
livres de lecture latine et française; des traductions de
l'anglais : des biographies, entre autres celle de P. Bœrberg
ri' éd.. iS7.'i). et une nouvelle, la Fille des Montagnes
à Orousl (1831). B-s'.
EKELUND (Carl-Evertl. juriste finlandais, né à Heioola
le 13oct. 17!M. mort a llelsingfors le 9 DOT. 1843. Pro-
en droit romain et russe à l'université de llelsing-
fors (1829), il fut adjoint en 1835 à la commission chargée
de codifier les textes de lois et dispensé de faire des cours
a partir de 1SÎ0. Il prépara les rodes civil, pénal, mari-
time et les règlements urbains et miniers, mais ce grand
travail fut fait eu pure perte. Il publia quatre dissertations
en latin i uo, 1821 ; llelsingfors, 1829-32) et après sa mort
parurent ses Leçons sur le droit privé des Romains { 1 850-
51 . 3 vol.) et sur le gage et l'hypothèque ( 1854). B-s.
EKHCHIDIDES. Petite dynastie arabe formée en 934
par Mohammed Takadj, gouverneur de Damas, qui se fit re-
connaître indépendant par le khalife abbasside El Kaher
Billah : il prit le nom de El Ekhchid d'un de ses ancêtres,
originaire de Ferghana. Ses successeurs sont : Aboul kas-
sini (946), Ali (960), Kafour (966), et Ahmed Aboul
Faouaris (968-969). Les Ekhchidides ont régné en Syrie
et en Palestine ; ils ont été dépossédés par les Fatimites
pte. E. Dr.
EKHOLM (Erik), publiciste et linguiste suédois, né à
Sala le 24 déc. 17 H>, mort à Stockholm le 18 sept. 1784.
Copiste aux archives archéologiques et notaire à l'hôtel des
ventes de livres à Stockholm, il écrivit avec érudition sur
l'histoire, la littérature, la bibliographie, la pédagogie, la
.••. l'othngraphe suédoise, les monnaies, le soulè-
vement du sn| et l'ancien niveau des eaux, dans six jour-
naux édités par lui (1761-1782) et dans Mémoires cri-
tiquesel historiques sur l'hv;toirc et la langue suédoises
1 1760, ■'! fasc.); Recueil varié d'opuscules amusants et
utiles (1759-1760, 3 vol.). Il traduisit en suédois l'His-
toire de lu reine Christine par Lacombe (1765). Il ne
réussit pas à faire supprimer, à cause des jurons qu'elle
contient, l'opérette d'EnvalIsson, Tous contents (1782).
EKHOUT (V. Efxkhoit).
EKIMOV (André-Petrovitch), graveur russe, né en 1752,
mort vers l*-20. 11 a illustré un certain nombre d'ouvrages.
On estime surtout son portrait du grand aumônier Karain-
•Jne. — VasiU-Petrocitch Ekitnov, né en 1752, fondeur
• lève de l'Académie des beaux-arts de Saint-Péters-
bourg, a produit un grand nombre de bustes et de statues.
EKINSiSir Charles), amiral anglais, né dans le comté de
Buckingham en 17f>8, mort à Londres le 2 juil. 1855. Entré
dans la marine en 17*1, il servit sur la Méditerranée, aux
Ind >. dans la mer du Nord, au Cap. prit part à l'expédi-
tion contre Copenhague en 1*07, aux opérations sur les
cût.^ de Portugal en 1808, à la croisière de la Baltique en
m bombardement d'Alger en isiii. lilessè dans
cette dernière action, il fut promu contre-amiral en 18 H),
vire-amiral en |x:;0 et amiral le 23 oov. 1844. Il a écrit :
If aval Battles of Gréai Britain frma the accession of
OBJUTDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
tlo' llt>use of Honorer lo the liai Ile of Savarin (Londres,
1824, m- '. ; 1828, 2e éd.).
EKKEHART, nom de plusieurs moines de Saint-C.all.
Les plus célèbres sont Ekkeharl l'r, mort en !)78, et Ekke-
hart IV, mort en 1036. Ekkeharl V était un lettré; il lisait
Virgile avec la duchesse de Souabe, Hadwig. Il mit en
hexamètres latins la légende héroïque de Walther d'Aqui-
taine, qu'il avait sans doute trouvée dans un texte alle-
mand, OU qu'il avait simplement recueillie dans la tradition
orale. « Pardonnez, dit-il en commençant, pardonnez à la
cigale qui ne peut faire entendre qu'un chant rauque. »
Le vers d'Ekkehart n'a rien, en etfet, de l'harmonie de Vir-
gile, son modèle; mais son poème n'en est pas moins curieux
par les aventures qu'il raconte, et a attiré à juste titre
l'attention des critiques modernes. Le Waltharius est un
des exemples les plus frappants des transformations que
l'histoire peut subir dans l'imagination des peuples. Le
roi des Huns Attila y est présenté non plus comme un
fléau qui a couvert l'Europe de ruines, mais comme le roi
des rois, qui « aime mieux régner par la paix que par la
guerre », et qui reçoit à sa cour les otages de toutes les
nations soumises à son autorité. Il traverse la Gaule sans
coup férir ; les rois s'empressent d'entrerdans son alliance;
il emmène comme otages Walther, fils du roi d'Aquitaine, et
llildegonde, filledu roules Burgondes. Waltheretllildegonde
passent plusieurs années au palais d'Etzelbourg; Walther
achève son éducation chevaleresque ; llildegonde s'instruit
dans les arts et dans les usages des cours. Mais enfin le
désir de revoir leur pays les décide à fuir, malgré la recon-
naissance qui les attache au grand roi. Ils sont attaqués
en traversant les terres des Francs, et Walther soutient un
long et rude combat dans un défilé des Vosges (le Was-
genstein), où seul il tient tète à douze adversaires. Resté
maître du champ de bataille, il s'agenouille devant les corps
des chevaliers qui sont tombés sous ses coups, et demande
pour eux la paix éternelle. Ensuite il regagne l'Aquitaine
et épouse llildegonde. Le Waltharius fut remanié par un
autre moine de Saint-Gall nommé Gérald, qui dédia son
ouvrage à Erkanbald, évêque de Strasbourg, et une der-
nière fois par Ekkehard IV. Celui-ci a contribué également
à la rédaction des Chroniques de Saint-Call. A. B.
BlBL. : J. Grimm, Lateinische Gedichle des X. and XI.
Jahrhunderts ; Gœttingue, 1838. — Edei.estand du Miî-
rii.. Poésies populaires latines antërierires au xiir» siècle ;
Paris, 1813. — Waltharius, éditions de Neigebauer (Mu-
nich, 1853» et de Peiper (Berlin, 1873). — SCHEFFEL et
Holdeb, Waltharius, lateinisches Gedicht des X. Jahr-
huniterls , nach der handschrifllichen Ueberlieferung
berichligt, mit deulscher Veberlraquncj und Erlœulerun-
gen; Stuttgart, 1874.— Mryer von Knonau, Die Ehkeharte
'von St. Gallen ; Bàle, 1881.
EKLŒF (Johan-Henrik), mathématicien finnois, né à
Kokema'ki ou Kumo le 22 mai 181!), mort le 3 sept.1854.
Attaché à l'observatoire de llelsingfors (1848) et maître
d'arithmétique a Abo (1849), il publia, tantôt en finnois,
tantôt en suédois ou en latin, des travaux remarquables
par l'exactitude, la concision et la clarté, entre autres :
Almanoch (1844-1848); Almanach pour les années
1801 à -2000 (18.vi2); Trigonométrie plane (1848); Tri-
gonométrie sphérique (1856); Dates de la débâcle des
glaces du Kumo-elf, 1801 à 1849, axas Suomi (1849).
Il eut le mérite d'avoir été l'un des premiers à faire du
suomalais une langue scientifique. B-s.
EKLUND (August-Vilhelm), cartographe finlandais, né
à Inko le 25 mars 1812, mort à Helsingfors le 28 mai
1887. Géomètre fort expert, il dressa la première carte
générale complète du grand-duché de Finlande, gravée à
Berlin par Brose (llelsingfors, 1840; 2e éd., 1852).
EKMAN (Olaus-Jome), théologien suédois, néàFelings-
bro (Vestmanland) en 1689, mort à Falun le 23 janv.
1718. Successivement aumônier en Livonie, prévôt à Stren-
guœs (Hi8l), puisa Falun (1688), il publia des disserta-
tions, des oraisons funèbres, des ouvrages de piété et Vieu
d'un échappé au naufrage (Stockholm, |(>8(); 2e éd.,
1733), ou il demande des reformes religieuses. B-s.
46
EKMAN — BLAAGNACÉES
— ll'l —
EKMAN (lïednk-Joachiml, écrivain finlandais, né a
Nystad le l"r sept. 1798, mort ;i Helsingfbri U 13 mars
1872. Il enseigna d'abotd le latin au gymnase de vViborg
(1829)61 publia déni thèses en cette langue (1832,4034).
Urès avoir été ordonné prêtre (1h:sh), il fat pasteur (1844'
■\s',i) de l'île du ltumr (l.ivonif) dont il a dotuté la des-
cription (Tavastehus, 1847), puis d'Esbo, en Finlande
(1842), enfin chapelain à Tavastehus (1843), puis i Abo
[1848). D publia en suédois une description (1854) des
fresques' exécutées par son frère dans la cathédrale d'Abo
et un Recueil systématique d'extfaiti des règlement»
ecclésiastiques et scolaires pouf ta Finlande (1860*
1865, 2 vol.). B-ss
EKMAN (Uoberl-Vilhelm), peintre finlandais, frère du
précédent, né à Nystad le 13 août 1808, mort à Àho le
Ï9févr. 1873. Apres a \nir étudié à l'Académie des beaux-arts
de Stockholm (1824) donl il dévint agréé (1837) et membre
(1844), il voyagea (1837-1844) en Hollande, en France et
en Italie, fut éleveode Paul Delaroche et devint maître à
l'école de dessin d'Abo (I8'*(i). Son enseignement et son
exemple n'ont pas peu contribué au développement artis-
tique de la Finlande. Il peignit des fresques dans la cathé-
drâlé d'Abo (1850-4854) : Saint Henri baptisant 1rs
Finnois et VEvéqué Ayricola présentant à Gustave
Ynsa la traduction finnoise du Nouveau Testament,
ainsi que de nombreux tableaux d'autel. Il fut le premier
à traiter des sujets nationaux, comme : Ouverture de la
diète de Boryâ en 1808 et de celle de Helsingfors en
18(13; liengt Lijytinen Usant ses poésies et Greta
Haapasalo jouant de la kantele; En barque pour
aller à l'église. Il a publié deux fascicules de Dessins
pour le Kalevala (18(13-1804) et représenté dans un grand
tableau le Ciel et la Terre ravis par les chants de
Vœinœmrinen. B-s.
EKRON ou ACCARON, aujourd'hui Akir. Siège d'une des
cinq principautés philistines nommées dans la Bible; on y
signalait un sanctuaire placé sous le vocable de Belzéboub.
EKWALL (Emma-Amalia), artiste suédoise, née dans le
I;en de Jœnkœping le 18 janv. 1838. Pourvue de la mé-
daille royale de l'Académie des beaux-arts de Stockholm
(1871), elle continua d'étudier longtemps à Munich et à
Leipzig et exposa pour la première fois en 1868. On loue
ses gracieux tableaux de genre (intérieurs et scènes de
l'enfance). — Son frère, Knut-Alfred Ekwall, né le 3avr.
1843, termina aussi ses études artistiques en Allemagne et
eut pour maître L. Knaus à Berlin. Il est tout à la fois
peintre de genre et habile dessinateur, et les illustrations
qu'il fournit aux journaux allemands et suédois témoignent
de ses talents de composition et d'invention et d'une grande
sûreté de main. B-s.
EKWÉ ou EKOOUÉ. Station de missionnaires du pays
des Zoulous (Afrique australe) dans l'intérieur des terres.
Pendant l'expédition de 187!), Ekwé fut quelque temps
le centre de la résistance des forces anglaises, après leur
échec à Isandblouana.
EL. Mesure de longueur usitée en Hollande; vaut 1 m.
ELA, roi d'Israël, iils et successeur de Baèsa, occupa le
troue pendant deux ans seulement et fut assassiné par un
usurpateur du nom de Zimri (1 liais, xvi, tj et 8-14).
EL-ABIOD-Siw-CuKiKH. Localité célèbre d'Algérie, dans
le Sud oranais, à 386 kil. au S. d'Oran; u2,000 hab.
environ avec les ksours voisins. Elle se trouve dans une
grande [daine et est signalée de loin paria koubba vénérée
où repose le corps de l'ancêtre èponyme des Sidi— Cheikh.
Alentour étaient autrefois cinq ksours (Ksar-ech-Giergui,
Ksar-Sidi-Abd-er-Hahman, Esar-el-Eebir, Ksar-OU led-
bou-Douaïa, lisar-abid-IC eraba) . La koubba a été dé-
truite par le général Négrier en 1881, ci il a fait trans-
porter les restes de Sidi-Cheikh à Géry ville; la population
des ksours avait fui; mais, depuis 1886, les Ouled-Sidi-
Cheikh, s'élant soumis, ont obtenu de rebâtir la koubba
et de reédifier leurs maisons à l'ombre des palmiers qu'on
avait eu le soin d'épargner. E. Cat.
ÉLABOUGA. Vidé de la Itussie d'Europe, chef-lieu de
district db gourernemeni de VTatka, sur là rivière Tonna;
9,431 hab. Le district d'Elabiu^a est habile par des
Russes et de* allogènes Vuraks,Tflietiénnsses,Bachkirs, etc.
Il est essentiéUetheDI agricole.
ELACATE (Ichtyol.). Genre de Poissons osseux (léléos-
téens), de l'ordre des Acanthoptérygiens Cotto-Scom-
brifofmes, et delà famille des Scombft mots),
caractérisé par un corps couvert de petites écaillés, la téta
comprimée, pas de carène suf les cotes de la région caudale,
la dorsale constituée par huit petites épines libres; dents
en velours disposées sur les mâchoires, le voûter et Isa pa-
latins. Le type du genre est VElacatc nigru commun dans
l'Atlantique et l'océan Indien. houiuit.
Hmi.. : (ii .miii k, Sludj o[ Fishea.
EL-ACHIR. Village d'Algérie, dép. de Gmstanline. arr.
de Sétlf, station du chemin dé ter d'Alger a Constantine,
à 13 kil. à l'E. de Bordj-bou-Arréridj. Créé dans une
région fertile, mais peu salubre, il ne comptait encore que
43 Européens en 1886; niais il s'y tient chaque mardi un
marché assez important pour les céréales et bestiaux; il
l'ait partie de la coin, mixte des Bibans. !.. Cat.
ELACHISTA (Bot.). Genre d'Algues Ectocarpéei para-
sites, à thalle filiforme et simple, parfois rameux a sa base,
articulé, nwnosiphoné et à sporanges à une ou plusieurs
loges, de forme ohlongue, entourés de poils.
ELACHOCERAS (Paléont.) (V. Dinoceras).
EL-ACHOUR. Village d'Algérie, dép. et arr. d'Alger, à
li kil. S. de cette ville, à une ait. de 10'2 m. Créé près
des sources de l'oued Kerma sur le territoire d'une ancienne
ferme domaniale, il ne fut d'abord qu'une annexe de Deli-
Ibrabim ; aujourd'hui c'est une corn, de plein exercice de
349 hab., Européens, qui récoltent un vin renommé et
élèvent des bestiaux. E. Cat.
EL-ADJIBA. Village d'Algérie, dép. et arr. d'Alger, à
151 kil. E. de cette ville, station de la voie ferrée d Alger
à Constantine. Créé récemment dans une région fertile en
orge, blé et vignes, il fait partie de la com. mixte de
Beni-Mansour et n'a encore que 40 hab. environ, Euro-
péens. A peu de distance de là, à Bechloul, se tient tous
les lundis un marché très important. E. Cat.
EL/€AGIA (Elœagia Wedd.) (Bot.). Genre de plantes
de la famille des Rubiacées et du groupe des Portlandièes.
Ce sont des arbres résineux à feuilles opposées et stipulées,
à petites fleurs très nombreuses, disposées en épis termi-
naux très ramifiés. Chacune d'elles a un calice court, per-
sistant, une corolle en entonnoir à cinq lobes tordus et cinq
étamines exsertes. L'ovaire, infère, devient un fruit locu-
licide, contenant de nombreuses graines anguleuses. Les
deux seules espèces connues. E. utilis Wedd. ou Arbol
del cera et E. Mariœ Wedd., habitent, la première, la
Colombie, la seconde, le Pérou. Elles fournissent une sorte
de baume aromatique, connu sous le nom d'Âceite Maria
et préconisé comme tonique et stimulant (V. 11. Bâillon,
Uist. des PL, VII, 336, 378 et 476). Ed. Lr.r.
EL/EAGNACÉES [Elœagnaceœ LindI.) (Bot.). Famille
dé Végétaux Dicotylédones, composée d'arbres, d'arbustes
et d'arbrisseaux, à rameaux souvent épineux, à feuilles
alternes, plus rarement opposées, simples, dépourvues de
stipules et couvertes , surtout à leur face intérieure, de
poils ècailleux petites ou étoiles, souvent argentés ou bru-
nâtres. Les fleurs, hermaphrodites ou unisexuées, sont
axillaires, solitaires oU agrégées, parfois disposées en épis
ou en grappes. Elles ont un pèrianthe simple, ordinairement
tubuleux, a limbe bi-ou quadri-partit. et un ou deux \er-
ticilles d'étamines ordinairement cannées avec le pèrianthe.
à anthères biloculairés, s'ouvranl par des fentes longitu-
dinales. L 'ovaire, à un seul ovule anatrope, est inclus dans
le tube accresoent du pèrianthe, qui persiste ordinairement
autour du fruit, auquel il forme fréquemment une indusie
charnue ou drupacée, souvent comestible (certains Ehra-
gnus), parfois produisant une substance tinctoriale jaune
{Rippophaé rhamnoides L). L'unique graine que renfermé
ÈLEAGNACÊES - ÉLACACR
h fruii est dressée, a&atrape, avec l'embryon dépountl (ou
à peu près d'albumen. — Les Eteagnacées sont placées par
M. H. bâillon [But. des PL, 11. 493), entre lesLaufacèes
et lea MyrisUcacees. Les espèaes, au nombre d*flne tren-
taine, se répartissent dans tes quatre genres : Elœagnus
Tourn.. Skepherdia Nuit.. Mppophae ïoatti. et Aêxto-
xkon 11. et l'a\. Ed. I.ek.
EL/CAGNUS [ElœagiUU Tourn.) (Bot.). Genre dé
planta qui a donné son nom à la ramilledes Eltkàgnacées
\ îsus). S s représentants, bien connus 80dS le iloffl
les arbres ou dos arbustes, dont tous les
- sout couverts de poils ècailleux, pelles ou étoiles.
lières et hermaphrodites, plus rarement
es, ont un réceptacle en forme ilecornel creux, dont
_ l'ovaire «'t est doublée d'un «1 ïs< nn ■ glan-
duleux, épaissi sur ses bords. Ce réceptacle s'àeeroll aprèl
la floraison et forme autour du fruit une indusie complété
que sut montent pendant longtemps les restes du |>érianthe
et de randrocèe et qui a toute l'apparence d'une arupe. —
Les Chalets habitent l'Asie moyenne, l'Europe méridionale
.■t l'Aréique du Nord. On en connaît une vingtaine d'es-
I une d'elles, E. angustifolia L. ou Chalet argenté,
Olivier de Bohême, est fréquemment cultivé dans les parcs
- n feuillage argenté qui produit le plus bel eflet
parmi les arbres a fouîMage vert. Ses fleurs, très odo-
rantes, ont été employées, en infusion ou en décoction,
dans le traitement des fièvres malignes. Son écorce et ses
teuilles sont astringentes. — On cultive également en
Europe l'A', edulis Siel>. . arbuste du Japon, à fleurs
jaunati lemenl odorantes. L'indiivic qui entoure
its ferme une couche pulpeuse, sucrée et acidulée,
3ui est comestible. Il en esl ne même de celle des fruits
e 17.. trienialis !.. ou Chalet d'Orient, et de VE. con-
ferla Roxb. ou Guara des Bengalais. Ed. Lef.
EL/CIS (Elteù Jacq.) (Bot.). Genre de Palmiers dont
type, /.. Gttiiwensis Jacq., est connue sous le nom
ra ou tl'Aouura. C'esl un arbre assez élevé, à feuilles
larges, étalées et chargées d épines sur les bords du pétiole.
Ses Deurs, monoïques, sont disposées sur desspadlces dis-
tiin ts. entoures de deux spalhes complètes. Les mâles ont
, mlie double, trimère, et six ètanùnes; les femelles,
un calice .i Iroîs folioles , une corolle à trois ou six pétales
et un ovaire trilocukîre, qui devient, à la maturité, une
drupe d'un jaune mugeàire, à péricarpe charnu, a noyau
ir pourvu, vers le sommet, de trois pores simples.
17. Guuueru ■ esl originaire de la côte occidentale de
I' VFrique. Il a été répandu, par la culture, dans la Guyane
si dans divers s parties de l'Amérique du Sud. La matière
grasse eoatenue dans le péricarpe du fruit fournit, par
expression . l'huile de palme, particulièrement employée
pour la fabrication des savons. Ed. Lef.
EL/EOCARPUS {Elceocarpus L.) (Bot.), Genre de
- de la famille des îiliacees, qui s donné son nom au
groupe de- Clam., rit des arbres oudes arbustes
a feuilles alurnes, parfois opposées, à fleurs blanches,
i"ii_'-> ou jaunâtres, solitaires ou en grappes. Ces fleurs
eeal peatamères, avec des éUminea plus ou moins nom-
- en phalanges opposées aux pétales. Le
fruit est une ilnipe a noyau très dur. contenant de une à
cinq loges et dans chaque loge une seule graine dont l'albumen
charnu eaveloppa un embryon a cotylèdom larges, plans
ou ondules. — Les I l'i ocarptu habitent le> régions chaudes
rOcéaflie et des des orientales de l'Afrique
de. Ou en connaît une soixantaine d'esj s. Plusieurs
il tiitif elles, notamment 17.. serratut L., des Indes orîeo'
tal's.rt I / . i yutu ut >ims., de l'Australie, fournissent des
- toniques, aromatiques ou amèrea, renfermant une
certaine proportion de tanin, leurs feuilles sont astrin-
gentes et leurs fruits conustibfes. I.7.. çyaneiu est feé-
qu'inin- nt rultivé dans tes serres de l'Europe pour ses
frappes île fleurs blanches peadastss, à pétales finement
fimlmé» et pour ses Iruits de la œrossouf d'une olive et
d'un beau bleu d'indigo. Dans l'Inde, les noyaux très durs
et fortement sillonnes de 17.'. ganitrus Roxb. servent a
faire des bijoux, des colliers, des chapelets. Ed. Lef.
EL-tOCOCCA (Èlœococca Commers.) (Ilot.). Genre
d'ËUphorbiacéès, qui ne fait plus maintenant qu'une section
du genre Aleurites Forst. (V. Ai.kimt).
EL/EODENDRON [Elceodendron Jacq.) (lîot.). Genre
de i.ehisti. uees, du groupe des Evonymèes, dont on connall
environ trente-cinq espèces des régions chaudes du globe.
Ce sont des arbustes ou des arbrisseaux à feuilles opposées,
à fleurs disposées en cymes. Les fruits sont des drupes
dont h s noyaux très durs renferment de une à trois loges
et dans chaque loge une ou deux graines albuminées, dé-
pourvues d'arille. — l.'E.splitrro/ihi/lliimW. I!n., dont les
fruits sont alimentaires, croit au cap de Bonne-Espérance.
Il en est de même de 17.'. croceum DC. [Ilex croira
Thunb.), qui fournit le Bois d'or dît Cap; son écorce
est préconisée comme un antidote de la morsure des reptiles.
Dans l'Inde, l'écorce de la racine de FA'. lUuburghii YVight
et Ara. (Nenija dicholojna Roxb.) est employée pour
cicatriser les blessures. — LE. argan Wilhl. ou Olivier du
Maroc est VArgania Siderexylon Rœm. et Sch., de la
famille des Sapolacées (V. Akga.ma). Ed. Lef.
EL-AFFROUN. Village d'Algérie, dép. et arr. d'Alger,
tant, de Bl'ula, sur la ligne du chem. do fer d'Alger à
Oran, à (il) kil. d'Alger. Situé au pied des montagnes, il
a son territoire traversé par l'oued Djer, torrent l'hiver,
ii sec l'été, et couvert de champs de céréales, de bois d'oli-
viers et de vignobles. Avec son annexe, le hameau de
Bou-Rnumi, El-AffroUn forme une coin, de plein exercice
de -2,1)77 bah. dont un millier d'Européens.
ELAGABAL (V. Héliogabale).
ÉLAGAGE (Sylvie). L'élagage consiste à supprimer cer-
taines branches des arbres. Chez les arbres d'alignement,
on élague celles qui nuisent à la régularité des formes
qu'on leur impose. Chez les fruitiers, l'élagage retranche
les branches mal conformées, trop rapprochées d'une
autre, celles qu'un ne peut palisser ou qui altèrent l'ordre
artificiel de leur charpente. Eu foret, l'élagage poursuit
surtout un autre but : provoquer rallongement du tronc
et diminuer le couvert des arbres. C'est alors aux réserves
des taillis composés qu'il s'applique. Dans les futaies,
en effet, qui croissent en massif serré, le tronc des arbres
s'élève droit, élancé, peu garni de branches, l'élagage
se fait naturellement. Mais dans les taillis, surtout dans
ceux ou les coupes périodiques du sous- bois sont trop
rapprochées, le tronc des arbres réservés reste court, leur
large cime s'étale comme celle d'un pommier. De là deux
Inconvénients : la valeur des réserves est diminuée et le
sous-bois souffre sous un couvert trop complet. On y
remédie par l'élagage et on a intérêt à l'appliquer aux
réserves jeunes, pour favoriser de bonne heure l'allonge-
ment de. leur flèche, leur donner un port élancé et éviter
d'avoir à couper plus tard de trop grosses branches. L'outil
principal de l élagueur est une serpe, en forme de couperet,
à tranchant droit. Les serpes à tranchant courbe et à bec
sont moins usitées. On élague : rem-tronc, a chicot ou par
simple raccourcissement des branches. Dans le premier
cas, la serpe attaque la branche tout contre le tronc, en
commençant par-dessous pour ne pas déchirer la tige. La
section égalisée, nette d'aspérités, est recouverte de coaltar
pour la mettre, autant que possible, à l'abri de la décom-
position. Ce procédé est très propre, niais il est trompeur.
Il convient pour les branches d'un faible diamètre : les
plaies peu étendues se cicatrisant rapidement. Mais pour
les grosses branches, la cicatrisation, lente à recouvrir des
plaies considérables, masque souvent, lorsqu'elle est com-
plète, la désorganisation intérieure des tissus. La valeur
des arbres est dépréciée. C'est dune les branches des jeunes
réserves, les gourmands nés sur le trône des arbres qu'il
faut élaguer rez-tronc. Cependant ce procédé s'applique
aux arbres qu'on doit abattre, quand on est pressé de
dégager les jeunes peuplements de leur couvert, quand on
craint que dans leur chute les arbres brauchus ne causent
ÉLAGAGE — F.I.AM
— 724 —
des dégâts nu sous-bois on pour éviter que loin branche»
ne se riissciii. L'ubalagc buiI l'élagage de trop près pour
qu'on ait s redouter la production de lares. On élague
çncore rez-tronc les grosses branches des arbres d'orne-
ment, des parcs, des promenades, lorsqu'elles gênent la
vue, lorsqu'on veut donner on conserver a ces arbres une
l'orme régulière, pane que les autres procédés d'élagage
les rendraient disgracieux et parte que le but principal
n'est pas ici la qualité du bois. Par lélagage à chicot, on
coupe les branches .1 30 centim. environ de leur insertion
sur la tige, (le procédé est mauvais: les chicots ne reçoivent
plus de sève; ils meurent, se décomposent; l'altération
gagne le troue. L'élagage par simple raccourcissement est
celui que le sylviculteur doit préférer lorsqu'il se trouve
dans l'obligation de couper de grosses branches sur les
réserves. Il se fait à une distance plus ou moins grande du
tronc, au-dessus d'un rameau d'appel. La sève se trouve
ainsi ramenée vers la cime, mais sans cesser d'alimenter le
rameau d'appel ; la branche raccourcie ne meurt pas ; les
tares du tronc sont évitées et le sous-hois est dégagé. L'éla-
gage ne convient pas à tous les arbres, soit que, comme
chez les résineux, leur port élancé et la chute naturelle de
leurs branches intérieures le rendent inutile, soit que,
comme chez le hêtre et les érables, la décomposition s'em-
pare facilement des plaies d'élagage. L'élagage se fait en
hiver. G. Iîoyer.
ÉLAGINE. Ile de la Russie d'Europe, sur la Neva,
près de Saint-Pétersbourg. Des ponts la réunissent à l'île
Krestovsky et à l'Ile kamennoï. C'est pendant l'été une des
promenades favorites de la société pétersbourgeoise.
ÉLAGINE (Serge-Ivanovitch), historien russe, né en
4824, mort en 1868. Elève de l'Ecole des cadets de la
flotte, il a collaboré à h Revue maritime et publié : His-
toire de la flotte russe (Saint-Pétersbourg, 1804) et
Matériaux pour servir à l'histoire de la flotte (Saint-
Pétersbourg, 18IÎ7, 0 vol.).
ÉLAGINE (Yladimir-Nikolaevitch), littérateur russe, né
en 1831, mort en 18(53. Il étudia d'abord la médecine à
Moscou, puis entra dans l'administration. Ses écrits ont
généralement une tendance satirique. Les principaux sont :
Une Question de fermage, le Carnaval administratif,
l'Entreprise, Un Corps mort, Erol Ivanovitch, De Cha-
rybde en Scylla. Il a collaboré au Contemporain, à la
Parole russe et au Recueil de la Nouvelle Russie.
ÉLAÏDINE (Chim.).
P 1 Equiv. (CiUHinn),*)n:=[CfiHî(CMH3404)3ln,
twm- \ Atom. (C57H»w06)n.
L'élaïdine est une substance grasse artificielle qui doit
être considérée comme un polymère de l'oléine, principe
liquide des huiles non siccatives. Elle a été obtenue pour
la première fois par Poutet, de Marseille, en faisant réagir
sur l'huile d'olive une dissolution de mercure dans l'acide
nitrique. Boudet, pharmacien à Paris, a démontré que la
solidification de l'huile n'est due ni à l'acide nitrique ou
nitreux, ni aux sels mercuriels, mais à l'acide hvponi-
trique ou mieux à l'hypoazotide AzO1 qui existe à l'état
de dissolution dans le réactif Poutet récemment préparé
à froid. Des traces de ce gaz suffisent pour déterminer la
transformation polymérique de l'oléine. — Meyer purifie
l'élaïdine en exposant sa solution éthérée à zéro et en
séparant le dépôt qui prend naissance. Elle est blanche,
solide, fusible à 32°, très soluble dans l'élher, fort peu
dans l'alcool. A la distillation sèche, elle donne de l'acro-
léine, des carbures d'hydrogène et de l'acide élaïdique. Les
alcalis la saponifient avec formation de glycérine et pro-
duction d'un élaïdate alcalin. Ed. BouRGOm.
EL-ALEUF. Village d'Algérie, dép. d'Oran, arr. de Mos-
taganem, dans la corn, mixte d'Ammi-Moussa, créé récem-
ment dans un pays fertile en céréales et arbres fruitiers ;
4(1 Européens environ.
ELAM figure dans la Table des nations de la Genèse
(X, 22) comme fils de Sem et est donc le représentant de la
population sémitique du pays qui, postérieurement, prit ce
DOm. Il s'étend, dans le bassin du Tigre, depuis le golfe
Persique jusqu'aux montagnes de la Héuie au N. et jusqu'à
celle de u Persidc a il- C'est la l'acception, dans le ions
le plus large, du pays d'Elam, qui comprenait des popula-
tions <le races absolument différentes : des Sémites étrangers
qui l'appelaienl l.laiu (dans l;i forme grecque l.li/mais) ;
des Ariens qui l'appelaient / vdza en perse (KJûuistan,
de nos jours) ; des Touraniens, qui l'appelaient .Susinak,
d'où le nom de Susiane chez les Grecs plus récents, ou
Apparti, et finalement des Cusites, qui figurent dans les
textes sous le nom de Kassu qui se confondait avec les
Sémites. Le nom de Kassu semble même être le nom indi-
gène des Elamites sémitiques, et c'est sous ce nom que
tout ce pays a été primitivement connu des Grecs qui
l'appelaient Ci.ssie (Kcoofa). C'est le nom sémitique indi-
gène du pays et du peuple des Cûlietu, non pasCosséens,
par lequel des ignorants ont voulu le remplacer. Il
ne paraît pas que le nom d'Elam ait jamais été le nom
employé par les habitants, précisément comme les habitants
de la Germanie actuelle ne s'appellent eux-mêmes ni Alle-
mands, ni Niemetz.
Le pays d'Elam est le pays de l'Orient ou « ce qui est
en avant », et est le nom dont les Assyriens, dans le sens
le plus large du mot, désignaient toute la contrée à l'E.
du Tigre, comprenant tout le bassin oriental du Tigre, et
s'etendant même jusqu'à la Perside. Ils l'appelaient aussi
Ansan ou Ânuin, terme quelquefois réservé à une pro-
vince spéciale de la contrée. Le terme sumérien du pavs
était Nimma, mot qui exprime également la contrée du
levant. Il est possible que ce mot, qui se rencontre dans
les textes de la Susiane sous le nom de ISima, soit iden-
tique à celui de Nimrod qui, dans la Bible (Gen., X) et
dans le prophète Nichée (Y, 6) est l'expression de tout le
pays généralement désigné par le mot d'Elam. Le terme
spécialement réservé aux Sémites était, comme nous
l'avons dit, Kassu ou Ealxu, d'où le mot Kissie a tiré son
appellation. Pour les Assyriens, la Cissie était le pays
sémite; la langue sémitique était la langue cissienne,
tandis qu'ils étendaient le mot sémitique d'Elam pour indi-
quer tout le pays gouverné par des chefs touraniens, et ils
employaient le mot de langue élamite pour désigner
l'idiome touranien des Suso-Mèdes. On voit, par ce qui
précède, qu'il y a là une grande confusion de noms mal
appliqués, ce qui s'explique par le fait même que sa situa-
tion géographique formait le point de contact des Sé-
mites, des Ariens, des Touraniens et des Cusites. Nimrod
était fils de Cus, désignation généralement employée par
l'Ethiopie d'Afrique, mais la légende confondit ces Cusites,
probablement venus d'Afrique, avec les habitants des
contrées au S. de l'Egypte. Homère, dans l'Odyssée (I),
parle des Ethiopisns partagés en deux parts, dont l'une
habite le couchant, l'autre le levant du soleil. Le Memnon
des Grecs était Ethiopien et fils de Cissia. La XXIIe dynas-
tie des Pharaons, les Boubastites, les Sesoneh, les Ta-
kellothis, les Osorchon , les Nimrod portent des noms
elamites ou plutôt susiens et rappellent dans leurs noms
la Susiane, le Tigre et le pays de Nimrod.
Nous ne traiterons donc pas ici des rois elamites, non
sémitiques, et de leur langue suso-médique, que nous
réservons à l'art. Sosiakk, quoique les textes cunéiformes
et la Bible ne connaissent que le terme d'Elam pour les
signaler, car ils appelaient eux-mêmes leur pays Hapirti
et les Perses le désignent par Uvdza, qui a survécu, comme
nous l'avons dit, dans le Khuzistan de nos jours. Les
monarques d'Elam, Sutruk-Nakhunta. Kudur-Nakbunta,
Silhak, Umnam-Menan, Halludus, l'mhadara figurent tou-
jours sous le titre de rois d'Elam, et c'est contre ces
princes non sémitiques que se dirigent surtout les pro-
phéties de Jérémie (XLIX, 34) et Ézéchiel (\X\II. 24),
qui prouvent qtie cet empire survécut à la dynastie appa-
rentée des rois mèdes. Le pays d'Elam fut finalement
incorporé par Cyrus à l'empire naissant des Perses : il se
révolta plusieurs fois pour recouvrer son ancienne indé—
— ~rlo —
ELAM — ELAPHRUS
■amJUMe sous Darius I'r. Mais, depuis que les rois aché-
niéiiitli-s avaient établi leur siège d habitation à Suse, ces
velléités nationales cesserait, el la Susiaoe ou l'Klam
t'identifia avec la politique de la Perse, Seules, les peu-
plades montagnardes indisciplinées, vivant de rapines el
de déprédations, OMMM les l viens, les Ainardes. les Cos-
•ieaa el d'autres, jouissaient d'une indépendance complète,
que les conquérants ■tdidftnittnfl seuls roussiront à dé-
truire peur quelque temps. Encore ■ujourtf'hui, ces mêmes
eaatrées, le Luristan, le pays ilos Bakhtryari profitent d'une
»or!e d'immunité, comme anciennement sous les rois de
l'ers»1 et d'Elam. J.Oppkrt.
ELAMBAZAR. Ville de l'Inde anglaise, présidence du
Bengale, prov. de Burdwan, r. g. de l'Agly (affi. do dr.
do IHougly). Marché de riz; fabrication de laques.
EL-AMRI. Oasis d'Algérie, dép. de Constantine, la plus
orientale du groupe appelé Zab-Dahraoui, à 48 kil. 0. de
Kakra. Qh se révolta on l x~t>. L'insurrection fut rapi-
di in. mu réprimée par le général Carteret-Trécourt, et le
village détruit ; d.'s propriétaires Français, depuis une
di/aine (Tannées, reconstituent l'oasis, qui comprend envi-
ron 15,000 palmiers-dattiers. £. ('.AT.
ELAN (Zool.) (V. Cof, t. X. p. 13).
ÉLAN (Ellnntiinn). (loin, du dép. des Ardennes, air.
M liens, eant. de Flize: 203 hab. ("arrières de pierre.
— Cette localité doit son ancienne célébrité I une abbaye
de cisterciens, qui y fut fondée, au diocèse de Reims, le
it 1 1 18, par Witier, comte de Kethel. et saint
Roger, qui en devint le premier abbé. Les comtes de
Rend et de Nos ors, saceessean de Witier, enrichirent de
leurs dons le monastère qui fut reconstruit en totalité aux
\w et Win' siècles. Supprimé à la Révolution, il n'en
reste aujourd'hui que le logis abbatial, transformé en
maison do ferme, et la moitié de la nef qui sert d'église
-i.ile. Les boiseries et les stalles du chœur déco-
rent le temple protestant de Sedan. — La fontaine Saint—
Roger, proche du village, est un lieu de pèlerinage re-
nomme. A. T.
Biiil. : J. Hobert, Statistique monumentale du dép. des
Animnes, dans Travaux de l'Académie de Reims, 1852-
229.— E. db Montagnac, les Ardennes illustrées;
Pari-.. 1868-1873, i v..l. in-fol., avec pi.
EL-ANASSEUR. Village d'Algérie, dép. de Constantine,
air. de Ntif, a ii-.> kil. 0. de cette ville et à 7 kil. de
Bordj-lMiu-Arroridj, crée en 1876 au milieu de terres fer-
tiles. Sa* nom vient d'être changé en celui de Galbais.
Le village, qui n'a comme population que 99 Européens
et »TU<>lques indignes, est sans doute trop rapproché de
Bordj pour devenir important. Sut. du ch. de fer d'Alger
à Constantine; ruines romaines. K. Cat.
ÉLANCEMENT (Mar.). Terme d'architecture navale.
C'est l'angle que fait avec la quille du navire la partie
extrême de l'avant appelée é trace ou taille-nwr. Les na-
vires bons marcheurs avaient autrefois un assez fort élan-
cement. L'adoption de l'éperon pour les cuirassés et de
lV|wron de marche pour les navires à grande vitesse a
complètement changé les formes de l'avant, et l'élance-
ment, qui était de 1-20 à 130°, est tombé à 40 et 38°.
ELANCHOVE. LANCH0VE ou ANCH0VE. Port d'Es-
pagne, prov. de Biscaye, district de Guernioa: 1,418 hab.
Nombreux établissements de pèche, de salaisons et de con-
serves de p<iiw>ns.
ÉLANCOURT. Com. du dép. de S.-ine-et-Oise, arr. de
Rambouillet, cant. de Chevreuse ; t)-Jfi hab.
ÉLANE (Ornith.). Les Lianes ou Llanions (ElantlS Sa-
qui appartiennent au même groupe que les Milans,
se distinguent de ces oiseaux par des formes plus ramas-
H queue moins fourchue, des ailes relativement plus
développées et une livrée de teintes plus claires, le man-
teau étant d'un gris perle plus ou moins varié de noir, et
les parties intérieures du corps d'un blanc pur. Ils ne for-
ment qu'un très petit nombre d'espèces qui vivent dans les
régions tempérées ou tropicales de l'ancien et du nouveau
monde et de l'Océanio et dont une, l'F.lanion blanc (Ela-
nus cceruleus Desf.), originaire d'Afrique, se montre
accidentellement dans nos contrées. Les petits Rongeurs,
les Insectes diptères et orthoptères constituent la nourri-
ture ordinaire dos Glanions qui doivent, par conséquent,
être rangés au nombre dos liapaces utiles. K. OuSTAXET.
Bibi : Lbvaillant, Uiseaux d'Afrique, 17it9, t. I, p. 117
et pi, 86 oi :\',. — Dkoland et Gerbe, Ornith. europ.,
1867, i. I. p, 69, > éd.— R.-H. SiiAiiei:, Cat. D. lirit. Mus.,
1874, i. 1. p. 886.
ÉLANGUEUR (Pèche). On donne ce nom a un petit ins-
trument on fer, pointu aux deux extrémités ; une des pointes
entre dans une lisse, avec l'autre on pique les morues der-
rière la tète de manière à ce qu'on puisse facilement retirer
la langue.
EL-ANSER. Village d'Algérie (V. LanassEr).
ÉLAPHÉBOLIES (Myth. gr.). Fête d'Artémis chasse-
resse (Diane) ; elle symbolisait la chasse du cerf et on
offrait à la déesse un gâteau représentant la bète. H en
est question dans l'hymne homérique à Artémis et dans
Plutarque (Quœst., Y, 4, I). Elle avait une grande impor-
tance dans l'Hellade, particulièrement en Phooide (à llyam-
polis) et en Attique, ou le premier mois du printemps, le
neuvième de l'année, s'appelait Elaphebolion.
ELAPHIS (Erpét.). Genre de Serpents Colubri formes,
do la famille des Colubridœ, ayant le corps cylindrique ou
faiblement comprimé, la tête assez peu distincte du tronc,
les dents toutes d'égale longueur. Le type du genre est
VElaphis .Esculapi, à corps allongé peu volumineux, à
queue longue, à écailles de la partie antérieure du tronc
lisses, celle de la partie postérieure faiblement carénées. La
teinte est d'un brun olivâtre uniforme en dessus, d'un
blanc jaunâtre en dessous; le dos et les côtés sont piquetés
de blanchâtre ; une tache jaune se montre sur les côtés de
la nuque, et une tache gris noirâtre se voit derrière l'œil.
On observe cette forme dans tout le midi de la France; elle
remonte jusqu'à Fontainebleau, où elle est assez commune.
Elle vit dans les buissons des terrains rocailleux et arides,
et se nourrit de petits Mammifères, plus rarement d'Oiseaux.
Bibl. : Sauvagr, dans Brbbm, éd. française. Reptiles.
— Duméril et Bibron, Erpét. génér.
ÉLAPHOMYCES (Bot.). Genre de Champignons Asco-
mycètes, de la famille des Périsporiacées et de la tribu des
Tubéracées. Péridiuin dur et épais à voile plus foncé que
l'écorce qui est marbrée. Glèbe formant à maturité une
masse pulvérulente, entremêlée de fibrilles soyeuses. Asques
à forme globuleuse renfermant de une à huit spores sphé-
riques et colorées. Espèce principale : E. granulatus tirant
son nom des caractères du mycélium rendu granuleux par
de très petites verrues obtuses. Son péridium a la grosseur
d'une petite noix. Aucune espèce d'Elaphomyces n'est
comestible, mais ce Champignon est recherché par les cerfs
(ëXayo;, cerf) et autres animaux qui le déterrent facile-
ment (lièvres, sangliers). Il est commun sous les arbres
des forêts montagneuses, principalement sous les sapins.
Pour M. Boudier, quelques espèces sont parasites des radi-
celles du châtaignier et dos cliènes. IL F.
ELAPHRIUM {Elaphrium Jacq.) (Bot.). Genre de
Térébinthacées, qu'on s'accorde aujourd'hui à considérer
comme une simple section du genre
Bursera L., caractérisée par le
calice à divisions très profondes
(V. Bubsere).
ELAPHRUS (Elaphrus Fabr.)
(Kntom.). Genre de Coléoptères de
la famille des («arabiques, dont les
représentants sont remarquables
par leurs yeux globuleux, très
saillants et par leurs élvtres cou-
vertes de fovéoles arrondies. Les
Elaphrus établissent la transition
entre les Cécindélides et les Cara-
biques. Peu nombreux en espèces, ils sont limités à l'hé-
misphère boréal et vivent exclusivement sur les bords des
Elaphrus riparius L.
ELAPHRUS - ÉLAS80Ï0E
~ 72.0 ~
mares, des ôtrmtis. (1rs rivières, dois Im maicca-e,. où ils
roiii'cnt dans la vase avec une grande agilité. L'espèce
typa, /.. ri/innus I.., est commun dans presque toute la
l'ranre. Elfe est d'un vert mal an (ii-ssiis, avec, le pins.
ternuui pubesrenl «'I les impressions des èlytres sii|>^iti—
cielles. l.d. [se.
ELAPHURUS (V. O.r.r, t. \, p.4S).
ELAPS (Erpét,). Genre 4e Serpents /Upiiophid,iensA
do la famille des Elapidee, avant pour caractères un corps,
cylindriquo, allongé ; la tète petite, arrondie, est convexe
en dessus, la bouche étroite est peu fendue, les écailles du
dos et des flancs sont lisses, rhomboidalcs, toutes île dimen-
sions égales; les urostèges sont disposées en une double
rangée. La forme la [dus remarquable du genre est YElaps
corallinuSj, Le corps est d'un rouge vermillon brillant,
entouré de vingt-cinq à vingt-sept anneaux noirs hordes
d'une ligne blanc bleuâtre. Le dessus do la tète est d'un
noir bleu. Derrière l'occiput commence une bande d'un
beau vert changeant qui contourne l'œil et vient couvrir
les mâchoires inférieures. La queue noirâtre est cerclée de
huit anneaux blancs, la pointe de la queue est d'un blanc
jaunâtre. Cette forme habite le Mexique, le lirèsil et la
Colombie. On la rencontre dans les endroits sablonneux ; sa,
nourriture consiste en petits animaux, Rqchiui.
Un;!.. : Sauvage, dans Breiim, éd. franeaise. Reptiles.
— Dumiïril et lliBRON, Erpél. gànér.
EL-ARAISH (V. Larache).
EL-ARBA. Village d'Algérie, dép. de Constantine, a une
trentaine de kil. au S. de Batna, dans une situation pitto-
resque sur une des pentes de l'Aurès et près d'un ruisseau
abondant. Il est composé d'un petit nombre de maison-
nettes qu'habitent des Chaouias.
ÉLARGISSEMENT des ponts, des rivières, etc. (V,
Pont, Rivière, etc.),
EL-ARICHA, Localité d'Algérie, dép. d'Oran, h 84 kil.
S. de Tlemcen, dans la com. indigène de Lalla-Maghnia
à une ait. de 4 ,3U0 m. et au milieu d l'une région monta-
gneuse. Ce point a une grande importance stratégique et
permet de surveiller la frontière marocaine et les tribus
nomades des Hamian et des Oulad-en-\ahr; aussi on y
établit un poste qui était avant 1 881 le plus avancé de
notre occupation permanente dans le Sud oranais. Près de
la redoute se sont élevées des maisons et aujourd'hui
El-Aricha est une annexe de la com. mixte de Lalla-
Maghnia avec une superficie de 129,000 hect. (montagnes,
vallées et plaines arides), une population de 7,871 hab.
dont ISO Européens (non compris la garnison du poste).
Aux environs on exploite l'alfa. E. Cat.
EL-ARROUCH ou EL-AROUCH. Ville d'Algérie, dép.
de Constantine, arr. de Philippeville, sur la voie ferrée
de Philippeville à Constantine, à 82 kil. de la première
ville, et à SI kil. de la seconde; ch.-l. d'une com. de
plein exercice qui a une superficie de 11, 7 lit hect. et
une population de 4, .128 hab. dont 5H<i Européen».
En 4844 on avait établi en ce lieu un camp autour du-
quel se forma bientôt un village; les terres, arrosées par
deux cours d'eau, sont très fertiles, niais insalubres, et les
premiers colons furent décimés par la lièvre. Aujourd'hui
El-Arrouch est une petite ville prospère, avec.de belles rues
et places et des plantations magnifiques qui en font un
séjour sain et agréable; cultures de céréales, de vignes
(300 hect.), d'oliviers; fabriques d'huile; distilleries;
grande minoterie, etc.
ELASIPPOS, peintre grec du vc siècle av. J.-C. Pline
l'Ancien (llist. nat., xxxv, 11, 12-2) le cite comme l'un
des premiers artistes ayant pratiqué la peinture à l'encaus-
tique. Il avait travaillé à Kgine.
EL-ASLA ou ASLA. Ksar d'Algérie, au S. de la prov.
d'Oran. en territoire de commandement, partie de la
coin, mixte d'Aiii-Sefra. Perché sur une colline rocheuse
et entouré d'une muraille llanquée de cinq tours, il a des
maisons misérables réparties en ruelles étroites et pleines
d'immondices; les jardins, assez bien entretenus, renferment
2,000 pahiiiei^, et le nombre des habitant» »*t (le 142; te
point a cependant qile|i|Ue lliip.il tailix) ktrctlégique, pari*
qu'il commande la vallée de l'oued Oharbi, une de» von-»
que suivent les caravanes et les, nomades eq migration.
ÉLASMOBRANCHES. I. Ii.htyom.mi . — Bonaparte
avait propose l'ordre des Llas/mibruiii lus pour un groupe
de Poisson* comprenant les (iequins, les Ifaiei ai h s
Cliiiiwn -. i B ni"' doi| être lavé de lu nomenclature. Il a
été avantageusement remplace par celui de Chondruptr-
rygieru, généralement accepté, [/ardre des Ctwndroplem
rugit comprend aujourd'hui les Poissons ilu\n'>sl< main
divjsés en Selachoidei (Requins), Uut/ndfi (Raie») et
llulocepliala (Chimères). I. ■« mm.
II. P\li:ontoi.oc.ie. — Celle sous-classe se divt
deux ordres, les lcthyotmiii, spéciaux aux (errai]
maires, e( les Srlachi, qui vivent depuis l'époque silurienne.
Les caractères généraux (Je ces Poissons sont les suivants:
squelette cartilagineux ; suspensoTium mandibulaire articulé
avec le crâne; chambres branchiales séparées, sanj
vercle operculaire ; squelette avant même structure que les
dents; nerfs optiques ente-n uses; trois séries de valvules
au cône artériel ; une valvule spirale à l'intestin.
Bibl. : Ichtyologie. — (Junther, Stwiy of Fishes.
l'Ai COMOLOGIB. — S. W'OOUWARD, Oûf. ûf the foSSll
fishes in Ihe HrilisU Muséum, IsS'J, t. I.
ÉLASMODONTE (V. Eléuuxt).
ELASMODUS (Paleont.). Egerton a établi ce genre pour
une Chimère caractérisée par un large tubercule à la mâ-
choire inférieure, dont le bord est irrrgulier. deux tubercule»
au maxillaire supérieur, les prémaxillaires portant quatre
plaques qui diminuent en longueur et en largeur de la sym-
physe en dehors. Le type du genre est E. Ifn/iteri Ûwen
des terrains tertiaires inférieurs d'Angleterre. L. Salyau..
Bibl. : Kc.ERTots, Proc Geoi >5oc., ]>\'i. — Mem
Survey. 185z.
ÉLASMOSAURE (Paléont.). Ce genre a été établi par
Cope pour des Reptiles voisins des Plésiosaures ; les ver-
tèbres cervicales sont nombreuses, longues et comprimées ;
les vertèbres cervicales postérieures n'ont pas de diapo-
pliyses, ainsi que les vertèbres dorsales antérieures, puis
la diapopliyse apparaît et augmente graduellement jus-
qu'aux vertèbres postérieures, où elle est très allongée.
L'arc pelvien est plus développé que l'arc scapujaire : lé
niésosfernon parait avoir fait défaut, Le type du genre est
E. platyurus, de la craie du Kansas. E. Saivace.
Biiii.. :' Copi-, The Vertebrata of the cretaoeous forma-
tions oflhe West. — U. S. Ueologicai Surveu, tf>7.v
ÉLASMOSAURIENS ( Paleont .). Les Plesiosaurieos
peuvent se séparer en deux familles distinctes, les Plesio-
sauriens proprement dits qui ont une interclavicule séparée,
les Klasniosauriens qui n'ont pas d'os mésosternal disjuut.
Chez ces derniers, l'apophyse épineuse et les apophyses
transverses sont intimement soudées au corps de la ver-
tèbre, toute trace de la suture avant disparu, tandis que
la suture est bien distincte chez les Plé»iosanrieus propre-
ment dits. Seeley a fait remarquer que les Éiasinosauneus
les plus récents, comparés a leurs prédécesseurs, mani-
festent uno grande tendance à l'ossification, coïncidant sans
doute avec une organisation plus élevée. Les, genres Krelh-
mosaure.C dyinbosauro, Muruinosaure rentrent dans la fa-
mille des Llasinosauriens. telle qu'elle a été établie par Cope,
ELASMOTHERIUM (Paleont.) (V. Rhixocébos).
EL-ASSAFIA. Localité d'Algérie, prov. d'Alger, à 10 k.
N.-L. de l.nghouat, près d'une source abondante. Celait
jadis une ville saharienne considérable, rivale a> Laghouat :
elle n'a plus que quelques dattiers et un ksar d'une
trentaine de maisons.
ÉLASSOÏDE. On donne ce nom à la surface dont les
ravons de courbure principaux en chaque point sont égaui
et de signes contraires. La surface d'aire minime passant
par un contour donné est un élassoide ; on connaît aujour-
d'hui un grand nombre d'élassoules : plusieurs d'entre eux
«ml même des surfaces algébriques. I. 'étude de ces surfaces
I ete commencée par Monge et continuée par M. -0. Bonnet,
- 7-27 -
ÊLASSOÏDE - ÉLASTICITÉ
.vrret, Catalan, Sophus Lie, Knneper W'eierstrass, Ribau-
iMiir. etc.
Bibl. : La i nii'tric professai la Sorhonne p;ir
M Darboi \ — Le Mémoire de M. Rirai coi r qui ;i rem-
• le prix à l'Académie de Belpique en déo bre 1880.
ELASSONA. Ville située h s.-E. de l'Olympe de Thés-
salie : i-'i-st l'aniiqueOlaossona. célèbre du temps d'Homère :
à tf~ kil. de Larissa, >ur nu affinent de Ea Yourgaris,
aillu-'iit même de la Salumhria ; 1,000 hab.
Hun. : Hi i ur, ta .Moût Olympe si (VI cornante.
ELASTICITE. I. Phtshjue. — L'élasticité esl l'étude dos
phénomènes produits par les forces extérieures sur les corps .
Quand les corps sont liquides ou gazeux, il n'y a lion <|ito
d étudier les raxiatjoDs de volume qu'Us éprouvent sous l'in-
fluence des pressions. Cette étude a été faite au mol Oom-
i-Kt^suiiurk:. Il n'eu est plus do même pour les corps
Solides. ; le prqblème est beaucoup plus complexe ; il y a
lieu d'étudier non seulement les changements de volume,
mais les changements, de tonne: d'autre part les forces
agissantes sur les diverses parties ne seront plus néces-
sairement claies comme dans le cas des gaz et des liquides
ipii transmettent intégralement les pressions. L'étude de
I élasticité est l'une des questions les plus importantes et
les plus difficiles de la physique; elle se rattache étroi-
tement aux actions moléculaires et |*uit nous donner des
renseignements sur ce sujet si obscur. Les travaux des
mathématiciens les plus illustres, de Poisson, de Navier,
de Cauchy. de Lamé, de Saint-Venant, de Clebsch, de Béer,
de Kirckotf, de Phillips oqt fondé une théorie mathéma-
tique de l'élasticité. Les expériences de Coulomb, de Sa-
vait, de Weber, de Wertheim, de M. Cornu, etc., ont
Serniis soit de veritier certains pojnts de, la iheorie, soit de
étermiperles constantes des formules, Les effets des forces
extérieures, sur les corps solides peuvent se traduire par
- phénomènes de compression, de traction, de flexion.
d.- torsion. On trouvera a ces mots les expériences qui
ont permis de déterminer pour un certain nombre de corps
les coefficients propres a ces diverses déformations. Dans cet
article nous nous contenterons d'exposer le plus simple-
ment possible la théorie de l'élasticité en nous servant
surtout des travaux de Lamé.
Quand une force extérieure agit sur un corps, ses mo-
le, nies se déplacent et il nait des réactions élastiques qui
font équilibre à la force extérieure. Lorsque celle-ci ne
dépasse pas une certaine grandeur, les molécules revien-
nent à leur position primitive quand la force extérieure
■ ; on dit alors que la déformation est momentanée. Il
n'en e-,t plus de même quand la force est considérable;
il existe alors une déformation permanente beaucoup plus
faible en général que la déformation momentanée. L'é-
les corps est un exemple de déformation per-
manente. On appelle limite d'élasticité celle qui correspond
à l'apparition d'une déformation permanente. Considérons
maintenant un corps soumis a des actions extérieures. Soit
M un point quelconque pris dans l'intérieur de ce corps.
l' o I menons un plan quelconque; il coupe le eorpa en
deux ; il est cM.I.-nt qui charnue des parties du corps a
une action sur l'autre, action qui consiste en des tractions
- compressions appliquées aux divers points du plan
- it m la surlace d'un petit élément de ce
plan comprenant le point M ; on pourra diviser la section
{ans le corps par le plan en un grand nombre de Dé-
ments de ce genre, et, en appliquant à chacun d'eux
indeur et de direction convenables, nous
pourrons produire sur l'une des paities du corps le même
gfat que pioduisaient les actions moléculaires de l'autre
partie. Lamé appelle force élastique au point M la force
qu'il faut appliquer .1 l'élément M pour produire ce résul-
tat; si on désigne par u>E cette force, I. est la force
élastique rapportée à l'unité de surface. La tension d'un fil
en équilibre est un cas particulier de cette force élastique.
La NI I -o général oblique i l'élément auquel
• appliquée. Pour étudier l'équilibre d'un eorpa tous
1 millième des t-.i. .-, .Id,ti.ju,-,, „n le diwsc en parallélépi-
pèdes rectangles, par une triple série de plans infiniment
voisins; mais au voisinage de la surface il reste de petites
masses formées par trois plans rectangulaires se croisant
en un point et par une portion de la surface, ce qui donne
des espèces de lélraèdres ;\ angle trirortangle dont la Face
opposée est une portion de la surface du corps. Au point de
vue du volume, ces tétraèdres pourraient être négligés,
les plans étant infiniment voisins, mais il n'en est pas do
même au point de vue de la direction rie la pression. 11
faut donc les considérer aussi en remplaçant la face courbe
de chaque tétraèdre par une portion plane. On aura donc
remplacé le corps solide par un ensemble de parallélépipèdes
rectangles et de tétraèdres trirectangles. Etudions donc
d'abord les conditions d'équilibre do ces deux solides élé-
mentaires.
Kijuilibre des parallélépipèdes 'élémentaires. Prenons
trois axes rectangulaires de coordonnées o.c, oy, oz. Soit
un point A ayant pour coordonnées x, y, z ; considérons
un parallélépipède rectangle ayant A pour sommet et </.r,
<///, dz pour arêtes, ces droites étant respectivement diri-
gées suivant les trois axes de coordonnées. Ecrivons nue le
parallélépipède est en équilibre sous l'influence des forces
élastiques qui s'exercent sur ses six faces et sous l'in-
fluence îles forces qui sollicitent sa masse (comme la pe-
santeur par exemple). Considérons d'abord les deux faces
opposées du parallélépipède perpendiculaire à O.r; leurs sur-
faces sont égales à dy dz ; celle qui est dans le plan des y z
est soumise à une force dont les composants, parallèles aux
axes de coordonnées, sont — dy dz X,, — dy dz Yj,
— dy d:. Z, (on compte les forces positivement dans le
sens des coordonnées positives); sur la face parallèle opposée
/ v
les mêmes composantes sont + dy dz [\t H — s^ dx),
+ dy dz (Y, + Z±j ix), + dy dz (Z, 4- g dx ) ; en
composant les forces parallèles, on a comme résultante de
l'action des forces élastiques sur ces deux faces oppo-
sées dx dy dz tpi , dx dy dz — et dx dy dz ry4. On
aurait des forces analogues pour les deux autres groupes
île deux faces opposées. Quant aux forces extérieures agis-
sant sur le parallélépipède, elles ont pour cpmposantes sui-
vant les trois axes p dx dy dz X,„ p dx dy dz, Y0 et
p dx dy dz Z0. Dans ces expressions p dx dy dz repré-
sente la masse du parallélépipède. Pour que le parallélépi-
pède soit en équilibre sous l'action de ces forces, il faut et
il suffit que 1° la somme des projections des forces sur les
trois axes soit nulle pour chaque axe; 2° que la somme
des moments des forces par rapport aux trois axes soit
nulle pour chaque axe. Ces deux conditions triples vont
nous donner les six équations suivantes :
ÏÏJ+ dy + dz +pX°
II
dx
dlj
dx
■i^^o
dz
dli . (//;, , .. ft
/.,
y3=ii
X ; = Z, = T
Yt = Xs
T,
Remarquons que parmi les neuf forces X, X, X:, Y, Y2 Y3
Z, Z, Z, il y en a trois qui sont normales aux faces aux-
quelles elles sont appliquées, ce sont les forces X, pour
les forces parallèles à i oy, Yj pour,'' p s, Z,pour y&x.
A cause de leurs fonctions spéciales, désignons-les par
X,, Y,, Km. Les autres sont des forces tangentielles; les
trois dernières équations nous montrent qu'elles sont
égales deux a deux; désignons donc, par T, la valeur coin-
ÉLASTICITÉ
— 72* —
iiiiimc '/. ,, Y-, etc. Le système des six équations précé-
dentes se réduit donc au système
il.r du il:
d)
t/T, d\,
dx di/
dTa dV
+ •
pY0
pZo
0
(i
dx
dx "^ dy ~r </:
Equilibre destétraèdres élémentaires. Les tétraèdres
élémentaires qui sont les résidus de la division du corps en
parallélépipèdes élémentaires doivent être en équilibre sous
l'influence des forces élastiques qui s'exercent sur les
quatre faces et sous celle des forces extérieures; ces der-
nières qui se rapportent à la masse du tétraèdre donnent
un terme qui est un infiniment petit du troisième ordre, tan-
dis que les autres sont des infiniment petits du deuxième
ordre ; on peut donc négliger ce terme devant les premiers.
En appliquant comme précédemment le théorème des pro-
jections et en désignant par m, n et » les cosinus des
angles que forme avec les axes de coordonnées la normale
à la face opposée au trièdre trirectangle, on a les trois
équations suivantes relatives aux projections sur les trois
axes de coordonnées :
X = mNj + »T3 + pT2
(2) Y = mT, + »Ng -f- pTt
Z = »/T> -+- ?iJl -f- p~S.3
Cas d'un corps fini. Considérons un corps de surface Q;
soient k un élément de sa surface et pw un élément de
la masse. Multiplions la première des équations (1) par
dx, dy, dz et intégrons dans toute l'étendue de Q. Chaque
intégrale triple telle que /// ■— dx dy dx, prendra la
forme SrcN.m. On aura donc pour la première équation
Etc (mX, + nT3 + pT.2) + SpwX0 = 0
c.-à-d. en vertu de la première équation (2)
StiX 4- SpwX0 == 0
on aura de même deux autres équations en Y et en Z en
considérant les autres axes de coordonnées. Si nous re-
tranchons maintenant la troisième équation (1) multipliée
par y de la deuxième équation (1) multipliée par z, nous
aurons une équation qui après une intégration analogue à
la précédente et une simple permutation de termes, pourra
être mise, en tenant compte des relations (2), sous la
forme
S* (?Y - yl) + Spu) (*Y0 - yln) = 0
et en combinant de même les autres équations (1 ) deux
à deux, on aura deux autres équations analogues. Le pre-
mier signe S doit s'étendre à toute la surface et le second
signe S à toute la masse du corps.
Ellipsoïde d'élasticité. Par un point M situé à l'inté-
rieur du corps, faisons passer trois droites parallèles aux
directions des forces élastiques qui s'exercent sur trois
plans rectangulaires passant par M, par exemple sur les
trois faces rectangles du tétraèdre élémentaire considéré
plus haut) ; prenons ces trois droites comme axes de coor-
données (axes obliques en général). Menons alors du point
M une droite qui représente en grandeur et en direction la
force élastique exercée sur l'élément plan opposé au trièdre
trirectangle du trétraèdre. En cherchant le lieu géomé-
trique des extrémités de cette droite quand on fait varier
la direction de l'élément plan considéré, on trouve qu'il est
X* Y2 Z*
exprimé par 1 équation jr-j + ç-g -+- jr-3 = ' qui est lé-
IV
F
ri '3
quation d'un ellipsoïde rapporté a trois diamètres conju-
gués (puisque les axes sont obliques). Dans celte équation
F,, Fg, F3 sont les forces élastiques s'exerçant sur les
trois plans rectangulaires considérés, ('-'est cet ellipsoïde
que l'on appelle l'ellipsoïde d'élasticité. Les axes de cet
ellipsoïde sont des directions remarquables; ce sont les trois
seules directions pour lesquelles la force élastique est nor-
male a la surface suivant laquelle elle s'exerce ; ces trois
foires élastiques se nomment forces élastiques principale.
Etudions maintenant b-s relations qui existent mtte les
forces élastiques seules considérées jusqu'à présent et les
déformations qui leur donnent naissance.
Déformation d'un rntliru isotrope Considérons un
parallélépipède rectangle soumis sur deux faces opposées a
des tractions égales et de sens contraire, soient L, L , \." ses
dimensions. Les arêtes parallèles à la traction s'allongent
d'une quantité / et les autres se raccourcissent d'une quan-
tité /' et /". Il est naturel d'admettre, et l'expérience ve-
rdie cette hypothèse, 1° que /, /', /" sont proportionnels
aux longueurs des arêtes correspondantes, de sorte que les
/ /' I"
allongements ou raccourcissements relatifs -,-,,-j sont
indépendants de L, L' et de L" ; 2° que ces allongements
sont proportionnels aux tractions et inversement propor-
tionnels à la surface tirée, ou, si l'on veut, que ces allonge-
ments sont proportionnels à la traction par unité de surface.
On a donc en désignant par a l'allongement relatif produit
par une traction égale à I' par unité de surface et par L
une constante la relation
P
De même on a pour le raccourcissement relatif g :
a désignant une nouvelle constante (c'est ce que l'on ap-
pelle le coefficient de Poisson). Supposons maintenant que
chaque couple de forces parallèles éprouve une traction ana-
logue; il en résultera des allongements a' et a" et des
raccourcissements £/ et fi". Si on appelle e, e', i" les ré-
sultantes de ces effets sur les trois groupes d'arêtes, on
aura
= a + y+y,ï =
\
4- y + |3, etc.
« = g ^ - « (N3 + \)]
tractions suivant les trois direction
E
N<,
N„ N3
étant les tractions suivant les
d'à
•êtes.
E«
Poson
e + e'+e",X
■ —
1 -
-3 — 2--
on
obtient les équations
N,=
X0-+-
ttu
(3)
X, =
xo +
2*e'
N,=
X0 +
2'u.e"
et 2a :
l+o
Ces notations ont été introduites par Lamé : 8 représente,
comme il est facile de le voir la dilatation cubique; X et u
sont deux constantes spécifiques au corps considéré : |t est
nul pour les liquides, car pour ces corps la pression se
transmet intégralement et elle est proportionnelle à la
contraction, de sorte que l'on doit avoir (i =z 0. D'après
M. de Saint-Venant, on a dans tout vrai solide isotrope
1
la relation X= a, d'où l'on conclut o = T. Si l'on admet
-*
cette relation, les équations (3) ne renferment plus qu'une
constante spécifique.
Considérons maintenant des forces tangentielles. Soit un
roupie formé de deux forces P appliquées aux deux faces
opposées d'un cube parallèlement a une même ai été de ces
deux faces. Les arêtes du cube perpendiculaire à ces faces
avant cette traction ne resteront pas perpendiculaires :
elles feront un angle o avec leur direction primitive. On
démontre que l'on s entre P et p la relation P = p o où
p. a la même signification que précédemment. Si on consi-
dère ensuite non plus un cube mais un parallélépipède rec-
— 7"2!) —
ÉLASTICITÉ
tangle, on démontre que l'on a powks composantes tan-
geatieUes les valeurs
t, = ? te + n
(4) T, = |* (i" 4- i)
I : |i (« -4- i1)
1 ■ s .■.[nations (3) «'t ( '.) font donc connaître à l'aide de
deux coefficients (on d'un seul si l'on admet X = 4u) les
ioiii|Kisantes tancentîeUesdes forcesélastiquess'exerçautsur
trois cléments plans rectangulaires entre eux. Remarquons
d'ailleurs que «'es composantes doivent, d'après les condi-
ti..ns d'équilibre du parallélépipède élémentaire, satisfaire
aux trois équations différentielles (1). En portant dansées
. i *Wi <'T, </ïi .• . ,
équations les valeurs de -j— ... -j-*, -jJ .... tuées dis
M ((.(• tly </:■
équations (3) et (4), on obtient trois équations que l'on
peut écrire :
„ . .au , r<t(«-o d(i"-t)-\ , ..
^-^z^l-jy- sr-J+pX«=
P)
if/-.
du-i'Y
»+*£
i/.r
0
(/.c
Si la forée extérieure est la pesanteur, on a
d\„ | dY0 [ dZ„ _0
dz (/y dz
et en différentiant ces équations (3) respectivement par
rapport àx, y, :■, on trouve en les ajoutant
d*0 rf*6 </*8 A
do* (/(/- dv
èquation que l'on retrouve en chaleur et en électricité et
qui exprime que le corps est en équilibre de température
ou d'électricité ; cette même équation exprime que le corps
est an équilibre sous l'action des forces élastiques.
Applications à des cas particuliers. 1° Verge tirée
longihudinalement. Supposons h verge tirée parallèlement
j Paie des :• et faisons abstraction delà pesanteur. On a
alors t" = A et e = i' = — C. A et C sont des cons-
tantes que l'expérience peut déterminer : ici on a
N, r= Nt = 0 et Na est le poids qui tire la verge. Les
équations (3) deviennent, en se réduisant à deux,
X8 4- 2(i£ = 0 et XO 4- -2ulî" = Na
ce qui donne ici en fonction de A et de C et en remar-
quant que 8 = A — 2C
X (A — 2C) — 2j*C = 0
X (A — 2C) -I- 2|iA = N3
d'où il est facile de tirer A et C. On trouve pour A :
A- -2-±Jî_N
et, si l'on se rapporte aux valeurs de X et de u, on re-
1 .
trouve A = tt. On peut de même exprimer C le coefficient
de contraction transversale ainsi que 8 la dilatation cu-
bique à l'aide de X et de u.. On trouve pour 8 la valeur
1
3X + V
2° Solide pressé uni fornu'ment sur toute sa surface.
Dans ce cas, tous les ternies tels que T{ sont nuls; d'autre
part on a N, =: N , =NS= — P la pression exercée, chan-
!;ée de signe. Le corps se contracte en restant semblable à
ai même, tin a £nf' = £" = C. d'où 8 = 3 C
On a donc — P = (3X + 2u.) C
Par conséquent, la contraction linéaire — r, est égale
Il , 8
a ~ ^-, et la contraction cubique — = est égale
3/. -+- Su n — P °
3
3X -+- -la
, c.-a-d. d'après le cas précédent, au triple de
la variation de volume d'une verge tirée longitudinale-
ment. V. aux mots Flexion, Torsion, d'autres applications
des mêmes formules. A. Joannis.
II. Mathématiques. — Equations générales de l'élas-
ticité. La recherche des équations générales de l'équilibre
d'élasticité, très simple dans le cas des corps isotropes,
devienl plus compliquée quand l'isotropie n'a pas lieu,
c.-à-d. quand les diverses directions issues d'un même
point du corps solide cessent d'avoir des propriétés iden-
tiques. Les résultats fournis par la considération du paral-
lélépipède et du tétraèdre élémentaires subsistent sans
modification; mais on ne voit pas immédiatement comment
les forces élastiques sont liées aux déplacements molé-
culaires. Tout ce qu'on peut affirmer, c'est que les forces
dépendent en chaque point de la déformation subie par le
milieu : la première chose à faire est donc d'étudier cette
déformation. Soient u, v, w les composantes rectangulaires
du très petit déplacement subi par un point M ayant pour
coordonnées avant le déplacement les quantités x, y, z.
Supposons ce point très voisin d'un autre point M0, de
coordonnées xQ, y0, z0, soient m0, v0, w0 les valeurs de
u, v, w au point M,„ et Ç, t|, Ç les différences x — .<0,
y — </,„ s — t0. Ces différences étant très petites, on peut
représenter u, v, w par les formules linéaires :
u = w0 + aï + a\ + a'X,
v=v,)+bl + l/n + b'%
W=Wu+cZ + C/ri-{-c"ïl,
où les a, les b, les c désignent les valeurs que prennent
en M0 les dérivées partielles de u, v, lu relatives à x, y, z.
Comme les déplacements sont supposés très petits et varient,
d'un point à un autre, d'une manière continue, ces déri-
vées partielles sont elles-mêmes très petites. Après la
déformation, les projections de M(IM sur les trois axes
prennent de nouvelles valeurs Ç', r/, £', et l'on a évidem-
ment :
? - ç+ (tt _ „0) = (i + a) Ç + a\ -f- a'%,
V = r) + (v - vQ) = b\ 4- (1 + b')n 4- b'%
Ç' = Ç -Hu> - u>0) = c? H- c' r) + ( l + c''K.
Il serait aisé de conclure de là qu'une sphère infiniment
petite se transforme en ellipsoïde et qu'il existe toujours,
en chaque point, trois directions rectangulaires dont la
déformation n'altère pas l'orthogonalité. Mais ce qui importe
pour notre objet, c'est de déterminer la déformation subie
par un petit parallélépipède dont les côtés sont primitive-
ment parallèles aux axes. A cet effet, soient a, [3, y les
longueurs initiales des arêtes. Pour avoir la variation de oc,
il suffit de faire, dans les formules qui précèdent : Ç = a,
r, = 0 et Ç = 0. En désignant par a' la valeur finale de a,
c.-à-d. la quantité V ?'" + "iAi + ?/l!i et négligeant les
carrés et les produits deux à deux des coefficients a, b, c,
on trouve : a' == a \/i -+■ "2a = a(l -f- a). La dilatation
a' — a
relative parallèlement à l'axe des x, est donc
a
mesurée par a, c.-à-d. par — . On verrait de même que
-r et -r- sont les dilatations relatives des deux autres
dy dz
cotés. Cherchons maintenant ce que devient un angle du
parallélépipède, par exemple celui des côtés a et (J. Après
la déformation, les cosinus directeurs du côté a, devenu a',
a a ex
sont égaux à (1 + a) —, b -, et c — . Ceux du côté p,
a a a.
devenu [2', sont égaux à a! ^, (1 + V) jp et<^ %. Le
r r r
cosinus de l'angle l 'f — w 1 compris entre ces côtés a
donc pour valeur, au degré d'approximation déjà adopté :
4Aa'-
■b), ou simplement : (a'-\- b). On tire de là en
fj.AMl<:iïj:; - ÉLASTIQUE
— 730 —
Telle est l,i diminution de l'un des angles
substituant l'angle tn-s petit (■> ii si. ii ijpuj • y -«'-f-J»
_ (/« rfv
ilu paralléiipipAde, diminution quo l'on appelle le glisse-
ment, Les variation* <l<-s antres angles s'évaluent de la
même manière.
Tout cela est de la pure géométrie. Pour aller plus loin,
on suppose que chacune des six forces Nt, N,,N,, T,,!',.'!
dépend uniquement des trois dilatation! et des trois giisaer
uii'iiis; on imagine que les fondions qui représentent ces
forces soient développées en séries suivant les puissances
cniissantes des dilatations et des glissements, séries qui ne
peuvent renfermer de termes ((instants, puisque les forces
s'annulent nécessairement avec les déformations qu'elles
font naitre, et entin on admet que les termes du premier
degré ne disparaissent pas identiquement, ce qui permet de
négliger les termes de degré supérieur. Ceci revient a dire
que les forces élastiques varient proportionnellement aux
petites déformations : hypothèse qui est d'accord avec les
résultats de l'expérience. Dans ces conditions, chacune des
forces élastiques est représentée par une expression linéaire
de la forme :
*lS+«sj+«»j*'>(**3)
expression qui renferme six coefficients, et, commp il y. a
six forces distinctes, on voit que les formules renferment
en tout trente-.six coefficients. Quand )e corpS est homo-
gène, ces coefficients sont constants, c.-à-d. qu'ils sont
les mêmes pour tous les points du corps; mais ils peuvent
varier avec la position du corps par rapport aux axes de
coordonnées. Oreen a remarqué que les trente-six coeffi-
cients ne doivent pas être indépendants, sans quoi une
suite de déformations partant de l'état naturel du corps
pour y revenir serait accompagnée d'un travail total des
forces élastiques différent de zéro, et le principe de conser-
vation de l'énergie ne serait pas respecté. Il est aisé de
trouver les équations qui relient entre eux les coefficients.
Quand le parallélépipède élémentaire passe d'une défor-
mation («, v, w) à une déformation infiniment voisine
(m -\-du,v + dv,w + dw) , le travail intérieur des forces
élastiques est égal au volume de ce parallélépipède multi-
plié par l'expression :
Cette expression doit, pour la conservation de l'énergie,
être la différentielle exacte d'une certaine fonction des
dilatations et des glissements. En écrivant qu'il en est
ainsi, on obtient quinze conditions telles que :
d^ etc.,
d
(dv dw\ ' , /d»\'
fk+Jj) d(zr)
et le nombre des coefficients réellement indépendants se
trouve ainsi réduit à vingt et un. Quand le corps possède en
chaque point un plan de symétrie moléculaire, ces vingt et
un coefficients se réduisent à treizo. Avec deux plans de
symétrie rectangulaires (qui entraînent l'existence d'un
troisième), il ne reste que neuf coefficients indépendants.
Avec un axe d/isotropie, il n'y en a plus que cinq. Enfin
quand le corps est isotrope, on trouve seulement deux
coefficients. Dans l'hypothèse où le corps serait composé
(le molérulps sans contact, et où deux molécules s'attire-
raient avec une force fonction de leur seule distance,
dirigée suivant leur ligne de jonction, le nombre des coeffi-
cients se réduit à quinze, au lieu de vingt et on, dans le
cas général et à un seul (X = u) pour le cas de l'isotropie.
\|.i''s avoir obtenu les forces élastiques exprimées en
fonction des déplacements, il ne resta plus qu'a porter leurs
râleurs dois les trois équations d'équilibre du parallélépi-
pède élémentaire pour avoir les équations générales de
l'équilibre d'élasticité. On trouve ainsi trois équations ans
dérivées partielles <U\ second prdre dont [es inconnues sont
les composantes u, v, w du déplacement. Les conditions
relatives a la surface son) fournies par l'équilibre du
tétraèdre élémentaire. On parvient avec la même facilité
aux équations des petits mouvements (vibrations) d'un corps
solide : il suliit ponr cela de joindre aux forces directe-
ment appliquées en chaque point la force d'inertie dont les
dllt rl.'r d'il' ,. .
composantes sont — p -j-, — p -— , -r p-ir, -
gnant la densité au point considéré. L. Llcoum'.
Bibl. : Physique. — Lamé, Théorie de l'élu-li .
Sarrau, Notions sur (a théorie de l'élasticité. — viollb,
Cours de Physique, I, :it>7.
Mathkma i iQoqs. — Clbbbch, Traité de ïi'-la&tir.ité, tract.
par Saint- Venani. — Emile M atiki;L/", Tlttiûrie de l'élasticité
des corps solides.
ÉLASTIQUE. I. Mathématiques. — Courbe élas-
tique.— 1° Elastique ptaiir. La courbe élastique la plus
simple est la forme d'équilibre que prend une lame mince
homogène, flexihle parallèlemept à un plan et primitive-
ment rectiligne, lorsqu'une extrémité est encastrée à
demeure tandis que l'autre est sollicitée par une force
donnée. D'après les. lois connues de la flexion, la eoar-
bure en chaque point est proportionnelle au moment de la
force par rapport à ce point. Si donc on prend pour aie
des y la ligne d'action de la force, pour axe des x une
perpendiculaire, et si l'on appelle a- une constante, on a
pour équation différentielle de la courbe :
d'où, en désignant par b une autre constante {
yf _x*-bi
y/1 4- f- ~ a- '
Résolvant par rapport a "y' c\ intégrant encore une fois,
pu trouve :
/{x*-b*)dx
ja* — (x* — &•)»'
La constante d'intégration est nulle pourvu que l'axe des x
rencontre la courbe au point dont l'abscisse est égale à b.
Comme la valeur .i = b annule if, on voit que ce point
est celui pour lequel la tangente est perpendiculaire à la
force. D'après cela, quand l'encastrement est lui-même
perpendiculaire à la force, l'axe de x passe par l'extrémité
encastrée. On vient de voir que la valeur de y en fonction
de x est donnée par une intégrale elliptique. L'arc .s, me-
suré à partir de l'origine, est représente par l'intégrale
elliptique plus simple :
S=(l
\'q'-(x*-b'-f
Si l'encastrement est perpendiculaire ji l;i force, on a, pi>ur
lu longueur totale de la lame ;
I _ • 1 fr
"' I v/u■^-(.^*-6*)•,
Cette relation détermine le paramètre/'. La courbe élastique
est également la forme d'équilibre d'un fil dont les extré-
mités sont attachées a deux points fixes A. B situes sur une
horizontale et dont les cléments sont soumis à des pres-
sions normales proportionnelles à leurs distances verticales
à la droite Al>. Cette même courbe est, parmi toutes celles
- taj =
ÉLAgTiQVË -■ BWWW
tl'uue longueur donnée passant par doux points donnés,
colle qui. eu tournant autour d'une droite iln plan. engendre
la surface de révolution enveloppant le solide minimum. On
peut, sans changer notablement les résultats <jui précédant,
adjoindre a la force unique qui sollicite la famé élastique
un couple assujetti seulement à agir dans le plan de
flexion. L'influence de ce couple se traduit par un simple
déplacement de l'origine sur l'axe des i . MM. Maurice Levj
et Halphen ont étudie le ns plus général de la courbe
élastique plane produite sous l'action d'un nombre quel-
conem de forces et de couples ej même avec intervention
d'une pression normale uniforme.
1 I ! stique gauche. Figure d'équilibre d'une tige pri-
mitivement cylindrique et de petite section, subissant à ses
deux extrémités l'action de forces quelconques. Kirckoffa
montré que la détermination de celte courbe dépend des
mêmes équations que celles du mouvement d'un corps grave
autour d'un point li\e. L'elastiipie gauche peut être placée
sur un cylinqre a base d'herpoledje,
• l'ai extension, on a donné quelquefois le nom d'élas-
tique a la libre moyenne d'une poutre quelconque déformée
SOU$ I millième d'un nombre quelconque de forces.
!.. Lecornu.
II. Anatomie. — Tisst i.i vstioce. — l.e ti^sti ,:las-
tij^uc, qui joue un rôle fort important dans la mécanique
animale, constitue presque tout entier les ligaments jaunes
des vertèbres e| la tunique moyenne des grosses artères, Il
constitué par des fibres, fibres élastiques^ fines et
déliées, a OOQtUUr "et ?' tome, très réfringentes et remar-
quables par leur résistance à l'ai tion des acides et des
alcalis. C'est ainsi qu'elles ne sont altérées ni par l'eau
eliaiide, ni par l'acide acétique, ce qui permet de bien les
différencier au milieu des fibres connectivos qu'elles accom-
pagnent dans le tissu conjonctif. — Ces fibres sont d'une
épaisseur variable, de 1 à 1 0 p. ; on les trouve isolées et
anastomosées entre les faisceaux du tissu conjonctif, géné-
ralement rectiligu.es quand elles ne sont pas cassées, con-
tournées sur elles-mêmes lorsqu'elles sont lirisées ; ou bien
elles se disposent en reseaux plus ou moins fins, à mailles
plus ou moins larges. Les. réseaux élastiques à mailles
!es et à grosses fibres se rapprochent des membranes
élastiques qui sont tantôt homogènes, comme les membranes
de Qescemet et de Bowman de la cornée; tantôt finement
striées et percées d'un grand nombre do trous comme dans
les membranes fenêtrées des artères. — De tait, ces mem-
branes élastiques, que l'on trouve dans les artères, sont très
aWemeiit formées par la fusion des fibres élastiques,
mt elles aussi qui constituent les gaines amorphes, qui
•ut pertaips faisceaux conjonctifs du tissu cellulaire
sous-cutané OU sous-arachmu'dien ou les faisceaux tendineux.
• mt elles encore qui constituent les réseaux élastiques
des lobules pulmonaires, le ligament de la nuque des grands
- el les ligaments jaunes des vertèbres, des
tibro-cartilages réticulés, de l'endocarde et des valvules du
cœur. Le tissu élastique est constitué par une substam •& chi-
miquement différente de celle du tissu conjonctif. Cette
substance, qui ne se résout pas en gélatine par la coction,
■<■'. Les fibres élastiques proviennent d'élé-
ments cellulaires. A l'état embryonnaire, elles sont nu-
qui prouve bjen leur origine. A cet état, on les
appelle quelquefois fibres nuçjéées de Menle ou fibres
ovjiu. lapidant, d'après II. Muller, qui a fait ses
observation- ;sur les cartilages élastiques dularvnx et d'après
jer, qui a fait les siennes sur la gaine lamelb-use des
nerfs, il parait bien probable que les 'libres élastiques ré-
sultent de grains qui apparaissent dans la substance hva-
lim- fondamentale et se soudent en ligne. Cb. Pebibbrb.
Hibi.. Mathématiques. — Il w.puc.n. Traité <Iks fonc-
et <ie lew - applications; Paris, lt>*<j, t. il.
ÉLATÉE •,,_!. ann.). Ville de l'ancienne Grèce, la
plus importante de la Phocide. dans la vallée supérieure
du Céphise, à 6 kil. au \. de cette rivière, au pied du
mont Unemis. Les ruines de getjfl ville se reconnaissent
près du village moderne de Lcfht. Elle était située dans une
plaine, fertile, mais dut surtout son importance à sa position
stratégique au débouché du défilé qui menait de Locride
en Phocide. sur la route d'accès de la Grèce septentrionale
à la'iiéotie. Elle fut brûlée par \er\es. A la fin do la
Seconde gUMT6 sacrée, ses remparts furent abattus comme
ceux des autres \illes de l'bo. nie. Il fut donc aisé au roi
Philippe de Macédoine de s'y établir en 338 lorsqu'il fut
appelé par les amphictions. La nouvelle de l'occupation
d 'datée décida les Athéniens à s'allier aux Tbébains pour
la résistance qui fut brisée a Chéronée. Plus tard, Elatée
l'ut pillée par les Romains (l!)8), mais, leur ayant rendu
le grand service d'arrêter l'armée do Mithridatc, dont le
chef Taxile l'assiégea vainement, elle reçut la qualité de
ville libre. Pausanias la visita et mentionne son théâtre,
son marché et le temple d'Asklépios; à î> kil. do la ville
était le temple dorique d'Alhéna kramea (33 m. de long,
Li"1!) de large). L'école française d'Athènes a fouillé les
ruines d'Flatée (depuis 1883). Elle a étudié le temple
d'Athena Kramea, et M. Diehl a retrouvé la pierre de
Cuiid. apportée de Palestine à Byzance au vu0 sjècle et de
là à Klatée au xiii'' siècle par un comte franc.
ELATEAS (Mont). Montagne de Grèce (1,410 m.),
l'ancien Cithœron.
ELATER. I. Entomologie. — Genre de Coléoptères qui
a donné son nom à la lamille des Elatèrides. Cette famille,
placée près desBuprestidesetdes Kucnémides (V. Bupreste
et Eucnemis), est caractérisée surtout par la conformation
du piMsternuni, qui forme le (dus ordinairement, en avant,
une mentonnière recouvrant plus ou moins les organes
buccaux et se termine en arrière par une pointe aiguè,
comprimée, pouvant pénétrer librement dans une cavité
antérieure du mésosternum. C'est par suite de cptte dispo-
sition particulière du prosternum que les Flatérjdes ont la
faculté, quagd ils sont placés sur le dos, d'exécuter des
sauts parfois assez élevés, d'où leurs noms vulgaires de
Taupins, Toque-maillet, Marteaux, Maréchaux, Forgerons,
Sautriots, Scarabées à ressort, etc. — Les Elatèrides ont
été étudiés monographiquement par le Dr Çandèze (Mém.
de la Soc. roy. dès sciences de Liège, t. XII et XIV). Ils
ont le plus ordinairement le corps allongé, parallèle, peu
Klatcr sanguineus L. Vu sur le dos au moment oii il saute
(très grossi).
convexe, rarement métallique, les antennes de onze articles,
plus mi moins dentées en scie intérieurement et même pér-
imées, les pattes courtes, terminées par dos tarses decjnq
articles. Plusieurs sont phosphorescents (V. Pyrophore).
Leurs larves, qui l'appellent les Vers de la farine (V. Tene-
bkio), sont vermiformes, cylindriques, hexapodes et complè-
tement recouvertes d'une cuirasse chitineuse luisante. Elles
vivent dans les arbres et dans les tiges ou les racines de
diversos plantes. Les insectes parfaits se trouvent sur les
troncs d'arbres ou sur les Heurs, souvent aussi sous les
pierres. La famille ados représentants dans presque toutes
les régions du globe. Le genre Elalcr L. compte, en Europe,
une trentaine d'espèces presque toutes d'un beau noir avec
les élytres d'un rouge vif. I.'L. sai/t/tuncus L. est commun
dans les Landes sous les eeorces de Pins. Ed. Lee.
IL Paléontologie. — La famille des laupins (Elatc-
ridir) est déjà représentée dans le lias (à Schambelon),
par des formés nombreuses dont quelques-unes ont con-
servé la coloration de leurs élytres. Uans le tertiaire ou
en trouve abondamment a IlEningen, dans l'ambre, au
Spit/bcrg et a Florissant. Aucune n'est de grande taille.
ËLATÊRE — ELBE
— 733 —
ÉLATÈRE (Bot.). Les èlatères sont, dans la famille des
Hépatiques (V. ce mot), des petits tubes résultant chacun
d'une cellule découpée en spirale et susceptibledesedérouler
avec élasticité lorsque le fruit est mûr et de déterminer
ainsi la dèhiscence des valves de la capsule et la projection
des spores au dehors. On rencontre une disposition snalogne
chez les Equisetum dont les spores sont munis de petits
appendices filiformes, hygrométriques, jouant le rôle des
èlatères. I)r I.. Un.
ÉLATÉRINE. I. Chimie. — Principe cristallisable retiré
par Zwenger du concombre Bauvage, Momordica elaterium
(Cucurbitacéos). On prépare avec le suc du concombre un
extrait aqueux, Yélaterhtm (V. ce mot).
II. Thérapeutique (V. Echallium).
ÉLATÉRITE (V. Bitumk).
ELATERIUM (Y. EcBALiira).
EL-ATEUF. Ville d'Algérie, de la confédération du
M'zab, à 190 kil. S.-E. (le Laghouat; 1,730 hab. dont
80 nègres. Elle s'élève en partie en plaine, en partie sur
le liane d'une colline sur la rive droite de l'oued el-Ateuf,
affluent de l'oued M'zab. La ville a un aspect moins pitto-
resque et moins propre que les autres cités voisines; elle
parait de loin presque noire; ses murailles très vieilles sont
délabrées et bon nombre de maisons sont en ruine. Il y a
deux mosquées, signe des anciennes luttes des partis, et
trois puits. Les habitants sont pauvres et détestent les
gens de Ghardaïa, parce que, disent-ils, c'est au mépris
des droits de leur ville, une des plus anciennes de la con-
fédération, que Ghardaïa s'est établie en amont sur l'oued
M'zab et a accaparé les eaux qui y coulent temporairement.
Dans l'oasis, au pied de la ville, il y a 343 puits en acti-
vité et 90 morts, c.-à-d. à demi comblés. Il y a 16,483
palmiers en pleine production. E. Cat.
ELATH,chez les Grecs Elana. Ville de l'Idumée, située
à l'extrémité N. du golfe dit Elanitique dans la mer Rouge.
Elle était siège d'un port, mentionné dans la Bible à plu-
sieurs reprises à partir de l'époque de Salomon, et con-
serva son importance jusque dans les premiers siècles de
l'ère chrétienne. Il n'en subsiste aujourd'hui que quelques
ruines, près de la localité d'Akaba.
ÉLATIDES (Elatides Heer) (Paléont.). Genre d'Abiéti-
nées fossiles, présentant quelques affinités avec les Picea.
Le strobile est ovoïde ou cylindrique. Heer décrit YE.ovalis
et VE. Brandliatia, tous deux de l'oolithe d'Lst-Balei
(Spitzberg). Dr L. Hn.
Bibl. : Heer, Beitr. z. foss. Flora Spitzbergens, p. 45;
Beitr. z. Jura-Flora Ostsibiriens, etc., p. 76.
ÉLATINACÉES (Elatinaceœ Lindl.) (Bot.). Famille de
Végétaux Dicotylédones, voisine des Caryophv llacées dont
elle ditfère par l'ovaire partagé en plusieurs loges persis-
tantes et par les graines dépourvues d'albumen. Elle a
également de grands rapports avec les Lythrariacées, mais
elle s'en distingue nettement par l'hypogynie de la corolle
et des étamines. Ses représentants sont des plantes her-
bacées ou suffrutescentes, à feuilles opposées ou verticillées
et accompagnées de deux stipules. Les tleurs, peu visibles,
sont hermaphrodites et régulières, avec un périanthe double,
à trois ou quatre parties et des étamines hypogynes, en
nombre égal ou double de celui des divisions du périanthe.
L'ovaire, libre, est partagé en trois ou quatre loges et dans
l'angle interne de chaque loge s'insèrent un grand nombre
d'ovules anatropes. 11 devient à la maturité une capsule
septicide, renfermant de nombreuses graines à embryon dé-
pourvu d'albumen. — Les Elatinacées comprennent seulement
les deux genres Elatine L. et Bergia L. Ce dernier compte
une quinzaine d'espèces des régions chaudes du globe. La
plus importante est la H. ammanioides Hoth, «pie les
Tamouls appellent Neer-tnel-neripoo, c.-à-d. Feu d'eau,
a cause de son àcreté. Quant au genre Elatine, ses repré-
sentants sont des herbes aquatiques et rampantes, répandues
dans les régions tempérées des deux mondes. L'A', paludosa
Seub. et VE. alsimistruni L. se trouvent en France sur
les bords des étangs sablonneux et des mares tourbeuses.
L'/.. hydropiper L., au contraire, est assez répandu en
Allemagne. <^-s espèces étaient préconisées jadis comme
dépnratrres. Ed. lu.
ELATO. Groupe d'Iles des Carolines, dans l'archipel cen-
tral ; découvert pur Wilson eu 1791 : 300 hab.
ELAVERIA (Paléont.). Le genre se distingue ietPakat-
niscut eu ce que la pointe inférieure du preupercule n'ar-
rive pas au contact des rayons branehiostèget ; toutes les
nageoires sont garnies de gros fulcn-s; la caudale est fai-
blement hétérocerqne.Deui espéces,£. Gaudryi, E. Eayoli,
ont été trouvées dans le terrain houiller supérieur de Com-
mentry. Les Elaveria sont des Poissons Ganoides.
Bibl. : E. Sauvage, les Ganoides du terrain houiller de
Commi-nlry. dans Bull. Soc. t)dol. fr., 1889, t. XVII, p 184
EL BARKAT (V. IIaiiakat).
EL B A RQUIT0. Ville du Nicaragua, près de l'embouchure
d'une petite rivière, a 18 kil. O. de Léon; c'est une gare
de transit entre le port de Corinto et l'intérieur du pays.
ELBASSAN. Ville d'Albanie, vilayet de Scutari. sur la
rive droite du Skoumbi, dans une plaine entourée de mon-
tagnes;^),000 hab. environ'. Evèchégrec. Autrefois Alba-
non. Des plantations d'oliviers font la richesse du pays.
ELBE (tchèque Labe, latin Albis). Fleuve de Bohème et
d'Allemagne, qui se jette dans la merduNord. L'est l'un des
fleuves les plus importants de l'Europe centrale. Son bas-
sin embrasse 443,3'27 kil. q.dont 96,300 en Allemagne et
plus de 47,000 en Autriche. Son cours est d'environ
1,163 kil.
Le bassin et le cours du fleuve comprennent deux par-
ties bien distinctes : la partie supérieure ou bohème et la
partie inférieure ou allemande. La ceinture du premier bas-
sin est formée par les monts du quadrilatère de Bohème,
Riesengebirge, monts de Lusace, monts Sudètes, monts
de Moravie, de Bohème. Fichtelgebirge et de plus au N.
l'Erzgebirge qui le sépare du bassin inférieur de l'Elbe ;
celui-ci, où le fleuve pénètre par le défilé du VYinterberg
ou de Schandau, n'a de limites orographiques bien accen-
tuées qu'a l'O. vers le Frankenwald, le Thuringerwald, les
plateaux de Hainich et de l'Eichsfeld et le Harz (V. Alle-
magne et Prusse, § Géographie physique). L'Elbe prend
sa source en Bohème, sur le versant occidental du Riesen-
gebirge (monts des Géants) à la frontière de la Silèsie. Il
est formé par la jonction d'un grand nombre de ruisseaux
qui découlent de ces montagnes, entre le Schneekoppe et le
Grossen-Rad. Deux de ces ruisseaux sont envisagés comme
sources principales du fleuve : le Weissiuasser et VElbsei-
fen ou Elbbach. Le Yv'eisswasser naît à 1,400 m. d'alt.
dans la Prairie-Blanche (YVeisse Wiese), sur le versant
du Bninnberg, non loin du Schneekoppe, descend sur un
lit de granit dans la vallée du Diable (Teufelsgrumd) et s'unit
à l'Elbbach qui roule moitié moins d'eau ; celui-ci naît à
13 kil. du Weisswasser, sur le versant méridional du Gros-
sen-Rad, sur la prairie de l'Elbe (Elbwiese), forme une
cascade de 20 m. (Elbfall), se précipite dans la gorge de
l'Elbe (Elbgrund) ; le confluent des deux sources de l'Elbe
est à 680 m. d'alt. ; le fleuve a donc déjà descendu plus
de la moitié de sa pente ; il tourne au S., traverse l'ali-
gnement méridional du Riesengebirge, par des gorges
sauvages, tapissées de conifères et profondément encais-
sées ; à Hohenelbe, il entre dans la plaine (433 m. d'alt.);
la pente, qui était de 4 m. pour 100, s'adoucit. Dès ce
moment, l'Elbe est flottable pour les h-ains de bois. Il
s'incurve vers le S. et le S.-O. pendant 73 kil., traversant
le N.-O. de la Bohème ; il reçoit à gauche l'Aupa, la Me-
tau, l'Adler ; arrose Arnau, Jaromir, Josephstadt, Kœni--
graetz (Kralové Hradac). Ses rives sont basses et plat<*.
A Pardubitz, la direction change ; l'Elbe tourne vers l'O.,
arrose Kolin, Podiebrad, Brandeis en amont duquel il reçoit
(à droite) l'Iser venu du N. ; il se dirige alors vers le
N.-O. jusque vers Leitmeriti : il passe à kosteletet à Het
nik, oit il s'unit à la Vltava ouMoldau. Celle-ci est la véri-
table branche maîtresse du fleuve, bien qu'elle ne lui donne
pas son nom ; elle roule deux fois plus d'eau, draine un
— 73.) —
KLUÏ2
bassin plus ma double, i parcouru K Kil. de fias. Cest
après, ee confinent que l'Elbe prend llaspert d un grand
fleuve : il bbI déaormaa navigable ; après Lehmeritxel le
eaoflaenl de l'Egor, il rencontre lea montagnes de l'Erz-
■abàrge, eu il s'engage : les rivages sont escarpés, la vallée
étroite ; le lenve y décrit des sinuosités; cette région est
la plus pittoresque »U» aaa cours : elle s'étend de Leitmeritz
jusque vers HeiBsen. L'Elbe reçoit è gauche la BieUtfcAns-
>ig. .1 droits !-• Poitan I Tetsehen; a Berrnskretschen, il
atteint la frontière de la Bohème ci pénétre on Ulemagne.
Il a en M point 130 m. de largo. Dos lors, il adopte la direc-
tion N.-O. qu'il conoorverajasqu'* la mer; il traverse la ré-
gion accidentée de la Suisse Maamna, décrivant ses courbos
l'iitro los inoatagnes de grès des environs de Schandau; son
lit obstrué par los lianes de rochers et de sable n'a parfois
que 70 contint, de profondeur. Les principaux sommets de
ce district sont la Bastei, le l.ilioNsioin et le Kamigstein;
los plus hauts dominent Je fleuve de 300 m. (V. S\xk).
l.'Elbe arrose Pin», Pilnitz. puis Dresde ou il a 216 m.
do largo, enfin Moisson ou il entre définitivement dans la
plainede l' Alleinagnodu Nord. Dans cette zone montagneuse
de la Suisse saxonne, il s'est grossi de la Sebnîtz et de la
w senitz à droite, de la Muglitz et de la Weisseritz a
M ; a Moisson débouche la Triebisch.
Dans la plaine de l'Allemagne du Nord, l'Elbe coule du
S.-E. an N.-O. La pente est encore assez rapide jusqu'à
\\ ittenherg ; il passe en l'eusse à Slrehla, arrose Muhl-
berg. Betgern, Torgau ou il a 316 m. de large, reçoit à
droite l'Elster noire ; il contourne alors les hauteurs du
Fleming (V. Brandebourg) qui le repoussent vers l'O.
et suit cette direction pendant HO kil. à travers le duché
d'Anhalt jusqu'à Aken; grossi de la Mulde (à gauche), il
reprend après Aken la direction N.-O., reçoit la Saale
(à gauche) et baigne Magdebourg. Sa largeur est alors de
. m.; il s'infléchit auN. et même au N.-N.-E., jusqu'au
nmtluent du llavel. Il n'est plus dans cette courbe, à Tan-
Î;ermunde, qu'aune ait. de 32 m. au-dessus du niveau de
a mer et commence à former desiles ; les rivages qui étaient
encore assez élevés, s'abaissent. Après la Saale, le fleuve
M _rossit : à droite de l'Ehle, de l'Ilile, du canal de Plaue
(qui le relie au llavel), du Havel, à gauche de l'Ohre. Après
Werben et le confluent du llavel (22 m. d'alt.), l'Elbe,
qui a 500 m. de large, reprend sa course vers le N.-E. entre
les landes de Lunebourg et le plateau de Mecklembourg ;
il passe à Wittenberge ("20 m. d'alt.), Dœmitz, Boitzen-
burg, Lauenbour» (o m. d'alt.), Hambourg (1 m. d'alt.);
il reçoit a droite la Stepenitz. la Loknitz, l'EIdo, la Bille ;
a gauche l'Aland,la Joezol.rilmenau. — En amont de Ham-
bourg, l'Elbe commence à se partager en plusieurs bras ;
le principal est celui du S. ; dans tout ce canton, surtout
entre Harburg et Hambourg, le dédale des voies fluviales
et des iles est presque inextricable. A Blankenese tous les
bras sont réunis, le fleuve a 3 kil. de large. Là commence
l'Elbe maritime. La marée remonte plus haut, à Geesthacht,
en amont de Hambourg, à I6S kil. de la mer. La marée
est de 1mX à Hambourg, de 3 m. à Cuxhaven. L'Elbe ma-
ritime a 7 kil. de largo à Brunsbultel, 15 à Cuxhaven;
mais elle est encombrée de bancs de sable lesquels rétré-
■ i"ent fort le chenal navigable. Dans cette partie, l'Elbe
it à droite l'Alster et le Stœr, à gauche l'Oste.
L'Elbe est la grande artère fluviale de l'Allemagne cen-
trale et pourrait en être la grande route commerciale ; le
fleuve débouche dans la mer du Nord par un vaste estuaire
ou le vent d'O. pousse les navires; il a beaucoup d'eau,
de grands affluents se ramifient sur le tronc principal
(Havel avec ses canaux, Saale, etc.) ; pourtant la navi-
gation n'a pas toute l'importance qu'elle pourrait avoir,
en raison des obstacles qui encombrent le lit du fleuve.
Au^si les Allemands n'ont-ils pas encore retiré de cette
magnifique route fluviale tous les avantages qu'elle leur
offre. D'autant plus que, pendant longtemps, les péages
ont gêné la navigation. Une convention de 1844 fut con-
clue entre les Etats riverains, qui s'engageaient à établir
un chenal do trois pieds rhénans (0m9i) de Melnik à
Hambourg; la Prusse n'a rien fait, la Saxe et l'Autriche
n'ont pas achevé. Les douanes et péages étaient jadis au
nombre de trente-cinq; le plus onéreux était celui de Stade.
Le congrès de Vienne proclama le principe de la naviga-
tion fluviale ; une commission se réunit à Dresde en islil
pour l'appliquer, et ses décisions furent consignées dans
les Actes du 21 juin 1821, convention intervenue entre
les riverains, Autriche, Saxe, Prusse, Anhalt, Hanovre,
Mecklembourg, Hambourg et Danemark. Tous les péages
locaux étaient abolis et remplacés par deux droits uni-
formes de navigation, perçus sur les bateaux et sur la car-
gaison. La situation fut peu améliorée à cause du mauvais
vouloir du Hanovre et du Mecklembourg. L'acte addition-
nel du 13 avr. 1844 ne laissa subsister que la taxe sur
les marchandises. Une nouvelle commission de revision
décida en 18B6 qu'il n'y aurait plus qu'un droit unique,
perçu à Wittenberg ; le péage de Stade avait été aboli
en 18(il et on avait indemnisé le Hanovre. Une loi du
1 1 juin 1870 l'abolit pour la Confédération de l'Allemagne
du Nord. Enfin la commission de la navigation de l'Elbe a
fait de nouveaux efforts pour obtenir au moins une pro-
fondeur de 0m84 aux basses eaux.
La navigation de l'Elbe est très différente selon les régions.
Les deux principales compagnies sont celle de la Chaîne
(Kette) et celle de Saxe et Bohème; à Schandau, le mou-
vement fut, en 1883, de 17,900 bâtiments (entre Alle-
magne et Autriche), portant 1 ,700,000 tonnes de marchan-
dises ; à Magdebourg, le mouvement fut de 9,100 bâtiments
et de plus d'un million de tonnes ; à Hambourg, de
20,400 bâtiments et 2,300,000 tonnes (non compris la
navigation maritime, bien entendu). La flotte de l'Elbe
comptait, aulerjanv. 1883, 321 vapeurs et 9,050 bateaux
à voiles, c.-à-d. plus de la moitié de la flotte fluviale de
l'Allemagne: les navires à voile ont jusqu'à 87 m. de long.
Bmil. : H. von Bose, Allgemeine geographische und
hijdrotechnische Beschreibung der Elbe mit ihren Zuflùs-
sen; Annaberg, 1852.
ELBE (Ile d'). — I. Géographie. — Ile de la Méditer-
ranée occidentale, dans la mer Tyrrhénienne; elle appar-
tient à l'Italie, prov. de Livourne (Toscane) et est située
entre la Corse et le continent dont la sépare le canal de
Piombino, large de 15 kil. Elle a 222 kil. q. de superficie
et 24,000 hab. (en 1881). Elle mesure 21 kil. de l'E. à
l'O., 9 kil. du N. au S. Ses côtes ont un développement
de 80 kil. environ. Elle est très montueuse; on y distingue
trois groupes de hauteurs : le groupe oriental où le monte
Giovi et le monte Calamita forment deux presqu'îles ; le
groupe central avec le monte Orello; le groupe occidental
ou le monte Capanna est le point culminant de l'ile
(1,030 m.). Les eûtes sont escarpées et rocheuses, décou-
pées par la mer ; on remarque au S.-E. le cap de la Cala-
mita, au N.-E. celui de la Vita, dans des parages redoutés
des marins. L'ile a cinq ports et de bons mouillages; les
meilleurs sont ceux de Porto Ferrajo, Rio Marina, Porto
Longone, Marciana (dans la baie de Procchio). Elle ren-
ferme de nombreuses sources, notamment celle de Canali,
près de la baie de Rio. Le climat est doux et sain. La
végétation est celle du climat méditerranéen : plantations
de vignes, d'oliviers, de mûriers; haies de cactus et
d'agaves. Le principal produit de l'Ile d'Elbe est tiré des
mines de fer; celles-ci, qui sont exploitées depuis vingt-
cinq siècles, se trouvent surtout à l'E. vers Rio Marina et
Rio Castella où tout le sol est ferrugineux. L'exploitation
est limitée par le gouvernement à 200,000 tonnes par an ;
elle occupe 900 ouvriers, dont 270 forçats. Les minerais,
d'excellente qualité, sont exportés principalement en France.
Les mines et carrières de l'ile fournissent aussi du cuivre,
de l'étain, de la calamité, du plomb, le castor et le pollux
(silicate d'alumine et d'oxyde de césium), du marbre, du
granit, de la serpentine, des ardoises, de la chaux, du
kaolin, de l'amiante; des lagunes on extrait du sel. Sur
les côtes, on pèche le thon. Le vin, les fruits, le blé
ELBE — ELBERI ELD
— 734 -
recollés dans l'île d'Elbe uni <!<■ bonne qualité. Les deui
principaux ports, Porto Ferraje et Porto Longone, bien
lortifies, Boni réunis par une route, œuvre de Napoléon,
qui traverse l'île en diagonale. Le mouvement commercial
fut en 1884 «le 31 1,141 tonnes (.'i,i87 bâtiments). — Le
i lui lieu (le l'île, qui forme un cercle a parti est Porto
Ferrajo; il j a trois autres communes, Porto Longone,
Rio et Marriana. On ï rattaelie les petites Iles voisines île
Pianosa, Palmajola, Cerboli, Treja et Monte Cristo dont
l'ensemble forme 1 archipel tvrrhénien.
11. HisToiitK. — Le premier nom de l'Ile dans l'antiquité
fut Athuliu, la brillante, à cause de l'éclat de ses mon-
tagnes granitiques ('l ferrugineuses ; plus tard, clic reçut le
nom allva qui devint Isola d'Elva. Les mines de fer
attirèrent l'attention des Phéniciens, auxquels succédèrent
les Etrusques ; les (lices de l'bocée et de Marseille et les
Carthaginois leur disputèrent l'Ile. Elle passa aux Romains
qui en exploitèrent les mines. Au moyen âge, l'Ile d'Elbe
appartenait aux Pisans au x' siècle; en 1^90, elle fut
conquise par les Génois; les Espagnols la donnèrent au
due de Soria, prince de Pionibino, de la famille Appiani ;
mais ceux-ci ne la possédaient pas tout entière, car le
grand-duc de Florence possédait Porto Ferrajo et le roi de
Naples Porto Longone. En 1730, Elle fut annexée au
royaume de Naples. En 4801, on l'annexa au royaume
d'Êtrurie, puis à l'Empire français (nov. 1808). Elle
forma un département spécial, puis fut réunie au dépar-
tement de la Méditerranée, puis adjointe au grand-duché
de Toscane. Après la première abdication de Napoléon Ier,
on lui assigna File d'Elbe comme principauté en toute
souveraineté. Il y resta du 4 mai 1814 au 20 févr. 1815,
établit quelques routes et fit des améliorations. Les traités
de Vienne rendirent File à la Toscane. Elle passa avec
celle-ci au royaume d'Italie. A. -M. B.
Bihl.: S. Lombardi, Memorie anliche e moderni dell'
isola del Elbà; Florence, 1791 — |L. Simonin, la Toscane
et la ttier Tyrrhénienne; Paris, 1SIS8, in-18. — Pulle
Monografîa agraria del circondario dell' Elba; Porto
Ferrajo, 1879. — Fatichi, Isola d'Elba; Florence, 1885. —
V. aussi la carte géolog. de l'île, tle Meneghini ; Milan, 18S5.
ELBÉE (Maurice-Joseph-Louis Gigost d'), général ven-
déen, né à Dresde en 1752, mort à Noirmouliers en janv.
1794. Après avoir servi quelque temps dans l'armée de
l'électeur de Saxe, où son père tenait un rang assez élevé,
il passa en France (sa famille était originaire du Poitou),
fui nommé lieutenant au régiment Dauphin-cavalerie, mais,
au bout de quelques années, se retira par dépit de n'avoir
pu obtenir une compagnie (1783). Il se maria et vécut
ensuite obscurément dans son modeste domaine de la
Loge-Vaugirault, près de Beaupréau. C'était un fort petit
gentilhomme, dont la noblesse même ne paraissait pas
tout à fait prouvée, car, lors des élections de 1789, il dut
prendre rang dans le tiers état de sa paroisse. Il approuva,
du reste, la Révolution à ses débuts et signa même, après
la prise de la Bastille, une adresse de dévouement a l'As-
semblée nationale; mais, quelque temps après, ses senti-
ments religieux, offusqués par la constitution civile du
clergé, le portèrent à la réaction. A partir de 1791, il
conspire contre le nouvel ordre de choses. Il va voir les
princes émigrés à Coblentz; il combine en 179-2 des
soulèvements avec La Rouarie et il seconde de toute son
âme les machinations des prêtres refraetaires dans les
départements de L'Ouest.
En mars 1793, la grande insurrection royaliste ayant
éclaté en Anjou, les paysans des Manges, qui avaient en
lui grande confiance, lui offrirent un commandement qu'il
accepta sans enthousiasme, parait-il, car à ce moment il
ne croyait pas au triomphe de la révolte. Bientôt, cependant,
les bandes indisciplinées qu'il séduisait par la douceur île
son langage, en même temps qu'il les maîtrisait par sod
ardente piété et son indomptable bravoure, remportèrent
de notables succès, et d'Elbée reprit confiance. Il s'empara
de Vitùers (16 ayr.) et, peu après, remporta sur Quètiseaii
une grande victoire à Thouars (5 mai). Battu à son tour a
I •oiiienav (16 mai), ou d fut blesse grif mnofli _ il alla re-
joindre l'armée vendéenne après la priBe de Saumur
(lu juin), lut un de cens qui contribuèrent \>- plus I Un
nommer généralissime le paysan CathatineaO (SQtU le nom
duquel il commanda Bn réalité), prit Angers le 19 juin et, à
la suite de l'échee de Nantes, dirigea la retraite sur Thetara
(•27-28 juin). Cathelineau venait d'être tué. D'flbée lut
élu généralissime a sa plaie (19juiL). Hais, outre que
ses lalenis militaires n'étaient pas a la hauteur de su
dévouement et de sa rare intrépidité, il élait jalousé par
las autres chefs royalistes (qui raillaient quelque peu sa
dévotion ei l'appelaient le Père lu Providence) ; il ne put
jamais obtenir d'eux une exacte obéissance. Ses troupes
étaient toujours promptes aux paniques et aux debaml
Les forces républicaines prenaient, au contraire, chaque
jour, plus de consistance ai de vigueur. D'Elbée subit un
grave échec à Lucon (19 aoiit). S'il prit eu septembre de
glorieuses revanches s ChanloBsy, Coron, Torfou et Beau-
lieu, il n'en eut pas moins la douleur de voir la grande
armée royaliste qu'il commandait subir à Cholet une irré-
parable défaite (17 oct.). Il reçut ce jour-la quatorze bles-
sures. Un de ses cavaliers l'emporta à grand peina jusqu'à
Beaupréau. De là, Charette le fit conduire a Nuirmoutiers.
Mais, quand les républicains, sous Tuireau, se furent em-
parés de cetie ile (3 janv. 1794), l'ancien généralissime,
qui était encore retenu au lit, fut facilement capturé. Tra-
duit devant une commission militaire, il fut condamné à
mort. 11 était encore si faible qu'il ne pouvait se tenir de-
bout. On le fusilla dans un fauteuil. Sa femme, qui n'avait
pas voulu l'abandonner, fut exécutée le lendemain.
A. hiiinoi h.
Bibl. : Archives départementales de Maine-et-Loire,
série L. — Auuertin, Mémoires. — De Braucuamps,
Histoire de la guerre de Vendée. — L. Bi.ang, Histoire
de la Révolution. — Buurnizkau, Histoire de la guerre de
Vendée. — Boutiluer i>b Saint-André, Mémoires (iné-
dits . — Bu8Sibrb, le Général M ichel lieaupuy . — Cuai-
vi U-, Histoire de Bonchamps. — Courcei les, bictionnairé
historique des généraux français. — Crétim au-J ni v ,
Histoire de la Vendée militaire . — Du même, Histoire des gé-
néraux vendéens. — M,n« de La Roçhejacquklein, Mémoi-
res. — Le Bas, Dictionnaire encyclopédique de la France.
— Lehouvier de? Mortiers. Réfutation des calomnies, ete,
— MichblBT, Histoire de la Révolution. — Monitexir uni-
versel, 1793, 1794. — Muret, Histoire des guerres de
l'Ouest. — Port, Dictionnaire historique de Maine-et-
Loire. — Revue de l'Anjou, 1855. — M™» de Sapinaid,
Mémoires. — Thiers, Histoire de la Révolution. — Tur-«
reau, Mémoires. — Wjulsh, Relation de voyage, etc.
ELBENE (D'). Famille florentine (V. Bene [Del]).
ELBERFELD. Ville d'Allemagne, royaume de Prusse,
district de Dusseldorf( province Rhénane), sur la Wujqwr;
106)499 hab. (en 1885). Elle forme avec la ville voisine
de liarmcn (Y. ce nom) un des grands centres industriels
de l'Allemagne et de l'Europe. La vieille villo avec ses
rues étroites est au X. de la rivière ; les nouveaux quar-
tiers renferment de belles rues et de grands édifices, hôtel
de ville, églises, poste, hospices, etc. Elherfeld fahriquo
des cotonnades, des lainages, des soieries, des velours,
beaucoup d'étoffes mélangées (soie et laine), soit pour la
confection, soit pour l'ameublement, sans parler des indus-
tries annexes: teinturerie, passementerie, etc. ; les étoffes
imprimées sont aussi produiteees grande quantité. Les autres
industries sont moins importantes : fonderies et forges, acié-
ries, construction de machines, papeteries, brasseries, etc.
Les établissements industriels d'Elberfeld occupait environ
.'■!.'), 000 ouvrière. Le commerce est très actif, notamment
pour l'exportation. — Le château d'Elberfeld, quidejiendait
de l'archevêché de Cologne, lut engagé aux comtes de Berg
( 1 176). La ville date du xvie siècle: les premières filatures
remontent au milieu du xV. La prospérité n'apparut qu'à
la tin du xvuic siècle avec le travail de la soie inauguré
en 17li() et la teinture en rouge d'Andrinople introduite
en I780i le blocus continental qui les mit à l'abri de la
concurrence anglaise lit la fortune des fabricants d'Elber-
feld ; en 1816,1a ville comptait 21.710 hab. : en 1871,
71,384 (Y. Allemagne, § Géographie économique).
— 735 —
ELBERFËLD - EL-lilAR
Miiu.; L.iMii (friiscilB, tt(D*>/»td uiiJ BaPmèftj Barmen,
ELBEUF. Ch.-I. de eiBti «lu dép. de là Seifle-Infêrieiiré,
arr. de Rouen, stir l:i riW gauche de la Seine: 22.105 bah.
Station du eh. de fcf de l'Ouest et des eh. de fer de
l'Ente, la prospérité iTEHrtttfwl due à l'industrie et au
commerce des draps qui remontent au commencement du
* Me. Jusqu'à la Révolution. SCS fabriques ne pKH
(luisaient qu'une seule espèce de draps, connus sous le nom
de l.t rille, et qui liaient un intermédiaire entre les draps
les draps grossiers; mais depuis lors les fabriques
ont éprouve la Hérédité de perfectionner leur outillage et
de produire tous les genres, particulièrement la nouveauté,
aniM que les draps mur \oitures et chemins de fer. Plu—
-ieurs grandes fabriques transforment Complètement la
laine, l'achètent en toison et la rendent a l'elat de dra-
perie : d'autres, en plus grand nombre, ne travaillent que
les laines préalablement ouvrées: aussi existo-t-il de nom-
breuses teintureries, filatures de laine, ateliers de retor-
, usines pour la manutention des déchets, apprètagcs,
fabriques de. cardes, fonderies, ateliers de construction de
machines, scieries, etc. La plus grande partie des laines
emplovées a Èlbetif sont achetées en Angleterre et prtH
'onies anglaises, spécialement de l'Australie;
d'autres proviennent de la Plata : les laines indigènes n'en-
trent dans la fabrication olbeuvienne que pour une propor-
tion pour ainsi dire infinitésimale. I.a houille consommée en
quantité considérable par les fabriques d'Elheuf provient
.Angleterre, de Belgique et du N. de la France. Le
nombre d'ouvriers employés par l'industrie de la draperie,
tant à r'.lbeuf que dans" les environs, est à peu près de
900. La production annuelle des draps est de 80 à
1ii() millions de francs. In petit cours d'eau qui traverse la
\ille et plusieurs puits artésiens fournissent l'alimentation
des usines et surtout des teintureries. La Seine amène ii
Klbeuf les matières premières, la houille, et sert aussi
au transit des matières agricoles. Syndicat maritime. Tri-
bunal et chambre de commerce; chambre consultative des
arts et manufactures; hospice; asile des vieillards; maison
d'assistance pour les ouvriers invalides ; société pour l'en-
couragement des arts industriels; société industrielle;
te d'études des sciences naturelles; bibliothèque pu-
blique : muséum d'histoire naturelle ; musée archéologique.
L'histoire d'Klbeuf n'est autre que celle de son industrie.
La seigneurie, après avoir appartenu aux maisons d'Har-
court et de Rteux, passa ensuite à la maison de Lorraine,
et devint successivement marquisat, puis duché— pairie
(Y. etatassOttS, maison d'Klbeuf). L'église Saint-Ktienne,
construite au wi' siècle, est un édifice à trois nefs, qui a
MHé de très belles verrières du x m r siècle (mon. iust.)
et de remarquables boiseries sculptées. L'église Saint-Jean,
qui date aussi de la Renaissance, est plus vaste que la pré-
nte; elle a conservé son portail et est flanquée d'une
tour. Ses vitraux (mon. hist.), sont remarquables, mais
moins bien conservés que ceux de Saint-Ktienne. L'église
N.-I». de l'Immaculée-Conception a été construite de nos
jours en style gothique du \nic siècle. Relie maison de la
Renaissance avec sculptures sur la place Lemercier. DellX
ponts suspendus traversent la Seine et relient Elbcuf à
Saint-Aubin sur la nve droite.
ELBEUF-f.n-Rhay. Com. du dép. de la Seine-Inférieure,
arr. de Neufchàtel, cant. de Oournay; 400 hab. Eglise en
partie romane qui a conservé une voûte du xun siècle
r .uvrant le choeur; celles de la nel et du transept sont
en b lis et enrichies de sculptures, (-bateau du xvi'- siècle
transformé en ferme.
ELBEUF-suR-A.sDEi.LE. Com. du dép. de la Seine-Infé-
rieure, arr. de Rouen, cant. de Darnétal; 227 hab.
ELBEUF ( >I.ji--.ii d'|. Branche de la maison de Lor-
raine, fanées par René de Lorraine, marquis d'Klbeuf,
huitième ils du duc Claude de Guise; il fut général des
galère» de France (1336-1966). Sou fils Gharlet (1566*
>), duc et |>air eu nov. 1581, grand veneur et grand
eiiiver, prit part à la Ligue et fut enfermé a Loches de 1588
à 1591. Il eut deux fils, Charles II, duc d'Klbeuf, et Henri,
comte d'Ilarcourt, tige des comtes d'Armagnac, de Brionne
et de Marsan et des princes de l.aiiihe.sc. Charles 11 (1590-
10')"), duc, gouverneur île Picardie, quitta la France en
1631 pour échapper à la vengeance de Richelieu contre qui
il avait intrigue; rentre en France en 10'*;!, il prit une part
active aux troubles de la Fronde; le cardinal do Retz lo
maltraita fort dans ses Mémoires., et ses prétentions don-
nèrent lieu à des chansons satiriques; il avait épousé
Catherine-Henriette, lille naturelle de Henri IV et de Ga-
brielle d'Kstrees. Il eut pour fils, outre le duc Charles III,
François-Louis, tige des comtes d'Ilarcourt, et François*
Marie, tige des comtes de Lillebonne et princes de Com-
merev.— : Charles III (4 620-4 693), gouverneur de Picardie,
eut cinq lils dont : Henri, duc d'Klbeuf, né le 7 août 1001 ,
mort le 12 mai 1748, gouverneur d'Artois, Picardie et
llainaul, lieutenant gênerai lo 3 janv. 1090, qui passait
pour fripon et menteur, et compromettait à plaisir les
femmes les plusïionnètes ; il épousa Mademoiselle par procu-
ration du duc 'de Lorraine en 1098 ; il était marié à une
fille du duc de Vivonne ; son fils unique, brigadier des
armées du roi, fut tué à drivas (1705). — Son frère
Emmanuel-Maurice, prince d'Klbeuf, né en 1077, mort
en 170;i, entra en 1700 au service do l'Empire, fut général
de cavalerie dans le royaume de Naples et combattit dans
les armées coalisées contre Louis XIV; il obtint en 171!)
de rentrer en France, devint duc et pair en 1748 ; il n'eut
pas d'enfants de ses deux mariages. — Le titre de duc
d'Klbeuf passa en 1703 à Charles, comte de Rrionne,
prince de Lambesc (V. ci-dessous). L. Del.
Bibl. : Le P. Anselme, t. III et VIII.
ELBEUF (Cliarles-Kugène de Lorraine, prince dé
Lambesc et dernier dued'), né à Versailles le 28 sept. 1751»
mort à Vienne le 11 nov. 1825. Fils du grand ècuyer de
France et de Louise-Julie-Constance de Rohan-Montauban-
Rochefort, il prit la charge de son père en 1701, devint
colonel des dragons de Lorraine en 1773 et maréchal de
camp en 1788. En 1789, il reçut le commandement des
troupes massées près de Paris, dans la prévision des troubles
populaires et dissipa les rassemblements de la place
Louis XV (12 juil. 1789) avec une brutalité telle que le
Chatelet instruisit contre lui, mais il émigra, servit dans
l'armée des princes, puis dans l'armée autrichienne, où il
obtint le grade de feld-maréchal-lieutenant. Rentré en
France à la Restauration, il fut créé pair le 4 juin I814i
ELBFAS (Jacob-llenrik), portraitiste suédois, né en
Livonie, mort à Stockholm en 1004. 11 s'établit en Suèdo
avant 1030, devint peintre de la reine Marie-Kléonore
1 1634*4640) et fut le portraitiste attitré de la cour et do
la noblesse. On cite parmi ses œuvres : Gustave- Adolphe,
Marie-Eléonore, la reine Christine, Jean-Casimir et sa
femme, leur i\\s Charles X Gustave, Charles XI, Charles-
Carlsson Gyllenhielm,JohanSkutte, Axel Oxenstierna,
Jacob de la Gardie. Le dessin est non, les draperies
soignées, mais le coloris peu naturel. R-s.
ELB H ECQ (Pierre-Joseph du Chamiige, baron d'), général
et homme politique français, né à Lille le 1er janv. 1733,
mort à Saint-Jean-de-Lu7. le 1er sept. 1793. Maréchal de
camp en 1789, il fut élu le 8 avr. député suppléant de la
noblesse du bailliage de Lille aux Ktats généraux. Le 29 déc,
il prit séance à l'Assemblée constituante en remplacement
du baron de N'oyelles. Il se rangea du côté des républi-
cains, demanda au moment de la fuite de Varennes que
tous les militaires prêtassent serment de fidélité à la nation
et, promu lieutenant général le 17 déc. 1791, servit à
l'année du Nord et commanda en chef, en 1793, l'armée
des Pyrénées-Orientales.
EL-BIAR. Village d'Algérie; dép. et arr. d'Alger, à
3 kil. S.-O. de cette ville, sur les tlancs du Rou-Zaréa, à
une ait. de 200 m., ch.-l. d'une com. de plein exercice
de 2,207 hab. dont 1,783 Kuropéens. (l'est une succession
de villas éparsea dans lu verdure et de belles maisons, un
EI.-MIAR — EEDAD
— 736 —
village il>' plaisance où les habitants d'Alger vont en grand
nombre chercher un peu de fraîcheur l'été; les terres aalen-
tour, très bien cultivées, fournissenl des légumes, des vins de
choix, des céréales; l'industrieeonsiste en tuileries, poteries,
briqueteries et tonnelleries. Sur le territoire de la com-
mune se trouvent de nombreux pensionnats (sœnrsde Saint-
Josc|>li, frères de la doctrine chrétienne), le petit lycée de
Ben-Aknoun, annexe du lycée d'Alger, un couvent du
Bon— Pasteur, un orphelinat de Saint-Michel, etc.; c'est
aussi sur le territoire de la commune qu'est situé le Fort-
l'Empereur, liàti en 1545 par Hassan Agha, à l'endroit
ou Charles-Quint avait placé sa tente en 1511 ; il lut pris
par nos troupes le 4 juil. 1830 et maintenant réparé il
domine de sa masse sombre entourée de verdure tout le
panorama d'Alger. E. Cat.
EL-BI BAN, appelé plus souvent Bordj-Iiiban(\. ce mot).
ELBING. Fleuve de Prusse, province de Prusse occiden-
tale, émissaire du lac Drausensee; long de 18 kil., il dé-
bouche dans le Frische Hatf ; il est réuni au Nogat par le
canal Kraffohl et est lui-même navigable jusqu'à la ville
d'Elbing.
ELB IN G (polonais Elblong) . Ville d'Allemagne, royaume
de Prusse, province de Prusse occidentale, district de
Danzig, sur l'Elbing ; 38,728 hab. (en 1883). Elle com-
prend" outre la vieille ville, la ville neuve, l'ile Speicher,
trois faubourgs intérieurs et onze faubourgs extérieurs.
Elle possède treize églises. L'industrie y est assez active,
en particulier les constructions navales (vapeurs et torpil-
leurs), la métallurgie du fer. Le marché aux bestiaux est
important. Le port a un mouvement maritime de
9,000 tonnes, fluvial de 6,000. Elbing commerce surtout
avec Danzig et Kœnigsberg. — La ville fut fondée par
des colons de Brème et de Lubeck au pied d'un château
des chevaliers teutoniques bâti en 1237 ; elle reçut en
12461e droit de Lubeck, entra dans la Hanse et grandit
vite ; elle se détacha de l'ordre teutonique et se mit sous
le protectorat de la Pologne (1434). Dès 1523, le conseil
municipal se prononça pour la Réformation qui prévalut en
1558. Les protestants appelèrent à plusieurs reprises les
Suédois, qui occupèrent la ville. Elle fut saisie en 1608 par
l'électeur de Brandebourg qui la rendit en 1700, mais la
reprit en 1703 ; Charles XII de Suède la surprit et la mit
en rançon ; en 1710, les Russes la reprirent et la rendirent
aux Polonais. Lors du partage de 1772 elle fut attribuée
à la Prusse.— Le traité d'Elbing, conclu le 10 sept. 1656
entre la Hollande et le Grand-Electeur, stipula la neutrali-
sation de Danzig.
ELBINGERODE. Ville d'Allemagne, royaume de Prusse,
province d'Hildesheim, sur un plateau du Harz; 2,800 hab.
Les environs sont très pittoresques et renferment de grands
établissements métallurgiques ( Rothehûtte, Lukashof,
Kœnigshof, Neuehùtte), sans parler des ruines du château
de Bodfeld. — Elbingerode appartint au couvent de Gan-
dersheim (1008), aux comtes de Wernigerode (4343), aux
Grubenhagen (1422), au Hanovre (1638).
EL-BIÔDH. Localité du Sahara, à peu près à mi-chemin
(six jours de marche) d'Aïn-Taiba à Temassinin, dans une
dépression au milieu de la grande dune, oii l'on trouve
toujours de l'eau en creusant le sol; il y a, sur une cen-
taine de mètres, dans tous les sens, un grand nombre de
puisards donnant une eau claire, mais chargée de sels ;
les Touaregs Hoggar prennent souvent en cet endroit
leurs quartiers d'été. La première mission Flatters y sé-
journa le 25 et le 26 mars 1881.
ELB0 (José), peintre espagnol, né à l'beda le 26 mars
1804, mort à Madrid le 4nov. 1844. Elève de José Apari-
cio, il l'aida plus tard dans ses travaux de décoration au
palais de Madrid. De nombreux et amusants sujets de genre
lui créèrent une sorte de popularité et l'Académie de San
Fernando l'accueillit parmi ses membres. Ses principales
productions sont : LeVw, la Place des taureaux à Madrid
pendant une course, Femmes allant se baigner au Mon-
zanarès, Un Contrebandier, des Toreros, l'Auberge de
la Trinidad, Enfant jouant dans un jardin *t quel-
ques autres icènet familières et populaires. Il etl l'auteur
de quelques-uns des dessins graves par CtSteQo JKiur les
œuvresdeQuevedo. Sa manière rappelle assez celle a Uenza,
suri contemporain et son émule dans la peinture des sujets
pittoresques et des types nationaux. P. L.
EL-B0RDJ. Petite oasis d'Algérie, dép. de Constantiaa,
dans le groupe appelé Zab-Dahraoui (/.ah du Nord), a l'O.
de Biskra; une Vingtaine de maisons et 7,000 palmiers
environ.
EL-B0RDJ. Petite ville arabe d'Algérie.dép. d'Oran,
à une vingtaine de kil. au N.-E. de Mascara; 390 hak
Centre d'un douar de 4,167 hab. de la corn, mixte de
Cacherou, arr. de Mascara.
ELBROUS. Pic le plus élevé du Caucase. Sa hauteur
est de 3,630 m. (V, Caucase, t. I\, p. K7i).
ELCHE. Ville d'Espagne, prov. d'Alicante, sur le rio
Vinalapô et a 8 kil. de la mer, au milieu d'une plaine ar-
rosée au moyen d'un barrage sur la rivière; 20.607 bah.
L'est le chef-lieu d'un district qui comprend trois communes.
Ce qui fait la réputation d'Elche, c'est une belle forêt de
80,000 palmiers-dattiers, la seule qui existe en Europe ; à
l'ombre de ces arbres, on cultive de l'orge, des légumes, du
coton, et sur d'autres parties du territoire des oliviers, des
figuiers, des grenadiers, etc. La ville, avec de grandes
maisons et de belles rues, est pleine d'activité et est un
marché important; on exporte des dattes pour la province
de Valence, des fruits pour Barcelone, des palmes pour
toute l'Espagne (on en emploie une énorme quantité pen-
dant la semaine sainte) ; il y a aussi d'importantes huile-
ries et fabriques de savon, des minoteries, des manufac-
tures de grosse toile et d'alpargatas, des distilleries, des
amidonneiies, des imprimeries, des teintureries, des presses
pour le sparte, etc. La ville, qui existait à l'époque ro-
maine sous le nom d'ilici, ainsi que le démontrent des
médailles et des ruines romaines, fut aussi importante
sous la domination arabe. E. Cat.
ELCHIES (Patrick Grant, lord), magistrat anglais, né
en 1690, mort près d'Edimbourg le 27 juil. 1735. Avo-
cat en 1712, il devint lord de session en 1732 et lord
justice en 1737. Il a réuni : les Décisions ofihe court
of session from 1733 to 1757, publ. en 1813 par
W. Morison ; écrit les notes des Institutes de >tair
(1824) et laissé quelques manuscrits conservés à la biblio-
thèque des avocats d'Edimbourg.
ELCHINGEN. Village de Bavière, province de Souabe
et Neubourg, près du Danube. On y voit une célèbre
abbaye bénédictine fondée en 1128 dont l'église foudroyée
en 1773 a été reconstruite. Sécularisée en 1803, elle fut
annexée à la Bavière avec ses 110 kil. q. et 5,300 hab. —
Le 14 oct. 1805, les Français commandés par Ney enle-
vèrent le pont d'Elchingen et défirent 16,000 Autrichiens
commandés par Laudon. Cet exploit valut à Ney le titre de
iliic d'Elchingen. Il détermina l'investissement d'Ulm.
ELCHINGEN (Duc d') (V. Net).
ELCI (Angelo, comte d'), littérateur et bibliophile ita-
lien, né à Florence en 1764. mort à Vienne (Autriche) le
20 iiuv. 1824.0 avait formé une des plus belles bibliothèques
de l'Europe, composée surtout des plus rares incunables;
il en légua la portion la plus intéressante à la bibliothèque
Eaurentienne de Florence. On a de lui une très correcte et
très luxueuse édition de Lucain : iueani Pharsalia curante
Angelo Illycino (Vienne, 1811, in-8). Ses vers sont d'une
grande médiocrité : Poésie italiane e latine (Florence,
1827,in-8). R. G.
ELDA. Ville d'Espagne, prov. d'Alicante: 4,337 hab. Au
milieu de collines dénudées, qui ne produisent guère que du
sparte. L'industrie du pays consiste dans la préparation de*
fibres dont on travaille chaqueannée environ 300,000 kilogr.
Il y a aussi des fabriques de papier et de salpêtre.
ELDAD ha-Dam (le Danite). voyageur hébreu qui
vivait au iV siècle. 11 prétendait appartenir à la tribu
Dan, d'où son surnom /<' Danite. Voulant rechercher
— 7;î7 -
ELDAD - EL-DJ1M
les restes dos autres tribus israelitos, il entreprit ton
5, dont l'un, d'après l'auteur caraite Jouda ha-Dassi,
beoudmat jusqu'en Egypte, d'où il retourna aussitôt dans
son pays. U MUS l laissé le récit de l'autre. On y trouve
une description détaillée, mais fabuleuse, des Contrées el
des tribus qu'il a visitées et le détail de ses nombreuses
aventures. Après un naufrage, il tomba .Mille les mains
d'anthropophages, auxquels il réossil a échapper, Après
avoir passé par A/ina, il arriva à la cote orientale du
golfe IVrsique. traversa la Perse, la Babylonie et se rendit
a Kairouan, ou il lit la connaissance du célèbre gram-
mairien Jehouda bon Qoreisch et enfin parvint jusqu'en Es-
I es relations sur ce voyage sont pleines de choses
curieuses sur les dix tribus Israélites, sur leurs usa.i is cl
coutumes et également sur les tils de Moïse que la légende
avait fan émigrer dans une terre fabuleuse, entourée par
le tleuve miraculeux du Sainbation. Il affirme que les quatre
tribus établies en Afrique avaient un recueil rituel remontant
a Jo^ue et se distinguant sous beaueoup de points du rituel
rabbinique. et il avait même apporté quelques extraits de ce
n m il. relatifs a l'immolation et à l'examen intérieur des
La communauté israelite de Kairouan s'a-
Mijot pour information à K. Cemah Gaon, chef de
l'académie de Sonia, en Babylonie, dont la réponse fut
favorable a Eldad. I*s récits'd'Eldad nous sont parvenus
en trois rédactions, qui diffèrent très considérablement et
nplètent l'une l'autre, l-a première édition parut en
Italie avant 1480, la seconde à Constantinople en 1516
(sur les autres éditions. V. Furst, Bibliotlieca judaica,]',
IL Steinschneider, Catalogut Itbrorum hebraeorum, in
Biblwtlieca Bodleyana ; Benjacob, Thésaurus librorum
hebraic<>rum). M. A. Jelhnek a, de nouveau, publié
toutes ces rédactions dans son recueil Beth-ha-Midrasch
(Leipzig, 1853, t. Il: 1855, t. III ; 1857, t. V), et ré-
cemment. M. A. Epstein a réuni les relations et beaucoup
d'autres pièces concernant Eldad dans son ouvrage sur notre
vovageur. Une traduction latine, faite par Genebrard, parut
à Pans en 1563, sous le titre Eldat Danius de Judaes
clausù eorumque in Ëthiopia imperia et était plus
tard incorporée dans la Chronographia Hebraeorum
du même auteur. Nous possédons aussi deux traductions
allemandes, dont l'une a été imprimée à Prague en 1695,
l'autre a Jessnilz en 17-23. U BcUition d'Eldad le haullc.
publiée et traduite en français par E. Carmoly (Paris, 1838),
ne peut pas compter, car elle n'est qu'une pure invention de
l'éditeur, comme l'a démontré S. Hapoport (Introduction
au lexique hébreu de Parhon, publié par S. Stern ; Pres-
bourg, ts; ',).
tarants ne sont pas tous d'accord sur le rôle joué
par Eldad et sur le caractère qu'il faut lui attribuer.
Tandis que les uns (Pinskeret Graetz) le regardent comme
un adhèrent du caraisiiie qui, sous le masque du rabba-
nisme, combattait les traditions lalmudiques et propageait
la doctrine caraite. les autres (Frankl, Ilalevy) ne voient
en lui qu'un simple aventurier qui savait bien tirer profit
de la crédulité de ses contemporains. Enfin, M. Epstein a
essayé de démontrer que, malgré les exagérations, il y a
une lionne partie de faits réels dans les récits d'Eldad et
qu'il faut entendre sous les quatre tribus de l'Afrique
mentionnées par Eldad les Falasha d'Abyssinie, dont les
usages et pratiques religieuses auraient quelque analogie
ceux qui sont décrits par notre voyageur. Mais l'ar-
gumentation de M. Epstein manque de force démonstrative
la supposition qu'Eldad était un aventurier semble
avoir plus de probabilité. Cette hypothèse trouve un appui
dans la circonstance suivante. Eldad prétendit ne savoir
d'autre lan.ueque la langue hébraïque, dont il se servait
toujours dans ses relayons avec d'autres, mais un examen
du langage d<> ses récits montre incontestablement qu'il
est plein d'arabismes. et on a, avec raison, conclu de cela
qu'il était originaire de l'Arabie méridionale. Quoiqu'il en
soit, les récits fabuleux d'Eldad ne manquaient pas de
produire dans son temps un grand effet et il est même pro-
G»ANDF. F.NCTCI.OPKDIF. — XV.
bable qu'ils aient influencé la légende du prêtre Jean très
répandue au moyen Age. J. Isuaei.sohn.
Hun.. : Bartolocci, Bibliotheca ra&oinica, I. — Bas-
nagk, Histoire des Juifs. — De Etossi, IH:ionario sto-
rico degli autori ebraei. --- Zunz, Gotbssdisnstliche Vor-
tr&gei Berlin, ts:>-. — Du même, Ges&mmelle Schriflen ;
Berlin, 1875, 1. — l'Ii. Krankl, Monnlsschrift fur Geschichte
und Wissensch&fldesJudenthums, 1873 et 1*71. — Graetz,
Gtschichte der Juden, V. — Epstein, Eldad ha-Dani;
Presbourg, 1891. — J. 1I.vi.kvy, Revue critique, 1891.
ELDENA. Village d'Allemagne, royaume de Prusse, dis-
trict de Stralsund ; ruines d'une abbaye cistercienne,
fondée en II!*!), détruite par les Suédois en 1658. Une
académie ou école d'agriculture fondée en 1835 à Eldena
a été supprimée en 1870. — Un autre Eldena (Mecklem-
bourg-Schwerin), sur l'Elde, eut une abbaye cistercienne de
femmes fondée en 1230, sécularisée en 1556.
ELDER (John), mécanicien et constructeur anglais, né
à Glasgow le 8 mars 18"24, mort à Londres le 14 sept.
1869. Il étudia dans sa ville natale les mathématiques et
la mécanique, fit son apprentissage dans les ateliers de
R. Napier, où son père était ingénieur, y devint rapide-
ment chef dessinateur et entra en 1852, comme associé,
dans la maison liandolph, Elliott andCo, qui, en 1860,
joignit à la construction des n.oulins celle des navires en
fer et qui prit en même temps la raison sociale liandolph,
Elder and Co. Il fit prévaloir l'usage, pour les grands bâ-
timents à vapeur, de machines compound et s'acquit une
réputation universelle par les perfectionnements impor-
tants qu'il fit subir aux types jusqu'alors employés et qui
eurent pour conséquences principales une grande augmen-
tation de puissance et une économie considérable de com-
bustible et d'eau (V. Compound et Condenseur, t. XII,
pp. 218-220 et 3i7). Il fut nommé en 1869 président de
l'Institution of engineers de Glasgow. Les Reports of
tlie Bristish Association (années 1858 à 1 86(1) contien-
nent plusieurs mémoires relatifs à ses inventions. L. S.
Brni. : Uankine, Meuwir of J. Elder; Londres, 1872. —
Maclbhose, Memoirs of a hundred Glasgow men ; Glas-
gow, 1886.
ELDEREN (Jean-Louis d'), soixante-troisième évoque
de Liège, né vers 1600, mort en 1694. Il était doyen du
chapitre de Saint-Lambert quand, en 1688, à la mort du
prince-évêque Maximilien-IIenri de Bavière, il fut élu en
son remplacement, malgré les intrigues de la cour de France
qui appuyait de toutes ses forces la candidature du cardinal
de Furstenberg. Peu de temps après son avènement, il con-
clut avec Louis XIV le traité de Versailles (9 janv. 1689)
qui reconnaissait la neutralité de l'évèché, mais à des con-
ditions très onéreuses et qui demeura, du reste, lettre
morte. En effet, la diète allemande ayant déclaré la guerre
à Louis XIV, les Liégeois durent accéder à la coalition.
Ils payèrent chèrement cette hostilité. Le maréchal de
Courtiers bombarda leur ville et en détruisit la plus grande
partie. D'Elderen renforça l'influence politique de la no-
blesse dans l'administration de la principauté en exigeant
des membres de l'ordre équestre, par un décret de 1691 .
la preuve de quatre quartiers de noblesse du côté paternel
et maternel.
Bim.. : Daris, Histoire /lu diocèse et de la principauté
île Lin/e au xvn» siècle; Liège, 1877, in-8. — Lonohav, les
Pays-Bas et la principauté de Liège au XVII0 et au xvui»
siècle; Bruxelles, 1890, in-8.
EL DJEDIDA (V. Mazac.an).
EL-DJEM. Village de Tunisie, à 71 kit. S.-E. de
Kairouan; 1,200 hab. environ. C'était jadis une ville
importante sous le nom de Thysdrus; les maisons mo-
dernes ont été construites avec les pierres provenant des
ruines. Le monument le mieux conservé est l'amphi-
théâtre, dont on aperçoit de plus de 10 kil. la niasse
énorme assise sur une hauteur et qui ressemble à une
colline de pierre; il est, après le Cotisée, le plus vaste
édifice de ce genre qu'aient construit les Romains ; on croit
qu'il fut commencé par Gordien, en souvenir de ce qu'il
avait été proclamé empereur à Thysdrus. La reine lvahina
au vue siècle y soutint un siège contre les Arabes; à
47
ËL-DJEM - ÉLECTION
- 7:i8 -
diverses reprises, des tribus révoltées 5 trouvèrent un re-
fuge, et un bey pour les soumettre y ouvrit une vaste
brèche. Quoique bien dégradé, l'amphithéâtre d'El-Djem est
encore très imposant et les Arabes îles alentours exploi-
tent la curiosité des touristes pour leur vendre de fausses
antiquités. E. Cat.
Bibl. : D'Rodirk, art. dans la Huvuedegéogr., mail689<
EL DJEMILA (V. Djkmii.a).
EL-DJEREÏFET. District du Coitrara (V. te mol).
ELDON (Comte d') (Y.Scoit [John|).
ELDRED (John), voyageur anglais, né à Ncw-Bu-
ckenbam (Norfolk) en 1552, mort à Great Saxham en ll>:;2.
Marchand de Londres, il s'embarqua en 1585 pour faire
une campagne commerciale. Il parcourut la Syrie, remonta
l'Luphrate jusqu'à liir, le Tigre jusqu'à Bassorah, passa
à Bagdad, et revenu à Alepen 1584 y demeura trois ans
faisant des courses à Antioche, à Tripoli, à Jérusalem, etc.
De retour en Angleterre en 1588 avec des richesses consi-
dérables, il devint un des plus poissante marchands de
Londres, prit une grande part a la fondation de la Com-
pagnie des Indes, dont il fut un des directeurs. On a le
Journal of liis voyage to Tripoli and Bassora qui a été
publié dans Principal Navigations d'Hakluyt (1 ;i99, t. II).
ÉLÉAZAR. Ce nom est porté par plusieurs personnages
mentionnés dans la Bible : 1° un fils du grand prêtre
Aaron ; 2° et 5° deux contemporains du roi David ; 4° le
quatrième fils de Matatbias, frère de Judas Macchabée, qui
succomba à la suite d'un vaillant fait d'armes (V. Eliézer).
ÉLÉAZAR hé Worms (fils de Jehouda), surnommé ainsi
de la ville d'Allemagne ou il naquit, mais plus connu sous
le nom de Roqéah (titre d'un de ses ouvrages), un
des plus célèbres rabbins du xine siècle. Il était le disciple
de Jehouda ha-IIasid. Le temps dans lequel il vivait était
très défavorable pour les juifs. Des croisés, attaquant sa
maison, tuèrent sa femme, ses deux filles, son fils unique,
les disciples qui l'entouraient, et le dépouillèrent de tous
ses biens. Néanmoins, son âme restait libre de toute
aigreur et, dans ses ouvrages, il ne cesse de prêcher les
plus hautes maximes de la bénignité, de la bienveillance
et de l'amour envers tous les hommes. Vivant à une époque
particulièrement disposée au mysticisme, bien qu'il eut
une connaissance très étendue des systèmes philosophiques
du judaïsme, il se laissa néanmoins entraîner par les ten-
dances de son temps, d'où vient que ses ouvrages repré-
sentent un mélange des idées philosophiques et mystiques.
Il est même considéré comme le fondateur de la cabbale
en Allemagne. Le nombre de ses ouvrages, dont la liste
est donnée par A. Jellinek, est assez considérable et com-
prend des écrits sur les différentes branches du judaïsme.
Le plus célèbre parmi eux est l'ouvrage éthique, Roqéah,
où il traite de l'amour de Dieu, de la pénitence, de la cha-
rité et d'autres questions qui se rattachent à la religion et
à la moralité. Ce livre fut imprimé la première fois à
Fano en 1503 et réimprimé plusieurs fois. Quelques-uns
des autres ouvrages sont également publiés, mais la plu-
part sont encore inédits. Eléazar de Worms est aussi
connu comme liturgiste et on possède de lui environ soixante
poésies de pénitence qui se distinguent par une simplicité
touchante et un profond sentiment. J. Israelsohn.
Bihl. : Wolf, Dibliotheca hebraea. — De Rossi, Dizzio-
n.-irin storico degli autori ebraei. — Basnàge, Histoire des
Juifs. — A. Jellinek, AûsswaM habbnlistisrher Myslili ;
Leipzig, 1S05. — Grabtz, Gescliichte der Juden, t. VII. —
Zunz, Zur Geschichte und Literatur ; Berlin, îsir.. — Du
même, Synagoyale Poésie : Berlin, 1865, et Literatarge-
ecbiciUe der syntt.goga.ltn Poésie : Berlin, 1865.— .1. i.am>-
mhjtii, Ainiutc h&'Âboda; Berlin, l.sJT. — Histoire litté-
raire de ta France, t. XXXVII.
ELECTEUR. Ce titre a été donné aux sept principaux
personnages du Saint-Empire romain germanique, auxquels
lut réservé, à partir du xuic siècle, le droit d'élire 1 empe-
reur (Y. Empire et Bulle d'or). — Il fut également donné
par Napoléon Ier a un dignitaire de son empire (Y. Consti-
tution, t. XII, p. G.">0).
ÉLECTEUR-Ci iiim'mk (Ordre Se f). I onde m
électorale par l'électeur Guillaume II le 20 août l*5l ; il
le destina S récompenser h • 1 ivils et militaires et
les belle, actions L'électeur était le grand maitre de l'ordre
dont bs membres M divisaient en trois dasses; mais, à la
suite ries événements qui, en 1867, amenèrent l'annexion
de la liesse à la Presse, l'ordre cessa d'être conféré. Ruban
rouge liséré de blanc. II. Gooumm m Gehooiuac
ÉLECTION. I. Histoire administrative. —Juridiction
des élus, et ressort de cette juridiction. Les aides «m impo-
sitions votées par les Ktats étaient levées en chaque province
parles commissaires royaux : lesélui furent primitivement
leurs assesseurs choisis par voie d'élection (ordonn. des
Liais généraux de Paris, mars (356). Kn 1572, Chattes V,
redevenu le maître, transforma les élus en fonctionna
nommés par lui, sans toutefois en changer le nom. 11 leur
attribua la répartition des impôts dans des circonscriptions
déterminées, et le jugement en première instance des causes
y relatives. Les généraux des aides jugeaient en dernier
ressort (ordonn. du 20 mars 1451). Les ebarges des élus
furent plusieurs fois supprimées par mesure fiscale, pour
être rétablies immédiatement dans des conditions plus fore*
râbles au Trésor royal (août 1462, déc. 1645). Les pro-
vinces ou des Ltats particuliers avaient conservé le droit,
sinon de refuser l'impôt, du moins d'y consentir et de le
répartir, n'avaient point d'élus. Par suite, les pays dits
d'élections s'opposent aux pays d'Etats. Kn 1789, il y avait
en France 178 tribunaux d'élection, dans les généralités
de Paris (22), d'Amiens (6), de Soissons (7), d'Orléans
(12), de Bourges (7), de Moulins (7), de Lyon (5), de
Riom (6), de Grenoble (6), de Poitiers (9), de I.a Rochelle
(5), de Limoges (5), de Bordeaux (5), de Tours (Mi), de
Pau et Auch (6), de Monlauban (6), de Champagne (12).
de Rouen (14), de Caen (9), d'Alençon (9), de Boiiiv »
et Bresse (4). L'élection de Paris comprenait un président,
un lieutenant, un assesseur, vingt conseillers, un procu-
reur du roi, un substitut, des greniers, des protùiews,
des huissiers-audienciers. II. Momn.
II. Politique. — I. France. — Au mot Consti-ii non,
nous avons donné, avec tous les détails nécessaires, l'his-
torique des divers systèmes électoraux qui se sont succédé
en France depuis 1789 jusqu'à nos jours. Au mot Chambre,
nous avons exposé les règles actuellement en vigueur pour
l'élection des députés; nous exposerons au mot Sénat celles
qui concernent l'élection des sénateurs. Au point de vue
théorique, la question a donc été complètement traitée.
Reste le coté pratique sur lequel nous insisterons, car les
matières électorales intéressent en France l'universalité des
citoyens.
Dans chaque commune ou section de commune existe
une liste électorale dressée par une commission coni|"
du maire, d'un délégué de l'administration désigné par le
préfet et d'un délégué choisi par le conseil municipal. A
Paris et à Lyon, cette liste est dressée dans chaque quar-
tier, ou section, par une commission composée du maire de
l'arrondissement , du conseiller municipal du quartier et d'un
électeur choisi par le préfet du département. Ces listes de
set lion, ou de quartier, servent à dresser une liste générale
des électeurs de la commune par ordre alphabétique. A
Paris et à Lyon, cette liste générale est dressée par arron-
dissement. Pour être inscrit sur la liste électorale, il faut
être Français, êlre âgé de vingt et un ans accomplis, jouir
des droits civils et politiques, et ne se trouver dans aurun
des cas d'incapacité prescrite par la loi (V. plus loin).
Ce sont les conditions générales. Il faut de plus avoir son
domicile réel dans la commune ou y habiter depuis six mois.
La liste électorale comprend encore ceux qui auront été
inscrits au rôle d'une des quatre contributions directes ou
au rôle des prestations en nature, et qui, s'ils ne résident
pas dans la commune, auront déclaré vouloir y exercer leurs
droits électoraux. Sont également inscrits les membres de
la famille des mêmes électeurs compris dans la cote de la
prestation en nature, alors même qu'ils n'y sont pas per-
— 730 -
ÉLECTION
sonnellemont pttrtés, M les habitante qui, en raison de leur
âge ou da li-iir santé, auront oassé d'être soumis à l'impôt.
Suit inscrits eneon les Alsaciens-Lorrains qui, en vertu
du traite de |>ai\ du 18 mai 1STI, ont opté pour la natio-
nalité française et déclaré leur résidence dans la commune
conformément a la loi do 19 min 1871. Les ministres du
cake et les fonctionnaires publies assujettis à une résidence
obligatoire dans la commune sont électeurs sans être
soumis à une résidence d'une durée déterminée dans la
commune. Quant aux militaires en activité de service, ils
n'ont pas le droit de participer aux élections politiques et
autres en suite de ce principe que l'armée doit demeurer
étrangère aux querelles des partis. Toutefois, un militaire
ni, au moment d'une élection, se trouverait en résidence
libre, en non-activité ou en possession d'un congé régu-
lier, pourrait \oter dans la commune ou il est inscrit. Il
nous reste a faire connaître les causes qui interdisent
l'exercice des droits politiques. C'est le décret du 9 fevr.
|ui a établi la liste de ces incapacités (art. 13
et li>). Ce sont: 1° les condamnations soit à des peines
alllictives et infamantes, soit à des peines infamantes
seulement entraînant la perte des droits civils et politiques.
L'interdiction est absolue et perpétuelle \ moins qu'une
amnistie n'ait effacé les condamnations elles-mêmes et toutes
juences ; •!" l'interdiction de vote et d'éligibilité
prononcée par les tribunaux jugeant cnrcctionnelleinent ;
H« les condamnations pour crime à l'emprisonnement seule-
ment par suite de circonstances atténuantes ; 4° les con-
damnations à trois mois de prison pour tromperie sur la
nature de la marchandise (art. olN -et 4-23 du C. pén.,
loi du 27 mars 1845); .V les condamnations pour vol,
■ rie, abus de confiance, soustraction commise par
>itaires des deniers publics, attentats aux mœurs ;
t>° les condamnations pour outrage à la morale publique
et religieuse ou aux bonnes mœurs et pour attaque contre
le principe de la propriété et les droits de la famille ;
7" !■ condamnations à plus de trois mois de prison pour
fraudes en matière électorale, violences et voies de fait aux
scrutins électoraux : 8° la destitution prononcée par des
its ou décisions judiciaires contre les notaires,
greffiers et officiers ministériels ; 9° les condamnations
igabondage et mendicité; 10° les condamnations à
trois mois d'emprisonnement pour les motifs suivants : des-
truction de registres, minutes, etc., dégât de marchan-
■>nant a la fabrication, dévastation de récoltes,
abatage d'arbres; destruction de greffes; empoisonnement
de chevaux, bestiaux, poissons, etc. ; 11° les condamna-
tions pour délits prévus aux art. 110 et III du C. pén.,
sauf une disposition sur les loteries, abrogée en 1875;
12* les condamnations aux travaux publics prononcées
contre des militaires: 13" les condamnations prononcées
contre ceux qui aurai-mt tenté de se soustraire aux obli-
gations du recrutement en se rendant impropres au ser-
vie.' militaire : I '," l'emprisonnement pour délits de trom-
pera sur la nature de la marchandise ; 13° les condamna-
tionN pour défit d'usure ; IU° l'interdiction; toutefois, les
• ne sont point privés des droits électoraux s'ils n'ont
interdits suivant les prescriptions du C. civ. ; 17" la
faillite. Toutefois, il faut remarquer que, depuis la loi
la liquidation judiciaire, l'ineligibilité demeure
eafetée aux commerçants admis à la liquidation judiciaire
comme au failli, mais l'électoral est conservé à tout com-
merçant qni obtient un concordat soit à la suite d'une
liquidation judiciaire, soit à la suite d'une mise en faillite.
Nks sont les incapacités perpétaeHes. Il en est d'autres
oui ne sont que temporaires. Les condamnés à plus d'un mois
d'emprisonnement pour rébellion, outrages et violences
env.Ts les dépositaires del'autorité OU de la force publiques,
envers un juré ou un témoin, pour délits prévus par la loi
sur le'! attroupements et la loi sur les clubs, pour colpor-
tage illicite, ne peuvent être inscrits sur la liste électorale
que cinq ans après l'expiration de leur peine. Les incapa-
cités temporaires ou permanentes sont, comme ou l'a vu,
tellement nombreuses que l'administration a dû établir une
BOrtS île casier judiciaire particulier pour assurer l'appli-
cation de la loi. Les greffiers des tribunaux correctionnels
et îles cours d'assises écrivent un bulletin de chaque con-
damnation entraînant privation du droit électoral. Ce bul-
letin est envoyé au sous-préfet de l'arrondissement dans
lequel est située la commune où le condamné est né. Lo
sous-préfet avise le maire de cette commune et réunit dans
le casier spécial tous les bulletins qui lui sont ainsi adros-
sés. Les greffiers des tribunaux de commerce, les com-
missaires du gouvernement près les conseils de guerre, Ie3
greffiers des tribunaux maritimes de Brest et do Toulon
procèdent de même.
Les listes électorales ainsi composées sont permanentes.
Chaque année, du 1er au 10 janv.,la commission adminis-
trative procède à une revision : 1° ajoutant à la liste les
citoyens qu'elle reconnaît avoir acquis les qualités exigées
par la loi, ceux qui acquerront les conditions d'âge et
d'habitation avant lo 1er avr. et ceux qui ont été précé-
demment omis; i° retranchant les individus décédés, ceux
qui sont devenus incapables d'exercer le droit électoral
dans la commune. Ces changements sont résumés dans un
tableau comprenant deux parties distinctes: Additions et
Retranchements. Le tableau est porté à la connaissance des
électeurs et à celle des préfets et sous-préfets qui exercent
une surveillance sur la revision des listes et sont investis
du droit de requérir des inscriptions et des radiations.
Un citoyen qui n'a jamais été inscrit sur aucune liste
électorale peut demander son inscription personnellement
ou par l'entremise d'un tiers. Une lettre adressée au mairo
suffit. Si l'électeur déjà inscrit sur une liste électorale
demande à être inscrit dans une autre commune, il doit
faire la [neuve de la radiation opérée ou sollicitée par lui
sur la première liste. Outre les radiations d'office, il peut
en être opéré sur la demande de tiers ; mais ces tiers ne
sont pas quelconques; il faut, pour que leur demande soit
valable, qu'ils soient inscrits sur l'une des listes de la cir-
conscription électorale où ils réclament une radiation. Le
tiers réclamant doit joindre à sa demande un exposé des
motifs de la radiation. Ces réclamations sont inscrites sur
un registre tenu par le maire qui en délivre récépissé. Le
maire avertit sans frais l'électeur dont l'inscription est
ainsi contestée, de même que les électeurs rayés d'office par
les commissions ou dont l'inscription est contestée devant
ces commissions.
Examinons maintenant la procédure suivie lorsqu'il se
produit des contestations relativement à la revision des
listes. Lorsque la commission administrative (V. ci-dessus)
a terminé ses opérations, il est accordé à partir de cette
date — qui ne doit jamais dépasser le 13 janv. — un délai
de vingt jours pour présenter des demandes en inscription
ou en radiation. Ces demandes sont examinées par une
commission dite municipale qui n'est autre que la com-
mission administrative, à laquelle sont adjoints deux autres
délégués du conseil municipal. Les décisions de la com-
mission municipale doivent être prises à la majorité des
suffrages et être consignées sur un registre; elles sont
notifiées dans les trois jours aux intéressés par écrit et ii
domicile. Il s'agit donc en l'espèce d'une véritable juri-
diction devant laquelle tous les genres de preuves peuvent
être fournis. L'appel contre les décisions des commissions
municipales doit être porté devant le juge de paix par dé-
claration au greffe dans le délai de cinq jours à partir de
la notification. I^e juge de paix doit statuer dans les dix
jours, sans frais ni forme de procédure. Sa décision
doit être rendue dans les formes prescrites par la loi et
remplir les conditions substantielles des jugements, c.-à-d.
renfermer les noms des parties, la qualité en laquelle elles
agissent, la mention de l'avertissement qu'elles ont reçu
du juge de paix,leursconclusions ou toute indication préci-
sant l'objet du débat. Cette décision est en dernier ressort,
mais elle peut être déférée à la cour de cassation. Le pour-
voi n'est alors valable que s'il est formé dans les dix jours
ÉLECTION
— 740
de la notification de lu décision : il n'est pas suspensif. Ce
pourvoi est formé par simple requête dénoncée au défenseur
dans les dix jours qui suivent lu déclaration. Ces pour-
vois suiii portés directement devant la chambre civile. Si
la décision attaquée est cassée, la cause est renvoyée
devant un autre juge de paix. TOUS les aetes judiciaires
sont en matière électorale dispensés du timbre et enre-
gistrés gratis. De même les extraits des actes de nais-
sance pour établir l'âge des électeurs sont délivrés gra-
tuitement sur papier libre à tout réclamant, a la condition
de porter, en tête de leur texte, renonciation de leur desti-
nation spéciale; ils ne peuvent servir à aucun autre
usage.
Au 31 mars de chaque année, la commission adminis-
trative doit procéder à la clôture définitive de la liste élec-
torale. Elle examine pour cela la liste de l'année précédente,
le taldeau rectificatif, les décisions de la commission muni-
cipale, celles du juge de paix, les arrêts de la cour de
cassation, raye le nom des électeurs décédés depuis la for-
mation du tableau rectificatif ou privés de leurs droits
depuis la même époque par un jugement définitif. Ceci fait,
on dresse pur ordre alphabétique une liste électorale d'un
seul tenant, qui est déposée au secrétariat de la commune
et dont tout électeur peut prendre communication et même
copie. Cette liste est valable et ne subit aucun changement
jusqu'à l'année suivante; cependant on peut en rayer les
noms des électeurs décédés ou privés de leurs droits poli-
tiques dans l'intervalle. A litre de renseignements, voici
d'après la circulaire ministérielle du 30 nov. 1884 les
époques et délais des diverses opérations relatives aux listes
électorales.
DESIGNATION
Préparation des tableaux de recti-
fications
Délai accordé pour dresser les ta-
bleaux de rectifications
Publication des tableaux de recti-
tifications
Délai ouvert aux réclamations ....
Délai pour les décisions des com-
missions chargées du jugement
des réclamations
Délai pour lu notification des der-
nières décisions de ces commis-
sions
Délai d'appel devant le juge de paix.
Délai pour les décisions du juge de
paix
Délai pour les notifications des dé-
cisions du juge de paix
Clôture définitive des listes
NOMBRE
de
jours
10
4
1
20
3
5
10
3
»
TERME
des
délais.
10 janv.
14 —
13 —
4 févr.
9 —
12 —
17 —
1er mars
31 —
On trouvera en ce qui concerne les conditions d'éligibilité
tous les renseignements nécessaires aux mots Chambre des
députés, Sénat et Constitution, Conseil municipal, Conseil
général, Conseil d'arhondissement.
11 ne nous reste plus qu'un mot a dire des opérations
électorales. 1° Elections municipales. Les électeurs mu-
nicipaux sont convoqués dans chaque commune par le
Fréfet; la convocation doit être publiée quinze jours avant
élection qui se doit toujours produire un dimanche. Le
même arrêté de convocation indique les locaux où devront
avoir lieu les scrutins ainsi que les heures d'ouverture et
de fermeture du vote. Généralement, c'est dans la mairie
ou dans une salle d'école que les scrutins sont ouverts.
Des cartes électorales sont distribuées à tous les électeurs
aux frais de la commune. La remise des cartes à domicile
n'est pas obligatoire. Chaque bureau de vote est présidé
par le maire ou a son défaut par UO adjoint, suivant l'ordre
rigoureux de nomination, on par les conseillers municipaux,
suivant l'ordre rigoureux du tableau. Le président forme
le bureau en prenant pour assesseurs les deux plus âgés
et les deux plus jeunes électeurs présents, a condition qu'ils
sachent lire et écrire. Les Basesseun et le présides! dé-
signent un secrétaire. La composition du bureau ne peut
ensuite être modifiée. Au cas oo les membres linni nommés
abandonneraient leurs fonctions, ils seraient remplacés sui-
vant la même procédure. Chaque électeur remet sa carte
au président du bureau. \a>, président lit le nom porté sur
la carte, la passe au scrutateur, qui vérifie la conformité de
la carte avec la liste électorale. L'électeur remet ensuite
au président son bulletin de vote fermé. l'n scrutateur
constate alors qu'il a voté en apposant en marge de la liste
électorale et en face du nom de l'électeur sa signature ou
son parafe avec initiales. Certaines formalités sont impo-
sées aux électeurs en ce qui concerne le bulletin de vote.
Nous les avons indiquées au mot Dui.i.etin, t. VIII, p. 420.
Au commencement du vote, le président doit constater
l'heure réelle à laquelle est ouvert le scrutin, qui ne doit
être fermé qu'après six heures au moins; l'heure de clôture
est également constatée. Le scrutin clos, on procède au
dépouillement du vote. L'urne (en réalité, c'est une boite
en bois blanc fermée à deux serrures dont les clefs sont
l'une entre les mains du président et l'autre entre les
mains de l'assesseur le plus âgé) est ouverte et le nombre
de bulletins aussitôt vérifié. Le bureau désigne des scruta-
teurs parmi les électeurs présents. Ces scrutateurs prennent
place a des tables disposées de manière que les électeurs
puissent circuler facilement autour et vérifier la sincérité
du dépouillement. Chaque bulletin est lu à haute voix et
en entier par les scrutateurs. Cette opération terminée, le
président proclame le résultat : on brûle alors devant
les électeurs les bulletins qui n'ont soulevé aucune récla-
mation et on annexe les autres au procès-verbal de l'élec-
tion qui est dressé par le secrétaire et est aussitôt envové
au sous-préfet qui le transmet au préfet. L'n extrait est
immédiatement affiché par les soins du maire.
Les réclamations contre les élections sont consignées au
procès-verbal ; sinon elles doivent être déposées, dans les
cinq jours qui suivent le jour de l'élection, au secrétariat
de la mairie, à la sous-préfeclure ou à la préfecture. Le
préfet, de son coté, peut, dans les quinze jours qui suivent
la réception du procès- verbal, déférer les élections au
conseil de préfecture pour irrégularités de forme ou pour
cause d'incapacité de l'élu. Les réclamations contre les
décisions du conseil de préfecture doivent être portées
devant le conseil d'Etat. Lorsque les élections ont été
annulées en tout ou en partie, les électeurs doivent être
convoqués à nouveau dans un délai qui ne peut dépasser
deux mois.
2° Elections de conseillers d'arrondissement et de
conseillers généraux. Les électeurs sont convoqués par
décret du président de la République quinze jours au moins
avant la date de l'élection, qui doit toujours avoir lieu un
dimanche. Il est procédé aux opérations électorales suivant
les formes que nous avons indiquées ci-dessus, sauf d'insi-
gnifiantes modifications. Les procès-verbaux sont portés au
chef-lieu de canton par deux membres du bureau; le recen-
sement général des votes est fait par le bureau du chef-
lieu dont le président, après avoir proclamé les résultats,-
transmet les procès-verbaux au préfet. Les réclamations
sont portées devant le conseil de préfecture, ou, en cas
d'incapacité des élus, devant le tribunal de l'arrondis-
sement. Le conseil d'Etat juge en dernier ressort.
3° Elections de députés. Les électeurs sont convoqués
par décret du président de la République. L'intervalle entre
la promulgation du décret et l'ouverture des collèges élec-
toraux est de vingt jours au moins. I.e scrutin ne dure
qu'un seul jour. Le vote a lieu au chef-lieu de la com-
mune ; néanmoins chaque commune peut être divisée par
— 7 51 —
ÉLECTION
arrête du préfet on autant i» sections que l'exigent les
circonstances locales et le nombre des électeurs. Le se-
cond tour do scrutin, s'il o>l nécessaire, doit avoir lieu lo
deuxième dimanche qui suit le jour de la proclamation do
rénltat du premier scrutin. La rote est secret. Il u'v a pas
de modifications sensibles à la procédure suivie pour les
opérations électorales dans les élections municipales (Y . ci-
dessus). 1 es li-tos d'émargement de chaque section signées
du président et du secrétaire sont déposées pendant huit jours
au secrétariat de la mairie, ou elles sont communiquées à tout
électeur qui le requiert. Copie du procès-verbal des élections
iransmiso au sous-protêt de l'arrondissement qui l'ex-
pédie au préfet du département, le recensement général des
votes est fait au chef-lieu du département en séance publique,
par une commission de trois conseillers généraux (à Paris
par une commission de cinq conseillers généraux de la
Soine désignes par le préfet). Le président de cette com-
mission proclame le résultat. C'est la Chambre qui est seule
juge de l'éligibilité de ses membres et de leur élection
(\. CmviiRK et Vérification dks pouvoirs).
teetions sénatoriale*. Un décret du président de
la République, rendu au moins six semaines à l'avance, fixe
le jour oii doivent avoir lieu les élections pour le Sénat et
en même temps celui où doivent être choisis les délégués
des conseils municipaux. Il doit y avoir un mois au moins
d'intervalle entre le choix des délégués et l'élection des
sénateurs. Les listes des électeurs sénatoriaux sont établies
[iar les préfets huit jours au moins avant la date fixée par
e détrot de convocation. Klles doivent être communiquées
à tout requérant. Klles comprennent des électeurs de droit:
députés, conseillers généraux, conseillers municipaux et
de> déléguée sénatoriaux élus par les conseils municipaux
(V. Constitution .1 Scnat). Les électeurs sénatoriaux sont
convoqués par lettres ; ces lettres servent de cartes électo-
rales. Les élections ont lieu généralement à la préfecture ou
au palais de justice; la salle de vote est ouverte à huit heures
du matin. Un bureau composé d'un président (le président
du tribunal civil du chef-lieu du département), de quatre as-
->'tirs lies deux plus âgés et les deux plus jeunes électeurs
présents à l'ouverture de la séance) et d'un secrétaire, sur-
veille les opérations et veille à ce que les électeurs ne
upent que de l'élection pour laquelle ils sont réunis ;
toute di>cussion et toute délibération sont interdites. Les
électeurs sont répartis par ordre alphabétique en sections
de vote comprenant au moins cent électeurs. Chacune de
-.ections est surveillée par un président et des scruta-
teurs sans condition d'âge, et munie d'une boite de scrutin.
Chaque électeur se rend suivant l'ordre alphabétique à la
section qui lui est assignée; il remet son bulletin de vote
fermé au président qui le dépose dans l'urne. In assesseur
reçoit la carte de convocation et y constate le vote de l'élec-
teur. Deux autres assesseurs tiennent une feuille d'émar-
gement. Le dépouillement opéré, le président du collège
proclame les résultais du scrutin. S'il y a lieu à un second
tour de scrutin, il ne doit durer que trois heures, de deux
a cinq heures de l'après-midi. Si l'opération ne donne pas
encore de résultat, un nouveau scrutin est ouvert à sept
heures et fermé à dix heures.
Les délégués sénatoriaux et les suppléants qui ont pris
part à tous les scrutins peuvent recevoir une indemnité de
déplacement. Elle est de 2 fr. 50 par myriamètrc parcouru
tant en allant qu'en revenant, soit 5 fr. par mvriamètre
aller et retour. La distance compte du chef-lieu de la com-
mune qui a élu le délégué au chef-lieu du département. Il
faut faire la demande expresse de cette indemnité au pré-
sident du collège électoral avant la clôture de la séance. Le
Sénat, comme la Chambre, est seul juge de la validité de
l'élection de ses membres. Dans les départements algériens,
lége électoral se compose des députes, des membres
citoyens français du conseil général, des délégués élus par
les membres citoyens français de chaque conseil municipal
parmi les électeurs citoyens français de la commune. Tout
délégué qui , sans cause légitime, n'aurait pas pris part à tous
les scrutins ou, étant empêché, n'aurait pas averti le sup-
pléant en temps utile, est condamné à une amende de 50 fr.
par le tribunal civil du chef-lieu sur les réquisitions du
ministère public.
Les fiais des élections municipales sont à la charge des
communes, à l'exception des frais d'impression et de publi-
cation. Ce sont la location et l'appropriation du lieu du
vote, la fourniture des bancs, tables, chaises, papier,
encre, barrières, les indemnités aux employés municipaux
et aux agents chargés de la police, les formules de tous les
procès-verbaux d'élection et de toutes les listes destinées à
l'émargement des électeurs, la fourniture des cartes élec-
torales et les frais d'impression et d'affichage des avis
publiés par les maires à l'occasion des élections. Pour les
élections départementales et législatives, la dépense des
cartes électorales est d'ordinaire inscrite par les conseils
généraux au budget départemental. Sont également à la
charge des départements les frais d'impression et de publi-
cation des listes d'électeurs pour les juges des tribunaux
de commerce, les frais d'impression des cadres pour la
formation des listes électorales ordinaires et des listes du
jury. Tous les actes judiciaires sont, en matière électorale,
dispensés du timbre et enregistrés gratis. Toute la procé-
dure est sans frais pour l'électeur. Les dépenses pour
l'installation des casiers électoraux sont inscrites au budget
départemental. Les formules imprimées relatives au service
de ces casiers sont à la charge du fonds d'abonnement des
préfectures comme tous les imprimés administratifs pour
lesquels la loi ne spécifie pas un mode spécial d'imputation.
Les indemnités payées aux délégués sénatoriaux sont im-
putées sur les fonds du ministère de l'intérieur. Le crédit
prévu de ce chef pour l'exercice 1893 est de 250,000 fr.
Lors des renouvellements triennaux il s'élève à 650, 000 fr.
(1891) et même à 1,088,000 fr. (1888).
5° Elections consulaires. Les juges des tribunaux de
commerce, comme les membres des assemblées législatives,
sont élus et non point nommés par le gouvernement. Leur
mode d'élection a varié à plusieurs reprises. En 1807
(code de commerce), les électeurs étaient les commerçants
notables : la liste était dressée par les préfets et approu-
vée par le ministre de l'intérieur. Dans les villes de
15,000 âmes, le nombre des électeurs ne pouvait être in-
férieur à 25 ; dans les autres villes, ce nombre devait être
augmenté dans la proportion d'un électeur par l,000âmes.
Après la révolution de 1848, tous les commerçants patentés
furent admis à l'élection des juges consulaires. Le décret
du 2 mars 1852 rétablit les dispositions du code de com-
merce. La loi du 21 déc. 1871 inaugura un nouveau sys-
tème. Les électeurs furent choisis parmi les commerçants
notoirement rerommandables, les directeurs de grandes
compagnies financièreset industrielles, les agentsde change,
les capitaines au long cours. La liste en fut dressée par une
commission composée du président et d'un juge du tribu-
nal de commerce, du président et d'un membre de la
chambre de commerce ou, à défaut de chambre de commerce,
du président et d'un membre de la chambre consultative
des arts et métiers, ou, à défaut de chambre consultative,
d'un conseiller municipal ; de trois conseillers généraux, du
président du conseil des prud'hommes ou, à défaut, du plus
âgé des juges de paix ; du maire de la ville ou siège le tribu-
nal. Le nombre des électeurs devait être égal au dixième des
commerçants patentés ; il ne pouvait être inférieur à 50 ;
il était de 5,000 dans le dép. de la Seine. La loi du 8 déc
1885 a introduit dans les élections consulaires le suffrage
universel. Les électeurs sont tous les citoyens français com-
merçants patentés ou associés en nom collectif depuis cinq
ans au moins, capitaines au long cours et maîtres de cabo-
tage ayant commandé des bâtiments pendant cinq ans, direc-
teurs des compagnies françaises anonymes de finance, de
commerce et d'industrie, agents de change et courtiers
d'assurances maritimes, courtiers de marchandises, cour-
tiers interprètes et conducteurs de navire, les uns et les
autres après cinq ans d'exercice et tous sans exception
ÉLECTION
- 743 -
devant «-Ire domiciliai depuis cinq ans au moins dans |e
ressort du tribunal. Sont oralement électeurs dans leur res-
sort les membres anciens ou en exercice des tribunaux et
des chambres consultatives des arts et manufactures, les pré-
sidents anciens ou en exercice des conseils de prud'hommes.
Ne peuvent participera l'élection : les individus condamné!
a des peines afllictives et infamantes ; à des peines correc-
tionnelles, pour faits qualifiés trimes par la loi; ceux qui
ont été condamnés pourvoi, escroquerie, abus de confiance,
soustractions commises par les dépositaire! de deniers pu-
blics, attentats aux mœurs: ceux qui ont été condamnés à
L'emprisonnement pour délit d'usure, pour infraction un
lois sur les maisons de jeu, sur les loteries cl les maisons
de prêt sur gage, etc.; ceux qui ont clé condamnés à l'em-
prisonnement par L'application des lois sur les sociétés, 1rs
faillis non réhabilites et généralement tous les individus
privés du droit de vote dans les élections politiques (Y. ci-
dessus). La liste des électeurs du ressort de chaque tribu-
nal est dressée tous les ans pour chaque commune par le
maire assisté de deux conseillers municipaux désignés par
le conseil dans la première quinzaine du mois de septembre.
(ici le liste est transmise au préfet ou au sous-préfet qui
fait déposer la liste générale au greffe du tribunal de com-
merce et la liste spéciale de chacun des cantons du ressort,
au greffe de chacune des justices de paix correspondantes.
Les réclamations doivent être portées devant le juge de
paix du canton qui statue sans opposition ni appel dans les
dix jours. La sentence est transmise au maire de la com-
mune de l'intéressé, lequel en fait notification audit inté-
ressé dans les vingt-quatre heures de la réception. La
décision du juge de paix peut être déférée à la cour de cas-
sation, le pourvoi n'étant recevable que s'il est formé dans
les dix jours de la notification de ladite décision. La liste
électorale rectifiée, s'il y a lieu, est close définitivement dix
jours avant l'élection : elle sert pour toutes les élections
de l'année. Le vote a lieu par canton à la mairie du chef-
lieu. Dans les villes divisées en plusieurs cantons, le maire
désigne pour chaque canton le local ou s'effectuera ces opé-
rations électorales et délègue pour y présider un de ses
adjoints ou un des conseillers municipaux. Les électeurs
sont convoqués par le préfet dans la première quinzaine de
décembre au plus tard. L'assemblée électorale est présidée
par le maire ou son délégué, assisté de quatre électeurs
qui seront les deux plus âgés et les deux plus jeunes des
membres présents. Le bureau ainsi composènommeun secré-
taire pris dans l'assemblée. La durée de chaque scrutin
est de six heures : il est ouvert à dix heures du matin et
fermé à quatre heures du soir. Le président de chaque
assemblée proclame le résultat de l'élection et transmet au
préfet le procès-verbal des opérations électorales. Dans les
vingt-quatre heures le résultat général de l'élection de
chaque ressort est constaté par une commission siégeant à
la préfecture et composée : 1° du préfet ; 2° du conseiller
général du chef-lieu du département et, dans le cas où le
chef-lieu est divisé en plusieurs cantons, le plus âgé des
conseillers généraux du chef-lieu, en cas d'empêchement
des conseillers généraux, le conseiller d'arrondissement ou
le plus âgé des conseillers d'arrondissement du chef-lieu ;
8" le maire du chef-lieu du département, ou l'un de ses
adjoints en cas d'empêchement. Dans les trois jours qui sui-
vent les constatations des résultats électoraux, le préfet
transmet au procureur général près la cour d'appel une
copie certifiée du procès-verbal et une autre copie égale-
ment certifiée à chacun des greffiers des tribunaux de com-
mercedu département. Le préfet doit également transmettre
le résultat des opérations électorales a tous les maires des
chefs-lieux de canton qui la fout afficher à la porte de
la maison commune. Les réclamations sont admises dans
les cinq jours de l'élection. Llles sont jugées sommaire-
ment par la cour d'appel dans le ressort de laquelle l'élec-
tion a eu lieu. Le pourvoi en cassation n'est recevable
que s'il esl formé dans les dix jours de la signification.
Dans les villes de Paris et do Lyon, il y a autant de col-
lège-, électoraux que d'arrondissement». \jt vote a lnu dan.>
chaque uiaiiie d'arrondissement, Dans li^s circonscriptions
suburbaines comprises dans les dep. de l.i N-iue et du
Rhône, lai eh-, lions ont lieu au chef-lieu de canton.
IL KriUNW.ii. — Comme pour la France, nous NSV>
voyons au moi Coxrrrn nos pour l'expose des principes du
droit électoral en vigueur dans les principaux pa>^ du
monde, et au moi I'ahi.khkntaiiismk pour la composition
et le mode île recrutement des assemblées Législatives, On
ne trouvera ni que les détails concernant la pratique des
opérai ions électorales à l'étranger.
Allemagne. Les dépotés au newbstag sont élus au suf-
fi âge universel direct. Les circonscriptions électorales aoat
déterminées par la loi. (.'est l'autorité municipale qui est
de dresser les listes électorales en double et par
ordre alphabétique. Chaque sedion est munie d'une liste
spéciale. A une époque fixée annuellement par la munici-
palité, la liste est exposée pendant huit jours à la mairie.
Les réclamations doivent être adressées au bourgmestre ;
s'il pense que ces réclamations sont fondées, il fait opérer
de suite les rectifications nécessaires ; s'il en juge autre-
ment, il transmet l'affaire à l'autorité judiciaire, qui doit
statuer dans le délai de trois semaines. La décision est ins-
crite sur la liste électorale. Au bout de vingt-deux jours,
la liste revisée est close, et il ne peut plus y être ajouté
aucun nom pendant toute l'année. Les élections ont lieu
au jour fixé par l'empereur; le scrutin ouvre à dix
heures du matin et ferme à six heures du soir. Le bureau
électoral de chaque section de vote se compose d'un pré-
sident, nommé par l'autorité locale, d'un secrétaire et de
trois à six assesseurs qui sont désignés par le président.
Les fonctionnaires de l'Etat ne peuvent faire partie du
bureau. Les opérations électorales ont lieu, à peu de chose
près, suivant la même procédure qu'en France. Le dépouil-
lement du scrutin se fait en public et à haute voix. Les
bulletins blancs, ou portant des marques distinctives, ou
illisibles, ou incompréhensibles, ou renfermant une protes-
cation ou condition quelconque, sont annulés, numérotés
et annexés au procès-verbal. Les procès-verbaux sont
envoyés au siège de la circonscription électorale. Trois
jours après cet envoi les résultats des diverses sections
réunies sont publiés, et le candidat qui a obtenu la majo-
rité absolue est proclamé députe. Le dossier est adressé
au Reiehstag, qui reste seul juge de la validité de l'élection.
Il y a des différences notables entre les élections au Parle-
ment allemand et les élections aux Chambres représentatives
des diveis Etats de l'Empire germanique. Voici les princi-
pales : Grand-duché de. Bade. La seconde Chambre étant
élue au vote à deux degrés, les arrondissements sont frac-
tionnés en sections électorales pour l'élection des électeursdu
second degré. Dans chaque section on nomme un électeur par
200 habitants. Ce sont les commissaires du gouvernement
qui organisent les opérations électorales. Elles sont dirigées
dans chaque commune par une commission électorale com-
posée du premier magistrat de la commune, président, d'un
membre du conseil municipal désigné par ses collègues, de
deux membres du collège électoral du premier degré choisis
par le conseil municipal, du greffier de la ville, qui rem-
plit les fonctions de secrétaire. Le conseil municipal déter-
mine les locaux qui sont affectés aux votations et le temps,
pendant lequel le scrutin sera ouvert. Dans chaque sec-
tion des listes électorales sont dressées; les électeurs du
premier degré y sont inscrits avec leurs noms, prénoms,
âge, qualité, domicile. Les listes doivent être déposées
quatre semaines au plus tard avant l'élection, de façon que
chacun puisse en prendre connaissance. Les réclamations
doivent être adressées dans les huit jours qui suivent le
dépôt des listes à l'autorité de qui émane l'avis de dépit ;
elles sont jugées dans les quatorze jours qui suivent par le
conseil municipal ou, en cas de contestation, par le conseil
de district. Les électeurs doivent être convoqués deux jours
au moins avant le jour du vote. l.es opérations électorales
ont lieu publiquement en présence de la commission élec-
-713 -
ELECTION
torale. Il en est .!<> même pour la proclamation du résultat
du Km tin. La li>io des électeurs «lu second^ degré qui ont
eic <'ius est affichée à lu maison commune, et insérée dans
la feuille des publications officielles, lu certificat, revêtu
uV la signature du président do la commission électorale et
du sceau do la commune, est remis a chaque électeur. Dès
que les électeurs du seeond degré sont nommés, les baillis
de district adressent aux commissaires nommés parle grand»
due le résultai des élections de toutes les se< lions dopen-
dant de leur bailliage. Le commissaire convoque par écrit
tous les électeurs de lartitadisssmenl six joins an moins
avant la date de l'élection. Les opérations du scrutin sont
dirigées |>ar une commission composée du commissaire du
gouvernement, des trois plus jeunes électeurs et d'un uotairo
do la localité, qui rédige le procès-verbal, le commissaire
lait distribuer aux eleeleurs des bulletins numérotes, placés
MM enveloppe. Les électeurs inscrivent SUT leur bulletin
le Basa du députe qu'ils choisissent. Ils peuvent réclamer
un certain délai pour voter, et pendant ce délai ils peuvent
tirer pour délibérer entre eux. Lorsque le temps né-
cessaire pour l'inscription des noms sur les bulletins est
écoule, le commissaire du gouvernement appelle succossi-
• nt les électeurs qui lui remettent leur bulletin non
in de son enveloppe. Ce bulletin est immédiatement
dépose dans une urne. Lorsque tous les bulletins sont
déposes, ils sort mêlés, puis extraits un à un de l'urne. On
lit ensuite a haute voix leur contenu et le numéro d'ordre.
Le secrétaire dresse la liste des votes en ayant soin d'ins-
crire à rote du nom du candidat le numéro du bulletin qui
contient son nom ; un autre membre de la commission tient
île son cote une contre-liste. Les deux listes l'ont partie
intégrante du procès-verbal et sont légalisées par la com-
mission électorale. Dès que ces opérations électorales sont
terminées, le résultat de l'élection est annoncé aux per-
sonnes présentes, pins le procès-verbal est clos et signé
par la commission. Le commissaire du gouvernement doit
demander les preuves de la capacité légale du député élu.
Mans le cas où le député reconnaît qu'il est inéligible,
comme dans le cas ou le commissaire juge qu'aux termes
de la constitution le doute n'est pas possible, ce dernier
organise immédiatement un nouveau tour de scrutin et
communique au ministre de l'intérieur le résultat des deux
opérations électorales. Si le commissaire a des preuves
sutlîsantes de l'éligibilité du candidat élu, le procès-verbal
est envoyé sur-le-champ avec toutes ses annexes au ministre
de l'intérieur.
UtiritTc. Dans chaque commune il est dressé, par les
soins de l'autorité municipale, une liste des électeurs.
Sont inscrites sur celle liste toutes les personnes ayant la
jouissance des droits électoraux qui ont leur domicile dans
iimuiie, avec leur nom, prénoms, âge, qualité ou
état et résidence; on y mentionne qu'elles ont prêté le
serment constitutionnel et acquitte leurs contributions.
l.es autorités royales, les ministres des cultes et les
onviers de l'état civil sont tenus de fournir en tout
temps et gratuitement tous les renseignements qui seront
nécessaires pour la confection et la rectification des listes
électorales. Ces listes sont revisées et rectifiées tous les ans
aux mois de mars et de septembre ; elles sont ensuite dé-
pubUquement du Vr au lo avr. et du 1er au
in» -lusi wment. Les réclamations doivent être portées
d'-vant l'autorité municipale dans le délai de dépôt; au cas
ou il n'y e>t point fait droit, elles sont dans un délai de
quatorze jours jugées par l'autorité supérieure compétente,
qui statue en dernier ressort. Le mode de votation est tou-
jours le même, qu'il s'agisse de l'élection du premier di gré
uu de celle du MCOsd. Dans l'un et l'autre ras, l'élection
se fait au jour indique par le gouvernement. Elle est dirigée
lsjmciiaqaa ànoasenption par des commissaires électo-
raux nommes par la régence (collège de fractionnaires),
H leurs du premier et du lecond degré choisissent
dans leur sein pour surveiller les opérations électorales
nn bureau de sept membres. Chaque électeur pruuonce un
serinent électoral. Le vole a lieu au moyen de bulletins
clos non signés déposés dans une urne (avant la loi élec-
torale de ISS 1 les bulletins devaient être signés par l'élec-
teur). Le temps fixé pour la durée des premières opéra-
tions ayant pour objet l'élection du premier degré est de
quatre heures au moins. Le jour et l'heure où devront com-
mencer ces opérations seront annoncés au moins trois jours
à l'avance. Les bureaux électoraux statueront séance
tenante et à la majorité des voix sur toutes les réclama-
tions. Les décisions du bureau sont sans appel. Sitôt l'élec-
tion terminée, un procès-verbal est rédigé et signé soit par
les membres du bureau, soit par le commissaire spécial.
Ce procès-verbal et les pièces qui y sont annexées sont
expédiés à la Chambre des députés.
Prusse, l'otir la répartition des électeurs en classes, nous
renverrons à Constitution, t. XII, p. 6!)!). Les élections
des eleeleurs secondaires sont dirigées dans chaque circon-
scription par un délégué spécial nommé par le gouverne-
ment. Elles ont lieu ainsi : chaque citoyen appelé par le
bureau d'élection, en suivant l'ordre d'inscription des listes
électorales, déclare à haute voix le nom du candidat pour
lequel il vote. Son suffrage est inscrit en regard de son
nom sur un registre qui est annexé au procès-verbal do
l'élection. Les électeurs secondaires réunis au chef-lieu do
la circonscription électorale procèdent à l'élection du dé-
puté suivant les mêmes règles. Pour que le vote soit va-
lable, il est nécessaire que les deux tiers des électeurs
secondaires y aient pris part. Le candidat élu député doit
réunir la majorité absolue des voix.
Wurttcmberg. Les élections à la Chambre des députés
ont lieu au suffrage direct et au scrutin secret. Chaque
commune constitue en règle générale une section de vote dis-
tincte. Le grand bailli veille à ce que les opérations électo-
rales aient lieu conformément aux prescriptions de la loi. La
commission électorale du grand bailliage désigne pour cha-
cune des sections de vote de sa circonscription électorale un
préposé aux élections chargé de diriger les opérations. Le
préposé désigne parmi les électeurs de sa section un
secrétaire et de trois à six assesseurs. Les élections des
députés des villes et des grands bailliages ont lieu exacte-
ment le trentième jour après l'insertion de la convocation
des électeurs au bulletin officiel et simultanément dans toutes
les sections de vote. Le scrutin est ouvert à dix heures du
matin et fermé à six heures de l'après-midi. Le vote s'opère
au moyen de la remise par l'électeur en personne de son
bulletin de vote au préposé ou à son suppléant qui le dépose
dans l'urne et fait noter sur la liste électorale chaque élec-
teur après son vote. La commission électorale de la section
statue sur les difficultés qui se présentent. Elle maintient
l'ordre pendant les opérations électorales et peut, dans ce
but, infliger une amende de 1*2 marks au maximum et une
peine qui peut s'élever à deux jours d'arrêts. Les opéra-
tions électorales donnent lieu à la rédaction d'un procès-
verbal : celui-ci doit contenir la mention des noms des
membres de la commission, de la date et du lieu des opéra-
tions, du nombre total des électeurs ayant pris part au
vote, des difficultés qui se seront présentées, des décisions
qui auront été prises, ainsi que de toutes les circonstances
qui peuvent avoir de l'influence sur la validité de l'élection.
L'ne fois le scrutin clos, les suffrages sont comptés par la
commission électorale; les bulletins nuls sont annexés au
procès-verbal ; les autres sont conservés par le préposé
aux élections dans un paquet scellé jusqu'au jour ou l'élec-
tion aura été validée par la Chambre. Les procès-verbaux
et toutes les pièces a l'appui sont envoyés scellés au grand
bailliage sur-le-champ ou au moins assez à temps pour
qu'ils parviennent à destination au plus lard dans le cou-
rant du jour qui suit celui de l'élection. Le grand bailli
convoque, à l'effet de constater les résultats de L'élection,
au plus tard pour le troisième jour qui suit celui de l'élec-
tion et dans un local désigné par lui, la commission élec-
torale du grand bailliage ainsi composée: le grand bailli,
2 membres du conseil municipal et du comité des bour-
ÉLECTION
745 -
!;oois on d membres de l'assemblée de bailliage rt -1 mem-
iree choisis dans les comités des bourgeois de la circon-
scription al dus par rassemblée de bailliage. La eommissioii
rédige un procès-verbal qui doit indiquer (lancinent le
nombre des votants et celui des suffrages valables ou nuls,
ainsi que le nombre des voix qui se sont portées sur cha-
cun des candidats dans chaque section de vote, les diffi-
cultés auxquelles les élections ont donné lieu dans les dif-
férentes sections de vole. Le président de la commission
électorale du grand bailliage peut, en vue de traneherces
difficultés, réclamer les bulletins conservés par les préposés
aux élections et en prendre connaissance.
Il n'y a pas lieu d'insister sur les opérations électorales
dans les principautés secondaires.
Andorre. Les opérations électorales ont lien dans chaque
paroisse au jour fixé par l'illustre conseil général, sous
la présidence. du maire ou de l'adjoint assisté de deux as-
sesseurs et des conseillers généraux de la paroisse. Le vote
est public; il se fait soit par bulletins remis au président
du bureau électoral, soit de vive voix ; les autorités con-
stituées ne doivent voter que lorsque tous les citoyens pré-
sents ont pris part au vote. La rédaction et la revision de
la liste électorale est faite par les soins de l'autorité parois-
siale. Pour être élu, il faut réunir la majorité absolue des
suffrages. Au second tour de scrutin, la majorité relative
suffit. Les résultats de l'élection sont proclamés par le pré-
sident du bureau électoral.
Autriche. Pour les conditions de l'électorat et le sys-
tème représentatif fort compliqué de l'Autriche, V. Cons-
titution, t. XII, p. 703. L'élection des députés des
communes rurales a lieu par des électeurs du second degré
que les électeurs de chaque commune nomment parmi eux.
Les électeurs ne peuvent en règle générale exercer leurs
droits électoraux qu'en personne. Par exception, le droit de
vote peut être exercé par procuration dans la catégorie des
électeurs de la grande propriété foncière. Les électeurs sont
convoqués sur l'ordre du ministère de l'intérieur par le
gouverneur du pays qui désigne le jour où l'élection doit
avoir lieu dans les endroits désignés par la loi. En cas d'élec-
tion générale, lesdéputés des communes rurales sont nommés
les premiers, puis ceux des villes, ensuite ceux des chambres
de commerce et d'industrie, enfin ceux de la grande
propriété foncière. Les listes électorales sont dressées de la
manière suivante :
A. Les listes électorales de la grande propriété foncière
par les soins du gouverneur du pays.
B. Les listes électorales des villes et les listes électo-
rales destinées à servir aux élections du premier degré
dans les communes rurales par les soins du maire.
C. Les listes électorales où sont portés les possesseurs
de biens suffisants pour permettre à ces possesseurs de
participer, comme les électeurs du second degré, à l'élec-
tion des députés des communes rurales par les soins du
chef de la circonscription dans le ressort de laquelle se
trouve le lieu du vote.
Pour les listes A, le gouverneur du pays doit provoquer
les réclamations par une insertion dans le journal local.
Ces réclamations doivent se produire dans la quinzaine du
jour de la publication. Les listes lî doivent être communi-
quées à toute personne par le maire dans la maison com-
mune, et les listes C par le chef de la circonscription dans
son local officiel. Avis est donné au public de cette com-
munication, afin de provoquer les réclamations qui doivent
se produire dans la huitaine du jour de cet avis. Les récla-
mations formées près du maire doivent être communiquées
par lui, dans les trois jours, aux autorités politiques sou-
veraines immédiatement supérieures ou, dans les villes
jouissant de statuts spéciaux en dehors de la capitale du
pays, au chef de circonscription auquel le gouverneur
du pays a confié la décision des réclamations. Les réclama-
tions régulièrement formées, le gouverneur du pays décide
sur celles concernant les listes A, le premier magistrat de
l'administration politique souveraine d'où relève immédia-
tement la commune ou le chef de circonscription auquel
cette dérision a été confiée, sur celles concernant les listes
li, le chef de circonscription chargé de cette mission sur
celles concernant les listes C. En ce qui UNIUMM les ïetea
I! et C, un recours peut être formé, dans les trois jours,
auprès du gouverneur du pays dont la décision est toujours
en dernier ressort. Aussitôt que les liste» étoctonloa de la
grande propriété foncière, comme aussi celles des villes,
sont régulièrement arrêtées, les électeur! de la grande
propriété foncière reçoivent du gouverneur du pays et les
électeurs des villes du premier magistrat de l'administra-
tion politique souveraine, d'où elles relèvent immédiate-
ment, des cartes d'aptitude pour l'élection des dépolit.
Os cartes portent un numéro de série correspondant à
ceux de la liste électorale, le nom et la demeure de l'élec-
teur, le lieu, le jour et l'heure du commencement et de la
clôture du vote. Pour l'élection des députés des communes
rurales, l'autorité politique de la circonscription fixe sur
la base de la population, d'après le dernier recensement,
le nombre des électeurs du second degré à nommer par
choque commune ; elle indique le jour et l'heure des élec-
tions et désigne un commissaire pour présider aux opéra-
tions électorales. La commission électorale se compose de
ce commissaire et de la municipalité. La nomination des
électeurs du second degré a lieu au temps et à l'endroit
fixés, quel que soit le nombre des électeurs présents. |.e
vote est reçu verbalement ou par écrit, suivant que dans
le pays le vote pour la nomination des électeurs charges
de choisir les députés à la diète du pays a lieu verbale-
ment ou par écrit. Des bulletins de vote sont délivrés à
chaque électeur et revêtus du sceau officiel, qui varie pour
chaque catégorie. Tous les autres bulletins sont considérés
comme nuls.
Pour l'élection des députés, la direction des opérations
électorales appartient, en présence du commissaire du
gouvernement, à une commission choisie par les électeurs
et composée de sept membres. A chaque commission est
adjoint, par les soins du commissaire, un secrétaire qui
dresse procès-verbal des opérations et y consigne tous les
incidents importants qui se produisent, spécialement toutes
les décisions prises par la commission électorale. Le vote
a exclusivement lieu, dans la catégorie des électeurs de la
grande propriété foncière et des villes, par bulletins ; dans
les communes rurales, il a lieu verbalement ou par bulle-
tins, suivant les coutumes locales. Est élu député celui qui
obtient plus de la moitié des suffrages exprimés valable-
ment. Pour les chambres de commerce et d'industrie,
l'élection a lieu en présence du commissaire désigné par
le gouverneur du pays. Chaque membre de l'assemblée
avant droit de vote dépose son bulletin d'après les règles
édictées par la chambre dont il fait partie. Le procès-
verbal est tenu par le secrétaire de la chambre. 11 est
remis au commissaire qui le transmet au gouverneur du
pays. Le gouverneur, connaissance prise des documents
électoraux qui lui sont transmis, délivre à tout député élu
un certificat d'élection. Ce certificat donne au député droit
d'entrée dans la Chambre des députés du Heichsrath. Ces
pièces, relatives à l'élection, doivent être envoyées au
ministre de l'intérieur, qui les transmet à la présidence de
la Chambre.
Hongrie. Les députés à la Chambre de Hongrie sont
nommes d'après le système censitaire. C'est une commission
centrale qui confectionne, revise les listes électorales et
dirige les élections parlementaires. Cette commission, cons-
tituée dans chaque circonscription et dans chaque ville, se
compose de douze membres, de seize, de vingt-quatre et
plus, selon que la circonscription embrasse un. deux, trois.
et plus, districts. Elle est présidée par le premier fonction-
naire de la circonscription ou de la ville. Elle correspond
directement avec le ministre de l'intérieur, les tribunaux, les
autorités, corporations et individus. Ses séances sont pu-
bliques. Les membres sont élus par l'assemblée générale de
la circonscription ou de la ville et pour trois ans. — U liste
— I t.» —
ELECTION
des électeurs est dressée d'office et revisse annuellement par
les comités vl'inscri|'t ion comprenant trois membres délé-
gués par la commission centrale, la commission centrale
examine les listes ainsi dressées, les mil compléter ou les
complote elle-illéine .1 l'aide des données à sa disposition
et dresse, par ordre alphabétique, la liste provisoire des
électeurs, d'après un modèle donne par le ministre de
l'intérieur. Les réclamations sont jugées par la commission
centrale. On peut appeler de ses décisions a la COUT royale.
\ision annuelle des listes doit s'effectuer de manière
que la liste provisoire des élections puisse être exposée à
partir du ."> juil. ; les réclamations sont présentées du .">
au l.'ijuil. et les observations sur les réclamations sont
- du lii au Î3 juil. La commission centrale doit avoir
terminé ses opérations et adresse ses représentations a la
cour royale le lor nov. ; la cour doit tout terminer pour le
ISdéc; la rédaction définitive et l'expédition des listes
définitives doivent toujours être faites au plus tard le
M doc. Les listes sont valables pour l'année qui suit. Le
ministre de l'intérieur fixe un délai de dix jours pour les
élections générales. La commission centrale désigne pour
chaque district le président et le secrétaire chargés de
diriger les opérations électorales. Dans les districts où le
nombre des électeurs ne dépasse pas 1,500, un seul comité,
constitue sous la présidence du président de collège, recueille
Si le nombre des électeurs dépasse I ,500, on
constitue donc comités de scrutin : s'il dépasse 3,000, on
constitue trois comités. Le président du collège dirige toute
l'élection ; il est chargé du maintien de l'ordre. Les prési-
dents de comités recueillent les votes des électeurs. Le
scrutin est ouvert au chef-lieu du district à huit heures du
matin. Tout électeur du district peut porter un candidat,
la désignation est adressée par écrit au président du collège.
La candidature doit en être annoncée au plus tard une
demi-heure après l'ouverture du vote. Lorsqu'une demi-
heure après l'ouverture du vote, il n'a été présenté qu'un
seul candidat, le président du collège déclare le vote ter-
miné et proclame le candidat député du district. Si plu-
sieurs candidats ont été désignés et que dix électeurs
demandent la votation, elle doit être ordonnée par le prési-
dent du collège ; elle commence à neuf heures du matin
et est continuée sans interruption, ce qui fait que l'élec-
tion dure parfois deux ou trois jours y compris les nuits.
Les communes ou quartiers sont admis au vote dans l'ordre
tixé par la commission centrale et les électeurs de la même
commune ou du même quartier séparément, suivant le
candidat pour lequel ils votent. Le sort décide pour la
première commune quel parti sera d'abord admis au vote ;
pour les communes qui suivent, les deux partis alternent.
Le vote est public et verbal. Le nom du votant et son vote
ainsi que la commune et le quartier dont il fait partie sont
aussitôt consignés dans les registres préparés à cet effet.
Si, dans le cours du scrutin, les candidats, à l'exception
d'un seul, se ietirent et communiquent cette résolution au
atcaaient de collège, le candidat restant est proclamé
députe aussitôt. Lorsque aucun des candidats n'a obtenu la
majorité absolue, il y a un scrutin de ballottage entre les
deux candidats qui ont obtenu le plus de voix. L'ensemble
de l'opération électorale est consigné dans un procès-ver-
bal. Ce procès-verbal, ainsi que les procès-verbaux des
bureaux électoraux et les listes du scrutin, est rédigé en
hongrois et en trois exemplaires. In exemplaire est en-
voyé au candidat élu, les deux autres à la commission cen-
trale, qui en dépose un aux archives de la juridiction ou
delà ville 64 ex|n-die l'autre au ministre de l'intérieur. La
cour royale statue sur les élections contestées ainsi que
sur lea inscriptions, omissions ou radiations litigieuses, en
dernier ressort. Tout acte de corruption ou de violence est
très sévèrement réprimé.
belgiijur. I^s listes électorales sont dressées dans les
communes et révisées tous les ans par le collège des bourg-
mestre et échevins. Elles sont permanentes; chacun peut
prendre en copie. Les réclamations doivent être adressées
a la déptitation du conseil provincial ; on peut appeler de
ses décisions a la cour d'appel. La cour de cassation juge
en dernier ressort. Les électeurs se réunissent au chef-lieu
du district administratif. La présidence du bureau appar-
tient au président du tribunal ou au juge de paix ; les scru-
tateurs sont tirés au sort parmi les conseillers municipaux ;
les secrétaires sonl choisis parmi les électeurs présents. Les
députés à élire doivent obtenir la majorité absolue; en cas
de ballottage, le second tour de scrutin commence une heure
après la proclamation du résultat du premier, a moins toute-
fois que l'heure soit trop avancée (cinq heures du 1er mars
au l,r sept, et trois heures du i" oct. au lir mars), auquel
cas l'élection est remise à un autre jour fixé par arrêté
royal. Nous n'entrerons pas dans le détail des prescriptions
minutieuses concernant les opérations électorales. D'ailleurs
le droit électoral belge est sans cesse remanié. Il a fait
l'objet d'une infinité de lois qui ont été réunies en un code
en 1872 ; ce code, plusieurs fois modifié, a été coordonné
de nouveau le 5 avr. 1 SX 1 ; depuis, il a été encore rema-
nié par les lois du 24 août 1883, °2r> avr. et 21 mai 1884,
22 août 1885, 2(5 mai 1888.
Danemark. Les listes électorales sont dressées et revi-
sées tous les ans par les administrations municipales. Pour
les élections au Eolkething, l'autorité locale procède aux opé-
rations dans chaque district. Le vote est public. Les élec-
teurs assemblés votent par acclamation ; si leur décision
parait douteuse, il est procédé à un scrutin écrit et public.
La majorité relative suffit.
Espagne. — Comme on l'a vu au mot Constitution,
une partie du Sénat espagnol est élue soit par les académies,
certaines sociétés économiques et certains corps (universités,
chapitres, etc.), soit par des députations provinciales
et des délégués des municipalités. Voici comment il est
procédé dans les deux cas pour la formation des listes et les
opérations électorales : — 1° Le Ier janv. de chaque année,
les directeurs et présidents des académies et sociétés éco-
nomiques ayant le droit de nommer des sénateurs, forment
et publient les listes des académiciens effectifs et associés
qui les composent. Le même jour, les recteurs des univer-
sités forment et publient les listes des membres qui com-
posent le corps universitaire, professeurs et docteurs, en y
comprenant les directeurs des établissements d'enseigne-
ment secondaire et des écoles spéciales qui existent dans
leur circonscription. Les chapitres ecclésiastiques se réu-
nissent quinze jours avant le jour indiqué pour l'élection
générale dans leur cathédrale respective, et, se conformant
aux régies qu'ils ont établies pour élire leurs membres,
ils nomment un d'entre eux qui au jour tixé se rend au
chef-lieu métropolitain pour participer à l'élection sénato-
riale. L'évêque-prieur de Ciudad Real et le chapitre de
l'église se réunissent à l'église métropolitaine et priniatiale
de Tolède. Dans les huit jours de la publication du décret
royal ordonnant de procéder aux élections, les sociétés
économiques se réunissent au siège de leur établissement
respectif, et nomment les délégués qui doivent se rendre à
Madrid, Barcelone, Léon, Séville ou Valence, à l'effet de
désigner, avec ceux que nomment les sociétés économiques
de ces capitales, le sénateur qui leur est attribué par la
loi. Cette mission peut être remplie par mandataire. Au
jour fixé par le décret, à dix heures du matin, les corpo-
rations se réunissent dans le local ordinaire de leurs
séances publiques, sous la présidence de leur président,
directeur ou chef; sont scrutateurs le plus âgé et le plus
jeune des membres présents, et secrétaire celui de la corpo-
ration. Chaque électeur dépose dans l'urne par la main du
président son bulletin de vote. Le président dépouille le
scrutin, le secrétaire annonce le nom inscrit sur chaque
bulletin. L'élection se fait à la majorité absolue des voix,
à la majorité relative au second tour de scrutin.
Les provinces ecclésiastiques qui forment les archevê-
chés de Tolède, Séville, Crenade, Santiago, Saragosse, Tar-
ragone, Valence, Burgos et Valladolid ont droit chacune à
un sénateur. Pour l'élection, les évoques suffragants et les
ELECTION
— 71fi -
ombrai nommée par Iran chapitres respectifs te réonissent
dans la capitale de chacune d'elles au jour fixé par l'arche-
vêque. l,o niétrojioliLuin préside à L assemblée publique,
L'élection se l'ait suivant la même procédure <|ue cj-deSSOS.
Procès-verbal de chaque élection est dressé : l'original
demeure dans les archives de chaque corporation ; une copie
est remise à l'élu pour lui servir de lettre «le créance, et
pour étro présentée au secrétariat du Sénat. I ne autre
copie est adressée BU ministre do l'intérieur, une autre
enfin avec tout le dossier est transmise au Sénat dans le
délai de huit jours.
•1" Le 1er janv. de chaque année les municipalités for-
ment et publient les listes de leurs membres et d'un
nombre quadruple d'habitants de la commune qui seront
les plus imposés au rôle des contributions directes; ces
listes restent exposées en public jusqu'au 20 janv., et la
municipalité statue sur les réclamations avant le 1" févr.
Appel peut être formé devant la commission de la députa-
lion qui statue dans les quinze jours suivants et dont les
décisions peuvent être portées devant la cour d'appel qui
statue sans frais avant le 1er mars. Avant le 8 mars, les
municipalités publient les listes définitives. Huit jours avant
la date fixée par le gouvernement pour l'élection générale
des sénateurs, aura lieu, dans chaque commune, celle des
délégués qui devront se rendre à la capitale de la prorince
pour prendre part à l'élection. Chaque district municipal
élit, au moyen des membres de la municipalité et des plus
fort imposés, un nombre de délégués égal au sixième des
conseillers. A dix heures du matin du jour fixé se réunis-
sent à la maison de ville, sur les ordres de l'alcade et sous
sa présidence, les membres des municipalités et les plus
fort imposés. Un bureau provisoire est constitué par l'ad-
jonction au président des deux plus âgés comme scruta-
teurs, et du plus jeune comme secrétaire. Il est ensuite
procédé par bulletins à l'élection de deux scrutateurs et
d'un secrétaire. Le bureau définitif une fois constitué, il
est procédé à l'élection des délégués au moyen de bulletins
que les électeurs déposent dans l'urne par la main du pré-
sident. On proclame les délégués élus suivant les formes
déjà suivies ci-dessus. Procès-verbal est rédigé. L'original
demeure dans les archives de la municipalité, des copies
sont faites, dont une est remise à chaque délégué pour lui
servir de lettre de créance, une au gouverneur de la pro-
vince, une autre à la députation provinciale. Les délégués
se présentent dans la capitale de la province deux jours
avant celui fixé pour l'élection. L'assemblée générale com-
posée de la députation provinciale et des délégués élus par-
les districts municipaux se tient dans un local désigné par
le gouverneur de province le jour avant celui qui a été
fixé pour l'élection. Les électeurs se réunissent à dix heures
du matin, sous la présidence du président delà députation
provinciale, qui désigne quatre secrétaires scrutateurs pro-
visoires, les deux plus âgés et les deux plus jeunes délé-
gués présents. Le bureau provisoire examine et revise tous
les certificats de nomination des délégués, puis on procède
à l'élection des quatre scrutateurs du bureau définitif. Le
jour suivant, l'assemblée électorale est réunie à dix heures
du matin. Le vote commence par les secrétaires scrutateurs,
puis les députés et les délégués indistinctement et en der-
nier lieu le président de l'assemblée. Lorsqu'un candidat
ne réunit pas la moitié plus une des voix, il est procédé
à un second tour de scrutin qui ne porte que sur roux qui
ont obtenu le plus grand nombre de voix jusqu'au double
du nombre à élire. La majorité relative sullit au second
tour. Les opérations terminées, le président proclame scru-
tateurs ceux qui ont été élus, et le procès-verbal est dressé
par les secrétaires scrutateurs. L'original est déposé aux
archives de la députation provinciale, une copie est expé-
diée au ministre de l'intérieur, une autre au sénateur élu
pour être remise au secrétariat du Sénat ; une autre enfin
avec le dossier est envoyée au Sénat dans le délai de huit
jours.
Une loi récente (26 juin 1 800) a rétabli en Espagne le
suffrage universel, qui avait déjà fonctionné en 18<<!J.
Sont électeurs tous Ift fapagBffU mÉlrH majeur-» de vingt-
i in>| ans, avant l.i pleine jouissance de leurs droits civils,
domiciliée dans un municipe et ayant dans ce municipe
déni ans au moins de résidotwn Les députés sont élus
par les districts électoraux et par les collèges spéciaux.
Le vole est limité dans les districts et collèges N</inmant
plus d'un député : si le district nomme de î a 4 députés,
l'électeur a une voix de moins que ce total ; si le district
nomme de 5 a 8 députés, l'électeur a ■> voix de moi
le district nomme plus de 8 députés, l'électeur a '■'> voix
de moins. Les universités littéraires, les sociétés écono-
miques, les chambres de commerce, d'industrie, d'agricul-
ture officiellement organisées forment des collèges spéciaux
et ont droit à un député par 5,000 électeur». l.es corpo-i
rations qui ne comptent pas 5,000 membres se réun
à une corporation voisine pour former un collège. On no
peut être inscrit a la fois dans un district et dans un collège
spécial. La Chambre juge de la régularité de l'élection de
ses membres.
Grunde-Bretagne. Les listes électorales sont dressées
par les soins des inspecteurs (overseers). Elles sont publiées
le 1er sept, avec le relevé des demandes d'inscription et les
observations des overseers ; tout électeur peut protester
contre toute inscription, les protestations sont signifiées
aux intéressés et le relevé est affiché ; quinze jours après,
cas listes sont revisées par des reviseurs désignés dans
chaque ressort judiciaire par le premier des juges chargés
de présider les assises d'été. Chaque reviseur tient dans sa
circonscription, du lo sept, au 18 oct., une audience à
laquelle assistent les overseers, les greffiers des comtés et
villes et les électeurs qui ont réclamé ou protesté. Le
reviseur répare les omissions et suppressions justifiées; sa
décision est sans appel pour les points de faits ; sur les
points de droit, il peut en être fait appel devant la cour des
plaids communs. Les convocations pour les élections géné-
rales se font par ordonnance du souverain adressée au
lord chancelier et transmise au sheritf. Pour les élections
partielles, elles se font par ordre du speaker de la Chambre,
transmis au clerc de la couronne, lequel le fait parvenir
aux autorités compétentes. Les magistrats agissant en qua-
lité de commissaires électoraux (returning officers), she-
ri tf s , baillis, etc., procèdent dans le délai de six jours aux
opérations électorales. Les électeurs sont avertis du jour
de l'élection par un avis du returning officer publié dans
les deux jours qui suivent l'arrivée de la lettre de convo-
cation. Tout candidat au Parlement devra être présenté
par écrit. La feuille qui contient son nom doit porter la
signature de deux électeurs inscrits, l'un pour le proposer,
l'autre pour l'appuyer. Cette feuille sera remise, au moment
fixé pour l'élection, au returning officer par le candidat
lui-même, par celui qui propose ou par celui qui appuie.
L'élection a lieu entre dix heures du matin et trois heures;
elle ne dure que deux heures. Si après une heure écoulée
depuis l'instant fixé pour la fin de l'élection il n'y a pas
plus de candidats designés qu'il n'y a de sièges vacants,
le returning o/ficer proclamera élus les candidats présen-
tés, mais si à l'expiration de l'heure il y a plus de candi-
dats désignés que do sièges vacants, le returning officer
ajournera l'élection et recourra au scrutin. A son entrée
dans la salle du voie, chaque électeur reçoit un bulletin
contenant les noms, prénoms et professions de tous les can-
didats. Le votant, après avoir secrètement inscrit son vote
sur le bulletin et l'avoir plie, le déposera dans une boite
dose en présence du président du scrutin. Après la clôture
du vote, les urnes sont scellées et confiées au returning
officer qui doit, en présence des représentants des candi-
dats, procéder à leur' ouverture et Minier les résultats du
scrutin en comptant les voix données a chaque candidat ;
il proclame ensuite l'élection du candidat auquel la majo-
rité des voix aura été donnée et il transmet un nom
au clerc de la couronne en chancellerie. La décision du
returning officer sur toute question relative à la validité
— lit —
ÉLF.CTION
des votes est définitive, sauf le droit de contester uno
élection car \vtiii de pétition. l'ans les universités, le vote
a liou sous la direction dos autorités universitaires, au
scrutin direct et secret et par correspondance pour les élec-
teurs qui m peuvent >*> rendre au siège de "élection. La
[ielatioa électorale anglaise punit très durement lea
fcmlnnl les tentatim m corruption. Toutes les dépenses
nécessités par les opérations électorales sont à la charge
des aaadidnta.
l élection de la Chambre des députés se fait dans
chaque commune au moyen d'une liste sur laquelle devront
être inscrits tous les citoyens qui onl le droit de voter. Cette
liste e>i dressée par le maire, qui se rend dans chaque
village peur relever les noms des électeurs; elle est
ensuite soumise au conseil municipal, qui présente toutes les
observations qu'il juge nécessaires. Ces observations sont
soumises au juge de paix qui révise la liste et reçoit les
réclamations des électeurs. I.e tribunal de première ins-
tance ju-e en appel et eu dernier ressort. I a liste électorale
devient définitive en vertu de la décision du tribunal de
première instance. Des exemplaires sont transmis au juge
de paix, an maire, a l'autorité administrative. Les autres
sont NÉ au receveur général de la province chez lequel
chacun peut s'en procurer moyennant un droit de -1 drachmes.
- autorités municipales sont obligées d'acheter à. ce prix
autant d'exemplaires de la liste électorale de leur commune
qu'il y a de villages dans cette commune, et d'en adresser un
exemplaire à chaque adjoint de village. La liste électorale
i.de est révisée le l>rmai de chaque année. Vingt-einq
jours avant le jour fixé pour le vole par ordonnance royale,
les propositions des candidats doivent être notifiées par
huisMer au président du tribunal de première instance ; au
texte de cette déclaration doit être annexé un reçu d'un
receveur de province certifiant le dépôt par le candidat des
fiai* électoraux. Le tribunal proclame le lendemain en
séance publique les noms des candidats dûment proposés.
\ .aqiie assemblée d'électeurs ou section électorale, doit
être présent pendant tout le temps de l'élection un repré-
sentant de l'autorité judiciaire qui peut procéder d'office
ou sur la demande de tout électeur à l'instruction et à la
vérification de tous les actes passibles d'une peine et de
toute violation de loi électorale. Les bureaux électoraux sont
fanées, en tirant au sort sur une liste d'anciens fonction-
naires dressée par le maire, un président et quatre assesseurs.
ri le tribunal de première instance qui procède à cette
■station. Le secrétaire est choisi par le bureau parmi les
électeurs. Chaque candidat a le droit de désigner un em-
ployé pour le vote. Le nombre de ces employés ne doit
jamais dépasser celui des urnes. Les membres du bureau
reçoivent une indemnité de 5 drachmes sur la caisse pu-
blique. Les employés au vote reçoivent également une
rétribution de :> drachmes. Le scrutin dure un jour : il est
ouvert an lever du soleil et clos au coucher du soleil; il a
toujours lieu un dimanche. Le préfet désigne le local qui
est soit une salle d'école primaire de "arçons, soit l'église
la plus spacieuse du chef-lieu de la commune. Le bureau
électoral procède à l'arrangement des urnes dans l'ordre
suivant. Sur une table ou des tables mises à coté l'une de
l'autre et vis-a-vis de la place où le bureau siège, sont
déposées autant d'urnes qu'il y a de candidats. (Iliaque urne
l>orle sur la face antérieure une tablette fixe sur laquelle
est inscrit le nom du candidat. Ce nom est reporté sur la
surface intérieure de la couverture des urnes. Les urnes
•>ont en métal ; elles ont à l'intérieur deux divisions dési-
gnées extérieurement par deux couleurs : blanche ef noire.
I.e mot Oui est inscrit en lettres capitales sur la division de
droite ou blanche, le mot Non sur celle de gauche ou noire.
I lecteurs entrent dans la salle du vole cinq à la fois et
se présentent au bureau qui, vérifie leur identité. Cinq
boules en plomb sont remises a chacun des employés au
vote. Ces employés partant le vase ad hoc ou ils ont placé
les boales, se tiennent chacun a roté de l'urne à laquelle ils
sont attaches, et remettent a l'électeur au moment oii il
passe devant l'ume nue boule en prononçant, en même temps
distinctement le nom et le prénom du candidat à laquelle
l'urne appartient. L'électeur prend la boule et la lève entre
le pouce et l'index pour montrer qu'il n'en tient qu'une
seule, et immédiatement après introduit sa main dans l'urne
et vote. La même opération se répète jusqu'à ce que l'élec-
teur finisse par passer devant toutes les urnes. Le scrutin
fini, le bureau et les candidats signent un protocole dressé
par l'autorité administrative et sur lequel sont inscrits les
électeurs volants et leur numéro d'inscription sur la liste
électorale. Pour dépouiller le scrutin on ouvre les urnes
d'après l'ordre de leur classement, et on compte les oui et
ensuite les non. Procès-verbal est dressé, remis au repré-
sentant de l'autorité judiciaire qui le transmet au président
du tribunal de première instance. Le tribunal fait le recen-
sement général des voix obtenues par chacun des candidats,
et proclame ceux qui ont obtenu la majorité relative des
voix exprimées. La Chambre est seule juge de, la validité do
l'élection de ses membres. Les infractions a la loi électo-
rale sont punies de peines pécuniaires assez élevées, d'em-
prisonnement et de privation des droits politiques.
Italie La législation électorale de l'Italie a uno certaine
analogie avec celle de l'Angleterre en ce qui concerne les
catégories d'électeurs, propriétaires ou locataires do biens
ruraux : il est tenu compte aussi des capacités et do cer-
taines garanties ou aptitudes qui dispensent les électeurs
de l'obligation du cens. Les listes électorales sont perma-
nentes. Les inscriptions et radiations sont opérées par la
junte municipale; les réclamations contre les décisions do
celte assemblée sont déposées au conseil communal en pre-
mier ressort, et en appel à une commission provinciale
composée du préfet, du président du tribunal du chef-lieu
et de trois conseillers provinciaux élus par le conseil. Le
vote a lieu au scrutin de liste. En cas de ballottage, le
scrutin doit porter seulement sur les candidats qui ont
obtenu le plus de voix. Les collèges qui ont 5 députés à
élire votent d'une manière limitative, c.-à-d. que chaque
électeur ne nomme que i députés : on a voulu ainsi assu-
rer la représentation proportionnelle des diverses frac-
tions du corps électoral. Il y a 135 collèges électoraux;
chaque collège est divisé en sections ; la division en sec-
tions est faite par commune de manière que le nombre
des électeurs ne soit pas supérieur à 400, ni inférieur
à 100 électeurs inscrits. Les collèges sont convoqués par
le roi. Il doit y avoir un intervalle de quinze jours au
moins entre la publication du décret royal et le jour fixé
pour les élections. Dans chaque section, il est constitué un
bureau provisoire qui est présidé soit par le président de
la cour d'appel, soit par le président du tribunal d'arron-
dissement, soit par le juge de paix, soit par le syndic, selon
les lieux. Deux conseillers de la commune remplissent les
fonctions de scrutateurs. Le bureau provisoire se consti-
tue à neuf heures du matin le jour de l'élection. La salle
de vote est divisée par une cloison d'un mètre de haut avec
une ouverture pour le passage d'une partie à l'autre. Les
électeurs se tiennent dans la première partie, le bureau dans
la seconde. Dès que vingt électeurs au moins sont présents,
on procède à l'élection du bureau définitif, composé d'un
président et de quatre scrutateurs. Chaque électeur écrit
sur son bulletin trois noms, et l'on proclame élus les cinq
qui ont obtenu le plus grand nombre de voix. Celui qui a
le [dus de voix est le président. Ce bureau choisit un secré-
taire parmi les électeurs présents et dans l'ordre suivant :
1° les notaires; -1" les greffiers; 3° les secrétaires commu-
naux ; i° les autres électeurs. Si ii dix heures du matin les
opérations électorales pour la constitution du bureau défi-
nitif ne sont pas commencées, le bureau provisoire devient
définitif. On tire alors au sort le nom d'un des scrutateurs
qui signe au dos autant de bulletins qu'il y a d'électeurs
dans la section. Au fur et à mesure, le président imprime
sur ces bulletins le cachet municipal et les place dans une
urne de verre transparent. Chaque électeur est ensuite
appelé dans l'ordre de son inscription sur les listes. Le pré-
Election
— 7-8 —
sident tire de l'urne un bulletin qui est remis déplié a l'élec-
teur. L'électeur s'assied a une table et inscrit les noms des
candidats pour lesquels il rote; il remet son bulletin plié au
président qui le dépose dans une seconde urne de verre
transparent. I n scrutateur pointe la liste électorale an fur
et à mesure du rote. Le scrutin reste ouvert jusqu'à quatre
heures de l'après-midi au moins. Après le dépouillement et la
proclamation du résultai par le président, tes bulletinssont
brûlés sauf ceux contestés. Mais, si dix électeurs au moins
protestent contre l'inexactitude de la lecture des bulletins
ou la substitution de bulletins à d'autres, tous les bulletins
sont annexés au procès-verbal sous pli cacheté. Le prési-
dent de la première section du collège réuni aux présidents
des autres sections, récapitule les votes de chaque section
sans pouvoir en modifier le total, et prononce sur tous les
incidents relatifs aux opérations qui s'y rattachent. Sont
déclarés élus ceux qui ont obtenu le plus grand nombre de
voix pourvu que ce nombre soit supérieur au huitième des
électeurs inscrits. Au second tour de scrutin, sont élus les
candidats qui obtiennent le plus grand nombre de voix vala-
blement exprimées.
Luxembourg. La loi électorale du grand-duché de
Luxembourg ressemble beaucoup à celle' de la Belgique.
La formation, la publicité, la revision de listes sont con-
fiées à la direction et à la surveillance des autorités admi-
nistratives; les réclamations sont portées devant le tribunal
de l'arrondissement et jugées sommairement. 11 y a un col-
lège électoral par canton. Les électeurs ne peuvent être
réunis au nombre de plus de 300, ni moins de 130. Des
candidats doivent être présentés par un nombre d'électeurs
qui doit être égal à cinq fois celui des députés à élire, et
qui ne peut être inférieur à dix. Les candidats doivent éga-
lement être assistés de témoins. Les électeurs ne sont pas
admis à séjourner dans les salles de vote. Ils y pénétrent
individuellement et n'y restent que le temps strictement
nécessaire pour recevoir leur bulletin, passer dans un com-
partiment séparé pour marquer d'une croix avec un crayon
le candidat pour lequel ils votent, et remettre ce bulletin
au président. La Chambre des députés prononce souve-
rainement sur la validité des élections et de ses membres.
Norvège. Les listes électorales sont dressées dans les
villes par les magistrats et dans chaque paroisse par le
pasteur. Elles doivent comprendre les noms de tous les
citoyens ayant droit de vote. Ces listes sont l'objet d'une
revision tous les trois ans; elles sont mises à la disposition
du public, qui a toujours le droit de réclamer. Le magistrat
ou le pasteur décident des questions litigieuses. C'est le
Storthing qui juge en appel. Les électeurs primaires se
réunissent dans un édifice public (église, hôtel de ville, etc.)
dans les villes ou dans l'église principale de la paroisse
dans les campagnes. Le président du bureau de vote lait
connaître à l'assemblée pour quel nombre d'électeurs du
second degré ils auront à voler. Ensuite les électeurs sont
appelés dans l'ordre ou ils sont portés sur la liste. Il leur
est remis à chacun une enveloppe marquée d'un sceau
officiel, et on leur indique un endroit écarté de la salle de
vote où ils placeront sans être vus leur bulletin de vote
dans l'enveloppe qu'ils déposeront ensuite dans une urne
placée sur la table du bureau. Lesélecteurs qui ne peuvent
se présenter pour cause de maladie, de service militaire ou
autre sont autorisés à voter par écrit. L'appel terminé,
les enveloppes sont mêlées. Ensuite les bulletins sont lus
à haute voix par un membre du bureau et s'ils sont valables
signés par deux des membres du bureau. Enfin les voix
sont comptées. Après le vote, les bulletins sont brûles,
sauf les litigieux.
Pays-Bas, Les listes électorales sont dressées en suite
dis indications envoyées annuellement avant le l.'i févr. au
président du conseil communal par les receveurs des con-
tributions directesqui les contresignent. Elles mentionnent,
outre le nom et les prénoms de l'électeur, le lieu et la date
de sa naissance, le montant de la valeur locative de l'habi-
tation pour laquelle il est imposé ou le montant de son
imposition foncière. Elles sont affichées dans le mois qui
suit. Les réclamations sont adressées au conseil communal,
l'appel porté devant le tribunal d'arrondissement; la haute
cour juge en dernier ressort. Huit jours avant le jour 8S
l'élection, les électeurs reçoivent de la part du piéaideat
du conseil communal, i leur domicile, une lettre d« con-
vocation fermée et un bulletin portant, sTI s'agit d'une
élection pour le conseil communal, le sceau de la commune,
s'il s'agit d'une élection pour les Etats provinciaux ou la
seconde Chambra, le sceau des capitales, du principal et du
sous-district électoral. Le bulletin rempli par écrit Bft
déposé par l'électeur au lieu destiné au dépôt, dans l'urne
s'y trouvant. Le dépôt du bulletin commence a neufheures
du matin et continue jusqu'à quatre ou cinq heures de
l'après-midi. Le bureau électoral est composé d'un prési-
dent qui est le président du conseil de commune et de deux
membres du conseil élus par celui-ci. l'ne fois le scrutin
clos, l'urne est scellée en présence des électeurs. Ije dé-
pouillement est fait dans la capitale du district électoral
principal le lendemain de l'élection. Le président proclame
ensuite le nombre de voix qui constitue la majorité absolue
et celui des votes donnés à chaque personne.
Portugal. L'élection des députés a lieu : 1° au scrutin
de liste dans les circonscriptions ayant pour chef-lieu les
capitales des districts du continent et des Iles adjacentes.
Dans ce cas, les bulletins de vote pour les cercles de
trois députés portent deux noms au plus; ceux pour les
circonscriptions de quatre députés trois noms au plus,
ceux pour les cercles de six députés quatre noms au plus;
les noms en excès sont réputés non écrits, dans l'ordre de
leur inscription; i" au scrutin uninominal dans les autres
circonscriptions du continent ; 3° par suffrages accumulés
pour les six députés qui auront obtenu 3,000 suffrages au
moins sur le continent et dans les iles adjacentes. Dans les
circonscriptions plurinominales ou uninominales, sont élus
députés les citoyens qui ont obtenu le plus de voix jusqu'à
concurrence pour chaque circonscription du nombre de
députés qui lui aura été attribué. La préférence entre les
élections des circonscriptions de classes différentes sera
déterminée par les règles suivantes : 1 "l'élection par une cir-
conscription sera toujours préférée à l'élection par suffrages
accumulés; 2° l'élection par une circonscription plurino-
minale sera toujours préférée à l'élection par une circons-
cription uninominale. Les bureaux des assemblées électo-
rales se composent du président, de deux scrutateurs, de
deux secrétaires et de deux suppléants. Lorsqu'il ne se
présente plus personne pour voter, le président fait faire
l'appel de tous lesélecteurs qui n'ont pas voté; deux heures
après, il demande s'il reste quelqu'un qui se propose de
voter et reçoit les bulletins de ceux qui se présentent
aussitôt jusqu'au dernier. Le vote est terminé dès que tous
les bulletins des électeurs présents à* l'assemblée et décla-
rant vouloir voter ont été reçus. Quand le scrutin n'est pas
terminé le premier jour, le président du bureau fait para-
fer par les deux secrétaires, sur le verso, tous les bulle-
tins reçus. 11 les fait ensuite enfermer dans une cassette
à trois clefs qui est en outre scellée et gardée dans le
bâtiment même où le vote a eu lieu, dans un endroit
exposé à la vue et à la surveillance des électeurs si vingt au
moins d'entre eux l'exigent. Elle est ouverte le lendemain,
à neuf heures du matin, pour la continuation des opéra-
tions électorales. La ventilation des pouvoirs des députés
élus est faite par l'assemblée des députés élus ou par la
Chambre. Mais les opérations ayant donné lieu à des pro-
testations dans les assemblées primaires ou les commissions
de dépouillement sont jugées par un tribunal spécial. Ce
tribunal est composé: l'du président du tribunal suprême
de justice et de trois juges du même tribunal désignes par
le soi I ; '2° de trois juges de la cour d'appel de Lisbonne
désignés par le sort. Les recensements électoraux sont faits
par des commissions élues suivant une procédait
compliquée.
Roumanie. Les listes électorales sont permanentes;
— 749 —
ÉLECTION
l'original est inscrit dans un registre spécial, numéroté,
cousu et scellé. Los réclamations sont portées devant leçon-
soil communal, appel c>t hit devant le tribunal. Chaque col-
lège électoral »otè séparément. Lorsque le nombre des èlee-
leurs est supérieure mule, le vote se t'ait par sections sépa-
îtenani chacune le même nombre d'électeurs. La divi-
sion des électeurs en sections se t'ait en même temps que l'affi-
chage îles listes électorales provisoires et la désignation des
i destinés au vote en tenant compte de l endroit où
demeure l'électeur. Les bureaux électoraux pour l'élection
des délégués se composent du maire de la commune comme
ot, de deux scrutateurs el de deux secrétaires tires
au sort parmi les électeurs sachant lire et écrire et présents
a l'ouverture du collège. Chaque électeur apporte son
bulletin de vote écrit ou imprime. Il est interdit d'écrire
le bulletin dans la salle de vole. L'électeur doit y entrer
-.Mi bulletin plié de mauiére à ce que le texte n'en
soit pus visible et le déposer dans l'urne. Les bureaux
électoraux pour l'élection des députés et des sénateurs sont
présidés par les premiers présidents, les présidents et les
conseillers des cours d'appel. Deux secrétaires et deux
scrutateurs sont lires au sort parmi les électeurs présents.
I 'électeur remet sa carte au président, qui en coupe un
coin et la lui rend. Le bureau donne à chaque électeur, qui
est tenu de le recevoir, un bulletin de vote de chacun des
candidats et une enveloppe avec laquelle il passe seul dans
une chambre secrète. Il introduit dans l'enveloppe son
bulletin de vote après l'avoir plié en quatre, puis il colle
l'enveloppe et la remet au président ou aux scrutateurs,
qui la dé[>osent dans une urne fermée. Le bureau estam-
pille chaque enveloppe du sceau de la mairie. Le secret du
V'iie est prescrit à peine de nullité. L'appel des électeurs
inscrits sur la liste électorale une fois terminé, le scrutin
reste ouvert jusqu'à cinq heures du soir. Il est alors clos
et on procède au dépouillement. Mais, si des électeurs
n'ayant pas encore voté se présentent à cinq heures, leur
vote est reçu. Le président compte d'abord les enveloppes,
[mis il les ouvre l'une après l'autre devant les votants et
it à haute voix les noms inscrits sur chaque bulletin.
Aussitôt les noms sont transcrits sur deux listes tenues
par les secrétaires. Après que le bureau a constaté le ré-
sultat de l'élection, qui que ce soit peut entrer dans la
salle du vote, et le président proclame à haute voix le
résultat général. Le recensement général est fait par le
bureau central.
Russie. En Russie, les assemblées de la noblesse sont
élues au scrutin à deux degrés. Les propriétaires notables
de la province se réunissent dans chaque district et nomment
avec l'assentiment du gouverneur des délégués chargés de
former au chef-lieu de la province le collège secondaire.
Ce collège élit les membres de l'assemblée, qui doivent toute-
fois être agréés ensuite par le tsar. — Les assemblées de
gouvernement sont composées de délégués nommés par les
assemblées de district. — Les assemblées de district sont
composées des délégués des gros propriétaires, des délégués
des villes, des délégués des communes rurales.
Serbie. Tout électeur doit retirer sa carte pour exercer
son droit; mais, pour qu'on la lui délivre, il faut qu'il
justifie avoir payé la somme des contributions exigées pour
l'électorat. Dans les villes qui n'ont qu'un député à élire,
la majorité absolue des voix est indispensable. Si personne
n'obtient cotte majorité, on procède à un nouveau scrutin.
Dans les circonscriptions et les villes qui nomment plusieurs
députés, cinquante électeurs ont le droit de former une
liste de candidats. Chaque liste doit porter autant de can-
didats qu'il y a de députés a nommer. Elle reçoit le nom
de celui qui est inscrit en tète, et elle a son urne spéciale
en tout endroit ou l'on vote. Le chiffre total des électeurs
qui ont voté, divisé par le nombre des dépulé> que doit
choisir le collège intéressé, donne le quotient électoral
d'après lequel on détermine le nombre des candidats élus
à prendre dans chacune des listes. On attribue à chaque
li->te autant de sièges qu'elle réunit de fois le quotient élec-
toral. Le quotient est décerné tout d'abord au candidat
inscrit en télé de la liste et ensuite aux autres candidats
suivant l'ordre d'insi ■ription jusqu'à ce que le nombre des
suffrages obtenus par cette lisle soit épuisé. S'il reste
des sièges de députés pour lesquels aucune liste n'a réuni
un nombre de voix égal au quotient, ces sièges sont
répartis entre les listes disposant du chiffre le plus proche
du quotient jusqu'à ce quon obtienne le nombre complot
des députes. En cas d'égalité de suffrages, on tire au sort
la liste à laquelle doit être attribué le siège en cause. La
Skoupchtina a seule le droit d'examiner les pouvoirs de ces
membres et à prononcer sur leur validité, ainsi que sur les
contestations éventuelles élevées à ce sujet.
Sarde. Les listes électorales sont dressées dans chaque
commune. Dans les divers collèges électoraux il est toujours
procédé au vote secret au moyen de bulletins imprimés ou
manuscrits déposés par l'électeur dans une urne sous les
yeux du magistrat compétent. Tous les bulletins inintelli-
gibles, incomplets ou portant le nom de personnes inéli-
gibles ou plus de noms qu'il ne doit être élu de candidats,
sont annulés et n'entrent pas en compte pour la fixation de
la majorité. Les élections ont lieu à la majorité absolue des
voix ; en cas de partage égal, le sort décide entre les deux
candidats.
Suisse. Les registres électoraux sont exposés publique-
ment pour que les électeurs en puissent prendre connais-
sance, pendant au moins deux semaines avant l'élection et
clos au plus tôt trois jours avant la votation. Les élections
au conseil national et les votations se font au scrutin secret.
Il est dressé pour chaque élection un procès-verbal dont
l'exactitude est attestée par la signature du bureau com-
pétent. Ce procès-verbal est transmis au gouvernement du
canton, qui dresse le tableau du résultat des votations dans
les différentes assemblées et le porte de suite à la connais-
sance du public. Les réclamations sont adressées au gou-
vernement cantonal, qui les transmet au conseil fédéral. Les
élections pour le conseil national sont directes; elles ont
lieu à la majorité absolue, même au second tour de scru-
tin. Si à ce second tour le nombre de ceux qui ont obtenu
la majorité absolue n'est pas égal au nombre des personnes
à élire, il est procédé à un troisième tour. Ne restent en
élection à ce troisième tour que trois fois autant de can-
didats qu'il y a de personnes à élire; ces candidats sont
ceux qui ont obtenu le plus de voix ; au troisième tour, la
majorité relative suffit. Lorsque les opérations électorales
d'un arrondissement sont terminées, le gouvernement can-
tonal doit immédiatement donner par lettre aux élus con-
naissance de l'élection et communiquer au conseil fédéral
les noms des élus. La législation cantonale n'offre pas suffi-
samment d'originalité pour que nous en parlions.
Etats-Unis. Aux Etats-Unis, tous les pouvoirs, tant
législatifs qu'exécutifs, procèdent de l'élection. La Chambre
des représentants de la fédération se compose de députés
élus au suffrage universel et par circonscriptions séparées.
Le lieu, l'époque, le mode et la forme des opérations
électorales varient dans chaque Etat, et nous ne saurions
entrer dans d'infinis détails à ce sujet. Nous nous conten-
terons de signaler une disposition générale d'après laquelle
tous les votes doivent avoir lieu par bulletin écrit ou
imprimé, quelle que soit la manière de procéder spéciale
des Etats.
Canada. Comme en Angleterre, il y a des fonctionnaires
spécialement chargés de la direction des opérations électo-
rales. Ce sont les officiers rapporteurs qui sont en général
choisis parmi les sheriffs et les registrateurs. Le rapporteur
est assisté par le secrétaire d'élection, les sous-ofliciers
rapporteurs et les greffiers des bureaux de vote. Le bref
d'élection est envoyé parle gouvernement général à l'oflicier
rapporteur, qui opère, s'il n'y a pas été pourvu parla légis-
lation ou les autorités locales, la subdivision des électeurs
en sections de vote, de façon qu'il y ait au moins une section
par -200 électeurs. Vingt jours ou huit jours, suivant les
I districts, après la réception du bref, l'officier rapporteur
ÉLECTION
- 750 -
publie une proclamation annonçant les lien, jour et heure
Bxés i1 ■ 6 présentation des candidate, pool la rotation
et pour la proclamation du résultat. La présentation des
candidats a lien par écrit; le bulletin doit être signé de
vingt-cinq électeurs, accompagné «lu consentement du can-
didat, et on doit, en le déposant, verser en lie les maint de
L'officier rapporteur une somme pour le payement des
dépenses d'élection. S'il n'y a pas plus de candidats que
de sièges vacants, le ou les candidats présentés sont élus.
Si les candidats sont en nombre inférieur a celui des repré-
sentants à élire, l'élection est ajournée pour l'ouverture du
scrutin. Le scrutin est ouvert de trois heures à cinq
heures. Le bulletin de chaque électeur est un papier im-
primé indiquant les nom cl profession des candidats ins-
crits alphabétiquement ; le bulletin a un talon ou sont
inscrites les mêmes indications. Aussitôt après la clôture
du scrutin, le sous-ollicier rapporteur, en présence des
candidats, ou de leurs agents, ou de trois électeurs au
moins, ouvre l'urne et procède à la supputation des votes.
Les bulletins sont ensuite remis avec la liste des électeurs
et diverses autres pièces dans la boite du scrutin qui est
transmise à l'officier rapporteur. Aux jour, lieu et heure
fixés, celui-ci fait l'addition générale des votes et déclare
le résultat.
Amérique latine. Pour les républiques sud-américaines,
ainsi qu'il a été dit à l'art. Constitution, nous renvoyons
aux articles spéciaux consacrés à chacune d'elles, nous
bornant à donner ici quelques indications sur la procédure
électorale de la République Argentine. Selon que l'élection
a lieu à un ou à deux degrés, le système est analogue à
ceux appliqués en France et en Espagne.
République Argentine. Chaque municipalité tient un
registre électoral revisé et tenu au courant par des com-
missions spéciales. Ce registre comprend le nom, l'âge et le
lieu de naissance, la profession, le domicile de l'électeur,
et dit s'il est citoyen de naissance ou s'il a obtenu la natu-
ralisation. Une commission, dite junte des réclamations,
reçoit les réclamations pendant le mois de novembre et les
juge. Dans chaque district électoral, il y a un comice divisé
en tables, à raison d'une table par 400 électeurs au maxi-
mum, et d'une par 50 au minimum. Le sort désigne les
citoyens qui doivent faire partie des comices. Les tables
sont désignées par des numéros d'ordre. A la première
table viennent voter les électeurs inscrits depuis le n° 1
jusqu'au n° 400. A la deuxième, les électeurs inscrits de-
puis le n° 401 jusqu'au n° 800, et ainsi de suite. Chaque
table est composée de cinq citoyens et prend ses décisions
à la majorité. Les comices s'installent sous le porche de
l'église ou à la maison municipale ou au tribunal, le
matin du jour du vote à huit heures et demie. Les scruta-
teurs se réunissent dans le local assigné à chaque comice;
chaque table nomme un président ; trois scrutateurs sulli-
sent pour former une table. Le comice nomme un pré-
sident. Le président de la municipalité installe le comice et
son président et leur remet le registre électoral, une urne
et du papier pour consigner le nombre des votants. Les
urnes électorales doivent être faites sur un modèle uni-
forme et distribuées aux autorités. Elles doivent se fermer
à clef. Une clef est entre les mains du président du
comice, une autre entre les mains du président de la table
Au moment de se servir d'une urue, on l'ouvre pour mon-
trer qu'elle est vide. Le pointage est fait en double. Tonl
vote doit être écrit sur du papier blanc et déposé dans
l'urne par le président. L'électeur doit se présenter dans
l'ordre fixé pour la votation. Au moment de voter, il devra
dire son nom, son âge, son domicile, et le président véri-
fiera l'exactitude de sa déclaration. Deux électeurs pour-
ront seulement pénétrer à la fois dans l'enceinte de la
table. Le vote est clos à quatre heures du soir. Chaque
table dépouille son vote, vérifie le nombre des suffrages,
le compare à celui des électeurs, etc. Une fois le travail
terminé, le président du comice et les présidents des tables
constatent par écrit le nombre d'électeurs inscrits votants,
le ■anbro des suffrages obtenus par les candidats et en-
voient m double de cet étal au rage de paix et un autre
double à la municipalité. Le président de la municipalité
envoie cet étal à la législature. Tonte protestation élec-
torale est adressée aux Chambres.
Japon. Pour être éleetesjr, il faut payer un cens. Les
listes électorales existent dans les villes a préfeetun . I ■ •
vote a lieu par bulletins sur lesquels l'électeur écrit ou fait
écrire le nom du candidat pour lequel il vote, son propre
nom et sa résidence.
III. Jurisprudence. — Election des juces des thiul-
nai \ de comuacs (V. ci-dessus flirtions consulaires).
Election des pbod'hoiuœ8(V. Conseil de phi d'hommes).
IV. Théologie (V. Phéuestination).
V. Droit canon. — Quand il s'agit, sur la pro-
position de Pierre, de compléter le nombre des apôtres,
réduit a onze par la trahison et la mort de Judas, per-
sonne n'osa décider entre Joseph et Mathias : ni Pierre,
ni les autres apôtres survivants, ni même l'assemblée
entière des disciples réunis alors a Jérusalem. Ils prièrent
et jetèrent le sort sur les remplaçants présentés. Le sort
tomba sur Mathias qui, d'un commun accord, fut mis au
nombre des onze (Actes </cs Apôtres, i, 15-16). Cette con-
sultation du sort fut plus tard condamnée, d'une manière
générale, en toute matière religieuse, et spécialement
réprouvée lorsqu'un concile de Barcelone (5!J'J) voulut
l'appliquer aux élections. De sorte que l'emploi qui en fut
fait aux premiers jours contraint les interprètes orthodoxes
à des explications fort laborieuses et fort subtiles. —
L'institution des premiers diacres fut proposée par tous
les douze Apôtres, et réalisée après une élection faite
par toute la multitude des disciples. Les diacres élus
furent présentés aux Apôtres qui, après avoir prié, leur
imposèrent les mains (Art. Ap., vi, 1-0). — De leur i
Barnabas et Paul établirent des presbytres en chacune
des églises qu'ils avaient fondées (xiv, 23). Après avoir
reçu le témoignage des frères de Lystre et d'Ironie, Paul
adjoignit Timolhée à son œuvre itinérante (xvi, 2-8). En
partant pour la Macédoine, il le laissa à Ephèse, avec
mission de veiller sur la doctrine enseignée en cette ville
(I Tint., i, 3). De même, il laissa Tite en Crète,
pour les choses qui restaient à régler et pour établir,
suivant son ordonnance, des presbytres (Tite, i, 5),
auxquels il donne, quelques lignes plus loin, le titre
d'évèques (7). A part une mention très vague sur le témoi-
gnage rendu à Timolhée par les frères de Lystre et d'Ico-
nie, les textes relatifs à Paul sont muets sur la participa-
tion des fidèles à l'établissement des ministères exercés
parmi eux. Mais peut-être cette omission résulte-t-elle de
ce que Paul se rapportait sur ce point à l'usage générale-
ment établi, dérivant des traditions juives et delà néces-
sité d'obtenir la confiante docilité des troupeaux que les
pasteurs devaient conduire.
En sou Epître aux Corinthiens (xi.iv), Clément de
Rome dit, d'une manière générale, que les èvéques et les
diacres ont été établis par les Apôtres et, après eux, par
des notables, i\16yitj.o: 5v8peç (vraisemblablement les
presbytres et les diacres), avec l'assentiment de toute la
communauté, suv£ufcoxT)aefoi]î tïjt 'E/.x/.r^'.i; x&rqc. Ce
fut pendant plusieurs siècles une maxime incontestée, qu'on
ne doit pas imposer un évèque au peuple qui le repousse:
Xullus inritis detur enisropus (Célestiu Ier [412432],
Ejnst. h, 5), et que celui qui doit commander à tous,
doit être élu partons: Qui prœfuturus est omnibus,
ab omnibus diaatur (Léon Ior [440-401], EpUt.
i.xxxix).Mais,en t'ait, la part attribuée au peuple, ainsi que
les formes de son intervention, varia suivant les lieux,
et dans les mêmes lieux suivant les temps et les circons-
tances. On la trouve parfois se produisant comme une véri-
table élection, quant à l'initiative et quant à la valeur
décisive, et même en quelques cas, comme une nomination
exigée par la multitude ; mais généralement elle fut
réduite soit à un suffrage inférieur, soit à une faculté de
- 751 -
ÉLECTION
témoignage avant le vote du clergé ou d'acclamation après
ce rote, et do préaonce à l'ordination ou à la consécration ;
inr-int- I UN simple fiction. Bd certains temps et on 86P-
tains liou\, on rendit hommage M droit, on l'éludant ; on
nppoaa que la vota du cierge ètail toujours devancé et
dirigé par l'estime et le mou du peuple : Electio eterieo-
rum e*t pctUio plebis, comme disaient les chanoines des
cathédrales, au II' siècle. — Parmi les causes de oes
variations, les principales nous paraissent être : le déve-
loppement de la hiérarchie ; le changement survenu dans
la composition do l'Eglise, qui, après n avoir contenu qu'une
élite de fidèles recueillie, par une sélection difficile et
s périlleuse, au milieu de la multitude païenne, finit
par être envahie par celte multitude ; l'accroissemenl
rapide des biens ecclésiastiques, rendant la subsistance du
.le plus en plus indépendante des contributions
volontaires : l'appui du bras séculier, permettant d'obtenir
ïa la contrainte une docilité on une soumission qu'on ne
pouvait eapérar auparavant que de la confiance ou de
l'affection.
Lorsque les evéques eurent réussi à l'aire prédominer
leur autorité, ils s'attribuèrent le choii des membres du
cierge inférieur et inéme celui des diacres et des prêtres,
prétendant qu'en les élisant on leur avait délégué tout
droit a et égard. Ce n'était qu'en quelques églises seule-
ment qu'ils devaient consulter le clergé, et dans des endroits
plus rares encore, que le peuple avait voix, pour ces nomi-
n.titn us. — Lorsque las églises, réciproquement indépen-
dantes et qui jusqu'alors n'avaient entretenu, les unes avec
les autres, que des relations volontaires et individuelles,
m _rou[M'rent par provinces autour de la métropole, le
. élection se trouva modifie, en chacune d'elles, par
l'intervention (\r> evéques delà province et parla prépon-
dérance toujours croissante du métropolitain. Le concile
œcuménique de Nicée (345) exigea pour l'institution d'un
tvéame la présence personnelle de tous les evéques de la
province, si cela était possible, sinon la présence de trois
tVrèqms au moins, et la ratification du métropolitain
Mans. I\ et VI). Le concile de Sardique (347) annula une
élection faite ptr acclamation t\n peuple, comme suspecte
gae ou d'influence illicite (Can. II). Cependant,
dans certaines élections mémorables, l'acclamation du
peuple fut respectée comme la 90ÙC de Dieu. Le concile
de Ijodieeo (365) attribua le choix au métropolitain et aux
< voisins (Can. XII) et prohiba l'intervention de la
foule [Cuit. XIX). Le concile œcuménique de f.halcédoine
requit le consentement de la totalité ou au moins
de la majorité des èvèqnee de la province et la confirma-
tion du métro|>olitain. La nécessité du consentement du
métropolitain fut pareillement affirmée en (tendent par les
papes Innocent I '(402-417), Bonifaoe (418492), Léon l'r
et HHaire (461-468), et par les conciles de Turin (401)
et d'Arles (4'»-J). — Néanmoins, pendant plusieurs siècles
après les décisions que nous venons de rapporter, le droit
du clergé et du peuple (clcrus et plebs) a prendre une
certaine part à l'élection des evéques resta reconnu en
théorie et parfois exercé en réalité (conciles d'Orléans,
H3 : de Qermont en Auvergne, 535). A Milan, le
Emple exerçait encore réellement son droit au xie siècle.
n 1048, llildebrand, lui-même, rappela a Bruno
fLéea l\), qui venait d'être promu au siège pontifical par
Henri III. que sa nomination était nulle et criminelle, et
il lui persuada de se faire élire par le clergé et par le
peuple, dès son arrivée a lîome. Au \ne siècle même, on
marre en France et et) Allemagne des mentions de la par-
ticipation du peuple a l'élection des évoques. Mais il nous
semble qu'on doit se garder de prendre à la lettre les
documents qui contiennent ces témoignages; la plupart ne
font que reproduire de vieilles formules de droit ecclésias-
tique, conservant le souvenir d'un droit périme, et entre-
tenant l'apparence d un iisa.e ancien, plutôt que corres-
pondant à des réalités contemporaines.
Plusieurs documents anciens semblent indiquer qu'à
cote de la consultation générale du peuple se produisait un
Buffrago distinct des riches et des notables: honorait,
nubiles, proctres. On finit par do plus accorder voix qu'à
ces derniers. Justinien statua que lorsqu'un siège episeo-
pal serait vacant, le clergé et les principaux de la ville
(clerici et optimates ciuitalis) désigneraient trois per-
sonnes pour le remplir, cl que le métropolitain conférerait
l'ordination à celui qu'il estimerait le mieux qualifié :
melior ordinetur periculo et élections ordinantis
(Novel C.WIl, c. i). En Orient, le peuple et le clergé de
la ville furent finalement exclus de toute coopération à
l'élection ; l'évêque fut choisi par le métropolitain, parmi
trois personnes présentées par les évoques de la province.
Xicéphore 11 (963-969) édicta qu'aucun évoque ne serait
élu ou consacré sans l'autorisation de l'empereur; mais
cette loi n'eut point de durée. Sauf des cas relativement
rares et une réserve permanente relativement au siège de
Constantinople, les empereurs s'abstinrent généralement
d'intervenir directement dans les élections, et ils se con-
tentèrent de l'influence résultant de l'expression de leurs
préférences. — En France, un concile d'Orléans (558,
Can. III) décréta que le métropolitain serait ordonné par
un autre métropolitain, en présence de tous les évoques de
la province, et que son élection serait faite par eux tous,
avec le consentement du clergé et du peuple de la ville
{clerici, cives). A l'égard des évoques de la province, il
ordonna qu'ils fussent consacrés par le métropolitain. Un
autre concile tenu en la même ville (549, Can. X et XI)
prescrivit au métropolitain et aux evéques de la province
de consacrer celui qui aurait été choisi par le clergé et par
le peuple, conformément à la volonté du roi (cum uolun-
tulr régie... juxta eleetionem cleri et plebis), et il
tacha de concilier l'immixtion du roi avec les droits du
peuple et du clergé, par cette maxime : Nullus invitis
detur episcopus, sed nec per oppressionem potentium
per sonar um... cives et clerici inclinentur. Un con-
cile de Paris (557, Can. VIII), renforçant cette disposition,
déclara nulle l'ordination d'un évèque nommé par le roi
(per impermm régis) malgré les citoyens et contre la
volonté du métropolitain et des évoques de la province ;
il recommanda l'observation des anciens canons. Mais
déjà les rois mérovingiens étaient intervenus, avec une
puissance à laquelle il était ditlicile de résister, dans le
choix et même la déposition des evéques. En principe, ils
respectèrent les formes admises par l'Eglise pour l'élection
des évèqucs, mais ils subordonnèrent l'ordination à leur
dérision : .1 proi'ineialibus, a clero et populo eligatur,
dit une constitution de Clotaire II (615) ; mais elle ajoute:
et si condigna persomifuerit, per ordinationem prin-
eipis ordinetur, attribuant au roi le droit d'apprécier les
qualités de l'élu et d'ordonner sa consécration et son ins-
tallation, droit qui fut implicitement reconnu par un con-
cile de Chalon ((>5U, Can, X). En conséquence, le choix
fait par le clergé et par le peuple ne s'appela plus com-
munément electio, mais flagitatio, pelitio... Supplici-
ler postitlainus. En réalité, la décision suprême que les
Mérovingiens s'étaient arrogée et s'étaient fait reconnaître
équivalait au droit de nomination directe. — Carloman et
Pépin déclarèrent rétablir la liberté des élections. Uncapi-
tulàire de Charlemagne (805), renouvelé en 81(i par
Louis le Débonnaire, permet de choisir l'évêque per elec-
tionem eleri et populi, secundum statuta eanonum, de
propria iioeceii; mais les termes de cet acte impliquent
plutôt l'octroi d'une faveur que la reconnaissance d'un
droit. En fait, la nomination continua a dépendre de
l'empereur. Les privilèges de libre élection concédés à
certain 's églises indiquent la persistance et la généralité
de la pratique contraire.
Voici sommairement, d'après les formules, quelle devait
être la procédure des élections au ix* sièele. Aussitôt après
la mort d'un évèque, le clergé et le peuple envoyaient des
députés au métro|>olitain pour l'en avertir; le métropoli-
tain en donnait avis au prince, puis, suivant son ordre,
ÉLECTION
— 753 —
nommait un des évoques de la province pour être visiteur.
Celui— ei devait se rendre dans l'église vacante pour j sol-
liciter l'élection et y présider, aiin qu'elle ne lut point
différée et que les canons > fussent gardés. Il assemblait le
clergé et le peuple, c-a-d. les prêtres, les autres clercs,
les vierges, les veuves, les nobles et les antres laïques.
Les moines avaient grande part à l'élection, (in ne devait
pas y appeler seulement les chanoines et les clercs de la
ville, mais aussi les clercs de la campagne. L'élu devait
être, autant que possible, un clerc appartenant à l'église
qu'il s'agissait de pourvoir. — L'élection faite, le décret,
signé des principaux du clergé, des moines et du peuple,
était expédié au métropolitain. Celui-ci convoquait tous les
évéques de la province pour examiner l'élection, en un lieu
qu'il désignait, mais qui était ordinairement l'église vacante.
Tous les évéques devaient se rendre à cette convocation
ou, s'ils étaient empêchés, se faire représenter par un de
leurs clercs chargé d'une lettre d'approbation , car tous
devaient consentir ; trois évéques au moins devaient assister
en personne. L'élu était présenté à ce concile provincial
et examiné en sa personne, sa doctrine et ses mœurs. Si
l'élection était jugée canonique et l'élu capable, on prenait
jour pour la consécration ; si l'élection avait été obtenue
par simonie ou par brigue, le concile la cassait et élisait
un autre évêqtie. Le prince était averti des principaux actes
de cette procédure et spécialement de l'élection et de la
confirmation, car il avait toujours droit d'exclure ceux qui
ne lui étaient pas agréables. — Les chanoines des cathé-
drales s'efforcèrent de s'emparer de toute l'élection, et ils
y parvinrent. Au commencement du xuie siècle, ces cha-
pitres étaient déjà en possession d'élire seuls l'évèque, à
l'exclusion du reste du clergé et du peuple ; et les métro-
politains, en possession de confirmer seuls l'élection, sans
appeler leurs sutfragants.
Par suite des changements survenus dans l'état des
bénéfices et dans les manières d'y pourvoir, il s'était
produit une grande confusion dans les élections : chaque
église particulière se taisait des règles et se prescrivait des
formalités qu'elle changeait pour faciliter le succès des
brigues et des sollicitations qui prévalaient. Afin de remé-
dier aux abus résultant de cette diversité, le IVe concile
général de Latran (1215) fit un règlement d'où on a tiré
le chapitre Quia propter; De electione et electi potes-
tate (Décret. Greg. IX, lib. 1, Ut. VI, c. XL1I), si sou-
vent cité dans le droit canon. Ce chapitre admet trois
manières de procéder : le scrutin, par lequel les électeurs
assemblés choisissent trois d'entre eux pour recueillir se-
crètement les suffrages et les publier sur-le-champ. Celui
qui obtient les suffrages de la plus grande et de la plus saine
partie est canoniquement élu. Le compromis, lorsque tout
le corps des électeurs délègue à un ou à plusieurs du corps
ou même à d'autres le pouvoir d'élire, au lieu de tous (vice
omnium). V inspiration, lorsque, sans négociations préa-
lables, tous les électeurs (nemine réclamante) désignent
la même personne. Malgré toutes les précautions, les portes
de l'Eglise restèrent ouvertes aux causes d'intrusion dénon-
cées en ces vers :
Quatuor ecclesias portîs intratur ad omnes,
Caesaris et Simonis, sanguinis atque Dei.
Prima patet magis, sed numuiis altéra; eharis
Tertia, sed paucis quarta patere solet.
Depuis longtemps, disait-on déjà en ce temps-là, il ne
faut plus s'attendre à voir des élections divinement inspi-
rées. Le corbeau a dévoré la colombe que le Saint-Esprit
avait coutume d'envoyer. Les chapitres avaient moins d'au-
torité que l'assemblée des évéques de la province, et sou-
vent ils eurent moins de justice : les chanoines restant
soumis aux puissances auxquelles ils devaient leur propre
nomination, notamment au prince ou aux grands vassa ix
qui dominaient leur ville. De là, de fréquentes appellations
à Rome. Il arriva même que des évéques élus y deman-
dèrent la confirmation et la consécration qui leur étaient
(refusées par le métropolitain. Les papes accueillirent avec
empressement et s'ingénièrent a multiplier le, o< rasions qui
leur permettaient d'exercer la suprême juridiction a laquelle
ils prétendaient, et ils s'en servirent BOSff s'attribuer le
droit de nomination. Ils eoauuoeéreat par disposer de la
provision des églises on s'étaient produits des désordres
manifestes; puis ils édietèrenl des i ènérs les pour
certains cas, comme lorsque l'évèque serait décédé en cour
de Rome, lorsqu'il serait cardinal, lorsqu'il aurait aiquis
un bénéfice incompatible, etc. Jean Wll finit par se n
toutes les églises cathédrales lorsqu'elles viendraient a
vaquer. Ce qui était abolir les principales élections. Le
chu île de Baie les rétablit et son décret fut inséré dans le
pragmatique sanction de Bourges (4 438) (V. Esuaccunas-
LIQUE HOMAINK, t. M , p. 623).
J>e concordat de 1516 abolit les élections et attribua
irrévocablement au roi le droit de nommer aux archevêchés
et aux évéchés, aux abbaves et aux prieurés purement
électifs, à la condition que les nommés se feraient pourvoir
par le pape. Il déclarait toutefois que ces dispositions ne
porteraient aucun préjudice au droit d'élection des églises
qui produiraient, par écrit et en bonne forme, la preuve de
leur privilège à cet égard. Mais des bulles suspendant le
droit d'élire rendirent illusoire cette réserve: aucune église
du royaume n'en conserva le profit. Du reste, les collations
que le roi pouvait faire étaient loin d'être limitées aux
catégories énoncées dans le concordat. La même faculté lui
était reconnue sur beaucoup d'autres bénéfices, pour des
causes diverses: concordat germanique, en quelques pro-
vinces réunies à la France ; induits spéciaux accordés par
le pape ; induit du parlement de Paris ; droits de régale,
de serment de fidélité, de joyeux avènement, de joyeuse
entrée ; droit de garde royale ; droit de litige entre les
patrons ; droit de disposer des bénéfices dont le patronage
était attaché à des fiefs possédés par des seigneurs séparés
de l'Eglise ou à des fiefs dépendant du domaine de la cou-
ronne. Enfin, collation des titres ecclésiastiques des saintes-
chapelles et autres de fondation royale. Pour les exceptions
les plus importantes, V. Chef i> 'ordre. — La cour de
Rome prétendait que le roi ne pouvait point nommer aux
monastères de filles, parce que le concordat n'en parle pas.
En France, on prétendait le contraire, et le roi nommait en
conséquence. Les olliciers de la Daterie expédiaient les
bulles sur cette nomination, mais au lieu d'en faire men-
tion, ils inscrivaient une clause dont on ne tenait aucun
compte, et l'abbesse était mise en possession sans qu'on
demandât le consentement ou l'avis des religieuses (Y. Ab-
baye, 1. 1, p. 36). Le roi n'admettait d'exception à son droit
que pour les monastères de l'ordre de Saint-François, dits
de Sainte-Claire, de Sainte-Elisabeth et de l'Annonciade.
Non seulement le concordat supprimait les dispositions
de la pragmatique, que Léon X appelait llegni Fraudas
corruptclam liituricensem, interdisant les expectatives,
les réserves, les annates et toutes les exactions fiscales de
la cour de Rome ; mais, en obligeant tous ceux qui seraient
nommés par le roi de se faire pourvoir par les papes, il
assurait à ceux-ci une source nouvelle et très abondante de
revenus. D'autre part, il attribuait au roi, en même temps
que la dispensation des principaux offices de l'Eglise, celle
îles bénéfices qui y étaient attaches, c.-a-d. la disposition
d'une fort grande part des biens du royaume. Au mot
Abbaye, t. 1, p. 36, nous avons indiqué l'usage que nos
rois firent de cette faculté, et que tout naturellement ils
devaient en faire. En son traite De l'Appel comme
d'abus, ln part., ch. v, art. 2, p. 7-2, Mgr AfTre écrit :
« Quand on pense aux moeurs de François Ier, qui ne
regrette de le voir designer au chef de l'Eglise les cen-
seurs des moins, les gardiens de la vertu et de l'inno-
i i'iiiv: Les princes de la branche de Valois, ses succesmUCS
immédiats, et les femmes dont ils subirent l'influence,
rendirent plus sensible encore cet humiliant patronage.
Jusqu'en 1789, deux rois seulement, Louis Mil et Louis \\ I
se distinguèrent par une austère vertu. A cote du ministre
delà Feuille, qui exerçait cette importante prérogative de
— 753
ÉLECTION — ELECTRE
la royauté, combien d'îafiwMM dont l'homme religieux
H.> peut lire l'histoire sans éprouver un sentiment pénible
et une profonde affliction. » Dus h pntiqae, disait Pension,
If n>i est plus ehef de l'Eglise que le ptpe [De Summi
Pontifias auctoritate, e. il el 15). L'EgMe de France,
privée de h liberté d'élire ses pasteurs, estan peu au-dessous
de la liberté dont jouissent les calvinistes du royaume et les
catholiques sous le sceptre du Grand-Turc (Plans degou-
wnwHMn!,] il. Bo son Abrégé chronologique de Ihis-
t<>nr de Frtmee, le président llénault détend ainsi le
l>acte conclu entre Léon \ et François l''r: « Le roi reprè-
>entant la nation, c'est à lin d'exercer les droits qu'exer-
çaient les premiers tidèles et qui lui Ml été remis lorsque
l'Eglise a ete re«;u« dans l'Etat, pour prix de la protection
que le roi accordait à la religion... Sous le régime des élec-
tion», les grands sièges étaient souvent remplis par des
sujets de la lie du peuple, tandis que, à choses égales,
la noblesse doit être préférée dans la distribution des
dignités ecclésiastiques... Les grands bénéfices donnant
autorité au\ évèques dans les villes de leurs diocèses, il est
extrêmement important pour la sûreté du royaume que les
rois choisissent ceux dont la fidélité leur est connue et
dont les talents s'étendent non seulement aux choses de la
religion, mais encore au maintien de la paix et de l'ordre
public... Chaque forme de gouvernement ayant ses prin-
cipes, relui par lequel subsiste un Etat monarchique est
que tout doit y concourir à la réunion de l'autorité dans
une même personne... Toute la question se réduit à savoir
quel est le plus inconvénient pour le royaume, qu'il en
route quelque argent dont la cour de Home profite, ou que
le roi soit privé d'un droit qui affermit véritablement son
■ir. »
Lorsque fut délibérée la constitution civile du clergé,
plusieurs évèques, tout en réprouvant les dispositions du
projet, rapjielèrent que le clergé avait toujours regretté les
élections ; l'un d'eux déclarait « que le concordat avait
toujours été combattu par l'Eglise gallicane, tant qu'elle
avait pu espérer le faire réformer, et qu'elle ne s'était
jamais départie du désir le plus sincère de revenir aux
élections, mais à des élections canoniques, et qui pussent
être avouées par l'Eglise » (Lettre de l'évèque de Lucnn).
Le 4 août 1789 on avait supprimé les annales. La loi du
1-2 juil.-2l août 1790 (Constitution civile du clergé)
supprima les chapitres des églises cathédrales et des églises
collégiales, les chapitres réguliers et séculiers, les abbayes,
les prieurés et généralement tous les titres de bénéfices
autres que les métropoles, itaévéchés et les cures (tit. Ier,
art. 20) ; elle ne reconnaît qu'une seule manière de pour-
voir aux évèchés et aux cures, savoir : la forme des élec-
tions (tit. II, art. i"T). Toutes les élections devaient se
faire par la voie du scrutin et à la pluralité absolue des
suffrages (2). Celle des évéquet, dans la forme et par le
corps électoral indiqués, dans le décret du 23 déc. 1789
pour la nomination des membres de l'assemblée du dépar-
tement (3). La proclamation de l'élu était faite par le
président de l'assemblée électorale, dans l'église où l'élec-
tion avait eu lieu (14). Le procès-verbal de l'élection et de
la proclamation était envoyé au roi par le président de
blé» pour lui donner connaissance du choix qui
avait ete fait il. S). Dans le mois suivant l'élection, celui
qui avait été élu à un èvèché devait se présenter en per-
sonne à son évèque métropolitain ou, s'il était élu pour le
le la métropole, au plus ancien évèque de l'arron-
i]i"ement, et le supplier de lui accorder la confirmation
canonique (16). Le métropolitain ou l'ancien évèque avait
la faculté d'examiner l'élu, en présence de son conseil, sur
sa doctrine et ses mœurs ; s'il refusait l'institution cano-
nique, les parties intéresses pouvaient se pourvoir par voie
d'appel comme d'abus (17). Le nouvel évèque ne pouvait
s'adresser au pape pour en obtenir aucune confirmation,
mais il devait lui écrire comme au chef visible de l'Eglise
universelle, en témoignage de l'unité de la foi et de la com-
munion qu'il devait entretenir avec lui (19). — L'élection
«RA.NDE ISeïCLOPÉDIE. — XV.
des curés devait se faire dans la forme prescrite et par les
électeurs indiqués dans le décret du 2"2 déc. 1789 pour
la nomination des membres de l'assemblée administrative
du district (25) et par scrutins séparés pour chaque cure
vacante (28). L'élu proclamé devait se présenter en per-
sonne à l'évèque, à l'effet d'obtenir l'institution cano-
nique (35). Examen par l'évèque et voie d'appel (36).
Pour l'élection dos évèques comme [tour celle des curés,
chaque électeur, avant de remettre son bulletin, devait
prêter serment de ne nommer que celui qu'il aurait choisi
en son âme et conscience comme le plus digne, sans y avoir
été déterminé par dons, promesses, sollicitations ou me-
naces (29). L'évèque élu et confirmé, le curé élu et ins-
titué devaient prêter, en présence des officiers municipaux,
du peuple et du clergé, serment de v«iller avec soin sur
les fidèles qui leur étaient confiés, d'être fidèles à la nation,
à la loi et au roi, et de maintenir de tout leur pouvoir la
constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée
par le roi Ç21, 38).
Dans les pays où l'élection a encore lieu pour l'épis-
copat, tels que l'Irlande, la Belgique, la Suisse, certaines
parties de l'Allemagne, etc., elle se fait suivant les formes
du chapitre Quia propter, précédemment mentionné. —
D'après les articles 4, 5 et 6 du concordat de 1801, la
nomination aux archevêchés et aux évèchés est faite pour
la France par le chef de l'Etat, et l'institution donnée par
le saint-siège. Avant d'entrer en fonctions, les évèques
doivent prêter serment de fidélité dans les termes suivants :
« Je jure et promets à Dieu, sur les saints évangiles, de
garder obéissance et fidélité au gouvernement établi par
la constitution de la République française ; je promets de
n'avoir jamais aucune intelligence, de n'assister à aucun
conseil, de n'entretenir aucune ligue, soit au dedans, soit
au dehors, qui soit contraire à la tranquillité publique, et
si, dans mon diocèse ou ailleurs, j'apprends qu'il se trame
quelque chose au préjudice de l'Etat, je le ferai savoir au
gouvernement. » Pour certains développements, V. Etat
§ Etat et Eglise, Evèque, Hiérarchie. E.-H. Voi.let.
Bibl. : Histoire administrative. — Encyclopédie mé-
thodique (Finances), a.u mot Election. — Alm.ana.ch royal
de 1789, p. 357.
Politique. — Greffier, Code électoral; Paris, 1890,
in-8. — Gudin nu Pavillon et Key, Manuel électoral
complet; Paris, 1889, in-8. — Gukri.in de Guer, Manuel
électoral; Paris, 1892, in-8. — Bavei.ier, Dictionnaire
de droit électoral; Paris. 1882, in-8.— Faivre, Petit Code
annoté des électeurs; Paris. 1885, in-32. — Deroisin,
Manuel des protestations électorales; Paris, 1877, in-32.
— Beurdelev, Nouveau Manuel de l'électeur ; Paris,
1889, in-18. — Bidault, Code électoral, 1884, in-8. — Du
même. Electeurs et Eligibles, 1889, in-8. — Bosr, Coda
formulaire des élections municipales, 1878, in-8. — Cenac,
la Liste électorale, 1890, in-18. — Ciiardonnier, De l'Or-
ganisation électorale et représentative de tous les pays ci-
vilisés, 1891, in-8. — Pierre, Lois organiques concernant
l'élection des députés, in-18. — Poudra et Pierre, Lois or-
ganiques concernant l'élection du Sénat, 1885, in-18. —
Hoche, les Lois sénatoriales annotées; Toulon, 1885, in-12.
— Nouguier, Des Elections consulaires; Paris, 1884, in-8.
— Sacré, Manuel des élections consulaires, 1884, in-8. —
Le Suffrage universel. Etude comparée des diverses légis-
lations électorales ; Paris, 1«83. in-12.— A. Lebon, Etude
sur la. législation électorale de l'Empire d'Allemagne;
Paris, 1879, gr. in-8.
ELECTRA ou ELECTRE (Astron.). Nom du 130e c^6;-
roïde (V. ce mot).
ELECTRE. I. Mythologie.— 'HXhxpct, l'étincelante, a
désigné dans la mythologie primitive des Grecs plusieurs
personnifications de l'éclat rayonnant du ciel et des phos-
phorescences de la mer. Chez Hésiode, elle est une des
filles d'Océanos et de Téthys, sirur de Styx ; ailleurs, son
être est mis en rapport avec Iris, personnification de l'arc-
en-ciel ; ailleurs encore, elle est parmi les filles d'Atlas et
désigne l'une des sept Pléiades ; c'est ainsi qu'on la vénérait
dans l'ile de Samothrace, le centre du culte nautique des
Cobires (V. ce mot). Il y aune Electra parmi les cinquante
filles de Danaûs. Cependant, ces ligures du l'antique natura-
lisme des Hellènes se sont effacées devant l'Electre des
poètes tragiques, la fille d'Agamemnon et de Clytemnestre,
48
ELECTRE - ÉLECTRICITÉ
- 7*4 -
encore inconnue de l'épopée, mais créée, dans ses traits
essentiels, parla poésie lyrique de Stésichore. UmqneAga-
memnon est assassiné à son retour de Troie par l'épouse
adultère el Egisthe, son complice, c'est Electre qui arrache
le jeune Oreste aux mains des meurtriers et l'envoie i
l'étranger. Maltraitée par Egistheet par la mère, elle mène
une existence misérable; toujours fidèle à la mémoire «lu
fière, elle aspire au retour d'Oreste qui scia le vengi nr.
•'après Euripide, qui affectionne les inventions roma-
nesques, elle est mariée de lune a un laboureur mycénien,
mais elle obtient qu'il la respecte el la serve avec dévoue-
ment. Une t'ois Oreste de retour, Electre participe au châ-
timent. Chez Eschyle, elle est au second plan ; niais, Hic/.
Sophocle, qui a donne son nom à la tragédie où il a con-
densé tous les événements de VOrestie de son prédéces-
seur, elle a le rôle principal ; elle prépare le meurtre
d'Egisthe et de Clytemnestre ; elle enflamme Oreste de sa
propre ardeur et applaudit à l'exécution. La reconnaissance
du frère et de la sœur est une des plus belles scènes du
théâtre grec, et le caractère d'Electre, indomptée, impla-
cable, absorbée dans le souvenir du père, l'amour du frère
et la pensée de la vengeance, est peut-être ce que l'art
dramatique a produit de plus achevé, lue tragédie d 'Euri-
pide, portant le nom d'Oreste, prend le sujet où la tra-
gédie d'Electre, du même poète, l'a laissé ; les deux
réunies renferment la vie entière de l'héroïne, mais com-
pliquée d'inventions extraordinaires el même bizarres. Dans
VOreste, après le meurtre de Clytemnestre, Electre et son
frère n'échappent à la mort décrétée contre eux par le
peuple d'Argos que grâce à l'intervention d'Apollon. Les
poètes s'accordent généralement à marier Electre avec
l'ylade, et les logographes citaient deux fds issus de cette
union, Médon et Strophios. Toutes ces péripéties draina-
tiques ont tenté plus d'une fois l'imitation des modernes ;
les tragédies de Longepierre et de Crébillon sont les plus
connues. Parmi les représentations artistiques des aven-
tures auxquelles Electre se trouva mêlée, il faut citer en
première ligne le bas-relief du Louvre représentant l'héroïne
plongée dans la douleur auprès du tombeau de son père,
et devant elle trois personnages représentant Talthybios,
Oreste et Pylade. Cette œuvre provient de Mélos et semble
avoir été reproduite souvent dans l'antiquité. J.-A. Hild.
IL Chimie (V. Electrum).
Bibl. : Eschyle, les Choéphorcs. — Sophocle, Electre.
— Euripide* Oreste, Electre. — Senéque le Tragique,
Agamemnon, Cf. Patin, Tragiques grecs.
ÉLECTRICITÉ. I. Physique. — La propriété que pos-
sède l'ambre, en grec fjXejrçpov, lorsqu'il est frotté, d'attirer
divers corps légers n'est qu'un exemple particulier de toute
une série de phénomènes que l'on est parvenu à relier les
uns aux autres depuis le xvi1' siècle et qui constituent cette
branche de la physique, aujourd'hui si importante, l'élec-
tricité. Le développement extraordinaire qu'ont pris dans
ce siècle et surtout dans la seconde moitié, ses applications
si nombreuses, si variées et dont quelques-unes étaient si
peu attendues, font de l'électricité une des sciences les plus
fécondes, bien que née d'hier. Nous ne saurions ici, avec
l'espace dont nous disposons, faire un exposé même abrégé
des phénomènes électriques, décrits d'ailleurs chacun au
mot qui lui correspond ; nous nous contenterons d'exposer
la découverte des faits, la naissance des théories, qui, à
partir de ce fait connu avant Thaïes de Blilet, l'attraction
des corps légers par l'ambre frotté, a conduit peu à peu
l'homme, si lentement pendant de longs siècles, à pas de
géant dans ces dernières années, d'un phénomène isolé, peu
précis, sans utilité, sans explication, à cette multitude de
faits bien démontrés, mesurés avec précision, si riches en
applications les plus diverses, reliés les uns aux autres
malgré leur multiplicité par les théories qui, si elles ne
peuvent être considérées comme l'expression certaine de la
vérité, ont au moins ce grand avantage île réuni] tous ces
laits en nu tout bien compact, d en faire prévoir d autres ci
même de rapprocher les phénomènes électriques des phé-
nomènes lumineux e| calorifiques. Cet espacé lllie fuis fait,
nous aurons vu apparaître sua ordres
de phénomènes oui constituent maintenant l'éieeb
nous pourrons (aire suivre cette sorte d.- préface d'un ta-
bleau comprenant le- diverses branchée de cette science;
il nous permettra d'embrasser d'un coup d'u-il tout'
li l'île ci nous servira en quelque suite de table de> ma-
tières puni renvoyer le lecteur aux divers articles dapj
l'en emble constitue l'étude de l'électricité.
Le premier phénomène électrique observé, l'action de
l'ambre frotte sur les corps légers, est très anciennement
connu ; Thaïes de Milel, qui vivait en l'an 600 av. J.-C.,
ne semble p.is l'avoir découvert, mais il l'a décrit le premier.
Pline le Jeune (70 ans ap. J.-<..) mentionne le même fait et
cite un autre corps, une pierre, pet)t-étre la tourmaline,
comme jouissant de la même propriété. Vers la même
époque, on connaissait l'action spéciale que la torpille fait
éprouver quand on la touche ; c'est la très probablement
le premier fait connu d'électricité animale; il faut aussi
l'aire remonter a cette époque les premiers essais de l'emploi
de l'électricité animale dans l'art de guérir (Aristote). Du
temps de Tibère, un homme atteint de la goutte fut guéri
après avoir reçu plusieurs chocs de torpille. Lcmov
n'ajouta rien aux laits, si peu nombreux, qui constituaient
toute l'électricité, si l'on peut employer ce mot créé plus
tard par Gilbert, et il faut arriver ace savant philosophe
anglais (1540-1603) pour avoir a constater non seulement
de nouveaux faits mais une véritable méthode pour l'étude
de ces phénomènes. Gilbert cherche de suite à généraliser
le phénomène présente par l'ambre, et il crée pour cela le
premier appareil, pour pouvoir mettre en évidence plus fa-
cilement qu'on ne le faisait alors les attractions électriques:
une aiguille légère montée sur un pivot de façon a pouvoir
tourner sous la plus faible iulluence, voila le premier élec-
troscope. Avec lui Gilbert montre qu'un grand nombre de
corps jouissent de la même propriété que l'ambre ; j'en
cite seulement quelques-uus: le diamant, le saphir, l'opale,
l'améthyste, le sel gemme, l'alun, le mica, le soufre, l'ar-
senic, le verre, etc. En outre Gilbert reconnaît que d'autres
substances ne possèdent pas cette propriété: tels sont, entre
bien d'autres, les métaux, les pierres magoétiques, l'ivoire,
l'émeraude, l'agate, le marbre, les perles, etc. Il reconnut
aussi l'influence considérable de l'état de sèchen-
l'air, qui facilite beaucoup ces expériences. Gilbert a publié
un traité important sur ces phénomènes (De Mognete ma-
gnetici&que eorporibits).
Dans le xvn' siècle, Hubert Buyle (16-26-1691) montra
que, si les corps frottes attiraient les corps légers, inverse-
ment ils étaient attires par eux ; il inoutra aussi que la
propriété développée dans l'ambre par le frottement se
maintenait quelques minutes après que cette cause avait
cessé; il ajouta aussi quelques noms aux deux listes
données par Gilbert et publia un mémoire (Expérimente
ou tlteoriijin oj Lhrlricity). \ ers la même époque vivait
Otlo de Guericke (1602-1 686), à qui l'on doit la découverte
de l'étincelle électrique et la première machine donnant des
quantités d'électricité relativement fortes : il obtint par
moulage une sphère de soufre traversée par un axe; un aide
taisait tourner rapidement la sphère autour de cet axe pen-
dant qu'il appuyait ses deux mains sur la sphère. A l'aide
de cette niai bine il répéta les expériences de Gilbert avec
la plus grande facilite, et obtint des etlets beaucoup plus
intenses; aussi put-il en apercevoir d'autres échappes a
Gilbert. Outre la découverte de l'étincelle électrique, qui
devait bientôt montrer que la foudre était un phénomène
électrique, ou lui doit la découverte des répulsions
triques, inobservées avant lui. Newton (1643-1727) fit
au^si diverses expériences sur l'électricité : elles n'ont pas
grande importance ; il parait avoir remplace le soufre de
la machine d'Otto de Guericke par le verre adopte aujour-
d'hui dans la plupart des machines. En 1708, le D* Wall
compara le premier, croyons-nous, la lumière et le crépite-
ment de l'étincelle électrique a l'éclair et au tonnerre de
- 7*3 -
ÉLECTBICITÉ
Li foudre. I ■•>! ''il \~il'> que Cray découvrit une nou-
velle propriété île l'electi ii île. la conductibilité. Il montra
■|ue www an |>ou\ai.nt li-m-im-lti <■ .« tl'.uitics la pro-
prieic EU m llWM sur l'ambre par le tiolteinent , que
d'autre» m ij prêtaient pas, ci il iii la premier l'evpe-
rienre capitale que voici, que l'on |K'iit considérer comme
■• ini.iiiiu' de la télégraphie et du transport de. la
I distance : ayant disposé tUM corde de chauvi e
latine Je 7ii.'> pied) su dea ma do sois et avant mis l'une
vt remîtes fii i apport nei le tube qu'il frottait et
l'autre |«ac une petite belle d'ivoire, il vil celle-ci attirer
lVu de temps après. DasagnoMi relia Us expériences de
i i ill.'s dp Gilbert en montrant que les corps oonduc-
unis ili' Gmj étaient lea corps que Gilbert avait montrés
- l'èleetriser par frottement. Do&v (469B-U39)
montra que tous les corps pouvaient élue eleet lises con-
trairement a l'opinion de Gilbert et que pour ceux avec
lesqueU il n'avait pu réussir, c'était leur conductibilité qui
en etail la cause: tenus a la main et trottes, ils i niaient au
le l'operateur l'électricité qui se développait. Si on
I trotter ces mêmes corps non plus en les tenant à
Li ina'ii, mais en les maintenant à l'aide d'un manche lait
en une matière isolante, ils sYlcrtnsaienl comme les autres.
[Démences de Dutay font époque dans L'histoire de.
nain : on lui doit une découverte encore plus impor-
tante. ItuasiKS de deux électricités qu'il appelle éler-
trnitf vitreuse et électricité résineuse : si ou trotte un
morceau de verre avec du drap, ou l'élertrise ; si on
touche le \erre ainsi élsotrisé avec un corps mobile légè-
restent suspendu, il s'electrise au contact et est repoussé ; si
de ce corps m 'dnle ainsi electrisé on approche successive-
ment divan corps frottés avec delà résine, on constate que
lea ans. comme le verre, le repoussent tandis que d'autres
comme la résine l'attirent. De là deux sosies, d'électricité:
les premiers corps sont dits acquérir l'elei tricité vitreuse,
les seconds l'électricité résineuse. Il montra do plus que,
si l'on recommençait l'expérience d'une façon inverse,
c.-à-d. eu elivtrisant resineusement le corps mobile, tous
les corps ranges avec le verre dans la première expérience
agiraient encore comme lui dans ce second cas, mais en
attirant celte lois l'aiguille au lieu de la repousser ; les
, >lares au contraire avec la résine repoussaient l'ai—
iraiile dans cette seconde expérience. Fendant ce temps, la
première machine d'Otto de Cuerickc s'était peu a peu
perfectionnée : on lui avait ajouté des conducteurs; on avait
remplacé les mains de l'opérateur par un coussin frotteur;
de <es machines on obtenait des étincelles plus
tangues, in if non— i q plus vives; on montrait certains
effets de ces étincelles à l'aide d'expériences souvent «lis—
notées d'une haM ingénieuse; par exemple a l'aide d'une
étincelle jaillissant entre le doigt d'un opérateur et une
tasse métallique ou se trouvait de lïthcr, on cnllammait
celui-ci: quelquefois on faisait jaillir l'étincelle qui enflam-
mait l'ether entre deux morceaux de glace, ato. Ces expé-
riences (ment bientôt usinas de la découverte de la bou-
lalatdsLavde dont Iwefetsépoa vantèrent Huseheobroeck,
qui la découvrit : la première bouteille de Leyde contenait
de l'eau qui constituait 1 armature intérieure, la main
tenant la bouteille constituant l'armature extérieure. Wal-
lon lui douna la disposition Mjnnfi'i maintenant.
• fis cette épnsjuo que l'on voit apparaître les pre-
; Leone. Watson ébaucha une théorie de
. icité qui a ete depuis re|>rise et développés par
Franklin, l/apns l'illustre savant de Philadelphie, le frot-
tement qui aswtiissil les corps m orésil pas l'électricité;
il modifiait seulement son état de distribution dans le corps
frotté et dans la batteur; I un perd de l'électricité, l'autre
!•-. ei I étincelle qui peut jaillir entra eu n'est autre
chose qui- le retour a l'état primitif d'équilibre. Au point
• expérimental, le pouvoir dis pointes découvert par
tranklin et son application pour préserver de la foudre les
édifices et les navires, se» essais heureux sur l'électricité
des nuages sont aussi de la plus grande importance. Vers
la même époque (17,'>i), la découverte de l'electrisatiou
par influence due à Canton joua également un grand rôle
et dans les théories électriques et dans la construction des
mai bines électriques. Kn 1759, Sy miner, reprenant les
idées de I Milay, exposa une théorie ou il rendait compte des
divers phénomènes électriques par la considération, non
pas d'un seul lluide en plus ou moins grande quantité,
comme l'Yanklin, mais par celles de deux fluides qui don-
naient aux corps l'électricité vitreuse ou résineuse, selon
que l'un ou l'autre prédominait et dont la combinaison
produisait l'état neutre des corps. OEpinus, dans son Ten-
Idimn TfyeoricB Çlectricitatis et bfagnetismi, publié à
Suuil-lVlershourg en l T."i9, développe la théorie d'un
lluide unique de Franklin d'une façon remarquable. Tels
sont les principaux essais de théorie tentés jusque-là ;
comme faits observés, outre ceux que nous avons rapportés,
il faut encore citer les remarquables expériences de llaiiy
sur la pyro-électricité des cristaux et sur la relation qui
existe entre cette propriété et la symétrie cristalline, celles
de l'abbé Nollct sur l évaporation des liquides dans des
vases elei Irises, celles de Réauniur, de Walsh, de Ingén-
iions/., de Hunier (17711), etc., sur les poissons électriques,
de Cavendish sur les conductibilités relatives do divers
corps, du fer et de l'eau en particulier, sur les réactions
chimiques effectuées par l'étincelle électrique, etc.
L'année 1700 fait époque dans l'histoire de l'électri-
cité : de nouveaux phénomènes sont découverts ; de nou-
veaux électriciens surgissent : Galvani et Voila. Entre 1790,
date de l'expérience de Galvani sur les grenouilles, et 1 800,
date de l'invention de la pile par Yolta, se trouvent accu-
mulés une sériede faits présentés par l'un ou par l'autre des
deux physiciens pour appuyer leurs théories respectives
et une série de discussions remarquables. Fn 1700, Gal-
vani montre que le contact de deux métaux différents pro-
duit des contractions dans les muscles d'une grenouille ;
ces contractions sont dues à de l'électricité; celle-ci se
trouve, dans cette expérience mémorable, engendrée non
plus par le frottement comme dans toutes les expériences
précédentes, mais par une autre cause dont la recherche a
t'ait l'objet des controverses de Galvani et de Volta : en
mettant en communication les nerts lombaires et les muscles
i ■ruraux d'une grenouille à l'aide d'un arc formé de deux
métaux différents juxtaposés, Galvani observa une con-
trai lion dans les jambes de la grenouille cliaque lois que
l'on établissait le contact; Galvani expliquait, ce phéno-
mène en comparant les nerfs et, les muscles aux deux ar-
matures d'une bouteille de Leyde, et l'arc métallique ser-
vait à les mettre en communication et à produire la décharge.
Volta, frappé de la nécessité d'avoir deux métaux différents
pour obtenir des contractions fortes, dit que celles-ci sont
dues à de l'électricité engendrée au contact des deux mé-
taux. Pour le détail des expériences que firent Galvani et
Volta pour soutenir leur opinion, nous renvoyons le lecteur
au mot Galvanisai i;.
Comme conclusion de cette discussion, Volta montre que
l'opinion de Galvani est fausse; il croit prouver que la
source d'électricité se trouve au contact des deux métaux,
ce qui n'est pas vrai, la principale source d'électricité
étant due a l'attaque chimique de l'un des métaux par les
liquides qui baignent les muscles de la grenouille; mais, si
cette discussion de dix ans n'a donné théoriquement que
des résultats imparfaits, elle a doté la physique et la chi-
mie d'un nouvel agent puissant, la pile électrique pu vol-
taïque. Le pouvoir de cet instrument se montra l'année
même de la déi ouverte: Xicholson etCarlisIe décomposèrent
l'eau. L'année suivante, Thenard montra que les courants
électriques, comme les décharges des batteries, pouvaient
produire l'incandescence des fils métalliques. Ce phénomène
si utilisé de nos jours avec des lampes a incandescence, est
resté longtemps sans applications, mais a tait l'objet d'un
certain nombre de travaux, parmi lesquels on doit citer
ceux de Joule. .Six ans plus tard (1807), Davy décompo-
ÉLECTRICITÉ
- 756 -
sait les alralis, obtenait des métaux nouveaux ; 1807 est
une date importante dans l'histoire de la chimie.
Avec Coulomb commence la série des expériences de
mesure laites en électricité. A l'aide d'un instrument
d'une précision et d'une sensibilité extrêmes qu'il nenl
d'imaginer (V. Balance de torsion), Coulomb peut entre
prendre l'étude des lois numériques suivant lesquelles se
l'ont les attractions et les répulsions électriques que l'on
n'avait pu que constater jusqu'alors sans les mesurer. 11
peut ensuite chercher de quelle façon l'électricité est ré-
pandue à la surface des corps ; il détermine comment elle
est distribuée sur des sphères isolées ou en contact, sur
des cylindres, etc. Il détermine aussi la loi de la déper-
dition de l'électricité. Les résultats de Coulomb ont été
ensuite retrouvés analytiquement par Laplace, par Biot
et par Poisson, en prenant comme point de départ la loi
des attractions et des répulsions découverte par Cou-
lomb. Ces mémoires terminent le xvine siècle ou commen-
cent le xixc. On peut les considérer comme le couron-
nement de ce que l'on a appelé Y électricité statu/tir.
Depuis les travaux que nous venons de citer, les perfec-
tionnements ont consisté surtout en électricité statique
dans la construction de machines électriques puissantes
dues à Ramsden, Holtz, etc. , dans l'invention d'électromètres
plus sensibles qui ont remplacé la balance de Coulomb, et
au point de vue théorique dans l'introduction du potentiel
«tans les calculs, fonction dont Neumann a montré toute
l'importance.
L'invention de la pile deVoltaqui inaugura le xix1" siècle
et les brillants résultats qu'elle a donnés en chimie ne pou-
vaient manquer d'appeler l'attention presque exclusive des
physiciens sur ces nouveaux phénomènes, et nous allons
avoir maintenant à enregistrer les diverses découvertes qui
se sont succédé dans ce que l'on a appelé Y électricité
dynamique.
Aussitôt après la découverte de Volta, on se mit à per-
fectionner les piles électriques de façon à augmenter à la
fois la force du courant et aussi sa durée et sa constance ;
ces deux dernières qualités ne se trouvaient guère dans la
pile de Volta. En 4801, Cruikshank imagine la pile à auges.
L'année suivante, Gautherot découvre la cause la plus im-
portante de l'imperfection des piles, la polarisation. En
4815, Wollaston donne un nouveau modèle de pile ; à par-
tir de ce moment les modifications se succèdent rapidement,
et nous ne pouvons ici que signaler les faits les plus im-
portants, et parmi ceux-ci nous citerons en première ligne
la première pile thermo-électrique construite par Seebeck
en 1821 et l'élément imaginé par Becquerel en 1829 : c'est
le premier élément à deux liquides séparés par une cloison
poreuse. En 1836, nouveau perfectionnement, la pile de
Daniell apparaît : elle possède des qualités de régularité
qui la font encore actuellement très souvent employer ; la
même année Grove construit la pile qui porte son nom et
qui, modifiée par la substitution du charbon de cornue au
platine proposée par Archereau et adoptée avec une modi-
fication de forme par Bunsen, gardera la forme que lui a
donnée Archereau et le nom plus connu de Bunsen. C'est le
type des piles intenses et relativement constantes. En 1859,
nouvelle pile formée d'après un principe tout différent.
Planté utilise dans ses piles secondaires les effets de la po-
larisation et il obtient des courants énergiques ; le couple
Planté est l'origine de tous les accumulateurs si employés
aujourd'hui, qui n'en diffèrent que par des détails de forme.
Citons enfin l'élément Poggendorff au bichromate de potasse
comme un des plus commodes et des plus énergiques, et
l'élément Leclanché si utile et si simple.
En 1805, Grotthus donne une première théorie de l'élec-
trolyse, découverte cinq ans auparavant par Carlisle et
Nicholson. Davy puis Faraday étudient les décompositions
électrolytiques, et ce dernier, en 1833, énonce sa loi cé-
lèbre des équivalents électriques : un courant électrique
qui parcourt une série de voltamètres contenant chacun un
sel différent décompose dans le même temps dans chaque
voltamètre la même fraction d'équivalent de chaque sel.
(/est, après la loi des chaleurs spécifiques de Dulong et
Petit (IKl!)), la seconde relation trouvée entre les cons-
tantes physiques et les équivalents des corps. Cette belle
découverte de Faraday a été étendue par les travaux de
Matteucci et surtout par ceux de Becquerel, qui a montré
que, dans les cas des composés contenant plus d'un équiva-
lent de chacun des corps, c'était la quantité de l'élément
électro-négatif mis en liberté qui suivait la loi de Faraday
et non le métal. La théorie de Grotthus a été remplacée en
1857 par celle de Clausius, beaucoup plus complète et
plus satisfaisante. L'électrolyse est devenue dans ces der-
niers temps un mode d'analyse souvent employé et très
commode et un procède d'extraction des métaux qui rend
pour certains d'entre eux, l'aluminium par exemple, les
plus grands services.
L'année 1820 .voit s'accomplir une grande découverte:
depuis quelque temps, les phénomènes électriques étaient
rapprochés par beaucoup d'esprits de ceux que présente le
magnétisme, mais ce n'était qu'une idée vague que la célèbre
expérience d'OErstedt est venue préciser : OErstedt décou-
vrit qu'un courant électrique passant dans le voisinage d'une
aiguille aimantée, celle-ci est déviée de sa position primitive,
d'autant plus fortement que le courant est plus fort ou
plus voisin de l'aiguille; elle tend à se mettre en croix avec
le courant. C'est là une des plus belles expériences qui aient
été faites en électricité, et elle a fourni a Ampère les élé-
ments de sa théorie sur l'électrodynamique, qui peut passer
pour un des plus beaux mémoires ou les mathématiques
viennent au secours de l'observation, ou à l'aide de quelque
loi simple qui sert de point de départ on arrive à vérifier
les résultats des expériences et à en prévoir d'autres.
Aussitôt l'expérience d'OErstedt connue en France, Ampère
découvre l'action des courants électriques les uns sur les
autres, découverte aussi belle que celle d'OErstedt. Déplus,
il en lait la théorie d'une façon admirable, et en très peu
de temps une science nouvelle, l'électrodynamique, est créée
par le savant français. De quelques expériences simples,
faites pour étudier l'action des courants sur les courants,
Ampère déduit la loi fondamentale de l'action de deux élé-
ments de courants placés dans des positions respectives
quelconques, et il en déduit dans chaque cas particulier les
actions non plus sur des éléments de courants, mais sur des
courants finis, ce qui lui permet de soumettre ses déductions
au contrôle de l'expérience. De plus, Ampère précise de la
façon la plus remarquable ces idées vagues que l'on se fai-
sait sur la corrélation du magnétisme et de 1 électricité ; il
montre que les courants électriques peuvent produire les
effets des aimants ; en enroulant en hélice un fil conduc-
teur et le suspendant de façon à permettre à l'axe de cette
hélice de se mouvoir dans un plan horizontal tout en res-
tant en communication avec les pôles d'une pile, il forme
des assemblages, les solénoides, ayant toutes les propriétés
des aimants, se dirigeant vers le N., possédant deux pôles,
s'attirant ou se repoussant; il substitue à la théorie des
deux fluides magnétiques de Coulomb sa théorie électrique du
magnétisme. C'est cette même année 1820, déjà si féconde,
Îu'Arago a découvert l'aimantation par les courants; cette
écouverte est capitale. Elle permet d'obtenir non seule-
ment des aimants beaucoup plus puissants que ceux que l'on
avait auparavant, mais elle permet d'aimanter instantané-
ment et à distance, donnant ainsi naissance, un peu plus
tard (1829), aux premiers moteurs magnéto-électriques, et
en 1840 au télégraphe à cadran qui présentait sur les télé-
graphes employés alors et fondés sur l'expérience d'OErs-
tedt de grands avantages. En 1821, Davy, qui venait de
réunir deux mille couples voltaïques, produisit pour la pre-
mière fois l'arc voltaique. En 1822, Seebeck découvrit les
phénomènes de thermo-électricité; il montra que, lorsqu'un
circuit était formé de fils métalliques de diverses natures
soudés les uns aux autres, on pouvait y taire naître des
courants électriques en plaçant ses soudures à des tempé-
ratures différentes ; le sens du courant engendré à chaque
- 757 -
ÉLECTRICITÉ
soudure dépend de la nature des deux métaux soudés, et
l'on peut ranger les métaux suivant une liste analogue à
celle que Vota avait dressée : quand on chauffera la sou-
dure réunissant deux métaux de cette liste, le courant ira
toujours du métal le premier inscrit sur la liste à l'autre,
et, toutes choses égales d'ailleurs, le courant sera d'autant
plus fort que les deux métaux seront plus éloignés sur cette
liste. En 1S-23, Cumming a montré que dans cette liste
l'ordre des métaux 14peeda.it de la température et qu'à
partir de certains degrés il J avait inversion. La décou-
verte de Seehec k est très intéressante à la fois au point de
vue théorique et au point de vue pratique; elle a donné
naissance a l'instrument le plus sensible que nous possé-
dions pour mesurer les faibles quantités de chaleur, la pile
thermo-elec trique ; on a pu. avec cette sorte de thermomètre,
étudier avec une grande précision les phénomènes de la
chaleur ravonnante et montrer toute l'analogie qui existe
entre les phénomènes optiques si facilement appréciés par
uos veux et les phénomènes de chaleur rayonnante qui
échappaient à nos sens, tels que l'existence d'un spectre
calorifique continuant le spectre lumineux du coté du rouge
et la présence dans le spectre calorifique du soleil de bandes
sans chaleur analogues aux raies sans lumière de la partie
visible. A côté de ces phénomènes, nous citerons ceux c<ui
ont été découverts un peu plus tard, en 1834, par Peltier
(effet Peltier), et en 1856 par Thomson (effet Thomson).
Le premier a montré que si, dans un circuit formé de plu-
sieurs métaux soudés ou la température est uniforme, on
vient à lancer un courant électrique, la température ne
s'élève pas uniformément; elle est plus élevée à certaines
soudures qu'à d'autres et elle s'abaisse même quelquefois
a certaines soudures lorsque le courant est suffisamment
faible. Le second a fait voir que, dans un circuit formé
par un seul métal dont les diverses parties vont à diffé-
rentes températures, réchauffement d'une partie du fil
produit par un courant n'est pas le même quand le courant
va d'une partie chaude à une partie froide ou quand il suit
la route inverse. Ces propriétés ont été ensuite étudiées
avec soin par Leroux. Les phénomènes thermo-électriques
ont fait l'objet de nombreux travaux parmi lesquels il
faut citer tout particulièrement ceux de Becquerel et les
recherches théoriques de Thomson, puis de Tait.
En 18ii. Arago fit encore une découverte considérable,
celle du magnétisme de rotation : une aiguille aimantée
librement suspendue et orientée vers le N. étant placée au-
dessus d'un disque de cuivre animé d'un mouvement rapide
de rotation était déviée de sa position d'équilibre et tendait
a suivre le mouvement du disque. Cette curieuse expérience,
inexplicable à cette époque ou les phénomènes d'induction
étaient encore inconnus, fut très remarquée ; elle suscita
un essai de théorie de la part de Poisson et des expériences
très intéressantes dues surtout à Foucault : si on veut faire
tourner rapidement un disque de cuivre placé entre les
pôles d'un fort électro-aimant, on éprouve une grande résis-
tance, et le cuivre s'échauffe fortement. Seebeck montra le
parti que l'on pouvait tirer de l'expérience d'Arago dans
la construction des galvanomètres : si on fait osciller une
aiguille aimantée sous l'influence magnétique de la terre,
puis si l'on vient à mettre autour d'elle un cadre en
cuivre, on constate que ces oscillations s'arrêtent aussi-
tôt, l'aiguille prenant sa position naturelle d'équilibre.
On peut, à l'aide de cet artifice, construire des galvano-
mètres dans lesquelles l'aiguille aimantée se place immédia-
ment, presque sans oscillations, dans la position d'équi-
libre qu'elle n'occuperait, sans cela, qu'après de nombreuses
et lentes oscillations. En 18-27, Ohm exposa, dans sa
Théorie mathématique de la pile galvanique, les lois
~ui relient la force électromotrice d'une pile à l'intensité
u courant qu'elle produit dans un circuit d'une résistance
connue. Cette théorie est assez analogue à celle que Fourier
a établie pour la conductibilité calorifique. Les résultats
d'Ohm, exposés d'une manière très abstraite, ont été long-
temps méconnus, et Pouillet a retrouvé ses résultats
S
huit ans après. Les recherches d'Ohm et de Pouillet ont
été suivies de celles de Becquerel, de C.augain, de Branly
et de Biemann. pour n'en citer que quelques-unes.
L'année 1831 marque une nouvelle date dans l'histoire
de l'électricité: Faraday découvre les phénomènes d'induc-
tion; il place à côté l'une de l'autre deux hélices conduc-
trices reliées l'une à un galvanomètre, l'autre à une puis-
sante pile électrique, et il constate que chaque fois qu'on
lance le courant ou qu'on l'interrompt dans la seconde
hélice, le galvanomètre indique dans l'autre un courant de
sens contraire dans le premier cas, de même sens dans le
second que le courant de la pile. Faraday montre aussi que,
lorsqu'on approche ou qu'on éloigne d'un circuit fermé relié
à un galvanomètre un circuit parcouru par un courant, il
s'en développe un autre dans le circuit fermé. Les aimants
produisent le même effet. Pour exprimer dans tous les cas
le sens du courant produit, Faraday a imaginé ce qu'il a
appelé les lignes de force : une ligne de force d'un cou-
rant est une ligne telle qu'en chaque point la tangente à
la ligne est dirigée suivant la direction de la force avec
laquelle le courant agirait sur une molécule magnétique
placée en ce point, et il dit que chaque fois que l'on vient
à altérer les ligues de force d'un circuit, il se développe
une force électromotrice qui produit un courant de sens tel
que les lignes de force qui lui correspondent soient d'une
direction opposée. En 1833, Lenz a donné de cette loi un
autre énoncé plus simple connu sous le nom de loi de Lenz :
il a montré que le courant induit était toujours d'un sens
tel qu'il gênait l'induction; si celle-ci était produite par
un déplacement, il s'opposait à ce déplacement ; si elle était
produite par une variation d'intensité, il tendait à la rendre
moins prompte. Les premières expériences de Faraday sur
l'induction sont, d'après Bence Jones, qui a écrit une bio-
graphie sur Faraday, de la fin d'août 1831. Son premier
mémoire porte la date de novembre de la même année; le
suivant a été publié en janv. 1832. En moins de six mois,
avec une sagacité admirable, Faraday a exécuté les expé-
riences fondamentales de l'induction ; il en a posé les prin-
cipes, et il a démontré que les courants électriques que
pouvaient produire les piles ou les décharges des corps
chargés d'électricité statique, les phénomènes magnéto-
électriques et thermo-électriques et même les courants
ayant pour origine l'électricité animale étaient identiques
dans leur nature; ils produisaient les mêmes effets. C'est
en établissant pour les phénomènes d'induction électro-
magnétique une théorie mathématique que Neumann fut
conduit, en 1845, à considérer une fonction particulière, le
potentiel, dont l'emploi est maintenant général. Ce travail
de Neumann a été suivi d'un grand nombre d'autres, très
remarquables, dont nous ne pouvons citer que les princi-
paux : les recherches théoriques et pratiques de Weber
(1846), celles de Kirchhoff(18i9), enfin celles d'Helmholtz
en 1851, et celles de Thomson en 1855; elles ont pour
but de vérifier par l'expérience divers résultats obtenus
dans l'étude de la théorie mathématique de l'induction.
Enfin, dans le même ordre d'idées, il faut citer les très
intéressants travaux de Clerk Maxwell résumés dans son
traité Electricity and Magnetism (1873). Il a posé les
équations générales qui permettent de déterminer l'état
d'un champ électrique et, parmi les conclusions remar-
quables auxquelles il arrive, il faut citer d'une façon toute
particulière sa théorie électromagnétique de la lumière.
Revenons à l'année 1831. La découverte de Faraday, si
importante à tous les points de vue, ne tarda pas à être
appliquée pour la production des courants électriques. Dès
183"2, Pixii construisit la machine magnéto-électrique qui
porte son nom et qui est la première d'une série nombreuse
qui s'accroît tous les jours. Parmi les anciennes machines
de ce genre, on peut citer celles de Ritchie, de Clarke, de
Sl/threr, de Weatstone, etc. Parmi ces machines, on doit
signaler d'une façon spéciale celle de Siemens (1857), qui
présente une disposition particulière pour l'armature, qui
a donné de très bons résultats; celle de Ladd (1867), où il
ÉLECTRICITÉ
- 7:> -
n'y a j>;is d'aimant permanent; celle de Gramme, dans
laquelle la diStHbdtitm îles coûtants induits si; fait d'une
façon très ingénieuse. La machine imaginée par Nollët,
savanl belge, ôt plus connue sous le nom de machine de
l'Alliance, représente également un type qui a beaucoup
servi pour la production de la lumière électrique dans les
phares. DansceS derniers temps ce genre de machines s'csi
multiplié par suite du développement de l'éclairage élec-
trique. Une autre application de la découverte de Paradai
est la bobine1 de Masson el Brèguel (Ihvjj qui donnait de
vives étincelles et des secousses assez fortes! c'est ce! appa-
reil,auquel ftuhmkorff apporta un certain nombre de modi-
fications qui augmentèrent sa force, qui porte le 7iom de
son constructeur (18.">l). L'addition d'un condensateur par
Fizeau (1KÔ3), d'un interrupteur plus rapide par Foucault,
de cloisons isolantes séparant la grande bobine en uni-
suite d'autres juxtaposées, permirent d'augmenter la dimen-
sion et la force des bobines. Un de ces appareils, construit
par Apps, donne des étincelles de plus d'un mètre de lon-
sueur. Pour la partie théorique, nous signalerons un très
intéressant mémoire de Maxwell dans les Pruiccdintjs de
la Société royale de Londres (18(>7).
l'eu après la découverte de l'induction parait le mémoire
très remarquable de Joule (Pliilosoplrical Wyga%i1ïe,
18 il) : les divers phénomènes que produisent les courants
électriques, la chaleur qu'ils dégagent dans les circuits, la
force vive qu'ils communiquent aux moteurs, les décompo-
sitions chimiques qu'ils réalisent et qui nécessitent un cer-
tain travail en rapport avec la chaleur de formation de ces
composés, tous ces phénomènes empruntaient à une source
inconnue l'énergie correspondante. Joule a montré que
c'était dans les actions chimiques de la pile qu'il fallait
voir cette source inconnue; c'est aux quantités de chaleur
qui accompagnent les réactions chimiques dont les piles
sont le siège, chaleur qui n'apparait pas en totalité d'une
façon sensible lorsque la pile fournit un courant qui pro-
duit divers phénomènes; c'est à ces quantités de chaleur
qu'il faut rapporter les effets mécaniques divers des cou-
rants. Ainsi, si un même courant électrique anime un moteur,
décompose l'eau dans un voltamètre, etc., si l'on ajoute la
chaleur sensihle dégagée dans tout le circuit, y compris la
pile, à la chaleur qui correspond à la quantité d'eau décom-
posée et à la chaleur qui correspond au travail mécanique
du moteur, on trouve un nombre qui est d'accord avec
celui que la thermochimie des réactions qui se passent
dans la pile lait prévoir. C'est Une nouvelle application
de la loi générale de la conservation de l'énergie. C'est à
Joule que revient l'honneur d'avoir eu des idées nettes
sur ce sujet; mais, à côté de son nom, il faut citer ceux de
La Rive, de Becquerel, de Thomson, de Lenz, et surtout de
Favre et Silbermann, dont les mesures sont venues confir-
mer les expériences incomplètes de Joule. Ces derniers
physiciens sont arrivés à cette conclusion que la chaleur
chimiqUe est égale a la chaleur voltaïque. Edlund a mon-
tré que dans certains cas les phénomènes étaient un peu
plus compliqués.
En même temps que les phénomènes connus se multi-
pliaient et qu'on imaginait des théories pour les expliquer,
les instruments de mesure nécessaires pour la vérification
de ces théories se perfectionnaient; ils devenaient plus
sensibles et plus précis. Autrefois on mesurait les cou-
rants électriques par l'action chimique qu'ils pouvaient
produire et en particulier par la quantité d'eau qu'ils
pouvaient décomposer dans un temps donne. Ce procédé
avait l'inconvénient d'exiger des courants intenses et d'une
durée suffisante. Bien que cette méthode ne soit pas aujour-
d'hui abandonnée, par exemple Edison a fondé sur ce prin-
cipe ses compteurs électriques, on lui préfère dans presque
tous les cas les méthodes galvanoinétriques : sitôt la dé-
couverte d'ÛËrstedt connue ainsi que la théorie d'Ampère,
un imagina d'utiliser le nouveau phénomène pour la mesure
des courants, el Schweigger inventa dés l.s-2ii le multi-
plicateur (iui permet d'augmenter, dans tui rapport con-
sidérable presque adsSi grand qu'on le désire, l'action du
courant électrique sur" l'aiguille aimantée. L'emploi ded
aiguilles aimantées de même force pla< es parallèlement 1'dfle
au-dessous de l'autre, mais lés pôles contra ard,
formant un système asiatique, propose en 1K-j:> par NobBI,
a encore augmenté considérablement la sensibilité dé
llieomètres.Bcpuisce temps, un emploie souvent pourobtenn
le même résultai une seule aigoille mobile, mais nu plar.-
daiis son Voisinage un aimant avant sur l'aiguille iiup action
contraire à celle dé la terre. | g balance êlectromajpjétttjde
imaginée par Becquerel en 1831 avait l'avantage dWaJOèi
les coulants, électriques par les attractions ou i épuisions
qu'ils produisaient sur un aimant, ces actions étant eva:
"avec des poids. Mais cette balance fut peu employée, et la
même année l'oiiillet imagina Ses I isoles des sinus et
des tafigéntéS. Le premier de ces appareils est a peu pr.-
complètement abandonné; le second a servi longtemps, et
les galvanomètres actuels en sont des modifications surtout
lorsqu'on m- s'en sert que pour de faibles déviation] : on
augmente d'ailleurs beaucoup la précision des mesures g&Ds
augmenter les déviations en se servant du dispositif adopte
par Poggéndorff consistant a munir le système mobile d'un
petit miroir que l'on vise avec une lunette et qui donne à
celle-ci l'image d'une règle graduée placée à une certaine
distance. Depuis, Gaugaln modifia la disposition de ni bous-
sole des tangentes en [plaçant l'aiguille non plus a l'inté-
rieur du multiplicateur, mais à une certaine distance indi-
quée par la théorie. De plus, le multiplicateur avait une
forme conique; il obtint ainsi un instrument pour lequel
les tangentes des déviations étaient rigoureusement propor-
tionnelles aux intensités des courants. Eu 1847, Helmholtz
proposa une boussole symétrique : l'aiguille se trouve pla-
cée entre deux bobines parallèles séparées par une distance
égale à leur rayon; les bobines ont une section rectangu-
laire, soit trop petite, soit telle que la largeur et la hau-
31
leur du multiplicateur soient dans le rapport — . Il faut
encore citer parmi les appareils rhéométriquesceux de Wia-
demann, de Weber et de Thomson.
En même temps que les appareils destinés à la mesure
des courants se perfectionnaient, les électromètres destine».
à la mesure de charges électriques, ai précieux en particu-
lier dans la mesure des forces éleetromotriees, subissaient
des perfectionnements analogues : le premier de ces instru-
ments est la balance de Coulomb: relectroinètre absolu et
Thomson, son éleetromètre portatif, son ehi-trumètne à
longue échelle, son électromètre à quadrants, sont des ins-
truments précieux à des titres différents: l'electromèU'e-de
M. Branly est une simplification de l'électromètre a qua-
drants. Citons enfin l'électromètre de M. Lippmann, cons-
truit sur un principe très différent, utilisant les phénomènes
électrocapillaires; il est très sensible, très précis et d'une
construction simple qui le rend peu coûteux.
En I87M, Smith découvre une propriété curieuse tlu 3ë4£-
nium : sa résistance électrique diminue quand il est exposé
à la lumière : c'est le point de départ du photophore de
Bellet, des recherches de Siemens, de Mereador, d'Hause-
niann, etc. L'année l<ST(i voit apparaître une des plus éton-
nantes inventions : le téléphone. Il parut d'abord à l'Expo-
sition de Philadelphie; aujourd'hui il étend ses réseaux imn
Seulement dans les villes de quelque importance', mais il relie
des villes même éloignées. Paris est mis eu communication
téléphonique avec Marseille, Bruxelles. Londres. Mais la
théorie du téléphone n'est pas encore faite. Comment vibre
re diaphragme, élément essentiel dO téléphone' Ofl a pu
faire vibrer de ces lames de fer ayant jusqu'il la millmi.
d'épaisseur et encastrées sur leur pourtour. En dec. 1^77
apparaît le microphone découvert par M. Hugues, appareil
précieux permettant d'entendre les bruits les plus faibles:
bientôt il est transformé en transmetteur téléphonique, et
il donne des résultats tout a fait satisfaisants poW oé nou-
vel usage. En 1S7S. nom elle découverte de M. flofl
- 78Ô -
ÉLECTRICITÉ
la balance £ induction (V. ce mot) qu'il imagine permet
de raconnaltn les plus petites différences entre certains
métaux : deui disques métalliques de mêmes dimensions, de
mêmes poids, de môme métal, mais l'un pur, L'autre «av
tenant une trace d'impureté, donnent des effets différents.
Ainsi a\e«- le Fer doux le plus pur du commerce l'appareil
indique '>.' tandis qu'avec le 1er chimiquement pur il
indique 13*. On a tait certaines pièces fausses avec une
perfection remarquable: des disques faits d'un alliage de
platine el d'argent avant exactement la densité de l'or
étaient dorés a Leur surface, puis trappes; les pièces de
monnaies obtenues ainsi présentaient la densité, Le poids,
la sonorité do pièces d'or véritables et revenaient a un
prix moindre \il n'en sciait plus do même aujourd'hui, If
prix du platine étant maintenant a peu près celui de l'or).
- pinces, qu'il était impossible de distinguer des autres,
donnaient a la balance de Huches des résultats tout diffé-
rants qui pouvaient les Eùré reconnaître facilement. Cet
appareil, légèrement modifié, a été employé pour rechercher
les projectiles dans les plaies: un téléphone relie à l'appa-
reil rend un son quand on approche une des bobines de
la balance de l'endroit où se trouve un objet métallique;
mu a en particulier employé cet instrument pour l'explora-
tion de la blessure du président Garficld.
Le phénomène de Hall, découvert en I^TH, est des plus
curieux : une lame minée de métal est tadlee en l'orme de
\; l'une des branches est traversée par un courant ; les
deux autres bras sont nus en relation avec les deux bornes
d'uu galvanomètre ; celui-ci reste au zéro ; niais si on
approche un aimant de la croix, on constate qu'un courant
passe dans le galvanomètre au^si longtemps que l'aimant
reste près de la croix. Ce phénomène, inexplicable par les
anciennes théories, a servi a M. Rowland pour expliquer les
Shénofflènes de la polarisation rotatoire. La même année,
I. kerr a observé une nouvelle relation entre l'optique et
l'électricité : un rayon lumineux pularisé qui se réfléchit
sur le pôle d'un aimant éprouve une rotation de son plan
de polarisation.
I - isions du congrès international des électriciens
de ISStt ont porté les recherches des physiciens sur les pro-
ipres a déterminer les unités électriques adoptées.
; aiusi que la longueur de la colonne mercurielle qui
représente un ohm aété fixée a lml)ii, grâce aux travaux de
MM. Thomson, Maxwell. Lorenz, Lippmann, Mas. art, Flets-
. ••te. Certains appareils ont été imaginés pour faciliter
recherches : tel est L électrodynamomètre absolu de
IL lvil.it. Terminons l'exposé rapide des principales décou-
vertes qui nnt amené l'électricité dans l'état ou elle est
aujourd'hui par le résume des très intéressantes recherches
laites tout récemment par M. Hertz. Nous avons vu à plu-
mi-ii: - relations étroites entre les phénomènes
lumineux et les phénomènes électriques. -\>>us avons signale
et nous reparlerons un peu plus loin de la théorie de I élec-
tricité de Maxwell qui repose sur ces liens étroits. Mais il
manquait un phénomène électrique comparable a ce qu'en
optique on appelle un rayon lumineux. C'est celte lacune
qu'a comblée a. Hertz en montrant qu'il existe des rayons
' i iques, qu'ils se réfléchissent, qu'ils se réfractent comme
les rayons lumineux.
i de Hrii;. Les appareils employés se coin-
at^d'un excitateur et d'un explorateur. L'excitateur
-tait en deux cylindres de laiton de 3 cehtim. de dia-
mètre, de 13 centim. de longueur, munis a une extrémité
d'une partie sphe'iquc de J centim. de rayon. Ils sont placés
sur le prolongement l'un de l'autre, les bouts sphériques
en regard, a une distance de 3 inillim (ù-. I). Ces deux
cylindres, isolés, sont reliés par de gros fils en cuivre,
ts <le gulta-percha, aux pôles d'une bobine de
Bohmkorff capable de donner des étincelles .le ', a .'i centim.
11 était excite par trois accumulateurs. — L'explorateur
était soit un cercle en fil de cuivre île I inillim. presque
feinie sur lui-même et ayant ïcm'> de diamètre, soit un
conducteur formé de deux fils rectdignes de o millun. de
diamètre, de 50 centini.de long, placés dans le prolongement
l'un de l'autre ;\ une distance de ,'i centim. ; îles deux oxtré-
niiles eu regard parlent deux lils de I inillim. de diamètre
el de la centim. de long perpendiculaires aux premiers et
parallèles entre eux; ils se terminent par un micromètre à
étincelle forme d'une petile sphère de laiton poli de
quelques millimètres de diamètre el d'une pointe portée par
une vis isolée que l'on peut approcher plus ou moins de la
sphère; L'explorateur circulaire portait un micromètre a,
étincelle analogue. M. Hertz appelle aussi sou explorateur
un résonnateur : voici en quels termes il expose le principe
de sa méthode (conférence laite au 01e congrès des natu-
Rg. 1.
ralisles et médecins allemands à lleidelberg) : « Donnez £
un physicien un certain nombre de diapasons et de résonr
nateurs et demandez-liii de démontrer que la propagation du
son n'est pas instantanée Vprès avoir mis en vibration un
diapason, il se transporte avec un résonnateur aux divers
points de la chambre et observe l'intensité du son. Il vojj
qu'en certains endroits elle devient très faible et en déduit
que la iliaque vibration est annulée par une autre née plus
tard et arrivée au même but par une voie plus courte. Si
pour courir un chemin plus court il faut moins de temps, la
propagation n'est pas instantanée, et le problème est résolu.
Mais ensuite notre physicien nous montrera que les pointa
silencieux se succèdent a des distances égales ; il en déduit
la longueur d'onde, et, s'il connait la durée des vibrations du
diapason, il obtient avec ces données la vitesse de propaga-
tion du son. Nous opérons exactement de même avec nos
vibrations électriques. Le conducteur dans lequel se font
les variations électriques (excitateur) remplit le rôle du dia-
pason. Le circuit rompu en un point lient lieu de résonna-
teur et prend le nom de résonnateur électrique. Nous remar-
quons qu'en certains points de la chambre il en jaillit des
étincelles, que dans d'autres il reste au repos ; nous
voyons que les endroits inactifs, électriquement, se suivent
dans un ordre régulier. Nous en déduisons que la propa-
gation n'est pas instantanée et même nous pouvons me-
surer la longueur d'onde. On nous demande si les ondes
trouvées sont longitudinales ou transversales. Plaçons notre
fil métallique dans deux positions différentes au même
endroit de la pièce : la première fuis il indique, une excita-
tion électrique, la seconde non. Il n'en faut pas plus pour
trancher la question : ce sont des ondes transversales. »
ÉLECTRICITÉ
- 760 -
Si on place l'excitateur que nous bvodi décrit a une
distance d'environ h s 4 S centim. d'un plan condneteor, on
observe qu'il produit un effet favorable. On obtient un
meilleur résultat en employant non plus un plan, mais un
cylindre avant pour directrice une parabole de distance
focale égale à lîem5. Dans certaines expériences de
Hertz, ce cylindre, agissant comme un miroir, était formé
d'une feuille fie /.inr d'un demi-millimètre d'épaisseur ayant
1 m. de liant et cintrée sur un châssis en bois de 1""20
d'ouverture et de 70 centim. de flèche qui lui donnait une
forme parabolique. I, 'excitateur était fixé au milieu de la
ligne fécale. Les fils de charge traversaient le miroir. En
explorant avec le résonnateur l'état du milieu dans le voi-
sinage, on ne constate aucune action ni derrière le miroir
ni sur les cotés ; mais, dans la direction de l'axe optique,
les étincelles restent visibles jusqu'à une distance de 5 à 6 m.
Ces étincelles sont d'ailleurs fort petites : elles n'ont que
quelques centièmes de millimètre de longueur. A une dis-
tance plus grande, à 9 ou 10 ni., elles sont encore percep-
tibles, mais seulement dans le voisinage d'une paroi plane
conductrice perpendiculaire à l'axe. Avec, une paroi cylin-
drique semblable à celle de l'excitateur, mais placée derrière
le résonnateur, on peut obtenir des étincelles jusqu'à 1G m.
On trouve aussi qu'en certains points les ondes réfléchies
sont tantôt renforcées tantôt affaiblies par les ondes inci-
dentes, et ces maxima et ces minima faciles à trouver avec
le résonnateur rectiligne se trouvaient à des distances de 33,
65, 98 centim. ; la demi-longueur d'onde était donc de
33 centim. dans ces expériences, ce qui donne environ un
milliardième de seconde pour la durée de l'oscillation.
L'appareil ainsi constitué ne donnant de résultats que dans
le voisinage de son axe optique, on peut considérer l'espace
où se produisent ces phénomènes comme un rayon élec-
trique. M. Hertz a montré que les rayons électriques ainsi
définis cheminent en ligne droite, se réfléchissent et se
réfractent comme les rayons lumineux, qu'ils présentent des
phénomènes de polarisation et de diffraction. Pour toutes
ces expériences, l'excitateur et le résonnateur sont munis
de leurs miroirs cylindriques. 1° Propagation rrrtilignc.
Supposons l'explorateur et le résonnateur en face l'un de
l'autre, les axes de leurs réflecteurs en coïncidence. Si on
interpose sur cet axe une feuille de zinc de 2 m. de haut
sur 1 m. de large, l'étincelle du résonnateur disparaît. Les
corps isolants au contraire ne produisent aucun effet; on
peut donc dire que les corps conducteurs jouent en élec-
tricité le même rôle que les corps opaques en optique, que
les corps athermanesen chaleur; les corps diélectriques sont
au contraire les analogues des corps transparents et dia-
thermanes. Deux écrans métalliques de 2 m. de haut sur
i m. de large placés symétriquement de chaque côté du
rayon sont sans influence tant que leur écart est supérieur
à lm!20 ; quand cet écart est inférieur à 50 centim., les
étincelles ne paraissent plus. Elles étaient plus ou moins
fortes pour les écarts intermédiaires. Si on déplace parallè-
lement les miroirs en leur laissant l'écart delm"20, mais
en rapprochant l'un et écartant l'autre de l'axe, on fait dis-
paraître lesétincelles. Le rayon chemine donc en ligne droite.
— 2° Réflexion. On place côte à côte les miroirs des deux
instruments de façon que leurs axes optiques se coupent
en un certain point ; on y place un miroir plan et l'on cons-
tate que, pour que le résonnateur donne des étincelles, il faut
que le miroir plan soit perpendiculaire à la bissectrice de
l'angle des axes des deux appareils ; il y a donc réflexion
et non diffusion, et les lois de la réflexion sont les mêmes
que pour les rayons lumineux ou calorifiques. La direction
du plan de l'onde est d'ailleurs perpendiculaire a la direc-
tion du rayon, après comme avant la réflexion. Si, laissant
le miroir plan vertical, on met les miroirs cylindriques hori-
zontaux, la réflexion se produit exactement de la même
façon. — 3° Polarisation. Il n'en est plus de même si
l'un des miroirs cylindriques a ses génératrices verticales
et que l'autre ait ses génératrices horizontales; il n'y a plus
d'étincelles : on dirait, en optique, il y a extinction du rayon
polarisé. Les deux miroirs cylindriques jouent alors le même
rôle que deux nicolsqui, parallèles, laissent BMMT la lume-i I
et l'arrêtent lorsqu'ils sont ■ >\ M. Hrrtz a même
pu produire des phénomènes a peu prèl analogues a ceux
de la tourmaline qui, on le sait, absorbe le rayon ordinaire
et transmet le rayon extraordinaire; l'appareil qui produit
l'effet de la tourmaline se eampose d'une série de fils de
enivre de 1 rnillim. de diamètre situés parallèlement à une
distance de 3 centim.; ils sont tendus sur uncadrequia-2 m.
de coté. On place ee cadre verticalement entre les deux
cylindres également verticaux. Si les fils du cadre sont «
beaux, l'étincelle se produit dans le résonnateur comme
s'ils n'existaient pas ; elle ne se produit plus au contraire
s'ils sont horizontaux. Plaçons un des miroirs cylindriques
horizontalement, l'autre verticalement : pas d'étincelles dans
le résonnateur. Interposons le cadre a fils parallèles : pla-
çons-le verticalement, les fils étant inclinés à 45°: les étin-
celles reparaissent comme reparaît la lumière lorsque, entre
deux niçois croisés a 90°, on interpose une lame de tour-
maline dont l'axe est incliné à 45° sur la direction de l'axe des
niçois. — 4° Réfraction. Les phénomènes de réfraction
sont aussi curieux. Pour avoir un prisme convenable, il fal-
lait qu'il fût transparent pour l'électricité, c.-a-d. fait en une
substance isolante quelconque. M. Hertz a pris de l'asphalte,
qu'il a coulé dans une caisse en bois ayant la forme d'un
prisme isocèle d'angle égal à 30° ayant lm20 de côté et
im50 de haut; des écrans en métal, c.-à-d. opaques
pour l'électricité, ne laissaient à l'électricité d'autre passage
que le prisme. Celui-ci n'avait pas été retiré des caisses
de bois où on l'avait coulé, le bois n'empêchant nullement
le passage de l'électricité. On dirigeait l'axe du miroir de
l'excitateur vers le centre de gravité de la face d'entrée et
celui du miroir du résonnateur vers le centre de gravité
de la face de sortie. On avait tracé par terre un cercle ayant
ce dernier point pour centre de façon à pouveir déplacer
le résonnateur tout en le laissant convenablement dirigé.
Le premier miroir faisait avec la face d'entrée du prisme
un angle de 65°. Le second miroir se trouvant d'abord
placé dans le prolongement du rayon incident, on n'obtint
pas d'étincelles. Il fallut faire tourner ce second miroir de
41° pour commencer à percevoir une étincelle; celle-ci
augmenta pour une déviation plus grande, devint maxima
pour l'angle de 2"2°, puis diminua; elle était nulle pour une
déviation de 34°. Les mêmes phénomènes se produisaient
si, laissant le prisme vertical, on plaçait horizontalement les
deux cylindres réflecteurs. L'indice du prisme que l'on peut
déduire de ces expériences est 1,7.
Nous terminerons l'exposé de ces expériences que nous
avons plus développées que les autres en raison de leur
nouveauté et leur très grande importance, par cette con-
clusion de M. Hertz : « Dans les phénomènes que nous
venons d'étudier, nous avons vu des rayons de force S» -
trique ; peut-être aurions-nous pu tout aussi bien y voir
des rayons lumineux à grande longueur d'ondulation. Pour
moi, les faits observés me paraissent mettre absolument
hors de doute l'identité de la lumière, de la chaleur rayon-
nante et les mouvements électrodynamiques. Je crois que
l'idée de cette identité conduira à des conséquences aussi
profitables pour la théorie de l'optique que pour celle de
l'électricité. » (V. le mémoire de M. Hertz dans les An-
nalesde Wieaemann, janv. 1888, t. XXXVI, o» un ré-
sumé de M. Joubert dans le Journal de Physique* 1889,
t. MIL)
Théories. Les théories électriques ont fait bien du
chemin depuis l'époque cependant peu éloignée où Synimer
avec ses deux fluides, positif et négatif, ou Franklin avec
son fluide unique, tentaient d'expliquer les phénomènes élec-
triques. En 1822, Ampère émettait des vues que les physi-
ciens modernes, Maxwell en particulier, ont développé ces
derniers temps : Ampère disait en effet que l'on pouvait
< chercher à rendre raison de la force qui a lieu entre deux
éléments de fils conducteurs par la réaction du fluide ré-
pandu dans l'espace et dont les vibrations reproduisent les
— 7(il —
ÉLECTRICITÉ
phénomènes de la lumière ». C'était là une idée très re-
marquable à plusieurs points de \ne. d'abord au point de
Mie de l'abandon de l'action a distance, action qu'il est si
difficile de s'expliquer, puis au point de vue du choix du
milieu, permettant de rendre compte des phénomènes. in
lieu d'adopter pourcela un tluide quelconque. Ampère parle
du laide * répandu dans l'espace et dont les vibrations
reproduisent les phénomènes de la lumière ». Il est en effet
du plus haut intérêt, et cela est conforme à l'esprit scien-
titique, de chercher à expliquer tous les phénomènes con-
nus a l'aide du minimum d'hypothèses, et, par suite, au
lieu de considérer un tluide calorifique, un tluide électrique,
mu tluide magnétique, en un mot un tluide par genre de
phénomènes, on doit s'efforcer de déterminer quelles doi-
vent être les propriétés d'un milieu unique permettant
d'expliquer en même temps tonales phénomènes physiques.
Ampère n*a pas développe ces idées, et on ne saurait le lui
reprocher, les phénomènes électriques connus étant encore
trop |h-u nombreux et trop peu étudiés. Weber d'abord a
repris ees idées : il montre que, dans le cas des courants
électriques, si on considère deux masses électriques, elles
doivent agir l'une sur l'autre non seulement suivant une
fonction de leur distance mais aussi suivant leur mouve-
ment relatif. Weber admet que cette action proportionnelle
au produit des niasses, et en raison inverse du carré de
la distance, comprend un terme proportionnel au carré de
la vitesse relative des deux masses et un autre propor-
tionnel au carré de la vitesse relative parallèle à la droite
qui les joint. 11 applique alors ces hypothèses, calcule
l'action de deux courants et trouve certaines conditions
que doivent remplir les coefficients qui entrent dans ces
équations pour que les résultats expérimentaux d'Ampère
soient vérifiés ; il trouve ainsi deux conditions et observe
qu'elles sont réalisées si l'on admet qu'un courant d'une
certaine intensité est formé de deux courants d'électricités
contraires marchant avec la même vitesse en sens opposés et
ayant chacun une intensité moitié moindre. Gauss a émis
l'opinion que les actions électriques ne doivent pas se
produire instantanément et qu'on doit trouver la clef des
phénomènes électrodynamiques, si l'on peut établir la loi de
[iropagation des forces électriques. Si l'on admet alors que
e potentiel électrique se propage avec une certaine vitesse,
on peut expliquer les phénomènes d'induction. Cette vitesse
serait, d'après Riemann, la vitesse même de propagation de
la lumière. Lorenz a montré qu'on peut ajouter aux équa-
tions de Kirchhoff sur les courants des termes qui ne
changent pas les résultats expérimentaux mais qui indiquent
l'existence d'un phénomène d'ondulation se propageant avec
la vitesse de la lumière. On voit les tendances communes
de toutes ces théories, l'emploi d'un milieu comme le pen-
sait Ampère, et l'existence pour ce milieu de propriétés
plu* ou moins analogues à celle de l'éther lumineux. Max-
well, en faisant intervenir directement les propriétés de ce
milieu, est parvenu à établir entre ces phénomènes élec-
triques et les phénomènes lumineux des relations numé-
riques que l'expérience a vérifiées. Nous ne pouvons donner
ici qu'un aperçu de cette théorie : pour expliquer les pro-
priétés des diélectriques, Maxwell imagine que, quand un
diélectrique est soumis à l'induction, il se produit un phé-
nomène équivalent à un déplacement ou à un glissement
d'électricité dans le sens de l'induction ; dans une bouteille
de I^eyde, par exemple, l'armatureintérieure étant chargée
positivement, le déplacement seferadansl'intérieurdu verre
de dedansen dehors. Toute augmentation ou toute diminution
de la charge correspondant à un courant d'électricité posi-
tive allant dans le premier cas de dedans en dehors, dans
le deuxième cas de dehors en dedans. D'une manière géné-
rale, le déplacement en un point quelconque d'un diélec-
trique est égal au quotient de l'induction par 4- et est pa-
rallèle a cette force. Mais, tandis que le déplacement n'est
pas limité dans les corps conducteurs, il éprouve au con-
traire de la part des corps diélectriques une résistance que
l'on nomme l'élasticité électrique du milieu, et l'on appelle
coefficient d'élasticité électrique le rapport de la force au
déplacement qu'elle produit. Maxwell a trouvé, en étudiant
les conditions de propagation d'une perturbation électro-
magnétique dans un milieu diélectrique, que l'on avait la
relation'Y = -— entre la vitesse de propagation V de
cette perturbation, le coefficient m. de perméabilité et le
pouvoir inducteur spécifique k de la substance considérée.
Si l'on suppose que l'on opère dans l'air et si l'on déter-
mine expérimentalement V, on trouve un nombre très voi-
sin de celui de la vitesse de la lumière. Si, d'autre part, on
opère sur un corps diélectrique différent de l'air et d'indice
de réfraction n par rapport à l'air, et si l'on désigne par
k et k' les pouvoirs inducteurs spécifiques de l'air et du
A:'
corps, on trouve, d'après la théorie de Maxwell, n2 :=-r-
Si l'on cherche à vérifier cette relation par l'expérience, on
trouve des différences très notables avec les corps solides
ou liquides qui tiennent surtout à ce que l'on ne peut me-
surer n dans les conditions théoriques où on s'est placé;
on est obligé alors de calculer la valeur liniite de n pour les
grandes longueurs d'onde, ce que l'on ne peut faire que
d'une façon approchée. Au contraire, avec les gaz, l'on se
trouve davantage dans les conditions théoriques, et l'accord
est très satisfaisant.
Cette théorie de Maxwell représente donc l'état actuel
des idées que nous avons sur la nature de l'électricité.
Ajoutons que les très curieuses expériences de Hertz, que
nous avons résumées plus haut, sont venues donner à cette
théorie un nouvel appui, et montrer qu'il existait en élec-
tricité quelque chose de comparable aux rayons lumineux
pouvant se réfléchir et se réfracter comme eux. Il n'est
plus téméraire d'espérer que nous verrons bientôt démon-
trer des relations plus étroites entre l'électricité et la
lumière, analogues à celles qui rendent si comparables les
phénomènes d'optique et de chaleur rayonnante. Ce sera
l'une des plus belles conquêtes de la physique moderne, qui
en compte tant déjà !
Résumé. Dans le résumé qui va suivre, les mots im-
primés en italiques sont ceux auxquels le lecteur est prié
de se reporter ; il constitue donc surtout une sorte de table
des matières. Une étude de l'électricité doit contenir les
chapitres suivants : Chapitre I. Faits généraux et his-
torique. Ces deux parties sont intimement liées : aussi les
avons nous réunies ; elles constituent la première partie de
cet article. — Chapitre II. Electricité statique: 1° géné-
ralités (V. Electrostatique); développement de l'électricité
par frottement ; corps bons et mauvais conducteurs ; pro-
pagation de l'électricité; 2° charges électriques, distri-
bution de l'électricité ; 3° condensation, bouteille de
Leyde, batteries ; 4° diverses espèces de décharges élec-
triques : étincelles, effluves, déperdition de l'électricité,
pouvoir des pointes ; a0 appareils de mesure, électroscopes,
électromètres ; 6° lois, attractions et répulsions élec-
triques, unités ; 7° partie théorique ; théories de Franklin,
de Symmer (V. Electrostatique), potentiel ; 8° machines
électriques fondées sur le frottement, l'influence, etc. —
Chapitre III. Electricité dynamique (V. Electrodynamique) :
1° Généralités, galvanisme; 2° courants électriques, effets
physiques, chimiques (V. Electrochimie), mécaniques, phy-
siologiques ; arc voltaïque, chaleur dégagée par les cou-
rants, incandescence des fils ; 3° induction ;i° aiman-
tation; 5° action des courants sur les aimants ou sur les
courants (V. Electromagnétisme et Electrodynamique) ;
6° théorie de la pile, divers éléments (V. Pile) ; cons-
tantes de la pile, courants thermo-électriques ; phéno-
mènes de Peltier, de Thomson, de Hall ; lois des courants
électriques. — Chapitre IV. Electricité atmosphérique :
foudre, éclairs, tonnerre, paratonnerres, courants
telluriques, aurores boréales. — Chapitre V. Applica-
tions (V. ci-après Electricité industrielle. A. Joannis.
Electricité industrielle. — L'électricité n'a commencé
ÉLECTRICITÉ _ 708 -
il entrer dans l'industrie que depuis le moment où l'on i (I
parvenu à la produire en partant de l'énergie en endrée
par des machines a vapeur oit d'aulres tDOti ursanaloi
l'our Utiliser l'électricité dans l'industrie, il faut, mi
effet, avoir j sa disposition des quantités d'électricité
beaucoup plus grandes que celles qu'on peut obtenir à
l'aide (1rs piles. < In se rend immédiatement compte de la
supériorité des machines par ce l'ait qu'une machine
Fig.
dynamo-électrique Gramme, pesant 200 kilogr., actionnée
par un moteur approprié, produit autant d'électricité que
trois ou quatre rangées de cinquante piles Bunsen.
La production du courant électrique par l'énergie méca-
nique repose sur des principes connus depuis longtemps,
mais dont l'application à des machines industrielles ne
remonte qu'à une vingtaine d'années. On savait, depuis les
découvertes de Faraday, que, lorsqu'on fait mouvoir, dans
certaines conditions, un circuit fermé devant les pôles d'un
aimant on, en général, dans un champ magnétique, il nait
dans ce circuit un courant électrique, qui dure autant que
dure le mouvement. Comme, en général, on ne peut réa-
liser qu'un mouvement de rotation ou de va-et-vient, on
voit facilement que toutes les machines industrielles doivent
avoir une tendance à produire des courants dont le sens se
renverse périodiquement, c.-à-d. des courants alternatifs.
Les premières machines qu'on a réalisées, comme celles
de Pixii, de Clarke, etc., et dont le mécanisme consistait
simplement à faire tourner des bobines de fil conducteur
devant les pôles d'un fort aimant en acier, produisaient,
en effet, des courants alternatifs. Maintenant que les lois de
l'électromagnétisme sont universellement connues et qu'on
peut construire d'excellentes machines, il est très facile
d'indiquer les raisons pour lesquelles ces premières machines
étaient si défectueuses. Voici les principales de ces raisons.
D'abord, les aimants d'acier sont infiniment moins éner-
giques que les électro-aimants actionnés par des courants
continus; puis, dans les premières machines, la disposition
du circuit magnétique était très mal comprise, de sorte que
la plus grande partie des lignes de force, au lieu de traverser
les bobines, se perdaient dans l'air. Si l'on joint à cela qu'au
début on ne savait pas comment utiliser les courants alter-
natifs, on se rend facilement compte pourquoi ces machines
primitives se sont si peu répandues et ont eu si peu
d'applications. On a bien cherché à redresser, à l'aide d'un
commutateur convenable, le courant produit, mais on n'ob-
tient ainsi qu'un courant de même sens, dont l'intensité
varie depuis zéro jusqu'à une certaine intensité maxima et
dont les propriétés sont bien différentes du courant continu,
c.-à-d. d'un courant dont l'intensité est constante. C'est
l'invention des machines à courant continu et surtout celle
de la machine Gramme qui a ouvert l'ère de l'industrie
électrique moderne. Comme le principe de celte machine,
qui a ete inventée d'une manière indépendante par M. Pau i-
notli, est celui sur lequel est basé le fonctionnement de la
plupart des machines dynamo-électriques ou dynamos mo-
dernes, nous l'expliquerons avec quelques détails. ,
Machine Gramme. Celte machine, comme d'ailleurs
toutes les autres dynamos, se compose de deux parties dis-
tinctes : les électro-aimants inducteurs, destinés à produire
le champ magnétique, et l'induit, mis en rotation par uu
moteur mécanique, et dans lequel le courant prend nais-
sance. Au lieu de décrire l'ancienne machine Gramme type
d'atelier, nous décrirons de préférence la machine Gramme
type supérieur, nommée ainsi parce que l'induit est placé
à la partie supérieure, comme le montre la tig. •! ci-dessus.
Les électro-aimants inducteurs produisent le champ magne-
tique autour de l'induit. Les noyaux des électro-aimante
sont pourvus à cet effet d'un enroulement dans lequel
circule un courant électrique continu pris sur la machine
elle-même, l'our expliquer le foiictionnement de la ma-
chine, nous supposerons d'abord quelle courant circulant
T63 —
Ef.ECTRir.ITK
au tour des électros soil produit d'Une manière indépen-
dante, pu une pile ou par uiu- sono d'il cumulateurs, par
exemple.
l'induit, ainsi nomme parce que it'est dans cet organe que
pnomol MWffli"* lea courants induits, est constitué par
en anneau Corme de fils de fer : autour de cel anneau ou
nie, nu a eoroulé du ni de enivre isole al fermé sur lui—
Ml'illi'.
avant d'aller plus loin, ocenpoos-nous de la production
du champ magnétique on du Bni de force magnétique qui
se l'anneau : r'esl de l'intensité de ce ilux que dé-
pend K> conrant induit, car on conçoit que ce courant sera
d'autant plus fort que le flux lui-même sera plus Intense.
Il est nécessaire pour Lion se figurer les conditions de pro-
duriion de ce Bus magnétique, de rappeler quelques lois.
Si on enroule autour d un annean en bois, par exemple, des
tils métalliques isoles, parcourus parmi courant continu,
les spires étant équidistantes, on produira à l'intérieur
de l'anneau un champ magnétique dont l'intensité en unités
pour expression
II
ÎTlT '
I étant l'intensité du courant en ampères, n le nombre de
tours, / la longueur du tore.
Pour que cette loi soit rigoureuse, il faut que le rayon
lit très petit par rapport au rayon du tore.
Remplaçons maintenant le bois de l'anneau par du fer
1 naîtra dans ce fer un flux d'induction magnétique,
dont l'intensité est représentée par
p = 55fc = i*;
u. étant un coefficient qu'on appelle la perméabilité magné-
liane ; la valeur numérique de ce coefficient, qui est très
50 11
pottr île faibles valeurs de II, diminue lorsque le
courant excitateur augmente. La fig. 3 montre la relation
3 -te entre l'intensité 11 du champ magnétique et l'in-
action magnétique B. Cette courbe se rapporte a du fer
doux de bonne qualité. On constate que l'augmentation de
l'inductinn. qui est très rapide pour des valeurs relative-
ment faibles 9e II, diminue peu à peu: on dit alors que le fer
est Saturé, bien que la saturation n'arrive en réalité jamais,
puisque l'induction ïi croît toujours avec l'intensité 11 do
champ magnétisant. La fig. 4 indique, pour le même échan-
tillon de fer, la relation entre l'intensité II du champ ma-
gnétisant et la perméabilité p.; on voit que cette perméa-
bilité passe par un maximum. Pour la fonte, l'induction
ente beaucoup moins rapidement avec les
lu champ magnétisant : il faut donc dé-
une plus grande force d'excitation pour arriver à
im même flux d'induction.
Dans les dynamos, l'excitation jouant un rôle essentiel,
on a donné au produit ni le nom d'ampère-tours; il s'est
mi'nie introduit à propos de ce terme une petite confusion
qu'il s'agit d'élucider. L'intensité du champ produit par
l'enroulement et le nombre ni (n étant le nombre de tours
par unité de longueur, c.-à-d. pour / — 1) diffèrent par le
fadeur 4« ; le diviseur 10 provient de ce qu'un ampère
égale — unité Ci;. S de courant, En ne tenant pas compte
de ce dernier fadeur, on voit que les ampère -tours
5000
4000
8000
50 H
diffèrent de l'intensité du champ créé par le facteur 4r.. Il
faut donc bien prendre garde do dire que les ampère-tours
représentent l'intensité du champ excitateur : ces deux
quantités sont proportionnelles, mais elles ne sont pas
égales.
L'expérience a montré que le flux qu'on obtient ainsi
dans un anneau de fer ne varie pas sensiblement si, au lieu
de répandre les spires également sur toute la surface de
l'anneau, on les rassemble sur une partie de la surface,
pourvu, bien entendu, que l'intensité du champ excitateur
ou, si l'on veut, les ampère-tours restent les mêmes; bien
plus, au lieu de conserver la forme d'anneau, on peut donner
au fer toute autre espèce de forme sans que le flux magné-
tique subisse des variations notables; et même la longueur
du circuit magnétique, en supposant qu'il présente une
solution de continuité, ne produit, par suite de rôle pré-
pondérant de l'air, qu'une assez faible influence.
Ces remarques sont importantes pour comparer entre
eux les effets produits par les différentes formes d'induc-
teurs ; le circuit magnétique restant le même, on obtient
à peu près le même résultat, de quelque façon qu'on pro-
duise l'excitation : par un enroulement sur un seul noyau,
sur deux noyaux ou tout le long des inducteurs, comme on ,
en voit des exemples dans les dynamos de divers fabricants.
Le plus grand inconvénient d'un enroulement très court,
c'est que les fils extérieurs sont nécessairement très longs;
ils exigent par conséquent beaucoup de cuivre et introduisent
une grande résistance électrique.
En enlevant un morceau de fer à l'anneau, on introduit
une solution de continuité; on remplace ainsi une certaine
quantité de fer par de l'air. On constate alors que le flux ma-
gnétique se trouve énormément diminué par ce changement,
même si le morceau enlevé ou l'espace d'air est très minco.
On peut dire encore que la résistance magnétique de l'air
est beaucoup plus considérable que celle du fer, d'où il
résulte qu'avec la même force magnéto-motrice (ou ampère-
tours) le flux produit est beaucoup plus faible. Dans les
circonstances ordinaires, la résistance que l'air oppose à la
propagation du flux de force magnétique est environ mille
fois plus forte que celle opposée dans les mêmes circons-
tances par le fer. En connaissant la longueur et les sec-
tions du fer qui entre dans un circuit magnétique, on peut
calculer approximativement le flux de force magnétique
qu'on obtiendra pour une excitation donnée. Les spectres
magnétiques montrent que, dans l'espace d'air résultant
d'une coupure faite dans un anneau de fer, les lignes de
force ne sont pas parallèles, mais affectent la forme de
courbes analogues à celles produites par les aimants;
lorsque, pour une même distance entre les bords, on élargit
les pôles, on diminue dans une certaine proportion la résis-
tance de l'air. Dans les circuits magnétiques des dynamos)
ÉI.ECTIUCITÉ — 7W —
«et élargissement s'appelle l'épanouissement des pièces po-
laires.
Dans la dynamo que nous considérons, les courants induits
sont engendrés dans un anneau mobile appelé l'anneau
Gramme; avantd'expliquer le fonctionnement de cet organe,
faisons remarquer qu'il faut produire dans l'anneau un llux
magnétiqueaussi énergique que possible. Influx magnétique,
pour aller d'une des pièces polaires à la pièce polaire oppo-
sée, rencontre sur son chemin l'anneau en fer de l'induit ;
le llux s'y partage en deux parties égales ; si les inducteurs
et l'induit étaient construits avec du 1er de même qualité, on
pourrait donc prendre la section de l'anneau moitié de celle
des inducteurs, et on aurait partout la même densité de (lux.
En réalité, le fer de l'anneau étant presque toujours de meil-
leure qualité que les autres parties, on en profite pour le
faire travailler à un plus haut degré de saturation, de sorte
qu'en somme la section de l'anneau est toujours inférieure à
la moitié de celle des noyaux des inducteurs ; il faut,
d'autre part, tenir compte de la réaction de l'induit, réac-
tion qui conduit à prendre des inducteurs très forts.
L'anneau est entouré d'un enroulement fermé sur lui-
même et dont les différentes spires sont isolées les unes des
autres. Ces spires sont en communication avec des lames
métalliques disposées autour de l'axe, soigneusement isolées
entre elles et qui forment le collecteur ; ce collecteur cons-
titue une partie essentielle de l'invention de la machine
Gramme.
Supposons maintenant que l'anneau soit animé d'un
mouvement de rotation uniforme dans le sens de la flèche
(tig. 5); on pourrait faire tourner les spires en maintenant
l'anneau lui-même immobile : ce dispositif, qui est assez
difficile à réaliser mécaniquement, a été employé quelque-
fois pour éviter certaines réactions.
La spire qui se trouve à la partie supérieure se trans-
portera pendant la demi-révolution de l'anneau jusqu'à la
partie inférieure; dans ces deux positions, le mouvement
est parallèle aux lignes de force ; il n'y a donc pas d'induc-
tion. Pendant la demi-révolution, la spire a coupé le flux
d'induction, puisque dans la position supérieure le flux la
traverse dans un sens opposé de celui qui correspond à la
position inférieure. Si B représente le flux, la quantité
d'électricité mise en jeu par l'induction est, d'après la loi
de Neumann, égale à
B
q=k,
B étant la résistance de la spire supposée fermée sur
elle-même et isolée des spires voisines. La force électro-
motrice induite dans cette spire serait
e = B-r, = B cos a -y- = B t» cos a,
dt dt
oj étant la vitesse angulaire de rotation et a. l'angle que la
spire fait dans la direction NS. On voit, d'après cette
expression, que la force électromotrice n'est pas constante;
elle est nulle lorsque la spire se trouve en haut et en bas,
et maxima pour la position intermédisfire. La force électro-
BOtriee moyenne s'obtient en prenant la valeur movtnne
de BOB a :
CM a'/i
ce qui donne
*=?*Ï=4RN,
N étant le nombre de tours par seconde ou la vitesse de
rotation de l'anneau.
Il s'agit jusqu'ici d'une seule spire dont nous avons >uivi
le mouvement pendant la moitié d'une révolution de l'an-
neau : pendant l'autre moitié, les choses se passeraient en
sens inverse, et les forces électromotrices développées se
neutraliseraient.
(Àmsidèrons maintenant ce qui arrive lorsque toutes les
spires forment un enroulement fermé sur lui-même et qu'elles
sont reliées aux lames du collecteur. Au même instant,
l'anneau ne peut être parcouru que par un même courant,
qui sera la résultante des courants individuels dans chaque
spire; si l'anneau était fermé sur lui-même, il ne produirait
aucun courant. Mais, si l'on joint par deux fils les points
de l'anneau ou les forces électromotrices induites se font
équilibre, on réalisera les mêmes conditions que celles
qu'on rencontre lorsqu'on joint par un fil de jonction les
pôles de deux piles mises en opposition. On aura par ce
fait accouplé les deux piles en quantité, et il circulera dans
le fil de jonction un courant déterminé par la force électro-
motrice de la pile.
Avec l'anneau, le même phénomène a lieu ; la force
électromotrice est celle d'une des moitiés de l'anneau et
la résistance qui intervient est celle des deux moitiés de
l'anneau couplées en quantité. S'il y a n spires, la force
électromotrice donnée par la machine est donc
e = WnS.
Jusqu'ici, la théorie est très simple, et il suffit de connaître
le flux d'induction Bqui traverse l'anneau, le nombre n de
spires et le nombre de tours par seconde N pour en déduire
fort simplement la force électromotrice produite. En réalité,
les choses se passent d'une façon moins simple, puisque le
champ magnétique produit par l'anneau lui-même réagit
sur celui produit par les inducteurs.
Voyons d'abord dans le cas de la fig. 5 quel sera le
balai positif et quel sera le balai négatif; ces balais qui
relient l'anneau au circuit extérieur seront placés, si l'on
ne tient pas compte des réactions, à angle droit sur la direc-
tion NS.
On a proposé plusieurs règles pour reconnaître facile-
ment la direction des courants induits; elles sont des
déductions de la règle d'Ampère qui indique que le pôle
nord est du côté gauche du bonhomme couché suivant la
direction du courant. Il faut se rappeler, en outre, que les
courants induits sont de sens contraire à ceux qui pro-
duiraient le mouvement auquel ces courants sont dus. Les
pôles NS (fig. 3) des pièces polaires des inducteurs indui-
sent dans l'anneau des pôles SN de nom opposé; le cou-
rant qui circule dans l'anneau y fait naître aussi des pôles
que nous désignerons par ru ; dans le cas où la machine
agirait comme motrice, c.-ù-d. où elle tournerait sous
l'influence d'un courant, dans le sens de la flèche, il faudrait
que le pôle N de l'anneau fut situé dans la partie supérieure
connue cela est indiqué dans la fig. 5 ; on voit que la rota-
tion aura bien lieu dans le sens de la flèche. Pour produire
le courant sous l'influence du mouvement de l'anneau,
c.-à-d. la machine agissant comme dynamo, il faut que le
pôle S soit en haut ; dans ce cas, la machine tendrait à
tourneren senscontraireà celui provoqué par lemoteurmèca-
nique, ce qui est la condition essentielle pour la production
des courants induits. Or on suit que, lorsqu'on regarde le
pôle d'un électro-aimant dont l'enroulement est parcouru
- 765 —
ÉLECTRICITÉ
par des courants on sens contraire du mouvement des
aiguilles d'une montre, on l devant soi un pôle nord. Il faut
donc, dans le cas de la ligure, que l'enroulement sur l'an-
neau aille de S vers N p:ir S' dans le sens inverse des
aiguilles d'une montre, et dans ce cas, le pôle -f- s''r'1 ''M
lus. Mais n'importe comment est l'ail l'enroulement, il faut
toujours que dans l'anneau il se déclare sous l'influence du
courant un pôle tel qu'on obtiendrait un mouvement inverse
au mouvement île rotation.
Les considérations précédente! permettent encore de se
rendre compte d'un fait important. Voyons ce qui arrive
dans l'anneau ^n\r. 5). Les pièces polaires NS font naitre
dans l'anneau deux pôles S et N et, comme nous venons de
le voir, l'enroulement de l'anneau deux pôles s et /; per-
■MÉi ulaires aux autres. Sous l'influence de ces deux
aimantations, on obtiendra dans l'anneau un prtle N'
et un pôle S' comme cela est indiqué sur la figure.
Cette nouvelle ligne VS' s'écartera d'autant plus de la
1 i -ne» primitive NS que l'action du courant dans l'anneau
sera plus énergique. La ligne neutre perpendiculaire à NS,
qui était d'abord verticale, prendra donc une nouvelle posi-
tion ab , c'est celte ligne qui détermine la ligne de com-
mutation dans la direction de laquelle il faut placer les
balais. Oo voit donc qu'il faut déplacer ou décaler les balais
dans le sens du mouvement et dune quantité qui augmente
avec l'intensité du courant, puisque sous l'influence d'un
courant plus fort les pôles n et s de l'anneau prennent
plus d'importance. On voit en même temps que, pour que
cet angle soit faible, il faut que le magnétisme des pièces
polaires soit assez fort pour faire naitre dans l'anneau un
état d'aimantation beaucoup plus fort que celui provoqué
par le courant circulant dans l'enroulement de l'anneau.
Ceci est une autre raison pour laquelle la section des
noyaux des inducteurs est toujours bien supérieure au
double de la section de l'anneau.
La nécessité de déplacer les balais avec les différents
régimes de courant est très factieuse ; pour des dynamos
qui travaillent toujours dans les mêmes conditions, cette
circonstance n'intervient pas ; une fois qu'on a obtenu un
calage convenable des balais, c.-à-d. un calage corres-
pondant à l'absence d'étincelles, on n'a plus besoin d'y
toucher. 11 n'en est pas de même pour des dynamos comme
celles, par exemple, employées dans les stations centrales,
dont le débit varie constamment : cette question peut être
la cause de beaucoup d'ennuis. Aussi a-t-on proposé diffé-
rentes méthodes de calage automatique des balais ; mais leur
description nous entraînerait trop loin. Lorsque la machine
fonctionne comme moteur, il faut décaler les balais en
arrière du mouvement : il faut d'ailleurs renverser l'angle
de rotation du calage lorsqu'on renverse le sens du mou-
vement.
Nous avons supposé jusqu'ici que l'excitation des
électro-aimants inducteurs était obtenue par une source
indépendante. On n'a pas tardé à s'apercevoir qu'on peut
obtenir le courant nécessaire à l'excitation à l'aide du
courant produit par la dynamo.
Différentes méthodes se présentent. On peut d'abord
faire parcourir les inducteurs par le courant total de la
machine : on obtient ainsi l'enroulement en série, dont on
s'est servi dans les premières machines, mais qu'on emploie
assez rarement à présent. La machine tournant à vitesse
constante, on obtiendrait, d'après les formules précédentes,
une fane électromotrice constante, si le flux magné-
tique restait constant. Or, comme dans la disposition
en série l'excitation, et par suite le flux, croit en même
temps que le courant, la force électromotrice croit aussi
en même temps que le courant : il s'ensuit que ces ma-
chines sont d'un emploi très incommode dans la pratique.
Dans les premières dynamos qu'on a construites, on
s'est beaucoup préoccupé de la manière dont le magné-
tisme prend naissance. La machine étant construite en fer
non aimante, il n'y a aucune raison pour qu'on n'obtienne
l'aimantation. Aussi avait-on pourvu les premières ma-
chines d'une petite machine magnéto-électrique, c.-à-d.
d'une machine dont les inducteurs sont des aimants d'acier,
et c'était le courant ainsi obtenu qu'on lançait dans les
électros. Plus tard, on a disposé sur le même axe deux
anneaux, dont l'un servait uniquement à l'excitation. On
s'est aperçu que les inducteurs une fois excités par un
courant extérieur, il reste toujours assez de magnétisme
permanent pour que la machine s'amorce : les machines
dynamo-électriques sont donc auto-excitatrices. Comme
dans les machines en série le courant total traverse l'exci-
tation, on enroule les électros avec du gros fil, d'un diamètre
plus fort que celui enroulé sur l'induit.
lu moyen d'excitation bien plus commode est obtenu par
l'enroulement en dérivation; on prend sur les bornes de la
dynamo un circuit dérivé avec lequel on constitue l'enrou-
lement sur les électro-aimants inducteurs. Le fil dans ce cas
est naturellement beaucoup plus fin que dans le cas des
machines en série. Les machines tournant à vitesse cons-
tante, on peut obtenir avec ces dynamos, dans d'assez
grandes limites, un potentiel pratiquement constant, quel
que soit le débit de la machine ou la résistance du circuit
extérieur. Pour assurer cette constance de la force électro-
motrice dans des limites plus étendues, on a imaginé des
enroulements plus compliqués, comme le double enroule-
ment dans lequel les électro-aimants sont pourvus simul-
tanément d'un enroulement en série et d'un autre en
dérivation. On conçoit qu'en choisissant judicieusement le
nombre de tours et les résistances de ces deux enroule-
ments, on puisse arriver à maintenir une différence de
potentiel pratiquement constante aux bornes de la machine,
quel que soit son débit.
Le calcul de ces enroulements fait partie de l'art de l'in-
génieur électricien, et nous n'entrerons pas ici dans le
développement des différentes méthodes qui peuvent y con-
duire ; on peut ajouter toutefois que ces calculs sont tou-
jours un peu hypothétiques et que l'expérience directe, ou
si l'on veut 1 empirisme, doit toujours intervenir pour
mener la construction à bien.
Dans la machine Gramme, type supérieur dont la fig. 2
représente l'aspect extérieur, les inducteurs se composent
de deux électro-aimants en fonte dont les noyaux forment
corps avec le bâti de la machine. La figure montre la dis-
position des porte— balais qui permettent de donner aux
balais leur position convenable. Les différents genres d'en-
roulement, en dérivation, en série , en compound, ne
changent pas l'aspect extérieur de la machine.
D'après la théorie du circuit magnétique, on pourrait se
croire autorisé à procéder au calcul d'une dynamo, comme
on le fait pour une machine à vapeur, c.-à-d. que, étant
donnés la force électromotrice et le débit que la machine
doit produire dans des conditions déterminées, on devrait
pouvoir calculer de toutes pièces les poids de fer et
de cuivre nécessaires à obtenir ces effets et la manière
dont on doit les employer. On peut réellement effectuer ces
calculs jusqu'à une certaine mesure, mais nous croyons
que la méthode empirique est toujours celle qu'on emploie
pour construire de nouveaux types de dynamos et que le
calcul ne sert que comme guide.
L'induit en forme de tambour, inventé par M. Altenek,
et exploité surtout par la maison Siemens, diffère de l'an-
neau Gramme en ce sens que les fils soumis à l'induction
enveloppent complètement le noyau. Il n'existe par consé-
quent pas de fil mort (on désigne quelquefois par ce mot
les fils qui se trouvent à l'intérieur de l'anneau); mais, par
contre, pour obtenir une même vitesse de translation du
fils soumis à l'induction, il faut faire tourner l'induit plus
vite, puisque le diamètre d'un induit à forme d'anneau est
toujours plus grand qu'un induit en forme de tambour.
Nous n'insisterons pas autrement sur l'induit en forme
de tambour, dont la théorie est presque identique à celle
de l'anneau Gramme ; ces deux formes ont leurs avantages
et leurs inconvénients spéciaux, ce qui fait qu'on les
rencontre à peu près indifféremment dans les diverses
ELEtrrr.iuTh
— 766 —
dvuamos employas dans l'industrie I q drs iQenBvénientl
du tambour Siemens est que des fils se croisent aux extré-
mités du tiiiuliiuir mi des potentiels très différents; il est
par conséquent diflicile de construire ces machin
(les tensions fièvres.
Disons maintenant un mol de la manière dont on repre-
sente les effets produits par les dynamos. M. Mai ni
Deprez a désigné, sous le nom de caractéristiques, les
courbes qu'on obtient en rapportant I défi axes coordonnes
l'intensité du courant et la différence du potentiel aux
bornes de la machine.
Supposons d'abord qu'il s'agisse d'une machine enroulée
en série, et faisons tourner la machine a une vitesse cons-
tante; portons sur l'axe des X l'intensité du courant en
ampères et sur l'axe des y la différence du potentiel aux
bornes. Kn faisant varier la résistance du circuit extérieur,
on fera varier en même temps le courant produit, et on
obtiendra pour la plupart des machines une courbe ayant
l'aspect général de la fig. (i. Cette figure a une grande
analogie avec celle qui se rapporte au flux d'induction
magnétique dans le fer. Les deux courbes seraient iden-
tiques, si l'excitation était indépendante et si on faisait
abstraction de la réaction de l'induit. Un peut tracer ces
caractéristiques de différentes manières. Un peut, par
exemple, tracer la courbe telle quelle ou bien tenir compte
de la résistance apportée par les fils enroulés sur l'induit ;
dans ce cas, on obtient la caractéristique correspondant à
la force électromotrice totale.
Il est facile de relever sur la caractéristique quelle est
la résistance introduite dans le circuit de la dynamo. Un a,
en effet, E et I représentant la différence du potentiel aux
bornes de la machine et l'intensité du courant :
E = AB I = UA,
J4 I W,l! AB E
dou tgXOB = — = j.
Dr, d'après la loi d'Uhm, on a :
ce qui donne R = (j AOD.
On voit facilement sur la figure comment varie cette
résistance lorsque l'intensité augmente. La caractéristique
s'incline presque toujours sur l'axe des abscisses, lorsque
l'intensité croit au delà d'une certaine limite. Cet effet est
dû à la réaction de l'induit qui, comme nous l'avons vu
plus haut, tend à créer un champ magnétique dans une
direction perpendiculaire au champ produit par les induc-
teurs. Si le courant est très intense, on conçoit donc qu'il
est possible que la force électroinotrice ne croit plus avec
l'intensité du courant, ce qui a toujours lieu pour les
niai bines où cette réaction est faible.
Lorsque la machine est excitée en dérivation, on obtient
une caractéristique d'une forme tout à fait différente de
celle dont nous venons de parler, puisque dans ce cas, la
force electromotrice ne croit plus avec l'intensité de courant.
On peut toutefois prendre dans ces machines la carac-
téristique qui se rapporte à l'excitation et a la force elec-
tromotrice, et dans ce cas on obtient une courbe de mèine
aspect que dans les dynamos eu série.
I< rendement d'une dynamo est le rapport ttjtoe le
travail absorbe el l'énergie électrique produite. Comme
noua l'avons déjà dit. ce rendement est très élevé1 il i t
Utile de s'en rendre compte- Il existe a a- point ()•
une certaine diffén née avec U-, piles et nous croyons unie
d'en dire- un mot.
Dans une pue, la force électromotriee E, la résistance
intérieur II, sont des quantité-, constantes : on peut faire
varier la résistance extérieure r el par suite l'intensité I
du courant. Un a ainsi, d'après la loi d'Ohm :
1
R-f-r
Soit e la différence de potentiel aux extrémités de la
résistance r, on aura pour la puissance IVxpres-
On a ainsi;
P =
P = el avec I ■=. -,
r
EV
E*
(H -f- r)2 ~~ R*
2R
Cette expression est maxima lorsque le dénominateur es'
minimum, ce qui arrive pour r = r! ; on a alors :
P=f.
•if-
Dans ces conditions, le rendement est :
el e
P~ËÏ — Ë
R -f- r ~ f*
On voit donc que, dans les conditions de maximum de
puissance, le rendement n'est que de 50%- Pour augmen-
ter ce rendement, il faut rendre la résistance extérieure
plus grande que la résistance intérieure, ce qu'on fait
toujours pour les accumulateurs. Si la résistance extérieure
est 6 fois la résistance intérieure, on a :
Mais, dans ces conditions, la puissance n'est qu'une frac-
tion de ce qu'elle est dans le cas du rendement maximum.
Ceci n'a aucun inconvénient pour les accumulateurs, car
on ne peut pas décharger les plaques au delà d'un certain
régime sans les détériorer.
\ oyons maintenant ce qui arrive pour les dynamos. On est
limité ici, d'une part, par la puissance du moteur qui
l'actionne et, d'autre part, par l'intensité du courant qui
ne doit pas être trop forte pour ne pas endommager l'induit.
On a toujours les formules :
Puissance totale p = ri
Puissance utile . P° = <•!
E
, r étant la résistance extérieure; d'où
avec I ■—
R + r ~~ r
pour le rendement :
= — - - — r
p "" //„ — E — R-+- r
La puissance maxima de la machine ou le travail maxi-
mum qu'elle peut produire est
P„ = EL
Ici P„ est constante, c'est la puissance limite du mo-
teur; on pourrai! don»; à la rigueur agir à la fois sur
les deux facteurs E et 1, niais pour cela' il faudrait 'pou-
voir _ changer à volonté l'enroulement, ce qui n'est pas
possible. Etant limité par I, la machine sera dans de
bonnes conditions si la valeur de E qu'on obtient est
alors telle que la relation précédente se trouve réalfc
Dans ce cas, il n'y aura plus aucune variable, la résis-
tance extérieure étant donnée par la form. r — y — R.
Le rendement étant p — - dépendra donc ici entière-
ment de la manière dont la dynamo est construite ; dans
— 767 —
ÉLECTRICITÉ
toutes les bonnes dynamos, la résistance do l'induit et
des inducteurs est toujours très faillie, se qui donne pour
le rendement p une valeur élevée. Mais dans ces cas les
conditions ne sont i>as exactement les mêmes que celles
do la pile, et on a tort d'appliquer aux dynamos le mode
do calcul qu'on applique aux piles, d'autant plus que les
conditions d'utilisation des doux genres d'appareils sont
tout à (ail distint tes.
Les foi mules précédentes montrent encore que si la dynamo
ne travaille pas a sa
pleine puissance, la
ince extérieure r
étant alors plus forte,
le rendement serait
nie et serait
d'autant plus grand
que l'énergie produite
est plus faible. Ceci
: H dans une cer-
taine mesure, mais il
ne faut pas perdre de
vue que les machines
• ivur et surtout
les chaudières ne peu-
v>iH fonctionner dans
de> conditions écono-
miques que lors-
qu'elles travaillent à
pleine charge. C'est
donc plutôt a cause
des moteurs et des
générateurs de vapeur
qu'a cause dos dyna-
mos qu'il e>i di 8-
sairede faire travailler
une usine électrique
à sa charge normale.
Tout ce que nous
venons de dire est na-
turellement indépen-
dant de la forme ou
du genre de dynamo
qu'on emploie. Nous avons considère la machine Gramme
et nous avons pris pour exemple la machine Gramme type
supérieur. D'après ce que nous avons dit du circuit ma-
gnétique formé par les èlectro- aimants inducteurs, on
voit facilement qu'on peut faire varier presque à l'infini
Isa différentes formes de dynamos, et cela d'autant plus
qu'on peut choisir entre l'induit en anneau et l'induit en
forme de tambour. Nous ne rentrerons pas dans la des-
cription des divers types de dynamos actuellement em-
- dans l'industrie électrique; nous nous contenterons
de reproduire fig. 7 la dynamo connue sous le nom d'Edison-
Hopkinson et dont l'emploi s'est répandu dans plusieurs
stations centrales d'éclairage électrique. On emploie dans
ces machines un induit à tambour. Lorsqu'on compare
cette machine avec la machine Gramme type supérieur, on
constate que la différence se porte surtout sur les pièces
s, qui sont beaucoup plus fortes dans la machine
Ldiâou-Hopkinson que dans la machine Gramme ; le calage
des balais doit par conséquent être [dus stable. Toutes ces
machines peuvent être enroulées indifféremment en série,
rivation ou en compound.
L anneau dramme, comme le tambour Siemens, comporte
comme partie essentielle une certaine quantité de 1er. Ce
fer, par les aimantations et désaimantations successives et
rapides, e>t le siège de certains phénomènes qui diminuent
le rendement de la machine. On a par conséquent cherché
à créer des machines dont l'induit ue contient pas de fer,
comme la machine a anneau plat de Schuckert, la dynamo
te. Cette dernière machine, dont la lig. S montre
1 aspect gênerai, est assez fréquemment employée pour que
nous en disions quelques mots. L'induit est "constitué par
Fig.
des bandes tU' cuivre qui se meuvent devant les pôles oppo-
ses de forts électro-aimants, comme l'indique la figure.
Chaque l'ois qu'une bobine ainsi constituée coupe le champ
magnétique produit par les inducteurs, il naîtra dans cette
bobine une force électromotrice dont il est facile d'évaluer
la grandeur et le sens. La difficulté consiste ici à grouper
cesnobÙMade leflefaçon qu'on obtienne aux laines du col-
lecteur un courant continu. On ne pourrait expliquer la
manière exacte dont ces combinaisons ont été effectuées
qu'à l'aide de nom-
breux diagrammes;
aussi renvoyons-nous
pour cela le lecteur
aux traités spéciaux.
Ces machines ont
l'avantage de pouvoir
fonctionner avec une
grande densité de cou-
rant dans l'induit,
puisqu'il est facile
d'y entretenir une
bonne ventilation.
Comme machine de
construction particu-
lière, on peut encore
citer la machine
Thomson- H oust on,
dont l'induit est con-
stitué par un ensemble
de tils enroulés sur
une sphère et qui
tourne à l'intérieur
des inducteurs. Ce qui
est caractéristique à
cette machine, c'est
qu'il n'y a pas de col-
lecteur ; il n'y a que
trois bagues pour re-
cueillir les courants,
et il se forme tant
d'étincelles qu'on
emploie un courant
d'air pour les éteindre. Cette machine, d'origine améri-
caine, est, croyons-nous, plus bizarre que bonne. Le
courant fourni par cette machine n'est pas à proprement
parler continu, c'est un courant alternatif redressé, dont
l'intensité est soumise à des variations périodiques. On
emploie cette machine surtout pour alimenter des lampes
à arc en série.
Comme les machines dynamo-électriques sont réver-
sibles, on peut s'en servir utilement pour transformer le
courant électrique en énergie mécanique; on peut même
dire que toute dynamo à courant continu peut agir comme
moteur. Ce qu'if convient surtout d'obtenir avec les mo-
teurs, c'est une vitesse constante, quel que soit le travail
qu'on leur demande. Les conditions à remplir diffèrent
du genre de circuit sur lesquels on les attèle ; la discussion
de «es conditions fait partie du transport électrique de
l'énergie. Nous nous bornerons à donner ici l'aspect géné-
ral (fig. 9) d'un genre de moteur très usité aux Etats-
I nis, et qu'on peut brancher directement sur les circuits
ordinaires d'éclairage électrique ; les principaux organes
ne diffèrent aucunement de ceux des dynamos.
Dynamos à courants alternatifs. Les courants pro-
duits par les dynamos étant naturellement alternatifs,
puisque le courant se renverse à chaque passage de la bo-
bine devant les pôles d'aimants, on conçoit que'la construc-
tion des dynamos à cornants alternatifs, ou comme on les
appelle des alternateurs, doit être relativement plus simple
que celle des dynamos a courants continus. On n'a en
effet jdus besoin de collecteur, et les étincelles qui résultent
d'un calage défectueux des balais n'existent plus.
La cause qui s'est opposée à la multiplication dans l'in-
ÉLECTRICITÉ
- 708 —
dustrie des allern;itours consiste dans la difficulté de l'em-
ploi des courants alternatifs; l'utilisation de OM courants
est beaucoup plus difficile que celle des i ints continus.
C'est depuis I invention de la bougie Jablochkoff ipie ces
machines ont commencé à se répandre; il y a eu ensuite
pour ainsi dire un arrêt, l'invention de la lampe à incan-
descence ayant donné le pas aux courants continus. Ce
n'est que depuis l'invention des transformateurs, vers 1884,
que les machines à courants alternatifs se sont de nouveau
propagés et, cette fois, il parait qu'elles l'ont définitive-
ment emporté sur les dynamos à courants continus. \&
plupart des stations centrales d'éclairage emploient, en
effet, le courant alternatif.
Pour construire une dynamo alternative, il suffit de faire
passer les bobines inductrices devant les pôles des aimants
inducteurs ; c'est sur ce principe qu'est basée la machine
Siemens, dont l'induit ne contient pas de fer. Il faut néces-
sairement alimenter les inducteurs par un courant continu.
|)ans la machine SieBWM, on a disposé à cet effet, à côté
de l'alternateur, une petite machine a courants continus.
L'ensemble se compose ainsi de deux madones distinctes,
ce qui introduit dans l'installation une complication
lâcheuse. I.cs courants produits par cette machine sont
presque rigoureusement sinusoïdaux, c.-à-d. que la force
eleetromotnce induite, et par suite l'intensité du courant,
varie comme les sinus d'un arc dont la variable est la durée
de révolution.
Une dee machinée à courants alternatifs qu'on ren«ontre
dans les stations centrales, comme par exemple à Paris (aux
Halles), au Havre, etc., est la machine Ferranti. Dans cette
machine, les bobines induites, dépourvues de fer, sont très
plates; elles tournent entre les pôles opposés des élcctro-
aiiuants inducteurs, comme dans la machine Siemens. Mais
ce qui est particulier à la machine Ferranti, c'est qu'on
Fi g. 8.
peut facilement écarter les inducteurs et avoir ainsi accès
aux bobines induites ; comme on peut d'ailleurs enlever
facilement les bobines induites pièce par pièce, on peut les
remplacer ou les réparer sans aucune difficulté. Pour pro-
duire le courant continu nécessaire à l'excitation des induc-
teurs, on a calé sur l'axe de rotation une petite dynamo.
Le graissage des paliers des dynamos étant une question
très" importante, on a pourvu "les machines Ferranti d'un
graissage automatique, les paliers étant parcourus cons-
tamment par de l'huile refoulée à l'aide de pompes.
Au lieu de faire tourner l'induit, on peut encore faire
tourner les inducteurs; c'est ainsi qu'on a construit la
machine Gramme à courants alternatifs, destinée surtout à
alimenter les bougies Jablochkoff. A côté de l'alternateur et
sur le même arbre, il y a une dynamo à courants continus
fournissant le courant de l'excitation. Les bobines induites
fixes à noyaux de fer forment le bâti de l'alternateur; les
pôles des inducteurs induisent dans ces bobines des cou-
rants alternativement de sens contraire. Comme les bobines
induites sont immobiles, on peut prendre le courant direc-
tement sans intervention de balais, ce qui est évidemment
très commode.
La fig. 10 représente une vue en perspective de la ma-
chine à courants alternatifs de M. Lipernowsky. Dans cet
alternateur, comme dans la machine à courants alternatifs
de M. Gramme, ce sont les inducteurs qui sont mobiles;
ils sont constitués, comme on le voit sur la figure, par des
électro-aimants droits, dont le fil est parcouru par un
courant provenant d'une excitatrice séparée. Les bobines
induites, à noyaux de fer laminé, sont fixées sur le bâti de
la machine.
Un a même construit des alternateurs dans lesquels les
deux circuits inducteur et induit sont tous les deux immo-
biles. On obtient dans ce cas l'induction par la variation
de la résistance du circuit magnétique. Ce sont les noyaux
des inducteurs, montés sur un axe, qui tournent ; dans
769 —
ÉLECTRICITÉ
une position déterminé*, lorsque des noyaux mobiles sonl
eiitr»> les noyaux fixes, la résistance esl minima; ta con-
traire, lorsque tes noyaux mobiles sont en face des noyaux
fixes, la résistance est maxima. On obtient ainsi des varia-
tions périodiques dans les résistances, ce qui a pour effet
d'engendrer un courant alternatif. On prétend que la cons-
truction des alternateurs de ce genre esl très simple el qu'ils
M sont pas sujots a dos dérangements, mais nous no
s.iN.ms p.is si le rendement est très élevé.
Quelques mots sur la théorie générale dos courants
alternatifs sont indispensables pour bien saisir le fonction-
noinont des différents appareils utilises avec ces courants.
- commencerons par indiquer sommairement les expé-
riences de M. Jou-
bort et la méthode qu'il
a employée : celte mé-
thode pras on moins mo-
difiée a servi de lus*'
aax autres expérimen-
tateurs venus après lui.
Comme le courant
produit par un alterna-
teur est essentiellement
variable, on ne peut pas,
pour examiner ce qui se
trame
on lo fait pour un cou-
rant continu, los con-
stantes relatives au
courant, telles que la
force électromotrice,
l'intensité du cou-
rant, etc. La succession de ces phénomènes étant extrêmement
rapide, puisque dans la plupart des alternateurs le courant
s'inverse une centaine de fois par seconde, il faut prendre des
dispositifs particuliers afin de pouvoir suivre le phéno-
mène pis a pas. Pour mesurer la'ditlérence de potentiel
produite parla machine, M. Joubert dispose sur l'axe de
rotation un doigt de contact en communication avec l'une
des homes, d'un électromètre, l'autre borne étant en con-
tact permanent avec le circuit ; de cette façon, chaque
contact du doigt mobile, se taisant dans des conditions
identiques, correspondra une différence de potentiel non
les électro-aimants inducteurs; ce nombre est déterminé
par la \ilosso A^ rotation de la machine et par le nombre
des pidos des aimants inducteurs. Connaissant l'intensité
du champ produit par los inducteurs, on peut calculer la
force êlectromotrice induite. Soit E le llux de force ou le
nombre total de lignes de force déterminé par les polos indue-
leurs entre lesquels se meut la bobine induite, la force électro-
motrîce induite est e=-r-= «F, n étant le produit du
T
nombre de pôles par la vitesse de rotation par seconde.
Connaissant la force électromotrice à chaque instant,
soit par le calcul, soit
par l'expérience , on
peut calculer l'intensité
du courant de la ma-
nière suivante. Soit R
la résistance du circuit,
L le coefficient de self-
induction , on aura à
chaque instant, d'après
l'équation de Kirchhoff:
Ri
E-^i.
Fig. 9.
10.
variabl". indiquée par l'électromètre. En déplaçant le contact
mobile par rapport à l'axe, on peut déterminer la différence
de potentiel correspondant à chaque point de la courbe.
Lne première chose que ces expériences ont montré, c'est
que les maxima des courants no coïncident pas avec
ceux de la force électromotrice produite par l:i machine;
il existe un certain retard qui joue un rôle essentiel dans les
applications du courant alternatif. La période e>l déterminée
par le nombre de passages par seconde des bobines devant
CRAXDE ENCYCLOPEDIE. — XV.
i étant l'intensité du
courant à l'instant t, et
K la force électro-
motrice au même ins-
tant. Le coefficient de
self-induction introduit
une force électromotrice opposée L -r-, puisque Li est le
llux de force qui circule dans le circuit ; cette force élec-
dU
tromotnee est donc -7- ou, si L est supposée constante,
L — . La force électromotrice E étant supposée sinusoïdale,
comme cela arrive dans la machine de Siemens, et plus ou
moins dans toutes les autres, on peut écrire :
E = E0 sin in - = E0 sin nt
où E0 est la force électromotrice maxima ; pour abréger
... . 2ti
I écriture on pose ra = -=-•
La formule devient alors :
di
L — -\-\\i = K0sin nt. (I)
Le courant produit sera également sinusoïdal et on pourra
écrire : ■ , ■ , ,
1 = I sin (nt-j-y),
I et 9 étant deux constantes que nous allons déterminer. Il
faudrait en toute rigueur ajouter un terme correspondant
11
à l'établissement du courant et de la forme e ~ T. ' , mais
comme cette période est excessivement courte, et n'inter-
vient en tout cas que lorsqu'on met la machine en marche,
on peut la négliger; ce terme n'intervient pas dans les
phénomènes périodiques. — On a donc :
i = 1 sin (nt 4- 9) = I sin 9 cos nt + 1 cos 9 sin nt.
— — In cos (nt ■+■ 9) = Ira cos 9 cos ni — In sin 9 sin nt.
En substituant ces valeurs dans l'équation (I) et en éga-
lant les ternies en sin nt et cos nt, ce qu'on peut taire
puisque les équations doivent être vérifiées pour toutes
les valeurs de t, on obtient :
I (R sin -j 4- \m cos 9) = 0
I (R cos 9 — L« sin 9) : E„
Lu \.H
d'où I
vR2 + L
= ettg?=— - = —
r R
49
L Ss
R T"
ÉLECTRICITÉ
— 77U
Os formolea montrent d'abord que l'intensité maiima I
du courant c^t plus faible que s'il s'agissait d'un courant
L i~~ ~~-^-— —
continu. <)n uuriiii alors I — —■ ; le terme vR' !
auquel on avait donné le nom de résistance fictive ou
apparente a reçu, depuis quelque temps, le nom d'impé-
dance. Les maxima de l'intensité ne correspondent pas à
ceux de la force électromotrice; l'intensité est. en effet,
en retard d'un angle y, ce qui introduit ce qu'on appelle le
décalage entre l'intensité et la force électromotrice. Il
s'ensuit que le travail consommé dans le circuit extérieur,
<]ui, à chaque instant, a pour expression Ettft, a pour expres-
sion moyenne, pendant une demi-période,
Pour trouver cette intégrale, il faut transformer le produit
des deux sinus en une somme ou différence. On a à cet effet :
sin in-sinf 'in^-h Ç?V :s cos cp — cos f 4-^ + 9 J •
Orj^cos (** | + 9) dt = foTld [sin (i-J-h)]
= — sin (2n + 9) — sin 9 =0,
et / cos -odt = T cos 9.
1
On trouve ainsi : W = - L0I cos 9,
et l'on voit que l'énergie dépensée est égale au produit
de la force électromolrice par l'intensité du courant mul-
tiplié par le cosinus de la différence de phase des deux
courants. S'il n'y avait pas de self-induction, c.-à-d. si
L = 0 et par suite y ;= 0; on aurait alors W = E„I.
Il n'y aurait pas de décalage et l'énergie serait égale,
comme cela arrive pour les courants continus, au produit
de l'intensité l par la différence de potentiel K. Si au con-
traire la self-induction est très grande et la résistance très
petite, on aura 9 = ^ et W == 0.
Ce dernier cas est très curieux et mérite qu'on l'exa-
mine de plus près. Dans la pratique, on le rencontre dans
les stations centrales d'électricité lorsque la distribution
est faite à l'aide de transformateurs. La machine tournant
à vitesse constante, il peut arriver, lorsque les abonnés
éteignent leurs lampes, que tous les transformateurs fonc-
tionnent à circuit ouvert. Ces transformateurs introduisent
alors une très grande force électromotrice due à la self-in-
duction, bien que leur résistance soit très faible. La machine
fonctionne alors avec une très faible résistance dans le
circuit extérieur, mais avec une grande self-induction. Dans
ces conditions, le courant produit par la machine peut être
considérable, bien que l'énergie absorbée soit pour ainsi
dire nulle.
Jusqu'ici nous n'avons considéré qu'un circuit à cou-
rants alternatifs contenant des résistances et des («efficients
d'induction. On peut encore intercaler des condensateurs.
et on trouve alors des propriétés nouvelles, dont on a tiré
un si grand parti dans ces derniers temps.
Considérons d'abord le cas où on a intercalé un conden-
sateur en série avec la résistance. Soient 8= E sin,,/
la différence de potentiel aux extrémités du circuit conte-
nant la bobine à self-induction et la capacité, LR le coeffi-
cient de selfindnction et la résistance de la bobine et C la
capacité dp condensateur, en désignant par v et / lc> diffé-
rences île potentiel correspondant à la bobine et au con-
densateur, on aura les équations :
L % 4- Rt = v v -f v' - e = E sin ni CoV = idt.
En éliminant v et l/,on trouve :
d:i H di . 1 . 1 1/.' En
dF + l777+lT:'=l(7/ = TC0S'"-
Le c, m. mi doit avoir la même période que la force électro-
motrioe : il doit être de plus sinusoïdal : on peut dont
i zzz I tin {.il
el on peut calculer I et p, comme on l'a fait précédemment.
• m trouve ainsi :
, !
1.
Vh*(i~-"7 +r*
tg v =
4
LC
"11
Supposons maintenant qu'on ait choisi la capacité C
telle qu'elle satisfasse à la relation suivante :
il viendra
T.'"' "
•-S
ou Cn = -. —
et tg<f = 0.
Ainsi, dans ces conditions, la capacité aura détruit l'effet
du à la self-induction ; le courant est le même que si le
circuit ne comprenait ni capacité ni self-induction. On a,
en effet, si L = 0 et C = 0,
Ri=Esinn£,
et
i = r- sin ni
sin ni
Cette propriété des condensateurs d'annuler la self-induc-
tion est extrêmement curieuse : on en fait un grand usage
dans les applications électriques. Au lieu de mettre le con-
densateur eu série, on peut encore l'intercaler en dériva-
tion; on trouve ainsi de nouvelles propriétés sur lesquelles
il nous est impossible d'insister ici. On peut même avec
l'emploi combiné de bobines a self-induction et de conden-
sateurs arriver a réaliser des distributions a potentiel
constant ou a intensité constante.
Faisons encore remarquer que l'introduction dans un
circuit à courants alternatifs d'une bobine a self-induction
à faible résistance ou d'un condensateur, n'absorbe pas
d'énergie, contrairement à ce qui arrive nour le courant
continu. A ce point de vue, les courants alternatifs ont un
avantage marqué sur les courants continus, puisque avec
les premiers on peut diminuer le courant *ans absorption
d'énergie, ce qui n'est pas possible avec les derniers.
Les quantités qui interviennent dans la distribution de
l'électricité sont l'intensité du courant et la différence de
potentiel. Lorsqu'il s'agit d'uu courant continu, le produit
de ces deux facteurs donne l'énergie transporte'. Dans la
pratique, on évalue l'intensité du courant en ampères, la
différence de potentiel en volts et le produit des deux,
c.-à-d. la puissance transportée par le courant, s'exprime
en watts.
Lorsqu'on a affaire a des courants alternatifs, il n'est
plus possible d'évaluer d'une manière simple les différentes
grandeurs qui entrent en jeu. L'intensité du courant étant
variable à chaque instant, il faut d'abord bien se rendre
compte de ce qu'on évalue à l'aide des instruments de
mesure. Il est évident qu'on peut effectuer la mesure
de plusieurs manières : nous n'indiquerons que celle qui
est universellement employée dans la pratique: on mesure
l'effet produit par le carré du courant dans l'imite de
temps ; la racine carrée de cette quantité est ce qu'on
appelle l'intensité efficace d'un courant électrique. Les
instruments qui mesurent le cane de l'intensité d'un cou-
rant sont l'élerlrodynamomètre et le calorimètre : le calo-
rimètre est un instrument dont L'emploi est très incom-
mode; on ne s'en sert guère que dans des recherches
- 771 -
ÉLECTRICITÉ
purement scientifiques. L'échauffemenj do m passage do
eouranl esl cependanl utilisé dans certains appareils; mais,
au lien de mesurer directement l'élévation de température,
on évalue l'allongement que l«' til éprouve par suite de la
chaleur dégagée par le courant. L'èlectrodynan lètre, au
contraire, est nu appareil d'un usage courant. 11 se com-
pose de deux cadres parcourus par le même courant, l'un
ti\e. l'autre mobile. L'action entre les deux cadres étant à
chaque instant proportionnelle an produit ii' îles deux
courants, elle sera proportionnelle au carré de l'intensité
lorsque les deux tils sont parcourus par le même courant.
Pour faire des observations avec cet instrument, on le
gradue i l'aide de courants continus; le plus souvent, on
m sert, kcel effet, de l'électrolyte de cuivre, ce qui donne
de bons résultats. Vu lieu d'observer les déviations dues
au passage du courant, on ramène au zéro le cadre mo-
bile suspendu par une spirale: on a ainsi l'avantage que
iipcnt toujours l'un par rapport a l'autre
la même position, ce qui est indispensable avec les cou-
rante alternatifs.
Quelle e>t la relation entre l'intensité du courant ainsi
mesurée et l'intensité maxima que nous avons considérée
plus haut 1 La courant étant supposé sinusoïdal, on a :
i=I(, sin-2- =.
L'intensité qu'on mesure à l'aide de l'électrodyiiamo-
métiv i |*>ur expression :
P =}/«.
hn substitution on a :
■•T 1-
I=-l„/ sur y/-//,
■ ,**, I 1 *m.
SIU — /— | — £ COS y/,
on obtient donc
I-
I T
-I °--
1 i
\i I
| . d'où : \=— -0,7 II,,.
2 s-
valeur donnée par l'électrodynamomètre est ce
qu'on appelle l'intensité efticare : c'est, comme on le voit.
la courant maximum,
l'otir la différence du potentiel, on arrive nécessairement
a «les résultais analogues. Ou effectue cette mesure a l'aide
d'un électromètre a quadrants, dont l'aiguille est mise en
communication avec l'une des paires de quadrants ; dans
ces conditions, les déviations sont proportionnelles au carré
a la différence de- potentiels aux bornes de l'instrument.
Dans la pratique, on se sert souvent du voltmètre de
tlardew, basé sur la dilatation qu'éprouve un fil de platine
parcouru par le courant. L'effet e>t nécessairement propor-
tionnel au rarré de l'intensité du courant, et, comme la
Ipcture de l'instrument est très facile, ces appareils se sont
répandus. Un mesure en réalité l'intensité du courant
et non la différence de potentiel aux bornes, mais, comme
la résistance se compose d'un fil rectiligne sans coefficient
d'induction, es deux quantités sont proportionnelles et
1 instrument convenablement gradué peut servir de volt—
Nous a\on- déjà \u que la puissance correspondant a
un courant dont I intensité maxima est F , et la différence
sntiel maxima I
I
I', ,1 I Cl
mt la différence de phase.
• •n mesure le plus souvent la puissance d'un eouranl
alternatif a l'aide d'un wattmètre. Cet instrument n'es!
autre qn'nu clertrodynamomètre dont la bobine mobile est
enroulée <)e fil fin. Voyons quel est le rapport entre
l'énergie mesure- a l'aide de cet instrument dont les bobines
sont supposées dépourvues d'induction et l'expression PQ
de la formule précédente.
Or on a :
[0=\/2I etE0 n/ÏE,
donc :
P |\/2E Nacosy := El coso.
La puissance est donc le produit de l'intensité efficace
par la différence moyenne du potentiel, multiplié par le
cosinus de la différence de phase. Comme cette différence
de phase intervient naturellement dans les deux bobines
du wattmètre, l'instrument indique directement la me-
sure demandée; il faut, bien entendu, tenir compte de
la résistance du circuit de la bobine à til fin, puisque
c'est la différence de potentiel, et non l'intensité du cou-
rant circulant dans celte bobine, qui intervient dans la
formule. .
Les machines à courants alternatifs sont très employées
dans l'industrie électrique pour l'éclairage des villes où les
consommateurs se répartissent sur de grands espaces. La
transformation facile de ces courants rend possible d'avoir
dans la conduite principale des potentiels élevés, et dans les
circuits locaux, entrant dans les maisons, les potentiels de
100 à 110 volts, ce qui rend ces courants inoffensifs.
Pour que les courants alternatifs puissent lutter avanta-
geusement contre les courants continus, il restait à trouver
des moteurs à courants alternatifs. Dans certains pays et
notamment aux Etats-Unis, les stations centrales d'éclai-
rage électrique ne se bornent pas, en effet, à distribuer
l'éclairage. Pendant le jour [surtout, oii les machines sont
très peu occupées, ces stations envoient le courant pour
actionner des moteurs disséminés chez les clients, et l'emploi
de ces petits moteurs s'est répandu Sur une échelle dont on
ne peut pas se former une idée en Europe. Avec les cou-
rants alternatifs, il a été jusque dans ces derniers temps
très difficile de satisfaire à ce besoin et par conséquent de
rivaliser avec le courant continu. Actuellement, on y est
arrivé à peu près ; il nous parait donc utile de donner un
court aperçu de l'histoire des moteurs à courants alter-
natifs.
On sait que si on lance dans une machine Gramme un
courant continu, cette machine commence à tourner dans un
sens qui dépend du sens d'aimantation des inducteurs. Si
on renverse le courant, on renverse en même temps le sens
d'aimantation dans les inducteurs et dans l'induit : la ma-
chine tourne donc dans le même sens. Après cela, on pour-
rait croire qu'en lançant dans une machine Gramme un
courant alternatif on obtiendrait, une rotation toujours dans
le même sens et qu'on constituerait ainsi un moteur. Un
examen plus attentif permet de voir qu'un moteur ainsi
constitué ne donnerait que de mauvais résultats. Ce qui gène
surtout la propagation des courants alternatifs c'est la
self-induction des bobines intercalées dans le circuit ; comme
cette self-induction est très considérable dans une machine
Gramme, le résultat est peu favorable. De plus, l'induction
produit un retard de phase entre les difl'érentes parties du
courant — un décalage comme on le nomme — et il est
parfaitement possible que ce décalage soit assez fort pour
empêcher tout mouvement. On peut constituer toutefois
avec des dynamos à courants continus des moteurs à cou-
rants alternatifs, mais il faut alors remplir les conditions
suivantes : il faut d'abord que le fer qui entre dans la
dynamo soit lamelle, c.-à-d. que la dynamo soit con-
stituée par des plaques de fer très minces et isolées dans
la direction perpendiculaire an fiux magnétique, et cela
aussi bien pour les inducteurs que pour l'induit. 11 faut
de plus employer des courants alternatifs a très basse fré-
quence, au pins nue dizaine par seconde. Dans ces con-
ditions, la dynamo peut servir de moteur même avec des
courants alternatifs. Quant au rendement, nous ne savons
est assez élevé pour que ce genre de moteur puisse
être employé dans la pratique.
ÉLECTRICITÉ
77-J -
i n deuxième genre de moteon il courante alternatif*
est le moteur synchronique, dont voici le principe : sup-
posez une dynamo a courante alternatifs quelconque, et
un moteur nu une autre dynamo identique s la première ;
si les ilrn\ machinée tournent avec la même vitesse, les
efforts qui s'exercent dans la génératrice entre les induc-
teurs et l'armature se reproduisent d'une manière iden-
tique dans les bobines du moteur el par conséquent cette
machine tournera avec une vitesse égale a celle de la
dynamo. Comme dans les alternateurs on se sert d'un
courant continu pour engendrer le champ magnétique, il
faut modifier la construction pour constituer un moteur.
Voici une description sommaire du moteur synchrone à
courants alternatifs de la maison Ganz, de BudapeM.
La fig. 1 1 indique schématiquemenf la disposition des
parties essentielles de ce moteur. Les bobines induites
Fig. 11.
A sont fixes, les électro - aimants inducteurs M et le
commutateur C tournent. Les sections du commutateur
couvertes de hachures communiquent avec les tils 1 des
inducteurs M, les autres avec 2, et la position des ba-
lais B, B, est réglée de telle façon que la commutation ait
lieu au moment du passage de M devant A. Le courant est
pris sur les conducteurs principaux LL, soit directement
comme dans la figure, soit par l'intermédiaire d'un trans-
formateur, si la tension est trop haute pour être utilisée
directement. Lorsqu'on donne à ce moteur une certaine
impulsion, il se mettra à tourner sous l'action du courant
jusqu'au moment ou le synchronisme avecl'alternateurgéné-
rateur est atteint. On pourrait obtenir un démarrage auto-
matique s'il était possible de placer dans les positions rela-
tives convenables, les bobines mobiles par rapport aux
bobines fixes, l'ne fois le synchronisme atteint, il ne se
dérangera plus ; le moteur tournera donc toujours à la même
vitesse. Toutefois, le commutateur donnera lieu à de fortes
étincelles, qu'on a cherché à diminuer a l'aide de certains
dispositifs que nous ne rapporterons pas ici. D'ailleurs, les
oscillations de l'intensité du champ magnétique n'assurent
pas une marche très stable à ce genre de moteurs. Quoi
qu'il en soit, les expériences effectuées sur ces moteurs ont
donné d'assez bons résultats, même comme rendement, ce
qui n'empêche pas qu'ils soient peu répandus dans l'indus-
trie. L'ne particularité de ce genre de moteurs, c'est qu'ils
s'arrêtent lorsque la charge devient trop considérable el
détruit le synchronisme. A ce point de vue, ils ont une in-
fériorité marquée sur les moteurs à courants continus qui
peuvent être surchargés très notablement pendant quelques
instants et qui ne s'arrêteraient que si, par suite d'un cou-
rant trop énergique, l'induit était détruit.
Les moteurs synchrones ne s'étant que peu répandus dans
l'industrie courante, la question de l'utilisation des cou-
rants alternatifs était toujours ouverte jusqu'à ce qu'on
ait pu réaliser dans ces derniers temps des moteurs luises
sur des principes tout à fait différents : nous voulons parler
des moteurs à champ magnétique tournant.
Disons d'abord un mot du champ magnétique tournant
et de sa production. Supposons deux bobines placées à
angle droit et parcoaraes par des courants alternatif- de
même période et de même intensité, unis ayant entre eux
une différence de phase d'un quart de période. On pourra
représenter ces deux courants par les tonnai
/
i, I siu -2— et i, I eos l-
Le courant dans la première bobine sera maxima lors-
qu'il e^t nul dans l'autre et ainsi de suite. Au point d'in-
tersection des deux bobines, le champ magnétiqM aura
donc une direction essentiellement variable, mais une inten-
sité constante; au bout du temps T le champ aura effectué
une révolution complète. Si on plaçait au centre des deux
bobines une aiguille aimantée ou un disque de fa
aiguille ou ce disque se mettrait à tourner avec une vitesse
\
de rotation =.. On voit donc qu'on peut créer, a l'aide de
deux couiants alternatifs de même période, un champ ma-
gnétique tournant: ce champ tournant peut produire à son
tour la rotation d'un disque ou d'un anneau placé en son
centre. Il est assez facile d'engendrer deux courants alter-
natifs de même période et de même intensité ; mais, pour les
conduire, il faut quatre conducteurs, deux pour chaque cou-
rant. Théoriquement, un seul courant suffirait si l'on avait
le moyen de le dédoubler en deux autres ayant entre eux
une différence de phase correspondant a un quart de pé-
riode. C'est dans les dispositifs pour obtenir avec un seul
courant, et par conséquent avec deux fils de ligne, cette
différence que s'est exercée la sagacité des inventeurs.
M. Ferraris employait à cet effet des bobines de self-induc-
tion, intercalées dans le circuit bifurqué ; on obtient ainsi
une certaine différence de phase, mais qui n'atteint jamais
la grandeur voulue.
M. Leblanc a proposé à cet effet des condensateurs: en
intercalant sur l'un des circuits bifurques une certaine
capacité; on peut s'arranger de façon que les deux circuits
présentent entre eux la différence de phase voulue ; il a réussi
ainsi un moteur à champ tournant très simple. La machine
se compose essentiellement d'un anneau, comme du genre
anneau Gramme et fermé sur lui même. Il n'y a aucun com-
mutateur pour prendre les courants, puisque c'est le champ
tournant qui provoque la rotation de l'induit. Les bobines
inductrices fixes sont disposées autour du bâti de la
machine ; elles sont parcourues, comme nous venons de le
dire, par deux séries de courants, dont l'une provient direc-
tement de la ligne et l'autre après le passage par des con-
densateurs, ces derniers permettant de décaler le courant
dérivé de la quantité nécessaire pour avoir dans les deux
circuits des courants dont la phase diffère d'un quart de
période.
On a proposé dernièrement un autre moyen pour obtenir
un champ magnétique touillant: ce moyen consiste a pren-
dre, au lieu de deux courants, trois courants dont les
phases sont distantes de 120° correspondant à un tiers il.' la
période complète. Il est facile d'engendrer des courants de
ce genre; il suffit, par exemple, avec des inducteurs mobiles,
de prendre trois pôles au lieu de deux. Une particularité
de ces courants avec lesquels il faut nécessairement trois
tils, c'est que le troisième sert de retour aux courants cir-
culant dans les deux premiers, comme cela est facile à
montrer. Soient en effet :
t = I sin
sin -1- (s.+?)i
/1=isin-2-(j + ;-:^?),
^Isinâ^ + Ç-M»),
ces trois courants, on voit qu'en faisant la somme de
deux quelconques de ces courants on obtient toujours le
troisième, quelle que soit la valeur de p.
Ces courants, qu'on appelle courants triphasés, ou en
— 773 —
ÉI.KCTKICITÉ
général, lorsqu'il j au i un plus grand nombre, courants
polyphasés, conviennent particulièrement à la production
tl'un champ magnétique tournant 11 est évident, en effet,
seffeetuer de calcul, que si on place trois bobines à 120°,
«m obtiendra un champ tournant si osa trois bobines sont
parcourues par dee courants dont la différence de phase
atteint \lo°. On peut donc constituer uV oelte façon des
moteurs dont le soûl inconvénient est qu'ils nécessitent pour
■ actionnes trois tils de ligne, au lieu de deux comme
mêlas courants continus. Quanti l'induit de ces machines,
il est constitue simplement par un anneau fermé sur lui—
moine et sans commutateur»
Las courants .1 trois phases ont servi dernièrement a
effectuer un transport de force à grande distance, prés de
■ kil.. de Kantien a l'Exposition de Francfort. Pour des
distances au-si considérables, d faut pouvoir employer de
tria fortes tensions pour éviter des poids de cuivre qui ren-
draient l'entreprise impossible, du a employé pour eetrans-
port une doulde transformation, c.-a-d. que le courant était
. ndre a liasse tension, transforme ensuite à liante ton-
1 : a l'antre extrémité de la ligne, on effectuait une
transformation en sens inverse. Ainsi toute la haute ten-
■ea était limitée aux tils de ligne et aux transformateurs
ne comprenant aucun organe mobile. Ce moyen de distri-
buteur a ete employé depuis dans plusieurs installations.
On peut effectuer par les courants triphasés assez facile-
ment des transports de force. Mais ce qui parait plus com-
plique, c'est d effectuer avec ces courants de 1 éclairage
électrique ; aussi ce système ne sera-t-il complet que
lorsqu'on aura invente des méthodes de réglage permettant
île partager également la charge entre les trois fils; dans
l'état actuel de la science, on peut dire que les courants
alternatifs ordinaires permettent facilement l'éclairage ,
mais pins difficilement l'utilisation de l'énergie du courant,
■ avec les courants a phases multiples, c'est l'inverse
qui a lieu.
Pour distribuer chez les consommateurs de l'énergie élec-
trique, utilisable soit pour l'éclairage soit pour actionner
èsi moteurs, on a établi dans un grand nombre de villes
des usines destinées à engendrer le courant électrique et
qu'on désigne sous le nom de station.'; centrales d'élec-
tricité.
On emploie a cet effet différents systèmes de distribution
qui ont chacun leur> avantages et leurs inconvénients: ce
sont principalement les circonstances locales qui déterminent
le choix du système. Nous allons passer rapidement en
revue les systèmes les plus employés et indiquer leurs
avantages et leurs inconvénients.
Un peut utiliser deux genres de courants : le courant
continu et le courant alternatif; le courant à phases mul-
tiples (courants triphasés) n'est qu'une modification des
courants alternatifs.
La lutte entre les partisans des courants continus et des
courants alternatifs est toujours ardente : jusqu'ici elle est
loin d'être terminée. Avec les courants continus, on a
l'avantage de pouvoir effectuer, dans un rayon limité, il
■ rai, une distribution facile à régler, de pouvoir ac-
tionner des moteurs de toute grandeur et surtout de pou-
voir employer des accumulateurs. Par contre, ces courants
ne permettent pas de transformer facilement la tension qui
dans le conducteur.
Les courants alternatifs, au contraire, permettent une
transformation facile et économique de tension, ce qui
permet, comme nous le préciserons plus bas, de distribuer
M murant très loin: par contre, avec ces courants on ne
peut pas se servir d'accumulateurs, et il est jusqu'à présent
• difficile de si' servir de ces courants pour actionner
noteurs; les moteurs a champ tournant changeront
peut-être cette question. Un peut dire encore que les
courants alternatifs n'affectent pas autant les isolements que
les courants continus avec lesquels on constate à la longue
une espèce d'éteetrolyse capable de modifier la nature de
l'isolant. Par contre, avec le même voltage, les chocs des
courants alternatifs sont beaucoup plus dangereux poul-
ies personnes que ceux des courants continus.
Ayant indiqué ainsi sommairement les qualités inhérentes
a ces deux systèmes, nous considérerons d'abord la distri-
bution avec courants continus. Lorsqu'il s'agit de distribuer
l'énergie électrique dans un petit périmètre, n'excédant pas
500 à 600 m., on peut employer avec avantage la distri-
bution a potentiel constant. C'est d'ailleurs le premier sys-
tème qu'on a employé industriellement. I.a tension ou le
potentiel à maintenir dans les conducteurs est maintenu
toujours égal à 100 volts. Disons pourquoi on a adopté cette
tension de préférence à toute autre. Il est évident à priori
que plus la tension est élevée et moins il faut de cuivre
pour effectuer la distribution. Supposons, par exemple,
qu'il s'agisse de distribuer l kilowatt ou 1,000 watts.
Si la différence de potentiel est de 100 volts, il faut que
l'intensité du courant soit de 10 ampères; avec 50 volts
il faudrait 20 ampères, et avec 1 ,000 volts 1 ampère
seulement; dans tous ces cas, le produit est de 1,000 volts
ampères ou watts. Il est évident que pour conduire un
courant de 20 ampères à une certaine distance, il faut un
conducteur environ 20 fois plus fort que pour conduire à
cette même distance un courant d'un ampère. On a donc
tout intérêt à utiliser des potentiels aussi élevés que pos-
sible. Mais, d'un autre côté, il faut que chaque appareil
soit indépendant des autres, c.-à-d. il faut pouvoir enlever
du circuit un appareil quelconque sans influencer les autres.
Actuellement, presque toutes les distributions sont faites en
vue de l'éclairage électrique et particulièrement en vue de
l'éclairage par lampes à incandescence. On construit des
lampes à incandescence allant jusqu'à 150 et 200 volts.
Mais ces lampes dont la fabrication est délicate sont très
fragiles par suite de la longueur du filament. Aussi a-t-on
adopté dans l'industrie des lampes de 100 à 1 10 volts; c'est
la tension qui est universellement adoptée pour les distri-
butions.
Cette tension a encore l'avantage de permettre d'allumer
deux lampes à arc en série et de convenir parfaitement pour
actionner les moteurs dont on fait maintenant un si grand
usage, surtout à l'étranger.
Dans les stations centrales établies pour fournir le cou-
rant aux tramways électriques, on a presque universellement
adopté en Amérique, oii ces lignes sont excessivement fré-
quentes, une tension de 500 volts.
La tension de régime qui doit exister dans le réseau une
fois fixée, il s'agit d'établir un réseau de conducteurs tels
que l'on puisse maintenir partout la tension uniforme de
régime, quelle que soit la consommation de courant, c.-à-d.
le nombre de lampes que les consommateurs allument.
Nous n'entrerons pas dans les détails techniques de l'éta-
blissement d'un réseau, question qui estasse/, compliquée.
Quoi qu'on fasse, on aura toujours une certaine perte de
tension dans la ligne, d'où il résulte que, dans les endroits
situés près de l'usine, la tension sera un peu plus forte
que dans des endroits placés à l'extrémité du réseau. Pour
remédier à cet inconvénient, on fait revenir quelquefois
l'un des conducteurs à l'usine, et on peut intercaler ainsi
les lampes entre le commencement d'un des conducteurs et
la fin de l'autre; les tensions sont alors également distri-
buées. Dans de grandes installations, après avoir établi le
réseau, on rattache certains points directement à l'usine à
l'aide de gros conducteurs appelés conduites d'alimentation
ou feetlers à l'aide desquels on maintient un potentiel cons-
tant dans le réseau.
Disons maintenant un mot de la manière de régler la
tension à l'usine. Nous avons vu qu'avec des machines en
dérivation et surtout avec des machines à double enrou-
lement, on arrive à maintenir constante la différence de
potentiel aux bornes, quelle que soit la résistance exté-
rieure ou le débit de la machine. On peut d'ailleurs agir
directement sur l'excitation des machines et, par des.
lampes d'essai placées dans l'usine, s'assurer que la tension
conserve toujours sa valeur normale.
ÉLECTRICITÉ
- 774 -
Dan ilr-> stations centrale* établie! pour fournir l'édai-
rage aux habitant! d'une ville, la demande de eonnnl ne
varie jamais d'une manière hrèe brusque, puisque toutes
1rs lampes no gont pasallumécsou éteintes toutes ■ la fois.
Comme on peut le constater .1 l'aide des courbes de
consommation de courant, cette consommatioTi esl très
faible pendanl la journée; elle s'accroll assez brusquement
entre quatre et ûi heures, d'après la Baison, pour dimi-
nuer graduellement jusqu'à miouil ou même plus tard; la
consommation principale n'a lieu que pendant quatre ou cinq
heures sur les vingt-quatre heures de la journée. Il est è\ idenl
(]iic, dans ces conditions, il serait impossibled'avoirnneseule
grosse dynamo pour satisfaire a tOUS les besoins, puisque
cette dynamo travaillerait pendant la plus grande partie de
la journée presque à vide, et la machine à vapeur donnerait,
dans ces conditions, un mauvais rendement. Aussi dispose-
t-on le plus souvent d'une petite machine pour fournir
le courant pendant la journée (nous parlons ici des
stations non pourvues d'accumulateurs).
Le courant total à fournir est réparti entre un certain
nom lire d'unités : ces unités, qui autrefois étaient assez
faillies, se ioni maintenant de plus en plus grandes. An
fur et à mesure des besoins, ces dynamos sont accou-
plées en quantité sur le réseau. L'insertion d'une nou-
velle machine dans le circuit est une manœuvre assez
délicate. Il faut d'abord exciter les électro-aimants de la
nouvelle machine de façon qu'elle donne un potentiel qui
soit exactement celui du réseau; puis, ce résultat obtenu,
on peut l'insérer en quantité avec les autres machines en
fonctionnement. Comme ces machines réagissent toujours
les unes sur les autres, et comme d'ailleurs les machines à
vapeur ne tournent pas rigoureusement à la même vitesse,
lorsqu'on augmente brusquement la charge, on conçoit
facilement qu'on obtient souvent dans le circuit des oscil-
lations qui l'ont vaciller les lampes.
Une fois l'installation soigneusement faite, il est assez
facile d'empêcher les accidents et surtout l'arrêt complet
des machines, entraînant une extinction totale de l'éclai-
rage, extinction qu'on constate encore plus souvent que cela
ne devrait être. Ces extinctions proviennent ordinairement
de la partie mécanique des installations : chute d'une cour-
roie, rupture d'un tube de chaudière, échautlement d'un
palier, etc. Le meilleur moyen de les éviter, ou plutôt
d'en éviter les conséquences fâcheuses, est de diviser
l'installation en un certain nombre de parties complè-
tement indépendantes et qu'on peut interchanger. En pre-
nant plusieurs machines à vapeur alimentées par un certain
nombre de chaudières et un certain nombre de dynamos,
il est facile d'arranger les choses de telle façon que, lorsqu'il
arrive une avarie à un organe quelconque, on puisse l'isoler
et effectuer le plus souvent la réparation pendant que les
autres parties, quelque peu surchargées, fournissent le
courant pendant la durée de la réparation; on évite ainsi
«pie l'accident n'ait des conséquences graves.
Emploi des accumulateurs. Jusqu'ici nous avons
supposé que la distribution se faisait sans l'intervention
des accumulateurs; dans ces conditions, il faut toujours
avoir au moins une machine en mouvement.
L'application des accumulateurs présente plusieurs avan-
tages, surtout au point de vue de la facilité du réglage,
de la commodité et de la garantie en cas d'accident. Nous
laissons de coté la question pécuniaire qui est très discutée
et dépend entièrement du prix de revient el d'entretien
des accumulateurs.
On peut se servir des accumulateurs de plusieurs
manières différentes :
Les accumulateurs peuvent d'abord être utilisés pour
faciliter le réglage et comme garantie en cas d'accident,
Dans ces conditions, il suliit d'une batterie de faible
capacité, les accumulateurs ne servant alors que de
volant pour empêcher les oscillations de la lumière qu'on
constate surtout dans les petites installations. On avait
même inventé des accumulateurs spéciaux pour remplir
ce but : hj capacité rèdsKe d<- ces a<< umulatem
mettait de b-s livrer s meilleur compte que b-s scesnmla-
teursdes types courants, mais on préfère avec rai
d'accumulateurs ordinaires. En connaissant la capacité de
ces appareiK. il est facile d'évaluer de quel poids d'sWSV-
mulateurs il bot disposer pour entretenir 1'éelairage pen-
dant un temps donne. Suppôt smple qu'un kilogr.
de plaques d'accumnlateors puisse emmagasiner 10 an
heures et fournir un courant de I ampère. |.a tension
• h a basse tension étant d'environ 100 \nits. il
faut donc un peu plus de 50 accumulât'
série. Il faudrait donc autant «le kilogrammes de plaques
qu'on doit pouvoir fournir d'ampères. Dans une installa-
tion pour 500 à 600 lampes a meSJlëoSBBliee, par evemple.
on doit pouvoir disposer d'un courant d'environ 200 am-
pères ; ce nombre varie naturellement avec le calibre des
lampes. Pour fournir un courant de "200 ampères, il fau-
drait dans notre cas un accumulateur d'un poids d'en-
viron 200 kilogr. ; comme il en faut un peu plus de M
I r obtenir la tension de 100 \olts. il faudrait environ
10,000 kilogr. on m tonnes d'accumulateurs.
Cesl uniquement du poids des accumulateurs que dépen-
dent les services qu'on peut en obtenu1 pour la distribution
de l'électricité; leur nombre est toujours invariable et
dépend de la tension qui règne dans le circuit de distribu-
tion; on peut prendre le potentiel de décharge égale 1*9.
Huant à la capacité, elle varie dans d'assez larges limites
avec la fabrication. Mais il est un point sur lequel il est
nécessaire d'insister, c'est qu'on ne peut pas décharger
les accumulateurs trop vite; le régime normal de décharge
est de 1 ampère a 1-2, et on ne peut guère dépasser I •>
par kilogramme de plaque sans les détériorer. De plus, il
est prudent de ne pas les décharger complètement et de
n'utiliser que 60 à 70 ° 0 de ce qu'ils peuvent donner.
Ainsi, dans l'exemple que nous avons choisi de 500 lampes
exigeant un courant de "200 ampères, une batterie de
10 tonnes d'accumulateurs pourrait alimenter toutes les
lampes et remplacer la dynamo pendant huit à dix heures,
c.-à-d. pendant une journée entière. Si on ne disposait que
de 5 tonnes d'accumulateurs, ils ne pourraient plus rem-
placer la dvnamo, car la plupart des accumulateurs ne per-
mettent pas l'arrangement suivant: 10 tonnes d'accumu-
lateurs fournissant "200 ampères pendant dix heures,
o tonnes ne peuvent pas fournir ces 200 ampères pendant
cinq heures, ni 2 tonnes ces mêmes 200 ampères pendant
deux heures, bien que, dans tous ces cas. le nombre de
kilowatt-heures par unité de poids reste le même.
Ceci nous montre que pour que les accumulateurs puis-
sent alimenter les lampes en cas d'arrêt des machines, et
cela même pendant un temps très court, il faut un très
grand poids d'accumulateurs. Il s'agissait, dans notre
exemple, d'un dynamo de 200 ampères à 400 volts, soit
20 kilowatt, nécessitant une machine à vapeur d'une tren-
taine de chevaux.
Dans de grandes installations, il faut donc d'énormes
batteries si l'on veut se mettre à l'abri de l'extinction pro-
venant de l'arrêt des machines. Cependant, lorsqu'on dis-
pose de plusieurs dynamos et de plusieurs machines à
vapeur, on peut toujours s'arranger de façon à ce que l'ar-
rêt d'une partie n'entraîne pas l'arrêt des autres machines.
Il y a un autre mode d'emploi des accumulateurs qui
présente, dans certaines conditions, t\<'> avantages sérieux.
Au lieu de s'en servir pour suppléer aux machines en cas
d'accident, on peut s'en servir pour fournir le courant
ensemble avec la dynamo et employer ainsi une machine
à vapeur plus petite. ■
Dans l'exemple précédent de 500 lampes et 200 ampères,
la dvnamo ne débitera le courant qœ pendant très peu
d'heures par jour, cinq ou six heures suivant la saison: le
îeste de la journée, la dynamo ne débitera qu'un faible
courant, et la machine à vapeur travaillera dans rie mau-
vaises conditions de rendement. Ajoutons a cette installation
une batterie d'accumulateurs de .'i tonnes pouvant fournir
- 77:; -
KI.KCTRICITÉ
un murant do I'1'1 ampères sous !"" volts et accouplons-les
;l DM ilviKlIll" os-aleuient do 100 ampères et do 1 00 volts,
o.-à-d. I DM dviumo moitié moins forte que celle qu'il
faudrait sans les accumulateurs. In faisant travailler la
machine à Tapeor pendant la journée a la charge dea acou-
Rmbtears, elle pourra fonctionner dam lea conditions éco-
aoaakmes; pendant lea heures As forte consommation, les
■awhiteara fourniront l'appoint. On a eaeore L'avantage
que, pendant la nuit. i«n peut arrêter la machine à vapeur
et alimenter les lampée nui restent allumées par les accu-
mulateurs. Pendant ta (barge îles accumulateurs, un cou-
rant dérive sur les bornes de la machine servira à alimcnler
lanipcin Ce système peut donner de bons résultats dont
•nomie dépend surtout du prix et de l'entretien des accu-
mulateurs. Dana une station établie, on peut dire que
l'emploi des accumulateurs permet de doubler le nombre
île lampes.
Tout ce que nous avons dit jusqu'ici se rapporte spécia-
lement I une distribution à basse tension, distribution
dont les points extrêmes doivent se trouver au maximum à
500 oa 600m. de la station. Lorsque cette distance se trouve
dépassée, il faut nécessairement augmenter le potentiel de
la distribution : mais, pour que les lampes restent indépen-
dantes les unes des autres, il est indispensable que la ten-
ircuits de*distributkm reste toujours celle
qui correspond à DM lampe a incandescence, r.-à-d. à
environ loti volts.
Distribution à trois fils. In des moyens les plus sim-
ples peur augmenter la tension est de mettre deux dyna-
mos en tension et de répartir les lampes en deux séries.
S'il v avait autant de lampes d'un cote que de l'autre, il
mêlerait aucun courant dans le fil de milieu qu'on
appelle le til neutre: in tout oas.il ne circule dans ce con-
ducteur qu'un courant bien plus failde que dans les conduc-
teurs extrêmes. Ce système est presque toujours employé
dans \e> grandes stations centrales ; nous n'entrerons pas
ici dans h - qu'il faut opérer pour maintenir con-
stantes les différences de potentiel dans les deux systèmes
de tils. Comme avee es système on double le potentiel
de distribution (KO volts au lieu de 110 volts), on peut
atteindre des distances doubles sans une augmentation notable
de cuivre.
Distribution à cinq fils. En disposant cinq dynamos en
tension, on peut porter la différence de potentiel jusqu'à
140 volts et quadrupler ainsi la tension primitive. Il existe
enmre peu d'exemples de ce genre de distribution qui est
employé [M.ur le secteur de la plare Clirhy a Paris. L'égali-
n de tension dans les différents tils est assez compliquée
et le iirand nombre de (ils nécessaire rend la canalisation
■ difficile a établir. Au secteur de la place CIichv,on a
'■our répartir également les tensions, un appareil,
appelé égalisateur de potentiel, consistant en quelque
en une machine Gramme portant quatre anneaux : si
la tension est bien distribuée, l'anneau ne tourne pas; il
tourne, au contraire, aussitôt qu'il existe un courant plus
fort d'un roté que de l'autre : l'appareil absorbe ainsi du
courant d'un coté et il le restitue de l'autre, de façon que,
riquement, il n'y aurait aucune perte par suite du
' >nnement de cet organe.
> trois et i cinq fils sont, on le voit, des
modifications de la distribution à basse tension.
Iribution par transformateurs-moteurs. Les
mo ofa ne permettent d'augmenter la tension
ne dans une certaine limite; pour distribuer l'énergie
trique an loin, il faut d s limites dans de fortes
proportions et. an lieu de quelques centaines de volts,
atteindre des milliers de volts. Les courants d'une au^si
haute t.-n^ion étant dangereux et d'un maniement difficile,
on ne peut pas les amener directement chez les consomma-
teurs, d'autant plus que, les appareils devant être indépen-
dants, il faut ramener la ten>u>n a 110 volts. Le système
int de distribution à haute tension est d'un emploi ;<
fréquent. Dans une station située à une certaine distance |
du centre de distribution, on engendre des courante à haute
tension, de 2,000 à 8,000 volts, lesquels courants on
envoie dans des transformateurs-moteurs: ces appareils
ne sont autre chose que «les dynamos pourvues de deux
anneaux; le courant de haute tension lancé dans le premier
anneau le fait tourner et entraine le deuxième anneau sur
lequel on a enroule de gros tils; le courant de basse tension
ainsi engendré est distribué comme nous l'avons vu précé-
demment. Ce système présente donc l'avantage de permettre
de hautes tensions dans la partie la plus longue de la cana-
lisation et de basses tensions dans la distribution propre-
ment dite. A Paris, ce système est employé pour le secteur
du transport de la force par l'électricité, l'usine étant
située à Saint-Ouen et les usines secondaires de distribution
à l'intérieur de Paris. On peut employer ce système, comme
d'ailleurs tous les autres systèmes a courant continu, con-
jointement avec des accumulateurs, et imaginera cet effet
différents dispositifs dans le détail desquels nous n'entrerons
pas.
Distribution à haute tension par accumulateurs.
Les accumulateurs se prêtent facilement à un mode de dis-
tribution à hante tension dont voici les traits généraux.
\ la station génératrice, on engendre des courants à haute
tension, supposons 2,000 volts par exemple; dans les
centres de distribution, on place des batteries d'accumula-
teurs, MO dans le cas habituel, sur lesquelles on branche les
conducteurs locaux. On charge les accumulateurs pendant
la journée et on les décharge pendant les heures d'éclairage.
Ce système, qui parait à première vue assez économique,
procure un éclairage très fixe, mais il donne lieu par contre
a des réglages assez compliqués, et il nécessite une sur-
veillance minutieuse. On l'emploie à Paris pour le secteur
Popp et dans différents quartiers de Londres.
Distribution par courants alternatifs. Les courants
alternatifs se prêtent particulièrement à la distribution de
l'électricité à des dislances assez grandes, quelques kilo-
mètres par exemple. C'est le seul système reconnu pratique
jusqu'ici lorsque les différents centres de consommation
sont assez éloignés. Les courants alternatifs ne présentent
aucun avantage sérieux sur les courants continus pour de
faillies distances, c.-à-d. lorsque le courant peut être en-
gendré à basse tension (400 volts) et utilisé tel quel. C'est
dans la transformation facile de courants de haute tension
en courants de basse tension que réside la supériorité des
courants alternatifs pour la distribution à des distances
relativement considérables. Pour effectuer cette transfor-
mation lorsqu'il s'agit de courants continus, il faut un
organe mobile, exigeant par conséquent une surveillance
continue, tandis qu'avec les courants alternatifs on emploie
des transformateurs formés en principe d'un anneau de fil
de fer sur lequel on a disposé deux enroulements, l'un
correspondant a la haute tension et l'autre à la basse ten-
sion. Le courant de haute tension aimante l'anneau de fer
et par la variation continue de son intensité induit dans les
spires de l'enroulement secondaire un courant dont le poten-
tiel moyen dépend du nombre de spires de deux enroule-
ments. Si le nombre de tours de fil du primaire est vingt
fois celui de l'enroulement secondaire, le potentiel sera abaissé
approximativement dans le rapport de 20 à l.Le potentiel
dans la canalisation principale étant, par exemple, de
-2.000 volts, celui dans les circuits secondaires sera amené
à la tension normale de 100 volts. Comme les transfor-
mateurs n'exigent aucun entretien et comme il n'y a aucun
organe mobile, on conçoit que l'agencement de ces appareils
n'est pas bien compliqué. C'est à cette facilité qu'on doit
l'extension considérable de ce système, En Europe, presque
la moitié des stations centrales emploient des courants
alternatifs et en Amérique cette proportion est plus consi-
dérable encore.
Jusque dans ces derniers temps, les courants alternatifs
avaient sur les courants continus le désavantage de ne
pas pouvoir actionner convenablement des moteurs élec-
triques dont l'emploi se généralise tant. L'invention des
ÉLECTRICITÉ
- 7711 —
moteurs à champ magnétique tournant et l«" système de
courante alternatifs à plusieure phases ont modifie cet état
de choses. Comme nous l'avons explique plus baut, on
peu) réaliser les moteurs ;i champ tournant avec deux ou
trois lils. Pour l'éclairage électrique, la distribution par
trois fils avec courants alternatifs (courants a phases mu i -
li|iles) es) encore dans la période d'expérimentation. On a
t'ait comme curiosité des lampes à incandescence à trois
filaments s'adaptanl a ces courants, mais, comme a notre
connaissance aucune installation d'éclairage de ce genre n'a
été réalisée jusqu'ici, nous n'en parlerons pas.
L'installation des conducteurs devant servir à l'éclairage
électrique d'une ville ou d'un groupe de maisons est une
grosse question ; on peut même dire que c'est une des
plus grandes difficultés qu'on rencontre dans l'établisse-
ment d'une station centrale.
11 faut avant tout faire le calcul du diamètre exigé pour
les conducteurs. Ce calcul est des plus difficiles et nous ne
croyons pas que jusqu'à présent on ait proposé aucune
méthode simple et sure. 11 est facile de calculer le dia-
mètre d'un conducteur qui produise pour une longueur
donnée une perte de charge fixée d'avance, mais dans un
réseau où les fils s'entre-croisent, ce calcul n'est plus d'une
bien grande importance. Il est hors de notre sujet d'entrer
dans des détails des méthodes suivies ; les méthodes
changent d'ailleurs avec les circonstances. Notons toutefois
en passant la méthode expérimentale suivante qu'on a
quelquefois employée : on dresse à l'échelle une carte de
de la ville et on y fait figurer l'usine en même temps que
les différents centres de distribution qu'on rattache avec
des fils de cuivre de différents diamètres. En mesurant
alors avec un instrument quelconque la perte de charge
aux différents points des distributeurs, on peut se faire
une idée des conditions à réaliser pour le réseau réel.
L'ne fois qu'on a déterminé par un moyen quelconque les
diamètres à donner aux différents conducteurs, il faut pro-
céder à leur installation. Le plus simple est évidemment
de faire comme pour les fils télégraphiques et d'établir les
conducteurs aériens sur des poteaux. En France et presque
partout en Europe, ce genre d'installation n'est pas permis
par les municipalités ; aux Etats-Unis ce n'est que dans
les très grandes villes qu'on fait objection à ce genre de
fils ; on peut même dire que si, en Amérique, l'électricité a
fait des progrès si rapides, cela est dû en partie aux faci-
lités qu'ont eu partout les électriciens d'établir des conduc-
teurs aériens, dont l'installation est si simple et si peu
coûteuse.
Les conducteurs souterrains, au contraire, reviennent
toujours très cher, et leur établissement dans une ville de
quelque étendue revient quelquefois presque aussi cher que
toute l'usine électrique. On a proposé de nombreux sys-
tèmes pour ce genre de conducteurs, mais jusqu'ici on n'a
pas encore trouvé de disposition absolument à l'abri de
tout reproche. Pour de grandes distances, on pose souvent
dans le sol des cables faits plus ou moins sur le modèle des
câbles sous-marins, c.-à-d. du fil de cuivre entouré de
caoutchoucet protégé par des fils de fer. Ces cables reviennent
assez chers; mais, lorsqu'ils sont bien établis, ils donnent
de bons résultats, surtout lorsque le sous-sol est humide.
On a proposé aussi d'employer des conducteurs nus poses
dans des caniveaux sur des isolateurs en porcelaine ; on
peut obtenir ainsi de bons résultats si on peut mettre les
caniveaux à l'abri de l'humidité, ce qui est une très grande
difficulté.
Les autres systèmes sont presque tous des méthodes
intermédiaires entre les deux précédents : le câble isole
posé directement dans le sol ; le cable nu posé dans une
canalisation fermée. Il est assez facile d'imaginer des dis-
positions de ce genre : nous n'insisterons pas. Nous ferons
remarquer toutefois que pour des courants alternatifs on a
proposé avec succès des câbles concentriques dans lesquels
l'un des conducteurs entoure complètement l'autre.
Lorsqu'on enterre les cables bien isolés directement
dans le sol sans les poser dans des conduites, on ne peut
les réparer ou y effectuer des hrsnilmimili mm faon des
travaux de terrassement souvent très onéreux. Lemeill.-ut
système, mais aussi le plus dier, e>t sans contredit de
prendre îles cibles parfaitement isolés et de les poser dsw
do conduites desquelles on peut facilement les tirai ■
Comme matière isolante, |(. caoutchouc vulcanisé convient,
paratt-il, le mieux : la gutta, qui donne d'excellents résul-
tats pour les câbles sous-marins, se ramollit trop facilement
sons l'influence d'une élévation accidentelle de tempéra-
ture. Pour de très hautes tensions, on a proposé de mettre
des lils nus dans des tuyaux remplis de pétiole; on obtient
ainsi un isolement pouvant résister à des tensions BOnai-
dèrables ; on sait, en effet, que la distance explosive est
beaucoup moindre dans certains liquides, comme le pé-
trole, etc., que dans l'air. Les tensions qui oécessiteBl ci-
genre d'isolement ne sont pas encore entrées dans la pra-
tique et, jusqu'ici, ce sont les cables convenablement isolés
qui donnent le meilleur résultat, surtout comme durée.
Compteurs d'électricité. Pour évaluer les quantités
d'électricité consommées par les lampes, il faudrait en toute
ligueur mesurer à chaque instant non seulement l'intensité
du courant, mais encore la différence de potentiel, puisque
le produit de ces deux quantités correspond à l'énergie
électrique absorbée. Dans la pratique, comme les stations
centrales livrent presque toujours le courant sous poten-
tiel constant, il sutiit de mesurer le courant total absorbé.
Nous ne pouvons pas entrer dans la description des nom-
breuses dispositions adoptées pour arriver a ce but ; nous
nous bornerons a indiquer quelques dispositifs consacrés
par la pratique.
On sait que, lorsqu'un courant électrique traverse une
solution de sulfate de cuivre, la quantité de métal déposé
est proportionnelle à l'intensité du courant. C'est sur ce
principe que sont basés les compteurs Edison, Desruelles-
Chauvin, etc. Ce sont les premiers compteurs dont on s'est
servi en Amérique. Ces compteurs n'enregistrent que l'in-
tensité du courant sans tenir compte de la différence de
potentiel; ils ne peuvent donc pas servir de wattheure-
niètres. Comme il est désirable que la quantité d'énergie ou,
dans notre cas, la quantité d'électricité absorbée soit indiquée
par des aiguilles sur un cadran, il était nécessaire d'ima-
giner une disposition pour enregistrer automatiquement le
poids de cuivre déposé sur les électrodes. On y arrive à
l'aide d'une espèce de balance dont le tléau bascule lorsque
l'augmentation de poids atteint une certaine valeur. Dans
le modèle d'Edison, on avait disposé dans la boite du comp-
teur une lampe à incandescence qui s'allumait lorsque la
température descendait au-dessous d'un certain degré.
Les actions mécaniques des courants donnent lieu à une
classe importante de compteurs. La fig. 1:2 représente le
compteur E. Thomson constitué en principe par un moteur
électrique ; il est évident que ce moteur tournera d'autant
plus vite que l'intensité du courant sera plus grande. Pour
empêcher Le moteur de tourner trop vite, on se sert des
courants de Foucault engendrés dans un disque de métal
qui tourne entre les pôles d'un aimant. On ne pourrait pas se
servir de la résistance qu'oppose le vent à des ailettes. De
nombreux modèles de compteurs ont été basés sur ces prin-
cipes; celui de H. Thomson, très bien proportionné, est
employé dans plusieurs installations de Paris.
Un antre genre de compteurs est basé sur l'enregistre-
ment de l'intensité du courant. En disposant un ampère-
mètre, ou wattmètre enregistreur, on peut relever sur la
feuiHe de papier les quantités totales d'énergie consommées
dans un temps donné. On peut encore faire cet enregistre-
ment d'une manière automatique, comme dans les compteurs
Cauderay, mais le mécanisme de ces compteurs est néces-
sairement assez délicat.
La force retardatrice qu'un pendule pourvu de fer doux
éprouve en présence d'un électro-aimant a été utilisée dans
les compteurs Aron. Ce compteur comporte deux horloges,
une ordinaire et l'autre dont le pendule est soumis à l'action
— 777 —
ÉLECTRICITÉ
(l'un l'Iivti'Kiuikint. Le retard dépend de l'intensité d'ai-
mantation da l'éleetro-aimant, qui dépend à son tour de
l'i--. 18.
rjltenw'té <iu courant. D'après le retard de l'un des pen-
-ur l'autre, on peut évaluer l'énergie consommée.
Traction électrique. L'application de l'électricité à la
traction îles voitures de tramways a pris dans ees derniers
temps une extension énorme, surtout aux Etats-l'nis, où au
moins un tiers de- tramways a traction animale sont actuel-
lement remplaces par des tramways électriques. Quant à la
traction sur les chemins de fer proprement dits, il n'existe à
■être connaissance aucune ligne sur laquelle cette traction
est adoptée, bien que plusieurs projets soient à l'étude. On
[K'ut effectuer la traction électrique soit par accumulateurs,
soit par conduite souterraine, soit par fils aériens.
Tramways à accumulateurs. Ce mode de traction est
à première vue des plus simples. La voie elle-même n'a à
subir aucune modification, puisque la voiture transporte
avec elle l'énergie nécessaire à la traction.
L'emménagement d'une voiture à accumulateurs est aussi
ample. Le moteur est logé sous la plate-forme de la
Toiture, les accumulateurs sous les banquettes. Pour obte-
nir !<•> différentes \itesses nécessitées en route, on dispose
un commutateur permettant de grouper les accumulateurs
de différentes manières : le groupement de tous les éléments
en tension correspond naturellement à la plus grande
qu'on diminue en les accouplant en plusieurs
arallèles. Pour ralentir, on peut encore introduire
des résistances ou bien diminuer le nombre d'éléments. On
conçoit que tous ces arrangements ne sont pas bien com-
pfiqnèl •'t qu'on arrive facilement à les réaliser. Aussi n'est-
ce pas de ce côté que réside l'inconvénient des tramways à
accumulateurs, dont jusqu'ici le nombre est très restreint.
L'obstacle provient du poids considérable des accumu-
lateurs, mu augmente dans de fortes proportions le poids
mort de la voiture et élève considérablement les frais de
traction.
Pour montrer quelques détails de l'agencement des
tramways à accumulateurs, nous ne pouvons mieux faire
Eles tramways électriques qui desservent Saint-
nk l.es Toitures de ces tramways qui doivent desservir' des
distances d'environ 10 kil. sont pourvues de 84 accumula-
teurs d'un poids de -2.1100 kilogr. : le moteur dès voitures
peut développer une puissance maximade 19 chevaux; chaque
voiture pi-ut, dans les conditions de la voie, parcourir une
<li-lan<v de 'i.'i kil. avec une réserve d'un tiers delà force
disponible pour le démarrage. Comme c'est un parcours de
130 kil. que chaque voiture doit faire, il faut recharger
les accumulateurs une fois dans la journée. On a adopte a
cet effet des dispositifs spéciaux permettant de faire rapi-
dement ce changement et d'autres pour effectuer automati-
quement le chargement des éléments épuisés. Pour ce qui
concerne la question technique, on sait que ces tramways
ne laissent rien à désirer; il s'agit ici plutôt du prix de
revient. C'est à L'avenir de dire si, dans les grandes villes
où les chevaux coûtent très cher, ce genre de traction
revient à meilleur compte que celle des chevaux.
Tramways à canalisation souterraine. Au lieu de faire
transporter l'énergie par la voilure, il est bien plus avan-
tageux de faire engendrer l'énergie dans une station centrale
lixe et d'amener l'énergie à la voiture au moyen de con-
ducteurs métalliques. Dans des voies non accessibles au
public.il sullit de disposer entre les rails une barre de cuivre
sur laquelle frotte un balai. Dans les rues fréquentées, au
contraire, le dispositif pour amener le courant à la voiture
est toujours compliqué et jusqu'à présent on ne peut mon-
trer qu'un seul exemple, celui des tramways de Budapest,
où ce système ait réussi. Toutes les autres tentatives, parmi
lesquelles il en était de très ingénieuses, n'ont pas pu résis-
ter a la pratique courante de quelque durée. C'est surtout
la pluie et la boue qui sont les ennemis de ce système. Il
faut en effet disposer au-dessous de la voie un caniveau
ouvert en haut et dans lequel est disposé le conducteur en
cuivre. Presque toutes les dispositions se sont heurtées à la
difficulté de protéger assez efficacement ce conducteur. On
a même proposé des systèmes, comme celui de M. Lineff, ou
le caniveau est complètement fermé et où le contact se fait
par suite d'une attraction magnétique entre des pièces de
1er aimantées par le passage de la voiture et un ruban
métallique mobile. Ce système est encore dans la période
d'expérimentation.
Voici quelques détails sur le tramway électrique à cana-
lisation souterraine de Budapest. Entre les deux fers cons-
tituant le même rail on a ménagé une ouverture cor-
respondant à un caniveau en ciment de section ovale.
Des deux côtés, deux fers à angle convenablement isolés
sont en communication avec les conducteurs d'aller et retour.
Le contact est pris à l'aide de petites roues ; le potentiel
des conducteurs est de 300 volts ; pendant le démarrage, il
faut un courant d'environ 80 ampères, le courant normal
n'étant toutefois que de 23 ampères. Les voitures qui
pèsent à vide 4,500 kilogr. peuvent contenir 40 voyageurs.
La réduction de vitesse est obtenue par des chaînes Galle
au lieu d'engrenages comme on le fait le plus souvent. La
vitesse de régime est de 16 kil. à l'heure dans la ville
et de 18kilî) dans les faubourgs.
La canalisation souterraine, qui est en communication avec
les égouts de ville, n'a donné lieu après plusieurs mois de
fonctionnement à aucun mécompte ; l'isolement est très
bon ; par un temps de pluie la perte ne dépasse pas 3 °/0
du courant total.
Tramways à conducteurs aériens. Nous nous arrête-
rons un peu plus longuement à la description de ce sys-
tème, qui a pris des extensions considérables aux Etats-Unis,
où l'on compte actuellement des centaines de voies ayant
un développement de plusieurs milliers de kil. En Europe,
ce système n'est représenté jusqu'à présent que par deux
lianes, une à Halle, en Allemagne, et l'autre à Leeds, en An-
gleterre. En France, il n'existe inj'un seul tramway élec-
trique à conducteur aérien, celui de Clermont-Ferrand ;
cette voie est établie non suivant le système américain,
mais suivant le s\ stème Siemens ; c'est à cette maison qu'on
doit les premiers tramways électriques, comme celui de
Berlin à Charlottenbourg, celui de Francfort, etc. Chose
curieuse, tandis que les tramways électriques système alle-
mand sont restés à peu près stationnaircs et qu'on peut en
compter tout au plus une demi-douzaine de lignes, les
tramways électriques du système américain, et qui ne diffè-
rent pas beaucoup des autres, ont pris, au contraire, un
ÉLECTRICITÉ
— 77K —
développement dont on ne trouva pu d'autres exemples dam
l'industrie. Avant d'entrer dans des détails, mous indique-
rons d'abord les principes généraux sur lesquels repose le
fonctionnement de ces tramways. \ l'usine génératrice de
l'énergie électrique, établie en un point quelconque de la
voie, on établit des machinée a vapeur actionnant dea
dynamos à courante continus; ces dynamos engendrent le
courant bous une tension qui est :mx Etats-Unis uniformé-
ment de 500 \nlis. Des conducteurs aériens en fil de enivre
conduisent ce courant au milieu au-dessus de la voie et de
telle sorte i|ue le conducteur un forme vers le bas une
ligne non interrompue et dégagée de tout obstacle. Toutes
les attaches, indispensables pour maintenir le conducteur en
place, doivent donc être faites vers le haut ; le conducteur
lui-même est supporte par des (ils d';icier tendus ;iu-dessns.
La voiture coiitientunou deux moteurs auxquels on amène
le courant du conducteur suspendu par l'intermédiaired'une
tige flexible pourvue d'une roue ou d'un contact glissant.
Cet ensemble est désigné sous le nom de trolley ; c'est
l'organe délicat de ces genres de tramways. Dans le sys-
tème Siemens, le conducteur suspendu est creux, un tube
d'acier dans lequel on a pratique une rainure et dans ce
tube on fait glisser une navette; cette navette établit
le contact entre le conducteur et la voiture ; on la tire
en avant par des cordons métalliques ; l'inconvénient est
que cette navette coince quelquefois, ce qui peut faire
casser les fils ; il convient cependant d'ajouter que ce sys-
tème peut fonctionner convenablement.
Dans le système américain, le contact est établi le plus
souvent par une roue qui se meut le long de la partie infé-
rieure du conducteur; cette roue est supportée par une longue
tige attachée au toit delà voiture; cette tige est mobile au-
tour d'un axe et peut prendre des inclinaisons différentes
suivant que le conducteur aérien se trouve à une plus ou
moins grande hauteur. Un fort ressort en boudin agit de
façon à appuyer toujours la roue contre le conducteur. On
remplace quelquefois cette petite roue par une espèce de
sabot renversé dans lequel se trouve un alliage métallique
très mou ; c'est alors ce inétal qui frotte le long du conduc-
teur en cuivre, et par suite de la différence de dureté le con-
ducteur s'use très peu ; il faut remplacer de temps à autre
le métal mou, mais cela n'entraîne pas de grands frais.
Le courant ainsi amené dans la voiture se rend aux mo-
teurs par des conducteurs cachés sous des moulures ; en
sortant des moteurs, il retourne par les rails aux dynamos
de la station ; c'est le système à conducteur unique avec
retour par la terre. Souvent on trouve que les rails ne
constituent pas des conducteurs suffisants, et on dispose sous
la voie un conducteur en cuivre mis de place en place en
contact avec les rails. Comme les moteurs électriques sont
très légers, les voitures peuventètre légèreset franchir facile-
ment des rampes trop raides pour les tramways à chevaux.
Les prix d'exploitation de ces tramways sont de beaucoup
inférieurs à la traction animale. Chaque voiture est pourvue
de ses moteurs ; ce n'est que dans le cas de grande affluence
du public qu'on attelle une autre voiture à celle du moteur.
Disons maintenant un mot sur les raisons qu'on oppose
en France contre ce système de tramways. Il y a d'abord
l'objection des conducteurs aériens. Ces conducteurs dépa-
reraient d'après certaines personnes l'aspect de la chaussée.
Cette objection est on ne peut plus spécieuse, puisqu'on
peut étalilir ces conducteurs sur des colonnes très élégantes
et donner à l'ensemble un aspect presque ornemental. Il
faut encore faire observer que les habitants de Boston,
une des plus belles villes des Etats-Unis, n'ont pas craint
d'admettre ce système dans leurs rues. Dans le cas pré-
sent, comme presque toujours d'ailleurs. l'opposition vient
principalement des personnes qui n'en ont jamais vu. Sur-
tout dans les faubourgs des grandes villes où des tramways
peuvent rendre les plus grands services, la question d'es-
thétique n'intervient que très peu.
Un autre genre d'objections provient de la tension de
500 volts employée dans la canalisation et surtout le re-
tour parla terre. On se ligure que des seeiaWti noMbreui
doivent ou peuvent résulter de cet état de choses. En tnté-
rique. on ces tramways sont si répandus, on n'a constaté
pré '-m aucun accident de personne résultant des
conducteurs aériens. Le retour par la terre, -urtout lors-
qu'on emploie pour le retour un cible de enivre, ne peut pas
a\oir des conséquences lâcheuses, bien qu'il paraisse que
l'administration soit nés peu disposée a accorder les per-
missions nécessaires. Pour les tramways à conducteurs
aérons, ce retour par la terrées) a peu près indispensable;
on peut bien. a la vérité, disposer Mil conducteurs au-des-
sus delà voie, mais ce lyttènM >'st si complique, surtout
pour les croisements de voie, que les résultats pratiques
laissent toujours I désirer. |'.-||. L.
II. Physiologie. — Il est indispensable d'indiquer,
en commencent, la synonymie dea termes emplo.
électrophysiologie et surtout en ékctrothénpie, alors que
les physiciens les utilisent fort peu : courant voltaique pont
courant continu; courant faradique pour courant induit.
L'emploi de l'électricité statique est quelquefois d
quoique plus rarement, sous le nom de franuinisatioB. L
électrodes positives et négatives sont respectivement appe-
lées anode et cathode. Il y a lieu d'étudier raccesaivctnenl
l'action de l'électricité sous ses différentes manifestations
sur les tissus vivants et en second lieu la production d'élec-
tricité par ces tissus eux-mêmes. L'électricité est, après le
système nerveux lui-même, le meilleur excitant des muscles
et des nerfs, et son emploi a permis d'étudier la vie propre
de ces tissus. Suivant le but cherché, on emploie soit le
courant direct d'une pile, soit le courant induit fourni par
un chariot de Du Ilois-Heymond, la mobilité de la bobine
secondaire permettant de graduer à volonté la tension de
l'excitation. Sans entrer dans des détails de technique,
nous dirons simplement que. pour les recherches préi ises,
il est indispensable d'avoir des électrodes impolarisables pour
éviter les courants parasites au contact des tissus et un gal-
vanomètre qui réponde à cette double condition : être très
sensible, donner des indications rapides et d'une lecture
facile, c.-à-d. que la position d'équilibre soit obtenue le plus
rapidement possible. Le galvanomètre universel et apério-
dique de d'Arsonval répond admirablement a ces exigences.
Nerfs. L'excitation des nerfs est médiate ou immédiate,
suivant que les électrodes sont appliquées sur la peau ou
directement sur le nerf mis à nu. Elle est bipolaire ou
unipolaire. Dans l'excitation bipolaire, les deux électrodes
sont appliquées suivant le trajet du nerf. Le courant est
dit direct ou descendant quand c'est le pôle positif ou anode
qui est situé le plus près des centres nerveux, la cathode
étant par suitepluspériphérique. Dans l'excitation unipolaire
de Chauveau, l'électrode dont on néglige les et!
constituée par une large surface humide appliquée loin du
point ou l'on applique l'électrode active. Vn courant cons-
tant appliqué sur un nerf moteur détermine une contraction
au moment de la fermeture et de l'ouverture du courant et
pas de contraction pendant tout le temps que le courant
passe avec une intensité égale ou variant lentement : toute
variation brusque agit en effet comme une fermeture ou
comme une ouverture.
.Mais la direction du courant, le temps de l'excitation
(fermeture ou ouverture), l'intensité, ont une grande im-
INTENSITÉ DU COURANT
COURANT
a sec ndant
CODE
nilant
Kn1, '''•■, Ouverture
Moyen..! ,'; '.''."".■,""''.'
].-,„., v Fermeture
/ Ouverture
Contra
Repi
Contraction.
Contraction.
Contraction.
O infraction.
Repos.
Contraction.
Contraction.
Contraction.
Repos.
portance, et le tableau ci-dessus résume les faits observés et
consignés sous le nom de loi de Pfluger.
— 77!> —
ÉLECTRICITK
i 'excitation de fermeture nuit à la cathode; relit' d'ou-
verture a l'anode, d*où cette loi : L'action évitante du
eoaranl galvanique ne se produit qu'aux pôles eux-mêmes
«•t en émane. Or, oomme on a pu établir d'autre pari que
1'exntation de fermeture est plus énergique que l'excitation
d'ouverture, on conçoit que, dans remploi île la méthode
dite unipolaire, on obtiendra une excitation plus intense en
employant l'électrode négative. Nous retrouverons l'appli-
ii .le ce tait eu elei ■iioihorapio.
I a résistance électrique du muselé étant moins considé-
rable, les muselés et les nerfs réagissent différemment,
Mii\ant la forme de l'excitation électrique. Le courant induit
de rupture excite surtout le nerf, alors que la clôture du cou-
rant de pile agit surtout sur le muscle. Hais il faut se rappeler
que c'est la rapidité delà variation de potentiel aux deux
extrémité! du nerf ou du muscle qui constitue le facteur
principal de l'excitation, la quantité n'étant qu'un facteur
secondaire. Le muscle, étant plus conducteur que le nerf,
ne quantité plus grande pour obtenir la même dif-
de potentiel, et on peut, en allongeant la décharge,
arriver à ne plus exciter le nerf, alors que le muscle est
fortement excite. D'Arsonval arrive à ce luit en intercalant,
en dérivation sur le til induit, un condensateur d'un micro-
laïad. qui ralentit la décharge sans en modifier la quantité;
la contraction musculaire se produit alors sans douleur.
•"tenus. Quand on l'ait passer un courant continu
dans un nerl. on constate dans ce nerf une variation d'ex-
eitaliilite très importante et à laquelle on l donné le nom
d'éiectrol s, désignant l'état nouveau du nerf à l'anode
par anelcctrotonus et .1 la cathode par eatlirlectrotonus. Or
\ états sont totalement opposés; alors que l'excita-
bilité du nerf est augmentée dans la légion de la cathode,
on observe me diminution à l'anode. L anelectrotonus est
donc caractérisé par une diminution de l'électricité, alors
que le cathelectrotonus au contraire indique une hyper-
excitabilité. Ces variations ne sont pas seulement observées
dans la région comprise entre les deux électrodes, mais
s'étendent au delà. On admet que l'électrotonus est déter-
mine par la polarisation du courant excitateur donnant lieu
à une formation de force électromotrice dans le nerf. Mais
il y a lieu de faire une distinction essentielle entre l'élec-
trotonus et la variation négative. L'électrotonus n'a lieu
ma la partie du nerf excitée et dans un faible rayon
extrapolaire, alors que la variation négative se produit
dans tout le nerf. Cette dernière apparaît, quel que soit l'ex-
eitant. tandis que les modifications électrotoniques n'existent
que pour les eoormts continus seuls.
Iririlé propre aux tissus. Toute réaction chimique
petit donner lien dans l'organisme à une transformation de
- formes diverses : chaleur, mouvement,
ié. lumière. Les manifestations électriques se tra-
duisent dans les muscles et dans les nerfs, soit sous forme
continue : courants de repos ; soit d'une façon intermittente :
courants d'action. L'existence des courants de repos est
1 constater : il sutiit de prendre un muscle gastro-
caémiende grenouille et. à l'aided'électrodesimpolarisahles,
de fermer k circuit, une électrode étant placée sur le ventre
du muscle, la seconde sur le tendon, pour voir une déviation
sensible et permanente du galvanomètre, le courant allant
surface naturelle du muscle (4-) au tendon 00 à la
■action faite dans le mnsde (— ). La différence de potentiel
nt son maximum quand les deux électrodes sont
l'un- -m l'équateur do muscle, l'autre au milieu de lasur-
èlectromotrice d'un muscle de
grenouille dans ces conditions atteint un dixième de volt.
■ ni- le> mêmes eonrants, mais avec une inten-
sit>- moindre : 0*03. Mais si, |y patte galvanoscopique
••tant dans |e circuit et la déviation du galvanomètre indi-
quant une déviation, on vient, par une série d'excitations
rapides appliquées sur le nerf, a tétaniser le muscle, on
voit le galvanomètre revenir à zéro. C*esl ce que Du liois-
Beraond a appelé I 'ou -illation négative, le courant d'action
d'H-imann.
L'éleotrogenèse est fonction de l'activité du protoplasme,
les manifestations électriques étant d'autant plus intenses
et plus énergiques que les transformations chimiques le
sont également. C'est ainsi que le froid qui ralentit les
combustions interstitielles, les aneslliésiques, comme le
chloroforme et l'éther, qui arrêtent les échanges inter-
lellulaiies, diminuent ou arrêtent les manifestations élec-
triques.
Théories de l'électkicité. — Il est impossible de s'étendre
longuement sur ces théories. Nous nous contenterons de
les résumer aussi brièvement que possible.
Théorie moléculaire de Du l>ois-l]eymond.\cceptunt
la théorie des molécules dipolaires donnée pour expliquer
les courants de piles, Du lîois-Reyniond considère chaque
fibre comme constituée par une série d'éléments électro-
moteurs, molécules péripolaires ayant une zone équatorialo
positive et deux zones polaires négatives, chacun des élé-
ments pouvant être considéré comme constitué par deux
molécules dipolaires ayant leur pôle positif en regard.
Théorie de l'altération d'IIermatin. Les courants ne
préexistent pas ; ils n'apparaissent qu'à la suite d'une
lésion du muscle ou du nerf, (-'est la substance morte ou
mourante qui se comporte négativement vis-à-vis de la
substance vivante. Un point musculaire excité est négatif
par rapport à la substance musculaire non excitée, lier—
mann explique ainsi les courants d'action, mais il ne cherche
pas à donner une opinion sur la nature des forces électro-
motrices.
Théorie chimique, l'our Liebig, le courant était dû à
la réaction du sang alcalin sur le tissu musculaire acide.
Becquerel explique également les phénomènes électriques
par l'existence de courants se produisant quand deux
liquides de nature différente sont séparés par une mem-
brane organique.
Théorie de variation de tension superficielle de
d'Arsonval. Lippmann a montré que, lorsqu'on déforme
la surface de contact de deux corps déprimables par des
moyens mécaniques, il se produit une variation de potentiel
dont le sens s'oppose à la continuation du mouvement.
C'est cette loi que d'Arsonval applique à sa théorie de la
production de l'électricité chez les êtres vivants. Les belles
recherches d'IIengelmann, puis de Ramier sur la constitu-
tion de la fibre musculaire striée et sur son mode de con-
traction montrent en effet que la fibre musculaire est cons-
tituée par une série de disques de natures différentes et
qui, pendant la contraction, subissent des déformations
donnant lieu à des variations de tension superficielles, et
par suite, nécessairement, à des variations de potentiel.
La production d'électricité atteint chez certains animaux,
torpille, malaptérure, gymnote, une intensité considérable.
La gymnote peut donner une décharge ayant plus de mille
volts de tension et deux ampères d'intensité (d'Arsonval).
Les appareils producteurs de l'électricité sont constitués
par des séries de colonnes, présentant un nombre considé-
rable de cloisonnements, qui constituent chacune une cellule
renfermant deux couches de nature différente. Il existe
d'ailleurs une analogie remarquable avec l'organisation
musculaire, et on peut considérer ces deux organes comme
analogues; mais, alors que dans le muscle la transformation
essentielle de l'énergie est dans la contraction, dans l'appa-
reil des poissons électriques elle se produit par une dé-
charge électrique. On a considéré l'organe électrique comme
un condensateur recevant sa charge des nerfs volumineux
qu'il reçoit du cerveau, comme d'une pile, les deux
substances des cellules jouant le rôle de deux liquides.
Mais il sullit de constater qu'à l'état de repos il n'existe
[ias de différence de potentiel aux deux faces de l'organe
pour rejeter ces deux théories. L'application de la loi de
Lippmann, au contraire, parait très applicable, l'excitation
volontaire déterminant, au moment choisi par l'animal, une
déformation dans les 1,800,000 cellules électrogènes
(H lu colonnes prismatiques et 2,000 cloisonnements chez
la torpille). On peut comparer cet appareil à un générateur
ÉLECTRICITÉ - KLKCTRIUl'ES
— 7K0 —
•électrique de 940 batteries groupées en quantité, compre-
nant chacune 2,000 éléments réunis en tension. On com-
prend la force de la décharge dans ces conditions.
I)' J.-P. Largums.
BlBL, . PHYSIOLOGIE, lu lî'.i^ hniuM., Un
chungenuebei thieri ctiel [e/i(riciia(,1884-1885,i i Gesàmelte
Abhandlungen, t. I. — Marby, Travaux du Laboratoire de
médecine, 1876 1880. — Bbaunis, Traité de Physiologie,
1890. — Rosenthal, les Nerfs et les Muscles. - Ch. Richbt,
l'iiysùiloyiedcs muscles et des nerfs.— D'Arsonval, De la
l'rnduction d'électricité che les •■ires vivants, dans Reine
scientifique, 1891. — Action des courants d'induction sur
les nerfs et les muscles dans Arch.de physiologie, 1891.
ÉLECTRIQUES (Machines). Les machines électriques
sont des appareils qui produisent L'électricité en faible
quantité, mais sous une forte tension. Ainsi Faraday a
calculé qu'une pile formée d'un fil de zinc et d'un fil de
platine de lmm4 de diamètre chaque, plongés dans 142 gr.
d'eau contenant une goutte d'acide, donnait en trois se-
condes autant d'électricité qu'une machine électrique dont
le plateau a un tiers de mètre carré peut en donner en
trente tours. Le contact de deux corps différents et l'in-
fluence d'un corps électrisé sur un autre semblent être,
jusqu'à présent, les deux seuls modes de production de
l'électricité utilisés dans les machines électriques; on doit
en effet considérer le frottement utilisé dans un grand nombre
de ces appareils comme n'ayant d'autre but que de mul-
tiplier les points de contact entre le corps frotté et le trot-
teur. Nous diviserons donc en deux groupes les machines
électriques, selon qu'elles utilisent le frottement ou l'in-
fluence.
Machines a frottement. — Le principe de ces machines
est le suivant : on développe par frottement l'électricité
sur un disque formé d'un corps conducteur ou isolant; on
le porte ensuite à l'intérieur d'un cylindre creux ; si le
corps frotté est métallique, il suffira de lui taire toucher
les parois intérieures du cylindre métallique pour que ce
dernier prenne toute sa charge parce que l'électricité se
porte à la surface des corps et que le disque est à l'inté-
rieur. Si le corps frotté est mauvais conducteur, il ne
pourra pas céder son électricité de la -même façon que dans
le cas précédent ; mais, si le cylindre est garni intérieu-
rement de pointes, le corps isolant, primitivement électrisé,
sera bientôt revenu à l'état neutre, parce que son électricité
aura décomposé par influence le fluide neutre du conduc-
teur, et, comme le cylindre est garni de pointes, l'électri-
cité de nom contraire à celle dont le corps est chargé
viendra neutraliser celle-ci en s'échappant par les pointes.
Dans ce cas, la machine est encore une machine à frotte-
ment, bien que l'induction y intervienne, non pour produire
de l'électricité, mais pour la transmettre. Comme dans les
deux cas le corps frotté est complètement déchargé, il s'en-
suit que, si l'on recommence un certain nombre de fois
la même opération, la charge du cylindre creux augmen-
tera chaque fois d'une quantité égale. Nous allons retrouver
dans les machines à frottement que nous allons maintenant
passer en revue ces parties essentielles dont le rôle vient
d'être indiqué une fois pour toutes.
Machines anciennes. La première machine, imaginée
par Otto de Guericke, se composait d'un globe de soufre
que l'on taisait tourner rapidement ; on appuyait les mains
sur ce globe pour produire le frottement nécessaire. On
obtint ainsi la première étincelle électrique, mais elle était
si faible qu'il fallait se placer dans l'obscurité pour la
voir et approcher beaucoup l'oreille pour L'entendre. Le
globe de soufre fut ensuite remplacé par des globes ou îles
cylindres de verre ou par des bandes de taffetas sans lin
passant sur deux rouleaux. La première machine perfec-
tionnée ayant donné des résultats bien supérieurs à ceux
des machines antérieures est celle qui a été imaginée par
Ramsden en 1666 et qui est encore une des plus employées.
Machine de Ramsden. Elle se compose d'un plateau
de verre pouvant tourner autour d'un axe horizontal.
Quatre coussins recouverts d'or mussif (bisulfure d'étain)
sont fixés aux deux montants verticaux qui soutiennent
l'axe do plateau ; ee sont Les trotteurs. Surfin! le diamètre
horizontal du plateau Boni disposés deux peignes eo forme
d'I . Le plateau de wrw passe entre les branches de l'I .
l-'ig. 1. — Macuioe de Ramsden.
Ces branches sont garnies intérieurement, c.-à-d. sur cha-
cune des parties qui sont en regard du disque, de pointes
métalliques. Les peignes sont supportés par de gros con-
ducteurs en cuivre soutenus par des pieds en verre iso-
lants. Ces conducteurs sont creux ; ils n'a-issent en effet
que par la surface ; ils sont réunis les uns aux autres à l'aide
de parties sphériques ; on doit éviter en effet toute arête
vive dans la construction de ces machines, parce qu'elles
laissent écliapper l'électricité recueillie parles conducteurs;
un pendule de Henley, qui est une sorte d'électroscope très
rudimentaire, permet de se rendre compte grossièrement
de la valeur de la charge par la déviation qu'il éprouve.
Il est bon de relier au sol à l'aide d'une chaîne métal-
lique les quatre coussins. Lorsqu'on fait tourner le plateau
de verre, chaque portion du verre passant entre les deux
paires de coussins s'èlectrise et garde cette électricité
jusqu'à ce qu'elle passe entre les peignes ; les phéno-
mènes d'influence décrits plus haut se produisent; le verre
est déchargé; les conducteurs se trouvent au contraire
chargés d'une quantité d'électricité égale à celle que pos-
sédait le verre. Le verre qui a traversé un peigne reste à
l'état neutre jusqu'à son passage à travers l'autre paire de
coussins et les mêmes phénomènes se reproduisent indé-
finiment. Si l'on désigne par I , -2, 3, 4 les quatre qua-
drants que le diamètre vertical portant les coussins et le
diamètre horizontal portant les peignes découpent sur le
disque en les numérotant dans le sens de la rotation im-
primée au verre, on peut remarquer que les secteurs 1 et
3 sont électrisés tandis que -1 et 4 sont à l'état neutre.
Pour éviter que l'électricité des quadrants 1 et 3 ne se
perdent par L'humidité de l'air, on relie souvent le diamètre
des coussins à celui des peignes par des enveloppes de tat-
fetas qui ne recouvrent que les secteurs 1 et 3 et s'opposent
a cette déperdition. Une des conditions les plus importantes
pour le bon fonctionnement de l'appareil est que les sup-
ports de verre qui isolent les conducteurs soient aussi secs
que possible, sans cela l'isolement est beaucoup plus im-
partait : aussi entoure-t-on souvent la machine de petits
fourneaux destines à élever la température et à dessécher
les supports : il est bon aussi de les essuyer me des
Linges secs et chauds. Cette machine ne donne que de
l'électricité positive. Nous avons vu au début que la charge
augmentait proportionnellement au nombre d'opérations,
C.-à-d. ici au nombre de tours de rotation. Cette propor-
tionnalité, exacte en théorie, ne l'est pas dans la pratique,
parce que les conditions théoriques ne sont pas entièrement
remplies. Ainsi Le plateau électrisé n'est pas mis à l'inté-
rieur d'un cylindre, mais seulement entre les branches du
— TS1
KLKCTRIUUES
peigne qui l'enveloppent d'une façon plus incomplète : en
.iiiiio. et c'est là lu différence la plus importante, l'èleo-
trii-ite du conducteur se dissipe dans l'air plus ou moins
rapidement, selon son étal hygrométrique et suivant la
forme dos eondnctears. Il en resuite qu'en pratique on ue
|Kuit pas dépasser une certaine limite de charge avec une
•i donnée du plateau. Si an augmente la vitesse de
celle-ci, on recule la limite. Quand une limite est atteinte,
il se produit pondant un tour do nuio autant d'électricité
qu'il s'on perd et l'on peut appeler cette quantité le débit
de la machine.
ine </<■ fiairne. Cest une machine très employée
en Angleterre; elle fournit los doux électricités : elle se
compose d'un cylindre en verre traversé suivant son axe
Fig. 2. — Machine de N'aime.
par une tigo de fer horizontale qui sert à lui imprimer un
mouvemont de rotation. De chaque côté du cylindre se
trouvent places, parallèlement à la surface du cylindre,
deux cylindres creux en cuivre qui sont les récepteurs ;
ils sont portés par dos pieds de verre isolants et sans com-
munication l'un avec l'autre. L'un de ces conducteurs
porto les trotteurs et se charge de l'électricité qu'ils pos-
sèdent ; l'autre porte dos pointes qui servent à neutraliser
le fluide développé sur le verre; il se
développe, par influence, sur ce second
conducteur, de l'électricité de même nom
que celle du verre, c.-à-d. de l'éleetri-
ctté de nom contraire à celle do l'autre
conducteur, dette machine a l'avantage sur
colle de Ramsdende donner les deux élec-
tricités, mais elle a les inconvénients sui-
vants : elle ne se prête pas aussi bien à
la construction des grands modèles; en
outre, le verre n'est utilisé que sur une
do ses laces <'t il faut une rotation com-
plète pour accomplir le cycle total des
phénomènes, tandis que dans la machine
de Kanxlem los mêmes phénomènes se
reproduisent à toutes les demi-révolutions
du plateau.
Pompe de Riess. C'est un instrument
très simple et peu encombrant donnant a
volonté l'une ou l'autre îles électricités;
aussi il !■•>[ très utile, bien qu'il ne donne
ique des effets pou considérables. Il se com-
pose d'un lube de verre de 3 à 4 centim.
de diamètre, terminé à ses extrémités par
, _ deux sphères en cuivre, dont l'une laisse
passeï à frottement doux un petit cylindre
de cuivre qui sert de tige au piston qui se
trouve à l'intcncur. Ce piston, qui joue
le rôle de trotteur, est en liège, garni de drap et enduit
d'amalgame. An-dessous du piston, se trouve fixé, à
l'aide d'un support isolant, un petit disque métallique tout
garni de pointée 1 sa partie périphérique; ce disque jone le
rôle des peignes de l'appareil de Ramsdcn; il vient toucher,
lorsque le piston est au bout de sa course, un petit res-
sort qui le mot en communication avec la sphère de cuivre
qui termine cette extrémité du tube do verre. On imprime
au piston un mouvement do va-et-vient à l'aide d'un bou-
ton isolant placé sur la tigo el avant soin de venir toucher
chaque fois le ressort du bas et la sphère métallique du
haut. Celle-ci prend ainsi a chaque contact l'électricité
du piston; l'autre reçoit, par l'intermédiaire du ressort,
l'électricité du disque dente qui provient de l'influence
exercée sur son fluide neutre par le verre clectrisé grâce
au frottement du piston. Tour avoir à volonté l'une ou
l'autre des électricités, il sullit de tenir le cylindre de verre
par l'une ou l'autre des sphères métalliques qui terminent
ses extrémités.
Machine hydro-électrique d'Armstrong. Elle repose
encore sur l'emploi du frottement pour développer l'électri-
cité, mais ce frottement est produit d'une façon toute par-
ticulière, à l'aide d'un jet de vapeur : elle se compose d'une
chaudière tubulaire portée sur des pieds de verre isolants;
Fig. I. - Machine d'Armstrong.
un robinet sert à amener la vapeur dans une caisse qui
contient un certain nombre d'ajutages destinés à laisser
échapper la vapeur dans l'air. Ces ajutages sont on bois et
portent une cloison destinée à briser le jet de vapeur avant
son échappement. La caisse qui sert de support commun à
ces divers ajutages contient des mèches imbibées d'eau, car
il est indispensable, comme l'a démontré Faraday, que la
vapeur -oit humide. Les jets do vapeur de ces becs sont
dirigés vers un cadre garni de pointes et isolé. La chau-
dière s'électrise négativement quand on fait échapper la
vapeur, et le cadre de pointes positivement. La machine de
ce genre que possède la Faculté des sciences do Paris est
munie de quatre-vingts becs ; elle donne des étincelles de
plusieurs centimètres d'épaisseur et de plusieurs décimètres
de long. Mais ces machines, malgré leur puissance, sont
peu employées; elles sont pou commodes : on doit les
remplir avec de Peau distillée, nettoyer l'intérieur avec
des solutions de potasse ; elles nécessitent un certain temps
pour atteindre la pression sous laquelle on doit laisser
échapper la vapeur ; elles présentent en outre un certain
danger; la rupture possible des pieds de verre isolant,
il ECTRIQ1 BS
— 7x-i
surtout lorsqu'ils sont chauffés par le rayonnement de la
chaudière, peuvenl taire tomber celle-ci et déterminer son
explosion»
M.\(mim:s a IND0CT1ON. — l.a plus simple de tontes
ces machines est Vélectrophore (V. ce mot). Os appareils
fonctionnent une fois amorcés, c— a d. après qu'on a élec-
trisé une de leurs parties, tt\<- en général. Celle-ci dccoin-
pose par influence le fluide neutre de la portion mobile el
donne naissance a une quantité indéfinie des deux fluides
sans diminuer autrement que par suite de la déperdition.
C'est en effet au travail mécanique nécessaire pour (aire
tourner l'appareil qu'est empruntée l'énergie que possède
l'électricité ainsi obtenue et non à l'électricité donnée pri-
mitivement à la machine. Dans ce genre d'appareil, la
quantité d'électricité produite en un temps donne dépend,
toutes choses égales d'ailleurs, de la quantité d'électricité
qui a amorcé la machine ; aussi, dans certains appareils,
une partie de l'électricité obtenue par influence vient aug-
menter la charge de la partie fixe, de sorte que l'appareil
donne des quantités de plus en plus grandes d'électricité
dans le même temps ; ces quantités croissent en effet à peu
près en progression géométrique ; on peut amorcer ces ap-
pareils avec la plus faible quantité d'électricité ; après
quelques tours, ils produisent déjà des effets remarquables.
Voici la plus estimée de ces machines.
Machine de Holtz. Elle se compose de deux plateaux
de verre, l'un fixe, maintenu verticalement à l'aide de
quatre supports et percé de deux échancrures ou fenêtres
diamétralement opposées; l'autre, parallèle au premier et
très voisin, est d'un diamètre un peu plus petit; il peut
être animé d'un mouvement rapide de rotation par un sys-
tème de poulies et de courroies ; son axe passe à travers
une ouverture centrale percée dans le disque fixe; les
fenêtres de celui-ci sont garnies sur un de leurs bords
d'une bande de papier qui y est collé ; il est découpé de
façon à présenter une sorte de dent. En regard de chacun
de ces papiers, mais de l'autre coté du disque mobile, se
trouvent deux peignes métalliques, communiquant par des
tiges avec des conducteurs qui recueillent l'électricité .
Ceux-ci portent des parties mobiles que l'on approche plus
ou moins et entre lesquelles jaillissent les étincelles. Dans
cette machine, comme dans les suivantes, on a supprimé
les cylindres volumineux et encombrants de la machine de
Fîg. 5. — Machine de lloltz.
Ramsden, mais on les remplace par deux bouteilles de
Leyde qui, bien que très petites, offrent aux deux électri-
cités une surface relativement importante par suite de la
condensation qu'elles produisent. L'armature intérieure de
chaque bouteille de Leyde communique avec l'un des con-
ducteurs; les deux armatures extérieures sont reliées entre
elles. Voici comment fonctionne l'appareil : on met
contact les parties mobiles de* deux conducteurs et <m
électrise, avec on bâton de Terre vigoureusement frotté,
l'une des bandelettes de papier. Elle te charge d'électricité
positive; celle-ci décompose, par influence, a travers le
verre du disque mobile, le fluide neutre du peigne qui
laisse échapper par ses pointée le fluide négatif q
porto ni ledisqnede verre mobile, tandis que le fluide
positif va sur le conducteur qui porte le peigne. Le disque
de verre, ainsi chargé négativement dan^ une partie, toui ne.
et cette électricité négative passe, après on demi-tour,
devant l'autre peigne, décompose pai influence ion fluide
neutre, attire le fluide positif qui rient neutraliser le fluide
iil delà lame de verre et repousse le fluide négatif
dans l'autre conducteur. En même temps, la bande de
papier c^i électrisée au^i par influence : elle garde le
fluide négatif, tandis que le fluide positif g'é< happe j,;,,- |a
dent du papier. I,e papier charge ainsi d'électricité i
tive agit alors sur le peigne en regard d'une façon ana-
logue a celle du premier papier sur le premier peigne,
mais avec cette différence que le fluide qui s'échappe d'-s
dents du peigne sur la roue de verre est du fluide positif.
Le disque mobile porte donc sur la moitié qui s'étend (dans
le sens de la rotation) du premier peigne au second du
fluide négatif et sur la moitié qui s'étend du second peigne
au premier du fluide positif. Celui-ci, en arrivant devant
le premier peigne, décompose une partie du fluide neutre
du papier, de sorte que celui-ci se trouve chargé d'une
quantité d'électricité qui va en'eroissant. Mais, si l'on ar-
rête la machine, l'électricité développée sur les deux
branches se dissipe rapidement par les dents et il faut
l'amorcer de nouveau. Il arrive parfois aussi que la ma-
chine se désamorce pendant qu'elle marche si on écarte
trop les parties mobiles des conducteurs entre lesquelles
jaillissent les étincelle*. D'autres fois, dans des circons-
tances analogues, au moins en apparence, la machine n'est
pas désamorcée, mais le signe des électricités de chaque
partie de l'appareil est changé. Ou admet que cela tient à
la décharge lente de l'électricité des bouteilles de Leyde
par les dents des peignes qui viennent amorcer la machine
en sens contraire. On a construit des machines de Holtz à
quatre plateaux : deux sont fixes et compris entre les deux
autres qui sont mobiles. Les dispositions de ces diverses
parties sont les mêmes que précédemment, mais la machine
non seulement fournit des quantités doubles d'électricité
de celles que donne une machine simple de même dimension.
mais encore elle reste amorcée beaucoup plus longtemps.
Machine à rotation inverse. Elle se compose de deux
disques de verre égaux disposés de façon à pouvoir tourner
autour d'un même axe vertical, mais en sens inverse.
Quatre peignes situés à 90° les uns des autres sont pis
deux au-dessous du disque inférieur, deux au-dessus du
disque supérieur. Désignons— les par 1. "2. .'!. î: 1 et 8"
diamétralement opposés sont au-dessous des deux disq
2 et i au-dessous. On fait communiquer I avec ». 2 avec ,'! :
l'appareil est muni d'une bouteille de Leyde, dont une
armature communique avec 1 et 5, L'autre avec 3 et 3.
l'ont" amorcer l'appareil, on place une lame d'ebonite elec-
trisée en face du peigne 1, mais de l'autre cote des deux
discpies de verre, et on fait tourner l'appareil. Des phéno-
mènes d'influence, analogues à ceux de la machine de
Holtz, se produisent, et Ion obtient de très longues étin-
celles. Ces deux machines, pour donner de l>ons résnltats,
doivent être placées dans de l'air chaud et -
Machine île Bertsch. C'est une sorte de machine de
Holtz à simple etl'et ; un disque en èbonite peut tourner
autour d'un axe horizontal, \is-a-visde deux peignes dia-
métralement op osés. En face du peigne intérieur seulement,
on plaie à demeure une lame d'ebonite électrisée qui joue
le rôle de la bande de papier de la machine de Holtz.
Machine Carré. Dans cette machine, semblable à celle
de Bertsch, la lame d'ebonite électrisée est remplacée par
un petit disque en ébonite qui passe entre deux cous-
— 7s;; —
ÉLECTRIQUES — ÉLKCTRO-AIMANT
■as; il tourne en même lampe que la disque principal,
tueoup pins lentement. De cette façon, il nj ;|
qu'à teureer n manivelle pour amorcer l'appareil, et, an
outre, il -i' conserve constamment amorcé. On doit rap-
genre de machina un certain nombre
d'antres de eonatruelion récente, présentant des dispo-
sitions analogues a celles de Holti, mais dans lesquelles les
nrettamonti de peignes métalliques sur des bandes d'ètain
•armât k entretenir l'amorçage de la machine.
Le débit da tontes ces machines pont être mesuré ;i
I aide da Lt Ixuiieillo èlectrométriqne de Lane (A . Boo-
rmu). ' a débit est pour toutes ces machines semblable-
Mal proportionnel à la vitesse da rotation, surtout pour
les machines à rrottement. Pour los autres, il augmente
an pou plus rapidement que cette vitesse. A. Jouaiia.
ELECTRISATION (Méd.) (V. Eucnorarnupu).
ÉLECTRO-AIMANT. On nomme ainsi K-s systèmes for-
ir un barreau de fer doux entouré d'une bobine sur
laquelle on a enroulé un til conducteur. Quand on l'ait pas-
ser dans ce til un courant électrique, le fer doux s'aimante,
un polo austral se développe à l'extrémité de la bobine qui
est à la gauche du courant, cotte gauche étant définie par
Btoctro- aimant,
eaUa d'an observateur couché sur le courant et regardant
la til, l>' eourant lui entrant par les pieds et lui sortant par
l,i 1 1- 1 . - . Cette aimantab' st instantanée, ou du moins elle
••>t usai courte que la dorée de l'établissement du courant.
invent on contourne la barre de fer doux de façon a
lui donner la forme d'un I", et Ton entoure chaque branche
d'une bobine dans laquelle le eourant tourne dans le même
iv ri-dessus refH-éeente un électnhaimant puis-
sant construit su 1-s indications de Pouillet. Sur les doux
fi applique, lorsque 1<' coûtant passe, une armature
en t'.-i don nane d'un eroehet auqoel est suspendu un
plateau que l'en ; :■ de pouls, en sur lequel des
lacer. Tant que le courant passe,
l'attraction se maintient : si un vient a interrompre leeou-
rant. aiN-itùt l'armature tombe. On augmente encore la
• portative de cet instrument en remplaçant l'ar-
matave par un antre électro-anaant en mettant en eontact
les pole> de nom contraire. Ivec une disposition de ce
tnare, il .->t facile défaire des électro-aimants portant des
milliers de kilogrammes. \jà facilité d'obtenir méfeotro-
tùmants d'une puissance incomparablement plus forte que
colle des meilleurs aimants naturels ou artificiels a permis
d'observer les phénomènes absolument invisibles avec les
anciens aimants ; on a pu montrée que le magnétisme
n'était pas une propriété spéciale appartenant au fer et a
quelques métaux de nature voisine comme le nickel et le
cobalt ; que c'était au contraire une propriété commune à
tous les corps, que non seulement tous les métaux, niais
tous les corps, même les ga/., subissaient d'une certaine
façon l'influence dos électro-aimants puissants. C'est aussi
ii l'aide d'èlectro-aimanta, dont le noyau de 1er doux était
forme d'un tube ouvert aux doux bouts, que Faraday de-
cous cil la polarisation rotatoire magnétique de la luinièro.
Fore» portative des électro-aimants. Voyons main-
tenant quelles formes et quelles proportions on doit donner
aux électro-aimants pour obtenir les effets los (dus consi-
dérables. Une première condition est de les construire en
fer doux ; ils prennent ainsi une aimantation temporaire
bien plus forte que s'ils sont en acier et gardent une
aimantation résiduelle bien plus faible, ce qui est indis-
pensable dans la plupart de leurs applications. Quand
les électro-aimants sont destinés à porter ou à attirer une
armature, on a tout intérêt a rapprocher les deux pôles, et
pour cela on donne à l'aimant la forme d'un fer à cheval.
On a lait un grand nombre de recherches pour déterminer
les meilleures dimensions. Voici les principaux résultats :
1° La longueur des branches est sans influence. "2" Toutes
choses égales, d'ailleurs, un électro-aimant est d'autant
plus puissant que le diamètre du fer est plus grand. Muller
a trouvé que le maximum d'aimantation est proportionnel
au carré du diamètre ; mais le fer doux peut être creux.
Ainsi un tube de for d'épaisseur e donne les mêmes résul-
tats qu'une tige pleine de même diamètre d, à condition
que - ne soit pas trop petit. Du Moneel a trouvé qu'il fal-
e 1
lait que - fut [dus grand que -. Il semble que la valeur
limite de - doit augmenter avec l'intensité du courant, car
l'aimantation est superficielle, surtout avec, les courants
faibles. 3° La distance des branches de l'électro-aimant a
de l'importance pour les courants forts ; leur force porta-
tive augmente d'abord avec l'écartenient des branches et
diminue ensuite. Ordinairement on donne aux branches des
électro-aimants une longueur égale à quatre fois'leur dia-
mètre, et la distance des branches est de deux fois leur
diamètre. 4° Muller a trouvé que pour les courants in-
m
tenseson avait la relation «I =220d -,tane-„
,' a 0,00005 d2
Dans cette formule m est le moment magnétique produit
dans le barreau, </ son diamètre, n le nombre despires du
circuit, I l'intensité du courant. Dans la pratique, on
adopte les dispositions suivantes pour obtenir le maximum
d'effet : étant donnée la résistance II de la pile qu'on doit
employer, on donne au circuit qui entoure le noyau de fer
doux la même résistance H, et pour cela on calcule la
longueur et la section que l'on doit donner au fil pour le
diamètre extérieur de la bobine, soit le triple du noyau de
fer doux, sa résistance étant égale àR. Les dimensions de
l'armature dont on munit les électro-aimants ont une
grande influence sur leur force portative. Celle-ci croit avec
leur dimension tant que leur masse ne dépasse pas celle de
l'électro-aimant. D'après M. Liais, si on donne ii l'arma-
ture la forme d'un parallélépipède rectangle de longueur
constante, la force portative est proportionnelle à la racine
cubique de la longueur île la face appliquée contre les fioles
et a la racine carrée de l'épaisseur; il y a donc avantage
a appliquer l'armature par sa face la plus largo. La meil-
leure disposition consiste à donnera l'armature une lar-
geur triple de son épaisseur.
La force d'attraction des électro-aimants diminue rapi-
dement avec la distance. On a peu de résultats précis à ce
ÉLECTRO-AIMANT— ÉLECTROCAPILLAIRES
- 7H4 -
sujet, mais un sait que, lorsqu'un termine le fer doux pai-
lles b<wt8 hémisphériques, l'attraction diminue moins avec
la distance ;on dil que l'éleetro-aimanl a une grande force
aspirante. <>n s donné aux électro-aimants d'autres dispo-
sitions ; par exemple on s enroulé te til conducteur sur un
fil de fer doux, puis on a entouré cette bobine d'une ron-
ronne île 1er doux sur laquelle on a enroule une nouvelle
hélice, et ainsi de suite, et on a obtenu des électro-aimants
puissants.
Applications. Klles sont très nombreuses el très im-
portantes, puisque les électro-aimants sont utilisés dans les
machines magnéto et dynamo-électriques, les moteurs
électriques, la télégraphie, la téléphonie, pour ne citer que
les plus considérables. A. Joannis.
ÉLECTROCAPILLAIRES (Phénomènes). Ces phéno-
mènes ont été découverts par M. Lipmann en 1873. Très
intéressants en eux-mêmes, ils ont permis la construction
d'un électromètre d'un principe tout spécial, très précis,
et d'une construction très simple. Quand on t'ait arriver
JJ
w v\
Appareil do Lipmann pour l'étude des phénomènes
électrocapillaires.
dans un liquide conducteur un courant électrique trop
milite pour le décomposer, il se produit sur les électrodes
ce que l'on appelle la polarisation. Si une de ces élec-
trodes est constituée par un ménisque de mercure, la
forme de ce ménisque et la tension capillaire qui lui cor-
respond sont affectées par la polarisation ; on peut le
montrer soit à l'aide de l'appareil suivant qui est Pélectro-
mètre dont nous avons parlé, soit ù l'aide d'un appareil
plus simple composé seulement du tube T, tube très effilé
à sa partie inférieure, du vase V contenant du mercure et
de l'eau acidulée par un dixième d'acide sulfurique. Le
tube T contient du mercure sur une longueur de .'10 à
lOOcentim. ; dans la pointe capillaire P se trouve le mé-
nisque qui forme la surface de séparation du mercure et de
l'eau acidulée. C'est la tension superficielle qui s'exerce en
tous les points de ce ménisque qui fait équilibre au poids
de la colonne de mercure; deux lits métalliques /"/"soudes
dans le verre et le traversant plongent dans le mercure du
tube T et du rase V. Si ra Im réuni) a Taule d'un
fil conducteur faisant communiquer lea bornai h H l> aux
quelles ils aboutissent, on constats ■ l'aide du nueros
eope M que le ménisque t'arrête dans la partie capillaire
toujours an même point d'équilibre lorsque, après avoir
fait monter on descendre ce niveau, on l'abandonne à lui—
Si on met alors les fils//' non [.lus en commun
cation l'un avec l'autre, m. us en communication avec deux
points situe, a unjiotentiel différent, connue par exemple
les deux pôle-, d'une pile très faible, on voit aussitôt le ni-
veau >e déplacer ei, pour le ramener a sa position primitive,
il faut augmenter la pression de la colonne mereurieUe
soil en ajoutant du mercure, soit en comprimant de l'air
au-dessus; c'est ce qu'il 66l laoilede faire a l'aide desautres
objets indiqués dans la ligure : un sac eu caoutebouc S
peut être comprimé plus ou moins entre deux planchettes
a l'aide de l'écrou V. ; l'air qu'il contient communique a l'aide
du tube / d'une part avec le tube T. d'autre part avec un tube
nianométrique qui mesure la pression de l'air; on augmente
celle-cijusqu'a ce que le microscope, qui est muni d'un réti-
cule, fasse voir le niveau du mercure dans le tube capillaire en
contact avec le croisement des (ils du réticule comme tout
d'abord; l'augmentation de pression esl enrapportavec ladif-
férence de potentiel qui existe entre les deux fils. M. Lipmann a
trouve la loi très simple qui relie la tension superficielle à
la force électromotrice de polarisation ; il a trouvé queces
deux quantités étaient à peu près proportionnelles, tant
que la différence de potentiel ne dépasse pas celle d'un
élément Daniel!. Il est facile dès lors de construire une
table qui donne, sans aucun calcul, la différence de poten-
tiel qui correspond à l'augmentation dépression qu'on doit
employer dans chaque cas pour ramener le mercure à sa
position primitive. L'appareil est d'autant plus sensible que la
colonne de mercure soutenue parle ménisque dans son état
normal est plus longue; il faut pour cela que la pointe soit
très capillaire. Avec une colonne de 75 centim., la tige ca-
pillaire doit avoir "2 centièmes de niillim. de diamètre ;
on emploie un microscope grossissant deux cents à trois
cents fois. Cet appareil, des plus sensibles puisqu'il peut
indiquer des différences de potentiel inférieures à 10 mil-
lièmes de volt, n'est pas inlluencé d'une façon sensible par
les variations de la température ambiante. I,e même appa-
reil peut montrer le phénomène inverse ; si l'on met les
bornes A et B en communication avec un galvanomètre
très sensible, et que par la manœuvre de l'écrou E on aug-
mente et diminue alternativement la pression, le ménisque
se déforme dans la pointe capillaire, et il se produit un
courant manifesté par la déviation du galvanomètre. On
pent le montrer ainsi à l'aide d'un appareil encore plus
simple : on met les deux bornes d'un galvanomètre en rela-
tion l'une avec du mercure contenu dans un vaseet recouvert
d'eau acidulée et l'autre avec du mercure contenu dans un
entonnoir dont la pointe effilée plonge dans l'eau acidulée.
La pointe de l'entonnoir est assez fine pour que le mercure
coule goutte à goutte; pendant qu'une goutte se formeet gros-
sit, il devient négatif par rapport au mercure du vase : il cesse
au moment ou la goutte tombe pour recommencer aussitôt;
on a une série de courants discontinus.
Comme application de ces phénomènes, M. Lipmann a
construit un petit moteur dont le principe seul est intéres-
sant : sa force est très faible. Deux vases à moitié pleins de
mercure sont plongés dans de l'eau acidulée contenue dans
une cuve unique ; dans chaque vase à mercure plonge un
faisceau de tubes capillaires : ces faisceaux sont articulés
aux deux extrémités d'un balancier; on fait arriver dans le
mercure de chacun des deux vases des fils de fer relies à
une pile Daniel! par l'intermédiaire d'une sorte de commu-
tateur. Quand le courant ne passe pas, les deux faisceaux
éprouvent de lapait du mercure el de l'eau acidulée des
poussées égales : elles cessent de l'être quand le courant
passe et le système bascule en faisant tourner une roue et
en agissant sur le commutateur qui renverse alors le cou-
rant, ce qui fait basculer l'appareil en sens inverse en en-
_ 788 — ÉLECTROCAPILLAIRBS — ÉLECTRODÏNAMIQUE
traînant toujours la nM Si k comuuit.it.'ui- : l'appareil
|K>nt faire deux Jours pu seconde. Inversement, si on rem-
place la pila par on galvanomètre al qu'on lasso mouvoir
la roue a la main, on obtient un courant; c'est donc un
moteur réversible. A. Joanms,
Kipl : i uni wn,.Vmii.i(*s <(e chimie et de ;>>>;/>■ S), V,
ELECTROCHIMIE. L'électrochùnie est L'étude des phé-
nomènes chimiques produits par L'électricité; cette action
|M-ut bs manifester de deux façons principales : les décharges
violentes de L'électricité qui apparaissent avec lumière
comme les élùuflùi et \tstffluves donnent naissance à des
réactions qui seront étudiées a ces mots. Les courants élec-
ti , pies, d'autre part,produisenl aussi des actions chimiques,
- - et des décompositions. L'étude des décom-
positions chimiques produites par l'électricité constitue
v èlectrolyse; cest à ce mot que nous renvoyons le lec-
teur; nous nous occuperons ici îles combinaisons obtenues
à l'aide des courants. L'action des courants électriques sur
les liquides conducteurs consiste en une décomposition du
liquide en ses éléments ou en composés plus simples. Les
corps mis ainsi en liberté peuvent alors réagir soit sur le
roni|>ose lui-même, soit sur les électrodes, soit sur un corps
uni se trouve mélangé ou en contact avec l'électrolyte.
(.'est à ces reactions secondaires qu'il tant attribuer les
combinaisons produites par les courants. Voici quelques
exemples de ces réactions secondaires. Quand on décom-
pose l'eau par un courant électrique en prenant pour
électrode positive une lame de plomb, et powr électrode
re une lame de platine, on constate qu*il se dégage
île l'hydrogène mit cette dernière, mais que 1 on ne voit pas
ne sur la lame de plomb. Cepen-
dant Peau a été décomposée, mais l'oxygène a donné nais-
sance à une réaction secondaire, il a oxydé le plomb pour
donner un oxyde brun, le bioxyde de plomb; cette action
est constamment employée dans les accumulateurs. Si on
prend comme électrode négative, au lieu d'une lame de
platine, une lame de palladium, l'eau est encore décomposée,
mais l'hydrogène n'apparaît pas non plus, parce qu'il se
combine avec le palladium pour donner un hydrure. De
mémo, lorsqu'on èlectrolyse un sel alcalin, du sulfate de
soude par exemple, on n'obtient pas, comme avec les sels
métalliques proprement dits, le sulfate de cuivre par
exemple, le métal au pôle négatif, l'oxygène de la base et
l'.i' ide au pôle po^itil"; on trouve au pôle négatif de l'bv-
et la base, mais cela tient à l'action secondaire du
métal alcalin qui a décomposé l'eau pour donner de la
étante et de l'hydrogène. Comme sel alcalin, si l'on emploie
le chlorure de sodium, on obtient une réaction un peu plus
compliquée ; |e chlore va au pôle positif et au pôle négatif,
on a de la sonde et de l'hydrogène, puis le chlore réagis-
sent >ur la sonde, donne du chlorure de sodium et del'hy-
pecUorite de sonde. Cette réaction a été utilisée pour ie
blanchiment nés tissus ou des pâtes a papier. Les actions
. qui se rend au pôle positif, ou réduc-
. ne, qui se rend au pôle négatif, sur la
- Mite dans l'eau èlectrolysée ont été souvent
utilisées. Ainsi, une solution acide de paraniidodiméthvla-
ndine devient d'un beau bleu au voisinage du pôle positif;
c'est une action oxydante. A l'aide de sels d'aniline, d'or-
thotoluidine ou deparatoluidine. on obtient par èlectrolyse
irtout des violets et des rouges,
mais aussi des bleus, des verts, des jaunes, des bruns et
des noiis. Une solution aqueuse de phénol donne une
rante bleue; le naphtol donne dans les mêmes
conditions une substance d'un beau jaune d'or; l'alizarine
s'obtient aussi par l'électrolyse de l'anthroquinone. On a
fait dans ces dernier»; temps un grand nombre d'essais de
ii que des estais de teinture a l'aide de ces
ats dam le bain de l'électrolyse même. Parmi les
applications fondées sur l'action de l'oxygène qui tend à se
dégager au pèle positif, nous citerons encore la fabrication
du chlorate de potasse par l'électrolyse du chlorure de
GRANtiF. BKTCLOPtBHE. — XV.
potassium (société L'Electrochinùe, usines de Villers-sur-
lionnes [Oise] et de A ailorbe | Suisse]). M . Weill a obtenu des
dépôts de métaux couverts d'une mince couche d'oxyde
qui leur donne des colorations 1res vives et 1res variées;
on a pu aussi bronzer le fer en l'oxydanl à l'aide d'oxy-
gène èlectrolytique ; il se tonne une couche superficielle
d'oxyde IV m>' très adhérente qui protège le métal contre
la rouille; ce sont là encore des actions uxydantes. Comme
exemple d'action hydrosénante, nous citerons les procédés
appliqués par M. Naudin pour le traitement dos alcools
mauvais goût, dont les aldéhydes sont ramenés à L'état
d'alcool par de l'hydrogène d'électrolyse. On a aussi employé
l'électrolyse de bains convenables pour fabriquer de la
récuse (hydrocarbonate de plomb) ou du vermillon (sulfure
de mercure). On a propose d'épurer les eaux d'égout par
l'électrolyse. Le procédé Webster, essayé pour les eaux de
Londres, mais sur une petite échelle, a donné, parait-il,
des résultats plus avantageux que l'épuration chimique. Le
procédé Hermite, essayé à Rouen, consiste à employer, pour
le lavage des rues et des ruisseaux, de l'eau contenant un
chlorure et ayant passé par des éleclrolyseurs; cette mé-
thode est surtout facile à appliquer dans les ports de mer
ou dans les villes industrielles qui ont des dissolutions de
chlorures inutilisables. L'épuration des jus sucrés est encore
une application de l'électrolyse. On sait qu'une des prin-
cipales causes qui empêche la cristallisation des mélasses
est la présence de sels et en particulier de chlorure de
sodium; en èleetrolysant une mélasse, les électrodes plon-
geant dans de l'eau contenue dans des vases poreux, le sel
est décomposé, on trouve de la soude à un pôle, de l'acide
rhlorhydrique à l'autre, et le jus sucré moins riche en sel
peut donner une nouvelle dose de sucre quand on le con-
centre. L'électricité employée depuis quelque temps dans
les procédés de tannage a donné de très bons résultats,
aussi bons que par les procédés ordinaires, mais beaucoup
plus rapides; ainsi les peaux les plus longues à tanner
(vaches, bœufs, chevaux) sont tannées à fond en quatre
jours ; le procédé ordinaire exige six mois. Telles sont les
principales applications de l'électrochimie. On trouvera au
mot Electrolyse les applications relatives à l'analyse ou à la
métallurgie. V. aussi le mot Galvanoplastie. A. Joamnis.
ÉLECTRODE. On appel le ainsi chaque extrémité des rhéo-
phores d'une pile, c.-à-d. des bis qui amènent l'électricité.
L'électrode positive qui a aussi reçu le nom d'anode est celle
qui communique avec le pôle positif de la pile; la cathode
est l'électrode négative. Ces mots ont été introduits dans
la science par Faraday. A. J.
ÉLECTRODYNAMIQUE. L'électrodynamique est la
science de l'action exercée par les courants électriques les
uns sur les autres. Cette action a été découverte par Ampère
en 1820, aussitôt après la découverte par QErstedt de l'ac-
tion des courants sur les aimants. Après avoir étudié ces
phénomènes dans quelques cas simples, il parvint à trou-
ver la formule qui donne la loi ne l'action élémentaire,
C.-à-d. de l'action d'un élément de courant sur un autre,
tous les deux étant infiniment petits et placés l'un par rap-
port a l'autre dans une direction quelconque. Connaissant
cette loi élémentaire, on pourra, étant donné des circuits
définis, obtenir dans chaque cas particulier la direction et
l'intensité de leur action réciproque en étendant par inté-
gration cette action élémentaire aux deux circuits tout
entiers, il est facile de répéter avec la table d'Ampère
(V. au mot Ampère la table et les expériences d'Ampère)
les principales expériences qui ont conduit l'illustre physi-
cien à |a loi élémentaire: I" Deux courants parallèles
s'attirent quand ils vonl de même sens, se repoussent
quand ils vont de sens contraire. Cas deux actions ont
d'ailleurs la même intensité, touteschoses égales d'ailleurs,
car, *i a un équipage mobile de la table d'Ampère on pie-
sente un courant rectiiigne replié sur lui-même parallèle-
ment, il ne produit aucune action. 2° In courant sinueux
qui sec nie infiniment peu d'un courant rectiiigne avant
les mêmes extrémités agit avec la même intensité que ce
50
ELBCTRODYNAMIQI E— ÉLECTRO lYNAMOMl lin: — Tsil —
dernier. On le montre en approchant un lil rectiligne que l'on
:i replié en Qgsag mr loi-mémo d'un équipage mobile de
la table d'Ampère : tous oea fils ètanl parcourus par dea
courants, aucun effet ne se manifeste; la partie sinueuse
fait donc éprouver A l:i partie mobile une action égale et
contraire (car le courant les parcourt en sens inverse) I
celle que donnele til droit. 8° L'angle de deux courants
tend à devenir nul. Il faut entendre par angle de deui cou-
rants, non pas l'angle aigo d'une façon générale, mais
l'angle que forment les deux directions des courants ; cet
angle peut varier de n & 180°. Les deux courante tendent
à se mettre parallèles et de môme sens. i° Deux courants
de même sens situés sur le prolongement l'un de l'autre
se repoussent. 5°L'action d'un courant sur' un autre assu-
jetti a se mouvoir dans un plan perpendiculaire an premier
est nulle.
Considérons maintenant deux éléments de courant MN,
M'Y, silnés d'une façon quelconque l'un par rapport à
l'autre. Soient (),()' leurs milieux ; joignons (10' et prenons
pour plan de la ligure le plan de on' et de M'Y ; menons en
0' une perpendiculaire O'i'a 00'. En 0 menons une droite
(h parallèle a ()';■', et une droite <>;/ perpendiculaire au plan
de la figure. D'après le principe des contants sinueux (v2°)
nous pouvons remplacer M'Y par le circuit luise MT Y
qui s'en écarte infiniment peu, M'Y étant infiniment petit,
et MN par le circuit MPQN l'orme par trois portions res-
pectivement parallèles à Ùx,0y,0x-. On peut remplacer M'F
parx'r/j et N'P' par x'.r',, de même MP sera remplacé
par s»,, PO part/y, NO par xxr Examinons maintenant
l'action de x/x'j et de 7i%i sur chacune des portions
•-1''m yUu zzi '■ 'l0 x-ri sur «Vit ces éléments sont sur
le prolongement l'un de l'autre et de même sens, donc
ils se repoussent (i°); cette répulsion a pour intensité
— llxx' f(r); dans cette formule x et x' sont les projec-
tions de MN et de M'Y sur Ox; f{r) est la fonction incon-
nue de la distance 00'= r qui représente la loi élémentaire
pour ce cas particulier; "2" :•;., sur :/;.', • ces éléments sont
parallèles, de même sens; ils s'attirent (4°) avec une inten-
sité qui a pour expression U'v/^r) ; cp est une autre fonc-
tion de la même distance (r); 3°,40,8°,60, les quatre autres
actions de .r',i\ sur :■-.., et y//,,el de ;';.', sur .r.r, et i/ij1
sont nulles d'après Ampère, par raison de symétrie. L'ac-
tion élémentaire il'/ est donc représentée par la formule
&f=W[zz'i(r)-xx'f[r)]
où si 1 on désigne pan/S etdS les longueurs MX. M Y par
G et 0' les angles de ces droites avec Or. paru l'angle de
MN avec le plan de la ligure on a :
x'=dS'cosV,z/ = dS'slnV,x = dS(osQ,x = <l*s\niïcosu)
d'où
(/-/'- ir-/Sr/S'[sinOsinO'rosu)?(;-) — cosOcos 0 '/'(/•)].
Pour déterminer /'et 9, il faut prendre deux cas parti-
culiers, intégrer d2/"pour ces deux cas, et comparer les résul-
tats de l'expérience à ceux de la formule. Mais cette marche
I
serait Ires pénible. Ampère suppose que l'on a f(r)= —
f[r)= — et il n'a plus à déterminer la forme des fonctions f
et <p, mais seulement les constantes k et n. Il sera seule-
ment nécessaire, une fois ees constantes déterminées, de
•}
justifier l'hypothèse d'Ampère m OMMrtnastMM PaMSjnJ
entre l'expérienoe et la théorie reposant wm oatle brasthi ai
esi complet. C est ta qui a été lait. Voyou comment déter-
miner k et n. Un a :
,, ,....[" K sinOsinO'cosw eos8i
il 7 =11 i/VM
Pour déterminer n, Ampère prend deux couranl
lignes parallèles de longueur / et /', parcourus dans le
même sens par le même courant, et il leur présente un
courant rectiligne indéfini de sen< contraire : rrJ sonl les
distances de courant aux deux précédents; la formule pré-
cédente devient alors :
C'esl l'action d'un élément du courant indéfini sur un élé-
ment du courant de longueur /. Ln intégrant entre des
limites convenables on trouve :
A est une constante. De même pour l'action du courant
indéfini sur le courant de longueur /' l'on trouvera
Or, l'expérience montre que f et f sont égaux. c.-à-d. que
l«J»a —p r= -p-^ quand on a - — -.d ou Ion
conclut n = 2.
Pour trouver k, Ampère avait fixé un fil horizontal de
cuivre à un axe vertical facilement mobile ; le fil de cuivre
reposait aussi sur le mercure de deux petites coupes où
almulissaient les rhéophores d'une pile. Le système restait
constamment immobile. Par conséquent l'action d'un cir-
cuit fermé, de forme quelconque, sur le fil de cuivre mobile
qui faisait partie de ce circuit était constamment nulle. Kn
\
traitant ce cas par le calcul, Ampère a trouvé k = -r. I-a
loi élémentaire peut donc se représenter par la formule
,„,. D'dSrfS' / . „ . „, i \
■37 = - — f sin OsinO cosco — - cosOcosG' I.
Comme application de cette formule, on peut citer le calcul
des constantes des éloctrodvnamomètrcs. A. Joanms.
ÉLECTRODYNAMOMÈTRE. L'electrodynamomètre de
Weber est une sorte de galvanomètre dont le svstème
magnétique, aiguille aimantée ou système asiatique, est
remplacée par une bobine sur laquelle est enroulée un til
conducteur. Cette bobine est suspendue par une suspen-
sion bifilaire (Y. ce mot). On peut faire passer dans la
bobine mobile ou dans le cadre qui l'entoure et qui est
aussi recouvert d'un til conducteur, soit le même courant,
soit un courant d'intensité connue dans l'une, d'intensité
inconnue dans l'autre. La figure ei-eontre montre la disposi-
tion de l'appareil; un cadre en cuivre épais agit par indue-
lion et amoriit rapidement les oscillations du cadre mobile.
Tour donnera l'appareil sa sensibilité maxima. on pkee le
cadre fixe dans le plan du méridien magnétique et la bobine
mobile (ou plus exactement le plan des spires de cette
bobine) dans un plan perpendiculaire, l'ai l'action des cou-
rants qui traversent le cadre et la bobine, celle-ci tend i
tourner de 1*0" et à se mettre parallèle au cadre, mais la
réaction de la suspension bifilaire et l'action magnétique
de la terre tendent à la ramener dans sa position première.
L'angle d'écart qu'elle fait avec cette position, que l'on
mesure avec un miioir fixé à la bobine par la méthode de
Poggendorff, permet «le déduire l'intensité inconnue du
courant. Si i et i' Boni les inlensiles respectives des cou-
rants passant dans le cadre et dans la bobine, si l'on
désigne par S la déviation de la bobine, par 0 celle qu'elle
éprouve quand on renverse a la fois le sens des deux cou-
rants, on a la relation suivante :
tï'=r: (tang 4- tango").
- 7*7 — ÊLECTRODYNAMOMÊTRE — ELECTROLYSE
k m le moment de tonrion dn système bifilaire : c'est une
]•■• dont on dispose H que l'on pont choisir dé façon
à avoir nue sensibilité convenable; A-' ost une antre cons-
tante dépendant «les dimensions et de la distance des bobines.
1 >-\ v sont très peu différents en pratique (cette différence
tient à l'action magnétique de b terre sur le cadre mobile),
te que la tangente de la déviation est sensiblement
proportionnelle ;ui produit de l'intensité des deux courants
on. dans le cas
ou le même cou-
rant parcourt les
deux circuits, au
carré de l'inten-
sité, t'et instru-
ment, moins sen-
sible que les gal-
vanomètres, pos-
sède sur ces
derniers l'avan-
tage suivant :
quand c'est le
même courant
qui parcourt le
cadre et la bo-
bine, le sens do
la déviation ne
de pond pas du
sens du courant.
Aussi si on lance
dans un gai va no-
nielre des cou-
rants induits, de
quantités égales,
mais de signes al-
ternant un grand
nombre de fois
par seconde, l'ai-
guille reste au
repos, sollicitée
qu'elle est d'aller
tantôt à droite,
tantôt à gauche;
l'électrodynamo-
métre au con-
traire est dévié
i) et permet d'ap-
précier la quan-
tité d'électricité
qui passe pendant
chaque période.
I.ïl'i trodvnamo-
métre île l'Asso-
ciation britan-
nique est fondé sur le même principe, mais chaque cir-
' Ire ou bobine, au lieu d'être simple, est formé par
. Ir.s égaux dont la distance est é-.alo à leur rayon
. Cette disposition facilite le calcul de k'.
Les éioutrwlynamomctres-balances, moins souvent em-
. permettent de mesurer à l'aide d'une balance, par
suite d'évaluer en poids, l'attraction ou la répulsion e
entre deux circuits, généralement entre deux bobines avant
tsit es à une distance l'une de l'autre telle que
leur action soit maximum.
etrodynamomètre à mercure de M. Lippmann se
compose d'une petite chambre parallélépipèdique en verre;
elle contient du mercure et communique avec deux tubes
ouverts a l'air libre. Cette cuve est placée au centre d'une
bobine. Quand celle-ci n'esl parcourue par aucun courant,
le niveau du mercure est le même dans les tubes; il n'en
e>t plus de même si un courant traverse à la lois la bobine
et le mercure : une dénivellation se produit qui est propor-
tionnelle au carré de l'intensité du courant. L'avantage
que présente cet instrument est qu'il n'y a pas à propre-
«Jynamomètre.
ment parler de parties mobiles, et que par suite le carra
de l'intensité du courant est rigoureusement proportionne)
à la différence de pression observée. L'appareil uno fois
gradué peut servir d'étalon d'intensité, car sans nouvelles
déterminations il donnera l'intensité dans un lieu quel-
conque. La formule qui lie la pression p à l'intensité i est
P /,<-,
dans laquelle C est l'intensité du champ magnétique produit
an centre de la bobine par un courant d'une intensité égalé
à l'unité, e est l'épaisseur de mercure. Cotte formule est
assez simple pour qu'on puisse évaluer directement les
quantités qui y entrent et obtenir par suite des mesures
absolues. A. Joànnis.
ELECTROLYSE. t. Physique. — Lorsqu'un courant élec-
trique, suffisamment intense, traverse un liquide conducteur,
il le décompose; si le corps est un composé binaire, le métal
se rend au pôle négatif (on dit qu'il est électropositif par
rapport à l'autre corps); le métalloïde va au pôle positif. Si
le corps est un sel, le métal se rend encore au pôle négatif;
l'oxygène de la base et l'acide se rendent au pôle positif.
Dans certains cas, lorsque les corps ainsi mis en liberté sont
susceptibles de réagir sur l'électrolyte, il se produit des
réactions secondaires (V. Electrocbihie), Ce fait se produit
fréquemment lorsque le sel est de nature organique. Le
premier phénomène d'éleclrolyse observé est la décomposi-
tion de l'eau par Carlisle et Nicholson en 1800. La décom-
position des alcalis par la pile, réalisée par Davy en 1808,
montra tout le parti que l'on pouvait tirer de l'électrolyse
pour obtenir les métaux ayant des affinités chimiques éner-
giques. Davy ayant placé sur une lame d'argent un morceau
de soude caustique humectée d'eau, ayant relié la lame
d'argent au pôle positif d'une pile de deux cent cinquante
éléments et placé le lil qui communiquait avec le pùle néga-
tif sur la soude humide, il le vit se recouvrir de petits glo-
bules d'un métal blanc se dissolvant avec rapidité dans l'eau
qui humectait la soude ; mêmes résultats avec l'autre alcali,
la potasse ; en creusant dans une nouvelle expérience le
morceau de soude et plaçant un petit globule de mercure dans
la cavité, il trouva qu'en reliant ce globule au pôle négatif
de sa pile il gon&ait en se transformant en amalgame ; cet
amalgame, plus stable que le métal alcalin, pouvait ensuite
être séché ; chauffé dans le vide le mercure distillait et le
métal alcalin, peu volatil, restait dans l'appareil. Ce pro-
cédé étendu aux chlorures fondus permit à Bunsen de pré-
parer les métaux alcalino-terreux. Examinons maintenant
les phénomènes que l'on observe dans l'électrolyse et les
lois que l'on a découvertes.
Electrolyse de l'eau. L'eau distillée, la plus pure que
l'on puisse obtenir, oll're une résistance considérable au
passage du courant ; l'addition de traces de substances
salines ou d'acides diminue d'une façon considérable sa
résistance; ainsi 12 "/„ d'acide sulfurique rend l'eau dis-
tillée cinquante mille fois moins résistante, ; aussi peut-on
penser que l'eau distillée absolument pure ne conduit pas
l'électricité. Pour éleetrolyser de l'eau il faut donc lui
ajouter un sel ou un acide. Supposons que l'on acidulé de
l'eau distillée avec de l'acide phosphorique, et prenons
comme électrodes deux fils lins de platine. Dans ces condi-
tions, indiquées par M. Mascart, on obtient une electrolyse
normale, c.-.ï-d. sans actions secondaires, et l'on constate
ceci : I ° Le volume d'hydrogène dégagé au pôle négatif pos-
sède un volume double de celui de l'oxygène dégage au pôle
positif. — -ï~> Le volume d'hydrogène dégagé pendant un
cc/tain temps est proportionnel à la quantité d'électricité
qui a passé pendant ce temps. Pouilleta démontré ce résul-
tat par de nombreuses expériences, en montrant en parti-
culier que les indications des rhéomètres, dans certaines
conditions, son! proportionnelles d'une part aux quantités
d'électricité, etd autre part aux indications des voltamètres.
— 3° Si sur un même circuit on place une série de volta-
mètres, il y a la même quantité d'eau décomposée dans
ÉLECTROLYSE
— 78H —
chacun d'eux. — l°Si entre deux points A el l! d'an circail
principal contenanl no voltamètre on interpose plosieun
dérivations contenanl cliacune un \<ilt. itre, on constate
3 us les volumes d'hydrogène mis en liberté dans chacun
e c's voltamètres esl différent lorsque les diverses déri-
vations m' présentent pas la même résistance, mais l;i somme
de ces volumes d'hydrogène esl égale au volume de ce gaz
obtenu dans le voltamètre du circuit principal. L'expérience
montre que, lorsqu'un coulomb traverse un voltamètre, il
met en liberté 0m&01 0384 d'hydrogène, ou, si l'on veut, un
courant d'un ampère dégage par seconde la même quantité
d'hydrogène. On peut donc évaluer une quantité d'électri-
cité en coulombs ou un courant en ampères par l'observation
d'un voltamètre.
Voyons maintenant les résultats que l'on trouve en
employant un voltamètre différent : si on remplace les fils
fins de platine par des lames de ce métal et si l'on emploie
de l'eau acidulée par l'acide sulfurique, on constate que les
volumes de l'hydrogène et de l'oxygène ne sont plus exac-
tement dans le rapport du 2 à 4 ; une partie de l'oxygène
est transformée en o/.one, qui occupe un vohr.ie moindre ;
une autre partie donne de l'eau oxygénée ou de l'acide per-
sulfurique selon la concentration, comme l'a montré M. Ber-
thelot ; ces causes diverses tendent à diminuer l'oxygène
observé. D'autre part, le platine peut ab orber de l'hydro-
gène (jusqu'à quatre-vingts fois son vol iine quand il vient
d'être chauffé) ; on ne peut doue se se- vir ni du volume de
l'hydrogène ni de celui de l'oxygène peur mesurer l'intensité
du courant. Le palladium substitué au platine donne des
résultats encore plus défavorables, le palladium pouvant
absorber neuf cent trente-six fois son volume d'hydrogène.
Electrolyse des composés binaires el des sels. Ces
composés se comportent en général comme l'eau. Les com-
posés binaires liquides à la température ordinaire ou fon-
dus se comportent comme l'eau acidulée s'ils sont conduc-
teurs ; tels sont par exemple les chlorures métalliques fondus
qui donnent un métal au pôle négatif, du chlore au pôle
positif. Les sels fondus se comportent de la façon suivante :
soit MO, RO" la formule d'un sel, M représentant un
métal et RO" un acide; ce sel se comporte comme si
c'était une combinaison binaire du mêlai M et du groupe
RO " + * jouant le rôle de radical, c.-à-d. que le métal va
au pôle négatif et qu'on recueille ROn el 0 au pôle positif.
Les composés binaires et les sels dissous dans l'eau se com-
portent souvent comme lorsqu'ils sont fondus, mais souvent
aussi l'eau de la dissolution est électrolysée en même temps
qu'eux-mêmes ; quelquefois elle est électrolysée seule.
D'autres fois, elle éprouve une réaction secondaire, comme
lorsque le métal décompose l'eau : ainsi, lorsqu'on electro-
lyse du sulfate de soude, au lieu d'obtenir du sodium au
pôle négatif, on obtient de l'hydrogène et on constate que
le liquide est devenu alcalin autour de ce pôle ; pour faire
rentrer ce cas dans le cas général, il suffit d'admettre que
le sodium mis en liberté au pôle négatif a décomposé l'eau
aussitôt en donnant de l'hydrogène et de la soude; ce n'est
pas une exception, c'est un phénomène secondaire, comme
il en existe beaucoup, ainsi que l'ont montré les recherches
de M. Rourgoin sur les sels à acide organique. De même,
la solution d'ammoniaque saturée de sulfate d'ammoniaque
lorsqu'elle est électrolysée donne au pôle négatif de l'hy-
drogène et au pôle positif divers composés résultant de
l'action de l'oxygène sur l'ammoniaque, c.-à-d. de l'azote
et des composés oxygènes de l'azote. Autrefois en êlectro-
lysant du chlorure d'or contenu dans une série de tubes
en V communiquant les uns avec les autres, Pouillet avait
observé que toutes les branches des tubes en V tournées
vers l'électrode négative se décoloraient; il pensait que la
puissance chimique des deux pôles était inégale, puisque le
métal déposé provenait uniquement des portions négatives.
D'Almeida a montré que ce fait ne se produisait pas quand
on employait comme électrode positive le métal entrant
dans la composition du sel ; le liquide neutre au début res-
tait neutre ; dans le cas contraire le liquide neutre au début
devient acide par suite de rèlectrolyse, et bientôt le courant
électrique passe en décomposant, non plus le &-\ primitif,
mais 1 eau acidulée, beaucoup meilleure conductrice, ea
gène et hydrogène. Ce dernier, au lieu d rau
pôle négatif, donne une réaction secondaire en rédniaul le
sel qui baigne le pôle négatif.
toit de l'électrolyse. Voyons maintenant si, lorsqu'on
place dans un mène- circail plusieurs voltamètres contenant
des èlectrolytes divers, il y a une relation entre les quantités
des corps simples mis en liberté simultanément dans chaque
appareil. Cette recherche, effectuée par Faraday, l'a conduit
a la loi célèbre qui porte son nom.
Loi de Faraday. Quand un même courant traverse
successivement plusieurs èlectrolytes, les poids des éléments
mis en liberté dans chacun d'eux sont entre eux comme les
équivalents chimiques de ces éléments. Faraday a vérifie
cette loi pour les composés binaires de la formule MR. Bec-
querel l'a étendu ensuite aux autres composes de formule
quelconque eu montrant que c'est l'élément qui se rend au
pôle positif qui suit la loi. Ainsi, plaçons dans le même cir-
cuit trois voltamètres contenant respectivement de l'eau, du
protocblorure de fer FeCl et du perchlorure de fer Pe*Q*,
128 étant l'équivalent du fer, 35,5 celui du chlore, I c>-lui
de l'hydrogène, on constate que lorsque 4 gr. d'hydrogène
a été mis en liberté dans le voltamètre à eau, 35,.') de chlore
ont été mis en liberté dans chacun des deux autres volta-
mètres, mais que, tandis que dans celui qui contient le pro-
tochlorure de fer il y a eu en même temps "28 gr. de fer déposé,
il n'y en a eu que 2 3 28 gr. dans le voltamètre à perchlorure.
C'est donc le métalloïde ou plus généralement le corps ou
le groupe électronègatif qui suit la loi de Faraday. On peut
donc mesurer les courants autrement que par l'hydrogène
mis en liberté dans la décomposition de l'eau. On peut par
exemple se servir d'un voltamètre à sulfate de cuivre,
comme dans certains compteurs électriques et peser le
cuivre déposé ; lorsque 0mg32709 de cuivre ont été déposés,
on peut dire qu'un coulomb a passé dans le voltamètre. On
peut déduire de ce nombre, connaissant l'équivalent du
cuivre, que pour mettre en liberté un équivalent d'un corps
quelconque de formule MR il faut 96293 coulombs.
Electrolyse d'un mélange. Quand un courant électrique
traverse un mélange de deux ou plusieurs sels, deux cas
peuvent se produire : ou bien il n'en décompose qu'un, et
cette décomposition suit la loi de Faraday, ou bien il en
décompose plusieurs. Si l'on appelle n. n\ n"... les quan-
tités de chacun de ces corps rais en liberté exprimées en
équivalents, on trouve que lorsque 96293 coulombs ont
circulé dans le circuit on a n -+- n -+- n "...= I. L'élec-
trolyse suit donc encore la loi de Faraday avec une légère
modification : la somme des équivalents mis en liberté de
divers sels mélangés est égale à la somme des équivalent
d'hydrogène mis simultanément eu liberté dans un volta-
mètre a eau faisant partie du même circuit.
Théories de Grottliuss et de Clausius. D'après Grot-
tbuss, quand un courant électrique traverse un électrolyte,
du sulfate de cuivre par exemple, toutes les molécules de ce
sel comprises entre les deux électrodes se polarisent ; elles
s'orientent, toutes se tournant de la même façon, la molé-
cule cuivre dirigée vers le pôle négatif, le groupe SO4 dirigé
vers le pôle positif. Lorsque le courant est établi, l'ex|>é—
rience prouve que le cuivre se dépose uniquement sur le
pôle négatif, le groupe SO* ou plutôt le mélange SO-' + O
sur le pôle négatif. Comme d'autre part on sait que pour
le passage du courant il faut qu'il y ait electrolyse, on en
conclut que chaque molécule intermédiaire doit se décompo-
ser, et. si la décomposition n'est pasapparente, cela tient à ce
que son cuivre s'unit au groupe SO4 de l'élément précèdent
et son groupe SO4 au cuivre de l'élément suivant. De sorte
que. pour une molécule de cuivre déposée au pôle négatif,
chaque molécule de cuivre comprise dans la chaîne consi-
dérée a avancé d'un rang vers le pôle négatif, et chaque
groupe SO4 a avancé d'un rang vers le pôle positif. M. Clau-
sius a fait à cette théorie l'objection suivante : une fois la
- 783 —
KLKCÏ'llOLYSE — ÉLECTROMAGNÉTISME
force èieetroaMtrioa surtUante pour vaincre l'èlectrolyse
obtenue, il devrait se produire, d après ce savant et confor-
mément à la théorie de Grotthuss, on oooranl immédiatement
1 1 < -. intense; orceb l'tsl pas; ee serait d'ailleurs contraire
au principe de la conservation de l'énergie. M. Clansius
admet ojm dans un liquide les molécules decrivenl des tra-
jectains non fermées el que dans un électrolyte les molé-
cules simples, qui constituent les molécules du corps com-
ptai, chargées d'électricité de noms contraires, cheminent
dans le liquide en se déplaçant les unes par rapport aux
autres ; ainsi dans l'exemple précédent une molécule Cu
suivrait un.' trajectoire, la groupe correspondant SO* en
sucrait un.' autre sans rapport avec la première; c'est là
une hypothèse difficile a admettre. Mais, lorsque le liquide
est parcouru |>ar un courant, les trajectoires de ces molécules
s'allongent dans la direction de celte force, et le nombre de
molécules positives qui pendant l'unité de temps traversent
l'unit. • de surface d'un plan perpendiculaire aux lignes de
H s la sens de la force remporte sur celui des molé-
cule- négatives : il y a donc plus de mole, nies positives vers
un pila, plus de molécules négatives vers l'autre : c'est ce
qui donne BtisiMCe aux molécules mises en liberté.
Applications. 1 a galvanoplastie (Y. ce mot) est la prin-
cipale application de l'éleetroivse; oe fut même la seule
pendant longtemps. Depuis que les machines magnéto et
dynamo-électriques ont pris le développement extrême que
nous leur voyons, on a appliqué l'éleetroivse non seulement
à la production de métaux comme l'aluminium, mais même
au traitement de minerais des métaux moins précieux.
ain>i que l'on traite les nattes de cuivre qui sont en
somme un minerai de cuivre enrichi par une opération préa-
lable, que l'on raffine le cuivre noir en extrayant l'or et
l'argent qu'il contient. Le traitement des crasses de zinc
obtenues dans le traitement par le zinc des plombs argen-
tifères se fait parfois par un procédé analogue. On a retiré
des minerais de zinc, de mercure, d'antimoine, le métal qu'ils
contenaient. Ces procédés sont surtout avantageux quand
on dispose d'une chute d'eau permettant d'actionner les
dynamos ; ils ont l'avantage de donner des métaux très purs,
ce qui est souvent très utile, principalement pour le cuivre.
Parfois l'argent et l'or qui existent dans les cuivres noirs
sont eu quantités sutiisantes pour couvrir les frais de l'épu-
ration du cuivre. Dans les laboratoires, on emploie aussi
?ouvent l'èlectrolyse pour l'analyse. Les nouveaux pro-
I se sont développés rapidement pendant ces dernières
années : autrefois on ne dosait guère que le cuivre de cette
fa.,on-la. M. Biche a montré qu'on pouvait doser facilement
d'autres métaux.. lu rineet du plomb par exemple, et qu'on
rvait les séparer par ce procédé les uns des autres.
Classen a montre comment l'on pouvait doser et séparer
d'autres métaux, tels que le cadmium, le fer, le cobalt, le
nickel, l'antimoine, le platine, l'urane, le chrome. Les pro-
> de séparation laissent encore souvent a désirer, mais
.h eaoabinant l'éleetroivse avec les méthodes ordinaires par
précipitation, on arrive souvent à gagner du temps tout en
obtenant des résultats au moins aussi bons. A. Joansis.
IL Médeune. — l.'aeiion décomposante du courant élec-
trique a reçu en chirurgie des applications nouvelles et
dont les reMiltals. bien qu'encore discutés, ne laissent
pas d'être encourageants. Lorsque l'on applique les deux
el-it rodes sur l'organisme, les sels dissous sont décom-
posés dans le corps comme ceux d'une solution saline. Au
pôle positif apparaissent les acides, au pôle négatif les
bases produites par l'action sur l'eau des métaux alcalins
mi- en liberté. Dans les applications électrothérapiques, ou
l'on cherche uniquement l'action dynamique des courants,
on évite en partie les phénomènes chimiques par l'emploi
■"électrodes a large nu-face. Quand on veut, au contraire,
obtenir l'effet .-le, -trolytique. l'électrode active est réduite
à de trè> faibles dimensions et prend la forme d'une aiguille,
d'un couteau, l'électrode indifférente, n'ayant pour effet
que d'assurer le passage du courant, restant au contraire
très large. Mais nous sommes encore dans une grande
ignorance sur les phénomènes de chimie biologique qui se
produisent sous l'influence des courants. Des recherches
de Weiss, il parait établi cependant que les reactions chi-
miques ne se produisent pas seulement a l'extrémité de la
chaîne constituée parles éléments organiques compris entre
les deux électrodes, mais que le dégagement des acides et
des bases aurait lieu en tous les points différenciés de la
masse qui est loin d'être homogène, même quand on envi-
Nage un seul élément anatomique, comme le muscle. Ces
considérations ont une certaine importance dans les appli-
cations des courants continus, puisqu'elles conduisent à
démontrer la nécessité d'inverser le courant si l'on ne veut
pas obtenir de phénomènes chimiques internes trop intenses,
telle que la coagulation de la mvosine.
Au point de vue des applications, il est utile de se
rappeler que le pôle positif (acide) donne une eschare
dure et rètraelile, tandis .pie le pôle négatif (hase) donne
une eschare molle, laissant après elle une 'cicatrice non
extensible, alors que le tissu cicatriciel qui se produit
après l'application du pôle positif est rétractile : point im-
portant quand il s'agit d'opérer sur un rétrécissement
d'un canal organique : urèthre, œsophage, etc. Les appli-
cations de l'èlectrolyse au traitement des rétrécissements
uréthraux principalement ont été réglées avec soin par
Newmann, après avoir été indiquées par Tripier (18(i°2).
Newnmnn emploie le pôle négatif, mais il n'utilise qu'un
courant de S à b' milliampères, cherchant non pas à cau-
tériser, mais à déterminer la résorption du rétrécissement.
L'èlectrolyse, sous forme d'électropuncture, a été utilisée
contre les tumeurs érectiles, les anévrysmes. Enfin l'appli-
cation la plus importante des actions électrolytiques est celle
récemment tentée pour le traitement des fibromes utérins.
Il est impossible de reproduire la technique. Les auteurs
sont loin d'être d'accord sur l'intensité à employer. Apostoli
va jusqu'à 300 milliampères. Le pôle actif varie suivant les
indications (V. Klecthothérapie). Dr J.-F. Laniw.ois.
Bibl. : Tripier, (a Galvanocauslique chimique, 1803.
— Weiss, Elude d'électrophysiologie, thèse; Paris, 1889.
— Danton, Journal d'e'teclrothérapiè,W.)-l)i'J\. — Grandin-
Cunning, Eleclrecity in gynœcology, 1891.
ÉLECTROLYTE. C'est le nom donné par Faraday à toute
substance susceptible d'être décomposée par un courant
électrique lorsqu'on la soumet à ce courant.
ÉLECTROMAGNÉTISME. Ce chapitre de la physique
date de I8"20 : OErstedt découvre l'action d'un courant élec-
trique sur l'aiguille aimantée et Ampère donne en quel-
ques mois la loi générale de cette action et fonde la théorie
de l'électromagnétisme. Les relations de l'électricité et du
magnétisme étaient soupçonnées depuis longtemps. Gilbert
avait écrit en 1660 dans sa Physiologia nova que le ma-
gnétisme et l'électricité sont deux manifestations inhérentes
à toute matière. On avait vu la foudre agiter les aiguilles
des boussoles; aussi, une fois la pile découverte, on avait
approché des aimants ou des aiguilles aimantées de ses
pôles, sans succès. Ce n'est que par hasard qu'QErstedt,
ayant fermé le circuit d'une pile assez forte dans le voi-
sinage d'une aiguille aimantée, vit celle-ci dévier de sa
position pendant que le courant passait et faisait rougir
un fil, expérience qu'il voulait montrer alors à son
cours. La leçon terminée, il répéta et varia son expérience,
mais il ne sut ni trouver l'énoncé qui indiquait dans
chaque cas l'action du courant sur l'aiguille ni encore moins
donner une théorie de ce phénomène, qu'il attribua à un
tourbillon de fluide circulant autour du fil et entraînant
l'aiguille. Ampère, au contraire, montra qu'il était très
facile de prévoir l'action du courant sur l'aiguille, quelles
que fussent leurs positions respectives : si on suppose un
observateur couché sur le conducteur de façon que le
courant lui entre par les pieds et lui sorte par la tète et
regardant le pôle austral d'un aimant, il le verra toujours
s'en aller a sa gauche, lue aiguille aimant..' tend donc
toujours a se mettre en croix avec un courant rectiligne et,
si elle ne le fait pas en général c'est par suite d'un équi-
libre entre l'action du courant et celle de la terre sur la
BLECTROMAGNÉTISMB
— TM —
même aiguille. Lee Indication! ûte\ rifanomèinti qui par-
mettenl de mesurer l'inteliahé de* courants, rojwwl 10
cette double action. Mais Ampère be s'M pu contenté de
donner cette loi si simple, qui Indique dam chaqne eus le
uns du phénomène < il en ;i donné la théorie ci a pu
calculer la grandeur de ces actioni dani lui Bas lea plus
compliquée en In déduisant de quelques déterminations
expérimentales faîtes pour dea cas simples eonvenablemenl
choisis. Ampère fonds en même temps un nouveau ebapilre
de l'électricité, l'électrodynamique, dont il donna les lois.
L'étude de l'électromagaétlsme embrasse des propriétés
diverses, lés courante ayant un rapport avec le magnétisme.
Mlle comprend doue : 1° le développement du magnétisme
par L'électricité; 2° l'action des courante sur les aimants
et inversement; 3° la théorie que l'on peut déduire de ces
phénomènes sur la constitution des aimants; 4" les appli-
cations. Nous allons passer en revue ces diverses parties.
1. Aimantation i>ah b'ËUSCTritCltÉ. — Quand on place un
fil métallique parcouru par un courant au voisinage de par-
celles de 1er on constate qu'elles s'aimantent. • 'est l'expé-
rience fondamentale faite par Arago en \ 8*20 en plongeant un
iil parcouru par un courant énergique dans de la limaille
de ter: celle-ci forma une couche épaisse adhérente au fil;
les luins de limaille étaient disposés en anneaux autour du ril.
Cette expérience ne réussit qu'avec les limailles des métaux
magnétiques; ce n'est donc pas une attraction électrique.
Arago ayant placé une petite aiguille d'acier trempé nor-
malement au courant, réussit à l'aimanter et constata que
le pôle austral était à la gauche du courant. On augmente
beaucoup l'action du courant en enroulant le fil sous forme
de solénoïde et en plaçant l'aiguille à aimanter dans son
axe. Les diverses spires de cette hélice concourent à aiman-
ter l'aiguille en développant un pôle austral à la gauche
du courant, c.-à-d. à la gauche d'un observateur qui serait
placé sur le courant, le courant lui entrant par les pieds,
lui sortant par la tète, et qui regarderait l'aiguille. Si on
place une aiguille d'acier à l'entrée d'une pareille hélice
parcourue par un courant, elle se précipite dedans en s'ai-
mantant. Un peut, pour augmenter encore l'action des
courants, enrouler les fils suivant des hélices dont les
spires se touchent, puis, une fois une première hélice ainsi
formée, on peut en enrouler une seconde et une troi-
sième, etc. ; leurs actions s'ajoutent. Les aimantations
ainsi produites sont assez faibles quand il s'agit d'aiguilles
d'acier trempé, immobiles, mises à l'abri des chocs et
des vibrations; elles sont d'ailleurs portées à leur maxi-
mum en un temps extrêmement court. Lorsqu'il s'agit
d'aiguilles en fer doux, c.-à-d. en fer aussi pur que
possible , l'aimantation au contraire est extrêmement
énergique. Si on enroule sur un tube de verre un fil
conducteur' d'abord dans un sens puis dans un autre et si
l'on continue ainsi en changeant plusieurs fois le sens de
l'enroulement, si l'on se sert ensuite de cette hélice pour
aimanter une aiguille d'acier, on constate qu'elle prend
un point conséquent, c.-à-d. un p6le magnétique à chaque
changement dans le sens de l'enroulement; elle présente
d'ailleurs à ses extrémités des pôles de même nom ou de
nom contraire suivant qu'il y a eu un nombre impair ou
pair de changements de sens dans l'enroulement dans la
partie occupée par l'aiguille. On peut aussi aimanter les
aiguilles d'acier' avec les décharges produites par les ma-
chines électriques; mais comme ces appareils ne donnent
que dé faibles quantités d'électricité, leur* effets sont très
P'tits; ils sont d'ailleurs différents de ceux îles courants
V illaïques et nous allons les étudier d'abord.
Mimuilalioii par les décharges. Le meilleur procédé
pour aimanter ainsi consiste à charger une batterie de
bouteilles île Leyde avec la machine, puis à faire passer la
décharge de la batterie à travers l'hélice magnétisante, en
ayant soin de ralentir cette décharge en la forçant a passer
à travers un corps peu conducteur, comme une mèche
mouillée. S;i\;n v, i|in a l'ait un grand nombre d'expériences
à ce'sujet. a constaté que l'aimantation augmentait non
seulement awc la quantité d'électricité qui pa-sait. mais
mjm avec la dorée de la décharge; il faut cependant que
celle-ci m- dépasse pas une certaine limite parce qu'alors
l'aimantation diminue. La relation qui lie la distance des
aiguilles au Iil par lequel BMSS la décharge avec l'aiman-
tation produites aussi été étudiée par Kavary; il H trouvé
qu'en pi enant un Iil de platine de i ni. de long., de '2 millim.
de diamètre et des aiguilles d'acier de 1-> millim. de long;,
l'aimantation allait en diminuant quand on plaçait l'aiguille
à aimantera des distances «lu iil qui allaient en croissant;
cetie aimantation devenait nulle puni' une distance de
i elle changeait ensuite de signe, r.-;.-d. que le pôle
austral se tonnait | la droite de la décharge, allait en
augmentant jusqu'à une distance de ■> à <> millim., puis
diminuait, redevenait nulle à 1 1 millim., puis changeait
de signe, le pôle austral se développant de nouveau à la
gain he du courant : l'aimantation continuait à croître jus-
qu'à une distance de 11 millim. à partir de laquelle elle
diminuait, mais en restant normale. La distribution des
maxiina, leur rapprochement, dépendent, toutes choses
égales (railleurs, de la résistance du (il ; plus sa résistance
est grande plus les maxima sont rapprochés. Ces faits ex-
pliquent pourquoi la foudre agit différemment sur les
aiguilles des boussoles près desquelles elle tombe; elle pêffl
les désaimanter plus ou moins complètement; elle |teut les
aimanter davantage si elles ne sont pas aimantées à satu-
ration : elle peut enfin les aimanter en sens tarerai et ce
fait a été assez souvent constate. Si, au lieu d'emplover
un fil rectiligne on emploie un solénoïde dans l'axe duquel
on place une aiguille d'acier bien trempé, et si on le fait
parcourir jiar une décharge, on trouve non seulement des
variations d'intensité, mais encore des changements de
signe dans l'aimantation quand on fait varier la grondeur
de la charge qui traverse l'hélice. Dans une expérience où
les charges allaient en croissant, Savary obtint jusqu'à six
changements de signe. Arago a montre que la position de
l'aiguille dans l'hélice était sans influence, à moins qu'elle
ne fût trop près des extrémités et que deux hélices de même
pas et de diamètres différents avaient la même action,
pourvu qu'elles fussent suffisamment longues. A la suite
des expériences d'Arago sur le magnétisme de rotation,
Savary étudia l'influence d'étuis métalliques, en cuivre par
exemple, entourant l'aiguille d'acier placée dans la bobine.
Avec un cylindre de cuivre épais, il n'nhtint pas d'aiman-
tation; il diminua alors l'épaisseur de la gaine de cuivie
et bientôt une nouvelle décharge donna naissance à une
faible aimantation, qui alla en augmentant à mesure que
l'épaisseur du cuivre diminuait : elle dé|»assa même celle
que prenaient les aiguilles nues dans les mêmes conditions ;
puis elle atteignit un maximum pour décroître ensuite et
tendre vers l'aimantation des aiguilles nues. Toutes choses
égales d'ailleurs, l'épaisseur du cuivre a d'autant moins
d'influence que la charge électrique est plus considérable.
Tous les métaux agissent de la même façon, mais chacun
avec une intensité particulière. Si on considère un certain
métal, en particulier, et que l'on en fasse des cylindres
d'égales épaisseurs et de longueurs et de diamétral divan- on
constate qu'a égalité de diamètre les tubes les plus courts
ont le plus d'action et qu'à égalité de longueur les tubes
les plus gros ont le plus d'influence.
Aimantation par les courants. L'aimantation parles
courants a été étudiée aussi par Savary, mais avec les piles
inconstantes que l'on avait alors. M. Abria a repris cette
étude avec les piles constantes, et il est arrivé aux résultats
que nous reproduisons ici : 1° L'aimantation est instanta-
née. "i° L'aimantation augmente si on passe plusieurs fois
l'aiguille dans l'hélice, ou bien si, l'aiguille étant fixe, on
emploie plusieurs courants successifs allant en civi>*ant
pour arriver à l'intensité du courant primitif. 3° Si l'ai-
gutlle n'est enfoncée qu'en partie dans l'hélice, c'est a l'en-
droit ou l'hélice s'arrête que le pôle magnétique se trouve)
nous verrons pins loin ce résultat complété par les evpé-
11.0,.. s de Jnniiii. i° La force magnétique WOM avec fin*
- m -
ÉLECIROMAGNÉTISME
tensito ilu courant et d'autalil plus rapidement que le rap-
port entre h longueur et le diamètre de l'aiguille est plus
nil ; pOOt1 les aiguilles Inutiles, l'accroissement de la
force magnétique est proportionnel a l'intensité pour les
courants très Faibles et sensiblemeril un carré de l'Inten-
silè j.our les courants très IbftS. > La longueur et loilia-
niitre des hélices SOOt -ans influence, pourvu que les ai-
Ues ne les dopassent pas. 6° L'intensité de l'aimantation
mente quand le pas do l'Indice diminue et a\ee des
,..mts suffisamment intenses; les intensités sont en ral-
s pas; avec des courants faibles, l'aimanta-
tion est plus faible que celte loi ne l'indique. 7" Les en-
veloppes métalliques sont sans action avec les courants
.nniis tomme ceux des piles. M.Janùn, en étudiant par
la méthode du clou (\. mmantation) la distribution du
magnétisme dans les lames d'acier aimantées par uni1 hé-
lice, i trouvé, comme l'avait tait M. Ain ia, ortie, lorsque la
lame dépassait l'hélice, le pôle magnétique se formait à l'ex-
rnite de I heliee et que de plus la eowbs représentant la
distribution du magnétisme de part et d'autre de ce poiqt
elait s\ métrique par rapport a ce pôle s'il ne se trouvait
- | une distance de l'extrémité assea faible pour que
la courbe l'atteignit. Dans oe cas. la courbe de distribution
peu i ail s'obtenir comme an la trourée expérimentalement
en GOOStraisant encore ilu ente du pôie voisin de l'extré-
mité une brancha de COitrbe symétrique de celle qui se
trouvait de l'autre cote du pôle. Mais cette branche ainsi
construite, dépassait l'extrémité de l aiguillé aimantée; on la
repliait alors en quelque sorte sur l'aiguille, el on construi-
une nouvelle courbe en lui donnant en chaque point
inte ordonnées la Minime des coordonnées de la cburbe
trique el de la courbe repliée à ce point. L'aimanta-
tion BBt beaucoup plus développée lorsqu'une liane de fer
doux est en contact avec l'aiguille d'acier à l'endroit ou se
développent les pôles.
Voyons maintenant d'après quelle loi numérique varie
l'intensité du courant l'intensité du magnétisme pro-
iluit. Voici comment M. lioiily a fait cette étude : comme
champ magnétique, il prend celui d'une hélice magnétisante
longue et étroite; dans l'axe peuvent être placées des
aiguilles très courtes par rapport a la longueur île l'hélice,
mais très longues par rapport à leur section. Dans ces con-
ditions, l'aiguille est aimantée uniformément, sauf au voi-
- extrémités. Soit s la section de l'aiguille et i
l'intensité d'aimantation ; sur chaque unité de longueur il
y a une quotité de magnétisme •>< égale a S/; c'est aussi
la quantité de magnétisme de chacun des pôles de l'ai-
mant. Si on désigne par il la longueur de l'aiguille et par
i distance des pôles, le moment magnétique M de I ai-
guille est donné par la formule >l = -l»nt ; d'autre pari.
on sait, d après la distribution du magnétisme dans les
aimant* (V. ce mot), que. [mur des aimants longs, c.-a-d.
[■nurceuT dans lesquels le rapport de la longueur a la sec-
tion dépasse mie certaine valeur, la distance d'un pôle à
l'extrémité voisine est indépendante des dimensions, de
sorte que, si l'on prend diverses aiguilles toutes longues, on
aura une suite d équations telles que :
>l, =%nâl = ^m 1/,-A-),
A- représentant la distance constante d'un pôle a l'eatre-
niite voisine. On déterminera pour ehaque aiguille sa demi-
longueur /. >-t son moment magnétique M, comme nous
allons h- voir, et on pourra obtenir m et /,. Comme d'autre
■il obtiendra la valeur de i correspondante.
s l'on fait alors varier progressivement la valeur de t "jn—
tonale i du courant qui passe dans l'hélice el si l'on dé-
termine | r une vue de valeurs rapprochées de I la
•ur de t, on pourra construire une conrbe ou dresser
une table donnant les valeurs du rapport -, c.-à-d. de ce
que l'on appelle la fonction magnétisante quand on fait
Ire I. Pour mesurer les moments tels que M,; on peut
employer la méthode »uiv»me : on plan? fnélica magtiéti-*
saute perpendiculairement a la direction du méridien ma-
gnétique ; puis, sur Ce méridien et à une distance très grande
par rapport à la longueur de la spirale, on place un petit
barreau aimanté muni d'une petite glai t suspendu à un
lil de coton. On observe de loin avec une lunelle les divi-
sions d'une règle graduei» vue par relloxion sur le petit
miroir. Lorsque aucun courant ne traverse l'hélice, le petit
barreau aimante esl dans la direction du méridien, ol la
lunette vise la division /.' , de la règle. Si on tait alors pas-
ser le courant dans l'hélice vide, elle produit une dévia-
tion * du pelil barreau ; lalunetle vise alors la division «';
si l'on désigne par p. le moment magnétique de la spirale,
00 a entre u et a la relation p.: :Atgct, k étant une
quantité qui restera constante pendant toute la durée de
l'expérience parce que l'on ne changera pas la distance du
barreau à l'hélice, rang oc est proportionnel à n' — n,„ de
sorte que si C désigne une nouvelle constante, on aura
ii C, (n' — n0). Si on introduit alors l'aiguille, la dévia-
tion du barreau deviendra a,, sa tangente trigonométrique
sera donnée par », — »„, n{ étant la nouvelle division
visée par la lunette et l'on aura p. -f- M, = C (nj — nn),
>l, étant le moment magnétique de l'aiguille lorsqu'elle
es! soumise à l'action de l'belice. Si on supprime alors le
courant, en laissant l'aiguille à sa place, celle-ci perdra
une partie seulement de SOU magnétisme, et, si l'on désigne
par y\'t le nouveau monienl magnétique (magnétisme rési-
duel) on a encore M', : C. (/?', — n„), «', étant la nou-
velle division visée par la lunette. A l'aide d'une boussole
des tangentes placées sur le même circuit que l'hélice on a
mesuré l'intensité I du courant employé ; les trois équa-
tions écrites plus haut permettent) en éliminant (!, d'avoir
M, M', . , , , i, i'. . , .
— - et — ■ et par suite de calculer — et ~, it et i , étant
U. IJL p. p.
les intensités du magnétisme temporaire et du magnétisme
résiduel par unité de longueur de l'aiguille. Comme d'autre
pari a esi proportionnelle à I, on obtient les valeurs
de -y et de — en unités arbitraires. On pourrait les avoir
en valeurs absolues en déterminant les constantes, mais
cette détermination serait peu précise. M. Rowland a dé-
terminé ces rapports en valeurs absolues à l'aide d'un sys-
tème qui se prête mieux au calcul : l'aiguille est remplacée
par un tore, l'hélice enroulée sur une bobine par Une hélice
enroulée sur un tore concentrique au premier et qui l'en-
veloppe. Avec cet appareil, M. Rowland est arrivé à ces
conclusions que : l°avec de faibles courants, presque tout
le magnétisme est temporaire e', résultat imprévu, ce phé-
nomène est plus complet avec l'acier qu'avec le fer doux ;
i° le magnétisme temporaire augmente avec l'intensité du
champ magnétique et proportionnellement ou à peu près;
3° au contraire, le magnétisme permanent semble' n'appa-
raître qu'avec un champ d'intensité notable; il croit alors
très vile, atteint rapidement un maximum et parait ensuite
plutôt diminuer (V. a Aimantation, S Aimantation par les
courants, les dispositions à prendre pour aimanter les bar-
reaux d'acier).
II. Action DES COURANTS sir LES aimants. — Lois de
V électromagnétisme. Cherchons l'action élémentaire,
c.-à-d. l'action d'Une molécule magnétique sur un élément
de courant. Voici les points sur lesquels la théorie s'ap-
puie ; ils ont elé vérifies par l'expérience: I" Les actions
d'un pôle sur deux éléments de courants égaux de sens
contraire et coïncidant sont égales et opposées, i" f-e fluide
boréal a la même intensité d action quele fluide austral, car
un barreau d'acier trempé non aimanté n'éprouve pas d'ac-
tion de la pari i\'un courant. '■>" In courant sinueux qui
Me infiniment peu d'un courant rectiligne avant
mêmes extrémités agil avec la même intensité que ce der-
nier: on pourra donc loujours remplacer un élément de
Murant par ses projections sur trois axes de coordonnées
passant par un de ses points. \° l.'aclion d'un aimant sur
un élément de courant donne naissance a une ou plusieurs
i.i kctromacnltismi;
— Î92 —
forcée «lont le point d'application esl sur l'élément. On tait
que. lorsqu'un corps esl .-ennuis ;i l'action d'un nombre quel-
conque de forces, on peut toujours ramener ce système à
deux forces; d'après I énoncé précédent el d'après l'expé-
rience de Liouville qui le légitime, 1rs seules forces appli-
quées a l'élémenl passent par cet élément. L'expérience de
Liouville consiste à Buspendre un lil conducteur verticale-
ment de façon qu'il puisse tourner librement ; ce fil est
parcouru parun courant, si on approche mi aimant, le lil
ne tourne pas; (lune 1rs forces auxquelles il esl soumis
passent par sun axe. (in peut ramener ces deux forces,
quelles qu'elles soient, .1 deux autres, l'une perpendiculaire
à l'élément, l'autre passant par son milieu et île direction
quelconque. Ou vérifie par l'expérience que cette direction
est aussi perpendiculaire a l'élément. Ainsi les deux forces
auxquelles L'élément de courant peut être soumis sont per-
pendiculaires à cet élément. •'>" L'action exercée sur un
élément de courant par un pôle situé sur le prolongement
de cet élément est nulle. 0° L'action exercée sur un élé-
ment perpendiculaire a la droite qui joint son milieu au
pôle est perpendiculaire au plan de l'élément et du pôle et
appliquée au milieu de l'élément. On le démontre en re-
marquant que, si on fait tourner' le système de 1N<)° autour
de la droite qui joint le pôle au milieu de l'élément, il n'y
a de changé que le sens du courant. Or, d'après 1°, l'action
a changé seulement de signe, il faut pour cela que cette
action passe par celte droite et qu'elle soit perpendiculaire
au plan qu'elle détermine avec l'élément. D'autre part, si
on considère un pôle et un élément de courant non perpen-
diculaire à la droite qui passe par son milieu et par le pôle,
on pourra, d'après 8°, le remplacer par un courant sinueux
formé de deux parties rectilignes, l'une dirigée vers le pôle,
qui sera sans action, d'après S0, l'autre perpendiculaire à
la première, qui donnera naissance à une force dont la
direction est déterminée par 6°. Maintenant que se trouve
déterminée la direction de l'action, il faut en déterminer
l'intensité. On ne peut réaliser un élément de courant; il
faut avoir recours à un courant de forme simple, et de la
loi expérimentale trouvée déduire par le calcul la loi élé-
mentaire. Biot et Savart, qui ont fait cette recherche, ont
pris un courant rectiligne assez long pour pouvoir être
< insidéré comme infini (ils étaient assurés que cette hypo-
t'ièse était légitime lorsque, après avoir pris un conducteur
long puis un autre d'une longueur double, ils trouvaient le
même résultat). Devant ce courant rectiligne supposé indé-
fini, ils ont placé à diverses distances un petit barreau
aimanté suspendu dans une cage en v«rre à un fil de co-
con; tantôt on le soustrayait à l'action magnétique de la
M
M'
„/<
n'
P<
m'
*■*" »
„-**
,"" '-'
jn
-^'-''*A'
.''%-'" ^
P
P'
N
N'
terre par la présence d'un barreau aimanté convenable-
ment placé, tantôt on en tenait compte. En faisant osciller
le petit barreau, ils ont trouvé «pie la luire était inverse-
ment proportionnelle à la distance du barreau au courant ;
(■■•lie force eiaii déduite ilu nombre d'oscillations, comme
dans le pendule. Cherchons maintenant la loi élémentaire.
Soit A un pôle magnétique avant pour intensité magné-
tique p.; soi. ni M\. M'Y deux positions différentes don-
nées au (Dînant d'intensité I dam les expériences de Biot
et de Savart. Menons une droite \mnt' taisant un SUgU
i.) avec le courant, menons une droite An»' infiniment
voisine découpant par suite les deux éléments mn, nivl.
Si on désigne par oS dS/ leurs longueurs, l'action de ;x sur
mu sera évidemment pldS lin «"/'(/), car </> su,
la projection m/j de mit sur une perpendiculaire a Ans,
seule partie utile, comme on l'a vu; en 6" vu est sans
action ; / (/•) représente la fonction inconnue de la distance
qui représente la loi élémentaire que nous cherchons. L'ac-
tion de m' n' sera (ul</>' sin tu/ (/j. Mais la similitude
des triangles Amn, km'nf montre que l'on a 7- ='- et
d&f(r) , ,. . rf(r) .
que par suite ' ' peut s écrire -, Ce rapport est
évidemment constant quelque soit Ai». Si donc on prend
sur MN une séried éléments contigus, tels que mn, -1 Ion
désigne par ?-,, r.,, r,... leurs distances a A. si l'on divise
M'N en éléments correspondants obtenus comme l'a été
m'n', si l'on désigne par*^,, 7-'l, r':, leurs distances A,
o),, <u2 étant les angles des droites qui joignent ces élé-
ments a A, on aura la suite d'égalités :
rf(r) „ rtf(rt) r/(r,) _
que l'on pourra écrire
rf(r) _ rf(r) sin en
rVV,)
_ r,/-^) sin tu.
r'f(r') iJ\ (r')sintu r',/'(r'i)sinwt
r2/'(r2) sin to2 _ somme des numérateurs
r/2f(r\)s\n<x32~ somme des dénominateurs'
Or cette dernière fraction représente le rapport de l'action
de tout le courant MN à l'action de tout le courant M Y.
L'expérience de Biot et Savart a montré que le rapport de
ces actions était égal au rapport inverse des distances. On
a donc :
rf(r) _S
r'f{r') r '
Si nous faisons ?/;= 1 et si nous posons f(\) = C, il vient
Telle est la loi de la force et, par suite, l'action da pôle p
sur l'élément mn est exprimée par
pu/S sin u>
P*- . ...
Connaissant maintenant l'action élémentaire, pour avoir
dans chaque cas particulier la résultante de toutes ces
actions, il suffira d'intégrer cette expression entre des
limites convenables. Les expériences de Pouillet et de Bois-
giraud s'expliquent très bien par cette formule.
Expérience de PouilleU Pouillet, en étudiant l'action
d'un courant vertical sur une aiguille aimantée pouvant se
mouvoir dans un plan horizontal, trouva, dans ce plan, une
ligne neutre : on appelle ainsi le lieu des points tels que,
lorsque le courant vertical y passe, il est sans action sur
l'aiguille. Ce lien se compose d'une perpendiculaire à l'ai-
guille menée par son milieu et d'un cercle ayant pour dia-
mètre la distance des pôles et passant parées points. C'est
le résultat que l'on peut déduire delà loi élémentaire don-
née plus haut.
Expérience de Boisgiraud. Boisgiraud. ayant suspendu
à un til une aiguille aimantée et l'ayant soumise à l'action
d'un courant horizontal, trouva que, suivant la position de
ce courant, il se produisait des attractions OU «les répul-
sions, et que si on considérait toutes les positions paral-
lèles à une direction quelconque du fil qui ne produisait
aucune action on trouvait qu'elles rencontraient le plan ver-
tical normal à cette direction suivant une hyperbole équi-
latère avant pour sommets les pôles de l'aimant.
III. Théorie electrodïnamqoe du hàgnétisi». — I —
actions analogues des aimants et des courants sur les ai-
- 793
ÉLECTROMAGNÉTISME — ÉLKCTllOMÈTKK
■tntsdevaknl amener les physiciens à chercher dos assem-
l>la_t-^ de courants jouissant des propriétés dos aimants :
ssemblages existent : ce son! les solénoides (V, es
mot), l.c lecteur trouvera aussi au moi Magnétisme une
théorie proposée par Ampère dans laquelle les propriétés
des .uniaiit.s sont remenées a dos effets de courants.
1\ . AmicATums. — Elles résidenl surtout dans los
applications innombrables des ehrlro-aimanls (V. ce
UlOtl. A. JoANNIS.
ELECTROMÈTRE. Instrument qui permet de mesurer
d.'s mutités d'électricité ou dos différences de potentiel.
Les metnaetres los plus simples sont los électroscopes
mon disposés de façon a mesurer les indications
qu'ils donnent ; ils son! pou précis et assez sensibles.
D'autres également très simples, mais disposés pour mesurer
de fortes charges électriques, sont très pou précis; tels
sont la bouteille électrométrique de Lane (V. Bouteille,
t. Ml. p. 863), l'electromètre de Cuthbertson qui servent
surtout à mesurer approximativement la charge des batte-
ries. 1 'éleetromètre a décharge de M. Gaugain repose sur
un principe analogue, mais il s'applique à la mesure des
faibles charges; il se compose d'un électroscope à fouilles
d'or (V. Ki Fi TRosroi'F.) muni d'une seule colonne mise en
communication avec l'appareil que l'on veut charger : le
bouton de l'électroscope est mis en communication avec la
sonne électrique par un fil de coton, médiocrement con-
ducteur. L'électricité amenée aux feuilles d'or les faisait
r et bientôt l'une touchait la colonne quand l'èlec-
ic avait atteint une certaine charge, et colle-ci pas-
sait dans le corps que l'on chargeait ; le nombre des contacts
renseignait sur la charge donnée ; que l'on remplace la
lame d'or si mobile par un pendule plusdifticile à repousser
et l'on aura l'electromètre deCuthbertson. Les divers thermo-
mètres électriques (V. Thermomètre) peuvent servir aussi
d'electromotres ; l'éleetromètre capillaire (V. Electroca-
pillaire), fondé sur un principe tout différent, est sensible
et précis; il s'applique aux différences de potentiel ne dé-
|i;i> un volt environ. Los autres électromètres sont
classés par Thomson en trois groupes principaux : 1" Elec-
tromètres à répulsion. Tête sont l'electromètre à feuilles
d'or (V. Klectroscope). la balance de Coulomb (Y. ce
mot), l'electromètre de Peltier, l'electromètre à sinus de
BJess, etc.î" Electromètres symétriques. In organe mo-
bile électrisé est suspendu vis-à-vis de deux systèmes de
corps conducteurs isoles l'un de l'autre et chargés à des
potentiels différents ; la déviation observée est une fonc-
tion du potentiel de la partie mobile et de celui des corps
tels sont les electromètres à quadrants de Thomson
h iIh firanly. ctc.Z° Electromètres-balances. Ce sont ceux
ou les attractions électriques sont équilibrées pardes poids.
Tel ">t l'electromètre absolu de Thomson. Nous allons ra-
pidement décrire les appareils peu employés et insister sur
ceux dont on se sert surtout actuellement.
I. Electromètres a répulsion (V. Electroscope et Ba-
lance ije Coulomb). — Eleetromètre de Peltier. Sa dis-
position générale ressemble assez à la balance de Coulomb,
mais, au lieu que ce soit la torsion d'un til qui fasse
équilibre aux répulsions électriques, c'est la force direc-
trice d'une petite aiguille faiblement aimantée ; elle est
fixée sur la partie mobile, et on mesure l'angle dont elle
e^t déviée: celle-ci est suspendue sur une pointe fixe de
façon ,i être très mobile.
Eleetromètre a amas de Hiess. Il se compose d'une
lindrique verticale en verre pouvant tourner autour
de l'axe du cylindre devant une graduation circulaire. Cette
de part en part par une tige métallique
horizontale T. qui porte en son milieu un pivot Mir lequel
une aiguille aimantée faisant avec la tige T un angle
que l'on ramène à être toujours le même. Sur la partie
supérieure de la cage se trouve une petite lunette qui
est mi.v; au point pour qu'on vois la pointe de l'aiguille
aimantée ; chaque lois qu'on amène l'image de la pointe de
cette aiguille au point de croisement de» Gis du réticule,
l'aiguille fait avec la tige T le moine angle A. Ceci posé,
l'aiguille étant dans le méridien magnétique et à la dis-
tance angulaire A de la tige T, on met cette tige avec le
corps électrisé, l'aiguille aimantée se trouve électrisée en
moine temps, et repoussée par T ; on ramène l'angle d'écart
à être A, ce que l'on peut faire grâce à la lunette, on tour-
nant tout le cylindre ; soit a l'angle dont on l'a tourné ; il
est facile de voir que l'aiguille aimantée se trouve alors à
une distance angulaire a du méridien magnétique, et que
par suite la force magnétique proportionnelle à sin a me-
sure la répulsion électrique qui, on le sait depuis Coulomb,
est proportionnelle au carre de la charge. La charge est
donc proportionnelle à la racine carrée du sinus de l'angle
dont on doit tourner tout l'appareil pour maintenir cons-
tant l'angle A.
11. Electromètres symétriques. — Eleetromètre à
quadrants de Thomson. Considérons une boite métallique
ayant la forme d'un cylindre circulaire droit aplati, et cou-
pons-la par deux plans rectangulaires passant par l'axe du
cylindre, nous for-
merons ainsi les
quatre quadrants de
l'electromètre. On les
soutient , comme le
montre la fig. 1, à
l'aide de tiges de
verre isolantes. I ne
partie mobile en alu-
minium, ayant la
forme de deux lames
circulaires de 90°
rattachées l'une à
l'autre par deux
bandes étroites figu-
rent les rayons ex-
trêmes de ces qua-
drants. Cette partie
peut être soutenue
par un système bifi-
laire, par un fil de
torsion ou un fil de
cocon qui ne déve-
loppe pas de torsion.
Dans ce cas on ajoute
au système une pe-
tite aiguille aimantée
pour avoir une force faisant, équilibre aux forcesélectriques.
La partie mobile est située à l'intérieur de l'espèce de
boite formée par le rapprochement des quatre quadrants
creux. A la partie inférieure de l'aiguille est suspendu dans
l'axe un fil de platine qui plonge dans de l'acide sulfu-
rique concentré mis en relation avec le corps dont on veut
mesurer le potentiel. Ce fil de platine porte un très petit
miroir qui sert à observer les déviations de la partie mo-
bile à l'aide d'un rayon lumineux que l'on fait tomber des-
sus. La partie du fil de platine plongé dans l'acide peut se
recourber en anneau ; on diminue ainsi les oscillations de
l'aiguille par suite du frottement qu'exerce l'acide. Les
quadrants opposés sont reliés entre eux ; une de ces paires
est mise en communication avec le pôle positif d'une pile
formée d'éléments très petits, et l'autre paire communique
avec le pôle négatif ; l'élément qui est au milieu de la pile
est mis en communication avec le sol ; deux quadrants voi-
sins ont ainsi des potentiels égaux et des signes contraires.
La sensibilité de l'instrument est, toutes choses égales
d'ailleurs, proportionnelle au nombre des éléments de la
pile. Les fils de la suspension bifilaires sont attachés à un
petit treuil porté par une colonne creuse qui repose sur une
boite métallique qui enveloppe tout l'appareil et le sous-
trait aux inlluences électriques extérieures. Des tiges iso-
lées servent à faire communiquer les quadrants avec les
pôles «le la pile et l'acide sulfurique dans lequel plonge l'axe
prolongé de l'aiguille mobile avec le corps dont on veut
Fig. 1. — Eleetromètre à quadrants
de Thomson.
Éu:<:TitOMi ii;i:
— 704 —
déterminer le potentiel. Si l'un désigne pet V le potentiel de
l'aiguille, par v el VeeUfl des deux pttiresfje quadrants,
par C BM constante, et par a' l'angle de déviation, oh dé-
montre que la formule générale do l'équilibre ési :
Sin
(\ ' I V"\
v ~ ).
La sensibilité est proportionnelle à la capacité de l'aiguille
i'i à la longueur des lils de suspension et en raison inverse
iln carré de léeartement des dis et du poids de L'aiguilla.
Pour déterminer C, on compare les indications de cet ins-
trument avec celles d'un électromètre absolu, c.-à-d. avee
celles d'un appareil dont la forme géométrique est assez
simple pour que l'on puisse calculer directement les cons-
tantes qui entrent dans l'équation de l'équilibre qui lui
correspond. Lu formule montre que sin a est nul, C.-à-d.
que l'aiguille n'est pas déviée quand V'ss Y" quel que
soitV, c.-à-d. lorsque les quatre quadrants sont au même
V -+- V*
potentiel ou bien lorsque V = , c.-à-d. lorsque le
potentiel de l'aiguille est la moyenne arithmétique des po-
tentiels des quadrants. Seulement la tormule précédente a
été établie en négligeant les bandes étroites qui relient les
deux lames circulaires qui constituent la partie mobile. Kn
en tenant compte, on trouve que la déviation ne peut être
nulle quand V = V" que si l'aiguille est disposée symé-
triquement par rapport aux quadrants, et on utilise cette
remarque pour le réglage de l'instrument. Kn supposant
que l'on charge les quadrants comme nous l'avons dit avec
deux potentiels égaux et de sens contraire, on a Y"— — Y'
et la relation se simplifie et devient sin a =zï>CYY', ou, si
la déviation a est très petite, a =KV¥', K étant une cons-
tante ; on peut d'ailleurs employer d'autres dispositions :
on peut mettre une paire de quadrants au même potentiel
que l'aiguille, alors V'= V, et l'autre paire en communica-
tion avec le sol, V" = 0. Alors la formule se réduit à
a = K'V8. Mais ici la sensibilité est faible si V est faible,
tandis qu'avec la première disposition (arrKYV'j, on peut
avoir une déviation notable, même si V est faible ; il sullit
que V' soit grand. Le potentiel Y' est fourni par une sorte
de bouteille de Leyde qui ne perd que très lentement son
électricité (1 °/„ par vingt-quatre heures par exemple).
Deux appareils accessoires, un reproducteur et une jauge,
servent le premier à fournir l'électricité perdue, le second
à vérifier que le potentiel est revenu à sa valeur primitive.
Electromètre de liranly. Les quatre quadrants de l'ap-
pareil précédent sont remplacés par quatre secteurs plats
disposés de même ; l'aiguille mobile a la même tonne que
précédemment ; elle est suspendue à un til de torsion en
argent qui sert en même temps à la charger ; les secteurs
opposés sont réunis, et ces deux couples de secteurs sont
mis à des potentiels différents, par exemple avec les pôles
d'une pile formée d'une centaine de tout petits éléments,
cuivre, zinc, eau. L'aiguille mobile est alors reliée au corps
dont on veut mesurer le potentiel. Cet appareil est d'une
construction plus facile que celui de Thomson ; il est plus
facile à manier et à régler, mais il est moins sensible et
moins précis.
111. Ki.F.CTHOMÈTRES-HALANr.ES. — L'i'lrct remettre ab-
solu de sir \Y. Thomson représente le meilleur modelé de
ces instruments. Dans cet appareil on mesure à l'aide d'un
ressort, dont l'action a été comparée;» celle de poids connus,
l'attraction éprouvée par un disque circulaire chargé d'un
potentiel Y de la part d'un plan indéfini ayant un poten-
tiel V'. Le disque et le plan sont parallèles et A une dis-
tance d. En admettant que le disque circulaire est chargé
uniformément d'électricité, même sur les bords, et DOUS
verrons plus loin le procède employé par Thomson pour
réaliser cette condition d'une façon très approchée, OU
trouve pur le calcul que l'attraction A exprimée en unîtes
absolues est donnée par la formule suivante :
S étant la surface do disque. — Cour obtenir sur le disque
nue densité étectridûe constante, on le place à l'inté-
rieur d'un plateau, I peu près de ménle épaisseur, percé
d'une ouverture circulaire d'un diamètre qui dépasse
celui du disque d'un millimètre environ : ce faible in-
tervalle sullit ,i assuret le libre jeu du disque, et la
présence iU- cet anneau de garde rend la densité
trique dll Usqte- .i
très [e u près' cons-
tante; la seule col-
lection ii faire con-
siste h prendre pour
quantité S qui entre
dans la formule ( I ),
non pas la surface
du disque, mais une
moyenne entre celle
du disque et celle de
l'anneau de garde
qui en diffère très
peu. Le disque mo-
bile est suspende 8
une tige par l'inter-
médiaire de trois
ressorts ; cette tige
porte un pas de vis
[tassant dans un
écr6U et muni d'un
limbe gradué qui
sert à mesurer les
fractions de tour
dont on le déplace.
Sur l'anneau de
garde repose une
sorte de couvercle
qui recouvre le disque et protège sa face
contre l'action électrique des corps voisins
i. — Electromètre absolu de
Tliuuison.
supérieure
\& partie
cylindrique de ce couvercle porte une très petite lentille;
un fil fin horizontal placé sur le disque mobile d'une
façon invariable donne avec cette lentille une image
qui vient se former entre les pointes de deux vis très ra|»—
prochees lorsque la face supérieure du disque mobile est
exactement dans le plan de la face inférieure de l'anneau
de garde. Une loupe sert à constater ceia plus facilement.
Le plan électrisé situé au-dessous du disque mobile et qui
possède un diamètre à peu près égal à celui de l'anneau de
garde est supporté par une vis micrométrique servant à
l'éloigner ou l'approcher du disque mobile ; une échelle et
un vernier permettent de mesurer les déplacements qu'on
lui fait subir. On peut mettre l'équation (I) sous la forme
Y-\
VT-
mais comme d serait difficile à mesurer directement, on
opère de la façon suivante : on porte le disque mobile et
l'anneau de garde au potentiel Y qui restera constant pen-
dant toute l'expérience, et l'on charge le plateau au poten-
tiel Y ; il attire le disque mobile, mais on peut, en tournant
la vis qui le supporte et celle qui porte le plateau, faire en
sorte que le disque mobile soit exactement dans le plan de
l'anneau degarde.ee dont OU s'assure à l'aide delà dispo-
sition dont nous avons parlé. (In lit alors la position du
plateau donnée par la règle graduée et le vernier de la vis
micrométrique : soit il la dislance inconnue entre le disque
et le plateau dans cette première expérience. On donne
alors an plateau un autre potentiel Y" et l'attraction se
trouvant changée on fait varier la position du plateau à
l'aide de la vis inicrométriqiie qui lui correspond, de façon
a amener de nouveau le disque mobile exactement dans le
plan de l'anneau de garde; on lit alors la position nouvelle
donnée par le vernier. soit l) la nouvelle distance dd disque
et du plateau; elle est inconnue comme la première, mais
on connaît D — rfpar la différence des nombres lus sur la règle
- 796 -
ÉLECTROMÈÎRE - ÉLECTROPHORE
dans les deux MpériMMS» On a les equatioin suivniil.-s M
rapportant aux deoi équilibres <>i>tenus :
\- — V
d
Y - V
SnA
"^
8*A
d'où l'on déduit par differenc
11 n'y a «lus qu'à déterminer V. On y arrive en déchar-
geant tout l'appareil. Le disque a'étaat plus attiré par ce
idateau, remonte au-dessus de l'anneau de garde, mai* en
e chargeant de poids croissants, on arrive à le ramener à
cette position ; l.'s pouls nus représentent l'attraction A.
On peut dire cela une fois pour toutes en menant succès-?
sivfinent divers poids sur le disque mobile et déterminant
iliaque t'ois la position qu'il faut donner au limbe graduelle
qui porte le disque mobile pour ramener dans le
plan de l'anneau de garde. On pourra construire avec ces
Maîtres un*' tank donnant pour chaque position du limbe
la valeur de A correspondante ; il sera bon de vérifier ces
nombres de temps en temps pour voir si I élasticité îles res-
sorts est restée la même. Cette méthode suppose que l'on
puisse maintenir constant, pendant le temps nécessaire aux
expériences, le potentiel du disque et de l'anneau de garde*
L'el.'itromètre de Thomson porte pour eela deux petits
appareils placés sur la partie supérieure de 1 êleetromètfe ;
ce sont le reproducteur et la jauge. Le reproducteur est
une très petite machine électrique qui donne de l'elec-
par influence ; elle est amorcée par l'électricité
même de l'anneau de garde et elle augmente son potentiel
quand on tourne, dans un certain sens, le bouton qui la met
en mouvement: elle le diminue si on tourne dans l'autre
■BS. I i Mge est un appareil fonde exactement sur le
même principeque l'élertromètre lui-même, mais beaucoup
plus sensible: une plaque entourée d'un anneau de garde
et portée par une suspension très délicate, est attirée par
un plateau en communication avec l'anneau do garde et
ayant par suite le même potentiel ; un dispositif analogue
a celui décritplus haut permet de reconnaître le moment où
cedisq' voient dans le plan de son anneau de
garde. Avant de faire chaque expérience, on tourne le re-
producteur jusqu'à ce que la jauge indique que l'on est
revenu au potentiel priniilit. Cet appareil est très précis.
A. Jûannis.
Bibl. : Riess, Ami. chim. phys. '?>), XL.VI, p. 502. —
- >n, RepHnt of paperg on electvostatics and tfia-
gnetism. I, pp. 2VT et 306.— MascABT et Jouberi, Leçons
■t le magnétisme, I, p. 184.
ÉLECTROMOTEUR. On appelle ainsi tout appareil
ible de donner naissance a des courants électriques.
Lsi mUeè, les machine» magnéto ou dynamo-élec-
trùnu v. les machine» électriques, les systèmes de M. Lip-
mann à écoulement discontinu de mercure fondes sur les
phénomènes clrrtroi-a/ii/luirrs. sont des eleclromoteurs.
Du tpmps de Vol ta on appelait eleclromoteurs les corps
capables de produire des courants électriques : ainsi Voila
disait que les métaux étaientdes corps bons électromoteurs.
ÉLECTROMOTRICE (Force). On appelle force électro-
du svstéme hétérogène le plus simple la différence
de potentiel de ses deux parties : la force électromotriee
d'une pile par exemple est la différence de potentiel do ses
les ; la force èlectromotrice de l'arc électriqae est
la différence de potentiel des charbons entre lesquels il
jaillit, etc. On peut arriver expérimentalement à la notion
des fon-es éleetromotrices de la façon suivante : si on prend
une pile toujours de même nature, qu'on relie s>'s pôles à
l'aide d'un til conducteur et que l'on mesure l'intensité I
du rourant en Grisant varier la nature du til. les dimen-
• la distance, mais non la nature des pôles et des
liquides de la pile, on trouve que l'intensité est donnée pal
I
1 expre»»ion I = .- , K et r étant la résistance du la
R-f-r
pile et du circuit et F, étant une constante qui reste
telle tant que l'on ne change pas la nature de la pile; elle
varie au contraire avec la nature de la pile ; on peut
détinir cette constante lorce électromotriee de la pile con-
sidérée ; on a vérifié que les deux définitions sont équiva-
lentes ; toutes les deux peuvent, servir à déterminer sa
valeur dans chaque cas particulier. Si, an lieu de considérer
un système compose de deux parties, auquel correspond
une force c lectroinotrice, nous considérons un système
compose îles parties A. I!, C, I),... M, N, nous pourrons
encore appeler force électromotriee du système la différence
de potentiel de ses parties extrêmes ; cette force sera alors
la somme algébrique des forces éleetromotrices de ses
diverses parties, e.-à-d. la somme algébrique des diffé-
rences de potentiel entre A et lî, I! et C,Cet I), etc., M etN.
En particulier, si nous considérons une pile IHinsen munie
de ses rhéophores en cuivre, nous trouvons que le système
se compose du til de cuivre attaché au charbon (A), du
charbon (M), de l'acide azotique (C), de l'acide sulfurique
étendu (D)j du zinc E, du fil de cuivre attaché au pôle né-
gatif F ; une pile de Bunsen est donc une chaîne de six
composés différents, et la force électromotrice ou différence
de potentiel entre ses pôles sera la somme algébrique des
différences de potentiel entre ces divers corps au contact.
Pour la détermination pratique de la force électromotrice,
V. Constante des pii.es. Pour l'historique et pour les
preuves de l'existence d'une force électromotriee de contact
entre des corps de nature différente, V. Galvanisme.
A. Joannis.
ÉLECTRON (Antiq.) (V. Asèm, t. IV, p. 83).
ÉLECTROPH OR E. C'est une machine électrique réduite
à sa plus simple expression : un gâteau de résine, ou d'une
autre substance isolante, est coulé dans un moule métal-
lique. On électrise ce gflteau en le frottant ou le frappant
avec une peau de chat ; il s'électrise négativement ; on pose
dessus un plateau métallique ou un plateau de bois recou-
vert de papier d'étain et muni d'un manche isolant. Son
fluide neutre est décomposé par influence par l'électricité
négative du gâteau de résine, l'électricité positive attirée
sur la face inférieure, l'électricité négative repoussée à la
face supérieure. On touche celle-ci avec le doigt et l'élec-
tricté négative va dans le sol. On enlève alors le doigt et on
soulève par le manche isolant le plateau qui se trouve
chargé positivement ; on peut en effet en approchant le
doigt en tirer une étincelle ; comme d'ailleurs la résine n'a
pas perdu son électricité, les mêmes phénomènes vont pou-
voir se reproduire pendant très longtemps. L'instrument
est donc aussi simple que la façon de l'utiliser. Mais la
théorie en est beaucoup plus compliquée si l'on veut se
rendre compté des phénomènes, non pas d'une façon gros-
sière, comme nous venons de le faire, mais en détail. Déjà
Ingenhouz avait montré le rôle important du moule métal-
lique dont la présence rend les électrophores beaucoup plus
puissants; les charges obtenues sur le plateau métallique
ne sont d'ailleurs pas les mêmes selon que le moule est ou
non en relation avec le sol. M. Buff, en prenant un élec-
troscope dont la tige portait, au lieu de la bo.:!c habituelle,
un plateau sur lequel reposait un gâteau de résine, a pu
vérifier la nature de l'électricité dont se chargeait le moule
des électrophores, ici le plateau de l'électroscope, pendant
les diverses parties de l'opération. M. Buff a vérifié en
outre que, lorsqu'on superpose plusieurs disques de résine
et que Ton électrise la face supérieure de cette pile de
disques, la face inférieure de la pile est élertrisée en sens
inverse, et, si on examine chacun des disques intermédiaires,
mi trouve qu'il est électrise différemment sur ces deux
faces. Kn frottant donc avec de la peau de chat la surface
d'un giiteau de résine, on l'électrise négativement, tandis
3ue de l'électricité positive prend naissance sur l'autre face
u gâteau de résine, en contact avec le moule ; celui-ci
éprouve une décomposition par influence tout à fait ana-
logue à celle du plateau, mais sous l'influence d'une élec-
tricité de signe contraire ; il se charge donc comme le
ÉLECTROPHORE - ÉLECTROSCOPE
— 7!l« -
plateau, mars d'électricité contraire, et, si te moule est isole
comme le plateau, on lirai une étincelle en approchant le
doigt du moule ou du plateau. Si on touche d'abord le
moule après l'étincelle, les feuillet d'or de l'électroscope de
Buff retomberont. Si On touche alors le plateau supérieur,
un nouvel équilibre se produira, une nouvelle décomposi-
tion par influence aui i lieu dans le plateau faisant (onction
de moule, les feuilles d'or divergeront de nouveau, et le
doigt approché du moule en tirera une étincelle en taisant
retomber les feuilles d'or. Si à ce moment on enlève le
plateau supérieur il esi chargé positivement, et son éloigne-
ment produit dans la résine et dans le plateau de L'éîec-
troscope un nouvel équilibre qui se traduit par une nou-
velle déviation des feuilles d'or.
Les électrophores faits avec de la résine sont exposés à
se casser; on remplace souvent ce corps par du caoutchouc
durci ou par un mélange de résine, de gomme laque et
d'un peu de térébenthine et de suif. On a fait des électro-
phores très puissants avec des plateaux de plus de ■> m.
de diamètre. A. Joannis.
ÉLECTROPUNCTURE (V. Electroi.yse).
ÉLECTROSCOPE. Instrument destiné à reconnaître
si un corps est chargé d'électricité et quel est le signe
de cette électricité. Les premiers électroscopes consis-
taient en boules de moelle
de sureau suspendues à un
fil ou fixées à une aiguille
légère pouvant se déplacer
très facilement sur un pivot ;
on présentait à la boule de
sureau le corps que Ton vou-
lait examiner; il l'attirait s'il
était électrisé ; pour voir le
signe de l'électricité , on
chargeait la balle de su-
reau d'une électricité con-
nue en la touchant par
exemple avec un bâton de
résine électrisé par frot-
tement et voyant si le corps
étudié l'attirait ou le re-
poussait; dans le premier
cas, il est chargé d'électricité de nom contraire, et de
même nom dans le second cas. Ces électroscopes sont peu
sensibles. L'électroscope le plus employé, beaucoup (dus
sensible que les précédents, est l'électroscope à feuilles
d'or. Il se compose de deux feuilles d'or très minces, telles
que celles qui servent à la dorure par application ; elles
sont suspendues à l'extrémité d'une tige métallique qui se
termine à l'autre bout par une petite sphère de cuivre.
Cette tige passe par la tubulure d'une cloche de verre en
traversant un bouchon. Une couche de gomme laque est
étalée à l'extérieur sur la partie supérieure de la cloche ;
de cette façon, le verre de cette partie de l'appareil ne con-
dense pas de vapeur d'eau contenue dans l'air, et l'isole-
ment de la tige mélallique est plus complet. La cloche
repose sur un plateau métallique qui porte souvent deux
petites colonnes métalliques terminées par des boules situées
un peu plus haut que l'extrémité intérieure des feuilles
d'or. Cette disposition a un double rôle : elle augmente la
sensibilité de l'instrument d'une part, et de l'autre elle
empêche les charges électriques trop fortes de mettre l'ap-
pareil hors d'usage ; à ce point de vue, c'est une sorte de
soupape. L'air intérieur de la cloche est desséché à l'aide
de chaux vive ou de chlorure de calcium contenu dans uu
petit vase de verre. On peut, à l'aide de cet instrument,
voir si un corps est chargé d'électricité, sans charger
l'électroscope ; il suffit pour cela d'approcher lentement le
corps de la boule supérieure de l'appareil; si le corps
approché est électrisé, il décompose par influence le fluide
neutre contenu dans la tige et les feuilles d'or, attirant
l'électricité contraire à la sienne dans la boule et la partie
supérieure do la tige, repoussant l'électricité de même
Electroscope a feuilles d'or.
nom dans les deux fatriUM d'or, qui m; trouvent ainsi char-
gées de la même électricité et m repoussai; comme elles
sont très légères, il sufiii d'une très faibb- charge, ainsi
développée par influence, pour leur donner un angle
d'écart sensible; d'autre part, ces feuilles d'or èlectiîtees
décomposenl & leur tour par influence le fluide neutre con-
tenu dans les tires métalliques du plateau de l'ai
attirant sur leurs boules l'électricité de nom contraire,
repoussant l'autre dans le plateau ; l'écart des Eeoillea e^t
donc augmenté par la présence des tiges, puisque à la ré-
pulsion des feuilles d'or s'ajoute l'eflet îles attractions de
chaque feuille par la boule la plus voisine. En outre, si
par suite d'an approebement trop rapide du corps électrisé
on venait à faire diverger trop les feuilles d'or, au heu de
venir' toucher les parois de la cloche et s'y coller parce que
le verre est mauvais conducteur, elles viendraient tomber
les tiges métalliques, s'y décharger, et l'appareil reviendrait
à sa position primitive ; au contraire, lorsque les feuilles
d'or ont adhéré au verre, il faut un temps très long pour
qu'elles se détachent. On peut donc de cette façon voir si
un corps est électrisé. Pour voir la nature de son électri-
cité, ou charge d'abord l'électroscope avec une électricité
connue : pour cela on en approche lentement un corps
chargé d'une électricité connue, d'électricité positive par
exemple. Celle-ci décompose par influence le fluide neutre
dans l'électroscope ; elle attire sur la boule de l'électro-
scope l'électricité de nom contraire, c.-à-d. l'électricité
négative, et repousse l'autre dans les feuilles d'or qui diver-
gent. Cette divergence augmente à mesure que l'on approche
davantage le corps influençant ; quand on lajuge suffisante,
on place le doigt sur la tige de l'électroscope et par suite
on la fait communiquer avec le sol.
A ce moment les feuilles d'or ainsi reliées au sol retom-
bent en contact ; le fluide neutre du bras et de la main
est décomposé par influence; une partie du fluide négatif
attiré par le corps influençant vient sur l'électroscope ; le
fluide positif est repoussé dans le sol; on retire alors le
doigt; l'état d'équilibre du système n'est pas changé; les
feuilles d'or restent immobiles ; puis on retire le corps
chargé d'électricité positive que l'on avait approché ; les
feuilles d'or divergent alors parce que l'électricité négative,
primitivement retenue dans la partie supérieure de la tige
par la présence du corps influençant, se répand sur toute
la tige et dans les feuilles d'or. L'électroscope se trouve
ainsi chargé par influence d'une électricité contraire à celle
du corps dont on s'est servi pour cela. On charge l'élec-
troscope par influence et non par contact, parce qu'il est
plus facile ainsi de régler la charge qu'on lui donne et par
suite l'écart des feuilles d'or.
L'électroscope ainsi chargé d'une électricité connue, on
peut s'en servir pour déterminer la nature de l'électricité
d'un corps électrisé ; pour cela on approche très lentement
ce corps de l'appareil et on observe les feuilles d'or. Deux
cas peuvent se présenter : leur divergence augmente ou
diminue (elle ne peut rester la même). Si la divergence
augmente, c'est que la répulsion éprouvée par les feuilles
d'or augmente et que par suite leur charge augmente ; cette
augmentation provient non pas d'une augmentation de la
charge de toute la tige, mais d'une distribution nouvelle
du fluide sur la tige : l'électricité négative a donc été en
partie repoussée dans les feuilles. On en conclut que le corps
électrisé, approché de la boule de l'appareil, devait conte-
nir de l'électricité négative, puisqu'il repousse l'électricité
négative. Si au contraire la divergence diminue, c'est qu'une
partie du fluide négatif des feuilles d'or a été attirée dans
la lige : le corps étudie était donc chargé d'électricité de nom
contraire à celle de l'électroscope. On peut donc connaître
le signe de l'électricité du corps dans un cas comme dans
l'autre. Mais dans le premier cas il est nécessaire d'opérer
avec précaution. En etl'et, supposons que l'on approche
de l'électroscope chargé négativement un corps charge
positivement : il va y avoir tout d'abord diminution delà
divergence; il pourra arriver un moment où, à force de se
— 797 —
KLECTROSCOPE — ÉLECTROTIIKRAPIK
(approcher, les Feuilles d'or arriveront en contact ; si L'on
continue alors d'approcher le corps èlectrisé, il décomposera
dans l'appareil une nouvelle quantité de Quide neutre, <■! les
rouilles d'or divergeront de plus «mi plus ; si l'on a mal
opéré, si l'oa a approché trop «ta le corps èlectrisé, on
peut n'avoir pas aperçu le rapprochement des feuilles et
D'observer que L'ècartement, ce qui conduirait au résultat
se à celui que l'on doit trouver. Supposons maintenant
qu'on approche de rélectroacope chargé négativement un
- .1 létal neutre : son Quide neutre sera décomposé par
influence, et son extrémité la plus voisine de l'électroscope
chargée positivement : on corps neutre se comportera
donc comme un corps chargé d'électricité «le nom con-
traire a ceDe de l'électroscope ; il donnera un rapproche-
ment des fouilles. Supposons enfin un corps chargé de la
mime électricité que celle de l'électroscope, mais avant une
très petite charge par rapport 8 celle de l'électroscope.
- [Ue le corps sera très loin de l'appareil et qu'on l'ap-
prochera, la divergence augmentera comme nous l'avons
vu. mais ensuite le Quide neutre ilu corps, décomposé par
rinflnenee de l'électroscope, accumulera sur l'extrémité du
- la plus voisine une quantité de Quide positif qui ira
en croissant à mesure qu'on approchera le corps et qui, à
un certain moment, annulera exactement la charge négative
du corps; a partir de ce point, le corps se comportera
comme s'il était neutre. Ce cas se présente rarement, les
électroseopes possédant en général une charge beaucoup
plus faible que celles des corps que l'on étudie. On peut
d'ailleurs recommencer l'essai en chargeant l'électroscope
d'électricité positive. On doit retrouver les effets contraires
à ceux observés dans le premier cas. Si l'on retrouve les
mêmes effets, c'est que le corps est oi bien a l'état neutre
ou bien très faiblement èlectrisé et que l'on n'a pas dans
ce dernier cas observé la répulsion suivie d'attraction ou
inversement. On essayera alors de charger un électroscope
avec le corps étudie ; on n'y parviendra pas s'il est à l'état
neutre ; sinon on obtiendra une faible déviation des feuilles
d'or et à l'aide d'un corps chargé d'une électricité connue
en petite quantité, on déterminera la nature de l'électricité
de l'électroscope.
Electroscope de Bohnenberger. Sa disposition générale
rappelle l'électroscope à feuilles d'or : les deux tiges mé-
talliques fixées sur le plateau sont remplacées par deux
piles sèches d'intensité égale, les pôles contraires en regard,
et il n'v a qu'une feuille d'or qui pend verticalement à
le distance des boules qui terminent les pôles de la pile
et qui subit de la part de ces pôles des actions égales qui
se neutralisent. Si l'on vient à approcher de la boule de
l'électroscope un corps charge d'une électricité inconnue,
elle décompose le fluide neutre de la tige et de la feuille
d'or, repousse dans celle-ci l'électricité de même nom que
la sienne, et la feuille d'or s'incline du côté du pôle de la
pile chargé de l'électricité contraire. Un corps à l'état
neutre ne produit pas d'effet. Cet instrument est imins sen-
sible que le précédent, mais il indique immédiatement si le
corps est de l'état neutre ou le signe de son électricité, sans
qu'il soit besoin de le charger au préalable ou de faire plu-
sieurs ->sais.
On peut préciser les indications de ces instruments et les
transformer en électromètres (Y. ce mot), par exemple en
mesurant la déviation des lames d'or sur leur ombre obte-
nue sur un écran avec une bougie et en graduant l'appareil
d'une façon empirique : on peut prendre pour cela deux
élect i feuilles d'or identiques. On charge l'un
d'électricité de façon a obtenir une grande déviation qu'on
se propose de ne pas dépasser, et on mesure la déviation
correspondante ; puis on tait communiquer les doux élec-
troseopes, qui, étant identiques, se partagent également la
charge : la déviation mesurée alors correspond à une moitié
de charge ; on supprime alors la communication ; on dé-
charge l'un des électroseopes en le touchant avec la main,
puiî on le nvt en communication avec l'autre ; il lui prend
encore la moitié de sa charge et on observe l'écart, etc.
On gradue ainsi l'électroscope en prenant comme unité
arbitraire la charge inaxima choisie; les divisions succes-
sives représentent la moitié, le quart, le huitième, etc.,
de cette charge. A. Joannis.
ÉLECTROSTATIQUE. L'étude de l'électricité statique
comprend les phénomènes présentés par les corps électrisés
arrives à un état d'équilibre électrique. Mlle comprend par
conséquent les attractions et les répulsions électriques, la
distribution de l'électricité sur les corps. On lui joint en
outre l'étude de la déperdition de l'électricité qu'éprouvent
les corps électrisés sous l'influence de l'air ainsi que les
effets de la décharge électrique des batteries. La théorie
des machines électriques fait aussi partie de l'électricité
statique ainsi que celle des instruments, électroseopes
et électromètres, qui servent aux mesures. Pour les pro-
cédés propres à observer et à mesurer les attractions
et les répulsions électriques ainsi que pour les lois que
l'on en déduit, Y. ATTRACTION électrique. Pour la dis-
tribution de l'électricité sur les corps, V. Distribution
et Potentiel. Pour la déperdition, V. Perte de l'élec-
tricité. Y. aussi Condensation, Bouteille de Leyde,
Batterie, etc. Pour l'historique de l'électricité statique, si
intimement lié à celui de l'électricité dynamique, V. Elec-
tricité. A. Joannis.
ÉLECTROTHÉRAPIE. En laissant de côté les tentatives
un peu empiriques des médecins allemands du commence-
ment du siècle, Grapengiesser, Jacobi, Walther, on peut
donner comme point de départ de l'électrothérapie les tra-
vaux de Duchcnne de Boulogne, de 1847 à 1 8!>0, résumés
dans deux ouvrages célèbres : l ' Electrophysiologie des
mouvements (lA'il); i Electrisation localisée (18o3).
Duchenne employait presque uniquement les courants in-
duits, et c'est lui qui désigna ce mode d'électrisation sous
le nom de faradisation. En 1838, l'emploi des courants
continus trouvaient dans Remak un éloquent défenseur
(Galvanothérapiedes maladies des nerfs et des muscles).
Un an plus tard, lîaierlacher montrait par l'étude de la réac-
tion de dégénérescence l'utilité de l'application de l'électricité
au diagnostic de certains troubles nerveux. L'électricité
statique, alors complètement abandonnée à la Salpètrière,
a conquis, grâce à l'impulsion de Vigouroux, une place
importante en électrothérapie. L'électrothérapie devait pro-
fiter, comme toutes les branches de l'électricité, des progrès
remarquables qui ont pour point de départ le congrès de
1881. L'introduction des mesures électriques précises a
permis de doser en quelque sorte l'électricité comme on
dose un médicament quelconque et de rendre les observa-
tions comparables entre elles. A cet égard, la galvano-
thérapie a surtout profité, et l'étude des variations de
résistance du corps humain a pu commencer. Les appli-
ca lions de l'électricité à la gynécologie, déjà entrevues par
Tripier dès 18.jt»,ont été considérablement multipliées après
les traitements heureux d'Apostoli, principalement pour
les tumeurs fibreuses de l'utérus; enfin les forces éloctro-
ly tiques sont utilisées non sans succès dans les rétrécis-
sements uréthraux ou œsophagiens. A l'heure actuelle,
l'électrothérapie, longtemps méconnue, n'ayant pour elle
que de rares défenseurs de réelle valeur, voit son champ
d'action continuellement s'agrandir.
Les applications de l'électricité au traitement des mala-
dies sont actuellement fort nombreuses; localisées pendant
longtemps aux affections englobées sous le nom général
de nerveuses, elles ont vu leur champ s'étendre dans ces
dernières années, principalement dans le domaine gynécolo-
gique. Les cures obtenues par l'électricité dans les névral-
gies, les anesthésies, les crampes et tous ces troubles
d'origine essentiellement nerveuse sont évidentes; mais
comment agit le courant électrique? Ici nous en sommes
réduit aux pures hypothèses. La découverte des physiolo-
gistes sur l'électrotonus ont donné lieu à la théorie élec-
trotonique. Avec l'aide du pôle positif, par des modifica-
tions anélectrotoniqueSjOn obtenait des effets sédatifs dans
le cas des névralgies ou des contractures ; le catélectrotonus
TROTIlfiltAI'll' — TDK _
obtenu b l'aide dq pôle négatif an contraire avait son
emploi indiqué d'excitateur dans les anesthésles, les para-
lysies. Pour d'autres, l'électricité agit surtout comme exci-
lant des centres trophiques. Mentionnons simplement la
théorie des actions catalytiques et celle des actions eata-
phorlques. Nous sommes iâ en plein dans le domaine de
l'hypothèse; il existe eneffe) des actions évidentes des cou-
rants électriques sur les vaso-moteurs, sur les échanges
moléculaires, mais les lois qui les régissent nous échappent
encore.
Les électrothérapeutes qui utilisent les courants galva-
niques ont longtemps discuté sur l'influence de la direc-
tion des courants. Les deux électrodes étant appliquées sur
le trajet soit d'un nerf, soit le long de la colonne verté-
brale, on admettait que le courant ascendant (pôle positif
le plus éloigné des centres) avait surtout une action exci-
tante, alors que le courant descendant possédait au con-
traire des propriétés sédatives. La méthode unipolaire,
préconisée par Brenner, s'appuyant sur celte idée que les
effets des courants sont des actions exclusivement polaires,
ne s'occupe pas de la direction des courants, qu'elle regarde
comme illusoire, mais tient compte simplement de l'élec-
trode active appliquée sur le point malade, l'électrode
indifférente, aussi large que possible, étant placée à une
certaine distance. Dans ces conditions et suivant les prévi-
sions de la théorie électrotonique, c'est l'anode qui possède
les propriétés sédatives, c'est elle que l'on doit appliquer
quand on veut agir sur une névralgie. Au point de vue
instrumental, le modèle des piles employées importe peu;
il suffit qu'elles répondent à ce desideratum : fournir une
tension suffisante pour assurer un courant d'une intensité
variant de 1 à 30 milliampères, intensité que l'on dépasse
rarement, sauf en gynécologie, où l'on arrive à utiliser des
courants de 100 à "200 milliampères, la résistance du corps
humain pouvant s'élever à 8 et 10,000 ohms, mais étant
généralement de 2 à 3,000 ohms. Un simple calcul permet
de connaître le nombre des éléments nécessaires, quand
on connaît la résistance et la force électromotrice de l'un
d'eux. L'intensité est mesurée au moyen d'un galvanomètre
donnant de 1 à 100 milliampères. Les galvanomètres médi-
caux, malgré leur peu de précision, sont généralement suffi-
sants. Le collecteur de courant est une pièce importante,
qui permet de faire entrer dans le circuit les éléments
graduellement et sans interrompre le courant. Une inter-
ruption, qui est sans importance quand on ne dépasse pas
10 à 15 milliampères, est douloureuse quand on agit avec
une intensité plus grande et serait des plus dangereuses
dans les opérations gynécologiques où l'on atteint et dé-
passe 100 milliampères. Enfin, un commutateur permet
d'intervertir le sens du courant sans changer de place les
électrodes; pour l'électrodiagnostic, il est même utile de
pouvoir faire passer successivement, sans changer les
électrodes, les courants galvaniques dans les deux sens et
les courants faradiques.
Les électrodes sont constituées par des éponges mouillée--,
ou par des disques de charbon recouverts de peau de cha-
mois et affectant différentes formes. Les applications gyné-
cologiques et pour l'électrolyse exigent quelques modifi-
cations sur lesquelles nous reviendrons. An lieu d'augmenter
l'intensité du courant par l'intercalation de nouveaux élé-
ments, on a préconisé l'emploi d'un nombre constant d'élé-
ments, les variations d'intensité étant, obtenues par le jeu
d'un rhéostat à colonne liquide. Mais les effets physiolo-
giques et thérapeutiques sont, il ne faut pas l'oublier, fonc-
tion essentielle de la tension que l'on ne modifie pas parce
procédé. L'électrisalion faradique a surtout été préconisée
par Duchenne de Boulogne qui, trop exclusif, rejetai! presque
Complètement l'électrisation galvanique. Après avoir em-
ployé les appareils magnétofaradiques, les thérapeutes
actuellement utilisent tous le courant d'induction d'un
chariot de Du Bois-Reymond, dont on gradue l'énergie en
faisant varier plus ou moins la distance de la bobine in-
duite a la bobine inductrice. Dans les potiN appareils por-
tant doation s'obtient parle glissement d'un tube
en cuivre recouvrant plus ou moins le barreau de fer doux
Central; on l'ait varier ainsi l'action inductrice de re noyau
sur le circuit.
On peut employer soit des électrodes sèches (balai ou
tampon) quand on veut obtenu- une action superficielle, cu-
tanée, suit des électrodes humides quand on veut agir sur les
nerfs on les masses musculaires. Quand l'action doit porter
sur les nerfs, on emploie la bobine inductrice a fil fin,
possédant une forte tension; si l'on veut, au contraire,
agir sur les muscles, OU emploie une bobine à gros fil,
ayant par suite moins de tension. D'Arsonval a montré
que l'action différente sur le nerf et sur le muscle étant
due surtout à la rapidité de la variation du potentiel,
on pouvait avec le même appareil obtenir l'effet soit sur le
nerf, soit sur le muscle en intercalant, dans ce dernier
cas, un condensateur d'un mierofarad dans la bobine in-
duite. Le nombre des interruptions exerce également une
réelle influence : il esl très important d'avoir des appareils
qui permettent d'obtenir des interruptions très lentes, jus-
qu'à deux par seconde, Ces interruptions lentes sont in-
dispensables quand on veut agir sur les muscles hsses des
viscères. L'électrisation faradique agit puissamment dans
ce cas sur les intestins et constitue un excellent traitement
de la constipation; mais il ne faut pas oublier que nos
muscles se tétanisent au delà de trente excitations par se-
conde et que, sauf des cas fort rares, il ne faut pas dépasser
dix interruptions.
Electricité statique. Franklinisation. Les machines
électrostatiques employées sont généralement celles de
Carré et de Wimhurst. La machine de Holz donne trop
d'électricité et ne peut être utilisable que dans des cas
spéciaux. Vigouroux, qui est en France le rénovateur du
mode statique, conseille de n'employer que des machines à
grands diamètres, 75 centim. au moins. Les machines
plus petites donnent une quantité d'électricité beaucoup trop
faible, ayant une tension insuffisante et il faut, pour obte-
nir îles étincelles d'une certaine longueur, ajouter des
condensateurs dont l'influence serait des plus mauvaises au
point de vue thérapeutique. Les grandes machines doivent
être actionnées par un moteur, dynamogaz ou turbine a
eau. Il existe plusieurs modes d'application de l'électricité
statique : l'étincelle, le souffle et aigrette, le bain statique.
Généralement le malade est isolé sur un tabouret aux pieds
de verre et dont le plateau est mis en communication avec
un pôle de la machine. L'excitateur est relié au sol par
une chaîne métallique. On désigne ce mode d'excitation
sous le nom d'exhaustion, réservant le terme d'irroration
quand, le malade restant en communication avec le sol,
l'excitateur est relié à la machine ; ces deux modes ont éga-
lement été appelés respectivement électricité par décharge
et par charge.
L'emploi des étincelles est le plus répandu. On peut
tirer du malade (le procédé par décharge étant le plus
suivi) des étincelles d'une intensité très variable, suivant la
forme de l'excitateur et la distance à laquelle on le main-
tient du patient. Avec une boule de cuivre placée à 2 ou
3 millim., la sensation éprouvée par la série de courtes et
multiples décharges est une violente démangeaison, une
chair de poule. Cette application électrique agit surtout
sur la sensibilité périphérique et doit être appliquée quand
on veut obtenir une action sédative, analgésique. En éloi-
gnant l'excitateur, on obtient des étincelles moins fré-
quentes, mais d'une tension plus élevée, capables de déter-
miner des contractions musculaires sensibles et qui exercent
surtout une influence réelle sur la nutrition des tissus.
C'est à des étincelles de A à (> centim. de longueur qu'il
faut s'adresser quand on veut exercer sur une région une
influence trophique.
Les étincelles obtenues à une plus grande distance, sur-
tout avec des boules de grandes dimensions, agissent sur
le système nerveux central ; elles ne doivent être utilisées
qu'avec <le grandes circonspections. Le souille est obtenu
- 7!!!' -
ELECTROTIIÊRAPIE — ÉLECTRUM
avec un Miiti tiw t phniTi noinias; Pélaetifaité t'échappa
rupiiloiiitiil par les pointes: avec les excitateurs à une seule
pointe, «<n obtient un.> lignite. Os procèdes sont surtout
employés dans les affections de nature aerveuN comme
sédative*. Le souille statique agit comme sédatif, de la
même façon, mais avec plus d'énergie que l'anode galva-
liiqiu- [\ ig"lii'oux).
leur action physiologique est loin d'être établie. Pans le
bain statique, le malade, isole du Sol sur son plateau, et
■h en communication a\ee l'un des pôles de la machine,
mail une charge graduelle: il arrive rapidement un mo-
inentou la déperdition par l'air ambiant eoinpense exacle-
inent l'addition de la charge, et le malade reste soumis à un
potentiel fixe. Sous l'influence de oet étal èleotrique, le
■ayel pareoil une sensation générale périphérique que quel-
ques-uns dépeignent eonmie la sensation d'une toile d'arai-
gnée portée sur tout le corps; les cheveu se dressant, les
sueurs dnïinnatnl surabondantes et d'Arsonval a montré
que les échanges étaient notablement augmentés. L'action
physiologique et thérapeutique du bain galvanique n'est
pas douteuse, mais elle n'a son action réelle, efficace,
que sur les névropathes, ou elle est nettement sédative.
I j friction électrique s'obtient an passant rapidement une
'.illique en communication avec le sol sur les vète-
■aata [et laine de préférence) du patient en ayant soin
d'appuyer. Elle produit nécessairement des effets analogues
a ce que nous avens dit pour les étincelles obtenues à
courte distance : stimulation générale, analogue avec la
sation cutanée sur la peau sèche. Elle aurait pour
effet, appliquée sur la moitié intérieure du corps, d'attè-
itUer >'t de dissiper les symptômes de congestion spinale.
ll'Ytrcdiiujuostic. Quand il s'agit d'étudier la réaction
d'un nerf ou d'un muscle, il est surtout utile d'employer
la méthode de recherche polaire, signalée par Chameau,
niais qui. au point de vue electrolliérapique, a surtout été étu-
dier par Brenner. I ne électrode dite indifférente est appli-
qua sur un point éloigné de la région que l'on veut étu-
diai 'I N conseille d'utiliser toujours le manie endroit, le
sternum par exemple, le patient pouvant maintenir lui—
même cette électrode). La seconde électrode est appliquée
sur le nerf ou le muscle dont on étudie les réactions. On
opère la fermeture et l'ouverture du courant au moyen
d'un commutateur. Si le pôle positif est l'électrode active
différente, on peut faire une fermeture des anodes AnF
ou une ouverture des anodes AnO. S'il s'agit au contraire
du |K'ile négatif, et l'appareil doit être muni d'un commuta-
teur permettant de faire ces changements sans changer
i rodes de place, on a une fermeture ou une ouver-
ture des cathodes kur — KaO.
Un constate, ce que nous avons signalé à propos des lois
de l'tluger (V. Eucrucni, f Physiologie), que la cathode
ÉHai mine principalement l'excitation de fermeture et l'anode
principalement l'excitation d'ouverture. Désignant par S la
secousse obtenue, et par S'. S" les secousses [dus fortes,
par Te la contraction tonique, par D le temps pendant
lequel le courant passe, on peut établir ainsi les réactions
d'un nerf sain avec trois courants d'intensité croissante.
• — indique qu'il n'y a aucune réaction observée.
1" detj
2- degré
3» degré
KaFS
KaFS
Kal'Te
KaD —
KaD—
KaDTe
KaO —
KaO —
KaOS
AnF —
AnFS
AnFS
AnD—
AnD—
AnD—
AnO—
AuOS
AnOS'
Dans les eas palliob iniques, on observe des variations
dans l'excitabilité des nerfs et des muselas. Mais il est
souvent difficile de préeiasr cette variation, quand il s'agit
d'une affection unilatérale. Un fient comparer avec le coté
sain : mais, dans les cas d'affection bilatérale, l'observation
est plus dirticile; on [>eut atanavarrecenra aux tableaux
ing. >ur des individus sains, l'intensité minima,
pour obtenir une contraction, oscille pour un mémo nerf
entre VJ et li millianipéres.
L'hvperexcilabililé s'observe dans les hémiplégies ré-
centes, les myélites aiguës, le tabès, le début des para-
lysies rhumatismales et trauniatiques ; la iliminution de
I excitabilité, beaucoup plus fréquente, est souvent pré-
cédée d'une hvpeiexi habilité passagère. Mais ces données
sont toujours bien peu précises; les variations de résis-
tance de l'épidémie sont de telles valeurs qu'elles ne per-
niellent pas d'accorder une confiance suffisante à toutes
les observations de variations d'excitabilité; il n'en est
pas de même des modifications qualitatives et notamment
en ce qui concerne la réaction de dégénérescence : DR.
Celte reaction de dégénérescence, indice de troubles his-
tologiques des tissus, est caractérisée par la diminution et
la perte de l'excitabilité faradique et galvanique des nerfs
et de l'excitabilité faradique des muscles, tandis que l'ex-
citabilite galvanique de ces derniers reste stationnaire ou
subit des variations quantitatives bien déterminées.
Dès le début de la paralysie, il existe pour le nerf un
abaissement progressif et symétrique tant de l'excitabilité
faradique que de la galvanique, diminution que l'on cons-
tate par la nécessité d'employer des courants plus intenses
pour obtenir le minimum d'excitation, et par la faiblesse
de la contraction avec des courants maximum. Puis l'exci-
tabilité du nerf disparait complètement aux deux modes
d'electrisation, bien (pie la conductibilité pour les excita-
tions volontaires puisse persister. L'excitabilité faradique
diminue, puis disparait dans le muscle, mais l'excitabilité
galvanique après avoir diminué, augmente ensuite et dé-
passe la normale; en même temps la courbe de contraction
devient caractéristique ; au lieu de la contraction, courte,
rapide, on observe une contraction paresseuse, se trans-
formant en tétanos pendant la durée du courant. Cette
courbe est le critérium de la DR. En outre, on constate
que la fermeture à l'anode donne une contraction même
avec un courant faible, que cette contraction est plus vive
pour une même intensité que la fermeture à la cathode. En
employant la notation usuelle, la DR peut donc au mo-
ment de l'acmé se définir ainsi: AnFS > KaFS. AnFTe.
La réaction de dégénérescence permet de diagnostiquer
une altération bistologique des nerfs ou de la substance
médullaire (centres tropbiques). Pour Erb, elle surlirait pour
éliminer avec certitude toute affection cérébrale propre-
ment dite. Elle aggrave généralement le pronostic, les
chances de guérison étant d'autant plus faibles que la réac-
tion de dégénérescence est plus développée et plus com-
plète. , D' J.-P. Langlois.
Iiim.. : Duchenne de Boulogne, l'Electrophysiologie
dus mouvements,, 185'. — L'Electrisation localisée, 1.S5B! —
Remak, (i.ilvanothernpie derNerven und Muskeln-Kranh-
heilun, 1868. — Trii-ikr. Eleclrothërapie, 1861. — Onimus
et LBflAoa, BARmsT, Erb, Morgan, Truite d'Electrothë-
rapie. — I.arat. Electrogynécoloyie. — Aeo.sToi.i, I)u
Traitement électrique des mëlriles, 1888. — Brtvois,
Manuel d Electroth. gynécologique. — Granmn-Cunning,
Electricitg in qymecology. 1891. — L'Eleclrothérapie,
dans Revue internationale d'Eleclrothvrapie.
ÉLECTROTYPIE (V. Clicuage, t. XI, p, 671).
ÉLECTRUM. I. Chimie (V. Askm, t. IV, p. 83).
II. Numismatioue. — La tradition qui attribue aux Lydiens
l'invention de la monnaie vers l'an 700 avant notre ère,
parait confirmée par l'existence de monnaies archaïques en
électrum, frappées dans l'Asie Mineure occidentale, et qui
rivalisent, comme antiquité, avec les plus anciens statères
d'argent de File i'Egine (V. ce mot). L'électrum métallique
avec lequel sont fabriquées ces espèces primitives est appelé
or blanc, (xf>vaô« Xguxdt) par Hérodote ; c'était un alliage
naturel d'or el d'argent qui existait en abondance en Lydie,
soit dans les sables du Pactole, soit dans les filons quart—
zeux du Tmolua et du Sipyle, Les plus anciennes de ces
monnaies, qu'on attribue au roi de Lydie, Gygès, sont de
simples lingots ovoïdes et aplatis, présentant une face
Striée, taudis «pie le revers est occupé par un rectangle
frappé en oreux; les monnaies des successeurs de Gygès
ÉLECTRUW — ÉLECTI MRE
«00 -
ont généralement pour type une tète de lion, jusqu'à Cré-
sus igtii inaugura en Lydie le monnayage «1 <- l'or pur. Lee
villeedelacôte d'Asie Mineure fabriquèrent aussi en grande
quantité de la monnaie d'électrnm ; on ;i de ces monnaiei
taillées d'après les étalons phoeaïque, phénicien, éginétiqoe,
euboïque, suivant les usages locaux. Bien que les monnaies
d'éleetrum d'Asie Mineure soienl presque toujours anèpi-
grephes, leurs types permettent souvent d'eu reconnaître
la patrie originaire. C'est ainsi c|u'on en classe & Phocée, à
Milet, à Cyaque, i Ephèee, à Uitylène, à Héthymneetaux
villes voisines; mais un grand nombre île ces pièces sont
encore d'attribution incertaine. Dans plusieurs villes, le
monnayage d'éleetrum remonte jusqu'au m" siècle et per-
siste concurremment avec le monnayage d'argent jusqu'à
la conquête d'Alexandre. Gyzique et l'Ile de Lesbos sont
les ateliers où ce monnayage fut le plus abondant. Pendant
le cours du V et du ivc siècle, il fit concurrence sur le
marché a la darique perse, et il devint, peut-être principa-
lement pour cette cause, très populaire dans le commerce
des cotes de la Grèce, de l'Asie Mineure et même du Pont-
Euxin ; mais, quoi qu'on en ait dit, les monnaies d'élee-
trum ne circulaient pas pour de l'or pur et à égalité de
poids; dans des textes nombreux, il est vrai, le statère
d'éleetrum de Cyzique est donné comme l'équivalent de la
darique d'or pur, mais le statère cyzicénien pèse 166*20,
tandis que la darique pèse seulement 8s'i0 (V. Cyzicène
et Darique). L'électrum naturel d'Asie Mineure était d'une
composition très irrégulière ; les analyses qu'on en a faites
donnent, comme proportion de l'argent, de 20 °/0 jusqu'à
50°/o. Aussi l'on conçoit que le monnayage d'un métal aussi
incertain comme valeur intrinsèque ait été rapidement
abandonné dès que commença à paraître la monnaie d'or
pur et de bon aloi de Philippe de Macédoine et d'Alexandre.
— Outre l'électrum naturel de Lydie, il y avait l'électrum
artificiel, fabriqué en mélangeant l'argent à l'or, généra-
lement dans la proportion d'un cinquième. Les monnaies
des rois du Bosphore Cimmérien, dans les trois premiers
siècles de notre ère, sont d'un électrum qui est peut-être
de fabrication artificielle ; il en est de même des monnaies
d'éleetrum de Carthage et de Syracuse. Malgré ces nom-
breux exemples, l'incertitude de l'alliage fut la principale
cause qui fit que le monnayage d'éleetrum fut toujours
exceptionnel, sporadique pour ainsi parler, même dans l'an-
tiquité hellénique. Les Romains n'y eurent jamais recours,
non plus que les peuples du moyen âge et des temps mo-
dernes. E. 1ÎABELON.
Bibl. : Barclay V. Hbad, Electrum coins and thoir spé-
cifie Gravity, dans le Numismatic Chronicle, 1887, 3» ser.,
t. VII.
ÉLECTUAIRE (Pharm.). On donne le nom dVfeo-
tuaires, de confections, â'opiats à des saccharolés d'une
consistance molle, composés de poudres unies à un sirop,
à un mellite, à du vin de Malaga, à des térébenthines, etc.
Ils ont une origine très ancienne, car ils ont été imaginés
par les médecins de l'école d'Alexandrie, notamment par
Hérophile, Eudemus, Manthias, Apollonius de Memphis,
Zenon de Laodicée, Andréas de Cariste, etc. Au lieu d'ex-
périmenter sur chaque substance médicamenteuse, les mé-
decins de Yécole empirique associèrent un grand nombre
de substances, dans l'espoir, dit Leclerc, que le médicament
qui en résulte serait plus habile que le médecin pour gué-
rir les maladies. Telle est l'origine de la polypharmacie,
dont les abus ont traversé les siècles pour arriver jusqu'à
nous. On comprend dès lors la vogue extraordinaire de ces
compositions, auxquelles les anciens distribuèrent îles pro-
priétés et des noms merveilleux: l'iectuaires (electus),
choisis, excellents, formés de matières premières de pre-
mière qualité; confections (confectus), médicaments
accomplis, achevés, supérieurs à tous les autres; thériaques,
hier es, antidotes, médicaments calmants, qui guérissent
les plaies et les morsures des animaux venimeux. La plu-
part de ces compositions, plus ou moins analogues à notre
thériaque actuelle, portaient des titres emphatiques ; l'une
s'appelait athanasia, immortelle; une autre, ajnfcwsta,
divine; d'autres, itotheot, égala dieu; tsoeliryson, sem-
blable ;i l'or: panacea, qui guérit tous les maux: catho-
licuin, universelle, etc.
Pour comprendre la vogue de ces médicaments caK--
niquos, il suffit de rappeler que les médecins attrihuaiesal
a iliaque médicament deux actions distinctes : une pro-
priété curative et une action nocive sur les tissus, action
physique qu'il fallait annuler par d'autres médicaments.
Le but poursuivi était par conséquent complexe pour les
empiriques: 1° augmenter les propriétés du médicament
par la réunion d'un grand nombre de drogues, afin de for-
mer un remède universel propre à guérir un grand nombre
de maladies; 2° combiner intimement plusieurs principes
médicamenteux [mur créer des médicaments nouveaux ;
M0 conserver certaines substances altérables, en les asso-
ciant à d'antres corps capables de leur donner de la sta-
bilité ; 4° avoir sous la main, pour parer aux maux impré-
vus ou mal connus, des médicaments universels.
Les découvertes de la chimie ont fait justice de toutes
ces prétentions. Les savants, depuis les immortelles décou-
vertes de Lavoisier, ont suivi en quelque sorte une marche
inverse, s'etforçant de dégager les principes actifs des
matières étrangères auxquelles ils sont naturellement asso-
ciés. Ainsi s'explique le discrédit actuel de ces prépa-
rations qui remplissaient les formulaires des anciens.
Quelques-unes cependant sont encore usitées, comme la
thériaque d'Andromaque, le mithridate, le diascordium
(V. ce mot) ; d'autres se préparent extemporanément dans les
pharmacies, par exemple les opiats, électuaires contenant
de l'opium ; mais aujourd'hui on applique plus particuliè-
rement le nom d'opiat ou (Vopiate à tout électuaire fait
sur la prescription du médecin.
Les règles générales, applicables à la confection des
électuaires et des opiats, sont les suivantes : 1° faire un
mélange exact de toutes les substances qui peuvent être
pulvérisées isolément, conformément aux principes appli-
cables à la préparation des poudres composées ; 2° dis-
soudre ou tout au moins diviser dans l'un des excipients les
résines, les gommes-résines et les extraits: 3° concentrer
les sirops et les mellites; c'est ainsi que dans le diascor-
dium les 13 p. de miel rosat sont ramenées à 10 p. ;
4° faire du tout un mélange homogène : mêler d'abord les
solutés d'extraits avec les résines et les gommes-résines,
ajouter le miel et les sirops, puis incorporer les poudres
peu à peu ; ajouter en dernier lieu les huiles essentielles,
réduites à l'état d'oléo-saccharum.
Au moment de sa préparation, un électuaire a une con-
sistance plus ou moins molle, à la manière d'une térében-
thine ; niais peu à peu. avec le temps, la masse prend une
consistance plus ferme, demi-solide, liaumé a déterminé
les quantités de sirop qui sont absorbées par les matériaux
solides : les poudres végétales provenant des bois, des
racines, des écorces, des fleurs, exigent 3 p. de liquide: les
résines et les gommes-résines, 1 p. seulement ; les matières
minérales, notamment les sels neutres, 12 p. Il faut
encore tenir compte des reactions chimiques qui s'effectuent
lentement au sein de la masse organique. Par exemple,
dans Yopint mésentérique, la limaille de fer s'oxyde len-
tement, forme un hydrate qui absorbe une certaine quan-
tité d'eau; l'effet est encore plus marqué si on ajoute au
mélange de la crème de tartre.
Les actions chimiques sunt d'ailleurs fort complexes et
souvent obscures. Indépendamment des fermentations qui
peuvent s'établir par suite de la présence de matières su-
crées, associées à des principes azotés, plusieurs réactions
particulières peuvent se produire. C'est ainsi que, dans
l'opiat fébrifuge de DesboiS, le carbonate de potassium
réagit sur l'cmélique pour former de l'oxyde d'antimoine,
alors que les alcaloïdes libres peuvent s'unir au tanin. La
présence de ce dernier principe dans la plupart des poudres
astringentes, en présence des sels de fer, rend compte de
la bonne conservation de certains électuaires, comme la
801 —
ELECTUAIRE - ELEftU:
Ihériaque et Le diascordium. Toutefois, en raison môme de
leur nature complexe, la plupart des èlectuaires Bnissenl
par s'altérer complètement, presque tous contenant des
matières sucrées, des glucosides, du miel, de l'eau, des
pulpes, des matières organiques a/otees, des substances
■ucilagineuses. Tel est le ras du lénitif, du catholicum,
du ttiaprun, du diaphcenix. Ceux qui renferment des
produits salins, aromatiques, astringents, en proportions
suffisantes, peuvent se conserver deux ou trois ans, sans
fermenter ou se couvrir de moisissures. Ed. BoORGOIN.
ELEDONA. 1. Entomologie. — Œledona Lalr.). Genre
de Coléoptères, de la famille des Ténehrioiiides et du groupe
ipérites, voisin des Bolitophagus (Y. ce mot), dont
il (tiflère surtout par les antennes terminées en massue et
i>ar le prathoru non foliacé, finement crénelé sur les bords.
L'espèce type, E. agaricicola llerlist, est commune en
France dans les bolets qui se développent au pied des
arbres. Ed. Lef.
11. Malacologie. — Genre de Mollusques Céphalopodes,
dt l'ordre des Aretabulifères. établi par Leachen 1817 pour
un animal pourvu d'un corps oblong, un peu étroit, dé-
pourvu de nageoires : huit bras réunis à leur base par une
membrane courte: le troisième à droite bectocotilisé, tous
munis d'un seul rang de cupules. Type : Eledona moschata
Lamarck. Ces animaux sont essentiellement européens et
habitent la Méditerranée, l.e type de l'espèce très abon-
dante, connue depuis Aristote, a reçu des habitants du lit-
toral les différents noms suivants : à Naples c'est le Mas-
cariello: à Nice le Nouscarin; à Livourne le Moseardino ;
entin les habitants de l'île de Sardaigne le désignent sous
l'appellation de Purpu muscao. J. Mab.
ÉLÉE. Nom porté par deux villes : 1° Une ancienne
ville groeque d'Asie Mineure tEolide), située à 1"2 stades
de l'embouchure du Caïcus, sur le golfe Elaitique ou
d'Klee. l'Ile aurait été fondée par Mencsthée et par les
Athéniens venus avec lui au siège de Troie. Elle était dis-
tante de 120 stades de Pergame, à laquelle elle servait
de port. Les flottes des Romains et d'Eumène, roi de
Pergame. s'y réunirent pendant la guerre contre AnUochus.
L'emplacement d'Elée n'est pas exactement connu (Strab.,
Mil. I. 67; III. :.; Tit. Live, XXXV, 13; XXXVI, '.3;
XXXVII, 1^. 37). — i° Lne ancienne ville de Lucanie
(Grande-Grèce). Elle fut fondée par des Phocéens qui
avaient abandonné la Corse après une victoire des Cartha-
Elle était située au pied du promontoire Palinure,
a 200 stades environ de Posidouie. Son nom venait d'une
fontaine du voisinage, Ryélé, ou encore du fleuve Eléès.
Elée fut le centre de l'école éléate, et la patrie de Parmé-
nide et de Zenon. Elle résista victorieusement aux Luea-
■ aux Posidoniates. Les terres qui l'entouraient étant
peu fertiles, la principale industrie de ses habitants fut la
pèche et surtout le salace du poisson. C. Ganiayre.
Ecole dElée. — Xenophane de Colophon fut le fonda-
teur, a Elée, dans la Grande-Grèce, d'une école de philo-
sophie qui tient une très »rande place dans l'histoire de
la phdosophie. Les principaux représentants de cette école
furent Pwrmenide d'Elée, Zenon d'Elée et Mélissus de
Samo- ms). L'idée commune à tous ces philo-
sophes, celle qui forme le lien de l'école, est l'idée de
l'unité de l'Etre. Ils introduisirent dans le monde cette
ni ne devait plus disparaître, que l'Etre, considéré
en lui-même, est un, éternel, indestructible, immuable.
En d'autres termes, ce principe, aujourd'hui admis par la
science moderne, que dans le monde rien ne se perd, que
rien ne se crée, que rien ne naît de rien et que rien ne
retourne à rien, a été pour la première fois affirmé par
les Eléates. Ce principe fut d'abord présenté sous une forme
thé'dogique (unité de Dieu) par Xenophane de Colophon,
qui l'opposa au pol\ théisme grec II fut établi métaphysi-
quement par Parmenide, et par la ce philosophe fut amené
à distinguer le monde physique, connu par les sens, do-
maine de l'apparence, du monde réel ou intelligible, connu
par la raison, objet de la science. Enfin Zenon et Melis-
C1U\T>F. IHCYCLBPÉDII. — XV.
sus entreprirent de défendre dialcctiquemeiil le principe
pose par le maître et de répondre aux objections qu'il avait
suscitées de toutes parts ; il s'agissait notamment de prouver
que le momie sensible, étant multiple et changeant, ne
saurait avoir d'existence réelle. C'est pour soutenir cette
polémique que Zenon d'Elée inventa ces arguments célèbres,
improprement nommés sophismes, tels que V Achille et la
FUCM ijiti vole, qui ont donné lieu à tant de discussions
et encore de nos jours (V. Achille).
On s'est assez souvent mépris sur le caractère propre de
l'école d'Elée. Elle n'est pas aussi idéaliste (pi 'on l'a sou-
vent dit. Cet être, dont elle proclame l'unité, est étendu :
c'est le monde ou la substance universelle. Aristote, et il
semble que ce soit à lion droit, considère les Eléates comme
des physiciens. Malgré l'opposition qu'ils font entre les
sens et la raison, on ne doit pas les considérer comme.de
purs dialecticiens ; la dialectique chez eux n'est pas le
principe, mais le résultat de leurs opinions métaphysiques.
— L'école d'Elée a exercé une grande influence ; d'après
Ed. Zeller, « elle est le moment décisif de l'histoire de
l'ancienne spéculation ». Toutes les grandes écoles méca-
nistes, celles d'EmpédocIe, d'Anaxagore, de Démocrite,
prirent pour point de départ le principe posé par les Eléates.
Ce n'est pas par un changement qualitatif de l'être, mais
par des combinaisons variables d'éléments immuables que
tous ces systèmes expliquèrent le inonde. Plus que per-
sonne peut-être, Platon s'attacha aux principes éléatiques;
c'est d'eux que procède directement la théorie des Idées.
Lutin, l'école de Mégare, et par elle une partie au moins
de l'école sceptique, se rattache à l'enseignement des phi-
losophes d'Elée. V. Brochard.
ÉLÉEN (Dialecte). Les petits peuples qui habitaient la
région comprise entre l'Arcadie à l'E., l'Achaïe au N., la
Messénie au S. et la mer Ionienne à l'O., parlaient un dia-
lecte qui n'est pas sans analogie avec le dorien, le locrien
et certains dialectes du N. de la Grèce, mais qui s'en
distingue sous certains rapports et est avec raison considéré
comme un dialecte spécial. Il était usité dans Je pays qu'on
appelle du nom général d'Elide, et qui comprend en réalité
trois régions : l'Elide propre (fj xoÛi\ tHXiç), la Pisatide
avec le territoire sacré d'Olympie, et la Triphyhe ; dans cette
dernière contrée, la langue semble avoir présenté quelques
différences avec l'élécn proprement dit. Chronologiquement,
les monuments écrits en èléen remontent jusqu'au vi° siècle
av. J.-C, et se suivent d'une façon assez continue jusqu'à
la fin du IIe siècle ; ce dialecte disparait alors des actes pu-
blics et ne laisse plus de traces que dans quelques formules
et dans des inscriptions du temps des empereurs, où l'on
cherchait à reproduire les formes de l'ancienne langue.
Pendant longtemps, l'éléen ne fut connu que par l'inscrip-
tion n" H du Corpus inscriptionum grœcarum ; mais
les fouilles exécutées à Olympie par le gouvernement alle-
mand ont mis au jour d'autres textes épigraphiques qui ont
été réunis par Blass dans la Saimnlung de Collitz ; ils
sont au nombre d'environ une trentaine. En dehors de ces
monuments, nous n'avons sur l'éléen d'autres renseigne-
ments que quelques notes des grammairiens et des géo-
graphes (Strabon, Pausanias) relatives à la prononciation;
des gloses d'Hesychius en petit nombre, et une chanson des
femmes éléennes rapportée par Plutarque (Quir.sl. grœr.,
36), où, d'ailleurs, il n'y a pas de formes dialectales. Les
traits principaux de ce dialecte, qui semble avoir subi à
différentes époques l'influence des dialectes voisins, sont
un emploi de l'a encore plus étendu qu'en dorien, l'usage
du p pour a à la fin des mots, et, dans certaines inscriptions,
du Ç pour 8 ; il parait avoir ignoré l'esprit rude et conservé
assez longtemps le digamma, qu'on rencontre parfois expri-
mé par fs. Dans une colonie des Eléens, à Erétrie, le n
entre deux voyelles était également changé en p (V. Hiio-
tacisme). Mondry Beauuouin.
Hiol. : R. Meister, Oie griechischen D'îalehte; Gœttin-
gue, l*s!(. t. II.
ÉLÉGIE. 1° En Crée» cl à Rome. Le nom de la poésie
54
ÉLÊGII
— 802 -
élégiaque vient du mètre que les anciens lui ont généralement
consacré, tkiyot. C'est le vers d'ordinaire appelé pen-
tamètte et qui forme avec L'hexamètre dactylique le du-
tique élégiaque (\. I'imamiiiu., Distique). Quant au nom
lui— nn'-iiie, létymologie n'en a pas été scieotifiquement éta-
blie; on le fait n .im le plus souvent de l Xeyeu (dire bêlas!)
Cependant il semble préférable <lc lui donner une étymo-
logie plus éloignée et de II- rattacher à un mot arménien
signifiant roseau, vu que l'élégie était primitivement accom-
pagnée de l.i Qùte, et que celte forme de vers émane cer-
tainement du nome aulédique. C'est avec le musicien Cloas
que le nome de l'élégie apparaît dans l'histoire littéraire;
d'ailleurs du temps d'Horace on en ignorait déjà l'auteur
(Art poét., 71). Les vers èlégiaques, avant de célébrer la
. joje ei L'amour, ont-ils été dans l'origine consacrés à la
jmort, comme l'indiquerait l'étymologie généralement admise
et comme Horace Le donne a entendre (Art poét., ''■>) : Nous
l'ignorons. Ce qui est certain, c'est que, dans les premiers
que nous connaissions, on voit traites des sujets divers dont
' le caractère commun est d'exprimer les idées et les senti-
ments personnels de L'auteur, par opposition à l'hexamètre
"homérique consacré aux récits héroïques. Les plus anciennes
élégies sont guerrières, patriotiques, morales, sentencieuses,
et, si elles sont, comme on l'a dit souvent, l'intermédiaire
entre la poésie épique et la poésie lyrique, elles paraissent
aussi tenir le milieu, à certains égards, entre la poésie
épique et la prose oratoire.
L'auteur des plus anciennes élégies qui nous soit connu
est Callinos d'Ephèse, qui vivait dans les dernières années
du vin'' siècle av. J.-C. Nous avons de lui un fragment, en
langue ionienne (le dialecte de l'élégie comme de l'épopée),
qui n'est autre chose qu'une exhortation pleine d'ardeur
guerrière et d'élévation morale. Le poète Archiloqne usa du
même mètre dans des écrits du inème genre, et nous retrou-
vons encore la même inspiration chez, le fameux Tyflée,
qui conduisit à la victoire vers 670 les Lacédémoniens, ses
concitoyens d'adoption. Nous avons de lui trois élégies ou
plutôt trois chants guerriers, qui respirent la soif des com-
bats, le mépris de la mort, la passion de la gloire et l'amour
_ de la patrie. Vers la lin du même siècle, le sage Solon com-
posa des poèmes qui sont de véritables actes politiques;
telle est l'élégie sur Salamine, par laquelle il osa, malgré
une loi redoutable, réveiller le sentiment de l'honneur chez
les Athéniens et les exhorter à reprendre cette ile. Dans
d'autres fragments il leur reproche la lâcheté qui les asser-
vit, et leur prêche le respect d'un dieu bienfaisant qui pour-
suit les coupables mortels. Le caractère impersonnel et sen-
tencieux de l'élégie s'accentue davantage encore dans les
écrits des poètes gnomiques, dont le plus célèbre est Théo-
gnis de Mégare (environ §40-500 av. J.-C,.).
Cependant il est un autre poète, célèbre dans l'antiquité
et que les Romains considéraient comme le créateur île la
véritable élégie sentimentale: c'est l'Ionien Mimnerme, de
Colophon, le contemporain de Solon. Sans que l'élégie perde
son caractère gnomique, elle prend avec lui un accent de
douce mélancolie : les réflexions qu'elle exprime concernent
surtout les plaisirs de la vie, trop vite écoulée, et la vieil-
lesse qui apporte les douleurs du corps et les soucis de l'âme.
Au contraire, avec le philosophe Xénophane de Colophon,
le fondateur de l'école éléate, l'élégie nous donne une pein-
ture de la joie qui règne dans les festins, sans cesser tou-
tefois de nous prêcher la modération et la sagesse. Tous
ces traits se trouveront réunis, avec d'autres éléments,
dans L'élégie moderne, qui doit sa naissance aux poètes de
l'école d'Alexandrie. En attendant, réduit à un domaine
ftlus restreint, par suite du progrès de la prose et du déve-
oppement de la poésie lyrique proprement dite, le vers
élégiaque tut consacré, dans le v siècle, presque exclu-
sivement aux épigrammes : genre où s'illustra surtout le
poète Simonide.
Ce sont, avons-nous dit, les Alexandrins qui cultivèrent
surtout l'élégie ei lui donnèrent ses caractères définitifs.
L'élégie en effet convenait on ne peut mieux a ce groupe
d'écrivains : nulle composition ne leof convenait plus que
cas tableaux de genre dans unca ' qui prêtât en
même temps a toutes les délicatesses du style et a l'éta-
d'une érudition subtile. \ l'art pour l'art, ils ne
sortent pas de, sentiments vulgaires ni des fictions an-
tiques; mais ils cherchent a se [es rendre propres par h-
fini de l'expression et par la rareté du détail. Les èlégiaques
île cette école eurent un précurseur dans Antimaque, Le
contemporain de Platon, qui fut comme un Alexandrin avant
l'heure (V. Ajitijuoi k et Alexakdbwe [Poésie]). Para
nombreux successeurs, de l'école alexandrine, l'hilétas,
llermésiaiiax, Phanoclès, Alexandre d'Etolie, CaOimaque,
Euphorion. Philétas et Callimaque sont les plus illusu
ce sont ceux qu'imitent surtout, avec Euphorion, les élê-
tues latins; c'est sur leurs traces (pie prétend marcher
André Chénier, traduisant Properce :
Mânes d'- Callimaque, ombre de Philé
^_ lians voa Baintes forets daignez guider mes pas!
QuintUien donne le premier rang à Callimaque, le second
à Philétas, d'après l'opinion générale. Nous sommes mal—
'heureusement loues de nous en rapportera ces jugements
des anciens. Le temps ne nous a presque rien conservé de
Philétas et guère davantage de Callimaque. Ce qui nous
donne, mieux que de courts fragments, une idée de safaçon
d'écrire et de composer, c'est sa Chevelure d>- Bt'rSnice,
traduite littéralement par Catulle. Ce poète est en effet le
chef des Alexandrins de Home. Avec ses amis HelviusCinna
et Licinius Calvus, il produisit ces petit. -s épopées mytho-
logiques qui pourraient aussi bien compter parmi les élégies
si elles étaient écrites en distiques; nous n'avons ni Ylo de
Calvus, ni la Zini/rnaAc Cinna, niais nous pouvons juger
du genre par VEpiikalame île Thétii et Pelée, et lAitis
de Catulle, sans compter la Ciris, composée par un imita-
teur de Catulle ef de Virgile. Bien que personne n'ait rendu
a\ec plus d'énergie et une note plus personnelle les divers
sentiments de l'amour, comme il n'a fait que de courtes
pièces dans le genre erotique, et comme il y a employé aussi
des mètres différents, c'est Cornélius Calhis que les latins
regardent comme le créateur de l'élégie à Rome. Ils avaient
eu au reste quelques précurseurs.
. Tout d'abord, c'est Ennius lui-même qui fit connaître
le distique élégiaque, comme il introduisit l'hexamètre dac-
tylique. Il avait consacré a la mémoire de Seipion l'Africain
un éloge en distiques, et composé sa propre èpitaphe sous
forme d'une élégie; un affranchi dédie à sa fidèle épouse
Aurélia quatre distiques dont le dernier pentamètre manque.
Lucilius, dans son vingt-deuxième livre, consacre a un
de ses esclaves une èpitaphe en un distique, et dans le
même livre, il parle, suivant l'exemple de Mimnerne, en dis-
tiques èlégiaques, des joies de l'amour et de la compagnie.
C'est particulièrement dans la courte êpigramme erotique
ou sévère, satirique ou êlogieuse, dans lYpitaphe et l'ins-
cription des œuvres d'art que les poètes amateurs du
vlie siècle cultivèrent le mètre élégiaque. C'est ainsi que
Vairon, dans l'espèce d'album ou il réunit sept cents ION
d'hommes illustres, mit au luis de ces portraits des inscrip-
tions en vers originaux ou traduits, parmi lesquels un
grand nombre de distiques èlégiaques. Mais ce sont les
poètes de l'école de Catulle qui cultivèrent surtout cette
forme non seulement dans l'épigramme, mais encore dans
l'exposition plus ou moins longue des sentiments de leur
âme, et dans le récit d'histoires erotiques, c-a-d. dans
l'élégie proprement dite, définitivement constituée par C.al-
liis. et portée a son plus haut degré parTihulle, Properce,
Ovide. Cultivée avec passion, mm seulement par ces grands
écrivains, mais par une pléiade de versificateurs, elle devint
Un des titres de gloire les plus sérieux de la muse romaine.
Combinant le sentiment, l'esprit et l'érudition mytholo-
gique, usant d'une forme métrique élégante et propre à
exprimer les impressions d'une âme triste on gaie aussi
bien qu'a fane valoir des traits subtiles et raffinés, elle
parvint à la perfection; elle s'éleva au-dessus de tout ce
que la Grèce avait produit de meilleur dans ce genre, et
_ SOS —
ELEGIE
fournit des modèles bien îles fois imites pif 1* lit»*
ratures modernes. Elle prit chez, chacun de ces grands
poètes une physionomie propre, que nous tâcherons m
f;iirer essortir dans les articles i|tii leur >emnt consacres
i\. Ottat, Ptortmc*, Tibcllr). Itris ses c;uh es res-
treints et la nature même des siij. ts traités devaient invi-
ter une foule .le mediociites à s'j essayer. Autour îles
citent les poèl > amateurs; beaucoup de noms,
et quelques sifM de rang inférieur nous sont pirve-
nnpter quelques écrits apocryphes Au tv" ou
-■■Je. l'anni les coût, uq.oiains de Tibulle, l'io-
t HM.Ie, nous nommerons \ algius Rufus, consul
en 12 av. J.-C. ; Codais, l'ami de Virgile; Domilius
9, puis, vers la tin du rè^ne de Néron, Proculus
.•i Alflus I lavius. L'élégie erotique fut cultivée plus tard
par Arruntius Stella, ami de Stace, et par Sulpicia à qui
.m a aussi attribué les soixante-dix hexamètres sur l'expul-
sion des philosophes par Domitien. Dans le iv siècle, Ausone
• également quelques idylles en distiques; et dans les
derniers temps meure de la littérature latine, nous voyons
cultivée non sans suces par Maximianus. Dans cette
. période, nous ne sommes pas surpris d'ailleurs
de voir le mètre elégiaque donner lieu à toutes sortes de
jeux d'esprit puérils, auxquels il se prête plus encore
que 1 alexandrin. C'est alors qu'on rencontre ces elegt
echoki ou récurrentes, vers qu'on peut lire à rebours.
adence ne saurait aller plus loin (Y. Analvu.ioies
A. Waltz.
1" tenus modernes. Le mol Elégie n'apparaît qu'assez
tard en France. I.ittie. s'appuyant sur une pli.
Joachim du Bellay dans sa Défense et illustration du
langage français, en attribue la paternité a Lazare de
açois de liait', et qui traduisit lui-mêma
eu vers français VElectre de So|ihocle et Vllceube d'Eu-
ripide. Cependant (communiqué par A. Delbuulle), le mot
apparait dés 1500 dans la Chronique de Luuis A//, de
Jean d'Auton :
Par elagyas, titres et epitaphes,
et nous le rencontrons encore, seize ans plus tard, dans
ription du Temple de Venus, de Jean Le Maire
de Lt. ■!.
Tout ce qui eRt en livres ou en codes,
in.-t avant, hymnes et tlcj
Chansons, motets, de cent tailles et modes...
tendaient par élégie et Jean d'Anton et Jean Le
Maire et tazare de Daif .' Leurs textes ne nous l'apprennent
|.oint. Mais, s'il faut prendre le mot au sens restreint et
communément adopté dans les temps modernes de poème
inspiré par des inquiétudes et des peines d'amour, c'est
.•lence qu'encore que ce mot apparaisse seulement
au xvi siècle nous devons ranger dans le genre elégiaque,
et dès les débuts de notre littérature, la majeure partie
ihhs ou complaintes. aubailes, saints, esiampi-
et autres subdivisions de la poésie lyrique
,ile du xit" au xiv siècle. Celte poésie des trou-
badours, si justement appelée par eux-mêmes courtoise
(cortigianu). s'arrêta brusquement -urla fin du \m siècle,
les terreurs de la croisade des Albigeois. Mais il
>emble bien qu'elle avait déjà pénétré au siècle précèdent
s châteaux .le Bourgogne, de Champagne, de Flandre
même, d'mi par Quesne de Béthune, Gasse Brûlé, Thi-
baut de Navarre, etc.. elle n.- tarda point à se répandre
dans tout le domaine de la langue d'oïl. Les femmes ne
nt pas que de participer à ce mouvement poé-
tique : rappelons seulement leS noms dé la Dame don l'a.l,
de la Relie ftoete de Troyes, de la duchesse de Lorraine
et de Maroie de Drignau. d..nt les |ilainles amoureuses
nous touchent encore a distance. C'est l'époqûë des* raver-
\(S iftns d1 les rotruenges, dès lais, à
laquelle Guillaume de Machault fait succéder bientôt celle des
ballades, des triolets, de^ \ir.-lais. etc. Mais l'amour reste
presque partout le fond de ces petits poèmes, et l'amour
dolent, l'amour * elégiaque », comme on dira plus tard.
t'est ainsi qu'on peut donner pour élégies bon nombre. les
poèmes a forme ti\e de l'ioissart, de Charles d'Orléans et
de Villon lui-même. N'oublions point, en ell'et, que l'élé-
, gie n'est point, métriqiienient, un genre à part dans les
temps modernes et qu'elle se plie à toutes formes. Au
lur et à mesure que nous avancerons dans cette étude,
nous la verrons se servir des rythmes les plus opposés,
passer de l'alexandrin à rimes plates aux combinaisons
multiples de la strophe. Ce qui la distingue seulement des
autres sortes de poèmes, c'est la nature de son inspiration,
bornée le plus souvent a l'amour, et neuf fois sur dix à
l'amoUr malheureux. De là, au reste, l'acception qu'a
prise le mot elégiaque dans le langage courant. Et c'est
encore ce que Confirment les vers bien connus de Boileau :
La plaintive élégie en longs hal.its de deuil
Sait les cheveux êpara L'émir sur un cercueil.
F.lle plaint des amants la joie et la tristesse,
Flatte, menace, irrite, apaise une maîtresse ;
Mais pour Lien expliquer ses câpriers Iieureux,
C'est peu d'être poète, il faut être amoureux.
André Chénier à son tour ne fera qu'exprimer la même
idée quand il dira :
Mais la tendre élégie et sa grâce touchante
M'ont séduit, l'élégie a la voix gémissante,
Au ris mêlé de pleurs, aux longs cheveux épars,
Belle, levant au ciel ses humides regards.
Cependant, il semble qu'avec Jean Doublet, Ronsard et
Amadys Jamin l'élégie revienne ça et là, dans leurs œuvres,
à son sens antique de poème inspiré par des douleurs per-
sonnelles ou générales autres que l'amour : telle la fameuse
élégie intitulée Imprécation aux bûcherons de la forêt
de Gastiné. Mais dans ses sonnets dits élégiaques, et où il
subit visiblement l'influence de Pétrarque, c'est à sa seule
mélancolie amoureuse que Ronsard se laisse aller. Cette
mélancolie, un peu factice, semble-t-il, chez le maître de
chœur de la Pléiade, nous touche davantage dans les trois
élégies que nous avons de Louise Labé : c'est l'amour
comme l'entendaient déjà la Dame doit Eaél et Maroie de
Drignan, emporté, capricieux et irrésistible. Desportes,
dont toute l'œuvre n'est presque qu'une longue élégie, n'a
ni cette sincérité ni cette flamme de passion : il raffine sur
les moindres sentiments, se plait aux cbncétti et aux jeux
bizarres de la rime, lîertaut, qu'un vers de Boileau rend
inséparable du précédent et que sa qualité d'évèque semblait
devoir préserver d'un sort analogue, a pourtant cédé lui
aussi au besoin tout platonique de célébrer les mérites et
de déplorer les cruaiiles d'une dame qu'// se fantaisiait
en idée, disent ses contemporains, et c'est pour expliquer
tout de suite la froideur de son œuvre. Avec Malherbe et
les poètes suivants, l'élégie redevient plus impersonnelle :
tout le inonde connaît les belles strophes finales de la
Consolation à Dupérrtef; on connaît moins la Consola-
tion à Mgr de Bellegarde de Racan, où se trouvent
cependant des vers de premier ordre. Rappelons enfin
pour mémoire, avant de passer au xvine siècle, les pièces
trop dédaignées et d'un sentiment parfois bien délicat
de Théophile, l'admirable Elégie aux nymphes de Viux
de La Eontaine. et, si l'on veut, les chœurs de VEstheréd
Racine, qui ne sont, à bien prendre, que des élégies dialo-
iiiiées. Trois poètes, tous les trois de la fin du xviii0 siècle,
-Gilbert, André Chénier et Parny, redonnèrent un nouveau
lustre à l'élégie presque abandonnée depuis La Eontaine."
Gilbert est surtout célèbre par ses Adieux à la vie, dont
le vrai titre est Ode imitée de plusieurs psaumes, et
" qui n'est qu'une plainte éloquente sur ses souffrances per-
sonnelles. André Chénier, tant dans ses pièces grecques que
dans ses élégies proprement dites, retrouve pour l'expres-
sion d'une passion sensuelle et profonde les accents de la
muse ancienne, et marie dans ses vers l'Amour et la Mort.
Parny enfin, erotique par manière et par jeu, ne laisse pas
que de rencontrer lui-même quelques accents d'une mélan-
colie touchante dont Lamartine se souviendra bientôt. Les
Méditations, (m parurent en \xi\, peuvent, en ell'et, passer
pour de véritables élégies, et, dans les autres recueils du
ÉLÉGIE - ÊLÉM1
— 804 —
ni poète, c'est encore la note dominante. Peut-être,
dans uoe histoire détaillée du mouvement poétique au
mv siècle, faudrait-il s'arrêter davantage a quelque* |
de poètes intermédiaires, tels que M Dufrénoy, Fontanes,
Chènedollé, Hillevoye surtout, pièces que Sainte-Beuve
voudrait voir « maintenues, quoique déjà un peu passées,
dans la suite des tons cl des nuances de la poésie fran-
çaise». Elles expliqueraient le caractère nouveau que revêt
L'élégie au xiv.' siècle, et comment le sentiment personnel,
réservé jusqu'alors a certains genres nettement déterminés,
les envahit tous les uns après les autres, au point d'en
détruire L'individualité propre. C'est ce qui rend si dillicile
et si compliquée l'histoire de l'élégie au xixe siècle. Est-il
un poète de ce temps qu'on ne puisse comprendre parmi les
élégiaques '! N'en est-ce point un que le Hugo des Feuilles
d'automne et des Contemplations? Elégiaques encore
le poète des Nuit!;, le poète A'Eloa et jusqu'à Béranger,
dans certaines de ses pièces amoureuses. Il y a un élégiaque
macabre dans Baudelaire, comme chez M. Leconte de Lisle
un élégiaque nihiliste. Et dans la note purement sentimen-
tale, quels plus délicats modèles d'élégie trouver que chez
Hégésippe Moreau, chez M1"" Desbordes- Valmore, M. Sully-
Prudhomme, M. François Coppée, M. Eugène Manuel et
M. Paul Verlaine ? C'est qu'encore une fois l'élégie ne
constitue point chez nous un genre à part et d'une métrique
déterminée. On pourra s'en convaincre en passant en revue
les différentes pièces que nous venons de citer. Tantôt le
poète se sert de l'alexandrin à rimes plates (Konsard, La
Fontaine, Théophile de Viau, André Chénier, Lamar-
tine, etc.), tantôt de la stance isométrique (Racine, Hugo,
Leconte de Lisle, etc.), tantôt de la stance hètérométrique
(Malherbe, Gilbert, etc.), tantôt même du décasyllabe ou de
l'octosyllabe, ou de tel autre mètre moins usité (Mme Des-
bordes-Valmore et M. Paul Verlaine). Il suit également
que les poèmes dits à forme fixe peuvent se prêter et se
prêtent effectivement à l'expression des sentiments élé-
giaques : ainsi le rondel (Charles d'Orléans), la ballade
(Villon), le sonnet (Konsard), pour ne parler que des formes
les plus usitées. Seul, Jean Doublet essaya de constituer
dans notre langue un mètre qui répondit au distique élé-
giaque des Latins et en fit, comme chez eux, une manière
lie poème à forme fixe. Son recueil d'Elégies (1559) est
construit tout entier sur îles strophes hétérométriques à
rimes croisées, dont les deux premiers vers de dix et les
deux autres de huit syllabes. « Car, quant à moy, dit-il
dans sa préface, voyant la façon vulgaire de nos vers esire
plus courte que l'exametre et le pentamètre, et la dificulté
de mesurer deux lignes françaises capables de sentence
entière et parfaite, ainsi que se trouve ordinairement en
un disthique : je confesse que mes dois n'ont sceu, pour
cete heure, tordre fil plus propre à lier et assembler
fleurs elegiaques que ces petits quatreins de vers inégaux. »
Mais l'exemple de Jean Doublet ne fut point suivi, comme
on l'a vu.
Xous n'avons que peu à dire de l'élégie chez les poètes
modernes de l'étranger. Sur ces poètes, comme sur les
précédents, au reste, on devra se reporter aux articles
spéciaux. En Italie, c'est Pétrarque, avec ses eanzones et
ses sonnets, où le platonisme île l'amour s'érige en dogme
et se codifie à l'imitation des troubadours provençaux; puis
Alamani {Opère Toscane); Bcmbo ((.7/ .\i<<lani); Gua-
rini, subtil a la fois et licencieux ; Marini, dont le style
alambiqué donna le ton à nos précieuses : Falicaja, l'auteur
du célèbre sonnet à l'Italie :
Italia, Ita.Ua, o tu cui fe la sorte... ;
de nos jours, enfin, Silvio Pellico ; Manzoni (élégie In
Morte di Carlo Imbonati) et Leopardi. — En Espagne,
nous trouvons lioscan-Almogaver, dont les sonnets et les
canciones sont imités littéralement de Pétrarque ; Garci-
lasso de la Vega, « le roi de la douce plainte », contem-
porain de Boscan et comme lui imitateur de Pétrarque et
de Sannazar; Lopo de Vega, plus personnel, dégagé du
culteranisnw à la mode, et dont les élégies témoignent
d'une sensibilité très délicate. — En Allemagne, Novalis;
Gostbe {Elégie romaine); Schiller {lu Promenade, l'om-
//■ 1) ; Jacobi [Berceuse, le Tilleul ou cimeti r. ) et demi
Heine, chez qui l'ele^ic- rend un tour agressif. — En
Angleterre, enfin, Gray (/. Cimetière de viuaae); i.rabbe;
Voung [les Smts) ; Keatt, L'André Chénier britannique;
Munis, et, de nos jours, Lyrun, Moore, Shelley, Tennyson
(/// memoriam) et Swiooorne. Charles Le Gofkic.
ÉLÉGISSEMENT Mi i-onts (V. Pont).
E LE K. Petite ville de Hongrie, comitat d'Arad ; 0,000 hab.
La principale industrie est l'élève du bétail.
ÉLÉMENT. I. Mathématiques.— Synonyme d'infini-
ment petit (V. aussi Déterminant). Un point et un plan
passant par ce point constituent aussi ce que l'on appelle
un élément de l'espace, quel que soit le nombre des dinvn-
>ions de cet espace.
II. Astronomie. — Les éléments sont des données
qui permettent de calculer la position d'un astre mobile,
planète ou comète, à un instant quelconque. Comme les
planètes se meuvent suivant les lois de Kepler, décrivant
des ellipses, les éléments elliptiques d'une planète sont
au nombre de sept : 1° la longitude du nœud ascendant,
ou l'angle formé par le rayon vecteur qui va du soleil à
la planète avec la ligne des équinoxes ; ■2° l'inclinaNon
du plan de l'orbite décrite par la planète sur l'éclip-
tique; 3° la longueur du demi-grand axe de l'ellipse
décrite ou la distance moyenne de la planète au soleil ;
4° l'excentricité ou le rapport de la distance des deux
foyers au grand axe; 5° la longitude du périhélie ou
l'angle de la ligne des nœuds avec le rayon vecteur du
périhélie; (i0 l'époque du passage de la planète au périhélie;
7° enfin la révolution sidérale de l'astre ou le moyen mou-
vement diurne de la planète. (Ces éléments peuvent se
réduire à six, puisque la troisième loi de Kepler dit que
les carrés des temps des révolutions sidérales des planètes
autour du soleil sont proportionnels aux cubes des demi-
grands axes ou des moyennes distances au soleil.) Les
comètes (V. ce mot) décrivent pour la plupart autour du
soleil des paraboles, et généralement trois observations
sullisent pour déterminer les cinq éléments paraboliques,
qui sont : la longitude du nœud ascendant ; l'inclinaison du
lplan de l'orbite sur l'écliptique; la distance périhélie; la
ongitude du périhélie ou l'angle de l'axe de la parabole
avec la ligne des nœuds; l'époque du passage au périhélie.
Il faut, de plus, indiquer le sens du mouvement, qui est
direct ou rétrograde. L. Barré.
III. Physique. — Elément de courant. C'est une por-
tion de courant que l'on suppose assez petite pour que l'on
puisse admettre que les forces auxquelles elle est soumise
sont uniformes d'intensité et de direction dans toute sa
longueur. C'est une quantité que l'on a souvent à consi-
dérer en électrodynamique et en électromagnétisme.
Elément de pile (V. Pile).
Elément magnétique (V. Feuillets magnétiques).
IV. Chimie. — Elément chimique^. Chimie, t. XL p. 59).
ÉLÉMENTAIRES (Math.). On est convenu d'appeler
mathématiques élémentaires les parties les plus faciles des
mathématiques, celles que l'on exige des candidats au bac-
calauréat. H est assez difficile d'établir une ligne de démar-
cation rigoureuse entre les mathématiques élémentaires et
celles que l'on pourrait appeler supérieures et que l'on
divise en spéciales et transcendantes.
Périodes élémentaires. — Lorsqu'une fonction d'une
variable possède deux périodes, elle a par cela même une
infinité de systèmes de deux périodes ; mais on peut tou-
jours choisir, et cela d'une infinité de manières, deux périodes
dont toutes les autres soient des fonctions linéaires homo-
gènes et à coefficients entiers. De telles périodes sont ce que
l'on appelle des périodes élémentaires.
1 Ion min élémentaire. — Synonyme de lacet (V. ce mot).
ÉLÉMI (Résine). La résine demi, connue dans les
pharmacies sous le nom d'éU'mi, est produite par un arbre
— son —
ÉLÉHI - ELEONORE
des Philippines, que l'.anco a décrit en ISi.'i SOUS le nom
i'kiea tmlo, et que les Espagnols appellent drbol d brea
(arbre a poix), parce que sa item est employée pour le cal-
Mw îles bateaux.— I. Vieilli de Manille esi une substance
résineuse, molle, granuleuse, ayant la consistance du vieux
miel. Il est incolore à l'et at frais, jaunit a\ee le temps et
devient plus dur; son odeur, qui est l'iule et agréable, rap-
pelle à la lois celles du citron, du fenouil et de la tereben-
tliine. Il fournit a la distillation 10 " „ d'une essence tantôt
le\o_\re iliewllei. tantôt dextrogyre (llanibury) ; c'est un
térébentbèoe, C*°H16, incolore et doue d'une odeur assez
agréable. Kn 1890, Maujean démontra que l'élenii conte-
nait deux résines, l'une soluble a froid dans l'alcool, l'autre
seulement niable a chaud: cette dernière, qui cristallise,
«été désignée par Baop sous le nom d'amt/rinc; elle fond
a 171-170° (IL). En aliandonnant une solution alcoolique
de résine amorphe à lYvaporaliun. Baup a obtenu trois
matières cristallines : 1° la bréinc, i\u\ fonda 187°; "2° la
bryoïdine, corps soluble dans l'eau, fusible a 135° : 3° la
breuline. qui fond un peu au-dessus de 100° et qui exige
•Jtiii p. d'eau pour se dissoudre.
Indépendamment de lelemi de Manille, il existe dans le
commerce plusieurs matières résineuses qui portent le
même nom: 1° Velémi mexicain ou delà Vera-Crvz,
résine d'un jaune clair, cassante, produite par VAnii/ris
ttemifera; i" Yélémi du Brésil, décrit en 1i>oS par Pis.»,
et produit par plusieurs arbres appartenant au genreiirica;
il est ordinairement jaunâtre, à structure cristalline, à
odeur térebenlhineuse ; 3° Vélémi de Maurice, fourni par le
Cotophotna maurifiana, donnant par l'alcool des cristaux
Îui ressemblent a l'amyrine : 4° le Lubun Meyeti 00 Lubatl
hitti. qui est Vélémi oriental ou africain des anciens
auteurs, la Tàcamaque jaune huileuse deGuibourt; c'est
l'enktemon des Grecs, la gomme d'Ethiopie A? Dioscoride,
produite par le Boswellia Frereana de Rirdwood. Il est
digne de remarque que toutes ces substances résineuses
- nient une composition très analogue et peuvent être
employées aux mêmes usages. Elles font partie de quelques
onguents et sont préconisées dans le traitement des piaies.
D'après Theophraste, Pline et Dioscoride, Y en ha* mon était
très recherche pour fabriquer un médicament propre à
■i- les hémorragies et guérir les plaies. Ed. Boobgoin.
ELENCHUS (Malac). Genre de Mollusques Gastéro-
podes, de l'ordre des Prosobranches-Sculibranches, proposé
en IT91 par llumphrey et scientifiquement établi en 1 8 40
par Swainson pour une coquille dépourvue d'ombilic, de
forme conique allongée ;' à spire élevée, aiguè; à tours
aplatis, très lisses; ouverture ovale-pyriforme, nacrée à
l'intérieur; bord Vxterne"épaissi intérieurement, le colu-
melaire muni d'une dent à sa base. Type : Elenchus iris
Chemoitz. Sections : 1° Thalotia Gray, 1848. Coquille
turriculee ; à tours de spire granuleux parfois ornés de
stries spirales ;f'columelle tuberculeuse nu subtronquée;
bord externe} sillonné à l'intérieur. Exemple : Elenchus
conicus Gray. 2° Phasianotrochut Fisher, 1883. Coquille
conique allongée, à test brillant: bord coliiniellaire denté
en son milieu. Exemple : Elenchus badins Wood.
3° Adentotrochus Fisher. 18*0. Coquille conique, bril-
lanle. dépourvue d'ombilic, a dernier tour fortement
caréné, à columelle tronque.- à la base ; bord basai cré-
nelé. Exemple :)>,Elenchus chlorostmnus Menke. Les
Elenektu vivent dans l'océan Pacifique, autour de la
Nouvelle -XeLndejetjde l'Australie. J. Ma».
ÉLENC0URT. dm. du dep. de l'Oise, arr. de Beau-
Tais. canl. de Grand\illi. rs : 102 hab.
ÉLÉONOREou ALIÉN0R, reine de France, puis reine
d'Angleterre, née nn 1122, morte en 1204. Elle était
filleule Gaillaume X, duc d'Aquitaine, qui mourut à Com-
posUlle le vendredi saint de l'an 1137. Avant de partir,
ce prin<>- mil 1 . •• Kl Etats (Aquitaine. Poitou) a sa
fille unique et l'avait fiancée a Louis, fils du roi de. France,
plus tard Louis VII. L'Aquitaine jusqu'aux Pyrénées fut
ainsi ajoutée aux domaines des Capétiens. Êléonore et
Louis prirent part a la croisade de 1140 ; la reine, pen-
dant cette expédition, donna à son mari des sujets de mé-
contentement ; si la tradition d'après laquelle elle aurait
ete amoureuse de Saladin est une fable (Saladin avait alors
treize ans), il parait prouvé qu'elle eut des relations cou-
pables avec, son oncle, Raymond l''r d'Antioche. Toutefois
la question du divorce ne fut soulevée qu'en 1132. Un
concile tenu à Reaugency sous la présidence de Samson,
archevêque de Reims, prononça la dissolution du mariage
sous prétexte de consanguinité (21 mars 1152). La reine
répudiée ne devait pas manquer de prétendants, étant la
plus riche héritière de la chrétienté; elle se décida pour
Henri Plantagenet, comte d'Anjou et duc de Normandie,
qui devint roi d'Angleterre en 1154 (V. IIknim II). Eléo-
nore avait des droits vagues sur le comté de Toulouse ;
Henri essaya de les faire valoir, et ils furent on effet vir-
tuellement reconnus quand Raymond V fit hommage à
Henri II et à ses fils aines, à Limoges, en févr. 1173. La
reine aimait beaucoup les nombreux enfants qu'elle eut
de Henri; elle fit attribuera l'aîné, Richard, son héritage
personnel dès 1 170, et elle soutint ses fils contre leur père
lors de la grande rébellion de 1173; toutefois le roi s'as-
sura de sa personne avant qu'elle eut pu rejoindre les
rebelles et il la maintint dans une sorte de demi-captivité
à Salisbury ou à Winchester, laquelle dura seize ans. Il
fut même question d'un nouveau divorce, niais ce projet
n'eut pas de suites. A la mort de Henri II ((i juil. 1189),
Eléonore se retrouva libre. Elle déploya alors beaucoup
d'énergie pour assurer la tranquillité du rêjjne de son fils,
Richard Cœur de Lion, notamment contre les intrigues de
son fils cadet, Jean sans Terre. Pendant la captivité de
Richard en Allemagne, c'est elle qui fut l'âme de la résis-
tance nationale aux entreprises de Philippe de France.
C'est elle qui leva la rançon de Cœur de Lion ; c'est elle qui,
en 1194, la porta à Mayence ; c'est elle, enfin, qui obtint
de Richard qu'il pardonnât les trahisons de son frère Jean.
A quatre-vingts ans, elle fit encore un voyage en Castille
pour présider aux fiançailles de Blanche de Castille, sa
petite-fille, avec le futur Louis VIII. Elle se retira ensuite
au monastère de Fontevrault ; mais elle fut chassée de
cet asile pendant la guerre qui éclata en 1202 entre Jean
sans Terre et Philippe-Auguste; assiégée dans Mirebeau,
elle manqua de tomber entre les mains de Geolfroi de Lu-
signan et de son petit-fils, Arthur de Bretagne. Toutefois
Jean sans Terre la secourut à temps. Elle fut enterrée à
Fontevrault. De Louis VII elle avait eu deux filles : Marie,
qui épousa Henri de Champagne; Alice, femme de; Thibaut
de Rlois. De Henri II elle eut cinq fils et trois filles: Ma-
thilde, femme de Henri de Saxe ; Eléonore, reine de Cas-
tille ; Jeanne, reine de Sicile, puis comtesse de Toulouse.
Ch.-V. L.
ÉLÉ0N0RE d'Anjou, reine de Sicile, fille de Charles II
d'Anjou, roi de Naples. Elle épousa, en mai 1302, le roi
de Sicile Frédéric II, et mourut sous l'habit franciscain le
9 août 1343.
ÊLÉONORE d'Aragon, reine de Portugal, morte à
Tolède le 19 févr. 1445. Fille de Ferdinand IV, roi d'Ara-
gon, et d'EIéonore d'Albuquerque de Castille. Mariée, en
1428, à l'infant Edouard (V. ce nom), fils et successeur
du roi Jean l'r de Portugal, elle vécut dans une union
touchante avec son mari qui, en mourant (1438), lui confia
la régence pendant la minorité de leur fils Alphonse V.
Mais les Elats du royaume en disposèrent autrement ; la
reine n'eut que l'éducation de l'héritier du trône, et les
rênes du gouvernement furent confiées à don Pedro, duc de
Coimbre (V. ce nom), l'un des frères du roi Edouard.
Eléonore, qui avait toujours délesté don Pedro, engagea
contre lui une lutte ouverte, et fomenta plusieurs mouve-
ments insurrectionnels, à la suite desquels, et chargée des
malédictions du peuple, elle dut se réfugier en Castille,
où elle mourut bientôt dans un état voisin de la misère.
On soupçonna, non sans raison, le connétable Albaro de
Luna de l'avoir fait empoisonner. G. P-i.
i ; ÉONOKE
- NOIi -
ÉLÉOMORE n'Aïui.ov, reine de Navarre, f i ll<- •!■- J<-an II
d'Aragon, ni i* Navarre, et de Blanche. Klb' épousa. 'H
1 134, Gaston IN , conta de Foii, qui mourut en I '.72 : elle
devint reine de Navarre le 19 jsnv. 147'.i et mourut à
Tndela le 12 févr. suivant, laissant la royaume <| son petit-
liK, Prançois-Phébua, eomtfl'de l'oiv.
ELEONORE d'Abtbjcbk, reiae de Portugal, puis de
France, née k Louvaio en 1496, morte a Talavera le
18 févr. 1558. Elle était la sœur Binée de Charles-Quint, a la
COU* duquel elle fut élevée, i'l qui la maria, en 1510, a Euima-
nnel ou Manoël, le Grand et le Fortuné, roi de Portugal,
tapas la mort d'Emmanuel ( 1521), Eléonore, mère de deux
enfanta, dut épouser d'abord, selon lee plans de Charles-
Quint, le ronnetablede Bourbon ; mais ces plansrliangornil
après la victoire de Pavie. Par le traité de (laminai, l'em-
pereur stipula qu'Eléonore épouserait le roi François 1er,
veuf de Claude. Eléonore d'Autriche, que Mirhelet a appelée
« la bonne reine », fut mariée au roi de France à l'abbaye
de Capsieux, le 4 juil. 1530. Elle fut très bien reçue à la
cour, mais François l'r la délaissa malgré sa beauté, et
elle demeura presque sans crédit, quoi qu'elle essayât pour
réconcilier son époux avec son frère. Retirée dans son ora-
toire, elle se consolait par des lectures de la Bible. Elle
n'eut pas d'enfants de son second mariage. A la mort de
François Ier (1547), elle quitta la cour de France, alla
d'abord dans les Pays-Bas, puis en Espagne, à Talavera,
en 1556. Hubert Thomas a donné des détails sur sa jeunesse
dans ses Annales de vita Frederici II point.
ÉLÉONORE d'Aiithiche, duchesse de Mantoue, née en
4534, morte en 1594. Elle était fille de Ferdinand I'r et
d'Anne de Hongrie. Elle épousa, en 15b'l, Guglielmo de
Gonzague, duc de Mantoue. Elle en eut un fils, Vineeir.o,
et deux filles, Anna-Catarina et Margarita.
ÉLÉONORE de Beaufort, fille de Guillaume-Roger III,
comte de Beaufort. Elle épousa en 1370 le sire de Beaujeu,
Edouard II, devint vicomtesse de Turenne en juin 1417
et mourut à Pouilly-le-Château le 18 août I P20.
ÉLÉONORE de Castille, fille d'Alphonse VIII de Cas-
tille et d'Ëléonore d'Angleterre, mariée en 1221 à Jean Il'r
d'Aragon le Conquistador. En 1220, ce mariage fut an-
nulé pour cause de parenté à un degré prohibé, par un
concile provincial réuni à Tarragone; pourtant l'enfant né
de ce mariage, Alphonse, fut reconnu héritier légitime,
parce que l'union avait été contractée de bonne foi. Eléonore
partit d'Aragon avec ce fils, alla vivre en Castille près de
la reine sa sieur, la grande Bérengère, et après la mort
prématurée de son fils se relira au monastère de l.as
Huelgas, près de Burgos, où elle mourut en 124i.E. Cat.
ÉLÉONORE de Castille, reine d'Angleterre. Fille de
Ferdinand III de Castille et héritière, par sa mère, des
comtés de Ponthieu et de Montreuil, très belle, très sage,
elle épousa le futur Edouard Ier au monastère de l.as
Huelgasprès de Burgos, enoct. 1254. Elle accompagna son
mari à la croisade de 4270. Elle fut pieuse et vertueuse,
niais avide, compromise dans des opérations usuraires et
très dure, dit-on, pour ses tenanciers. Elle mourut à llarliv
(Nottinghamshire) en nov. 1200. Son corps fut transporte à
Westminster, et l'itinéraire que suivit la procession funèbre
fut marqué par des croix célèbres élevées à Lincoln,
Grantham , Stamford, Ceddington, Northampton, Stonv
Stratford, Woburn, Dunstable, SaluC-Âlbans, Wallham,
West Cheap, Charing (Charing Cross). La figure sculptée
sur son tombeau, qui est très belle, passe pour L'œuvre d'un
artiste anglais nommé William Torrell. Ch.-V. L.
Hiiu.. : Arohaeologia, XXIX, IB6. — Knglish liisturical
RevJSW, avr. 1888.
ÉLÉONORE de Castille, princesse espagnole, née en
1350, morte a Painpelune le 5 mars I i l(i. Fille de Henri II
de Translamare et de Juana Manuel y l'enaliel de La Carda,
elle épousa, en 1375, l'infant de Navarre, Charles, roi
an 15X2 sous le nom de Charles III, et en eut quatre en-
fants. En 1383, au moment ou son époux était sur Le point
da se l'aire couronner roi, et sans motifs sérieux, à ce qu'il
aérobie, <-|i„ emmena se-, enfants en Castille et réfuta dç
retourner en Navarre pourj être couronnée avec Chai
Elle chercha menu; à brouiller avec ce dernier son
Henri III, roi de Camille: en 1305. voyant ses pension*
en ce pays réduilas par suite de la pénurie du trésor, elle
s'unit a quelque-, mécontents et soutint un siège au château
de Boa contre les troupes royales. Abandonnée par les,
habitant-, elle duf se rendre, et, accompagnée par Henri HI,
•lie rentra en Navarre, ou son mari la reçut honorablement,
1.11»- venu encore une vingtaine d'années, tranquille et eu
bonne harmonie avec son époux. !.. (,at.
ELÉONORE dk PaoVEHce, reine d'Angleterre, femme
de Henri III. Elle était tille de Raymond-Bérenger IV, comte
de Provence, et passe pour s'être plu des son enfance
a la littérature des troubadour-,. Son mariage fut célébré
le 14 janv. 123b à Canterbury. Elle fut impopulaire toute
sa vie en Angleterre : et l'on attribua ce fait a ce qu'elle
t'entoura tout d'abord de gens de sou pays. Sun oncle
Guillaume, évèque élu de Valence, exerça une grande in-
lluence et acquit d'immenses richesses. Un autre oncle de
la reine, Boniface de Savoie, fut désigué pour succéder sur
le siège archiépiscopal de Canterbury au saint national,
Edmond l'aeli (V. ce nom). Elle était très hautaine et
très avide. Quand Henri III passa en Gascogne (G août
1*253), il lui confia toutefois la régence conjointement avec,
Richard de Cornouailles. Mais elle ne songeait qu'aux
siens : elle faisait envoyer sous main de l'argenl anglais a
son beau-frère par alliance, Charles d'Anjou, et a Thomas de
Savoie, qui bataillaient respectivement dans le N. et dans
le S. de l'Italie. Il semble qu'elle ait approuvé d'aboi d
les Provisions d'Oxford, mais qu'en comprenant mieux l'at-
teinte que ces provisions portaient a l'arbitraire royal, elle
ait poussé ensuite son mari et son fils à les dénoncer. Mal-
traitée en 1263 par les habitants de Londres en allant de
la Tour à Westminster, elle fut bjen mal vengée à la ba-
taille de Lewes ; mais elle s'enfuit sur le continent et
réunit à Sluys une armée pour envahir l'Angleterre pen-
dant la captivité do Henri III. Quand les affaires de celui-ci
furent rétablies, elle revint dans l'île (-29 oct. 1263), ac-
compagnée d'un légat pontifical. Les bourgeois de Londres
furent frappés d'une amende de 40,000 marcs a son profit.
Le 3 juil. 127f>, elle prit le voile au monastère d'Ames-
bury, ou elle mourut le 25 juin 1291, laissant des dettes
considérables. C'était une femme énergique, quoique d'une
faible santé, et passiounée pour les intérêts de sa famille
provençale. Elle domina entièrement l'esprit de son mari
et de son fils Edouard Ier, qui professa toujours pour elle
une vive affection. En chroniqueur dit que c'est sur sa
prière qu'Edouard Ier expulsa les juifs d'Angleterre. Elle
eut de Henri 111 deux fils et trois tilles : Edouard Ie ; Ed-
mond de Lancastre; Marguerite, reine d'Ecosse : i. -
trix, duchesse de Bretagne ; Catlierute. On conserve au
Public Record Office de Londres nu grand nombre de lettres
(plusieurs sont encore inédites), en fiançais, de cette reine
à ses amis du continent et à son fils Edmond. Ch.-Y. !..
ÉLÉONORE de \ tiiviAMiois, comtesse de Valois, née
vers 1152, morte après 1219. Elle était tille de Raoul IV,
comte de Verniandois, et de Pétronille do Guvenne. Vers
•1 11)0, elle fut promise au fils du comte de llainaut, Gode-
froi de Namur, qui mourut peu après. Elle épousa alors
successivement : avant 1 107, Guillaume V, comte de Ne-
vers, qui mourut en 1168; en 1171, Mathieu, comte de
Boulogne, qui mourut en 1173; et Mathieu 111, comte de
lieaumont-sur-Oise. Sa sœur aînée, Elisabeth, qui avait
apporté en dot le Verniandois et le Valois a sou mari,
Philippe d'Alsace, comte de Flandre, étant mort* en 1 183,
Eléonore revendiqua sa succession; elle fut soutenue par
Philippe-Auguste, qui comptait sur la stérilité d'Eléonope
pour acquérir un jour les deux comtés par déshérence. Le
comte de Flandre vaincu dut reconnaître les prétentions de
sa belle-sœur, l'ai' le traite d'Amiens de 1184, suivi en
1101 d'un accord définitif, Eléonore céda l'Aœiénojs au roi
et garda le Valois et la plus grande partie du Verniandois
- 807
ÉLÉONORE - ÉLÉPHANT
pour sa »ie durant. Après la morl du comte de Beaumont-
sur-Oise es I -2 0 S , Ëlèonore épousa en quatrièmes Boces
Etienne de Saneerre, troisième Ris d'Etienne 1"'. comte de
Sancerre. Bile mourut après I Si 9 sans postérité. Vvecelle
^'-•t.M^iMt la maison de vermandois. — Cette pieuse com-
tse fonda l'abbaye du Parc-aux-Dames,à Crépy. Il parait
qu'elle aimait les lettres: le Roman de Sainte-Geneviève
lut compose à >.i demande. Ch. Petit-Di rvii.its.
Bibj . : D \ mies de
pp .-, i\. dana les Mémoires de la
Picardie, doc, inéd., ls.v>, t. IV.
ELEONORE {Uanor) Tm.ua, reine de Portugal, morte
au couvent de Tordesillas (Castille) en 1 105. Kilo appar-
ut .1 l'illustre famille de Menés», et était fllle de Martim-
Ulboso Tellez. Mariée avec Joao-Leurenço da Cunha, sei-
ir de Pombeiro, elle inspira une violente passion au
jeuu.' roi Ferdinand (fila île Pierre le Justicier) qui fil casser
son mariage e| l'épousa publiquement, au souvent de Leça
les révoltes el les imprécations du peuple.
H'i. intelligence, mais d'une rare perfidie, elle
eaen he alors d'un coté a gagner l'estime publique par des
nulées, el de l'autre a assouv ir sa vengeance contre
In apposants a son mariage, el aussi à se débarrasser des
turels du roi, qui peuvent éventuellement lui
foire perdre le trône. Bile s arrange de façon à ce que l'un
\ épouse secrètement sa soeur, qui lui porte ombrage,
la belle et vertueuse Maria Telles, veuve de Alvaro Dias
da Souxa, puis elle excite sa jalousie par des accusations
mnieusesel enflamme son ambition an lui faisant entre-
la possibilité d'un mariage avec sa propre fllle, l'in-
fante Itéatrix (tîntes), héritière présomptive de la cou-
rnnne. L'infant Joâo assassine lâchement son épouse et
est obligé de s'enfuir en Castille. Sun frère Diniz, un
ad (ils d'Inei de Castra, est exilé pour lui avoir
manque de respect. Ëlèonore, qui gouverne le roi i sa
- 1, le brouille avec la Castille, ce qui amène la guerre,
et la détermine a conclure une alliance avec le due de
Ijn qui entraîne l'intervention des Anglais. A
asioD de cette alliance, dont l'intermédiaire est Juan-
andez de Andciro, émigré castillane! fort beau garçon,
la n-ine contracte avec eelm-ci une liaison coupable et lui
prodigue ouvertement des faveurs exagérées. Elle devient
veuve le 11 oct. 1383, el s'abstient d'assister même
au\ funérailles de son mari. L'indignation du peuple
lit. Etéonore prend la régence an nom de sa fllle, ma-
.i J'-an r r, roi de Castille, qu'elle veut faire recon-
naître ponr souverain du Portugal, tout en se crampon-
nant efle— même au pouvoir. L'effervescence populaire est
à son comble. A la tète du mouvement se met l'infant
D. JoaO, un troisième frère naturel du défunt roi. Il tue,
presque sons les yeux d*Eléonore, son amant Andeiro, et,
bientoM après, si- fait nommer, par le peuple, défenseur et
ol du royaume (V. Jean Ier, roi du Portugal). La reine,
appuyé.' par la noblesse, suscite une nouvelle invasion des
troupes castillanes, et, maigre elie, se démet de la régence
en faveur de son gendre. Mais «'lie ne tarde pas à regretter
le trône, et elle l'ait proposer a Pierre de Transtamâre de
msef, à la condition de tuer le roi île Camille. Le
complot est découvert, et le roi Jean, las des perfidies con-
tinuelles de sa belle-mère, la fait enfermer au couvent de
Tord Valladolid, où elle meurt obscuré-
ment. G. Pawlowski.
ELÉOTRAGUE (V. kmwan).
ÉLÉPHANT [Elephas).!. Zoologie, — (lente de Main-
tint' sente, dans la nature actuelle,
un typa tout a lait liuaiit à lui seul l'ordre
rdre des Proboscidiens et la famille des I. -
pkantidœ qui comprend, outre la genre Elephas. les
S- ints Mastudon et Ditiotherxum. Les Eléphants
Ongulés <-t même de tous les Mam-
mifêi i organisation très spécialisée et leur grande
. (.e sont les plus gros de tous les animaux ter-
•ctneUeacut vivants : certains Cétacés tc's que
les Baleines et les Cachalots, qui sont des animaux marins,
atteignent seuls des dimensions supérieures. Les caractère^
de la famille sont bien connus : ne/. 1res allongé, en forme
de trompe flexible, terminé par un lobe ou appendice digi-
tiforme préhensile: cou très court ; membres en forme do
piliers, suli-plaiiii.j.eles. à cinq doigts enveloppés d'une
semelle épaissr ;ui ne fisse voir an dehors que les sabots
Molaires d'Eléphant d'Asie variété de Su ma irai, vues par
la couronne.
très petits, au nombre de cinq en avant, de quatre ou
même de trois seulement en arrière. Corps court et massif.
La dentition est très différente de celle des autres Ongulés :
dans les deux espèces d'Eléphants actuellement vivantes,
elle se compose d'une paire d'incisives supérieures à crois-
sance routines développées en forme de défenses, et ordi-
' Molaires a Kléptiant d'Afrique, vues par la couronne.
nairement d'une seule paire de molaires dans chaque mâ-
choire, l'inférieure étant dépourvue de défen>-as, de sorte
qu'il ne parait y avoir que six dents (deux incisives et
quatre molaires). Mais le mode de remplacement de ces
dents et l'étude de la dentition des genres fossiles prouve
que le système dentaire des Eléphants est plus compliqué
qu'il ne le semble au premier abord.
Si l'on prend pour point de départ la dentition du Dino-
therium ou des plus anciens Mastodontes qui s'éloignent
moins sous ce rapport des autres Ongulés, on admettra avec
flouer et l.ydi kker que la dentition complète du genre
Elephas doit être représentée par la formule suivante :
I 0 3 3
1 ô'c ïï'pm3'm3:
26 dents,
dont 24 molaires, et ces v2i molaires viennent, en effet,
prendra place dans les mâchoires de l'animal, mais suc-
cessivement et non pas en même temps, comme dans la
seconde dentition définitive des autres Mammifères. Ces
molaires, qui sont des dents composées, très grandes,
très massives et très lourdes, même pour un animal de
celte taille dont la mâchoire est relativement très courte,
ne se développent que successivement et d'avant en arrière,
la dent postérieure perçant la gencive pour venir rempla-
cer la dent qui précède seulement lorsque celle-ci est usée
par la mastication. Ce remplacement s'opère comme par un
mouvement de rotation d'arrière en avant qui se produi-
rait très lentement a mesure que chaque dent s'use, de
sorte qui' si, comme nous l'avons dit, il n'y a jamais plus
d'une dent bien développée en fonction dans chaque mâ-
choire, on peut trouver cependant aux époques de transi-
tion, deux ou même trois molaires, en comptant la dent
antérieure usée et prèle à .tomber qui précède la dent valide,
el la jeune dent qui pousse derrière elle prèle a la rem-
placer. Ce mouvement de rotation est même visible sur la
denl en fonction dont la couronne s'use d'abord par son
bord antérieur, tandis que le h ud postérieur reste long-
temps intact et ne >'use qu'au moment ou la dent va tom-
ber, de .sorte que cette dent s'use et diminue à la fois en
longueur >\ en hauteur.
Considérée isolément, bors de son alvéole, une molaire
d'EJcphanl i ffeetc 1 1 I irme d'une sorte de pavé très élevé
ÊLKI1IANT
— 80« —
et très comprimé latéralement, dont un quart au plus en
hauteur, formant couronne, dépasse la gencive. Comme
celles de la plupart des Herbivores el des Rongeurs, ces
molaires sont s pulpe persistante et dépourvues de véritables
racines. La surface triturante de la couronne forme une
ellipse allongée dans lu sens de la mâchoire : cette surface
est plane, un peu convexe ans dents d'en haut, concave
aux dénis d'en bas ; toutes sont un peu concaves sur leur
bord interne, convexes suc leur bord externe , présen-
tant de légers sillons verticaux indiquant le nombre des
denticules ou plutôt des rangées de (lenticules dont la dent
«st composée. L'émail, dont l'ivoire ou dentine de chacune
de ces denticules est recouvert, se montre a nu sur la sur-
lace triturante, où il forme des ellipses ou des losanges
irréguliers allongés transversalement et que l'on appelle
lamas. Sur une coupe longitudinale de la dent, on voit
que la couche d'émail s'enfonce très profondément, ce qui
indique des denticules très élevées; mais l'intervalle entre
ces denticules est complètement comblé par le cément qui
est très dur et recouvre également la surface externe de la
dent. Le dessin de cette couronne rappelle celui des molaires
de certains Rongeurs, notamment du Cabitii (V. ce mot).
Le nombre des lames ou ellipses transversales augmente
des premières aux dernières molaires : les premières (dents
de lait) n'ont que quatre lames, les dernières (qui ne se
montrent que chez l'animal très âgé) en ont jusqu'à vingt-
deux ou vingt-trois ; mais il y en a rarement plus de dix
ou douze en usage à la fois, les autres (en avant) ayant
disparu complètement, les autres (en arrière) conservant
encore leur émail intact et présentant l'apparence de col-
lines transversales, de petits mamelons, jusqu'au moment
où elles viennent en contact avec la dent correspondante
de la mâchoire opposée. Par suite, les arrière-molaires
durent plus longtemps, et les intervalles de remplacement
s'allongent avec l'âge.
Par suite de ce mode de remplacement périodique et qui
dure toute; la vie, il est très ditiieile de dire ce qu'est la
dentition de lait ou première dentition de l'Eléphant. Les
incisives (défenses) seules sont remplacées comme chez les
autres Mammifères par celles que l'animal conservera dé-
sormais et qui s'accroissent indéfiniment. Mais les molaires,
comme nous l'avons dit, se succèdent une à une et non en
deux séries, comme chez les autres Mammifères. Quoi qu'il
en soit, on doit admettre, conformément aux observations
déjà anciennes de Pallas et de Corse, qu'il y a seulement
ileux molaires de lait, et non trois, comme Owen l'a admis,
par analogie avec ce que l'on constate chez les Masto-
dontes. Pallas (vers 1790) observa que le jeune Eléphant
a d'abord une seule molaire de chaque côté ; une seconde
se développe ensuite et pousse en avant la première, de
façon que, pendant un certain temps, il y en a deux; puis,
la chute de la première fait qu'il n'en reste plus qu'une.
Corse, de son côté (1799), constata que le remplacement
des dents a lieu jusqu'à huit fois chez l'Eléphant des Indes,
ce qui fait deux molaires de lait, trois prémolaires et trois
arrière-molaires. Les mâchoires de très jeunes individus
de YElephas primigenius, trouvées à l'état fossile,
montrent aussi deux molaires de lait simultanément en
place. La première pousse huit ou dix jours après la nais-
sance, mais n'est complètement sortie qu'à trois mois ; la
seconde fonctionne à deux ans, tombe à six ans, et c'est
alors que se montre la dent que l'on doit considérer comme
la première prémolaire et qui est elle-même remplacée par
la seconde à neuf ans.
Pour homologuer la dentition des Eléphants et la rame-
ner à celle du Dinotherium et des Mastodontes ou le rem-
placement se fait d'une façon normale, l.vdekker admet
que chez l'Eléphant il y a rétention de la dentition de lait,
et, par suite, disparition des prémolaires (dents de rem-
placement). D'après lui, la première prémolaire est, ici,
sérialement l'homologue des deux suivantes, et il la désigne
sous le nom de deuxième molaire de lait : les deux
flVnU que l'on trouva simultanément en fonction chez le
très jeune Eléphant sont donc fl*«ign*— par lui sous le nom
de deuxième et troisième molaires, ce qui impliqua
tenee d'une première molaire rndimeotiîn qui tomberait
avant la naissance. Par suit'-, le chiffre Donnai serait de
Coupe verticale du crâne de l'Eléphant. — b, oavité céré-
l)i aie ; s. sinus frontaux ; n, orifice des narines ; m, mo-
laires ; t, défense.
sept paires de molaires, chiffre qui se rapproche de celui
d'Oweii, qui admet trois molaires de lait, une prémolaire
et trois arrière-molaires.
Les Eléphants sont exclusivement herbivores. L'estomac
est simple, droit, mais vaste, et l'intestin présente un
c;ecum d'une dimension considérable. Il n'y a pas de vési-
cule biliaire. Le cerveau, bien que plus volumineux que
celui d'aucun autre animal terrestre, n'occupe qu'une place
relativement petite dans i'énorme crâne de l'Eléphant, mais
il est pourvu de circonvolutions nombreuses. Les testicules
du mâle restent enfermés dans l'abdomen. La femelle porte
un utérus bicorne et deux mamelles pectorales. Le placenta
est zonaire comme celui des Damans et des Carnivores. Le
squelette présente des particularités remarquables : le paral-
lélisme presque absolu des os longs des membres, au bras
et à la jambe, dont les articulations sont à angle très ouvert,
la position verticale du bassin qui rappelle la disposition
du membre postérieur chez l'homme, expliquent pourquoi
le saut est presque impossible à l'Eléphant. La peau est
épaisse, rugueuse, plissée et nue, ne présentant que quelques
poils clairsemés ; la queue est assez longue, grêle et se
termine par deux tourtes latérales de poils. Les oreilles
sont larges, rabattues sur les épaules, en forme d'éventails
et mobiles d'arrière en avant jusqu'à angle droit. Les \eu\
sont relativement petits, mais bien places et expressifs.
Des deux espèces qui vivent encore, la mieux connue
est I'Eléphant d'Asie {Elephas indiens), qui se distingue
par son front concave avec deux bosses latéral
oreilles plus petites, plus éloignées l'une de l'autre par
leur bord supérieur. Il a quatre sabots aux pattes posté-
rieures, et les défenses de la femelle sont petites, droites,
sortant à peine de la bouche. Les lames que présente la
couronne des molaires sont nombreuses et ont leurs bords
parallèles. C'est le sous-genre Elosmadon de F. Cuvier.
C'est la seule espèce qui soit domestiquée à l'époque actuelle.
Elle habite toutes les grandes forêts de l'Inde qui s'étendent
au pied îles monts Himalaya , de Délira Doun au Bhoutan
Teraï, les monts Garo dansl'Assam, quelques parties cen-
trales et méridionales de l'Bindoustan, la Birmanie, Siaa,
la Cochinchine, les Iles de Ceylan et Sumatra. Elle I été
introduite à Bornéo et à Java et dans la première de ces
Iles elle est redevenue sauvage. Dans les montagnes du
Yunnan, au N. de l'Indo-Chine, les Eléphants se montrent
accidentellement jusqu'à 5,000 pieds d'élévation dans les
environs de Bhamô. Les Eléphants de Sumatra forment
— 8H9 —
ELEPHANT
une variété hm distincte que l'on a môme considérée
quelque temps comme une espèce distincte {E. Sumatra-
mu remminek), et ceu
de Ce y 1 ii m présentent
aussi quelques particu-
larilés comme la peti-
. s défenses, même
chez le mâle.
I.Ti (MARI B'AraïQOI
[Etephas africanms)tei
généralement plus grand
Sue son congénère . dont
listfflgue |>ar son
beat uniformément
bombe, ses oreilles très
([rendes, se touchant |>ar
anr bord supérieur, au-
dessus du eou , lors-
qu'elles sont rabattues
en arrière. Il n'a que
KDOtS SUS pattes
S, et les dè-
fenses de la femelle sont
reeouibèca et saillantes
connue celles du m.ile.
bien que généralement plus petites : celles du mâle atteignent
jusque 1 et 3 m. de long iv compris la partie cachée dans
l'alvéole i. Ses molaires ont des lames relativement moins
nombreuses et de forme losangique. C'est le sous-genre
/ m de F. Cuvier. On ne le recherche plus que pour
l'ivoire de ses
défenses. Il ha-
bite toute I' Uri-
que au S. du
Sahara, mais à
l'époque ro-
maine il habi-
tait également
les régions boi-
ou N. de
l'Afrique, le Ma-
roc. l'Algérie et
la Tunisie. Ac-
tuellement, on
trouve I* Elé-
phant dans tou-
tes les régions
boisées du S. de
l'Afrique, à l'K.
depuis le Taka,
proMii'-edu Sou-
dan égyptien
(par I7;lat. N.)
et le Sooati; à
ro., depuis le
gai, et de
la JBsque dans
Il N . de la colo-
nie du Cap. d'où
les progrès de la culture le repojssmt peu à peu vers
l'intérieur du continent.
Bacon des deux espèces sont à peu de choses près
les mèiii'-s. bien qu'on les ait surtout étudiées chez l'es-
i-iatique. Les Eléphants vivent en bandes plus ou
moins nombreuses formées de douze à cent individus et
plus, tous de la même famille et de tous les âges. La nour-
riture abondante que nécessite un tel nombre de grands
animaux les force a mener une vie errante. Le troupeau
se déplace chaque jour tous la conduite, paraît-il, d'une
vieille fomeUe et non d'un mâle. L'Eléphant sauvage se
nourrit surtout de feuilles d'arbres, qu'il cueille en brisant
lea j'-unes branches dont il broie l'écorce sous ses puis-
sant»» molaires, et il avale le tout, car on trouve dans ses
S.iueletle Ue l'Eléphant d Asie.
Télé de l'Eléphant d'Asie.
déjections des morceaux de bois d'une dimension relative-
ment considérable. Il déracine, en fouillant le sol avec, ses
défenses, les jeunes ar-
bres pour avoir à la fois
leur feuillage et leurs
racines, et, lorsqu'il
mange de l'herbe, c'est
en l'arrachant par
grosses toutfes et se-
couant la terre qui
adhère aux racines pour
avaler le tout. Il faut
chaque jour à l'Eléphant
adulte 100 kilngr. de
matières végétales, et
l'on comprend, d'après
cela, qu'une troupe un
peu nombreuse ne peut
traverser une forêt sans
laisser des traces de son
passage. C'est pour la
même raison que l'on
redoute beaucoup le voi-
sinage des Eléphants
dans les pays de cul-
ture, car ils commettent des dégâts considérables dans les
cha nos de riz et surtout do cannes à sucre, dont ils sont
très friands, mais dont le moindre semblant de clôture suf-
fit piur les écarter. En domesticité, on les nourrit de foin,
de racines, de pain, de fruits, de riz, de sucre ; on leur
donne même du
vin et de l'eau-
de-vie comme
stimulants pour
obtenir d'eux un
travail long et
soutenu. Dans
beaucoup de fo-
rêts, les seules
routes pratica-
bles ont été per-
cées par les Elé-
phants qui vien-
lent toujours
loirc au même
endroit, ordinai-
rement le soir ;
ees routes se re-
c nnaissent aux
branches bri-
sées, aux jeunes
arbres déracinés
dont elles sont
jonchées. Les
Eléphants re-
cherchent l'eau
non seulement
pour boire, mais
pour se baigner
et s'arroser d'eau et même de sable qu'ils rejettent sur leur
dos avec leur trompe pour se débarrasser des parasites qui
s'attachent à leur peau. Ils emmagasinent de l'eau dans leur
estomac ou plutôt dans a ne poche pharyngienne dont l'ou-
verture est à la base de la langue (Watson, Miall etCreen-
wood). C'est en plongeant la trompe au fond de la bouche
qu'ils régurgitent cette eau dont on les voit quelquefois se
servir, dans les jardins zoologiques, pour inonder les visi-
teurs qui abusent de leur patience en leur faisant trop long-
temps attendre quelque friandise offerte et retirée tour à tour.
Les Eléphants sauvages sont ordinairement très timides
et très méfiants, surtout dans les pays où ils ont déjà fait
connaissance avec l'homme, qui est leur principal et même
leur seul ennemi, après les mouches, dont ils sont très
Tête le l'Eléphant d'Afrique.
KI.II'HANÎ
— 810
incommodés. Qa ont conliiiii«*ll<-uif -nt Fci «•illc :ui guet, et le
moindre bruit insolite suffit pour les mettre en fuite, IK
se précipitent alors droit devant eux, renversant et bri-
sant tout smr leur passage. Leur allure habituel) t un
amble |>1 n s ou moins allongé, mais qui, grâce è la longueur
de leurs jambes, leur permei d'aller aussi rite qu'un cheval
lanoé au galop. La voix de l'Eléphant est un cri rauque si
strident, lancée travers le double tube de la trompe comme
à travers un instrument de cuivre et qui Imite, en effet,
le son du cor: on j><-ut dire que l'Eléphant trotnpttte, bien
que le dictionnaire de l'Académie n'applique le verbe trom-
per qu'à la voix de l'Aigle (?). I.a Fe Ile porte de \ intit
à vingt-deux mois, et le petit, quj a déjà près d'un mètre de
haut en venant au monde, est en état de se tenir sur ses
jambes et peut, dés le lendemain, suivre la troupe a laquelle
il BppartieBt. Il tette directement avec la bouche en enrou-
lant sa trompe autour des mamelles de sa mère, et ne se suffit
guère à lui-même avant l'âge de deux ans. La plus grande
taille que l'animal puisse atteindre est de 1 1 pieds de liant.
lîien que l'on ait de nombreux exemples d'Eléphants
s'étant reproduits en captivité, l'espèce n'a jamais été
complètement domestiquée, et c'est parmi les Eléphants
sauvages que l'on va chercher les individus que l'on utilise
ensuite, dans l'Inde, comme animaux domestiques, (l'est le
seul animal domestique dont l'homme n'ait pas complète-
ment asservi la race en détruisant, saut' de rares excep-
tions, la souche sauvage originelle. Cette exception s'explique
par la croissance très lente de l'Eléphant, l'énorme quan-
tité de nourriture dont il a besoin et la facilité avec laquelle
il se laisse apprivoiser. Il est donc plus économique de
laisser à la nature le soin de son élevage et de n'enlever
l'animal à sa foret natale que lorsqu'il est d'âge à rendre
des services, c.-à-d. lorsqu'il est à peu près adulte, vers
l'âge de vingt ans. Il peut d'ailleurs vivre soixante-dix ans
et plus.
La chasse des Eléphants est aujourd'hui réglementée
dans l'Inde par le gouvernement anglais, et c'est grâce à
cette protection que l'espèce est encore représentée sur le
continent, comme à Ceylan, par de nombreux individus.
Lorsque l'on veut se procurer de ces animaux, on opère
de grandes battues dans les forêts qu'ils habitent en pous-
sant les Eléphants vers un enclos formé de solides palis-
sades et ouvert d'un seul côté. Lorsque tout le troupeau,
ainsi cerné, s'est jeté de lui-même dans cette enceinte, on
en ferme l'ouverture et l'on y fait entrer des Eléphants do-
mestiques spécialement dressés dans ce but et qui, montés
et dirigés pas leur cornac, savent avec une adresse et une
astuce véritablement surprenantes, aider à la capture de
leurs frères sauvages. On passe à ceux-ci un nœud coulant
qui leur serre solidement l'un des pieds de derrière et on
les attache solidement au tronc d'un arbre : la faim et les
privations font le reste, si bien qu'au bout de six mois
l'animal peut être monté et employé aux mêmes travaux
que les Eléphants réduits en domesticité depuis de longues
années.
On peut les dresser à tous les ouvrages qui exigent à la
fois de la force et de l'adresse, à porter des fardeaux tels
que des poutres, à traîner des chariots ou même la char-
rue, etc. Pour charger une poutre. l'Eléphant se sert de sa
trompe et place ce fardeau en équilibre sur ses défenses,
qui peuvent soulever jusqu'à .'100 kilogr., mais non très
longtemps. Sur le dos, un Eléphant peut transporter de
4,000 à l,"2.'i0 kilogr. sur un parcours de 13 à i§ lieues.
Lorsqu'il doit transporter des voyageurs, on place sur son
dos une sorte de palanquin solidement assujetti par des
sangles et qui peut contenir deux ou trois personnes
assises. Le cornac se place à cheval sur le cou de l'animal
et le dirige de la voix en s'aidant d'un aiguillon fourchu,
dont l'une des pointes est rabattue en forme de crochet.
C'est une monture désagréable en raison du roulisque son
allure ordinaire, l'amble, imprime au palanquin. Cependant
tons les princes et les gens des liantes castes de l'Inde se
servent de cette monture, non seulement pour voyager,
mais encore pou «basset le tigre, un de leurs plus dan-.
gereux divertissements. La hauteur de celte monture donne
sux chasseurs plus de sécurité que le dos d'un cheval. A
Siam, on leur faisait remplir le rôle du bourreau en <-<ra-
sant sous leur lourde patte le corps des condamnés i moit.
— L'Eléphant nage fort bien. 11 est surtout très utile pour
traverser les montagnes, car son pied large et sAr lai per-
met de monter avec aisance ; la descente est plus difficile,
mais il en élude b-s difficultés en ^'agenouillant des pattes
de derrière et se laissant glisser avec sdn utre
(outre le sol, jusqu'à DS que ses pattes de devant ren-
contrent un appui sur. — Tous les princes asiatiques,
ainsi que la Compagnie anglaise des Indes orientales, entrer
tiennent un grand nombre d'Eléphants dressés. I.a vai
blanche, résultat d'un albinisme assez rare, est considères
a Siam comme sacrée : un de ces animaux est attache
au temple principal, ou on le nourrit sans exiger de lui
aucun travail. L Eléphant joue d'ailleurs un râle consi-
dérable dans les légendes religieuses de l'Inde et, sur les
monuments, les dieux et les héros sont souvent représentés
avec une tète d'Eléphant.
L'intelligence de l'Eléphant est incontestablement supé-
rieure à celle du Cheval et égale à celle du Chien. Kn
domesticité, on obtient de lui, par la voix et le geste,
presque tout ce qu'on exige des deux autres : l'Eléphant
est même plus obéissant, plus doux, plus réfléchi et sur-
tout moins vil et moins ombrageux que le Cheval. Les
exercices qu'il exécute dans les cirques et sur les théâtres
montrent que la lenteur et la prudence qui président à tous
si's mouvements ne leur ôtent ni adresse ni précision, et l'on
est étonné de ce qu'on lui voit faire, malgré la lourds en-
veloppe de cuir qui recouvre ses muscles. La sensibilité
exquise de l'appendice digitiforme de la trompe lui permet
de ramasser à terre les objets les plus petits, tels qu'une
pièce de cinquante centimes.
Les Eléphants ont eu dans l'histoire militaire de l'anti-
quité un râle considérable (V. ci-dessous le !j Histoire).
Dans les temps modernes, ses animaux ont été utili-
la guerre, mais seulement pour porter des bagages et de
l'artillerie. En IWiS, l'armée anglaise marchant contre le
roi d'Abyssinie, Théodoros, débarqua sur la cote occidentale
de la mer Rouge quarante-cinq Éléphants asiatiques, qui
permirent à cette armée de transporter ses munitions sf
sa grosse artillerie à travers les montagnes et jusque sur
le haut plateau où Théodoros s'était retranché dans la for-
teresse de Magdala. — Actuellement, l'armée anglaise de
l'Inde possède mille Eléphants d'artillerie; chaque pièce
est traînée par deux Eléphants attelés en flèche.
L'acclimatation de l'Eléphant en Europe peut être consi-
dérée comme résolue par l'expérience faite dans tous nos
jardins zoologiques; mais la raison qui s'oppose à l'utili-
sation de cette puissante force motrice en Occident n'est pas
tant la question de climat que la question économique.
L'énorme quantité de nourriture nécessaire à l'Eléphant,
ajoutée aux frais de transport, rendrait ce mode de loco-
motion très coûteux, bien qu'il soit incontestable qu'un
seul Eléphant traînerait nos lourds omnibus et nos tramways
a travers les rues encombrées des grandes villes, avec
autant d'aisance et beaucoup plus de sécurité que trois ou
quatre Chevaux. — Quoi qu'il en soit, si l'espèce asiatique
est aujourd'hui protégée, tomme nous l'avons dit, par les
lois, il n'en est pas de même de l'espèce africaine, et l'on
doit déplorer l'énorme destruction que l'on fait chaque
année de celle-ci, uniquement pour se procurer l'ivoire de
ses défenses, car on peut déjà prévoir sa disparition
prochaine. Presque tout l'ivoire que l'on façonne actuelle-
ment en Europe provient d'Afrique et, quand on saura que,
d'après Sterndale, la seule ville de Sheffield, en Angle-
terre, reçoit chaque année quarante-six mille défei
représentant vingt-trois mille Eléphants, défenses qui sont
transformées en manches de couteau ou objets analogues,
on sera effrayé de cette rapide extermination atteignant un
animal dont la croissance est si lente et dont la femelle ne
- su —
ELEPHANT
reproduit nu.' tous 1<>S quativ ans. Chacune de DM défenses
cependant pèse, on moyenne. 30 a .'>'-• kilogr. Elles pro-
viennent sou îles niant qui tuent l'Eléphant a Bonne da
, et vendent les défenses aux voyageurs, soil des
irs européens *f 1 1 î le chassenl a l'aide île fusils de
ihlue et rapportent l'ivoire sur leurs chariots.
— L'Eléphant a déjà disparu du N. de l'Afrique, ou les
ieoa et li's Carthaginois l'avaient domestiqué, comme
* du. avant l'ère chrétienne. Il a disparu de
l'Afriqtta australe, ou les colons hollandais et anglais n'ont
tuer parti de ses services, malgré l'exemple des
anciens et de l'Inde moderne, et n'ont vu en lui qu'un
animal malfaisant et bon à détruire. Aujourd'hui que les
nations enropéennes cherchent à fonder des établissements
sur tous les points de 1' Vl'rique, il serait à désirer que l'on
reprit les essais de
domestication déjà
faits sur celte
. en lui appli-
quant le régime qui
a toujours réussi
dans l'Inde. Il - -
rail facile d'util
l'Eléphant d'Afri-
que dans son pays
natal, comme force
niotriie, et de le
dresser aux trans-
ports de toute es-
Cn attendant
jour, sans doute
encore lointain, où
iiemins de fer
travei-seronl le con-
tinent noir. On
pourrait, du même coup, réglementer la production de l'ivoire,
qui n'est actuellement que du gaspillage, car les procédés
en usage conduisent fatalement et rapidement a la disparition
complète de l'animal qui le produit. K. Troiessakt.
11. I'ai k.ovtoi .01.11:. — l'endant toute la seconde moitié de
l'époque tertiaire (miocène supérieur et pliocène) et pendant
la quaternaire, les IVulioscidiens ont été beaucoup plus nom-
breux que de nos mots et ont peuplé une région beaucoup
plus étendiiM du N. des deux continents. On peut dite qu'à
jue et jusqu'à l'apparition de l'homme, les l.le-
phants ont été les tranquilles souverains du monde, car,
alors comme aujourd'hui, il est bien probable que les
- Carnassière (Lions et Tigresi n'osaient pas s'attaquer
à ces puissants herbivores. Si l'on met à part le type aber-
rant du Dinothi'mim (V. ce mol), qui doit constituer une
famille a part, on voit que les deux grands genres
Eltyhiint et Mastodonte n'ont pas compte moins de trente
- aujourd'hui éteintes et qui. dans le pliocène,
ut répandues sur tout le N. de l'ancien continent,
dans le N. de l'Afrique et en Asie jusqu'à la région qui
f"i aujourd'hui l'archipel malais, nuis, de la jusqu'au
Ja|»n. jusqu'à l'Amérique septentrionale et finalement dans
l'Amérique méridionale jusque sur le territoire Argentin,
lontesont vécu, dans le quaternaire, beaucoup
plus tard pie dans le y de l'ancien continent. Le
•n. qui est contemporain du Dinotherium dans le
représente le type primitif des Probos-
ridiens modernes. I.-- Mastodontes avaient la forme géné-
rale des Eléphants, mais ils devaient être plus allongée,
élevés sur jambes et munis probablement d'une
trompe un pea moins longue. Leurs dents différent beau-
eoop de celles des Eléphants actuels et ressemblent a celles
- I ipira et de. Cochons, bien qu'elles aient déjà la forme
i ■■■ et le, denlicules nombreux qui caractérisent les
molaires des Probosridiens. En un mot, elles appartiennent
au type des Omnivores. Elles ^mt beaucoup moins élevées
quf eedea des Eléphants, et leur couronne présente des col-
lines transversales de tubercules en forme de mamelons
Sqii.lctle restauré du Mastodon angustidens
(d'où le nom àS Mastod,i)if<'). Ces tubercules ont leur ivoire
recouvert d'émail, mais il n'y a pas trace de cément dans
l'intervalle des collines, En outre, le mode de succession
de ces dents c tait normal : il y avait trois molaires de lait,
remplacées ensuite par des prémolaires et des arrière-
molaires qui n'apparaissent que successivement, comme
chez les Eléphants. Enfin, les Mastodontes primitifs avaient
au inoins dans leur jeune Age des incisives inférieures qui,
che/. certaines espèce,, persistaient jusqu'à l'âge adulte, de
telle suite que ranimai avait quatre défenses au lieu de deux.
Tel était le Mastodon angustidens du miocène moyen
du S. de la France, espèce dont les habitudes comme les
formes et la dentition devaient être assez différentes de celles
des Eléphants actuels. Il devait vivre dans les marais ou
au bord des lleuves dont il ne s'éloignait guère, et se nour-
rir de plantes et de
racines aquatiques
comme le Tapir et
l'Hippopotame.
Mais entre cette
forme primitive et
les Eléphants mo-
dernes on trouve
tous les intermé-
diaires et l'on passe
par des nuances
insensibles des Mas-
todontes aux véri-
tables Eléphants.
Onpeutsuivreainsi,
en partant du Dino-
Ihcrium etttes plus
anciens Masto-
dontes, toute l'évo-
lution de ce type :
bientôt les défenses inférieures disparaissent ou tombent
avec les dents de lait, qu'il devient difficile de distin-
guer des molaires définitives qui affectent le même mode
de succession que celles des Eléphants. En même temps
la dent s'élève ou plutôt s'enfonce dans son alvéole et
s'allonge dans le sens de la mâchoire; les collines de
sa couronne deviennent plus nombreuses et plus petites,
s'usent plus rapidement a leur sommet, et dans leur inter-
valle se dépose une couche de cément do plus en plus
épaisse, qui comble enfin tout l'intervalle entre les mame-
lons devenus confluents et constitue la molaire à couronne
plane et a lames transversales de l'Eléphant moderne, qui
ne se nourrit plus déracines aquatiques molles et juteuses,
mais d'herbes et de feuilles sèches et dures. Le nombre
des mamelons que présentent les collines transversales des
molaires chez les Mastodontes est donc très variable sui-
vant les espèces, et Falconer avait voulu subdiviser le genre
Mastodon en sous-genre d'après le nombre de ces rangées
de niamelons , d'où les noms de Trilopliodon , Tctralo-
plwilon, Pentalophodon. Mais ces divisions sont peu natu-
relles, d'une application difficile dans la pratique, et ont été
abandonnées par les modernes dont la plupart préfèrent
conserver au genre Mastodon son intégrité primitive.
Plus récemment, Cope a proposé dediviser ce genre d'après
la présence ou l'absence de la dentition de lait, comprenant
les incisives inférieures, et suivant que le nombre des ma-
melons est égal (isomère) ou non aux molaires antérieures
et postérieures. Nous suivrons cette classification en passant
en revue les différentes espèces dont nous indiquerons en
même temps la répartition géographique.
Le sous-genre Tetrabelodon (Cape) comprend les Mas-
todontes primitifs munis d'incisives inférieures et de pré-
molaires : le type est la Matt. angusHdent, dont nous
avons déjà parle et qui habitait le S. da l'Europe A l'époque
du miocène moyen. Des espèces plus ou inoins voisines sont
le, M. turicensis. lonr/irostris Btpentelici d'Europe;
.)/. palœindicus et pandionù de l'Inde | M. breuidms,
produits, produrtus, ruhypodon, camprslcr et aerriilcnn
ELEPHANT
- tu -
(ou floridatuu) de l'Amérique «lu Nord. Ca type i vécu
en Asie ef en Amérique plus tard qu'en Europe (jusque
dans le pliocène). Le goût-genre Dtoelodon (Cope) avail
encore 'les prémolaires, mais pas d'incisives inférieures, au
moins chez l'adulte: d'après Cope, ftwrtwlwsepftnni seraient
amérieainei : V. Shepardi, M. eordUlerarvm (on an-
ilinin). M. tropi us. V. Hnmbokltii. Il faut probablement
y ajouter les .'/. plateruis, M. argentimu, M. suj^rbus
Restauration factice du Mammouth,
et M. reclus (Ameghino), tous de la région néotropkale
(Mexique et Amérique méridionale), où ils ont vécu depuis
le miocène jusque dans le quaternaire [M. supcrbus Ame-
ghino), époque où les Mastodontes étaient depuis Longtemps
éteints et remplacés par de véritables Eléphants sur l'ancien
continent. — Le sous-genre Mastodon proprement dit ne
diffère des précédents que par l'absence (comme chez les
Eléphants) des bandes d'émail que ceux-ci présentent aux
défenses : il comprend les M. arvernensis et Borsoni
d'Europe, M. sivalensis, lattdens, pundjabiensis et Fal-
coneri de l'Inde et de la Malaisie, M. americanus et
miri ficus de l'Amérique du Nord : ce type est de la fin du
miocène et du pliocène en Europe, en Asie et dans l'Amé-
rique du Nord ; dans ce dernier pays, il a été contemporain
de VElephas primigenius dans le quaternaire. — Le sous-
genre Émmenodon (Cope), qui correspond au genre Ste-
godoti de l'alconer, comprend des espèces qui se rappr .icheiit
déjà beaucoup des Eléphants par la constitution de leurs
molaires cémentées et dont les intermédiaires sont hctc-
romères. On en connaît plusieurs espèces du pliocène
d'Asie : M. elephantoïdes (ou Cliftii) de l'Inde et du
Japon, M. planifions de l'Inde, M, trigonocephalus et
M. mindanensis de Java et des Philippines. On voit que
les Mastodontes ont vécu plus tard en Asie qu'en Europe
et ont survécu plus longtemps encore dans l'Amérique du
Sud. Même dans l'Amérique du Nord, ils ont probablement
survécu aux véritables Eléphants.
Le genre Elephas que Cope ne subdivise pas, n'a [dus
ni prémolaires, ni incisives inférieures, et comprend,
outre jles deux (espèces vivantes, les,.'E. prisais ou E.
meridionalis, E. antiquus d'Europe el ee dernier du
N. de l'Afrique; E. melitensis, race insulaire, naine
{poney), propre à Malte et à la Grèce; E. bombifrons
de l'Inde, de la Chine et de Java, E. uanesa, E. in-
tigtlit de l'Inde et ce dernier aussi du Japon, E. hysu-
dricus de l'Inde et de Java, E. namadicui d'une grande
partie de l'Asie, de Java et du Japon, toutes pliocènes
et quarternaires, et enfin l'£. primigenius qui s'est éteint
le dernier, longtemps après l'apparition de l'homme, et
qui s'est étendu sur tout le N. des deux continents, mais
sans pénétrer comme les Mastodontes dans l'Amérique du
Sud. Les E. americanus et colombi ne sont que des
variétés américaines de cette espèce, et cette dernière a
pénétré jusqu'au Mexique. C'est elle qui se rapproche le
plus de l'Eléphant asiatique, taudis que l'E. prisCUl se
rapproche de l'Eléphant d'Afrique que l'on trouve aussi a
l'état fossile en Algérie et dont on doit le considérer comme
proche paient.
Si l'on peut suivie facilement les transformations gra-
duelles qui ont transformé le Mastodonte en Eléphant, il est
plus difficile de dire quelle est l'origine du Mastodonte.
Pohlig admet que les Ongulés et les Siréniens dérivent d'un
ancêtre hypothétique commun qu'il appelle Protapirus et
qui se serait lui-même subdivisé en llydrotapirus et
Hyotapirus, ce dernier étant l'ancêtre à la fois des Artio-
dactyles et des Eléphants. Ameghino admet sous le nom de
Pachytheria un groupe supérieur qui comprendrait (1°) les
Chœrodonta hypothétiques, sans trompe, descendants des
Platyarthra et ancêtres des (-2°) Proproboscidea à trompe
rudimentaire , eux-mêmes ancêtres des (3°) Proboscidea
modernes. Enfin, Cope donne le tableau phylogenétique
ci-après du groupe des Prohoscidiens.
De toutes les espèces fossiles, la plus intéressante est
VElephas primigenius, contemporain de l'homme primitif
en Europe, comme le prouvent les figures nombreuses,
dessins et sculptures, soin ''lit gravées sur son propre ivoire,
que l'on trouve dans les couches quaternaires et les cavernes
de notre pays. Une autre preuve de l'existence récente de
celte espèce, désignée sous le nom vulgaire de Mammouth,
nous est donnée par la découverte que l'on fait de temps eu
— 813 —
ÉLÉPHANT
temps, en Sibérie, île cadavres entiers île cet Eléphant,
oMiwrrm dans la glace avec la peu et la chair encore
TabU\ui fhftogénMifUB du groupe des Probotcidiens
1 leplias.
F.mmenodon (Steqodon).
I
Mastodon.
Dinotheriuro. \Totraholoilon.
Dihclodon.
Proproboscidra (hypothétiques).
: t montré que l'animal était couvert
de longs poils formant crinière sur le dos et recouvrant
s poils de nature laineuse, ce qui lui permettait île
apporter les hivers do N. de l'Europe et de l'Asie. Des
lambeaux de cette toison sont conservés au musée de Saint-
et ont servi de modèle pour des restaurations
artificielles faites récemment avec beaucoup d'habileté. Les
n énormes et contournées en spirale abondent en
Sibérie et sont exploitées sous le nom d'ivoire fossile. La
taille du Mammouth surpassait celle des plus grands Elé-
phants actuels, ear il atteignait 3™ 'ri m sommet du crâne
(C.audn). MmsVEIephas tmtiqvus et VE. meridionalis
étaient encore plus grands ( '."'»-2). dimension qui n'est sur-
m par elle du Innotkerium. L. Trookssabt.
III. Rcrrorai t t Ari bcoukib. — L'archéologie préhisto-
rique nous révèle, dès l'époque des dépôts quaternaires les
plus anciens, l'emploi des ossements de l'éléphant pour la
confection des ustensiles et des objets de luxe et de parure que
l'homme primitif savait déjà fabriquer. De nombreux osse-
ments d'éléphants, remontant à cette période géologique,
sont couverts de figures gravées a la pointe, parfois même
sculptées, et l'on peut en voir de beaux spécimens au musée de
Saint-iJennain. recueillis principalement dans les cavernes
du Périgord. Suivant certains paléontologistes, VElephas
primigenhu de ces dépots quaternaires de l'Europe occi-
dentale, serait l'ancêtre de l'éléphant des Indes, tandis que
son contemporain. VElephas meridionalis, serait l'ancêtre
de l'éléphant d'Afrique. Quoiqu'il en soit, les mammouths
des temps préhistoriques avaient disparu du rentre et de
'occident de l'Europe à l'époque où remontent les plus
lointains souvenirs de notre civilisation. Los anciens, Grecs
et Romains, n'ont connu que deux espèces d'éléphants :
l'éléphant d'Asie (Elephas indien*) et l'éléphant africain
(Elephas africanus) : ce dernier a le front plus bombé,
miltrtl plii^ longues et la taille plus grande.
Chas l's Egyptiens, l'éléphant parait comme signe
hiéroglyphique dès la Ve dynastie : il représente le nom de
l'Ile de d'Abou ou Lléphantine, au pied de la première
cataracte. Mais dans les représentations sculpturales, l'élé-
phant ne ligure qu'à partir de la XVIIIe dynastie, et il est au
nombre des tributs en nature prélevés par les conquérants
eg\plii-ns>ur la Syrie. Dans les bas-reliefs assyriens, l'élé-
phant asiatique parait plusieurs fois, notamment sur le
obélisque de Salmanasar III (S.'iT a 82-2), où il
figure avec des dromadaires et des singes comme tribut
de contrées orientales. En Assyrie, aussi bien qu'en Egypte,
l'éléphant est donc connu, mais comme un animal exotique
et importé de contrées étrangères : il semble pourtant
que lYli-phant ait vécu en Mésopotamie à l'état naturel,
a une époque peu antérieure à la constitution du grand
empire assyrien, car le roi d'Egypte Tontines III se vante
d'avoir chassé l'éléphant en Mésopotamie : l'éléphant n'au-
rait ainsi disparu de cette contrée que vers le xi* siècle
avant J.-C.
Le bas-relief de l'obélisque de Sennaehérib prouve qu'au
le avant notre ère l'éléphant i-tait domestiqué dans
l'Inde et les contrées voisines. Ce fut seulement, d'ailleurs,
dans ce pays de l'Indus et du Gange que l'éléphant revêtit
un caractère religieux, et cela dès la plus haute antiquité.
L'éléphant est la monture d'Indra et il est l'emblème de la
sagesse et de la vertu forte. Ganesa, dieu de l'armée, du
succès et de tonte sagesse, en gênerai, est représenté avec
une tète d'éléphant. Iles représentations hindoues nous
montrent huit éléphants portant la terre, ou bien Indra
assis sur un éléphant à trois trompes appelé Iravat. On
sait les hommages qu'aujourd'hui eincore les Hindous
rendent à certains éléphants que des signes particuliers de
leur peau ou de leurs défenses désignent comme sacrés.
Ce l'ut seulement après la conquête de l'Orient par
Alexandre que les Grecs se familiarisèrent avec l'usage
des éléphants. Les historiens du conquérant macédonien
rapportent diverses anecdotes qui attestent combien l'ima-
gination des Grecs avait été frappée à la vue de ces grands
pachydermes qui, surmontés de tours, étaient de véritables
citadelles mouvantes sur lesquelles les traits des arcs les
plus forts n'avaient aucune prise. Après avoir vaincu et
t'ait prisonniers les quinze éléphants de Darius à Arbelles,
Alexandre en recul douze autres en entrant à Suse ; le roi
Ta\ile lui en amena toute une troupe; à la bataille de
l'Ilydaspe, il lit distribuer des haches à ses soldats pour
couper les trompes et les jarrets des éléphants de Porus,
et, à la suite de sa victoire, Alexandre consacra au soleil
l'éléphant qui servait de monture au malheureux roi indien.
Il lui imposa le nom d'Ajax, le couvrit de somptueux
ornements et lit garnir ses défenses d'anneaux d'or sur
lesquels fut gravée cette inscription : Alexandre, fils
de Zeus, offre au soleil cet éléphant. Dans le cortège
d'Alexandre rentrant à lîabylone, il y avait plusieurs cen-
taines d'éléphants que le conquérant se glorifiait de pos-
séder pour rendre sa cour plus imposante ; on croit même
qu'il fit son entrée à Babylone sur un char trainé par des
éléphants. Dans tous les cas, ce furent des éléphants qui
figurèrent dans son cortège funèbre et qui ramenèrent son
corps en Egypte.
La déification d'Alexandre après sa mort contribua à faire
confondre, dans l'imagination des Grecs, sa marche victo-
rieuse sur les bords de l'Indus avec la conquête de l'Inde
par Bacchus dans les temps mythiques. Le fut à cette époque
que l'on commença à raconter que Bacchus avait accompli
ses fabuleux exploits sur un char trainé par des éléphants;
des sculptures représentent le dieu accompagné d'une ar-
mée de ces animaux montés par des Eros, des Ménades et
des Satyres. Dans la fameuse pompe dionysiaque organisée
par Ptolémée Philadelphe et qu'Athénée nous décrit, on
voit une statue gigantesque de Bacchus chevaucher sur un
éléphant chamarré d'or ; suivent vingt-quatre chars traînés
par des quadriges d'éléphants. Les rois de Syrie, particu-
lièrement, s'enorgueillirent de posséder des armées d'élé-
phants. Séleucus Ie* Nicator reçut comme cadeau de son
beau-père cinq cents éléphants de guerre lorsqu'il épousa
la fille du roi indien Sandracottus ; on l'appelait par ironie
Yéléphantarque, et à Ipsus, en 301, il dut sa victoire au
rdleque jouèrent ses éléphants. Ln grand nombre des mon-
naies de Séleucus et de ses successeurs ont pour type soit
une tête d'éléphant, soit un éléphant seul, ou bien encore
un bige ou un quadrige d'éléphants, si bien que cet animal
est devenu l'emblème de la dynastie des Séleucides. Chose
étrange, certaines monnaies de Séleucus Ier et d'Antio-
chus Ier, son tils, nous montrent des éléphants affublés de
cornes de taureau, symbole de la force matérielle. Sur des
pièces d'Antiochus III, on voit un éléphant monté par un
cornac ; enfin, sur des bronzes d'Antiochus VI, des élé-
phants portent des torches avec leur trompe, allusion à
des jeux qui furent alors célébrés à Antioche en l'honneur
de Dionysos et d'Aphrodite. C'est le cas de rappeler qu'après
la bataille de Thapsus, Jules César, rentrant victorieux
dans Borne, se fit précéder, dans sa marche au Capitole,
par quarante éléphants rangés sur deux rangs et portant
aussi des flambeaux avec leurs trompes.
A l'imitation des premiers rois de Syrie, dont l'empire
ÉLÉPHANT
- K|4 -
confinait à l'Inde elle-même, les autres rois neu
d'Alexandre eurent leur troupe d'éléphants de guerre, de
sorte que c'est ;i MU époque que commence le rôle impor-
tant des éléphants dan les années. Perdiocas, Emnène,
Antigone, l'iiiieirii'o Ceraunul iinciii ifins éléphants ds
guerre; lespremien, Antipaterel Polyspercbon, amenèrent
des élep li.'inls en Europe. Anliochiis l'r SotW M dut sa
grande victoire sur les GalatM, m Phrygie, i|iie giau- a
ses éléphants. Alilioelnis III le (,rand ramena de 50s expé-
dition dans l'Inde une troupe considérable de ces animaux
qui, en 217, à la bataille de Raphia, luttèrent eOBtra la
troupe d'éléphants africains qui formait l'axant- garda de
l'armée dePlolérnée l'hilopalor. Dans la lutte soutenue par
Jes Macchabées contre les rote de Syrie pour l'indépen-
dance de la nation juive, on cite le dévouement héroïque
d'Eléa/ar, lils de Saura, qui, au milieu de la bataille, ayant
aperçu dans les rangs syriens un éléphant île plus haute
taille que les autres et mieux caparaçonné, pensa que
c'était l'éléphant royal : il réussit à se glisser sous le
ventre de l'animal et à s'y suspendre ; il l'abattit a coups
de hache et périt écrasé par la chute de sa victime. Dans
l'impossibilité où ils étaient de recruter leurs éléphants dans
l'Inde, les rois d'Egypte s'étaient mis a dresser les éléphants
africains. « Lâchasse des éléphants, remarque M. S. Rei-
nach, leur capture et leur transport à Alexandrie préoccu-
pèrent vivement les successeurs de Ptolémée Lagus, qui
fondèrent, à cet effet, plusieurs établissements le long de la
Troglodytique ; les éléphants que l'on parvenait à prendre
vivants étaient embarqués sur de grands bateaux d'une con-
struction spéciale, dite ÉXÉfavtrj-foi. Suivant saint Jérôme,
Ptolémée Philadelphe eut quatre cents éléphants de guerre,
et son fils Evergète en opposa quatre cents àSeleucus Cal-
linicus. Le commerce de l'ivoire continua, pendant l'époque
romaine, à se faire par ces échelles du golte Arabique que
es Ptolémées avaient établies en vue de la chasse des élé-
phants. »
Les Romains rencontrèrent l'éléphant de guerre dans
leur victoire de Magnésie sur Antiochus III en -181 av.
J.-C, puis dans leurs luttes contre les rois de Macédoine.
Us l'avaient vu déjà apparaître pour la première fois
en Italie, à la bataille d'Héraclée en 280, et par eux,
Pyrrhus terrorisa, mais, pour peu de temps, ses ennemis.
Un quincussis de bronze, frappé à Rome peu après la ba-
taille de Bénévent, porte pour type un éléphant qui rap-
pelle que le consul Curius Dentatus réussit à capturer quatre
de ces animaux et à vaincre l'audacieux roi d'Epire. De
petites monnaies de bronze, frappées en Etrurie à la même
époque, portent d'un côté un éléphant et de l'autre une
tète de nègre qui prouve que les éléphants de Pyrrhus
avaient des nègres pour cornacs. Les Romanis eurent de
nouveau à lutter contre les éléphants dans leurs guerres
contre Carthage, soit en Sicile, soit en Afrique. Carlhage,
en effet, ne cessa d'avoir des éléphants de guerre qui con-
tribuèrent souvent à ses victoires ; elle en transporta en
Sicile, en Espagne et même en Italie : les éléphants d'An-
nibal franchirent les Alpes avec lui et contribuèrent à la
victoire de la Trébie en 218. Après la bataille de Zamaen
202, les Romains imposèrent aux Carthaginois de livrer
leurs éléphants et de s'engager à ne plus en entretenir :
une clause analogue figurait dans le traité qu'avait il 11 signer,
en 1!)7, Philippe V de Macédoine. Les monnaies de Car-
thage, ainsi que celles des rois de Numidie et de Mauritanie,
ont souvent pour type l'éléphant de guerre monté quelque
fois par un cornac.
D'ailleurs, à l'imitation de leurs ennemis, les Romains
introduisirent l'éléphant de guerre dans leurs armées, sur-
tout pour leurs campagnes contre les rois de Macédoine et
contre les Carthaginois ; dans la dernière période îles
guerres puniques, les éléphants leur étaient fournis par
leur allié Massinissa, roi de Numidie. Pompée sYlant em-
paré des éléphants de lliarbas. voulut faire son entrée dans
Rome sur un char traîné par quatre de ces animaux, mais
la porte de la ville s'étant trouvée trop étroite, il fallut
.leielei . On ( rovait que le DOBI de G'sar signifiait èli'-phanl
en punique; roua pourquoi Jules César prit un éléphant pour
emblème, et, en tOUVenir de sa victoire Mil AriOMsIe. il lit
frapper des deniers d'argent qui représentent un éléphant
foulant aux pieds le dragon germanique.
Après la conquête de "Afrique par le~ Humains, on peut
dire que l'éléphant ce. ba de figurer dans les an:
Home, car les projets de Jules César, de Claude, de Didius
Julianiis d'équiper île, troupes d'éléphants ne fuient pas uns
à exécution. On reconnut sans doute l'inconvénient de ces
animaux qui, lorsque l'ennemi était parvenue b-s ellraycr,
se retournaient et portaient le ravage dans les rangs de i'ar-
mée qu'ils avaient mission de protéger. Des batailles furent
gagnées on perdues par suite de celte trahison di
pliants affolés que leurs comaesou la troupe des guerriers
montés dans les tours ne réussissaient pas a ramener contre
le véritable ennemi.
Sous l'empire romain, l'éléphant devient donc un animal
de luxe et de parade. Caraealla a des éléphants pou imiter
Alexandre le Grand. On les réserve surtout pour les jeux du
cirque, les l'êtes publiques, les marches triomphales, et l'on ne
songe point à les rétablir dans l'armée, bien qu'en Orient les
légions romaines eussent sans cesse à lutter contre les
éléphants des Perses. Les empereurs qui triomphèrent des
éléphants sassanides, comme Sévère Alexandre, Gordien,
Diocletien, Julien même, eurent des chars de triomphe traî-
nés par ces animaux, ainsi que l attestent, outre les textes,
le revers de nombreuses monnaies romaines. Les Byzantins
imitèrent les Romains; si Héraclius n'eut pas d'élépliaDtsde
guerre, il triompha de ceux de Kosroès et parut à Cons-
lantinople sur un quadrige d'éléphants. Les éléphants don-
nèrent aux Perses la victoire à Koufah sur l'ai uu-e d'Abou
Obéidah, en 661, Si les Byzantins ne se servirent des élé-
phants que dans les cirques et les jeux publics, ils en in-
troduisirent toutefois les images dans leurs œuvres d'art et
c'est par là que le moyen âge occidental connut ces animaux.
Sur l'une des étoffes de lâchasse de Charlemagne à Aix-la-
Chapelle, œuvre byzantine du XIIe siècle, sont brodes de
superbes éléphants; on en voit quelquefois aussi dans les
bestiaires et les miniatures des manuscrits. On poss.de, au
cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale, une
curieuse pièce de jeu d'échecs, en ivoire sculpté, qui repré-
sente un éléphant portant sur son dos une tour crénelée*
sur la plate-forme de laquelle est un roi hindou assis à la
mode orientale. Conservé dans le trésor de la basilique de
Saint-Denis jusqu'à la Révolution, ce roi d'échecs passait
pour être un présent du khalife llaroun al Rachid a Char-
ieniagne : c'est, dans tous les cas, sûrement une ouvre
orientale du rx8 siècle. E. Babelo.n.
IV. Ordres. — Ordre de r Eléphant. Cet ordre, con-
sidéré comme un des plus importants de l'Europe, existait,
dit-on, déjà au xi'" siècle et on
en attribue la fondation à Ca-
nut IV, mais officiellement on
lui assigne comme date de (na-
tion l'année 4478 et pour fonda-
teur le roi de Danemark Chris-
tian I'r, qui l'institua à l'occasion
du mariage de son lils Jean et le
plaça sous la protection de la
Vierge. Le temps a respecté l'or-
dre de l'Eléphant qui s'est con-
tinué jusqu'à nos jours, sinon
avec son organisation primitive,
du moins avec toute sa splen-
deur. Christian V en modifia les
statuts le 11T ilec 1693 et,
bien qu'ils eussent été renou-
ules en 1808, ils sont encore
à peu près les mêmes. Les con-
ditions d'admission sont : d'être
luthérien, d'être âgé d'au moins trente ans, à l'exoptim
des princes de la famille royale, et d'avoir été, au
Insicnes de l'ordre de
l'Eléphant du Danemark
- 815 -
Kuniwr - ËLÉPHANTÏASfâ
C
huit jours, chevalier de l'ordre du Danehrog. Les souve-
rains étrangers sonl dispensés de remplir ces conditions.
La devise decel ordre est Uagni animi pretium. La déco-
ration de l'Eléphant exclut toutes les autres; sa (été se
célèbre au l'rjanv. Les membres sont tons chevaliers el
.«orient un costume spécial. Le ruban de l'ordre est bleu.
'ordre tient le premier rang parmi ceux du Danemark.
Ordre de ÎEUphanl butte. Ce fui en 1861 nue
- ioi Chow xu Hua institua une plaque dor
gravée pour être offerte aux souverains el aux princes
avec lesquels il était en relation. En 1869, son lils et suc-
transforma cette plaque en un ordre de chevalerie
aluts, règlement, etc. Il le divisa en cinq classes de
membres ; la première correspond à celle de grand-croix,
compte vingt-trois membres et ue peut ètreconferée qu'aux
souverains, prino s on personnages de marque : la seconde
comprend cinquante grands officiers, la troisième cent
commandeurs, la quatrième deux cents officiers, et la cin-
3uième un nombre illimité uV chevaliers qui doivent être
es personnes notables et de mœurs irréprochables. Le
ruban de l'ordre est rouge bordé de vert; les deux couleurs
séparées par une raie bleue et une jaune. G. G.
Uiiil. : /.oui ogik et Paléontologie. —Outre les Traités
. ;\ do Maiumalogie de Gervais, Ba8UM,etc., etl'Os-
II lai. s vu ir. consuli.v. : Mi ai. et G
• m<i of the Indian Eléphant; Londres, lvîs.
des travaux antérieurs sur le roCine sujet.
•yoflndian Wammalia,1884.—
. les Enchaînements du monde animal, /. fcfamtni-
S. - I.ydkkm h. Catalogue of Foasil
i i Hhiish Muséum, I.So'J, t. IV. — Pohlig, Den-
ephas anliqutis, mil Beilrlkg<in
- primifjenins, etc . dans Voi'a Acta Leopol
LUI, ii" t. — lin même. Die grossen Sawgetiere
der DtluciaUeit ; Leipzig, lv , The Proboscidêa,
;tn NaiuralLil, lvv'a. |>. 191. — A.meohino,
.des île la Republica Argentins, lss;i. —
ihne der Mammutn, dans Naturv.
Oesellsch. Isis in Dresden, h'eslsclirifl. 1885. — Kimw.i.in,
junge Unlerktefer oon Elephas primigenius
undE. africain*, dans Bericl iberg.Naturf.Ges.,
La Nature, 1874,3*8611)., p. 209; 1875, 8' sem., p. 216;
1" sein., p. 377.
Ills i . ; . — IV Armandi, H
mititaii liants, pr. in-8. — S. Rein.vu. art. EJe-
wham, dans le thet. des antiq, gr. et rom. de Baglio. —
C.viiu.R et Martin. .Voue Mélanges d'archéologie, t. II,
pi. XI. — E. Babelon, le Cabinet des antiques à ta Uiblio-
Iheijue nationale, pi. I.X.
ELEPHANTA. Petite Ile de la côte 0. de Plnde, pré-
de Bombay, province d'Aurungabad , à la
pointe Y., du port de Bombay. Elle a environ 8 kit. de cir-
ronfereoce et est formée de deux longues collines avec
Ue petite vallée courant entre elles. Elle est appelée Go-
rapori par les Hindous : les Portugais lui donnèrent le
Elephanta, à cause d'un énorme éléphant en pierre
qu'ils y trouvèrent construit a l'endroit de leur débarque-
ment et qui aujourd'hui est tombé en morceaux. Cette île
nre à cause de quelques temples creusés dans 1rs
rochers dont il existe un grand nombre sur la cote 0. de
l'Inde. L'une de ces excavations a 130 pieds de profondeur
: elle ;i trois entrée. . ni. mille soutenue
par des colonnades de seize piliers. Ces temples sont tous
coma i Brahma, Vishnou, Paravati, Katik et
i. D'autres divinité, hindoues y ont aussi leur culte,
tûtes dan. une condition inférieure à celle de Çiva.
Aujourd'hui ces temples sont ins visites par les pèlerins
qu'ils ne relaient anciennement. Quelques-uns commen-
méme a tomber en ruine. ëkthers d'Estret.
ÉLÉPHANTIASIS. I. Pathologie. — (Pachydermie
de Pnchs). I».hj. la terminologie médicale, on a pendant
ips distingué sous le nom d'élèphantiasis <leu\ affec-
tions très distinctes : l'èléphantiaflis des Grecs el l'élé-
phantiasis des Vrabes. La première n'est autre que la lèpre
et doit être seulement désignée sous ce nom (V. Leprb). Le
plique exclusivement aujourd'hui à
la maladie décrite, au ix siècle, pur Rhazès sous le nom de
dal-fil (maladie de l'éléphant). Ce serait du reste une
erreur que de considérer l'éléphantiasis comme spéciale a
l'Arabie; on la trouve a l'étal endémique dans tous les pays
chauds, dans l'Afrique centrale, au Brésil, dans l'archipel des
Antilles, aux Indes, à Sumatra, a IWiiéo, etc. Lu ces con-
trées, la maladie sévit surtout dans les régions basses et
humides, en proie a la malaria et aux moustiques de toutes
SOTl 's. sur les bords des grands fleuves, dans les marais,
le-. îles et le long des cotes (Duhring) ; mais il n'est pas de
latitude ou elle ne puisse être rencontrée à l'étal sporadiquo;
on la connaît eu Europe, voire en France, el notre musée
de l'hôpital Saint-Louis renferme plusieurs bons moulages
d'élèphantiasis, exécutes d'après nature a Paris. L'éTé-
phantiusis {dermUe fibreuse hypertrophique de Droca),
esl une hypertrophie de la peau el de l'ntpoderme, limitée
à certaines régions, consécutive à des inflammations répé-
tées du système lymphatique et déterminant à la longue un
développement monstrueux des parties qu'elle affecte.
La maladie n'épargne aucun âge, même l'enfante (Mon-
corvo); il est toutefois rare qu'elle se montre avant la pu-
berté. Les hommes, plus exposés par leur genre de vie, sont
aussi plus souvent atteints. Aucune race n'est à l'abri du
mal: mais il est évident que les nègres et les créoles ont
une disposition irritable spéciale du système lymphatique
qui les rend particulièrement aptes à l'éléphantiasis, comme
a tous les éléments de la pathologie lymphatique (Besnier).
La misère, la fatigue, une alimentation défectueuse, la
tuberculose et la syphilis (Besniei) favorisent certainement
le développement du mal. Les conditions déterminantes sont
toutes celles qui opposent un obstacle à la circulation de
la lymphe ou qui irritent directement le réseau lympha-
tique. La Glaire du sang, dans les contrées tropicales, est
l'une des causes les plus fréquentes de Péli phanliasis,
mai» il est absolument inexact que ce ver parasite soit la
cause Univoque de l'affection qui nous occupe : la filariose
peut se montrer sans eléphantiasis, et l'éléphantiasis sans
filariose.
Symptomatologie. Dans les zones où elle sévit à l'état
permanent, l'affection atteint assez souvent un développe-
ment prodigieux, par une marche continue et rapide. Sous
nos climats son allure est plus insidieuse et plus lente. Les
irritations réitérées de la peau, les éruptions récidivantes
ou rebelles, les ulcères, les varices, l'eczéma, le lupus en
activité, la présence de certains parasites sont autant de
circonstances favorables à son développement. L'évolution
se 6dt, dans les cas typiques, par poussées successives plus
OU moins intenses et séparées par des intervalles qui peu-
vent n'être que de quelques semaines ou déliasser plusieurs
années. La crise paroxystique est précédée d'ordinaire
d'un frissonnement violent et s'accompagne d'un état fébrile
accentue. Souvent aussi apparaissent des phénomènes géné-
raux: céphalalgie, délire, troubles nerveux et gastriques, etc.
Sur la région atteinte on voit la peau rougir, se tumé-
fier, se tendre et se couvrir d'un réseau lymphangitique.
Le doigt y laisse l'empreinte caractéristique de l'u'ilènie.
Les tissus, pris en masse, semblent à la main plus épais,
plus denses et fortement adhérents aux parties sous-
jaoentes ; les ganglions voisins deviennent rapidement
douloureux et gonflés. Ces poussées de lymphangite qui
caractérisent la marche de l'éléphantiasis dans sa forme
classique se produisent tantôt sans nulle cause apparente,
tantôt a la suite d'une provocation locale telle qu'une phlé-
bite, un ulcère, une dermite, une blessure même légère;
Honcorvo a vu dans un cas le début se faire parle bras a
la suite d'une vaccination. La durée de l'accès ne dépasse
guère une semaine. Un voit alors la fièvre et les troubles
généraux disparaître, mais les lésions cutanées demeurent
acquises. A chaque accès nouveau, elles s'accentuent et
s'étendent. Les tissus, tout en s'inliltrant de lymphe, s'hy-
perplasient et s'indurent. La peau est lisse et luisante
comme du marbre ; sa teinte reste blanche, rougit ou se
bistre. L'hypertrophie spéciale de certains éléments donnent
parfois aux téguments 1 aspect vefruqueux, noueux oupapil-
Iomateux. Dans ce. tissus, ou la vitalité semble s'éteindre,
le moindre traumatisme, la plus légère irritation suffisent
ÉLÉPHANTIASIS — KLER
— MU —
a produire des ulcère*, des fissurée par ou tuiate au liquide
huileux et facilement ooncrescible. Nous Bignalerons seu-
lement, comme anomalies de l'éléphantiasis, les variétés
télangiectode et lymphangiectode dans lesquelles on cons-
tate une hypertrophie considérable el prédominante suit des
vaisseaux sanguins, suit des réseaux lymphatiqui t.
L'affection a deux principaux sièges d'élection : les
membres inférieurs et les organes génitaux. Aux membres
inférieurs les lésions sont, d'une façon générale, d'autant
plus accentuées qu'elles siègent plus prés du pied, Celui-ci,
hideusement déformé, est élargi el gonflé au point «pie les
orteils sont pour ainsi dire confondus. Le membre n'offre
plus ni reliefs, ni méplats ; c'est une colonne unie, mas-
sive, monstrueuse qui rappelle véritablement la jambe «l'élé-
phant. Un gros bourrelet de chair surplombe l'articulation
tibio-tarsienne et indique par un sillon profond la limite
qui sépare le pied de la jambe. La cuisse est œdématiée,
mais dans des proportions relativement moindres que les
parties situées au-dessous d'elle. Il en résulte que la base
du cône, figuré normalement par le membre, n'est plus en
haut, mais en bas. Les ganglions de l'aine et du creux
poplité participent à l'hypertrophie générale et peuvent
même suppurer. Le membre devient d'autant plus impotent
qu'à l'hypertrophie conjonctive vient s'ajoiter la dégéné-
rescence des muscles. Les parties envahies ne sont que
rarement douloureuses. L'affection reste le plus souvent
unilatérale. L'éléphantiasis des organes génitaux ne se
montre, du moins dans ses formes excessives, que sous la
zone tropicale. Chez l'homme, on peut voir le scrotum des-
cendre jusqu'aux talons et dépasser le poids de 100 livres.
La verge est alors perdue dans la masse charnue, et l'émis-
sion de l'urine est singulièrement gênée. Dans d'autres cas
plus rares, le pénis est spécialement atteint et acquiert
un développement prodigieux. Chez la femme, la dégéné-
rescence éléphantiasis ou génitale acquiert moins souvent
des proportions énormes. Elle se montre aux grandes et
petites lèvres ainsi que sur la peau qui recouvre le clitoris.
Les autres localisations de l'affection sont fort rares ; nous
ne ferons que signaler l'éléphantiasis des seins, de la face,
du cou, des membres supérieurs. Mais nombre de cas
signalés sous le nom d'éléphantiasis doivent être plutôt
décrits comme œdèmes chroniques. Telle est, chez les stru-
meux, l'hypertrophie de la lèvre à la suite d'eczéma ou de
coryza répétés ; tel est encore le développement des pau-
pières ou de certaines parties de la face à la suite d'irri-
tations érysipélatoïdes répétées (Brocq). Abandonnée à elle-
même, l'éléphantiasis a une durée indéfinie ; on l'observe
chez des sujets qui en sont atteints depuis dix ans, vingt
ans et plus ; il est rare qu'elle entraine la mort parellc-mènie.
Traitement. Les agents thérapeutiques internes n'ont
aucune influence sur la marche de l'éléphantiasis. Peut-être
cependant faut-il faire une exception pour l'iodure de potas-
sium, qui semble favoriser parfois la résorption des néo-
plasies (Duhring, Brocq). L'hygiène la plus sévère devra
être imposée au malade : fuir les pays chauds, proscrire
de l'alimentation les spiritueux et les excitants de toute
sorte, éviter les refroidissements, maintenir la peau dans
un état aseptique rigoureux, telles sont les grandes indi-
cations que le médecin devra formuler comme indispen-
sables. Le traitement local de l'éléphantiasis confirmée a été
maintes fois l'objet des discussions chirurgicales : mais il
n'est pas jusqu'à présent de méthode qu'on puisse indiquer
comme parfaite. Les scarifications linéaires ne donnent de
résultat qu'au début de l'affection. L'abrasion des parties
malades ne peut être proposée que pour certains cas. L'élec-
trisation, recommandée par les uns, est repoussée par les
autres. La compression élastique combinée avec l'enroule-
ment ouaté est un excellent procédé, sinon curatif, tout
au moins palliatif. Mais on ne peut y recourir qu'en l'ab-
sence de plaies, d'ulcérations ou d'inflammation de la peau.
Le massage, le repos horizontal, les douches sulfureuses
chaudes sont de bons adjuvants de la compression métho-
dique. A. PlGHOT.
Eu.l'lUNTIAsn DES AliAW.s (V. Fll.AHIOSI.).
II . Art vétérinaire. — Maladie du bœuf e*m I
par un ensemble de symptômes graves, pne Bèvre intente,
iln pelage, de l'engorgement I la tète et aux membres, une
sensibilité extrême de la peau, qui s'enflamme, l'irrite, se
creuse de sillons purulents plu» ou moins profonds, rend
les animaux cachectiques et le plus souvent se termine par
la mort. L'éléphantiasis, ainsi nommée parce que la dénuda-
tion, la rugosité, la dureté de la peau la fait ressembler a
celle de l'éléphant, débute parla tristesse, la suspension de
la rumination, le poil hérissé, la tuméfaction de la peau
du mufle, des paupières, des oreilles, du fanon, du ventre
et des membres. Puis la peau, comme privée de nutrition,
se soulève, se dessèche, devient crépitante, se creva
se divise en sillons de dimensions et de profondeurs va-
riables, desquels s"écoule un liquide séro-purulent parfois
jaunâtre et oléagineux, et d'odeur infecte. Le mufle, les
paupières, les oreilles, gonflés et engorgés, donnent a l'ani-
mal un aspect repoussant et hideux ; sa tète est énorme,
on la dirait coiffée d'un casque, et les habitants des cam-
pagnes disent alors de l'animal malade qu'il a le casque.
L'éléphantiasis généralisée est rarement curable. Au lieu
d'employer pour la combattre un traitement coûteux, mieux
vaut livrer les animaux a la boucherie. L. Gab.mkk.
ÉLÉPHANTINE (Archéol. égypt.). Capitale du nome
le plus méridional de l'Egypte antique. La dénomination
grecque "EXeoavTrvj) est la traduction exacte du nom an-
tique de cette Ile, .1//, qui signifie Eléphant. Les Egyptiens
croyaient que le Nil, descendu du ciel, naissait entre Elé-
phantine et Philœ parmi les rochers de la cataracte, dans
deux gouffres appelés Kerti. On voyait encore à Eléphan-
tine, au commencement de ce siècle, deux temples dont
l'un, le temple du Sud, avait été consacré par A ménophis III
(XVIIIe dynastie) à la triade de khnoum, Sati et Anouké,
qui était l'objet d'un culte particulier à la première cata-
racte. Cet édifice, d'admirables proportions, a été détruit
sous Mehemet-Ali. Le plus ancien nom royal qu'on ait re-
levé à Eléphantine est celui de Thoutmés III, lu sur un
bloc de granit appartenant au mur de soutènement qui
protégeait l'île contre la violence des courants du Nil.
ELEPHANTIS, femme auteur du commencement de l'em-
pire romain. Ses écrits en prose et en vers avaient pour
caractère une impudente lubricité, dans le genre àesSonnetti
lussuriosi de l'Arétin. Aussi Tibère les'plaça-t-il, suivant
Suétone, avec des tableaux et des sculptures obscènes, dans
hs chambres de son palais de Caprèe. Il faut citer le pas-
sage en latin : Cubicula plurifariam disposita tabellis
ac sigillis lasciuissimarum picturarum et figurarum
adornavit librisque Elephantidis instruxit, ne eut
in opéra edenda exemplar imperatœ schemœ deesset
(Suét.. m. 43).
ÉLÉPHANTS (Haie des). Mouillage excellent sur la côte
occidentale d'Afrique (possessions portugaises d'Angola),
par 13° -20' de lat. S. La région est inhabitée et sans eau.
ELER (André), musicien français, né en Alsace vers
1764, mort à Paris le v2l a\r. 1821. Malgré le mérite de
ses compositions de musique de chambre, il demeura long-
temps dans la misère et se vit préférer Berton. grâce à
l'influence de Catel, pour une place de professeur d'har-
monie au Conservatoire; vers la fin de sa vie. pourtant, il
fut nommé professeur de contrepoint, au moment de la
réorganisation de l'Ecole royale de musique (1816). In
jour que ses élèves le trouvèrent occupé à tendre son bois
dans la cour de la maison dont il habitait le cinquième
étage, il leur répondit en riant : « Je suis fait à cette be-
sogne, étant accoutumé à tout, excepté à la musique de
Catel. » Il n'a écrit pour le théâtre que Appelle et Cam-
paspe (joué en 1798), le Chant des vengeances, inter-
mède lyrique dont les paroles sont de Rouget de Lisle, un
petit opéra-comique, l'Habit dit chevalier de Grammont,
représente en 1800, et un grand opéra, la Font de
Brama, qui n'a point été exécuté. 11 a aussi fait une ou-
verture pour harmonie et beaucoup de morceaux pour ins-
— S17 —
ELER — ÉLEUSINIES
triniiiMits i vont. très habilement écrits, donl on trouvera
la détail dans Fètis. Da plus, on peut voir, à la bibliothèque
ilu Cooserratoire da Pans, la précieuse collection Efer,
dans bquelk m musiciei] i réuni et mis en partition
noaabre de compositions remarquables des grands auteurs
du in* siècle. Alfred Ebnst.
EL ERS (Johan), rûneur et topographe suédois, né à
Kariskronak s juin IT-21.'. mort le M nov. 1813. Entré
comme copiste au ministère de l'intérieur, il j devint se-
■ du protocole (1766), recul en I7ST le titre de
conseiller de chancellerie et fut de 1789 e I79S membre
du comité des affaires générales. 11 publia Mes Essais poé-
(1755-1759, '■ vol.); Chansons badines (I7'J-2,
a\er musique de plusieurs compositeurs) : Mes Larmes
(dans le t. Il des Actes île l'Académie des belles-lettres
qui avait couronné ce poème en 1774); enfin, une bonne
aphie historique de Stockholm (1800-1801, i vol.).
ÉLESMES. Com. du dép. du Nord, arr. d'Avesnes,
uni. de Manbeuge : 195 ban.
EL-ESNAM. Nom qui se retrouve fréquemment dans
la toponymie des pays barbaresques et qui signifie les
idoles; il s applique a deslocalités où l'on voit des ruines.
Signalons parmi les plus connues: lit- fanant, stat. du
.hem. de 1er d'Alger à Constantine, entre Bouïra et Adjiba;
Kalaa^l-Esnam, rocher près de la frontière d'Algérie,
qui porte à sou sommet un pauvre village tunisien, l.l-
Esnam était le nom de la localité on s'e>t élevée Orléans-
ville, et les piliers informes que Duveyrier vit prés de
Hadamcs sont appelés aussi El-Esnâmen.
ELESYCES, ELISYCI, HELISYCI. Peuple qui, à une
époque antérieure à l'établissement des Gaulois sur les
cotes de la Méditerranée, occupait la partie de l'ancienne
située entre les Pyrénées et l'Aude. Festus Avienus
{lira niant., \. .')Si-oS(i) nous apprend que Narhonne
était leur capitale. On ue sait pas au juste de quelle race
.■taient les Elesyces. Suivant Hécalée de Milet (Fragm.
liât, mec., I, 2), qui écrivait vers l'an 500 avant no^re
en, ils élan-ut Ligures. A cette époque, en effet, le pays
s'étendant du Rhône aux Pyrénées avait été conquis par
res sur les Ligures. D'autre part, Hérodote (1. VII,
[ai les mentionne parmi le> mercenaires amenés
par Amilcar en Sicile vers l'an »80 av. J.-C, d'accord
avec les indications du périple de Scylax [Geogr. yrœci
tninor., éd. Millier. 1. 17). les distingue des Ligures purs
et des Ibères purs : il> étaient, a ses yeux, un mélange
d'Ibères vaincus et de Ligures conquérants. Vers l'an 'MO
avant notre eie. les Gaulois s'emparèrent des côtes de la
Méditerranée, et les Voles Tectosages envahirent le terri—
taire i - : ceux-ci, probablement pendant long-
temps les clients de ces nouveaux maître-,, finirent par être
i par eux. M. d'Arbois de Juhainville fait la re-
marque que Strabon en deux endroits (I, i. i, et III, n,
)H) place r'HXûaiov néBiov d'Homère (Odyssée, IV. 563)
en Iberie. C'est donc dans le pays des Elesyces, c.-à-d.
daaa le dép. de l'Aude on dans les enviions, qu'il faudrait
chercher les Champs-Elysées, cette contrée charmante qui,
- les descriptions d'Homère, était située aux extré-
■ la terre. Le nom des Elesyces ou Helisyci ('EÀt-
Hérodote) peut être rapproché du marais Hélice de
Pestas Avienus [ôra niant.. 588), situe entre Narhonne
- et qui est l'étang de Vendres. L. W.
Hnii.. : D'Arbois i>k Jubaihville, les Elesyces ou Eli-
xyci et f'Ora maritima de Feslus Avienus, dans Her.
. XXVIII, 230-237 ct.Rev. arc/i., XXX,
• — Iiu même, o.-.s- Premiers Habitants de l Europe ;
Paris, 1889, pp. 11-12 ; 375-376. — E. Desjardi.ns, Géogr.
rom. de t.t Gaule, II, 108 ; 212.
ÉLÉT0T. Corn, du dép. de la Seine-Inférieure, arr.
(\'\ vetot, cant. de Valmont; 800 liah.
ELETS. Ville de la Russie d'Europe, chef-lieu de dis—
gouvernement d'Orel, située mit la rivière Sosna;
- hah. I* district d'Elets appartient a la Terre noire
et est essentiellement agricole.
ELETTARIA (EleUaria Mat.) (Bot.). Genre de plantes
GRA5DE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
de la famille des Zingibéracées, voisin des Gingembres, dont
il se di^ingue surtout par son mode d'inflorescence et par
l'unique anthère fertile qui est pourvue de deux luges coll-
ègues jusqu'à leur sommet avec un connectif non dilaté.
L'unique espèce, /.'. repens IL lin. (/•.'. Curdamomum
Mat.; MatoniaCardamomum Sm.), est originaire de l'Inde
et cultivée dans un grand nombre île localités de l'Asie
tropicale. Ses fruits sont employés en thérapeutique sous
le nom de Cardamomes de Malabar (V. ce mot). Ed. Lek.
ÉLEU-dit-Leauwktti:. Com. du dép. du Pas-de-Calais;
arr. d'Arias, cant. de Vimv; 177 hah.
ÉLEUSINE (Elewine Gaertn.) (Bot.). Genre de Gra-
minées, dont on connaît seulement six ou sept espèces
répandues dans les régions chaudes des deux mondes, (le
sont des herbes à feuilles planes et allongées, à épis pani-
culés et digités, formés de deux épillets sessiles à deux ou
plusieurs fleurs distiques. UE. indien Gaertn. et VE. cora-
cana Gaertn. sont cultives communément dans l'Inde pour
leurs caryopses qui servent à la nourriture des naturels,
surtout lorsque le riz vient à manquer. On en fait des espèces
de bouillies. — UEleusined'Egypte est leDactyloctenium
cegyptiacum Willd., qui croit en Egypte, en Sicile, en
Amérique et aux Indes Orientales. Ses caryopses servent à
taire des décoctions préconisées contre les maladies du rein
et de la vessie. Ed. Lef.
ÉLEUSINIES. Nom des fêles céléhrées tant à Eleusis
(V. ce nom) qu'à Athènes en l'honneur de Déméter, de
Coré et d'Iacchos, les trois divinités chthoniennes de
l'Attique, unies dans un même culte mystérieux qui compte
parmi les plus importants de l'hellénisme.
•1° Origine et signification. Le document le plus an-
cien que nous possédions sur l'institution des Eleusinies et
sur les légendes d'où elle est issue est l'hymne homérique
à Déméter, découvert vers la tin du siècle dernier à
Moscou. Cette œuvre, dont la composition remonte au
vin* siècle, rattache à Eleusis la fahle de Déméter à qui
Hadès a ravi sa fille et qui, l'ayant cherchée par toute la
terre, provoque une famine universelle jusqu'à ce que
l'intervention de Zeus la lui ait fait ramener du fond des
enfers. Le sens de ce mythe est clair : Coré, ravie dans
les somhres royaumes, [mis rendue, pour quelques mois
chaque année, à l'amour de sa mère, est Limage de la
nature qui semble mourir aux approches de l'hiver, gar-
dant dans son sein la semence des existences nouvelles, et
qui ressuscite au printemps avec la verdure des champs.
Si Eleusis est considérée comme le siège de celte légende,
si autour de Déméter et du temple qu'elle y possède sont
groupées les personnalités héroïques de la contrée, Celeus
le roi et Métanira sa femme, leur fils Démophon et leurs
tilles parmi lesquelles le poète nomme Callidicé, c'est que
la plaine thriasienne, qui s'étend entre Eleusis et Athènes,
fut, en Grèce, un des premiers centres de la culture des
céréales. Au même titre, nous voyons prendre place dans
la fahle le héros Triptolème à qui Démêler enseigne cette
culture par l'emploi de la charrue ; le personnage d'Eu-
molpus et celui de Ceryx qui s'y mêlent, lorsque Eleusis
entre en rapports politiques avec Athènes, soit qu'une
guerre ait mis aux prises Celeus et Erechthée, soit que
l'alliance des deux cités se soit accomplie à la faveur du
culte de Déméter. La race des Eumolpides et celle des
Céryces reçoivent en dépôt les cérémonies et président, à
travers les siècles, aux pratiques solennelles de ce culte.
Dans le même temps, Iacchos, divinité athénienne, qui
personnifie la culture de la vigne et n'est autre qu'une
forme de Dionysos, est associé aux divinités primitives
d'Eleusis ; de sorte que cette religion, consacrant l'union
des deux peuples voisins, embrasse l'œuvre presque entière
de l'agriculture en A t tique. Elle est complète au temps de
S ilon, ayant reçu, après l'attentat de Cylon et grâce à
l'influence d'Epiménide, un fort élément de celte philoso-
phie mystique que l'on a désignée sous le nom (Vorphisme.
Les craintes causées par les guerres médiques avec la
surexcitation du sentiment religieux qui en fut la suite,
52
i l.l i SIN1ES
m -
achevèrent de donner au sanctuaire d'Eleusis et aux pra-
tiques dont il était le théâtre une importance extraordi-
naire et firent des Eleusinies la fête la plus populaire! la
plus sainif, la plus courue de l'antiquité gréco-romaine;
elles t'iiieiii la manifestation par excellence des MysL
*l0 Petites Eleusinies. A l'époque <!••> guerres contre
les Perses, on distingue les petites <■[ le, grandes Elçw-
sinies, celles-là correspondanl aux préoccupations agricoles
du printemps, celles-ci a l'expansion des sentiments de
gratitude qui succède aux moissons comme aussi îles inquié-
tudes que l'uni concevoir les semailles a l'entrée de l'hiver.
Les petites Eleusinies, sur lesquelles nous ne savons que
luit peu de chose, se célébraient a Athènes pendant le
mois Antesthérion, dans le faubourg d'Agrœ, sur les bords
de l'ilissus ; Déméter y possédait un temple que, par ana-
logie, on avait appelé VEleusinion. Elles consistaient sur-
tout en cérémonies purificatoires pour lesquelles on em-
ployait l'eau de l'ilissus. (Tétait comme une préparation
aux grandes Eleusinies de l'automne, mais il n'est pas
douteux que, de toute antiquité, la religion de Déméter,
embrassant le cycle entier de la végétation, n'ait eu, aussi
bien à Eleusis qu'à Athènes, sa tète du printemps (V. Pro-
charistéhies). Lorsque cette religion fut réservée à des
initiés et prit la forme de Mystères, les petites Eleusinies
marquèrent le point de départ des initiations qui s'ache-
vaient, comme après un temps d'épreuves, à l'automne
suivant.
3° Grandes Eleusinies. Celles-ci tombaient dans le
mois Uoédroinion, c.-à-d. au temps qui sépare la moisson
des semailles automnales. Elles duraient environ douze
jours à partir du 15 de ce mois, chaque jour ayant un
objet spécial. Tout d'abord les prêtres convoquaient l'assem-
blée des fidèles (â-pyjxd;) et leu1' adressaient une procla-
mation solennelle (^pôppr^t,) qui réglait la marche de la
cérémonie et en écartait tous les indignes ; ces réunions
préparatoires avaient lieu à Athènes dans le portique appelé
Pécile. Le lendemain on procédait, sur le bord de la mer,
peut-être au Pirée, plus probablement sur la route d'Eleusis,
à la purification des initiés (aXaSs p-ûs-rai) ; les trois jours
suivants étaient occupés par des sacrifices de tout genre
en l'honneur des trois divinités éleusiniennes et des héros
éponymes de l'Attique. L'épisode principal de la fête était
la procession dTacchos qui tombait le *2i) ; elle avait pour
objet de transporter en grande pompe, d'Athènes à Eleusis,
le frère mystique de Coré, le dieu des vignerons, au temple
des divinités de l'agriculture. Cette pompe, qui n'avait
d]analogue que celle des Panathénées, partait de J'EIeu-
sinion d'Agrœ, traversait le Céramique et se rendait à
Eleusis par la grande plaine, le long d'une route a qui de
nombreux édifices religieux avaient valu l'épithète de
sacrée. 11 y avait environ quatre lieues à franchir; quoique
la procession partit de bonne heure, les stations nombreuses
faites dans les temples et le grand concours de fidèles ne
permettaient d'arriver qu'à la nuit. La fête, dans son en-
semble, avait un caractère grave, mais l'élément joyeux
n'en était pas absent ; c'est au pont du Céphise «pie les
assistants échangeaient entre eux des plaisanteries qui
tiraient leur nom de ce pont (yiy'jpa, ys:?upi7u.o'!). Les
cérémonies accomplies a Eleusis même peuvent se résumer
dans le grand acte de l'initiation.
4° Initiation. Veillées saintes. De même que le culte
des Cabires (V. ce nom) à Samothrace, la religion des
divinités éleusiniennes était réservée dans sa plénitude
à une catégorie distincte de fidèles qui prenaient le nom
d'initiés. Ce que furent au juste les conditions de l'initia-
tion, nous le devinons plutôt que nous ne le savons avec
certitude. Pour y être admis, il fallait appartenir à la
nation des Hellènes, plus tard des domains qui ne fuient
jamais considérés comme des barbares, et être présenti
par un intermédiaire déjà initié, qui s'appelait le mi/sla-
gogue. Les esclaves mêmes, à la condition d'être Crées,
étaient acceptes à l'initiation, niais on en écartai) quiconque
se trouvait souillé par un meurtre ou par toute autre faute
notoire et grave. Le premier acte de l'initiation avait lieu
aux petites Eleusinies du printemps ; en automne, les
initiés du premier degré étaient admis pour la premièn
lois a contempler dans l'intérieur du temple d'Eteusi
soir de la grand' procession, les symbole, divins et a >:i
entendre I interprétation. Ils participaient de même aux
cérémonies qui représentaient la course errante di
a la recherche de sa fille, d'abord avec toutes les mai
talions de la tristesse et du désespoir, puis avec les marques
i joie extatique et de l'enthousiasme divin. A la pre-
mière phase correspondait la pratique du jeune qui rappe-
lait celui de Déméter refusant toute nourriture et la famine
que sa colère avait attirée sur le monde; à la seconde se
rapportait l'absorption du breuvage mystique, appelé
cycéon, composé de farine, d'eau et d'épiées diverses;
les courses aux flamheaux le long de la mer et finalement,
durant la sainte veillée qui succédait à la procession du jour,
la révélation, au milieu d'un décor de lumière, et de pein-
tures, des mystères du temple. Celte révélation coui|>ortait
à la fois des actions, c.-à-d. une représentation symbo-
lique, suis doute avec un appareil théâtral, des épisodes
de la légende et des discours dans lesquels les prêtres
interprétaient le sens de chaque symbole et tiraient des
faits légendaires une leçon morale. La contradiction qui
semhle exister entre les témoignages historiques concer-
nant les mystères d'Eleusis s'explique aisément, tant par
le mélange de ces éléments divers dans les pratiques du
culte que par les applications variées dont elles étaient
l'objet de la part des initiés. Tandis que Pindare. Eschyle,
Sophocle, Isocrate et plus tard encore Cicéron parlent de
ces mystères avec un respectueux enthousiasme, il ne
manque pas d'esprits éminents et d'ailleurs religieux,
Platon, Théophraste, Déinosthène, qui y ont vu des jon-
gleries indignes et des prétextes aux plus ridicules su|»ers-
titions. Aux uns. ils enseignaient la nécessité de la purifi-
cation après la faute et fortifiaient le sentiment moral par
la doctrine de l'immortalité des âmes et de la rétribution
fuiiire ; pour les autres, ils étaient l'occasion de pratiques
grossières, grotesques même, au fond desquelles il serait
naïf de chercher quelque idée philosophique ou morale.
C'est surtout au déclin du paganisme, <kns la lutte enga-
gée contre la religion nouvelle, que les païens intelligents
essayèrent, par l'interprétation allégorique, de défendre la
sainteté des mystères, tandis que les prêtres cherchaient
par tous les moyens possibles à les approprier aux exi-
gences toujours plus grandes du sentiment religieux. Plu-
tarque (Fragm. De Aaim.. 35, chez Stebée, Fier., rxx.
28) décrit en ces termes l'exaltation des initiés durant la
nuit qui surcède à la grande procession dTacchos: « Ce sont
d'abord des courses errantes et des circuits pénibles, des
recherches sans issue dans les ténèbres, ensuite des objets
d'effroi qui donnent le frisson, font couler la sueur et pro-
duisent la stupeur. Finalement une lumière merveilleuse
éclate, des espaces plein, de sérénité se découvrent, l'on
entend des voix, l'on aperçoit des danses: les meillcs et les
yeux sont charmés à la fois par la révélation des COM -
saintes et vénérables. » Lucien dit de même que les mys-
tères d'Eleusis promènent l'imagination dans les horreurs
du Tartare pour les faire aboutir aux splendeurs de l'Elyj
5" Ministres sacrés. Nous avons dit que les fonctions
du culte éleusinien se perpétuaient dans les antiques familles
des Bumolpides el des Céryoes, la première tirant son nom
du (haut harmonieux de la liturgie, la seconde des dis-
cours et proclamations solennelles adressés aux fidèles.
On distinguait parmi ces prêtres ['hiérophante qui pi
liait à la révélation des mystères, la dwhirhos qui portait
le flambeau et le mettait aux mains des inities. \'é/iil>o-
mios qui offrait le sacrifice à l'autel. Tous ces ministres
étaient groupés dans une savante hiérarchie et officiaient
revêtus d'ornements magnifiques. Qs s'acquittaient de leurs
fonctions sous le contrôle de l'archonte-roi et formaient
une sorte de sénat sacré qui, à la compétence liturgique,
joignait des attributions judiciaires. Ce sénat avait à. juger
- 81!) -
ÉLEUSINIES — É1.KUSIS
i,mi> li's têtes dirmémee M d'impieie «munis envers lu
ms les ras graves et qui louchaienl k la Iran-
qiiilliie publique, les Eumolpides portaient les .runes k la
connaissance du peuple entier oui décidai! souverainement.
Cesl ee qui eut heu dans l'affaire des Hermoeopides
i\ . \i, ir.ivtnV Outre des lois écrites, la religion .1 Eleusis
ranlie par un ensemble de dispositions transmises
oralement dans le secret du temple; e'étaienl les lois non
i, dont un auteur grec du temps de
Péridès vante la considération et l'excellence. Il y a des
exemples de condamnations capitales prononcées pour vio-
lation .lu secret des mystères el attentats contre la sainteté
ailés èleusiniennes. Le plus connu est etJui de Dia-
H m avait commis le double crime el qui
■ (is la main d'un fanatique, sa tète ayant été mise
a prix.
usmies hors d'Athènes. De même que les
- - répandirent dans diverses parties
du monde gréco-romain, ainsi le culte d'Eleusis se fixa ça
- - |ue l'on puisse établir le temps précis de eette
diffusion, en Asie Mineure, élans les lleset sur le reste du
continent hellénique. Il est même probable que la vénéra-
nt fut l'objet, ebez les Romains, le groupe dirin de
le Liber et de Libéra, eut sa raison d'être dans
L'imitation îles mystères éleusinieus. La conquête de la
par les Romains profita d'ailleurs a la popularité de
■ Mines refleurirent à Rome dans la
pompe «les Cerialia. On peut voir chez Ovide (/•'</*/.. 1\ ,
minent les poètes latins adaptèrent a la
fête latine les légendes et les pratiques venues de Créée.
So« l'Empire, I usage des initiations, tant a Eleusis qu'à
Samotbrace, persista avec plus de laveur que jamais;
Claude avait même essayé de les transporter à Hume. Au-
trc-Aurèle s'étaient l'ait initier ; le con-
seil sacré des prêtres d'Eleusis fonctionna sous Commode,
pie Valentinien, empereur chrétien, défendit par un
edit la célébration des mystères nocturnes, les Kleusinies
turent exceptées de La défense. Dans le même temps, la
ne* des Eumolpides étant éteinte, un prêtre de Mithra,
lire de Thespies, fut appelé aux fonctions de hiéro-
\ . Mystère). J.-A. Hild.
N us ne cib ma pie les ouv ragea lea plus récents
- — LoneoK, Aglaophamus, I, pp. 4-
- Hkkmann. Lehrbuch der Gottesd. Alterth. der
..'(1.5 7. 10; î 32, 12 et sniv. el § 55.— Schcemann,
AUerth.. 11. p| liv. — Preller, Griech.
dana la Real
— A. Momm-1 .. Heortologie,
■ moins de science
i b-Croix, Recherches historiques
Paris, 181
l <<ai sur
Paris, 1*U6. — Creuzer, Symbo-
lique. IV, pp. 1-3 et soiv.j trad. Guignaut, — Mai rv, Hist.
315 i-t suis., el l'art, de
"\ni et Pottier, Eleusinia.. dans le Oict. des
vec. el romaines, par Daremberg et Saglio, t. II,
- liv., le mieux informé de tous.
ELEUSIS ne). Ville de _ l'ancienne Attique.
aujourd'hui tepsina, dôme appartenant à la trilnfTfippo-
thoontis: elle était située sur le u'olfe de Sajamine, à l'O.
■I ■■ l'Attique, sur la route entre Athénés~erTTsthme. dans
la plaine fertile (Rharienne ou de Thriasie), arrosée par le
• tlle dut sa renommée au culte des grandes déesses
• ihoné qui étaient censées y résider et dont
j étaient célébrés sous le nom A'Elettsinies;
•andit dan- la Grèce entière. '
■rirait avoir eu dès une haute antiquité le carac-
■ qu'elle conserva pendant toute l'anti-
quité. Cs tut d'abord un des douze royaumes entre lesquels
se partageait l'Attique : il était gouverné par la famille des
PBBwlpidfS préposée au culte comme i la direction politique.
- • sulKirdonna les autres cantons voisins,
la défaite d'Eleusis établit définitivement sa suprématie, La
racontait qu'a la >iiit<- d'une guerre entre le roi
Eumolpus d'Eleusis et Leroi Erechthée d'Athènes, l
siniens, ayant succombé, reconnurent la domination athé-
nienne, excepté en M qt)i concernait les mystères. Ce qui
est certain, c'esl qu'EleUSÎS, bien que réduit à laeondiliondo
déme de l'Attique, conserva de grands privilèges; le titre
de cité (rr oXtç), le droit de baltre monnaie. Les deux villes
étaient réunies pai la voie Sacrée ("Iipa oSd;) sur laquelle
chaque année se déroulait la grande procession vei s Eleusis.
Cette \oie bordée de monuments a été décrite par Pausanias
et par Polémon dans un ouvrage perdu. Elle commençait
à Athènes par deux voies bientôt réunies partant du Dipylo
et de la porte Sacrée; on rencontrait successivement les
monuments du héraut Anthémocrite, le tombeau de Molosse,
du prophète Scirus, le dénie Laciades (pairie de Miliiade);
franchissant le Céphise sur un pont ou les initiés venaient
plaisanter les passants, on atteignait le monument de Pythio-
mee (femme d'Harpale), puis le mont Pœcile et le temple
d'Apollon (aujourd'hui chapelle Saint-Klie) ; auprès était
un temple d'Aphrodite bâti en l'honneur de Phila, femme de
Déinétrius Poliorcète. On arrivait ensuite a Kheiti, dont les
cascades étaient à la limite entre le territoire d'Athènes et
celui d'Eleusis; on entrait dans la plaine éleusinienne;
à partir du tombeau de Straton, la voie longeait la mer;
elle traversait le Céphise éleusinien et entrait dans la ville
sainte.
Celle-ci occupait principalement la partie orientale d'une
colline rocheuse courant parallèlement au rivage et peu
distante du mont Cerata à l'O. La colline portail l'Acropole,
naturellement ; son extrémité orientale avait été aplanie et
de grands terrassements avaient été établis pour supporter
les édifices sacrés groupés autour du temple de Déméter.
La ville proprement dite s'étendait au S. de la colline entre
elle et la mer, formant un triangle d'environ MOO m. de
côté. Le mur oriental se prolongeait dans la mer par un
des môles longs de 100 m. qui tonnaient le port artificiel
d'Eleusis. Pausanias rite des temples de Triptolème, de
Poséidon, d'Artemis Propyléenne et le ûillicliorum (au N.
de la colline) où les femmes d'Eleusis célébraient les déesses
par des chants et des danses. Mais la plupart des édifices
religieux étaient réunis dans le Hu'ron, autour du temple
de Déméter. Le lliéron était entouré d'une double enceinte.
Il subsiste de cet ensemble des ruines considérables qui
ont été décrites, notamment par la commission des Dilet-
lanli. Kn arrivant d'Athènes, abordant la colline par le
N.-K., on trouvait les Propylées, vestibule monumental ana-
logue à celui de l'Acropole d'Athènes ; devant était le petit
temple d'Artemis Propyléenne. Après avoir franchi les Pro-
pylées, on était dans l'endos extérieur ; à 50 pieds plus loin
était le mur de l'enclos intérieur qui avait la forme d'un
pentagone ; on y pénétrait par les Propylées intérieures et
on se trouvait en présence du temple de Déméter. Ce temple
(tô teXeuT7Jpiov ou p-jarixô; oïjxo'î) ou se célébraient les
mystères, était le plus vaste de la Grèce; il pouvait, au
dire de Strabon, contenir autant de personnes qu'un théâtre.
Le plan en avait été donné par Ictinus, l'architecte du
Parthénon; l'exécution s'était poursuivie avec une lenteur
extrême; le portique ne fut achevé qu'en 'MH par l'archi-
tecte Pluton, au temps de Démétrius de Phalère. Ce temple
était un des chefs-d'œuvre de l'architecture grecque. Il
était orienté face auS.-E. ; la cella de 166 pieds carrés était
portée par w28 colonnes doriques disposées sur une double
rangée ; on y accédait par un superbe portique de 1% grandes
colonnes doriques; La plate-forme située derrière le temple
dominait de "20 pieds le pavé du portique ; on y montait
par des degrés ; un petit portique la faisait communiquer
avec l'Acropole. Nous nous bornons Ici à cette description
sommaire des ruines actuellement existantes; on trouvera
dans l'article Mystère les indications complémentaires sur
la manière dont les édifices religieux étaient disposés pour
le culte, et les hypothèses faites à ce sujet. Ce temple de
Déméter avait remplacé l'ancien, brûlé par les Perses dans
la seconde guerre médique ( 180). Les mystères maintinrent
la prospérité d'Eleusis jusque vers la fin de l'empire romain ;
les membres de l'aristocratie venaient s'y taire initier.
Eleusis fut détruit par Âlaric en .'!!)() et ne se releva jamais.
ELEUTER — ELEL'TllES
— 8-20 -
ELEUTER (Georges), peintre polonaii <lu mf siècle.
Il appartenait .1 la classe des chevaliers. Il fat peintre du
roi Jean Sobieski. lia laissé plusieurs portraits de ce sou-
verain el un certain nombre de tableaux d'église, notam-
ment une Sainte Anne dans l'église du même nom ;< Cra-
covie, un Christ crucifié dans l'église Sainte-Croix a
Varsovie, un Saint lioch dans la méu gtise.
ELEUTHERA (Ue) ou ROYAL ISLAND, l'une des Iles
Bahama» (\ , ce mot), au N. de l'archipel; elle a 130 kil.
de long sur 15 de large et compte 5,000 liai), environ.
ELEUTHÈRE (Sami). Quatorzième pape, néàNicopolis
en Epire, élu en 1*2, mort en 193, après un épiscopat île
onze années, quatre mois, cinq jours. Les mentions qui
précèdent sont empruntées à la série chronologique inscrite à
Rome. Le Cat ilogue de Libère assigne à ce pontificat une
durée de quinze années, six mois, cinq jours, de 177 a 192.
D'après les (aïeuls de Lipsius, Eleuthère Berait mort en
J89. Suivant Hégésippe, reproduit par Eusèbe illist.
eccl., iv, 22), il était diacre sous Anicet, et il succéda,
comme évèque de Home, à Soter. Le calendrier romain
place sa fêté au 26 mai et le met au rang des martyrs;
mais aucun l'ait attesté par l'histoire ne justitie ce titre.
— La place que ce pontificat tient dans l'histoire ecclésias-
tique est remplie, moins par les actes accomplis par Eleu-
thére, que par ceux qu'on lui attribue et par les faits aux-
quels il a été incidemment mêlé. Eusèbe (llist. eccl., v, m)
l'apporte que Irenée, alors presbytie à Lyon, lui apporta,
de la part des chrétiens de la (iaule, une lettre ayant
pour objet la paix de l'Eglise et exprimant le sentiment
de leurs martyrs a l'égard des montanistes. Un a tiré argu-
ment de ce fait pour démontrer que l'évèque de Home était
considéré abus comme exerçant une suprême juridiction. 11
convient de noter qu'un envoi analogue fut adresséaux églises
de Phrvgie, et que les chrétiens de la Gaule ne demandaient
aucune décision a Eleuthère, niais lui communiquaient tout
simplement l'opinion de leurs martyrs. — Tertulhen
(Advers. l'rax., 1) parle, sans le nommer, d'un évèque de
Rome qui aurait, pendant un certain temps, prêté foi a Mon-
tanus et à ses prophétesses et aurait émis en leur faveur
des lettres de paix, qu'il aurait ensuite rétractées à l'insti-
gation de Praxéas. Plusieurs historiens supposent que cet
évèque était Eleuthère; d'autres que c'était Victor, son
successeur. Le même écrivain (De Prasscrip. hures., xxx)
dit que les gnostiques Valentin et Mari-ion étaient à
Rome, pendant l'èpiscopat d'EIeuthère, et qu'ils y furent
excommuniés deux fois; mais il est établi que Valentin était
mort avant que Eleuthère fut évèque. — Bède (Hist.
eccl., iv, et Citron.) raconte que Lucius, roi des Brelagnes
(Britaniarum rex), adressa à Eleuthère une lettre pour
le supplier de le faire chrétien. Cette pieuse demande fut
accueillie et elle eut pour effet de convertir les Bretons à
la foi chrétienne, qu'ils gardèrent paisiblement jusqu'au
règne de Dioclélien. Malheureusement pour cette légende,
les Bretons, au temps d'EIeuthère, n'avaient plus de rois;
ils étaient assujettis aux Romains, dont les empereurs
étaient fort païens. D'autre part, il parait bien démontré
que les chrétiens bretons ne turent point convertis par des
missionnaires de Borne : la différence de leurs coutumes
ecclésiastiques avec celles de Boine attestent que leur
christianisme avait une origine notablement différente. On
sait d'ailleurs quelle résistance les évêques bretons oppo-
sèrent aux prétentions romaines, lorsque Augustin fut
envoyé chez eux par Grégoire 1er (597). La lettre d'EIeu-
thère au roi Lucius, reproduite dans un manuscrit des
Lois dites d'Edouard le Confesseur, est incontestable-
ment fausse. De même, une décrétale adressée aux pro-
vinces de la Gaule, sur l'usage des aliments, le jugement
des clercs par les synodes provinciaux avec appel a Rome.
I..-II. Yol.l.KT.
Htm.. . Lipsius, Chronologie der rômischen BiscMfe;
Kicl, 1869, in-8. — Duchbsnk, Liber ponti/icalis ; Paris,
isMi-iML'. l' vol. in-i. — 1. i:\ais de Tillemont, Mémoires
pour servir a V histoire ecclésiastique des six premiers
siècles; Paris, 1693 1712, 16 vol. in-4. — J. Barmbv, art.
Eleutheru*. dans le Diclionary of Christian biography
<ii- \V. S sir i il et II. Wai l; I.omln-*, l>-77-lft>!7, 4 vol. LO-&
ELEUTHERE (Saint), évèque, né a Tournai en '...'»,
mort a fniiiiiai en • >•>!. A l'âge de trente ai^, il su
,i Théodoric sur le siège épitcopal de sa Mlle natale et
propagea avec zèle et succès la religion chrétienne dans le
nord de la i.aule, surtout après b- baptême de Clora. On
lui attribue quelques sermons et quelques opuscules d'a|io-
logétique qui ont été recueillis dans la Bibliothêqut
l'< n i il'' Cologne et de Lyon. La fêle de saint Eleuthère
m- célèbre le 20 févr.
Bidl. AcUx eanctorum, févr., t. III.— Histoire littéraire
ELEUTHERIA HJeutkeriu Quatre&gfls) (ZooL). Genre
d'Anthomeduses(Hydroïdes), de la famille des uadonén
constitué par de très petites Méduses jaunâtres, rougeatrai
ou brunâtres. Leur ombrelle, pourvue d'un vélum, est
hémisphérique, deux fois aussi large que haute ; elle a
1 milliui., rarement 2 de largeur; sa surface estera
dépourvue de cotes urticantes, et sa cavité est très réduite.
Ces petits organismes présentent 4-x tentacules, le plu^
ordinairement 0, qui sont deux ou trois fois aussi longs
que le diamètre de l'ombrelle. Ils sont mous, flexibles,
cylindriques et fourchus au bout; lesextréohésdes branches
de ces fourches présentent un bouton urticant ou une ven-
touse. A la base des tentacules se trouvent des ocelles.
Ces Méduses sont dépourvues d'organes auditifs. La bouche
fait saillie en dehors de l'ombrelle; elle est munie de
quatre lobes buccaux courts. L'estomac est un tube conique,
jaune ou brun, présentant qualre arêtes longitudinales.
Dans sa paroi externe ou orale sont logées les glandes
sexuelles, disposées en quatre lobes, dont les produits
tombent dans une vaste cavité incubairice périslomacale.
De l'estomac partent des canaux radiaires courts, simples
et larges, au nombre de 4—8, ordinairement 6. L'Elev-
theria présente le phénomène de la génération alternante.
La forme asexuée, qui rentre par sa structure dans le
sous-ordre des Gymnoblastiques, est le Claralella proli-
féra Hincks. La Clavatelle, nourrice de l'Eleutherie, cons-
titue de petites colonies de polypes blanchâtres, allongés,
cylindriques, épaissis à leur base, qui, étendus, peuvent
atteindre jusqu'à 12 millim.. et qui sont munis d'une cou-
ronne simple de 0-8 tentacules capités. Le tronc de la
colonie est rudimentaire, et les polypes naissent presque
directement de la racine. Celle-ci est filiforme, rampante.
Les bourgeons sexuels sont placés sur des pédoncules rami-
fies, prenant leur origine sur le corps des polypes. — Ce
genre ne présente qu'une seule espèce, l'£. dichotoma
(juairefages, des côtes européennes. J. Kinstlek.
ELEUTHERIUS, exarque de Bavenne, de 010 a 019.
Nommé par l'empereur Heraclius au gouvernement de l'Ita-
lie byzantine, il dut réprimer tout d'abord des insurrec-
tions qui avaient éclaté à Bavenne et à Naples. Plus tard,
ayant à prix d'argent obtenu la paix des Lombards, il crut
pouvoir se détacher de Byzance et se fit proclamer empe-
reur a Bavenne (019) ; mais, pendant qu'il marchait sur
Borne pour s'y faire couronner, il fut assassiné en route
par ses soldats. Ch. Dikhl.
ELEUTHEROCRINUS (Paléont.) (V. Blastoïdes) .
ELEUTHÉROMYCES (Bot.). Genre de Champignons
Sphériacés, \oisins des Byphomycètes. Due seule espèce
commune, E. subulatus, vivant sur les vieux Agarics, et
sous sa forme conidienne (Isaria braehiata) et sous sa
forme ascophorée (Sphasronema subulatum). H. F.
ELEUTHERU RA (Zool.) (V. Boussette).
ELEUTHES, OELETS, ÔL0TS n'est que la transcrip-
tion, par les missionnaires français du xviu* siècle, de
\\<'i-lii-te ou O-lou-te, nom chinois du mongol Oirats.
Les Oirats (Y. Dzocngarie) étaient au nombre de quatre :
les Tchoros, dans l'Ili, qui sont les Dzoungares; les Dour-
bet, sur l'Irtych; les Tourgoutes, dans le Targabatai, et
les Kochots, dans le pays d'Ooroumtsi. Li tribu mon-
gole, connue sous le nom d'Eleuthes, et qui n'est autre.
(ii realite, que les Kalmoucks ou Mongols occidentaux,
- 821 -
ELEUTHES — ÉLÉVATION
■M célèbre dans l'histoire par li rèsistanee qu'elle opposa
m empereurs de la dynastie régnant actuellement en
Chine. Sous le règne de l'empereur kang-hi, un chef
khorut, l'Erdeni Bahadnr Kong-Taichi, fortement établi
au N. des Tieiiehan. a\;ui essayé de reconstituer l'aile
gauche mongole (Dioungares) ; sou tils Galdan, qui lui
succéda, vers 1665, prit le utre de khan des Dzoungares,
et ■ooiri les tribus nongoles plus rapprochées de la
Chine, en particulier les klialkluis. au S. du désert de
Gobi. Craignant une invasion qui aurait pu suivre la de-
faite de ees derniers, Kang-hl, occupe a combattre les
dernières tracs de la retiellion de du San-Kouei, à ehas-
l'ormoseet i réduire la province de Canton,
en un mot. à pacifier son empire, évita de déclarer la
guerre aux Kleuthes. qui ne cachaient pas leur intention
de s'avancer jusqu'au Kon-Kon-nor. Libre enfin, Kang-hi
se dirigea au secours des khalkhas. qui venaient d'être
attaques par les Eleuthes. Ceux-ci, victorieux, avaient
- mble une grande armée sur les bords de l'Orkhou.
Une première campagne, terminée en 1690, n'amena aucun
lat sérieux: les Kl uthes recommencèrent en 1696,
et Galdan, défait, mourut la même année. Toutefois
la conquête définitive «lu pays des Eleuthes, c-à-d.
des Tien-elian. ne fut terminée que sous le règne du petit-
fils de Kang-hi, Kien-loung. Kn 1753, a la suite de
troubles dans le pays des Eleuthes, Kien-loung mit à la
tète de ce peuple Amoursana, qui se révolta en 1755,
son concurrent, Dawadji, ayant été épargné par l'empe-
reur. Amoursana fut obligé de s'enfuir jusqu'en Sibérie,
ou il mourut, et tout son pays fut annexé à la Chine.
L'empereur Kien-loung célébra en vers, qui furent gravés
sur la pierre (1757), la conquête du pavs des Kleutl.es.
Henri Cobdier.
Bmi . : Uém. concernant les Chinois, I. pp. 325-100. —
\ Rkmusat, Nouv. MA. asiatiques. — Brbtschnbidbr,
Mediaer.il fieaearcties. — H. Cordibr, Bib. Sinica.
ÉLEVAGE (Econ. rur.). L'élevage du bétail consiste à
exploiter des mères pour la production des jeunes animaux
conduits jusqu'à leur sevrage ou jusqu'au moment de leur
développement suffisant pour qu'ils puissent à leur tour
être exploites d'une façon quelconque. L'agriculteur qui
opère ainsi fait des élèves et il est appelé éleveur. Le
principe général à appliquer dans toute entreprise d'éle-
esl de n'accoupler entre eux que des reproducteurs
île choix qui donneront des jeunes bien constitués, puis de
nourrir les jeunes animaux au>si copieusement que possible
de manière à leur faire acquérir un poids considérable
dans le moindre espace de temps. Quant à la pratique
même de l'élevage, elle varie suivant les diverses espèces
animales auxquelles cette opération s'applique, pratique
qu'on trouvera exposée aux mots Kaces bovines, cheva-
line-, ovunts, etc. Alb. L.
ÉLÉVATEUR. I. Technologie. — Ce mot désigne,
d'une manière générale, toute machine a élever les corps.
Il y a un grand nombre d'élévateurs différents; toutefois, on
peut ramener ces engins à quelques classes principales. Nous
renverrons, p"ur les élévateurs qui servent à élever les
liquides, aux mots Epuisement et Pompe. Les élévateurs qui
it .1 éleva les corps solides comprennent les monts-
char \ ce mot) et, par extension, les ascenseurs
employés a faire monter aux persouues et sans fatigue les
■ m:i tous (V. Ascenseur, t. IV, p. 62). On peut
ran.erdans cette catégorie les ascenseurs employés à l'élé-
vation des trains de chemins de fer et les ascenseurs qui,
dans les canaux, servent à racheter les différences de niveau
(V. Cahal,L Mil. [i. I tx-2i, ainsi que les balances d'eau
et les balances sèches (V. Balance, t. V. p. 64)i Nous ne
retiendrons ici que quelques élévateurs spéciaux. Les éléva-
teurs de grains sont ordinairement placés a l'intérieur des
batimi-nN : ils sont formes d'une chaîne OU courroie in-
clinée garnie de godets en lole. Dans les minoteries et les
-m>. on emploie aujourd'hui couramment l'élévateur
pneumatique qui se (.impose d'un tube vertical en fonte
île II™ 10 de diamètre dont l'ouverture inférieure, fermée
par une vanne mobile, se trouve a 0m02 de la surface du
grain place dans une trémie. A la partie supérieure, le tube
se recourbe et débouche dans une chambre en tôle de
1.(100 litres de capacité environ, terminée en bas par une
roulotté de sortie du grain et qui est mise en communica-
tion par le haut avec un ventilateur-aspirateur. Si on fait
le vide au moyen de ce dernier appareil, une aspiration
d'air s'établit ; l'air animé d'une grande vitesse dans le
tube entraîne les grains, tandis que, dans la chambre supé-
rieure, la section étant plus grande, la vitesse du courant
d'air diminue et les grains étant abandonnés à eux-mêmes
tombent et s'échappent par la goulotte de sortie. Les
élévateurs de racines très employés dans les sucreries,
féculeries, distilleries, etc., se composent d'une courroie
sans tin en gulta-pereha de 0m30 de large, garnie tous
les 0m35 à (Jm40 de tasseaux en bois implantés perpendi-
culairement à sa surface. Les racines sont jetées dans une
trémie inférieure ; la courroie marchant d'une manière
continue dans nu couloir en bois, chaque planchette en-
traine en passant et monte avec elle une ou plusieurs ra-
cines pour la déverser à la partie supérieure. Les éléva-
teurs de paille placés ordinairement au débouché de la
batteuse servent à mettre la paille en meules ou en gre-
niers. La paille tombe dans une grande trémie en bois ou
en tôle située a la partie inférieure d'un plan incliné formé
par un couloir en bois de 0m80 àlm30 de large, dans le-
quel se meuvent deux chaînes sans lin garnies de râteaux
espacés de 0m75qui entraînent la paille. Les chainessont
mises en mouvement par un arbre sur lequel est calée une
poulie de commande. Le fond de la trémie est occupé par
un crible a larges mailles. Les élévateurs sont montés sur un
chariot à quatre roues et munis d'un treuil réglant même
pendant la marche la hauteur d'élévation qui atteint 6 à 8 m.
II. Anatomie. — Muscles élévateurs. — On donne
en anatomie le nom d'élévateurs ou de releveurs à des muscles
qui élèvent certaines parties, comme l'œil et la lèvre supé-
rieure. Comme muscles élévateurs, on décrit :
1° Elévateur ou releveurde la paupière supérieure.
C'est un petit muscle rubané qui s'insère au fond de l'or-
bite à la petite aile du sphénoïde et à la gaine du nerf
optique, et en avant sur le cartilage taise de la paupière
supérieure qu'il relève pendant sa contraction. "2° Eléva-
teur ou releveur commun de l'aile du nez. et de la lèvre
supérieure. Ce petit muscle s'attache en haut sur l'apo-
physe montante du maxillaire supérieur et les os propres
du nez, parfois sur l'apophyse orbitaire interne du frontal,
et en bas à la face profonde de la peau de l'aile du nez et
de la lèvre supérieure. 3° Elévateur ou releveur propre
de la lèvre supérieure. Il s'insère d'une part sur le
maxillaire supérieur, entre le rebord de l'orbite et le trou
sous-orbitraire, et d'autre part à la peau de la lèvre supé-
rieure, et aussi assez souvent par un petit faisceau à l'aile
du nez. Cette double insertion lui a valu le nom d'éléva-
teur commun profond. Comme le précédent, il relève la
lèvre supérieui t dilate la narine. Entre les deux existe
parfois un petit faisceau musculaire, Vanamalus d'Albinus,
le tenseur de la muqueuse alvéolo- labiale de Sappey,
qui s'attache à l'apophyse montante du maxillaire en haut
et sur le même os en bas, au voisinage de la fosse canine^
Du reste, ces muscles, comme les autres peauciers de la face,
sont plus ou moins individualisés; très souvent, ils envoient
ou reçoivent des faisceaux de leurs voisins. — V. Face
(Muscles de la), Temporal et PtérygoIdien. Ch. Demeure.
ÉLÉVATION. I. Astronomie. — L'élévation d'un astre
est la hauteur de cet astre au-dessus de l'horizon, hauteur
comptée sur l'arc de méridien vertical de cet astre à l'hori-
zon. Klie est égale a la déclinaison de l'astre augmentée de
la colatitude (V. ce mol) du lieu. L'élévation du pôle au-
dessus de l'horizon est l'arc de méridien compris entre ce
point el l'horizon. C'est précisément la latitude du lieu,
laquelle est pour Paris l8°50'il//2. L. B.
II. Géométrie. — Kn géométrie descriptive on appelle
ÉLÉVATION - KLM. M
- H-ll
élévation la représentation d'un objet (d'un bâtiment, par
exemple) au moyen d'une projection Bur un plan vertical,
parallèle à l'une des faces principales de cet objet (V. Lever).
III. Algèbre. — L'élévation d'une quantité à la puis-
sance //( a pour but de trouver la me puissance de cette quan-
tité (V. Puissance).
IV. Archjtectube. — Représentation, par le dessin,
d'un édifice on d'une partie d'édifice, dans su projection
géométrale ou verticale, mode de représentation obtenue
à l'aide de lignes droites el que les Grecs, el après eux
les liuinaiiis, appelaient orthographia. Il faut distinguer
cette élévation proprement dite de l'élévation pt
tire, par laquelle un édifice est représenté à la fois de
face el de côté, la représentation du coté \u étant obtenue
à l'aide de lignes obliques ou fuyantes qui Font paraître
l'édifice en raccourci : cette dernière représentation, étant
employée par les anciens pour les décorations théâtrales,
était appelée par eux scénographie, L'élévation géomé-
trale est de fait une représentation de convention, car, si
cette élévation donne une projection exacte de l'édifice sur
un plan vertical, elle suppose, contrairement à l'action
visuelle, l'œil du spectateur placé en face de tous les
points à la fois et toujours a la même distance de tous ces
points. Cette élévation a surtout pour but de luire conce-
voir, grâce à l'échelle à laquelle elle est donnée, les dimen-
sions exactes, en largeur et en hauteur au-dessus du plan
horizontal, de toutes les parties qu'elle reproduit, et com-
plète ainsi, avec des plans pris à différentes hauteurs et
des coupes — lesquelles ne sont autres que des élévations
prises au travers de l'édifice, parallèlement ou perpendi-
culairement à l'élévation — ce qu'on appelle l'ensemble
d'un projet d'architecture. Lorsqu'une élévation reproduit
plusieurs plans, la distinction de ces plans se fait à l'aide
de teintes plus ou moins accentuées. Il faut ajouter que
c'est par l'élévation géométrale que l'auteur d'un projet
d'édifice peut donner une idée du style et du caractère qu'il
entend donner à cet édifice. Charles Lucas.
V. Théologie (V. Abaissement).
VI. Liturgie. — Cérémonie de la messe, dans laquelle
le prêtre élève, l'un après l'autre, l'bostie consacrée et le
calice, afin de faire adorer par le peuple le corps et le sang
de Jésus-Christ, après les avoir adorés lui-même par une
profonde génuflexion. Cette cérémonie n'a été introduite
dans l'Eglise latine qu'au commencement du xu(' siècle,
après la controverse suscitée par Bérenger et la condamna-
tion de sa doctrine. On voulut ainsi manifester, d'une ma-
nière solennelle, la croyance à la transsubstantiation. —
Toutes les anciennes liturgies orientales, celle de S. Jacques
comme celles de S. Chrysostome et de S. Basile, pres-
crivent une élévation de l'hostie et la décrivent ainsi : Le
prêtre élève le saint pain, en disant à haute voix : Les
choses saintes aux suints (a-pa à-poiç). De même, la
liturgie arménienne. Mais, quoi qu'en disent Bellarmin,
Bona et d'autres théologiens catholiques, cette cérémonie
avait un caractère essentiellement différent de l'élévation
pratiquée aujourd'hui dans l'Eglise latine. Elle n'avait
point pour but de faire adorer l'hostie par le peuple, puis-
qu'elle était accomplie dans le sanctuaire (fâiux), portes
fermées et rideaux tirés, et qu'elle ne pouvait être vue
que par les ecclésiastiques qui assistaient le prêtre célé-
brant. E.-II. Vollet.
ÉLÈVE. I. Instruction publique. — Elèves ecclé-
siastiques. — L'art, 66 de la loi du 1S niais 1850,
après avoir édicté les peines encourues par quiconque
ouvrirait un établissement d'instruction secondaire sans
avoir satisfait aux conditions de ladite loi, fait une excep-
tion ($ ;>) en faveur des ministres des différents cultes
reconnus, qu'il autorise à donner l'instruction secondaire à
quatre jeunes gens au plus, destines aux écoles ecclésias-
tiques, à la seule condition d'on faire la déclaration au
recteur. Le conseil académique veille à ce que ce nombre
ne soit pas dépasse.
Elèves forains. — On appelait ainsi, avant la gratuité de
renseignement primaire, les élèves étrangers a la commune.
Ils ne pouvaient être admis à l'école que sur l'autorisation
expresse du maire, parie que leur rétribution icolai
qu ils la pavassent régulièrement, soit qu'il fallût la payer
pour eux, intéressait le budget communal.
El l.u.-M\m;i, f\ . ECOI l. NORMAL! I.
II. Beaux-Arts. — Il est de tradition, depuis l'origine
de-, arts, que les jeunes gens désireux de suivie la rarnéw
artistique s'attachent, d'une façon souvent exclusive. | la-
personne el aux enseignements de celui dont les ouvres
ont le plus vivement excite leur admiration. Cette manière
d'agir, bien compréhensible du reste, a l'inconvénient d'ame-
ner parfois l'élève studieux à être au bout de quelques
ailllees lin copiste dU professeur; les exemples t citer,
chez les anciens et les modernes, ne manqueraient pas.
Tel tableau, peint dans la manière du maître qui a pré-
side a sa conception et à son exécution, ne peut man-
quer d'èiie chaudement patronné par le maître lui-même,
et considéré par ses admirateurs; c'est un succès presque
certain, obtenu à l'aide de formules déjà acceptées et com-
prises par le public. Rares sont les jeunes artistes ayant, au
début même de leurs éludes, assez d'intelligence et de volonté
pour avoir des idées personnelles, en dehors de toute
manière, de tout procédé a la mode! Ceux qui, recevant
tous les conseils, les pèsent sans parti pris, n'en retiennent
que ce qui convient ii leur tempérament, et ne se laissent
pas attirer hors de la voie dans laquelle ils ont résolu de
marcher, connaîtront la lutte âpre et ingrate, les dédains
des jurys et du public, jusqu'au jour. — puisse-t-il arriver
avant leur mort ! — ou les caprices de la mode et l'habi-
leté de certains amateurs les feront acclamer par la foule.
Peut-on dire que Delacroix. Théod. Rousseau, Corot, Mil-
let, aient été élèves ou aient formé des élèves, ainsi qu'on
l'entendait dans l'atelier de Blondel ou de Picot? Ad. T.
III. Marine. — Elève de marins (V. Aspirant).
ELFÈGE (Saint) (en anglo-saxon Arl/healt), archevêque
de Canterbury, né en 954, mort en 101-2. D'une famille
noble, il entra contre le vomi de ses parents au monastère
de Deerburst (Gloucestershire) ; mais, tenté par l'idéal
d'une vie encore plus religieuse.il quitta bientôt Deerburst
pour se faire anachorète aux environs de Batb. Une com-
munauté se forma autour de lui, et c'est pourquoi Flo-
rence de Worcester dit qu'Elfège fut, sous Edgar, abbé
de lialh. En 984, Elfège devint évèque de Winchester par
L'influence de saint Dunstan. Il commença dés lors son
apostolat parmi les païens Scandinaves établis en grand
nombre en Angleterre : Normands et Danois. En 9
roi Olaf de Norvège ayant pris ses quartiers d'hiver à Sou-
tbamploii reçut, dit-un. la continuation des mains d'Elfège.
En 1006, Elfège obtint le siège archiépiscopal de C.mtcr-
biuy et alla chercher à Borne le paltium. De retour, il
s'appliqua à suivie les traditions de Dunstan; les canons
du concile d'Enhain sont animés de l'esprit civilisateur du
grand archevêque; mais, tandis que Dunstan avait eu un
Edgar pour exécuter ses projets, Elfège ne disposait que
du faible roi Ethelred. Le concile d'Enhain eut donc pm
de résultats positifs. Les invasions danoises furent plus
redoutables que jamais au commencement du xi* siècle :
en lui 1,011 acheta le départ des hommes du Nord au prix
de 18,000 livres; pendant qu'on levait cette énorme
rançon, les païens continuèrent à piller le pays; il prirent
et brûlèrent Canterbury; l'archevêque fut emmené comme
prisonnier sur un vaisseau de la Hotte danoise. Les bar-
bares espéraient tuer une grosse rançon d'un tel person-
nage; mais Elfège ne voulut pas que les pauvres gens
eussent i souffrir pour le rachetée. Il aima mieux mourir.
Les Danois, désappointes, le lapidèrent, après un grand
banquet, avec les crânes el les os des bœufs qu'ils avaient
manges. Onze ans après, le roi danois t'.nut fil transférer
solennellement à Canterbury les cendres du martyr. — A
la demande de Lanl'ranc, un moine de Canterbury, Osbern,
composa, vers la tin du Xl" siècle, des biographies en prose
et en vers de saint Elfège. Plus digne <le foi que les pro*
— 823
ELFÈGE — ELGIN
iliiiti.uis d'Oabern est le récit «l'un chroniqueur aontempo-
r.un, DiUur «le Mersatonrf, qui dil avoir recueilli ses ren-
paomontii île la booeba d'un Anglais. Ch.-\ . L.
ELFES (Hyttaol.). Dana la n jtinlogia des peuples de
l'Europe >e[>i1>nnional<> . mi donne le nom d'elfes (haut
allemand aw, abonni fit», anglo-saxon eelf, anglais gif,
tmaàkoam allfar) à des génies da l'atmosphère apparentés
au nains, aux génies des astres el aussi auxesnritsdes morts
et à ceux ilti monde aautemin. On leu attribue en parti-
culier les phénomènes ilu vent, de la plais, les mouvements
uiia^is. le tonnerre. On ■.e les représenta comme îles
magiciens aiuiaui a jouer, a danser. L'Edda tes reparti! en
deux groupes, les elfes lumineux mi l)lanes [hvttdlfar,
i et les elles sombres ou noirs [smrUUfar, dœk-
kdlfur). Laa premiers sont dea êtres ètherés, d'une grande
beauté, aux vêtements diaphanes; les autres se confondent
les nains qui rôdent dans la nuit, se caelient dans les
- .les montagnes et sont parfois changés en pierre
quand ils m Lussent aurprendre par la lumière du soleil.
Ils habitent s^ns la taire, a'éelairanl de la lumière des
piefraaat daa métaux précieux. Ce sent de merveilleux for-
k. dis awaiciena. La légende nie quelques-uns de
leurs nus. I.iiann, /Ubéric. Leur souvenir persiste encore
dans liaaagination populaire; on les dépetnl gria ou biens,
.chant dans les roehers et ne sortant qu'au clair de
lune, enlevant les jolies filles, Irequeiilant volontiers les
humines, à qui ils partant plutôt malheur. Leurs princes
sont Obéron et Titania. Parmi les poètes qui en onl traité,
ritmis Shakespeare dans le Songe li'iuit' nuit d'été et
the dans VErtkosnig. Les 8chratiet les Nia;, les
- .ut proches parents des elles. On Irou-
i de plu amples détails dans les art. Mythologie et
Nâia (§ Mythologie).
Hun. .1. el W. Grimvi, Irische Elfenman-clien ; Leipzig,
— Keigutlby, Mythologie dcr Feen undElfen; Wei-
inar, 1888, 2 vol.
ELFKARLEBY. Village de Suède, prov. d'Upsal, sur le
I)ar-Kll qui y Forme une belle cascade ; forges i'Elf-Karlô,
ELFORD (Sir William), homme politique anglais, né à
Bickham (Devonshire) ''ii aoùl 1749, mort le 30 nov.
". Banquier à Plymouth, maire de cette ville, il la
représenta au Parlement de 1796 a 1806, date à laquelle il
fut battu par sir Pôle. Il fut alors élu par Westbury, puis
par Rye (1807-1808). Lieutenant-colonel de la milice de
South Devon, il servit en Irlande lors de la rébellion de
S. Il fut crée baronnet le 27 nov. 1800. Très lié avec
les principaux littérateurs et artistes de son temps, sir Elford
ni peintre de talent el il exposa a l'Académie royale de
ITT i a 1837. On peut citer sa nhiteLadyofAvenel(es.po-
- i 1). Il tit partie de plusieurs sociétés savantes, entre
autre.-, la Royal Society et la Linnean Society. R. S.
ELFSBORG. Prov. ou lan de Suède, au S. et à l'O. du
a m t. entre les prov.de Goteborg, llalland, Jnnk.j-
.. Wermland et la Norvège (prov. de Chris-
tiania); 12,815 kil.q.; 275,795 hab. (au 31 déc. 1890);
22 hab. par kil. q. La région septentrionale formait le Dats-
land et le S. a été détaché il.' la WestgOtbie. Au N. s'étend
une plaine; te reste de te province estaccidenté, boisé, avec
■Stninnp de tonrbièrea et d'étants : les points les plus
it 300 m.; le Halleberg et te Bunneberg
-•ut pittoresques. Le principal cuirs d'eau est le Gôta-Elrt
l 'lit vastes; on les reboise, en
particulier celle «lu Svaltflr. En 1880, on comptait
1,100 kil. q. de bois, 1,200 de prairies, 1,680 dechamps
IaU' 'liait en IHS-J deux millions el demi d'hec-
tolitre> d'avoine, 7.'>o.iiiiii de | mes de terre. 300,000
- en 1880, environ 26,000 chevaux,
154 100 moutons, 26,000 porcs et 1,200
ehèvn
ELFSNABBEN. Rade de Suède, dans l'Ile Muskô, au
•■ Stoetiiolm; M mouillage vaste et sur fut jadis le
principal port de guerre de la Suivie; c'esl de la que Cus-
lolphe partit pour l' Allemagne.
ELGEBAR (Astron.). Nom do la belle primaire situéo
au pied droit aOrion (V. ce mot) et plus connue sous le
nom de /('/</'/ (V. ce mot).
EL-GHOMERI. Village d'Algérie, dép. d'Oran, arr. de
Hostaganem, com. mixte de l'iiiiiil, créé récemment dans
une région fertile en céréales et vignes; 200 Européens
environ. Stat. de la voie ferrée d'Alger à (Iran.
ELGIN. Ville. — Ville d'Ecosse, capitale du comté du
même nom, sur le I.ossie, à S kil. de la mer; 7, .'il!;} hab.
Belle cathédrale gothique du xiii1' siècle, remaniée au xiv°
et presque ruinée. Brasseries, distilleries, etc. C'était un
bourg royal dès le xn' siècle. Il fut a plusieurs reprises
dévasté et brûlé par des nobles écossais : Alexis Stewart
(te Loup de Badenoch)en 1390, Alexandre, lord des lies, en
1 102, le comte de lluntly en 1432.
Comté. — Comté d'Ecosse, correspondant à l'ancien
comté de Moray ou Muway, sur le golfe de ce nom ;
1,248 kil. q. ; 43,788 hab. L'intérieur estaccidenté; le
Findlay Seat atteint 3 '»0 ni. La région eùtière est assez fer-
tile. Un tiers de la surface totale est occupé par les terres
labourées ; un sixième par les bois. On y comptait en 1884
23,000 bœufs, 58,000 moutons.
ELGIN. Ville des États-Unis, Etat d'Illinofc, à pende dis-
tance à l'O. de Chicago, sur la rivière Fox, affluent de droite
de la rivière Illinois; 8,787 hab. Fabriques de montres.
ELGIN (Thomas Bruce, comte d'), diplomate anglais,
ne le 20 juil. 17(i(>, mort à Paris le 14 nov. 1841. 11 suc-
céda aux titres paternels en 1771, entra dans l'armée en
178.') et dans la diplomatie en 1790, par une mission auprès
de l'empereur Léopold. Envoyé, extraordinaire à Berlin en
1795, ambassadeur près delà Porte ottomane en 1799, il
se tit remarquer dans ce dernier poste par ses goûts de
collectionneur. En 1801, il obtint un firman aux termes
duquel ses agents furent autorisés non seulement à mouler
les sculptures antiques d'Athènes, mais encore à en em-
porter des morceaux. Lord Elgin se résigna, dit-on, à cette
dernière opération par respect pour les monuments exposés
aux injures des Turcs. Il forma de la sorte cette unique
collection d'antiques qui prit le nom de « marbres d'Elgin »
(frise du Part binon, bas-reliefs du temple de la Victoire
Aptère, etc.). Le premier « lot de marbres » fut embarqué
d'Athènes en ISIJ3 à destination de l'Angleterre; mais le
vaisseau sombra à la hauteur de Cerigo; il fallut trois ans
a des équipes de plongeurs pour ramener au jour la pré-
cieuse cargaison, Elgin lui-même, ayant quitté l'ambassade
de i.onstantinople en 1803, ne revint en Angleterre qu'en
1800. Il avait été retenu prisonnier au moment ou Napo-
léon, dénonçant la paix d'Amiens, tit capturer tous les
Anglais qui séjournaient alors en Franco. De vives protes-
tations s'élevèrent contre lui; on l'accusa de vandalisme,
de rapacité : il fut maudit poétiquement par lord Byron.
Toutefois, il resta en possession des trésors volés qui, à la
vérité, lui avaient coûté fort cher (frais de transport, de
manutention, etc., en tout 74,000 livres sterling). H
admit le public à les visiter dans sa maison de Piccadilly.
En juil. 18K), les « marbres d'Elgin » furent acquis par
le gouvernement anglais pour le British Muséum au prix
de 35,000 livres. — De temps en temps, des amis de l'art
et du paradoxe proposent encore de nos jours de « rendre
les marbres d'Elgin » à la Grèce (Give back the Elgin
Morales!). Des polémiques s'élèvent à ce sujet dans la
presse anglaise (V. par exemple la Nineteenth Qentwy
de 1X91); mais personne n'attache d'importance à ces
discussions académiques. Ch.-V. L.
ELGIN (James Bruce, huitième comte d'), homme poli-
tique anglais, ne le -20 juil. 1811, mort à Dliurauisalla,
dans le Pendjab, le 30 nov. I8(i3, (ils du précédent. Apres
avoir fait ses éludes à l'université d'Oxford ou il fut le
condisciple, au collège de Chris) Church, des lords Dal-
housie et Canning, ses prédécesseurs immédiats dans les
fonctions de gouverneur de l'Inde, et de M. Gladstone, il
fut élu (1841) membre de la Chambre des communes pour
Southampton; puis, ayant succédé au titre de son père.
ELGIN — ELIII YAK
- 824 -
il fut appointé, en mais IN'. 2. gouverneur de la Jamaïque.
Il m> conduisit assez bien -,i la Jamaïque pour que le eouver-
nemenl whig L'appelât (4846) anrnn plus mate théâtre en
lui ronflant l'administration du Canada. Là, il eut a lutter
contre de graves difficultés ; l'antagonisme des Anglais im-
migrés et desgens de rare française, l'invasion «lu pays, di-ja
pauvre, par une foule d'Irlandais faméliques, la crise com-
merciale déterminée par le triomphe du libre-échange, le
mouvement en faveur de l'annexion des provinces cana-
diennes aux Etats-Unis. Elgin demeura néanmoins au Canada
jusqu'en 1854; son administration contribua beaucoup à
l'apaisement d'un pays que les rébellions de 1837-1888
avaient semblé condamner à la ruine. — En 1857, au mo-
ment des différends avec la ('.bine, Elgin fut envoyé à Hong-
kong avec des troupes; il apprit à Singapoure la nouvelle de
la grande rébellion des cipayes, aux Indes, et dépécha son
escorte à Calcutta au secours de lord Canning. 11 s'empara
ensuite de Canton et força les Chinois à signer le traite de
Tien-tsin, très favorable aux Occidentaux. Kn 1859, de
retour en Angleterre, il fut fait postmaster gênerai et élu
lord recteur de l'université de Glasgow. L'année 1800 le
revit en Chine, pour punir, de concert avec l'ambassadeur
français le baron Gros, la violation déloyale du traité de
Tien-tsin par les Chinois. C'est alors qu'eut lieu le pillage
du palais d'Eté. Elgin revint à Londres, par Java, chargé
des dépouilles de l'art chinois, de même que son père, le
septième comte d'Elgin, était revenu d'Athènes chargé des
dépouilles de l'art grec (avr. 1801). Le poste de gouverneur
général de l'Inde était vacant : on le lui offrit; il l'accepta
et arriva à Calcutta en 1862. Il mourut dans cette charge,
épuisé par le climat. Ch.-V. L.
Bibl. : Th. Wai.rond, Letters and Journal of James,
eighlh earl of Etgin; Londres, 1K72, in-8.
ELGIN (Sir Frederick-William-Adolphus (V. Bruce).
EL-GOLÉA, oasis du Sahara algérien, par 30°35' de lat.
N. (observations de la mission Choisyen 1880) et presque
sous le méridien d'Alger, à 1,100 kil. environ de cette
ville ; 1 ,500 hab. H y avait là jadis de très nombreux puits
et fegaguirs, et il n'est pas douteux que l'eau se trouve
en abondance sous terre ; mais le manque de soins fait
que l'oasis a peu à peu dépéri et que les jardins ne con-
tiennent plus que 0,000 palmiers et de rares légumes.
Ils sont dominés par trois collines en forme de tables ou
qara, sur l'une desquelles s'élève le ksar, entouré d'une
muraille élevée, mais à l'intérieur plein de ruines et ne
servant plus que de magasin aux nomades ; une mosquée
en ruine aussi en occupe la partie supérieure; au pied du
ksar sont des maisons en pisé habitées par les sédentaires
et des koubbas élevées à la mémoire de marabouts des
Oulad-Sidi-Cheikh. La population est composée de séden-
taires misérables (famille des Zenata, originaires du Gou-
rara, et nègres affranchis) et de Chaànba-Mouadhi, pro-
priétaires des jardins et du ksar, mais qui ne passent à
El-Goléa que l'été, et le reste de l'année errent dans le
Sahara. El-Goléa, visité par le voyageur Duveyrier en 1860,
fut occupé en 1874 par la colonne Galiffet et est aujour-
d'hui gardé par une garnison de "200 tirailleurs montés
sur des méharis. C'est notre point le plus avancé vers le
Sud, sa salubrité le rendant bien supérieur à Ouargla pour
notre action en ces contrées. E. Cat.
ELGSTRŒM (Per), poète suédois, né à Tolg (l;en de
Kronoberg) le 24 déc. 1781, mort à Stockholm le 28 oct.
1810. Enfant naturel sans ressources, il s'en procura en se
faisant précepteur et commis libraire pour terminer ses
études à l'université d'I'psala. Après quoi il devint copiste
au ministère du culte. Les privations et l'assiduité au tra-
vail ruinèrent sa santé; aissi ses poésies, d'ailleurs trop
mystiques et trop souvent nébuleuses, sont-elles empreintes
d'une sentimentalité maladive. Quelques-unes parurent
dans Phosphoros et Poetisk Kulender. Elles furent réu-
nies avec celles d'ingelgren (1800). Il publia deux bro-
chures dans l'une desquelles il discute Si un peuple a le
droit de juger sou souverain (1800). lue notice sur lui
par Atterbon, l'on de ses amis de l'école pbosphorisle,
ligure dans Lasiintt) fir hilditini/ och iinji- (IH'.Ti.
EL-GUEDIM ou EL-KEDIM. \ ille nUgttUM de l' Adrar
(Sahara occidental), a 28 kil. S.-L. d'Ouadan et dans la
même oasis de palmiers; 1,000 hab. environ, il • eut
d'abord en ee point une simple zaouia dont les marabouts
turent obtenir la vénération des fidèles; en 1879, au
rapport de pèlerins de l'Adrar amènes a Alger, elle avait
de 300 B »00 élèves, venus quelquefois de très loin, des
professeurs célèbres et une riche bibliothèque. (Tait nh
1860 que des fidèles de la zaouia commencèrent à planter
alentour des palmiers et à s'y établir. Aujourd'hui il v a
une grande oasis en plein rapport. E. Cat.
EL-GUENATER ou EL-KENATER. Chaîne de roches
basaltiques mentionnée par le voyageur L. l'anet, à peu
près a mi-chemin entre l'Adrar et l'oued lima, dans le
Sahara occidental.
EL-GUERARA. Ville «lu M'/.ab (Y. Gierara).
EL-GUERRAH. Village d'Algérie, dép.et air. deCons-
tantine, section de la corn, de plein exercice des Ouled-
Kahmoun; 8(i2 hab., dont 70 Européens. Elle n'a guère
d'importance que par sa gare, ou s'embranche sur la \oie
ferrée de Constantine à Sétif celle qui va vers Biskra.
EL-GUETTAR. Oasis du S. de la Tunisie (Belad-el-
Djerid, pays des palmes), à 20 kil. S.-E. de Gâte,
entourée de plusieurs enceintes en terre; la plupart des
maisons sont en ruine ; les palmiers, au nombre de
30,000 environ, sont arrosés par des eaux amenées péni-
blement à la surface du sol par des machines primitives
que des chameaux mettent en mouvement. El-Guettar sera
une des stations du futur chemin de fer de Tébessa à Gabès.
EL-HADJ Omar. Conquérant du Soudan (V. Omar).
EL-HADJAR. Village d'Algérie, dép. de Constantine,
arr. de Bône, annexe de la corn, de plein exercice de Du-
zerville; 110 Européens et 113 indigènes.
EL-HADJIRA. Plaine du Sahara algérien, à peu près à
mi-chemin entre Touggourt et Ouargla, aujourd'hui presque
entièrement déserte et aride, mais qui fut jadis couverte de
villages, à ce que disent les Arabes, et où il y avait même
une ville, Bagdad, dont le nom est demeuré en usage dans
le pays. La ville de Cedrata, dont on a retrouvé des ruines
assez curieuses recouvertes par le sable et qui fut floris-
sante au moyen âge, était aussi dans cette région. E. Cat.
EL-HAIHA. District du Sahara (Courara) qui n'a que
17,500 palmiers et dont les cinq ksour sont menacés par
l'invasion des sables; les habitants, Arabes et Zenata, au
nombre de 2,000, sont surtout charbonniers.
EL-HAMMA. Oasis du S. de la Tunisie (Belad-el-Djerid,
pays des palmes), composée de plusieurs villages : El-Ksar,
Debdéba, Soumbat, Zaouiet-el-Mdjeba, Bou-Atouche, qu'en-
tourent 80,000 palmiers-dattiers. Il y a trois zaouias et un
millier d'habitants, administrés par un caïd. Les eaux qui
arrosent les palmiers proviennent de quatre sources chaudes
que les anciens utilisaient, et les ruines que l'on y trouve
sont celles de la station romaine (\'Auua> Tacapitanœ. Le
Hamma est dans le cercle du contrôle civil de Gabès.
EL-HAMMAM. Ce mot. qui en arabe signitie les eau.r
chaudes, se retrouve fréquemment dans la toponymie de
l'Afrique du Nord. Citons, parmi les localités qui sont
ainsi désignées : une en Tunisie, voisine de Thala, dans la
vallée de l'oued Mellègue; une dans le dép. de Constan-
tine, au N. de M'sila; une sur les lianes du Bou-Thaleb,
dans le même département, et une autre près d'EI-Outaïa.
EL-HAOUITA ou EL-H0UITA [la petite muraille).
Ksar d'Algérie, au S. du dép. d'Alger, à 42 kil. S.-O. de
Laghouat: 421 hab. Bâti au-dessus d'un ravin où coule
l'oued Dakhela qui, après avoir baigné les jardins, va se
perdre dans les sables, El-llaouita fait partie de la coin.
indigène de Laghouat.
EL-HARROUCH (V. Ei.-Ahroich).
ELHUYAR v de Slvisa (Don Fausto de), minéralogiste
et chimiste espagnol, né à Logroiio (Yieille-Castille) le
1 1 oct. 1755, mort à Madrid le 6 févr. IS33. Professeur
— m —
ELHUYAR - EI.IASZ
de chimie et de minéralogie à l'Ecole des mines de Vergara
(Biscaye) de 1781 a 1785, il partit en 1 7 s s . après trois
aaaées de voyages d'études dans l'Europe centrale, pour
la Nouvelle-Espagne (aujourd'hui Mexique), ou il venait
tlV'tro nomme directeur général des mines. Il y organisa
hululement l'exploitation, fonda même à Mexico une code
S|HH-iale des mines (1792), mais fut contraint d'interrom-
pre son œuvre par la révolution qui devait amener l'indé-
pendance du Mexique. De retour en Espagne, il y fut
Domine directeur général des mines. On lui a attribué la
découverte du tungstène ; en réalité, il est parvenu, en
son frère Juan-José, à isoler le premier ce
métal, dont Scheele et Bergman avaient deux ans aupara-
vant signale l'existence probable en analysant de la schèe-
lile (tungstate de calcium). Il a laisse quelques écrits : Indu-
faciona sobre la amonedadàn en Nueva Espana, etc.
(Madrid. 1818. in-i) ; Uemoria sobre el influjo de
lu mineria m la agrieultura, industriel, etc. (Madrid,
n-4) . Uemoria sobre la formation de una ley
para la mineria (Madrid, IS-2'i, in-4), etc. lia en outre
fourni à Alex, de Ilumboldt de nombreuse* et intéressantes
données pour son Essai politique sur la Nouvelle— Espa-
ane. L. S.
Uibl. : A. i»k Homboldt, Essai politique sur la Nouvelle-
Espagne, l'aiis, 1811, in— 8, i. I, pp. 7, 102, 123; t. II, p. 235;
i. ni, p. 226, etc. — Ad. Wurt/, Dictionn. de Chimie, Paris,
>.t III. p 515.
ELIADE(Jean-Radulescu), écrivain roumain, néàTargu-
Vastei en [SOi. mort a Bucarest en 1872. Il étudia au
collège de Saint-Sabbas, où le Transylvain Lazare avait
inaugure un enseignement national, en roumain. Il y aida
bientôt bob maître jusqu'à l'époque où l'école fut fermée
par le gouvernement en 1821. depuis lors il fut le rhef
intellectuel du pays, comme professeur et journaliste. L'est
lui qui publia le premier journal eu Valachie, le Courrier
roumain (Ier avr. 1849-1848), suivi bientôt par le
Courrier pour les deux sexes (1830-1847). Ses poésies,
ses nombreuses traductions, ses pamphlets et ses satires
Mirèrent une situation qu'aucun écrivain roumain
n'avait occupée avant lui. \jh révolution de 1848 lui
offrit l'occasion de jouer même un assez important rôle
|>oliiique : il favorisa les révolutionnaires, mit ses presses
à leur service . tit parti du gouvernement provisoire, et
plus tard de la lieutenance, avec N. (lolescu et Tell. La
révolution une fois vaincue par la Russie, il fut contraint
i>atrier : le gouvernement turc l'envoya à Iîrousse,
avec quelques-uns de ses adhérents. Il y vécut quelque
temps, un guerre ouverte avec tout le monde, même avec
iens camarades révolutionnaires. Revenu eu Vala-
chie, après l'amnistie, il mena une vie purement littéraire.
Il fut éloigne de toute participation au pouvoir par les deux
fi qui s.- succédèrent sur le trône du pays, jusqu'à
union de 1859, qui donna naissance à la Roumanie.
A Poccaeioa de l'affaire Trandatilov (tentative faite pour
monopoliser l'exploitation des mines du pays par une com-
pagnie russe, dont Trandahlov était le chef), il écrivit son
tauoaoe (trandaftr signifie en roumain rosier) qui
eut une immense popularité. Après l'avènement du prince
Couza.il fut tout a fait oublié. Il rêva de latiniser d'abord,
puis d'italianiser complètement la langue roumaine, et perdit
son influence littéraire vers la fin de sa vie. On lui a érigé
une >tatue de marbre à Bucarest.
'ivres sont extrêmement nombreuses. Il édita, avec
reface assez importante, les fables de Tzikindeal
il traduisit tant bien que mal la Bible et liante,
1 ikhottevX l'Arioste, le Tasse et Molière, Byron et
n^ian. sans compter quelques poésies de Lamartine. Ses
propres poésies sont écrites dans une assez bonne langue,
surtout dans la première période, ou il composa son chef-
d'œuvre, le Zburator. Il contribua a la création d'un
theàlre roumain, en traduisant les Unix Foseari et Am-
phytrion, Zaïre et Marina Faliero. — On lui doit aussi
quelques fables et la Michmde, poème épique manqué.
Ses œuvres en prose contiennent : des traités didactiques,
comme sa Grammaire (1828), et son Arithmétique, des
articles pour son journal, des mémoires, des brochures
[tes Règles de la poésie (1831), la Littérature cri-
tique), etc. 11 écrivit, en français, une relation des évé-
nements de 1848 (Mémoires sur l'histoire de la régé-
nération roumaine. Souvenirs et impressions d'un
proscrit). Son rôle fut surtout celui d'un initiateur et
c'est ce qui lui donne une importance considérable. Ses
œuvres, éditées par lui-même, sont devenues assez rares
aujourd'hui. N. Jorga.
ELIAS ou ELIE (Mathieu), peintre français, nèa Peene,
près de Cassel (Nord), en 1058, mort a Dunkerque le
22 avr. 1741. Elève de Philippe Decorbehem. H fut direc-
teur de l'Académie de Saint-Luc da Paris. Ses tableaux reli-
gieux abondent à Dunkerque, à Menin et à Ypres. G. P-i.
ELIAS (Ney), voyageur anglais, qui releva en 1868 le
cours inférieur de l'Ôuangho et en donna une carte en deux
feuilles (1872). Il entreprit en 187*2 une expédition en
Mongolie et traversa le désert de Gobi. Cette campagne
dont il publia le résultat dans le recueil de la Société de géo-
graphie de Londres (On a Journey through western Mon-
golia, t. XVII) lui valut une médaille d'or de cette
société. En 1874, Ney Elias entreprit de nouveaux voyages
sur l'Iraouaddi et en 1879 au Turkestan.
ELIAS Burgos (Martin), sculpteur espagnol du xixesiècle,
fils d'Elias Vallejo, membre honoraire de l'Académie de
San Fernando et secrétaire de la section de sculpture. Ses
principaux ouvrages sont un bas-relief représentant la
Mort d'Epaminondas, qui appartient à l'Institut espagnol,
un groupe de Ca'in tuant Abel, exposé en 1840, un bas-
relief figurant Priam aux genoux d'Achille et un buste
de son père. P. L.
ELIAS de San Juan-Bautista (Juan Zambrano, en reli-
gion), prédicateur et linguiste hispano-américain, né à
Mexico, mort à Mexico en 1605. Entré dans l'ordre des
carmes déchaux à la Puebla (1587), il fut chargé d'admi-
nistrer les Indiens du quartier Saint-Sébastien. Telle était
la puissance de sa voix qu'il se faisait entendre en plein air
de douze mille personnes. Quoiqu'il parlât le nahua de ma-
nière à exciter l'admiration des indigènes eux-mêmes, il
comptait moins sur ses sermons que sur les tableaux et
les images pour leur enseigner la doctrine chrétienne. Il
publia en nahua des Dialogues (Mexico, 4598, in-8) ;
Abrégé de lu bulle de la sainte Croisade (ibid., 1599)
et un Catéchisme. Beauvois.
ELIAS Vallejo (Francisco), sculpteur espagnol, né à
Soto de Cameros en 1783, mort à Madrid le 22 sept. 1858.
Il suivit les cours de l'Académie de San Fernando et obtint le
second prix au concours général de sculpture en 1808 ; en
1814, l'Académie le choisissait comme membre honoraire,
et à cette occasion, il produisit son groupe représentant
liodrigo Telle* Giron défiant le Maure Albayaldos que
conserve l'Académie. En 1818, il fut désigné pour la vice-
présidence delà section de sculpture; en 1830, pour la
présidence de cette même section et, en 1841 , il était, nommé
directeur général et professeur des cours de composition et
de modelage. Ses principaux ouvrages sont : Fernand
Cortès, Hercule enfant, qui décore une des fontaines des
jardins du palais d'Aranjuez, une statue de la Heine Isa-
belle, tenant dans ses bras la princesse des Asturies,
le monument funéraire élevé à Jovellanos dans l'église de
Gijon, les bas-reliefs qui décorent le piédestal de la statue
de Philippe IV, sur la place de l'Oriente, et divers groupes
allégoriques. Elias Vallejo avait été nommé premier sculpteur
de Camara en 1858. P. L.
Bibl. : Ossorio y Bernard, Galeria biografica de ar-
tistas espaùoles; Madrid, 1868.
ELIASZ ou ÉLIEde Wilna, surnom Gaon (le Sublime),
savant Israélite polonais, né en 1720, mort en 1797. Il
fut mis à la tète de l'académie talmudique de Vilna appe-
lée Jechyba, et y attira un grand nombre d'élèves. Il refusa
toujours le titre de rabbin ; il mena une polémique achar-
née contre les Chasyd. Il a laissé un grand nombre d'où-
ELIASZ — ÉLIDE
— 82U —
vragee; l'un des plus importants est un recueil d'observa-
tions sur l« texte da Talmud sous le titre de Hagahot. —
Elie de Wilna ne doit pas être confondu avec son coreligion-
naire et homonyme Eliasz de CracovieqaiapubliéeD 17H7
un ouvrage encyclopédique sous le titre de Sefer llabrys.
ELIASZ (Valère), peintre polonais, né à Cracovie le
12 sept. 1840. Après avoir l'ail d'excellentes études clas-
siques, il entra à llScole des beaux-arts de sa ville natale et
alla ensuite étudier la peinture à Munich, sous la direction de
différents maitres. En 18li.'>, il entreprend un long voyage a
travers l'Europe : il visite successivement Dresde, Berlin,
Dusseldorf et s'arrête longtemps a Paris el à Florence.
Fixé définitivement à Cracovie dès 1868, il complète son
éducation artistique en ajoutant aux matériaux déjà re-
cueillis des documents précieux que lui fournissent les
bibliothèques et les collections archéologiques de son pays
ainsi que ses fréquentes excursions dans les Tàtra (Car-
pates). Peintre d'histoire avant tout, il a représenté sur
la toile plusieurs grands épisodes de l'histoire de Pologne;
quelques-uns de ces tableaux ont été reproduits en chro-
molithographie et ont eu un grand succès populaire.
Eliasz a cultivé aussi la gravure à l'eau-forte ; son Guide
dans les Taira renferme des eaux-fortes très intéres-
santes. Cet artiste est d'ailleurs un illustrateur aussi habile
que fécond : il y a très peu de publications illustrées
en Pologne qui ne contiennent nombre de ses œuvres. Un
dessin extrêmement châtié et une composition correcte
sont les marques caractéristiques de son talent. Eliasz est
aussi écrivain distingué à ses heures : ses Esquisses de
voyage dans les Tàtra dénotent beaucoup de goût et un
sentiment très vit de la nature. Parmi ses tableaux, dont
la liste est longue, il faut citer : la Défense de Cracovie
contre les Suédois, Zolkiewski à Tsctsora, l'Entrée de
Sobieski dans Vienne délivrée, la Bataille de liats-
lavitsé, la Mère des Jagellons orpheline. Un Camp
d'insurgés en 1863, etc. F. Tràwhjski.
ELIÇAGARAY (L'abbé Dominique), né près de Bayonne
en 1760, mort le 22 déc. 1822. Professeur de philoso-
phie à Toulouse, officiai de la Basse-Navarre, il émigra
en Espagne en 1790 et ne rentra en France que sous le
Directoire. Nommé par Napoléon recteur de l'académie
de Paris, il accompagna à Londres pendant les Cent-Jours
la duchesse d'Angoulème en qualité d'aumônier. Sous la
seconde Restauration, il fut nommé membre du conseil
royal de l'instruction publique et chanoine honoraire de
Notre-Dame. En 1820, il fut chargé d'une mission d'ins-
pection dans le Midi, au cours de laquelle il prononça des
discours tellement réactionnaires qu'il fut rappelé par le
ministre de l'instruction publique. Ces discours curieux se
trouvent dans le Caducée de Marseille (1821). L'un d'eux
a été imprimé séparément (Carcassonne, 1821, in-8).
ÉLIDE. I. Géographie ancienne. — Contrée de l'an-
cienne Grèce ("HXiç ou 'AXtç, puis Ilia ou Valis dont le
nom était emprunté à sa principale cité Elis. L'Elide était
la contrée occidentale du Péloponèse, s'étendant le long de
la mer Ionienne entre l'Achaie au N., la Messénie au S.,
l'Arcadie à l'O. Elle avait pour frontière au N. le promon-
toire Araxe et la rivière Larisse ; au S. la rivière Néda :
à l'E. les montagnes de l'Arcadie, du Lycée à l'Erymanthe.
Elle se divisait en trois districts qui étaient, du S', au S. :
1° YElidc proprement dite ou Elide creuse, del'Araxe au
cap Ichthys, comprenant outre la plaine du Pénée 1rs can-
tons montagneux de l'Acrorée ; 2° la Pisatide, du cap
Ichthys à l'Alphée ; il0 la Triphylie, entre l'Alphée et la
Nèda.
Nous passerons brièvement sur la géographie physique
pour laquelle nous renvoyons à l'acte Grèce, nous conten-
tant de donner ici quelques indications générales. L'Elide
a été quelquefois envisagée comme une dépendance de
l'Arcadie, d'où lui viennent ses fleuves Alpine, Lad on,
Pénée ; elle occupe les terrasses inférieures des monts an a-
diens, Lycée, Pholoé, Erymanthe. Elle n'a pas de limites
naturelles bien marquées. Néanmoins, elle a sa physio-
nomie bien distincte •■! loa unité historique, '.'est un pays
fertile, le plus fertile du Péloponèse ; tes reliées lluviales,
ses plaines d'alluvioOJ Ont été trèl productives ; le bassio
du Pénée était célèbre ft ce titre, nrtmn lm nrllinoa aaMan
neuses oui découpent les plaines de l'Elide nevétaea d'une
belle végétation que les venls pluvieux de l'O. favorisent.
Le rivage de l'Elide est moins favorise que ceux de la
plupart des autres contrées de la Grèce ; ee Littoral union
neiiv. formé d'un sol d'alluvions, te déroule presque sans
accident, par conséquent sans port naturel. Les promon-
toires qui le jalonnent sont d'anciennes ib-s rocheuses
réunies au continent par les alluvions : cap Araxe <halo-
gria), cap Chelonalas (Uarenl/.a), cap Ichthys lhatakolo).
Le cap Cnelonatas est le principal en raison de sa situation
avancée à l'O. du Péloponèse ; il découpe la cote de l'Elide
entre deux golfes largement ouverts, le golfe de Cyllène
au N., le golfe Chélonatique au S., borné par le cap Ichthys
après lequel s'ouvre le golfe f.ypaiissien. Les sables du
rivage s'accumulant interceptent l'écoulement des petits
cours d'eau ; ceux-ci, ne pouvant arrivera la mer, accu-
mulent leurs eaux derrière le cordon littoral en de loagaaa
lagunes qui occupent presque toute la côte ; il en résulte
une extrême insalubrité dans la saison chaude ; l'abondance
du poisson dans ces lagunes est une compensation insuffi-
sante aux fièvres et à la foule des insectes, moustiques, etc.,
qui rendent intolérable en été la région de la zone mari-
time. — La plaine de l'Elide a été tonnée par les lieu
le plus considérable était l'Alphée (Koutia), venant d'Ai-
cadie ; le fleuve propre de l'Elide était plus au N. le Penée
(Gastouni) qui a changé de lit; jadis il débouchait au N.
du cap Chelonalas, mais il est probable que dès l'antiquité
des bouleversements analogues s'étaient produits ; la légende
d'Héraklès détournant le lleuve pour nettoyer les écuries
d'Augias semble en conserver le souvenir. Le bassin du
Pénée formait l'Elide proprement dite. C'était la plaine la
plus fertile de la Grèce, la seule où crût le byssus ; outre
les grains et les textiles, l'Elide fournissait du vin et ses
pâturages nourrissaient des bœufs et des chevaux renommes.
On sait l'admiration qu'excitaient les troupeaux d'Aug
les poèmes homériques vantent les chevaux d'Elis. La
Pisatide était moins riche que l'Elide creuse, bien que la
vallée de l'Alphée fût également fertile : les inondations
la ravageaient souvent. Comme l'Elide allait de l'Erymanthe
au cap Chelonalas, la Pisatide allait du mont Pholoé au
cap Ichthys. La Triphylie était plus resserrée que les dis-
tricts précédents entre la montagne et les lagunes mari-
times ; elle occupait les contreforts du mont Lycée et les
petites vallées riveraines qui en descendent.
Dans l'Elide proprement dite se trouvaient : sur la eMe
Hyrmine et Cyllène; au N.. entre l'Achaïeet le Pénée, Dupra-
sium, l'ancienne capitale, et Myrsinus ou Myrtuntium : sur
le Pénée, Pylos, au continent du Ladon, la capitale Elis;
sur le Ladon, Ephyra, la cité homérique, seconde capitale
du pays a cette époque; au N. de Pylos, dans la monta-
gneuse Acrorce. près de l'Aclune, Thalanue : les autres
cités de l'Acrorée étaient Lasion, Opus, Thraestus ou
ThraustUB, Alium, Lupagium. — Dans la Pisatide, on
trouvait sur la rôle. Pheia : sur la voie sacrée (d'Elis a
ûlympie), Letrini el Dyspontinm; sur l'autre route d'Elis
à Olympie (par la montagne), Alesiaum, Salmone et Ban-
dée : auprès Margalœ ou Margane et Amphidoli. Enfin,
sur l'Alphée. étaient les cites rivales de Pise el d'Olympia :
à l'E*., Harpinna. — Dans la Triphylie, on trouvait sur la
côte Thryon, plus tard Epitalium. Samicuur, Pyrgi ; au S.
du pays était la capitale de la Triphilie, Lepreum; sur
l'Alphée. a II'.. d'Olympie, Phrixa ; sur la mute d'Olyiiipie
à Lepreum, l'y l«>s et Macistus ; dans l'intérieur, Scillus.
résidence de Xénophon, .Epy ou Fpeium, Hypana, Tympa-
ne.e, Bolax.
II. Géographie mow.rne. — L'ancienne Elide appartient
pour la plus grande partie à la noinanhie d'.Whaïc et
Elide qui en absorbe la fraction Septentrionale au N. de
l'Alphée : l'éparchie d'Elis comprend presque tout ce terri-
8:27 -
ELI DE
loirs dont, toutefois, quelques lambeaux ont passé à l'épar-
ehie de Patres. L'éparchie d'Elis comprend les démos de
irina, Lampia, Olympia, Oléné, Buprasia, Mvrtuntis,
Paaiios, Mis. Vu S. de l'Alphée, la nomarehie de Messénie
absorbe le reste de l'Ebde ancienne dans l'éparchie
d'Olympia qui empiète sur l'Arcadie antique ot l'éparchie
de Triphylia <iui empiète sur la Messénie antique.
lll. Histoire. — Les premiers habitants de l'Elide donl
rbistoire fasse mention semblent avoir été les (.aucunes.
de Hache pèJasfique, c.-à-d. apparentés aux Arcadiens. Qs
furent ultérieurement refoulés dans les montagnes du N.-ï •
î de Dyme) et du S. (en Triphylie). Au xiv* siècle
;i\. J.-i'... ils oecupaienl a peu près loute lElide. Ils étaient
en rapport avec les Phéniciens venus par mer el qui pro-
bablement introduisirent le byssus. Très anciennement
de la présence des Epéens, probablement
oliens de l'autre coté du golfe de Corinthe.
On racontai! qu'Epéius et .Etolus étaient deux fils d'En-
dymion qui régnait dans le bassin du Pènée. Eléius, ancêtre
patronymique des Eléens, aurait été un til> du dieu Poséidon
et dTurycyda, fille d'Endymion. les Epéens possédaient la
Triphylie et en face de l'Achéloûs les Iles Échinades. Le
plus célèbre de leurs rois fui Vugias, que tua Hèraklès.
Ils >e divisèrent en quatre royaumes; les cités prin-
cipales étaient Buprasium et Ephyra. A la guerre de
Troie, les Epéens envoient quarante navires commandés
par quatre chefs, dont le petit-fils d'Augias, Polyxène.
Au S., les Epéens étaient en conflit avec le royaume de
Pylos gouverné par l<> Nélides, allies aux parents des
Achéeus et de leurs chefs Pélopides. 11 y avait eu, avant
l'époque homérique, un royaume de l'ise, puissant d'abord
et premier siège de la dynastie de Pélops; plus tard, il
disparut el Homère l'ignore. On suppose qu'il avait été
absorbé par le royaume de Pylos. Au moment de l'invasion
dorienne .(ans le Péloponèse, les Etoliens, dirigés par
Oxylus, occupèrent le bassin du Pénée; l'Elide leur fut
d'après la légende. Les Epéens et les Etoliens se
fondiient facilement pour tonner le peuple des Eléens. Au
«ouvra son autonomie et entra en conflit avec
. Entin, au delà de l'Alphée, la Triphylie fut occupée
Minyens, (liasses de Laconie par les Dorions; ces
■inyens se substituèrent aux Cauconeset aux Paroréates;
ils fondèrent un Etat fédéral de >i\ cites et résistèrent
aux Measéaiens dorisés. Le nom de Triphylie, c.-à-d. pays
des ' ' tut donne a la contrée parce qu'à cote des Mi-
nyr ni les autres tribus des Epéens et Caucones ;
plu» tard vinrent les Eléens. Cest donc vers le x" siècle
que l'Elide fut divisée en trois Etats : Elis, Pise, Tri-
phylie; mais, dès le vin" siècle, les Eléens étendirent leur
domination jusqu'à la Néda, subordonnant les autres cités.
Allies a Spaite, il> organisèrent le culte de Zeus àOlympie
et les grandes fêtes athlétiques qui tirent d'Otympie une
capitale religieuse du Péloponèse. i.a rivalité
d'Klis et de l'ise, dépossédée de la présidence de ces Estes,
rolongea jusqu'au vi* siècle. A la 8e olympiade (747),
les 1 iés a Phidon, tyran d'Argos, exclurent
les Eléens de la présidence, mais la \ictoire de Sparte
lit la suprématie d'Eus jusqu'en Triphylie. Lors de la
deu\ rre de Messénie, Pisates et Triphyliens com-
• - Mi sséniens contre Elis et Sparte. Le roi
àt Ptse, l'.mialeon. s'empara d'Olympie et exclut les
ns des j.-ux de la 34" olympiade (644). Son tils
Daaophon tint les Eléens en respect, mais le fils de celui-ci,
Pyrrhus, engagea une lutte suprême avec- l'alliance des
mtium, Ma - illus : toutes furent
os vainqueurs et le nom de Pise dis-
parut (§72). un ne sut même plus ensuite ou avait clé
le ville jaili- fameuse et on doutait de sou existence,
litivement maîtres de l'Elide, les Eoliens d'Klis con-
nurent un- loi . • de prospérité pacifique. En
— c-t du culte de Zeus Olym-
5 1, leur territoire avait été déclaré sacré et mis à l'abri
es fléaux de la guerre. Alliés aux Spartiates, ils furent
entrainés dans la guerre du Péloponèse ; les Athéniens
pillèrent leurs cotes. Après la paix de Nirias, ils entrèrent
en conflit avec les Spartiates. Ceux-ci avaient accordé leur
protection a la cite révoltée de Lepreum. Elis entra avec
Corinthe, Argos et Mantinée dans une ligue dirigée contre
Sparte; elle condamna Sparte à une amende de deux mille
mines pour infraction à la trêve sacrée au moment des
jeux olympiques; sur le refus de payement, les Spartiates
furent exclus des fêtes. Le conflit se prolongea pendant la
guerre du Péloponèse. \près la chute d'Athènes, Sparte
s'attaqua directement a Elis, la sommant de rendre l'auto-
nomie aux cites vassales et de payer l'arriéré de sa part
de contribution dans la guerre de la confédération pélopo-
nésienne contre Athènes. Sur le refus des Kléens, la guerre
commença : le roi Agis envahit leur pays (W2). Après
trois années de résistance. Elis dut céder; elle perdit la
Triphylie, son port deCyllène, la ville de Lasium réclamée
par les Arcadiens et toutes celles de l'Acrorée (400). Après
la bataille de l.euctres, les Kléens relevèrent la tète. Mais
les Triphyliens s'étant agrégés à la confédération arcadienne,
ils revinrent à l'alliance de Sparte et firent la guerre aux
Arcadiens. Ils enlevèrent à ceux-ci Lasium et l'Acrorée,
mais les reperdirent presque aussitôt. Les Arcadiens mirent
garnison sur la colline du Cronion à Olympie, faillirent
prendre Elis, ville ouverte ; le parti démocratique se sou-
leva à leur instigation, mais fut expulsé; il se fortifia à
Pylos, sur le Pénée (366). En 363, les Arcadiens vain-
quirent les Kléens près de Cyllènc. L'année suivante, à
l'occasion de la 10 4° olympiade, les Arcadiens défirent
encore les Eléens, donnèrent la présidence des fêtes aux
villageois de l'ise, mais ils pillèrent les trésors sacrés. Ce
sacrilège fut désavoué par l'assemblée arcadienne qui fit la
paix avec Klis et lui rendit Olympie et la présidence des
fêtes. — Les Eléens furent les alliés de Philippe de Macé-
doine; plus tard, ils combattirent avec les autres Grecs
contre Antipater dans la guerre Lamiaque. En 313, Téles-
phore, lieutenant d'Antigone, s'empara d'Elis dont il vou-
lait faire la capitale d'une principauté ; il en fut expulsé
par un autre lieutenant d'Antigone. Au ine siècle, les
Eléens s'allièrent aux Etoliens et entrèrent dans la ligue
étolienne. De là des luttes et des razzias fréquentes contre
les Achéens auxquels se joignirent les Triphyliens. L'Elide
n'a plus ensuite d'histoire. Elle passe avec le Péloponèse
sous la domination romaine et continue de bénéficier des
fêtes d'Olympie (V. ce mot) jusqu'à leur suppression par
Théodore (394).
Au moyen âge, l'Elide fut occupée par les Francs, venus
de Patras. Guillaume de Champlitte s'installa à Andravida
à droite du Pénée; Yillehardouin fonda Glarenza ou Cla-
rentza qui devint le grand port de la cote occidentale de
la Grèce (V. AchaIe). Les villes de Castro Tornese (cita--
délie de Clareutza), Gastouni et Santameri datent de cette
période. Plus tard, les Vénitiens eurent leur centre à Bel-
védère (citadelle d'Elis) qui donna son nom à la province,
« la vache à lait de la Morée ». Sa prospérité déclina
ensuite, mais tend à reparaître (V. Grèce, Elis, Olympie,
Achaie, t. I, pp. 369-372).
IV. Numismatique. — Les monnaies de l'Elide sont au
nombre des plus belles que l'art grec ait jamais produites,
et la variété de leurs types achevé d'en rendre l'étude par-
ticulièrement attrayante. Elles sont taillées d'après l'étalon
éginétique (drachme, <ijr-2'2) comme la plupart des monnaies
du Péloponèse ; il n'en est aucune qui soit antérieure à l'in-
vasion des Perses en Attique, en iKO; mais a partir de cette
date les statères d'argent de l'Elide abondent. Contraire-
ment à l'usage répandu presque partout en Grèce, les mon*
naies de l'Elide ne portent pas le nom de la ville ou elles
ont été frappées : on ne peut guère citer qu'une exception
ii relie règle. Elles ont généralement pour légende FA ou
FAAEIÛN (la première lettre étant le digammajjusqu'à
l'époque romaine, et sous l'empire romain ce mot est
remplacé par HAEIûN. Mais il est hors de doute que
l'atelier d'où sont sorties ces monnaies était Olympie, le
ÉUOE - EUE
— 828 -
grand centre religieux, commercial et artistique de cette
contrée de la Grèce. La plus ancienne médaille de l*Eiide
le prouve, or elle est une exception i la règle que noua
venons de constater et elle porte en légende le mol
OATMI1IKON. C'est un didraehme archaïque an type
de Zeus debout brandissant le foudre d'une main et imi-
tant un aigle sur son bras gauche étendu ; sur l'autre
face, un aigle volant avec un serpent dans son bec Cette
monnaie qui a un caractère religieux parait avoir été frap-
Fée vers 1 an 450 avant notre ère avec l'argent que les
.épréates de Triphvlie payaient ebaque année au sanctuaire
de /eus Olympien. L'Ehde étant tout entière consacrée à
Zeus, ce sont naturellement des symboles de ce dieu qui
figurent sur les monnaies : le foudre, l'aigle debout sur un
chapiteau, l'aigle vidant, dévorant un serpent ou un lièvre;
la Victoire, symbole des jeux olympiques, est figurée dans
diverses attitudes sculpturales; nous trouvons aussi la tète
du Zeus Olympien de Phidias, représentée dans un style
d'une pureté et d'une noblesse dignes de l'original; la tète
de la nymphe Olympia, rivale de celle d'Arèthuse sur les
plus beaux tétradrachmes syracusains, figure sur de rares
pièces qui ont au droit la tète de Zeus Olympien; d'autres
statères, enfin, ont pour type la tète de liera plus remar-
quable ici peut-être que sur les monnaies d'Argos. Comme
sur les plus beaux spécimens de l'art monétaire en Sicile et
dans la Grande-Grèce, on a relevé sur quelques-uns de ces
chefs-d'œuvre les noms des graveurs des coins, et l'on a
voulu reconnaître parmi ces noms celui de Dédale de Sicyone
qui, vers l'an 400, était occupé à sculpter une statue à
Olympie, celui de Polyclète le Jeune, enfin celui d'Euthychidès
qui grava aussi des coins monélairee pour Syracuse.
Lors de la prépondérance des Thébains dans le Pélopo-
nèse, avecEpaminondas, en 370, les Arcadiens dominèrent
dans l'Elide et y restaurèrent la petite ville de Pisa, détruite
par les Eléens deux siècles auparavant, Pisa fit alors
frapper des monnaies d'or et d'argent qui portent son
nom, niSA, et sont au type de Zeus Olympien. Mais peu
après les Eléens reconquirent la présidence des jeux olym-
piques et continuèrent l'émission de leurs belles monnaies
autonomes jusqu'au jour où Alexandre le Grand introduisit
à Olympie la frappe des tétradrachmes de poids attique à
son nom et à ses types bien connus. Plus tard, la frappe
des monnaies autonomes reprit, avec les types de la tète
de Zeus et de liera, et au revers, l'aigle seul ou l'aigle
luttant contre un serpent ; sur quelques-unes on retrouve
les initiales des tyrans qui gouvernèrent l'Elide au cours
du ine siècle. Ainsi par exemple, les lettres Ap:... pa-
raissent bien être les initiales du nom d'Aristotimos qui
fut despote de l'Elide en "27*2 avant notre ère. De l'an 191
à l'an 146, l'Elide fit partie de la ligue achéenneet frappa
des monnaies aux types, dépourvus de caractère artis-
tique, qui furent adoptés uniformément pour toutes les
villes faisant partie de la ligue. Avec la conquête romaine,
en 146 av. J.-G., le monnayage d'argent de l'Elide prend
fin ; les monnaies de bronze persistent jusque sous Cara-
calla. Elles sont d'un style fort médiocre et d'une conser-
vation souvent déplorable, mais leurs types ont encore un
grand intérêt pour l'archéologue, car nous y trouvons la
reproduction de la statue du Zeus Olympien de Phidias,
celle de l'Aphrodite Pandémos de Scopas, celles d'autres
sculptures non moins célèbres, notamment la figure sym-
bolique de l'Alphée couché, tenant une couronne et une
palme, souvenirs des récompenses qui furent si longtemps
distribuées aux jeux célébrés avec tant d'éclat sur ses
bords. E. Babglon.
Bibl. : Numismatique. — Pf.rcy Garuneu, Elis, dans le
Numismatic Chronicle, 1879, pp. 221 et suiv. — Du même,
Coins of Peloponnesus, dans Catalogue of Grèce Coins in
the liritish Muséum ; Londres, 1887, iu-S. — Bah< la y
V. Head, Hisloria numorum ; Londres, 1887, in-8, p. 353.
EUE (Saint-) (Congrégation de) (V. ('.mimes DÉCHAUSSi s).
ÉLIE, prophète hébreu représentant du vrai Dieu en
e de l'idolâtrie étrangère, spécialement du culte phèni-
n introduit dans le royaume d'Israël. C'est le héros d'une
série d'aventures merveilleuses. Il annonce au ni tehab,
époux de la princesse tidonienne Jézabel, une séehereMe
qui amènera une effroyable famine ; puis, quand l'épreuve
touche a sa fin, triomphe des prêtres de liaal sur le mont
Carmel dans une lutte mémorable, ou la puissance divine
intervient en >a laveur. Ensuite il prend la route du
Sinai, reçoit dans ce lieu vénérable les ordres de la divinité,
revient en Palestine et est enlevé au ciel sou^ les yeux de
son disciple Elisée, auquel il donne mandat de poursuivre
son œuvre. Elie est le type du ministère prophétique : re-
cueilli pi,s de Dieu, il redescendra pour préparer les voies
au Messie. C'est une tâche à la fois puérile et ingrate de
vouloir rechercher dans cette figure symbolique des souve-
nirs d'un caractère historique (V. I Rots, wh-mx, xxi;
2 liais, i-ii ; Malachie, iv, 5). La théologie chrétienne
reconnaît Elie dans Jean— Baptiste (V. PbOPHBTC, PbOPBÉ-
IlsviK). M. \ EUES.
ÉLIE l'r, prince de Moldavie, (ils d'Alexandre le Bon.
Il succéda à son père, par lequel il avait été précédemment
associé au trône en 1433. Une révolte de son frère
Etienne (Y. Etiknnk III) le chassa en Pologne, chez le roi
Eadislas II, dont il avait épousé la belle-sœur. Il fut
battu bientôt, malgré le secours des Polonais. Revenu sous
le règne de Eadislas III, il vainquit enfin son frère à Poda-
gra et le partage qui suivit lui rendit le titre de prince,
avec la partie supérieure de la Moldavie, ainsi que sa capi-
tale, Soulchava. Elie consentit à payer à ses protecteurs un
tribut annuel de cent chevaux, quatre cents pièces de soie,
quatre cents boeufs et trois cents charrettes d'esturgeons.
Quelques villes leur furent restituées. La bataille de Varna
( 1 iii) où périt son ami et suzerain, l^adislas III de Pologne,
encouragea les projets secrets d'Etienne qui se vengea de son
frère en lui arachant les yeux. II mourut probablement
en prison. N. Jorga.
EUE II, prince de Moldavie, fils de Pierre Karesh
(1546-54). Il inaugura son règne par un traité avec la
Pologne. Plus tard, les Turcs lui ordonnèrent de rétablir
en Transylvanie leur protégée, Isabelle, femme de Jean
Zapolia, privée de ses droits de régente par l'évèque Marli-
nu/.zi. Il brûla le pays, avec son voisin et allie, Mircea le
Berger, prince de Valachie. Ses cruautés l'avaient rendu
odieux aux boïars, quand il finit son règne, en 1551. Il
se convertit à l'islamisme, prit le nom de Mohamet et alla
résider à Constantinople. II eut pour successeur son frère
Etienne. N. Jorga.
ÉLIE (Alexandre), prince roumain du xvne siècle, fils
d'Elie, et petit-fils de Pierre Raresh. Né à Rhodes, il était
tout à fait étranger aux mœurs locales. Son premier règne
en Valachie (1616-18) fut terminé par une révolte des
boïars contre ses favoris grecs. Nommé en Moldavie par
les Turcs, destitué après deux années de règne, en 1622,
il regagna le pouvoir en 1631, pour le perdre deux années
plus tard, à la suite d'une terrible révolte des paysans,
exaspérés par les exactions de ses Grecs 1 1633). N. Jorga.
ÉLIE (Jacob-Job), le principal « vainqueur de la Bas-
tille », général républicain, ne a Wissembourg (Alsace)
le 26 nov. ITiii. mort a Varennesen Argonne le 6 fèvr.
1 825. Sun père, Mathias Elie, était officier au régiment d'Al-
sace et mourut aux Invalides. Enrôlé, à moins de vingt ans,
au régiment d'Aquitaine, il prit part aux expéditions de I iorae
et de Tunis (4769-4770). Après un court congé, il entra
au régiment delà Reine et combattit a Ouessant, durant la
guerre d'Amérique Il 778). Il fut ensuite employé au ser-
vice des recrues. Sous-lieutenant porte-drapeau après vingt-
deux ans d'activité, en garnison à Cherbourg (août 1788 .
il se trouvait a Paris, lors de l'attaque de la Bastille, ou il
joua, « par hasard », a-t-il écrit, un rôle prépondérant.
C'est lui qui entra le premier dans la forteresse et recul
du gouverneur de Launay le texte de la capitulation qu'il
porta à l'Hôtel de ville au bout de son tronçon d'épée. Porté
en triomphe par le peuple, il ne dépendit pas de lui que
de sanglants excès fussent évites. Il réussit du moins a
sauver de nombreux prisonniers. « l.e brave Elie », dé-
— 849 —
EUE
nommé M», mais à tort. « le sergent Llie », WÇOl
le 19 mars 1790, I l'Archevêché, l'opee d'honneur
mm l'Assemblée îles Metteurs de Pans lui avait votée
BH la préposition du maie l>a llv. Il entra comme capi-
taine dans l'une des compagnies du Centre (soldées) de la
nrda nationale parisienne, bataillon de Saint-Jean en
t.iève. Kn IT!M. d fut incorporé, vrac te même grade,
tes le 103" régiment d'infanterie et reçnl l'ordre de Saini-
loms. Parti pour la frontière, après la déclaration de
■verre, ileoooonnil i la défense de ïhionville, sous le géné-
ral Wunptïen (sept. 1798), et tit sous le général Beur-
nomille la campagne de Ireves (décembre). Il tit partie du
d'armée qui devail secourir Mayenne, et s'y distin-
gua L'année 4793 le vil franchir rapidement les grades
«meneurs ; le 3 sept., il fut nommé général de division. Il
appartint en cette qualité a l'armée des Ardennes, et eut
pour résidence la place forte de Civet. Mais, dans une dé-
monstration sur Beaumonl (Belgique), que lui avait pres-
crite Jourd.ui.il fut surpris nuitamment parles Autrichiens
I Bwiiiiii lui Wilronrt: la fuite des* réquisitionnaires » le
contraignit à une retraite précipitée et désastreuse (4 6 oct.
- jonctions du maire de Givet, Delecolle, il
fut envoyé loin de l'ennemi, à Verdun, oh il commanda de
■av. I7Ô3 1 juin 1795. Suspendu de ses fonctions, il fut,
à la prière du ministre Delacroix, nommé gouverneur de
Lvon parle Directoire mars 1796), mais dut bientôt céder
ce posta au gênerai Canuel. I>e la il fut envoyé a Saint-Jean-
de-Maurienne (armée des Alpes), en remplacement du géné-
ral humas, père du célèbre romancier. Réformé (17H7), il
se fixa à Courcelles-Aubrévilln (Meuse) et s'y maria. Il
i vainement force requêtes au gouvernement. Rete-
nons Bts tiens paroles a Bonaparte, premier consul : « J'ai
Lit le 14 Juillet qui a assure la liberté française et qui a
ouvert la carrière a tant de grands hommes, qui peut-être
sans elle seraient restés dans le néant. >> Neuf, sans en-
fants, et admis a la retraite (4809-1814), il se relira à
Varer.nes. L'Almunarli royal de 4846 mentionne, à son
rang de promotion, parai les lieutenants généraux « le
chevalier Elie ». Son neveu, marchand drapier à Varennes,
retire à Ribeauville, donna au musée de Colmar son por-
trait et son epee d'honneur. Ces reliques s'y trouvent
On remarquera que, depuis près de soixante-dix ans,
Elie ne figurait plus dans les dictionnaires historiques.
1^ date et le lieu de sa mort étaient ignores. Nous n'avons
pu nous-méme retrouver les traces de la famille d'Elie,
peut-être aujourd'hui éteinte. Ludovic Drapevron.
Bihl. : Marmovibi., Mémoires. — Le Moniteur univer-
sel. — P. Ki.sn lbuber, Biographies alsaciennes. — Vic-
lorFoi RNKL.Ie- Homme» du l'i Juillet, Gardes françaises
■iqueurs de la Bastille. — L'Intermédiaire des cher-
cheurs et curieu.v. — Documente inédits, recueillis par
Ludovic Draievkun et par André-Ernest Picard.
ÉLIE de Beaumont (Jean-Baptisle-Jacques), célèbre avo-
cat, ne a Carentan en oct. 1734. mort à Paris le 10 juin .
Plein de verve et d'imagination dans un petit cercle
d'amis, mais >e déconcertant facilement devant un vrai
public, mal serti d'ailleurs par un organe défectueux, Elie
iiimont renonça de bonne heure à la plaidoirie pour
H fanv avocat consultant. In défaut l'avait aidé à trouver
la voie ou il devait rencontrer le succès; car il ne tarda
H faire une brillant'" réputation avec les mémoires
«mil publia dans plusieurs causes célèbres. Le plus reten-
Ussant fut relui qu'il èerrril pour la revision du procès du
malhcunux t^las. H lui valut les applaudissements et
(amitié de Voltaire qui parle fréquemment, dans sa Corres-
pondance,^' l'éloquence et delhnmanité de l'avocat bas-
normand. L'éloge «tait mérité, puisque Klie de Beaumont
savait approprier son style à tous les sujets. Plaisant et
spirituel, comme dans son Mémoire sur les rares forcées
et Us vins pillés des chanoine* île la Sainte-Chapelle,
il pouvait aussi ètrp pathétique et touchant, comme dans
l'affaire du négociant de Bordeaux, victime, en 1775. d'un
homble goet-apena. Le procès tit assez de bruit pour être
popularise par la gravure. Lne lielle estampe de Notté et
de (lodefroy parut avec celle légende: « La Vérité présente
à la Justice M. Itainade Bélier placé entre ses deux dé-
fendeurs, MM. Target et Elie de Beaumont. » — Quelques
années avant H. de Monlyon, Klie de Beaumont, dont le
cœur était excellent, eut l'idée de fonder des prix de vertu.
Lui et sa femme, qui avaient des mœurs patriarcales, ins-
tituèrent,en I77.'i. dans leur terre et Seigneurie de Canon,
en Normandie, une lëte annuelle connue sous le nom de
Fête des bonnes gens. — Anne-Louise Morin-Dmiicsnil, la
digne compagne de M. Eliede Beaumont, ne se fit pas seu-
lement remarquer par sa bienfaisance ; elle a laissé un nom
comme auteur des Lettres du marquis île Rosette, pu-
bliées en 1704. G. Lavali.ky.
BlBL, : II. Mon. in, les Défenseurs de Calas et des Sir-
mi : Cherbourg, issu. — L'abbé La Monnier, Fêle des
bonnes gens de Canon; Avignon, 1777.
ÉLIE de Beaumont (Jean-Iîaptiste-Armand-Louis-
Léonce), géologue français, né à Canon (Calvados) le
23 sept. 4798, mort à Canon le 41 sept. 4874. Il fit de
brillantes études au collège (aujourd'hui lycée) Henri IV,
entra le second à l'Ecole polytechnique (1817) et en sortit
le premier, fut de 181!) à 1844 élève de l'Ecole des mines
et accompagna l'année suivante en Angleterre Brochant de
Villiers, son maître, et Dufrénoy, son futur collègue et
collaborateur, qui allaient demander à nos voisins, auteurs
d'une récente carte géologique de leur pays, les indica-
tions destinées à servir de préliminaires à la confection
d'une œuvre semblable pour la France. Ils recueillirent en
même temps d'abondants et utiles renseignements sur les
mines et les usines de la Grande-Bretagne. Au retour de
ce célèbre voyage de reconnaissance de six mois, Dufrénoy
et Elie de Beaumont en donnèrent le compte rendu dans une
série de très intéressants mémoires publiés de 4844 à
1830 par les Annales des mines et rassemblés sous le
titre : Voyage métallurgique en Angleterre (Paris,
4837-4839, 2 vol. in-8 et atlas). En 1845, ils furent
définitivement chargés d'exécuter, sous la direction de
Brochant de Villiers, la Carte géologique de. la France
au 500,000e. Ils entreprirent tout de suite dans ce but,
avec le concours de Fenéon et de de Billy, une longue suite
d'excursions, d'exploralions souterraines et d'ascensions
qui furent menées à bonne fin en seize années et dont les
résultats exercèrent la plus heureuse influence sur les
progrès de la science et de l'industrie. La relation s'en
trouve consignée dans trois publications importantes des
deux géologues : Mémoires pour servir à une description
géologique de la France (Paris, 4830-1838, 4 vol.
m-8); Explication de la carte géologique de la France
(Paris, 1841-1848, 4 vol. in-8); Description du terrain
houiller de la France (Paris, 4844, in-4). La carie elle-
même parut en six feuilles, en 1 841 . Mais les travaux furent
continués avec persévérance et activité, tant pour le per-
fectionnement et la reproduction de la première œuvre que
pour l'exécution de cartes départementales et d'une nou-
velle carte détaillée et locale au 80,000e, dont un magni-
fique spécimen fut admiré à l'Exposition universelle de
1807. — Elie de Beaumonl, qui avait occupé de 1844 à
1847 le poste d'ingénieur ordinaire des mines à Rouen et
qui, depuis 1847, suppléait à l'Ecole des mines Brochant
de Villiers dans l'enseignement de la géologie, fut nommé en
1832, à la mort de Cuvier, professeur de géologie au
Collège de France; en 1833, ingénieur en chef des mines;
en 1833, titulaire de la chaire de géologie à l'Ecole des
mines; la même année, membre de l'Académie des sciences
de Paris (section de minéralogie et de géologie) en rem-
placement de Cl. Lelièvre; en 4847, inspecteur général
des mines; en 4853, à la mort d'Arago, secrétaire perpé-
tuel de l'Académie des sciences. La plupart des académies
étrangères se l'étaient d'ailleurs déjà attaché comme associé
ou correspondant : Académie de Berlin (4847), Société
royale de Londres (1X35), etc. Il fut aussi président de
la Société de géographie de Paris. Le second Empire, qui
l'avait tout de suite élevé à la dignité de sénateur, le promut
Kl II. - «■><> -
grand officier de la Légion d'hooneur en 1860. Il fui
mit administrativemenl ■< la retraite en 1868; mais on
lui conserva la directi in nouveau MTvjie de la carte
géologique détaillée de la France et ses titres de profe
:ui Collège de France el à l'Ecole des mines. En Eut, il a\ait
presque cessé tout enseignement depuis 1852. Béguyer de
Chancourtois, son élève et le continuateur de ses travaux,
le suppléait dans sa chaire de l'Ecole des mines.
Klie de Beanmont ne B'est pas borné à former par des
leçons magistrales toute une pépinière d'ingénieurs et de
savants distingues et a doter son pays d'une œuvre monu-
mentale, qui a rendu les plus grands services a l'art des
mines, a l'agriculture et à la géographie. Il a aussi régénéré
la géologie ; il l'a même presque créée comme science exacte
par ses révélations sur l'âge relatif des chaînes de mon-
tagnes et par ses conceptions géniales sur leur disposition
géométrique. Dés 1 S -2 7 , il avait lait preuve de hautes
qualités de précision et de pénétrante observation dans ses
Observations géologiques sur 1rs différentes formations
qui, dans le système des Vosges, séparent lu forma-
tion houillère de celle du lias {Ami. des mines, i1' sér.,
t. I et IV). In mémoire lu le "H juin 1S^>!) a l'Académie
et intitulé Recherches sur quelques-unes des révolu-
tions de la surface du globe [Ann. des sciences natur.,
1S21M830, t. XVIII et XIX) tut le point de départ de
l'ère nouvelle et produisit dans le monde scientifique une
émotion considérable. Combattant audacieusement les doc-
trines jusqu'alors généralement admises, le jeune géologue
établissait, avec preuves positives à l'appui, que les chaînes
de montagnes n'ont pas toujours existé, qu'elles ont été
soulevées à des époques différentes et qu'il est possible
de dresser l'acte de naissance de chacune d'elles : « Dans
ce vaste ensemble de caractères, écrivait-il, par lesquels la
main du temps a gravé l'histoire du globe sur sa surface,
les montagnes sont les lettres majuscules de l'immense
manuscrit et chaque système de montagnes en constitue un
chapitre. » Il posa ensuite le principe que l'identité de
direction de plusieurs chaînes entraine l'identité d'âge,
et sa première étude, limitée d'abord à quatre systèmes de
montagnes, étendue successivement à neuf, à douze, à
vingt-quatre, modifiée et corrigée par lui-même sur plu-
sieurs points importants, prit la forme d'une doctrine
définitive, embrassant la terre entière, dans sa Notice sur
les systèmes de montagnes (Paris, 185*2, 3 vol. in-lu2),
qu'il avait écrite pour le Dictionnaire universel d'his-
toire naturelle de d'Orbigny et ou il expose sa grande
conception du réseaupentagonal, quelque peu abandonnée
aujourd'hui en tant que théorie. En 1NI>7, le nombre de
systèmes signalés s'élevait à quatre-vingt-seize. Dans une
matière corrélative de la première, quoique plus spéciale,
Elie de Beaumont s'est livré à des observations et a émis
des opinions non moins précieuses. Nous voulons parler
de ses recherches sur les phénomènes èruptifs de notre
planète. Sa Note sur les émanations volcaniques et
métallifères {liullel. de la Soc. géol., 1847, 2e sér.,
t. IV), ou il ramène à une même cause génératrice les
volcans, les liions métalliques et les eaux minérales, cons-
titue à cet égard, malgré son titre modeste, un travail
capital et en même temps absolument original,
Son œuvre écrit est immense. Il se compose d'environ
deux cent cinquante mémoires ou notes importantes parus
dans tes Annales des mines (1822 a 18(17), les Mémoires
de la Société linnéenne de Normandie (1827), les
Annales des sciences naturelles (1827 a 1832), les Mé-
moires de la Société d'histoire naturelle de Paris
(18:2!)), le Bulletin de la Société géologique de France
(1830 à 1863), les Annal, a de Poggendorff (4832), les
Comptes rendus de l'Académie îles sciences de Paris
(IN,';.') à 1874), le journal l'Institut (1836), les Annules
des sciences géologiques { 1842), VAiiiiuairede lu Sot
météorologique ae Primer (4854), la Revue des cours
scientifiques (1869). Quelques-uns ont été indiques au
cours de celte notice; il faut signaler encore plus particu-
lièrement : Notice sur lis mines de fer et 1rs forge» de
) ramant et de Rothau (Ann. des mim , 1822); / ails
pour servir u l'histoire des montagnes </<■ l'Oison*
Oléut. de la Sue. d'hùt. nul.. 1829); Note sur l'uni-
formité de la (teinture jurassique du bassin géologique
qui comprend Londres et Pans {Ann, des te. natur.,
I s-j'.i): Observation sur l'étendue des terrains tertiaires
inféru urs dans le nord de la France [Bullet. de la
Su,, géol., 1831-4832); Mémoire sur là groupes du
Cantal et du Mont-Dore (Assn. des mines, 1833); /;•-
cherches sur la structure et l'origine du mont Ltna
{Comptes rendus de l'Ara, I. il, s se., 1 835); l'.nnargues
relativisa la formation du unir du Vésuve (fiwij
rendus de l'Ara,/, des se, |n.;7). Muant à se- travaux
publiée a part, les principaux (astre ceux déjà cité») ont
pour titres : Coup d'aeû sur les mènes (Pariai 1*2', i;
Leçons de géologie pratique professées au Collège de
France d'ans. 1843-1849, 2 vol. in-8); Carte géolo-
gique détaillée de la Haute-Marne au 1 80,000e, m
collaboration avec B. de Chancourtoii d'aii-, 1857-1889,
\ feuilles); l',up/inrt sur les progrès de la stratigraphie
(Paris, 1869, m-8); Géologie des Alpes el du tunnel
des Alpes (Paris, 187-2, in-I-2). 11 a enfin cent, et lu à
l'Académie des sciences, des éloge- de Coriotis 1 1 x.%7). de
Beautemps-Beaupré (1859), de Legendra (1864), d'OEr-
stedt(4862),d'Aug. Bravais (4 865), de L. Poissait (4669),
du baron Plana (1872). — Une statue lui a été élevée par
souscription à Caen, en l>v7(i. l^on Sacnet.
BlBL.: Discours prononces aux funérailles d'E. de Beau'
mont, chins Annales des mines'. 187 I. VI, pp. 187 à SIS, —
Potiee, Exposé des travaux ov Elie de Beaumont spécial
à la théorie des systèmes de montagnes . dans .Ami.
îles mines, 1875, VIII, |>. 259. — A. Guyb&dbt, Liste des
travaux scientifiques d'Elie de Beaumont, dans Ann. des
mines, 1»75. VIII. 2'ts. — J. Bl rirand. Eloge historique
d'Elie de Beaumont, dans Mém. de l'Acad. des sciences,
1877, t. XXXIX.
ÉLIE de Cortone. franciscain (V. Franciscains et
François d' ASSISE [Saint].
ÉLIE del Medico, celelue philosophe juif du xv" siècle,
né en Crète, mort en li!i8. lils de Moise Abba et petit-
fils du philosophe Srhemarja Ikrite. Sa famille était venue
d'Allemagne s'établir en Crète. Il peut être considéré comme
le dernier et un des plus remarquables représentants de
la philosophie gréco-arabe qu'il enseigna publiquement à
Padoue en attirant par sa vaste érudition et sa méthode
claire beaucoup de disciples parmi lesquels nous trouvons
le célèbre Pic de la Mirandole qui fut son ami fidèle et pour
lequel il composa [îlusieurs ouvrages philosophiques, dont
quelques-uns en latin, comme: De Primo mot are ; De
Creatione mundi ; De Esse, essentia et uno,et deux en
hébreu. Sur la demande de Pic de la Mirandole, il a aussi
écrit un commentaire latin sur la Plu/signe d'Aristote et
a traduit en latin quelques traités d' Iverroes. Fnfin. il faut
mentionner son ouvrage hébreu intitulé Pehina ha-I)at
(Examen de lu religion) iliale. Ki-2!' ; publié de nouveau
par J. Reggio, \ ienne, is;i;>).
BniL : A. Geigbr, itelo Chofnnim ; Berlin. lî
B. Carmoly, Histoire des rnéde i - 1 s juifs; Bruxelles. 1844
— s. Munk, Mélanges de jihilosuphie juive et arabe;
Paris, 1859. — I'.. Renan, Averroës el l'&verroiame ; Paris,
1852. il. Grabtz, Geschichte der Juden, VIII.— J. Duras,
Recherches sur l'histoire littéraire du xv» sièele ; Paris,
1876, — M. Ste(NSCHNBIDBR, Ilnmarski,-. XXI.
ÉLIE de Messine (Flia ou Elias Cabossa, dit), frère
mineur franciscain et écrivain hermétique du xv1' siècle.
Probablement originaire de .Messine, il habita Milan api
profession el y rédigea son ouvrage d'alchimie : OpUSeutUM
iicutissimi celeberrimigue phtlosophi .Eliu Canossce
Messinensisin arte alchtmica. 1434. Cs manuscrit, qui
fut en la possession du P. Affo et que Creaoimbaai a
consulte, n'a jamais été imprime : il contient deux sonnets
italiens également sur l'alchimie ; on l'a quelquefois attribué
par erreur a Elie de Cortone. le premier sm . esseur de
saint François d'Assise, el il ait possible et même vraisem-
blable qu'il en ait existé des copies portant ce nom, soit
- 881 - '
EUE — ÉLIMINATION
par erreur, soit par une de >es supercheries familières aux
alchimistes. R. G.
: TiRABoscnt, Storia délia leUeratura itoltana;
IS23, t. IV, in-v
ÉLIE m Mouron, en russe Km Mouromets, person-
gendaire qui j<u:«i un grand rôle dans les chants
épiques russes i>u byhnes. Après être resté pendant trente
ans perdus ou paralysé, il accompli! dos exploits extraor-
dinaires, défriche la terre russe, défait le brigand Sohv-
veî, entre an service du prince Vladimir, etc. Certaines
bvlines le font voyager jusqu'à Constantinople. On prétend
montrer son tombeau dans les catacombes de Kiev.
Hun.. : V. les .<u\r.. i l'art Bvunes e( le
0 ste Miller: Hia de Mourom et tes héros de
kie> en .
ÉLIE m Salomon, théoricien musical, était en 1974
clerc de Saint-Astier, au diocèse de Périgueux. Il a laissé
un traite, Seiniti-i artis mutietB, qui a été publié par
Gérktrt (Y. ce nom) dans le tome 111 de ses Scriptores
istici de musica, et qui e>t très utile pour l'histoire
du plaiD-chant et du chant sur le livre au X1U1 siècle.
ELIE nr. \Yii.\a (V. Kuvsz).
ELIE I.Evirv. surnommé Bahour, Asgonaxi et Medag-
i. iue grammairien juif, ne a Neustadt-eur-l'Aisch,
en Bavière, le 13 févr. 1 t<>'.K mort a Venise le "2* janv.
1 n 1496, il \ini en Italie. Après un court séjour
a Venise, il alla s'installer a Padoue on bientôt un grand
nombre de disciples se réunit autour de lui et ou il com-
|M>sa son premier ouvrage, un Commentaire sur la
granmuitre hébroÀqUé de Moïse Oimhi (Padoue, 1508).
La même année, il publia une traduction allemande du
mman italien. Histoire de Bvovo d' Antona (V. sur oette
traduction (iriinhaum. Jùdisch-doutsche Chrestomathie;
Leipzig, 1882). Par suite de la prise de Padoue en 1509,
Klie Levita se rendit a Venise et. après un séjour de trois
ans, passa à Home où il trouva un protecteur et un ami en
la personne de t.iiles de Viterbe (Aegidius de Viterbo),
• >ine augustin. plus tard cardinal, qui s'intéressait
beaucoup de la kabbale et protégeait les études hébraïques.
par lui a entreprendre des travaux relatifs à la
langue hébraïque, il composa une concordance hébraïque
achevée en 1.V2I ( Steiuschneider , Calai, der Mùn-
ehener Handichriften, n° 74). En 151X, il publia une
grammaire hébraïque intitulée Bahour à laquelle il doit
principalement sa célébrité, puis deux traités : llarkaba
et Pirks-Elijaha. suppléments a cette grammaire. Ensuite
il étudia la itassora et la langue araméenne, écrivit )l<i.s-
torai ha-Massorat (manuscrit a Munich, Steinschneider,
ratai. n° 382) ; un traité sur les accents, intitulé Toub-
et un lexique au\ paraphrases chaldéennes (ara-
méennes) de la Bible (Targournim), qu'il commença en
[>a us le même temps, il entra en relations avec
Sébastien Munster qui publia ses ouvrages sur la -lam-
inaire hébraïque en traduction latine. La prise de Rome
par l'armée de Charles V força Llie Levita de s'enfuir à
Y enise, ou il tit la connaissance de George de Selve, ambas-
sadeur du roi François I r. et lui donna des leçons d'hébreu.
Sur les instances de son nouveau protecteur, il reprit la
lance hébraïque commencée et rédigée déjà à Rome
et dont la plus grande partie avait été perdue pendant la
prise de cette ville. L'ouvrage intitulé Sefer ha-Sikhronat
fut termine et envoyé à Paris. Le manuscrit autographe
tteur se trouve a la Bibliothèque nationale [catal.
n01 134 et 133; I!. Goldberg avait commencé en 1875 la
publication du manuscrit parisien, mais il n'a paru qu'un
seul fascicule). Le roi François I r invita même Llie Levita
de \.-nir à Paris pour y enseigner la langue hébraïque.
Ln 1538 parut le célèbre ouvrage Massorat ha-Massorat,
remanié et rédigé de nouveau par l'auteur, avec l'appen-
dice sur les accents biblique-. Il se rendit chez le savant
Paul Pagina i Isnv, en Wurttemberg, chez lequel il imprima
son lexique chaldi rgueman, une explication de
"7 1 - difficiles expressions néo-hébraïques, Tiskbi, et une
nouvelle édition de la grammaire Bahowr. Apres un court
séjour à Constance, il retourna à Venise où il termina sa
vie laborieuse. La relation d'après laquelle Levita aurait
embrassé le christianisme, rapportée premièrement par
Jean Moltherus , professeur de théologie à Marbourg
(mort en 1618), dans son ouvrage Maliens obstinationis
judaicee, et répétée par d'autres auteurs, n'est qu'une
table et repose sur une confusion de notre Llie avec un
personnage du même nom (Y. I). Kaufraann dans Magasin
fur die Wissenschafi des ludenthums , 1890). —
Klie Levita eut le grand mérite d'avoir facilité par ses
travaux l'étude de la langue hébraïque et d'avoir beaucoup
contribué à la propagation de cette élude surtout parmi les
chrétiens. 11 sut ordonner en système les règles assez com-
pliquées de la langue sacrée et rédiger de bons manuels.
Kiiu.. ■ R. Wunderbar, Lilleralurblatt des Orients, 1849.
— S. BoBKR,Le6en und Schriften des El. Bachur; Leipzig,
1856. Ch, GlNTBURO, Life of Elias Levita; Londres, 1867.
— L. tiiauER, lias Studiumder hebràischen Sprache in
Deutschland ; Breslau; 1S70. — .T. Perles, Beitrâge zur
Geschichte der hebràischen und aramàischen S Indien ;
Munich, 1884 J. Lrvi, Elia Levita und seine Leistungen
als Grammaliher ; Breslau, 1888. — W. Bâcher, E'iija.
Lej-iia's wissenschafttiche Leistungen (Z. L). M. G., 188!)).
— Consulter aussi les ouvrages bibliographiques de Wolf,
de R.OSSI. l'uKST et STEINSCHNEIDER.
ÉLIE Mi/.raiu, savant rabbin, né vers le milieu du
xv" siècle, mort vers l'an 15"25. Il était grand rabbin à
Constantinople et le représentant officiel de tous les juifs
turcs ; il se rendit célèbre par son commentaire sur le
commentaire de Raschi sur le Pentateuque, par ses gloses
sur le Livre des préceptes de Moïse de Coucy et par ses
réponses concernant de différentes matières. Il s occupa
aussi beaucoup de sciences mathématiques, et on lui doit
des commentaires sur les ouvrages de Ptolémée et d'Eu-
clide, et un livre sur l'arithmétique et l'algèbre, intitulé
Melechet ha-Mispor, dont une grande partie traduite en
latin par Oswald Schreckenfuchs a été publiée avec des
notes par Sébastien Munster (Bàle, 1576).
Bibl. : Outre les ouvrages bibliographiques de Wole,
de Rossi, de Furst et Steinschneider, V. Geschichte
der Kaiser! hwns ; Leipzig, 1865, II. — Graetz, Geschichte
der Juden, IX. — J. Gurland, Dissertation sur Mar-
dohhai corntino (en russe) ; Saint-Pétersbourg, 1865.
ELIEN ou CLAUDIUS AELIANUS,ditleSop/u'ste, corn-
pilateur romain, né à Preneste, ville du Latium, aujour-
d'hui Palestrina, vécut à Rome sous Caracalla, Héliogabale
et Alexandre Sévère, c.-à-d. de l'an 211 à l'an 235;
quelques auteurs le font mourir vers 260. Il enseigna la
rhétorique à Rome qu'il ne quitta jamais, sauf peut-être
pour faire un voyage en Egypte. Il a écrit en grec avec
une grande pureté ; il avait apprit cette langue à l'école du
rhéteur Pausanias. Deux ouvrages sont parvenus jusqu'à
nous sous le nom d'Elien, son Histoire des animaux^
qui n'est qu'un recueil de particularités curieuses, mais a le
mérite de contenir de nombreux extraits d'auteurs perdus,
puis ses Histoires variées, compilations de faits variés,
événements historiques, anecdotes, paroles mémorables de
grands hommes, exemples de vertus, etc. Dr L. Un.
ÉLIÉZER. Nom de plusieurs personnages cités dans la
Bible, variante de Eléazar, Le plus connu est celui de
l'homme de confiance ou intendant d'Abraham (Genèse, xv,
2 et suiv. ; cf. xxiv, 2etsuiv.).
ÉLIGIBILITÉ (Droit d') (V. Citoyen, Constitution).
ÉLIGMODONTIA (Zool.) (V. Hesperomys, Hamster et
Rat).
ELI M. Nom d'un campement des Israélites dans le dé-
sert après le passage de la mer Rouge ; localité inconnue.
ÉLIM. Etablissement des missionnaires de la colonie du
Cap, comté de Bredasdorp, au centre d'une région de pâ-
turages ; 1,800 hab.
ÉLIMANÉ. Ville du Kaarta (Sénégambie), à 15 kil. en-
viron au N.-E. de Médine, sur un petit affluent de droite
fin Sénégal.
ÉLIMINANT. Premier membre de la résultante de plu-
sieurs équations (V. Elimination).
ÉLIMINATION (Alg.). Eliminer des quantités a, b,c,..,
ÉLIMINATION
— 832 —
entre certaine* équations (E) qui contiennent eei quantité*,
c'est trouver de nouvelles équation* (F) qui soient de* con-
séquences nécessaires de (E) mais qui ne eontiennenl j>tns
«,/>,c,... Le problème de l'élimination est un de eetn qna
l'on rencontre le plus fréquemment en algèbre; c'est aussi
l'un des plus difficiles que l'on connaisse, et il n'est résolu
que dans un petit nombre de cas; nous en exposerons la
solution pour le cas où les équations données sont algé-
briques et de l'orme entière. Dans ce cas, éliminer a. A, C...
entre des équations algébriques, c'est trouver la condition
pour que ces équations aient lieu pour les mêmes valeurs
de a,h,c;... en d'autres termes qu'elles aient les mêmes
solutions. On a vu à l'article IIktkkminants la manière
d'éliminer des inconnues entre des équations du premier
degré; occupons-nous des équations de degré supérieur.
Considérons pour fixer les idées tro s équations algébriques
(1) ?te,y) = 0,x(a:,y) = 0, +(x,y) = (f;
soient (a,,^,), (a.,,13.,),... (a„,|3n) les solutions des équa-
tions /_(.*',(/) = 0, <{<(.»•,//) = 0 ; la condition nécessaire et
sullisante pour que les équations ( I ) aient une solution com-
mune est
?(«„pâ) <p(a,,p.2)... ?(«n,t3B) = 0,
et cette équation porte le nom de résultante des équations
(i); son premier membre est V éliminant ou \t résultant
nés équations (1). La théorie des fonctions svmétriques
permet, théoriquement, de mettre la résultante sous la forme
d'une fonction entière des coefficients de ?,•},/, égalée à
zéro. Pratiquement, voici comment il convient d'opérer:
Considérons d'abord un système de deux équations algé-
briques
9(x) = 0, <Mx) = 0.
Supposons 9 de degré supérieur ou égal au degré n de •]/,
divisons ?(x), xy(x), ... xn~io(x) par 9, et appelons
(2)
vo
; CO0 +C0|#+ ••• -h C0r) _ j X"
'■ C10 "+" CllX + • • • "+~ Cln - 1 •*•'"
?„_i=c„_,o+cn_ua;-r-...+cn
les restes; l'équation S±e00eu ...c„_l „_,=(), dont
le premier membre est le déterminant des coefficients c«, sera
la résultante cherchée. En eflet soient *liai ... an les ra-
cines de 9(x) = 0; le déterminant
?o(ai). <Pi(at) — 9«-i(«i)
?o(a„)<?1K) — ?„-l(«„) o
sera égal à S ±cwcil...ci_ ln_l xS±a aa'...an 5
d'autre part comme 9<(<x,-) = ?(«,)«5, il sera aussi égal à
i'12 «—1
S±a,«« ... a multiplié par 9(0^)9(1*.,) ... o(an); on
J 2 3 w
a donc
S±C0„CJ1...C„_ln_l=:9(a1)?(a_))...9(an),
ce qui montre que 2 ± Cwfiii ... rn_,„_, = 0 est
bien la résultante. Si l'on appelle a la solution commune
aux équations (I), en vertu de ("2), cette solution et ses
puissances seront données par les équations
( c00-r-c0ia-
— 0,
0,
(S),
que l'on pourra considérer comme du premier degré en a,
a5, ... an_1 et comme se réduisant an — 1 distinctes en
vertu de y. -H 0- - c.
Bezout a démontré d'une manière générale que la résul-
tante de plusieurs équations algébriques
?1(x„x,,...xn) = 0, ?8 = 0,...?ll=0
des degrés respectifs »(,,m,,... /«„_, par rapport à .r,.
x2,....rn provenant de l'élimination des variables .r,,.!,,...
x„_j était de degré iii^ii,... mn par rapport à la variable
non éliminée xn. Le degré de cette résultante pourra tou-
tefois s'abaisser dans quelques cas particuliers, il ne pourra
jamais s'élever.
Il est facile de constater que le degré du déterminant
S ii_ C00Cti...CB_1.B_1 est bien mn par rapport a une
variable y que l'on peut supposer contenue dans les fonc-
tions e et f, b-iir, degrés respectifs restant toujours tu et
n ; ce (ail devient éndenl a l'inspection do tableeu sui-
vant qui n'est auii<- ehoee que w détoraonant 1
'n-'-'n-in -1 <»u les éléments ont été remplaces pur leurs
degrés pris par rapport a y
>" m — i ... ,u — n-h i
m -+- 1 m vi — n ■+- 2
m — « -)- 1 //) — « -1- 2 ... m
Pour résoudre un système de deux équations algébriques
9(x,y)r=0,.i(x,v)=0
à deux inconnues des degrés m et « resaeetiveaaeat, on
élimine d'abord x comme il vient d'être indiqué; on trouve
alors une résultante K(y> — 0 du degré mn en 1/, on la
résout, à chaque valeur de y correspond en général une racine
commune que l'on détermine comme i! a ele indiqué tout
a l'heure. Cette méthode que nous indiquons rapidement .1
besoin d'être soumise à une discussion approfondie que les
limites qui nous sont imposées ne nous permet pas d'aborder.
Proposons-nous maintenant d'éliminer x et y entre les
trois équations algébriques
*(*f)=0, ?(*,y)=0, y.(x,y)=0.
La méthode la plus simple repose sur ce fait que toute
fonction ¥{x,y) entière de x et y peut être mise sous la
forme /.9-r-p} H- /"(!/),>., u. désignant des fonctions en-
tières de x et y et f{y) une fonction de y seul de degré
mn — 1 au plus, m et n désignant les degrés de 9 elà.
Pour établir celait, il suffit de considérerles équations(2)
ou 9„, 9,... sont de la forme X9 -f- -19. Si l'on désigne par
R(y) le déterminant S ±c00clicn_ln_1, on en déduira
que K(y) est de la forme À 9 +(«4; on en déduira en outre
par exemple
,,, c/R ilK
(i) t- x =
(5)
tfc.
</R
"<fc— ■>.,
+ w',
w et w' désignant des expressions de la forme Xç -f- ;jl l :
or, il existe des polvnùmes u,v entiers en y tels que
«/H <ZR
« , h f , = 1 ;
en multipliant (I) par u, (■>! par y et en ajoutant on aura
.r sous la forme d'un polynôme entier en y, accompagné
d'une expression de la forme À9-+- p$. Il en résulte que
toute puissance de x, et que toute fonction entière de x et
y sera de la même forme, j'ajoute que le polynôme en y
peut être censé de degré mn — I. En effet, soit P(t/), le
polynôme ; divisons-le par R(i/) et soit (J le quotient fyy)
le reste, on aura
Mais R étant de la forme À9 -+- 1*4 'e Ihéorème est démontré.
On peut donc poser
[ /. ('/.y) = <L + '-»,!/ -r- • • • d0pyP -i- to0,
) ta (*,y) = <<<„ -+-(/),!/-+-... rf,^ -f- w„
(C)
[ .'/"/. (•<•.//)= <<p0 + «Ci» + • . . djf -H wp,
les en étant de la forme îo-f-u.^, les r/ désignant des
quantités indépendantes de x et ;/, et p désignant pourabré-
ger»(N — 1. Si l'on pose I) = i ±dwdti... tl l'équa-
tion 1) = Osera la résultante cherchée: en effet. si l'on sup-
pose x et y égaux successivement aux éléments («„, j3(>),
(a,,^,)...,!^,^) d'une solution de o=0,i~ 0 les for-
mules (G) donneront
X(«.P)=4oo + 4oiP+ •••<*», r».
pp ;. ('«, p) = 4 + *</,; ft +.'..' </w p>i
d'où l'on conclura :
y.(*o. PJ 7.KP1) - rK. s.) ^ ± P'^'i - r%
= 2*^1^»
ou
•/.(».PO-7.(M\) = l>,
- 833 -
ÉLIMINATION - ELIOT
ce qui démontre notre assertion, l.o lecteur étendra sans
peine cette méthode au eas de 4, '>.... équations.
Elimination vu; scBSTiTimoH. — Lorsque l'on sait rèr
somlre l'équation ? (x) 0, on petit éliminer X entre
0 et J»(x):=0par la méthode dite de substitution;
a Dtl etfel.on tire X de - i ) H et on porte 88 valeur dans
0;en réalité il faudrait tirer de p(x) 0 toutes
ms et les porter dans \{x) 0 et taire le produit
des équations ainsi obtenues. Cette méthode est quelquefois
employée pour résoudre les équations du premier degré.
Elimination pas comparaison. — Cette méthode est rare-
ment employée; pourelinunei.i entrevu i Oel |i(x)=0,
gale les valeurs de x tirées de ces deux équations.
Elimination pab ils fonctions symétbjqoes (V. Fohg-
- ITUtTaïQOBS). IL LAIRKNT.
Hihl. : Chevalier Faa de Kruno, Théorie générale de
l élimination, 1859. — Traités d'algèbre supérieure de Sbr-
rkt, de Pi . •- n.
ELINCOURT. Corn, du dop. du Nord, arr. de Cambrai,
cant. de t '.lai v ; 1 ,731 hab. Fabrique de tissus de coton. Ce
village, mentionné dès le xt siècle, appartenait alors à l'ab-
baye de Saint- \ndre-du-Cateau. Ruines d'un château féodal.
ÉLINCOURT-Saintk-Maiuheritk (Elinrurui). Coin.
du dép. de l'Oise, air. de Compiègne, cant. de Lassigny,
sur le Mat/.: ti!'. hab. Il y avait dans ce lieu un riche
Sirieuré dépendant du monastère de Lihons-en-Santerre,
onde veis 1245. Chœur et façade de l'église paroissiale du
le; les transepts gothiques. On y remarque un bel
autel de marbre. C. St-A.
ÉLINGUE (Mar.). Bout de cordage ou de fils de fer
. île peu de longueur, d'épaisseur variable, terminé
rai a l'une de ses extrémités par une boucle appe-
rt dont le but est de servir à hisser à bord des
poids, tels que tonneaux, barriques, canons, pièces de
bois, etc. Léhngne entoure la pièce à hisser et on y
croche alors la poulie intérieure d'un palan ou moufle.
ELIO (Francisco- Javier), général espagnol, né en Na-
varre le 4 mars lTii". exécute a Valence le 11 sept. 182:2.
Kils d'un colonel, gouverneur de Pampelune, il fut élève de
l'Académie militaire de Puertn-Santa-Maria, se distingua
dans les campagnes contre les Maures, puis dans celle
contre la République française (1793-1795); ensuite il
reprit Montevideo sur les Anglais (1803), ce qui lui valut
le grade «le général. Rappelé en Espagne en 1812, il reprit
le roinmandemeiit de l'armée de Munie et obtint d'impor-
tants succès dans cette campai^'. Nommé gouverneur et ca-
pitaine ^eivral des royaumes de Valence et île Uurcie.il entra
dans les rues de Ferdinand VII et devint un zélé défenseur de
l'absolut i^nif. Ses rigueurs et cruautés ù l'égard des patriotes
le raildueal ««lien v aux libéraux. Ayant, sur l'ordre du roi,
pmclamé a Valence le rétablissement de la constitution de
il fut emprisonne par les insurgés (mars 1820) '-t
enfermé dans la citadelle. I^s artilleurs de Valence ayant
cherché à le délivrer (-10 mai 1822). le peuple s'empara de
la citadelle et imposa à un conseil de guerre l'obligation de
condamner le général captif a la peine de mort. Eliot subit
av.-e fermeté le supplice de la garotte. G. P-i.
ELIO y Eztoleta (Joaquin). général carliste, fils du
nt. ne en Navarre en |XIM, mort à Pau en janv.
I.ii'utenant-colunel en 1830, il se déclara pour don
Carlos a Pavènemeat au trône d'Isabelle IL Chef de l'état-
major du eéléhre général Zomalacarregni pendant la pre-
■âire guerre earuste, il fut. peur n'avoir pas opéré à
temps sa jom tion ave l'armée de don Carlos et s'être
attri' près de Valladolid, traduit devant un conseil
rre et emprisonné au fort Dos Bermanos; il n'en fut
délivré qu'eu 1839 par Karota. Obligé bientôt de passer
sur le territoire français, il fut interne i Bordeaux, puis
a Lille. Mis en liberté après la mort de don Carlos, il entra
au service de la reine Isabelle. \près le renversement de
celle-ci, il vint en France pour préparer, en faveur du
comte de Montemolin. un soulèvement qui n'aboutit pas.
En 1873, il urbanisa l'armée insurrectionnelle du duc de
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
Madrid (don Carlos III), battit les troupes du gouverne-
ment à Arroni/. (26 juin), prit le fort d'Estella (24 août),
investit Saint-Sébastien et assiégea Bilhao. Ses succès écla-
tants lui valurent d'être nommé ministre de la guerro et
chef de l'état-major général. Après l'échec final du mou-
vement carliste, il revint en France. G. P-i.
ELIOT (Sir John), homme politique anglais, né en Cor-
nouailles en avr. 1392, mort a Londres le 27 nov. 1(132.
Après avoir fréquenté l'université d'Oxford, il fit quelques
études de droit, voyagea sur le continent où il se lia avec
George Villiers. Fin membre du Parlement pour Saiut-Ger-
mans en HiFi, il fut nommé, grâce à Buckingham, vice-
amiral du Devon en I (1 1 9, et, en 1623, fut incarcéré quelques
mois pour avoir arrêté un pirate fort protégé par la cour.
En 1624, il représenta Newport à la Chambre des com-
munes ou il se révéla comme un orateur violent et intran-
sigeant. Réélu par le même bourg en 1023, il servit à
plusieurs reprises d'intermédiaire entre la Chambre et
Buckingham, et finit par se brouiller mortellement avec son
ancien protecteur. Depuis lors, il le poursuivit avec achar-
nement en toute occurence, l'accusant des malversations
les plus scandaleuses, le comparant à Séjean et réclamant
sa mise en jugement. Il représentait depuis 1026 Saint-
Germans lorsque la cour, lasse de ses furieuses attaques,
le fit enfermer à la Tour de Londres. La Chambre réclama
sa mise en liberté qui lui fut accordée, mais peu après le
roi prononçait la dissolution du Parlement, et Eliot était
emprisonné de nouveau, cette fois pour avoir refusé de
payer l'emprunt forcé (1027). Eliot, élu député par le comté
de Cornouailles le 17 mars 1028, reprit le cours de ses
âpres revendications, protestant notamment contre les taxes
arbitraires, signant la pétition des droits, el, lorsque Bu-
ckingham eut été assassiné, il tourna ses attaques contre
les tendances religieuses de la cour. Il fut encore enfermé
à la Tour le 4 mars 1029, traduit devant le Banc du roi le
20 janv. 1030, sous l'inculpation de conspiration contre la
royauté, et condamné le 12 févr. à 2,000 livres d'amende.
Il resta en prison jusqu'à sa mort, ayant énergiquement
refusé de faire amende honorable au roi. Il a laissé divers
ouvrages qui ont été publiés par le Dr Grosart : The Mo-
narchie of Man (Londres, 1879); An Apoloqy for Su-
crâtes (1881); Negotium Posterorum, compte rendu du
premier parlement de Charles Ier(188l); De Jure majes-
talis, a political treatise of qovcrnment (1882) ; Letter
book of sir John Eliot (1882). R. S.
Bibl. : Korster, Life of sir John Eliot; Londres, 1804.
ELIOT (John), missionnaire chez les Indiens, né à
Nasing (Fssex) en 1001, mort en Nouvelle-Angleterre
le 20 mai 1090. Après avoir fait ses études à Cam-
bridge, il alla en 103l à Roxbury (Massachusetts) comme
pasteur indépendant. Les Indiens Massachusetts, une
tribu des Mohicans, l'intéressèrent; il apprit leur langue et
fit sa première course d'évangèlisation parmi eux en 1040.
Il groupa ceux qu'il gagna en « chrétientés », insistant
autant sur leur civilisation que sur leur christianisation,
s'efforçant peut-être trop de faire d'eux des Européens. Il
baptisa ses premiers néophytes en 1000. En 1074, il
existait quatorze villages d'Indiens chrétiens; Eliot était leur
missionnaire tout en demeurant pasteur des colons de Rox-
bury. L'hostilité entre colons et naturels qui éclata en
1073 ruina l'œuvre apostolique d'Eliot; mais il suivit ses
chrétiens rouges dans les forêts et prit soin d'eux jusqu'à
sa mort. Il avait traduit le Nouveau Testament en massa-
chusetts, un dialecte algonquin, et le fit imprimer en 1001
(Cambridge, Mass., iu-4) ; l'Ancien Testament, également
traduit par Eliot, fut imprimé dans la même ville en 1003;
une nouvelle édition complète de la Bible, en 1083. C'est
la première Bible imprimée en Amérique ; elle est d'une
extrême rareté. Une grammaire du même dialecte, aujour-
d'hui éteint, a été publiée par Eliot en 1000 à Cam-
bridge (Mass.). F. -IL KrOger.
Mirl. : G. Fritchbl, deschiehte der Missionen unler
den Indiunern ; Nuremberg, 1872, in-8.
53
El.loï
- 8.U -
ELIOT (Edward, lord), homme politique anglais, né :i
Londres le S jinl. \~fll : mort au l'oit l.liol le 17 févr.
I su', . Jouissant d'une 1res grande influence en Cornouailles,
il lit élire au Parlement Philippe Stanhope, Samoel Sali,
Gibbon l'historien : lui-même représenta Sont-Germent de
1748 à nus, Liskeard de I7<>sa |77.\ et le comté de
Cornouailles de 1775 a 1784. En I7.M. il avait été
nommé receveur général do prince de Galles enûornonailles
et il lit partie de 1760 a 1770 du bureau du commerce.
II avait de cire liaroii EUotde Saint Cermans le 50 janv.
1784é
ELIOT (Francis-Perceval), publiciste anglais, né vis
I7.'iti, mort à Londres le -•> août 1*1*. || s'est tait oon*
onltre par ses traités financiers : Démonstration or finan-
cial remarks witti occasional observations on poMical
occurences (Londres, 1 807); Observations <>u the jallaeij
of the supposée, dépréciation of the paper currency
of the Kingdotn (4811) ; Letters on the potitwal ami
Anancial situation of lin- British empire (1814-4816).
Dans un autre ordre d'idées il a écrit Six Letters on the
subjeci ofthe armed Yeomanrp (4794).
ELIOT (Edward-Gran ville), troisième comte de Saint-
Germans, diplomate cl homme d'Etal angles, né le 29 sont
I7'JN, mort à Londres le 7 oct. 1877. Membre de la
Chambre des communes pour Liskeard en lHi4, il continua
à représenter «e bourgjusqu'en 4832. Lord de la trésorerie
dans le cabinet Canning en IN'27, il avait déjà débuté dans
la diplomatie comme secrétaire de légation à Madrid (1825)
et à Lisbonne (4824). En 1834, il l'ut envoyé extraordi-
naire en Espagne, ou il signa avec les carlistes et le gou-
vernement une convention, connue sous le nom d Eliot
Convention, destinée à mettre tin au massacre des prison-
niers de guerre que les deux partis pratiquaient en prin-
cipe. Membre du Parlement pour l'East Conivvall de 1857
a 1845, Eliot l'ut nomme secrétaire principal «n Irlande en
1841. 11 se distingua dans ce poste en taisant passer un
bill restreignant l'importation des armes et des munitions
et prescrivant l'enregistrement des armes à l'eu. Devenu
comte de Saint-Germans à la mort de son père en 1845, il
l'ut nommé post niaster général par Hobert Peel et devint
lord lieutenant d'il lande à l'avènement du cabinet Aberdeen
(1852). 11 ouvrit en cette qualité l'Exposition de Dublin
en 1853 et fut nommé vice-roi d'Irlande par le ministère
Palmerston ( 1 S T> o ) , mais il perdit cet emploi quelques jours
plus tard à la suite d'un remaniement ministériel. Saint-
Germans fut alors intendant de la maison royale et devint
un des conseillers les plus écoutés de la reine. Il accompagna
li' prince de Galles aux Etats-Unis etau Canada en 1800. —
Son fils, WilUam-Gordon-GornwaUis, quatrième comte
de Saint-Germans, né le 14 déc. lNg2i), mort le lit mars
1881, servit dans la diplomatie jusqu'en 1865, représenta
Devonport à la Chambre des communes de 1806 à 1868 et
entra à la Chambre des lords en 4876. IL S.
ELIOT (George), pseudonyme littéraire de Mary Ann
Cnoss, née Evans. Cette femme illustre naquit le 22 nov.
1819, dans la paroisse de Cbilvers Colon (Warwirkshire).
Son père était agent domanial. George Eliot, comme Dickens,
a peint toute sa famille dans ses livres. La première par-
tie du Moulin sur lu Floss est en quelque sorte une auto-
biograpbie où Mary Ann est représentée sous les traits de
Maggie; loin Tulliver représente Isaac Evans, frère de
l'auteur. Mrs. Evans, la mère, a posé pour le personnage
de Mrs. Poyser dans Adam Unie. Mary Ann fut élevée au
pensionnat de Nuneaton, et subit assez, profondément, pen-
dant cette période de sa vie, l'influence d'une maltresse de
cet établissement, Mrs. Lewis, qui lui communiqua sa fer-
veur evangélique. Elle fréquenta ensuite une école de Coven-
trj jusqu'en 1835. Sa mère étant morte, elle tint la mai-
son paternelle, non sans employer ses loisirs à apprendre
comme ''Ile put le latin, le grec, l'italien et l'allemand.
Vers 1839, elle entendit raconter a sa tante, Mrs. Samuel
Evans, prêcheuse méthodiste, une histoire dont elle lit plus
tard Adam Inde. L'original de la Dinah de ce fameux
/Oman n'est autre lifte Mis. Samuel l'.van-. Ln 1841. elle
s'etablil avec son père dans la ville de Coventrv. M H lia
avei la lamille lirav. M. Chartes liras était un fabricant
de rubans, riche, cultivé; son beau-frère, Charles Hennell,
avait publie en 1 K!5H la traduction d'un livre allemand d'un
disciple de Strauss sur les originel historiques du christia-
nisme. A ce contact, sa piété puritaine S évapora, rjuoi—
qu'elle ait gardé toujours une sympathie attendue |K»ur le
sentimentalisme religieux des sectes non ronformi-:
elle était née. Déterminée par la lecture .lu livre de Hennell,
die déclara, fen 4842, qu'elle n'irait plus au temple; mais
ce fut un coup si grave pour son père, qui crut devoir se
séparer d'elle a cette occasion, quelle pua et consenti! a
pratiquer de nouveau extérieurement. Cependant, elle tra-
duisit la Vie de Jt'sus. de Strauss (la traduction parut le
15 juin 1810), à l'instigation et aux frais de Hennell. Son
père mourut le Ml mai 1849, en lui laissant un petit revenu.
Pour changer d'air, Mary Ann, âgée de trente ans, alla
voyager sur le continent, et lit notamment un séjour à
Genève. Puis elle s'établit chez les Bray, à Coventry, pen-
dant >ei/e mois. La, elle fut mise en relation avec MM.Chap-
man et Mackay qui venaient d'acheter la Westminster ne-
view, el 'Ile accepta dans cette revue une place analogue
à celle de secrétaire de la rédaction (4854). Mais la besogne
de revision des épreuves, l'obligation d'improviser des
comptes rendus d'ouvrages qu'elle aurait voulu étudier à
fond, tout cela la fatiguait. Elle quitta la revue (ls
publia, dès juil. 1854, une traduction de V Essence du
christianisme de Eeuerbach. Le positivisme d'Auguste
Comte, alors propagé en Angleterre par John Stuart Mill,
miss Martineau, C.-II. Lewes, la séduisit. M. Herbert Spen-
cer lui avait présenté, à la fin de l'année 1851, G. -H. Lewes.
directeur du Leader. Cet homme distingué lui plot,
juil. 1854, elle contracta avec lui, quoiqu'il eût à sa charge
sa femme dont il était séparé, et des enfants, une union
libre, sans aucune sanction religieuse ou légale. Cette union,
qui la sépara naturellement du monde, fut très heureuse.
Lewes demeura toujours l'admirateur passionné de Mary
Ann, son conseiller, son homme d'affaires; il entretint au-
tour d'elle une atmosphère de louanges et de bonheur. Le
faux ménage passa à l'étranger, a ^Veimar, à Berlin, la fin
de l'année 1854. Eixée ensuite à Richmond. Mary Ann
publia diverses chroniques ou comptes rendus dans le Lea-
der et la Westminster lieview. Enfin, sur les instances
de Lewes, elle se décida, bien qu'elle se défiât beaucoup
de ses aptitudes en cette matière (elle avait commencé à
rédiger une traduction de Spinoza), à écrire une nouvelle.
Amos Barton, commencé le 22 sept. 1830, parut dans le
Blaeliwood's Maçonne de janv. 1857 sous le nom de
Ceorge Eliot. Sa collection des Scènes de la vie cL-ri-
cale parut en volume au commencement de Tannée 1858.
A bien des égards, George Eliot n'a jamais fait mieux ;
c'est un livre délicieusement ému ; il eut beaucoup de suc-
cès, et l'étoile ascendante de l'auteur fut saluée par Dickens.
Après la publication d'Adam llede (4859), le nom de
Ceorge Eliot tut célèbre : Charles Heade déclara « qu'.D/am
llede était la plus belle chose écrite en anglais depuis
Shakespeare ». Seize nulle exemplaires furent enlevés dans
le courant de l'année. En avr. \ 80(1, Ceorge Eliot donna le
Moulin sur la Floss, et. en mars 1861, Stias Marner,
deux de ses plus purs chefs-d'œuvre. Elle s'attaqua ensuite
au roman historique. La Florence du temps de Savonarole
l'avait tramée; elle résolut de la faire revivre dans /;.-
mola, qui fut achetée 7,000 1. st. par le Cornhill
Magazine. Mais les travaux d'érudition qu'elle s'imposa
pour écrire ce livre l'épuisèrent ; elle dut prendre quelques
années de repos. Les Lewes étaient alors installes. .1 . North
Hank , Begent's Park : les dimanches de cette maison
hospitalière étaient fréquentés par toute l'aristocratie litté-
raire de Londres. Mary Ann. épuisée et nerveuse, n'écrivit,
en huit ans, qu'une assez médiocre nouvelle, Félix liait,
un conte positiviste. Spanish Gypsy, et un volume de
vers passables. Elle revint, heureusement, à ses études
_ s;io -
ELIOT — ELISABETH
favorites sur la vie cléricale en province, où die excellait:
MtidleiMirh fui terminé ea août i s t -J ; alla y ■ iaoor-
paréaes souvenirs de Coventry. Ce livre, «un sut tme vente
tns rnasiaerabto, exalta aurore sa réputation. Crorge Eliot
nYiit plus d.' rival parmi les romanciers de son pays. I Ile
publia >on dernier Mirage, Daniel Deronda, sur la vie
juive, on 1876. le 88 dot. Is7n, elle perdit Lewen. Or
alto avait fait la romMunsanee, ea 1869, de M. J.-W.CroaB,
b.ui jui.T a New-York. Ce gentleman, établi en Angleterre,
rendit utile I Geerge I lioi après la mon de son ami.
Elle se résolut a l'épouser en bvt. 1880. Elle l'épousa en
etfet le <> niai, mais elle mourut le l'I déc. — George Eliot
avait un esprit très philosophique et ud merveilleux talent
Mut peindtv la vie: elle écrivait admirablement. Ses pre-
mières oeuvres, au l'inteuiion didactique (positiviste) est
moins sensible que dans les dernières, sont les meilleures;
chose rare, qu'une femme tuteur n'ait guère péché que par
pensée, de philosophie et de réflexion. La Vie
iota été écrite en 1884 par M. J.-W, Cross,
d*.i; liers et les lettres des;i femme. — Presque
tous les romans de George Eliol ont ete traduits en fran-
çais. Ch.-V. L.
ELIOTT (George-AugUStUS), hrd HivriuiFin, gênerai
I .h-;, ne à Stobs (Rexburghshire) le 43 dès, 1717, mort
■x-la-Chapelle le 6 juil. 1790. H tit de fortes études ;\
l'université de l.evile. puis au collège militaire de Ea Eère,
et enfin à Woolwich. Entre au -J grenadiers de la garde
en !7:>'.i, il tit la guerre de la succession d'Autriche de I7i2
Dettingen et assista a Eontenoy. Vide
de eatnp «le George 11 en 17').'). il prit part à la formation
■nis de cavalerie légère calqués mit les hussards
de Frédéric II. fut nommé colonel d un de ces régiments
et servit brillamment en Allemagne de 1759 à 1761. Vprès
avoir participé ■ l'expédition de 4 T< > 1 sur les côtes de
France, il fut envoyé a Cuba avec le comte d'Albemarle.
Après la prise de La llavane.il revint en Angleterre ou il
fut nomme lieulenant-ueneial (4763). En I77i. il l'ut
nomme eommandant eu chef en Irlande, et. en I77.1», gou-
verneur de Gibraltar qu'il tortilla et défendit énergique—
ment pendant le fameux siège de 1 779 qui ne dura pas moins
de trois ans. Délivré par lord lluue qui toi' a le blocus au
moment un la petite garnison allait succombera la famine,
Elmit revint en Angleterre oa il fut accablé d 'honneurs et
I- lî juin 17*7 lord Heathneld, bamn de Gibraltar,
On a île lui un BfJliftfBli plWlUlit de Joshua Reynolds (Na-
tional GaHerv). lî. v-
ELIPAHO'ou ELIPHAND (V. Ahoptianisue).
ÉLIS c). Ville principale de l'ancienne Eliilr
(V. ce Mt), Bâtie au S. du l'enee, au pied d'un rocher de
!»<' m. d'alt. qui |»rtait la àtadeile (depuis kalos-
ou Belvédère); elle B'éteadait jusqu'à la rivière.
Citée d'abord comme ville des Epéens par Homère, elle ne
prit d'importance qu'après l'établissement des Eioliens
•"Oxytus; ce fut la résidence des rois et des chefs de
famille aristocratique qui gouvernèrent l'Elide après les
-i citadelle était w sew point Fortifié de la contrée:
les autres villes ou villages étaient ouverts et payaient
tribut aux Eléens. Après la seconde guerre médique, la
demociaiie fut établie i ',7 I i et la ville s'agrandit rapide-
ment. La population. que ha neMes, maftresde l'Acropole,
tenaient dispersée ilans les villages. K concentra, for-
mant une grande ville ; on ne l'e&toan pas de remparts, la
sainteté du pays semblant une protection snllisante. L'orga-
n. d'Elis et de l'Elide lions e>t mal connue: elle a été
étudiée surtout a propos du recrutement des Hellanodiei's cpii
lient aux jen\ olympiques V. Di.v.mhik). La tranquil-
lité garantie par la domination r<imaine avait enrichi les
: et lein ville était au n' siècle une des plus populeuses
delà Grèce : Pansanias et Strabon nous l'attestent. Saagym-
nase était de beaucoup le plus vaste de la Grèce. On cite
t M portique de> Cereyréens, celui des llnllimiiliiia,
les temples d Aphrodite I nasse, d'Apollon Acacesius,
d'Athéna.des Charités (Grâces), de Silène, le théâtre, etc.
Ecole d'Elis. — Après la mort de Sourate, un de ses
disciples préfères, Phédon d'Elis, le même dont Platon a
donne le nom a un de ses dialogues, réunit autour de lui
un certain nombre île disciples et fonda une école qui
s'appela l'école d'Elis. lMiedon eut pour successeur l'Iis-
tanus, et celui-ci fui remplace par aléiicilème. Menedème,
avec Asclépiade, transporta l'école a Eielrie, sa patrie,
si bien que c'est une seule et même école qu'on désigne
SOUS le nom d'école d'Elis et. d'école d'Erétrie. Phédon et
Métiédème (V. ces noms) sont les seuls représentants de
celle école que nous connaissions ; elle disparut après eux.
Elle s.' rattache directement à l'école de Mcgare. Phédon
était l'ami d'I.uclide. Quant à Menedème, sa doctrine pré-
sente d'assez grandes analogies avec celle d'Aiilislhène. Les
principales idées défendues dans l'école d'Elis sont les sui-
vants : négation, comme chez les Cyniques, de la réalité
des qualités sensibles en dehors des individus; noniina-
lisiiie: impossibilité d'unir en un jugement deux termes
différents; par suite, les jugements identiques sont seuls
possibles, les négatifs, les hypothétiques et les disjonclifs
sont illégitimes. Voilà pour la dialectique. Mais, en mémo
temps qu'elle soutenait ces idées, si directement opposées
à celles de Platon, l'école d'Elis, à l'exemple encore des
Cyniques, attribuait une plus grande importance aux ques-
tions morales. Elle soutenait que le souverain bien est un,
et que (-'est la sagesse, qu'il n'y a qu'une vertu unique,
désigne sous différents noms. Elle ne fut peut-être pas
sans influence sur Pyrrhon, né à Elis, el elle forme en
quelque sorte la transition entre l'école d'Elée et le pyrrho-
nisine. V. 1ÎR.
ÉLIS de Bons (Charles), poète français du .xvie siècle,
originaire de falaise. On a de lui : Œuvres (Rouen, 1626,
in-N), recueil de poésies adressées pour la plupart à de
grands personnages de province, qui a eu plusieurs éditions ;
le Pfcraaymphe de la cour (Rouen, 1628, in— 8).
ELISABETH. I. Astronomie. — Nom du 182e asté-
roïde (V. ce mot), plus connu sous le nom d'Eisa.
IL Viticulture. — Cépage américain, du groupe des
Labrusca, à goût très foxé et sans aucune valeur pour la
fiance. Il est d'ailleurs très peu cultivé aux Etats-Unis, ou
on le considère comme un cépage inférieur.
ELISABETH (Ordre d'). Créé le 17 oct. l'IKi, par
l'electrice Elisabeth-Augusta, en faveur des dames de la
cour; il existe encore en Bavière. Il imposait aux dames
membres de l'institution l'obligation de secourir les pauvres
et les malheureux. Les chevalières devaient justifier de seize
quartiers de noblesse et professer la religion catholique.
Outre la princesse de la maison de Bavière et d'autres mai-
sons souveraines, l'ordre était conféré à toutes les dames
du palais et à six daines nobles choisies au dehors. Il est
aujourd'hui composé de dames de maisons régnantes et de
trente-deux nobles et catholiques. La décoration est portée
sur le sein gauche, attachée a un ruban bleu clair bordé
de rouge. Cet ordre est souvent désigné sous le nom de
Sainte-Elisabeth. IL GontnoN de Genouillac.
ELISABETH-Thkhèse (Ordre d'). Fondé en Autriche
en 1750 par Elisabeth-Christine, veuve de l'empereur
Charles "VI, en faveur de vingt officiers ayant pour obli-
gation stricte d'avoir fidèlement servi leur pays pendant
trente ans et d'être au moins colonels ; les membres furent
divisés en chevaliers de première, de seconde ou de troi-
sième classe; le 16nov. 1771, l'impératrice Marie-Thérèse
renouvela l'ordre et lui donna le nom de fondation mili-
taire d'Elisabeth-Thérèse. Le nombre des chevaliers fut
fixé à vingt et un. L'empereur d'Autriche nomme les
membres sur la proposition du conseil aulique ; la nais-
sance, la religion ou la possession d'un autre ordre ne
sont pas des motifs d'exclusion. La décoration est sus-
pendue à DU ruban noir. II. GOUBOOM UK Ge.voi'ii.i.ac.
ELISABETH. Nom de diverses femmes citées dans la
Bnble : I" la Femmedugrand prêtre touen{Exode, «,23);
i" la mère de saint Jean Jtaptîste, tomme d'un prêtre du
nom de Zacharie (Saud Luc, chap. i).
ELISABETH
- 830 -
ELISABETH, tfotu avoru groupé les personnages de
ce nom par nationalités en murant l'ordre chronolo-
gique pour chaque pays.
Allemagne.
ELISABETH de Pokêrakie, impératrice d'Allemagne,
reine de Bohème, morte en 1393. Bile était 611e de Bo—
gislav V, prince de Poméranie. Elle épousa l'empereur
Charles IV à Cracovie en 1363, et ses ooces furent célé-
brées avec une pompe inouïe. Elle en eut cinq enfants,
dont l'alné fui Sigismond, empereur, roi de Hongrie et de
Bohème. Cette princesse était d'une vigueur physique ex-
traordinaire. Elle survécu) a son époux.
ELISABETH de Portugal, impératrice d'Allemagne,
reine d'Espagne el de Naples (1526-4539), née à Lisbonne
le 4 oct. 1503, morte à Tolède le 1er mai 1539. Elle
épousa à Séville son cousin Charles-Quint à qui elle donna
quatre entants. Elle mourut en couches du quatrième. On
rattache à son enterrement l'entrée dans les ordres de
François Borgia.
ELISABETH de Bohème, princesse palatine, née à Hei-
delberg le 21 déc. 4 (il 8, morte à Herford le 8 oct. 1680.
Fille ainée de l'électeur Frédéric V et d'Elisabeth, reine de
Bohème (V. ci-après), elle fut élevée par sa grand'mère,
rélectrice Juliane, princesse d'Orange, et par sa mère, à
La Haye. Son enfance s'écoula dans la détresse de l'exil
et lui forma un caractère réfléchi et studieux. Elle s'inté-
ressa surtout à la science et à la philosophie, entra en rela-
tions avec Descartes et correspondit assidûment avec lui.
Elle vécut ensuite à la cour de son cousin, l'électeur Frédéric-
Guillaume de Brandebourg, puis à Cassel, obtint en 1661
le coadjutorat de l'abbaye impériale de Herford qu'elle eut
à elle en 1667. Elle tomba dans le mysticisme el appela à
Herford des labadistes (1670), puis des quakers.
ELISABETH-Charlotte de Bavière, duchesse d'OR-
léans, dite Princesse palatine, née à Heidelbergen 1652,
morte à Saint-Cloud le 8 déc. 1722. Fille du comte palatin
Charles-Louis, elle épousa le lOnov. 16711e duc Philippe
d'Orléans et fut la mère du Régent. On trouvera sa biogra-
phie à l'article consacré à la famille d'ORLÉANS.
ELISABETH-Christine de Brunswick— Wolfehbuttel,
impératrice d'Allemagne (1711-1750), née le 28avr.l691,
morte le 21 déc. 1750. Elle abjura le protestantisme (1707)
pour épouser l'archiduc Charles (à Vienne, 23 avr. 1708),
candidat au trône d'Espagne. Elle fut proclamée reine
d'Espagne à Barcelone le 1er août 1708, y demeura comme
régente quand son mari alla recueillir la succession impé-
riale. Elle rentra en Allemagne en 1713. Après la mort
de son mari, elle soutint les droits de sa fille Marie-
Thérèse. Son autre fille, Marie-Anne, épousa Charles de
Lorraine et gouverna les Pays-Bas. Elisabeth-Christine
fonda en 1750 un ordre militaire (V. ci-dessus, p. 835).
ELISABETH-Christine de Brunswick-Wolfenbuttel,
reine de Prusse (1740-1797), née le 8 nov. 1713, morte
à Schœnhausen, près de Berlin, le 13 janv. 1797. Fille du
duc Ferdinand-Albert de Brunswick-Wolfenbuttel, elle fut
mariée, le 12 juin 1733, au prince royal de Prusse, plus
tard Frédéric II. Celui-ci vécut avec elle à Neu-Ruppin et
Rheinsberg jusqu'à la mort le son père. Mais, dès qu'il fut
roi, il se sépara de sa femme qu'il avait épousée maigre lui,
qu'il n'aimait pas et dont il n'avait pas eu d'enfant. File
vécut à Schœnhausen, ne venant à la cour que pour les
fêtes de gala et ne voyant son mari qu'en ces occasions.
Elle était comme lui très éprise de la littérature et de la
civilisation françaises. Elle a même écrit en français sur des
sujets de morale.
Bmi.. : Hahnkk, Elisabeth Kœnigin von Preussen; Ber-
lin, 1818.
ELISABETH-Auclsta-Marie, électrice palatine, puis de
Bavière (1742-1778-1792), née le 21 janv. 1721, morte
en 179-2, épousa le 17 janv. 1742 son cousin Charles
Théodore, électeur palatin, lequel hérita, en 1778, de la
Bavière. Elle fonda en 1766 l'ordre qui porte son nom
(V. ci-dessus, p. 835).
Angleterre,
ELISABETH DE I iiav.k, renie d'Anglel'ii
I i09) (V. Isabelle).
ELISABETH WooDwiLLE, reine d'Angleterre, fille de
su- Richard Woodwilleou Wydeville et de la reuvednduc
de Bedford, régent de France pendant la minorité de Henri \ I.
née vers I !•>", morte le H juin I i92. Elle épousa d'abord
sir John Grey, lord Perron de Groby, qui fut tué a la
la seconde bataille de Saint-Albans (1461) en combattant
pour lu Rose rouge. Veuve avec deux enfants, mena
confiscation, elle eut recours à la démence d'Edouard IV
qui, frappé de sa beauté, voulut faire d'elle sa DM
puis sa femme. Il l'épousa secrètement a Grafton lelrmai
1464; mais il ne fitconnaltre l'événement qu'en septembre
(V. Edoi'ard IV). Elisabeth s'occupa aussitôt de pourvoir
sa famille; elle maria l'une de ses sœurs a l'héritier des
comtes d'Amndel, une autre à l'héritier de la nisJsM de
Pembroke; son frère Jean, âgé de vingt ans, a la duchesse
douairière de Norfolk; son père fut l'ail comte Hivers. Les
Woodwille, par leur avidité, se firent bientôt détester; la
reine elle-même montra trop de hauteur pour être aimée
du peuple. Lors de la fuite d'Edouard IV, en 1470, elle
trouva un asile à Westminster ou naquit son premier fils
(Edouard V). Au reste, sa principale affaire fut, toute sa
vie, de donner des enfants au roi (sept tilles et trois fils).
Elle manilesta toutefois de l'eloignement pour le duc de
Clarence, son beau-frère; lorsque celui-ci prétendit ■ la
main de Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire,
elle lui suscita (sans succès, du resle) un rival en la per-
sonne de l'un de ses frères, Anthony, comte Hivers. A la
mort d'Edouard IV (1483), elle se réfugia de nouveau dans
le sanctuaire de Westminster, ou elle resta pendant toute
la durée du règne nominal de son malheureux fils, Edouard V,
assassiné à la Tour en même temps que son jeune frère,
le duc d'York (les enfants d'Edouard). Les droits de fit-
rhurd III (V. ce nom) à la couronne reposaient sur la pré-
tendue illégitimité de l'union contractée par Edouard IV
avec « dame Elisabeth Grey ». Elle avait donc tout à
craindre du tyran. Elle lui survécut cependant, et fut mise
par Henri Vil, qui avait épouse sa fille ainée, en |
sion du titre et des revenus de reine douairière. .Mais,
après la rébellion de Siinnel, elle en fut dépouillée, et,
confinée dans l'abbaye de Berdmondsey, mena une fort triste
vie. En 1187, il fut question d'un mariage entre elle et
Jacques III d'Ecosse; mais cet étrange projet n'eut pas de
suite. Elle mourut à Berdmondsey. — Elle dota le Queen's
Collège, à Cambridge, fonde par sa rivale Marguerite
d'Anjou. Ce collège possède un beau portrait de sa bien-
faitrice, reproduit dans l'ouvrage classique de miss Strick-
land. Lires oftke i/ueens of England. Ch.-V. I..
ELISABETH, reine d'Angleterre, fille de Henri VIII et
d'Anne de Boleyn, née à Greenwieh le 7 sept. 1533,
morte le 24 mars 1603. Elle fut reléguée, après ladkgràee
de sa mère, qui suivit de près sa naissance, au château de
Hunsdon (Herefordshire) et confiée aux soins de lad\ M ir-
garet Bryan, auprès de sa sœur Marie (Tudor), son ainée
de dix-sept années. Plus tard, elle fut admise à partager
les jeux et les études de son fière Edouard (le futur
Edouard VI, fils de Jane Seymour). Elle annonça de bonne
heure de la gravité, du sang-froid et de l'énergie. Après
la mort de Henri \ 111. elle fut placée sous l'autorité et dans
la maison de Catherine Pair, reine douairière. C'est la
qu'eut lieu son intrigue fameuse (elle avait quatorze ans)
avec sir Thomas Seymour, oncle d'Edouard VI et frère
cadet du protecteur Somerset. Sir Thomas, beau, brillant,
fastueux, homme à bonnes fortunes, avait formé le projet
d'acquérir par mariage une influence égale à celle du pro-
tecteur : il rechercha la main d'Elisabeth et. repoussé de ce
coté, épousa Catherine Parr. Une fois installe en mari dans
la maison de Chelsea ou résidaient la reine douairière et
Elisabeth, il recommença ses poursuites calantes auprès de
celle-ci. La fille de Henri VU1, savante et intelligente, mais
l'eu scrupuleuse, souffrit sans révolte les privautés de sir
- 837 —
ELISAHETH
Thomas : on le sut plus lard , pat les dépositions des
domestiques. Catherine l'air mourut de suites de couchée
le Si sept r>'. v et sir [homes, veuf, intrigua de nouveau
pour s unir eu légitime anriaga i l'une des héritières en
expectative de la eraronm, cette Elisabeth dont il avait
- tau la conquête. Mais le protecteur jaloux veillait:
il tit conduire son frère a la tour sous l'inculpation de
liante trahison, enjanv. 1549, et arracha à l'intendant,
à la .oiim'i ■nanie d'Elisabeth, les aveux les plus morti-
fiants |H»ur la délicatesse de la jeune tille. Seymour l'ut
■éenté le 80 mars : Elisabeth accueillit cette nouvelle
ntc impassibilité : « M est mort, dit-elle, s'il en tant noire
l.i'ti, en homme de beaucoup d'esprit et de peu de juge-
ment. » Hais cette impassibilité n'était que prudente dissi-
mulation : elle soutint pendant une année entière d'une
maladie de langueur. Elle trouva heureusement de puis-
santes distractions dans l'étude : et c'est ici le lieu de dire
quelle étonnante érudition «die acquit sous la discipline de
>.>!! précepteur Roger Aseham. \seliam écrivait a Sturm,
recteur du gymnase protestant de Strasbourg : « Tout ce
Ja'Aristete requiert de qualités s'est donné rendez-vous
ans sa •émane. Elle ■ un peu plus de seize ans, et elle
a la pnsmou de la vraie religion et de la meilleure litté-
rature. Elle parle le tramais et l'italien comme l'anglais;
le latin avec facilite, propriété et jugement : le grec médio-
crement, mais souvent et volontiers dans ses entretiens.
Elle est fort habile en musique, sans y prendre grand
fdaisir. » In autre réformé, John Hooper, écrivait a lîul-
inger, de l'église de Zurich, en 1550, que miss Elisabeth
« était devenue si forte en latin et en grec qu'elle était en
état de défendre la vraie religion avec les arguments les
plus justes et le plus heureux talent, de sorte qu'elle ren-
contrait peu d'adversaires dont elle ne triomphât ».
Edouard M lui avait donne le château de llallield, à
lît milles au N. de Londres, séjour qui lui resta toujours
her ; son livre de comptes qui nous a été conservé
d'ocl. 1554 à sept. 1552, accuse un revenu annuel de
10 I. -t. (plus de 730,000 fr. d'aujourd'hui); les dé-
penses étaient très minimes; Elisabeth, espoir du parti
calviniste, affectait alors la plus grande simplicité dans sa
misa et dans son tram de vie. — Pendant les troubles qui
suivirent la mort d'Edouard VI, en 1533, elle eut une
maladie très opportune qui lui permit de ne se point dé-
darer soit peur lad) Jane Grey, soit pour Marie Tudor;
elle ne gaént que pour aller saluer a Londres Marie, déci-
dément victorieuse. Marie la reçut bien ; toutefois, entre
. l'antagonisme était fatal, c Comment l'ent-
ier, braque l'une des deux princesses ne pouvait être
réputée Bile Légitime de Henri VIII sans que l'autre fut, en
[uence, réputée illégitime ? » De plus « Marie avait
un attachement invincible pour le catholicisme ; au con-
traiie. Anne l'.olevn avait mis le protestantisme dans le
m de sa fille ». Comme Elisabeth n'avait point de
(;oi'it pour le martyre, le différend au sujet du catho—
n'était point des plus graves; elle assista à la messe
et Bon sentit a une abjuration tout en laissant deviner aux
nie cette abjuration n'était point volontaire.
Mai> le problème relatif a la Légitimité était insoluble : la
;t proclamer par le Parlement l'illégalité du procès
intente a sa mère, Catherine d'Aragon ; comment devait-on
Jnalifier des lors l'union de Henri \ III et d'Anne de Boleyn,
ont Elisabeth était née ' La duchesse de Suffolk, petite—
tille i|i! Henri » Il par sa fille Mary, prit préséance a la cour
sur Elisabeth. La situation de celle-ci, sans être absolument
dangereuse, devint très fausse. On l'accusait d'entretenir
de~ relations avec les réformés et avec l'ambassadeur de
Franc. L'aventure de Conrtenay la mit a deux doigts de
sa perte.
Edouard Conrtenay, de sang royal, qui avait passé
toute sa jeunesse en prison, avait été nus en liberté a
l'avènement de Marie. I n grand nombre d'historiens, Gre-
Leti, Murnel, I). Hume. Vertot, rapportent que Marie
s.prit de ce brillant cavalier, mais que lui, insensible à
l'appât du trône, engagea son cœur a Elisabeth, plus jeune
et plus jolie. C'est alors que Marie, blessée, aurait usé des
pires sévérités envers sa sieur. C'est la, on l'a prouve, une
légende. Il est possible que Marie ail songé quelque temps
a Courtenay avant de se décider pour Philippe d'Espagne,
mais les scandales du jeune homme « superbe et luxu-
rieux », qui ne se pouvait, après une longue captivité,
« saouler des délices de la liberté », la dégoûtèrent. De
compétition amoureuse d'une sœur avec l'autre, il y en
eut si peu que Marie n'était nullement éloignée de donner
Elisabeth pour femme à Courtenay. Mais il est vrai que
Conrtenay eut l'idée, d'accord avec les Français et les ré-
formés, d'épouser la tille d'Anne de Boleyn et de tenter
une révolution. Quand la conspiration mal préparée de
sir Thomas Wvatt éclata, Elisabeth se conduisit, heureu-
sement pour elle, avec une prudence consommée. Elle ne
bougea pas, et, suivant son habitude, se dit malade. Si
l'insurrection échouait, (die ne se souciait pas d'être com-
promise ; si elle réussissait, ses chefs ne pouvaient rien
l'aire sans elle. L'insurrection échoua. Le soir même de la
défaite de Wvatt, Renard, ambassadeur de Charles-Quint,
conseilla à la reine, qui l'avait mandé, de délibérer sur
l'arrestation de Courtenay et d'Elisabeth, et de faire rigou-
reuse justice de ces traîtres. Elisabeth fut amenée prison-
nière du château d'Ashbridge à Whitehall. On espérait
tirer, sinon d'elle, au moins de Wvatt et de ses complices,
dont le procès allait commencer, des confessions compro-
mettantes qui permissent de lui faire partager le sort de
ladv Jane Grey. On l'enferma même, par provision, à la
Tour. Sa vie fut sauvée, en cette circonstance, parle chan-
celier Gardiner qui, ancien compagnon de captivité de
Courtenay et lié d'amitié avec lui, mit tout en œuvre pour
lui épargner le dernier supplice ; il l'épargna, en même
temps, a Elisabeth, car la cause des deux inculpés était
liée. Gardiner lit décider, en dépit des obsessions du mi-
nistre de Charles-Quint, qu'Elisabeth serait envoyée dans
un château du Nord, au milieu de populations sûres, paci-
fiques, catholiques. La préférence fut donnée à Woodstock,
résidence bâtie un peu au N. d'Oxford. Le 19 niai 1534, la
princesse sortit de la Tour; elle y avait séjourné deux mois.
A Woodstock , le gouverneur, sir Henry Iiedingfield ,
le même qui avait surveillé la reine Catherine d'Aragon
à Kimholton, lit tout ce qu'il put pour adoucir une cap-
tivité assez, dure ; il n'en a pas moins été l'objet des
railleries et des calomnies des apologistes protestants. Ce-
pendant la reine épousa Philippe d'Espagne (iojuil. 1554);
celui-ci plaida, dit-on, pour la clémence, et Elisabeth fut
amenée à Hampton Court le 2i)avr. 1555. Là, encore, une
légende ridicule a été popularisée par quelques historiens.
(In a dit que Philippe d'Espagne avait soutenu auprès de
sa femme la cause de sa belle-sœur parce qu'il serait tombé
amoureux d'elle ; le l'ail est qu'il ne soutint les intérêts
d'Elisabeth qu'en vue de se créer une popularité person-
nelle ; et il était si loin de songer a la princesse pour lui-
même que, pendant le séjour à Hampton Court, il fit
entamer des négociations en vue d'un mariage entre elle et
son fils, don Carlos. Elisabeth fut enfin autorisée à retour-
ner à llallield (18 oct. 1555), acquittée faute de preuves,
et surtout grâce aux grandes apparences de zèle qu'elle
manifestait pour le catholicisme. L'enthousiasme de la
foule sur son jiassage fut immense, mais elle eut la pru-
dence de s'y soustraire, et, reinstallée à llatlield au milieu
de ses gentilshommes et de ses serviteurs, elle reprit pai-
siblement, avec son cher maître Roger Ascham, la lecture
d'Eschineel de Démosthène. La reine étant stérile, malade,
mourante, elle n'avait qu'à attendre ; le temps travaillait
en sa faveur. Elle n'attendit que jusqu'au 17 nov. 1558.
A cette date, date de son avènement (car ses droits à la
succession de Marie Tudnr ne furent contestés par personne),
Elisabeth était âgée de vingt-cinq ans, mais elle avait été
mûrie par la vie. M. Wiesener qui a écrit l'histoire de la
Jeunesse d'Elisabeth (Paris, 1S7K, in-8) la juge en ces
tei nies : •< Les angoisses de ses jeunes années lui avaient
ELISABETH
— s:; ! —
fortifié el affilé l'entendement, mail le coeur s\étBil êtran-
gemenl resserré el endurci. Du régne de Marie, elle sortit
offensée h jamais, affamée de représailles, sourde am inspi-
rations de générosité et de pardon. Su nature de lionne,
comme elle se plaisail a la nommer, était doublée d'un
goût de dissimulation que les circonstances avaient déve-
loppé. Ayant été rudement ballottée pendant il'' longues
années entre la crainte el l'espoir, die sera sujette ti des
hésitations qui l'arrêteront court et déconcerteront ses mi-
nistres an milieu des entreprises les plus savamment com-
binées. Ombrageuse à l'excès, elle aura la défiance prompte
et le bras terrible. » Elle avait réfléchi longtemps n'avance
à ce qu'elle rerail si elle était reine : elle arrivait avec une
politique toute prête : caresser les communes, qui avaient
été sa sauvegarde, courber les nobles sous une autorité
aussi inflexible que celle de Benri VIII, assumer le rôle
populaire de justicier, enfin glorifier sa patrie. « Je suis,
disait-elle, la femme la plus anglaise du royaume. » En
religion, malgré sa conversion au catholicisme, elle avait
gardé au fond du cœur les traditions protestantes île sa
famille; mais l'instinct du pouvoir et son rang lui avaient
inspiré de l'antipathie contre les principes calvinistes, des-
tructifs de l'omnipotence royale. « Elle ne voulait d'Eglise
réformée que celle qui s'avouerait de la couronne et con-
tribuerait à en accroître l'éclat et la solidité, comme sous
Henri VIII ; » quant au dogme et à la liturgie, elle pencha
plutôt du côté de Home que du côté de Genève ; elle retint
toute sa vie certains usages et symboles de l'Eglise papiste,
comme le crucifix, les cierges, les fêtes des saints, en
dépit des objurgations de ses théologiens attitrés. Enfin,
« la culture de.I'esprit se rehaussait en elle des dons qui
ennoblissent l'extérieur de la fonction souveraine ; belle,
de haute taille, la dignité de son attitude imposait ». H
ne faut pas se fier à la boutade d'il. Walpole sur les por-
traits d'Elisabeth reine : « Nez aquilin, pale, la tète tout
en cheveux, chargée de couronnes et poudrée de diamants,
vaste fraise, vertugadin plus vaste, perles au boisseau,
voilà ce qui fait reconnaître à l'instant les portraits d'Eli-
sabeth. » La figure était régulière, le nez arqué, les lèvres
minces, les yeux clairs, le front haut sous un casque de
cheveux roux. Figure belle, mais froide. « On est frappé
de l'expression impérieuse et renfermée de quelqu'un qui
a beaucoup observé, qui a rongé son frein à l'école de
l'expérience. »
La reine Marie était morte le 17 nov. ; la reine Elisa-
beth appointa le 20 sir William Cecil, son homme de
confiance, chief seerrtary. Catholiques et protestants
étaient dans l'attente du parti qu'elle allait embrasser;
elle exigea d'abord que les évêques lui prétassent serinent
de la manière prévue par Henri VIII, en la reconnaissant
comme « tête suprême de l'Eglise » ; sauf Watson , de
Lincoln, et Kitchin, de Llandaff, tous refusèrent et furent
envoyés à la Tour. Dès le lTdéc. ISS9, l'Eglise anglicane
eut de nouveau un chef en la personne de Matlhew Parker,
archevêque de Canterbury. Fendant ce temps, les préten-
dants affluaient, bien qu'Elisabeth eut souvent donné à
entendre qu'elle avait l'intention de vieillir dans le célibat.
Elle refusa nettement l'alliance de Philippe II, mais elle
s'amusa des autres en traînant sa réponse en longueur :
Eric de Suède, Adolphe de llolstein, l'archiduc Charles,
rEcossais An-an. I >n premier coup, elle avait reconquis la
situation de Henri VIII, la toute-puissance sans réserve, la
popularité, la prospérité ;i Tint •rieur et a l'extérieur. Mai-
gri' la paix de Cateau-Cambrésis (2 avr. 1559), elle
accorda son appui aux protestants d'Ecosse et de France,.
Ei 1864, la guerre civile fit. rage en France; l'Espagne fut
d isolée par les persécutions; l'Ecosse par l'anarchie;
seule, l'Angleterre fut tranquille. Arbitre de la politique
européenne, Elisabeth régnait sur le peuple le plus uni et
sur la cour la plus brillante de l'Occident, sans laisser
obscurcir la netteté de ses yeux clairs par la passion, plus
littéraire que profonde, qu'elle éprouvait pour un jeune et
beau courtisan, Robert Dudley (V. ce nom). — Le Parlement
de le, ; prit de très imposantes mesures relativement a la
religion : il imposa k serment de suprématie a beaucoup
de personnes qui en étaient •Mmptesjusque-la, punissant
de mort le relus de le prêter comme, haute trahison; en
second lien, H promulgua en trente-neuf article, le eeras
officie] des doctrines anglicanes. Sur <•<•» entrefaites se
produisirent en Ecosse j(-s tragédies qui ont ete ou seront
suffisamment racontées aux mots EcOME (Histoire 4') et
Habib Stoabt. Marie Stoarl se réfugia m Angleterre
(1568) et Elisabeth résolut de l'y garder prisonnière.
L'était s'exposer à de grands embarras qui ne lai
[tas à se produire. Leduc de Norfolk, chef du parti catho-
lique anglais, prétendit a la main de la terne d'Eco.
feignant d'oublier l'existence de BothweU, prisonnier de
son cote en Danemark. En nov. t. Mi!) édita la grande
rébellion des comtes catholiques du Nord qu'Elisabeth
réprima avec une si sauvage cruauté. Le 25 fevr. 1570,
le pape Pie V lança la bulle Régnons m exeeltis, qui con-
tenait une excommunication nominative de la reine d'An-
gleterre et déliait ses sujets de tout serment de fidélité.
Le document n'eut d'autre effet que de faire pendre un
certain John Eelton qui l'avait affiché à la porte du palais
de l'évèque de Londres. Le duc de Norfolk fut décapité à
la suite de l'échec du complot de Hidolli. dirigé contre la
vie delà reine; ce fut ensuite le tour de Northumberland,
livré par les Ecossais. Marie Stuart passait pour être au
fond de toutes ces machinations et, a chaque session, les
communes prolestantes ne manquaient point de requérir
Elisabeth de se débarrasser d'elle par une prompte exécu-
tion.
Elisabeth, pendant ce temps, entretenait une corres-
pondance amoureuse avec le duc d'Alençon, dernier fils
de Catherine de Médicis, nain hideux, le seul de ses pré-
tendants auquel elle ait donné de sérieuses espérances.
Elle l'appelait « ma petite grenouille ». Il vint trois fois
en Angleterre durant les quatorze ans que dura la cour
qu'il lui fit, et elle l'embrassa sur les lèvres devant toute
la cour. Il est remarquable que le duc d'Alençon est le seul
homme auquel elle ait jamais prêté de l'argent, surmontant
ainsi ses habitudes naturelles de parcimonie. Cette parci-
monie était telle qu'elle gêna plus d'une fois la politique
extérieure des ministres. Burghley et ses collègues avaient
des plans très nets : abaisser la Éranceet l'Espagne catho-
liques, soutenir par les armes les Provinres-lnies protes-
tantes et les huguenots français, tel devait être, a leurs
yeux, le rôle de l'Angleterre. Il n'est pas sur qu'Elisabeth
ait compris et approuvé ces vastes desseins. Elle n'avait
pas d'ambition ; toute guerre de conquête lui déplaisait ;
elle n'aimait pas à se mêler des affaires des autres, et les
larges horizons politiques n'étaient pas ceux qu'elle pré-
férait. Heine de 111e d'Angleterre, elle ne traversa jamais
la mer qui sépare cette i le du continent. Bien plus, elle
ne visita jamais le pays de dalles. l'Ecosse 0|1 l'Irlande:
quand elle fit un voyage a liristol en 1..74. elle se recom-
manda à Dieu comme pour une expédition au long cours.
Durant soixante-dix ans. elle battit, sans presque jamais
en sortir, une aire de quelques lieues carrées autour de
Londres, de château en château. Comment sa vue n'aurait-
elle pas été limitée? Se dévouer à soutenir une grande
cause, celle du protestantisme, par exemple, cela n'avait
pas de sens pour elle : toutes les propositions qu'on lui
faisait, elle examinait d'abord si elles n'étaient pas suscep-
tibles de compromettre son tronc ou sa tranquillité.
Laissée à elle-même, elle aurait laisse les flamands se
débrouiller seuls contre l'Espagne, comme des rebelles
ordinaires, d'autant qu'elle n'aimait point Guillaume de
Nassau, stathouder des Provinces-Unies depuis l.'iT-J. ('.'est
la force de l'opinion publique, représentée par son minis-
tère, qui lui arracha de maigres secours aux huguenots de
fiance et de Hollande : encore ne donna-t-eUe rien elle—
même; elle ne fil que permettre à des corps de volontaires
d'aller a l'aide des insurges, sans paraîtra en personne
(expédition de sir Humphrey Gilbert, 137-2: de sir John
- 839 -
ELISABETH
Norris. 1578). U fallu! pour l'émouvoir, pour lui faire
comprendre que les causes de ions les protestants de l'Eu-
rope étaient* liées, qu'un rwiiwi du catholicisme en
Angleterre vint lui donner des inquiétudes sur la solidité
de >j propre suprématie religieuse dans son • 1« • - Les catho-
liques, expulsés d'Angleterre au début du règne, avaient
ronde, sur le continent, des séminaires (Lonvain, Douai),
.iiin il'\ tonner des prêtres capables de prêcher » an mis—
Moniuuivs » la loi catholique dans l<'tir paya d'origine,
quand la génération «les prêtres du temps de Marie Tudor
aurait fondu au feu de la persécution. Treize de ces mis—
(Manama ordonnes à Douai débarquèrent en Angleterre
en l'iTS, sachant qu'ils s'exposaient a encourir des péna-
rribles (mort, forfait un'), édictées par l'acte laineux
de 1571 i nuire les prêtres qui donneraient l'absolution on
adhéraient » les sujets de la reine a l'Eglise de
Rame. Vingt et un autres traversèrent la Hanche en 1579;
vingt-neuf en 1580 avec les pères jésuites Parsonsel Cam-
us turent pourchassés, espionnés, accusés de haute
trahison, suppliciés. Les tortures les plus atroces furent
ndant \ iniit ans. par l'ordre d'Elisabeth, sur
ns qui entendaient la messe en secret. C'est alors
ijue. menacée eh,-/ elle. non pas d'une révolte, niais il'une
station contre son autorité spirituelle, elle se décida
il'iv'n ,, fournir quelques tii>up<'s aux Provinces-Unies,
par la mort tragique de Guillaume d'Orange,
■M >ju^ exiger de sérieuses garanties pour récupérer ses
■mmes. Encore las troupes co landées par Leieester
furent-elles ins argent et sans encouragements
par Elisabeth. LoieoBlsr était incapable et il commit un
■boa de pouvoir h assumant sans autorisation le titre
ivemeor général des provinoes : néanmoins, son
- pas exclusivement imputable; il l'est en
grande partie a la mauvaise volonté de la reine. C'est sur
(refaites qu'eut lieu l'exécution de Marie Smart.
gards des catholiques persécutés s'étaient tournés
reine d'Ecosse, la plus proche héritière du troue:
leurs es taienl attisées par les (Juises, par l'Es-
pagne, volontairement ou non, la prisonnière fiait lame
de toutes les conspirations catholiques contre Elisabeth
(\. Tnac&auBToa, Panai [William] et Baiuxgton | \n-
thullv |.
sol ut de débarrasser son chemin de cette
i aplicasde Babington furent jugés le 13 sept.
le fi "<t.. Marie Stuart fut mise en accusation
« |Miur avoir comploté l'assassinat de la reine et préparé
une invasion étrangère ». La sentence de mort fut pro-
par les juges, et les deux Chambres du Parlement
sentence eût son effet au plus tôt.
C'était aussi l'avis de Burghley et du conseil îles ministras.
On vit alors Elisabeth hésiter, comme Henri Mil avait
jadis, pendant des journées, avant de se décider au
divorce avec Catherine d'Aragon : ce n'était pas la pitié
qui arrêta la fille comme la père au bord de l'acte irrépa-
rable; c'est très certainement la peur de l'opinion pu-
blique européenne. Elisabeth aurait voulu faire tuer Marie
Stuart, mais elle redoutait la responsabilité du meurtre. Huit
jours avant l'exécution, elle lit prier secrètement les gardiens
i Amyas Paulet et >ir I). Drury, de
faire disparaître la condamnée de la manière dont Edouard H
idis disparu. (Juand, sur le refus da Paulet de la
r par un crime, l'exécution légale eut été faite,
Elisabeth trouva encore moyen de s'en laver les mains et
triboer a un excès de zèle da son entourage. Elle
écrivit a Jacques d'Ecosse, lils de la victime, pour lui
exprimer la douleur qu'elle ressentait du « misérable acci-
dent » qui était survenu à son inso. — La roi d'Espagne,
Philippe II. vouiir n vengeur de Marie Stuart;
aussi bien, la guerre était depuis longtemps inévitable
entre l'Angleterre protestante, persécutrice, et El
catholique. Sir Francis Drake, dès I •>><:>, avec vingt-cinq
avait ravage le^ cotes d'EjMgne ; le même marin
gagea la bataille navale de Catliz ; la reine avait des parts
d'actionnaire dans la société financière qui avait équipé la
tlollille de sir Praneis, La plan de Philippe fut hardi (il est
frai que son incommensurable vanité tien concevait pas
loute la hardiesse) : attaquer l'Angleterre chez elle. Il pré*
para la formidable Armada pour l'invasion projetée. Il y
eut en Angleterre une explosion de patriotisme à eette nou-
velle; mais, chose curieuse, renlhousiasuie général no
semble pas avoir atteint Elisabeth. La reine fournit à ses
fraisa peine un tiers des vaisseaux réunis pour empêcher lo
débarquement de VArmada; et ses vaisseaux furent les
plus mauvais, les moins bien pourvus. Elle lésina sur les
fournitures les plus nécessaires. Elle ne croyait pas au
danger; elle refusait de le voir; elle multipliait les délais.
I es cotes étaient fort mal défendues; les garnisons n'avaient
pas de poudre. Bien que la tempête se soit chargée de
détruire ['Armada de Philippe II presque sans combat, les
volontaires qui s'étaient précipités à la défense du pays
eurent fort à souffrir ; la flotte anglaise fut littéralement
décimée parle manque de vivres. In capitaine écrivait avec
rage à \Yalsinghani après les événements : « Sa parci-
monie nous a frustrés de la plus belle victoire maritime que
notre nation aurait jamais remportée. » Elisabeth ne passa
la revue de l'armée de terre à Tilbury (8 août 1588) que
lorsque VArmada eut été dispersée par les vents. Elle avait
donne le oommandement suprême de celte armée à son
favori Leieester, celui qu'elle appellait son « svveet Robin »;
celui-ci mourut trois semaines après (i sept.) ; la reine
mit aussitôt la main sur les biens du défunt et les fit vendre
aux enchères, sous prétexte de certaines sommes dont Lei-
cester aurait été redevable au Trésor public. — Telle était
la fille de Henri VIII.
Le Parlement de 1.">S!) vota en vain des sommes consi-
dérables pour la continuation de la guerre si heureusement
commencée. Quand Norriset Drake firent voile sur l'Espagne
en avril, ce ne fut pas avec, une flotte royale; la reine se
contenta de prendre pour 40,000 livres d'actions dans leur
gigantesque entreprise de piraterie. Xorris et Drake firent
du mal à l'Espagne, mais ils perdirent beaucoup de monde
et leur expédition ne rapporta rien aux actionnaires. Cela
dégoûta Elisabeth de toutes représailles. L'expédition do
1595 dans les Antilles fut encore plus malheureuse : H/iw-
kins et Drqke y périrent ; Frobisher (V. ces noms) était
mort l'année précédente. Ces grands hommes de mer ne
furent pas remplacés. Aussi bien, les marins d'Elisabeth
ne réussirent jamais à accomplir le seul exploit qui lui eût
plu : la capture en haute mer des galiotes d'Amérique. —
Du côté de la France et des Pays-Bas, Elisabeth s'arrangea,
on le pense bien, pour débourser le moins possible. Lord
Willoughby de Eresby mena, il est vrai, quatre mille hommes
en .Normandie (sept, 1590) au secours de Henri IV contre la
huue des Espagnols : de même, en 1594, le comte Robert
d'Essex passa la mer avec des forces analogues, niais Essex
et Willoughby ne firent rien. Aux Pays-Bas, on refusa de
fournir des troupes; les Provinces-! nies furent autorisées
seulement à taire des recrues parmi les sujets de la reine,
à condition de les bien payer. — L'Irlande catholique,
pendant ce temps-là, était soumise à une oppression impi-
toyable. L'année même où la reine fonda (1593) l'univer-
sité de Dublin, éclata dans le malheureux pays la grande
rébellion de Tviniie, qui tint enéehec pendant des années
les troupes anglaises, soigneusement ménagées par l'étroite
économie d'Elisabeth. Le I i août 1598, le maréchal de
l'armée royale, sir Henri Bagnell, fut battu par Tyrone
devant Blackwatertown, près d'Armagh.
Dix jouis avant le désastre de Blackwatertown était
mort le grand ministre lord Burghley. Leieester, Hatton,
Walsingham, avaient déjà disparue cette date. La scène,
vidée des anciens acteurs, fut livrée, pendant la lin du
règne, à des personnages nouveaux : Essex, lialeigh. jeunes,
égoïstes, aussi impétueux que leurs anciens avaient été
prudents el réfléchis, bien moins assouplis. Ils n'avaient
pa> passé anus la verge de fer des premiers Tudors. Il est
mémo extraordinaire qu'Elisabeth vieillie ait supporté si
ELISABETH
— 8 50 —
longtemps l'insolence d'Easex. l n jour qu'elle lai avait
tiré l'oreille, il mit la main sur lu garde de ion épie, et
elle lin pardonne cela. En mars 1595, elle le nomma
« lieutenant el gouverneur général d'Irlande »; il ne lut
pas heureux, el il osa conclore une trêve avec Tyrone,
Bana autorisation ; la reine en l'ut trèa fâch< t lui défen-
dit de quitter son posta; il le quitta néanmoins et vint k
Londres : désobéissance flagrante <|ni ne l'ut encore punie
(.') juin 1600) qui' de sa dégradation de toutes ses charges
et honneurs. Il fallut une ridicule tentative d'insurrection
de la part du favori disgracié pour décider la reine, jadis
plus prompte, ù le faire décapiter (25 févr. 1601).
Elisabeth ne convoqua que treize Parlements en qua-
rante-quatre ans de régne ; c'est dire qu'elle n'en réunit
qu'en cas de nécessité absolue. Elle ne les aimait pas,
même silencieux et empressés à lui complaire. Klle ne leur
permettait que de voter des subsides, et coupait court
brutalement aux plus timides remontrances. — Les com-
munes protestantes auraient eu cependant matière à
remontrances. Si les catholiques étaient, comme nous
l'avons vu, cruellement pourchassés (vingt-quatre prêtres
furent torturés de juil. à nov. 1388 ; on en pendit encore
un à Tyburn cinq semaines avant la mort de la reine),
les puritains et les calvinistes n'étaient pas non plus
bien vus par l'héritière de Henri VIII, obstinée à maintenir
la liturgie paternelle. En 1367, un « Conventicule » de
puritains réuni à Plumbers' Hall, à Londres, fut dispersé
par la police ; quelques auditeurs furent emprisonnés. Le
statut de la vingt-troisième année d'Elisabeth contre les
conformistes, qui fut une arme si terrible contre les catho-
liques, ne frappa guère moins rudement les protestants
qui n'admettaient ni surplis, ni cierges sur les autels, ni
hiérarchie épiscopale. Toutefois, les non-conformistes ca-
tholiques furent jugés sous ce règne par les officiers de
l'Etat comme coupables d'un crime politique (adhésion à
un souverain étranger, le pape, au préjudice des droits de
la couronne d'Angleterre), tandis que les non-conformistes
puritains, coupables seulement d'hérésie, furent justiciables
des cours ecclésiastiques. La reine, quoiqu'elle détestât les
calvinistes intransigeants, n'était pas fâchée de déverser
sur les cours ecclésiastiques l'impopularité que les pour-
suites pour cause d'hérésie ne pouvaient manquer d'exci-
ter. Elisabeth n'exerça pas d'ailleurs sur les évèques la
tyrannie doctrinale que Henri VIII avait revendiquée tant
de fois. Elle s'en tint toujours aux Trente-neuf articles ;
elle ne destitua pas un seul prélat, bien qu'elle ait eu des
difficultés avec l'archevêque de Canterbury, Grindal, trop
porté à favoriser \csmcctings religieux populaires, souvent
peu orthodoxes, et avec l'évêque Cox d'Ely. Mais, quand
un siège devenait vacant par la mort du titulaire, elle en
gardait indéfiniment les revenus; on reconnaît là son avi-
dité : le siège d'Ely resta ainsi vacant pendant dix-huit ans
après la mort de Cox (1561); celui d'Oxford, pendant
quarante et un ans.
Elisabeth mourut à soixante-dix ans. — De très grandes
choses ont été faites, en Angleterre, sous son règne (V. no-
tamment Paupérisme); elle y a peu contribué. Elle n'a
pas plus encouragé ou compris sir Francis Drake que
Shakespeare, Spencer et Richard Hooker, qui moururent
obscurs. Camden est peut-être le seul homme de lettres de
son temps pour lequel elle ait eu quelque estime. Elle était
savante, mais sans goût. Belle, vigoureuse, avec des mus-
cles et un cerveau infatigables, elle n'avait rien de féminin :
pas de pitié pour une faiblesse, pas de bonté, pas de ré-
serve. Elle jurait « comme une marchande de poissons » ;
elle crachait sur les habits des courtisans qui ne se pré-
sentaient pas devant elle vêtus à sa mode ; elle battait ses
dames d'honneur; elle embrassait ou giffiait les gens en
public sans se gêner; elle prenait le menton des jeunes
gentilshommes qui lui étaient présentés, quand ils étaient
jolis garçons ; elle avait donné des surnoms de toutes sortes
aux plus graves personnages de sa cour. Elle avait les colères
sanguines, les rancunes inexplicables et l'orgueil desTudors ;
de sa mère Anne de Beteyfl, elle avait la COOMttMW, Isa.
besoins amoureux, la passion de la splendeur et des plai-
sirs, la gaieté triviale. « Cette femme, écrivait un ambas-
sadeur de Philippe II. est possédée par cent millediaUes. »
— l'eu de souverains ont été, malgré tout, plus populaires
en leur temps ''t. depois, que la « belle vierge d'Occident. »
C'est qu'elle lut vraiment Anglaise, en communion instinc-
tive avec son peuple, el qu'elle lut bien servie. Ch.-V. L
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BeitrSge zut eng. Gesch. un Zeitaller Elisabeth»; ' I
1887, in-8.— II. hall, Society in Elizaibelham u'ie; Londres,
1X87, in-x. — IL db La I-'ikkiikk. les l'rojuls de mariage
de la reine Elisabeth; Paris, l-s2. m-lx. — J. Swli.ma
liie englischen Martyre unter Elisabeth I ri-
bourg, lxx7, in-x. — \Y.-H.-K. Wrighi . Catalogue of the
Exhibition of Armada :md Elisabethan relies, hild al
Drury tane, London ; Plymouth, 1888, in--. — Wiesener,
la Jeunesse d'Elisabeth; Paria, lx7t>, in-8.
Autriche.
ELISABETH (Amélie-Eugénie), impératrice d'Autriche,
reine île Hongrie, née à Possenhofen (Bavière) le 24 dec.
1837. Fille ainée de Maximilien-Joseph, duc en Bavière,
elle épousa, le 24 avr. 1854, l'empereur François-Joseph.
Elle en a eu trois enfants, l'archiduc Rodolphe et les
archiduchesses Gisèle et Valérie. Bien que d'une grande
beauté et d'une grâce très admirée de ses sujets et de
l'aristocratie d'Autriche et de Hongrie, elle a toujours
montré peu de goût pour les pompes et l'étiquette des
cours de Vienne et de Budapest, et passe une grande partie
de sa vie à l'étranger. Elle est passionnée pour le sport et
a la réputation d'une écuyère consommée. Elle se lit con-
struire, par l'architecte napolitain Haphael Carrito, dans
un des plus ravissants sites de l'Ile de Corfou, un palais
comptant cent vingt-huit chambres et surnommé AchUléon,
Au milieu du parc, s'élève un temple avec la statue du
poète Henri Heine, pour lequel l'impératrice professe un
véritable culte.
Bohême.
ELISABETH ou ELISKA de Bohême, fille du roi de Bo-
hême Vacslav II, née en 1292, morte en 1330. Elle épousa,
en 1310, Jean de Luxembourg; elle eut beaucoup à souffrir
de son esprit aventureux. Elle en eut un fils qui fut l'em-
pereur Charles IV.
ELISABETH, reine de Bohême, fille ainée de Jacques I"
d'Angleterre et d'Anne de Danemark, née le 19 août 1596,
morte le 13 févr. 1669. Elle fut élevée par de zélés protes-
tants, lord et lady Harington (d'Exton, Rutlandshire). Sa
main fut recherchée de bonne heure par les princes du
continent, par Gustave— Adolphe de Suède, par Philippe
d'Espagne, etc. La préférence fut donnée, en mai 1613,
à Frédéric V, électeur palatin, l'un des chefs des princes
protestants d'Allemagne. Les noces eurent lieu en 1613 et
servirent de prétexte à des épithalames célèbres. A la mort
de l'empereur Hathias, les Etats de Bohème déposèrent
l'archiduc Ferdinand de Styrie et choisirent comme rot
Frédéric V, qui accepta. Elisabeth, « qui ne pensait en ce
temps-là qu'aux mascarades, aux romans et aux ballets »,
se trouva ainsi jetée dans les tragiques aventures de la
guerre. Couronnée à Prague en nov. 1619, elle jouit à
peine un an de la royauté; la bataille de Prague (8 nov.
1620) la força à se réfugier chez son beau-frère, l'électeur
Georges-Guillaume, dans la forteresse de Custrin ou elle
donna le jour à son cinquième enfant. Frédéric et sa femme
avaient trouvé un refuge en Hollande quand la conférence
tenue à Ratisbonne (1622-1623) prononça leur déchéance
non seulement en Bohème, mais dans le Palatinat occupé
par Maximilien de Bavière et une armée espagnole. C'est
vers ce temps qu'Elisabeth, « la reine des cœurs», comme
on la surnommait en Angleterre, ou sa cause était très po-
pulaire, trouva un chevalier amoureux et tidèle en la per-
sonne de son cousin, Christian de Brunswick, plus jeune
- S4I —
ELISABETH
i|iiVII<' de trois ans. Christian do Brunswick mourut on
avant d'avoir pu laissai rai historiens la matière
d'un roman on règle. Elisabeth, son mari ot sos enfants,
très Doaabnu, vécurent longtemps dans une petite villa,
invs d'Aroheim, sur les subsides tournis par l'Angleterre.
os efforts de Christian de Danemark pour rétablir los
affaires dos protestants allemands forent vains, comme
ceux de Christian de Brunswick; Gaston-Adolphe fut [dus
heureux, mais Frédéric n'occupa jamais dans eon armée
n'eue place secondaire, et il mourut (M nov. 1638) pou
de jours après la mort du héros suédois à Lut/on. —
Elisabeth dépensa alors toute son énergie a élever sa
famille : |K'ndaiit seize ans, elle négocia sans relâche pour
obtenir la restauration do son Gis aîné, Charles-Louis, dans
le Palatinat ; mais Charles-Louis no rouira on possession
d'une partie de son héritage qu'a la paix de Westphalie
| Elle connut la gène et les souris, malgré les se-
awwa qu'elle reçut de la maison d'Orange et de son (idole
admirateur, lord Cra\en. Ses entants lui donnèrent de
is : deux de ses tils et deux de ses filles se
convertiront au catholicisme; Charles-Louis, une fois en
-ion du Palatinat, lui témoigna peu.de reconnaissance;
sa plus jeune tille, Sophie (souche de la maison de Hanovre
qui rogue depuis George 1' r en Angleterre), a laissé des
mémoires qui jettent un tort vilain jour sur la petite cour
de fax-palatine en Hollande. La Instauration (sous Charles 11)
raya m dettes et lui permit de quitter enfin Arnheim pour
Londies, ou. grâce a lord Cravon, elle fit assez, honorable
tigui-e. quoique reçue par la cour, froidement, en parente
pauvre. Elle retrouva en Angleterre le seul de ses tils
qu'elle semble avoir aimé et qui l'ait aimée, le prime
Bapert, qui s'était distingue au service de la cause royaliste
et jouissait d'une grande popularité personnelle. Elle fut
enterrée à Westminster. Pepys, qui la vit en 1660, rap-
pelle a rrrif ilrbonair, but a plain ladij (une bonne
dame). — Elisabeth fut regardée en Angleterre comme une
martyre de la cause protestante, et l'on peut dire à son éloge
que peu de femmes ont su exciter des dévouements aussi
ardents, aussi désintéresses et aussi durables (Christian de
Hrunswick. lord Cravon). Ses souffrances ont contribué à
assurer le troue d'Angleterre aux descendants de sa fille
itTeapectueuse, l'archiduchesse Sophie de Hanovre. — On
1 ombe Abbey, propriété des lords Craven, des
portraits et des papiers inestimables pour l'histoire de la
palatine Elisabeth, reine de Bohème. Ch.-V. L.
J -il. Opel, dans Ilislorische Zeitschrift, XXI11,
Mrs. Bvsrhtt-Gbbbn, Livea of the princesses of
England, 1
Espagne .
ELISABETH de France, reine d'Espagne, née à Fon-
tainebleau le -1 avr. 1545, morte à Madrid le 3 oct. 1568.
Elle était l'ainée dos tilles de Henri II et de Catherine
ii i.s. Promise dès le berceau a don Carlos, héritier
présomptif de la couronne d'Espagne, elle fut unie en
vertu du traité de Cateau-Cambrésis au roi d'Espagne
iui-uiènie iil juin 1559). Ce chasse-croisé bizarre qui,
rattaché pour les besoins de la cause et sans nul ton-
demeol sérieux, à la fin prématurée du prince et de la
jeune reine, a servi a bâtir de toutes pièces le roman bien
cinnu, dont le Don Carlos de Schiller n'est que l'interpré-
tation dramatique et dont les travaux des historiens mo-
dernes ont fait justice. Elisabeth n'eut jamais que de la
piiié pour son beau-fils, pauvre hydrocéphale qui d'idiot
déviai fou furieux à la suite d'une chute, d'où sa déten-
tion, qui, il est vrai, bâta probablement satin, mais sans
que Philippe II ait été en somme coupable d'autre chose
que de mettre un forcené hors d'état de nuire. Quant à
elle, elle mourut en couches. L'origine de la légende des
amours d'Elisal>eth et de don Carlos doit être cherchée
a la fois dans la crédulité populaire, amie de l'étrange,
dans la terreur que répandait Philippe II autour de lui
et itans le dépit qu'éprouva Catherine de Médicis de ne
pouvoir doûner pour héritière a la défunte sa sour
cadette, Marguerite. Des rumeurs vagues et des pam-
phlets inspires par elle ou par los protestants ou par los
Flamands, c.-à-d. par ses ennemis jures, telles sont les
seules autorités qu'on puisse invoquera l'appui delà tra-
dition. C est assez dire combien a priori elles sont sus-
pectes et que, en présence des faits précis qui les contre-
disent, elles doivent être impitoyablement rejetées. Le roi
d'Espagne se montra du reste toujours plein d'égards et de
prévenances pour elle, jusqu'à adoucir en sa faveur, dans
les limites du possible, les rigueurs do l'étiquette castil-
lane. Sa correspondance montre également qu'elle avait,
malgré sa jeunesse, du goût pour les affaires publiques et
que son mari ne lui interdisait pas de s'y mêler. 11 avait
eu malheureusement l'adresse de lui faire partager sa propre
intolérance, et les reproches discrets qu'elle adressa à sa
mère à propos de ses concessions au parti réformé, lors
de sa célèbre entrevue do Bayoniie (juin 1565), la seule
fois qu'elle ait eu la joie de revoir sa patrie et sa famille,
sont une triste marque de ce que l'influence du démon du
Midi avait t'ait en si peu d'années de la douce créature que
la France lui avait donnée pour compagne. Léon Marlet.
Bihl. : Marquis nu Prat, Elisabeth de Valois. — Baron
i>k Rublb, le Traite de Cateau-Cambrésis, cliap. iv.
ELISABETH de France, reine d'Espagne, fille de
Henri IV et de Marie de Médicis, née à Fontainebleau le
il nov. 1604, morte à Madrid le b' oct. 1644. Elle fut
d'abord promise au prince du Piémont, puis, lorsque son
frère Louis XIII épousa à Bordeaux Anne d'Autriche en
1615, elle fut fiancée puis mariée le 15 nov. suivant à
l'infant d'Espagne, alors âgé de dix ans, qui devint roi
d'Espagne en 16"21 et régna sous le nom de Philippe IV.
ELISABETH Farnèse, reine d'Espagne, née le °2.fi oct.
1692, morte le 1 1 juil. 1706. Fille d'Edouard II, j>rince de
Parme, et de Sophie-Dorothée de Bavière, elle fut défigurée,
enfant, par la petite vérole. Elle étonna la petite cour de son
père par une obstination et une opiniâtreté singulière; la
rigueur avec laquelle elle était tenue par sa mère qui l'en-
fermait souvent au grenier ne fit qu'augmenter ces dis-
positions naturelles, et nul ne lui aurait prédit une grande
fortune, quand Mme des Ursins, qui voulait donner à Phi-
lippe V, veuf depuis peu, une femme qui ne fût rien par
elle-même et dût tout à son intervention, songea à la petite
princesse de Parme. Alberoni, qui était de ce même pays et
qui commençait à avoir du crédit en Espagne, appuya, si
même il ne l'avait pas suscité, le projet de Mmc des Ursins.
Le roi, selon son habitude, s'enflamma à l'idée de ce
mariage et Acquaviva alla à Parme le négocier ; il fut
conclu le 16 sept. 1714.
La nouvelle reine d'Espagne s'arrêta à Cènes et à
Monaco, vit à Bayonne la veuve de Charles II et fut mise
au courant de ce qui se passait en Espagne ; elle avait su
aussi, dès avant son départ de Parme, que M,nc desl'rsins,
éclairée trop tard sur son caractère, avait voulu rompre le
mariage. Aussi lorsque celle-ci vint au-devant de la jeune
reine à Xadraque, Elisabeth la traita fort mal, la fit ar-
rêter et conduire à la frontière de France. Elle s'emparait
ainsi par un coup d'autorité de toute influence sur le roi;
son esprit plus vif qu'on ne supposait, une inépuisable
complaisance, achevèrent de la rendre maîtresse absolue
de l'esprit de Philippe V. Elle le réconcilia d'abord avec
le duc d'Orléans ; mais elle déplut aux Espagnols, quoi-
qu'elle eût appris 1res vite leur langue (elle en parlait fort
bien cinq ou six), parce qu'elle protégea trop des Italiens,
notamment Alberoni, parce qu'elle rappela comme con-
fesseur du roi le jésuite d'Aubenton et appuya l'Inqui-
sition. Elle assistait au conseil et de concert avec Alberoni
elle agita toute l'Europe pour procurer des trônes à ses
enfants; on sait que la politique espagnole se borna alors
à servir son ambition maternelle (V. Ai.hkroni, Espagne,
Philippe V). Elle supporta avec bien de la peine l'abdica-
tion de Philippe V, et ce fut avec une joie très vive qu'elle
lui vit reprendre le sceptre, en 1744, après la mort de
son fils Louis. En 1746, quand son mari mourut laissant
ELISABETH
— R42 -
pour successeur son fils Ferdinand qu'il avait eu de sa [pre-
mière femme, Elisabeth FarnèM recul dans la retraite,
d'ailleurs traitée honorablement. Axant de mourir, elle eut
la joie de voir son (ils Carlofl devenir roi d'Espagne. Elle
avait eu sept enfants : Carlos, ou Charles III ; Mans Anna-
Victoria, destinée a Louis \V et mariée au roi de Portu-
gal ; Francisco, mort en bas âge; Philippe, d^c de l'arme;
Marie-Thérèse-Antoinetle lial'aele, première femme du
dauphin, père de Louis XVI ; Louis-Ântoine-Jacques, comte
deChinchon; Marie-Aiitoinette-Eernande qui épousa Victor-
Ainedec, roi de Sardaigae. E. Cat.
France.
ELISABETH ou ISABELLE DE IIainaut, reine de
France (V. Isabelle).
ELISABETH ou ISABELLE de France, reine de Na-
varre (Y. Isabelle).
ELISABETH ou ISABELLE d'Aragon, reine de France
(V. Isabelle).
ELISABETH de France, duchesse de Milan (1348-1372)
(V. Isabelle).
ELISABETH ou ISABELLE de Valois (V. Isabelle).
ELISABETH d'Autriche, reine de France, fille cadette
de l'empereur Maximilien 11, née le 5 juin 15M4, morte
le 22 janv. -1592. Mariée à seize ans à Charles IX, elle
n'eut jamais ni l'affection ni la confiance de son époux. Le
mauvais génie de la France fut aussi le sien. Catherine
de Médicis ne tolérait, on le sait, autour d'elle aucune
influence susceptible de contre-balancer sa propre influence.
Pour miner celle que la jeune archiduchesse aurait pu
légitimement prendre sur l'esprit du roi, elle favorisa de
tout son pouvoir la liaison antérieure de ce dernier avec
Marie Touchet. Elisabeth ne connut la Saint-Barthélémy
que par les cris des victimes égorgées sous ses fenêtres ;
elle n'eut pas même, comme sa belle-so-ur Marguerite de
Valois, la consolation d'en arracher quelqu'une aux bour-
reaux. A la cour elle était respectée, mais peu aimée. La
pureté de son attitude, l'austérité de ses mœurs présentait
avec la corruption ambiante un contraste trop saisissant
pour ne pas lui sembler un vivant reproche. Que durent
penser, parexemple, toutes ces filles d'honneur, dignes de
figurer comme actrices des scènes les plus risquées du Déca-
meron de Boccace, du petit incident qui accompagna la
grossesse d'Elisabeth (avr. 1572}? « La reine très chré-
tienne est si pudique, mandait l'ambassadeur de Toscane
& son gouvernement, qu'elle ne l'a avoué à personne, sauf
au roi son mari et encore avec grande hésitation. » Cette
enfant fut une fille, Marie-Elisabeth, qui mourut le 2 avr.
1578. Il y avait alors quatre ans que Charles IX n'était
plus. Aucun lien ne retenait désormais Elisabeth en France.
Elle rentra dans sa patrie et y vécut dans la retraite,
opposant un refus péremptoire aux propositions matrimo-
niales dont elle fut l'objet. Les écouter seulement lui eût
paru une injure à la mémoire de celui à qui elle avait juré
fidélité et qui, lui, Catherine de Médicis aidant, la lui avait
si mal gardée. Léon Marlet.
ELISABETH-Ciiarlotte d'Orléans, duchesse de Lor-
raine, née le 13 sept. 1670, du second mariage de Philippe
d'Orléans avec Elisabeth-Charlotte de Bavière. Titrée d'abord
Mademoiselle , elle fut mariée le 13 oct. 1698 a Léopold-
Joseph-Charles-Dominiqiie-llvacinthe-Agapet, duc de Lor-
raine e| île Bar. A la mort de son mari, elle essaya la
régence (1729). Elle prit le titre de princesse deCommerc]
quand la Lorraine fut cédée à Stanislas Leczynski. Elle
mourut le 23 déc, ITÏi.
Bibl. : Comte (I'Haussi inville, Histoire de la réunion de
la Lorraine à la France. — Madame, Correspondance. —
Saint-Simon, éd. de M. de Boitisle, t. VI.
ELISABETH de Fràhce (Philippine-Marie-Hélène, Ma-
dame), soeur de Louis XVI, née 4 Versailles le 3 mai I7(lî,
exécutée le 10 mai 1791. Elle était tille du dauphin, tils
de Louis XV, et devint orpheline sans avoir connu BOB para
et sa mère. Elevée dans des sentiments de piété par la com-
tem de Manu stparPabbédnMontegot, enesedisttnsm
pu sou esprit de i a irité, pai ses goûts pour la
ne se mêla point soi affaires du gouvernement Quand la
Révolution éclata, Elisabeth, qui aimait beaucoup son Mn
et ne te maria pas pour ne point le quitter, jugea bien vite
la gravite des circonstances, et se montra de plus en plus
dévouée a Louis XVI, a mesure que les événements se mul-
tiplièrent. Elle partagea sa captivité au Temple, comme elle
avait partagé les péripéties de ta rie dans les journées des
:> el 6 oct. 1789, du 20 juin et du 10 soûl 1792. I
la mort de Marie- tatoinette, elle resta seule avec la jeune
daupbine, duchesse d'Angonléme. Le 9 mai 17'''». eOe
comparai devant le tribunal révolutionnaire, ou an l'amusa
d'avoir entretenu imeeorreepondanceavec ses frères, d'avoir
fait passer ses diamants el des sommes d'argenl ans primes
émigrés. L'arrêt de mort lui fut signifié le 10 mai, et eUe
fui immédiatement exécutée sur la place rie la Révolution:
Arrivée au lieu du supplice, elle lui respectueusement
saluée par BBS compagnons d'infortune, et elle conserva son
ealme ordinaire, jusqu'au moment où, par sentiment de
pudeur, elle supplia le bourreau de ne point enlever le
mouchoir attaché sur sa poitrine. Chai.lamel.
Bibl. : Fbb&and, Eloge historique de .A/»» Elisabeth
1858. — F, db Baaoom, Mémoires de .*/•" Elisabeth de
Fiance. — Fobt-Rjon, Louis Jourda.n. les Femmes devant
l'échafaud. —Du Fresne de Beaccourt, Etude sur Ma-
dame Elisabeth. 1864.
Hongrie.
ELISABETH de Hongrie (Sainte), fille du roi André H
et, par alliance, duchesse de Thuringe, née à Presbourg
en 1207, morte à Marbourg en I2M1. Elle fut, à l'âge de
quatre ans, fiancée à Louis, fils aine du landgrave de Thu-
ringe, llermann I' r, et élevée dans son château de Wart-
bourg, au sein d'une cour chevaleresque, la [dus brillante
et la plus lettrée de toute l'Allemagne. Tendre et pieuse
nature, Elisabeth se livra dès son enfance aux pratiques
de l'ascétisme, aux mortifications, aux jeunes, ne cessant
de prier que pour aller voir les pauvres, « ses plus ehers
amis ». En 1221 . elle épousa son fiancé Louis IV le Chari-
table, qui venait de monter sur le trône de Thuringe. Ce
prince, à la différence des courtisans qui raillaient la dévo-
tion d'Elisabeth, avait toujours admiré sa vertu. Parta-
geant la sollicitude de sa femme pour les misères du
peuple, le landgrave lui laissa toute liberté de continuer
ses exercices religieux ; il l'aida même à fonder près de
son château un hôpital de lépreux. Tout le monde connaît
les poétiques légendes auxquelles donnèrent lieu plu-
sieurs épisodes de sa charité vraiment héroïque. Restée
veuve en 1227, Elisabeth eut d'abord à souffrir des per-
sécutions de ses beaux-frères qui, l'accusant de dissiper en
aumônes les trésors de l'Etat, la privèrent de la régence et
la chassèrent brutalement avec ses quatre enfants de la
résidence souveraine. Son oncle, alors évèque de Baml"
lui offrit un asile jusqu'au moment ou on lui proposa âe
reprendre le pouvoir, qu'elle refusa. La duchesse vint alors,
à Marbourg, revêtir l'habit du tiers ordre de Saint-François
et consacra les dernières années de sa vie à des œuvres de
charité ; mais, sous l'influence de son confesseur Conrad
de Marbourg, elle se livra à .les mortifications qui abré-
gèrent sa vie. Elle mourut a vingt-quatre ans. Sa cano-
nisation fut prononcée en 1885 par Grégoire IX. Lne
superbe basilique fut construite à Marbourg (4235-83)
en souvenir de ses bienfaits. Les reliques de la sainte.
enfermées dans un cercueil richement orné de bas-reliefs
el de pierreries, y reposèrent jusqu'en 1539. A cette époque,
le landgrave Philippe de liesse les lit enlever de cette chàssej
pour couper court aux actes superstitieux dont ils étaient
l'objet de la part de nombreux pèlerins, el enterrer dans
une partie de l'église, connue de peu de personnes. La
basilique de Sainte-Elisabeth, qui est du plus pur style
gothique, a été restaurée en 1860. G. Bonet-Màpbt.
Bibi . : Lu htbnbbbgbr, Enoyclopédie dêa sciences reli-
r/ô uses. — Mus rAJ.BMBBP r. Histoire de sainte Elisabeth
Oie Hongrie, duchesse de Thuringe; Paris. Ib3ti, in-1, avec
gravures.
_ 8-43 -
EMSAlîRTH
ELISABETH de Pologne, reine de Hongrie, née en
1306, morte a Bade en 1381. Hle était fille de Wladys-
la« Lokietek, roi de Pologne. Sk épousa, en 1340,
Charl.s-K"l>tM-t d'Anjou, rude Hongrie, iprès la monde
M mari. eUe devint régente sera la uinoiitéde son fils
louis dit le Grand. Hle rai accusée d'avoir favorisé les
dèbanchea de son frère Kasènir «If Pologne, ci blessée par
la Irak indignée de l'attentai commis parce prince contre
r.l.uu /a.h. A dater de 1370, elle gouverna en Pologne
pour le omuh de son fila, mais la faveur qu'elle accordai!
asm Hongrois irrita les Polonais : Blisabeth dut quitter
la Pologne (1376) et retourner en Hongrie, Les contem-
porains prêtante cette princesse des meeurs très dissolues.
On lai attribue l'invention du parfum connu sons le nom
dY lu reine de Hongrie. L. L
Bibu : HiMtoirts ■'<■ Hongrie el de Pologne.
ELISABETH de Bosnie, reine de Hongrie el de Pologne.
Elle était tille d'Etienne, ban de Bosnie. Elle épousa, en
louis dit le Grand, roi de Hongrie et de Pologne.
Klle en est deux tille*. Marie et Hedwige. V la mort de
>on mari, elle réussil a bure reconnaître, comme reine de
. Hedwige, qui éponsa le Lithuanien Jagellon. Marie
- a smond de Luxembourg. Après la mort du roi
Louis. Marie gouverna la Hongrie sous la tutelle de
sa mire. Mail Charles de Dorazio pénétra en Hongrie
et réussit a se faire couronner roi .;.. I 185); il fut tué
p.'ii de temps après (févr. 1386). A la fin de la même
année. Elisabeth tut assassinée au château deNovigrad sur
- b Jean Horvath, pariisan du prince étranger
. La princesse Marie vengea cruellement le meurtre
L. L.
ELISABETH i>e Pologhb, reine de Hongrie, née en I518i
lie de Sigismond Er. roi de Pologne, elle
èpaajsa an 1839 Jean Szapoïya, roi de la partie de la Hongrie
qui n'acceptait pas la domination autrichienne, et dont la
TransvKanie était le noyao principal. Déjà en 1540 elle
restait veuve BVflC U lils qui venait de naître, et qui fut
reconnu roi par Soliman le Magnifique. Sa situation de
reine mère était bien difficile entre le Turc qui ne regar-
dait une semblable royauté que comme un instrument de
la do uination ottomane. Ferdinand d'Autriche et l'intri-
gant ministre Martinuzzi. Elisabeth chercha plusieurs fois
a satisfaire l'Autriche dans l'intérêt de la cause chrétienne,
même en échangeant les Etats de son fils contre deux du-
•siens: mais après la mort de Martinuzzi, qui avait
louvoyé entre les Turcs et les Habsbourg, et au milieu des
mano'iivres les plus compliquées, elle fut maintenue en
Transylvanie par l'alliance et par la diplomatie de Henri II,
roi de France. B. SATODS.
Pays-Bas.
ELISABETH de Goerlitz. duchesse de Hrahant et de
Luxembourg, née vers la fin ira siv* siècle, morte à Trêves
en I !•>!. Die était fille de Jean de Luxembourg, duc de
C.orlitz, et de Richarde, fille du duc Albert II de Mecklem-
bourg, roi de Suède, En I 109, elle épousa Antoine de
duc de Brabant. A l'occasion de ce mariage,
■ Luxembourg, qui n'avait pas d'enfants, céda
son duché à Elisabeth. Après la mort d'Antoine, elle épousa
Jean de Bavière qui avait omi|>é pendant quelque temps le
trône de Liège. Neuve pour la seconde fou en I 'il',, elle
promit sa succession a Philippe le Bon; mais sa cousine
germaine et héritière naturelle, une autre Elisabeth, fille
de l'empereur \ll»-rt II. en disposa de son cote en laveur
•i gendre, le doc Guillaume de Saxe, auquel les
Laxen ouvrirent leurs portes. La duchesse se
réfugia auprès ,|e Philippe le Bon et lui demanda aide et
protection. La ville fut prise par les Bourguignons en
et, immédiatement après, mw cession en due forme
incorpora le duché aux Etats de Philippe en laveur de qui
le due de Save tin it lui-même par abdiquer ses droits.
Elisabeth reçut une pension viagère et mourut obscuré-
ment. !.. ||.
Bibl. : OuvrER de La Marche. Mémoires. — Bbrtho-
lkt. Histoire, ecclésiastique et chiite du duché île Luxem-
bourg et du comte de Chiny; Luxembourg, 1711,8 vol.
in I.'
ELISABETH n'Ai tiiioie, princesse belge, née il Bruxelles
en 1501, morte & Swynaenle-lez-Cand en 1526. Elleétait
fille de Philippe le Beau et de Jeanne la Folle et sieur ca-
dette de Charles-Quint. A l'âge de treize ans, elle devint
la femme de Christian II. roi de Danemark. Celui-ci s'étant
aliéné ses sujets par ses cruautés fut déposé en 1523;
Elisabeth, qui était très populaire, fui invitée a demeurer
dans le pays; les Etats lui offrirent, mémo de proclamer roi
son (ils Jean et de la déclarer régente ; mais elle refusa ces
propositions el accompagna son époux en Angleterre d'abord,
puis en Allemagne et en Flandre. Lorsque Christian eut
adopté les doctrines luthériennes, elle refusa de suivre son
exemple, et les persécutions qu'elle eut à endurer de ce chef
hâtèrent sa fin. E. H.
Bibl.: Altmbyer, Histoire des relations commerriales
et diplomatiques des Pays-Bas auec le nord ,;,. f Europe
pendant le HVP siècle; Bruxelles, 1840, in-8. — A. Uunne,
Histoire du ni/ne de Charles-Quint dans les Pays-Bas;
Bruxelles, 1858-1860, 10vol. in-8. — De Saint-Génois, les
Missions diplomatiques de Scepperus; Gand, 1857, in-8. —
A. Bbrgmann, Histoire de la ville de Lierre (en flamand);
Lierre, 1873, in-8.
Portugal.
ELISABETH ou ISABELLE de Portugal (V. Isabelle).
ELISABETH on Portugal (1526-1539) (V, ci-dessus,
El'svbetii, impératrice d'Allemagne).
Roumanie.
ELISABETH (-Pauline— Ottilie-Louîso) , reine de Rou-
manie, connue dans les lettres sous le pseudonyme de
Carmen Sylva, née au château de Monrepos (MeineRuh'),
près de Neuwied (Prusse rhénane), le 29 déc. 1843.
Elle est issue d'une famille dont plusieurs membres ont
cultivé avec succès les lettres, les sciences et les arts.
Son père, Guillaume- Hermann -Charles, prince de Wied
(V. ce nom), a publié de remarquables travaux philoso-
phiques, et sa mère, Marie de Nassau, est connue par la
pratique des plus hautes vertus féminines. La princesse
Elisabeth a montré, dès son enfance, un esprit indépendant,
amoureux de la liberté, enthousiaste de la nature et tour-
menté d'un besoin incessant d'activité. Son âme, portée à
la mélancolie, recelait un fonds de poésie native. Grâce à
une étonnante faculté d'assimilation, elle a acquis une
instruction supérieure, a appris successivement toutes les
langues qui en valent la peine et étudié toutes les littéra— ■
tures. Les nombreux voyages qu'elle fit en Europe ont
développé encore sa vive imagination. Le 15 avr. 1869, :
elle épousa Charles (V. ce nom) de Hohenzollern-Sigma-
ringen, alors déjà prince de Roumanie. L'unique enfant
née de ce mariage (8 sept. 1870), la princesse Maria, une
créature adorable, a succombé à l'âge de trois ans et demi.
Dès lors, la princesse Elisabeth, mortellement frappée
dans sa tendresse maternelle, s'est vouée entièrement et
avec passion à être la mère de son peuple. Ses efforts se
sont portés à répandre et à développer en Roumanie l'ins-
truction populaire; elle fonda nombre d'écoles et fit tra-
duire des livres scolaires français. Sa sollicitude s'est
surtout étendue aux jeunes filles de toutes les classes
sociales : elle créa en leur faveur des écoles spéciales de
dessin, de peinture, de musique, de chant, de travaux
manuels. Elle ne dédaigna même pas de faire des confé-
rences littéraires aux élèves de l'Ecole normale. Malgré sa
nationalité d'origine, elle favorisa la culture française
comme étant celle qui convient le mieux au génie d'une
race issue de souche latine. Au surplus, elle a prêché
d'exemple pour le développement de l'industrie nationale
du tissage et de la broderie en mettant en honneur le cos-
tume du pays, et elle a fondé dans ce but une vaste société.
Elle créa de même de nombreuses institutions de bienfai-
sance. A la suite de la guerre contre la Turquie, durant
laquelle elle a soigné les blessés avec un dévouement infa-
tigable, ses sujets lui ont décerné le beau titre de « Mère
des blessés ». Le 22 mai 1881, elle reçut avec son époux
ELISABETH
- 8'. 4 -
la couronne royale au milieu d'une manifestation inou-
bliable de tout un peuple.
Cette activité sociale n'a pas suffi à sa nature exubérante.
Dès son jeune âge, elle axait pris l'habitude de traduire
en vers toutes ses idées, sous l'impulsion d'un besoin irré-
sistible de son âme. Son talent poétique s'est épanoui sous
l'aiguillon de la souffrance morale, niais elle n'a consenti
que tardivement, encouragée par le poète Alecsandri, a
livrer au public les créations de sa plume, sous le pseu-
donyme de « Carmen Sylva » qui rappelle sa passion
pour la poésie et pour la forêt. Ses compositions sont
d'un charme pénétrant par la vérité du sentiment, car
elles ont toutes été vécues. Elle s'est d'abord l'ait connaître
par des librettos poétiques en langue roumaine, puis par
deux poèmes en allemand : Supplia et llannnerstein
(Bucarest, 1880, gr. in— 8), auxquels succédèrent : les
Stùrme (Bonn, 1881); un recueil de poésies traduites du
roumain [Rumânische Dichtungen; Leipzig, 1881) ; Die
Hexe (Berlin, 1882), poème inspiré par une statue de
Ch. Cauer; Leidens Erdengang (Berlin, 1882), série de
contes symbolisant la souffrance ; Jehouah (Leipzig, 1882),
poème philosophique dont le sujet est la recherche de l'exis-
tence de Dieu (trad. en français; Paris, 1887, in-16).
Carmen Sylva a été présentée au public français d'abord par
L. Llbach qui la décida à laisser mettre au jour une œuvre
écrite dans notre langue même : Pennées d'une reine
(Paris, 1882, in— 18, portr.), confidences intimes d'une
rare profondeur, exprimées avec naïveté et une grâce
attachante. L'une de ces pensées : « Il n'y a qu'un bon-
heur : le devoir; il n'y a qu'une consolation : le travail;
il n'y a qu'une jouissance : le beau », résume à merveille
l'état de son àme et le but qu'elle poursuit dans la vie.
Avec le temps, ses poésies ont pris une envergure plus
large. Les recueils : Meine liuli (Berlin, 1884), composé
de ballades et romances, de pièces didactiques, d'un déli-
cieux chapitre sur la « mère et l'enfant », etc., ainsi que
le Mein ['Juin (Leipzig, 1884), quatrains consacrés au
grand fleuve de son pays natal, marquent l'apogée de son
talent de poète. Il reste encore à mentionner à cet égard :
Vum Amboss (Bonn, 1890) ; une traduction des chants
populaires de la vallée de Dimbovitza (Lieder; Bonn,
1890); Frauenrnuth, poème dramatique (1890); puis
trois charmants recueils de chants (1891) : Heimath,
Meerlieder, Handwerkerlieder , ce dernier mis en mu-
sique par A. Brungert.
La reine Elisabeth occupe dans la littérature une place
non moindre comme prosateur. Elle a adopté de préfé-
rence la nouvelle et le conte, et, si les produits de son
imagination sont sous ce rapport généralement tristes, il y
passe un grand souffle dramatique. La plupart ont été
traduits en français : Gebet (Berlin, 1882) et Hand-
zeichnungen (1884), par E. Salles {Nouvelles; Paris,
1886); Pelesch-Mrchen (Leipzig, 4883), par L. et F.
Salles (Contes du Pélech; Paris, 4884); Es Klopft (Ra-
tishonne, 1887), par Rob. Scheffer, avec d'autres nou-
velles et des ballades réunies sous ce titre : Qui frappe?
(Paris, 1889), volume précédé d'une brillante préface de
Pierre Loti, dont la reine avait traduit en allemand le Pêcheur
d'Islande (1888) et qui a eu l'honneur d'être son hôte. Il y
faut joindre encore : Durch die Jahrhunderte (Bonn,
1887). Ensuite elle a abordé le roman, mais en collaboration
avec Mme Mite Kremnitz, et les noms des deux auteurs sont
dissimulés sous les pseudonymes de « Dito » et « Idem ».
Leurs œuvres sont : Ans vaùei Welten (Leipzig, 1884);
Astra (Bonn, 4886; trad. en français, Paris, 1890);
FeldjpOSt (Bonn, 1886); In der lire. Novellen (1888);
Roche unit andere Novellen (188!»); Roman einer
Princessin (1890; trad. en français, Paris, 1894), plus
une tragédie, Anna lioleyn. A sa plume seule est dû le
roman Déficit (1890). Enfin sa dernière œuvre, Maître
Manoir, drame en vers, a été représentée à Vienne, et
arrangé pour la scène anglaise par Irving. Presque tous
ces ouvrages ont eu plusieurs éditions, et il y en a aussi
d'illustrés. La plupart furent traduits en toutes les langues
d'Europe, même en tun et an arabe.
Si Carmen Sylva est assurée de gagner les suffrages de la
postérité avec ses œuvres gracieuses et Louchantes,
Elisabeth occupera dans l'histoire une plaie d'honneur
comme une femme d une rare supériorité, une grande
souveraine <-t une véritable civilisatrice, (». Pawlowsu.
Bibl. : Mite Kremnitz, Carmen Sylva. Ein Lebenabitd;
Rre&lau, 1**2. — I.. Uluai h, Préface en tête des /
d'une reine, 1882. — Rudoi i Gottbi ball, ïahk Dichterin
au/dem Throne, dans Unsere /.ml. 1883. — Natalie, baronne
von Si.n KBLBB&G,Au« Carmen Sylva « £.eoen, -Heidelberg,
1885, gr. in-H ; .v éd., 1889. — Félix Salles, ïUwle biogra-
phique, entête des Nouvelles, 1886. — 1 . de Chbvignv,
Carmen Sylva, dans le Correspondant. 2ô sept.
Max Schmitz, Carmen Sylva und ihre Werke; Neuwied,
1889, gr. in-s, portr. — Blanche Roosbvelt, Elisabeth
of Houmania ; Londrea, 1891, ^r. in-v.
Russie.
ELISABETH Iaboslavovha, princesse russe, fille du
grand prince laroslav Vladimirovitcb (xr sièelei. Elle ins-
pira une violente passion a llarald le Hardi, qui l'épousa
en 1045.
ELISABETH (Petrovna), impératrice de Russie, née en
1709, morte le 9 janv. 1762 (1761, style russe). Elle
était fille de Pierre le Grand et de Catherine V". Sa mère
avait songé à la marier à Louis W ; mais ee projet n'aboutit
pas. Elle resta fille. Sous le règne d'Anna Ivanovna, elle
vécut éloignée des affaires publiques, se consolant de son céli-
bat et de son isolement avec des favoris dont le pluseéiébre
fut Alexis-Cregorovitch Razoumoxskv (qu'elle aurait d'après
certains témoignages épousé secrètement). Après la mort
d'Anna Ivanovna, qui laissait le trône au jeune Ivan VI et la
régence à Anna Léopoldovna, Elisabeth profita habilement
du mécontentement de l'année et du peuple qui étaient las de
la domination desétrangers, et qui éprouvaient une vive em-
pathie pour la fille de Pierre le Grand. Avec le concours
du chirurgien français Lestocq, l'appui du ministre de
France, La Chétardie, et de Yorontsov, elle réussit à se faire
proclamer impératrice) I8déc. 1742). Anna Léopoldovna et
sa famille furent exiles, le jeune [van enfermé à Sehlussel-
bourg; Ostennan et Munich fuient déportés. L'avènement
d'Elisabeth mit fin a la domination des Allemands; il
marque le commencement de l'influence française en Russie.
Les principaux confidents de la nouvelle impératrice lurent
les Razoumovsky et les Schouvalov. A. -P. Bestoujev fut
chargé de diriger la politique extérieure. Elisabeth prodama
pour son successeur son neveu Pierre de Holstein qui fut
fiancé peu de temps après à Sophie d'Anhalt Zerbst (la
future Catherine II). Elle termina heureusement la guerre
commencée avec la Suède. Le traité d'Abo (I743i assura
à la Russie le S.-E. de la Finlande jusqu'à la rivière de
kiumen. En 1746, Elisabeth conclut un traité d'alliance
avec l'Autriche : trente mille Russes furent euvoyi - - :
le Rhin, mais ils revinrent sans avoir eu l'occasion de
combattre. Les années qui suivirent furent marquées par de
nombreuses réformes a l'intérieur. En 1754, îles colonies
serbes furent introduites dans la Russie méridionale; en
1733, les douanes intérieures furent supprimées ; des
banques furent établies a Saint-Pétersbourg et à Moscou.
La peine de mort fut abolie, mais la torture maintenue.
Le sénat fut rétabli dans les attributions dont Pierre le Grand
l'avait investi. L'université de Moscou fut ouverte (1755),
et le premier théâtre national organise il 756). L'académie
des beaux-arts fut créée en I7.SS. Elisabeth prit part à la
guerre de Sept ans; jalouse du succès de Frédéric IL et
blessée par ses épigramnies. elle envoya en Prusse une
armée de quatre-vingt mille hommes. Le général Iprasine
vainquit les Prussiens à Grossjœgerndorf, mais il ne sut
pus profiter de son succès. In |758, les Russes prirent
Kœmgsberg, mais ils furent battus à Zorndorf; l'année
suivante, ils prirent leur revanche a Zullichau et a ktiners-
dorf en Silésie. En 1760. ils pénètrent a Berlin: en 1761,
ils occupent la Poméranie. La mort d'Elisabeth sauva Kré-
déric. Sous le règne de cette princesse, la Russie acquit
- 848 -
ELISABETH — ÉLIXIR
.mi àsit dm partie de la DMangtrie si dos pays turk-
mènes. Ce lut en Bonne un règne prospère. Lononosov
chaula les triomphes des armées rasais, bounarokoi ècri—
mi les premières tragédies; les premières revues en langue
rasse lurent publiées. L'architecte italien Rastrelli embellit
l'empire de remarquables édifices. Malgré les scandales de
>a \ie privée, Elisabeth Petrovna continoa dignement l'œuvre
.!,• Pierre le Grand et prépara celle de Catherine II. L. L.
Ki m.. : Solovibv, Histoire de Russie, t. \ M et XXII. —
d'I lisabetli; Saint-Pétersbourg,
\ isdai . Louis X\ el Elisabeth de Russie; Paris,
/; eueil des instructions données aux
ambassadeurs et ministres de France ; Paris, 1890, 8* vol.
ELISABETH (Alexievna), impératrice de Russie, née
a Karlsrube en I""!'. morte à Biele> en 1826. Elle s'ap-
pelait Louise-Maria-Augusla el était fille du margrave de
nde, Charles-Louis. ElliMleMni.cn 1793, femme du grand
«lue Uexandre qui devait être Uexandre Ier, el lui à la
tète d'un certain nombre d'institutions patriotiques.
ELISABETHGRAD ou IELISAVETGRAO. Ville de Rus-
sie, chef-lieu de district du gouvernement de Kherson, sur
la rivière [agoni et le chemin de 1er; 52,000 bab. Elle fut
fondée en 1734 sous le règne d'Elisabeth Petrovna. Ledis-
tiiet d*Elisabethgrad est peut-être de imite la Russie le
plus riche en céréales.
ELISABETHPOL. Ville delà Russie d'Asie (Transcau-
easie), ch.-l. du gouvernement de même nom, a 170 kil.
S.-E. de Tillis. sur la riv. Gandja-tchai ; 20,300 hab.—
ernement a une superficie de 13,632 kil. q. et une
population d'environ 730, 000 hab.
ÉLISE. Coin, du dép. de la Maine, air. et cant. de
le-Meoehould ; 1 '.y liai».
ELISE, théologien el historien arménien (V. Egiiisiié).
ELISEE, prophète hébreu, disciple el successeur i'Elie
nom), continue son œuvre en poussant Jéhu à dé-
truire la dynastie d'Achab, roi d'Israël, coupable d'avoir
- le culte de Baal. On lui fait honneur d'une série
de fuis merveilleux qui reproduisent et exagèrent les ma-
nifestations surnaturelles attribuées à son maître Elie. Il
est digne de remarque qu'il s'intéresse aux choses ci aux.
personne» du dehors, soit au royaume de Damas dont il
le futur occupant, soit a l'officier syrien Naaman,
_ tarit de la lèpre et gagne à la vraie religion. Elisée
est. en réalité, une nouvelle édition du type prophétique
exprime par la figure d'Eue (V. -1 RoÙ, ch'ap. il et suiv.).
ÉLISION.I.e mot elision. latin elisio, de elidere t=ex,
hors de. et lœdere, heurter), signifie expulsion par suite
d'un choc, écrasement. Uuand deux voyelles se rencon-
trent l'une à la tin d'un mot. l'autre au commencement
du suivant, elles se heurtent en quelque sorte, et on dit
qu'il y a éhsion si. pour éviter l'hiatus, on fait disparaître
I une d'elles. L'elision se produit de deux façons : 1° La
élidée disparaît purement et simplement : on la
remplace dan> l'écriture par un signe appelé apostrophe.
C«t Tension proprement dite, celle qui a lieu en français :
ràme= la unie. C'est aussi, bien qu'elle ne soit pas
marquée d'une apostrophe, celle qui a lieu en grec dans
les verbes composes : u^pyo|uu=Èiç(cje»ou«i, zr.étpipov
■ . -2° I a voyelleélidée s'affaiblit sansdisparallre
eonptèteneut, mais au point de se confondre avec l'autre,
comme dans la synérèse. C'est ce qu'on appelle la syna-
hphe (owoXo aij confusion) : c'est l'elision ordinaire en
■ en latin. I.a voyelle élidée se remplace bien en
ir l'apostrophe ; mais: I ce signe est d'un usage
récent, et son emploi ne peut rien prouver sur la nature
de l'elision; 2° le mot owaXoianj signifiant mélange, eon-
fu-ion, il serait eh-ange que les Grecs eussent choisi ce
terme pour désigner l'elision si elle avait consiste dans
l'expulsion pure et simple de la voyelle; 3° enfin Ahrens
a démontre que la voyelle élidée sonne devant l'autre comme
une petit., note, et correspond a ce qu'on appelle ;,
i musique. Huant au latin : I» la voyelle élidée sub-
ins l 'écriture; î" nous avons un témoignage positif,
celai de L]uiutiJieu (Art. orut.,l\) disant que dans le vers
do Virgile Turrim in pr icipite..., ou la finale im s'élide,
on distinguait ceux qui prononçaient turriin de ceux qui
prononçaient turrem. Des formes comme animadverto
= anniiiuiii) u,l verto et reneo : ven{um) ro ne
prouvent rien d'ailleurs, puisque les deux mots se sont
fondus en un seul.
L'elision prend le nom iVaplu'rèse («<p«fp7)ais) quand
elle porte sur la seconde voyelle. L'aphérèse n'existo pas
en français. Elle n'a lieu en latin qu'avec les formes es et
est du verbe SU/m employées comme enclitiques : c'est
alors une élision proprement dite, la voyelle disparaît de la
prononciation et même souvent de l'écriture : meast =
mea est, meumst - meum est. L'aphérèse est plus fré-
quente en giec, surtout chez les poètes tragiques : ù 'va£
= m àva$, p-rj '^;iTa =: p) s::siTa. La voyelle élidée
pouvait être une voyelle accentuée, comme dans les exemples
ci-dessus; on peut donc croire qu'il y a eu successivement
assimilation puis fusion des voyelles, et réunion des deux
accents en un. En tous cas l'aphérèse est marquée par
l'apostrophe.
Les règles particulières de l'elision sont spéciales à
chaque langue. En français elle est obligatoire, mais res-
treinte à certains mois, et a lieu même devant une h
initiale, si celte h est muette. Un élide ainsi : 1° a dans
l'article lu : l'âme -la rime, et anciennement dans ma :
m' amie (d'où par confusion ma mie), m'amour; 2° i
dans .si : s'il = si il; 3° e dans le, je, me, te, se, ce,
de, ne, que et ses composés conjonctifs, quelquefois dans
quelque et entre. En latin on élide toutes les voyelles
tinales, les syllabes en m (dites syllabes moyennes), et
mène chez les auteurs archaïques les finales brèves en s.
Seuls, les monosyllabes o, ah (ou a), proh (ou pro), heu
( ou eu) ne s elident jamais. Toutefois il résulte de la
nature même de la synalèphe que l'elision est plus facile :
t° si on élide une brève; "1° si la seconde est longue. Aussi
les poètes évitent-ils l'elision des monosyllabes, surtout
des monosyllabes en m, et devant une brève, à part quel-
ques-uns d'un emploi très fréquent et déterminés par l'usage.
Ils n'élident pas non plus la dernière de l'iambe devant une
brève. En grec, on n'elide en règle générale que les voyelles
brèves. Font exception la diphtongue at qui s'élide volon-
tiers dans les formes ou elle compte pour brève dans l'ac-
centuation : j5ojÀo[x' Èyiô == (JoûXop-ai è-foi. et la diphtongue
ot chez Homère dans les formes enclitiques p.ot et aot. L'u,
même bref, ne s'élide jamais ; e, i, o, a s'élident toujours
sauf dans quelques mots déterminés par l'usage : ôs'r=:et;
les génitifs en oto, oo, les formes ô, to, o, r.pô, zl, «,
OTt, TZip1., £y.P1> "-'X.P'. foc, àîva (vocatif de avac;) et p.oé.—
L'elision de l'article a amené une erreur curieuse dans la for-
mation de certains mots français. Une foisélidé, il a perdu
son sens et s'est fondu avec le substantif en un seul mot,
susceptible à son tour de recevoir l'article. Ainsi sont formés:
lierre (= l'ierre, de hedera), lendemain (—lendemain
de en et demain, de mane), loriot (—l'oriot, deati-
re<dus),lors{ = fors, de hora). Paul Giqueaux.
ELIUS PR0M0TUS (Al'Xco; ripop-ÛTo;), médecin grec
d'Alexandrie, qui vivait peu avant ou après J.-C. On a de
cet auteur plusieurs manuscrits disséminés dans diverses
bibliothèques. Des extraits de son Auvaixspôv (Medicina-
lium formularum collectif) ont été publiés par Kuhn
dans son Additam ad Elench. med. vet. à J.-A. Fabri-
cio in bibl. grœeu exhibit ; quelques passages du même
ouvrage se trouvent dans le Traetatus de seorbuto (Venise,
17X1, in-4) deliona. Dr L. Hn.
ÉLIXIR. I. Alchimie. — Ce mot est d'origine arabe. Il
s'appliquait à l'origine a un certain agent prétendu capable
d'opérer la transmutation des métaux, agent appelé aussi
medicina ou pierre philosophale. Il était tantôt liquide,
tantôt solide, et réputé apte à prolonger la vie (élixir de
longue vie) et à guérir toutes les maladies. Par le cours
des temps, ce nom s'est trouvé réservé à certaines prépa-
rations pharmaceutiques liquides. M. B.
II. Puaiimacie. — Les élixirs sont des alcoolés sucrés,
ÉL1MK - EL-KEF
— H Mi —
fonm s li^iroiiial'-s et d'une ou plusieurs substances mé-
dicamenteuses. En pharmacie, le mot elivir a donc subi
une déviation île sens analogue I celle ilalenul. puisqu'il
ne l'appliqua plus qu'à des médicaments plus au moins
Bgréabieai eontenanl de L'alcool et moins île nere >|iju
les sirops. — Les élixirs étaient autrefois très nombreux,
et jouissaient d'une grande réputation en médecine; peut-
être aujourd'hui sont-ils trop délaissés, car ils constituent
une forme pharmaceutique avantageuse pour admi-
nistrer certains médicaments. Citons seulement l'exemple
suivant :
/ - tr de quinquina et de safran.
Quma rouge pulv. . 10 gr.
Cannelle fine 10 —
Ecorced'orang. a;n. 16 —
Safran 8 gf.
Eau-de-vie vieille.. . 5 fit.
Vin de Malaga 2 —
On fait digérer le tout pendant une semaine ; on passe
et on ajoute 1,250 gr. de sucre très blanc. — Cette pré-
paration eut pendant longtemps une 1res grande vogue.
Dans la formule primitive, on y plongeait a plusieurs
reprises une pièce d'or chauffée au rouge, pratique inutile
qui n'a d'autre effet que de caraméliser une petite quantité
de sucre. Ed. Bouhgoi.n.
Klixir odontalijique (V. Dentifrice).
ELIZABETH. Ville des Etats-l nis, Etat de New-Jersey,
sur le détroit qui sépare le continent de l'ile Staten, a
15 kil. au S.-O. de New-York; 37,764 hab. en 1890,
Nombreuses villas, rues larges, belles églises. Commerce
actif de charbons et de fers, fabriques importantes de
machines à coudre»
ELIZABETH (V. Elisabeth).
ELIZIA (Malac). Genre de Mollusques Lamellibranches,
de l'ordre des Vénéracés, établi par J.-E. Gray en 1852
pour une coquille suborbiculaire, mince, aplatie, couverte
d'un épidémie brillant, équivalve, inéquilatérale; crochets
peu proéminents, presque antérieurs. Charnière composée,
sur la valve droite, de deux dents cardinales obliques,
divergentes, la postérieure allongée et bitide; sur la valve
gauche de trois dents cardinales, dont la centrale est bifide.
Impression palléale submarginale. Type: Eliziaorbiculata
Wood. Les Elizies habitent l'océan Pacifique; ils vivent
sur les côtes des îles Philippines, de Bornéo, etc. J. Mais.
ELIZONDO (Traité d') , conclu entre la France et
l'Espagne le 27 août 1785 pour fixer les limites des deux
pays entre la vallée de Baïgorres (Basses-Pyrénées) et celle
du Baztan et régler les droits de compascuité dans les pâtu-
rages des Aldudes. Ce traité a été remplacé par celui du
2 déc. 1856. — Elizondo est un bourg à 45 kil. de Pani-
pelune.
ELIZONDO (Pablo-Miguel de), jésuite et écrivain espa-
gnol du xvin'' siècle. Il est connu par un ouvrage important,
Compendio de lus cinco tomos de las Anales dé Na-
varra (Pampelune, 1752, in-4). C'est un abrégé com-
mode des histoires de Navarre par les PP. Joseph Moret
(des origines à la mort de Philippe 111 de Navarre) et Fran-
cisco Aleson (jusqu'en 1527).
ELK Mountains. Croupe de montagnes volcaniques des
Etats-Unis, dans la partie occidentale de l'Etat de Co-
lorado, se rattachant par les monts Harvard et Lincoln
à la chaîne des Parcs, qui constitue le massif central du
Colorado. Le groupe des Elk Mountains est limité au N.
par le rio Grande, une îles deux branches qui forment
le rio Colorado, et au S. par la rivière Giinnisou, affluent
du rio Grande. Quelques-uns des sommets du groupe
sont très élevés. Les pics Castle et Maroon dépassent
4,000 m. Aug.M.
EL KAB (Archéol. égypt.). Capitale du nome Latopo-
litès; elle a été identifiée avec la ville grecque d'Eilithya.
Le nom d'El hab (en égyptien Kel;hel>) « a été Bêlé, «lit
M. Maspéro, aux faits les plus importants de l'histoire
d'Egypte. Sous la XVDP dynastie, au temps où les Pas*
teurs occupaient le Delta, les princes indépendants du Sud
avaient fait de cette ville un de leurs boulevards et quel-
quefois leur Capitale. Le gouvernement en I tait I
un prince de la famille royale qui prenait le titre de roval
ils de Neknebi » A El hab. an m job petit temple lut
construit par Auienophis III et on un petit MsaJBntaS]
ptolémaïque i été dédié a Kis. déboucha la gorge qui
facilitait les descentes des Herouehas ib-s Bichans actuels)
que les inscriptions du temps nous montrent ravageant
si souvent le territoire égyptien. Aussi uni
dont on voit encoN les remparts avait été élevée a II hab.
Elle est en briques ernea si remonte probablement à l'An-
cien Empira. Dans cette localité se trouvent divers tom-
beaux dont les textes et les représentations ont fourni à
la science de précieuses indications sur l'histoire et
culture de l'I gypte. Paul Pn.i.
ELKAN (Darid-Léyy), peintre dessinateur, né à Cologne
en 1608, mort en 18o6.Elkan, artiste de beaucoup d'ima-
gination, est connu par d'excellentes copies et par di
positions dans le style du moyen âge. Il avait étudié à Dus-
seldorf et, en lx.'>0. fondé une imprimerie lithographique
à Cologne. On cite de lui : le Christ. Marie et tes douté
Apôtres (lithographie en couleurs); ses compositions |>our
les Dombaultede, pour la Chanson du liliin, ses minia-
tures, ses aquarelles, etc.
EL-KANTARA. Ce mot, qui signifie le pont et désigne
ordinairement des localités remarquables par des ponts
romains, est assez fréquent dans la toponymie de l'Afrique
du Xonl et de l'Espagne (dans ce dernier pays sous la forme
Alcantara). Il est appliqué spécialement à un pont situé à
171kil.auS.deConstantine,oularoutedecettevilleàBiskra
traverse par un défilé étroit la chaîne des monts qui sépare
les Hauts-Plateaux d'avec le Sahara. Dans la gorge, taillée
à pic au travers des monts escarpés et nus, coule un torrent
sur lequel les Romains avaient jeté un pont qui subsiste
encore, réparé à plusieurs reprises, et qui a valu son nom
à la gorge et à l'oued qui y coule. C'est en ce point que se
fait brusquement le passage vers le Sahara, et les indigènes
l'appellentquelquefois Foum-es-sa lira, la bouchedu Sahara.
Au N. de la gorge, le pays est âpre, montueux, parsemé
d'arbres et d'arbustes des pays septentrionaux ; le climat
est froid et les vents violents, et il n'y a en fait d'habita-
tions que quelques maisons européennes dont une aille I
et l'ancienne douane ; mais, quand on a franchi le detil -,
on aperçoit devant soi une vaste plaine aux tons fauves,
entourée de montagnes nues et ou se promènent des tribus
nomades ; près de l'issue même du défilé, trois villages
arabes aux maisons bâties en briques séchées au soleil, ou
toi/es, avec 60,000 palmiers-dattiers qui élèvent leurs
cimes élégantes au-dessus des pierres du torrent ou dans
le voisinage immédiat. Ce point a été occupé par les
Romains, comme le prouvent des ruines assez importantes,
et a aujourd'hui près de 5.000 hab. E. Gàf.
EL-KANTOUR. Village d'Algérie, dép. de Constantine.
arc. de Philippeville, stat. du cli. de fer de Philippeville à
Constantine. au plus haut point que cette voie atteigne
(206 m.), et près d'un grand tunnel qui pêne un mont de
896 m. de hauteur, il n'y a, outre la gare et l'école, que
quelques maisons éparses dans les champs. Avec ses an-
nexes : l'.ol-des-iïliriers. Armée-Frtmçêtist et Sainte-
W'ilhehiuae, Kl-hantour forme une corn, de plein exer-
cice de 3*308 hab.. dont 860 EmwUOOB. E. C\t.
EL-KEF. >b»t qui. en arabe, signifie le rocher et se
trouve fréquemment dans la toponymie africaine. Il désigne
spécialement une importante ville de Tunisie, dans la vallée
de l'oued Mellègue, affluent de la Medjerda : 4.000 hab.
environ. Bade dans une région montagneuse, à une ait.
moyenne de S00 m., elle est un point stratégique impor-
tant, au nœud des nulles entre le bassin de la Medjerda
et le S. de la Tunisie. Occupée dès la plus haute antiquité
par les Phéniciens, elle avait un grand temple consacré à
Vénus, d'où son nom de Sitxa leneriaii l'époque romaine,
corrompu par les indigènes en celui de Chikka-ltrnaria,
que l'on emploie encore quelquefois pour désigner la ville.
Elle ni entourée d'une vaste enceinte et possède une
— 817 -
EL-KEF — ELLÉBORE
kfJÉa : ktt ION -"ut étroites et tOfOWOse». Vin environs,
belles forets et sources abondantes. Au début de l'occupa-
tion française, on établit MM très ferle garnison au ket ;
aujourd'hui c'est le siège d'un contrôle >imI. el le nombre
iT.iK commerçants, fonctionnaires, propriétaires
ilo vignobles, s'. ipidement. E. < u.
ELKElD (AstroB.). Nom de l'étoile de seconde grau*-
.l.Mir r, KrtMe Ourse, située I l'extrémité de la queu. . on
la dernière des sent principales.
ELKÉSAÏTES. Nom porté perdes jjnostiqnesjndeo-chré-
tii'iis dont l'origine est controversée. Les renseignements
nues nomment comme fondateur de cette seete un
certain Klkèsaî ( 'HXçaf, 'HX^wd et 'EXasoorf). (.'nom
fourrait bien être l'ethnique d Elkèsi, un bourg au delà du
onrdain : cela parait plus probable que d'y chercher une
ètymologie s)-mbolique comme Khélkesay « force cachée »
« dieu caché », el de Faire de ce nom, par
hypothèse, le titre du livre des Bikésaïtes. Elkésaî doit
avoir reçu sons Trajan, aux premières années du n" siècle :
il prétendait avoir reçu dn oel un livre annonçant surtout
un nouveau pardon des péchés. Geque l'on sait de plus clair
sur son compta provient du récit des Philosophoumena.
i 1-17; X^Î9 (V. HippotTO [Saint]), suivant lequel
un missionnaire Akèsaïte, appelé Alcibiade d'Apamee. vint
a Rome entre 220 et 830. Il recommandait lobsemtion
du sabbat et la circoncision : il rejetait les écrits de l'apôtre
l'aul et les parties de l'Ancien Testament qui commandent
ifices sanglants : il prêchait la foi en un Dieu suprême,
au Fils de Ken, le « grand roi », et au Saint-Esprit,
ce dernier représenté comme une femme, conformément au
genre grammatical de ronkh, « esprit ». dans les langues
hébraïque et syriaque. Le Christ, qu'il faut sans doute
identifier avec le I ils de Dieu, s'est incorporé depuis Adam
un grand nombre de fois. Les rites consistaient en ablu-
tions fréquentes, < lées de prières liturgiques dans
lesquelles les « sept témoins », à savoir le riel, l'eau, les
esprits saints, les anges de la prière, l'huile, le sel et la
terre, tiennent une grande [dan-. A cela se joignaient des
igiques, de l'astrologie et de la g bande, En
somme, l'elkèsaïsme pourrait bien avoir été un essai de gat
vaniser l'ébionismefV.EBfoxiTEs) par l'addition d'éléments
orientaux; il parait avoir été assez répandu dans la contrée
à II. du Jourdain et de la mer Morte. F. -II. K.
Biiii.. : E. Rbkan, les J ris, 1877,pp. 454 etsuiv.
— A. Hilgi SFB1.D, KetiergesctiiclUedes Urchriatenthums ;
I. |i(j. 433 et mii\ . — A. Haknai k, l.ehrbiichdcr
■igeschichtc ; Fribourg-en-Brisg., L888, t. I, pp. 260
et suiv.
EL-KESSERA. Village de Tunisie» a l'O.-S. de Makter,
remarquable par sa situation au milieu d'une hamada,
ou ulato1 forme pierreuse, de 26 kil. canes, entourée de
ir des falaises abruptes ; le village est au bord
d'un eecarpement, près de torrents abondants lors de la
fonte d
ELKHART. Ville des Etats-Unis, Etat d'Indiana, près
de la [rentière du Hichigan, sur la rivière Saint-Joseph,
non loin de la ville de South Rend: 6,953 hab. Ateliers
pour construction de locomotives.
ELKO. Ville des Etats-1 ois, Etat de Nevada, stat. du
abats, de fer Central Pacific, siège de l'université de l'Etat
In millier d'habitant-.
EL-KROUBS ou LE KROUBS (mot qui semble une
corruption de Khouroub, les ruines). Ville d'Algérie, dép.
et arr. de ConsUntine. a l»> kil. au S. du chef-lieu, dans
L'ion bien • fertile en mûriers, céréales,
vignes, prairies et jardins potagers. Le village, créé en 1 859
■après de nnnes romaines assez curieuses, a pris rapide-
mât de l'importance ; se position au point de jonction des
voies ferrées de Constantine, \L r. Bons et Biskra lui
un av.-nir prospère; son marché de bestiaux, le
vendredi de chaque semaine, e*t le plus important de la
province. Le Krottbs tonne ave, goo annexe l.l-Aria une
com. de plein exercice de ti,'»x-J hab. dont 600 Euro-
péens. L. Cat.
EL-KSAR-EL-KEBIR (V. Ksar-ki.-Kebir).
EL-KSAR-SERIR (V. Ksui-Skrir).
EL-KSEUR ou BITCHE. Village d'Algérie, dép. de
Constantine. air. de Bougie, à 26 kil. an S. de Bougie;
stat. du chemin de 1er de cette ville à Beni-Mansour.
Créé en 1878, dans une région fertile près de l'oued
Sahel. ce centre fut d'abord appelé ollirielloment Hitrln\
mais la dénomination indigène Fl-kseur a prévalu. Les
terres du pays alentour ou village donnent du blé, do
l'orge, de l'avoine, des fèves, des pois chiches, du sorgho
et depuis quelques années du vin estimé; le village actuelle-
ment manque d'eau d'alimentation, mais la remise en état
d'un aqueduc romain lui en fournira prochainement.
El-Kseur, avec son annexe Ihnaten, a 1,038 hab. dont
138 Européens ; il est le chef-lieu d'une commune de plein
exercice 6t le siège d'une justice de paix. — A 1 kil. à l'L.,
en une localité appelée Tiklat, sont les importantes ruines
d'une ville romaine, Tubusuptu. E. Cat.
ELLAGIQUE (Acide) (V. Bézoardique [AcideJ).
ELLAÏRI A. Village du Soudan égyptien, à 70 kil. envi-
ron S.-E, de Lado. Fabrication de houes en fer, dont le
commerce est très actif dans ces régions.
ELLASAR e>l le nom d'une ville de la Mésopotamie, nom
qui ne se rencontre qu'une fois dans l'antiquité : le qua-
torzième chapitre de la Genèse mentionne cette cité comme
capitale du roi Arioch, l'un des quatre rois, qui sous la
conduite de Kcdorlàomer, roid'Elam, envahirent la Palestine
à l'époque d'Abraham. Arioch est nommé avec Amraphel,
roi de Sennaar, et Tidal ou Torgal, roi des Nations. La
situation d'Ellasarest incertaine. Quelques savants croyaient
devoir l'identifier avec la ville de Larsa, nommée aujour-
d'hui Senkereh et représentant le nom de Larissa de
Vnophon. 11 se peut que cette assimilation soit justifiée
par la raison même que la ville de Senkereh est dans la
Mésopotamie méridionale, tandis que Larissa, traversée par
les Dix Mille de Xènophon, doit sûrement être cherchée dans
les contrées plus rapprochées de Ninive. On a aussi iden-
tilie le nom de la Genèse avec Laranelia cité dans Bérose,
mais cette localité se trouve représentée par le nom de
Larak des textes cunéiformes. La vraie identification
semble être celle avec la ville de Alya-Assur, citée dais
les textes ninivites et sûrement située sur l'emplacement
des ruines actuelles de Kala-Schergat, sur le Tigre. Cette
cite, très importante depuis le xve au xue siècle av.
J.-G, fut le siège de la puissance assyrienne naissante; on
y a retrouvé des briques d'anciens princes assyriens, sur-
tout le grand prisme octogonal du roi Téglathphalasar l,r, et
daté vers 1120 avant l'ère chrétienne. Cette assimilation
de Ali/a-A.ïSiir à Ellassar est d'autant plus probable que
le roi Arioch semble représenter, dans la confédération
mentionnée par la Genèse, le nord de la Mésopotamie, tandis
que la Chaînée y tiguredans la personne du roi de Sennaar,
\mraphel. Dans ce cas, le nom de Larissa pourrait bien
n'être qu'une forme grécisée de celui d'Ellasar, et produit
par l'assonance avec l'antique ville thessalieune qui, encore
aujourd'hui, porte ce nom. J. U.
ELLE. Rivière de France (V. Dordogne).
ELLE. Rivière de France (V. Finistère et Morbihan).
ELLE (Louis-Ferdinand), dit Ferdinand, peintre fran-
çais, né à Paris en 1648» mort à Rennes le 5 sept. 1717.
Fils de Louis-Ferdinand Elle, peintre et graveur, petit-fils
de Ferdinand Elle, portraitiste de talent, il entra à l'Aca-
démie de peinture en 1681 . Ses deux tableaux de réception
firent un portrait de Samuel Bernard, miniaturiste, père
du célèbre banquier, et un portrait de lieç/nau/tin, adjoint
au recteur de I Université. Un trouve le premier au musée
du Louvre, le second a l'Fcole des beaux-arts. Protestant,
il fut exclu de l'Académie l'année même de sa réception;
il y rentra après avoir abjuré, en KJXli. Louis-Ferdinand
Elle se distingua par la sévérité du dessin et par une
remarquable vigueur de touche.
ELLÉBORE (Bot.) (V. Hellébore).
ELLÉBORINE — ELLENRll.HI.ll
— 84* -
ELLÉBORINE (Chim.). Substance azotée qui a été re-
tirée parBastick de la racine de l'Ellébore noir [HeUeborut
niger, Renonculacées). Elle est en cristaux incolores, d'une
saveur acre el amére, aoluble dans l'eau et dans l'alcool,
très Boluble dans l'éther. Elle n'a aucune action aur les
réactifs colorés. Sa solution aqueuse n'est précipitée ni par
le sublimé et l'acétate de plomb, ni par l'iodure de potassium;
chauffée avec de la potasse, elle dégage de l'ammoniaque.
ELLECOURT. Corn, du dép. de la Seine-Inférieure,
arr. de Neufchâtel-en-Bray, cant. d'Aumale; 227 hab.
ELLENBOROUGH (Edward L*.w, baron), jurisconsulte
anglais, né à Greal Salkeld (Cumberland) le 16 nov. 1750,
mort le 13 dcr. 1818. Après de fortes études à Cam-
bridge, il fut inscrit comme avocat (1780) au barreau de
Londres, où il réussit d'une manière remarquable. Il con-
duisit en 1787 la défense de Warren Hastings devant la
Chambre des lords. Du parti de Pilt, il fut nommé attorney
général, lors de la formation du ministère Addington en
1801, et, en 1802, il succéda à lord Kenyon comme chief
justice du Banc du roi, sous le nom de lord Ellenborough
(Cumberland), pays natal de sa mère. Il était dur pour les
accusés et les avocats, plus partial qu'il n'aurait convenu dans
les procès politiques, mais sa science juridique, notamment
en droit commercial, a longtemps assuré beaucoup d'auto-
rité à ses décisions.
ELLENBOROUGH (Edward Law, comte d'), fils aîné
du précédent, né en 1790, mort le 22 déc. 1871. Ami du
duc de Wellington, il fut fait de bonne heure lord privy
scal, puis président du Boardof Trade (1828). Sir Robert
Peel le fit gouverneur général de l'Inde ; il occupa cette
charge du 28 févr. 1842 au 15 juin 1844, date à laquelle
il fut rappelé. Sa correspondance avec la reine et avec le
duc de Wellington, pendant le temps de son administra-
tion dans l'Inde, a été publiée (llistory of tlie Indian
administration; Londres, 1874, in — 8) et permet de
se faire une opinion raisonnée sur ladite administration,
qui fut vivement critiquée. Il dirigea médiocrement la
campagne contre l'Afghanistan, après l'échec du général
England. Il se laissa entraîner à une guerre de conquête
contre les émirs indépendants de l'Indus et contre les
Mahrattes (bataille de Mabaradjapore). Il quitta l'Inde
l'idole de l'armée, et, depuis son retour en Angleterre
jusqu'à la fin de sa vie, il joua un très grand rôle, comme
orateur, dans la Chambre des lords. Il prononça de grands
discours sur la question de l'Inde et esquissa, en 1852, le
plan d'une réorganisation du gouvernement de l'empire
colonial asiatique de l'Angleterre qui devait être réalisée
par lord Stanley en 1858. Ch.-V. L.
ELLENHARD (Elnhardus maqnus). Procureur de
l'œuvre de Notre-Dame de Strasbourg (procurator fa-
bricœ), mort le 13 mai 1304, fréquemment mentionné
dans les documents relatifs à la construction de la cathé-
drale, mais surtout connu par un recueil de sources his-
toriques portant son nom et renfermant de précieux docu-
ments sur la fin du xme siècle et notamment sur l'histoire
de Rodolphe de Habsbourg. Ce manuscrit, en latin, de la
main de différents écrivains, fut rédigé dans les années
1290 à 1299 et renferme cinq pièces : 1° une série chro-
nologique de notices historiques, très brèves, sur les évé-
nements survenus à Strasbourg, en Alsace et en Allemagne
de 1132 à 1297; ces notices, intitulées par Jaffé Etlen-
hardi Annales, sont en grande partie tirées d'annales plus
anciennes; seule, la dernière partie comprenant la période
de 1292 à 1297 parait être l'œuvre d'EUenhard; 2° une
relation, connue sous le nom de Bellum WaUherianum,
sur la lutte de Pévèque Walther de Geroldseck avec la ville
de Strasbourg (1260-1262) et sur la bataille de llaus-
bergen du 8 mars 1262, dont la conséquence fut l'affran-
chissement de Strasbourg de la domination épiscopale et
l'affermissement de ses libelles municipales; ce récit que
Grandidier, Boehmer et Strobel, sans raison plausible,
attribuent à Godefroi d'Ensmingen, est l'œuvre d'un auteur
anonyme et fut écrit d'après le témoignage d'Ellenbard
qui, à la tête d'une partie de la milice Strathoiirgeoiee, a\ait
pria part à la bataille de Hausbergeo; 3* n récit dés nu-
racles, attribués .i l'image de la Vierge, qui se sont passés
dans U cathédrale de Strasbourg eu 1280; cette notice,
faite & la prière d'EUenhard, fut rédigée par Godefroi
d'Ensmingen, notaire de la curie de Strasbourg; 4° le ca-
talogue des evéques de Strasbourg, dressé d'après le
catalogue en vers d'Ercbambaod et les IntuUet ArgenH-
nentei el contenant quelques notices d'un intérêt histo-
rique surtout ;| propos des derniers evéques; 5° la Chro-
nique d'Ellennara proprement dite qui se compose de
trois parties : la première, d'un auteur inconnu, donne la
nomenclature des empereurs romains depuis Auguste, puis
celle des rois francs et des rois et empereurs allemands
jusqu'à Frédéric II et se termine par une histoire abrégée de
l'empire, de l'Alsace et de l'évèché de Strasbourg depuis
Frédéric II jusqu'en 1256; la seconde, la plu- importante,
due à la plume de Godefroi d'Ensmingen, partisan des
Habsbourg, est un des documents les plus curieux sur la
fin du xiii" siècle et s'étend de 12.'>l> à 1290; la troisième
partie, écrite par un auteur anonyme, inspiré par Ellenhard,
raconte les Cestes d'Albert, fils de Rodolphe, et continue
la chronique jusqu'en 1299.
Le seul manuscrit qui nous soit resté de cette importante
collection de sources historiques est un manuscrit en par-
chemin et parait avoir appartenu à Ellenhard. On l'appelle
le codex d'EUenhard, bien que celui-ci n'en soit pas l'au-
teur; mais c'est lui qui a recruté les écrivains, leur a
indiqué les faits à recueillir et les a secondés de ses sou-
venirs. Ce manuscrit, après avoir successivement servi de
source à Closener, qui en traduisit une partie en allemand,
à Kti'iiigshoven et à plusieurs autres historiographes alsa-
tiques, se perdit, tomba complètement dans l'oubli et ne
fut retrouvé que quelques siècles plus tard dans la biblio-
thèque des comtes de Kolowrat à Rrzcsie, en Lithuanie,
par Martin Pelzel, qui en publia les principales parties sous
le titre de Magni E Inhardi Chronicon (Prague, 1777 1.
lioehmer en donna une nouvelle édition, d'après Pelzel,
dans ses Fautes reram Germa nicarum (III, pp. 111-
147). Quelques années plus tard, Grandidier retrouva le
manuscrit au monastère de Saint-Biaise, dans la Eorèt-
Noire, et en prit une copie que M. Liblin édita en 1868
sous le titre de Chronique de Godefroi d'Ensmingen
(1132-1372) ; Grandidier s'était servi non seulement
de la chronique d'Ellenbard, mais encore des autres
récits contenus dans le recueil et avait rangé tous les
faits dans l'ordre chronologique1, de manière à former une
suite continue de 1 132 à 1272. Quand, eu 180(3, les béné-
dictins durent quitter Saint-Biaise, ils emportèrent le ma-
nuscrit au couvent de Saint-Paul, en Carinthie, où Jaffé l'a
de nouveau collationné pour le publier dans les Monumenta
Germaniœ S. S. (vol. XVII, pp. 105-141). L. Will.
Bihl. : A.-W. Strohel, Godofredi ah Ensmingen Re-
lalio de con/Uclu in Hushergen ; Strasbourg, 1841 d'après
un manuscrit delà bibliothèque municipale de Strasbourg,
brûlé en 1870). — Mone, Zcitschr. fur Gesch. des Ober-
rheins, V-VII. — Jai-i è, Pra'fatio, dans Mon. Germ. S. S.,
XVII, pp. 91-101. — Cotte /iis(. et diplomatique de la ville
de Slrashourg; Strasbourg, 1M3, I. pp. 1-6; II, pp. 39-60;
221-238. — Ed. Tempeltby, De Godofredo ab Ensmingen;
Leipzig, 1861. — Hegel, Die Chronihen der oberrheini-
schen Stâ.lie : Slrassburg; Leipzig, 1870, 1, préface, pp. 53-
57. — A. Benoit, Reclierclies sur le lieu de naissance du
chroniqueur Godefroi d'Ensmingen, dans fier. d'Ats .. 1874.
— W. WiEGAND,Be//um Wa.llheria.num; Strasbourg, 1878.
— Ppistbb, Annales de l'Est, lsss, il, pp. 1**0-191.
ELLENRIEDER (Maria), artiste peintre allemande, née
à Constance le 20 mars I7!U, morte à Constance le 5 juin
1863. Elle commença à étudier la peinture à Constance et
la continua a Munich, où elle étudia surtout les vieux
maîtres allemands. Elle y réussit remarquablement en pei-
gnant une Sainte en prière, tableau qui commença sa
renommée. A Home, où elle vint en 1820, elle acquit une
grande correction de dessin en étudiant les chefs-d'œuvre
classiques, fixée à Karlsruhe,elle peignit un Saint Etienne
pour une église de cette ville. Parmi ses tableaux, il faut
- 849 -
ELLENIUEHER - ELU
citer : l'Eu fuit surpris par un orage el priant âge- l
mnùlté, Joseph et l'Enfant Jésus, Mirie el l'Enfant
s, Saint* Craie, la Foi, l'Amour et la Charité. En
peinture, elle sut rester indépendante; elle fat religieuse jus-
qu'au mysticisme : pleine de noblesse el il«' candeur, d'une
naïveté enfantine, elle cuvll.ui à rendre le charme délicat
de l'enfance et de la femme,! tel peint que l'ondisail qu'elle
travaillait avec les anges. D'une très grande beauté, Barie
EUenrieder devint eomplélemenl sourde à la tin de sa ne.
ELLER (LaéNrig), violoniste, né à Gneta (Styrie) en
1849, mort a l'an en juil. 1864. Dés l'âge de neuf ans. il
preuve d'un vrai talent d'exécution ; il étudia <mi-
smte le chant pendant plusieurs années, et inaugura sa
carrière de virtuose sur le violon dans un concert donné à
Vienne, en 18:1k 11 voyagea beaucoup, visita Paris en
. fui très apprécié, alla en Italie, puis séjourna à
Toulouse, et enfin se fixa a Pau. dont le climat convenait
a a mauvaise santé. Il n'en donna pas moins des concerts
,i M.i.li id et a Lisbonne, avec Gottschalk, et à Paris en 1 850,
,!.,,„ |. i i de quatuor ou figuraient Franchomme,
Sema; it Seghers. Ses tournées ramenèrent encore à
i -î Allemagne et a Paris (1855), ou son succès
fut très grand. De retour a Pau. il y fonda des concerts
h mes très remarquables et continua d'y l'aire applau-
dir les rares qualités de son jeu. Il a composé un assez.
.1 nombre de morceaux pour son instrument, entre
autres une Corrcnte, une Valse diabolique, une likap-
■ hongroise, un Menuet sentimental, des Ca-
price . A. Ehnst.
ELLERO (Pietro), publiciste italien, né à Pordenone le
ancien professeur de droit à l'université de
Boiopo, ancien députe, il est aujourd'hui conseiller à la
assation a Home. Il avait tonde, à Padoue, étant
re tout jeune, un journal singulier qui avait pour titre :
l'aboluione delta pena <li morte; plus
ose lut sa création de VArchimo giuridico, recueil qui
■ ntinue depu - |S"S. On lui doit les ouvrages suivants :
Delta Pena capitale (1858) : Opuscoli criminali (181 i);
- >ti maton ( 1875) ; Scritti polit ici ( 1876) ; la Tiran-
nideborgh ¥lt ; la Riforma civile (ASÎ9), etc.
: GiuKeppe Bri.ni, Le Opère sociaii di Pielro
Bologne, 1887.
ELLERTON (John-Lodge), compositeur anglais, né dans
le comté de Chesterle II janv. l*i>7. d'une famille d'ori-
iriandaise, mort a Londres le 3 janv. 1873. 11 com-
mence de coa ; ans, mais son père étant opposé
,non iiuisiule.il dut apprendre -oui son art. De-
venu mettre è« i Oxford, il put se rendre a Home,
il travailla le contrepoint avec un maître. On lui doit
ai suivants : Issifile, Bérénice in Armenia,
ubalein Capua, Andromacca, Il Sacrifuiio d'Epito,
Il CarnaoaU di Venezia, Carlo Rosa, Luanda, Il Ma-
rito h vista, Domenica, The Bridai ofGreermain ; un
oratorio. Paradise lost; des symphonies, ouvertures, mo-
-. antiennes, sonates, trios, <iuint«ites, soixante et un
aleet a quatre, cinq >-t six v. >i\ , quatre-vingt-trois duos
,i voix diverses, et quarante-quatre quatuors pour
coi'! A. Ernst.
ELLESMERE (Francis Levbsoh-Goweb, premier comte
d'). homme politique et littérateur anglais, né a Londres
le Ier janv. 1800, mort a Londres le I* févr. I *•'>"< . Second
lis d>- Georges Leveson-Gower-GranviUe, premier duc de
ÎWlIiei llllll A -a majorité, il entra au Parlement comme
députe de Ettetehingly (Surrey). Il représenta ensuite le
iierlandslnre et le Ijncashire. Après la morl de son
l»re (4833), il hérita du majorât de son grand-oncle Francis
rton (V. ce nom), dernier duc de Bridgewater, dont
il prit aloi-, le nom. Le 29 juin 1 x 4< >, il foi élevé a la
pairie auv les litres de vicomte Brackley et de comte
d'LlIesni'Tf. titres déjà possédés par la famille Egerton.
■■e homme politique, il se montra conservateur libéral
et appartint a l'école de Canning. Il occupa plusieurs postes
importants : en 18-27, il fut secrétaire d'Etat aux finances;
GIUXD1! CTCVCLOPtolE. — XV.
de 1828 a 1830, secrétaire d'Etat de l'Irlande, et, en 18,'!<),
Secrétaire à la guerre. — Il publia une traduction en vers
du Faust, de Goethe (INv2.'l), avec des extraits des lyriques
allemands; une traduction iVllcruani (1831); une adapta-
tion de Henri II! d'Alexandre Humas, sous le titre de
Anne de ('.lèves 1 1832); la pièce fut jouée avec grand suc-
cès à Covent Garden et interprétée par le laineux acteur
Charles Kenihle et sa tille l'anny. (les traductions furent
suivies d'un livre de Poèmes (1830) et de récits de voyage,
Mediterranean Sketches (1843). Ce séjour au bord de la
Méditerranée inspira au poète le The Ptlgrimage (1856),
dont le style et même le sujet rappellent l'Italie de Rogers.
Les vers en sont gracieux et faciles. Citons encore son
Guide to Sort hem Archaeology (1848). Lord Ellcsmerc
collabora assez activement à la Quarlerli/ Revient). Ses ar-
ticles furent réunis après sa mort. — Lord Ellesmere, qui
se montra pour les artistes un Mécène généreux et intel-
ligent, est également très connu par la belle collection de
tableaux dont il avait hérité et qu'il accrut considérable-
ment. Cette galerie est installée à Bridgewater House,
qu'il tit construire par Barry. Entre autres chefs-d'œuvre,
elle renferme les Sept Sacrements de Nicolas Poussin.
Casimir Stryiknski.
Bini.. : Gentleman's Magazine, mars 1857. Times, 1!1 févr.
et 27 févr. 1857. — J. Evans, Lancashire Authors, 1850. —
Saint-Vincent Beecliy's sermons on Ihe Death of Vie Earl
of llllesmere, 1857. — Sur la galerie de Bridgewater House,
V. A. TONNELB.
ELLEVIOU (Pierre-Jean-Baptiste-François), chanteur
scéniqiie français, né à Rennes le "2 nov. 17o'9, mort à
Paris le 5 mai I8iv2. Fils du chirurgien en chef de l'hô-
pital militaire de Bennes, il débuta à la Comédie-Italienne,
le 1!) avr. 17110, dans le Déserteur, fut engagé comme pen-
sionnaire et devint sociétaire au bout de deux années. Ses
premiers temps restèrent pourtant quelque peu obscurs ; mais
bientôt il se distingua, et sa jolie voix, conduite avec le goût
le plus parfait, son jeu scénique plein de grâce et d'élégance,
la distinction de sa personne et ses avantages physiques
devaient faire de lui le type de ténor le plus pariait qu'on
eut jamais vu dans le genre de l'opéra-comique. Sa vogue
fut immense durant une vingtaine d'années. Les créations
d'EUeviou furent donc nombreuses, et leur chilfre s'élève
à beaucoup plus de soixante. Nous ne saurions les rappeler
toutes; mais nous citerons pourtant quelques-uns des plus
importants parmi les ouvrages dans lesquels Elleviou rem-
plissait l'un des principaux rôles : Gtilnarc ou l'Esclave
persane, Adolphe et Clara, Maison à vendre, l'icaros et
Diego, Camille ou le Souterrain, de Dalayrac; le Pri-
sonnier, l'Opéra-Comii/ue, l'Oncle valet, la Fausse
Duègne, de Délia Maria; le Calife de Bagdad, Beniowski,
'/.oral ne et Zalnar.Jean de Paris, de Boïeldieu; Une po-
lie, l'Irato, Mon, Gabrielle d' Estrées, Joseph, de Méhul;
les Maris garçons, le Concert interrompu, le Charme
île la voix, de Berton; les Confidences, Un Jour à Paris,
le Médecin lurc, Michel-Ange, de Nicolo; l'Auberge de
Bagnères, les Aubergistes île qualité, de Catel, etc., etc.
Malgré les triomphes qu'il ne cessait de remporter, malgré
l'adoration que lui témoignait le public, c'est dans la force
de Pige et dans tout l'éclat de son merveilleux talent
qu' Elleviou prit la résolution de se retirer. Le 1 0 mars 1 8 1 3,
il donnait sa représentation de retraite, et il allait aussitôt
habiter un superbe domaine qu'il avait acquis dans la coin, de
Ternànd, dép. du Rhône. Là il se livra à l'agriculture et
devint par la suite presque un homme politique, maire de sa
commune, membre du conseil général du Rhône. Au cours
d'un voyage à Paris, il fut frappé d'apoplexie et mourut subi-
tement dans les bureaux du Charivari. Arthur Poucin.
ELLEZELLES. Coin, de Belgique, prov. do llainaut,arr.
d'Àth; 5,500 hab. Stat. du en. de 1er d'Alost à Renaix.
Centre d'un commerce agricole très important.
ELLI (Myth. scand.). Nourrice du géant Skrymis(Utgard-
loki) qui soutint sans désavantage la lutte contre Tbor et
lui lit plier le» genoux. Elle personnifie la vieillesse qui
courbe les plus puissants.
I I.IIWT - ELLIOT
— 8S0 —
ELLIANT. (iom. du dép. du Finistère, arr. deQnimper,
cant. de Rosporden, sur le Jet ; 3,815 hab. Camp retran-
ché; lieux (ombelles.
ELLICE (Iles). Archipel de la Polynésie, bu N. des Usa
I idji : l'île centrale, qui donne sou Muni au groupe, est
située par 8«3U' lut. S. et 170° 53' long. E. Ces lies sont
coralliaires avec la structure des atolls. L'ensemble n'a
pas plus de 37 kil. a., habités par 2,300 indigènes chré-
tiens. Les neuf principales sont : Nantîmes ou Saint-
Augustin, (ludson on Nanomaga, Lynx ou Speiden, Nui
Eg nu Niederiand, Vaitonpoa ou Tracvi Nonkdufetaoo ou
ho Peyster, Founafofitiou Elhce, NoUKOUlaJflal ou Mitchell,
Sophia ou Indépendance. Ellesont été découvertes par l'Amé-
rioain Peyster et ixio, etplorées par VVilkes en 18i0 et
sont exploitées par une compagnie allemande.
Hun.. : Win i mi:b. A MisamnarU Cruise in South Pacific;
Sydney, 1870 (trad. dans Ann. Hydrogr., 1^7 ] j.
ELLICE (Edward), homme politique anglais, né en 1781,
mort à Ardochy le 17 sept. 1863. Fils d'un grand banquier,
il entra, après de fortes études classiques, dans la maison
de son père à Londres, voyagea pour affaires au Canada et
aux Etats-Unis, prit une part prépondérante à la fusion
des compagnies du ÏS'.-O., de VHudson's Boy et de l'A'. Y.
En 1818, il fut élu membre de la Chambre des communes
par Cotentry, et réélu en 18-20, en 1880 et en 1831.
Membre du parti radical, il fut nomme en nov. 1830 secré-
taire de la trésorerie, démissionna en 1832 et devint la
même année secrétaire d'Etat à la guerre, poste qu'il
occupa jusqu'en déc. 1834. Jouissant d'une influence poli-
tique considérable, il demeura, sans vouloir accepter de
nouvelles fonctions, le conseiller écouté des cabinets libé-
raux et contribua à la formation de plusieurs ministères,
notamment celui de lord Melbourne. Très lié avec les prin-
cipaux hommes politiques français, Thiers, Guizot, Méri-
mée entre autres, il séjourna souvent à Paris où il fréquen-
tait le salon de Mme de Lieven. « 11 était, écrit Mérimée,
l'un des plus parfaits modèles du gentleman de la vieille
roche. » Brougham, on ne sait pourquoi, l'avait surnommé
ÏUurs, et il était universellement connu sous ce sobriquet.
ELLICE (Edward), homme politique anglais, né à Louches
le 1!) août 4810, mort près de Portland I le 2 août 4880,
fils du précédent. Il fit ses études à Eton et à Cambridge,
entra dans la diplomatie et accompagna lord Durham, en
qualité de secrétaire particulier, en Russie (1832) et au
Canada (1838). Après un échec à Inverness aux élections
de 4834, où il se présentait comme tory, il fut élu à la
Chambre des communes par Hudderslîeld en 1830, puis par
Saint-Andrews qu'il représenta pendant quarante-deux ans.
II fut au Parlement un défenseur convaincu du libre-échange.
lui 480!l, il refusa la pairie que lui offrait M. Gladstone.
Il joua en politique un rôle beaucoup plus effacé que son
père. Il a écrit The State of the Highlands in 1S64
(Londres, 18;,,')). H. S.
ELLICOTT (John), savant anglais, né vers 1700, mort
à Londres en 4772. Il était membre de la Société royale
de Londres et horloger du roi. Ses montres ont longtemps
été très recherchées en Angleterre. Il a invente un pyro-
mètre (1736)) un pendule compensateur (1752), a per-
fectionné plusieurs autres instruments de précision et a fait
divers calculs et observations astronomiques relatifs aux
inégalités du mouvement de la lune et an passage de
Vénus de 1701. lia publié dans les Philosophical Trans-
actions de la Société royale quelques mémoires intéres-
sants : On the Influence of tien Peiblidiun Clocha
upon eaeh otker (1 739); Spécifie Gracitij ofDiamonds
(1745) ; Essays towatas éiscovering the laws of elee-
tricy (4747-48) ; lleiijlits of the atOêttt of rockets
(1750), etc. L. S.
ELLICOTT (Andrew), ingénieur et astronome améri-
cain, né à l'.ucks (Pennsvlvanie) le 24 janv. 1751, mort à
West-Poinl (Eut de New-York) le 28 août 18J0. Il était
fils du fondateur de la ville d'Ellicotl City, dans le Mary -
land. Il reçut en 1702 le titre d'arpenteur général des
l.ials-l ni-, ht se. rélaired Liât de 4801 à 180* et. a par-
tir île 1*12, professeur de mathématique, a l'anasMsaia
militaire de W est-Point. Il a parle ipe à de BoahTCMM
délimitations de frontières, a levé b-s plans da quelques
régions encore mal connues de l'Amérique du Nord . a donne
ceux de plusieurs villes et i Bteauré le Niagara, ses chutas
ei s,., rapides. Il a'eal en outre livré à d'hitéreaaantea
ob ervations astronomiques. Ces divers travaux sont ri
tés dans une dizaine d'ouvrages et de mémoires : Jour/ml
for determinina the boundariet »/ the United States
(Philadelphie, iNii:;. in-'«. avec cartes); Observations on
a phenomen on termed loomimjiAnws Isa Transactions
of the American Philosophicol Society, \~'JY>); On the
Aberration of the stars, etc. (to., 1799); AetronosMfioÀ
Observations [ib., 1799); Astronomicat andthermosms-
trieal Observations iit>.. 1809), etc. L >.
ELLICOTT (Cliarles-Jolin). prélat anglais COntemsasaBS,
né a Wliitwell, près da Stauifoid. le 25 avr. 1810.
Après de 1res forte- études, il entra dans les orarSi
devint en 1863 évéqne de Gloucester et Bristol. Il a pubhè
un grand nombre d'ouvrages parmi lesquels nous citerons :
The History and obligation of the Sabbat h (1842);
Treatise onanalytical status 1 1854); Crtthalundqrum-
matical Commentaries on theepistles to the Galatians
(1854) et autres: Adresses on modem teepticism (l^TT) :
Adresses on the beingof God ils70); Présent Dangers
to the Church of England ( 1881) ; Are we to modify
fondamental doctrines '? (1885), etc.. ettt
ELLINGEN. \illage de Bavière, prov. de Franconie
moyenne, sur le Uezat souabe ; 1,500 hab. Château des
princes Wrede, à qui cet ancien fief de l'ordre teutonique
fut donné en 1816.
ELLIOT (Adam), voyageur anglais, mort en 1700. Au
cours d'un voyage, il fut fait prisonnier par les Hsnn -
juin 4070 et vendu comme esclave. Il réussit à revenir en
Angleterre et se fit ordonner prêtre en 1672. Il a laissé une
curieuse relation de ses aventures qui est fort sujette a
caution. Narrative oj my travels, captivity ami tscape
front Salle in the Kingdom of 1 1682). fi agagea une
polémique extrêmement vive et une série de preeaa avec
Titus Oates qui l'accusait d'être un jésuite et un ivm-gat
mahométan. Cette polémique a donné lieu aux pamphlets
suivants : Apolinjia pro cita meà. d'Llliot (1682); .1
Modest Vindicdtion of Titus liâtes the Salanutnca
iloctor front Perjury (1682) et .1 Vindication of Dr.
Titus Oates from two scurrilous Libels, de Bartholomew
Lane (1683). 11. S.
ELLIOT (Sir Gilbert), né en 4051, mort le I" nui
4718. Il prit une part active à toutes les intrigues contre
Jacques 1er, sauva le comte d'Argyll en le tirant de sa pri-
son, voyagea en Hollande, en Allemagne, pour recueillir
des l'omis dans le but de préparer un soulèvement en
Ecosse et fut condamne a mort le lll juil. 1685. Il avait
pu quitter à temps l'Angleterre. En 1687, il obtint
se fit recevoir avocat en l'>*s et en 1692 fut nommé
commis au conseil privé. En 1700. il fut cycq baronet
avee le titre de lord Minto, et nommé juge de session. Il
entra en 1705 à la cour de justice. Depuis 1073 il repré-
sentait à la Chambre des communes le comté de Koxburgh.
— Son til>. Gilbert, ne en 4(i0o ou 100», mort a Minto
le 10 avr. 1700. avocat en 1715. représenta le comté de
Koxburgh au Parlement de 1722 à 1720. entra à celle
date à la cour du Banc du roi. devint lord justice en 1 1
et justice clerk en 1703. 11 acquit une grande réputation
comme magistrat et jouit d'une très grande influence.
C'était un lettre et un excellent musicien. R. S.
ELLIOT, comtes de .Minto (V. ce nom).
ELLIOT (George-AUgUStttS), baron llr vtufifld (1717-
1790) (V. Ki.iott).
ELLIOT (Sir Gilbert), homme politique et poèo
sais, ne en 1722, mort en 1777. H se destina d'abord au
barreau, nuis il entra bientôt dans la vie publique et re-
présenta tour à tour le comte de Selkirk. puis relui de
_ S5I —
ELLIOT
Rwbare .» la Chambre des communes, ou il se distingua
comme atttacr, et^iéfendil en plnsiaon occasions graves
la politique de G « III. Il remplit, an outre, de Sautes
fonctions, comme refles de lord de l'amirauté, de garde du
signet an Ecosse, de trésorier de la marine. A la mort de sou
père (4T66), il devint baronet de linto. Ami particulier
de ftebartaon et de Hume, il jouissait d'une réputation île
pcèSI qui ne s'appuie guère aujourd'hui que >ur quelques
éparses dans les recueils dit
temps. Soi Journal manuscrit a servi a (foncé Walpole
pour les Memoirs of George III. l'.-ll. (1.
ELLIOT (William), grareur anglais, né à Hamptofl Court
en 1727. mort a Londres en 17(>i>. Il a fait d'excellentes
gnrnres d'après Cuyp, Smith of Chichester, Van Goyen,
HuIkmis. etc.
ELLIOT (Jane OU Jean), femme poète écossaise, née en
morte en 1805. On ne connaît d'elle qu'une ballade
sur la bataille de Flodden, qui parut anonymement en I 75t>,
et qui est un chef-d'œuvre. Elle était Ville de sir Gilbert
llliot, second baronet de Mioto, et sœur du troisième
t de ce nom (V. ci -dessus).
ELLIOT (Hugh), diplomate anglais, né le 6 a\r. 1752,
mort le 10 a» .48 10. Il lit ses études à Paris, oii il se lia
m, et les termina a Oxford. Il fréquenta ensuite
militaire de Met/, servit comme volontaire dans
-•' lors de la guerre de 177-2 contre les turcs et
entra enfin dans la diplomatie. Ministre plénipotentiaire a
Munich en 177:!. envoyé extraordinaire et plénipotentiaire
à Berlin en 1777. il occupa en 1 7S2 les mêmes fonctions
aha^ue. ou il se distingua en obtenant, malgré d'in-
finies difficultés, le maintien des bonnes relations entre le
Danemark et l'Angleterre. En 1791, il fut chargé d'une
secrète à Paris, fut ensuite envoyé a Dresde
comme plénipotentiaire et de là à Naples (1803). Il subit
■ int l'influence de la reine de Naples qu'il ordonna à
sir Henry ('rai;:, contrairement aux instructions de son gou-
vernement, de demeurer eu Italie avec son armée pour
défendre le royaume de Naples. Craig refusa, et, après cet
éclatant scandale, Elliot tut rappelé et dut quitter la diplo-
matie. 11 fut nomme en IXOii gouverneur des Iles Leeward
nt. en 1844, gouverneur de Madras, ou il demeura jusqu'en
1820. Il rentra ensuite dans la vie privée. IL S.
Btni Mi m i, Memoir of tlie R. H. Hxtgh
Elliot; Londres, 1- 8.
ELLIOT (Bbenezer), poète anglais, né il M isborough,
■rèa de Retherdam (Yorkshire) le 17 mars 17*1, mort a
Ai.ilt Util, près de Barnslev (Yorkshire) le 1er déé. 4849.
fita d'un petit employé de fonderie chargé de famille et
Ju'on représente eomffle calviniste austère et farouche
rate, il ne reçut que l'instruction de l'école de son
endant. a peine sorti de l'enfance, à dix-sept
ans. il publia son [premier poème, The Yrrnnl Wall;, ou
se sent l'influence de Thompson. Il <e maria rers l'âge de
vingt ans, tit de mauvaises affaires et se vit ruiné après
quelqii' le travail, malechance qu'il attribua aux
les céréales {corn-laws), contre lesquelles il porta
ilères. \\ant emprunté un petit
capital, il s'établit à Sheffield marchand de fer, d'ou son
wrwmi de Foroei s Held. C'est en 1827, quelque
temp<s après *.m installation, que parurent se> fameuses
I Iles obtinrent un grand et légitime
lirenl s:, n-putation et lui valurent l'amitié de
sirE. Bdwerqni, ayant alors la direction du New Monthlp
Maqtr.uw. bu demanda sa collaboration. — En 1834, il
prit une part prépondérante an mouvement chartiste qu'il
abandonna deux ans après h cause de son opposition a
VAnti <x>rn retira dans >n petite propriété de
Hougton, ou il eut avant de mourir la satisfaction
île voir le* lois <nr les céréales abolies. Outre les Corn
Hhymet, Elliot a publie des vers énergiques contre
ibarets), écho du puritanisme paternel, et
la taxe du pain. I>es histoires campagnardes, des croquis
champêtre? dans le '.enre de Crabne, parus en [829 sous
le titre de The Village Patriarch, contribuèrent à le placer
au premier rang des poètes populaires de la Grande-Bre-
tagne. Sou stvle est énergique a la fois plein de chaleur
ci de rudesse. Il défendit la cause des pauvres en décrivant
la dure vu- des ouvriers de fabrique avec une simplicité,
une droiture et une ironie sans égales ; le seul reproche
qu'on puisse lui adresser, c'est qu'il a dépensé trop de
phrases déclamatoires en vains appels à la justice et à la
pitié des riches, verbiage inutile qui alourdit l'ŒUVfe, no
prêche que des convertis ou ne heurte que des oreilles do
sourds. Outré ses poésies complètes, parues à Edimbourg
eu 1840, on publia à Londres, en 1850, plusieurs écrits
posthumes. Hector Francs.
Bmh.. : BBrLé, Life, chnracter and geniUs of Ebcnezer
Elliot; Londres, 1850.
ELLIOT (Sir George), amiral anglais, né le 12 août 1 781 ,
mort à Londres lo 2 4 juin 1863. Entré dans la marine en
1794, il assista aux combats du cap Saint-Vincent et du
Nil, servit sous Nelson, qui l'estimait fort, fut employé à la
répression de la piraterie à Java et à Bornéo, devint secré-
taire de l'amirauté en 4834 et lord commissaire en 1885.
En 4837, il fut nommé commandant en chef au cap de
Bonne-ÊSpérance, où il resta jusqu'en 1840. Il passa alors
en Chine, oii il remplit les fonctions de plénipotentiaire. Il
l'ut promu vice-amiral en 1817 et amiral en 18B3j
ELLIOT (Sir Charles), amiral anglais, né en 1801, mort
à Kxeter le fl sept. 1875. Entré dans la marine en 1815,
il prit part au bombardement d'Alger (181(3), servit aux
Indes, en Afrique, à la Jamaïque et, à partir de 4888, fut
employé dans les bureaux des colonies. De 1850 à 1835,
il servit à la répression de l'esclavage à la Guyane, fut
nommé en 1831 secrétaire de la commission chargée de
régler les affaires de Chine cl devint en 1837 plénipoten-
tiaire. En 1840, il bloqua Canton et, après la destruction
des forts commandant l'entrée du fleuve, signa avec les
autorités locales un traité préliminaire qui fut désavoué à
la fois par l'Angleterre et par la Chine. Les hostilités
reprirent et Canton était sur le point d'être emporté lorsque
Elliot obtint une rançon de I, "250, 000 livres sterling. Il
fut envoyé au Texas comme chargé d'affaires (1 842-184(5),
fut nommé gouverneur des Bermudes (184(3), de la Trinilé
(4854) et de Sainte-Hélène (4863). Il rentra dans la vie
privée en 1869. Il avait été promu amiral le 12 sept. 1868;
ELLIOT (Sir Wàlter), fonctionnaire et archéologue an-
glais, né le Ui juin 180:), mort en 1887. Il alla à Madras,
en 181 S, comme employé de la Compagnie des Indes et fut
fait prisonnier pendant l'insurrection de Kittur. Il revint
en Europe en 1833 en passant par Constantinople, Athènes,
Corfou et Home. Il retourna en 1835 dans l'Inde, où il
resta jusqu'en 18(j(). Pendant ce long séjour, il s'intéressa
aux sciences naturelles et à l'archéologie, et travailla avec
un jeune brahmane au déchiffrement des inscriptions qu'il
recueillait dans les différentes contrées de l'Inde. Le Bri-
tish Muséum possède une collection de sculptures rap-
portées par lui et qui provenaient du tope bouddhiste
d'Amrâvati. Il fut nommé, en 1877, membre de la Royal
Society. Outre son ouvrage sur les monnaies de l'Inde mé-
ridionale (Coins of soitthern India, 1880", 2" partie du
vol. m de ['International Numumata Orietttalla),
Elliot a publié de nombreux travaux dans Ylndian Anli-
quary, le Journal of Ihe Royal Asiatic Society, etc.
J.-A. Blanchet.
BlBL. : Lëstîe SnriiKN', Dirtionnri/ of national Diogra-
phyt Londres, 1889, vol. XVII, p. 863.
ELLIOT (Sir Henry-Miers), fonctionnaire de la Compa-
gnie des Indes et historien anglais, né à Londres en 1808,
mort au cap de Bonne-Espérance en 1853. Il rendit de
grands services dans la guerre des Sikhs et dans les négocia-
tions relatives au Pendjab et au Goudjerat. Où a de lui, outre
des mémoires spéciaux, un supplément au tîtossari/ of In-
iiuui Jvdicial mtii Revenue Ternit (Agra, 1845); un
Bibliographical Index /<> thé Bistorians of Mohâmme-
dan India, dont il n'eut le temps de publier que le premier
EI.I.IOT - ELLIPSE
— 852 -
volume (Calcutta el Londres, 1849). Ses deux oeuvres pos-
thumes: History of Itidva astold by ittown Hisloriant
(1866-77, x vol.; avec une suite, 1886), el Mnnoirt o/
the History, Folklore and Distribution of Uu Races
of the Nortk-Wesl Provinces of lndia (1869, 2 vol.),
oui une très grande valeur.
ELLIOT (Céleste), connue sous le nom de tf^Céleste,
actrice anglaise, d'origine française, née a Paris le 16 août
4814, selon quelques-uns, le S aoûl 1815, selon d'antres.
Elève, dès ses plus jeunes années, de» classes de danse de
l'Opéra, elle obtint, à peine âgée de quinze ans, un en_;i—
gement avantageux pour les Liat»-l ms, où elle connut
M. Elliot, qu'elle épousa el qui la laissa bientôt veuve.
Elle revint alors en Europe el se produisit avec succès
an théâtre de Liverpool, dans le rôle <le Fenella de la
Muette de Portiez, après quoi ell>' se montra dans plu-
sieurs grandes villes de l'Angleterre, et enfin à Londres,
où elle tut accueillie avec une grande laveur dans In Pille
de Cachemire et la Révolte au Sérail. En 181)4, elle
retournait aux Etats-Unis, et là ses triomphes Furent tels
qu'au dehors on lui portait les armes, que ses admirateurs
dételaient sa voilure pour la traîner eux-mêmes, et qu'enfin
on la nomma par acclamation citoyenne de l'Union. On
raconte même que le président Jackson la présenta au
conseil des ministres, en la félicitant d'avoir mérité et
obtenu un tel honneur. Mm,; Céleste était devenue million-
naire lorsque, en 1 837 , elle revint en Angleterre. Elle
modifia pourtant sa carrière, de danseuse se lit actrice, et
c'est en cette qualité qu'elle se présenta sur la scène de
Drury Lane, puis sur celle de Hayniarket, où elle retrouva
ses succès en jouant le drame et la comédie. Bientôt elle
se fit directrice, s'associa en 1814 avec M. Webster pour
l'administration du théâtre Adelphi , puis prit ensuite,
seule, la direction du Lyceum, qu'elle conserva jusqu'en
1861. Elle fit alors plusieurs tournées dans les grandes
villes des comtés, et, en 1863, alla faire un troisième
voyage aux Etats-Unis, ou elle resta jusqu'en 1868, tou-
jours fêtée et toujours triomphante. De retour à Londres,
elle reparut au théâtre Adelphi, où elle donna sa repré-
sentation d'adieux le -H oct. 1870. Sa retraite pourtant
ne tut pas encore définitive, car on la vit encore par inter-
valles, et pendant quelques années, se produire plus d'une
fois à la scène, notamment dans son rôle favori d'une
pièce de M. liuckstone, Green Bushes, qu'elle avait créé
pendant sa direction au théâtre Adelphi. A. P.
ELLIOT (Sir George-Henry), diplomate anglais, né
en 4817. Après avoir l'ait ses études à Elon, il servit en
Tasmanie, comme aide de camp de sir John Franklin, de
1836 à 183'.). Il entra dans les bureaux des affaires
étrangères en 1 f> 10 , puis suivit régulièrement la carrière
diplomatique. Attaché d'ambassade à Saint-Pétersbourg
en 1841, secrétaire de légation à La Haye en 1848, à
Vienne en 1833, envoyé à la cour de Danemark en 1858,
à celle des Deux-Siciles en 1839 el en Grèce en 186:2, il
succéda à Hudson à l'ambassade d'Italie en 1863 et devint
ambassadeur [>rès de la Porte en 1867. Entré au conseil
privé, il fut adjoint au marquis de Salisbury a la conférence
de Constantinople (1876-77), et, tenu quelque temps en dis-
grâce par le parti libéral, exerça les fonctions d'ambassa-
deur à Vienne de 1877 à 1883.
ELLI0TS0N (John), médecin anglais, né à Londres vers
17!)2, mort à Londres le 27ju.il. 1868. Brillant professeur,
il enseigna la physiologie et la médecine légale à l'école de
médecine de Grainger, puis passa à l'hôpital Saint-Thomas,
enfin en 1831 obtint une chaire de médecine à l'université
de Londres ; grâce à ses efforts, l'I niversily Collège llos-
pital fut crée en 1 83 i, el il y obtint un service de médecine
et une chaire de clinique. A partir de 1838, sur l'instiga-
tion du baron Dupotet, il s'adi a à la pratique du magné-
tisme animal el fonda même un hôpital spécial pour l'ap-
plication de cette méthode thérapeutique. — Principaux
ouvrages : Lectures on the theoryandpractice ofmedi-
cine (Londres, 1839, in-8) ; Tlie Principles andpract.
ofmedicine (Londres, 1839, m-K) : Uetmeritm m huUa
(Londres, tx.'.u. m-*). D' L. Ih.
ELL'OTT (Grâce Dalrtmple), aventurière anglais*
vers 1758, morte à Vilk-d'Avrav le 16 mai 1x23. Fille
d'un avocat d'Edimbourg, elle fut élevés sa Franc
beauté Séduisit le Dr John Llliolt. médecin fort rude et
déjà âge, oui l'épousa SB 1771. Mai-, la vertu de la dame
n'égalait pas sa beauté; elle eut de nombreuses intrigues
dans la société d'Edimbourg et s'enfuit en 177', ave, tard
Valentia. Vers 17X-2, elle accoucha d'une fille dont le prince
de (ialles. Charles Windham, Georges Selwyn, et lord
Cholmondeley réclamèrent simultanément la paternité.
Ce fut le prince de <<alles gui présenta Mrs. Eliiott,
connue sou» le nom « la grande Daily » au duc d'Orléans
(Egalité) en 178'»: en 1786, elle vint* s'établir ■• Parie, m
elle recul plusieurs visites de sa fille, élevée dans la famille
Cholmondeley et mariée en 1X08 a lord Charles Bentinek.
A Paris, elle fut la maîtresse du duc d'Orléans. ESe resta
dans celte ville pendant toute la Révolution. — Elle écrivit,
pendant les dernières années du siècle, un Journal' of my
life during the french Révolution, qui fut publié en
1851) par IL Richard Bentley. C'est un livre curieux,
mais qui fourmille d'erreurs, volontaires ou involontaire».
Quelques-unes sont amusantes. Mrs. Llliott se dit née
en 1763; elle aurait donc eu neuf ans à l'époque de sa
fuite avec lord Valentia. Elle dit que Bonaparte lui adressa
une demande en mariage. Elle se vante d'avoir été dans
quatre prisons, dont les registres d'écrou ne portent point
son nom, etc. Ch.-V. L.
ELLIOTT (Charles-Loring), peintre américain, né dans
l'Etal de New-York en 181-2, mort en 1868. Elève du
portraitiste Trumbull , il fut élu associé de l'Académie
nationale en 1843 et membre ordinaire en 1846. Il pei-
gnit plus de sept cents portraits, remarquables par leur
vérité et la vigueur du coloris. G. P.-i.
ELLIPSE. I. Mathématiques. — On appelle ellipse la
courbe plane, lieu des points tels que la somme de leurs
distances a deux points fixes reste constante. Cette courbe,
dont il a été question au mot Cohiqdes, a la forme d'une
ovale. — On a aussi donné le nom d'ellipses à des courbes
ressemblant plus ou moins à celle que nous venons de
définir. L'ellipse de Cassini (V. Cassinoïdk), l'ellipse sphé-
rique (V. CoHiQŒ sphérique) sont de ce nombre. Pour le
tracé de cette courbe, V. Système akticllé, Ellihsograhhe.
— La projection orthogonale du cercle est une ellipse; un
grand nombre de propriétés de cette courbe découlent de ce
théorème. H. L.
H. Grammaire. — On appelle ellipse la suppressÙM
dans une phrase d'un mot indispensable pour la construc-
tion grammaticale. L'ellipse est l'opposé du pléonasme
(V. ce mot). Elle se rencontre dans toutes les langues,
parce qu'elle procède d'une tendance naturelle du langage
a abréger l'expression pour suivre la rapidité de la pensée
ou lui donner plus de vivacité. Or on conçoit qu'un mot
grammaticalement indispensable puisse n'être pas exprimé,
lorsque l'idée qu'il signifie se dégage du contexte ou que
l'habitude d'associer ensemble deux ou plusieurs mots
dans une même expression fait qu'en entendant l'un on
devine immédiatement les autres. De là deux sortes
d'ellipses: 1° le mot supprimé se retrouve avec la même
construction dans une proposition voisine; c'est généra-
lement un verbe : Dieu est bon, l'homme (s. -entendu
est) méchant; 2° le mot est supprimé en vertu d'une
association intime établie par l'usage entre deux ou plu-
sieurs termes. A quoi bon '.' Qmd multa? (sous-en-
tendu dicam). Mereri (sous-entendu stipendia). Ce genre
d'ellipse se rencontre particulièrement dans la langue fami-
lière {l'iule et quo Catiusf), dans les sentences et les
expressions proverbiales (Fortuna fortes, sous-entendu
juvat ; "Avili o'. ^orau-o:', sous-entendu pEO'jai) , et dans
toute une série d'expressions analogues au français bon
gré malgré, dans lesquelles on sous-entend une conjonc-
tion (et ou ou) (velim nolim, forte tenure. et environ
- s:;;! -
ELLIPSE — IXI.IPTIQUi:
deux ttmi vingt expressions de ce genre en latin). Il ;i même
donne naissance a certaines coostruetions grammaticales où
l'ellipse est de règle, par exemple avec les relatifs dont on
MM -entend l'antécédent dûs certaines conditions :
(jutin la celeritate portai (snus-entenda tmito). Il \ a
ain>i îles ellipses ou le terme supprimé ne pourrait être
rvtal<li sans déroger ;t l"n-;iiz«'. 1rs Latins disaient l'.n.
l'tmifhto V. Crasso consulious et non Iji. Pompeio et
M. CrotSO cousu li bus ; fcrunt. on rapporte, et non ho-
mmes fcruut. Aussi peut-on distinguer deux sortes d'el-
li|'scs : 1° celles que 1 on Fait sans s'en apercevoir, et qui
appartiennent an rond même de la langue, auxquelles on
M renoncerait pas s'en rendra le discours pesant et en-
neveux; . les ellipses oratoires, par lesquelles les écri-
\ains arrivent I produira îles effets de style :
i:»is inconstant, qu'au rais-je hit Bdàle? RacinkJ
Il ne faut pas confondre l'ellipse avec Ynposio-
ii n'est qu'une simple figura de rhétorique où la
suppression des mots est déterminée par la passion (le
(juos ego (le Virgile). L'ellipse est essentiellement gram-
maticale. Il n'y a ellipse que m le mot étant nécessaire à
l'analyse logique, la marche de la pensée ou l'usage per-
met de le supprimer sans nuire a la clarté. Mais il ne faut
pas dire qu'il y a ellipse parce qu'un mot qui pouvait être
exprime, sans être grammaticalement nécessaire, ne l'a pas
-t l'erreur où est tombé Sanctius dans sa Minerva
et qui s'est perpétuée après lui jusqu'à God. Iler-
mann au commencement de ce siècle. Paul GiQOEAl \.
BmL. : Grammaire. — Franc Sam- m, Afineroa, seu de
lingum tafias; Amsterdam, 1761, pp. 526-708. —
Hermanm, De EUipsi et pléonasme», 1808, publié en
- Idiotismi de Vigbr, pp. 86
ELLIPSIMBRE. Courbe gauche du quatrième degré,
intersection de deux cylindres du second degré dont les
génératrices ->■ ini perpendiculaires.
ELLIPSOGRAPHE ou COMPAS f.luptiodk. On acons-
trui: un grand nombre d'instruments destinés a décrire
une ellipse d'un trait continu; ces instruments portent le
nom d'ellipsographes. Nous citerons d'abord pour mémoire
l'ensemble de deux piquets OU de deux pointes fichées aux
td'un til de longueur constante 2a égal au grand axe,
attaché aux deux piquets; en tendant le til au moyen d'une
pointe à tracer, eette pointe décrit l'ellipse dont le grand
■ ia. Ce procédé est employé par les jardiniers
pour tracer les parterres elliptiques, et c'est ce qui a fait
donner à l'ellipse le nom
d'ovale des Jardiniers. Voici
un ellipsographe très ingé-
nieux; il est formé de quatre
tiges FF, F'G'.G'G.GF ar-
ticulées en F,F,G,G/(fig.
Il: on a FF' :GG' = 2c,
FG li. -la; si l'on
fixe les points F et F et si
l'on fait mouvoir l'appareil
dans un plan, le point de
concours 0 des tiges CI-' et
(; F (qui sont évidées) décrit ur llipse de foyer l-'.l" et
d axe ia. En effet, les triangles (iTP et G/FG
ni\ comme ayant les cotés égaux, dune les angles G
et I-' sont égaux ; les
angles GG'F et GFF le
sont aussi, donc le* trian-
gles <.<)<,' et for sont
égaux : donc G'O = OF
etG 0 —m 'étant égal
■ 2a, FO + f'n sent
égal à ï'i, donc!) décrit
l'ellipse de foyer f et F'
et de grand axe -ia. Il
y a des eUipsographes fondés sur ce principe, que quand
AB(fig.2)de grandeur constante se meut en conser-
i Jiit se, extrenntéa sur deux droites rectangulaires 0A,0B,
Kg. t.
un point ('. quelconque de celte lige décrit une ellipse dont
les axes >ont dirigés suivant OA et 0B et respectivement
de longueur BC et AC. H. Lauiu.nt.
ELLIPSOÏDE (Math.) (V. QoABBlQl i l).
Ellipsoïde d'inertie, Ellipsoïde central. — Si l'on
considère une série d'axes passant par un point fixe 0 el
lin corps solide S. on pourra prendre le moment d'inertie du
solideS par rapporta chacun de ces axes, e1 porter sur chacun
d'eux à partir du point 0 une longueur OM proportionnelle
a la racine carrée de l'inverse du moment d'inertie en ques-
tion. Le lieu des points M ainsi construits est un ellipsoïde,
qui porte le nom d'ellipsoïde d'inertie du corps S par rap-
port ail point 0. Les axes de cet ellipsoïde sont les axes
principaux d'inertie relatifs au point 0; et quand le point 0
coïncide avec le centre de gravité du corps S, l'ellipsoïde
d'inertie porte le nom d'ellipsoïde central. L'ellipsoïde cen-
tral joue un rôle important dans l'étude du mouvement des
corps solides (V. Rotation). On donne le nom d'ellipsoïde
de Mac-Cullagh à la transformée par rayons vecteurs réci-
proques de l'ellipsoïde d'inertie quand on prend le centre
pour pôle de la transformation. L'ellipsoïde d'inertie peut
être de révolution et même se réduire à une sphère, fêtant
donné un solide quelconque, il existe une infinité de points
situés sur trois coniques, et tels que pour ces points l ellip-
soïde est de révolution; l'une de ces coniques est une
ellipse, ia seconde une hyperbole, la troisième est imagi-
naire. Il y a deux points réels ou imaginaires donnant lieu
à une sphère d'inertie.
Bibl. : Les Traités de mécanique rationnelle.
ELLIPTIQUE (Math.). Immédiatement après l'inven-
tion du calcul différentiel, les géomètres ont été conduits
à déterminer des fonctions admettant des différentielles don-
nées ; leurs premières recherches pour les cas les plus
simples ont été couronnées de succès, et ils ont rapidement
trouvé les intégrales de toutes les différentielles rationnelles
en x, en sin .<■ et cos .r, etc. Il était naturel ensuite de
chercher les intégrales des fonctions irrationnelles, mais ils
se sont heurtés à des difficultés insurmontables dès qu'ils
ont voulu intégrer les irrationnelles renfermant un radical
carré recouvrant un polynôme d'un degré supérieur au
second. Ces difficultés étaient effectivement insurmontables,
car il est démontré aujourd'hui que la plupart des inté-
grales des fonctions irrationnelles sont des transcendantes
qui ne peuvent pas s'exprimer en employant les signes
ordinaires de l'algèbre, y compris même les signes trigo—
nométriques, en nombre fini. Avant même d'avoir la cer-
titude de cette impossibilité, les géomètres l'ont soupçonnée
et ont cherché à étudier les transcendantes définies par
l'intégration des irrationnelles en commençant par les plus
simples. Les plus simples étaient les intégrales de fonc-
tions rationnelles de a; et d'un radical carré recouvrant un
polynôme entier. Quand ce polynôme est du premier ou
du second degré, l'intégration s'effectue au moyen des loga-
rithmes, des fonctions trigonométriques inverses, ou même
des fonctions algébriques renfermant une seule irration-
nelle, le radical en question : on s'est bien vite aperçu que
lorsque le radical recouvrait un polynôme du troisième ou
du quatrième degré, l'intégrale pouvait se réduire à trois
types simples que l'on a désignés sous le nom de fondions
elliptiques, et que l'on appelle plus volontiers aujourd hui
intégrales elliptiques. Legendre, à qui l'on doit, non pas
précisément les premières recherches sur ce sujet, mais
qui a jeté les premiers fondements d'une théorie des inté-
grales elliptiques^ a indiqué ces types
/"o do
J0 V 1 — * <
(?,*)= r?
J a
? y'I — A* t
(1rs
UfX •) - Çi -*=
J,, (1 — « sin-a) \ I —
le* sur?
ou /. et a sont indépendants de -j ; la première de ces
i il ii'ïinri
— *:;', —
quantités porte le nom de modale, la secouée celui de para-
mètre, enfin 9 eat l'amplitude; cea trois intégrales ont été
appelées, pu lui, respectivement, intégrales de première, de
seconde, de troUiôme espèce. L'intégrale de seconda eepè* e
représente la longueur «l'un .arc d'ellipse dont l'excentricité
est k, et dont tes extrémités ont pour anomalies exeen-
triques o et o; c'est m qui a htit donner aux nouvelles
transcendantes le nom d'intégrales elliptiques. Aujourd'hui
on appelle fonctions elliptiques les louchons plus simples
définies da la manière suivante, parce qu'elles ont l'avan-
tage d'être monodromes, propriété dont ne jouissent pas
les fonctions de Legendre. On pose :
r? d9
11 — / ' ', ,> ■ > '
J a y 1 — A- sin -9
puis on fait : sin ? — x , et l'on a :
Jr.\ dx
o v/l'l — **) (1 — kW)
«pest, comme nous l'avons dit, ce que l'on appelle l'ampli-
tude de u et l'on pose : 9 = amu, x = sin 9 = sin amu.
Les trois fonctions elliptiques simples que l'on étu-
die spécialement aujourd'hui sont sin amu, cos amu et
v/ 1 — /.-' sin (iimi que l'on représente au moyen des nota-
tions Snu, Cnu, dnu. L'intégrale u est alors ce que l'on
appelle la fonction inverse de Snu. Abel et Jacolji ont été
les premiers à étudier les fonctions Snu, Cnu, dnu (ou
des fonctions analogues), dont les deux premières ont une
grande analogie avec sin M et cos u. Lamé proposait d'ap-
peler Snu, Cnu et dnu pseudo-sinus, pseudo-cosinus et
pseudo-rayon.
On a écrit des volumes sur les fonctions elliptiques;
nous résumerons en quelques mots leurs propriétés les plus
importantes. Snx, Oix, dnx sont monodromes, mono-
gènes, et continues dans toute l'étendue du plan, excepté
en des points particuliers ou elles deviennent infinies. Elles
possèdent chacune deux périodes; ce sont les plus simples
de toutes les fonctions doublement périodiques; elles peu-
vent servir à former plus ou moins simplement toutes les
autres. Si l'on pose avec Jacobi
Jfl dx
0
V(i
0 S/'il—X2)
x*) (4 — k2x'-)
Ix
/(l-*-)(l-//.r)
k'< zp: l - k\
Snx aura los périodes 4 K et 2 h V — 1 ,
Cnx — 2 k et 2 K + 2 k V^T,
dnx — % K et 2 K'v — 1 ,
Snx s'annulera pour .c = 0, 2k,
Cnr — x = K, — K,
dnx — a:— k-f-lv\ — i,— k-hk'v — 1.
Snx, Cnx, dnx deviennent infinis pour
x — K'v^ï, 2 k -+- k'v^T.
On trouve les autres aéros et les autres infinis en ajou-
tant à ceux-ci des multiples quelconques des périodes. On
a en outre :
Cirx + Sn*x = 1, k*Sn2x + dn*X =4.
_ SnxCnydxy ± SnyCmxdnx
Su {x :
Cm (.<• r
dn (x±
--y)
--y)
y) =
\ — /.'.s'H-.rS/;2;/
_ C/nxCny ± SnxSnyanxdny
1 — A'-'.S/r.rS/r'//
dnxdny ~4 k:Sn.rSni/Cn.iCni/
\ — k-Sn-xSn-y
d&nx ,, ,
= i.nxdnx.
d.i
d Cnx
~d~r
d.dnx
~J7~
z — Snxdnx,
— k:SnxC.nx.
la fonction Sj/.rest impaire, Cnx et dnx sont paires.
Toutes les [propriétés des fonctions elliptiques peuvent
se déduire des suivantes qui peuvent servir j, les définir :
M sont des fonctions admettant des périodea données et
dam aéros, et demi infinis donnés a des multiples de
périodes pies: enfin on achève de b^ définir en se donnant
une valeur bout une valeur donnée de la variable. S//.. 0.
Ciki =t , <l/io rr i .
Lee fonctions s«./. Cnx, dru peuvent s'exprimer au
moyen d'une seule et même transcendante, que Jacobi 1
désignée par 8 (./'). et au moyen de laquelle il a exprimé
les intégrales de seconde et de troisième espèce: cette
transcendante eal donnée par la formule
fc) (./ ) = \ — iq cos ^
-+- 2,,'
Ainsi, en posant
— ... ±%f
n- x
q — ,
B(.c-r-k):
.->■> + K' y7 — D — \l—\e'
" K'
:<-J,U).
^\ -
4K
(2.t + K \-l)
on a
Il |.sjll|.r + K) = 11,1m.
_ 1 H (x)
~\rkjd(x)
/A-|L>)
V A- ©(.,■)'
Snx = —
Cnx-.
(■')'
dnx — \kj-r '—'.
Les fonctions (-), II, 0,, II, jouissent de propriétés
nombreuses et intéressantes; elles facilitent l'étude des
fonctions Snx, Cnx, dnx; on les appelle aussi fonctions
elliptiques auxiliaires ou intermédiaires.
Nous n'avons pu, dans ce court aperçu, fait connaître que
les propriétés les plus simples des fonctions elliptiques
dont il a été fait un nombre considérable d'applicatiuns a
toutes les branches des mathématiques pure* et appliquées.
Compas p14.iBTio.ns (V. Ellihsografhe).
Coordonnées ei.i.ihtiqles. — Considérons le système de
surfaces du second degré homofocales
(I)
X1
+
¥
+
y*
/.
l;'-
+
?/'2
r1
c- +
-2
1.
1.
—
= 1.
rt* -I- V bl -+- V
Ces surfaces par leurs intersections déterminent un cer-
tain nombre de points qui dépendent des valeurs des para-
mètres >-,(a,v. Ainsi on peut dire que À.u.v étant données,
un point de l'espace se trouve déterminé (non pas Bans
ambiguïté, il est vrai), et réciproquement ai l'on se donne un
point par ses coordonnées ordinaires x,y,z, les équations
(I) déterminent À.;x.v. Ces quantités À. a. v sont donc aaf
coordonnées curvilignes, propres à déterminer la position
d'un point dans l'espace : on leur a donné le nom de
données elliptiques. Les coordonnées elliptiques imaginées
par Lamé et étudiées surtout par ce géomètre et par Jacob)
sont orthogonales. Los formules il) résolues par rapport
a x\yz
donnent
X) ia: -t- p.) (a* -+- v)
(*«
+
— tt
À) </'4
) Ur
-r-f»
-c-)
V)
(c«
— (/
X) (r'-
4- A
.)
¥* - «*) i'': - »*)
II. I.MRfNT.
— 855 —
ELLIPTIQUE - EU.IS
Rim . : An\ personnes qui voudront s'initier rapidement
s [es plus élémentaires de la théorie uea tone-
iptiuues.noua oonaeillarona la lecture du quatrième
\ J'analyse de M. Laurent. — Aprea quoi
, rndra d'aborder Ton vraoa de MM. Beiot el Bou-
- fonction» doublement périodiques ai an
partie MM 1 1 *. i i iii.n. ï'r.ofé
. - et Je leurs applications
I une loin-iion .pi.' M. Welers-
91 nuor au \ transcendantes Sltx, Crut,
j\ obi, Fund*menl» noua Iheoriw fonctionum
iriiin. — Le iraiuk de Lkgbndrb. — Les œuvres
la dernière édition du Traité" de
tii/)Vreii(iei et inffyrat de Lacroix par M. lli usmi.
(ùe.s Applications des fonctions
aUiptiquts.
kli iptiquks. — Jacom, Vorlesungen
"/nain':. — La m k. Coordonnées curt'iiignes. — Les
• un peu complets de c léeul dill'éa-entiel et intégral.
ELLIPTOÏDES (Géom.). Do La llire appelait elliptoides
rtos algébriques fennecs avant la forma d'ovales.
ELLIS i Sir William). secrétaire d'Etat an-lais, oé vers
ItiOti, mort a Rom en 1684. Il exalta de lucratives sine-
•i Mande. ■nlasnmiinl la secrétariat sous le comte
nmnel, lord lienienant d'Irlande, qui l'enrichirent.
la Révolution, il embrassa ta causa jaoobile, et,
A'attainder en 1691, il du( s'enfuir avec Jacques 11
. .miineiii. là il fut l'un des fidèles de la peine cour
t-Gennain, tant sou^ Jacques II qne son sen lils,
nier prétendant. t'.h.-V. !..
ELLIS (dément), théologien et poète anglais, né en
1700. Il a laissé quelques mauvais vers et
tin très grand nombre d'écrits sur des sujets de théologie
et de piété. On n'a pas encore tout à t'ait oublié, grftt a au
naturel et à la vigueur Familière du style, The Gentile
Sinner, or England't Brave Gentleman... (Oxford,
1660, In- -
ELLIS (John), sous-secrétaire d'Etal anglais, né vers
' mort I" 8 juil. 1738. Après avoir fait ses études à
Westminster Srhool et a Oxford, il fut employé comme
ire de sir Leoline Jenkins, plénipotentiaire anglais
- de Nimègue, de H>7i a 1077. lie J6T8 à
168 on le trouve secrétaire de Thomas, comte d'Ossory,
général anglais an servicedu prince d'Orange. En ort. ION-2,
il obtint un emploi administratif en Irlande. Il fut enfin
Dommi taire d'Etat en mai 1695, par la faveur
personnelle de Guillaume III, s'il tant l'en croire, office
qu'il garda pendant dix années. Lllis fut membre de la
Chambre des communes au Parlement de 1705-1808 pour
Harwicti (Essex). Il mourut célibataire, ayant amassé une
immense fortune. Sa correspondance a été en partie con-
eile esl au Brîtish Muséum et passe pour une s ■ce
I ie de premier ordre; elle a été publiée en 1829 par
l'honorable ti.-J.-W. Kllis. John Ellis fut un des meilleurs
ami- de Hnmphre; Prideaux. Pope parle de lui comme de
l'un de- nonibreux amoureux de la duchesse de Cleve-
land. Ch.-V. L.
ELLIS (John), poète anglais, ne le 22 mars 1008, mort
1*? - 1 1 di la profession de scrivener ou
_■■ de la rédaction des chartes et actes authen-
. Lié avec les principaux littérateurs du temps, el
notamment avec le l)r Johnson, il aimait à traduire les
rtOUt livide. Mais [lie-. pie tons se- vers
vint restes manuscrits. Il a pourtant publié, outre de
- pièces dan- les recueils, trois petits ouvrages
- : Thr South s<" Dream (17-20) : The Surprise,
or the Gentleman turned Apothecary, tiré d'un conte
françai- traduit en latin (1739), et une traduction travestie
du livre ajout.' par Maphœnsà V Enéide de Virgile (1758).
ELLIS ( William |. agronome anglais, né vers 1700, mort
•■mu par une séné d'ouvrages qui eurent
Dde réputation, mais qui sont
rempli- d'anecdotes ridicules et de recettes de bonne femme.
N terons : Chiltern and valefarming (1733); The
! '-Tree wnj 1738); The Shepherd's sure
' ' 19); The Modem Husbandman (1750,8 vol.);
/ untry house vrifé's famity companion (1750);
ffusbandry abridged and metho^Ued ( 1 77^2, 1 vol.).
ELLIS (John), naturaliste anglais, né à Londres vers
1710, mort le .'i ml I77(i. 11 s'est principalement occupé
îles animaux de l'ancien groupe des zoophytes a| a publié
plusieurs ouvrages sur les coraux el les polypes, d'autres
sur divers végétaux, la dionér, le café, l'arbre a pain, etc.
ELUS (Welbore), premier baron Mendip, (ils du Dr.
W. Ellis, evéque de Meatb, né à Kildara le 15 déc, 1713,
mort .i Londres le 2 févr. 1802. Il fut élu membre de
la Chambre des communes pour le bourg de Cricklade
en 1741, et fut l'ail lord de l'amirauté en 1 7 ï 7 , dans
l'administration d'Henri lVlham. Vice-trésorier d'Irlande
en 17.'»o, membre du conseil privé en 17(i(), secrétaire
d'Etat pour la guerre en 1762, sa fortune politique fut
rapide jusqu'à celte date. Il n'occupa plus ensuite qu'un
seul poste en vue, et, pendant très peu de temps, celui de
secrétaire d'Etat pour l'Amérique, depuis le 11 févr. 178v2
jusqu'à l'accession au ministère de lord Rorkingham. En
1793, effrayé parles progrès de la Révolution française,
il abandonna l'opposition pour joindre le parti de l'itt et
fui créé baron de Mendip, dans le comté de Somerset, le
1,'5 août 1794. Il est enterré à Westminster. Christ Chtirch,
à Oxford, possède le portrait de notre personnage, peint
par Gainsborough en 17(io. Le premier baron Mendip
était un homme laborieux, sage, industrieux, niais sans
talent; Junius, Horace Walpole et Macaulay en ont parlé
en termes peu flatteurs. Ch.-V. L.
ELLIS (Henry), voyageur anglais, né en 1721, mort à
Naplcs le "21 janv. I8Q6. Et} 1746, il prit part à l'expédi-
tion organisée dans le but de trouver un passage au pôle
nord. 11 remplissait les fonctions d'hydrographe et de mi-
néralogiste. Il écrivit la relation de cette campagne : A
Voyage to Hudson's Bay in the years 11 Ui and il 'il
for discovering a nvrth-west passage (Londres, 1748,
in-8), et cet ouvrage, qui contient quelques observations
intéressantes sur les mœurs des Esquimaux et beaucoup
d'erreurs, le fit élire membre de la Société royale le 8 févr.
1749. Peu après, il fut nommé gouverneur de la Géorgie
et de la Nouvelle-Ecosse. On a encore de lui Considéra-
tions on the great advantages which would arise of
the north-irest passage (Londres, 17a0, irj-4) et quelques
mémoires insérés dans les Philosophical Transactions.
ELLIS (George), écrivain anglais, né en 17TKÎ, mort le
10 avr. 1815. H commença à se faire connaître par deux
volumes dont l'un, Bath, its beauties and amusements
(1777, in-4), parut sans nom d'auteur, et l'autre, Poetical
Taies (1778. in-'H), fut publié sous le pseudonyme do (ire-
gory Gander, et en collaborant à la Bidliad. En 1784, il
fut employé dans la diplomatie comme secrétaire de sir
James Harris, ambassadeur à La Haye et écrivit une His-
toire de la révolution des Pays-Bas (178!)) qui fut tra-
duite en français par Monsieur (Louis XVIII). En t7!M),
il publiait des Spécimens of the Early English Poets,
recueil qui obtint un fort grand succès et atteignit en
IX.') I sa sixième édition. Après un voyage en Allemagne
et en Italie, Ellis fut élu membre du Parlement par Seaforp
(I7!)(>), accompagna en 1707 lord Malroesbury i» la con-
férence de Lille, fonda avec Canning V Anti-hieobin, auquel
il collabora activement, publia une traduction des Fabliau. c
recueillis par Legrandd'Aussy (1815, 3vol. in-8, 3e éd.);
un recueil de Spécimens of Early English Romances in
mètre (1805, 3 vol. in-X). Il était fort lié avec VValter
Scott, avec lequel il échangea une volumineuse correspon-
dance. II lit partie de la Société royale et de la Société des
antiquaires. R. S.
ELLIS (Charles-Rose, premier lord Seaford), chief
justice de la Jamaïque, oé le I!* déc. 1771, mort le
l"r juil. 1K4'i. Il hérita de bonne heure de liés vastes
domaines dans les Indes occidentales et fut élu membre de
la Chambre des communes dès 170:j. Il s'attacha à la for-
tune de Canning, qui le lit élever à la pairie sous le nom
de lord Seaford le 16 juil. 1826, à la grande surprise de
tout le monde, car il n'avait aucun talent.
ELUS
— 856 _
ELLIS (Sir Henry), diplomate anglais, né en ITT",
înftri le 28 sept. ix.">3. Son premier poste considérable fui
celui du ministre plénipotentiaire par intérim en Perse
(1814). En 1816, il accompagna lord Amherst dans son
ambassade en Chine et publia en 1*1 T un récit de ce loin-
tain voyage. De 1825 a ix.i',, il occupa l'office de Clerk
of the petit, dont il fut le dernier titulaire. En juil. 1835,
il fut nommé ambassadeur en Perse; envoyé extraordinaire
au Brésil en août IXVI ; représentant «lu gouvernement
britannique a la conférence de Bruxelles en txtx. Ch.-V.L.
ELLIS (William), écrivain et missionnaire anglais, né
à Londres le 29 août 1794, mort le 9 juin 1X7-2. Fils de
parents pauvres, il était ouvrier jardinier lorsqu'il s'offrit
pour la propagande apostolique à la société des missions de
Londres, qui l'accepta, « l'entraîna » et l'envoya on ix|6
dans les Mes de la mer du Sud. Revenu en Angleterre en
1X23, il fit paraître Tour trough Hawaii (1826) et
Polynesian Researches (1X29, 2 vol.; 1831, 4 vol.),
qui excitèrent un certain intérêt et contribuèrent à relever
aux veux du public le nom des missionnaires qui passaient
alors , à tort ou à raison , pour des ignorants et des
esprits étroits. Après la mort de sa femme, qui l'avait
accompagné dans ses voyages, il épousa en 1X37 miss
Sarah Stickney, qui acquit un certain renom littéraire.
A cette époque, les affaires de Madagascar attiraient l'atten-
tion de l'Angleterre à cause des persécutions des chrétiens,
sous la reine Hanavolona, et de l'intervention des Français.
Kllis, secrétaire de la London Missionary Society, lut
chargé d'écrire une Histoire de Madagascar, qui parut en
1838 (2 vol.) et lui valut plus tard d'y être envoyé par la
Société des missions. C'était en 1852; les affaires deve-
naient graves, et la reine, à trois reprises, lui refusa l'en-
trée de sa capitale. En 4808, une reine chrétienne étant
montée sur le trône, une protection ouverte des chrétiens
remplaça les persécutions antérieures ; Kllis en profita
pour inonder le pays de missionnaires anglicans qui minè-
rent partout sourdement l'influence française. C'est grâce
à lui et aux semences laissées par lui qu'elle est encore si
contre-balancée aujourd'hui même sous notre protectorat.
Aussi fut-il fort acclamé à son retour en Angleterre, et les
conférences qu'il donna de ville en ville eurent un succès
considérable. Outre ses deux premiers volumes de voyage,
Kllis publia : Three Visits to Madagascar (1838) ; Mada-
gascar revisited (1867) ; The Martyr Church of Mada-
gascar (1871). Il fut en outre le fondateur du Christian
Keepsake. Hector Franck.
ELLIS (fieorge-James-Welbore-Agar), baron Dover,
né à Londres le 14 janv. 1797, mort à Whitehall le
10 juil. 1833. Il prit ses grades à Oxford en 1818, fut
élu membre du Parlement par Heytesbury; réélu en 1820
par Seaford, il appuya Canning et s'occupa de questions
artistiques. C'est lui qui fit acquérir par le gouvernement
la belle collection de tableaux Angerstein. Elu par Kudgers-
hall en 1826, en 1830 par Okerhampton, Kllis entra au
conseil privé et fut nommé le 13 déc. 1830 premier com-
missaire des bois et forêts. Le 20 juin 1831, il fut
créé baron Dover. Il fut aussi un des administrateurs de
la National Gallery et du liritish Muséum. Il a écrit :
Catalogue of the principal pictures in Flanâers and
Rolland (Londres, 182-2, in-8); The Truc History of the
state prisoner commonly calléd the iron mask (1826,
in-8; trad. en français en 1830); Historial ïnquiries
respect iug the character of Edward llyde earl ofCla-
rendon (1827, in-8); Correspondence (18-20, -2 vol.
in-8); Life of Frederick the second King of Prussia
(1832, 2 vol. in-8); Dissertation on the manner and
period of the death of Richard II, King of England
(183-2, in-!); Dissertation on the Gowne conspiracy
(1833, in-4); Lices of eminent sovereigns of modem
Europe (1 853, in-1 2, 4e éd.). lia encore édité les Lettres
d'Horace Walpole à Horace Mann (1833, 3 vol. in-8).
On a un portrait d'Ellis par Thomas Lawrence. U.S.
ELLIS (Charles- Augustus, lord Howard ue Waldrn et
Si itobd), âlsdeCbarles-Rose.diplomateanglais, né Ie5inin
1799, mort le 29 tool 1868. Il détint lord Howard de
Walil'M ,i la mort de miii grand-père maternel ■ 1803,
servit d'abord dans les grenadiers de la garde royale; mais
Canning, protecteur de sa Camille, l'appela en juil. I-
au sous-secrétariat d'Etat des affairas étrangères. Danoa>
pagna lord Stuart de Rothesay dans su fameuse ansi
spéciale à Rio de Janeiro (1826). Huistraplénipotenliaire
à Stockholm (1X32). puis a Lisbonne (1833), il demeura
treize ans dans ce dernier poste, ou il rendit d'éminent»
services pendant la guerre civile déchaînée par don Miguel.
Le 10 déc. 1846, il fut nommé ministre plénipotentiaire
à Bruxelles, où il resta jusqu'à sa mort sur le pied d'une
amitié étroite avec les rois Léopold I ' et Léopold II. Ch.-V.L.
ELLIS (Sarah Sti< kSEf, Mrs. . femme de lettres an-
glaise, née en 1800, mm te en 1872. Elle était déjà connue
par son ouvrage The Poetry of Life, lorsqu'elle épousa
le llev. William Kllis. Klle a publie un nombre caosàdé-
rable de livres, ou elle défend les principes de la tempé-
rance (abstinence des liqueurs fermentées) et la cause des
initions anglaises. Il faut citer parmi tant de volumes,
The Wonien of England, The Daughters of England,
The Wivet of England et The Motlicrs of England,
ou elle expose des théories qu'elle mit en pratique avec
plus ou moins de succès à llawdon Ilouse, école qu'elle
avait fondée. B.-H. <>.
ELLIS (William), économiste anglais, né en 1800, mort
en 1881. Homme d'affaires, très lalwrieux et très habile,
il fit sa fortune dans l'Indemnity Marine Assurance Com-
pagny, où il était entré comme bas employé. Disciple
de John Stuart Mill, il s'intéressait vivement à l'économie
politique théorique, et surtout à l'enseignement de cette
science. Il fut l'apôtre de cet enseignement en Angleterre,
et fonda plusieurs écoles à ses frais. Il a beaucoup écrit,
surtout des manuels. On cite : Outlines of social eco-
nomy (1846), et Thoughts on the future of the human
race (1866). Ch.-V.L.
ELLIS (Robert), en gallois Cynddelie, poète du pays
de Cialles, né en 1810, mort en 1873. Il s instruisit et se
forma lui-même, et devint un prédicateur remarquable et
un écrivain fécond. Il appartenait à la secte des baptistes.
Ses œuvres poétiques, précédées de sa biographie par le
Rév. J. Spinther, ont été publiées en 1X77.
ELLIS (Alexander-John), philologue anglais, né à Roxlon
le 14 juin 1814, mort à Londres le 28 oct. 1890. Il fit ses
études à Kton et à Cambridge, fut élu membre de la Société
royale en 1864, de la Société des antiquaires en 1870 et
devint, en 1886, gouverneur de l'I niversity Collège de
Londres. Il fit encore partie d'autres sociétés savantes et
présida notamment la Philological Society. On lui doit
un grand nombre de travaux de linguistique, parmi lesquels
nous citerons : Alphabet of nature (1845); Essentiels
of Phonetics (1848) ; F.arly cnglish Pronunciation
(1869-1873); Praclical Ilints on the quantitative pro-
nunciation of Latin (1874); Pronunciation for sin-
ger* (1877), etc., sans compter sa collaboration active
aux journaux spéciaux, Phonetic journal et Phonetic
news. Dans d'autres genres, il a écrit Only cnglish
proclamation of Henri/ III (1868) et donne des traduc-
tions des travaux d'Ohm et d'Helmholtz sur la musique et
les mathématiques. Kllis s'appelait en réalité Sharpe, Il
recul en 1825 l'autorisation de prendre le nom d'Elus.
ELLIS (Robert), érudit anglais, né vers 1820, mort en
1885. Elevé à Cambridge, il entra dans les ordres en
I s ',3. 11 soutint, à propos du passage des Alpes par An-
nibal, une controverse très vive avec William-John Law.
II s'occupa aussi de la langue primitive du Pérou [Peru-
via Scythica, 1875), et «le la langue basque (Sources of
the Etruscan a ad Basque Languages, 1886). On lui
doil encore : Contributions to the Ethnography ofltaly
and Grèce (1858); .1// Enquiry into the Ancient
Routes between îtaly and Caul (1867); The Asiatic
Affinities of the Old Italians (1870); On Xumerals as
- s;;t -
ELUS — ELLORA
Signs ofPrimeval Uniiy among Wankind (1873), etc.
"ELLISSEN (Adolf), littérateur et philologue allemand,
no .1 Garura (Hanovre) le 14 mars 1815, mort à Gcet-
tingue le 5 nov. 1*72. Il voyagea en Grèce, fol employé
a la bibliothèque de l'université de Gcettingue. Il entra a
la Chambre des députés de Hanovre en 1849, la présida
en Ivv, et 1833 et se mil a la tète de l'opposition libérale.
Après 1866, il se rallia au parti national libéral. Il a tra-
duit V Esprit des Lois de Montesquieu (Leipzig, 1846),
un choix des œuvres de Voltaire (Leipzig, 1844-1846),
publie sous le titre Ihee unoMsnAoaViaswMfcn (Gcettingue,
les adaptations de poésies chinoises et grecques
nnvlernes. il ne put achever son remarquable Versuch
rinrr Polyglotte der turopœischm Poésie (Leipzig,
t. I). Il se consacra ensuite surtout à l'étude de la
au moyen âge et écrivit : Michaet Akominatos,
Enbischof von Athen (Gcettingue, 1846); /.ur (',<■-
sckichte Athnts naeh dem Verlust seiner Selbstcendig-
kcit (Gcettingue, 1848); Analekte :nr mittel und
neugriechischen Litteralw (Leipzig, I8S5-1862, .'i vol.).
ELLITCHPUR. Ville de l'Inde anglaise, eh.-I. du Bérar,
sur la Parna, affl. du Tapti, au pied des monts Gavalgarh ;
26,738 hali. Non loin sont les rochers tVAdjantu, avec
leurs vingt-quatre couvents et leurs cinq temples boud-
dhiques tailles dans le roc (entre l'an "200 et l'an K00).
Bibl. : Fbrgussom, Ilistory o[ Indian Architecture ;
Londres, 1 S7t>.
ELLOBIUS (ZooL). Les genres de Mammifères Ron-
deurs fouisseurs, EUobmsei Siphneus, longtemps confon-
dus avec les Bals Taupes [Spalacidœ), se rattachent en
réalité au tvpe des Campagnols (Arvicolidte) et des Lrm-
mings (V. ce mot). E. Tut.
ELLON. Com. du dép. du Calvados, arr. de Baveux,
tant, de Balleroy; 896 hab. Eglise en partie romane avec
une tour carrée du xvi" siècle.
ELLOR (Elluru). Ville de l'Inde anglaise, présidence de
Madras, surun canal alimenté parle Godavéry ; 25,000 bab.
Commerce du coton.
ELLORA. Village de l'Inde, Etat du Xizam d'IIayderabad,
prov. d'Aurangabad, dans les monts Tchandour, près de
Le Kaîlàsa, à Ellora (Inde).
la ville de Daoulatabad. Elle doit sa célébrité à ses hvpo-
difices tailles dans le roc et à son temple "mo-
nolithique de hailàsa qui constituent une des merveilles de
l'architecture indienne. Ces édifices se répartissent en trois
croupes: lu temples bouddhiques, li temples brahmanes,
h temples du style djaïna. La montagne granitique a été
entaillée jusqu'à un.' profondeur de '..'> m. el une hauteur
a. Le plus remarquable des édifices bouddhiques est
■ twakarman, temple du vin' ou ix siècle
ap. J.-C. avec une célèbre image du Bouddha. — Le Kal-
si une oeuvre brahmanique; voici la description qu'en
donne L. Roustelet (/'//; le êa Rajahs) : « (Test un édi-
mdioso taillé en entier dans un seul bloc de rocher,
nés, colonnes, flèches et obélisques. Au centre d'une
vaste cour s'élève la pagode principale atteignant, avec -es
clochetons et ses tours, une hauteur de 30 m. Toutes ses
proportions sont gigantesques, et les ornements en parfait
rapport avec la grandeur de l'ensemble. » On n'aperçoit
l'édifice qu'après être entré dans la cour que les architectes
ont découpée dans la montagne, cour de 22.'> m. de long
sur 02 m. de large, entre des escarpements de IÎ0 à 7 m.
de haut. (In pénètre d'abord dans un beau portique de
Ai m. de long sur 27 de large, recouvrant un double esca-
lier; de là, dans une vaste salle de 7o m. de long sur
i'i m. de large, au centre de laquelle est le sanctuaire;
quatre rangées de pilastres portent le toit. Le temple a
■ >\ in. de long, 17 de large ; le sommet de la pyramide est
à il m. de haut au-dessus du pavé. « Des balcons aux
légers pilastres s'avancent sur la cour; des bas-reliefs à
milliers de personnages couvrent les murs. Des passerelles
de [derre réunissent le portique à un élégant pavillon situé
en avant. » Les murailles sont couvertes de sculptures en
KI.I.ORA - ELMES
_ 858 —
relief représentant tous [es dieux de la mythologie indienne,
des scènes du Rimâyana, du Mahabbârata, etc. Le Kaïlasa
date de l'an 1000 environ. — Citons encore l'h
Dfwumdrlena, œuvre des BJvajtes, dont les sculpturi
les plus belles peut-être de l'Inde (V. Inhk, ^ Architecture
et Sculpture).
EL LU IN (FfancoU-Rolland), graveur français, né a Ab-
lieville en 174.'i, mort à Alilteville au commencement du
xi\c siècle. Il était élève de Beauvarlet, chez qui il travaillait
en 1765. On eite six pièces de lui d'après Valade, Le Clerc,
ltiii!ousu,Sulile\ras, Charlierel Le Tellier, Nous lui devons
aussi les portraits de Mole, du Père llonhigault, et,
d'après Creuze, celui de Marier-Thérèse Illicite de la
Comédie-Française, etc.
ELLWANGEN. Ville d'Allemagne, roy. de Wurttemberg,
ch.-l. du cercle du Jagst, sur le Jagst; 4,700 liab. Foiras
importantes de bœufs et de chevaux. La ville possède six
églises, dont une romane du xne siècle (1 1 00-1 1 2 i), nombre
d'anciens couvents, et a un aspect très pittoresque au pied
du château d'Hoben-Ellwangen et de l'église de Sainte-
Marie-de-Lorette. L'abbaye d'EUwangen, fondée en 764,
fut sécularisée en 1459 et transformée en une prévôté qui
avait, en 1803, 385 kil. q. et 25,000 hab. lorsqu'on
l'annexa au Wurttemberg.
Bibl. : Seckler, Beschreibung der gefàrsteten Reichs-
propstei; Stuttgart, 1804.
ELLWOOD (Thomas), écrivain et quaker anglais, né en
1639, mort en 1713. Après une jeunesse assez dissipée,
il embrassa les doctrines des quakers, grâce à son ami
Isaac Pennington, fils du régicide. Son père épuisa ses re-
montrances et sa sévérité sans parvenir à le ramener. Il
supporta de même l'emprisonnement et les persécutions
dont le gouvernement d'alors frappait les dissidents. En
1662, il alla à Londres où il étudia avec le poète Milton,
dont il devint l'ami, et à qui, dit-on, il donna l'idée du
Puradise Regained. Depuis sa première publication, An
Alarm to the Priests (1060), il publia un nombre consi-
dérable d'écrits relatifs aux doctrines et aux intérêts de sa
secte. On a aussi de lui un poème en cinq livres, intitulé
Davideis (1712), qui n'est nullement imité de la Dain-
deis de Cowley; A Collection of Poems on varions
subjects et The History of the Life of Thomas Ellwood
written by his oivn hand (1714). Cette autobiographie
a été continuée par Joseph Wyeth, et a eu plusieurs édi-
tions. La dernière est de 1885, dans VU ni versai Library
de Henry Morley. B.-H. G.
ELLYS (Sir Richard), théologien et érudit anglais, né
vers 4(388, mort en 1742. Elevé à l'étranger, probable-
ment en Hollande, il entretint toute sa vie des relations
avec plusieurs savants du continent, surtout avec Mattaire.
11 s'occupait particulièrement de la critique biblique (For-
tuita Sacra; Rotterdam, 1727). Il fut membre du Par-
lement et a laissé un renom d'hospitalité que son père,
sir William Ellys de Wyham, avait déjà mérité avant lui.
ELLYS (Antoine), théologien anglais, né en 1693, mort
à Gloucester en 4761. Il passa sa vie à rédiger un ouvrage
dans lequel il défend l'Eglise anglicane contre les dissidents
et les catholiques. L'ouvrage, célèbre avant sa publication,
parut sous le titre de Tracts on the liberly spiritual
and temporal of Protestants in England (1763, in— ï )
suivi d'une seconde partie intitulée Tracts on the liber ty...
of subjects in England (1765, in-4).
ELLYS (John), peintre anglais, né en 1701, mort en
1757. Elève de Thornhill, puis «le Srhmutz, Ellis devint
un fervent disciple de Yanderbank, auquel il succéda, avec
Hogarth, comme directeur de l'Académie fondée, en 17-20,
par Cheron et Vanderbank. Il aida su U. Walpole à for-
mer sa célèbre collection, et l'ut nommé, en 1736, peintre
du prince de Galles. Parmi ses portraits (gravés par Faber
jeune, Sympspn, etc.), on remarque un groupe de Lord
]]'hilworth et son neveu (1727); Frédéric, prince de
Galles; la Duchesse de liolton, George Slanhope, decan
of Cantcrbury, etc.
ELM. Village de Suisse, tant, de Glasi, inné vingtaine
de kil. au s. du chef-lieu; 850 hab. Entouré de haut"-.
montagnes de tous côtés, sauf au N-, il m- voit pas le sob-d
pendant plusieur> semaines de l'hiver. Le village est pro-
testant depuis 1528. I-'- Il sept 1 xx I , un eboulemeiit
ensevelit cent quatorze personnes du village et détruisit
quatre-vingt-trois maison- istrophe émut telle-
ment la charité publique qu'il fut recueilli plus d'un million
de francs en faveur àes victimes et de leurs familles. Le
village a été dès lors réédifié. E. K.
EL-MACIN ou plus exactement EL-MAKIN (Ga
historien arabe de religion chrétienne (1253-1273). Il est
connu par une histoire des Arabes intitulée Tarikh el-
iimsii iii'tu et qui s'étend depuis la naissance de Mahomet
jusqu'à l'année 1238. Le texte arabe, publié a l.evde en
1625, a été traduit en latin par Erpenius, sous le titre de
Historia a Wattier a mis en français la traduc-
tion latine d'I.rpeiiius et lui a donné pour titre l'Histoire
mahométane ou les Quarante-neuf Clialifex du Macine
(Paris, 1657).
EL-MADHER. Village d'Algérie, dép. de Constantine,
air. de liatna, a 102 kil. S. de Constantine; 339 hab.,
dont 82 Européens. Stat. de la voie ferrée de Constant i ne
a Biskra. C'est une annexe de la com. de plein exercice
de liatna.
ELM AS ou EULMAS. Grande tribu d'Algérie, dép. de
Constantine, qui occupait, a l'O. de Constantine et dans la
plaine, une surface de 70,000 hect. Ils n'opposèrent que
peu de résistance à la conquête française. Ils sont aujour-
d'hui répartis dans cinq douars d'une commune mixte qui
porte leur nom et dans les communes de plein exercice de
Bizot, de Condé-Smendou, d'El-Arrouch. — Il y a aussi des
Eulmas en petits groupes dans les environs de l'oued Zenati
et de Bone.
ELMER (Stephen), peintre anglais, mort en 1796. Ayant
abandonné le commerce pour se livrer aux arts. Elnier
devint peut-être le plus grand peintre de nature morte que
l'Angleterre ait produit. .Membre de la Société des artistes
libres en 1763, il fut élu à la Royal Academy en 1772.
Outre ses nombreuses natures mortes, il peignit quelques
tableaux de genre tels que l'Avare, l'Homme politiijue,
le Dernier Soupir, etc.
ELM ERIC H (Charles-Edouard), peintre, sculpteur et gra-
veur français, né à Besançon en 1813. Elève d'Horace Ver-
net, il expose au Salon depuis 1831. Ses principales œuvres
sont, en peinture : Une Famille exilée, au musée de Douai;
le Passage du gué, au musée de Besançon ; en sculpture :
Guillaume Tell et son fils, groupe marbre, exposé en
1855 ; Heur et Malheur, bas-reliei plâtre, exposé en
1867. Cet artiste est aussi l'auteur de nombreuses aqua-
relles et eaux-fortes représentant des vues pittoresques de
Paris et des paysages. M. 1*. S.
EL-MERIDJ. Localité d'Algérie, sur la frontière tuni-
sienne, à une soixantaine de kil. S.-E. de Sonk-Âhras,
ou est campée une importante smala de spahis.
ELMES (James), architecte et archéologue anglais, né
à Londres en 1782, mort à Graenwich le 2 avr. 1862. Il
fut vue-président de la Société royale d'architecture et
inspecteur (survei/or) du pont de Londres; mais la fai-
blesse croissante de sa \ue l'obligea à abandonner toute
fonction (1848). Malgré sa pratique liés étendue, il don-
nait beaucoup de sou temps aux journaux et périodiques
traitant de son art. D.-18I6 a 1820, il dirigea The An-
nals of the Fine Arts, publication d'un caractère tout
nouveau alors, et qui a l'honneur, devant la postérité,
d'avoir insère plusieurs des chefs-d œuvre de Keats. Outre
ses ouvrages spéciaux, comme Lectures on Architecture
(1823, in-S), The Arts and I 825,3 vol. in-
12). .1 Bibliographical Dictionary of the Fine Arts
(IS2ii, in-S), Unies a laissé un Traité sur la réforme
des prisons ( tsiT. in-4) et une œuvre théologique, the
Gospel <>f car Lord Jésus— Christ rendered into oue
narrative (1856, in-12).
— 859 —
ELMES - EI.MSLEY
ELMES (Hmey-liinsdale), architecte anglais, né à
Londres en 1 81 3, mort à la Jamaïque le -J(i dot. 18J7.
Fils .lu précédent, il prit part, en 1886, au concours
ouvert pour la construction de Sidnt-George'a Hall, à
Ljverpool, el ses plans ayant été préférés a cens de ses
quatre-vingt-cinq concurrents, il conduisit, de ls'<l à
les travaux de cet édifice, que lit terminer Ch.-R.
Coekerell. C'est aussi Fîmes qui donna les dessins des cours
de Collégiale Institution dans la même ville,
ainsi que ceux df l'asile d'aliénés du comté a West Derby.
I.n outre, plusieurs dessins de cet architecte furent exposés
a l'Académie royale de Londres. Charles Lucas,
. r/«e Bmlder, n«* des S jbdv. et 5 ftvr. 1848; Lon-
.11-4.
ELMGAARD (Hans-Bertel-Manas), littérateur danois,
Jandvad, pics de Veile, le 16 oct. 1864. Tout enécri-
\ant dans 1rs journaux, il a publie plusieurs volumes de
nouvelles et d esquisses qai se recommandent moins par
l'intrigue et l'invention que par l'observation at l'eiacte
peinture des imcurs populaires: Dégel (Copenhague. 1883);
/ . Tableaux au payt natal (4888);
Unis de chaume (ISiH). W->.
ELMGREN (Sven-Gabriel), érndit finlandais, né à Par-
'. IMT. attachée la bibliothèque de l'uni-
de Helsingfors en 1848, il en devint sous-bibliothé-
•: l s i i -2 . On lui doit la découverte dun fragment de
WoMmga-och hafdingastyrilsi (Gonvenement des rois
- grands) qu'il édita (4868) et qui a permis d'établir
l'authenticité de cet ouvrage du moyen ài;e. Il a publié :
tiérides finlantla v [); Description de lapa-
Pargas, dans Suomi (484T); de celle </<■ Saint-
Màrten ou Marttila (ibid., 1887); tes Ruines du Cloître
\ . (4863); Coup d'œil sur la littérature en
Finlande de 15 H 18i I (4864-4868, 9 hue.). On lui
- éditions de : Ecrits choisis de Porthan (4859-
; vol. in-8); Voyages en Orient deG.-A. WalHn
I866), Il rédigea Litteraturblad (4850-4854) et
ad nombre de notices biographiques pour Fin/amis
$vafrde mon. Fosterlanaskt Album et Lœnnetœr.
EIMHAM (Thomas), historien anglais, mort en 1 140,
("était un moine appartenant au monastère bénédictin de
Saint-Augustin, à Canterbury. Le 11 juin 1444, il devint
prieur de Linton (Nottinghamshire) et en 4446 vicaire
pour l'Angleterre et l'Ecosse. On a de lui : llis-
toria monasterii tancti Augustini Cantuariensis, qui
va de 8( Hi a 4448 avec une lacune de deux cent quatre
ans avant lo*7: cette histoire, qui contient un
certain nombre de chartes importantes et l'abrégé d'une
chronique de Thomas Sprott aujourd'hui perdue, a été
éditée, en 1858, par Hardwick; A Prose Hfe of Henry V,
publiée en 17-27 parHearne; Liber metricusde Henrico V,
publie en 18'>8 par Cole. R. S.
EL-MILIAH. Localité d'Algérie, dép. et arr. de Cons-
tantine. sur un mamelon de la rive droite de l'oued El-
K'-bir, a environ M) kil. de la mer. Ch.-I. d'une com,
mixte de 9x.h<>ii heet. (presque tout en montagnes) et de
• bab.. dont 157 Européens. On y établit, en 1858,
un poste militaire charge de surveiller la région monta-
. alors infestée de brigands, et d'assurer les com-
paanications entre Diidjelli, t'.ollo et Constantine. Le bordj
tut assiège par les Kabyles insurgés en 1X71, mais ils ne
pur-nt I enlever, et aujourd'hui, a l'entour, il y a un petit
village européen.
ELMINA, appel.- aussi Saint-Geoiiges dei.i.a Mina, et
l.v Hua des relations françaises du xiv siècle. Etablis-
sement de la Guinée (Cote d'Or), par 5° V W lat. N. et
«g. 0. : 3,000 bah. C'esl le centre du
oent commercial de la cote, et la principale escale
pour le trafic avec les populations de l'intérieur, ootam-
Bient la région des Achaqtis, En 4383, les Dieppois au-
raient fondé le comptoir de La Mine, ainsi nommé « pour
la quantité d'or qui 3'y apportait des environs ». LesPor-
i-rent aux Français, et, en 1<i.!7, l«-s Hollan—
1
dais prirent violemment la place des Portugais. Le traité
du "27 févr. IS71 a l'ait passer Elmina aux mains de
l'Angleterre ; Elmina est devenue, avec Cape Coast Came
et \kra, la basé «l'opération des troupes anglaises dans
leurs expéditions contre les Acbantis, et un des comptoirs
les plus prospères de la Cote d'Or. Cuozai.s.
ELMINIUS (ZooL). Genre de Crustacés elrrhipèdes, de
la famille des Balanides, établi par Leaeb en \Mo pour
des espèces voisines «les Tetraclita, qui vivent générale-
ment attachées >ur les rochers ou sur d'autres coquilles.
La couronne, chez ces animaux, est formée de quatre
pièces; les parois du test ne sont pas poreuses et la base
est membraneuse. Ees Fini i ni us sont représentés par trois
espèces très communes sur les côtes de la Nouvelle-Galles
du Sud. de la terre de Van Diemen et de la Nouvelle-Zé-
lande, une quatrième appartient à l'Amérique du Sud.
ELMIRA. Ville des Etats-Unis, Etat de New-York,
comté de Chemung, sur la rivière f.hcmung, affluent du
Susquehannah ; 30,893 liai), en 1800. Belle et régulière-
ment bâtie, elle possède des établissements métallurgiques;
fabriques de machines, etc.
ELMIS [Etmis Eatr.) (Entom.). Genre de Coléoptères,
de la famille des Parnides. Ce sont des insectes de petite
taille, au corps ovalaire ou oblong, d'un bronzé foncé ou
noirâtre, avec les antennes simples,
de onze articles distincts, le prothorax
plus étroit que lesélytres, les hanches
antérieures subgbobuleuses et les
tarses de cinq articles, dont le der-
nier, aussi long que les quatre pré-
cédents pris ensemble, est terminé
par de forts crochets. On les trouve
dans les eaux courantes, parfois même
très rapides, où ils vivent accrochés
aux pierres submergées. Leurs espèces,
médiocrement nombreuses, se divisent
en deux groupes selon que le protho-
rax est marqué, ou non, de chaque
côté, d'une ligne longitudinale enfon-
cée. L' Etmis œncus mu\\. est commun
en Eraiicedanslescoursd'eaurapide. Sa
larve, que nous figurons, a été observée par Westwood, Kole-
nati, Erichson et plus récemment par le I)r Laboulbène
(Ann. Soc. l'ut, de France, 1870, p. 405). Elle a l'appa-
rence d'un petit Crustacé, d'un gris jaunâtre ou verdàtre,
avec les cotés du corps plus clairs, dilatés et garnis d'appen-
dices très fins, foliacés et laciniés. L'extrémité de l'abdomen
est pourvu, en dessous, d'un petit opuscule qui s'ouvre fré-
quemment pour donner passage à trois faisceaux de branchies
d'un blanc satiné ou argenté très vif. Ed. Lef.
ELM0RE (Alfred), peintre anglais, né à Clonakilty
(Irlande) en 181 5, mort à Londres en 1881. Très connu par
les expositions, il fut élu académicien enl85(j. Parmi ses
œuvres les plus remarquées, nous pouvons citer : Marie,
reine il'Fcosse; RieirJ au Forum; Lucrèce Borgia, Ma-
rie-Antoinette au Temple; Cliarles-Quint à Yuste, etc.
ELMSLEY (Peter), helléniste anglais, né à llampstead,
près de Londres, en 4 7 7 ; 5 , mort à Oxford en \8b2">. Après
ses études à Oxford, il prit les ordres, résida quelque temps
à Edimbourg ou il collabora à la célèbre Revue d'Edim-
bourg, puis à la Quarterly Review, par des articles sur la
littérature grecque. Il publia successivement Acharnienses
(1809); lEdipus lijraiiu.iis (1811) ; lleruclUœ (4845),
Medea(\HlH); Bacchœ (4 824); OFdipusColoneus (4823).
Il avait déjà, pour ses travaux littéraires, visité les princi-
pales bibliothèques du continent, entre autres celles de Flo-
rence, où il passa tout l'hiver de 1818, lorsqu'il fut chargé
EiV le gouvernement de surveiller, avec sir Ilumplircy
avy, le déroulement des papyrus trouvés dans les fouilles
d'Herculanum. A son retour en Angleterre, ayant obtenu
le grade de docteur en théologie, il fut nommé principal
d'un des collèges d'Oxford, poste qu'il occupa jusqu'à sa
mort. Hector France.
Etmis œneus
(larve crqpsie).
KLNA - ELODEA
_ KCO —
ELNA on IELNA. Ville (le la Russie dï'.urnpe, ' li'T-liiii
de district du gouvernement de Smolensk ; 6,000 hab.
Le district d'EIna esl essentiellement agricole.
ELNE. Coin, du dèp. des Pyrénées-Orientales, arr. et
cant (E.) de Perpignan, sur une colline entre le Tech et
iiRéàrt, l'un îles points d'où l'on découvre le mieux la
plaine du Itoussillon; 3,237 hait. La grandiose beauté du
panorama, le pittoresque des ruines, lès tons admirables
qne le paysage prend à certaines heures du joui' ne sont
pas assez connus des artistes. Le territoire d'KIne produit
du vin de table estimé, des primeurs, des violettes, dont
on fait un certain commerce.
Klne, qui portait primitivement le nom à'JUiberit,
est l'une des plus vieilles cités de France; on a con-
jecturé qu'elle fut fondée par les Phéniciens au u* siècle
av. J.-C. Huinée vers le iv1' siècle avant notre ère, [Uiberis
est signalée par Pline comme « le faible vestige d'une
grande ville ». Illiberis fut restaurée par Constantin, qui
lui donna le nom de sa mère llelena d'oii Klne. Ces! a
Klne que Constant, troisième fils de Constantin, fut atteint
et assassiné par les émissaires de l'usurpateur Magnence,
en 350 : on montre dans le cloître un chrisme qui serait
un fragment du tombeau de Constant; mais la forme du
rho décèle une facture plus récente. Au vie siècle sans
doute, Elne fut érigée en évèché; prise au vme siècle, par
les Maures, au ixe par les Normands, la cité soutint encore
quatre sièges : en 1285, elle fut mise à sac par Philippe
le Hardi; en 1344, elle fut enlevée par les troupes du roi
d'Aragon, qui envahissaient les terres du roi de Majorque;
en 1474, Elne, pressée par les troupes de l'armée française,
ouvrit ses portes au bout de cinq mois et demi ; enfin elle
se rendit, en 1641, à une partie de l'armée de Louis XIII.
La résidence des évêques et du chapitre d'Elue a été trans-
férée à Perpignan, en 1602; le siège de l'évêché est, en
fait, dans cette dernière ville : la curie romaine appelle en
français « évèque de Perpignan » le même prélat à qui
elle donne en latin le titre de « episcopus Llnensis » .
La cathédrale d'Elne est dédiée à sainte Eulalie de Mérida :
restaurée ou refaite vers l'an 900, elle fut reconstruite au
xie siècle et sans doute terminée vers le commencement
du xne. L'évêque Udalguer la fortifia vers 1 140. C'est une
basilique à trois nefs, avec une abside et deux absidioles
circulaires et sept travées; la maitresse voûte est en ber-
ceau; les voûtes latérales en demi-berceau épaulant la
voûte centrale; les unes et les autres sont sur doubleaux.
Derrière l'abside ressort une autre abside basse très an-
cienne. De la fin du xme siècle jusque vers le milieu du
xve, on a successivement bordé de chapelles six travées du
bas côté S. Le clocher surmonte la septième travée, sur la
façade : c'est une tour massive, carrée, couronnée par un
crénelage et d'aspect imposant; le soubassement a été ren-
forcé par un empattement en 1415. Le second clocher, à
l'autre bout de la façade, n'a jamais été terminé. On entre-
prit, au début du xve siècle, un chevet avec chapelles
rayonnantes, qui fut arrêté au niveau des bases; on songea
à le continuer vers 1675 : ce projet échoua heureusement.
Le maître-autel, consacré en 100!), subsiste en partie : la
table est dressée devant le tombeau. Le retable d'argent,
du xiv6 siècle, a été fondu et remplacé, en 17(24, par un
baldaquin de mauvais goût. Il faut signaler encore, dans la
cathédrale, en outre du chœur du xiir siècle, qui a disparu,
une cuve antique servant de bénitier, des reliquaires du
xv1' siècle, une rloclwtte du x\T, etc. — Le cloître occupe
un quadrilatère irrègulier sur le liane N. de l'église, lïàti
vers H75 peut-être, il fut ruiné en lv285, et la recons-
truction dura jusqu'à la fin du xiv° siècle : la galerie S.
était intacte; on releva la galerie 0. en partie avec des
matériaux anciens, puis la galerie N.; à la galerie I... qui
vint ensuite, on modifia le tracé des voûtes, dont les ner-
vures pénétrèrent dans les supports; on appliqua ce sys-
tè à la galerie S., qui fut, en dernier lieu, voûtée. Si
les auteurs de cette restauration ont substitué au berceau
ou plutôt à la charpente du cloître primitif des voûtes de
itroctore gothique, ils ont respecté le tracé de la daîra-
voie, et l'on peut classer le cloître d*Bn« parmi les do
romans : c'est l'un de, plus beau assurément que l'école
romane ait laissés. Aucun peut-être ne réunit a un pareil
degré le luxe des matériaux, de marbre blanc, veiné de
bleu, et leur conservation, l'unité de l'ensemble et la
luxueuse variété des délaiK : les colonne, sont en grande
partie à pans coupes, cannelées, tournées M spirales, im-
briquées, l'euillagees, etc. Quelques chapiteaux, surtout au
N., et certains culs-de-lampe au S., sont de petits chefs-
d'œuvre de sculpture. Aug. BbOTAILS.
Bibl. : A.LABT, les Patronnes d'Elne, dans le Bulletin
de la Société dus Pyrénées-Orientales, t. XI, ei dus lea
Notices historiques sur les communes du Roussillon, t. I,
pp. 121-144. — Ùaupaoiik, Dissertation sur sainte l-.ui.iUi-.
— Congrès archéologique 'le France, \\\\- nesBion. —
L. de Bonnefoy, Eptgraphle roussillonnaise. — Bai i aii.«.
Monographiede ta cathédrale el du cloître d Elne, ex trait du
Bulletin de la Société des Pyrénées-Orientales, t. XXVIII.
ELNES. Coin, du dép. du Pas-de-Calais, arr. de Saint-
Omer, cant. de Lumbres, sur l'Aa; 459 hab. Papeterie,
blanchisserie de toile. Ancien château fort des comtes de
Vaudelin, converti en ferme.
EL 0BEÏ0 (V. ObbId).
E LOBE Y. Nom donne à deux ilôts, Elobev Grande
(500 hect.), et Elobev Pequeno (25 hect.) faisant parti-
des colonies espagnoles de la côte de Guinée, dans la baie
de Corisco. Le climat de ces Ilots est très salubre ; 1.1
Pequeno sert de sanatorium aux postes de la région cir-
convoisine.
ÉL0CUTI0N(Rhét.). L'élocution, dansl'acceptionpropre
du mot, n'est autre chose que renonciation de la pensée par
la parole. C'est ainsi que la définit Quintilien en rappro-
chant le mot du grec ?peéai$ (VIII, proœm.) : Eloquieti
omnia ijuœ mente conceperis promere ati/u,' ad au-
dientes perferre. Dans le sens oratoire, cette énonciation
consiste à choisir, en parlant, l'expression la plus propre |
faire valoir la pensée. Le mot est donc synonyme de style,
avec cette différence qu'il s'applique particulièrement à
l'expression orale. L'élocution a pour objet, par conséquent,
en rhétorique, cette partie de l'art oratoire qui consiste a
exprimer ce que l'orateur a trouvé par l'invention et com-
biné par la disposition. Les auteurs sont d'accord pour
regarder cette partie de la rhétorique comme la plus im-
portante et la plus difficile. Elocutio, dit encore Quintilien
au même endroit, utinter omnes convertit, dijpciUiina.
Il cite à l'appui de son opinion celle de Cicéron qui a con-
sacré à cette division de l'art la plus grande part de ses
efforts, et suivant qui tout homme intelligent peut acquérir
l'invention et la disposition, tandis que l'éloquence (elo-
quentia est ici exactement synonyme de elocutio) est le
propre de l'orateur (Or., 44). Voltaire et Buffon ne parlent
pas autrement du style qui est l'élocution écrite. La partie
de la rhétorique qui s'appelle l'élocution est aussi, on le
conçoit par ce qui précède, la plus étendue. Elle laisse en
effet à la grammaire les règles de la correction; mais elle
traite du style et de ses genres, de ses qualités générales
et des qualités particulières à chacun; du choix des mots
et de la construction des phrases ; des tours, des mouve-
ments, des figures: des défauts de style à éviter, et des
moyens d'acquérir les qualités opposées; comme l'un des
meilleurs moyens est la lecture et l'étude des modèles en
tous genres. Quintilien a l'ait entrer dans sa rhétorique un
tableau de l'histoire littéraire de la Grèce et de Home à
l'usage de l'apprenti orateur (Inst., X, I) (V. Styi.k, IV
GURE, etc.). A. W.
EL0CY0N (Paléont.) (V. Cynodictis).
ELODEA {Elodea L.-C. Rich.) (Bot.). Genre déplantes
de la famille des Hydrocharidao ni des herbes
aquatiques, submergées et vivaces, à feuilles sessfles si
vertieillées, à fleurs hermaphrodites, polygames ou dioîques,
renfermées, au nombre de trois à sept, dans une spatbe
axillaire, ovale ou linéaire. L'ovaire, infère, devient à la
maturité une capsule obloDgue renfermant un petit nombre
de graines à embryon droit, dépourvu d'albumen. — L*l ,
- 801 -
ELODEA - ÉLOGE
cmudensis Rico. ( Inaeharis Alsinastrum Dabingt.) est
une espèce dioïque commune dans K-s cours d'eau de l'Amé-
rique du Nord, transporté accidentellement dans la Grande-
urne fi eu Irlande, il s'j es) multiplié dans des propor-
tions tellement considérables qu'il esl devenu un obstacle
i\ ala navigation. Depuis plusieurs années, l'individu
fé Ile s'est également multiplié en grand nombre dans
plusieurs mares et cours d'eau delà France. M. II. Bâillon
.i étudié l'organisation Boréale de cette espèce dans les
Comptes rendus de l'Association française pour l'avan-
cement dessciences il e Havre, p. 582). Ed. Lsf.
ELODES (Plaies Spach.) (Bot.). Genre d'Hypéricacées,
tris voisin des Hypericum, dont il diffère par les glandes
cuilli'iises. pétaloides et bifides i]in alternent avec lés fais-
ceaux d'étaoiines. L'espèce type, £. paUtstris Spach (Hype-
ricum Elodes l..i. est une herbe vivace commune en France
dans les marais tourbeux des terrains siliceux. Ed. Lef.
ÉLOGE. 1. LrrrBBATDBi utciEiwE. — H y a. dans la litté-
rature grecque, différentes formes d'éloges, soit des pané-
gyriques, aoil îles oraisons funèbres, (.'est surtout la so-
iiùstique du v siècle av. J.-C. avec Gorgias, Protagoras,
'rudiais. Hippias, Euthydème, qui s"e>t exercée dans le
e du panégyrique, en taisant l'éloge de toutes sortes
("objets, par exemple, de la mouche, de la lièvre, de la
punaise, de l'escarbol. Il y a des panégyriques plus sérieux
dans les |>oesies de Pindare et dans les œuvres d'Iso-
cra' noms). I.a pièce de Théocrite, intitulée 1rs
Gnues ou Hiéron, est I éloge dlliéron. Les Athéniens
avaient, à l'époque classique, l'habitude de faire célébrer
piibliquenientla mémoire des soldats morts pendant l'année.
-i ainsi que Thucydide (4, 34-46) a refait un discours
funèbre de m genre prononcé parPériclès. Le idénexènede
Platon est une oraison funèbre du même genre (V. Oraison
nmtBu). Nous retrouvons les deux catégories d'éloges,
■anégynques et oraisons funèbres, dans la littérature
Ijiie de l'époque romaine. H \ a plusieurs éloges dans
livres de Dion Chrysoslome; nous avons deux dis-
cours funèbres dans celles du sophiste Polémon, et dans
celles du rhéteur .Elius Aristide une oraison funèbre
adressée a une ville d'Asie, Peloge de son ami Alexandre
et un discours qui a une certaine valeur historique, l'éloge
de Roaw. On conteste a Lucien l'éloge de Démosthène et
Péloge de H patrie, mais l'éloge de la mouche parait être
de lui. Au iv* siècle, le philosophe Themistius a écrit plu-
sieurs panégyriques d'empereurs et l'exorde d'une oraison
funèhiv de son père. Dans la littérature chrétienne, nous
a de saint Grégoire de Naùance (Y. ce nom)
plusieurs oraisons funèbres, et de l'évéque Synesius, l'éloge
de la calvitie, composé sur le modèle des éloges de Lucien.
On peut encore ranger parmi les éloges les sept cent qua-
rante-huit épigrammes funéraires de l'Anthologie grecque.
La littérature latine est beaucoup plus riche en éloges
de tous genres que la littérature grecque. Il faut distin-
guer tout d'abord, d'une part, les panégyriques et les
oraisons funèbres, de l'antre les différents genres qui sont
compris dans l'expression technique elogtum. L'étvmo-
i du mot rlogium n'a pas encore été bien déterminée;
les uns y voient une forme latinisée du mot grec è/^yaiov,
anterieui'- aux formes elegeia et rlegia ; d'autres le con-
sidèrent comme une forme plus ancienne du mot latin
junim ; d'autres le tirent simplement du verbeelegere,
avec le sens d'extrait, de sommaire, de sentence, il est
proltable qu'au début elogtum a signifié une courte ins-
cription, soit épi^rammatique, soit votive. Dans Plaute
va/., v, 4U!t), ce mut signifie une épigramme écrite
sur une muraille; Cicéron appelle ainsi l'inscription en
vers saturniens du consul A. Atilius Caiatinus et un dis-
tique ele^iaque de Solon : Auguste fait izraver, sur le
monuin<-nt élevé a Drusus. un elogium en vers. C'est donc
d'inscription funéraire et, par suite, élogieuse qui
l'a peu a [>eu emporté Mir les autres. Nous avons des elogia
de différentes formes. Ils sont privés ou publics. Ij)mme
ni'inumentN privés, nous connaissons, de l'époque républi-
caine, les èpitaphes gravées à l'intérieur des tombeaux des
anciens magistrats et des grands personnages ; elles sont
très courtes ; le nom est au nominatif; nous avons toute
la série des èpitaphes des Sapions depuis 290 jusqu'à K!0
{Corpus inscriptionum latinarwn, 1, n° 30 et suiv.) ;
nous avons aussi Velogium d'un riche affranchi; on peut
également mettre dans cette catégorie les inscriptions,
dont l'auteur est inconnu, composées en l'honneur de diffé-
rents poètes latins, celle de Naevius en vers saturniens,
celle de Plante en hexamètres dactyliques, celle d'Ennius
en vers élégiaques, celle de Pacuvius en iambiques sénaires.
Sous l'Empire, les èpitaphes de ce genre se gravent sur la
paroi extérieure des tombeaux avec le nom au datif, et alors
on peut donner le nom d'elogia à toutes les inscriptions
funéraires qui contiennent les titres du défunt et un éloge
plus ou moins long. Les familles nobles avaient aussi l'ha-
bitude de faire écrire au-dessous des portraits des ancêtres
de courtes notices qui s'appellent aussi elogia, mais nous
n'en avons pas conservé. Comme monuments publics, nous
connaissons d'abord les elogia des monnaies, courtes ins-
criptions que les magistrats monétaires furent autorisés
depuis 114 à faire figurer sur les monnaies en même temps
que des symboles de leurs familles ou des portraits d'an-
cêtres. En second lieu, les magistrats qui consacraient des
temples trouvèrent souvent le moyen d'y introduire, en la
faisant graver sur quelque pièce de la décoration intérieure,
une inscription relative à leur famille, sous forme d'elo-
yium. Enfin, on permit à différents magistrats d'élever,
sur les places publiques de Home et surtout au Capitole,
des statues à leurs ancêtres avec un clogium; nous avons
plusieurs de ces inscriptions ; quelques-unes sont de petites
biographies ; l'histoire ne doit s'en servir qu'avec pru-
dence, car elles ont été généralement composées très long-
temps après la mort des personnes qu'elles concernent ;
celle de Duilius, par exemple, n'a été rédigée que sous
Claude. Auguste fit placer dans son Forum les statues des
principaux personnages de la République, depuis Enée,
avec un elogium ; nous avons vingt-quatre inscriptions de
ce genre, soit entières, soit fragmentaires, trouvées soit à
Borne, soit dans les villes d'Italie qui en avaient fait faire
des copies. Chacun de ces elogia renfermait le nom du
personnage au nominatif, l'indication de ses magistratures,
de ses sacerdoces, une esquisse biographique et une courte
appréciation. Après Auguste, on ajouta d'autres statues
dans son Forum. On pratiqua le même système au Forum
de Trajan. Il nous a fourni des biographies de nombreux
personnages depuis le ne jusqu'au ve siècle. On peut rap-
procher de ce genre d'inscription les elogia, qui, d'après
un usage grec, étaient placés sous les portraits des grands
hommes dans les musées et les bibliothèques ; la plupart de
ceux qu'on a trouvés à Rome sont en grec, quelques-uns
seulement en latin. Varron avait écrit, dans un ouvrage
intitulé Portraits (Imagines) les biographies de sept cents
personnages, accompagnées chacune d'un portrait et d'un
elogium en vers; malheureusement, il ne nous en reste
rien, non plus que de l'ouvrage analogue qu'avait composé
Atticus. Nous avons quelques fragments d'un recueil du
même genre qu'avait fait Symmaque le père au ive siècle ;
on ne sait, au juste, a qui attribuer les deux séries, l'une
de vingt-quatre, l'autre de huit elogia, en hexamètres
dactyliques, que renferment plusieurs manuscrits. Le mot
elogium a gardé, en outre, quelques acceptions particu-
lières dérivées de sa signification primitive ; il désigne, par
exemple, une clause particulière d'un testament, un acte
de la procédure criminelle, un rapport de police sur un
inculpé et quelquefois aussi une sentence rendue au cri-
minel.
Les éloges proprement dits tiennent une grande place
dans la littérature latine ; nous en renvoyons l'étude aux
mots Panégyrique: et Obajson funèbhe. Citons seulement
ici quelques œuvres qui ne rentrent précisément dans au-
cun de ces genres, par exemple le livre de Tacite sur la
vie d'Agricola, qui est à la fois une biographie et un éloge;
ÉLOGB - 1 LOPS
- 865
les Éloges* Ici lu paf fronton :i U manière dei sophistes
grecs ; les quatorze pièces île Prudence qui sont ta panc-
gyriques de martyres chrétiens, et due la littérature
chrétienne' les nombreux traités qui renferment l'éloge
il'iiiie profession, d'une vertu, ainsi l'éloge de la virginité,
(le saint Jérôme, l'éloge du martyre, de saint Gyprieu.
Ch. LécbIVAW.
II. LlTTRHATUHE CONTKMI'OIIVINI ..— Discours |iil|jlic l'ait à
l'honneur de f]ii<-l<|ii*un après sa mort (V. OttAlSM n m khi.
et Panégvhique). En France, les éloges académiques pré-
sentent un caractère spécial ; c'est un genre décomposition
littéraire tout particulier ; on trouvera à l'art. Ohatoihe
(Art) les règles et les caractères de l'éloquence aca-
démique.
Btllt.. : LITTÉRATURE ANCIENNK. — Brlf<;K, firiesrhisfhe
IÀleraturueschiclite ; Berlin, 1872t1887. — liai i il, Ge-
srhicktc <ler romi.se/ien Lileratur ; Leipzig. 1890. — Lai aye,
article Èlogiùrn, dans Dictionnaire dés antiquités grecques
et romaines ; Paris, 1891,
ELOHIM. Nom de la divinité chez les Hébreux, <|iie les
traductions anciennes et modernes rendent pat Bien (V. He-
ureux [Histoire et religion desj).
ÉLOI (Saint) (Eligius), né à Catillac, près de Limoges, en
588, mort à Noyon le 30 nov. (558 ou 659. Venu à Paris
comme orfèvre, il acquit la faveur du roi Clotaire II qui
en fit son trésorier. Le roi Dagobert accrut encore la situa-
tion d'Eloi, qui l'utilisa au profit de l'Eglise et des cou-
vents. On lui attribue la fondation de l'abbaye de Saint—
Ouen. En (140, on lui donna Févêché de Noyon. Il continua
d'être on des grands personnages de la monarchie franque.
II travailla activement à l'évangélisation des Flandres,
fonda l'église Saint-Martin à Courtrai, un monastère à
Tournai, etc. La légende a beaucoup accru le rôle de ce
saint resté très populaire et regardé comme patron des
orfèvres.
ÉLOIE. Com. du territoire de Belfort, cant. de Gi-
romagny; 1(36 hab.
ÉLOIGNEMENT (Math.) (V. Géométrie mscrîptive et
Mathématiques).
ÉLOISE. Coin, du dép. de la Haute-Savoie, arr. de
Saint-Julien, cant. de Frangy; 472 hab.
ÉLOMIRE (Marie-Joséphine-Victorine Joixain, dite),
actrice française, née à Lhampeaux le 8 mai 1784, morteà
Paris vers 48H8. Elle était âgée de quatorze ou quinze ans
lorsqu'elle débuta au théâtre des Jeunes-Artistes. Le 19 juin
180B, elle débuta avec succès aux Variétés, le théâtre alors
le plus populaire de Paris; pendant dix ans elle fut l'actrice
préférée du public de ce théâtre, puis tout d'un coup, vers
1815, au plus fort de ses succès, elle quittait subitement
la scène pour n'y plus revenir. A. P.
ÉLONGATION. I. Astronomie. — Elom.ation d'une
planète. — Différence entre les longitudes géocentriques
de cette planète et du soleil. La plus grande élongation des
planètes intérieures, Mercure et Vénus, s'appelle aigres-
sion (V. ce mot). Les élongations des autres planètes vont
jusqu'à 180° puisque ces astres peuvent se trouver opposés
au soleil. L. IL
II. Médecine. — Eloncatiox nerveuse. — Un agent
vulnéranl peut produire l'élongation d'un nerf en exerçant
sur lui une traction ; on peut l'observer à la suite des dépla-
cements des extrémités osseuses dans les luxations, lors des
tractions nécessitées pour la réduction des fractures, lors
de l'extension forcée d'un membre. H faut une force con-
sidérable pour occasionner la rupture d'un nerf; celle du
sciatique exige de 54 à 5X kilogr., celle du médian et dfl
cubital de 20 à 25; la déchirure est précédée d'une élon-
gation de 15 à20niilliin. Les nerfs distendus présentent des
lésions profondes, rupture de la myéline des tubes ner-
veux et des cylindres axes, hémorragies capillaires, etc.,
qui sont suivies plus tard de dégénérescences partielles.
Des douleurs très vives se montrent lors de la distension
dans le territoire du nerf atteint et s'accompagnenl de sen-
sation de fourmillement et de brûlure; elles disparaissent
au bout de peu d« tempe et peuvent faire pkee .1 de l'ane*
Lhéeie,
L'élongation des nerf- est employée pour «aimer les
névralgies depuis le |our on Billroth vit des douleur-, trèa
vives du sentique disparaître a la suite de l'élongation de
ce nerf qu'il avait faite accidentellement an cour- d'une
opération. I.n Allemagne, puis en France et en Angleterre,
on eut recoars a l'élongation dans les affections les plus
diverses : ataxie, tétanos, spasmes, lice, convulsions, névral
pies rebelles, etc. Mais les résultats obtenus ne répondi-
rent pas toujours aux espérance-, que |a découverte de
l'élongation avait fait Battre; ils furent nuls dans II
lions d'origine centrale ; ils ne lurent satisfaisants que dans
les névralgies d'origine périphérique. Même d ..
l'intervention est fort restreinte, car outre qu'elle m
une opération chirurgicale difficile, elle expose le malades
tous les dan-ers consécutifs. Ne pou vaut donc pour cettt I
utiliser l'élongation sanglante que pour le> névralgies avant
résisté à tous les autres modes de traitement, on chercha a la
pratiquer sans opération par des mouvements d'extension
forcée imprimés aux membres; on y réussit dans quelques
cas, surtout lorsqu'il s'agit du sciatique qui se prête facile-
ment a ces manœuvres. Le malade étant anesthésie au préa-
lable, un aide immobilise son bassin pendant que le chi-
rurgien saisit le pied, fléchit la jambe sur la cuisse et
celle-ci sur l'abdomen et l'amène à former un angle de
15° à 20° avec le tronc. Le nerf sciatique est ainsi allongé,
sans aucun danger, quand l'opération est faite avec pru-
dence. Cette opération est suivie de gnérison, r.-a.-d. de
la disparition de la douleur, dans plus de la moitié des
cas, et d'amélioration plus ou moins durable dans un tiers
des cas environ. On l'emploie d'autant plus volontiers
qu'elle n'expose le malade à aucune complication et qu'elle
n'entrave nullement un autre traitement concomitant. Mais,
si elle est encore utilisée contre les névralgies, elle ne l'est
plus guère ni dans l'épilepsieni dansl'ataxie locomotrice, où
elle ne donne que des résultats fort passagers. — Quelque-
fois on a provoqué des paralysies en pratiquant l'élongation
pour remédier à des tics convulsifs ou à des phénomènes
douloureux ; l'arrachement du nerf a été observé au cours
de l'opération quand elle était faite par la méthode san-
glante; aussi cette méthode de traitement est-elle peu usi-
tée et ne le sera pas avant d'avoir donné des résultats plus
concluants. Dr Georges Lemoine.
ÉLONGIS (Mar.). Fortes pièces de boisde chêne pla-
cées de chaque coté du mat dans le sens de la longueur
du navire, à la hauteur de la hune et chevillées entre
elles. L'est sur ces pièces que repose le plancher de la
hune ou première plate-forme de la mature.
ÉLONICHTHYS (Paléoflt.). Ce genre a été fondé par
(iiebel pour des Poissons Ganoïdes appartenant à la famille
des Palœoniseidées et démembrés des Amblypterus: le type
est Amblypterus tiemopterUS Ag. du terrain carbonifèie.
Les caractères du genre sont les suivants : écailles sttï
nageoires impaires grandes: fnleres petits; ravons des
pectorales articulés: caudale puissante; dorsale située au-
dessus de l'espace qui sépare les ventrales de l'anale ;
suspensorium très oblique; pas de sous-operrulaire: dents
grandes entremêlées de dents plus petites. ].. SxuVACB.
Hun . : Gikmki., Fauna der Vorwelt., i. I. — Traqcair,
Jonrn. Geo/. Soc, 1877.
ÉLOPOPSIS (Paléont.). HeckeJ a établi ce genre pour
des Poissons des schistes bitumineux de l'islrie dont les
caractères sont les suivants : corps fusiforme, squelette
robuste, gueule largement fendue, armée de dents aug-
mentant de force vers la partie postérieure des mâchoires.
les externes étant beaucoup plus fortes; dorsale peu éten-
due, insérée au-dessus des ventrales ; caudale robuste, très
eiliaucrée. Le genre est rapporte par lloikel à la famille
des Clupéidées et se place près des Llops. L. Svi i
Bibl. : Beilrâge ;. Kerm, der loss. Fische (Lsteneichs,
I8S6
ELOPS (Ichtyol.). Genre de Poissons osseux {Tt'l
t t'en s) de l'ordre des Physostoiïtcs et de la famille des
- m -
EI.Ol'S - KL PASO
il„l> sentant un eorps de forme allongée, faible-
ment comprimé, revêtu de petites écailles adhérentes; la
ligne latérale bien marquée : le museau pointu, des plaques
de dents en velours sur los maxillaires, le fomer, los pala-
tins et les ptérigoides, ainsi que sur la langue; la dorsale
oapoa -■ l'anale plus courte que la dorsale, les
membranes branchiales entièrement séparées. On connaît
dosa formes de ce genre, *wt VElops sauras est le type,
propres aux mers tropicales; il pent atteindre la longueur
de trois pieds (92 rentim.) et n'est pas estimé comme âli-
ment On le mange quelquefois au Sénégal. Hornr.it.
ly of Fishea. — Db Rochb»runi
tsons.
ELOQUENCE (\. Obat B ! Vil]).
ELORN. KiTière de France 0. Fuustèbb [Dép. du]).
ELORZA Caoaaoi v (Cosme-Oamian) |N . Gui rboi m.
ELOTHERIUM (l'aleont.) (V. CbIropotamb).
EL-OUOIAN. Groupe d'oasis du Balad-Djend ou pays
-, de la Tunisie), qui renferme plusieurs
villages, tels que Degach, Kn/. fedoada, assez éloignés les
m, s des autres. On y compte environ 4.000 hab. et
,000 palmiers.
EL-OUED. Ville d'Algérie, dans l'extrême S. du dép.
■ iiHiuiif^i à 316 lui. I .-s.-l ■'. de Biskra, capitale
:i: Seof; 5,006 hab. environ. « La ville, dit un
vayagear, offre l'aspect d'une enceinte de ruches à miel;
ititaa et basses, sont des cahutes couvertes
de dansas minuscules et ayant la forme d'une calotte hom-
bée et sphérique. » L'oasis, sans cesse menacée par l'en-
vahissement îles sables, ne se maintient que par le travail
inaani datants. Elle fait partie de la com. indi-
gène (le Riskra et est le siège d'une confrérie religieuse
puissante.
ÉLOUGES. Com de belgiqne, prov. de Rainant, arr.
0 haï). Stat. du eh. de 1er de Mous à Quié-
vrnin. Fabriques de sucre; exploitations de mines et de
ivs.
Bibl. : c. Di lbovb, Elouges, ses antiquités et son his-
• laiis Ann. du Cercle arcli.de Mons, t. XII.
ELOUIS (Jean-Pierre-Henri), peintre français, né à Caen
le 10 j.un. 1755, mort a Cacu le ï.'> déc. 1840- Fils d'un
peintre amateur distingue, il fut, très jeune encore, un bon
t. Il vovagea en Angleterre, en Hollande,
M Mlemagne, alla explorer les Etats-Unis, et s'acquit une
réputation de miniaturiste en peignant plusieurs citoyens
èbresdans la guerre de l'Indépendance, entre
autres Washington II lit de nombreuse!] caricatures. 11
■mpagna HumMdt dans ses voyagea, fut fait prisonnier
par les Anglais aux Antilles, resta plusieurs mois dans l'Ile
de l.i Providence, ou il connut le duc d'Orléans (depuis,
Louis-I'hilippe I r). réfugié la pendant la Révolution. Il
revint en France en ImiT, et se livra alors a la peinture a
l'huile. D concourut en 1811 pour obtenir l'emploi de eon-
iteur du musée de Caen, et réussit dans ce concours.
Parmi ses enivres, on cite surtout les portraits du général
■ amont, de Bridet, de Lair, de Jamel et de l'abbé
H-rvicu. Challahel»
EL-OURICIA. Village d'Algérie, dép. de Constantine,
an' i \i Kil. de cette dernière ville, sur des
terres concédées en Ik:>:; g la Compagnie genevoise, et
qu'elle >Vst bornée le plus souvent a louer a des indigènes;
•m élève des bestiaux et on cultive les fruits et les céréales;
il y a quelques hectares déjeunes vignes. Avec un autre
village tn-s rapproché, Hahonan, Ll-Ouricia forme une
com. de plein exercice de 9,436 liai)., dont seulement
ELOUT (Corneille-Théodore), lioinme d'Etat hollandais,
r> à Haarlem en 1707, mort à La Haye en (841. Il était
procureur gênerai a Amsterdam lors pie la Hollande fut
eonquise far les Français. En 1805, il refusa le portefeuille
de rinténeur que lui offrit le grand pensionnaire Sehim-
melpenninrk. mais il accepta le poste de gouverneur géné-
ral des Inde- néerlandaise-:, dans lequel il fut bientôt rem-
placé par DamdêlS (V. ce nom). Le roi Louis l'avait
rappelé pour le faire président de section au conseil d'Etat
et le charger de rédiger un code pénal. Après l'abdication
du roi, Eloul se démit de ses fonctions et vécut dans la
retraite jusqu'à la révolution de 1843. Guillaume lor lui
confia la mission de rétablir l'autorité de la Hollande dans
le- colonies que le traité devienne venait de lui restituer.
Il demeura près de quatre années aux Indes et lit lesetforts
les plus méritoires pour obtenir du gouvernement la sup-
pression de l'esclavage. Revenu dans son pays en 1849,
il l'ut successivement membre des Klals généraux, ambas-
sadeur à Londres, ministre des finances et ministre des
colonies. In cette dernière qualité, il eut à organiser d'une
manière définitive le gouvernement des Indes néerlandaises;
il réussit, aide par des collaborateurs de haute intelligence
tels que Du lins et Van der Bosch, à surmonter les diffi-
cultés de la situation et à effacer les traces de la guerre
qui, en I82S, avait désole Java. Il créa le plus intéres-
sant exemple de monopole qui existe dans le monde et
favorisa de toute son activité la création de puissantes
sociétés commerciales qui missent en valeur les immenses
et riches territoires des colonies. Lorsque son grand âge
l'eut éloigné des affaires actives, Elout consacra ses loisirs
a rédiger l'histoire de son administration coloniale (Ams-
terdam, 1833, -1 vol. in-fol.). E. H.
BtBL. : Van Kamit.n, Histoire des Néerlandais hors
d'Europe {en hollandais); Harlem, 1831-1888, 3 vol. in-8. —
Van WoUDRIOHEM van Vliet et SUBK.MOHDT, Etudes co-
loniales (en hollandais); La Haye, 1807, in-8.
EL-OUTAIA. Localité d'Algérie, dép. de Constantine, sur
la route de Constantine à Riskra, à 211! kil. S. de la pre-
mière de ces villes et à une ait. de "2(>(i m., au milieu
d'une grande plaine que l'on pourrait fertiliser par un
barrage sur l'oued Biskra. Caravansérail, plantations de
palmiers récentes, ruines romaines.
ÉLOY (Saint) (V. Eloi).
ÉLOY (Gérard) ou ELIGIUS, historien belge, né à Petit-
Han en 1590, mort à Bruxelles en 1644. Il fréquenta les
cours des universités de Louvain et de Douai, puis se fit
chartreux a Bruxelles en 4642. Chargé par ses supérieurs
de classer les archives du couvent, il en recopia les pièces
les plus importantes et y recueillit les éléments d'une his-
toire de l'ordre. Ses principaux ouvrages sont : Vita et
martyrium l>. Justi Goudani cartu&ia Delphensis in
Bollandid professi ri sacristie (Bruxelles, 1624, in-4);
celle biographie a été traduite en français et publiée par
Ad. Driscart à la suite de sa traduction française de Vllis-
toire des chartreux de Dorlandus, publiée en 4644; Vita
s. Brunonis cartusiensium institutotis primi, com-
mentario illustfata (Bruxelles. 1HB9, in-8); Vie de
suiiile Gertrude, abbesse de Nivelles (Bruxelles, 1039,
in— 42). Ces travaux présentent beaucoup d'intérêt pour
l'histoire religieuse de la Belgique et ils contiennent la
copie d'un grand nombre de documents dont les originaux
ont aujourd'hui disparu. E. H.
Hiiil. : FoppBns, Bibliothecabelatca; Malines,l73(J, 2 vol.
in-4. — Gœthals, Lectures sur l'histoire des lettres et des
sciences en Belgique; Bruxelles, 1S37-1S38, 4 vol. in-8.
ÉLOY (Nicolas-François-Joseph), médecin belge, né à
Mons le "20 sept. 171-4, mort à Mons le 10 mars 1788. Il
étudia a Louvain et à Paris, puis exerça son art à Mons
et en 17.'ii devint le médecin consultant de la duchesse de
Lorraine. Son ouvrage le plus importantes! le Dictionnaire
historique de lu médecine ancienne et moderne, etc.
(Mons, 1775, 2 vol., et 1778, 4 vol. in-t) ; il a encore
publié des opuscules sur le thé et le café, un Court des
accouchements (Mons, 1773, in-l-2) et un Mémoire sur
la dysenterie (Mons, 1780, in-8). Dr L. Un.
ÉLOYES. Com. du dép. des Vosges, arr. et cant. de
Bemiremont ; 1 ,524 hab.
EL PASO. Ville des Etats-L'nis, à l'extrémité N.-O. de
l'Etat du Texas, sur la rive gauche du rio Grande del
Norte, en face de la ville mexicaine de l'aso del Norte,
11. l'ASO - ELPIDIUM
- 8.,; _
Miurc sur l'astre rive, el tout prèi de la frontière méri-
dionale ilu Nouveau- Mexique. El Paso «-si nne station
importante du chemin de fer Southern Pacific.
ELPHINSTON (James), éducateur el écrivain écossais,
né a Edimbourg en 1721, mort en 1809. il dirigea des
écoles aux environsde Londres, Bans grand Buecès, paraît-il.
|.c l)r Johnson, dont il avait édité Tne Rambler en Ecosse,
|iarli' de lui avec, une indulgence «pic ses autres cou t cm—
porains ne montrent pas. Traducteur de Louis Racine (/«
Religion), de Bossuet [Discours sur F Histoire univer-
selle), îles épigrainiiies de Martial, auteur d'un poème BUr
l'éducation, inventeur d'un système d'orthographe phoné-
tique, toutes ses tentatives n'aboutirent guère qu'à exciter
les moqueries de ses contemporains, dont le jugement parait
devoir être définitif. B.-ll. G.
ELPHINSTONE (William), prélat et homme d'Etat
écossais, né à Glasgow en 1431, mort à Edimbourg en
1514. Après avoir débuté dans la carrière ecclésiastique
en Ecosse comme curé, il fut professeur de droit civil et
canonique à Paris et à Orléans. Nommé à son retour dans
son pays recteur de l'université de Glasgow, il ne tarda
pas à se concilier la faveur royale. Jacques III, l'ayant
chargé d'une ambassade en France, le récompensa des ser-
vices qu'il lui avait rendus en le nommant à l'évèclié de
Ross et plus tard au siège d'Aberdeen (1484). Quelques
années plus tard, à la suite d'une mission à Vienne, il fut
élevé à la dignité de chancelier du royaume. On lut doit
une Histoire o"Ec osse conservée en manuscrit à Oxford. Il
consacra une grande fortune à des œuvres d'utilité publique,
notamment à la construction d'un pont sur la Dee et à
l'établissement de King's Collège dans sa résidence épisco-
pale (1494). G. Q.
ELPHINSTONE (Alexander, lord), homme d'Etat an-
glais, né le 28 mai 1552, mort en juil. 4(548. Membre du
conseil privé en 1599, lord haut-tresorier la même année,
il fut encore nommé lord de session. — James Elphins-
tone, premier lord Balmerino, né vers 1553, mort en
juil. 1612, frère du précédent, fut lord de session en
•1586, commissaire de la trésorerie en 1595, secrétaire
d'Etat en 1598. 11 jouit d'une grande faveur auprès de
Jacques 1er qui lui donna la pairie avec le titre de lord
Balmerino le 20 févr. 1604. Il lit partie de la commission
chargée d'établir l'union entre l'Ecosse et l'Angleterre,
président de la cour de session en 1605. En 1609, il fut
condamné à mort pour félonie : il s'était reconnu auteur
de la fameuse lettre envoyée au pape Clément VIII avec la
signature du roi et qui laissa supposer que Jacques incli-
nait vers le catholicisme. La sentence rendue contre Bal-
merino ne fut pas exécutée. Il fut emprisonné jusqu'en
oct. 1609 et obtint alors la permission de résider dans sa
propriété de Balmerino. — Son tils, John, deuxième lord
Balmerino, fit une vive opposition à la politique religieuse
de Charles en Ecosse. Emprisonné en 1634, il fut condamné
à mort pour n'avoir pas dénoncé l'auteur d'un pamphlet
contre l'autorité royale. Le peuple, indigné de l'iniquité de
ce procès, se souleva. Balmerino fut gracié; on le trouve
ensuite mêlé aux troubles qui éclatèrent en Ecosse. Prési-
dent du parlement écossais en 1641, conseiller privé la
même année, il accompagna le général Leslie en Angleterre,
en 1643, et fit partie du conseil d'Etat nommé pour
assister sir William Baillie après les désastreuses cam-
pagnes d'Argyll. 11 mourut d'apoplexie à Edimbourg, en
févr. 1649. — Son petit-fils, John, quatrième lord Balme-
rino, né le 26 déc. 1682, mort à Leith le 13 mai 1736.
l'ut un jurisconsulte distingué. Il lit partie du conseil privé
en 1687 et pair élu d'Ecosse en 1710 et 1713. — Son tils.
Arthur, né en 1688, mort le 18 août 1746, adhéra au
parti jacobite après la bataille de Sherill'niuir et passa sur
le continent, où il demeura jusqu'en 1733. Il rejoignit le
prince Charles en Ecosse en 1745, combattit a lalkiik et
fut fait prisonnier après la bataille de Culloden (1746).
Enfermé à la Tour, il fut condamné à mort et décapité le
18 août. H. S.
ELPHINSTONE (John), amiral reste, né • ■
1720. mort en 1773. Il servit d'abord en Aifiesem, al
acquit le grade de capitaine. En 170x, il passa au -
de Catherine II. avec te grade de contre-amiral, A la tin de
la même année, il partit de Cronstadt a la tète de quatre
vaisseaux el d'une frégate pour rallier, dan-, l'Archipel, la
flotte de l'amiral Spiridov. Il eut une grande paît a la rie-
luire navale que celui-i i remporta dans les eaux de Chio,
le '■> juil. I77(i, sur le capitan-pacha Gazl— Hastu, et il
détruisit, au moyen de brûlots, la Hotte turque dans la
baie de Tchesmé, puis dans le golfe de Napoli de Remanie*
H voulait profiter de la victoire efl louant b-s Dardanelles
et en s'emparant de Constantinople; ee ne fut pas lavis
des chefs lusses, Spiridov et le commandant Orlov des
troupes de débarquement. Ayant montré, par son exemple
et avec une certaine ostentation, la possibilité de son projet,
il ne fut point suivi, et cet exploit excita la jalousie, de
telle sorte qu'il ne fut pus compris dans \<-> distinctions
honorifiques accordées par l'impératrice. Mécontent, il
donna sa démission et rentra dans sa patrie, ou il mourut
quelque temps après. C. Bel.
Bibl. : Chaonock, Biogr&plty navalis.
ELPHINSTONE (Mounstuart), homme d'Etat et his-
torien anglais, né le 6 oct. 1779, mort à Hookward Park
(Surrey) le 20 nov. 1859. Il était le quatrième fils de
John, onzième baron Elphinstone; un oncle le fit entrer
dans le service civil, au Bengale; il débarqua à Calcutta
le 26 iévr. 1796. A cette époque, il avait la vocation du
métier militaire; c'était un jeune homme ardent, peu stu-
dieux, enthousiaste pour les idées de la Révolution fran-
çaise. Dans les charges subalternes qu'il occupa d'abord,
il lut beaucoup, surtout des classiques, et combla les
lacunes de son instruction première. Pendant la guerre de
1803, il fut attaché a l'ètat-major de Wellesley, et se con-
duisit si bien qu'il fut nommé d'emblée au poste très
important de résident à Nagpour. En 1808, il fut envoyé
comme ambassadeur à la cour de Caboul, et rap|torta de
son passage en Afghanistan des projets qui, soumis au
consul de Calcutta, turent rejetès, mais qui ont été repris
plus tard par les maitres de l'Inde pour la protection de
leur empire du côté de l'O. Bésident a Pouna à partir
de 1810, il eut à diriger une campagne contre les Mahrattes
en 1817-1818. H fut gouverneur de Bombay de 1819 à
1827, et occupa son activité à rédiger un code de lois, à
fonder des établissements d'instruction publique. En 1827.
il quitta l'Inde et revint à Londres par la Grèce et l'Italie.
Modeste, vrai philosophe, il déclina tous les honneurs et
vécut dans la retraite plus de trente ans, tantôt a Londres,
tantôt en Italie, assez répandu dans la bonne société, très
écouté des pouvoirs publics sur les affaires de l'Inde. Il
employa ses loisirs a écrire une History of lndia (Lon-
dres, 1841, 2 vol.; 4e édit., 180'») qui est restée clas-
sique. Ch.-V. L.
ELPHINSTONE (John), treizième lord Elphinstone, né
le 23 juin 1807, mort le 19 juil. 1860. Il entra dans
l'armée en 1826 comme cornette dans les horse guards;
Guillaume IV le prit en affection et le nomma de son con-
seil privé en 1836. Lord Melbourne lui confia en 1837 le
gouvernement de Madras : il passait pour avoir plu à la
reine au moins autant qu'au roi. Il resta a Madras ju<qu'en
1842, puis fit un voyage d'exploration dans le Cachemire.
Revenu a Londres en I S i ."» . il tut attaché par lord John
Kussell à la maison de la reine. En oct. 1853, il accepta
cependant de retourner dans l'Inde comme gouverneur de
Bombay. En cette qualité, il assista à la rébellion île 185?
et se conduisit admirablement. Le 21 mai 1852, en récom-
pense de ses services, il fut fait lord Elphinstone dans la
pairie d'Angleterre. Il mourut célibataire, épuise par le cli-
mat des Indes; son titre s'est éteint avec lui. Ch.-V. L.
ELPIDIUM (Zool.). Fritz Muller a fait connaître ce
genre de Cythérides, si curieux par l'habitat de l'espèce
qui le constitue, dans son mémoire Wasserthiere in
Baumwipfeln (Kosmos, 1880, t. VI). Le genre El/ii-
— 868 -
ELPIDIUM — ELSHOECIIT
dium tire son nom de la ressemblance de sa coquille avec
celle de VElpe pinguis, autre Crustaeé Qadocère de la
famille des Cythèrides, trouve par Barrunde dans le terrain
silurien. La plupart «les Cythèrides n Ln ont dans la nier;
celle-ci se trouve dans l'eau douée, dans des conditions
na l'on peut qualifier d'extraordinaires : Millier l'a trouvée
communément a Itajahv . dans la partie S. du Brésil, dans
l'eau qui s'amasse a l'aisselle des feuilles des llromelia-
,u milieu de toute une faune, formée de larves d'in-
. t même de têtards de grenouilles arboricoles, alors
qu'il l'a cherchée en vain dans les étangs avoisinants <|ui
donnent pourtant asile a de nombreux Entomostracés. l'ait
resMrqaable aussi, cette espèce d'un type marin se ren-
contre I l'intérieur des terres jusqu'à 100 kil. de la mer.
VElpidium bromeliarum atteint l millim. et demi de
longueur; on en est réduit à îles hypothèses quant à
son mode de transport d'une plante à l'autre. Sans doute,
les jeunes individus s'attachent aux Insectes aquatiques OU
aux Batraciens qui vivent avec eux, et sont convoyés par
eux. — Theel a donné le nom très analogue d'Elpidia à
ire d'IIololhurides (1877). R. Mo.niez.
ELPIS i \>tn>n.). Nom du S96 astéroïde (Y. ce mot).
EL RIF (V. Rir).
ELRINGTON (Thomas), prélat irlandais, né en 1700,
mort en 1835. Après avoir rempli plusieurs fonctions élo-
téas dans l'Eglise anglicane, il lut promu d'abord à l'évèché
de l.imerick (4820), puis à celui de Leighlin et Feras
- œuvres théologiques sont nombreuses. Peut-
; il- bon de sauver de l'oubli OÙ elles sont naturel-
lement tombées un mémoire intitulé Inquiry whether
fturbances in Ireland hâve originateain Tythes
. On a aussi de lui des éditions d'ouvrages clas-
siques. B.-H. G.
ELSA (Astron.). Nom du 182* astéroïde (V. ce mot)
connu aussi sous le nom A' Elisabeth.
ELSA. Rivière d'Italie, a 111. de gauche de l'Arno. Klle
traverse une vallée pittoresque et fertile en arrosant Colle,
Certaldo. patrie de Boccaee, et Casleltiorentino, et se jette
dans l'Arno en amont de San Miniato. Sa vallée est suivie
par le chemin de fer de Florence à Sienne.
ELSASSER (Friedrich-August), paysagiste et architecte
allemand, ne a Berlin le 24 juil. 1810, mort à Rome le
1er sept. I*i5. Elève de l'Académie de Berlin, il partit
pour l'Italie en 183-2. Sa réputation s'étendit promptement,
et le roi de Prusse lui alloua une pension. Parmi ses plus
belles œuvres, on peut citer: Vue du Volksgelnrge;
ur d'une église </<■ Païenne; Vue des ruines
me, du Campo SatUo de Pise, etc.
ELSASSER (Jiilius). paysagiste allemand, frère du pré-
. né à Berlin .ti 1*15, niort à Rome le 25 déc. 1859.
C'était un peintre de talent, et. parmi ses paysages, on cite
une vue historique de la Campagne romaine.
ELSBER6 (Louis), laryngologiste américain, né à
Iserlohn (Westphalie) en 1837, mort à New-York le
18 !V\r. 1885. Il se fixa à New-York en 1859 et obtint
i la direction de la clinique des maladies du pharynx,
du nez et du larynx créée pour lui par la faculté de méde-
cine de cette vilie. puis fit des cours cliniques à l'hôpital
de la Chanté dont il était médecin. 11 fonda l'American
Laryngological Association et publia des mémoires impor-
tants sur sa spécialité et de plus : Laryngoscopieal Sur-
gen (Philad.. 1866, in-8, 4 pi.). Dr L. Un.
ÈLSBETH (Thomas), musicien allemand, né à Neustadl
(Franconie). Il s'établit à Francfort-sur-1'Oder vers 1000,
fuis vraisemblablement à Jauer en Silésie, et a publié à
raoefort-sur-rOder un recueil de vingt-quatre motets à
six voix (1600), sous le titre de SelectissimB et novœ
Cantiones sacnr, vulgo motecta appellatœ, nec un-
ifuam antehac in lucem emissœ, sex vocum, etc. Ses
autres ouvrages sont : Selectistimœ et nova; Cantiones
sacrœ.... qumque vocum, etc. (Liegnitz, 1590); Neue
muterlêtene weltliche Lieder... mit fûnf Stunmen
(Franfort-sur-1'Oder, 1599); Selectissimœ et novœ Can-
C.RANDF. ENCYCLOPÉDIE. — \\.
tiones sacres... quatuor vocum (Liegnitz, 1606); Neue
ausserlesene Lieder, m Coites Lob gerichtet, dan»
nueli von der edlen und lieblichen Musica, mit fiïnf
Skimmen (Liegnitz, 1007); Erster Theil sontaglicher
Evangelien... mit drei Stimmen (Liegnitz, s. d., avec
une dédicace de 1616); Ander Theil sontaglieher Eean-
gelien, etc. (Liegnitz, avec dédicace de 1621); Melpomene
suera, festis [idelium nutieupata, dus ist ausserlesene
geistliche Gesaenge, etc. (Breslau, s. d., avec une dédi-
cace datée de Jauer, 1024). A. E.
ELSCHEEBE(Astr.).UndesnomsdeSiri«s(V.comot).
ELSENEUR (Helsingor). Ville du Danemark, à l'extré-
mité N.-E. de l'Ile de Seeland, rade sur le Sund au point le
plus resserré de ce détroit (3,750 m.), en face de la
ville suédoise d'IIelsingborg; 11,082 hah. C'est à Else-
neur que s'arrêtaient avant 1857 tous les navires qui
payaient au Danemark un droit de passage pour le Sund.
Depuis la Convention du 11 mars 1857 par laquelle le
Danemark a renoncé à ce péage, l'aspect d'Elseneur s'est
sensiblement modifié. Au N.-O. de la ville, sur la pointe
extrême d'une langue de terre, s'élève le château fort de
Kronborg, bâti en 1574 par le roi Frédéric. R. F.
ELSEVIER (Y. Elzevier).
ELSHEIMER (Adam), peintre allemand, né à Francfort-
sur-le-Main en 1578, mort à Rome en 10*20. Elsheimer,
que les Italiens appellent Adamo Tedesco, fut élève de
Philipp l'Il'enbach, peintre de Francfort. H visita l'Italie
et s'y trouva si bien qu'il y resta. Après un séjour à Ve-
nise, où il a pu rencontrer Rottenhammer, il s'établit à
Rome où ses petits tableaux, d'ordinaire peints sur cuivre
et meublés de figurines microscopiques, eurent beaucoup
de succès. Il était fort considéré dans la ville des papes, et
tous les artistes venus des régions du Nord s'empressaient
de le visiter. Poelemburg l'y vit en 1017. Elsheimer exerça
môme une certaine inlluence sur ses contemporains, à
cause surtout de ses effets de nuit et de ses clairs de lune.
Mais attentif à son œuvre, précis et détaillé comme un mi-
niaturiste, il consacrait beaucoup de temps à ses peintures
et à ses gouaches, et il oublia de s'enrichir. Cette négligence
lui fut fatale. D'après la légende, Elsheimer fit des dettes,
et, poursuivi par des créanciers sans entrailles, il lut mis
en prison. Délivré en 1620, il mourut peu après didolore
di stomaco, dit Baglione. Son élève et son ami, le comte
Goudt, a grave un certain nombre de ses tableaux. Les
peintures de cet habile artiste sont dans tous les musées.
Indépendamment d'un petit paysage à la gouache, le Louvre
possède le Bon Samaritain et une Fuite en Egypte qui,
avec son effet de lune et le rayonnement du feu que des
bergers ont allumé sous les arbres, est le prototype d'un
motif que le maitre a souvent répété. Elsheimer est aussi
a Berlin, à Dresde, à La Haye, où l'on voit de lui deux
petits paysages. Il est très bien représenté à Munich où
l'on conserve une Fuite en Egypte, le Martyre de saint
Laurent, ta Prédication de saint Jean-Baptiste et la
Prise <le Troie, car l'artiste allemand a toujours aimé les
incendies et les effets de lumière artificielle. Aujourd'hui
les minuscules tableaux d'Elsheimer paraissent plus curieux
qu'émouvants ; on s'intéresse à ces œuvres de patience
sans les admirer ; mais l'histoire doit se souvenir que le
maitre a eu une véritable influence. Un connaisseur émérite,
Rubens lui-même, ne rougissait pas de posséder des pein-
tures d'Elsheimer. P. Mantz.
Hun.. : Baglione, Le Vite de Pittori, 1649.
ELSH0ECHT ( Jean-Jacques-Marie-Vital-Cari), sculpteur
français, né à Dunkerque le 10 août 1797, mort à Paris
le 25 févr. |85(i. Elève du baron Bosio, il exposa pour la
première fois au Salon de 182» une figure représentant
Psyché abandonnée et cinq bustes, parmi lesquels
celui de Ch. Dupin, de l'Institut. En 1827, il exposa
l'Immaculée Conception, destinée à l'église Saint-Ouen
de Rouen. Ses œuvres principales sont : Eloa, la sœur
des anges, statue marbre (S. 1835); la Veuve du
soldat Frank, groupe en marbre (S. 1810); la Heine
55
EI.SIIOF.CIIT - KI.STF.K
- «66 -
Mathilde (statue marbre, au Jardin do Lnxemb
s du mattre-autel et les séraphins de la chaire a
N.-D.-de-Lorette, a Paris; no Triton el une .\W. .
l'une des Fontaines de la place de la Concorde; on des
frontons do Louvre représentai la Navigation mar-
chande; le Génie de l'Asie, ou nouveau Louvre: le
lion Pasteur et les Quatre Euangélistes, à réélise de
Tourcoing (Nord); l'Histoire et lu Justice, à l'hôtel de
ville de Laon (Aisne); les sculptures du grand hôpital de
Lyon. Cari Elshoecht a modelé un grand nombre de bustes
et de médaillons; parmi les bustes, nous citerons ceux des
architectes Crawer, Soufflât et Rondelet, du peintre
Claude Lorrain, du sculpteur loujjrinj, des docteurs
Lis franc e\ Orfda, de l'astronome François Irago. Il a
fait aussi les statuettes du critique d'art Théophile Thorà
et du général de Guy on. M. I). S.
ELSHOLTZ (Ludwia), peintre de genre et de batailles,
né à Berlin le 2 juin 1803, mort à Berlin le 3 févr. 1830.
Il étudia d'abord à l'Académie de Berlin, et devint plus
tard élève de Kriiger. Ses meilleurs tableaux sont popu-
larisés par la lithographie. On cite de lui : l'Adieu sur le
champ de bataille; la Bataille de Dennewitz; Entrée
des Alliés à Paris, etc.
ELSIE. Rivière d'Australie (V. ce mot).
ELSINBORO (Vitic). L'Elsinboro ou Elsinburg est une
vigne américaine du groupe des.Estivalis, à grains petits,
noirs, très pruinés et de goût franc. Elle s'adapte difficile-
ment aux terrains, reprend mal de bouture et a été aban-
donnée en France où elle ne pourrait prospérer que dans
les régions chaudes et les terrains rouges et caillouteux.
ELSLER ou ELSSLER (Thérèse et Franziska, dite
Fanmj), danseuses autrichiennes, nées à Vienne, Thérèse
le 5 avr. 1808,Fanny le 23 juin 1810, mortes, la première
à Meran le 19 nov. 1878, la seconde à Vienne le 27 nov.
1884. Bien que les deux sœurs aient accompli ensemble
la plus grande partie de leur carrière, bien que le talent
de l'une et de l'autre fût remarquable, la très grande
célébrité du nom d'EIsler se rattache surtout à Fanny,
qui fut une artiste d'un ordre absolument supérieur et,
en son genre, une véritable enchanteresse. Elles se ratta-
chaient à l'art musical par leur père (Jean Elsler) et
leur grand-père, qui l'un et l'autre furent secrétaires et
copistes de l'illustre Haydn. Fanny était à peine âgée
de six ou sept ans lorsque, déjà formée par les soins du
danseur Horschelt, elle entra au théâtre An der Wien,
à Vienne, dans le corps de ballet d'enfants de Palfy ; elle
en avait quinze environ lorsqu'elle débuta au Kserlhnerthor
(théâtre de la Porte de Carinthie) où commença sa renom-
mée. C'est là qu'elle fut remarquée par le chorégraphe
français Aumer, qui prit soin d'elle et la forma à la danse
noble. De Vienne, les deux sœurs, l'une et l'autre d'une
beauté radieuse, furent engagées à Milan, puis passèrent
à Naples, de Naples se rendirent à Berlin et enfin furent
appelées à Londres, leur renommée augmentant chaque
jour. C'est à Londres que le docteur Louis Véron, alors
directeur de l'Opéra, alla les trouver en 1834, pour leur
proposer un engagement qui fut accepté ; cet engagement
avait une durée de quatre années, à raison de 20,000 fr.
par an pour chacune d'elles. Fanny débuta à l'Opéra le
■15 sept. 1834 dans un ballet nouveau, la Tempête, où elle
produisit une sensation immense ; sa sœur se montra bien-
tôt après et fut aussi fort bien accueillie. Leur talent était
d'ailleurs aussi dissemblable que leur affection l'une pour
l'autre était profonde. Thérèse, grande et d'une rare no-
blesse de formes, semblait une personnification delà Diane
antique ; sa danse était sévère, vigoureuse et pleine d'élé-
gance. C'est par une grâce chaste, une coquetterie enchan-
teresse, une souplesse merveilleuse, une sorte d'agilité
ardente et un charme vraiment fascinateur que brillait
Fanny. Elle fut une rivale redoutable pour Marie Taglioni,
qui tenait alors le sceptre de la danse a l'Opéra. Les deux
sœurs se montrèrent bientôt avec leplusgrand succès dans un
pas expressément réglé pour elles dans Guillaume Tell et
ensuite, dans un autre ballet nouveau. l'Ile iet pira1
Fanny créa peu après un rôle important dan le Diable
boiteux, et tontes deux se montrèrent de nouveau dan* la
Volière, dont Scribe avait tracé le livret et Thérèw pègU
les danses, et enfin dans un dernier ballet intitulé la Taren-
tule. Leur engagement à l'Opéra terminé, Fanny partit
poor l'Amérique, ou des conditions superbes lui étaient
faites et ou, en moins d'une année, elle gagna 750,000 fr.
environ. Quant aux triomphes qu'elle remporta dans ce
pays, il serait difficile de s'en faire une idée, si l'on u
savait ce qu'est l'enthousiasme des Américains et quelle est
son exubérance. D'Amérique, elle revint directement à
Vienne, puis se montra encore avec sa sœur à Berlin, à
Londres, à Bruxelles, a Saint-Pétersbourg et à Moscou.
Enfin, en 1843, les deux sœurs dirent adieu au public et
au succès, Thérèse pour devenir (20 avr. 183U) l'épouse
morganatique du prince Adalbert de Prusse, Fanny pour se
retirer dans une splendide propriété qu'elle avait acquit
aux portes de Hambourg. Ce n'est que plus tard qu'elle
revint à Vienne, ou elle était recherchée, pour les grâces
de son esprit et la distinction de sa personne, dans les
[dus grandes familles et la plus haute société. On peut
dire que le nom d'EIsler a joui pendant quinze ans, par
toute l'Europe, d'une renommée que nulle autre n'a sur-
passée. Arthur Pocgin.
ELSNER (Joseph), compositeur de musique allemand,
né à Grottkau (Prusse) le 1er juin 1769, mort à Varsovie
en 1834. Il commença sa carrière musicale à Vienne. En
1792. il obtint la place de maitre de chapelle à Lemberg.
De 1792 à 1798, il composa la musique de scène de Marie
Stuart de Schiller, quatre symphonies, huit quatuors, des
sonates, une messe de Requiem. En 1799, il fut nommé
directeur de musique au théâtre de Varsovie, où il acheva
sa vie. Il a composé vingt-deux ouvrages dramatiques tous
en langue polonaise, un grand nombre d'oratorios et de
messes, une Passion, un Stabat. Fétis donne la longue
liste de ses ouvrages, aujourd'hui oubliés. En 1821.
Elsner a fondé le conservatoire de Varsovie.
ELSNER (Johann-Gottfried), économiste allemand, né
à Gottesberg (Silésie) le 14 janv. 1784, mort à Walden-
burg le 5 juin 1869. Il contribua à répandre dans l'Au-
triche et la Bavière l'élevage du mérinos. II est l'auteur d'un
grand nombre d'ouvrages techniques. Nous citerons : Die
deutsche Landwirtschaft (Stuttgart, 1830-3-2, 2 vol.) :
Die rationelle Sckafxucht (Leipzig, 1849, 2e éd.) ; Die
Forlschrilte der deutsehen Landwirtschaft vomlet'Jen
Tahrzehnt der vorigen Jahrhunderts bis auf unsreZeit
(Stuttgart, 1866).
ELSSNER (Jacob), miniaturiste allemand, né à Nurem-
berg, mort à Nuremberg en 1346. L'église Saint-Laurent
de cette ville conserve un livre de messe de sa main (de
1313), ainsi que deux livres de plain-chant.
ELSTER. Nom de deux rivières d'Allemagne, affluents
de l'Elbe, l'Elster blanche et l'Elster noire. — L'Elster
blanclic a un cours de 195 kil.; elle nait dans les monts
de l'Elstergebirge, dans le royaume de Saxe, traverse la
principauté de Heuss, le grand-duché de Saxe-Weimar, la
Prusse (prov. de Saxe). Sa haute vallée est très pittoresque,
la vallée inférieure gracieuse. Elle arrose Adorf, OElsnitz,
Plauen, Elsterberg, Greiz, Berga, Géra, Crossen, Zeitz, les
fameux champs de bataille de Lutzen et Leipzig, la ville de
Leipzig, et se jette dans la Saale en amont de Halle. L'Elster
se partage près de Leipzig en deux bras, Elster et Luppe, qui
rejoignent séparément la Saale, de plus un bras dérivé, le
Flossgraben se détache près de Crossen et va rejoindre la
Luppe après un cours de 92 kil. Les principaux affluents
de l'Elster blanche sont, à droite, le Gœllzsch. la Pleisse, la
Parthe (à Leipzig), et à gauche le Weida (Saxe-Weimar).
— L'Elster noire, longue de 180 kil., naît dans la Lusace
(royaume de Saxe) an Sibytlenstein, descend au N., arrose
Camena, entre en Prusse et à Boyerswerda, prend la direc-
tion de l'O. qu'elle conserve jusqu'à Liebenwerdaa travée
des plaines sablonneuses; elle incline ensuite au N.-O. et va
— 867 —
ELSTER — ELUSATES
se jeter dans l'Elbe ni amont de WiU«Bberg. Elle m partage
on plusieurs bras, reçoit h Puhsnita et la Renier.
ELSTER (Christian-Mandrup), écrivain norvégien, né
dans le Namdal le i mars IS',1, mort à Tlirondhjem le
Il avr. 188!. Journaliste beaosnenx, puis emjploYé dans
ràdoiinistratioa roresUère a Thnmànjem (4873), avec
1,500 fr. d'appointements, il prit en grippe b société qui
ne le traitait pas selon ses réels mérites et il la dépeignit
autant de pessimisme que de talent dans plusieurs
nouvelles : Ton frondai (Copenhague, 1879); les Cens
. c [ibid., ISSl ; trad.en allemand par Poestion,
i suédois par G. af Geijerstam, Stockholm,
! I . Sues radieuses et antres nouvelles, éditées par
Kielland (1881; 2 éd., 1884). On lui doit aussi : Con-
traste de Couesi et de Cest de la Norvège (4872) et un
drame, Eustein Meyia, joue a Christiania en 1863.
ELSTOB (William), antiquaire anglais, ne à Newcastle-
ou-Tvneen 1673, mort en IT 14. alors qu'il était investi des
fonctions de recteur des paroisses réunies de Saint-Swithin et
- , .nie-Marie Botbaw,à Londres. Il s'adonna particulière-
ment a IVtudede la langue cl des antiquité-, des Anglo-Saxons;
on lui doit la traduction en latin île l'homélie anglo-saxonne
de Lupus [Dissertaiio Ejristotaris, dans le Thésaurus Ai
llieke, 1704, part. III . Le même recueil de Hieke contient
de lui uue étude sur les monnaies anglo-saxonnes. En 1 703,
Dstob publia une nom elle édition des lettres de Roger
jm; en 1709, il traduisit en latin l'homélie anglo-
OM de la nativité de saint Grégoire. 11 avait préparé une
édition des Leges anglo-sa.ioniœ. ouvrage important qui fut
- . mort par David Wilkins et publié en 4724.
ELSTOB (Bizaheth), femme de lettres anglaise, née à
on-Tvne eu 1683, morte en I756\ Elle était
j.i ur de l'arcbéologue William Elstob : après la mort de
celui-ci, elle londa une école a Evesbam, dans le comté de
i . ou elle eut besoin du secours de ses amis et
protecteurs, parmi lesquels il faut citer Mrs. Chapone,
pour ne pas tomber dans une misère complète. Elle en fut
Brée cependant, en 1738, parla duchesse de Portlandqui
lui c<mtia l'éducation de ses enfants et chez qui elle resta
jusqu'à sa mort. Versée dans la vieille littérature anglo-
saxonne, elle a laisse une Lnglish-Saxon Homily on the
N vit y of St. Gregory, avec traduction et préface (pré-
parées par son frère), et des Rudiments of Grammar for
the EtultshSaxon Tongue (1745). B.-H. G.
ELSTRACKE (Renolds), graveur de l'école anglaise, né
a Hasselt (Belgique) en 1590, mort en 1630. Elève de Van
den fana, il a laissé des œuvres recherchées plutôt pour
leur rareté que pour leurs qualités artistiques. Il a gravé une
Suite des rms d'Angleterre, publiée en 1648 par Henry
Rolland : les portraits en pied de Marie Stuart et de
Henry Darnley;]» Reine Eli.abeth, etc.
ELSWICH (johann-llermann von), théologien allemand,
ne dans le llolstem le 19 juin 1684, mort à Stade le
Il juil. 1744. Sa famille, originaire de la Gueldre, avait
du luir de ce pays pour échapper aux persécutions du duc
d'Albe. Il commença >es études au gymnase de Lubeck, et
les continua a Kostock,à Leipzig, à Iéna, enfin à Wiltenberg
<>u il prit ses grades en théologie et en philosophie. En 1717,
il fut nomme enré de l'église Sainl-Cosme et Saint-Damien
Théologien fort erudit, il laissa une série d'opus-
cules ayant trait i des questions de polémique religieuse.
-ermon jubilaire de 1717 (lias Ùild und die Ueber-
schrift rechtschaflener butheraner) est souvent cité dans
orages spéciaux ; son étude De varia Aristotelis in
scholis Protestantium fortuna, est une contribution inté-
ressante a l'histoire de la philosophie (dans son édition du
livre de Launoy. b>: varia Arist. fortuna in Acad. Pa-
rtnenii; Viteb., 4720). Th. Rtrnsmr.
Bibl. : Pratjk. Herîoglhum Ilremen u. Verden, III.
— Athen;i !
ELSWICK. Ville d'Angleterre, faubourg occidental de
«■astle-upon Tyne, ou sont les fameux établissements
Armstrong.
ELTONou IELT0N. LflC salé de la Russie d'Europe,
situé dans le gouvernement d'Astrakhan, district deTsarev.
Sa surface est de 161 kil. q. Son nom vient du kalmouk
Ailan Xor (le lac d'Or). Sa production annuelle de
sel est d'environ 100.000 tonnes et occupe plus de
1 ,500 ouvriers.
ELT0N (Richard), écrivain militaire anglais, né à
Bristol, mort après 1659. Major dans la milice de Londres
en Itil!', il devint par la suite gouverneur de llull. Il est
l'auteur de The Comptent Body of the art mililary
i Londres, lO.'lO. in-fol.).
ELT0N (Sir Charles-Abraham), écrivain anglais, né à
Bristol le 34 oct. 1778, mort à lîath le 1er juin 1833.
Elève d'Eton, il servit en Hollande et devint lieutenant-
colonel de la milice du Somerselshire. On a de lui: Poems
(4804); Taies of romance and other poems (1810);
Âppeal to scripture and tradition in defence of the
unitarian failli (1818); The Brothers and other poems
( 18-20) ; llislory of roman Emperors (1825); des tra-
ductions d'Hésiode, un recueil de Spécimens of the clas-
sical Poets front Homer to Tryphiodorus (1814), trad.
en vers anglais, etc.
ELT0N (James-Frederick), voyageur anglais, né le
3 août 1840, mort en Afrique le 19 déc. 1877. II
servit aux Indes, fut aide de camp de sir Ilugh Rose, fit
la campagne de Chine (I8(i0), servit dans l'armée fran-
çaise au Mexique (1806) et s'embarqua en 1808 pour
Natal, ou il fit une exploration. En 1871, il fut chargé
de faire un rapport sur les champs d'or et de diamants et
de régler divers différends avec les autorités portugaises.
Après avoir occupe le poste d'agent à la frontière du
Zoulouland, il revint à Naial où il fit partie des conseils
exécutif et législatif. En 1873, il fut envoyé en mission
auprès du sultan de Zanzibar, relativement à la traite des
esclaves, devint vice-consul à Zanzibar, puis consul à
Mozambique (1873). Il fit diverses expéditions dans l'inté-
rieur du côté du Zambèze et du lac Nyassa et périt d'une
attaque de fièvre maligne au cours de l'une d'elles. On a
de lui : With the French in Mexico (Londres, 1 867, in-8) ;
From Natal to Zanzibar (Londres, 1873); Travels and
researches among the Lakes and mountains of eastern
and central Africa (Londres, 1879, in-8). R. S.
ELTV1LLE (Allavilla). Ville de Prusse, district de
Wiesbaden ; 3,118 hab. Ruines du château. Ancienne ré-
sidence des archevêques deMayence et chef-lieu du Rhein-
gau. C'est là que fut signé, entre Gunther de Schwarzburg
et Charles IV, le traité qui assura l'empire au second (26 mai
13i9). Gutenberg y eut une imprimerie en 1463.
ELTZ. Torrent de l'Eifel, affluent de la Moselle, dominé
par le rocher de 290 m. de haut qui porte le burg d'Eltz,
un des plus beaux d'Allemagne, berceau de la race des
comtes d'£/ï.
ÉLU (Théologie) (V. Prédestination).
ÉLUSATES. Peuple ihéro-aquitain. Battus par Crassus,
lieutenant de César, les Elusates se soumirent aux Romains
en 36 avant notre ère. Leur territoire, qui confinait à l'E.
aux Lactorates et aux Ausci, au S. et à l'O. aux Aturenses,
et au N. aux Nitiobriges et aux Sontiates, correspond au
Gabardan oriental, au Condomois. à la portion septen-
trionale du Fesenzac et à la partie occidentale de l'Arma-
gnac. L'ne inscription du ne siècle de notre ère, qu'on a
trouvée à Sos, en 1876, prouve que ce lieu faisait partie
du territoire des Elusates. Les Sotiates ou Sontiates, peut-
être clients des Elusates, formaient avec eux la civitas
Elusatium de la Notice des provinces. La ville métropo-
litaine iVElusa, aujourd'hui Eauze (dép. du tiers) ou plus
exactement La Cieutat, rom. d'Eauze, fut ruinée au ix" siècle
par les Normands et le territoire de sa circonscription mé-
tropolitaine fut uni au diocèse d'Auch. L. W.
Biiil. : J. Cksar, De Bel. Gai, 111, 27. — Pline, IV,
xxxm, 1. — Chaudruc de Crazannhs, Attribution aux
Eludâtes d'Aquitaine d'une médaille découverte sur leur
territoire, clans Heu. numt.sm., 1847, XII, pp. 173-180. —
ÉLUSATES — ELVIRE
l Di WAKDW6, Géogr. <fe le »m., II, ;;i ;
X i ononon, Géogr. de la Gaule •"< vi« s.
ELVAN (GêoL). Type porphyrique des granités .1 mica
blanc (V. Gbanulite el Micbocbahi i ite).
ELVAS. Ville forte de Portugal, prov. d'Alemtejo, dis-
trict di' Portalègre, près il'' I:' frontière espagnole ;
10,474 hab. C'est la plus forte place du Portugal. Située
sur une colline, '•II'1 :i une enceinte flanquée de sept lo-
tions et de deux forts, S;mta Lucia et Santa Sefiora da
Graça, une citadelle, un arsenal, une fonderie de canons,
une manufacture d'armes, etc. C'est l'ancienne Allia. Le
château fut bâti par les Maures. En 1658 el 1714, lesEs-
pagnols tirent vainement le siège d'Elvas.Ony remarque
une belle cathédrale, un aqueduc (os Arcos de Armo-
rriro) à quatre étages. C'est un marché agricole.
ELVEN. Ch.-l. de cant. du dép. du Morbihan, arr. de
Vannes, près de l'Arz, à 6kil. de lastat. du chemin de
fer; 3,376 hab. Maisons du moyen âge; église, recons-
truite en 1878, dans le style du chœur entouré d'une ga-
lerie à jour (15u26); nef 'du xui° siècle; clocher pyra-
midal et transept (1642). — A 2 kil. S.-E., au milieu des
bois et d'un bas-fond, s'élèvent les ruines de la forteresse
de Largouet (monument historique) ou des tours d'Elven
(xve siècle) ; la plus haute est octogonale et surmontée
_ KhK —
Tours d'Elven (château de Largouet).
d'un petit châtelet ; la plus petite est ronde, on la dit plus
ancienne; elles sont en granit. Ruines du manoir de Ker-
léau (Renaissance), que Descartes habita. Château de Ker-
fily (lin du x\ne siècle). A 4 kil. à l'E., ruines delà villa
gallo-romaine de Saint-Christophe et colonne en l'hon-
neur d'Aurélien. Dolmen de la Loge-du-Loup, pierre bran-
lante la Boche-Binet, des grottes, etc. — La seigneurie de
Largouet existait dès le xue siècle et appartenait à la
maison de Malestroit, d'où elle passa à celle de liieux, à
laquelle est due la construction de la demeure féodale (mi-
lieu du xv' siècle). Le château servit de prison, en 1474,
au comte de Richemont, qui devint Henri VII d'Angle-
terre. Il fut démantelé en 1496, par ordre d'Anne de Bre-
tagne. Il appartint ensuite au duc d'Elbeuf, au surinten-
dant Fouquet (1639). Elven a été attaqué deux fois, en
1795, par le chevalier de Tinténiac, à la tète d'une colonne
d'émigrés, puis par Cadoudal, suivi de ses chouans. C. Del.
Bibl. : De Freminville, AntùpuWs de In Bretagne, Mor-
bihan, 1827 et 1834. — Taylor, Voyage pittoresque en
France. Rretagne, 1847, t. I, pi. ;>" à 59.
ELVENICH (Peter-Joseph), philosophe allemand, né à
Embken, près d'Aix-la-Chapelle, le 29janv. I7!)(i, mort le
16 juin |S8(i. Professeur à l'université de Breslau (1826),
il fut un partisan résolu des doctrinesdefi. Hermès (V. ce
nom). Il les développa dans Vie MorolphUosophie IBmn,
1830-33, -i vol.); quand le pape les eut condamnée
■M,), il en reprit 1 apologie [Acta Bermetiana ; Geettin-
eue, ls:;6).se rendit à Rome avec Braun pour Us défendre;
il continua la polémique et publia encore Der Bermetia-
nùmut (Breslau, 1844); !>"■ rVesenheil dei I
(Breslau, lx:>7>; DerPapst und die Wisseruchafl{ltn+
[au, 1875), etc.
ELVERS, juriscon die allemand . ne ;i Heiisbourg
(Slesvig) le 16 juil. 1797, mort le I" oct 1858. Il fut
professeur ordinaire à Rostock en 1828 et, depuis IS5I,
. i. Ses principaux écrits sont : Beitrâge utr Reehts-
und RechUwissenchafl (1820); Ihctrma juris
avilis romani de culpa (Gotha, 1822) : Der nationale
Standpuvkt in Beziehung aufRecht, Staai und Ktrche
(1845).
ELVERT (Christian), historien morave contemporain,
d'origine française, né à lirno (Brunn) en 1803. 11 remplit
des fonctions administratives, fut députe à la diète de
Moravie et au parlement de Francfort (1848), et bourg-
mestre de Brunn. Il a publié en allemand un grand
nombre d'ouvrages relatifs a l'histoire de la Moravie et de
la Bohème, notamment Versuch ciner Geschichte lirumts
(1828); Geschichte der Stadt Iglau (1850); Geschichte
der hist. Literatur Mœhrens (1834); Zur hulturgc-
schichte Mœhrens (1866); Zur Kulturgeschwhte Bah-
mens (1870), etc.
ELVIDEN (Ldmund), poète anglais du xvi" siècle, dont
on connaît trois ouvrages: I fietveyere's Gift ta the
Rebellions Versons in the Sortit partes of England
| 1 570, pet. in-8) ; The Closit of Gounsells (1369, in-8),
collection de vers, préceptes, proverbes et paraboles tra-
duits en anglais, et The mosl excellent and pleasant
Metaphoricall Bistory of Pesistratus and Catanea (s.
il., in-8). Ces livres sont d'une extrême rareté. Quant à
l'auteur, on ne sait rien de lui, sinon qu'il devait être du
nord de l'Angleterre. ^ ™ »•
ELVIRA (Vitic). Semis de Taylor et hybride de \. Ri-
paria et de V. Labrusca, introduit récemment dans les
vignobles des Etats-Unis et propagé dans les vignobles
du Nord. Il est très estimé pour les vins blancs,
à cause de sa grande production, dans les iles du lac Erié
et dans les vignobles des bords du lac. C'est un cépage
nouveau pour les viticulteurs américains et il acquiert de
l'importance, malgré sa grande sensibilité au mildexv. —
L'Elvira est très fructifère en France, dans les bons ter-
rains; son vin blanc est des moins foxés, mais il conserve
toujours un arrière-goût désagréable; ses eaux-de- vie sont
assez bonnes. On a conseillé ce cépage pour les Charentes,
mais il ne peut v prospérer que dans les terres assez fer-
tiles et, dans ces milieux, la Folle blanche greffée donnera
de meilleurs el de plus abondants produits que l'Ehira.
ELVIRE (Astron.). Nom du 277" astéroïde (V. ce mot).
ELVIRE, ELIBERI ou ILLIBERIS. Cette ville, aujour-
d'hui détruite, était située dans l'Andalousie (ancienne
Bètique), non loin de l'emplacement où. plus tard, Grenade
fut fondée. Il s'v tint un concile (Elilicritanum ou Illi-
beritanum concilium) dont les actes sont souvent cités en
l'histoire de la discipline ecclésiastique. La date indiquée
dans ces actes correspond à l'an 3-2 i; mais des auteurs
modernes l'ont reportée I 305, d'autres a 315 el même
d'autres à 335. Dix-neuf évêques et trente-six prêtres sié-
gèrent à ce concile : parmi les évêques. le célèbre Osius ou
Hosius de Cordoue. Les diacres et le peuple y assistaient.
— Les actes qui nous sont parvenus contiennent quatre-
vingt-un rations, tous relatifs à la discipline ; mais Gratien
et d'autres canonistes en citent qui ne se trouvent point
dans ces documents. La plupart édictent une discipline
beaucoup plus sévère que celle qui fut adoptée par les
conciles d'Ancyre et de Nicée sur les mêmes objets. Ils
refusent l'absolution, même à l'article de la mort, pour
vingt cas (canons : I, 6, 7. 8, 10, 12, 13, 17. 19, 47,
63,64, 65, 66, 10, 71. 72, 7:;. 7.'.). D'autres canons
— 869
KI.MHK — KLWAKT
constituent dos dispositions pareillement caractéristiques.
tintant d'une ville, qui aura laissé passer trois dimanches
aoaaéeutifs ■«ans aller k l'église, sera séparé de la oommu-
nion pendant trois autres ilniiaiiches (M). Les jeunes
doubles seront observés tons les mois, excepté en juillet et
aont (S3). On jeûnera tons les samedis (26), Défense aux
oiflqpw et an ecclésiastiques d'avoir <lan> leurs maisons
faunes étrangères : on ne leur permet que leurs sœurs
ou des vierges consacrées au Seigneur (97). Les 6véques,les
prêtres, les diacres et généralement tous les ecclésiastiques
Hrviee qui ne s'abstiendront pas de leurs femmes seront
.-■velus de la clérieature (33). Défense d'allumer des cierges
en plein jour dans les cimetières, de peur d'inquiéter les
is des sainis (34). Défense aux femmes de passer la
nuit dans les cimetières, parce que. sous prétexte de prier,
«•Iles commettent des crimes énormes (35). Ceux qui rece-
rroal le baptême ne mettront plus d'argent dans les troncs
ou les bassins pour cette cérémonie (48). Défense aux
tidéies qui possèdent des biens à la campagne d'en laisser
henir les fruits par les juifs ('»!•). Défense à tous les chré-
tiens de manger avec les juifs (50). Défense aux magistrats
appelés dttumvirs d'entrer dans l'église pendant l'année
de leur magistrature (56). Le canon 36 dit expressément :
N as ne voulons point qu'on mette des peintures dans les
églises, de peur que l'objet de notre culte et de notre ado-
ration soit dépeint sur les murs. L.-ll. Voli.et.
Bibl. : Man-i. Sacronmi eonciliorum nova et amplis-
«ima collectio ; Florence et Venise, 1757 et suiv., 31 vol.
io-fol — il in~ai.es, CoUerli" cannnum Ecoles. Ilisp. : Ma-
drid, 1849, "' vol. i n - 1 . — Hefblb, Conriliengeschichte ;
Kribour-. l>-:î. > éd.
ELVIRE (nom qui est écrit dans les anciens manuscrits
Geioira mi Gelvira), princesse espagnole du x° siècle,
r du roi de Léon. Sancho. Eue fut a la mort de ce der-
nier, en 966, chargée de la régence pendant la minorité
de son neveu Ramire III. Klle parait avoir gouverné habi-
lement et en 975, lorsque le jeune prince arriva à la ma-
jorité, elle reprit au couvent de San Salvador de Léon la
place qu'elle avait quittée pour exercer le pouvoir.
ELVIRE, reine de Léon à latin du xe et au xie siècle, morte
en 1H-2T. Llle était tille de don Garcia, comte de C.astille, et
épousa. \er- 995, Bermuda 11 le Goutteux, roi de Léon. A la
mort de celui-ci, le trrtne passa à son tils, Alphonse V, et
ce fut sa mère, l'.lvire. qui exerça en son nom la ré-
gem i qualité de régente, elle présida en 1001
■ \eda une assemblée de juges et de seigneurs. Elle
gouverna, i ce qu'il semble, habilement, et les chroniques
- rapportent qu'elle repoussa une attaque des
rebva la ville de Léon qui avait été en partie
ruinée par Almansour. A la majorité de son fils, elle se
retira dans un monastère, où elle mourut.
ELVIRE. princesse espagnole du xi" siècle, fille du
1 -iille. morte en 1040. Klle épousa le
roi de Navarre, Sancho Garces, surnomme le Grand, en
eut deux tils qui. en 1035, devinrent rois, Garcia en Na-
varre, Fernando en Castille; quelques chroniques lui en
donnent on troisième, Gonzaio, qui fut roi de Sobrarbe et
» lia.
ELVIRE, reine de Léon au xi* siècle, morte en 1052.
Mlle du comte Hendo Gonzalez et de doua Hayor, elle
fut I alicieavec le jeune roi de Léon. Alphonse V,
dont >on père était tuteur. Klle l'épousa en 1008 ou 100!)
n eut deux entants : Bermttde, qui fut appelé à suc-
i père en H)27. et Sancha, qui devait épouser
le comte Garcia de Castille, quand il fut tué parles Yélas.
La légende lui donne un troisième enfant, Chimène, qui
aurait été la mère de la Chiméec du I
ELVIRE Nin\. pin, .noie, oie a la fin du
■ède, d'une noble familie galicienne, moite en 922. Klle
épousa en 010 le roi de Galiae, Ordofio, qui fut de plus roi
de Uon par le choix des Cortès en 914. Klle eut quatre
fiU : Sancho, Alonto, Hamiro, Garcia, et une fille,
"i. K. Cat.
ELVIREA (Zool.). Parona (4887) a donné ce nom géné-
rique à un Protozoaire flagellé qu'il range dans la famille
des Trimastigides. Il vil en parasite dans la portion anté-
rieure de l'intestin d'une \scidie {Cioua intestinalis) dans
lequel il se nient avec beaucoup de rapidité; il est carac-
térisé par la forme du corps ovale, arrondi aux deux
extrémités, avec trois Qagellums insérés en avant, dont le
médian est plus court; le noyau et le nucléole sont situés sur
la ligne médiane, à la partie antérieure. /.'. eioinr Gènes.
ELVIUS (Per), mathématicien suédois, né à Upsala en
aoiït 1710, mort à Kkolsund le "27 sept. 1749. Elève de
A. Celsius, son cousin, de Klingenstierna et de Polhem, il
fut nommé membre do l'Académie des sciences de Stock-
holm lors de sa fondation (1739), en devint secrétaire
perpétuel (1744) et à ce titre chargé du cours de mathé-
matiques et d'histoire naturelle (1746); mais il en fut
bientôt dispense à condition de publier ses mémoires et
expériences dans les Actes de cette académie qui en
contiennent vingt-sept de lui. On lui doit, en outre, un
traité d'hydraulique ( 1 742) ; Histoire des sciences mathé-
matiques (1746); Journal d'un voyagea Trollhivlta,
publié par son compagnon, C. Ilàrleman (1750); la tra-
duction (1744) de la Géométrie de Clairaut. B-s.
ELVIUS (Sofus), biographe danois, né à Copenhague
le 3 avr. 1849. Tout en travaillant à l'institution d'assu-
rances sur la vie, il a fait de si sérieuses études d'histoire
personnelle qu'il a été nommé directeur de l'Institut généa-
logique fondé par son initiative (1887). Il a publié : His-
toire des ecclésiastiques danois de 1869 à 188i
(Copenhague, 1883-87,3 vol. in-8) et, avec H. -R. Hiort-
Lorenzen, Familles patriciennes du Danemark (1891).
ELWART (Antoine-Elie), compositeur, musicographe et
professeur français, né à Paris le 1 8 nov. 1 808, mort à Paris
le 14 oct. 1877. Il fut enfant de chœur à Saint-Kustache,
puis placé par sa famille chez un layetier-emballeur; il
quitta son emploi contre la volonté de ses parents, s'en-
gagea comme second violon dans un petit théâtre de Pa-
ris, puis entra au Conservatoire, fut élève deReicha, Fétis
et Lesueur, et fonda avec quelques camarades les Concerts
d'émulation. En 1831, il obtint le deuxième grand prix
de composition ; en 1832, il fut nommé professeur adjoint
à la classe de Reicha, et en 1834 il remporta le premier
grand prix. Après un séjour à Rome, il revint à Paris
(1836), oo bientôt (1840) il fut nommé professeur de la
deuxième classe d'harmonie écrite. Il a dirigé aussi les
concerts de la société Sainte-Cécile et ceux de la rue Vi-
vienne. Ce n'est qu'en 1871 qu'il a quitté l'enseignement
actif au Conservatoire, où il était professeur titulaire d'har-
monie. Ses ouvrages principaux sont les suivants : plu-
sieurs messes, dont une à quatre voix et orgue, une a cinq
voix, chœurs et orchestre, deux à quatre voix sans accom-
pagnement; des oratorios, mystères, symphonies reli-
gieuses, tfoé ou le Déluge universel, la Naissance d'Eve,
llulh et Booz, les Noces de Cana; une scène funèbre,
Omaggio alla memoria di Vincenzo Bellini ; des
motets, un Te Deum, un Miserere, un Ave Maria, un
0 Saluions • de la musique de scène et des chœurs pour
VAlceste d'Euripide ; des opéras, les Chercheurs d'or, les
Catalans, la Heine de Saba; une opérette, Pas d'or-
chestre ; des cantates, Hymne à la Beauté, le Pouvoir
île l'harmonie, le Salut impérial, etc.; des recueils de
chœurs, Mosaïque chorale, le Concert choral, les Heures
de l'enfance ; des scènes lyriques, Pénélope, etc.; des
ouvertures, symphonies, quintettes, quatuors, trios ; des
ouvrages théoriques ou ayant plus ou moins trait à la mu-
sique, Petit Manuel d'harmonie... (1839); Duprex. ?a
vie artistique (1838); Théorie musicale... (1830),
Feuille harmonique... (1841); le Chanteur accompa-
gnateur, ou Théorie du clavier, de la basse chiffrée, etc.
(1844); Traite du contrepoint et de la fugue (sans date);
Essai sur la transposition, l'Ar! île jouer impromptu
de Tait o- viola, Solfège du jeune âge, le Contrepoint
et la fugue appliqués au style idéal, Petit Manuel
d'instrumentation, Manuel îles aspirants au grade de
BI.WART — ÉLYTRE
— «70 -
chef et de tout-chef de mu tique dont Formés front aise,
Lutrin et Orphéon ou Grammaire musicale..., Estai
sur Uta>mpositionchoraU, l' Harmoniemuticale,poèm6
en quatre chants (!*■>•'); Histoire de la Sa
concerts du Conseroaioire impérial de musique ( 1860);
Histoire des cuncerts populaires de musique i
(1864). H a également complété L'ouvrage commencé par
.MM. Burnett et Danioui*. avec ce litre : Etudes élémen-
taires de musique, depuis les premières règles jus-
(/»'« celles de la composition. On lui doit enlin des ar-
ticles musicaux dans la Revue et Gazette musicale de
l'aris, V Encyclopédie du \\\u siècle, et divers autres
journaux. Alfred Ehnst.
ELWES (John), encore connu sous le nom de Meygntz,
célèbre avare anglais, né à Westminster le 7 avr. 1714,
mort le 26 nov. 1789. Il reçut une bonne éducation à
Westminster, voyagea en Suisse où il lit la connaissance
de Voltaire. De retour en Angleterre, il vécut, bien que tort
riche, dans la plus sordide médiocrité. Sa répulsion à
dépenser de l'argent lui valut une espèce de célébrité et
donna lieu à une infinité d'anecdotes. Malgré son avarice,
il se laissa entrainer à des spéculations ou il perdit des
sommes considérables. Elwes représenta le Berkshire au
Parlement, de 1774 à 1787. Il caractérisa Pitt de cette
originale manière : « C'est le ministre qui convient le
mieux au pays. Dans tout ce qu'il dit il y a des livres,
des shellings et des pence. » R. S.
Bihl. : Edward Topham, Life of John Elwes; Londres,
1790; 12» éd., 1805.
ELY. Ville d'Angleterre, comté de Cambridge, sur l'Ouse ;
8,172 hab. Magnifique cathédrale commencée en 1082,
achevée en 1553, remplaçant l'église Ethelreda qui datait
de 673. Elle a 126 m. de long; ses deux tours de 1"0.
ont 82 m. de haut. A l'O. est le pays épiscopal, au S.,
un collège {Kings Sckool), fondé en 1541. Ely, situé au
centre de la région marécageuse des Fens, qui a été trans
formée en un vaste jardin maraîcher, servit lors de la con-
quête normande de refuge aux Saxons qui se défendirent
dans le camp du Refuge jusqu'à ce qu'ils fussent livrés
par les moines de l'abbaye (1072). Un cvêchè y fut établi
en 1107 (V. Fens et Grande-Bretagne [Géogr. phys.]).
ÉLYMAIDE. forme grecque du sémitique Elam, en
assyrien Elamtu, qui désigne le pays appartenant au bas-
sin du Tigre, et à l'E. de l'embouchure de ce fleuve. Le
nom d'Elam n'étant pas le nom propre de la contrée, mais
seulement le nom que ses voisins de l'Est lui donnèrent
(V. Elam), le nom d'Elymaïde (Elymaïs) ne fut donné
qu'à l'époque des Séleucides à la partie occidentale et mon-
tagneuse de la Susiane. Le nom paraît lors des campagnes
d'Antiochus Epiphane qui y périt (161 av. J.-C).
ELYMUS (Elymus L.) (Bot. i. Genre de Graminées,
très voisin des Orges, dont il se distingue par les épillets
tous hermaphrodites, sessiles ou subsessiles, contenant de
deux à huit fleurs, et par les caryopses largement canali-
culés. L'espèce type, E. europtms L., est abondante dans
les dunes du N. 0. de la Erance, où sa souche rampante, à sto-
lons grêles, est très utile pour retenir les sables mobiles.
ELYOT (Sir Thomas), diplomate et écrivain anglais, né
vers 1490, mort le 20 mars 1346. Vers 1523, il attira
l'attention du cardinal Wolsey qui le fit entrer en qualité
de elerk au conseil privé; il devint en 1527 sheritl' du
Berkshire et de l'Ovfordshirc et, ayant écrit un traité de
politique qui fut fort goûté par la cour, Bolce called the
Gouernour (1531), fut nommé ambassadeur auprès de
Charles V, poste qui lui fut confié de nouveau en 15.15.
Membre du Parlement pour Cambridge en 1542. Elvot l'ut
encore sheriff du Cambridgshire et d'Hutingdonsbire en
154 4. Très cultivé pour l'époque, il a laissé un certain
nombre d'ouvrages: PasquÙ the Playne (4333), sorte de
dialogue sur les avantages iv pectifs de la parole et du silence;
Of the Knowledge which makelh a wise mon (1533).
dialogue philosophique entre Platcn et Alistîppe; Àswete
and devoute Sermon of lloly saynt Ciprian of the
mortalitie of mon (11534); The Doctrine of princes
(1351), traduit d'Uocrate ; the Castel ofHeUh (Londn
1534), sorte de traite médical; The Bankette o/
(Londres, 1539); Latin-english Dictionaru (Londres,
1538, in-fol.), dont Th. Couper a donné une édition sou^ kl
titre de Bibliotheca Eliotœ (I55D); The Education or
Bringinge up ofchildren (Londres, s. d., in-4), traduit
de Plutarque; The Defence <>j good women 1 1545) ; The
Image of gouernance (1540), extraite traduite d'Alexan-
dre Sévère; llow une may tsJlê VTOfyte oj lus enmyet
(Londres, s. d.), traduit de Plutarque; .1 Prescrvalivc
against Death (1545). R. S.
ELYSÉE (Myth. gr.) (V. Earas).
ELYSEE (Palais de I'). Résidence du président de la
République française, un des plus beaux palais de Paris.
Il est compris entre les Champs-Elysées et le faubourg
Saint-Ilonoré, sur lequel est l'entrée principale, la rue de
l'Elysée et l'avenue Marigny. U fut bâti en 1728 pour le
cointe d'Evreux par l'architecte Molet. l.a marquise de
Pompadour l'acheta et l'occupa jusqu'à sa mort. Son frère
Marigny le céda à Louis XV qui y logea le garde-meuble
en attendant l'arhèvement de celui de la place de la Con-
corde. 11 fut acheté par Beaujon en 1773 et à sa mort par
la duchesse de Bourbon (1786). Propriété nationale en
1793, il devint un lieu de divertissements publics, sous le
nom A' Elysée, puis de Hameau de Chantilly. Murât le
reçut en 1803 ; Napoléon 1er le repriten 1808 et en fit sa
résidence préférée à Paris. On y logea le tsar en 1814
et 1813, puis le duc de Berry (1816-20) ; le duc de Bor-
deaux le posséda ensuite. En 1830, il fit partie de la liste
civile de Louis-Philippe. Après 1848, l'Elysée national
fut affecté à une commission des dons patriotiques, puis à
la résidence du président de la République. On l'agrandit
alors par l'annexion de l'hôtel Sébastiani . Abandonné
sous le second Empire, il redevint sous la troisième Répu-
blique le palais présidentiel.
ELYSIA (Malac). Genre de Mollusques Gastéropodes,
de Tordre des Opistobranches-Nudibranches, créé par Risso
en 1812 pour un animal mou, dépourvu de coquille, à
corps allongé, élargi en avant, atténué en arrière, déprimé
en dessus. La tète bien distincte du corps porte deux ten-
tacules non rétractiles, auriculifonnes ; en arrière et
presque à la base de ces tentacules se trouvent placés les
yeux. Les branchies sont renfermées dans une poche un
peu saillante située à la partie antérieure du dos, près de
ia tète. Côtés du corps garnis d'une membrane qui peut en
se relevant couvrir le dos. Type : Etysia viridis Risso. Sec-
tions : 1° Elysietla Bergh, 1871. Animal à tèie carénée
latéralement, à tentacules petits et coniques. Exemple :
Elysia pusilla Bergh. 2° Thuridclla Bergh, 1872. Ani-
mal à tète arrondie, à tentacules bien développés. Exemple:
Elysia splendida Grube. Les Elvsies habitent l'océan
Atlantique, le Pacifique, la Méditerranée. Elles vivent sur
différentes plantes, particulièrement sur les alsnies et les
zostères, lesquelles servent à leur nourriture. Elles ont été
observées sur les celtes d'Europe, aux Antilles, aux lies
Philippines, etc. J. Mab.
ELYTHR0PH0RA (Zool.). Gerstacker (1853) a carac-
térisé ce genre de Crustacés Copèpodes Siphonostomes,
rangé dans la famille des Caligides : ce sont des animaux
dont les antennes biarticulées sont insérées au bord
frontal; ils ont trois paires de pattes-mâchoires, fixées sur
le céphalothorax, simples, ongulées; quatre paires de
membres portent les branchies dont trois sont fixées sur le
premier anneau thoracique et la quatrième sur le quatrième
anneau; toutes sont bifides, la lame branchiale étant
externe ; il existe deux plaques dorsales foliacées chez le
mile et quatre chez, la femelle : celle-ci est deux fois plus
grande que le premier et porte deux longs tubes oviféres.
Type : E. brachyptera Gerst (Arnatus thynni Krtyer),
curieux animal qu'on trouve dans la Méditerranée et
l'Adriatique, dans la cavité buccale du Thynnus vulgaris.
ELYTRE (Entom.). Chez les Insectes' Coléoptères, on
- 871
KLYTRE — ELZEVIER
dingue sous le nom d'èlytres («/y/no] les deux ailes supé-
rieures, plus ou moins consistâmes, cornées OU coriaces,
qui recouvrent au général el protègent, an repos, les ailes
inférieures membraneuses, I èurs bords alternes infléchis
out reçu le nom i'étiplturet. L'épaisseur et la solidité des
ètjtres sont les mêmes nue celle des antres téguments, niais
leur structure présente dos modifications d'une variété
infinie. Elles sont souvent revêtues, soit partielleaent,
soit eu totalité, de poils ou d'ccadles, dont la forme, la
disposition, etc., .sont trésdiverses. Elles peinent également
présenter des appendices en tonne de piquants, d'épines,
: s, de tubercules, etc. — Quelquefois les elv très sont
dures et opaques à leur base et membraneuses vers leur
extrémité; eues prennent alors le nom de demi-élytres ou
hi-miiiijtr, s(\ , RiMiPTÊBEs). Ed. Lu.
ELZÈ (K.ul). historien littéraire allemand, né à Dessau
le 22 mai 1821. Il a applique la méthode critique des philo-
logues à l'histoire de la littérature anglaise. Il professa au
graisse de Dessau, puis à l'université de Halle (1875). Il
i particulier occupé de Shakespeare, a donné îles
éditions critiques li'lhnnlrt (Leipzig, 1857), de VEmpe-
ror of Germant/ de Chapman (Leipzig, 1867) et de Wnen
i/ou .*(•<• m-- you krùm me de Rowley (Dessau et
Londres, 1874); d'excellentes biographies de Walter
tresde, 1864, î vol.) et de Byron (Berlin, 1870;
ie éd., 1881); il a rédigé presque seul le Shakespeare—
Jahrbueh d'où l'on a extrait Essays on Shakespeare
1 Lundi es. 1 x 7 ; ) . Son ouvrage capital est William Sha-
\etpmre (Halle, 1876). Citons encore Abhandlungen
de» englischen Hexameter (Dresde, 1867) et
fiâtes on Kluabethan dratnatists (Halle, 1880-84,
i roi.).
ELZEVIERou ELSEVIER. Célèbre famille de libraireset
d'imprimeurs néerlandais des wr et xvn' siècles, quia fondé
mentsà Leyde. a I.a Haye, à Utrecht et à Ams-
terdam. Le fondateur de celte dynastie fut Louis Elzevier,
uvam vers 1540, mort à Leyde le 2 févr. 1617.
Fils de Jean de Louvain (Hans van Leuven), dit Helsevier,
il se lit relieur et suivit à Anvers son père qui y exerça,
le métier d'ouvrier typographe chez le
célèbre Christophe Haiiiin. Protestant zélé, Louis dut
•s'expai pour tuir les persécutions du duc d'Albe,
:nlit a Wesel (duché de Clèves). Profitant ensuite
de l'amnisti -nus le gouvernement de L. de Re-
auesens (1574), il alla s'établir à Douai, qu'il fut obligé
a quitta en 1580. Il se fixa alors définitivement a Leyde.
A la profession de relieur, il joignit bientôt celle de libraire,
et. en cette qualité, il rendit de sérieux services à l'ini-
qui l'en récompensa en le nommant appariteur
- . L'année suivante, il obtint la faveur d'élever une
boutique sur le terrain de l'Académie, et celte humble
échoppe, a-t-on dit, fut le fondement de la fortune des
Elzevier. In 1594, il se fit recevoir bourg' ois de Leyde.
A partir de celte date, il devint un éditeur actif et sur-
tout un négociant en livres plein d'artifice, mais peu scru-
puleux sur le choix des moyens. Néanmoins, il jouissait
d'une considération toute particulière et était en rapports
suivis avec nombre d'illustres savants. On lui doit la pu-
Maine de volumes, en latin, en français,
en flamand et même en allemand. Il fut l'éditeur des œu-
pbisieuis de ses compatriotes célèbres, tels que
us, Merula, Meinsius, E. l'uteanus, elc. Il est bon
toutefois d'avertir que tous les ouvrages publiés par ce
libraire n'ont rien de rerommandable au point de vue
phique. — Louis I,r Elzevier eut neuf enfants, dont
sept fils : 1° Mathieu, qui va suivre; 2* Louis, ne à
hmitn mort a Leyde en 1644, fondateur en
<ine librairie a La Haye; S0 Gilles, né à Wesel vers
1670, mort a Leyde fin juin 1651, successeur intérimaire
dama b librairie du précédent (1598-99), puis régent delà
.nie des Indes oiientab-s : 4° JoiSi . né a Douai en
i 1576, libraire i Utrecht de 1603 a 1007; l'un
de ses petits-fils, Pierre (ne à Rotterdam en mars 1643,
mort à Utrecht en sept. 1696), y exerça la profession de
libraire-éditeur de 1 * . tiT à 1675; .'i" Arnoui, né a Douai
vers 1577, mort à Leyde après 1(il7, peintre paysagiste;
6° Bonaventwe, dont il sera question plus loin; 7" Adrien,
ne à Leyde vers 1585, tué an service (le la Compagnie des
Indes dans l'ile de Banda-Ncira (Moluques), le 22 mai I6G9.
Mathieu, né à Anvers vers 1565, mort à Leyde le
ti (\i-i-. 164Ô, fut appariteur de l'Université et succéda dans
la librairie paternelle avec son frère lïonaveiiture. Leurs
éditions sont signées Ex Oflicina Elzeviriana. En 1622,
il céda sa part à son fils aine Abraham, que nous retrou-
verons plus loin. Son second fils, Isaac, né à Leyde le
11 mars 1596, mort a Cologne le 8 oct. 1651, est le
premier imprimeur de celte famille. Ses plus anciennes
productions, exécutées aux frais de son grand-père Louis
Elzevier, datent de 1617. Nommé imprimeur jure de l'uni-
versité de Leyde le 9 févr. 1620, il obtint dès l'année
suivante l'autorisation de bâtir dans la cour même de
l'Université, à côté de la librairie de son père, une galerie
pour y installer son imprimerie, qui devint la plus impor-
tante parmi celles de la ville, surtout après l'acquisition du
matériel de la typographie orientale d'Erpenius. Le 24 déc.
1625, il céda son établissement à Abraham, son frère,
associé avec leur oncle Bonaventure, et alla se fixer à Rot-
terdam. Il prit service dans la marine et obtint le rang de
capitaine en 1632, mais en 1648 on le trouve associé avec
ses deux plus jeunes fils dans une brasserie à Délit. — Le
second frère d'Isaac, Jacob, né à Leyde en 1597, mort
dans le Palatinat après 1652, aida d'abord son père dans
la gestion de sa librairie, puis, à la mort de son oncle
Louis, acheta la librairie fondée par celui-ci à La Haye,
qu'il recéda à Bonaventure Elzevier en 1636. Il devint alors
intendant du comte de Cuylenbourg, et embrassa en 1639
la carrière des armes, on ne sait au service de quelle
puissance.
Bonaventure, né à Leyde en 1583, mort à Leyde le
17 sept. 1652, fut initié de bonne heure au commerce des
livres. Il voyagea en France et en Italie, et, dès 1608, il
édita plusieurs volumes à ses frais. Associé, pour l'exploi-
tation de la librairie paternelle, avec son frère aine, Ma-
thieu, il la continua, à partir du 3 sept. 1622, avec son
neveu, Abraham. Celui-ci (né à Leyde le 14 avr. 1592,
mort à Leyde le 14 août 1652) avait d'abord secondé son
frère Isaac dans les travaux typographiques et s'était établi
libraire pour son compte en 1621. Dans la nouvelle asso-
ciation, Abraham dirigea l'imprimerie. La maison elzévi-
rienne se trouva dès lors définitivement constituée. Bona-
venture, quoique peu lettré, et au surplus très ladre en
affaires, gouvernait la librairie sous la direction intellec-
tuelle de l'éminent mais grincheux Daniel Heinsius, qui
était leur guide, leur client et leur commentateur. Abraham,
de son côté, cherchait à donner à leurs livres le cachet de
la perfection typographique, et il y arriva après neuf ans
d'efforts. C'est lui qui fut le véritable auteur de ces bijoux
typographiques dont le succès fut immense. Il y était
secondé par un artiste d'un rare talent, dont le nom n'a
été révélé que récemment, par M. Willems. C'est à Chris-
tophe Van Dyck qu'on doit la création de ce type élégant
qui porte encore le nom d'elzévirien, mais il faut ajouter
que ce type dérive des beaux caractères exécutés par les
graveurs français Sanlecque. Abraham opéra encore une
véritable révolution en librairie par l'adoption du format
in-12, qui eut de la peine à triompher des opiniâtres résis-
tances de la part des savants. L'activité de la maison des
Elzevier fut incroyable. Elle avait des ramifications et des
représentants dans presque toute l'Europe, et tenait la
première place aux célèbres foires de Francfort, voire même
sur le marche de Paris, grâce à ses charmantes éditions
des pièces de Corneille et autres du théâtre contemporain,
ainsi que des principaux monuments de la littérature fran-
çaise. Durant leur association, Bonaventure et Abraham
éditèient plus de cinq cents ouvrages, auxquels des savants
d'élite ont souvent apporté leurs soins. Abraham lut le plus
ELZEVIER - ÉMAIL
- 872 -
habile îles qnatre typographes qui ont illustre le nom des
Elzevier, ol ■ n mort, l'Académie * 1«? Leyde, par une laveur
exceptionnelle, lit frapper une médaille en son honneur.
Jean, fils aîné d'Abraham (né à Leyde fin févr. 1622,
mort à Leyde le 8 juin 1661), et Daniel, lils aîné de
Bonaventure, succédèrent aux précédents. L'un et l'antre
avaient séjourné à l'aris pendant (\m\ ans. Très au fait du
commerce des livres, ils surent d'abord maintenir leur
maison à la hauteur de sa réputation ; mais, au bout de
deux ans, Daniel se retira de l'association pour en con-
tracter une avec son cousin Louis, établi a Amsterdam. Ce
fut le coup fatal pour la maison de Leyde. Jean, par manque
d'initiative et de résolution, se trouva au-dessous de sa
tâche. A plusieurs reprises, il solda des lots de livres, et
sa veuve finit de liquider sa librairie. L'imprimerie passa
en 1681 entre les mains de leur lils Abraham (né à
Leyde le S avr. 1653, mort à Leyde le 30 juil. 171 "2), et
ce célèbre établissement tomba alors dans une décadence
complète. Le matériel, vendu après son décès, ne produisit
qu'une somme de 2,000 florins, vu son état de vétusté et
de délabrement.
Louis (né à Utrecht en 1604, mort à Leyde en juin 1670),
fils alnè de Josse, fut tout d'abord chargé de représenter à
l'étranger la maison elzévirienne de Leyde, de sorte qu'il
parcourait l'Europe en courtier en librairie. Puis il se fixa
a Amsterdam. Devenu bourgeois de cette ville le 3 déc.
1637, il se fit recevoir libraire en février suivant. Dès la
fin de 1640, il possédait une imprimerie. Instruit, aimable
et d'un esprit libéral, il se créa de puissantes relations.
Descartes lui confia l'impression de tous ses ouvrages ; les
jansénistes français recouraient à ses presses. Ne pouvant
pas suffire à tout, il faisait imprimer beaucoup pour son
compte par d'autres typographes, surtout par Hackius. Sa
maison égala rapidement en importance celle de Leyde.
De 1640 au 1er mai 1655, il publia plus de deux cents
ouvrages. A cette dernière date, il prit pour associé son
cousin germain, Daniel, fils de Bonaventure, de vingt-deux
ans plus jeune que lui. Ensemble, ils éditèrent encore cent
cinquante ouvrages. Parmi eux, nous citerons à titre de
curiosité, le fameux Pastissier français (1635, pet. in- 12),
volume dépourvu aujourd'hui de tout intérêt, mais que les
bibliomanes ont poussé à des prix absurdes : un exem-
plaire broché et non rogné de ce petit bouquin a été payé
10,000 fr. en 1878. Louis Eizevier, qui était céliba-
taire, se retira des affaires en 1664, laissant sa maison
à son jeune associé.
Daniel (né à Leyde en août 1626, mort à 's Grave-
land, près d'Amsterdam, le 13 oct. 1680), fils aine de
Bonaventure, fut d'abord, comme nous l'avons dit, associé
avec son cousin Jean pour l'exploitation de l'établissement
de Leyde. D'un esprit supérieur, il ne s'y sentit pas à
l'aise en raison de la médiocrité de son collaborateur, qu'il
quitta au bout de deux ans pour entrer en association avec
son cousin germain, le fondateur intelligent de la maison
elzévirienne d'Amsterdam. A partir du l6r mai 1664, il se
trouva seul à la tête de cet important établissement et il se
montra apte à accomplir une tache aussi considérable. Son
conseiller et guide littéraire fut Nicolas Heinsius, fils de
Daniel. De 1669 à 1676, il eut pour collaborateur tech-
nique l'habile Henri Wetstein. 11 publia environ deux cent
soixante ouvrages, parmi lesquels prédominent les livres
français, entre autres les pièces de Molière, treize volumes
pour la défense de Eouquet, etc. Daniel Elzevier fut uni-
versellement regretté. « Sa mort est une perte publique »,
a écrit le philosophe Locke. En effet, avec lui disparut le
dernier grand typographe néerlandais. Sa veuve continua
la maison jusqu'à son décès (mars 1681), puis on liquida
eur fonds. Il ne restait plus alors des Elzevier qu'Abraham
qui végétait à Leyde, se bornant à imprimer, et fort mal,
les thèses universitaires.
L'ensemble des publications des Elzevier dépasse seize
cents ouvrages. Leur vogue continue engendra une foule de
contrefaçons, souvent très trompeuses. On distingue celles-ci
des originaux parla comparaison des canetins, des l.-
grises, dei fleurons et autres ornements typographe
<.. Pawlowkl
Iiiih..: Alphonse WlIXBlfS, les Elzevier. Histoire m
ntUu typographiques; Bruxelles, 1880, w- in-K. < ••>
vrage magistrat annule tous les travaux antérieurs sur
ce su i'-t
ELZHEIMER (Adam), peintre allemand (V. EuUEMEl).
ÉMACIATION (\lèd.). Ajnaigrissemeni général progressif
qui se termine habituellement par le marasme, et qui etl
U résultat de la diminution de volume ou de la fonte des
parties molles, adipeuses, charnues; l'émaciation peut BtN
la conséquence d'un trouble général de la nutrition (ina-
nition, cachexies, etc.), ou ne porter que sur un ijstene,
sur les muscles par exemple (atrophies musculaire-,). Toutes
les affections qui entravent les fonctions gastro-intestinales
amènent l'émaciation par nutrition insuffisante, le diabète
par dénutrition exagérée, etc. ; l'amaigrissement est égale-
ment très rapide dans la tuberculose et le cancer, dans les
cachexies, etc. La vieillesse, enfin, peut déterminer eet état
d'amaigrissement extrême. Dr L. Ri.
ÉMAGNY. Com. du dép. du Doubs, arr. de Besancon,
cant. d'Audeux; 240 hab.
ÉMAIL. I. Céramique. — (En hébreu Hachs mal Ci,
en chaldéen Eraa (?), en allemand Schmelzen, en anglo-
saxon Smaltan). Substance pulvérulente, finement broyée,
vitrifiable au feu sous une température élevée, renfer-
mant des oxydes métalliques destinés à la colorer, qui, en
s'incorporant à la matière qu'elle recouvre, la décore, tout
en la protégeant, de couleurs brillantes, inattaquables à
l'air et à l'humidité. On l'emploie soit à l'état de suspen-
sion dans l'eau, dans un bain où l'on plonge les objets à
émailler, soit à l'état pâteux, en la déposant au pinceau
ou à la curette à l'endroit même que l'émail doit occuper.
La première méthode est principalement usitée pour les
terres cuites (V. Céramique), la seconde pour les mé-
taux. Dans la pratique, le terme émail et surtout le
pluriel /'maux s'est trouvé en quelque sorte réservé pour
désigner les émaux sur métaux. Cependant, il ne faut pas
négliger de faire remarquer que les Chinois et les Japonais
ont fait de véritables émaux cloisonnés sur porcelaine ;
mais cet art ne date que de 1870. L'histoire de l'émail-
lerie est des plus obscures : on ignore à quelle époque en
remontent les premières applications; les découvertes de
M. Dieulafoy, en Susiane(V. Céramique), sont venues jeter
quelque lumière sur la question, en nous révélant les admi-
rables produits des émailleurs orientaux du vin" siècle
av. J.-C. Lorsque ensuite on peut admirer les merveilleuses
verreries de l'antiquité, on est en droit de se demander si
les origines de l'émaillerie et celles de la verrerie ne seraient
pas en quelque sorte contemporaines, d'autant que dès les
temps les plus reculés, alors que les Bomains et les Grecs
ignoraient complètement l'usage des émaux, les barbares,
au dire de Philostrate (111e siècle av. J.-C), sur les bords
de l'océan Atlantique, connaissaient, comme les peuples
du centre de l'Asie, l'art de couvrir d'émaux des morceaux
d'airain incandescent. Mais la lacune entre les briques
émaillées de Suse et les plus anciens émaux du moyen âge
est encore pour nous impossible à combler. L'Egypte et ses
tombeaux ne nous ont rien appris, et nous devons nous
borner à constater la splendeur des émaux asiatiques, sans
tenter d'en reconstituer l'histoire ou de rechercher ses
influences sur les émaux occidentaux.
Avant de parcourir les diverses étapes de l'art de l'émail-
lerie, il est indispensable d'en étudier la technique et
d'établir les divisions dans lesquelles doivent être classées
les différentes sortes d'émaux. Les émaux sm\cloisonnt's,
champlevés, translucides on peints. Les émaux cloi-
sonnés sont retenus dans de petites cellules faites géné-
ralement d'an mince fil d'or étiré. a\ec lequel l'artiste
forme les lignes d'un dessin qu'on applique sur la plaque
a émailler: les cellules sont remplies, à la curette, d'émaux
de différentes couleurs; la fusion des émaux les fait adhérât
an fond et suffit pour retenir la plupart du temps le til
878 —
ÉMAIL
Kniail byzantin mixte
emprisonne par la matière mette qu'il est chargé de con-
tenir. l.o> émaux ehamplevés sont généralement sur
cuivre ronce. Comme l'indique leur nom, l'ouvrier, après
avoir tram son dessin, enlève le champ (champ levé)
«lu dessin qu'il veut remplir d'émail : tantôt le sujet est
ii serra en euWre pour être gravé au burin après h cuisson
mot), ce sont les ehamplevés en réservé; tantôt le
sujet est au contraire creuse, tandis que le Fond resta de
enivre, et alors l'ouvrier épargne dans les personnages
■le mannes bandes île enivre imitant le 61 d'or du cloisonné,
es sont les ehamplevés en taille d'épargne. Quelquefois
l'artiste en creusant le sujet n'a pas épargné Ifis petites
lignes de cuivre; il
les remplace alors par
un til d'or qui trace
les lignes du dessin :
c'est un cloisonné
dans un champlevé;
l'émail est alors ap-
pelé mixte. Les
émaux translucides,
mal à propos appelés
di laissa reUevo, de
Imssc taille, parce
qu'on les trouve fort
souvent sur de petits
bas-reliefs de métal
ainsi revêtus de cou-
leurs éclatantes,
étaient employés à
décorer de Unes pla-
ques gravées, dont
la délicatesse du des-
sin apparait à tra-
vers l'émail. On rend
chatoyantes certaines
parties d'émail, en mettant au-dessous d'elles une mince
feuille d'or légèrement ondulée: ce sont là les émaux sur
paillons. Kntin les émaux peints sont ceux qui, comme un
tableau, reproduisent par des tons dégradés, sans aucune
ligne de cuivre interposée, un sujet au naturel. Les
m de plite mi de pliante ne doivent pas entrer dans
la elassitication des émaux : malgré les recherches pénibles
de certains archéologues. M. de Laborde, en leur restituant
leur veiitalde nom d'émaux d'applique, a définitivement
tranche la question. |,os nombreuses citations d'inventaires
qu'on jHiuriait taire prouvent d'une façon évidente que le
nom de plite n'a aucun rapport avec la technique des
émaux, mais qu'ils sont simplement appliqués sur les
ils décorent Les émaux de la châsse de Sion,
doit - nt émaux applii/aés comme aussi les émaux
iplfvt's d\i calice de Reims, du coffret de saint Louis,
ma encore les émaux translucides d'une foule de calices
du w siècle, qui n'appartiennent pas à la pièce même, mais
font partie d'une ornementation rapportée par l'orfèvre.
Nous ne connaissons de l'émaillerie gauloise que quelques
sa; l'histoire des Chinois, ces maîtres de l'art du feu,
ch«z lesquels nous retrouvons des émaux cloisonnés de même
technique que ceux des Byzantins, ne nous en apprend
pas h-> origines : ce sont donc les Byzantins qui renouent
pour nous la tradition d'un art si brusquement interrompu.
l>-s .maux du moyen âge peuvent se séparer très nette-
ment en Irnis écoles : byzantine, du Nord (comprenant les
H du Rhin et de la Meuse) et limousine. Les limites
du Nord et du Limousin sont impossibles à
tiv-r. parce qu'au moyen âge les ateliers conventuels,
même tort éloignés, se rattachent à l'un ou à l'autre,
suivant le sentiment des artistes et les voyages des religieux.
•mailleurs byzantins semblent marcher parallèlement
il ne faut pas négliger en effet de rap-
procher des mosaïques byzantines portatives dont M. Lu».
Muntz a fait si intelligemment le Catalogne, des petits
émaux cloisonnés d'or que Byzance nous a légués. Les émaux
de cette école sont assez difficiles à classer ; les reproductions
qu'en a données M. G. Schlumberger, dans l'n Empereur
byzantin au \" siècle, permettent, par les dates précises
qui les accompagnent, de commencer un classement, impos-
sible jusqu'ici. La disposition des lils du filigrane dans les
personnages parait être une base assez certaine; tandis que
les plus anciens émaux, ceux du x"' siècle, présentent dans
les vêtements de longues lignes droites qui rappellent les plis
des Vêtements îles statues' du SU" siècle occidental, ceux du
xi ont déjà des inflexions très accentuées, qui, à la fin,
ont les circonvolutions des vêtements des statues du xive et
du xve siècle français. On a voulu attribuer certains émaux
au vuie siècle byzantin ; jusqu'à présent rien n'est venu
confirmer celte hypothèse.
L'orfèvrerie mérovingienne, avec ses incrustations do
verroteries rouges, avec ses fibules d'émaux cloisonnés,
que l'examen le plus attentif peut à peine faire distinguer
de l'incrustation, montre le lien étroit qui unit la mosaïque
et l'émaillerie. Ce sera toujours là que viendront se heur-
ter forcément les archéologues qui étudieront l'œuvre
de saint Eloi. Fut-il émailleur, se borna-t-il à incruster
de grenats, de pierreries, d'émaux même taillés, les riches
pièces d'orfèvrerie qui sortirent de ses mains? Les simples
dessins qui nous restent de ses œuvres ne parviendront
pas à trancher la question.
Le reliquaire du bâton de Saint-Pierre de Trêves, garni
d'émaux cloisonnés, exécutés en 980, est une des plus
anciennes pièces de l'école rhénane ; elle montre l'influence
byzantine sur les premiers essais de l'art de l'émaillerie
importée en Allemagne par l'impératrice Théophanie : au
xie siècle, ont lieu les premiers essais de champlevage .
Ce n'est qu'un peu plus tard que Limoges ouvre ses ate-
liers, sans que nous puissions connaître exactement l'ori-
gine de ses manufactures. Faut-il les attribuer à ba venue
des Vénitiens établis dès le xa siècle, à Limoges, avec le
doge Orseolo, qui auraient apporté avec eux les procédés des
Byzantins avec lesquels ils étaient en rapports continuels?
Ce qu'on doit en tous cas constater, c'est que les produits de
l'école limousine se présentent immédiatement tels qu'ils
seront plus tard, sans trace d'influence étrangère. Dès les
plus anciens émaux, on peut les distinguer des émaux du
Rhin, de Cologne, de Verdun, de Liège. Chacun d'eux, en
effet, a sa technique générale particulière, ses couleurs de
prédilection. M. Darcel a ainsi caractérisé les deux écoles:
« Partout ou un émail fera montre d'érudition, un peut
être certain qu'on a affaire à une œuvre de Culogne ou de
\ erdun. Les émailleurs de Limoges enluminent vivement
leurs sujets, les émailleurs allemands procèdent par tons
rompus et adoptent la tonalité verte. La gamine décrois-
sante nés tons juxtaposés dont on se sert pour nuancer les
draperies sera en France une trace de rouge, de bleu lapis,
de bleu clair et de blanc ; en Allemagne, ce sont le bleu
lapis, le bleu turquoise, le vert et le jaune. » Mais, si la
remarque est vraie en thèse générale, elle ne peut évidem-
ment s'appliquer aux œuvres des ateliers conventuels, les
frères artistes du centre delà France, de Moissac, de Grand-
mont étant certainement aussi érudits que ceux des bords
du Rhin. La couleur et l'aspect général sont, dans ce cas,
bien plus à consulter; et encore une petite chasse du
musée du Puy, certainement de l'école limousine, mais qui
a tous les caractères des produits rhénans, montre com-
bien la classification est difficile à déterminer.
Les ateliers de Limoges acquirent rapidement une ré-
putation européenne : la prise de Constantinople, en 1204,
jeta dans le monde chrétien nombre de reliques qu'il fallut
habiller : les émaux de Limoges se ressentirent de cet
excès de demandes. On voit alors une foule de pièces de
pacotille; on ne doit pas juger Limoges d'après elles. Pour
comparer l'art limousin et l'art du Nord, il faut mettre en
présence l'Eilbertus de Cologne, du trésor du roi de Ha-
novre, et le triptyque de Chartres, l'émail de Geoffroy
Plantagenet, du Mans, et les chasses de Cologne et de
Maestricht. 11 faut juger les écoles rivales par leurs
ÉMAIL
- 874 -
<-h*'f>— «l'irii vr<> et non par les objets courants, r est prin-
cipaiemenl dans l'école rhénane que nous trouvons les
émaux mixtes; la émaux en taille d'épargna y sont aussi
plus communs que les champlevés en réserve, auxquels
l'école limousine semble s'être appliquée principalement.
L'émaillerie champlevce brille de son plus vif éclat au
mi' et au xiii'' siècle; elle ne se contente pas de produire
des crosses, des reliquaires, des bijoux, mais il sort des
mains des émailleurs de grandes plaques tombales, comme
celles dont (iaignières nous a conservé le souvenir et dont
la tombe des enfants de saint Louis, à Saint-Denis, est un
des rares spécimens qui nous restent aujourd'hui. I Us ri
disparaître totalement devant les ('maux peints qui font
leur apparition à la fin du xv° siècle. Peu de noms d'ar-
tistes de cette époque sont parvenus jusqu'à nous; ils méri-
tent d'être mentionnés : fi. Alpais ou encore Galpais,
Email rhénan, champlevé en taille d'épargne. Dessus
de l'autel de l'Eilbertus des rois de Hanovre.
de Limoges, Eilbertus, de Cologne, Garnerius, Guina-
mundus, moine, Jean, de Limoges, Nicolas, de Verdun,
Reginaldus, moine, Willelmus, moine. L'émail des mer-
ciers était une simple imitation des émaux champlevés,
dans lesquels les cellules du champlevage étaient remplies
d'un mastic coloré. Les émaux translucides qui appa-
raissent à la fin du xiue siècle semblent servir de transi-
tion entre les émaux champlevés et les émaux peints. Un
des plus anciens spécimens de ces émaux est certainement
le calice donné par le pape Nicolas IV au couvent d'Assise
(1290), puis vient l'autel d'argent de Saint-Jacques de
Pistoie, auquel travailla, avant 1310, Ognabene (Andréa
di Puccio); le musée de Copenhague possède une pièce
datée de 1333 ; vers 4350, l'emploi en devient commun
en Italie, en France et en Allemagne; au xvie siècle, Ben-
venuto Cellini les employait pour décorer ses fines pièces
d'orfèvrerie. Mais très probablement, le plus ancien émail
translucide qui nous soit parvenu est la double agrafe
byzantine d'émaux translucides, cependant cloisonnés d'or
encore, que Gautier de Trainel rapporta de Constantinople
en 1204, et que nous pouvons admirer aujourd'hui au
trésor de la cathédrale de Troyes.
Limoges ne devait pas perdre ses droits. A la fin du
xve siècle, avec les Pénicaud, les émaux peints font leur
apparition : conçu d'abord dans le style des imagiers,
l'art de l'émaillerie peinte ne tarda pas à subir une trans-
formation complète : il passe brusquement des scènes go-
thiques aux copies des plus célèbres maîtres italiens; sans
aucune transition apparente, Jean II Pénicaud. unique-
ment inspiré par l'ait italien, succède B Nardon Pénicaud
et à Jean Ier Pénicaud, restés absolument Français. La
liste des émailleurs limousins est longue : Léonard Limosin
est un de ceux qui tiennent la première place dans la
pléiade des artistes de la Renaissance. Les famille» forment
de véritables dynasties : les Pénicaud vent du w au
xvii0 siècle, les Keymond, les Court, les Courteys i\u
xvi'' au xvne siècle, les Laudin du xvi° au xvui" siècle.
les Nouailhé, enfin, du xvi° au \i\' siècle. Cet art charmant
n'a donc jamais été abandonné. Sous Louis XIV. Petitot
Vase américain en émail cloisonné,
de Till'any, de New-York.
lut célèbre par ses portraits èmailles; de DMJOM, Mfia,
MM. (.laudius Popelin et A. Meyer ont obtenu des u-m\-
lals digOM de ri-
valiser avec \tÊ
plus fines pro-
ductions de Li-
moges du Ml"
siècle.
Les érnau\
champlevés, cloi-
sonnes ou mixtes
sur métaux pré-
cieux semblent
aujourd'hui twe-
nir a la mode, et
si pendant de
Longue! années
la France s'est
contentée de co-
pier les cloi-
sonnés chinois ,
l'Amérique à
l'Exposition de
1889 avait les
émaux extraordi-
naires de Till'any,
de New- York,
qui, dans une donnée absolument nouvelle, montrent de
quelles combinaisons artistiques sont capables les artistes
qui savent mêler heureusement le cloisonné et le champ-
levé. F. de Mély.
Email noir (V. Nielle).
II. Chimie industrielle. — L'émail qui primitivement
devait être surtout employé pour préserver la terre et
les métaux de l'action destructive des agents atmosphé-
riques, est plutôt utilisé maintenant pour la décoration des
poteiies, du verre et des métaux. En principe, quelle que
soit la nature de l'excipient sur lequel il est applique, il
faut que l'émail soit assez fusible pour fondre et taire corps
avec son support, à une température que celui-ci puisse
supporter sans altération. 11 faut, en outre, qu'il y ait
entre eux comme une sorte d'afiinité chimique et physique,
que leurs coefficients de dilatation soient assez voisins pour
que l'émail ne se sépare pas de son support sous j'influence
des changements de température. Salvetat, à qui l'on doit
de remarquables éludes sur la composition des émaux, les
distingue en transémaux ou émaux transparents et en
opémaux ou émaux opaques. Ces émaux peuvent être
considérés comme des cristaux, en général assez fusibles,
le plus souvent colorés par une quantité extrêmement faible
d'oxyde métallique dissous dans la masse, de façon à for-
mer* un tout parfaitement homogène. Les opémaux sont
de même nature que les transémaux, mais sont opacifiés
par une substance plus réfractaire qui reste en suspension
dans le cristal. Sousle nom de parémaux, SaWetatdonisjae
toute substance vitritiable, non homogène, formée de sub-
stances fusibles habituellement colorées par un oxyde mé-
tallique qui, n'étant pas dissous dans la masse, mais bien
en suspension, doit, pour lui communiquer une coloration,
être employé en forte proportion.
Métaux émaillés. Les émaux destinés à être appliqués
sur les métaux doivent avant tout parfaitement adhérer
ou gripper ; il faut, en outre, qu'ils soient plus fusibles non
seulement qui le métal, mais encore que sa soudure. L'or,
l'argent et quelquefois le cuivre sont èmailles dans un but
purement décoratif; SU contraire, remaillage du 1er et de
la fonte a surtout pour objet de les préserver de l'action
des agents atmosphériques ou de les rendre propres à des
DSSges domestiques. L'or destine à remaillage doit être au
titre de onze douzièmes, c.-à-d. renfermer 917 °/Po d'or
lin. L'alliage le [dus employé est forme de ï-1 p. d'or pour
1 de cuivré et I d'argent. L'or d'un titre moins èli
trop fusible: [dus fin il est trop mou. L'argent pur supporte
- 875 -
ÉMAIL
difficilement 1'emaill.ige : lo métal se voile et l'oiiuiîl se
charge de bulles. Les Orientaux sont WpeodaBl paru-nus
| vuaere ces difficultés, et l'on possède des pièces d'argent
cloisonnées dans lesquelles l'art ne le cède en rien a la
technique. 11 est le plus souvent nécessaire, surtout quand
les plaques à émaillcr sont minées et de grandes dimen-
sions, de les recouvrir sur le verso d'une eonelio d'email;
cette opération. ou eonlre-eniaill.me. évite les déformations
tini se produirtieol pendant le refroidissement et pourraient
entraîner le fendillement de l'émail. Le pins ample des
èmanx opaques est i base de calcine on stannate do plomb.
Il avec lin que sont faits tons les émaux opaques colores.
Suivant l'opacité que l'on désire, la calcine varie de com-
- bon; le plus souvent, on prend, pour 100 p. de plomb,
l 30 p. d'etain.
I. 'email blanc opaque se fait habituellement en prenant,
pour -20 p. de cabine, 10 p. de sable siliceux et S p. de
carbonate de potasse; le mélange est chantre jusqu'à com-
mencement de fusion, puis finement broyé à l'eau. Le car-
bonate de potasse est dans certains cas remplacé par le
carbonate de soude; de même l'oxyde d'élain est quelque-
s remplacé comme opacifiant par l'oxyde d'antimoine ;
il devient alors nécessaire d'exclure le plomb de la compo-
sition. Pour obtenir un émail opaque parfaitement blanc, il
-aire de fondre la fritte ci-dessus avec une petite
quantité de bioxyde de manganèse. Les oxydes les plus
employés dans la préparation des émaux opaques colorés
sont : l'oxyde de cobalt pour les bleus; l'oxyde d'antimoine
pour les jaunes ; l'oxyde de chrome, le bioxyde de cuivre
avec ou sans oxyde de fer pour les verts ; le pourpre de
Cassius ou l'oxyde de cuivre pour les routes ; le mélange des
oxydes de (er et de manganèse pour les noirs, dont on
nente l'éclat par l'addition d'oxyde de cobalt; l'oxyde
de manganèse pour les violets. Les émaux opaques sont
surtout utilisés dans la fabrication des champlevés et des
cloisonnes. Dans ces deux procèdes, la décoration se fait
Par teintes plates; l'émail délayé dans l'eau est appliqué à
aide de spatules dans les creux faits au burin sur les pièces
ebamplevées ou entre les cloisons posées de champ sur la
surface des objets cloisonnés. Malgré les efforts de quelques
fabricants français, l'industrie des émaux cloisonnés ne
s'est pas développée dans notre pays; nous ne voyons guère
*1 Bareeaienne dont les productions puissent être
comparées aux cloisonnés orientaux. Après avoir constaté
notre infériorité sous ce rapport, il est peut-être intéressant
aler l'opinion de quelques auteurs, celle de M. Pa-
ie, entre autres, qui attribuent aux émaux cloisonnés
igine européenne. In de leurs principaux arguments
est 'ii" du nom de Fa-Um (émail franc) par lequel les
Chinois désignent les cloisonnés; or il est établi que ce
8 copie appelait indistinctement du nom de Francs tous les
itaux. « >i j prétend que c'est l'importation, vers le
xin" siècle, dVinaux champlevés d'origine byzantine qui
auraient conduit les Chinois a la fabrication des émaux
cloisonnés. Quoi qu'il en soit, cette industrie atteignit son
sous l'empereur Kang-hi de la dynastie des Tsing
.-17-22): elle llmissait encore a la" fin du règne de
Kwn-loung (1730-17%), mais est tombée depuis en déea-
La fabrication des émaux cloisonnés a pris de nos jours
une énorme extension, tant en Chine qu'au Japon, mais
roaa constater que si les cloisonnés orientaux sont
d'une exécution parfaite au point de vue tech-
nique, ils ont néanmoins beaucoup perdu au point de vue
artistique. N is à la décadence d'un art qui, pour
satislaire aux exigences s misantes du commerce,
l'est traatormé en métier. Dès le début, les Chinois ne
• enl qu'une palette a--vz pauvre; les cloisonnés du
commencement du w siècle, sous la dynastie des Ming,
sont en gênerai de couleur éteinte; les nuances les plus
répandues s .nt le bleu sombre, les jaunes profonds, le violet
les blancs troubles et mats. Leur palette s'est en-
suite enrichie, et les émaux qu'ils emploient aujourd'hui
possèdent une grande variété de nuances : le bleu est obtenu
par l'oxyde de cobalt, lo rougo par l'oxyda de cuivre et le
sulfate d'argent, le vert par l'oxyde do chrome, le violet
par l'oxyde de manganèse, le jaune par le chlorure d'argent,
le blanc d'opale par l'oxyde d'etain, le bleu vif parles oxydes
d'étain et de plomb, le noir par un mélange des oxydes
donnant les bleus, les verts et les violets les plus pro-
fonds.
Un autre procédé d'émaillage consiste à recouvrir le
métal soit sur toute sa surface, soit seulement par place,
d'une couche d'émail transparent à travers lequel on voit
le fond avec sa couleur propre ou modifiée par la nuance
et l'épaisseur des émaux (émaux de basse taille). On peut
encore poser sur la pièce un fond d'émail opaque sur lequel
on dispose des paillons métalliques que l'on recouvre ensuite
d'une couche d'émail transparent. Les émaux transparents
de couleur peuvent être presque tous obtenus à l'aide d'un
même londant auquel on ajoute des quantités variables
d'oxydes suivant la nuance. Les émaux peints se font en
posant d'abord sur le métal une première couche d'émail
opaque le plus souvent blanc, noir ou gris; sur ce fond,
on peint le décor avec des couleurs appropriées. Suivant
que celles-ci glacent d'elles-mêmes ou ont besoin d'être
recouvertes d\ine glaçure transparente, on les distingue
en couleurs sur pâte et en couleurs sous fondants. On
doit apporter le plus grand soin au choix des oxydes
destines à la préparation des couleurs sous fondants; il
faut qu'ils soient extrêmement résistants au feu et qu'ils
puissent tous supporter le même fondant et la même gla-
çure. Il faut également que le fondant de la couleur et la
couverte qui la recouvrent présentent une certaine analogie
de composition afin de faire corps après la fusion. Dans ces
conditions, la palette dont dispose le peintre émailleur se
trouve assez restreinte. Nous donnons ci-dessous, d'après
Salvetat, la composition d'un fondant et d'une glaçure em-
ployés dans ce genre de décoration :
Fondant Glaçure
Sable 300 823
Minium 600 300
Borax fondu 100 »
Carbonate de potasse à 30 °/0
d'eau 425 »
Les couleurs sur pâto qui doivent posséder dans leur
composition les éléments propres à leur vitrification sont
au contraire en nombre considérable; tous les oxydes
simples ou composés qui peuvent résister sans décompo-
sition à la température de fusion du fondant sont employés.
En principe, tous les émaux sont tondus au creuset avant
d'être employés; les émaux pour fond sont en général
broyés en grains, lavés à l'acide nitrique, puis à l'eau et
appliqués à la spatule; les émaux pour peinture sont au
contraire broyés très fins et délayés dans l'essence de téré-
benthine. Pour émailler une grande surface, on préfère
habituellement à l'emploi de la spatule celui du tamis qui
permet de couvrir uniformément par saupoudration des
plaques et des vases de toute dimension. Il est alors
quelquefois nécessaire d'imprégner la pièce d'une com-
position agglutinante qui retient l'émail et force son adhé-
rence. C'est à M. Paris du Dourget que l'on doit la grande
extension prise de nos jours par cette industrie. L'émail
qui recouvre les poteries de fer destinées aux usages domes-
tiques ne doit pas renfermer d'acide arsénieux; il ne doit
pas non plus être trop plonibifère, afin de résister à l'action
des acides faibles, du vinaigre en particulier. M. Paris a
proposé pour recouvrir les ustensiles de cuisine l'émail
très résistant et peu altérable que l'on obtient par la fusion
des éléments suivants :
( Silice. .
Flint glass< Plomb .
( Potasse
66
34
9
Carbonate 20,3
Acide borique \1
ÉMAIL
— 676 —
Souvent, on recouvre la tôle d'une première couche d'un
verre presque transparent, peu fusible, mais tn-s adhérent,
à base de silice, soude, borax et kaolin qui joue le rôle de
contre-oxyde et sur lequel on applique un émail opaque,
assez Fusible, à luise de borax et de spath fluor oude rrvolite.
On émaille habituellement la foule en la recouvrant d'une
première couche d'émail opaque sur laquelle on applique
ensuite une glaçure. La préparation de I émail opaque ser-
vant de fond ou assiette se fait en frittant un mélange
formé de :
Borax 18 kilogr.
Sable blanc 9 —
que l'on additionne quelquefois d'un vingtième d'argile de
potier ou que l'on fait fondre avec d'autres matières dans
les proportions suivantes :
1 ' kilogr.
Fritte 15
Sable 3,8
Kaolin 2,25
Gypse 0,064
Cet émail fondu et pulvérisé est additionné de 128 gr.
de borax afin de dissoudre la petite quantité d'oxyde qui
aurait résisté au décapage. Cette première couche d'émail
qui est appliquée sur la pièce soit à la spatule, soit par
immersion, est ensuite recouverte par saupoudration d'un
émail transparent, incolore, que l'on obtient par la fusion
de:
kilogr.
Verre pilé 43
Sable 48
Soude calcinée 7,5
Borax 42
Magnésie 0,5
L'émail opaque peut, avant de recevoir une glaçure et
après un premier passage au moufle, recevoir une déco-
ration qui se fait à la main ou par impression et est ensuite
mise sous couverte comme il est dit plus haut. En principe,
toute pièce métallique doit, avant d'être émaillée, subir un
décapage aussi parfait que possible; après un passage dans
une solution alcaline, puis dans une solution étendue d'acide
sulfurique, ou déroche, la pièce est frottée avec du sable
tin ou du grès, puis lavée à grande eau.
Emaux céramiques. La faïence trouve dans l'emploi
des émaux un élément de décoration qui, masquant la cou-
leur propre de la terre, a permis la production de véritables
œuvres d'art sur des poteries à pâte commune. Les émaux
stannifères s'appliquent habituellement sur des terres peu
réfractaires dans la composition desquelles la chaux, les
terres calcaires et les marnes entrent généralement. L'émail
blanc stannifère peut être représenté par la formule sui-
vante (Deck) :
Calcaire 44
Sable de Nevers M
Soude d'Alicante 2
Sel marin 8
Minium 2
I. 'email fondu au four est grossièrement concassé,
puis pulvérisé finement sous l'eau; c'est dans ce liquide,
amené à la consistance convenable, que l'on trempe les
pièces. On obtiendra des émaux colorés en ajoutant à
100 p. d'émail blanc : 9,88 de jaune de Naples ou oxyde
d'antimoine pour le jaune; 5,20 d'oxyde de cobalt à l'état
d'azur pour le bleu ; 5, 20 de battitures de cuivre pour le
vert; 4,23 de battitures de cuivre et 2,04 de jaune de
Naples pour le vert pistache et 4,10 de bioxyde de man-
ganèse pour l'émail violet. La pièce après le passage dans
le bain d'émail étant parfaitement ressuyée peut être dé-
corée sur cru à l'aide d'émaux colorés; c'est même par ce
procédé qu'ont été obtenues les belles faïences de Nevers.
de Rouen, de Moustiers, etc. On prépare en outre des
émaux transparents qui trouvent leur emploi pour toute
espèce de faïence. Ces émaux, de nature calcaire, renfer-
ment à l'état de dissolution l'oxyde colorant et correspon-
dent exactement, dans la classification de Salvetat, au\
transemaux pour niétaiiv. Cet émaux OBt pour hase un
fondant formé par la fusion de :
Minium 30 '■'•'■>
Sable.
10 V.
Potasse 12 12
Soude « g
Le mélange d'oxyde et de fondant est soumis à une nou-
velle fusion, pulvérisé et appliqué directement sur le biscuit
de faïence ou sur une engobe [V. FaIebce).
Porcelaine émaillée. D'après Salvetat [Leçons de cé-
ramique), les émaux différent des engobea par leur appa-
rence vitreuse qui peut atteindre une transparence parfaite.
D'autre part, ils diffèrent de la couverte habituelle de la
porcelaine par leur fusibilité plus grande et se distinguent
des couleurs ordinaires de moufle par leur éclat, leur ri-
chesse de tons et la possibilité de les employer sous une
certaine épaisseur. La décoration de la porcelaine a l'aide
d'émaux est fréquemment employée en Chine; elle n'a
guère été qu'essayée en France sur la porcelaine dure.
Les émaux de Chine sont formés d'un véritable cristal
silico-plombeux, à base de potasse ou de soude, coloré par
la dissolution d'une très petite quantité d'oxyde métallique.
Salvetat et Kbelmen ont réussi à obtenir par le mélange
des oxydes une variété de nuances que ne possèdent pas
les céramistes orientaux.
La grande variété et la richesse des tons que l'on peut
obtenir sur porcelaine à l'aide des émaux fait d'autant plus
regretter leur emploi restreint, que les céramistes chinois
disposant seulement d'une palette assez pauvre, sont arrivés
à des productions d'une grande puissance décorative. Des
essais comparatifs exécutés à la manufacture de Sèvres ont
permis de reconnaître que la couverte des porcelaines de
Chine était plus propre à recevoir les émaux que celle de
notre porcelaine dure. Cette aptitude particulière est due
sans doute à la nature de la couverte qui, appliquée sur
une pâte moins réfractaire que la nôtre, doit être également
plus fusible. La composition de l'émail pour porcelaine doit
varier suivant qu'on l'applique directement sur le biscuit
ou sur la couverte. L'émail est appliqué en poudre très
ténue, sous une assez forte épaisseur; l'essence de téré-
benthine maigre sert de véhicule à l'émail. La décoration
se fait naturellement par teintes plates; les ombres sont
produites par les creux ménagés à la surface de la pièce et
dans lesquels l'émail forme épaisseur. C'est sur ce principe
qu'est basée la décoration a l'aide des émaux ombrants
qui ont fait la réputation des produits de l'usine de M. du
Tremblay, à Rubelles, près de Melon. Après dessiccation
complète, l'émail est cuit au feu de moufle à une température
d'environ 850-900°. Le fondant indiqué par Salvetat pour
l'émaillage du biscuit de porcelaine présente la composition
suivante :
Minium 2.0d0
Sable 1.000
Borate de chaux 300
C'est à ce fondant que l'on ajoute les oxydes métalliques
pour obtenir les différents émaux colores. Comme nous
l'avons dit plus haut, l'emploi des émaux sur porcelaine
dure est très restreint. Antérieurement à Salvetat. un
chimiste de limoges. M. Lesme, avait pris en 1853 un
brevet pour l'application des émaux à la porcelaine dure.
Bien que M. Lesme n'ait pas divulgue ses recettes, il y a
cependant lieu de penser qu'elles ne diffèrent que peu des
compositions que nous a laissées Salvetal. Depuis quelques
années, M. Peyrusson, de Limoges, a repris ces essais et a
réussi à obtenir des émaux qui s'appliquent parfaitement
sur les couvertes les plus dures. Reprenant les expériences
de Salvetat, MM. Lauth el Vogl ont obtenu une porcelaine
dite porcelaine nouvelle qui, plus fusible que la porce-
laine dure, se prête bien a la décoration par les émaux.
La fabrication de celle porcelaine nouvelle, qui n'offre
— X77
ÉMAIL
m li rààstanoe, ni la finesse de pâte de la poBsaUme dore
et ne possède pas les qualités de l'ancienne porcelaine pâte
tendre, ne s'est pas développée. Pendanl teneudetempsqu il
, passé a Sèvres comme directeur de la maonmctare.peck
., ,,.,„.. tel a pu montrer en I889,à l'Exposition
,lu ( 'liamp de lars, une remarquable collection de porce-
laines émaiUées I pâte tendre el a pâte dure 0 . Cshamiqui
et l'i'H. n ui
|.. otaries entaillées, destinées aux usages uomes-
sédanl une couverte formée en général dun
silicate plombo-elumineux, il importe que l'émajl oflre assea
de résistance pour ne pas céder de plomb aux aliments.
Certains fabricants cuisent insuffisamment ces émaux ou
foirent la proportion d'oxyde de plomb pour augmenter
leur fusibileté; la ... avorte cède alors du plomb aux acides
faibles. Après a\is du conseil d'hygiène du dép. de la
Seine, à la suite d'accidents produite pour les causes ènon-
jsus, le préfet de police a interdit la fabrication
.•t la vente des poteries vernissées au plomb dont la cou-
N.-rie ne résiste pas aux acides faibles (2 juil. 1S78).
D'après le rapport du comité consultatif d'hygiène publique
do France, en date du ÏOjanv. 1879, le mode d'essai des
. - tait comme suit : on maintient pen-
dant une demi-heure, a une douce ébullition, une solution
'acide acétique cristallisable, en ayant soin de
remplacer le liquide a mesure qu'il s'évapore; l'acidité de
cette solution correspond a la teneur on acide acétique d'un
wuai^re moyen. Après refroidissement, la solution est
filtrée: dans" une partie, on fait passer un courant d'hy-
drogène sulfure qui produit en présence du plomb un pré-
cipite noir ou tout au moins une coloration brune; on
vcise dans l'autre portion de l'iodure de potassium qui
produit un précipité jaune d'ioduro de plomb absolument
caractéristique. On a proposé de substituer à la couverte
plonibifèro île ces poteries des émaux à base de borax ou
manganèse, mais les essais tentés jusqu'ici
n'ont pas donne de résultat pratique.
Emaux sur verre. L'émaillage du verre doit remonter
à une époque très reculée, comme le prouvent les petites
figurine-* el les fragments de vases trouvés dans les fouilles
en , I art a été surtout pratiqué par les Arabes;
,,„ acore de magnifiques spécimens des verres
èmailles d'Alep et de Damas. Le type de cette fabrication
le plus ancieu que l'on possède est la coupe de la collection
Ch. Cibler: elle porte, entre autres décors, les armes de
r-ed-diu-ed-l)haliei\ . commandant des troupes du sultan
h-s qui mourut en 1271. On possède également quel-
ques verreries entaillées françaises, qui ont dû être fabri-
siecle dans le Poitou. Les verreries de
• firent remarquer dans ce i;enre de production
pendant les xv et xw siècles. L'Allemagne, et particuliè-
rement la Bohème, nous ont laissé également des verres
euiaille-, dont quelques-uns remontent au xne siècle. En
Chine, on a fabrique et on fabrique encore des verres re-
marquables par le brillant et la translucidité de leurs
, ix : il y a lieu de croire que cette industrie a dû être
importée dans ce pavs par les Arabes sous la dynastie mon-
fje nos jours, l'émaillage du verre est
pratique d'une façon courante en Bohème et en France.
s notre pays.le5 productions les plus remarquables sont
due* a M. lu m ard quia reproduit des verres émaillés arabes
oupes. lampes de mosquée, etc.. et dont toute la
fabrication se ressent de cette influence, et a M. E. Galle,
de Nancy, dont les productions possèdent ce cachets! per-
:.nel qui a fait I- suci es de tontes ses créations. Au point
de rae technique, les émaux pour verre ne présentent rien
de particulier ni dans leur composition, ni dans leurappli-
bon. Ils ont pour ba^e un nistal assez fusible coloré par
les oxvde> métalliques. Les émaux doivent pouvoir fondre
' t se vitrifier complètement à basse température de façon à
r toute déformation de la pièce à émailler.
ux pour mosaïques. Les émaux ou smalt. em-
ployés ,i la fabrication de la mosaïque ont pour base un
cristal présentant habituellement la composition suivante :
Sable 1.300
Minium 600
Nitrate de potasse 60
Fluorure de calcium «100
Carbonate de soude 400
Croisil 500
La coloration de ces émaux se fait parles oxydes simples
ou mélangés. On arrive à obtenir une variété de nuances
presque infinie; l'atelier de mosaïque du Vatican en possède
plus de vingt-six nulle. L'émail est fondu sous forme de
galettes de 10 à 15 ceiitini. de diamètre sur \ à 3 contint.
d'épaisseur qui sont ensuite découpées en cubes en les po-
sant à plat sur un découpoir ou taglioto et en les frappant
d'un coup sec à l'aide d'un marteau ou martellino. On
les amène ensuite a leur forme définitive en les usant sur
une petite meule ou rotino (Y. Mosaïque).
Emaux photographiques. Les émaux photographiques
ont été imaginés par M. Lafon de Camarsay en 18S4. La
propriété que possède la gélatine chromatéede perdre plus
ou moins son pouvoir hygrométrique après insolation aété
mise à profit pour obtenir sur émail des images photogra-
phiques inaltérables. Sur une glace parfaitement propre, on
étend une couche du liquide suivant :
Eau 100 centim. c.
Miel épuré 0 gr. S0
Sirop de sucre "1 gr.
Gomme arabique en poudre. . . 5 —
Glucose liquide 8 —
Solution saturée de bichromate
d'ammoniaque 5 à 20 centim. c.
La glace est ensuite scellée à la lampe à alcool. Après
une insolation de dix à vingt secondes au soleil et de trois
à dix minutes à l'ombre, on laisse la glace reprendre son
humidité dans le laboratoire éclairé à la lumière rouge.
Quand on voit l'image se dessiner par suite du gonflement
de la gélatine sous l'influence de l'humidité atmosphérique,
on tamponne légèrement la plaque avec un pinceau chargé
de poudre d'émail coloré. L'image est ensuite recouverte
de collodion à 4,.'i ou 2 °/0 de pyroxyde, et on détache la
pellicule par immersion dans l'eau acidulée à 5 °/0 d'acide
sulfurique. On introduit ensuite une plaque de cuivre
émaillée dans un bain de sucre à 10 ou 15° 0 et on amène
la pellicule, l'image en dessous, à la place qu'elle doit
occuper sur l'émail; on laisse ensuite sécher la pellicule
qui adhère alors fortement sur son support. On se dé-
barrasse de la couche de collodion en plongeant la plaque
d'email dans de l'acide sulfurique concentré ou, si l'émail
ne supportait pas cet acide, en dissolvant le collodion dans
un mélange de :
Essence de lavande 100 centim. c.
Essence grasse de térébenthine 3 gr.
Elher .'iO centim. c.
Alcool 50 —
Après lavage, on laisse sécher complètement la plaque.
11 ne reste [dus qu'à procéder à la cuisson qui se l'ait dans
un petit fourneau à moufle chaullc au rouge cerise. L'image
peut ensuite être retouchée ou colorée par les procédés
ordinaires de la peinture sur émail. Ch. Girard.
QI. Art héraldique. — Le mot émail ne s'applique qu'aux
cinq couleurs, azur, gueules, sinople, sable et pourpre.
Cependant, on désigne, dans un sens général, ces couleurs,
les deux métaux or et argent et les fourrures (hermine et
noir) sous le nom d'émaux du blason. Dans l'origine,
on peignait des armoiries sur des meubles, sur des armes
et sur des vases d'or et d'argent, et peu à peu on s'habitua
à qualifier d'émail la plaque peinte que les hérauts d'armes
portaient aux armes de leur seigneur. G. G.
IV. Anatomie (V. Dent).
Bibl. : Céramiqi i: — Arusi.ni et Bowes, la Céramique
japonaise émaux cloisonnés sur porcelaine) ; Paris, 1881,
p. 232. — D'Arclais de Montamy, Traité des couleurs
ÉMAIL - ÉMANCIPATION
- 878 -
pour la peintura eur émail ; Puis, 1766, in-n. — Bulliot,
/ Marie gauloise, dana les Mémoires des A ntiquûire de
France, t. XXXIII. — Lea PP. Cahier al Martin, .Mé-
langea tCerchéologie ; Paria, l^t», in-4. — Ducamoi, v l.i-
mogia, Smaltum. — J.-P. Ferrand, l'Art du feu ou de
peindra en <-maii; Paria, 1721, in-12. — Garmer, Collec-
tion Spitier, dans (a Hazelte des lieaux-Arls, i
t. XXXII, p. 467. — Louis Guibert, dana Bulletin trchéo-
logique du Limousin, t. XXXI I. — Havard, Di<
de i ameublement et de la décoration, v Email.— i\< -
qukmakt. Histoire de la céramique , éma'xx cloisonnas
sur porcelaine; Paria, 18^3, p. 111. ar. in-8. — 1 . db Mi ly,
(a Crosse de Ragenfroid, dans la Gazette archéolog., 1888.
— Visite aux trésors de Saint-Maurice et de 8ion, dans
le Bu/iettn archéolog. du Comité. W.IO. — Km. Mui.imkr,
Dictionnaire des émaiiteuis; Paria, 1885, pet. in-8. — Ou
même, l'Emaillerie; Paris, 1891, in-8. — \\ .-A. Nbumanm,
Dii] Reliquienschitze des Hauses Hraunschweig-Luncburg ;
Vienne, l»yl, in-4. — Nh;aru, Connaissance des émaux chez
les anciens, dans le liullel. des Anliq.de France, t. XXVII,
1862, et XLI1I. 1882. — Théophile, Diversarum artium
Schedula; Paris, 1813, in-4. — Viollet-LE-Ddc, Diction,
naire du mobilier, t. II, v° Orfèvrerie.
ÉMAILLAGE (Y. Email [Chimie industr.]).
ÉMAILLÉ, ÉMAILLERIE, ÉMAILLEUR (V. Émail).
ÉMAILLOl'DE (de émail et de stoo;, image). Matière
ressemblant à l'émail et destinée à décorer, assez facilement,
des objets de métal. Au moyen âge c'était l'émail des mer-
ciers, sorte de vernis qui s'appliquait à une température
assez élevée, n'atteignant pas cependant le degré de fusion
des métaux sur les lesquels on l'appliquait. Ce procédé
est encore employé de nos jours ; les artisans se servent
également, comme émailloïdes, de matières très fusibles,
translucides, rehaussant ainsi de brillantes couleurs les gra-
vures qu'on peut admirer au travers de leur transparence.
ÉMAILLURE (V. Émail).
ÉMALLEVILLE. Com. du dép. de l'Eure, arr. et cant.
(N.) d'Évreux; 123 hab.
EMANANT (Malh.) (V. Substitutions linéaires).
ÉMANATION. I. Hygiène. — Dégagement dans l'atmo-
sphère des principes volatils contenus dans certains corps,
ou formés par l'altération de ces corps. Ces principes volatils
peuvent être agréables et parfumés, et donner dans ce cas
des émanations odorantes; ils peuvent être désagréables
et malsains, lorsqu'ils proviennent de la décomposition de
matières organiques, et produire des émanations pu-
trides. Suivant leur nature et leur caractère, ces émanations
putrides portent encore les noms de miasmes, effluves,
exhalaisons et exisient le plus souvent en suspension dans
l'atmosphère ou dissoutes dans la vapeur d'eau. On les ren-
contre le plus généralement dans les endroits maréca-
geux, dans les grandes villes, où elles peuvent donner
naissance à certaines maladies à caractère épidémique. Les
émanations putrides ou cadavéreuses peuvent provenir des
fosses mortuaires, des cimetières, des amphithéâtres d'ana-
tomie et surtout des usines ou l'on traite les matières or-
ganiques, fonderies de suif, fabriques d'engrais, de colle
forte, de noir animal, etc. Ces usines sont du reste régle-
mentées par de sévères ordonnances de police, qui obligent
leurs propriétaires à suivre les instructions émanant du
comité consultatif d'hygiène de France. Il en est de même
pour les usines de produits chimiques qui, sous forme de
vapeurs acides, ammoniacales, de gaz, répandent dans
l'atmosphère des émanations in-
dustrielles, nuisibles autant à
la santé qu'aux cultures environ-
nantes (V. Désinfection).
Ch. Girard.
II. Théologie (V. Gnosticisie).
ÉMANCÉ. Com. du dép. de
Seine-et-Oise, arr. et cant. de
Rambouillet ; 429 hab.
ÉMANCHE (lilas.). Pièce hé-
raldique formée de plusieurs pointes
triangulaires mouvantes de l'un
des bords de l'écu : elle symbolise
la représentation d'une dépouille enlevée à l'ennemi;
l'émanche peut être posée en chef, en bande, en pointe.
D'azur au chef éiiian-
ché d'argent.
en barN : le nombre (le ses pointes n'est pas limite : il
doit être indiqué en bluonnant lorvju'elles sont plus de
deux. In i-i n est èmanché lorsqu'il est rouvert dVinandies
de deux émaux alternés ; une pièce peut aussi être emaii-
(llée. i,. I,.
ÉMANCIPATION. I. Droit romain. — Procédé imaginé
parla pratique romaine pour permettre au pater fa initias
de tain- indirectement disparaître la puissance paternelle à
laquelle il ne pouvait légalement renoncer par un<- aMi-
cation directe. I.a loi des Douze Tables décidait, probable-
ment afin d'empêcher le père de faire commerce de sa
puissance, que le fils qui aurait été émancipé à trois re-
prises par son père ne retomberait plus dèsorma;
cette puissance, deviendrait sur _/?/m quand il sortirait de la
mancipii causa. On n'a eu qu'à détourner ci I
son but, qu'à remplacer les aliénations Bérieœea par des
mancipations de complaisance faites avec le concours d'un
compère pour créer un moyen de rompre la patria po-
testas. Quant aux raisons qui faisaient le père y recourir,
nos idées modernes nous feraient songer à une faveur faite
à l'enfant dont on voudrait accroître l'indépendance, et
cette conception n'est pas non plus étrangère au droit
romain relativement récent. Mais, considérée dans sa phy-
sionomie première, l'émancipation peut parfaitement avoir
été inventée contre le fils, à titre de peine. En tout cas et
quoiqu'on omette souvent de le remarquer, elle parait
avuir éfé très peu usitée jusqu'aux derniers siècles de la
République et n'avoir acquis une véritable importance
sociale qu'avec la transformation de ses effets et même de
ses conditions, opérée surtout entre le début de l'Empire
et Justinien.
Comme conditions de formes, l'émancipation exigeait
primitivement, et elle a continué à exiger durant toute la
période classique, l'emploi de solennités compliquées tendant
d'abord à remplacer la patria potestas, qui "ne peut
être éteinte directement, par la causa mancipii, qui est
facilement destructible, puis à détruire cette dernière par un
affranchissement. La seule atténuation faite par la doctrine
a consisté dans une interprétation bienveillante, mais peu
logique, de la lettre des Douze Tables, en vertu de laquelle
on se contenta d'une seule mancipation pour les filles et
les petits enfants. Il faut arriver jusqu'à l'empereur Anas-
tase pour voir admettre l'émancipation en l'absence de
l'enfant (l'émancipation par rescrit du prince, où ce rescrit
remplaçait les mancipations et les affranchissements rendus
impossibles par l'absence de l'enfant). Entre présents, les
formes anciennes n'ont disparu que sous Justinien qui
établit comme procédé de droit commun l'émancipation
par déclaration en justice déjà pratiquée antérieurement
dans certaines régions orientales de l'Empire. L'émancipa-
tion cesse alors définitivement, quant à la forme, d'être un
expédient pratique, ignoré par la loi, pour devenir franche-
ment une institution juridique organisée par elle. Le même
mouvement s'était opéré, quant au fond, dès la période
des jurisconsultes classiques qui, au lieu de la laisser à
l'arbitraire du père, demandaient, pour qu'il pût y procé-
der, sinon le consentement, au moins l'absence d'opposition
du fils, et permettaient à ce dernier, dans certains cas
exceptionnels, de l'exiger.
Au point de vue des effets, l'émancipation ne rendait
l'émancipé sui juris qu'en le faisant mourir civilement pour
son ancienne famille, en lui faisant subir une capitis demi-
nutio minima ; il se trouvait donc logiquement, au len-
demain de l'émancipation, sans parents, puisque la capitis
deminutioUn avait enlevé les siens, sans espérances suc-
cessorales, puisque le droit de succession se fonde sur la
parenté, et même sans biens présents, car. alors même
qu'il en eût acquis auparavant, ces biens seraient restés, au
moment de l'émancipation, dans le patrimoine du père. Mais
00 est parvenu avec le temps à lui assurer tout cela. Non
seulement le pécule profectice, qui devrait légalement rester
au père est, à l'époque classique, ordinairement laissé
à l'émancipé par une libéralité que l'on présume en cas
- 879 -
ÉMANCIPATION
de rince, nuis. «l.-puis i.i création des pécules eastrens
et raasi-eastreos, tes biens qui les composent restent en
pleine propriété a l'èlMBCipé, et la nième règle a été
appliquée à leur tour au\ biens adventices, saut le droit
reconnu au père de retenir, eontme indemnité de la perte
île la naissance, une prime fixée d'abord par Constantin au
tiers île la pleine propriété, pins maladroitement par Jiisti-
nien à la moitié de I usufruit. Quant aux liens de famille,
si rémanripe eesse d'être le parent ei\il. l'agnat des
membres de son aneienne famille, il reste leur parent
naturel, leur cognât El cette cogitation, qui ne produisait
aucun effet dans l'ancien droit, lui a donné toujours des
droits plus efficaces a mesure que s'est transformée la
notnm romaine de la famille : d'abord depuis la constitu-
tion du svsténie successoral prétorien, le droit de succéder
père, comme s'il n'était jamais sorti de puissance;
ensuite le droit de succéder à tousses autres parents à un
rang qui, dans le svstème prétorien, était, il est vrai, fort
intérieur à celui que lui eût donne la parenté civile, niais
qui fut constamment améliorée par le droit impérial jusqu'à
la fusion complète des deux parentés par Justinien. L'attri-
bution de la sut cession de l'émancipé mort sans enfants en
puissance était assurée depuis encore plus longtemps à son
père et aux membres de sa famille civile, non point en
vertu de la parenté, mais en vertu du patronat, par une
vaiiante de la procédure d'émancipation (rrmancij)atio
vatri. émancipation fiduciaire) dont les effets furent ensuite
légalement attachés à l'émancipation d'Anastase et à celle
de Justitnen. En somme donc, non seulement à l'époque de
Justinien. mais en grande partie auparavant, l'émancipation
du droit romain récent, qui laisse à l'émancipé ses biens
et qui ne modifie point essentiellement ses liens successo-
raux, se traduit exclusivement pour lui par des avantages.
ssj s'explique-t-ou aisément qu'elle puisse, dés l'époque
de Constantin, être, comme l'affranchissement, révoquée
pour cause d'ingratitude. P. -F. Girard.
II. Ancien droit. — L'émancipation, dans l'ancien droit
français, se présente sous deux aspects : tantôt elle affran-
chit de la puissance paternelle ; tantôt elle affranchit de
la tutelle. Sous le premier aspect, elle trouve son appli-
i en pays de droit écrit et dans un certain nombre de
pays de coutume où la puissance paternelle était admise.
Elle s'y réalisait selon plusieurs modes. D'abord, par dé-
claration du père de famille faite devant le juge, et, même
au moyen âge, dans certaines villes, devant le corps mu-
nicipal. Dans le ressort du parlement de Toulouse et dans
les pays coutumiers, elle s'accomplissait aussi devant no-
taire. L'enfant impubère, ne pouvant consentir à son
émancipation, ne devait être émancipé sans l'obtention
par le père de lettres du roi. En second lieu, l'émancipa-
tion résultait du fait de la part de l'enfant d'acquérir un
domicile séparé, sous des conditions variables suivant les
tomes, ici, il fallait que l'enfant eût vingt-cinq ans
(Bordeaux, Bretagne): là que la séparation ait eu lieu au
vu et su des parents (Cbàlons-sur-Marne, Reims). Ailleurs
fdle était la conséquence de l'exercice d'un commerce ou
d'une exploitation distincts de ceux du père (Reims, Se-
dan): ou d'une séparation matérielle avant duré dix ans
(pays i;e droit écrit). En pays coutumiers, le mariage, qui
souvent entrains un domicile distinct, émancipe dans tous
as depuis vers le xiu" siècle ; de même l'épiscopat et
aines hautes fonctions parlementaires. En Poitou, cette
laripation ne s'appliquait pas aux nobles mâles (C,
art. :j| ',). I.Vmancipé par domicile séparé obtenait le plus
souvent sa part dans les biens communs. Enfin l'émanci-
pation, en pa\s coutumier, résultait de la majorité, sauf
en Poitou : et dans coutumes, décès de l'un ou
de l'autre des parents (Montargis, Yitry. Dreux, etc.). L'en-
fant pouvait être émancipé à tout âge ; s'il était impubère,
on lui nommait un tuteur. Outre l'extinction de la puis-
sance paternelle, l'enfant gagnait .. l'émancipation la jouis-
- immeubles, la libre disposition de ses meubles,
le droit de s'obliger par un prêt. L'usufruit du père ces-
sait. L'émancipation ne rompait pas le lien familial.
Sous son second aspect, l'émancipation avait pour but
d'affranchir de la tutelle qui se prolongeait en certains
lieux jusqu'à vingt-cinq ans. En pays coutumiers, elle ré-
sulte du mariage : mais non en pays de droit écrit, sauf
ceux ressortissant du parlement de Paris. Elle est conférée
par lettres de bénéfice d'âge, appelées aussi dans le der-
nier état du droit lettres d'émancipation. Ces lettres
n'étaient pas usitées en pays de droit écrit. Dans les autres
on en signifiait copie aux plus proches parents des deux
cotés, au nombre minimum de sept, avec assignation devant
le juge pour voir dire qu'elles seront entérinées. La sen-
tence devait en même temps contenir nomination d'un cu-
rateur. Pas d'âge préfixe pour l'obtention de ces lettres.
Cette émancipation donnait au mineur l'administration de
ces biens, mais non le droit de vendre, aliéner ou engager
ses immeubles. J. Declareuil.
III. Droit civil actuel. — L'émancipation est, en
droit français, un acte"juridique par lequel on fait sortir
un mineur de la puissance paternelle ou de la tutelle ou
même de l'une et de l'autre à la fois, en lui conférant le
droit de se diriger lui-même quant à sa personne, et d'ad-
ministrer ses biens. Comme elle ne constitue pas un con-
trat, elle n'exige pas le consentement de l'enfant, et celui-ci
peut être émancipé même contre son gré. Bien que l'en-
fant sorte, par l'effet de l'émancipation, de la puissance à
à laquelle il était soumis, il n'acquiert cependant pas la
capacité d'une personne majeure : il est placé dans une
situation intermédiaire entre celle du mineur ordinaire et
celle du majeur; il peut se gouverner lui-même; il a même
le droit de passer seul certains actes de gestion ; mais, pour
d'autres, il est soumis, soit à l'assistance d'un curateur,
soit aux règles de la tutelle. On aura remarqué qu'en
droit romain l'émancipation avait un caractère et produi-
sait des effets bien différents. Comme le fils de famille res-
tait indéfiniment sous la puissance paternelle, elle pouvait
avoir lieu à tout âge et même aussi au profit d'un impu-
bère ; dans ce dernier cas l'émancipation, en mettant fin
à la puissance paternelle, faisait commencer la tutelle.
Chez nous, au contraire, l'émancipation ne peut pas avoir
lieu avant un certain âge et elle met fin, soit à la puissance
paternelle, soit à la tutelle. D'un autre côté, chez les Ro-
mains, l'émancipation faisait sortir de la famille civile ;
les liens de la cognatio étaient seuls maintenus, tandis que
sous l'empire du code civil l'émancipation ne touche en rien
aux liens de la famille.
11 existe aujourd'hui deux sortes d'émancipation :
l'émancipation expresse et l'émancipation tacite; toutes
deux produisent d'ailleurs les mêmes effets. L'émancipation
tacite est celle qui résulte du mariage (art. 476) ; elle
dérive directement de la loi ; elle a lieu forcément ; on ne
pourrait pas y renoncer. L'émancipation tacite se produit
même si le mineur se marie avant l'âge de quinze ans en
vertu de dispenses et elle subsiste même quand le mariage
se dissout avant que l'époux mineur ait atteint sa majo-
rité. Si le mariage, au lieu de se dissoudre, était annulé,
l'émancipation ne subsisterait qu'autant que le mineur se
serait marié de bonne foi (V. Mariage). Il est facile de
justifier cette émancipation résultant du mariage, car celui
que l'on juge capable de contracter un lien aussi sérieux
peut, à plus forte raison, administrer ses biens. D'ailleurs,
s'agit-il d'une fille, elle va trouver dans son mari un nou-
veau protecteur; s'agit-il du mari, sa qualité même de
chef suppose une certaine indépendance. — L'émancipation
expresse est celle qui résulte d'une déclaration faite par
les personnes auxquelles la loi reconnaît ce droit. Elle est
nécessairement pure et simple ; on ne peut la conférer ni
à terme ni sous condition. Tout mineur émancipé est mis
à la tète de sa fortune ; mais on lui adjoint un curateur
chargé de l'assister pour certains actes. La mission du
curateur est donc tout à fait différente de celle du tuteur :
celui-ci agit pour le compte du mineur; au contraire, dans
la curatelle, le mineur agit lui-même, et le curateur est
ÉMANCIPATION
- «80 -
seolemenl chargé de l'assister dans certains cas. Ainsi, dans
lis actions Singées contre un mineur émancipé, on ne doit
jani;n> mettre en cause le curateur seul. Celui-ci n'admi-
nistrant pus, il ne peut pas non plus être question pour
lui de l'obligation de rendre compte, el on ne lui applique
pas les dispositions des art. 57"^ 175, 901 duC. n\. Dans
la tutelle, a côte <lu tuteur se trouve un subrogé tuteur,
mais il n'existe pas, dans la curatelle, de subrogé curateur.
La curatelle îles mineurs est, comme la tutelle, une
charge publique; elle répond au même besoin social. Aussi
toute personne est tenue de prendre la curatelle qui lui est
déférée. De même, dans le silence de la loi, on étend, de la
tutelle à la curatelle, les causes d'incapacité, d'exclusion et
de destitution (C. pén., arg. art. 34 et 4"2). Par le même
motif, il faut aussi appliquer à la curatelle les causes
d'excuse de la tutelle. La loi n'ayant parlé ni de curatelle
testamentaire ni de curatelle légitime, il faut conclure de
son silence que la curatelle est toujours dative, c.-à-d.
déférée par le conseil de famille, à moins qu'un texte for-
mel ne consacre une solution contraire. Ainsi, par excep-
tion, le mari majeur est curateur légitime de sa femme;
cette curatelle légitime parait bien résulter de l'art. idOX
(où il faut évidemment lire curateur), et il est d'autant
(•lus nécessaire de l'admettre, que la curatelle d'un étran-
ger placée en face de l'autorité maritale serait à la fois
inutile et peu convenable. Le mari assiste donc sa femme
comme curateur dans les actes pour lesquels cette assis-
tance est nécessaire, en même temps qu'il donne son au-
torisation comme mari. Il peut même arriver que le mari
assiste sa femme comme curateur alors qu'il s'agit d'un
acte pour lequel l'autorisation maritale n'est pas nécessaire:
ainsi une femme séparée de biens peut recevoir seule ses
capitaux mobiliers, mais, si elle est mineure, elle a besoin
de l'assistance de son curateur, c.-à-d. de son mari. Toute
personne intéressée peut provoquer la nomination du cura-
teur par le conseil de famille. Le juge de paix compétent
pour convoquer ce conseil est celui du lieu où la tutelle
s'est autrefois ouverte, ou, si le mineur émancipé a ses père
et mère, celui du domicile du père. La curatelle cesse par
la majorité, la mort ou la révocation de l'émancipation ;
de plus, les fonctions de curateur peuvent prendre fin, bien
que la curatelle continue, par l'excuse, la destitution, l'in-
capacité du curateur.
Lorsque le mineur a encore ses père et mère ou l'un
d'eux, il est émancipé par simple déclaration de celui qui
exerce la puissance paternelle au juge de paix qui en dresse
acte (art. 477). Pendant le mariage, le père seul peut
émanciper l'enfant. Après la dissolutiondu mariage, c'est le
survivant des époux qui jouit exclusivement de la puissance
paternelle et par conséquent du droit d'émanciper l'enfant;
peu importe qu'il soit ou non tuteur et, s'il est tuteur, il
n'a besoin d'aucune autorisation du conseil de famille, car
c'est comme père (ou mère) et non comme tuteur qu'il
use du droit d'émancipation. De même, la mère peut, du
vivant du père, émanciper l'enfant, lorsque le père est
déchu de la puissance paternelle. En cas de divorce, le
droit d'émancipation appartient à celui des deux époux au-
quel les enfants ont été confiés et, en général, le tribunal
confie les enfants à l'époux qui a obtenu le divorce. Mais
doit-on reconnaître le droit d'émancipation à l'autre con-
joint ? L'affirmative parait bien résulter de l'art. 303 d'après
lequel les époux conservent leurs droits sur les enfants,
quelle que soit la personne à laquelle ils ont été confiés.
Chaque époux divorcé a séparément le droit d'émanciper,
quelle que soit l'opinion de l'autre époux.
Les père et mère naturels étant investis de la puissance
paternelle ont aussi le droit d'émanciper leur enfant.
Mais comme le droit de la mère et celui du père sont égaux
en pareil cas. toutes les fois que l'exercice de la puissance
paternellf n'a pas été spécialement attribué à l'un d'eux,
le père et la mère doivent agir en commun pour émanciper
leur enfant, car l'un ne peut pas porter atteinte aux droits
de l'autre.
Lorsque le père et la mère Mmt mariés entre en ou
l'ont été, celui des deux époux qui jouit du droit d'émann-
pation exerce ce droit de la manière la plus absolue: il
n'est pas tenu de faire connaître les motifs de >a décision
et le juge de paix ne saurait s»- refuser a recevoir -n décla-
ration. Mais cependant le père on la mère ne peut pas user
de ce droit d'émancipation pour détruire l'effet d'une déci-
sion de la justice qui lui a enlevé le droit de garde. Ainsi,
en cas de séparation de corps, le père conserve, sans doute,
en principe, le droit d'émanciper ses enfants: mais lorsque
la garde lui a été retirée et confiée ;i la mère, la ju-ti< e a le
droit d'intervenir et d'examiner si l'émancipation a eu lieu
dans l'intérêt des enfants ou dans le but d'enlever a la
mère la garde qui lui avait été confiée ; dans ce dernier ras,
les tribunaux peuvent considérer l'émancipation comme
nulle et non avenue. On est anssi généralement aujourd'hui
d'accord pour décider qu'en cas d absence ou d'interdiction
du père, la mère peut émanciper l'enfant, même si celui-ci
n'a pas encore atteint sa dix-huitième année et bien que,
dans ce cas, l'émancipation ait pour effet d'éteindre la
jouissance légale du père sur les biens de cet enfant ; au-
trement, en effet, l'émancipation deviendrait imjwssible
dans ces circonstances ; or l'intérêt de l'enfant exige que
ce bénéfice puisse lui être conféré en tout temps. L'enfant
peut être émancipé par son père ou par sa mère, dès qu'il
a atteint l'âge de quinze ans. S'il n'a plus ni père, ni mère,
l'émancipation est faite par le conseil de famille et
seulement à partir de l'âge de dix-huit ans (C. eh.,
art. 478 et 479). La loi craint les dangers d'une émanci-
pation précoce qui pourrait être consentie par un conseil
de famille moins soucieux des intérêts du mineur qu'un
père ou une mère. La loi a donné le droit d'émancipation
au conseil de famille et l'a refusé au tuteur parce que
celui-ci aurait pu être porté à user de ce droit dans le
seul but de se décharger de la tutelle. Le conseil de
famille délibère suivant les formes ordinaires et, s'il se pro-
nonce [iour l'émancipation, le juge de paix, en sa qualité de
président, déclare que le mineurest émancipé. Cette décla-
ration est mentionnée au procès-verbal de la délibération.
Le tribunal ne peut pas modifier cette décision, car la loi
ne lui donne ni le droit d'émanciper, ni celui de révoquer
l'émancipation. Ce droit de convoquer le conseil de famille
à l'effet de délibérer sur l'émancipation du mineur appar-
tient, non seulement au tuteur, mais encore à un certain
nombre de parents dont l'art. 479 donne l'énumération, et
il importe de remarquer que ce droit appartient à ces pa-
rents, même s'ils ne sont pas membres du conseil de famille.
L'énumération de cet article étant limitative, aucun autre
parent ni le mineur, ni le subrogé tuteur n'ont le droit de
requérir la convocation du conseil de famille ; mais il ne
faut pas oublier que, si l'on reconnaît au juge de paix,
d'une manière générale, la faculté de réunir d'office le con-
seil de famille, ce magistrat peut toujours tenir compte de
la demande faite, même par une personne qui n'apasqua-
lité à cet effet. D'ailleurs, si le juge de paix ne pouvait pas
convoquer le conseil de famille d'office dans notre hvpo-
thèse, il résulterait de là que le mineur sans parents ou
alliés jusqu'au degré de cousin germain serait à l'entière
discrétion de son tuteur. La loi n'a pas prévu le cas où le
mineur a encore ses père et mère (ou l'un d'eux), mais où
ces père et mère (ou le survivant) se trouvent en état
d'interdiction, ou d'absence déclarée, ou de présomption
d'absence. Dans ces diverses circonstances, l'émancipation
sera consentie par le conseil de famille. En vain objecte-
rait-on qu'en cas d'absence ce conseil n'est pas constitue,
car l'art. Mit) du C. civ. prouve bien qu'un conseil de
famille peut être créé, dans certaines circonstances, mal-
gré l'absence de toute tutelle ou curatelle.
I. 'émancipation, on s'en souvient, fait cesser soit la
puissance paternelle, soit la tutelle, soit à la fois la puis-
sance paternelle et la tutelle. L'enfant émancipe acquiert,
en principe, quant à sa personne, tous les droits d'un ma-
jeur; il peut choisir son domicile et sa résidence, embras-
- S81 -
ÉMANCIPATION
ter une profession quelconque, louer m services, etc.
l'ai Bxeeption, cependant, l'émancipation ne confère tu mi-
neur aucune capacité nouvelle pour contracter mariage, et
le inineur émancipé M peut pas non plus intenter seul les
actions qui concernent son état Quant aux biens, l'éman-
cipation a pour effet Je placer le inineur à la tète de son
patrimoine ; il n'a plus, comme le mineur ordinaire, un
représentant; il a-it lui-même soit seul, soit avec l'assis-
tance d'un curateur, soit en observant les tonnes pres-
crites .m tuteur pour les biens du mineur non émancipé.
Kn principe, le mineur émancipe fait seul les actes de
pure administration ; pour tous les autres actes, il est
semais au règles de la tutelle, à moins qu'en vertu
d'une disposition spéciale la loi ne se contente de l'assis-
iii curateur, \insi. le inineur peu t l'aire seul tous les
actes relatifs à l'entretien et a la jouissance des biens,
louer a terme ou a lover pour une durée qui n'excède pas
neuf années; renouveler ses baux pourvu que ce ne soit
pas plus de trois ans avant l'expiration des kuix courants
s'il s'agit de biens ruraux et plus de deux ans s'il s'agit de
baux de maisons: recevoir ses loyers ou fermages échus
et, ajoute la loi, en donner décharge (art. î^h, e.-à-d.
quittance, mais non pas en faire remise, car les donations
sont défendues aux mineurs émancipés ; faire toutes les
réparations; exercer tous les acte-; conservatoires (renou-
vellement d'inscription, interruption de prescription, etc.).
Comme le inineur est. d'après les termes mimes de la loi,
réputé majeur pour ces actes d'administration, il peut
aussi transiger et même compromettre pour toutes lescon-
ms qui y sont relatives (cpr. art. 2045) sans au-
cune assistance ou autorisation. Le code civil ne s'occupe
pas de l'aliénation des meubles corporels ou incorporels et
nt resuites autrefois de vives controverses. L'alié-
nation des meubles rentre en principe dans les actes de
déposition : on ne petit la considérer comme acte de pure
administration qu'autant qu'il s'agit de meubles sujets à
un dépérissement rapide. Il résulte cependant des art. Ï82
ri 184, a contrario, que le mineur émancipé peut aliéner
seul ses meubles corporels. Le code civil a manifestement
suhi l'influence de l'ancien droit qui n'attribuait aucune
valeur sérieuse aux meubles, et cependant aujourd'hui tel
•Met d'art peut atteindre une valeur bien supérieure à
Mue de certains immeubles ruraux.
Ij loi ne s'explique pas clairement sur les obligations
que peut contracter le mineur. Celui-ci est-il capable de
s'obliger seul ? L'affirmative résulte, selon nous, des
-.tuf exception s'il s'agit de contracter un
emprunt; seulement les obligations que le mineur contracte
-eul -ont réductibles en cas d'excès ; ainsi il peut, même
i en dit, acheter des meubles ou des immeubles, prendre
à bail des meubles ou des immeubles, passer des contrats
pour l'amélioration de ses biens. Mais de ce que le mineur
■bliger geol dans la plupart des cas, il ne faudrait
ndnreqae, dansées mêmes cas, seul aussi, il ait le
droit de consentir des hypothèques, îles droits d'antichrèse,
ition. en garantie de ses obligations. Pour pouvoir
'ir ces droits sur des immeubles, il faut avoir la
capacité d'aliéner ces mêmes biens, et cette capacité fait
défaut au mineur émancipé (C. <ïv., art. -20-2'. et 2026).
L'art, ft du code de rom. confirme bien cette solution :
e au mineur émancipé commerçant le droit d'hypo-
théquer v-s immeubles pour les obligations relatives à" son
commerce. Cette disposition n'aurait aucun sens sérieux si,
en principe, tout mineur émancipé pouvait seul constituer
louèqnes dans les ras ou il est capable de s'obli-
mtnemr peut encre -eul, sans assistance du cura-
teur, intenterlesactions mobilières et y défendre (art. 48-2).
Cela est vrai même dans le cas ou le procès porte sur une
somme d'argent: en vain objecterait-on que le mineur ne
peut pas donner décharge d'une pareille somme sans l'as-
de *m curateur, car antre chose est reconnaître
la libération d'un débiteur, autre chose plaider sur le
point de savoir si l'on est créancier ou débiteur, et on
cum BcraortorE. — XV.
reconnaîtra sans peine que ce second acte est beaucoup
moins dangereux que le premier. A plus forte raison le mi-
neur peut diriger -eut contre ses débiteurs toutes espèces
de poursuites mobilières ou immobilières ; l'assistance du
curateur ne serait nécessaire que si le débiteur voulait se
libérer du capital mobilier. Cependant le mineur ne peut
pas seul consentir à ce qu'une saisie immobilière pratiquée
sur son débiteur soit convertie en une vente volontaire
(C. proc. civ., art. 744). Il n'a pas davantage le droit,
comme nous le verrons bientôt, de former seul une de-
mande en partage d'une universalité de meubles, bien que
celle action soit mobilière; mais en retour il peut intenter
seul les actions possessoires et y défendre, quoique ces
actions soient immobilières; comme elles ne préjugent pas
le fond du droit, on les range toujours parmi les actes
d'administration.
Nous arrivons aux actes pour lesquels l'assistance du
curateur est à la fois nécessaire et suffisante (C. civ.,
art. (Si) et ',X2). Kn première ligne figure l'acte de
réception du compte de tutelle. Que ce compte soit rendu
à l'amiable ou en justice, il est toujours assez important
pour que la loi exige la présence du curateur; si le mineur
était seul, désireux d'entrer en jouissance de sa fortune,
il pourrait passer sur bien des irrégularités. Le curateur
qui assiste le inineur pour la reddition de compte n'est
pas nécessairement celui qui sera nommé définitivement
curateur : on peut choisir pour la reddition de compte un
curateur ml Iwr. S'il en avait été autrement, le tuteur
n'aurait jamais pu être nommé ensuite curateur du mineur,
même quand ce tuteur est le survivant des père et mère.
L'assistance du curateur est également nécessaire au mi-
neur qui veut intenter une action réelle immobilière ou y
défendre. La loi l'impose encore s'il s'agit de recevoir,
suivant ses termes mêmes, un « capital mobilier »,c.-à-d.
toute somme d'argent qui ne constitue pas un revenu. La
loi étant générale, il faut l'appliquer, même s'il s'agit de
capitaux provenant d'économies faites par le mineur sur
ses revenus et bien qu'il puisse recevoir seul ses re-
venus, car ceux-ci, dans notre hypothèse, ont perdu ce
caractère et sont devenus des capitaux. Le curateur doit
surveiller l'emploi de la somme reçue ; sa responsabilité
serait engagée s'il laissait le mineur la dissiper maladroi-
tement, mais cependant le débiteur ne pourrait plus être
recherché, car il s'est valablement libéré en payant entre
les mains du mineur assisté de son curateur. Il faut
encore exiger l'assistance du curateur pour l'acceptation
d'une donation ou d'un legs à titre particulier (C. civ.,
art. 935), et, s'il s'agit de demander le partage définitif
d'une succession, d'une communauté entre époux ou d'une
société, même à supposer que les biens à partager soient
mobiliers, car la loi ne distingue pas (C. civ., art. 838,
840, 1 '»7<>, 1872). L'assistance du curateur serait aussi
nécessaire et suffisante a la femme mineure qui voudrait
demander la séparation de biens (C. civ., arg. art. 840),
et. si le mari était le curateur de sa femme, il faudrait le
remplacer par un curateur ail hoc. Malgré le silence de la
loi, on est généralement d'accord pour exiger l'assistance
du curateur s'il s'agit d'une action relative à l'état du mi-
neur: les actions de cette nature ont une importance par-
ticulière, et, si la loi impose la présence du curateur pour
les actions relatives aux immeubles, à plus forte raison
entend-elle l'exiger toutes les lois que l'état du mineur est
en question. Toutefois, la présence du curateur cesse d'être
exi- ée lorsqu'il s'agit de la demande en divorce (arg. du
nctivel art. 234).
S'il arrivait que le curateur refusât son assistance à l'un
de ces actes, le mineur aurait le droit de s'adresser à la
justice? pour faire statuer sur le différend, mais il pourrait
peut-être aussi provoquer la convocation du conseil de fa-
mille pour se faire autoriser par ce conseil, car il semble
bien que le mineur puisse faire, avec le consentement du
conseil rie famille, les actes pour lesquels, par faveur et par
exception, la loi n'exige que l'assistance du curateur.
56
I MW'fllWTION
— SH-2 —
On range dans une troisième classe tous les actes pour
lesquels il Faut appliquer au mineur émancipé les principes
de la tutelle (C. av., art. 483, 184, Ie* alinéa). On exige
donc, en pareil cas, toujours l'autorisation du conseil de
famille el parfois, en outre, l'homologation du tribunal :
mais il esl bien évident que l'assistance du curateur n'est
plus nécessaire. <mi ne voit p.is en effet quelle serait l'uti-
lité de cette assistance puisque, si le curateur la refusait, le
mineur pourrait passer outre avec l'autorisation du con-
seil de famille. Ainsi, par exemple, le mineur aura besoin
à la fois de l'autorisation du conseil de famille et de celle
du tribunal pour emprunter, aliéner un immeuble, cons-
tituer une servitude, une hypothèque ou une autre charge
réelle, comme aussi pour transiger, et, dans ce dernier
ras, il faudra même exiger en outre une consultation de
trois jurisconsultes. Pour accepter ou répudier une succes-
sion, le consentement du conseil de famille suffit. Une loi
récente du 27 févr. 1XS0 s'est occupée de l'aliénation des
valeurs mobilières appartenant aux mineurs et de la con-
version des titres nominatifs de ces mêmes valeurs en
titres au porteur. D'après cette loi, le mineur émancipé par
le mariage peut aliéner seul ses valeurs mobilières ou con-
vertir les titres nominatifs en titres au porteur. Mais, si le
mineur a été émancipé expressément, alors il doit observer,
pour l'aliénation de ces meubles incorporels, les formes
prescrites à l'égard du mineur non émancipé. En d'autres
ternies, il a besoin de l'autorisation du conseil de famille
si la valeur des meubles incorporels à aliéner ne dépasse
pas 1,800 fr. Si elle dépasse cette somme, la délibération
du conseil de famille est soumise à l'homologation du tri-
bunal. L'aliénation est nécessairement faite par le ministère
d'un agent de change toutes les fois qu'il s'agit de valeurs
négociables à la bourse, au cours moyen du jour. Les
mêmes formalités doivent être observées lorsque le mineur
émancipe veut convertir des titres nominatifs en titres au
porteur.
Enfin il y a des actes absolument interdits au mineur
émancipé : la donation sous une forme quelconque, même
sous celle d'une remise de dette (C. civ., art. 1303); le
compromis, à moins qu'il ne porte sur un acte d'adminis-
tration ; le testament, à moins que le mineur ne soit âgé
de seize ans, auquel cas il lui est permis de disposer par
acte de dernière volonté de la moitié de ce qu'il pourrait
donner s'il était majeur.
Au point de vue de l'effet des différents actes passés par
un mineur émancipé, il faut établir quatre distinctions. Cer-
tains actes sont toujours valables, comme s'ils avaient été
faits par un majeur : ce sont les actes de pure administration
que le mineur peut faire seul ; les actes pour lesquels l'as-
sistance du curateur est nécessaire si cette assistance a été
donnée, et les actes soumis aux règles de la tutelle si ces
règles ont été observées. La seconde classe comprend les
actes rescindables pour cause de lésion seulement : ce sont
les actes pour lesquels l'assistance du curateur, exigée par
la loi, n'a pas été donnée (art. 1305). Ln troisième lieu,
les actes soumis aux règles de la tutelle sont annulables
pour cause d'incapacité du mineur et pour vice de tonne,
sans qu'il soit nécessaire d'établir l'existence d'une lésion
toutes les fois que les dispositions de la loi n'ont pas été
observées. Enfin, sauf dans le cas d'emprunt, le mineur
émancipé peut s'obliger seul, mais les engagements qu'il
contracte sont réductibles en cas d'excès (art. 484, '2'' ali-
néa). Les engagements, qu'on le remarque bien, ne sont
pas nécessairement réduits : les tribunaux peuvent se bor-
ner à les déclarer réductibles pour ne faire éprouver aucun
préjudice aux tiers qui ont traité de bonne foi avec le
mineur et qui ont cru que les engagements par lui pris
étaient en rapport avec sa fortune. Mais alors quelle sera
l'utilité de celle décision ? Nous allons le voir en nous oc-
cupant de la révocation de l'émancipation. L'émancipation
prend lin par la mort ou par la majorité du mineur : elle
peul aussi être révoquée toutes les fois que le mineur en
abuse pour prendre des engagements excessifs. Toutefois
l'émancipation expresse unie qui peut
l'émancipation tacite attachée au mariage ne saurait •
attaquée, parcels même qu'elle est conférée parla loi. La
ition de l'émancipation tacite n'est pas possible même
après la dissolution du mariage, même si l'époux survivant
encore mineur est veuf saris enfants. Toutes b-s distinc-
tions qu'on a voulu établir à cet égard sont arbitraires.
La révocation de l'émancipation expresse suppose que le
mineur a contracté des engagements réduits ou déclarés
réductibles ; il résulte bien nettement de l'art. 485 que
le retrait de l'émancipation est toujours une mesure sub-
sidiaire, une conséquence de la décision judiciaire qui
déclare réductibles les engagements du mineur. Or l'action
en réduction ne peut être intentée que par le mineur lui-
même, lequel a I exercice de ses actions avec ou sans l'as-
sistance du curateur, suivant les distinctions déjà faites;
le curateur ne saurait agir en BOD lieu et place, car aucun
article du code ne lui confère ce droit. Il résulte de là que
le droit île révocation des père et mère et celui du conseil
de famille dépendent du mineur qui, le plus souvent, soit
pour empêcher la révocation, soit même par délicat-
ne demandera pas la réduction de ses engagements, l-a
loi est évidemment défectueuse; elle n'aurait pas du sou-
mettre la révocation de l'émancipation à la réduction préa-
lable des engagements du mineur. L'effet de la révocation
de l'émancipation est de faire rentrer le mineur en tutelle
ou sous la puissance paternelle, et le mineur ainsi retombé
dans son ancien état ne peut plus être émancipé d'une
manière expresse (art. 48o) ; mais, s'il se mariait, il y au-
rait émancipation tacite. L'usufruit légal des père et mèie
renaît avec la puissance paternelle, si le mineur n'a pas
encore atteint sa dix-huitième année. Si le mineur était en
tutelle avant son émancipation, certains auteurs veulent
que la première tutelle reprenne de plein droit, de sorte
qu'il n'v aurait pas lieu de procéder à la nomination d'un tu-
teur. D'autres pensent, avec plus de raison, que la pi
dente tutelle a été définitivement éteinte par l'émancipation
et qu'une nouvelle tutelle s'ouvre par l'effet de la révoca-
tion ; celle-ci doit donc être déférée d'abord au survivant
des père et mère, à son défaut ou au refus de la mère aux
ascendants et, à défaut d'ascendants, il y aurait lieu à la
tutelle dative donnée par le conseil de famille.
N'oublions pas, en terminant, de relever la condition
particulière du mineur émancipé qui est commerçant
(art. 487). Avant la Révolution, la majorité était, en
général, fixée à vingt-cinq ans, mais on pouvait être reçu
marchand à vingt ans (ordonn. de 1673, titre I, art. 3),
et même, d'après Jousse, dans les villes ou il n'existait pas
de maîtrise, on pouvait faire le commerce avant d'avoir
atteint sa vingtième année. Aujourd'hui quatre conditions
sont exigées de tout mineur de l'un ou de l'autre sexe qui
veut faire le commerce : avoir été émancipé, expressément
ou tacitement; avoir atteint l'âge de dix-huit ans; avoir
fait transcrire l'acte d'autorisation sur un registre du
greffe et l'avoir affiché dans uu tableau placé dans la salle
du tribunal de commerce (C. coin., art. S). L'autorisation
est donnée par le père ou par la mère en cas de décès,
interdiction ou absence du père, ou, à défaut du père et de
la mère, par une délibération du conseil de famille homo-
loguée par le tribunal civil du domicile du mineur, même
si celui-ci veut exercer le commerce dans un autre arron-
dissement. Le tribunal est libre d'accorder ou de refuser
son homologation ou même de ne la donner que pow
certains commerces déterminés. Celui qui a donné au
mineur l'autorisation de faire le commerce peut la lui re-
tirer, niais ce reliait n'implique pas révocation de l'éman-
cipation. Le mineur commerçant est repute majeur pour
les faits relatifs a son commerce. H a donc dans cette me-
sure la même capacité qu'un majeur. Le mineur peul
aussi, à l'occasion de son commerce, engager et hypothé-
quer ses immeubles; mais le code de commerce déroge a la
règle d'après laquelle il est considère comme majeur pour
l'aliénation de ses immeubles et, par suite de ce vieux pré-
- 883 -
ÉMANCIPATION
jugé en faveur de la propriété immobilière, il M permet au
mineur d'aliéner ses immeobles, même pour les besoins de
ton commerce, que sous les conditions el formalités pres-
i irt '■''" el suiv. du ('.. civ. E. C.i.vsson.
IV. Sociologie. — Ekahcipatioii di u rana (Y.
Fmu
V. Histoire d'Angleterre— EiuitctPATtON dkscatho-
ugots. _ Depuis Elisabeth (\. ce nom}, les catholiques
sauts papistes forent soumis, comme traîtres
des persécutions plus ou moins violentes,
abeth lut impitoyable. Charles l" usa d'indulgence,
ssura la liberté du culte à tout le monde,
mfaux papistesel aux prélatistes. En 1 * > T : ï , on Parle-
il protestant adopta le fameux l>ill do Test gui exclu!
. ils du roi les ministres catholiques romains. Sous
Guillaume III. la tolérance ne fut refusée par l'Eglise éta-
blie qu'aux catholiques et aux unitaires. Ope loi de 1700
.! une prime de 100 livres sterling à quiconque dénon-
ut un prêtre catholique, enleva aux personnes de cette
Cession la rapacité d'hériter ou d'acheter îles terres, et
prononça la transmission de leurs propriétés a leurs plus
proches parents protestants. Il y eut en Irlande des exé-
cut. -. 1 es actes de la reine Inné aggravèrent
i\ du règne précédent. Les révoltes jabobites de
1715 et de 1745 furent suivies par une recrudescence d'ac-
tivité législative contre les papistes. Ceux-ci n'étaient plus,
parait-il.eu 1767, qu'au nombre de (>7,!tl(> en Angleterre:
et, à cette date, comme la rigueur de la persécution s'était
iel.il liée, ils s'étaient ralliés presque tous à la maison de
liai, - ssenl cessé d'être dan-
i\, ils étaient encore fort impopulaires. Parmi les
whiga eux-mêmes, m zélés pour la défense des non-con-
forn • étants, les catholiques ne trouvèrent guère
d'appui au xvm" siècle que chez Fox el chez >ir G. Sa-
vile. « La tolérance envers les catholiques ne faisait nul-
lement partie du Credo trad lionne] do parti whig_. » Sans
dou; [II, on laissait dormir les terribles lois
du temps de la reine Anne, mais il suffisait qu'un fanatique
en reguit l'application par une cour de justice pour leur
rendiv leur vigueur, \in-i lonl Camden ne réussit qu'à
■attre une dame catholique à l'abri d'une spoliation légale
ihttlMHrt un acte prive du Parlement. Afin d'éviter de
■ sandales, air ••■ Savile proposa en ITxs une mesure
nom -- m. nid s griefs des catholiques, etlespéna-
■ de 1 700 lurent abolies -an* opposition par le Parlement.
le Parlement avait agi sans consulter l'opinion publique,
- ! s préventions contre le papisme. La décision
litx'i îles célèbres Gordon riots, qui lurent
raud'peine. Aussi bien, h proposition désir
G. Savile n'eit d'effet que pour l'Angleterre ; elle fut
. — En I7:m. on alla plus. loin. On ré-
une forme de serment, à laquelle la masse des catho-
liques ne pouvait avoir d'objectiou; et la prestation de ce
serment sullit « pour assurer la liberté complète du culte
et de l'enseignement, pour affranchir les propriétés des
eathotiqai - odieuses, pour leur ouvrir la carrière
du droit, et pour rendre aux pairs papistes leur ancien
prii immuniquer avec le roi ». De même, les
ius choquantes des catholiques furent abo-
- u le Parlement d'Irlande : « la carrière du
drmt leur fut ouverte, a condition de prêter le serinent
d'ail _ ntraves aux mariages mixtes et a la
lilue éducation des enfants furent supprimées. A partir de
Irlandais catholiques fuirent s'élever dans l'armée
jusqu'au grade de colonel et recevoir les honneurs de Puni-
Dublin. Cette même année vit aus-i l'opérer l'af-
franchisseinent tardif et partiel des catholiques d'txosse.
L'union te l'Irlande av-« l'Angleterre, la tusionduPar-
leraent irlandais avec celui de Westminster lit entrer la
epeation de l'émancipation des catholiques dans une phase
nouvelle. •• Avant l'union avec l'Irlande, écrivait [dus tard
lord Grenville, d n'était jamais entré dans l'esprit de Pitt
qu'on put relâcher encore davantage les lois contre les
papistes : mais, à partir de ce moment, il avait été con-
vaincu qu'on pourrait leur accorder tout ce qui leur serait
nécessaire sans le moindre péril pour les intérêts protes-
tants. » Pitt, l'union consommée, était d'avis qu'on pou-
vait sans danger admettre les catholiques aux emplois, au
droit de siéger dans le Parlement, attacher même le clergé
catholique a l'Etal par le lien du salaire et de la surveil-
lance. Pitt se heurta toutefois aux répugnances invincibles
de George III ; il dut renoncer à les vaincre.
C'est le 10 mai 1805 que lord Grenville porta de nouveau
devant la Chambre des lords la question catholique irlan-
daise. << A l'époque delà révolution de 1(>88, dit-il, les
catholiques d'Irlande avaient été exclus des privilèges poli-
tiques à cause de leur attachement à une autre dynastie.
Sous le présent règne, ils avaient obtenu la tolérance pour
le libre exercice de leur religion, le pouvoir d'acquérir des
terres, la puissance du droit de suffrage, l'admission à
divers emplois. Eh bien, toutes les objections qui avaient
pu exister jadis à l'admission des catholiques dans le Par-
lement avaient disparu depuis l'union, puisque l'Irlande
avait renoncé au jacobisme, et, puisque le Parlement du
Royaume-Uni contiendrait toujours d'ailleurs une grande
majorité de protestants. » Après d'éloquents débats, la
motion de lord Grenville fut repoussée par 178 voix contre
19. l'ne proposition analogue, présentée à la Chambre des
communes par Fox, et soutenue par Grattan, y l'ut rc-
poussée par 236 voix contre 124. — La question catho-
lique fut portée bien des fois encore devant les Chambres
jusqu'à la mort de George III, mais toujours avec le même
Buccès.
Cependant des pétitions étaient déposées tous les ans,
plus longues d'année en année. Ainsi soutenues, les motions
du genre de celles de I8().> se renouvelèrent. « Nous
savons, disait lord Grenville aux Lords en 1812, avec quelle
rapidité la nécessité arrache ce que le pouvoir obstinément
refuse. Nous finirons par céder à ces pétitions, personne
n'en doute. Ne retardons pas assez cette concession pour
qu'elle perde le charme d'une bienveillance spontanée et
pour que nous ne puissions plus la limiter par de sages
délibérations. » Le hill fut encore rejeté celte fois par
I7'i voix contre 10-2 aux Lords, et aux Communes, malgré
des discours remarquables de Grattan, de Brougham et de
Caaning, par )Î00 contre 215.
L'histoire parlementaire des années qui suivent est pleine
de débats pareils, quoique moins éclatants (V. GraTTAH).
Après IK-2;). grâce à Canning, de nombreux bilU en faveur
des catholiques furent adoptés aux Communes; mais l'in-
domptable protestantisme des Lords les arrêta toii|ours au
passage, a 30 OU iO voix de majorité. — Ce n'c*l qu'en
1828 que l'attitude menaçante de l'Irlande (el des régi-
ments irlandais) persuada le ministère Peel— Wellington,
pourtant hostile à l'émancipation en principe, que les
« nécessités politiques » exigeaient que cette cause triom-
phât enfin. Ce ministère proposa d'admettre les catholiques
romains, sur la prestation d'un nouveau serinent rempla-
çant le serinent de suprématie, à siéger dans les deux
chambres du Parlement et à remplir toutes fonctions pu-
bliques, sauf celles de lord chancelier et de lord lieutenant
d'Irlande. Cela fut adopté en troisième lecture aux Com-
munes par 320 voix contre 142; et par une majorité de
104 voix aux Lords, à la session de 1829. Le roi, quoiqu'il
en eût envie, ne put refuser sa sanction. — là) consé-
quence de la loi d'émancipation, obtenue de la sorte après
quarante années d'efforts continus, le duc de Norfolk, lord
Clitford et lord Dormer vinrent réclamer, le 28 avr. IH-20,
leur place héréditaire à Westminster ; ils furent, suivis
bientôt des lords Stafford, Petre et Stourton. O'ConnelI
entra à la Chambre des communes.
L'émancipation avait été arrachée par l'Irlande exaspérée
au gouvernement anglais, que la peur seule rendit juste.
L'Irlande n'en éprouva naturellement aucune reconnais-
sance; elle n'en éprouva gue de l'orgueil. — D'autre part,
l'émancipation qui n'amena pas, comme on aurait pu
ÉMANCIPATION — EMBALLAGE
_ SK4 —
l'espérer, l'apaisement des haines, n'a pus eu non plus pour
résultat, comme le craignaient avant 1x20 [& piéUstes
protestants, de créer à Westminster une imposante mino-
rité de sectaires catholiques (Irlandais, Anglais et Efommi»
unis). Ui.-\ . L.
Hno . : DROIT ROMAIN. — A' carias. Précis de droit ro-
main, 1886, I, pp. 808-307, 4» éd.— Riviee, Précis du droit
de famille romain. 1891, pp. 108-107.— Cf. A. Pbrnicb, Mar-
eus Antistius Labeo, l^-i, I.
DROll CIVIL ACTUEL. — Ai'iiliv et RAU, Cours de droit
civil français, 1" éd., t. I, p. 510. — Demolombe, Traité
de la minorité, de la tutelle et de l'émancipation, 2 vol.
în-N. — Dalloz, Jurisprudence générale, v Emancipa-
tion. — Gihoui.ot, De l'Emancipation ; Paris, 1865, in-8.
Histoire d'Angleterre. — Th. Erskinb Mai, Histoire
constitutionnelle île t A nrjlelerre depuis iuvènetnent de
George III ; Paris. 1866, in-s, t. II. — Annuat Register of
events. pour l'année 182'J. — Spencer WalpOLB, Hislorij
ofEngland from 1815.
EMANUEL (Giovanni), acteur italien, né vois 1845.
Il avait à peine dix-huit ans lorsqu'il entreprit la carrière
dramatique dans laquelle il devait acquérir une véritable
célébrité. 11 est aujourd'hui, avec Alessandro Salvini,avec
Cesare Rossi, avec Mmc Eleonora Duse, l'un des plus
fameux comédiens italiens de ce temps. Il fit ses débuts
à Rome, au théâtre Argentina. Il s'est fait applaudir dans
une comédie de caractère comme Mercadet le faiseur aussi
bien que dans une tragédie comme Cola <li liienzi ou
Elisabetha, regina d Inghilterra. Pendant vingt ans
M. Emanuel a parcouru l'Italie en triomphateur, tantôt
simplement comme acteur, tantôt comme acteur et direc-
teur. Il n'a pas obtenu de moins grands succès à l'étran-
ger, et à l'heure où ces lignes sont écrites (1892) il se
fait acclamer en Amérique, où son rare talent est accueilli
avec un véritable enthousiasme. A. Pougin.
EMANUELE (Fra Cosimo), peintre italien, né à Côme
en 4625, mort à Rome en 1701. Il fut élève de Silla de
Messine et, plus tard, entra dans l'ordre des mineurs
réformés. La ville de Corne possède deux tableaux de lui :
une Cène, œuvre médiocre, et une PU'té au milieu de
plusieurs saints.
ÉMANVILLE. Corn, du dép. de l'Eure, arr. d'Evreux,
cant. de Conçues ; 528 hab.
ÉMANVILLE. Coin, du dép. de la Seine-Inférieure, arr.
de Rouen, cant. de Pavilly; 453 hab.
ÉMARGEMENT. Au point de vue administratif, on
appelle émargement la signature donnée chaque mois, par
les fonctionnaires, en marge des états de payements qui
indiquent le chiffre de leur traitement, la retenue pour la
retraite et la somme nette à loucher.
EMARGINULA (Malac). Genre de Mollusques Gastéro-
podes, de l'ordre des Prosobranches-Pectinibranches, établi
par Lamarck, en 1801, pour une coquille de forme conique,
à base plus ou moins allongée ou arrondie, à sommet en-
tier plus ou moins incliné en arrière, portant a son bord
antérieur une échancrure étroite, laquelle, en se comblant
au fur et à mesure que la coquille grandit, laisse à l'inté-
rieur une callosité se poursuivant jusqu'au sommet, el a
l'extérieur un canal peu profond situé en travers, parfois
remplacé par une cote granuleuse. L'animal, fixé sur les
plantes ou sur les rochers, très lent, timide, est pourvu
d'un mufle large, de tentacules allongés ; les yeux sont
pédoncules. — Sections : 1° Nesta Aimas, 1870, coquille
oblongue, à sommet terminal postérieur, à tissure bien
marquée ; exemple : Emarginula condida Adams. —
2° Emarginula sensu stricto, sommet élevé, ouverture
étroite, fissure au milieu du bord antérieur; exemple :
Emarginula fissura Linné. Les Fissureiles habitent l'océan
Pacifique et l'Atlantique. On les rencontre sur les cotes
d'Europe, d'Amérique, etc. J. Mab.
ÉMARGINULE (Y. Ehabgihula).
EMATH (V. Ilvuui).
ÉMAUX (Céram.) (V. Émail et Céramique).
EMBA. Fleuve de Russie. Il arrose la province de
l'Oural et, après un cours d'environ 700 kil., se jette
dans la mer Caspienne, Ses bords sont habités par des
Kir^ln/. Sur son cours supérieur s'élève le fort d'Enbinak.
ÉMBABEH. Village de la Basse-Egypte, sur la rive
gauche du Nil, en face et un peu en aval de Roula'.;.
devant Embabeb que Bonaparte remporta, le 21 juil. 1708,
la victoire dite des Pyramides .
EMBACH. Fleuve de Russie. Il prend sa source en
Livonie et arrose Dorpat ou il devient navigable, sa lon-
gueur est d'environ 260 lui. Ses principaux affluents sont
la Wassula et l'Elwa.
EMBÂCLE (Y. Glace).
EMBALLAGE (Industr.). Le travail de l'emballeur con-
siste en une sorte de menuiserie grossière et restreint.-,
ayant pour objet la confection des caisses de tout genre et
de quelques ouvrages accessoires, ainsi que l'emballage
des objets de toutes sortes. S'il ne confectionne que les
caisses, l'emballeur porte plutôt le nom de layetier, dont
l'origine est la layette, espèce de boite propre a ranger du
linge d'enfant et, par extension, ce linge même. Quoique
relativement peu importante, cette industrie est fort an-
cienne, car en 1521, sous François Ier, il est fait mention
de- statuts qui la régissaient. On disait alors layeliers-
écriniers, parce que ces ouvriers fabriquaient des écrinsou
étuis, qui formaient la majeure partie de leurs travaux.
Aujourd'hui, ce sont les gainiers et les tablettiers qui
confectionnent les écrins et tout ce qui se rattache à cette
industrie. Les layetiers se bornent aux travaux relatifs à
l'emballage et s'appellent, en conséquence, layetiers-em-
balleurs. Toutefois, leur profession ne se distingue véri-
tablement de celle du menuisier que dans les grandes
villes; partout ailleurs leurs travaux sont exécutés par les
menuisiers ordinaires. Les bois dont les emballeurs font
usage sont : le chêne, le hêtre, le sapin, le bouleau et
principalement le peuplier ; ils emploient encore du sapin
très épais, appelé « bois de bateau », pour faire les grandes
caisses à meubles qui demandent avant tout la solidité, la
propreté et le bas prix. Ils débitent et mesurent ces bois
comme les menuisiers, mais en leur faisant subir une pré-
paration spéciale, en les rasant, c.-à-d. en dressant, en
effleurant leur surface. Les outils sont les mêmes que
ceux des menuisiers.
La manière d'emballer diffère suivant la nature ou la
valeur des objets. On peut même dire que chaque caté-
gorie d'objets est soumise à un mode d'emballage parti-
culier, qui est le mieux approprié aux éventualités du
transport, et pour lequel on tient compte également de
considérations qui y sont quelquefois plus ou moins étran-
gères. On distingue deux systèmes généraux d'emballage :
l'emballage en maigre et l'emballage en gras. On dit qu'on
emballe en maigre, quand les caisses, après avoir été rem-
plies et clouées, sont enveloppées de lits de paille, de
foin, de varech on de laine de bois, maintenus par une
grosse toile de chanvre écrue dite d'emballage, et par des
cordes solides convenablement disposées afin de préserver
des chocs et des intempéries. Au contraire, on emballe en
gras lorsque, dans l'opération qui précède, on remplace la
toile ordinaire par une toile goudronnée dite toile grasse.
Souvent on réunit les deux systèmes, c.-à-d. qu'après avoir
appliqué sur la caisse une toile grasse, on pratique par-
dessus l'emballage en maigre. C'est ce que l'on appelle
l'emballage en gras el maigre. Remarquons encore que
lorsque les caisses sont destinées à être transportées par
mer, on les munit intérieurement de caisses de zinc ou de
fer-blanc qu'on soude parfaitement après leur remplissage.
Pour la confection de ces caisses, le zinc est préférable au
fer-blanc, parce qu'au lieu de destination des marchandises,
on en lire un meilleur parti. Nous venons de parler de
l'emballage au moyen des caisses ou encaissement. Comme
il est très coûteux, on n'y a recours que lorsqu'on ne
peut taire autrement. Dans tous les autres cas, on emballe
en balles ou en ballots.
On compte à Paris 550 établissements produisant annuel-
lement un chiffre d'affaires de 20 millions de francs, dont
— 883 —
EMBALLAGE — EMBARGO
millions pour l'exportation. Le nombre des ouvriers
emballeurs parisiens ost estimé a 3,300. I es bois blancs
proviennent de la Bourgogne, de la Champagne, de la
Brie et île la Picardie, les sapins de la Lorraine, de l'Alsace
et de l'Autriche; les fers-blancs et les unes viennent des
fanes et tl.-s fonderies de Montataire, de Commentrv
. t le la Vieille-Montagne; tes toiles d'emballage, les toiles
- o jute et en phormium tenu Boni fournies,
maatié par l'Angleterre el moitié par le dép. du Nord.
La Doubs, les Antennes el l'Orne fournissent les pointes
dues de Paris. Les emballeurs emploient Bncore les ficelles
■I les étonnes « i ti Nord, les feuillants de la Seine, le
rareob de la Hanche, le papier, la paille, le foin, la laine
de Ihiis. etc. I.. Knab.
EMBALLONURE (Emballonurà) (Zool.). Genre de
Mammifères Chiroptères créé par Temminck (1839) el
devenu le type d'une nombreuse famille qui présente les
aotères suivants : Chauve-Souris à narines simples
dépourvues de feuilles ou appendices cutanés, à oreilles
grandes quelquefois soudées ensemble, à troçus court et
petit. Ikiigt médian à deux phalanges dont la première
est ordinairement repliée en arrière au-dessus du méta-
carpe, loraque Tanimal est au repos. I.a queue, en partie
libre, traversa la membrane interremorale ou la dépasse en
arrière. Le nombre des dents est assez variable suivant les
ies: les iniisiv es supérieures sont ordinairement grandes.
. a pointes dirigées en arrière et en dedans, les
molaires bien développées, a tubercules disposés en forme
de w. Oe Chiroptères habitent les régions tropicales et
subtropicale^ des deux hémisphères, dépassant rarement
il' parallèle auN. et au S. Tous sont insectivores. Ils
ont des formes lourdes, un museau large et tronqué obli-
quement avec les narines saillantes au-dessus de la lèvre
supérieure. La famille se subdivise en deux sous-familles:
I mballonurinœ, dont la queue grêle perfore la mem-
brane interfémorale et dont les pattes sont également
gréiez et les Molossirut dont la queue est épaisse, dépas-
sant la membrane interfémorale, et dont les pattes sont
courtes et fortes (V. Molosse).
La sous-famille des Emballonurinœ comprend les
genres Furia (F. Cuv.), de la Guyane et du Brésil ; Amor-
pKochilui (Peters), du Pérou ; Emballonura, qui s'étend
de Madagascar aux des des Navigateurs, mais ne parait
habiter le continent australien ; Coleura (Péters), du
Mozambique et des Seychelbs ; Wtynchonycteris (Peters),
qui s'étend Ju Mexique au Brésil ; Saccopteryx (llliger),
mêmes pays ; Taphoious (Geoffroy), d'Afrique et
d'Australie; Duliéurtu (Wîed) et Nocttiio (L.), de l'Amé-
nque intertropicale ; Rhinopoma (Geoffroy), de l'Afrique
V-E. et de l'Asie méridionale. Le genre Emballonura pré-
sente la formate dentaire suivante:
-2 I S 3
i. -, c. T. pm. -r. ni.TT X "- = 34 dents.
."1 1 '1 A
npérieures soul séparées sur la ligne mé-
diane ainsi que des canines, tandis que les inférieures sont
en rangée continue. 1.'/.. monticola, type du genre, est
une Chanve-Souris de la taille de la Pipistrelle et de cou-
leur notre. Elle habite les grandes des malaises et les Phi-
lippines (V. Chauve-Souris). K. Tbooessabt.
EMBARBE iTiss.). Nom donné aux petites cordes qui
Ggnreal les dûtes ou coups de trame dans lessemples sur
lesquels se fait le usage des mises en (actes pour le per-
tons des mécanique-, Jacquard (V. LlSAGE).
EMBARCADÈRE. I. Ai;, UTHCTUBE (V. Gake).
II. Maure. — Expression générale B'appliquant a une
. a un wharf, à un môle 00 a une cale s'avançant
plus ou moins dans la mer et servant a l'embarquement
ou au débarquement des personnes. L'embarcadère doit
wder un escalier et être .1 l'abri de la grosse mer
quand faire se peut, de façon i ce que les embarcations
>ter et s'y maintenir facilement.
EMBARCATION (Mac). Terme désignant d'une façon
générale les bateaux de faibles dimensions, qu'ils soient
S voiles, a raines ou a vapeur et quelle que soit leur
forme. Synonyme de canot. Les embarcations d'un navire,
groupe de canots attaches a lui pour le service, se
subdivisent par ordre de grandeur en chaloupes, canots,
baleinières, youyous, ces derniers, armés par quatre ou
deux hommes et étant les plus petites embarcations em-
ployées en marine. Cependant, depuis quelques années, on
se sert a bord des torpilleurs et même des grands bâti-
ments, quand il l'ait très beau, d'un petit canot en toile,
démontable, qui se replie, monté par un seul homme et
qui s'appelle le bertun, du nom de son inventeur.
EMBARDÉE (Mac). Sous l'action du vent, de la mer,
de son propulseur même, un bâtiment s'écarte à chaque
instant de sa route, soit à droite, soit à gauche, et y est
ramené par l'action du gouvernail. C'est cet écart qu'on
nomme embardée. On dit : le navire fait une embardée, ou
encore : le navire enibarde. Les deux expressions sont éga-
lement employées. Les nouveaux bâtiments cuirassés, avec
leurs formes plates des fonds, formes adoptées pour avoir
plus de stabilité pour le tir de l'artillerie, sont très sujets
à faire des embardées considérables, et c'est une des diffi-
cultés de la navigation, en escadre, que de maintenir ces
niasses sur la ligne qu'elles doivent suivre et de les em-
pêcher de s'approcher trop du bâtiment voisin.
EMBARGO (Dr. internat.). Mot espagnol qui signifie
séquestre. On appelle ainsi, dans le langage du droit,
l'acte qui consiste à arrêter provisoirement les navires
qui se trouvent dans les ports ou dans les mers inté-
rieures d'un Etat, en vue de les empêcher d'en sortir.
Il ne faut pas confondre l'embargo proprement dit, ou em-
bargo international, avec l'embargo civil ou arrêt du prince,
et avec l'angarie. L'embargo civil est celui qu'un Etat
prononce, dans la mesure où la législation interne du pays
l'y autorise, lorsque, pour des raisons d'ordre sanitaire ou
économique ou par des considérations de politique inté-
rieure, par exemple en cas d'épidémie, ou à la suite d'une
interdiction d'exporter, ou tout simplement pour prévenir
la divulgation de certaines nouvelles, il tient à empêcher
momentanément ses nationaux ou leurs navires de sortir
de ses ports. L'angarie est la mise en réquisition des bâti-
ments neutres par l'Etat dans les ports duquel ils se
trouvent, à l'effet de transporter pour son compte, moyen-
nant un juste salaire, des armes, des troupes ou des mu-
nitions. L'embargo international, dont il est question ici,
peut avoir différents buts : il peut être une application du
droit de représailles (Y. ce mot), ou une confiscation an-
ticipée, en vue d'une guerre imminente et sous réserve de
restitution en cas de solution pacifique du litige en sus-
pens; il peut aussi être une simple interdiction de com-
merce, par voie de coercition, ainsi que cela eut lieu à
l'époque de la séparation de la Belgique et de la Hollande.
Jusque dans les premières années du présent siècle, la
plupart des nations recouraient volontiers, comme préli-
minaires d'une déclaration de guerre formelle, à ce procédé
si préjudiciable au commerce, de la saisie des navires de
l'adversaire dans les ports. De nos jours, ces embargos-là
sont condamnés par le droit des gens, même quand les
nations intéressées ne se les sont pas formellement inter-
dits par des conventions spéciales; les grandes puissances
n'ont jamais manqué, lors des dernières guerres (d'Orient,
d'Italie, d'Allemagne), d'accorder aux navires marchands
ennemis un délai raisonnable (nommé induit) pour se
mettre a l'abri dans les ports de leur pays ou dans des
ports neutres. Les embargos ne peuvent donc plus se jus-
tifier que comme un moyen de coercition employé pour
amener le redressement de griefs sérieux, un changement
d'attitude politique ou la réparation de quelque atteinte
flagrante au droit des gens. Cette doctrine, conforme à la
notion moderne que la propriété privée doit être respectée
à l'étranger, même en temps de guerre et, a plus forte
raison , antérieurement a l'ouverture des hostilités, est
professée aujourd'hui par tous les jurisconsultes qui font
OlltAKCO — EMBARQUEMENT
- KM —
ntorité, mu'iih' en Angleterre, où l'on y avait été assez loug-
temps réfraciaire. Les effets de l'embargo strient Daiaref-
lement Boivanl les circonstances : si la pierre éclate, le
séquestre peut se convertir en prise (V. ce mot); ù, au
contraire, tes puissances intéressées parviennent t s'en-
tendre, il est levé purement et simplement. La France a
conclu avec un grand nombre de puissances <)<*s conven-
tions interdisant tout a la lois l'embargo (international) et
l'angarie, notamment : le II janv. 17N7, avec la Russie :
les Ô févr. et 23 août 1842, avec le Danemark; le 7 nov.
1659, avec l'Espagne; le I2déc. 1739, avec la Hollande;
le 8 mai 1X"27, avec le Mexique, etc. Ernest Lehk.
Bibl. : Twiss, Uw of valions, II, g 12. — Pbiiximobi ,
Comment., III, § 2.").— MASSE, Droit commercial, I, S 132.
— Mabtbnb et Vebgé, Précis, t. II, § 268. — Calvo,
Droit international. S 15S3 et suiv. — Holtzendorff,
Rechlslexicon, v Embargo. — Bluntochli, le Droit in-
ternational codifié, n" 509,669, rem., 071. rem. 2. — Db
ClkRCQ et DB \ ALLAI', Guide pratique des Consulats, t. I,
)j. 111. — F. de Marten6, Traité de droit international,
t. III, p. 163. — A. Hivibr, Lehrbuch des VOlkerrechts,
II. § 59. — Neumahn, GrundriSS des heul. europ. Yolker-
retiits, |j. 'Jô.
EMBARQUEMENT. I. Marine. — Mot qui a plusieurs
acceptions. 11 indique la situation d'un marin embarqué
par opposition à celle du marin à terre. Il signifie la mise
à bord quand il s'agit d'un groupe d'hommes, de troupes,
de matériel.
II. Tactique. — Embarquement en chemin de feu. —
Le jour fixé pour le départ, l'adjudant-major, accompagné
d'un sous-ollicier, précède la troupe d'une demi-heure à la
gare et se présente au commissaire militaire. Il procède
aussilôt après à la reconnaissance du train et prend note de
l'affectation et de la contenance de chaque wagon et de chaque
truc dans l'ordre ou ils sont placés. Il s'assure du bon
aménagement des wagons à marchandises qui ont été dis-
posés pour le transport des hommes et des chevaux et veille
à ce que les accessoires d'embarquement: escabeaux, ponts
volants, rampes mobiles, etc., soient en nombre suffisant.
Le sous-oflicier adjoint numérote au fur et à mesure, à la
craie, chacun des wagons et trucs, et inscrit en regard des
numéros d'ordre la contenance de chaque wagon et de chaque
truc. La tenue du régiment est, en principe, la tenue de
campagne. Les sacs sont paquetés, la petite gamelle et le
pain disposés de façon à pouvoir être facilement enlevés,
le quart et la cuiller dans l'etui-musette. Quand les soldats
voyagent, armés ou non, sans leur équipement, ils occupent
dans les voitures à voyageurs le nombre de places indiqué
pour les voyageurs ordinaires; mais, lorsqu'ils sont équipes,
ils n'occupent, dans chaque compartiment, que huit places
sur dix, les places restantes étant destinées au placement
des effets. Dans les wagons à marchandises, les soldats non
équipés sont toujours embarqués au nombre de quarante ;
s'ils sont équipés, ils sont trente-deux, trente-six ou qua-
rante, selon la longueur du wagon. Ces nombres sont du
reste indiqués dans un cartouche placé dans chaque wagon.
Si, par exception, le total des places est inférieur à celui
des hommes à transporter, l'excédent est réparti entre les
wagons et dans les fourgons de service au besoin. Dans
chaque wagon, on place huit chevaux ou mulets. Pour les
voilures, chaque truc doit, en principe, recevoir trois
essieux : une voiture à quatre roues et une à deux roues.
La troupe doit arriver au point d'embarquement une heure
et demie avant le départ. L'adjudant-major remel alors au
commandant un état sommaire indiquant la destination et
la contenance des véhicules du train. Ayant arrêté sa troupe
en dehors de la gare, le commandant envoie les chevaux
et voitures au point où ils doivent être embarqués, con-
duits par l'officier d'approvisionnement et le vaguemestre
et accompagnés des conducteurs, ordonnances d'officiers
montés et équipes d'embarquement. Il forme ensuite la
troupe en ligne déployée, en faisant rentrer tous les serre-
files dans le rang. L'adjudant-major divise alors les hommes
en fraction correspondant à la contenance îles wagons, sans
distinction de compagnie. Dans chaque fraction, un SOUS-
tffficier ou caporal est démené eosmse chef de wagon;
celui-ci désigne ■< son tour des efaeCa ds compartiati
y a Ion. Ce fractionnemenl terminé, la troupe, conduite
par l'adjudant-major, est introduite, en marchant par le
Banc, sur le quai d'embarquement (Kl chaque traction est
arrêtée et remise de front, sans dédoubler, face au
qui lui est destiné.
A la sonnerie En avant, Isa hommes enlèvent leur sac
qu'ils posent B terre devant eux, et l'embarqui-meut com-
mence. S'il se lait dans une voilure a voyageurs, le ehaf
de compartiment et le chef de l'antre nie remettent leur
fusil et leur sac a l'homme placé derrière eux et montent
Placement des armes et des sacs dans un compartiment
de 3« classe.
en wagon ; ils reprennent alors leurs fusils et se portent
du coté opposé à l'entrée. Le chef de compartiment place
son fusil verticalement à l'extrémité du peut cùte du com-
partiment qui est à sa droite et visse un pilou (dont il a
été distribué un par quatre fusils, ainsi que dix vrilles par
compagnie) dans la paroi du wa_.on, la tige touchant la
monture de l'arme et à .'> centiin. au-dessous de l'euibou-
choir. Les autres hommes passent successivement leurs
fusils qui sont placés côte à Côte contre la paroi du petit
côté du compartiment. Les armes ainsi placées, le chef de
compartiment visse un deuxième piton contre le dernier
fusil et passe une courroie de sac dans les pitons, de ma-
nière à embrasser toutes le» armes en les serrant fortement
les unes contre les autres. Si les wagons sont munis de
filets ou de crochets, on y place les fusils, et l'on n'emploie
pas le système ci-dessus. Quant aux sacs, ils sont remis
par les hommes à leurs chefs de file qui les .placent, quatre
sous les banquettes, trois sur la place libre en lace des
fusils et le huitième debout contre les fusils. Ces opérations
terminées, le chef du compartiment fait monter les hommes.
Quand il s'agit d'embarquer dans les wagons de marchan-
dises aménagés pour trente-deux hommes, les chefs défile,
après être montes comme il a été dit et avoir repris leurs
fusils, se portent, savoir : ceux des première et deuxième
liles dans la travée de droite la plus rapprochée de l'entrée;
les chefs des troisième et quatrième files dans l'autre travée
de droite; ceux des cinquième et sixième dans la travée de
gauche la plus éloignée de l'entrée ; enfin ceux des septième
et huitième dans la travée de gauche la plus rapprochée.
Ils forment ainsi quatre groupes qui opèrent comme il suit :
le chef de chaque groupe place son fusil contre la paroi du
petit côté du wagon; il visse un pilon comme il a été dit
plus haut, et les fusils passés par les hommes sont placés
ainsi qu'on l'a vu. Les pilons sont placés de manière que
les faisceaux se trouvent au milieu de l'intervalle lil>re
entre les bancs. Les sacs sont placés, quatre sur l'extrémité
d'un des bancs, trois sur l'autre et le huitième appuyé 60
les fusils. Les hommes montent ensuite et prennent place
dans la travée ou sont leurs chefs de file. Quelques petites
- SS7 -
EMI1AKQUEMENT
Hnmm qu'il est inutile d6 nu-ntioniit'i- ici existent dans
le procédé dVuibaïquemeni pour les wagons qui contiennent
exceplioiiDellonienl irouU'-six ou quarante places. Il est
irchandises, aménagé pour le transport des
hommes S? places; placement des armes et des sacs).
interdit aux soldats de fermer eux-mêmes les portes ou
portières. Le chef de wagon s'assure que les hommes peu-
vent manœuvrer, de l'intérieur, dans les wagons aménagés,
de fermeture, volets et portes.
Pour embarquer le< chevaux, ces animaux sont places
sur un rang et l'officier d'approvisionnement les divise en
fractii" a idant à la contenance des wagons. Les
hommes forment les faisceaux et déposent leur sac et leur
équipement. Les chevaux sont dessellés, niais les harnais
sont laissés, avec la couverture, sur les chevaux d'attelage;
; le bât, de manière à ne pas blesser les
animaux et à éviter les dégradations. Les selles ne seront
l après l'embarquement des chevaux. Ceux-ci
i dés. Dès que les selles sont disposées à terre en
arrier*1 du rang, le sous-officier l'ait répandre la litière dans
chaque wagon, en ayant soin qu'elle s'étende sur le pont
qui relie le wagon au quai. Il faut toujours qu'il y ail un
Transport des chevaux dans le sens parallèle a la voie.
homme de chaque noté des ponts volants pour empêcher les
chevaux de - i et de mettre les pieds entre le
wagon et le quai. Au signal de l'emharquement donné par
premier homme de droite de chaque
fraction se porte franchement en avant vers l'entrée du
« agon. Trois autres le suivent successivement en gardant une
distance de 3 m. de tête à croupe. Le premier homme, mar-
chant sans regarder son cheval el le tenant près du mors,
lui l'ait baisser la tèto pour tranchir la porto, tourne à
droite- ei range son cheval contre la paroi longitudinale du
Buté de l'entrée, la tète tournée vers le milieu du wagon;
chacun des autres hommes fait appuyer sou cheval contre
celui qui vient d'être place. Des que le rang de chevaux
est complet, deux hommes tendent la corde-poitrail (corde
île l(i m. de long, de la grosseur d'une corde à fourrage),
en la faisant passer plusieurs fois repliée dans les anneaux
fixes aux portes du wagon, de manière a la faire passer
devant les quatre chevaux ; ils attachent ceux-ci par la longe
le plus court possible, aux anneaux du plafond, puis ils
sortent du wagon et vont chercher leurs selles. (In procède
de la même Façon pour le rang opposé; Les selles 'formant
deux piles sont placées sur les bottillons disposés dans
l'intervalle libre du milieu du wagon, ainsi que l'avoine et
le foin (quatre bottes par wagon). Deux gardes d'écurie sont
affectés à chaque wagon. Ils ne débrident les chevaux que
lorsqu'ils sont calmés et que le train est en marche. On
doit toujours commencer l'embarquement par les chevaux
les plus dociles. Quand un cheval résiste, on fait avancer
le suivant et le premier est entraîné vivement à la suite,
ou bien on lui couvre la tète et on l'amène au wagon après
lui avoir fait faire un tour sur lui-même. Un des moyens
les plus surs de faire entrer un cheval récalcitrant est de
le faire pousser par deux hommes qui le saisissent vivement
sous la croupe en se tenant la main. Four les chevaux qui
ruent, on se sert d'une sangle ou de deux sangles réunies
bord ù bord.
L'embarquement des voitures s'effectue sous la direction
de l'officier d'approvisionnement. Les équipes de charge-
ment forment les faisceaux, déposent les sacs et l'équipe*
Truc portant une pièce et un caisson avec avant-train.
ment, ainsi que les capotes ou vestes. Elles commencent à
embarquer les voitures dès que celles-ci sont dételées. Une
équipe est employée pour chaque truc : deux hommes à
chacune des roues de l'arriére-train, deux à l'avant-train
de chaque coté du timon et deux à l'extrémité du timon.
Le chargement terminé, les voitures sont calées et brellées
par les agents du chemin de fer. Les équipes d'embarque-
ment vont rejoindre leur compagnie où leur place a été
réservée.
Pendant l'embarquement, le commandant et les officiers
exercent leur autorité sur la troupe pour tout ce qui con-
cerne la discipline, le maintien de l'ordre et du silence et
l'exécution du règlement. Ils ne montent en wagon qu'api es
s'être assurés que la troupe est convenablement établie.
L'embarquement terminé, le sous-officier adjoint écrit à la
craie, sur les wagons, l'indication de la compagnie. Le
commandant, accompagné de l'officier de la garde de police,
du commissaire militaire, du chef de gare et du chef de
train, passe une inspection rapide du train avant de monter
lui-même en wagon. Il est rigoureusement interdit à la
troupe embarquée de passer la tète ou les bras hors des
portières pendant la marche; d'ouvrir les portières; de
passer d'une voilure dans une autre; de pousser des cris
et de chanter: de descendre avant la sonnerie qui doit en
donner le signal : de lumer dans les wagons à chevaux ; de
fumer dans les w agons s'il y a de la paille répandue sur le
plancher à cause du froid. Les chefs de wagon sont respon-
BMBARQ1 EMENT — EMBAT1 IGE
— HHH —
sables de l'obaenration de ces prescriptions (V. Trahspori
hiutaibe).
L'embarquement «les troupes en chemin de fer a ose ri
grande importance au point de vue de la concentrât ion de
nos Brméee à la frontière en cas de guerre, que l'on oe
saurait trop v exercer nos suidais, surtout dans les armes
qui comprennent des chevaux et du matériel, beaucoup
plus longs et plus difficiles à embarquer que ne le sont les
hommes. On impose donc a la troupe des exercices de dé-
tail, c.-a-d. par petits groupes, dans la cour des casernes,
au moyen d'un matériel simulé, avant de l'exercer dans
une gare de chemin de 1er. Il serait trop long de décrire ici
ce matériel simulé que l'on construit ordinairement avec
des bois de démolitions tournis par le génie. Pour figurer
le vide qui sépare dans la réalité les wagons entre eux et
d'autre part les wagons et le quai d'embarquement, on
creuse autour de l'espace occupé par les cadres représen-
tant les wagons un tossé de 1 m. de largeur au sommet et
de \ m. de profondeur. Après ces exercices prépara-
toires, des exercices d'ensemble sont exécutés sur les voies
ferrées et comprennent toutes les opérations d'embarque-
ment et de débarquement réels de jour et de nuit, à
l'exception de l'attache des fusils dans les wagons, laquelle
n'est jamais exécutée, afin d'éviter des dégradations au
matériel des compagnies de chemins de fer. Les hommes
sont en tenue de campagne pour ces exercices, et les voitures
ont leur chargement réglementaire. Les chevaux et les
voitures sont embarqués autant que possible à l'aide de
rampes mobiles. Chaque bataillon d'infanterie et du génie,
complété à l'effectif de guerre, doit effectuer au moins un
exercice de jour et un de nuit, en combinant les opérations
à quai avec celles sur rampes et en donnant à ces dernières
le plus d'extension possible. Tous les officiers et les hommes,
quels que soient leurs emplois spéciaux, doivent prendre
part à ces exercices avec la troupe dont ils font partie.
Cette instruction doit être, autant que possible, terminée
avant l'inspection générale. En outre, des exercices de cette
nature doivent toujours être exécutés au cours des périodes
d'instruction des réservistes. Ils doivent également être
faits par les troupes de l'armée territoriale. La durée d'un
embarquement est comptée depuis le moment où la troupe
est arrivée à la gare jusqu'à celui où le train est en mesure
de se mettre en marche ; il importe d'arriver à réduire
cette durée le plus possible; mais il faut bien se garder de
toute précipitation dans les exercices de début, et ne cher-
cher la promptitude de cette opération que dans la grande
instruction de chacun, c.-à-d. dans l'extrême précision et
l'assurance apportées à chacun des actes que comporte cette
importante opération. Ed. Sergent.
EMBARRAS. I. Droit pénal. — Embarras sur la voie
publique. — L'embarras sur la voie publique constitue une
contravention de simple police, prévue par l'art. 47 1 , § 4 du
C. pén. et passible d'une amende de 1 à V» fr. Cette contra-
vention est clairement définie par le texte qui la réprime ;
elle existe par la réunion des trois conditions suivantes : 1° Il
faut que des matériaux ou des choses quelconques de nature
a empêcher ou à diminuer la liberté ou la sûreté du passage,
aient été déposés ou laissés. A l'application de cette con-
dition la jurisprudence a donné une très large extension : elle
y comprend non seulement le stationnement des voitures,
des chevaux et des bestiaux, mais même le fait par un
charcutier de tuer un porc devant sa boutique ou par un
épicier de briller du café dans les mêmes circonstances.
2° Il faut que le dépôt ou abandon ait été fait sur la voie
publique. L'expression voie publique comprend les rues,
passages, places et carrefours des villes, bourgs et villages;
elle ne comprend pas les routes et chemins soumis aux
lois et règlements de grande voirie : les dépôts ou aban-
dons sur ces routes et chemins deviennent des contraven-
tions de la compétence des conseils de préfecture. 3° Il
faut que le dépôt ou abandon ait été l'ait sans nécessité.
La nécessité ne peut consister que dans une cause acci-
dentelle, dans un événement imprévu ou de force majeure :
mais elle ne peu! résulter d'un état de ehMM habituel et
permanent : ainsi, le cas de nécessité m peut s'entendre
de la Station d'une voiture sur la voie publique, moli\ee
-.m ce que l'auberge ou descendent les roulieis n'est pas
pourvue d'une cour propre I loger le. chariots et n'a que
des écuries pour loger lis che\au\. « » n ne peut tirer une
excuse d'un usage local ou de la tolérance de l'administra-
tion.— Les frais d'enlèvement des matériaux qui causaient
l'embarras rentrent dans la classe des restitutions et dom-
mages-intérêts que le juge de simple police peut pronom er
lui-même, sanséire obligé de se dessaisir au profit des tri-
bunaux ordinaire-. Louis André.
II. Technologie. — Dans l'évaluation du prix ésa
ouvrages d'une construction, lorsque, dans une fouille, le
travail des ouvriers est gêné par les étais qui servent a
maintenir les berges de cette fouille pendant le cours de son
exécution, l'entrepreneur a droit a une plus-value du quart
de la valeur des prix ordinaires de fouilles pour embarras
d'élais. One autre plus-value, qui varie avec les usages
locaux, est accordée par mètre cube pour maçonnerie en
béton, meulière, moellon, brique ou plâtras, exécutée de
même dans l'embarras des étais. L. K.
III. Médecine. — Embarras gastrique. — Ensemble
de symptômes assez mal définis, qui rappelle la gastrite
calarrhale et présente quelques-uns des caractères de la
dyspepsie aiguë et de la fièvre bilieuse ; on le confond
souvent avec la fièvre éphémère ou la fièvre typhoïde au
début. 11 est dû généralement aux excès de table, à la
iatigue, à des troubles digestifs de cause variable, et se
caractérise par la lassitude générale, l'amertume de la
bouche avec enduit saburral, l'inappétence, les nausées,
en un mot par tous les symptômes de l'indigestion ; sou-
vent il y a fièvre vive dès le début. L'embarras gastrique
fébrile se traite par la diète plus ou moins prolongée,
le repos, les évacuants : vomitifs au début, purgatifs
salins, etc. Dr L. Ils.
Biul. : Droit pénal. — Ciiauveau et Helie, Théorie ilu
code pénal, t. VI, pp. 307 et suiv. — Blanche, Code pénal,
t. VII, n" 63 et suiv. — Miroir, Des Conlrux-entions, t. 1.
p. 27. — Hknriok de Pansey, Compét. des juges de p;iix,
ch. xxvn, n° 2N0. — Mangin, Tv.de l'action publ., t.I,p. S18.
EMBASE (Constr.). Ce mot désigne, toujours dans la
même acception, mais suivant les diverses professions du
bâtiment : en couverture, une lame de métal, plomb ou
zinc, que l'on place au bas d'un arêtier de comble couvert
en tuile ou en ardoise, et en serrurerie, tantôt un renfle-
ment mouluré et parfois orné qui relie la tige d'une clef de
serrure à son anneau ou aussi qui se profile sur la tige
d'une espagnolette de croisée et tantôt le petit socle d'un
barreau de grille, d'appui de croisée ou de rampe d'escalier.
EIYIBASEMENT (Archit.). Base continue régnant au
pied d'un mur, soit à l'extérieur, soit à l'intérieur d'un
édifice. Souvent l'embasement, tout en conservant la
même hauteur que la base de la colonne ou du pilastre
qu'il rappelle, est formé de moulures moins nombreuses,
moins remaillées et moins ornées : parfois même ces mou-
lures sont remplacées, sur une partie ou sur toute la hau-
teur de l'embasement, par une face droite formant plinthe.
EMBASSIS (Paléont.) (Y. Peratbebjom).
EM BATES (V. Chaussure, t. X, p. 971).
EM BATTAGE. Opération qui consiste à poser, après
l'avoir dilatée en l'échauffant, une. pièce creuse en forme
d'anneau autour d'un bloc plein d'un diamètre plus grand
que le sien. L'anneau ainsi posé se contracte en se refroi-
dissant de manière à faire complètement corps avec le bloc
qu'il entoure. Cette expression s'applique plus spécialement
a la pose des bandages sur les roues de machines et de
wagons dans les ateliers de chemins de fer ou l'emballage
est universellement pratiqué (V. Bandage, t. Y, p. :M9).
L'embattage est pratique également dans le eharronnage
pour la pose de la bande de 1er autour de la roue en bois
(V. Ckabaoxnage, t. X, p. 795), La plupart des ateliers
emploient encore pour l'embattage des fours a sole circu-
laire chauffés à la houille; mais, comme ces appareils ne
_ 889 —
EMBATTAGE — EMHOÎTURE
peuvent pas donner bm température bien constante, on les
remplace av antegeosement aujourd'hui par des fours chauffés
a l'aide d'un jet . nculaire de ga/ brûlant directement SOUS
le bandage. Dans m nouveau procédé, le bandage n'a pas
bénin d'être chaulé aussi fortement, la chaleur fiant dis-
tribuée d'une manière plus uniforme et en évitant ainsi tonte
tension dangereuse. I es joues intérieures <lu bandage sont
nettes de toute GOOChc d'oxyde et s'appliquent exactement
sur la jante de la roue. On peut enfin mesurer a chaque
instant l'accroissement du diamètre du bandage et, par suite,
ne pas dépasser la dilatation nécessaire à l'embattage. L'ins-
tallation en est moins encombrante que celle du four ordi-
I ambattre; elle est en même temps moins dispendieuse.
Il \ a lieu de penser que, dans ces conditions, le pro-
aftdé d'emballage au ga/ est appelé à se généraliser dans
les ateliers de chemins de fer. L. K.
EMBAUCHAGE (Droit). Le mot embauchage a plusieurs
acceptions. Dans une première acception, il exprime le
fait de retenir des ouvriers pour l'exécution de certains
travaux : en ce sens il s'agit d'une simple location d'ou-
u d'industrie, qui n offre rien d 'illicite; mais, en
ce sens aussi, l'expression n'est guère usitée qu'entre les
oinners et leurs maîtres. Deux autres acceptions du mot
embauchage, particulières au langage du droit pénal, sont
en mauvaise part; en ce cas, le mot embauchage
: 1° Soit l'action d'éloigner des soldats de leurs
drapeaux |>our les faire passer a l'ennemi, à l'étranger ou
dans un |>arti de rebelles. C'est l'embauchage militaire.
L'embauchage est plus que la simple provocation à la
n. La distinction entre les deux faits résulte nette-
ment île l'art. 3 de la loi du 4 nivôse an IV. Après
acquittement sur l'accusation d'embauchage, il peut y
avoir poursuite pour provocation a la désertion sans
qu'il en résulte violation de la règle non bis in idem.
L'eniliauchage militaire a été prévu pour la première fois
dans une ordonnance du Ier mars lTtiS; il est aujour-
d'hui puni par les art. 20S du C. milit. et 2(>5 du C.
milit. niant. C'est un crime passible de la peine de mort.
lîien que commis par des < -mis. ce crime est de la compé-
tence exclusive des conseils de guerre. -2° Soit le fait d'avoir,
dans la vue de nuire a l'industrie française, fait passer en
pa\^ étranger des directeurs, des commis ou des ouvriers
d'un établissement. C'est ce qu'on appelle Y embauchage
i'omwriert. Le fait constitue un délit, puni par l'art. 417
du C. pen. d'un emprisonnement de six mois à deux ans
et d'une amende de 50 à 300 fr. L'exposé des motifs
jiistiti-' en ces termes l'incrimination : « Si chacun doit
étrv libre de faire valoir son industrie et ses talents par-
tout ou il croit pouvoir en retirer plus d'avantages, il con-
vient de punir celui qui débauche les hommes nécessaires
a un établissement, non pas pour procurer à ces hommes
un plus grand bien, souvent incertain, mais pour assurer
la ruine de l'établissement même. > Ce que la loi a prévu,
i Vst le fait de nuire à l'industrie française par l'embau-
chage frauduleux, pour l'étranger, des ouvrière d'un éta-
ient français. Il ne faut pas confondre ce fait avec
l'exploitation faite en pays étranger, au moyen d'ouvriers
français, d'une branche quelconque de notre industrie, si
es Mil jeta n'ont été enlevés par fraude à aucun établis-
sement. L'art, il" ne punit que l'embaucheur et n'atteint
point les directeurs, commis ou ouvriers qui ont cédé à la
seducti..n. Louis André.
EMBAUMEMENT (V. Conservation, t. XII, p. 536^37).
EMBDE t August von der), peintre allemand, né à
Gaasd la 1 dise. 1780, mort à Casse] le 10 août 1862. il
étudia a Dresde, a Dusseldorf, a Munich et à Vienne. Ses
tàhleaux de genre, bien connus par la lithographie, repré-
sentent la plus souvent des paysanneries ou des jeux d'en-
fants. — >es deux filles, (.aniline, née en 181-2, mariée
k Berlin, et Emilie, née en iXIU. furent ses élèves et
Paèdèreat dans ses travaux. L'aînée est connue sous le
nom de harl uni der l.mbde.
EMBÉRIZIDÉS (Ornith.). Ce groupe, dont on fait
plus volontiers aujourd'hui une simple tribu des Fringil-
tidés \\ . ce mot), sous le nom d'Embérizidds, comprend
les Passereaux, très nombreux, que l'on appelle vulgaire-
ment des limants (Y. ce mol).
EMBERMÉNIL. C.oni. du dép. de Meurthe-et-Moselle,
arr.de Luneville, cant. delilamont; 417 hab.
EMBLAVAGE, EMBLAVURE (Agric). Emblaver un
champ veut dire ensemencer ce champ; une emblavure
est donc une terre couverte de semences. Au début, ce
ternie ne s'appliquait qu'aux champs ensemencés en blé,
mais, par extension, on dit aussi emblaver un champ en
betteraves ou en pommes de terre.
EMBLÈME (liihliogr. et Ironogr.). Dans son acception
générale, ce mot signifie la représentation figurée d'une idée
ou d'une pensée. L emblème procède directement de l'allé-
gorie (V. ce mot), niais il en diffère par sa portée plus
restreinte et surtout par son caractère, plutôt moral ou
pédagogique; et, par contre, il exprime une idée plus com-
plète que le symbole (V. ce mot), auquel d'ailleurs s'at-
tache plus généralement un sens mystique.
Les représentations emblématiques sont de toute antiquité,
et en littérature cette préoccupation a engendré l'apologue
et la fable. Chez les Grecs, le mot ëpi6),7]jj.a désignait d'une
part une œuvre de marquetterie et s'appliquait surtout aux
mosaïques ; de l'autre, un ornement ou une figure en saillie,
rapportés sur un objet et faits d'une autre matière, comme
par exemple une figure en or fixée sur un vase d'argent, ou
une figure d'argent sur un vase de bronze. Le mot emblème,
avec son sens actuel, n'est entré dans les langues modernes
qu'avec la Renaissance classique. Aux xvie et xvne siècles,
où l'allégorie fut en si grande faveur, on mit toutes choses
en emblèmes : la théologie, la philosophie, la politique,
l'histoire, les sciences physiques et naturelles, et jusqu'à la
grammaire elle-même. Il en est résulté en bibliographie
une section importante de livres illustrés avec des gravures
sur bois ou sur métal, où les artistes de l'époque ont puisé
plus d'une inspiration. Les plus en vogue étaient les em-
blèmes dont le texte a été fourni par le jurisconsulte mila-
nais André Alciat. Depuis leur apparition en 4531 jusqu'en
1784, il en a paru environ cent trente éditions dans les prin-
cipaux pays de l'Europe. G. P-i.
Bibl. : Brunet, Manuel du libraire. — H. Gref.n, A.
Alciati and /lis boolts of emblems ; Londres, 1872. —
Georges Duplessis, les Emblèmes d'Alciat; Paris, 1884,
in-8, fitç.
EMBOITEMENT des germes. On a désigné sous ce
nom une théorie imaginée à la fin du siècle dernier par
Charles lîonnet, de Genève, pour expliquer la génération
des êtres organisés. Les diverses parties d'un animal
présentent entre elles une si parfaite harmonie, elles
« conspirent si évidemment vers un même but général :
la formation de cette unité qu'on nomme un animal, de ce
tout organisé qui vit, croit, sent, se meut, se conserve, se
reproduit, » qu'on acquiert la conviction « qu'un tout si
prodigieusement composé et pourtant si harmonique n'a pu
être formé, comme une montre, de pièces de rapport ou
de l'engrènement d'une infinité de molécules diverses réu-
nies par apposition successive; un pareil tout porte l'em-
preinte indélébile de l'ouvrage fait d'un seul coup ». Un
animal ne peut donc se constituer de toutes pièces : il doit
être engendré par un autre animal préexistant. Le petit se
développe dans le corps de sa mère, mais pourtant sans
être en réalité formé par elle : il préexiste chez celle-ci à
l'état de germe. Ln appliquant ce même raisonnement à
la série des êtres dont cette mère dérive, ainsi qu'à la
série de ses futurs descendants, Bonnet en arrivait à con-
clure que le premier individu femelle de chaque espèce
animale devait renfermer, emboités les uns dans les au-
tres, les germes de tous les individus qui, par la suite des
temps, devaient constituer sa descendance directe. Cette
théorie singulière, dont Cuvier a été le dernier partisan, a
été renversée dès que les études micrographiques ont permis
à l'embryologie de s'établir. H. Bl.
EMBÔÎTURE (Constr.). Pièce de bois destinée à rece-
BMBOfTI RE - EMBOSSAG1
- 890
VOIT dans une rainure pratiquée m la longueur de l'une
de ses Eues, l'assemblage des bouta de plusieurs morceoui
déjà j'unis tntreeux sur les côtés, s l'aide de clefs ou par
tout autre Bystème. Ce genre d'assemblage appartient 6 la
catégorie îles joints de coté. On distingue VemboUun
simple où la pièce est arasée ta parement des pièces juxta-
posées, et Vemboltwe à coulisse, plus épaisse que les bois
qui s'y assemblent ; cette sorte de joint s'applique souvent
aux portes, aux lambris, etc. Un dit qu'une porte, un des-
sus de table sont emboîtés a bois de fil, quand ces parties
de menuiserie sont encadrées d'une alaise d'égale largeur
dans toute son étendue et coupée d'angle aux quatre coins.
L'embolture sert aussi à ajuster deux tuyaux de descente
ou do conduite, de façon qu'ils entrent l'un dans l'autre.
Pour les conduites d'eau, il ne suHit pas d'emboîter ces
pièces ; on doit encore fixer leur jonction au moyen de
niruds de soudure. De plus, il faut avoir soin de faire
d'abord entrer le tuyau qui donne l'eau dans celui qui la
reçoit. L. K.
EMBOLIE (Méd.). Virchow désigne sous l'expression
d'embolie le mécanisme par lequel un caillot sanguin ou un
bloc migrateur quelconque est transporté du lieu de son
origine jusqu'au point ou il s'est arrête, donnant le ternie
d'embolus ou d'embole au bloc migrateur lui-même. Les
concrétions sanguines que l'on rencontre dans le cœur ou
dans les vaisseaux peuvent, en effet, s'être formées sur
place, ce sont des concrétions autocbtones ou thrombus ;
ou bien être transportées sur un autre point, ce sont là les
concrétions migratrices ou emboliques. Au point de vue
du volume, on distingue les embolies en massives, quand
leur volume est suffisant pour oblitérer les vaisseaux d'un
certain calibre, et en capillaires, quand elles s'arrêtent
dans les dernières ramifications artérielles. Les embolies
peuvent être déterminés soit par des concrétions san-
guines, des débris de valvules ulcérées, des plaques cal-
caires athéromateuscs, des parcelles de tumeurs, ou des
helminthes s'étant introduits par perforation dans le sys-
tème circulatoire. L'endocardite ulcéreuse est souvent une
cause d'embolie, soit qu'il se forme, au contact de la
membrane endothéliale attaquée, des concrétions fibri-
neuses qui se détachent ensuite pour être lancées dans le
torrent circulatoire, soit que le rentre d'altération du noyau
migrateur soit formé par un débris de valvules. Les
thrombus artériels ou veineux peuvent également donner
lieu à des embolies. Les concrétions autochtones, dues à
l'inflammation de la tunique interne des artères peuvent
se ramollir et si, par suite de leur développement, la tète
du caillot arrive à un point de bifurcation des vaisseaux,
elle peut se détacher du corps du thrombus et être empor-
tée par le courant du vaisseau resté libre. Les embolies
observées si fréquemment dans les artères pulmonaires
ont très souvent pour origine on thrombus veineux. La tète
de la concrétion veineuse ramollie est entraînée dans le
courant veineux, vers la veine cave inférieure, de là dans
le cœur droit, qui la lance dans l'artère pulmonaire dont
elle oblitérera une branche.
La connaissance des embolies a permis d'expliquer un
certain nombre de complications, telles les infarctus du
rein et de la rate, considérés autrefois comme des pro-
ductions autorhtones, dus à des altérations premières de
ces organes et qui ne sont autre que des embolies capil-
laires. L'apoplexie pulmonaire, le ramollissement cérébral
sont souvent produits par le même mécanisme. La mort
arrive souvent subitement à la suite de l'embolie de l'ar-
tère pulmonaire, soit qu'elle survienno par syncope, par
arrêt des mouvements du cœur, soit, comme le soutient
l'anum, que c'est par anémie cérébrale, par insuffisance de
l'afflux sanguin sur les centres nerveux. Les embolies qui
se produisent dans les centres nerveux peuvent donner
lieu à une série de troubles des plus varies, suivant la
région dont elles arrêtent l'irrigation. On conçoit qu'une
embolie déterminant l'anémie des centres respiratoires
amène immédiatement la mort alors que, si elle se produit
dans la région corticale, elle peut donner lii-u .1 de»
troubles sociaux moteurs ou psychiques: ap
s'agit de la troisième circonvolution frontale gau I
cécité psychique, si elle porte sur le lobe occipital.
Dr J. I*. I.AM.LOIS.
EMBOLOMERIENS (PaléOBt). Cope a établi ce groupe
en 1880 pour des Batraciens des terrains pemuensauj
l'Amérique du Nord, qui ont un supraoccipital, un sa
temporal et un os intercalaire ; les OS prépodiaux soni
tmets : l'articulation vertébrale basiocripiule se fait par un
intercentrum discoïde indivis ; la corne dorsale est per-
sistante ; le centrum et Llntercentruni sont complètement
développés et supportent à eux deux un seul aie mura.
os en chevron ne sont supportés que par lesintercentnux.
Le groupe des Lmbolomeriin» comprend la famille
Cricotidées. I.. Saovj
Bibl. : Copb, American Naturaliat, 1884.
EMBOLOPHORUS (Paléont.). Ce genre a été établi par
Cope pour un Reptile du terrain permien du Texas qui se
différencie par l'articulation des eûtes, dont le capitulum
est reçu dans une fossette se trouvant a la partie postérieure
de rintercenlrum en avant de la vertèbre qui supj>orte la
diapophyse sur laquelle le tubercule s'attache.
Hun.. : Proe. Amer. Plulos. Soc., 1878, t. XVII.
EMBOLUS (Zool.). Genre d'EehinodermcsIlolnthurides,
de la famille dis Molpadides, établi par Selenka (1867)
pour une espèce du cap l'aimas (ï). YE.paujjcr. Il est ca-
ractérisé par quinze tentacules fort courts et par l'absence
totale d'anneau calcaire. R. >]/..
EMBOMA, M'BOMA ou BOMA. Capitale de l'Etat indé-
pendant du Congo depuis 1886, sur la rive droite du
Congo, à 50 kil. de l'embouchure de ce fleuve; loi) hab.
(de race blanche). Stanley y arriva le il août 1877. après
avoir traversé l'Afrique. C'était autrefois un centre impor-
tant du commerce d'esclaves. Borna a une histoire cruelle,
dit Stanley. Kn 1877, raconte-t-il, le capitaine Ilopkins,
codsuI d'Angleterre, trouva, en remontant le Congo, éehoaée
sur un banc de sable en face de cette localité, une grappe
de cadavres humains, le carcan de fer au cou, les mains
liées derrière le dos. Sur la chaîne qui reliait les uns aux
autres ces malheureux était inscrit le nom du traitant,
auteur de cette hécatombe. Borna est actuellement la plai e
de commerce la plus importante du Bas-Congo. De nom-
breuses factoreries de diverses nationalités s'y trouvent
établies le long du fleuve. La rade est superbe, d'une lon-
gueur de 1 kil. et d'une profondeur variant de (J à 20 m.
Lue jetée en fer munie de grues puissantes facilite le
déchargement des marchandises. Cinquante et un bâtiments
au long cours d'un tonnage total de 67,139 tonnes ont
visité ce port en 1890. Les plus grands navires peuvent v
accoster. Borna est le siège d'un tribunal de première ins-
tance et d'un tribunal d'appel. Elle possède une église en
fer, un bureau de poste qui est aussi office d'échange, un
hôpital militaire construit en brique et pisé, un atelier de
charpentier, une immense forge et un vaste hôtel à deux
étages en tôle d'acier à doubles parois. Il y existe égale-
ment un tramway à vapeur et (les communications télé-
phoniques (V. Congo). H. Droocmans.
EMBOSSAGE (Mar.). Action de maintenir un navire au
moyen d'amarres, malgré le vent et le courant, dans une
direction déterminée. On s'emhosse, soit pour présenter le
travers ou la partie du navire la mieux armée à une batterie,
a un fort que l'on veut bombarder, soit encore pour aérer le
bâtiment dans les pays chauds ou en cas d'épidémie. Il v a
plusieurs manières de s'embosser. L'une d'elles consiste I
mouiller par l'arrière une ancre à jet (ancre plus petite qui
peut être portée par une embarcation) : le navire est alors
tenu par son ancre ordinaire dite ancre de bossoir et par
l'ancre à jet. On peut encore attacher une forte amarre,
qui porte le nom Aerroupiatau embossnre, à la chaîne de
l'ancre de l'avant. On prend cette amarre par l'arrière, et
en filant suffisamment de la chaîne et de l'amarre, le na-
vire se trouve maintenu par ces deux attaches qui forment
- S9I -
EMBOSSAGE — KMRRANCHKMKNT
un Hp/* TOI M iionune une ;;<!(/(• <lW<\ Plusieurs navires
embosses forment mu» ligne d'emhossage.
EMBOSSURE (Mar.) (\. Bbmssagk).
EMBOTHRIUM {Embothrùm Font.) (Bot.). Genre
do plantée de la famille des Protéaoéou, qui a donne sou nom
au groupe des Embothriées. Ce sont îles vitres oo des
arbustes a leoilles alternée, simples, sans stipulée, tueurs
hi'riiKi|>ln oih tt-s. remarquables par leur périaalhe qui a la
isrsaa d'un long tube termine par uns boule arrondie. Le
>t un follicule renfermant de nombreuses graines,
pourvues un sommet d'une longue aile mesubreneose. Les
espéras, au nombre de cinq, habitent les régions australes
de l'Amérique du Sud. L'a. oocdngum Foret, est cultivé
dans i es l'Europe peur ses belles Deurs d'un
éearlate. Son bois est recherché, au Ch li, comme
le construction . Ed. Lar.
EMBOUCHE IV. ENGRAISSEMENT).
EMBOUCHURE (Mus.). Partie d'un instrument a vent
sur laquelle on applique les lèvres on que l'on pince entre
celko-ci. Il 3 a plusieurs sortes d'embouchures. Pour les
instruments de enivre tels que les oors, trompettes, tro n-
etc, l'embouchure est de métal, en enivre ou en
argent, en tonne de petit entonnoir s'adaptant directement
>ur le Inbe de Pinstrument. l'ourles instruments de bois
tels que bassons, clarinettes, hautbois, etc., l'embouchure
est appelée vulgairement anche, simple ou double selon
qu'elle est formée d'une ou de deux lames de roseau mon-
r une embouchure en bois et quelquefois en cristal
pour la clarinette. Elle s'adapte directement sur le corps
de l'instrument, sauf pour le basson auquel elle est reliée
par un tube en l'orme de S nomme bocal sur lequel elle
s'adapte. Pour la flûte, l'embouchure fait corps avec l'ins-
trunient et est placée a l'extrémité du tube. — Un dit
également d'un instrumentiste qu'il a une bonne embou-
chure quand il sait attaquer le son avec franchise et netteté.
EMBOUDINURE i.Mar.). Nom d'une sorte de nieud ser-
vant a raccourcir des bouts de filin de petit diamètre, qui
ne sont pas d'un usage journalier et qui, par suite de leur
Srande longueur relative, présenteraient a bord un aspect
irdre, incompatible avec les habitudes maritimes.
I x. : b>s cordons, tire-feu des pièces. — l.'emboudinure
consiste a enrouler autour d'une mèche centrale formée par
le bout de tilin lui-même une série do tours de corde suc-
I à joindre. L'aspect extérieur du nœud ainsi
forme est cylindrique, rappelle un boudin, d'où le nom :
houdinure ou emboudinure. — On appelle aussi emboudi-
nure une garniture que l'on fait sur l'organeau d'une amie.
quand on doit y fixer un cible en filin, afin que le contact
rouillé ne mange pas au portage l'amarre en ques-
>ans ce cas, on couvre l'organeau d'une toile gou-
dmnnée appelée limande, et sur cette toile on passe des
serrés d'un petit corda
EMBOURIE. Corn, du dep. de la Charente, arr. de Ruf-
UL de Villefagnan: -2liS hab.
EMBOUTÉ (Mlas.). Attribut des marteaux, outils ou
instruments quelconques, pourvus à leur bout d'une virole
ou d'un anneau d'un émail particulier.
EMBOUTISSEUSE (Mécan.). L'emboutissage est l'opé-
ration qui consiste a transformer une feuille plane de métal
en une nriâec courbe non développable. Ainsi, avec un
•lai de tôle, on peut faire une calotte sphértqueet, en
ire [dus loin la déformation, on arrivée une sorte
. quand le métal est très malléable. Le chang
impagné d'une diminution d'épaisseur.
On a fréquemment besoin dans les arts d'emboutir le- m.-
taux : pour que l'opération réussisse bien sans rupture de
h faut, quelles quesoieal les précautions prises, que
sa qualité soit très bonne <t sou homogénéité des grande.
Ortain- métaux, tels que |o enivre rouge et l'acier doux,
peuvent être mu 1 1 >oi 1 1 i s a froid, mais plus généralement on
ehaod (V. Ciaorbonnerib, t. \. pp. 943 et 944).
lehinea à emboutir on emboutisseuses sont aussi
que nombreuses : aujourd'hui les grands ateliers
de construction de machines n'hésitent pas à installer de
"candes presses hydrauliques pour emboutir les tôles. On
obtient ainsi un effort plus régulier, réparti uniformément
sue toute la surface qui fatigue moins la tole et qu'on peut
régler à volonté de manière s donner des déformations
successives, préparant graduellement la forme définitive.
La surface de la télé reste plus lisse et conserve une épais-
seur uniforme ; on évite en même temps toutes les criques
et fissures qu'entrains souvent l'emboutissage à la main,
si soigné qu'il soit. Cette méthode a seulement l'inconvé-
nient d'exiger un outillage dispendieux, puisqu'il faut avoir
autant de matrices qu'on veut conserver de formes inter-
médiaires entre la tole plane et l'objet fini, l'ne emboutis-
seuse hydraulique très employée est a trois pistons actionnés
par une presse hydraulique dont deux verticaux et un ho-
rizontal. La tole à travailler est emboutie à plusieurs
reprises, en rabattant à chaque fois le bord sous l'action
de ces pistons. Pour emboutir un tond de chaudière, par
exemple, on chauffe la tole sur une longueur de lm50,
puis on l'amène sur une étampe en forme de segment de
cercle ; quand la pièce est en position, on abaisse le pre-
mier piston vertical qui joue le rôle d'elau et empêche ainsi
tout entraînement de la tôle; on abaisse ensuite le second
qui est terminé par une tète de forme spéciale pour ra-
battre la tôle sur le bord de l'étampe. Cette opération ter-
minée, on relevé les deux pistons et on l'ait tourner la
plaque autour d'un pivot pour présenter à l'outil une nou-
velle surface ; on répète la manœuvre précédente, et on
arrive ainsi à rabattre toute la partie de la tôle qui a été
chauffée. Après que le bord est ainsi rabattu, on fait agir
le piston horizontal, en lui présentant successivement
toutes les parties de la collerette de manière à faire dis-
paraître toutes les irrégularités. Certains ateliers opèrent
l'emboutissage au marteau-pilon ; on arrive plus rapide-
ment au même résultat qu'avec la presse. Un pilon d'un
poids de *2o tonnes suffit pour préparer des fonds de chau-
dières de sucreries dont le diamètre dépasse quelquefois
"2 in. et dont l'épaisseur au centre atteint 10 inillim. Lors-
qu'on veut obtenir des pièces en forme de calotte présen-
tant au centre un surcroit d'épaisseur considérable, il
est nécessaire de préparer, à l'avance, la tôle, et de
l'amincir sur les bords ; nous citerons le cas des creusets
en fer, servant au traitement de l'argent au Mexique et
qui sont préparés par emboutissage, en ménageant au centre
un surcroit d'épaisseur de .°> inillim. environ. La tôle, plane
est tournée à cet effet sur les bords et on y laisse seule-
ment une épaisseur inférieure de quelques millimètres à
l'épaisseur définitive, car le métal se trouve refoulé exté-
rieurement sous l'action du pilon emboutisseur. L. Knab.
EMBRANCHEMENT.I.Scikncesnaturelles(V. Science,
Botanique, Zoologie).
II. Chemins de feu. — Ce mot s'emploie pour désigner
soit le raccordement de deux lignes de chemins de fer, soit,
parmi ces deux lignes, celle qui est considérée comme
la moins importante. L'embranchement d'une ligne sur
une autre peut se faire au moyen d'une bifurcation
(V. ce mot) ; il peut également avoir lieu sans qu'il y ait
croisement effectif des rails de l'embranchement avec ceux
de la ligne principale. C'est de cette seconde manière
que s'établissent généralement les embranchements, quand
ils aboutissent dans des gares déjà existantes; on a ainsi
l'avantage de laisser complètement libres les voies prin-
cipales de la gare, condition très favorable à la sécurité,
surtout lorsque la grande ligne est parcourue par des trains
express qui ne s'arrêtent pas dans cette gare. Les dispo-
sitions techniques à adopter en cas d'embranchement par
bifurcation ont èié décrites à propos des mots Aiguille,
Changement et Croisement; il reste à faire connaître les
mesures prises pour assurer la sécurité à la rencontre des
deux lignes. Os mesures sont diverses et varient suivant
les compagnies exploitantes : elles sont seulement sou-
mise^ des prescriptions générales édictées par l'adminis-
tration des travaux publics. A titre d'exemple très simple,
KMimWl'.HKMKNT
- 892 -
nous citerons la disposition adoptée au\ bifareatiotu de la
Compagnie de l'Ouest. Lalig. ci-dessons représente Labifur-
cationd'Asnières : deux lignes à double voies*? rénnissenl
au moyen des deux aiguilles A et li ; ce sont les lignes de
Mantes à Paris, et d'Argenteuil a Paris. Les signaux sui-
vants sont établis pour assurer la sécurité : |" trois si-
gnaux avancés 1, fi et 8, destines a protéger a distance
les voies de la lii^ne principale (Paris-Mantes), lorsqu'elles
sont occupées:! "embranchement ou à ses abords ; 2° deux
signaux carrés d'arrêt absolu 2 et 4, un pour chacune des
directions de L'embranchement, afin de pouvoir arrêter les
trains qui se présenteraient lorsque les voies y sont occu-
pées. En outre, des enclrnclieiiients du système Vignier
sont établis connue il suit : le signal 4 est end.
I" avec le signal 8, de manière que ce dernier suit terme
avant qu'on ferme le signal 4 ; 2° ave le signal 2, de
manière que chacun de CM deu signaux M pni-
ouvert que si l'antre est fermé : 3° avec l'aiguille t,dc
telle sorte que celle-ci ne puisée être faite peur la
lion de droite que lorsque le signal '• est a l'arrêt
maintenant les règles adoptées pour la circulation, l.n
principe, l'une des trois directions Paria-Mantes, Mantes-
Paris, Argenteuil-l'aris est normalement ouverte au passage
des trains, qui doivent seulement réduire leur Vil
"20 kil. a l'heure : c'est la direction de Paris a .Mante, qui
est toujours ouverte. Au contraire, celle d'ArgesUena a
Pans est normalement fermée, et tous le, trains renanten
cette direction doivent s'arrêter au signal -2 qui est tou-
jours terme; ces trains ne peuvent pénétrer sur la grande
ligne que lorsque le Barde de l'embranchement leur a ou-
vert ce signal, ce qui ne peut se mire, en vertu des enclen-
chements, qu'en mettant le signal 4 à l'arrêt. De celle
Bifurcation d'Asnicres.
manière, aucune rencontre n'est possible entre les trains
qui passent à la bifurcation.
Les embranchements peuvent être publics ou particu-
liers ; les premiers sont ceux qui raccordent deux lignes
en exploitation ; les seconds servent à relier à une ligne
exploitée une usine ou un établissement industriel situés
a proximité du chemin de fer. Au moment delà constitu-
tion des grandes compagnies françaises et de la concen-
tration entre leurs mains de la plus grande partie des
lignes du réseau national, il était nécessaire de réserver
pour l'avenir la possibilité de créer des lignes nouvelles
et des embranchements particuliers, et l'on a inséré dans
le cahier des charges général des grandes compagnies
les clauses suivantes, qui font l'objet des art. 61 et 62.
L'art. 61 est ainsi conçu : « Art. 61. Le gouvernement
se réserve expressément le droit d'accorder de nouvelles
concessions de chemins de fer s'embranchant sur le chemin
qui fait l'objet du présent cahier des charges, ou qui seraient
établis en prolongement du même chemin. La Compagnie
ne pourra mettre aucun obstacle à ces embranchements,
ni réclamer, à l'occasion de leur établissement, aucune in-
demnité quelconque, pourvuqu'il n'en résulte aucun obstacle
à la circulation, ni aucuns frais pour la compagnie. Les
compagnies concessionnaires de chemins de fer d'embran-
chement ou de prolongement auront la faculté, moyennant
les tarifs ci-dessus déterminés et l'observation des règle-
ments de police et de service établis ou à établir, de taire
circuler leurs voitures, wagons et machines sur les chemins
de fer, objet de la présente concession, pour lesquels celte
faculté sera réciproque à l'égard desdits embranchements
et prolongements. Dans le cas oii les diverses compagnies
ne pourraient pas s'entendre entre elles sur l'exercice de
cette faculté, le gouvernement statuerait sur les difficultés
qui s'élèveraient entre elles à cet égard. Dans le cas où
une compagnie d'embranchement ou de prolongement, joi-
gnant les lignes qui font l'objet de la présente concession,
n'userait pas de la faculté de circuler sur ces lignes,
comme aussi dans le cas ou la compagnie concessionnaire
de ces dernières lignes ne voudrait pas circuler sur les
prolongements et embranchements, les compagnies seraient
tenues de s'arranger entre elles, de manière que le ser- |
vice de transport ne soit jamais interrompu aux points de
jonction des diverses lignes. Celle des compagnies qui se
servira d'un matériel qui ne serait pas sa propriété, payera
une indemnité en rapport avec l'usage et la détérioration
de ce matériel. Dans le cas ou les compagnies ne se met-
traient pas d'accord sur la quotité de l'indemnité ou sur
les moyens d'assurer la continuation du service sur toute
la ligne, le gouvernement y pourvoirait d'ollice et pres-
crirait toutes les mesures nécessaires. La compagnie pourra
être assujettie par les décrets qui seront ultérieurement
rendus pour l'exploitation des chemins de fer de prolonge-
ment et d'embranchement, joignant celui qui lui est con-
cédé, à accorder aux compagnies de ces chemins une
réduction de péage ainsi calculée : 1° si le prolongement
ou l'embranchement n'a pas plus de 100 kil., 10 °'0 du
prix perçu par la compagnie ; 2° si le prolongement ou
l'embranchement excède 100 kil., 15 ° 0; 3° si le prolon-
gement ou l'embranchement excède 200 kil., 20°/o; 4° si
le prolongement ou l'embranchement excède 300 kil..
25 •/,. »
M. Sévène fait remarquer dans son Cours tir chemins
de fer que, bien que les prescriptions de l'art. 61 soient
à la fois simples, justes et logiques en principe, elles ont
cependant donné lieu dans l'application à de nombreuses
difficultés, par suite de la divergence des intérêts en pré-
sence, qui créait presque toujours des opinions différentes
sur les meilleures dispositions a adopter. Ces difficultés ne
se sont guère présentées tant que les grandes compagnies
n'ont eu qu'a se raccorder entre elles ; mais elles ont éclaté
quand les petites compagnies se sont formées et ont
amené des lignes nouvelles qui devaient être reçues par
les anciennes lignes. Dans bien des cas. l'entente n'a pas
pu s'établir entre les deux compagnies qui venaient se rac-
corder et, au lieu d'avoir au point de raccordement des
deux lignes une gare commune pour les desservir et d'as-
surer ainsi la continuité des transports, ainsi que le veut
l'art. 61 du cahier des charges, on a été conduit à cons-
truire dans une même ville des gares séparées, « combi-
naison vicieuse en principe, coûteuse en application, et
radicalement défectueuse pour le service de jonction ». Le
public se trouvait donc, en définitive, victime du défaut
s:';;
EMlillANCllEMENT — EMISMYAtlE
d'entente entra les compagnies eoncessionnaiws,natarelle-
uioiit portées à tenir plus de compte 'le leurs convenances
particulières que de l'intérêt général. Heureosement la
solution défectueuse «les gares séparéea n'a pas eu île très
nombreuses applications et, dans le cahier des chargea re-
latif au\ nouvelles lignes concédées par les conventions de
uuo modification heureuse a été introduite dans
l'art. 64, dont le dernier paragraphe se trouve ainsi conçu :
Mapagnte sera tanne, m "administration le juge conve-
nable, de partager l'usage des stations établies à l'origine
.les chemins de fer d'embranchement avec les compagnies
qui deviendraient ultérieurement concessionnaires desdits
rheniin>. Kn eas de difficullés entre les compagnies pour
lication de cette clause, il sera statue par le gouver-
n» nient. >
L'établissement des embranchements particuliers n'apas
donne naissance aux mêmes difficultés : cela tient à ce (pie
l'art, ti-2 du cahier des charges est beaucoup plus précis
Sue l'ait, tit : non seulement il pose des principes, niais
en règle d'avance l'application. L'art, 68 stipule que
chaque compagnie doit s'entendre avec tout propriétaire de
mines ou d'usines qui. offrant de se soumettre aux condi-
tioos réglementaires, demande un embranchement particu-
lier ; cet embranchement est établi avec l'autorisation de
radnuni>tration et sur un projet approuvé par elle ; la
compagnie est tenue de l'accepter et de le desservir eu por-
tant les wagons a charger et à décharger jusqu'à l'aiguille
qui e>t l'origine de l'embranchement ; elle les reprend
ensuite à celte aiguille pour le> faire emporter par ses
trains. C'est le propriétaire de mine ou d'usine qui fait, à
:rais. la construction de son embranchement ; il pave
,itre a la compagnie le service de l'aiguille et la loca-
tion du matériel qu'il reçoit, et qu'il est obligé de garder
quelque temps sur son embranchement. Le prix de cette
location est tixe à 12 cent, par tonne pour le premier kilo-
mètre de l'embranchement, et à '. cent, pour chaque kilo—
nièi; < j u 'il soit complet ou seulement entamé. La
durée du séjour des wagons sur l'embranchement ne peut
■1er six heures, lorsque celui-ci n'a pas plus de 1 kil.
da longm ur ; une demi-heure de plus est accordée pour
chaque kilomètre en sus.
Les embranchements particuliers tendent à se multiplier
de plus en plus. Ils présentent de grands avantages pour
bs établissements industriels situés à proximité d'un che-
min de fer, puisqu'ils leur évitent un transbordement et un
transport en voiture. Ils sont également avantageux pour
les chemins de fer, à qui ils donnent une clientèle assu-
rée: en outre, les chargement- et déchargements se fai-
sant directement dans l'établissement industriel, la gare
;es|xjndante se trouve débarrassée d'autant. — On trou-
vera dans le traité de Superstructure de M. Dehanne
1890) plusieurs exemples des dispositions adoptées
pour les embranchements particuliers. G. Hlmbert.
Bibi.. : S. .'■km.. Cours 'le chemins de fer professé à
fScola des ponts et chaussées, 1876-1877, avec atlas. —
i. Bumbi ui, Traité complet des chemins de fer; Paris,
11,1 vol. — Palaa, Dictionnaire législatif et réglemen-
Unre des chemins de fer: Paris, 1887, 2 vol. — A PlCABD,
Tr.-i de fer; l';iris. 1887, 4 vol.
EMBRASEMENT (Menais.) (V. EmusBNEirr).
EMBRASSE (Ameubl.). Pièce d'étoffe ou de passemen-
terie ti\èe a une patère et servant à relever les rideaux de
lit ou de fenêtre par le milieu. Les embrasses sont le plus
souvent de la même étoffe que celle des rideaux et garnies
décrètes; lUautres aonl formées par des cordelières a glands
i roulants. Leur usage remonte au ron* Biècle, mais
elles devinrent d'un emploi gênerai à partir du premier
Lmpire et de la Restauration. La tapisserie actuelle les
emploie fréquemment pour augmenter les plis des rideaux
dont elle drape nos fenétl
EMBRASURE. I. Tu.bnoi.ocie. — Terme désignant,
dans un mur de bâtiment ordinaire, comme dans un mur
de forteresse, l'ensemble d'une baie on ouverture comprise
entre la face extérieure et la face intérieure du mur,
tandis qu'on appelle plus particulièrement élmwmenl
(Y. ce mot) la partie intérieure de L'embrasure, celle com-
prise entre la feuillure (levant recevoir la fermeture de la
baie et la paroi intérieure du mur. Les embrasures des
ban-, portes ou fenêtres, ont reçu, aux diverses époques,
différents modes de clôture ainsi que des formes et une
décoration spéciales dont il sera traité aux mots Fenêtre,
Portail, Porte, etc.
11. Fortification. — On donne ce nom soit à une ouver-
ture pratiquée dans une muraille, soit à une échancrure
faite dans un parapet pour livrer passage à la volée d'une
bouche a l'eu. Les premières embrasures percées dans la
maçonnerie datent de la lin du xve siècle. Elles étaient
généralement évasées vers l'intérieur et plus larges que
hautes ; vues de l'extérieur, elles se présentaient sous la
forme de larges fentes horizontales ; pour garantir les ser-
vants des pièces contre la mousqueterie, on garnissait ces
ouvertures de volets en bois qui restaient abaissés pendant
les intervalles du tir. Tant que l'artillerie manqua dépor-
tée et de précision, on fit un emploi fréquent des embra-
sures en maçonnerie tant pour les pièces de llaiiquement
que pour l'artillerie de rempart placée en vue des batteries
de l'assiégeant. Mais aujourd'hui on n'en construit plus
qu'autant qu'elles ne sont pas exposées au tir de plein fouet,
par exemple dans les caponnières et dans les batteries à
tir indirect placées derrière une masse couvrante. Encore
cherche-l-on à les garantir contre les coups plongeants ou
obliques par un masque-tunnel (V. Caponnière), ou un
parapet en terre du système Haxo (V. Casemate). Lors-
qu'une embrasure est percée dans la muraille métallique
(l'une casemate cuirassée ou d'une coupole, on en réduit
ordinairement les dimensions au strict minimum en choi-
sissant un système d'affût qui permette de faire tourner la
pièce autour du centre de l'ouverture. En outre, on cherche
à soustraire l'embrasure aux coups pendant les intervalles
du tir, soit en la masquant par une pièce métallique mo-
bile, quand la cuirasse est fixe, soit en imprimant à cette
dernière un mou veinent de rotation ou d'éclipsé, quand il
s'agit d'une coupole. — On distingue dans une embrasure en
terre l'axe ou directrice, le plan de fond, Y ouverture
intérieure et l'ouverture extérieure qui sont les décou-
pures pratiquées dans les talus intérieur et extérieur du
parapet, les joues qui soutiennent les terres de ce parapet
de chaque côté du plan de fond, la hauteur de genouil-
lère ou hauteur du fond de l'embrasure au-dessus de la
plate-forme. Suivant que la directrice est perpendiculaire
ou non à la projection de la crête intérieure, l'embrasure est
droite ou oblique. En principe, l'obliquité d'une embrasure
ne doit pas excéder 9°. Quand on est obligé de dépasser
cette limite, on fait une brisure dans la crête de manière
à la redresser perpendiculairement à la direction du tir.
Le plan de fond peut être incliné vers l'extérieur, hori-
zontal ou incliné vers l'intérieur. Dans ce dernier cas, l'em-
brasure e.-t dite à contre-pente ; cette disposition est
appliquée toutes les fois que les pièces ne doivent tirer que
sous de grands angles. La largeur de l'ouverture intérieure
est généralement de OmoO, et celle de l'ouverture exté-
rieure à la base est la moitié delà longueur du fond. Les
joues sont des surfaces gauches qui rencontrent les talus
intérieur et extérieur, la plongée et le plan de fond sui-
vant des droites ; elles sont verticales dans la partie voi-
sine du talus intérieur et inclinées à 3/1 à l'autre extrémité;
on les revêt en gabions, en saucissons ou en sacs a terre.
Le massif de terre compris entre deux embrasures con-
sécutives s'appelle merlon. L'espacement à donner à
ces embrasures varie suivant le calibre des pièces ; pour
les canons de campagne, il est de 6 m. Lorsque les direc-
trices ne sont pas parallèles, cet espacement se compte à la
queue des plates-formes ou sur le talus extérieur, suivant
que ces droites convergent vers l'intérieur ou vers l'exté-
rieur.
EMBRAYAGE (Mécan.). On désigne sous ce nom
l'organe ou le mécanisme qui a pour objet de rattacher
EMBRAYAGE - I MBRl'N
- 894 -
temporairement one pièce de machine, généralement no ai bre
tournant, au mouvement d'tm arbre moteur. Lorsque les
arbres a retenir sont situés dans le prolongea» al l'un
de l'autre, on se contente ordinairement de les rendi
lidaires en les rattacbani par bu simple manefaon que l'on
l'ait glisser longitudinalement, de manière a ce qu'il am-
brasse ii la fois les extrémités voisines des deux arbres.
Ce manchon es! constitué par un prisme creux, presque
toujours en fonte, dont le vide intérieur reproduit la section
pleine des deux arbres en bout. Celte section est quelque-
fois carrée et présente [dus souvent une tonne de trèfle
i|ui assure la solidarité des pièces par ses parties saillantes.
Lorsque le mouvement de l'arbre conduit doit être inter-
rompu d'une manière instantanée, on emploie un embrayage
formé de deux manchons à crans dont l'un est calé à de-
meure et l'autre peut glisser à volonté le long du second
arlire pour venir engrener avec le premier manchon. Le
manchon mobile est commandé par un levier placé à la
main de l'ouvrier qui peut emblaver ou désembrayer à
volonté en agissant sur ce levier. Lorsque les dons, arbres
à réunir sont simplement parallèles, sans être situés dans
le prolongement l'un de l'autre, on emploie presque tou-
jours l'embrayage par courroie sans lin. Dans la disposition
la plus fréquemment appliquée et qu'on retrouve, par
exemple, dans les ateliers de construction pour rattacher les
machines-outils à l'arbre de transmission, l'arbre conduit
reçoit deux poulies dont l'une est calée et l'autre est folle.
La courroie qui le rattache à l'arbre moteur est commandée
par une fourche d'embrayage qui permet de la faire passer
de la poulie fixe sur la poulie folle, selon qu'on veut em-
brayer ou désembrayer. Il convient qu'un bon embrayage
soit' automatique, c.-à-d. qu'il arrête de lui-même le mou-
vement aussitôt que l'arbre conduit rencontre une résis-
tance tiop forte. Cette propriété prévient les ruptures
fréquentes d'organes qui se produisaient autrefois, dans
les machines-outils, par exemple, lorsque l'outil arrive
en présence d'un obstacle qui arrête le mouvement. On
la réalise ordinairement en employant des embrayages à
friction : l'eulrainement s'opère alors simplement par le
frottement des surfaces en contact et s'arrête, par suite,
dès que la résistance à vaincre est supérieure à la limite
du frottement. ; L. Knab.
EMBRES-rr-C.vsTEuuuRE. Corn, du dép. de l'Aude,
arr. de Narbonne, cant. 'de Durban; 413 hab.
EMBREVAGE (Tiss.). Terme employé dans les tis-
sages à bras pour désigner l'opération par laquelle on relie
les différents leviers qui actionnent les lames aux marches
sur lesquelles l'ouvrier agit avec ses pieds pour produire
les foules ou feuillets (V. Tissage).
EMBRÈVEMENT (Chorp.). Prisme en bois que l'on
ménage à l'extrémité d'une pièce venant s'assembler dans
une autre par un joint en coupe, afin d'en consolider l'as-
semblage, et aussi, dans certains cas, pour remplacer le
véritable assemblage à tenon et à mortaise. Lorsque la
surface de l'embrèvement est taillée parallèle à celle du
joint, on dit que l'embrèvement est carré, et il y a encas-
trement (V. ce mot), lorsque la pièce recevant l'em-
brèvement est plus large que l'autre. L'embrèvement est
encore dit découvert ou apparent lorsqu'il comprend toute
la largeur de la pièce qui le reçoit, et on le dit recouvert
ou dépouillé lorsqu'il y a encastrement. — En menuise-
rie, on appelle embrèvement l'assemblage à rainure et à
languette d'un panneau avec un cadre ou un bâti, et l'embrè-
venient est simple ou double selon qu'il y a une ou deux
languettes; on dit (pie Fembrèvemenl est à vif si, au
lieu d'une ou de deux languettes, c'est la pièce ii embrever
qui entre de toute son épaisseur dans le cadre ou le bâti.
EMBREVILLE. Coin, du dép. de la Somme, air. d'Ab-
be\ille, cant. deC.amarhes; 543 hab.
EMBRIGADEMENT (Adm. milit.) (V. Brigade).
EMBRUN (Mar.). Gouttelettes d'eau détachées de la sur-
face de la mer ou (l'une lame qui brise, par le vent, et qui
embarquent à bord d'un bâtiment ou d'une embarcation en
marche. Se dit au pluriel en général. Quand le vu
très violent, comme dans les ouragans, ces embruns occa-
sionnent de véritables souffrances au visage; on se croirait
piqué par des milliers d'aiguilles, tant est grande la ve
dont ils sont animés, et on a beaucoup de peine a tenir les
veux ouverts.
EMBRUN. Cli.-I. d'arr. du dép. des Baotes-Alpi
pied du mont Saint-Cuillaume. sur un rocher escarpé
dominant d'environ 100 m. la rive droite de la Dura',
'i.'iSI hab. Stat. du eh. de fer l'.-L.-.M., ligne de Veynea
à Rriançon. Place de guerre de 3' i lasse, liaison centrale
de détention établie dans l'ancien collège des jésuites. Ins-
pection des douanes. Inspection des eaux et fonts. Acadé-
mie Plosalpine. Collège communal. Manufacture de draps.
Histoibe. — Embrun, l'antique Ebrodunum, était la
principale ville îles Caturiges ; elle conserva son importance
après la conquête romaine : cité latine sous Néron, cite
alliée sous Galba, elle devint sous Adrien la métropole de
la province des Alpes Maritimes, ce qui lui valut de devenir
le siège d'un archevêché. L'intervention surnaturelle de son
premier prélat, saint Marcelin, la sauva, suivant la légende,
de l'invasion des Vandales en &33, niais elle ne fut pas
épargnée par les Lombards, les Saxons, les Huns et les
Sarrasins qui la ravagèrent successivement. Les Sarrasins
en demeurèrentmaitres pendant assez longtemps au \f siècle.
Les archevêques étaient seigneurs de la ville et furent,
durant tout le moyen âge, en lutte avec les habitants. Ils
reçurent en 1147 de l'empereur Conrad III le litre de
prince et le droit de battre monnaie. Au xive et au
xve siècle, ils se signalèrent par leurs persécutions conlre
les Vaudois. Les guerres de religion ensanglantèrent la
ville à diverses reprises au xvie siècle. Lesdisuières, en
1585, s'en empara et la rançonna, lin 1029, Louis XIII,
lors de son passade ii Embrun, fit démolir le château et la
citadelle pour empêcher les protestants d'en faire un centre
de résistance. En 109-2, le duc de Savoie assiégea la ville
et la prit après un bombardement de treize jours. — Cinq
conciles ou synodes ont été tenus à Embrun, en 588, 1-207,
1°290. 1582 et 17-27 ; dans ce dernier, qui eut un grand
retentissement, on déposa l'évèque janséniste de Senez,
Jean Soanen.
Archevêché d'Embrun. — Etabli, au milieu du IVe siècle,
il avait pour suffragauts les évèchès de Digne, de Verne, de
Glandève, de Senez et de Nice ; il s'y ajouta, en 1244,
celui de Grasse. Le siè^e archiépiscopal devint en 1790
évèché suffragant d'Aix et fut supprimé en 180-2. Les
archevêques étaient piinces d'Embrun, comtes de Beaufort
et de Guillestre. En voici la liste chronologique :
Saint Marcellin, mort vers 57 4 ; Arteinius, 374; saint
Jacques 1er, vers 400: Annuitaire, 439; Ingenuus, 144-
vers 475 ; Catulin. 517 : saint Gallican Ier, expulsé par les
Ariens; saint Pallade ; saint Gallican IL vers 544 -vers
549; Saloine, vers 507: Emérite, vers 585- vers 588;
Lopacharus, 644 ; saint Albin, vers 630; .Eiberius.
650-vers 653; Vualchinus, vers 740; Marcellus, vers 791-
794; Bernardus; Azérie, 829; Aribert I'r, vers 85
vers 859 : Bermond,'870 : Aribert 11. 878 : Ennold. 886;
Arnaud, 899; saint Benoit Ier, 900-910; saint Libéral, 920.
mort lors de l'invasion des Sarrasins; Boson. 943-90" :
Aniédée, vers 970 ; Ponce, 99-2; saint Ismidias, 1007-
1010; Badon, vers 1010-vers 10-27: Uismidon, ven
1033-1044 ; Vivemne, vers 1018; Guinervinaire, 1050-
1054; Hugues, 1054-1055; Viminien ou Guinamand.
1055-1005; Guillaume Ier, 1000-1077; Pierre 1".
1077; Lantelme, vers [080-1084; Benoit 11. 1105-
II IX; Guillaume 11, 11-20-1154; Guillaume III de
Bénévent, 1 155-7 déc 1 109 ; Baimond Ifr. 9 janv. 1 170-
1170; Pierre II Romain, vers 1177-1189; Guillaume IV
de Bénévent, 1189-1208; Kaiinond II Sédu, 1208-vers
1-21-2: Bernard Ier Chabert, 1212-vers 1235; Aimar,
1250-25 mai 1245; lluuibert. 1246-1Î50; Henri de
Suze, 1250-6 nov. 1-201: Uelchior, 1207-1275: Jac-
ques Il Sérène, 1275-1280: Guillaume V. î août 1286-
— 895 —
EMBRUN — EMBRYOLOGIE
1189; Raimond III de Medullum. 8 ocL 1880-18 juin
H94; Guillaume VI de Mandant, 28 mars 1295-mai
MU Jeta I <lvi Pu», -11 mai 1341-sept. 1347 ; Rai-
mond IV Robaud, l34$-icn lertrand l* de Deaulx,
i ;_>.-i 138; Pasteur de Saints, ïïjtQT. 1338-
150 ; Guillaume Ml de Bordes, 16 févr. 1334-
Raimond V de Salg, 1363-4364 : Ber-
trand 11 de Castelnau, 8 janv. 1364-8 sept. 1368; B r-
nanl h, | . ; Pierre III Imeil, 1366-48 dée.
lichel Etienne, 1379-4" mai I '.27 ; Jacques III
Gela, mil. I 187-1 sept. 1 132; Jeu il Girard, I 138-47
janv. l ;'<T : Jean III de Montmagny, 1487-wrs 1470;
Jean IV Baile, vers 1 170-sept. 1 194 : RostaJDgd'Anwaane,
set. 1494-1510; Jules de Médicis (pane Clément VII).
0-4511 : Nicolas de Fiesque, cardinal de ('.Anes. 451 1-
lM->: François de Tournon, 1847-4888; Antoine de
Château-Morand, 1846-4584; Balthasar de
1' juin 1555 : Louis de Laval de Bois-
Baophin, 1854; Robert, cardinal de l.enoncourt. 83 mars
Guillaume VUI, cardinal d'Avançon
. 1564-juil. ItiOU: Honoré du Laorens,
1604-24 janv. IM-2: Guillaume l\ d'Hugues,
!>; bot. 1642 24 oct. 1648 : Georges d'Àobasson de La
(taillade, 12 sept. 1649-4 sept 1668 : Charles Brnlart
d.> Genlis, 1668-3 nov. 171 i : François-Elie de Voyer de
Paulmv d'Argenson, 42 janv. 4748-23 avr. 171!»; Jean-
Françôis-Gabriel de Hénin-Liélard, Ie* noy. 1749-26 avr.
,': Pierre IV Guérin, cardinal deTencin, -2 juil. 17-2 5-
no\. 1710 ; Bernardin-François Fotiquet. 8 janv. 1741-
I7ii7 ; Pierre-Louis de Leyssin, S juil. 1767-4790 : Ignace
neuve, èvèque constiuitionnel, 3 avr. 1794-4793.
,1ENTS. — |.,. plus remarquable des monuments
■"Embrun est la .cathédrale, qni a longtemps passé pour
r de l'époque carolingienne, mais qui est en réalité de
pie romane. C'est un édifice a trois nefs sans transept
dont beaucoup de parties sont postérieuresà la construction
primitive. Le portail nord est le plus ancien et le plus inté-
ressant : il a servi de modèles a plusieurs églises de la
recédé d'un porche dont la lourde toiture
repose sur des colonnes de marbre rose à curieux chapi-
teaux historiés et dont la hase est soutenue par des lions.
irriére du porche, le portail est encadre de colonnes
accouplées, reposant sur i\t><. personnages a jambes croisées.
s le tvmpan est un Christ entouré des figures symbo-
liques des quatre èvangélistes, sculpture du \ic siècle qui
avait été masquée au xiu0 et remplacée par une figure
int la Vierge. l.a façade de l'église a été refaite
au lin* siècle et est percée d'une grande rose du xve ; elle
Banqi ée d'une tour carrer surmontée par une flèche de
pierre. Les routes de la grande nefsonl sur croisées d'ogives
- : celles des nefs latérales sont en plein
cintre. A l'intérieur se conserve une cuve baptismale en
marbre jaunâtre, (in sait le culte que professèrent plusieurs
rois de France et notamment Louis XI pour N.-D. d'Em-
brun ; il a valu à l'église les riches ornements anciens qui
se conservent dans la sacristie. Deux fers de mule cloués
derrière le portail, et qui sont probablement un ancien ex-
voto, passent p> ur les fers du cheval de Lesdiguières qui
lorsqu'après la prise de la ville le connétable
aurait voulu pénétrer dans l'église. Derrière la cathédrale.
gendarmerie, s'élève une haute tour
roui . nommée la tour Brune. En face de l'église,
la maison du prévôt, décorée de sculptures, date du
le. L'ancienne église des Cordeliers sert aujourd'hui
de halle: elle a conservé une ancienne chapelle romane et
de-> peintures du xv" siècle. Sur l'emplacement de l'an-
cienne forteresse romaine qui devint le château fort du
ni". tait établi un couvent de capucins, converti
aujourd'hui en logement du commandant de place et en
bureaux d'- l'état-major et du génie.
EMBRUNOIS [Ebrodunensù vagvs). Ancien pays de la
Gai, nbrun |iour capitale, qui devint au moyen
un comté. Il était compris entre le Briançonnaisau If.
et à l'I'.. la valléo de Barcelonnette au S., le Gapençaiset
le Grésivaudau à l'O.
EMBRY. Coin, du dèp. do. Pas-de-Calais, arr. de Mon-
treuil-Mir-Mer, canl. de Bruges; 868 liab.
EMBRYOGÉNIE (V. EMBRYOLOGIE).
EM JRY0L0GIE. L'embryologie est l'histoire du déve-
loppement de> êtres vivants. I, 'homme, l'aniinal le plus
élevé de la « création », comme tout autre animal, comme
la plante la plus vulgaire, sort d'un œuf qui n'est qu'une
simple cellule. Le développement de cet o-uf (V. Cellule
et QEor) aboutit à la reproduction d'un être semblable à
celui d'où il est sorti, mais cela seulement après de mul-
tiples transformations qui sont autrement merveilleuses que
les métamorphoses si connues du papillon. C'est ainsi que,
pendant le coure de sa vie embryonnaire, l'homme commence
par une forme qui rappelle celle des cœlentérés, puis il
passe par une autre dans laquelle il ressemble aux poissons
pour de là atteindre la forme des amphibies, puis celles des
mammifères inférieurs avant de réaliser le type de son
espèce propre. Celte constatation a conduit les naturalistes
philosophes à considérer Vontogénie (V. ce mot), c.-à-d.
l'histoire du développement individuel de l'organisme hu-
main, comme une récapitulation brève et abrégée de la phy-
logénie, c.-à-d. l'histoire du développement des formes ani-
males, desquelles, peu à peu, dans le cours d'innombrables
siècles, est sortie l'espèce humaine. Les lois de l'hérédité
et de l'adaptation établissent qu'entre l'évolution de l'em-
bryon et celle de la tribu, il y a un lien ètiologique, et,
quand on a bien compris ces lois, on peut admettre que la
phvlogénèse est la cause mécanique de l'ontogenèse. Ainsi
se comprend l'un des phénomènes les plus extraordinaires
de la nature, à savoir la cause de la forme des corps orga-
ni>é-. Quant à la raison pour laquelle l'homme durant sa
vie embryonnaire passe par cette série de formes, nous ne
l'avons bien comprise que depuis que Lamarck et Darwin
ont élevé leur doctrine généalogique (V. Développement,
Evoli tion, Transformisme).
Si nous négligeons les connaissances forcément restreintes
d'Aristole en embryologie, et celles de Fabrice d'Aqua-
pendenle, Spigel, Needham, llarvey, Swammerdam et Mal-
pighi qui, au \vu9 siècle, marquèrent pour l'anatomie et
l'embryogénie une époque de renaissance, nous pouvons
dire que l'histoire vraiment scientifique du développement
de l'homme et des animaux date de Gaspar-Friedrich Woltl
(175!)). Ce grand naturaliste établit toute l'inanité de la
fameuse théorie de la préformation, de la préexistence et
de l'emboîtement des germes (V. Préformation et Emboî-
tement des germes) qui peut se résumer ainsi : l'embryon,
miniature de l'homme adulte, est dans l'œuf, et, toutes les
générations passées, présentes et à venir, ont. été emboî-
tées dans l'ovaire de notre commune mère Eve. Par sa
théorie de l'épigénèsc, il sortit l'embryologie de l'ornière
des faits confus dans laquelle elle se débattait en vain,
en démontrant la création successive des organes par la
différenciation d'un seul élément cellulaire résultant de la
fusion de la cellule mâle et de la cellule femelle. — Wolff
n'eut pas la consolation de voir le triomphe de ses idées.
Combattu à la fois par le camp des « ovistes » et celui des
« animalculistes » ou « spermistes », sa mémoire attendit
que Mcckel, en 181*2, eût rappelé l'attention sur son œuvre
de uenie, la Thmria gêner •ationis. Pendant ce temps, le
malheureux Wolff mourait (4794), proscrit par ses com-
patriotes, auprès de la grande Catherine, qui lui avait offert
un refuge honorable à l'étersbourg. Quoi qu'il en soit, Wolff,
par sa théorie de l'épigénèse, montra la véritable nature du
développement des êtres vivants ; il fit voir comment tout
l'organisme dérive de simples feuillets membraneux, et fut
le précurseur de la « théorie cellulaire ».
Un peu plus tard (4844-4847), Dœlliuger et Pander
accumulent à leur tour des faits de détail en embryogénie,
et avec eux s'élève un naturaliste de premier ordre, Karl-
Ernsl Baer qui, dans son Enlwickelungsgeschichte der
Thiere (4820-4837), donna la théorie fondamentale des
KMim\OUM.IK
— 8! ici -
feuilleta germinatifs, et lit voir comment <le ces feuillets,
par simple formation tabulaire, résultenl le système oerveui
central, le canal intestinal, la corde dorsale, le cœur, eic.
— Ses immortels travaux préparèrent les lois fondamentales
delà morphologie générale, a savoir que le type du déve-
loppement est le résultai mécanique de l'hérédité, tandis
que le degré de perfectionnement est le résultat méca-
nique de l'adaptation. Le type dépend <lr; la position relative
des cléments anatomiques et des organes; le degré de per-
fection du corps est le résultat d'une différenciation liisto-
logiquc et morphologique toujours croissante. Les travaux
de Bacr excitèrent l'esprit des chercheurs, et ainsi on vit
naître de nombreux mémoires sur la science du développe-
ment, ceux de Purkinje, l'révostet Dumas, Coste, Wagner,
Rusconi, W. Bischoff, Dugès, Serres, Rathke, etc., qui nous
fixèrent en grande partie sur l'embryologie descriptive et
systématique.
En 1838, Schwann (de Berlin), en fondant la fameuse
« théorie cellulaire », fit faire à la science un pas décisif.
Omnis cellula e cellula, voilà la formule. — Tout dans la
plante comme dans l'animal se ramène en dernière ana-
Ivse à des cellules ; l'œuf est une cellule, les feuillets ger-
iiiinatifs sont des membranes cellulaires, l'animal est une
colonie de cellules hiérarchisées et disciplinées. L'histo-
génie (V. ce mot) était née, et avec elles les remarquables
acquisitions de l'embryogénie moderne, auxquelles se rat-
tachent les noms de Remak, Kupffer, Kowalevsky, Cari Vogt,
Goette, His, Balfour, Kœlliker, Van Beneden, Waldeyer,
Mathias Duval, Hertwig, Ilœckel, etc. Avec l'école trans-
formiste, enfin, l'embryologie, si utile pour élucider la
question de l'origine des espèces, a acquis son apogée.
L'embryogénie, en montrant qu'un embryon, pour arriver
à l'état de sujet achevé, traverse différentes formes tran-
sitoires dans lesquelles son organisation rappelle l'état défi-
nitif d'espèces inférieures, a fourni le critère le plus sûr des
classifications zoologiques, qui sont ainsi ramenées à la for-
mule d'arbres généalogiques. Et ce qui est vrai de l'en-
semble d'un organisme l'est également pour chacun de ses
organes ! Que l'on se rappelle à cet égard ce que disait
Serres en 1842 : « L'organogénie humaine est une ana-
tomie comparée transitoire, comme à son tour l'anatomie
comparée est l'état fixe et permanent de l'organogénie de
l'homme. »
Après ce préambule historique, arrivons à l'étude propre
de l'embryogénie ou étude du développement de l'embryon.
L'animal nait d'un œuf (Omne vivum ex ovo) qui se
développe dans une glande de la femelle appelée ovaire
(V. Œuf et Ovaire) ; mais pour que cet œuf donne nais-
sance à un animal, il faut qu'il soit fécondé, c-à-d. qu'il
ait été imprégné par la semence du mâle qui se forme dans
une autre glande appelée testicule (V. Fécondation et
Sperme). En un mot, il est nécessaire, pour qu'un embryon
sorte de l'œuf, que le noyau de ce dernier se soit conjugué
avec le noyau de l'élément mâle, la tète du spermatozoïde.
Une fois (pue l'ovule s'est divisé par kariokynèse, une
fois qu'il a expulsé ses globules polaires, il est mûr et apte
à être fécondé. Le spermatozoïde l'aborde et se confond
avec le noyau de l'œuf. De la conjugaison de ces deux
noyaux, pronucleus mâle et pronucleus femelle, résulte un
noyau unique, le noyau embryonnaire, qui n'est qu'une
cellule hermaphrodite contenant à la fois les éléments du
père et de la mère, et qui dans ses segmentations succes-
sives fournira des cellules qui toutes contiendront à la fois
une parcelle du père et une parcelle de la mère. On conçoit
de la sorte, les tissus, les organes, les humeurs n'étant que
des colonies de cellules, le mécanisme intime de l'hérédité
physiologique et pathologique.
Ainsi modifiée, l'ovule est devenu un véritable organisme
monocellulaire, comparable à un amibe, et contenant en soi
la puissance proliférative qui le dédoublera bientôt en une
véritable colonie de cellules par des bipartitions ou segmen-
tations successives. Cette segmentation de l'ovule fécondé,
noyau embryonnaire ou première sphère de segmentation.
■ers partielle si l'œuf appartient à la catégorie des oeufs
méroblastiques, <•( totale s'il appartient a la catégorie d<-s
oeufs nolobuurtiqoes. Cette segmentation peut aussi Son
ou inégale selon que les sphères de segmentation vint
égales ou différentes entre elles quant au volume. M
fond, ces divers modes de division reviennent toujours a
mu' division cellulaire par kariokynèse, el celle-ci finit par
transformer l'œuf en une masse de cellules agglomi
laquelle, en raison de son aspect, on a donné le nom décoras
muriforme on monda, stade dans lequel l'œuf d<-s rar-
tébrés rappelle un invertébré, la larve ciliée de certains
volvox. Bientôt dans le centre de cette masse de cellules
s'amasse un liquide clair qui refoule les cellules a la péri-
phérie, si bien qu'a un moment donne succède a la sphère
pleine une sphère creuse, dont la paroi e>t formée par les
cellules précédentes juxta|>osées en membrane, véritable
épithélium, car les cellules ont pris dès lors les caractères
de cellules épithéliales.
La sphère s'appelle la blastosphère, blastuta ou vési-
cule buutodermique, la paroi le blastoderme et la cavité
la cavité blastodêrmique ou cavité de segmentation.
Cette cavité s'efface bientôt. L'hémisphère inférieur de
la blastosphère se déprime et s'invagine dans l'hémisphère
supérieur, si bien que la poche primitive à un seul feuillet
se transforme en une poche à double feuillet. A ce stade
l'œuf a réalisé la forme gastrula dans laquelle il est com-
parable aux cœlentérés. Ses deux feuillets épithéliaux sont
les deux feuillets primaires du blastoderme; sa cavité, c'est
la cavité d'invagination ou archentéron; son orifice,
c'est le blastopore ou anus de Rusconi. Dans ce mode
de formation, nous avons une gastrula par invagination
dont le type nous est présenté par l'Amphioxus. Entre
les deux feuillets hlastodermiques primaires. l'ectoderme
ou épiblaste en dehors, l'endoderme ou hypoblaste en
dedans, s'en montre bientôt un troisième, le feuillet moyen,
mésoderme ou mésoblaste. Ce dernier provient de Pen-
doderme par invagination de chaque côté de la corde dor-
sale ; quand sa cavité a cessé de communiquer avec la
cavité gastruléenne par suite de l'oblitération de l'orifice
d'invagination des parentères, elle prend le nom de cavité
pleuro-péritonéale, cavité générale du corps ou cœlome
(entéro-cœlome d'Hertwig), et l'endoderme est redevenu
continu (endoderme définitif). Des deux lames du mésoderme
ainsi dédoublé par la fente pleuro-péritonéale, la supérieure
s'accole à l'ectoderme pour constituer avec lui le feuillet
fibro-cutané ou somatopleure, et l'inférieure s'unit à l'en-
doderme pour former avec lui le feuillet fibro-intestinal ou
splanchnopleure. 11 faut savoir pourtant que chez les verté-
brés supérieurs on n'a pas encore pu découvrir que le cœlome
soit réellement un divertinile de l'archentéron. A ceux-là
on a réservé le nom de pseudocéliens par opposition aux
autres qu'on a appelés entérocéliens, parce que chez eux
le tissu intermédiaire aux deux feuillets primaires ne serait
pas un véritable mésoderme, mais un tissu conjonctif jeune
auquel on a donné le nom de mésenchyme, et que le cœlome
serait une fausse cavité pleuro-péritonéale formée par dèla-
mination.
Sur l'œuf de poule fraîchement pondu et non incubé, le
blastoderme forme une tache d'environ 3 millim. de diamètre.
dont le centre est d'un blanc moins intense que la péri-
phérie, à cause de sa plus grande minceur. A la périphérie
du blastoderme l'ectoderme se continue avec l'endoderme.
Epaissi à ce niveau, il porte le nom de bourrelet blasto-
dêrmique ou marginal. A sa partie postérieure, il porte
une dépression ou encoche qui est le début de la ligne pri-
mitive. Au-dessous de lui se développe une fente pleine
de liquide albumineux, la cavité sous-germinale de Mathias
Duval. Tendu au-dessus de cette cavité comme une toile
mime, le blastoderme prend à cet endroit l'aspect trans-
parent en forme de poire qui a valu à cette portion du
blastoderme le nom d'aire transparente. Quand cette aire
a gagne la partie postérieure du blastoderme, elle laisse
bien voir par transparence l'encoche ou suture appelée
- 897 -
KMP.RYOLOCIH
ligne pi-nuit i \ o sous l.i forma d'une ligna obscure. Celle-ci
conduit dans la cavité soos-germinale limitée en haut par
l'endoderme primitif. On pont donc dire une, si la cavité
terminale représente la cavité gastruléenne, la ligne
primitive représente le blastopore. Seulement la gastrula
si formée non plus par invaginan"on,comme nous l'avons
expo» plus li.uil. mais par delainination. Un pou après, le
feuillet externe s'étend progressivement de façon a enve-
maper le jaune, al an même temps le fouille! interne pro-
lifère également pour suivre le mouvement de Peetoderme.
V m moment apparaît le feuillet moyen. Les uns le t'ont
sortir de l'endoderme de chaque côté <ie la ligne primitive,
laa autres de l'ectoderme. Quoi qu'il en soit, le mésoderme
s'insinue entre l'ectoderme et l'endoderme : il dépasse l'aire
transparente et tonne ce que l'on a appelé l'aire opaque,
qui deviendra l'aine vasculmn quand les vaisseaux paraî-
tront, et en dehors de eelle-ei luire vitelline. Pour les
anciens auteurs, Remak, Kœlliker, le mésoderme est cons-
titue par tous le^ éléments embryonnaires compris entre
las deux feuillets primaires, et tous ces éléments ont la
métne origine. Pour les embryolo,istes plus modernes.
Mis, Hertw itr. etc., 00 doit au contraire considérer le méso-
derme comme forme de deux portions, une qu'ils appellent
■HtTtHnfffjfwr, l'antre qu'ils ont B/otajoéeparablastique.
\a première, arehiNaste ou zone intra-embryonnaire,
den\erait de l'endoderme primitif ; la seconde, parabtaste
da Mis, nétnehifgerme de Hertwig, proviendrait des
no\au\ ilu germe ou plutôt de l'endoderme vitellîn uni
entoure le vitellus et double l'endoderme proprement dit.
La paiablasle pénétra ultérieurement dans le corps de
IVnibryon. H met en relation avec l'archiblaste et s'orga-
niNe en m '■tendu/me (V. ce mot) aux dépens duquel se
développeront la tissu conjonctif et le sang. Telles sont, en
résumé, les fameuses théorie* du parabtaste et du mé-
tenchi/m des Mlemands.
Dans Pœuf des mammifères, dont la segmentation est
. la gastrula se forme par épibolie; les sphères
antaahrinîqnea se multipliant plus vite, enveloppent les
sphères endodermiques en ne laissant à découvert qu'un
s*il point auquel par analogie on a donné le nom de olas-
par lequel font saillie les cellules endodermiques
en une sorte de bouchon analogue au bouchon d'Ecker, qui
obture l'anus de Rusconi dans l'œuf des batracien^. A
cette forme de l'oeuf des mammifères, Van lieneden a ré-
aarvé le nom de métagasbrula. Un peu plus tard l'ecto-
r- le blastopore, un liquide s'amasse dans
Pœuf et refoule la masse endodermique contre la face in-
terne de l'ectoderme. la ou était le blastopore. Cette masse
constitue dès l^rs l'amas endodermo-mésodermique, et
l'œuf est transformé en une vésicule blastodermique, dont
la raviie a ete regardée comme une cavité blastuléenne
ihomolngue a la eavité sous-germinale de Pœuf d'oiseau)
|>ar l<-s uns unais alors le stade précédent ou de la méta-
Sastrula ne saurait représenter une gastrula ') el par
'autres comme un véritable sac vitellîn vide de jaune.
Quoi qu'il en >o:t, l'amas eudodernio-vitellin se dessine à
la siirfaie extérieure de la vésicule comme une tache
o|>aque, la tache ou aire embryonnaire; un peu plus lard
il s'aplatit et s'étale a la face profonde de l'ectoderme.
Tout d'abord circulaire, Paire embryonnaire devient ova-
laire. |un> pirifbrme ou en raquette, et à son extrémité
postérieure apparaît la ligne primitive limitée à sa partie
ire par une tache claire (nœud de Hensen), en
avant de laquelle se erensera bientôt un sillon, la gout-
rimrbve. De chaque cité de la ligne primitive sedé-
valoppe ensuite le mésoderme comme dans Pœuf d'oiseau.
La bhstodern >t alors complet et on a sous les yeux
l'ébauche de l'embryon, car le corps tout entier de celui-
ci va sortir du développement progressif et spécialise des
trois feuillets blastodenni ques.
Continoona Pexpeaé de l'origine et de l'évolution de
l'embryon. Après la formation de la ligne primitive se forme
en avant de celle-ci une gouttière qui s'avance d'avant en
'.hamjf. HCTCLorftau. — XV.
arrière sur la portion axiale de l'aire embryonnaire et em-
brasse en arrière la ligne primitive. Cette gouttière, qui
résulte d'une dépression de l'ectoderme, c'est la gouttière
médullaire, origine du névraxe. Voici comment les choses
se passent sur la ligne axiale. L'ectoderme s'épaissit en
une sorte de plaque que l'on a appelée la plaque médul-
laire. Les bords de cette plaque se relèvent bientôt et
marchent l'un vers l'autre en formant une crête de chaque
cote, crêtes dorsales ou médullaires, au niveau où ils se
continuent avec le nste de l'ectoderme (épidermedu corps).
Les deux crêtes finissent par se rencontrer; elles se sou-
dent ensemble, se séparent des lames épidenniques ou cor-
ners qui s'unissent aussi au-dessus d'elles, et dès lors
la gouttière médullaire est remplacée par un tube qui est
l'origine du système nerveux central (V. Encéphale el
Moelle kwnikre). De l'ectoderme sortent donc à la fois la
moelle et lo cerveau avec les nerfs d'une part et Pépiderme
du corps de l'autre avec tous ses dérivés (poils, ongles,
glandes de la peau, vésicules et corpuscules sensoriels).
A une époque un peu plus avancée du développement,
on voit se former, au-dessous et tout le long de la gout-
tière médullaire, un cordon cellulaire. Ce cordon, qui court
entre les deux feuillets primaires, entre les deux moitiés
du mésoderme, c'est la notocorde ou corde dorsale
(Y. Hachis), que les uns regardent encore comme une por-
tion isolée du mésoderme, les autres comme dérivée d'une
invagination de l'endoderme, dernière constatation que
kollmann aurait faite récemment (1890) sur un embryon
humain d'une quinzaine de jours.
A celte époque, le canal neural communique avec la ca-
vité intestinale primitive (archentère) par l'intermédiaire
du blastopore et l'entremise d'un conduit appelé canal
neur enter ique, découvert par Kowalevsky chez PAm-
phioxus. Xj\k communication analogue existe aussi chez
les oiseaux par l'intermédiaire de la ligne primitive, et
chez les mammifères par l'intermédiaire de la corde
dorsale. Celle-ci est au début une gouttière qui se met en
rapport par son extrémité postérieure avec la partie anté-
rieure de la ligne primitive, partant la gouttière médul-
laire. Or, comme la gouttière cordale communique avec la
gouttière intestinale, on comprend que cette union repré-
sente le canal neurentérique. Seulement la communication
n'est réalisée à aucun moment entre la cavité médullaire et
intestinale, parce que la gouttière cordale est oblitérée
lorsque la gouttière médullaire arrive à la ligne primitive.
La tache embryonnaire, continuant son évolution, prend
la forme d'une semelle de soulier. En même temps naît,
vers son extrémité antérieure, une aire Iransparrnte qui
s'avance progressivement en arrière et sépare l'ébauche
embryonnaire de Paire opaque. Le mésoderme s'est étendu
dans toute Paire embryonnaire, sauf à la partie antérieure
de la ligne axiale. Il se divise alors lon^itudinalement de
chaque coté de la notocorde en deux portions, l'une in-
terne, qui constitue la lame vertébrale, l'autre externe,
qui forme la lame latérale. A son tour, la lame verté-
brale se segmente transversalement en disques cubiques,
disposés symétriquement par paires de chaque côté de la
corde dorsale; ces pièces sont connues sous le nom de
somites, métaméres ou protovertèbres, et la segmenta-
tion sous le nom de métamérie du corps. Chacune de
celles-ci est creuse d'emblée chez les vertébrés inférieurs,
mais chez les animaux supérieurs c'est, au début, une
niasse cellulaire compacte qui se creuse secondairement
d'une cavité qui la sépare en deux portions, l'une ventrale,
nommée prévertèbre, l'autre dorsale, appelée plaque mus-
culaire. Aux dépens de l'épîthélium qui constitue cette
dernière se développeront les muscles squelettiques ; aux
dépens de la première, les éléments de la colonne verté-
brale. Peu après, les lames latérales subissent un cli-
vage qui les divise en deux feuillets et fait apparaître
une cavité a leur centre. Des deux feuillets, l'un s'unit à
l'ectoderme, nous l'avons dit, pour constituer la somato-
pleurc, l'autre s'unit à l'endoderme pour former la splanch-
57
EMBRYOLOGIE
_ M1I8 -
nopleure. La cavité, c'eal la fonte plaoro-péritonéale qui
ne s'avance pas jusqu'à la région céphalunie, et dont 1rs
restes chef [adulte se voient <laus les cavités pleurale et
péricardiqne el le péritoine.
Jusqu'ici, la masse embryonnaire couchée à plat sur la
cavité blastodermique n'est qu'un petit segment de sphère
avant une épaisseur plus grande et une constitution histo-
logique différente de celle du resiede la paroi.. Mais doré-
navant l'embryon va ra distinguer nettement du reste de-
là paroi générale de la blastosphère par suite du reploie-
ment de ses bords. Voici comment se l'ait ce reploiement
de l'ébauche embryonnaire qui subdivise la blastosphère an
deux portions, une embryonnaire, l'embryon lui-même,
l'autre extra-embryonnaire, la vésicule ombilicale. L'ébauche
s'incurve sur elle-même vers le centre de l'œuf; les
extrémités céphalique et caudale se rapprochent l'une de
l'autre , et les parois latérales du corps de l'embryon
en font autant. En même temps l'embryon s'enfonce dans
le vitellus en déprimant tout autour de lui la paroi de
la vésicule blastodermique, de telle façon qu'il est bientôt
circonscrit par une rigole, appelée gouttière limitante,
au delà de laquelle s'élève un repli qui est l'origine du
repli amnjotique (V. Amnios). Ainsi s'établissent : 1° le
ri'j/li céphalique qui forme une sorte de cul-de-sac ouvert
en bas, capuchon céphalique, dont l'ouverture qui donne
accès dans l'intestin est appelée aditus anterior; -1° le
repli émulai qui forme de même un capuchon cau-
dal et un aditus posterior; 3° les replis latéraux. Dans
ceux-ci s'engage la cavité pleuro-pénlonéale ; mais cette
dernière ne s'arrête pas aux parois du tronc de l'embryon ;
elle se prolonge dans toute l'étendue de la blastosphère où
elle constitue le cœlome externe. Après cette incurvation
de l'embryon en nacelle (sabot renversé), la blastosphère a
considérablement changé de forme. Entraînée par l'em-
bryon dans son mouvement de reploiement, elle subit un
étranglement tout autour de lui ; cet étranglement se
resserre de plus en plus et finit par la diviser en deux
cavités secondaires, l'une intra-embryonnaire, l'intestin
primitif, l'autre extra-embryonnaire, la vésicule om-
bilicale (V. Digestif [Tube]). L'intestin primitif et le
sac vitellin communiquent ensemble au début par un
orifice, l'ombilic intestinal, et plus tard par un canal,
le canal vitello-intestinal ou omphalo-mésentérique,
qui finit du reste par s'oblitérer complètement. Le reploie-
ment des lames ventrales en déprimant les lames fibro-
intestinales avait déterminé la formation d'une gouttière
le long de la face ventrale du rachis. Cette gouttière
qui représente la gouttière intestinale se transforme
maintenant en tube, tube intestinal, par rapproche-
ment et soudure des lames fibro-intestinales. En même
temps les lames fibro-cutanées se soudent aussi en avant
en ne laissant subsister qu'une ouverture qui constitue
Y ombilic cutané. A partir de ce moment, la communica-
tion du cœlome interne et du cœlome externe ou cavité
amnio-choriale cesse de subsister; l'embryon est défi-
nitivement isolé du reste de la vésicule blastodermique.
Quant aux parois de celle-ci, elles ne restent pas non plus
inactives; elles se modifient et donnent naissance à des
membranes d'enveloppe, aux membranes embryonnaires
ou futaies. C'est ainsi qu'elles fournissent l'amnios, et,
quand celui-ci s'est séparé de la vésicule blastodermique,
le chorion blastodermique ou vésicule séreuse, dont la
vascularisation fallantochorion) est dévolue a un organe
embryonnaire, dérivant de l'intestin caudal, la vésicule
allantoïde, I. 'étude de cette dernière mène naturellement
à la membrane caduque, au placenta et au cordon
ombilical.
Pour achever l'histoire sommaire de l'évolution de l'em-
bryon, nous devons revenir un peu en arrière. Murs que
l'ébauche embryonnaire ne s'est pas encore incurvée, abus
qu'on distingue à peine l'une de l'autre la zone rachidienne
et la /.mie pariétale par suite de leur coloration différente
(aire transparente el aire opaque), on voit poindre lespre-
cs de .sain/ et b-s preiiii.Ts tJOÙfMfU sanguins
dans la splaiichli'>pleille de la partie inl'ine <|.
opaqna, ainsi transformée an âne rtieulaire i\. Coton,
VAJsau.ni et Sam). Cw vaisseaux rampent à la tait
la blastosphère, dans l'épaisseur des parois de la v,
ombilicale : ce sont les veines >-i les artères omphalo-
mésentériques on viteUinit qui, a la périphérie, se jet-
tent dans un cercle vasculaire appelé tinut terminal.lM
deux veines omphalu-mesenteriques pénètrent dans l'em-
bryon et marchent à la rencontre l'une de l'autre en sui-
vant les bords de la splanelniopleure qui limitent la gout-
tière pharyngienne (intestin antérieur). Quand ces borda s<-
réunissent pour transformer la gouttière en tube (pha-
rynx), les deux veines l'aceolent, >e fusionnent et donnent
naissance a un tube, le tube cardiaque (V. C<».ih), dont
on s'explique ain^i l'apparition dans la paroi ventrale da
pharynx. De ce cœur partent presque aussitôt de nouveaux
vaisseaux qui se portent al embryon lui-même: a
les aies aortiques et les aortes descendantes. Ainsi s'est
faite la première circulation, circulation omphaio-
mésentérique, du sac vitellin ou de la vésicule ombilicale.
Mais, porté aux parois du corps et aux organes en voie
de développement de l'embryon par les aortes, le sang
devait faire retour au cœur. C'est pour remplir ce but
que se développent les veines cardinales qui débouchent
dans le cœur par deux canaux appelés canaux de Cuvier.
Pendant ce temps-là se différenciait la partie intérieure
du canal médullaire pour donner naissance à l'encéphale
(V. ce mot); les lames céphaliques enveloppaient les
cules cérébrales et formaient la capsule membraneuse
appelée crâne primordial ; les vésicules oculaires et olfac-
tives émergeaient du cerveau; les nerfs sortaient du né-
vraxe, et les vésicules acoustiques, les fossettes olfactives
et le cristallin se détachaient de l'ectoderme; l'inflexion
crânienne se produisait ; l'intestin terminé précédemment
en cul-de-sac en avant et en arrière s'ouvrait à l'extérieur
par une bouche et un anus (V. Bouche, Aras et Digestii
[Tube]); de chaque côté du cou se faisaient des bouton-
nières, fentes branchiales, pharyngiennes ou viscérales
qui font communiquer la cavité du pharynx avec l'ex-
térieur, et entre ces fentes les trois feuillets blastoder-
miques, soudés ensemble, s'épaississaient sous le nom
d'arcs branchiaux, pharyngiens ou viscéraux, dans
lesquels courent les arcs aortiques. — Avec la formation
des aies branchiaux s'est développé le cou, et eu même
temps le cœur, primitivement situé sous la bouche, descen-
dait dans la poitrine où il se logeait dans une dépendance
de la cavité pleuro-péritonéale, la cavité péricardique (Y. l'i-
ricardb).
De tous côtés du tube intestinal poussaient des bour-
geons qui donnent progressivement naissance à la vési-
cule allantoïde, à des glandes importantes, l'hypophyse,
le thymus, le corps thyroïde, le foie, le pancréas, les Jan-
dules gastro-intestinales et des organes de première ordre,
comme les poumons et peut-être la rate. L'intestin lui-
même se divisait en ses principales portions et acquérait
sa forme et sa disposition définitives. Avec le développe-
ment du foie et des intestins, la veine porte abdominale
prenait naissance ; avec celui de l'allantoïde naianaMnl
les artères et veines ombilicales et se formait la vessie
urinaire et le sinus uro-génital. L'apparition des canaux
el des corps de Wolff ou reins primitifs avait M
le prélude de la formation des veines cardinales posté-
rieures ; le développement des reins définitifs voit naître la
veine cave intérieure. In peu plus tard, un épaisasseaseol
localisé de la paroi du cœlome donnait lieu a l'epilheliuin
germinatif, d'où sortira la glande génitale, testicule
on ovaire, et l'involution de la même paroi fournissait
un nouveau canal, le canal de Millier, d'où déri-
veront les trompes de Fallope, l'utérus et le vagin. Les
canaux de Wolff, les conduits de Millier et les uretères
qui, primitivement, sont des bourgeons des ranaiiv
de Wolff, débouchent dans un cloaque temporaire.
— 890 —
mmbryologik — kmbryonnaire
que plus tard la formation du périnée subtivisero définiti-
vement ao un canal anal et en un canal genito-urinaire
chez les animaux qui n'ont pas de cloaque permanent. —
Pion avant que toutes cet modifications se soient accom-
ann. la corde dorsale s'entourail d'un étui, colonne
vertébrale primitive, dont chaque vertèbre donnait en ar-
eui prolongements qui entourent la moelle épinière,
lebraux, et deux prolongements en avant, les
s hémaux, dont l'union a la partie antérieure
du tronc formait un hémisternum. Les éléments épithé-
liques des plaques musculaires (myoblastes) bourgeon-
uaii'ut et donnaient les muscles èpisquelettiques ; le sque-
lette viscéral de la tète donnait naissance à la race
\\ . I'm r |; les membres naissaient» leur tour sous la forme
s coniques sur un double èpaississement latè-
natopleure auquel ou a donné le nom d'émi-
W :l (Y. Membre); la cavité pleuropéritonéale
se Jivis,nt en deux parties superposées, les plèvres ail-
le péritoine au-dessous, par suite du. développe-
ment d'une cloison musculaire transversale, le diaphragme,
lésormais le thorax de l'abdomen chez les
vertébrés supérieurs, et l'extrémité caudale de l'embryon
-i l'animal doit porter une queue, ou se raccour-
si l'an unal ne doit jamais porter cet appendice
Ïxiur . Je et l'histogenèse, V*. les art. Organe et
- tons pour terminer un regard rétros-
que nous avons dit, nous voyons que nous
sennes partis d'une simple cellule microscopique pour
aboutir à un animal complet et d'une rare complexité.
Tour accomplir ce merveilleux travail, la nature n'a em-
ployéqueses moyens trdinaires. La division du travail
pbysioi int pour corollaire fatal la différenciation
m des tissus et des organes a entraîné un
ipement morphologique progressif et continu qui n'a
de limites que le progrès lui-mètne. Ch. Debierre,
EMBRYON. I. AjlATOMIE (V. EMBRYOLOGIE).
11. Botahiqi ï- (V. Graine et 0\.
EMBRYONNAIRE (Cellule et tissn) (Path. générale).
Lorsque Virchow édilia sa doctrine de la pathologie
cellulaire et qu'il substitua à la théorie de la formation
libre des éléments anatomiques (Y. Blasteme) la notion
d'une filiation non interrompue de toutes les cellules de
sine, il dut chercher également une solution au
■wernant l'origine première des jeunes cellules
qui apparaissent au cours des diverses néoplasies patho-
. Partant de ses études »ur les phénomènes inflam-
matoire • - particulièrement dans les tissus non
vasculaii". iv. Inflammation), il admit que tous les
its néo-formés provenaient de la segmentation des
cellules du ti«u conjonclif proliférant sous l'influence
d'une irritation fonnative. Assimilant les cellules jeunes
nées par ce niécaiiisme à celles qui constituent le corps
de l'embryon, avant l'intervention des phénomènes de dif-
férenciation (Y. Développement), il leur attribua la pru-
de fournir ultérieurement, sous l'impulsion d'une
irritation appropriée, les tissus les plus variés ; c'est ainsi
qu'on b-s verrait devenir, suivant les cas, cellules osseuses,
cartilagineuses . tuberculeuses, cancéreuses, etc. Avec
trine, on voit que le tissu conjonctif et ses équi-
- prenaient en histologie pathologique la place de la
des blastèmes de Schwann,
•I uler, Lebert, Kuss et Ch. Robin, ainsi que des
exsudais orranisables de quelques auteurs plus récents.
Pour Y:i. how, le type de ce tissu générateur universel, dont
l'idée première est empruntée a de Blainvillr-, est représenté
par le - bourgeons charnus des plaies, d'où les
noms de tissu et de cellules de granulation, tissu et
cellules embryonnaires, jeunes, for malices, indiffé-
noms qui sont devenus d'un usage courant depuis
cette époqu
Depuis lors, le* travaux de von Kecklinghausen sur la
locomotion anxrboide des Léo surtout la décou-
verte de la diapédèse (Y. ce mot), par Cohnheim ont fait
reporter sur les globules blancs du sang et de la lymphe
le rôle générateur primitivement assigne par Virchow aux
éléments connectifs : c'est ainsi qu'aux dénominations
pie. edentes vint s'ajouter, sous la plume des auteurs con-
temporains, celle de cellules lympholdes. Mais les vues
trop exclusives de Cohnheim ne lurent pas, cependant,
admiso sans restriction; la plupart des pathologjstes ont
montre a cet égard UU certain éclectisme, en professant
qu'à coté des leucocytes échappés du torrent circulatoire,
d'autres éléments indifférents pouvaient être fournis par la
multiplication des cellules du cartilage, du périoste et de
la moelle des os, etc. D'ailleurs on se montre générale-
ment très sobre de développements en ce qui concerne le
fond même de la doctrine histogénique : l'existence de cel-
lules embryonnaires chez l'adulte, cellules provenant de
partout et formant le point de départ de toutes espèces de
néoplasies, constitue une hypothèse si séduisante par sa
simplicité qu'on l'accepte presque toujours sans même la
discuter. Pourtant quelques observateurs, s'appuyant sur
les faits de différenciation progressive qui président à
l'évolution des feuillets blastodermiques, ont soutenu que
la loi de l'homologie du développement devait s'appli-
quer également à la néoformation pathologique (Remak,
Thiersch, etc.). En France, c'est surtout (.h. Robin qui
s'éleva ènergiquemeiit contre la théorie de la mi'tapliisie,
ou transmutation des différentes espèces histologiques les
unes dans les autres. Mais, comme il continuait à se rat-
tacher à la doctrine de la formation libre des éléments dé-
finitifs de l'organisme dans des blastèmes, son opposition
aux idées régnantes trouva peu de crédit, faute de s'être
rallié a l'axiome omnis cellula e cellula, qui, dès lors,
se trouvait établi à titre de loi incontestable.
Depuis l'introduction en anatomie pathologique de la
méthode de l'ieniining, l'étude de la karyokinèse dans les
productions morbides de tout ordre a permis de l'aire jus-
tice de la thèse trop absolue de Cohnheim, et l'on tend de
plus en plus à restituer aux cellules tixes des tissus le
rôle essentiel dans les phénomènes de génération et de pro-
lifération. Du reste Virchow lui-même avait fatt certaines
réserves concernant la génération des tissus les plus élevés
en organisation, réserves que vinrent corroborer bientôt,
en ce qui concerne les tumeurs épithéliales, les travaux
de Thiersch et de Waldeyer.
Aujourd'hui on s'accorde assez généralement à mettre
à part les éléments épitheliaux et nerveux provenant de
l'archiblaste, et qui ne se reproduisent chez l'adulte qu'aux
dépens de leurs semblables. Il en est de même pour les
muscles striés (exception qui se montre en harmonie avec
les théories embryogéniques de Hertwig). La conception
de la cellule embryonnaire se trouve ainsi restreinte aux
autres tissus mésodermiques : squelette, muscles lisses,
tissus conjonctifs, endotheliums, éléments du sang et de la
lymphe et des organes dits lymphoïdes. C'est surtout dans
l'appareil vasculaire et connectif, dérivé du parablaste,
qu'on place l'origine des cellules formatrices indifférentes.
Il est facile de voir que les cellules embryonnaires ainsi
définies répondent sensiblement à ce que Ch. Robin décri-
vait sous le nom d'éléments embryoplastiques, si ce n'est
qu'il faisait naitre ceux-ci dans un bfastème élaboré par les
cellules du mésoderme primitif, l'apparition du noyau pré-
cédant celle du protoplasma cellulaire. Pour cet auteur, le
tissu conjonctif, seul, dérivait directement du tissu em-
bryoplastique, tandis que les tissus osseux, cartilagineux,
élastique, etc., provenaient de cellules spéciales, également
nées par genèse au sein du tissu embryoplastique et se
substituant à lui, comme lui-même avait pris la place du
tissu mésodermique antécédent. Robin a étudié minutieuse-
ment l'évolution des cellules embryoplastiques, leur trans-
formation en fibres lamineuses, etc. ; l'analogie de ces
phénomènes embryogéniques avec ceux qu'on observe en
pathologie, l'avait porté à croire qu'il demeurait, dans le
tissu conjonctif de l'adulte, un certain nombre de ces élé-
ments, pouvant intervenir dans la formation des cicatrices
KMHRYONNAIRK
900 -
et des tumeurs. En mettant à pari les divergences d'ordre
Burlout doctrinal et théorique, toute l'histoire normale et
patholos que de la cellule embryoplastique «le Robin se
rapproche beaucoup de te qui a été écrit au sujet des a 1-
luli's dites embryonnaires.
Aujourd'hui que l'idée des blastèmes générateurs est
reléguée dans le passé, il reste à élucider la question rela-
tive ;i lu spécificité cellulaire. Admise par quelques-uns,
elle est niée, au moins implicitement, par tous ceux qui pro-
fessent la doctrine de la cellule embryonnaire indifférente.
En examinant les choses de plus près, on ne tarde pas à
se convaincre que, dans chacune des interprétations oppo-
sées, et en apparence inconciliables, il peut se trouver une
part de vérité. Remarquons d'abord qu'il n'est nullement
nécessaire d'admettre qu'il persiste dans les tissus de l'adulte
des éléments réellement embryonnaires, arrêtés dans leur
développement et constituant une sorte de réserve pouvant
évoluer plus tard pour produire les néoplasies régénéra-
trices ou pathologiques. Sans parler ici des phénomènes
de prolifération qui président à la rénovation continue des
éléments caducs (épithéliums, globules du sang, etc.), on
sait que les cellules de la plupart des tissus manifestent
une certaine faculté reproductrice : tels sont les noyaux
situés sous lesarcolemme avec la zone protoplasmique qui
les entoure, les endothéliums des vaisseaux capillaires, les
cellules fusiformes ou aplaties des couches internes du pé-
rioste ; nous voyons, en effet, ces éléments ou leurs des-
cendants fonctionner respectivement, le cas échéant, comme
myoblastes, angioblastesouostéoblastessans qu'aucun indice
nous permette de distinguer, parmi les cellules adultes d'un
même tissu, celles qui seraient plus spécialement chargées
de ce rôle histogénique. 11 parait probable que, sinon
toutes, du moins la plupart, possèdent à cet égard une
aptitude à peu près égale. Mais les cellules jeunes résultant
ainsi de la segmentation des cellules constituant le corps
de l'adulte pourront-elles donner naissance, suivant le cas,
à différents tissus, ou sont-elles fatalement destinées à suivre
la même courbe évolutive que leurs ancêtres immédiats ?
Il est certain que l'examen histologiquc des tissus en
voie de prolifération ne fournit généralement que des don-
nées insuffisantes pour distinguer spécifiquement les uns
des autres les éléments nouveau-nés que l'on a sous les
yeux ; il y a un stade où ils sont morphologiquement
indifférents, au moins pour nos moyens actuels d'investi-
gation. Mais cette indifférence est-elle réelle? En d'autres
termes, la direction évolutive ultérieure de ces cellules
leur sera-t-elle imprimée par des influences extérieures à
elles, telle que Vartion de voisinage attribuée jadis aux
organes sur les blastèmes formateurs venant s'épancher à
leur contact, et invoquée également par quelques modernes
à l'égard des cellules dites embryonnaires? Ou s'agit-il au
contraire d'une indifférence simplement apparente, due
à l'imperfection de nos procédés d'étude? Les cellules
« renferment-elles déjà, chacune en particulier, quelque
chose qui motivera leur développement ultérieur », comme
l'a dit Virchow, dont l'esprit pénétrant n'a point méconnu
le point faible de la théorie histogénique issue de ses
travaux ?
Ainsi qu'il a été dit plus haut, on ne peut songer à
chercher dans l'organisme adulte des cellules absolument
indifférentes, pourvues d'aptitudes évolutives aussi éten-
dues et pouvant se suppléer entre elles d'une manière
aussi complète que les sphères de segmentation dans les
premiers stades de la division du vitellus. Notamment l'au-
tonomie des éléments archiblastiques n'est plus guère mise
en doute, et, dans l'esprit de la plupart des auteurs, l'épi-
thète de mésodermiques est implicitement accolée ;ui\ cel-
lules embryonnaires. Mais ce premier correctif ne répond plus
à l'état actuel de nos connaissances, moins encore à cause
de la complexité d'origine du feuillet moyen mise en
lumière par les publications de Herlwig, que parce qu'on
a une tendance marquée à rendre plus on moins indépen-
dante de la différenciation morphologique la différenciation
histologique et physiologique de l'embryon. Il faudrait
pouvoir préciser dans chaque cas particulier, noa seule-
ment l'espèce de tissu, mais encore le stade d'évolution
auquel correspond l'élément envisagé; et, a cet égaid, la
description dé Robin relative aux cellules embryopias-
tiques, puis Qbroplastiques, donnant finalement naissance
aux fibres uunineuses, peut être considérée comme un
modèle du genre. Mais, qu'esUce qu'une espèce en ana-
tomie générale ■' Au point (Je vue pratique, on distingue,
en histologie, les cellules et les tissus d'après leur aspect
anatomique et d'après les propriétés chimiques et physio-
logiques qu'ils manifestent. La philosophie biologique ne
saurait se contenter de cette caractéristique : en suivant
pas à pas, à partir de l'ovule féconde, les phénomènes du
développement, on voit que, pour chacune des catégories
de cellules issues du vitellus, il vient un moment ou la
différenciation s'arrête, et ou la reproduction, lorsqu'elle
se poursuit, ne fournit plus que des cellules filles, sem-
blables à leurs cellules mères; et c'est a partir du moment
ou un ensemble de caractères fixes se transmet ainsi de
génération en génération que ces catégories cellulaires mé-
ritent le nom A espèces.
Or, nous ne saurions affirmer que cette évolution, qui
revient d'une façon constante dans le plan de l'évolution
normale, est, pour cela, absolument immuable dans tous
les cas. Rien des observations semblent indiquer, au
contraire, que les courbes évolutives sont susceptibles de
varier dans certaines limites sous l'influence de causes
occasionnelles : c'est ainsi qu'on voit, par suite de simples
actions mécaniques, des cellules polyédriques ou pavimen-
teuses se substituer aux éléments ciliés à la surface des
épithéliums stratifiés ; c'est ainsi encore que se développent
les os professionnels de la cuisse, décrits par Virchow
chez les cavaliers, etc., etc. Eu réalité, nous assistons ici
à la lutte entre les caractères transmis par hérédité et les
influences modificatrices exercées par le milieu ambiant :
c'est le problème du transformisme qui vient se poser sur
le terrain de l'histogénie. Lorsque nous voyons en patho-
logie un tissu déterminé se constituer aux dépens d'un
amas de jeunes cellules indifférentes, et cela dans des
points où ce tissu n'existe pas normalement, ce fait ne
peut s'expliquer que de deux façons : les partisans de la
spécificité absolue soutiendront que, dans le tissu embryon-
naire, il y a en fait un mélange de cellules jeunes appar-
tenant à des espèces histologiques différentes, bien qu'elles
offrent toutes le même aspect extérieur. On en arrive ainsi
à recourir à l'hypothèse d'une immigration d'éléments
jeunes provenant de régions plus ou moins éloignées du
lieu où on les trouve, et à considérer, par exemple, les os
professionnels comme de véritables métastases physiolo-
giques (klebs).
Or, ne parait-il pas plus logique d'appliquer aux indi-
vidualités cellulaires les mêmes principes évolutionuistes
qu'aux animaux et aux végétaux ? d'admettre qu'à coté des
tissus très élevés en organisation et montrant d'ailleurs
peu de tendance à proliférer, il en est d'autres moins dif-
férenciés, plus proches parents, en quelque sorte, par
suite plus accessibles aux influences extérieures, et capables,
de ce chef, de se succéder les uns aux autres dans cer-
taines conditions? Cette supposition n'a rien que d'admis-
sible en ce qui concerne les groupes des tissus dits
conjonctifs, et rien ne s'oppose à ce que des cellules du
tissu lumineux ou leurs descendants, soumises à des pres-
sions répétées, ne puissent être amenées à remplir la
fonction osféogénique ou chondrogénique, par exemple.
tout comme on les voit, dans bien des cas, s'entourer
d'une substance amorphe, riche en mucine. Os aptitudes
se manifesteraient avec prédilection dans certains points
de l'économie, et celte explication, appliquée, par exemple,
aux ehondromes du testicule ou des glandes salivaires, est
aussi plausible que celle qui a recours à l'hypothèse d'une
migration des chondroblastes OU à celle d'une persistance
hétérotopique de cellules cartilagineuses embryonnaires
— «101 —
EMBKYONNAIME
EMELÉ
dans Ite orOMi malades. Mais, si nous ne répugnons pas
a nous rallier a cette hypothèse pour un petit nombre de
tissus tort voisins, nous no pouvons nous dissimuler,
il'autiv part, que nous connaissons l'ion pou les facteurs
ngceptibles d'amener ces modîfieatîons supposées de l'évo-
luliou. V plus forte raison, ne saurions-nous considérer
•mie représentant de simples variétés d'une môme espèce,
et par conséquent comme bktogéniquement équivalents,
non seulement les éléments eonneetits. osseux et cartila-
gineux. mai> encore les globules blancs, les endothéliums,
les cellules propres des ganglions lymphatiques, de la moelle
- m, ote. Il existe encore, a la vérité, un grand nombre de
points obscurs au sujet de la provenance exacte et du sort
linal de beaucoup de ces éléments inésodernii<|ties, et ces
lacunes dans nos connaissances expliquent suffisamment la
faveur dont a joui l'hypothèse d'an tissu ubiquitaire et à
puissance génératrice illimitée. Mais il est évident que la
solution de ces inconnues relève de l'observation directe
|x>ur chaque fait en particulier et que ces difficultés ne sau-
raient être tranchées valablement à l'aide d'une formule
unique établie a priori et s'appliquant a tous les cas pos-
aiblasfV. Ntor-i *sir. Histologie, ïuuob). G. IIekrmann.
EMBRYOPLASTIQUE i \nat. gén.)(V. Embrtonkaibe),
EMBRYOTOMIE (Chir.). On comprend sous l'expression
générale d'embryotomie les divers procèdes opératoires per-
mettant d'extraire par parties le fœtus du sein de la mère.
L'embrvotomie prend différents noms suivant la manière
dont on y procède. Dans la craniotomk ou eéphatotomie
(V. ùuirotnuk), l'opérateur se bornée la perforation du
crâne du foetus, opération suffisante lorsque la dispropor-
tion entre la tète fœtale et le bassin n'est pas excessive.
I»ans la céphalotripsie (V. ce mot) qui se trouve indiquée
dans les cas plus graves, la tète, perforée ou non dans un
premier temps, est ensuite broyée une ou plusieurs fois
entre les branches du céphalotribe. La détroncation ou
décollation (V. Détroncation) est généralement réservée
aux cas ou l'enfant se présente par l'épaule ; elle comporte
la section du fœtus au niveau du cou, en deux parties
qu'on extrait ensuite séparément. L'éviscération, qui s'ap-
plique aux cas ou le corps du fœtus est très élevé, est de
Iniis lea procédés d'embryotomie le plus répugnant et aussi
le moins usité. L'opérateur se servant au début de longs
an, an lionne d abord le bras qui pend dans le vagin,
puis le thorax. Introduisant la main dans le corps de l'en-
fant, il arrache ensuite un à un les organes internes de
celui-ei ; il brise enfin la colonne vertébrale avec un cro-
chet, et termine l'extraction à l'aide du forceps ou du
eéphalotrilf. Il est à peine besoin de dire que les suites
d'une opération de ce genre sont des plus graves. L'em-
brvotomie peut, dans certains cas, être remplacée avec
avantage par l'opération césarienne ou gastro-hystérotomie;
■ ■n trouve dans les traités classiques l'indication des cir-
•'■inces qui doivent guider le médecin dans le choix de
telle ou telle méthode opératoire. L)r Alphandéry.
EMBU. I. Peditcbe. — Aspect mat, opaque et presque
incolore que prend une peinture lorsqu'elle a été exécutée
sur un dessous insuffisamment sec. Il est difficile de déter-
miner exactement la méthode a suivre pour éviter les embus ;
on peut dire toutefois qu'ils se produisent très rarement
dans les ouvrages des peintres qui peignent seulement au
ier coup, dans la couleur toute fraîche. Dne autre
manière de b-s éviter, pour l'artiste, est de ne repeindre
:ableau que lorsque tel dessous, frottis ou ébauche
empâtée, sont parfaitement sers. Il est du reste facile de
remédier aux embus ; il n'y a qu'à les frotter légèrement
avec un mélange de copal a l'huile ou de vernis et d'es-
sence de térébenthine rectitiee ; ,j |o tableau est terminé,
le vernis final détruit complètement les embus. Ad. T.
IL >Uri\e. — Différence d'allongement qui >e produit
au bout d'un certain temps de service, dans une voile
neuve, entre la toile de la voile et la bordure en corde
appelée rnlinqur qui l'entoure. Si on ne remédiait à cet
allongement, les voiles établiraient fort mal, seraient toutes
plisseos. Los ouvriers voiliers donnent compte de l'embu
quand ils confectionnent les voiles, en tondant fortement,
ou on tordant au contraire les ralingues suivant qu'elles
seront appliquées dans le sons do la largeur ou de la hau-
teur il' la toile. Ils cousent alors à faux frais la voile, et
les ralingues, en no contractant ou en se détordant, donnent
la mesure de l'embu.
EMBURY (Mrs. Knima ('..), femme de lettres américaine
du xix" siècle, tille du docteur James H. Manloy, de New-
York. Ses premières œuvres, signées lantho, eurent un
succès qui l'encouragea à écrire désormais sous son nom.
Mlle a publié un grand nombre de volumes de vers et de
prose, parmi lesquels on peut citer : Guido and other
Posais; Constance Latimer ; Pietures of Early Life;
Sature s Gems; Love' S Token-flowers, etc. lî.-il. (;.
EMBUSCADE (Art milit.). Ce mot désigne un piège
tendu à l'ennemi, sous forme de soldats cachés sur son
passage et se démasquant à un moment donné pour tomber
sur lui à ['improviste. Les embuscades ont toujours été
très employées dans la petite guerre, surtout en terrain
coupé. Klles se tondaient de plusieurs manières dans les
villages, dans les vignes, dans les bois et dans les champs
couverts de céréales assez hautes. C'étaient celles-ci ainsi
que celles de vignes qui étaient réputées les meilleures,
celles des villages et des bois n'assurant pas de lignes de
retraite faciles au cas ou l'on était trahi. S'il se trouvait
des arbres touffus dans le voisinage de l'embuscade, on y
plaçait des sentinelles qui signalaient l'approche de l'en-
nemi. La guerre d'embuscades a toujours réclamé des
officiers très expérimentés, la moindre négligence, la plus
légère imprudence ou indiscrétion pouvant entraîner la
perte totale des troupes embusquées. Ed. Sergent.
EMBUVAGE (Tiss.). Retrait qui se produit pendant le
tissage d'une chaine par suite des ondulations des fils
autour des duites. Il varie suivant les eontextures et les
réductions de 2 à 8 0/o environ.
EMDEN. Géographie. — Ville de Prusse, district d'Au-
rieh (Hanovre), près du golfe de l'Ems, dans la Frise orien-
tale; 14,020hab. In canal navigable relie la ville au golfe.
Elle-même est bâtie au milieu de canaux analogues à ceux
des villes hollandaises et traversée par plus de 30 ponts.
Elle comprend six quartiers distincts (Altstadt, Nordfaldern,
Siidfaldern, Mittelfaldern, faubourgs de Boltenthor etNeu-
thor). Elle a assez de caractère avec ses vieilles maisons,
sa cathédrale de 1455, ses huit, autres églises, son hôtel
de ville (1574-76) imité de celui d'Anvers. C'est un marché
agricole. Le cabotage est assez actif et comporte un mou-
vement de 650 navires et 31,000 tonnes; la flotte du port
est de 70 navires jaugeant 7,200 tonnes.
Histoire. — La ville d'Emden (Emuden, Emetha)
apparait au xiV siècle. Elle prospéra comme lieu de recel
et débouché des pirates. Hambourg s'en empara en 1402 et
la posséda d'accord avec les seigneurs de la famille Cirksena
à qui elle vendit sa part. Elle se releva après la révolution
des Pays-Bas, devint ville libre sous le protectorat de la
Hollande (1595) qui y tint garnison jusqu'en 1744. Soli-
dement fortifiée, elle prit de l'importance et comptait au
temps de la guerre de Trente ans 22,000 âmes. En 1744,
elle passa à la Prusse avec la Frise orientale. Ce fut sa
période la plus brillante. Mais les guerres de l'Empire
amenèrent la ruine de son commerce. Chef-lieu du dépar-
tement français do l'Ems oriental (1810), Emden fut cédé
au Hanovre en 1814 et revint à la Prusse en 1866.
EMEIO ou NIOOREA. Ile de l'archipel de Taiti (V.
MOOREA).
EMELÉ (Wilhelm), peintre allemand contemporain, né
à lîuchen (grand-duché de Bade) le 20 mai 1X30. D'abord
voué au métier des armes, il devint à Munich élève de
Dietz, suivit les cours de l'Académie des beaux-arts, com-
pléta ses études à Anvers et à Paris et se consacra à la
peinture militaire. Ses principaux tableaux sont : la
bataille de Stockach, le daubai au pont de Ileidel-
berg en 1799 (poui l'empereur d'Autriche), le Combat
EMELÉ - ÉMÉRILLON
— 902 —
cCAldenhovm et le» Bataillon» autrichien» résistant à
la charge des cuirassier» français (1800). Emelé a l'ait
une étude spéciale du cheval; son Combat de cavalerie
(4865-4867) obtint un grand succès. Il rende è Berlin
depuis 188U.
ÉMÉRAIN VILLE. Com. du dép. de Seine-et-Marne,
arr. de Meaux, cant. de Lagnj ; 252 liai».
ÉMERAUDE (Miner.) (V. Bkryi., t. VI, p. 477).
ÉMERCHICOURT. Coin, du dép. du Nord, arr. de
Valenciennes, cant.de Bouchain; 307 bab.
ÉMERl (Miner.). Variété de corindou grenu et consti*
tuant, avec un peu de magnétite, d'oligiste et de mica, une
roche intercalée dans Les micaschistes. Cette rodie, de com-
position variable suivant les gisements, est noire ou noire
grisâtre. L'émeri pulvérisé sert ii user et polir les métaux.
les glaces, les pierres précieuses, à confectionner les ins-
truments d'optique, etc. Pour le préparer à ces usages,
on le broie entre des meules d'acier ; on délaye sa
poudre dans l'eau, puis on l'abandonne au repos en ayant
soin de recueillir la poussière se déposant de minute en
minute : on obtient ainsi des poudres ayant des degrés de
finesse variés. L'émeri est exploité à l'Ile de Naxos, en
Asie Mineure, dans le Massachusets, etc. A. Lacroix.
EMERl (Michel Particelli, dit d') (V. Particelli).
ÉMERIAU (Maurice-Julien, comte), amiral français, né
à Carhaix (Finistère) le 20 oct. 4702, mort à Toulon le
2 févr. 4845. Engagé dans la marine en 1777, il prit
part à la guerre d'Amérique et se distingua brillamment
au siège de La Grenade et à l'assaut de Savanah. Promu
lieutenant de vaisseau en 4791, il servit à Saint-Domingue,
fit partie de l'expédition d'Egypte, combattit avec éclat à
Aboukir où il succomba sous le nombre (1798). Contre-
amiral en 1802, il retourna à Saint-Domingue en 4803 et
dégagea Port-au-Prince. Nommé préfet maritime à Toulon
en 4801, il fut créé comte de l'Empire le 3 déc. 4810 et
en 4814 fut nommé au commandement d'une escadre. Blo-
qué à Toulon par les Anglais en 4814, il adhéra à la Res-
tauration et signa avec Exmouth l'armistice qui délivra les
prisonniers de Cabrera. Membre de la commission de réor-
ganisation de la marine le 19 mai 4844, il reçut la pairie
des mains de Napoléon et fut pour ce fait disgracié par la
seconde Restauration. Peu après l'avènement du gouver-
nement de Juillet (1831), il rentra a la Chambre des pairs.
É M ERIC (Jean -Joseph), publiciste français, né à
Eyguières vers 4755, mort à une date que nous ignorons.
Avocat à Avignon, il dut, au moment de la Révolution,
s'enfuir de cette ville à cause de ses opinions ultra-roya-
listes. Plus tard, il se fit inscrire au barreau de Nimes. On
a de lui : la Vérité et la Jus! ire ou le Cri des Royalistes
français (Avignon, 1816, in-8) ; Ermite de Vaucluse
(1822, in-8) ; Réponse aux réflexions faites par Agri-
cole Moureau sur les protestations du Pape (4848,
in-8) ; la Sainte Alliance ou le Tombeau des Jacobins
(1848, in-8).
ÉM ERIC (Louis -Damien), publiciste français, né à
Eyguières vers 4705, mort à Paris en 4825, frère du précé-
dent. Après avoir mené une vie assez aventureuse, il entra
en 1842 dans les bureaux de l'administration des postes
militaires en Hollande. Il abandonna bientôt cette modeste
situation — la seule régulière qu'il ait jamais occupée —
et mourut à l'hôpital. D'un esprit fort caustique, mais
d'une paresse incurable, il a laissé quelques écrits qui ne
manquent pas d'un certain intérêt. Nous citerons : De la
Politesse (4819, in-8; nouv. éd. sous le titre Nouveau
Guide de la politesse, 4824, in-8); Généalogie de la
maison de France (4822, in-8); des poésies insérées
dans YMmanach des muses, des traductions de Catulle,
Martial, etc.
ÉMERIC-David (Toussaint-Bernard), archéologue, écri-
vain d'art et homme politique français, né a Aix en Pro-
vence le 20 août 1 155, mort à Paris le 2 avr. 4839. Doc-
teur en il roi t en 1775, et avocat dans sa ville natale, il
succéda à son oncle maternel Antoine David, comme impri-
meur du Parlement (1787). Partisan modéré de la Révo-
lution, il lot nommé maire d'Aï* le 43 févr. 4794, n
il dut fuir pendant la Terreur et s'établit a Paris aprea le
9 thermidor. Des lors il se consacra de plus en pi
des étude» d'archéologie classique et fui lauréat de l'Institut
en 1800 pour u» Recherches sur l'art .s/<'; aria,
1805, in-8). Appelé à siéger an Corps législatif en iv
il vota en 1844 la déchéance de Napoléon, el rentra en
1845 dans la rie privée. Elu membre de l'Académie des
inscriptions et belles-lettres le 11 avr. 481 6, il ne ■
de lui apporter un concours actif jusqu'à sa mort, ma
son grand âge. Parmi ses travaux, il faut d'abord citer
ses ouvrages de mythologie d'art : Jupiter; recherches
sur ce dieu, sur son culte et sur les monuments qui
le représentent (Paris, 1833, 2 vol. in-K, grav.); Vul-
cain, etc. (4837); Neptune, etc. (1859). Les tomes
XVII a XX de l'Histoire littéraire de la France contien-
nent de lui des articles sur des poètes provençaux et sur
quelques artistes français. Enfin Paul Lacroix a réuni en
volumes d'autres mémoires et article» : Histoire de la
peinture au moijen âge, suivie de l'Histoire de la gra-
rurc, etc. (1842, in-42), Histoire de la sculpture
française (1853, in-42) et Vie des artistes anciens et
modernes (1853, in-42). G. P-i.
BlBL. : Walckkna.br, notice dans le Moniteur univer-
sel. •'! août 1845. — I'ai.rii.l. dans l'Histoire littéraire de
la h'rame. t. XX. — l'aul LACROIX, notiee en tète de 17/
(oire de la peinture, 1*12.
EMERICH, en magyar lmre. Nom porté au moyen âge
par deux princes de la dynastie des Arpàd. L'un, fils du
roi saint Etienne, héritier de grande espérance, mourut en
4031, au moment où son père l'associait à la couronne.
L'autre, fils de Bêla III, fut roi de Hongrie de 41
1205. Les difficultés ne manquèrent pas à ce court règne
d'un prince maladif, assez énergique d'ailleurs et intelli-
gent. Son frère André, qui devait être le célèbre roi
André II, fut presque continuellement en révolte contre
son autorité. Emerich n'en vint à bout que par une dé-
marche hardie ; seul et désarmé, il pénétra dans le camp
des rebelles, qui, au lieu de le tuer, se jetèrent à ses pieds
et lui livrèrent leur chef. D'autre part, malgré toute
sa soumission à l'autorité d'Innocent 111, il eut avec lui
d'assez graves conflits. Enfin, les Vénitiens, associés aux
Français dans la fameuse expédition de la quatrième croi-
sade, enlevèrent à son royaume une partie de la côte dal-
mate. E. Sayois.
Biul. : E. Sayous, Histoire générale des Hongrois.
ÉMERIGON (Balthasar-Marie), jurisconsulte français,
né mis 171 1. mort en 4785. Fils d'un procureur au par-
lement d'Aix. il devint avocat au même parlement, puis
conseiller à l'amirauté de Marseille. Il a publié, re-
mettre son nom, un Nouveau Commentaire sur l'ordon-
na née de la marine du mois d'août 1681 (Marseille,
17*0. 2 vol. in-12) : son nom est porté sur une 2 édition
(due à Pastoret) (Marseille, 1803; Paris, an XL .". vol.
in-12). 11 a publié aussi un Traite des assurances et des
contrats à la grosse (Marseille. 1783-1784, 2 vol. in-î;
rèiinpr. par Boulay-Paty. Bennes et Paris. 1 826-4 1
2 vol. in-4). G. R.
BtBi . : Cresp, Notice sur Emcrigon, dans Revue de
législation et de jurisprudence, t. XI. p. 32.
ÉMÉRILLON. 1. Tixhnoi.oi.ie. — Outil de cordier com-
posé d'un bois creux muni d'un crochet mobile dans un
tube en laiton et qui sert à câbler la corde et la ficelle
(V. Cablb, t. Vlll, p. 011).
II. Marine. — Système permettant au croc d'une poulie
de tourner en tOUl sens, sans que la poulie tourne
elle-même, ce qui aurait l'inconvénient de faire faire des
tours dans les deux brins de corde de la poulie, et créerait
ainsi des frottements impossibles à vaincre. Les lignes de
pèche pour gros poissons tels que requins sont termines
par une petite chaîne, de façon (pie le poisson ne puisse
la couper de ses dents puissantes. Au bout s'adapte l'hameçon
qui, dans ce cas. n'est autre chose qu'un croc fort aigu à
— 903 —
ÉMÉRILLON - ÉMÉTINE
émerillon. c.-à-d. libre de tourner. Il h résulta que, quelle
que soit la défense du squale, la ligue M se (uni jamais
et est moins exposée a casser, le système consiste tout
simplement eu CM : la fémire de la poulie, ou l'oxtre-
mité de la chaîne de la ligne, esl terminée par une boucle
eu ter. dans laquelle passe librement la partie droite du
e de la poulie ou de l'hameçon dont l'extrémité est beau-
coup plus large, de façon que le croc ne puisse sortir.
Il |>eut alors tourner, sans taire tourner la poulie. I.'éine-
rillou est employé non seulement dans la pèche au vif,
mais encore pour la pèche arec le tue-diable, la cuiller,
dans la pécha an /' u
III. OunreoLOCiB. — Nom vulgaire du Falco litho-
fa' B.)( typa du genre Esalon (V. ce
mo; et Fai cou).
ÉMERINGES. Corn, du dép. du Rhône, arr. de Ville-
franche-sui'saône, cant. de Beaujen; H6 hab.
ÉMERSION (Astron.). Réapparition d'un astre caché
MtanéaMOt par un autre, lorsque le premier était
v*. Bcuns), ou encore s'il était occulté par la
lune. I.'émersion est la sortie de l'ombre, tandis que Vint-
nier contraire l'entrée dans l'ombre.
EMERSON. Ville du Canada.prov.de Manitoba, sur la
ri\o droite de la rivière Rouge, affluent du lac Ouinipeg.
F.lle a été fondée par les monnonites.
EMERSON (William), mathématicien anglais, né à Iltir-
worth (comté de Durham) le 14 mai 1701, mort à llur-
•li le 20 mai 1 7 >s -J . Fils d'un maître d'école, il tint lui-
même, durant quelques années, une pension, mais ne tarda
pas à se consacrer tout entier à l'étude, se contentant
revenus d'un patrimoine très modique. Il acquit ainsi
de profondes connaissances en mathématiques et en mé-
decine et cultiva aussi la musique. Il a laissé vingt-cinq
ouvrages sur les mathématiques, l'astronomie el la physique;
il convient de citer plus particulièrement les suivants :
Fin i : «a I IT 18 ; 3« éd., 1768) : Eléments of trigono-
!., 176'.): Principles of Méchantes
il75»; o' éd.. \ ivtgation (1755) ; Tiratise on
algebra (1704); The Arithmetic of Infinités (1767);
plies (1767) : The Laws of centripetal
1769); .d System of Astronomy
(1770i ; TracU(\nO), etc. L. S.
EMERSON (Kalph-Waldo). philosophe et littérateur
américain, ne a Boston le 25 mai 1803, mort à Concord le
27 avr. 1*8:!. Fds d'un ministre anitairien, il se destina
de bonne heure a la même profession que son père, prit ses
'université de Harvard où il étudia la théologie et
al pasteur d'une église unitairienne de Boston. Mais il
entot a cette profession el ^e retira en 1833 à
! ou il se consacra entièrement à renseignement au
moyen de conférences publiques el a la composition de ses
écrivait en même temps dans plusieurs revues
'mn Examiner, North American Review, Chris-
.) et fonda lui-même une revue fie philo-
sophie religieuse, The f)ial. Les premiers ouvrages d'Emerson
ont un purement philosophique : aan thinking
•-.7); LUerary Ethtes (id., 1838); Nature
. ouvrage qui fit grand bruit, plusieurs fois
reimprime: Lectures on the Times; Methodof nature, and
former (id., 1844); Essays on the nature
•< il -'.',. tifld. en franc.. 1865, i vol. m-42); an
\d reformers (id., 1844). A la suite d'un
en Vngleterre (|s',K) qui lui permit de voir de très
- hommes et les choses de l'ancien monde et éveilla
en lui des qualités maîtresses de psychologue, il écrivit
lèbre qui lui a valu le titre de - Cariyle
.m » : Essaus on Représentative Men (Londres,
Boston, I8M), traduit en pariie en français dans
te de Pari* par M. A If. Bédouin, et en entier
par M. Boulogne; Paris, 1863). Dans cet ouvra-e,
o étudie certains personnages historiques considérés
comme types d'une qualité particulière élevée jusqu'à l'idéal.
Emerson a encore écrit un ouvrage sur les moeurs anglaises
Englith Traits (Boston, 1886) : enfin, Thé Conduct of
Life (1860); l'oraison funèbre du président Lincoln
(1865); Society and Solitude (Boston, 1870); Letters
and Social Aims ( 1878) et quelques poésies : Parnassus,
Select,;/ Poems (1X71). M. Km. Muntégut a traduit sous
le titre a'Essais de philosophie américaine plusieurs
opuscules d'Emereon. Th. Ruyssen.
BtBL, : Ai i:\. IrblAHD, lialph Wàldo /'.'me ci ou, a bioqr.
sketch; Londres, 1888. -Holmes, H. W.E.; Londres, 1885.
EMERY (Josiah), constructeur de chronomètres, né à
Chardonne (Vaud) vers 1730, mort à Londres le 2 juil.
1794. On ne sait presque rien de sa vie si ce n'est qu'il
s'établit en Angleterre et y devint le plus célèbre construc-
teur de chronomètres de son temps. Il rendit ainsi de signa-
lés services à la science et à la marine. A sa mort il no
laissa, dit-on, qu'une guinée pour toute succession. E. K.
ÉMERY (Jacques— André), né à Gex en 1732, mort
en 4814. Il entra dans la Société des Prêtres de Saint-
Sulpice en 1 750, et il en fut nommé supérieur général en
1782. Après le rétablissement des cultes, il fut choisi par
l'archevêque de Paris comme grand vicaire ; en 1808, il fut
nommé conseiller de l'Université, et il obtint la réouver-
ture du séminaire de Saint-Sulpice (V. Sulpiciens). —
Œuvres principales : Pensées de Leibnitz sur la reli-
gion et la niornle (Paris, 1772 et 1801-5, 2 vol. in— 12) ;
Exposition de la doctrine de Leibnitz sur la, religion
(Paris, 1SI!(, posthume) ; Christianisme de Dacon
(Paris, 177!), 2 vol. in-12); Défense de la Révélât ion
d'I'.uler (Paris, 1808) ; Pensées de Descartes sur la
religion et la m orale (Paris, 1811, in-S) ; Esprit de
sainte Thérèse {Lyon, 1774, 177!), 1820, 2 vol. in-12);
articles dans les Annules philosophiques. K. — II. V.
ÉMERY (Ant. -François), graveur français (V. Hémery).
ÉMERY (Edouard-Félix-Etienne), chirurgien français,
né à Lemps (Dauphiné) le 2o juin 1788, mort à Paris en
mars 1856. Il prit part aux deux campagnes de France en
qualité de chirurgien de la garde impériale, obtint en 1830
la chaire d'anatomie de l'Ecole des beaux-arts, puis un
service à Saint -Louis, enfin devint en 1835 membre
titulaire de l'Académie de médecine. Ses nombreux tra-
vaux sur la chirurgie, l'hygiène publique, les maladies de
la peau, etc., sont disséminés dans les recueils périodiques
de l'époque. Dr L. Un.
EMES (Thomas), illuminé anglais, mort à Londres le
23 dec. 1707. Affilié aux Camisaras, il s'acquit à Londres
une grande popularité en prophétisant. Il avait même prédit
la date de sa résurrection, et le gouvernement dut interdire
l'accès du cimetière où il était enterré poui prévenir des
troubles. Il a écrit : A Dialogue between alkali and acid
(Londres, 1698, in-8), où il donna l'alcali comme cause
et l'acide comme remède de toutes les maladies; .1 Letier
ton gentleman conceming alkali and acid (Londres,
1700, in-8) ; The Atheist turned Deist and the Deist
turned Christian (Londres, 1698, in-8).
«•!«■" «-fHE:SK.':
L'émet ine esl un alcaloïde retiré en 1817 par Pelletier
du Cephalis ipecacuanha (Rubiacées). Magendie a cons-
taté qu'elle représente le principe vomitif de l'espèce du
Brésil. Lefort et F. Wurtz sont parvenus à l'obtenir à
l'étal cristallin, en passant par l'azotate d'émétine, sel peu
soluble dans l'eau. Le procédé d'extraction de Glénard con-
siste ,i mélanger la poudre d'ipéca avec de la chaux, à
épuiser le mélange par l'éther; on distille ce dernier; on
reprend le résidu par l'eau accidulée el on précipite par
l'ammoniaque. Le rendement est tout au plus de I °/0.
L'émétine est blanche, cristalline, relativement assez soluble
dans l'eau, soluble dans les dissolvants usuels : alcool,
éther, chloroforme, sulfure de carbone, huiles essen-
tielles, etc. Sa saveur est ainere et desagréable; il en est
de même de ses sels, qui sont à la fois solubles dans l'eau
et dans l'alcool. — Le chlorhydrate, C:'*IM"Az2U,02IICI,
est cristallisé (Glénard). — L'azotate, C5GH<°Az2*010
EMI.T1NE - ÊMIGRANT
— !)04
-f-SAzHO8, est en cristaux qui exigeai 100 p. d'eau pour
le dissoudre à la température ordinaire. Ed. Bouhgoih.
II. THÉRAPEUTIQUE (Y. li'Ki w:i amia).
BlBL. : BOCHNBE, Itrp. <lr ],h:im\., t. VII, 2«'J. — DlIMAfl
et l'ii.i.Ki h u, An. vit. i-t pnyë., 1828, t. XXIV, 180. —
Glbnard, Journ. ph. et en., t. XXII, 175 (41 Lbfobi
,•1 F. WUBTZ, W., t. XXVI, 16; Soc. ('//.. i. XXIX, 169. —
Mai.emoi. el l'i i.i.i. 111:11, Ann. eh. vA p/ii/s., t. 1\', 172 .'
ÉMÉTIQUE. I. Chimie. — L'émetique, tartre stihié.
tartrate d'antimoine ot de potasse, se préparai! autrefois en
faisant bouillir dans 20 parties d'eau if p. de crème de
tartre et 2 p. de verre d'antimoine pulvérisé; on évaporait
à siccité, on reprenait par l'eau bouillante et la liqueur
donnait à l'évaporation des cristaux d'émétique. Soubeiran
a substitué à ce mode opératoire le procédé suivant :
Protocblorure d'antimoine sec 100
Sesquicarbonate d'ammoniaque 811
Eau distillée 1,000
On dissout le sel d'ammonium dans l'eau, on ajoute le
chlorure d'antimoine et on fait bouillir le tout pendant une
demi-heure, en ajoutant de temps en temps un peu d'eau.
La liqueur étant encore légèrement alcaline, on laisse dé-
poser et on recueille le précipité d'oxyde d'antimoine qu'on
fait sécher. On prend alors :
Oxyde d'antimoine sec 7o
Bitartrate de potassium -100
Eau distillée 700
On broie les deux sels avec 2 litres d'eau bouillante pour
former une pâte demi-liquide qu'on abandonne à elle-même
pendant vingt-quatre heures ; on ajoute le reste de l'eau et
on tait bouillir jusqu'à dissolution complète en remplaçant
l'eau au fur et à mesure qu'elle s'évapore ; on filtre et on
concentre jusqu'à 1,21 de densité. Par le refroidissement,
l'émetique cristallise. L'émetique est alors en octaèdres
rhombiques, incolores, inodores, transparents, retenant
un équivalent d'eau. Il s'effleurit à l'air, possède une sa-
veur acre et désagréable. Il se dissout dans 14 p. d'eau
froide et dans un peu moins de 2 p. d'eau bouillante. La
solution aqueuse rougit faiblement le papier de tournesol ;
traitée par l'hydrogène sulfuré, elle donne lieu à un pré-
cipité rouge orangé caractéristique. Ed. Bourgoin.
IL THÉRAPEUTIQUE (V. ANTIMOINE, t. III, p. 243).
ÉMEU (Ornith.). Les Emeus (Dromains Y.) qui ap-
partiennent à l'ordre des Struthioniens, des Brévipennes ou
des Coureurs (V. ce mot), ont été souvent confondus avec
les Casoars (V. ce mot), mais se distinguent facilement de
ces derniers oiseaux par leur tête dépourvue de casque et
par leur corps couvert d'un pelage terne, d'un blanc jau-
nâtre, rayé de brun ou de noir chez les jeunes, d'un brun
grisâtre tacheté de noir chez l'adulte. Par leur costume
ils rappellent un peu les Autruches, mais ils ont des formes
plus lourdes, une tète plus grosse, portée sur un cou
moins allongé, des pattes plus courtes, plus épaisses, tou-
jours emplumées jusque dans le voisinage de l'articulation
tibio-tarsienne et terminées par trois doigts munis d'ongles
puissants. En outre, leur corps ne présente en arrière
aucun rudiment de queue, et les plumes qui s'insèrent
sur leurs membres antérieurs, presque entièrement atro-
phiés, ne diffèrent pas des plumes avoisinantes. Celles-ci
offrent d'ailleurs une structure particulière ; elles ont des
barbes piliformes et isolées et se trouvent réunies deux à
deux sur la même tige. Enfin, il existe, chez les Emeus
des deux sexes, sur le devant du cou, une poche qui com-
munique avec la trachée et qui contribue probablement à
donner à la voix de l'oiseau un son guttural. Les Emeus ne
se trouvent qu'en Australie. Jadis il y en avait trois es-
fèces, le Dromains Novoe-Hollandias (Lath.), habitant
E. du continent, le I). irroratvs (Bennet), vivant dans
le S. et l'0.,et le D. ater V. cantonné dans l'Ile des
Kangourous ou Ile Decrès ; mais cette dernière espèce a
été complètement anéantie au commencement de ce siècle.
La seconde espèce est assez rare, la première au contraire
très commune dans les jardins zoologiques de l'Europe 00
elle se reproduit sans difficulté. Les jeunes supportent bien
notre climat <-t sont élevés par les rudes qui l'étaient ileja
chargés des soins de l'incubation. Chaque cosvée com-
prend une douzaine d'u-ufs. La multiplication en captivité
Emeu.
de l'Emeu de la Nouvelle-Hollande assurera sans doute la
conservation de cette espèce remarquable qui était assurée
d'une destruction prochaine par suite de la chasse effrénée
dont elle était l'objet dans son pays natal. E. Oustalet.
Bibl. : Peron, Voyage aux terres axistrales, 1807-1816,
pi. 36 et 41. — J. Gould, Birds of Australia, 1848, t. VI,
pi. 1. — Bartlett, Trans. Zool. Soc. Lond., t. IV, pi. 73
et 76.
ÉMEVILLE. Corn, du dép. de l'Oise, arr. de Senlis,
cant. de Crépy; 174 hab.
EMFRAS. Ancienne ville de l'Abyssinie, province de
Béghamider, à une faible distance du lac Dembéa, vers l'E.
Bruce en donne la description suivante : « La ville d'Em-
fras est sur une haute montagne. Les maisons, au nombre
de trois cents, sont à mi-côte, faisant face au S. D'Em-
fras, on voit aisément tout le lac. Le roi d'Abyssinie rési-
dait autrefois dans cette ville: Emfras est par ii° 1-2 38"
de lat. N., et par 37° 38' 30" de long. E. de (îreenwich. »
ÉMIÉVÏLLE. Corn, du dép. du Calvados, arr. de Caen,
cant. deTroarn; 152 hab.
EMIGRANT (Jeu). Deux disques de bois, d'ivoire ou
de métal réunis au centre par un petit boulon percé
perpendiculairement à son axe d'un trou dans lequel par
un nœud est fixé un cordonnet, tel est l'appareil qui sert
au jeu dit de Vétnigrant. Le joueur enroule ce cordon-
net autour du boulon, saisit entre le pouce et l'index le
bout resté libre et laisse tomber l'objet qui remonte au
point d'où il était parti en vertu de la force de rotation
acquise. Un petit coup sec du poignet, quand l'appareil
touche de nouveau à l'extrémité de sa chute, permet au
mouvement ascensionnel et vice versa de se répéter
indéfiniment en acquérant une intensité croissante. C'est
dans les premiers temps de la Révolution française que ce
jeu compta quelques jours de vogue. Dans le monde aris-
tocratique, il supplanta le bilboquet bien suranné depuis
Henri III. et son nom à'émigrant semble avoir été une
allusion à la fureur d'émigrationqui, à cette époque, poussa
— 90S -
ÉMIGRANT - ÉMIGRATION
toute u ne part M de la population bon du pas s jusque dans
les bras de l'étranger. D'un assez médiocre intérêt, le jeu
de remigrant n'a joui que d'une faveur tort éphémère. Ce
fut affaire île mode tout au plus. 11 est tombé en désuétude
aujourd'hui. l)r Commui .
EMIGRATION. Généralités.— L'émigration est Pacte
par lequel un homme abandonne sa patrie. sans esprit de
retour, pour l'établir dans un autre pays, A toutes les
époques et partout il y a eu des transferts de population.
Mais ils se produisent salon des modes tout a fait différents,
selon le degré de civilisation de la société a laquelle appar-
tiennent les émigrants. Lorsqu'il s'agit d'une société jeune,
dont l'évolution est peu avancée, ou l'Etat n'est pas forte-
ment constitue, ou l'adhérence de la nation au sol n'est
impiété, nous voyons se produire des émigrations en
Il est malaise a un individu d'ombrer : les voyages
sont rares; M connaît mal les contrées, même voisines;
l'étranger est l'ennemi ; sorti de sa cité, du territoire
national, l'homme n'a plus de garantie, pas de justice à
: il est hors du droit, de la loi religieuse comme de
la loi civile. 1. 'émigration isolée est donc exceptionnelle,
>urtoiit dans le> classes inférieures : on ne se déplace
qu'en masse, pour la colonisation ou pour une migration
qui entraîne le peuple entier. Ce n'est pas ici le lieu de
parler des migrations proprement dites, par lesquelles des
tnbu> ou des peuples se sont déplacés. On sait d'ailleurs
que la vie nomade peut être regardée comme une des
phases de l'évolution sociale ; bien que les nomades par-
courent en général un territoire défini, il est évident que
leur mode d'existence les prépare à des déplacements même
•itains. L'histoire est pleine du récit de ces grands
mouvements de peuples qui, le plus souvent, étaient aceom-
- de guerres. Rappelons la migration ou l'invasion
thés en Asie Mineure au Vf siècle av. J.-C, celle
-teurs en Egypte vers le xxic siècle, celle des Philistins
en Palestine au xuï siècle av. J.-C; la série des invasions
et migrations qui décidèrent au iv* et au vc siècle de notre
ère l'effondrement de l'empire romain fut la consé-
quence du déplacement des Huns vers l'Occident, l'ius
récemment, des faits analogues se sont produits dans l'Asie
central-' et. pour nous en tenir aux races européennes civi-
lisées, rappelons l'émigration des Mormons se transportant
de Nanvoo sur les rives du grand Lac Salé, celles des Boers
reculant devant la domination anglaise au delà de l'Orange,
puis du Vaal. Os phénomènes sociologiques très curieux
seront étudiés dans l'art. Micbation.
Nous ne traiterons que sommairement des émigrations
coloniales, les plus importantes de toutes cependant, nous
en référant à l'art. Colonisation. Indiquons seulement en
3uelques mots les modifications successives dans le mode
émigration. Dans l'enfance des peuples, c'est, comme nous
venons de le dire, un mouvement en masse; la nation
entière ou une fraction considérable quitte ses foyers.
Dans cette période, l'émigration est armée et a tous les
caractères d'une conquête ; elle a pour cause l'infécondité
du sol, l'excès de population, l'esprit d'aventures. La eon-
eaète détermine à son tour par contre-coup des émigra-
tions considérables, et les répercussions peuvent être nom-
breuses. Ainsi dans la Grèce ancienne, vers le x'' siècle
av. J.-C., l'invasion des Doriens émigrant du N. au S. du
ai ife de Corinthe et refoulant les Achéens de l'Argolide et de
nthie détermina l'émigration de ces Achéens vers le
littoral septentrional du Péloponèse (Achaïe), d'où ils chas-
sèrent les Ioniens, lesquels émigrèrent en Asie Mineure.
Il nous faut également rappeler les transplantations de
peuples vaincu^ Opérée! par les grands conquérants asia-
tiques ; l'exemple le plus fameux est celui des Juifs qui,
durant la captivité de Babybae, durent quitter la Pales-
tine pour s'établir dans la Mésopotamie. Plus tard, dans
les moments des grandes crises politiques ou religieuses, il
y eut de grande-, émigrations déterminées par les causes
t. I-es vaincus refusant de se soumettre aux idées
du vainqueur, bien que de même race, s'exilèrent en masse
ou individuellement, souvent pour fonder des colonies.
D'autres fois, la minorité dissidente fut expulsée. Le pre-
mier cas fut celui des Parthéniens de Laconie qui fondèrent
Tarante, des colons puritains du Massachusetts ou catho-
liques de Pennsylvanie, des protestants français après la
révocation de l'edil de Nantes ; le second cas fut celui des
Juifs et des Morisques espagnols. Ces expatriations sont
devenues rares avec les progrès de la civilisation et l'orga-
nisation des grands Etats modernes. Mais l'émigration indi-
viduelle et spontanée est devenue plus facile et plus fré-
quente par les progrès des relations internationales, des
échanges, la multiplication des moyens de transport et par
la sécurité que la législation internationale garantit à
chacun hors de son pays.
Nous étudierons principalement ici les faits relatifs à
l'émigration des races européennes. Nous ferons d'abord
un historique sommaire des émigrations européennes jus-
qu'à la période contemporaine qui est l'objet propre de
cette étude. Nous placerons à la fin un exposé des faits
essentiels relatifs à l'émigration africaine, indoue et chi-
noise qui fut généralement provoquée ou dirigée et régle-
mentée par les puissances européennes. Nous aborde-
rons ensuite l'analyse des faits relatifs à l'émigration chez
les différentes nations européennes exposant successivement
la statistique, le nombre, la nature et la qualité des émi-
grants ; les lieux de destination de l'émigration ; le trans-
port des émigrants, puis nous aborderons les considéra-
tions morales, causes et conséquences de l'émigration, et
nous examinerons l'intervention des pouvoirs publics et la
législation relative aux émigrants en France et à l'étranger.
Historique. — Dans l'antiquité, l'émigration se confond
soit avec les migrations dont il sera parlé en un autre lieu
(V. Migration), soit avec la colonisation. Ainsi, la fonda-
tion de l'Etat carthaginois fut le résultat d'une émigration
considérable qui créa le peuple mixte des Libyphéniciens ;
de Carthage, des mouvements analogues se produisirent
notamment vers l'Espagne méridionale. L'émigration tient
dans l'histoire grecque une place essentielle ; on a dit
comment la race grecque s'établit sur les rivages de l'Asie
Mineure, de l'Italie méridionale (V. Colonisation). Ces émi-
grations eurent des causes multiples : invasions de tribus
voisines; excès de population ; dissidences politiques; plan
de colonisation conçu par les gouvernants. Roscher a énu-
méré les principales : « Les établissements des Eoliens et
des Ioniens sur la c6te d'Asie et les Iles de la mer Egée ont
été créées, dit-il, par les anciens maîtres du Péloponèse,
lorsqu'ils durent se retirer devant les invasions des lléra-
clides venant du N. de la Grèce... Lorsque, quelques siècles
plus tard, la défaite des Messéniens assura la suprématie
de Lacédémone, les plus indépendantes des races soumises
se décidèrent à aller chercher une patrie libre de l'autre
côté de la mer, et les conquérants eux-mêmes favorisèrent
ce mouvement... Tarente parait avoir été fondée parles
Parthéniens, c.-à-d. par les enfants naturels de Sparte
auxquels le parti dominant de l'époque avait refusé la
plénitude de leurs droits civils et politiques. Un refus de
même nature parait avoir déterminé l'expatriation des
Doriens-Epizéphyriens. Il est également probable que Cro-
tone et Sybaris doivent leur origine aux Périèques lacèdémo-
niens auxquels la mère patrie refusait les droits complets
de citoyens. La création de Syracuse est due à une famille
considérable de la puissante aristocratie corinthienne des
liackhiades qui s'était compromise politiquement au point
de ne pouvoir rester à Corinthe. Les Messéniens opprimés
se sont plus d'une fois réfugiés à Reggio. Il ne faut pas
oublier les Phocéens qui, chassés de leur patrie par les
Perses, se réfugièrent à Velia, puis à Marseille. »
Les émigrations coloniales des Grecs ont été le plus
souvent organisées avec grand soin sous la direction du
gouvernement métropolitain ou de l'oracle de Delphes
(V. Divination). Ce n'étaient pas des individus, quelques
familles, qui se déplaçaient, mais une société complète avec
ses chefs divins et humains, son culte, sa législation, son
ÉMIGRATION
_ oor, -
aristocratie dirigeante ; elle ne changeait pas de patrie,
elle allait taire revivre la sienne ou une copie de la ricane
sur une terw nouvelle.
I.;i colonisation romaine fut également alimentée par
l'émigration, niais suivant un système un peu différent.
Elle fut à l'origine surtout militaire ; les colons forent
recrutés à peu près exclusivement parmi les pauvres et
restèrent subordonnés a la métropole. Ils ne fondaient pas
une patrie nouvelle. Aussi la colonisation de la période
romaine républicaine ne comporte-t-elle pas de véritable émi-
gration. Elle se laisait par terre et non par mer, remarque
importante. Plus tard, à l'époque de l'empire romain, il se
produisit au contraire de véritables émigrations favorisées
par le gouvernement et grâce auxquelles furent latinisées
l'Afrique septentrionale, l'Espagne, la Gaule, les contrées
alpestres, la Roumanie actuelle. Mais ces faits, imparfaite-
ment connus, seront étudiés à part.
A la frontière septentrionale de l'empire romain se pro-
duisaient constamment des migrations. Nous sommes peu
renseignés sur celles de Celtes et des Gaulois accomplies
au ve, au ive et au ni6 siècle avant l'ère chrétienne. Nous
e sommes mieux sur celles des Cimbres et des Teutons
exterminés par Marius, puis des Suèves et des Helvètes
refoulés par César. On sait comment, à la fin du ive siècle
et au v° siècle de l'ère chrétienne, l'empire romain finit
par être incapable de contenir les barbares germains dont
un grand nombre de tribus vinrent s'établir sur son terri-
toire (V. Migration, Barbares [Invasion des], Celtes, Ger-
mains, etc.). Les Germains subissaient eux-mêmes la pous-
sée des Slaves en marche vers l'O. Au S. et à l'E. de
la Méditerranée, les invasions arabes s'accompagnent de
grandes émigrations qui se prolongent lort tard, comme
celle des Hillalites par exemple (V. Khalifat). Dans l'Europe
orientale, les mouvements de peuples continueront à tra-
vers tout le moyen âge, et même la constitution du grand
empire russe n'y a pas mis tout à fait fin; il suffirait de
citer le fait récent de l'exode des Tcherkesses. Mais on doit
regarder tous ces déplacements comme de véritables migra-
tions. De même, dans l'Europe centrale, l'établissement des
Àvars, puis des Magyars sur le moyen Danube. Le mouve-
ment vers l'O. fut arrêté par les Francs et définitivement
par la dynastie carolingienne. Cependant, après sa déca-
dence, nous constatons encore les invasions normandes,
émigrations Scandinaves à main armée qui établissent des
populations nouvelles en Grande-Bretagne, en Irlande, aux
bouches de la Seine, dans l'Italie du Sud et en Sicile. Les
populations de l'Europe occidentale réagissent ensuite : en
Espagne elles refoulent les Maures ; en Allemagne, les Slaves;
enlin les croisades ont été une véritable émigration de Fran-
çais, d'Italiens, d'Allemands, vers la Syrie et la Palestine.
Il se fonda au xi" siècle une série de colonies européennes
recrutées par une émigration continue qui les soutint jus-
qu'au xihc siècle et, en Grèce, jusqu'au xve (V. Croisade).
Rarement émigration fut plus dispendieuse et. à ce point
de vue, aucune n'a drainé autant d'hommes dans les classes
supérieures d'une société. — La découverte de l'Amérique
produisit au xvie siècle un renouveau d'émigration, et depuis
lors les populations européennes n'ont cessé de s'expatrier
vers le Nouveau-Monde. Cette émigration est un des faits
les plus considérables de notre histoire, et il faut y insister
d'autant plus que ce sont ses conséquences actuelles qui
forment l'objet fondamental de cette étude. Ainsi que l'af-
firme Gladstone, « il ne faut pas chercher ailleurs que dans
l'amour de l'or la cause des migrations qui ont peuplé les
nouveaux continents. C'est Vauri saura fumes qui a sus-
cité de l'Italie, de l'Espagne, de la France, de l'Angleterre,
du Portugal, ces aventuriers pleins de vaillance auxquels
on doit la fondation, au milieu d'incroyables dangers, de
la puissante république de l'Amérique du Nord et des Etats
de l'Amérique du Sud. Il est certain que, sans cette puissante
amorce, la colonisation de ces vastes continents n'eût peut-
être jamais eu lieu. Si l'on avait dit, en effet, aux chefs
des premières expéditions qu'ils allaient dans un pays, ou,
au lieu des métaux précieux qu'iU attendaient, ils ne trou-
veraient que misère et labeur, pas un n'eut quitté le t
paisible de la patrie. »
Nom revendrons tout à l'heure sur eette émigration
lran-oieaiiicriiM\ I.oristatons-en la marche générale. |,es
panions qni poussaient vers le Nouveau-Monde les aventu-
rais du wr série ayant rencontré de grandes désillu-
sions, ce mouvement s'arrêta au wir rièele. A ce moastl
se place la colonisation officielle et concurremment avec
celle-ci l'émigration des dissidents religieux vers la Nou-
velle-Angleterre. Au xvin" rièele, les progrès du cornin
et les relations régulières entre l'Europe et l'AmériqM
créent une sorte de courant d'émigration vers ce continent
encore presque vide d'habitants. Les grandes guerres de
la Révolution et de l'Empire marquent un temps d'arrêt ;
mais, aussitôt après, l'émigration prend un nouvel es->r.
« Le monde colonial a grandi : il a triomphé des périls de
l'acclimatation, du défrichement et de l'hostilité des indi-
gènes. Il s'est élevé à la hauteur d'une société régulière. »
(Legoyt.) L'Amérique espagnole va s'affranchir et s'ouvrir
aux travailleurs européens. La navigation a fait d'immenses
progrès; la rapidité et la sécurité des transports se sont
accrues en même temps que le prix s'abaissait. Bientôt la
marine à vapeur marquera une nouvelle et décisive amélio-
ration. D'autre part, la législation internationale s'élabore;
les restrictions opposées à l'émigration par les gouver-
nements tendent à disparaître. Chaque fois qu'une mau-
vaise récolte ou une crise industrielle privera de travail
et d'aliments une fraction de la population, elle sera tentée
de chercher ailleurs les ressources qui lui manquent. Des
sociétés se forment pour organiser i'émigration. A partir
de 18-20, leur action grandit. Elles orientent les émigrants
vers l'Amérique du Sud qui a grand besoin de travail libre,
d'autant que la traite des nègres va être abolie. Les socié-
tés d'assistance pour les émigrants se multiplient; les gou-
vernements des pays d'origine et des pays de destination
prennent des mesures pour les protéger efficacement ; de
grandes compagnies de navigation abaissent au minimum
ie prix des transport. Enfin des causes particulières
accroissent sans cesse le nombre des partants. Les progrès
des moyens de transport ont beaucoup rapetissé le monde
dont l'enseignement de la géographie vulgarise la connais-
sance. Les grandes espérances déçues par les révolutions
de 1830 et I8i8, les crises industrielles et agricoles du
milieu du siècle (surtout en Grande-Bretagne et en Irlande),
les persécutions politiques et religieuses (dans l'Europe
centrale, en Italie), d'autre part l'enrichissement prodi-
gieux des Etats-Unis qui deviennent une sorte d'Eldorado
du travailleur lui offrant la terre à bas prix et des salaires
très élevés, la découverte des mines de la Californie et
d'Australie, créent de puissants foyers d'attraction. Ces
causes agissant simultanément ou successivement ont donné
un extrême développement à l'émigration ; elle n'est plus
un fait accidentel, se produisant à la suite de crises natio-
nales, de bouleversements politiques ou religieux, mais un
fait normal et permanent qui entraine chaque année un
grand nombre d'hommes à changer de patrie. C'est là un
des phénomènes sociaux les plus graves de notre époque et
il faut l'analyser avec soin.
L'histoire nous permet de constater de profondes diffé-
rences entre les tendances des divers peuples pour ce qui
concerne l'émigration. Ces tendances sont très dévelop]
chez les populations germaniques et chez les Anglo-Celtes
qui peuplent les Iles-Rritanniques; elles le sont moins chez
les races latines et nul n'émigre moins que le Français. La
France est bien plutôt un foyer d'attraction pour les énii-
grants des contrées voisines. Quant aux Slaves, ils s'épan-
chent sur les régions asiatiques conquises par la Russie.
1rs nègres n'ont émigré que contraints; les Chinois au
contraire se répandent sur les rivages du Grand Océan.
Emigration allemande. La race germanique, patiente
et laborieuse, a toujours tendu à se propager an delà des
frontières territoriales. On sait que dès l'époque romaine
— 007 —
ÉMIGRATION
on regardait la Germanie comme un réservoir de peuples;
■pris les migrations qui semblaient l'épuiser quand les
Ostrogoths, les Wtsigoths, les Burgondes, lesSuèves,
les Lombards, les Francs, etc., se forent établis dans l'an-
cien empire romain, celles de ces nations qui restaient en
contact arec l.i Germanie se renouvelèrent par un afflux
continuel .('éléments barbares. La Grande-Bretagne l'ut
en même temps occupée par des émigrants saxons, angles
et jutes, en attendant les danois. Les Carolingiens arrêtent
le mouvement vers l'O. Aussitôt, malgré les Baignées
efroythl terres d'extermination, les Allemands
.nichent vers ri;., refoulant les Slaves. Ce mouvement
(l>r,;n i ruit-h (htm) caractéristique de l'histoire d'Alié-
né depuis nulle années s'opère moins par une poussée
reportant à l'est l'ensemble des populations, qno
par une colonisation militaire dont les agents sont recrutes
dans tonte l'Allemagne. Ce sont des émigrants venus des
provinces les plus diverses qui fonderont le Brandebourg
et la Prusse iV. Prusse). Ce ne Sont pas seulement les Ba-
iui peuplèrent les Marches de l'Est (Autriche), de
ie,aeCarinthie. Le commerce, surtout quand lut oi
nmée la Hanse, crée de véritables colonies allemandes dans
vdles de la mer du Nord, de la Baltique, de la Pologne
Russie. Les grands cataclysmes du xvf et du
*Nl i religion et de la guerre de Trente
ans enrayent l'émigration allemande. Cependant, dès cette
lue. elle se porte vers l'Amérique du Nord. Quand les
Hollandais fondent surl'Hudson la nouvelle-Amsterdam, ils
appellent des Allemands, leur offrant à la t'ois la liberté de
• ienee et des concessions de terres; on les transporte,
• leur débarquement on leur donne des vêtements, des
se,,i outils agricoles, à titre d'avances rembour-
i ir les premières récoltes. Un peu plus tard, le
quaker Penn s'adresse aux Allemands, leur offrant des
- au prix de 50 shillings l'acre sur les bords de la
vu •. En 1682, se crée à Francfort une société de
m oui envoie 20 familles sous la conduite de
Pastorius; d'autres suivent; en 1710, on comptait
10 mennonites allemands en Pennsylvanie. Lors de la
grande famine de 1700, la reine Anne offrit le passage
lit .-t des terres en Amérique aux Allemands qui vou-
draient émigrer. Il s'en présenta 32,000 qui vinrent à
Ixmdres. Un ne put les expédier en Amérique ; 7,000 furent
rapatriés, d'autres envoyés en li lande, ou bien aux mines
de Sunderland ; un tiers mourut ; le reste fut trans-
porté en Amérique dans l'été de 1710. Dans la période
suivante, on continua de recruter des Allemands pour les
nés anglaises ; ils furent victimes de spéculateurs qui,
- les avoir fait venir, les vendaient aux enchères
comme de véritables esclaves. Les frères moraves amènent
en 1/51 un élément plus homogène. L'émigration aile—
était toujours très forte; en 1742, on comptait en
• anie pies de moitié d'Allemands ou fils d'Allemands,
i avance, plus le mouvement s'accentue; en 1759
Philadelphie -2-2,000 émigrants allemands ; de
1 ' ' - a I776,il aborde plus de 20 navires d'émigrants
allemands dans les colonies anglaises. Auxix' siècle j'émi-
gration allemande est encore plus considérable ( V. ci-dessous
listique).
i-ains autrichiens ont cherché à accroître l'in-
• ment germanique dans les provinces orien-
nx émigrants. Par une patente du
orda aux colons « qui
lient s'y établir et y construire une maison d'habi-
tation, la gratuite des frais de transport, des avances en
lursables pour moitié en cinq ans, une cer-
taine quantité de bois de chauffage et de construction, enfin
1 exemption de tout impôt pendant six ans pour les paysans
propriétaires, et pendant dix ans pour les simples manœuvres.
■nts furent ensuite envoyés dans les principales villes
ruter des émigrants. En 1 768 las
de la couronne dans le Banat furent cadastre,', et
■> entre les colons dans la proportion de 3-2 jochs
(INluvt. iScent.) par maison. Dix années après, 50,000 per-
sonnes s'y étaient établies et y avaient fondé 100 com-
munes nouvelles. » Ce mouvement d'immigration ollîciello
s'arrêta lorsque l'Etat autrichien suspendit la subvention.
Joseph II reprit le plan de sa mère, et, pour attirer les
émigrants allemands, il leur promit des terres, des avances
en argent, l'exemption du service militaire pour le (ils aine,
l'exemption de tout impôt pour dix-neuf ans et une liberté
de conscience absolue, fin dix-huit mois, il vint 5,663 fa-
milles composées de 25,896 personnes. L'immigration cessa
faute de terre et faute d'argent, l'Etat ayant épuise ses
ressources. Ultérieurement, le gouvernement autrichien se
montra peu favorable aux émigrants ; il commença par re-
fuser ceux qui n'avaient pas de moyens d'existence assurés
( I Sd-J) et à partir de 1805 ne reçut même plus les colons
aises. Ce n'est qu'au milieu du siècle qu'il revint à une
politique plus libérale (V. § Intervention de l'Etat).
La Prusse, qui doit son existence à une véritable coloni-
sation, dut encore une partie de ses progrès, au xvn° et au
xviir siècle, à la protection méthodique que ses souverains
accordèrent aux immigrants étrangers. Le fait est remar-
quable, puisque la Prusse, qui fut un pays d'immigration,
est actuellement un des principaux centres de l'émigration
européenne. Au xvna siècle, elle recueillit successivement
les protestants français fuyant devant les persécutions de
Louis XIV, les Wallons chasses des Pays-Bas, les Vaudois
du Piémont, des réformés de Suisse, de Bohème, ceux de
Salzbourg exilés par l'archevêque Firmian. Frédéric-Guil-
laume dépensa (i millions de thalers pour repeupler avec
des Si ma lies et des Suisses sa province de Prusse. Pendant
son règne et celui de Frédéric II, l'immigration ne cessa
d'être un des principaux soucis du roi. Frédéric II attira et
établit en Prusse au moins 250,000 émigrants venus de
tous les pays d'Europe. C'est à partir de l'annexion des
provinces rhénanes, pays riches, que l'émigration prussienne
a dépassé l'immigration.
D'une manière générale pour l'émigration allemande, le
fait capital c'est que jusqu'au xvn9 siècle elle fut presque
exclusivement et même jusqu'au siècle actuel prin-
cipalement dirigée vers l'E. et continentale; aujourd'hui
elle est surtout dirigée vers l'O. et transocéanique. Pen-
dant le moyen à-e, rappelons la colonisation de la Prusse,
des duchés de la Baltique, d'une partie de la Pologne ; plus
récemment, îles colonies allemandes ont été établies dans
la Russie méridionale, sur la Volga, etc. Catherine II et
ses successeurs adressèrent des appels réitérés aux émi-
grants allemands. De même en Hongrie, ou déjà le roi
Geisa II les attirait, nu la Transylvanie en fut en partie
peuplée, avant les entreprises de Marie-Thérèse et de Jo-
seph Il que nous citions tout à l'heure. Enfin, à notre
époque comme dans les âges précédents, l'émigration alle-
mande est surtout agricole.
Emigration anglaise, écossaise, irlandaise. Les po-
pulations de langue anglaise se sont plus que toutes autres
répandues sur la surface du globe. Nulles n'émigrent da-
vantage et ne profitent plus de cette tendance. La person-
nalité énergique des Anglo-Saxons s'affirme ici. Ils n'ont
pas la souplesse des émigrants allemands; ils ne peuvent
comme ceux-ci subir la domination étrangère ; aussi ne se
transportent-ils guère que dans les pays ou ils sont les
maitres, ou leur langue, leurs imeurs, leurs institutions ont
ete implantées. Dans cette émigration, c'est l'élément cel-
tique qui l'emporte par le nombre, Irlandais, Gallois, Ecos-
sais des Highlands, mais pour la qualité c'est l'inverse.
L'Irlandais est pauvre, accepte à l'étranger les besognes
inférieures, s'emploie comme terrassier, comme domes-
tique; il améliore sa condition par l'émigration, mais sans
sortir de la condition de salarie; son ignorance et son in-
tempérance lui nuisent. Au contraire, L'emîgrant anglais ou
écossais ''si très souvent un cadet de famille, un petit fer-
mier ou un petit marchand. Il n'est pas indigent comme
l'Irlandais, d'autant que les parents subventionnent en
général le cadet qui s'expatrie. Aussi rémigrant anglais
ÉMIGRATION
908 —
devient-il ;i l'étranger fermier, industriel, commerçant pour
Sun propre compte, ou bien contremaître dans une grande
industrie, commis dans une maison de commerce ou une
entreprise financière. Beaucoup pourtant s'emploient comme
ouvriers dans les mines et les manufactures. L'histoire de
l'émigration anglaise (Unis le passé se confond avec celle
des colonies anglaises et a été donnée dans l'art. Coloni-
sation. On trouvera plus lias les indications relatives a
l'émigration britannique depuis le commencement du
xixe siècle. Notons seulement que l'émigration irlandaise
qui est la plus intense l'a toujours été. On évalue a cinq
millions le nombre d'Irlandais qui se sont expatriés au xvn':
et au xviii8 sièele. A ee moment la persécution religieuse
était le motif capital. On sait que la France fut alors un
des foyers d'attraction de l'émigration irlandaise, laquelle
portait surtout sur les mâles, et que notre armée comptait
des régiments entiers d'Irlandais. Depuis il s'est dessiné un
grand mouvement d'émigration des Irlandais vers les villes
anglaises. Nous y reviendrons. L'Ecosse a de même pen-
dant le moyen âge et aux temps modernes envoyé à l'étran-
ger, notamment en France, beaucoup de ses nationaux ; les
crises religieuses et politiques du xvie au xvine siècle y ont
contribué et ont eu des effets analogues en Angleterre. —
Quant à l'immigration étrangère en Angleterre, elle fut assez
mal vue ; toutefois, les gens des Pays-Bas appelés par
Edouard III, ceux qui fuyaient les persécutions de Phi—
lippe II, les protestants fiançais sous Louis XIV ont eu
une grande part à la fondation de l'industrie anglaise. Mais
on peut dire que, sauf ces exceptions et abstraction faite des
Irlandais, l'immigration en Angleterre est insignifiante.
Emigration française. L'émigration française est
depuis longtemps extrêmement faible, relativement à l'émi-
gration anglaise et allemande. On sait qu'à notre époque
elle est surpassée par l'immigration des étrangers en France.
On a souvent examiné les causes qui retiennent le Français
chez lui : attachement au sol natal, tutelle administrative
qui lui laisse peu d'initiative et le prépare mal aux risques
de la vie coloniale ; mais la cause principale est certaine-
ment le bien-être des habitants ; ils restent chez eux parce
qu'ils s'y trouvent bien ; les salaires sont relativement
élevés ; nulle part autant qu'en France le luxe n'est vul-
garisé, pour ainsi dire ; aussi, comme les habitants ont
sagement limité l'accroissement de la population, mainte-
nant l'équilibre économique et social qui les rend heureux,
surtout dans les campagnes, rien ne les pousse à émigrer.
Ce sont souvent les gens les moins estimables qui vont
chercher fortune ailleurs ; aussi l'émigrant français qui se
porte de préférence vers les villes étrangères est-il trop
souvent tenu en médiocre renommée. Le mouvement même
vers nos colonies est faible et c'est là une des préoccupa-
tions de nos économistes (V. Colonisation). Dans le passé,
il n'en a pas toujours été ainsi. Sans remonter jusqu'aux
Gaulois, qui se déplaçaient très facilement et avaient peu-
plé l'Italie septentrionale, la Bavière et la Bohême et jus-
qu'à une province de l'Asie Mineure (V. Celtes), nous
avons déjà parlé des croisades. C'est par des émigrants
français que furent créées en Palestine et en Syrie des
principautés qui se maintinrent durant deux siècles et por-
tèrent dans ces régions, puis dans l'ancienne Grèce, notre
civilisation. Les Normands qui fondèrent le royaume des
Deux-Siciles étaient de véritables Français. Enfin, dans le
haut moyen âge, il y eut un courant ininterrompu d'émi-
gration française au S. des Pyrénées. L'influence de l'abbaye
de Cluny fut pour beaucoup dans ce mouvement. Il se créa
en Espagne, du xie au xive siècle, un grand nombre de
communes françaises, sans parler du royaume de Portugal.
Plus tard, les crises religieuses du xvie et du xvne siècle
déterminèrent des expatriations très considérables : celle
des Vaudois (V. ce mot), celle des réformes fiançais qui
fut presque continue depuis le règne de François 1er jus-
qu'à celui de Louis XV. La ville de Genève lui dut son
importance. De 1549 à 1539, cette seule ville avait reçu
plus de 5,000 réfugiés. La recrudescence des persécutions
religieuses SOUS Louis XIV accentua l'émigration a partir
di 1663; elle devint générale après la révocation del'édil
de Nantes. En quinze années, il tortil de France près
de 300,000 personnes. Vanban parle de 600 offiaen,
12,000 soldats aguerris, 9,000 matelots, les meilleurs de
la Motte. On peut se faire une idée de l'importance de cette
tion en songeant que, par la seule \ille de Genève,
il passait des centaines de fugitifs chaque jour. En cinq
semaines (août 1687), on en compta prés de 8,000. Cette
émigration forcée fut un désastre national, du même ordre
que celui causé ■ l'Espagne par l'expulsion des Juifs et
îles Morisques. C'est le plus remarquable exemple de ces
exodes motivés par la persécution religieuse qui furent si
fréquents au x\T et au xvn" siècle. Aussi entrerons-nous
dans quelques détails en reproduisant le tableau dressé par
M. Ch. llaussoullier, d'après les rapports des intendants
que Boulainvilliers a analysés. « D'après ces rapports, la
Provence perdit 15,000 habitants. On n'a pas de chiffre,
même approximatif, sur le nombre d'habitants qui sorti-
rent du Dauphiné et du Languedoc, les deux provinces du
Midi où se trouvaient le plus de réformés. Cette dernière
province seule en contenait, assure-t-on, 200,000. La plu-
part des 400,000 protestants de la généralité de Bordeaux
émigrèrent; la généralité de La Rochelle perdit plus du
tiers de ses habitants ; la population de Lyon descendit de
90,000 à 70,000 âmes. La Normandie, la province du
Nord qui contenait le plus de protestants, perdit, selon
M. Floquet, 184,000 habitants, et plus de 26,000 de ses
habitations devinrent désertes. Des 400 tanneries de la
Touraine, il n'en restait plus que 54, en 1698, et cette
province vit ses 8,000 métiers à soie réduits à 1,-200,
ses 700 moulins à soie à 70, ses 300 métiers à rubans à
60, ses 40,000 ouvriers à 4,000 et sa consommation de
2,400 balles de soie à 800 ; les 18,000 métiers de Lyon
furent réduits à 4,000 à peine ; la fabrique de dentelles
d'or et d'argent de la généralité de Paris subit une grande
diminution. La Champagne fut singulièrement appauvrie ;
sur 1,812 métiers, Reims n'en garda que 950 ; des 80 ma-
nufactures de lainages de Rethel, il n'en restait que 38 :
à Mézières, les 108 métiers à serge étaient réduits à 8 ;
il ne restait plus que 2 ouvriers dans les manufactures de
drap de Sézanne ; Sedan souffrit à ce point que, de cité
florissante qu'elle était, elle devint pauvre bourgade. Les
60 manufactures de papier de l'Angoumois furent réduites
à 16. Le commerce de toiles de Bretagne, qui s'élevait à
Morlaix, pour les toiles fines seulement, à 4 millions et
demi, fut réduit des deux tiers. Dans le Maine, les manu-
factures du Mans, de Mayenne, étaient en pleine décadence;
celle de Laval fut ruinée. En Normandie, le commerce et
l'industrie avaient reçu un coup si terrible, que c'était à peine
si cette riche et industrielle province pouvait suffire à sa
consommation. »
La Révolution française détermina chez les privilégiés
qui la combattaient un mouvement d'émigration analogue
sur lequel on trouvera d'amples détails ci-dessous (Y. le
§ Histoire de la Révolution). — Quant à l'émigration
vers les colonies françaises, elle fut toujours faible (V. Co-
lonisation), bien que Colbert et Louis XIV aient fait de
grands efforts pour la généraliser, spécialement vers le
Canada. Il y a là un modèle de colonisation et d'émigration
officielle ; le roi et le ministre s'occupent sans cesse d'expé-
dier de nouveaux habitants, d'accroître les mariages : ils
expédient des filles nubiles prises souvent à l'hôpital géné-
ral de Paris; désireux de créer une race vigoureuse, ils
éliminent avec soin de ces convois les personnes malades
ou chétives. La santé physique et morale des Franco-Cana-
diens doit probablement beaucoup à cette attention offi-
cielle. La tradition s'en maintint sous les règnes suivants,
même lorsque la France eut perdu sa colonie de peuple-
ment. On expédia aux Antilles, à Cavenne et aussi à l'Ile
de France et à Bourbon des émigrants français ; dans ces
pays tropicaux, ils mouraient dru: deux sur cinq dispa-
raissaient dès la première année. On sait l'échec de la colo-
- s toi) —
ÉMULATION
nation alsacienne de la Guyane. An \i\' siècle, le principal
luit îles émigrants français aurait dâ être notre colonie
algérienne : il n'en est jus encore ainsi, malgré les efforts
du gouvernement On ingéra, par les chiffres qui seront
donnés plus bas. de U nublesse de l'émigration Française
comparée a celle d'Allemagne ou de Grande-Bretagne.
Emigration italienne. Los Italiens ont relativement
|h'u iamgré an moyen In, malgré l'étendue de leurs rela-
lions commerciales 0 . Lonma( j i et la fréquence des dis-
cordes civiles: les exiles passaient dans une cité voisine,
mais bien peu quittaient la péninsule sans espoir de retour.
1 a domination autrichienne en obligea des milliers à s'ex-
patrier, mais ceux qui passèrent en Europe revinrent dès
qu'ils le purent Nous exceptons bien entendu les aventu-
ra rs de haute ou basse marque qui cherchaient fortune
auprès des princes étrangers et se fixèrent dans leurs pays
d'adoption. Au xi\ siècle, l'émigration transoceanique a
pris une grande importance ; d'autre part, la situation
économique a pousse chaque année des milliers d'ouvriers
à chercher du travail au dehors, particulièrement en France.
Ils n'éarigrant pas définitivement dès la première fois, mais
beaucoup finissent par s'établir tout a fait et peuvent être
"inme de véritables couvrants, d'autant que le
I sage de leur pays natal leur permet de faire venir leur
famille et de fonder un établissement plus complet que celui
de bien des adultes qui ont émigré seuls.
Emu/ration hispano-portugaise. L'émigration espa-
gnole qui a commence de peupler l'Amérique du Sud et
'l'Amérique centrale (Mexique et \ milles) n'a plus grande
raiBM d'èti-e. senible-t-il. puisque la densité de la popu-
lation est insutlisante dans la péninsule ibérique. Elle con-
tinue néanmoins vers l'Amérique espagnole et vers l'Algé-
rie et la France. L'émigration portugaise fut et est encore
dirige-' vers le Brésil.
Emigration Scandinave. Habitant un sol infertile,
- un climat très rude, la race Scandinave, très éner-
gique, familiarisée avec la mer, a, de tout temps, essaimé.
Nous avons déjà siguale les invasions normandes qui con-
duisirent dans les Iles-Britanniques, en N'eustrie, et sur les
riva-es orientaux et méridionaux de la Baltique des groupes
■OBDreox de Danois, de Norvégiens, de Suédois. La colo-
nisation de l'Irlande vint ensuite. Puis l'activité de ces
nations se confina dans la Baltique et la mer du Nord. Ce
n'est qu'au xi\ç siècle que l'émigration Scandinave a repris
avec une intensité telle qu'elle menace presque de dépeu-
pler la presqu'île suédo-norvégienne.
Emujratum russe. L'empire russe ayant développé une
colonisation analogue à celle des Romains, l'émigration
v présente des caractères particuliers. Elle se produit par
des déplacements de populations slaves qui vont coloniser
des terres conquises récemment ou abandonnées par leurs
occupants. C'est ainsi que les Russes s'épanchent sur
l'Asie, dans la Sibérie, dans le Turkestan, dans la Trans-
caucasie, après avoir remplacé en Crimée les Tatares. Le
ornement, qui interdit en principe l'émigration propre-
ment dite, laisse cependant partir les dissidents religieux,
les juifs, les mennoniles. Il cherche a renforcer l'élément
-lave dans les provinces occidentales de l'empire. Toutes
mme celles relatives à l'immigration, notam-
ment des Allemands, qui eut une influence énorme au xvii"
et au xviu siècle, seront étudiés à l'art. Rissie.
lits relatifs a l'émigration dr petits pavs, Belgique,
Hollande. Suisse, etc., seront analysés plus bas, en même
temps que nous parlerons de leur situation actuelle à ce
point de vue.
irativn africains. L'émigration des nègres qui a
installé la race noire dans les deux Amériques est un des
faits les plus -raves de l'histoire moderne. On sait qu'il
ne s'agit pas la d'une expatriation volontaire, mais d'un
'ommerce d'esclaves. Nous renvoyons pour son étude à
l'ait. Ebcuvagb, en rappelant seulement que la traite a
été abolie en ce siècle et que l'émigration des noirs engagés
par contrats est à peu près insignifiante. Toutefois, un
grand nombre de noirs sont encore transportés chaque an-
née dans les pays musulmans d'Asie.
Emigration indoue. Privées, par la suppression de l'es-
clavage el de la traite, des bras qui étaient nécessaires à
la culture de leurs plantations, les colonies européennes de
la zone tropicale ont cherché une compensation. Les Anglais
eurent l'idée de remplacer les nègres par des Indous. Ceux-
ci habitant des régions ou la population est surabondante
el souvent décimée par la famine, n'ont pas de répugnance
à émigrer pour trouver ailleurs un travail mieux rému-
nère, le gouvernement anglais organisa l'enibauehement
des coolies pour ses colonies, à partir de 1835. La grande
majorité fut dirigée vers l'Ile Maurice. On calcule, en effet,
que sur un total de 688,000 coolies émigrés de 1835 à
188:2, l'Ile Maurice en a reçu près de 400,000 ; un tiers
environ sont retournés dans l'Inde; beaucoup sont morts.
Il n'y a donc pas là une émigration au sens propre du mot;
cependant une partie des Indous se fixent dans leur nou-
veau séjour. On veille à ce que ce ne soient pas seulement
dos hommes qui éinigrent ; on exige qu'il y ait au moins
une femme par quatre hommes. De 1843 à 18(50, sur les
274,613 Indous transportés à l'Ile Maurice, on comptait
47, 90:2 femmes et 3 1,3(58 enfants contre 195,343 adultes
mâles. Les Antilles anglaises avaient dans la même période
reçu i(i,000 travailleurs indous ; la Guyane et la Trinité
avaient absorbé presque tout : la première, °27,295 ; la
seconde, 14,840. La mortalité était considérable pendant
la traversée, de 7 à 10 °/0, soit sept à dix fois plus forte
que sur les émigrants anglais voguant vers l'Australie. On
voit que les visées humanitaires qui présidaient à ces trans-
ports n'étaient que relatives. Plus récemment, l'Australie
et les des Hawaï ont aussi fait venir des coolies. Les colo-
nies françaises, la Réunion et les Antilles, en reçurent en
grand nombre. Le gouvernement anglais s'y prêta pour
remplacer les nègres. Enfin le Pérou en engagea plus de
180,000 de 1860 à 1872.
Emigration chinoise. La race chinoise est une des plus
prolifères et des plus expansives du globe. La Chine ac-
tuelle a été formée en partie par un travail de colonisation.
Elle continue de s'étendre vers l'intérieur du continent
asiatique de la même manière ; soit vers la Manchourie ,
vers la Mongolie, soit dans la région de Thian-chan et du
Tarim les émigrants affluent. Nous ne savons rien de pré-
cis de cette émigration. L'Indo-Chine est plus que jamais
envahie par les Chinois, pacifiquement, et, à l'occasion,
les armes à la main. L'émigration maritime est aussi con-
sidérable ; on l'évalue à 150,000 individus par an. Un
des centres est Singapour ; dans les colonies anglaises,
françaises, espagnoles, néerlandaises de la région malaise,
l'élément chinois s'accroit sans cesse, quoique beaucoup
des émigrants rentrent dans leur patrie. Ils ont aussi porté
leur travail dans des contrées plus éloignées, sur les
côtes américaines du Grand Océan, aux Etats-Unis, en
Australie. Mais les ouvriers blancs redoutant l'avilisse-
ment des salaires ont exaspéré l'antipathie de race et fait
adopter des mesures prohibitives. L'immigration chinoise
dans ces pays a été arrêtée; seule, la colonie chinoise
actuellement existante aux Etats-Unis est tolérée. Dans
l'Amérique centrale et aux Antilles anglaises ou espagnoles,
les travailleurs prétendus libres qu'on faisait venir de
Chine peuvent encore moins être regardés comme de véri-
tables émigrants ; il ne venait guère que des hommes, et ils
ne créaient pas d'établissement définitif. Au point de vue
du travail agricole, la supériorité du nègre parait acquise.
Voici ce que dit Cramer de Cassagnac des trois races :
« L'Hindou est doux, obéissant, élégant de sa personne,
mais faible de constitution et produit peu de travail. Sa
religion lui interdisant la viande de bœuf, il vit exclusi-
vement de riz et de poisson; il ne communique pas avec le
reste de la population, qu'il considère comme impure, et
rentre généralement dans son pays à l'expiration de son
engagement. Les nègres sont, sans comparaison, les meil-
I leurs cultivateurs de la zone tropicale. Ils sont dociles,
KMH.lt ATION
!M0 -
-uniabUs, guscepùnles d'aUachemenl et facilement
.,„ christianisme. Ils coûtant beaucoup moins cher i luire
venir que les Chinois ou les Hindous, el ils ne s'en retour-
nent presque jamais. Ils sont donc une acquisition préeieuse
,„„. |t. sol et pour le travail. En outre, les nègres vivenl
5eg produits locaux, tels que racines, légumes, poi
vianae ; ils consomment la plus grande partie du rhum, el
ce régime développe en eux une force musculaire considé-
rable! Avec l'introduction des travailleurs nègres, on ne
cultive pas seulement les contrées tropicales, on les peuple. »
Ce sont donc, à proprement parler, les seuls qui méritent
tout i fait la qualification d'émigrants.
Statistique.— ïham.i..— La question «le l émigration
est à double l'ace : émigration des nationaux a l'étranger,
immigration des étrangers dans le pays. Les pays européens
sont surtout des pays d'émigration, et le problème de I im-
migration n'a pour eux que très peu d'intérêt, actuellemenl
du moins. H n'en est pas de même pour la France qui est
plutôt, un pays d'immigration. Us chiffres et les laits de
nos statistiques devront donc être classés sous deux ru-
briques: émigration des Français à l'étranger, immigration
des étrangers en France. D'autre part, la question de l émi-
gration n'est pas seulement démographique ou sociologique,
elle a aussi un intérêt commercial; celui-ci mente pour la
Fiance une mention spéciale, attendu que les ports français
embarquent chaque année une foule d'émigrants non iran-
cais lesquels ne font que transiter par notre territoire et
forment une fraction considérable des passagers de nos
navires Nous rappelons dés le début de cette statistique
deux choses qu'il ne faut pas oublier : la première, c'est
que l'émigration vers nos colonies n'est pas considérée
comme telle par nos statistiques, lesquelles ne portent que
sur les émigrants passant de France à l'étranger ; la se-
conde c'est la définition de l'émigrant. Elle est donnée
par l'art 7 du décret du 9 mars 1801 (V. ci-dessous le
S Lêqislalion) qui déclare qu'il y a lieu de considérer
comme émigrant, sans autre justification, tout passager qui
n'est pas nourri à la table du capitaine ou des officiers et
qui paye pour le prix de son passage moins de 80 fr. par
semaine sur les vapeurs, 40 fr. par semaine sur les voiliers.
Il en résulte que les passagers de première et de seconde
classe ne sont jamais réputés émigrants. Au contraire, les
passagers d'entrepont sont réputés tels. Ainsi que l'observe
M. Mayssent, le très compétent chef du bureau chargé de
ce' service au ministère de l'intérieur, « ces destinations,
qui paraissent au premier abord étranges, sont fondées sur
la présomption, généralement justifiée par les faits, que les
passagers des classes inférieures se transportent dans les
pavs transatlantiques dans l'intention de s'y établir, tandis
que les passagers des classes supérieures appartiennent pour
la plupart à la catégorie des voyageurs ordinaires. La
méthode, usitée en certains pays, qui consiste à demander
aux passagers s'ils émigrent sans esprit de retour ou dans
l'intention de revenir, t'ait dépendre la qualité d'émigrant
des déclarations qui peuvent n'être pas véndiques et que
les événements ne justifient pas toujours. Très peu d'émi-
grants, en effet, partent avec la pensée qu'ils ne reviendront
pas dans leur patrie. Quels que soient les avantages ou les
inconvénients de la règle établie à l'art. 7, c'est exclusive-
ment aux passagers visés dans cette disposition que s'ap-
plique la statistique de l'émigration dressée en France par
les soins de la direction de la sûreté générale.
C'est seulement à partir de 1856 qu'on a constate régu-
lièrement le nombre des émigrants français; à celle date,
en effet, furent créés des commissariats spéciaux chargés
de ce service. Toutefois, on avait déjà quelques renseigne-
ments pour la période antérieure. A la lin du xvm1 siècle.
Moreau, dans ses Recherchai SUT la population (1778),
évaluait de 20 à 23,000 le nombre des Français qui s ex-
patriaient annuellement, librement ou non, vers nos colo-
nies. Si l'on ajoutait actuellement aux émigrants vers les
pays d'outre-mer ceux qui se rendent dans nos colonies,
on' n'arriverait pas encore au chiffre de 1 778. 11 faut ajouter
que, pour les émigrants par voie de terre, i
assez nombreux, nos statistique:, sont muettes. En 1861 et
en 1886, on a procédé à un recensement général des
fiançais résidant a l'étranger. Voici les chiffres obtenus :
1861
Europe 127.000
Amérique «lu Nord.
Amérique du Bud .
Afrique
Asie
Océanie
113.000
58.000
18.000
3.000
»
1886
2D0.000
120.000
40.000
30.000
15.000
3.000
316.000 408.000
Il faut dire tout de suite que ces chiffres ne m
aucune confiance, sauf peut-être pour l'Europe. En Asie.
ils comprennent pour 1886 le corps militaire d'expédition
au Tonkin. Tour l'Amérique du Nord, les chiffres sont
beaucoup trop faibles; de même pour l'Amérique du Sud.
où nos agents recensent 26,000 Français à la république
Argentine, alors que le dénombrement officiel de ce i
accuse près de 60,000. Pour l'Europe, on compte environ
.')() à 60,000 Français en Belgique et autant en S
86,000 en Angleterre, 47,000 en Espagne, 10,000 en
Italie. Nos statistiques d'émigration citent 1 émigrant veis
l'Angleterre, alors qu'évidemment une bonne partie de nos
nationaux établis de l'autre cote de la Manche s'y sont
fixés. On peut juger par la avec quelles réserves il convient
d'accepter les documents statistiques que nous allons
donner. Les statistiques françaises et étrangères n'étant pas
établies de même en ce qui concerne la définition de l'émi-
grant, la concordance ne se trouve jamais réalisée.
Voicilescliiflresdel'emigralionfrunçaiseapartirde 18 • 3 :
1853 9.694
1854 18.079
fsr>o 19.957
1856 17.997
1857 18.809
1858.
1859.
1860.
1861.
1862.
1863.
1864.
1865.
1866.
1867.
1868.
1809.
1870.
1871.
187-2.
13.813
9.104
0.780
6.334
5.036
4.285
4.051
4.489
4.531
4.938
5.274
Î.S37
4.845
7.109
9.581
1873 7.101
1X74 T
187!
,500
1876 2.867
1877 3.600
Î.816
1878. . . .
1879. . . .
1880. . . .
1881. . . .
1882. . . .
1883. . . .
1884. . . .
....
1886. . . .
1887. . . .
1888 23.339
ISS9 31.
1890 20.500
1891 H.217
' 4.
4,
l.
3,
6,
7
11.
156
S4S
011
768
063
314
170
A partir de 1800, nous ne faisons plus figurer dans le
total les émigrants pour l'Algérie.
On remarque tout d'abord le mouvement d'émigration qui
suit l'établissement de l'Empire; le malaise politique y
concourt avec la crise économique. Dans la dernière période
décennale, on remarque un brusque relèvement en 1885,
lorsqu'on put tenir compte des émigrants embarqués à
Bordeaux sur les navires de la Compagnie des Messageries
maritimes qui ne figuraient pas dans les statistiques des
années précédentes, Ainsi, en 1884, si on les avait ajoutes,
|e total des émigrants se serait élevé a 6,100 environ. On
remarque la brusque augmentation de l'émigration a partir
de 1888 jusqu'en 1891; elle s'explique par le grand
courant qui s'est porté vers la République Argentine. La
crise subie par ce pays a ralenti le mouvement en 1890
el l'a presque arrête en 1S91. La République Argentine à
elle seule a reçu 22,871 émigrants français de moins
qu'en 1889. .
Le tableau de la page suivante indique comment 1 émi-
gration française se repartit d'après le département d'ori-
■m et quelle est la proportion des ètnigruota .'i la popu-
lation totale du département dans la période 1885-4887,
la dernière sur laquelle des renseignements officiels aionl
été publiés. Le total îles émigrants pour ces trois ans a été
■ .T. Mous y joignons un tableau donnant las mêmes
- DU - ÉMIGRATION
indications pour la période 1837-1877 (Y. a la p. 918),
Pour comparer ce tableau à celui ci-dessous, il ne faut
pas oublier que dans l'un la proportion pour 10.000 liai).
est comptée sur une période de trois années, dans l'autre
sur une période de vingt années.
M PARTEMENTS
Ain
Maritimes. . .
Ardeehe
....
\
Aude
-RI
Calvados
Cantal
Charente
Charente-ln
Cher
• r ' .
.u-Nord . . .
-ii'
Drame
Kure
Eure-et-Loir . . . .
Gard
Garonne [Haute- .
. .
Gironde • .
Hérault
Ille-et-Vilaine
Indre
Indre-ct-Loii •
Jura
Landes
Loir-et-Cher ....
Loire
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Loire-Inférieure . .
i
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2,78
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7,47
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23 »
203
3,35
96
2,01
61
2,52
233
6,35
5.72
69
1,96
113
6,48
10.73
99
1,60
13U
2 »
37
1.20
408
8,28
781
26,11
170
5,10
12
1,17
70
2,46
110
1,55
159
8,81
507
1,05
440
1,60
658
8,48
66
1,51
116
1,86
13
1,45
71
2,08
207
3,55
152
5,40
219
7,21
65
2.32
195
3,23
60
1,87
151
2,3 1
60
1,60
Hl l'AKI 1 MKNTS
Lot
Lot-et-Garonne
LosAre
Maine-et-Loire
Manche
Marne
Marne Haute-)
Mas enne
Meurtheret-Mosello
Meuse
Morbihan
Nièvre
Nord*
Oise
Orne
Pas-de-Calaia
Puy-de-Dôme
Pyrénées (liasses-)
Pyrénées (Hautes-)
l'y rénées-i irientales
Rhin Haut-) (Belforl depuis 1871
Rhône
Saône (Haute-)
Saône-et-Loire
Sartlie
Savoie
Savoie (Haute-)
Seine
Seine-Inférieure
Seine-et-Marne
Seine-et-Oise
Sèvres (Deux-)
Somme
Tarn
Tarn-et-daronne
Var
Vaucluse
Vendée
Vienne
Vienne (Haute-)
Vosges
Yonne
Colonies française.* et émigrants
français, de provenance inconnue.
gs
356
201
37
61
60
122
68
63
302
87
80
97
246
87
66
196
49
5.653
1.422
196
274
358
624
158
92
605
372
1.331
327
89
127
61
74
107
84
133
140
43
81
92
228
113
£ 3-°
o os
« 2
13,11
6,50
2,62
1,15
1,15
2,84
2,74
1,85
6,97
2,97
1,49
2,78
1,59
2,15
1,79
2,29
0,85
130 »
60,55
9,32
34 »
4,63
21,44
2,52
2,10
22,62
13,52
4,49
3,21
2,50
2,05
1,72
1,36
4,68
3,92
4,68
5,79
0,98
2,65
2,53
5,53
3,17
Le chiffre total des émisants durant ces vingt années
1-71 e»t un peu supérieur au total de ceux qui figurent
sur ce tableau. Il est de 14o\-290 personnes, yuoi qU',i en
soit, la remarque fondamentale c'est que le centre principal
d'émigration depuis trente ans est toujours le dép. des
réoées ; vient ensuite le dép. voisin des Hautes-
puis les pays de montagnes, les Hautes-Alpes,
rAwyrou. le Doubs, la Savoie. Il y a aussi un fort mouve-
ment d'émigration du territoire de Delfort, mais qui est
par l'immigration alsacienne. Les habitants des
Pyrenees-Orientales, qui emi-raient relativement beaucoup,
■•ut presque cessé; de même les Bouches-du-Hhone, la
Haute-Garonne et la l.iroude. En revanche, il s'est crée un
nouveau fover dans le dép. de l'Avevron d'où sont partis
ants en 1883, 244 an 1884, 681 en IHS7: ce
mouvement a gagné le dép. contigu da Lot. Paris et le dép.
de la Seine fournissent un chiffre assez fort, envisagé en
lui-même, mais faible pro|>ortionnellementà leur population.
Le premier fait ressortant des tableaux que nous don-
nons, c'est que l'émigration n'est pas en France propor-
tionnée a la population, et ne saurait par conséquent être
eoaa me l'écoulement naturel du trop-plein de con-
sommateurs et de producteurs qui existe en d'autres pa\s.
En effet, le dep. des Basses-Pyrénées, qui compte environ
430,000 hab., a fourni, de 1883 à -1887, 5,653 émigrants,
alors que la Seine avec une population sept fois plus forte n'a
donné que 1 ,33 1 départs, et le Calvados avec une population
équivalente seulement 9G départs. Tandis que des fiasses-
Pyrénées, il sortait 130 hab. sur 10,000, du dép. du Puy-
de-Dôme, il n'en sortait pas môme 1 sur 10,000 (0,83).
On peut multiplier ces rapprochements qui démontrent
péremptoirement que le mouvement de l'émigration est sans
rapport aucun avec le nombre des habitants. Elle n'est pas
non plus en raison inverse de la richesse mobilière ou
immobilière des départements, et par conséquent ne peut
être attribuée à l'insuffisance de ressources matérielles ou
à la misère. Le tableau de la répartition proportionnelle
par tète des valeurs successorales, et le tableau propor-
tionnel des contributions indirectes permettent d'évaluer la
richesse relative de chaque département; les moins riches,
Corrèze, Creuse, Morbihan, ne fournissent presque pas d'émi-
grants. On ne constate pas non plus de rapport avec l'ex-
cédent des naissances sur les décès. Il parait résulter de là
que les causes de l'émigration, en France, doivent être cher-
chées non pas dans des faits d'ordre économique, mais dans
des faits d'ordre moral ou purement accidentels, l'organi-
sation des agences, l'activité de leur propagande. Les
liasses-Pyrénées fournissent plus du cinquième du chiffre
ÉMK.rUTloN
912 -
total; résout li's Basques qui émigrent le plat volontiers,
bc rendant dans l'Amérique du Sud. La région pyrénéenne,
les Aljxs, le Jura, la région des Causses viennent ensuite ;
mais si l'on tenait coopte de rémigration pas1 fvie de terre,
on retrait que les départements frontièrea rimmtal ■ pre-
mière nu deuxième ugne peur I'.- nombre des émigrants,
DEPARTEMENTS
Ain
Aisne
Allier
Alpes (Basses-).. .
Alpes (Haut, s- .
Alpes-Maritimes. .
Ardèche
Ardcnnes
Ariège
Aube
Aude
Aveyron
Bouches-du-Rhone
Calvados
Cantal
Charente
Charente-Inférieure
Cher
Corrèze
Corse , . .
Côte-d'Or
Cotes-du-Nord. . .
Creuse
Dordogne
Doubs
Drotne
Eure
Eure-et-Loir ....
Finistère
Gard
Garonne (Haute-) .
Gers . .
Gironde
Hérault
llle-et- Vilaine. . . .
Indre
Indre-et-Loire. . .
Isère
Jura
Landes
Loir-et-Cher
Loire
Loire (Haute-) . . .
Loire-Inférieure . .
266
266
72
883
1.408
ii;
887
182
1 628
209
1.465
'.'0 1
6.132
124
2.312
301
1611
4117
2.903
521
829
82
327
3.440
1.435
146
119
176
1.470
6.046
2.410
12.984
1.168
430
126
343
1.234
722
950
193
1.088
409
609
a =
y- o c a
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Z — - y.
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7
5
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ils
20
23
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110
3
•100
13
7
5
16
110
14
13
O
7
110
46
4
4
3
127
80
177
25
7
4
9
20
27
31
7
16
13
10
DEPARTEMENTS
Loiret
Lot
Lot-et-Garonne. . .
Lozère
Maine-et-Loire . .
Manche
Marne
Marne (Haute-). . .
Mayenne
Meurthe-et-Moselle
Meuse
Morbihan
Nièvre
Nord
Ois
Orne
Pas-de-Calais
Puy-de-Dome
Pyrénées (Basses-) . .
Pyrénées (Hautes-) . .
Pvrénées Orientales. .
Rhin (Haut [Belfort] .
Rhône
Saône (Haute-)
Saone-et-Loire
Sarthe
Savoie
Savoie (Haute-)
Seine
Seine-Inférieure . . . .
Seine-et-Marne
Seine-et-Oise
Sèvres (Deux-)
Somme
Tarn
Tarn-et-Garonne. . . .
Var
Vaucluse
Vendée
Vienne
Vienne (Haute-) . . . .
Vosges
Yonne
« ?
216
if;:,
1%
59g
48o
407
23
.437
247
163
350
B8S
205
143
291
416
.299
.Tii.'j
BIS
.157
.233
645
356
343
.086
.211
718
152
117
94
260
.056
726
561
.961
U
424
275
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11
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10
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0
3
7
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406
141
31
87
111
36
38
34
4
2
29
32
19
77
1
ta
8
26
8
comme pour celui des immigrants; il y a un véritable
échange de population des deux côtés de la zone frontière.
Les tableaux de la page suivante, dressés par M. Mays-
sent, se rapportent à l'émigration française par voie de mer
dans les années 1885, 1886 et 1887.
La proportion des deux sexes est toujours sensiblement
la même, deux hommes contre une femme; c'est la nor-
male. En ce qui concerne l'âge, on remarquera la faible
proportion d'enfants ou de personnes âgées. Le nombre des
hommes qui émigrent sans avoir satisfait au service mili-
taire est assez considérable dans le pays basque, moins
ailleurs ; les statistiques ne fournissent à ce sujet que des
renseignements très incomplets. En ce qui concerne les
professions, on remarque pour la période 1885-87 un
accroissement de l'émigration rurale. Voici en effet quels
étaient les chiffres des deux périodes précédentes :
Professions
industrielles
3.8D0
3.555
Professions Autres
agricoles professions
5.107 5.7-21
5.8-23 5.-259
Périodes
1878-1881.
1882-1884.
In ce qui regarde les pays de destination, on voit que
la République Argentine et les Etats-Unis attirent plus des
quatre cinquièmes de nos émigrants. Dans la période 1878-
1881, ceux-ci allaient en plus grand nombre aux Etats-
Unis (7,198 contre 3,425 à l'Argentine), et beaucoup se
rendaient en Uruguay (1,121); par contre, l'émigration
vers le Brésil et le Chili s'est développée dans les der-
nières années. En 1889, on comptait 25,70(1 émigrants a
l'Argentine, :!.i)f>4 aux Etats-Unis; en 1890. 13,058 à
l'Argentine, 3,037 aux Etats-Unis, 2,105 au Chili; en
1891, 1,833 seulement à l'Argentine.
L'émigration par les ports français, qui nous intéresse
au point de vue commercial, porte sur les étrangers bien plus
que sur les nationaux. Les grands ports français servent
en effet de débouché naturel aux émigrants italiens, espa-
gnols, suisses, allemands, qui se rendent en Amérique ; la
Erance, par sa situation intermédiaire, est le chemin qu'ils
prennent naturellement. Comme d'autre part I'émigrant
est bien protégé à bord de nos navires et installé aussi bien
que possible, il emprunte volontiers le chemin de la Krame.
L'ensemble des émigrants de toute nationalité qui s'étaient
embarqués dans nos ports, de 1875 à 1877. s'élevait I
70,394, c.-à-d. à une moyenne de 23,463 par année. Dans
le cours des années 1878, 1879. 1880 et 1881. il s'éleva
à Kit, 519, ce <ini portait la moyenne annuelle à 40,379.
Dans la période triennale 1882-8!. la moyenne annuelle
dépassait 55,000. Dans la période de 1885 à 1887, le total
des émigrants étrangers embarqués dans nos ports s'élevait
à 126,704, ce qui, si on y ajoute les Français, donnerait
une moyenne de 50,000 embarquements par année. L'aug-
mentation, qui s'est produite entre la période 187.V77
et la période 1885-87, a porté sur les Italiens (75,t>t>7 au
— !M3 —
É.MK.KATION
lieu de -27, MO . Ie> Allemands (I I.S'... au lieu de 1,649),
les Suisses, etc. La rapport présente parM.Schnerb pour
la période 1878-1881 donne quelques dètaQs intéres-
sants. Li statistique de l'émigration pu les ports Français
et la dassificatioo dos èmigrants d'après leur pays d'ori-
gme l'ont ressortir une recrudescence sensible dans l'émi-
uration eojropéeUM : elles accusent en inéino temps une
augmentation considérable du transit |>ar nos voies ferrées
et maritimes, el. par conséquent, l'extension d'une des
branches du commerce national. I.e produit de ce négoce
M figure pas au tableau dos importations; il n'en a pas
MUS SOI importance. Kn évaluant, suivant l'usage, a une
moyenne de 200 tï. le total des Irais de toute nature faits
par chaque èffiigranl en transit sur nos voies ferrées ou
dans nos ports, on arrive pour la période de 1878 à 1KSI
à un chiffre de plus de 32 millions de IV. Les frais de
transport maritime, en tenant compte de la concurrence
étrangère dans nos ports, atteignent un chiffre presque
aussi considérable. La proportion des èmigrants directe-
ment embarqués dans les ports français est d'environ 85 °/0
pour les agences françaises de navigation et de 15 °/0 pour
les agences étrangères. Il suit do là que, sur les 161,519
èmigrants embarques en 1878, 1879, LSSO et 1881, les
agences françaises en ont emporte 137,991, et les agences
étrangères 94,238. Kn fixant le prix de la traversée à une
moyenne de ISO fr. pour les ports (Est et Ouest) de l'Amé-
rique du Nord, de 235 fr. pour les ports de l'Amérique
centrale et de la mer des Antilles, et de 300 pour les ports
PORTS D'EMBARQUEMENT
• s\> KS
1 883
188»;
1887
Totaux
t'ORT 1>U HWHK
3.048
2 . 892
9.464
l'OIlT DB MARSEILLE PORT DE RORDEAUX PORT DE ST-NAZA1RE
331
534
1 . 2S0
-2 . 1 4.i
3.670
3.608
5.061
13.339
280
275
599
TOTAUX
6.063
7.314
11.170
24.547
7.813
u-4 nMis
723
de 1 an
à
10 ans
2.085
de 10 ans
a
20 ans
2.979
de 20 an-
à
50 ans
17.811
au-dessus
de
50 ans.
949
PROFESSIONS
IMtBSTRIRLLIS AGRICOLES AUTRES
7.377
10.848
6.322
24.547
PAYS DE DESTINATION
- =
■ a
t -~
Ba5
T.
|
y.
7.
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4
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<
O
7.830
1.645
[.642
322
309
331
164
74
55
37
25
20
■
34.547
de l'Amérique du Sud (Atlantique ou Pacifique), on cons-
tate que. de 1878 à 1881, l'émigration par les ports
français a produit à la marine marchande environ 33 mil-
lions, dont 28 au profit du pavillon français. Complé-
tons ces détails par les indications relatives à la période
de 1885 à 1887.
L'émigration étrangère qui a emprunté les ports fran-
çais s'est élevée aux chiffres suivants :
AV-
m
K
*
s
J
15.135
16.055
35.666
■
"S.
s.
3
a
o
oq
s
8
3
y.
1886
Total. . .
30.137
35.618
60.949
7.536
14.539
28.430
7.318
'. . 85 7
6 . 741
168
167
112
136.704
56.846
50 . 495
18.916
447
En ajoutant à ces chiffres ceux relatifs aux èmigrants
français, on trouve un total de 151,338 èmigrants einbar-
■ét, dont 66,310 au Havre. 53,640 a Marseille, 31,355
l Bordeani el 1,333 i Saint-Nazaire.
B/UBI I NCYCLOPÉLIE. — XV.
Sur le total de 1 26,704 èmigrants étrangers, on comptait :
Hommes 78.228
Femmes 28.421
Enfants 14.978
Nourrissons 3.077
Total 126.704
Au point de vue de la répartition par nationalités, on a
relevé les chiffres suivants :
Italiens 75.667
Suisses 18.932
Espagnols 11.845
Allemands 11.206
Turcs 2.495
Américains 2.214
Autrichiens 1 . 423
Anglais 824
Neiges 724
Grecs 604
Russes 443
Hollandais ou Luxembourgeois. . 142
Roumains 121
Suédois et Norvégiens 22
Nations diverses 42
Total 126.704
58
ÉMIGR \TION
- 914 -
Quant aux lieux de destination, ils se répartissent de la
manière suivante :
Etats-Unis de l'Amérique du Nord 52. 756
lninjhlique Argentine 41.082
Brésil
Chili.
24.563
l ruguay 2.580
Colombie.
Mexique
Antilles
Venezuela. . •
Canada
Pérou
Côte occidentale et orientale d'A-
frique
Equateur
Guyane
Guatemala
1.08!)
400
316
255
161
50
46
MO
18
3
Total 126.704
Après avoir étudié l'émigration française par les ports
français, il nous faut parler de l'immigration en France,
question au moins aussi important. I».- tout team 3
•vint en Frasée des étrangers, mais nous ne peaéaeai
aucune donnée statistique a ce suj<-t avant l'année 1831.
C'est dans ce dénombrement que, pour la première fois,
on mentionna la nationalité ta habitants. Il y avait alors
380,831 étrangers sur 35,783, 170 liab., soit' une propor-
tion de 1 ,08 7o- Dix ans P'us tard, la proportion s'élevait
à 1,33 • 0 et le chiffre à 497,091. En 1866, on n
635,495 étrangers, 1.67 ■ „ de la population. En 1879,
bien que la perte de l 'Alsace-Lorraine eût enlevé 46,000
Allemands et (iO, 000 Suisses, Itelges, Luxembourgeois, etc.,
de ces trois départements, on trouvait 7 10,668 étr
2,03 °„ de la population totale; en I876,sur 36,01
hali. de la France, il y avait 801,754 étrangers, 2,17° ,,;
en 1881, sur 36,327,154, 1,001,090 étranger-
2,67 °/é; en 1886, sur 36,700,342, on trouve 1,13
étrangers, soit 3,07 °0. En trente-cinq ans, la population
française a augmenté de 7 ° 0, le nombre des étrangers
domiciliés eu France a triplé. Le tableau suivant indique
la part de chaque nationalité dans l'ensemble :
NATIONALITES
Anglais . . .
Allemands
Austro-Hongrois
Belges
Hollandais, Luxembourgeois.
Italiens
Espagnols
Portugais • . . .
Suisses
Russes
Scandinaves
Américains
Autres nationalités
Nationalités inconnues. . . .
Totaux.
1851
20.357
57.001
128.103
63.307
2!i. 73G
25.485
0.338
380.831
1861
Ï5.176
2.268\
25.711
84.958
204.739
13.143
76.530
35.028
34.730
9.291
789
5.020
7.124
497.091
1866
1872
29.856
106. 606 j
275.888
16 058
90.624
32.650
42.270
12.164
1.226
7.223
11.930
635.495
26.003
104.160
5.116
347.558
17.077
112.570
62.9541
42.834
0.310
1.058
6.850
5.327
9.824
740.668
1876
30.077
59.028
7.498
374.498
18.099
165. 313
62.437
1.237
50.203
7.992
1.622
9.855
9.353
4.542
801.
1881
37.006
81.986
12.090
482.265
21.232
2 ',0.733
73.781
852
66.281
10.489
2 223
9^846
8.754
3.582
1.001.000
1886
36.134
100.114
M. 817
182.261
37.140
264.568
79.550
L.29Ï
78.584
11.980
! «3
10.293
7.043
3.363
1.126.531
Les étrangers qui ont le plus augmenté, par rapport à leur
effectif initial en 1851, sont les Italiens. Ils ont plus que
quadruplé, car, pour 1,000 Italiens comptés en 1831, on en
a compté 4,180 en 1886; pour 1,000 Belges recensés en
1851, on en trouve aujourd'hui 3,765; pour 1,000 Amé-
ricains en 1851, on en trouve aujourd'hui 3,065; pour
1,000 Suisses, on en trouve, au bout de trente-cinq ans,
3,075. Viennent ensuite, par ordre d'accroissement, les
Hollandais et Luxembourgeois, 2,820. Les Scandinaves ont
doublé, les Allemands et les Anglais ont presque doublé.
L'ensemble des étrangers ayant triplé, on voit que c'est sur-
tout aux Suisses, aux Américains, aux Belges etaux Italiens
qu'il convient d'attribuer cet accroissement. L'accroissement
de l'élément allemand, suisse et luxembourgeois est plus
rapide qu'il ne semblerait à envisager les chiffres extrêmes,
parce qu'en 1871 la France a perdu les régions où il y en
avait le plus grand nombre. La colonie étrangère la plus
nombreuse est la colonie belge qui comprend 43 ° 0 du total
des étrangers; les Italiens viennent ensuite (24 ° „), puis
les Allemands (9 °/0), les Espagnols et les Suisses (7 « ,.).
Voyons maintenant quelle est la distribution géographique
des principales nationalités étrangères sur le sol français.
Les Anglais, qui augmentent lentement, vivent surtout à
Paris (f 2,80 4 et 1 4,701 dans le iky. entier de la Seine),
puis dans les dép. de la Manche, Pas-de-Calais (3,806),
Seine-Inférieure (1,922); il y a plus de femmes que
d'hommes. — Les Américains du Sud et du .Nord habitent
surtout le dép. de la Seine (6,9lo sur 10,253). — Les
Allemands sont très nombreux dans la Seine (35, 718), en
Meurthe-et-Moselle (20,683), dans les Vosges (4." ',7'.
le territoire de Belfort (4,807), la Meuse (2,676), la Marne
(3,345), etc. Le sexe féminin l'emporte sur le sexe mas-
culin. — Des Austro-Hongrois, la moitié habitent Paris
(5,206 sur 11,817). — Les Belges sont extrêmement
nombreux dans le dép. du Nord qui en compi
il y en a 57,649 dans celui de la Seine, 32,871 dans les
Ardennes, 18,545 dans le Pas-de-Calais: 12.731 dans
l'Oise, 9,993 en Seine-et-Oise, 9.313 dans l'Aisne, s. I M
en Seine-et-Marne, etc. — Des Hollandais et Luxembour-
geois, plus de la moitié habitent la Seine (10,227 sur
37,1 19). — Les Italiens affluent du préférence dans les
BoQches-du-Rhône (70,088) , les Alpes-Maritimes (30. 1 1 15) .
la Seine (28,351), le Var (23,105), la Corse (16,087),
ler.l)one(10,i;)',),laSa\oie(S.|0i|.rilerault(3,187),etc.
— Les Espagnols sont, comme les Italiens, surtout ré-
pandus le long de leur frontière, dans les Basses-Pyrénées
(17,058). Pyrénées-Orientales (10.404), Aude (8,709),
Lot-et Garonne (6,223), Gers (5,904), Gironde (5,759), ete.
— Les Suisses viennent de préférence à Paris r-
dans le dép. de la Seine) et dans l'Est : il y en a 10,777
dans le Donbs, 4,617 dans le Rhône, etc.
Si l'on examine la répartition des étrangers au point de
vue du sexe, on voit qu'elle varie beaucoup. Pour 100
femmes, on compte :
915 —
ÉMIGRATION
■<am«f
133
149
160
173
[92
193
Anglais 87 Sniaaea
Allemands 91 ScMdinam . . •
Américains 104 Italiens. .....
i, Hollandais, Austro-Hongrois .
110 Grecs ......
Portugais 127 Turcs, Africains .
nols . ■ 1-9 Roumains, Sorbes,
133 Bulgares. .... 259
Beaucoup l'Anglaises Tiennent soûles, institutrices,
vieille* tilles, eto.: les Allemandes se placent en grand
•ombre comme domestiques; d'autre part, les Espagnols,
■ - Italiens, sont pris comme travailleurs et beaucoup
.nt en France que pour une période plus ou moins
ie et sans projet déhnitif. L'importance de la colonie
dans les départements suivants, atteint la pro-
portion pour 100 de la population totale :
Alpes-Maritimes 19,10
Non! 18,92
Beuches-dit-Rhone 12,8o
Ai donnes 11.31
Beirort 10,49
Var 8,7|
Meurthe-et-Moselle ">61
Seine ~.I9
Corse 6,05
PyTénées-Orientales 5,11
Une portion de ces étrangers sont nés en France, plus
du tiers, ce qui indique au il s'agit d'einurants complète-
ment établis; c'est dans les départements de la Frontière
qu'on en trouve le pi
AunAfiHB, — L Allemagne est, par excellence, un pays
d'en avons déjà dit l'histoire générale des
émigrations allemandes. Au \i\" siècle, le courant s'est
définitivement détourné de l'E. à l'O. et porté sur les
Etats-Unis qui, durant tout le wui" siècle, avaient déjà
re<u dos immigrants allemands. Los guerres de la Révolu-
tion et de l'Empire suspendirent ce mouvement. Il reprit
en 1815 et surtout en I S 1 7 , année de grande misère ou
lia fut trè5 cher. D'après Lœher Histoire et situation
des Allemand» en [mérique, 1856.5e éd.). on avait
compte, en 1819, 2n, ntiO èmigrants allemands; puis le
non. -i au tiers environ de 1820 à 1825, et, dans
- nite (1825-1830), il n'en serait guère parti
i par an. Après la révolution de 1830, rémigra-
titin reprit une marche ascendante. Voici les chiffres de
.i n'est pas d'accord avec Pœsche et Goebler(0ie
- ;hen Auswanderung). Il serait parti
10 émurants allemands; en 1833, 20,000;
1834, 31,000; on 1837, 30,000; en 1838, 20,000;
en 1840, 27,000; en 1841, 20.00(1: on 1842, 28,000;
en is;:;. 24,000; en I*'. t. 16,000; puis l'accroissement
continue: en 1845, 74,000; on 1846, 94,581. A dater
de l'année I*'»", nous possédons une statistique régulière;
elle n'est pas rigoureusement exacte, parce <|ue c'est une
statistique commerciale qui indique le nombre (les émisants
de toute nationalité embarqués dans les ports allemands;
on a proposé d'admettre que le nombre des èmigrants
allemands embarqués a l'étranger (Pays-Bas, Belgique,
I raiicv. etc.) compense à peu près celui dos èmigrants
- embarques dans les ports allemands. Sous es
voici les chiffres pour les treize premières années.
Ils - itistiques officielles combi s avec les
stiques eomraerc
1847 109.531
- 81
89.102
I 82.404
119.547
: 162.301
157.180
1884 251.934
185! 81.698
98
1857 . ... 119.976
1858 . . 53.966
1859 «.100
celle de la crise économique qui sévit sur toute l'Europe
de Isi7 a IS.'IT et des années de disette ou les céréales
furent le plus cher : 1 8 47 , 1852-54. C'est dans cette
période que se dessina le grand mouvement d'émigration.
Les chiffres donnés ci-dessus s'appliquaient à l'ensemble
de l'émigration allemande; voici maintenant ceux de l'émi-
gration allemande ou étrangère par ports allemands :
1847-1853
1854-1860
1861-1867
370.415
146.370
472.881
1868-1874
1875-1881
1882-1884
i <
2.294
644.442
590.492
1874 . . .
. . 45.112
1875 • . .
. . 30.773
1876 . . .
. . 28.368
IS77 . . .
. . 21.694
1878 . . .
. . 24.217
Ces chiffras sont certainement trop faibles, parce qu'ils
ne comprennent que les passagers embarqués sur navires
spécialement affectés au service de l'émigration et négligent
les èmigrants qui ont été embarqués sur les autres. La
confusion entre èmigrants allemands et étrangers n'a plus
été faite à partir de 1871 à Brème et a Hambourg, de
1 S 7 i à Stettin; de même à partir de 1872, on a distingué
à Anvers les éiuigranls allemands des autres. Voici les
chiffres pour l'émigration allemande par ces quatre ports :
1879 33.327
1880 106.190
1881 210.547
1882 193.869
1883 166.119
1884 143.586
En somme, les deux grandes périodes de l'émigration
allemande ont été de 4847 à 1837 et de 1880 au moment
actuel. La répartition par pays appelle quelques observa-
tions : ce ne sont pas les mêmes régions qui ont fourni
les èmigrants .des deux périodes. La Bavière en trois
années (1852-54) perdit 63,000 personnes par l'émi-
gration, les duchés de Mecklembourg, près de 24,000. En
Wurtemberg, l'émigration fut aussi très forte de 1831
à 1834, où le royaume perdit ainsi 71,00) sujets. Pour
la Prusse, dans I histoire de laquelle l'immigration tient
un si grand rôle, mais où, depuis une cinquantaine d'an-
nées, l émigration l'emporte sur l'immigration, voici les
chiffrée pour la période de 1845 à 1839 :
Années
1843
1846
1S47
1848
1849
1850
1X31
1852
1853
1834
1855
1836
1837
1838
1839
imigrants
Emigrants
3.534
9.239
3.074
16.662
3.093
14.906
2.783
8.297
2.221
8.7S0
2.481
7.548
2.733
8.922
2.859
21 .372
2.732
18.194
3.234
32.763
2.644
14.776
3.027
18.699
3.296
23.972
3.469
13.329
3.606
9.807
44.826
227.236
Brandebourg .
. 17.699
Poméranie . .
. 17.982
Posen
. 3.3 Ili
On constate sur-le-champ l'influence de la crise politique
qui ne se traduit qu'un peu après, et surtout
Voici la répartition des èmigrants par province d'origine :
Prusse 4.970 Silésie 24.496
Saxe 32.415
Westphalie . . . 39.730
Province Rhénane 74.601
Le pécule moyen par tête d'immigrant était de 4,046 fr. ;
par tète d'émigrant, de 934 fr. ; de sorte que l'excédent
des sorties d'hommes était annuellement de 13,000 têtes,
l'excédent des sorties de capitaux était seulement de 2 mil-
lions par an, 200 fr. par tète. Près de la moitié des èmi-
grants venaient do la province Rhénane et delà Westphalie
(74,601 et 39,730). Ajoutons que [e nombre réel des èmi-
grants, si l'on ajoute ceux qui partirent sans autorisation,
doit être majoré d'un tiers et qu'il dépasserait 300,000
ÉMIGRATION — M6 —
pour la période étudiée. Voiei nurintenanl 1rs chiffrai pour
1rs périodes de 1871 a 188! :
l'AYS IVOKK.INK
Prusse orientale et occidentale.
Brandebourg
Poméranie
Posen
Silcsie
Saxe
Slesvig-Holstein
Hanovre
Westphalie
Hesse-Nassau
Province Rhénane
Holien/.ollern
Prusse (sans désignation de
province)
Total pour le royaume de Prusse
Bavière
Saxe
Wurttemberg
Bade
Hesse
Mecklembourg-Schwerin. . .
Mecklembourg-Strelilz. . . .
Principautés de Thuringe. . .
Oldenbourg
Brunswick
Anhalt
Waldeck
Schaurabourg-Lippe
Lippe
Lubeck
Brème
Hambourg
Alsace-Lorraine
Allemagne (sans désignation
d'Etat)
Total pour l'Empire allemand.
as s
96.820
;to.«!»7
90.400
77.425
-23.000
13.791
46.738
62.500
21.46',
30.081
25. 893
750
878
525.637
71.669
26.525
43.591
33.125
20.298
28.665
3.239
12.544
8.866
3.227
1 . 426
1.074
1.945
887
5.894
11.816
3.762
1.488
805.698
26,3
9,6
53,4
41 ,3
5,2
5,1
37,7
27,2
9,5
17,3
5,8
19,1
17,5
12,3
8,1
20,1
19,2
19,7
45,1
29,5
9,7
23,9
8,4
5,6
17,3
11,3
12,7
34,2
23,7
9 9
16,2
Si nous comparons l'émigration contemporaine avec celle
du milieu du siècle, nous remarquons la grande influence
des causes locales; dans tous les temps, la tendance à
l'émigration a été très diverse d'une province ou d'un Etat
à l'autre ; mais ce ne sont pas aux mêmes années qu'elles
se manifestent avec le plus d'intensité dans chacune des
régions. L'Allemagne du Sud a émigré surtout après 1848,
tandis que les prolétaires des provinces prussiennes (Po-
méranie, Silésie) ne se sont mis en mouvement que plus
tard. Le Mecklembourg a toujours fourni un contingent
très abondant. Dans la Province Rhénane, les oscilla-
tions sont très grandes. En certaines années, elle fournit
une très forte fraction de l'émigration allemande; en d'autres,
le mouvement s'atténue beaucoup.
Les provinces qui émigrent le plus sont des provinces
ou la population est surtout agricole, celles de la plaine de
l'Allemagne du Nord, relativement peu fertile, où le
|iays;in ne peut arriver à la possession du sol ; la cause
est sociale autant qu'économique, la mauvaise répartition
de la propriété influant autant que la misère pour décider
le paysan à chercher au delà de l'Atlantique une destinée
meilleure sur une terre à lui. Ce désir est encore plus
manifeste chez les émigrauts de l'Allemagne du Sud, dont
l.i condition matérielle laisse moins à désirer. Voici la répar-
tition des émigrants allemands par lieu de destination dans
la période 1811-8». Noton> que sur le chiUre total ie
l ,309,272, 648,930 h wnl embaraoét a Brène, 531 ,670
à Hambourg, 7,629 a Stettin. 121 ,043 à Anvers. Ou :
cens qui ont pris h-s autres routes, en particulier la I
Ce chiffre doit donc être majoré d'au moins 100,000.
RÉGIONS
1 MI'. HASTS
PBOPOETIOa
bur 1.000
éiuigrantb.
Etats-Unis de l'Amérique
3.289
144
916
27.128
8.524
2.929
441
14.664
955,5
2,5
0,4
0,7
20,7
6,5
2,2
0,3
11,2
Mexique et Amérique cen-
trale
Autres Etats de l'A ni'-—
Total
1.309.272
1.000
On voit que les Etats-Unis sont le lieu de destination de
plus des dix-neuf vingtièmes des émigrants allemands;
quelques-uns vont au Brésil ou en Australie ; les autres
débouchés sont presque négligeables. Nous rappelons encore
que l'émigration vers les autres pays d'Europe n'est pas
mentiounée ici, bien qu'assez considérable encore vers la
France, les principautés danubiennes et même la Russie.
Autriche-Hongrie. — On ne possède pas de renseigne-
ments complets sur l'émigration austro-hongroise, parce
qu'on ne porte comme émigrants que ceux qui en font la
déclaration, alors que bien d'autres s'en vont sans dire et
sans savoir qu'ils ne reviendront pas. La statistique otti —
cielle donne pour la période 1830-1883 le chiffre de
169,356 émigrants de la Cùleithanie. Ils proviennent
surtout de la Bohème, de la Moravie, du Tirol, de la Galicie
et du littoral, notamment du cercle de Gradisca. Us
prennent généralement la route de Brème ou de Hambourg.
Pour les années 1867-1883, les statistiques allemandes de
ces ports en ont compté 115,473. Dans la période de 1834
à 1843, l'immigration en Cisleithanie compensait au moins
l'émigration; celle-ci l'emporta décidément après 1851;
ce furent les Tchèques qui se mirent en mouvement. Le gou-
vernement autrichien qui favorisait l'immigration (V. plus
bas le S Intervention de l'Etat) s'opposa le plus qu'il
put à l'émigration, cherchant au moins à la dériver vers
les provinces polonaises et hongroises. — Pour la Hongrie,
il n'existe aucune statistique de l'émigration. On n'a de
données que sur celle qui se dirige vers les Etats-Unis,
24,346 personnes de 1871 à 1881. On doit aussi émigrer
vers les pays de l'Est, Russie, Roumanie, Serbie, Bulgarie,
Turquie. L'émigration transatlantique donne les chiffres
suivants :
1871
1872 ,
1873
1874
6.169
6.099
6.927
5.837
1878,
1879
1880.
1881 ,
1882.
1883,
5.393
5.929
10.448
13.344
7.759
7.366
1875 10.012
1876 9.259
1877 5.887
Elle est donc à peu près stationnaire.
Susse. — La Suisse montagneuse, relativement pauvre,
habitée par une race énergique et laborieuse, a de tout
temps essaimé au dehors. Les Suisses sont, comme les
Français, très attachés au sol natal et, bien que cherchant
fortune a l'étranger, émigrent rarement sans esprit de
retour. Mais la plupart de ceux qui ont passé la mer ne
V> I T —
ÉMIGRATION
rédisent pas ce désir. Ainsi pou ta Tessin, »!** 18S0
I 1839, il était paru 4,431 bu».; 549 seulement sont
menas. L'émigration suisse était évaluée vers 18550 à
6.000 on 7,000 individus par an, en 1853 et 185Î elle
doubla H absorba tout l'excédent annuel des naissances
sur les décès. 1. "émigration transatlantique était la plus
ini|>ortante ; elle s'effectuait surtout par le port du Havre.
Depuis, le mouvement sYst ralenti. Les chiffres donnés
par le rapport otlieiel sur V Emigration suisse pour les
Syt d'outrr-ituT sont les suivants : de 1868 à 1883,
personnes ont quitté la Suisse dont 43,427 se
rendaient aux. Etats-Unis. L'émigration transatlantique a
atteint les chiffres suivants :
1874 .
1874.
1877.
3.832
1.899
4.957
2.672
1.772
1878 2.608
1879 4.288
1SS0 7.2SS
1881 10.935
1882 10.896
1883 13.502
. . . 1.741
. . . 1.694
On remarque combien elle s'est développée depuis ISSU.
Pats-Bas. — La population des Pays-Bas est une des
plus denses de l'Europe : cependant elle émigré très peu ;
d e-t du teste malaisé d'avoir à ce sujet des renseigne-
ments précis et de distinguer les éniigrants véritables des
\o\ageurs ou des employés qui se rendent dans les colonies
néerlandais. Aussi la statistique publiée depuis 1869
|Hiur les Pays-Bas ne peut-elle nous être d'un grand secours.
xu milieu du siècle, il se dessina un courant d'émigra-
tion, moindre cependant que dans les autres pays européens;
en 1847, 5,322 Hollandais émigrèrent : c'est le chiffre
maximum pour cette période: en 4850, il ne sort que
774 personnes; en 1852, 1,484; en 1853, 4,646; en
lv',;. 3,644; en 1855, 2,077; en 1856,4,924; c'est le
moment de la crise: en 1859, le chiffre s'abaisse à 497;
c'étaient surtout la Zélande et la Gueldre qui émigraient.
Dans la période actuelle, la fièvre de l'émigration a fini par
gagner les Pays-Bas. On en jugera par les chiffres relatifs
au\ années 1873-4883 :
1873.
1876.
1877.
3.867
1.04-2
2.430
2.402
o,
■i
403
7«:-i
1879 4.664
1880 44.875
1884 29.440
1882 34.324
1883 19.643
iiiffres ne s'appliquent qu'à l'émigration transatlan-
tique. Dans les autres pays d'Europe, notamment en France,
en Belgique, en Allemagne aussi, on trouve une assez grande
quantité de Hollandais et de Luxembourgeois qui, jusqu'à
la séparation intervenue en 1894, étaient recensés avec eux.
Belgiule. — Bien que la Belgique soit le pays d'Europe
ou la population est le plus dense, l'émigration v a été
longtemps presque nulle. On en jugera par les statistiques
suivantes relatives au milieu du siècle. Elles indiquent les
moyennes annuelles :
En livrants Immigrants
1844-4845. . . . 4.539 3.404
1846-4850. . . . 5.669 5.236
1854-4855. ... H. 486 4.856
1851 . . 9.974 6.664
On admet d'ailleurs que la plus grande partie des immi-
grants étaient des Belges qui avaient précédemment émigré
et rentraient après une longue absence. Nous avons déjà
dit en parlant de la France combien les Belges avaient
tendance a s'y rendre; beaucoup finissent par s'y établir et
ne conservent la nationalité d'origine que pour échapper au
service militaire (V. Naturalisation). Le mouvement d'émi-
gration s'accentua à peine durant la période de 1861 à
i la moyenne annuelle des sorties fut de 10,194.
Il diminua de 1871 à I8S0 ou la 'moyenne annuelle
s'abaissa a 7.487. La Belgique était alor-, presque comme
la France an pays d'immigration plus que d'émigration.
Mans la période de 1841 à 1866, l'émigration ne l'empor-
tait sur l'immigration que de 46,500 tètes. Dans la période
suivante, il cuira plus d'immigrants en Belgique qu'il n'en
sortit d'émigrants. De 1867 à 1882, l'excèdent des immigrants
se chiffrait par 64,528. Cependant l'émigration de transit
par Anvers s'accrut rapidement et elle finit par entraîner
aussi les Belges au delà de l'Océan. Déjà le gouvernement
belge avait tenté d'organiser une colonisation transatlan-
tique; il avait encouragé trois tentatives; à Santo-Thomas,
dans le Guatemala, on envoya, en 1844, 871 Belges;
il fallut que l'Etat, en 1846, affrétât un navire pour rapa-
trier les survivants; les deux autres eurent lieu dans les
Etats-Unis (Pennsylvanie en 4849 et Missouri en 1850),
le succès fut négatif. L'émigration officielle échoua. La
grande crise industrielle et agricole qui sévit à partir de
1880 eut pour conséquence uue recrudescence de l'émi-
gration. En 1885, il partit 13,236 personnes habitant la
Belgique, dont 6,845 nées en Belgique; en 4886, 17,029
hab., dont 8, 189 nés en Belgique. Cette distinction montre
que, dans les statistiques précédentes, le nombre des Belges
émigrants n'était guère que de la moitié du chiffre énoncé.
Mais, ce qui est important, c'est le nombre des Belges émi-
grant vers les pays d'outre-mer. La progression est rapide.
A Anvers, on relève, en 1885, 1,286'départs; en 4886,
2,048 départs; en 1887, 3,834 départs; en 1888,7,794
départs. Un bon nombre des émigrants revinrent; les autres
s'établirent, surtout dans l'Amérique du Sud.
Grande-Bretagne et Irlande. — Le Royaume-Uni de
Grande-Bretagne et d'Irlande a été, durant tout le xixe siècle,
le foyer le plus intense de l'émigration. D'autre part, il
n'y a nul pays où l'immigration soit plus faible. Les sta-
tistiques anglaises portent sur le nombre total des émigrants
qui se sont embarqués dans ses ports :
1815-1819. .
97.799
1850-1854. .
4.638.945
4820-1824. .
97.548
1855-4859. .
800.640
1825-1829. .
421.084
1860-1864. .
774.144
4830-1834. .
381 .956
4865-1869. .
4.064.988
4835-1839. .
287.358
4870-1874. .
4.356.244
1840-1844. .
465.577
4875-4879. .
796.828
1845-1849. .
4.029.209
4880-4883. .
1.523.253
Sur ce total de 10,444,992 émigrants, les cinq sixièmes
étaient des citoyens du Royaume-Uni. On sait que
6,860,264 se rendirent aux Etats-Unis, 1,765,586 au
Canada, 1 ,437,243 en Australasie, 384,902 dans les colo-
nies africaines ou les autres pays. Voici maintenant des
détails plus complets sur la période de 1853 à 4883.
Durant ces trente années, il est parti des ports britanniques
5,405,91 7 indigènes, 4 ,250,003 étrangers et 325, 450 per-
sonnes de nationalité non constatée. Sur les émigrants
nationaux, on comptait 2,516,356 Anglais, 525,470 Ecos-
sais, 2,346,091 Irlandais. On remarquera que l'émigration
irlandaise est, proportionnellement à la population d'e l'Ile,
beaucoup plus forte que celle des Anglais. Ajoutons que
les retours d'émigrants, qui représentent plus du quart des
départs (1,508, 778 de 4854 à 4883), portent moins sur les
Irlandais que sur les autres groupes. Cette émigration irlan-
daise est un fait capital dans l'histoire de l'île et de la race ;
elle sera étudiée à part (V. Irlande). Nous nous contenterons
donc de donner ici quelques indications générales. En pre-
mier lieu, les chiffres de l'émigration britannique dans la
grande période de l'émigration de 1845 à 1860; puis les
chiffres de 4871 a 1883; enfin la part de chaque race,
anglaise, écossaise, irlandaise, autrefois et aujourd'hui :
4853 329. 937
4854 323.429
1855 176.807
4856 476.554
1857 212.875
1858 443.972
1859 420.432
4860 128.469
1845 93.501
4846 129.851
1847 ..... 258.270
4848 248.089
4849 . • . . . 299.498
1850 280.849
4851 335.966
4852 368.764
ÉMIGRATION
- 918 -
Plus qu'en aucun autre pays d'Europe, on constate
l'influence de la grande crise économique qui débuta par
la luinine de 18 47; de3 qu'elle prit lin, après 1857, le nombre
dee èmigranu diminue de moitié.
1871 192. 731
1872 210 19 i
1873 228.343
1874 I HT. 272
I878 440.87»
1876 100.469
1877 95.1!).")
1878 112.902
1879 164.271
1880
227
1882
320.118
1881 213.002
Un voit ici encore l'action de lu criée éeeoomiai ■
l'aggrave i partir de l«HU et l'émigration t>uit la même
progression.
Voici la proportion des émigrants de chacun des trois
royaumes et des étrangers :
ANNKKS
1833.
1854,
18;,;,,
1856
1 857 ,
18^8
1859
62.913
90.966
57.132
64.527
78.560
39.971
33.930
22.60»
25.872
14.037
12.033
16 253
11.815
10.182
IRLANDAIS
102.609
150. 20!)
78.854
71.724
86.238
43.281
32.! 181
ETRANGERS
31.459
37.704
10.554
9.474
12.624
1.500
4.442
MATIONALITt
non
cons'
!
18.078
16.230
18.706
10.200
14.345
18.897
320.087
176.807
176.554
212
113.072
120.432
Pour les six années, de 1833 à 1858, la proportion
pour 100 des différent» éléments était la suivante :
Anglais 29,55
Ecossais 7,70
Irlandais 46,71
Etrangère 7,97
Nationalité inconnue .... 8,07
1ÔÔ
Le rapport de l'émigration anglaise à la population
totale nous donne :
1 émigrant par 293 hab. en 1853
205
329
293
246
488
582
1834
1835
1856
1837
1858
1859
Ces chiffres sont considérables relativement aux autres pays
d'Europe, mais ils sont dépassés en Ecosse, où l'on compte :
1 émigrant par 214 hab. en 1855
1 _ 254 — 1856
1 — 188 — 1857
1 — 262 — 1858
1 — 306 — 1859
et bien plus encore en Irlande, où la proportion fut de :
1 émigrant par 26 hab. en 1851
1 — 84 — 1856
1 — 113 — 1859
Même dans la dernière période où l'émigration s'atténuait,
elle était encore deux lois plus forte relativement en Irlande
que dans l'année la moins favorable pour l'Angleterre.
La part de l'Irlande dans l'émigration totale du Royaume-
Uni fut la suivante de 1831 à 1860 :
ANNÉES
ÉMIGRATION
totale
ÉMIGRATION
irlandaise
RAPPORT
pour 100
1851
1853
1854
1855
1856
1857
1 1858
1 185!)
| 1860
335.966
368.764
329.937
323.429
! 7(1.807
176.554
212.875
113.972
120.432
128.469
254.337
224.!)! 17
192.609
250.209
78.854
71.724
86. 2! 18
43.281
32.981
60.8:;;,
75.76
61,01
58,37
16,44
14,59
[0,62
40,51
38.85
43,99
17,34
Il faut observer que ces chiffres ne représentent que
l'émigration transatlantique; mais, pour avoir le total de
l'émigration irlandaise, il faut y ajouter les chiffres relatifs
aux nombreux natifs d'Krm qui se rendent en Angleien .
en Ecosse ou sur le continent. Voici les chiffres de cette
émigration, sans distinction de destination : en 1852,
308,966, et, en 1839, 84.599. On voit qu'ils sont presque
doubles de ceux relatifs à l'émigration transatlantique.
Le grand mouvement d'exode de la population irlandaise
fit sortir de l'ile en cinq années (1847-1831 ) 1.123.000 per-
sonnes et dans les huit années suivantes plus de 1 .710.000,
soit en treize années plus de 3,160.000 émigiants; et, si
l'on pense que, de 1846 à 1850, la famine fit périr dans
l'ile environ 600.000 Irlandais, on se rendra compte de
l'impérieuse nécessité qui préside à celte émigration. C'est
de cette époque que date la dépopulation progressive de
l'Irlande. Mais il ne faudrait pas croire que l'émigration
irlandaise ne fût pas déjà très forte auparavant. Lock don-
nait en 1853 les appréciations suivantes : « De 1620 jus-
qu'en sept. 1853, on peut évaluer à 9 millions et demi le
nombre des Irlandais qui ont quitté leur pays, l'Angleterre
et le Canada, pour se rendre aux Etats-Unis d'Amérique.
l)e 180!) à 1853, 1 millions et demi au moins d'Irlandais
ont abandonné le sol natal. Un grand nombre s'est établi
en Angleterre et m Ecosse. On compte aujourd'hui plus
d'Irlandais à Londres qu'à Dublin ; a Manchester et à Sal-
ford qu'à Cork ; à Glasgow qu'a Belfast. Des individus de
race anglo-saxonne et celtique à l'étranger, bien près delà
moitié e'st d'origine irlandaise. » Pour conclure, nous rappe-
lons qu'en 1 883, il émigr ait 1 83,236 Anglais. 31 ,139
sais et 105,743 Irlandais. Ceux-ci ne représentaient plus
que le tiers de l'émigration transatlantique, mais à peine
le sixième de la population britannique totale ; la propor-
tion est donc deux fois plus forte chez eux et l'émigration
vers les cités industrielles de Grande-Bretagne ne ■
ralentit nullement. — L'émigration écossaise fut en partie
déterminée par la transformation de la propriété dans les
Highlands où les dans furent dépossédés au profit de leurs
chefs ; des régions entières ont été dépeuplées et converties
en territoire» de chasse. — Nous parlerons plus loin de la
politique du gouvernement anglais en matière d'émigration.
Pans scamunavks. — Les pays Scandinaves qui four-
nirent au début du moyen âge une grande quantité d'enii-
granta vers les autres pays d'Europe, se déversent aujour-
d'hui vers L'Amérique du Nord, qu'ils avaient touchée U
xi* siècle. Les émigrants Scandinaves sont une des caté-
gories les meilleures ; énergiques, instruits, ils prospèrent
généralement.
Danemark. L'émigration danoise est surtout egrir
919 —
ÉMIGRATION
,ole ; l'ilf n'a pas une tii-s panda extension. Mais. depuis
les Montions l'ont de nombre MM recrues dans le
Jntlaml et, a dater de «cite époque, I ,500 Danois sont allés
annuellement rejoindre Iran coreligionnaires il»1 II lah ;
anaai le eoati agent îles èmigrants aida est-il considérable.
itittienea danoises évaluent a 74, 123 le nombre des
emuranis de 1808 a 1883. la progression M marque
depuis 1880. Voici les chiffres des èmigrants danois
uVpuis 1871 jusqu'en 1883 :
1871 . . . .
. . 8.906
1878. . .
. . -2.07-2
. . 6.893
. . .
issu. . .
. . B.6S8
. .
1881 . . .
. . 7.988
. . .
. . 2.088
1882. . . .
. . n.tii;
. . 1.881
1883. . . •
. . 8.375
. . .
. . 1.877
; . I a Norvège est un pays déshérité, que le froid
et la structure du sol empêchent de nourrir une population
abondante. Celle-ci augmentant par l'excédent annuel des
naissances sur les décès, l'émigration est nécessaire pour
rétablir l'équilibre. D'autre part, les enivrants parvenus à
•• attirent à eux bon nombre de leurs compatriotes,
de sorte que le mouvement s'accentue surtout depuis la
Doomiqne commencée en 1880. De 1830 à 1882,
il éaigra - ens. Voici les chiffres pour la
période de IS7I à 1881 :
1871 12.-270
I
10.352
4.601
4.048
4.355
1^77 3.206
1878 4.863
1879 7.608
1880 20.212
1881 25.976
1882 28.80 i
hilfres sont énormes relativement à la population
du pays, qui a vu partir, en 1882, 1 émigrant sur 66 liab. ;
seule l'Irlande dépasse cette proportion. Le t'ait est récent,
car, dans le milieu du siècle, l'émigration n'avait enlevé
en 1853. année maximum, que 5,458 Norvégiens; 2,337
seulement en 1830; 1,001 en ISJ7 et 1,176 en 1855.
ns se rendent dans l'Amérique du Nord ou
l'Australasie, \crs des régions de climat analogue à celui de
leur pairie, mais plus tempère.
émigré non seulement vers l'Amérique
du Nord, mais au>si vers l'Allemagne et le Danemark. Les
motifs sont les mêmes que pour la Norvège : rigueur du
climat, excédent des naissances. Le mouvement fut très
taibl-- \ ers le milieu du siècle : 1,102 endurants en 1851 :
en 1852; 8,998 en 1853; 1,243 en 1854, c'est
le maximum ; pois seulement 1,087 en 1855; 1,118 en
1,650 en 1857; 540 en 1858; -221 en 1859.
Mais le mouvement a repris avec une grande intensité,
<urtoutapres 1880. Voici les chiffres de 1871 à 188-2:
1877 2.998
1878 4.403
3 12.870
1880 36.400
1881 40.672
1882 44.585
1*71 . . .
. . 13.190
. .
. . 11.969
1873. . .
. .
1876. . .
. . 3.786
Italif. — Dans les pays de l'Europe méridionale, ce n'est
■nmc dans la Scandinavie, la rigueur du climat qui
: s habitants a aller eberefaer fortune ailleurs ; cepen-
dant la misère est plus grande et e>t la cause fondamen-
tale de l'émigration . La population de l'Italie est très
• itiou de la propriété étant assez mau-
H grand nombre d'Italiens s'en vont chaque année
chercher a l'étranger leur subsistance. Beaucoup ne font
qu'une absence temporaire, cherchant du travail pour une
aaieai ou plus, mais revenant dans leur patrie avec leurs
économies. Ceux-ci vont en France, en Autriche-Hongrie,
en Suisse, ou plus loin en Allemagne, dans la péninsule
balkanique, en Angleterre. Beaucoup finissent par s'y fixer.
L'émigration transatlantique s.- dirige de préférence vers
l'Amérique latine, de la République Argentine au Mexique.
M. Daireaux, dans sou remarquable ouvrage sur la
Vit ci les mœurs à la Plata d'ans, 1888), apprécie
très exactement les caractères de l'émigration italienne et.
son importance pour le pays d'origine. « L'Italie, qui
n'a d'existenœ nationale que depuis 1800, semble avoir
consacre ses premiers efforts, après la constitution de
son unité, à développer sa vitalité par l'émigration. Kilo
nous a donne un grand exemple et a si bien réussi
dans celte entreprise, que nos hommes d'Etat, pendant
ce teuips, condamnaient sans l'avoir étudiée, qu'elle est
devenue pour nous, au dehors, un concurrent des plus
redoutables. On ne soupçonnait pas, il y a quinze ans, le
commerce italien à l'étranger : pour un peu, nous aurions
nie l'existence de son industrie et la possibilité pour ce
pays d'en créer une. L'Italie a donné un démenti à ces
prévisions, et, ce qu'il faut retenir, c'est que ce sont les
èmigrants qui ont déterminé la création d'une industrie
chez elle, et que son commerce, très peu actif autrefois, a
appris, par les bénéfices de l'exportation, à devenir très
envahissant. N'oublions pas aussi que son climat favorise
son agiiculture, et que ses huiles et ses vins pourraient
bien se substituer aux nôtres, non qu'ils soient préférables,
mais parce que le nombre toujours croissant des consom-
mateurs italiens en apprend, à l'étranger, l'existence, et
que le nombre toujours croissant des petits commerçants
italiens se répandant dans le monde en impose la consom-
mation. L'émigrant et le commerce italiens sont servis, en
outre, par cet avantage que l'Italien est navigateur beau-
coup plus que le Français, qu'il a une tendance à déve-
lopper très vite sa Hotte à vapeur, sans renoncer aux na-
vires à voiles, là où les petits tonnages sont encore
recherchés. » Les provinces italiennes dont les habitants
émigrent le plus volontiers sont celles du Piémont, de la
Vénétie, de la Lombardie, de la Ligurie et, au S. de la
péninsule, la Calabre (Cosenza, Potenza, Salerne). De 1869
à 1883, on a compté environ 1,774,536 départs, dont
près de moitié pour les pays d'outre-mer. De 1876 à 1883,
il s'est rendu dans l'Amérique latine 230,383 Italiens.
Voici le détail de l'émigration annuelle des Italiens de 1876
à 1 883 :
1*76 22.39-2
1877 22.698
1878 23.901
1879 39.8-27
1880 35.677
188 1 43.725
188-2 67.632
1883 70.436
La crise économique n'ayant fait que s'aggraver en Italie,
la tendance à l'émigration devient de [dus en plus forte.
Espagne. — L'Espagne n'a pas de statistique officielle de
l'émigration. On admet que 8 à 10,000 personnes passent
chaque année l'Atlantique pour se rendre dans l'Amérique
du Sud. Ils sont originaires, pour la plupart, des provinces
septentrionales. En revanche, les provinces méridionales
envoient chaque année de 15 à 20,000 personnes en
Algérie ; le plus grand nombre n'y font que séjourner pour
travailler; mais une assez forte fraction s'y établit à
demeure.
Portugal. — Le Portugal n'a pas de statistique officielle;
mais, comme presque tous les èmigrants sont au Brésil, on
peut en dresser le tableau. De 1872 à 1881, il en est
parti 133,008, dont 129,549 pour l'Amérique.
1872 17.-284 I 1877. . . .
1873 12.989 ' 1878. . . .
1874 14.835 1879. . . .
187.'. 15.440 1880. . . .
1876 11.03.-
. . 11.057
. . 9.926
. . 13.208
. . 12.597
1881 14.637
On remarquera la grande régularité de ce courant d'émi-
gration qui n'a pas eu les grandes variations constatées
dans les autres pays ; en Suéde, d'où l'on a émigré douze
fois plus en 1882 qu'en 1K77; en Allemagne, d'où l'on a
émigré six fois plus en 1881 qu'en 1879, en France même
et en Italie.
Nous arrivons maintenant aux pays qui sont les lieux de
ÉMIGRATION
— y 20 —
destination de l'émigration européenne et peuvent être
regardés, par <>f >i>< »si t !■ >n aux précédents, comme pays d'im-
migration, ("était le cas pour la Belgique, de 1867 a
1882 ; c'est encore le cas de l'Europe orientale, péninsule
halkanique et Russie, et des colonies européennes d'Amé-
rique, d'Australie, d'Afrique (Algérie, le Cap).
RUSSIE. — La Russie dispose de vastes espaces fertiles et
à peu près inoccupés; aussi l'émigration au dehors est-elle
très faillie. L'immigration est certainement plus consi-
dérable. De 1830 à 1882, il est entré en Russie 7,249,1 78
Allemands; il en est sorti seulement 6,458,729, ce qui
laisse une plus-value de 790,44!) immigrants allemands.
D'autre part, les colons allemands établis dans l'empire
depuis deux siècles avant été privés de leurs privilèges, il
en est parti, de 1871 à 1881, plus de 70,000, dont
55,400 se sont embarqués pour les Etats-Unis, 6,500
pour le Canada, 4,200 pour le Brésil. Le total des citoyens
russes émigrés de 1857 à 1879 est évalué par l'Annuaire
des finances russes (de 187!)) à 499,514. Les principaux
groupes émigrants outété les Polonais, les colons allemands,
les musulmans (de Crimée) et les juifs (Y. Russie).
Serbie. — Les Etats chrétiens de la péninsule balkanique
sont également des pays d'immigration, bien que l'élément
musulman de la population tende à émigrer. On n'a de
détails précis que sur la Serbie. De 1800 à 1875, elle a
reçu 51,033 immigrants, dont 40,808 venaient de Turquie
et 10, 20!) d'Autriche-Hongrie.
Amérique. — Le continent américain est le principal but
des émigrants, et tous ses Etats ont plus ou moins profité
de ces déplacements d'hommes et de capitaux. Ils ont été
peuplés par les émigrants venus d'Kurope. D'une ma-
nière générale, les gens de l'Europe septentrionale, Anglo-
Irlandais, Allemands, Scandinaves, vont à l'Amérique du
Nord ou Amérique anglaise; ceux de l'Europe méridionale
à l'Amérique du Sud, Amérique latine. Dans la dernière
période, 96 % des émigrants allemands, 98 °/0 des Sué-
dois, 07 °/0 des Suisses, 73 °/0 des Anglais, Ecossais,
Irlandais, se sont transportés dans l'Amérique du Nord,
tandis que presque tous les Hispano-Portugais, 79 " 0 des
Italiens et 56 " „ des Français passaient dans l'Amérique
méridionale.
Etats-Unis. — Les Etats-Unis de l'Amérique du Nord
furent, pendant de longues années, le but de l'émigration
européenne, on pourrait dire le but unique. Voici comment
M. Legoyt résumait en 1860 les raisons de cette supé-
riorité : « 1° De tous les pays transatlantiques, celui de
l'Union américaine est le plus rapproché de l'Europe et
celui que desservent les lignes de navigation les plus nom-
breuses et les plus régulières ; 2° par cette raison, les
frais de transport sont moins élevés que pour toute autre
destination hors d'Europe; 3U les Allemands trouvent aux
Etats-Unis un grand nombre de compatriotes; 4° la terre
y est à meilleur marché que partout ailleurs et les facilités
de payement y sont très grandes; 5° les débouchés y
abondent pour les produits agricoles; 6° l'égalité, les
libertés civile, politique, religieuse, industrielle y sont
complètes ; 7U l'impôt est léger (il passe au moins pour
tel); 8" la conscription (celte douloureuse préoccupation
des familles allemandes) n'y existe pas; 9° le climat, sur-
tout dans les Etats du Nord, se prête facilement à l'accli-
matation de la race européenne; 10° la naturalisation y
est accordée après cinq années de séjour seulement ;
11° il existe dans les principaux ports de l'Union et par-
ticulièrement à New-York et à la Nouvelle-Orléans, des
sociétés de secours et de placement spécialement instituées
en faveur des émigrants et qui leur rendent les plus
grands services. Des caisses de secours existent également
à leur profit dans tous les Etats où ils sont établis en grand
nombre. L'Amérique du Nord a été le refuge de tous les
persécutés ou la terre de prédilection de ceux chez lesquels
un vif sentiment d'indépendance individuelle, la haine du
gouvernement absolu, un sentiment de répulsion pour les
mœurs de la vieille Europe, ou seulement le besoin de
fortea émotion, peut-être le désir de contempler les aspects
grandioses et nouveaux de la nature américaine, faisaient
DBltre un besoin d'émigration. »
\ t"iites ces raisons, il faut en joindre une autre,
l'attraction morale exercée par la Republique américaine et
son essor inouï; les avantages immenses qu'il y a pour un
homme entreprenant à trouver un champ que n'encombrent
pas les préjugés, les traditions, tout le bagage social dont
l'Europe a hérité (V. Etats-Unis). L'immigration euro-
péenne a été, d'autre part, une cause décisive dans la for-
tune extraordinaire des Etats-Unis, surtout depuis le milieu
du siècle. Nous reproduisons ci-dessous le tableau de cette
émigration depuis 1821 jusqu'en 18X5 :
1821-1830. . 151.824 1871-1 «80. . 2.944.719
18:; 1-1840. . 599.125 1881 .... 720.045
1841-1850. . 1.713.251 1882 .... 730.349
1851-1860. . 2.598.214 1883 .... 569.628
1861-1870. . 2.491.209 1884 .... 461.364
On voit que le mouvement est loin de décroître.
Voici comment se répartissaient les immigrants par
nationalité durant cette période de 64 années :
Originaires d'Europe 11.290.740
à savoir :
Orande-Bretagne 5.456.757
Allemagne. .' 3.946.972
Autriche-Hongrie. . . .
France
Suède et Norvège. . . .
Danemark
Pays-Bas
Relgique
Suisse
Espagne et Portugal. . .
Italie
Russie
Autres pays d'Europe. .
Originaires d'Asie
à savoir :
Chine
Autres pays d'Asie. . .
Originaires d'Afrique
Originaires d'Amérique
à savoir :
Canada 1.028.791
Antilles 69.775
Mexique 26.881
Amérique centrale . . . . 1.376
Amérique du Sud 9.075
Originaires d'Océanie
Nationalité ou provenance inconnue. .
212.748
337.622
642.040
97.082
75.654
31.018
136.378
42.207
181.144
130.048
1.030
288.727
1.611
290.338
987
,135.898
15.306
246.351
Total.
12.979.620
Tous ces immigrants ne sont pas restés, mais plus des
cinq sixièmes. En effet, on possède une statistique à partir
de 1867. et il en résulte que 3,834.352 personnes ont
immigré. 640,764 ont émigré ou sont reparties, ce qui
fait ressortir une plus-value de 3,193,587 immigrants. La
majorité des immigrants du Royaume-Uni sont des Irlan-
dais. En etl'et, tandis que les Anglais et les Ecossais vont
de préférence dans les colonies anglaises, Australasie et
Canada, n'envoyant aux Etats-Unis guère plus du tiers de
leur émigration, les Irlandais y viennent dans la pro-
portion de 3 sur 4. Ils fournissent le contingent prin-
cipal avec les Allemands. Les Allemands et les Scandinaves
sont surtout agriculteurs; les Irlandais ouvriers et domes-
tiques, les Anglais, ouvriers dans les manufactures, les
mines ; de même les Ecossais et les Canadiens ; les Fran-
çais, les Suisses se partagent entre toutes les professions.
Canada. — Le Canada ne reçoit d'immigrants que de
la Crande-Bretagne et des pays Scandinaves. Il lui en est
- 921 -
ÉMIGRATION
venu, ilr l s i :» .1 iNS,;. 1,765,586; le gouvernement h-
rarisa l'immigration, notamment eelle des Ecossais, afin de
balancer raeeroisseneol rapide de l'élément franco-cana-
dien. 11 f;i ut ajouter que beaucoup des immigrants ne font
que pasnr par le Canada pour se rendre box Etats-Unis,
tandis que d'antre part les Canadiens, en particulier les
Canadiens français, ènùcrenl par centaines de mille vers la
république voisine. De 1870 à 188.'!. pour 854,531 immi-
frants. il y en a eu .'iS.'i.OI I qui se sont rendus aux Etals-
nis. Une fraction retourne en Europe.
Mmoni n Amébiodi cxntrau. — L'immigration est
faihle. d'antanl que le climat tropical est peu lavorable aux
Européens. Les gouvernements ont rail des efforts répétés
pour attirer à >u\ les •■migrants, mais sans grand succès.
Urnuxs. — Le climat n'a pas permis à l'immigration
européenne de prendre de grands développements ; en a tenté
de fane venir des travailleurs européens, au moment où la
Suppression de l'esclavage priva les plantations d'une par-
tie de la main-d'œuvre des nègres. Français, Allemands,
Anglais ne purent réussir. 11 fallut se rabattre sur les mé-
ridionaux, les insulaires de Madère et surtout sur les Chinois
et les coolies (V. ci-dessus). De même dans la Guyane.
Ahérioi e M Son. — Les républiques de l'Amérique du
Sud situées dans la zone tropicale ont rencontré les mêmes
difficultés : ajoutez l'instabilité des gouvernements, les
ditiques. les guerres civiles. Malgré des plans par-
fois bien conçus, l'immigration européenne y a été minime
dans ce siècle: ni le Vi'»,':uelu, ni la Colombie, ni le
Pérou n'ont pu l'attirer à eux. Il n'en est pas de même
dai pays plus méridionaux où le climat est meilleur. Le
CJtili a reçu beaucoup d'Italiens, des Allemands, des Fran-
çai-, et aussi des Chinois et des coolies.
Brksil. — Le Brésil est un des pays qui offrent le plus
-{•'bouché à l'émigration européenne. Il peut nourrir
;taines de millions d'hommes et la fertilité du sol
asl 1res grande. Stimulé par l'exemple des Etats-l'nis, il a
i— lu in les avantages de l'immigration et s'est efforcé de
l'attirera lui. Dès 1812, il recrutait des colons aux des
Açores ; dès |8|8 de> Allemands arrivaient. Il en est en-
core venu un bon nombre depuis, qui ont formé une petite
colonie dans le Sud du pays. Mais la majorité des immi-
grants furent et sont de plus en plus des Latins, Portugais,
'Is. Italiens et Français. De 1855 à 1883, il vint
i.iio.OOO Européens dont 215.000 Portu-ais. 65, (100 Alle-
mands, puis, par ordre d'importance numérique, des Ita-
liens, des Français, des Anglais, des Espagnols. Depuis
quelques années l'immigration italienne est M principale.
En 1887, on comptait* sur .V», 990 immigrants, 14,245
Italiens. 13,785 Portugais, 2,686 Espagnols, 294 Fran-
çais, 2!»2 Belges. Depuis, l'immigration, qui était entravée
par l'insouciance du gouvernement en présence d'abus par-
indaleux, s'est rapidement accrue et on l'évaluait, en
à plus de 130.000 têtes.
L'Uruguay (Y. ce mot) reçoit par Montevideo les
mêmes immigrants que Buenos Aires : Espagnols, Italiens,
Français. Le Paraguay, dépeuplé par la guerre, n'a pas
encore réussi à attirer beaucoup d'Européens.
Rémbuqdb Argentine. — La République Argentine
est après les Etats-l'nis le pays d'Amérique qui reçoit le
plus d'immigrants. Son climat tempéré, ses vastes plaines
leur s«int favorables. C'est là que viennent de préférence
latin.'. En 1*87, il a débarqué à Bue-
es 120,000 •migrants dont 67,000 Italiens,
16.000 Espagnols, 7,000 Français. Nous empruntons à
reervnge de M. Daireaux des renseignements à ce sujet :
« Ils viennent de Naples. de Cènes, de Marseille, de Bar-
celone, de Bordeaux, du Havre, de Liverpool, d'Anvers, de
Hambourg. Nous avons donné le nom de tous les ports qui
les fournissent et nous les avons cités dans l'ordre de leur
importance. Cet ordre, par une singulière coïncidence, est
aussi l'nrdre géographique, en partant du Midi et remon-
tant vers le Nord. L'Italie, la Savoie, le midi de la France,
l'D-lande. voila les grandes sources qui alimentent l'immi-
gration dans la République Argentine. Il serait assez diffi-
cile de déterminer aven précision le nombre des étrangers
appartenant à chaque nationalité ; nous possédons cepen-
dant sur ce point des renseignements nombreux. L'immi-
gration italienne, depuis 1803, époque où elle a pris quel-
que importance et s'élevait, pour cette année, à 7, '201,
a fourni au total 433,000 individus; la progression a été
continue. Du chiffre de 1,863, elle a atteint 23,000 en
1870, sans dépasser ce maximum annuel jusqu'en 1882 ;
mais, en 1882, elle s'est élevée à 32,000, en 1883, à
37,000, en 1884, a 32,000, et, en 1885, par un
saut prodigieux, à 57,580; elle a atteint 60,000 encore
en 1886. Pendant la même période, l'immigration fran-
çaise a atteint au total le chiffre de 150,000, mais elle
ne dénote pas, dans les dernières années, la progression
colossale qu'indique la statistique des arrivages italiens.
En prenant la moyenne de l'immigration, on la décompose
comme suit: Italiens, 70°/o; Espagnols, 10 °/0; Français,
10 % ! Germains et Suisses, 4 °/0; Anglais et Irlandais,
2 °/0; divers, 4 °'0. L'immigration pour l'année 1855 a
dépassé 110,000 et atteint 100,000 en 1886. » M. Dai-
reaux apprécie ensuite la valeur relative de chacun de ces
groupes. Nous avons déjà relaté son opinion sur les èmi-
grants italiens. Nous reproduisons ici l'énoncé de son juge-
ment sur l'immigration anglaise et française : « L'immi-
gration anglaise avait, dès l'origine, le caractère spécial
qu'elle a toujours conservé, qui l'a toujours distinguée
d'être fournie par les classes commerçantes de la Grande-
Bretagne, et surtout, aidée de capitaux. Il est rare, aujour-
d'hui encore, de trouver parmi les immigrants anglais,
hors quelques matelots égarés, des travailleurs et des
hommes du peuple. Par contre, l'Irlande a fourni, depuis
1822, des travailleurs en abondance, des servantes et des
pasteurs, qui, ayant gagné, chacun de leur côté, les pre-
mières piastres, ont contracté ensemble des unions, se
sont répandus de bonne heure et établis à la campagne, y
ont édifié des fortunes considérables, surprises de la statis-
tique. Les premiers immigrants français furent des Basques,
entraînés par l'exemple de leurs frères transpyrénéens ;
ils apparurent vers 1825. Le courant, assez faible d'abord,
s'est accru vite, et est devenu considérable le jour où la
navigation à vapeur lui a fourni des moyens de transport
commodes à bon marché. Ce grand mouvement s'est pro-
duit de 1833 à 1870.11 a perdu, depuis, de son inten-
sité ; les Basques français , qui n'ont pas cessé d'émi-
grer, se dirigent aujourd'hui, en plus grand nombre,
vers le Chili. Ils y trouveront, du reste, dans la population
chilienne, le souvenir des traditions de leur race. C'est,
en effet, le pays basque qui a fourni, pendant les trois
siècles de l'ère coloniale, les éléments de constitution les
plus vigoureux de la race chilienne. Si les Basques sont
encore, en France, considérés comme les seuls èmigrants
qui se dirigent vers la Plata, c'est par habitude ; la vérité
est tout autre. Toutes les provinces fournissent leur contin-
gent ; une seule, peut-être, en fournit un plus considérable,
c'est la Savoie. Il y a assez de Savoisiens à Buenos Aires
pour qu'ils aient formé une société spéciale d'aide et de
protection à leurs compatriotes; beaucoup sont aisés et
propriétaires ; la spécialité où ils se confinent est le jardi-
nage et la culture de la vigne. Au même rang que la
Savoie figurent le Languedoc, la Gascogne, le Béarn et,
en général, toutes les provinces en relations faciles avec
les ports de Marseille et de Bordeaux . » Momentanément
enrayée par la grande crise financière qui y sévit depuis
1890, l'immigration européenne reprendra certainement
son ancienne extension dans la République Argentine.
Ai'stralasie. — Les colonies anglaises d'Australie, de
Tasmanie et de Nouvelle-Zélande ont été peuplées par des
èmigrants européens dans le courant du siècle. Les pre-
miers vinrent en Australie, d'Angleterre, en 1788. Mais,
pendant longtemps, l'élément prédominant numériquement
fut fourni par la transportation. Le gouvernement mettait
gratuitement à la disposition des colons « autant de con-
ÉMICIlATlON
- 9tf -
\Kis qu'ils pourraient en nourrir et eu vêtir, leur donnant
sur aux des droits a peu près absolus. Lorsque lesystèmi
cooMssinns gratuites de tétras tut Eût pues dans la colonie
au régime de la rente par parcelles, ['immigration lion v lit
des progrès rapide! et bientôt les rapports entre les proprié-
taires et les conviets (lurent M modifier. » On organise en
laveur de ceux-ci, qui avaient été jusqu'alors soumis à un
véritable esclavage, un régime de libération provisoire et on
leur fit des concessions de terres à l'expiration de leur peine.
« On a calculé, dit Legovt, que, de 1 798 à 1860, l'Angleterre
a envoyé 131,450 conviets en Australie, non compris les
conviets irlandais envoyés avant 1810. Dans la seule année
1840, cette colonie en a reçu 42,000. (les énormes expé-
ditions de condamnés étaient accueillies avec la plus grande
faveur par les grands propriélaires auxquels elles permet-
taient de mettre en valeur leurs immenses domaines, mais il
en était autrement des autres colons qui, mus par des senti-
ments plus généreux et n'ayant pas le même intérêt au main-
tien du système, demandaient au gouvernement de la mère
patrie ou de modifier sa législation pénale au point de vue
de la transportation ou de choisir une autre colonie péni-
tentiaire. » Ils firent prévaloir leur opposition en 1840, et
on décida que les conviets seraient désormais envoyés à
Van Diemen. Au bout de peu d'années, les colons libres ne
le souffrirent plus. Mais d'autre part, les membres de l'aris-
tocratie terrienne d'Australie désiraient la restauration du
travail servile qui leur procurait de grands bénéfices. Ils
firent venir des transportés libérés de Van Diemen, puis ils
firent conclure une transaction par laquelle le gouverne-
ment anglais recouvrait le droit de déporter en Australie
les malfaiteurs d'Europe, à la condition d'envoyer à ses
frais un colon libre pour chaque convict. Ce pacte ne fut
pas exécuté, et les petits colons obligèrent l'Angleterre à
l'abandon définitif de la transportation. Celle-ci avait retardé
les progrès de l'émigration spontanée. On tenta alors une
entreprise d'émigration officielle patronnée par Wakefield,
« Ce plan approuvé par le gouvernement fut immédiate-
ment mis à l'essai. Jusque-là. il avait vendu l'acre de
terre, en Australie, au prix de 5 shil.; il l'éleva à 12shil.
et réduisit en mémo temps les superficies à aliéner annuel-
lement. Cette double mesure eut immédiatement pour effet
de réduire le nombre des émigrants. Mais, en même temps,
pour venir en aide aux propriétaires australiens, dont ce
résultat froissait les intérêts, le gouvernement décida, tou-
jours conformément au projet de Wakefield, que les res-
sources provenant de la différence entre l'ancien et le nou-
veau prix seraient affectées au transport, par ses soins, de
colons à la destination de l'Australie, et que ces colons
seraient recrutés dans les maisons des pauvres (work-
houst's). Le vice de ce système consistait surtout en ceci
que l'on éloignait de la colonie les émigrants à petit capi-
tal, c.-à-d. l'élite des émigrants, pour les remplacer par
des hommes sans ressources, souvent affaiblis par le vice
ou la misère, et incapables, pour la plupart, d'un travail
utile. Restaient, il est vrai, les spéculateurs riches; mais
l'expérience avait prouvé qu'ils étaient plus dangereux
qu'utiles. Les hommes d'Etat les plus éminents de l'époque
(Aberdeen, Russel, Stanley, Crey) n'en poursuivirent pas
moins son exécution, et les documents officiels ont fait
connaître que, de 1832 à 1850, le gouvernement anglais
avait déjà envoyé en Australie 64,807 personnes, jusqu'à
la nouvelle de la découverte des gites aurifères. L'émigra-
tion anglaise, se détournant momentanément de ses cou-
rants ordinaires, se porto en grande partie sur les nou-
veaux placers. Dès ce moment, le système de Wakefield
ou tout autre système de colonisation devenait sans inté-
rêt. Plus tard, le mouvement s'étanl modéré, le gouverne-
ment est revenu au système du transport direct des colons
libres pour l'Australie, aux frais des gouvernements colo-
niaux et sur le produit, soit de la vente directe par ces
gouvernements, des terrains domaniaux, soit de ressources
spéciales. » La majorité des immigrants sont venus non à
l'instigation du gouvernement, mais spontanément surtout
lorsque la découverte des mines dur otlrit de» espérances
de fortune presque illimitées. Au total, en 1883, il était
venu dan-. l'Auslralasie britannique, Australie. Tasmai
Nouvelle-Zélande plus de 1,500,000 personnes origi-
naire-, (les Iles-Britanniques. On évalue le nombre des immi-
grants allemands (surtout au Qnoonilind) a une centaine
de mille; celui des Scandinaves est faible ; l'apport des
autres pays est négligeable.
Hawai. — L'histoire de l'immigration aux lies Ilawai
est particulièrement intéressante par la série d'expériences
auxquelles elle a donné lieu. Le récit en a été fait par
M. Henri de Yarigny au Congrès international de l'émigra-
tion tenu à Paris en août 1K89.
Cette immigration est destinée à contre-balancer la dépo-
pulation locale qui est considérable, puisque, de i~~
I8S9, le nombre des indigènes, qui était d'environ 300.000
au moment de la découverte de l'archipel par le naviga-
teur Cook, s'est abaissé à 35,000. Vers 1X60, le gouver-
nement hawaïen, préoccupé de cette situation, conclut avec
la Chine une convention réglant l'émigration de travailleurs
chinois. L'immigration chinoise fut considérable; mais,
après quelques années, le gouvernement chinois ayant
élevé des objections, celui d'Ilawai discontinua une immi-
gration qui ne produisait pas tous les résultats qu'il avait
espérés. La plupart des immigrants chinois se sont fixés
dans les Iles après l'expiration de leur contrat; le dernier
recensement effectué en 1884 a constaté la présence de
18,000 Chinois dans l'archipel.
Après avoir essayé sans succès des Polynésiens pris dans
d'autres archipels et qui, de 1878 à 1887, furent intro-
duits au nombre de 1,996, le gouvernement hawaïen enga-
gea des Européens, et, de 1881 à 1885, fit venir 1,176
Allemands et 223 Norvégiens, mais le mouvement de l'im-
migration européenne fut surtout alimenté par des Portu-
gais recrutés à Madère et aux Açores. Du 30 sept. 1878
au 23 sept. 1886, il est arrivé seize convois comprenant
ensemble 10,715 émigrants engagés par contrat, dont
3,320 hommes, 2,413 femmes et 4,983 enfants. En 1887,
il y avait plus de 12,000 Portugais aux Iles Ilawai; mais
l'immigration par contrat a été provisoirement arrêtée, le
gouvernement cherchant le moyen d'en réduire le coût qui
est très onéreux. Le relevé des sommes déboursées par le
gouvernement et les planteurs porte, en effet, à 1,325 fr.
la dépense résultant de l'arrivée de chaque tète demigrant.
A tous autres égards, l'immigration portugaise avait donné
de bons résultats, notamment en contribuant pour une forte
part au repeuplement de l'archipel. Le nombre des Portu-
gais qui, à l'expiration de leurs contrats, sont rentrés dans
leur pays ou sont allés ailleurs, est fort restreint: presque
tous sont restés aux iles, et on peut espérer qu'ils s'y fixe-
ront définitivement, si le gouvernement leur donne des faci-
lités pour s'établir et pour acheter des terres.
Pour remplacer les Portugais, le gouvernement hawaïen
songea aux Japonais. Le premier convoi d'émigrants arrivé
en 1883 a été libéré en 1888. 11 était venu 943 individus,
il en mourut 53, il en naquit 41. A l'expiration du contrat
de trois années, 260 retournèrent au Japon et 671 n
rent aux Ilawai et continuèrent, pour la plupart, à travail-
ler pour les plantations, mais avec des salaires plus élevés :
17 à 24 dollars par mois au lieu de 15 dollars. Le nombre
des Japonais arrivés ou nés dans l'archipel, de 1885 à la
fin de 1887, a été de 4,383, dont 3,457 hommes et 711
femmes. Le coût de l'immigration japonaise n'est pas oné-
reux ; il atteint seulement 350 fr. par tête d'immigrant,
dont 90 fr. à la charge du gouvernement, le surplus étant
payé par le planteur. Les premiers résultats obtenus avec
l'immigration japonaise permettent de beaucoup espérer
pour l'avenir.
Afrique. — En Afrique, l'immigration européenne n'est
un peu nombreuse que sur trois points, l'Algérie. l'Egypte,
le Cap. Encore faut-il constater qu'en Egypte les Euro-
péens ne font guère souche. Il y a plutôt là une colonie
renouvelée sans cesse qu'une immigration. Toutefois on
- 923 -
ÉM1GKAT10N
peut appliquer M mot aux établissements formes par les
né) mémo les Italiens el Itt 1 ïanç.iis. — Sur l'.W-
§tri$ nous renvoyons i l'article spécial, rappelant seulement
que les principaux immigrants sont, par Ordre nuinei ique,
les Français, les Espagnols, les lialien>. les Maltais. — lin
lu - ml les Italiens et les Français. I.a colonie
anglaise ilu Cap recevait annuellement 7.000 immigrants
britanniques; les il< couvertes minières (diamant, or) ont
i sensiblement ee chiffre. Il faut aussi tenir compte des
coolies, surtout H Natal.
Economie politique. — Conditions de l'émigration.
Ikanspon nus kuigrauts. Lis agi mi s d'emickatioh. —
L'émirat ion ne résulte pas le plus souvent d'une décision
sponlauèe de l'euiigrant, et il est assez rare que celui-ci
parte i>olement ou avec sa seule fannlle. Jadis les grands
exodes etaunt déterminés >oit par des persécu ions reli-
Sisasas ou politiques, soit par les velléités colonisatrices
u pouvoir officiel. Le fait capital était l'émigration; le but
variait. Aujourd'hui le lait capital est l numération. Les
louvelles cherchent à attirer a elles des rennes;
de la la panda prospérité <le l'industrie des agences et
des racoleur* d'enivrants. Nous avons vu que les voyages
d'einigiants se chilh aient chaque année par (entailles de
mille, et que cette ca égoria de passagers ètaii pour la
nui me inarclumle un fut très lucratif. Il t'esl donc cons-
titue des sociétés spécialement destinées au transport des
-, el des agences qui, vivant de ce commerce, font
naturellement tout ce qu'elles peuvent pour le développer,
-d. pour décider à émigrer le plus grand nombre pos-
sible ne gens. Ces agences ss mou' créées au ta,* siècle,
- pu l'émancipation des nègres eut bouleversé tout le
ne économique et qu'on eut l'idée desubstituer le travail
libre au travail servile. On chercha donc des travailleurs
et on organisa a cet effet des sortes de bureaux de recru-
tement, des agences d'émigrants, en Europe, en Chine,
dans l'Inde. Ces agences, qui étaient encouragées par les
gouvernements ou par des soriétésde colonisation protégées
par ceux-ci, recevaient une prime par tète d'émigrant et
de plus une part dans les bénéfices réalisés sur le transport
par les compagnies de navigation. Elles se fondèrent d'abord
\ lemagne et en Suisse, à Mayence, puisa liale. L'agence
ma\ nnait sur toute l'Allemagne du Sud-Ouest.
Ole avait plusieurs succursales ; ses agents étaient surtout
h-s roitariere; elle leur allouait une prime par emigrant
qu'il» lui allouaient, et son bénéfice consistait d'abord dans
le transport des émigrants, ensuite dans le courtage que
lui payait l'armateur ou le propriétaire du navire qui em-
barquait l'émigrant. Celui-ci voyait donc la somme géné-
i. dément minime qu'il emportait avec lui, réduite, parfois
absorbés entièrement par ces intermédiaires; mais, d'autre
part, ils lui rendaient service en lui évitant des ditiicultés
dont il n'aurait guère pu se tirer tout seul. Pour recruter
■mgrants, les agents ne reculent devant aucune pro-
M al ils les leurrent en leur promettant un pays de
cocagne; les colporteurs vendent à prix réduit des chan-
sons, des images populaires ou l'Amérique joue le rôle de
paradis terrestre. C'est pour protéger les émigrants contre
es qu'a été élaborée toute une législation dont
nous parlerons ri donaoun.
avons déjà eu l'occasion dénommer les principaux
la d'embarquements des émigrants : c'est une portion
appréciable de leur trafic total. En Allemagne, Brème et
Hambourg; en Belgique, Anvers; en France, Le Navre,
Bordeaux, Marseille; dans la Grande-Bretagne, Londres,
l.iverp.Mil, Plymoutb, Southampon, Glasgow; en Italie,
Iféass et Naples: tels sont les principaux ports d'émigrants!
Le prix du transport varie selon la rareté du fret et la
menée des diverses compagnies. 0a trouvera des
détails à ce sujet dans l'art. Passauib. De même sur la
mortalité a bord des navires. Quant aux conditions maté-
rielles du transport, elles ont été réglementées complètement
par la législation, et nous renvoyons au paragraphe ci-
dessous où l'on trouvera les indications pour la France, la
Belgique, etc. Lue des clauses qui a donné lieu aux plus
grands abus, c'est l'émigration par contrat ou par engage-
ment qui est presque le seul système pour les Asiatiques et
les noirs. L'cinigiant n'ayant pas de capitaux, l'entrepreneur
du transport lui en avance les frais a la condition qu'il
s'engage .i le rembourser sur le produit de son travail et
pour cela contracte un engagement dont la durée peut
varier de six mois à dix ans, jadis même davantage; ainsi
lié, l'eniigrant lorsqu'il débarque a aliéné une partie de sa
liberté. Les contrats de ce genre furent au début du siècle
de simples variantes de l'esclavage et donnèrent lieu a une
véritable traite des blancs. Des histoires de l'émigration
allemande qui sont des martyrologes racontent comment à
leur arrivée les émigrants étaient vendus à des propriétaires
qui les exploitaient, comment on séparait les époux, les
parents et les enfants; dans d'autres cas, c'était la misère
qui contraignait les énugrants à se vendre ainsi eux ou les
leurs. Un des derniers exemples de ces exploitations s'est
produit au Brésil ou les grands propriétaires ont trompé
les émigrants par de prétendus contrats de métayage
{garceruij. — Les agences d'émigration autorisées étaient
en France au nombre de 31 en 1800; il y en avait 11
BU Havre, 5 à Paris, 8 à Bordeaux, 3 à Bayonne, 1 à
I hart-Cize (Basses-Pyrénées), 1 à Dunkerque, 1 à Wissem-
bourg,t à Boull'ach (Bas-Rhin). En 1879, le nombre était
réduit B "23, dont 7 au Havre, 0 à Bordeaux, o à Paris, 4 à
Marseille, 2 à Bayonne, 1 à Modane. Le courant d'émigra-
tion devenant plus fort, leur nombre s'est élevé; en mai
1883, on en comptait 33, dont 0 ayant leur siège au
Havre, 8 à Paris, 7 à Bordeaux, 5 dans le dép. des Basses-
P\ rénées, "2 a .Marseille, 2 en Savoie. Enfin, en 1880, il y
en avait 30, dont 10 à Paris, 8 au Havre, 7 à Bordeaux,
0 dans les Basses-Pyrénées, 3 à Marseille, 2 à Modane.
Elles fonctionnent à l'aide de sous-agents qui, munis de
procuralionsauthentiques pour les engagements d'émigrants,
étendent leurs opérations jusque dans les pays étrangers.
En 1883, les 33 agences en activité n'occupaient pas moins
de 800 sous-agents. La surveillance exercée parla direction
de la sûreté générale a prévenu tous les abus; elle examine
le choix des agents recruteurs, contrôle les enrôlements,
prévient et réprime les fraudes, veille à la salubrité et à la
sécurité des navires affectés au transport des émigrants,
recueille les renseignements utiles sur les pays dans lesquels
ils se rendent, attirés souvent par des espérances chimé-
riques ou par des promesses fallacieuses.
Néanmoins la surveillance de l'Etat ne peut suffire, et la
meilleure sauvegarde des émigrants sera toujours leur
propre prudence. N'est pas bon emigrant qui veut, et, de
plus, il laut se préserver de bien des pièges et des dangers
pour réussir à se refaire une situation dans une patrie nou-
velle. Nous résumons ici brièvement les conditions de succès.
II faut être adulte, d'une bonne santé, d'un caractère assez
énergique pour envisager les obstacles et ne pas se laisser
abattre. Il est à peu près indispensable d'emporter avec
soi un pécule assez fort pour suffire aux frais de première
installation et aux besoins de la vie matérielle pendant les
premiers mois. Il vaut mieux que l'homme émigré seul
d'abord, pour ne faire venir sa famille que lorsqu'il aura
assuré ses moyens d'existence. Il faut choisir avec soin le
pays de destination parmi ceux dont le climat est le plus
semblable a celui du lieu d'origine; il est très utile d'en
savoir la langue ou de l'apprendre dès son arrivée. Il vaut
mieux émigrer dans une contrée ou la liberté individuelle
et la liberté du travail soit assurée. A cet égard, l'Amé-
rique offre les plus grands avantages. « Dès qu'il met le
pied sur le sol, dit M. Daireaux, l'étranger est placé sous
la protection de ce principe américain que nous résumerons
dans un axiome qui n'est écrit nulle part et que personne
ne conteste : En Amérique, personne n'est étranger. Les
personnes, les biens, les droits personnels et réels de
l'étranger sont garantis à l'égal de ceux des nationaux par
la constitution. » Ajoutons que cette garantie est beaucoup
moindre que dans les pays de l'Europe, en France surtout.
ÉMIGRATION
944
el qu'il est trop fréquemment imposable d'obtenir justice
îles tribunaux étrangers. L'émigrant iloit donc mrtOOt
luire t'iiniis sur son énergie; il lent bien de h grouper
avec des compatriotes et de rechercher no pays qui De soit
pas trop troublé par les dissensions politiques et les guerres
intestines. Au point de vue professionnel, il ne faut pas
oublier que les professions libérales n'ont pas de plan-
dans un pays neuf; il faut avoir le courage de changer
d'état, et même plusieurs fois, pour trouver celui qui sera
le plus lucratif. Il ne faut jamais acheter par intermédiaire
la terre que l'on cultivera, mais la voir de ses yeux aupa-
ravant. Pour le transport, il ne faut traiter qu'avec des
agents autorisés et éviter de signer un engagement qui
enchaîne la liberté dans le pays ou l'on va. Il faut con-
sulter, avant le départ, les autorités constituées ou les
sociétés protectrices des émigrants. Il faut emporter peu
de bagages, le transport en étant onéreux et la perte ou le
vol très à redouter. Il faut se renseigner soigneusement sur
les questions de change dans le pays de destination, choisir
le moment de son départ de manière à arriver dans la sai-
son favorable, l'ne fois débarqué, il ne faut séjourner dans
la ville que le temps nécessaire pour s'informer des
moyens d'atteindre le lieu où l'on va s'établir ; descendre
dans les asiles ouverts aux émigrants et non à l'hôtel ; en
cas de discussion avec le capitaine, s'adresser à la société
protectrice ou à son consul; à leur défaut, aux autorités
locales; ce sont également ceux-ci qui le renseigneront s'il
y a lieu. On devra conserver avec soin ses papiers, enga-
gement, passeport si l'on en a, pièces constatant la natio-
nalité et l'état civil. Il faut éviter soigneusement tout acte
de contrebande, même involontaire. Enfin, une fois établi,
il faut se tenir à l'écart des querelles et, par-dessus tout,
des agitations politiques, pour ne pas entrer en conflit
avec les nationaux. Quant au changement de nationalité et
aux questions qui s'y rattachent, nous renvoyons au $ Droit
international et à l'art. Naturalisation.
Causes de l'émigration. — L'homme ne se décide pas
volontiers à abandonner sa patrie et à courir les chances
d'une vie nouvelle en un milieu inconnu. Parmi les causes
qui l'y décident, il faut pourtant placer l'esprit d'aventure
qui entraine un certain nombre d'émigrants; mais c'est
une faible minorité. L'accroissement rapide de la popula-
tion que le sol natal ne suffit plus à nourrir et à occuper,
tel parait être, à première vue, la cause fondamentale. Ce
n'est pas tout à fait exact, comme nous le verrons plus bas,
en parlant des conséquences de l'émigration. Le grand
nombre est déterminé par la misère ou du moins par l'in-
suffisance de sa condition sociale et matérielle. La surface
du sol étant limitée, beaucoup de paysans ne peuvent
espérer conquérir la propriété dans leur patrie ; le cas est
le même pour les cadets partout où s'est maintenu le droit
d'aînesse; ce désir d'acquérir la propriété est pour beau-
coup, en particulier, dans les campagnes allemandes, le
plus puissant motif de départ ; le bas prix de la terre, en
Amérique, l'espérance de passer de la condition de salarié
à celle de propriétaire ; la misère, le manque de travail
coïncidant avec la cherté des vivres, ont fait partir d'Eu-
rope des millions d'émigrants, surtout après les crises de
1847-1834 et de 488*2. Tous les pays d'Europe, mais sur-
tout l'Irlande, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Italie,
en ont ressenti les effets. Le régime égalitaire de la société
américaine, les chances de fortune rapide, les promesses
des agents d'émigration qui font miroiter des merveilles
aux yeux de l'émigrant, décident, chaque année, une foule
de gens à tenter l'aventure. Enfin, les lettres et les envois
d'argent des émigrants qui ont réussi sont un puissant
moyen de propagande. Le grand développement de l'émi-
gration au xixc siècle s'explique par la rapidité, le bon
marché et la sécurité des moyens de transport, par la poli-
tique des gouvernements américains qui appellent l'immi-
gration et assurent de grands profits aux agences d'émigra-
tion ou aux sociétés de colonisation; par l'assimilation
quasi complète des étrangers aux nationaux, la diffusion
des langues étrangères, le développement ,),.,, reblJOBI
commerciales. A ces cames générales, dont PnportaBca
relative varie d'un pays a l'autre, il faut ajouter le
locales dont nous avons déjà parle dan-, le (j Statistique
en passant en revue h-s pays de provenance et de destina-
tion des émigrants.
ConsÉQoracES de l'i mk.haiion. — Quelles sont les consé-
quences de rémigration ! Ce problème comporte troi-, sub-
divisions : quelles sont les conséquences pour l'émigrant
lui-même: pour le pays d'émigration : pour le pays d'im-
migration. Pour l'émigrant lui-même, les conséquences
varient naturellement selon les cas. Il court évidemment
de très grands risques el beaucoup y succombent ; de va-t>-~
entreprises ont subi des échecs mémorables : celle des
Belges au Guatemala, des Prussiens au pays des Hat-
quitos (1847), plus récemment en France celle du marquis
de Rays; bien plus nombreux encore sont les émigrants
qui se sont laissés duper par des agents et n'ont trouvé
que la ruine au lieu du paradis promis. Combien de fois ce
sont des gens incapables de gagner leur vie dans leur
patrie qui ont à la légère risqué l'aventure de la rude
existence de l'émigrant pour laquelle ils étaient tout à fait
désarmés, trop jeunes ou trop vieux, trop faibles physi-
quement ou moralement; ce fut notamment le cas de bien
des ouvriers des manufactures européennes qui ne trou-
vaient nul emploi dans un pays neuf. Boscher s'en est
indigné. « Ces tisserands de Silésie qui ne peuvent même
pas, dans leur pays, couper du bois ou casser des cailloux,
vous voulez en faire des colons ; vous croyez qu'ils ont
l'étoffe de pionniers ou de squatters. Vons les envoyez à
grands frais par delà l'Océan à la misère et à la mort. »
Les cas de ce genre se reproduisent si souvent, l'indiffé-
rence de l'agent recruteur pour l'intérêt réel de l'émigrant
et son sort au lendemain du débarquement est si manifeste
que les administrations ont une attitude très défiante vis-
à-vis de l'émigration. Confinées dans leur rôle de protec-
tion sociale, elles voient surtout les risques; en France,
on peut dire qu'elles sont hostiles à l'émigration. C'est une
vue trop étroite, car, à envisager les choses dans leur en-
semble, le nombre des émigrants qui réussissent, qui amé-
liorent leur situation et se font, à eux et à leur famille, une
vie plus heureuse et autrement large qu'elle n'eut été dans la
patrie première, le nombre de ceux-là compense et au delà
celui des faibles qui succombent dans la lutte. Pour l'in-
dividu, l'émigration est une aventure, mais il dépend de
lui d'en atténuer les risques, et les profits, quand il
réussit, peuvent être immenses.
Pour les pays d'origine, quelles sont les conséquences
de l'émigration ? Le problème est double, car l'émigration
humaine implique une émigration de capitaux. Nous l'étu-
dierons sous les deux aspects. Les économistes et les
hommes d'Etat ont, dans bien des cas, exprimé l'opinion
que l'émigration était pour la mère patrie une perte con-
sidérable. In homme arrivé à l'âge adulte représente un ca-
pital, ne fut— ce que celui qui a été dépensé pour le nourrir
et l'élever. S'il part, le capital est perdu. J.-B. Say
déclarait que le départ de cent mille émigrants par an
avec le pécule qu'ils emportaient était l'équivalent de la
perte d'une armée de cent mille hommes qui, tous les ans,
seraient engloutis au passage de la frontière avec armes et
bagages. Ce langage est d'autant plus frappant que les éco-
nomistes n'en sont plus à croire, comme au xvn« siècle,
que la richesse d'une nation est proportionnelle à sa
population. L'excédent continu des naissances sur les décès
entraine un accroissement normal de la population. L'émi-
gration y t'ait contrepoids en enlevant tout ou partie de cet
excédent. Les malthusiens s'en félicitent, d'autres le
déplorent. Mais, d'abord, le fait est-il exact ? Est-il vrai
que l'émigration diminue la population, ou, du moins,
retarde son accroissement ? Cela n'est nullement prouvé.
L'Espagne s'est dépeuplée depuis le xvie siècle, mais <e
sont précisément les provinces du Nord. Biscaye, Galice.
Catalogne, d'où l'on émigrait. qui sont restées les plus
— 9-25 -
EMIGRATION
peuplées et les plus prospères et augmentent le plus vite
leur population, lu France, ou la population est presque
siatioiniaiiv. ce no sont pas les départements de Normandie
ou eUe diminue qui èmigrent, mais roui des régions mon-
tagneuses >1<' l'Est et du Midi ou les naissances continuent
de surpasser les décès. L'exemple de la Grande-Bretagne
e^t encore plus frappant, la petite ile de Skye (Ecosse)
u\ ait. au début du wm sieele. 11,000 hal>.; \er> IT.'i.'i,
B,000 éoigrèrent : au boni d'une génération, le chiffre de
14,000 était retrouvé et dépassé. De 1851 à 1861, le
Royaume— Uni a fourni plus de - millions d'émigrants,
et neannioins. par l'excédent des naissances sur les décès,
sa population a eru de 1,549,000 aines, soit un accrois-
sement naturel de 1,2 " ,. par an. Or, dans la période
aie précédente (484 1-4851 ) où l'émigration fut plus
faible, l'accroissement axait été encore plus faible ; île telle
sorte que, dans la seconde période, malgré l'émigration, la
population qui re>tait s'accrut deux foisplus vite. Ce n'est
pas l'excédent des naissances qui stimule l'émigration, car
on ne part pas a un an : c'est l'émigration qui stimule la
reproduction humaine. Sous l'influence de la grande émi-
gl atioa de I s ; ] 1853, le nombre des mariages contractés
en Angleterre s'accrut subitement, lin 1847-49, on comp-
tait, année moyenne, 130,000 mariages et 560,000 nais-
sances: en 18.V2. on releva i.'iS.onil mariages et 624,000
mJMBcas; dans le premier semestre de 1853, 320,000
naissances. Ceci tient à l'influence îles causes psychologiques
sur la reproduction. Boscher l'a indiquée en ces ternies :
« Toute extension relative de la masse des subsistances
(qu'elle pro\ienne d'une production plus abondante ou d'une
restriction dans les besoins des travailleurs! entraine après
soi un accroissement de la population. Or, il est incon-
testable que la croyance universelle à une extension des
subsistances doit avoir exactement le mémo etret que cette
extension réalisée. Si, par exemple, pendant que l'émi-
gration est en faveur, des millions d'Allemands s'imaginent
que non seulement les émigrants sont dans une position
plus satisfaisante qu'auparavant, mais encore que ceux qui
sont restés dans le pays vont se trouver également dans une
condition meilleure, ce simple espoir suffit pour faire con-
clure un grand nombre de mariages et produire un grand
nombre de naissances qui sans lui n'auraient pas lieu. »
Ln d'autres termes, comme dit M. Leroy-Beaulieu, la
tendance à l'augmentation de la population a pour mesure
non seulement les ressources réelles des travailleurs, mais
l'opinion qu'ils ont de ees ressources. Les espérances pro-
duisent ici les mêmes effets que si elles étaient réalisées.
L'émigration n'a donc pas pour effet de réduire la popu-
lation; ce serait plutôt le contraire. Ainsi tombent d'une
part les reproches que lui adressent certains publicistes :
d'autre part, les espérances des malthusiens ; l'émigration
n'est pas un remède à l'excès de population; quand elle est
régulière et considérable, elle tend à augmenter la popu-
lation du pays d'oriuinn. On a songé à 1 utiliser du moins
ntliorer le sort des travailleurs et le taux des
salaires en diminuant la concurrence spécialement au mo-
ment des grandes crises industrielles. Cela parait plus aisé,
ear l'émigration, portant surtout sur les adultes, a incon-
testablement pour effet d'en réduire le nombre dans un
>ur un laps de temps assez sensible. Cependant
faite en Angleterre, n'a pas donné de bons
récoltât*. De l*-27 a !*:;:;, l'adoption de la vapeur pour
- a liler réduisant le nombre de bras nécessaire
aux filatures détermina une crise terrible. Le Parlement bri-
tannique décida en \x-2~i d'envoyer aux colonies 95,000
ouvriers sans travail. On forma des comités, on
subventionna les émisants, on en embarqua 70,000 par an
au lieu de 24,000. Ils furent très malheureux dans les
colonies, et l'Angleterre, peu après leur départ, manqua de
bras pour l'industrie qui avait pris une extension inat-
tendu*4. Le fait se reproduisit vers 4840 quand prévalut le
métier automate ; des sociétés privées firent emigrer les
travailleurs sans ouvrage et bientôt on regretta leur départ.
Les mêmes observations ont été faites en Allemagne. Il en
resuite que la hausse artificielle des salaires provoquée par
une émigration est plus 'dangereuse qu'utile. L'émigration
provoquée ou systématique offre de grands inconvénients.
Ce que demandent les pays neufs, c'est la portion la plus
active de la population, des couples d'adultes dans la force
de l'âge ; mais l'exode d'une trop grande quantité de ceux-
ci nuit à la métropole. Celle-ci, au contraire, se débarras-
serait volontiers «le malheureux sans ressources. On a
voulu faire de l'émigration un remède contre le paupé-
risme, niais sans grand succès. On ne soulage qu'impar-
faitement la métropole et on nuit à la colonie. Cependant
cette manière de procéder a parfois réussi. Merivale cite
l'exemple de l'Angleterre. Lorsqu'on y réforma la loi des
pauvres, les paroisses se taxèrent pour faire émigrer une
partie de leurs pauvres. Ou en exporta 5,000 en 1835-36,
4,200 et 800 dans les deux années suivantes; on continua
et, au 31 déc. 1861, il en était parti 20,000 environ.
Celait peu sans doute, et pourtant l'amélioration qu'elle
produisit dans le taux des salaires et le sort des pauvres
fut réelle. Nous citerons un exemple analogue pour le
grand-duché de Bade. En somme, l'inlluence de l'émi-
gration sur la population de la mère patrie a été très exa-
gérée ; elle est bien moindre que ne l'ont cru bien des
publicistes; ses grands avantages sont ceux qui résultent
de la colonisation ; nous avons aussi signalé celui qu'elle
offre pour le développement du commerce en multipliant,
sur divers points du globe, des consommateurs habitués à
se fournir dans la mère patrie et à préférer ses articles
d'échange.
L'émigration des capitaux est une conséquence de l'émi-
gration humaine. Les avis sont partagés sur les avantages
et les inconvénients de cette émigration d'argent. Consta-
tons d'abord qu'elle est minime. Le pécule emporté par
chaque émigrant est proportionnellement plus faible que la
part conservée par ceux qui demeurent. Les statistiques
allemandes indiquent que les émigrants n'ont guère plus
de 700 à 900 fr. par tète, alors que la richesse nationale,
répartie par tête, donnerait à chacun une part quadruple
pour le moins. De plus, ce pécule représente des économies
faites en vue de l'émigration et dont une bonne partie
n'aurait pas été amassée sans cette destination spéciale.
On peut admettre qu'en totalisant toutes les sommes em-
portées par les émigrants d'Allemagne, dans l'année
la plus défavorable (4854, où il en sortit 252,000),
ils ne prélevèrent pas le quart de l'épargne annuelle.
L'exportation des capitaux offre, d'autre part, des avantages.
« Quand, dans une contrée comme l'Angleterre, dont l'in-
dustrie travaille en grande partie pour l'étranger, la somme
des capitaux s'accroit beaucoup plus rapidement que dans
les pays avec lesquels l'Angleterre trafique, nous croyons
que, si une partie de ces capitaux n'émigre pas, il y aura
en Angleterre une sorte d'excès de production, c.-à-d.
que les articles anglais produits en nombre beaucoup plus
grand qu'auparavant, alors que la contre-partie qui leur est
destinée en articles étrangers est restée à peu près station-
naire, baisseront de prix par rapport à ces derniers... Or
la baisse des profits, quand elle est exagérée, malgré l'opi-
nion de Ricardo et de quelques autres économistes, est à
nos yeux un mal réel, un symptôme redoutable : c'est, en
effet, la mort de l'esprit d'entreprise... Au contraire, si
une partie de ces capitaux, accumulés en Angleterre,
émigré dans des colonies nouvelles, ils y développent une
production abondante ; ils rapportent à leurs propriétaires
des intérêts plus élevés; ils créent par delà les mers de
nouveaux objets d'échange qui vont se troquer contre les
articles de la mère patrie ; ils donnent naissance à des
matières premières qui alimentent à meilleur prix les
usines de la métropole ; ils constituent en même temps une
demande toujours croissante pour les produits manufacturés
métropolitains. » (Leroy-Beaulieu.) Ln résumé, l'émigra-
tion des capitaux est très lucrative pour la métropole
comme pour le pays de destination. Il y a même, comme
RM If. RATION
936 -
ilii spirituellement M. Leroy-ISeaulieu, une supériorité
immense en faveur de l'émigration des capitaux sur l'émi-
gration des personnes ; c'est tjn il est difficile de trouver
do bons colons, que beaucoup d'cmigranls tombent dans
la misère et deviennent une charge, tandis que tous les
capitaux indistinctement sont bons et productifs.
Voyons maintenant l'autre face du problème, l'immi-
gration. Est-elle avantageuse pour les pays ou elle se pro-
dait? C'est l'opinion générale et elle paraitfondée. L'accrois-
sement de la population est certainement un bien pour les
pays neufs, dont les ressources ne peuvent être mises en
valeur que par ce moyen. A un point de vue plus spécial,
la vente des terres domaniales a procuré de grandes res-
sources aux pays américains. Tous sont d'ailleurs con-
vaincus que I immigration est pour eux d'un intérêt rital
et n'ont cessé de l'encourager. Il y a lieu cependant de
faire des réserves. Toute immigration n'est pas profitable ;
loin de la. Nous l'avons déjà dit et les pays neufs le savent
fort bien. « Il y a, écrit Merinale, une jalouse surveillance
de la part de la population des colonies contre l'introduc-
tion d'émigrants qui tombent à leur charge, c.-à-d. pré-
cisément de la classe que nous sommes le plus portés à
leur envoyer et qui eux-mêmes sont le plus portes a s'y
rendre. Les gens qui veulent éniigrer sont, en général, les
paresseux, les hommes d'un caractère capricieux et mécon-
tent, ceux qui ne sont qu'irrégulièrement employés, ceux
qui ont l'espérance prompte et croient toujours améliorer
leur position par le changement, ou bien encore la classe
la plus infortunée des hommes de peine, ceux dont les
familles sont sans ressource, ou enfin ceux qui, ayant été
élevés pour un métier spécial, voient tout à coup le travail
manquer dans celle partie. » Les colonies et les Etats amé-
ricains font leur possible pour écarter les mauvais émi-
grants. Mais cette réserve n'est pas la seule.
L'immigration est redoutée par les ouvriers du pa\s,
comme créant une concurrence qui abaisse le taux des
salaires. L'hostilité qu'ils manifestent pour le travailleur
étranger est universelle. On sait qu'elle existe en France,
particulièrement envers les Belges et les Italiens. Nous la
retrouvons aux Etats-Unis ; là, elle a pris vis-à-vis des
Chinois un caractère aigu, et on a fini par prohiber toute
nouvelle immigration des jaunes. A la République Argen-
tine, les craintes sont d'un autre ordre : on redoute la
prépondérance de l'élément étranger, qui est indiffèrent à
la politique et aux passions nationales et « ne forme pas
plus un peuple qu'une poignée de sable n'est une pierre ».
Mais ce n'est là qu'un inconvénient passager. Quant à celui
de la concurrence au travail des indigènes, il est clair que
les avantages compensent les inconvénients.
Politique. — Intervention de l'Etat dans l'émigration
et l'immigration. — L'importance sociologique de l'émigra-
tion ressort suffisamment des faits exposés jusqu'à présent
pour qu'on comprenne que l'Etat ne pouvait s'en désinté-
resser. Les problèmes soulevés étant fort complexes, on est
loin de s'accorder sur les solutions théoriques et pratiques.
Les questions ont été amplement débattues au Congrus
international de l'intervention des pouvoirs publics
dans l'émigration et l' 'immigration, tenu à Paris les
12, 13 et 14 août 1889. Les principaux mémoires et dis-
cours ont été analysés dans une publication de la Biblio-
thèque des Annales économiques où nous puisons une
grande partie des renseignements qui suivent.
Frappés de ce fait que tout départ de citoyens, surtout
adultes, est un affaiblissement au point de vue militaire et
un appauvrissement au point de vue économique, les gou-
vernements ont été longtemps hostiles à l'émigration, sauf
vers les colonies nationales ; même celle-ci n'était pas
toujours vue d'un bon œil. L'Espagne y mit de grands
obstacles. Nous renvoyons à ce sujet à l'art. Colonisation.
D'autre part, les souverains d'autrefois ne reconnaissaient
nullement le droit d'émigrer (V. ci-dessous le § Droit
international). Ce droit nous parait cependant indiscutable.
Une société no peut imposer ses charges à qui renonce a
-es profits. Le droit d'émigrer résulte du droit de \j\ r--.
J.-B. Sa y l'a exprimé eloqncmment : « Il n'est pas plus
■ iii-il, de retenir les hommes prisonniers dans un pa\s
que de vouloir les y faire naître. Toutes les lois contre
l'émigration sont iniques : chacun a le droit d'aller ou il
m llaite île respirer plus à l'aise, el e'est respirer [dus a
l'aise que de subsister plus facilement. Veul-on par là
conserver le nombre d'hommes que le pays peut nourrir,
on le conservera sans ce moyen. Veul-on en avoir plus que
le pays ne peut en contenir, on n'y réussira point. Lors-
qu on empêche une population surabondante de sortir par
la porte des frontières, elle sort par la porte des tom-
beaux. »
La liberté a prévalu depuis la Révolution française.
Mais, si les gouvernements n'interviennent plus pour empê-
cher l'émigration, s'ensuit-il qu'ils doivent s'en désintére-
complètenient '! Faut-il proclamer ici le principe de non-
intervention ? Plusieurs l'allument, mais leur opinion est
vivement combattue. La question touche de près à celle de
colonisation libre et de la colonisation officielle qui a été
examinée ailleurs. Rappelons l'opinion de Sluart Mill qui
soutient que l'Etat doit agir dans une certaine mesure.
« On ne peut, dit-il, avoir une émigration considérable de
travailleurs qu'à la condition que les frais de voyage soient
supportés, ou tout au moins avancés, aux frais de quelque
autre que les travailleurs eux-mêmes. Qui donc fera cette
avance? Naturellement, dira-t-on, les capitalistes de la
colonie qui ont besoin du travail et qui se proposent de
l'employer. Mais à ceci il y a un obstacle, c'est que le
capitaliste, après avoir dépensé les frais de voyage du tra-
vailleur, n'est pas assuré d'en profiter. Lors même que les
capitalistes de la colonie s'associeraient et feraient par
souscription ces frais de voyage, ils n'auraient aucun moyen
de garantir que les travailleurs ainsi transportés travaille-
raient pour eux. Après avoir travaillé pendant quelque temps
et gagné quelques livres, l'ouvrier s'empresse, s'il n'en
est pas empêché par le gouvernement, de s'emparer de la
terre inoccupée et de ne travailler qu'à son propre compte.
On a essayé plusieurs fois de voir s'il était possible d'as-
surer l'exécution des contrats de travail ou le rembourse-
ment par les émigrants des frais de leur voyage à ceux qui
les avaient avancés; mais on a toujours trouvé plus de peine
et de dépenses que d'avantages. Il n'y aurait d'autres
ressources que les contributions volontaires des paroisses
et des particuliers pour se débarrasser de l'excédent de
travailleurs qui sont ou probablement ne tarderont pas à
se trouver à la charge des fonds d'assistance communale.
Si cette spéculation devenait générale, elle pourrait amener
une émigration suffisante pour débarrasser le pays de la
population sans emploi, mais non pour élever les salaires des
ouvriers employés, et il faudrait recommencer avant qu'une
nouvelle génération se fût écoulée. » Nous adoptons com-
plètement cette manière de voir, et il est clair que toutes
les fois qu'une collectivité jugera qu'elle a un avantage
positif à une émigration et plus encore à l'immigration, ce
qu'elle a de mieux à faire, c'est de la provoquer ou même
de l'organiser. Les principaux Etats européens ont admis
cette idée et s'y sont conformés. Nous citons l'exemple de
l'Angleterre, de la France, de l'Allemagne et de la Belgique
pour l'émigration ; celui des colonies anglaises, de l'Au-
triche, des Etats-Unis, l'Amérique du Sud pour l'immigra-
tion. En ce qui concerne l'intervention protectrice du gou-
vernement en faveur des émigrants, nous renvoyons au
| Législation.
L'intervention du gouvernement anglais dans les opéra-
tions d'émigration et d'immigration a été fort bien étudiée
par M. Arthur Raffalovich dans un mémoire lu au Congrès
de 1889. La politique anglaise est d.- diriger el d'encou-
rager l'émigration coloniale, mais celle-ci n'est subventionnée
que par les colonies. On demande pourtant que le trésor
public d'Angleterre lui vienne en aide; l'efiel serait de
relever le niveau des émigrants et d'opérer une relation
profitable aux colonies, mais nuisible à la métropole.
- 927 —
ÉMIGRATION
otaries efloa ■émes ool réduit de plus en plus
l'émigration sobveottatnée. Actuellement, le Queenaiand
morde le passage gratuit un tilles de service non striées
et ;m\ ouvriers - [kma Me) cuire dix-sept el
trente-cinq ans et l un petit nombre d'ouvriers de renne
le noua de quarante-cinq ans. n'ayant pas pins de
s entants au-dessous de donxeans, qui ont reçu l'appro-
bation de l'agent général du Queenslaml ou de l'agent loi al.
I ne partie du transport est donnée gratuitement aux ou-
vrit;- J, jardiniers, mineurs, terrassiers, gardes-
malades, couturières (hommes de huit a dix ans. S Hues,
femmes. I livres: hommes et femmes entre quarante et
cinquante-cinq, 12 livres); les enfants de nn à douze ans
touchent, les garçons i livres, les tilles 2 livres. Les
nik's qui ont réside dans la colonie pendant six mois
■auvent en désigner d'autres qui out été reconnues comme
ats ou anus personnels, et ceux-ci reçoivent le passage
gratuit, à condition que la personne fixée dans la colonie
paye une somme variant de S à 8 livres, suivant l'âge et
le sexe. Les personnes ainsi transportées sont libres de
travailler ou et chez qui leur plait. Mais elles doivent rester
dans la colonie au moins pendant un an. Les patrons qui
ont résidé dans le Queensland pendant six mois peuvent
engager des ouvriers en Angleterre ou sur le continent
européen, et la colonie paye une partie ou la totalité des
frais i
L'Australie occidentale fait les frais d'une partie du
transport pour un certain nombre de professions de nature
à être util, s dans un pays agricole, mais ces émigrants doi-
vent posséder uu petit capital. [00 livres au minimum,
qu'ils déposent avant leur départ et qui leur sera rem-
bourse a leur arrivée dans la colonie. In petit nombre de
subventionnés sont accordes a des personnes qui
ont des amis ou parents dans la colonie. — La Nouvelle-
Zélande a supprimé depuis 1888 tonte espèce de sub-
vention à l'émigration. — La colonie du Cap accorde la
gratuité du passage aux ouvriers engagés par le gouverne-
ment. Celui-ci paye la moitié du voyage aux mécaniciens et
artisans qui ont conclu des engagements avec des patrons
au Cap. — Le Canada cherche à encourager l'émigration
en accordant des billets à prix réduits sur les chemins de
madiens.
ot que, malgré ces avantages, les trois cinquièmes
des émigrants britanniques sont ailes aux Etats-Unis, mais
cela tient à la prédilection des Irlandais pour cette desti-
nation.
L'intervention oflicielle de l'Etat dans l'émigration
nie au régne de Guillaume IV et à la création de
l'Australie méridionale, qui donna lieu à de déplorables
jlations. En 1 ^ 10 fut créé un bureau d'émigration
formé de trois commissaires. Sa mauvaise gestion accrut
ta frais ; il finit par disparaître en 1*78. Plus récemment,
il s'est organisé en Angleterre un bureau d'informations
pour les émigrants. C'est simplement une institution sub-
ventionnée en relation avec le ministère des colonies. Il est
administre par un conseil d'administration désigné par le
secrétaire d'Etat pour les colonies, dont les fondions sont
iite-. Il est composé de personnes éminenles et des
représentants des classes ouvrières. La subvention de l'Etat
rO livres par an. Le bureau jouit de la franchise
■tttale, et l'impression de -es circulaires, brochures, etc.,
imprimerie de l'Etat. Du 1"r avr. 1888 au
31 mars '. 162 personnes sont venues demander
- informations. Il a été reçu 13,222 lettres et il en a été
exp-' 21 dont 30.000 ont été des circulaires. Il a
envoyé 12,750 circulaires aa clergé de la province. —
in, il a été fondé a Londres, en 188i, une société
d'émigration par l'initiative pri ommissiafl parle-
mentaire mixte prépara, à partir de 1887, un vaste plan de
colonisation et d'émigration officielle qui fut froidement
accueilli.
En France, l'intervention de l'Etat dans l'émigration
s'est bornée à des tentatives répétées de colonisation offi-
cielle, en dernier lieu en Algérie (V. Colonisation et
AlgÊRR), à l'organisation de l'immigration des coolies
dans nos colonies et à une législation protectrice des émi-
grants (V. le § suivant). D'une manière générale, l'admi-
nistration est peu sympathique à l'émigration.
En Belgique, te gouvernement, en présence du récent
mouvement d'émigration transatlantique, a créé des bureaux
de renseignements dans les chefs-lieux de province et pré-
venu le public par voie d'affiches apposées dans toutes les
communes, l'invitant à se défier des agents racoleurs et à
ne prendre de décision qu'après avoir consulté les bureaux
de renseignements officiels.
En Allemagne, l'on s'est alarmé à plusieurs reprises de
l'intensité de l'émigration. Rappelons ledit impérial du
7 juil. 1850, qui punissait de mort l'émigrant et prononçait
la confiscation de ses biens. En dernier lieu, la Diète
'Songea, en 1858, a des peines restrictives; elle dut y
renoncer devant le soulèvement de l'opinion publique. En
revanche, le gouvernement badois organisa, de 1851 à
1854, une émigration systématique vers l'Amérique du
Nord afin de débarrasser le pays des indigents. 11 y
réussit, mais provoqua les plaintes les plus vives du Canada
et des Etats-Unis, qui prirent des mesures pour mettre un
terme à cet abus. « Nous ne saurions trop appeler l'atten-
tion, disaient les fonctionnaires canadiens, sur l'invasion
de notre pays par cette horde d'émigrants originaires du
grand-duché de Bade qui, en 185i, ont débarqué à Québec
à une époque avancée de la saison, ayant à peine l'argent
nécessaire pour vivre une semaine et présentant la triste
apparence de la plus dégoûtante saleté et de la misère la
plus profonde. Cet expédient coupable du gouvernement
badois et des municipalités qui consiste à imposer ainsi à
un Etal étranger le fardeau de leurs pauvres, pour la plu-
part incapables d'un travail utile, est de nature à pro-
voquer une disposition législative destinée à mettre un
terme à une semblable spéculation. »
En ce qui concerne l'immigration, nous avons déjà dit
combien, dans le passé, les gouvernements prussien, autri-
chien, russe, la favorisèrent. C'est encore la politique des
Etats de l'Amérique latine ; elle se traduit par des conces-
sions de terres ou des ventes à prix réduit et par des
primes accordées aux agences d'émigration.
Législation. — La législation des pays européens
porte spécialement sur les agences d'émigration. La pro-
fession d'agent d'émigration a été presque partout soumise
à des restrictions spéciales afin d'éviter aux émigrants « les
mécomptes, les déceptions, les tromperies auxquels ils sont
exposés par les exactions des intermédiaires ou des four-
nisseurs exploitant leur ignorance avec l'impitoyable apreté
du gain ». (Ileurtier.) Celte surveillance de l'Etat est
indispensable pour protéger les émigrants et leur assurer
des garanties en maintenant les agences dans leur rôle
d'intermédiaires de transports. Une étude détaillée de la
législation française et étrangère a été rédigée par M. Chan-
dèze, chef de bureau au miuistère du commerce, et publiée
dans les Annales économiques de 1890.
En France, le premier décret sur la matière est celui du
-27 mai 1832 réglementant l'émigration vers les colonies
françaises. Elle imposait aux agents la tenue d'un registre
matricule ; la responsabilité ne portait que sur l'armateur
et le capitaine. Les progrès du transit par Le Havre et
Toulon des compagnies d'émigration décidèrent le gouver-
nement à instituer en 1852 une commission chargée d'étu-
dier la question de l'émigration. Un remarquable rapport
fut rédigé par M. Ileurtier, conseiller d'Etat, et la commis-
sion prépara le décret rendu le 15 janv. 1855 qui posa les
principes de la législation actuelle.
Les autres pays d'Europe ont, avant ou après la France,
édité des mesures analogues. En 1837, la Bavière avait
réglementé l'émigration, puis, suivant les décisions minis-
térielles des 8 mai 1840, 1 1 juil. 1847 et 9 mai 1849. Le
gouvernement bavarois cherchait à restreindre l'émigration;
il exigeait des agents une autorisation officielle, des entre-
RMK.ItATION
— !t-28 —
preneurs do transporta une caution. La Belgique, à cause
d'Anvers (4843), la ville de Brème (1849), l'Angleterre
(1852), la l'russe (1853), la Saxe (4853), l'Espagne
(1853), exigèrent des agences des garanties analogues.
Voici quelles sont, en France, les dispositions législa-
tives relatives à l'émigration. Kilos sont contenues duos la
loi du 18 juil. 1860, les décrets du 9 et du 15 mars 1861,
les arrêtés du 20 mars, du 15 et du 21 mai 1801 ; ces
actes reproduisent les dispositions essentielles du décret
du 1a janv. 1855.
Nul ne peut entreprendre les opérations d'engagement
ou de transport des émigrants sans l'autorisation du mi-
nistre du commerce. Les compagnies ou agences d'émigra-
tion ne reçoivent cette autorisation qu'a la condition de
fournir un cautionnement fixé par le ministre, dans la
limite de 15,000 à 40,000 fr. Il a été uniformément fixé
à 40,000 fr. par un arrêté du 8 févr. 188!) qui a décidé
que les deux tiers devaient être déposés en argent, le der-
nier tiers devant être représenté par une soumission cau-
tionnée. L'autorisation sera toujours révocable par le
ministre en cas d'abus grave. Les agents que les compagnies
autorisées peuvent employer, soit en France, soit à l'étran-
ger, doivent être munis d'une procuration authentique.
Les compagnies sont responsables des actes de leurs agents.
Les compagnies ou agences d'émigration seront tenues de
remettre à' l'émigrant avec lequel elles auront traité, soit
en France, soit à l'étranger, à défaut d'une copie de son
contrat, un bulletin nominatif indiquant la nationalité de
cet èmigrant, le lieu de sa destination et les conditions
stipulées pour le transport. Dans les vingt-quatre heures
de l'arrivée des émigrants dans le port d'embarquement, les
compagnies ou agences devront taire viser le contrat de
l'émigrant par le commissaire de l'émigration. Tout navire
qui reçoit à son bord quarante émigrants est réputé spé-
cialement affecté à l'émigration. Toutefois, l'émigrant qui
devra être transporté par un navire ayant moins de qua-
rante émigrants aura le droit d'invoquer l'intervention du
commissaire de l'émigration pour ce qui concerne les vivres
et les conditions de son contrat. Est réputé èmigrant, sans
autre justification, tout passager qui n'est point nourri à
la table du capitaine ou des officiers et qui paye pour le
prix de son passage, nourriture comprise, une somme de
moins de 40 fr. par semaine pour les navires à voiles et de
moins de 80 fr. par semaine pour les navires à vapeur, en
prenant pour base de calcul la durée du voyage, telle
qu'elle sera déterminée par les règlements. En cas de
doute sur la qualité d'émigrant, le commissaire de l'émi-
gration appréciera. Tout navire destiné à l'émigration devra
être pourvu d'un coffre à médicaments et, lorsque le
nombre des émigrants atteindra cent, il y aura toujours à
bord un médecin, un officier de santé ou un chirurgien de
marine. Il est interdit de recevoir à bord aucun passager
atteint d'une maladie grave ou contagieuse et d'y placer
aucune marchandise qui serait reconnue dangereuse ou
insalubre.
Aucun navire affecté au service de l'émigration ne peut
sortir du port sans que le capitaine ou l'armateur soit
muni d'un certificat constatant que toutes les prescriptions
imposées soit par la loi, soit par les décrets et arrêtés
ministériels dans l'intérêt de la police et des émigrants, ont
été remplies. Les émigrants ont le droit d'être reçus à
bord la veille du jour fixé pour le départ. Ils ont également
le droit de demeurer à bord pendant les quarante-huit
heures qui suivent le mouillage au port de destination, à
moins que le navire ne soit obligé de repartir immédiate-
ment. Tout èmigrant empêché de partir pour cause de
maladie grave ou contagieuse, régulièrement constatée, a
droit à la restitution du prix payé pour son passage. Le
prix du passage est également restitué aux membres de sa
famille qui restent à terre avec lui. Si le navire ne quitte
pas le port au jour fixé par le contrat, l'agence respon-
sable est tenue de payer à chaque èmigrant : par chaque
jour de retard, pour les dépenses à terre, une indemnité
dont le taux est fixé par un décret, Si le délai dépasse
dix jours et si. dans l'intervalle, l'agence n'a pa, pettfVfl
au départ de l'émigranl sur un autre navire et aux condi-
tions tixées par le contrat, l'émigrant a la droit de reoon-
cer au contrat par une simple déclaration faite devant le
commissaire de l'émigration, sans préjudice de, domn
intérêts qui pourront être alloués a l'ernigraut. Toutefois,
si les retards sont produits par des causes de fora
majeure, constatées et appréciées par le commissaire de
l'émigration, l'émigrant ne peut renoncer au contrat ni
réclamer l'indemnité de séjour à terre, pourvu qu'il soit
logé et nourri soit a bord, soit à terre, aux frais de
l'agence ou de ses représentants. L'agence est responsable
du transport de l'émigrant au lieu de destination fixé par
le contrat. Le transport doit être direct, à moins de stipu-
lations contraires. En cas de relâche volontaire ou forcée ,
du navire, les émigrants sont ou logés et nourris à bord,
au compte du navire, pendant toute la durée de la relâche,
ou indemnisés de leurs dépenses à terre. En cas de nau-
frage ou de tout autre accident de mer qui empêche ]>•
navire de poursuivre sa route, l'agence est tenue de pour-
voir, à ses frais, au transport de l'émigrant jusqu'au lieu
de destination fixé par le contrat. Dans le cas où les agences
d'émigration n'auraient pas rempli, depuis le départ du
navire, leurs engagements vis-a-vis des émigrants, le mi-
nistre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics
procède au règlement et a la liquidation des indemnités,
sauf recours au conseil d'Etat. Le recouvrement de ces
indemnités, réglées et liquidées, est fait à la diligence du
ministre des finances. Toute infraction aux dispositions de
la loi est punie d'une amende de 50 fr. à 5,000 fr. En
cas de récidive dans l'année, l'amende est portée au double.
Toute contravention aux règlements d'administration pu-
blique, aux décrets et aux arrêtés ministériels pris pour
l'exécution desdits règlements et décrets, en ce qui con-
cerne la police de l'émigration, est punie des peines por-
tées dans l'art 471 du C. pén. Les délits et contra-
ventions peuvent être constatés : 1" en France par les
commissaires de l'émigration, en la'qualité d'officiers de police
auxiliaires du procureur île la République, par tous offi-
ciers de police judiciaire et par les fonctionnaires ou agents
qu'un arrêté ministériel a investis à titre définitif ou tem-
poraire des attributions de commissaire de l'émigration ;
2° à bord des navires français dans les ports étrangers par
les consuls assistés, s'il y a lieu, de tels hommes de l'art
qu'ils jugeront à propos de désigner. Les procès-verbaux
l'ont foi jusqu'à preuve contraire.
Il avait été établi, dans les principaux ports, des commis-
saires spéciaux chargés de surveiller le mouvement de
l'émigration française et étrangère. Le crédit inscrit à ce
chapitre ayant été réduit par la Chambre des députés, on
a dû supprimer ces fonctionnaires et charger du service
les commissaires de surveillance attachés aux chemins de
fer ou aux ports. Dans chacun des ports d'embarquement
importants au point de vue de l'émigration, il a été ins-
titué, sous la direction du commissaire de l'émigration,
un bureau de renseignements auquel les émigrants pour-
ront s'adresser pour obtenir gratuitement toutes les infor-
mations relatives tant à leur voyage a travers la France,
leur séjour à terre et la rédaction de leurs contrats d'em-
barquement, qu'aux pays vers lesquels ils doivent se
diriger.
Nul èmigrant n'est admis en France s'il ne justifie,
quand il arrive par la frontière de terre, de la possession
en espèces ou en bonnes valeurs, d'une somme de L200 fr.
pour les adultes et de 80 fr. pour les enfants de six a
quinze ans; ou, quand il arrive par la frontière de mer
(l'une somme de 150 fr. pour les adultes et de 60 fr. pour
les entants de six à quinze ans, à moins qu'il ne soit por-
teur d'un contrat régulier qui lui assure son transport à
travers la France et son passage pour un pays d'outremer.
Si le contrat contient le signalement de l'émigrant, ainsi
que les indications nécessaires pour établir l'identité, il
— 929 —
EMIGRATION
Mm, après avoir été usé par la légation ou le consulat
do frime, tenir lieu île passeport, l.e visa sera gratuit
Les "-..■- s 't denrées alimentaires appartenant mu émi-
grants transportés sur le territoire français par chemin de
ter >eront, à umiiis de soupçons de fraude, affranchis à la
frontière franeaise de toute vérification de douane et du
plombage par colis, i.es bagages non visites seront accom-
pagnes d'une feuille de route dressée par l'administration
du rhemin de fer et \isee par la douane de départ. Ils
•ut aheél dans de-, wagons a eoulisse et sous baehes.
dûment seelles parle plomb de la douane et, au besoin,
mis sous l'escorte de ses préposes. Les émigrants ne pour-
ront conserver avec eux. dans les voitures affectées à leur
transport, aucun eolis contenant des marchandises soumises
aux droits ou prohibées.
A l'armée du convoi au port d'embarquement, le trans-
bordement des bagages dans le navire exportateur pourra
s'effectuer également sans visite et en franchise de toute
taxe de douane.
Il est alloué à chaque passager, à bord d'un bâtiment
affecte au transport des émigrants : 1° lm3tl décim. q., si
la hauteur du pont est de 2m28 et plus ; 2° I mdîB décim. q. ,
m la hauteur du pont est de l™83 et plus; 3° lœ49
■ m. q.. si la hauteur du pont est de lm66 et plus. Les
entants au-de>smis d'un an ne sont pas comptés dans le
calcul du nombre des passagers à bord et deux entants âgés
de plus d'un an et de moins de huit ans, seront comptés
pour un passager. Les navires affectés au transport des
émigrants devront avoir un entrepont, soit à demeure, soit
provisoire, présentant au moins lm()6 de hauteur. Lorsque
les navires recevront un nombre de passagers suffisant
pour l'espace détermine d'après les bases énoncées ci-
dessus (lm30, |"33, lm49 par passager) l'entrepont
sera laissé entièrement libre, saut les parties ordinairement
occupées par le logement du capitaine, des officiers et de
l'équipage.
Lorsque le chiffre des passagers sera inférieur à la capa-
cité réglementaire du navire, l'espace inoccupé pourra être
affecté au placement des provisions (la viande et le poisson
ptesi. des bagages et même d'une certaine quantité de
marchandises, le tout réglé proportionnellement à la dimi-
nution du nombre de passagers qui auraient pu être em-
barqués. Il est interdit de charger a bord d'un navire affecté
au transport des émigrants toute marchandise qui serait
reconnue dangereuse ou insalubre et entre autres les che-
nu, les bestiaux, la poudre à tirer, le vitriol, les allu-
mettes chimiques, le guano, les peaux vertes, les produits
chimiques, inflammables, et les fromages, excepte ceux durs
MM portant aucune odeur. Ces prescriptions ne sont
pas appliquées a la lettre. En effet, sur les grands navires
actuels, elles n'ont plus leur raison d'être comme sur ceux,
plus petits, d'autrefois. Aussi l'autorisation d'embarquer,
Gr exemple, des bestiaux, est-elle régulièrement accordée.
commissaire de l'émigration vérifie les qualités, quan-
• espèces de vivres dont l'entrepreneur devra s'ap-
provisionner ; il constate l'existence des ustensiles de
cuisine, du combustible et de la vaisselle nécessaire. Il
examine la disposition des couchettes ( 1 m83 de long, 0m50
de lar^e. deux rangées au plus, superposées à une distance
de OmTti au moins), celle des lieux d'aisance ; l'existence
rie la chaloupe et de canots en nombre suffisant pour
assurer la sécurité des passagers.
L'armateur ou le capitaine de tout navire affecté au trans-
port des émigrants doit aviser de la mise en armement du
navire et de l'époque du départ le capitaine du port et le
commissaire de l'émigration. Avant le départ, le navire est
I ans les former présenta par la loi du 13 août 1791
pour certifier sa navigabilité et constater la suffisance de
l'équipage.
Le capitaine ou l'armateur devra remettre, vingt-quatre
heures avant le départ, au commissaire de l'émigration, la
acte des passagers émigrants qu'il doit transporter,
■vu indication de l'âge, du sexe, de la nationalité et de
HUM ENCYCLOPEDIE. — M .
la destination île chacun d'eux. Si, après la remise de cette
liste, de nouveaux passagers émigrants se présentent pour
rembarquement, le capitaine ou l'armateur adressera au
commissaire de l'émigration autant de listes supplémen-
taires qu'il sera nécessaire, rédigées dans la même forme
que ci-dessus. La liste primitive et les listes supplémen-
taires, dont un double sera annexé aux papiers de bord,
seront définitivement visées et signées au moment du départ
par le commissaire de l'émigration et par le capitaine ou
l'armateur. Après la clôture de ces listes définitives, et
avant que le navire soit sorti des bassins, il sera fait un
appel des émigrants embarqués et aucun émigrant nouveau
ne pourra plus être admis à bord du navire. Si le navire
ne quitte pas le port au jour fixé par le contrat, l'agence
responsable sera tenue de payer à chaque émigrant, pour
les dépenses à terre, une indemnité de 2 fr. 25 par chaque
jour de retard.
Nous reproduisons, d'après M. Chandèze, la liste des
législations étrangères, offrant d'utiles points de comparai-
son avec, la nôtre : Angleterre. Art du 4 août 1855, act
complémentaire de 1 863. — Belgique. Loi du 1 4 déc. 1 870,
complétée par le règlement d'exécution du L'idée. 1870.
— Hollande. Loi du 1er juin-15 jnil. 1809 et l'ordon-
nance de 1875. — Suède. Ordonnances royales des 4 juin
et "28 nov. 1884. — Suisse. Loi du 22 mars 1888. Règle-
ment d'exécution du 10 juil. 1888 et arrêté du conseil
fédéral du 18 sept. 1888. — Italie. Loi du 30 déc. 1888.
Règlement d'exécution du 10 janv. 1889 et circulaire du
ministère de l'intérieur du 10 janv. 1889. — Allemagne.
Aux termes de l'art. 4 de la constitution de l'empire d'Alle-
magne, l'émigration doit être réglementée par une loi
d'empire, mais cette loi générale n'est pas encore faite.
Le gouvernement impérial s'est borné à créer en 1874 un
commissaire impérial pour l'émigration, siégeant à Ham-
bourg. En attendant, la législation particulière des diffé-
rentes parties de l'empire est restée en vigueur. En Prusse,
on continue à appliquer la loi du 7 mai 1853 et le règle-
ment du 6 sept, de la même année; dans le Hanovre, la loi
du 1!) mars 1 853 ; en Raviére, l'ordonnance du 7 juin 1802 ;
en Saxe, les ordonnances des 3 janv. et 9 déc. 1853; dans
le Wurttemberg, la constitution du 1 1 juin 1870 et la loi
du 27 déc. 1871 ; à Brème, la loi du 10 juin 1872, et dans
le Mecklembourg-Schwerin, l'ordonnance du 4févr. 1864.
A Hambourg, une loi du 14 janv. 1887 a été complétée
par deux ordonnances des 13 et 20 mai 1887.
L'autorisation préalable est accordée aux agents par le
ministre en Italie, en Belgique ; par le conseil fédéral en
Kussie; par les gouverneurs en Suède ; par les juges de
paix en Angleterre ; par des commissions spéciales à Ham-
bourg et en Hollande. Elle ne peut être donnée qu'à des
nationaux en Italie, en Suisse et à Hambourg. En Suisse,
on constate l'aptitude professionnelle du postulant.
Le taux du cautionnement est, en Belgique, de 20,000
à 40,000 fr. en numéraire ou en fonds belges ; en Hol-
lande, 10,000 florins, pouvant être représentés par une
soumission cautionnée; en Angleterre, 1,000 livres ster-
ling, représentées par une soumission cautionnée; en Suède,
de \ 0,000 a «50,000 couronnes ; à Hambourg, 20,000 marks
(soumission cautionnée) ; en Suisse, iO.OOO fr. (obligations
d'Etat ou bonnes valeurs) ; Italie, 3,000 à 5,000 livres de
rente sur l'Etat.
Plusieurs pays ont mis des restrictions à l'emploi des
sous-agents ; ils doivent être agréés par le préfet, en Italie ;
par le conseil fédéral, en Suisse ; dans ce dernier pays, il
faut que l'agence pour chacun verse une taxe et un cau-
tionnement supplémentaire de 3,000 fr.
Pour la rédaction des contrats, les lois belge, hollan-
daise, hambourgeoise, italienne, suisse, entrent dans de
grands détails. Les clauses relatives aux retards, aux
restitutions du prix de passage, aux accidents de mer
sont analogues aux nôtres. Les lois belge, hollandaise,
hambourgeoise et suisse exigent que l'expéditeur contracte
une assurance contre les risques du transport.
59
EMK.lt ATlON
- 9;w -
Les sanctions pénales ton) : en Belgique, amenda de
.')(lll .1 5,000 II'. ; en Angleterre, amende de "211 à ;,() Livres ;
en Suède, de 30 i 1,000 couronnée ; en Suiaee, da KO I
1,000 IV. el même jusqu'à six mois de prison j en Italie,
amande de 500 :i 5,000 lr. el on an i lia mois île priaon :
,i Hambourg, amende de 1,300 marks et jusqu'à un an de
prison, \.-M. li.
Droit international. — Le droit d'émigration eel
une conquête relativement recrute. Au moyen Age, les liens
étroits qui reliaient le vassal à son suzerain el le serf à la
terre, l'absence de liberté individuelle, étaient un obstacle
insurmontable à la faculté de quitter son pays à sou gré,
pour aller s'établir ailleurs. On n'admit que lestement cer-
tains cas où les sujets devaient être laissés libres de s'expa-
trier ; ainsi les traités de Wcslphalie (Osnabruck, art. .'>,
s) 30) accordèrent le « bénéfice d'émigration »au\ personnes
dont la religion n'était pas autorisée dans leur pajSi L'im-
portance économique de l'émigration date de la colonisation
du Nouveau-Monde, qui, des le xvic et le xvii'- siècle,
exerça ses séductions sur les peuples maritimes de l'Europe
occidentale. Mais il s'en faut de beaucoup que, dés cette
époque, les gouvernements se soient montrés favorables à
cette expansion coloniale : ils voyaient, au contraire, dans
l'émigration un attentat contre les droits du souverain, une
sorte de trahison tombant sous le coup de la loi et méritant
des peines. En 1669, Louis XIV défendait encore expressé-
ment à ses sujets «de s'établir sans sa permission dans les
pays étrangers par mariage, acquisition d'immeubles et
transport de leurs familles et biens, à peine de confiscation
de corps et de biens et d'être censés et réputés étrangers,
sans qu'ds puissent être ci-aprés rétablis ni réhabilités, ni
leurs enfants naturalisés pour quelque cause que ce soit »;
ceux qui allaient servir hors du royaume de pilotes, cano-
niers, mariniers ou pêcheurs, ou comme constructeurs de
navires, encouraient la peine de mort; il n'était même pas
permis de se marier à l'étranger sans la permission du roi,
sous peine d'être déclaré coupable « d'infidélité envers
l'Etat » et puni de « confiscation de corps et de biens ».
L'édit de 1(>(>9 demeura en vigueur jusqu'à la promulga-
tion de la constitution de 1791. Cette constitution proclama
la liberté de l'émigration ; mais le gouvernement n'en con-
tinua pas moins de publier contre les émigrants et les émi-
grés toute une série de décrets absolument contraires à
cette liberté. L'un des plus connus et des plus draconiens
est le décret du "2d août 4811, qui privait de leurs droits
civils les Français qui émigraient sans l'autorisation du
gouvernement, les excluait de toute succession ouverte sur
le territoire français, leur interdisait de rentrer en France
sous peine d'expulsion et les punissait de mort s'ils por-
taient les armes contre leur pays d'origine. Le décret de
1811 n'a été abrogé que tout récemment, par la loi du
20 juin 1889 sur la naturalisation. Aujourd'hui, et grâce
aux modifications apportées par ladite loi au code civil de
1804, la qualité de Français ne se perd plus « par tout
établissement fait en pays étranger sans esprit de retour » ;
elle ne se perd même plus par l'acceptation, non autorisée,
de fonctions publiques conférées par un gouvernement
étranger, pourvu qu'on les résigne à la première injonc-
tion du gouvernement français (G. civ., nouvel art. 17).
La matière est, d'ailleurs, loin d'être régie par des prin-
cipes uniformes dans les divers Etats de l'Europe. En Alle-
magne, pour ne citerque deux ou trois exemples, la liberté
d'émigration est un droit garanti par la constitution de
l'empire, mais sous la réserve que rémigrant ne soit pas
sous le coup de la loi militaire ; celui qui émigré pour
se soustraire au service actif est passible d'une amende de
150 à 3.000 marks ou d'un emprisonnement d'un mois a
un an : et un simple réserviste encourt, s'il émigré sans
autorisation, une amende de 1 i»0 marks. Les Anglais
rangent parmi leurs libellés personnelles le droit de s éta-
blir ou bot) leur semble sans nulle entrave; mais il est a
remarquer, d'une part, que, sauf naturalisation a l'étranger
ou renonciation expresse, la qualité d'Anglais est indélébile
el n'est Mollement affectée par une émigration, d'autre part,
quel.- louverain, en vertu de sa prérogative rayais» i>eut,
par un mnt neemak rsgno, interdire a on de ses sujets
de sortir du royaume) e est, d'ailleurs, an droit dont il
n'use guère que pour empêcher un prévenu da qattai
l'Angh terre. En EUtSSWi nul sujet u parait avoir la
liberté d'abandonner légalement ,^a qualité de lii.
d'après UJ code pénal, quiconque quitte sa patrie et prend,
MBU l'autorisation du gouvernement, du MTviee a letian-
ger, encourt la confiscation de SSB bien*, le bannissement
perpétuel et. s'il revient dans le paye, la déporta lion en
Sibérie. Il appartient 1 chaque gouvernement d'apprécàari
suivant les conditions locales, les inconvénients ou las
avantages de l'émigration et. par conséquent, de la favo-
riser ou de l'entraver. Au point de vue international, elle
soulève souvent des questions délicates, i raison du chan-
gement de nationalité qu'OO y rattache d'un cote et qu'où
y méconnaît de l'autre ; il serait utile que. de no» jours,
ces questions lussent toujours et partout résolues d'avance
par des conventions internationales afin que les émigrants
ne soient pas exposés à posséder une double nationalité ou,
ce qui est pire, à n'avoir plus de nationalité du tout, leur
départ non autorisé ayant suffi parfois à leur faire perdu-
leur nationalité d'origine sans leur en assurer une dans le
pays ou ils s'étaient rendus. Des conventions expresses
seraient d'autant plus nécessaires qu'à la liberté d'émigra-
tion ne correspond pas toujours et forcément la liberté
d'immigration, que certains Etats, usant d'un droit incon-
testable, subordonnent à toute sorte de conditions l'admis-
sion d'étrangers sur leur territoire et qu'il importe a tout
le monde de connaître ces conditions par avance ; en prin-
cipe, les obstacles à l'immigration ne peuvent être motive
que par les intérêts légitimes de l'Etat, par des raisons
économiques ou politiques sérieuses.
Après l'abolition de l'esclavage, la France a du se préoc-
cuper d'assurer le travail dans les colonies en y favorisant
l'immigration. Dans la convention additionnelle au traité
de Tien-tsin conclue le r^oct. 1800 avec la Chine, il a
été stipulé que les Chinois auraient la faculté d'èmigrer
dans nos colonies, et des règlements devaient être élalwres
entre les autorités chinoises et le ministre de France pour
assurer aux engagements, toujours volontaires, toutes ga-
ranties de moralité et de sécurité : ces règlements n'ayant
jamais été faits, il a été recommandé à nos consuls de sur-
veiller les Français qui se livrent en Chine aux opérations
d'émigration; le transport des coolies chinois est donc
licite en principe. Le 1er juil. 1861, la France a conclu
avec l'Angleterre une autre convention (modifiée en ltTi)
qui l'autorise à recruter également dans l'Inde, sous diverses
conditions, des travailleurs pour ses colonies ; cette faculté
est accordée exclusivement au gouvernement et ne consti-
tue pas une industrie libre; l'émigration est organisée et
surveillée, d'accord avec les autorités anglaises, par des
agents du gouvernement français ; eu 1S77, le gouverne-
ment anglais, conformément à un droit qu'il s'était réservé.
l'a interdite pour la Guyane, en 1884, pour la Réunion et.
en I88S. pour les Antilles. Ernest Leur.
Histoire de la Révolution. — Le 17 juil. 1789.
trois jours après la prise de la Bastille. Louis NM
s'était rendu a l'Hôtel de Ville, avait [iris et porté a son
chapeau la cocarde tricolore, accepte, en un mot. la Révo-
lution : le lendemain, on apprenait le départ pour Turin
du second frère du roi. le comte d Artois; ses deux fils, le
duc d'Angoulème et le duc de Berry. prenaient avec leur
gouverneur, de Seront, le chemin des Pays-Bas autri-
chiens, d'où ils devaient bientôt rejoindre leur père. \a>$
jours suivants, cet exemple est suivi par le prince de l'.ondé,
qui emmène son fils le duc de Bourbon, eon petiMils le
duc d Enghien. Ces princes du sang entraînèrent avec eux,
a défaut du roi qu'ils n'avaient pu déterminer à venir a
Metz, une notable partie de la noblesse de cour. Les atta-
ques des paysans contre ha châteaux, avant et même après
la nuit du 4 Mût, mais surtout les journées d'octobre, qui
931 -
ÉMIGRATION
permirent de considérer le roi commo ramené M retenu
Je force a Paris, les pressantes imitations que le marquis
de La Oueuille. au nom île Coudé, que le comte d'Artois,
conseille par Calonne, ailressaienl aux nobles d'epée, pré-
cipitèrent le mouvement île l'émigration, I.a mole 160
mêla; M se til un punit d'honneur de sortir du royaume:
les femmes envoyaient des poupéta et des quenouilles aux
indécis, coinnie pour les taxer de lai hele. Dès la lin de
juillet, bien axant le décret qui m 'liait les biens du clergé
à la disposition «le la nation, l'tbM Ma iry, le principal
orateur e.i!cM.i>li pie de la Constituante, et dont le courage,
froid, M peuvent être mis en doute, avait essayé
,:ier les Paya -lias autrichiens : la municipalité de
l'eroiine l'avait renvoya I son posie, qu'il devait occuper
si brillamment. Mais la |>lupart des prélats de cuir, des
- oiiiuieiiil.itaiies, etc., tirent comme la caste noble
a laquell'' ils se rattachaient, même avant que la constitu-
tion civile du . Ier,e leur eut fourni un prétexte honnête.
!-vr. ITlM, les tantes du roi, tilles de Louis W.
partirent pour Koine : le peuple essaya vainement de s'y
i . Sur le bruit que Monsieur, l'alné des frères do
i compromis un an auparavant dans l'affaire Favras,
>e divisait également a la fuite, la multitude se porta a
son palais, et parole qu'il demeurerait en France :
le prince le promit et lut couvert d'ap daudissements.
Quatre mois après, travesti en domestique par le comte
d'xvaray. il réussissait à franchir la frontière, presque au
moment ou la berline du roi et du reste de sa famille était
a Varennes et ramenée à Paris (piin I7HI). L'en-
semble des faits, la suite des dates, indiquent que le roi,
sain encourager ni autoriser formellement l'émigration en
masse, ne s'y opposa pas non plus. Plusicursgentilshommes,
le baron (plus tard duc) des Cars, le duc de Duras, le duc
de Yillequier, le Baron de Breteail, avaient même reçu de
lui des (termissions individuelles d'emigrer qui pouvaient
être rv- ime desordres; de même, ses aumôniers.
Enfin, sans son arrestation à Varennes, il eût clé le roi
el leur aurait donné tout au moins un centre
de ralliement qui leur fit toujours défaut.
Ils étaient d'ailleurs livrés aux plus étranges illusions.
Persuadés que la Révolution aurait son temps, que ce
n'était qu'un court orage à traverser, ils se figuraient
n'avoir a s'exiler que [tour peu de temps, revenir triom-
phalement Pt rétablir a l>mr profit exclusif l'ancien état de
choses, en tenant a bonne distance les tièdes, les modérés,
le» partisans des deux Chambres, les impartiaux, les
, hii'its, enfin tous ceux qui en France s'obstinaient
lier un terrain de conciliation entre le privilège et
l'egahlé. L'émigration nobiliaire s'était recrutée, bien
maigre atte, d>'s débris des minorités politiques méoon-
nour une raison ou pour une autre, des votes de
l'Assemblée. Soit bouderie, soit prudence, soit espoir d'une
prompte revanche, beaucoup de députés du coté droit
s'étaient munis de passeports pour un exil volontaire, dont
Mounier et Lally-Tollendal avaient donné l'exemple. La
Constituante, effrayée de cettedésertion. avait même décrété
qu'on n'aerord'Tait plus de passeports que pour affaires
aais elle n'avait osé aller plus loin. Le comité
de constitution ayant été chargé de préparer un projet sur
ions (fevr. 1791), le rapporteur, Chapelier,
; >mandé qu'avant de lire le projet, l'Assemblée dé-
cidât si aie voulait une loi sur ce sujet : Mirabeau, qui
était plus étroitement que jamais dans la confidence de la
eour. domina l'opinion de ses collègues par un audacieux
discours tout de principes. Il invoqua la liberté indivi-
duelle : « L'homme ne tient pas par des racines à la terre ;
ainsi il n'appartient pas au sol. » Il imposa « silence aux
trente voix », et osa UMMJuia : « Si vous faites une loi
contre leséniigrants, ji'jure de n'y obéir jamais. » L'ajour-
nement da projet l'emporta, mais à une très faible majo-
fut un des derniers triomphes de Mirabeau qui,
de longue date, avait d'ailleurs conseillé au roi de quitter
Paris non pour l'étranger, mais pour une ville forte de son
royaume. Après la mort de Mirabeau ("2 avr. 1791), et
« à l'approche du moment où le roi devait fuir, les émi-
grations redoublèrent : OU lit disparaître le plus d'argent
qu'il fut possible; on tacha, dans chaque régiment, de dé-
baucher beaucoup de soldats ; les piètres redoublèrent de
soins pour diviser les familles ; plusieurs officiers quittèrent
leurs régiments » (Rabaul Saint-Etienne); les nobles accou-
rent alors a l'aris, qu'ils affectaient de regarder pourtant
comme une ville d'exécration; brel, le projet d'émigration
do roi n'est un secret pour personne. Turin, Bruxelles,
Madrid, Worms, Coblentz, Londres en sont informés.
Lors pie les émigrés apprirent que le roi était en marche,
« les témoignages de leur joie allèrent jusqu'à l'extrava-
gante : ils étaient persuadés que le temps des proscriptions
et des vengeances était arrivé », que le roi allait rentrer
dans son royaume à leur tète et avec des corps étrangers,
qu'enfin la France envahie de toutes parts retomberait sous
le joug. On sait comment l'arrestation du roi déjoua ces
espérances, mais aussi comment la Constituante l'ayant
admis à prêter serinent à la constitution de 1791 pour lui
éviter la déchéance, tout fut remis en question. Dès lors,
les livres du roi accentuèrent encore leur politique de
déclarer que Louis XVI n'eiait pas libre, et de ne pas
reconnaître ce qu'il ferait. A cette date, le comte d'Artois,
le « premier émigré », avait laissé sa femme à son beau-
père, le roi de Sardaigne, et s'était rendu à Coblentz avec
Calonne; il avait dans son entourage, entre autres,
Mirabeau le jeune, l'évèque d'Arras de Conzié, le marquis
de Yaiidreuil. Il fut rejoint le 7 juil. 1791 par le comte
de Provence, lequel fut d'abord mal reçu par les purs, et
traité de démocrate. Les deux frères habitèrent ensemble
le château de Schœnburnlust près de Coblentz; Mrao de Po-
lastron y vint retrouver le comte d'Artois, avec qui elle
vivait ; le comte de Provence vécut entre sa femme et sa
favorite, M™0 de Balbi. — Le château de l'électeur de
Trêves, Louis-Wenceslas de Saxe, frère de la mère de
Louis XVI, avait donné asile au seul homme de guerre de
l'émigration, au prince de Condé, âgé alors de cinquante-
cinq ans, à sa fille, Louise de Bourbon, à son fils et à son
p.'tit-fils, à sa maitresse, la princesse de Monaco. C'est
principalement à Worms que s'enrôlaient les gentilshommes
de quelque valeur ; mais les cent premiers inscrits affec-
taient du mépris pour les autres, et ainsi de suite. La réor-
ganisation de h maison militaire de Monsieur, de celle du
comte d'Artois (mousquetaires, chevau-legers, grenadiers
à cheval, gendarmes) ; les chevaliers de la couronne, sous
le comte de Bussy; la compagnie de Saint-Louis des gardes
de la porte, sous le marquis de Vergennes ; les huit com-
pagnies bretonnes (dont une du tiers état, en modeste uni-
forme gris de fer) donnèrent aux émigrés l'illusion de
leur importance et de leur force. Les rangs se mainte-
naient difficilement dans ce milieu factice. On tenait compte
surtout du zèle, de la haine ancienne et violente contre les
rebelles du royaume. Aussi le souverain, qui avait dû
plier et pactiser, n'était |>as ménagé dans les conversations
et les correspondances. Le sage marquis de Vaudreuil est
obligé d'écrire au comte d'Antraigues : « Si la Reine a
l'air d'écouter les enragés, c'est à coup sur pour les en-
dormir. Elle est mère et elle est femme. Serons-nous assez
barbares pour ne pas lui pardonner des terreurs que ses
ennemis n'ont que trop justifiées? D'ailleurs, c'est Louis XVI
et Marie-Antoinette que nous voulons replacer sur le trône :
il faut donc dissimuler leurs torts et non les exagérer. »
(Lettre du 2i août 1791.) Tels ne furent que bien rare-
ment les sentiments des émigrés, chez qui prévalurent
trop les préventions, les haines, les rivalités de cour sur
les conseils d'une sage ou du moins d'une décente politique.
Lorsque arriva Cazalès, le plus brillant défenseur de la
noblesse à la Constituante, on lui fit retenir deux chambres
à l'auberge par allusion à la solution constitutionnelle
qu'il avait soutenue. L'arrestation de Louis XVI à Va-
rennes ne fut pas considérée comme un malheur par tous
| les émigrés : « S'il avait échappé, il aurait institué les
EMIGRATION
— 9^2 —
ilcux Chambres. >• De son côté la reine, qui détestait Condé
jusque dans sa glorieuse blessure, répétait : « Ce serai)
dur d'être sauvés par ce maudit borgne. » De part et
d'autre, on ne songeait et on ne pouvait songer sérieuse-
ment qu'à une chose : l'intervention étrangère. Hais l'Eu-
rope, prise dans son ensemble, avait plaisir a croire que
tant que durerait la Révolution, la France ne compterait
plus. L'électeur de Cologne, .Maximilien, frère de Marie-
Antoinette, pense que c'est à chacun à se garder, et re-
proche à I-ouis XVI d'avoir armé l'Amérique, soulevé la
Hollande, la Belgique. L'autre frère, l'empereur Léopold,
veut bien que Gustave III île Suède, le chevalier de la
royauté, envoie une Hotte au Havre, mais il ne veut pas
qu'elle relâche à Ostende... de peur que les Russes ne lui
en demandent autant. Il ne doute pas que l'Autriche ne
gagne à l'affaiblissement de la constitution monarchique
en France : « J'ai une sœur en France, dit-il, mais la
France n'est pas nia sœur. » Le Bourbon Ferdinand de
Naples ne compte pas devant sa femme Caroline, sœur de
Marie-Antoinette ; mais, malgré leurs bonnes intentions,
ils ne sauraient venir qu'en seconde ligne. Le Bourbon
Charles IV d'Espagne, dominé par Godoï, ne reculerait pas
devant l'idée de devenir roi constitutionnel de France :
voilà pour les parents. — En Prusse, Frédéric-Guillaume
répond au baron de Roll, agent du comte d'Artois, qu'il
ne peut rien avant que la question Ai la Pologne et de la
Turquie ne soit résolue. Catherine 11 accueillit Richelieu.
Damas, Langeron, etc., offrit à Bouille un traitement de
22,000 roubles et le grade qu'il avait en France, mais
elle comptait battre en Pologne les rebelles de Paris. Dès
1791, Genêt, frère de Mœe Campan, introducteur ofliciel
des émigrés à Pétersbourg, est éconduit et remplacé par
les agents des princes, Esterhazy, Bombelles. Catherine
s'efforce de faire croire à sa sympathie pour les émigrés,
afin de pousser l'Autriche et la Prusse contre la France,
et d'avoir les mains libres en Pologne. En Angleteire.
George III prend « un vif intérêt » à la position de
Louis XVI, mais le duc de Leeds et son successeur lord
Grenville refusent d'abord toute relation avec les princes
français et leur agent le duc d'Harcourt. Aussi, de l'avis
de Breteuil, « Pitt est un pauvre homme pour les affaires
extérieures ».
Le comte d'Artois qui, de Turin, avait pensé, dès dèc.
1790, à tenter un coup de main sur Lyon, ne fut informé
que par hasard de l'entrevue de Pilnilz, et n'eut aucune
influence sur les décisions du ministre autrichien Kaunitz,
lequel affectait de n'avoir en vue que les indemnités à ob-
tenir pour les princes allemands dépossédés en France.
Quand Louis XVI eut accepté la constitution, Noailles, am-
bassadeur de Frame à Vienne, reçut de Montmorin, mi-
nistre des affaires étrangères, l'avis formel que« les frères
du roi étaient sans mission à Vienne» : Mercy-Argenteau,
le baron de Breteuil, Mallet du Pan, principaux agents de
Louis XVI à cette époque, désavouent les émigrés, princes
ou autres, pour ne faire appel qu'aux étrangers, surtout à
l'Autriche : car du côté de la Suède, malgré le baron des
Cars, la mort de Gustave III, assassiné le 29 mars 1792,
ne laissait plus rien à espérer. La mort de Léopold, la
jeunesse et le peu de capacité politique de son successeur
François II (2 mars 1792) tournaient encore au profit de
la Révolution.
Cependant la Législative ne pouvait plus rester dans
l'attitude expectante de l'Assemblée constituante. Les
princes avaient solennellement protesté contre l'acceptation
de l'acte constitutionnel par Louis XVI, lui contestant le
pouvoir d'aliéner les droits de l'ancienne monarchie. Les
otiieiers refusaient le serment, et désertaient, parfois avec
des compagnies entières. Barentin, ex-garde des sceaux,
donnait à la « France extérieure » son parlement, le par-
lement de Mannheim, formé de cinquante magistrats émi-
grés, et vite dissous, il est vrai, par la police palatine.
Enfin, la question religieuse envenimait tout : Rome bénis-
sait en même temps le clergé réfractaire et l'émigration.
Ilrissot, alors chef du parti girondin, distingua les emi-
grés en trois classes : 1° les princes et les chefs; 2° les
fonctionnaires publies qui abandonnaient leurs postes et
leur pays et cherchaient a embaucher leurs collègues;
3° les simple^ particuliers qui, par crainte des mouvement^
populaires ou par simple mécontentement politique, avaient
passé la frontière. C'étaient les seuls auxquels on pouvait
témoigner quelque indulgence. Le MO oct., le frère aîné
du roi, Louis-Stanislas-\a\nT. fut requis aux termes de
la loi de rentrer en France dans les deux mois, sous peine
de perdre ses droits à la régence : tous les partis furent
d'accord sur le décret. Quant aux émigrés, il n'y eut pas
la même entente. Le 9 nov., toutefois, la majorité de l'As-
semblée décréta que les Français assemblés au delà des
frontières étaient suspects d'hostilité contre la patrie ; que
s'ils ne se dispersaient pas avant le l,rjanv. 1792, ils
seraient traités en conspirateurs, encourraient la peine
capitale, et qu'après leur condamnation par contumace, l>-
revenus de leurs biens seraient perçus par l'Etat, réserve
étant faite des droits de leurs femmes, de leurs enfants
et de leurs créanciers reconnus. Le roi sanctionna le pre-
mier décret, relatif à son frère : il mit son veto sur
l'autre, d'accord avec les constitutionnels. Il avait cepen-
dant désavoué publiquement l'émigration. Il avait écrit à
ses frères : « Je vous saurai gré toute ma vie de m'avoir
épargné la nécessité d'agir en opposition avec vous, parla
résolution invariable ou je suis de maintenir ce que j'ai
annoncé. » L'opinion publique ne put que trouver fort
étrange la conduite contradictoire du souverain qui, tout
en réprouvant l'émigration, se refusait à adhérer aux me-
sures prises contre les émigrés. Au fond, dit Mignet, « la
cour attendait toujours des temps meilleurs, ce qui l'em-
pêchait d'agir d'une manière invariable et lui faisait porter
ses espérances de tous les cotés ». La reine, si odieuse-
ment traitée par les grands, bien avant la Révolution,
sentait peut-être mieux que les émigrés ne pouvaient
servir en rien la royauté, qu'ils ne pensaient qu'à eux,
qu'ils la mettaient en danger elle et le roi : « Les lâches,
après nous avoir abandonnés, veulent exiger que seuls
nous nous exposions, et seuls nous servions tous leurs
intérêts. » Leur conduite nettement agressive ne tarda pas
à justifier les mesures légales proposées parla Législative.
Le parti catholique de Strasbourg s'était montré disposé
à ouvrir au comte d'Artois les portes de la France ; mais
ce prince ayant manqué à l'appel, les corps de Condé,
Bussy, Mirabeau le jeune et Rohan s'approchèrent inuti-
lement de la ville (2 janv. 1792). Six mois après, Condé
écrivait à son fils : « Nous sommes sans tentes, sans
canons, sans argent. » (11 août 1792.) Il y avait alors
vingt-deux mille hommes dispersés entre trois cents can-
tonnements. Pour les solder, Calonne est réduit à émettre
de faux assignats qu'il fait écouler en Angleterre : la
preuve de cette émission est l'arrêté même des princes,
qui, sur la plainte du gouvernement anglais, interdit d'en
fabriquer de nouveaux à partir de nov. 1792. Ils étaient
soi-disant hypothéqués sur les propriétés confisquées aux
nobles ; seulement, aucun signe ne les distinguait des
vrais assignats émis par le gouvernement français.
Quand la guerre eut été déclarée (20 avr. 1792) à l'em-
pereur et à la Prusse, nos ennemis se gardèrent de cons-
tituer une armée d'émigrants: ils en formèrent trois corps,
l'un qui devait marcher sur Thionville (de Broglie. de
Castries et le comte d'Artois), l'autre qui devait suivre
Brunswick (Condé) et le troisième qui devait opérer en
Belgique (Bourbon). Le manifeste de Brunswick, préparé
par le comte de Fersen, corrigé par Marie-Antoinette,
remis au généralissime prussien par le comte de Limon,
est tout entier inspiré par l'esprit de l'émigration et non
par une haine nationale qui n'existait pas alors. Après
Valmy et la retraite des Prussiens, les émigrés déclarent
que Brunswick étant franc-maçon, les loges lui avaient
interdit de marcher sur Paris. Beurnonville, chargé de la
poursuite des fuyards, fit surtout main-basse sur les Fran-
— 933 —
ÉMIGRATION
eais qui avaient trahi leur patrie et qui M furent d'ailleurs
pas plus épargnes. <iaus la déroute, par les paysans d'Alle-
magne, le comte de l'rovem W dut se retirer près de Dus-
Bff, I Haiiiin-sur-la-l ippe : il avait remplacé Calonne
par d'Av.u.iv. » son sauveur ». Le comte d'Artois, très
endette, tit un jour de prison a HtGstriehl sur la plainte
de ses créanciers. Kn lielgimie. après Jemappes. les eini-
- suivent l'archiduchesse Christine dans sa fuite ou se
retirent en Hollande, la plupart a pied.
La condamnation et l'exécution de Louis XVI laissèrent
la plujiart des émigrés fort indifférents. A Maastricht,
d'après Fersen. on eu \it même assister au spectacle et au
concert le jour de la funèbre nouvelle. A Rome, la populace
rendit tous les Français responsables de cet événement et
les aminés d'Osmont. de Roquefeuille coururent le risque
de la vie. La coalition de la plupart des puissances de
l'Kurope.v compris l'Angleterre longtemps hésitante, contre
la Convention, rendit naturellement les émigrés encore plus
odieux dans leur pays natal et redoubla la sévérité de la loi
c leur égard.
M i sept. 179-2 (et sans doute en prévision des
• s populaires que cette mesure n'empêcha point), la
Législative avait confisqué et mis en vente les biens des
émigrés. Le 23 oet I79S, la Convention prononça contre
eux un bannissement perpétuel : elle déclara passibles de
mort ceux qui. inscrits sur les listes de l'émigration, ren-
treraient en France : la présomption légale était qu'ils n'y
pouvaient rentrer qu'en ennemis. Le 1"" mars 1793, ils
sont frappés de mort civile : non seulement leurs biens
■ami acquis à l'F.tat. mais aussi leurs successions à échoir
pendant cinquante ans. Tout individu convaincu d'émigra-
tion sera exécuté dans les vingt-quatre heures (décret du
I s mars). Les individus sortis de France avant la prise de
la Bastille et qui depuis n'y sont pas rentrés sont passibles
de la confiscation (!'"' nov.). Les parents des émigrés sont
exclus des fonctions publiques jusqu'à la paix générale
. oct. 1795). L'évasion était d'ailleurs de plus en plus
dangereuse : celui qui demandait un passeport devenait
vile sus|>ect. Des étrangers venaient à Paris épouser à la
municipalité les femmes qui voulaient émigrer. les faisaient
inscrire sur leurs passeports et les emmenaient hors des
frontières, puis revenaient contracter de nouveau. On
arrêta un Suisse qui en était à son dix-huitième mariage
simulé. — Les parents des émigrés qui étaient restés en
France ne correspondaient avec eux qu'en risquant leur
vie : de Barbotan fut guillotiné pour avoir fait tenir
de l'argent a son petit-fils émigré. Les agents de la Répu-
blique en pays étranger avaient d'ailleurs au nombre de
leurs devoirs essentiels l'observation des émigrés, et la
police française ne manquait pas de renseignements sur
leurs agissements et sur leurs projets.
Apres Nerwinde, les émigrés de Belgique mirent leur
espoir dans le traitre Dumouriez; ils lui offrirent l'amnistie
pour lui et pour ses amis, de l'argent, et, peut-étro, une
place honorable au service de la royauté, si elle était ré-
tablie : Dumouriez ne put qu'émigrer lui-même avec un
millier d'hommes et se mettre piteusement au service de
l'Autriche. Le prince de Lambesc, le héros des Tuileries le
ISjanL ITrt'.i, fut un des assiégeants vainqueurs de Valen-
. immsa : il put contempler les atrocités des Hongrois et ries
ites auxquels cinq heures de pillage avaient été offi-
ciellement accordées. Cependant les armées républicaines
repou>.seut sur tout«s les frontières la première coalition ;
bientôt la Hollande est occupée; la plupart des volontaires
des régiments d'émigrés > la -olde delà Hollande périssent
sous des balles françaises : l»s femmes, réfugiées au Helder,
sont embarquées pour Hambourg.
- les folles espérances du début, après les fêtes et
les chansons de victoire prématurées, commence une longue
période de misère et d'humiliation dont témoignent et les
rapports des agents français et de nombreux mémoires
publies depuis. A Londres, un magasin de modes et de
fleurs, créé par la marquise de liuckingham, donne du
travail a la marquise des Réaux, à la comtesse de Saisse-
val, à la comtesse de Lastic, etc., devenues ouvrières et
dames de comptoir. En Allemagne, la comtesse de Neuilly
tien) aussi un magasin de modes. Le marquis do Romans
et la comtesse d'Asfeld sont associés pour un commerce de
vin. M"1" de Tessé tient une grande ferme à lMoen (Olden-
bourg) avec sa nièce. M"11' de Hontaiga. Parmi les hommes,
beaucoup se Juent, no pouvant obtenir du service ni sur-
vivre à leurs espérances. Beaumarchais et l'abbé Louis
fondent à Hambourg un bureau d'affaires. Charles de Viel-
castel rédige le Spectateur du Nord- D'autres se font
acteurs, souffleurs, hôteliers, cafetiers, cantonniers. On
ne s'est rendu sans doute qu'à la dernière extrémité, après
avoir vendu, à des prix souvent dérisoires, bijoux, den-
telles, livres rares, et vainement attendu de l'argent de
France. Parmi les émigrés heureux et utiles, on peut toute-
fois citer quelques noms : celui du duc de Richelieu, par
exemple, le créateur d'Odessa.
Quant à essayer de rentrer, il n'en pouvait guère être
question : il fallait tout attendre des victoires de l'étranger
sur le pays natal et l'étranger prétendait bien se faire
payer. Or, l'agent Macartney l'affirme, plus d'un royaliste
« aimerait mieux voir en France une république puissante
qu'une monarchie mutilée » (lettre du 27 sept. 179.y>).
Le prince de Condé, à la solde de l'Autriche, s'écrie :
« Les Autrichiens sont nos ennemis depuis cinq cents ans. »
Louis XVIH (et c'est son honneur) se refuse à prendre
aucun engagement avec l'Autriche. Bref, conclut un histo-
rien éminent, « la restauration de la monarchie est le seul
objet de l'alliance entre les émigrés et les étrangers : et
cette alliance a pour effet de rendre la restauration impos-
sible. » (A. Sorel.) L'émigration reste flottante, sans point
d'attache à l'intérieur, sans point d'appui au dehors.
Lorsque Toulon se révolta contre la Convention, le comte
de Provence, devenu régent de France par la mort de
Marie-Antoinette, eut la velléité de se jeter dans la place;
les Anglais, qui ne visaient qu'à la destruction de notre
flotte, furent presque indignés de ce qu'il ne se fût pas
concerté d'avance avec le cabinet de Londres : mais la
prompte réduction de la ville par Dugommier et Bonaparte
mit d'accord Anglais et émigrés. — Quant à la Vendée, les
princes la laissèrent agir; ils n'intervinrent que tard, timi-
dement, lorsque, après la déroute des Vendéens, le comte
de Puisaye et Tinténiac rallumèrent l'insurrection en Bre-
tagne ; le marquis de Dresnay prépara des renforts à
Saint-Hélier. Mais le projet traîna, par suite des défiances
réciproques des chefs populaires et des royalistes du dehors.
Le régent s'était installé à Vérone, en qualité de noble
inscrit sur le livre d'or de la république de Venise; moins
bien vu des émigrés que son frère, il est toutefois mieux
conseillé et beaucoup plus apprécié par les hommes de sens
qui l'approchent, comme les agents anglais Macartney et
Wickhnm. Devenu roi par la mort de Louis XVII, il publia
en 17!).'i une proclamation qui était de rigueur, mais qui,
dans les circonstances, fut trouvée naïve. De Venise, le comte
d'Anlraigues, homme peu estimé, mais nécessaire par sa
connaissance des langues européennes et des intrigues
diplomatiques, tient les chiffres de la correspondance avec
les agents secrets de Paris, les abbés Brotier et Lemaltre,
le chevalier de Pomelles. De Thauvenay, a Hambourg,
Fauche-Borel, La Maisonfort, les frères Montgaillard, toute
une nuée d'intrigants qui souvent reçoivent des deux mains,
imaginent complots sur complots.
!.'■ (ointe d'Artois, que Catherine II avait très bien reçu
à Saint-Pétersbourg en mai 1793, se donnait, lui, comme
l'homme d'action du royalisme. Il avait demandé à lord
Crenville, qui accepta, l'autorisation de s'embarquer pour
la Vendée dont les chefs l'appelaient à leur tèle. L'empe-
reur consentit également à 1 entreprise. D'Artois passa par
Hamm, en partit au mois d'août 1794, vint à Rotterdam,
à Osiiabruck et prit ses quartiers d'hiver à Bremenvorde,
pendant que la Vendée attendait son prince. Le 28 janv.
1795, il se décida enfin à donner de pleins pouvoirs au
ÉMULATION
- 934 -
comte de Puisaye el aux chouans et promit formellement
d'intervenir : le tout avec l'aveu et l'appui du ministre
l'ilt (|lli a\ail résolu DDe grande expédition contre la Bie-
tanne. Au printemps, cenl cinquante navires vinrent |)rendrc
a Brème les émigrés d'Allemagne et rallièrent, à Spithead,
les émigrés d'Angleterre. Mais le comte d'Artois envoya
objections sur objections , prétendit ensuite mettre le
colonel comte d'Ilervilly, commandantdes émisés, au-dessus
de l'uisayect, en définitive, par son abstention, donna un
prétexta de s'abstenir aussi à tous ceux qui étaient égaux
ou supérieurs en grade à d'Ilervilly. Le 28 juin, les An-
glais vinrent mouiller à Quiberon, et les émigrés, à Carnac,
lurent accueillis par des milliers de paysans mal armât
qui réclamaient toujours leur prince. Hoche avait eu tout
le temps de concentrer les bataillons républicains et de
refouler Bretons et émigrés dans l'étroite presqu'ile.
L'affaire était déjà désespérée pour eux lorsqu'un second
débarquement, dirigé par Sombreuil, vint encore ajouter
au désarroi et à la contusion. Le sang anglais ne coula pas,
mais quinze cents Français, presque tous officiers de marine,
turent livrés à une défaite et à une mort certaines. Capi-
tulèrent-ils? c'est possible; en tout cas, la capitulation ne
fut pas écrite et la loi était formelle. Cinq mois de suite,
elle fut appliquée aux prisonniers français au nombre de
sept cents. Pendant ces fusillades, le comte d'Artois, resté
en rade, sur le Jason, multipliait ses messages à Puisaye,
à Charette qui reprit les armes en septembre, mais il ne
voulut pas aller « chouanner » de sa personne, suivant son
expression. Il revint à Londres le 25 nov.; le séjour de
Holyrood le mit à l'abri de ses créanciers, au moment où
Charette et Stofflet succombaient en Vendée (févr.-mars
1796). Officiellement, on fit retomber sur Puisaye le poids
des fautes et de l'inertie dont l'opinion européenne accusa
justement le seul comte d'Artois.
Après le 9 thermidor, les partisans de la monarchie, en
partie confondus avec les ennemis de la Terreur, avaient
commencé à relever la tète. Mais ceux qui étaient restes
en France étaient parfaitement convaincus qu'il était im-
possible de rétablir l'ancien régime; au contraire, parmi
les émigrés, les royalistes du droit divin formaient la ma-
jorité, sauf en Suisse, dans le cant. de Vaud,et en Angle-
terre, dans le comté de Surrey (à Juniper Hall, asile des
constitutionnels). Le 13 vendémiaire lit vo'r à tous que la
République serait maintenue par la force, la paix de Bàle,
signée avec la Prusse et l'Espagne, que la coalition euro-
péenne n'était pas indissoluble et que la croisade des rois
et des émigrés contre la France n'était qu'un mot.
L'apparente accalmie du Directoire, en ramenant en
France un certain nombre d'émigrés, fit de nouvelles vic-
times parmi eux. « Dans le jugement d'un émigré, déclare
le ministre de la justice Merlin de Douai, il ne s'agit que
de constater un fait ; autoriser un avocat serait un crime. »
Les fusillades de la plaine de Crénelle, la longue et mor-
telle prison des naufragés de Calais, témoignent que les
décrets de la Convention sont toujours appliqués. C'est a
cette époque que Louis XVIII (ainsi s'appelait-il pour ses
partisans) autorisa les relations de Comté avec le général
Pirhrgru (V. ces noms) : mais elles furent entravées par
l'Autriche elle-même, ou le ministre Thugut songeait, par
le mariage projeté de Madame Royale, fille de Louis XVI,
avec un archiduc, à fonder pour la France repentie une
dynastie nouvelle. Les émigrés faisaient alors défection,
même dans les régiments de Condé. Ils s'efforçaient de se
faire rayer des lis es de l'émigration et de se faire inscrire
sur les listes de surveillance, afin de pouvoir rentrer. Les
prêtres, qui avaient été les plus malheureux, apprenant la
restauration du culte, revenaient en masse. Les meilleurs
évoques prêchaient la soumission aux puissances : « N'est-
il pas à craindre, écrit Comlé a La Pare, évèque de Nancy,
que le peuple ne s'accoutume au gouvernement qui tolérera
la religion, et qu'il n'en puisse conclure que la royauté
n'est pas nécessaire à son salut ici-bas .' •>
Dés l'entrée en campagne de Bonaparte en Italie, le
pod.stat de Vérone, au nom du Sénat vénitien, somma
l-ouis \\ III de quitter le territoire de la République. Le roi
ss rendit a Rient, auprès de Condé, puis a lilankenbure
dans te Brunswick; il se rapprocha de plus en plus des
royalistes constitutionnels, congédia La \uuguyon et
Conzié p"ur Seiat-Priesl ; le 10 lé\r. I7'.i7. presque
ehassé, il est obligé de gagner Mittau. Bonaparte, entre a
Venise, s'empara de la personne du comte d'Antraigues,
auquel il fit livrer ses papiers, notamment la correspon-
dance de Pkkegra. — Les progrès du parti monarchique
ou du inoins modéré aux élections partielles des Conseils
(V. Diitu.Toiiih) encouragent les émigrés à rentrer. Il en
est qui s'imaginent pouvoir corrompre Bonaparte par sa
femme. Tallevrand revient à Paris en sept. M')H. M,De de
Staël se plaint et s'étonne qu'on oublie son père. Mais le
coup d'Etal républicain du 18 fructidor « fut un coup de
foudre pour les émigrés qui se préparaient a rentrer >
(Journal de Thiboult, p. 164) ; dès le lendemain 19 est
portée contre eux une nouvelle loi, qu'aggravait encore
celle duti messidor an VI (6 juil. 1 79 S) autorisant les visites
domiciliaires. Le Directoire arrête tant de personnes en
rupture d'émigration qu'il recule devant de nouvelles
fusillades: il déporte en Cuyane surtout les prêtres m
aux intrigues royalistes.
A Mittau, dans l'empire du fantasque Paul 1er, le roi
ne fut rejoint par la reine qu'au bout de quatorze mois de
négociations : Madame Royale, qui avait su résister aux
intrigues autrichiennes, y épousa son cousin le duc d'An-
goulème, le 10 juin 1799; Dumouriez y reçut une inutile
mission pour Saint-Pétersbourg. A Paris, après l'auda-
cieuse visite du duc d'Enghien à Bernadotte qui lui donna
trois jours pour repartir, on conspirait surtout avec
Barras, par l'intermédiaire de Fauche— Borel. A Naples,
quelques émigrés avaient essayé d'organiser la défense du
royaume contre Bonaparte: ils se firent tuer... par les
Napolitains eux-mêmes. L'occupation de Rome après le
meurtre de Duphot ne fit cependant pas chasser de cette
ville le marquis de Mirepoix, de Montcbevreuil, le comte
et la comtesse de Sade, qui y étaient réfugiés : Berthier
consentit à tolérer leur présence.
Lorsque Bonaparte revint d'Egypte pour mettre fin au
gouvernement du Directoire, le ministre Saint-Priest infor-
mait gravement l'agence royaliste de Souabe qu'il était
question d'un infant d'Espagne pour la couronne de
France. Après le 18 brumaire, l'Angleterre et la Russie
seules offrent encore quelque dédaigneux secours aux
émigrés : l'Angleterre prit à sa solde les débris de l'armée
de Condé (1,007 officiers et '>.N',(i volontaires). La mode
fut alors de rentrer, comme jadis de sortir. Le ministre
de la justice Abrial est favorable aux radiations; Fouché
les fait souvent ajourner, par crainte et des conspirations
et des revendications de biens. Bonaparte exigea absolu-
ment la radiation des anciens constituants. In rayant les
morts, ce qui lui devint facile, il pouvait, dit Mmc de Staël,
rendre leurs propriétés aux héritiers et se les attacher.
Cependant, c'est seulement le 26 avr. 1802 (6 floréal
an X) qu'un décret des consuls autorisa la rentrée de tous
les émigrés non exclus nominativement. Mais ce n'est
là qu'une amnistie toute conditionnelle ; ceux qui en béné-
ficient sont soumis pendant dix ans à la surveillance de la
police, et cette surveillance peut être prolongée. L'émigré
fait prisonnier sur un champ de bataille est toujours fusillé,
ou. s'il obtient sa grâce, c'est pour être enfermé sa vie
durant. Le IS nov. tS07 était encore publiée une nou-
velle et dernière liste d'émigrés sur laquelle sont inscrits
les noms de d'Avaray, du duc d'Havre, du duc de Duras,
du comte de Blacas, de Chateaubriand. En 1840, l'empe-
reur renonça aux successions des émLrés que la loi du
1er mars 1793 attribuait au domaine, et. somme toute, les
mesures générales continuèrent à présenter un caractère
de conciliation. Mais, quant aux mesures individuelles, rien
n'en égale l'arbitraire. Tenues secrètes pour la plupart,
elles ont longtenms échappé à l'histoire. « L'autorité,
- !»3;i -
ÉMIGRATION
dit M. Trésor de U Rowae, reconnaissait probablement
un corps de délit puisqu'elle infligeait une peine : niais
c'était sans information, sans instruction, sans interro-
gatoire, sans débats, et Inp souvent, sans jugement. »
Ktl MT. 1819, un emuro, le comte de l!ar. est attire OD
Bretagne par Aesagaata pwveaateaira; aaeefM la maison
ou il dort, on le tue, lui et deux compagnons, et le préfet
du Morbihan écrit au ministre de la police : « l.e fameux
de Karet ses deux complices n'existent plus » (SSoov. 1848).
Ce n'est la qu'on simple exemple entre mille. « L'Empire
3,500 ''\iles ou prisonniers d'Etat. Avant
ou avec eux avaient été entérines, déportés, exiles, tusil-
- milliers de BUSpeets. » (Trésor de l.a Ixocque.) Les
anciens émigrés qui ne s'étaient pas ralliés formèrent
■ înement une paitie de res victimes.
La première Restauration abolit ("21 août 1814) les
inscriptions sur les listes des émigrés, lesquelles se sont
- peut-être a deux ou trois cent mille noms (mais
personne n'en a fait le compte exact). Louis WIII restitua
MU ayants droit les biens non fendus (S déc. 1814). Enlin
la loi du -27 mars I8SS affecta aux émigrés dépossédés
une indemnité de 30 millions de rente, soit un milliard
en supposant la rente capitalisée à ■"> ° 0-
Pour juuer l'émigration avec l'impartialité qui convient
à l'histoire, il ne faut pas confondre le point de vue moral
et le point 'le vue politique. Au point de vue moral, on
doit essayer de se mettre à la place des émigrés, d'entrer,
s'il est possible, dans leurs sentiments, effet de leur édu-
cation et de leurs préjugés de classe : « On a publié dans
iniers temps, écrivait récemment M. de Vogué,
up de mémoires ou île correspondances d'émigrés.
Il n'es) plus |>erinis d'ignorer aujourd'hui que ces hommes
aux, sinon très éclaires, (lovaient accomplir le plus
Strict a Q prenant les armes pour leur roi contre
leur pays rebelle. Ils suivaient la loi féodale qui lie le
vassal au seigneur et non à la terre. La conduite opposée
eût été forfaiture. Si nous faisions de la casuistique, nous
devrions plutôt réserver nos sévérités morales pour ceux
qui ne commirent pas le crime dont leur conscience parti—
cahère leur faisait un devoir. » {Remarques sur l'Expo-
sition du Centenaire, p. 239.) C'est faire retomber non
sans raison la responsabilité de l'émigration sur le roi,
qui cependant eut plus à s'en plaindre qu'à s'en louer ;
c'e^t exagérer aussi, je ne dis pas chez tous les émigrés,
mais chez beaucoup, la part du devoir et du sacrifice, ei
diminuer celle de l'intérêt (mal entendu, il est vrai) et des
sentiments de vengeance qui les animaient. — lue triste
et fausse apologie de l'émigration consiste à la représen-
ter comme un effet de la crainte, comme un résultat iné-
vitable des excès populaires, lorsque précisément ce fut
l'émigration qui devint ou la cause ou le prétexte de la
plupart de ces excès. Beaucoup d'hommes et de femmes de
tous les partis et de toutes les classes ont fui devant la
loi des suspects, devant la guillotine, devant les coups
d'Etat ou les journées : mais ce ne sont point là des
s à proprement parler, ce sont des proscrits, et
n jeu puéril de confondre sous la même dénomina-
tionCondeet Dulaure, le comte d'Artois et Carnot : cepen-
dant le principal historien contemporain de l'émigration ne
ne s'en est pas fait faute. Les seuls émigrés sont ceux-là
qui ont cru « qu'on emportait sa patrie à la semelle de
ses souliers ». Mm* de Staël, qui avait favorisé le départ
UDorency, de Jaucoort, de M"" ' d'Hénin, de Poix,
de Simiane, et qui avait bien fait, vu les circonstances,
n'en a pas moins écrit des pages vertueuses contre l'émi-
gration volontaire: « Au milieu des uniformes étrangers,
t— elle, les émigrés ne voyaient-ils pas la France
tout entière se défendant sur l'autre bord ! » Elle refait
dans son style le mot de Danton : « Ah '■ l'on ne peut trans-
porter ses dieux pénate> dans les foyers des étrangers. »
Ajoutons que plus d'un émigré apprit le patriotisme dans
l'exil : on le voit par la plupart de leurs mémoires pos-
thumes, et mieux encore par l'esprit militaire et loyaliste,
sinon civique, de leurs descendants. — Quant au point do
vue politique, l'erreur de l'émigration est trop évidente
dans les faits pour qu'il soit nécessaire d'insjster. •< L'émi-
gration, dit M. A. Sorel, c'est l'ancien régime se survivant
et se condamnant lui-même. Ce sont les causes de la Révo-
lution qui continuent de se développer à coté de la Révo-
lution, comme pour l'expliquer à ceux qui, dégoûtés par
ses excès et trompés par ses déviations, no la compren-
draient plus ou en méconnaîtraient la raison d'être et la
puissance. » La Révolution, en fondant l'unité nationale
et le patriotisme, nous dissimule les précédents de l'émi-
gration dans le passé. Rappelons-le avec M. Ldme Cham-
pion, « on distinguait si mal la patrie de la couronne,
que pour peu que l'on fut brouillé avec l'une, on n'hésitait
pas à faire cause commune avec les ennemis de l'autre ».
l.e duc de Guise, les ligueurs et les frondeurs alliés de l'Es-
pagne, Turenne, Condé, Retz, le chevalier de Rohan, voilà
l'école de l'émigration. « Ceux qui n'avaient pas craint de
traiter avec les ennemis de la France quand elle était inti-
mement unie à la royauté se trouvèrent tout disposés à le
taire lorsqu'elle commença à se détacher du trône et que
sos intérêts devinrent distincts de ceux de la couronne. »
(E. Champion.) On ne saurait en moins de mots à la fois
expliquer et condamner l'émigration. H. Momn.
Bibl. : Généralités. — Duval, Histoire de l'émigra-
tion européenne, asiatique et africaine; Paris, 1 862. —
1". Kapp, Ueber Auswanderung ; Berlin, 1871. — Wap-
i'its, Die deutsche Auswanderung und Kolonisation ;
Leipzig, 1816 et 1848. — G-Ubler, Deutsche Auswande-
rung und Kolonisation ; Berlin, 1^50. — Frœuel, Die
deutsche Auswanderung und ibre national und hulturhis-
torische Bedeutung; Leipzig, 1858. — Roscher et Jan-
naecBi Kolonien, Kolonialpotilih und Auswanderung;
Leipzig, 1885, 3" édit. — Leroy-Beaulieu, De la Colonisa-
tion chez les peuples modernes; Paris, 1886. — Sciiade,
Immigration since 1190 (aux Etats-Unis). — Bromwell,
Ilisto'ryof the immigration to the UnitedSlales.— V. aussi
Annual Report o/" tlie New-York commissionners of émi-
gration, les statistiques officielles publiées dans les diffé-
rents pays et le compte rendu du Congrès de Paris (1889)
sur l'intervention des pouvoirs publics dans l'émigration
et l'immigration (Bibl. des Annales économiques, 1890).
Droit international. — Calvo, Etude sur l'émigration
et la colonisation; Paris, 1875. — Laurent, Droit civil
international, t. 111, $$ 128 et suiv. — Vincent et Penaud,
Dictionnaire de droit international privé, v» Emigration.
— Hoi.T/.KNuiiiu r, Rechtslcxicon, v° Auswanderung. —
Ki.i.ena, Délia emigrazione et délie sue leggi ; Rome, 1877.
— V. de Martens, Traité de droit international, t.II,§$ 44
et suiv. — Duval, Histoire de l'émigration europ., asial.
et afric. au \ix° s. ; Paris, 1862. — Rouert, Zur Auswan-
derungsfrage ; Vienne, 1 879. — Seward, Chinese immi-
gration m ita aspects; New-York, 1881. — Neue Auswan-
derungszeituny , publiée à Leipzig par Voigt. — Loi
italienne sur l'émigration du 30 déc. 1888, suivie d'un règle-
ment du 10 janv. 1889.
Histoire de la Révolution. — Le Commissionnaire
de la ligue d'oulre-Rliin, ou, etc., par un Français
qui fait sa confession générale et qui rentre dans sa
patrie ; Paris, 1792, in-8. — Noms, qualités et dernier
domicile des personnes dont les biens ont été portés sur
la liste d'émigrés, arrêtés par te directoire du départe-
ment de Paris, en exécution de l'art. 8 de la loi du 8 avr.
1192 ; Paris, 1792, i ri- 1. — Liste générale par ordre alpha-
bétique des émigrés de toute la' République ; Paris, an II
(1791), 4 vol. in-t'ol. (Il y a eu des suppléments à cette liste
et aussi des listes de noms rayés; cf. le catalogue de
VHist. de France de la Bibl. nat.j La/31, n0' 5, 6, et le sup-
plément).— Histoire secrète de Coblence dans la Révolution
des Français; Londres, 1795, in-8. Cet ouvrage anonyme
serait de Rocques de Montgaillard, revu par Rivarof. —
MemoiresducomteJos.de Puisage, lieutenant général, etc.;
Londres, 1803-1806, 7 vol. in-8. — Mémoires secrets de
J.-G.-M. de Montgaillard pendant les années de son émi-
gration ; Paris, an XII, in-8. — Récit de ce qui s'est passé
de plus remarquable a l'armée de S. A. S. Mgr lu prince
de Condé, par B. 1'..; Paris, 1817, in-8.— A.-H. Dampmabtin,
Coup d'oui suc les campagnes des émigrés; Paris, lsls,
in-8. — De l'Emigration, par un émigré; Paris, 1820, in-8.—
Comte d'EcuusviLi.Y,Camp&crn6â du corps sous les ordres
de S. A. S. Mgr le prince de Condé; Paris, 1818, 3 vol.
in-8, carte et fac-similé. — Souvenirs d'un officier roya-
liste, par M. de R... (lu comte de Romain); Paris. 1824-
1829, 3 vol. in-8. — [•'. i>i. MontROL, Histoire de l'émi-
gration il Paris, 1825, in-8. - De Marcillac,
Souvenirs de l'émigration ; Paris, 1825, in-8. — Antoine
db BaINT-Gervai», Histoire des émigrés français depuis
jusqu'en 1828; Paris, 1828, 3 vol. in-8. — IL Forne-
BOM, Histoire générale des émigrés pendant la. Révolution
KMK. RATION - K.MIN
— 936 -
française; Paris, 1884, 2 vol. m-n (le t. 111, posthume,
concernant la période consulaire et impériale, :> été publie
en 1890 par M. Tbbsoh ds La Hdcuub). — Comu- db
PUYMAIORB, Souvenirs sur l'émigration...; Paris, lx*l,
in-8. — Correspondance intime du comte de Vaudreuil et
ducomte d'Artois pendant l'émigration [llH'.i- t8t5), publiée
par M- Léonce Pingaud ; Paris, 1890, L' vol. In-8. — Papier»
d'un émigré (1189-1H'JU) ; Lettres et notes extraites du
portefeuille du baron de Guilnermy, député aux Etats
généraux, conseiller du comte de Provetice, attaché A la
légation du roi A Londres, mises en ordre par le colonel
de Guilhermg; Paris, 18'JO, in-8.— Ernest Daudet, Hi8-
toire de l'émigration : I. Les Bourbons et la Hussie pen-
dant la Hi-volulion française ; Paris, 18X6, in-8; II. Les
Emigrés et la seconde coalition (1191-1800); Paris, 1886,
in-8; 111. Coblentz (11811-1193); Paris, 1889, in-8. —
André Lebow, l'Angleterre et l'émigration française de
llO'i A 1801, avec une préface de M. Albert Sorel; Paris,
1882, in-8. — Comte db Sainte-Colomiie , Catalogue des
émigrés français A Fribourg, en Suisse, de 1189 A 1198;
Lyon, 18X4, in-8. — L. Guiuert, les Emigrés limousins d
Quiberon ; Limoges, 1886, in-X. — Mémoires du duc des
Cars..., avec une introduction par ie comte Henri de
l'Epinois ; Paris, 1890, 2 vol. in-8. — Il y aurait a citer
d'innombrables mémoires particuliers et un certain nombre
de correspondances diplomatiques ; je renvoie aux ou-
vrages qui les ont cités et utilisés, principalement a ceux
de Fornicron, de M. Daudkt et de M. Lebon.
ÉMIGRÉS (Hist.) (V. Emigration | Hist. de la Révol.]).
EMILIA (Gens) (V. JEmuk).
EMILIE (lat. .Kmilia). 1° Italie ancienne. Ce mot a
désigné d'abord la via .Emilia, c.-à-d. la route qu'en
l'an 487 av. J.-C. le consul M. .Emilius Lepidus fit cons-
truire au N. des Apennins depuis Ariminum (Kimini)
jusqu'à Placentia (Plaisance) sur le P<'>. Cette route, qui à
Runini rejoignait la voie Flaminienne venant de Rome,
formait une espèce de boulevard stratégique le long du Pu.
Les principales stations étaient les colonies fortifiées de
Bologne, Modène, Reggio, Parme et Plaisance. Elle subsista
jusque dans les derniers temps de l'Empire, et toujours
sous ce nom ; elle était administrée par un curator spé-
cial. Lorsque sous Auguste l'Italie fut divisée en un certain
nombre de régions, cette partie commença à s'appeler la
région de la voie Emilienne : elle était la huitième dans le
classement fixé par Auguste. A partir du second siècle, on
dit couramment l'Emilie, et dans le Ras-Empire l'Emilie
forme une province italienne, gouvernée par un juridicus
d'abord, puis par un corrector, enfin par un consulaire.
Jusque vers l'an 395, elle parait avoir été réunie à la pro-
vince voisine de Ligurie. Les limites de l'Emilie étaient
marquées par l'Apennin, la Trébie, le Pô : Ravenne y fut
rattachée vers 395. L'Emilie a subsisté, comme nom et
comme limites, bien au delà de l'empire romain. C. J.
2° Italie moderne. Le nom d'Emilie a été conservé à
la région de l'Italie située au S. du Pô qui embrasse les
anciens duchés de Parme et de Modène et une partie des
anciens Etats pontificaux (Romagne); c.-à-d. les dép. de
Rologne, Ferrare, Forli, Modène, Parme, Plaisance, Ra-
venne et Reggio. Sa superficie est de 20.750 kil. q., sa
population de 2,233,729 hab. (en 1884) (V. Italie et les
noms des divers départements).
Hibl. : Italie ancienne. — Jullian, les Transforma-
tions de l'Italie, 1884. — Corpus inscriplionum latina-
rum, t. XL
ÉMILIEN (Dialecte) (V. Italie [Linguistique |).
ÉMILIEN (Scipion) (V. Scumon).
ÉMILIEN {M. JEmilius .Emilianus), empereur romain
en 253-234. Né vers 207, Maure d'origine, gouver-
neur de Pannonie et de Mésie sous le règne de Trebonia-
nus Gallus, il se signala par des succès remportés en Pan-
nonie sur les Goths, au moment même où l'empereur
venait de signer avec ces barbares un traité honteux avec
la promesse d'un subside annuel. Aussi ses soldats le sa-
luèrent-ils du titre d'empereur, vers la fin de 253. Il
marcha alors en Italie et défit auprès de Terni son adver-
saire Gallus que ses soldats massacrèrent (fèvr. 254). Mais
lui-même n'eut que quelques jours de règne. Il fut mis à
mort par ses troupes auprès de Spolète, sur un pont à qui
ce meurtre valut le nom de Pont-Sanglant. Il avait régné à
peine trois mois. — Un peu plus tard, sous le règne de
Gallien, en 202 ou 20ii, il \ eut un min ttÊftttmt de
quelques jours, du nom i ï.iuilien. Il était préfet de
1 Egypte quand il prit la pourpre ; vaincu par Theodotus,
général de Gallien, il fut mis à mort. (,. L.-G.
ÉMILIEN (Saint). (ilfUMIfl flOIltS lltl Nantes, né proba-
blement a Nantes a la fin du vu* siècle, mort le 22 août
725.0 l'est illustré surtout par l'expédition qu'avec l'aide
des llreions il dirigea contre les Sarrasins qui occupaient
alors tout le midi de la France et qui venaient d'envahir
la Bourgogne. II les joignit sous les murs d'Autun et les
obligea à lever le siège de cette ville, mais en les poursui-
vant il s'exposa à leurs coups et fut tué, suivant la tradi-
tion, à l'endroit même ou s'élève aujourd'hui le village de
Saint-Emiland, près de Couches-les-Mines. 1,-x.
Bibl. : Abbé Cahoub, Notice historique et critique sur
saint Emilien; Nantes, 1859, in-12.
EMILIENNE (République) (V. Cisalpine).
EMILI0 (Paolo) ou Pai /l- Emile, historien italien, né à
Vérone, mort à Paris le 5 mai 1529. Il vint en France où
sa réputation d'excellent latiniste le fit bien accueillir.
Charles VIII lui fit une pension, continuée par Louis XII ;
il fut nommé chanoine de Notre-Dame et chargé d'écrire,
en latin, mais en latin classique, à la Tite-Live, les annales
de France. Il en résulta une sorte de pastiche bizarre que
la contradiction entre le genre de faits à narrer et le style
a rendu singulièrement obscur et ennuyeux. Cet ouvrage
longtemps célèbre a eu de nombreuses éditions et traduc-
tions dont voici les principales : De Rébus gestis Fran-
corum usqur ad ann. 1 488 libri X. Additum est
Chronicon Joan. Tilii (Paris, 1539, in-fol.) ; avec l'ad-
jonction de Arnoldi Ferroni de Rébus gestis Gallorum
libri IX usque ad Henricum 11 (Paris, 1550 , in-fol.) ;
avec la continuation de Jac.-Henric. Petrus (Bâle, 1601 ) ;
deux livres de Paul-Emile, de l'Histoire de France, traduits
par Simon de Monthière (Paris, 1536, iu-4) ; les cinq
premiers livres de l'Histoire françoise. traduits par Jean
Regnart, Angevin (Paris, 1536 et 1566, in-fol.) ; l'His-
toire des f'aicts, gestes et con/juestes des roys, princes,
seigneurs et peuple de France descripte en A livres,
mise en français par Jean Regnart, avec la suyte de
ladicte histoire tirée du latin de M. Arnold le Ferron
et autre bons auteurs, etc. (Paris, 1581, in-fol.), édi-
tion de beaucoup la meilleure, la plus complète et la plus
commode à consulter à cause de la table des matières t très
ample ». R. G.
EMILY (Vitic). Cépage américain du groupe des La-
brusca, sans valeur pour la France; estimé comme raisin
de table aux Etats-l'nis d'Amérique.
EMIN-Mlcklis Pacha, diplomate et administrateur otto-
man, né à Smyrneen 1811, mort à Consiantinople en 1873.
Issu d'une famille distinguée, il reçut une instruction assez
étendue, entra au ministère des affaires étrangères de
Turquie (1837) comme employé au bureau des traductions,
accompagna en 1838 le sultan Mahmoud dans son voyage
en Roumélie et fut secrétaire d'ambassade dabord à Lon-
dres, puis à Paris. Commissaire de la Porte en Serbie
(1841), il ne fut pas sans contribuer à la révolution par
laquelle Michel Obrenovitch fut expulsé de ce pays au
profit d'Alexandre Karageorgevitch (1842). Rentré au
bureau des traductions, nommé en 1846 interprète en
chef, il fut, en 1848, adjoint au commissaire ottoman
chargé de la pacification de la Moldo-Valachie et prit part
a la conclusion du traité de Balta-Liman avec la Russie
(1849). Peu après, il partit pour la Syrie, où il devait
présider aux opérations du cadastre dans la province du
Liban. L'habileté et le bonheur avec lesquels il s'acquitta
de cette mission et d'une autre semblable dans la province
de Beyrout (1852-5 '•) lui valurent d'être appelé au conseil
suprême. Nommé plus tard gouverneur de Hamas dans des
circonstances difficiles, c.-à-d. à la suite des troubles poli-
tiques et religieux dont la Syrie venait d'être le théâtre
en 1860, il sut remplir sa tâche à la satisfaction des chré-
tiens et des puissances européennes. Dans ses dernières
- 981 -
EMIN — ÉMISSIF
pales, it lut nrama de Trehi/omle. puis nee-pré-
sî.ient (tu naseil d'Etat, et enfin gouverneur d'Erceroum.
— Nui Irire aine, £ss*d Pailvi. est actuellement (189))
ambassadeur de la Porto a Paris. A. Debidoi r.
EMIN Pacha, explorateur et administrateur égyptien
i\ Scmmus).
ÉMINE (Kcloi- Vle\andro\itch). écrivain russe, ne vers
mort en 17 70. Très versé dans les langues orien-
iale>, il \n\a^.ea en Turquie et tut contraint d'embrasser
l'islamisme! Après son retour en Russie, il tut interprète
du cabinet de l'impératrice et professeur à l'Ecole des
,ad.ts. Il a eerit un certain nombre de romans et une
Russie qui ne va que jusqu'en 121.!. En
I7ii!>. il avait fondé un journal, la Poste infernale.
EMINEH (Monts). Partie orientale des Balkans, terminée
par le cap du même nom (Y. Balkan).
ÉMINENCE. Grégoire le Grand avait autorisé tous les
- a prendre ce litre, que les empereurs s'étaient
déjà donne, dans les derniers temps de l'Empire. En 1630,
trhain Mil le réserva exclusivement aux cardinaux, aux
fletlem ecdeatstinnea de l'empire d'Allemagne et
au grand maître de l'ordre de Malte. On les qualifia aussi
d'eminentissimes. Aujourd'hui, les cardinaux ont seuls
droit à ces qualifications.
EMINESCU (Michel), poète roumain, né à Ipatesti, près
lehani, le -20 déc. 1848, mort à Bucarest le 48 juin
Il lit ses études universitaires en Autriche et en
Allemagne: revenu en Roumanie, il y fut quelque temps
professeur d'allemand, puis inspecteur des écoles (1874-6)
et bibliothécaire à Jassv . 11 était rédacteur au journal le
Temps fa Bucarest, quand il fut frappé d'un accès de folie :
ce fut la cause de sa œort quelques années plus tard. Emi-
nescu publia ses premiers essais en vers dans la Famille
d'Oiadia-Mare (Hongrie): ils étaient bien loin de prédire
son génie poétique. Devenu, quelque temps après, membre
de la société littéraire la Jeunesse, à Jassy, il commença
dans les Causeries littéraires, organe du groupe, la
publication de ses plus beaux morceaux lyriques. Vénus
et Madone, puis Empereur et Prolétaire, qui valurent
du premier abord une certaine réputation à leur auteur.
Son talent ne fit que s'accroître : ses premières incertitudes
en fait de langage disparurent bientôt; son pessimisme
resigné et puissant fit école. C'est alors qu'il publia, outre
un assez grand nombre de petites poésies lyriques, ses
admirables Sonnets, sa Venise, restée classique, son Câlin,
fragment épique, dans le genre des contes populaires, et
surtout les Satires. Les Hirondelles et Kamadeca, de
beaucoup inférieurs à ses morceaux de maître, furent com-
posés pendant sa maladie. Il écrivit aussi en prose : le Fat-
Frumos ne" d'une larme, le Pauvre Denis, etc. Sa
très populaire, depuis sa mort surtout, en Roumanie,
se distingue par une profonde connaissance et un habile
maniement du langage, par l'élévation des aperçus philo-
sophiques et la suggestivité étonnante des images. 11 passe
pour le premier poète de son pays. Les seules éditions de
ses œuvres sont : celle de Socec et C'e, 3e édit. en 1890
(elle contient les poésies publiées dans les Causeries lit-
téraires, préface du critique Maiorescu) et celle de Jassy,
publiée par M. Y. i;. Mortzun, la même année (on y
trouve ses premières poésies et ses œuvres en prose).
Toutes les deux sont posthumes. N. Jorga.
Biul. : J. OiiEiu a. FAudes critiques; Bucarest, 1890,
;-7; .'• éd.. ib., 1881, etc. — J.-L. Caragiale, Nir-
rana, dan-. le Constitutionnel du 20 juin 1S89.
ÉMIR. Mot arabe qui signifie commandant. A l'origine,
ce nom ne s'appliquait guère qu'aux chefs d'armée ou gé-
néraux arabes ; cependant les Arabes non musulmans don-
naient déjà au prophète Mahomet la qualification d'émir
de Ij Mecque et d'emir du Hedjaz, ce qui implique qu'à
cette époque lointaine le titre d'émir avait déjà cours pour
r un chef politique. Les souverains musulmans,
dont les Etats avaient peu d'étendue et qui n'avaient au-
cune prétention à revendiquer l'autorité spirituelle accor-
dée aux khalites, prirent tantôt le titre d'émir, tantôt celui
de sultan, ce dernier titre étant toujours considéré comme
supérieur au premier. Le plus souvent l'émir n'exerçait
son autorité que sur un simple district qui portait le nom
de son chet-lieu ; ce n'était donc en réalité qu'un prince
ou chef de principauté. Celui qui réussissait à s'annexer
d'autres districts prenait parfois le titre d'émir el-omara
(commandant des commandants), mais, en général, cette
désignation a été réservée aux sortes de maires du palais
qui régnèrent au nom des derniers khalifes abbassides. Le
khalife Omar est le premier qui ait pris, parmi les Arabes,
le titre de émir el-mouminin (commandant des croyants),
appellation devenue plus tard l'équivalent de celle de kha-
life. On raconte que cette expression fut employée pour la
première fois par un courrier qui, arrivé à Médine pour
annoncer une grande victoire, aurait, en cherchant le kha-
life Omar, demandé à tous ceux qu'il rencontrait sur sa
route : « Oiidonc est l'émir el-mouminin? » Cette expres-
sion, employée dès lors concurremment avec celle de kha-
life, fut parla suite spécialement réservée aux chefs spiri-
tuels de l'islamisme. En dehors des Omeyyades et des
Abbassides, le titre d'émir el-mouminin a été successivement
porté par les Fatimites, les Omeyyades d'Espagne et les
Almohades. Quant aux Almoravides et aux Mérinides, ils
adoptèrent une formule un peu différente, celle d'émir el-
tnoslimin (commandant des musulmans), titre qui avait
été décerné autrefois au général arabe Saad Ibu Abi Ouaq-
qàs à la suite de la bataille de Cadéciya (636). Sous les
Almohades Hafsides, le ministre des finances portait le titre
d'émir el-achghal ou saheb el-aehghal. De nos jours,
le chef de la grande caravane des pèlerins qui se rendent
chaque année a La Mecque est désigné sous le nom d'émir
el-kaddj (commandant du pèlerinage). Enfin dans l'extrême
Orient musulman, les grands personnages ajoutent devant
leur nom, en manière de titre honorifique, le mot mir
qui n'est autre chose qu'une altération remontant pour le
moins au xuc siècle du mot émir. 0. H.
ÉMIRNE (V. Imerina).
ÉMISSAIRE (HydrauL). Terme désignant surtout de
grands travaux d'hydraulique, bassins ou canaux artificiels,
accomplis par les anciens Romains, imitateurs en cela des
Egyptiens et des Grecs, pour décharger le trop-plein de
lacs et de cours d'eau ou pour faciliter l'écoulement d'eaux
stagnantes. Les deux plus remarquables travaux de ce
genre, dus aux Romains, sont les émissaires des lacs Albain
et Fucin. Le premier de ces émissaires, remplissant encore
de nos jours son office primitif, mais remontant au siège de
Veies vers l'an de Rome 353, consiste en un canal de dé-
charge creusé sur une longueur d'environ 1 kil. dans la
masse même de la montagne et à 100 m. au-dessous du
village moderne deCastel Gandolfo, qui en occupe le sommet :
il porte, de l'autre côté de cette montagne, l'excédent d'eau
du lac dans des champs que ces eaux fertilisent, et on ne
sait ce qu'il faut le plus admirer de la promptitude avec
laquelle il fut exécuté, de la difficulté qu'offrait alors un
tel percement et de la solidité dont ce travail fait preuve
encore aujourd'hui. L'émissaire du lac Fucin est plus extra-
ordinaire encore : projeté par Jules César, il date de l'em-
pereur Claude et consiste en un souterrain de 4 kil. de
longueur sur plus de 6 m. de hauteur et 3 m. de largeur,
souterrain percé à 300 m. environ au-dessous du sommet
de la montagne qui sépare la rivière du Liri, oU il verse
les eaux du lac Fucin, du petit port où il prend naissance
sur les bords du lac. Laissé inachevé par l'empereur Néron,
mais continué par Adrien, ce canal, obstrué par le temps,
fut déblayé et terminé, il y a environ quarante années,
par le dernier roi de Naples. I^s parties extrêmes de ce
canal sont voûtées en briques du côté du Liri et en pierres
appareillées du coté du lac. Charles Lucas.
ÉMISSIF (Pouvoir). On appelle pouvoir émissif absolu
d'un corps à la température t la quantité de chaleur,
évaluée en calories, qui est rayonnée pendant l'unité de
temps à travers une surface de ce corps égale à l'unité et
ÉMISSIK - MISSION
— \m —
placée dans une enceinte portée à la température t -+- i et
mi l'on a (ail la vide. Désignons par I. ai pouvoir émissif.
Si on pont applii|ui'r au eorpa la loi da Nawtoav e..a-<i.si
la vitesse île refroidissement du COfpS dans li; vide est
proportionnelle à la différence de température du corps et
da l'enceinte, on pourra déterminer le pouvoir emissil' en
datai 'misant nue vitesse de refroidissement. En effet, soient S
la surface du corps, 0 l'excès de sa température sur celle
de l'enceinte, 1* et C le poids et la chaleur spécifique du
corps. Pendant un temps très court il.v, la température
s'abaisse de dt et en égalant deux évaluations dilférontes
de la quantité de chaleur perdue par le corps, on aura
l'égalité suivante :
Sl-Mrr: — PC*
d'où l'on tire le pouvoir émissif absolu P en fonction de
la vitesse de refroidissement — —
da
?4
dx
E = —
se
En exprimant ces quantités en centimètres, grammes,
secondes et degrés centigrades, Mac Karlane a trouvé pour
le noir de lumée que la valeur de E augmentait avec
l'excès 6 et que, par suite, la loi de Newton n'était pas
applicable. En prenant 8 assez petit, il a obtenu pour E la
valeur 0,0*25. M. Lehnebach a trouvé 0,045. L'écart est
considérable et nécessite de nouvelles expériences.
On appelle pouvoir émissif relatif d'un corps à la tem-
pérature t le rapport entre son pouvoir émissif absolu et
celui d'un corps choisi pour unité à la même température.
Le corps auquel on compare tous les corps est le noir de
fumée. Les pouvoirs émissifs relatifs sont plus faciles à
déterminer que les pouvoirs émissifs absolus. Leslie les
déterminait de la façon suivante : il plaçait devant un mi-
roir un cube métallique plein d'eau bouillante dont trois
faces verticales étaient recouvertes chacune d'une subs-
tance dont on voulait déterminer le pouvoir émissif, et
dont la quatrième était recouverte de noir de fumée. Au
loyer conjugué du miroir était placée la boule d'un ther-
momètre différentiel. Celui-ci s'échauffait, son index se
déplaçait, puis devenait stationnaire, lorsque le thermo-
mètre recevait autant de chaleur qu'il en perdait. Soient A'
le pouvoir absorbant de la boule du thermomètre , E' son
pouvoir émissif, 6 l'excès de la température de la boule
sur la température ambiante, E le pouvoir émissif absolu
de la substance considérée, K et Kj deux constantes dépen-
dant de la surface de la boule, des dimensions et de la
position du miroir, etc. On a, lorsque l'index est immobile,
KA'E=K1E'9.
Si maintenant on tourne vers le miroir la face du cube
enduite de noir de fumée, un autre équilibre s'établit cor-
respondant à une température 0lt et, si l'on désigne par r
le pouvoir émissif absolu du noir de fumée, on a :
KA'enrK^'O,
M ,. • E 0
d ou 1 on tire - = r
e Ôj
u
or - est la valeur du pouvoir émissif relatif.
Melloni substitua au thermomètre de Leslie, qui était
peu sensible, une pile thermo-électrique, et il obtint les
pouvoirs émissifs d un certain nombre de corps. Le tableau
ci-après donne quelques résultats trouvés par ces deux
physiciens et par MM. de La Provostayc et Desains.
Les nombres trouves par Leslie et Melloni pour les corps
de faible pouvoir émissif sont erronés comme le montrent
les expériences de La Provoslaye et Desains, faites en
évitant diverses causes d'erreurs qu'ils ont signalées et qui
existaient dans les expériences de Leslie et de Melloni.
Variation du pouvoir émissif avec la température.
11 est difficile, comme nous l'avons vu, de déterminer le
SL'BSTAV
Noir de fton
Blanc <ie eéruM •
Papier
Cire à cacheter . .
Colle
Verre
de China,. •
Glaco
Minium
Argent
Cuivre
Or
[RI BMIMIPS
I.ehlie Melloni li
100
95
n
90
h»
M
12
If
12
100
100
91
»
11
H
IS
100
2,2 à 5,4
l."
4,3
pouvoir émissif absolu d'un corps avec précision, même
pour des températures peu élevées ; les difficultés augmen-
tent si l'on veut faire ces déterminations a des tempéra-
tures plus élevées; aussi ces expériences n'ont-elles pas
été faites, mais MM. de La Provostaye et Desains ayant
montré que les rapports entre les pouvoirs émissifs absolus
d'une substance et du noir de fumée variaient avec la tem-
pérature, on peut en déduire que le pouvoir absolu d'au
moins l'un de ces corps varie avec la température. L'un
des corps qu'ils ont étudiés était le borate de plomb ;
jusqu'à 100° le pouvoir émissif relatif de ce corps est
resté sensiblement constant, mais à 550° il avait diminué
d'un quart de sa valeur. Les expériences de Leslie, de
Melloni et de Ritchie ont montré que les pouvoirs émissifs
relatifs étaient égaux aux pouvoirs absorbants relatifs
(V. Absorbant [Pouvoir]). On peut donc, au lieu de déter-
miner le pouvoir émissif relatif d'un corps, déterminer son
pouvoir absorbant. A. Jouons.
ÉMISSION. I. Physique. — Kmissiox vr. la chaleir.
— Quand plusieurs corps possédant des températures
différentes se trouvent en présence, on constate que, même
dans le vide, il y a échange de chaleur, les corps les plus
froids se réchauffant, les plus chauds se refroidissant. On
expliquait autrefois ces phénomènes par l'émission d'une
substance particulière à laquelle on avait donné le nom de
calorique, lors de la réforme de la nomenclature chimique,
c.-à-d. à la fin du siècle dernier. Plus la température
d'un corps était élevée, plus il renfermait de calorique;
lorsque deux corps inégalement chauds agissaient l'un
sur l'autre, en revenant à la même température, le
plus chaud cédait au plus froid une partie de son calo-
rique. Cette idée de la matérialité de la chaleur est actuel-
lement abandonnée ; on considère les phénomènes calo-
rifiques, ainsi que les phénomènes lumineux, électriques
ou magnétiques, comme des manifestations des mouvements
vibratoires d'une substance particulière, l'èther, répandue
dans tous les corps et par suite sans pesanteur apparente
possible. L'émission de la chaleur ou, pour préciser, la
quantité de chaleur émise par un corps dépend a la fois de
la température et de la nature du corps ; elle n'est pas
non plus la même dans toutes les directions, à moins que
le corps ne soit sphérique ou réduit à un point. L'inten-
sité de la radiation calorifique, émise par une portion de
surface plana d'un corps dans une direction déterminée,
est proportionnelle au cosinus de l'angle de cette direction
avec la normale à la surface : c'est la loi du cosinus
énoncée par Lambert. Si l'on considère un corps chaud
réduit à un point et rayonnant dans l'espace, et si on dé-
signe par Q la quantité de chaleur qu'il émet dans l'unité
dé temps, 0 étant exprimé en calories, et si l'on désigne
par I l'intensité de rémission à une distance r du point,
on a pour définir I la relation Q — 4jtr,I, c.-à-d. que
l'intensité de l'émission à la distance r est la quantité de
chaleur reçue sur l'unité de surface située à la distance r;
en effet, la quantité de chaleur totale Q se réparti! unifor-
mément sur la surface -i-r* d'une sphère de rayon r. Si
9S9 —
Fission — emi.y
non* prenons une portion de surfait do cette sphère égal»'
à S et si nom considérons le cône ayant pour sommet h
.-.•util' de la sphère et pow directrice le contour do cette
portion, SI est la quantité de chaleur qui chemine à l'in-
térieur do ce cône. Si nous coupons maintenant ce cône
par un plan oblique passant par le oentro ik cotto portion
de surface, nous obtenons une nou\o||o surface S' donnée
approximativement par la relation S'= — - — ' to étant
008 w
l'angle de S et de S'. Or la surface S' ne reçoit que la
quantité de chaleur que reçoit S; par suite, les inten-
- S I et I de la radiation sur les surfaces S et S' sont
données par la relation SI^ST ou l = lcosio. Si nous
M'Ieions maintenant non plus un point, mais un corps
ayant une surface finie, par exemple un petit élément plan,
il émettra des radiations, et l'expérience montre que l'in-
tensité de la radiation reçue dans une direction déterminée
\ariera proportionnellement au cosinus de l'angle de la
direction avec la normale au plan. Si le petit élément
considéré n'est pas un plan, la mémo loi subsistera, la
normale au plan étant remplacée par la normale à la sur-
face. Cette loi peut être vérifiée a l'aide du banc de Mel-
loni (Y. Chaleir BATOIQUKTb). Lorsque, au lieu de radia-
tions calorifique?-, on considère des radiations lumineuses,
cette loi est vérifiée par ce lait que les corps sphériques
lumineux, comme le soleil ou une boule incandescente,
nous apparaissent plats comme s'ils étaient des disques
plans, la quantité de chaleur rayonnée par un corps dans
l'unité de temps dépend de l'étendue de sa surface, de sa
nature, de la température à laquelle il est porté ; l'étude
des relations qui existent entre ces quantités est exposée
plus haut (V. Emissif [Pouvoir]). La quantité de cha-
leur rayonnée par un corps n'est pas la seule quantité à
considérer dans le phénomène de l'émission de la chaleur.
Suivant la température, la nature de cette chaleur change;
ainsi, une lame de cristal de roche de 2mino d'épaisseur
laiss- passer, d'après Melloni, 38 % des rayons qui pro-
viennent d'une lampe Locatelli, 28 °/0 de ceux qui pro-
viennent d'une spirale de platine incandescente, 6 °/0 de
ceux qui proviennent d'un cube noirci à 390", et arrête
complètement ceux qui proviennent d'un cube noirci à
100°. Le sel gemme laisse passer, au contraire, sensible-
ment dans la même proportion les ravons calorifiques
émanés de ces diverses sources (92 •/,). La plupart se
comportent comme le cristal de roche, mais dans des pro-
portions diverses, les rayons provenant des sources à
température élevées passant toujours en plus grande quan-
jiie les autres. A. Joannis.
II. Finances. — L'émission de titres quelconques,
os ou obligations, est une opération financière dont
il est impossible d'énoncer les règles ; le crédit de la mai-
son qui émet, la sécurité plus ou moins grande offerte par
toi litres émis, l'état du marché des capitaux, etc., sont
autant de fadeurs dont il faut tenir compte. Mais, en
dehors des agissements particuliers a chaque émission, il y
a dos prescriptions auxquelles il faut absolument se con-
former. L'émission d'actions d'une société française ne
F faite que si la société est régulièrement constituée;
infraction est [.unie d'une amende de 300 à 1,000 fr.
(loi du -2'» juil. 1867, art. 13); il n'en est pas de même
poui l^s sociétés étrangères, dont les actions n'ont à rem-
plir des conditions déterminées que si elles doivent être
admises a la col DQt). Pour les obligations, la loi
française n'indique aucune limite, ni pour l'importance du
titre, ni pour le montant total à émettre; il n'y a donc
aucune prescription a -uivre pour - qui emprun-
tent de cette manière, sauf en ce qui regarde le timbre ;
3 est toutefois a remarquer que, pour les" chemins de fer
d'intérêt local, les décrets qui donnent la déclaration d'uti-
lité publique prescrivent en général que le montant des
obligations émises ne pourra être supérieur au capital
: les législations étrangères, notamment les lois
commerciales do la Belgique et do l'Italie, contiennent des
dispositions spéciales pour les émissions d'obligations. Pour
les obligations omises par des sociétés étrangères, on peut
faire la même observation que pour les actions de la même
catégorie ; il est toutefois à remarquer que, d'après la loi
du 30 mars 1872, ces titres ne peuvent être négociés en
France sans être dûment timbrés au droit proportionnel ;
aucune émission ne peut donc être faite sans que les titres
émis aient été soumis à cette formalité ; la date et le nu-
méro du visa pour timbre doivent être mentionnés sur les
prospectus d'émission. G. François.
III. Chant. — L'art d'attaquer ou d'émettre le son
est une des parties les plus difficiles de la science du
chant. Pour commencer l'étude de l'attaque des sons, il
faut d'abord s'exercer par des notes dont l'émission se
fera sans gène et sans fatigue. Pousser la voix vers l'aigu
ou le grave au commencement des études, c'est se fatiguer
inutilement. Le son doit être attaqué franchement, mais
avec douceur, ni au-dessus ni au-dessous, comme on le
voit par cet exemple :
Bon
*
ij J «1 1 J
Mauvais
m
Il faut bien se garder d'émettre le son mollement ; la
voix doit toujours rester ferme et pour ainsi dire intelli-
gente, et le son doit être articulé sans brusquerie, par un
léger mouvement des lèvres et de la glotte et sans être
amené par aucune traînée; émis ainsi, il restera rond,
sonore et moelleux. Il ne faut pas croire que toutes les
voyelles soient favorables à l'émission du son. La voyelle
a, par exemple, donne beaucoup d'éclat et de sonorité à
certaines notes de la voix, tandis que d'autres notes voi-
sines de celles-là et chantées sur la même syllabe seront
ternes, sourdes ou rudes. Pour éviter cet inconvénient, il
faudra chercher les voyelles qui donneront au son la cou-
leur le plus en rapport avec les notes déjà émises. C'est
lorsque l'émission et l'attaque du son auront atteint un
degré suffisant de perfection que l'on pourra attaquer cette
autre partie délicate de l'art du chant qui a nom : pose
de la voir. H. Lavoix.
Bini..: Chant. — Th. Lemairb et Lavoix fils, le Chant,
Impartie et bibliographie.
EMLER (Joseph), historien tchèque contemporain, né
à Liban le 10 janv. 1836. Il fit ses études à Vienne et fut
attaché ensuite aux archives du royaume de Bohême et de
la ville de Prague dont il est devenu directeur en 1870.
En 1879, il a été nommé professeur de l'université tchèque
de cette ville. Il a dirigé depuis 1871 la Revue du musée
de Prague. Il a publié, en tchèque, en latin et en alle-
mand, un grand nombre de documents relatifs à l'histoire
de la Bohème : Reliquiœ tabularum regni Bohemiœ
(en cours de publication); Dccem Hrgistra censuum
Bohemiœ (1881) ; Regesta diplomatica nec non epis-
tolaria Bohemiœ et Moravia (Prague, 1872-1890).
Nommé secrétaire de la fondation Palaèky pour la publi-
cation des Fontes Berum Bohemicarùm, il a publié
dans cette collection un grand nombre de textes impor-
tants, notamment : lu Chronique de Cosmos, la Vie de
V empereur Charles IV, la Chronique de Pribik de
Pulkava, etc. Il a collaboré activement à la Revue
archéologique tchèque et donné un grand nombre de
monographies historiques. Il est secrétaire delà Société du
musée de Prague, membre correspondant de l'Académie de
Saint-Pétersbourg, etc. L. L.
EMLY (William MonSELL, lord), homme politique an-
glais, ne en 1812. Membre du Parlement pour le comté
de Liuicriok, de I85.7 à 1874, il fut créé pair à cette der-
EMIA — I. M MACS
— MO -
nière date. Il D occupé de hautes situations officielles,
celles entre antres «le président du bureau de la santé
(4857), vice-président du bureau du commerce (1866),
sous-secrétaire d'Etat des colonies (1808-70) et direc-
teur général des postes (1870-73). 11 appartient au parti
libéral.
EMLYN (Thomas), premier pasteur unitairien d'Angle-
terre, né en 1063, mort en 1741. Son éducation première,
laite par des dissidents, lui inculqua des doctrines particu-
lières qu'il propagea par la parole avec beaucoup d'ardeur
et de succès; mais il fut accusé d'hérésie, à Dublin, où il
avait été nommé coadjuteur de Joseph Boyse, et obligé de
se démettre de sa charge. Des brochures, qu'il publia pour
sa défense, lui valurent un procès devant le Banc de la
reine, et, après une procédure fort irrégulière, il fut con-
damné à la prison et à 1,000 liv. sterl. d'amende (1703).
Il ne fut relâché qu'en 1705. A partir de ce moment, il
gagna des adhérents en Angleterre et en Irlande, et il ne
cessa pas un moment de travailler activement à la diffu-
sion de ses doctrines, soit par ses prédications, soit par
ses écrits. Son fils a publié une édition collective de ceux-
ci en il vol. in-8 (1716). B.-H. G.
EMMA, reine de France, fille de l'impératrice Adélaïde
et de son premier mari Lothaire II, roi d'Italie. Elle épousa
en 965 ou 966 le roi de France Lothaire, et fut accusée,
en 977, par son beau-frère Charles de Lorraine, d'adultère
avec l'évêque de Laon, Ascelin ; celui-ci fut acquitté par le
synode de Saint-Macre et Emma continua à jouir de la con-
fiance de Lothaire. Lorsqu'il mourut, en 986, on n'en
accusa pas moins sa veuve de l'avoir empoisonné; Emma
reçut cependant les serments de fidélité des grands en
même temps que son fils Louis V, sous le nom duquel elle
semble avoir voulu gouverner. Mais ses relations avec la
cour impériale et son intimité avec l'évêque Ascelin ne tar-
dèrent pas à la faire chasser de la cour, à l'instigation de
Charles de Lorraine. Elle se réfugia auprès de Hugues
Capet. Après l'avènement de celui-ci au trône, elle se trou-
vait à Laon lors de la prise de la ville par Charles de
Lorraine (avr. 988) ; elle fut faite prisonnière et ne recouvra
sa liberté qu'au bout de huit mois. Elle se retira alors à
Dijon où elle mourut sans doute peu après.
Bibl. : F. Lot, les Derniers Carolingiens ; Paris, 1891,
in-8 (87° fasc. de la Bibl. de l'Ecole des hautes éludes).
EMMA, reine d'Angleterre (appelée aussi Aelfgifu).
Elle était fille du duc de Normandie, Richard sans Peur,
et fut surnommée la Perle de la Normandie, à cause de sa
beauté. Elle épousa, en 100"2, le roi des Anglo-Saxons,
Ethelred, mariage qui prépara les voies à la conquête de
l'Angleterre par les Normands. Elle ne fut pas heureuse
avec Ethelred, bien qu'elle ait eu de lui deux fils : Edouard
(le Confesseur) et Alfred. Quand les Danois conquirent
l'Angleterre en 1013, elle se réfugia auprès de son frère,
Richard le Bon, duc de Normandie, avec ses fils. Elle
retourna cependant en Angleterre, où Ethelred mourut en
1016. La haine qu'elle avait éprouvée pour le mari rejail-
lissait sans doute sur les enfants qu'elle en avait eus, car
elle épousa en juil. 1017 l'usurpateur danois Cnut, qui
avait dépouillé les fils d'Ethelrcd de leur héritage. Elle
promit ainsi de faire en sorte que le fils qu'elle aurait de
Cnut lui succédât en Angleterre au détriment de ceux
Su'elle avait eus du premier lit. Harthacnut, son fils par
nut, fut, en effet, son favori. Au milieu de l'anarchie que
déchaîna la mort de Cnut en 1035, elle assura à Hartha-
cnut le royaume de Wessex, tandis que les aethelings,
fils d'Ethelred, tentaient une expédition malheureuse, où
l'un d'eux, Alfred, périt. Cependant Harold, descendant de
Cnut par une autre femme, conquit le Wessex : Emma
dut se réfugier à la cour de Baudouin de Flandre. Elle
revint avec Harthacnut en 1040, et exerça la plus grande
influence pendant le court règne de ce prince. Mais, lorsque
Edouard le Confesseur eut récupéré le trône de ses pères,
son premier soin fut de dépouiller de ses trésors Emma,
sa mère « parce qu'elle avait moins fait pour lui dans
l'adversité qu'il ne l'aurait désiré ». Ij vieille reine, in-
ternée dans l'ancien palais royal de Winchester, mourut
le 6 mars 1052, et lut enterrée, à côté de Cnut, dans
l'Oldminster de la capitale saxonne. \jt curieux panégy-
rique contemporain qui a pour titre Encomium Emmœ
;i été publié dans les Monvmenta Germaniœ. Ch.-V. L.
EMMANCHEMENT (Peint, et sculpt.). Manière dont les
membres et les extrémités sont articulée dans les statues
ou les figures peintes (V. Attache).
EMMANUEL, c.-a-d. Dieu est avec nous. Nom sym-
bolique donné par le prophète Isaïe a l'un de ses fils (Ut
vu, 14 ; vin, 8, 18) et que la théologie chrétienne ap-
pliqua au Messie (Saint Mathieu, i, 23-23).
EMMANUEL, roi de Portugal (V. Manoel).
EMMANUEL, ducs de Savoie (V. Charlçs-Emmaniel,
t. X, p. 737).
EMMANUEL (Charles), astronome français, né à Paris
en 1810. Il étudia d'abord le droit et la littérature, puis
s'adonna à l'astronomie et entreprit de corriger « les
erreurs de la science officielle ». Sa nouvelle théorie des
mouvements des corps célestes, qu'il soutint dans les con-
férences et dans la presse avec une ardeur et un acharne-
ment dignes d'un meilleur objet, fut examinée en 1850 par
une commission composée de mathématiciens et d'astro-
nomes ; les rapporteurs, Liouville et Babinet, la déclarèrent
extravagante. Emmanuel s'adressa- alors de nouveau au
public dans plusieurs opuscules où, tout en exposant se^
doctrines, il malmenait quelque peu les savants de l'Institut
et de l'Observatoire : Astronomie nouvelle (Paris, 1851,
in-I8); Notices astronomiques (Paris, 1855-60, 2 vol.
in-12); Conférences astronomiques (Paris, 1860, in-8);
la Camarilla scientifique (Paris, 1865, in-I2); Reli-
gion et tolérance de M. Le Verrier (Paris, 1865, in-12);
A B C D astronomique (Paris, 1867, in-12). Ses autres
écrits ont pour titres : Pantographe astronomique ou
observatoire portatif (Paris, 1863, in-12); Lettre à
M. Thiers sur la suppression de l'impôt (Paris, 1872,
in-8) ; Sur les Mouvements des corps flottants, note
intéressante insérée dans les Comptes rendus de l'Aca-
démie des sciences de Paris (1871, t. LXXH, p. 596).
L. S.
EMMANUEL-Philibert, duc de Savoie (1553-1580),
né à Chambéry le 8 juil. 1528, mort le 30 août 1580.
Seul survivant de neuf enfants, héritier d'un duché occupé
par les Français, il entra dans les armées de Charles-Quint
en 1548, servit en Flandre, en Piémont, à Metz. Il com-
mandait l'armée impériale qui prit Hesdin en juil. 1553.
C'est à ce moment qu'il devint duc de Savoie par la mort
de son père. Il continua de commander les armées espa-
gnoles et impériales et c'est lui qui gagna la bataille de
Saint-Quentin le 10 août 1357, après laquelle il voulait
marcher sur Paris. Il dut ensuite se replier sur Maubeuge.
Le traité de Cateau-Cambrésis lui rendit son duché et il vint
à Paris épouser Marguerite, sœur de Henri II (9 juil. 1559).
Au sujet de son rôle historique, V. Savoie (Histoire).
Ce fut un des fondateurs de la maison de Savoie.
EMMAUS, aujourd'hui Atnotias, près de Latroun, sur
la route de Jaffa à Jérusalem. Cette localité joue un rôle
dans les guerres des Machabées, reçoit le nom de Nico-
polis et plus tard celui de Castellum Emmaus : elle com-
mande la principale voie qui met Jérusalem en communi-
cation avec la mer. On a proposé d'y voir l'Emmaùs
mentionné par saint Luc dans les scènes de la résurrec-
tion (xxiv, 13 et suiv.), et, malgré la difficulté qui provient
de la distance alléguée en cet endroit, cette opinion est
encore la plus probable. M. Vkbjies.
EMMAUS (Monastère d"). Monastère de Prague. Il a
joué un rôle considérable dans l'histoire religieuse de la
Bohème. Il fut fondé en 1346 par l'empereur Charles IV;
il y établit des moines bénédictins qui pratiquaient la
liturgie slave. Les moines furent dispersés pendant les
guerres hussites, puis le monastère passa aux mains de
941 -
EMMAOS — EMMFin
moines utraquistes. Il eadata encore aujourd'hui et appar-
tient à l'ordre des bénédictins. L. L.
EMME \[.'\. IVux rivières portent ce nom en Suisse : la
madt Kiuine prend sa BOUTCe dans la chaîne de montagnes
qui borda la me droite du la.- de Brient, traverse l'ùnpor-
tante vallée AeYEinmtiithal(\.C8 mot), d'où elle débouche
a lierthoud et ta se jeter dans l'Aare .m-dessous de la ville
de Ndeure: l'iltis, torrent impétueux, est son principal
atlluent. Li petite Kinine vient du eant. d'I nlerwalden,
• le eant. de l.ueerne jusqu'à l.ueerne ou elle se
jette dans la Keuss. Toutes deux charrient de l or et sont
sujettes l des débordements qui causent presque tous les
an> îles ravagée importants. Lendigoement des data Emme,
surtout celui île la mande Emme, e>t en voie d'exécution.
EMMÉNAGEMENT (Mar.). forme d'architecture navale
iniliquant les dispositions intérieures des logements, des
aménagements d'un bâtiment. Se dit toujours au pluriel,
F.x. : Ce paquebot a des emménagements superbes. Il tant
ajouter que. depuis quelques années, les ingénieurs ont l'ait
de grands progrès dans cel ordre d'idées, et nos transports
i'. tvpe Annamite, Shamrock, etc., nos paquebots
indes lignes transatlantiques ou Messageries mari-
times, n'ont rien à envier comme emménagements et sont
mcnie supérieurs aux bâtiments similaires des marines étran-
gères. Il y a eu de ce chef, dans les vingt dernières années,
msidérable accompli, et l'on jouit notamment
à bord des paquebots d'un véritable confort.
EMMÉNAGOGUE (Therap.). Les enunénagogues sont
des nkataneee médicamenteuses qui ont pour effet de con-
gestionner l'utérus et d'y provoquer le tlux menstruel. Ils
sont employés dans les cas ou les règles sont supprimées,
tardives, laborieuses ou peu abondantes. Les plus usités
sont l'absinthe, l'apiol, l'armoise, l'ergot de seigle, la rue,
la Sabine et le safran. Ces médicaments ont habituellement
besoin d'être secondes dans leur action par les toniques et
îtantS loCaUX (V. AVENOHRHÉEetAvoRTEMLNT). DrA.
EMMENDINGEN. Ville d'Allemagne, grand-duché de
Bade, cercle de Fribourg, sur l'Ely, au pied de la Foret-
Noire; 2,6(10 hab. Il y fut tenu, en 1590, un colloque
entre catholiques et luthériens. Les Autrichiens y battirent
les Français les 19 et 20 oet. 1796.
EMMENTHAL. Vallée de Suisse, eant. de lierne. Elle
s'étend du versant N. du Hohgant jusqu'à la ville de Ber-
Ihoud, qui en est aussi le débouché commercial. Remar-
quable au pointde vue géologique par la quantitédedécombres
de toutes: eapèees qui y sont accumules. Les deux versants
sont couverts de forêts et de pâturages, Grand commerce de
bois et importante fabrication de toiles. L'Emmenthal, re-
nomme pour son fromage de gruyère, est le centre principal
de la production du fromage en Suisse ; l'exportation y est
considérable. C'est dans l'Emmenthal que l'on voit les plus
beaux chalets du eant. de Berne.
EMMÉRAN (Saint), mieux EMMERAM ou HAIMAREM,
n 71') (22 sept.). Voici ce qui parait historique
dans la légende racontée par Anbon de Kreysing (dans
Ici. saml. BolL, sept. VI, pp. 454 et suiv., et dans
PerU, Monum. germ. hist., Script., t. VI) au vm" siècle,
le seul document que l'on ait sur Emméran : Il n'existe
aucune trace d'un évéque de Poitiers de ce nom ; comme
Corbinit'ti (V. ce nom) et Hupert, Emméran doit avoir
été envoyé en Bavière par un roi franc pour rattacher, au
profit de la politique frantfue, le christianisme récent des
Bavarois a l'église franque. Après la mort de Pépin (711),
Emméran dut battre en retraite; peut-être pensa-t-il se
couvrir de l'autorité de Borne. 11 fut assassiné avant
d'avoir passé les Alpes, sous l'inculpation d'avoir séduit
la tille du duc Théodore, dit Aril>on. On sait, en tout cas,
que Théodore se rendit à Rome en 7 16 pour affaires ecclé-
siastiques [Monum. germ. hist., Lege$, t. III, p. (51).
L'abbaye de Saint-Kmméran, près de Ratisbonne, ou Théo-
dore doit avoir fait ensevelir les restes du saint, devint
le centre de la réorganisation ecclésiastique opérée par
Boniface. F. -H. K.
HinL. : iJuiiv.mann, Die œlteste Geschichte der Baiern ;
Brunswick, 1^73, pp. 230 à 23!). — Rikz.lcr, Gesch. Bayerns ;
Gotha, 1878, t. 1.
EMMERICH. Ville d'Allemagne, roy. de Prusse, district
de Dusseldorf (Province Rhénane), à droite du Rhin;
S, 900 hab. Ancienne colonie romaine, saint Willibrord y
fonda un couvent. La ville prospéra à la tin du moyen âge,
grâce surtout a la Hanse; elle comptait, au xv° siècle,
',11,000 hab. Elle passa au Brandebourg avec le duché de
('.lèves, fut occupée par les Hollandais de 1614 à 1072, fit
partie du grand-duché de Berg en 1806. Son fameux
collège de jésuites, fondé en 1392, disparut en 1811.
Hiîii.. : Ubderich, Annulen der Stadt Emmerich; Em«
morich, IsiiT.
EMMERICH (Frédéric-Charles-Timothée) , théologien
strasbourgeois, ne à Strasbourg en 1 786, mort à Strasbourg
le 1er juin 1820. Il professa l'histoire de l'Eglise à la
faculté de théologie de Strasbourg. A la fois érudit, élo-
quent et d'une piété sympathique, il exerça une grande
influence sur ses élèves. Mort jeune, il ne publia que sa
thèse de doctorat, De Evangeliis secundum Hebriros,
.Egyptios otque Justinum Martyrem (1807) ; on a publié
après sa mort un volume de ses Sermons (1830). C. P.
EMMERICIA (Malac). Genre de Mollusques Gastéro-
podes, de l'ordre des Prosobranches-Pectinibranches, établi
en 1870 par Brusina pour une coquille de forme conique,
lisse, subperforée, à spire élevée et à sommet déprimé,
presque enfoncé. Ouverture ovale pirilbrme,un peu grande,
anguleuse supérieurement ; bord externe arqué ; bord co-
lumellaire épaissi ; péristome continu ; un opercule ovale,
paucispiré et à nucleus presque marginal. Type : Emme-
ricia patula Brumati. Les espèces de ce genre vivent dans
les eaux douces de l'Europe orientale. J. Mab.
EMMERIN. Com. du dép. du Nord, arr. de Lille, eant.
de Haubourdin; 1,595 hab.
EMMERY (Jean-Louis-Claude), comte de Grozyeulx,
homme politique français, né à Metz le 26 avr. 1742,
mort près de Metz le 13 juil. 1823. Avocat au Parlement de
Metz (1760), député du tiers aux Etats généraux en 1789,
il prit une part importante aux discussions de l'Assem-
blée nationale dont il fut élu président le 23 sept. 1790.
Il travailla notamment aux questions militaires, fut rap-
porteur du comité militaire et s'opposa le 4 janv. 1791 à
la destruction de l'hôtel des Invalides. Membre du parti
dit des réviseurs, qui tenta sans succès de relever la
popularité de Louis XVI avec l'aide de la liste civile, il fut
nommé, après la session, par le dép. de la Moselle, juge au
tribunal de cassation dont il fit partie jusqu'en mai 1797.
Il présida la section civile en 1793. Arrêté sous la Ter-
reur, il fut délivré par le 9 thermidor. Elu député de la
Seine au conseil des Cinq-Cents le 21 germinal an V, il
se rangea parmi les modérés et s'occupa de questions juri-
diques. Elu secrétaire le 1er thermidor an V, il appuya
le coup d'Etat du 18 brumaire et fut appelé le 4 nivôse
an Mil à la section judiciaire du conseil d'Etat. Il fut un
des rédacteurs du code civil. En août 1803, il passa au Sénat
conservateur, fut créé comte le 23 mai 1808, ce qui ne
l'empêcha pas de signer l'acte de déchéance de Napoléon Ier.
Nommé pair de France par la Bestauration (4 juin 1814),
il rentra au conseil d'Etat pendant les Cent-Jours, reprit
son siège à la Chambre des pairs en 1815 et vota pour
la mort du maréchal Ney. On a de lui : Faits concernant
la ville de Metz et le pays messin (Metz, 1788, in-8) ;
Hecueil des t'dits, déclarations, etc., enreg. au Parle-
ment de Metz (I 77 4-1788, 5 vol. in-4); Défense de la
Constitution par un ancien magistrat (1814, in-8).
Bibl. : Michel Bbbb, le Comte Emmenj ; Paris, 1823.
EMMERY (Jean-Marie-Joseph, chevalier), homme poli-
tique français, né à Dunkerque le 16 janv. 1754, mort à
Dunkerque le 11 févr. 1825. Négociant dans cette ville, il
fut élu député du Nord à l'Assemblée nationale législative
le 29 août 1791 et s'y occupa surtout de questions com-
merciales et notamment du canal des deux mers. Après
la session il fut élu maire de Dunkerque ; il se montra
CMMEHY — fiMORITES — 0'
partisan du bom d'Liut du iH lirumairc, et, après avoir lait
partie dti Conseil gênerai «lu Nord, tut désigne par le Sénat
comme député du Nord le 3 vendémiaire an XIV. Il lut
réélu en IK14.
EMMERY (Henri-Charles), ingénieur français,
Calais le I!) avr. 1789, mort à Paris lo 27 mal IMï.
H a été l'une des lumières du corps des ponts et
chaussées, ou sa popularité était des plus grandes. Un lui
doit le souterrain du canal Saint-Maur et l'écluse aux
abords, la gare de Giarcnton, le pont d'Ivi y et la route
qui y aboutit. Mais c'est surtout comme secrétaire de la
commission des Annales des jjonis cl chaussées et
comme ingénieur en chef du service municipal de Paris,
qu'Emmery a marqué. Dans ce dernier service, qu'il a
occupé de 1832 à 1839, il a dirigé l'exécuiion de 80 kil.
d'égouts et de 100 kil. de conduites d'eau, quantité cousi-
déiwds pour l'époque. Il a présidé au creusement du puits
de Grenelle et à l'établissement de grands réservoirs pour la
distribution des eaux. 11 l'ut nommé inspecteur divisionnaire
le 29 déc. 1 839. On trouvera dans les NoticcsAe Tarbé ( Ency-
clopédie des travaux publics) la liste des nom Teux arti-
cles publiés par Emmery dans les Annales des ponts et
chaussées; citons seulement son grand rapport de 1841
sur la police du roulage, fruit de longues et laborieuses
recherches. Un mémoire, publié séparément en 1837,
traite de V Amélioration du sort des ouvriers dans les
travaux publics; le sujet n'était pas alors de ceux dont
tout le monde parle et le mémoire d'Emmery témoigne des
bons sentiments qui accompagnaient chez ce savant émé-
riie sa haute valeur intellectuelle. — Emmery a laissé un
fils connu sous le nom d'Emmery de Sept-Fontaincs, qui
a suivi la même carrière et est mort, il y a quelques
années, inspecteur général en retraite ; il a coopéré aux
travaux de la Seine maritime, puis à ceux de la i>asse
Seine entre Paris et Rouen, et enfin est devenu inspecteur
de l'Ecole des ponts et chaussées. M.-C. L.
EMMET (Robert), politicien irlandais, né à Dublin en
1778, mort le 20 sept. 1803. Il fit de très fortes études à
Dublin, voyagea en Belgique, en France et en Espagne,
faisant une active propagande pour l'indépendance de l'Ir-
lande. Il entretint à ce sujet Napoléon 1er et Talleyrand,
qui lui promit son concours. De retour en Irlande en 1802,
il organisa un soulèvement qui éclata le 23 juil. 1803 :
lord Kilwarden fut assassiné. Emmet, arrêté le 2o août,
fut condamné à mort et pendu un mois après.
EMMINGER (E.), peintre et lithographe allemand du
xixe siècle, né à Riberach(Wurttemberg). lia travaillé aussi
souvent avec des collaborateurs que seul. Parmi ses meil-
leures œuvres, on cite une Vue sur le liothcnbcrg, près
de Stuttgart, avec Steinkopf; des Vues île la Sotiabe, de
Rome, etc. Parmi ses lithographies avec figures : la Mort
de Socrate, avec Wâchter ; le Christ et les Evangélistcs,
avec Weitbrecht.
EMMÉTRAGE (Techn.). On fait un emmétrago quand
on met en tas des matériaux, de manière à permettre d'en
mesurer la quantité ; ainsi, les pierres, moellons, briques,
provenant de démolitions sont triés, décrottés et arrangés
ou emmétrés. Si l'on prend comme base le prix de 0 fr. 40
pour l'heure d'un manœuvre, l'eminétrage d'un mètre
cube de moellon ou de meulière, demandant lh30, rou-
tera Ofr. 60. E. K.
EMMIUS (Ubho), historien hollandais, né à Gnetzijl le
o déc. 1347, mort à Groningue le 9 déc. 1(>23. lïls d'un
pasteur luthérien, il étudia la théologie à Rostock, voyagea
ensuite en France et en Allemagne, noua des relations
avec les savants les plus illustres de l'époque et s'arrêta
longtemps à Genève OU il devint l'élève et l'ami de Théo-
dore de Hèze. En 1579, il rentra dans son pays et fut mis
à la tète de l'école latine de Norden; mais son séjour à
Genève avait eu pour effet de le convertir aux doctrines
calvinistes et il refusa de souscrire à la confession d'Angs-
bourg : il fut destitué par les administrateurs de Norden
et passa a l'école de Eeer, puis à Groningue. Il devint rec-
teur de l'univiiMte di M atte iilledès son érection, eu 1014,
et porta l'institution nouvelle à un haut degré de praat
péri le. Son (i-iivre principale est une histoire de la Frite,
lierum Erisicarum historta, divisée en six É
donl uM ' ii"| premières ont paru ineker,
■98; Leyde, 1569-1604; Grmingos, 1607) «l
la sixième dan-, ledit, complète (Leyde, 1016, in-lol.). Il y
détruit impitoyablement les légendes et les fables dont les
anciens biatOMM avaient abusé, il déchaîna ainsi contre
lui le> rancunes de l'esprit local; on lui reprocha avec
amertume d'avoir rabaisse les gloires de la patrie; il se
défendit avec infiniment d'esprit et de SSMOéti Sm autres
ouvrages sont : De Ayro Irisiœ inter (Juiasun et bui-
inm fmmina iegme urbe Grotrimça in ayro todmm et
île Jure ulriusijue synlagma (Groningue, 1605, in-8 ;
rééd., Leyde, itilti,in-fol., Groningue, 16 Ki.in-8); Chro-
nologia rcrum romanarum cum série consulum (Grw-
ningue, 1019, in-fol.); Vêtus Grœcia illustrala (Leyde,
1696, 3 vol. in-8; inséré dans Gronovius, Thésaurus
anlii/uitatuin Grœcarum, t. IV); Htsluria nostri tem-
poris; cet ouvrage, publié seulement en 1732 a Groningue,
cent sept ans après la mort de l'auteur, fut condamné
à être brûlé par la main du boun«au. E. H.
Biul. : Swekrtius, Alhenw Belgicm; Anvers, 1628, in-fol.
— Paquot. Mém. pour servir à l'Huit, litl. des Paye-Daa;
Louvain, 1705-1770, 3 vol. in-fol. — Van Kami tn. Histoire
des lettres néerlandaises (en hollandais); La Haye, 1821-
U2t>, 3 vol. in-8.
ÉMOLLIENTS (Thérap.). Nom donné aux médicaments
qui ont la propriété d'amollir, de relâcher las Iismi> m*
flammés, d'en diminuer la sensibilité. Les uns agissent lo-
calement (cataplasmes, lavements èrnollients. gargarisme*
émoliients, etc.); les autres se prennent a l'intérieur: ce
sont les tisanes èmollientes (mucilagineuses et huileuses,
gommes, lin, mauve et guimauve, bouillon blanc, bour-
rache, violette, pariétaire, tussilage, réglisse, orge, riiien-
dent, riz, gruau, sucre, fécules, albumine, miel, lait,
glycérine, etc.). Les émoliients agissent par leur tempéra-
ture, comme enduit isolant, et par une action délavante due
à la pénétration endosmotique dans les tissus (cette action,
possible pour les muqueuses, ne l'est pas pour la peau). Ils
font à un certain degré partie de la médication antiphlo-
gistique. Dr L. Un.
EMOLUMENT (Bénéficed') (Y. Iîlmh, t.t. VI. p. 147).
ÉMONDAGE (Arboric). L'émondage consiste à couper
les branches latérales d'un arbre sauf celles du sommet
qui, avec la flèche, constituent un toupet plus ou moins
développé. Les branches doivent être coupées rez-tronc.
Après la coupe, les bourgeons situés autour des sections
s'allongent, et, lorsque les nouvelles branches ont acquis
des dimensions suffisantes, on les coupe à leur tour. L'opé-
ration va donc ainsi se répétant périodiquement, mais a des
intervalles [ibis ou moins rapprochés selon l'espèce, la
vigueur des arbres et le produit qu'on désire. Le feuillage
des branches d'émonde est donné au bétail, on bien ces
branches servent au chauffage ou à faire des èchalas. Dans
le premier cas, on les coupe tous les deux ou trois ans;
tous les quatre ou six ans dans les deux autres cas. C'est
d'ordinaire à la fin de l'hiver qu'on exécute l'émondage.
Mais, quand c'est le feuillage qu'on veut obtenir, il se fait
en septembre : les feuilles n'ont pas alors perdu leurs
réserves nutritives. L'émondage est donc un mode d'exploi-
tation appliqué aux arbres. Oeiit qu'on y soumet surtout
sont : les peupliers, l'aune, les saules, le frêne et aussi le
chêne, l'orme, le charme. L'émondage est généralement
poussé trop haut. Les arbres s'allongent, mais leur grossis-
sement est faible: ils restent grêles et sont plus facilement
rompus par le vent. Par suite d'ailleurs des coupes suc-
cessives, le tronc se déforme, se couvre de nodosités volu-
mineuses; il est de qualité inférieure et ne peut être utilisé
le plus souvent que comme bois de feu. G, Iîoyer.
ÉMONDEVILLE. l'.om. du dep. de la Manche, air. de
Valogma, tant, de Montebourg : 400 hab.
ÉMORITES (V. Abhhuwéhis).
- Ma -
ÉMOTION — EMPATTEMENT
EMOTION (Psvrhol.^. Le mot émotion vient du latin
molli), mouvement, r. qui vient de, et cette étymologfa
indique très exactement le sens de ee met. I.Yinolion est
en effet un mouvement |»ro\oi|iié par une excitation cxté-
M qui la distingue de l'inclination oui est un
mouvrinent ptuwprf par une tendance interne. Il suit de
la que l'émotion est toujours accidentelle et est précédée
d'une sensation qui l'excite. De cette sensation naît un
mouvement psvchique, une dissociation des états de cons-
cience présents, puis une réorganisation des états cons-
ul un Système dont la sensation excitante fournit
ntial directement par elle-même ou indirectement
- habitudes antérieures. Kn COnsèqtM&M de M mou-
vement psvcliiquo.il se produit ordinairement un mouvement
extérieur correspondant. Parfois l'excitation psychique
n'actionne que les nerfs vaso-moteurs, et elle se horne alors
à produire une acceleiation de la circulation et de la respi-
ration, la rouçeur de [a face: parfois, par un effet inverse,
la p.deur. îles conMrictions OBI lèvres, des dilatations de
la pupille; d'autres fois l'excitation psychique plus forte
acuonne 1.» cervelet et les nerfs moteurs, et il se produit
- des tremblements. Enfin, quand la réor-
ganisation psychique qui succède à l'émotion est complète
kppofte a un mouvement ou à un ensemble de mou-
vements, ces mouvements s'exécutent le plus souvent sans
qu'on les ait expressément voulus. Si nous prenons pour
exemple la peur qui résulte de la vue subite d'un objet
terriliant. nous royottS tfés aisément comment la sensation
visuelle imprévue désorganise nos états de conscience actuels:
!iis«i que la pâleur arrive aussitôt, le trem-
blement, un relâchement général de la peau et même du
sphincter, puis, peu à peu nous ressaisissons nos esprits,
tats de conscience se groupent, s'orga-
nisent: nous concevons les Doyens de fuir ou de résister
et alors nu nous résistons avec le courage du poltron
lié, ou nous fuyons avec les ailes que la peur nous
donne. G. Fonsegmve.
BtBL. : Pu lu an, les P/ienomênc.<; affectifs et les lois da
leur apparition; Paris. 1187, in-S. — ItOSBO, la l'eur,
trad. ir. , i . in-<<. — Bain les Sentiments et la
Volonté, trad. t'r. : Paris. 1885, in-S.
ÉMOUCHET (Ornith.). Nom vulgaire que l'on donne,
dans nos campagne-, à YEpervU'r, à la Crécerelle et par-
fois au CoiU
ÉMOUCHETTES (Archèol.). Forme ancienne du mot
m«'urhette>. que l'on appelait également au moyen âge :
csmmette (V. Mdlldettes).
ÉMOUCHOIR (V. I.smolchoih).
EMûULAGE (V. Coutkllkhie, t. Mil. p. k208).
ÉMOUTIERS (V. RyJMTIEM).
EMOUY (V. AMt).
EMPAILLAGE. L'empaillage des animaux est un art
dont les procèdes ont fait des progrès sensibles dans ces
dernières années. Il exige de l'ouvrier, pour être pratiqué
avec succès, non seulement la connaissance des procédés
matériels de conservation, mais encore le talent de repro-
duire, d'une façon exacte et naturelle, les poses et les
allures variées des divan animaux, l'ourles oiseaux, l'ou-
vrier commence d'abord par dépouiller et vider le rorps,
en ayant soin d'en saupoudrer aliondamment toutes les
parties de plâtre, de façon a éviter leur souillure par les
produits de cette opération. Il bourre ensuite l'intérieur
du squ' ■'■ du coton ou de l'étoupe. après avoir
alablement fait usage d'une pondre insecticide, variable
dans sa composition, mais presque toujours \ base d'arse-
nic et de camphre. Il place et maintient chacune des par-
- dans la position la [dus voisine potsfble de l'état de
nature au moyen de fils de fer, qui assurent en même
temp> la solidité d- l'assemblage. Pour les animaux de
ifide taille, on moule les parties tes plus caractéristiques
du corps et on établit ensuite au moyen de rire, de carton,
de plaire, de cadres en bois, un squelette creux artificiel
sur lequel l'ouvrier applique la peau préalablement tannée
a l'alun et amincie à l'intérieur. Cette partie de l'opéra-
lion est d'autant plus dillirile que le squelette est plus
grand : elle exigé de l'ouvrier un véritable travail de mo-
dela., pour éviter les creux et arriver à une tension uni-
forme de la peau. Les yeux sont formés au moyen de boules
d'email ; la bouche au moyen d'etoupes et de mastic
(V. Taxidermu). L. K.
EMPALEMENT (V. Pal).
EMPAN (Métrol.). fraction de la coudée égyptienne
valant 0*583. Ce mot est quelquefois employé pour de-
signer la distance de l'extrémité du pouce à celle du petit
doigt quand la main est bien ouverte. C'est aussi quelque-
fois la distance mesurée par les deux bras étendus.
EMPAN NON (Constr.). Nom que l'on donne, dans un
comble avec croupe, aux chevrons des faces triangulaires
de la croupe et des longs pans qui diminuent de longueur
à mesure qu'ils se rapprochent des angles de l'édifice. Ces
pièces de bois qui posent sur la sablière, comme les autres
chevrons, sont assemblées, à leur extrémité supérieure,
dans les chevrons arêtiers. L. K
EMPÂTAGE (Industr.) (V. Bière, t. VI, p. 778).
EMPÂTEMENT. I. Peinture. — Manière de poser la
couleur sur la toile par touches épaisses, grasses, pour
obtenir un coloris puissant et vigoureux. La touche qui ne
contient qu'une minime proportion d'huile, et dans laquelle
la matière colorante a l'épaisseur et la consistance d'une
pâte est moins sujette à noircir, à se ternir, à se décolorer
qu'un léger frottis à peine teinte. La peinture dite enplcine
pâte présente une surface solide, homogène, comme celle
de l'émail. Avec l'empâtement, la touche d'un tableau prend
une très grande importance; son épaisseur la rendant très
visible, il est important qu'elle concoure à l'effet général
voulu par le peintre. Les rochers et les terrains, empâtés
d'une façon rugueuse, dure et massive, où le couteau à
palette vient partois s'employer comme une truelle de maçon,
doivent contraster par leur facture avec la pâte souple,
coulante et unie des ciels. Les eaux, transparentes et pro-
fondes, sont d'un travail encore plus délicat que celui du ciel,
tandis que les touches multipliées du feuillage des arbres,
d'une pâte variée d'épaisseur, doivent aider, par leurs mille
petits reliefs, à l'effet des ombres et des lumières. L'habi-
leté de l'empâtement rend les plus grands services au paysa-
giste et arrive parfois à des effets surprenants de puissance.
Ponrla peinture de figures, l'empâtement doit être beaucoup
plus égal; ses hardiesses, ses irrégularités se concilieraient
mal avec les exigences d'un dessin sévère. C'est surtout à
ce dernier genre de peinture, plus encore qu'aux autres,
qu'on peut appliquer ce précepte : les lumières doivent être
peintes par empâtements, et les ombres par demi-pâtes ou
par frottis. Ad. T.
II. Arboriculture. — C'est la base d'insertion des ra-
meaux et des branches sur la tige. L'empâtement pré-
sente des bourgeons très petits, à l'état latent, dont on a
souvent intérêt à provoquer le développement. Par exemple,
lorsque le rameau est un gourmand ou lorsqu'il reste
improductif, on le rabat sur son empâtement. Les bour-
geons de l'empâtement s'allongent alors et peuvent être mis
à fruit. <;. B.
EMPATTEMENT ou EMPATEMENT (Constr.). Plus
grande épaisseur et par suite saillie donnée à la base d'une
partie de construction. L'empattement d'un mur est la plus
grande largeur que ce mur a en fondation et qui forme
ain>i, de chaque coté du mur en élévation, une saillie géné-
ralement de 0m0') a 0m07S. Lorsqu'il s'agit de construc-
tions peu importantes, de cloisons de brique dans la hau-
teur d'un rez-de-chaussée par exemple, l'empattement, sur
leur nu, du parpaing en pierre qui leur sert de base, n'est
guère que de 0m01 a 0"'()-2. On appelle aussi empattement
la surface des murs en fondation d'un édifice, surface sur
laquelle on trace le plan des parties en élévation. Enfin,
en serrurerie, on donne le nom d'empattement à tout élar-
gissement d'une pièce de quincaillerie, barre, gond, ver-
rou , etc. , permettant de fixer cette pièce aveu des nouions ou
EMPATTEMENT — EMPEDOOI.E
- y h -
des vis. Souvent l'empattement, ou plus grande épaisseur,
à la base de certaines parlies de constructions en pierre,
en bois ou en métal, a fourni une donnée rationnelle per-
mcltant d'ornementer le raccord de l'empattement a la
partie principale par des moulures (tu des motifs décoratifs
(V. AMORTISSEMENT). Charlrs LoCAS.
EMPATURE (Mai.). Espace qui sépare le pied d'un mat
du point d'attache sur le pont des grosses eordee appelées
haubans qui, fixées à la tête du mat, servent à le tenir
dans le sens transversal. — Terme employé aussi pour dési-
gner certaines parties de la charpente intérieure du bâtiment
nommée vaiyrage, d'où vaigres d'empatupe.Il ne s'agit ici,
bien entendu, que de bâtiments en bois. Les vaigres d em pâ-
ture recouvrent intérieurement l'endroit ou la courbe qui
forme le contour du couple se relève, ou la muraille devient
plus verticale . C'est une des parties qui fat iguent le plus ; aussi
donne-t-on à ces vaigres une épaisseur plus grande qu'aux
autres. — Dans les constructions en fer, l'intérieur du bâti-
ment est consolidé, au lieu de vaigrage, par des courbes, des
ceintures composées de cornières adossées, renforcées au
besoin par des tôles à boudin.
EMPAUMURE (Vénerie) (V. Cerf, t. \, p. 45).
EMPEAUX. Com. du dép. de la Haute-Garonne, arr.
de Muret, cant. de Saint-Lys; I8(> hab.
EMPÊCHEMENT de Mariage (V. Mariage).
EMPECINADO (Juan-Martin Diaz, dit 1) (V. Diaz).
EMPÉDOCLE, philosophe grec, né à Agrigente, à une
époque qu'il nous est impossible de fixer avec précision,
probablement un peu avant l'an 484 av. J.-C. 11 appar-
tenait à une famille riche et puissante. Son père, Méton,
était le chef du parti démocratique, et Empédocle parait lui
avoir succédé dans ce rôle. Il est assez peu vraisemblable
qu'on lui ait, comme le raconte un historien ancien,
offert le trône et qu'il l'ait refusé. Pour des raisons que
nous ne connaissons pas, Empédocle tomba en disgrâce et
dut s'expatrier : il se réfugia dans le Péloponèse ; c'est
là qu'il mourut, vers 4*24 av. J.-C. Bien des légendes se
sont formées au sujet de sa mort : on a raconté qu'il s'était
pendu et qu'il avait disparu à la suite d'un sacrifice et
qu'il s'était précipité dans l'Etna. Nous ne savons rien de
précis sur ce point. Ce qui est certain, c'est qu'Empédocle
fut un homme remarquable, doué d'une grande activité,
d'une puissante intelligence. Il fut un orateur habile,
peut-être le maître de Gorgias, et Aristote le signale comme
ayant donné à la rhétorique la première impulsion. Il parait
s'être donné, à l'exemple de Pythagore, le rôle d'un médecin,
d'un prêtre et d'un prophète. Dans un des fragments qui
nous ont été conservés, il se vante d'être honoré à l'égal d'un
dieu ; quand il entre dans une ville, le front ceint de bande-
lettes et de fleurs, le peuple se presse autour de lui, lui de-
mandant des prédictions ou la guérison de quelque maladie.
On lui attribuait divers prodiges, comme d'avoir interdit à
des vents nuisibles l'accès d'Agrigente ou de provoquer la
pluie et la sécheresse ou de ressusciter des morts. Lui-même,
ainsi que l'attestent quelques-uns de ses vers, se croyait
doué d'un pouvoir magique. Aucun des ouvrages qu'il avait
composés (<bv<5iY.&,Ka8txp[j.o{) ne nous est parvenu en entier:
les fragments que nous en avons ont été réunis par Sturz,
Karsten et Mullach.
On a pu dire, non sans raison, que la doctrine philoso-
phique d'Empédocle est un éclectisme. Il est certain en
effet qu'il s'inspira de Parménide, de Pythagore et surtout
d'Heraclite. Cependant, il ne se borna pas à faire des em-
prunts à ses devanciers; du moins il y ajouta une idée
nouvelle et il attacha son nom à une théorie qui, jusqu'à la
création de la chimie moderne, a été adoptée par presque tous
les philosophes et les médecins : celle des quatre éléments.
Parménide avait établi que l'être ne peut, à proprement
parler, ni commencer ni finir, et la démonstration reste
acquise aux yeux d'Empédocle; mais Parménide en con-
cluait qu'il n'y a ni changement, ni devenir dans le monde :
Empédocle se refuse à le suivre jusque-là. Pour concilier
la réalité des phénomènes avec la permanence immuable de
l'être, il admet l'existence deqoatn éléments : terre, eau,
air, feu, indestructibles al éternels. Las maskmm
fiables de ces éléments forment tous les êtres de l'univers :
et ainsi on peut dire avec l'annénide que rien m
menée ni ne finit, puisque les «déments sont toujours les
mêmes ; et, avec Heraclite, que tout change sans cesse,
puisque Isa nmmoaèa formés par les éléments ne restent
pas un instant identiques a eux-mêmes. I 'est, au fond, la
même idée que Démocrite devait développer plus tard et
c'est pourquoi Lucrèce parie d'Empédocle avec admiration.
La différence est que, pour Démocrite, les atomes sont tous
de même nature, ne diffèrent que par la grandeur et la
forme, c.-à-d. quantitativement, au lieu que. pour Empédocle,
les éléments ont déjà des qualités radicalement distinctes.
Là ne s'arrête pas l'originalité d'Empédocle. Les élé-
ments étant conçus comme des substance^ immuable, il
faut chercher en dehors d'eux la cause de leurs mou-
vements et de leurs combinaisons. Tandis que Démocrite
trouvera cette cause dans le tourbillon éternel qui emporta
toutes choses, et Anaxagore dans l'intelligence qui gouverne
le monde, Empédocle croit l'apercevoir dans deux princi|>e»
opposés, l'Amitié et la Discorde, qui agissent tour a tour,
l'un pour unir, l'autre pour séparer les éléments. Il n'est
pas sur que ces principes soient à ses yeux des forces mo-
trices abstraites : il parait plutôt les avoir considérés
comme des substances corporelles, des éléments étendus,
analogues et égaux aux autres éléments. Ce sont des mi-
lieux doués de propriétés spéciales, au sein desquels sont
plongées les molécules matérielles.
A l'origine, tous les éléments, unis par l'Amour, for-
maient une masse homogène appelée le s/jlicrus. La Dis-
corde y pénètre et sépare les éléments les uns des autres :
le philosophe parait n'avoir pas insisté beaucoup sur cette
partie de son système. Puis, après cette période de disso-
lution, l'Amour pénètre de nouveau dans le monde et re-
prend à la Discorde les éléments dissocies. Il se produit
d'abord en un point (soit par l'action de l'Amour, soit à
la suite d'une rupture d'équilibre entre le feu et l'air, si
bien que le commencement du monde serait le résultat
final des mouvements désordonnés imprimés au tout par la
Discorde) un mouvement tourbillonnant en vertu duquel
une partie des substances sont mélangées : la Discorde se
trouve repoussée au dehors. Le tourbillon, d'abord très
lent, s'étend sans cesse davantage ; les substances séparées
sont attirées par le mélange primitif ; la Discorde est de
plus en plus chassée vers l'extérieur. Ainsi se forme le
monde, qui doit périr de nouveau lorsque, après l'unifi-
cation complète, il sera revenu à l'état primitif du spiwrus.
Du tourbillon primitif s'est dégagé d'abord l'air, puis
le feu, qui a repoussé l'air sous la terre, et occupé la
moitié de la sphère. La sphère réleste, mise en mouvement
par la pression du feu, se compose ainsi de deux hémi-
sphères, l'un lumineux, l'autre obscur : il fait jour quand
la moitié ignée est en haut, nuit quand elle est en bas.
Le soleil est comme un corps vitreux, à peu près au>si
gros que la terre, réunissant, comme dans un miroir ardent,
les rayons de feu répandus dans l'hémisphère igné. La
lune, provenant d'une matière cristalline faite d'air durci,
a la forme d'un disque. Enfin les plantes et les animaux
sortent d'abord isolément de la terre. Le mouvement les
rapproche ; mais, comme le hasard seul préside à cette
opération, il se forme d'abord une multitude de créatures
monstrueuses qui ne vivent pas parce qu'elles ne sont pas
viables. Après un grand nombre de tâtonnements appa-
raissent enfin des êtres harmoniques, appropriés au milieu
dans lequel ils doivent vivre : c'est, au fond, l'idée à
laquelle le darwinisme devait donner, de nos jours, un si
grand développement. Empédocle parait avoir étudie atten-
tivement tous les problèmes de la vie organique, depuis la
génération jusqu'à la sensation. Il expliquait cette dernière
par le principe que le semblable seul agit sur le semblable.
Nous connaissons l'air extérieur par l'air qui est en nous.
et le feu par le feu. La faculté de penser est formée par
— •>;:; —
EMPEDOCLE — KMPIIASE
lo mélange droit qui si' fait surtout dans le MBUr, niais
aiiN>i dans toutes les parties du corps, entre les quatre élé-
ments dont nous sommes composés. Tins le mélange est
intime, plus le sons et l'esprit sont pénétrants. Sans bien
s'expliquer sur ce point, le philosophe nul nue différence
entro la connaissance sensible el la connaissance intellec-
tuelle. Connu.' Parménide, il so défie de la première, lui
refuse tout,- créance el veul connaître la vérité à l'aide dr
la seule intelligence.
î trouvons encore chea Empédocle dos théories reli-
nkiUMo. très essentielles à ses yeux, mais qui n'ont aucun
rapport assignable avec son système. Telle est ta doctrine
de la transmission dos âmes, empruntée sans doute a l'y-
. Dans dos \ers '|ue nous axons eonservos, l'.inpo-
- souvenir de son existence passée dans le
oiol : il a été précipité sur la terre ; niais il sait que los
hommes pieux doivent retourner vers los dieux. Dans leurs
transmigrations, los douions réprouvés entrent, suivant le
le leurs fautes, dans des corps d'animaux ou même
gétaux. V cette théorie so rattache la défense de
la chair des animaux et de los tuer; ces deux
tl aussi criminels aux yeux d'Empédocle que de
tuer les hommes et de se nourrir de leur chair. Enfin le
philosophe parle de la divinité tantôt d'une manière popu-
laire, tantôt en dos termes qui rappellent le langage de
\enophano : il obéit visiblement à la préoccupation de
combattre les idées fausses et d'épurer la religion popu-
laire. Victor Brociiaru.
Hun : Sur/.. Emptdodes Agrigentintua ; Leipzig. ivi>".
— Kabstkm, l-'.mp. Agrig. Carm. ; Amsterdam, 1838. —
. Emped. Agrig. F agm. : Bonn, 1848. — Bbrgk, De
l'roism Emperf.; Berlin, 1839.— Mullach, De Emped.
vrosem : Berlin, 1850. — Qwestion. Emped. spec. secund. ;
Berlin, 1SÔ2. — P. Tannbby, Pour illist. de l.i science
hrtlè
EMPÉDOCLES (Paléont.). Cope a désigné sous ce nom
un reptile du terrain pennies du Texas, qui a de petits
intercentraux ; l'hyposphène est bien développé, ainsi que
le hypantrum ; la zygapophyse est élevée ; l'expansion de
la diapophvse et de la zygapophyse postérieure donne à
la partie postérieure de la vertèbre un aspect particulier ;
l'épine nouralo est très robuste. K. Sauvage.
Bbi American Philos. Soriety, 1876.
EMPEIGNE (Cordon.). Cuir ou étoffe qui forme le des-
a chaussure depuis le cou-de-pied jusqu'à la pointe
i\ . CoiMmiEKIE).
EMPENNELAGE (Mar.). Lorsque l'on craint qu'une
ancre ne tienne pas assez solidement au fond, on augmente
sa tenue avant de la mouiller en l'empennelant, opération qui
a attacher à la jointure dos pattes et de la va
la première ancre une forte corde qui, par son autre extré-
mité. eM passée dans la boucle d'une ancre un peu plus
faible. Il en résulte que, pour que la première ancre une fois
au fond puisse tramer, ou chasser suivant l'expression
consacrée, il faut qu'elle commence par déplacer la seconde;
d'où augmentation én>.rine de résistance de tout le système.
D'autant que l'effort s'oxerçant horizontalement, il faut une
traction considérable pour faire mouvoir la deuxième ancre.
Quand on mouille dans ces conditions, le navire -arde de
la vitesse, busse tomber d'abord la plus petite ancre,
bi n -m amarre, puis mouille enfin la grosse, sous
laquelle il file la quantité de chaîne voulue, ordinairement
trou fois le hauteur du fond donnée par la sonde.
EMPENOIR (Menais.). Ciseau recourbé par ses deux
extrémités qui sont tranchantes, mais en sens inverse et
qui sert aux menuisiers pour faire les entailles destinées
n les serrures
EMPEREUR. I. Il^roinr. romaine. — Le titre d'em-
imperator, remonte aux temps les plus anciens
de l'Etat romain. On désignait de ce nom celui qui com-
mandait en chef une armée romaine, qui avait sur elle
Vimprrium, c.-à-d. l'autorité suprême. Ce n'était d'ailleurs
qu'un titre honorifique, et qui n'avait pas sa place dan-, la
langue officielle, ('.tait surtout, semble-t-il, une expres-
sion b'ttéraira, ou peut-être aussi une appellation d'un
tRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
caractère religieux et archaïque. Plus tard, au temps de la
deuxième guerre punique, on prit l'habitude de conférer ce
litre au gênerai on chef, après sa première grande victoire. Le
Sénat le lui décernait comme un titre d'honneur; souvent
même, les soldais proclamaient de leur propre initiative
leur chef victorieux imperntor &\w\e champ de bataille. Le
premier général romain qui fut ainsi appelé parait avoir été
le premier Scinion Africain. Le général ainsi honoré por-
tait ce titre dans les cérémonies publiques el le faisait
graver sur les inscriptions. Il pouvait le recevoir plusieurs
fois, s'il remportait plusieurs victoires. Il s'appelait ainsi
imper otor, ou imperator II, « empereur pour la seconde
lois ». Cet usage persista et devint un «les fondements du
régime impérial. Jules César porta le titre d' 'imperator
d'une manière continue, sans qu'il soit possible de dire s'il
le considéra comme un simple titre d'honneur ou comme la
formule d'un pouvoir suprême. Toutefois, il est à remar-
quer qu'il le mit d'ordinaire immédiatement après sesnoms
propres et qu'il le rendit inséparable de ses qualifications
officielles. Octave prit le titre fi1 imperotor dès l'année 40.
Il en modifia seulement l'usage. Il le mit toujours en tète
de tous ses noms, comme si imperntor était une sorte de
prénom, s'appelant ainsi : Imperator Cœsar Divi Julii
filins. Dès lors on s'habitua à considérer le titre tVimpe-
rator comme une espèce de prénom héréditaire et perma-
nent des chefs de l'Klat, et on disait couramment prœno-
men imperatoris. Il persista comme tel autant que le
régime monarchique lui-même. Dans l'empire oriental, on
traduisit imperator par aùroxpotTajp. A côté de cela, l'an-
cien usage de décerner le titre (Vimprralor après chaque
«victoire subsista. Il subsista d'abord pour les simples
généraux, d'ailleurs pour peu de temps, et, à partir de
l'an "H de notre ère, il n'y eut plus d'autre salutation im-
périale que celle de l'empereur. Il subsista surtout pour
l'empereur. Indépendamment de son pranomen d'empe-
reur, il prit encore ce titre A'imperator dans le courant de
ses appellations officielles ; il le prit après sa première vic-
toire, et il le fit suivre d'autant de chiffres qu'il avait rem-
porté de triomphes, lui et lesgénérauxqui combattaient sous
ses auspices. On disait par exemple Imperator Cirsar
Trajanus imperator III, après la troisième victoire rem-
portée par Trajan. Bien que ni l'un ni l'autre de ces deux
titres a'imperator ne comportât véritablement l'exercice
d'une autorité supérieure, et qu'ils fussent essentiellement
honorifiques, on s'habitua cependant à appeler le chef de
l'Etat du nom A' imperator. Tout d'abord il n'y eut que
les soldats qui le nommèrent ainsi. Les écrivains du
i'r siècle ne l'appellent imperator que lorsqu'il s'agit
d'affaires militaires. Tibère affectait de dire qu'il n'était
{'imperator que pour les soldats, et qu'il était seulement
leprinceps, le premier des citoyens; mais, à partir du
iic siècle, tout le monde appela couramment imperator
le chef de l'Etat; et c'est de là qu'est venu chez les anciens
et chez nous l'usage du titre d'empereur et de régime im-
périal pour désigner une monarchie absolue fondée sur la
puissance militaire. Le titre disparut en Occident en l'an
476. Charlemagne le fit reparaître en 800, en se faisant
proclamer à Home Imperator Augustus. C. Jui.lian.
11. Histoire moderne (V. Empire).
Biiil. : V. surtout les exposés lumineux de Mommsen
<l;ins son Droit public.
EMPEREUR, graveur français (Y. Le.mpereur).
EMPHASE (Khét.). Ce mot, qui vient du grec ë|Kpaais,
démonstration, signification, désigne la propriété de cer-
tains termes de faire comprendre plus qu'ils n'expriment
directement. Ainsi, lorsque Virgile dit du Cyclope : jacuit
per antrum immensum, il donne indirectement la mesure
du géant lui-même. Même dans certains cas l'écrivain sug-
gère ainsi une idée qui n'est aucunement exprimée. Par
exemple Cicéron, dans le Pro Ligario, dit à César : « Si
dans une si grande fortune tu ne montrais une si grande
bonté par toi-même, oui par toi-même, je sais ce que je
veux (lire. » Sans prononcer le mot, il donne à entendre
00
I.MNIASK - RMPHYSI Ml
946
que l'on accuserait César de erututé. QuintilieB fail reflnr-
que? que l'emphase sut dans la nature et se trouve dans l<-s
locutions lea j > I u s familières : c 11 faut être hontm$.
Celui-là est un homme. Il tant vivre. » Dans m au la pro-
nonciation rlouno ai mot toute sa valeur; ell<' est empha-
tique. Ce même auteur pkee l'emphase parmi les figures
île pensée; il y a emphase, dil-il, lorsque d'une phrase on
tire un sens caché ; par exemple, lorsque Didon s'écrie :
Non liCUit thalami experteiD sine crimine vitairi
Degere more feras.
Quoiqu'elle se plaigne du mariage, elle donne a entendre
sa pensée secrète, que la vie sans lui n'a plus rien d'hu-
main. Dans un sens un peu différent, l'emphase désigne
l'exagération prétentieuse du langage; le style est empha-
tique comme la voix lorsqu'ils soulignent à l'excès; le mot
emphase devient alors synonyme d'enflure. A. W.
EMPHYSÈME. I. MÉDECINS. — L'emphysème pulmonaire,
alvéolaire ou vésiculaire est une affection particulière du
poumon qui consiste dans ladilatationonormaledes alvéoles
de cet organe. Celle-ci est habituellement le résultat d'une
distension forcée du tissu pulmonaire. On l'observe chez les
vieux tousseurs, ainsi que chez les malades atteints de
coqueluche, de bronchite chronique ou de bronchite capil-
laire. Cet emphysème est dit pathologique par opposition
avec l'emphysème accidentel qui se rencontre chez les
individus adonnés à des professions pénibles. Le mécanisme
de l'effort explique ici la production de l'emphysème. Pour
que cet acte puisse se produire, il faut en effet que les
muscles qui doivent entrer en jeu trouvent un solide point
d'appui sur le thorax ; or, pour cela, il est nécessaire que
le poumon se dilate largement et que les lèvres de la glotte
rapprochées empêchent la sortie de l'air introduit. Il existe
donc à ce moment une tension excessive des alvéoles, et l'on
s'explique que celles-ci finissent pas se dilater à la longue,
pour peu que la résistance du tissu pulmonaire ne soit pas
normale. La dyspnée ou gêne de la respiration, le change-
ment de forme de la poitrine, les modifications dans les
phénomènes de percussion ou d'auscultation, les troubles
consécutifs du système circulatoire sont les principaux
symptômes de l'emphysème pulmonaire. La gêne de la
respiration est l'un des signes les plus évidents de l'emphy-
sème ; elle s'explique par le rétrécissement du champ res-
piratoire qui résulte de l'atrophie du tissu pulmonaire, de
l'oblitération d'une partie des capillaires et de la perte
d'élasticité de l'organe. Cette dyspnée est presque caractéris-
tique de l'emphysème ; on voit le malade respirant plus
vite, avec peine, d'une façon superficielle et dans une atti-
tude très particulière, nécessitée par le fonctionnement
actif des muscles auxiliaires du thorax. La déformation de
la poitrine, à la période d'état de l'emphysème est, après
la dyspnée, le symptôme le plus caractéristique delà maladie.
Dans les cas intenses, la poitrine se trouve soulevée par en
haut, élargie par en bas, en même temps que les espaces
intercostaux se trouvent agrandis et quelque peu bombés.
Dans les formes moins marquées, la déformation est limitée
au siège du mal, et, comme c'est habituellement par la
partie supérieure du poumon que commence l'emphysème,
c'est à ce niveau que se montrent les signes dus à l'ertasie
pulmonaire, signes qui se manifestent ici par l'effacement
de la saillie de la clavicule ainsi que par la disparition con-
nexe des creux sus et sous-claviculaires. Si l'on percute la
poitrine, on trouve une exagération de la sonorité au niveau
des parties du poumon qui sont modérément distendnes par
l'emphysème ; le son est au contraire étouffé et presque
mort lorsque la distension des alvéoles est très marquée.
Dans les deux cas, mais particulièrement dans le dernier, la
zone de sonorité se trouve en outre augmentée par suite de
l'abaissement du diaphragme. Les bruits perçus à l'auscul-
tation varient suivant que l'emphysème se trouve OU non
compliqué de bronchite chronique. Dans le dernier cas, qui
est l'exception, l'inspiration est brève et presque sifflante,
l'expiration rude et prolongée. Le murmure vésiculaire est
affaibli ou même absent. Les vibrations de la voix sepro-
Bnflfl moins bien a la cage thoraaqae qu'a l'étal
normal. L'emphysème est-d accompagné de bronchite chro-
nique I on perçoit également les bruits précédents, mais
associés t des sibilsnoes, des ronfleaesBi et des raies <iu-
a l'élément inflammatoire (V. lii.o.M.Hiii ). (.es symptômes
ont pour cortège habituel la toux et l'expeetoratioa. Les
troubles circulatoires qui complètent la gymptoma
de l'emphysème alvéolaire sont la conséquence de l'atrophie
du tissu pulmonaire et de la destruction d'une partie de
SOS capillaires. La partie droite du cn-ur éprouvant une plus
grande difficulté pour faire pénétrer le sang veineux dans
ie poumon, il se produit peu a peu une dilatation de cet
organe, puis une uMKBwjBBS des valvules. Le eœœ
bien un certain temps par suite d'une hypertrophie <om-
pensatrice, mais comme cette compensation arrive souvent
à être insuffisante avec les progrès de la maladie, l'em-
physémateux finit assez souvent par succomber avec tous
les signes des affections organiques du ceeur a leur période
terminale. L'emphysème est loin cependant d'aboutir d'une
façon régulière à une terminaison aussi funeste. Les karma
légères, qui sont fréquentes, n'ont presque pas de reten-
tissement sur l'ensemble de l'économie ; c'est à peine si le
sujet est essoufflé après la marche ou nn effort un peu pro-
longé. L'emphysème compliqué de la bronchite est plus sé-
rieux, mais il peut durer de longues années sans gêner le
sujet qui en est atteint outre mesure. La mort, lorsqu'elle
survient du fait de la maladie, résulte soit de la brusque
rupture des alvéoles et de la formation d'un emphvsème
interlobulaire ou sous-pleural (V. plus bas), soit des com-
plications cardiaques, soit encore de l'asphyxie lente qui est
la conséquence du catarrhe chronique. — Le dingnoitic
de l'emphysème est assez facile ; il n'est guère nécessaire
d'y insister; il n'y a que dans les formes légères que la
maladie pourrait être méconnue, mais, 'comme ces cas-la
sont sans gravité, cela n'a pas grande importance. L'em-
physème compliqué de bronchite doit être traité de la
même façon que les bronchites (V. ce mot): on doit cepen-
dant insister plus particulièrement sur les calmants, h-s
quintes de toux favorisant le développement de l'emphy-
sème. Contre la lésion elle-même, on a préconisé la strych-
nine et les arsenicaux, mais leur action est sujette à
contestation. Les bains d'air comprimé ou les inhalations
d'oxygène ont une action d'autant plus réelle qu'ils sup-
pléent à l'insuffisance de la surface respiratoire et relèvent
l'ensemble de l'économie. On a conseille dernièrement d'ap-
pliquer sur le haut de la poitrine du malade un bandage
double destiné à faciliter l'expiration. 11 n'est pas prouvé
que cet appareil ait une influence bien marquée sur la
marche de la maladie, mais il soulage tout au moins certains
emphysémateux.
L'emphysème interlobulaire ou sous-plenral est cons-
titué par la présence de l'air dans le tissu interlobulaire
ou sous-pleural. Cette variété d'emphysème se produit ha-
bitnellement à la suite d'un effort de voix ou d'une quinte
de toux ; circonscrit, l'emphysème interlobulaire ne donne
pas lieu à des symptômes particuliers et passe inaperçu.
Etendu, il produit une gène respiratoire considérable et
peut même amener la mort. Cet état est au-dessus des res-
sources de la thérapeutique.
II. Ctiiiurgik. — L'emphysème chirurgien] est cons-
titué par un épanrliement gazeux dans l'épaisseur du (issu
cellulaire. L'emphysème est dit spontané ou faux lorsque
les gaz qui se trouvent dans le tissu cellulaire se sont
développes spontanément ; il est dit traumatique ou vrai
lorsque la pénétration gazeuse s'est opérée a la suite d'un
traumatisme. L'emphysème spontané e>t assez rare, et
sa pathogénie est loin d'être élucidée : il est habituelle-
ment la conséquence d'un violent traumatisme et est sou-
vent suivi de gangrène. L'emphysème vrai provient soit
d'une plaie des téguments, soit de la communication anor-
male d'un viscère avec le tissu cellulaire sous-cutané.
L'emphysème consécutif a une plaie est rare: il faut en
eflet que l'air soit poussé avec force par la solution de
— 941
EMPHYSÈME — KMPHYTKOSE
continuité, et que l'ouverture soit MM droite pour em-
pêcher ta sortie immédiate de l*atr Introduit. Les bouchers
qui insufflent les animaux pour en enlever la peau oal
soin de rtabserees deux conditions. Il en est de même des
simulateurs qui emploient asseï souvent eë moyen fort
simple pour panltre atteints d'une infirmité qui a au
moins le mérite d'être aussi facile a créer qu'a taire dispa-
raître. L'emphysème qui résulte de l'ouverture d'une ca-
vité viscérale est le plus fréquent. Il peut s'observer a la
suite d'une plaie des fosses nasales, des sinus delà face,
du larynx, de la trachée, des bronches, des poumons ou
de l'intestin. L'air ou les ga/ contenus dans ces" organes
se trouvent en effet soumis à une pression plus forte dans
certains actes tels que l'effort, la toux, le cri. l'expiration:
aussi peuvent-ils pénétrer peu à peu dans le tissu cellu-
laire a travers l'orifice accidentel. C.etie variété d'entphy*
sème s'observe surtout dans les plaies de la face et plus
encore dans les fractures de côte SvflC perforation du pou-
mon. L'emphysème peut être localisé ou généralisé : dans
le premier cas. le tissu cellulaire distendu par les .a/ Sfl
fis l'aspect d'une tumeur blanche, molle, indo-
ente. - • ut à la pression, et donnant lien à
une sensation particulière de crépitation dite Crépitation
emphysémateuse. Cette sensation peut assez bien se
elle que donne la neige écrasée entre les
Si l'emphysème est généralisé, le corps tout én-
orme d'une façon plus singulière. Toute
-on normale s'effaçant, le tronc s'arrondit, les
membres deviennent cylindriques, la face elle-même toute
bonifie n'est plus connaissais. C'esl dans ces cas excep-
tionnels que la mort est possible tant par suite de la gène
qu'éprouve le malade à respirer que par l'existence des
qui accompagnent presque toujours un état aussi
grave. L emphysème circonscrit est ordinairement bénin;
se résorbent peu à peu sans difficulté.
L'emphj >ntané est le plus souvent mortel. Le
traitement de l'emphysème doit viser d'abord à faire ces-
ser la cause déterminante de l'épanrhement gazeux, à faire
disparaître ensuite les gaz existants. On atteint le premier
résultat en empêchant certains mouvements, en retar-
dant l'occlusion de la plaie, en débridant même quelque-
Ile-ci. Le deuxième effet est obtenu par des fric—
i des compressions méthodiques, an besoin par des
mouchetures ou îles incisions. L'emphysème spontané né-
ut l'amputation immédiate. On doit dans tous
nir aux tuniques et aux excitants dans le but
rai. Dr Ai .i-nANDÊRY.
III. Ait vi.TK.RivuF.F. — Nom donné à un état pathologique
rarai ti-risé par l'infiltration de l'air ou de Fluides gazeux
li^u cellulaire sous-cutané ou viscéral. Sous-cU-
tane. l'emphysème succède généralement a une lésion trau-
matique dont il est la conséquence immédiate ou éti
■avité varie suivant la nature des gai qui le pro-
_ 12 sont méphitiques et le produit d'une
: s'il provient de l'air at-
rique, il est généralement sans gravité, alors même
-• diffus et répanda sur une grande surface. L'em-
physèi ne se remarque guère, en vétérinaire,
que dans le poumon du cheval, dont il envahit le tissu
cellulaire interlobulaire et dont il dilate anormalement les
s. L'emphysème des poumons est fréquent chez
- trtoul tur les chevaux utilisés aux allures
iiis aux allures lentes, sont obligés de
fair>- d dérables de traction. L'emphysème
pulmonaire débute lentement, et dès que ses premiers symp-
par des signes visibles, ces signes ne
sont pu- les indices du début du mal mais l>i.-n de la Vaste
■n qu'il a prise. Il se traduit alors par Oné irré-
gularité dans les phénomènes mécaniques de la respiration,
irité constant dans un'' certaine interruption du
mouvement respiratoire examiné au flanc. S'il y a em-
physème, un temps d'arrêt ge produit dans le mouvement
expirateur, après quoi il se continue et s'achévi I orsque
les altérations produites par l'emphysème ont envahi la
totalité des poumons, elles se caractérisent par un mou-
vement beaucoup plus accuse des mouvements respira-
toires. La poitrine alors est violemmeUl soulevée non seu-
lement dans la région des flancs, mais dans tous les
muscles qui concourent aux actes mécaniques de la respi-
ration. A l'auscultation des chevaux emphysémateux,
l'oreille perçoit dans la poitrine différents bruits anor-
maux : bruits de souille, bruits de frottement, râle crépi-
tant sec. L'emphysème pulmonaire est une maladie d'une
extrême gravité. On le traite par le repos, un régime vert,
dos boissons rafraîchissantes, l'acide arsénieux à la dose
de I ou "2 grammes par jour, mais la plupart du temps
sans parvenir à le guérir. D'après la loi du "2 août 188»,
l'emphysème pulmonaire est rangé au nombre des vices
rédhibitoires avec neuf jouis de garantie. 1,. Carmen.
EMPHYTÉOSE. I. Droit grec. — On ne sait pas à quelle
époque les Grecs ont commence de pratiquer l'omphytéose. Il
faut descendre assez bas pour en saisir la trace dans les au-
teurs; mais une inscription prouve qu'elle était en vigueur
dès le ve siècle av. J.-C. On ignore d'ailleurs si à ce moment-
la elle était déjà ancienne ou d'institution récente. La plupart
des baux emphytéotiques que nous possédons concernent
des terres qui appartenaient à une cité, un temple ou une
association. Quelques-uns laissent dans le vague le caractère
véritable du bailleur. Mais on peut affirmer que celui-ci était
toujours une personne morale, un être collectif destiné a vivre
éternellement. Il n'y a guère qu'une exception à cette règle
(Dittenberger, Sylu/ge itiscr. Cr/rcar., H 4) ; mais le docu-
ment dont il s'agit provient de l'Asie Mineure et est daté
du règne d'Alexandre. Les flomains ont emprunté aux
Grecs le mot émBhytéosé, mais on ne remarque pas que
les Grecs s'en soient jamais servi, du moins à l'époque de
leur indépendance. Ils emploient des locutions comme àsv-
và(oç, ou eî; tov «^avra jçpdvov, ou sïç -aipt/a, ou encore
xtfïà (3io'j. Dans tous ces cas, la concession est perpétuelle.
L'emphytéote n'est pas complètement assimilé à un proprié-
taire. Le contrat d'IIéradée lui refuse la faculté de vendre ou
d'hypothéquer. Cette défense figure aussi dans un contrat de
Myîasa. Ici même, on va plus loin, et on prohibe toute ces-
sion gratuite du fonds. Les autres contrats se montrent,
en général, moins rigoureux et permettent au fermier de
faire abandon de son bien, mais sous certaines conditions.
Il ne peut, par exemple, le diviser en plusieurs lots; il ne
peut pas non plus modifier les clauses du bail primitif ni
stipuler pour lui-même le moindre avantage. Il semble enfin
qu'il n'ait pas le droit de sous-louer. Trois sortes d'obli-
gations pèsent sur l'emphytéote : 1° il paye une redevance
annuelle, soit en argent, soit en nature. Le taux de cette
rente n'est jamais élevé ; il est surtout plus faible que dans
les fermages temporaires, et il demeure invariable pendant
toute la durée du bail ; 2° le fermier acquitte l'impôt fon-
cier; :i° il est tenu d'exploiter sa terre de telle manière
qu'au lieu de dépérir elle s'améliore entre ses mains. Parfois
on entre à cet égard dans les plus grands détails. Ainsi
le contrat d'Âffiorgos interdit l'élève du bétail ; il parle d'un
mur de clôture à réparer et d'un autre mur à bâtir au-
dessus de la cave; il détermine à quel moment les vignes
seront travaillées, quelle quantité de fumier il faudra
répandre sur le sol, combien il faudra chaque année plan-
ter de pieds de vigne el de figuiers. Le contrat d'IIéraclée
est encore plus explicite.
Des précautions étaient prises pour garantir les droits
respectifs des parties. Si le fermier ne payait pas sa rente
au terme prescrit, elle était tantôt doublée, tantôt augmentée
de moitié. Dans quelques villes, le bail était aussitôt annulé ;
dans d'autres, il fallait que le fermier eût élé insolvable
deux ans de suite. La terre était alors remise en location
sur le même pied que précédemment. 0" arrivait-il si à ce
prix elle ne trouvait point preneur? Un seul texte nous le.
dit, et il n'est pas sur que cette règle existai partout. En
pareil cas, on avait coutume a ftéraclée île faire payer pen-
dant cinq ans parle fermier évincé la différence entre l'an-
EMPHYTÉOSE
_ 948 -
oienne redevance el la Douvelle. On n'était pas munis atten-
tif ;i punir les autres violations du contrat. Le bail du Pirée
prononce l'expulsion du fermier et lui inflige une amende
égale i la rente s'il ne fail pas telle réparation dans un an.
A Amorgos, a Héraclée, chaque négligence ;i su sanction
pécuniaire. Suivant l'usage hellénique, le fermier fournis-
Bail des cautions. Celles-ci devaient être solvables et agréées
par le bailleur. Leur responsabilité n'était parfois renfer-
mée dans aucune limite de temps; pail'ois aussi elle s'étei-
gnait au l)out d'un certain délai, et le locataire était tenu
d'en présenter d'autres. Tant que le premier remplissait ses
obligations, il était à l'abri de toute chance d'éviction. Le
seul document qui contienne une réserve a ce sujet rst l'ins-
cription du Pirée. Partout ailleurs, le propriétaire renonce
au druii de reprendre son bien. Le bail ne peut être résilié
par lui que si le fermier enfreint tel ou tel article du con-
trat. Quant au locataire, il est autorisé à en réclamer dans
certain cas l'annulation. A Héraclée, s'il était chassé par
la guerre et qu'il fut mis dans l'impossibilité de récolter,
le bail était rompu, non de plein droit, j'imagine, mais sur
sa demande. A Chio, la guerre était également un motif de
résiliation ; mais on admettait aussi, même en temps de paix,
d'autres causes qui ne sont pas spécifiées, et que peut-être
on laissait à l'appréciation des parties. Paul Gciraud.
II. Droit romain. — Le droit réel d'emphytéose, que
les textes du Bas-Empire appellent emphyteusis , jus
emphyteuticarium, jus emphyteuticum, n apparaît avec
ce nom qu'assez tardivement. Ou le trouve mentionné pour
la première fois dans un passage d'Ulpien où ce juriscon-
sulte, faute d'un terme latin équivalent, le désigne sous le
nom qui lui avait été donné dans les provinces grecques
de l'Empire : jus èp.cpUTetmx6v. Mais si le mot parait être
de création récente, il n'en est pas ainsi de l'institution.
On retrouve déjà l'équivalent dans le droit réel préto-
rien appelé jus in ayro vectigali. Les agri vectigales
étaient des fonds appartenant a l'Etat, aux villes ou à îles
collegia et dont la jouissance était concédée à des parti-
culiers, à charge par ceux-ci de payer une redevance,
vectigal. Il est probable qu'au début ces concessions ne
furent faites que pour une durée annuelle ou quiquennale.
Mais plus tard et at'm de permettre aux concessionnaires
des travaux d'amendement et une exploitation de longue
haleine, le délai de la concession ne fut plus limité. Elle
était censée faite in perpetuum, en ce sens que ni le
concessionnaire ni ses héritiers ne pouvaient être renvoyés
tant qu'ils continuaient à payer régulièrement la redevance.
Ce caractère de quasi-perpétuité du droit conféré au déten-
teur de Yager vectigalis fit qu'on le considéra comme
ayant un droit réel sur la chose d'aûtrui, jus prasdii, droit
réel que le préteur garantit au concessionnaire par l'octroi
d'un interdit et d'une action in rem, l'actio vectigalis.
Ce régime de concessions à longue durée fut pratiqué
dans l'Orient de l'Empire par les empereurs désireux de
mettre en valeur les nombreuses terres incultes faisant
partie de leur domaine, fundi patrimoniales, ou du do-
maine public. Plus tard, les grands propriétaires fonciers
imitèrent l'exemple donné par le prince, et c'est ainsi que
prit naissance l'institution à laquelle fut donné le nom
significatif de jus èfitpuTêimxo'v (de Èp-çuteûti), planter
dans), pour bien marquer que le concessionnaire reçoit les
terres à l'effet de les mettre en culture. L'analogie entre
ce jus et le jus in agro vectigali était telle que, dans la
législation du Bas-Empire, les deux institutions ont fini par
se fondre en une seule qu'on continua à désigner sous son
nom grec. Le droit du concessionnaire ou emphytéote est
un jus in re protégé par une action in rem. Semblable
à l'usufruit, il permet a l'emphytéote d'user de la chose,
d'en percevoir les fruits et de les garder en pleine propriété.
Toutefois el à raison même du but qu'on se proposait en
faisant de semblables concessions, on fut amené a recon-
naître à l'emphytéote des droits plus étendus que eeu\
d'un usufruitier. C'est ainsi qu'il pouvait faire sur le fonds
les améliorations et changements qui lui paraissaient utiles.
modifier même sa destination. !».■ même, Viniuiiut per-
tonas. ne jouait pas ici un rôle aussi marqué qu'en cas
d'usufruit. Aussi le droit de l'emphytéote n'est-il pas viager;
il pane à sis héritiers et il p'-ut être cédé par lui a un
tien, sauf la faculté de préemption laissé^ au propriétaire.
Toutefois, et malgré l'étendue ib-s droits oui lui SOOl
reconnus, le concessionnaire ne devient pas aominus . Le
concédant conserve le litre dejpropriétaire, et il a au surplus
couire le concessionnaire les droits qui résultent de la
convention constitutive de l'emphyléose. Il peut notamment
reprendre la chose, a défaut de payement de la redevance
pendant plusieurs années consécutives. C'était la une règle
semblable à celle qui régissait le contrat de louage avec
lequel la convention emphytéotique présente la plus grande
analogie, ("est précisément à raison de cette ressemblance
que certains jurisconsultes voulaient qu'en cas de perte par
cas fortuit des récoltes, le concessionnaire fût considéré
comme locataire el eut droit par suite a la remise du l -
tigal. Mais, dans une autre opinion, la convention d'em-
phytéose devait être assimilée a la vente, à raison de la
quasi-perpétuité du droit du concessionnaire, et, comme
conséquence, les risques de perte par cas fortuit devaient
rester à la charge de l'emphytéote qui continuait a
être tenu au payement de la redevance. La controverse
ne prit fin que sous l'empereur Zenon qui, pour le
règlement de la question des risques, fit de la con-
vention emphytéotique un contrat a part. En cas de perte
totale de la chose, les risques furent mis à la charge du
dominus comme dans le louage; au cas de pette partielle,
on les laisse à la charge de l'emphytéote. comme dans la
vente. Caston May.
III. Ancien droit. — Bien que le mot emphytéose se
rencontre dans les sources et qu'on ne puisse ainsi mettre
en doute son existence dans notre ancien droit, il n'est pas
très aise d'en dégager la notion à raison de la grande
analogie existant entre cette institution et divers autres
droits dont les auteurs ne l'avaient pas suffisamment dis-
tinguée. Deux voies s'ouvraient en effet à celui qui voulait
démembrer son droit sur un immeuble, autrement que par la
constitution d'une servitude : il pouvait conférer à un tiers
le domaine utile de cet immeuble, c.-à-d. un droit de
jouissance qui devait être exercé à titre de propriétaire, ou
plus exactement à titre de titulaire de ce droit sui generis.
mais non à titre de servitude, et se réserver avec le domaine
direct les autres attributs de la propriété en stipulant de
celui qui était investi du domaine utile le payement d'une
redevance annuelle, irrachetable constituant la reconnais-
sance du domaine direct. Il pouvait aussi transférer à un
tiers le domaine direct et le domaine utile et ne se réserver
que le droit à une redevance annuelle et irrachetable, assise
sur l'immeuble constituant un droit réel immobilier, et
pouvant, par suite, être exigée de tout détenteur de cet
immeuble. On disait dans ce second cas qu'il y avait bail
à renie foncière. L'emphyléose rentrait au contraire dans
la première catégorie des conventions qui viennent d'être
indiquées et dans laquelle on trouvait également le bail à
cens. 11 importe donc, pour en préciser la nature propre,
de la distinguer successivement du bail à rente foncière et
du bail à cens.
La distinction entre l'emphytéose et le bail à rente fon-
cière parait au premier abord des plus simples et des plus
importantes : dans le premier cas, en effet, le propriétaire
conservait une partie de son droit, le domaine direct, l'em-
phytéote ne recevant que le domaine utile ; dans le second
cas. au contraire, le propriétaire abandonnait le domaine
direct et le domaine utile et ne conservait sur la chose qu'un
simple droit réel. Mais en realite, en allant au fond des
choses, on s'aperçoit .pie les conséquences pratiques de cette
différence étaient peu sensibles à raison du peu d'attributs
qui subsistait au profil de la directe emphytéotique. On
était en effet assez généralement d'accord pour refuser au
bailleur du fonds concède en emphytéose la commise ou
droit de rentrer ipso jure dans la pleine propriété de ce
- 94! i -
EMPHYTLOSl.
fonds a défaut du payement de la redevance (V. le mot
Commise i nthyteotiqoi). De même, le droit de retrait ou de
prélation, c.-a-d. le droit pour le bailleur de se substituer
à celui a qui l'emphytéote riderait son droit, n'existait que
dau> deox provinces, en Languedoc et en Dauphiné. Enfin,
■ lods et ventes, perças par les seigneurs à
chaque mutation du bien inféodé et que certains textes
avaient reconnus exister au profit du bailleur a emplis téose,
étaient, a une certaine époque, complètement tombés en
désuétude, c'est Merlin qui nous le dit, et une stipulation
formelle était indispensable pour les imposer à l'acquéreur
du domaine utile. L'obligation d'améliorer le fonds
sous-entendue dans les contrats d'emphytéose et qui devait
rmellement exprimée dans les baux a rente, et le
droit </<■ stipuler les droits de lods et ventes étaient dune
îles différences séparant l'emphytéose du bail a rente
modère.
Si nous comparons maintenant l'emphytéose au bail à
nal. la distinction devient encore plus délicate,
car tous deux avaient pour effet de démembrer la propriété
a domaine direct et domaine utile: tous deux supposaient
une redevance ; ils entraînaient l'un et l'autre la commise, en
du moins, puisque nous avons dit qu'en pratique ce
dnut était dénie au bailleur en cas d'emphytéose; tous deux
entin ne pouvaient avoir pour objet qu'on alleu, car il était
■le au possesseur d'un fief ou au censitaire de se
i une diiii te quelconque, puisqu'ils n'étaient pleins
propriétaires ni l'un ni l'autre. L'emphytéose n'existait
comme droit social et propre que lorsqu'il s'agissait d'un
alleu roturier :>ur lequel il était impossible d'établir une
rente seigneuriale. Telle était la seule place que notre
ancien droit avait faite a l'emphytéose, ce qui faisait dire à
u qu'il y en avait bien peu de véritables.
Droits de l'emphytéote. L'emphytéote avait le domaine
utile, c.-a-d. les principaux attributs de la propriété. Il
pouvait vendre, échanger ou hypothéquer l'héritage concédé
en enpbytéose, mais les droits qu'il transmettait étaient
.le la même condition que le sien ; le bien retour-
nait donc franc et libre de toute charge entre les mains du
bailleur lorsque le temps assigné à la concession emphy-
téotique était expiré ou bien lorsque le contrat venait à
-du. Il ne lui était toutefois pas permis de dégrader
le fonds et, d'une manière générale, d'en diminuer la valeur.
On était assez généralement d'accord pour refuser à l'em-
r trouvé dans l'immeuble, mais certains
auteur- lui attribuaient les produits des mines.
I itions de l'emphytéote. La principale de ces obli-
gations et.nt de payer le canon emphytéotique (V. Canon,
». I\, p. 56). 11 devait en outre entretenir la chose en bon
famille, et il répondait par suite des détériorations
Nurvenue> par >a faute. Il s'obligeait même à construire des
bâtiments, a planter des bois, des vignes, etc., en un mot,
à améliorer le fonds, et nous avons dit que cette obligation
sous-entendue dans le contrat était un des traits qui dis—
tintait l'emphytéose du bail a rente foncière.
</-• l'emphytéose. L'emphytéose était perpétuelle
ou temporaire. Dana ce dernier cas elle durait, nous dit
trna, trente, cinquante ou quatre-vingt-dix-neuf ans.
Klle pouvait être limitée a une ou plusieurs vies ; celles du
preneur, de s<s enfants, de ses petits-enfants. L'emphytéote
ne pouvait prescrire la ilireete par quelque laps de temps
que ce fut. A ce point de vue. il était considéré comme un
preneur possédant pour le compte du propriétaire, et, par
;uent, comme un possesseur précaire.
IV. Droit INTERMÉDIAIRE. — La loi des l<S--2!t dée. 1790
■Marra à l'enataytéose tous les caractères qui lui appar-
tenaient antérieurement, puisqu'elle excepta de la faculté de
rachat les rente, dues en vertu de baux emphytéotiques.
Ce privilège lui fut. il est vrai, retiré par la loi des 15 sept.-
'. 1794, mais l'emphytéose n'en subsista pas moins
à tous autres égards telle que notre ancien droit l'avait
conçue, car la loi que nou> venons de citer la qualifie de
propriété réversible, expression qui fait bien ressortir la
nature spéciale du droit du preneur emphytéotique. Le
mot d'emphytéose se trouve encore prononcé dans les lois
du 9 messidor an III (art. 15) et du 11 brumaire an VII
(art. 6), mais cette institution n'y est envisagée que comme
droit réel susceptible d'hypothèque.
V. Droit vCtuel. — Le code civil est absolument muet
sur l'emphytéose. faut-il déclarer pour cela qu'elle n'existe
plus aujourd'hui ? De nombreux auteurs le soutiennent et
considèrent comme investi d'un droit purement personnel le
preneur dans les baux à longue durée. Ni l'art. liuJ(i qui
enuinére les droits réels immobiliers, ni l'art. "2118 qui
mentionne ceux de ces droits qui sont susceptibles d'hypo-
théqué ne parlent de l'emphytéose. Que conclure de ce
silence, sinon que les rédacteurs du code qui avaient sous
les yeux les textes où l'existence de l'emphytéose était
proclamée ont manifesté, par leur silence à cet égard, leur
intention d'abandonner les anciens errements?
La jurisprudence est unanime à rejeter cette théorie et à
admettre l'existence île l'emphytéose avec tous ceux de ses
rai artères qui ne sont pas contraires à des principes d'ordre
public. (In ne saurait évidemment, à ce dernier point de vue,
stipuler que la redevance emphytéotique sera irrachotable
ou que l'emphytéose sera perpétuelle; mais, cette réserve
une lois admise, pourquoi ne pas permettre aux parties
d'établir sur un bien tel droit réel qu'il leur plaît? N'est-ce
pas un principe que la liberté des conventions reste entière
chaque fois qu'elle ne vient pas heurter un principe d'ordre
public? Comme le dit fort bien Demante, il faudrait une
prohibition spéciale et formelle pour enlever aux proprié-
taires la faculté de constituer un droit d'emphytéose. Il y
aura lieu seulement de rechercher dans chaque espèce si les
parties ont bien voulu établir un droit de ce genre ou, si,
d'après leur intention, le bail dit emphytéotique n'est pas
un bail ordinaire consenti seulement pour de longues années.
Dans ce dernier cas, le contrat ne donnera au preneur qu'un
droit personnel contre le bailleur; dans le premier, au
contraire, la propriété du bailleur sera démembrée : le
domaine direct lui appartiendra toujours, mais le domaine
utile sera transféré au preneur. La jurisprudence a tiré de
là des conséquences fort importantes au point de vue civil
en classant l'emphytéose parmi les droits réels immobiliers,
au point de vue fiscal, en décidant que le bail emphytéo-
tique doit être frappé du droit proportionnel de vente im-
mobilière et de mutation par décès.
Disons en terminant que les baux emphytéotiques sont
liés peu nombreux aujourd'hui. On les rencontre cependant
dans les concessions faites par l'Etat aux compagnies de
chemin de fer. Dans les villes, dit M. (iarsonnet, ce bail
vient en aide aux entrepreneurs de constructions; ainsi, à
Paris, toutes les maisons de la rue de Rivoli ont été cons-
truites de cette manière. Les terrains vagues du faubourg
Montmartre où s'élèvent aujourd'hui de magnifiques de-
meures ont été donnés en emphytéose par l'Assistance pu-
blique, à qui ces immeubles vont revenir au fur et à mesure
de l'extinction des baux.
Une loi belge du 1 1 janv. 1 824 a organisé l'emphytéose
et, plus récemment, la loi du 1er juil. 188.'i sur la propriété
foncière en Tunisie a consacré l'existence de ce droit que
le projet de code rural, soumis en ce moment aux Chambres
françaises, mentionne également. Paul Nachbaub.
Bibl.: Droit grec. — Caillemer, le Contrai de louage
a Athènes; Paris, 1869. — Eux.ER, De Localione conduc-
lione atque emphijlcuxi Grsecorum; Giessen, 1882. — P.
GuiRAUD, Dict. dus antiquités, II, pp. 605-609.
DROIT rom un. — 3, § I, Dig-, De Reb. eor.. XX VII, 9. —
Gaius, III. 145. 1 pr., § I, Dig., Si ager oectigal., VI, 3.
— 1. §1, Dig., De J.oc. public, fruend., XI. III, 9. - 71, s -',
Dig., De Légat.. I, xxx.— 15,§ l. Dig., Qui a&liadare cog.
II, 8.— 13, Cod.Just., DePrxd.i't aliisreb.. V,71. — 2, Cod.
Just., De Jureemphyt., IV, 66. — ; 3, Institut., I>e Local.,
111,24. Accarias, Précis 'h- droit romain ; Paris, 1886-
1891, t. I. n« 283 bis, t. II. n« 618,2 vol. in-8, t' éd.— G. May,
/ de droit. ro„i:, m; Paria, 1889-1890, t. I, n° 218;
t. II, n- '621, 2 vol. in-8, 1" éd. — Mainz, Cours de droit
romain: Bruxelles, 1876, t. 1, ?s. 146-151, 3 vol. in-8, I» éd. -
Kuntze, Ciir.u< des rOmischen Rechts; Leipzig, 1879,
j5 583-587, 969, in-8, 2« éd.— R.Soatt, InatitutiOnm; Leipzig,
EMPIIYTÉOSE — EMPIRE
_ !».',() -
18B8, § 57, in -H, B" éd. — Si iiii. in, LthrbUCh •
BClîicM Rechts; Stuttgart, 1889, $83
l'i pin m Mai ii i it, Histoire de l'empfiyléose; Paria, 1848,
in-N. — I. ahoui.aye, Histoire du droit de propriété fon-
cière en Qooident; Paria, 1889, ohap. mx, p. nu. in-s, —
s m:i , Histo il. perôi (.; i i,pp. i;,i
et Miiv., in-s. — Darbmbbrg et Saglio, Ôlctionn. des
an/17, (jrecques et romaines, v" Emphyleusis.
Précis de t lust. du droit français. Droit privé; Paria, 1886,
p. 5(j3, in-8. — Muiehbad, Introduct. au droit pri
Rome, trad. Bourcart: Paria, 1889, aect. 86, p. 581, ln-8.
AnoIBN DROIT. — À.RGOU, Institutions au droil fran-
çais, t. Il, pp. -".il et suiv., ôdit. de I7:iu. — Guyot, Réper-
ioire de jurisprudence, v° Empkyléose. — Merlin, Ré-
pertoire , id. — LabouiXte, Histoire de la propriété
foncière en Occident, passim. — Garsonnet, Histoire
des locutions perpétuelles et des baux à lontjue durée;
Paris, 1879, pp. lia et suiv., 510, 51'J et suiv. — Ai'uky et
Rau, Cours de droit civil français, t. Il, Sg 224 et ~'2I bis,
pp. 44li-45fi. — Demantk, Cours de code civil, t. II, n» 378
bis, IV et V. — OSUOLOMBE, Cours de code Napoléon,
t. IX, n°« 490, 491, 52(J. — Valette, Traité des privilèges
et hypothèques, pp. 191 et suiv.
EMPILAGE (Pèche). Empiler un hameçon, c'est l'atta-
cher à une empile ; les empiles varient, d'ailleurs, comme
les hameçons, pour la grosseur et la longueur; la manière
d'empiler varie également suivant la grandeur de l'hame-
çon et le genre de pèche (V. Hameçon, Ligne).
EMPILE (Pêche). On désigne ainsi les lignes, souvent
doubles ou triples, auxquelles on attache un nain et qui
s'adaptent aux lignes ou aux cannes ; on fait les empiles
en métal, en chanvre pour la pêche de mer; en soie, en
crin de Florence, en corde filée pour la pêche en eau douce.
EMPIRE. Généralités. — L'Empire fut l'institution
politique la plus considérable des races européennes;
sa constitution domine encore leur histoire. L'empire
romain proprement dit a duré près de quinze siècles; le
saint-empire romain germanique qui en était issu s'est
prolongé jusqu'au commencement du xixe siècle. Bien que
le mot n'ait plus de signification spéciale et qu'on compte
au moins cinq empires et empereurs (Allemagne, Autriche,
Russie, Inde anglaise, Chine), il ne tant pas oublier que
cette valeur éminente attachée au titre impérial est un
dernier hommage au souvenir de l'Empire. Celui-ci était
une souveraineté plus haute, dominant ou comprenant les
divers royaumes. C'est seulement à partir de l'époque mo-
derne que le particularisme national a prévalu de nouveau
et que les nations se sont dégagées des cadres généraux de
l'Empire et de l'Eglise. Le moyen âge a vécu de ces idées
générales. C'est l'empire romain qui, par le caractère uni-
versel de son organisation, fusionnant les nationalités les
plus diverses, avait créé cet élat d'esprit sur les ruines des
gouvernements et des religions particularistes de l'an-
tiquité.
Nous décrirons d'abord l'empire romain et les régions
dont il se composait ; nous dirons comment ces vastes
territoires furent organisés sous Auguste, fondateur de
l'Empire ; nous ferons brièvement l'histoire de cet Empire
dans sa première période, celle du principat; nous dirons
comment il se transforma en une monarchie bureaucra-
tique au iuc et au ive siècle. Nous verrons quelle était alors
l'idée de l'Empire et comment elle put survivre au fait.
L'invasion des Barbares laissa subsister l'Empire en Orient,
puis il fut restauré en Occident par Charlemagne, et nous
ferons l'histoire de cette institution à la fois ancienne et
nouvelle du saint-empire romain germanique.
Géographie de l'empire romain. — La connais-
sance du cadre géographique de l'empire romain est indis-
pensable pour l'intelligence de son histoire. Celle-ci continue
non seulement l'histoire de la cité romaine, mais celle de
(nus lis peuples que les Romains s'étaient successivement
subordonnés. C'est l'histoire de tout le bassin de la Médi-
terranée, de l'Europe, de l'Asie occidentale, de l'Afrique
septentrionale durant quatre ou cinq cents ans. Comme l'a
dit éloquemment M. Duruy, les hommes et les choses de
l'avenir « ce sont les provinciaux qui vont arracher à
l'Italie ses vieux privilèges, propager dans tout l'Occident
barbare la civilisation gréco-latine et faire donner à cent
millions d'hommes, par des empereurs nés a Sé\ille, à
Lyon, a Leptis, des lois qu'on appellera la raison
CmI encore la religion POBvelle qui se formera pour cette
nouvelle société; de sorte qu'au temps même 00 les empe-
reurs mettront dans la loi civile le principe du droit indi-
viduel qui isole, le christianisme s'efforcera de mettre dam
le eaur le sentiment de la fraternité qui réunit : deux
grandes idées de l'époque impériale que I Europe m
a retrouvées sous les ruines du moyen âge. Pour mesurer
cette marche des provinces van l'égalité de droits, de
civilisation, de richesse et plus tard de religion, il convient
de marquer nettement le point d'où chacune d'elles est
partie. On jugera mieux ensuite l'œuvre des empereurs;
on verra s'ils ont su faire par des institutions au profit de
l'Etat ce que le christianisme fit par ses doctrines au profit
de l'Eglise ; si enfin, pour prendre le langage de Bossuet,
« un peuple nouveau va naître de toutes les nations enfer-
« niées dans l'enceinte de l'Empire ». L'empire de Rome,
ou, comme disaient ses historiens et ses légistes, l'Univers
romain, était assez vaste, quand Auguste en devint le
maître, pour que les peuples, sujets ou ennemis, qui appar-
tiennent à son histoire, représentassent presque toutes les
races d'hommes de l'ancien continent. » (Duruy, t. III,
p. 6(50.) C'est même là ce qui donne à cet empire sa phy-
sionomie propre, qu'aucun autre n'a retrouvé depuis.
D'autres dominations se sont étendues sur de plus vastes
surfaces et sur des hommes plus nombreux; aucune n'a
ainsi donné des institutions communes à une aussi grande
quantités de nations d'origine et de mœurs différentes. Ni
l'immense monarchie des Mongols, ni celle des Russes, ou
le domaine colonial presque universel des Anglais, ne
peuvent être comparés à l'Empire. C'est d'ailleurs à celui-
ci que remontent les origines de la civilisation de tous les
peuples de l'Europe moderne, directement pour les races
latine et grecque, indirectement pour les Germains et les
Slaves.
L'empire romain avait été fondé par les Latins; les Ita-
liens comprenant la race ligure, la race étrusque, en
étaient les premiers sujets. Dans le Sud. ils étaient mé-
langés de Grecs ; dans le Nord, de Celtes. Ceux-ci occu-
paient, outre le bassin du Po, les Alpes et les cantons du
haut Danube, la Gaule entre la Garonne et la Somme, la
Grande-Bretagne ; ils étaient mélangés aux Germains dans
la Gaule septentrionale, aux Ibères dans l'Espagne cen-
trale, aux populations de l'Asie Mineure dans le centre de
cette péninsule. Les Ibères occupaient les deux versants
des Pyrénées, de l'Ebre à la Garonne ; le long de la Médi-
terranée, ils étaient mélangés de Phéniciens ; de Gaulois
dans le centre de l'Espagne. Les Germains s'étendaient dans
la plaine de l'Europe centrale et septentrionale jusqu'au
Danube supérieur et jusqu'aux Alpes ; plus à l'E., après la
Vistule et la Theiss, venaient les Sarmates ou Slaves. Les
populations grecques ou grérisées tenaient la péninsule
balkanique et les rivages de la Méditerranée orientale ; les
races sémitiques occupaient la Syrie et plus loin l'Arabie;
de l'Arménie à la Mésopotamie s'étendaient les populations
d'origines diverses, débris d'un passé lointain, aryens,
sémites, touraniens, etc.; plus a l'E., la race iranienne et
la race touranienne, puis l'Inde et dans le lointain les
Sères ou Chinois. En Afrique, derrière l'Egypte, on tou-
chait aux llamites et aux nègres; ceux-ci étaient mélangés
de sémites sur tout le littoral méditerranéen, du Nil aux
colonnes d'Hercule. Sauf l'Inde et la Chine, qui n'auront
que des relations commerciales avec l'empire romain, tous
les autres sont sujets de l'Empire, ou ses alliés ou ses
ennemis, et leur histoire durant cinq siècles se confond
avec celle de l'empire romain, laquelle se trouve ainsi être
presque l'histoire universelle.
Dans l'empire romain du ior siècle, il n'y a pas seu-
lement des différences radicales de races et de langues,
mais aussi de merurs el de civilisation. « Depuis le Can-
tabre. farouche et libre dans ses montagnes, jusqu'au Grec
d'Antioche ou d'Ephèse, servile et efféminé, il y avait dans
— 9; il -
EMPIRE
m u
PROVINGBE
Al'lî MRIST
hait.
pi 1 V I ORMA.TION
Sicilia
Saidinia et Corsica.. . .
Hispania citcrior ou Tarrac»»-
nensis
Hispania ulterior ou Ra-tica.
I.usitania
(•allia Narbonensis
Aquitania.
Lugdunensis.
Belgica
C.ermania superior.
Cermania inl'erior.
Alpes Maritime. .
Alpes Cottie. . . .
Upes Peanins.
Britannia .
Ratia.
141 n. J.-C.
881 av. J.-C
191
J.-C.
ADMINISTRATION
Noricum.
197 av. J.-C
détachée de ['Hispania
ulterior en 27 av. J.-C.
180 av. J.-C.
I" ap. J.-C
17 ap. J.-C.
17 ap. J.-C.
17 ap. J.-C.
17 ap. J.-C
14 ap. J.-C.
sous Néron
au ir' siècle ap. J.-C.
43 ap. J.-C.
15 av. J.-C.
I.'. av. J.-C.
Pannonia superior 1 10 ap. J.-C, partagées
Pannonia inferior entre 102 et 107
lllvricam ou Dalmatù.. .
i superior.
i infi-rior.
entre 167 et r>n av. J.-C
29 av. J.-C
. partagées sous Domitien
sénatoriale
sénatoriale
puis impériale
impériale
sénatoriale
impériale
impériale de "27 à 22
av. J.-C,
puis sénaloriale
imp riale
impériale
impériale
impériale
impériale
impériale
impériale
impériale
impériale
impériale
impériale
impériale
impériale
sénator. puis impér.
à partir de 11 av. J.-C
Da<ia. .
Thracia.
Macedonia.
Adam.
Boiras.
\>ia.
107 ap. J.-C.
16 ap. J.-C
140 av. J.-C.
146 av. J.-C.
probablement
BOUS Vespasien
13:) av. J.-C.
impériale
impériale
impériale
impériale
sénatoriale
impériale de Tibère
à Claude
sénatoriale
laféibUitlSiT. J.-C. j llap.J-c.
sénatoriale
PROVINCES
VERS 100 Al'Hl:S .ll.SUS-CIIKIÏ
Sicilia.
Sardinia.
Corsica.
Tarraconensis.
\ Carthagimensis.
I Gallscia et Asturia.
[nsulœ Baléares.
Bœtioa.
I.usitania.
Narbonensis prima.
Narbonensis secunda.
Viennensis.
Aquitanica prima.
Aquitanica secunda.
Novcmpopulana. .
Lugdunensis prima.
I.ugdunensis secunda.
Lugdunensis tertia.
Lugdunensis Senonia.
Maxima Sequanoram.
Belgica prima.
Belgica secunda.
Germania prima.
Germania secunda.
Alpes Maritimae.
Alpes Cottise (annexée à l'Italie par
Dioctétien).
Alpes Graiœ et Penninœ.
Maxima Caesariensis.
Klavia Csesariensis.
Britannia prima.
Britannia secunda.
Valentia.
Raetia prima.
Raetia secunda.
Noricum mediterraneum.
Noricum ripense.
Pannonia prima.
Pannonia secunda.
Savia.
Valeria.
Dalmatia.
Prsvalitana.
Mœsia prima.
Dacia ripensis.
Dacia mediterranea.
Dardania.
Mœsia secunda ) annexées à la
Seytha j Thracia.
Evacuée sous Aurélien (270-27;>).
Europa.
Thracia.
Hiemimontus.
Rhodope.
Macedonia prima.
Macedonia secundo.
Thessalia.
Epirus nova.
Whaia.
Epirus.
\>ia proconsularis.
Ili'llcspontus.
Lydia.
Phrygia salutaris.
Phrygia pacatiana.
Caria.
Insularum provincia.
I MI'IKK
— 95-2 —
PROVINI i
117 Ai-lt !— il 9US-CBB181
Ititliynia et l'ontus.
Galatia.
Cappadocia
Pamphylia et Lycia.
Ciiicia
Cyprus
Svria.
Arabia..
Armenia.
Mesopotami;
Assyria. .
/Egyptus.
Creta.
et Cyrenaica.
Africa.
Numidia.
Mauretania Caesariensis.
Mauretania Tingitana. .
DATE
DB I A I HUMA I K
ADMINISTRATION
7 5 av. J.-C.
accrue en 63 av. J.-C
el 7 av. J.-C.
2b av. J.-C.
17 ap. J.-C.
îo av. J.-C., la Lycia
annexée en 43 ap. J.-C.
64 av. J.-C.
détachée de la Ciiicia
en "il av. J.-C.
04 av. J.-C.
105 ap. J.-C.
114 ap. J.-C.
115 ap. J.-C.
évacuée en 117, recon
quise en 165 ap. J.-C.
115 ap. J.-C.
HO av. J.-C.
74 av. J.-C.
07 av. J.-C.
réunies en 27 av. J.-C
146 av. J.-C.
40 av. J.-C.
province particulière à
partir de Septime Sévère
40 ap. J.-C.
40 ap. J.-C.
sénatoriale
puis impériale
après 135 ap. J.-C. /
impériale
impériale
impériale jusqu'en 135
ap. J.-C.
puis sénatoriale
impériale
impériale de 27 à "H
av. J.-C.
puis sénatoriale
PROVINCES
\ i K^ 400 ai-hi u ki ^ i
liithvnia.
Iloiiorias.
Paphlagonia.
Ileleiiopontus.
Pontus Polemoniacus.
Galatia prima.
Calatia salutaris.
Lvcaonia.
l'îsidia.
Cappadocia prima.
Cappadocia seconda.
Armenia prima.
Armenia secunda.
Pamphylia.
Lycia.
impériale
impériale
impériale
impériale
impériale
impériale
sénatoriale
sénatoriale
impériale
impériale
impériale
Cilù ia prima.
Ciiicia secunda.
Isauria.
Cyprus.
Eupliralensis.
Syria prima.
Syria secunda.
Ph;enicia prima,
l'iufiiicia secunda.
Palsstina prima.
Palxstina secunda.
Palaestina tertia.
Arabia.
Evacuée en 117 ap
Osrhoéne.
Mesopotamia.
Evacuée en 117 ap
/Egyptus.
Augustaninica.
Heptanomis ou Arcadia
Thebais.
Libya inferior.
Creta.
Libya superior.
Î Africa proconsularis.
Byzacena.
Tripolitana.
Numidia.
i Mauretania prima ou Sitifensis.
/ Mauretania secunda ou Ca'sariensis.
i Tingitana.
J.-C.
J.-C.
Italia divisé' en onze régions
par Auguste
Venetia ou llistria
Italia Transpadana
Liguria
.Emilia
Etruria et Tuscia
l'mbria
Picenum.
Samnium
Bruttii et Lucania.
Apulia et Calabria.
Campania
Venetia et Bistria.
Liguria.
.Emilia.
Tuscia annonaria.
Tuscia siibiirbicaria.
riaminia et Picenum annonarium.
Valeria et Picenum suburbicarium.
Samnium.
Lucania et Bruttii.
\|>ulia et Calabria.
Campania.
- 9S3
EMPIRE
«Militions tous les degrés pu lesquels on passe de ta
barbarie la plusgrossière I la civilisation la plus raffinée. »
L'oeuvre des empereurs fut de rapprocher tous ces élé-
ments, de leur donner la cohésion, de faire régner la paix
a l'intérieur dorant deux siècles, donnant ainsi m monde
le bjenfàil inconnu avanl ei après lui de la poix romaine.
Nous pannorom rapideaenten revoe les différentes parties
de l'empire romain, renvoyant pour les détails aui articles
consacrés I chaque pays (Espagne, Italie, etc.) el à chaque
province (Bétique, Lusitanie, Rétie, etc.). Le centre
politique et géographique était l'Italie. Epuisée par les
|nerres de la conquête romaine et par les guerres sociales
et civiles du rr siècle av. }.(... elle avait pins souffert
que profité îles colonies de vétérans. Tandis que Rome
s'encombrait d'une foule de mendiants, dans les campagnes
irages remplacent les champs. La population ita-
lienne conserve encore ses privilèges. Il n'\ a plus dediffè-
nauj outre Romains et Italiens. Ce qu'on appelle l'Italie,
c'est une série de filles libres romaines qui ne payent pas
Éribotions foncières, ne fournissent pas à l'armée ^
contingent régulier et par conséquent peuvent se passer
d'une administration commune. Seulement, comme la sou-
tanùaeté n'appartieat plus au peuple, mais à l'empereur,
les Italiens seront progressivement assimilés aux autres
sujets. L'Italie, étendue jusqu'aux Alpes, est parta.
Auguste en onze régions qui, plu^ tard, servirent de base
rganisation administrative. Les défauts des admi-
nistrations urbaines obligèrent à les priver de leur auto-
nomie. Elle subsista pourtant jusqu'au commencement du
second siècle: mais alors la justice était si mal rendue, les
finances mal gérées, la police mal faite, qu'il tallut pro-
céder a une reforme, limitée d'abord au système judiciaire,
elle entraîna, vers l'an 300, la division de l'Italie en pro-
fiaees; la péninsule fnt privée de son exemption d'impôts;
la régira septentrionale entretint la cour de Milan ou de
Kavenne. la régira méridionale (suburbicaria) entretint
la ville de Rome. On trouvera le détail des divisions de
l'Italio dans les tableaux ci-joints (pp. 9;>1 et 952) auxquels
nous renvoyons de même pour tout ce qui concerne les
divisions administratives de l'empire romain.
Voici le tableau des grandes divisions administratives
de l'empire romain au commencement du second siècle :
PROVINCES SÉNATORIALES
Consulaires.
Asie.
Afrique.
Prétoriennes.
ISotique.
Narbonnaise.
o et Sardaigne.
le.
lllvue. de 27 i II av. J.-C.
Mai édoine.
Achaie.
Crète et Cyrène.
Chypre.
Bithynie (jusqu'en 38 ap. J.-C).
PROVINCES IMPÉRIALES
Consulaires.
Tarracnnai--. .
ii- 1 manie supérieure.
Germanie inférieure.
Bretagne.
l'annonie su|>érieure.
Pannonio intérieure.
Hésie lupérieure.
M inférieure.
Dacie.
Dalmatie.
Cappadoee (après Vespasien).
Syîne.
De plus, l'Egypte sous un préfet investi de la puissance
consulaire.
Prétoriennes,
Lusitanie.
Aquitaine.
Lyonnaise.
Belgique.
Galatie.
l'ainpliylie et Lycie (jusqu'en 135 ap. J.-C).
Cilicie.
Arabie.
Xumidie.
Probablement aussi Arménie, Assyrie, Mésopotamie.
Procuratoricnnes.
Alpes Maritimes.
Alpes Cottiennes.
Alpes Pennines.
Rétie (jusiiu'à Marc Aurèle).
Norique (jusqu'à Marc Aurèle).
Thrace.
Epire.
Mauritanie Tingitane.
Maurétanie Césarienne.
Et momentanément Cappadoce (avant Vespasien), Judée
(jusqu'en 70 ap. J.-C).
Voici enfin, d'après Bœcking et Marquardt, le tableau
des divisions administratives romaines et des fonctionnaires
placés à leur tête vers l'an 400 ap. J.-C. :
PR.KFECTU.S PR/ETORIO GALLIARUM
(3 diocèses, 2SJ provinces)
1
2,
3
4
5
(i
7
8
9
10
11
12
13
14
15
10
17,
A. Vicarius Hispaniœ.
Consularis Bœticœ.
— Lusitanise.
— (iallœciœ.
Praeses Tarraconensis.
— Carthaginiensis.
— Tingitanae.
— Insularum Ralearium.
B. Vicarius septem provinciarum.
Consularis Viennensis.
— Lugdunensis.
— Germanise 1.
Germaniœ II.
Belgicœ I.
— Belgicae II.
Pra'ses Alpium Mantimarum.
— Alpium Pœninarum et Graiarum.
— Maxima; Sequanorum.
— Aquitanica' I.
— Aquitanic;e II.
— Novempopulana*.
— Narbonensis 1.
— Narbonensis IL
— Lugdunensis II.
Lugdunensis III.
— Lugdunensis Senonia.'.
C. Vicarius Britanniarum.
1. Consularis Maxima: Ca;sariensis.
2. — Valentis.
3. Pra'ses Britannis I.
4. — Britannis II.
5. — Flaviœ Cssariensis.
PR.EI'ECTUS PR.-ETORIO ITALIE
{'.i diocèses et 29 provinces, 30 on comptant le proconsulat
d'Afrique)
A. Vicarius Urbis liomœ.
1. Consularis Campaniir.
2. — Tuscise et l'mbria?.
3. — Piceni suburbicarii.
4. — Sicilia*.
.'i. Corrector Apulis et Calabriae.
'i. — Bruttiorum et Lucania\
EMPIKE
7.
8.
9.
Kl.
— UK4 —
B.
Samnii.
Sardinie.
Lorsies.
Valérie.
Vicarius llaliœ.
1. Consularis Venetie el Histrie.
2. — r.llllli;.'.
.'i. — Liguriae.
4. Flaminie et Piceni Annonarii.
• >• — Pannoniae II.
(i. Corrector Savie.
7. l'ru'si's Alpiiun Cottiarum.
8. — Raetie I.
9. M;tti.«>~n.
10. — Pannoniae I.
il. — Dalmatie.
12. — Norici mediterranei.
13. — Norici ripensis.
14. Dux Valérie ripensis.
C. Vicarius Africœ.
1. Consularis Byzacii.
2. — Numidie.
3. Prieses Tripolitanar.
4. — MauretaniV Sitifcnsis.
•î>- — Mauretaniic Cicsarieiisis.
Proconsul Africœ (relevant directement de l'empereur).
PR/EFECTUS PR.CTORIO ILLYRICI
(2 diocèses et 1 proconsulat, 12 provinces)
A. Le diocèse de Dacie est sous ses ordres directs, sans
vicaire spécial.
Daciae mediterranenp.
Mœsiae I.
Praevalitamr.
DardaninB.
Daciae ripensis.
B. Proconsul Achaïe.
C. Vicarius Maccdoniœ
1. Consularis Macedoniae.
2. — Cretse.
3. Praeses Thessaliae.
4. — Epiri veteris.
5. — Epiri novae.
6. — Macedonise salutaris.
Consularis
Pneses
Dux
PR.KFECTUS PR.ETORIO ORIENTI8
(5 diocèses et 4G provinces, 49 en comptant celles du pro-
consulat d'Asie)
A. Cornes Oriculis.
1. Consularis Palestina; I.
2. — Phœnices.
3. - Syrie I.
i. — Ciliciii'.
5. — Cypri.
6. Pra'ses Palestine II.
7. — Palestine salutaris.
8. — Phcraices Libani.
9. — Euphratcnsis.
10. — Syri.'p salutaris.
11. — Osrhoëne.
12. — Mesopotamia'.
13. — Glicie II.
14. Cornes rei militaris Isauriie.
18. Dux Arabie-
B. Prœfectus Augustalis.
1. Corrector Augustamnicir.
2. Praeses Arcadie.
3. — l'gypti.
4. — Thebaidos.
••■ — Libye superioris.
6. — Libye interioris.
G. Vic&riut dùk I
I. Conaularia Pamphylie.
"1. — Lydie.
:;. Phmm •
4. — Lycie.
.'). — Lycaonie.
(i. — Pttidie.
7. — Pbrygic Pacate,
8. — Phrygie salutan-.
1). Vicarius Ponticœ.
■I . (Consularis Bithynie.
■1. — Garnie.
3, Corrector Paphlagonia-.
4. Preses Honoriados.
i. — Galatiae salutaris.
(i. — Cappadoria- I.
7. — Cappadoeie II.
8. — llelenoponti.
9. — Ponti Polemoniari.
10. — Armenia? I.
11. — Armeniae II.
E. Vicarius Thraciarum.
1. Consularis Europae.
"2. — Thraciae.
3. Pra'ses Hœmimonti.
4. — Rhodopae.
.'). — Mœsie IL
(i. — Scythiae.
PROCONSUL ASI.E
relevant directement de l'empereur; il avait sous ses
ordres :
1. Consularis Hellesponti.
2. Prises insularum.
Les iles italiennes avaient été annexées, dès le me siècle
av. J.-C. La Sicile, pacifiée depuis longtemps et exploitée
à fond, à cause do sa richesse agricole, comprenait 68 com-
munes, dont une douzaine de colonies romaines. Les autres
conservaient leur constitution grecque. La Sardaigne, qui
fut alternativement province impériale et sénatoriale, était
entièrement regardée comme pays conquis et domaine de
l'Etat. Les communes étaient administrées par des préfets
que nommait le gouverneur romain.
L'Espagne ne fut définitivement soumise qu'en l'an 19
av. J.-C, dans les premières années de l'Empire. Le Sud
formant la province de Bétique était depuis longtemps pacifié ;
les richesses minières et agricoles y étaient grandes ; dans
le centre, les Celtibériens avaient été domptés ; de ce
côté, les villes étaient rares. Au N.-O., les Gallaïques et
les Astures étaient contenus par deux légions : sur le
rivage du golfe de Gascogne, Astures et l'.antabres
étaient de véritables sauvages, comparables aux Peaux-
Rouges. La Bétique et la partie limitrophe de la Tarra-
conaise étaient devenues complètement latines de mœurs et
de langue dès le premier siècle de l'Empire; les routes.
l'immigration de milliers de colons romains, le service mi-
litaire agirent avec une telle rapidité que, dès l'an 75, on
put conférer à toute TEspagne le droit latin {jus l.utii).
Bientôt elles donnèrent à l'Empire deux de ses meilleurs
souverains, Trajan et Adrien.
La Gaule no fut complètement organisée que par Auguste.
Dans les années ;>8 et il av. J.-C, il fallut encore com-
primer des révoltes de l'Aquitaine. La Narbonnaise, romaine
depuis un siècle, était docile: le reste forma trois pro-
vinces. Dans son ensemble, le pays comprenait 300 a 100
cantons qui furent groupés par Auguste en 64 cités; il se
forma de grande villes, notamment la capitale commune,
Lyon, où le culte de l'empereur fut centralisé, ainsi que
l'administration financière des trois provinces. Surlafron-
tièredu Rhin, on détacha une large banda de territoire qui
forma les deux provinces de Germanie. Nous y reviendrons
en parlant de l'organisation des frontières. Sauf dans
l'Aquitaine, les Gaulois furent d'abord réfractaires à la
- m -
KM PIRE
livilisatioii romaine ; les peuplades avaient leurs privilèges
garante par des traites particuliers et y tenaient, l'aris-
tocratie reiusani l'octroi du drrnï un site romain* Mais.au
Ivout (le deux générations, la résistance s 'atténua ; plusieurs
lS demandèrent le droit de cité, et la romanisation,
favorisée par quelques colonies (Cologne,Trèves, Wenches),
era.
- alpestres doivent être liasse» à part. Les
Romains les avaient négliges, malgré let continuels actes
de brigandage des montagnards. Ceux-ci faisaient mémo
I année» un tribal pour les laisser passer.
Auguste soumit, en M a\. J.-C., les llpes Maritimes et
leurs quatre cites des depj rivet du Var (Cimiez, Vence,
Senoz et CtStaUane). la province fut plus tard agrandie
au N. Dans le^ Alpes Cottionnes, le royaume de Cottuiset
ses quatorze cites qu'il gouvernail furent de même incor-
porées à l'Empire. Comme les précédents, ils reçurent, dès
le 1" siècle, le droit latin. Dans les Alpes lVnniuos, la
population resta très indocile, mais fut mise à la raison
par Auguste ; la province ne fut bien organisée qu'au
a, comprenant le Valais avec quatre cités et une partie
de la Savoie jusqu'à la Tarentaise.
La lira— Vi itial nanti ne fut conquise que lentement.
Auguste v exerçait une sorte de protectorat. Claude com-
mença l'occupation qui fut achevée par Agrieola, lequel
fortifia la frontière septentrionale, renonçant à conquérir
la pointe N. de l'Ile. Il éleva des retranchements entre la
Clyde et le I "oit h. Plus tard, Adrien recula la frontière
au S. entre la Tyne et le golfe de Solway oii il traça une
double ligne de retranchements , celle du N. flanquée
de 80 redoutes. Antonio reporta la frontière au N. et
editia îles ouvrages en terre sur la ligne de ceux d'Agricola;
.vpiime Sévère revint au mur d'Adrien. La Bretagne ne fut
que peu latinisée.
Les provinces danubiennes furent ajoutées à l'empire
romain par Auguste. Biles s'étendaient entre les Alpes et
le fleuve. La Hetie allait jusqu'à l'Inn, comprenant l'E. de
la Suisse, le S. de la Bavière et le N. du Tirol actuel;
elle fut conquise en l'an lo av. J.-C. par Drusus et
Tibei-e. les Romains y fondèrent quelques villes, surtout
Augusta Yindelicorum i Aogsbonrg), Elle conserva le carac-
• rnement militaire. Le royaume de Norique,
réduit en province a la même époque, conserva son auto-
nomie jusqu'à la tin du second siècle. Il allait de l'Inn
au Kahlenberg (CaHtu mous) et correspond aux pays
actuels de BaJgbonrg, i.arinthie, etc. Plus à l'E., la Pan-
nonie résista bien plus énergiquement que le Norique. La
conquête dura plus de quinze années (•'!.'>-!» av. J.-C.) et
de nouvelles campagnes île l'an (i à l'an 9 de l'ère
chrétienne. \j& population indigène fut décimée, la plupart
des adultes tues ou vendus au loin. C'était le pays au N.
>axe, compris dans le coude du Danube (Hongrie
occidentale); les Romains y créèrent plusieurs villes, Nu—
mium, Mnrsa (Bmee), Aquincum (Ofen), Savaria (Szom-
bathely), Siscia (Siszek), Emona (Latbach), Vindobona
(Vienne) et d'autres. Cette province, subdivisée plus tard,
acquit une grande importance.
L'Dlyrie comprenait la va>te région circonscrite par les
le Danube, l'Adriatique, les Balkans et la mer
Ga nom avait été emprunté à l'ancienne Illyrie
(Albanie septentrionale), assujettie vers l'an tliT av. J.-C.
I.a Dahnatie fut pou a peu subjuguée, définitivement par
s farouches montagnards ne furent domptés
qu'après la défaite de leurs allies les Pannoniens. Voisine de
l'Italie, la Dalmatie se romanisa ; les villes s'y multiplièrent,
surtout sur le rivage ou fur nt établies des colonies romaines.
L'ancienne Dalmatie englobait la Bosnie actuelle. — l.a
- étendait entre le bas Danube et les Balkans. Klle
fut soumise en J9 av. J.-i.. gans grande difficulté. On en
forma une province bornée a l'O. par la Drina ; plus tard,
elle tut luraiiiaéa en Mène supérieure (Serine) al Béais mie-
rieure a l'O. du Cinbrus (Tzibritza). Les vûTes suntoudes
comptoirs gre<-s du littoral de la mer Noire ou des colonies
romaines comme Singidunum (Belgrade). Au iiic siècle, ces
contrées deviennent prospères; sur la rive droitodu Danube
se multiplient les villes romaines qui sont encore les prin-
cipales aujourd'hui, Nicopolis, Sistova, Widdin. Le gou-
verneur do la Mesie inférieure représentait l'influence
romaine sur la côte septentrionale de la mer Noire. Les
colonies grecques de cette région étaient tributaires des
rois germâtes; ceux-ci étaient sous le protectorat de Rome.
La ville de ïyras (Akermann) lit partie de la Mésie jusqu'en
JilT ap. J.-C. Le royaume du Bosphoro (Crimée) reconnut
l'autorité romaine jusqu'au ivc siècle; scsprinc.es plaçaient
sur la monnaie l'effigie de l'empereur régnant. Il y eut
même à Chorsonesos une garnison romaine.
Au N. du Danube, fut organisée par Trajan la grande
province de Dacie, subdivisée sous Adrien en Dacie supé-
rieure à l'O. et Dacie inférieure à l'E., puis sous Marc
Aurèle en trois provinces. Les guerres de Trajan avaient
exterminé le peuple dace, et pour repeupler ce vaste terri-
toire compris entre le Dniester et la Ternes, il fallut
appeler des colons de toutes les parties de l'Empire. Cette
œuvre est le plus extraordinaire succès de la colonisation
romaine. Bien que les Bomains n'aient gardé le pays que
durant un siècle et demi, ii y ont créé un peuple, le
peuple roumain, le seul qui ait gardé leur nom. Lorsque
Aurélien rappela les garnisons de la Dacie, il transporta
une partie des habitants sur la rive droite du Danube où
il transféra également le nom de Dacie.
Ou donne parfois le nom d'Illyrie (Illyricum) à tout
l'ensemble des provinces danubiennes. Elles ont, en effet,
une physionomie commune. « Autant la vie romaine se déve-
loppait avec richesse et fécondité dans le groupe des pro-
vinces occidentales, autant sur cette pente des Alpes et de
l'a>mus qui descendait du Danube, vers la barbarie germa-
nique et slave, les mœurs étaient encore grossières et vio-
lentes. Peu de villes, de colonies et de cités privilégiées,
mais des camps, des forteresses et, dans les peuplades
indigènes, l'habitude des armes rendue nécessaire par le
voisinage de l'ennemi. Cependant l'Illyricum deviendra une
des parties vitales do l'Empire, parce que ses habitants
conservent des mœurs guerrières au milieu des travaux de
la paix. De là, en effet, sortirent les seuls grands princes,
Théodose excepté, qui arrêteront quelque temps la déca-
dence romaine, et le plus illustre des emjiereurs du Bas-
Empire, Justinien. » (Duruy.)
La Thrace, dont l'importance géographique est grande,
en raison de sa situation intermédiaire entre l'Europe et
l'Asie, était un des pays les plus réfractaires à la civili-
sation. Le rivage méridional, colonisé par les Grecs, était
tombé au pouvoir des Romains en même temps que la
Macédoine et avait été rattaché à cette province. La Cher-
sonèse fut la propriété privée d'Agrippa, puis, par héritage,
de la famille impériale. Dans l'intérieur, les tribus indigènes
résistaient à toute discipline. Les Romains leur tirent une
guerre méthodique, les obligèrent tous à se soumettre sous
le nom d'alliés et, après les avoir gouvernés par l'intermé-
diaire de princes indigènes, ils mirent à la tète des fonc-
tionnaires et réduisirent la Thrace en province (4(i ap. J.-C.).
Les cités grecques de la côte (Abdère, vEnos, Byzance,
Samothrace) furent déclarées libres. L'intérieur du pays
fut divisé en al) stratégies entre lesquelles on groupa
les tribus. Des colonies romaines furent établies, des
villes créées ou relevées. Trajanopolis , Phihppopolis,
lladrianopolis. Les progrès de la vie urbaine et de la pros-
périté furent grands au n" et au 111e siècle, et la Thrace,
subdivisée en six provinces, était, au ive siècle, une des
jiarties les plus peuplées et les plus riches de l'Empire.
La Macédoine s'étendait du Nestus (Kara-sou) a l'E. à
la mer Adriatique à l'O., jusqu'au Drin et au mont Scar-
dus (Tchar Dagh) au N., jusqu'à l'OEta et au golfe Maliaque
au S. ; c'était le boulevard de la puissance romaine dans
cette région ; les anciens Macédoniens, divisés en quatre
districts, avaient été déclarés libres et gardaient leurs lois,
leurs magistrats électifs, battant monnaie, percevant les
EMPIRE
— ÎW6 —
impôts, (|u'iis versaienl aux Romains; de même, les cités
de Dyrrachium, Amphipolis, Thessalonique, étaient libres;
la première devint avec Pella, Philippis Cassandria (Poti-
dée), etc., une colonie romaine. La grande voie militaire
de la péninsule balkanique («ta Egnatia) traversai) la
Macédoine de Dyrrachium a Thessalonique, reliant lltalie
à l'Orient. La paix assurée par la compression des bar-
bares voisins (Itardaniens, Thraces, Illyricns) ramenait la
prospérité dans ce pays.
LAchaïe, l'ancienne Grèce, ne se relevait pas. Toutes
les confédérations avaient été dissoutes, au moins en tant
que pouvoirs politiques ; les cités étaient donc isolées ;
quelques-unes étaient libres (Athènes, Sparte, Delphes) ;
la plupart n'avaient aucun privilège. Rattachée d'abord a
la Macédoine, l'Achaïe ne devint province particulière
qu'en 27 av. J.-C. L'Epire lui fut rattachée momentané-
ment. Des colonies romaines furent fondées à Corinthe.
Patras, Actium (Nico polis). Tandis que les pays occiden-
taux, Espagne et Gaule, et les provinces danubiennes tiraient
grand bénéfice de la domination romaine et développaient
une richesse matérielle et une civilisation urbaine qu'elles
n'avaient pas encore possédée, en Grèce, la ruine de la
la liberté politique acheva la ruine matérielle. La popu-
lation décrut sans cesse, les campagnes désertes se trans-
formaient en pacages ; les iles n'étaient plus cultivées. Le
sort de l'Epire et des cantons montagneux du Nord fut
pire encore ; les tribus de cette zone retombaient dans la
demi-barbarie d'où Rome tirait les IUyriens et les Thraces.
L'Asie Mineure était autrefois et est restée jusqu'à la
conquête turque un pays très favorisé; les plateaux du
centre, les montagnes et les belles vallées du pourtour ont
abrité bien des royaumes et bien des races. Il acceptèrent
assez facilement la domination romaine qui, comme celle
des Perses, respectait leurs constitutions particulières. Au
début, les Romains n'occupèrent que les plaines occiden-
tales et les côtes, laissant à l'intérieur les dynasties natio-
nales qui leur obéissaient servilement. Ce n'est que len-
tement que celles-ci furent l'une après l'autre éliminées.
La première province était celle d'Asie, l'ancien royaume
de Pergame, comprenant l'ancienne Lydie avec la Mysie,
la Carie et les colonies grecques d'Eolide, Ionie et Doride
(moins Rhodes, incorporée sous Vespasien). Les limites
vers l'E. changèrent à plusieurs reprises. Les communes
urbaines très nombreuses, on en comptait 500, furent
groupées en 44 districts ; beaucoup des cités avaient le pri-
vilège de l'autonomie. Ultérieurement, l'Asie fut morcelée
en sept petites provinces. — La Bithynie (du Rhyndacus au
Sangarius [Sakariaj) s'accrut à la mort de Mithridate du
Pont occidental jusqu'à l'Halys (Kyzyl Irmak), mais les
deux fractions conservèrent leurs institutions particulières ;
la première comprenait 12 cités, la seconde H cités;
quelques-unes jouissaient de privilèges, à titre de villes
libres ou de colonies. Les colonies étaient peu nombreuses
en Asie Mineure, car le pays n'avait guère résisté; les
armées y séjournèrent peu et on n'eut pas souvent d'occa-
sion d'y établir des vétérans. — Le royaume de Galatie,
réduit en province l'an 25 av. J.-C., comprenait de vastes
territoires, la Galatie proprement dite (Ancyre, Pessinonte,
Tavium), la Pisidie, la Phrvgie orientale, la Lvcaonie,
l'Isaurie, la Paphlagonie méridionale, une partie du Pont
(Amasia, Comana), et l'on y adjoignit encore momentané-
ment (03 ap. J.-C.) le Pont Polémoniaque, dont dépendait
la côte jusqu'à Trébizonde. La province renfermait deux
cités libres, Sagalassus et Termessus, plusieurs colonies
romaines, Iconium, Claudiopolis, Antioche de Pisidie, etc. ;
chacune des" régions énumérées avait gardé son adminis-
tration propre avec sa métropole et son assemblée. —
Quand le royaume de Cappadoce devint province romaine
(17 ap. J.-C.), on lui laissa son administration avec ses
onze stratégies ; la province fut agrandie plus tard par
l'annexion du Pont, de la Petite-Arménie, enfin de la
Lycaonie avec Iconium; elle confinait à l'Euphrate et au
Taurus. C'était un pays rural; peu de villes; aussi l'in-
fluence romaine fut-elle médiocre, bien moindre qu'en
Galatie. Au n" siècle, les bords de la mer Noue, dans la
région caucasiqne, étaient rattachés a la Cappadoce, jus-
qu'à l'hase et Dioseurias; dans les montagnes de l'inté-
rieur se maintenaient les petits princes indigènes, vassaux
peu fidèles. La Petite-Arménie [Armenia minor) compre-
nait la vallée supérieure de l'Euphrate a\ec Mélitene. Cette
province de Cappadoce avait une réelle importance édi-
tique, parce qu'elle était contigue a l'Arménie et a la Cau-
casie. Nous en reparlerons a l'occasion de la défense des
frontières. Aux quatre anciennes villes (Tyane, Mazaca,
Ariarathia, Archelais), les Romains en ajoutèrent succes-
sivement une quinzaine d'autres. Aussi put-on subdiviser
la province en sept autres au iv siècle ap. J.-C. — La
province de Lycie et Pamphylie date seulement de Vespa-
sien; la Pamphylie, annexée en 103 av. J.-C., avait été
réunie d'abord à la Cilicie, puis à la Galatie, et, quant a la
Lycie, elle demeura libre jusque sous Néron et sous Galba.
Les deux pays conservèrent leurs nationalités distinctes; la
Lycie était une confédération de 23 cités, élisant ses fonc-
tionnaires. — La Cilicie ne fut bien nettement une pro-
vince particulière que depuis Adrien. Les Romains v lais-
sèrent subsister longtemps de petites dynasties locales ;
celle d'Elaiussa, possédant la Cilicie Trachée; celle d'Olbe,
ancienne théocratie ; celle de Tarcondimotus, dans les
monts Amanus; six villes étaient libres, Tarse, Ana-
zarbus, Conçus, Mopsus, Seleucia ad Calvcadnumet I _ :
on cite de plus trois colonies romaines. La province de
Cilicie n'avait en somme aucune unité : 01 y rencontre
plus de douze ères différentes pour les supputations chro-
nologiques. — L'ile de Chypre comprenait quinze cités ;
Paphos puis Salamine furent les principales.
La Syrie avait été morcelée d'une manière si compliquée
à cause des différences de races ou des luttes locales que
la province de ce nom subit des remaniements continuels.
Les Syriens à demi hellénisés allaient jusqu'à Damas ;
à l'E. et au S., on trouvait les Arabes, à l'O. les Phéni-
ciens, au S. les Juifs, parlant des langues différentes. Mais,
de plus, chacun de ces territoires nationaux comprenait des
villes helléniques; enfin un certain nombre de dynasties
locales se maintenaient sur des districts plus ou moins vastes.
Les Romains, se substituant aux Séleucides, respectèrent
à peu près ces divisions compliquées, ramenant graduelle-
ment l'unité. Aux villes, ils donnèrent une constitution
aristocratique censitaire, leur laissant l'administration et
la gestion de leurs revenus. Dans toute la région maritime,
ils favorisèrent et restaurèrent les villes, partageant le
pays en circonscriptions urbaines. Dans l'intérieur, au
contraire, ils utilisèrent les dynasties régnantes comme
agents responsables. Ces petits royaumes furent l'un après
l'autre annexés. Celui de Comagène (entre l'Euphrate. l' Ama-
nus et la Syrie), en 72 ap. J.-C; celui de Chalcis (entre le
Liban et l'Antiliban), vers 92 ap. J.-C.: la tétrarchie d'Abi-
lène (versant oriental de l'Antiliban), en 48 ou 49 ap. J.-C:
le royaume d'Aréthuseet d'Emèse, sous Domitien: celui de
Damas, en 106 ap. J.-C. — La Judée, organisée comme la
Syrie, redevint bientôt un royaume vassal, subdivisé en trois
lots à la mort d'Herode(4 av. J.-C), réuni entre les mains
d'Hérode Agrippa en 41 ap. J.-C. Mais, dès 44, il est
administré par des procurateurs romains, et les révoltes des
Juifs amènent leur extermination. En plein désert, dans
l'oasis de Palmyre. est une cité grecque que l'Empire
s'annexa vers l'an 100 av. J.-C. et qui prit une grande
importance au point commercial et stratégique. La Judée,
ou Si/ri/r Palcestinœ, fut à peu près toujours une pro-
vince particulière: la Syrie proprement dite fut divisée,
sous Septime Sévère, en Syria Cœlett Si/ria l'hnnkc,
la première comprenant le N. avec Antioche et la Coma-
gène, la seconde la Phénicie, Enièse, Damas. Palmyre,
V.luranilis. la Batanea, la Trachonitis. Enfin, au temps
du Bas-Empire, ces trois provinces en formèrent sept. La
Syrie fui une des parties principales de l'empire romain,
par l'abondance de sa population, par sa richesse, par son
- 957 —
EMPIRE
originalité. L'élément romain vint s'ajouter aux autres,
syriaque, aramèen, phénicien, hébreu, arabe, grec. —
la province d'Arabie comprenait la région de Bostraet de
Tetra annexée par Trajan en lO.'i ap. J.-C.
Les provinces de l'Euphrate, disputées entre les Romains
et les Parthes, n'appartinrent qu'irrégulièrement a l'Empire.
I Arménie, <le l'Euphrate à la mer Caspienne, était un
royaume alternativement vassal de ses deux puissants voi-
sins. Elle ne fut réduite définitivement en province que par
l'empire byzantin. La Mésopotamie et l'Assyrie, conquises
par Trajan, furent évacuées par Adrien; mais Marc Aurèle
reoccupa la région septentrionale entre l'Euphrate et le
Tigre et rétablit une province de .Mésopotamie; la zone
orientale, l'Osrhoëne, fût laissée à la dynastie indigène.
Mes colonies romaines étaient établies à Ninive, ('.arrhes,
. Nisihis. En 363, celle-ci fut cédée aux
Perses par Jovien « et c'est la le premier exemple de
il forcée de territoire qui nous ait été présenté par
l'histoire romaine ».
ifricaines, la première était l'Egypte, le
plus ancien des Etats méditerranéens. Auguste lui tit une
place a part ; elle fut considérée comme domaine des empe-
reurs et l'on prit de grandes précautions à son égard ; autant
tous les pays que nous venons de parcourir étaient hètéro-
Sènes avec leurs cités, leurs cantons, de race, de langue,
e uiiiurs différentes, leurs tribus rivales et ennemies,
autant ce v.iste pays de sept ou huit millions d'âmes axait
l'homogénéité d'un Etat moderne. On lui laissa le système
administratif des Ptolémées; la langue grecque resta langue
officielle; le vice-roi relevant directement de l'empereur
prit la place des anciens rois; les institutions religieuses
furent respectées soigneusement. La nationalité égyptienne
fut conservée, et l'on ne s'efforça nullement de la romaniser.
odant quelques villes grecques avaient leur constitution
particulière, et Alexandrie l'ut aussi traitée à part.
anciens ne comptaient dans l'empire romain que
quatre provinces africaines : la Cyrénaique, l'Afrique, la
Numidie, la Mauritanie; en effet, ils rattachaient l'Egypte
à l'Asie et, pour l'administration romaine, cette opinion
prévalut encore au ive siècle. La Cyrénaique était séparée
de l'Egypte par les terrasses presque désertes du Cata-
bathmiu; ces solitudes de la Marmarica furent cependant
conquises et leurs nomades habitants rattachés à la pro-
vince de Cyrénaique, de même que l'ile de, Crète. La Cyré-
naique était en décadence; la Crète également. — L'Afrique,
(aujourd'hui Tunisie et Tripolitaine), c.-a-d. l'ancien terri-
toire de Cartilage, fut agrandie en 23 av. J.-C. par
l'annexion de la Numidie qui s'étendait jusqu'à l'Ampsaga;
celle-ci devint une province particulière sous Septime
S ère; sons Dioctétien, on détacha de l'Afrique la Byza-
cène et la Tripolitaine. Les tribus berbères avaient conservé
une partie de leur autonomie; l'élément phénicien demeu-
rant prépondérant dans la province d'Afrique, la religion
et surtout la langue persistèrent. Toutefois, l'élément ro-
main acquit beaucoup d'importance, et Cartbage devint le
centre d'une civilisation latino-africaine très curieuse. Kn
Afrique et en Numidie, les colonies romaines furent, au
temps de Pline, au nombre de six. plus quinze villes ayant
le droit de cité romaine et trente villes libres. — La Mau-
rétanie. royaume vassal, ne fut annexée qu'en 10 ap. J.-C.
On en forma deux provinces; un grand nombre de colonies
v forent fondées, et la civilisation romaine y a laisse des
- profondes.
Les . Ine des premières taches de l'Empire
fut l'organisation des frontières. 11 définit son territoire et
an assiiia la défense entre l'ennemi extérieur. Auguste
s'efforça de lui donner des frontières naturelles, cours d'eau
ou montagnes, et, dans son testament, il conseilla de s'en
tenir la. Les guerres de conquête cessent donc; la politique
sera surtout défensive. Cependant Claude annexa la Bre-
tagne, Trajan la Dacie et la Mésopotamie. Mais on revint
.ite a la tradition du fondateur, on s'efforça d'avoir
une frontière continue, protégeant l'Empire soit par des
barrières naturelles, soit par des retranchements. Connue
l'indique Marquante le but semble avoir été d'isoler l'Em-
pire, non moins que de le défendre. «Ces retranchements
étaient tels qu'ils semblaient avoir pour objet moins de
défendre les frontières contre une invasion nombreuse que
d'empêcher en général toute communication. Dans une vue
semblable, on imposa entre autres conditions de paix aux
tribus des Quades, des Marcomans, des la/vges et des
Buriens qui habitaient au-dessus du Danube l'obligation de
laisser au N. de la frontière un certain nombre do milles
inhabiles et déserts, même de n'avoir aucun bateau sur le
fleuve, alors que la flottille romaine du Danube surveillait
les communications par eau; et la rigueur de la police
exercée aux frontières au regard des personnnes et des
marchandises apparaît dans des cas nombreux appartenant
a des époques très différentes, d'où l'on peut conclure à
l'existence de certaines règles appliquées pendant toute la
durée de l'Empire. Les étrangers ne peuvent franchir les
frontières que de jour, après avoir déposé leurs armes et
sous une escorte militaire qu'ils doivent payer; de temps
en temps même l'accès des frontières était interdit à
quiconque n'apportait pas des dépèches à l'empereur. Au
contraire, la circulation des marchandises est libre, mais
sous certaines conditions. » Les précautions prises pour
isoler l'Empire des pays voisins contribuent à manifester
son homogénéité, derrière ses frontières, naturelles ou
artificielles.
Au N., en Europe, c'est la ligne du Rhin et du Danube
qui le sépare des peuples germains et slaves. Les marécages
des bouches du Rhin étaient gardées par les Bataves, vas-
saux des Romains. A la hauteur de Cologne, grande colonie
et place d'armes, Agrippa avait cantonné les Ubiens et les
Tongres, ennemis des Suèves et des Cattes, qui défendront
le passage du fleuve. Sur la répartition des forces militaires
dans l'Empire, nous renvoyons aux art. Aiimée romaine et
Auguste. A partir de l'embouchure du Main, la frontière
passait sur la rive droite du Rhin et un retranchement allait
joindre !e coude du Danube, couvrant les Champs ddeu-
mates (Y. t. XIII, p. 10!)7). A partir de ce point la frontière
suivait le Danube jusqu'à la mer Noire, sauf pendant la
période où fut constituée au N. du fleuve la province de
Dacie (Y. ce mot). De fortes colonies romaines avaient été
établies dans cet angle saillant de la Pannonie, dans les
vallées de la Save et de la Drave, de manière à couvrir
l'Italie du coté vulnérable. Sur le Danube même nous trou-
vons les places de Taurunum (Semlin) et Sirmium, puis les
villes de la Mésie. Nous avons déjà indiqué sommairement
l'extension de l'influence romaine autour de la mer Noire.
— En Asie, la frontière était flottante ; l'ascendant de
l'Empire s'étendait sur les pays du Caucase, mais non sur sa
domination directe. L'Arménie lui échappa plusieurs fois.
Nous avons dit comment la Mésopotamie fut disputée avec
les Parthes, puis les Perses. La limite de la Syrie était le
désert, Palmyre servant d'avant-poste. — En Afrique, de
même, la frontière méridionale est formée par le désert;
on avait multiplié les postes au débouché des vallées. Pour
toutes ces questions des limites précises et successives de
chaque province, il faut se reporter aux articles spéciaux
(Syrie, Egtpte, etc).
Les voies romaines. Au point de vue stratégique, la
défense de l'empire romain n'était pas seulement assurée
aux frontières; les mesures prises de ce coté furent com-
plétées par la construction d'un vaste réseau de routes,
routes militaires d'abord, mais qui servirent à tous les
besoins d'une circulation d'hommes et de marchandises de
plus en plus active. Un lira dans l'art. Boute la descrip-
tion des voies romaines qui sont encore un des témoignages
les plus persistants de la grandeur de l'Empire. Ici nous
ne nous en occuperons qu'au point de vue politique. L'im-
portance de ces grandes voies était telle qu'Auguste s'en
fit attribuer l'administration par une loi spéciale (20 av.
J.-C). Il lui donna un grand développement. Toutes par-
taient de Rome, du Milliaire d'or que l'empereur fit
EMPIRE
958 -
i . .1 au Forum; de là dles nyonoaient ten 1m extré-
mités de l'Empire. On discerne cinq réeeatn principaux.
Par la «rie Appiemie, ou se rendait en Campanie, |>uis dans
Fltaue méridionale jusqu'à Rhegiom; delà en passait en
Sicile ei la roule longeai I là cote septentrionale de l'Ile,
par Païenne, gagnant Lilybée; on s'y embarquait pour
Carthage d'où partaient deux grandes routes, dont l'une fut
prolongée jusqu'à Tbigis (Tanger) fers l'Atlantique, l'autre
jusqu'à Alexandrie en Egypte. D'Alexandrie, deux «lies
remontaient le long des deux rives du Nil jusqu'à la fron-
tière éthiopienne; une troisième chaussée traversait l'isthme
de Suez et par la Palestine et la Syrie arrivait à Antioche.
— Ceux qui voulaient de l'Italie passer dans les provinces
orientales suivaient la voie Appiemie jusqu'à Capoue, bifur-
quaient alors vers le S.-K. et allaient à ISrundusium, tra-
versaient l'Adriatique et débarquaient à Dyrrhachium. Ce
port grec était la tète delà belle voie Egnaiia qui, par la
Macédoine, gagnait Thessalonique; deux embranchements
se dirigeaient par la région occidentale et la région orien-
tale de la péninsule hellénique et se réunissaient à Athènes
où ils se reliaient au système routier du Péloponèse. De
Thessalonique, la voie maîtresse continuait le long du rivage
de la mer Egée, par les villes grecques de Thrace vêts
Byzance d'une part et Callipolis de l'autre. La grande route
des armées était celle-ci : elle franchissait l'IIellespont
entre Callipolis et Lampsaque, traversait toute l'Asie
Mineure pour aboutira Antioche. — Trois réseaux routiers
mettaient en communication Rome avec les contrées septen-
trionales. Par la voie Flammia, on allait en Ombrie et vers
Ancône; ensuite la voie .fànilia ramenait vers le N.-O. à
Milan. De celle-ci se détachait à Mutina (Modène) une
chaussée qui conduisait à Aquilée par Vérone; une autre
partie de Milan, atteignait le même but par Bergamum et
Brixia. rejoignant la précédente à Vérone. Du grand marché
et poste militaire d'Aquilée partaient une série de routes;
celle de la Dalmatie qui, parPola et les côtes orientales de
l'Adriatique, se dirigeait vers Dyrrhachium; celle de la
péninsule balkanique qui passait par Siscia, Sirmium, Sar-
dique et Andrinople pour aboutir à Byzance et s'y rattacher
aux routes de l'Asie Mineure ; enfin celle de la Pannonie
dont l'extrémité était Carnuntum (en face du confluent de
la March et du Danube), d'où l'on allaita l'E. vers Aquin-
cum (Ofen), à l'O. vers l'Enns. L'affermissement de la
domination romaine dans les Alpes centrales décida la
construction de nouvelles routes; l'une d'Aquilée à Veldi-
dena (Wilden) sur l'Inn, franchissait les Alpes Carniques.
Mais la grande voie était celle du Brenner, dont la tête
était Vérone et l'aboutissant Âugusta Vindelicorum
(Augsbourg) ; cette ville était rattachée à Ratisbonne et
Enns (et par là à Carnuntum) vers l'E., à PO. avec les
établissements romains des bords du Neckar (Champs décu-
mates), enfin au S.-O., avec ceux du lac de Constance
desservis par la route de Milan et du col du Splugen vers
Bregenz et Augusta Rauracorum (Augst-Bàle). — Les
relations entre i'Ilalie et la Gaule se faisaient par l'intermé-
diaire de Milan et de Turin. Les voies romaines principales
étaient celle du mont Genèvre, par où l'on se rendait à Arles;
celle du Petit-Saint-Bernard qui menait à Vienne, a Genève,
à Besançon et à la vallée moyenne du Rhin; celle du
Grand-Saint-Bernard qui se détachait de la précédente à
Augusta l'rnlorin (Aoste), passait par Marti^ny, Vevey,
Augusta Rduracorutft, et la rive gauche du Rhin jusqu'à
Mogurttaciacum (Mayence); on la prolongea par Trêves,
Cologne, Nimègue, Utrecht, jusqu'à la mer du Nord, et,
dans un autre sens, vers Reims, la grande plaie de la
Caule septentrionale, reliée a la vallée de la Seine par
Paris et Rouen, à celle de la Loire par Orléans, enfin à
celle du Bhone par l.yun : de Lyon, centre de la Gaule
entière, d'autres routes joignaient Strasbourg et Bordeaux.
— La dernière grande route militaire de l'Italie était la
voie Aurélia qui longeait le rivage de la mer Tvnhi'nirniie,
par Centumcenae, Pise, Lùna, Cènes, pois suivant le trajet
de la Corniche ((induisait à Marseille et Arles. De là elle
allait à Varbonne, avee embranchement sur Bordeaux : plie
franchissait les Pyrénées a Jnnraria. se rendait à Har-
eelone, Tarragone, Tortose ou elle passait l'Eure pour
suivre la côte méditerranéenne jusqu'à Gades (Cadiz).
I n omffle, lei cinq retenu que nous venons de décrire
sommairement, rattachaient la eapitale de l'Empire a
l'Afrique, à rOrieut hellénique, aux pays danubiens, à la
Caule. a l'Espagne. Leur raison d'être essentielle était le
transport rapide des légions d'un point à l'autre des pro-
vinces, la faiMessé numérique de l'armée rpmaine était
compensée par cette mobilité. Nous avons déjà dit que ees
mules furent aussi utilisées pour le commerce et servirent
au développement de la poste, institution publique i :
par le fondateur de l'Empire (V. (loi te. Commerce, Poste
et Ai'Glste).
Fondation de l'Empire. — Les faits relatifs à la
fondation de l'Empire ont été exposés dans l'art. Ail
(V. aussi l'art. C£sar). Nous n'y reviendrons que très
brièvement. On a dit comment le vainqueur d'Actium trans-
forma les institutions républicaines et s'efforça de dissi-
muler le principe monarchique. L'empire romain des pru-
niers siècles, que l'on désigne sous le nom de Haut-Empire,
n'est pas à proprement parler une monarchie. Mommsen
l'a désignée sous le nom de dyarchie, faisant allusion au
partage de l'autorité entre l'empereur et le Sénat (V. ce
mot). Le terme usuel fut celui de principal . Nous en dé-
crirons plus loin les principes et l'organisation (V. le § l'Or-
ganisation de l'Empire).
Histoire du Haut-Empire. — Octave, décoré du
nom d'Auguste en 27 av. J.-C, consacra sa vie à l'orga-
nisation du nouvel empire. Sous la forme qu'il lui donna,
celui-ci dura environ trois siècles, jusqu'à la grande ré-
forme politique et administrative de Dioclétien. Ces trois
premiers siècles embrassent la durée du Haut-Empire
ainsi nommé pour le distinguer du Bas-Empire. On v peut
marquer plusieurs divisions : la période des douze Césars
ou du premier siècle; la période des Antonins ou du second
siècle ; la période des princes syriens, et enfin la période
de l'anarchie et des empereurs illvriens.
La période des douze Césars comprend deux groupes de
souverains, d'abord ceux de la famille Julienne et Clau-
dienne (Jules César, Auguste, Tibère, Caligula, Claude,
Néron) ; à la fin, ceux de la famille Flavienne (Vespasien,
Titus, Domitien). Entre ces deux dynasties s'intercalent
les règnes de trois empereurs éphémères (Galba. Othon,
Vitellius). Auguste, lorsqu'il eut pris possession officielle
du pouvoir impérial (27 av. J.-C.) et ordonné l'adminis-
tration provinciale, d'accord avec le Sénat, fut un des princes
les plus actifs qu'ait possédés l'Empire. En dehors de son
travail d'organisation politique et administrative, de la
réforme complète de l'armée romaine (Y. ce mot), des
réformes financières, de la réforme religieuse, de la protec-
tion éclairée donnée aux lettres et aux arts, de ses grands
travaux publics, il eut une politique extérieure méthodique,
poussant l'Empire jusqu'à ses frontières naturelles. La
conquête de l'Espagne fut achevée par la défaite des Can-
(abres,et les Alpes gauloises pacifiées par celle des Salasses;
l'Afrique par celle des Gétules et l'institution du royaume
de Mauritanie. Après une première série de voyages qui
achèvent l'œuvre de la fondation du gouvernement impé-
rial, Auguste, pour faire jouir ses sujets de la paix romaine.
travaille à la frontière. Du coté de î'Euphrate, il établit en
Arménie un roi vassal, intimide les Parlhes; il noue des
relations avec l'Inde. Les Ethiopiens sont vaincus sur le
haut Nil : les nomades africains soumis ou châties. Les
grandes difficultés se trouvaient en Europe, sur la front,
septentrionale du monde romain. On se trouva aux prises
avec une race dont l'entrée dan> l'histoire était récente, la
rare germanique, et les mesures prises à ce moment furent
lionnes pour l'histoire de l'empire romain. On débuta
parla conquête du ma>sif alpestre et des \ allées qui en
descendent jusqu'au Danube. La soumission des Ilètes. des
Viiulcliriens, des Pannoniens. des Dalniates. la formation
— 9*9 —
EMPIRE
d'une série de nouvelles provinces et l.i création «le puis—
sautes colonies militaires ont été indiquées. La Germanie
l'ut alors attaquée à la bis ilu coté do. Danube et du coté
du Rhin, l'u coté du Danube, on ae heurta au royaume des
comans; du coté du Rhin :m\ Sicambres, aux Bntc-
lères, aux Cattes, ans Chérusques. La Germanie fut
eonqniae jusqu'à l'Elbe. L'expédition décisive contre les
amans fut arrêtée par le soulèvement de la Panno-i
nie et de la Palmatie. A peine celui-ci fut-il comprime que
la Germanie da Nord s'insurgea; le massacre des légions
de \ les Romains sur le Rhin. La conquête de
la Gennanie était manqnée (V. Auguste el Germanie). Les
dernières années du règne d'Auguste furent occupées par
la question de sa succession; ses grands coDaboratenrs
militaires, Vgrippa, Drusus et Tibère, avaient été tour à
loin - sseurs désignés; la mort prématurée de ses
petits-fils laissait la place libre au dentier.
. qui avait régné de l'an 30 av. J.-C. a l'an 14
a|>. J.-C., eut donc pour successeur son beau-fils Tibère
niinue la politique d'Auguste, sans
remédier aux défauts de la première organisation de l'Em-
pire. L'aristocratie romaine n'avait pas de motif de con-
sidérer comme une institution définitive le principal, dont
h mode de succession n'était pas réglé; réquivoque, résul-
tant du maintien des formes républicaines, pèsera sur tout
le premier siècle de l'Empire el sur les douze Césars dont
la moitié auront une fin violent. ■ el qui tous seront en
butte à des conspirations à Rome et à des soulèvements
de l'un ou l'autre des groupes de leur année permanente.
Tibère fut d'abord menacé par la rivalité de Germanicus.
mort (I!'). celle du tils de l'empereur, Drusus
isole l'empereur qui devient de plus en plus ombra-
_ i et miel. C'est l'époque des délateurs ; la loi de
majesté devient une arme terrible. D'autre part, la con-
centration de la garde prétorienne met Rome et l'Empire
à la merci d'une troupe de mercenaires. En revanche,
l'administration de Tibère fut remarquable, surtout au
point de vue de la gestion financière. Sa politique exté-
rieure fut habile; il contint les Germains en les divisant
et n'eut pas de grande guérie.
Caligula (37-41), iils de Germanicus, était un aliéné;
après d'heureux commencements, il tourne mal ; ses atroces
cruautés, ses folies mettent en relief la bassesse des Romains
de son temps; cette capricieuse tyrannie finit par l'assas-
sinat du maître. Après une vaine tentative pour restaurer
la liberté républicaine, on lui donne pour successeur le
timide Claude (44-54), son oncle. Celui-ci remet le gou-
vernement à ses affranchis, réalise de grandes améliora-
tions dans la législation civile. Il signale son règne par la
conquête de l'Ile de Bretagne, les progrès de la colonisa-
tion romaine vers le Rhin et le Danube. Ridiculisé par
aline, sa première femme, dans ses dernières années,
il est domine par la seconde, Aerippine, qui élève au trône
son fiK Héron (r>4-68). Celui-ci eut d'abord cinq bonnes
années {quinquennium Neronis); a l'extérieur, la guerre
parthique assure la prépondérance romaine en Arménie.
arrivé à l'âge d'homme, Néron s'abandonne a tous
les excès. Il désorganise les finances; les folies criminelles
■I t histrion couronne provoquent une série de soulève-
ments, au nom du Sénat. Néron est tué et remplacé par
Galba qui a été proclamé en Espagne.
Ij mort du dernier prince de la famille des Césars crée
des dangers nouveaux. Menacé par les conspirateurs, Tibère
s'était mis sous la protection de la garde prétorienne. Ces
mercenaires avaient disposé de l'Empire; mais, lorsque la
famille des Césars est éteinte, les légions des provinces
n'ont plu» de raison pour accepter l'élu des prétoriens,
celui a qui ils vendaient la monarchie ; chacune ai - armées
songe naturellement a porter au pouvoir son chef. On
Kmeat an révolutions militaires qui avaient désolé le
dernier siècle de la république romaine. En dix-huit mois,
trois empereurs vont se succéder et tomber au profit d'un
quatrième. Galba (68-69) ne règne que sept mois ; les
prétoriens regorgent et intronisent Othon, qui ne gardera
l'Empire que quatre-vingt-huit jours. Ces légions de Cer-
manie amènent leur chef VitelHus, dont la victoire de
Bédriae assure le triomphe. Il ne voit dans l'Empire qu'une
proie et ne laissera d'autre souvenir que celui d'une insa-
tiable gloutonnerie. Les légions d'Orient proclament Ves-
pasieu, qui dirigeait la guerre de Judée; celles d'Illyrie
l'acceptent, écrasent les soldats de Vilellius près de Cré-
mone, puis a Rome.
Vespasien (69-79), le premier empereur plébéien, est
le fondateur d'une nouvelle dynastie, celle dos Flaviens,
qui durera peu, mais réorganise l'Empire. Il achève la
soumission de la Caule insurgé! à la mort de Néron, par
la défaite des Rataves, et il extermine dans Jérusalem les
Juifs qui avaient tenté une lutte suprême pour l'existence
nationale. Il renouvelle la noblesse romaine en ajoutant,
aux deux cents grnlrs romaines, mille familles italiennes
ou provinciales. Le Sénat, avili par les tyrans de la véné-
ration précédente, reprend sa place dans le système impé-
rial. Son économie sévère répare les désastres des années
antérieures. Il multiplie les colonies et les fondations de
villes. Titus (79-81) règne juste assez pour laisser un
souvenir de honte qui contraste avec la cruauté soupçon-
neuse de son frère et successeur, Domitien (8I-9(i). Ses
guerres défensives contre les Germains furent sans gloire,
il lit construire le retranchement qui couvrait les Champs
décumates entre le Rhin et le Danube; mais il paya tribut
aux Daces. Les dépenses énormes de ses constructions et
de ses spectacles épuisent le trésor laissé par Vespasien ;
« le besoin le rendit avide et la peur le rendit cruel ». Il
fut assassiné. Comme tant d'autres, tyran abominable dans
Rome, il fut pour les provinces un administrateur vigi-
lant et bienfaisant.
Après la dit parition des Flaviens, s'ouvre pour l'empire
romain une ère nouvelle, celle des empereurs provinciaux
se recrutant par 'e système de l'adoption. Ce fut la
période la plus prospère de l'empire romain. Le court
règne de AVrra (96-98) l'inaugure. M. Duruy en a très
bien marqué le caractère et celui de la première époque
« Dix empereurs se sont partagés les quatre-vingt-deux
années écoulées entre l'avènement de Tibère et celui de
Nerva. Cinq provenaient de l'hérédité ; cinq de l'élection
des soldats; l'une donnait par exemple Caligula et Néron;
l'autre Claude etVitellius. D'après leurs résultats, les deux
systèmes se valaient. C'est qu'ils différaient seulement par
les apparences. Qu'Olhon achetât l'Empire aux prétoriens ou
«pie Domitien héritât de son père, il importait peu. Le prince,
de quelque façon qu'il le fut devenu, était maître sans
partage dans un pays qui n'avait cependant pas supprimé
toute trace de ses institutions libres, et dans un temps où
l'on se souvenait encore du peuple, du Sénat, des comices
avec leurs magistrats annuels et responsables. Ainsi la
la forme du pouvoir était en contradiction avec les mœurs
et les traditions, deux grandes forces qui veulent être mé-
nagées ; mais elle paraissait d'accord avec une autre puis-
sance dont il faut tenir compte : les intérêts, car partout
régnait un immense besoin de paix et d'ordre public. Il y
avait donc, pour cette société, deux questions très diffé-
rentes; l'une, politique qui se débattait à Rome, et malheu-
reusement aussi dans les camps, le plus souvent au milieu
de péripéties sanglantes : celle de l'avènement, du maintien
ou de la chute du maitre; l'autre économique, qui était le
seul souci des provinciaux : la paix sans concussions ni
violences, la sûreté des routes et l'activité du commerce,
sans impôts trop lourds. Auguste et Vespasien avaient
satisfait à ce double besoin ; sous eux, Rome avait été
tranquille, la loi de majesté oubliée, le licteur sans emploi,
et il y avait eu : à l'armée, de la discipline, dans les
provinces, du bien-être; dans l'Etat, les formes extérieures
de la liberté; mais ces biens provenaient de la sagesse de
deux hommes, non des institutions, et ils passèrent avec
eux.» Au if sie.le, il n'y a pas de transformation radicale,
mais une amélioration sensible. Cinq princes vont régner
KMI'IIU.
— !MiO —
durant quatre-vingt-cinq années et aucun ne mourra <J<-
mort violente. Us continuent pourtant la même politique
générale que leurs devanciers, mais en la perfectionnant.
C'est vis-fc-visde l'aristocratie romaine que leur plan de
conduite est différent. Ils no la jalousent plus, mais au
contraire l'entourent d'égards. Décimée par les tyrans,
reconstituée par Vespasien, elle se grimpe autour du sou-
verain. « Ses membres remplissent à ce moment toutes
les hautes charges de l'Etat. Sans rendre aux grands le
pouvoir, les Antonins paraîtront gouverner avec eux et
pour eux. Ils feront des patriciens afin de tenir cette
nohlesse au complet. Cela suffira pour des ambitions deve-
nues modestes : l'aristocratie qui était contre les Césars,
même encore contre les lïavicns, en état de conspiration
permanente, ne formera plus que de rares complots dont
pas un ne réussira ; et le Sénat qui croit avoir recouvré à
jamais le droit de nommer le magistrat suprême de la
République fera frapper des médailles avec cette légende :
Libellas restituta. » Ce sont en effet les sénateurs qui
désignèrent Nerva. Trop faible pour gouverner, son grand
mérite est d'avoir adopté Trajan.
Trajan (98-117), natif d'Espagne, général émérite, fut
le dernier des empereurs conquérants, à vrai dire le seul
depuis Auguste; il conquit la Dacie et porta la frontière
romaine aux Carpates et au Dniester; il la colonisa et
prépara le peuple roumain ; il annexa l'Arabie septentrionale
à la fin de son règne et il faillit détruire la monarchie des
Parthes, subjuguant momentanément la Mésopotamie jus-
qu'au golfe Persique. Ce ne sont pas là ses seuls titres :
son œuvre législative et administrative est considérable,
sans parler de l'institution alimentaire au profit des
enfants. Ses tendances humanitaires ne sont pas moins
remarquables que son esprit de justice. Son règne est mar-
qué par de nouveaux progrès de la centr?,isation adminis-
trative. — Adrien (1 17-138), fils adoptif de Trajan, fut
aussi pacifique que son prédécesseur avait été belliqueux ;
ce fin lettré fut un excellent prince, qui consacra presque
tout son temps aux provinces. Sauf dans les dernières
années, il passa son règne à voyager à travers l'Empire,
étudiant sur place les besoins de chaque région et de
chaque cité. Sa politique extérieure reposa sur le régime
subsidiaire et la fortification des frontières ; il replia les
légions à l'abri de frontières nettement délimitées, et au
delà il pensionna les rois barbares afin de s'assurer de
leur fidélité. Les places fortes qu'il éleva, surtout le long
du Danube, seront pendant deux siècles les boulevards de
l'empire romain. A aucune époque l'ensemble des pays
méditerranéens n'a été aussi tranquille et aussi prospère
qu'en cette apogée de l'Empire. La réorganisation du con-
silium principis, le recrutement de l'administration cen-
trale parmi les chevaliers romains et non plus parmi les
affranchis, donnent au régime impérial le caractère d'une
grande monarchie centralisée et lui assurent les avantages
du gouvernement impersonnel. A cet égard Adrien prépare
le Bas-Empire, la centralisation administrative et la hiérar-
chie bureaucratique qu'il a légués à l'Europe moderne. —
Antonin (188-161) laisse se détendre les ressorts tendus
par Adrien ; son excessive bonté et la sécurité complète dont
jouit alors l'Empire lui valurent une immense popularité ;
son œuvre législative est considérable. — 11 eut pour suc-
cesseur son gendre, Marc Aurèle (461-180). Ce stoïcien
vit reparaître le danger à la frontière. Les Parthes furent
défaits, l'empereur îui-mêrae dirigea sur le Danube une
interminable guerre contre les barbares et réussit à arrêter
une invasion' dangereuse et dévastatrice. Son associé au
trône, Lucius Verus, ne régna que de nom. — Commode
(180-193), fils et successeur de Marc Aurèle, se comporta
en gladiateur couronné. Avec lui finit la période bénie des
Intonins. Il fut assassiné.
Il y eut alors une période de troubles et de guerres
civiles acharnées, pire que celles qui avaient suivi la mort
de Néron. Le grave Pertinax (193) fut bientôt égorge
par les prétoriens : ceux-ci vendirent l'Empire à Didius
Julianus. Mais les légions de Syrie proi lamèreot empereur
Niger, celles de Bretagne Album-,, eefles de Pannonk
Septime Sévère. Ce dernier remporta; recousu a Lomé,
il défit Niger1 en Asie, puis Albinus, avec qui il avait
d'abord partagé l'empire a Trévoux (l!Mi). — Septime
Sévère 1 193-211), bien que d'origine africaine, est le pre-
mier des empereurs orientaux : sa femme était Syrienne et
exerça une grande influence. Ce fui un princi
énergique qui fit de grandes réformes; il dépouilla l'Italie
de la plupart de ses privilèges, donna une grande impor-
tance au préfet du prétoire; le travail législatif fui consi-
dérable. Néanmoins ce fut avant tout un prince militaire,
et le militarisme acquit alors une prépondérance qui ne fut
pas une des moindres causes de la ruine de l'Empire au
m' siècle. Les fils de Septime Sévère. Caracalla et Cela,
régnent ensemble sous la tutelle de leur mère syrienne,
Julia Domna. Caracalla égorgea son frère 1 1
(212-217). Sun grand acte fut l'extension du droit de
cité romaine à tous les habitants libres de l'Empire. 11
marque le terme du travail d'assimilation progressive des
vaincus aux vainqueurs. 11 combattit avec succès les Ma-
mans et les Parthes. Il fut assassiné et remplacé par Maerin
(217-218). Les princesses syriennes, Julia Domna, Julia
Musa, Soa-nias et Mammée renversent celui-ci au profit d'un
jeune prêtre d'Emèse, Elagabal (218-222). Cet enfant,
n'ayant d'autre souci que la propagande de son dieu, tente de
donner à Home une nouvelle religion officielle ; ses débauches
le déconsidèrent; Mœsia et Mammée le remplacent par son
cousin, le doux Alexandre Sévère (222-235), sous le nom
duquel gouverne le grand jurisconsulte Ulpien. On réalise
une réforme grave en séparant dans l'administration pro-
vinciale l'autorité militaire de l'autorité civile. Alexandre
Sévère rêve des réformes religieuses et cherche à faire
prévaloir le syncrétisme qui amalgamerait toutes les
croyances et tous les cultes. Après une guerre contre les
Perses, il est assassiné par le soudard Maximin, un géant
d'origine gothique. Celui-ci n'est même plus un provincial,
c'est un barbare romanisé.
Maximin (233-238) ne fut pas accepté par les Romains;
ni l'aristocratie ni le peuple ne le supportèrent longtemps,
malgré ses victoires sur les Germains. Gordien fut pro-
clamé en Afrique avec son fils; le Sénat les reconnut tous
deux; ils périrent près de Carthage; le Sénat élut alors
empereurs Coelius Decius Balbinus et Pupienus Maximin,
auxquels on associa le petit-fils du vieux Gordien, Gor-
dien III. Maximin fut tué par ses soldats, les deux em-
pereurs sénatoriaux par les prétoriens; Gordien resta seul
(238-244). Au cours d'une expédition contre les Perses,
il fut tué à l'instigation de l'Arabe Philippe qui prit sa
place. Philippe (244-249) abandonna l'Arménie aux Perses,
célébra à Rome le jubilé millénaire de la fondation de la
cité; sa grande affaire fut la lutte contre l'invasion des
Goths. Les légions de Mésie et de l'annonie proclamèrent
empereur Decius, vaincu à Vérone. Philippe périt. Decius
(249-251) est le premier empereur qui ait systématique-
ment poursuivi les chrétiens (V. Persécution). Il péril en
combattant les Goths dans la Dobroudja. La péninsule bal-
kanique était ouverte aux envahisseurs. L'Empire faillit
s'effondrer.
GaUus (251-284), associé à son fils Volusianus et à
celui de Decius, Hostilius, achète la retraite des Goths et
rentre en Italie. Les légions de Mésie se prononcent pour
leur légat .l'.milianus (253-254) qui bat les Goths et
renverse Gallus. Mais Valérien amène les légions rhénanes
et succède à .Emilianus, tué par ses propres soldats. Valé-
rien (254-260) s'associe son lils Gallienus. Il commence
par déblayer des envahisseurs gothiques la péninsule bal-
kanique: il se porta ensuite contre les Perses, mais fut fait
prisonnier. Gallienus (254-268) resté seul ne put suffire a
la tache. De toutes |»arts l'Empire se disloquait. Le système
îles pronunriamenlos se généralise : chaque armée, chaque
province veut avoir ses empereurs; tous les chefs mili-
taires prennent la pourpre. C'est l'époque qu'on désigne
— %i —
EMPIRE
l>ar ['appellation caractéristique des Trente Tyrans. Le
mouvement commence en Î58, par les légions de Pannonie
oui font empereur tngennas. Il est vaincu et tué. En
Gante, Gnllienus avait désigné comme césar son jeune tils
Saloninus. Le général qui avait vaineu les Francs et
les Mamans. PostwiMU, mil à mort cet enfant et prit la
pourpre (260); il fut reconnu en Gaule. V l'autre extré-
mité .le l'Empire, ii Palmyre, Odenath., qui tenait les
■n éehee, s.' rend indépendant 1. 'armée d'Asie Mi-
neure élève Uacrianus; celle d'Àchaïe Valais, puis
Piton: les deu\ derniers sont bientôt assassinés; Macria-
qus fut vaincu et tué par Auréolas, général de Gallienus
et chef des légions iUyriennes ($62). En Egypte, le gou-
wrneur t'.milienus e>t proclamé empereur (262). Gal-
henu- se tourne contre la Gaule, s'enteiulant seulement
■m Odenath qu'il accepte comme auguste et son collègue
pour l'Orient (264). En Gaule, Postumus est forcé <le
r l'Empire avec Victorinus. Les Pannoniens se
rangent autour d'un nouvel usurpateur. RegaliantU, qui
fat tue preaqne aussitôt, lui -2iio, Gallienus reconquiert
te; les (sauriens font un empereur, Trebellianus,
qui mu coml>e peu après. Les provinces centrales de l'Em-
paré étaient dans une situation pitoyable. Dans celles de
l'Ouest. Postumus eut à lutter contre un concurrent, .F.lin-
nus, candidat des troupes rhénanes ("2l>(>), le vainquit,
mais fut tue par ses soldats; .Elianus de même (-21)7).
Alors parai KartUS, qui eut le même sort, et enfin Vic-
torinus. Sa mère. Victorilta, prend sa place et fait élire
aaapereor Tetricus (268) auquel la Gaule, la Bretagne,
la moitié de l'Espagne restent fidèles. En Orient, Odenath
usiné avec son tils flèrode, et les meurtriers accla-
ment son beau-fils, Maonùu, bientôt abattu. La veuve
d'Odenath, Zénobie, se fait obéir par l'armée et le peuple
de Palmyre sous le titre de reine de l'Orient; elle s'allie
tas Perses; les Romains sont rejetés au delà de l'Haly par
les soldats de Zénobie. Enfin Aureolus revêt à son tour
la pourpre, et est vaincu par Gallienus, mais les généraux
de celui-ci le font tuer et donnent l'Empire à Claude.
Claude II (268--270) est le premier de ces énergiques
empereurs illvriens qui vont restaurer l'empire romain et
relouler la première invasion. Vite débarrassé d'Aureolus,
il fait une boucherie des Barbares qui avaient passé le Da-
nube et menaçaient la péninsule balkanique par terre et
par mer. I>a terrible bataille de Naissus (Nisch, sur la Nis-
sawa) sauve la domination romaine. Emporté par la peste,
Claude a pour successeur son frère QuintiUus, mais les
désignent Aurélien, el QuintiUus disparaît au bout
de trois semaines. Aurélien (270-275) évacue la Daeie
qu'il abandonne aux Goths, mais réorganise et défend bien
la frontière du Danube. Il reconquiert l'Orient sur Zénobie,
la Gaule sur Tetricus, rétablit ainsi l'unité de l'Empire
(-27i). La réforme monétaire remet un peu d'ordre dans
la vie économique. Victime d'une sédition, ce grand empe-
reur a pour successeur le vieux Tacite (-27.v>--27(>) qui a
le même sort; son frère Florianus est reconnu en Asie,
mais l'armée se prononce pour Probus (-27U--2K-2), le dernier
inds empereurs illvriens; il repousse les Germains
du Hbin et du Danube, écrase les Isauriens, colonise les
provinces dépeuplées en y transplantant des Barbares. Il
est assassine dans une révolte militaire. Carns (282-283)
perd les Champs decumales, mais bat les Perses; il est
assassiné; ses fils, Carùtus et Sumérien, lui succèdent.
L'assassinat de Numérien par Aper amené l'élection de
Dioctétien, te fondateur de la monarchie administrative et
frisée du Bas-Empire ("2H4). Avant d'en aborder
l'histoire, il convient d'étudier les institutions politiques
du Haut-Empire.
Organisation de l'Empire. — La révolution qui
substitua l'Empire à la république romaine se fit par
quelques mesures très simples. « On est surpris, écrit
M. Eustel de Conknges, de la facilité avec laquelle ce
nouveau régime s'établit, et du peu qu'il fallut pour dresser
le pouvoir le plus absolu qui fut jamais. Les fondateurs de
i.RA.tbE EM.YCLOI'KDIE. — W.
l'Empire n'eurent à formuler aucun principe nouveau. C'est
avec les vieux principes et les règles de la Konie républi-
caine qu'ils régnèrent; c'est au nom de la souveraineté do
la République qu'ils furent des maîtres. Les jurisconsultes
de l'époque impériale proclament cet axiome du droit.
public de leur temps : si l'empereur peut tout, c'est parce
que le peuple romain lui confère et met en lui toute sa
puissance. Dans les idées de ces générations, le vrai sou-
verain était encore le Peuple; l'Etat s'appelait encore, la
République ; ce Peuple ou cette République continuait à
déléguer sa souveraineté au prince comme il l'avait délé-
guée autrefois aux consuls. Celte délégation de l'autorité
n'était pas une pure fiction. Elle se fit au temps d'Auguste
par un acte formel et par une loi régulière du Sénat et du
peuple. Elle fut renouvelée ensuite pour chaque prince par
le Sénat, qui représentait officiellement la république
romaine. Cet acte n'était pas dillérent de celui qui avait été
dressé autrefois pour chaque roi et chaque consul : aussi
continuait-on de l'appeler lex regia de imper io. Il n'y
avait donc aucun pouvoir qui ne fut aux mains du prince.
L'empereur avait dans ses mains l'armée et les finances;
il était à lui seul l'administration, la justice, la loi, la reli-
gion même. On ne saurait imaginer une monarchie plus
complète. Le Sénat était une sorte do conseil d'Etat ou
de commission consultative. Toute l'action politique résidait
dans la personne du prince, sans partage et sans contrôle. »
Nous allons maintenant examiner les différentes attribu-
tions du souverain et le fonctionnement de son gouver-
nement.
La souveraineté des empereurs et leur despotisme, un
des plus illimités que l'Europe ait connus, dérive du principe
politique des anciens, l'omnipotence de VElat (V. ce mot).
Mais ce n'est pas en vertu d'un acte unique et définitif que
la monarchie se substituant à la république, tous les droits
et pouvoirs de l'Etat furent concentrés sur une tète. Dans sa
forme première, celle du principat, l'empire romain ne
marqua pas une révolution si radicale. Le principat fut une
magistrature ; l'empereur ou prince ne fut que le premier
des magistrats de l'Etat, régnant conformément à la loi.
C'est à ce point de vue qu'il faut se placer, avec. Mommsen,
pour bien comprendre la nature de l'autorité impériale dans
les premiers siècles de l'ère chrétienne, et pour bien appré-
cier l'évolution qui conduisit à la monarchie du Bas-Empire.
L'Empire est né le 13 janv. de l'an 27 av. J.-C. lorsque
le fils de César, Octave, abdiqua ses pouvoirs dictatoriaux
qu'il avait reçus et exercés en qualité de triumvir reipu-
blicœ constituendas (V. Triumvir). Il remit le pouvoir au
peuple et au Sénat ; celui-ci, le 16 janv., lui conféra le sur-
nom (l'Auf/ustus. Ce nom restera pour désigner les empe-
reurs, et c'est de cette année que datera leur ère. La période
dictatoriale qui durait depuis vingt-deux années, l'entrée de
César à Borne, fut close ; sans doute, il serait absurde de
considérer le nouveau régime comme un gouvernement par
le peuple et le Sénat, mais il ne le serait guère moins de
dire qu'au siècle précédent le peuple gouvernait. Le carac-
tère originel du principat fut un partage d'attributions entre
le Sénat et le magistrat suprême ou prince. Ce compromis
régla la situation de l'Empire jusqu'au milieu du iue siècle.
Il ne fut dénoncé qu'alors, quand eut lieu l'organisation d'une
monarchie proprement dite ; celle-ci, la monarchie de Dio-
ctétien et de Constantin, diffère presque autant de celle
d'Auguste et de Tibère que celle-ci de la république romaine.
Le principat repose sur la souveraineté du peuple ; tous
les pouvoirs de l'Etat sont exercés, non en leur nom pro-
pre, mais comme représentant le peuple, et le prince n'est
qu'un délégué du peuple romain, et non pas un délégué
avec mandat illimité, mais un délégué dont la compétence
est nettement définie. Le prince est soumis aux lois, comme
tous les autres citoyens ; on lui a sans doute accordé de
nombreux privilèges, sans cesse accrus, mais il ne peut
s'affranchir de l'observation de la loi ; pour une donation,
une adoption, un testament, il s'y soumet ou demande la
dispense selon les formalités ordinaires. Plus tard, ils se
61
EMl'IUE
963 -
feront délier des obligation! dtl lois civiles ; l'on ailiuil
qu'ils étaient iœplieitement dispensés, et leurs actes con-
traires a une loi on ordonnance furent censés an contenir la
dispensai H* sont responsables (le leurs actes, mais selon le
principe romain, seulement après leur sortie décharge; on
peut donc les poursuivre en justice après déposition ou
abdication ; on peut surtout attaquer leurs actes après leur
mort et, à maintes reprises, ils ont été ainsi blâmés et leurs
actes soumis a révision, dette responsabilité n'est évidem-
ment que théorique, mais il en résulte que la monarchie de
fait n'est pas une monarchie de droit ; la personne du
prince n'est pas effacée par l'institution monarchique ; l'adage
que le prince ne peut rien faire d'illégal est contraire à la
conception romaine du principat. C'est seulement quand pré-
valut la conception de l'Orient hellénisé que le souverain
fut au-dessus de la loi. L'inviolabilité du magistrat romain,
le prince en bénéficia à son tour ; il en étendit même l'ap-
plication en assimilant toute attaque contre sa personne par
parole ou par écrit, à une agression directe, mais c'est au
nom de sa puissance tribunicienne qu'il revendiqua cette
inviolabilité. 11 est vrai qu'on alla plus loin en assimilant à
ces crimes la violation d'un serment fait en attestant le
génie du prince et surtout en appliquant à la torture les
offenseurs ; la torture était réservée aux esclaves; mais il
faut ajouter que c'est seulement au temps de Sévère qu'on
inscrivit dans la loi que, pour les attentats contre la per-
sonne impériale, tous les accusés seraient traités comme des
esclaves.
Cependant l'idée monarchique d'une différence de qualité
entre le souverain et ses sujets, idée incompatible avec la
conception d'une magistrature, apparaît dès l'origine du
principat, et l'importance de cet élément hétérogène gran-
dira sans cesse. Officiellement écartée d'abord, elle finira
par prévaloir. César, qui projetait de restaurer la monarchie
avec le titre royal, et qui était imbu des idées helléniques
et asiatiques, s'est fait décerner de son vivant des honneurs
divins, plaçant sa statue dans tous les temples à côté de
celles des dieux et se nommant un prêtre (flamine). Après
sa mort, on ne mit pas de coté cette manière de voir. Son
parti victorieux fit placer divns Julius au rang des dieux
de la cité romaine. Cette décision eut la plus grave influence
sur l'évolution ultérieure du principal. La monarchie que
César voulait rétablir ne le fut pas juridiquement, mais le
caractère sacré que lui attribuaient les Orientaux fut trans-
mis aux successeurs de César. Son fils adoptif ne se fit pas
décerner un culte de son vivant, mais il laissa faire en
Grèce et même en Italie où bien des cités lui dédièrent des
temples, lui nommèrent des flamines, placèrent son effigie
dans les chapelles domestiques ; il ne se fit pas appeler
dieu, mais fils de dieu ; le nom d'Auguste est significatif;
le prince se place auprès des dieux, fils de dieu il sera
divinisé après sa mort. Mais de môme qu'Auguste avait été
moins loin que César, Tibère, esprit positif, dédaigneux des
honneurs, alla moins loin que lui. Il renonça définitivement
à fonder la monarchie impériale sur le droit divin. La légi-
timité qui en fut résultée pour la famille impériale resta
acquise aux membres de la lignée julienne (Auguste, Tibère,
Caligula) ; leurs parents de la lignée claudienne (Gaude,
Néron) l'eurent encore, mais elle disparut avec eux pour ne
se retrouver qu'à l'époque de Constantin. Le principat resta
une institution de droit public, appuyée, il est vrai, sur la
religion. Après Tibère et Caligula, on reprit l'usage de placer
L'image du prince à côté de celle des Lares et des Pénates,
et naturellement dans les temples des provinces. Mais il n'y
eut plus de second fils de dieu dans la longue série des fon-
dateurs de dynasties impériales ; la consécration ou apo-
théose de l'empereur passant après sa mort au rang îles
dieux se réduisit de plus en plus à une cérémonie, ridicu-
lisée dès l'époque de Claude et mal vue. Aucun des autres
empereurs ne se fit plus passer pour dieu de son vivant :
s'il le laissa faire dans des l'êtes, par adulation, aucun ne
le fit officiellement. On s'explique d'ailleurs cela si l'on
réfléchit que le sentiment de la légitimité et l'orgueil du
droit divin ne peuvent guère se développer que chez des
souverains, lil» de souverains, « nés dans la («oui I
comme on dira plus lard ; or le principal ne connut jamais
ce système de succession héréditaire fonctionnant norma-
lement. La tentative d'Auguste pour rattacher par la con-
sécratioc Les dieux et les chefs de l'Llat, d'illusUer ceux-ci
du reflet de la divinité de leurs ancêtres, cette tentative
échoua. C'est seulement a la fin du m sied.-, quand pré-
valent les idées orientales, qu'Aurélien se déclare homme-
dieu, que Dioctétien et Maximien se disent Jovien et Hw-
culien ; c'estalorsqu'on assimile la souveraineté monarchique
et la souveraineté divine.
H y a cependant dans les usages du llaut-Lmpire un
autre symptôme contradictoire, nous voulons dire l'usage
de qualifier de maître (doininus) le prince. On accentue
ainsi la subordination d'autant que de maître à dieu il n'y
a qu'un pas et que les deux terme» sont associes. Auguste
et Tibère avaient décliné cette appellation; les flatteurs la
renouvellent sous Caligula; Domitien I impose dans la ter-
minologie officielle ; Trajan l'y conserve : quand on le
harangue, il veut être appelé dominus ; mais dans les actes
publics on ne l'écrit pas encore; c'est seulement avec
Sévère et les empereurs syriens que se marque par là un
nouveau progrès de l'idée monarchique ; enfin Aurélien sur
ses monnaies s'intitule maître et dieu. Dioclétien impose la
formule; enfin, dans le courant du ive siècle, lesempereurs
se qualifient eux-mêmes ainsi. Le christianisme modifia
cet usage, mais en un temps ou la conception de la monar-
chie de droit divin avait complètement prévalu.
Le prince ne reprit pas l'ancien titre de roi, pas même
dans les pays ou il gouvernait au lieu d'un roi, comme en
Egypte; bientôt, d'ailleurs, l'empereur romain ayant une
série de rois sous ses ordres considéra sa dignité comme
supérieure. Cette idée se répandit tout à fait à l'époque du
Bas-Empire. En somme, le souverain ne prend pas de titre
spécial. Mais, d'autre part, il modifie son nom propre; cette
manière de se distinguer des sujets a été adoptée par Au-
guste et conservée depuis lors par les monarques jusqu'à
notre époque. Les premiers empereurs du Haut-Empire
abandonnent leur nom de gens, à l'exception de ceux de
la gens Claudia et de Vitellius, pour se désigner par leur
cognomen. Cet usage fut suivi exclusivement par les princes
et par leur famille masculine. A partir d'Adrien, ils y
renoncèrent, tout le système romain de dénomination étant
tombé en désuétude. Le prénom d'imperator, empereur,
adopté par César et par Auguste, abandonné par Tibère,
Caligula et Claude, fut repris par Néron et devint de style
après Vespasien (V. l'ait. Empereur). Le surnom (cogno-
men) de Cœsar porté par le fondateur de la monarchie
était héréditaire dans la gens Julia : à la mort de son
dernier agnat, Caius Caligula, il fut repris par son succes-
seur Claude; les empereurs suivants continuèrent de le
porter, de sorte que chaque fois il fut donné non seulement
a eux-mêmes, mais à leurs fils et petits-fils. A dater
d'Adrien, on en limita l'usage au successeur designé. Le
surnom (cognomen) d'Auguste impliquait son caractère
religieux ; il était honorifique et n'était pas héréditaire.
Mais, a la mort d'Auguste, le Sénat attribua à son succes-
seur le même surnom honorifique. Il l'accepta, mais sans le
conférer à aucun membre de sa famille. Ce surnom devint
donc bientôt une caractéristique de la fonction impériale.
\a qualification de prince (princeps) qu'Auguste s'attribua
a lui-même exprime a merveille la situation du souverain
dans l'Empire des premiers siècles. Elle indique seulement
une primauté individuelle, sans la compétence attachée à
une magistrature. Jamais elle ne figura dans les titres
officiels. Il n'y eut donc aucun titre spécial désignant la
fonction impériale. Cependant, il y eut un certain nombre
de titres qui furent particuliers aux empereurs : deux se
rapportaient à leur fonction : tribumeui potestali (investi
de la puissance tribunicienne) et proconsul (à partir de
Trajan et régulièrement après Sévère); un autre était ho-
norifique, père du' lu patrie, et ne fut décerné qu'au bout
- 088 —
EMPIRE
ilt> qwlima temps: mais, après Peninax, Im empereur- la
prirent (los leur avènement ; enfla les empereurs sont SMON
les seuls >|tii paunol inscrire parmi leurs titres eelui de
Souverain pontife ; ils y ajoutent à l'occasion ceux de
consul, de renwDT at répètent salai d'empereur pris dans
la lieu sens do mot, pour les féliciter d'une victoire. Ces
titi. - pis an général dans l'ordre suivant : pond-
fin maximut, tribunida potettate, impêratof^contul,
• r, palrr /httriiv, proconsul.
Pour revêtir officiellement l'empereur de son pouvoir.
mot affeetoer ee qu'on appelait la « création « en parlant
nstrats romains, il faut deux actes différents, le
pouvoir impérial se composant théoriquement de l'addition
du pouvoir proconsulaire et du pouvoir tribunieien. Cesl
le premier, l'investiture du pouvoir proronsulaire et simul-
tanément Il prise du nom d'Auguste qui représente la
« création » de l'empereur. Aucune condition n'est requise;
au m' siècle, le titre d'Auguste fut souvent donné à des
enfants et, des le i"r. Calcula avait désigné pour lui suc—
Drusilla; plusieurs femmes ont eu le titre
i auquel était incontestablement lié le pouvoir,
au moins |xmr Livîe et pour Agrippine. Ce sont les circon-
stances et non les ebetacles juridiques qui ont empêché que
Basa» n'eut de souverain féminin. La patriciat était oc-
troyé par le Sénat aux empereurs qui ne l'avaient pas;
et l'abord à Veepaaien, qui fut le premier empereur plé-
béien: Macrin fut le premier empereur de la classe des
chevaliers (-217) ; il prit soin de se rattacher à la famille
des s celle desAntonins.
Aucune cérémonie particulière ne marque l'avènement
niieren charge du prince; les premiers actes sont son
acclamation comme im/ienitor par les soldats, la prise des
titres qui lui lieraient, l'entrée en relation avec le Sénat;
mais il n'y a nulle manifestation comparable à la prise
d'auspices ou à la prise des faisceaux par les anciens ma-
iii couronnement des rois. Le prince ne prête
ïtictin serment dont la formule lui soit spéciale; en re-
vanche, il reçoit celui des soldats, eu sa qualité de généra-
lissime: sous Tibère et Caligula, la population tout entière
prêta un serment de fidélité.
I.e principal possède la condition fondamentale du régime
monarchique; il est viager. La puissance proconsulaire n'a
iameu et,' renouvelée annuellement à Home comme l'étaient
la plupart des magistratures. Lorsque Auguste accepta
Vimftrium, le commandement, il le tit avec cette restric-
tion qu'il le dépoterait quand les circonstances le permet-
traient: il fixa même plusieurs fois un terme, cinq ou dis
années; il n'en fut pas moins un empereur perpétuel (im-
tor /)■ rp. tuu.s). et le fait qu'il incorpore à son nom
eet te appellation A'imperator est significatif. Tibère renonce
ie limitation apparente et accepte Vimpertitm à titre
deiinitif, en ajoutant cependant qu'il s'en dessaisira quand
il sera juste qu'il prenne du repos. Après lui, la fiction
tombe et jamais on ne contesta la perpétuité du pouvoir
impérial. D'ailleurs, pour l'autorité civile, Auguste l'avait
fondée Mir la puissance tribunicienne, et, celle-ci, on la lui
avait rie. Ceot par les années de la puissance
tribu* mienne que se comptai! la chronologie impériale,
on la rattache à l'ancienne année royale,
l'empereur étant, dans la forme, le remplaçant et continua-
teur des anrionn rois.
Saturne impérial est emprunté aux anciens magis-
- romain-. L'emperomf porte leur toge avec la bande
de pourpre; dan- 1,, grandes fêtes, la toge triomphale,
entièrement pourpre et brodée d'or. Il ne se met pas en
deuil. Comme général, il porte le manteau rouge (pulu-
iameutum ou purpura); a partir de Sévère, qui éten-
dit a tout l'Empire le pouvoir proeonsulaire , l'empe-
reur porta toujours et partout ce costume militaire; la
[Mmipre devint le vêtement impérial. Tandis que les ma-
tts marchaient têt., nua, l'empereur porte une eda-
ranne île laurier; dans les fêtes, une couronne d'or. Con-
stantin adoptera le diadème des monarques orientaux. Le
port de l'épée était réservé jadis aux officiers et magistrats
fonctionnant comme tels : l'empereur, en sa qualité de
généralissime, la porte de droit. Il ne prend le sceptre que
dans los processions triomphales. Il s'assied toujours sur
la chaise curiile; quand il parait avec les consuls, il se
place au milieu d'eux. Dans les fêtes publiques, il a son
liège doré et plus haut, parmi les places réservées aux
magistrats supérieurs et aux tribuns de la plèbe. Il n'a pas
en principe le droit de parcourir la ville en voiture attelée,
mais seulement en chaise à porteur (sella). Il peut se faire
précéder d'un flambeau. Toujours et partout, il a ses lie—
leurs et ses faisceaux, douze, puis, après Domitien, vingt-
quatre. Ceux-ci sont décorés de laurier. Il a aussi ses
appariteurs (vwtores, prœcones). Il a une escorte mili-
taire fournie par les cohortes de la garde, par les préto-
riens (V. ce mot); c'est là une des marques distinctives
de son pouvoir; elle manifeste sa qualité de chef militaire.
Il a de plus une garde du corps (corporis custodes), for-
mée île Germains, qui protège sa maison et celle des siens;
cette troupe de cavaliers figure parmi la domesticité du
prince.
Une des prérogatives les plus graves de l'empereur, c'est
l'importance attachée au serment prêté en invoquant son
nom : ici, encore, nous constatons que c'est l'élément reli-
gieux du pouvoir impérial qui le différencie le plus profon-
dément des magistratures romaines et en fait quelque chose
de réellement nouveau. Jadis, on prêtait serment par les
dieux de la cité romaine, Jupiter et les Pénates; on leur
associa le génie (genius, tiS-/t)) de l'empereur régnant,
les empereurs divinisés. La formule du serinent de la ville
de Salpensa est caractéristique; on y jure « par Jupiter,
et le divin Auguste et le divin Claude et le divin Vespasien
Auguste et le divin Titus Auguste et le génie de l'empereur
César Domitien Auguste et les divins Pénates ». Cette for-
mule fut adoptée pour tous les serments nécessités par les
actes de l'Etat ou des communautés et aussi pour les ser-
ments privés. Le serment par le génie de l'empereur ré-
gnant est une prérogative du souverain, car on regarde
comme un attentat de jurer par le génie d'un autre homme;
pourtant, Séjan sous Tibère et Plautien sous Sévère ac-
quièrent une telle situation qu'on jura par les génies de
Tibère et Séjan, ceux de Sévère et Plautien. Mais ce sont
des exceptions. Les conséquences de cette modification de
la formule du serment par la mention du génie de l'empe-
reur furent considérables. Dans le droit criminel dô la
République, ou ne punissait pas le faux serment, laissant
aux dieux le soin de venger l'offense qu'il leur faisait; mais
lorsque le faux serment devint une olf'ense à l'empereur
régnant ou à un de ses prédécesseurs, il tomba sous le coup
de la loi qui protégeait la considération (majrstas) du
prince. On fait officiellement à la nouvelle année des vœux
pour la prospérité de l'empereur; sa fête a été placée au
3 janv.; dans tous les actes officiels des fonctionnaires et
des prêtres, on appelle la bénédiction divine sur l'empereur
comme sur la communauté. Les fêtes privées de l'empereur
et de sa maison prennent rang parmi les fêtes publiques ;
en premier lieu, on fête le jour anniversaire de sa nais-
sance, puis celui de son avènement, ceux où il a échappé à
un danger, à une maladie. Son image fut placée dans tous
les temples ou chapelles des camps, son nom figure sur
les étendards, à côté de l'aigle. C'est en plaçant ces effigies
qu'on reconnaît le prince, en les enlevant qu'on s'insurge
contre lui. Enfin, un des signes essentiels de la souveraineté,
c'est le fait de placer sur les monnaies la tète du monarque.
César reçut ce privilège du Sénat; les triumvirs le con-
servent, Auguste ensuite. Les rois vassaux le partagent dans
Eei limites de leur royaume; certains membres de la famille
impériale l'ont aussi reçu du prince, mais l'image d'aucun
autre personnage vivant ne figure sur les monnaies de
l'empire romain. Lorsqu'à la mort de Néron on essaya de
restaurer la République, on frappa des monnaies à l'effigie
de certains magistrats; cela est topique. Enfin, sur ces
monnaies, on inscrit seulement le nom et les titres de
EMPIRE
- B64 -
l'empereur OU de son parent autorisé, sauf sur les pièces
de cuivre 0(1 ou laisse figurer jusqu'à Aurélien le nom du
Sénat, symbole de la dvarchie.
Le dernier privilège honorifique du prince est la consé-
cration ou apothéose (V. ce mot), par laquelle il prend
rang au milieu des autres dieux. Klle n'est pas accordée à
tous; il y faut une sorte de jugement du Sénat dont nous
reparlerons plus bas. Au milieu du m" siècle, sur les
vingt et un dieux honorés par les Annales, quinze étaient
des empereurs divinisés : Auguste, Claude, Vespasien,
Titus, Néron, Trajan, Adrien, Antonin, Verus, Marc-
Aurèle, Commode, l'ertinax, Sévère, Caracalla et Alexandre
Sévère.
Autour de l'empereur se range sa maison, c.-à-d. l'en-
semble des parents, hommes et femmes, qui sont les
agnats (Y. ce mot) ou parents en ligne masculine du fon-
dateur de la dynastie ; de plus, la femme de celui-ci et de
ses descendants en ligne masculine. On a commencé par
étendre à ces personnes le privilège de l'inviolabilité tri-
bunicienne ; on les fait aussi figurer dans les formules de
serment. On fit jurer aux soldats, aux employés, aux sujets,
d'aimer et de défendre, non seulement l'empereur, mais
toute sa maison. Celle-ci a donc une situation juridique
privilégiée. L'empereur confère d'ailleurs à sa maison
comme à d'autres de ses parents ou des gens de son entou-
rage, surtout aux femmes, des privilèges honorifiques.
Voici quelles sont les principales de ces distinctions. Le
surnom de Ctesar est donné aux hommes de la maison
impériale, celui d'Auguste est réservé au prince ; mais en
donne aux femmes celui d'Augusta, à Livie, femme d'Au-
guste, à Antonia, grand'mère de Caligula, puis à Agrip-
pine, femme de Claude ; à partir du règne de Domitien, on
le confère régulièrement aux épouses de l'empereur, même
S[uand elles sont mortes avant son avènement ; on le con-
éra également à la mère de l'empereur, à sa fille, à sa
sœur, mais moins constamment; ainsi à la mère et à la
grand'mère d'Elagabal (Julia Maesa et Julia Soaemias), aux
sœurs de Néron (Claudia), de Titus (Julia), de Didius
Julianus (Didia Clara), à Marciana, sœur de Trajan, à
Matidia, sa nièce, à une autre Matidia, sa belle-sœur.
Cette qualification d'Augusta fut purement honorifique,
sauf peut-être pour Livie, Agrippine et les femmes de la
famille de Sévère. La femme de l'empereur est affranchie
de la tutelle ; elle est souvent appelée Mère des camps
{Mater castrorum), à partir de la jeune Faustine, femme
de Marc Aurèle. Les femmes de la maison impériale ont
fréquemment reçu les privilèges des vestales. Dans les
fêtes publiques, on place au premier rang, à côté de l'em-
pereur, toute sa maison ; les femmes à côté des vestales .
Les femmes ont plusieurs fois obtenu une garde de préto-
riens (ou de gardes du corps), comme l'empereur lui-
même ; les hommes rarement. On a mis au rang des fêtes
publiques les fêtes domestiques de plusieurs femmes de la
maison impériale. Knfin on a fait figurer sur les monnaies
l'effigie de diverses personnes de ce groupe, ce qui mérite
considération ; car cet usage de frapper la monnaie à
l'effigie du prince est caractéristique de la monarchie. On
trouve sur les monnaies les têtes de Germanicus et d'Agrip-
pine (père et mère de Caligula); d'Agrippine, belle-sœur
de Claude, et de Drusus et d'Antonia, ses parents; du
père de Vitellius, de Domitilla, femme de Vespasien. Cet
usage disparut après les Flaviens ; mais, dans tous ces
cas, il s'agit de morts ; ceux qui, de leur vivant, jouirent
de cet honneur, furent : Agrippa, Tibère, successeur dési-
gné d'Auguste, investis de la puissance tribunicienne ; le
jeune Drusus, fils de Tibère; Néron, beau-fils de Claude ;
enfin Agrippine, femme de Claude; tous ces personnages
avaient une part de l'autorité impériale. A l'avènement des
Flaviens, le droit d'images perd de sa valeur politique et
est décerné à titre honorifique; on trouve sur des mon-
naies les têtes d'impératrices. D'une manière générale, on
y met celle du successeur désigné et déjà associé à l'Em-
pire. L'apothéose, ordinairement réservée au prince, fut
BUasi décernée à des impératricei : un an ente tapi jusqu'à
l'année l*-i, a savoir Livie, Poppée, Doanenlk, Ptotne,
Sabine et les deux Fanstinea; en éliminant Popp
arrive an chiffre des seize dieux [divi] impériaux,
a celte époque oU dix empereurs avaient reçu l'apothéose.
Mus tard, on l'octroya encore à Julia Dornna. Le même
honneur lut décerné encore à d'autres peraonnea de la
famille impériale, mais il semble qu'on les ait laissées en
dehors du culte officiel; on cite Drusilla, sœur de Caligula ;
Claudia, su-ur de Néron ; Julia, nièce de Donatien); Mar-
ciana, su'ur de Trajan; Matidia, mère de Sabine; un fils
de Domitien mort des l'enfance: le père de Trajan ; enfin
Valérien, lils de Gallienus.
Après la famille ou maison impériale, il nous faut par-
ler de sa cour. Les amis du prince (amici Augusti) sont
d'abord ceux qui sont avec lui en relations privées, puis
ceux à qui il accorde l'accès de sa maison ; il semble que
cette qualification ait été réservée aux ordres privilégiés et
qu'on ne l'ait jamais étendue aux plébéiens ni surtout aux
non-Homains. Cette situation d'ami du prince, bien qu'ho-
norifique, n'a pas de caractère tout a fait officiel, n'im-
plique pas de droits spéciaux. Mais c'est parmi eux qu'il
prend ses conseillers, et, lorsqu'il voyage hors d'Italie, sa
suite, ses compagnons (comités Augusti) ; celle-ci fut,
de bonne heure, salariée ; les compagnons sont couram-
ment employés dans les affaires publiques ou forment le
conseil du prince. Les esclaves et affranchis de l'empereur
n'ont pas de situation juridique privilégiée ; ils sont les
égaux des esclaves et affranchis des simples particuliers
et, comme eux, exclus des situations officielles et des
emplois publics; on ne les assimile pas aux esclaves
publics. Une des différences fondamentales entre le prin-
cipat et la monarchie de Dioclétien, c'est que les services
personnels du prince ne sont pas assimilés à des fonctions
publiques. Parmi les serviteurs du prince, il faut distinguer
des catégories : ceux qui appartiennent à l'ordre sénatorial
ne peuvent, par définition, être salariés et sont comparables
à des officiers publics; ceux de l'ordre équestre sont payes
sur la caisse privée de l'empereur, le fisc. Tous les soldats
et officiers, exception faite pour les commandants des
légions, lesquels appartiennent à l'ordre sénatorial, sont
regardés comme des serviteurs personnels de l'empereur,
l'armée étant la chose de celui-ci ; on envisage de même le
préfet de l'annone, les receveurs de l'impôt des provinces
(procuratores Augusti). Les services privés de la maison
impériale, confiés d'abord à des affranchis ou à des esclaves,
furent de plus en plus assimilés à l'administration publique
et confiés à des chevaliers. La correspondance de l'empe-
reur fut considérée comme affaire privée par les empereurs
de la maison julienne et claudienne ; les inconvénients
de ce système furent tels, sous Claude et Néron, qu'on prit
le parti de ranger ce service parmi les fonctions publiques
et de le confier à des chevaliers. De même, la gestion du
domaine et de la caisse privée de l'empereur passa des
affranchis à des membres de l'ordre équestre.
Il serait inexact de regarder l'autorité impériale comme
résultant légalement de la réunion d'une série de pouvoirs
spéciaux; au contraire, le pouvoir proconsulaire, la pos-
session de Vimperium, du droit exclusif de commander
aux soldats dans tout l'Empire, suffit à constituer l'autorité
impériale ; quiconque possède ce pouvoir est empereur,
n'eiït-il que celui-là et, réciproquement, les empereurs
prennent plus tard le pouvoir tribnnicien. Il peut arriver
qu'ils ne possèdent jamais ce dernier ; tel fut le cas pour
PescennittS Niger, qui n'en agit pas moins comme empe-
reur. Puisque l'Empire est lié à ViinperiuiiK il faut bien
se rendre compte de la manière dont s'acquiert et se perd
celui-ci. Vimperium est décerné par l'année et le Sénat :
rassemblée du peuple n'a rien à y voir. L'empereur le
prend sur invitation du Sénat ou sur l'invitation des
troupes. Sans doute, on regarde l'intervention du Sénat
comme plus correcte; mais, en droit, nulle différence; ne
fùt-on invité à prendre le titre d'empereur que par les sol-
_ 968
EMPIRE
dits, rien m vous en empêche. En fait, il faut l'accord de
l'armée et du Sénat pour créer un empereur, attendu qu'il
n'a de pouvoir légitime qu'une fuis accepté par les deux.
Les soldats qui nomment L'empereur étant censés agir au
nom île l'aimée entière, nul ne s'étonne s'ils sont peu BOm-
■NU ou de rang inférieur. La prise du pouvoir impérial
implique une décision du Sénat, niais surtout le concours
des troupes, .'I tout soldat armé peut se dire qu'il a un droit
égal à designer un empereur. Il serait probablement impos-
sible de trouver dans l'histoire un autre régime qui ait à
ce point dédaigné la légitimité. Kst prince ou empereur
d quic mque a ete reconnu tel par l'année el le Sénat ;
il continue de l'être aussi longtemps que le Sénat et l'armée
continuent île le reconnaître.
[.'unfhruim d'Auguste et des princes suivants fut, dès
le début, regarde comme pouvoir proconsulaire. Ce pou-
voir est le noyau du pouvoir impérial : mais il s'exerce
m uloment sur les provinces, mais non pas en Italie et à
Home. Durant le i''r siècle, l'empereur ne s'intitule jamais
proconsul ; après Trajan. il le fait couramment, mais seu-
lement hors d'Italie et, jusqu'à Alexandre Sévère, les em-
pereurs observent cette réserve ; vers le milieu du uie siècle
et définitivement a dater du règne de Dioelétieu, cette
appellation de proconsul figure parmi les titres impériaux.
La nom d'Auguste exprime l'ensemble du pouvoir impérial
et non plus seulement sa lace militaire ; on le prend dès
qu'on a été appelé à l'Empire, que ce soit par le Sénat ou
par l'armée. Ce qui distingue le pouvoir impérial du pou-
voir proconsulaire, c'est qu'il n'est limité ni dans le temps
ni dans l'espace, comme celui des proconsuls ordinaires.
La base de l'autorité de l'empereur, c'est que dans tout
l'Empire toutes les troupes indistinctement lui prêtent le
serment d'obéissance comme à leur général commun. Sans
doute, il y eut jusqu'au règne de Caligula et dans quelques
cas après lui, des troupes assez nombreuses dans les pro-
vinces sénatoriales ; elles obéissent aux proconsuls, mais
ceux-ci ne commandent pas en leur nom propre, mais en
celui de l'empereur auquel a été prêté le serment de fidé-
lité. Nul dans l'Empire n'a de soldats à lui que le prince.
Le droit de lever des troupes et de les organiser est, au
plus haut degré, une prérogative impériale; le gouverneur
qui lève des troupes sans ordre du souverain tombe sous le
coup de la loi de majesté ; quand il y procède, l'empereur
ne consulte même pas le Sénat. L'armée étant peu nom-
breuse, la durée du service militaire très longue, on n'eut
recours à la conscription obligatoire. Le recrutement
se fait sur l'ordre et avec mandat de l'empereur; il en
charge soit, en Italie, des commissaires spéciaux, soit,
dans les provinces, le gouverneur. Tous les officiers et
sous-officiers sont nommés par l'empereur ; c'est lui qui
leur désigne leur poste ; c'est encore lui qui fixe la hiérar-
chie militaire, lui qui dispose des décorations militaires ;
ce dernier droit, d'abord laissé aux proconsuls, fut de moins
en moins exercé par eux. (Juant au triomphe et aux orne-
ments triomphaux, c'est le Sénat qui les décerne, mais, à
partir du règne de Vespasien, sur la proposition de l'empe-
reur. Le congé ne peut être accordé aux soldats que par
l'empereur; tous les vétérans sont dénommés vétérans
d'Auguste [veterani Augusfi). Nous avons déjà fait re-
marquer le caractère perpétuel ou viager de Vimperium.
Il Beat plus limité comme jadis à une province, mais
■<'• tend sur toutes les provinces : il est vrai que Rome et
l'Italie jusqu'aux Alpes demeurent en dehors ; les troupes
ne peuvent être casernées que hors de l'Italie. Toutefois,
Vimperium s'applique aux forces maritimes et aux cotes
d'Italie comme aux autres ; c'est même dans la péninsule
et dans ses ports de guerre que sont concentrées les forces
navales. D'autre part, le général était toujours accompagné
de son escorte, de ses prétoriens ; ceux de l'empereur
furent casernes à Rome ou sur son enceinte. Des forces de
police furent également logées dans la capitale. Néanmoins,
c'est un fait important que Rome et l'Italie soient sous-
traites à l'autorité militaire de l'empereur et qu'il n'eut
pas le tlroit d'y établir des légions. Septime Sévère fut le
premier qui transgressa ce principe en faisant stationner
sur le mont Albain la seconde légion parthique ; il soumit
l'Italie à son pouvoir proconsulaire, l'assimilant aux pro-
vinces. L'exercice du pouvoir proconsulaire de l'empereur
varie selon qu'il s'applique à des provinces remises à son
administrai ion exclusive, à des pays qui ne sont pas de
véritables provinces, à des provinces sénatoriales, à la
Hotte ou à la garde. Les premières provinces remises à
l'administration impériale, dès l'an 27, furent celles de la
C.aule, la Syrie, l'Espagne citérieure; nous verrons plus
loin comment l'empereur et son délégué ou légat s'y com-
portent; le fait capital, c'est que l'appel des décisions de ce
légat est porté à l'empereur exclusivement. Les Etats vas-
saux, rattachés à l'Empire, sans y être précisément incor-
porés, villes alliées, principautés ou royaumes, sont
subordonnés au prince, lequel exerce tous les droits réser-
vés à l'Etat romain : désignation des garnisons (au Bos-
phore, en Arménie, comme chez Cottius et en Egypte) ;
désignation ou confirmation du roi vassal (chez les Armé-
niens, les Quades, les Thraces, les tribus africaines) ou du
gouverneur romain qui a remplacé ce dernier. Dans tous
ces Etats vassaux, le prince a la souveraineté entière, sans
la partager avec le Sénat, même dans la mesure limitée ou
ce partage a lieu pour les provinces impériales ; c'est cette
règle qu'on appliqua à l'Egypte, aux régions alpestres
(Alpes Maritimes, Alpes Cottiennes, Rétie, Norique), où
l'on ne mit pas de commandant militaire de rang sénato-
rial, mais de modestes délégués du prince, pris dans l'ordre
équestre, ayant le titre de préfet ou procurateur. Dans les
provinces sénatoriales, l'empereur a, par rapport à chacun
des proconsuls, un pouvoir analogue, mais supérieur (im-
fierium ma jus) ; il peut leur donner des instructions ; il
eur a enlevé, pour se les réserver, une partie des droits
proconsulaires : celui de lever des soldats, de faire la paix
ou la guerre, de fixer les impôts. Le commandement mari-
time fut rétabli par Auguste à son profit ; il s'étendait à
l'ensemble des mers de l'Empire ; l'empereur nomme les
amiraux des deux flottes de Misène et de Ravenne.
Quant à la garde, c'était une institution de l'époque
républicaine ; dès lors, on avait admis que le général se
formât une cohorte de soldats ayant le droit de cité romaine
et pourvus d'avantages particuliers, dispense de corvées et
solde plus haute, qui étaient spécialement chargés de pro-
téger sa personne et son quartier général (prœtorium).
L'empereur étant venu se fixera Rome, son quartier géné-
ral et sa garde se trouvèrent dans la ville. Auguste n'en
laissait séjourner que le tiers et non caserne. Tibère établit
toute la garde, sous les ordres de Séjan, dans une vaste
caserne bâtie près de la porte Viminale ; cette forteresse
fut, durant trois siècles, une menace permanente pour
Rome ; une foule d'empereurs furent créés ou renversés
par des mouvements partis de là. Cette garde fut augmen-
tée et portée à la force d'une légion : neuf cohortes sous
Auguste et Vespasien, puis dix; c'étaient des cohortes
doubles, ce qui faisait un total de 9,000, puis 10,000 sol-
dats. On les recrutait, par engagement volontaire, parmi
les Italiens. Pour le commandement, l'empereur était sup-
pléé par le préfet du prétoire (prœfectus prœtorio) ;
nommé par l'empereur, il devint bientôt un des personnages
prépondérants de l'Empire ; on en nommait généralement
deux ; trois sous Commode, Alexandre Sévère; pris dans
l'ordre équestre, la durée de leur fonction était illimitée.
Leur compétence s'agrandit beaucoup au mc siècle ; mais,
dès l'origine, leur situation à la tète de la garde impériale
leur assura une grande influence (V. Préfet du prétoire).
Le pouvoir proconsulaire et Vimperium formaient le
noyau du pouvoir impérial ; mais ils ne suffisaient pas à le
constituer entièrement, étant exclusivement militaires et
administratifs et, théoriquement, ne s'étendaient pas sur
Rome et l'Italie ; ce pouvoir fondait bien la puissance du
prince en fait, mais non endroit. Pour compléter celui-ci,
il fallait la rattacher à l'une des grandes magistratures.
I'.MI'IRK
- 9m -
Auguste songea d'abord au consulat, qu'il garda filuniours
années de suite, puis il y renonça. Il se contenta do la
puissance tribunicienne conférée a César, puis à lui-même,
durant ton triumvirat, pour sa vie entière. La puissante
tribunicienne devint ainsi, dans la forme, l'expression coin-
plèt6 de la souveraineté impériale. Le prince n'est pas tri-
bun de la plèbe, ni collègue des tribuns; il hérita de cette
vieilli' magistrature démocratique, avec son pouvoir d'ex-
ception dans la limite d'une compétence spéciale) placée
sous la protection expresse des dieux. C'était bien, si on y
ajoutait le pouvoir militaire qui avait manqué à Caius (irar-
cbus, l'instrument le plus efficace de la souveraineté mo-
narchique. Voici quelle était la procédure usitée pour con-
férer la puissance tribunicienne : après décision du Sénat,
l'un des consuls en charge proposait la chose à l'assemblée
du peuple réuni en comices centuriates. C'est là ce qui a
permis aux juristes de dire que le pouvoir souverain était
donné à l'empereur par le peuple. La loi qui lui accordait
la puissance tribunicienne, qu'on appelle à partir d'Ulpien
loi royale, par une réminiscence archaïque, a la tormo
d'un sénat us-consul te. Celle qui lut rendue par Vespasien
a été conservée; elle spécifie à son profit une série de
pouvoirs spéciaux, déjà obtenus par ses prédécesseurs.
Sous cette forme, le pouvoir impérial est donc un pouvoir
tribunicien accru par un certain nombre de clauses spé-
ciales. En lui-même, le pouvoir tribunicien donne les droits
des anciens tribuns de la plèbe (V. Tribun), le droit d'in-
tercession ou de veto contre les décisions sénatoriales sou-
vent employé au ier siècle, le droit de coercition, l'invio-
labilité personnelle, le droit illimité de protéger les opprimés,
d'intervenir contre les abus. Mais l'empereur a la puissance
tribunicienne sans les restrictions qui la limitaient chez les
tribuns; il la reçoit non pour une année, mais pour sa vie
entière ; non seulement pour la ville de Rome, mais pour
toute l'étendue de l'Empire ; même lorsqu'il n'est pas per-
sonnellement présent, il ne peut pas être tenu en échec par
l'intercession d'un collègue. Quant aux clauses annexes,
nous les indiquerons en passant en revue les différents droits
de l'empereur.
L'empereur a une part de la puissance législative. Au-
guste, qui avait reçu le pouvoir constituant, y renonça quand
il rétablit l'ordre de choses régulier, ce qu'on appela la
restauration de la République, et que nous appelons le
commencement de l'Empire. Comme par le passé, l'initia-
tive des lois appartient aux magistrats supérieurs, la puis-
sance législative proprement dite à l'assemblée du peuple.
Le prince a le droit d'initiative en vertu de sa puissance
tribunicienne ; les lois qu'il propose ont le caractère de
plébiscites. D'ailleurs, les empereurs usent fort peu de ce
droit; les exemples qu'on peut citer sont ceux d'Auguste,
de Claude, de Nerva, pour une loi agraire ; à l'origine, ils
laissent plutôt aux autres magistrats l'initiative apparente
des propositions de loi, et à partir du milieu du règne de
Tibère, sauf trois propositions de Claude et une de Nerva,
on n'en peut citer aucune. La compétence législative de
l'assemblée du peuple, dernier vestige de son ancienne sou-
veraineté, disparait ; on ne la réunit plus que, lors de
chaque changement de prince, pour le vote de la loi sur la
puissance tribunicienne. Le droit de casser les lois ou de
dispenser de leur observation appartenait, en principe, aux
comices ; il avait été, dès la République, transféré au Sénat ;
il lui fut confirmé dans le i'r siècle de l'Empire, et c'est là
une des limitations les plus nettes de l'autorité impériale.
Le droit de grâce — non celui de remettre la peine à une
date indéterminée ou d'en dispenser, droit que possédait à
Rome le juge qui avait prononcé cette peine — le droit de
grâce, attribut de la souveraineté, appartenait jadis au
peuple et se manifestait par la provocalio ou appel au
peuple; à l'époque impériale, il passe au Sénat, pour la
forme, du moins; en fait, c'est le prince qui l'exerce. I.a
dispense des conditions d'éligibilité est conférée d'abord
aux candidats par le Sénat, mais le prince s'en empara
bientôt en vertu de son droit de vérifier la qualification
des candidats. Le triomphe est arc/irdè par le Sénat : Q
vrai qu'à partir de Vespasien, il ne le décerne que <ur la
proposition du prince, sauf lorsqu'il s'agit de cafanVcL
Quant a la rnii-éciation, l'admission d'un dieu nouveau
panni le cercle des dieux romains, il faut une décision
Sénatoriale, qu'il s'agisse d'un dieu étranger ou de l'apo-
théose d'un empereur défunt : e*< H seulement au m* siede
que ce droit fut enlevé' au Senti : il était importai parce
qu'il impliquait lejugemeal des actes du souverain ûnriàÈ
Le Sénal conférait le patriciat, concurremment avec les
relieurs; après Trajan, ce droit passa à l'empereur. Au-
guste avait supprimé le droit d'association, ne tolérant
d'exceptions qu'en Italie et après autorisation du Sénat ;
celui-ci a en eflet la surveillance des municipalités italiennes;
les associations qu'on tolère étaient limitées au territoire
d'une cité. Le droit de tenir des marchés était accordé par
le Sénat ; de même, celui de s'affranchir des restrictions
mises aux jeux de gladiateurs. La législation d'Auguste était
très dure pour les célibataires et les gens sans enfants;
pour s'affranchir des charges et des incapacités qu'elle edic-
tait, on s'adressait au Sénat, et même les empereurs ou let
membres de leur famille s'adressent à lui. Vers le temps
de Vespasien, cette prérogative passa à l'empereur ; il
venait de recevoir l'administration du trésor public (irra-
rium) auquel étaient attribuées les ressources prèle
sur les célibataires et gens sans enfants.
En principe donc, dans le Haut-Empire, le pouvoir légis-
latif reste à l'assemblée du peuple, le pouvoir de dispenser
des lois au Sénat ; néanmoins, dans un certain nombre de
cas, on reconnut au prince le droit de prendre, au nom du
peuple, des décisions constituant des privilèges (V. ce
mot). Autrefois, c'étaient bien les magistrats qui, sous le
contrôle du Sénat, décidaient de la situation des cités su-
jettes ou vassales, mais la décision revenait à l'assemblée
du peuple lorsqu'on voulait soit créer une cité nouvelle,
soit lui donner le droit latin, le droit de cité romaine, soit
changer une colonie en municipe ou réciproquement, etc.
Tous ces droits revinrent exclusivement au prince en vertu
de son droit de décider les questions de paix, de guerre,
d'alliance, d'administrer sans contrôle les biens de l'Etat.
C'est le prince qui fonde les nouvelles colonies, définit la
condition juridique do chacune, concède le droit latin aux
cités sujettes, le droit romain aux cités latines, transforme
les colonies en municipes et réciproquement. Ces pouvoirs
impliquent celui de donner aux cités leur constitution et
de la modifier ; de conférer le droit de cité aux individus
soit au moment de la fondation d'une colonie, soit en qua-
lité de général aux soldats qui ont accompli leur service,
soit même dans tout autre cas. L'empereur ne pouvait pas au
Ier siècle retirer le droit de cité, sauf en agissant comme
censeur. Il a le droit d'accorder l'ingénuité, c.-à-d. d'assi-
miler à un homme né libre un homme de classe servile, un
affranchi ; il y faut l'agrément du patron.
Les rapports officiels du prince avec le Sénat sont les
suivants. 11 est, depuis le premier recensement fait par
Auguste, « prince du Sénat ». r.-à-d. inscrit en tète de
la liste des membres du Sénat : il siège et vote dans cette
assemblée, vidant soit le premier, soit le dernier. Il a,
comme les autres magistrats, le droit de convoquer le
Sénat et de lui soumettre des propositions, non seulement
au nom de sa puissance tribunicienne, mais par une déci-
sion spéciale inscrite dans la loi rendue à son avènement.
Nous renvoyons le lecteurà l'art. Sénat, où seront exposés les
attributions et le rôle du Sénat impérial. Le prince fait au Sé-
nat des propositions, mais sans avoir, à cet égard, de compé-
tence spéciale, distincte de celle des autres magistrats; il lait
contrôler les procès-verbaux par DU délégué. Il prend, 1 l'oc-
casion, pour le conseiller, une commission de sénateurs :
VtlgUSte et Tibère s'étaient ainsi adjoint un conseil formé de
20 sénateurs et des magistrats en fonctions ; cette institution,
si idle eût persisté, aurait conduit à une collaboration com-
plète du prince et du Sénat. Mais elle disparut après Tibère
et ne fut reprise qu'un moment par \le\andre Sévère.
- 9(17
EMPÏRE
l'n dehors des actes officiels accomplis avec le concours
du peuple ou du Sénat, le prince prend une série de déci-
sions qui ont une valeur législative; ce sont ses consti-
tutions (Y. ce mot). Il leur donne la forme de W'Jit
(Y. ce mot), comme les anciens magistrats, de décrets 00
jugements, ou de lettres [epistula subscriptiones). La
question juridique étant traitée ailleurs, nous n'y revenons
- u i ; la loi de \ 'espasien nous a transmis la formule
donnant à l'empereur le droit et le pouvoir de faire tout
ce qu'il jugera bon pour l'Etat : iiti qucecutnqtie rxusu
rtifubUc(B majestatêque (Urina ru m hunianaruni pu-
blirarum privatarwnqus rerum esse cetuebil ri agere
(te jus potestasqué sil ita uti dira AugUito, bans
- muent iui|>osé au* fonctionnaires au moment de leur
entrée en charge, renouvelé par les sénateurs et eux au
lrjanv., ils juraient d'observer, outre les lois, les actes
((Vtu) de César et des princes ; plus tard même, on ajouta
la mention des actes à venir du prince régnant. Cet usage
est bien caractéristique de la puissance absolue; cependant,
au point de vue formel, il convient de faire des réserves;
en somme, le [Mince est autorisé à prendre toute mesure
qui n'exige pas de loi ou ne va pas à l'encontre d'une loi.
Sauf dans les matières OÙ on lui a concédé exceptionnelle-
ment la compétence législative, ses décisions sont toujours
révocables et valables seulement pendant la durée do son
.■ornement ; elles ont un caractère provisoire, ne lient
ni lui-même ni ses successeurs. Il y a donc lieu de dis-
tinguer dans les actes législatifs du prince ceux qui sont
irrévocables et ceux qui ne le sont pas. Sont irrévocables :
i° ceux qu'il a exécutés en vertu des pouvoirs analysés
ci-dessus, par exemple l'octroi du droit de cité à une ville
ou à un individu, les traités conclus avec un Etat voisin;
1 les décisions judiciaires ; 3° les interprétations authen-
tiques des lois existantes, en particulier par la voie du
i it (rrseriptum) au n" siècle ; i" les mesures rela-
tives aux propriétés de l'Etat, contrats, assignations de
lama. — En revanche, certaines décisions sont nulles
lorsque l'empereur n'est pas compétent pour les prendre;
par exemple l'octroi du patriciat héréditaire, au temps où
on ne l'avait pas encore autorisé à le donner ; et, d'une ma-
nière générale, toutes les mesures législatives dont les con-
■nces déliassent forcément la durée de sa vie. Plus on
avance dans l'histoire de l'Empire, plus ce cas se présentera
rarement, attendu que le principal se transforme en monar-
chie. Sont révocables toutes les décisions que le prince prend
en vertu de son autorité propre ; les nominations aux em-
plois militaires et civils; dans les premiers temps, elles
prenaient sans doute fin avec le prince qui les avait faites
et il fallait que son successeur les renouvelât. La concession
de droits utiles (bénéficia) à des individus ou a des col-
lectivités dut être renouvelée à chaque changement de sou-
verain; Titus se contenta de les confirmer en bloc; ses
successeurs suivirent cette méthode, et il en résulta une
plus grande stabilité et une analogie croissante avec le
s\ sterne monarchique. En somme, les actes du gouver-
nement de l'empereur sont toujours révocables par lui-
même ou après lui ; ils conservent le caractère personnel
qu'avaient jadis ceux des magistrats, et c'est là une diflë—
renée bien tranchée entre le principat et la monarchie :
dans celle-ci on admet que la volonté du monarque régu-
lièrement énoncée a force de loi ; c'est la théorie du lias-
Empire. Comme les autres magistrats, l'empereur est
exposé à ce qu'après sa sortie de charge ses actes soient
cassés à la suite d'un jugement au criminel. Cette cassation
(actorum rescistio) s'est produite plusieurs fois après la
mort des empereurs; ce fut le cas pour Tibère, Galba,
Othon, Caracalla ; leurs décisions ne sont pas mentionnées
dans la formule du serment cité plus haut (in leges et
acia prineipum). Les bénéfices concédés par eux peuvent
aussi être annulés ; ainsi Claude soumit à revision ceux de
Caligula, Vespasien ceux de Néron et des trois empereurs
venus ensuite. Vespasien prononça même la cassation des
procès de majesté intentés sous le règne de Néron.
Les règles suivies pour la nomination des fonctionnaires
se rapprochent beaucoup de celles qui sont relatives aux
décisions législatives. Nous y retrouvons trois catégories :
celle ou le peuple intervient directement, celle où il inter-
vient indirectement, celle qui résulte du choix direct du
nrinro. Les magistrats proprement dits sont élus par
rassemblée du peuple; des fond ionnaires analogues sont
pris par l'empereur dans les rangs du Sénat; enfin,
d'autres sont nommés par l'empereur à sa fantaisie et
généralement pris en dehors du Sénat. L'élection des ma-
gistrats par les comices, suspendue pendant le triumvirat,
Fut rétablie en l'an il av. J.-C. Après la mort d'Auguste,
pour la plupart des élections, le Sénat fut substitué au
peuple; ce mode d'élection indirecte laissa subsister tous
les droits de controlo donnés à l'empereur. Celui-ci a,
d'une part, le droit de vérifier l'éligibilité du candidat,
d'autre part, celui de le recommander. La vérification de
l'éligibilité (le terme technique est nomination) continuait
d'appartenir, concurremment avec, le prince, au magistrat
qui présidait les comices électoraux ; mais il va de soi que
les candidats désignés par l'empereur avaient l'avantage ;
et couramment il n'en nomme qu'un nombre égal à celui
des places. De plus, l'empereur a droit de recommandation,
c.-à-d. qu'il peut indiquer au corps électoral des choix que
celui-ci doit ratifier ; sous la République, on admettait déjà
qu'un homme politique important pesât sur l'élection ; mais
ici le passage au régime monarchique se manifeste parce
que la recommandation devient un acte légal et juridique
qui supprime la liberté électorale. Auguste se présentait
encore avec les candidats qu'il recommandait ; bientôt l'em-
pereur se contenta d'aviser par écrit le Sénat de son choix ;
enfin, au m0 siècle, on déclare franchement que c'est l'em-
pereur qui élit. Le consulat ne figure pas parmi les magis-
tratures pour lesquelles César et Auguste reçurent le droit
de recommandation. C'est seulement au temps de Vespasien
que ce droit fut étendu à la plus haute magistrature, pour
laquelle on avait continué jusqu'alors de faire élire les
titulaires par l'assemblée du peuple. Quant aux autres ma-
gistratures (préture, questure, édilité, tribunat de la
plèbe), le système de la recommandation a pour consé-
quence de partager la désignation entre le prince et le
Sénat ; c'est seulement une partie des magistrats qui sont
désignés par le prince et se distinguent par le titre de
canaidati principis. A partir de ce règne, les consuls
furent directement nommés par l'empereur sans simulacre
d'élection. Au m0 siècle, il arrive que l'empereur désigne
tous les magistrats. Cependant encore au ive siècle, dans
la monarchie organisée par Dioclétien et Constantin, les
consuls suppléants, les préteurs et les questeurs, seuls ma-
gistrats conservés dans le nouveau régime, sont toujours
choisis par les Sénats de Rome et de Constantinople et
simplement confirmés par l'empereur. Le droit de recom-
mandation était tombé en désuétude et avait disparu. —
Le prince, n'élisant pas les magistrats, ne pouvait les
déposer ; il devait provoquer une décision du peuple à cet
effet; mais, au nom de la puissance tribunicienne, il pouvait
les suspendre, les inviter à démissionner.
Les employés de l'empereur, nommés par lui sans réserves,
sont affectés soit à son service privé, soit à des services
publics; ce sont des auxiliaires qu'il emploie comme bon lui
semble. Mais quelques-uns ont le caractère de magistrats :
les légats pro prœtorr, par exemple. On établit même une
hiérarchie régulière ou ils prennent place. Cela est d'autant
plus utile que la grande majorité des fonctions sont dans
ce cas, toutes les fonctions militaires, la plupart des fonc-
tions civiles, administratives ou financières. Ceux des fonc-
tionnaires qui sont de rang sénatorial sont assimilés aux
magistrats proprement dits, à l'exception des militaires.
Le principal effet de la constitution d'une hiérarchie mé-
thodique et de règles d'avancement dans l'ordre civil et
militaire, était de limiter l'arbitraire du prince.
La nomination des sénateurs est une question d'impor-
tance capitale ; car le pouvoir étant partagé entre le prince
EMPIRE
- um —
et le Sénat, si c'est le prime ijui nomme te Sénat, ce par-
tage est illusoire. — Mais jusqu'à la An du i" siècle
de l'Empire, il n'en fut pas ainsi (V. Sénat). On entrait au
Sénat quand on avait rempli une îles magistrature! prin-
cipales auxquelles on arrivait par le choix du Sénat ou par
celui du prince; en second lieu, par la désignation des
censeurs [adlectio) inscrivant sur la liste du Sénat des
membres nouveaux ; Auguste, Claude, Vespasîen, Titus
l'ont fait en qualité de censeurs. Mais à la lin du i'r siècle,
en l'an 84, Domitien prit la censure à vie, de sorte que le
droit d'inscrire sur la liste du Sénat des membres nou-
veaux appartint à l'empereur; ceux qui suivirent conser-
vèrent ce droit. Ils y joignirent celui de rayer les membres
indignes; ils procédaient à une révision annuelle de la
liste ; après Domilien, ils purent la faire à tout moment.
Le souci de l'administration publique appartient essen-
tiellement à l'empereur ; en sa qualité de premier magis-
trat, il faut qu'il agisse personnellement. Cette action per-
sonnelle, qui est le fait capital de tout le gouvernement de
l'Empire, nous échappe en grande partie. L'empereur
donne l'impulsion à cette énorme machine et sa tache est
immense. Il n'a pour l'aider dans ce travail central que
les auxiliaires qu'il prend autour de lui; rien qui res-
semble aux états-majors de nos administrations centrales.
Dans l'ordre militaire, il n'y a pas de plus haut fonction-
naire que le légat provincial ; dès qu'une guerre dépasse
les limites d'une province, il faut que l'empereur en prenne
personnellement la direction ou se décharge sur un délé-
gué spécial ; cela est vrai dans tous les ordres. Rien ne
fait mieux ressortir la distance entre le principat et une
monarchie, telle que l'organisa Dioclétien, avec tout le per-
sonnel et la hiérarchie de l'administration centrale. Le
Haut-Empire n'a qu'un prince, lequel est à la fois seul
ministre et seul général en chef pour tout le territoire
romain. Il ne nomme guère de fonctionnaires extraordi-
naires, ne charge même pas les fonctionnaires ordinaires
de traiter les affaires extraordinaires ; il se les réserve
presque toutes et les décide avec l'aide de ses conseillers
personnels. Les fondations de colonies, les vastes travaux
publics exécutés aussi bien dans les provinces qu'à Home,
sont dirigés par l'empereur, auquel seul en reviennent la
charge et l'honneur. On ne peut entrer ici dans de grands
détails, d'autant plus que les informations nous manquent,
mais il faut retenir que le Haut-Empire est peut-être le
régime politique le plus personnel que l'histoire rencontre.
Ce ne fut pas une des moindres causes de la ruine de
l'empire romain.
Nous dirons successivement comment s'exerçait l'action
de l'empereur sur les affaires étrangères, sur la justice,
sur les finances, sur l'administration générale. Sur les
affaires étrangères, c'était jadis le Sénat qui décidait ; sous
l'Empire, ce fut le prince. Il a seul et sans réserves le droit
de paix et de guerre ; il négocie et conclut les traités.
Quelquefois le Sénat reçoit les ambassades ; mais nul
fonctionnaire n'a le droit d'entreprendre une guerre sans
ordre de l'empereur ; il y va de sa tète. Il s'ensuit que
toutes les mesures pour la sécurité de l'empire romain
sont l'affaire du prince, qui statue personnellement. C'est
lui qui répartit les troupes, qui les concentre en ras de
besoin ; il tient le Sénat au courant des événements, mais
ses lieutenants, c.-à-d. tous les chefs militaires, ne cor-
respondent qu'avec lui, même dans les provinces sénato-
riales.
La juridiction criminelle, le droit de punir, attribut de
la souveraineté, n'appartient plus au peuple. Dès le début
de l'Empire, il en est privé. Jusqu'aux premières années
du ni" siècle, tant que dure le système des jurys, c'est
l'empereur qui dresse et revise les listes des jures, lesquels
sont nommés à vie. Il a le droit, lorsqu'une condamnation
n'a été prononcée qu'à une voix de majorité, d'ajouter la
sienne en sens contraire et de déterminer l'acquittement :
il assiste souvent aux procès. Mais, ce qui est bien plus
important, c'est le droit de punir qui appartient à l'empe-
reur ; les aucuns droits du peupk romain -ont. eu celle
matière, transférés d'une part an sénat et aux consuls, de
l'autre au prince. Tout le inonde, néflie un sénateur, peut
être cité devant le tribunal du prince et, à vrai dire, il
(dirait autant de garanties, OU aussi peu, que le tribunal
sénatorial. \ la lin du r1 siècle, on convint que lest
des sénateurs, BUrtOUt en matière capitale, seraient sous-
traits au tribunal du prince. Cette immunité fut inscrite
dans la loi au temps de Sévère. Toute affaire peut Un
portée au tribunal impérial, lequel connaît le plus fréquem-
ment de celles ou sont impliqués des officiers, des fonc-
tionnaires ; en cas de conflit de juridiction, c'est la juri-
diction impériale qui prime celle du Sénat ou du tribunal
ordinaire lotUBStio). Ijè tribunal impérial siège partout ou
séjourne l'empereur ; il n'est pas public. De même que le
Sénat, l'empereur peut déléguer son autorité judiciaire.
Ces délégations ont une grande importance, parce qu'elles
sont le principal fondement de la juridiction criminelle des
gouverneurs et le seul pour les préfets de la ville et du
prétoire (V. Pbovuice et Phéfet).
Dans la justice civile, l'influence de l'empereur est
limitée, comme celle des autres magistrats ; il a le choix
des jurés, qui revenait jadis au préteur urbain ; quelque-
fois il casse des arrêts, mais au même titre que les anciens
magistrats. Le progrès du régime monarchique se marque
du reste par la décadence des jurys, qui finissent par dis-
paraître. La juridiction civile de l'empereur est surtout
importante dans les cas d'appel contre l'arrêt d'un magis-
trat. Absolu en principe, puisque l'empereur a une puis-
sance d'ordre supérieur (imperium majus), ce droit est
limité dans la pratique ; l'empereur le délègue.
L'empereur imite encore les magistrats de la Rome répu-
blicaine en ceci qu'il ne statue dans les affaires juridiques
importantes qu'avec le concours d'amis et de conseillers.
Auguste et ses successeurs agirent ainsi. Adrien donna à
ce conseil (consilium, plus tard appelé consistorium)
une organisation régulière (V. l'art. Consilium).
Tout ce qui concerne le domaine et les finances de l'Etat
romain est soumis à l'empereur; non seulement il statue
souverainement sur les litiges relatifs aux limites entre les
territoires de telle ou telle communauté, mais il dispose
comme il veut du domaine public ; il fait les assignations
de terres sans s'assujettir à aucune restriction ; il ne s'ar-
rête que devant les expropriations de propriétés privées.
Pour l'administration financière, on distingue plusieurs
caisses. Le prince a d'abord la sienne, comme chaque pro-
consul : c'est le fisc {fiscus Cœsaris) ; mais elle lui appar-
tient sans réserve ; il en dispose comme de sa fortune privée.
C'est sur le fisc qu'il paye les dépenses de l'armée de terre
et de mer, de l'administration des provinces impériales, de
l'annone, des routes, des aqueducs, etc. Quant aux dépenses
de la maison impériale, celles de ses employés personnels
et particulièrement de ceux qu'il emploie à (administration
financière, ce sont des dépenses privées du souverain ; bien
loin d'être appointé par l'Etat, c'est lui qui fait les frais
de véritables services publics. Les ressources du fisc étaient
fournies par les revenus des provinces impériales, auxquels
s'ajoutaient unepartiedes revenus des provinces probablement
sénatoriales et probablement des subventions du trésor public
(œrarium). Tout balancé, le prince donnait plus qu'il ne
recevait. Auguste, dans son testament, nousapprend qu'il a
dépensé sur sa fortune personnelle et les legs qu'il a reçus,
plus de 5 milliards de sesterces pour l'Etat et ne laisse
ainsi à se*s héritiers que ISO millions. En l'an <>-2. le lise
privé de l'empereur versait annuellement (>0 millions de
sesterces de plus qu'il ne recevait. Ces témoignages et bien
d'autres démontrent que l'empereur de cette époque ne
tire pas ses revenus de l'Etat, comme fera celui du Has-
Empire; il affecte aux services publics la plus grande partie
de son revenu personnel, lequel, il est vrai, lui vient en
particulier de royaumes dont il est censé le maître, comme
l'Egypte, mais aussi par héritage. Le système d'Auguste
avait ce grave défaut qu'il n'avait pas créé de ressources
- 9C9 -
EMPIRE
équivalentes au\ dépenses : le déficit fiait donc l'état normal ;
mhi> les bons prions, il était comblé par les libéralités im-
périales, sous les mauvais, on recourait i des confiscations,
ailes mesures vexatoiresou a îles économies mal entendues.
— I. 'empereur intervient dans la gestion du trésor public;
sans doute Auguste a laissé au Sénat le trésor [cerarium
fk>/>uli Romain) proprement dit; niais il a constitue a
cote un trésor de guerre (cerarium militaire) géré par
des préfets. L'autre, auquel on appliqua le nom d'aniriuin
Siiturni. fut contrôle, et, dès le règne de Néron (56),
lontie à deux préfets subordonnés encore au Sénat, mais
davantage au prince. La distinction du lise et du trésor
public subsista jusqu'à Dioctétien probablement, mais elle
était désormais de pure forme. — Le droit de créer des
impots nom eaux sur le peuple romain n'appartenait pas en
principe aux empereurs ; en fait, ils n'en créèrent presque
paa jusqu'au régna de Dioctétien, lequel remania tout le
■ me financier. Lu revanche, c'est l'empereur seul qui
i Je la répartition, c'est lui qui surveille la levée de
Pimpêt, soit que ses employés y procèdent, comme pour
l'impôt foncier, soit qu'il soit affermé.
Le prince et le Sénat ont des droits é^aux pour le mon-
nayage: mais, dès l'an l"> av. }.-('.., ou l'on reprit la
frappe du cuivre, on convint que la monnaie de cuivre
serait frappée par le Sénat, celle d'argent et d'or par l'em-
[vereur. La monnaie de cuivre d'abord, puis la monnaie
d'argent après les altérations de Néron, ne fut autre chose
qu'une monnaie fiduciaire; il en résulta de grands maux,
surtout au 111e siècle, et c'est seulement le Bas-Empire qui
y mit tin en rétablissant une bonne monnaie; elle fut uni-
quement frappée par l'empereur (Y. Monnaie).
A l'administration financière de l'Empire, il faut encore
rattacher la poste, création d'Auguste, uniquement affectée
d'abord aux besoins des services publics (V. Poste). C'est
une des innovations importantes de l'Empire.
L'histoire de l'administration de la ville de Rome est très
intéressante parce qu'elle permet de suivre les accroisse-
ments successifs de l'autorité impériale : bornée d'abord à
une surveillance conforme à celle qu'exerçaient les consuls et
les tribuns, elle se développa rapidement dès le règne d'Au-
guste ; la raison en fut la même que celle qui explique les
progrès de la centralisation administrative, la nécessité de
pourvoir a des besoins en souffrance ; une famine décida
l'empereur a se charger de l'approvisionnement de la ville
(cura annxuir); il se chargea ensuite de l'entretien des
routes, puis des aqueducs, puis des édifices publics ; il fut
conduit a organiser le corps des pompiers, puis à s'occuper
de régulariser le cours du Tibre, d'entretenir les égouts;
entin Tibère organise la poliee urbaine, dette dernière ins-
titution était une des plus contraires à l'ancien esprit répu-
blicain et de caractère ouvertement monarchique ; d'autant
plus que la compétence de cette juridiction administrative,
la préfecture urbaine (V. Préfet), se développa aux dépens
de celle des jurys. Dès le ier siècle de l'Empire, toute
l'administration urbaine de Rome a pris un aspect monar-
chique. Pour le détail, nous renvoyons à l'art. Rome,
rappelant seulement le mot cruel d'après lequel le pain et
b-s jeux étaient tout ce que le peuple demandait à l'empe-
reur. Il lui assurait l'un et l'autre et de plus la sécurité.
Claude fit décerner à l'empereur la prérogative monarchique
de reculer le pomerium, l'enceinte religieuse de Rome.
A l'époque républicaine, les cités italiennes avaient l'au-
tonomie administrative. L'Empire la respecta mieux que
celle de Rome, où la vie municipale avait péri depuis long-
temps. Cependant, pour avoir été plus lente, l'évolution fut
la même, et la monarchie finit par absorber toute l'admi-
nistration des communautés italiennes. Nous étudierons
dans l'art. Italie la condition privilégiée de la péninsule
••t la manière dont elle fut assimilée aux autres provinces
de l'Empire. Cette transformation politique, qui s'acheva
sous le Bas-Empire, attesta la fusion complète des vain-
queur> <-t des vaincus dans un Etat nouveau qui est la con-
tinuation de l'Etat romain, mais qui a son originalité
propre, l'Empire. L'extension de la juridiction de la pré-
fecture urbaine sur l'Italie fut suivie de l'institution de
fonctionnaires préposés aux routes (curatores viarum) ;
ceux-ci furent peu a peu chargés de surveiller les revenus
de l'institution alimentaire (de Nerva), puis les douanes,
l'annone. On créa ensuite des curateurs pour contrôler les
administrations municipales ; les abus qui se produisaient
inévitablement donnèrent lieu à l'intervention de l'empe-
reur, auquel on faisait souvent appel. C'est au temps de
Trajan que se généralisent ces empiétements. Ils ne sont
pas limités aux municipalités italiennes; les communes
libres des provinces sont également en cause. Partout on
etablit.au 111'' siècle, ces fonctionnaires dont le titre est
significatif : correctores civitatum liberarum (V. Muni-
cii>e). On finit par donner à l'Italie des administrateurs
analogues à ceux des autres provinces.
L'administration provinciale, qui fut le grand bienfait
de l'Empire et son œuvre propre, sera exposée avec tous
les développements qu'elle comporte dans l'art. Province.
Nous avons déjà dit que la puissance proconsulaire de
l'empereur était le fondement de son autorité dans les pro-
vinces, mais que, dans quelques-unes, il gouverne à la place
des anciens rois et comme souverain territorial ; c'est à ce
titre qu'il confère, par exemple, le droit de bourgeoisie
d'Alexandrie. Dans cette catégorie de provinces, la pro-
priété du sol appartient à l'empereur. On généralisa, et au
milieu du n9 siècle les juristes soutinrent que, dans toutes
les provinces impériales, le sol n'appartenait pas à l'Etat,
mais à l'empereur. Il en résulta que les privilèges dont
jouit la propriété publique furent étendus aux biens privés
du prince. Cette confusion entre le domaine de l'Etat et le
domaine du souverain montre une fois de plus comment le
principat est devenu une monarchie dans toute la force du
terme.
Après avoir passé en revue les différentes attributions
du prince, en tant que tel, il reste à dire un mot des diffé-
rentes magistratures qu'il prenait temporairement. En pre-
mier lieu, le consulat : l'empereur le prenait dans l'année
de son avènement ; à plusieurs reprises, on songea à le
lui conférer tous les ans, mais seulement parce que l'usage
s'étant conservé de désigner les années par le nom des
consuls, on voulait procurer l'avantage de cette éponymie
au souverain. D'ailleurs, l'empereur prend le consulat
lorsque cela lui plaît et sans suivre de règle constante.
Quant à la censure, tant qu'elle ne fut pas absorbée par
le principat, l'empereur la prit à plusieurs reprises. Quand
elle disparut, on cessa de faire le recensement du peuple ;
celui des chevaliers et du Sénat fut fait annuellement par
le prince à partir d'Auguste. L'empereur attacha un certain
prix à la possession des sacerdoces ; il fait partie des
grands- collèges (pontifes, augures, quindécemvirs, épulons,
augustales, arvales) ; outre les droits qu'il exerce comme
grand pontife, il a pris celui de nommer des membres de
ces collèges recrutés en principe par cooptation.
Le prince n'a pas de suppléant désigné ; rien qui res-
semble à la régence dans les Etats monarchiques ; rien non
plus d'analogue à la situation des ministres dans nos
monarchies constitutionnelles. Quand le prince se fait
représenter, c'est seulement pour un cas défini, comman-
dement de la garde, d'une légion, d'une province, juge-
ment des appels d'une province ; pas de délégation géné-
rale de ses pouvoirs. Les conseillers les plus influents
n'eurent pas de titre spécial, de pouvoir formellement
énoncé. Cependant il y eut un personnage qui, plus que
tout autre, devint dans l'Empire le suppléant de l'empe-
reur : ce fut le commandant de sa garde, le préfet du
prétoire. Comme l'idée romaine supposait l'action person-
nelle du magistrat suprême, quand celui-ci ne peut venir
lui-même, il lait porter ses ordres par ses employés les plus
surs, au premier rang desquels est le chef de la garde ;
d'autre part, dans ce régime militaire, celui-ci a une situa-
tion très forte; l'empereur doit avoir confiance en lui, et,
d'autre part, s'en méfier, car l'influence du préfet du pré-
EMPIRE
- 970 -
loin est une menace permanente pour lui ; cet Antagonisme
domine l'histoire «lu Haut-Empire. Pour s'en délivrer, on
affaiblit l'institution de la préfecture du prétoire en y appli-
quant le principe îles anciennes magistratures, la collégia-
lité. Plus lard, dans la monarchie du Bas-Empire, on
complète la précaution en revenant au second principe de
l'époque républicaine, la brève durée de la fonction. En
revanche, on lui attribua une compétence et une autorité
de plus en plus vastes (V. Préfet).
Nous voici parvenus au terme de l'étude analytique du
pouvoir impérial. Il nous reste à voir comment se termi-
nait le principal : parla mort, l'abdication ou la déposition
du titulaire. L'empereur acquérant son pouvoir par la
volonté populaire manifestée par l'organe du Sénat et de
l'armée, il le perd de même. L'expression de la volonté
populaire se confond avec le droit du plus tort. La situation
est donc toujours révolutionnaire; le peuple souverain peut
élever ou renverser le prince quand et comme il lui plaît.
Tibère songea à abdiquer, Dioctétien et Maximien abdiquè-
rent, Vitellius et Didius Julianus, Offrirent de le faire afin
d'avoir la vie sauve. Le Sénat reconnut Galba du vivant de
Néron, de même Septime Sévère du vivant de Julianus, et
les Gordiens du vivant de Maximien. La responsabilité du
prince n'est efficacement mise en jeu qu'après sa mort;
mais cependant, s'il survit à sa déposition, il peut lui être
intenté une action criminelle; elle le fut contre Néron,
Julianus, Maximien et son fils Maxime. Mais un procès do
ce genre peut être intenté aux morts; c'est pourquoi on
prit l'habitude de juger le prince après sa mort ; la sanc-
tion était la condamnation de sa mémoire ou du moins la
cassation de ses actes. La cassation des actes entraînait
l'omission du nom dans la formule du serment imposé aux
magistrats à leur entrée en fonctions. Ce fut le cas pour
Caracalla. La condamnation de la mémoire était plus grave :
le condamné était assimilé à un criminel de haute trahison,
privé de sépulture, les monuments élevés en son honneur
supprimés, son nom rayé des lieux où il figurait officielle-
ment. Lorsque aucune de ces condamnations n'était en-
courue, on prononçait la consécration de l'empereur mort,
qui était inscrit au nombre des dieux.
Le principat n'a pas eu de règle de succession, ni l'hé-
rédité, ni la désignation d'avance. L'hérédité ne fut jamais
admise en principe ; Tibère dans son testament se borne à
léguer ses biens privés à ses deux neveux. L'hérédité qui
tendit à s'établir, car il y eut une série d'efforts pour créer
des dynasties impériales, ne prévalut jamais. Elle était en
contradiction avec ce fait que le principat était une magis-
trature. Lorsque l'empereur indique son successeur, cette
indication n'a rien d'obligatoire. Tandis que, pour les magis-
tratures républicaines, le successeur était désigné, tandis
que fonctionnait son prédécesseur, il n'en est pas ainsi
pour l'Empire. Le pouvoir impérial n'a pas de durée fixe;
nul ne peut donc, tant que le titulaire vit, en désigner un
autre, à moins d'éliminer le premier. Il y a donc là une
situation qui est particulière à l'empire romain ; alors que
dans la république, comme dans une monarchie, le gouver-
nement n'est jamais vacant et que dès que disparait celui
qui l'exerce il est aussitôt remplacé, dans le principat il
l'en est pas ainsi. Entre chaque règne il y a une vacance
plus ou moins longue pendant laquelle nul no possède Vim-
prrium. Il n'existe pas d'institution comparable à celle de
l'interrègne dans la période républicaine. Ce fut la le pire
défaut du Haut-Empire; ce système hybride, cette monar-
chie hypocrite eut tous les inconvénients de l'équivoque et
cumula ceux de la république et de la monarchie ; nulle
sécurité dans la désignation de l'empereur : la violence y
joue le principal rôle. Et telle est la difficulté qu'il y a à
réparer une faute originelle que jusqu'à l'époque byzantine
l'empire romain continua de souffrir du manque d'un sys-
tème régulier pour la transmission du pouvoir. Il avait été
facile de prévoir celle-ci conformément aux habitudes adop-
tées pour les autres magistratures romaines. Les fonda-
teurs du nouveau régime n'avaient eu confiance ni en eux-
mêmes ni dans l'institution qu'il* créaient : le second de
CflK-d, Tibère, en fut la première riet&M] sa vie en fut
empoisonnée, et pourtant, malgré cet exemple, on ne put
revenir en arrière; le mal était fait, l'institution dura des
siècles et jusqu'au bout elle subit les conséquences de la
faiblesse d Auguste.
Il y eut cependant des tentatives faites pour pallier cm
inconvénients; à défaut d'un successeur proprement dit,
l'empereur prit un associé, qui, ayant part à son autorité,
était tout désigné pour lui succéder. Cet associé n était pas
l'égal du prince, quoique le cas se soit présenté à partir de
la fin du 11e siècle. Le plus souvent on confère cette qua-
lité au fils de l'empereur, fils légitime on adoplif, ce qui
revenait à préparer une succession dynastique et
des familles factices comme celle des \ntoninsou Caracalla
put se regarder comme le septième empereur de sa maison.
Comme le prince, son associé renonce a son nom de gms, il
prend celui de la famille impériale ,\ tout d'abord le sur-
nom de ùrsar. A partir d'Adrien, celui-ci est réservé à
l'associé à l'Empire, héritier présomptif; le nom de
prend ainsi un -eus politique défini. Ce qu'il faut noter
comme un nouveau pas vers la monarchie, c'est que la
qualité de césar n'implique aucune attribution de magis-
trat et que le césar est un héritier présomptif, mais n'est
plus un associé. D'autre part, ce titre ne confère pas de
droit légal a l'Empire et quand celui-ci devient vacant, il y
est pourvu par le peuple, l'armée et le Sénat, selon le mode
usuel. Quant aux pouvoirs dont était investi l'associé de
l'empereur, il n'y a pas grand intérêt à les passer en revue
dans le détail; ce sont ceux de l'empereur, mais à un de-
gré inférieur, puissance tribunicienne et proconsulaire, etc.
Cette puissance proconsulaire atténuée fut conférée en der-
nier lieu à Commode; nu 111e siècle elle disparaît et l'im-
portance de la puissance tribunicienne secondaire parait
accrue. Les césars du 111" siècle ne reçoivent pas celle-ci,
ou du moins ne la reçoivent qu'avec une association à l'au-
torité réelle de l'auguste. Néanmoins, l'associé à l'Empire,
même lorsqu'on lui avait conféré la puissance proconsu-
laire et la puissance tribunicienne, ne succédait pas de plein
droit ; il fallait l'agrément du Sénat et du peuple.
Le dernier cas qui se présente est celui du partage du
pouvoir impérial entre deux souverains ayant également le
titre d'augustes. Ce fut une innovation de Marc Aurèle oui
s'associa ainsi Lucius Verus, puis Commode ; après lui
l'usage persista ; repris par Sévère pour ses deux fils, il
fut constamment appliqué dans le courant du 111e siècle.
En général, cependant, le premier en date des augustes
conservait une certaine primauté, surtout lorsqu'il s agis-
sait du père et du fils. On sait que Dioclétien tenta d'ériger
en système ce partage du gouvernement entre deux ou
plusieurs empereurs et que cela conduisit au partage ter-
ritorial de l'Empire.
Administration de l'Empire (Y. les art. Administration,
Mimciit, Province). Pour tout ce qui concerne la défense de
l'Empire et son organisation militaire, V. les art. Armée. Au-
guste et I.ig ion . Pour l'état social, Y. l'art . Classes sociales.
Le culte des emi'ereurs. — Le culte des empereurs est
une des particularités de l'empire romain ; c'était le seul
culte qui fut pratiqué dans toute l'étendue de cet Empire où
coexistaient les religions les plus diverses (V. Religion
[ antiquité gréco-romaine]). Toutes les villes et les provinces
rivalisaient de zèle en faveur de ce culte, plus encore que
de leurs cultes locaux ou nationaux. Les dieux protecteurs
de chaque peuple ou do chaque cité avaient perdu de leur
crédit par la suppression de l'indépendance; la puissance
romaine qui avait tout plié sous son ascendant avait inspiré
aux vaincus un respect presque religieux ; incorporée dans
la personne de l'empereur, elle fut aisément adorée. Le
culte dos empereurs a été la religion officielle de l'Empire,
car, si Romeresta fidèle a ses dieux nationaux, elle ne connut
pas le prosélytisme religieux et laissa chaque pays adorer
les siens ; au contraire, elle les traitait avec bienveillance,
la nécessité d'un culte commun à toutes les parties, si
- 974 -
EMPIRE
#WHM de l'Empire, n'en existait pas moins, la vie reli-
itant étroitement ■sfMàéai la vie publique, il fallait
avoir DOC religion administrative ; M tut k culte des BBH
ponmi's. Nms m avons déjà indiqué les original si parlé
ilu serment que Mus les magistrats et fonctionnaires prê-
taient au nom ilf Jupiter, des divins augustes et îles rénales.
( 'aal l'hostilité marquée par les Juifs et les chrétiens à ce
culte du ténia île l'empereur et îles divins augustes ses pré-
décesseurs qui explique qu'on les ait ronsiilerés comme des
nimssnii de l'Eut Les bienfaits de la paix romaine valu-
rent I l'Empire et a sa religion une profond? popularité.
Klle se manifeste au u" et au M* siècle. 1,'intluence gran-
dissante des Orientaux, de longue date accoutumés à rendre
ivarains des honneurs divins, celle des Grecs qui
eut les hommes -ans répugnance, donnent au rulle
BIS dan< la moitié orientale de l'Empire un
caractère particulier <]iii prépare la monarchie byzantine.
L'empereur est qualifie de divin, de très saint ; les impéra-
trices >vriennes -ont de même adorée- de leur vivant. Bien-
Ht Hioeïelien exigera de tous les honneurs divins et fera
•i, i ses sujets devant loi. Les associations religieuses
Mdées pour desservir le culte des empereurs sont partout
répandues et très actives: aux Aitijustalrs sont venus
s'ajouter les collèges ou smlalites des lïaviales et des An-
toniniani : chaque empereur ou impératrice divinisé a son
prêtre OU sa prêtresse. Aux corporations officielles, il faut
ajouter une foule d'associations privées qui se proposent le
même ohjet. vénérant soit tous les augustes divins, soit
l'un d'entre eux; on en compte autant dans les provinces
et leurs principales villes qu'à Home. Elles prennent rang
dans la sa iM et en forment une classe; au-dessous de
l'ordre des dècurions qui est fermé et héréditaire, se place
un second onlre privilégié, celui des Augustalrs ou seviri
Augustalcs. Ces associations fournissent donc aux petites
gens une occasion de s'élever, revêtus des charges honori-
fiques ; nouvelle cause de popularité pour le culte qui leur
procure ces avantages. Les divins augustes sont de tout
point assimilés aux autres dieux ; ils ont leurs temples,
leurs autels, leurs images, leurs fêtes. On célébrait l'anni-
versaire de leur naissance, de leur consécration, de la
dédicace de leur temple, celui de l'avènement de l'empereur
régnant : on lui apportait ses vieux le 3 janv., et plus
solennellement tous les cinq ans, tous les dix ans, tous les
quinze ans. Le peuple prenait une part très grande à ces
réjouissances: on allumait des lampes à la porte des mai-
- au les décorait de feuillage, on se réunissait entre gens
du même quartier pour banqueter. « Dans ce culte, dit
1- ustel de Coulanges. tout n'était pas public, tout n'était
pas pour l'apparat, lieaucoup d'hommes dans le secret de
leur maison, loin des regards de la foule et sans nul souci
des fonctionnaire- impériaux, adoraient la divinité de l'em-
pereur associé à leurs dieux pénates. Il est impossible d'at-
tribuer tout cela à la servilité ; des peuples entiers ne sont
pas sei viles et ne le sont pas durant trois siècles. Ne sup-
posons pas que ce culte fut un simple cérémonial, une règle
d'étiquette: le palais impérial était presque le seul endroit au
monde où il n'existait pas. Ce n'étaient pas les courtisans
qui adoraient Le prime, c'était Rome. Ce n'était pas Rome
seulement, c'était la Gaule, c'était l'Espagne, c'étaient la
Grèce, l'Asie. Si l'on excepte les chrétiens qui vivaient
alors obscurs et cachés, il y avait dans tout le genre
humain un concert d'adoration pour la personne du prince,
ulte étrange se comprend et l'on en sent toute la sin-
cérité et toute la force -i l'on songe à l'état psychologique
de ces générations. Les hommes étaient fort superstitieux.
Dans la société de l'empire romain, les pratiques de la dévo-
tion étaient universelles; les plus hautes classes s'y livraient
avec la même ferveur que 1rs classes ignorantes. L'esprit
humain tremblant voyait la divinité partout. Son besoin
d'adorer s'appliqua naturellement i ce qu'il trouvait de plus
puissant dans les choses humaines, à l'autorité impériale.
Nous ne devons pas d'ailleurs confondre les pensées de ce
temps-là avec la doctrine du droit divin des rois qui n'a
appartenu qu'à une autre épUque. Il ne s'agit pas ici d'une
autorité établie par la volonté divine ; c'est l'autorité elle-
même qui était divine. Elle nes'appuyail pas seulement sur
la religion ; elle était une religion. Le prince n'était pas un
représentant de Dieu: il était un dieu, ajoutons même que
s'il était dieu, ce n'était pas par l'effet de cet enthousiasme
irréfléchi que certaines générations ont pour leurs grands
hommes. Il pouvait être un homme fort médiocre, être même
connu pour tel, ne faire illusion à personne et être pourtant
honore comme un être divin. Il n'était nullement nécessaire
qu'il eût frappé les imaginations par de brillantes victoires
ou touché les conirs par do grands bienfaits. Il n'était pas
dieu en vertu de son mérite personnel; il était dieu parce
qu'il était empereur, lion ou mauvais, grand ou petit, c'était
l'autorité publique qu'on adorait en sa personne. Cette re-
ligion n'était pas autre chose en effet qu'une singulière con-
ception de l'Etat. La puissance suprême se présentait aux
esprits comme une sorte de providence divine. Elle s'asso-
ciait dans la pensée des hommes avec la paix dont on
jouissait après de longs siècles de troubles, avec la pros-
périté et la richesse qui se multipliaient, avec les arts et
la civilisation qui s'étendaient partout. L ame humaine,
par un mouvement qui lui était alors naturel et instinctif,
divinisa cette puissance. De même que dans les vieux âges
de l'humanité on avait adoré le nuage qui, se répandant
en eau, faisait germer la moisson, et le soleil qui la faisait,
mûrir, de même on adora l'autorité suprême qui apparais-
sait aux peuples comme la garantie de toute paix et la
source de tout bonheur. » Les considérations développées
par Fustel de Coulanges prouvent combien l'esprit des
hommes du n° et du ine siècle était profondément monar-
chique. L'autocratie avait été organisée par Auguste avec
des formes républicaines afin de ménager les scrupules des
Romains ; mais, à mesure que l'Empire prévaut sur Rome,
que celle-ci et l'Italie s'y absorbent, le principe monarchique
s'affirme davantage dans les mœurs et les institutions, et
c'est par une évolution continue et fatale qu'on aboutit à
la monarchie sacro-sainte de Dioctétien et de Constantin.
La monarchie du m0 et du ive siècle. — Le prin-
cipat, tel que l'avait institué Auguste et que nous venons
de le décrire, subsista jusqu'à la grande crise du m6 siècle,
laquelle marque la tin du Haut-Empire. Lorsqu'il fallut recon-
struire sur les ruines laissées par un demi-siècle de guerres
étrangères, de guerres civiles et d'anarchie, il parut inu-
tile de conserver les formes qui dissimulaient mal la mo-
narchie absolue, ("'est celle-ci que proclama sans scrupule
et sans réticence Dioclélien, le fondateur du Bas-Empire.
Il commença par supprimer la fiction d'après laquelle le
pouvoir était délégué par le peuple à l'empereur. Il se
considéra comme empereur par la volonté des dieux, non
point par le choix du peuple, de l'armée et du Sénat. Il
ne demanda à celui-ci nulle confirmation de son titre. Il
gouverna et légiféra seul. C'est en vertu de son droit propre
qu'il procéda à la réorganisation complète de l'Empire. Il
ne faudrait pas, sans doute, lui attribuer l'œuvre tout
entière ; elle ne fut consommée que par Constantin, et elle
avait été préparée depuis longtemps. « Plus d'un empe-
reur avant Ûioclétien avait senti la nécessité de prendre
un collègue, de diviser les grands gouvernements, même
de partager l'Empire et d'affaiblir les prétoriens ; plus d'un
s'était laissé nommer seigneur ou dieu, et les monnaies de
Trajan et d'Antonin le Pieux les représentent avec la cou-
ronne radiée. Les peuples ne s'indignaient ni de ces titres,
ni de ces couronnes, car la religion officielle leur faisait un
devoir d'adorer l'empereur vivant, et ils élevaient des
temples à l'empereur mort. Un siècle et demi avant Dio-
clétien, Adrien avait fait de son consttium le rouage prin-
cipal de l'administration. » (Duriiy.) Caracalla avait
séparé les fonctions civiles des fonctions militaires; le
repeuplement des provinces frontières par des colons ger-
mains, le recrutement de l'armée parmi les Barbares, qui
seront deux causes essentielles de la ruine de l'Empire,
ont été inaugurés avant Dioctétien ; de même, il a consacré
EMPIRE
— Wî -
[ilui'ii que créé la hiérarchie tes titres et la nomenclature
nobiliaire. La chancellerie impériale était depuis longtemps
le vrai pouvoir central et le moteur de tout l'Empire.
« Dioctétien n'a donc pas crée de toutes pièces un nouvel
éiliiice politique et social ; au fond il n'accomplit qu'une
grande réforme administrative. Mais les apparences répu-
blicaines si soigneusement (irises par Auguste, conservées
par beaucoup de ses successeurs et queLarus gardait en-
core, tombèrent; rien ne cacha plus le niaitre, el rey
netto, et la république autocratique d'Auguste revêtit sa
forme dernière, celle d'une monarchie orientale. » (Duruy.)
La monarchie absolue fut allirmée en principe ; le sou-
verain règne en vertu d'un droit divin ; il est la loi vivante,
supérieur à toutes les lois écrites. On doit l'appeler maître
et le qualifier de saint et de sacré. Pour le saluer, on plie
les genoux à la mode orientale. Il est paré du diadème
comme les anciens rois perses, dont il adopte le fastueux
costume surchargé de pierreries. 11 s'entoure d'une cour
dont l'étiquette rigoureuse marque la distance entre lui et
les autres hommes. Une foule d'employés, de gardes, s'in-
terposent entre ses sujets et lui ; on ne peut obtenir l'ac-
cès auprès de l'empereur que selon les règles d'un céré-
monial minutieux. Il garantit ainsi sa sécurité personnelle
et frappe les esprits en s'entourant d'une sorte de mystère.
En même temps, Dioctétien essaye d'assurer la succession
régulière par un système ingénieux qui dura peu, celui de
la tétrarchie. Il répartit les affaires de l'Empire selon une
division territoriale, et, pour en diviser la charge, il se
donne des collègues. L'un de ceux-ci sera auguste comme
lui ; à chacun des augustes est adjoint un césar plus jeune,
son successeur désigné. De cette manière, le pouvoir ne
sera jamais vacant; sa transmission est assurée et un usur-
pateur, ftït-il vainqueur dans un quart de l'Empire, aura
toujours à lutter contre trois princes et trois armées. L'in-
convénient du système, on le vit tout de suite, c'est la
rivalité entre ces quatre empereurs qui se feront la guerre;
de sorte qu'au lieu de garantir la régularité de la succes-
sion, Dioctétien préparait un conflit permanent. Le résul-
tat de ce partage de l'Empire sera pourtant de faire écla-
ter les dissidences entre la moitié occidentale ou latine et
la moitié orientale ou grecque de l'Empire, lesquelles fini-
ront par se séparer.
Un des premiers actes de la monarchie absolue du Bas-
Empire fut de faire disparaître les derniers restes de la
prépotence romaine. L'Italie fut assimilée aux autres ré-
gions, partagée en provinces auxquelles on préposa des
gouverneurs (consulaires ou correcteurs) et son privilège
de l'exemption d'impôt foncier lui fut enlevé. Home cessa
d'être la capitale. Celle-ci fut d'abord la résidence de
l'empereur; tour à tour, Sirmium, Antioche et Nicomédie
du temps de Dioclétien ; plus tard, Constantinople, en
Orient; Milan et Bavenne, en Occident. La garde préto-
rienne fut réduite et Home soumise à l'autorité d'un préfet
de police. Le Sénat, qui avait partagé le gouvernement
avec le prince, fut mis de côté ; il ne subsiste guère qu'à
titre honorifique; on lui témoigne encore quelques égards.
Des anciennes magistratures, on supprime le tribunat et
l'édilité, on conserve le consulat, la préture et la ques-
ture, dignités plutôt que fonctions.
Si l'on débarrasse le terrain des vestiges du passé, il
n'en faudrait pas conclure que le rôle personnel de l'empe-
reur est accru ; loin de là, il diminue ; l'institution monar-
chique absorbe la personnalité du monarque, si prépondé-
rante au temps du Haut-Empire. Le Bas-Empire est une
monarchie administrative et bureaucratique, à la manière
du moderne empire russe (V. Etat et Monarchie). Les
employés y deviennent les vrais maitres ; on constitue de
grands départements ministériels avec des bureaux el un
personnel hiérarchisé. En haut, à la place du Sénat, est
le conseil secret du prince, qu'on appelle officiellement
consistorium sacrum. L'organisation administrative, mili-
taire et financière, fut achevée par Constantin. C'est donc
à cette époque, c.-à-d. au milieu du IVe siècle, qu'il faut
te placer pour décrue les rouages du Itas-Empire. Sur
l'œuvre personnelle de Dioclétien et de Constantin, h
trouvera des détails dass les biographies de ces enaansn,
Au point de vue de l'administration intérieure, l'empire
romain resta partagé en quatre groupes de provioeeaaasaaa-
blés deux à deux dans les empires d Occident (daule, Italie)
et d'Orient (Illyrie, Orient) (V. le tableau des p.p. 953-954).
Il comprend quatre grandes préfectures : celle d'Orient,
subdivisée en ."> diocèses et 4<i provinces ; celle d'Illvrie,
subdivisée en i diocèses et H provinces; celle d'Italie,
subdivisée en i diocèses et 30 provinces : celle de Caule.
subdivisée en '■'< diocèses et -29 provinces. De plus, les petites
provinces proconsulaires d'Asie et d'Afrique relevaient
directement du pouvoir central, et les deux capitales, Home
et Constantinople, avaient leurs préfets, égaux hiérar-
chiques de ceux des grandes prélectures. I,a préfecture
d'Orient comprenait, en outre, l'Asie, l'Egypte et la Thrace;
celle d'Illvrie n'embrassait plus les provinces illyriennes
proprement dites, lesquelles formaient le diocèse de Pan-
nonie ou d'Illvrie occidentale dépendant de l'Italie, à
laquelle on rattachait encore les pays alpestres et l'Afrique.
La tendance au morcellement des provinces ne s'arrête pas ;
Auguste en avait 14, Dioclétien 90, Constantin 120.
A la tête de l'Empire est le pouvoir central, la cour avec
ses offices. L'entourage personnel de l'empereur, particu-
lièrement les femmes et les prêtres, auront une grande
influence dans le Bas-Empire. Celui-ci représente, à ses
débuts, un compromis entre l'organisation de la monarchie
orientale des cours de Suse et de Ctésiphon et les usages
de l'empereur romain, chef militaire, vivant autant dans
les camps qu'en sa demeure du Palatin. Bien qu'il se forme
de véritables dynasties, on n'arrive pas à constituer soli-
dement la monarchie héréditaire ; la succession ne sera
jamais aussi bien réglée que chez les Perses ou les Egyp-
tiens. La conception absolutiste prévaut de plus en plus ;
l'Etat, c'est l'empereur. Il s'entoure d'une bureaucratie
ordonnée en de grands ministères. Mais ces charges pu-
bliques se confondent avec les offices de la cour. Cinq per-
sonnages se partagent les principaux départements. Le
grand chambellan, chargé du service privé de la maison
de l'empereur, a sous ses ordres les quatre classes de ser-
viteurs, les cubicularii, le comte du palais, les pages, les
architectes et gens de service, le comte de la garde-robe,
l'intendant des résidences impériales, les silentiaires, les
médecins, les gardes du corps à pied et à cheval, protec-
torcs et domestici. — Le maître des offices est à la fois un
maréchal du palais et un chancelier d'Etat : il a la juridic-
tion sur tout le personnel de la cour ; il commande aux
écoles militaires, aux 3,500 scolarcs qui montent la garde
au palais ; une section, celle des agentes in rébus, qui
comprit plus tard *2W officiers, 230 sous-officiers et
730 agents, fournit les courriers et le personnel de la
police secrète. En même temps, le niaitre des offices a sous
ses ordres la poste, les manufactures d'armes de l'Empire,
contrôle l'administration militaire. Comme chancelier, il
préside au travail législatif, à la justice, à l'administration,
aux affaires étrangères, commande aux interprètes, règle
les audiences des ambassadeurs étrangers. Il dispose de
quatre grands bureaux (scrinia) avec 150 employés :
scrinium memoriœ, bureau qui expédie les résolutions
impériales et les ordres de cabinet, les grâces, etc ; scri-
nium epistolarum, service de chancellerie pour les affaires
extérieures; scrinium libellorum, pour les affaires judi-
ciaires : scrinium dispositionum, pour la besogne admi-
nistrative. A la tète de ce dernier est un conte : a la tète
de chacun des autres, un sous-secrétaire d'Etat. Le niaitre
des offices est moins puissant que ne l'indiquerait cette
énumération parce que les préfets du prétoire partageât
une partie de ses attributions; de plus, la durée de ses
fonctions est assez courte, et il ne peut s'adresser à l'em-
pereur que par écrit. — Le questeur du palais sacre
est une sorte de ministre d'Etat ; il est le seul qui commu-
nique verbalement avec l'empereur ; il reçoit les requêtes
— 973
EMPIRE
et transmet les repenses : il prépare les lois ou les ordres
impériaux qui seront discutes en conseil et il les contre-
signe. Il n'a pas de bnreaa, mais prend pou son service
vingt-six employés do maître des offices. — Le ministre
ies finances [cornes taenmtm largitionum) est un grand
peroonaage auquel incombe toute la direction de l'ensemble
des impôts directs et indirects, la Surveillance des four-
nitures eu nature, îles transports pour les approvisionne-
ments, la surveillance fiscale du commerce, celle des mines,
de la monnaie, des magasins ei des manufactures publiques,
celle du trésor de l'Etat 11 est vrai que les autorités pro-
rjwialon ont la responsabilité de la répartition et de la
perception de l'impôt et que la caisse centrale ne reçoit
que lea excédents des causes des préfectures du prétoire.
Dans chaque diocèse, le ministre des finances a un direc-
teur des finances, dans chaque province des employés
WniionaUi) : au (entre, il dispose de quinze bureaux
(en Orient, treize en Occident). — le trésorier de l'em-
pereur [cornet rerum phvutarum) administre la caisse
privée de l'empereur, les domaines publics, palais impé-
riaux, har.is. forêts, etc.. les nions confisqués ou tomhés
en déshérence. — On doit encore mettre auprès des cinq
ministres les deux chefs de la garde impériale [domestict
et wntectorêt) : celte garde est formée soit de vétérans,
de jeunes -.Tis de bonne naissance qui y font leur
apprentissage. Enfin, les maîtres de la milice (magùtri
militum). généraux en chef, dont nous reparlerons tout
a l'heure. A Côté des ministres détenteurs des grandes
chaires de la cour, il faut nommer le primicenus des
notaires ou grand notaire ; c'est lui qui tient le grand
livre des fonctions et offices publics constatant et contrô-
lant l'avancement et la situation hiérarchique de chacun.
— \s conseil de l'empereur {cotisistorium sacrum) com-
prend le préfet du prétoire de la résidence, les généraux
en chef présents, le maître des oftices, le questeur, les
deux ministres des finances, un certain nombre de comtes
ou de conseillers secrets. Il arrive qu'on y adjoigne, pour
des circonstances spéciales, des employés supérieurs ou des
personnages de haut rang spécialement compétents.
Au-dessous de l'administration centrale vient la hiérar-
chie de la bureaucratie provinciale. A la tête de celle-ci
sont les quatre préfets du prétoire ; ce sont, chacun dans
sa circonscription, de véritables vice-empereurs ; ils pro-
mulguent les lois impériales, édictent en certains cas en
leur nom propre. Ils président à l'administration et aux
finances: ils mit le droit de vie et de mort, la juridiction
suprême, mais ne peuvent statuer sur les affaires de plus
de M livres d'or. Leurs décisions ne sont pas susceptibles
d'appel à l'empereur. Les sièges des quatre préfectures
■ nt : Constantinople pour l'Orient ; Sirmium pour l'Illy-
ria; Milan pour l'Italie: Trêves pour la Caule. A Rome ne
réside que le vicaire du diocèse d'Italie. — Dans chaque
diocèse, le préfet est représente par un vicaire (sauf dans
ceux de Dacie et d'Dlyrie, administres directement par le
préfet du prétoire d'Dlyrie et par celui d'Italie). Le vicaire
est un fonctionnaire nouveau interposé par Dioctétien entre
le gouverneur de province et l'empereur que supplée au
temps de Constantin le préfet du prétoire. Au-dessous des
vii air<s viennent les administrateurs civils : HT consulaires,
7 1 présidents, o correcteurs (V. le tableau des pp. 953-954 ):
les trois proconsuls relèvent immédiatement des préfets du
prétoire. Os gouverneurs de province sont des administra-
teurs et des Juges, soit en première instance, soit définiti-
vement pour certaines catégories d'affaires, soit en appel
des juridictions des cités. L'appel de leurs décisions est
porté au vicaire ou au préfet du prétoire. Ceux-ci ont des
bureaux considérables; le préfet d'Orient occupait 450 em-
ployés, le vicaire d'Egypte 50. Ce préfet du prétoire a un
pouvoir disciplinaire sur les vicaires et les gouverneurs
qu'il peut suspendre, mais ils sont nommés par l'empereur
et ils correspondent directement avec le maître des offices.
A tous les degrés de la hiérarchie administrative, nous
retrouvons de grands bureaux ; ils sont répartis en trois
sections principales : affaires judiciaires, affaires financières,
expéditions, les emplois supérieurs sont encore réservés
aux chevaliers, mais on sentit bientôt qu'il était fâcheux
d'exclure la noblesse sénatoriale de l'administration. D'autre
part, on renonça complètement à l'emploi des esclaves ou
des affranchis. Lapetitebourgeoisierecrutadonc les carrières
administratives, et il se forma une classe sociale d'employés
publics. Ce n'est pas le lieu de nous en occuper (V. Classes
sociales et Etat). Il est toutefois très intéressant de re-
marquer comment l'empire romain, qui était d'abord un
Etat militaire, se transforma en monarchie bureaucratique
par une évolution progressive.
l.a hiérarchie de rangs et de titres achevée par Cons-
tantin eut une importance décisive. Les consuls restent en
dehors, avec le titre de gloriosus. Le patriciat est devenu
une (lignite que l'on confère un peu comme les grands'-
croix de nos ordres modernes; le titre de nobilissime est
réservé aux princes du sang. Les plus hauts fonctionnaires
sont dits viri illustres (les six préfets, les maîtres de la
milice, les cinq ministres); puis viennent les spcctabiles,
qui occupent les hautes charges de la cour : notaire supé-
rieur, sous-secrétaire d'Ktat, proconsuls d'Asie, d'Afrique
et d'Achaïe, vicaires des diocèses et généraux ; les claris-
simi, parmi lesquels figurent les gouverneurs de province,
les sénateurs, etc.; les perfectissimi, qui repondent à peu
près à nos chefs de bureau; on vend aussi ce titre; celui
A'cgrcgii est donné aux chevaliers, celui A'honorati à
ceux qui ont reçu le titre d'une fonction sans l'exercer en
fait. Un grand nombre des personnages de cette hiérarchie
sont qualifiés de comtes (comités), c.-à-d. compagnons du
prince, on pourrait traduire conseillers. C'est le cas pour
les membres du conseil, les ministres des finances, le vicaire
d'Orient, les commandants de la garde et plusieurs chefs
militaires. Il va de soi que, pour chacun des degrés de la
hiérarchie, on admettait des différences de grade, d'an-
cienneté, etc. On multiplie les décorations, les insignes
extérieurs de chaque fonction ; c'est dans ces images sym-
boliques qu'on trouve une origine de notre blason.
Le personnel administratif fut très favorisé dans le nou-
veau régime. Outre le salaire ou traitement, les employés
bénéficièrent d'une série de privilèges et d'exemptions;
rien de plus contraire à nos idées démocratiques. Ces pri-
vilèges, par l'extension qu'ils prirent, devinrent très nui-
sibles au reste de la population (V. Classes sociales).
Il se constitue une noblesse administrative à côté de la
vieille noblesse sénatoriale et municipale. D'autre part, le
pouvoir a conservé vis-à-vis de ses agents la méfiance de
l'époque républicaine et du principat. 11 redoute leur am-
bition et leurs intrigues. Il ne les nomme que pour un
certain délai, ne les laisse en fonctions qu'un temps assez
court, déplace constamment les employés inférieurs. En un
mot, il repose sur la bureaucratie, mais il ne se décide pas
à accepter les conséquences de son système et il en paralyse
les principaux mérites. Il ne se trompait pas sur la valeur
morale de ces employés qui était des plus médiocres : à
tous les degrés de la hiérarchie sévissent l'intrigue, la
fourberie, la violence, la corruption, les exactions. D'autant
plus lourdement pèse sur le peuple cette énorme machine.
Ces embarras fiscaux seront une des causes de la ruine de
l'Empire. Four surveiller ce personnel bureaucratique et
administratif, Constantin et ses successeurs cherchent à
relever les assemblées provinciales (V. Phovince).
Nous avons déjà signalé la gravité de la réforme qui
sépara les carrières civiles des carrières militaires. Le
résultat fut île faire de l'armée un Etat dans l'Etat. A
d'autres égards encore, l'armée du Bas-Empire est or»a-
nisée sur un tout autre modèle que celle du Haut-Empire;
les nécessités ne sont plus les mêmes. Auguste avait pu
concentrer toutes les forces aux frontières; cela n'est plus
possible maintenant. A la tète de l'armée sont deux géné-
ralissimes, les maîtres de la milice de la cavalerie et de
l'infanterie, dont le nombre fut porté a quatre sous Cons-
tance IL Ils dirigent l'administration centrale de l'armée ;
i.Mi'iiu:
— 974 —
l'avancement, ii-, déplacements, la juridiction sont réglés
par i'u\. Pour D8 pu se mettre s unir discrétion, l'empe-
reur a laissé les chefs * l « ? troupe de la frontière ioui l'au-
torité «lu maître îles offices, et une fraction de l'étaUmajor
est à la nomination du questeur. I.'' système militair
nouveau. Aux Irontîères, on a bâti des forteresses el l'on
\ ;i caserne îles troupes, uni: milice locale in pure- uses ou
çasi hïcitini) qui arrête le premier choc d une invasion el
suiiii contre les incursions de simples pillards. On recrute
celle milice dans la population de ia frontière, et on com-
plète celle-ci par l'établissement do colons empruntés gè-
Déralement aux Barbares. Ces milices de la frontière sont
spécialement affectées à la garde de leur district. En arrière
est l'armée proprement dite, la force mobile. On la partage
en deux groupes, l'armée palatine et l'année des comitar
tenses; celle-ci forme la véritable année de ligne et com-
prend les deux tiers au moins de la cavalerie et les quatre
cinquièmes des lésions. Pour le détail de l'organisation,
V. Armée et Légion. a coté de ces forces régulières,!] faut
citer les auxiliaires barbares et des troupes spéciales comme
celle des Lœli; entin, sur chaque fleuve important et même
sur les lacs, on a armé une llottille. La force numérique
des unités tactiques a diminué, puisqu'on compte maintenant
■175 lésions, Cette armée conserve encore quelque chose de
son ancien prestige, mais elle est de plus en plus recrutée
parmi les Barbares ou les gens qui n'ont rien à perdre ;
tous les privilégiés échappent à l'impôt du sang. L'élément
germanique y deviendra prédominant, au moins en Occident,
dès la fin du ive siècle (V. Akmée, t. III, p. 99'J).
Cette armée plus nombreuse qu'autrefois est une lourde
charge, non moins que la bureaucratie et la cour. Il a donc
fallu procéder à une réorganisation financière, afin d'ac-
croître les ressources du budget impérial (V. /Erarium,
t. I, p. 60, et Contributions, t. XII, pp. 8:29 et suiv.).
Dioclétien a réformé l'impôt foncier, assis sur un cadastre
soigneusement dressé. Il a conservé tous les anciens impots,
monopoles, droits réguliers, capitation, et les a étendus a
l'Italie, sans parler des corvées et des impots indirects. On
en trouvera ailleurs la nomenclature et l'élude détaillée.
Ce qu'il faut constater ici, c'est que le gouvernement coûtait
très cher; que l'impôt direct sur lequel il vivait était une
charge écrasante, aggravée par le mode de perception qui
en rendait responsables les autorités municipales et la
classe des Curiales (V. ce mot). En Occident, au moins,
celle-ci en fut écrasée. L'empire romain succomba autant
sous le déficit financier que sous la décadence de l'esprit
militaire qui livra ses armées aux barbares.
Nous avons négligé à dessein de parler des rapports de
l'Empire avec les chrétiens, lesquels contribuèrent beau-
coup à sa ruine. On en trouvera l'exposé dans les art.
Etat (S Rapports de l'Eulise et de l'Etat), Persécu-
tion, où l'altitude des chrétiens envers l'Empire sera indi-
quée, et nous y reviendrons dans l'art. Saint-Empire. On
ne doit pas oublier que c'est dans la monarchie byzantine
que l'empire romain a trouvé sa dernière expression el
que le Bas-Empire a parachevé son organisation (V. Byzan-
tin [Empire ],Justinien,Constantinopi.k, Etat. Monarchie).
Histoire du Bas-Empire. — Dioctétien (284-305)
est le fondateur du Bas-Empire. 11 triompha de Carinus eu
Musie et fut reconnu par tout l'Empire. Il s'occupa sur-le-
champ de la défense des frontières et pour la faciliter par-
tagea l'Empire avec Maximien qui prit l'Occident avec le
litre d'auguste; ensuite ils s'adjoignirent deux césars,
Galère et Constance Chiure. Maximien eut l'Italie et
l'Afrique, Constance la Gaule, Galère l'HIyrie, Dioclétien
l'Orient. Celui-ci, après avoir supprimé l'influence (In Sénat
el des prétoriens, réorganise l'Empire (V. ci-dessiis). Hu
305, il abdique avec Maximien. Constance Chlore et (ialère
deviennent augustes, Sévère et Maximin césars. Mais le
fils de Constance (mort en 306), Constantin, revendique sa
succession a titre de césar; celui de Maximien, Maxonce,
se fait proclamer à Borne où Maximien reparaît en 307.
Liciuiws succède d'autre part à Sévère tué par ceux-ci. Il
y eut alors six ewp.-n-uis : Constantin, Maju,
Maxonce, Maximin, Gai I ta; t<.ui preaoeal le
titre d'auguste. Maximum, ahaaei par ion Us, cai ué par
tantia (310), qui enlève l'Italie el la rie a laieaec
(312), vaincu au pont Hïlviua devant Borne; Galet» avort
«ii - i 1 1 el Licuiiai bat Maximin, qui périt dans la fuite
(313). Constantin traite a\ec Liciniiis vaincu en 81 », put-,
le défait et le tue en 324, létabuasanf l'unité de l'Empire.
Constantin règne seul de 324 a 337. Il achève Vaunêiê
Dioclétien el transfère m capitale sur b-s rives do Bospbim,
entin il adopte le christianisme et en fait la religion offi-
cielle. C'est le dernier des grands empereurs. Il base
l'Empire à ses fils : Constantin (337-4140), Censta
(337-361) et Constant (337-350); le premier reosit la
Caille, le second l'Orient, le troisième l'Italie etl'llï.:
Constantin périt en 340 en combattant Constant: celui-ci
est lue en 350 par l'usurpateur Magnence, el Omstanee
vainqueur de ce dernier et de deux autres compétit
règne seul jusqu'en 361. Son neveu, Julien (300-;j'
proclamé en Cauleen 360,loisacoàde; il essaye de restaurer
l'ancien polythéisme et combat vainement le christianisme ;
il périt dans une guerre contre les Perses avec lesquels
son successeur Jovien (363—364) signe une paix honteuse.
Valentinien Ier (304-375) règne alors en Occident, lais-
sant l'Orient à son frère Valens (304-378). Gratien (307-
383), fils et associé de Valentinien, s'associe a son tour
le jeune VaU'ntinien II (375-392). A ce moment, la
frontière de l'Empire est définitivement forcée par les Bar-
bares. Befoulés par les Huns, les Visigoths passent le
Danube. Valens est vaincu est tué par eux à Andrinople
(378) ; la péninsule balkanique est dévastée. Gratien nomme
empereur en Orient Tlu'odose (379-395) qui refoule les
Goths et les cantonne en Thrace et en Mœsie. U venge
Gratien tué par l'usurpateur Maxime qu'il renverse (388);
Valentinien II ayant été tué par son général Arbogast qui
fait empereur Eugène (39"2), Théodose défait et met à mort
Arbogast et Euuène. Il réunit alors |K>ur une année la
totalité de l'empire romain et achevé la victoire du chris-
tianisme en poursuivant les anciens cultes. A sa mort a
lieu le partage définitif de l'empire romain entre ses fil-.
Arcadius, qui règne sur l'Orient, et llonorius, qui r |
sur l'Occident. L'histoire des empereurs orientaux a ete
traitée à l'art. Byzantin (Empire). Celle des empereur
occidentaux est brève. Il ne faudrait pas croire qu'il
y eut à ce moment deux empires romains ; il y a seulement
un partage territorial de l'empire entre deux souverains.
Ce partage ne fut que provisoire, car, avant la fin du
ivc siècle, les conquêtes des Barbares ont amené l'extinction
de l'Empire en Occident el rétabli l'unité au profit du
souverain de Constantinople.
En Occident, Honorins (335-423) ne peut résister à
l'invasion des Barbares (V. ce mot, t. V, pp.-342-343)
qui forcent toutes les frontières et s'établissent dans toutes
les provinces occidentales, Il s'enferme dans Bavenne,
taudis que son général. Stilicon, combat pour lui. Après
sa mort el le châtiment de l'usurpateur Jean, monte sur
le trône un enfant de six ans, l<uentint< >i III 1 125-455),
SOUS lequel les dévastations et l'invasion continuent. 11 est
tue par l'etionius MaximUS qui lui succède (455), mais
est renversé par .[citas (456) ; ce dernier est culbuté par
Kieimcr, chef des auxiliaires barbares, qui fait et défait
les empereurs suivants: Majoricn (457-401). Libius
SevOTUS (461-465); puis, après un interrégne de deux
ans, Autlwinius (467-472), protège de la cour d*Orieiit.
11 disparaît ainsi que Kicimer et l'empereur Olybrius
(472) dans les combats qu'on se livre a Kome. Après le
règne de Julius Nepos (474-476), le palme ûreste revêt
de la pourpre sou fils Homulus lugustule (475): ci
est lue el Homulus Augustule déposa par l'Hernie Odoacre.
qui renvoie a Constantinople les insignes impériaux. Ainsi
finit l'Empire en Occident.
L'empire romain ne se termine pas en 470; il se pro-
longfl eu Orient jusqu'en 1453. où la prise de Constanli-
- 975 -
EMPIRE
nople par les Turcs y met lin. Mais, dans l'intervalle, nu
;i\ait restaure on (Veulent une copie de l'r'.mpire. Les
populations soumises aux Barbares el mémo ceux-ci ne
concevaient pas, on effet, que l'Empire put cesser d'être.
11 semblait que ce l'ut. 110:1 pas un gouvernement, niais
une manière d'être du monde. Aussi, tandis que l'Empire
meurt on t'ait ilans les provinces orientales, l'idée de
l'Kmpiro se perpétue en Occident. Lorsque Charlemague a
réuni sous sa domination presque tous les pays de cette
partie de l'Europe, d'accord avec la papauté et l'Eglise, il
;ire l'Empire en Occident: mais il crée ainsi une
institution nouvelle, le Saint-Empire romain germa-
niquêy dont l'histoire sera exposée plus loin. Nous dirons
alors quelle fut la persistance do l'idée de l'Empire et
:ent elle se combina avec les théories ecclésiastiques
ot domina toute l'histoire du moyen ftgB. A. -M. B.
Bas-Empire (V. ei-dessus et BnAirrm [Empirai).
Saint-Empire romain germanique (V. Sairt-
EviI'lHt).
Empire français (V, CoDmTUtiM et Napoléon).
Empire mongol, russe, chinois, etc. (V. Mongols,
Ri ssii . Cmxi . etc.).
Empire féderatif (V. Confédération, t. XII, p. 1172).
Style Empire. — l.e caractère de l'art, les formes
du mobilier et du costume, en un mot ce que l'on nomme
le style, tout cela l'ut complètement modifié par la crise
de la Révolution. Aux galanteries du règne de Louis XV,
aux ornements contournes, aux commodes ventrues, avait
de déjà, sous Loui^ XVI, d.s lignai plus simples,
une décoration toujours graeiense, mais moins agitée, et
dont la sobriété était inspirée par une connaissance plus
exacte de l'antiquité, vers laquelle tous les artistes, sti-
mules par l'influence de Mme de Pompadour, portaient leurs
iids. Le xvin siècle n'était pas achevé que David
y avait publié les Ruines des plus beaux mo/tu-
inents ilf l<i Grèee, Delagardette ses Temples de Pœs-
tum. L'architecte Antoine avait construit à Paris la
Monnaie; Louis, le Théâtre-Français et le Grand-Théâtre
de Rordeaux; Gondoin, l'Ecole de médeciiie; Soulllot, le
Panthéon ; enfin Peyre, de YYailly, Desprez, etc., des monu-
ments dans lesquels se manifestaient les tendances de
l'esprit nouveau. La Révolution ne fit qu'accentuer le mou-
vement. 1a' besoin de réforme liasse du livre dans les
mœurs, et celles-ci se reflètent immédiatement dans les
arts. Aux esprits affamé» de liberté, la Grèce et Rome
apparaissent comme les uniques modèles qu'il convienne
de copier servilement, même dans des applications que ces
aneionnes républiques n'avaient pas eu à réaliser, puisque
la vie si>ciale, les habitations, le climat y avaient été diffé-
ta. C'est alors que l'on vit en France les maisons
prendre les allures de temples. Le fronton antique s'accom-
mode assez mal du voisinage de la cheminée, le toit en
pente jure avec l'entablement horizontal. Peu importe !
Dans la demeure, on ressuscite Herculanum et Pompéi ;
sur les murailles apparaissent des peintures archaïques,
imitant la fresque, et, sur des fonds noirs, bistres ou rou-
geàtrcs, s'enlèvent des arabesques ou bien se groupent des
faunes dansants. La forme des meubles affecte celle des
monuments antiques. Le fauteuil devient une chaise curule.
Le pied d'une paisible chaise prend l'apparence d'une griffe
formidable. Pour sup[>orts de la table, voici le quatuor de
sphyux inquiétants. I>s montants de la glace seront figu-
rent par des torches enflammées. Partout, des
ornements d'une imagination prétentieuse, d'un symbolisme
ridicule. Sous prétexte de respect pour la simplicité et
d'amour pour la nature, on a des lits à corbeille dont les
rideaux sont jetés négligemment sur une floche. Dieu plus,
on particularise la forme des lits en l'appropriant aux goûts,
a la profession de < elui qui les commande, et on a le lit
pour le militaire, surmonte d'un trophée auquel s'attachent,
non pas des rideaux, mais « des draperies d'étoffes destinées
à le garantir de l'air et des insectes pendant la nuit »;
on a le Ut type du chasseur, et comme les attributs du
fusil, de la poire à poudre ou de la cartouchière n'auraient
rien eu d' « antique », on n'y autorise que les javelols,
l'arc et le carquois. 11 va sans dire quo « la dépouille d'un
animal sauvage » était la seule courtepointe d'une couche
aussi redoutable. Il y avait également le lit type du marin,
lit à la Neptune, semblable a un navire dos temps homé-
riques. Puis, aux ornementations de casques, de boucliers,
de sabres, sut codent des couronnes, des palmettes, des cols
de cygne: l'Empire s'adoucit, l'orage se calme et les déco-
rations admettent la figuration des amours et des attributs
souriants sur les meubles pacifiés.
Dans le costume, même affectation de réminiscence an-
tique (V. Cosiime).
Ce lut le peintre Louis David qui, le premier, prit
l'initiative de faire exécuter pour son usage un mobilier
hardiment conçu d'après ses idées personnelles. Dès l'an-
née 1789, on put voir dans son atelier, au lieu des sièges
alors à la mode, bergères Marie -Antoinette ou cau-
seuses coquettement recouvertes d'étoffes à ramages, des
chaises en bois d'acajou accompagnées de coussins en
laine rouge avec des palmettes noires près des coutures. 11
Berceau du roi de Rome.
avait aussi une chaise curule en bronze dont les extrémités
figuraient des tôles et des pieds d'animaux. Le lit était à
I avenant. L'ébéniste Jacob, qui avait fabriqué ce mobilier
d'après les.dessins de David et de Moreau, eut bientôt, et
surtout à partir de l'année 4797, à fournir toute sa clien-
tèle de modèles analogues. C'est à dater de ce moment qu'il
s'adressa aux architectes Percier et Fontaine (V. ces
noms), qu'on doit considérer comme les véritables inven-
teurs du style empire. Ces deux hommes de grand talent
devinrent les inspirateurs de toutes les industries de cette
époque. Ils dessinèrent non seulement des ameublements,
mais aussi des étoffes, des tapis, des papiers peints; ils
composèrent des modèles pour l'orfèvrerie, pour le bronze,
pour les cristaux. Sans doute, on pourrait citer, à coté
d'eux, d'autres artistes qui suivirent la même voie. C'est
ainsi que le peintre Prud'hon lit, à la demande de Napo-
léon I';r, les dessins du mobilier de l'impératrice Marie-
Louise, le berceau du roi de Rome, etc. De même, un
grand nombre de sculpteurs travaillèrent aux orfèvreries,
aux garnitures de cheminées, aux innombrables pendules
KMIMIIK - EMPIRISME
- 976 —
(iiio 1rs Auguste, les Odiot, lesThonûre exécotèrenl alors.
Mais c'esl a Percier qu'est due l'adoption do principe dé-
coratif, de la méthode ornementale, pour ainsi parler, «jui
caractérise le style il<' cette période.
Ce principe, Percier lui-même, dans la préface «lu volume
publié par lui en IKI"2 (Recueil de décoration» inté-
rieures, etc.), a essayé d'en préciser la formule : s Quelle
Sue soit, dit-il, la manière d'imiter ou de faire qui domine
ans un temps ou dans un pays, l'œil éclairé du connais-
seur en distingue, en suit I effet et les conséquences dans
les plus grandes entreprises de l'art de peindre, de sculpter
et de bûtir, comme dans les moindres œuvres des arts
industriels, qui se mêlent à tous les besoins et a toutes les
jouissances de l'état social. » l'our parvenir, continue-l-il,
à une sorte de critérium du bon goût dans la composition
des œuvres industrielles, pour échapper aux trompeuses
illusions de la mode et aux influences fugitives, il est de
toute nécessité de donner au jugement, en matière d'art,
un point d'appui solide. Ce point d'appui, pour lui, il le
voit dans le sacrifice des caprices de l'invention aux cal-
culs de la logique. « La nature, c.-à-d. le vrai modèle de
chaque objet, de chaque meuble, de chaque ustensile, est
pour l'artiste cette raison d'utilité, de commodité qu'en-
seigne son emploi. » 11 suit de là, selon Percier, qu'une
composition architecturale quelconque, soit pour un monu-
ment, soit pour un meuble, ne doit pas tant être inspirée
par le désir de plaire (car ce serait céder à l'anarchie du
caprice) que par le respect des proportions, le sentiment
de la convenance ou de la destination des objets. Par
exemple, la forme d'un siège sera imposée d'abord par la
forme de notre corps, par des rapports de nécessité ou de
commodité. De même, un membre d'architecture ne devra
jamais être remplacé par l'ornement conçu simplement pour
le décorer. Un motif décoratif ne peut que s'adapter aux
formes essentielles sans jamais dissimuler la fonction de
celles-ci ni dénaturer le principe qui leur donne naissance.
C'est pour cette raison, conclut Percier, qu'il faut demander
aux anciens leur secret de composition, car, dans tous
leurs ouvrages, depuis les plus grands jusqu'aux plus
plus petits, depuis les temples jusqu'aux vases d'argile, les
anciens ont appliqué ce principe qui « consiste à conserver
dans tout objet ce qui en est le type originaire, le principe
ou la raison nécessaire, et à varier, sans blesser le fond,
les formes accessoires, les détails, les circonstances, de
manière que l'essentiel soit invariable et que l'accidentel
seul change ».
Comme théoricien, Percier avait-il tort ou raison ? ('.'est
là un problème sur lequel l'accord est loin d'être fait et
qui divisera longtemps encore les esthéticiens en deux
camps bien tranchés ; il y a ceux qui n'admettent point
dans l'œuvre d'art le despotisme de la logique au-dessus de
la fantaisie et de l'imagination, et il y a ceux qui pensent
que le rationalisme est l'unique principe auquel il soit sage
de se rattacher. Quoi qu'il en soit, en invoquant l'exemple
des anciens, Percier ne se trompait pas. A l'heure qu'il
est, on remet en faveur des idées identiques, desquelles
l'illustre Viollet-le-Duc s'est fait l'apôtre éloquence! obstiné.
On délaisse les fantaisies romantiques pour revenir à cette
règle prêchée par l'initiateur du style empire, à savoir que
toute œuvre décorative est soumise aux conditions d'usage,
de destination et de matière servant à son exécution. Si
l'on s'accorde à reconnaître que Percier a poussé jusqu'à
l'abstraction le respect du principe par lui adopté ; si l'on
trouve ses lignes trop dures, ses contours trop arides, ses
figures trop sèches, ses formes trop indigentes : si l'on
constate le plus souvent son manque de grâce, on doit,
d'autre part, proclamer la justesse des théories dont il
s'est inspiré. Il est vrai qu'en art il y a loin de la théorie
à la pratique et que les formules ne sutlisent pas à mire
éclore des chefs-d'œuvre. Le style empire est la démons-
tration éclatante de cette vérité. Victor Champier.
Ordre de l'Empire indien. — Cet ordre a élé fondé
dans le royaume de la Grande-Bretagne par la reine |
Victoria lr', impératrice des Indes, le \" janv. 1*7*:
les statuts ont été modifiés le i août |xki; ,.[ \,. \t yJin-
IHK7; il ne comporte qu'uni- seule eusse de décorés, qui
portent en sautoir un ruban pourpre (sans plaojw). (.. i,.
Hun.. : Empire romain.— On trouvera, dans \»Manuet
d'antujuitéa romaines de Marquardi et Mommsek, traduit
sous la direction de M. Hombert, des notices bibli
phiquea très complètes e( trèa détaillées. Nous nous con-
tentons donc de rappeler les histoires de l'empire romain
les plus remarquables. — Hœck, Rœmiscne GeechictUe
von Verfallder RepulAili bis zur Vollendung dur Monar-
chiennler Konslnntin; Brunswick, 1841-1850. — Merivai.k,
Hialoryofthe Romans underthe Empire, lW>5,8vol., 2« éd.
— Duruy, Histoire des Romains; Paris, 1879-1885, 7 voL
— Hbrtzbbro, (ïeschiclite de* nrmis'lten Kaiserreichs ;
Berlin, 1881.— Mommbbn, Rn-mische Geschichte; Berlin,
1885, t. V. — V. aussi le i. I des Institutions politi
de l'ancienne France, de Fostbx ijh Coolamges, et i 11
loire universelle (.Wellgeschichle), de Rasm .
Bbaux-Abts. — Comte ije Labordb, Rapports sur les
benux-arts à l'Exposition universelle de 1851. — Per-
cier, Préface de son Recueil de décorations iul&rievres,
1812, in-l'ol.— !.. David, Rapports :t la Convention. — Er-
nest CHE8NEAU, Dessins de décoration, 1880, in-fol.— Henry
Ilavard, l'Art à travers les mœurs. — Ch. Blanc, Graui-
maire des arts décoratifs.
EMPIRE Crrr. Non fréquemment donné à la ville de
New-York. — Petite localité des Etats-Unis, Etat d'Orégon,
située sur le rivage de l'océan Pacifique, ou plus exactement
sur la rive méridionale de la baie de Coos qui débouche dans
l'océan Pacifique, centre de la région limitée au N. par la
rivière L'mpqua, au S. par la rivière Rouge. Aug. M.
EMPIRE State (Vitic). Hybride nouveau d'Hartford
prolific et de Clinton, créé par J.-H. Rickett. Ce cépage,
à fruits blancs et foxés, a eu de la vogue en Amérique ; il
n'a aucune valeur pour la France.
EMPIRIQUE (Math.) (V. Fonction).
EMPIRISME. I. Philosophie. — On appelle empirisme
la théorie de la connaissance qui soutient que toutes les
idées que nous avons, tous les jugements que nous formons
nous sont dictés par l'expérience. Or, l'expérience est
essentiellement constituée parjes données de la conscience
et des sens, du sens interne et du sens externe. Il s'ensuit
donc qu'au regard des empiristes nous n'avons aucune
idée, nous ne formons aucun jugement que nous n'en ayons
auparavant trouvé le modèle dans quelque fait de la cons-
cience ou dans quelque impression des sens. Dans l'histoire
de la philosophie, l'empirisme a subi une évolution qui l'a
amené, par des raffinements successifs, du matérialisme
objectiviste le plus grossier au phénoménisme subjectif le
plusquintessencié. — A l'origine,en effet, l'empirisme admet
que nous ne connaissons rien en dehors des données des
sens. Or, les sens n'atteignent que des corps. Nous ne con-
naissons rien que des corps et il n'y a rien qui ne soit
exclusivement matériel, liien plus. Epicure admet que ce
sont des résidus matériels des corps, des sortes de |>elli-
cules atomiques qu'il nomme eIo*o>X«, qui pénètrent réelle-
ment dans cet assemblage d'atomes ronds et glissants qu'est
notre àme. Ces efScoXa sont nos idées mêmes, nos connais-
sances. Ainsi non seulement nous ne connaissons rien qui
ne soit corps, mais nos connaissances elles-mêmes sont tes
corps. C'est bien le matérialisme le plus objectif qu'on puisse
rencontrer, puisque la connaissance elle-même est un objet,
et un objet matériel.
Dans la philosophie du moyen âge l'empirisme est repré-
senté par les nominalistes (Y. ce mot), dont les plus
célèbres sont Roscelin au xn' siècle et Ocktim au xiv siècle
(V. ces noms). Ces nominalistes admettaient que les objets
extérieurs produisaient dans l'âme, à travers les organes
sensoriels, une représentation ou species. Cette spedet
sensibUis, se combinant avec toutes les autres tpeàm
sensibiles qui lui ressemblaient, donnait naissance soit I
une simple et unique tendance à designer tous les objets
Semblables par le même nom, soit à une représentation
nouvelle qu'on appela un concept (conerptus). Seuls, les
Conceptuatistes (V. ce nioli admettaient l'existence de ce
concept; le< nominalistes purs comme Ockam ne l'admet-
taient pas ; pour eux, toute la généralisation se bornait à
- 977 -
EMPIRISME — EMPIS
la dénomination et I la tendance qui en résulte. On est
Grappe en otudiani ces vieoi autours de la ressemblance
que présente leur système avec celui que M. Taine a déve-
loppe dans son livre /V l'hit, ■llhjnn;-. Mais il y a entra
• Mviastiquos et notre contemporain une différence capi-
tale. Ils sont dogmatiques et objectmstes; pour en\, la
tftdu reproduit l'objet ; ce D'est pas à titre de fait de
oonsoioino qu'elle les intéresse, mais i titre <lo représen-
tation (r,-ftr,i srntatio). de substitut réel et adéquat de
l'objet, sur l'existence duquel Qs n'élèvent pas plus de doutes
que sur son exacte correspondance avec la species qui le
représente. M. Tain.1, an contraire, s'intéresse surtout au
tait de conscience; la valeur de la connaissance est presque
tout entière dans la sensation et dans l'image; non seule-
ment l'objet externe no correspond très probablement pas
I l'image intérieure de la conscience, mais moine peut-être
il n'existe pas. La perception extérieure se définit « une
hallucination vraie ». Entre le sulijeotivisine de M. Taine et
robjeetivisme dos anciens nonunalistes, quelles que soient
nblances apparentes, il y a donc des différences
très im|>ortantes.
que dos nominalistes à nos jours l'évolution de
l'empirisme s'est poursuivie. I.ooke est le premier des mo-
dernes qui marque un pas en avant. Il admet le principe
miel de l'empirisme, à savoir que nos idées dans leur
totalité et dans leur intégrité viennent des sens, mais il
omit doux sortes d'idées, celles qu'il appelle les idées
de la sensation et celles qu'il nomme les idées de la réflexion.
Les idées de cette secundo espèce ne sont sans doute rien
de plus que des résultats de la rencontre dans l'âme des
idées de la sensation ; mais, comme cette rencontre s'est
produite dans la conscience, il ne saurait y avoir au dehors
des objets de ces idées ; elles sont subjectives, et voilà le
premier pas fait par l'empirisme en dehors du dogmatisme
nbjectiviste. Locke est du reste tout près d'en faire d'autres.
Il reconnaît que les qualités secondes des objets : la cou-
leur, le son. l'odeur, la saveur, sont très différentes dans
la conscience et dans les objets eux-mêmes. Il accorde une
importance très grande à toutes les modifications intérieures
révélées par l'observation consciente. Cependant il n'arrive
pas encore à considérer toutes choses du point de vue de
la conscience, du point de vue intérieur et subjectif. Par
conséquent, il demeure dogmatique avec des tendances au
matérialisme.
i David Hume qu'était réservée la gloire de con-
duire l'empirisme à la dernière étape de son évolution. 11
ne considère plus dans la sensation que la sensation mémo,
dans l'idée que l'idée, dans le jugement que le jugement.
Par un coup de génie il comprend qu'admettre quelque
chose hors de la sensation, hors de la conscience c'est se
mettre en contradiction avec les principes essentiels de
l'empirisme. Ilien ne doit être affirmé que ce qui est expé-
rimenté. Or peut-on expérimenter quoi que ce soit en
dehors de l'état de conscience ? L'expérience a la même
sphère qne la conscience. Elle ne saurait aller au delà. Elle
ne peut même dépasser la conscience présente. Car la cons-
cience passée n'existe qu'en tant qu'elle est expérimentée,
et elle n'est expérimentée qu'autant qu'elle est présente
dans un acte de mémoire. Par conséquent, il n'y a rien au
delà du phénomène de conscience, du point de conscience
i nt, et le reste des choses ne saurait être que la pro-
longation des perspectives dans l'espace et dans le temps'
de ce présent en lui-même intemporel et| inétendu. — Voilà
bien l'empirisme amené à un phénoménisme idéaliste. —
Hume explique ainsi que les principales idées de l'esprit,
celles dont avait constamment argué la doctrine adverse,
telles que les idées de substance et de cause, sont des idées
que nous devons à une expérience répétée, à des associa-
tions habituelles. Ainsi l'idée de cause se ramène à l'im-
pression de détermination éprouvée par la conscience
lorsque, étant dans un certain état, elle attend un autre
état qui se produit habituellement après le premier ou
lorsque, étant dans un état, elle s'en représente, elle en sup-
GRA5DE ESCÏCLOPÉOIE. — XV.
pose un autre qui se produit habituellement avant. La cause
est ainsi l'antécédent invariable, l'effet un invariable con-
séquent. La loi de causalité se réduit à une association
entre dos termes que l'habitude rend inséparables. C'est
pour cela que l'école empirique anglaise contemporaine,
dont les principaux représentants sont Stuart Mill et Bain,
et qui n'a guère l'ait qu'étendre et développer la doctrine
de Hume, a reçu le nom d't'cole de l'association (V. Asso-
ciation [Philosophie]). Pour tous les partisans de cette
école, les principes universels et nécessaires ne sont que
dos habitudes mentales indissolubles. Tous les hommes en
contact avec les moines séries de phénomènes doivent
prendre ces habitudes, voilà pourquoi ces principes sont
universels ; tous les hommes subissent ces habitudes qui, à
force de se répéter, deviennent tout à l'ait invincibles, voilà
pourquoi ces principes paraissent nécessaires. Ainsi rien
n'est inné dans l'intelligence humaine, rien n'est absolu-
mont nécessaire. La causalité universelle, sans laquelle il
ne saurait y avoir de lois de la nature, ni d'induction,
ni par conséquent de science, n'est qu'un postulat, une habi-
tude de notre conscience dont rien ne peut absolument
garantir la certitude. C'est sur ce point qu'insistent tous
les naturistes (V. ce mot) , quand ils veulent discuter
l'empirisme et lui contester la possibilité de servir de base
à une science certaine.
Avec M. Herbert Spencer l'empirisme a pris une forme
encore plus savante et plus solide. Pour Stuart Mill les
principes sont des associations inséparables formées par
chaque individu. Or la conscience semble bien au contraire
nous montrer que, dès que nous pensons, nous sommes en
possession de ces principes. M. Herbert Spencer n'admet
donc pas que nous les ayons formés individuellement, il
soutient que nous les avons hérités de l'évolution antérieure.
D'après sa formule, les principes sont innés dans l'individu,
mais acquis par la race.
En France, les sensualistes dont Condillac fut au siècle
dernier le plus brillant représentant, n'ont pas fait autre
chose que continuer d'une façon claire, brillante et un peu
superficielle, les traditions de l'empirisme. De nos jours
enfin, le positivisme français, dont Auguste Comte (V. ce
nom) est le fondateur, est aussi un empirisme, puisqu'il
n'admet comme vrai que ce qui peut être expérimentalement
vérifié. — En face de l'empirisme, dans tout le cours de
l'histoire de la philosophie, on voit se développer la doc-
trine opposée qui soutient que, dans les idées universelles,
il se trouve d'autres facteurs que les sensations purement
passives. Ces autres facteurs, ou l'intelligence les porte
directement en elle et les impose comme une forme aux
intuitions sensibles, c'est la théorie de Kant, ou elle les
constitue par un acte propre, à l'aide des données sensibles,
c'est la théorie d'Aristote et de saint Thomas. D'autres phi-
losophes enfin, tels que Descartes, admettent que certaines
de nos idées sont purement innées, et qu'elles ne doivent
rien à la sensation. On trouvera l'exposé de ces doctrines
au nom de chacun de ces philosophes, (i. Fonsegrive.
IL Médecine (V. Médecine [Histoire]).
Bibl. : Diogéne I.aerte, Vila philosophorum, lit). X.
— Gassendi, Lngica. — Locke, Essais sur l'entendement
humain. — Leibniz, Nouveaux Essais. — Hume, Traité
de la nature humaine. Essais sur l'entendement humain.
— Huxley, Philosophie de Hume; Paris, 1885, in-8. —
Condillac, Traité des sensations. — Comte, Cours de
philosophie positive. — Stuart Mill, Système de logique
inductive et déductive, tr. tr.; Paris, 18til, 2 vol. in-8. —
Philosophie de Hamilton, tr. fr.; Paris, 18(><i, in-<S. — Bain,
tes Sens et l'Intelligence, tr. fr. ; Paris, 1874, in-8. — Her-
bert Spencer, Principes de philosopliie, tr. fr. ; Paris,
1868,2 vol. in-8. — Les Premiers Principes, tr. fr.; Paris,
1869, in-8. — Kerri, la Psychologie de l'association; Paris,
1885, in-8. — Lai iii.i.iEit. Du Fondement de l'induction;
Paris, 1872, in-8. — Piat, De l'Intellect actif; Paris, 18110, in-8.
EMPIS (Paléont.) (V. Diptères | I'aléont. )).
EMPIS (Adolphe-Dominique-Florent-Joseph Simonis-),
littérateur français, né à Paris le 29 mars 179.°>, mort à
l'aris le 11 déc. 1868. Successivement chargé, par la
Restauration, de divers emplois ressortissant à la liste
62
BMPIS — EMPLOI
— i»7H -
civile, il fut, de 1 Hîitj u 1859, administrateur de li
Comédie-Française si reçut, après sa retraite, le titre d'int-
pect6*ir généra] des bibliothèques. Elu, sn 1817. membre
de l'Académie française où il remplaça do Jony, il eut lui—
même pour successeur auguste Barbier. Outre Y Agiotage
ou le Métier à la mode, comédie en cinq actes, écrite
avec Picard (1826) et un certain nombre de livrets d'opéras,
les principales œuvres dramatiques d'Empis, dont Hszéres
fut le oollaborateur habituel, sont : Lambert Simmel ou
le Mannequin politique (18-20); lu Mère et la Fille
(1880); un Changement de ministère (1831); Uni
Liaison (1834); Lord Novart (1836); Julia ou une
Séparation (1837); l'Héritière ou un Coup de parti
(1844). Empis a réuni, sous le titre collectif de Théâtre,
onze de ses pièces (1840, "1 vol. in-8) et publié depuis les
Six Femmes de Henri VIII, scènes historiques (1854,
2 vol. in-8). M. Tx.
EMPIS (Adolphe-GeorgeB-Gaspard-Joseph Smoms-), né
a Paris le 22 mars 1824, tils du précédent. Interne des
hôpitaux en 1840, docteur en médecine en 1 8TS0, médecin
des hôpitaux en 1856, agrégé delà Faculté au concours de
1857, membre de l'Académie de médecine depuis 1875.
De ses travaux originaux nous citerons : Sur la Paralysie
du membre supérieur à la suite delà luxation du liras
(1850); Sur la Diphtérie (1830) ; Recherches sur Ven-
céphalopathie saturnine (1851); Sur les Varioles irré-
gulières (1852); Sur lesDysenteriesépidémiques ( 1 861);
Du Cor nage broncho-trachéal chez /7iomrae(1802) ; Sur
le Catarrhe bronchique pseudo-gangreneux (18011) ;
De la Granulée ou maladie granuleuse connue sous les
noms de Heure cérébrale, de méningite granuleuse, etc.
(1803). On lui doit d'avoir indiqué et pratiqué le premier,
en 1803, dans les hôpitaux, l'isolement des accouchées
lors de l'épidémie de fièvre puerpérale et d'avoir institué
contre cette maladie des mesures prophylactiques de haute
valeur, consignées dans son important travail intitulé : De
la Statistique du service des accouchements de l'hôpital
de la Pitié et des mesures hygiéniques instituées dans
cet hôpital contre la fièvre puerpérale (1 807).
EMPLANTURE (Mar.). On désigne par ce mot l'en-
semble des pièces, bois ou fer, disposées pour recevoir le
pied des mâts, qui généralement reposent tout à fait dans
les fonds du navire, presque sur la quille, et sont encastrés
dans un massif en bois composé de plusieurs pièces très
fortes. Quelquefois, à cause des machines, les mats ne
descendent pas si bas; ils reposent alors dans des espèces
de fourches en fer qui, présentant beaucoup moins de
diamètre, donnent ainsi un plus grand espace disponible, et
qui sont fortement chevillées et boulonnées dans les fonds
sur lesquels ils s'appliquent par des pattes. Dans les nou-
velles constructions, les mâts sont en tôle creuse, et les
modes de fixation, dans l'emplanture, diffèrent un peu, sui-
vant la force de la mâture et les poids qu'elle supporte. A
bord des cuirassés, les mats ne sont plus appelés à résister
à l'effort de la voilure qui n'existe plus, mais doivent sup-
porter les canons-revolvers ou à tir rapide des hunes, la
mousqueterie, etc.
EMPLÂTRE (Pbai'in.). On donne le nom d'emplâtres
proprement dits à des médicaments pour usage externe,
avant pour base les composés qui résultent de la combi-
naison de l'oxyde de plomb avec les acides gras, spéciale-
ment les acides stéarique, palmitique, olèique et linoléique.
On donne aussi par extension ce nom aux ('cassons (Y. ce
mot), ainsi qu'à certains onguents résineux ou rétinolés.
Les savons plombiques constituent l'emplâtre simple; ce
dernier, additionné de diverses substances médicamenteuses,
comme des corps gras, des gommes-résines, de la cire, des
essences, des sels métalliques, du mercure, etc., constitue
les masses emplastiques usitées en médecine. On les divise
en deux séries : 1° ceux qui sont obtenus par l'intermé-
diaire de l'eau et dont le type est l'emplâtre simple :2° ceux
qui sonl préparés sans eau, ou emplâtres brûlés, comme
Vonguent de la Mère (Y. ce mot).
Emplâtre simple
Litharge en poudre, a\'iii_M-, liinl.- d. dis.- .m.. I p.
Eau commune 2 —
On chauffe dans une grande bassine de cuivre Paxai
l'huile et l'eau. Après liquéfaction, on ajoute la lithium
la faisant passer a travers un tamis et en remuant cons-
tamment avec une spatule de bois, jusqu'à te que l'oxyde
ait disparu et que la masse ait acquis une couleur blanche
uniforme. L'opération est terminée lorsqu'une petite por-
tion jetée dans l'eau prend une consistance solide et se
laisse pétrir avec les doigts, sans y adhérer. On laisse re-
froidir la masse, et, tandis qu'elle esl encore chaude, on
la malaxe dans les mains pour séparer l'eau, et on la roule
en magdaléons. L'emplâtre simple étant un mélange de
stéarate, de palmitate et il'uléate de plomb, on doit pou-
voir le préparer par double décomposition, à la manière des
sels insolubles, ("est ce <jui a été fait par Gélis en traitant
une dissolution de savon par une dissolution d'acétate de
plomb; mais l'emplâtre ainsi obtenu n'est pas identique
avec l'emplâtre ordinaire, ce qui tient à ce qu'il est tonné de
sels neutres, alors que le dernier renferme des sels ba-
siques. L'emplâtre simple sert à préparer les autres masses
emplastiques, ces dernières étant aujourd'hui beaucoup
moins nombreuses qu'autrefois. La complication des for-
mules anciennes est due à ce que les pharmacologistes
avaient appliqué aux emplâtres les idées qui avaient présidé
à la confection des autres médicaments galéniques, des
électuaires (Y. ce mot). Les emplâtres les plus employés
actuellement sont les suivants : emplâtre de Nuremberg
(emplâtre de minium); emplâtre diachylon gommé; em-
plâtre de Canet (aucolcothar); emplâtre de Yigo (emplâtre
mercuriel) ; emplâtre diapalme (à l'oxyde de zinc) ; emplâtre
résolutif (emplâtre des quatre fondants). Ed. Doirgoi.n.
EMPLECTONEMA (Zool.). Genre de Némertiens créé
par Stimpson en 1837, dont l'espèce type est L. Camillea.
11 est probable que ce genre ue devra pas être conservé et
que les espèces qui y sont décrites devront rentrer dans le
genre Cerebratulus. L. J.
EMPLEURUM {Empleurum Soland.) (P.ot.). Genre
de Hutacées, du groupe des Diosmées, essentiellement carac-
térisé par les tleurs monoïques, apétales et tétramères, et
par l'ovaire excentrique et uniloculaire. L'unique espèce,
E. scrriilatum Ait. (Diosma ensata Thunb.), est un
arbuste de l'Afrique australe, dont les feuilles ont été par-
fois substituées au vrai Buchu (Y. ce mot). Ed. Lef.
EMPLOI (Théâtre). Tout comédien ne peut pas jouer
toute espèce de rôles, et il faut que ceux dont il est chargé
rentrent dans la nature de son sexe, de ses qualités phy-
siques, de son âge, de sa voix et de ses aptitudes person-
nelles. 11 est évident qu'un vieillard ne pourrait se montrer
dans les amoureuses, non plus qu'une jeune fille ne pour-
rait paraître dans un personnage de père ou de tuteur. Il
a donc fallu établir des catégories de rôles qui. dans leur
ensemble, convinssent a tel ou tel individu, et c'est à ces
séries de rôles qu'on donne, au théâtre, le nom d'emplois.
Il y a les emplois sérieux, les emplois comiques, les em-
plois jeunes, les emplois marqués, mais chacun d'eux a
d'ailleurs son nom bien particulier. Depuis la création du
théâtre régulier, ces noms ont changé, comme le théâtre
lui-même a changé. Jadis, les emplois tenaient leur nom
(le la qualité des personnages représentés d'ordinaire par
tel ou tel acteur. Ainsi, dans la tragédie et dans l'opéra,
on avait les rois, les reines, les princesses, et dans la
comédie les valets, les petits-maitres. les paysans
(comme on a encore aujourd'hui les financiers et les
soubrettes). D'autres fois, c'était une particularité du cos-
tume qui servait à caractériser l'emploi : on avait alors les
rôles à baguette (reines d'opéra), les rôles à manteau
(premiers rôles et pères de comédie), les rôles à tablier
(basses d'opéra-romique, personnifiant d'ordinaire un ou-
vrier avec un tablier de cuirl. les rôles à corset (villa-
geoises d'opéra-comique, qui se jouaient en corset et en
— 970 —
EMPLOI — EMPLOYÉ
jupon), etc. Il arrivait enfin que l'emploi prenait son DODU
du personnage qui semblait le caractériser dans un grand
nombre do pièces oo d portail ce nênc non : c'est ainsi
qu'un disait lee Cotmi (•mooreax d'opéra-comique), les
tronlins (\alcts d'opoi a-comique), les Betxis (ingénuités
de vaudeville), les merfota (duègnes d'opéra-comique),
d'entrée encore.
Il faut encore remarquer que les noms d'emplois dif-
loient selon le genre représente, e.-a-d. selon qu'il s'agit
ilu mi purt'ment dramatique ou du genre lyrique. Pour
Se denier, ils se divisent moine en deux catégories, rela-
tives l'une à l'opéra OU drame lyrique, l'autre a l'opera-
comique. Voici du reste comme, aujourd'hui, les emplois
sont régulièrement établis dans chaque genre: 1° Opéra.
premier t'oit ténor ; ténor léger; deuxième ténor: haryton :
premièie basse ou basse noble; deuxième basse; troisième
- ; première forte chanteuse (soprano); première chan-
teuse (contralto); chanteuse légère, ou chanteuse à rou-
lades : seconde chanteuse : seconde chanteuse légère, jouant
lee pages. — 4° Opéra-comiqce : premier ténor léger:
ad ténor: tritil, ténor comique : baryton; basse chan-
tante: hirurttr, seconde basse: troisième ténor et second
tria!; première chanteuse légère; première dugazon ',
ade chanteuse : seconde dttgaxon ; jeune mèredugazon ;
Éeègne. — ;>° Doive, comédie, v uiif.vili.e : grand pre-
mier rôle: fort jeune premier amoureux, jeune premier
r.ile; second amoureux; premier comique: second comique ;
troisième ride, raisonneur; financier, père noble; grime;
caricature; troisième amoureux, second au besoin; troi-
M comique, second au besoin: grand premier rôle
(femme): forte jeune première amoureuse, jeune premier
(Ole : ingénuité ; seconde amoureuse, jeune première au
in : ponde coquette, rôles de convenance ; première
soubrette, déjtaet, rôles travestis; seconde soubrette;
mère noble, seconds rôles ; duègnes, rôles de caractère.
On remarquera, dans cette énumération, les noms de
certains artistes : Trial, Laruette, Mm0 Dugazon, Mlle Dé-
jazet, dont les noms ont servi de type à l'emploi jadis
tenu par eux, ce qui sutlit à donner une idée de leur valeur
et du talent qu'ils déployaient dans cet emploi. 11 ne se
produit guère, d'ailleurs, à Paris, de comédien remar-
quable, sans qu'aussitôt son nom serve à caractériser le
genre de rôles auquel il s'est attaché. C'est ainsi qu'on a
dit - ment les Ellevion, les Martin, les Lays, les
Snlié. les Gavaudan, les Philippe, les Juliet, les Do/.ain-
ville, les Potier, les Tiercelin. les Brunet, les Levassor,
les Vhanl, les Arnal. les BouHé. les Bressant, et pour les
femmes les Philis, les Saint-Aubin, les Minette, les Aldé-
k), le^ liose Chéri, etc. Mais toutes ces dénominations
disparaissent à mesure que disparaissent les artistes qui
y ont donné lieu. Seuls, les quatre noms cités plus haut ont
résisté au temps et continuent de qualifier des emplois très
précis. • Arthur Podgin.
EMPLOMBAGE (Arlill.). Opération qui consiste a gar-
nir un projectile d'une chemise en plomb ou de cordons
de plomb destinés, pendant le tir, à se forcer dans les
rayures du canon. Le projectile étant préalablement écTOU té,
on visse dans l'œil une tige en fer qui sert à le manier; on
le fait chauffer et on le trempe successivement : 1" dans
un bain de sel ammoniac pour décaper sa surface; 2° dans
un bain de zinc pour faciliter l'adhérence ultérieure du
plomb. On le porte ensuite dans un moule en fonte com-
posé de deux parties symétriques juxtaposées et l'on verse
autour de lui du plomb fondu. î.e projectile, refroidi et
convert d'une épaisse couche de plomb, est d'abord ébarbé,
c.-à-d. débarrassé des bavures, puis ébauche de manière
à ne conserver l'enveloppe de plomb qu'aux emplacements
les cordons, enfin tourné suivant le profil à donnera ces
cordons. Les projectiles des canons en bronze de S, de 7
et de Ci* sont les seuls qui soient emplombés; tous les
autres sont munis de ceintures de cuivre (V. Ceixti.hk).
EMPLOYÉ. En économie politique, celui qui cède son
travail à un autre, par opposition à celui qui le fait faire,
et que l'on nomme employeur ; au sens usuel : commis de
bureau, — La physionomie des employés, leur position
s. ni. île, leur manière de vivre et leurs habitudes ont souvent,
sinon toujours sérieusement, occupé nos peintres de moeurs
et nos romanciers depuis que la centralisation et le dévelop-
pement des affaires ont nécessité un personnel considérable.
Mais, si nous nous reportons vers des époques reculées,
nous sommes à peu près dépourvus à leur sujet de ce
qu'on appelle aujourd'hui les documents humains. A
Rome, les écritures publiques étaient entre les mains des
scribes, analogues aux logographes grecs ; les écritures
privées étaient confiées aux librarii. Dans la Grèce démo-
cratique, la fonction de l'employé semble avoir été plus
considérée qu'à Home: toutefois, le scribe latin était de con-
dition libre, tout au plus affranchi ; aucun de ceux dont il
est incidemment question dans les auteurs ne porte de nom
étranger, preuve qu'ils comptaient parmi les citoyens.
Quant à la considération, elle fut assez mince, le labeur
salarié ne trouvant pas grâce devant l'orgueil patricien ; à
part deux ou trois exemples, on ne voit pas de scribes par-
venir aux premières charges de l'Etat.
11 y avait différentes catégories de scribes, suivant qu'ils
étaient attachés aux consuls, aux préteurs, aux édiles, aux
pontifes ; ceux des pontifes étaient les plus considérés. En
somme, ils appartenaient à la classe moyenne, comme nos
fonctionnaires actuels, pour qui la chance n'est guère plus
grande de s'élever bien haut. Il y a tout lieu de croire
cependant que la valeur de l'homme, la nature de ses ser-
vices, le caractère de ses patrons, rapprochait les distances,
surtout dans les relations privées ; même en public, Cicéron
ne jette pas sur eux un regard trop dédaigneux ; lorsqu'il
a, comme avocat, consulté leurs dossiers, il s'autorise de
leur compétence, fait valoir que leurs impressions person-
nelles sont en faveur de sa partie. Si nous classons les
suppôts du fisc parmi les employés, constatons qu'il s'élève
contre eux des malédictions et des cris de haine. Les Ver-
rines nous apprennent du reste à quelles opérations mal-
propres ils prêtaient la main. En Judée, ni les impôts ni les
agents préposés à leur prélèvement n'étaient populaires,
même quand c'était un coreligionnaire qui mettait ses
aptitudes financières au service des traitants. Cependant le
Christ préfère le publicain au pharisien, et un publicain,
Mathieu, devient un des douze apôtres. Quant au librarius,
il ne sert que les particuliers, ou encore il est admis en
sous-ordre dans les bureaux du scribe. Il y restera simple
expéditionnaire, car il porte la tare de l'esclavage; du
caprice de son maitre dépend tout son avenir ; peut-être
pourra-t-il mériter l'affranchissement par sa fidélité et son
intelligence.
Le nombre et l'importance des employés publics au moyen
âge vont augmenter à mesure que la royauté grandira.
Mais l'histoire ne s'attache guère qu'à nous renseigner
sur l'impopularité et les dangers de l'employé fiscal.
Quand on conduit à Montfaucon les trésoriers royaux
disgraciés ou que l'émeute se déchaîne à travers les rues,
les agents de la maltôte ne sont plus en sûreté dans
leurs bureaux ; malavisé celui qui brave le courroux popu-
laire. En Espagne, à la veille du xvnc siècle, Cervantes,
réduit à accepter une fonction infime dans les gabelles,
est jeté en prison par ses administrés; son génie ne lui
évite pas même la honte d'être soupçonné par l'autorité
royale. Dans notre premier Dictionnaire de l'Académie,
peu s'en fallut que figurât cette définition de Richelet :
« Tout comptable est pendable » ; « rayé quoique vrai »,
ajouta-t-il sur les registres.
Avec Colbert et Louvois apparaissent les grands admi-
nistrateurs; l'employé s'appelle commis, même au sommet
de la hiérarchie ; Colbert a été commis avant de devenir
ministre. Le commis à Versailles est pourvu de larges trai-
tements et très honoré; le titre sonnait haut alors, et la
chose bien plus encore. C'était une espèce de seigneur
qu'un commis de la monarchie absolue ; on savait son
nom ; il pouvait parvenir à tout ; aujourd'hui, c'est moins
KM PLOYÉ
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que rien. Ni Colbert ni L'ouvois, ces rudes travailleurs,
ne devaient prendre pour collaborateurs les premiers venus.
Nous voyons, par exemple, un fort galant nomme et i
vues très larges, l'académicien Charles Perrault, diriger
sous Colbert le service des bâtiments et des beaux-arts.
Mercier, ordinairement si précieux à consulter sur l'état
social de son temps, ne s'élève pas au-dessus des lieux
communs contre l'administration, et il ne voit que celle
des finances. L'employé, pour lui, n'a qu'une mission,
remplir le Trésor et pressurer le contribuable. Des flots
d'encre et de papier, des plumes occupées à griffonner, un
tiers de la ville enrôlé sous le drapeau de la maltôte : « Le
moindre commis à (iOO livres, a le canif en poche et l'épéc
au coté ; il fait un peu d'arithmétique, voilà sa science,
voilà son gagne-pain »; et ailleurs : « Quelles tètes fortes
et privilégiées que celles qui, tel le balancier d'une hor-
loge, font tous les jours exactement ce qu'elles ont fait la
veille ! » Soulignons du moins un trait ; ces automates por-
tent l'épée, donc ils ont un rang ; leur commission les tire
de la roture.
La République et l'Empire ne furent pas une mauvaise
époque pour l'employé, qui avait du reste à créer de nou-
veaux services, à organiser tout un système gouverne-
mental. L'Empire condamna les commis à une besogne
excessive, et sévit sans pitié contre les paresseux et les
malhonnêtes; la discipline des armées régnait dans les bu-
reaux. Mais les gens de mérite avaient de belles chances ;
un habile mémoire, une lettre bien tournée suflisaient
quelquefois pour attirer sur eux la faveur impériale ; le
maître, qui avait l'œil ouvert sur tout, allait chercher
l'employé de talent dans le fond ignoré de quelque mi-
nistère, et l'élevait sans transition à un siège au conseil
d'Etat. Quel est le ministre, aujourd'hui, qui s'astreindrait
à faire quelques tournées dans ses bureaux, à chercher
si dans la foule anonyme ne se trouve pas, fourvoyée et
découragée, quelque intelligence d'élite ? — La Restau-
ration elle-même eut du bon. Elle avait de grandes ma-
nières et se montrait paternelle et généreuse.
L'employé contemporain est moins bien traité par l'Etat
et plus ridiculisé par l'opinion. Des écrivains, plus ou
moins soucieux de l'exactitude, mais jaloux surtout de pro-
voquer le rire et de flatter les goûts frondeurs et les vel-
léités réformatrices de leurs lecteurs, ont donné l'employé
en pâture au gros public. Automatisme, esprit routinier,
paresse, déformation de l'espèce humaine dès qu'elle appar-
tient à la gent paperassière, voilà sur quel thème on a
brodé des variations multiples, mais assez semblables les
unes aux autres. Les différents types d'employés ridicules
furent créés vers 182a. Un écrivain spirituel, Imbert,
traça des mœurs administratives un tableau, peut-être
ressemblant à sa date. A la suite d'Imbert est venu Henri
Monnier, dont le crayon s'est inspiré de la même verve
railleuse et a chargé les portraits. Texte et dessins sont
à peu près calqués, pendant un demi-siècle ; tant que
le lecteur ne se lasse pas, on l'accable de physiologies,
de caricatures ; le Tableau de Paris, par Edmond Texier
(1853), est un des derniers ouvrages où figure remployé.
Mais le public n'a pas cessé de se le représenter sous
les traits de M. Bellemain; la tradition était établie et
l'on croyait l'administration assez frappée d'immobilité
pour échapper à la transformation graduelle des mœurs!
Qui ne connaît ce chef de division, sorte de croquemitaine,
cambré, gourmé, impotent, occupé uniquement à donner
des signatures, à tenir des audiences, heureux de laisser
entendre que le ministre, c'est lui'/ Le chef de bureau
s'enferme pour tailler des plumes et travaille moins qu'il
ne fait travailler. Le commis d'ordre n'a d'humain que la
face ; son crâne est un casier à étiquettes. L'expéditionnaire
e.t un vieillard misérable d'aspect. La plus piteuse physio-
nomie est celle du surnuméraire placé au dernier rang de
cette galerie, et que l'on exhume aujourd'hui encore, bien
qu'il ait disparu de la hiérarchie : à l'heure du déjeuner,
il tirera de sa poche deux flûtes qu'il arrosera d'un verre
d'eau; car il '•*! de tradition également que le Bureau M
transforme en on réfectoire oh chacun se repaît maigre-
ment, et cuisine, ,111 besoin, sur le poêle. Loi ronds de nm ,
les conserves, l'abat-jour vert, les masefaes de Infirme, las
plumes d'oie et le canif passeront longtemps encore pour
les attributs indispensables du bureaucrate.
Il \ ;i cependant des traits de caractère qui n'ont pu
changer, parce qu'ils tiennent au fond permanent de b
nature humaine; c'est le souci constant d'améliorer Me
position insuffisante; c'est l'ardeur des compétitions Si
face d'un poste vacant ; ce sont encore les jalousies, les
déboires, le découragement et la mauvaise humeur, trop
motives par l'indifférence des chefs, les passe-droits et
les injustices criantes. Le favoritisme et le népotisn
une plaie toujours incurable. Nul règlement qu'on ne
puisse tourner ; nuls droits qu'il n'y ail moyen de mécon-
naître.
Dans la balance où se pèsent les titres, les protections
sont toujours prépondérantes ; en vain les ministres ont-ils
parfois cherché a s'armer contre les influences en se dé-
pouillant d'une partie de leurs prérogatives pour déléguer
des conseils ou des commissions a leur place ; amis ou
ennemis leur forcent la main ; à choisir entre deux mé-
contentements, on s'expose à celui qui est sans danger.
Ralzac, dans sa Comédie humaine, a consacré une longue
étude aux employés. 11 choisit précisément l'époque où la
mort vient de laisser vide une place de chef de division.
Les bureaux sont en pleine crise ; tout le personnel est dans
l'attente et calcule les chances, cherche à saisir les détails
d'une lutte où chacun prend parti. Les sourdes menées,
les perfidies, les scélératesses même amènent le triomphe
d'un demi-idiot; le candidat qui s'imposait par son talent
et son caractère est sacrifié et réduit à donner sa démission.
Voilà cette fois un sérieux tableau de mœurs, une profonde
étude des physionomies. En réduisant le roman à de justes
proportions, on aura l'image fidèle de la réalité.
L'insuffisance de presque tous les appointements est de
notoriété publique. Tout homme doit vivre de sou métier,
dit un adage ; si l'employé vit du sien, il en vit tout juste.
Les améliorations sont lentes à venir, et elles ne suivent
que de loin, et dans des proportions insuffisantes, renché-
rissement de toutes choses. Ron nombre d'ouvriers ont à
s'imposer moins de privations ; des obligations, des charges
inconnues au manœuvre pèsent sur le fonctionnaire con-
damné à sauver les apparences, à se montrer honora-
blement. La chose est malaisée, même pour le célibataire ;
le père de famille doit exécuter des tours de force, s'il n'a
d'autre ressource que ses émoluments. Lorsque M. E. Zola
met en scène, dans Pot- Bouille, un chef de bureau,
rongé de soucis, vrai forçat, condamné à faire des écritures
pour gagaer des sommes dérisoires, ce sont les folles
dépenses de sa femme et de ses filles qui l'ont amené là,
et il serait injuste d'en cendre la société ou le gouverne-
ment responsables ; mais que de ménages besogneux,
quoique exemplaires, se soutiennent à peine par de sem-
blables expédients ; que d'employés condamnes, après une
journée de travail, à tenir des livres ou à entrer dans un
orchestre !
On dira que du moins l'employé a la sécurité et la pers-
pective d'une retraite pour ses vieux jours. Ces avantages
deviennent, hélas! de plus en plus problématiques. Quant
à la sécurité , que peut-elle être dans un temps où
les empiétements de la politique sur le pouvoir adminis-
tratif menacent d'aboutir à une omnipotence redoutable '!
Si remployé ne compte que pour une unité aux élections,
il n'est point tenu compte de lui. Si, au contraire, il peut
avoir, par ses fonctions, de l'influence sur le suffrage
universel, son sort devient une question intéressante au
premier chef. Mais, devenu un instrument du pouvoir, il
pavera demain l'avancement qu'il reçoit aujourd'hui. Fai-
sons des vœux pour que nos administrations ne descendent
pas davantage sur cette pente. L'Espagne et l'Amérique
l'ont suivie jusqu'au bout. Là, chaque changement de cabi-
— {181 —
EMPLOYÉ
Ml amène un renouvellement comptai du personnel. Sur le
pave de Madrid, il n'eut pas rare d'entendre les doléances
d'un mendiant déguenillé, chef de division mis à pied.
Quoi. nie la penoonel de la Banque de France et des
iodes administrations financières soil plus nombreux
encore que celui des ministères et se trouve en contact
■MON plus immédiat avec le public, il ne s'est pas encore
établi a son sujet de légendes aussi caractérisées; la satire
a respecte les manieurs d'argent Elle aurait eu cepen-
dant beau jeu contre eux; mais clic les a laisses en paix
dresser leurs colonnes de chiffres, èpingler leurs valeurs
eu papier, ranger en bataille leurs rouleaux de louis. Si
le sort de ces employés n'est pas plus brillant que celui
des fonctionnaires publics, la somme de travail qu'ils don-
nent est certainement plus considérable ; les non-valeurs
sont impitoyablement éliminées, les administrations par-
ticulières n'admettant pas le salarie improductif. Si nous
MU aux employés de commerce, la différence est plus
accentuée, les origines et l'éducation étant différentes.
Préjugé ou non, la bourgeoisie, qui s'honore de vouer son
tils au BCfWge de l'Etat, souffrirait de dire qu'il gagne
derrière un comptoir des appointements beaucoup plus
élevés que ceux du bureaucrate : végéter dans un bureau
n'est pas déroger; on ne cesse pas d'appartenir aux pro-
fusions libérales.
Ces! a peu près tout ce qui reste de la tradition établie
par les commis de l'ancien régime. Leur nom même a été
usurpé par l'employé de commerce, et, dans la hiérarchie
îles ministères, il a été réservé pour des fonctions spéciales.
Que le destin préserve mes amis
D;i\.>ir affaire a messieurs les commis,
disait VAInumach destitues, en 178!). Panard ajoutait :
l >n y voit des commis
Mis
Comme des princes.
Qui jadis sont venus
Nus
De leurs provinces.
Que messieurs les commis de nouveauté ne commettent
pas l'anachronisme de croire qu'il s'agit d'eux ; à cette
époque, ils étaient moins nombreux qu'aujourd'hui et s'ap-
pelaient modestement garçons, quand on ne les traitait
pas de courtauds ; il est vrai que le magasin était boutique,
le patron n'avait pas remplacé le maître, et la pratique
n'avait pas encore l'honneur d'être la clientèle. Les grands
ius se sont montés, pour le malheur des commis,
leur enlevant a peu près toute possibilité de s'établir à
leur tour ; enrégimentés par centaines, perdus dans la
masse, condamnes au prolétariat, ils peuvent à bon droit
regretter le régime des petits magasins. Leur âge d'or,
leur ère de gaieté et de folle insouciance remonte àVépoque
ou Paul de Kock faisait du calicot le héros de ses romans,
la coqueluche des grisettes et de la bourgeoisie ; où Musard
et \alentino lui voyaient déployer ses talents chorégra-
phiques. Ses bonnes fortunes ne' défrayent plus la litté-
rature : au roman joyeux a succédé le roman réaliste.
Voyea les noires colonnes d'employés qui se dirigent le
matin vers l'immense édifice où ils doivent rester debout
jusqu'au soir; leur physionomie porte, par avance, l'em-
preinte de la fatigue qui les attend. Le soir, la lassitude est
encore plus visible ; pour tout répit, ils sont venus par four-
rendre place le long des tables dressées dans un
réfectoire ap sous-sol et rappelant la caserne. Le chiffre de
la mortalité passe pour très élevé dans le personnel de ces
grands magasins. En outre la discipline y est dure et l'avan-
cement précaire. A quoi bon augmenter le salaire/ Que
l'employé mécontent disparaisse, mille autres se présentent
pour le remplacer au rabais. Les rides et les cheveux
blancs sont un vice rédbibitoire; ce qu'on deviendra après
la mise en réforme, les chefs s'en préoccupent peu. La
clientèle féminine, sur qui. dit-on, le vendeur masculin
exerce une fascination profitable à la vente, ne se laisserait
plus aussi facilement induire en dépense, si c'était un
homme trop mûr qui faisait l'article. Quant à la jeunesse,
elle ne perd pas tous ses droits. Si les commis ont tenu
si fort i» conquérir la liberté du soir et celle du dimanche,
ce n'est sans doute pas avec l'intention de les consacrer à
un repos sans distraction. Passe encore de dépenser une
partie de leur budget dans les cafés, les concerts, les
théâtres et autres lieux de plaisir; mais malheur à eux
s'ils fréquentent les champs de course ! C'est la misère à
courte échéance, et parfois, pis encore. Ne faut-il pas
conclure par le mot de M. Vacherot : « Le commis est
plus indépendant que le domestique, moins que l'ouvrier? »
et n'y a-t-il pas lieu d'ajouter que pour lui souvent il eût
mieux valu être valet ou manœuvre ?
Mais les magasins ont un état-major, et les positions de
chef de rayon, de caissier, surtout d'acheteur, sont des
plus enviables ; tel acheteur se fait les appointements d'un
ministre ; les chefs de rayon ne changeraient pas leurs
bénéfices contre la solde d'un général. Seulement, combien
de soldats deviennent colonels '! Il ne suffit pas de désirer
le grade; il faut encore être de taille à le porter. Sur
l'acheteur repose tout le succès de la maison. S'il a du
goût, du flair, une certaine divination qui lui permettent
de pressentir la mode, de lancer à coup sûr de nouvelles
créations, de risquer sans chance d'échec une grosse affaire,
s'il sait traiter avantageusement avec, la fabrique, devancer
la concurrence en accaparant un article destiné à être très
demandé, la saison sera magnifique, et on lui en saura gré ;
mais, si les acquisitions restent en solde, si la vogue de la
maison est compromise, le désastre lui est imputable. Le
chef de rayon assure l'écoulement des articles, dirige une
escouade, a l'œil sur elle, apporte au besoin son renfort.
Il ne s'agit plus de copier le Gaudissart de Balzac, de
recourir à des boniments et à des procédés de vente qui
sentent le charlatan ou même le fripon et qui déshonore-
raient une maison moderne; il n'y a plus à vendre le châle
invendable. C'est avec un art plus délicat et une probité
commerciale sullisante qu'il doit décider la clientèle, faire
succéder la tentation à la tentation, prouver que l'argent
bien dépensé est de l'argent bien placé, déjouer tous les
plans d'économie. De son savoir-faire, de l'entrain com-
muniqué à ses sous-ordres dépend sa fortune; lui aussi, il
mérite de sortir des rangs, de se retirer avec des capitaux,
de faire bonne figure. Quant à ses humbles subordonnés,
qu'ils laissent toute espérance à la porte des magasins ; qu'ils
se résignent à ne connaître du luxe que les tentations, de
l'élégance que le vernis, obligatoire pour eux.
Durant des siècles, le mot employé a eu cours seulement
au masculin dans les administrations publiques. Depuis
plusieurs années, la direction des postes et télégraphes
a été amenée, par la multiplication de ses services, à
introduire des employées dans ses bureaux. Cette mesure
— imitée bientôt par des administrations privées — a été
un acte non seulement d'équité envers la femme, mais
de bonne gestion à tous égards. Il n'est question ici que de
la direction centrale, car depuis longtemps, hors de Paris,
des femmes sont placées comme receveuses dans un certain
nombre de bureaux. La femme a des qualités et des apti-
tudes qui auraient pu être utilisées plus tôt. Elle fait vite
et bien; la légèreté du doigté la prédestinait au rôle de
télégraphiste; elle est bonne calculatrice, en tout soigneuse
et ponctuelle, d'autant plus attentive à son devoir qu'elle
apprécie mieux l'avantage, inespéré pour son sexe, d'assurer
par un labeur honorable sa subsistance et au besoin celle
de sa famille. Les inspecteurs affirment du reste qu'on n'a
qu'à se louer du service féminin et insistent sur ce point
qu'entre employées règne une concorde rare entre agents
de l'autre sexe et une grande solidarité. Une seule réserve
est faite à cet éloge. Très dociles quand un homme les
dirige, les femmes n'aiment pas à être commandées par des
femmes. Est-ce la jalousie qui se réveille alors? Est-ce que
la femme, investie du droit de commander, aurait une ten-
dance trop marquée à devenir autoritaire, à s'exagérer soit
la responsabilité, soit le prestige du pouvoir ? Elle serait
EMPLOYÉ — KMI'OISONM MIM
- 98-2 -
en ce tas un chef de bureau fort redouté. Mais il n'est |ias
encore question de lui ouvrir toutes les portes; lui procurer
des positions modestes, mais appréciées d'elles, voila ee que
commande tout d'abord l'humanité.
Quelques maisons de commerce prêtèrent les femmes
comme caissières. La comptabilité n'est pas moins bien tenue
et il y a plus de sécurité a leur confier les clefs du coffre-
fort. Les caissiers inlidèles ne sont que trop nombreux et,
derrière eux, il faut presque toujours chercher la femme fe
laquelle ils ont sacrifie leur honneur. Une mère de famille
est à l'abri des tentations qui amènent un comptable à la
Bourse et des entraînements de la passion désordonnée. Sa
probité ne sombre pas du jour au lendemain. — Quant atU
demoiselles de magasin, dont le rôle n'est pas moins impor-
tant dans les grandes maisons que celui des commis, leur
sort est des plus dignes d'intérêt. La littérature légère ne
les a guère ménagées et elles n'ont que trop souvent fait les
frais de plaisanteries faciles et de railleries peu justifiées.
Si l'employée commet des fautes, bien des circonstances
commandent la pitié, et la culpabilité n'est que trop par-
tagée par ceux qui n'ont aucune part à l'expiation. Mieux
vaut exagérer le respect pour la femme, et pour la femme
qui travaille, qui accepte un labeur souvent au-dessus de
ses forces et dont le salaire ne correspondra ni a ses be-
soins, ni aux services rendus. La jeunesse, la grâce, les
façons avenantes ont une action incontestée sur la clientèle
du magasin. Si le commis plait davantage aux acheteuses,
le réciproque est vrai pour la clientèle masculine; de plus,
il est des comptoirs où la clientèle féminine elle-même ne
peut être servie que par des femmes ; qu'il s'agisse de ma-
nier de légers objets, de faire valoir des modes, de chiffonner
artistement une dentelle, une pièce de soie, il y faut le goût
féminin. L'essayeuse doit être encore plus artiste, sans
parler de sa patience et de sa complaisance mises à de
rudes épreuves ; c'est la confidente, la conseillère ; auprès
des grandes clientes, elle remplit le rôle de Pétrone auprès
de Néron ; elle est la maîtresse des élégances (arbiter
elegantiarum); tantôt elle transporte ses cartons a domi-
cile, tantôt elle introduit son sujet, suivant la destination
des costumes, soit dans le salon ouvert au grand jour, soit
dans le salon éclairé par des bougies. Mercier parle de la
fameuse poupée, habillée par les couturières de son temps
et destinée à faire le tour des capitales européennes pour y
révéler chaque année les créations du goût parisien. 11
s'agit bien de poupée, aujourd'hui, pour faire apprécier
l'effet d'une toilette. Une belle fille, digne par la correction
des formes de poser devant un maitre, remplace la poupée.
On la soumet à l'appréciation, après quoi on la dépouille
de sa parure provisoire. Mettons hors de pair la première
et quelques demoiselles convenablement traitées, parce
qu'elles sont plus difficiles à remplacer; les autres n'ont
guère à se féliciter de leur emploi. Si l'atmosphère des
magasins est délétère pour les hommes, quels n'y sont pas
les ravages de l'anémie sur le tempérament féminin ! Les
règlements ne ménagent aucun sexe ; la consigne de rester
toujours debout n'admet pas d'exception ; même quand le
comptoir est inoccupé, il faut qu'il présente l'aspect de
l'activité. Marcel Ciiahlot.
Dans l'armée, la direction et le contrôle des différents
services appartiennent à des officiers (artillerie, génie) ou
à des fonctionnaires militaires (intendants, contrôleurs), la
gestion ou l'exécution, le travail des bureaux, la garde et
la conservation du matériel sont assurés par des employés
militaires. Ce sont : l°les archivistes d'étal-major char-
gés île la tenue des archives et de l'expédition des travaux
de chancellerie dans les états-majors; 2° les officiers d'ad-
ministration, gestionnaires des magasins administratifs ou
attachés aux bureaux des fonctionnaires de l'intendance ;
3° les gardes d'artillerie et les adjoints du génie chargés
des mêmes fonctions dans les services de l'artillerie et du
génie ; 4° les contrôleurs d'armes et les chefs ouvriers d'état
employés dans les manufactures d'armes et les fonderies ;
fl° les greffiers de la justice militaire. Tous ces employés mili-
taires ont mnf d'officiel Si Imn grades sont garantis par
la loi sur l'état des o/licii-rs (Y. es mot), mais ils ont dans
chaque service une iiiérarcbie spéciale -mis assimilation
avec les grades des officiers combattants. On donne égale-
ment la qualification Remployé militaire aux gardiens
de batterie, aux portiers-consigne, aux commis greffiers
et aux surveillants des prisons militaires, qui ont rang de
solls-ollineis (Y. ADMINISTRATION DE L'ARMEE. ARTILLERIE,
Génie, Justice militaire). i.. i u.i.er.
EMPO (l'aléont.). Ce genre, qui appartient a la famille
des Stratodontidees, a été établi par Cope pour des pois-
sons des terrains crétacés du Kansas. avant deux ram
de dents au prémaxillaire, le maxillaire court, le dentaire
muni d'une rangée de larges dents de même grandeur et de
dents en brosse. I Sauvage.
BlBL. : U. S. Geol. Survey, 1875.
EMPOINTURE (Map.). Coins de la voile ou point» qui
servent à la fixer sur les vergues qui doivent la tendre, si
la voile est carrée , ou sur les mâts si elle est aurigue
(forme d'un quadrilatère). Dans ces coins se trouvent
enchâssés dans la toile, et soutenues par un entourage en
corde , de fortes bagues en fer appelées cosses. A pro-
prement parler, c'est l'ensemble du coin et de la cosse qui
forme l'empointure. Ces cosses sont attachées à la vergue
ou au mât par un fort amarrage et retenues par des
adents entaillés à l'extrémité de la vergue. La voile se
trouve ainsi tendue par le haut et fixée d'une façon ina-
movible. Le mot empointure s'applique aussi aux cosses
fixées à l'extrémité de chaque bande de ris, et cela par
analogie (Y. Ris).
EMPOIS (Chim. indust.). L'amidon possède la propriété
curieuse de gonfler considérablement dans l'eau chaude,
jusqu'à former une masse épaisse à laquelle on donne le
nom d'empois. L'action de l'eau, autrefois discutée, est
aujourd'hui bien connue ; elle commence à se faire sentir
vers o(J°, température à laquelle les grains d'amidon com-
mencent à gonfler, à se déformer. Entre 60° et 70°, la dilata-
tion augmente de telle façon qu'un seul grain peut arriver à
occuper 25 à 30 fois son volume primitif ; puis il éclate et
une partie entre en solution; le liquide s'épaissit, les tégu-
ments dilatés se soudent et forment une masse gélatineuse.
Il est facile de se rendre compte de la marche du phéno-
mène en examinant au microscope l'empois fortement dilué.
On aperçoit les membranes qui enveloppent le grain ; par-
fois, quand la chaleur a été ménagée, on peut encore
retrouver des grains déformés, simplement entr'ouverts, à
côté de grains intacts à peine gonflés. C'est la série des
transformations par lesquelles passe l'amidon avant de se
transformer en empois.
La façon d'opérer a une grande importance sur la con-
sistance de l'empois ; cette consistance est beaucoup plus
considérable lorsque la température est élevée brusque-
ment. Ainsi la gr. d'amidon délayés dans une très petite
quantité d'eau de façon à former une pâte peu épaisse,
versée dans 300 centigr. d'eau bouillante en agitant, don-
nent un empois aussi consistant que 20 gr. du même ami-
don portés lentement à la même température dans la même
quantité d'eau. Cette propriété est très importante à con-
naître pour la préparation industrielle des empois. Les
alcalis caustiques facilitent et augmentent la propriété de
l'amidon de se gonfler dans l'eau. Mis dans une solution
froide de potasse ou de soude caustique très faible, il aug-
mente de G0 à 70 fois de volume. Les empois servent,
dans l'industrie, à l'encollage des papiers, des fils et des
tissus; ils sont fréquemment employés par les fleuristes,
les feuillagistes, les relieurs et les blanchisseuses. Ces der-
nières l'additionnent généralement de borax. Ch. (i.
EMPOISONNEMENT. I. Histoire (Y. Poison).
II. Toxicologie (Y. Intoxication).
III. Droit criminel. — Dans notre législation pénale,
l'empoisonnement est considéré à plusieurs points de vue
différents, et fait l'objet d'autant de dispositions dis-
tinctes : 1" L'art. 301 du C. peu. prévoit l'homicide par
— 983 —
EMMISONNKMENT — EMl'ORFA
empoisonnement. Ce texte qualifie empoisonnement • tout
attentat à la vie d'une personne, par l'eflel de substances
3 ni peuvent donner ta mort plus ou moins promptement,
e quelque manière que ces substances aient été employées
ou administrées, et quelles qu'en aient été les suites ».
Comme éléments constitutifs, cet attentat suppose qu'il
v a eu intention de donner la mort, que les substances
vénéneuses ont été administrées, enfin que ces substances
étaient de nature a donner la mort. La loi incrimine
l'empoisonnement a l'égal de l'assassinat et, dans l'art. 802
du t.. peu., elle le punit de mort. Do tout temps, juris-
consultes et moralistes ont considère l'homicide par le
- m comme le plus odieux des crimes contre la vie hu-
maine. — 2e La dernière partie de l'art. .">I7 du C. pén..
Suite et complément de l'art. 301, ajoutée par la loi du
28 a\r. 1832, dans le but de suppléer a une omission du
-t spéciale aux maladies et accidents causés par
l'emploi et l'administration volontaires, « de quelque ma-
nière que ce soit, de substances qui, sans être de nature à
donner la mort, sont nuisibles à la santé ». L'inrrimina-
tion offre deux degrés : elle ne constitue qu'un simple délit,
puni d'un emprisonnement d'un mois à cinq ans et d'une
amende de hi a 500 IV.. si la maladie ou incapacité de
travail n'a dure que vingt jours; elle prend, au contraire,
itère d'un crime, puni île la réclusion, si la maladie
OU incapacité de travail s'e>t prolongée pendant plus de
vingt jours. Toutefois, si la victime est l'un îles ascen-
dants du coupable, celui-ci est puni, au premier cas, de la
réclusion, et au second cas, des travaux forcés à temps. —
.; I ait. Î.V2 du C. pén. s'occupe de l'empoisonnement,
dans un but coupable, des animaux domestiques et bes-
tiaux. < chevaux ou autres bètes de voiture, de monture
ou de charge, bestiaux à cornes, moutons, chèvres ou
- •. La peine est un emprisonnement de un à cinq ans,
une amende de U> à 300 fr. et, en outre, l'interdiction
facultative de séjour pendant deux ans au moins et cinq
ans au plus. — 4° Sous le coup de l'art. î.'>2 du C. pén.,
tombe également l'empoisonnement volontaire des poissons,
s'il s'agit de poissons placés dans des étangs, viviers ou
réservoirs: ces poissons constituent alors une véritable pro-
priété. Quant aux poissons des fleuves et rivières navi-
gables ou flottables, îles canaux, ruisseaux ou cours d'eau
quelconques, ils sont, a ce même point de vue, protégés par
Part. 2o de la loi du lo avr. 18-29 sur la pêche fluviale,
qui défend de les enivrer ou de les détruire en jetant dans
les eaux, a cet effet, des drogues et appâts, à peine d'une
amende de 30 a 300 fr. et d'un emprisonnement de un à
trois mois. Louis André.
Bibl. : Bria.nd et Ciiaudi:. Médecinebij., t. I, pp. 622 et
suiv. — Barse, Manuel de la cour d'assises dans les ques-
tions d'empoisonnement ; Paris, 1845. — Flandin, Traité
des poisons ou Toxicologie appliquée A la médecine légale;
Paris, 1846-1853. — Tabdieo et Kols^in, Etude médico-
U-gale et clinique sur l'empimoiinmnent ; Paris, 1874,
2« Éd. — Blanche, c. pén., t. IV. pp. 590 ••< suiv. — Boi-
tard, C. pén.. ti" 385 et 403. — Chauveau et Heub, Théo-
rie C. pén., t. III, pp. 530 et Suiv. — GAi:RAUL),/jr.pé(i., t. IV,
luiv.
EMPOISSONNEMENT (Piscicult.). On nomme ainsi le
repeuplement d'un étang, soit en déposant dans cet étang
des touffes d'herbes chargées d'œufs,soit à l'aide d'alevins
provenant d'- fécondation artificielle, soit encore en y in-
troduisant de- reproducteurs adultes. Quatre espèces sont
[irincipalementexploitéesdanslesélangs: la carpe, la perche,
a truite, l'anguille. Pour être propre a l'élevage de la carpe,
un étang doit être alimente par les eaux pluviales ou par des
tu ; il est nécessaire que les eaux de l'étang puis-
sent s'échauffer facilement de manière à atteindre en été
une température de 18 a 20° ; les eaux doivent être, en
effet, tièdes et stagnantes i le fond un peu vaseux ; les bords
doivent être garnis de plantes, de manière à ce que le
i puisse frayer. Avant l'hiver, et après avoir fait
disparaître le plus possible les poissons carnassiers, tels
que brochets, perches et anguilles, on jette dans l'étang à
empoissonner, et par hectare de superficie, six carpes
femelles et quatre mâles d'un poids moyen do 300 à
1,000 gr. Vers le mois de juin ou juillet, suivant que la
température est plus ou moins élevée, les carpes déposent
leurs œufe sur les plantes qui garnissent les bords de
l'étang; chaque carpe pond environ cent mille œufs ; en
admettant qu'un quart seulement de ces œufs arrive àéclo-
sfon, on aura donc par hectare, cent cinquante mille ale-
vins ou feuilles dans l'étang. Ces alevins doivent être
nourris avec un mélange ainsi formé : poudre île viande,
(H) ; gâteau de sésame, 20 ; gâteau de lin, i ; avoine, 16.
Lorsque l'étang est bien aménagé, la carpe à l'âge de
10 centim. doit trouver seule sa nourriture.
Lorsque l'on veut faire en grand l'élevage de la carpe,
il est utile d'avoir quatre étangs distincts, pouvant com-
muniquer entre eux : 1° étang à feuilles ou à alevins, d'une
profondeur de 1 m., bien exposé au soleil, dans lequel les
reproducteurs sont mis au printemps ; 2° étang à nour-
rams ou empoissonnages, ayant environ 2 m. de profon-
deur; on y met environ cinq cents poissons par hectare ;
d'habitude on y introduit 8 à 10 kilogr. de tanches adultes
et dix brochetons de 250 gr. par cent empoissonnages ;
3" étang à carpes destiné à recevoir l'empoissonnage qu'y
attend la taille marchande ; 4° étang ou vivier d'hiver-
nage, à fond vaseux, à eau profonde dans lequel le poisson
passe l'hiver dans une sorte de torpeur. L'empoissonne-
ment des étangs â carpes est principalement pratiqué en
grand en Allemagne, par le système de Dubisch, qui repose
en partie sur l'assèchement; ce système est appliqué en
France dans les Dombes. Un étang de bon fond, péché tous
les deux ans, rapporte en moyenne 278 fr. pour 28 fr. de
dépense par hectare.
Les étangs à truites doivent être alimentés par des eaux
froides, limpides et courantes ; le fond doit être exempt
de vase, pierreux ou couvert de graviers dans une partie
au moins de sa superficie ; les bords doivent être plantés
d'arbustes touffus ; de petits ruisseaux, à fond de gra-
vier, à courant assez rapide, devront être aménagés pour
servir de frayères. Pour pourvoir à la nourriture des
futurs habitants de l'étang, on met au printemps une cen-
taine de gardons parhertare de superficie d'étang, en ayant
soin de ménager à ces poissons des frayères. Au commen-
cement de l'automne on peuplera l'étang de truites adultes,
sept ou huit mâles et autant de femelles par hectare. Les
étangs destinés à la reproduction de l'anguille doivent être
établis sur fond argileux ; les bords seront plantés d'arbres
et d'arbustes à racines fortes et abondantes entre lesquelles
le poisson pourra se cacher ; toutes les eaux conviennent à
l'anguille, mais on doit se rappeler que sa chair est d'au-
tant plus délicate que les eaux sont plus fraîches et plus
limpides ; il est utile d'avoir près de l'étang une prairie
touffue où puissent se rendre les anguilles. On favori-
sera dans l'étang la production des grenouilles et de petits
poissons. L'empoissonnement se fera en mettant par hec-
tare, soit environ mille cinq cents anguilles âgées d'un
an, soit un seau plein de montée. On nourrit l'anguille
en lui donnant des vers de terre, des larves d'insectes,
des détritus d'abattoir. Lorsqu'il est bien pratiqué, l'éle-
vage de l'anguille est lucratif. Pour les étangs â perches,
on se contente de disposer des frayères de distance en
distance. E. Sauvage.
EMP0LI. Ville d'Italie (Toscane), ch.-lieu de circondario
de Florence, sur la rive gauche de l'Arno, bifurcation des
deux grandes lignes de Florence à Pise et de Florence à
Sienne et à Rome; 10,439 hab. (avec la corn.). Le sol
des environs est plus fertile et l'air plus pur qu'à Florence.
Fabriques de chapeaux de paille, de pâtes et de cotonnades
peu importantes. Une église du xnc siècle avec quelques
fresques des commencements de la Renaissance et des restes
de tours et de fortifications attestent son anciennejmpor-
tance au moyen âge.
E M POLI (Jacopo Chimenti da), peintre italien (V. Chi-
menti).
EMPORIA. On appelait de ce nom une partie du rivage
KMI'OUIA — EMPRISONNEMENT
_ 984 -
de l'Afrique septentrionale, avoisinant l»-s Syrien. Celte
région correspond ;i une partie <ie la Tripoutarae actuelle.
Occupée et exploitée par Cartbage, ""ngirite par le* Nu-
mides, puis annexée par les humains a leur province
d'Afrique, elle passait pour un des territoire! les plus
fertiles de l'Afrique. Elle était en outre le point d'arrivée
de toutes les caravanes qui apportaient de l'Afrique cen-
trale l'or, l'ivoire, l'éhène, les esclaves. Elle a été pour
Carlha^e une source incomparable de richesse. Aussi s'ar-
rangea-t-elle de manière à n'y permettre le développement
d'aucune cité qui put lui porter ombrage. C. J.
BlBL. : PERBOUD, lie Sijrticia Emporii8, 1881.
EMPORION. Bourg de l'Ile de Santorin (Cyclades), au
pied du mont Saint-llelie; l,i80 liai). Au N.-E.,on trouve
les ruines d'OEa, qui renferment des inscriptions très
anciennes et des débris d'enceinte cyclopéenne.
EMPORIUM (Céogr. anc). Ville maritime de l'an-
cienne Espagne, aujourd'hui Castellon de Ampurias.
(l'était une colonie des Phocéens de Marseille ; elle fit
partie de la Tarraconaise. C'est là que débarqua en 218
Cn. Scipion.
EMPORTE-PIÈCE. I. Technologie. — Instrument qui
est une des formes de l'outil désigné sous le nom général de
découpoir et qui sert à découper les matières suivant une
forme déterminée. L'emporte-pièce s'emploie pour découper
au corps même de la matière. La forme de l'outil, le nom,
la manière de s'en servir varient suivant les usages aux-
quels il est destiné. S'il s'agit de percer un trou dans une
pièce de cuir, on se sert du marteau pour faire pénétrer
l'outil, quiaffecte alors la forme d'un poinçon. Eaut-il, au
contraire, découper une feuille de tôle ou de cuivre, on
emploie les presses à vis ou à balancier; dans ce cas,
l'emporte-pièce prend le nom d'éiampe. Il se compose
alors d'une vis, à laquelle une traverse horizontale munie
de deux boules de fonte à ses extrémités, permet d'im-
primer un mouvement de descente très brusque. En s'anais-
sant, la vis entraine une tige qui en est le prolongement
et qui porte à son extrémité inférieure un piston en acier.
Sur la face interne de ce piston se trouve exactement en
relief le dessin qu'il s'agit d'obtenir. La contre-étampe est
semblable à l'étampe, mais elle est fixe et porte en creux
le dessin que l'étampe porte en relief. Les emporte-pièces
se font en acier ; la partie coupante est trempée dure et
est généralement à double biseau ; en tous cas, le côté le
plus incliné du biseau doit se trouver du côté où l'on re-
jette la matière. L. K.
II. Chirurgie. — On donne ce nom à des instruments
destinés à opérer une incision ou une section avec enlè-
vement d'un lambeau de tissu. Il y en a de divers modèles,
appropriés au genre d'opération que l'on veut pratiquer.
C'est ainsi que l'emporte-pièce de Richet a été imaginé
pour opérer les rétrécissements du rectum , la pince em-
porte-pièce de Nélaton pour la section mousse des polypes
de l'utérus. L'emporte-pièce de Duchenne (de Boulogne),
qui, introduit sous la peau, permet de ramener une por-
tion de tissu, destiné à l'examen histologique, est un em-
porte-pièce explorateur. Celui de Desmarres est employé
pour opérer le déplacement de l'iris par enclavement, dans
des cas d'opacité de la cornée. Dr A. Coistan.
EMPOUTAGE (Tiss.). Opération par laquelle on passe
les cordes d'arcades dans les trous de la planche d'empou-
tage pour établir la concordance qui doit exister entre les
crochets d'une mécanique Jacquard et les fils de la chaine
qu'ils actionnent (V. Jacquard). Suivant l'ordre dont il
s'effectue, l'empoutage prend différents noms : empoutage
bâtard, empoutage suivi, à pointe, à pointe et retour, à
ailes, empoutage composé, sur plusieurs corps, etc.
EMPREINTE.!. Technologie. — Quand on applique deux
corps l'un sur l'autre avec une certaine pression, si les deux
corps sont d'inégale dureté, le plus dur laissera son image,
sa ligure, sur le plus mou. Les images ainsi obtenues sont
des empreintes. La technologie tire chaque jour partie de
ce moyen si simple de se procurer les traits sensibles des
objeta ; mu' foule d'industries ont béton de prendre des
empreintes. Chacune d'elle* a recoins pour eabi dai
moyens Boutent fort différents et dont la description non-,
entraînerait trop loin (Y. Clichage. I. \l, pp. 669 H tuir. :
Estampage, Galvanoplastie, etc.). I.. h.
II. Beaux-Abts. — Impression en creux et en relief
d'une médaille, d'une intaille ou d'un objet quelconque.
nu obtient les empreintes des médailles ou des bas-reueli
de faibles dimensions au moyen de la cire, du plâtre ou du
soufre; cette dernière matière est la plus fréquemment
employée et présente l'avantage de pouvoir se colorer le
plus souvent d'une manière identique a l'original. On |»eut
aussi prendre des empreintes au moyen de la cire à mode-
ler et de la terre glaise; ce procède constitue plus sa
lement l'estampage (V. ce mot). Ad. T.
III. Artillerie. — Dans la visite intérieure des bouches
a feu, il est prescrit, toutes les fois qu'on a reconnu dans
l'âme des défauts graves, d'en prendre des empreintes à la
gutta-percha. Le procédé à suivre pour cette opération est
indiqué dans Y Aide-Mémoire à l'usage des officiers d'ar-
tillerie (cliap. n.
EMPRISONNEMENT. I. Histoire du droit et droit
criminel actuel. — L'emprisonnement consiste à tenir
enfermée une personne, accusée d'une infraction a la loi
pénale et non encore jugée, ou condamnée à être privée
de la liberté, pendant un temps plus ou moins long, a
raison d'une infraction à la loi pénale dont elle a été re-
connue coupable. Dans le premier cas, l'emprisonnement
n'est qu'une mesure de précaution destinée à empêcher le
prévenu d'échapper au jugement ; dans le second cas,
c'est une véritable peine. L'emprisonnement est également
un moyen de coercition contre les débiteurs insolvables,
du moins pour certaines catégories de dettes. L'emprison-
nement est aujourd'hui considéré par tous les criminalistes
comme la clef de voûte de tout régime pénal rationnel. La
peine de mort, en effet, ne peut être prononcée que pour
un petit nombre de crimes graves; les châtiments corpo-
rels, si fréquents autrefois, sont unanimement écartés des
législations modernes, comme avilissants et cruels : les
peines pécuniaires ne présentent pas un caractère d'inti-
midation suffisant. Reste la prison, qui, rationnellement
organisée, réunit les qualités que l'on considère générale-
ment comme devant être celles d'une bonne pénalité ; elle
est afflictive, elle a un pouvoir réel d'intimidation : elleest
divisible; égale, dans la mesure du possible : elle peut être
rendue non corruptrice, et même moralisatrice.
Il n'en était pas ainsi dans l'ancien droit français, où
l'emprisonnement ne tenait que fort peu de place dans le
système pénal. Dans l'énumérationque fait Jousse (Traité
de la Justice criminelle de France (lre partie, titre III,
chap. n) des peines qui sont en usage en France, au milieu
des innombrables supplices corporels qu'il mentionne, nous
ne trouvons comme peines privatives de la liberté que les
galères à temps ou à perpétuité et la réclusion à temps
ou à toujours dans une maison de force. Et encore, cette
dernière peine n'est-elle établie normalement que contre
les femmes et les filles, pour leur tenir lieu de la peine
des galères perpétuelles, auxquelles elles ne peuvent être
condamnées à cause de la faiblesse de leur sexe (Jousse,
loc. cit., n° 41). Quant à la prison, elle n'existe que pour
la garde des criminels, pendant l'instruction de leur pro-
cès et non pour les punir, suivant cette maxime : Carcer
ad continendoshomines, 7ion ad puniendos haberiJebet
(Jousse, ibid., n° 124). Elle n'est employée à titre de peine
que tout à fait exceptionnellement (Jousse, ibid., nos 134,
1°25 et 126). De plus, les juges ecclésiastiques pouvaient
condamner a être renfermés en prison, soit dans un mo-
nastère, soit ailleurs. Le régime intérieur des prisons était
déplorable: prévenus et condamnes, simples débiteurs, cri-
minels endurcis, tous les prisonniers vivaient dans une
promiscuité complète : renfermes dans des cachots mal-
sains, humides, sans air et sans lumière, souvent brutalisés
par les geôliers, laissés dans une oisiveté démoralisatrice.
- 985 -
EMPRISONNEMENT
ils subissaient une mort lente et douloun use : le corps
était frappé durement : rien n'était fait pour redresser
l'aine ni même l'empêcher «le 58 corrompre.
L'Assemblée constituante tit «le l'emprisonnement une
rentable peine et lui doua une place importante dans la
ivpression. Elle créa quatre espèces «le prisons : les prisons
Î inventives ; les prisons pénales criminelles, comprenant
- hagnoil. les maisons de force et les maisons de gêne ;
les prisons pénales correctionnelles ; les prisons de jeunes
delin«iuauts. pour les mineurs au-dessous de seize ans.
Hait, en t'ait, ni les maisons de gène, qui eussent été de
fèntnhte prisons cellulaires, ni l«'s prisons de jeunes dé-
linquants ne turent organisées. Il ne sutlit pas, en effet,
«l'une loi ou d'un décret pour accomplir une réforme péni-
tentiaire : il faut du temps et des crédits. Le code de bru-
maire an IV ne changea pas le système d'emprisonnement
établi par le code de I7!H. Les choses restèrent dans le
même état jusqu'à la rédaction du code pénal en 1810. Il
faut signaler toutefois un arrêté du 8 pluviôse an IX, or-
ganisant desateliers de travail, et un arrêté du "20 oct. 1810
supprimant les cachots et tous les logements malsains.
Le code pénal de 1810 divisa les prisons en cinq classes
déférentes : les maisons de détention ou maisons centrales
destinées au\ condamnés a la réclusion ; les bagnes, des-
tinés aux condamnés aux travaux forces : les maisons de
correction, ou prisons départementales; les maisons de
justice: les maisons d'arrêt, destinées aux individus en état
le détention préventive. En fait, les prisons départemen-
tales furent tout ensemble maisons de correction, de jus-
tice et d'arrêt 11 y avait aussi les prisons d'Etat, oii l'on
renfermait, par mesure administrative, les individus que
l'on jugeait également dangereux de laisser en liberté et de
déférer ans tribunaux : elles étaient au nombre de huit.
Enfin, tant que la déportation ne s'exécuta pas par la
transportation effective, certaines forteresses (le Mont-
Saint-Michel, Doullens) furent affectées aux condamnés à
la déportation. Dans tous ces établissements, le régime était
celui de la vie en commun, de jour et de nuit. On voyait
mêlés ensemble et vivant dans un état de promiscuité dé-
plorable, non seulement des condamnés de différentes ca-
tégories, mais des prévenus en état de détention préventive
et même «les mineurs. Déplus, le mal était encore aggravé
«lans les bagnes par le mode d'exécution de la peine, qui
consistait en travaux à l'extérieur, au vu et au contact de
la population libre. Ce régime, non seulement était impuis-
sant pour obtenir l'amélioration morale des condamnés,
mais il était profondément dégradant et corrupteur. Depuis
le commencement du siècle, des efforts considérables ont
été faits, tant par le législateur que par l'administration
[>our atténuer les vices de nos institutious pénitentiaires ;
«les résultats ont été obtenus: malheureusement la réforme
n'a pas été conçue suivant un plan d'ensemble, ni pour-
suivie av.c méthode. Aussi sommes-nous loin d'avoir un
régime pénitentiaire satisfaisant, ce qu'atteste surabondam-
ment le nombre croissant des récidives.
Le gouvernement de Juillet avait entrepris une réforme
d'ensemble et se proposait de faire voter une loi générale
sur les prisons. Le système adopté devait être celui de
l'emprisonnement cellulaire, de jour et de nuit, connu sous
le nom de système de Philadelphie. Le projet de loi pré-
senté en 18 40, objet de deux rapports de M. de Tocque-
ville «t d'une longue discussion à la Chambre des députés
eo 18404 1843, adopté par elle le 1* mai 1844, com-
muniqué aux cours royales et à la cour de cassation, ob-
jet d'un rapport de M. Bérenger à la Chambre des pairs
(1848). allait y être discuté, quand la révolution de 1848
emporta la loi avec le gouvernement. L'introduction en
France du régime de l'emprisonnement cellulaire en fut
relardé de trente années.
Le prince—président, en effet, comptait surtout, pour
purger le territoire des criminels dangereux, sur la trans-
portation dans les colonies. Dès lors, tous les efforts de
l'administration tendirent à organiser cette transportation.
Plusieurs bagnes avaient été fermés successivement. Un
décret «lu -21 lé\r. 1854, puis la loi du 30 mai 1854, dé-
cidèrent que désormais les travaux forcés seraient subis
sous la forme de la transportation dans les colonies fran-
çaises : la Guyane et la Nouvelle-Calédonie. La réclusion
se subit dans les maisons centrales, où sont également
internes les condamnés à plus d'un an et jour d'emprison-
nement correctionnel. Quelques maisons centrales, en Corse
et en Algérie, sont organisées sous la forme de péniten-
ciers agricoles. Quant aux prisons départementales, desti-
nées aux autres condamnés correctionnels, elles sont léga-
lement, depuis la loi du S juin 1875, sous le régime
cellulaire, à séparation continue entre détenus; en fait,
comme le nombre des cellules, existant à cette époque ou
construites depuis, est tout à fait insuffisant, la loi de 1875
est restée, en grande partie, lettre morte, et la généralité
des condamnés correctionnels à un an et jour ou moins,
continue à vivre en commun. Les prévenus et accusés en
état de détention préventive devraient être aussi en cellule:
sur ce point encore la loi de 1875 n'est pas appliquée.
Enfin les condamnés à plus d'un an et jour peuvent
demander à subir leur peine en cellule ; c'est là non un
droit, mais une faveur qui peut leur être refusée. La du-
rée des peines subies dans le régime de l'emprisonnement
individuel sera, de plein droit, réduite d'un quart, pourvu
qu'il s'agisse d'une peine supérieure à trois mois. La loi
française admet donc comme maximum normal d'emprison-
nement cellulaire une durée de neuf mois ; à cet égard,
elle est restée bien au-dessous de plusieurs autres législa-
tions qui admettent la cellule pour un temps bien plus
long : en Belgique, par exemple, le maximum est de dix
ans. L'emprisonnement cellulaire, au moins pour les
peines de courte durée, est aujourd'hui presque univer-
sellement considéré comme la forme la plus recomman-
dable de l'emprisonnement. Il ne s'agit pas d'établir un
régime d'isolement absolu, ce qui seraitun supplice cruel;
mais un régime qui sépare le détenu de toute influence
mauvaise pour lui et laisse au contraire l'accès ouvert le
plus librement possible à toute influence moralisante. La
prison commune actuelle a pour résultat, presque néces-
saire, la corruption des détenus les uns par les autres, la
formation d'associations de malfaiteurs, la difficulté du
reclassement des libérés, la multiplication des récidives.
Quant aux objections tirées du danger de la cellule pour
la santé et pour l'état mental des détenus, une expérience
déjà longue, tant en France qu'à l'étranger, en a fait en-
tièrement justice, surtout en ce qui concerne les peines
de courte durée. Les rapports des directeurs des prisons,
des aumôniers, des instituteurs, des médecins sont una-
nimes pour constater la supériorité de la détention indivi-
duelle sur l'emprisonnement en commun. Le nombre des
cellules existantdans les 382 prisons départementales était,
en 1888, de 3,716 pour 17 prisons, d'après le rapport au
Sénat de M. Bérenger, sur le projet de loi sur la réforme
des prisons de courte peine et sur les moyens préven-
tifs de combattre la récidive. Le rapporteur évalue à
10,000 au total le nombre de cellules nécessaires. La
moyenne du prix des dernières construites est de 3,429 fr.
En tenant compte des appropriations possibles, la dépense
est évaluée, mobilier compris, à environ 40 millions de
francs. Il est désirable que le projet de loi sorti des déli-
bérations de la commission, dont M. Bérenger était rap-
porteur, aboutisse enfin et permette de hâter l'application
de la loi de 1875 sur les prisons départementales. Com-
biné avec la libération conditionnelle, avec l'augmentation
progressive de la peine en cas de récidive et la possibilité
pour les tribunaux de suspendre l'exécution de la peine,
en cas de premier délit, le régime cellulaire, largement pra-
tiqué, contribuerait efficacement à réduire le nombre sans
cesse grandissant des malfaiteurs dangereux. E. Gardeil.
II. Droit canon. — Suivant un usage très ancien, les
clercs coupables de crimes graves étaient renfermés dans
un monastère ou même dans une véritable prison, appelée
EMPRISONNEMENT — EMPIUNT
— 9«G -
decania par les constitutions ecclésiastiques, pour j
pleurer leurs péchéi et faire pénitence. Cet usant- a (''té
confirmé par le droit des Décrétâtes, qui considère l'em-
prisonnement temporaire et même perpétuel des clercs
comme une peine ecclésiastique. En conséquence, la plu-
part (les unionistes, même les gallicans, enseignait que
[a prison perpétuelle est une peine canonique à laquelle les
juges de l'Eglise peuvent condamner. Mais un arrêt du
Parlement du 26 juin 16-29 reçut un appel comme d'alius
contre une condamnation de ce, genre. Dès lors, les olfi-
ciaux s'appliquèrent à éluder les réclamations des juges
royaux et le conflit, en évitant d'employer dans leurs sen-
tences le mot prison ; ils condamnaient le coupais i te
retirer dans un séminaire ou monastère pour y rire
retenu et y jeûner, etc. D'autre part, une déclaration du
roi fl5 déc. 1 698) statua que les ordonnances par les-
quelles les évèques auraient estimé nécessaire d'enjoindre,
dans le cours de leurs visites et sur les procès-verbaux, à
des curés et aux ecclésiastiques ayant charge d'âmes, de se
retirer dans des séminaires jusques et pour le temps de
trois mois, pour des causes graves, mais ne méritant pas
une instruction dans les formes de la procédure criminelle,
seraient exécutées, nonobstant toutes appellations, oppo-
sitions quelconques et sans y préjudicier. — D'après les
canons de l'Eglise, les clercs ne doivent être traduits, pour
aucun crime, devant la juridiction laïque ; en conséquence,
ils ne peuvent être ni arrêtés ni emprisonnés par ordre des
séculiers. Dans les concordats qui ont concédé aux juges
civils le droit de condamner des clercs à l'emprisonnement,
il est stipulé que leur arrestation se fera avec toutes les
formes exigées par le respect de la condition cléricale et
qu'ils subiront leur peine dans des lieux séparés des sécu-
liers (Concordat d'Autriche, art. 14; de Guatemala,
art. 16). Pour complément, V. Immunités ecclésiastiqdes
et In Pace. E.-ll. Vollet.
EMPRUNT. I. Finances. — L'emprunt est la consé-
quence naturelle du crédit, et, sous différentes formes, on le
retrouve comme un des premiers actes économiques dans
toutes les associations humaines. Pour les particuliers, il est
à peu près le seul moyen de fournira l'entrepreneur les capi-
taux qui lui manquent ; pour les Etats, il est souvent indis-
pensable, lorsque des sommes importantes doivent être payées
pour frais de guerre, pour travaux publics, ou pour régler des
dettes antérieures trop importantes. A l'origine, les em-
prunts effectués par l'Etat affectaient trop souvent la forme
spoliatrice ; mais au fur et à mesure que se formait une
plus complète connaissance des droits et des devoirs de
chacun, ces errements disparurent, et actuellement, au
moins chez les nations civilisées, les emprunts sont libre-
ment contractés, et c'est par leur volonté seule que les
préteurs se constituent créanciers de l'Etat. En France, on
prend comme origine des emprunts publics l'édit du 10 oct.
15:2*2, quoique la somme demandée l'ait été plutôt comme
une contribution spéciale que comme un véritable emprunt,
avec cette distinction toutefois que les sommes ainsi pré-
levées devaient porter intérêt jusqu'à leur remboursement;
quelques années plus tard (1536), un véritable emprunt
était émis, par la constitution de rentes sur l'hôtel de
ville. Ces rentes obtinrent uno vogue extraordinaire ; mais
quelque temps après, les guerres et les dilapidations des
tinances vinrent arrêter le payement de ces rentes. Malgré
tout, les emprunts se continuèrent sous toutes les formes
possibles : rentes perpétuelles, temporaires, viagères, sur
l'hôtel de ville, gagées sur les aides, les gabelles, les cinq
grosses fermes, sur les généralités, sur le clergé même ;
billets d'Etat, anticipation, et surtout ventes des charges,
création de nouveaux offices, dont on ne devenait titulaire
que moyennant finance, etc. La période révolutionnaire vit
les contributions patriotiques, les emprunts forcés sur les
riches, le cours forcé donné aux assignats et aux bons ter-
ritoriaux; en dehors de l'emprunt sur les aisés (10 dec.
ITlt.'i), le Directoire ne connut que les bons de toutes
sortes ; le Consulat et l'Empire virent surtout les avances
demandées à U Banque de France et aux banquiers; on
peut a peine citer comme un emprunt l'avance de I -J mil-
lions faite pur de-, banquiers sur le produit d'une augmen-
tation de 25 cent, par franc sur le principal des contribu-
tions foncière, personnelle, mobilière <-\ somptu
C'est sou> la Restauration que se présentèrent des emprunts
SOUS une forme analogue a elle qu'il» allie lent aujourd'hui.
En dehors des contributions et taxe-, levées directement,
l'emprunt, de son origine à nos jours, a affecté des formes
diverses. Pour présenter ces divers systèmes, il faudrait
écrire une histoire du crédit chez les divers peuples ; mais
on peut au moins citer : les rentes viagère», qui n'(
plus en France, mais qu'on retrouve encore en Angleterre,
avec un mode d'emploi qui rappelle plutôt les placements a
fonds perdus; les tontines, rentes dont la quotité se par-
tage en un nombre de plus en plus petit de titulaire-,, jus-
qu'au décès du dernier survivant; les loteries, qu'on
retrouve encore en quelques pas» comme une ressource
budgétaire ; les annuités termina hles, usitées en Angle-
terre, emprunts contractés moyennant le payement, pen-
dant un certain nombre d'années, d'une annuité déter-
minée, le taux d'intérêt étant naturellement plus élevé que
le taux courant ; l'emprunt se trouvait éteint avec le pave-
ment de la dernière annuité; les rentes amortissables. dont
l'annuité comprend l'intérêt au taux convenu et une somme
suffisante pour rembourser le capital après un certain
nombre d'années, type de rentes existant maintenant en
France; enfin les rentes perpétuelles. Il existe aussi des
emprunts à court terme tomme les bons 5-20 des Ktats-
l'nis, remboursables au plus tôt cinq ans après leur émis-
sion, mais qui devaient être complètement remboursés dans
les vingt ans ; des bons de ce genre (5-10) ont été émis
en France vers la fin île l'Empire ; on peut y comprendre
aussi les bons du Trésor, et en général tout ce qui alimente
la dette flottante ; il y a également ce qu'on pourrait ap|>e-
ler les emprunts dissimulés, fonds des caisses d'épargne,
delà caisse des dépôts et consignations, fonds des com-
munes, dont le Trésor fait emploi, mais qui sont rembour-
sables à vue ou à très court délai, et pourraient en cas de
crise susciter de graves difficultés. Les émissions ont lieu
soit par intermédiaires, banquiers syndiqués prenant la
totalité de l'emprunt à un taux déterminé pour le placer
ensuite dans le public au mieux de leurs intérêts ; soit par
adjudication, la préférence étant donnée à ceux qui
offrent les meilleures conditions, système fréquemment
employé en Angleterre ; soit enfin par souscription pu-
blique, avec versements échelonnés. Ce dernier mode a
l'avantage de permettre aux petits souscripteurs d'obtenir
un placement à des conditions plus favorables ; il permet
également à l'Etat emprunteur d'obtenir un taux un peu
plus élevé, puisqu'il n'y a plus à tenir compte du bénéfice
des intermédiaires ; mais il a l'inconvénient de favoriser la
spéculation par suite de souscriptions uniquement mites
pour profiter de la prime. Il est souvent avantageux d'émettre
un emprunt important sur les marches étrangers en même
temps que dans le pays emprunteur, le mouvement des ca-
pitaux ayant moins d'inconvénients lorsqu'il se produit sur
une plus grande étendue ; mais il faut considérer pourtant
que les souscriptions reçues de l'étranger constituent une
charge annuelle, en dehors du remboursement final ou du
retour des titres vers leur pays d'origine, et que la baisse
du change qui en résulte peut imposer des charges plus
lourdes que celles qui résultent directement des conditions
de l'emprunt. 11 est avantageux que le taux nominal de
l'emprunt soit à peu près le taux réel que peut obtenir
l'Etat emprunteur, et qui permet une émission à un prix
se rapprochant du pair; la charge pour l'intérêt est la
même, mais en cas de remboursement la somme à payer
ne diffère que peu du montant reçu ; il est vrai, par contre,
que la prime à espérer étant plus faible, le classement d'un
tel emprunt est un peu plus difficile. La quasi-totalité des
emprunts qui existent actuellement ont été émis au-dessous
du pair, et souvent même avec des différences considérables,
— 987 —
EMPRUNT — EMPUSA
imposant ainsi aux Etats d'énormes ■nrifiOM, qui se cfaif-
freraient par centaines de millions si 068 divers emprunta
devaient être reabotreéa m pair. Il est vrai de dire que
ee moyen i m être employé pour se conformer, en appa-
rence. MX luis qui interdisaient rumine usuraires les taux
supérieurs à 6* ».
F.Ml'KISTS DH tTÀBLISSBRIfTS U RIENFAtSANCK. — I.CS
emprunts doivent être demandés par délibération des com-
missions administratives, qui sont exécutoires par arrête du
préfet, après a\is conforme du conseil municipal, lorsque
l'emprunt est remboursable dans un délai de douze ans et
3:\ montant n'est pas supérieur au chiffre des revenus
e l'établissement. Autrement l'emprunt ne peut être auto-
rise .pie par un décret ; il faut une loi si la somme ;i em-
prunter est supérieure a 500,000 fr.
Emprixts ras mi>wiTKMi\rs. — Les conseils généraux
peuvent décider des emprunts non soumis à la ratification
législative lorsque l'amortissement est compris dans une
période de quinze années et que l'emprunt trouve un gage
dans les ressources normales du département. I.e service
de l'intérêt et de l'amortissement peuvent être assurés sur
le budget ordinaire et extraordinaire, mais sans dépasser
le maximum des centimes tixé par la loi de finances. Si
l'amortissement comprend une période plus longue, ou si
le maximum des centimes est dépassé, une loi est néces-
saire. Dans tous les cas, une copie des délibérations du
•onseil général approuvée par le préfet doit être soumise
au ministre de l'intérieur. Les déparlements sont libres de
contracter les emprunts par le mode qu'ils jugent le plus
avantageux ; mais, en cas de lots et primes, l'autorisation
itive est nécessaire.
Emprunts communaux. — En cas de nécessité, les villes
et communes peuvent contracter des emprunts rembour-
sables soit sur des centimes extraordinaires, soit sur les
ressources ordinaires quand, dans ce dernier cas, l'amor-
tissement ne dépasse pas trente années. Tout emprunt rem-
boursable sur le produit d'une contribution extraordinaire
dépassant le maximum voté par le conseil général doit être
autorisé par décret ; le décret est rendu en conseil d'Etat
si la contribution est établie pour plus de trente ans, ou
si l'emprunt remboursable sur ressources extraordinaires
cette durée ; il est statué par une loi si l'emprunt
un million ou si, réuni au montant d'autres em-
prunts non encore remboursés, le montant est supérieur à
un million. Les pièces suivantes doivent accompagner tout
décret ou projet de loi tendant à autoriser un emprunt
communal : 1°. copie de la délibération par laquelle le con-
seil municipal a voté l'emprunt ; 2° certificat du maire
faisant connaître le chiffre de la population et le nombre
dee membres du conseil municipal ; 3° le budget de la
commune de l'exercice courant; 4° certificat du maire
constatant les impositions communales de toute nature qui
peuvent grever la commune, les emprunts non encore rem-
boursés, les autres dettes et enfin le montant des fonds
m Trésor, et leur destination ; 3° les pièces justi-
ficatives de la dépense en vue de laquelle l'emprunt est
voté ; 6° un tableau d'amortissement dudit emprunt et un
état présentant dans trois colonnes : a, les sommes à payer
chaque année jusqu'à complète libération pour le service îles
emprunts et des dettes antérieurement contractées; b, les
ressources extraordinaires affectées annuellement à l'extinc-
tion de ee passif; c, les prélèvements à opérer sur les
revenus ordinaires pour compléter les annuités de rem-
boursement ; 7° un relevé présentant, d'après les trois
derniers comptes, les recettes et les dépenses communales
séparées en ordinaires et en extraordinaires ; 8° l'avis
motivé du préfet.
Emprunt! à la caisse des dépôts et consignations.
1j limite d'amortissement est de quinze années; l'intérêt
e5t variable. En dehors des pièces indiquées ci-dessus, il
y a lieu de produire une copie de la délibération du con-
seil municipal autorisant le maire à contracter avec la
caisse des dépots et consignations.
Emprunts à la caisse des h/cées et collages. Ces em-
prunts sont réglés par un contrat synallagmatique signé
par le maire et le directeur général de la caisse des dépôts.
I.e remboursement s'effectue au maximum en trente années
et se tait par versements semestriels comprenant l'intérêt
et l'amortissement.
Emprunts à la caisse des chemins vicinaux. Les
emprunts faits ainsi doivent être exclusivement affectés à
l'achèvement des chemins vicinaux ou pour le rachat des
ponts a péage. Les remboursements doivent ètro effectués
dans un délai maximum de trente années.
Emprunts au Crédit foncier. Ces emprunts sont con-
sentis avec ou sans affectation hypothécaire et sont rem-
boursables soit à long ternie par annuités, soit à court
terme avec ou sans amortissement. La durée des prêts
peut varier de cinq a cinquante ans. Les pièces à produire
sont : 1° la copie de la délibération par laquelle l'emprunt
a été voté ; 2° l'ampliation de l'acte approbatif de l'em-
prunt (loi ou décret) ; 3° le relevé des recettes et dépenses
de la commune d'après les bordereaux détaillés des trois
derniers exercices ; 4° un état certifié des dettes ; 5° la
copie de la délibération dûment approuvée par le préfet,
portant que l'emprunt sera réalisé auprès du Crédit foncier.
Emprunts par voie d'adjudication publique ou de
gré à grt1. Le cahier des charges, en cas d'adjudication
publique, ou les conditions des souscriptions à ouvrir et
des traités de gré à gré doivent être soumis à l'approbation
préfectorale. Les communes peuvent émettre des obliga-
tions au porteur ou transmissibles par endossement ; ces
titres sont soumis aux droits et impôts ordinaires.
G. François.
II. Droit civil et commercial (V. Prêt).
Certificat d'emprunt (V. Certificat).
Emprunt par anticipation (V. Anticipation).
EMPSON (William), publiciste anglais, né en 1791,
mort à Hailesbury le 10 déc. 1852. 11 prit ses grades à
Cambridge et entra dans la rédaction de YEdintmrgh
lleview en 1823. Il donna à ce recueil, entre cette date et
1849, une foule d'articles politiques, littéraires et juridiques.
En 1824, il devint professeur de politique générale et de
législation anglaise à VEast lndia Collège d'Hailesbury, et,
en 1847, prit la direction de VEdinburgh lleview.
EMPURANY. Coin, du dép. de l'Ardèche, arr. de Tour-
non, cant. de La Mastre; 1,794 hab.
EM PU RÉ. Coin, du dép. de la Charente, arr. de Ruffec,
cant. de Villefagnan; 292 hab.
EMPURY. Coin, du dép. de la Nièvre, arr. deClamecy,
cant. de Lormes; 307 hab.
EMPUSA. I. Mythologie grecque. — Fantôme très
redouté; il apparaissait la nuit sous les formes les plus
variables, avec un ou deux pieds, un pied d'àne et un pied
d'airain. C'est une création voisine des Lamies et des
Mormolyccs qu'on supposait envoyées par Hécate (V. ces
mots).
II. Botanique. — Genre de Champignons de la famille
des Entomophtorées (ordre des Oomycètes), vivant en
parasites sur les larves des insectes. Ses spores sont portées
a l'extrémité d'un filament simple ou ramifié et lancées en
l'air à la maturité. E. muscœ se développe en automne
sur le corps des mouches. IL F.
III. Entomologie. — Genre d'Orthoptères, de la famille
des Mantides, dont les représentants, voisins des Manies
(V. ce mot), s'en distinguent surtout par leur tête petite,
triangulaire, à vertex prolongé en avant en forme de fer
de lance. De plus, les hanches sont armées d'une épine
et les cuisses des pattes intermédiaires et postérieures sont
munies, à leur extrémité, d'un lobe toliacé. L'espèce type,
E. egena Charp. (E.pauperata Ulig.), n'est pas rare en
Provence. Elle est d'un vert jaunâtre, avec les etytres d'un
vert opaque dans leur région antérieure, transparentes dans
leur région postérieure et nuamées d'incarnat à la base ;
les pattes, d'un vert jaunâtre, sont annelées de brun ver-
'làtre. Ed. Lef.
EMPYEME — EMS
- 988 -
EMPYÈME (PathoL).Ce terme t'applique indiflèremmeol
,i la pleurésie purulente (V. ce mot) et a l'opération qu'elle
nécessite parfois. Nous ne dous occuperons ici que de cette
dernière. L'opération de l'empyème ou pleurotomie a pour
objet d'ouvrir au travers d'un espace intercostal un pas-
sage au pus collecté dans la plèvre; elle était déjà employée
du temps d'Hippocrate ; elle fut reprise puis abandonnée au
commencement de ce siècle, mais depuis \mgt ans elle entre
de plus en plus dans la pratique courante. Tantôt elle se
fait au lieu de nécessité, au point où le pus est venu faire
saillie sous la peau, tantôt au lieu d'élection, dans le sep-
tième ou le huitième espace intercostal. L'incision doit par-
tir de la ligne axillaire et de là se diriger en arrière et
porter sur la partie moyenne de l'espace intercostal pour
ne pas blesser l'artère ; elle suit le bord supérieur de la
cote inférieure et se fait couche par couche jusqu'à la
plèvre; celle-ci est débridée a\ec un bistouri boutonné. Le
pus s'échappe alors en abondance, et quand la plèvre est
vidée on y introduit de gros drains que l'on fixe solidement
au dehors et qui servent à faire des lavages. Autrefois ces la-
vages étaient faits journellement, mais ils ralentissaient la
guérison et pouvaient provoquer des accidents nerveux tels
que des crises d'épilepsie, de l'hémiplégie, de l'hèmichorée,
ou des complications pulmonaires. On préfère aujourd'hui
pratiquer l'empyème avec une antisepsie rigoureuse et ne
faire ensuite qu'un seul lavage avec une solution de sublimé
jusqu'à ce que tout le pus soit sorti; un pansement de Lis-
ter est ensuite placé sur la plaie et n'est renouvelé que le
plus rarement possible. On obtient souvent ainsi la réunion
par première intention des deux feuillets de la plèvre. La
blessure de l'artère intercostale, du diaphragme ou du
cœur, et la hernie du poumon sont des accidents fort rares
que l'on peut toujours éviter. Il est préférable de prati-
quer l'empyème dès que la pleurésie purulente est recon-
nue et de ne pas attendre qu'elle ait affaibli le malade et
provoqué la fièvre hectique. Cependant on s'asbtiendra
souvent quand elle est due à une tuberculose déjà avancée.
Il est également inutile d'opérer quand la pleurésie est liée
à un état général tel que la pyohémie ou la fièvre puerpé-
rale. Quand il y a intérêt à ouvrir très largement la plèvre
pour en faire la désinfection complète, l'opération de l'em-
pyème est précédée de la résection d'une ou plusieurs côtes;
elle prend alors le nom d'opération de Letiévant ou d'Est-
lander. Pour réussir, l'opération demande à être faite lar-
gement ; l'essentiel est de ménager les deux premières et
les deux dernières côtes qui sont indispensables pour sou-
tenir le sternum. Cette opération a de beaux succès à son
actif, mais elle n'est ni inoffensiveni toujours efficace.
Georges Lemoine.
EMPYRÉE. Nom donné par les anciens à la sphère
céleste supérieure, où s'assemble le feu, l'élément le plus
léger et le plus subtil ; de là le nom qui signifie « séjour
du feu ». Sous l'influence du christianisme, le mot a pris,
par exemple dans la Divine Comédie du Dante, le sens de
« lieu de la lumière » et séjour des bienheureux (V. Pa-
radis).
EMPYROMANCIE (V. Divination).
EMS (holl. Eems, lat. Amisia). Fleuve d'Allemagne,
tributaire de la mer du Nord. Il prend sa source dans le
Teutoburgerwald et coule vers le N. à travers une plaine
marécageuse parsemée de tourbières; son cours est assez
sinueux; il a une longueur de H30 kil., dont "22 5 navi-
gables et "277 flottables. Il débouche dans le golfe de Dol-
lart, près d'Emden ; ses eaux forment dans les sables du
golfe un double chenal, Oster et Wester-Ems, profond
de 7 m. ; entre les deux est l'ile de Borkum. Ses princi-
paux affluents sont : à droite, la Ilaase, la Leda, toutes
deux navigables, et l'Ahe ; à gauche, la YVerse. Son bas-
sin, très tourbeux, est sillonné par de nombreux canaux
qui le drainent.
EMS. Ville d'Allemagne, roy. de Prusse, district de
Wiesbaden, sur la Lahn; 6,943 hab. C'est une des plus
anciennes et des plus célèbres villes d'eaux de l'Europe.
Les Romains y avaient forme un établissement .-t on a
retrouvé les ruines de leurs thermes; la \\ii légion )
était campée. Au x Ùècle, EfflS lut tenais par b-> arche-
vêques de Trêves, passa ensuite aux comtes d'Araatew,
puis de Nassau. Le premier établissement balnéaire m -
dénie fut bâti en 1382. Ems appartenait en commun
aux comtes de Nassau (maison d Orange) et a la Reste
Darmstadt. En 1803, MM Nassau se le tirent attribuer
entièrement. Ln 1866, Ems fut annexe a la Prusse. Outre
le congrès de 1 78ti (V. ci-dessous), il faut rappeler que
c'est a Luis qu'eurent lieu entre le roi Cuillaurne et l'am-
bassadeur fiançais Benedetli l'entretien et la discussion
qui amenèrent la guerre de 1870-71. A. -M. 1:.
Eaux minérales. — Les eaux d'Ems (plus de vingt
sources) sont thermales (:290,.') a 17,°5 C), bicat bonatèes
sodiques moyennes, chlorurées sodiques moyennesou faibles,
carboniques fortes; on les emploie en boissons, bams,
douches et inhalations ; elles sont plus toniques que les
bicarbonatées sodiques franches et conviennent surtout chez
les malades dont le sang est peu plastique, tandis que les
eaux de Vichy s'adressent de préférence aux malades fran-
chement sanguins ; elles exercent une action sédative sur
le système nerveux et ne provoquent jamais les accidents
nerveux que produisent parfois les eaux de Vichy. Elles
exercent une action spécifique sur les affections catarrhales
chroniques, catarrhe pulmonaire, bronchites, laryngites ;
elles doivent être préférées aux eaux sulfureuses trop exci-
tantes chez les malades pléthoriques et névropathiques. Les
eaux d'Ems sont surtout recommandables dans le catarrhe
sec de Laënnec avec emphysème et dyspepsie; elles ne
guérissent pas la phtisie, comme on l'a prétendu, mais sont
éminemment utiles dans cette forme où les malades sont
sujets aux congestions sanguines, aux épistaxis, oppression,
palpitation, à l'enrouement, ou bien présentent un vif éré-
thisme du système vasculaire. Elles rendent également de
grands services dans les catarrhes des voies digestives où
Vichy est trop excitant, dans les congestions chroniques du
foie, les hépatites chroniques, l'hypertrophie simple du foie,
les catarrhes des voies urinaires et des organes génitaux ;
elles guérissent l'aménorrhée et la dysménorrhée. DrL. Un.
Congrès et plnctatiox d'Ems. — Acte de protesta-
tion de la part des archevêques allemands, en 1786,
contre les empiétements de la cour de Rome. Dès 1763,
le coadjuteur de l'évêché de Trêves, Nie. Honthciin (V. ce
nom) avait exposé dans un livre fameux les principes de
l'autonomie épiscopale menacée depuis la création des non-
ciatures à la fin du xvie siècle. En 1769, les archevêques de
Cologne, de Mayence et de Trêves s'étaient aîiressés à l'em-
pereur Joseph II pour obtenir la cessation des abus, mais
sans succès. Quand, sur le désir de l'électeur Charles-
Théodore de Bavière, la nonciature de Munich fut établie
en 1785, et que, malgré la note envoyée à Rome par plu-
sieurs archevêques, le nonce Ces. Zoglio occupa son poste
en mai 1786, les archevêques de Mayence, Trêves, Cologne
et Salzbourg firent formuler par des délégués réunis à Ems
les prérogatives que le droit canonique reserve à l'cpiseo-
pat. Cet acte signé le *2o août 1786 par les quatre arche-
vêques et envoyé simultanément à l'empereur et au pape,
a reçu le nom de punctation (punctatio = projet) d'Ems.
Les points principaux de ce remarquable document sont
les suivants : renonciation de la part du pape à tous droits
et réserves issus des fausses décrétales ; application des
principes fébroniens (V. Hontheim [Nie.]), à savoir: autono-
mie complète de l'épiscopat ; nulle juridiction ecclésias-
tique autre que l'épiscopale, nul recours à Rome autre
que par la voie épiscopale, mais création de synodes pro-
vinciaux. On demandait de plus la convocation d'un con-
cile -encrai avant deux ans. Depuis les grands conciles
du xv1 siècle, les représentants autorisés de l'Eglise catho-
lique n'avaient pas dirigé un coup droit aussi formidable
contre Rome. La cour de Borne fut aussi habile qu'on
pouvait l'attendre : elle ignora les propositions des arche-
vêques et donna aux nonces l'ordre d'agir comme si de
- 981 -
EMS — ÉMULATION
lien n'était L'empereur, qui était favorable aux arche-
vêques. i.Hir conseilla de gagner le cierge* ci de généraliser
le nioiiveiueni : mais les évèqnes se déclarèrent contre la
ptuutalion d'Enis: ils redoutaient plus le pouvoir métro-
politain augmenté que celui de Home qu'ils ne voyaient que
de loin. De plus, le gouvernement prussien pria les atvhe-
vèones de Cologne et de Mayenee de se désister. La diète
de llatisl'onne (4788) conseilla aux prélats de traiter per-
sonnellement et séparément avec le saint-siège. C'était la
lin. In ou deux ans plus tard, en DOV. 17*!', l'ie M
répondit par ose lettre imprimée, intitulée Sanctiss. dont.
mottri l'ii papa- VI responsio ad metropolitanos Mo-
tiunt.. Trccir.. Colon, et Salisburg. super iiuntiatu-
, ne, 1789) : le pape maintient les principes des
décrétâtes d'Isidore et reproche aux prélats leur oubli du
■ne Ml. f'.-ll. KnOGER.
Bibi » 'Bii.- V. les Guides de BaA un, Ocsbino,
I'an i ni i , Cri h. etc.
i'Ems. — Ch.-Fr. Wbidbnfkls, Gràndliche
Enlwicketung u. aktmmtessige Geschichte des Nuntia.-
s. I . 1788 — MOnch, Gesc/iic/iie des
Emser Conare.^e.< u. seiner Punktate; Karlsruhe, 1810.—
schichte der rœmiseh-deutschen Frage;
k, 1-71. 1" partie, pp. S;> e\ suiv., pp. 89 et suiv.
EMS. Gros village de Suisse, cant. des Grisons, à 8 kil.
a 10. de Coire; 1,400 hab. catholiques et parlant ro-
manche. Les environs sont fort beaux. Lu 1630, les Ligues
tinrent a Ems un congrès où fut prise la décision de
secouer le joug autrichien et de reconquérir la Valteline.
In incendie v détruisit trois cents bâtiments en I77(i.
EMS-OccHiEMiAi. (Département de I'). Il fut formé, en
1840, d'une partie de la Hollande réunie à l'empire français
et eut pour ch.-l. Groningue. Il avait pour limites : au N.
la merdu Nord, à l'K. les dép. de l'Ems-Oriental et de l'Enis-
Supérieur. au S. le dép. des Bouches-de-1'Yssel, à l'O. le
dép. de la Frise.
EMS-Oriental (Département de 1'). Il fut formé à la
même époque que le précédent avec Aurich pour ch.-l. Ses
limites étaient : au N. la mer du Nord, au S.-O. le dép. de
l'Ems-Occidental, au S. celui de l'Ems-Supérieur, à l'E.
le dép. des Bouches-du-Weser.
EMS-Sri'kHiEiR (Département de 1'). Il fut formé à la
même époque que les précédents d'une partie du Hanovre
et eal O-nabruck pour ch.-l. Il était borné au N. par le
dép. de l'Ems-Oriental, à l'E. par celui des Bouches-du-
U S. par le dép. de la Lippe et le royaume de
Wsiphalie, à 10. par les dép. de l'Ems-Occidental et des
Boocbaa-de-TYsseL
ÉMULATION (l'sychol. et pédag.). Aux mots Composi-
tion et CoxcoLhs nous avons fait déjà des réserves sur
l'abus qu'on fait souvent, dans l'éducation, de l'esprit de
rivalité naturel aux hommes en général et particulièrement
vif chez les enfants. Au mot Discipline, nous avons signalé
le danger qu'on fait courir au caractère des enfants en les
habituant à se comparer sans cesse et en leur donnant pour
sentiment dominant le désir de se surpasser les uns les
autres. Il n'est que juste, cependant, de commencer ici
par avouer que l'émulation est à part entre toutes les
tonnes que revêt l'esprit de rivalité. Le mot ne se prend
qu'en bonne part. Il désigne, à rencontre de la jalousie et
de l'envie, le désir actif et généreux, le besoin avoué et
même noble d'égaler d'abord, de surpasser, s'il se peut,
toujours par de bons moyens, les mérites, les talents, les
d'un autre en ce qu'ils ont de parfaitement hono-
rable. C'est un sentiment très vif, qui suppose de l'énergie,
mais qui excite au plus haut point celle que l'on a, et en
augmente beaucoup l'effet. Un bon cheval ne souffre pas
d'être dépassé a la course, et donne, pour ne pas l'être, son
maximum de vitesse. L'indifférence à cet égard est, au
contraire, le signe d'une grande pauvreté de sang. De
même pour les enfants : les mieux doués sont, au travail
comme au jeu, pleins d'une émulation joyeuse, qui seule
leur fait donner toute leur mesure ; manquer tout à fait
de ce sentiment n'est certes pas un signe de supériorité ni
une promesse de brillant développement. On comprend
donc à merveille qu'une tendance si générale à la fois et si
honorable ait été utilisée dans l'éducation. Une infériorité
notoire des éducations privées est que l'émulation y fait
défaut, et l'on croil souvent, avec raison, devoir y re-
médier en donnant par exemple aux jeunes princes des
compagnons d'études. Au contraire, parmi les avantages de
l'éducation en commun, et principalement des écoles pu-
bliques, on compte à bon droit celui de placer l'enfant dans
les conditions mêmes de la vie sociale et de le préparer à
ses luttes.
Il y a pourtant une mesure à garder. V éducation (V.ce
mot) ne doit pas seulement former l'individu pour la vie
telle qu'elle est, mais préparer autant que possible une vie
meilleure. Il est très vrai que l'esprit de lutte et de riva-
lité joue un rôle immense dans nos sociétés, et ce serait
déjà un progrès que d'y faire prédominer l'émulation de
bon aloi sur les rivalités mauvaises. Mais on n'en est pas
toujours maître ; et si l'on développe chez les enfants l'ha-
bitude de se comparer sans cesse, la rage de l'emporter les
uns sur les autres, personne ne peut dire à coup sûr quel
tour prendra ni où s'arrêtera ce sentiment. Il n'est pas
nécessairement bon par lui-même ; il varie en qualité selon
les caractères : généreux et fécond chez les natures mora-
lement élevées, amer et stérile ehez les natures basses et
disposées à l'envie. Tels émules de collège continuent toute
leur vie à rivaliser d'ardeur dans la poursuite des honneurs
et des fonctions ; bien qu'un peu puéril, cela n'a pas d'in-
convénients sociaux quand la lutte, ouverte et loyale,
pousse chacun uniquement à se surpasser lui-même, au
grand profit de la chose publique. Mais quelques-uns cher-
chent moins à s'élever qu'à rabaisser leur émule, moins à
faire mieux que lui qu'à déprécier tout ce qu'il fait : c'est
pitié alors de voir un ancien « fort en thème » parler avec
amertume, à quarante ans, du renversement des rangs que
les affaires ou la politique ont produit entre lui et un cama-
rade autrefois dédaigné, comme si la vie était tenue de
respecter à jamais les places du collège et ne mettait pas en
jeu d'autres facteurs que les qualités écolières. Cette ému-
lation morose, si c'en est encore, ou ce triste effet de
l'émulation, n'est évidemment un bien ni pour l'individu
ainsi aigri, ni pour la société, que ces rivalités troublent
et affaiblissent.
Il faut donc tout faire pour modérer, tout en l'utilisant,
durant l'enfance et la jeunesse , pour maintenir pur et
généreux un sentiment dont la perversion a ces dangers.
Le moyen? Guizot l'indique (Conseils d'un père sur
l'éducation, III) : c'est d'inspirer en général aux enfants,
le désir d'être estimés, considérés, loués, mais en évitant
de mettre aux prises leurs amours-propres. V émulation
d'un a plusieurs, dit-il, est à ce point de vue relati-
vement saine; l'émulation d'un à un est toujours dange-
reuse. « Lorsqu'une rivalité s'établit entre deux enfants,
on a à traiter avec deux amours-propres, un amour-
propre mécontent et un amour-propre satisfait : de l'amour-
piopre satisfait peuvent naître l'orgueil, l'arrogance, la
dureté, toutes les passions hautaines; l'amour-propre
mécontent peut conduire au découragement, à l'indifférence,
à la jalousie, à l'aigreur, aux passions basses et faibles. »
En un mot, il faut éviter et d'humilier et d'enorgueillir.
Si le but est de fortifier les enfants pour les luttes de la
vie, le meilleur moyen n'est pas de les y jeter prématu-
rément; et c'est une lourde faute de prendre l'excitation
pour la force, de substituer une ardeur factice qui fait
dépensera un moment toute l'énergie qu'on a, à la chaleur
qui seule féconde, c.-à-d. à l'amour désintéressé de l'étude.
Ce qui importe, c'est de faire bien, c'est de faire mieux
aujourd'hui qu'hier; ce n'est pas de faire moins mal qu'un
autre. Sans doute en cherchant à surpasser les autres on
arrive à se surpasser soi-même : mais ce n'est pas du tout
la même chose, ni pour la qualité du travail, ni surtout
pour le pli qu'en prend le caractère, de chercher à faire
bien absolument et toujours de son mieux, advienne que
pourra, ou de mettre toute son ambition à l'emporter sur un
ÉMULATION - ÊNÀOTES
- 990 -
rival. Car, même honnête et scrupuleuse, cette imbitioa
toute relative n'eut jamais la ploa uère, el elle m satisfait
souvent a trop bon marché. II. Hàaiou,
ÉMULSEUR fTechn.) (V. Photogbàpbie).
EMU LSI ne (Cbim.). L'èmnlaion ou eyaajptaae art un
principe azoté qui appartient à la classe des fermente so-
lublea et qui esi caractérisée par la propriété dt dédoubler,
au mutait de l'eau, l'sniygdahne en essence d'amandes
amères, acide cyanhydrique et glucose; elle existe dans
les amandes douces et dans les amandes améres en compa-
gnie de la caséine végétale, composé albnminoïde également,
mais sans action sur l'amygdaline. L'émulsine a été dis-
tinguée de la caséine en i8a8 par Rotriqiiet qui lui donna
le nom de si/naplase (juvàretu), je réunis) ; c'est Liebig
qui a proposé le nom d'émulsine pour rappeler qu'elle se
rencontre dans les amandes douces. Pour la préparer, on
l'ait avec ces dernières un tourteau qu'on délaye dans deux
t'ois son poids d'eau froide ; on exprime fortement et on traite
le liquide filtré par l'acide acétique, qui précipite la caséine;
on précipite l'émulsine par l'alcool absolu; on la reprend au
besoin par de l'eau, et on précipite une seconde t'ois par
l'alcool (Robiquet). L'émulsine est une poudre blanche, très
soluble dans l'eau, insoluble dans l'alcool et dans l'éther.
Sa solution aqueuse, qui se coagule vers 60°, précipite par
le tanin, mais non par les acides; elle se putréfie facilement
à l'air en donnant plusieurs produits, notamment de l'acide
acétique; sa propriété caractéristique, c'est de dédoubler
l'amygdaiine en présence de l'eau, propriété qu'elle perd
lorsqu'elle a été coagulée par les acides; elle dédouble
également la salicine en glucose et saligénine ou alcool-
pbénol p-oxybenzylique, propriété qui appartient égale-
ment à la ptyaline de la salive (Piria). Ed. Bourgoix.
Biul. : Bull. An. der Ch. und Pharm., t. LXIX, 145. —
Richaudson et Thomson, ici., t. XXIX, 180. — Roiiiquet,
Journ. pharm., t. XXIV, 320. — Ortlofi-, Archives de
pharm., t. XL.VIII, 16.
ÉMULSION. I. Chimie (V. Photographie).
II. Pharmacie. — On donne en pharmacie le nom
ftémulsion à des liquides d'apparence laiteuse tenant en
suspension des matières huileuses, résineuses ou gommo-
résineuses. Le mot vient de emulsum, emuUjere, traire,
tirer du lait ; le lait n'est d'ailleurs autre chose qu'une
émulsion de matières grasses finement divisées au sein d'un
liquide albumineux et sucré. On divise les émulsions en
naturelles et artificielles. Les premières se préparent a
l'aide des semences émulsives : amandes, pistaches, noix,
noisettes, chènevis, etc. ; les secondes se préparent dans
les officines avec des mucilages, du jaune d'oeuf ou du
blanc d'œuf, du lait, des solutés de saponine, etc. La
division de l'huile est due dans les amandes à la pré-
sence des matières alhuminoides, notamment à l'émulsine
et à la caséine végétale. Citons, comme exemple, la prépa-
ration de l'émulsion simple.
Emulsion simple ou lait d'amandes
Amandes douces mondées. ... S0 gr.
Sucre blanc 50 —
Eau ordinaire filtrée 1000 —
On pile les amandes mondées de leurs pellicules dans
un mortier do marbre avec une partie du sucre et un peu
d'eau, de manière a les réduire en une pâte fine, qu'on
délaye peu à peu avec le reste de l'eau; on passe à travers
une étamine. On prépare de la même manière les émul-
sions de chènevis, semences fraîches, pistaches, pignons
doux, noisettes, concombres, etc.
Les émulsions artificielles se préparent avec un muci-
lage de gomme arabique ou de gomme adragante, avec un
blanc d'œuf ou un jaune d'œuf, on peut même opérer
avec le lait d'amande, ou même le lait, qui l'enferment
plus de matières alhuminoides qu'il n'est nécessaire pour
émulsionner les substances grasses qu'ils contiennent natu-
rellement. Toutes ces préparations doivent être laites a froid
et au moment du besoin. Au bout d'un certain temps, elles
perdent leur homogénéité et l'huile monte peu a peu à la
surface. Leur stabilité dépend de CM - qui s< >nt :
la tension luneraoeUa des liquides, la densité, la ri*
lu propriété de amasser ceauae le savon. L'émuUion e-i
d'autant plus stable que les tensions superfii ielles des
liquides hétérogènes sont plus rokaass, que leur visco-
sité est plus considérable et que Pan d'eux, ou le, faai
a la fuis donnent plus facilement une mousse persistante.
L'est a celte dernière propriété que le s;,\,,i, ,.| |a t,.jn_
ton de bois de Panama, ainsi que toutes les solutions
alcooliques qui reniement de la saponine, doivent leur
efficacité bien connue pour former (les émulsions d'une
grande stabilité. Ed. Bot acost.
EMUND i.'Am.ii.n ou u Mauvais, roi de Suéde, mort
vers IOijO. fils du roi Olof Skœtkotumg et d'une pria-
cesse captive, il se vit prime par son frère cadet Anund
Jacob et ne régna qu'après ce dernier ( 1050). ves surnoms
lui viennent sans doute, l'un de ce qu'il fut le dernier
agnai de l'ancienne branche npsalienne des Lodbrokides,
l'autre soit de ce qu'il fut en lutte avec l'archevêque
de Hambourg, alors primat du Nord, soit de ce qu au
congrès de Danaholm il aurait cédé au Danemark le Ble-
king. Par suite du prédécès de son fils, qui périt avec
toute son armée dans une expédition contre les Qvaenes
(Finnois de la Bothnie), il eut pour successeur son gendre
Stenkil, tiu« d'une nouvelle dynastie. l;->.
ÉMYDIDÉS (V. Kmvsi.
ÉMYDINE (Lliim.). Nom donné par Fremv et Valen-
ciennes à une substance particulière qui existe dans le
jaune d'œuf des tortues. En recevant ce dernier dans une
grande quantité d'eau, il se fait un dépôt qu'on lave par
décantation, avant de l'épuiser par l'alcool et par l'ether.
L'émydine reste sous forme de petits grains blancs, durs,
transparents, très solubles dans la potasse diluée; l'acide
acétique la gonfle sans la dissoudre, tandis que l'acide
ehlorhvdrique la dissout avec une coloration violette,
comme les matières alhuminoides. Ed. B.
E M YS.I. Erpétologie. — Genre de Tortues Ptetméirei,
dont les caractères se rapprochent des Cistmles i V. es mot),
mais s'en séparant par la complète immobilité de la partie
inférieure du plastron ne pouvant clore la dossière en tout
ou en partie. Les Emides ont en outre cinq ongles aux
|iattes de devant et quatre à ceux de derrière: elles ont deux
écailles axillaires et deux inguinales; enfin la queue est
longue. Les formes de ce genre sont assez nombreuses, et
propres à l'Amérique du Nord et aux parties chaudes de
l'Asie. La plus connue est l'Emide Sigris (Emi/s leprosa),
propre à l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, où elle vit dans
les endroits marécageux ; elle se nourrit de Poissons. Le
dessus du corps est olivâtre, orné de taches orangées, cerclées
de noir; la tète est d'un vert olive uniforme; le cou porte
des lignes d'un beau jaune orangé : le sternum est noir ou
brun, bordé d'une ligne ondulée d'un jaune vert. Les mem-
bres et la queue sont d'un orangé vif. Elle peut atteindre
20 à *!■> ceatim. Rochbr.
IL Paléontologie. — I^es Emydidœ ne sont pas con-
nues avec certitude avant l'époque tertiaire. Les genres
Ptychogaster (Pomeliet Dilhyrostenwn (Pictet et llumb.)
sont du miocène d'eau douce du S. de la France et de la
Suisse. Le genre Emi/s a de nombreux représentants à la
même époque [E. parisimsit Cuv. du gypse de Mont-
martre). Palœochety» (\on Mever) est du miocène d'Alle-
magne. Le miocène des monts Sixvaliks est aussi très riche
en types de cette famille. Le genre C.istudo remonte à
l'époque oligocène (C. anhultina Giebcl). et la Cist. lu-
taria, encore vivante dans le S. de l'Europe, se trouve
dans les dépôts quaternaires du N. du continent et jusqu'en
Angleterre. I . Trt.
BlBL. : ERPETOLOGIE. — SAUVAOB, dans BRKHM, éd.
française. Reptiles. — Dcmékii. el Bibkom, Erpi't. gmér.
ÉNACITES ou ANAQITES. Nom d'une population pré-
tendue de géants, qui aurait précédé les plus anciennes
races connues du pays de Chanaan.
Hiiii. : Vbrnes, lès Populations primitives de la Pales-
tine, dans Essais bibliques: Paris, 1891, pp. 263 et suiv.
— 994 —
ÉNADELPI1IE — ENBOM
ÉNADELPHIT (Teratol.). Monstruosité caractérisée pai-
l'inclusion d'un fœtus arrête dans son développement, dans
h corps d'un autre individu (Y, Inclusion nbmk et
MoNSHl» DOI II FI.
ÉNALIOSAU RIENS (Paléonl.). L* plupart des paléon-
tologistes reuntssenl dans cette sous-classe les reptiles dos
temps secondaires gènèralemenl gigantesques, qui ont des
dents nombreuses, préhensiles, dos membres transformés
en nageoires. I à caractères anatomiques de ces animaux
seront donnes lorsque l'on fera connaître les trois groupes
admis eba lesEnabosauriens, savoir : les lchthyosauriens,
s \ itbosauriens, les Sauroptérygiens.
ENAMBUC (Pierre Bêlai* d'i ou sieur de Nahbdc, navi-
gateur français, né à AJlonville (Seine-Inférieure) en 1588,
mort à Saint-Qiristophe (Antilles) en 1636.11 gouverna
pour le compte du roi les colonies de la Dominique, de
la Martinique et de Saint-Christophe. 11 fut, dit-on, le
premier gouverneur des Antilles. On lui donna pendant
(temps le nom de Diel, qui appartenait à son neveu,
les Diel du Parquet, qui fut après lui gouverneur des
Antilles et mourut a Saint-Pierre (Martinique) en 1658.
ENANTIA (Zool.). Genre de Turbellariès de l'ordre des
Dendroc tles, tribu des Pollyclades, créé en 1889 par
Ludwig \on Graff pour une planaire fort curieuse, trouvée
a Trieste sous les pierres. Le genre ne comprend jusqu'à
- ut qu'une seule espèce, E. suiuifera,et est lui-même
le seul représentant de la famille des Lnantiadccs. La
marge du corps est pourvu de fortes épines chitineuses,
pointues, à large base appliquée sur le tégument. Les ca-
ractères donnés par von Graff sont les suivants : corps
ovale, lisse, dépourvu de ventouses et de tentacules;
bouche vers l'extrémité antérieure, immédiatement en
arrière du cerveau ; pharynx en forme de cloche dirigé en
avant. Pas d'intestin antérieur médian, les ramifications
intestinales anastomosées. Appareil copulateur mâle simple
avec vésicules séminales musculaires dirigées en avant,
situées immédiatement en arrière de la vésicule pharyn-
gienne et là ouverte au dehors. Appareil copulateur femelle
s'ouvrant en arrière des organes mâles, avec une puis-
sante bourse séminale incubatrice (vésicule accessoire).
Quatre amas oculifonnes sur la région cérébrale, mais pas
d'veux sur la marge du corps. L. Jouun.
'ENARE ou INÀRE. Lac de Finlande, dans le gouverne-
ment d'Ûleaborg; sa superficie est d'environ 2,300 kil. q.
ENAREA. Royaume du S. de l'Abyssinie proprement
dite, par 8" de laL N. Sa capitale Saka est située par
8" 1-2 30" de lat. N. et 34° 18' 36 de long. E. L'Enarea
ompris entre le C.hoa au N., le pays des Gallas à l'E..
et le kaffa au S. L'Enarea passe pour être riche en or;
I \bvssinie eu tire en grandes quantités des esclaves et de
l'noire.
ÉNARME (Archéol.). Courroie fixée à l'intérieur du
bouclier et qui sert à passer le bras ou à être empoignée
(V. Boooikr). Les énarmes n'existent que dans les grands
boucliers tels que ceux des Romains ou dans les écus ;
dans les rondaches et les petits broquels ou rondelles à
poing, il n'existait qu'une poignée située au centre de
l'arme. Les énarmes étaient ordinairement bouclées à des
anneaux rives à l'intérieur du disque ; elles se passaient
au bras gauche et permettaient de porter le bouclier, de
s'en couvrir, en gardant, même au besoin, l'usage des
deux mains. .Mais, dans le cas le plus ordinaire, les énarmes
occupent, l'une, le centre du disque, et l'on y passe
l'avant-bras, l'autre, la région rapprochée du bord, et on
l'empoigne avec la main gauche. Le bouclier grec portait
parfois en son milieu une grande énarme attachée a ses
deux bords extérieurs et traversant un quadrilatère irré-
gulier formé par un lien fixé en quatre points sur la con-
cavité du champ, la grande énarme du centre pouvant
même manquer, bans les écus, les énarmes étaient souvent
disposées en croix. Maurice Maindron.
ÉNARMURE (V. Enarme).
ÉNAULT (Euenne), littérateur français, né en 1807,
mort à Paris le 21 août 1883. Il a écrit un très grand
nombre de romans-feuilletons, soit seul, soit avec la colla-
boration île M. L. Judicis : la Vallée des pervenches
(IS'.T, 2 vol. in-8), recueil de nouvelles; l'Homme de
minuit (1837, 4 vol. in-8); le Vagabond (1859, 2 vol.
in-8); Comment on aime (1859, 3 vol. in-8); le Porte-
feuille du diable (1860, 3 vol. in-8); le Dernier Amour
(1863, in- 12); le Lac des cygnes (IK(>4, in-12);
Scènes dramatiques du mariage (1865, in-12); le Ro-
man d'une abbesse (18(i(i, in-18); l'Enfant trouvé
(1867, 2 vol. in-12); l'Amour à vingt ans (1868,
in-18); Mademoiselle de Champrosay (1869, in-18);
Gabrielk de Célestange (1873, in-18); Diane de Kerdo-
val (1880, in-12), etc. Plusieurs de ces romans furent
l'objet de réimpressions populaires avec illustrations. On
a parfois confondu Etienne Enault avec son cousin M. Louis
Enault (V. l'art, suivant). M. Tx.
ÉNAULT (Louis), littérateur français, cousin du précé-
dent, né à Isigny (Calvados) en 1821. Reçu avocat et inscrit
au barreau de Paris, il fut un instant inquiété après les
journées de juin 1848 à raison de ses liaisons avec le parti
légitimiste et quitta la France à l'issue d'une courte déten-
tion. Il visita d'abord l'Angleterre, l'Ecosse, l'Irlande et
l'Allemagne, parcourut, en 1832, la Judée et la Turquie,
puis, l'année suivante, le Danemark, la Suède et la Nor-
vège. Ces longues pérégrinations lui ont fourni les éléments
de toute une série de récits de voyages et le sujet d'un
grand nombre de romans et de nouvelles. Parmi les pre-
miers nous rappellerons : Promenade en Belgique et sur
les bords du Rhin (1832, in-8); la Terre Sainte, his-
toire de quarante pèlerins (1834, in-18); Constanti-
nople et la Turquie (1833, in-18); la Norvège (1837,
in-18); la Méditerranée, ses 'des et ses bords (1862,
gr. in-8, ill.) , ainsi que le texte d'une publication de
Gustave Doré : Londres (1876, gr. in-4). Les principaux
romans de M. Louis Enault sont les suivants : Christine
(1837, in-18); Nadèje (1839, in-18), fiction à laquelle
le siège de Sébastopol sert de cadre; Alba (1839, in-18) ;
épisode de la domination autrichienne en Italie ; V Amour
en voyage (1860, in-8), recueil de trois nouvelles; Her-
mine (18(i0, in-18); l'Amour en Laponie (1861, in-8);
Pele-Mcte, nouvelles (1862, in-18); Stella (1863,in-18);
En province (1864, in-18); Olga (1804, in-18); Irène
(1863, in-18); Un Drame intime (1860, in-18); le
Roman d'une veuve (\861, in-18); lé Baptême du sa?ig
(1873, in-18); la Veuve (1877, in-18); l'Amour et ta
Guerre (1882, 2 vol. in-18); Cordoval (1882, in-18);
Histoire d'amour (1884, in-18) ; Valneige (1887, in-18);
le Châtiment (1887, in-18); le Sacrifice (\8V0, in-18), etc.
On cite encore de M. Louis Enault un compte rendu du
Salon de I8ï>$ (1833, in-18) ; des traductions de l'Oncle
Tom (1833, in-18) et de Werther (1833, in-18); une
édition tronquée des Mémoires de Mmo d'Epinay (1854,
in-18); un volume de circonstance: Paris brûlé (1871,
in-18) et toute une série de comptes rendus des Salons
annuels avec gravures en phototypie : Paris-Salon (1 880-
1890, 11 vol. in-8). M. Tx.
ENBERG (Lars-Magnus), écrivain suédois, né le 3 nov.
17S7 à Millesvik (Vœrmîand), mort à Stockholm le
20 nov. 1863. Lecteur en philosophie et recteur du gym-
nase de Stockholm (1821-1843), il fut l'un des membres
actifs du comité scolaire et publia des manuels peu origi-
naux, mais fort répandus, de Psychologie (1824; 4e éd.,
1860) ; de Philosophie morale (1830, 2e éd. 1831) ; de
Philosophie théorique (1848); de Logique, (1862). Ses
éloges de./. Banér (1814) et de Magnus Stenbock (1817),
et un Essai sur le goût (1813), lui valurent trois fois le
grand prix de l'Académie suédoise et, plus tard (1824), un
des dix-huit fauteuils de cette compagnie, qui le chargea
de rédiger sa Grammaire (1836). Il prit part aux travaux
du Dictionnaire et traduisit en vers les Méditations
nocturnes de Young (1830). B-s.
ENBOM (Peter-Llrik), littérateur suédois, né à Stock-
ENBOM - EN«:aUTA(.MM-s
— 992 —
bolm le 14 boûI 1759, mort vers 1810. Simple maître
(recul.', admirateur de la Révolution française, servUe imi-
tateur de Tlmrihl, il osa s'attaquer aux écrivains en renom
et à l'Académie suédoise qui avait dédaigné son poème en
prose but l'Immortalité (1793). Leopoldle ridiculisa dans
une chanson qui devint populaire (4795), mais plus lard,
lorsque le trop réel sans-culottes fut tombé dans la
misère, il lui tendit généreusement la main, lui chercha un
éditeur et le secourut avec délicatesse. Outre de nombreux
articles de critique, écrits d'un style clair, coulant et coupé
à la française, Ënbom publia : Chansons amoureuses et
religieuses (1794), ou la mesure et la rime sont rem-
placées par le phébus; VOuwière, drame philanthropique
(1796); Pièces de vers (1796, 17!»!), 1806, 3 fasc.);
Eloge du paysan (1809). Il traduisit les Idylles de Gessner
(1794) et édita (1794) les Nouvelles Œuvres Ae Lidner,
où il inséra deux pièces de sa composition, qui furent
louées comme les meilleures du recueil. Bkaivois.
ENCABLURE (Mar.) Ancienne mesure de longueur qui
tombe en désuétude et mesurait exactement 1 20 brasses ou
lil.'i m. Les hausses des canons étaient autrefois graduées
en encablures. Avec la précision de tir des pièces modernes ,
celte mesure a disparu. On y a substitué la graduation en
centaines de mètres, avec ses sous-multiples. Ce mot enca-
blure venait de la longueur qu'avaient autrefois les anciens
cables. Encore aujourd'hui les grosses cordes employées en
marine, pour remorques, amarrages à terre, mouillage des
petites ancres, etc., sont confectionnées par bouts d'une
longueur de 200 m.
ENCADREMENT. I. Beaux-Arts.— Art d'encadrer un
tableau, un dessin, une glace, et aussi bordure servant
d'entourage à ces objets. Les premiers cadres (V. ce mot)
furent de bois sculpté et relevaient plutôt des sculpteurs
que des encadreurs tels que nous les connaissons aujour-
d'hui ; à notre époque, la généralisation du goût des œuvres
d'art a fait adopter pour l'encadrement des tableaux un
procédé plus rapide et moins coûteux. C'est une bordure
composée généralement de moulures dorées faites à
l'avance, de profils et de modèles très variés, qu'on se
borne à couper et assembler dans les dimensions voulues ;
les ornements en pâte qui décorent ces moulures sont
ensuite raccordés aux angles. Si l'encadrement des tableaux
est passé des mains de l'artiste dans celles de l'ouvrier, on
ne peut pas en dire autant de celui des gravures et dessins.
Quoique la bordure extérieure s'achète en fabrique ainsi
que celle des tableaux, les dimensions plus restreintes des
œuvres permettent l'adjonction de nombreux enjolivements
où peut se manifester le goût et l'habileté de l'encadreur.
La forme et la dimension des marges, les métaux, les riches
étoffes, les émaux, les imitations de pierreries même, con-
courent à faire de ces petits encadrements de véritables
écrins et en font, à notre époque, un élément de décora-
tion bien plus important que les cadres relativement simples
et sévères des siècles passés. Ad. T.
II. Art militaire (V. Cadre).
ENCADREUR. Ouvrier dont la profession est d'enca-
drer les peintures à l'huile, dessins, estampes, aqua-
relles, etc. (V. Cadre et Encadrement). A Paris, le métier
d'encadreur est confondu avec celui de doreur sur bois.
Presque tous les doreurs font de l'encadrement, et il n'y a
qu'un nombre très restreint d'encadreurs proprement dits.
On peut comprendre dans les travaux à exécuter par l'en-
cadreur le rentoilage des tableaux (V. ce mol). — Les
ateliers d'encadrement sont composés des mouleurs, qui
préparent la pâte et l'appliquent sur le cadre ; des repas-
seurs, qui retouchent le moulage et lui donnent le fini, la
régularité et le poli voulus ; des doreurs, qui commencent
par appliquer un vernis gras au jaune de chrome, puis y
étendent des feuilles d'or battu au moyen d'un large pin-
ceau; des brunisseurs, qui rendent certaines parties bril-
lantes, tandis que les autres restent mates; enfin des enca-
dreurs. Le personnel de ces ateliers est en général peu
nombreux, a l'exception pourtant des maisons qui joignent
à l'encadrement la dorure de meubles, d 'appartements <\>-
salles de café, etc. — Les ouvriers sont payés a l'heure
(50 a 90 cent.). Dans beaucoup d'ateliers, M
coivent 7 fr. 50 par jour : les repasseun 7 fr. et !
nisM-iirs .'> fr. Dans le bâtiment, le prix de la journée , -t
de 10 fr. On compte a Paris de .'1000 à 4.000 ouvriers
encadreurs.
ENCAISSE. I. Commehu . — Cesl le montant qui, à un
moment donne, se trouve dans les caisses d'un Décodant,
d'une maison de banque, etc.: on y ajoute le plus souvent
les sommes à disposition dans kg grandes banques d'émis-
sion (Banque de France, Banque d'Angleterre, etc.) ou
dans les banques de dépôts, sommes qui sont en fait aussi
disponibles que si elles se trouvaient réellement en caisse.
L'encaisse doit être suffisante [tour faire face a toutes le>
demandes, mais en ne laissant qu'une marge aussi réduite
que possible, puisque les capitaux sous cette forme sont
naturellement improductifs. L'est en Angleterre, et grâce
à l'utilisation rationnelle des banques, que l'encaisse se
trouve réduite au plus strict minimum. Pour les banques
d'émission, l'encaisse a une importance bien plus grande.
Pour certaines d'entre elles, l'encaisse détermine le mon-
tant des billets qu'il est possible d'émettre; en outre, cette
encaisse doit quelquefois être romposée d'or et d'argent
dans une proportion déterminée (V. Emission). Précisément
à cause de ces diverses circonstances, l'état de l'encaisse
des grandes banques permet de prévoir les variations du
taux de Y escompte (Y. ce mot) et fait comprendre l'intérêt
qui s'attache à la publication des bilans hebdomadaires.
II. Finances (V. Banoie).
ENCAISSEMENT. A proprement parler, l'encaissement
est l'action de mettre en caisse le montant d'une traite,
d'une quittance, etc., qu'on vient de recevoir; mais, en
matière de banque et de finance, le mot a une signification
moins étroite et devient presque synonyme du mot recou-
vrement. C'est en ce sens qu'on dit qu'un changeur se
charge de l'encaissement des coupons, qu'un banquier se
charge de l'encaissement des effets de commerce, alors
que l'un et l'autre sont quelquefois obligés de les faire
présenter au payement par un intermédiaire. Lorsque les
valeurs remises ainsi ne sont pas encaissées, relui qui en
fournit le montant au préalable a un droit de répétition ;
s'il s'agit d'effets de commerce remis en compte courant, la
clause sauf encaissement est toujours au moins sous-
entendue, sauf convention expresse, de sorte que le mon-
tant d'un effet non payé doit être porté en compte courant
au débit de celui qui l'a remis, et venir en due compensa-
tion sur les sommes dont il pourrait être créditeur; cette
compensation est admise même en matière de faillite. Pour
éviter toute contestation à cet égard, les banquiers ont
l'habitude de stipuler sur les imprimés qui servent à éta-
blir les bordereaux tout ce qui a trait à la clause de sauf
encaissement et à ses conséquences. G. F.
ENCAN (Vente à 1') (V. Vente).
ENCANTADA (Ciodad). La cite enchantée que l'on cher-
chait au S. de la République Argentine et qu'on rechercha
jusqu'à la fin du xvnr siècle.
ENCARAMADA. Localité du Venezuela, sur la rive
droite de l'Orénoque, à 15 kil. en amont du confluent de
l'Apure et à 318 m. d'alt. Là se trouvent des rochers
couverts de gravures et de figures hiéroglyphiques dont on
ignore la provenance.
ENCART (Typogr. et reliure). Carton simple ou double
qui , dans les feuilles de certains formats divisibles par
cahiers, se détache à la pliure pour être intercalé dans la
partie principale d'un cahier.
ENCARTACIONES. Territoire d'Espagne. dans la partie
0. de la province de Biscaye: 40 kil. de longueur sur 20
environ de largeur. H est couvert de hautes montagnes
boisées et parsemé de ravins où coulent d'innombrables
rivières: le pays, très pittoresque, produit des fruits et
du bois, a des mines de fer dont les plus connues sont
celles de Somorrostro, et des eaux minérales, notam-
_ 993 —
ENCAKTACIONES — ENCAUSTIQUE
mont Mita M (airan/a. Les habitants, très laborieux,
s'adonnent i l'agriculture, au travail des mine6,i la navi-
gation, et beaucoup vont chercher fortune dans I Amérique
espagnole pour revenir ensuite au pays natal. Le territoire
de EncartacioMS comprend l<'s dix vallées ou communes
de : TreseoncejosdeSomorrostro, Cuatro concejos de So-
■aorrostro, Carrante, Gordejuelas, rrudos, Ârcentâles,
GuéAes, Zalla, Galdàmes, Sopuerla. E. Cat.
ENCARTEUSE (Techn.) (V. Ewmslk).
ENCASTAGE. Mise en caxeltes des pièces céramiques
au moment de leur mise au four (V. Cuisson et Gazette).
ENCASTELURE ( \rt vétér.). Affection des pieds du
cheval qui consiste dans nn rétrécissement plus ou moins
accuse îles talons <'t des quai tiers, affection qui trouve sa
cause dans la conformation même du pied du cheval, corn-
■Osé île trois parties distinctes, la paroi, le fourchette el
•le. La corne qui constitue le sabo! est susceptible de
retractilite, et cette force de retractilite est telle que rien
m peut en arrêter les effets quand l'ongle est privé des
[varties qu'il renferme, tel le sabot qu'on remplit de plâtre
ei qu'où consolide au moyen d'étais en fer places dansson
intérieur. La forte de retractilite est si considérable qu'elle
courbe les étais et que le sabot se rétrécit malgré l'obstacle
mis à son rétrécissement. Maintenant, qu'une cause quel-
c. nique agisse sur la paroi : travail excessif sur un terrain
brûlant, structure défectueuse de la corne, fourchette trop
faible, mauvaise ferrure fatiguant le pied et y entretenant une
chaleur anormale, le pied peut se rétrécir, ses talons s'éle-
et l'encastelure se produire. On a accusé la ferrure a
chaud de provoquer l'encaslelure : la mauvaise ferrure sans
doute, mais la ferrure à chaud rationnellement appliquée ne
cause pas plus, moins probablement, d'accidents de pied que
la ferrure à froid, qui a été depuis de longues années a peu
près partout délaissée. Diminution de la dimension normale
du pied, forme ovalaire du sabot, rétrécissement brusque
de l'ongle depuis le centre des quartiers jusqu'à l'extrémité
des talons, hauteur exagérée de la paroi, en arriére sur-
tout, dureté et sécheresse de l'ongle, atrophie de la four-
chette, difficulté de la locomotion : tels sont les signes de
l'encastelure. Comme moyens de traitement, on a employé
tour à tour le fer à lunettes, le fer en demi-lune, le 1er
à étampures unilatérales de James Turner. le fera planche,
le fer du professeur Coleman. fer ayant pour but, en com-
primant la fourchette, de maintenir lécartemenl des talons,
le fer de de La Broue, de Kuini, de Relleville, le désenraste-
leurde liefays. de Jarrier. Tous ces procédés divers, qui
tendent tous au même but : opérer l'écartement des talons,
ont produit, dans quelques circonstances, des résultais
favorables: mais, dans d autres, tous ont également échoué.
Tenir les pieds frais et gras, entretenir la nourriture du
salot au moyen d'applications irritantes à la couronne;
pratiquer sur les quartiers, en dedans comme en dehors,
des rainures longitudinales pour permettre la dilatation
de la muraille, tels sont les meilleurs moyens, joints à
une bonne ferrure, de prévenir l'encastelure dans les
sabots prédisposés, et d'en arrêter les ravages dans ceux
qui en sont atteints. L. Caboter.
ENCASTREMENT (Constr.). Enfoncement d'une pièce
de construction dans une autre sans qu'il y ait possibilité
de jeu (V. F.mbrkvemknt) : une poutre de plancher est
dite encastrée dans un mur quand une de ses extrémités,
engagée dans ce mur. y est entourée de maçonnerie de
tous cotés. Les conditions d'encastrement des poutres dans
les murs mitoyens ont donné lieu, depuis plusieurs siècles,
à une législation >pc iale : ainsi l'art. 90 de la Coutume
de Paris (édition de 15i0) permettait de placerdes poutres
dans la moitié seulement de l'épaisseur du mur mitoyen,
tandis que l'art. 657 du ('.. riv. permet de placer ces pou-
tres dans toute l'épaisseur dudit mur. à deux punies
(0m0'>») près, mais Nans préjudice du droit qu'a le voisin
de faire réduire a l'ébauchoir b-s poutres jusqu'à la moitié
du mur, dans le cas ou il voudrait lui-même asseoû des
poutres dans le même lieu nu y adosser une cheminée. Il
CRA.NDE ESCYCLOPÉOIE. — XV.
est bien entendu que cette faculté de placer des poutres
dans toute l'épaisseur du mur mitoyen à 0m0S4 près, ne.
peut s'appliquer qu'aux poutres en bois qu'il est possible
au voisin de faire réduire à l'ébauchoir, et que les poutres
en fer, dont l'usage était presque inconnu lors de la ré-
daction du code civil, ne doivent pas être encastrées au delà
île la moitié de l'épaisseur du mur mitoyen, vu l'impossi-
bilité de les réduire a l'ébauchoir. On ne peut encastrer,
dans un mur mitoyen, les solives en bois d'un plancher,
solives dont le nombre produirait trop de vides quand le
bois viendrait a se détériorer; en revanche, on peut y
encastrer des solives en 1er, vu leur plus grand écartement
et leur incorruptibilité. Enfin, il est interdit de faire dans
les murs mitoyens des tranchées verticales pour y encastrer
des pièces de bois posées dans le sens de leur hauteur;
niais on peut y faire de semblables tranchées pour y liai-
sonner les murs aboutissants. Charles Lucas.
Bibl. : Société centrale <les Architectes, Manuel des
luis itu bâtiment; Paris, 1879, t. I, in-S, li^. j
ENCAUSSE. Coin, du dép. de la Haute-Garonne, arr.
de Saint-Gaudens, cant. d'Aspet, sur le ruisseau du Job, à
362 m. d'alt. : 540 bab. Ce village s'appelait autrefois Codz
ou Cotz, dont on a fait Encausse, en y joignant la parti-
cule honorifique En. Ces seigneurs de Codz eurent de longs
démêles avec les templiers, puis les hospitaliers de Mont-
saunés pour la possession de Soueich ; les deux partis fini-
rent par se partager la seigneurie de ce dernier village.
Les eaux minérales, connues dès l'antiquité (on a trouvé à
Encausse nombre de débris romains), ont été très fréquentées
à la Renaissance; il en est parlé dans les œuvres de Du
Bartas et dans le voyage de Chapelle et liachatimont. Dès
1619, on publiait un traité technique sur leur efficacité. —
Ruines du château de Notre-Dame sur la colline du Plech;
grotte d'Argut. A. Molimkr.
Eaux minérales. — Ces eaux, hypothermales (23° à
"2!i"(',.|, sulfatées calciques moyennes ("2,4 p. 1.000), azo-
tées et carboniques moyennes, se prennent en boisson et en
bains; elles jouissent de propriétés diurétiques, laxatives
et diaphoniques, excitent l'appétit, favorisent la nutrition,
rendent de grands services dans la gravelle hépatique et
rénale, dans les affections utérines avec état subinflam-
matoire, dans l'hystérie et l'hypocondrie, enfin dans les
manifestations consécutives aux lièvres intermittentes.
ENCAUSSE. Coin, du dép. du Gers, arr. de Lombez,
cant. de Cologne; (il S hab.
ENCAUSTIQUE. 1. Technologie. — Préparation à base
de cire, destinée à enduire les parquets, carreaux, meubles
ou tout autre objet qu'on veut cirer. L'encaustique a le
grand avantage sur la cire de s'étendre facilement en une
couche mince et uniforme. Nous donnons ci-après les
principales receltes et formules employées dans l'industrie
pour préparer les encaustiques :
Encaustique à l'essence. Eaire fondre dans une bas-
sine de cuivre 500 gr. de cire jaune que l'on porte ensuite
presque à l'ébullition; on retire du feu et l'on ajoute peu
à peu en remuant sans cesse 1 kilogr. d'essence de téré-
benthine préalablement tiédie. Pour avoir un encaustique
rouge, il suffit de faire infuser la veille 30 gr. d'orcanète
dans le kilogr. d'essence à employer, et de filtrer avant
de s'en servir. Cette préparation s'applique facilement à
l'aide d'un tampon de laine, et est susceptible, après frot-
tement, d'acquérir un beau brillant, mais a l'inconvénient de
sentir fortement l'essence.
Encaustique à la potasse. Mettre dans une bassine
de cuivre 500 gr. de cire jaune en morceaux, 1 kilogr.
d'eau et (>() gr. de carbonate de potasse ; on l'ait ensuite
bouillir en remuant sans cesse jusqu'à ce que la masse soit
bien homogène et ne contienne plus de grumeaux ; on re-
tire du feu en continuant de remuer jusqu'à entier refroi-
dissement.
Encaustique liquide. On fait dissoudre 12.") gr. de
savon dans 5 litres d'eau, on y ajoute 500 gr. de cire jaune
coupée en [i.hts morceaux, et l'on fait fondre à chaud. On
n:;
ENCAUSTIQUE - ENCEINTE
— 9!K —
met alors dans le mélange oo gr. de carbonate de i
on apile a\ec une spatule, 61 «n laisse refroidir en mnU 101
de tempe b antre, afin ojne les parties de densité différentes
■oient mélangeai en une sorte d*émnIsion épaisse. Cette
<(iim|ihmii(iii peut recouvrir une surface de 4* à 86 m. On
peut frotter <|iiin/.e à vingt heures après son application.
Encaustique ou pdrrtihade de cire éure à Ves-
sence. Cette préparation est particulièrement recomman-
dable. On fait fondre 1 kilogr. de cire jaune dans une
bassine] on y ajoute \n\ gr. de litharge en poudre et on
mélange intimement avec une spatule. Lorsque la prépara-
tion a [tris une teinte marron et qu'une goutte posée sur
une assiette s'écrase en poussière sous la pression de
l'ongle* on laisse refroidir. En retournant la masse Solidifiée
on enlevé le culot de litharge déposé pendant le refroidis-
sement. Ilsulit alors de dissoudre 500 gr. de ce produit
dans I kilogr. d'essence pour obtenir un encaustique pos-
sédant après son application l'éclal et la solidité d'un bon
vernis à l'alcool sans en présenter les inconvénients.
EncaUstlQUe pour cuirs et gibernes. l'aire fondre
400 gr. de cire jaune, ajouter 100 gr. d'essence de téré-
benthine, 100 gr. de colophane et incorporer après agita-
tion 40 gr.de noir animal. ' Cil. GlHAltlJ.
H. Peinture (V. Peinture).
ENCEINTE. I. Archéologie préhistohiqle. — Les crom-
lechs (V. ce mot) sont des enceintes de pierres plantées ou
ur le sol, entourant habituellement un ou plusieurs
tombeaux. ( in comprend, SOUS le nom d'enceintes proprement
dites, des monuments qui sont en certain nombre <i
genre que les cromlechs, mais qui ont en râtbleaaeal une
autre destination. Ce sont pour la plupart des sortes de
camps retranchés. Les uns, construits en terre, sont formée
d'une lenasse entourée de fos-.es qui domine une colline.
D'autres ont un entourage (le pierres dressées OU de mu-
railles en pierres sèches. On rencontre d stes on
particulier en Alsace et dans le midi de la France. Les
unes et les autres appartiennent a différentes époques,
depuis l'époque néolithique jusqu'y l'époque romaine. Au
centre des Etats-Unis, pays de plaine on les défenses
naturelles sont rares, les outragea en terre, édifiés dans
un but delensil, sont particulièrement importants. Dans
l'Ohio, il y a un de ces ouvrages qui consiste en un paral-
lélogramme renfermant 1H acres et en un carré enfer-
mant 7*i acres. Les portes d'entrée sont protégées p.ir
un petit tertre, el il y a dans la grande enceinte plusieurs
tertres et plusieurs petites enceintes. Cet ouvrage a dû
nécessiter l'emploi de 3 millions de pieds cubes de barre,
sans doute apportée dans des corbeilles ou des sacs. I.es
enceintes placées au sommet de collines n'ont pas néces-
sité ces terrassements. Elles consistent quelquefois uni-
quement en un cercle de pierres ou en une muraille édifiée
à une petite distance du sommet. 11 y a, en outre, mais
forte, et mur d'enceinte de l-'aléries.
uniquement dans les plaines, de grandes enceintes du même
genre qu'on a distinguées, peut-être sans motifs suffisants,
sous le nom d'enceintes sacrées. Tous ces monuments de
l'Amérique du Nord sont fort anciens et probablement an-
térieurs aux Peaux-Rouges. Zaiiorowski.
II. Architecture. — Les ouvrages militaires exécutés,
soit en maçonnerie sèche ou reliée par du mortier, soit en
blocs bruts ou en pierres d'appareil, pour servir à la défense
des villes ou des palais, ont donné lieu, dès la plus haute
antiquité, à des travaux d'architecture, murs, tours et
portos, souvent remarquables par le soin apporté dans leur
construction et parfois aussi par les détails de leur orne-
mentation. Le mur d'enceinte, percé d'une porte flanquée
rie deux pavillons, qui précède encore de nos jours le pa-
lais bâti à Medinet-Abou par Ramsès III ; les textes de Dio-
dore de Sicile et les fouilles de M. Dieulafoy nous font con-
naître, pour l'ancienne Egypte et pour les villes de Persépolis
et de Suze, le développement pris par les enceintes fortifiées
dans les anciens empires de l'Orient, tandis que les élèves
de l'Ecole d'Athènes et les pensionnaires de l'Académie de
France à Home ont, dans leurs missions archéologiques en
Italie, en Crèce, en Macédoine et en Asie Mineure, relevé
nombre d'enceintes de villes ou d'acropoles encore exis-
tantes, et nous pouvons voir, par l'enceinte de Paieries,
comment les anciens Etrusques, au temps des premiers
consuls romains, fortifiaient leurs villes avec une science
et une sobriété n'excluant pas un certain style et même
une note d'art. L'enceinte de Paieries est construite en
grands blocs, taillés en parallélépipèdes rectangles, posés à
sec et dont un grand nombre, formant boutisses, ont toute
l'épaisseur du mur. Une archivolte, d'un style simple, orne
la porte dont l'arc est appareillé en voussoirs extradossés
et dont la clef est décorée d'une tête saillante, sculj
ronde bosse, comme sur d'autres portes étrusques de la
même époque. Après les Etrusques, les Romains, puis les
Byzantins maintinrent les traditions d'architecture mili-
taire des anciens jusqu'au moment où, dans l'Occident, se
créa tout un nouveau système d'enceintes fortifiées pour
les villes, les abbayes et les châteaux, système qui dura
jusqu'à l'invention de la poudre à canon et au rôle prédo-
minant joué par l'artillerie dans les attaques des villes et
des places fortes. Charles Lot as.
III. Art mm.it.viri:. — Retranchement continu établi
autour d'une place ou d'une position fortifiée. Dans l'anti-
quité et au moyen âge les enceintes des forteresses étaient
constituées par de hautes murailles précédées quelquefois
d'un lossé et renforcées de distance en distance par des
tours en saillie rondes ou carrées, sur lesquelles les as-
siégés installaient leurs machines de jet. Ces tours avaient
en général un relief supérieur à celui des murailles qui les
réunissaient et étaient, pour cette raison, considérées comme
les points forts de l'enceinte. Pour battre le pied des es-
carpes, on se contenta d'abord de percer des meurtrières
dans les lianes des tours; puis, à la suite des croisades, ou
— 995 —
ENCEINTE - ENCENS
garnit te sommet des remparts de lunu-ds et de nidehi-
Mulù (N . Ci» muo). Noi-s le milieu du tv* siècle, les progrès
accomplis par l'art illerie obligèrent a modifier radicalement
le profil et le tracé des enceintes; on renonça à ces grands
reliefs auxquels depuis tant de siècles on a\;iit attaché une
importance capitale; on fUBlbrca les murailles en y ap-
puvant des parapets en terre et. pour couvrir les escarpes,
on les enfonça en creusant par devant un fosse profond,
!il i d'obstacle accessoire détail une partie essentielle île la
ortitication. D'autre part, les ilefenseurs ne pouvant plus
s'ètablif au sommet île l'escarpe pour en surveiller le pied,
il fallut recourir exclusivement au tlanqueinent latéral. On
augmenté donc la saillie et les dimensions des tours qui
prirent la tonne de lunettes (deux l'ai es et deux Bancs) et
le nom île bastions. A l'origine, ces bastions étaient creux
et avaient leurs lianes casemates: mais, comme leurs em-
brasures livrèrent plusieurs l'ois passade aux assiégeants
(prise de Thionville par Montluc). on linit par leur pré-
férer le tlanqueinent à ciel ouvert. C'est par cette dernière
modification cjoe fut enfin constitué le tracé bastionné,
le seul qui assure un tlanqueinent complet des fossés par
les crêtes du corps de place. Les premières enceintes has-
tionnees sont l'œuvre d'ingénieurs italiens. A la fin du
xw" siècle, Brrard introduisit en France le nouveau tracé;
IVville et Pagan l'améliorèrent, et Vauban a]»rès eux lo
consacra de l'autorité de son génie. Jusqu'au tix" siècle,
me de fortification fut presque exclusivement em-
ployé pour la construction des forteresses ; toutefois, on so
servait aussi quelquefois d'un autre tracé plus simple, mais
moins perfectionne, le tracé tenaillé, qui se compose d'une
série de saillants et de rentrants alternatifs, chaque face
servant de flanc à la face voisine et réciproquement.
\ la tin du xviii0 siècle, le marquis de Montalembert
i iwur le tracé .les enceintes un nouveau système
qui prit le nom de fortification polygonale et dans lequel
le tlanqueinent des fossés est obtenu, non plus par une bri-
sure de l'escarpe, mais par un ouvrage casemate, appelé
canonnière et placé en avant du corps de place, soit au mi-
lieu, soit à une extrémité du front. Après 1815, ies Alle-
mands appliquèrent, pour la construction de leurs fortc-
resses, les idées de Montalembert, pendant qu'en France on
restait fidèle à l'ancien système bastionné. Le général belge
Brialmont devint l'ardent champion du nouveau tracé et
le lit adopter pour la place d'Anvers. Jusqu'en 1S7II les
ingénieurs militaires restèrent partages en deux camps sys-
tématiquement attachés à l'une ou l'autre des deux forufi-
cations rivales. Mais, depm'scette époque, les grandes portées
obtenues par l'artillerie ayant obligea entourer les places
i'une ceinture d'ouvrages détachés, c'est sur cette
nouvelle ligne que la défense a dû concentrer tous ses
m lyens d'action. Ces nouvelles conditions ont fait perdre
au\ enceintes une grande partie de leur importance ; quelques
militaires en ont même «ontesté l'utilité. La plupart des
fortes modernes possèdent néanmoins en arrière de
a liirn • des forts un noyau central entouré d'une enceinte
continue ; toutefois on adm?t qu'il suffit de mettre cette
dernière à l'abri d'une attaque de vive force, et on lui
donne, en conséquence, une organisation des plus simples
pour laquelle les procèdes de tlanqueinent sont empruntés
indifféremment au système bastionné ou au système poly-
gonal.
BtBL. : ARf-HtTEOTCRF.. — .1. G Mi.pi AMALD. Monuments
ancien* et mrjâernes; Paris. 1S50, i. I, in-4, pi.
ENCELADE. In des géants, fils du Tartare et de la
Terre. Dans la luite contre les dieux, il succombe ou frappé
par la foudre de Zeus ou sous les coups d'Athena, munie
de l'égide. D'autres le montrent écrasé sous la Sicile que
Be jettp sur lui : VirgHe le relègue au fond de l'Etna,
mouvements produisent les tremblements de terre,
tandis que son souffle lance les flammes par le cratère.
ENCENS. I. PiiAftwvciE. — L'encent ou oliban est une
gomme-résine fournie par plusieurs espèces de Boswellia
'■ nthacées), qui croissent dans les parties chaud, s et
i;
arides de l'Afrique orientale, notamment lo côté S. de
l'Arabie. Son emploi comme aromate remonte à la plus
haute antiquité, comme le prouvent les nombreuses allusions
faites à l'encens dans les écrits mosaïques de la Bible, ainsi
que les détails donnés par Thénphraste. Plutarque rapporte
qu'Alexandre le Grand trouva dans Ca/.a cinq cents talents
d'oliban qu'il envoya en Macédoine comme une matière
précieuse. Suivant Carter, la gomme-résine s'obtient en fai-
sant des incisions longitudinales dans reçoive des Boswellia;
il s'écoule un liquide laiteux, qui se concrète peu il peu à
l'air, avant d'être récolte par les Somalis. L'encens est
généralement en lames isolées, plus ou moins globuleuses,
parfois agglutinées, d'une teinte légèrement jaunâtre. II so
ramollit dans la bouche, en développant une saveur téré-
benthineuse, non desagréable ; son odeur, qui est agréable
et aromatique, ne se développe bien qu'a chaud. Vers 10(1"
il se ramollit sans entrer en fusion ; à une température
plus élevée, il se décompose, émet des vapeurs aromatiques,
dernière propriété qui le fait employer dans les églises du
culte grec et catholique. H est formé de 28 à 35 °/0 d'uno
matière gommeuse, analogue ou identique avec la gommo
arabique (llamhury) ; le resto est constitué par une
matière résineuse, soluble dans l'alcool, insoluble dans
les alcalis et à laquelle lllasiwetz attribue la formule
Q80{j30Qi2i ii existe, en outre, dans l'encens une petite
quantité d'huile essentielle (a %), qui n'est autre chose
qu'un térébenthine, C*°Ht8, bouillant à 158° et possédant
une odeur agréable (lîraconnot).
Dans le commerce on connaît deux sortes d'encens : Yen-
cens de Flnde, formé de larmes choisies, jaune pâle, demi-
transparentes; l'encens d'Afrique, moins estimé que le pré-
cédent , se présente en fragment jaunes opaques. On le
falsifie au moyen d'un certain nombre de résines, du ben-
join particulièrement. L'encens est aujourd'hui peu employé
comme médicament. Il fait partie de quelques préparations
galéniques, comme les pilules de cynoglosse, la thériaque,
l'emplâtre de Vigo, l'emplâtre céroène, etc. Ed. Bourgoin.
Encens de Jaua (V. Benjoin).
II. Litcroik. — La fumée de l'encens montant vers lo
ciel parait avoir été considérée, dès une haute antiquité,
comme le symbole du vœu que l'homme porte en son cœur,
lorsqu'il rend un culte à la divinité : « Que ma requête
monte vers toi comme le parfum, et l'élévation de mes mains
comme l'ohlation du soir (Psaumes, CLI, 2). Le livre de
l' Exode prescrit la manière de composer le parfum qui
doit être bru lé dans le tabernacle et défend sévèrement de
l'employer à un usage profane (XXX, 34-37). Les prêtres
brûlaient l'encens sur l'autel des holocaustes et sur l'au-
tel des parfums (I Chroniques, VI, 49). Les païens brû-
laient aussi de l'encens dans leurs temples et devant les
statues de leurs dieux. Jeter des grains d'encens dans le
foyer d'un autel était, suivant eux, un acte de religion.
Quand un chrétien consentait à le l'aire, on tenait cette
action comme un signe d'apostasie. C'est pourquoi les apolo-
gistes des quatre premiers siècles, Athénagoras, Clément
d'Alexandrie, Terlullien, Arnobe déclarent que les chré-
tiens ne brûlent point d'encens pour leur culte. Mais ils
faisaient un grand usage de substances aromatiques pour
les ensevelissements (Tertullien, Apologia, XLII) ; ils sem-
blent même les avoir employées pour chasser les mauvaises
odeurs de leurs assemblées (Tertullien, De Corona mili-
tari, X). La Liturgie de suint Clément, qui estgénéra-
lementconsidéréecommereprésentant les offices du ive siècle,
n'indique aucun encensement. La première mention du fait,
comme rite ecclésiastique, se trouve dans le traité deDenys
l'Aréopagite (V. ce nom), De llierarchia ecclesiastica
(III, sect. 2 et 3). Depuis lors, les encensements se sont
multipliés de siècle en siècle dans les églises catholiques
et sont devenus les objets de prescriptions liturgiques mi-
nutieuses. On encens' l'autel, la croix, les images, le livre
des Evangiles, les offrandes, les reliques des saints, les
morts, les tombeaux, les fidèles eux-mêmes et tout parti-
culièrement les évèques, les prêtres, les princes, les magis-
ENCENS - ENCÉPHALE
— \m
Irati bI Im Batm personnes de distinction. Dm significa-
tions allégoriques plus ou moins ingénieuses ont été attri-
buées à chacune de ces pratiques. — Comme la plupart
îles autres droits honorifiques (V. ce mot), l'encensement
se réglait sur l'usage el la possession. Par arrèl du 28 juin
H>7<>, il l'ut ordonné que le curé de Tallemoi, étant sur
les marches de l'autel, serait tenu de se tourner du côté
de la chapelle du seigneur, de l'encenser lui et sa femme,
ch;icuii une lins sèparémenl (d'autres arrêts disent trois
fois), ensuite leurs enfants une lois pour eux tous. A
vêpres, au chant du Magnificat, après les encensements
ordinaires, il devait se rendre à la chapelle du seigneur et
l'encenser lui el sa femme chacun une fois, et leurs enfants
une fois, en quelque nombre qu'ils fussent [Mémoires <lu
Clergé, t. XII, pp. 343-363). E.-H. Vollet.
ENCENSOIR (Àrehèol.). L usage de l'encensoir remonte
aux premiers temps du christianisme qui l'avait emprunté
aux cultes orientaux. Il se compose d'un récipient ovoïde
dans lequel on met des charbons ardents destinés a briller
l'encens que l'on y répand; au-dessus vient s'adapter un
second récipient ajouré pour donner passage à la fumée. Il
est suspendu à plusieurs (haines se réunissant à une boucle
Encensoir en cuivre fondu et clore [fin du \:r siècle .
que le thuriféraire tient à la main. Les plus anciennes
représentations d'encensoirs que l'on connaisse sont tirées
des bas-reliefs et des sculptures des églises du xi° siècle.
Ce n'est qu'au siècle suivant que l'on peut attribuer les
beaux spécimens qui sont conservés dans les trésors des
cathédrales de Trêves et de Lille, pièces liturgiques qui
ont été souvent reproduites par nos fabricants de vases
sacrés. Celui de, Lille représente : Ananias, Misacl et Aza-
rias sauvés de la fournaise par l'ange du Seigneur. Ces
deux précieux ustensiles sont des chefs-d'œuvre de l'art
roman, si original dans ses formes et si varié dans son
ornementation. A partir du xiiie siècle, lesencensoir- reçu-
rent invariablement la forme d'édifices à fenêtres et à tou-
relles plus ou inoins simples, en métal repercé a jour, dont
le travail et la matière variaient suivant les ressources des
établissements religieux. Cette tradition religieuses.' per-
dit à l'époque de la Renaissance, et l'on vit des encensoirs
répéter les dispositions des édifices antiques et les portiques
à arabesques des palais italiens. Vers la même date l'Es-
pagne fabriquai! des encensoirs d'une grande richesse don)
les proportions architecturales réunissaient tout à la Cois
les ogives du moyen âge et les ornements du nouveau style.
Les dessinateurs Heissonnier et les frères Slodtz eossao-
sérent, sou. Le règne de Louis \\. des encensoirs dans b-
goût rocaille, qui lurent exécutés par les orfèvres *.' i-
iM.nii et par les fabricants contemporains, 1-a Révolution a
amené la destruction de toutes ces pièces conçues eu dehors
de toute tradition liturgique el dans lesquelles étaient oubliées
les règles fondamentales de la destination des objets; mais
les gravures qui nous en restent en tout saisir I exécution
gracieuse et originale. Après avoir été longtemps réduite a
n'être qu'une industrie grossière, la fabrication des encen-
soirs a tire profil des études historiques qui ont remis en
honneur le moyen agent les arts qu'il cultivait. Nos
ties actuelles possèdent toutes des encensoirs qui sont imites
des meilleurs modèles que nous aient lai-- - le, anciens
maîtres orfèvres. A. de Chaupeai x.
Hun.. : Diobon, les Annales archéologique». — L'abM
Pottibb, Etude sur les Encensoirs — L'abbé IUkkaud,
•es Encensoirs. — Rohaut m; 1-'li:urv, la Messe.
ENCEPHALARTOS [EncephaUtrtos Lehm.). I. Bota-
niqi e. — Genre de Cycadaeées, dont on connaît une douzaine
d'espèces de l'Afrique tropicale et australe. Ce sont des arbres
dioïques à tronc cylindrique, quelquefois renflé au milieu
et couvert des bases persistantes des feuilles tombées, Leur
tissu médullaire renferme uni' grande quantité de fécule,
qui est utilisée comme alimentaire. L'£. caffer Lehm. et
17.'. Allcnsteinii Lehm. sont cultivés en Europe dans les
serres tempérées. Ed. Lu.
II. Paléontologie. — On rencontre plusieurs espèces
d'Encephalartos dans les terrains tertiaires, entre autres
17.'. longifolius Lehm., 17-.'. Lehinanni Eckl. et 17..
Gorceixianus Sap. Ce dernier, trouvé par Corceix dans le
dépôï miocène de kotimi (Eubèe), constitue la Cvcadacèe la
plus septentrionale trouvée en Europe. Il est donc certain
que les Encephalartos, refoulés aujourd'hui dans le S. de
l'Afrique, faisaient partie de la flore européenne a l'e|>oque
tertiaire. I)r L. Un.
III. Horticulture. — La culture de ces arbres ne
peut être essayée que sou, le climat de l'oranger. Ailleurs
il faut les placer en serre chaude ou tempérée tout en les
éclairant et aérant largement. Celle condition essentielle
assurée, ils s'élèvent aisément en caisses remplie, de
terre franche substantielle, bien drainée, qu'il suffit de
maintenir fraîche. Pendant la saison de repos on diminue
les arrosages et on abaisse la température de la serre. On
les multiplie quelquefois de graine, mais la multiplication
se fait surtout par le bouturage des œilletons ou bourgeons
nés sur la tige. On réussit encore, en plantant dans une
terre tiède et humide des rondelles de la tige, à faire déve-
lopper les bourgeons rudimentaires que portent ces ron-
delles et à obtenir ainsi de nouveaux sujets. G. B.
ENCÉPHALE. I. Ahatomïb. — Chez tous les verté-
brés, sauf chez l'amphioxus, l'extrémité antérieure renflée
du tube médullaire de l'embryon contenu dans la cavité
crânienne, dont le développement est corrélatif du sien,
subit d'intéressantes modifications. Deux sillons circulaires
qui l'étreignent, la divisent d'avant en arrière en trois vési-
cules, dites primitives, qui prennent les noms de cerveau
antérieur, de cerveau moyen et de cerveau postérieur. Cette
division opérée, il s'en produit une autre qui affecte le
cerveau antérieur et le cerveau postérieur. Le cerveau
antérieur donne ainsi naissance à deux vésicules symé-
triques et symétriquement placées, les futurs hémisphères
cérébraux, qui se distinguent du cerveau intermédiaire ou
région du troisième ventricule.
Aux dépens du cerveau postérieur se forment le cer-
velet, la région du quatrième ventricule et la moelle
allongée. Les parois de ces divers renflements en même
temps s'épaississent en certains de leurs points, constituant
ainsi les corps striés, les couches optiques et les tuber-
cules quadrijumeaux, tandis que, de leur surface, se
— 997 —
KNCEPIIAIi:
— Schéma dea
ventricales. oh, vé-
sicule hémisphérique;
.-i', ventricule latéral ;
zh, cerveau intermé-
diaire; em, trou de
Monro; mk, i-.ts.mii
moyen; ht, troisième
ventricule; ./</. aque-
duc de Sylvius: liii,
cerveau postérieur;
ii/i , arriére -cerveau .
[uatriéme venlri-
cole; Ce. canal de
l'épendyme ; r, moelle
épinii -ri'.
ture (le l'encéphale (fig.
détachent des appendices, des prolongements, les uns pairs
et symétriquement places, les nerfs optiques et leurs
aboutissants (les rétines), les lobes olfactifs, les nerfs crâ-
niens, les autres symétriques et
médians telsquela glande pinèale
et l'hypophyse cérébrale. A cet
état de développement rudimen-
taire et de différenciation de ses
différents éléments, l'encéphale
représente encore une sorte de
tube sensiblement rectiligne et
symétrique, dont la cavité est
quelque peu sinueuse (la fig. I
en donne bien l'idée) et dont on
reconnaît la continuité avec le
canal de l'épendyme. A quelques
variantes près, constituées par
la prépondérance du développe-
ment (par exemple les lobes
optiques des oiseaux, les lobes
olfactifs) de certaines parties
n'altérant pas sensiblement les
principaux traits du schéma mor-
phologique que nous venons
d'esquisser, l'encéphale ne subit
guère de modifications dans la
>ene animale avant que l'on
n'arrive aux vertébrés supé-
rieurs. La symétrie par rapport
au plan médian antéro-posténeur
du corps constitue le caractère
le plus essentiel de la strue-
:> et fi).
Chez les animaux supérieurs se manifeste une tendance
à la concentration d'autant plus accusée que l'intelligence
de l'être augmente davantage. L'extrémité céphaliqiie du
tube nerveux de l'embryon
su bit une double inflexion con-
temporaine de la coudure de
la capsule crânienne, néces-
sitée par l'augmentation du
volume de certaines de ses
parlies et déterminée [lar les
diverses connexions de celles-
ci. Le tube nerveux décrit
ainsi une sorte de S majus-
cule bien représentée par la
6g. -1. Les vésicules hémis-
phériques se développantalors
recouvrent de plus en (dus
les parties situées en arrière
d'elles, pendant que la cavité
primitive se rétrécit de plus
en plus. L'attitude bipède
étant réalisée chez l'homme,
elles recouvrent même l'ar-
rière-eerveau (cervelet); leurs
parois externes s'étaut épais-
sies au point de représenter
la plus grande partie de la
masse totale de l'encéphale,
il se dessine a leur sur-
face, par suite d'un plisse-
ment régulier et nécessaire, des anfractuosités et des plis
(V. Cnamvoumon). Les connexions des diverses par—
biea de l'encéphale entre elles, que nous ferons connaître
avec soin et en détail, en décrivant les dispositions géné-
rales du système nerveux, sont d'abord très simples et
peu développées dans le sens transversal. Dans de pré-
cédents articles, nous avons décrit le cerveau et ses cir-
convolutions, le cervelet, le bulbe rachidien. A ces parties,
viennent s'ajouter des commissures transversales ; la com-
missure antérieure, le corps calleux (V. Cerveau), la pro-
- — Flexion crânienne
de l'embryon des mam-
mifères. — ch, cerveau
antérieur: zh, cerveau
intermédiaire; sh. cou-
dure encéphalique; mh,
e.-rveau moyen; Wi, cer-
M postérieur: n/i, ar-
rière-cerv eau : nh. cou-
dure de la nuque; 66,
■dure antérieure COr-
■ mdant au puni de
Varole.
tnbérance annulaire ou pont de Varole, qui joint les deux
moitiés du cervelet l'une avec l'autre, en passant en avant
des faisceaux fibreux résiliant du bulbe au cerveau et
qui, au-dessus de lui, prennent le nom de p(;(t<»iciil<:s
Cérébraux (\. ce mot). Les pédoncules cérébelleux supé-
rieurs mussent le cerveau au cervelet, qui lui-même se
rattache à la moelle par l'intermédiaire des pcdonculse
cérébelleux inférieurs. Les
fig. .') et (> donnent une
bonne idée de la disposition
et de la configuration do
l'encéphale et de ses par-
ties constituantes. Les nerfs
que l'on voit naître à la
base de l'Encéphale seront
décrits ultérieurement sous
le nom de nerfs crâniens.
L'encéphale humain est
pourvu d'un réseau vas-
culaire très riche. Les ar-
tères vertébrales s'unis-
sent pour former le tronc
basilaire, qui commence au
bord inférieur de la protu-
bérance annulaire, dont il
suit la face antérieure sur
la ligne médiane. Après
avoir fourni de chaque
Côté les artères cérébel-
leuses inférieure et anté-
rieure et supérieure, il se
divise au niveau de l'origine des pédoncules cérébraux en
deux artères cérébrales postérieures s'infléchissant en
dehors. Ces dernières sont reliées par les communicantes
postérieures aux artères cérébrales antérieures, branches de
la carotide interne, ainsi que les artères cérébrales moyennes
V.XI1
Fig. 3. — Section diagram-
matique horizontale. (Les
lettres ont la même signi-
fication c|ue dans la flg. 1).
/// VL
Fig. I. — Encéphale d'un vertébré, section longitudinale
et verticale. — A/6, cerveau moyen; Hmp, vésicules
hémisphériques; Olf, lobes olfactifs; CS, corps striés;
FM, trou de Monro; T/i, couches optiques ou thala-
meneépbale; CQ, corps ou tubercules quadrijuineaux ;
C6, cervelet; CC, pédoncules cérébraux; PV, pont de
Varole; MO, moelle allongée; Pn, glande pinéale ; Py,
corps pituitaire; /, nerfs olfactifs; //, nerfs optiques;
///, lieux de sortie des nerfs moteurs oculaires c -
muns; 1, ventricule ol lactique ; 2, ventricule latéral ; .2,
troisième ventricule; i, quatrième ventricule.
qui cheminent au fond de la scissure de Sylvius. Les céré-
brales antérieures elles-mêmes sont solidarisées par l'inter-
médiaire de la communicante antérieure, transversalement
étendue de l'une à l'autre. Ainsi se trouve constitué l'hepta-
gone artériel de Willis. Les artères des corps opto striés pro-
viennent des cérébrales antérieures; leur disposition et leur
mode de ramification ont été bien étudiés par le l)r Duret.
Les diverses parties de l'encéphale sont fixées en place
par des replis fibreux fournis par la dure-mère, l'un ver-
tical, antéro-postérieiir et médian, séparant les faces internes
des deux hémisphères jusqu'au niveau du corps calleux ;
le second, horizontal et perpendiculaire au premier, la tente
du cervelet, isolant la face supérieure de cet organe des
lobes occipitaux du cerveau. Ces dispositions seront étudiées
avec plus de détails avec les méninges, ces enveloppes de
l'encéphale, analogues aux enveloppes de la moelle, dont
elles sont la continuation. Ce sera également le lieu de
ENCÉPHALE - ENCHANTEMENT
— 998 -
traiter do la circulation veineuse de J'cnn '■jdialc et du
li(|uide céphalo-rachidien.
O pt.
7'ma
K-Jff.CO.
/'ce.
Y\x. fi. — Pr, protubérance; V.cfi, pédoncule cérébral ; M. CO,
nerf moteur oculaire commun: T. ma, tubercule mamil-
lairej G. pi, glande pituitaire ; N. op, nerf optique ; B, pé-
doncules postérieurs de la glande pinéate ; fj.a, ooramia-
sure antérieure; >i, trou de Monro ; C.lr, cloison trans-
parente; Tr, trigone cérébral; G. Ca, corps calleux; 5,
circonvolution du corps calleux; Co, couche optique;
Cm, commissure molle; .';, pédoncule antérieur de la
(.'lande pjnéale; G. pi, glande pinéale; Tq , tubercule
(juadrijumeau ; A.Sy, aci|ueduc de Sylvius; V.vi, val-
vule de Vieussens; Bu, Bulbe.
On a recherché les indications qui pouvaient être tirées
de l'étude du poids de l'encéphale, sans grand succès, pour
diverses raisons. L'étude
de la capacité crânienne,
représentant le volume
de l'encéphale, plus facile
à manier, est devenue
plus fructueuse parce
qu'elle a pu s'exercer sur
de nombreuses séries,
tout en laissant encore
prise a l'erreur. Variable
suivant le développement
de l'intelligence, le poids
et le volume du corps, le
sexe, l'âge et surtout sui-
vant la race, la capacité
crânienne parait ne pou-
voir franchir le maximum
de 1,800 centim. c. sans
anomalie. Mais ce serait
empiéter sur le domaine
de l'anthropologie ana-
tomique et de l'ethnolo-
gie que d'entrer dans les
détails de cette ques-
tion. Dr G. Kuhff.
II. Phvsiolocik. —
L'encéphale est le centre
d'innervation du corps
tout entier, et c'est lui
qui préside à toute acti-
vité d'ordre nerveux et
d'ordre psychique. Aux art. Cerveau, Cervelet, Bulbe, les
fonctions spécialesde ces organes ontété ènumérées en détail :
ici. il suffira d'une vue d'ensemble. L'encéphale préside
d'abord àtoutela vie mentale des organismes. Sans lui, point
oc pensée ou d'intelligence, telles que nous les connaissons
chez l'homme et les animaux supérieurs. L'est évidemment
dans le cerveau proprement dit, lescirronvolutions, que s'éla-
borent celles-ci, bien qu'assurément le fonctionnement har-
monieux et l'intégrité îles autres parties de l'encéphale
soient nécessaires à leur production normale; sans ce
V.inf.
Fier. fi. — Lf, lobe frontal; S.Sy, scissure de Sylvius: T. ci,
tubercule cinerenm; T. ma, tubercule mamillaire; l'.oe, tu-
bercule cérébral: Pr.an, protubérance annulaire; i'i/.an,
pyramide ant. ; 01, olive ; C. re, corps restiforme; Bu, bulbe;
Ce, cervelet: N.hg, nerf hypoglosse; N.sp, nerf spinal;
iV.p.oa, nerf pneumogastrique; tf.g.ph, nerf glosso-pha-
rj nuien; N.ac, nerf acoustique ; A ./'a. nerf facial : .V. m. e.v.
mil oculaire externe; iV.fr, nerf trijumeau; A'.pa, nerf
pathétique; N.m.co, nerf moteur oculaire commun ; N.op,
nerf optique; N.ol, nerf olfactif.
fonctionnement el sans cette intégrité il manque un .
nombre des éléments qui sont a la base de l'intcllie.
lui manque (elle ou telle donnée, el par suite toute l'intel-
ligence est troublée. Lu second lieu, c'est à l'encéphale
qu'aboutit toute vibration nerveuse née a la périphérie.
Là se fait la sensation et la perception. Cet vibrations
peuvent ne pas arriver loutes dans le domaine de la
conscience el néanmoins déterminer des affeti parfaite-
ment nets: les vibrations de ce genre s'arrêtent, pour
ainsi dire, dans des centres inférieur^, comme le bulbe ou
la protubérance, et déterminent des réflexes. Gela a lieu
par exemple, pour certaines vibrations d'on-mc pulmonaire,
ou digestive, ou circulatoire, et le bulbe et la protubé-
rance, voire même le cervelet ci le cerveau, contiennent de
ces centres réflexes en grand nombre. It'autres vibrations,
qui déterminent des sensations, passent plus haut, dans le
cerveau, ou elles sont perçues, tout en pouvant agir sur
des centres réflexes aussi. (Test ainsi que les sensations
visuelles sont le résultat de modifications dans des organes
nerveux très variés, comme les tubercules qnadrijumeanx,
les couches optiques et Pécorce des hémisphères. Les
centres les plus élevés sont les centres sensitifs del'i
ce semble être dans ces points que se fait la sensation,
suit-elle spéciale, comme celle de l'odorat ou du goût, ou
générale comme celle du toucher, du sens thermique, etc.
L'encéphale préside en troisième heu a la production des
vibrations nerveuses qui se traduisent par des mou-
vements, généraux ou particuliers, réflexes ou volontaires,
conscients ou inconscients. Mouvements des membres
ou mouvements phonateurs, mouvements expressifs ou
mouvements inconscients d'équilibre, tout cela a son ori-
gine dans l'encéphale, les uns dans Pécorce cérébrale
(mouvements volontai-
res), les autres dans le
cervelet, le bulbe ou la
protubérance (mouve-
ments des organes non
soumis à la volonté, coor-
dination des mouvements
volontaires, etc.). Enlin
l'encéphale préside dans
une mesure encore peu
connue à la nutrition, au
métabolisme des tissus et
organes, et aux phéno-
mènes qui constituent leur
vie propre. Pour détails,
V. Cerveau. Cervelet,
Bous, Protdbéraxce.
ENCÉPHALITE (\léd.)
(V. Cekveai, t. \.
p. 118).
ENCÉPHALOCÈLE
(\ . \M \i .ephalie).
ENCEPHALOGRAPHA
(Bot.). Oenre de Lichens
Ascosporés , gymnocar-
pes, à thalle hetéromère,
erustacé, à asques petits,
contenant huit spores,
avec des paraphyses gra-
nuleuses, mucilaginetises.
peu visibles. Li Iamepro-
ligère est mince, subcylindrique et l'excipule propre est
noir, charbonneux. H. F.
ENCHANTEMENT. Lll'el mystérieux produit par cer-
taines paroles chantées ou simplement prononcées, avec ou
sans accompagnement de rites accessoires. l.a loi en cet
effet se retrouve au fond des superstitions de tous les peuples
et aussi au fond de la plupart des religions. On y voit
l'enchantement s'exercer sur les éléments, sur les forces
de la nature, sur les animaux, spécialement les oiseaux,
les serpents et les crapauds, sur les hommes vivants ou
— m —
ENCHANTEMENT - ENCHÈRE
morts, sur les démons, sur les génies, sur les ailles, même
sur la divinité. Il opéra au moyen des pratiques îles sor-
ciers et des magiciens : des évocations; des exorcismes;
dos formules sacramentelles de bénédiction ou de malédic-
tion, d'absolution etde consécration. Il paraîtrai) peut-être
irrespectueux de constater les caractères de I enchantement
dan> l'effet attribué aux paroles qui changent le pain en
chair et le vin en sang ; néanmoins il est fort difficile de
ne pas les y reconnaître. — Le Deutéronome (XVIII, 1 1)
interdit les enchantements aux Israélites. Dans les docu-
ments catholiques, ce nom désigne généralement toutes les
paroles et toutes les oérémonies destinées a évoquer les dé-
mOBS et à produire des prestiges et des maléfices. Elles
renient condamnées par les lois ecclésiastiques et
par les anciennes lois civiles. I ne déclaration en forme
d'edit (jud. |683, enregistrée le 'SI août) prononce les
peines les plus fortes contre les devins, magiciens et les
enchanteurs. E.-ll. Vollet.
ENCHASTRAYES. Com. du dép. des Basses-Alpes, air.
it. de Barcelonnette : 482 hab.
ENCHÂTRE ( Mobilier). Ce mot servait à désigner les com-
partiments ou les divisions intérieures d'un meuble. Les
anciens inventaires citent souvent des coffrets et des «crins
a une ou plusieurs enchatres fermant à clef, — En cons-
truction, l'enchalre est une pièce qui sert a encastrer un
panneau.
ENCHAUSSÉ (l'.las.l. Uribut d'un éeu taillé oblique-
meut au milieu d'un côté a la pointe du côté opposé.
ENCHELIDIUM i/.ool.i. Genre crée par Ehrenberg en
Ism pour de petits .Nematodes marins non parasites,
nagét actuellement dans la famille des Eno/ilidœ (Y, ce
mot). La «a vite buccale l'ait défaut ; l'irsophage est sur-
monte d'un gros mil. On connaît huit espèces : E. ariimi-
natum Eberth. E. Eberthi de Man, /•„'. exile Marion,
E. Grubei lîastian, E. marinum Ehrenberg, E. obtu-
sum t.rut ■<-. / . tubrotundum Eberth, E. tsnuicolle
Eberth. Toutes ces espèces sont des mers d'Europe. R. Bl.
ENCHELYODON (/.ool.l. tieiire d'Infiisoiresholotnches,
de la famille des Tr.ichelopliyllides, établi par Claparéde
et Lachinann: il ne diffère des Trachrlu/jln/llum ipie par
la portion antérieure du corps, qui n'est pas différenciée
en une sorte de col. Eau douce et eau salée. H. M/..
ENCHELYOPUS (Paléont.). Agassi/ a établi ce genre
pour un poisson des formations de Monte-Bolca (/•.'. ti-
frimu) dont le caractère est de réunir aux traits généraux
de l'anguille une dorsale prolongée jusqu'à la nuque, et
d'avoir une ceinture thoracique très grêle. E. Sauvage.
Hii.l. : Ai. asm/, Poissons fossiles, t. V, p. 131.
ENCHELYS (ZooL). Genre d'Infusojres holotriches,
type d'une famille, établi par O.-F. Millier, modifié dans son
acception par Ehrenberg. Ce sont des animaux d'eau douce
au corps ovale, mais changeant de forme à la volonté de
l'animal : l'extrémité antérieure porte la bouche, tronquée
obliquement, l'anus est au bout opposé : toute la surface
de la cuticule est finement ciliée, mais les cils sont plus
l"n_-, a la région buccale. Type : E. farcimen Ehr. Le
genre Bnchelys de Dujardin ne correspond pus a celui
d'Eareaberg, mais contient des formes qu'il est mieux de
compter au nombre dee Cyclidiwn, selon Sav. Kent.
ENCHERE. On appelle enchère, dans les ventes pu-
bliques hùtee par autorité de justice, toute offre supérieure
a la mise .1 prix ou excédant une autre offre précédemment
faite : l'adjudication est faite aa profit du plus offrant ou
damier enchérisseur. L'enchère porte quelquefois le nom
d'encan, dont l'étymologie vient du mot incantare, crier,
Mrtea de note se faisant, en effet, a la eriée. Le Sys-
tem éea enchères remonte aux temps les plus recalés.
I -il.- a Athènes pour les concessions «le mines, il était
pratiqué a Rome pour la vent.' des esclaves, pour l'adjo-
dicatioa de, travaux publics ou de la Canne des impute.
En I raie e. b-s adjudications aux enchères ont été en
- de tempe immémorial. Elles pouvaient avoir lieu
pour toutes sortes d'objets ; elles étaient obligatoires pour
la vente ou le fermage des biens domaniaux ou commu-
naux. Aujourd'hui, toute vente, soit mobilière, soit immo-
bilière, qui a lieu par autorité de justice, doit se faire aux
enchères. Les cas les plus fréquents sont ceux de saisie at
de succession. Quant aux ventes à l'amiable, elles peuvent
aussi être faites dans cetto forme.
Les formes de la vente aux enchères varient, selon qu'il
s'agitjle vente de meubles ou de vente d'immeubles. S'il
s'agit île meubles, la vente aux enchères est faite parles
commissaires— priseurs, dans les ville ou ils sont établis,
et, concurremment avec eux, parles greffiers ou les huis-
siers, dans l'étendue de l'arrondissement ou dans les com-
munes rurales. Dans ce cas, toute personne est admise à
enchérir. S'il s'agit d'immeubles, les enchères sont faites
par le ministère des notaires, si la vente a lieu à l'amiable,
et par le ministère d'avoués et à l'audience, si la vente a
lieu par autorité de justice. Dans ce dernier cas, il n'ap-
partient qu'aux avoués d'enchérir. Dans les ventes mobi-
lières, c'est la personne qui procède à la vente qui met la
première enchère ; dans les ventes immobilières, c'est lo
poursuivant qui met au greffe la première enchère; sinon,
la mise à prix est faite par le tribunal, l'otir les ventes do
meubles, la loi ne détermine pas exactement le laps do
temps qui doit s'écouler après la dernièro offre faite, puni-
que cette offre soit considérée comme non couverte, et par
conséquent définitive : ce point est abandonné à la discré-
tion et à la probité do l'officier public qui procède à la
vente. Avant de prononcer le mot sacramentel : adju(j(:,
il doit laisser s'écouler un laps de temps suffisant pourquo
les assistants puissent se convaincre que l'offre qui vient
d'être faite n'a plus de chance d'être couverte. L'art. 624
du G. de proc. civ. se borne à disposer que « l'ad-
judication sera faite au plus offrant et. dernier enchéris-
seur ». Mais, pour les ventes publiques d'immeubles, la
loi édicté certaines formalités qui ont pour but de laisser
aux offres supérieures le temps de se produire. L'art. 705
du C. de proc. civ. dispose, en effet, que, dès que les
enchères sont ouvertes, il doit être allumé successive-
ment des bougies, préparées de manière que chacune ait
environ une durée d'une minute. Et l'art. 70(i ajoute que
l'adjudication ne peut être faite qu'après l'extinction de
trois bougies allumées successivement. S'il ne survient pas
d'enchères pendant la durée de ces bougies, le poursui-
vant est déclaré adjudicataire. Si, pendant la durée d'une
des trois premières bougies, il survient des enchères, l'ad-
judication ne peut être faite qu'après l'extinction de deux
bougies sans nouvelle enchère survenue pendant leur
durée. La loi du "2 juin 1811, qui a remanié les dispo-
sitions du C. de proc. en matière de saisie immobilière,
avait disposé que l'emploi des bougies pourrait être rem-
placé par un autre moyen chronométrique, en vertu d'une
ordonnance rendue en forme de règlement d'administra-
tion publique : le moyen en question n'a pas encore été
trouvé, et la pratique en est toujours a l'usage tradition-
nel des bougies.
L'enchère constitue un contrat que l'enchérisseur passe
avec la partie qui poursuit la vente et par lequel il s'oblige
a prendre la chose au prix par lui offert, s'il n'est couvert
par une enchère plus forte ou surenchère. Le précédent
enchérisseur e-t déchargé, dès que son enchère est cou-
verte par une surenchère, car cette surenchère emporte
rejet de ses offres et acceptation des (dires nouvelles. L'ad-
judication prononcée oblige l'adjudicataire jusqu'à eoncur-
rence delà somme par lui offerte. Dans les ventes publiques
d'immeubles, l'avoué dernier enchérisseur est tenu, dans
les trois jours de l'adjudication, de déclarer l'adjudicataire
et de fournir son acceptation, sous peine d'être réputé
adjudicataire en sou nom. Dans ces mêmes ventes, toute
personne peut, dans les huit jours île l'adjudication, faire,
par le ministère d'un avoué, une nouvelle surenchère,
pourvu quelle soit du sixième ;m moins du prix principal
delà vente : c'est ce qu'on appelle la surenchère du sixième.
Si au jour indiqué pour la nouvelle adjudication, il ne se
ENCHÈRE - KM.IKiNDItOMi:
— 1000 —
présente pas d'enchérisseurs, le surenchérisseur do sixième
est déchue adjudicataire. Les enchères, lorsqu'il s'agit de
venir de meubles, ont toujours lien bu comptant, el l'offi-
cier public est responsable du prix vis-a-vis de celui qui
poursuit b vente. Hais, en matière de venie immobilière,
lorsque le dernier enchérisseur ne satisfait point box con-
ditions de son adjudication dans les délais présents, on
procède à lu revente aox enchères île l'immeuble : cette
opération B'appelle folle enchère. Si, dans ce cas, l'en-
chère produit un prix inférieur a celui qu'avait offert Pad-
judicataire évincé, celui-ci est tenu de payer la différence
de son prix avec celui de la vente nouvelle. La loi ne se
contente pas de réglementer les enchères ; elle en assure
encore la liberté. L'art. i\-l du C. pén. punit, en effet,
d'un emprisonnement de quinze jours à trois mois et d'une
amende de 100 fr. à T»,000 fr. ceux qui dans les adjudica-
tions entravent ou troublent lu liberté des enchères par
voies de fait, violences ou menaces, soit avant, soit pendant
les enchères. La même peine est édictée contre ceux qui, par
dons ou promesses, écartent les enchérisseurs (V. Adju-
dication, Saisie et Soumission). Georges Lagrésille.
ENCHEVÊTREMENT (Art vétér.). Appelé plus com-
munément enchevêtrure ou prise de longe, l'enchevê-
trement désigne la blessure plus ou moins grave que le
cheval peut se faire avec la longe, soit sur le pli du paturon,
soit sur la face postérieure du canon. Si l'enchevêtrure est
profonde, si la peau est entamée, la plaie peut se cicatri-
ser d'emblée, laissant après elle, dans le pli du paturon,
un bourrelet saillant, inégal, que recouvre un épidémie
épais, d'apparence et de consistance cornée. La peau du
paturon, à la suite de la prise de longe, parfois s'escarritie
dans une étendue plus ou moins grande; des complications
peuvent survenir alors : décollements et chutes de peau,
javarls cutanés et javarts cartilagineux, nécrose des liga-
ments et des tendons. Si la plaie est plus profonde encore,
les tendons peuvent être directement atteints, ainsi que l'os
du paturon lui-même. Le traitement de la prise de longe
est des plus simples : repos absolu, bains d'eau froide ou
légèrement astringente, cataplasmes émollients, lotions aro-
matiques, et, aux accidents consécutifs, comme nécrose ou
carie, les soins indiqués en pareil cas. L. G armer.
ENCHEVÊTRURE (Constr.). Ce mot désigne, dans les
planchers en charpente de bois ou de fer, un assemblage
composé de trois pièces, destiné à éviter les chances d'in-
cendie et interrompant, à cet effet, la disposition générale
du plancher afin de réserver une trémie ou vide dans lequel
passent les tuyaux de fumée ou sur lequel est établi un
âtre de cheminée. Des trois pièces formant l'enchevêtrure,
deux sont des solives, dites d'enchevêtrure, perpendicu-
laires au mur le long duquel passent les tuyaux de fumée
ou contre lequel on veut appliquer une cheminée, et la
troisième, appelée chevêtre (V. ce mol), s'assemble avec
les deux premiers et reçoit l'about des solives de remplis-
sage. — La largeur et la longueur de la trémie sont ré-
glées par les dimensions de la cheminée à établir ou par
le nombre et la dimension des tuyaux à faire passer ; mais
il faut toujours réserver une distance de Oml(i (l'ancien
demi-pied) entre les bords du châssis de charpente formé
par l'enchevêtrure et les jambages de la cheminée ou les
boisseaux formant les tuyaux de fumée. Charles Lucas.
ENCHIR. Ce mot, qui entre dans la composition d'un
grand nombre de localités barbaresqiies, parait signifier
« les ruines ». L'origine en est obscure. Il n'a pas la
physionomie d'un mot arabe et pourrait bien provenir de
quelque dialecte berbère. Citons, parmi les endroits ainsi
dénommés : Encbir-Cheragnac, Enchir— el-Bey, Enchir-
Halloufa, dans les environs de la Meskiana (dép. de Cons-
lantine), Knehir-Djendoli, prés de lîatna (dép. de Constan-
tine), Knchir-el-Ahassi et Lnchir-Mamra, près Khencbela
(dép. de Constantine) , Knchir-el-Amara, près Ai'n-Beida
(dép. de Constantine), Enchir-Kasria, Enchir— Merouana et
Èochir-Encedda, au S. de Sétif (dép. de Constantine). Enchir-
bou— Djadi, Enchir-Zouïra— Sidi-Median , Enchir-Smidia ,
Enchir-el-Hamira, Enchir si Ahmed <-t behar-Tnaar,
dans la vallée de la Medjerdi (Tunisie). Bnehir-Tixufia, prèi
Bizerte (Tunisie), ËDchir-Teboarsoui , Kwhir-el-Meden,
Encbir-Khann, soi' la route de Tunis a Smjsse (Tu-
nisie), etc. fouies ces localités ont des mire
manies. K. Cit.
ENCHIR-SAÏD. Yiilage d'Algérie, dép. de Coiislan-
line, ;ui . île Guelma, a -1-1 kil. de cette ville, dar^ une
région montuense, bien arrosée, qui produit des oliviers,
des céréales et un peu de vin; ch.-l. d'une com. de plein
exercice d'une superficie de 8,361 heit. et d'une pop. de
li(iï> bah. dont (ii Européens (rec. de 1H91). k. Cat.
ENCHODUS (l'aleont.). Agassi/, a établi ce genre pour
des poissons qui ont les dents fortes, a bonis tranchants,
à face externe plus plane que l'interne; le bord des mâ-
choires est garni de dents en brosse ; les os prémaxillaires
sont massifs ; les maxillaires sont armés de fortes dents.
Ce genre, que l'on rapproche des Trichiauridées, est des ter-
rains crétacés de Hollande, d'Angleterre, des Etats-Unis.
BlBL. : A.CASSIZ. Poiasons fossiles, t. V. p. 64. — Cope,
Tiir Vertebrata of tlie cretaceous formations ofthe vesi,
dans «7. S. Geol. Survey, 1875.
ENCHONDROME (PathoL). Sous le nom A'enchm-
dromes ou de clumdromes, on désigne des tumeur^ pré-
sentant la structure du tissu cartilagineux. Ces tumeurs,
désignées autrefois sous le nom de spina ventosa, siègent
de préférence sur les os, trois a quatre fois contre une fois
dans les parties molles, d'après les statistiques de Lebert
et lleurtaux, et les os qui sont le (dus fréquemment atteints
sont ceux de la main et du pied, puis les extrémités des
os longs des membres. Tantôt elles naissent dans l'épais-
seur même de l'os, enchondromes proprement dits ; tantôt
à sa périphérie, périchondromes. Les chondromes des par-
ties molles sont, en général, encapsulés par une coque
fibreuse, plus rarement diffus ; leur siège de prédilection
est le testicule, la glande parotide, mais on peut aussi les
rencontrer dans les autres glandes, les mamelles, les pou-
mons, etc. Leur forme est d'ordinaire arrondie, bosselée,
leur volume nécessairement très variable ; mais, de tous
les néoplasmes, le chondrome est peut-être celui qui peut
acquérir de plus grandes dimensions. Témoins ceux de
Lugol et Nélaton, celui de Philip Crampton qui avaient,
les premiers lm7 M, le second ^""lo de circonférence. Leur
consistance est tantôt ferme et élastique, d'autres fois
molle, et ailleurs fluctuante. La structure de la tumeur
explique ces différents états. Si on en pratique une sec-
tion, on aperçoit sur cette coupe des lies d'une substance
gris bleuâtre séparées les unes des autres par des bandes
de tissu fibreux où courent des vaisseaux sanguins. Ces
iles, ce sont les lobes du chondrome, constitués eux-
mêmes par du tissu cartilagineux divers, depuis le cartilage
hyalin jusqu'au cartilage réticulé ou même à cellules ra-
mifiées (V. Cartilage). Dans certains cas, le cartilage
embryonnaire prédomine, et l'on a la forme appelée chon-
dro-myxome; d'autres fois, c'est le tissu fibreux, chondro-
tibrome ; ailleurs, le tissu sarcomateux, chondro-sarcome ;
dans certains cas. le chondrome s'ossifie en partie, chondro-
ostéome ou chondrome ostéoide. 11 peut aussi se mélanger
à du tissu glandulaire, chondro-adènome ; devenir kys-
tique, chondro-kystome, ou très vasculaire, chondrome
lélangiectasiqne. Le plus ordinairement, l'enchondrome reste
une tumeur locale, mais il faut savoir qu'il peut infecter le
système lymphatique et sanguin et aboutira une véritable
généralisation avec tumeurs secondaires dans les jxiumons.
la plèvre, le foie, la rate, le cerveau, etc.. ainsi «pie l'ont
observé l'aget. Richet, Virchow, Verneuil, Wolrkmann,
Michaloff, etc. Walsdorffa bien étudié (Thèse de l'uris.
IN7K) «es types malins «lu chondrome, ces concert cur-
tilagineux.
Lenchondrome se montre «le préférence chez les jeunes
sujets. Il se développe ordinairement lentement et insi-
dieusement sans provoquer de phénomène douloureux m
altérer la santé générale. La gène fonctionnelle qu'il pro-
— 1001 —
KNCHONDROME — KNCISO
voque m| fatalement en rapport avec son siège anatomique.
\ l.i longue, il peut comprimer les nerfs, donner lieu à
des phénomènes inflammatoirafl «lu côté de la peau et
niéine amener l'ulcération île celle-ci. Il évolue en une
marche presque fatalement progressive, mais il met sou-
vent dix. nuBse et vingt eus avant d'acquérir un gros
volume. Il faut savoir toutefois qu'il existe des enclion-
droines malins a marche rapide. Les formes myxoinateiises
paraissent >urtout prendre ce cachet pernicieux. L'exis-
tence d'un rhondrome sera soupçonnée à la dureté et à
l'ebslnile «le la tumeur, a la lenteur de son évolution.
Seul. l'encliondiome des doigts permet un diagnostic siïr,
■M l'on fait même ordinairement à distance. Le seul trai-
tement euratif de rencliomlroine est l'ablation, méthode
courante pour les enchondioines des parties molles, et
l'extirpation suivie d'évidement pour ceux qui siègent dans
les o>. Enfin, dans certains cas, le chirurgien ne pourra
dtnaimim le malade de >a tumeur que par la résection
ou même l'amputation. Ch. Debiebre.
ENCHYTRAEUS (Zool.). Genre créé par llenle en 18:57
pour des Annelides oligochètes limicoles. Ce genre est
devenu le tvpe d'une famille spéciale, caractérisée par
l'alisence d'anses vasculaires contractiles et parla présence
de quatre rangées de soins comtes, ordinairement recour-
bées a leur extrémité et au nombre de deux à dix par
rangée. Du troisième au sixième segment, les organes seg-
mentâmes sont réunis et transformes en glandes saliv aires.
testicules sont situés dans les segments 10 et 11 ; les
ovaires, dans la cloison qui sépare les segments 1 1 et 1"2.
I n réceptacles séminaux débouchent entre les segments 4
et '>. Les pores génitaux s'ouvrent sur le segment l"2 ; le
canal défèrent aboutit parfois entre les segments 12 et 13.
Ces Vers vivent dans la terre humide, dans le bois pourri
et dans les eaux vaseuses ; ils pondent des u'ufs très gros,
renfermes chacun dans un cocon. Trois genres principaux :
\° Anachaeta Vejdovsky, 1879 (V. ce mot). — 2° Pachy-
aVrJMJ Qaparède, 1862. Le sang est rouge; les soies sont
fortement recourbées ; la rangée dorsale de pores fait
défaut; les organes segmentaires existent dans tous les
segments, à partir du troisième ; les testicules sont pédon-
mlrs: l'extrémité inférieure du canal déférent joue le rôle
d'organe copulateur. l'ucli. Krohini C.lap. vit en Allemagne;
P. vemtcottu Gap., en Ecosse. — 3° Enchytraeus
llenle. Le sang est incolore: on voit un pore sur la ligne
mèdio-dorsale de chaque segment ; les soies sont ordinai-
rement droites. Les principales espèces sont : E. vermi-
cularts 0. Muller, E. aUndus llenle, E. galba Hoffmann,
E. appendietUatu» Buchboh, E. Buehholù.
Les Em liytraeus peuvent s'observer chez l'Homme à
l.tat de pseudo-parasites. En 1839, Curling a décrit
17.. aUndus comme un nouvel helminthe, sous le nom de
Dartijluts aculeaius : une fillette de cinq ans rendait avec
l'urine des Vers de cette espèce. Nous pensons qu'ils ne
provenaient pas de la vessie, mais que, amenés préalable-
ment au niveau de la vulve par une ablution ou par quelque
autre manœuvre, ils étaient simplement balayés par le jet
de l'urine. — Plus récemment, en 188r>, K. Rergh a rap-
porté l'observation d'une paysanne de vingt-neuf ans qui,
à la tin de sa seconde grossesse, vit la production de sa
salive s'exagérer, en même temps qu'elle ressentait des
chatouillements dans la bouche et le pharynx ; ses glandes
salivaires n'étaient pas tuméfiées. La salive renfermait une
masse de petits ¥en appartenant à l'espèce E. Buchholzi;
ils avaient sans doute ete introduits dans l'estomac par l'eau
de ttoisson, puis s'en étaient échappés en remontant le long
de l'œsophage. R. Ri..
ENCINA Uuan de La), poète espagnol, né au village
delà Burina (d'où lui vint son nom) en I 168 ou 1469,
mort a Salamanqiie en 1534. Il étudia d'abord a Sala-
manque, quitta sa province pour habiter .Madrid; à l'âge
de vingt-nnq ans, il était attaché 1 I). Fadriqne de To-
lède, premier duc d'Albe. Plus tard. Kncina s'établit à
Rome, fut ordonné prêtre et nommé directeur de la
musique, dans la chapelle de Léon X; il abandonna l'Italie
(4519), \isiia Jérusalem en pèlerin, adora le Saint-Sé-
pulcre, el ne retourna de ce pieux voyage qu'en 1521.
Vers 1534, il obtint un prieuré dans le royaume de
Léon, et alla résider à Salâmanque. Six éditions de ses
œuvres {Cancionero de todas obras) et de son poème allé-
gorique, Vision del Templo de lu Fama y giorias de Cas-
HUa, parurent de I '«!•() à 1516. Mais la véritable origina-
lité d 'Kncina, ce sont ses églogues dramatiques, sacrées
ou profanes, au nombre de onze, dont les premières furent
représentées l'année même de la prise de Grenade et delà
découverte de l'Amérique (1492), connue le remarquent
Rodrigo Mendez de Silva et Augustin de Rojas. Malgré la
primitivité de ces essais, leur manque d'action et surtout
d'intérêt, ils contiennent de ravissants passages idylliques,
au milieu des bizarreries et des anachrnnismes (l'apôtre
saint Jean fait l'éloge du duc d'Albe a propos de la nais-
sance de Jésus). Kncina écrivit une poétique, qui sert d'in-
troduction à son Cancionero, et une médiocre relation de
son pèlerinage à Jérusalem (Tribagia 6 via sagra de Hieru-
salem; Rome, 1521, et autres édit.). Lucien Dollfus.
ENCINAS (Francisco de) (V. Dbyandeii).
ENCINAS (Juan de), poète espagnol du xvip siècle.
Il publia les Didlogos de amor, intitulado (sic) Dolo-
rida, par domle puede justamente un amante, sin
ter notado de inconstante, retirarse de su amor, etc.
(BurgOS, 1593, in-8). Cet ouvrage, curieux à quelques points
de vue, et intéressant pour la connaissance des idées de
l'époque, manque absolument de valeur littéraire et n'a
jamais été réimprimé depuis.
ENCINAS (Pedro de), poète espagnol du xvie siècle,
moine de l'ordre de Saint-Augustin. II essaya d'écrire
des églogues mystiques (les bergeries étaient alors fort à
la mode) et en composa six, en tercets et en octaves,
mais il échoua complètement dans sa tentative. Ses autres
productions lyriques, sur des sujets profanes, sont de
beaucoup supérieures. Les œuvres poétiques de Pedro de
Encinas forment un volume, Versos espirituales (Cuenca,
1596, in-8). On ne sait rien sur la vie de cet auteur.
Lucien Dollfus.
ENCISO (Martin -Fernande/, de), navigateur et géo-
graphe espagnol, né au xv° siècle, mort dans la première
moitié du xvie. C'est à bord d'un de ses navires que s'embar-
qua secrètement VascoNufiez de Italboa, et que le conquis-
tador quitta Haïti pour le continent américain. Dans la
suite, Balboa força son chef à lui céder le commandement
de l'expédition. Dépouille de l'autorité, Enciso revint en
Espagne et porta plainte devant Ferdinand le Catholique.
Les richesses du Nouveau-Monde, apportées par Colmenares,
eurent raison des scrupules. Enciso, qui exerçait la charge
tWilguacil mayor, dans la Castille d'Or, et qui l'avait
explorée en tous sens, a écrit un livre, fort rare aujour-
d'hui, Suma de geografia, etc. (Séville, 1519), réim-
primé également à Séville en 1846(in-fol.).
ENCISO (Bartolomé-Lopez de), poète espagnol du
xvie siècle, né à Tendilla. Il est auteur d'un long roman
pastoral, en six livres, mélangé de prose et de vers, inti-
tulé Desengano de celos (Madrid, 1586, in-8), œuvre
de sa jeunesse. On y voit les bergers du Tage discourir
en langage alourdi de vaine érudition sur des subtilités
amoureuses, et, quoique l'action se passe à une époque
reculée, cet étrange ouvrage finit par l'éloge de Charles-
Quint, de Philippe II, et même de Philippe III, qui ne
régnait pas encore. Knciso promet au lecteur une seconde
partie ; elle n'a jamais été publiée, ni probablement écrite.
Ticknnr lui attribue une pièce de théâtre, Juan Latino.
Dans l'examen satirique des livres de D. Quichotte, le curé
fait jeter par la fenêtre le Desengano de celos.
ENCISO (Diego-Xîmenez de), poète espagnol du xvne siè-
cle, chevalier de Santiago, né à Séville, dont il fut l'un des
« vingt-quatre ». La volumineuse collection : Comedias
escogidas de los mejores ingénias (Madrid, 1652-1704,
in— 4), renferme plusieurs œuvres de lui, entre autres
l.Ni [SU - ENCLAVE
- 1002 -
iiiMu drames : El Principe i>- Cdrlop et {a Mauor
Eaxafïa de Cdrlos Quinto, dont l'un mel eq Bcèoe h. Car-
los ci Philippe H, l'antre l'abdication et la mort de Charles-
Qutnl à Yustc. Ces pièces sonl remarquables par la vérité
dos caractères et la gravité de l'action. Montajvan les pro«
pose comme modèlesa ceux qui veulent faire des comeaias
grandes.
ENCISO y Monzon (Juan-Franrisro de), poète espagnol
de la lin <ln wn" siècle. Il écrivit nue épopée sacrée sur le
Christ, la Cristiada. poema sacro y vida de Jésus
Cristo, etc. (Cadiz, 1694, in-4). Comme beaucoup de
poèmes de cette époque, cette production est pleine d em-
phase et d'un goût détestable. Lucien Dollfus.
ENCKE (Johann-Franz), astronome allemand, né à Ham-
bourg le 23 sept. 1791, mort à Spandau, près de Berlin,
le 26 août 1808. Fils d'un pasteur protestant, il vint suivre
à Gœttingue, en 1811, les leçons de Causs, s'engagea en
d8t3, comme ranonnier, dans la lésion hanséatique, reprit
du service en 1 81 5, eomnie lieutenant d'artillerie, dans l'ai -
mée prussienne, et entra en -1816, avec le titre d'aide-
astronome, à l'observatoire de Seeberg, près de Gotha. Il
dirigea effectivement cet établissement des 18 H, en fut
nommé vice-directeur en 1820, directeur en 1822. En 1818,
il entreprit sur la comète de 1680 une série de calculs qui
lui valurent le prix Cotta. En 1819, il détermina les élé-
ments elliptiques et annonça la périodicité de la comète que
Pons avait découverte à Marseille le 26 nov. 1818 et qui
est connue sous le nom de comète d'hnelo- (Y. t. XII,
I». 20). La décroissance lente et régulière de la période de
révolution de cet astre l'amena à supposer l'existence d'un
milieu interplanétaire pondérable, qui occasionnerait par
sa résistance une diminution progressive du grand axe de
l'orbite; mais cette explication de Y accélération séculaire
devait soulever de nombreuses objections, notamment de
la part de Bessel. Plus tard, il déduisit de ses études sur
les perturbations causées à sa comète par Mercure et Jupi-
ter les masses exactes de ces deux planètes (1838). En
1822, il essaya de déterminer, par une discussion nouvelle
des passages de Vénus de 1 70 1 et 1769, la véritable dis-
tance de la terre au soleil; il trouva 152,921,984 kil.,
correspondant à une parallaxe de 8"37 (les plus récents
travaux la fixent à 8"8b environ). Appelé en 1823 à la
direction de l'observatoire de Berlin, qu'il partagea durant
les premiers mois avec Bode, il fut nommé la même année
membre et secrétaire de l'Académie des sciences de cette
ville, membre correspondant de l'Académie des sciences de
Paris, et, en 1844, professeur d'astronomie à l'université
de Berlin. Il conserva ces diverses fonctions jusqu'en 1863,
année où il prit sa retraite. Cette deuxième partie de sa
brillante carrière ne fut pas du reste la moins active. Il
découvrit de 1827 à 1833 plusieurs étoiles doubles, donna
une nouvelle méthode, avantageusement remplacée depuis,
pour la détermination, par quatre observations complètes,
des éléments des orbites de ces couples stellaires, indiqua
une autre méthode (1854) pour le calcul des orbites et des
perturbations planétaires et réforma à cette occasion la
théorie de l'astéroïde Vesta. Il poursuivit encore beaucoup
d'autres travaux, eut une grande part à l'élaboration de
l'atlas des cartes célestes (1829-1859) et dirigea, à partir
de 1830, le Berliner astronomischer Jahrbuch, fondé
par Rode. Outre deux cents mémoires ou articles parus
dans ce dernier recueil (avant et après 1X30), dans la
Monatlicher Correspondent de Zach, dans les Astrono-
mische ISachrichten, dans les Abhandlungen. de l'Aca-
démie <le Berlin, dans les Comptes rendus de J' Académie
<li's sciences de Paris, etc., il a écrit : Die Entfernung
iler Sonne (Gotha, 1822-24, 2 vol,); Astronamische
Beobachtungen auf der Stemwarte m Berlin (Berlin,
1840-57, 4 vol.); Veber die Uestinnuung der Entfer-
nungenim Weltgebâude (Berlin, 1842); De Formulis
dioptricis (Berlin, 184 '.); Veber die Anordnung des Ster-
nensystems (Berlin 1844); Veber dos Verhdltniss der [s-
tronomie zu den andercn Wissenschaftcn (Berlin, 1 846) .
Parmi ses mémoires les phi importants, il convient do
(■un-: Sur la Comète de ton 111 1 {Corretp. de Zach,
1821, \i; Ueberdie Bal/m der Vetta (Àbhandk
de l'Académie de Berlin, 1826); Veber die geograpi
Lange uni Breite der Berliner Stemwarte (ib., iHï.iy,
1 1 ber du Begrûndtmg der M< tkode dt r Metnstem gum
drateUirrlui. astrou. Juhri tante*
fur Berlin (ib., 1839); Veber den Comète» mm Ram
( Ibhandlungen, 1844, 1854,1859); / \xtrœa
{il/., IN',7); Eine mur Méthode der b
Planetenstbrungen (Astron. naehr., 1852, XXX III);
On a New Uethod o\ Computing the perturbait
planets (Nautical Alman., 185e); Dater die magna*
tische Deklination in Berlin [Abhandlungen, 1*57).
Léon Sagmr.
Bibl. : G. II.v.i .s. Notice nécroL dans les Abhandtun-
l'Academi lerlin, anm
p. 1. — Bbuhnb, j.-F. Encke, sein Leben und Wirkens
taipzig, 1869. — Pour la liste des mém ke, cf.
Catalogua of scienlific papers, by the Royal Society;
Londres, 1868, t. 11. in-4.
ENCKE (Erdmann). sculpteur, né à Berlin le 26 janv.
1843, élève d'Albert Wolf. C'est un artiste de talent dont
les navres énergiques ont été de bonne heure très appré-
ciées. On lui doit une statue de bronze du margrave
Frédéric Ier de Brandebourg ; la statue de la reine
Louise; un buste de l'actrice Jacktnann-Wagner, etc.
11 est professeur à l'Académie de Berlin depuis 1883.
ENCKHAUSEN (Heinrich-Friedrich), organiste et com-
positeur allemand, né à Celle le 28 août 1709, mort le
15 janv. 1883. 11 travailla avec son père, insuumentiste
de quelque valeur. En 1816, il fit partie de la musique des
cuirassiers de la garde en garnison a Celle. En 1 -
se rendit à Berlin et travailla la musique avec AluisSehmitt
qu'il suivit a Hanovre, quand celui-ci fut nommé organiste
de la cour. Il succéda à son maitre comme organiste de la
cour et directeur de l'école de chant. Il composa environ
soixante-dix œuvres : musique d'harmonie militaire, pièces
de piano, quelques œuvres d'orchestre et un grand nombre
de pièces chorales à quatre voix d'hommes ainsi que des
psaumes et des cantiques pour les églises du royaume. Il lit
représentera Hanovre en 1832 un opéra. Der Savoyarde.
ENCLAVE. I. Abchitectdbe. — Nom donné générale-
ment à un terrain enfermé de tous cotés dans la propriété
d'autrui ; mais on appelle encore ainsi toute partie de terrain
ou de construction formant avancée ou angle saillant dans
un terrain ou dans un bâtiment : ainsi la partie circulaire
d'un escalier prise aux dépens d'un appartement et y en-
traînant une disposition spéciale. — En architecture hydrau-
lique, on désigne sous ce même nom d'enclaves le ren-
foncement ménagé dans les parois d'une chambre d'écluse
pour recevoir les vantaux des portes de cette écluse lors do
leur ouverture. Charles I
II. Droit civil. — Dans le langage juridique, le nom
d'enclave désigne l'état d'un fonds entouré de tous entes
par des fonds appartenant à autrui. Cette situation de fait
donne lieu à la servitude de passage, dont traitent les
art. 682 et suivants du C. ci\. Aux termes de ces ar-
ticles, le propriétaire d'un fonds enclave peut réclamer,
pour l'exploitation de son tonds, un passade sur les fonds
voisins, a la charge d'une indemnité proportionnée au dom-
mage que peut occasionner l'exercice de cette servitude.
On admet généralement qu'on doit considérer comme en-
claves, non seulement les fonds qui sont privés de toute
issue sur la voie publique, mais encore ceux qui n'ont pas
une i>sue suffisante pour leur exploitation. I.e y u -
peut être reclame par l'usufruitier ou l'usager, aussi bien
que par le propriétaire ; mais il ne pourrait l'être pif on
simple fermier, saut à celui-ci à s'adresser au propriétaire
pour se le faire procurer. I.a servitude de passage est im-
posée à tous les fonds voisins du fonds enclavé, quelles que
soient d'ailleurs la nature physique et la condition juri-
dique de (es fonds : ainsi les enclos tenant ou non aux
habitations, tels que parcs, cours et jardins, y sont soumis
- -ioo:ï -
ENCLAVE — ENCLUME
aussi bien que tes terrains ordinaires et non dus ; do
même les fonds dotaux sont, malgré leur inaliénabilitè, su-
jets a cette servitude. Toutefois, lorsque l'enclave est le
résultai de la division, par suite 06 partage ou d'aliénation
partielle, d'un fonds qui, dansson intégrité, avait acoèssur
la voie publique, le passage devant être fourni, en vertu
d'une convention tacite, par le propriétaire de la portion
de ce fonds qui touche à la voie publique, il ne peut plus
être reclamé des autres voisins. Comment s'établit le pas-
i u principe il doit être pris sur les fonds voisins
BRU présentent le trajet le plus COU ri pour arriver à la voie
publique. Ce principe D'est pas toutefois tellement absolu
3 ue les juges ne puissent s'en écarter, soit dans l'intérêt
us voisins, soit même dans celui du fonds enclavé,
si la situation des lieux ou des circonstances particulières
l'exigent. Dans tous les cas. le passage doit cire fixé dans
l'endroit le moins dommageable) celui sur lefonds duquel
il est accorde. Le droit de reclamer le passage nécessaire
a l'exploitation d'un fonds enclavé est de sa nature impres-
criptible : an contraire, le droit de demander L'indemnité
due a raison du passage est soumis à la prescription de
trente ans, qui commencent à courir du jour où le passage
a été exercé. Quant a la servitude de passage elle-même,
comme elle est établie par la loi, elle ne peut être acquise
par la prescription : mais, à défaut de règlement conven-
tionnel ou judiciaire sur l'assiette du passage, la posses-
sion trentenaire a pour effet de la déterminer d'une ma-
nière irrévocable, La loi n'accordant au propriétaire du
fonds enclave le droit de passage sur les fonds voisins qu'à
raison de l'enclave, ce droit ne peut plus être réclame.
lorsque l'enclave vient a cesser, snit par l'établissement
d'un chemin, soit par la réunion du fonds originairement
enclavé à un fonds ayant accès sur la voie publique, lien
e>t autrement Lorsque l'enclave est le résultat d'un par-
on d'une aliénation partielle: la servitude de passage
due. en pareil cas, par suite d'une convention tacite, con-
tinue de subsister malgré la cessation de l'enclave.
Georges Lagaésiue.
III. Droit international. — En droit international, on
dit qu'un territoire est enclavé lorsqu'il est entièrement en-
toure par le territoire d'un antre Etat. Ainsi, en Italie, la
république de Saint-Mann est enclavée dans le royaume d'Ita-
lie. En I rame, au contraire, la principauté de Monaco, Etat
indépendant, et la république d'Andorre, Etat vassal à la
la France et de l'Espagne, ne sont pas enclaves;
le premier a un débouché sur la Méditerranée et le second
est situe entre la France et l'Espagne. En Allemagne, les
duchés d'Anhalt sont des enclaves de la Prusse. — On
donne encore le nom d'enclave a de simples portions de
territoire qui relèvent de souverains différents de celui des
territoires d'alentour. Ce fait, autrefois très fréquent en
Allemagne, n'y a pas encore complètement disparu.
ENCLAVE-DE-i.x-.M vktinièhk. il.'). Coin, du dép. des
Deux-Sèvres, arc et eant. de MeUe; 560 hab.
ENCLIQUETAGE (Mécan.). Dispositif ayant pour but
de transformer un mouvement circulaire alternatif en un
mouvement circulaire discontinu, mais dirigé constamment
dans le même sens. Les encliquetages employés dans les
ateheiY sont généralement de deux sortes: a rochet ou à
frottement. Dans tes encliquetages à rochet, qu'on em-
ploie surtout pour la transmission des efforts de faible
importance, l'arbre conduit porte une roue dentée dont les
■rmant un angle aigu, ont une face dirigée dans le
prolongement du rayon, tendis que l'autre est oblique sur
celle-ci et forme une sorte de plan incline par rapport à
elle. In levier articulé sur l'arbre, et qui peut se mouvoir
indépendamment de celui-ci, porte une branche articulée
formant eliquel a rochet dont la pointe recourbée vient
s'intercaler dans l'un des espaces libres laissés entre les
états neeesetvM de la roue, et elle est maintenue dans
cette position par un ressort fixé au levier. Lorsqu'on fait
mouvoir la levier dans un sens déterminé, il entraîne la
roue par le rochet, qui s'appuie sur la face radiale de la
dent correspondante; niais, lorsqu'on relevé le levier en le
faisant tourner en sens contraire, l'cntrainemcnt s'arrête,
la dent du rochet glisse en effet sur le plan incline formé
par la face oblique de la dent de roue, jusqu'à ce qu'elle
aille tomber dans le vide suivant : la roue reste immobile
et elle est enlrainee à nouveau seulement dans le sens ini-
tial. Le mouvement ainsi détermine est assez lent, car la
roue ne tourne que pendant une demi-oscillation du levier.
Dans les encliquetages a frottement, la disposition desor-
ganes en contact assure l'entraînement par frottement dans
un sens déterminé de rotation, tandis que, dans le sens
opposé, certaines pièces se trouvent coincées par le mou-
vement niei t opposent ainsi une résistance absolue à
l'entraînement. I-. K.
ENCLOUURE (Art vêler.). Blessure (les tissus iutra-
cornes faite par les clous qui attachent le fer. Les causes sont
l'inattention ou l'inhabileté des ouvriers maréchaux. Cer-
tains pieds sont plus que d'autres prédisposés à l'encloiiure :
tels sont les pieds maigres, chez lesquels la corne est très
mince, et peu éloignée des tissus sous-jacents. Elle pro-
vient aussi de la façon dont le fer est percé ou étampé;
que si, par exemple, le fer est étampé trop gros, il y a
chance pour que le clou meurtrisse et détermine l'enclouure.
Le clou mal affilé, le mauvais clou dont la lame est pail-
leuse, peut s'infléchir également sur le tissu vivant et
causer l'enclouure. Si un (Levai est encloué, le premier
signe qui en est la manitestation est la boiterie, boiterie
qui apparaît tantôt immédiatement après la ferrure, tantôt
plusieurs jours, ou même plusieurs semaines après. Si la
boiterie apparaît de suite après la ferrure, la première
indication est de déferrer l'animal, d'enlever les clous et
de s'assurer lequel lui cause de la souffrance. Une goutte
de sang apparaît à la paroi dans le point piqué; on dégage
la paroi et la sole à l'endroit correspondant, on panse
avec de l'étoupe imbibée d'essence, et on remet le fer
avec des clous, mais en évitant d'en placer un à l'endroit
qui a été piqué. Si la boiterie se manifeste quelque temps
après le ferrage, on déferrera le pied, on le parera et par
la pression des tricoises on reconnaîtra facilement le point
douloureux. Ce point trouvé, on dégage sole et paroi, on
fait écouler la suppuration, on incise les parties malades,
cariées ou nécrosées, on les cautérise à l'acide nitrique, on
applique un pansement et on remet le fer. Il est rare que
le mal ne guérisse pas. L. Garnier.
ENCLUME. I. Technologie. — Masse en fonte ou en
for sur laquelle on forge les métaux à froid ou à chaud.
L'enclume en fonte, composée d'un métal cassant, est pour-
tant employée dans les grosses forges par suite de l'avan-
tage qu'elle présente qu'on peut en repasser les morceaux
aux fours d'atlinage ou de fusion. L'enclume ordinaire est
en fer aciéré; la surface doit être dure et lisse, présentant
au milieu une partie plane en forme de parallélogramme
qu'on appelle la table avec un trou carré destiné à rece-
voir un tranchet pour couper le fer. Les deux extrémités
portent le nom de « bigornes » et sont terminées en pointe,
l'une ronde, l'autre quadrangulaire, afin de permettre au
forgeron d'ébaucher des objets en métal de formes diverses,
ronds ou a angles vils. La fabrication des enclumes exige
l'emploi de fers et d'aciers de natures diverses. La surfaco
doit être en acier trempé; on la forme avec des bouts
d'acier assemblés par un lien en fer, qui sont soudés sur
le paquet en fer tonnant le corps de l'enclume, et comme
la haute température nécessaire pour la soudure dénature
l'acier, on est obligé de cémenter la surface en faisant
chauffer l'enclume dans une boite de cément et on la
trempe en la maintenant sous l'action d'un courant continu
d'eau froide. L. K.
II. Mrsiui i:. — L'imitation du bruit de l'enclume ou
plutôt du rythme des coups de marteau sur l'enclume a été
souvent tentée par les musiciens descriptifs, aussi bien en
des opéras ou des poèmes symphoniques qu'en des fantaisies
pour piano et des morceaux de musique dansante. A la
scène, on a plusieurs fois associé, sur des rythmes prévus
ENCLl ME - ENCOMII M
— 1004 —
ci s'accordant avec ceux de l'orchestre, le smi ntaede l'en-
clume ft la Bymphonie instrumentale. L'enclnme joue alors
le roi ■ d'un instramenl i percussion oti la hauteur absolue
du son est indifférente, l'effel utile ne provenant que de lu
sonorité métallique, claire el brève qui est produite, el de
son rôle rythmique dans l'ensemble. C'est du reste aussi
le cas du triangle. Verdi s'est servi de cet effel pittoresque
dans un choeur do Trooatore, el M. Georges Pieiller dans
un petit opéra-comique, précisément intitulé C Enclume.
Mais les exemples les plus typiques de cet emploi se trou-
vent dans l'Anneau <lu Nibelung de M. Wagner; Mime
d'abord, Siegfried ensuite, au premier acte de Siegfried,
martèlent l'acier sur l'enclume, et, au troisième tableau du
ïlheingold, dix-buil enclumes doivent se faire entendre
derrière la scène, pendant l'interlude qu'on appelle quel-
quefois « la descente a Nibelheim ». Alfred Ernst.
ENCLUMETTE (Artill.). Nom donné à la petite enclume
que contient le culot des cartouches pour canon à balles ;
sous l'action d'un des percuteurs du mécanisme du canon.
elle se porte en avant, frappe l'amorce et la fait détoner.
ENCOCHE (Techn.). Généralement petite entaille pra-
tiquée sur une pièce de mécanique ; en serrurerie, l'en-
coche est l'entaille faite sur le pêne ou sur la gâchette
d'une serrure pour former arrêt (V. Serrure).
ENCOIGNÉ (V. Encoignure).
ENCOIGNURE (Archit.). Angle rentrant ou saillant
formé par deux parties de mur et nécessitantdes dispositions
spéciales dans l'appareil de leur maçonnerie. Lorsque même
l'angle saillant formé par la rencontre de ces deux parties
est trop aigu, on fait ce que l'on appelle un pan coupé,
c.-à-d. que l'on coupe l'encoignure sur un plan vertical
et suivant un plan perpendiculaire à la bissectrice de
l'angle formant cette encoignure. On donne aussi le nom
d'encoignure aux angles saillants d'un bâtiment ou aux
angles formés par un corps de logis principal avec des bâ-
timents en aile formant avant-corps ou arrière-corps.
ENCOLLAGE. I. Beaux-Arts. — Opération consistant à
enduire d'une ou plusieurs couches de colle de parchemin les
toiles à peindre, destinées ensuite à recevoir une couche
de blanc de réruse. On fait aussi subir l'encollage aux bois
destinés à être dorés à la détrempe. Les papiers destinés
au lavis et à l'aquarelle sont encollés à l'aide d'un mélange
fait de savon blanc, de colle de Flandre, d'alun et d'une
faible partie d'alcool.
11. Tissage (V. Apprêt).
EN COL PI A (Reliquaires) (Archéol.chét.). Etymologique-
ment ce mot, qui vient de xdX^o;, poitrine, signifie tout
ce (pie l'on porte sur la poitrine; dans l'archéologie chré-
tienne, il a pris un sens plus particulier et désigne de
petites boites en métal, destinées à rerevoir des reliques
ou des versets de l'Evangile inscrits sur un bout de par-
chemin, et que l'on portait suspendues au cou par une
chaînette. Les textes anciens attestent que de très bonne
heure les chrétiens firent usage de ces encolpia. Saint
Grégoire de Na/.ianze, Paulin de Xole, saint Jean Chrysos-
tome en mentionnent l'existence; plus tard, Grégoire de
Tours en parle fréquemment, et le patriarche Nicéphore
déclare qu'à l'époque des empereurs iconolastes la chré-
tienté était pleine de ces petits monuments. Les encolpia,
généralement formés de mêlai précieux, parfois aussi de
bronze ou de verre, affectent des formes diverses : les uns
sont carrés, d'autres ovales ; à partir du iV siècle, ils
prennent fréquemment la forme d'une croix. — l'n assez
grand nombre de ces petits monuments nous ont été con-
servés. Parmi eux, il faut nommer les deux encolpia
trouvés en 1571 à Home dans les tombeaux du Vatican;
ce sont des boites carrées, pourvues d'une boucle à la
partie supérieure, et portant sur une de leurs faces une
colombe, sur l'autre le monogramme du Christ entre les
lettres A et to (fig. \). Un autre encolpitttn en forme de
huila a été trouvé dans le tombeau de l'impératrice Maria,
femme d'Honorius; on y voit le monogramme du Christ et
le nom de la princesse et de son époux avec l'inscription
Vivatis. Beaucoup i'eneohna ea ferme de enii nous seul
parvenus. Le plus ancien de cette sorte est âne eroix pec-
torale en or trouvée ;i Home
dans les fouilles de Saint-
Laurent-hors-les-Murs ; elle
est munie de vis fermant
une cavité ou était contenue
la relique, probablement une
parcelle de la vraie croix
(fig. i). Le musée chrétien
du Vatican conserve plu-
sieurs croix de cette SOI 'le.
décorées d'inscriptions ou
de figures : le trésor de
Monzs possède encore celle
que le pape Grégoire le
Grand envoya à la reine
Théodelinde. On peut également considérer comme des
encolpia les petites finies renfermant des huiles recueillies
au tombeau du Christ ou des martyrs, et dont le trésor de
Fig. 2.
Monza conserve plusieurs exemplaires, également adressés
par Grégoire le Grand à Théodelinde, et les ciels d'or ren-
fermant de la limaille des chaines de saint Pierre, dont il
est question en plusieurs passages de la correspondance de
Grégoire I> Grand.
Dans un sens plus général, le mot encolpium désigne
tous les objets religieux, médaillons, pierres gravées,
figures symboliques, médailles de dévotion, que les fidèles
portaient suspendus au cou par piété. Il faut citer dans
cette seconde classe à' encolpia les poissons symboliques
en or, en bronze, en ivoire ou en cristal, les médaillons
de verre portant des figures religieuses, les croix et sur-
tout les médailles commémoratives du baptême ou d'un
autre événement considérable, et sur lesquelles sont repré-
sentées des scènes fréquemment rencontrées dans les pein-
tures des catacombes : /<■ lion Pasteur, le Sacrifice
il' [braham, etc. Les plus anciennes de ces médailles datent
du iue siècle. Ch. Dif.hl.
ENCOMIUIYI. Ce mot grec (rpuStuov) veut dire éloge et
vient de xâpo( (procession). H désignait spécialement des
poèmes chantés en l'honneur desvainqueurs des jeux publics
par le cortège de leurs amis; mais les encomia se distin-
guaient des epinicia, qui avaient un caractère plus élevé,
plus solennel, et s'exécutaient souvent dans les temples.
Héphestion appelle éneomiologicos un vers qui fut pro-
bablement employé dans ces sortes de poèmes: il est d'un
mouvement rythmique bien marqué ou alternent avec grâce
une mesure rapide et une autre plus lente; il est composé
de deux dactyles et demi, plus deux ïambes et demi. D'ail-
leurs on appelait aussi encomia des éloges funèbres, tels
que l'éloge que lit Simonide des guerriers morts aux
Thermopyles (Diod., XI, M). On employa même ce tenue
pour designer des éloges quelconques en vers ou en prose.
— ioo:» —
KNCOMIUM — LNCRE
i..u exemple l'encamiua d'Hélène, attribua au. sophiste Gor
gias. différents discours d'Isoerate, etc. A. W.
ENCONTRE (Daniel), savant géomètre et théologien
protestwt, né to 30 juil. 4762, niort le 16 sept. 1818,
Us de Pierre Encontre, pasteur du désert. Destiné par ses
parents a l.i carrière ecclésiastique. Encontre fit a Lan-
nue et a Genèvede brillantes études théologiques ( 1780-
i. a son retour, desservi! d'abord comme « propo-
sant » quelques églises du Bas-Languedoc, puis comme
pasteur I église des Vans. Hais, contraint par une laryngite
de renoncer a la prédication, il alla se perfectionner à
Paria dans l'étude div< mathématiques, pour lesquelles il
avait de si bonne heure montré des aptitudes remarquables.
Au moment de la Terreur. Encontre se réfugia à Mont-
pellier et se livra tout entier à l'enseignement, occupant
la chaire de belles-lettres i l'école centrale de cette ville,
l>uis celle de mathématiques à la faculté des sciences dont
il fut nommé doyen 1 1808). Sa carrière semblait devoir se
terminer par l'étude des sciences, quand il fut appelé à
remplir la chaire de dogme a la Faculté de théologie de
Montauban (4814). — Depuis 1809, il préparait avec quel-
mas collaborateurs une nouvelle édition de la Bible quand
il lut surplis par la moi t. Daniel Encontre a écrit sur les
branches les plus diverses des sciences et des lettres; voici
un aperçu de la liste de ses ouvrages : Mémoire sur la
théorie des probabilités : Recherches sur la botanique
énoncions; Commentaire sur lamécaniqw céleste de
Laplucc; Dissertation sur /<■ irai système du monde,
comparé avec le récit que Moïse fait de la création (Mont-
pellier, 1807); Lettres àM.Combes-Dounous, sur Platon
et les apôtres (Paris, 1844); Traité de l'Eglise (en
latin); mémoires sur >a propre vie. G. Bonet-Haoby.
ENCONTRE (Pierre-Antoine), lils da précèdent, né à
Anduzele 10 juin 1 7! »N. mort a Montpellier le 9 févr. 1847.
Il professa la médecine jusqu'en 18"2.'î, puis occupa, à la
faculté de théologie de Hontauban, la chaire de littérature
grecque. Savant aussi modeste qu'habile à enseigner, il sut
attirer 1 ses cours une affluence considérable d'élèves assi-
■ in- et dévoues. Encontre n'a laissé que des ébauches de
travaux théologiques, parmi lesquelles il faut signaler un
Discours sur la patristique (4839) et une Revue théo-
logique, fondée par lui à Hontauban, qui parut en 4840
et en 4844.
Bibl. : I.irn 1 1 mo K..i:it, Encyclopédie des sciences reli-
gieuses.— IIaag, ta France protestante.
ENC0PE &6ASSU (Zool.). Genre d'Echinodermes, classe
des Bcbinoïdes, famille des ScuteUides, appartenant a ce
groupe que caractérisent des perforations ou des incisures
dans les rasons et une perforation impaire derrière l'anus
qui est situe près de la bouche ; ce genre e>t très voisin
oea V'-titta, dont il diffère principalement, entre autres
caractères, parles pores génitaux, au nombre de cinq au
lieu de quatre, et parce que la cavité intestinale est parta-
gée en deux étages par une cloison horizontale. Toutes les
- i'Encope appartiennent à l'époque actuelle et
vivent sur les cotes d Amérique. R. Honiez.
ENCORBELLEMENT. I. Architecture. — Toute saillie,
corniche, balcon, tourelle et même partie avance d'étage
qui porte à faux hors le nu d'un mur. Les encorbellements
reposenl généralement sur des modifions, des corbeaux, des
ronsoles, des eariatides ou des parties de solives encastrées
dans le mur de face ou saillit l'encorbellement. La cons-
truction en encorbellement remonte à la plus haute anti-
quité, car les plus anciens constructeurs eurent recours à
ce système de construction pour diminuer les portées des
linteaux formant les baies et pour créer, au-dessus de ces
baies, des parties triangulaires ajourées formant décharge.
Les Biaisons de Rome et de Pompéi avaient des balcons
dont la saillie réglée par la loi était portée en encorbelle-
ment sur des a bout» de solives et, pendant tout le moven
la Renaissance, dans les mes étroites de» cités, les
- ipt i ieurs s'avançaient en encorbellement sur l'étage
■teneur; enfin, de nos jours, il n'est pas i-are de voir un
corridor de dégagement crée par encorbellement au long
d'une façade. La construction en encorbellement a produit
les motifs les plus pittoresques de l'architecture du moyen
âge et de la Renaissance, et si, à notre époque, il est interdit
dans les villes de construire des étages en encorbellement
formant saillie sur la voie publique, il faut reconnaître
que le> encorbellements autorisés pour saillies de couver-
ture, de corniche, de balcon, de tourelle et même d'angle
de bâtiment apportent une heureuse diversité sur les façades
souvent trop nues et manquant de relief de nos construc-
tions urbaines. Charles Lucas.
II. Marine. — Construction en saillie et en porte à
faux des demi-tourelles qui servent pour le tir des canons
du pont à bord de certains bâtiments, et qui débordent la
paroi verticale de la muraille. Cette construction augmente
énormément le champ de tir de la pièce qui peut battre
alors près de 1 80°, depuis l'extrême arrière jusqu'à l'extrême
avant.
ENCOTYLLABE (Zool.). Genre de Trématodes mono-
génèses tristoiniens, créé par Diesing en 1850. Monticelli
considère ces Vers comme constituant une famille particu-
lière. Le corps est allongé, un peu rétréci en arrière ; les
deux ventouses antéro-latérales sont grandes, pédonrulées,
à bord replié ; la ventouse postérieure est également pédon-
culée et armée de deux gros crochets. Ces Vers vivent dans
les cavités buccale et pharyngienne des Poissons de nier.
Deux espèces : /.'. Nordmanni Diesing, dans le gosier de
la Castagnole (Brama Raii) ; E. pagelli Van Beneden et
liesse, dans la cavité et les commissures de la bouche du
Rousseau (Pagellus centrodontus). Parona et Perugia
signalent aussi, sans la décrire, une espèce qui vit sur les
branchies du Crenilabru$pavo,iansl& Méditerranée. R. Bu.
ENCOUBERT (V. Tatou).
ENCOUNTER(Baie). Baie de l'Australie du Sud, entre le
cap Bernouilli, le cap Jervis et l'Ile des Kangourous, par
.;:>" MO' et 37° lat. S., 436° W et i'àl" 38' long. E. ;
elle communique par le détroit de Backstairs avec la baie
Saint-Vincent au N. 0. ; elle reçoit le fleuve Murray et
renferme d'excellents mouillages : Port Victor au N., la
baie Lacépède au S. — Près du rivage septentrional, sur le
Murray, est une ville du même nom.
ENCOURTIECH. Coin, du dép. de l'Ariège, arr. et
cant. de Saint-Girons; 301 liait.
ENCOURTINEMENT(AnieubL). Garniture d'une cham-
bre, d'un lit ou d'un siège en étoffe ou en papier de ten-
ture. L'encourtinement désignait spécialement la pose des
courtines autour du lit. On l'étendu parla suite à la déco-
ration des rues ou des édifices qu'à l'occasion des fêtes
on encourt niait de tapisseries ou de pièces d'étoffes.
Depuis le xvi9 siècle, ce terme fréquent, au moyen âge, a
cessé d'être en usage.
ENCRATISTES (V. Apotaotioue, Marcion, Saturnin,
Sévère).
ENCRE (Chim. ind.). L'emploi de l'encre remonte à
plusieurs siècles avant l'ère chrétienne ; elle devait être
connue dès la plus haute antiquité, puisqu'il en est fait
mention dans le Pentateuque de Moise, sous le nom de
dego, et dans Jérémie, chap. xxxvi, v. 18. Sa composition
se rapprochait beaucoup de l'encre de Chine ordinaire; il
y entrait du charbon très divisé, ou du noir de fumée dé-
layé dans de l'eau additionnée de gommes végétales. Les
empereurs se servaient d'une encre pourpre qu'ils avaient
seuls le droit d'employer, et deux célèbres peintres athé-
niens, Polygnote et Mycon, inventèrent l'encre de marc de
raisin, nommé truginon, qui veut dire fait délie de vin.
On peut diviser les encres en cinq classes principales :
I" encres noires liquides et communicatives pour écrire
sur le papier; "2" encre serbe dite de Chine ou à dessin ;
3° encres colorées; 4° encres à marquer le linge et les
étoiles ; 5" encres autographiques, lithographiques, typo-
graphiques, pour taille-douce, et toutes les encres pour écrire
sur la pierre, le zinc, le cuivre et autres métaux poli est
grencs. Une bonne encre à écrire doit satisfaire aux condi-
ENCHK
- 1006 —
lions suivantes : 1° les caractères formés avec die doivent
être suffisamment foncés, nets et d'au noir bleuté ; 2g la
matière colorante doit pénétrer I nne certaine profondeur
dans le papier ; 3° ne pas s'enlever par an simple lava
l'eau ; \° ne pas s'altérer a l'air ni dans l'encrier ; '■<" le
liquide doit adhérer a la plume et ne couler que par l'ap-
position de celle-ci sur le papier.
Les encres noires sont généralement composées de tan-
nate et île filiale de peroxyde de 1er en suspension dans
del'eau contenant un peu de gomme ou autres êpaisissants
destinés à empêcher on retarder la précipitation de la ma-
tière colorante, à donner du corps et un certain venus aux
caractères. En résumé, la hase est toujours formée d'un
principe colorant dissOUS ou intimement mêlé à un véhicule
liquide, additionné de gomme, de sucre et de quelques
corps destinés ù la préserver des altérations dues a la for-
mation de mirrozoaires et de Champignons ; ces corps sont
l'acide pliénique, salicylique, le sublimé, la créosote, les
huiles essentielles, etc., mais on ne saurait approuver
l'emploi tle substances toxiques par la raison que les en-
fants et même les grandes personnes ont souvent l'habi-
tude de porter fréquemment les plumes à leur bouche et
qu'il pourrait résulter des accidents de l'addition de sub-
stances très actives. Sans citer ici toutes les formules de
préparation de l'encre ordinaire, nous donnerons la sui-
vante comme type d'une encre d'un très beau noir :
Noix de galle concassée 2 kilogr.
Sulfate de fer cristallisé 1 —
Gomme arabique 1 —
Eau de pluie 32 lit.
On épuise complètement la galle avec "20 à 25 lit. d'eau.
On passe à travers une toile ; on ajoute à la liqueur claire
d'abord la gomme, puis le sulfate de fer, que l'on a fait
dissoudre séparément dans le reste de l'eau. On agite le
mélange de temps en temps, et on l'abandonne au contact
de l'air jusqu'à ce qu'il ait acquis une belle teinte noir
bleuâtre. On laisse alors reposer, on décante et on enferme
l'encre dans des bouteilles bien bouchées. Dans le com-
merce, cette encre est appelée encre double, celle dite
simple contient son volume d'eau en plus. Les dépôts noirs
de tannate et de gallate de fer résultant de la décantation
sont vendus comme boues d'encre aux emballeurs et mar-
queurs de caisses. L'encre préparée d'après cette formule
générale est un peu terne; on lui donne du brillant par
l'addition d'un peu de sucre et de sulfate de cuivre, mais
ce dernier corps a l'inconvénient de précipiter du cuivre
sur les plumes métalliques, ce qui les empâte et les rend
cassantes. Souvent aussi l'encre jaunit, ce qui est dû à un
excès d'acidité du sulfate de fer ; on y remédie en ajoutant
un alcali pour neutraliser l'acide libre. La noix de galle
qui est assez chère est fréquemment remplacée par d'autres
écorees riches en tanins, telles que le sumac, le bois de
campèche, l'écorce de chêne, etc., mais le noir obtenu est
moins beau et l'encre plus altérable. Voici quelques-unes de
ces recettes économiques :
Noix de galle 0(5 gr. 86 gr. 96 gr.
Bois de campèche 24 32 33
Couperose verte 32 32 32
— bleue 32 10 »
Gomme arabique 32 32 64
Sucre » 10 »
Eau 2 lit. 2 lit. 2 lit.
On peut obtenir avec le bois de campèche seul une encre
presque aussi bonne que l'encre ordinaire, telle que l'encre
de Bunge, d'Erdmann, qui est une combinaison d'hémateine
et d'oxyde de chrome ; on la prépare en mélangeant 1 ,000 p.
de décoction de bois de campèche (1 p. de bois pour 7 p.
d'eau) avec 1 p. de chromate jaune de potasse dissous
dans 1 ]). d'eau et 0^25 de bichlorure de mercure. Celle
encre, d'un noir pur, se distingue par sa solidité, sa beauté
et son bas prix.
L'encre conununicativo ou de transport dont le com-
merce fait grand usage pour la copie des lettres à la presso
ett composée de 3p. d'encre ordinaire additionnée de i p.
de ancre candi et quelquefois d'un peu de glycérine. Depau
que Lewis lit paraître, eu 1 7<ii. un traite -tir les encres
et les prOCédél de bs rendre indélébiles, il j ête- publie une
foule de travaux sur le même sujet : mai- toutes les et
essayées dans ce but ont le défaut d'être trop épaisses, de
s'écouler difficilement de la plume sans pénétrer le papier et
de donner des dépôts considérables qui unissent par la
une encre presque incolore. Lu outre, ces enent ont le
grand inconvénient de pouvoir s'effacer mêcaniquefflent et
ivsi-teiit mal à un grattage, (.elles vendues comme indélé-
bile- contiennent) pour la plupart, nne certaine dose de
carbone incorporé et participent alors au défaut de sépara-
tion du principe décolorant par la décantation. L'Acadéon
des Bciences a conseillé l'encre de Chine en solution êtes*
due et légèrement acide on alcaline; le milieu alcalin est
préférable pour les plumes métalliques, et ce produit a
j'avantage de faire pénétrer l'encre dans le papier. M. Craille
a fait connaître une encre indélébile composée en taisant
dissoudre du gluten frais dans rie l'acide pyroligneux et
incorporent au liquide savonneux ainsi obtenu une petite
quantité de noir de fumée et d'indigo. Cette encre résiste à
la plupart des réactifs qui altèrent l'encre ordinaire. L'encre
nouvelle de Mathieu Plessy est aussi donnée comme inal-
térable; elle est préparée avec des matières colorantes dé-
rivées de la fabrication de l'acide pyroligneux. M. Crè, de
Lyon, a composé une encre dite encre diplomatique, qui
résiste aux alcalis, aux acides, au chlore, et est ineffaçable
par lavage ou grattage ; elle est préparée avec un carbone
particulier. On a expérimenté en ces derniers temps une
encre à base de matières vitrifiantes en suspension dans un
liquide épaissi, et destinée à être employée concurremment
avec du papier d'amiante, ce qui offrirait l'indestructibi-
lité ; la pratique n'a pas encore sanctionné son emploi.
Encre de Chine. L'encre de Chine, dont l'importation
en Europe remonte fort loin, est originaire de l'Inde. u>
tuellement, on l'imite parfaitement en France comme qua-
lité, et voici une recette qui donne de bons résultats :
Noir de fumée purifié 1 p.
Suc de réglisse i
Colle de poisson 6
Eau 12
On dissout le suc de réglisse dans une petite quantité
d'eau ; d'un autre coté, on fait fondre la colle dans le resta
de l'eau et, après avoir mélangé les deux liquides, on y
incorpore le noir de fumée. La pâte qui en résulte e:>t misé
dans des moules enduits de cire et séchée soit au soleil,
soit à l'étuve. La pâte peut être aromatisée par du musc on
du camphre, marquée et dorée avaut entière dessiccation.
De la pureté du charbon employé dépend la qualité de
l'encre et sa solidité ; le noir de fumée purifié par des dis-
solvants énergiques, potasse, acides, carbures liquides, et
calciné en vase clos, donne les meilleurs résultats.
Encres de couleur. Les encres de couleur sont, soit
des décoctions de bois de Brésil, de campèche. addition-
nées de gomme, d'alun, d'acétate de cuivre, soit des dis-
solutions de cochenille, de carmin ou de laque de garance
pour les encres rouges: la graine d'Avignon, la gomme-
gutte pour les encres jaunes ; l'indigo, le bleu de Prusse en
solution oxalique pour l'encre bleue, et le mélange de
celle-ci avec la gomme-gutte pour l'encre verte. Voici
quelques recettes d'encres rouges les plus employées :
Encre rouge de Ferrari
Bois de Brésil 06 gr.
Alcool à 22° 850
Après macération pendant quelque temps, on filtre et on
ajoute lOgr. d'alun etl0gr.de gomme avec un peu de sucre.
Encre pourpre
Bois de campèche I :
Eau 120
Verdet t
Alun 14
Comme 4
— 1 007 -
ENC.RK - ENC1UKR
Hèm préparation que ci-dessus.
L'encre de Kuhlmann est composée il'uno décoction de
c, ..houille additionnée de silicate de potassa; la solution
lie la laque de garance dans l'acide pvroligneiiv donne aussi
une belle fini't' muge, l.a plupart dos eoulears d'aniline
m«iu actuellement employées et fournissent directement dos
ru iv^ eolorèes de boane qualité qui remplacent avanta-
geusement dans beaucoup decas las ooulenn végétales.
n- d'imprimerie, ainsi que les encres lithogra-
pbiquos. seul essentiellement composées de charbon et
d'Iiudo siccative, le plus aonreat d'hnile de lin épurée et
rendue >icealive on la faisant bouillir dans dos chaudières
.lo imite m nnon\ de cuivre, jusqu'à ee qu'elle laisse dé-
r des vapeurs c bustibles que l'on l'ail brûler quel-
t minutes pour obtenir l'huile ou vernis à la flamme,
|Mii> on ètentea appliquant le couvercle sur la chaudière.
dans d'autres fabriques, on chauffe l'huile dans dos ohau-
i jusqu'à consistance voulue el sans enflam-
mtM- lis vapeurs. Après avoir snlii cette sorte de cuite,
riuulo est devenue épaisse et visqueuse; elle n'est plus
bue par le papier et séeho rapidement. Soin ont on aug-
mente encore sa viscosité on > dissolvant île la poix noire
ou de la réaÙM colopliaue. Le point aXMt <\<' la cuisson de
l'huile exi| nde pratique et beaucoup de soins.
- pane d'obtenir, au heu de vernis, un produit caout-
choute qui ne peut être utilise: c'est le point délicat de la
fabrication des encres - -
L'encre d'imprimerie n'est, en somme, qu'une sorte de
\ernis très siccatif, composé d'huile, de noir de fumée et
Quelques autres substances destinées a lui donner du nior-
aut et plus de brillant. Sa préparation comprend trois
utions principales : 1° fabrication du noir ; 8° prépa-
ration de l'huile cuite ou vernis: 3" mélange et broyage
du vomis avec le noir. Le noir est prépare par la combus-
tion dis huiles lourdes, riches en carbures d'hydrogène,
dans des cornues <nl hoc : les gaz sont enflammés et le
mur recueilli dans des grandes chambres qui ont jusqu'à
3,000 ni. e. : pour le priver des coudrons et huiles qui se
sont condensés en même temps, on le calcine en vase clos.
I s mélange et le broyage de l'huile cuite avec le noir s'opè-
rent a l'aide de broyeuses à cylindres de granit pour éviter
réchauffement et l'altération de la pâte. Il faut plusieurs
pour obtenir l'homogénéité et la finesse de grain
nécessaire. Ainsi, à l'Imprimerie nationale, les encres fines
à vignettes subissent de dix à douze passages et tritura-
tions s
Pour l'imprimerie en taille-douce, qui exige une encre
. l'huile ne doit pas être cuite aussi loin, et
ible de ne pas adhérer: le noir est formé,
dans ce cas, par un mélange de noir d'os el de noir délie
de vin. Les encres biographiques et autographiques dif-
fèrent peu des précédentes; la hase colorante est toujours
le carbone, le vernis seul est plus léger, surtout pour le
: voici deux formules courantes :
I
•i
rierge 125
Suif de mouton. . . . <>'2
Gomme laque blonde 93
Noir q. s.
Las encras pour écrire sur le zinc et le fer-blanc, ainsi
que les étiquettes de jardin exposées à l'humidité, sont com-
posées par des sels métalliques en solution additionnés de
noir de fumée et roi ouverts ou non d'un vernis inaltérable.
Un a une bonne encre pour écrire sur le zinc en prenant :
de de cuivre en poudre (verdet). . -1 p.
S -1 ammoniac — 1
Noir de fumée I 2
Eau 10
tin mêle ces poudres dans un mortier et on y ajoute peu
à peu la quantité d'eau indiquée. Pour l'emploi, il faut
avoir soin du l'agiter ; les caractères formés ne tardent pas
Savon 72
(are vierge 40
Mastic en larmes. ,
Gomme laque blonde
Noir
à noircir et à acquérir une grande solidité. On peut rem-
placer le noir de fumée par toute autre matière colo-
rante minérale. Pour écrire sur le fer-blanc, on peut
employer une solution étendue d'azotate de cuivre addi-
tionnée d'un épaississant et de noir de fumée.
Enfin les encres de sympathie, connues depuis fort
longtemps, sont composées de liquides qui ne laissent
aucune trace visible sur le papier et que des agents chi-
miquosfont apparaître avec diverses couleurs. Tous les sels
métalliques peuvent servira cet usage en employant comme
révélateur des réactifs susceptibles de produire soit un
précipite, soit une coloration. L'encre de Sympathie la plus
sensible est composée avec une dissolution très étendue de
chlorure de cobalt additionné d'un peu de chlorure de fer.
Les caractères tracés avec celte encre sont invisibles et,
apparaissent en vert foncé par l'action de la chaleur; ils
disparaissent de nouveau sous l'influence de l'air humide.
C.h. (lnt.uti).
ENCRE (Y. Albert, t. I, p. H49).
ENCRIER. I. Archéologie. — Petit réservoir destiné à
recevoir et à conserver l'encre pour écrire : faisait autre-
fois partie de lescritoire, d'où est venu qu'on a souvent con-
fondu les deux objets. Dans Vescritoire, c'était une petite
bouteille de verre ou de corne, généralement placée près des
pennes (plumes), du canivet (canif), du style de plomb à
régler le parchemin : séparé, il s'appelait cornet. A par-
tir du xiv siècle, on
le trouve mentionné,
seul, dans les inven-
taires. Charles VI
avait un encrier d'ar-
gent doré : les plombs
trouvés dans la Seine
et conservés au musée
de Cluny ne nous font
connaître que les en-
criers du xve et du
xvi9 siècle. Jusqu'au
xvin6 siècle, comme
ils étaient mal fermés,
ils se répandaient fré-
quemment. Baradelle,
ingénieur du roi, in-
venta en 17<!5 un en-
crier à fermeture hermétique qui prit son nom : les encriers
à pompe font leur apparition en 1791. F. deMely.
II. Technologie. — On a donné aux encriers toutes
sortes de formes et on en fabrique avec toutes sortes de
de matériaux : verre, porcelaine, marbre, bronze, etc.
Parmi les diverses espèces qui ont été ou qui sont encore
le plus employées, il faut citer l'encrier siphoïde, l'en-
crier à pompe et Vencrier inversable , qui ont pour
but de soustraire l'encre à l'action de l'air qui la décom-
pose lentement et de ne jamais permettre à la plume de
prendre une quantité d'encre trop
considérable. L'encrier siphoïde
consiste en un réservoir en verre
fermé par le haut et muni par
le bas d'un tube latéral qui fait
siphon avec le réservoir el qui sert
de godet. — L'encrier à pompe
(lig. 2) se compose d'un vase
ordinairement en porcelaine, dans
lequel plonge un cylindre plein
soutenu par une vis fixée au
couvercle; ce réservoir est percé
latéralement au-dessus du niveau
habituel du liquide d'un petit,
trou qui vient aboutir au fond du godet oit l'on plonge la
plume. Le vase étant plein, si l'on tourne le bouton qui
forme la tète de la vis, le cylindre s'enfonce dans l'encre
qu'il déplace et force à remonter dans l'intervalle annu-
laire compris entre le cylindre et la paroi du réservoir;
Fia. 1.— Encrier en plomb (xv« s.)
(Musée de la Ville de Paris.)
Fîg. 2. — Encrier à
pompe (Coupe.)
ENCRIER - ENCYCLOPÉDIE
— IUOH —
dans ce mouvement B8censioDnell le niveau de l'encre atteint
le trou latéral qui communique avec le godet où elle ('élève
plus mi moins suivant le degré d'immersion du eylindre. En
tournant le bouton en sens inverse, on fait remonter le cy-
lindre et renne rentre dans le réservoir :on a ainsi l'avan-
tage de conserver l'encre a l'abri de l'air et de la poussière.
— L'encrier inversable est le type le plus perfectionné : il
se ((impose d'un récipient en verre à large base fermé par
une monture en etain sur laquelle se \issc un couvercle de
même métal, au cintre duquel se trouve un cylindre creux
dont l'extrémité inférieure, en forme de cône, \a presque
toucher le fond de l'encrier. L'encre pénètre par la petite
ouverture conique dans le cylindre ou la plume va la
puiser. Il sullit de dévisser le bouchon d'un demi-tour, puis
de le revisser pour faire remonter l'encre au fur et à
mesure des besoins journaliers. — Citons enfin les encriers
de poche a fermeture hermétique, double ou simple, petits
réservoirs de verre enfermés dans un étui en bois ou en
fer-blanc recouvert d'une peau.
Bibl. : Archéologie. — La.cur.ne de Sainte-Pai.avi:.
Dictionnaire raisonné de l'ancien langage français, v En-
crier. — Havard, Dictionnaire de l'ameublement et de la
décoration, t. II, p. 398.
ENCRINE (Encrinus) (Paléont.). Genre de Crinoïdes
(V. ce mot) fossiles créé en 1755 par Guettard, sous le
nom i'Encrinites, et devenu pour les modernes le type
d'une famille (Encrinidœ), qui ne renferme que des formes
éteintes. Les caractères de celte famille sont : calice sur-
baissé eupuliforme, à base dicyclique. Infrabasalia très
petits, au nombre de cinq, recouverts par l'article supérieur
de la tige. Cinq parabasalia grands et cinq radalia. Les
bras au nombre de dix ou de vingt, robustes, non divisés,
sont accolés les uns aux autres formant une pyramide :
ils ont deux rangées d'articles ou sont à rangées alter-
nantes. La tige est ronde. Le type est Encrinus lilii-
formis du Muschelkalk, que nous avons figuré au mot Cri-
noïdes (V. ce mot). Tous les Crinoïdes de ce genre sont
du trias, et ce sont les plus anciens des Articulata. Les
tètes d'Encrines se rencontrent dans les couches de cette
époque, notamment dans les Vosges (près de Lunéville),
dans les Alpes méridionales, le lirunswick, les environs de
Berlin, la Silésie supérieure, le Wurttemberg, etc. On en
trouve aussi dans le trias d'Asie (Himalaya). Les ar-
ticles détachés de la tige forment dans certaines localités
de véritables bancs (calcaire à Encrines ou Trochites) qui
attestent l'abondance de ces Echinodermes qui formaient
de véritables forets sous-marines, et la longueur de la tige
qui s'accroissait presque indéfiniment. Les genres C'ielo-
crinus, Dadoçrinus, Calalhocrinus et Porocrinus ap-
partiennent à la même famille et diffèrent peu A' Encrinus.
Les têtes d'Encrines avaient déjà attiré l'attention des
anciens, et Agricola les considère comme le résultat d'infil-
trations semblables à des stalactites. Les noms vulgaires
de Grains de rosaire. Larmes de géants, Pierres étoilées,
Entrochites, etc., leur ont été appliqués au moyen âge.
Lhuid, Ellis, Guettard ont été les premiers à reconnaître
leur véritable nature. Linné en faisait sa Pennatula en-
crinus, et plaçait le seul Crinoïde vivant que l'on connût
(Pentacrinus) dans son genre Isis. Le genre Encrinus
de Guettard a été définitivement adopté par Lamarck, Cu-
vier et tous les auteurs modernes. E. Trouessart.
ENCRINOÏDES ou ENCRINID/E (V. Enc.iunk et Eucai
NOÏDKS).
ENCRINURUS (Paléont.). Genre de Trilobites type de
la famille des E.ncrinuriilœ qui présente les caractères sui-
vants : carapace trilobée, enroulable; tète assez grande,
tuberculée, à coins postérieurs arrondis ou pointus; gla-
belle bien limitée, grande suture parlant du bord externe
en avant des coins et traversant le bord frontal. Thorax, de
onze a douze segments, parfois termines en pointe. Pygi-
iliuni assez grand, sans limbe, à segments nombreux, à
lobes latéraux couverts de cotes. Les genres Cybele, l>en-
dyinene, Encrinurus et Cromu.s composent cette famille
qui est du silurien infériaw et supérieur de Suède, de
Russie, de Bobine, de Grasde-Rretegne et de l'Amérique
du .Nord (V. TBJLOMHS). R. Tht.
ENCUVAGE (Blaoeh.). Opération par laquelle on dépote
les pièces de tissus dans les chaudières a blanchir ou a
aviver. Il est nécessaire d'observer certaines règles pour
l'encuvage, surtout dans le blanchiment. H importe de
donner i la marchandise, en boyau, une inclinaison de
45e environ dans un sens pour la première couche et la
même inclinaison dans le sens oppose pour la deuxième
couche et ainsi de suite; le liquide pénètre plus facilement
et plus régulièrement. En retenant les pièces, comme
elles sortent des clapets, saris observer cd agencement, on
a de grandes inégalités dues a la circulation imparfaite du
bain dans les tissus. L. K.
ENCUVEMENT (Trav. publics). Conduite en maçonne-
rie établie dans le sol des voies publiques, pour re
les conduites d'eau ou de gaz. Ces canaux saotcrniaft,
dont il n'a encore été fait qu'un usage restreint, ont pour
objet de remédier notamment aux inconvénients nombreux
que présentent les conduites de gaz placées dans des tran-
chées faites au milieu des rues; il faut, à chaque abonne-
ment nouveau, ouvrir, dans le trottoir et dans la chaussée,
une tranchée pour' poser- le tuyau communiquant avec la
conduite centrale ; il en est de même quand on veut chan-
ger les dispositions premières ou réparer une fuite; ce der-
nier cas exige de plus de longues recherches, le tout au
grand détriment de la salubrité publique et de la circula-
tion. L'encuvement, maçonné et recouvert de dalles faciles
à enlever, simplifie le problème. Nous pouvons citer une a[>-
plication qui a été faite de ce système au Palais-Koyal, à
Paris, sous la direction de M. Chabrol. L. K.
ENCYCLIQUE. Lettre adressée par le pape à tous les
évêques de l'Eglise catholique romaine ou unis à elle, or-
dinairement avec cette suscription : Venernbilibus Fra-
tribus Patriarchis PrimatUnu Arehiepiteopù et Episat-
pis caiholici Orbis universisgratiamet communionem
cum ApostolicaScde habentibus. Néanmoins l'encyclique
In plurimis sur l'esclavage n'a été adressée qu'aux
évêques du Brésil. Dans les encycliques, le pape commu-
nique aux évêques ses vues sur les droits et les devoirs,
les besoins et les épreuves de l'Eglise : il parle comme le
pasteur suprême, chargé d'instruire, d'exhorter et de
diriger. — Dans les constitutions dogmatique* et les
brefs dogmatiques, il agit comme législateur et juge, et
il s'adresse à tous les chrétiens : Eniversis Christi fide-
libus. E.-H. Y.
ENCYCLOPÉDIE. Généralités. — On appelle encyclo-
pédie un ouvrage embrassant l'ensemble des connaissances
humaines ; ces enseignements sont distribués sous une
forme méthodique, de manière à faire ressortir la cohésion
intime des diverses sciences et des divers arU et à les
ordonner selon des cadres rationnels, lue encyclopédie est
donc plus et mieux qu'un dictionnaire, lequel se borne à
réunir le plus de renseignements possibles sur un sujet
donné. En dehors des encyclopédies générales ou univer-
selles, il existe des encyclopédies spéciales ex[>osant seu-
lement une science ou un groupe de sciences, mais toujours
d'un point de vue d'ensemble et en rattachant les faits de
détails aux principes fondamentaux.
Le mot d'encyclopédie ne fut appliqué à ces traités
universels qu'à partir de la seconde moitié du xvie siècle:
cependant le mot et la chose remontent à l'antiquité. Ce
que les anciens appelaient encyclopédie (ÈyxûxX'.o: -atîr'a).
c'était l'ensemble des connaissances générales que tout
homme instruit devait posséder avant d'aborder la vie
pratique ou de se consacrer à une étude spéciale. On y
comprenait la grammaire, la musique, la géométrie, l'as-
tronomie, la gymnastique : c'était a peu près la même
chose que ce qu'on dénommait les arts libéraux, dont le
nombre fut fixé à sept après Mareianus Capella : gram-
maire, dialectique, rhétorique, arithmétique, géométrie,
musique, aslrouomie. Terentius Yarro, dans son grand
- 1009 -
KNCYCLOPÉDIK
[DisdpUnarum libri IX), et Hucunos Capella,
dans le Satiricon (vers 415 ip. J. ■('..), donnant des ency-
clopédies au sons ancien du mot, c-à-d. quelque chose
d'analogue a nos manuels du baccalauréat II existait aussi
<les encyclopédies spéciales, comme celle rédigée par
Spensippe, disciple de Platon, le traité d'archéologie de
/lira (Rerum humanarwn et dùrinartm antiqw-
tttes) et Ylhstoirr naturelle te Pline.
Au movon Ige, ou a rédigé de véritables encyclopédies.
On ■ essayé de rassembler en un ouvrage la totalité des
connatssanees humaines, et, à mesure que domina davan-
tage l'esprit philosophique, on s'efforça de les coordonner
à des points de vue généraux. Les Originum *cu etymo-
Lkjuirum lit>ri XX (l'Isidore de Séville (vers l'an 600) ue
sont guère dépassées par le De Universo de Raban Maure,
mais le sont tout a fait par les ouvrages de Vincent de
Betnuis, dont le Spéculum majus, rédigé vers 1260,
est une ouvre colossale.
\u temps de la Renaissance, lorsque l'imprimerie se
fut répandue, on \it paraître plusieurs compilations ency-
clopédiques, celles de Ringelherg [Oyclopasdia, Baie,
. ,1e Scalich (Encycloptedia, Bàle, 1559), de Mar-
tini (4606), d'Alsted (Encyclopœdia, Berborn, Ki-20).
Klles sont d'une valeur médiocre : l'esprit philosophique
leur manque, et la classification est défectueuse. Celui qui
prépara les encyclopédies vraiment dignes de ce nom, en
établissant les principes de la classification des sciences,
fut le fameux Baron. C'est d'après la même méthode que
fut composée la fameuse Encyclopédie de Diderot et
d'Alembert. l'our tout cet exposé général, nous renvoyons
à la Prérace de notre Grande Encyclopédie, où le lecteur
trouvera d'abondants renseignements.
L Encyclopédie (de Diderot et d'Alembert). —
l'our les contemporains, ['Encyclopédie fut avant tout
IVuvre de d'Alembert et plus encore de Diderot, mais ce
jugement, que la postérité a ratifié, ne serait qu'à demi
équitable si une large part n'était faite aux collabo-
rateurs, dont les chefs ont, d'ailleurs, aussi longtemps
qu'ils l'ont pu, proclamé bien haut les services. Ainsi qu'il
arrive souvent pour des œuvres très célèbres, la gestation
de celle-ci a été singulièrement laborieuse, et les compé-
titions n'ont pas manqué pour réclamer la paternité de
l'idée première. Sans remonter jusqu'à Bacon, ni même à
Chrestophle de Savigny, le « gentilhomme rethelois », au
profit de qui Delisle de Sales voulait déposséder le chan-
celier d' Angleterre, il est certain que la conception de
Y Encyclopédie ne germa pas inopinément dans le cerveau
de ceux qui lui donnèrent sa forme définitive et qu'il
s'agissait en principe, dans la pensée de ses éditeurs, d'une
simple spéculation de librairie. On a dit plus haut (V. Di-
derot) comment le bruit du succès de la Cyclopœdin,
de Cbambers, étant venu à la connaissance de Briasson et
de Le Breton, ceux-ci sollicitèrent et obtinrent un privi-
lège pour donner de ce dictionnaire une traduction abrégée
qu'ils avaient confiée à un Anglais nommé John Mills et à
un Allemand nommé Godefroy Sellius. Bientôt Le P.reton
rompit le traité, non sans violence, si l'on en croit une
plainte déposée par Mills devant le Châtelet, et s'adressa,
pour traiter la même matière, à un mathématicien, l'abbé
Gua de Malves esprit ingénieux et hardi, mais paresseux
et inconstant. <>nu de Malves. après avoir, dit-on, conseillé
aux libraires un [dan tout différent et beaucoup plus vaste,
H déroba quand il fallut l'exécuter et leur présenta
Diderot. Sous l'impulsion de celui-ci , l'œuvre projetée
changea définitivement de proportions et de but ; un nou-
veau privilège fut obtenu pour vingt ans, un autre titre
fut adopté, un codirecteur (d'Alembert) fut adjoint à
Diderot, et tous deux, après avoir déterminé respectivement
les parties qu'ils entendaient traiter, recrutèrent les adhé-
sions des écrivains ou des savants les plus qualifiés pour
mener a bien une tâche gigantesque : Voltaire s'enrôla des
premiers et avec l'ardeur qu'il apportait en toutes choses.
Montesquieu promit plus qu'il ne put donner, mais laissa
GRANDE ENCYCLOPEDIE. — XV.
en mourant l'article Goût. Rousseau prit pour sa part la
théorie et la pratique de la musique. Dans son célèbre
Discours préliminaire, et plus tard dans Y Avertissement
du t. Nil, d'Alembert a ènumèré presque tous les noms
de ceux qui avaient concouru à l'entreprise; niais, faute de
place, on ne saurait ici rappeler que les principaux d'entre
ces ouvriers de la première heure : Daubenton s'était chargé
de l'histoire naturelle, l'abbé Malletde la théologie, l'abbé
\voii de la métaphysique, de la logique et de la morale,
Dumarsais de la grammaire, l'abbé de La Chapelle de l'arith-
métique et de la géométrie élémentaire, Le Blond des ar-
ticles de fortification, de tactique et d'art militaire, Gous-
sier de la coupe des pierres, d'Argenville du jardinage et
de l'hydraulique, J.-N. Bellin de la marine, J.-B. Le Roy
de l'horlogerie et de la description des instruments d'as-
tronomie, Tarin de l'anatomie et de la physiologie, Van-
denesse de la matière médicale et de la pharmacie, Louis
de la chirurgie, Malouin de la chimie, Landois de la pein-
ture, sculpture et gravure, Blondel de l'architecture,
Cahusac de la chorégraphie et de la technique théâtrale, etc.
Mais, fidèles au but qu'ils s'étaient fixé, les directeurs de
V Encyclopédie n'avaient pas un instant perdu de vue que
la description des arts mécaniques et la représentation
exacte de leur fonctionnement était la partie la plus neuve
et la plus essentielle du travail auquel ils s'étaient engagés.
Aussi, après les metteurs en œuvre des matériaux accu-
mulés, viennent les noms de ceux qui les avaient fournis.
D'Alembert n'oublie personne, depuis les savants qui
s'étaient contentés de fournir des notes ou, comme on
disait alors, des « mémoires », tels que le vieux médecin
Camille Lalconet, le fermier général Dupin, le comte d'Hé-
rouville de Claye, lieutenant général, jusqu'aux industriels
et aux ouvriers qui avaient, devant Diderot et ses aides,
démonté et remonté leurs métiers, fourni toutes les expli-
cations nécessaires et donné des croquis dont Goussier se
servait pour dessiner les planches destinées à accompagner
chaque description. C'est la première fois que ce légitime
hommage était rendu à des travailleurs obscurs, et ce sim-
ple détail a, par sa date, une importance capitale. On pres-
sent que des temps nouveaux sont proches.
D'après le prospectus rédigé par Diderot, Y Encyclo-
pédie ne devait primitivement comporter que dix volumes
in-folio, dont deux de planches; mais ce chiffre fut promp-
tement reconnu insutlisant, et le premier tome fut d'ailleurs
accueilli avec un tel succès (pie ni les libraires ni les sous-
cripteurs ne se plaignirent alors des développements néces-
saires qu'elle devait prendre. Ce n'était pas toutefois sans
peines et sans dangers que l'œuvre était enfin venue à
terme et promettait d'être viable : la détention de Diderot
à Vincennes (4749), la suspension provisoire du tome I,
les polémiques intéressées, les critiques justifiées ou per-
fides avaient salué sa naissance et entravé ses premiers
pas. Mais elle réussit à conjurer tous les périls jusqu'aux
fameux arrêts du 10 oct. 1738, qui prononçait l'exa-
men du septième volume par une commission de théolo-
giens, du 8 mars 1759 qui révoquait le privilège, et du
21 juillet suivant qui prescrivait le remboursement aux
souscripteurs des 72 livres qu'ils avaient versées à titre
d'avance pour les volumes restant à paraitre. En apparence,
c'en était fait de Y Encyclopédie, et ses détracteurs pous-
sèrent de retentissants cris de triomphe; mais ils comp-
taient sans l'énergie de son principal « entrepreneur » et
aussi sans la bienveillance (d'autres diraient la connivence)
du directeur général de la librairie, Lamoignon de Males-
herbes, et du lieutenant de police Sartines, sans la pro-
tection secrète, mais efficace de Mmi' de Dompadour, sans
la générosité de M""' Geoffrin. Si Malesherbes et Sartines
n'avaient point volontairement fermé les yeux sur l'im-
pression et le tirage des planches qui se poursuivaient dans
l'atelier des libraires associés, si Mm'' de l'ompadour n'avait
point obtenu de l'indolence naturelle du roi qu'il n'eût
poinl égard aux dénonciations parvenues jusqu'à lui, si
M"' Geoll'rin n'eut pas avancé, plusieurs fois, d'assez
64
ENI YCLOPÊDIE
uni) —
fortes sommes pour parer aux dépenses que les touscrip-
ti< ni-^ ne pouvaient plus couvrir, le zèle de Diderot et «lu
chevalier de Jaucourt, son infatigable auxiliaire, se serait
heurté s d'insurmontables obstacles. Personne, d'ailleurs,
plus que Diderot, ne se rendait mieux compte de tous les
disparates que <l«>\ ait présenter une publication de (■••lie
importance poursuivie el achevée dans des conditions aussi
défavorables. Le jugement qu'il portait sur l'ensemble, pré-
cisément ;ui mot Encyclopédie, il le confirmait en termes
iKui moins sévères dans une conversation qu'il eut en 1708
avec Panckouke et d'autres libraires au sujet d'un supplé-
ment, dont il refusa d'ailleurs de se charger. Encore
n'avouait-il que devant ses amis les plus intimes la véri-
table cause du mécompte et du découragement qne trahis-
saient ses propos, les mutilations clandestines accomplies
par Le Breton ou son prote, sur' les épreuves revêtues du
dernier bon à tirer. « II était convaincu que le public voyait
comme lui ce qui manquait à chaque article, et l'impossi-
bilité de réparer ce dommage lui donnait encore de l'humeur
vingt ans après », dit Mmc de Yandeuil, dont le témoignage
a été confirmé en termes presque identiques parNaigeon. —
« Chose inouïe, dit IJrimm en racontant la stupeur de
Diderot et en transcrivant sa véhémente lettre à Le Breton,
je n'ai jamais entendu aucun des auteurs maltraités se
plaindre; l'intervalle des années qui s'est écoulé entre la
composition et l'impression de leurs articles leur avait sans
doute rendu leur ouvrage moins présent, et l'on mit tant
d'entraves à la publication des dix volumes que l'édition se
trouva vendue aux souscripteurs de province et des pays
étrangers avant que les auteurs en eussent pu lire une seule
ligne ! » Grimra écrivait ceci au moisdejanv. 1771. L'im-
pression de V Encyclopédie était terminée depuis 1765.
Diderot semblait avoir le droit de revenir à ses travaux
personnels, quand il se trouva mêlé, par son imprudence
habituelle, à un procès qui pouvait gravement compromettre
son repos. Un homme de lettres qui s'était, de son auto-
rité privée, institué éditeur d'un Cours d'histoire natu-
relle et de géographie et d'autres livres d'éducation,
Luneau de Boisjermain, s'était vu inquiéter par Briasson et
Le Breton, syndics de la librairie, en raison de ses publi-
cations, contraires aux règlements en vigueur de la corpo-
ration. Usant de représailles, il engagea contre eux une
longue instance tendant à se faire restituer, à lui et aux
autres souscripteurs de l'Encyclopédie, le surplus des
souscriptions que les éditeurs de cet ouvrage, légalement
supprimé, n'avaient pas remboursé. A ce grief, en appa-
rence fondé, il rattacha mille chicanes de détail et, qui plus
est, produisit dans les faclums dont il accabla ses adver-
saires (avec la collaboration de Linguet, au moins pour le
premier mémoire), plusieurs lettres où Diderot donnait tort
aux libraires. Profitant d'un voyage de Grimm en Angle-
terre, « parce que, dit celui-ci, lorsqu'on veut faire une
sottise, il faut savoir s'en cacher de ses amis », Diderot
répondit en termes hautains aux dénonciations de Luneau
et revendiqua pour lui seul la responsabilité de tous les
accroissements de l'Encyclopédie. Bien plus, dans une
brochure intitulée/!» public et aux magistrats et signée
de son nom (1771, in-8), il affirma de nouveau cette res-
ponsabilité. Les libraires donnèrent tout au long, à la suite
de leur factum, la lettre que Diderot leur avait adressée et
que Luneau s'efforça de nouveau de réfuter. Mais la bro-
chure, sans doute sur un conseil officieux, fut supprimée
avec tant de soins qu'on n'en connaît présentement qu'un
seul exemplaire (à la Bibliothèque impériale de Saint-
Pétersbourg). Après plusieurs années de lutte, Luneau fut
définitivement débouté de ses prétentions et condamné aux
dépens (juil. 1778).
Une autre accusation qui poursuivit longtemps les
libraires et l'éditeur de Y Encyclopédie, fut celle que
fomenta et propagea l'architecte Patte, au sujet des plan-
ches destinées à accompagner les descriptions d'arts et
métiers et copiées, selon lui, sur celles dont l'Académie
des sciences avait ordonné l'exécution. Chargée par Colbert
de rédiger une série de monographies des dît cries sciences
et professions manuelles, l'Académie avait quelque peu
oublie la tache assignée par ion protecteur; la renom!
de l'Encyclopédie naissante rinl secouer sa torpeur et
les matériaux préparés par Pilleau des Billettes (1634-4720)
lurent confiés à Kéaumur dont la mort seule (1756) inter-
rompit le zèle, puis à Duhamel du Monceau et a un grand
nombre de collaborateurs recrutés parmi les membres de
l'Académie, ses correspondants, ou de simples particnlîe
La publication, interrompue par la Révolution, ne fut
jamais reprise, malgré les efforts de Camus qui dressa, en
17!)8, dans les Mémoires de l'Institut naissant, la liste
des Arts qui restaient a traiter. Voici, dans l'ordre alpha-
bétique des noms de leurs auteurs, un tableau sommaire
des descriptions mises au jour avec la date de leur publi-
cation. Toutes sont de format in-folio et ornées de plan-
ches plus ou moins nombreuses.
Beauvais-Raseau, Indigotier (1770, Il ni.). — Bedof
de Celles (l)oni l'r.), Facteur d'orgues (1766-73, 137 pi.).
— Blakev (\Y.), Hessorts de montres (1780, 12 pi.).—
Chaulnes (due de), Instruments de mathématique*
(1768), Description d'un microscope (17(58, 6 pi.). —
Demachy (Jacques-François), Distillateur d'eau-forte
(177."), 12 pi.); Distillateur-liquoriste (1773, 12 pl.V
— Dudin, Relieur et doreur de litres (1772, 16 pi.).
— Duhamel du Monceau (H. -L.), Colles (différentes sortes
de) (1771, 3 pi.); Amidon (1773); Pipes à fumer
(1771, 11 pi.); Tapis faconde Turquie connus sous le
nom de tapis de la Savonnerie (17(56, 4 pi.); Etoffes
de laine (1766, 5 pi.); Corderie (1764, 8 pi.); Dra-
perie (draps fins) (1763, 15 pi.); liafjineur de sucre
(1790, 10 pi.); Fil d'archal (1768, 5 pi.); Cartier
(1762, 5 pi.); Chandelier (1761, 3 pi.): Charbonnier
(1771); Ciricr (1762, 8 pi.); Couvreur (1766. 4 pi.);
Potier de terre (1773, 17 pi.); Savonnier (1774, 6 pi.);
Serrurier (1767, 42 pi.); Tuilier et briquetier (1760,
10 pi.), avec Fourcroy de Ramecourt et Gallon (V.
aussi Jars). — Fougeroux d'Angerrille, Criblier (suite
du Parcheminier de Lalande) (177-2. 2 pi.). — Fouge-
roux de Bondaroy (Auguste-Denis), Pierre d'ardoise
(1762, 4 pi.); Cuirs dorés et argentés (1762, 2 pi.);
Coutelier en ouvrages communs (1772, 7 pi.); Tonne-
lier (1763, 6 pi.). — Fourcroy de Ramecourt (Ch.-Iii-
chard), Chaufournier (1766, 15 pi.); Tuilier et brique-
tier (V. Duhamel du Monceau). — Gallon ou Galon,
Cuivre rouge (1764, 18 pi.). — Garsault (Fr.-Alex.),
Hourrelier et sellier (1774, 15 pi.); Cordonnier (1767,
."> [il.): Lingère (1771, 4 pi.); Paumier-raquetier
(1767, 5 pi.); Perruquier et baigneur-étuviste (1767,
5 pi.); Tailleur, culottier, couturière et marchande de
modes (1769, 1(5 pi.). — Hulot, Tourneur-mécanicien
(lrc partie, seule parue) (1773, 44 pi.). — Jars (Ga-
briel), Brique et tuile de Hollande (fabrication et cuis-
son) (1767, 1 pi.) (V. Duhamel). — Lagardette (A. -M.
de), PJoinbier-fontaiuicr (1773. 23 pi.). Anonyme. —
Lalande (Joseph-Jérôme Le François de), Cartonnier
(1763, 30 pi.); Chamoiseur (1763, 4 pi.); Corroyeur
(1767, 2 pi.); Maroquinier (1766, 1 pi.); Papier (fabri-
cation du) (1761, 16 pi.); Parcheminier (1762, 5 pi.);
Hongroyeur (1766, 1 pi.); Mégissier (1763, 2 pL);
Tanneur (1764, 3 pi.). — Lemonnier (P. -('..), Instru-
ments d'astronomie (1774). — Le Vieil (P.), Peinture
sur i/erre (1774, 13 pi.). — Lucotte (J.-R.), Maçonnerie
( 1783, 18 pi. ). — Macquer (Pierre-Joseph). Teinture ensoie
(1763, 7 pi.). — Malouin {V.-}.), Meunier, Vermieellier,
Boulanger (1767, 6 pi.). — Milly (Nicolas -Christiera
de Thy, comte de), Porcelaine (1771, S pi.). — Morand
(J. -F. -Clément). Charbon de terre (1768-1779, '. sections
et une table des matières suivie d'additions, 72 pL). —
Nollet (l'abbé Jean-Antoine), Chapelier (1773. 6 pi.). —
Paulet (de Mines), fabricant a étoffes de soie ("
lions, I773-I7SO, 195 pi.), _ Perret (J.-J.). Coutelier
et instruments de chirurgie (1771-1772. deux sections,
- 1011
kncyci oi'iinn;
122 pi.). — Réanmur (René-Antoine Ferchault de), Fer
fondu (nouvel art d'adoucir le) (1765, 18 flg.); Éptn-
_i;/iVr (avec additions et remarques, par Duhamel du Mon-
ceau el Perronnel ; 1702, 10 pl.T); lncr« (avec additions
par Duhamel du Monceau). — Roland de La Platière(J.-M.),
ffes en laine (deux parties, ITSO, 17 pi.) — Romme
(Charles) et Chapmann, roiterw (1781, 9 pi.). — Roubo,
Lay, ■■ (1782, 7 pi.); Menuisier (3 parties el '. sér-
iions. 1769-1775, 88 pi.). — Saint-Aubin fCh.-Germain
de), Brodeur (1777, 10 pi.). — Salmon (de Chartres),
i (1788, .".-2 pi.).
Toutes ces /' si riptions des arts et métiers faites et
approuvées par MM. </<• l'Académie des sciences oui
été réimprimées a Neufchatel (1771-1783, 10 vol. in- i),
avec observations el augmentations par J.— E. Bertrand,
inévitables qui' l'on pouvait constater entre
les planches commandées par l'Académie et celles de 17.'/;-
cyclopédie ne justifiaient nullement l'accusation île plagiat
imaginée par Patte. La plupart avaient été gravées anté-
rieurement au début de la mise au jour des Descriptions
et pour un tns grand nombre d'arts se trouvaient être
plus nombreuses et plus détaillées dans l' Encyclopédie.
lussi Panckouke et divers autres libraires pensèrent-ils
faire et firent, eu effet, une excellente affaire en rachetant
aux libraires associes les planches au prix de 250,000 fr.
Tout d'abord, Panckouke avait proposé une refonte de l'En-
cyclopédie, avant même que la première édition de celle-
ci ne tut achevée: mais, dit Grimai avec raison, les sous-
cripteurs ne se souriaient pas de concourir par de nou-
velles avances a rendre celle-ci inutile, et Panckouke dut
renoncer a son projet. Une réimpression intégrale du texte
primitif, accompagnée d'un supplément qui devait se vendre
irément aux possesseurs de la première édition, fut
mieux accueillie. La distribution en était commencée
lorsque l'assemblée du clergé, tenue en 1770, se plaignit
de Cette tolérance au roi, et les trois premiers volumes fu-
ient saisis, transportés à la Bastille, d'où ils ne sortirent
qu'en 1777. En même temps, un pasteur de l'Eglise fran-
çaise de Baie, Pierre Mouchon, rédigeait une table ana-
lytique qui pouvait s'adapter aux diverses éditions françaises
de l Encyclopédie. On exemplaire, pour être complet, doit
donc comporter les dix-se|it volumes du texte de Diderot et
de ses collaborateurs, quatre volumes de Supplément,
■ volumes de planches, dont un afférent au supplément,
et deux volumes de labiés. L'Encyclopédie a été en outre
l'objet de réimpressions multiples, les unes confirmes au
texte authentique, les autres très modifiées et parfois même
entièrement dénaturées. Parmi les premières, mi cite celles
de Genève et Lueques (1751-1767), avec notes d'Octavien
Itiodati. de Genève (1777. 39 vol. in- i. dont 3 de pi.);
de Lausanne et de Berne (1777-1779, 36 vol. gr. in-8 et
I. de (il. in- i). L'édition donnée par Fortuné-Barthélémy
de Felice a Yverdon (1770-1780, 38 vol. in-4) a eu de
nombreux collaborateurs dont la dernière édition du Dic-
tionnaire il, -s anonymes de Barbier donne la liste. En
dépit de ces contrefaçons d'une introdution d'ailleurs tou-
jours difficile en France, le succès de l'Encyclopédie
n'était pas encore épuisé quand Panckouke s'ingénia à le
renouveler sous une autre forme : renonçant cette fois à
l'ordre alphabétique, le plus commode à coup sur. mais
assurément le moins scientifique, il lança, en 1781, le
prospectus d'une refonte générale par ordre de matières.
Ii spéculation au début s annonça comme excellente, mais
les événements politiques, aussi bien que le progrès des
sciences, la rendirent par la suite singulièrement onéreuse,
et, quand elle fui enfin achevée (1832), cinquante ans
s'étaient écoulés entre la publication du premier et celle
du dernier de ses 166 volumes, accompagnés de 6,439
planches ! Diderot, qui avait pu voir le début de cette
entreprise colossale, avait autorisé Xaigeon à insérer, en
touchant au lesoin, ses articles sur l'histoire de la
philosophi»- : ceux de d'Alembert sur les sciences exactes
avaient également reparu avec des additions par Condorcet,
linssiit, La Chapelle, etc. Aussi l'anckouke avait-il légiti-
mement décore le iVoïKispice de V Encyclopédie métho-
dique d'une très belle planche d'AugUStïn de Saint Aubin
offrant, avec les médaillons accolés de Didenrï ci de d'Alem-
bert, ceux des principaux coopérateurs de l'ancienne el de
la nouvelle Encyclopédie: Voltaire, Rousseau, Daubenton,
La Marck, Condorcet, Dumarsais, Marmontel, été.
Les principales divisions de {'Encyclopédie métho-
dique se repartissent ainsi qu'il suit :
Agriculture, par l'abbé Tessier, Thouin, Fougeroux de
Bondaroy, Bosc el Bandrillard (1787-1821, 7 vol. in-4).
— .Inatomique [système), par Vicq d'Azyr et ('.loquet
(Termes d'anatomie et de physiologie. Quadrupèdes, mam-
mifères et oiseaux, reptiles, mollusques, poissons, etc.)
(1792-1830, 4 vol. in-',, et 1 vol. de pi., 1823). —
Animaux {histoire naturelle des), par Daubenton, Mau-
duit, Latreille, Godard, Lamarck, ISory de Saint-Vincent,
Bonnaterre, etc. (1782-1832, 14 vol. in-4 et 16 t. en
l 4 vol.de pi.). — Antiquités, mythologie, diplomatique
et chronologie, par Mongez (1786-an II, 3 vol. in-4 et
l vol. de pi.). — Aratoire [art) et jardinage, par Jacques
Lacombe (an V,in-4,et 1 vol. de pi., 1802). — Arbres et
arbustes (V. Fouets). — Architecture, par Quatremère
de Quincy (1788-1825, 3 vol. in-4). — Art militaire,
par Kèralio (1784-1797 et 1 vol. de pi.). Le 4e vol. ren-
ferme un Supplément par Lacuée de Cessac et Joseph Ser-
van. — Artillerie, par le colonel IL Colty (1822, in-4).
— Arts et métiers mécaniques (178:2-1 701, 8 vol. in-4
et 8 t. en (i vol. de pi.). — Assemblée nationale consti-
tuante, par Peuchet (t. Il, seul paru, 1792, in-4). — Allas
encyclopédique contenant la géographie ancienne et la
géographie moderne, par Bonne et Desmarets ( 1 787—
1788. 2 vol. in-4). — Beaux-Arts, par Watelet et
Lévesque (1788-1791, 2 vol. in-4 et un vol. de pi.). —
Blason et Chronologie (1787-1804, 6 vol. in-4 et 1 vol.
de pi.). — Botanique, par Lamarck et Poirct (1783-
182», 1 1 vol. in-4 et 4 vol. de pi.). — Chasses et Pèches
(dictionnaire de toutes les espèces de) (an III, in-4 et
1 vol. de pi.). — Chimie, pharmacie et métallurgie,
parGuyton-Morveau, Maret, Duhamel, Fourcroy, Chaussier,
Vauquelin (1780-1813, 6 vol. in-4 et 1 vol. de pi.). —
Chirurgie, par La Roche et Petit-Radel (1790-1792,
2 vol. in-4 et 1 vol. de pi.). — Economie politique et
diplomatique, par Démeunier (1784-1788, 4 vol. in-4). —
Encyclopœdiana ou Dictionnaire encyclopédique des
Ana (1791, in-4). — Equitation, escrime, danse et
art de nager (1786, in-4). — Finances, par Rousselot
de Surgy (1784-1787, 3 vol. in-4). — Forêts et bois,
arbres et arbustes, par L.-M. Blanquart de Septfontaines
et Jean Senebier (Physiologie végétale) (1791-1813,
t. Ier). — Géographie ancienne, par Mentelle (1787-
1792, 3 vol. in-4 et pi. dans l'Atlas de Bonne et Des-
marest). — Géographie moderne, par Robert et Masson
de Morvilliers (1782-1788, 3 vol. in-4 et pi. dans l'Atlas
de Bonne et Uesmarest). — Géographie el physique,
par N. Desmarest, liory de Saint-Vincent, Doin, Ferry
et Iluot (an 111-1828, 3 vol. in-4 et un atlas). — Gram-
maire et littérature, par Marmontel (1782-1786, 3 vol.
in-4). — Jeux mathématiques (et jeux de société),
par Jacques Lacombe (an VII, in-4). — Jurisprudence,
par Lerasle et Peuchet (1782-1791, 10 vol. in-4). —
Logique, métaphysique el morale, par Lacretelle (1786-
1701, 4 vol. in-4). — Manufactures, arts et métiers,
par Roland de La l'Iatière, Doin et Pontet (1781-1828,
4 vol. in-4 et 2 vol. de pi.). — Marine, par Vial de
Clairbois (1793, '* vol. in-4 et 173 pi.). — Mathéma-
tiques, par d'Alembert, l'abbé Bossut, Lalande, Condor-
cet, Charles, etc. (1784-1789, 3 vol. in-4). — Musique,
par Framery, Ginguené et de Momigny (1791-1818,
2 vol. in-4). — Peelus (V. Chasses). — Philosophie
ancienne el moderne, par Xaigeon (1791-an II, 3 vol.
in-4). — Physique, par Monge, Cassini, Bertholon, lias—
senfral/. (1793-1 822, 4 vol. in-4 et 1 vol. de pi. en deux
ENCYCLOPÉDIE
— loi -j —
parties)! — Théologie, par l'abbé Bergier (1780-1790,
:; m .Km-'.). Maurice Toi ami v..
Les Encyclopédies aux vin' et au xix' siècle. —
L'œuvre «les encyclopédistes français du .wni" siècle est
l'Encyclopédie par excellence, si toutes les publications ana-
logues oui se sonl multipliées depuis l'uni pins ou moins
imitée. Cependant on continua encore quelque temps à
donner le nom d'encyclopédie à de simples traités de clas-
sification des sciences, comme celui de Scnmid (Allgemeine
Encyklopcedie und Méthodologie der Wissenschaften ;
Iéna, 1810) ou de Schaller, dont le litre indique bien le
caractère élémentaire (Encyklopcedie und Méthodologie
der Wissenschaften fur angehende Sttidierende;1Û&&-
debourg, 1812), les ouvrages de Kirchner (Akademische
Propœdeutik ; Leipzig, '1842, et llodryetik; Leipzig,
1852), ont été rédigés sur le même plan. Enfin, les Alle-
mands ont très souvent donné le titre d'encyclopédie et
méthodologie à des traités relatifs à l'ensemble d'une
science, comme les traités de philologie classique de
Bœckh, de philologie romane de Kœrting, de théologie
de Hagenbach, Rsbiger, Zœckler, de sciences juridiques
d'Arndt, Holtzendorlf, Merkel, de sciences politiques de
Mohl, de pédagogie de Stoy, d'agriculture de Dunkelberg.
Ce sont là plutôt des manuels généraux, et nous ne leur
conservons pas le nom d'encyclopédie, appliqué de préfé-
rence aux ouvrages conçus sur le plan de [Encyclopédie de
Diderot et d'Alembert. Celle-ci a été, ainsi que nous l'avons
expliqué, ordonnée tour à tour selon l'ordre méthodique et
selon l'ordre alphabétique. Les publications postérieures
ont suivi tantôt l'un, tantôt l'autre. Cependant la grande
majorité ont adopté l'ordre alphabétique, lequel est plus
commode et assure mieux la vente de l'ouvrage entier et
l'homogénéité de la rédaction.
L'ordre alphabétique, mis à la mode par Y Encyclopédie
de Diderot avait été employé déjà par les lexicographes
byzantins, tels que Suidas. 11 l'avait été plus récemment
dans les Dictionnaires de Furetière (Rotterdam, 1690,
2 vol.) et de Thomas Corneille (Paris, 1694, 2 vol.), prin-
cipalement consacrés aux sciences et aux arts, et dans ceux
de Moreri (Paris, 1673; 20e éd., 1759, 10 vol.) et de
Bayle (Dictionnaire historique et critique, 1696), prin-
cipalement consacrés à l'histoire, à la biographie, à la
géographie. Le succès du dictionnaire de Bayle (Y. ce
nom) fut remarquable. Parmi les lexiques ou dictionnaires
universels du même genre, il faut citer le Lexicon uni-
vcrsale de Hoffmann (Bàle, 1677, 4 vol.); celui de Zedler
(Leipzig, 1731-1750, 64 vol. et 4 vol. supplém.); celui
de Jablonski, Allyemeinen Lexikon der Kûnste vnd
Wissenschaften (Leipzig, 1721); enfin, en Angleterre, la
Cyclopœdia d'Ephraïm Chambers (Londres, 1728,2 vol.).
On sait que le succès de librairie obtenu par cette dernière
publication contribua à faire décider par Diderot, d'Alem-
bert et leurs amis, celle de leur fameuse Encyclopédie ou
Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des
métiers (1751-1772).
On a dit l'immense influence exercée par cette œuvre
géniale, d'une portée philosophique exceptionnelle. Aus-
sitôt, non contents de la traduire, les pays voisins cher-
chèrent à l'imiter. En Allemagne, Kœster et Roos com-
mencèrent une Deutsche Encyklopivdie (Francfort ,
1778-1804. t. I à XXlin oui demeura inachevée: Ersch
et Gruber en entreprirent une autre à Leipzig, en 1N1S ;
mais leur Allgemeine Encyklopcedie der wissenschaften
und Kûnste, divisée en trois sections, n'est pas encore
terminée, malgré les efforts successifs de Brockhaus et de
Leskien; en 1886, il en avait paru 162 volumes. Sur un
plan différent, conservant l'ordre méthodique, Snell, moins
ambitieux, avait été plus heureux, et il put mener à bien
son Encyklopcedie sœmmtlicher Kenntnisse oder Schul-
wissenschaften (Giessen, 1805-1815, 19 vol.). Mais,
dès ce moment, un plan un peu différent et un titre nou-
veau avaient été adoptés en Allemagne. Lcebel publia un
Konversations-Lexikon {il[H>) dont Brockhaus lit l'acqui-
sition en 1808. La treizième édition publiée en 188:! sa
atteste le succès persistant; il est d'aflleon très mérité
par le soin apporté a la rédaction et l'abondance des ren-
seignements. A titre de complément, le même libraire a
publié Biider-AUas (Leipzig, 1868-4874; ! ït»L)
el une revue in titulée Die Gegenwart (1848-4856), puis
Vnsere Zeit ( 1 k.'.t et suiv.). Un résumé en deux volumes
du Konversations-Lexikon de- Brockhaus s'est aussi beau-
coup vendu (4* éd., 1*8.')). La concurrence suscita des
dictionnaires encyclopédiques analogues a celui de Brock-
haus. l'iiier publia l'niversul-Lexikon oder vollstcen-
diges encyklâpcedisches Wcerterbuch (Âltenburg, 1*22-
1836, 26 vol.; 14 vol. de supplém. parurent de 1840 à
1850). La sixième édition en a été donnée (OberhanscB,
1873-79, 18 vol.); le dictionnaire de Piererest complété
par des revues annuelles : Jahrbûcherder Wissenschaften,
Kûnste und Gewerbe. ta librairie juive a opposé au
Brockhaus un Konversations-Lexikon au moins aussi bien
fait el dont la dernière édition, plus récente, est plutôt
supérieure, celui deHeyer (Hildburghausen, 1 840-1 v
10 vol., plus 6 vol. supplém.), réédité à Leipzig (1857-
1860, 15 vol.; 4e éd., 1885-87, 16 vol.); il est com-
plété par des suppléments annuels et un abrégé en a été
donné (Meyers lland lexikon des alhjemeinen Wissens.,
2 vol.; 39 éd., 1885). Les grands dictionnaires de la con-
versation de Brockhaus et de Mcyer sont des ouvrages très
remarquables et répondant pleinement au but que se propose
l'acheteur d'avoir sous la main un magasin de renseignements
sur toutes les questions. Ils font une très grande place à
la géographie et à l'histoire contemporaine. Ils sont rela-
tivement courts, se composant d'une quinzaine de volumes
in-8 de 1,000 pages sur deux colonnes, mais, en raison
de leur format, très maniables et d'un usage facile.
D'autre part, le côté encyclopédique est un peu sacrifié ;
la philosophie générale y tient peu de place; les différents
groupes de connaissances sont isolément bien exposés, mais
ne sont guère reliés les uns aux autres. Ce sont, comme
leur litre l'indique, d'excellents lexiques plutôt que des
encyclopédies. Cette remarque s'applique à plus forte raison
aux publications analogues de l'Allemagne : deux sont
spécialement destinées aux catholiques: Allgemeine real-
encyklopœdie oder Konversations-Lexikon fur das
katholische Dcutscldand(Raùsbonïie, 1 846-1 850, 1 2 vol. ;
4e éd., 1880 et suiv.) et Konversations-Lexikon, de
Herder (Fribourg, 1853-57, 5 vol.: 2e éd., 1876-1879,
4 vol.). Citons encore Die deutsehe Encyklopcedie
(Leipzig, 1885 et suiv., 8 vol.) et l'ouvrage de vulgari-
sation de Spamer (Illustriertes Konversations-Lexikon
fur das Volk (Leipzig, 1869-1880. 8 vol. in-4 et 2 vol.
de supplément). Sur un plan plus méthodique et renonçant
à l'ordre alphabétique fut publiée Neue Encyklopœdie
der Wissenschaften und Kûnste (Stuttgart, 1847-1852,
8 vol.).
En Angleterre, l'imitation de Diderot et d'Alembert a
produit un chef-d'œuvre, la célèbre Encyclopœdia Bri-
tannica publiée a Edimbourg; la première édition qui
parut en 1771 n'avait que 3 vol. in-4. La seconde (1778-
1783) en comptait 10; la troisième (1797) en comp-
tait \^> auxquels vinrent s'ajouter 2 vol. de supplément.
La neuvième édition a paru de 1875 à 1889 (24 vol.
in-4). Celte publication est parfaitement digne de son
titre d'encyclopédie ; les questions y sont traitées avec les
développements les plus complets en de grands articles
dont chacun forme un petit traité dépassant de beaucoup
l'élendue d'un livre ordinaire: le vocabulaire est donc
assez restreint, et les petits articles tiennent peu de place
dans l'ensemble ; c'est tout le contraire d'un dictionnaire.
Ajoutons que tous les articles sont signés et plusieurs de
noms très connus. L'Angleterre avait produit au cours de
ce siècle une autre encyclopédie non moins remarquable,
pour laquelle on s'en était tenu à l'ordre méthodique, sans
classement alphabétique, VEncycloposdia metropolitena
(Londres. 1818-1843, 3 vol.) rédigée d'après le plan de
— loi;! —
ENCYCLOPÉDIE
S. I»ykr Coloriage. Sur un plan analogue forent com-
mms les 133 vol. «le la Cabinet Cyclopœdia de Lardner
(Londres. 1830 al suiv.i. Los antres encyclopédies an-
njaimn n'ont |>as le mérite exceptionnel de YEncyclc—
:a Britannica et de l'Encyclopedia metropolitana;
elles se rapprochent plutôt dn type du Dictionnaire de
la oMwsation. Citons The English Cyclopœdia de C.
huight (Londres, 1853-1862; 2 éd., 1866-68, 23 vol.
supplém. depuis 1869) : Chambers Encyclopœdia
(Londres. 1860-68, 10 voL, rééd. en 1874); YEncy-
dopœdic Dictionary de limiter (Londres, 1879 etsuiv.).
\u.\ Etats-Unis, on publia d'abord : Encyclopœdia Ame-
rieana (Philadelphie, 2« éd., 1829^1846, 14 vol.);
l'ouvrage le pins remarqué fut celui d'Apple ton, New
American Cyclopœdia (New-York, 1858-1863, 16 vol.),
complète depuis 1861 par des suppléments annuels,
d'après le système allemand (Annual Cyclopœdia); on
peut encore nientionner la National Encyclopœdia de
1. Colanse (New-York, 187-2 et suiv.). Vlllustrated
Umioersa] Cyclopœdia de Johnson (New-York, 1874-78,
> roL in- ii. ["Encyclopœdia Americana de Stoddart
(Philadelphie. 1883 et suiv.), entin le Deutsch-Amerika-
he Konversations-Lexikon de Schem (New-York,
1870-74).
En France, il faut arriver au milieu du xix" siècle pour
retrouver des dictionnaires encyclopédiques originaux ; ils
se rapprochent autant du type de celui de Brockhaus que
de celui de Diderot. L'Encyclopédie des tiens du monde
(Paris. 1833-1845, 22 vol.); ['Encyclopédie du
\iv tiècle (Paris, 1836-1859, 75 vol. pet. in— 8, rééd.
en 1883 : Y Encyclopédie moderne de L. Renier (Paris.
1846-1851, 30 vol., plus 12 vol. de supplèm., 1856-62)
reçurent un accueil assez médiocre : bien supérieur est le
Dictionnaire de la conversation et de la lecture (-y éd.,
1851-58, 16 vol., plus 5 vol. de supplém., 1864-1882)
par la qualité de ses articles. Tous furent éclipsés par le
Grand Dictionnaire universel du xi\° siècle de P. La-
rousse (Paris, 1804-1876, 15 vol. et 2 vol. supplém.,
1878-1890). Cette énorme compilation dut à son caractère
anecdotique et aux facilités qu'elle offrait aux journalistes
pour la rédaction de leurs chroniques une vogue très
grande. C'est encore un très amusant dictionnaire, mais le
manque de plan méthodique et de proportion entre les
articles, l'absence presque complète d'esprit critique en
rendent L'usage hasardeux pour les travailleurs ; ce n'est,
d'ailleurs, en aucune manière, une encyclopédie. On a
tenté de compléter le Dictionnaire Larousse et de le
tenir au courant par une Revue encyclopédique qui parait
depuis dec. 1890. Le Dictionnaire des mots et des
clioses (Paris, 1884-86, ■'! vol. in- i) semble particulière-
ment destiné aux établissements scolaires.
Kn Italie, nous trouvons Nuova Eneyclopedia ita-
liana (Turin. 1841-1851, li vol.; 09éd., par Boccardo,
1875 et suiv., 25 vol.) ; Dizionario universale di
scienze, lettere ed arli de MM. Lessona et C.-À. Valle
(Milan. 1873 et suiv.) et YEnciclopedia popolare eco—
oomtcadeG. Berri (Milan, 1K71 etsuiv.). — En Espagne,
YEnciclopedia moderna de Melledos (Madrid, î s i S-
1*51. 34 vol.). — En Portugal, le Diccionario universal
portugwz de Costa. Aucun de ces ouvrages n'est compa-
rable aux grandis publications françaises, allemandes ou
anglaises. — l.a Russie possède les encyclopédies en langue
de Startsehewski (Saint-Pétersbourg, 1847-1855,
12 vol.) et de l'ijuschar. Krajcuski el Beresin (Saint-
Ivtersbourg, 18M). 15 vol.) ; celles en langue polonaise
de S. Orgelbrand {Encyklopedya powszechna (Varsovie,
1859-1868,28 vol.; abrégée en 12 vol., 1871 etsuiv.). —
Les Tchèques ont celle de L. Rieger el Maly (Prague, 1 854-
14, 12 vol.; abrégée en 187:-!). — Les Hollandais ont :
Numurenhuis1 woordenbœk van kunsten en wetenschap-
pçn (La Haye et Leyde, 1851 1868, 10 vol.); Mgemeene
rlandsche Encyclopédie vorden beschaafden stand
(Zutphen, 1805-68, i-> vol.) ; GeiUustreerde Encyclo-
pédie de A. Wintler-Prins (Amsterdam, 1868-1882,
15 vol.). — Les Danois ont Nordisk Conversationslexikon
(Copenhague; ,'!''éd., ISS:! et suiv.) et Korlfatlct Conver-
sationslexikon (Copenhague, 1880, - vol.) ; les Suédois,
Nordisk familjcbok (Stockholm, 1875 et suiv.) et les
Norvégiens, Norsk Uaandlexikon (Christiania, 187!) et
suiv.). — Rappelons enfin la tentative Faite par lîistany
(Beirout, iSTiii pour publier une encyclopédie arabe.
Nous n'avons parlé ici que des encyclopédies univer-
selles, négligeant à dessein les dictionnaires et les ency-
clopédies spéciales qui ne traitent que d'une science ou
I d'un groupe de connaissances. On en trouvera l'indication
dans l'article Bibliographie, auquel nous renvoyons pour
compléter les informations contenues dans cet article.
La Grande Encyclopédie. — De l'exposé historique
qui précède, il resuite que, sauf en Angleterre, il n'a été
publié depuis un siècle aucun ouvrage comparable à {'En-
cyclopédie de Diderot et d'Alembert. En 1882, une société
de savants et de gens do lettres entreprit, à l'instigation
de M. Camille Dreyfus et de l'éditeur liaer, de combler
cette lacune. Il ne s'agissait d'abord que de réaliser une
entreprise analogue à celle de Brockhaus et d'Appleton.
Mais bientôt le plan fut élargi par M. Dreyfus, d'accord
avec les directeurs, aux proportions d'une véritable ency-
clopédie. Il prit son extension définitive lorsque M. Lami-
rault assuma l'exécution de cette grande entreprise. Ce
plan a été exposé dans la Préface, et nous n'avons rien
à ajouter aux considérations générales qu'elle renferme.
Ce qui caractérise l'œuvre, c'est son impartialité com-
plète; elle veut être l'inventaire exact et précis des faits
connus et des doctrines acceptées ou discutées à notre
époque. Lorsqu'elle sera achevée, en 1896 probablement,
elle comprendra "28 volumes de 1,200 pages, chacune de
ces pages renfermant 140 lignes de 50 lettres. Rien n'a été
abandonné au hasard; l'œuvre est dirigée par un comité
de douze membres : M. Berthelot pour les sciences phy-
siques et chimiques; MM. Laurent et Laisant pour les
sciences mathématiques et leurs applications; le Dr Hahn
pour les sciences naturelles et médicales; M. Camille
Dreyfus pour les sciences politiques, l'administration et les
finances; M. Glasson pour le droit; M. Marion pour la
philosophie; M. Levasseur pour la géographie; M. Waltz
pour l'antiquité classique; M. Derenbourg pour la philolo-
gie orientale; M. Giry pour l'histoire de France et d'Eu-
rope; M. Muntz pour les beaux-arts. Avec l'aide de leurs
collaborateurs et du secrétariat de la rédaction, les direc-
teurs dressent d'abord, pour chaque lettre de l'alphabet,
la liste des articles qui devront être traités; ce vocabulaire
est imprimé; on sait d'avance quelle doit être la part de
chaque lettre dans l'ensemble; on répartit entre les direc-
tions le total des lignes disponibles. Chacun des directeurs
procède alors à la distribution entre ses collaborateurs des
articles à traiter, en indiquant à chacun le nombre de
lignes qui lui est assigné et la date de livraison des articles.
Ceux-ci sont visés en manuscrit parle directeur; le secré-
tariat vérifie ensuite s'ils ne dépassent pas les limites
fixées, s'ils traitent bien la question sans empiéter sur une
spécialité voisine, ni sur un mot déjà traité ou qui le sera
ultérieurement. Ils sont alors envoyés à l'imprimerie.
Après les corrections d'épreuves, on établit une mise en
pages provisoire qui est soumise à une double revision par
chacun des directeurs, de telle sorte qu'ils puissent con-
trôler non seulement leur spécialité, mais ses rapports avec
l'ensemble. Ces contrôles multiples assurent l'homogénéité
de la Grande Encyclopédie ; les articles sont groupés
d'après un système de renvois tel que de chacun on puisse
se reporter à tous ceux qui traitent d'une question et
remonter aisément aux principes généraux et philosophiques
de chaque art et de chaque science. La qualité de chacun
des articles pris isolément est garantie par le fait que tous
ceux de quelque importance sont signés et que les colla-
borateurs de la Gronde Encyclopédie comptent parmi les
écrivains les plus illustres. Outre les directeurs, qui tous
ENCYCLOPÉDIE — ENDERLEN
_ 1014 -
ont contribué largement à la rédaction, quelques-uns pu
de véritables ouvragée (art. Alchimie de H. Hcriheiot,
Alpes de H. Levaseeur, Cassation et Dut de H. Glasson,
Commune de M. Giry, etc.), nous mentionnerons MM. Liard
(art. Descartes), Boutroux (art. Aristote), Sarrau (ail.
Energie), Brunelière (art. Boileau, Bossuet, Cor-
neille, etc.), Oppert (art. Assyrie, Babylone), «■te
Chacun des articles est d'ailleurs accompagné d'une notice
bibliographique qui permet aux travailleurs de vérifier ses
assertions et de trouver tous les renseignements complé-
mentaires dont ils auraient besoin. Enfin, à côté de près
de 15,000 gravures, V Encyclopédie contiendra pins de
200 cartes formant un atlas presque unique en France.
Elle réunit les avantages des dictionnaires spéciaux ou des
ouvrages comme le ConversatUms-Lexikon de Brockhaus
à ceux d'une encyclopédie, car elle a un vocabulaire plus
riche qu'aucune autre. Achevée, elle comptera plus de
200,000 articles; un grand développement a été donné à
la partie biographique et, par une innovation remarquable,
on a l'ait autant de place aux illustrations de l'étranger
qu'aux illustrations nationales; les biographies espagnoles,
italiennes, anglaises, russes, Scandinaves, sont [dus com-
plètes que dans nul autre dictionnaire de France ou de
l'étranger. Ce qui est remarquable, c'est que le comité de
direction a pu donner cette abondance et cette variété
de détails sans rien sacrifier du caractère encyclopédique
de l'œuvre. Celui qui lira les art. Allemagne, Chine,
Espagne, Etats-Unis, ou bien les art. Art, Botanique,
Chimie, ou encore les art. Académie, Constitution,
Ecole, Enseignement, s'en convaincra aisément et verra
comment tous se complètent sans double emploi, ainsi que
doivent se raccorder les pièces et les engins d'un grand
navire. A.-M. B.
Biml. : V. l'art. Bibliographie et les noms cités dans
l'article; sur l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert,
consulter la plupart des travaux mentionnes à la blblio-
graphie do l'article Diderot.
ENCYONEMA (Kûfcring 1834) (Bot.). Genre de Diato-
macées, de la tribu des Cymbellées, dont les frustules, à
valves cymbiformes et non symétriques par rapport au
raphé, sont renfermés dans un mucus filamenteux et tubu-
li forme, à l'intérieur duquel ils se meuvent et se multi-
plient par division. Ce genre se distingue des autres Cym-
bellées par son raphé droit et par ses nodules terminaux,
qui sont assez distants des extrémités de la valve. Toutes
les espèces d'ailleurs peu nombreuses, appartiennent aux
eaux douces.
Biul. : Kutzing, Si/nopsis Diuiomearum. — Du même,
Bacillarue, p. 82.— W. Smith, Brit. Diat., t. 11, p. 68.
ENDACTIS (Paléont.). Egerton a établi ce genre pour
un Poisson des terrains basiques de Lyme Begis (E. Agas-
sùi), chez lequel la tète est petite, la dorsale opposée aux
ventrales, l'anale située non loin des ventrales, la caudale
échancrée ; les écailles sont petites, arrondies, légèrement
pectinées au bord postérieur, qui est orné de lignes sail-
lantes. Les Endactis se placent près des Pachycormus.
Bibl. : Mcmoirs of theGeological Survcy, 1858, IX.
ENDADELPHIE (Tératol.) (V. Monstre double).
EN DAM EN ES. Habitants sauvages de l'intérieur de la
Nouvelle-Guinée. Noirs à cheveux droits et lisses, ils parais-
sent appartenir à la même race que les Australiens. Les En-
damènes sont nus; ils s'incisent les bras et la poitrine.
ENDEAVOUR. Fleuve d'Australie, colonie de Queens-
land, qui se jette dans le Grand Océan (mer de Corail), à
l'E. de la presqu'île d'York, par 130" lat. S. : la se trouve
le port de Cookstown. — Au N. de la presqu'île d'York,
est le détroit d'Endeavovr, qui forme la passe méridio-
nale du détroit de Torrès.
ENDECOTT (John), administrateur anglais, né à IW-
chester vers 1588. 11 s'entendit, en 1628, avec cinq
autres « religieuses personnes » pour constituer une com-
pagnie d'exploitation de la Nouvelle-Angleterre américaine,
accompagné d'une trentaine d'émigrants et de sa femme.
il aborda à Naumkeag (Salem) le 6 sept. 1028. Là, son
puritanisme l'engagea dans des querelles continuelles a\«r
[es colons antérieurs : il voulu! empêcher la enhore du
tabac, comme contraire I la morale, l'usage du l'rayrr
Book, les « habitudes profanes » des gens de Qjmney; il
protesta CODtn la présence d'une croix, la croix rouge de
Saint-George, sur le drapeau de la milice, sou^ prétexta
que la croix était un emblème papiste. Endecott, le « puri-
tain des puritains », fut fait neanmois gouverneur de la
colonie en 1644, et, depuis 1649 jusqu'à sa mort, la colonie
prospéra sou-, son administration, malgré la sévère police
religieuse qu'il y in-titua, notamment contre les quakers.
Il eut quelques difficultés arec le gouvernement de la Ins-
tauration, mais il mourut le 15 mars 1665, avant qu'elles
n'eussent atteint de fâcheuses extrémité,. Endeeotl est un
des « pères » des Massachusetts. Ch.-Y. L.
ENDÉMIE (Héd.). L'endémie embrasse l'ensemble des
circonstances multiples qui engendre ou entretient des mala-
dies spéciales dans certaines contrées. Les endémies sont
liées à des conditions particulières soit du sol, soit de la
nourriture ; mais plus nos connaissances sur les modes
de propagation des maladies acquièrent de précision, plus
aussi les causes mystérieuses des endémies disparaissent.
On a divisé les maladies endémiques en plusieurs classes:
1° endémies causées par un vice de l'alimentation : ergo-
tisme, scorbut; 2° endémies provenant de l'influence du sol
et, par suite, de la qualité des eaux : goitre, crétinisim- :
3° endémies d'origine parasitaire : taenia, dragonneau.
distome ; 4° endémies d'origine inconnue : éléphantiasis ;
5° endémies miasmatiques : dysenterie, typhus, peste,
choiera, suette miliaire, lièvre jaune, fièvre typhoïde : mala-
ria. Presque toutes ces maladies sont susceptibles de devenir
épidémiquesetd'émigreren dehors de leurs foyers habituels.
L'état endémique quelles présentent dans certaines contrées
est dû uniquement à la persistance de l'agent de contage,
qu'une sage hygiène parviendrait à détruire. C'est ainsi que
la fièvre typhoïde, jadis à l'état endémique dans certaines
villes, a presque complètement disparu le jour ou l'on a
assuré une eau pure aux habitants et où de sages mesures
de désinfection ont été prises. De toutes les maladies endé-
miques, celle qui constitue encore le type le plus parfait c-t
la malaria ou plutôt le groupe malarique : fièvre palu-
déenne, fièvre intermittente, etc. L)r P. Lasglois.
ENDENTÉ (lilas.). Attribut de pièces héraldiques hono-
rables couvertes de longs triangles alternes d'émaux diffé-
rents. C'est à tort que ce mot est parfois écrit endenché.
ENDER (Thomas), peintre et graveur autrichien, ne à
Vienne le i nov. 1793, mort à Vienne le 28 sept. 1875.
Il compte au nombre des plus marquants paysagistes de
son pays, et il professa pendant longtemps à l'Académie
des beaux-arts dont il avait été élève.
ENDER (Johann), portraitiste et peintre d'histoire, frère
jumeau du précèdent, né à Vienne le 5 nov. 1703, mort
à Vienne le 16 mars 1N3{. llétudiaà l'Académie de Vienne
et remporta plusieurs prix. Ln 1818, il lit un voyaf
Italie et en Grèce avec le comte Szechenyi, et, en 1820,
obtint le prix de Rome, c.-à-d. une pension accordée par
l'empereur pendant plusieurs années pour lui permettre de
visiter Home, Florence, et, plus tard. Paris. En 1829,9 fut
nommé professeur à l'Académie. Au Belvédère de Vienne,
on a de lui une Vierge avec l'enfant Jésus et un paysage.
11 s'occupa aussi d'illustrations. Sa dernière grande œuvre
est la fresque du Crucifiement à la cathédrale de Vienne.
EN DER(Eduard), fils et élève de Johann, peintre de genre
et d'histoire, né & Vienne en 182 l.On cite de lui : l'nm-
çois lertlans l'atelier deBenvenutoCellini ; Shakespeare
à la (■our d'Elisabeth, etc.
ENDERBURY (Ile). Ile du Grand Océan, dans l'archi-
pel des iles Phœnix, par 3° S' lat. S. et 186° 31 long. B.
EN DERBY (Terre d'). Terre de la région polaire antarc-
tique, entre 00° et 67° lat. S., par iN" long. E. 1 Ile fut
explorée par le capitaine Biscoe sur un navire que lui
avait confié l'armateur Enderby (mort en 1876).
ENDERLEIN (Kaspar), fondeur et ciseleur allemand, né
- 1015
ENDKULKIN — ENDOCARDITE
a Bile, mort à Nuremberg en 1633.0b lui doit les fonts
baptismaux de l'église Saint-1 aurenl de Nuremberg.
ENDERLIN (Joseph-Louis), sculpteur français, né a
Bile (Suisse) de parents français. Elevé de Jouflroj et de
Etonnas! jeune, il exposa depn s l s 7 s . Citons son Joueur
</<• billet (S. 1880 et 1 888), Au Salon de 1894, il a exposé
Povermo (buste bronze) et Paternité (groupe plâtre).
ENDERMO, EN00M0, EDOMO, YEDOMO. Baie à l'SB-
srientsJsda golfe des Volcans, au S. de l'ile (le Yeso
(Japon), province de lbouri. Moro-ran, petite ville de
1,000 liab. située près du cap Kndonio. offre un heau port
d'on l'on s'embarque généralement pour traverser le golfe
des Volcans et se rendre en face, à Mori, dans la province
d'Osinia qui forme au S. de Yeso une péninsule au S. de
laquelle e:>t llakodaté. 11. C
ENDIGUEMENT (llvdraul.) (V. DlODB).
ENDIVE (Bot.) (V. Chicorée).
ENDJA (Oued). Rivière d'Algérie, dép. de Constantine,
formée par la réunion de l'oued Rou-Salah et de l'oued
kelur, qui lui amènent les eaux du r'erdjioua et des pla-
teaux au N.-E. de Sétif. Elle se dirige de l'O. à l'E., for-
mant comme un Essai au revers méridional du prolon-
■MMBl oriental de la chaîne des lîaliors et finit dans
l'oued el-Kebir, près des gorges des lïeni-llaroun. E. Cat.
ENDLICHER (Stephan-Ladislas) , célèbre botaniste
allemand, ne a Probourg le l'i juin 1804, mort (suicidé)
\ lenno le 88 mais 1849. Bibliothécaire de la cour de
1828, conservateur du cabinet d'histoire natu-
relle de la cour en 1836, prolesseur de botanique à l'ini-
verMte, et directeur du Jardin des plantes depuis 1 S 40 :
il prit part, pour son malheur, aux événements politiques
de 1848. Son grand ouvrage, Generaplantarvm, etc., avec
oÙMsnppléments (Vienne, 1836-1850, i>et. in-4), et illustré
par Vkonegraphta generum planiarum (Vienne, 1N;>8,
125 pi. in-l'ol.). puis VEnchiridion botanicum, etc.
(Leipzig. 1841, in-8), ont rendu d'éminents services à la
science des familles naturelles. Citons encore: Grundzùge
ier Théorie der Pflanxemeugung (Vienne, 18o'8, in-N) ;
avec von Martius : Flora brasiliensis, etc. (Vienne et
Leipzig, 184046, 6 Use. in-fol.) ; avec Unger: Grund-
wûge **r Botanik (Vienne, 1843, in-8, av. 1 pi.); Sy-
nopsis anuferarum (Vienne, 4847, in-8), etc. Endlirher
a donné des plantes des caractères plus précis et plus
exacts que la plupart de ses devanciers ; les érudits van-
tent la pureté de son style latin et considèrent à ce titre
le texte de s.m Enchiridum comme un modèle. Plusieurs
jardins botaniques et quelques herbiers, notamment celui
de Vienne et du Muséum de Paris, sont classés suivant la
méthode d'Endlioher. Ce savant s'est également occupe de
linguistique ; citons de lui à cet égard : Dr Vlpiano iits-
tilutionum Fragmento in Bibl. Palat. nuper reperta
(Vienne, 183S) ; Fragm. theotisca versionis antwuiss.
Ecatigrlii Mallmi (av. l'allersloben, Vienne, 1834) ;
Aualecta grammatica, 1836; Anfangsgrûnde der rhi-
nrsischen Grammaiik (Vienne, 184,')), etc. Dr L. Un.
ENDOCARDE I Anat.). L'endocarde est une membrane
lisse, brillante, mince et blanchâtre, de la nature des
séreuses, qui tapisse les cavités du cœur en formant un
manteau à toutes les saillies et en s'enfonçant dans toutes
les anfractuosités et dépressions pour les revêtir. Lne fois
le trou de Botal fermé, il y a donc un endocarde droit et
un endocarde gauche, comme il y a deux cœurs, l'un
droit, l'autre gauche, et chacun des deux endocardes n'est
que la tunique de lîichat des vaisseaux ou plutôt Pende—
veine qui se continue a travers le cœur. Très adhérent
aux parois du cœur, l'endocarde est plus épais dans le
cœur gauche ou artériel que dans le cœur droit ou vei-
neux. Il comprend, dans sa texture, de la face superfi-
cielle ou libre à la fuie profonde ou adhérente : 1° un
épithélium parimenteux a une seule couche (endothélium
rsseoJaire) ; 2° une membrane basale, d'aspect amorphe,
mais en réalité composée d'une nappe de cellules étoilées
et anastomosées (lame striée des Allemands) ; 3° une
couche élastique, constituée par des réseaux de fibres élas-
tiques ou même de véritables membranes fenètrées; 'i°une
couche de tissu ronjoiiclif qui, par des transitions ména-
gées, se continue en dedans avec la couche élastique pré-
cédente, et en dehors avec le tissu conjonctif interstitiel
du muscle cardiaque. Cette dernière couche est la seule
qui soit vascnlaire. Mans l'endocarde ventriculaire, on ren-
contre ça et là chez l'homme, et d'une façon constante et
régulière chez un grand nombre de mammifères, des fibres
grises, ramifiées, nurléces et légèrement striées, connues
sous le nom de fibres de Pwkmje, qu'on a considérées
comme intimement liées à la néoformation de fibres mus-
culaires. Ch. Dehierre.
ENDOCARDITE (Méd.). Sous le nom d'endocardite on
désigne l'inflammation aiguè ou chronique de l'endocarde ;
il est bon seulement de remarquer que l'élément inflam-
matoire a perdu de son importance depuis que le rôle des
microorganismes pathogènes est mieux connu. L'endocar-
dite peut donc aujourd'hui être divisée en simple (aiguë ou
chronique) et en infectieuse ; cette division permet à peu
près de classer les formes cliniques de l'endocardite.
I. Endocardite aiguë simple. — Etiologie, Rarement
primitive et alors duc au refroidissement, elle est plus
souvent secondaire; elle apparaît dans le rhumatisme sous
toutes ses formes, et surtout dans le rhumatisme articu-
laire aigu; puis vient la scarlatine, qui agit probablement
par l'élément rhumatismal , puis la variole, l'érythème
noueux, la chorée, l'érysipèle de la face, les phlegmasies
pleuro-pulmonaires ; la myocardite et la péricardite peu-
vent gagner l'endocarde. L'endocardite est surtout fré-
quente à l'âge adulte et dans l'enfance.
Anatomie pathologique. L'endocardite a pour lieu
d'élection le cœur gauche, le ventricule gauche ; elle est
souvent limitée aux valvules, surtout à la mitrale,et atteint
de préférence la face qui regarde le courant sanguin; les
altérations sont celles de toute séreuse enflammée ; il
y a hyperémie, prolifération et chute des épithéliums, pro-
lifération du tissu conjonctif, formation d'un exsudât plas-
tique, d'où des végétations qu'on avait d'abord prises pour
des agglomérations fibrineuses, mais qui sont en réalité
constituées par un tissu embryonnaire de nouvelle forma-
tion, recouvert d'une couche relativement mince de fibrine.
Ces végétations sont friables, molles et transparentes dans
l'endocardite aiguë et parfois renferment à leur centre
des vaisseaux en voie de formation. Lorsque les végéta-
tions sont petites, l'endocarde prend un aspect dépoli et
chagriné, car elles sont toujours très nombreuses ; en
même temps il devient rugueux au toucher, opaque et
épaissi. Les végétations siègent de préférence à une petile
distance des bords libres des valvules, et forment quelque-
fois comme une guirlande tout autour; elles peuvent deve-
nir une source d'embolies, mais le fait est exceptionnel
dans l'endocardite simple aiguë. Lorsque les végétations
contractent des adhérences entre elles et se rétractent, elles
déforment les valvules, les fixent contre les parois ventri-
culaires et transforment l'orifice en un canal étroit à pa-
rois immobiles. Ln général, l'endocardite est accompagnée
de myocardite de voisinage. Le processus n'a pas toujours
cette forme plastique et proliférante; parfois il aboutit
vite à des ulcérations, à la perforation des valvules, à des
anévrysmes valvulaires ; les tendons de la valvule mitrale
peuvent être ulcérés, la cloison interventriculaire perforée.
Ces ulcérations sont bien plus fréquentes dans l'endocar-
dite infectieuse que dans l'endocardite simple.
Symptômes. L'endocardite a des débuts insidieux ; les
phénomènes d'invasion, frissons, élévation de température,
dyspnée, palpitations, peuvent passer inaperçus, surtout
si le malade est atteint par exemple de rhumatisme arti-
culaire aigu. A l'auscultation, l'épaississement des val-
vules et l'imperfection de leur jeu se traduit par des bruits
de souffle en rapport avec le siège de la lésion (V. Coeur) ;
le Bouffie est perçu à la pointe du cœur, car c'est l'orifice
nuirai qui est le plus souvent atteint ; ce souffle est gêné-
i;mm)i:aiu)ITi: — knikh:os
— um —
nlemenl lystotique, l'insuffisance initiale étant la règle,
le ri'tni isseiiiciit l'exception dans l'endocardite aiguë. La
durée de la maladie est de quelques jours à deux semaines;
au bout de ce temps la séreuse recouvre son intégrité ou
l'affection devient chronique ; dans le premier tas, le souille
disparaît ; dans le second, il peut disparaître pour des
aimées, mais, fatalement, il reparaîtra lorsque les lésions
valvulaires seront constituées.
Traitement. Le traitement de l'endocardite est à peu
près celui de la péricardite. On l'ait des émissions san-
guines locales et générales, on applique des révulsifs, vési-
catoires, etc., à la région précordiale, et on donne de la
digitale, parfois du tartre stibié ou des alcalins, domine il
v a toujours lieu de craindre le passage à l'état chronique,
il faut continuer à appliquer des révulsifs (cautérisation,
cautères) sur la paroi thoracique longtemps après la dis-
parition des phénomènes aigus.
II. Endocardite chronique. — Etiulogie. L'endocardite
chronique ou bien est consécutive à l'endocardite aiguë, ou
elle prend naissance sous l'influence des mêmes conditions
qui déterminent l'athérome artériel (vieillesse, alcool, sy-
philis, etc.) ; les phlegmasies de l'appareil respiratoire
paraissent y prédisposer.
Anatomie pathologique. Les lésions constatées dans
l'endocardite chronique sont celles de l'endocardite aiguë
devenues persistantes par la transformation calcaire et la
dégénérescence graisseuse ; il peut arriver que les foyers
graisseux se vident dans le ventricule et laissent des ca-
vités et des ulcérations ; souvent les valvules sont comme
criblées de trous ; des fragments détachés des végétations
peuvent être entrâmes par la circulation, et par oblitération
donner lieu à l'anémie ou au sphacèle de la région irriguée
(V. Embolie et Gangrène).
Les symptômes de l'endocardite chronique ont été dé-
crits à l'art. Coeur.
III. Endocardite infectieuse (Endocardite ulcéreuse,
typhoïde, maligne, diphtéroïde, etc.). — Etiologie et pa-
thogénie. L'endocardite infectieuse accompagne ou suit
des affections telles que l'ostéomyélite, la septicémie, la
pyémie, les fièvres infectieuses, la diphtérie et le rhuma-
tisme articulaire suraigu. Il parait démontré aujourd'hui
qu'elle est le résultat presque mécanique du dépôt de bac-
téries en nombre considérable sur les valvules (Cornil),
bactéries provenant des foyers d'ostéomyélite, de septicé-
mie, etc. ; dans les conditions de misère physiologique,
dans l'alcoolisme, la puerpéralité, etc., le terrain est
favorable à la malignité de l'affection, et, au lieu d'une en-
docardite simple, c'est une endocardite infectieuse (souvent
par auto-infection) qui éclate, que le malade soit ou ne soit
pas rhumatisant.
Anatomie pathologique. L'endocardite infectieuse a
pour siège d'élection les valvules et de préférence les
valvules mitrale et aortique, et les lésions en occupent soit
les bords seulement, soit toute la surface. On constate sur
la valvule une couche de fibrine homogène réticulée avec
des masses de bactéries dans les mailles ; dans certaines
formes se produisent très rapidement des végétations vo-
lumineuses, bourgeonnantes, des érosions, des ulcérations,
des perforations des valvules, du septum interventricu-
laire, des mortifications de l'endocarde ventriculaire, des
anévrismes valvulaires ; des débris des valvules sont lan-
cés au loin par la circulation et vont former des embolies
ou des infarctus dans les reins, le foie, la rate, l'intes-
tin, etc. Ces lésions prennent ici une extension et une gra-
vité bien plus grandes que dans l'endocardite simple aigue,
et comme elles peuvent se présenter chez de francs rhuma-
tisants, c'est, si l'on veut, l'endocardite aigue ordinaire
devenue maligne sous l'influence des mauvaises conditions
dans lesquelles est placé le malade. On peut donc décrire une:
Endocardite ulcéreuse, dans laquelle la lésion locale a
été le point de dépari des accidents, sans qu'il y ait lieu
d'invoquer un état général primitivement grave, Cette va-
riété d'endocardite est facile à reconnaître pendant la vie.
grâce aux bruits de souffle; ces bruits prennent un timbre
musical nomme piaulement (llouillaud), du a la vibration
d'un corps Bottant (pilier, cordage ou végétation) au-de-
vant d'unorifiee : ce caractère a permis plusieurs fois d'an-
noncer a l'avance l'explosion des accidents de l'embolie.
Dans ses autres formes, l'endocardite mérite, plutôt que
dans celle-ci, le nom d'infectieuse, car les ulcérations, si
elles -ont représentées en général, peuvent être insigni-
fiantes et même manquer; dans ce dernier cas, il i
dent que l'endocardite n'est plus qu'un épiphénomène d'un
état général grave prédominant. Reste à décrire deux
types d'endocardite :
Endocardite typhoïde. C'est en général l'endocardite
ulcéreuse prenant la forme typhoïde ; on constate la plupart
des symptômes de la fièvre typhoïde : prostration, diar-
rhée, ballonnement de l'abdomen, taches rosées lentiea-
laires, congestion pulmonaire, urines albumineuses, etc.
Le diagnostic est fondé sur l'irrégularité de la courbe des
températures, sur les bruits morbides qu'on perçoit au ni-
veau des orifices du cœur, sur les douleurs rhumatismales
(si elles existent), sur l'apparition de certains désordres
spéciaux, telles que les paralysies par embolie, sanscompter
que l'invasion n'est pas la même. L'endocardite typhoïde
tue fatalement en deux ou trois semaines.
Endocardite pyohémique ou pyémique. Elle a toutes
les allures de l'infection purulente : frissons répétés et
hyperthermie, teinte terreuse, subictérique, formation
d'abcès sous la peau, autour des articulations, dans les
articulations; la mort survient au milieu du délire au bout
de huit à dix jours. Le diagnostic est basé sur l'absence de
traumatisme capable de développer l'infection purulente et
sur les bruits morbides du cœur.
Traitement. Le traitement de ces différentes formes est
celui de l'endocardite simple et des affections qu'elle com-
plique. Dr L. Hahn.
ENDOCARPES (Bot). Tribu de Lichens Ascosporés
Angiocarpes, à thalle hétéromère, foliacé, à apothécies très
petites, punctiformes, enfoncées dans le réceptacle.
ENDOCARPON (Bot.). Genre de Lichens, de la tribu
des Endocarpes, à thalle foliacé et à noyau subglobuleux,
gélatineux, renfermé dans des verrues superficielles ouvertes
par un ostiole proéminent.
ENDOCERAS (Paléont.) (V. Orthoceras et Nautile
[Paléont.J).
ENDOCHROME (Bot.). Protoplasma coloré par la
chlorophylle et propre aux cellules allongées ordinaires qui
constituent, les filaments des Conferves. Ce protoplasma est
diversement distribué dans les cellules ; il y forme parfois
des rubans spiraux ou des amas ; du reste, l'endochrome
se contracte à un moment donné pour former une sorte de
noyau susceptible de se diviser. Ce protoplasma se rajeunit
ainsi en formant une ou plusieurs cellules nouvelles qui
s'échappent dans l'eau ambiante par une ouverture de la
cellule mère, ou par résorption de celte membrane. Ces
cellules ne sont autre chose que des zoospores, d'abord
mobiles, qui se fixent après un temps variable et germent
(V. Conferve). Dr L. fa.
ENDOCRÂNE (V. Crâne).
ENDOCYMIENS (Tèrat.). (V. Inclusion foetale et
Monstre double parasitaire).
ENDŒOS ou ENDOIOS, sculpteur athénien qui vivait
dans la seconde moitié du vie siècle av. J.-C. La tradition
le présentait comme ayant été l'élève du légendaire Dédale,
ce qui signifie simplement qu'on le rattachait à la période,
obscure pour les Grecs, des premiers essais de la plastique
(V. Dédale). Il était célèbre par une statue d'Athèna assise
que Callias avait consacrée sur l'Acropole, statue dont les
anciens nous onl laissé une description assez précise (Pau-
sanias, Vil, ,'i, 9) et dont on possède une copie retrouvée
sur l'Acropole même. Il y avait encore de lui sur l'Acropole
une statue de femme dont il nous reste la base avec la
dédicace suivie de la signature de l'artiste. Le style d'En-
doios était celui de l'école attique à la lin du vie siècle,
- 1017 -
ENDOEOS — ENDOSCOPE
élégant mais DD pou soc et un peu grêle, curieux du détail,
minutieux surtout dans le rendu de la chevelure et îles
draperies. J. M.
Hun .. : OVBKBBCX, (ieschichte d. QT, PlêStih. - COLLI-
.-n.'>. t4*nu«l d'archéologie grecque Mdrray. Hiatory
of Uie pture from the earliest timta down tha
âge of Phenlias — 1 oew i. Inschriflen gr. Bildhauer, p. 11.
ENDOGAMIE (Ethnogr.) (Y. Famille, Mariage).
ENDOGÈNES (Vésicules) (Zool.) (V. Vésicule).
END0G0NE (Bot.). C'est le sac sporifère des mousses
au Moment de leur Doraison ; recouvert pu Vépigone, il
eoostttm l'archègone (fleurfemelle) ;dans la fig, I de l'art.
Aianteon, on voit en u" l'endogone, sorte de membrane
eelluleuse, dont l'extrémité a plus ou moins l'apparence
soi; d'un stigmate, soit de l'exostome d'un ovule. A la
maturité, la base de l'endogone s'allonge en pédicelle et
constitue la capsule ou unir, tandis que l'épigone forme
la coiffe. Dr L. Bu.
END0M0RPHISME (Géol.). Beaucoup de roches érup-
t;\es avant subi au contact et sous l'influence des terrains
• s des modifications physiques ou chimiques plus
ou moins profondes.il en résulte un métamorphisme spé-
cialement désigné sous le nom Œendomorphe (ou cntlo-
morphisme), par opposition à celui A'exomorphe qu'elles
exercent sur les roches encaissantes (Y. Métamorphisme).
ENDOMYCHUS. 1. Zoologie. — (Endomychus Panz.).
Genre de Coléoptères-Phytophages, qui a donné son nom à la
famille des Endomychides. Cette famille a de grands rap-
ports avec celle des Coccinellides (Y. Coccinelle) ; elle en
diffère surtout par le corps oblong, le dernier article des
palpes maxillaires oblong ou
ovoïde, les antennes allon-
^C ifln _jr f;,'es- non rétractiles, insè-
^■B WÊr rées sur le front en avant
des yeux . le prothorax présen-
tant toujours en arrière deux
sillons bien marqués, les
épimères du mésosternum en
tonne de trapèze, les hanches
antérieures globuleuses, les
cuisses non sillonnées en
dessous et les tarses terminés
par des crochets simples. Les
Endomychides vivent presque
exclusivement dans les productions cryptogamiques (Bolets,
\_irics, moisissures, etc.). Ils sont surtout répandus
dans les régions équatoriales de l'Amérique et dans les
erandes Iles de ['archipel Indien. D'après la monographie
de Gerstœcker, publiée en 1858, le groupe renferme plus
de trois cents espèces réparties en une cinquantaine de
genres, dont les principaux sont : Eumorphut YYeb. ,
ïkipsa I.atr., Mycetina Muls., Lycoprrdina Latr., Slc-
notartus Perty, Myceiœa Steph., et Endomychus Yzm.
I ne révision îles espèces européennes a été publiée en 1867
par de Marseul [Abeille, t. Y). Le genre Endomychus a
[>our espèce type l'A", corci tiens L., que l'on trouve sous
es écorces de certains arbres lorsqu'elles sont détachées
du tronc et revêtues de productions cryptogamiques. Sa
larve a été décrite par Kirby et Spence, Curtis, YYestvvood
rstaeeker. Ed. Lef.
IL Paléontologie. — On trouve dans l'ambre tertiaire
des représentants de la famille des Endomychidœ.
ENDOMYXÉES (Bot.). Famille de Champignons Myxo-
mycètes, constituant la plus grande partie de l'ordre et
ayant pour principal caractère la formation des spores par
division à l'intérieur d'un sporange. Celui-ci, solitaire, est
tantôt sessile. globule ou allongé verticalement, rarement
appliqué horizontalement contre le support de la plante,
tantôt muni d'un pédicelle creux à membrane dure, ridée
et plissée dans sa longueur. La cavité du pédicelle est
séparée ou non du sporange suivant les espèces. La forma-
tion des spores se fait en nombre aussi grand qu'il y a de
noyaux dans la masse protoplasmique du sporange, ou bien
aux dépens de certains filaments constitués aux dépens de
Endomychus coccineus L.
(très gro-
certaines parties de cette masse et dont l'ensemble, entre-
mêle aux spores, forme ce qu'on appelle le capillitium. Les
spores prennent, dès leur formation, leur dimension défini-
tive. Elles sont toujours rondes, niais se creusent d'un côté
d'une concavité par le dessèchement. A la maturité, la
membrane du sporange s'ouvre pour laisser passer les
spores qui peuvent germer presque aussitôt après leur
soi'tie. lue fois humectée, la spore s'ouvre et laisse échapper
son protoplasma qui bientôt s'allonge, pousse un cil vibra-
tile a l'une de ses extrémités qui est etfîlée et renferme le
noyau. Elle devient une zoospore qui devient myxamibe
par rétraction de son fil et se divise en deux autres. Par
fusion de ces myxamibes se forment des symplastes qui
réunis constituent le plasmode, lequel prend une forme
réticulée et continue à garder les mouvements amiboïdes
très actifs qui caractérisaient isolément les myxamibes.
Cette conservation des mouvements explique son déplace-
ment à travers le milieu qui le contient, terre, bois
pourri, feuilles mortes, etc. Pendant la période de crois-
sance du thalle, les éléments épais, zoospores et myxamibes,
peuvent s'enkyster sous l'influence du froid, de la séche-
resse, etc. Dans les mêmes conditions, les plasmodes peuvent
plus tard subir à leur tour la même transformation. Alors
ils rentrent tous leurs prolongements et chacune de leurs
cellules s'entoure d'une membrane de cellulose. Ces kystes
peuvent se conserver pendant une très longue durée et, au
retour de circonstances favorables, rendre la vie au plas-
mode reconstitué par dissolution des membranes et fusion
nouvelle des corps protoplasmiques. On connaît environ
une quarantaine de genres dans la famille des Endomyxées.
On peut les répartir en cinq sections d'après la coloration
des spores, la présence ou l'absence de columelle, de capilli-
tium, l'infiltration calcaire du pédicelle, etc. Chacune des cinq
sections ainsi constituées est elle-même divisée en types à
sporange simple et à sporange composé. H. Folrnier.
ENDOPARASITE (V. Parasite).
ENDOPHYLLUM (Bot.). Champignon de l'ordre des
l'rédinées, dont le conceptaele produit des écidioles et des
écidies, mais ne donnant ni urédospores, ni téleutospores.
C'est le seul genre de l'ordre qui n'ait pas de spores
d'hiver. Elles sont remplacées au printemps par des fila-
ments courts, munis de sporidies, émanant des écidios-
pores. L'Endophyllum est parasite de la Joubarbe, du
Sedum et de l'Euphorbe. H. F.
ENDOPLASME cellulaire (V. Cellule, t. IX, p. 4058).
ENDOPROCTES (Zool.). Division des Bryozoaires créée
par Nitsche à la suite de ses travaux sur la Pédicelline. A
l'inverse des Ectoproctes, les animaux de ce groupe ont
l'anus situé en dehors du lophophore, et celui-ci n'est pas
rétractile. Ils ne comprennent qu'un petit nombre de genres
répartis dans les familles des Pedicellidw et des Loxo-
somidee (V. ces mots). L. Charuy.
ENDOR. Localité de l'ancienne Palestine, située dans la
plaine de Jezrahel et où se place la scène de la consultation
d'une pythonisse par le roi Saiil, à la veille de la bataille
ou il devait perdre la vie (1 Samuel, ch. xxvin).
ENDOSCOPE. L'endoscope est un instrument imaginé
en 1853 par Désormeaux dans le but de permettre l'exa-
men intérieur des cavités physiologiques ou pathologiques
du corps. Il est particulièrement employé pour explorer
l'urèthre, la vessie ou le point d'abouchement des uretères
dans la vessie, mais il peut servir également à examiner
les fosses nasales, l'a'sophage, l'intérieur du col ou du
corps de l'utérus ainsi que toutes les cavités accidentelles,
qu'elles soient d'origine kystique, inflammatoire ou trau-
niatique. L'endoscope de Désormeaux (fig. 1) se com-
pose essentiellement : 1° d'un tube AB renfermant un
miroir métallique CD incliné de 45° sur l'axe de l'ins-
trument et percé à son centre d'un petit orifice circu-
laire. Ce tube porte à son extrémité B une douille E
dans lequel peut s'introduire une sonde telle que FG ou
toute autre de forme appropriée à l'objet de l'examen. U
présente en A un diaphragme percé à son centre d'un petit
KNDOSCOI'K - ENDOSMOS1
— U)\H -
trou tout comme le miroir Cl); j" d'une petite lampe II qui
se réunit a la pièce précédente à l'aide d'un tube latéral.
Cette lampe est munie d'un réflecteur concave J disposé de
façon a renvoyer les
rayons lumineux sur le
miroir incliné qui les
diri '■ a son tour sur la
partie à éclairer; 3° enfin
d'une lentille I destinée
à l'aire converger en un
même point la lumière
de la lampe et par suite
à rendre cette partie
plus visible. Pour se
servir de cet appareil,
on fixe dans la douille
K la sonde dont on a
besoin ; on met en place
la lampe allumée dont
la flamme a été soi-
gneusement montée à la
hauteur du centre du
miroir et l'on regarde par
l'orifice A muni ou non
d'une lentille grossissante. Les parties qui se trouvent
placées à l'extrémité de la sonde apparaissent ainsi à
l'œil très facilement, et il est possible de faire le diagnostic
des lésions dont elles sont le siège. Dans certains cas, l'en-
doscope facilite l'opération, le chirurgien n'agissant plus
à l'aveuglette, mais conduisant de l'oeil son instrument.
L'appareil de Désormeaux, comme ceux qu'ont construit
ou fait construire Bruck, Konssagrives, Milliot, Trouvé et
tant d'autres, présente l'inconvénient capital de ne rendre
accessible à l'oeil que l'espace très restreint qui se trouve
au bout de la sonde. Il n'en est pas de même du mégalos-
cope de Boisseau du Rocher qui, par une disposition optique
KlVf
Fi-. 1.
; "il.
Endoscope de Desormeaux.
L /AN f
F/
F
Fig. 2. — Megaloseope du docteur Boisseau du Rocher.
fort heureuse, permet l'examen d'une surface bien plus
étendue. Dans cet appareil (fig. "2), le système éclairant
se trouve constitué par une petite chambre L dans laquelle
est placée une lampe électrique à incandescence. La partie
optique comprend un prisme de 3 millim. de côté A, en
rapport immédiat avec un double système de lentilles
à court foyer BB'. Elle se trouve complétée par une
lunette CD montée à l'extrémité supérieure de l'instru-
ment , et dont le but est de grossir l'image réelle et
renversée ff de la surface FF'. La lentille terminale D'
est mobile ; elle fait fonction de lampe, et permet par suite,
s'il est besoin, d'avoir une image agrandie de la partie exa-
minée. Le mégaloscope de Boisseau du Rocher sert aux
mêmes usages que l'endoscope dont il constitue un ingé-
nieux perfectionnement. I)r Alphandéry,
ENDOSMOMÈTRE. Cet instrument a été imaginé par
Dutrocbet pour étudier l'endosmose des liquides. C'est un
instrument qui ne permet que de constater le phénomène
et nullement de le mesurer. 11 se compose d'un flacon sans
tond bouché par une membrane (vessie de cochon, papier,
parchemin, etc.). Le goulot de la bouteille est fermé par
un bouchon qui laisse passer un tube le long duquel se
trouve une planchette portant une division. La bouteille
contenant de l'alcool, si on la plonge dans l'eau, on voit
le niveau do liquide monter peu a peu par un phénon
A'endomOie (Y. ce mot). Mais la division a laquelle s'ar-
rête le liquide n'a pas
de lignification : L'indi-
cation de l'iristrumi-rit
ne donne, en effet, que
la différence de deux
phénoménei d m
en outre, les conditions
de l'expérience
constamment pendant
sa durée puisque la
pression augmente, ce
qui favorise l'un des
phénomènes d'où
entrave l'autre. Il faut
donc considérer cet a| —
pareil comme un instru-
ment de démonstration
et non comme un ins-
trument de mesure ;
c'est donc plutôt un
endosmoscope qu'un
endosmomètre : encore n'indique— t-il que les différences
d'endosmose, et, si l'on avait deux liquides se diffusant très
rapidement a travers les membranes, mais avec la même
vitesse, et si on les essayait avec l'endosmomètre, celui-ci
resterait au zéro. A. Jaunis.
ENDOSMOSE (Phvs.). Les phénomènes d'endosmose
ont été découverts par Nollet ; ayant placé un vase entière-
ment plein d'alcool et fermé par une vessie dans un récipient
plein d'eau, il constata au bout de quelques heures que la
membrane primitivement plane était gonflée et convexe;
il fit alors l'expérience inverse consistant à remplir d'eau
la bouteille et à la mettre dans un vase plein d'alcool ;
il obtint le résultat inverse; la membrane se déprima et
présenta une surface concave. Nollet abandonna ces expé-
riences ; on ne pouvait en déduire que le passage de l'alcool
à travers la membrane; mais si on analyse dans les deux
expériences de Nollet les liquides qui sont de chaque coté
de la membrane, on trouve que l'eau est devenue alcoo-
lisée et que l'alcool contient plus d'eau qu'auparavant : il
y a donc, en réalité, passage des deux liquides avec des
vitesses différentes. Dutrochet, qui a beaucoup étudié ces
phénomènes, désigne ces deux courants sous les noms
d'endosmose et d'exosmose. L'eau et l'alcool ne jouissent
pas seuls de cette propriété ; tous les liquides miscibles la
possèdent ; les sels métalliques ont donné lieu à un grand
nombre d'expériences et on a cherché à en déduire des
lois. Il faut remarquer tout d'abord qu'on doit opérer dans
des conditions exactement semblables, ce qui est souvent
difficile. La membrane, en effet, joue un rôle considérable
dans ces expériences, rôle mal connu et variable. Dans les
expériences de Nollet et dans celles que Dutioc lut a faites
avec ["endosmomètre (Y. ce mot), on ne mesurait que la
différence de deux phénomènes d'osmose; or, cette diffé-
rence variait avec la nature de la membrane, et. si on prenait
toujours une vessie de cochon, elle variait d'un animal à
l'autre. Dans une même vessie les diverses régions ne don-
naient pas les mêmes phénomènes. M. Gayon a montré
qu'en prenant pour membrane cette pellicule fine qui
tapisse l'intérieur des unifs d'oiseaux, on obtenait avec
l'eau et l'eau sucrée des phénomènes d'une intensité nés
différente, selon que la surface extérieure de la membrane
était tournée du côté de l'eau sucrée ou du côté de l'eau.
Avec une lame de caoutchouc, la vitesse relative de diffu-
sion de l'eau et de l'alcool change de signe. On voit com-
bien est complexe et obscur le rôle de la membrane et
combien il doit être difficile de trouver les lois de ces
phénomènes.
Expériences de Jolly. Qe savant opérait à l'aide d'un
tube de 0m"20 de long, de 0m01o de large ferme en bas par
- 1019 —
ENDOSMOSK - KNDOTHERMIQIH'.S
une vessie : dans C6 tube il mettait la solution saline sur
laquelle il voulait opérer, et il le plaçait dans un vase con-
tenant do l'eau, de façon que le niveau du liquide dans le
lobe tût le même qu'à l'extérieur, non seulement au début,
mais pendant toute l'expérience. L'eau pénétrait dans le
tube, la substance saline en sortait pou à peu, mais le
poids total ilu tube augmentait ; il le pesait une fuis par
jour jusqu'à ce qu'il n'j eût plus changement ; il n'y avait
plus alors de sel dans le tube intérieur. Ayant tait une
série d'expériences de ce genre, il trouva que le poids
d'eau qui remplaçait un certain poids de sel était propor-
tionnel are poids ; aussi 4*r34 d'eau s'introduisaient dans
l'appareil pendant que 1 gr. de chlorure de sodium en
sortait. Si on admet, avec JoDv, cette proportionnalité, il
\ a lieu de déterminer pour chaque sel ce qu'il appelle
l'équivalent osmotique, c.-à-d. le poids d'eau qui pénétre
dans l'appareil quand 1 gr. du sel en sort. Il faudrait
ensuite, pour que ces nombres aient une signification,
qu'en employant une autre membrane, on retrouvât ou les
mêmes nombres ou au moins des nombres proportionnels ;
il n'en est rien. 11 résulte des expériences de Graham et de
.ml que les équivalents osmotiques n'existent pas.
Hais, si la théorie de ces phénomènes est peu avancée, iln
moins on a pu les appliquera divers usines, en particulier
pour réparer les substances inégalement endosmotiques,
dans un but d'analyse qualitative, soit dans des appli-
cations industrielles : vosmogène de Dubrunfaut sépare
les gels minéraux contenus dans les jus sucrés incristalli-
sables par l'endosmose à travers du papier parchemin ;
la dissolution de sucre en partie privée de ses sels peut
alors cristalliser de nouveau. A. Jovnnis.
ENDOSPORE (Bot.) (V. Sporb).
ENDOSSEMENT. L'endossement est la mention, écrite
au dos d'un titre auquel cette formalité est applicable, et
3ui en constate la cession. Suivant les cas, cette mention
oit ou non comprendre certaines indications déterminées.
I *S |u'il s'agit de valeur? mobilières (actions ou obligations),
transmissihles par endossement, celui-ci ne comprend, en
rai, que le nom du cessionnaire, la date de la cession
et la signature du cédant ; il est souvent complété par une
transcription sur un registre ad hoc tenu au sié^e social.
Un matière d'eflets de commerce, les énonciations exigées
sont plus nombreuses et leur omission modifie profondé-
ment les effets de l'endossement. Pour produire tout son
effet, l'endossement doit comprendre: le nom du bénéfi-
ciaire, renonciation de la valeur fournie, la date de la
naturellement signé par le cédant. Si l'une
de ces énonciations tait défaut, l'endossement est irrégu-
lier: il ne constitue plus qu'un mandat donné par le cédant
a celui qui est indiqué comme cessionnaire, et expose celui-
i cas de faillite du cédant, à une revendication de
reflet cédé, s'il en est resté propriétaire. On admet pour-
tant que, si l'omission relevée ne provient que d'une négli-
gence, l'endossement même irrégulier produira tout son
effet entre les parties, mais non à l'égard des tiers qui
ignorent les conventions faites. L'endossement en blanc,
I. celui qui consiste uniquement dans la signature du
mt, est e\ idemment irrégulier ; mais, tandis qu'en géné-
ral l'endossement auquel manque une des énonciations obli-
ires ne peut être complété, on reconnaît au porteur
d'un effet de commerce endossé en blanc le droit d'écrire
un endossement régulier à son profit, étant admis que cette
inscription est faite de boum- loi et à une époque ou le
mt est encore investi du droit de transférer les effets
qui lui appartiennent En matière de chèque, les prescrip-
tions des art. 137 et 138 du C de comro. ne sont pas
applicables, la loi de 186M disant expressément que le
chèque peut être transmis même par voie d'endossement
en blanc. Il est à remarquer que les législations étrangères,
et surtout les législations anglaise et allemande, donnent
a la transmission des effets de commerce des facilités beau-
coup plus grandes, et sont loin de reproduire toutes les
restrictions qui existent encore en France,
Effets de l'endossement. Par le lait de l'endossement
d'une valeur mobilière, résultant d'une opération faite de
bonne foi, le cessionnaii'e en acquiert la complète et abso-
lue propriété, au même titre que son cédant. S'il s'agit
d'une lettre de change, et en général d'un effet de com-
merce, l'endossement régulier donne au porteur, de plein
droit, la propriété du titre, avec tous les droits accessoires.
C'est ainsi que, si le pavement de la lettre de change a été
garanti par une hypothèque, le porteur aura le droit de
s'en prévaloir; il obtient, en outre, la garantie (le tous les
endosseurs ayant figuré sur le titre transmis, en plus de
celle du tireur et du tue accepteur, et en cas de non-paye-
ment, il peut, après protêt en temps utile, exercer son
action en garantie individuellement contre chacun des obli-
gés, ou collectivement contre tous. Il en est de même de
l'endosseur qui a remboursé à l'égard de tous ceux qui, par
le l'ait de l'endossement, étaient devenus ses garants. Le
recours doit être exercé par le porteur dans la quinzaine
de la date du protêt, délais de distance non compris, et
par les autres endosseurs, dans la quinzaine de la citation
en justice, ou de la date du payement, si le remboursement
a été fait sans citation. Dans tous les cas, il y a lieu
d'ajouter les délais de distance. G. François.
ENDOTHÉLIUM (Anat.). Les surfaces libres des sé-
reuses, la surface postérieure de la cornée et la surface
antérieure de l'iris, les tendons et les gaines tendineuses,
les sacs lymphatiques des amphibies, la cavité du cœur,
les vaisseaux sanguins et lymphatiques sont tapissés par
une membrane laite de cellules minces et transparentes
comme du verre (cellules endothéliales) à Inquelle on donne
le nom d'endothélium (V. Epitiiélium). Les endothéliums
dérivent du feuillet moyen du blastoderme. Les uns ne sont
que la transformation de l'épithélium de la cavité pleuro-
péritonéale (V. Péritoine, Plèvre, Péricarde, Ovaire,
Testicule, Rein) et dérivent par conséquent de l'entéro-
eœlome. Seul, l'endothélium de l'arachnoïde provient d'un
schyzocèle (V. Cornée, Coeur et Vaisseaux).
ÈNDOTHERMIQUES et EXOTHERMIQUES (Compo-
sés et réactions). Il existe en chimie deux ordres de réac-
tions et de combinaisons, savoir: 1° les réactions et com-
binaisons directes, c.-à-d. susceptibles d'être réalisées par
l'action réciproque desélémentset autres composants libres ;
soit immédiatement, soit lentement ; soit par la simple
réaction des composés mis en présence ; soit avec le con-
cours d'énergies auxiliaires, empruntées à réchauffement,
à la lumière, à l'électricité, aux agents dits de contact, etc.
2° les réactions et combinaisons indirectes, c.-à-d.
les combinaisons qui ne peuvent être produites par l'action
réciproque des composants libres.
Soient d'abord les combinaisons dont la formation peut
avoir lieu directement sans le concours d'une énergie étran-
gère, et au moyen des corps composants pris à l'état de
liberté. La formation de cet ordre de composés a lieu avec
dégagement de chaleur. Ce sont les combinaisons exother-
miques. Leur formation s'effectue en vertu d'un travail
positif des affinités, c.-à-d. qu'il y a perte d'énergie, en
passant îles corps composants au corps composé. Réci-
proquement, la décomposition de ces combinaisons exige une
dépense de travail, une absorption de chaleur; pour repro-
duire les corps primitifs, il faut restituerau système l'éner-
gie perdue : leur décomposition est donc endothermique.
Telles sont les combinaisons de l'oxygène avec l'hydrogène,
le phosphore, le carbone, les métaux ; celles du chlore avec
l'hydrogène et les métaux ; celles des acides avec les
bases, etc. C'est cet ordre de composés que l'on a cou-
tume d'envisager, lorsqu'on raisonne en général sur la
combinaison chimique.
Les combinaisons endothermiques sont au contraire
formées par voie indirecte, et leur décomposition directe
donne lieu à un dégagement de chaleur, c.-à-d. qu'il y a
perte d'énergie en passant du corps composé à ses
composants. Réciproquement, la formation directe de ces
combinaisons exige une certaine dépense de travail, c.-à-d.
BNDOTHERMIQUES — KNDt'IT
— 1020 —
qu'elle répond s une absorption de chaleur. Il ne fondrait
pas croire que la chaleur ainsi mise enjeu ait été absor-
bée par le simple l'ait du rapprochement des particules
élémentaires : son absorption répond a de certains travaux
effectués pour disposer ces particules suivant un arrange-
ment spécial. On peut prendre une idée île tels composes,
en les comparant à un ressort tendu ; pour bander le res-
sort, il faut exécuter un travail équivalent a une certaine
quantité de force vive, que la détente du ressort fera
reparaître. Un corps composé de cet ordre renferme plus
d'énergie que le simple mélange de ses composants. C'est
là un caractère commun au cyanogène, à l'acétylène, au
hiowde d'azote, tous corps qui jouent le rôle de véritables
radicaux composés. Or le caractère que je viens de signa-
ler tend à rendre compte de cette propriété de radical com-
posé effectif, manifestant dans ses combinaisons ultérieures
une énergie plus grande que celle de ses éléments libres.
En effet, l'énergie de ceux-ci se trouve exaltée par l'effet
de cette absorption de chaleur, au lieu d'être aflaiblie,
comme il arrive dans les combinaisons qui dégagent de la
chaleur ; et cet accroissement d'énergie rend le système
comparable aux éléments les plus actifs.
Cet ordre de composés, plus rare en chimie que le précé-
dent, se présente toutefois assez souvent et son étude offre un
grand intérêt. Tels sont, par exemple, en chimie minérale, le
bioxyde et les autres oxydes d'azote, l'hydrazine, l'hydro-
gène arsénié, le chlorure d'azote, les composés oxygénés
du chlore, l'acide permanganique, etc. Tels sont encore en
chimie organique : l'acétylène (C-H)-, formé depuis les
éléments avec une absorption de 60 calories ; le sulfure
de carbone, CS2, formé avec absorption de 13<MaS; le cya-
nogène (C2Az)'2, formé avec absorption de 74cal. Les mêmes
propriétés appartiennent aussi à un grand nombre décom-
posés, en tant que formés par l'union de deux composants
plus simples avec élimination des éléments de l'eau. Ainsi,
les éthers composés dérivés des acides organiques sont
formés avec absorption de chaleur : soit pour l'éther acé-
tique — 2''ol0, depuis l'acide et l'alcool générateurs. De
même les amides et lesnitriles, en tant que dérivés des sels
ammoniacaux, etc. On voit par là toute la généralité des
combinaisons formées avec absorption de chaleur dans la
chimie organique. Il n'est pas douteux que leur formation
et leur décomposition ne jouent un grand rôle dans les mé-
tamorphoses de la matière qui s'accomplissent au sein des
êtres vivants ; leur décomposition en particulier peut s'ef-
fectuer sous l'influence de simples agents déterminants,
sans le concours d'une énergie étrangère. Elle rend pos-
sibles, au sein des êtres vivants, des dégagements de cha-
leur en apparence spontanés, comme ceux que l'on observe
dans les fermentations. M. Berthelot.
ENDOTHIODON (Paléont.). Genre de Reptiles fossiles
créé parOwen, et appartenant au groupe des Theromor-
pha (V. ce mot), dans lequel il doit constituer une famille
à part dont les caractères sont : intermaxillaire dépourvu
de dents ; mâchoire supérieure n'ayant qu'une seule canine;
palais revêtu de plusieurs rangées de dents. Le type
E. hathystoma est des couches triasiques de Karoo, dans
l'Afrique australe. E. Trt.
ENDOUFIELLE. Corn, dudép. du Cers, arr. de Lombez,
cant. de LTsle-en-Jourdain ; 67!) hab.
ENDOXYLA (Bot.). Genre de Champignons de la famille
des Sphériacés, à périthèces réunis en séries, à asques lon-
guement stipitées, à spores d'un brun clair, cylindriques
et courtes. Habite le bois de chêne.
ENDRAGT (Terre d'). Région côtière d'Australie, colo-
nie de l'Australie occidentale, entre les golfes d'Exmouth
et de Shark ; elle fut découverte en oct. 1616 par le Hol-
landais Hartog qui montait VEndragt.
ENDRÈS. Bourg de la Turquie d'Asie, vilayetde Sivas :
600 hab., à une heure et demie de l'ancienne Nicopolis
qui. ainsi que l'a prouvé Taylor en 1866, fut bâtie par
Pompée après sa victoire sur Mithridate. — Village près de
Mossoul, où les Israélites vont en pèlerinage.
ENDRŒDY (Jean), écrivain hongrois, né en tT.'i'l, mort
en 1 x 2 î- . Il appartenait i l'ordre des puristes, et
occupé de philosophie. Mais son principal service littéraire
fut de travailler a un recueil des ouvres dramatiqie
magyar- composées jusqu'aux premières années de notre
siècle.
ENDROMIDIS (V. Cuunsou, t. \. p. 071).
ENDROMIS {Endromù Ochs.) (Entom.). Genre de
Lépidoptères-Hi I qui a donne son nom au groupe
des Endromides, intermédiaire entre les Boabyadea •■!
les Attacides (V. Bombyi et Attacds). L'uniqi
comme, /. . in rsicolora I.., est un Papillon de petite taille
aux antennes pectinées, aux ailes antérieures allongées, fer-
rugineuses, avec deux lignes noires transversale^ sinuen
les postérieures sont courtes, d'un jaune brunâtre avec
une ligne noire en S et deux petites taches blanches vers
le sommet. Le papillon se trouve dans toute la Erance ; il
vole en plein jour avec beaucoup de rapidité. \jx chenille,
d'un brun verdàtre, avec des lignes blanches sur le dos,
vit principalement sur le bouleau, le tilleul, l'aulne, le
noisetier, etc. ; son pénultième anneau est élevé en forme
de pyramide. Ed. Lee.
ENDRULAT (Bernhard), écrivain allemand, né à Berlin
le 24 août 18-28, employé aux archives prussiennes. Il a
écrit des poésies (Hambourg, 1857), des nouvelles en prose
et en vers, Geschickten und Grstalten (Hambourg, 1863),
traduit Flaubert, etc.
ENDUIT (Chim. industr.). On donne le nom d'enduits
aux corps ou compositions employés pour préserver les
murs, les cloisons, le bois, le fer, etc., de l'humidité, de
l'action de l'air, ou pour rendre leur surface plus unie ou
plus agréable à l'œil. On peut les classer en deux caté-
gories : 1° les enduits simples ; 2° les enduits hydrofuges.
Les premiers sont usités depuis fort longtemps. A Rome,
où les lambris étaient inconnus, on apportait le plus grand
soin à la confection des enduits. Ils consistaient en couches
d'épaisseurs et de compositions différentes, généralement
au nombre de trois. Les deux premières se composaient
simplement de chaux et de sable, et la troisième, beaucoup
moins épaisse, de chaux et de marbre pulvérisé. Malheu-
reusement, ces couches, en raison des différences de com-
position, se soudaient mal entre elles et se séparaient assez
rapidement par plaques. On retrouve cependant dans plu-
sieurs ruines romaines quelques-uns de ces enduits qui
ont partiellement résisté à l'action du temps et des intem-
péries. Aujourd'hui, les enduits simples sont très variés :
on les fait en mortier de chaux grasse ou hydraulique, en
plâtre, en ciment ordinaire ou romain, etc. Les mortiers
de chaux s'appliquent principalement sur les murs de
clôture qui ont peu à craindre de l'humidité; ils ont
surtout pour but d'empêcher les pluies de pénétrer les
pierres gélives ou s'infiltrer dans les joints. Les enduits en
plâtre servent à peu près dans les mêmes circonstances que
les mortiers de chaux ; ils sont appliqués comme eux d'une
façon un peu grossière sur les murs de clôture en couches
de 10 à 14 centim. ou pour garnir le dessus et l'intérieur
des cheminées. Pour les ouvrages plus soignés, on enduit
sur crépi : le plâtrage est alors t'ait en trois couches, savoir
le gobetage, le crépi et l'enduit proprement dit.
Les chaux hydrauliques, le ciment ordinaire et le ciment
romain s'emploient de préférence pour enduire l'extrados
des voûtes, les murs de soubassement, qui sont toujours
humides. D'une façon générale on les applique à toutes les
constructions devant se trouver en contact immédiat avec
l'eau, telles que bassins, citernes, fosses, aqueducs, etc.
On emploie très souvent un mélange de chaux et déciment
appelé mortier bâtard qui préserve suffisamment en coûtant
beaucoup moins cher. Dans certains pays, les enduits sont
faits en mortier de bourre qui se compose de bourre et de
chaux éteinte depuis plusieurs mois. Cette extinction pro-
longée est nécessaire pour avoir un mortier fin et de bonne
qualité. Les plus appréciés sont faits avec de la bourre de
veau ou celle provenant de la tonte des draps. Pour pré-
— 1021 —
ENDUIT — ENÉE
■M M mortier, on OMMBMHIII ] >.ii- battre la bourre avec
M baguettes. Puis on fait le mélange d'eau, de chaos el
de sable lin dans les proportions eonvenables ; on agite
avec s«>m ilo Eaçoo I avoir on mélange bien homogène;
puis on ajoute la boom par portions en continuant d'agi-
ter jusqu'à ce que la masse ail pris la consistance
nécessaire pour permettre son emploi. Cet endoil est asseï
-tant. Tous les enduits que nous venons de cher re-
ceivtat leurs applications dans la grosse construction pour
les murs exposés directement a l'air et a l'humidité. Dans
l'ultérieur des appartements on demande moins de solidité,
mais plus d'aspect. Le plâtre est le plus souvent employé
•OU enduire les parties non lambrissées, seul, OU ro-
coaverl de peinture a l'huile ou à la colle de papier
mu de tentures. On lui substitue parfois des compositions
telles que le mélange de plâtre et de colle appelé stuc
de plâtre ; de chaux et de marbre ou stuc de chaux. On
aussi de préconiser l'emploi des plâtres alunés et
de l'oxv chlorure de zinc qui se rapprochent beaucoup des
stucs précédents, mais sans grand succès.
Enduits kydrofuges. Les enduits hydrofuges ont pour
hut de préserver complètement de l'humidité la pierre, le
- IT lesquels ils sont appliqués. On les emploie
presque toujours à chaud, parfois comme peinture, délavés
dans de l'huile de lin ou de l'essence de térébenthine. Sur
les métaux, l'enduit ne forme qu'une couche imperméable à
l'humidité et a l'air; c'est en quelque sorte un vernis qui,
le plus souvent, s'écaille avec le temps. Les peintures
appliquées sur les murs des maisons sont généralement
dans ce cas. Pour que l'enduit ait toute sa puissance, que
lurée soh presque illimitée et que la préservation
de l'humidité soit absolue, il faut que la composition
pénétre dans la pierre, forme avec elle une masse homo-
. de telle sorte que la dernière couche, qui, elle, sert de
vernis, soit intimement liée a la pierre et ne puisse par le
temps ni se détacher ni s'écailler. Toutes ces conditions ont
été réunies au Panthéon, ou l'on a hvdrofugé le plafond en
1 S 1 3 pour recevoir les peintures du baron Gros. Depuis
prés de quatre-vingts ans que l'enduit a été posé, il a con-
servé toute sa solidité, et les peintures sont admirable-
ment conservées. Cet enduit hydrofuge est du à Thénard
et Darcey ; pour le préparer on fond I kilogr. de cire
daae laquelle on incorpore 3 kilogr. d'huile de lin cuite
et 100 ±r. de litharge, ou bien on fait fondre deux parties de
résine dans laquelle on ajoute une partie d'huile de lin cuite
et un dixième de litharge. Cette composition a été employée
a la faculté des sciences de Paris pour préserver de l'hu-
midité des murs se recouvrant constamment de salpêtre.
Pour appliquer cet enduit, on gratte fortement la surface
de façon qu'elle soit lisse et bien nette, puis on la chauffe
fortement et on passe une couche de la composition
qui se trouve assez rapidement absorbée, on en passe ainsi
une seconde, puis une troisième, etc., jusqu'à ce que le
calcaire ou l'enduit simple refuse d'en absorber. Les com-
positions d'enduits varient a l'infini; nous citons les princi-
pales, quelques-unes avec leur prix de revient au mètre carré:
Enduit ruolz. Oxyde de zinc, 366 gr. ; oxyde de fer,
873 gr. : carbonate de zinc, 233 gr. ; silice, 70 gr. ;
charbon. 47 gr. ; zinc. 14 gr. ; argile, 10 gr. Ces matières
porphyrisées et mélangées sont broyées avec 2 parties
d'huile de lin et 7 parties d'huile d'oeillette. On l'emploie
à chaud ou, comme la peinture ordinaire, délayé dans l'es-
sence de térébenthine. — Enduit Dondemi. Huile de lin,
15 gr. ; résine, 15 gr. ; suit. 15 gr. : oxyde de zinc,
I- _r. ; minium. iO gr. : peroxyde de 1er, X gr. ; chaux
éteinte, 6 gr. : ciment, 0 gr. : résida de couleurs, 4 gr. ;
litharge, 2 gr. ; gutta-percha, 2 gr. ; colle forte, 2 gr.
Tous ces corps sont intimement mélangés et cuits jusqu'à
réduction de un dixième. — Enduit ou mastic yachabé.
Poix grasse, 60 gr. ; bitume de liastennes, 19 gr. : chaux
hydraulique fusée à l'air, 0 gr. ; ciment romain, 0 gr. ;
cire, 4 gr. ; suif de Russie, 3 gr. ; galipot, 2 gr. Les
matières grasses et résineuses sont fondues ensemble et
additionnées de matières solides pulvérisées. — Enduits
divers. Cire jaune, 100 gr. ; huile de lin cuite, 300 gr. ;
litharge, 30 gr. ; pénétration, 12 millim. Prix, 4fr. le m. q.
— 100 gr. (le savon, de suif et de chaux dans 400 gr.
d'huile de lin cuite et 10 gr. de litharge. Prix, 2 fr. OS
le m. q. — 100 gr. de résine, 100 gr. d'huile de lin cuite,
10 gr. de litharge. Prix, I fr. 50. — Savon <le suif et de
chaux, 300 gr. ; acide oléique, 100 gr. Prix, 2 fr. 25. —
Oléate de chaux (100 gr. acide oléique, 8 gr. de chaux).
Prix, 1 fr. 75. — On emploie aussi les goudrons pour
enduire les bois servant à la construction des navires ou
employés connue pilotis, la paraffine, les solutions de gutta-
percha, de caoutchouc, de celluloïd, etc.; on peut dire, en
général, tous les corps imperméables à l'eau résistant assez.
longtemps à l'influence de l'air. Ch. Girard.
ÉNDYMATA (Y. Costume, t. XII, p. 1154).
EN Dr M ION. 1. Mythologie. Fils de /.eus oud'.Ethlioset
kalvké, jeune homme d'une rare beauté ; il fut aimé de
Sèlénè, déesse de la lune ; elle venait le trouver pendant
son sommeil sur le mont Latmus, ou il se reposait après
la chasse ; elle eut de lui cinquante filles et obtint de Zeus
que son amant s'endormit d'un sommeil éternel en conser-
vant sa jeunesse et sa beauté. Une autre légende fait lùidy-
mion un roi de l'EIide. Il y a encore d'autres versions.
Les mythologues ont fait de grands efforts d'imagination
pour interpréter ce mythe (V. Lune).
II. Botanioie. — (Endymion L)um., Agroplus Link).
Genre de Liliacées, voisin des Scilla (V. Scii.le) dont
il diffère par les divisions du périanthe dressées et
conniventes en tube dans une grande partie de leur éten-
due. L'espèce type, E. nutans Dum. (Hyacinthus non
scriptus L. ; Agraphis nutans Link), est extrêmement
commune au printemps dans les bois des environs de Paris.
On l'appelle vulgairement Jacinthe des bois, J. sauvage.
Ses fleurs, d'un beau bleu, exhalent une odeur faible de
Jacinthe. Ed. Lef.
ENE. Rivière du Pérou qui forme le Tambo par sa jonc-
tion avec le rio Perene ; le Tambo uni à ITrubamba forme
l'Ucayali. L'Ene lui-même est formé par la jonction
du Mantaro et du Catongo ou Apurimac. Ce n'est donc
qu'un tronçon fluvial assez court, d'une des branches
maitresses de l'Amazone ; il sépare les dép. de Junin et de
Cuzco.
ENEBERG (Carl-Fredrik), poète et orientaliste finnois,
né à Nerpes le 19 mars 1X41, mort à Mossoul le 23 mai
1876. Après avoir étudié à Helsingfors, Saint-Pétersbourg,
Leipzig, Paris, Londres, il partit avec l'expédition anglaise
de Smith (1876) pour recueillir des inscriptions cunéiformes
en Assyrie. On lui doit un poème (Karin, 1869) et des
Poésies en suédois (186!)) et en finnois dans Kirjallinen
Kuukauslchti; deux thèses en latin (Des Pronoms dans la
langue arabe, \HT2,\81b) qui lui valurent le gradededoc-
teur et le titre de docent; enfin un mémoire, dans le Jour-
nal asiatique, sur une inscription de Tiglat Pilezer. B-s.
ÉNÉE, tils d'Aphrodite et d'Anchise, un des héros prin-
cipaux de l'Iliade, devenu, par un concours extraordinaire
de circonstances, une des figures les plus importantes
de l'histoire légendaire dans l'antiquité gréco-romaine.
1° Enée chez Homère. Dans l'Iliade Enèe est,
parmi les héros de second rang, un des plus remarquables,
sinon par le rôle militant qu'il y joue, du moins par les
destinées exceptionnelles auxquelles le poète le réserve et
pour la protection particulière dont le couvrent Aphro-
dite, Apollon, Poséidon. C'est surtout dans l'épisode du
XX" chant (156 à 332) qu'il apparaît avec le caractère
imposant d'un prédestine ; il y prend même une impor-
tance qui n'est pas en rapport avec le reste du poème ; sa
généalogie y est détaillée tout au long, de sorte qu'il est,
par les auteurs premiers de sa race, Zeus et Dardanos,
sur le même rang que Hector, l'héritier de Priam, tandis
que sa qualité de fils d'Aphrodite le rend supérieur à tous
ses parents. Cet épisode est d'accord avec l'hymne homé-
rique à Aphrodite et semble issu de la même inspiration,
ÊNÊE
— 10M -
c.-à-d. qu'il a été, ver» la ix1 Biècle, interpolé iuaYlliade
|p;ir quelque rapsode qui Be fait prophète aprèi coup. Le
berceau de la légende d'Enée est I ; » région «lu mont Ida;
c'esl lé qu'il esl Dé, fruil de l'amour d Aphrodite pour le
prince le plus aimable de la contrée. Quoique Priam, roi
de la Troade, possède une nombreuse lignée, la déesse
prédii qu'il régnera un jour sur les Troyens. Elle le lait
élever jusqu'à sa cinquième année par les nymphes de la
montagne, avanl de le remettre aux mains de son père. Il
csi arrivé à lage viril au moment «Je la guerre de Troie;
une première fois, il se mesure avec Achille, qui l'a surpris
gardant ses troupeaux sur les pentes de l'Ida, et il échappe
à ses coups par la protection de Zeus. Itans V Iliade, nous
le voyous remplir vaillamment ses devoirs de soldat; il
s'expose dans maints combats, s'attaquant aux plus rudes
adversaires, à Achille en personne, après Sthenelos, Dio-
mède et Idoménée; toujours la protection de quelque divi-
nité l'arrache aux dangers. Tandis <|ue la race de Priam
est Nouée à la destruction, Enée est sauvé en vue d'une
royauté future qui doit se perpétuer dans ses entants. Il
est évident qu'au moment ou les Homèrides célèbrent ainsi
sa fortune et sa gloire, la descendance d'Enée règne sur
une partie de la Troade, non loin des régions où sombra
la royauté de Priam. Les mêmes poèmes lui donnent vis-à-
vis de ce prince les allures d'un prétendant dynastique qui
l'ait de l'opposition dans l'occurrence et est regardé d'un
mauvais œil à la cour. Enée, disait-on, avait désapprouvé
la guerre à l'origine, et les logographes citaient une tra-
dition en vertu de laquelle Aphrodite n'aurait suscite cette
guerre que pour faire passer le pouvoir aux mains de son
fils.
2° Enée chez les Ci/cliques. Arctinos, dans YElhio-
pide, poème aujourd'hui perdu, mais' qu'on lisait encore
au siècle d'Auguste, racontait que Enée, après le prodige
des serpents qui étouffèrent Laocoon, quitta la ville de
Troie condamnée par les dieux et se réfugia dans la Dar-
danie ; d'autres ne l'en font partir qu'après l'occupation
de la ville par les Grecs. Tous les témoignages qui vont
d'Homère aux temps de l'ériclès s'accordent à cons-
tater qu'Enée échappa à la ruine de Troie et fonda au
pied du mont Ida une royauté nouvelle. Le premier docu-
ment qui le fasse sortir de la Troade après ces événements
est une monnaie dVEnia, qui est à peine postérieure à
600 av. J.-C. La tradition généralement reçue, celle que
Virgile suivra plus tard dans la conclusion du 11° chant de
VEnéidet a été consacrée par un poète épique du nom de
Pisandre, un Rhodien du vnc siècle avant notre ère. En
ce moment, on ne fait pas encore sortir Enée de la Troade,
mais il est considéré comme le fondateur d'une royauté à
laquelle se rapportent, suivant toute vraisemblance, les
prédictions et les louanges que nous lisons dans les poèmes
homériques et dont l'écho se prolonge jusque dans la poésie
du vie et du ve siècle.
3° Enée chez les portes lyriques et dramatiques.
Le premier poète qui ait fait entreprendre à Enée un
lointain voyage après la guerre de Troie est Le Sicilien
Stésichore ; du moins son témoignage semble invoqué en
faveur d'une tradition de ce genre par un morceau de
sculpture connu sous le nom de Table iliaque. C'est là
que l'on voit Enée en compagnie d'Anchise, d'Ascagne
et de Misène, mettant à la voile pour l'Ilespéric et empor-
tant dans ses bras Pédicule qui renferme les divinités
protectrices de Troie. Quoique cette œuvre soit du r r siècle
de notre ère, il n'y a pas île raison pour ne pas rapporter
l'épisode au poète Stésichore, grand novateur en matière
de mythes et porté par ses origines mêmes à y faire inter-
venir les régions italiques. Cependant longtemps encore
après Stésichore, Sophocle, dans la tragédie de Laocoon,
maintient la tradition d'une royauté (U's Enéades en l'hry-
gie; elle survit également, dans certains récits d'Uella-
nicus, un contemporain d'Hérodote, et dans un pass
Xénophon ou. pour la première fois, la piété d'Enée, sau-
vant les images divines ihi désastre, esl l'objet d'une
mention spéciale. D'un grand nombre de citations tiri
par Denys d'Halicarnasse d'auteurs grecs aujourd'hui per-
dus résulte ce bit qu'aux temps de la guerre du iv-io -
iièse, l'opinion générale est qu'Enée n'était point sorti de
l'Asie Mineure ; on montrait même son tombeau a !;•
cynthia en l'hrygie.
'.' Le» voyages d'Enée. C'est à l'aide de Denys d'IIali-
cai nasse et de Virgile, qui utilisent tous b-> deux, pour
les concilier, les témoignages d'un grand nombre d'écri-
vains grecs, que nous pouvons refaire la carte de
voyages vers l'Occident. Remarquons d'abord que, des
les temps d'Homère et d'Hésiode, l'Hespérie s'emparait
comme une région mystérieuse des imaginations hellé-
niques. On y avait localisé certains épisodi N de
V Odyssée, et Ulysse lui-même est, par Hésiode, associé à
la généalogie des plus anciens héros de l'Italie. Le Troyen
Enee lui dérobe la gloire d'avoir porté la civilisation gréco-
asiatique dans ces parages. Il n'y va pas tout droit, mais
il aborde successivement sur les cotes de la Thrace, ou il
fonde la ville d'.Enos, puis dans la presqu'île de l'aliène
ou s'élève .Enea. De la il s'arrête dans I lie de Délos, ou
il rencontre un roi du nom d'Anius dont il épouse la fille.
Nous le retrouvons à Cythère, au S. du l'eloponèse, ou
il institue le culte d'Ajihrodité ; a Zacwithe, a Leuca
Actium, à Ambracie ; il pousse jusqu'à Dodone en Epire
pour y consulter l'oracle ; il se repose à Buthrote, en face
de Corcyre, où Ilelenos a fondé une autre Troie ; partout
il laisse un autel d'Aphrodite comme marque de son pas-
sage. En partant des cotes d'Epire, il sort au plus vite des
parages inhospitaliers de l'Adriatique, débarque à Thurium
en Lucanie, remonte la cote du Brultium et de la Cani-
panie jusqu'à Cumes, laissant son nom à l'Ile d'Aenaria et
celui de son pilote au cap Misène. Puis il revient sur ses
pas jusqu'en Sicile ou il visite les Troyens Elyme et Egeste,
touche au cap Palinure, après avoir franchi à nouveau la
mer Tyrrhénienue, enterre sa tante à l'île de Leucosie, une
autre parente a l'Ile de Prochyte et sa nourrice au pro-
montoire d'Epityché, tous ces lieux recevant les noms que
portaient les personnages mêlés a la légende. Enfin, il
débarque à proximité de Laurente, sur la cote du Latium,
et le lieu ou il campe porte longtemps après le nom de
Troie.
,')° Interprétation du voyage d'Enée. Deux faits
méritent d'attirer notre attention dans ces pérégrinations
diverses d'Enée; le premier, c'est que partout ou il aborde
se rencontrent les vestiges d"un culte d'Aphrodite ; le
second, c'est que tantôt les lieux mêmes, tantôt les per-
sonnalités fabuleuses fixées dans ces lieux portent un nom
qui rappelle celui d'Enée. Or Aplu'odité est une des divi-
nités protectrices des navigateurs; l'étoile qui annonce
l'aurore lui est spécialement consacrée, et le ciel, ou les
pilotes cherchent des guides dans les constellations, est son
domaine. Comme telle, elle est honorée sous le vocable de
Aîneias, dont le sens n'a pu être nettement déterminé,
mais qui semble être, pour les Grecs, en rapport avec le
radical cùv^w, afvij ou aivo';, c.-à-d. que Aîneias signifie-
rait ou la Glorieuse (Uschold) ou la Secourable (Klau-
sen). L'hymne homérique lui-même se réfère, pour inter-
préter le nom que Aphrodite donne à son fils, au mot
a!vd;, qui signifie gloire ou stupeur. Des linguistes récents
l'ont mis en rapports avec la déesse sémitique Anaitis
(Y. ce nom) qui correspond à l'Aphrodite l'rania. Polybe
mentionne cette divinité sous le nom hellénise de Aivr) et
nous dit qu'elle possédait, au voisinage d'Echatane, un
temple encore en grande faveur du temps d'Antiochus le
Grand. Il est d'autant plus naturel de chercher un rap-
port entre cette déesse et l'Aphrodite Aîneias que d'autres
personnalités héroïques de l'Iliade ont une origine sémi-
tique. Aineias s'est séparé par dédoublement du nom de
la divinité et en est venu à prendre, comme d'autres noms
à désinence semblable, une signification patronymique, il
signifie: fils d'Aîné. Le culte d'Aphrodite a propagé le
nom d'Enée et donné après coup, aux peuples que ce culte
- 1033 -
ÉNKE
a visites, l'illusion d'un voyage accompli par un héros
imaginaire, iil> de la déesse. L'opinion vulgaire renversa
les termes; pour elle, Enée, dans ses voyages, propagea
le culte d'Aphrodite, sa mère : il faut dire qu'Aphrodite,
transportée d'Orient en Occident, abordanl un peu sur
toutes les eûtes et dans toutes les Iles, répandit partout le
nom d'En.
Stations principales du culte d'Aphrodite : la
S .' -, /</ Campanie, le Latium. C'est en Sicile et à
('.unies, en Campanie, que le culte d'Aphrodite .Kneade
fut surtout en honneur. De là deux systèmes destines à
expliquer comment il fut implanté dans le Latium, ou il
se mêla à la légende des origines de Home. Le premier
me. qui est celui de Preller, remarque que non
loin d'Eryx, dont la fable rapportait la fondation a des
Troyens échappés au sac de leur ville, s'élevait un temple
d'Aphrodite, plus tard appelée Kryrine, et qui était en
réalité un temple d'Aphrodite .Kneade. fondé par quelque
cola siatique. C'est dans ces parages que la civi-
lisation hellénique entra en contact avec les Phéniciens, et
que les Etrusques, maîtres d'une grande partie de l'Italie,
eurent à lutter, à l'aurore des temps historiques, contre
las Grecs el les Carthaginois. Le culte d'Aphrodite, d'une
tendance antihelléniqtie, dut servir de trait d'union entre
erniers et les plus anciens habitants de l'Italie. C'est
ainsi que les navigateurs étrusques transplantèrent ce cultfl
sur les cotes du Latium, à Aidée, dans le pays des Ru-
tules, d'où il arriva à lavinium, chez les Latins propre-
ment dit—. La Venus de cette dernière ville s'appelait,
ginairement et longtemps encore dans la langue, popu-
laire. Frutis, nom ou il est facile de reconnaître une alté-
ration d'Aphrodite. Ce système, qui rend compte de l'ar-
rivée, dans l'Italie centrale, du nom d'Lnée accolé à celui
de sa mère, est plus admissible de beaucoup que celui
d*0. Millier qui fait aborder le nom du héros par Cumes,
en Campanie, et le met en rapport avec le culte d'Apollon
(Y. Sii.M.i.El. Il est vrai que la sibylle de Cumes, en Italie,
est apparentée à la fois à celle de Cymé, en Anatolie, et à
la sibylle de Gergithe, en Troade ; mais il n'est pas pro-
bable que le nom d'Lnée ait été prononcé dans les plus
anciens oracles sibyllins, et la légende du héros troyen n'a
que fort peu de rapports avec le culte d'Apollon, alors
qu'elle e>t inséparable de celui d'Aphrodite. Du reste, ce
n'est pas l'influence de Cumes qui a l'ait entrer Enée dans
l'histoire des origines fabuleuses de Kome ; c'est celle de
Lavinium, ville des Latins. L'époque oh cette translation
s'opéra ne saurait être déterminée avec certitude. C'est en
•217, l'année de la bataille du lac Trasimène, que les
Romains dédièrent un temple sur le Capitole à Vénus Liy-
( ine el a Mens, mais les temples d'Ardée et de Lavinium
sont plus anciens et paraissent remonter jusqu'à l'époque
luttes entre Rome et le Latium; le rôle considérable
que le sanctuaire de cette dernière ville joua pour la cons-
titution de la confédération latine invile à placer la popu-
larité naissante du culte de Vénus associé à celui des
Pénates vers le milieu du iv* siècle de Rome. C'est à partir
de cette époque que le nom d'Enée dut prendre place dans
aies du Latium.
T / née a Laiiiiiuiii. Comment le héros troyen passa-
t-il du temple de Venus Frutis, sa mère, dans celui
des Pénates (V. ce mot) de la confédération latine 1
en s'iderititiant avec une divinité locale, qui fut ou
latinus, l'ancêtre divinisé de la race, ou Numicius, per-
sonnification d'un petit Meuve qui arrose la contrée,
ou un Diuus Pater Indiyes, sorte de Jupiter topique
que l'on avait successivement identifié avec tous les deux.
A cote de ce Jupiter, les Latins invoquaient Vesta et les
Lares publics, dont le culte fut le trait d'union religieux
avec Rome, lorsque fut établie la confédération latine.
Enée mis à part, Lavinium possède, à l'aurore des temps
historiques, une religion politique formée d'éléments pure-
ment indigènes, qui en fait la ville sainte des Latins. Cette
religion n'admet à aucun deuré, avant l'intervention des
Crées, le culte des ancêtres nominativement divinisés :
lorsque l'hellénisme religieux, tant à la faveur des poèmes
homériques qui lurent colportés de bonne heure tout le
long des cotes de l'Italie, que des pratiques et des croyances
d'ordre général apportées par les navigateurs, eut accli-
mate l'idée des héros éponyines, la personnalité d'Enée
reçut, dans le culte de Laviniuin, un rôle déterminé.
L'historien Timée, qui écrit vers 260, fixe la tradition qui,
se rattachant au témoignage de Stésichore (V. plus haut),
fait importer de Troie dans le Latium par Enée les dieux
prolecteurs de l'antique llion et identifie ces dieux avec
les Pénales publics de Lavinium. Enée devient le fonda-
teur de Laviniuin, l'allié et le gendre de Latinus, roi des
Aborigènes, qu'il assiste dans sa lutte contre Turnus, roi
des Rotules, et Mé/.ence, roi de Cœré, en Etruric. C'est
dans la bataille décisive livrée sur les bords du Numicius
que, le héros troyen disparait mystérieusement, changé en
divinité locale. Le détail de ces événements, arrangé avec
ingéniosité par les savants grecs, qui fabriquèrent aux
Romains leur première histoire en mêlant aux antiquités
nationales du Latium les fables helléniques qui cadraient
tant bien que mal avec elles, a pris place dans les œuvres
des plus anciens annalistes, en particulier dans les Ori-
gines de Caton et dans le poème de Nœvius sur la première
guerre punique. Il est probable qu'il faut attribuer à ce
dernier écrivain la partie de la légende qui mêle Enée à la
fondation de Carthage et aux aventures de Uidon (V. ce
nom). Vairon et finalement Denys d'Ilalicarnasse ont cher-
ché à donner la vraisemblance historique à cet ensemble de
fables, en supprimant ou en expliquant les impossibilités et
les contradictions; mais Virgile seul, par la magie de son
talent et aussi par la solidité de son érudition, a réussi à
leur procurer la vraisemblance poétique.
8° Enée à Home. Lorsque Pyrrhus vint faire la guerre
en Italie, la légende d'Enée était encore toute neuve ;
c'est alors que sa signification antihellénique la recom-
manda surtout à la piété des Latins menacés. Sa popu-
larité ne commence qu'aux temps des guerres puniques,
et le sentiment des masses l'accommode aux préoccupations
suscitées par les victoires d'Annibal. Alors seulement une
croyance, jusque-là individuelle et flottante, fut fixée et
définie par l'intervention des pouvoirs publics, qui lui
donnèrent la consécration officielle. Nous voyons, en 250
avant notre ère, le Sénat de Rome demander aux Eto-
liens la liberté des Acarnanicns, en se fondant sur les
bons rapports que le peuple eut jadis avec les Troyens,
ancêtres de la nation romaine. Cinquante ans plus tard,
le même Sénat réclame aux Phrygiens l'image de Cybèle,
vénérée à Pessinonte, en invoquant la communauté des
races romaine et troyenne avec le nom d'Enée. Les deux
Africains en allant combattre contre Antiochus; Elaminius,
en proclamant la liberté de la Grèce, se réfèrent égale-
ment à la descendance troyenne des Romains. Il est pro-
bable que, dès cette époque, les familles patriciennes de
Rome se fabriquèrent, à la faveur des oraisons funèbres
prononcées devant les rostres, des parchemins qui ratta-
chaient leur noblesse aux héros troyens de la poésie
grecque. Bientôt Varron pourra consacrer un ouvrage en-
tier aux familles troyennes, et Denys, au temps d'Auguste,
en comptera une cinquantaine qui, suivant lui, pouvaient
revendiquer cette illustre origine. Celle qui réussit le mieux
à l'imposer à l'opinion fut, grâce à César, la gens Julia ;
(die prétendait remonter, par Julius, consul en 3'ill de
Rome, à Ascagne ou Julus, fils d'Enée. Quand César pro-
nonça l'éloge funèbre de sa tante, il donna pour ancêtres
à sa race le roi A nuis Marcius, par sa mère, qui fut de
la gens Narcia, et Vénus, qui est la mère des Jules, « de
sorte qu'ils brillent encore de l'éclat des dieux qui fait
pâlir celui des rois ». Quand il dédia plus tard un temple
à Vénus sous les vocables de Vietrix et de Gmitrix, il se
donna lui-même comme l'Enée des temps nouveaux, comme
le fils et le favori de la déesse qui avait garanti aux des-
cendants d'Anchisc la royauté universelle. Dès ce moment
ÉNÉE - ÉNERGIE
— 1024 —
trovenne > J « — Romains devint une sorte de dogme
national, el le poème de Virgile eol en partie pour liui <le
l'imposer k l'opinion. Mais la raveur de ce dogme ne fui
pas longue ; elle ne survécut guère s la race «le-. Jules,
c-à-d. ;i l'empereur Claude : & la fin du i'r siècle, le pres-
tige en était tombé. Sans le talent de Virgile, on peut
affirmer <|uïl n'en serait pas resté grand'chose, même dans
la latinité païenne. Cependant, l'imitation poétique et le
grand renom de l'auteur de l'Enéide a donné à toute la
légende et par suite à Enée, le liéros principal, une impor-
tance particulière : cette légende est dans suri genre un
spécimen unique, résultante complexe de toutes les actions
religieuses, politiques, historiques et morales qui propa-
gent, en les modifiant, les croyances fabuleuses.
9° Enée dans Part. Le plus ancien des monuments artis-
tiques où. figure la personnalité d'Enée transplantée dans un
cadre autre que celui des fictions homériques est, après la
monnaie dVEnia que nous avons citée, une ciste trouvée a
Palestrina en 1861 et expliquée pour la première fois par
II. Brunn. L'opinion à peu près incontestée des savants
est que cette œuvre d'art n'est guère postérieure à la
seconde guerre punique. Comme on y voit figurer les per-
sonnages principaux que Virgile a mis dans la conclusion
de son Enéide, c.-à-d. Enée, Turnus, le roi Latinus,
Amata et Lavinie, il en faut conclure que dès cette époque
la légende a reçu sa forme presque définitive, sous la seule
réserve que la gens Julia n'y réclame encore aucune
part. Le groupe d'Enée, emportant son père Anchise, peut
revendiquer une antiquité beaucoup plus haute ; outre
qu'il a fourni le motif de la monnaie d'.Enia, on le ren-
contre sur un certain nombre de vases peints. Auguste en
avait fait dresser une représentation monumentale sur le
forum romain. A Pompéi figurait une statue d'Enée divi-
nisé ; c'est également dans cette ville qu'a été découverte
la fresque caricaturale qui nous montre Enée, Anchise et
le petit Ascagne sous les traits de singes. Nous avons déjà
cité la Table iliaque qui nous offre le motif, souvent
traité, d'Enée emportant vers l'Hespérie ou le Palladium
ou les dieux Pénates. Presque toutes ces représentations
sont postérieures au temps d'Auguste et s'arrêtent au règne
d'Antonin le Pieux. J.-A. Hild.
Biul. : Aux ouvrages que nous avons cités dans notre
Légende d'Enée avant Virgile (Paris, 1883, et Revue de
l'histoire des religions, 1882' et 1883), il faut ajouter les
suivants : Rubino, Beilrœge zur Vorgeschichte Italiens ;
Leipzig, 1868. — Zœller, Lalium und Rom, ihid., 1878. —
Jackel, Zur JEneassaqe ; Freistadt, 1881. — E. Wœrner,
Die Sage von den Wanderungen des Aineias ; Leipzig,
1882, et l'art. Aineias, dans le Dictionnaire de mythologie
de Hoschcr ; ibid., 1884, fasc. I. — l'r. Cauer, De Fabulis
grsecis ad Romam conditam pertinentibus ; Berlin, 1884,
et Die Rœmische /Eneassage ; Leipzig, 1880. — Boissier,
Nouvelles Promenades archéologiqnes. — Pour la discus-
sion de la ciste de Palestrina, V. H. Brunn, Monum. des
archmol. Instit., VIII. t. VII et VIII ; Ami. de Inst.,
XXXVI, p. 35(5, et H. Nissen, Zur Kritik der j*Eneassage,
dans les Jahrb.fàr Klass. Phil., XLVIII, pp. 37,"> et suiv.
— Cf. Dictionnaire de Daremberg et Saolio, 1, p. 107,
art. de M. de Ronchaud.
ÉNEE dk Gaza, philosophe néoplatonicien de la seconde
moitié du Ve siècle ap. J.-C, élève d'Hiéroclès à Alexandrie.
Lui-même y professa la rhétorique et la philosophie. Il se
convertit au christianisme, qu'il essaya d'accommoder avec
ses idées néoplatoniciennes. On a de lui vingt-cinq lettres
et un dialogue (Théophrastc) sur l'immortalité de l'àme
(édité par Boissonnade, Paris, 1830).
ENEMAN (Michael), orientaliste et voyageur suédois,
né à Enkœping le 1er févr. 1670, mort à Upsala le 5 oct.
1714. Après avoir étudié les langues orientales sous Olof
Hudbeck le Jeune et reçu la prêtrise (1700), il suivit
Charles XII comme greffier du consistoire aulique (1707-
1709), fut envoyé à Constanlinople comme aumônier delà
légation (1710) et de là en Asie Mineure, en Syrie, en
Arabie et en Egypte (1711-13) et ne rentra en Suède
qu'en 1714, pour occuper la chaire de langues orientales à
Upsala. Il n'a été publié qu'un spécimen de sa volumineuse
relation de voyage (1740) et deux lettres de Damas
(dans Svenska Bibliothekei de Gjoarwell, I7-.7, I7.'.x,
t. I et II).
ÉNENCOUR-I.mi.h. Loin, du dép. de l'Oise, arr. de
lit sauvais, cant. deChaumont; 162 bah.
ÉNENCOUR-i.i-Six. Coin, du dép. de l'Oise, arr. de
Beauvais, cant.de Chanmont; lil hab.
ÉNERGIE. I. MÉCANIQUE. — Dénomination attribue.-
a deux grandeurs mécaniques, le travail des foret - et II
force vive, qui jouent un rôle capital dans la mécanique
appliquée et dans h-:, théories physiques, "u trouvera, dan-,
l'exposé suivant, le résumé des principes de mécanique
rationnelle, qui servent de base t la théorie de l'énergie,
ainsi que des applications de cette théorie a quelque phé-
nomènes naturels.
1. Le travail des forces. — 1. Définitions, lorsque
le point d'application d'une force F parcourt un élément
de chemin ds, dont la direction fait un angle a avec la
direction de la force, le produit F eos * ds s'ap|»elle le
travail élémentaire de la force. Le travail ainsi défini est
une grandeur susceptible d'un signe qui sera -+- ou —
suivant que les directions de la force et du déplacement
font entre elles un angle aigu ou obtus. I-e travail élémen-
taire, s'exprimant par F X ds cos a ou par ds X F cos a,
peut •"•tri; défini comme le « produit de la force par la pro
jection du déplacement sur la force » ou comme le « pro-
duit du déplacement par la projection de la force sur le
déplacement ».
2. Si l'on considère un déplacement fini du point d'ap-
plication d'une force et si l'on divise l'arc parcouru en
éléments infiniment petits, l'intégrale f F cos a ds des tra-
vaux élémentaires correspondants s'appelle le travail total
de la force.
3. Lorsque des points matériels en nombre quelconque
sont soumis à l'action d'un système de forces, la somme
des travaux de ces forces s'appelle le travail du système.
4. Théorème. Le travail de plusieurs forces appli-
quées à un point est égal au travail de leur résultante.
Considérons, en effet, un déplacement élémentaire du point;
la projection de la résultante sur la direction de ce dépla-
cement est égale à la somme des projections des compo-
santes sur la même direction. En multipliant toutes ces
projections par le déplacement, on obtient une égalité qui
établit le théorème pour le travail élémentaire, et il suffit
de prendre l'intégrale des deux membres pour passer au
cas du travail total.
u. Théorème. Le travail élémentaire de deux forces
égales et directement opposées est égal au produit de
leur intensité par V accroissement de la distance de
leurs points d'application. Soient deux forces, ayant la
même intensité F, qui agissent sur deux points A et A', en
sens contraires, suivant la ligne qui les joint; cherchons la
somme des travaux de ces forces dans un déplacement infi-
niment petit qui amène AA' à la position BIS'. Désignons par
p,p' les projections des déplacements ABet A'B' sur la di-
rection AA'; en supposant que les forces soient répulsives,
c.-à-d. tendent à éloigner l'un de l'autre leurs points
d'application, les travaux élémentaires de ces forces, appli-
quées aux points A et A', sont — Yp et Fp', ce qui donne
la somme Y(p' — p). Mais, si l'on désigue par r la dis-
tance AA' et par ;/' la projection de BB' sur AA', on a,
par le théorème des projections, r ~p-hp" — p'; enfin
l'angle des directions AA', BU' étant infiniment petit, la
longueur BB' =zr-r-<lr ne diffère de sa projection //'
que par un infiniment petit du second ordre ; on a donc
r=p + r+dr — p', d'où p' — p -dr. Le travail des
deux forces est donc Ydr. — Dans le cas de forces attrac-
tives, ce travail change de signe; l'expression Ydr s'ap-
plique donc à tous les cas en convenant de considérer
comme négatives les forces d'attraction.
t>. Expression du travail élémentaire en coordon-
nées rectangulaires. Soient, par rapporta trois axes rec-
tangulaires, X, Y, /. les composantes d'une force 1", X,
y. ; les coordonnées de son point d'application, dx, dy. d:
— 10-io —
ENERGIE
les projections d'un déplacement élémentaire ds de ce
peint L expression F cm * «bdu travail élémentaire devient
' , , X dx Y dy , /. i*\ ,
«ail. Xolx+Ydjy + Zds. Il en résulte que le travail
élémentaire d'un système de forces 1 pour expression :
,/T ' S(Xdx-l-YdyH-Zds),
le 1 s'etendant à toutes les forces du système.
7. Fonction des forces. On système de forces peu! être
tel que le travail de ees foires, pour un déplacement inti-
niment petit des points d'application, soit la différentielle
exacte d'une fonction f{x, y, :, 1 . ;/'. :■' ) des
coordonnées de ces points considérées connue variables
indépendantes. Dans ce cas, lorsque le système des points
•"application passe de l'état caractérisé par l'indice zéro à
un état quelconque, le travail total est égal à l'accroissement
f(.v. y, :, .r'. y*, ; 1 — /'v.r„. //,, Bo, .('„. ;/'„ :•', )
ou simplement /' — /'„. La fonction / des coordonnées dont
la variation mesure le travail s'appelle la fonction des
forces. Cette fonction a pour dérivées partielles les com-
posantes de la force appliquée à chaque point, car, si l'on
désigne par .r, y, :• les coordonnées de l'un des points et
par \. \ . / les composantes de la force qui lui est appli-
quée, on doit avoir, quels que soient dx, dy, dz-,
S(X*r-HYdy+Z&) E (gir* fdy+g.d*)'
et cette équation entraîne les suivantes :
x==d_[ Y = df J = d£
<Lv dy dz
3ui ont lieu pour tous les points du système. La fonction
es forces, n'entrant dans le calcul que par ses dérivées,
n'est définie qu'à une constante additive près, et on peut
choisir cette constante de manière que la fonction ait une
valeur arbitraire pour un état déterminé du système de
points.
8. systèmes conservât ifs. Lorsque la fonction des
forces est uniforme, c.-a-d. n'a qu'une valeur pour chaque
système de valeurs des variables, la différence f — f0 a une
valeur déterminée, quels que soient les chemins parcourus
par les points entre leurs positions initiale et finale. Il en
résulte que « le travail des forces ne dépend que des états
extrêmes et reste le même, quelle que soit la série des
états intermédiaires ». En particulier, si le système de points
revient à son état primitif, on a f=f0 et le travail est
nul. — Les systèmes de forces qui admettent une fonction
uniforme sont dits conservâtes.
il. Forces centrales. In exemple de fonction de forces
se présente dans le cas ou les points mobiles agissent les
uns sur les autres, de telle sorte que l'action mutuelle de
deux points se compose de deux forces, égales et opposées,
appliquées à ces deux points suivant la droite qui les joint
et dont l'intensité ne varie qu'avec leur distance. — En
effet, soient r la distance de deux points et <? (r) l'inten-
sité de leur action mutuelle; pour un déplacement infini-
ment petit, le travail de cette action est ?{r)dr (n° 5), ou
bien dlir) en posant -l (r) = f?{r)dr. te travail
élémentaire des forces ai;i-sant sur l'ensemble des points
mobiles sera donc Ed*(r) = (/X^(r), le 2 s'étendant
aux combinaisons deux à deux de tous les points. — Les
forces considérées dans cet exemple jouent un rôle impor-
tant dans la théorie des phénomènes naturels; M. Helmhollz
leur a donné le nom de forces centrales. — La fonction
/ = Si (r) d'un système de forces centrales ne dépend
que des distances des points et elle reprend la même
valeur quand ces distances deviennent les mêmes, l'n tel
système est donc conservatif, et son travail est nul quand
le système des points d'application part d'un état et y
revient. Pour que le travail soit nul, il n'est même pas
nécessaire que les points reviennent à leurs positions pri-
mitives, il suffit qu'ils conservent leurs positions relatives.
II. La pobce vive. — 10. Définition. Nous appellerons
dans cet article force vive d'un point matériel la moitié du
GRANDE E.NCYCLOPKOIE. — XV.
produit de sa masse par le carré de sa vitesse. La force
vive d'un système de points est la somme des forces vives
de ses points.
H. Théorème de la force vive. Désignons par m et u
la masse et la vitesse d'un point, par R la résultante des
forces qui agissent sur lui et par a l'angle compris entre
la direction de cette résultante et la direction de la vitesse.
— On a la relation m -j; = R cos a; on a aussi vdt=ds,
ds étant le chemin parcouru pendant le temps <lt. En mul-
tipliant ces deux relations membre à membre, il vient
m ni r : R cos xds, c.-à.-d.
d
G'""*)
R cos a ds.
Donc, pendant un temps infiniment petit, l'accroissement,
de la force vive est égal au travail élémentaire de la résul-
tante, c.-à-d. à la somme des travaux élémentaires des
forces appliquées. Il en résulte que, pendant un temps
fini quelconque, l'accroissement de la force vive d'un point
est égal au travail total des forces. — Enfin, si l'on fait
la somme de toutes les relations analogues pour tous les
points d'un système en mouvement, on a ce théorème :
L'accroissement de la force vive d'un système matériel
pendant un temps quelconque est égal au travail des
forces qui agissent sur ce système pendant ce temps.
— Si donc on désigne par 6 la force vive et par T le
travail, on a la relation A8 = T.
12. Lorsque le système tout entier des forces appli-
quées admet une fonction f, leur travail pour un déplace-
ment quelconque est égal à l'accroissement correspondant
de la fonction ; on a donc A8 — Af; on en conclut
A(0 — f) = 0 et 0 — f= c, en désignant par c une cons-
tante arbitraire. Par suite, lorsque toutes les forces qui
agissent sur un système matériel admettent une
fonction, la différence de la force vive et de la fonc-
tion reste constante pendant le mouvement.
13. Si de plus la fonction f est uniforme, on a A/"=0
lorsque le système matériel part d'un état particulier et y
revient ; on a donc aussi AO = 0, ce qui exprime que « la
force vive redevient la même toutes les fois que le système
repasse par le même état ». — C'est en cela que consiste
le principe de la conservation de la force vive.
14. Stabilité de V équilibre. Lorsque toutes les forces
qui agissent sur un système matériel admettent une fonc-
tion, on a encore ce théorème : « Tout état du système
correspondant à un maximum de la fonction des forces est
un état d'équilibre stable. » On voit d'abord que si la
fonction des forces est un maximum il y a équilibre. En
effet, les valeurs correspondantes des dérivées partielles
sont nulles; par suite, la résultante des forces appliquées
à un point quelconque est nulle, et ce point est en équi-
libre. — Pour démontrer que l'équilibre est stable, il faut
établir que, si l'on abandonne le système à l'action des
forces après avoir écarté infiniment peu tous les points de
leur position d'équilibre et leur avoir donné des vitesses
infiniment petites, les déplacements restent toujours infini-
ment petits. — Désignons par a la valeur de la fonction
des forces dans l'état d'équilibre; si l'on déplace infiniment
peu le système, cette valeur devient a — s, e étant infi-
niment petit et positif, puisque a est un maximum. — Si
l'on abandonne ensuite le système à l'action des forces,
après avoir communiqué à ses points des vitesses infini-
ment petites, il se met en mouvement et, après un certain
temps, la fonction des forces est devenue a — u>. La va-
riation de la force vive est égale à l'accroissement de la
fonction des forces ; si donc on désigne par 0 et 0o les
forces vives actuelle et initiale, on a 8 — 80 = a — oj
— (a — e), et par suite 8 = 80 -f- 1 — u>. Mais 8 est
positif; donc tu ne peut pas dépasser 8,,-f-s et reste infi-
niment petit. Il en résulte que les coordonnées diffèrent
infiniment peu de celles qui correspondent à l'état d'équi-
libre et cet équilibre est stable.
65
KNKKCIi:
- 1026 -
m. i.'i m nui . — 15. Définition. imaginons que,
|i:inin les lorccs qui agissent sot mi système matériel, la
imk's soient regardées comme récoltant d'actions exté-
rieuree, lee autres comme <iu<is aux actions mutuelles des
points du système, et supposons que celles-ci, dites forces
intérieures, admettent une Fonction. L'introduction de
cette fonction, que nous appellerons — u, donne une
forme nouvelle au théorème de la force vivo. En effet, si
l'on désigne par T; le travail des forces intérieures, T,, le
travail (les forces e\térieures, le théorème de la force
vive donne la relation AO = T{ -f- Tc ; niais, d'après la
définition de la fonction u, on a T4 — — Au. Un peut
donc écrire A8 = — A» -+-T,, ou A (0 + w) = T,., ou
bien enfin AH :T„ en posant II 0-+ u. — On peut
adopter, pour designer les quantités o, u, H, les dénomi-
nations introduites par Hankine et appeler énergie actuelle
ou énergie cinétique la force vive 0, énergie potentielle la
quantité u qui est la fonction changée de signe des forces
intérieures, énergie totale ou simplement énergie la somme
H = 0 -r- u des énergies cinétique et potentielle. — Le
résultat exprimé par l'équation AH =: Te s'énonce alors
comme il suit : Dans un système matériel, l'accrois-
sement de l'énergie est égal au travail des forces
extérieures.
46. Quand il n'y a pas de forces extérieures, l'accrois-
sement de l'énergie est égal à zéro; donc, dans un sys-
tème isolé, l'énergie est invariable. C'est en cela que
consiste le principe de la conservation de l'énergie.
■17. Energie potentielle. Il importe de préciser la
signification de la fonction u. Admettons qu'il existe un
état particulier du système pour lequel la valeur uu de
l'énergie potentielle soit un minimum absolu; dans cet
état, la fonction des forces intérieures, égale à — U0, est
un maximum et le système, supposé soustrait à toute
action extérieure, est en équilibre stable (n° 14). Si l'on
imagine que le système parte d'un état quelconque et
vienne à cet état d'équilibre, le travail des forces inté-
rieures, pour ce déplacement, est égal à u — u„. D'ail-
leurs, d'après une remarque déjà faite (n° 7), l'énergie
potentielle, qui est la fonction des forces intérieures changée
de signe, n'est définie qu'à une constante additive près, et
l'on peut choisir cette constante de manière que la valeur
uu soit précisément égale à zéro. La fonction u est ainsi
essentiellement positive, et on peut dire que l'énergie
potentielle d'un système dans un état quelconque est
égale au travail des forces intérieures lorsqu'il passe
de cet état à son état d'équilibre. — Ce travail, essen-
tiellement positif, est le plus grand que les forces intérieures
[missent produire à partir de l'état considéré.
48. Les notions précédentes permettent de préciser le
mode suivant lequel le travail se transmet par l'intermé-
diaire d'un système matériel. — Concevons que ce sys-
tème soit d'abord au repos, dans son état d'équilibre stable.
Si on lui applique des forces extérieures, il se mettra en
mouvement, et, après un certain temps, son énergie totale,
primitivement nulle, aura une valeur H égale au travail
des forces extérieures (n° 45). Si l'on supprime alors les
forces extérieures, l'énergie devient invariable. Cette énergie
se compose de deux parties positives, l'une cinétique,
l'autre potentielle, dont la somme reste constante. Ces
deux parties se transforment l'une dans l'autre ; quand
l'une d'elles diminue, l'autre augmente d'une quantité
égale. Si l'on introduit enfin de nouvelles forces exté-
rieures, de manière à ramener le système au repos dans
son état d'équilibre, l'énergie passe de la valeur 11 à la
valeur zéro. Le travail correspondant des forces extérieures
est égal à — H et, par suite, si ces forces émanent de
corps extérieurs, le travail des réactions du système sur
ces corps est égal à 11. On voit ainsi comment l'énergie
totale d'un système représente le travail maximum que ce
système puisse développer sur les corps extérieurs ; elle
représente donc sa puissance mécanique, ce qui justifie la
dénomination adoptée. D'ailleurs, les deux parties de l'éner-
gie, forée vive et travafl, muant le messe rMe, il était
utile de donner à ces grandeurs une dénomination MB-
m ii ne rappelant lenr snalftgH mfVani^M.
I\ . Les ionciio.ns n — 19. Li
nature présente certains phénomènes que I
les physiciens ont expliqués en réduisant a des forces
centrales les actions qui s'exercent entre les particules
élémentaires des corps; de ce nombre sont les attractions
et répulsions électriques al magnétiques, ainsi que lu |
vitation universelle. Mais on ne peut en dire autant
actions mutuelles des courants électriques si l'on regarde,
avec Ampère, deux éléments de courants comme agissant
l'un sur l'autre, dans la direction de la ligne qui les joint,
suivant une loi qui dépend non seulement de leur dis-
tance, mais encore de leurs positions relatives. De même,
l'action d'un élément de courant sur un pôle magnétique
dépend à la fois de leur distance et de l'angle que i
distance fait avec la direction de l'élément; de plus, la
force, au lieu d'être dirigée suivant la ligne de jonction,
est perpendiculaire au plan déterminé par le pôle et l'élé-
ment, il est toutefois remarquable que, si l'on ne consi-
dère que des courants fermés, les systèmes de forces
électrodynamiques et électromagnétiques admettent d>->
fonctions qui servent à mesurer le travail de ces systèmes
comme si les forces élémentaires mises en jeu étaient
réellement des forces centrales. Voici le résumé des résul-
tats relatifs à cet objet.
20. Foires électrostatiques. D'après Coulomb, on
considère l'action mutuelle de deux points électrisés comme
s'exerçant, suivant la distance de ces points, avec une
intensité représentée par la formule
/ \ } """
<?{r) = k—r,
en désignant par k une constante positive, par r la dis-
tance des points, par m, m' leurs charges électriques,
[irises avec leurs signes de telle sorte que l'action soit
positive ou négative, c.-à-d. répulsive ou attractive, quand
m, m' sont de mêmes signes ou de signes contraires. —
Dans ce cas, la fonction ty(r) z= f?\r)dr du n° 9 est
— k — — et on a, par suite, pour la fonction des actions
r
mutuelles d'un système électrisé
-_ ;.V'"m'
' _ r
le S s'étendant aux combinaisons deux à deux de tous les
points. La variation de cette fonction, lorsque les points
se déplacent en conservant leurs charges, représente le
travail correspondant des forces électriques. — Des expres-
sions analogues s'appliquent aux actions magnétiques et à
la gravitation universelle.
21. Forces électrodynamiques. A la déformation infi-
niment petite d'un courant fermé correspond un travail
des actions, égales et opposées, que deux éléments de ce
courant exercent l'un sur l'autre, suivant la loi élémen-
taire d'Ampère. Si l'on calcule l'intégrale de ces travaux
élémentaires pour tous les éléments du circuit considérés
i
deux à deux, on trouve une expression de la forme -5 i2d\,
en désignant par i l'intensité du courant et par X une
quantité dépendant seulement de la forme du circuit. U en
résulte que la variation de la fonction
représente le travail des actions que le circuit exerce sur
lui-même lorsqu'il se déforme en conservant son intensité.
— On trouve (le même que, lorsque deux courants formés,
dont les intensités t, i' restent invariables, se déplacent et
se déforment, le travail des actions qu'ils exercent l'un
sur l'autre est la variation d'une fonction n'a. la quantité
p- dépendant seulement des positions relatives des circuits ;
— 10-27 -
ÉNERGIE
d'où il récolte que l'ensemble dea iKn\ oourants admet
une fooctioa de forces èlectrodynmiqiiw
l
/• f i'-X-|-i*>4-^ 'a'
1
et an a, en général, pour an système de courants à inten-
sités constantes,
le premier ^ l'Mimdaal à tous les murants et la laeond t
leurs combinaisons deux à deux.
22. Forcet électromagnétiques. De même, en admet-
tant h l<>i 6Hmnutairfi de Laplace, le travail élémentaire
dea actions a'aercaal entre un oouranl fermé et un pôle
■afsétniM est de la forme itndv, en désignant par i lin—
tensite du courant, par m la charge positive ou négative
du pôle et par v une fonction dépendant Seulement des
postions relatives do circuit et du pôle. Pas suite, les
forées qui s'exercent entre un système de eourants fermés
et un système de pôles magnétiques admettent nue fonction
/' :2unv
nos les quantités i. m restent constantes.
iS. Dans le cas le plus général, la fonction d'un système
de forées électriques ou magnétiques s'obtient en addition-
nant les expressions précédentes; mais il importe de se
rappel or que la variation finie de cette fonction ne repré-
sente le travail que lorsque les intensités et les charges
sont invariables, t'es quantités varient, en général, par
influence on indoction, lorsque les systèmes matériels où
•m les phénomènes électriques et magnétiques se dé-
placent et se déformant ; la fonction des forces donne
alors le travail pour chaque déplacement élémentaire par
la vide variation résultant de ce déplacement, sans tenir
compta de la variation des intensités et des charges.
V. l.'r.NKRi.lK 10. s SYSTÈMES NATURELS. — "2i. Hypo-
//t,.v.\ sur la mature. On se figure les corps comme des
■Mages de molécules el on conçoit ces molécules comme
l'orméis d'atomes analogues aux points matériels de la méca-
nique rationnelle. Entre ces points, on imagine des actions
attractives ou répulsives que l'on appelle forces molécu-
laires ou atomiques, suivant qu'elles s'exercent entre des
molécules différentes ou entre les atomes d'une même mo-
lécule et les effets de ces forces hypothétiques correspon-
dent a la cohésion el à l'affinité. On admet que ces forces
insibles qu'à des distances très petites et qu'elles
itituent un système eonservatif (n° 8), de sorte que leur
travail est nul quand le corps part d'un état et y revient.
15. Hypothèses sur la chaleur. On considère généra-
lement l'état thermique d'un corps comme constitué par
des mouvements internes d'amplitude très petite; la force
vive de ces mouvements, inappréciable autrement à nos sens,
déterminerait la température. Suivant ces vues, un corps
au repos, dans son état naturel, possède une énergie totale
qui est la somme de l'énergie cinétique du mouvement
thermique et de l'énergie potentielle des forces intérieures
définies au numéro précédent. Si le corps est eu mouve-
ment, il faut comprendre dans son énergie cinétique la
foi ,e vive correspondant aux vitesses sensibles de ses
points; si on désigne cette force vive par 0, l'énergie
totale peut être mise vous la forme h -(-0, h étant ce que
nous appellerons l'énergie thermique du corps. — On
admet enfin que tout corps recevant de la chaleur est nc-
uiiiis à l'aciion de tories extérieures et que
la quantité de chaleur </ reçue, dans une modification
quelconque, par suite de l'action de ces forces, est pro-
portionnelle a la somme Tc de leurs travaux; de sorte
Sue l'on a Eu = Tc, le coefficient E ne dépendant que
mites adoptées pour la mesure du travail et des
quantités de chaleur.
2f>. Equivalence thermodynamique. Ces hypothèses
conduisent a appliquer aux modifications thermiques le
principe suivant lequel la variation de l'énergie d'un sys-
tème matériel est égal au travail des forces extérieures
(n° 18). — Supposons que certaines de ces forces émanent
d'une sonne de chaleur ; soit 1\ leur travail et soit T„ le
travail des autres forces extérieures. En désignant par
h +0 (n° 25) l'énergie du système, on a
Tc + T, = A/i + A0
ou bien, puisque T. : : E'/,
(1) E7 A/i + AO — T,.
De la relation ainsi obtenue résulte le principe d'équiva-
lence thermodynamique: « L'énergie calorifique absorbée
par un corps est égale à la variation de l'énergie ther-
mique augmentée de la variation de la force vive sensible
et diminuée du travail des forces extérieures. » — Ordi-
nairement, les forces extérieures résultent d'actions exer-
cées sur le système considéré A par d'autres corps 15, le
travail T„ de ces actions est alors égal et de signe contraire
au travail T des réactions du corps A sur les corps B. La
relation précédente devient ainsi
(2) Eq - A/H-AQ-I-T,
T désignant le travail accompli par le système.
27. Corollaire I. Si le système décrit un cycle,
c.-à-d. part d'un état et y revient, avec la même force
vive sensible, on a A h = 0, et par suite Eq = — Te,
T
ou — - = E. — Donc, quand un système décrit un
cycle sans variation de force vive, le rapport du tra-
vail des forces extérieures à la chaleur dégagée est
une constante. La vérification expérimentale de ce fait est
la base de la thermodynamique. Quand un corps décrit un
cvcle, on peut mesurer en kilogrammètres le travail exté-
rieur et en calories la chaleur absorbée ou dégagée ; on
constate que le rapport de ces deux quantités est une
constante, quelles que soient les conditions de l'expérience.
— La valeur numérique de cette constante, qui est l'équi-
valent mécanique de la chaleur, est 42i> environ. Elle se
réduirait à l'unité si l'on exprimait les quantités de chaleur
et de travail avec la même unité, calorie ou kilogrammètre.
28. Corollaire II. En faisant A/* = 0, Te = 0, on a
Iv/ = AO. Donc, quand un système part d'un état et y
revient, sans forces extérieures, la chaleur dégagée esl
proportionnelle à la perte de. force vive. Ce résultat
s'applique au choc des corps non élastiques.
29. Chaleur interne. Le rapport -£ est souvent désigné
sous le nom de chaleur interne ; c'est l'énergie thermique
exprimée en calories. La thermodynamique permet d en
calculer l'expression. Pour un corps isotrope, dont tous
les points sont à la même température, la chaleur interne
est une fonction de cette température et des paramètres,
tels que les densités, chaleurs spécifiques, coefficients
d'élasticité..., qui définissent l'état physique et chimique
du corps. Pour qu'un corps décrive un cycle, il faut que,
non seulement sa température, mais tous les paramètres
dont dépend sa chaleur interne reprennent la même valeur.
Or, les transformations subies par le corps peuvent amener
la modification persistante de ces paramètres; tel est
l'effet de l'écrouissage sur les métaux. Il importe de tenir
compte de cette circonstance dans l'application des propo-
sitions précédemment établies.
30. Principes tliermochimiques. La transformation
d'un corps ou d'un système de corps peut résulter d'un
changement d'état physique, d'un changement d'état chi-
mique, d'un changement de structure et d'arrangement
moléculaire enfin de la dissolution. — Une série quel-
conque de transformations de cette nature amène l'énergie
thermique du système d'une valeur initiale h{ à une valeur
finale h, et, si les états extrêmes sont des états d'équi-
libre, l'équation (I) devient, en faisant A0 = O,
(3) £7-/^-/1,-1,,.
Cette valeur de q n'étant nulle que dans le cas très partie
culier ou la variation de l'énergie serait égale au travail
extérieur, on voit que toute transformation est accompa-
gnée d'une absorption ou d'un dégagement de chaleur. —
ÉNERGIE
- \(iix -
Les forces extérieures se réduiseol souvent I une pression
normal"- et uniforme sur la surface du système; en dési-
gnant par \> la pression par unité de surface ei par < le
volume, on a dans ce cas T,, — fpdo. si le système
se transforme à volume constant, Te = 0; si le système
se transforme sous pression constante, T,. : — pi1'/— vt),
i\ et ua étant les valeurs initiale el finale du volume;
dans le premier cas la relation (3) se réduit i Eq=ht — h, ;
dans le second cas, elle devient lv/ = ht — /t, +p(v, — V.).
Dans les deux cas, la chaleur q est déterminée par les
valeurs que présentent l'énergie et le volume aux états
extrêmes; on en conclut cet énoncé : La chaleur absorbée
ou dëgagc'e par un système qui se transforme à volume
constant au sous pression constante dépeint unique-
ment de l'i'tat initial et de l'i'tat final du système;
elle est la môme quelle que soit la série des états in-
termédiaires.
A ce principe thermochimique fondamental, dont il a
développé les nombreuses conséquences, M. Berthelot
adjoint un second principe, basé sur l'expérience, dont
voici l'énoncé : Tout changement chimique accompli
sans V intervention d'une énergie extérieure tend vers
la production du corps ou ilu système de corps qui
dégage le plus de chaleur. — Dans un changement d'état
accompli sans travail extérieur, l'énergie calorique déga-
gée— Eq est égale, d'après l'équation (3), à l'excès hi — ht
de l'énergie initiale sur l'énergie finale. Si donc la chaleur
dégagée est un maximum, l'énergie de l'état final est un
minimum. — On peut donc énoncer le principe de M. Ber-
thelot en disant que tout changement chimique, accompli
sans l'intervention d'une énergie extérieure, tend vers la
production du système dont l'énergie est un minimum
(V. au mot Chaleur, le § Chimie; Chaleurs spécifiques,
de M. Berthelot, t. X, p. 257).
31. Principe général d'équivalence. Supposons main-
tenant que le système dont on considère la transformation
soit le siège de phénomènes électriques et magnétiques. —
On peut admettre que ces phénomènes modifient, à partir
de l'état naturel, la structure interne du système et y font
naître des mouvements spéciaux, analogues au mouvement
thermique; ils introduisent de plus des actions à dis-
tance. Les énergies cinétique et potentielle reçoivent ainsi
de nouvelles valeurs, de telle sorte que l'énergie totale
est de la forme H = U-+-9, 0 étant la force vive sensible
et U une fonction dépendant, non seulement des variables
de l'état thermique (n° 29), mais aussi de nouveaux para-
mètres déterminant, pour chaque point du système, la
charge électrique ou magnétique qui peut s'y trouver,
ou bien l'intensité et la direction du courant qui peut y
passer.
Quand un tel système se transforme, il est généralement
soumis à des forces extérieures dont le travail peut se
manifester sous forme d'électricité, comme sous forme de
chaleur ; si l'on désigne alors par 0 la quantité totale
d'énergie qui est ainsi empruntée ou cédée, sous ces
diverses formes, par le système aux corps extérieurs et
par Tc le travail des autres forces extérieures, le prin-
cipe général de l'énergie (n" lo) conduit à la relation
Q-r-T, = AU+Aô, ou bien
(4) Q = AU + A0-Tc.
La fonction U, dont l'énergie thermique h est une forme
particulière, est désignée sous le nom d'énergie interne.
— La relation (4) établit le principe général d'équiva-
lence, qui s'énonce comme il suit : L'énergie fournie
directement à un système, sous forme de chaleur ou
d'électricité par les corps extérieurs, est égale à la
variation de son énergie interne, augmentée de la
variation de sa force vive sensible et diminuée du
travail des forces extérieures.
32. On peut mettre cette relation sous une autre forme;
désignant par T; le travail des forces intérieures qui,
composées avec les forces extérieures, produisent la force
rive sensible o. on a A0 T, • T, el de 1'éqoatiog ( l)
résulte cette nouvelle relation
C) Q Al+T„
dont on trouvera ultérieurement l'application.
33. Energie électrostatique. Quand un système est
composé de GOrpS sur lesquels on p'-ut modifier la distri-
bution électrique sans changer leur état physique et chi-
mique, on admet que de l'électrisalion de ce s
résulte une variation de son énergie interne, égale si de
signe contraire a la fonction f (n° 20) qui, d'après la loi
de Coulomb, sert a évaluer le travail d<-v farta étaetK»
... , ... .. \i mm . ,,
statiques. — Si donc on pose \V l:K ) et si I on
désigne par /t l'énergie du système à l'état naturel, l'énergie
du système électrisé est It -+- \Y. La quantité W e>t alors
considérée comme une fonction des distances r et des
charges m; c'est l'énergie électrostatique. La relation (4)
devient ainsi
(6) Q = Mi + A\V + A0 — Te ;
en voici une application :
Supposons qu'une décharge se produise, sans travail
extérieur, entre des conducteurs maintenus immobiles dans
un milieu isolant. Il en résulte une variation AW de
l'énergie électrique, et, lorsque l'énergie thermique h a
repris la valeur qu'elle avait avant la décharge, la rela-
tion (6), réduite à Q — A^^, montre que l'énergie calo-
rifique dégagée est égale à la diminution d'énergie
électrique produite par la dt'charge. Cette proposition,
due à Clausius, est vérifiée par les expériences de Hiess.
34. Energie électrodynamique. Rappelons d'abord
les lois fondamentales des courants. Quand un courant
permanent parcourt un circuit linéaire immobile sans en
modifier l'état physique ou chimique et sans produire un
travail extérieur : 1° l'intensité i du courant est propor-
tionnelle à une quantité e, dite force électronwtrice,
ne dépendant que de la pile, et elle est inversement pro-
portionnelle à une quantité r, dite résistance, ne dépen-
dant que de la nature et des dimensions du circuit; d'où
c
résulte la relation i = -, ou e = ri (loi de Ohm) ; 2° dans
les mêmes conditions, il y a production dans le circuit,
pendant l'unité de temps, d'une quantité de chaleur pro-
portionnelle à la résistance du circuit et au carré de l'in-
tensité du courant (loi de Joule). Il résulte de cette der-
nière loi que, si le circuit est dans un milieu imperméable
à la chaleur, son énergie thermique s'accroit, pendant
l'unité de temps, d'une quantité proportionnelle à ri2, ou
égale à ri2 par un choix convenable des unités. On a
donc, pour l'accroissement de l'énergie thermique h pen-
dant le temps t, A/i = n'*/ ; 3° en multipliant par it les
deux membres de l'équation e = ri, il vient eitz=ri:t,
ou eit = \h. Cette dernière relation devant se confondre
avec la relation (4) du n° 31, réduite à Q = AV, on en
conclut d'abord Q = eit, ce qui montre que l'énergie
cédée par la pile, ou énergie voltaïque. pendant l'unité de
temps, est égale au produit de la force électromotrice
par l'intensité (loi de Faraday). — On en conclut aussi
que l'énergie interne U diffère de l'énergie thermique h
par une quantité W dont la valeur est constante lorsque
l'intensité du courant et la forme du circuit sont inva-
riables et qui est, par conséquent, une fonction de ces
seules variables ; cette quantité est l'énergie électrodyna-
mique du courant.
35. Si, au lieu d'un courant, on en considère plusieurs,
on est de même conduit a admettre que, lorsque l'exis-
tence de ces courants ne modifie pas l'état physique ou
chimique des circuits, l'énergie interne l' de MB ensemble
est de la forme h -f- W, h étant l'énergie thermique et \Y
l'énergie électrodynamique qui est une fonction des inten-
sités des courants et des positions relatives des circuits. —
Celte nouvelle forme de l'énergie s'introduit dans la rela-
tion générale (4) lorsque les intensités varient et lorsque
- 10-2!» -
ENERGIE
le* circuits se déplacent el se déformai sous l'action de
forces extérieures quelconques. Cette relation devient alors
(7) Q = A/» -+- AW + AO - T,
en désignant par Q l'énergie voltaïque cédée par les piles,
tte ivlation on |ieut substituer l'e.|iialion (5) du n" ::-2
Q: A'i4-A\Y-4-T,.
T désignant le travail des forces intérieures qui, aree les
forces extérieures données, produisent la force \#i' sen-
sible du système. Ces forces sont les forces èlectrodyna-
miques d'Ampère et les forces élastiques des circuits, et les
premières de ces forces sont seules à considérer si. comme
M le fait généralement, on assimile les circuits, soit à des
systèmes rigides, soit à des systèmes parfaitement flexibles.
Pour une modification infiniment petite, l'équation
(8) devient
</Q = dit -h d\\ + itt.
Si l'on suppose que la loi de faraday soit encore appli-
ealde, l'énergie cédée à l'un des circuits, pendant le temps
.//, est mit et l'on a. pour le système tout entier,
</Q — X<i<//. On a de même, en admettant la loi de
Joule, tlh = i>r</<. Enfin, si l'on suppose que le tra-
vail Tj soit du aux seules forces eleclrodynainiques, le
travail élémentaire JTj sei-a la variation de la fonction /
du n° ii correspondant à la seule variation des para-
mètres X, ti, les intensités i restant constantes (n° 23).
On désignera cette variation partielle par S en réservant,
rumine à l'ordinaire, la lettre d à la variation ou différen-
tielle totale. La relation (9) devient ainsi
(lui Hàdi = X ri:dt -+- dW -4- of,
et. en la combinant avec les lois expérimentales de l'in-
duetion, on détermine comme il suit la forme de la fonc-
tion W.
37. Phénomènes d'induction. Pour plus de simplicité,
réduisons d'abord à deux le nombre de courants. Quand
ces courants sont permanents et immobiles, la loi de Ohm
donne les deux relations e — ri = 0, ef — fil = 0.
Quand les circuits se déplacent et se déforment, les inten-
sités deviennent variables par suite de l'induction, et ces
deux relations cessent d'avoir lieu ; la discussion des faits
d'expérience coudait à admettre qu'elles sont remplacées
par les suivantes :
e = ri = -r-(ai-\- bi')
if-
j£ (W -t- a'ï) ,
a, b, (r" désignant des quantités purement géométriques,
dépendant de la forme et de la position relative des cir-
. iiin. Os relations s'écrivent au>M
_ . d ()= , _, ., _ d_ dy
e~n dt ~dï rv~dt dr
l
en posant 9 = ^ ai2
bii' + y/'-.
3X. Ces propriétés s'étendent a un système de n cou-
rants, et. si l'on pose, suivant une notation analogue à celle
•lu n" -11.
on a un système de // équations de la forme
d <h
ilt dt
d'où l'on déduit, pour l'ensemble des circuits,
V/ • m V • & d*
^(ei-rF) =2,1%
dt t)i
Par suite de cette équation, la relation (10) devient
On a d'ailleurs, par le théorème des fonctions homogènes,
•Iz, — y i -rr , ou s = > i~ — o.
En difféientiant totalement cette dernière équation, on
trouve après réduction
V/r.^ = <<?-4-5?,
09 désignant la variation de 9 correspondant à la seule
variation des quantités a, b. Par suite, la relation (10)
peut définitivement s'écrire sous la forme
1/9 -4- 89 = tZW + of.
Supposons que les intensités i varient seules ; of et 89
disparaissent et la relation précédente, réduite à d? = </\Y,
montre que l'énergie W ne diffère de 9 que par une quan-
tité ne dépendant pas des intensités et, comme W doit se
réduire à zéro avec les variables i, cette quantité est nulle.
* » ri a donc W = 9 et, par conséquent, 89 : = of. Cette
dernière identité entraine les suivantes da = (/X, db~zd\i.t
d'où l'on conclut a = X, b — \i , tous les coefficients
devant s'annuler quand les circuits sont à une distance
infinie. Kn résumé, la fonction 9 ne diffère pas de la fonc-
tion /* et l'expression commune de ces deux fonctions est
aussi celle de l'énergie électrodynamique du système des
courants. Cette énergie s'exprime donc par la formule
W
^IH^+H'^'
les coefficients X, jjl étant ceux qui servent a évaluer le
travail des forces électrodynamiques d'Ampère. Cette expres-
sion est alors envisagée comme^une fonction des intensités i
et des paramètres X, jx, considérés au même titre comme
variables indépendantes.
39. Il est à remarquer que l'énergie W est, dans le cas
des courants, égale à la fonction f prise avec son signe,
tandis que, dans le cas des forces électrostatiques, elle est
égale à la fonction analogue f prise avec le signe con-
traire (n° 33). Il en résulte que, dans le premier cas, con-
trairement à ce qui a lieu dans le second, la différentielle
de l'énergie relative à la seule variation des paramètres de
position n'est pas égale, prise avec le signe contraire, au
travail élémentaire des forces électriques. Cette remarque
conduirait à supposer que les forces électrodynamiques ne
sont pas, pour le système des circuits, des forces inté-
rieures; elles seraient plutôt assimilables, conformément
à une hypothèse admise dans quelques théories, à des
pressions exercées sur ces circuits par un milieu envi-
ronnant. E. Sarrau.
II. CHIMIE. — Energies électriques (réactions chi-
miques). — Les énergies électriques sont, après les énergies
calorifiques, celles que l'on emploie le plus fréquemment
pour produire les décompositions chimiques ; le mécanisme
de leurs actions et la nature spéciale des effets qu'elles déter-
minent méritent au plus haut degré notre attention. Sans
chercher à pénétrer la nature intime et jusqu'ici fort obs-
cure du mouvement électrique, mouvement auquel semblent
participer à la fois la matière pondérable et le fluide éthéré,
nous distinguerons quatre modes principaux, suivant lesquels
l'électricité intervient en chimie, savoir : 1° l'électrolyse;
"1° l'action de l'arc électrique ; 3° l'action de l'étincelle
électrique ; 4° les réactions exercées par influence, autre-
ment dit l'effluve électrique.
Ei.ectroi.yse. — Un courant électrique traversant un corps
composé binaire, liquide et doué de conductibilité, tel
qu'un chlorure métallique ou un sulfure métallique fondu,
le résout en ses deux éléments. L'un de ceux-ci, soufre,
chlore, oxygène, se rend au pôle positif : c'est l'élément
électro-négatif; tandis que l'autre élément, ordinairement
métallique, se rend au pôle négatif : c'est l'élément électro-
positif. Tel est le type le plus simple de la décomposition
elcctrolvtique. Elle est effectuée en vertu d'un certain tra-
vail chimique, travail mesuré précisément par la chaleur
de combinaison de l'élément négatif avec le métal. —
L'électrolyse étant étudiée dans un article spécial, nous ne
nous y arrêterons pas.
Arc voi.taiqi k. — L'arc se produit dans une pile lorsque
le potentiel surpasse une certaine grandeur. Les effets chi-
ÉNERGIE
— «MO —
iniques produits pu l'arc électrique sont dus à la fois au
courant voltaïque et à la température excessive oui se
développe ilaus l'arc lui-même : température plus élevée
qu'aucune de celles (|iift nous savons produire, été laquelle
tous les oorpa simples, le carbone lui-même, sont réduits
en vapeur ; l'acide carbonique s'y résout en oxygène et
oxyde de carbone, l'eau en hydrogène et oxygène, etc.
Quant a ces effets chimiques, la plupart sont analogues à ceux
(pie produit l'étincelle. l'armi ceux que l'arc seul est apte
a réaliser, on peut citer les changements isomériques du
carbone et sa combinaison directe avec l'hydrogène.
Changements isomériques du carbone. Le carbone
des crayons qui servent à développer l'arc électrique ré-
sulte de la décomposition pyrogénée des carbures d'hydro-
gène; il a été appelé quelquefois graphite artificiel, mais à
tort, car il ne renferme pas la moindre trace de graphite
véritable : ce dernier étant défini par son aptitude à four-
nir sous certaines influences oxydantes un composé spécial
et explosif, l'oxyde graphitique. Au contraire, quand le
charbon de cornue a servi à transmettre pendant quelque
temps l'arc électrique et éprouvé réchauffement excessif
que cet arc développe, le charbon, dis-je, se trouve changé
en un graphite véritable, doué de propriétés spécifiques. Le
carbone extrait du charbon de bois, aussi bien que les car-
bones pyrogénés et le diamant lui-même, se change pareil-
lement en graphite sous l'influence de l'arc voltaïque. Cet
effet parait dû principalement à la température excessive
de l'arc, plutôt qu'à l'action électrique proprement dite.
Combinaison directe du carbone pur avec l'hydro-
gène libre. Cette combinaison engendre le protohydrure
de carbone, autrement dit acétylène :
S ((? + H) ==(<?&)*.
Elle se réalise dans l'arc électrique. C'est là une réaction
fondamentale et le point de départ de la synthèse orga-
nique. Elle paraît due à l'union du carbone gazeux sur
l'hydrogène libre, la réaction étant accomplie à une» tem-
pérature assez élevée pour réduire le carbone à l'état de
gaz. Ce dernier phénomène mérite quelque attention, sur-
tout si l'on remarque qu'il a déjà été précédé par un cer-
tain changement isomérique, attesté par les observations
que l'on vient de rappeler. Nous avons ici l'exemple d'une
combinaison directe, accomplie avec une absorption de cha-
leur considérable : — 30 X 2 calories. Une telle absorp-
tion est due nécessairement au travail accompli par l'an
électrique. Mais deux effets distincts sont produits ici : la
vaporisation du carbone et la combinaison proprement
dite. La vaporisation du carbone ne parait pas pouvoir être
assimilée à la vaporisation d'un élément solide ordinaire,
tel que l'iode ou le mercure ; elle représente en outre toute
la série des travaux nécessaires pour détruire l'effet des
condensations et polymérisations successives qui ont mis le
carbone dans son état actuel, en le ramenant à un état
comparable à celui d'un gaz non condensé, tel que l'hydro-
gène. On réalise ainsi tout d'abord un travail supérieur à
l'absorption totale de chaleur observée dans la combinai-
son. Puis, la combinaison elle-même, devenue possible,
s'effectue directement et avec ses caractères ordinaires,
c.-à-d. avec dégagement de chaleur, entre le carbone
gazeux et l'hydrogène gazeux.
Admettons encore, pour simplifier, qu'à partir de l'état
gazeux du carbone, la formation de l'oxyde de carbone
dégage la même quantité de chaleur que celle de l'acide
carbonique, soit 68,6 calories. Il y aurait — 42. *2 calories
absorbées, par le double fait de la volatilisation et du chan-
gement isomérique de 12 gr. de carbone, changement que
nous supposons précéder la combinaison. Or ce chiffre suffit
pour que la formation directe de l'acétylène avec le carbone
gazeux et l'hydrogène gazeux puisse avoir lieu avec dégage-
ment de chaleur '(-)- '20° C), à la façon de toutes les
autres combinaisons directes.
Actions CHIMIQUES de l'étincelle flfxtrique. — Effets
généraux. L'étincelle électrique résulte, comme on le
sait, de la recombinaison instantanée des deux électricités
désigne contraire, amenées a une tension . Cette
tension remporte jénéralement de beaucoup sur celle qui
produit l'arc. Avec les forte» et longues étincelles, la ten-
sion s'élève souvent jusqu'à un potentiel égal a celui de
50,000 ou 100.000 \olts. L'étincelle no- s,,,, trajet déve-
loppe a la fois une température excessive et des efttJ
électrolytiques. De la résultent divers phénomènes < Li-
miques, tels que : la combinaison des ^az combustible!
avec l'oxygène ; la décomposition totale ou partielle de tous
les corps composés ; la formation partielle de quelques-uns
(acétylène, acide cyanhydrique, bioxyde d'azote); la ti-ans-
formation isomérique permanente (oxygène en ozone), ou
momentanée (carbone solide en carbone gazeux) o
tains corps simples. Il convient de distinguer ici ent
effets d'une seule étincelle on cens d'une série d'étincelles.
Supposons d'abord qu'il s'agisse d'un mélange non explo-
sif, afin d'écarter les complications due» a la propagation
de la réaction.
Chaque étincelle ne transforme sur son trajet qu'une
petite quantité de matière ; mais les effets s'accumulent
sous l'influence d'une série prolongée d'étincelles, de telle
sorte que, si aucune complication n'intervient, le système
tend vers un état final déterminé, qui est précisément l'état
d'équilibre développé sur le trajet même de l'étinc«lle.
Tantôt cet état répond à une réaction unique, telle que
l'élimination totale à l'état solide de l'un des composants
primitifs. C'est ainsi que le cyanogène, l'hydrogène phos-
phore, l'hydrure de silicium et les hydrures métalliques sont
complètement décomposés en leurs éléments. Inversement,
l'oxyde de carbone ou l'hydrogène, mis en présence d'un
excès quelconque d'oxygène, se combinent entièrement pour
former : l'un, de l'acide carbonique ; l'autre, de l'eau. La
réaction qui s'accomplit ainsi jusqu'au bout peut être exo-
thermique (décomposition du cyanogène, union de l'oxyde de
carbone et de l'oxygène), ou endolhermique (décomposition
de l'hydrogène phosphore ou de l'hydrogène silice). Tantôt
l'état final résulte de deux réactions contraires qui se
limitent l'une l'autre : ce qui arrive pour le» mélangea
binaires d'acétylène et d'hydrogène, et pour les mélanges
plus complexes d'acétylène, d'azote, d'hydrogène et d'acide
cyanhydrique ; ou bien encore pour les mélanges d'acide
carbonique, d'oxyde de carbone, d'hydrogène et de vapeur
d'eau. L'une des deux réactions contraires que nous envi-
sageons dégage, en général, de la chaleur; tandis que
l'autre action, qui est souvent une combinaison (acétylène,
acide cyanhydrique), absorbe de la chaleur : le travail
nécessaire pour accomplir cette dernière réaction étant con-
tinuellement fourni par l'électricité.
Mais il peut arriver que l'une des actions chimiques
provoquées par l'étincelle le soit également par une simple
élévation de température. Or l'étincelle agit de deux ma-
nières : sur son trajet même, elle développe un certain équi-
libre chimique ; mais elle élève en même temps la tempé-
rature des portions voisines de son trajet. Si l'élévation
de température est suffisante, celle-ci pourra provoquer
par elle-même une nouvelle réaction dans les portions voi-
sines. Admettons maintenant que cette dernière réaction
dégage une grande quantité de chaleur et qu'elle se produise
dans un temps très court, elle élèvera, à son tour, la tem-
pérature des régions environnantes; à un certain degré,
l'action se propagera de proche en proche et deviendra
explosive. Une seule étincelle développera de tels effets, ,t
ses effets chimiques directs, produits sur une très petite
Suantité de matière, s'effaceront devant les effets seron-
aires produits par l'élévation de température qu'elle a
provoquée autour d'elle. On conçoit d'ailleurs que la pré-
sence d'un grand excès de l'un des composants, ou bien
encore celle d'un gaz inerte, puisse empêcher le mélange
d'être porté par les reactions exercées au voisinage de
l'étincelle jusqu'à la température qui provoque la combi-
naison. Le mélange cesse alors d'être explosif sous l'in-
fluence d'une seuie étincelle. Mais. BOUS l'influence d'une
série prolongée d'étincelles, on voit apparaître l'action
— 4031 —
ÉNERGIE
propre de l'étincelle. Si cette action détermine une décom-
position, comme il arrive avec l'ariile carbonique nu la
vapeur d'eau, la proportion des ga/ décomposes ira sans
I croissant . et jusqu'à reconstituer un mélange
explosif. Cependant, a\ant que M t • rni<> soit atteint par la
■titière, il arme en gênerai qu'il M trouve réalisé
au voisinage du trajet de l'étincelle, par suite du mélange
immédiat des gaz formes I l'instant même avec ceux qui
résultent des étincelles antérieures. De là, une recombi-
naison partielle, irreguliére. variable avec l'inltnsité des
étincelles. Tels sont les divers phénomènes que l'étincelle
électrique provoque dans les mélanges gazeux. On les
observe notamment dans l'action de l'étincelle électrique
sur l'acide carbonique et sur la vapeur d'eau, sur les car-
bures d'hydrogène et spécialement sur l'acétylène, sur
l'acide cvanhvdrique, enfin sur les composés hydrogénés et
oxydes de l'azote.
L'appareil employé dans ces expériences est formé par
une éprouvette renfermant le gaz et placée sur une petite
cuve à mercure (fig. t).
Réactions électro-chimiques exercées par in-
fluence (effluve électrique). — Mécanismes physiques
iu\. — Au lieu de faire agir l'électricité sur les gaz
sous la forme du courant voltaïque, d'arc, ou d'étincelle,
on peut opérer par influence. Ce mode d'action lui-même
s'exerce de plusieurs manières : par exemple en faisant
varier brusquement le potentiel par l'effet de décharges
rapides, tantôt toutes de même sens, tantôt de sens alter-
natif. On peut encore maintenir le potentiel constant pen-
dant toute la durée de l'expérience.
l'otcntiel brusquement variable. Décharge silen-
cieuse. L'électricité accumulée à la surface des parois des
vases qui renferment les gaz que l'on veut influencer, peut
éprouver une série de décharges et reprendre aussitôt sa
tension, à la suite de chaque décharge. Le potentiel des
corps électrisés nasse ainsi, dans un temps très court, par
toutes les grandeurs, depuis zéro jusqu'à une limite qui
peut être extrêmement élevée. lien est ainsi, par exemple,
lorsqu'on emploie la machine de Holtz pour produire les
décharges directes, et que les deux électricités contraires
fournies par cet appareil se trouvent accumulées sur des
condensateurs séparés par de très petites distances, autour
d'un espace rempli par les gaz influencés. On réalise ce ré-
sultat en enfermant les gaz dans des espaces annulaires
compris entre deux cylindres de verre mince. Sur la face
extérieureducylindreenveloppant, onplaceuncorpseonduc-
teur, lame métallique on liquide, avec lequel un des pôles des
appareils électriques est mis en contact : les mêmes dispo-
sitions sont adoptées, d'autre part, à la surface intérieure
du cylindre enveloppé. Le potentiel de l'électricité dans le
gaz influencé sera d'autant plus grand que l'espace inter-
polaire sera moindre.
Etant adoptées ces dispositions, l'influence des décharges
successives peut s'exercer de deux manières bien diffé-
rentes. En effpt. elle peut agir toujours dans le même sens,
chacun des pôles étant chargé constamment avec, la même
électricité : ce que l'on peut obtenir avec la machine de
Holtz. Au contraire, si l'on a recours à l'appareil de Uuhm-
korll, le signe des pôles change à chaque décharge, plu-
sieurs fois par seconde. Dans tous les cas, les réactions
exercées par influence ont lieu sans qu'il se produise,
dans le milieu influencé, d'étincelles bruyantes et lumi-
neuses, capables de porter une portion notable de gaz à une
température excessivemenl élevée, pendant un temps appré-
ciable. On a désigne quelquefois ces effets sous le nom de
décharge obscure ou décharge silencieuse. Le premier nom
n'est pas exact : en effet, les gaz influencés par les variations
subites et considérables du potentiel électrique deviennent
lumineux dans l'obscurité, ou plutôt phosphorescents,
comme s'ils étaient le siège de milliers de petites décharges
disséminées et s'effectuant do molécule à molécule.
Potentiel constant. Il est facile de déterminer une dif-
férence constante et définie de potentiel entre les deux sur-
faces de verre, dont l'intervalle renfermo le gaz électrisé :
cette différence est produite et maintenue, par exemple, à
l'aide d'une pile à courant constant, dont on ne ferme pas
le circuit. Le potentiel, toutes choses égales, croit avec le
nombre d'éléments, et il peut être maintenu, pour ainsi
dire indéfiniment, si la pile ne développe point de réaction
chimique pendant qu'elle demeure ouverte. Dans ces con-
ditions, il se développe encore des actions chimiques, telles
que la fixation lente de l'azote et la formation lente de
l'ozone.
On peut concevoir les effets observés, en admettant que
la différence du potentiel qui existe entre les deux arma-
tures détermine l'orientation des molécules du gaz inter-
posé, phénomène assimilable à l'électrisation du gaz. Mais
c'est là une explication plutôt virtuelle que réelle. En réa-
lité, les théories actuellement reçues sur les mouvements
propres des particules gazeuses, mouvements sans cesse
troublés par leurs chocs et réactions mutuelles, ne per-
mettent guère d'admettre une orientation permanente et
uniforme de ces particules. Cependant il suffit que l'in-
fluence électrique s'exerce d'une manière constante et sui-
vant un sens invariable sur une masse gazeuse, pour que
les effets dynamiques résultants puissent être assimilés aux
effets statiques d'une orientation permanente. A ce point
de vue, ce qui suit deviendra plus facile à comprendre.
En effet, dans certaines expériences, telles que la formation
endothermique de l'ozone, il y a consommation d'énergie,
soit — 14oril,8 pour 24 gr. d'oxygène changés en ozone.
Cette énergie ne saurait être fournie que par la pile ;
c.-à-d. qu'il doit se produire un flux électrique très lent,
destiné à maintenir ou à reproduire incessamment l'orien-
tation des molécules gazeuses. Le flux a lieu entre les
deux pôles, à travers le verre d'abord, et puis à travers
la couche gazeuse interposée. Les molécules des gaz, inces-
samment agitées, s'électrisent au contact du verre et trans-
mettent aux autres molécules la charge qu'elles viennent
d'acquérir. On voit par là que l'on n'a pas affaire à un
mode de propagation strictement comparable au courant
voltaïque et aux électrolvses qui l'accompagnent. Les phé-
nomènes développés par l'ellluve sont d'autant plus inté-
ressants qu'ils offrent la plus grande analogie avec les
réactions incessantes de l'électricité atmosphérique.
L'électricité atmosphérique, en effet, agit continuellement
sur tous les corps situés à la surface du sol, l'atmosphère
étant le plus ordinairement positive et le sol négatif. Les
transformations produites sous cette influence sontde natures
diverses et qui répondent aux multiples actions signalées
plus haut : \"\\ arrive parfois que l'électricité s'accumule
jusqu'à produire des décharges violentes, sous forme de
tonnerre et d'éclairs, décharges capables de faire naître les
arides nitrique, nitreux et leurs sels ammoniacaux : c'est
en effet ce que l'on observe dans les pluies d'orage. Mais
e'esl là un phénomène accidentel, local et relativement
rare. 2° Pendant l'intervalle de temps qui précède l'instant
ou les décharges sillonnent une certaine ligne dans Patmo-
ÉNERGIE
- 1032 -
sphère, îles surfaces extrêmement étendues s'électriaent
pou a peu par inflnence ; puis elles se déchargent broque-
ment au moment îles explosions (choc en retour) : sur cet
surfaces peuvent et doivent l'exercer certaines réactioni
chimiques, analogues à celles île l'effluve ,i potentiel brus-
quernent variable et à haute tension. Mail ce sont encore
la des effets momentanés. 3° Au contraire, L'électricité
atmosphérique agit incessamment et en tout temps avec de
faibles tensions, pour produire des réactions analogues à
celles de l'ettluve à potentiel fixe. Dans ces conditions plus
générales, il n'est pas nécessaire d'ailleurs que l'électricité
atmosphérique conserve un potentiel constant ; mais il Buffit
que ce dernier varie lentement et d'une manière continue.
Ces renseignements acquis, étudions de plus près les
effets chimiques de l'ettluve électrique. Ces effets peuvent
être des changements isomériquos, des décompositions et
des combinaisons. Nous allons signaler les principaux.
Changements isoméhiques provoqués par l'effluve. —
Ozone. Le plus remarquable des changements isomériques
que développe l'ef-
fluve électrique est
celui de l'oxygène
ordinaire en ozone.
L'appareil deM.Rer-
thelot (fig. 2) peut
produire l'ozone; il
est formé de deux
tubes de verre con-
centriques ajustés à
l'émeri en c. L'oxy-
gène arrive en a et
sort en b.
La formation de
l'ozone répond à une
condensation molé-
culaire, la densité de
l'ozone étant égale à
une fois et demie celle
de l'oxygène, d'après
M. Soret. En même
temps que l'oxygène
se change en ozone,
il se produit une
absorption de cha-
leur : 3 0 = (Oz)
absorbe pour 24 gr. :
— 14cal,8.
Formation f.t dé-
composition des COM-
POSÉS BINAIRES PAR
l'effluve. — Ces
expériences ont été
exécutées surtout
avec les fortes ten-
sions, et au moyen
de l'appareil de
Ruhmkorff. Elles comprennent à la fois des décompositions,
des combinaisons et des équilibres. Telles sont les réactions
de l'azote sur l'hydrogène, sur l'oxygène, sur l'eau, sur
les matières hydrocarbonées ; puis la décomposition de
divers composés binaires, hydrogénés et oxygénés ; enfin
les transformations des carbures d'hydrogène.
Azote et hydrogène. M. Chabrier et M. A. Thénard
ont reconnu que la formation de l'ammoniaque a lieu lors-
qu'on soumet à l'effluve un mélange d'azote et d'hydro-
gène. M. Berthelot a cherché à mesurer la limite de cette
réaction. Elle est beaucoup plus élevée qu'avec l'étincelle.
En effet, tandis que celle-ci développe tout au plus quelques
cent millièmes de gaz ammoniac, la proportion de gaz
ammoniac, formée au bout d'un temps considérable sous
l'influence de l'effluve, peut s'élever a trois centièmes environ,
dans un mélange de volume d'azote et de trois volumes
d'hydrogène. On a vérifié en outre que la décomposition du
gtt ammoniac par l'effluve, en opérant avec 1,-, mémo
appareils, tend précisément vers la néUM limite : ;; cen-
tiemes. Cette identité des deux Limitai, produites par les
actions inverses de l'effluve, exercées dans les iieiie
dilions de tension, art un fait important a eoutatai
bien que la diversité entre l'action de l'effluve et celle de
l'étincelle. D'après cette diversité même, il est probable que
la limite d'équilibre varie avec la tension électrique.
Azote et oxygène. L'azote et L'oxygène se combinent
sous l'influence des très fortes tensions, développées dans
l'appareil de Ituhnikorff muni d'un condensateur : il ^e
forme par la de l'acide bypoazotique. Mais cette formation
est bien plus lente et plus difficile qu'avec l'étincelle. Ajou-
tons enfin que l'azote pur et l'ozone, secs ou humide,,
avec ou sans le concours des alcalis, ne se combinent point
pour former les acides nitrique ou nitreux. Réciproque-
ment, les oxydes de l'azote sont décomposés, jusqu'à une
certaine limite, par l'effluve à haute tension.
Azote et eau. L'azote pur et l'eau, soumis pendant huit
à dix heures à l'effluve d'une très puissante bobine de
Ruhmkorff, ont fourni de l'azotite d'ammoniaque. Usas ce
résultat ne parait pas pouvoir être réalisé sous l'influence
de faibles tensions. Les azotates et azotites contenus dans
l'atmosphère, et signalés par tant d'observateurs, paraissent
donc résulter exclusivement, ou à peu près, des décharges
électriques proprement dites, effectuées sous forme d'éclairs
et de tonnerres, l'électricité atmosphérique, sous des ten-
sions plus faibles, telle qu'elle agit d'une manière continue,
n'ayant pas la propriété de déterminer la combinaison de
l'azote libre, soit avec la vapeur d'eau, soit avec l'oxygène.
L'acide carbonique est partiellement décomposé sous l'in-
fluence de l'effluve. Celui-ci résout l'oxyde de carbone en
oxygène et sous-oxyde brun ; il produit de l'acétylène
avec les carbures d'hydrogène.
En résumé, l'action de l'effluve, comme celle de l'étin-
celle, tend à résoudre les gaz composés dans leurs élé-
ments. Dans un cas, comme dans l'autre, la décomposition
a lieu avec certains phénomènes d'équilibre, dus à la ten-
dance inverse de recombinaison, la durée inégale de
réchauffement paraissant la cause principale des variations
observées. Cette similitude des effets les plus généraux
n'a rien qui doive surprendre : l'effluve représentant en
quelque sorte la dissémination de l'étincelle ordinaire en
des milliers de décharges, dont chacune est trop faible
pour fournir un trait de lumière ; mais leur ensemble pro-
duit dans l'obscurité une lueur très visible. L'analyse spec-
trale, autant qu'elle est possible avec un si faible éclairage,
indique que les raies de cette lumière sont les mêmes pour
l'effluve que pour l'étincelle ordinaire. Chacune de ces
décharges parcourt un intervalle bien plus petit que l'étin-
celle proprement dite : la durée de chaque décharge isolée,
produite par effluve, doit être dès lors bien plus courte
que la durée de l'étincelle ordinaire. En même temps la
masse de matière influencée est plus faible et son refroi-
dissement [dus rapide. Ce sont là des circonstances fort
importantes pour expliquer les différences qui existent entre
un certain nombre des réactions spéciales développées par
l'ettluve.
Jusqu'ici nous avons étudié les ièactions de l'effluve au
point (le vue général des décompositions et des équilibres
chimiques qu'elle détermine ; nous allons maintenant nous
attacher plus spécialement à l'étude des combinaisons que
l'effluve provoque entre l'hydrogène, l'azote, l'oxygène et
les composés organiques.
En effet L'hydrogène, sous l'influence de l'effluve pro-
prement dit, se combine à l'azote et à d'autres éléments,
tandis qu'il s'unit bien plus difficilement 1 l'oxygène : ce
qui est remarquable. L'hydrogène pur est également absorbé
par les matières organiques, sous l'influence de l'effluve,
telle que la benzine, l'acétylène, l'oxyde de carbone.
Réactions de l'azote luire sub lis matières ohc.a-
NIQUSS, PROVOQUÉES PAU I.'eFKH'VE. — C'est ici UI1 des sujets
les plus intéressants pour l'étude des reactions de l'effluve.
— ii)33 —
ÉNERGIE — ENKANT
à cause de l'importance des composes azotes au sein îles
êtres \i\.mts et de l'obscurité qui régna encore sur leur
origine dans la nature. Rappelons d'alhird que l'azote
libre se combine direetemenl avec l'acétylène, sous l'in-
fluence de l'étincelle, pour former l'acide cyanhydrique,
rfuctînn qui se reproduit axer tous les composes orga-
niques volatils, en raison de leur métamorphose préalable
en acetvlène. Mais celle réaction n'a pas lieu avec l'effluve ;
même sous l'influence des plus fortes tensions, il ne se
développe avec l'azote aucune trace d'acide cyanhydrique.
Ci n'ct pas cependant que l'a/ote cesse de réagir sur les
composes organiques. Au contraire, la réaction de ce gaz
continue à s'effectuer, même sous les tensions les plus
laildes : mais les produits en sont différents et plus rap-
proches de la composition de la matière mise en expérience.
Ainsi l'azote libre et pur est absorbé à la température
ordiuaire sous l'influence de l'effluve, par les composés
organiques en général, tels que la benzine, l'essence de
térébenthine, le formène, les composés oxygènes, cellulose
et dextrine en particulier. Il se forme ainsi des composés
très condenses. Ces effets ont lieu, d'après les obser-
vations de M. Bertbelot, non seulement avec le concours
d'un [totenliel variable, mais aussi avec des appareils à
très faibles tensions, non seulement avec des appareils
rondensateui-s a haute tension électrique, mais aussi avec
in appareils à potentiel fixe.
On a observé la fixation de l'azote sur les mêmes com-
posés organiques, sous l'influence de cinq éléments Leclan-
ché formant une pile dont le circuit n était pas fermé.
Quelques-unes de ces expériences ont été faites dans des
conditions quantitatives, de façon à mesurer les poids d'azote
absorbés dans un temps donné par la cellulose (papier) et
par la dextrine. Ces expériences sont d'une grande impor-
tance pour la physiologie végétale.
Avec cinq éléments Leclanché, pendant sept mois, la
température extérieure s'étant élevée peu à peu jusqu'à
atteindre par moments 30°, on a trouvé sur 1 ,000 parties :
Papier Azote = 0,35
Dextrine Azote = 1 ,85
doses comparables à celle de l'azote contenu dans les tissus
herbacés.
L'électricité atmosphérique agissant par son potentiel
ordinaire, en dehors de tout orage, produit les mêmes effets,
ainsi qu'il a été constaté par expérience.
L'azote se fixe ainsi, on le répète, en vertu d'une réac-
tion chimique aussi générale que l'action oxydante de l'at-
mosphère sur les végétaux, réaction exercée sur les prin-
cipes mêmes de leurs tissus et qui s'effectue sans faire
intervenir une influence autre que la différence naturelle
de potentiel électrique, développée incessamment dans l'at-
mosphère libre entre le sol électrique et les couches d'air
situées a -2 m. plus haut. On se trouve par là dans des con-
ditions analogues à celles de la végétation.
Ces expériences mettent en lumière l'influence d'une
cause naturelle a peine soupçonnée jusqu'ici et cependant
des plus considérables sur la végétation. Jusqu'à ce jour,
lorsqu'on s'est préoccupé de l'électricité atmosphérique en
agriculture, ce n'a guère été que pour s'attacher à ses
manifestations lumineuses et violentes, telles que la foudre
et les éclairs. Dans toute hypothèse, on a envisagé unique-
ment la formation des acides azotique, azoteux, et de
l'azotate d'ammoniaque, et il n'v a pas eu d'autre doctrine
relative à l'influence de l'électricité atmosphérique pour fixer
l'azote sur les végétaux. Or, il s'agit, dans les expériences
actuelles, d'une action toute nouvelle, absolument inconnue
auparavant, action qui fonctionne incessamment sous le ciel
le plus serein, avec la même nécessité que l'action oxydante
de l'air et qui détermine une fixation directe de l'azote
libre sur les principes mêmes des tissus végétaux.
Dans l'étude des causes naturelles capables d'agir sur
la fertilité du sol et sur la végétation, causes que l'on
cherche à définir avec tant de sollicitude par les observa-
tions météorologiques, il conviendra désormais, non seule-
ment de tenir compte des variations observées dans les
actions lumineuses ou calorifiques, mais aussi de faire inter-
venir celles de l'étal électrique de l'atmosphère.
M. Bertbelot.
Bibl. : I. Mi.canique. — Macquorn Kankinb, Oullines
<>f the Science of F.nergetics, dans Fdinburgh Journal,
2* série, l. II.— On the G-eneral Law of the transformation
ofenergy, dans Philosophical Magazine, 4" série, t. V. —
K. VflRDBT, Théorie mécanique de la chaleur; Paris.
— ("Ii. BRIOT, Théorie mécanique de la chaleur; Paris,
186V. — E. JouFFRBT, Introduction ;1 la théorie de l'énergie ;
Paris, 1888. — Maurice Lbvy, Sur le Principe de l'énergie,
dans Nouvelles Annales de mathématiques, 1887, 3« série,
t. VI. — Balfour-Stbwart, Conservation de l'énergie,
dans Ilibliothéque scientifique internationale; Paris, 1875.
— M. Bbrthblot, F. usai de mécanique chimique fondé sur
la thermochimie; Paris, 1879. — H. Poincaré, Leçons
professées à la Faculté des sciences; Paris, 1890-1891-1892.
ÉNERGIQUES ou ÉNERGISTES. Nom donné à des
sacramentaires qui enseignaient que l'Eucharistie n'est que
l'énergie ou la vertu de Jésus-Christ et non son propre
corps et son propre sang.
EN ERG U M EN ES. Personnes atteintes de maladies attri-
buées à la possession des dénions. Suivant l'ancienne dis-
cipline ecclésiastique, les énergumènes étaient tenus dans
la classe des pénitents et soumis à des prières particu-
lières et à des exorcismes. Le canon XXIX du concile
d'Elvire défend de réciter leurs noms à l'autel, et leur
interdit tout service, même manuel, dans l'église. En
Afrique, au contraire, on leur laissait balayer les lieux de
culte. Le canon XXXVII du même concile permet de don-
ner, à l'article de la mort, le baptême aux catéchumènes
qui sont devenus énergumènes. S'ils ont été admis parmi
les fidèles, il défend de les priver de la communion,
pourvu qu'ils n'allument point publiquement les lampes.
S'ils s'opiniàtrent à le faire, on les retranchera de la com-
munion. — C'est une règle générale que tous ceux qui
ont été possédés du démon soient exclus ou destitués de
toute fonction des ordres, quoiqu'ils aient été délivrés
depuis. E.-H. V.
ENEROTH (Per-Olof-Emmanuel), horticulteur et écri-
vain suédois, né à Bnennkyrka le 15 avr. 1823, mort en
1881. Secrétaire de la Société horticole de Suède (1856),
il en dirigea l'école et le jardin de 1858 à 1863, et en
rédigea V Annuaire de 1851 à 1861. On lui doit des tra-
vaux estimés : le Jardin (1857 ; 3e éd., 1866) ; l'Horti-
culture et l'Embellissement de la nature (1857-63);
la Culture des arbres fruitiers en Suède (1862); Des
Jardins d'écoles primaires et normales (1864); Manuel
de pomologie suédoise (1865-66, 1880, avec des planches
coloriées). Il cultiva aussi la littérature : outre le poème
épique sur le Yiking Hake, couronné par l'Académie sué-
doise en 1846, il publia : la Hollande (1860) ; Litté-
rature et Art (1860 et 1876); l'Ecole pour le peuple
en Suède (1863-69) ; le texte des Châteaux du Sœaer-
manland (1864-69) ; Chants et Chansons pour le foyer
et l'école (1871) et de nombreux articles de revue sur
l'éducation des femmes. B-s.
EN FAÎTEAU et ENFAÎTEMENT (Archit.). Recouvre-
ment en plomb ou en zinc, du faîte d'un comble dont les
versants sont couverts en ardoise. Les enfaitements étaient
souvent autrefois, comme ils le redeviennent de nos jours,
l'objet d'une ornementation variée et parfois ajourée for-
mant comme une balustrade, ainsi qu'on en peut voir un
bel exemple au château de Versailles. Ch. L.
ENFANCE (Sœurs de la Sainte-) (V. Ecolks chré-
tiknnks | Sœurs des|).
ENFANT. 1. PSYCHOLOGIE. — A mesure que se
développait la psychologie expérimentale, se sont détachées
d'elle, comme autant de rameaux destinés à l'étendre, les
psychologies spéciales. La psychologie de l'enfant, science
nouvelle et de fait et de nom, est peut-être une des plus
importantes. Nous en indiquerons brièvement l'objet, les
tendances, l'utilité théorique et pratique.
Mais nous devons, au préalable, discuter quelques objec-
tions auxquelles ont donné lieu les premiers essais pour
ENFANT
— 1034 —
constituer eettfl psychologie. Kilo risque fort, a— t— «ri dit.
de n'être jamais nue science dans la rigoureuse neeeptioi
du mot. « Tous les enfants w miMmt pas itco 1m mémci
aptitudes pbyiiques, iotellectuellee, morales ; les unflaeno s,
profondément ignorées encan, de l'hérédité, de la race,
du tempérament, font que tontes les prétendues luis aux*
quelles on se Datterait de remener les buts constatés, seront,
tout au plus, des groupes d'expériences individuelles ayant
donné des résultats semblables : toujours des faits con-
traires pourront être invoqués, qui infirmeront les pré-
cédents. » Il y a la une évidente exagération, que l'auteur
de ces lignes atténuait, semble-t-il, en se contredisant lui-
même : « Il est cependant quelques Uns 1res générales
de psychologie enfantine, que l'instituteur no saurait impu-
nément ignorer ou méconnaître. » (L. Carrau, De l'Edu-
cation, pp. H88 et 389.) En raisonnant ainsi, on pourrait
aussi bien contester le droit d'existence à toutes les psy-
chologies spéciales, et je ne vois pas que les mêmes objec-
tions ne valussent aussi contre la psychologie général*-.
Plus nombreuses sont les différences individuelles à cons-
tater, plus elles permettront, quand elles seront recueillies
en grand nombre, de trouver les rapports qui les unissent
entre elles, et de passer de la diversité à l'unité. Il serait
malheureux que la psychologie de l'enfant ne put pas tenir
ses promesses, car on prévoit déjà quels services elle pourrait
rendre, soit à la psychologie de l'adulte, soit à la pédagogie.
La psychologie de l'enfant fait partie intégrante de la
psychologie humaine. « Il y a, dit M. Compayré, une psy-
chologie*de l'enfant, puisqu'il y a une enfance de l'âme»
Il reste évident que l'esprit se développe, se forme d'après
certaines lois de croissance qui constituent précisément la
psychologie de l'enfant. Elle sert à nous montrer l'évolution
progressive de l'âme. » Les commencements et les tàton-.
nements de cette âme à demi instinctive, ses idées et ses
tendances si simples par rapport aux nôtres, établissent
des différences tout au moins de degré. M. Maillet voit
même une différence plus essentielle entre les facultés mo-
rales de l'enfant et celles de l'adulte. « Ce n'est pas seu-
lement, comme on pourrait le croire au premier abord, le
développement qui est moindre, c'est, à vrai «lire, la forme
qui est autre. » On ne connaîtrait pas tout l'homme, si on
ne connaissait pas tous les âges de sa vie. Un des premiers
avantages de la psychologie comparée de l'homme et de
l'enfant, c'est qu'elle nous permettra de découvrir, sur cer-
tains points obscurs, une conciliation naturelle entre des
théories qui semblaient d'abord inconciliables. Ainsi Locke
avait déjà trouvé, dans la psychologie de l'enfant, de
bonnes raisons pour réfuter l'innéité des idées telle que
Descartes l'avait comprise ; mais, de nos jours, la théorie
de l'hérédité accorde parfaitement la table rase avec une
certaine innoité des facultés, et ce qu'on sait de l'enfant
confirme en tous points cette théorie psychologique.
La psychologie de l'enfant, en effet, confine à la psy-
chologie de la race. « La doctrine de l'évolution, dit
M. James Sully, nous présente le développement actuel de
l'intelligence humaine comme préparé par de longs siècles
d'existence. L'individu civilisé est comme un mémento,
une sorte d'abrégé du lointain travail de la vie consciente.
Les premières années de l'enfant nous offrent un intérêt
spécial d'antiquité. Elles correspondent réellement aux
premières périodes connues de l'histoire humaine. Comme
il est curieux de voir les naïves conceptions de la nature,
les idées fantaisistes et animistes des choses, que l'on a de
bonnes raisons d'attribuer aux premiers ancêtres humains,
se refléter dans le langage de l'enfant! 11 est probable que
les recherches sur le début de la civilisation humaine, sur
l'origine du langage, les idées et les institutions primitives,
avanceront beaucoup plus qu'elles n'ont fait, grâce à une
sérieuse enquête sur les événements de la vie enfantine. »
\ ces avantages tout théoriques de la psychologie de
l'enfant s'ajoutent des avantages d'ordre pratique ef. en
premier lien, ceux qui intéressent la pédagogie. « Si la
psychologie do l'enfani était dès maintenant en possession
d'une méthode rigotvwsaa, si aile était parvenu»- I formu-
ler des lois sans exception, elle serait presque ;, elle m-nI--
toute la pédagogie, et celle-ci aurait le niérne BsmetSN de
précision, de oertitode, d'universalité, que les silences phy-
siques et naturelles. » A la suite de Rousseau, deux de
aos plus grondas éduastriees M Neekerde Sam
Mm" Oui/.ot. ont essaye ds satisfaire | BSttS exigence de la
pédagogie. On trouve en germe ohas elles cornue- une étude
théorique de l'enfance. Mais, quelque lumière qu'elli
jetée sur le développement des heuttés dans la première
et la seconde enfance, il manquait encore I cette étude
une base et une méthode scientifiques, la pénétration psy-
chologique des faits et les vues d'ensemble sur la nature
enfantine. On peut en dire autant, a plus forte raison, des
mémoires, des confessions et des romans, dans lesquels
Rousseau, Marmontel. Chateaubriand, Lamartine, G. Sand,
Dickens, les de Concourt, M. et M1"" Daudet. Jules Vallès.
0. Eliot, Tolstoï, etc., nous ont laissé de si iiitèr panantes
peintures de l'enfant qu'ils avaient été ou qu'ils avaient
observé. C'était là simplement une riche mine ou le psy-
chologue de profession pourrait un jour puiser à pleines
mains.
C'est seulement dans les quinze ou vingt dernières années
que la psychologie de l'enfant pouvait naître. La psycho-
logie évolutionniste et physiologique, la psychologie déjà
ébauchée de l'animal, lui avaient préparé le terrain. Darwin
lui-même avait étudié de la plus remarquable façon l'ex-
pression de la physionomie et des mouvements chez l'en-
fant, avant de tracer son esquisse très suggestive sur
le développement intellectuel d'un de ses fils. Taine. au
courant de toutes les nouvelles directions de la pensée
philosophique, et qui en a pour son compte inauguré un
assez grand nombre, avait déjà montré dans son livre De
V Intelligence, a propos des idées générales et du langage,
comment la psychologie parlerait désormais des facultés de
l'enfant. De leur côté, quelques médecins, en parlant de
l'hygiène du premier âge, ne s'étaient pas fait faute de
considérer comme à eux le domaine de l'âme enfantine :
citons, entre autres, M. Fonssagrives, qui, le premier,
à ma connaissance, a prononcé le mot de psychologie
infantile. Mais il restait encore quelques efforts à
faire pour que la psychologie de l'enfant, conduite selon
l'esprit et la méthode scientifique, commençât à tendre vers
cet idéal que le Mémoire de Tiedemann, écrit à la fin de
l'autre siècle, avait pu faire entrevoir aux rares personnes
qui le connaissaient en France ou à l'étranger. Enfin,
l'impulsion décisive fut donnée il y a environ quinze ans.
Des hommes de goûts et d'habitudes scientifiques, physi-
ciens, physiologistes, naturalistes, psychologues, philo-
logues, ont coniribué à fonder, dans ses premières assises,
cette science de l'âme enfantine : ceux-ci par des mono-
graphies, ceux-là par des études d'ensemble, d'autres par
des observations sur certains aspects du premier développe-
ment des facultés. Quoique le recueil des observations déjà
publiées soit très ample et que les interprétations proposées
soient en grand nombre acquises, la psychologie île l'enfant
ne peut avoir encore, on le comprend, qu'un caractère pro-
visoire, et le moment n'est pas venu de former la synthèse
de ces matériaux plus ou moins précieux. B. Pérez.
II. HYGIENE (V. Hygiène).
III. JURISPRUDENCE. — Enfant légitime. — (in
appelle ainsi l'enfant issu de personnes mariées; on l'op-
pose à l'enfant naturel, et on appelle d'une manière générale
filiation le rapport qui unit un enfant à ses deux auteurs
ou à l'un d'eux. La filiation est donc légitime lorsque le
rapport qui la constitue a sa source dans le mariage : elle
est naturelle dans le cas contraire. A un autre point de
vue la filiation est paternelle ou maternelle suivant qu'on
envisage les rapports de l'enfant avec son père ou avec sa
mère. La filiation légitime, la seule dont nous ayons a
nous occuper dans cet article, est elle-même un fait tics
complexe : elle se compose d'éléments divei-s dont cehjj
qui prétend à la légitimité aura a établir l'existence. Quels
— ton —
ENFANT
^.•nt M6 éléments ei quels moyens sont donnés pour en
justifier : c'est M q(M nous aurons tout «l'abord à recher-
cher. Nous \errons ensuite sommairement quels sont les
effets que la loi attache à la filiation légitima, en ren-
voyant pour les détails aux mots correspondants.
ELÉVBm GONRlTt rus H ia hi.iuion i.kutimk R ma-
MtKt: N its RABUBi — La filiation légitima est, avons-
nous dit. paternelle ou maternelle: mais, tandis que celle-
ci résulte d'un fait matériel qu'il est très aise de constatai .
l'accouchement de la mère, la première, qui a sa hase dans
la conception, échappa totalement à nos investigations, car
d est absolument impossible de déterminer d'une façon
précise quand elle a eu heu et quel en est l'auteur. La loi
de\ait donc nécessairement procéder par induction et con-
clure de la filiation maternelle à la tiliation paternelle,
lorsque l'époque de la conception peut se placer pendant
le mariage. Nous allons donc un instant supposer constant
le fait de la tiliation maternelle et nous verrons com-
ment et dans quels cas la loi conclut de là à la filiation
paternelle. Nous rechercherons ensuite comment s'établit
la tiliation maternelle.
Filiation paternelle. S'inspirant de cette idée qu'une
femme mariée n'a de relations qu'avec son mari, car
l'adultère ne |>eut pas se présumer, la loi a décidé que
l'enfant dont la conception remonterait à l'époque du ma-
nge devrait être considéré comme l'enfant du mari. C'est
ce que nous dit l'art. 342 du C. civ., aux ternies duquel
« l'enfant conçu pendant le mariage a pour père le mari ».
M.us une nouvelle difficulté s'élevait alors ; comment
connaître l'époque de la conception que rien ne vient ré-
\eler a nos veux '.' Ici encore la loi a dû procéder par pré-
somptions. Partant de cette donnée fournie par la science
que la durée maxima d'une grossesse est de trois cent
jours et sa durée minimadecent quatre-vingts jours, elle
a posé en principe que si un moment quelconque de la
période de cent vingt jours, différence entre la gestation la
plus longue et la gestation la plus courte, se plaçait pen-
dant le mariage, l'enfant serait réputé conçu pendant le
mariage ; elle a décidé en d'autres termes que si en remon-
tant en arrière trois cents jours au plus et cent quatre-
\m.ts jours au moins, à dater de la naissance, on trouvait
dans la période de cent vingt jours, différence entre ces
deux chiffres, un moment quelconque auquel la mère de
l'enfant aurait été mariée, la conception de l'enfant
pourrait être reportée à ce moment. Comme conséquence,
cet enfant aura pour père le mari de la mère. Ces règles
découlant des art. 34 i et 348 du C. civ. Le premier de
ces articles prévoyant le cas d'un entant né moins de
cent quatre-vingts jours après la célébration du mariage,
autorise le mari à le désavouer péremptoirement et se
borne à indiquer fis cas exceptionnels ou ce désaveu ne
sera pas admis (pour plus de détails Y. le mot Désaveu).
< e>t donc qu'il ne considère pas la conception comme
ayant pu avoir lieu pendant le mariage et qu'il n'admet
pas que l'enfant ait pu rester moins de cent quatre-vingts
jours dans le sein de sa mère. L'art. 3t.'i permet de con-
tester la légitimité d'un enfant né plus de trois cents jours
ipiès la dissolution du mariage; il considère donc, lui
aussi, comme impossible que la conception ait pu avoir
lieu |>endant le mariage, et il n'admet pas, par suite, que
l'enfant ait pu rester plus de (rois cents jours dans le sein
de sa mère.
I.es présomptions édictées par les art. 349, 31iet 348
sont en principe irréfragables, ee qui veut direqu'en règle
raie on ne peut pas les faire tomber au moyen de la
preuve contraire. Exceptionnellement, cependant, cela est
possible : la loi permet m certains cas, minutieusement
détermines pareil.', de faire tomber l.i présomption de pa-
ternité résultant des règles qui viennent d'être indiquées,
ce que l'on appelle le désaveu de paternité (V. ce
mot). Il est un cas ou la filiation paternelle s'établira en
dehors des règles qui viennent d'être posées : nous ver-
rons eneffetque la possession d'état qui peut être invoquée
par l'enfant, à défaut d'acte de naissance, à l'appui de ses
prétentions à la légitimité, a pour effet nécessaire d'établir
sa filiation aussi bien vis-à-vis du père (pie vis-à-vis de la
mère.
Filiation maternelle. Le raisonnement qui préoèds
suppose que la filiation maternelle est constante. Nous
avons donc maintenant à déterminer comment on peut
arrivera l'établip. Diro qu'il existo entre telle femme et
moi des rapports de tiliation légitime, c'est dire : 1° quo
cette femme est ou a été mariée; 2° qu'elle est accouchée
d'un enfant et que cet entant c'est moi ; 3° que ma con-
ception remonte à une époque où existait le mariage.
Comment se fera cette triple preuve? Aucune difficulté ne
peut s'élever en ce qui touche le premier et le troisième de
ces faits. Le mariage se prouve par l'acte de mariage sous
réserve des dispositions des art. 4(i, 199 et 200 duC. civ.
(V. Actes de l'état civil, Mariace). Quant à la concep-
tion pendant le mariage, nous n'avons qu'à rappeler ce qui
a été dit sur ce point à propos de la tiliation paternelle.
Reste la preuve de l'accouchement de la femme et celle
de l'identité du réclamant avec l'enfant dont cette fommo
est accouchée. Lés art. 349, 320 et 323 du C. civ. nous
indiquent les trois manières dont se fera cette preuve :
acte de naissance, possession d'état, preuve testimoniale.
Acte de naissance. Nous n'avons rien à dire en ce qui
concerne l'acte de naissance; observons cependant que la
seule conséquence que l'on pourra tirer de ses énonciations,
c'est que tel jour, à telle heure, telle femme est accouchée
d'un enfant. Il faudra donc que celui qui prétend en béné-
ficier prouve que cet acte de naissance qu'il invoque est
bien le sien; il faudra, en d'autres termes, qu'il établisse
son identité avec l'enfant dont il est question dans l'acte.
Cette preuve il pourra la fournir par tous moyens.
Possession d'état. Lorsque l'enfant qui veut établir sa
tiliation maternelle ne peut produire son acte de naissance,
soit parce que les registres sur lesquels il avait été inscrit
ont été perdus, soit parce qu'il n'a pas été tenu de registres,
soit pour toute autre cause, car la loi est absolument gé-
nérale, il prouvera cette filiation par la possession d'état.
« A défaut de titre, nous dit l'art. 320, la possession cons-
tante de l'état d'enfant légitime suffit », et l'art, sui-
vant définit la possession d'état : « une réunion sutiisante
de faits qui indiquent le rapport de filiation et de parenté
entre un individu et la famille à laquelle il prétend appar-
tenir ». Les principaux de ces faits sont, ajoute la loi, que
l'individu a toujours porté le nom du père auquel il pré-
tend appartenir, qu'il a toujours été traité par ce dernier
comme son enfant, enfin que cette qualité lui a toujours été
reconnuepar la famille et par la voix publique. On a résumé
ces faits qui d'ordinaire constitueront la possession d'état
dans ces trois mots : Nomen, tractatus, fama. Les juges
ont d'ailleurs toute latitude pour en admettre d'autres. La
possession d'état doit être constante (art. 320), e.-à-d.
continue sans lacune; il faudra que celui qui l'invoque ait
toujours passé pour l'enfant de ceux à l'égard de qui il
s'en prévaut. Nous disons de ceu.r, car la possession d'état
envisagée comme mode de preuve delà filiation des enfants
légitimes ne se conçoit, à raison même de l'indivisibilité
de la légitimité, que si elle existe non seulement vis-à-vis
de la mère, mais aussi vis-à-vis du père. Les faits qui la
constituent supposent bien qu'il doit on être ainsi, car la
plupart s'appliquent surtout au père (art. 324). La con-
séquence à tirer de là et à laquelle nous avons l'ait allusion
plus haut, c'est que la possession d'état prouvera simul-
tanément la filiation paternelle et la filiation maternelle.
La possession d'état supplée à l'acte de naissance, mais
elle ne pont en détruire la pQ/tée. Donc, en cas de colli-
sion entre l'acte de naissance et la possession d'état, le
premier l'emportera sur la seconde, sauf au réclamant à
établir sa filiation par la preuve testimoniale. Lorsque le
titre et la possession d'état seront conformes l'un à l'autre,
la preuve qui en résultera sera irréfragable en ce sens que
la filiation ainsi établie ne pourra pas être attaquée comme
ENFANT
— i03*> —
mensongère (.ut. 3M). Il ne faudrait donc pu «lire que, n
le titre et la possession d'étal uni pour effet d'attribuer a
un enfant la qualité d'enfant légitime, la légitimité de cet
»-n 1. 1 n t sera à l'abri de toute critique. On pourra parfaite-
ment contester cette légitimité suit par application de
l'art. •!!.'> s'il est né plus de trois cents jours après la dis-
solution de mariage, suit en taisant annuler le mariage dont
il est issu. L'art. 322 ne ferait même paa obstacle à une
action en désaveu, mais il est difficile île concevoir a raison
delà brièveté desdélais dans lesquels cette action doit être
intentée qu'un enfant ayant un titre et une possession con-
formes [misse y être exposé.
Preuve testimoniale. L'art. 321 nous indique les cas
dans lesquels elle est admissible pour établir une tiliation.
Il résulte de ses dispositions que ce mode de preuve pourra
être employé lorsque l'enfant se trouvera dans l'impossibi-
lité de produire son aete de naissance oii d'y suppléer par
la possession d'état, ou encore lorsque l'acte de naissance
et la possession d'état seront contradictoires. Remarquons
toutefois que l'individu, qui, en l'absence de toute posses-
sion d'état, prétend établir une filiation contraire à celle
3ue lui donne son titre de naissance, devra au préalable
émontrer qu'il a été inscrit sous de faux noms ou comme
nés de père ou mère inconnus (art. 223). Le caractère de
la preuve testimoniale est d'être subsidiaire; la loi s'en
méfie et celte méfiance apparaît très clairement dans les
conditions auxquelles elle en a subordonné l'usage. D'après
les principes généraux, en effet, la preuve testimoniale est
admissible de piano, c.-à-d. sans aucune condition, lorsque
le réclamant s'est trouvé hors d'état de se procurer une
preuve écrite. Bien que telle soit la situation de l'enfant
qui veut établir sa filiation, la loi s'est montrée plus
exigeante : elle ne lui permet de recourir à la preuve tes-
timoniale que si sa prétention est rendue vraisemblable par
un commencement de preuve par écrit. Il faut entendre
par là, nous dit l'art. 324, les titres de famille, les registres
et papiers domestiques du père ou de la mère, les actes
publics ou privés émanés d'une personne engagée dans la
contestation ou qui y aurait intérêt si elle était vivante.
Ainsi des lettres émanées de la mère et où le réclamant
serait considéré comme son enfant, des lettres émanées d'un
autre enfant de la même mère qui lui attribueraient la même
qualité pourraient autoriser l'emploi de la preuve testimo-
niale, car elles rendraient très vraisemblable la prétention
du réclamant. Les personnes intéressées à ce que cette
prétention ne triomphe pas pourront toujours cherchera
établir par tous moyens que « le réclamant n'est pas
l'enfant de la mère ou même, la maternité prouvée, qu'il
n'est pas V enfant du mari de la mère » (art. 325). La
loi attache une énergie moins considérable à la présomp-
tion que l'enfant né pendant le mariage a pour père le
mari (art. 312), lorsque la maternité n'est établie que par
témoins, que lorsque la preuve de cette maternité resuite
de l'acte de naissance ou de la possession d'état, et elle
permet de la combattre en dehors des conditions auxquelles
est subordonné l'exercice de l'action en désaveu. Les
motifs de cette solution ont été donnés dans les travaux
préparatoires. « Lorsque l'enfant, disait Bigot de Préame-
neu, n'a ni possession constante ni titre, ou lorsqu'il a été
inscrit soit sous de faux noms, soit comme né de père et
mère inconnus, il en résulte une présomption très forte
qu'il n'appartient pas au mariage. » La filiation mater-
nelle étant constante.il en résultera, comme nous le disions
en commençant et sauf la preuve du contraire lorsque
cette filiation aura été établie par témoins, que la filiation
paternelle sera parla même prouvée grâce à la présomp-
tion de l'art. 312. Il faudra toutefois, pour qu'il en soit
ainsi, que le père ait été mis en cause dans l'instance. C'est
là une conséquence du principe de l'effet relatif de la chose
jugée (V. Chose jugée).
Toutes les règles qui 1 viennent d'être exposées étaient
déjà admises en droit romain et dans notre ancien droit.
Notons seulement que la filiation maternelle ne pouvait pas
s'établir par témoins. Solitettet ad ituemtitatUproba-
tionem non tuftckmt. L. 2, C. De Test. (V. Otuno,
Etat), l'aul Nalhbai'h.
Enfant naturel. — On désigne amis ce nom l'enfant
issu de personnes non mariées. Ou l'appelle plus spéeia>
lement enfant naturel simple lorsqu'il est is-u du eoea-
merce de deux personnes libres de tout lien matrimonial,
Bt de tout Uen de parente au degré prohibé pour le ma-
riage ; il est dit enfant adultérin lorsqu'il e^t le fruit
d'un adultère et incestueux lorsque ses père et mèn
sont parents a un degré qui s'op[K»serait. le cas échéant,
a leur mariage. Pour savoir si l'on se trouve en pn
d'un enfant rentrant dans l'une ou l'autre de ces catégories,
c'est au moment de la conception que l'on devra se placer.
La situation respective de ses auteurs a celte époque dé-
terminera sa qualité et. pour fixer le moment pr»
cette conception, on suivra les règles posées par les
art. 312 et suiv. du C. civ. qui ont été exposées au
mot Enfant légitime. La distinction des enfants naturels
en enfants naturels simples et en enfants adultérins ou in-
cestueux est très importante : tandis que les premiers ont
une certaine situation dans la famille, la loi ignore les se-
conds; elle défend la constatation officielle de leur filiation
et ne leur accorde, lorsque cette filiation vient à être acci-
dentellement établie, qu'un droit à des aliments. On peut
caractériser la condition des enfants naturels simples en
disant que ceux-ci se trouvent vis-à-vis des enfants lé-
gitimes dans un état d'infériorité manifeste. Cela s'impo-
sait, car il était impossible, dans l'intérêt du mariage,
de mettre sur le même pied les enfants issus d'une union
régulière et ceux dont la naissance est due à un com-
merce illicite. Les différences qui séparent la situation des
uns de celle des autres se rattachent, soit à la manière
de constater le rapport de filiation qui unit l'enfant à son
auteur, soit à la nature et à l'étendue de ses droits succes-
soraux, soit à certaines incapacités dont il est frappé, soit
à ses rapports avec ses père et mère.
Comment s'établit la filiation naturelle. — L'exis-
tence de rapports de filiation dûment constatés est la
condition indispensable pour qu'on puisse dire de tel indi-
vidu qu'il est l'enfant naturel de telle personne. Faute par
cet individu d'établir ces rapports, il ne pourra se préva-
loir d'aucun des droits dont nous parlerons plus loin, et
réciproquement on ne pourra invoquer contre lui aucune
des incapacités qui viennent frapper les enfants naturels.
Un peut poser en principe que la loi ne reconnaît qu'une
seule manière d'établir la filiation naturelle : l'aveu de l'au-
teur ou des auteurs de l'enfant. Elle a écarté implicitement
l'acte de naissance en ne lui attribuant force probante que
s'il contient la reconnaissance de l'enfant (C. civ., art. 334
cbn. art. 319); elle a écarté également, suivant une juris-
prudence constante, la preuve par la possession d'état;
quant à la preuve testimoniale, l'art. 343. al. 2, l'admet sans
doute, mais uniquement pour corroborer des indications im-
pliquant un aveu. Lorsque l'aveu de la paternité ou de la
maternité par le père ou la mère de l'enfant naturel est
spontané et formel, on l'appelle reconnaissance; lorsqu'au
contraire il est complexe et se compose d'éléments divers
tirés des circonstances et dont l'enfant aura à administrer
la preuve, on dit qu'il y a de la part de ce dernier re-
cherche de la paternité ou de la maternité. Dans tous
les cas, la constatation de la filiation ne peut être considérée
comme faisant entrer l'enfant dont il s'agit dans la famille
de ses auteurs ; il n'en résulte de lien qu'entre l'enfant
et celui qui l'a reconnu ou vis-à-vis duquel sa filiation a
été établie. \& loi parait toutefois reconnaître un certain
lien de parenté entre l'enfant naturel et les autres entants
également naturels issus du même père on de la même
mère que lui, et qu'elle désigne sous le nom de frère* et
sœurs naturels {('.. civ.. art. Tiili). La reconnaissance
d'un enfant naturel doit être faite par un acte authen-
tique qui peut être dresse par un notaire ou un otlicier de
l'étal civil, dn admet aussi que la reconnaissMoe (>ourrait
— 1037 —
ENIANT
être replie par le juge de paix siégeant comme magistral
conciliateur et assisté do son greffier. Kn l'absence do la
forme authentique, «die serait inexistante; elle rentre donc
dans la catégorie des actes solennels. Même accomplie
suivant les formes qui viennent d'être indiquées, la roron-
mïiihmhhi n'a de valeur qu'autant qu'elle est conforme a
la vente : e'est ce que dit l'art. .'>.'!'.» lorsqu'il porte que
toute reconnaissance île la pari du père ou de la mère
pourra être contestée par ceux qui vont intérêt. I. 'intérêt
dont il s'agit peut être simplement moral, par exemple
lorsque e'est l'enfant qui agira, ou pécuniaire lorsque ce
seront les héritiers présomptifs de l'auteur de la reconnais-
sance qui. pour éeai ter de la succession de celui-ci l'enfant
mai. attaqueront comme mensongère la reconnaissance
qui constitue son titre. Ce titre, l'enfant pourra l'invoquer
sr§a omîtes, sauf cependant l'exception prévue par
l'art. 337 du C. civ. Ce texte suppose une reconnaissance
déniant naturel effectuée par un individu pendant la durée
d'un mariage qu'il aurait contracté avec une autre per-
MHM que celle dont est issu l'enfant, et il décide que
l'enfant ainsi reconnu ne sera pas fondé à se prévaloir de
cette reconnaissance pour faire valoir les droits attachés à
sa qualité d'enfant naturel reconnu, en tant que ces droits
pourraient nuire, soit au conjoint de l'auteur de la recon-
naissance, soit aux enfants issus du mariage.
Lorsqu'un enfant n'a pas été reconnu, la loi lui donne
le droit de rechercher sa tiliation, en d'autres termes de
faire établir par décision judiciaire qu'il est bien l'enfant
de telle ou telle personne déterminée. Il faut toutefois dis-
tinguer a cet égard entre la filiation paternelle et la tilia-
tion maternelle. La recherche de la filiation paternelle est
interdite par l'art. 310 C. civ. lue seule exception est
admise a cette règle dont les raisons sont trop connues
pour que nous insistions à cet égard. Lorsqu'une femme a
été victime d'un enlèvement et que l'époque de la concep-
tion de l'enfant dont elle accouche ensuite se rapporte à
celle de l'enlèvement, le ravisseur pourra, nous dit la loi
(art. 340, al. -2). sur la demande des parties intéressées, être
déclaré père de l'enfant. Quant à la recherche de la filia-
tion maternelle, elle est possible, mais la preuve testimo-
niale n'est autorisée par la loi qu'autant qu'il existe un
commencement de preuve par écrit (art. 13i7).
Droits sd.cessohai x de l'enfant naturel. — Les
droits successoraux des enfants naturels sont restreints à
un triple point de vue : 1° au point de vue du titre au-
quel ces enfants succèdent; 2° au point de vue des per-
sonnes auxquelles ils succèdent ; 3° enfin en ce qui touche
l'étendue de leurs droits.
I. Les enfants naturels ne sont point de véritables héri-
tiers, mais seulement des successeurs aux biens ; en d'au-
tres termes, la saisine ne leur appartient pas. Cela veut
dire que, s'ils sont, comme les héritiers légitimes, investis,
dans la mesure de leurs droits, de la propriété des biens qui
leur sont échus, ils n'ont pas immédiatement la possession
de ces biens et, d'une manière plus générale, l'exercice
des droits héréditaires. Cet exercice ne leur appartiendra
que lorsqu'ils auront été envoyas en possession confor-
mément à l'art. 724 du C. civ.
II. Les enfants naturels ne peuvent succéder en tant
qu'enfant» naturels, c.-à-d. dans les cas où leur voca-
tion héréditaire se fonde exclusivement sur cette qualité,
qu'aux père et mère qui les ont reconnus (art. 756) et,
lorsque ceux-ci sont prédécédés, à leurs frères et sœurs na-
turels (art. 766). Il va de soi que, si l'enfant naturel a fondé
une famille en se mariant, il pourra succéder à ses enfants
conformément aux principes généraux du droit. En pareil
• ;is. sa qualité d'enfant naturel est hors de cause.
III. La quotité des droits successoraux des enfants na-
turels est déterminée par les art. 7.'»7 et suiv. du C. civ.
>'il s'agit de la succession de leurs père ou mère, la
loi distingue suivant la qualité de ceux avec qui ils viennent
en concours. Se trouvent-ils en présence d'enfants légi-
times .' leur part est d'un tiers de celle qu'ils auraient eue
s'ils avaient été eux-iiièines légitimes; elle est de la moitié
lorsque celui auquel ils succèdent, le </<■ CUJUS en d'au-
tres termes, ne laisse que des ascendants OU des frères et
gœurs : elle esl des trois quarts lorsque leurs père et mère
ne laissent ni descendants ni ascendants, ni frères ni
sœurs, et de la totalité lorsqu'ils ne laissent aucun parent
au degré successible.
Quand l'enfant naturel se trouvera, en cas de prédécès
des père et mère, appelé a la succession de ses frères et
Sœurs naturels, il prendra tous les biens ayant appartenu
à ces derniers, déduction faite seulement de ceux qui leur
auraient été donnés par les père et mère et qui (lasseront
aux enfants légitimes de ces derniers (C. civ., art. 761)).
Les droits successoraux de l'enfant naturel sont complétés
par une réserve que la loi lui accorde implicitement sur
les biens de ses père et mère. L'art. 761 du C. civ. porte
en effet que ceux-ci pourront, par des libéralités entre vifs,
réduire l'enfant naturel à la moitié de la part que lui
accordent les art. 737 et suiv. Cela suppose évidemment
qu'il n'est pas en leur pouvoir de les priver complètement,
ou même au delà de cette moitié, du droit de participer à
leurs biens. Il est certain enfin que l'enfant naturel qui se
trouverait dans le besoin pourrait réclamer des aliments à
ses père et mère et que ceux-ci auraient les mêmes droits
dans les mêmes circonstances (C. civ., arg. art. 207).
Incapacités frappant l'enfant naturel. — Aux termes
de l'art. 908 du C. civ., les enfants naturels ne peuvent
recevoir par donations entre vifs ou par testament une
part supérieure à celle que leur attribue la loi au titre des
successions. Ce texte sert de sanction aux dispositions limi-
tatives des droits des enfants naturels dans la succession
de leurs père et mère. Comme on l'a fait remarquer, l'iné-
galité de condition que le législateur a voulu établir entre
les enfants légitimes et les enfants naturels eût été pure-
ment nominale, s'il avait été au pouvoir des parents de
compléter par des dispositions entre vifs ou testamentaires
la part assignée, dans leur succession, à l'enfant illégitime.
Toute donation ou tout legs dont l'effet serait de dépasser
le montant de cette part devra être réduit à la mesure per-
mise, et, pour atteindre plus sûrement le but qu'elle s'est
proposé, la loi autorise les intéressés à rendre leur véri-
table caractère aux libéralités qui auraient été faites à l'en-
fant naturel sous l'apparence d'un contrat à titre onéreux,
d'une vente, par exemple; elle leur permet, en outre, d'état
blir que la personne à laquelle a pu être faite une libéralité
n'était en réalité qu'un prête-nom, une personne inter-
posée, le bénéfice devant en revenir définitivement à l'en-
fant naturel. Elle établit même des présomptions d'inter-
positions de personnes. Dans tous ces cas, si la fraude est
démontrée la libéralité sera réduite.
A l'incapacité dont nous venons d'esquisser les traits gé-
néraux, certains auteurs ont voulu en ajouter une autre.
Suivant eux, l'enfant naturel ne pourrait être adopté par les
père ou mère qui l'auraient reconnu. Une jurisprudence
constante repousse cette doctrine.
Situation de l'enfant naturel dans ses rapports avec
ses parents. — La situation des enfants naturels vis-
à-vis de leurs parents n'a pas été nettement précisée par
le législateur, il est certain que l'enfant naturel se trouve,
en ce qui concerne l'obligation de demander à ses parents
leur consentement à son mariage, ou du moins de requérir
leur conseil, assimilé à l'enfant légitime (C. civ., art. 138).
Il est certain aussi que ses parents jouissent, à son égard,
du droit de correction (art. 383). Ce droit est même, en
pareil cas, [dus absolu qu'en régie générale, puisqu'il n'est
pas soumis aux restrictions qui découlent des art. 380 et
382. Le droit de garde et d'éducation, dont le droit de
correction n'est que le corollaire, leur appartient également
sans aucun doute. Mais les textes font défaut lorsqu'il
s'agit de préciser les droits des parents relativement à la
gestion du patrimoine de leurs enfants naturels. On est
d'accord pour leur refuser l'usufruit légal (art. 384) et
l'administration légale (art. 380), ces différents droits sup-
I M \M
I0H8
posant l'extsience d'un mariage, il importe Dépendant que
1rs lui'iis qu'ils peuvent avoir soient alminiatrsa. Li Mltt'
tion qui noua para!) préférable aur ce point est la sui*
vante : on conaidérera l'enfant naturel sommé en tutelle
dés sa naissance on du moins dés qu'il aura un patrimoine
,i gérer, ri, puisqu'il ne pool être question pour lui 1s ta*
telle léjriti (arg. art. 390), ni de relie dos ascendants,
on BttrTbnera cette gestion a un tuteur nommé par le con-
seil tic famille, composé lui-même des parents ou amis
des père al mère. Paul Nacbb m ».
Enfant adultérin ou incestueux. — lin entend pa*
cillant adultérin celui qui est né de deux personnes <|ui ne
ponvaieiii pas M marier par la raison que l'une d'elles ou
toutes deux étaient déjà engagées dans les liens du ma-
riage. Si l'entant était né de personnes qui ne boutaient
pas se marier entre elles à cause de la parenté ou l'alliance,
il aurait été incestueux. La loi défend absolument la preuve
de la filiation adultérine ou incestueuse. Les enfants adul-
térins ou incestueux ne peuvent donc avoir ni père ni
mère connus ni aucune famille. Cependant, dans certains
cas et par la force même des choses, la filiation adultérine
ou incestueuse est légalement établie. C'est ce qui a lieu
notamment si un mariage contracté île mauvaise foi est
annulé ensuite pour cause de bigamie ou d'inceste; dans
ce cas, les enfants nés de ce mariage sont adultérins ou
incestueux, et cependant la preuve de leur filiation est
faite. De même lorsque le mari intente l'action en désaveu
contre l'enfant de sa femme et réussit dans sa demande,
par cela même, la filiation adultérine est prouvée, en ce qui
concerne l'enfant. De même encore lorsque, par erreur de
fait ou de droit, un jugement qui n'est plus susceptible
d'aucune voie de recours, a admis à tort la preuve d'une
filiation adultérine ou incestueuse, la preuve de cette filia-
tion n'en reste pas moins définitivement acquise. Dans ces
cas exceptionnels, où la loi est bien obligée de reconnaître
le lien de parenté entre l'enfant et ses père et mère, elle
ne lui fait d'ailleurs produire que des effets très restreints.
Et d'abord, même dans ces cas, la filiation se limite au
père et à la mère ; elle ne produit aucun effet vis-à-vis des
autres parents. Les père et mère adultérins ou incestueux
ne doivent à leurs enfants que des aliments s'ils sont dans
le besoin ; après leur mort, cette dette alimentaire se
transmet à leurs héritiers; mais les enfants adultérins ou
incestueux n'ont d'ailleurs aucun autre droit sur la suc-
cession de leurs parents, et de plus toute réclamation, même
à titre d'aliments, contre les héritiers, leur est interdite,
lorsque le père ou la mère leur a assuré des aliments ou
les a mis en état de pourvoir à leurs besoins, ne serait-ce
que par un simple art mécanique. Les père et mère adul-
térins ou incestueux ne peuvent même pas tourner ces
prohibitions au moyen de donations ou de legs, car la loi
déclare les enfants incestueux ou adultérins incapables de
recevoir ces libéralités de leurs parents, à moins qu'elles
n'aient un caractère alimentaire. Les enfants incestueux
ou adultérins ne peuvent pas non plus être légitimés par le
mariage subséquent de leurs parents ; ainsi l'enfant né de
deux personnes qui ne sont pas mariées entre elles ne sera
pas légitimé si plus tard ces personnes se marient l'une à
l'autre. De même, les enfants incestueux issus de deux
personnes parentes ou alliées au degré prohibé ne seront
pas légitimés par le mariage subséquent de leurs parents
en supposant que ceux-ci aient obtenu des dispenses à cet
effet. Quant a la question de savoir si le père ou la mère
peut adopter son enfant adultérin ou incestueux, elle est
très vivement controversée à cause du silence que la loi
garde sur ce point. E. Gi.asson.
Enfant abandonné. — I. Histoire nu droit (V. BA-
TARD)*
II. Droit actufx. — Nous n'aurons pas à nous occuper ici
de la situation des enfants dont les parents ont été déchus
de la puissance paternelle. Cette situation, réglée par le
titre I*rde la loi du bl\ juil. 188!) sur la protection des en-
fants maltraités ou moralement abandonnés, sera examinée
aux mots l'uissANi.r. UUJamin et Timi.F.. Nous ne trai-
terons ici que de ce qui corn • i ai h • niants i oi I
Mnani par las parents t det énslriiBsemeato d'assistance ou
I des partiôuliefs, oa recueillis par eus sans intervention
■les parants (titre II de la loi précité»?). L'idée du légisk-
lettf en cette matière i été d'autoriser oaa établissements
ou rcs partionliera •■< se mire conférer Ifeereue de la
puissance paternelle sur les enfanta qu'on leur confierait m
qu'ils recueilleraient, et l'exposé dés motifs nous indique
seaef. nettement le but qu'il a voulu atteindre : « Ln père
obtient l'admission de son enfant dans un êUbbJSBJjesjt
de bienfaisance. L'enfant est Irop jeune pour se livrer à
un travail productif; il constitue donc une charge. Il
grandit; il est pourvu d'Une instruction élémentaire; il
devient au sens économique du mot une valeur. CVt dora
qu'il est rédamé par son père. L'œuvre Oppose à ce der-
nier un engagement qu'il i souscrit. Le père s'est en§
en effet à laisser l'enfant dans rétablissement jusqu'.
majorité ou i rembourser a l'oeuvre le montant des frais
d'entretien et d'éducation... Le père s'il retire son enfant
devient débiteur de l'établissement, mais, fût-il insolvable,
la personne de l'enfant ne saurait être le gage de la créance.
Dans l'état actuel de la législation, le juge ne pourrait pas
ne pas ordonner la remise de l'enfant au père si indigne
que soit ce père. » Le législateur de 188(t a paré à cet
inconvénient; il a considéré les droits dont l'ensemble cons-
titue la puissance paternelle comme la contre-partie des
charges de l'éducation et de l'entretien des enfants, et,
partant de ce principe, il a permis à ceux qui se seraient
chargés de cet entretien et de cette éducation de se faire
substituer aux parents pour l'exercice de cette puissance.
Quelque chose d'analogue existait déjà dans la législation
antérieure : en vertu des lois du 15 pluviôse an XlIIet du
décret du 19 janv. 1811, la puissance paternelle sur les
enfants admis dans les hospices était attribuée aux com-
missions administratives des hospices. La loi nouvelle est
beaucoup plus générale : elle organise tout d'abord un ser-
vice départemental, dont la surveillance appartient au pré-
fet ; elle permet en second lieu de conférer l'exercice de la
puissance paternelle à tous autres établissements que des
hospices, sous une certaine condition que nous examine-
rons plus loin, et même à des particuliers : si ces établis-
sements ont recueilli l'enfant ou si celui-ci leur a été
confié par ses père, mère ou tuteur, elle donne aux parents
ou tuteur le droit de se faire rendre l'enfant ; enfin,
appliquant le principe que l'état des personnes ne peut être
modifié sans une décision des tribunaux, et qu'il ne doit
exister en pareille matière aucune place pour le pouvoir
discrétionnaire de l'administration, elle a attribué à l'au-
torité judiciaire le droit d'ordonner toutes les mesures
qui viennent d'être indiquées. Ces mesures ne doivent
d'ailleurs avoir pour base que l'intérêt de l'enfant; par
suite, leur caractère est d'être essentiellement provisoire.
Comme le dit la circulaire ministérielle du 1 (S août 1889
sur l'application de la loi nouvelle, c'est l'intérêt de l'en-
fant qui seul motive la délégation initiale delà puissance
paternelle, c'est le même intérêt qui seul en justifie le
maintien ; la permanence de l'investiture ne se légitime
que parla continuité du bienfait.
Cela posé, examinons rapidement les dispositions de la
loi nouvelle et demandons-nous successivement : 1° dans
quels cas il y a lieu à délégation de la puissance paternelle
et au profit de qui cette délégation intervient ; 2° quel est
le tribunal compétent pour prononcer la délégation et
quelle est la procédure à suivre pour arriver à ce résultat.
1° Dans quels eas y a-t-il lieu à délégation de la
puissance paterneUet au profit de qui cette délégation
pcut~ctle intervenir? Les art. 17 et 19 de la loi du
"îi juil. 188!) répondent à la question, et deux hypotlu
doivent être distinguées. La loi suppose en premier lieu
que celui qui se trouve actuellement investi de la puissance
paternelle, c.-à-d. le père, à défaut du père la mère et à
défaut de celle-ci le tuteur, a confié l'enfant sur lequel
— Il 139 —
LISTANT
cette mÎbi— r< paternelle l'inné à un atahliaamnent de
hi— fhl— nrn VU I un particulier : si la remise de l'enfant
émane d'un tutour, ochii— ii devra être pourvu de l'autori-
sation du nonnail ito famille. BOi suppose ni Mcond lien.
■M ta établissements ilf bienfaisance ou îles |>artiou-
hers ont rwueilli un enfant abandonne par ses parents
- l'intervention de ceux-ci. Dus m tan oas Nie au-
torise les tribunaux à déléguer 4 l'assistance publique les
droits de pniinnnn paternelle auxquels lea patenta ont
ainsi renome et a on conférer Vc.icnicc à l'otablisscmciit
il bienfaisance Ofl au particulier qui aura accepté la
charge de l'enfant. La loi distingue ainsi lajott&MnM de
la puissance paternelle et Vex&rcie» de cetta puissance et
file le> confie a deux personnes différentes. On peut criti-
quer à cet tard le législateur de issu owcc qu'il a attri-
bue I l'assistance publique la jouissance de la puissance
paternelle. In effet, l'assistance publique n'existe pas en
tant que pouvoir propre et indépendant, l'.n réalité, la cir-
culaire ministérielle précitée le reconnaît formellement : OC
sont les préfets et les inspecteurs départementaux deS 60-
laiiN u sont investis de la puissance paternelle.
Bat s,, us leur contrôle, comme nous le dirons plus loin,
que cette puissance est exercée. La délégation de la puis-
I paternelle peut l'orl bien n'être que partielle, c.-à-d.
ne s'appliquer qu'à certains des droits qui la constituent.
L 10 le dit expressément et l'art. 17 le supposait déjà.
: ite prévoit l'hypothèse ou les parents d'un entant
abandonne ou confié a un établissement de bienfaisance ou
à un particulier ont couterré le droit de consentir au ma-
ge de cet enfant dans les termes de l'art. 1 13 du C.civ.
• -Misent de donner leur consentement. En pareil cas,
ristaace publique, qui a la jouissance des autres droits
de puissance, a la faculté de les faire citer devant le tribu-
nal de leur domicile qui donne ou refuse le consentement.
Il v a la. remarquons-le en passant, une «rave dérogation
au droit commun, car en principe le droit pour les parents
de consentir ou de ne pas consentir au mariage de leurs
enfants n'est soumis a aucun contrôle.
DneoBdiUons de capacité sont exigées dans la personne
de ceux à qui peut être confie l'exercice de la puissance
■nielle. S'il s'agit d'un établissement de bienfaisance,
il faut qu'il soit spécialement autorisé à cet effet: la re-
connaissance qui lui a conféré l'existence et la personnalité
ne saurait sulliie. Cette reconnaissance, porte à cet égard
l'exposé des motifs, n'a pas été donnée en vue d'une subs-
titution possible de ers établissements aux familles; sidonc
une autorisation nouvelle n'était pas nécessaire, il résulte-
rait de là à leur profit une condition toute nouvelle et
tout imprévue. On peut contester l'exactitude de cette
rvaiion. Il ne faut pas oublier, en effet, que c'est aux
tribunaux qu'il appartient de déléguer l'exercice de la
puissance paternelle, et il est vraisemblable qu'ils n'use-
ront de ce droit qu'en faveur d'établissements qui leur pa-
raîtront présenter toutes les garanties possibles. Pourquoi
dès lors restreindre b-iir liberté d'action et entraver la
charité ! Lorsqu'il s'agira de confier l'exercice de la puis—
MBee paternelle a un particulier, la loi décide que ce
particulier devra jouir de ses droits civils, ce qui aboutit
a refuser aux étrangers le droit de recevoir ou de re-
cueillir des enfants abandonnés. Si nous nous plaçons
maintenant dans la personne de l'enfant, nous remarque-*
ions que la délégation de l'exercice de la puissance
paternelle ne peut s'appliquer qu'à des mineurs de seize
ans. Passé cet âge. on ne peut dire raisonnablement que
l'on se trouve en présence d'un enfant abandonné. Des
mndiiions spéciales sont formulées parles art. 19 et 20 de
la loi pour I hypothèse ou i! s'agit d'un enfant recueilli par
un établissement de bienfaisance ou par un particulier hors
de toute intervention des parents. En pareil cas, une dé-
claration devra être faite à peine d'une amende de 5 à
15 fr.. par le représentant de l'établissement ou par la
personne qui aura recueilli l'enfant, au maire de la com-
mune ou l enfant aura été recueilli et à l'aris au commis-
saire de policé du quartier. Ce n'est que si, dans les trois
mois à dater de cette déclaration, l'enfant n'a pas été ré-
clamé par ses père, mère ou tuteur, que la demande en VUS
de l'obtention de la puissance paternelle pourra être for-
mée devant les tribunaux. Les établissements de bienfai-
sance ou les particuliers qui ont recueilli ou il qui a été
confié un enfant, n'ayant que l'exercice do la puissance
paternelle, il est tout naturel qu'ils soient placés sous la
surveillance de coux qui en ont la jouissance. Otto sur-
veillance doit donc appartenir aux représentants de l'Etat
et de l'assistance publique, c.-à-d. a l'aris au directeur
de l'Assistance publique; dans les départements aux pré-
fets et aux inspecteurs départementaux des enfants assis-
tés (art. 22, al. 1). Comme corollaire de ce droit de sur-
veillance, les fonctionnaires que nous venons d'indiquer
sont fondés à provoquer le retrait de l'exercice de la puis-
sance paternelle conféré aux conditions énoncées plus haut.
Le même droit est accordé par la loi aux père, mère et
tuteur de l'enfant (art. 23, Si. 1).
2° Du trilntnal compétent pour prononcer la délé-
gation et de la procédure à suivre. Deux hypothèses
sont à distinguer quant à la compétence. Si les père, mère
ou tuteur interviennent, la demande doit être portée devant
le tribunal de leur domicile. Dans le cas contraire, elle est
soumise au tribunal du domicile de l'établissement ou du
particulier qui a recueilli l'enfant (art. 17 et "20). Dans
tous les cas elle est formée par voie de requête visée pour
timbre et enregistrée gratis. Le tribunal l'examine en
chambre du conseil en présence de tous les intéressés ; le
ministère public donne ses conclusions, et le jugement est
rendu en audience publique (art. 121). La même procédure
est suivie lorsqu'il s'agit de retirer l'exercice de la puis-
sance paternelle à celui qui en a été investi (art. 20). Si
la demande en retrait émane du père, mère ou tuteur, le
tribunal peut, s'il la rejette, prononcer à l'encontre de ces
personnes la déchéance de la puissance paternelle. S'il y
fait droit il ordonne la remise de l'enfant et fixe, sauf le
cas d'indigence, l'indemnité due à celui qui en a la charge
(art. 21).
Les jugements rendus en notre matière sont toujours
susceptibles d'appel de la part des intéressés, c.-à-d. par
les père et mère, tuteur, par l'établissement de bienfaisance
ou le particulier qui a recueilli l'enfant, enfin par les
fonctionnaires dont il a été question plus haut. L'appel
n'est pas suspensif (art. 23). Signalons en terminant une
loi anglaise du 2(i août 1881) (Annuaire de lég. élr.,
1890, p. 28) qui contient des dispositions analogues à
celles qui viennent d'être indiquées. Paul Xachbaur.
IV. ECONOMIE SOCIALE. - Enfants assistés (V. As-
sistance P OBLIQUE, t. IV, p. 276).
Enfants moralement abandonnés (V. Assistance
IMTil.lQLK, t. IV, p. 27(i).
Enfants trouvés. — On a toujours étalé beaucoup do
sentimentalité à propos de l'enfance, dit le Ur Thulié; elle
a été le sujet des plus pathétiques discours et des poésies
les plus attendrissantes, mais on n'a, le plus souvent, l'ait
que cela pour elle. Et, plus on remonte les âges, plus on
recule vers les civilisations primitives, (dus on voit le souci
de l'enfance manquer absolument. Dans l'antiquité histo-
rique même, nous retrouvons les preuves de la rigueur du
traitement réservé aux nouveau-nés. Platon et Aristote
demandaient le sacrifice des enfants difformes, en même
temps que la limitation du nombre de ceux qui devaient
vivre et préconisaient l'avortement pour arrêter l'essor do
la natalité. Les lois de Lycuigue, de Solon et plus tard
cilles de Homulus et de Xuma et des décemvirs autori-
saient l'infanticide. Sénèque lui-même s'efforce de démon-
trer que, lorsque la société supprime un enfant, elle n'obéit
qu'à la raison, et Plutarque excuse l'infanticide dans les
classes pauvres en disant que l'on évite ainsi île faire de leurs
enfants des hommes vulgaires et communs, mal nourris.
Le relèvement de la dignité humaine chez l'enfant se
fait jour lentement dans le droit romain. L'empereur
KM \\l
— 1040
Uexandre Sévère commence le premier i défendre I enfance,
puis Dioctétien complète ses dupontiona en niant ta père
ii' droit de vendre, de donner on d'engager les enfante,
Valons el Gralien obligèrent les pèree a élever lenn enfants.
Chez les Francs, le meurtre «l'un enfant «'tait puni d'une
amende et les Visigoths infligeaient la peine «le mort pour
toute tentative d'avortement. Les luis des barbares étaient,
sur ce point, moins sauvages que celles de Home. L'Eglise
adopta le droit romain : les entants trouvés étaient esclave».
Mais le code île Justinicn, en 534, proclama la liberté
absolue des enfants trouvés; toutefois le père, très "misé-
rable, peut encore vendre son enfant à la naissance. Mais,
dans tout l'Occident, l'enfant trouve resta esclave. Au
vic siècle, pour la première lois, on rencontre à Trêves
quelques traces d'une fondation en faveur des enfants
trouvés; puis au vu'', une autre fondation à Angers, établie
par saint Maimbœuf ; on n'a d'ailleurs sur ces tentatives
aucun renseignement précis. On a des documents certains
sur la création d'un hospice pour les enfants trouvés faite
à Milan, en 787, par l'archiprètre Ratheus. A partir du
xie siècle, les fondations de même nature se multiplient ;
en 1310, un magnifique hospice s'élève à Florence; en 1331,
un simple bourgeois en fonde un à Nuremberg, et, en 136-2,
est créé à Paris l'hospice du Saint-Esprit. En 1445, des
lettres patentes du roi Charles VII réservent ce dernier aux
seuls enfants légitimes. L'institution est dès lors déviée.
Et, d'ailleurs, la grande rareté des hospices ne réserva
jamais aux enfants trouvés assez de place pour leur assurer
une existence régulière dans la société. La plupart des
enfants exposés mouraient de faim et de froid, les autres
devenaient la proie de mendiants, qui leur brisaient les
membres et les couvraient de plaies pour exciter la pitié
publique, ou des bateleurs qui les dressaient, les disloquaient,
pour les faire servir, filles ou garçons, aux plaisirs de la
foule. C'était une effroyable hécatombe et une honteuse ex-
ploitation. A peine quelques-uns plus heureux tombaientdans
des mains vraiment charitables. Lyon est la première ville
de France où l'autorité ait porté secours aux enfants aban-
donnés, sans s'inquiéter s'ils étaient bâtards ou enfants
légitimes (dès 1526, ils étaient recueillis indistinctement
et gardés jusqu'à sept ans au Grand Hôtel-Dieu de Notre-
Dame-de-Pitié du pont du Rhône). L'hospice des Enfants-
Dieu ou des Enfants-Rouges, créé à Paris en 1336, fut
réservé aux orphelins enfants légitimes.
C'est à saint Vincent de Paul qu'il faut attribuer tout le
mérite d'avoir attiré sérieusement l'attention publique sur
le sort des enfants trouvés. En 1636, une pauvre veuve
aidée de deux domestiques seulement commença à recueillir
les enfants trouvés dans sa maison située dans la rue Saint-
Landry. La veuve ne tarda pas à mourir; les deux domes-
tiques continuèrent à recevoir les enfants. Mais les pauvres
petits êtres recueillis mouraient en foule ; la Maison de
la Couche devint pour le peuple la Maison de la Mort ;
un commerce régulier d'enfants s'y établit avec les bate-
leurs, les mendiants, les nécromanciens qui venaient s'ap-
provisionner de sujets, et aussi avec d'autres gens, les
femmes syphilitiques qui voulaient se guérir en commu-
niquant leur maladie à un nourrisson, les vieillards qui
espéraient se rajeunir dans le sang des petits enfants. Le
prix courant ne dépassait pas une livre par tête. Quand
saint Vincent de Paul alla visiter la Maison de la Mort, il
fut révolté par l'horrible spectacle qui se présenta à ses
yeux; un monceau d'enfants gisaient pêle-mêle, vivants,
agonisants et morts, sur des grabats puants. Vincent de
Paul fit connaître ces faits aux daines de charité de l'Hôtel-
Dieu, parmi lesquelles on comptait \l""'s de Marcillac. de La
Peltrie, de Lamoignon, de Chantai, de Miramon, Fouquet,
M11'' Legras, nièce du garde des sceaux de Marillac. Le
27 janv. 16i0, elles consentirent à se charger de la Mai-
son de la Couche, et Mlle Legras en assuma la direction.
Vincent de Paul ne s'en tint pas là; il continua à réunir
des ressources pour son oeuvre. Il s'adressa d'abord à la
reine Anne d'Autriche et obtint de Louis XIII par son
intercession une pension annuelle de 3,000 hue-, |.n 1646,
Louis XIV, âgé de huit ans, porta la pension a 1-2,000 livres.
C'était la première lois i|ue l'Etat s'occupait des enfants
trouvés. Il fallut lutter longtemps ettOOTC pour maintenir
l'oeuvre créée contre le découragement, le défaut <■
sources, car les enfants affinaient et le déficit arrivait
aisément. Vincent de Paul s'employa sans Nanehe et tou-
jours avec le même enthousiasme a cette double lâche : il
eut la volonté de réussir et réussit. Les tours n'exis-
taient pas alors: ils ne furent établis en France que
parle décret de 1*1 1. et Paris ne les a connus n réalité
qu'en 1827.
La Révolution se signale par une loi du 27 frimaire
an V. en cinq articles seulement, qui est fort nette et qui
pose les vrais principes en la matière : « Art. l'r. Les
enfants abandonnés, nouvellement nés. seront r<-
tuitement dans tous les hospices <i\ il> de la République.
— Art. 2. Le Trésor national fournira à la dépense de <eu\
qui seront portés dans les hospices qui n'ont pas de fonds
affectés à cet objet... » Les enfants furent admis à bureau
ouvert sur la simple présentation de leur acte de nais-
sance. Mais, malheureusement, on réagit bientôt. Par une
circulaire du 23 ventôse an IX, le ministre de l'intérieur,
Chaptal, prenant pour prétexte l'abus dans l'exécution de
la loi de l'an V, prescrit « de ne conserver à la charge de
la nation que les enfants de parents inconnus ». C'est au
décret du 19 janv. 1811, complété par la loi du 5 mai
1869, que remonte la législation qui fixe actuellement la
condition des enfants trouvés et abandonnés. Le decnt-loi
de 1811 détermine les pupilles dont l'éducation est confiée
à la charité publique : ce sont les enfants trouvés, les aban-
donnés et les orphelins pauvres. Les dépenses d'entretien
de ces enfants qui, avant la Révolution, incombaient aux
seigneurs haut-justiciers, étaient répartis entre l'Etat qui
s'engageait à fournir une subvention annuelle de 4 millions,
et les hospices dépositaires qui devaient pourvoir à la
dépense sur leurs revenus. Le nombre de ces hospices était
limité à un par arrondissement, et chacun d'eux devait
ouvrir un tour destiné à recevoir les enfants. I ne série
de lois de finances déchargea l'Etat des dépenses dites
extérieures et les mit à la charge des départements avec
le concours éventuel des communes. Ce décret de 1811,
qui instituait les tours et diminuait en même temps le
nombre des hospices dépositaires, était destiné, dans l'esprit
de ses auteurs, à diminuer le nombre des abandons d'en-
fants, car il faisait un sort rigoureux à ceux qui y étaient
livrés; les conséquences en furent tout opposées, les
abandons se multiplièrent considérablement ; en outre, on
constata une effrovable mortalité, résultant de l'entassement
des enfants dans les hôpitaux. Une nouvelle reaction se
produisit donc, et elle fut due, quelque pénible qu'en soit
l'aveu, à un besoin d'économie, plutôt qu'à un sentiment
d'humanité : « On s'inquiéta d'abord, dit M. d'Hausson-
ville, de savoir ce que la trop grande facilité des abandons
coûtait aux finances publiques, avant de se demander ce
que les abandons coûtaient aux enfants eux-mêmes. » Les
tours, condamnés par l'intérêt financier, le furent aussi au
nom de la morale sociale par Cérando et J.-H. Say. Aus-i
leur nombre décrut-il rapidement. Lors de l'enquête
générale de 1800 sur les infants assistés, on n'en comp-
tait plus que vingt-cinq ; les conclusions de cette en-
quête achevèrent de les discréditer, et ils ne purent lui
survivre.
Le service des enfants assistés constitue aujourd'hui un
service départemental ; de là une certaine diversité dans la
méthode d'assistance. La pratique avait inauguré un nou-
veau système destiné à prévenir tout à la fois l'abandon et
l'infanticide : celui des secours temporaires accordés aux
mères d'enfants naturels dont l'indigence était constatée et
qui consentaient à garder leurs enfants. Ce système a été
législativement consacré par la loi du 5 mai 180!». La
dépense est inscrite au budget départemental et ressortit à
l'administration départementale, mais l'Etat et les corn-
— 1041 —
ENI'ANT
munes doivent y contribuer ; il y est affecté, en (Mitre, le
produit des amendes de la [»li« correctionnelle, (les secours
temporaires constituent aujourd'hui le mode d'assistance
le plus habituel des enfants naturels de nos campagnes.
C.*e>t dans un rapport de M. de (iasparin au roi. en IS;!7.
que l'institution a d'abord été recommandée. « La débauche,
disait-il, peuple sans doute les hospices d'enfants trouvés,
mais la misère est aussi l'une des eauses les plus fréquentes
des abandons. Si la mare pouvait nourrir son enfant, si,
au moment de sa naissance, elle n'était pas souvent dépour-
vue du plus strict nécessaire, elle se déterminerait ditlici-
lement à l'abandonner... ; il s'agirait donc de remplacer,
nar un bon système de secours a domicile pour la mère.
secours que l'on donne aujourd'hui à l'hospice; il s'agi-
rait de payer a la mère les mois de nourrice qu'on paye
actuellement a une nourrice étrangère. » La loi de 1869 a
beaucoup diminue le nombre des abandons et a aussi gran-
dement contribue à diminuer la mortalité infantile, au
■oins a la campagne, car. dans les villes, la question est
■een discutable. D'autre part, une autre transformation
S'opérait Les entants asMstés ont cessé d'être élevés tris-
tement dans les hôpitaux ou la mortalité était très forte ;
ils ont ete placés à la campagne, dans les familles de culti-
vateurs honnêtes, ou, en même temps que leur santé s'amé-
liore, ils apprennent le métier agricole. Les nouveau-nés
n • séjournent plus que quelques jours à l'hospice; ils sont
aussitôt confiés à des femmes de la campagne. Le choix de
ces nourrices peut avoir une grande influence sur le sort
futur de l'enfant, ainsi que le fait remarquer M. Lalle-
mand. Si, d'abord, le nourrisson est considéré comme une
source de revenus, il peut arriver et, en fait, il arrive
fréquemment qu'en grandissant il soit peu à peu considéré
comme de la maison, trouve une famille absente et, en
même temps, des relations, des sympathies qui lui manquent
totalement : un foyer lui est ouvert. Si, au contraire, l'en-
fant est fréquemment changé de nourriciers une fois le
sevra-e terminé, loin de se créer une nouvelle famille, il
devient vagabond, mauvais sujet et peut rendre en mal à
la société, indépendamment du sort triste qui lui est fait
personnellement, tous les sacrifices que la société a faits
pour lui dans un but essentiellement louable. L'abandon
est relativement fréquent dans les grandes villes, à Paris
surtout ; il est rare, au contraire, à la campagne. Cette
différence tient non seulement au degré de moralité, mais
encore à ce que beaucoup de mères de la province viennent
.1 l'arw. ou l'assistance est largement organisée, accoucher
clandestinement et abandonner leur enfant. Kn effet, depuis
la suppression des tours, l'abandon des enfants ne peut se
faire qu'après des enquêtes minutieuses au cours desquelles
on risque de violer le secret des familles. A Paris, l'en-
quête se borne à un interrogatoire fait par une femme
chargée de recevoir les enlants abandonnés, qui exhorte
■souvent les déposants à s'adresser aux secours adminiitra-
tif> plutôt qu'à ce moyen extrême, mais qui ne refuse jamais
l'enfant, et qui de plus est tenue au secret, étant spéciale-
ment assermentée à cet effet.
Les enfants nés hors mariage sont les plus menacés
d'abandon ; ce sont ceux qui sont le plus souvent privés
de soutiens ; ce sont les plus exposés à la mortalité par
suite de la misère, par défaut de soins et même par infan-
tieiile. Les infanticides sont presque exclusivement commis
par les tilles-mères, et il est constant en outre que le
nombre des mort-nés illégitimes est bien supérieur à celui
des mort-nés légitimes. Les accouchements inféconds n'ont
souvent d'autre cause qu'un avortement, un infanticide
plus ou moins déguisé. Les statistiques, hélas ! trop pro-
bantes que nous pourrions citer à l'appui de ces faits ne
démontrent que trop amplement tout ce que nous avançons
ici. Hais les 'Titans illégitimes ne sont pas les seuls sur
lesquels doit se concentrer la sollicitude de l'administra-
tion ; les orphelins pauvres y ont les mêmes droits, ainsi
que tous ceux qui ont été victimes d'un abandon de la
part de leurs parents. Aus>i. cette assistance des enfants
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
délaisses est (avec celle des aliénés) la seule dont la loi
française lasse un droit et une obligation (V. Assistance,
t. IV, p. -278). De la la division logique du décret de 1811.
De là aussi ici le dualité que l'on a voulu voir entre la
morale stricte et la philanthropie à propos de ['intermi-
nable discussion relative. i l'existence des tours sur laquelle
nous devoir dire quelques mots maintenant.
« L'humanité, disait Lamartine, proclame ce principe :
que l'enfant illégitime est un bote à recevoir; la famille
humaine doit l'envelopper de son amour; car la véritable
famille ne s'arrête pas à ces degrés arbitraires de parenté
fixés a plus ou moins de dislance par la loi ; elle s'étend
aussi loin que l'humanité tout entière; si tous les hommes
sont frères par la chair et par le sang, la paternité sociale
devient un dogme aussi vrai et aussi pratique que la fra-
ternité humaine... Qu'est-ce qu'un tour? Une ingénieuse
invention de la charité chrétienne, qui a des mains pour
recevoir et qui n'a point d'yeux pour voir, point de bouche
pour révéler. Institués pour protéger un acte souvent né-
cessaire, quoique déplorable; inventés pour couvrir la honte,
la pudeur, le scandale qui se cachent, ils ont pour objet,
pour mérite, le secret... » Tous les partisans de la sup-
pression des tours, on s'en rend compte aisément, font
valoir que cette institution facilite, encourage la débauche,
aide à luir des responsabilités acceptées. Les principes sont
en face des sentiments. Conclure ne semble pas facile. Cela
esl cependant beaucoup plus aisé si l'on considère l'objet
propre de la discussion. L'enfant trouvé lui-même ne sau-
rait être mis en cause : la société n'a qu'à le recueillir,
l'adopter et l'élever, en faire un homme, un citoyen ; on
ne saurait, en aucune manière, le rendre responsable de la
situation qui lui est faite. Dans tous les cas, il n'est qu'une
résultante ; doit-on en faire une victime expiatoire ? Peut-on
venger sur lui, châtier sur son existence les erreurs, les
mauvais instincts ou la faiblesse de ses procréateurs? 11
tombe sous les sens que soutenir cette absurdité, c'est
s'écarter de toute logique. Si l'on veut relever la morale
publique, empêcher la misère d'en arriver à celle extrémité,
presque contre nature, l'abandon des enfants, c'est à d'au-
tres procédés qu'il faut avoir recours; les moyens répressifs
doivent être écartés à priori du problème ; il faut se borner
aux moyens préventifs. Dans cette voie seulement, il est pos-
sible de concilier la philanthropie et la vraie morale. Ces
principes ont été si lents à se faire jour que le traitement
même des enfants trouvés en a porté la trace jusqu'à nos
jours. Nous les avons vus complètement délaissés, traités
en parias, puis, à peine recueillis, porter ce costume
bi/.arre qui leur valut le nom d'enfants rouges, mais qui,
comme le fait observer M. Othenin d'Haussonville, « ne
leur assurait pas toujours l'affectueuse protection qu'il leur
garantit dans les pays ou cet usage est conservé, en Hol-
lande, par exemple ». Puis, sous la Révolution, ils se
virent proclamés « enfants île la patrie » et assimilés un
moment aux enfants légitimes.
Aujourd'hui, on les oriente, pour la plupart, vers les
professions agricoles, mais un assez grand nombre de ceux
recueillis a Paris sont dirigés vers les carrières militaires.
— En tant qu'il s'agit seulement des enfants recueillis
comme abandonnés ou comme orphelins pauvres, la ques-
tion que nous venons de débattre n'a jamais été soulevée ;
on a toujours veillé avec plus ou moins de sollicitude sur
leur sort (V. ci-dessous). François Bernard.
Protection des enfants du premier âge. — La
mortalité excessive des enfants en bas âge et des nourrissons
est un l'ait connu sur lequel l'unanimité des appréciations
a fini par agiter l'opinion publique, et dont le législateur, à
son tour, a eu à tenir compte. Toutes les statistiques de la
mortalité infantile montrent que, de tous les enfants, ceux
élevés par leur mère fournissent le plus grand nombre de
survivances et peuvent plus aisément arriver à l'âge adulte ;
ceux qui sont, au contraire, les plus menacés de dispa-
raître sont les entants confiés à l'industrie nourricière
et les enfants illégitimes ou les enfants assistés. Les soins
66
ENFANT
- 1045 -
étrangers ne valent évidemment pas ceux de la famille, et
l'enfanl auquel on s'intéresse le plus, celui que l'on aime
le mieux, que l'on entoure des soins 1rs plus affectueux,
c4 celui oui a le plus de chance* de survivra.
Sous l'ancien régime, l'industrie nourricière a\ait déjà
donné lieu à une réglementation extrêmement minutieuse.
Km 1781 fut même publié un code des nourrices dans
lequel, au milieu d'un grand nombre de dispositions suran-
nées, on peQt relever quelques prescriptions excelli i.
notamment l'obligation, pour les nourrices venant quérir
nn nourrisson, d'avoir un certificat du curé (c'était l'officier
de l'état civil) constatant l'âge de la nourrice et indi-
quant si elle était ou non chargée d'autres nourrissons ;
la défense d'avoir en même temps deux nourrissons, ainsi
que la visite de la nourrice et du nourrisson par le méde-
cin de police pour préserver éventuellement la première ou
le second de toute maladie contagieuse. Mais ce code tomba
en complète désuétude, et, déjà applique exceptionnellement,
il n'eut bientôt plus aucune action.
Dès 1838, le docteur licrtillou fit à l'Académie de méde-
cine de Paris une communication qui signalait la morta-
lité excessive des enfants du premier âge. Au mois d'oct.
1863, un médecin de campagne qui, depuis de longues
années, se livrait personnellement à l'étude des enfants
nourris dans son pays, M. Monot, envoyait à cette même
Académie une note terrifiante sur l'industrie des nourrices
telle qu'elle se pratiquait, depuis 1830, dans le Morvan, et
démontrait que la mortalité des enfants de un jour a un
an s'élevait à la proportion monstrueuse de 70 °/0.
A son tour, le docteur Roussel, député de la Lozère à
l'Assemblée nationale (depuis sénateur), porta la question
sur le terrain plus pratique de la législation et appela sur
elle l'attention des pouvoirs publics par une proposition
de loi sur la protection des enfants du premier âge. Nommé
rapporteur de la commission parlementaire chargée d'étu-
dier son projet, le docteur Roussel constatait, dans son
rapport désormais célèbre, que, dans certaines régions, la
mortalité des enfants en nourrice atteignait réellement la
proportion considérable de 70 à 80 °/0. Il ajoutait que dans
les conditions les plus humbles de la vie de province, en
Creuse, par exemple, la moyenne des décès des enfants en
bas âge n'était que de 13 °/0; elle descendait même à
5 °/0 dans plusieurs localités où l'allaitement maternel était
resté général. Et il concluait que, si les conditions de l'hy-
giène maternelle et nourricière étaient observées, la mor-
talité des nouveau-nés ne devrait guère dépasser 10 °/0.
— De ces terribles constatations est née la loi du 23 déc.
1874, à laquelle a été donné le nom de loi Roussel. Grâce
à cette initiative, qui constitue pour son promoteur un vrai
titre à la reconnaissance de ses concitoyens, l'intérêt de la
société bien compris est aujourd'hui protégé. Le législa-
teur ne pouvait que réglementer, surveiller l'industrie des
nourrices ; il ne pouvait imposer, par exemple, aux mères
l'obligation d'allaiter leurs enfants elles-mêmes, mais il
pouvait s'assurer par des prescriptions que les enfants rece-
vraient pendant leur première enfance les soins de bonne
alimentation et d'hygiène qui leur sont nécessaires. Ce but
est en voie d'être atteint aujourd'hui.
La mortalité infantile subit, en effet, une décroissance
marquée depuis les quelques années que l'on a pu suivre
et relever les effets de la loi Roussel. La proportion des
décès de 0 à 1 pour 100 naissances donne une moyenne
de 18, 14 pour la période de 18(58 à 1872 ; 16,62 pour
celle de 1873 à 1 877 ; 16,73 pour celle de 1878 à 1882 :
10,50 pour 1883.
La loi de 1874 a donc pour conséquence d'arrêter un
mouvement inquiétant de dépopulation et de conserver au
pays des existences précieuses. Elle n'est pas seulement
une loi humanitaire ; elle est au premier chef une loi
d'intérêt patriotique et social, et, à ce titre, elle justifie sou
utilité, 1rs sacrifices qu'elle réclame, les dévouements aux-
quels (die fait appel et commande à tous la stricte obser-
vation de ses prescriptions. Son exécution n'est encore
1883..
1.Î78.460 h.
1884..
1.394.199 -
1885..
. 1.464.044 —
1886..
1.532.581 —
1887..
. 1.613.236 —
assurée que très incomplètement malheureusement ; l'orga-
nisation qu'elle né ■ t pas encore achevée, maK
on s'achemine de plus en plus rapidement vers son plein
fonctionnement; l'élévation progressive des créditi
annuellement dans ce but par les eoBseQs généraux oui
ont la ebarge de la moitié des dépenses eu témoigne. Ces
crédits onl suivi la progression suivante :
187 H 3 «.346 fr.
1879 718.808 —
1880 764.055 —
1881. .. . 831.370 —
1882 971.071 —
La population des enfants au-dessous de deux ans.
moyennant salaire hors du domicile de leurs parents, qu'il
faut protéger, est beaucoup jdus nombreuse qu'on ne l'avait
d'abord supposé sur la foi de recensements imparfaits;
elle ne parait pas être inférieure au chiffre de deux cent
mille enfants, soit le double du maximum présumé lors du
vote de la loi.
La protection des enfants du premier âge n'est pas
assurée seulement par la loi Roussel ; l'initiative privée
avait précédé sa promulgation, et elle lui a survécu avec
une action parallèle. Il existe, en effet, des sociétés pro-
lectrices de l'enfance, dont le but est d'organiser pour les
nourrissons placés hors de leur famille une surveillance
médicale sérieuse et de propager l'allaitement maternel.
Les médecins, qui leur prêtent un concours gratuit, visi-
tent régulièrement les enfants et adressent chaque mois un
bulletin de visite détaillé qui constate l'état général des
enfants et la manière dont ils sont soignés.
L'économie de la loi Roussel est la suivante : « Tout
enfant âgé de moins de deux ans, dit l'art. 1er, .qui est
placé moyennant salaire en nourrice, en sevrage ou en
garde hors du domicile de ses parents, devient, par ce fait,
l'objet d'une surveillance de l'autorité publique, ayant pour
but de protéger sa vie et sa santé. » Cette surveillance
s'étend sur les bureaux de placement et tous les inter-
médiaires qui s'emploient au placement des enfants en
nourrice, en sevrage ou en garde, et surtout sur toutes les
personnes ayant chez elles un nourrisson, un ou plusieurs
enfants en sevrage ou en garde, dont elles ont la charge
moyennant salaire. C'est aux personnes qui placent un
enfant, aux nourrices ou gardeuses qui le reçoivent chez
elles qu'incombe l'obligation de faire au maire, dans les
trois jours, la déclaration de placement. Les nourrices
doivent être pourvues d'un certificat délivré par le maire et
d'un certificat médical. Le certificat du maire constate que
l'enfant de la nourrice a atteint sept mois, s'il est encore
vivant ou qu'il est allaité par une autre femme et il men-
tionne l'état de l'habitation. Le certificat médical atteste que
la nourrice est en bonne santé et qu'elle remplit les condi-
tions nécessaires pour élever un nourrisson. La surveillance
est également administrative et médicale.
Les secrétaires de mairie sont chargés de la tenue des
registres et de l'envoi des notifications du médecin inspec-
teur qui permettent de suivre l'enfant dans tous ses dépla-
cements successifs, et les juges de paix doivent vérifier
aux mairies mêmes les registres destinés à rerevoir les
déclarations des nourrices et des parents ; ils signalent la
mauvaise tenue, les erreurs, les irrégularités qu'ils relèvent.
L'établissement d'une inspection médicale des enfants
en nourrice, en sevrage ou en garde, constitue une inno-
vation capitale, mais la loi n'en fait pas une obligation for-
melle; aussi est-elle encore quelquefois négligée. Les visites
médicales sont des plus nécessaires au début d'un place-
ment, la période la plus critique pour l'enfant, celle ou la
mortalité e>t la plus grande étant celle des première mois.
I>e> commissions locales embrassant la commune con-
courent à l'application des mesures de protection ; elles
peuvent, lorsqu'elles jugent que la vie ou la santé d'un en-
fant est compromise, retirer l'enfant à la nourrice et le
placer provisoirement chez une autre personne ; elles
- 1043
ENFANT
.lient au préfet, dans leur rapport annuel, las nourrices
qui méritent une mention spéoawe peur les lions soins
qu'elles donnent tu enfants mu leur Bont confies! Q existe
en outre un comité départemental et un inspecteur depar-
teuiental qui surveillent les intérêts généraux et dépouillent
les rapports qui leur >oiit envoyés par les commissions
Uvales. Ll au sommet île Imite eette organisation se trouve
un comité supérieur siégeant à Paris, au ministère de l'in-
térieur, qui centralise et contrôle tous les renseignements
liit's à l'exécution île la loi île IS7 ',. donne son avis, et
dont le rapport annuel doit ètiv puhlié conlonnemenl à
l'art, t. Ajoutons que des pénalités diverses sont édictées
iHUir assurer la régulière exécution de la loi. 11 est a re-
ster malheureusement que eette loi du 93 dee. ISTi
n ail pas un caractère plus nettement impératif, qu'elle
smt incomplète encore sur hien des points, et surtout que
les tribunaux hésitent presque toujours à l'appliquer dans
toute sa rigueur lorsqu'ils ont à relever des infractions.
Celles-ci sont d'ailleurs d'autant plus fréquentes que la
sanction est moins rigoureuse.
I.a loi de protection infantile appelle des compléments
nécessaires. Il n'est pas douteux que les privations prolon-
- de travail pendant la grossesse de la mère
exercent une influence désastreuse sur la conformation et la
saute de l'entant, et sont une des causes principales de la
mortalité de la première enfance. I.e nombre des mort-nés
et celui des décès dans le premier mois après la nais-
sance s'élève ,i un neuvième à peu près des enfants con-
çus. On pourrait chercher à atténuer ce mal, à protéger la
vie de l'enfant en assistant et en protégeant plus efficace-
ment la mère pendant sa grossesse. En Allemagne, en Au-
triche, en Suisse, la loi qui règle le travail réglemente
aussi le travail des femmes enceintes, leur interdit certaines
industries et réserre un espace de temps, qui varie de six à
huit semaines, pendant lequel avant ou après l'accouche-
ment elles ne peuvent travailler dans les usines. Naturelle-
ment, il faut, corrélativement a ces prescriptions, organiser
des caisses de secours et de prévoyance. La création d'asiles
de convalescence dans les villes, celle d'asiles maternels
peuvent élargir considérablement les bienfaits de la loi.
ho nombreuses fondations privées existent à cette inten-
tion, et des sociétés se sont organisées sur tous les points
du territoire rivalisant de zèle pour assurer le même but
philanthropique.
La première institution que l'on rencontre est celle des
todétét de cliarité maternelle qui ont pour mission de
irir les mères pauvres au moment de leurs couches et
de soustraire ainsi au dénuement et à l'abandon l'être qui
vient au monde. La plus ancienne de ces sociétés est
celle de Paris, dont la fondation remonte à 1783. Il en
existe plus de 80 dans toute la France, réparties dans
50 départements, et les résultats qu'elles obtiennent sont
dignes de tout éloge. Leur budget, entretenu par la charité
privée et par des subventions de l'Ltat, des départements
et des communes, leur a permis de secourir plus de 80,000
femmes en cinq ans.
- l'accouchement, il faut s'occuper de l'entretien du
nouveau-né; les crèches pourvoient à cet objet; elles sont
destinées a recevoir les enfants de quinze jours à trois ans
pendant que la mère travaille hors de son domicile. Les
crèches sont une institution essentiellement française. La
première, modèle de toutes celles qui se sont fondées
depuis dans tous les pays civilisés, a été organisée à Paris,
le I î nov. 1844, par M. Firmin Marbeau. Le nombre des
crèches ne répond pas encore aux besoins manifestes de la
classe ouvrière. Il n'en existait, en IKXfj. que n?> dans la
Seine et 1 3(5 dans le-, départements. La crèche est le plus
souvent une institution privée, quoique alimentée presque
toujours par la charité publique. La salle d'asile appelée
aujourd'hui école maternelle >-t qui prend l'enfant après
h crèche, est, I l'inverse, une institution publique dans la
plupart des cas. Les crèches et les écoles maternelles
s'adressent évidemment à tous les enfants, qu'ils soient
nourris par leur mère ou confiés à des mains mercenaires,
mais surtout aux premiers.
Les sociétés protectrices de l'enfance ont organisé pour
les nourrissons placés hors de la famille une surveillance
médicale sérieuse, niais elles s'efforcent le plus possible
de propager l'allaitement maternel. Elles sont au nombre
de II et ont leur siège à Paris, Le Havre, liouen, Mar-
seille, Tours, Pantoise, Lyon, Reims, Lssonnes, Bordeaux
et Alger.
Terminons cet expose par le résumé suivant du dernier
rapport concernant la protection de la première enfance
dans le dép. de la Seine. Les femmes qui se livrent
a l'élevage des enfants sont nourrices sur lieu ou nour-
rices à emporter. Les premières sont celles qui restent
à Paris ; pour 1 ,000 d'entre elles, il y en a 222 originaires
de la Seine, fréquemment venues seulement à Paris pour
cacher une faute et obtenir les secours de l'Assistance
publique; puis viennent, par ordre d'importance, les nour-
rices originaires de la Nièvre (152,50), de Saone-ct-
Loire (78;60), du Nord (68,20), du Pas-de-Calais (63),
du Cher (80,40), du Loiret (30, 80), dé l'Allier etdelTndre.
Le relevé des bureaux de placement nous donne pour
une année, l'année 1883, un total de 3,239 de ces nour-
rices dites sur lieu. En huit ans, il y a eu 81,756 nour-
rices venues à Paris pour se procurer un nourrisson;
86,393 étaient mariées, 24, 100 célibataires, 1,263 veuves.
A côté de ces nourrices au sein, il y a les nourrices à em-
porter au biberon ; sur 31 ,507 nourrices au biberon,
27,083 étaient mariées, 2,224 célibataires, 2,200 veuves.
Ce sont, parait-il, les mêmes femmes qui, célibataires,
mariées, veuves, se livrent à l'élevage au biberon ; cette
industrie spéciale a pour siège principalement le Loiret,
Eure-et-Loir, la Sarthe, Loir-et-Cher, Seine-et-Oise, le
Cher, l'Orne, Seine-et-Marne, le Pas-de-Calais, l'Yonne,
l'Aisne, la Mayenne : ces départements sont rangés par ordre
d'importance.
Les statistiques, dans leur sécheresse, font de curieuses
révélations : elles nous montrent, par exemple, les enfants
légitimes mis en nourrice dans une zone rapprochée de
leurs parents : Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Marne, Loi-
ret ; les enfants illégitimes envoyés au loin, dans le Cher,
dans le Nord, le Pas-de-Calais, la Mayenne. Ce qu'elles
apprennent de plus lamentable, c'est ce qui touche à la
mortalité: sur 13,830 enfants de Paris placés en nourrice
en province, 27,52 °0 sont morts avant d'avoir atteint
l'âge d'un an, et à cet âge d'un an il n'en reste que
10,164. Etant donnés 14,094 enfants sans distinction
d'état civil, de sexe et de mode d'élevage, la mortalité a
été, pour les deux premières années de vie, de 28,07 °/0,
c.-à-d. que sur les 14,097 enfants, 3,971 sont morts
avant d'avoir atteint l'âge de deux ans et qu'à cet âge il
n'en restait que 10,126. François Bernard.
Travail des enfants. — Dans les relations entre ou-
vriers et patrons, l'Etat a parfois à intervenir pour sauve-
garder un principe supérieur à l'intérêt individuel, ou bien
pour imposer sa protection quand il est reconnu que son
intervention ne serait suppléée par aucune autre. L'inter-
vention de l'autorité publique est autant un devoir qu'un
droit qu'elle tient de la société elle-même, dont elle a la
délégation. L'Etat est ainsi le protecteur des faibles, et il
est bien prouvé qu'ils ne sont efficacement protégés que
par lui. L'enfant surtout est plus exposé que tout autre à
être la victime d'abus : il peut n'avoir plus de protecteurs
naturels; ses parents mêmes peuvent d'ailleurs trop sou-
vent être portés à le faire travailler prématurément au delà
de ses forces en vue du gain qu'ils en retirent. L'usine
ou l'atelier peuvent supprimer l'école avant que l'enfant
ait acquis un minimum d'instruction suffisant pour qu'il
puisse se conduire dans la vie; enfin, certaines industries
peuvent être trop insalubres, certains travaux trop fati-
gants pour que sa santé et son développement physique
ultérieur en soient affectés irrémédiablement. L'autorité
paternelle est limitée par les lois; on a par analogie étendu
ENFANT
— 1044 —
;hi contra) de prestation do travail des enfanta, eonaaoti
par leurs parents, k droit d'intervention de l'Etat. En réa-
lité, lorsqu'ils disposent da travail de leurs enfants, les
parents disposent «lu travail d'autrui, et les entants sont
inaptes à juger eux-mêmes sainement de leurs intérêts. La
tutelle gouvernementale se justifie ainsi pleinement, sans
qu'il soit nécessaire d'invoquer pour ou contre cette inter-
vention aucun des grands principes économiques.
L'intérêt personnel de reniant est donc que ses forces
soient ménagées dans sa jeunesse, pour assurer son plein
développement physique et l'expansion de ses facultés
intellectuelles. L'intérêt social, absolument conforme à celui
de l'individu, ne saurait non plus être trop attentif à assu-
rera la nation des hommes forts, vigoureux, sains de corps
et d'esprit et non usés prématurément ou incomplètement
développés, en vue de la conservation de la race, de l'hy-
giène publique et de la défense nationale. De là des mesures
de protection pour réglementer le travail des enfants; de
là aussi des mesures de protection plus restreintes en
faveur des femmes, car protéger la femme, c'est encore
protéger l'enfant (V. Foras). En France, avant 4789, des
ordonnances royales intervenaient fréquemment pour pré-
ciser ou modifier les conditions du travail pour chaque cor-
poration de métier, déterminant les droits et les devoirs
des apprentis, des compagnons et des maîtres. Les corpo-
rations, on le sait, furent supprimées à la Révolution au
nom de la liberté du travail ; mais bientôt le développe-
ment des travaux publics et de l'industrie appela de nou-
veau l'attention du législateur sur la protection du travail.
Ces mesures de protection s'expliquent d'autant plus
légitimement aujourd'hui que le développement de l'indus-
trialisme dans notre siècle les a rendues plus nécessaires.
C'est sous l'influence dominante de cette transformation
économique que les diverses législations ont été amenées
à faire une place de plus en plus grande à la réglementa-
tion du travail. L'outillage industriel a adopté des machines
d'une puissance considérable, quelquefois dangereuses;
souvent ces machines ont simplifié le travail de l'homme à
tel point (pie l'apprentissage est devenu inutile dans beau-
coup d'emplois et que l'on a avantage à substituer des
enfants faiblement rémunérés à des ouvriers arrivés à la
pleine maturité, qui auraient le droit de prétendre à un
salaire plein. Il y a en fait beaucoup plus de place à l'heure
actuelle pour les enfants et les filles mineures dans les ate-
liers et les manufactures qu'il n'y en avait au commence-
ment de ce siècle, et l'obligation de la concurrence, l'esprit
de calcul, de lucre des patrons, poussent sans cesse ceux-ci,
quoi qu'ils en aient, à rechercher, le plus souvent possible,
la main-d'œuvre la moins chère, celle des enfants. Partout
où il ne faut déployer que peu de force, l'enfant présente
cet avantage de pouvoir remplacer un homme dont la force
serait en partie inutilisée. Mais, s'il y a abus, l'enfant sur-
mené peut devenir à l'âge adulte une non-valeur qui retom-
bera à la charge de la société ou qui, en tous cas, aura
perdu une partie de sa puissance productrice, et se sera
fait une situation sociale inférieure à celle à laquelle il
aurait eu le droit de prétendre. Tous les pays industriels
ont reconnu ces vérités et les ont sanctionnées dans leur
législation.
L'Angleterre a ouvert la voie par une série de factory acts
s'appliquant chacun à une ou plusieurs industries spéciales.
Dès la fin du xvnic siècle les dangers résultant de l'emploi
d'enfants trop jeunes dans les manufactures avaient été
signalés par les docteurs Aithin et Perceval. Quelques
années plus tard, un industriel, sir Robert Peel, le père du
célèbre ministre, après avoir constaté dans ses propres
manufactures des faits de nature à attirer l'attention des
pouvoirs publics, faisait adopter, en 1802, un hill destiné
« à préserver la société et la moralité des enfants et autres
employés dans les fabriques de coton et de laine >. Cebill,
qui limitait;! douze heures la journée du travail des enfants
et leur interdisait le travail de nuit, resta inappliqué. De
nouvelles lois furent votées en [845, eu LSI 9, en 1825
et en 1833; cette dernière [dus < omplète inspira on France
notre loi fondamentale du £3 mars 1844. l-a Pi
déjà, en 4830, dans une ordonnance ravale, reproduit les
principales dispositions de la loi anglaise de 1833. « l-a
première disposition législative protectrice du travail des
(•niants, dit le docteur Napias, fut prias en Prusse sur les
instances d'un officier de recrutement, nommé de llorn,
qui avait signale le faible contingent fourni par les fistBCtS
manufacturière où de nombreux enfants (maillaient aux
fabriques. »
l.n France, dès 48"27, la société industrielle de Mul-
house, sur la proposition de l'un des principaux tilateurs
alsaciens, appela l'attention des pouvoirs publics sur la
même question, et c'est par l'agitation qui s'ensuivit que
l'on aboutit à la loi de IK44. Comme la loi de 4841 n'avait
trait qu'ans grandes industries, on étendit dans la loi du
22 livr. 1854, relative au contrat d'apprentissage, la sur-
veillance du gouvernement aux établissements de la petite
industrie. Mais cette surveillance, peu ou point organisée
par suite de l'insuffisance de l'inspection, amena au vole
de la loi du 49 mai 1874. Aujourd'hui une législation assez
complète sur la matière existe dans les pays suivants:
Angleterre : loi du "27 mai 1878 {Factory and Worksliop
.le/); Allemagne: loi du 1er juil. 1883; Autriche: loi du
8 mars 4885; Danemark : loi du 23 mai 1873 ; Belgique :
loi du 13 déc. 4889; Espagne : loi du 24 juil. 1*7:1: Italie :
loi du 41 fevr. 1886; Pays-Bas : loi du 5 mai 1880;
Suède : loi du 4X nov. 188' ; Suisse : loi fédérale du
23 mars 4877. Tout récemment, au cours de l'année
4890, une conférence internationale, réunie à Berlin sur
l'initiative de l'empereur Guillaume II, pour l'étude des
améliorations à apporter au régime du travail, et à laquelle
ont participé la plupart des pays manufacturiers de l'Eu-
rope, s'est occupée de cette grave question du travail des
enfants.
Les résolutions adoptées par la commission spéciale ont
été les suivantes : « Il est désirable que les enfants des
deux sexes n'ayant pas atteint un certain âge ne puissent
travailler dans les établissements industriels; que la limite
d'âge soit fixée à douze ans, sauf pour les pays méridio-
naux où la limite serait de dix ans; que les Limites d'âge
soient les mêmes pour tout établissement industriel: que
les enfants aient préalablement satisfait aux prescriptions
de l'enseignement primaire; que les enfants au-dessous de
quatorze ans ne travaillent ni la nuit ni le dimanche; que
leur travail ne dépasse pas dix heures par jour et soit
interrompu par un repos d'une demi-heure au moins; que
ces enfants ne puissent travailler à des occupations insa-
lubres ou dangereuses, sauf avec certaines garanties pro-
lectrices. Il est désirable que les jeunes ouvriers des deux
sexes de quatorze à seize ans ne travaillent ni la nuit ni
le dimanche ; que leur travail effectif ne dépasse pas dix
heures par jour et soit interrompu par des repos d'une
heure et demie: que des exceptions soient admises pour
certaines industries; que des restrictions soient prévues
pour les occupations insalubres ou dangereuses: qu'une
protection soit assurée aux jeunes garçons de seize à dix-
huit ans pour la durée niaxima du travail, le travail de
nuit, le travail du dimanche et les occupations insalubres ou
dangereuses. »
Cette conférence n'a pu avoir qu'un rôle purement con-
sultatif: elle a néanmoins posé des bases que toutes les
législations particulières viseront plus ou moins rapidement
a adopter, et surtout, elle a. pour la première fois, laissé
pressentir pour l'avenir que des accords internationaux en
ce qui concerne la réglementation du travail ne sont pas
impossibles. Dans notre pays, les vœux que nous reprodui-
sons sont pour la plupart déjà consacrés par la loi, et sur
bien des points ils sont dépassés. La loi anglaise de 1878,
qui codifie la matière, est une des plus minutieusement régle-
mentaires de l'Europe : l'entrée des ateliers et des manu-
l.icliiies est interdite aux enfants au-dessous de dix ans;
de dix à quatorze ans. le travail est permis, niais avec un
- 1048 -
ENFANT
maximum de cinq heures ptr jour ou dix heures tous les
ili'u\ jouis; de quatorze a ilivlmit ans. la journée des ado-
lateents m peut dépasser dix heures de travail effectif; le
travail de nuit et le travail du dimanche sont interdits, les
pttrOOS doivent veiller a M que les enfants suivent l'école;
ils sont (aras m oooséqueme a retirer et à produire des
certificats d'assiduité. La majorité industrielle est acquise à
dix-bail ans. Cette loi est en voie de révision, l'âge mini-
mum pour l'admission dans les ateliers est élevé par le
nouveau projet a onze ans ; il est déjà de douze ans dans
les mines. L'âge minimum n'es) d'ailleurs pas la même par-
tout. Nous reproduisons ci-dessous, d'après un rapport parle-
mentaire rédLé sur ce sii|el par M. Tolain au nom de la
commission dû Sénat chargé de préparer la refonte de la loi
de IS7'., le tableau suivant qui présente le plus grand inté-
rêt, et qui résume les législations étrangères à ce point de vue.
t d'admission des enfants rf des adolescents et durée t
/(• la journée de travail.
PAYS
Ai.l'
HEURES
de travail
AGE
HEURES
de travail
13 a 14
18 a il
12 a tt
12 a 16
Ki a 16
tu a 13
10 à 14
10 à 13
9 à 12
12 t 16
12 a 16
10 et 12 à 14 et 15
12 à U
14 a 16
•e et religieux.
6
S
10
12
G 1 2
5
5
5
8
Durée fixée par le
Gouvernement
il
6
G
11*
14 a 16
14 à IG
Il à IG
16 a 18
13 à 15
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14 à 18
»
»
14 à 18
»
10
11
12
12
8
8
10 ou 101/2
»
»
»
10
»
tilles
mpris l'enseignement scolai
Laa pénalités sont le plus souvent des amendes. Les
Pays- Has, l'Allemagne et la Suisse admettent cependant
l'emprisonnement de courte durée. Ce sont généralement
les patrons seuls qui sont déclarés responsables, mais la
loi danoise et la loi anglaise atteignent aussi les parents.
En France, la loi de 1874 complétée par des règlements
d'administration publique, ceux notamment décrétés sous
les dates du 27 mars 1875 et du l6r mars 1877, établit
Jementation assez complexe dont les différentes sti-
pulations visent en même temps à assurer la protection de
l'enfant et a lui laisser les moyens de gagner sa vie tontes
bs luis que m suite ne doit pas en souffrir. Les entants
ne peuvent être occupés par des patrons avant l'âge de
douze ans ; exceptionnellement cette limite est abaissée à
dix ans pour certains emplois spécialement dénommés, qui
sont faciles et qui ne présentent aucun danger, tels que le
devidage des cocons, le moulinage de la soie, la filature du
lin et du coton, la papeterie, les tulles et dentelles. Ils ne
peuvent non plus, avant l'âge de seize ans, être employés
dans les industries comprenant un outillage mécanique qui
présenter quelque danger (décret du 13 mai 1873).
Une police spéciale pour l'exécution de cette loi a été orga-
Dee commissions locales nommées par le préfet fonc-
tionnent dans chaque département, lesquelles doivent com-
prendre cinq ou sept membres et parmi ceux-ci un ingé-
nieur civil ou un ingénieur des mines dans les régions
minières et un inspecteur de l'instruction primaire. Une
commission supérieure composée de neuf membres est insti-
tuée a Paris pour assurer la parfaite exécution de la loi,
surveiller le personnel et donner son avis chaque fois qu'il
y a utilité. Toutes ces fonctions de commissaires sont gra-
tuites. Les commissions visitent les ateliers et établisse-
ments industriels; mais cette mission est plus particuliè-
rement dévolue à un corps d'inspecteurs spéciaux créé par
la loi de 1*74. Le territoire français est divisé pour cet
objet en vingt et une circonscriptions, chacune dirigée par
un inspecteur divisionnaire. Les conseils généraux dans les
déparlements nomment fréquemment de leur coté des ins-
peeteare départementaux en nombre plus ou moins grand.
•nmisMon supérieure du travail des enfants et des
tille., mineures employés dans l'industrie siège à Paris au-
pre, du ministre du commerce et de l'industrie. Elle doit
chaque année rendre compte dans un rapport spécial du
fonctionnement de l'inspection et donner son avis, tant sur
la situation matérielle des usines et ateliers et du régime du
travail, que sur l'exécution des prescriptions relativesà l'ins-
truction des enfants. La loi de 1874 se refait à l'heure même
où nous écrivons (1892). Le projet nouveau qui parait devoir
être consacré comporte quelques innovations importantes.
1° A l'exception des établissements classés comme dange-
reux, insalubres ou incommodes, les travaux effectués dans
les ateliers oit ne sont employés que les membres de la
famille sous l'autorité soit du père ou de la mère, soit du
tuteur, sont exemptés des obligations de la loi. Néanmoins,
si le travail s'y fait à l'aide de chaudière à vapeur ou de
moteur mécanique, l'inspecteur aura le droit de prescrire
des mesures pour assurer la sécurité des personnes proté-
gées. 2° Les enfants ne peuvent être employés par les
patrons avant l'âge de treize ans révolus. Toutefois, ceux
pourvus du certificat d'études primaires institué parla loi de
4882 peuvent être employésà partir de l'âge de douze ans.
Les exceptions à cette limite d'âge, prévues par la loi de
1874, disparaissent pour l'avenir. Aucun enfant de moins
de treize ans ne peut être admis dans l'industrie s'il n'est muni
d'un certificat d'aptitude physique délivré à titre gratuit par
l'un des médecins chargés de la surveillance du premier âge
ou l'un des médecins inspecteurs des écoles. 8° Les enfants
âgés de moins de dix-huit ans, les filles mineures de vingt et
un ans et les femmes ne peuvent être employés à aucun tra-
vail de nuit dans les établissements énumérés à l'art. 1er.
Tout travail entre neuf heures du soir et cinq heures du ma-
tin est considéré comme travail de nuit, sauf exceptions tem-
poraires jusqu'à onze heures du soir pendant soixante jours
au plus et pour certaines industries. 5" Les inspecteurs du
travail prêtent serment de ne point révéler les secrets de fa-
brication et en général les procédés d'exploitation dont ils
pourraient prendre connaissance dans l'exercice de leurs
fonctions. Toute violation de ce serment est punie conformé-
ment à l'art. ;i78 du C. pén. 5* Les commissions locales
instituées par la loi de 1874 et nommées par les préfets sont
supprimées ; elles sont remplacées par des commissions nom-
mées par les conseils généraux. François Bernard.
V. LITURGIE. —'Enfants de choeur. — Enfants
attachés au service d'une église pour les cérémonies ou pour
le chant. Ils doivent précéder aux offrandes, aspersions,
distribution de pain bénit, etc., tous les laïques, quels qu'ils
ENI'ANT
- 1046 —
soient . comme faisant partie «In clergé ( Mémoire» du cL rgé,
t. V, p. l ît î ; i. VI, p. 242). Cette préséance résulte d'une
générale, en conséquence de laquelle les laïques,
quels qu'As soient, portanl le surplis el aidant le service
divin, fctfl alors partie du cierge et précèdent tous les
antres laïques(tWa., t. XII, pp. 212 etsuiv.). — Aujour-
d'hui, le costume le plus ordinaire des enfanta de chœur
se compose d'une soutanelle rouge, d'un amict, d'une
aube, d'une ceinture ronge on bleue, d'une calotte rouge, el
m hiver d'un camail. — Les enfants de chœur sont compris
parmi les serviteurs de L'église; leur rétribution est à la
charge de la fabrique, qui est aussi obligée de fournir tout
ce qui constitue leur costume et d'en faire les frais de blan-
chissage. — Ils sont sous les ordres immédiats du cure ; le
droit de les choisir lui est réservé. E.-H. Vollet.
VI. ADMINISTRATION MILITAIRE. — Enfants de
troupe. — On appelle « enfants de troupe » tous les en-
fants au-dessous de dix-huit ans qui figurent sur les con-
trôles de l'armée de terre.
Histoire. — Le premier document officiel concernant
les enfants de troupe est l'ordonnance du 1er mai 1766.
Elle fixait leur âge d'admission de dix à seize ans, en auto-
risait un par compagnie et lui allouait la solde de soldat.
Lorsqu'il avait atteint sa seizième année, le jeune pupille
était admis, s'il le voulait, à contracter un engagement de
huit ans. L'institution était créée par cette ordonnance ;
mais, conséquence de la formation des armées perma-
nentes, elle avait surgi spontanément. Depuis de longues
années, les régiments avaient adopté les fils de leurs
soldats ou de leurs sous-officiers morts à l'ennemi, et
c'est parmi eux que se recrutaient les fifres et les tam-
bours. En 1779, le comte de Saint-Germain voulut, à
l'instar de ce qui se passait au dépôt des gardes françaises,
faire élever les enfants nés dans les corps aux frais de
l'Etat ; il échoua dans ses projets, et l'ordonnance du
1 0 août 1780, qui créa les écoles des enfants de V armée,
n'eut pas non plus de conséquences pratiques.
Les enfants de troupe furent supprimés le 1er janv.
1791, puis rétablis le 7 thermidor an VIII, à peu [très
dans les mêmes conditions qu'avant la suppression. Sauf
des détails, rien ne fut changé sous l'Empire et la Restau-
ration. Napoléon incorpora un grand nombre de ces enfants
dans les pupilles de la garde, dont la légion atteignit jus-
qu'à l'effectif de 8,000 rationnaires. L'ordonnance du
14 avr. 1832 vint exiger le service obligatoire, sous peine
de radiation, mais elle admit les enfants d'officiers, qui,
jusque-là, n'avaient pas joui de cette faveur. Elle resta
en vigueur, avec quelques modifications, jusqu'au décret
du 22 mai 4858, qui réglementa sur de nouvelles bases
les conditions d'âge, de nombre et d'admission, mais ne
changea rien aux conditions morales de l'institution.
Les inspecteurs généraux s'étaient émus de la promis-
cuité dans laquelle les enfants vivaient à la caserne et,
dès 1868, le maréchal Niel s'était préoccupé d'une réforme
radicale. L'étude de cette question fut confiée, par ordre
du ministre, en 1873, à une commission présidée par le
général Lebrun, et le général C.hareton, rapporteur du pro-
jet de loi sur les cadres de l'armée, proposa de créer une
école d'enfants de troupe à l'instar de celles qui fonction-
naient en Russie, en Allemagne, en Angleterre et d'en-
lever les enfants aux régiments. L'art. 28 de la loi du
13 mars 1875 créa le principe des écoles d'enfants de
troupe; la loi du 19 juil. 1884 l'a consacré. Une école
d'essai fut fondée à Rambouillet par décret du 24 avr.
187o, et c'est sur les résultais obtenus que l'on a calqué
l'organisation définitive.
Admission des enfants de troupe. — Aux termes de la
loi du 19 juil. 1884 et du décret du 12 avr. 1888 sont
admis à concourir aux places d'enfants de troupe: 1° les
lils des soldats, caporaux ou brigadiers, sous-olliciers, offi-
ciers jusqu'au grade de capitaine inclusivement ou assi-
milés et les (ils d'officiers supérieurs décédés : -" les lils
de militaires retirés du service, étant 00 ayant été en pos-
session d'une pension de retraite, d'une pension de réforme
pour infirmité! M blessures oïl ayant contracté un !
rament de cinq ans an moins ; 3° les (ils des militaire, de
la réserve de l'armée active, de l'armée territoriale ou de
la réserve tues i l'ennemi ou morts de leurs bless
Les entants doivent avoir deux ans au moins et treize
ans au plus au 1er août pour être proposés pour enfants de
troupe. Les demandes d'admission formées par les parents
ou tuteurs sont adressées : au président du conseil d'admi-
nistration pour les fils de militaires appartenant à un eorat
de troupe; au général commandant le corps d'année par l'in-
termédiaire du chef de service pour les fils de militaires n'ap-
partenant pas à un corps ; au même officier général pour les
militaires des troupes de terre ou de mer retirés du serties!
et résidant dans la région, par l'intermédiaire de l'autorité
militaire locale ou de la gendarmerie. Ces demandes doivent
être accompagnées de six pièces énumérées dans (instruction
du 12 juil. 1888 : engagement de reversement au Trésor
de la moitié des indemnités perçues si l'enfant renonce à
entrer, à l'âge de quatorze ans, dans une école militaire
préparatoire ; certificat du maire ou du conseil d'adminis-
tration constatant la moralité, les moyens d'existence et
les charges des parents; acte de naissance de l'enfant;
état des services du père ; acte de mariage des parents ;
certificat de vaccine.
Les généraux commandants les corps d'armée font ins-
truire Tes demandes par les conseils d'administration des
corps placés sur leur territoire ; celles qui sont transmises
après le 1er juil. sont ajournées à l'année suivante. Une com-
mission , nommée par le général commandant lecorps d'armée,
présidée par un lieutenant-colonel d'infanterie et composée
de quatre autres membres du grade de commandant ou
assimilés, se réunit vers le 15 juil. Elle examine et classe
les demandes et transmet son classement au ministre avant
le 1er sept. Le ministre nomme aux places d'enfants de
troupe et notifie aux commandants de corps d'armée les
corps où les enfants doivent être immatriculés. I^s enfants
de troupe sont laissés à leurs parents qui reçoivent an-
nuellement : 100 fr. pour les enfants de deux à cinq ans ;
150 fr. pour les enfants de cinq à huit ans et 180 fr. pour
les enfants de huit à treize ans. Us ne paraissent plus au
régiment. A treize ans révolus, ils doivent entrer dans une
école militaire préparatoire ou à l'orphelinat Hériot (V.
Ecoles militaires préparatoires).
A l'âge minimum fixé par la loi de recrutement (dix-
huit ans), ils doivent, s'ils sont reconnus aptes au service
militaire, contracter un engagement volontaire sous peine
de voir, en cas de refus, le ministre exercer sur le traite-
ment des parents ou les ressources personnelles de l'enfant
une répétition égale à la moitié des frais payés par l'Etat.
La durée de l'engagement est calculée sur l'époque de la
libération de la classe à laquelle l'enfant appartient par
son âge.
Bibl. : Psychologie. — Th. Tiedf.mann. Mémoire sur
le développement des facultés chez son jeune fils pendant
les deux premières années, publié à la fin du siècle dernier,
trad. en français par Mie hélant dans le Journal général de
l'instr. publ. (lStiS). — Lôbisch, Entwiclilungsgeschichte
der Secte des Kindes: Vienne. 1851. — Sigismund, Kindund
W'clt; Rudolstadt.1856. — Kûssmaul. l'Amedu nouveau-né,
1869. V. Lange, i/ist. du Mater., t. 1. p. 413. —Taise, De la
Généralisation citez l'enfant. Intelligence, t. il; r Acquisi-
tion du langage, dans Rev. phil., janv. lS'o. — Darwin,
l'Expression des ('motions, passim. et Esquisse biogra-
phique d'un petit enfant, dans fier, scient., juin et oi
— Bernard PÉBEZ, tes 7 rois Premières Années de l'enfant ;
Paris, 1878; 4« éd., lssS ; l'Education morale dès le berceau :
Paris, 1SS0, 2» éd.. 1888; l'Enfant de trois A sept ans : Paris,
1886 ; 8« éd., 1888 ; l'Art et la Poésie chez l'enfant. 1888 . te
Caractère (de l'enfant à l'homme), 18H2. — Poli.
Progrès d'un enfant dans le langage; Mind, juil. 1878. —
Egger, Observations et réflexions sur le développement
de l'intelligence et du langage chez les enfants; Paris,
1879. — L. Feeri, tivis articles sur le développement de
l'Intelligence, de la volonté et du sentiment moral, du
sentiment du beau, dans la Phil. des écoles italiennes.
oct 1879, OCt 1881, |uin 1883. — Pki m ;b, l'Ame de l'enfant.
observations sur le Développement psychique des pre-
mières années; léna, 1881, traduit d'après la deuxième
- 1047 -
ENFANT — ENFARINÉ
édition allemande par M. de Varigny, 1887. — Sikorski,
le l angaoa elwi ienfant, dans Reo. pfiit., X\ 11,589, et la
Développement psuvhique do ienfant, dans Revue p/nl.,
x)\ , M • . Eléments
• • l'homme «I de l'enfant, appliquée à la pédagogie;
Knfln, et rien ne prouve mieux I importance que
< jette étude, M. Henri Manon a Ml de la
foyie do iWanJ fobjet de s, m coura pendant toute
un,'. an S tonna, 1889-90.
— Enfant légitime. Arnnv et R LU,
CouradedroUcroU/rançais.t. Vr,§§543el .'H. Demo-
• cicil, t. V, pp. 23 el suiv. ; 192 el
S1,iv _ i A, -rem-. Principe* de drow ririt/rancais, t. III,
. el BUi\ . — BaUDRY-LaCANTINBRIB, Pré-
civil, i. 1", n- 814-819 et 856-870, 3« êdit.
ail de droit
Enfant naturel. Aikhv el Rai . Coura de droit cinl
français, t. VI, pp. 150 et suiv.. §§ 665 el suiv.; pp. 'M2
et suiv S* 605 et bOii. — Df.molombb, Traité de la paternité
et de la 'filiation, pp. 373 et suiv.. n" 318 el suiv.; et 7>ai(e
«les successions, t. II, pp. 12 et suiv ,, n« 12 et suiv. - Ma, -
riRv. rie, Précis de droit civil, t. I, pp. a33 et
suiv., n- v.'-J et suiv.,et p. 680, n IU>3; t. II, pp. tif, et suiv.,
n- 101 et auiv. — L.u'uknt, Principes de droit civil fran-
çais, t. IV, pp. 5 et suiv., nM 1 et suiv.
Enfant adultérin. AmRY et Rau, Cours de droit civil
français t VI, pp. 32, 66, 120, 216, 4- éd. — Hérold,
lie ta Preuve de la filiation adultérine ou incestueuse par
la possession délai, dans la Revue pratique t. I, p. 193,
et I 11 p. 115. — Roossb. Preuoe de la /Miahon inces-
tueuse ou adultérine par la possession d'état, dans la
même revue, t. 1, p. 347, et t. X, p. 886.— Os Iolleyille,
Simple Sote a propos de la légitimation des enfants inces-
tueux ; Paris, 187, 1 broch. in-8.
Enfant abandonné. Léon Lallemand, Notice sur la loi
du î* Juil. 1889, dans Annuaire de législation française,
pp. 270 et suiv— ^. Mblin, De la Protection de l'en-
fance; Nancy, 1889.
me. — Enfants trouvés. Dr H. Thulik,
les Enfants assistés de la Seine; Paris, 1887. — Nouveau
Dicf. dEc. pol., ait. Enfance, 1890. — Léon Lallemand,
Histoire des enfants abandonnés et délaissés ; Paris, 1«87.
— Enquête générale ouverte en 1860 sur les enfants assis-
tés, rapport de la commission publié par le ministère de
l'intérieur; Paris.
Enfants du premier Age.— Th. RousSBX, Rapport pré-
paratoiresur la loi du 23 mars 1874. — Rapporta annuels
sur l'exécution de la loi du 23 déc. 1874, publiés par le mi-
nistre de l'intérieur.
EH FA NT (Jean 1'), peintre-graveur français (V. Lenfant).
ENFANT Jésus (hères et sœurs de 1') (V. Ecoles chré-
tiennes et ciiarit miles). — Le recensement spécial de
I mentionne : 1° des saurs de la Congrégation de
l'infant Jésus. \'> maisons, 110 sœurs ; 2° des filles de
l'Enfant Jésus. S6 maisons, 506 filles; 5° des saurs de
l'Enfant Jésus, 74 maisons, 8 maisons mères, 2 S 7 sœurs.
ENFANT du diable (Bot.). Nom vulgaire du Phallus
impudicus.
ENFANTS (Croisade des) (V. Croisade).
ENFANTS . des lions-) (V. Bons-Enfants).
ENFANTS de France. On donnait ce nom sous l'ancienne
inonan hic aux enfants et petits-enfants légitimes des rois
de Krance, sans distinction de sexe. Les frères et sœurs des
régnants conservaient ce titre et le transmettaient à
leurs enfants, mais il ne s'étendait pas au delà. Les princes
et princesses des autres branches de la famille royale ne
portaient que le titre de princes ou princesses du sang.
Depuis le xiii" siècle, la coutume s'était établie de donner
des apanages aux enfants de France puînés, mais les filles
en étaient exclues; elles étaient dotées en argent.
ENFANTS sans soin (V. Comédie, t. XI, p. 1185).
ENFANTIN Rarthélemy-Prosper), socialiste français,
né à Paris le 8 fevr. 1796, mort à Paris le 31 mai 1804.
Fils d'un banquier, il entra comme boursier à l'Ecole poly-
technique en 181>i. et fut, en 1814, un des élèves de cette
école qui contribuèrent à la défense de Paris contre les
armées « alliées >. L'Ecole, au début de la lîestauration, se
ferma pour toujours à ceux qui avaient combattu aux buttes
Montmartre et Cliaumont. Enfantin chercha à se créer une
autre carrière et devint, successivement, commis vovageur
en Russie, employé chez un banquier en France, et directeur
de la Cause hypothécaire. Présenté, vers 1825, par Olinde
Rodrigues au philosophe Saint-Simon près d'expirer, tous
deux reçurent les dernières paroles du chef de la doctrine
saint-simonienne.llsfondèrent, bientôt après, le Producteur,
journal d'économie politique, autour duquel se groupèrent
peu ,i peu un 19801 grand nombre d'adeptes. Les saint-
simoniens étaient à peine connus lorsque, à la lin de 1828,
ils organisèrent des réunions publiques et ouvrirent des
salles ou l'on « prêcha » les doctrines de Saint Simon,
adoptées par Enfantin, par Bazard, par Olinde Rodrigues.
Après la révolution de 1830, ils se manifestèrent ouverte-
ment par des alliches, qui attirèrent l'attention publique,
et Enfantin se mêla à la politique avec Bazard. Ils étaient
qualifiés alors de «Pères suprêmes » par Olinde Kodriguos.
De là deux camps dans le saint-simnnisme. Bazard, l'or-
ganisateur du carbonarisme en France, poussa la doctrine
vers le côté politique, et Enfantin s'appliqua surtout à dé-
velopper son influence sur les relations d'homme à homme,
à respecter les individualités, à les comprendre et à les
harmoniser. Il y eut parfois de vives discussions entre les
deux « Pères suprêmes ». Une rupture éclata à propos des
affections mobiles et des affections constantes, qu'Enfantin
voulait satisfaire, et qui lui donnèrent l'idée de faire siéger à
ses côtés la femme, représentant l'affection mobile, comme
l'homme représentait généralement l'affection constante. Des
adeptes, les uns suivirent Bazard, les autres Enfantin, qui
recherchait la « femme-Messie », qui se faisait appeler
la « loi vivante », qui garda pour lui tout seul le titre de
« Père suprême », et dont le journal doctrinaire, le Globe,
prôna la domination pontificale. Enfantin déclara la religion
saint-simonienne constituée sous le régime de la commu-
nauté des biens et des talents. Vainement plusieurs mem-
bres de l'ancienne école, Ilippolyte Carnot, Jules Lechevalier,
Jean Keynaud, et d'autres attaquèrent la loi nouvelle. Le
« Père suprême » vit son groupe s'augmenter, multiplia
les publications et les missions à travers l'Europe et, durant
l'hiver de 1852, dépensa plusieurs centaines de mille francs
en fêtes, destinées à découvrir la « femme-Messie », la-
quelle ne se présenta pas. Enfantin réalisa un emprunt de
82,000 fr., qu'il engloutit; le Globe cessa de paraître,
faute de subsides; la police ferma l'établissement et les
ateliers. Il fonda à Ménilmontant une communauté modèle
où les femmes jouèrent un rôle tel que le « Père suprême »
et ses fidèles furent traduits en cour d'assises pour réu-
nion illicite et outrages aux mœurs. Enfantin demanda
à être défendu par deux saint-simoniennes, Cécile Fournel
et Aglaé Saint-IIilaire. La cour n'admit pas ces femmes
pour conseils, et l'accusé fut |condamné à une année de
prison et à 100 fr. d'amende. La religion nouvelle
succomba ; les saints-simoniens se dispersèrent ; gracié
au bout de quelques mois, le « Père suprême » alla en
Egypte, où il ne réussit pas à barrer le Nil et à changer
le système économique du pays. Revenu en France, retiré
à Tain, dans la Drôme, chez un de ses parents, il « bêcha
son jardin », fut maitre de poste et cultivateur à Lyon,
puis membre de la commission scientifique de l'Algérie, et
enfin directeur du chemin de fer de Paris à Lyon (i 845)
jusqu'après 1848, époque où le gouvernement racheta
cette ligne. Enfantin se mit à diriger, avec son collègue
Charles Duveyrier, le journal le Crédit, disparu en 1850.
Il fut nommé administrateur au chemin de fer de Lyon,
et occupa cette place jusqu'à sa mort. Enfantin a laissé,
par l'intermédiaire de M. Arlès-Dufour, sa bibliothèque à
la bibliothèque de l'Arsenal, où elle formera pendant
trente ans un fonds spécial sous le nom de salle Enfantin,
avec catalogue spécial et insertion des articles au catalogue
général. Elle comprend 1,018 volumes, 63 manuscrits et
lettres autographes. Les manuscrits ne doivent être livrés
au public que trente années après 18(ii. Challamel.
ENFARINÉ (Vitic). Ce cépage, spécial au Jura, doit
son nom a la pruine abondante qui recouvre ses fruits. Il
produit beaucoup, mais donne des vins de qualité inférieure;
il résiste à la pourriture et à la coulure, et réussit surtout
sur les coteaux bien exposés et dans la plupart des terrains.
On doit le conduire a la taille longue. L'Enfariné présente,
à la maturation et à la véraison, des phénomènes de varia-
ENFARINÉ — EN! ERS
— 104H -
timi de eoaleor qui ont été étudiée la pranièn fois par
M. Pasteur. — Son bourgeonnement est duveteux; Me
feuilles sont tirs foncées, bien découpées el épaia
grappe est cylindrique el serrée, moyenne de grosseur; ses
grains, moyens, sont noirs el sphériqucs et a goût un peu
acerbe. II mûrit un peu tardivement pour les répons ou
on le cultive.
ENFERS. I. Mythologie générale. — L'appellation d'en-
fers désigne la demeure souterraine des morts. La grande
majorité des races humaines ont admis la survivance de
l'âme au corps ; ces idées et leur origine présumée seront
étudiées à l'art. MoitT (§ Religion). On commença sans
doute par croire que les morts continuent de résider auprès
des vivants , soit qu'ils errent parmi eux , soit qu'ils
habitent leur tombe et en sortent fréquemment pour se
mêler a la vie de leurs contemporains ou de leurs descen-
dants. On en vint ensuite à leur assigner une demeure spé-
ciale, soit dans les montagnes au milieu des nuages et, par
une généralisation facile à comprendre, dans le ciel; soit
dans une région éloignée, située le plus souvent au delà
des mers, soit dans un monde souterrain. Ces idées se
rattachent étroitement aux usages suivis pour les funé-
railles (V. ce mot) et aux idées sur h mort (V. ce mot).
Nous n'insisterons ici que sur les deux principales, celle
d'après laquelle « l'autre monde », le monde des morts,
est situé dans une région éloignée et celle d'après laquelle
il est souterrain.
La première de ces conceptions est née des émigrations
accomplies autrefois par les peuples chez qui elle domine.
Les émigrants ont laissé au pays d'origine leurs morts;
eux-mêmes rêvent souvent de cette terre ou ils ont com-
mencé leur vie et des personnes qui y sont restées. Ils se
figurent que, pendant leur sommeil, leur âme est allée revoir
ce pays lointain et ses habitants. Lorsque l'âme abandonne
définitivement le corps, au moment de la mort, ils suppo-
sent qu'elle est retournée pour toujours aux lieux d'où elle
était originaire et qu'elle allait voir en rêve de temps à
à autre. Les Chonos de la Patagonie croient être venus de
l'Ouest, au delà de l'océan Pacifique: c'est de ce côté qu'ils
placent le séjour des morts ; d'autres peuples qui se sont
déplacés en remontant des fleuves jettent leurs morts à
l'eau pour qu'ils retournent au pays des ancêtres. Les Bre-
tons de la presqu'ile française, qui sont venus de la Grande-
Bretagne, plaçaient le séjour des morts à l'O., par delà
l'océan Atlantique. Plusieurs légendes se rapportent à cet
embarquement des morts vers la Brittia mythique. Elles
se sont localisées à la pointe du Baz, en face de l'île de
Sein, près de l'Enfer de Plogoff . Près de l'embouchure de
la Meuse, on cite une autre bouche de l'enfer, Helvoets
f'uiss, que Pline désigne sous le nom à' Hélium.
Ces croyances paraissent avoir été communes aux popu-
lations de l'Armorique et jusqu'à la Hollande actuelle.
Tzetzès raconte que sur cette côte, en face de la Grande-
Bretagne, vit un peuple de pêcheurs qui se charge de trans-
border les morts. La nuit on les appelle et on frappe à leur
porte ; ils se lèvent et trouvent des barques étrangères sur
lesquelles sont les âmes invisibles des morts ; ils les con-
duisent avec une célérité miraculeuse à l'Ile de Brittia: ils
y débarquent leurs passagers et, sans voir personne, enten-
dent des voix qui appellent chacun par son nom ; ils repar-
tent alors sur les barques qui sont très allégées. Procope
place l'ile mythique de Brittia à 200 stades des bouches
du Rhin entre la Grande-Bretagne et Thulé. Claudien con-
naissait aussi ces récits qu'il embrouille avec ceux de
l'Odyssée. Philémon disait que les Cimbres appelaient
l'océan Septentrional merdes Morts (mare mortuum); on
trouve dans le roman de Lancelot du Lac et dans Vllanilet
(acte III, se. 1) de Shakespeare des échos de ces vieilles
croyances. On trouve dans Plutarque des détails sur un
continent transatlantique, séjour des bienheureux. Les
poèmes celtiques du moyen âge sont remplis de récits du
même genre. Mais les imaginations se compliquent par la
distinction morale d'un enfer et d'un paradis et même d'un
purgatoire; on réserve alors aux mwhanU le monde -ou-
terrain. Mais la vieille croyance populaire, plus simpliste,
mservée dans le peuple jusqu'au \ix" àéele. Ainsi a
el, sur la rivière de Tréguier, on Usait fain- aux
on détour pour aller au cimetière, traversant un
petit bras de mer appelé « passage de l'Enfer ». Chez un
grand nombre de peuples sauvages, on retrouve des usages
analogues qui attestent la croyance en un autre monde situé
au delà des mers (V. Funérailles, Moht).
Non moins répandue est la croyance qui relègue les
morts dans un monde souterrain; c'est celle qui a prévalu
parmi les races européennes. L'origine en est facile à
retrouver. On sait que les hommes d'autrefois habitaient
souvent des grottes ou des cavernes. Beaucoup de ces
cavernes paraissent sans fond, soit à cause de leurs dimen-
sions, coriiine celle du Mammouth ans Etats— 1 ois, de llan
en Belgique, d'Adelsberg en Autriche, etc., soit pan e que
les éboulements ou le manque de lumière, ou toute autre
cause, arrête les explorateurs. Dans les terrains calcaires
qui sont très répandus, l'eau a creusé d'immenses galeries;
celui qui y pénètre est bientôt arrêté par des crevasses ou
des gouffres où grondent les eaux souterraines. Il n'en faut
pas davantage pour donner naissance à l'idée d'un monde
souterrain mystérieux dont on ignore l'étendue. Quand les
hommes abandonnèrent les cavernes où ils avaient habité,
ils continuèrent néanmoins d'y ensevelir leurs morts ; ils
se figurèrent naturellement qu'elles étaient habitées par les
âmes de leurs ancêtres. Le monde souterrain, en connexion
étroite avec ces cavernes, devint le monde des morts. Ce
sont ces idées qui donnèrent probablement naissance au
C.héol des Hébreux et à l'Hadès des Grecs. I Itérieurement,
on en vint à se représenter la vie future comme un idéal,
un moment où l'on peut jouir enfin de tous les biens qu'on
désirait de son vivant. Cette imagination, liée aux idées
morales, conduisit à restreindre la part du monde souter-
rain, de l'enfer; on le réserva aux méchants; les bons
furent placés dans l'empyrée, tant la notion du bonheur
parait inséparable de la lumière (V. Paradis). A. -M. B.
II. Egypte. — La région d'outre-tombe est appelée en
égyptien nuter-kher, littéralement « le divin dessous »,
la « divine région inférieure », mais elle porte aussi le
nom de Tuàou dans les manuscrits spéciaux qui sont con-
sacrés à sa description : c'est la contrée mystérieuse, le
domaine des ombres, que le soleil parcourt pendant les
douze heures de la nuit. Pas plus que d'autres peuples pri-
mitifs, les Egyptiens n'ont eu l'idée d'un enter tel que
nous le comprenons ; il parait difficile de leur attribuer la
double conception d'un enfer et d'un paradis. Les âmes
sont uniformément parquées dans le sombre domaine par-
couru par le soleil à qui elles font escorte dans les limitas
de la région consacrée à telle heure de la nuit daDS laquelle
elles se trouvent. Nous n'y voyons ni récompense de la
vertu ni punition des crimes, car les personnages qui y
sont torturés par le feu ne sont autres que les ennemis du
soleil, les alliés d'Apophis, qui ont cherché à retarder sa
marche, c.-à-d. la personification des ténèbres. En somme,
la Tuàou ressemble bien plus au Chéol des Hébreux,
exempt de douleur ainsi que de jouissances, qu'à l'Hadès
des Grecs où des localités différentes étaient réservées aux
bons et aux méchants : on n'y trouve pas, ainsi que dans
l'Enfer de Virgile, adroite l'Elysée et à gauche le Tartare:
on n'y rencontre autre chose que des scènes mythologiques
fort difficiles à interpréter. Cependant les Egyptiens avaient
une morale trop élevée pour laisser le crime sans châti-
ment et la vertu sans récompense. Le châtiment, c'était
en réalité la seconde mort, l'anéantissement définitif, car la
fin de l'existence terrestre n'était qu'un passage à une autre
vie: les morts étaient appelés des vivants. L'obsenuxe
des prescriptions du rituel assurait à chacun de ne pas
mourir à nouveau, de vivre éternellement. En résume,
telle est la doctrine : pour les impies, l'anéantissement
final, pour les justes, la durée éternelle. Mais le bonheur
d'outre-tombe n'était pas une glorification métaphysique,
— 1049 —
ENFERS
une épuration idéale, une contemplation de la divinité:
l 'était imo vie lerre k terre où l'on se bâtirait des maisons,
nu l'on boirait, on l'on mangerait, où l'on jouerait aux
dames BOUT abréger le temps de l'éternité. Ajout nus que
le mercantilisme de la caste sacerdotale et sou trafic des
articles religieux assimilaient aux justes quiconque pouvait
taire la dépense d*uu ensevelissement complet, comprenant :
■flaire du Livre des Morts, formules tafismaniques,
amulettes placées sous les bandelettes, poupées d'argile
munies d'outds aratoires, lesquelles étaient destinées à
latHiurerdans l'autre monde à la place du riche défont, de
manière qu'il eut son pain assuré sans se donner de mal.
(..inlons-nous d'altérer la vérité historique 60 idéalisant
les Egyptiens, qui étaient, avant tout, un peuple essentielle-
ment pratique (V. Egypte, t. XV, p. * > T t >. Paul Piekrkt.
III. Hébreux. — l.a Bible connaît l'enfer sous le nom
e'iV. Hébreux [Histoire et religion des]).
I\ . Inde. — Le heu ou les méchants reçoivent, après
leur mort, la punition de leurs méfaits, s'appelle indif-
féremment, en pâli comme en sanscrit, Saraka ou
MriiiKi. On en compte plusieurs qui sont, dit-on, les uns
chauds, les autres froids ; cependant les descriptions qu'on
en donne ne se rapportent guère qu'au supplice du feu.
Lear forme est carrée ou plutôt cubique: leur dimension
ie 10,000 yodjanas en longueur, largeur et hauteur;
l'éclat de leurs murs éblouit à la distance de 100 yodjanas.
Il n'est pas possible de s'échapper de ces prisons.
Nombre et nom* des Narakas. Il y a huit Narakas
principaux, savoir : 4° Sandjiva, oit ceux qui ont donné
■M coups sont constamment battus comme des gens « pleins
de vie » : 8* Kdlasoûtra, ou les menteurs et les traîtres
sont coupés sans cesse comme des troncs d'arbres, suivant
un « til noir » ; 3* Sanghdta, où il se fait un « carnage
couplet » des meurtriers d'animaux ; 4° lloroiwa, où les
ineiiteui's et les violents sont brûlés par un feu qui leur
arrache des « cris »; 5° Mahdrorouva, où une souffrance
semblable, mais plus forte, arrache aux impies de plus
« grands cris » ; (>° Tapana, où les brûleurs de forêts
sont « cuits » par le feu; 7° l'ratûpana, ou les docteurs
d'impiété sont soumis à une « cuisson plus intense » ;
s Ivttchi, ou l'outrage aux pères, mères et précepteurs
e>t puni par un feu qui brûle les coupables et disjoint leurs
\ chacun de ces huit Narakas principaux sont atte-
nants quatre Narakas secondaires où tombent ceux qui
sortent des différents lieux de supplice : 1" Milhakoupa,
« puits d'excréments », où ils sont mangés de vers;
■1° KomkkotUa, « cendres chaudes », où ils sont cuits comme
des grains de moutarde ; 3° Asipatravana, « torèt de
lame- ■ ou des feuilles d'arbre en fer, des dents
d'animaux en fer tranchant déchirent incessamment les
batailleurs et les adultères ; 4° Vaitarani, fleuve de cuivre
liquéfié et brûlant où sont plongés les destructeurs de pois-
sons et d'animaux aquatiques. Ces quatre Narakas secon-
daires, ajoutés à chacun des huit Narakas principaux, font
un total de quarante Narakas ; mais, selon une autre
interprétation, les quatre secondaires s'ajoutent à chacun
des quatre cOtés des huit principaux. Ceux-ci se trouvant
ainsi entourés chacun de seize dépendances, le nombre
total des Narakas serait de cent trente-six. Et ce n'est pas
tout : à la suite des huit Narakas principaux sus-mentionnés
H en énumère huit autres : Arbouda, Nirorbouda, Mata,
lluhaïu. Houliouva, Outpala. Padma, Mahâpadma :
aux trois derniers noms (qui sont des noms du Lotus) on
ajoute quelquefois les synonymes Koumouda et Soijan-
dhika (en substituant Poundarika à Mahâpadma); ce
qui porte à dix le nombre de ces Narakas, qui seraient
les enfers froids ou glacés. D'autres veulent que ces huit
ou dix noms nouveaux désignent non pas des Narakas,
mais les durées diverses des séjour! que les damnés font
dans ces lieux de tourments, durées effroyablement longues,
qui vont en progressant par dizaines de millions d'années,
la première étant exprimée par l'unité suivie de cinquante-
six zéros, et ce nombre de zéros augmentant de sept à
chaque nouveau nombre jusqu'à ce qu'il s'élève à cent dix-
neuf. Maigre ces chiffres formidables, qui expriment des
milliards d'années, le Naraka n'est pas un séjour défi-
nitif. Les êtres finissent par en sortir pour revivre comme
animaux , hommes OU dieux, 'tien n'est permanent à
toujours dans le bouddhisme, les supplices infernaux pas
plus que le l'esté. Toutefois, une secte japonaise impor-
tante, l'école Gio-do, admet l'éternité des peines du Na-
raka aussi bien que celle des jouissances de Soukhavatl, le
paradis d'Amitahha; niais c'est contraire aux principes du
bouddhisme.
Situation des Narakas. L'opinion commune parait être
que les Narakas sont des compartiments souterrains. En
effet, on voit la terre s'entr'ouvrir souslespas do Devadatta
qui tombe dans l'Avitchi. Cependant certains textes racon-
tent des histoires de personnages entrainés par une course
désordonnée et aventureuse vers les régions méridionales,
et se trouvant, sans s'en douter, sans avoir quitté le sol
où ils cheminaient, transportés dans les demeures infer-
nales. Les deux données ne sont pas absolument inconci-
liables. Puisqu'il y a au moins huit enfers principaux,
sans compter les secondaires, il se peut que les uns soient
au-dessous, les autres au niveau du sol. Il peut aussi y
avoir, au Midi, une entrée conduisant aux lieux souterrains
par une pente insensible. Du reste on compte, parmi les
Narakas, le Lokantarika, demeure des Prêtas, qu'on dit
situé dans l'interstice entre trois Tchakravàla, c.-à-d. à
l'extrême limite du monde habité ; mais ce Naraka forme
un monde à part, en réalité distinct des autres enfers.
Vopulation des Narakas. Voici un trait qui donne une
idée de la multitude qui peuple les Narakas : Avalokites-
vara, dans sa grande compassion, avait fait vœu de déli-
vrer, par la puissance de sa méditation, les êtres qui y
sont renfermés. Il y réussit ; mais à peine les Narakas
étaient-ils vides qu'ils furent immédiatement remplis par
de nouveaux arrivants; Avalokitesvara n'avait rien fait.
Tel étant l'enseignement bouddhique sur l'enfer, on est
étonné de lire à la page 82 (n° 125) d'un Catt'chisme
bouddhique, publié à Paris en 1889 : « N'y a-t-il pas
d'enfer, pas de ciel ? — Non » — Il est vrai que ce « non »
est accompagné de réserves qui en font un « oui » ; mais
c'est « oui » qu'il fallait répondre, sauf à faire ensuite les
réserves auxquelles on pouvait tenir. Du reste, tout ce
qu'on pourra dire ne fera pas qu'il n'y ait un enfer boud-
dhique, comme il y a un ciel bouddhique. L. Feer.
V. Grèce. — Dans les poèmes homériques, qui nous four-
nissent les plus anciens témoignages sur la religion des
Grecs, l'enfer ou lladès est pour les morts un séjour peu
enviable. Ils ne sont plus que des ombres vaines, réduites
à un minimum d'existence physique et intellectuelle, privées
de mémoire ; l'autre monde n'est qu'un pale reflet de
celui-ci. La version de Y Iliade et celle de VOdyssée sont
en désaccord ; dans l'Iliade, l'Hadès, sur lequel règne le
dieu du même nom, est un monde souterrain, communi-
quant par des soupiraux avec la surface terrestre où s'agi-
tent les vivants ; dans YOdyssdc, l'enfer est situé à
l'extrême occident, air delà de l'Océan, dans une région
que n'éclairent pas les rayons du soleil. On a vainement
essayé de concilier ces deux conceptions. La première a
prévalu dans la mythologie grecque. On accorda bientôt
aux ombres une conscience et une existence plus intenses.
Cela était nécessaire pour que les criminels dont le châti-
ment continuait après leur mort pussent le ressentir. D'ail-
leurs, dans les poèmes homériques, perce déjà l'opinion
(contradictoire avec celle que nous venons d'indiquer) que
la mort, affranchissant l'âme des liens du corps, lui pro-
cure des connaissances surnaturelles. On est alors bien
près d'admettre que la situation des morts est supérieure
à celle des vivants. Ce qui y incline, c'est qu'on s'occupe
surtout des morts illustres, des héros. Dans YOdyssée, il
est déjà question du champ élyséen (rjXoatov reocov), où
ils jouissent d'un bonheur perpétuel. Le passage est peut-
être interpolé; maison peut en dire autant de la Nekyia,
i:\h.h>
- 1050 _
l'évocation «1rs mnrls, ou ceux-ci apparaissent presque
dénués de toute existence réelle.
Les idées dei Grèce sur U fie future furent complète-
mriii modifiée! par Vorphisme i\. ce mot); la théologie
orphique enseigne le panthéisme el la transmigration des
âmes; ces enseignements se rapprochent de ceux de la
religion éleusinienne et des mystères. La philosophie
achevé en affirmant l'immatérialité et la nature divine de
l'âme. Il ne reste plus grande place pour l'enfer homérique,
l'indare cherche à combiner ces théories avec celles de
V Iliade ei de V Odyssée. Il raconte la félicité des bienheu-i
roux d'après les mythes d'Eleusis ; le soleil les éclaire
pendant qu'il fait nuit sur la terre ; leur cité est entourée
d'ombrages aromatiques et d'arbres chargés de fruits d'or;
ils passent leur temps en divertissements. Quant aux
pécheurs, ils descendent dans l'obscur enfer ou ils ren-
contrent un juge sans merci ; toutefois, on leur accorde
l'expiation ; ils peuvent au bout de neuf ans être renvoyés
par Perséphone et recommencer une autre vie terrestre avec
le caractère de héros; ceux qui se sont préservés trois fois
de tout péché durant leur vie, comme dans l'IIadès, sont
envoyés dans l'Ile des bienheureux, auprès de Pelée, de
Cadmus, d' Achille.] Tandis que Pindare insiste surtout sur
les récompenses et le bonheur des bons, les poètes tragiques
parlent principalement des châtiments infligés aux méchants.
Homère ne punissait après la mort que les parjures. Il n'a
pas connaissance d'un jugement des morts ; Minos n'est
pas juge des morts, mais juge parmi les morts ; il continue
d'exercer dans l'enfer sa vocation, comme le chasseur
Orion, par exemple. Hésiode n'a pas davantage connais-
sance d'un jugement des morts. Il considère la déportation
des âmes dans l'Hadès comme une punition infligée aux
hommes du second et du troisième âge ; celles des hommes
de l'âge d'or sont restées à la surface de la terre et sont
devenues des démons; celles des hommes du quatrième âge,
l'âge héroïque, sont transférées par Zeus dans les îles des
bienheureux. La descente dans l'enfer est donc un châti-
ment; mais il n'est pas question de châtiments spéciaux à
subir ensuite pour les criminels. Cependant des passages
interpolés au XIe livre de l'Odyssée, d'autres empruntés à
un poème cyclique, la Minyade, mentionnent ces châti-
ments pour certains contempteurs des dieux, comme Am-
phyon et Thamyris. C'est Pindare qui, le premier, introduit
l'idée d'une punition générale de tous les péchés commis
sur la terre ; Eschyle l'admet également. On arrive ainsi
à une conception de l'enfer plus complexe que celle d'Ho-
mère ; on y distingue des catégories : d'une part, les princes*
deviennent de puissants héros, sorte de demi-dieux qui
agissent sur le monde terrestre, où on peut les évoquer;
d'autre part, les criminels subissent la peine de leurs mé-
faits. Mais même les héros ne jouissent dans l'Hadès d'au-
cune félicité ; ils sont puissants, mais non pas bienheureux.
La mort met un terme aux maux terrestres, mais n'apporte
aucun bonheur positif. La conception orphique et èleu-
sienne ne prévaut pas et, en tout cas, celle de l'enfer se
maintient à côté d'elle. Il nous reste à voir comment on se
représentait ce monde souterrain.
Voici la description d'Homère : à l'entrée, le bois de
Perséphone, formé d'arbres infertiles ; puis la demeure
d'Hadès, arrosée par quatre fleuves, le Styx, par lequel
les immortels prêtent serment, le Cocylc qui, avec le Pyri-
phlègéthon, se jette dans l'Achéron au pied du rocher
Leucade. Plus avant est la prairie d'asphodèles, où se
tiennent les morts, dans l'obscure région de l'Erèbe ; plus
profondément, sont les gou tires du Tartare, fermés par
une porte de fer, ou sont enfermés Japet et Kronos, les
anciens dieux supplantés par les Olympiens. Toute cette
description est calquée sur celle d'une localité de Thes-
prolie on coulent l'Achéron et le Cocyte. Les habitants de
l'enfer ou Hadès sont les dieux infernaux et les morts. Les
principaux dieux sont Hadès, Aidés ou Aidoneus, sa femme
Perséphone et les Erinyes ; tous peuvent intervenir dans
les affaires terrestres. Les morts ne sont plus que des
ombre-, Naines: leur exi un pâle reflet de l'exis-
tence terrestre ; ils n'ont plus de corps, plus de mémoire
m d'intelligence; ils conservent l'aspect qu'ils avaient au
momenl de la mon et continuent tant bien que mal leurs
occupations d'autrefois. Déjà, dans la seconde Nekyia,
placée a la lin de l'Odyssée, les morts qu'Hermès conduit
a leur séjour ne sonl plus ces vains fantômes; ils cou
la parole et l'intelligence. — Hésiode accepte la description
homérique. Il parle plus longuement du Styx et do
qui garde l'entrée, mais sans lui donner encore le nom de
Cerbère. Il s'étend surtout sur le Tartare, cm sont enfer-
mes les Titans vaincus. C'est un abîme si profond qu'un
disque tomberait pendant neuf fois vingt-quatre heures
avant de toucher le fond, si vaste qu'en une année on n'en
pourrait faire le tour; les Titans y sont murés par des
remparts de fer et d'airain que gardent les Géants Iléca-
tonchires. — Les poètes postérieurs ont donné plus de
détails sur le séjour des morts ordinair
On place l'entrée en dilférents lieux où s'ouvraient des
crevasses insondables : au pied du Ténare en Laconie ;
près de Pylos en Messénie ; dans la Thesprotie ; en Carie
auprès de Thymbria, etc. ; plusieurs légendes se ratta-
chaient à l'une ou l'autre ; l'enlèvement de Proserpine par
Pluton ou Hadès, s'enfoneant sous la terre, permettait aux
Athéniens, aux Argiens, aux Siciliens d'Enna et à d'autres
de revendiquer avec le théâtre de cette scène une
du monde souterrain. Les gens d'Hermione en Argolide,
sachant qu'ils en possédaient une, ne donnaient pas a
leurs morts d'obole pour payer les frais du voyage ; le lac
Alcyon en Argolide, le lac Averne en Campanie revendi-
quaient aussi ce triste privilège. On admit le récit de la
Minyade, d'après lequel les fleuves de l'enfer en formaient
la limite, de sorte que pour y pénétrer il fallait se faire
transporter sur la barque de Charon. On ajouta à la liste
des fleuves le Léthé dont l'eau, bue par les âmes mortes,
leur faisait oublier l'existence terrestre. Nous avons déjà
dit qu'Hésiode détache de l'enfer souterrain l'Elysée, séjour
des héros, pour transférer ceux-ci dans l'Ile des bienheureux
où règne Kronos. Pindare la décrit. Hérodote la placera dans
le désert de Libye, cherchant à confondre la mythologie
grecque et égyptienne.
Les divinités du monde souterrain ont été complètement
transfigurées par la combinaison des religions de Déméter
et Dionysos avec la vieille religion des Grecs homériques;
la conception même de la mort avait été modifiée, comme
nous l'avons dit, par les théories mystiques et philoso-
phiques. On eut l'idée de l'expiation après la mort. On
soumit toutes les âmes au jugement d'un tribunal suprême
où siégeaient Minos, Eaque et Rhadamanthe. La vieille
idée que les morts ne peuvent ni jouir ni souffrir subsiste
encore dans le peuple, mais le mysticisme la combat : les
initiés d'Eleusis pensent s'assurer des privilèges par delà
la mort. On continue d'admettre que la vie souterraine est
une prolongation de la vie terrestre; Œdipe s'aveugle
afin de ne pas voir son père aux enfers ; on admet qu'aux
orifices du monde inférieur on peut évoquer les morts, par
exemple au Ténare, en Thesprotie, près de Trescène, a
Héraclée en Asie Mineure, à (".unies, etc. (V. aussi sur les
oracles des morts l'art. Divination, t. XIV, p. 74-2). En
somme, la grande innovation introduite à l'époque histo-
rique dans la conception des enfers et du sort des morts,
c'est le jugement, la recompense et la punition des aines.
Celles des lions vont habiter l'Elysée ; celles des méchants
sont torturées. Sur les modifications nécessaires de ces
théories, V. l'art. Mort.
Les représentations figurées relatives aux enfers et à
leurs habitants sont assez nombreuses sur les vases peints :
elles ne nous apprennent pas grandYliose: beaucoup se
rapportent aux descentes aux enfers d'Héraklès, d'Orphée
ou de Pirithous. C'est à ces descriptions que le peintre
Polygnote avait emprunté les scènes terrifiantes dont il
décora les murs de la Lesché. Le palais d'Hadès et Persé-
phone est représenté sur le vase d'Altamura (musée de
— iOW —
ENf'EKS — ENFTOA
Naplest comme une sorte de dais parte par des colonnes ;
les dieu assistent ■ un btotjNl ; Orphée leur joue de la
Uro: auprès sont laa Erinyas (Qolvai) al les trois juges
Rhadanianthe al lïiptolème ; au-dessous est
\ leroo stec son afflueats, Cocyte et PyriphlegeUu»,
iimaln de plantes aquatiques ; Heraklèsel Hennés luttent
.onire Cerbère : des deux cotés soûl les criminels, Sisyphe
roulant son nicher ; les Danaides ; dans le haut les âmes
bienheureuses de Mègai a, femme d'Heraklèa, de Pékps, etc.
Parmi les divinités infernales, Hadès-Plotoa es) rarement
représente, saut dans le mythe de l'enlèvement de Coré-
\ l'époque gréco-romaine, il figure souvent
sur 1rs sareopha »mme dieu invisible, le manteau
OMvrant sa tète, soit comme souverain des enfers, d'allure
majestueuse. Il existe aussi des représentations n'tlecate
(V. ce nom). En somme, toutes ces images de L'Hadès et
de ses dieux se réfèrent, non aux croyances populaire*,
mais aux récits des poètes.
M. Mytïioioc.ie romaine. — La religion romaine était
animiste; elle a attribué un grand rôle aux âmes des morts,
inai^ sans les reléguer dans un autre monde. C'est à la
mvthologie grecque qu'elle a emprunté ses représentations
de l'enter. L'aie que les Mânes hahitent sur la terre est
répandue, mais ils n'y sont pas enfermés. On nous dit for-
mellement qu'ils se trouvent partout (âOS per ont nia ma-
juire cndêbant). Les Romains ont accepté la conception
étrusque du mundut, qui impliquait la croyance à un
enfer, opposé au ciel. A la fondation de chaque ville, on
creusait au centre, sur une place publique, une fosse pro-
fonde qui représentait la voûte du ciel retournée. On en
aérait le fond aux dieux Mânes, c.-à-d. aux âmes des
morts, et aux dieux infernaux Omis, Ceres, Tellus; puis
ou la fermait par une pierre (lapis manalis) qui était
censée la porte de l'enfer. Toutes ces cérémonies se rap-
portent plutôt à une religion tellurique qu'au culte des
morts, mais elles tpmoigaoal de conceptions analogues à
celles des Hellènes.
Il faut aussi se souvenir que la religion grecque et la
religion italique, si elles n'ont pas eu une origine com-
mune, ont fusionné dans l'Italie méridionale et centrale
longtemps avant l'époque de la rédaction des écrits par
lesquels nous sommes informés sur les cultes et les légendes
de Home et des contrées voisines. Nous n'avons pas à
traiter ici du culte des morts ; mais nous dirons quelques
mots des divinités du monde souterrain. Les dieux du
monde souterrain sont les divinités telluriques : Tellus,
T-rra mater. Cerf s, Dispater, Orcus, Saturne, etc.;
ce sont en même temps des dieux de l'obscurité, de la nuit,
et des dieux de la fécondité végétale. Parmi eux, les dieux
dos morts sont Orcus et Dispater; ce dernier fut assimilé
au Pluton des Grecs et on lui donna pour épouse Proser-
pine. La mythologie étrusque, qui lait une si large place
aux divinités chtoniennes, connaît deux dieux des morts,
Montes et Charun ou Charon; les images de celui-ci
sont nombreuses sur les vases peints, les sarcophages et
les peintures funéraires ; toutes attestent l'existence d'un
enfer ou Charon entraine ses victimes. Les idées étrusques
et grecques sur l'enfer ont si bien pénétré dans la religion
italienne et romaine qu'elles la dominent tout à fait au
temps des grands écrivains latins. Dans certaines régions,
comme celle de Cumes, spécialement vouées au culte des
morts, on montrait des soupiraux de l'enfer.
Virgile a donné, au VIe livre de VEnéide, un long récit
de la descente d'Lneo dans le monde souterrain. Sa des-
cription servit de modèle aux poètes postérieurs; elle est à
peu près entièrement empruntée 9 la mythologie grecque.
Conduit par la sibylle prêtresse d'Aï ténus, Hécate, le héros
troven pénètre dans le bois, consacré à la reine des enfers,
qui entoure le lac \\.in •■; il y cueille un rameau doré qui
lui ouvrira l'accès du royaume des ombres. Il le remet à
.nid" et tous deux s'approchent d'une grotte au bord
du lac: ils offrent un sacrifice a Hécate et aux divinités
infernales, puis ils s'enfoncent dans la grotte, Enée l'épée
à la main. Ils traversent un bois sombre éclairé par la lune
cl arrivent au seuil d'Orcua, ou veillent les divinités qui
personnifient le deuil el le souci, les maladies et la vieillesse,
i.i crainte et la faim, le sommeil et la mort, la guerro, la
discorde, les Furies; sur un orme sont penchés les songes;
auprès siint les monstres mythologiques, les centaures,
Scylla, Briarée, l'hydre de Lerne, la Chimère, les Gorgones,
les llarpves, Geryon. Ils parviennent aux fleuves de l'enfer;
l'Acliéron, affluent du Cocyte, est traversé sur la barque
de Charon; la se pressent les ombres des morts sans sépul-
ture auxquelles le sinistre nocher refuse le passage ; il faut
qu'ils attendent cent années. Après avoir traversé l'Acné—
ron, Enéfl rencontre Cerbère, puis les Ames des enfants
mort- nés, celles des suicidés, des hommes condamnés
injustement ; elles ne peuvent remonter au jour comme elles
le voudraient. Un peu plus loin sont les champs où errent
autour de buissons de myrte les âmes des morts d'amour.
On atteint ensuite le domaine des héros tués devant Thèbes
et devant Troie. On se hàto et on arrive à la bifurcation
de la route des Champs-Elysées et de l'enfer ou Tartare.
A droite, le palais de Pluton et de Proserpine, autour du-
quel sont les bienheureux ; à gauche, la descente vers le
Tartare. De ce côté, Enée aperçoit une triple enceinte au-
tour de laquelle le Phlégéthon roule ses flots brûlants ; la
porte est surveillée par Tisiphone; on entend des hurle-
ments et un cliquetis de chaîne. Dans ce château, Khada—
manthe torture les coupables jusqu'à ce qu'ils avouent; ils
sont ensuite livrés aux Furies et précipités dans l'enfer,
dont nul ne sort; cet abime est deux fois plus profond que
la hauteur du ciel; tout au fond sont les Titans et autres
ennemis des dieux, les Aloïdes, Salmoneos, Ixion et Piri-
thous ; là sont aussi châtiés ceux qui ont haï leurs frères,
frappé leur père, témoigné faussement contre leurs clients,
les avares, les adultères et tous les traîtres. Enée se pré-
cipite du côté opposé, dans le bois de Proserpine, et parvient
à la cité des bienheureux. Il en franchit le seuil et, le voici
dans les Champs-Elysées, sous un ciel resplendissant de
la lumière la plus pure, par un jour éternel et un printemps
sans tin. Les héros se divertissent sans lin ; les exercices
gymnastiques ou militaires, les danses, le chant, la mu-
sique, les banquets leur procurent un plaisir sans cesse
nouveau. A quelque distance est la source du Léthé, où les
âmes vont boire l'oubli du passé avant de remonter sur la
terre. Enée, après avoir vu son père Anchise, qui lui prédit
la destinée de leur race, remonte sur la terre par une des
deux portes du rêve. Bien que cette description du séjour
souterrain des morts ne soit qu'un développement poétique,
elle nous montre comment on se figurait l'enfer au temps
d'Auguste, et le récit de Virgile a été reproduit ou imité un
grand nombre de fois jusqu'au xvme siècle par les littéra-
teurs, sans parler des artistes qui s'en sont inspirés.
VU. Mythologii: celtique, germanique, Scandinave,
slave (V. Celtes, t. IX, p. 1077, Germanie et les art.
Mythologie, 'Mort el Religion). A.-M. B.
VIII. Christianisme (V. Eschatologie et Descente aux
enfers, t. XIV, p, -2-22).
BlBL. : 1° Généralités. — V. Mythologie, Mort,
Religion.
2' Egypte. — V. Egypte.
3° Inde. — San Germano, A Description of Ihe burmese
empire; Rome, 1*33, in-4. — Aboi RÉMUSAT, Fo Kouc-ki;
Paris, 1836, in-4. — Eue. Burnoue, Intr. à ïhist.du liuddh.
indien; Paris, 1844 et [876. — Du même, Lotus de la bonne
loi; Paris, 1852, in-4. — Sp. Hardy, A Manual of Iludhism;
Londres. I*ô3, in-8. — L. Feer, Fragments du Kanrijour,
IHH'i. — Du même, Avadâna-Sataka, 1891, t. V. et XIV des
Annales du musée Guimet, in-4. — DEMn.LouE,G'ata(oyut!
du musée Guimet; Paris, 1**2, in-12.
4" Grèce. — Wissowa, Ueber die Vorslcllungen der
Allen von dem Leben nach, dem 'iode; Hreslau, 182.V —
LlMBURG-BaouwEB, Histoire de la civilisation morale et
religieuse (1rs Grecs. — Eggers, De Orco Homeri;
Alton i, 1886. — Nœgblsbach. Homcrische Théologie et
Nacnhomerisclie Theologin ; Nuremberg, 1857. — Ger-
hard, Die Griechiscne Unterwelt auf Vasenbildern,
Arch. Zeilung, 1843 '-t 1844. — V. aussi les ouvrages géné-
raux cités aux art. Mythologie et Religion.
ENFIDA (L'). Vaste domaine de Tunisie, au S.-S.-E. de
iNi m» \ - i:\i;adi»i
— 1091 —
Tunis, sur la roule de Sousse, prés du golfe de Hammamet ;
148,080 heet. Il lut donné pu lebej nohammed-es-Sadok
au généra] Khekeddnu «jui le vendit 2,500,006 fr. à une
p/imp«gnui de Marseille, la Compagnie franco-africaine.
Elle n exploite directement qu'une petite partie de celle
immense surface; le reste l'est par des colons européens ou
indigènes. 25,000 hect. environ sont cultivés en céréales,
500 en vignes qui donnent déjà un lion rapport; le reste est
en fonts, pâturages et landes ; on estime à 18,000 indigènes
et 400 Européens la population qui vit sur les terres de
l'Enfida ; le centre de l'exploitation est VEn/idaeillr ou bar
el liey, ou il y a d'importantes constructions, un haras, un
marché hebdomadaire très fréquenté, etc. K. C\t.
ENFIELD. Ville d'Angleterre, comté de Middlesex, a
16 kil.au N. du pont de Londres ; 10,499 liait, (en 1881).
Manufacture d'armes de l'Etat. La forêt d'Enneld, jadis
très giboyeuse, a disparu.
ENFIELD (William), théologien anglais, né en 4741 ,
mort en 4797. Il appartenait à l'Eglise presbytérienne et y
a laissé la réputation d'un homme aimable, d'un prédica-
teur persuasif et d'un écrivain vigoureux. On a souvent
réimprimé une de ses compilations intitulée The Speaker,
or Miscellaneous Pièces selected from the best English
Writers (4774). B.-1I. G.
EN FI LA DE. I. Architecture. — Disposition sur un même
axe ou dans une même ligne droite des portes donnant accès
aux diverses pièces d'un même appartement, lesquelles pièces
sont dites, elles aussi, en enfilade. Cette disposition très
habituelle dans les palais italiens et dans les châteaux fran-
çais de la Renaissance, ainsi que dans les grands apparte-
ments de l'époque de Louis XIV, parce qu'elle donnait aux
appartements de réception un air de grandeur et de magni-
ficence, est quelque peu tombée en désuétude depuis plus
d'un siècle, au fur et à mesure que plus de réserve dans
la vie privée et des habitudes de confortable, en même
temps que l'exiguïté des terrains dans les villes, ont amené
des changements notables et une certaine complication dans
la distribution des intérieurs. Cependant, la distribution en
enfilade s'impose toujours pour les salons de réception des
palais et des édifices publics ; mais une plus grande lar-
geur des pièces permet aujourd'hui de créer, dans ces
salons, une double enfilade de portes assurant une double
circulation. Charles Lucas.
II. Artillerie. — Tir d'enfilade (V. Tir).
ENFLÉCHURE (Mar.). Nom donné aux petits échelons
en corde qui servent à monter dans la mâture et qui sont
fixés sur les haubans.
ENFLEURAGE (Chim. industr.) (V. Essence).
ENFONVELLE. Coin, du dép. de la Haute-Marne, air.
de Langres. tant, de Bourbonne-les-Bains; 462 liai).
ENFOUISSEMENT (Econ. rur.). I. L'enfouissement
consiste à enterrer une récolte en vert sur le champ qui
l'a fait pousser, dans le but d'amender ou de fertiliser la
terre sans qu'il soit besoin d'y transporter des engrais.
Quelquefois l'enfouissement se t'ait avec des plantes qu'on
a cultivées spécialement dans ce but ; d'autres fois on enfouit
les récoltes maigres ou mal venues qu'on n'aurait pas
d'avantages à rentrer. La pratique des enfouissements vé-
gétaux est très ancienne et elle rend des services évidents
dans la culture des terres pauvres d'un accès difficile ou
éloignées de l'exploitation pour lesquelles, par conséquent,
les charrois de fumiers et autres matières fertilisantes
seraient trop onéreux. Ce système des enfouissements
végétaux est surtout pratiqué dans le Midi; il fournit
en outre de la matière organique ou humus à la terre et
la tient dans un état de fraîcheur favorable à la végéta-
tion. Il est essentiel de choisir avec soin les plantes qui
devront être enfouies ; autant que possible elles réuniront
les qualités suivantes : 4° être en rapport avec le climat et
la nature du sol; 2° croître sur des terres maigres;
3" avoir une végétation rapide; 4° avoir un système radi-
culaire et aérien très développé. Les plantes de la famille
des légumineuses, le trèfle, la luzerne, le lupin, etc.,
réunissent li plupart de ces eonditimis. <>|>endant,on em-
ploie aussi dans ce but le sarrasin, l'anthyllide, h- cota, la
moutarde noire. L'époque de l'enfouissement doit Un OsBe
nu la plante commences Senrir; alors on fiasse un fort
rouleau sur la récolte pour eouehcr les plantes, puis OU lait
i eharrue qui enterre les végétaux dans lm al-
lons. Quelquefois, mais plus rarement, on fauche d'abord
la plante et on l'enfouit ensuite; ce surcroît de besogne
n'en) recommandante que lorsque les plantes sont trop
touffues et trop abondantes.
IL L'enfouissement des cadavres des animaux mors de
maladies contagieuses est ordonné parle décret du 22 juin
1882, lorsqu'on se trouve dans Impossibilité de les faire
transporter dans un clos d'équarriasage. L'enCanissaonal
se pratique sur la terre du propriétaire ou dan^ un terrain
communal spécialement affecte à cet ange. Les i suâmes
doivent être recouverts d'une couche de terre d'au moins
lm.')() d'épaisseur, et, sous aucun prétexte, on ne peut Isa
déterrer sans une autorisation spéciale du préfet.
A. Larbai.ktrikh.
ENFOURCHEMENT (Constr.). Lorsque deux douelles
de voûtes serencontrent, l'angle qu'elles forment s'appelle
enfourchement, parce que les voussoirs qui se trouvent sur
l'arête ontdeux branches présentant la forme d'une fourche.
On voit un exemple de cette disposition dans les premières
retombées des angles d'es voûtes d'arête. — En charpente,
on désigne ainsi l'un des modes d'assemblage employés
pour enter, c.-à-d. pour relier bout à bout, dans le sens
vertical, deux pièces de charpente en bois. On distingue
plusieurs sortes d'enfourchement. L'enfourchement par
quartier à mi-bois sur les quatre faces, dans lequel les
quartiers conservés diagonalement sur une pièce entrent
dans les emplacements de ceux qu'on a supprimés sur
l'autre. L'enfourchement en fausse coupe, dans lequel les
fourchons sont triangulaires; chaque pièce en porte deux
avec deux entailles, les fourchons d'une pièce s'appliquant
aux entailles de l'autre et les deux bois se joignant par un
about carré, dont les angles répondent aux milieux de
leurs faces; les abouts des fourchons sont en coupe, afin
qu'ils ne s'écartent pas. Le plus usité est le double en-
fourchement carré, formé de quatre mortaises, une sur
chaque face du poteau et de quatre tenons épaulés. Ces di-
vers assemblages exigent une armature en frettes de fer
au droit des joints. L. K.
ENFOURNEMENT (Céram.)(V. Cuisson).
ENFOUS (Ksar). Petit ksar d'Algérie, prov. d'Oran, à
20 kil. au S. d'Aflou, sur le plateau ou gada d'Enfous, à
environ 4,800 m. d'alt. et à la tète d'un oued du même
nom, aftl. de l'oued Richa. Le ksar contient quelques mai-
sons habitées par des Oulad Yacoub el Gharaba.
ENFUMAGE (Céram.) Nom donné généralement à la cou-
leur jaune, accidentelle, de la couverte blanche des objets
céramiques. On l'attribue, en effet, au passage de la fumée
dans le four : on devrait bien plutôt l'appliquer à l'opé-
ration de la cuisson des flambes, au moment ou l'artiste
lance dans le four des torrents de fumée, qui enveloppent
les pièces, absorbent par places l'oxygène des oxydes mé-
talliques qui les décorent, et, transformant inégalement ainsi
leurs couleurs, produisent des colorations marbrées d'un
si curieux aspect (V. Cuisson). F. M.
ENFUTAGE (Techn. agric). L'enfutage consiste à
mettre en fût ou en tonneau un liquide, tel que le vin, le
cidre, la bière, l'eau-de-vie, etc., soit pour le conserver,
soit pour lui faire subir une fermentation lente. Lorsque
la quantité de liquide à enfuter est peu considérable, on
verse ce liquide dans un grand entonnoir en bois dont le
tuyau est introduit dans la bonde du fût : mais, lorsqu'il
faut déverser dans des fûts plusieurs hectolitres «l'un
liquide, on se sert généralement de tuyaux partant du ré-
servoir pour aboutir à la bonde. C'est au son plus ou
moins clair que rend le liquide en tombant dans le fût qu'on
voit si celui-ci est à peu près plein (V. Fi il.
ENGADDI. Localité de l'ancienne Palestine, située sur
— [083 —
BNGADDI — ENGAGEMENT
le bord occidental de la mer Morte et qui subsiste, aujour-
d'hui encore, sou le nos parfaitement conservé de Am-
Djiddi. Des sonnes j développent une végétation d'une
nature tropicale, qui a été célèbre dès les temps les plus
recalés.
ENGADINE. Vallée de Suisse, tant des ('.lisons, longue
d«> 90 kil. environ, large de i seulement, qui s'étend du
.m V-l . entre deux chaînes des Alpes grisonnes,
le Kmg do l'inn. affluent du Danube. On distingue la llaute-
adine et la Basse-Engadine. La première commenee au
MaToggia et s'étend jusqu'à Samaden, qui en est le chef-lieu.
point culminant est à 1,856 m. 11 s'y trouve quatre
: de Sils, de Silvapltna, de Campfer et de Saint-
Maurice. Le iiini.it est rude, la culture du sol à peu près
nulle: la pomme de tene, l'avoine et le seigle ne mûrissent
que dans les bonnes années. Cependant, grâce i son air pur
i (niant, à la beauté grandiose du site et aux eaux
ferrugineuses de Saint-Maurice, la Haute-Ëngadine est une
n de premier ordre. Les nombreux hôtels dont elle est
parsemée rivalisent en grandeur et en confort avec ceux
d'Interlaken ot de Lucarne. L'affinenca dos touristes et des
baigneurs est très considérable. La Basse-Engadine, qui
s'étend de Samaden au Tirdl, est moins attrayante, parce
que les |iies neigeux et les glaciers J sont moins nombreux,
(l'est dans cette partie que se trouvent les bains de Tarasp.
La population indigène de l'Engadine, qui est en majorité
protestante, parie l'idiome ladin ; elle est industrieuse et
•droite. La plupart des jeunes gens émigrent, mais reviennent
finir leur carrière dans leur vallée natale, ce qui fait que
cette contrée, au rude climat, au sol presque improductif, est
riche par le bien-être de ses habitants. Au commencement
du x\ u" siècle, l'Engadine fut le théâtre de longues guerres.
Les Autrichiens qui l'avaient occupée et dévastée en furent
chassés par Henri de Kohan qui lui rendit son indépendance.
ENGAGÉ conditionnel. L'engagement conditionnel,
institué par la loi du ï~ juil. 187"2, permettait à un cer-
tain nombre de jeunes gens placés dans dos conditions
déterminées de ne faire qu'un an de service au lieu de
cinq. Les jeunes gens pourvus do certains diplômes (bac-
calauréats, diplômes de fin d'études de l'enseignement
spécial, élèves des écoles vétérinaires, etc.) étaient admis
de droit a contracter cet engagement, sans limitation de
nombre (art. 53 de la loi). Les hommes, non pourvus de
diplôme, pouvaient également bénéficier de cette dispense,
-'ils satisfaisaient à un examen institué parla loi, mais le
ministre de la guerre limitait chaque année le chiffre de
n^.i-ements, en fixant le nombre des points nécessaires
pour être déclaré admissible. L'examen était subi au chef-
lieu du département devant une commission; il comprenait
une partie écrite et une partie orale ; les matières du pro-
gramme de l'examen oral formaient trois séries : agricul-
ture, eoinmene et industrie. Les candidats étaient inter-
rogés sur les matières de la série choisie par eux (art. 54
et suiv.). Les engagés conditionnels admis de droit ou à
la suite de l'examen devaient verser une somme de
I . •00 fr. ; l'exonération totale ou partielle du versement
de cette somme pouvait être accordée à quelques jeunes
9 très méritants. Il fallait d'ailleurs remplir les condi-
tions exigées pour les engagements volontaires, excepté
celle d'être célibataire, et n'avoir pas encore tiré au sort.
nuis cette dernière exigence du législateur, beaucoup de
jeunes gens auraient attendu ce moment pour contracter
l'engagement conditionnel, dans l'espoir que leur numéro
de tirage b-s placerait dans la seconde portion du contin-
il et leur permettrait ainsi de ne faire qu'un an de ser-
i 1 ,500 fr. et sans être astreint aux tra-
vaux spéciaux exigés des engagés conditionnels. Mais dans
le but de ne pas interrompre les études des jeunes gens,
notamment des étudiants on médecine et des vétérinaires, la
loi avait institué des sursis renouvenables d'année en année,
leur permettant, après avoir contracté leur engagement, de
n'accomplir l'année de service qu'à vingt-quatre ans.
Les engagés conditionnels étaient répartis dans les diffé-
rentes armes, d'après leur demande et suivant leurs apti-
tudes. Ils comptaient dans l'effectif entretenu et étaient
légalement soumis au même régime que les antres soldats ;
mais, a te ils versaient 1 ,500 (v., ils recevaient toujours
des effets d'habillement neufs, qui devenaient leur pro-
priété à la lin de leur année de service. Au point de vue
do l'instruction militaire, et bien qu'ils comptassent dans
les compagnies, escadrons ou batteries, ils formaient un
peloton spécial dirigé, suivant son effectif, par un capi-
taine mi un lieutenant aidé par des sous-olliciers et capo-
raux choisis avec soin. Le programme de cette instruction
comprenait les règlements sur les manœuvres et les divers
services et des cours de lir, d'administration, de topogra-
phie, de fortification et de législation militaire. Les enga-
gés conditionnels subissaient à la fin de chaque trimestre
un examen devant une commission nommée par le chef de
corps et présidée par un chef de bataillon ou d'escadrons.
Ceux qui satisfaisaient à l'examen de fin d'année étaient
libérés avec le grade de sous-otlicier ou de caporal ou
comme simples soldats, suivant la mention qu'ils avaient
obtenue (très bien, bien ou assez bien). Ceux qui ne
satisfaisaient pas à cet examen ou qui avaient subi pendant
l'année plus de trente jours de prison pouvaient être
conservés au corps une seconde année. Si après ces deux
ans de service ils n'étaient pas encore jugés dignes de
jouir des avantages accordés aux engagés conditionnels, ils
suivaient le sorl de leur classe. Préoccupés, à juste titre,
d'assurer le recrutement des officiers de réserve, les légis-
lateurs de 1872 accordaient le grade de sous-lieutenant
dans la réserve aux engagés conditionnels qui, nommés
sous-ofliciers à la fin de leur première année de service,
consentaient à faire une seconde année en cette qualité.
Mais, comme il fallait s'y attendre, le nombre de ces
jeunes gens a été extrêmement faible, et, comme la
plupart des hommes susceptibles par leur instruction
générale et leur position sociale d'être officiers dans la
réserve n'avaient servi qu'un an en qualité d'engagés
conditionnels, il a bien fallu se rabattre sur eux pour re-
cruter cette catégorie d'officiers. Les anciens engagés con-
ditionnels passés dans la réserve et qui avaient obtenu le
grade de sous-officier ou, à défaut, la mention très bien,
ont donc été admis à subir les examens nécessaires, et ce
sont eux qui aujourd'hui occupent la plupart des emplois
d'officier dans la réserve et dans l'année territoriale. Ils
sont généralement inférieurs, je ne dirai pas aux anciens
officiers de l'armée active retraités ou démissionnaires, ce
qui est évident à priori, mais même aux anciens sous-
olliciers ayant une bonne instruction primaire, qui ont
accompli trois ou quatre ans de service. L'institution des
engagés conditionnels a vécu ; elle a été supprimée parla
loi du 45 juil. 1889 sur le recrutement de l'année, et les
derniers engagés conditionnels ont été appelés en 1888-
89. Il ne faut pas la regretter. Maladroitement, copiée sur
le volontariat d'un an qui fonctionne en Allemagne depuis
le commencement du siècle, elle a toujours paru, ce qu'elle
était en réalité, une forme nouvelle du remplacement
(V. Armée, Exonération, Recrutement). E. Eeller.
ENGAGEMENT. I. Législation militaire (V. Recru-
tement).
II. Instruction publique. —Engagement décennal
— L'engagement décennal contracté par les membres de
l'enseignement public les dispensait autrefois des obliga-
tions du service militaire. La loi du 15 juil. 1889 sur
le recrutement de l'armée a maintenu cet engagement,
mais elle n'y attache plus les mêmes effets. Désormais,
l'engagement de servir l'enseignement public pendant dix
ans ne dispense plus comme autrefois de tout service
militaire; il permet seulement à celui qui l'a contracté de
demander et d'obtenir, en temps de paix, d'être envoyé
en congé dans ses foyers, après un an de présence sous
les drapeaux, jusqu'à la date de son passage dans la
réserve (art. 25). Cette dispense de deux années de pré-
sence sous les drapeaux étant corrélative à un service
ENGAGEMENT - ENCAOISTE
— tOSI —
public, celui qui ne remplirait pu une «lis fonctions dans
lesquelles peut être réalisé l'engagement décennal (pn
sein-, maître, répétiteur, instituteur) ou i|ui caaaerait de
la remplir avant l'expiration de cet engagement, est tenu
d'accomplir les dem années de service dont il avait été
dispensé (art. 24). Bn outre, les jeunes gens, qui, pendant
leur année de service, n'auraient pas satisfait aux condi-
tions de conduite et d'instruction militaire exigées |>ar le
ministre delà guerre, sont tenus d'accomplir sans délai les
deux autres années de service. L'engagement décennal au
titre de l'instruction publique est contractédevantles recteurs
d'académie. Le délai pour produire les pièces justificatives
exigées s'étend jusqu'au moment de l'incorporation (règle-
ment du 23 nov. 188!)). L'âge minimum à partir duquel
l'engagement décennal peut être contracté est l'âge de dix-
huit ans. Les économes, commis d'économat, commis aux
écritures des lycées, ne sont pas admis à contracter l'en-
gagement décennal ; leurs emplois ne sont pas des emplois
d'enseignement, les seuls pour lesquels la loi du recrute-
ment a admis des dispenses. Le dispensé doit justifier
chaque année, du 15 sept, au 15 oct., par un certificat
que délivrent les recteurs et qui est adressé aux comman-
dants des bureaux du recrutement, qu'il exerce et continue
d'exercer l'emploi qui lui a valu la dispense de deux années
de service. L'année passée sous les drapeaux ne compte pas
dans la réalisation des dix ans d'engagement. 11 en est
autrement des congés accordés pour cause de maladie, mais
de ceux-là seulement, et à condition que la maladie soit
constatée par deux médecins, dont l'un désigné par l'auto-
rité militaire. Le règlement admet d'ailleurs que la réa-
lisation de l'engagement décennal peut comporter des
solutions de continuité ; que des congés peuvent être
accordés pour d'autres causes que la maladie, que le dis-
pensé peut remplir provisoirement d'autres fonctions que
celles pour lesquelles il a été dispensé, à condition que ces
congés ou ces fonctions ne reculent pas de plus de trois ans
l'accomplissement de l'engagement décennal.
Il est d'ailleurs à remarquer que le ministère de l'ins-
truction publique n'est pas le seul ou des dispenses peuvent
être accordées en vertu d'un engagement décennal : des
engagements décennaux peuvent être reçus soit par le
ministre de l'intérieur pour les institutions des sourds-
muets et des jeunes aveugles, soit par le ministre des
affaires étrangères pour les écoles françaises d'Orient et
d'Afrique subventionnées par le gouvernement français.
II en résulte que l'engagé décennal de l'instruction publique
peut réaliser son engagement dans ces écoles, et récipro-
quement. Enfin l'engagé décennal universitaire peut encore
accomplir ses dix ans de service dans l'enseignement, à titre
d'instituteur, de professeur et de maitre répétiteur, dans
les écoles d'enseignement professionnel visées par l'art. 10
de la loi du 30 juil. 1875 et dans l'une des écoles pré-
parant aux diplômes compris dans la nomenclature du (j 2
de l'art. 23 de la loi du 15 juil. 1889 : Ecole des chartes,
Ecole des langues orientales vivantes, Ecole d'administra-
tion de la marine, Ecole des ponts et chaussées, Ecole
supérieure des mines, Ecole du génie maritime, Institut
national agronomique , Ecole des haras du Pin, Ecoles
nationales d'agriculture de Grand- Jouan, de Grignon et de
Montpellier, École des mines de Saint-Etienne, Ecoles des
maitres ouvriers mineurs d'Alais et de Douai, Ecoles na-
tionales des arts et métiers d'Aix, d'Angers et de Chàlons,
Ecole des hautes études commerciales et Ecoles supérieures
du commerce reconnues par l'Etat. Il est probable que des
efforts seront tentés pour étendre encore cette longue liste,
et en ce moment même il est question, au Parlement, d'ad-
mettre au bénéfice de la dispense par engagement décennal
les élèves des Ecoles pratiques d'agriculture. G. Compayré.
III. Droit civil.— Engagement chéàtral (V. Artiste,
t. IV. p. 30),
IV. Tactique. — Combal de peu d'importance el de
durée. Dans une bataille, les troupes ne sont engagées,
c.-à-d. mises aux prises avec l'ennemi, que successive-
ment, l'importance, pour un général, d'avoir toujours des
réserves ions la main, étant capitale. Ko tii<-se générale,
dans une action offensive, l'infanterie de l'avant-garde tire
les premiers coups de feu, et la cavalerie di visionna
foule la cavalerie ennemie et assaje de gagner les lianes de
l'adversaire. L'artillerie de l'avant-garde commeie
pour appuyer le mouvement de l'infanterie. Puis les unités
du gros entrent en ligne, et enfin, s'il en est besoin, les
troupes en réserve. Savoir engager ses troupes est d'une
grande importance pour un général en chef.
V. Escrime (V. Eecuvs).
EN GAGISTE. On appelait ainsi le détenteur précaire
d nn fief faisant partie du domaine de la couronne. Souvent,
pour se procurer de l'argent, les rois engageaient à un
tiers une partie de leur domaine. Pasquier, dans -
cherches, l'ait remonter cel usage à des lettres patentes
de Charles VIII datées dort. 1494, au cours de la cam-
pagne d'Italie. Chopin en attribue l'invention a François P*
(1519). Pour être valable, l'engagement exigeait trois con-
ditions : 1° l'aliénation a deniers comptants; 2° des lettres
patentes enregistrées ; 3° la faculté de rachat perpétuel.
Cette dernière condition était imposée par le principe, dé-
finitivement établi à la fin du xvi« siècle, de l'inaliénabi-
hté du domaine royal. L'engagement put d'abord être
consenti par-devant notaires ; Henri IV établit des com-
missaires qui présideraient des enchères en vertu des-
quelles il serait consenti au plus offrant et dernier enché-
risseur. Dans la situation respective des parties, l'enga-
giste était un prêteur de sommes d'argent à qui les biens
engagés servaient de garantie. C'était une situation ana-
logue à celle de l'antéchrésiste. Le roi, jouant le rôle d'em-
prunteur, conservait toujours le droit de rembourser et de
retirer le gage. Le roi restait donc propriétaire; l'enga-
giste, simple détenteur précaire, ne pouvait prescrire.
Celui-ci n'avait que les droits utiles, producteurs de fruits,
et non les droits honorifiques et personnels. Seuls les pre-
miers étaient comptés dans l'estimation que l'on pouvait
faire du droit d'engagement. Les uns dépendaient du fief,
droits seigneuriaux ou fixes : cens, rentes, loyers, fen
taillis, arbres fruitiers morts ou arrachés par l'orage ;
droit annuels ou casuels comme les mutations. Les autres
suivaient la justice : amendes, confiscations, déshérence,
bâtardise.
Mais l'engagiste n'avait point droit à recevoir la foi des
vassaux qui devaient la porter à la chambre des comptes
(ord. Moulins, art. 15); plus tard, au bureau des finances
de chaque généralité (arrêt du conseil du roi du 27 mars
1687). Il ne peut exercer ni le retrait féodal, ni le
retrait censuel, ni la saisie féodale sans clause spéciale
de son contrat d'engagement. Sauf cette condition, il n'a
ni droit de patronage, ni droit de nommer aux offres
et aux bénéfices (ord. Mois, art. 331 ; édit mai 1715).
Pourtant plusieurs édits de Louis XIV accordèrent tout
ou partie de ces divers droits aux engagistes antérieurs
à ces édits. L'engagiste ne peut disposer des bois de
haute futaie (édit juin 1611; ord. 1607). Il n'a pas la
garde des mineurs, qui appartient au roi d'une façon
incommutable, en principe. Si un héritage devient de main-
morte, il n'a pas droit à l'amortissement, réservée tacite-
ment au roi; à plus forte raison à l'indemnité en deniers
3 ni représente le fief et constitue un droit réel attaché au
omaine de la couronne. Mais des arrêts admirent ou qu'on
lui en servirait les intérêts; ou qu'on en acquerrait des
héritages dont il jouirait tant que durerait l'engagement.
L'engagiste ne portait pas le titre de la seigneurie dont les
biens lui étaient engagés ; il n'était ni duc. ni marquis, ni
comte. Il se qualifiait seulement parfois de seigneur par
engagement de tel duché, ou marquisat, etc. Il ne pouvait
placer ses armes dans l'église: niais certains lui reconnais-
saii ni le droit de les attacher, en place publique, à un po-
teau, au-dessous de celles du roi. — Les charges corres-
pondaienl à ses droits : les uns se rattachaient au fief, les
autres .< la justice. Il devait donc tenir les moulins et
— 4055
FNGAGISTF - ENGEL
antrvs édifices, les fiefs, les aumônes et autres charges el
fanv certification de trois ans en trofs ans à la chambre
optes (ord. \1 cet 1601; déclar. 22 dèc. 1657).
11 devait également faire dresser procès-verbal de Fétat des
forets par les officiers dos eaux et forêts (èdit
d*avr. 1667) et fournir un état détaillé de la situation
matérielle .les domaines (an-. 19 sept. 1687). Bien que la
justice ne lui appartint pas. lengagiste devait pourvoir
an fiais de Bourriture, de garde, de conduite 'les pri-
sonniers, aux frais d'instruction et de procédure que sup-
portait lé roi, avant l'engagement (ord. 1667, art. 14 et
l'entretien des prisons (déchu*. T nov. 1724); aux
appointements des officiers de justice que le roi pavait
auparavant.
Par contre, comme ils tenaient pour le roi qui restait
seigneur et propriétaire, il ne lui devait ni foi, ni hommage,
: de mutation, aucun droit seigneurial. La saisie
féodale ne pouvait les atteindre. Cependant, en Bretagne
et en Normandie, ils étaient illogiquement soumis aux
droits de mutation; Pédit de nov. 1037 les en frappa
ut, et, dans beaucoup de contrats d'engagement,
oserait la charge des lods et ventes. A la mort de
\ igiste, l'engagement était continué par ses enfants
moyennant finances. Les engagistes disparurent avec l'an-
cien ré§ Dkclarelil.
ENGALLAGE (Teint.). Opération de teinture quiapour
but de disposer sur les tissus une certaine quantité de
tanin. L'engallage contribue à donner de la solidité aux
ranges d'Andrinople, mais aujourd'hui où ces rouges se
font couramment à l'alizaiine artificielle, on a en partie
supprimé l'engallage. Pourtant quelques fabriques l'em-
ploient tout en teignant sur alizarine artificielle. Diffé-
rentes méthodes d'engaUage ont été employées : après
l'huilage et le passage en potasse pour dégraisser, on trai-
tait i par un bain contenant 80 gr. de noix de
galle, 1.0 gr. de savon dissous dans quatre ou cinq litres
d'eau, quantité reconnue nécessaire pour 1 kilogr. de
ti>su; l'engallage ainsi compris se fait à chaud et précède
l'alunage. On a aussi employé le sumac à 6° mêlé à une
décoction de divi-divi à 0° également dans la proportion
de 1 de sumac pour 2 de divi-divi. On foularde alors les
pièces six à huit fois, a6n qu'elles s'imprègnent bien de la
matière astringente. L. K.
ENGANO. Ile de la Sonde, dans l'océan Indien (Ma-
laisi.i,au S.-E. de Sumatra. Lat. S. 5°2i', long. E. 100°.
Klle a 40 lui. de circonférence et est très élevée au-dessus
du niveau de la mer. Cotes pou abordables à cause des
récifs de corail. Productions semblables à celles de Suma-
tra. Les naturels de cette lie, quoique appartenant à la
race malaise, sont cependant plus grands et plus blancs que
ceux des autres iles de la Malaisie. lis ont les cheveux
noirs et courts; les femmes les portent longs et relevés à
la chinoise. Les deux sexes sont nus entièrement, à l'ex-
ception de la ceinture qu'ils entourent de feuilles de pal-
mier. Comme les sauvages de ces pays, ils se percent les
oreilles pour y suspendre des anneaux et adorent les ver-
roteries européennes. Leur nourriture consiste en cocos,
sagou et poisson cru ; ils ne boivent que de l'eau et du vin
de palmier. Leurs habitations ressemblent à des ruches
élevées sur des piliers. Leurs arims sont la lance et le
couteau de Java. Leur religion est inconnue. Leur langue
n'est pas comprise même par les habitants de Sumatra,
leurs plus proches voisins. Les Hollandais et les Anglais
ont fait des expéditions à Lngano, mais leurs tentatives
D'oui pas réussi. HsTREBS d'Estret.
ENGAU (Johan-Rudolf), jurisconsulte allemand, né a
Krfurt on 1708, mort le 18 janv. 1735. Il lit >cs premières
études a Krfurt avec Langguth, puis il étudia à Weimar,
sous Jean-Mathias Gesner, et ensuite a léna. Il y fut reçu
docteur en 17-î * et y devint professeur ordinaire en 1740,
puis recteur en 17 '».'>. On a de lui : Kurze Betrachtung
i rjàhrungen m peinUchen FàUen (hua,
17 ;;. in-8 ; 177-J, m-8) : Elementa juris Germanici
cirilis (léna, 1736, in-8) ; Elementa juris criminalis
Germanico-Carotini (léna, I7,">s, in-8); Instrumentum
paris Osnabruaensis récognition, et >ii>!is margina-
libus ri indice instruction (léna, 1739, in-8) ; Elrmrnta
juris canonico-pontificio-ecclesiastici (léna, 1739 et
1753, in-8) ; Àbhandlung vom Recht euangeliseker
Fûrsten iiher die aufden Kanzeln stehende Lehrer
(17S7,in-S). G. B.
ENGAYRAC. Coin, du dép. de Lot-et-Garonne, arr.
d'Agen, cant. de Beau ville; 334 hab.
ENGEL (Karl-Emmanuel), organiste et maître de cha-
pelle de l'électeur de Saxe et directeur de la musique de
l'opéra de Leipzig, né à Technilz près de Dœbeln en 1740,
mort en l79o. Ce fut un compositeur studieux.
ENGEL (Johann-Jacob), écrivain allemand, né à Parchim
(Mecklembourg) le 11 sept. 1741, mort à Parchim le
28 juin 1802. On le cite comme un exemple d'intelligence
précoce. Dès sa jeunesse, il sembla promettre à l'Allemagne
un grand écrivain ; il ne tint qu'en partie cette promesse.
11 attira d'abord l'attention par une poésie qu'il composa
sur la mort de son oncle, professeur à l'université de Bos-
tock, qui s'étaitoccupé de son instruction (1758). En 17611,
à l'occasion des fêtes où l'on célébra la fin de la guerre de
Sept ans, il prononça un discours dont on admira le style
et l'heureuse ordonnance. L'éloquence allemande, qui n'avait
jeté qu'un éclat passager au temps de la Béforme, était
encore dans l'enfance. Engel, s'il avait persévéré dans la
voie où il s'était engagé, n'aurait pu être, en tout cas,
qu'un orateur du genre tempéré. C'était un esprit ferme et
lucide, mais sec, sans passion et sans élan. Ses opinions
rationalistes lui ayant fermé la carrière ecclésiastique, vers
laquelle l'avaient dirigé ses premières études, il se rendit
à Leipzig (1765), où il s'occupa de philosophie et de litté-
rature ancienne et moderne. Quelques comédies, qu'il fit
représenter au théâtre de la ville, et le premier volume de
son Philosophe pour le monde (Leipzig, 1775), dont plu-
sieurs chapitres avaient déjà paru dans des revues, eurent
un tel succès que la Saxe, le Hanovre et la Prusse cher-
chèrent à se l'attacher. II accepta une chaire au gym-
nase de Joachimslhal à Berb'n (1776), fut nommé membre
de l'Académie des sciences et précepteur du prince héré-
ditaire qui régna plus tard sous le nom de Frédéric-
Guillaume III. Ses Idées sur la mimique (Berlin, 17N5-
[786, 2 vol.) lui procurèrent la direction du théâtre
(1787), mais sa santé affaiblie le fit renoncer à cet emploi
(1791); il se retira à Schwerin, auprès de son frère.
Frédéric-Guillaume .III, aussitôt après son avènement, le
rappela à Berlin et lui donna une pension (1798). Les
fatigues d'un voyage qu'il fit pour revoir sa ment hâtèrent
sa fin. Ses œuvres complètes ont paru à Berlin (1801-1806,
12 vol.; nouvelle éd., Francfort, 1857). Le Philosophe
pour le momie, dont le second volume parut en 1777, est
un ouvrage de morale familière et pratique sous forme de
récits, de dialogues, de lettres, d'un style très châtié;
c'est la prose de Lessing, moins la vigueur et l'entrain;
quelques parties, comme Tobias Witt et la Grotte d'An-
tiparos, sont devenues classiques. Les mêmes qualités et
les mêmes défauts se retrouvent dans le roman Herr
Loreus Stdrk (Berlin, 1801) qui a été jugé trop sévè-
rement par Giethect Schiller et qui offre une peinture par-
fois attachante de la vie bourgeoise en Allemagne au
xviii8 siècle. Les Idées sur la mimique sont une sorte
de continuation de la dramaturgie de Lessing ; Jansen en
a donné une traduction fort défectueuse dans son liecueil
de pièces intéressantes (Paris, 1787). Il faut citer encore
d'Engel : Fûrstenspiegel (Berlin, 1798 ; ± >■<]., 180-2) ;
Anfangsgrùnde einer Théorie der Diehlunysart.cn (Ber-
lin et Stettin, 1783 ; 2e éd., Berlin, 1804) ; Lobrede auf
Friedrich II. (Berlin, 1781). A. B.
ENGEL (Johann-Christian), historien hongrois, né à
Levocs en 1770. mort à Vienne en 1814. Il remplit en
Transylvanie diverses fonctions administratives et a publié
de nombreux travaux sur l'histoire de la Hongrie et des
ENGEL — ENGELBREKT
— 1056 —
j..ivs voisins. Lee principani sont ; Getchickte van llu-
Uuch und Wladimirbu f772(V\Bnno,il&i);Geschichte
der Ukraine (Halle, 1796); Geschichte des utuarischen
Reichet und Seiner Nebenlânder (Halle, 1797-1804,
4 vol.); Geschichte der Freistaats Ragusa (\ ienne, 1807);
Geschichte des Kœnigreichs Ungarn (1813, ■'» vol.).
Tous ces travaux ont, pour l'époque où ils ont paru, une
valeur considérable. L L
ENGEL (Cari-Lmrwig), architecte allemand, né i
Berlin le 3 juil. 1 7 7 s , mort à Helsingfors le I i mai
[840. D'abord architecte à Revel (1809), pou a Saint-
Pétersbourg (1815), il fui appelé à Helsingfors en 1816.
En dressant les plans de plusieurs édifices : le sénat,
l'hôtel de ville, l'hôtel (lu gouverneur général, l'hôtel llei-
denstrauch, |>lus tard palais impérial, il contribua beau-
coup à l'embellissement de cette ville, devenue capitale
politique et militaire en 1812, et intellectuelle en 1K27. Il
\ édifia l'université et l'observatoire, achevés en 1X32.
et la bibliothèque (183(i), dont on admire les belles pro-
portions. Ses plans (1818) pour la belle église de Saint-
Nicolas ont été peu avantageusement modifiés dans la
construction, qui dura de 1X30 à 1852. Son style est
celui de la Renaissance, qu'il développa successivement
d'une manière aussi originale que grandiose. l!-s.
ENGEL (Josef), anatomiste autrichien contemporain, né
à Vienne le 29 janv. 1816, professeur successivement à
Zurich, à Prague et à Vienne, a pris sa retraite en 1874. Ses
ouvrages sont nombreux et ont été utiles aux progrès de
l'anatomie pathologique; citons : Das Knochengerûstdes
menschlichen Antlitzes (Vienne, 1850, in-8), son ou-
vrage le plus ingénieux ; Spez. pathol. Anat. (Vienne,
1856, in-8, t. I); Lchrbuch der patholog. Anat.
(Vienne, 1805, in-8) ; Compendium der tonograph.
Anat. (Vienne, 1853, in-8), excellent ouvrage d'anatomie
des régions, longtemps classique en Autriche. Dr L. Un.
ENGEL (Jacob-harl), chef d'orchestre et compositeur
allemand, né à Pest le 4 mars 1821. 11 fit ses études
musicales dans sa ville natale, ainsi qu'à Vienne ou il tra-
vailla avec B<ihm le violoniste. Il se fit entendre fort jeune
comme instrumentiste à Pest et à Vienne. En 1851, il
fut engagé à Saint-Pétersbourg. A son retour, il se fixa a
Berlin ou il succéda à Gung'l comme chef d'orchestre. Il
devint directeur de l'établissement Kroll et acquit une
grande renommée comme chef d'orchestre. II composa un
grand nombre de marches et de danses.
ENGEL (Ernst), économiste allemand, né à Dresde le
26 mai 1821. Chef du bureau de statistique de Dresde, il
se fit connaître par la publication de-Statistische Mittei-
lungen aus dem Kœnigreich Sachsen (4 vol.), d'un
journal et d'un annuaire de statistique. Il démissionna et
fonda ensuite une société d'assurances hypothécaires ( 1 858) ,
puis fut appelé à remplacer Dieterici à la tête du bureau de
statistique de Berlin (1860). Il a publié un très grand
nombre de travaux statistiques très estimés : Zeitsehrift
des statistischen Bùreaus (depuis 1860); Jdhrbuch fur
amtliche Statistik des preussischen Staats (depuis
1863); Preussische Statistik (depuis 1861), des rap-
ports sur les grands congrès de statistique; il présida celui
de Berlin en 1863. Il a donné un grand nombre d'études :
sur les pertes des armées allemandes en 1870-71 ; sur les
machines à vapeur du monde entier. Citons encore Die Mo-
derne Vohnungmot (Leipzig, 1873); Der Preis der
Arbeit (2e éd., Berlin, 1872); Der Wert des Menschen
(Berlin, 1883). Il a fondé un institut de statistique qui a
formé d'excellents fonctionnaires. Il prit sa retraite
en 1882.
ENGEL (Emile), chanteur scénique français, né vers
1845. Doué d'une jolie voix de ténor, il commença sa
carrière en 1867, au gentil petit théâtre des Fantaisies-
Parisiennes, depuis lors disparu. De là il passa dans diver-
ses villes de province et de l'étranger ; de retour à Pans
en 1876, il entra au Théâtre-Lyrique, puis, après la décon-
fiture de ce théâtre, à l'Opera-Comique (1877), qu'il
quitta au bout de <leu\ ans pour parcourir ave. necèi Ici
Mlles d'Europe. Engagé au théâtre de la Monnaie, de
Bruxelles, en 1885, il j recta jusqu'en '*K!) e' ! lit plu-
sieurs créations importantes (lu Valkyrie de Wagner).
une courte excursion i Genève |»our y jouer /
grut, il revint encore ■> Paris, el fut engagé a l'Opéra-
Comique, ou il créa d'une façon remarquable le i
Félicien dans le Rêve, de M. Bruno. M. Engelesl un artiste
de talent, comédien aussi habile que chanteur eipn
expérimenté. A. P.
ENGELBERG. Vallée de Suisse, cant. d'UntenraldeB,
entourée de tous cotés de hautes montagnes couvertes de
neige et de glaciers , accessible seulement par quelques
gorges étroites et quelques cols. Elevée de plus de 1 ,000 B.
au-dessus de la mer, son climat est rude et la culture du
sol fort réduite. Néanmoins le village d'Engdberg, qui
compte 1,978 bab., est une importante station dimaté-
rique; on y trouve de beaux et vastes hôtels. Eugelberg
possède une abbaye de bénédictins, à laquelle est annexé
un gymnase fréquente par environ HO élèves.
ÉNGELBERGE, impératrice, morte en 890. Femme de
Louis II, fils de Lothaire, roi d'Italie et empereur, elle ne
lui donna pas d'enfant mâle. Accusée d'adultère, elle fut
défendue par Boson qui, à ce qu'on raconte, délit se^ accu-
sateurs dans le duel judiciaire et devint le mari de sa fille
Ermengarde. Elle brouilla son mari avec plusieurs grands ;
après sa mort elle ne put conserver de rôle politique et fut
envoyée par Charles le Chauve dans un monastère d'Alle-
magne.
ENGELBRECHTSEN ou ENGELBRECHTSZ (Cor-
nelisz), peintre hollandais, né à I^yde en 1468, mort
à Leyde en 1333. Surtout connu comme ayant été le
maître de Lucas de Leyde, il jouit de son temps d'une
réputation considérable. Van Mander en parle avec grand
éloge. Son père, Engelbert ou mieux Engelbrecht. était
menuisier; d'autres disent, mais sans preuve, graveur sur
bois ou même peintre. D'après Van Mander, Cornelis serait
un des premiers à Leyde qui aurait peint à l'huile. On le
range généralement dans l'école de Van Eyck ; mais il
appartient plutôt au groupe des artistes déjà romanisants
et légèrement italianisés, au moins dans l'architecture,
à la tête desquels se place Gossaert, par l'influence
qu'il a exercée en Hollande aussi bien qu'en Flandre.
Il ne nous reste malheureusement que deux œuvres abso-
lument sûres d'Eugelbrechtsen , deux triptyques cités
par Van Mander, provenant du couvent de Marienpoel, et
aujourd'hui au musée de Leyde ; l'un représentant une
Descente de croix, avec les donateurs sur les volets :
l'autre un Christ en croix entre le Saerifice d'Abraham
et le Serpent d'airain, les mêmes donateurs figurant sur
la prédelle. Les tableaux qui lui sont attribués en diffé-
rents autres musées sont sujets à caution. Il parait n'avoir
jamais quitté sa ville natale, sauf peut-être en de courts
voyages, car on trouve son inscription dans la garde
civique à dates répétées (et encore les registres sont in-
complets), pendant une période de près de vingt-cinq ans.
de 1499 à 1522. — Il eut trois fils, qui furent également
peintres: l'ainé, Pierre-Coriielisx-, peintre verrier et ami
de Lucas de Leyde, sur lequel on a peu de renseignements ;
les lieux autres, auxquels Van Mander a consacré de- bio-
graphies spéciales, Corneille-Cornelisz , dit Corneille
Eunst, et Lucas-Cornelisz (Y Gohmeusz).
Bidi.. : Van Mander, trait. Hymans.t. I. pp. 123-186, 176-
180. — Tauriîl, l'Art chrétien en Hollande et en Flandre,
t. I. pp. 175-192 (grav.). — Woltmanm el Wokrmakn, Ge-
schichte der Malerei, t. II, pp. 530-531. — Havard, llisl. de
la peinture hollandaise-
ENGELBREKT Em.ki.iuiektssox, président de l'Etat et
grand patriote suédois, assassiné le 27 avr. 1436. Simple
ecuver dalékarlien délégué par les paysans auprès du roi
de l'Union Scandinave, Erik de Poniéranie, pour porter
plainte contre la tyrannie de la noblesse et les exactions
du bailli Jœsse Eriksson il 132), il fut durement repoussé
et se mit a la tète des mécontents, qui, deux fois, se lais-
— 1057 —
ENGELBRECKT — ENT.ELIIAKDT
seront calmer par de vaines promues. Une troisième fois,
en 1434, le soulèvement prit de plus mandes proportions
. t -'.tendit au Vestnumkltd et 1 l'I pi nul. Des nobles
mêmes, comme Erik Pake, s'j associèrent; toutes les places
de la Snède supérieure furent prises par les insurges, et le
liiksr.nl, réuni a Yadstena. l'ut forcé d'adresser au roi une
lettre de desaveu. Après s'être emparée des provinces mé-
ridionales et même d'un pays danois, le llalland, l'armée
insurrectionnelle fut licenciée, mais rassemblée de nouveau
a la tin de la même année, après l'arrivée du roi à Stock-
holm, et la diète d'Arboga appela Engelbrekt à la prési-
dence de l'Etat (4436). Les grands ménagèrent on com-
[iromis d'après lequel Erik Mil s'engagea a faire exercer
e pouvoir en son absence par un droit et un maréchal
suédois : a s'abstenir désormais de eontier à des étrangers
rouvernemenl des forteresses; enfin à donner à Engel-
brekt l'investiture du fief d'oErebro. Mais comme il viola
l.i Beeonde de ces promesses et qn'en retournant en Dane-
mark il pilla les eûtes suédoises, le maréchal nommé par
lui. Cari Knutsson. et Engelbrekt se partagèrent la tache
de délivrer le royaume. CeTui-là assiégea Stockholm , celui-ci
l'empan du Sailand et occupa le Bleking et le llalland,
mais la maladie le força de retourner à QErebro ; ilse rendait
a Stockholm, lorsqu'il fut assassiné dans un ilôt du lac
lljelinare par Mans Beogtsson Natt oeb Dag, fils d'un sei-
gneur du voisinage, avec lequel il venait de se reconcilier,
\ sa bravoure militaire il joignait un véritable esprit poli-
tique ; il travailla à fortifier son parti, à l'extérieur par
des alliances, à l'intérieur en s'appuyant sur les ordres
inférieurs (le bas clergé, la bourgeoisie, les paysans), et
en les convoquant aux diètes, d'où ils avaient été exclus
par l'aristocratie. Un de ses projets était de creuser un
canal à So'dcrtelje pour mettre le lac Hslare en communi-
cation avec la Baltique. Ce héros de l'indépendance a été
chanté par son contemporain, l'évèque Thomas, qui parle
de miracles faits sur son tombeau dans l'église d'OEre-
bro; et plus récemment célébré dans des drames de
ling (4819), d'Àlœrhjelm (1820), de Blanche (4846); dans
un poème cyclique de Gumœlius (18.18); dans un roman de
Starbeck i 1868-69) ; dans des dissertations de l'ant ( 1 80 1 )
et de J.-J. Palm (180-2) ; dans des discours de C.-J. von
Sch.int/. (4836) et de GumaeUus (4866). Son histoire a été
écrite par E. Tuneld (1784), et sa statue en bronze par
(hanistneni a été érigée à OErebro. Bkmjvois.
ENGELBREKTSDÂTTER (Dorthe), femme poète nor-
végienne (V. Dorthe).
'ENGELBRETH (Wolf-Frederik), théologien et érudit
danois, né a Korsœrle 11 avr. 1771, mort à Lille-Heddinge
le 22 mai 1862. Après un long séjourà l'étranger (4794-
95), surtout a Gœttingue et à Rome, où il étudia le copte
ga, il devint pasteur de Lyderslev etPrœslev(479o-
4859). On lui doit: Lettre à M. Allioni,en français, sur les
collections du cardinal liorgia à Velletri (Home, 1795);
Fragmenta Basmurico-eoptiea Veteris et Novi Testa-
menli (Copenhague, 1811, m-4); Fragmenta Apoca-
hfpseot Thebdico-Coptica, dans les Actes du synode du
diocèse de Sélande ( 181!)) ; Dissertai ions théologiques
(4826) ; V Ecriture sainte et l'Eglise (4854). lians la
Défense de Luther (4825) ei Y Exorcisme (1834) il prit
parti pour N.-Fr.-S. Grundtvig contre les attaques de
EL— N. Clausen, et il commenta en latin le Livre de la sa-
geste 1 1845-46), et en danois le Livre île lluth (1818), le
Canti'j î/< ■ d, t ea n t iq ues (4852) et V Apocalypse ( 1 855 ) .
ENGELEN (Cuillaume Van), dit GtUtelmus ab An-
geli*, théologien belge, né a Bois-le-Due en 4583, mort à
Couvain en 1649. Il fut appelé, dès 1606, a professer la
théologie à Couvain et devint successivement président des
collèges du Porc, de Viglius et d'Adrien VI; il venaitd'être
nommé évèque de Kuremonde quand il mourut. Ca solidité
de son enseignement lui avait acquis une grande réputation,
et il était considéré comme un des maîtres de la théologie
dogmatique. Il joua un rôle important dans les longues et
bruyantes querelles suscitées par le jansénisme; aussi fut-il
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XV.
fort applaudi par les catholiques et vivement attaqué par
les admirateurs de l'évèque d'Ypres. On aurait tort de
juger Van Engelen d'après les satires de ses adversaires ou
sa personne et ses doctrines sont attaquées souvent avec
beaucoup d'esprit, niais aussi avec beaucoup d'injustice.
Les œuvres principales de Van Engelen sont : le Manteau
de la foi catholique arraché à la doctrine des prédicants
calvinistes de Bois-le-Duc (Couvain, 4630, in-42, en
flamand) ; Declaratio sive protestalio theologorwn et
professorum lovaniensium (Couvain, 4642, in-8). Nous
citerons encore de lui une intéressante relation, en latin,
des troubles suscites à Couvain par l'impression de l'.lit-
gustinus. Elle lui adressée à Urbain VIll et se trouve dans
le Disquisitio historico—theologica per Jacobum de
Monbron (Cologne, 4692, in-42). E. II.
Bim.. : D.vvk, Oralici fnnebris in pnrentalilnts G. ab An-
gelis; Louvain, 1649, in-4. — Foppbns, Bibliolheca belgica;
Matines. 1739, 2 vol. in-4. — Pacquot, Mémoires pour ser-
vir A t'/itst. littéraire des dix-sept provinces des Pays-lins;
Louvain, 1765-1770, 3 vol. in-fol.
ENGELHARD (Friedrich-Wilhelm), sculpteur allemand,
néàGrùnhagen, près de Cunebourg, le 9 sept. 181,'!. Elève
de l'Ecole polytechnique de Hanovre, il quitta cetto ville
en 1839 pour étudier la sculpture sous la direction de
Thorvvaldsen. En 1840, on le trouve à Munich, ou il
étudia cinq ans avec Schvvanthaler. Il voyagea ensuite
pendant quelques années et fut rappelé à Hanovre, en 1 859,
par le roi George IV. On cite de lui : une Loreley pour
l'Ecosse; un Amour avec le Cygne; une statue de la
Duchesse Sopkù' de Hanovre, etc.
ENGELHARDT (Georg-Reinhold-Gustav von), admi-
nistrateur et écrivain livonien, né à Riga le 23 août 1775,
mort à l'étersbourg en 1802. Il servit dans l'armée, puis
au ministère des affaires étrangères et au conseil de l'em-
pire. 11 fut directeur de l'Institut pédagogique (1811)
et du lycée de Tsarskoe Selo. Il fut mis à la retraite
en 1823 à cause de ses opinions libérales. Il a collaboré
a l'ouvrage de Slorch, Russland unter Alexander /(Riga,
1803-11); à celui d'Erdmann, Beitràge zur Kenntniss
des Innern von Russland (Leipzig, 1822-1820). 11 a
publié en outre Russisehe Miscellen 'Air gemmer n Kennt-
niss Russlands (Pétersbourg, 4828-32) et édité l'ou-
vrage de Wrangell, Reise longs der Xordkuste von Sibi-
rien (Berlin, 1839).
ENGELHARDT (Maurice), géologue russe, d'origine
allemande, né en 1779, mort en 1842. Il fut professeur
de minéralogie à l'université de Dorpat et fonda le cabinet
minéralogique de cette université. Il fit plusieurs voyages
scientifiques, notamment dans les régions de l'Oural et du
Transbaïkal (1820-1828). Il a publie entre autres : Zur
Geognosie, Darstellungen aus de m Felsgebœude Russ-
lands (Herlin, 1820) ; Die Lagerstdtte des Go Ides und
Platin im Vrai Gebirge (Riga, 1828) ; Die Lagerstdtte
der Diamenten im llral-Gebirge, etc.
ENGELHARDT (Johann-Goorg-Veit), théologien alle-
mand, né à Neustadt-an-der-Aisch le 42 nov. 1791, mort à
Erlangen le 43 sept. 1855. Il fit ses études à Erlangen,
où il devint ensuite professeur de théologie. II acquit de la
célébrité par ses ouvrages sur l'histoire de l'Eglise, no-
tamment sur la patristique et la théologie mystique. Nous
mentionnons: Leitfaden su Vorlesungen uher Patrislilc
(Erlangen, 1823) ; llamlbueh der Kirchengeschichte
(Erlangen, 4833-34, 4 vol.); Dogmengeschichte (1839,
2 vol.) ; Richard von Saint-Vieïor und Joh. Ruysbroek
(Erlangen, 4838). O.P.
ENGELHARDT (Frédéric-Auguste), homme politique
français, né à Strasbourg le 34 oct. 1790, mort à Nieder-
bronn (Bas-Rhin) le 17 mars 1874. Docteur es sciences,
il s'adonna d'abord à l'enseignement et notamment ouvrit
à Strasbourg un cours gratuit de technologie pour les
ouvriers. Il devint ensuite directeur des forges de Nie-
derbronn. Très populaire dans la région, il fut élu le
23 avr. 1848 représentant du Bas-Rhin à la Constituante,
où il s'occupa surtout des questions ouvrières et où il
07
ENGELHARDT — ENGBLMÀNN
- 1058 -
a|i|>u\.i Cavaignac. Il combattit vivement la politiqne de
l'Elysée et ae fui pas réélu ;< la Législative.
ÈNGELHAROT (Maurice), nomme politique français,
lils du précédent, né a Strasbourg en 1820, mort h Paris
le 13 mai 1891. Avocat, il devint, après le 4 sept. 1*70,
préfet de Maine-et-Loire. Le I" oct. 1876 il fut élu con-
Beiller municipal de Paris par le quartier de la Sorbonne.
Réélu en 1H7H et en 1881, il fui nommé cette dernière
année président du conseil général de la Seine. H échoua aux
élections de 1884. Nous citerons de lui : Des Banquet
agricoles (Strasbourg, 1850, in-8) ; la Chasse dans la
voilée du Rhin (Paris, lKtii, in— 1 -2) ; la Réforme de la
magistrature (1880, in-12); Souvenirs d'Alsace (\HX-1,
in-12) ; la Contrebande politique sur la frontière du
Rhin pendant le second empire (1883, gr. in-8); les
Chevreuils, Bécasses et Bécassines (Nancy, 1884, in-8).
ENGELHARDT (Ilelvig-Conrad-Christian), archéologue
danois, né à Copenhague le "20 sept. 1 825, mort le 11 nov.
1881 . Maître de français et d'anglais au lycée de Flensborg
(1851) et conservateur du Musée des antiquités slesvi-
goises, il enrichit considérablement ce dernier par d'im-
portantes trouvailles de l'âge de fer qu'il lit dans les tour-
bières de Thorsbjerg el de Nydam et qu'il décrivit avec
perspicacité et érudition dans Sœnderjydske Mosefund
(Copenhague, 1868 et 1805, in-4, avec de belles planches
par MagnusPetersen, aussi sous le titre de Ancient Den-
mark in early iron-age, Londres, 1806, in— 1 ). Lors du
rapt des duchés nordalbingiens par les Austro-Prussiens,
il tâcha vainement de soustraire aux ravisseurs ses chères
et précieuses collections, et il travailla à en former de
même genre par ses fouilles dans les tourbières fioniennes
de Kragehul près Assens et de Vimose près Odense (Fynske
Mosefund, 18(37, 1869). Attaché au Musée des antiquités
septentrionales de Copenhague (1867), dont il publia un
Guide (1868, 7e éd., 1878; en français, 1868, 2e éd.
1870), et élu secrétaire de la Société des antiquaires du
Nord (1868), il a donné dans les Aarbœger de cette société
de nombreuses et savantes études sur les antiquités danoises
des premiers siècles de notre ère, en partie traduites en
français par E. Beauvois dans les Mémoires de la même
société. B-s.
ENGELHOLNI. Ville de Suède, l;en de Christ ianstad,
sur le Cattégat, a l'embouchure du Ronne-Aa; 2,000 hab.
Cordonnerie. Très disputée entre la Suède et le Danemark,
la ville fut huit fois détruite par le feu durant ces guerres.
ENGELMANN (Godefroy), l'introducteur de la litho-
graphie en France et l'inventeur de la chromolithographie,
né à Mulhouse le 16 août 1788, mort à Paris le 24 avr.
1839. Mis d'abord dans le commerce, il n'y prit aucun
goût et vint à Paris apprendre le dessin dans l'atelier de
Begnault. De retour à Mulhouse en 1811, il ne tarda pas
à devenir le chef de la partie du dessin dans la fabrique
d'indiennes de son beau-père. En 1814, il alla à Munich étu-
dier chez Stuntz les procédés de la lithographie naissante,
dont les résultats l'avaient vivement passionné. Dès l'année
suivante, il monta un atelier dans sa ville natale et ce fut
le premier établissement lithographique créé en France,
les tentatives antérieures étant demeurées sans résultat.
En 1816, il installa une maison à Paris. L'art lithogra-
phique, presque tombé en oubli, doit sa régénération, ses
perfectionnements et ses destinées ultérieures au génie et
à la persévérance d'Engelmann (V. Lithographie). Les
plus grands artistes de l'époque lui confiaient leurs des-
sins à reproduire et il en interpréta personnellement un
grand nombre qu'on admira aux Salons de 1817, 1819,
1822. En 1837, il résolut pratiquement le problème de
l'impression lithographique polychrome à laquelle il donna
le nom te chromolithographie (V. ce mot). Il n'eut pas
le temps de donner tout l'essor à ce nouveau procédé. On
lui doit les ouvrages professionnels : Manuel du dessina-
teur-lithographe (?ms, 1823, in-8; 2e édit., suivie
d'une Instruction sur le nouveau procédé du lavis
lithographique [inventé par l'auteur] : 1821, in-8 ;
:; édit., 1830); Traité théorique ci pratique de
lithographie (Mulhouse el Paris, 1839-40, in-4, evea pi.).
— Après s;i moit, son lils Godefroy iw\ant am an
|N'.»2) prit la direction de la maison de Mulhouse (actuel-
lement la propriété de la veuve Bader el C"). — Le frète
de celui-ci, Jean Bngehnann (mort en sept. 1875), apporta
d'énormes perfectionnements a la chromolitnograpoM et
il inventa un nouveau genre d'impression appelé la dia-
phanie (V. CraoaouTBoaiAPmK). — Il eut pour successeur
son lils, Robert, auquel on doit l'impression de plusieurs
belles publications en couleurs. •.. PAWLowan.
Hun.. : lii.i.i.iicu iik LA ChayigM'.hii-. el Auviuv, Dict.
des Artistes de l'Ecole française. — Gazelle des heaax-
ari.s, paseim, <-t Chronique de '<•'«•:• des B.-A., '<:'
1*75. — Ouvragée citée dans la bibliogr. de i art. Lrrao.
GUACIIIE.
ENGELMANN (Wilhelm), célèbre libraire et bibliog
allemand, né à Lemgo (Lippe-Detmold) le 1er août
mort à Leipzig le 23 déc. 1878. lils d'un libraire de
Leipzig, le jeune Engelmann se forma à sa profession au-
près d'Enslin, éditeur fort instruit de Berlin, puis auprès
de Gerold à Vienne ; il se perfectionna encore i Mots et
à Francfort-sur-le-Main. En 1833, il succéda à son père,
et dès lors il fit preuve d'une activité extraordinaire. Pos-
sédant une instruction étendue et variée, lié avec les nom-
breux savants dont il éditait les œuvres, il acquit une
réputation considérable, surtout par la publication d'excel-
lentes bibliographies scientifiques, dont quelques-unes seu-
lement sont son œuvre propre, et dont les autres ont été
soit refondues par lui d'après le libraire Enslin, ijui les
entreprit le premier, soit composées par divers érudits qui
l'avaient choisi pour leur éditeur. En 1858, W. Engelmann
devint docteur honoris causa de l'université dTéna, à l'oc-
casion des fêtes du jubilé de cette université. A sa mort, le
service de sa librairie à Leipzig est passé entre les mains
de sa veuve et de son fils aîné Rudolf Engelmann. Aujour-
d'hui la librairie Engelmann s'occupe spécialement d'éditer
des ouvrages relatifs à l'histoire naturelle.
Parmi les bibliographies scientifiques publiées par la
librairie Engelmann, les plus importantes sont : Biblio-
theca scriptorum classicorum, dont W. Engelmann est
l'auteur et qui a été refondue dans une huitième édition par
les soins de Preuss (1880-1882, 2 vol. in-8); elle em-
brasse la bibliographie des auteurs grecs et latins depuis
1 700 jusqu'à 1878; — Bibliotheca juridica (1750-1839),
éd. d'abord par Enslin, puis par W. Engelmann (1840, in-8)
avec deux suppléments par Wuttig et Rossberg, comprenant
le premier les ouvrages édités de 1849 à 1867. et le
second les ouvrages qui ont paru de 1867 à 1876; —
Bibliotheca historico-naturalis, index librorum his-
toriam naturakm spectantium ab antio MDCC ad
MDCCCXLVI in Germania, Scandinavia, Anglia,
Belgio, Italia atipie Hispania vnpressorum (1846, in-8);
le principal supplément de ce recueil porte le titre de Bi-
bliotheca zoologica (1846-60), éd. par J. -Victor Caras
et W. Engelmann (1861, 2 vol. in-8); il a été continue
pour la période de 1861 à 1880 par 0. Taschenberg
(1 vol. en 4 parties, 1886-1891); — Bibliotheca mecha-
nico-technologica (jusqu'à 1843), publié par W. En-
gelmann, 2e éd. (1844, in-8, avec suppl.) ; — Biblio-
theca medico-chirurgica et anatonuca, physiologica
(1750-1847), publié par W. Engelmann, 6' éd. de la
Bibliotheca medico-chirurgica d'Enslin (1848, in-8,
avec suppl.) ; — Bibliotheca geographica (1750-1856).
publié en 1858, in-8, etc. Indépendamment des recueils
bibliographiques que l'on vient d'énumérer, la librairie
Engelmann a édité les œuvres d'historiens, d'archéologues,
de philosophes on de naturalistes bien connus, tels que
Gervinus, Georg Weber, Overbeck. W. Wundt, Kôlliker,
ou bien encore dirigé la publication d'importants recueils
périodiques relatifs à l'histoire naturelle, enfin Engelmann
a publié en 1857 un excellent catalogue de l'œuvre com-
plet du célèbre graveur Chodowiecki. — Le tils aine et
successeur d'Engelmann, Rudolf, astronome de profession
1059 -
ENCELMANN - LNOELSTOrT
et professeur Ultra à l'université de Leipzig a publié per-
sonnellement plusieurs ouvrages relatifs a "astronomie. —
l frère de l'clui-ci, Th.-WUhelm, ne en 1843, est
professeur de physiologie à l'uiiiversité d'I tracht (1893).
Hun.. : l'i.vi-. Biographischas Lsxicon des deulachen
Buehhandats der Geoenwsrt, nach Originalquellen oear-
beiteit: 1 . in-8.
EN6ELM0DE, poète latin, èvèque intrus de Soissons
en 863, mort vers 864 : il esl connu par un poème latin
en l'honneur de Pasehase EUtbert, abbé de Corbie, qui esl
généralement publié avec les ouvras decet auteur.
ENGELŒ. Ile de Norvège, dans le Westfjord; elle est
assez fertile : son plus haut sommet a 660 m. de haut.
ENGELRAMS (Cornelis). ENGHELRAMS ou INGEL-
RAMS. peintre flamand, ne à Malines en 1537, mort à
Matinée le s juin 1580. Il entra dans la gilde de Saint-
Luc le 17 sept. 1546. Il peignait généralement à la dé-
tnane. Les églises de Matines possédaient autrefois de ses
UHIHIII Van Mander signale les Sept Œuvres de misé-
rieerdes Saint-Rombaut, mm Conversion de suint Paul
S int'M'.atherine. Beaucoup de ses tableaux passèrent en
Allemagne, particulièrement à Hambourg. Il tit également
de la décoration. Ainsi, il exécuta pour Guillaume Ior,
■rince d'Orange, au château d'Anvers, une suite de l'flïs-
tuf l, d'après les dessins de Lucas de llecre,
et avec l'aide de Jean Vredeinan de Vries pour les parties
d'architecture peinte. Aucune de ses œuvres ne nous est
parvenue. M. Lnnnanuel Neefis a relevé dans le catalogue
delà vente Fierais de Croonenburgh, a Malines, en 1830,
un curieux tableau d'Lngeliams [Procureur lisant une
requête présentée par deux bourgeois), qui ferait peut-
être de lui un peintre île portraits à la manière de Van
Oost. — I! eut un fils, André, qui fut également peintre,
entra dans la gilde en 1571, et mourut prématurément
avant 1595. Paul Lephielr.
Bibl. : Van Mander, tract. Hymans, t. I, p. 258. — Emm-
>\EEtt=, Histoire de l<i peinture et de la sculpture à Malines ;
Garni, 1876, t. I, p|>. 215-217. — Biographie nationale belge,
. t. VI article du même .
ENGELS (Friedrich), socialiste allemand, né à Barmen
en 1818. l'ils d'un commerçant et commerçant lui-même,
un séjour en Angleterre (1843-45) le confirma dans ses
idées socialistes: il collabora aux Deutsch-franzœsische
Jakrbûcher de Etage et Marx (1884) et publia Die Loge
der arbeitenden Klassen in England (Leipzig, 18 in),
puis, en collaboration avec Marx, Die heilige Familie
17) et le fameux manifeste aux prolétaires de tous les
pays (1847). Engels fut secrétaire de la commission cen-
trale formée à Londres, puis à Bruxelles. Compromis dans
les insurrections du Palatinat et Bade, en 1849, il se
réfugia en Angleterre et prit une part active à la fondation
de l'Internationale. Il a écrit surtout dans la revue socia-
liste Vorwaerts et a condensé ses théorie dans Der Ur-
soru ng der Fatn ilie, des Privateigentums u nd des Staats
(Zurich, 188i). Il a édité le second volume du grand
ouvrage de Marx, Dos Kapilal, Kritik der politischen
(Economie (Hambourg, 1885).
ENGELSPACH (Auguste), «lit Larivière, homme poli-
tique belge, ne à Bruxelles en 1799, mort à Bruxelles en
1831. Il s'adonna d'abord a l'étude de la géologie, fit
pendant plusieurs années des voyages scientifiques dans
toute l'Europe septentrionale et publia le résultat de ses
observations en plusieurs mémoires dont les plus importants
sont : le Si lira te d'alumine considéré sous les rapports
chimique, minéralogique et géognostique (Bruxelles,
- iii-s : Description géognostique du grand-duclié
du Luxembourg i Bruxelles, 1 8-29, in-4); Considérations
SUT lesblocserratUfUesderochesprimordialesQiraxelles,
9, in-8). Lorsque la révolution éclata à Bruxelles en
.Engelspach s»1 jeta dans le mouvement et devint chef
d'état-major de la garde bourgeoise. Il contribua, en cette
Îualite. a sauver le palais de l'Industrie et le domaine de
er tuerai menacés par la populace. Le gouvernement pro-
visoire lui conféra ensuite le titre d'agent général chargé
de la direction des services relatifs à l'approvisionnement
et à la défense île la ville de Bruxelles. C'était une lourde
charge, donnant de grands pouvoirs, mais entraînant aussi
de graves responsabilités; Engelspach s'en acquitta avec
un zèle, un courage et un désintéressement auxquels la
population rendit unanimement hommage. Il mourut presque
subitement, au lendemain du couronnement de Léopold 1"'.
Voulant donner à Engelspach un suprême témoignage de
satisfaction pour les services éniinents qu'il avait rendus
au pays, les Chambres législatives votèrent à sa veuve une
pension annuelle de 1,500 florins. E. IL
Bol. : Dblkot&e, Histoire de la révolution de 1830 i
Bruxelles, 1851, in-8. — Moniteur belge du 23 doc. 1S33.
ENGELSTOFT (Laurids), historien danois, né au pres-
bytère de Gislum, près d'Hobro, le 2 déc. 1774, mort à
Copenhague le 1 î mars 1 85 1 . Après avoir été couronné par
l'université de Copenhague pour un élégant mémoire sur
la Condition des femmes chez les anciens Scandinaves
(I79K) et s'être fait remarquer par une thèse latine sur
Saint Jérôme (1797), il voyagea avec diverses subventions
(1798-1800) et écrivit d'Allemagne et de France d'inté-
ressantes lettres publiées en partie dans le tome III de ses
Œuvres choisies (1862). A son retour, il devint adjoint
(1800), professeur d'histoire et de géographie (1803) à
l'université de Copenhague; secrétaire (1805), membre
(1813-1832 et 1840-1848) de la direction des écoles
savantes ; historiographe des ordres royaux ( 1 836) ; mem-
bre d'une foule de commissions et de sociétés. Il est à
regretter que ses fonctions absorbantes l'aient détourné de
sa véritable voie, la narration historique. On lui doit en
ce genre, outre le mémoire cité : Philippe-Auguste et
Ingeborg (1801) ; Situation périlleuse de Copenhague
dans r été de 1100 (1804) ; De Re Byxantinorum mili-
tari sub Justiniano I (1808, remanié en danois, 1815);
Siège de Vienne en 1683 (1817) ; Histoire de la
construction de l'université de Copenhague (1836). Il
publia des recueils universitaires et édita Scriptores rerum
Danicarum (1834, t. VIII, in— fol.) et Glossarium der
Friesischen Sprache de N. Outzen (1837, in-4). C'est un
des derniers savants danois qui aient réussi dans la poésie
et l'éloquence latines. Un Choix de ses écrits a été publié
par Allen (1859-4863, 3 vol. in-8). Wegener a donné
une notice sur lui (1852) et Er. Schiern, des Engelstof-
tiana (1880). B-s.
ENGELSTOFT (Christian Thobndig), évêque et érudit
danois, fils adoptif et neveu du précèdent, né à Nœsborg
(diocèse de Viborg) le 8 août 1805, mort à Odense le
35 janv. 1889. Lecteur (1833), professeur extraordinaire
(1834), ordinaire (1845) en théologie à l'université de
Copenhague, dont il fut recteur (1847-48), il devint
èvèque de Eionie en 1851 et fut ministre du culte et de
l'instruction publique (31 déc. 1803 aulljuil. 1804) dans
le cabinet Monrad. Outre plusieurs thèses et programmes
en latin (Historia populiJudaici biblica ad relationes
peregrinas examinata, 1832 ; Reformantes et catho-
lici in Dania concertantes, 1836; De Confutatione
latina, guœ Apologiœ concionatorum Evangclicorum
in comitiis Hafniensibus anno 1530 tradilœ opposita
est, 1847), on lui doit de bons ouvrages d'érudition en
danois : Histoire de la liturgie en Danemark (1840);
Paulus Eliœ, biographie (1848); Histoire de l'Ordon-
nance ecclésiastique (1860); Histoire d' Odense (1862;
2e éd., 1878-80), et nombre de mémoires dans Hislorisk
Tidsskrtft ; Recueil de la Société littéraire du diocèse
de Fionie, dans le tome X (1890) duquel se trouve une
notice sur ses travaux historiques ; Recueil d'histoire
ecclésiastique, et surtout dans theologisk Tidsskrift qu'il
édita avec C.-E. Scharling, de 1837 à 1862. Il donna
une édition remaniée (1831) du traité de Kolderup-
Rosenvinge sur le Droit ecclésiastique, qu'il enseigna au
séminaire de Copenhague (1850). Comme orateur, il publia
une Oraison funèbre de Christian 17// (1 H 48) et des
Discours prononcés en 1852 (1853). Peauvois.
ENGELURE — ENGERTH
— 1000 —
ENGELURE (Héd.). Lee engelures sont des légions
de la peau constituéea par l'apparition rapide, en certains
pointa iin corps, principalement aux doigts et aux orteils,
puis aux talons, aux oreilles, au nez, aux joues, de plaques
èrvthémateuses plus on moins étendues qui sont le siège
de cuissons et de démangeaisons intolérables. Chez certains
sujets ce stade érythémateux peut être dépassé ; au centre
des plaques nall une phlyctène, puis une ulcération lui
succède, et la cicatrisation ne s'opère que très lentement.
Le passage rapide de la chaleur au froid et réciproquement
semble favoriser leur développement. Une foule de remèdes
ont été préconisés contrôles engelures. Les décoctions qui
ont été les plus recommandées pour les lavages des mains
sont l'infusion chaude de céleri, la décoction de feuilles de
noyer, l'eau de savon, l'eau sinapisée, etc. Les topiques
sont des plus nombreux. Ils comprennent des lotions à
l'alun, à l'alcool, au nitrate d'argent au cent cinquantième,
des pommades au borax, à l'acide phénique, au tanin,
des collodions iodés, et, s'il y a des ulcérations, des em-
plâtres rouges de Vidal ou ceux à l'oxyde de zinc. Person-
nellement, nous préférons les poudres d'iodol, d'aristol ,
d'iodoforme, après lavage des parties malades dans une
décoction de feuilles de noyer ou dans l'eau-de-vie. Nous
recommandons aussi l'essuyage parfait des mains et des
pieds chez les gens prédisposés qui auront bien soin en
outre d'éviter les brusques changements de température.
L'état général des porteurs d'engelures devra être très
surveillé. Les strumeux, en particulier, adopteront une mé-
dication tonique et reconstituante dont l'huile de foie de
morue et le sirop d'iodure de fer formeront la base prin-
cipale. Henri Fournier.
ENGELVIN (Joseph -Marie-Louis), écrivain religieux,
né à Rochefort (Puy-de-Dome) le 26 janv. 1795, mort
en 1801. Ordonné prêtre, il entra en 185:2 dans l'ordre
de Saint-François de Jérusalem ; puis il fonda un couvent
de récollets, près de Bourg-Saint-Andéol. Nous citerons
de lui : les Fleurs à Mura' (Paris, 1834, in-12) ; le
Voyant (Clermont, 1839, in-8); l\\mi des peuples
(4840, in-8); le Prêtre (4846, in-42); De l'Esprit
républicain (1848, in-l"2); le Sage ou Promenade aux
vasques de Salomon dans les environs de Bethléem
(1857, in-42); Saintes Larmes (Clermont, 1850,in-18);
le Soleil de la Terre sainte. (Paris, 1861, in-12), etc.
Il collabora en outre à la Biographie universelle et au
Mercure du xixe siècle.
EN G EN. Bourg d'Allemagne, grand-duché de Bade,
cercle de Constance; 1,600 hab. Cité dès le ix° siècle,
il fut le théâtre d'un combat entre les Français sous
Moreau et les Autrichiens sous Kray (3 mai 1800). Au
S.-O. culmine le Hohencemen avec les ruines d'un vieux
château.
ENGENTE. Coin, du dép. de l'Aube, arr. et cant. de
Bar-sur-Aube ; 1U26 hab.
ENGENVILLE. Corn, du dép. du Loiret, arr. de Pithi-
viers, cant. de Malesherbes; 60!) hab.
ENGERAND (Auguste-Alexandre), homme politique
français, né à Caen le "23 avr. 1841. Avocat à Caen
(186-2), un des chefs du parti bonapartiste dans le Cal-
vados (l'empereur et l'impératrice avaient été parrain et
marraine de son tils aine), il fonda en 1875, dans l'in-
térêt de ce parti, le journal l'Ami de l'Ordre. A partir
de 1888, il fut un des partisans les plus fidèles du général
Boulanger et fut élu député, avec un programme révision-
niste, par la lrc circonscription de Caen, le 6 oct. 1889
(°2C tour de scrutin), par 6,446 voix contre 0,004 à
M. Henry, républicain.
ENGERBAGE (Econ. rurale) (V. Geriie).
ENGERBEMENT (Artill.). Les bouches à feu qui ne
doivent pas être emmenées immédiatement par les troupes,
en temps de guerre, sont réunies par espèces cl par cali-
bres et couchées sur des chantiers. Muant aux affûts et
voitures, ils sont engerbés dans les magasins de manière
ii occuper peu de place. La méthode d'engerbemaol van.'
avec l'espace dont un dispose et L rapiditéavee laquelle il
peut èiic nécessaire de mettre le matériel en <-iat ; dam
tous les cas, les deux trains de chaque voiture -ont sépa-
rés, >-t le plus souvent les coffres a munitions son) enlevés.
Lorsque les voitures sont engerbées sur roues, ell
plus promptement prêtes .i sortir (les magasins, mais cette
méthode exige beaucoup plus d'espace : les affûts et arrière-
trains de caissons sans coffres sont placés en rang, tous
dans le même sens, la llèche a terre dans la direction du
rang, les roues sur deux lignes parallèles, aussi rapprochées
que |'i>>silile. se touchant par les cercles ou même u
sant alternativement ; les avant-trains, sans roues ni coffres,
sont places sur les arrière-trains, les Fusées d'essieu por-
tant sur le haut des roues, le timon s'appuvaril sur la voi-
ture suivante. Les voitures saris roues, et en généra] les
objets qui ont une épaisseur à peu près uniforme, peuvent
être engerbés par piles : ils sont placés par coud ■
rallèles au sol, avec bouts alternés d'une couche à l'autre
si c'est nécessaire; cette méthode est applicable aux avant-
trains, aux arrière-trains de caissons sans coffr>
coffres et caisses à munitions. Un peut enfin engerber <le-
Imul : les trains des voitures sont dressés sur la tête ou
sur le derrière des armons ou des brancards; le dessous
des voitures est tourné vers le mur contre lequel s'appuie
la première du rang; les autres se soutiennent mutuelle-
ment au moyen de cales qui les maintiennent parallèles.
L'engerbement des projectiles porte plus spécialement le
nom d'empilage.
ENGERN. Village d'Allemagne, rov. de Prusse;
2,000 hab. Vieille église de l'an 903 ou Charles IV lit
ériger en 1377 un monument au duc saxon Wittekind,
qui se serait retiré à Engern après sa conversion. L'impé-
ratrice Mathilde y fonda un couvent qui fut annexé à 11er-
ford en 1414. Le fut le chef-lieu d'un duché qui releva
l'ancien nom des Angrivariens, une des tribus principales
du peuple saxon. En effet, à l'époque carolingienne, le
pays d Engern ou Lngergau s'étendait au N. de l'Ldcr,
sur les deux rives du Weser, entre l'Ostphalie et la West-
phalie. Il perdit son individualité après la conquête de la
Saxe par Charlemagne. Mais, lorsqu'au xnc siècle le grand-
duché de Saxe fut démembré, on releva le titre de duc
d'Engern au profit des ducs ascaniens et des archevêques
de Cologne. 11 fut porté par la branche de Saxe-Lauen-
bourg et revint à son extinction (1689) à la maison de
Wettin (V. Saxe).
ENGERRAN (Jacques), homme politique français, né à
Villedieu-les-Poèles (Manche) le 1er mars 1751, mort à
Avranches le 24 nov. 1843. Homme de loi à Avranches,
il fut député de la Manche à la Convention, où il siégea
parmi les modérés, puis au conseil des Cinq-Cents, enfin,
pendant le Consulat, au Corps législatif. Il rentra ensuite
dans la vie privée. F. -A. A.
EN G ERS. Bourg d'Allemagne, rov. de Prusse, district
de Coblcntz (Province Rhénane); -2.100 hab. Beau château
moderne. L'ancien château fort de Kunostein, bâti par
l'archevêque Kuno de Trêves (1508) a été rase en I75n.
Les grès i'Engers, qui forment un banc de 3 a 6 m. d'épais-
seur, sont exploités.
ENGERT (Erasmus), peintre autrichien, ne à Vienne
en 1790, mort à Vienne le 13 avr. 1871, surtout connu
par les restaurations de tableaux du musée du Belvé-
dère auquel il fut attache en 1853 et qu'il dirigea à partir
de 1857.
ENGERTH (Wilhelin, baron d"), ingénieur et adminis-
trateur autrichien, ne à Pless (Silésie prussienne) le
"20 mai 1814, mort a Baden. près de Vienne, le 4 sept. 188 î.
Successivement élève de l'Institut polytechnique (1834) et
de l'Académie des beaux-arts de vienne, il exerça quelque
temps la profession d'architecte, retourna à l'Institut po-
lytechnique et s'adonna dès lors exclusivement à l'étude
do la sci.nce de l'ingénieur. 11 fui de 1N40 à 1844 pro-
fesseur adjoint de mécanique dans le dernier de ces
— 1061 —
ENGERTB - ENGHIEN
établissements, de ISii à 1850 professeur de mécanique
à l'Ecole industrielle de ('.rat/.. Il occupa ensuite les fonc-
tions officielles le; plus élevées : membre du comité îles
voies île communication (4850), commissaire à l'Exposition
de Londres (1851), directeur de l'industrie au ministère du
eomaw v . directeur adjoint (1855), puis direc-
teur général «les chemins de fer autrichiens, commissaire
et la réforme douanière (1859), conseiller du gouverne-
inent (1860), conseiller auliquo 1 1869), membre a vie de
la Chambre des seigneurs (is7'.t. En 1 s T ri . il lut née
luron. Ses travaux sont nombreux el lui ont valu une
mode célébrité. On lui doit tout d'abord l'invention (réa-
1850 en vue de l'exploitation du chemin de fer à
fortes rampes dn Semmering, entre Vienne et Trieste) de
l'excellente machine qui porte son nom (Y. Locomotive) et
qui, tout de suite employée sur les diverses lignes acciden-
tées de l'Europe centrale, a été aussi adoptée par notre
Compagnie du Nord pour ses lourds convois de houille; elle
■ee son tender, 36,000 lulogr. et a cinq paires de
roues de même diamètre, qui peuvent toutes concourir a
produire l'adhérence, grâce a un ingénieux engrenage de
trois roues dentées interpose entre les deux trains articulés
de la machine et du tender. Il a d'autre part largement
contribué aux beaux travaux entrepris depuis 1807, sur-
tout dans les environs de Vienne, pour la régularisation et
la rectification du cours du Danube. Il est enfin l'auteur
d'importantes améliorations apportées tant dans les pro-
grammes de l'enseignement industriel que dans les con-
ditions de travail et d'existence des ouvriers. Il a publié
plusieurs articles intéressants dans des recueils spéciaux;
nous <iterons : Ueber die Théorie des Montgolfierschen
Stosshebers, dans Berichi ûber die Versammlung der
Naturforscher (1843); Ueber ein neues Perpetuum mo-
bile,diDS Verhàndl. des Niederôsterreichischen Getverb-
Vereins (Vienne, 1844); Note sur les locomotives du
Semmering, dans Bulletin de la Société d'encourage-
ment de Paris (1856). Léon Sagnet.
ENGERTH (Eduard, chevalier d'), peintre d'histoire
autrichien, né à Pless. en Silésie, en 1818, d'une famille
autrichienne qui comptait déjà plusieurs artistes. Engerth
étudia à l'Académie de Vienne et. en 18',", lut envoyé
comme pensionnaire du gouvernement à Kome où il lit un
séjour et peignit le célèbre tableau, la Famille de
Manfred après la bataille d'1 Bénévent. En 1854, il
devint directeur de l'Académie de Prague. On lui doit la
[dus grande partie des fresques de l'église d'Alterchenfeld
à Vienne, une série de peintures tirées du Mariage de
Figaro, d'Orphée, etc. , à l'Opéra de Vienne; le Prince
Eugène après la bataille de '/.enta, etc. Depuis 1871,
il est directeur de la galerie du lielvédère. Engerth a été
élu, en 187.'). membre correspondant de l'Académie des
beaux-arts, à Paris.
ENGESTRŒM (Johan), évèque et orientaliste suédois,
né à Lilla-Slagarp (Skanie) le -21 nov. 1 099, mort le
16 mai 1777. Après avi.ir étudie sous des hébraïsants et
des rabbins île Hambourg, il fut adjoint (1729), professeur
de langues orientales (1732), puis de théologie (1742) à
l'université de l.und, dont il devint vice-chancelier en 1748.
I.a même année, il succéda à son beau-père, J. Benzelius,
comme évèque de Lund et, en cette qualité, il persécuta
aussi bien les piétistes que les llerrohutes. Parmi ses dis-
sertations, on remarque : Grammatica hebrœa biblica
(en H fjsc. 1731-33); De Cuit ris veterum lapideis (Lund,
1735, in— t. avec 2 pi.). li-s.
ENGESTRŒM (Jacob von), homme politique et érudit
suédois, fils du précédent, né à Lund le 1er nov. 1735,
mort à Dpsala le 14 nov. 1802. Secrétaire d'ambassade
(1764), de cabinet (1766), vice-gouverneur du laen d'I'p-
sala (1783). il ne pal être promu ni à une légation ni à
un gouvernement, et il était connu comme mécontent, lors-
qu'il fut arrêté comme complice de l'assassinat de Gustave III
(4792) et condamné à la prison perpétuelle, mais bientôt
gracié il publia des mémoires d'histoire et de numismatique
et des éloges dans les Actes (t. I, 11, IV— VI) de l'Académie
des belles-lettres de Stockholm, dont il était membre
(l7S(i), et il laissa en manuscrit un projet de constitution
dans lequel les quatre ordres devaient être représentés par
des députés élus pour trois ans. B-s.
ENGESTRŒM (Gustaf von), minéralogiste suédois,
frère du précédent, né à l.und le l'r août 1738, mort à
l psala le 12 août 181,1. Elève de Brandt et de Oonstedt,
dont il traduisit en anglais la Minéralogie (Londres, 1770),
et instruit par des voyages d'études faite enNorvège (1760),
en Angleterre, en Hollande et en Prusse (1764-67), il fut
essayeur (1764), gardien de la monnaie (1708-1794),
assesseur (1774) et conseiller au collège des mines (1781).
On lui doit : Description d'un laboratoire minéralo-
giaue (d'abord en anglais, Londres, 1770; ensuite en sué-
dois, Stockholm, 1773; en allemand par Weigcl, Greifs-
vvald, 177i, 1782); Laboraiorium cliemicum (1781-84,
3 vol.) ; Guide du voyageur aux carrières et mines du
Suède, en français (1796); et onze expériences dans les
Actes de l'Académie des sciences de Stockholm, dont il
était membre (1770) et qu'il présida en 1774 et 1782. B-s.
ENGESTRŒM (Johan von), homme politique et mémo-
rialiste suédois, frère des précédents, né à Lund le 13 oct.
1743, mort a Lina (Sœdermanland) le 30 déc. 1807.
Attaché aux bureaux de l'administration militaire en 1762,
il y devint secrétaire du protocole (177:1). Comme membre
né de la Chambre des nobles, qui le désigna plusieurs l'ois
pour faire partie des comités surtout financiers, il joua un
rôle important dans le parti des Chapeaux et aux diètes
de 1769 à 1800. Lors des coups d'Etat de 1772 et de
1782, il fut arrêté par ordre de Gustave III, qui le regar-
dait comme son ennemi personnel, et, après le meurtre de
ce monarque (1792), suspendu pour un an de ses fonc-
tions de secrétaire du protocole. H laissa des Mémoires
historiques, qui ont été publiés avec des lettres de 1771
à 1805, par E.-W. Montan (Stockholm, 1877). B-s.
ENGESTRŒM (Lars, comte von), homme politique,
diplomate et mémorialiste suédois, frère des précédents, né
à Stockholm le 24 déc. 1751, mort le 19 août 1826 dans
son domaine de Jankowicz, en Posnanie, où se perpétue
sa descendance. Du cabinet de la correspondance étrangère
(1773-1782), il passa à la légation de Vienne et, de là, à
celle de Varsovie (1788). Devenu gentilhomme polonais et
même, plus tard (1808), staroste, par suite de son mariage
avec la comtesse Chlapowska, il se fit apprécier de la
noblesse du pays et amena la conclusion d'un traité entre
la Suède, la Pologne et la Prusse (1790). A l'avènement
de Gustave IV, il fut chancelier de la cour (1792), puis
envoyé à Londres (1793-93). La cour de Vienne ayant
refusé de l'accueillir comme ministre à cause de ses sym-
pathies pour la Fiance, il passa avec le même titre à Berlin
(1798-1803). Sous Charles XIII, il devint président de la
chancellerie, ministre des affaires étrangères, baron, cheva-
lier de l'ordre des Séraphins (1809), comte (1813), chan-
celier de l'université de Lund (1810-1824), à laquelle il
témoigna le plus vif intérêt et qui, de son temps, brilla
d'un vif éclat. Il se démit de toutes ses fonctions en 1824.
La riche collection de manuscrits et de livres formée par
les Engestrœm, les Benzelius, les Benzelstjerna et consi-
dérablement augmentée par lui, fut léguée par son petit-fils
à la bibliothèque royale de Stockholm en 1864; ses Sou-
venirs et .\'<>tes ont été édités par Elof'Tegnér (Stockholm,
187(5, 2 vol. in-8). lî-s.
ENGHIEN-les-Baws. Com. du dép. de Seine-et-Oise,
arr. de Pontoise, cant. de Montmorency; sur le bord du
lac, vaste de 35 hect., qui porte le même nom; stat. du
ch. de fer du Nord (ligne de Paris à Pontoise) ; tête de
ligne de l'embranchement d'Enghien à Soisy et à Montmo-
rency ; I ,S7.'> hab. Le territoire' actuel de la com. d'Enghien
faisait autrefois partie des deux paroisses de Montmorency
et de Saint-Gratien ; le nom même d'Enghien avait été
donné par Louis XIV, en sept. 1689, a la ville de Mont-
morency; mais l'usage ne put ratifier la volonté royale.
ENGHIKN
— iOM -
An siècle dernier, il n'y avait eneore, daot le lien dont
nous parlons, qu'un moulin situe près du lac al sur un ruis-
seau qui s'y jetait. En ITtiii, (lotte, curé de Montmorency,
reconnut que l'eau de ce ruisseau était éminemment sulfu-
reuse et lit part de cette découverte à l'Académie des
sciences, qui en reconnut l'exactitude. Toutefois, une sta-
tion thermale ne l'ut créée à Enghien qu'en 1821, par les
soins de Péligot, administrateur de l'hôpital Saint-Louis.
Il s'y ruina, mais, plus tard, la vogue et la mode favori-
sèrent l'entreprise qui, depuis, a toujours été en pros-
pérant. Enghien n'est cependant devenu une commune
qu'en 1851. F. B.
Eaux minérales. — Les eaux d'Enghien sont ather-
males, sulfatées calciques faibles (0**,! 76 i 0-r, 38.">), car-
boniques moyennes, sulfureuses faibles. Ce sont huit sources
qui émergent d'un liane de calcaire grossier à un niveau
inférieur de 3 ni. à celui du lac ; leur minéralisation parait
être accidentelle, produite par l'action réciproque du sulfate
de chaux et des matières organiques. Enghien possède deux
établissements thermaux bien installés. Les eaux s'emploient
en boisson et en bains et sont aisément transportables.
D'après de Puisaye et Lecomte, les eaux d'Enghien repré-
sentent une médication stimulante, perturbatrice, révulsive,
modificatrice, tonique, adjuvante suivant leur mode d'em-
ploi. Mais leur véritable spécialisation réside dans les affec-
tions catarrhales et herpétiques, bronchite chronique,
angine glanduleuse, engorgement des ganglions bronchiques,
pharyngo-laryngite, phtisie des lymphatiques ou des scro-
fuleux, catarrhes de l'appareil génito-urinaire, métrite
chronique, diarrhées chroniques, certaines dyspepsies;
dermatoses chroniques et de forme humide (les affections
cutanées de forme squameuse sont rebelles). Dr L. Un.
ENGHIEN. Ville de Belgique, prov. de Hainaut, arr. de
Soignies, sur la Marcq, affl. de la Dendre; 4,800 hab.
Stat. du ch. de fer de Bruxelles à Calais. Fabriques de
tapis, de dentelles « point de Paris », de toiles, de tissus
de laine; tanneries et teintureries. — Enghien était la plus
ancienne baronnie du comté de Hainaut; on en a fait re-
monter l'origine jusqu'à Charlemagne. Elle entra dans la
maison de Bourbon par le mariage de Françoise de Luxem-
bourg avec le comte de Vendôme, aïeul de Henri IV. Celui-ci
vendit cette propriété à Charles de Ligne, prince d'Aren-
berg, dont la -famille la possède encore aujourd'hui. Les
armoiries d'Enghien sont : gironné d'argent et de sable
de dix pièces: chaque pièce de sable chargée de trois
croisettes recroisettées au pied fiché d'or. Le principal
monument de la ville est le château, entouré d'un parc de
300 hect., entièrement emmuraillé, appartenant aux ducs-
princes d'Arenberg ; il est célèbre par la beauté de ses mas-
sifs, de ses pelouses, de ses serres et de ses pièces d'eau. La
petite église des capucins contient le magnifique mausolée
en marbre de Guill. de Croy, .mort à Worms en 1521.
Enghien a donné le jour aux historiens Hassard, f 1525,
et Bourgogne, dit Burgundius, •}• 10i3. E. II.
Bibl. : E. Matthieu, Histoire de la ville d'Enghien ;
Mons, 1877, 3 vol. in-s. — c. Rahlenbeck, les Villes pro-
testantes de la "Belgique; Bruxelles, 1884.
ENGHIEN (Jean d'), dit de Kestergat, chroniqueur
belge, mort en 1478. 11 entra au service de Philippe le
Bon et devint en 1430 amman de la ville de Bruxelles.
Meilleur courtisan que citoyen, il n'usa de sa charge que
pour étendre les prérogatives du prince au détriment des
privilèges de la cité; aussi, détesté du peuple, faillit-il être
massacré pendant l'émeute de 1477. Jean d'Enghien ayant
lu plusieurs travaux sur l'histoire du Brabant conçut le
projet de les traduire du flamand en français et de les
condenser en un seul volume qu'il appela le Livre des
Cronicques de Brabant. Son manuscrit, déposé d'abord
à la bibliothèque de Bourgogne, avait disparu depuis deux
siècles quand Borgnet (Y. ce nom) le retrouva dans
les archives du comte Ch. d'Aspremont-Lynden en 1850.
L'auteur a largement profité des travaux de Boendale et
de de Dynter (V. ces noms), ainsi que du poème de la
guerre de GrimbaEBJM et n'y a rien ajouté ijc bien neuf.
Le sixième et dernier livre t mitait de l'histoire du Brabant
soin lu dynastie bourguignonne. Jean d'Enghien, nélé
activement aux intrigues politiques, aurait pu fournir sur
cette période bien des renseignementa intéreasanta : mal-
heureusement, cette partie de son œuvre n'a pu être re-
trouvée. |.. ||.
BlBL. : Hi-nm. et \VAUTi:ii = ,//i.s(. '/<■/,•, ville de Bruxelles;
Bruxelles, 1843-45, :j rot. in-8.— A. Wauti as, Hiatoirt des
u de Bruxelles; Bruxelles, lb.'»0-57, 'i vol. in-s.
ENGHIEN (François de BooRBOtr, comte d'), né le
■23 sept, t.') If), mort en 1546. Il était le troisième fils
de Charles de Bourbon, duc de Vendôme, et de Françoise
d'Alençon. Nommé par François I"r au commencement de
1544 sous-lieutenant général en Piémont, il inaugura son
commandement en remportant, le 14 avril, sur le marquis
del Vasto, gouverneur du Milanais pour l'empereur, la
grande victoire de Cérisoles. De là il alla prendre Cari-
gnan, ou il fit prisonnier Pietro Colonna, autre général
de Charles-Quint, et n'échoua devant Nice, au mois de sep-
tembre, que par suite de l'insuffisance de son matériel de
siège. Là s'arrêtèrent ses succès. « Il estoit beau, dit
Brantôme, et monstroit en lui toute générosité, sagesse et
vaillance, qui promettoient qu'un jour il serait un grand
capitaine, comme il s'en alloit l'être sans l'envie qui lui fut
portée. » En effet, le 23 févr. 1546, de jeunes seigneurs,
dont il était, se trou\ant au château de La Roche-Guyon
par un rude temps d'hiver et ayant par amusement engagé
entre eux un combat à coups de boules de neige, tandis
que François de Bourbon se reposait un instant sur un
banc, un coffre plein de linge, jeté d'une fenêtre placée
juste au-dessus de lui, lui tomba sur la tête et lui fit de
profondes blessures dont il mourut peu de jours après.
L'auteur de ce déplorable accident était Cornelio Bentivo-
glio, un ami intime de François de Lorraine, alors comte
d'Aumale, le futur « grand duc de Guise », qui jalousait
fort la gloire du comte d'Enghien. Aussi Brantôme, bien
qu'inféodé au parti des Guises, termine-t-il ainsi sa bio-
graphie de la victime : « Aucuns disent que ce fut incon-
vénient [accident), aucuns que ce fut à poste (à dessein). »
— Son frère puiné, Jean, échangea contre relui de comte
d'Enghien le titre de comte de Soissons qu'il portait aupa-
ravant et sous lequel il est cependant plus connu. L. M.
Hiol. : Mémoires de Martin du Bellay. — Commen-
taires de Monluc — Brantôme.
ENGHIEN (Louis-Antoine-Henri dk Bourbon, duc d'),
né au château de Chantilly le i août 177-2, fusillé a Vin-
cennes le 21 mars 1804." Fils de Louis-Henri-Joseph de
Bourbon et de Louise-Marie-Thérèse-Bathilde d'Orléans,
son éducation fut confiée à des maîtres de valeur tels que
le comte de Virieu et l'abbé Millot. Sous l'intelligente im-
pulsion de ce dernier, le jeune prince prit un goût parti-
culier pour l'étude. Il avait un esprit ardent et primesau-
tier, « une tète pétrie de salpêtre ». Le nom du grand
Condé exerçait sur lui un pouvoir surprenant et sullisait
pour calmer ses vivacités et ses étounleries. Dès l'âge de
neuf ans, il montrait une sensibilité et un enthousiasme
précoces. Il témoignait déjà du vil désir de suivre la car-
rière des armes. Son grand-père, Louis-Joseph de Bour-
bon, l'initiait en maître à la pratique des choses militaires.
Au lendemain du H juil. 47S|i, le duc d'Enghien fut
emmené par son père en Belgique où les autres princes le
rejoignirent. C'était le commencement de l'émigration,
l'exil et ses premières épreuves. Le jeune prince était pour
toujours éloigné de sa mère, la duchesse de Bourbon, qui
s'était séparée en 1780 de son mari, par incompatibilité
d'humeur et par divergence d'opinions politiques. De Bel-
gique les princes vont dans le Piémont où ils essayent de
former un conseil que le cabinet des Tuileries voit d'un
mauvais œil. Parmi les membres de ce conseil lî-urait le
frivole de Calonne qui, moins que tout autre, était capable
de leur préparer un retour honorable en France. S.ms se
mêler a ces intrigues, le duc d'Enghien apprenait la langue
italienne et trouvait le temps, au milieu des plaisirs de son
- IOM —
ENdllIEN
âge. de compléter son éducation. Lelijanv. 1701, il quitte
subitement la ville de Tarin mm bm parents, m dirigeant
nr l'Allemagne. Ne voyant dans les idées nouvelles que
des idées M rébellion, tes princes vont demander l'appui
de l'étranger et eroient avoir le droit de combattre stm lui
les adversaires de la maaarehie. Ils ne comprennent pas
me cette alliance funeste est de nature a compromettre
a jamais leur eatise, quelles que soient les précautions et
strictions qu'ils emploient, le duc d'Enghien, jeune
prince île dix-sept ans, n'avait point à discuter les ordres
du chef de la famille, qui commandait en maître. Mais plus
d'une fois dans le cours de ces tristes campagnes, il pro-
testera contre la fatalité a laquelle il est soumis. Il aurait
préféré combattre avec des français seulement, et il s'écriera
un jour : « Ah! la Vendée, si on l'avait soutenue, c'était
la notre espoir ! »
C'est a VYorms que commence l'histoire de l'armée de
Coudé. L> duc d'Enghien s'y fait remarquer par sa bra-
voure, et c'est un réel motif de chagrin que de voir tant de
valeur utilisée contre des compatriotes. De 179"2à 1 S0 1 ,
le jeune prince sera, comme les siens, à la solde des alliés.
rem, lui et ses soldats, réduit à passer par mille
épreuves plus douloureuses les unes que les autres. Mal
équi|>és, mal payés, mal soutenus, ils seront l'objet de la
défiance des étrangers qui ne leur pardonnent pas de con-
sidérer leur entrée en France comme une invasion et non
comme une conquête, et de ne point se faire à l'idée de la
eeoaion de la moindre partie du territoire. Ainsi Macartncy
écrit à Pitt que la résolution formelle de Louis XVIII et des
siens est de maintenir l'intégrité de la France. Et il ajoute:
« Il y a bien des royalistes qui, revenus au pouvoir, au-
raient assez peu de scrupules pour participer aux crimes
de la Convention et profiter de ses conquêtes! » Les
Russes s'étonnaient, eux aussi, des sentiments français que
conservaient la plupart des émigrés. Woronzov n'écrivait-
il pas un jour à Widworth : « Quoique émigrés, ils sont
plus ou moins infectés des opinions qui dominent dans leur
pays. > Le 31 mars 1801, les alliés, las d'être battus,
abandonnent l'armée de Condé. Ce jour-là, c'en est fait
d'elle. Les Anglais concèdent un asile au prince de Condé
qui accepte et va rejoindre son fils, le duc de Bourbon. Le
duc d'Enghien ne veut point partager cette inaction loin-
taine. 11 préfère sa liberté, mais il s'écrie avec douleur :
€ Tout vaut mieux que prince émigré ! Etre émigré fran-
o'est être rien. » Il essaye un moment d'entrer au
service du gouvernement autrichien, puis, rebuté et las de
tout, il va s'installer le 29 sept. 1801 avec la princesse
M l'vihan-Rochefort, à Ettenheim, près du cardinal de
Rohan, dans les Etats de l'électeur de Bade. Là ses distrac-
tions favorites sont la lecture, la chasse, la promenade. Le
margrave Charles-Frédéric lui avait donné une permission
de chasse très étendue que, bientôt après l'adhésion du
jeune prince à la réponse faite par Louis XVIII aux offres
pécuniaires de Bonaparte, il lui retirera, espérant ainsi dé-
barrasser l'électorat d'un hôte gênant.
Le bruit avait couru en 1803 que le duc d'Enghien allait
faire parfois des excursions sur le sol français. Le prince
de Condé y crut un instant et interrogea son petit-fils qui
i de la façon la plus énergique. De documents au-
thentiques il appert en etfet que jamais, depuis l'émigration,
le dm d'Enghien n'a pénétré en France. Tandis que de
fbugneui royalistes cherchaient à tout prix à renverser le
gouvernement consulaire, le duc se refusait à conspirer.
i Ce >ont, disait-il, un tas de bêtises puantes auxquelles
je ne me mêlerai jamais... Je méprise tout cela. Moi je
vais droit mon chemin, et, s'il faut m'exposer pour notre
maître, je l'ai fait et le lirai de bon cœur sans me ca-
eher. Je ne sais pas servir mon roi en frac, à moins que
ce ni' soit l'uniforme de la Vendée. » Les conspirations
surgissent de toute, parts et menacent réellement la vie du
premier consul. Le duc d'Enghien ne s'j mêle point. Il ne
veut pas conspirer, mais combattre, et c'est ainsi qu'il écrit
le 15 févr. 1804 à sir Charles Stuart pour lui exprimer le
désir d'être employé dans la guerre prochaine. Mais il de-
meure évident que les machinations imprudentes de cer-
tains émigrés ont pu prêter une apparence de vérité aux
premiers soupçons de la police consulaire dirigés contre le
duc d'Enghien. Un sieur Troche, récemment arrêté, révèle
un prochain débarquement conduit par un prince de la
maison de Bourbon. Il raconte qu'un individu mystérieux
vient souvent chez Cadoudal. lîouvet de l.o/.ier, arrêté aussi,
dit que ce personnage est PichegTU. La police croit plutôt
que c'est le duc d'Enghien. On saisit bientôt Lajolais,
Moreau, Pichegru. Le premier consul, furieux, jure de faire
un exemple terrible. Un sous-olficier de gendarmerie va
dans l'électorat de lîade prendre des renseignements sur
le duc d'Enghien. Il apprend que le prince est à Ettenheim
avec Dumouriez. L'accent allemand avait fait confondre le
nom de Thumery avec celui de Dumouriez. Or jamais ce
général n'était venu à Ettenheim. Mais la police et le pre-
mier consul ajoutent foi à cette nouvelle. La vengeance de
Bonaparte va s'exercer à son aise. Le général Moncey
transmet le rapport du sous-officier au premier consul qui
se plaint vivement à Béai et à Talleyrand d'être mal ren-
seigné. Ce dernier accuse le chargé d'affaires à Karlsruhe et,
pour se disculper, le calomnie. Sur ces entrefaites, on
arrête Cadoudal. Celui-ci déclare aux juges qu'il attendait
pour agir qu'un prince fût venu à Paris. La police persiste
à croire que c'est le duc d'Enghien. Et cependant le duc
venait d'écrire au marquis do Vauborel à propos de ces in-
trigues et de ces complots : « Je ne suis pas fâché, si l'on
a cru à propos d'ouvrir mes lettres, que l'on y ait reconnu
ma façon de voir et de penser, et la désapprobation for-
melle que f ai toujours donnée à des mesures en des-
sous et indignes de la cause que nous servons!... •»
Cette lettre figurait dans les papiers du conseiller Béai,
chargé de la police. Mais il fallait un exemple, et le pre-
mier consul trouve autour de lui des gens qui non seule-
ment l'approuvent, mais le conseillent. Ainsi Talleyrand,
en docile courtisan, se range à cet avis, d'abord par une
note rédigée par lui le 8 mars, puis par un discours appro-
batif prononcé dans le conseil du 10 mars, conseil qui ne
faisait que corroborer une décision arrêtée depuis plusieurs
jours chez Bonaparte. On pénètre malgré le droit des gens
sur le territoire badois. Caulaincourt enlève les conspira-
teurs à Offenbourg, etOrdener, le due d'Enghien et ses amis
à Ettenheim. On conduit le duc à Strasbourg, puis à Vin-
cennes. La fosse de la victime est creusée et la condam-
nation décrétée à l'avance. Il est peu d'événements plus
lamentables. Ce n'est pas un jugement qu'a rendu la com-
mission militaire. En effet, quelle était la compétence des
juges? Nulle. Où était l'arrêt motivé? Nulle part. Les
témoins? Il n'y en avait pas. Le défenseur? Il n'y en avait
pas. Le public? 11 n'y en avait pas. Les lois qui condam-
naient? Il n'y en avait pas. La sentence? Elle était rédigée
en blanc. Les preuves? Aucune. Les pièces? Aucune... Ce
n'est donc pas un jugement, mais un assassinat.
Le 21 mars, à trois heures du matin, le duc d'Enghien
tombait fièrement sous les balles de seize gendarmes dans
les fossés de Vincennes. On a dit qu'au dernier moment le
premier consul avait eu l'idée de faire grâce et avait pres-
crit a liéal d'aller à Vincennes pour un supplément d'in-
formations. On a affirmé que Béai dormait au moment où
était venue la lettre de Bonaparte et qu'il ne l'avait ou-
verte que trop tard. J'ai démontré, pièces en mains, que
cette affirmation est fausse.
La responsabilité de l'enlèvement et de l'exécution som-
maire du duc d'Enghien retombe directement sur le premier
consul, puis sur Talleyrand, puis sur Savary, Béai, Hulin,
llarel. Ils ont tous, comme Talleyrand qui a vainement
tenté de se justifier dans ses Mémoires, obtenu les faveurs
du maître pour leur complaisance et leur complicité. Le
20 mars IN|(i, sous la seconde Restauration, les restes du
duc d'Enghien furent solennellement exhumés des fossés
de Vincennes el déposés dans la chapelle du château. Le
sculpteur Deseine composa un monument funèbre qui se
ENGHIKN - ENGLESQUEVILLE
— 1064 —
trouve actuellement dans une petite sacristie voisine <!<• le
chapelle el qui ne répond guère à la grandeur du sujet. La
princesse Charlotte de Rohan-Rochefort, qui avait épousé
secrètement le duc d'Enghien à Ettenheim après le licen-
ciement de l'armée de Condé, mourut le 1er mai 1841,
ayant pieusement conservé le culte ilu prince. Aucune con-
solation n'avait pu ni adoucir sa douleur ni diminuer ses
regrets. Henri Welscbimgeb.
Bibl. : Firmas-Perriés, Notice historique sur le duc
d'Enghien; Paris, 1814, in-8. — Margubrit, De l'Assas-
sinat de M. le duc d'Enghien; Paris, 1814, in-8. — L'abbé
de Bouvbns, Notice sur le duc d'Enghien et Oraison
funèbre : Paris, 181 1, in-8. —Mémoires pour servir à l'his-
toire de la maison de Condé ; Paris, Is2n, 2 vol. in-12. —
Boudard de l'Hérault, Mémoires, lettres ei pièces au-
thentiques; Paris, 1823, in-8. — Dupin, Pièces judiciaires;
Paris, 1823, in-8. — Mémoires historiques sur la catas-
trophe du duc d'Enghien; Paris, 1824, in-8.— Houx de
Laborie, Eloge du duc d'Enghien : Paris, 1827, in-8. —
Mémoires du duc de Rnvujo ; Paris, 1828, 8 vol. in-8. —
("ointe de Choulot, Mémoires et voyage* du duc d'En-
ghien; Paris, 1841, in-8. — Nougarude de Fayet, Re-
cherches historiques : Paris, 1844, 2 vol. in-8. — Théodore
Muret, Histoire de l'armée de Comté ; Paris, 1844, 2 vol.
in-8. — Crétineau-Joly, Histoire des trois derniers
princes de la maison de Condé; Paris, 18(17, 2 vol. in-8.
— Constant, le Duc d'Enghien : Paris. 1*69, in-12. —
Comte Boulay de la Medrthe, (es Dernières Années
du dur d'Enghien: Paris, 1886, in-12. — Henri WelS-
cbinger, le Duc d'Enghien (*763-i804); Paris, 1888, in-8.
— Du môme, l'Europe et l'exécution du duc d'Enghien;
Amiens, 1890, in-12 (extrait de (a Revue des Eludes his-
toriques). — Talleyrand, Mémoires, t. III, Appendice :
Paris, 1891, in-8. — Voir aussi Mémoires de Mencval,
Mémoires d'outre- tombe, le Consulat et l'Empire de
Thiers, l'Histoire de la Restauration de Lamartine,
Mémoires de Kauriel, le Quérard (art. Savary), etc.
ENGIN (Techn.). Nom générique sous lequel on dési-
gnait à l'origine toutes les machines et qui a donné nais-
sance au mot ingénieur, par corruption du mot rnginieur
qui est d'ailleurs employé textuellement encore dans cer-
taines langues étrangères. Le mot engin est en priqcipe syno-
nyme du mot machine, appareil, etc. Cependant l'usage a
aujourd'hui plus spécialement consacré cette dénomination
aux objets de destruction comme le matériel d'artillerie, etc.
Inversement, le mot machine est plus spécialement appliqué
aux objets destinés à la production d'un travail utile. Cepen-
dant, nous le répétons, il n'y a dans tout cela que des ques-
tions de nuances adoptées par l'usage et qui ne présentent
rien d'absolu. Enfin, on appelle spécialement appareils, les
machines ou parties de machines plus finies, plus parache-
vées, destinés à produire un travail plus délicat ou à servir
aux expériences de laboratoire. L. K.
ENGINS. Corn, du dép. de l'Isère, arr. de Grenoble,
cant. de Sassenage; 406 hab.
ENGIS (Crâne d') (Anthrop.). Ce crâne humain assez
bien conservé et fort connu sous le nom d'une caverne de
la Meuse fouillée par Schmerling (V. Belgique [Anthrop. J)
est un des débris humains fossiles les plus anciennement
discutés. Tous les anthropologistes de marque s'en sont
occupés tour à tour. Il consiste en une voûte qui, malgré
son iront fuyant, est bien au-dessus du crâne de Nêander-
tlial par sa hauteur et sa capacité. II. Huxley disait qu'il
aurait pu loger la cervelle d'un philosophe tout comme
celle d'un sauvage. Il a rappelé à Virchow le type des
Esquimaux. Ces appréciations divergentes n'ont fait qu'aug-
menter les incertitudes relativement à son ancienneté réelle.
Si l'on admet que la grotte d'Engis, remplie à l'époque
quaternaire, a servi de sépulture postérieurement, le crâne
qui y a été recueilli peut fort bien passer pour néolithique,
tout en se rattachant à la race de Cro-Magnon. Z.
ENGIS Œnqis Payk) (Entom.). Coure de Coléoptères,
de la famille «les Erotylides (V. Ekotvlus), caractérise
surtout par le premier article des palpes maxillaires plus
court que les deux suivants pris ensemble. L'espèce type,
/.'. hviiicntlis l'abc, est commune en Europe, principa-
lement sous les écorces d'ormes recouvertes de productions
cryptogamiques. Sa larve a été décrite d'abord par West-
wood, puis par M. Bcdcl, dans \' Abeille de de Harseul,
V, p. 5. Ed. Lef.
ENGISTOME (Erpét.) (V. I.ncystomk).
ENGLANCOURT. Com. du dép. l'Aisne, arr. deVervins,
cant. de l s CapeUe : 50Î liai».
ENGLAND (Sir Richard), général anglais, né a !><-tr<>it
(Canada) en 1793, mort le 1!) janv. IKXi. Il entra dans
l'armée en 1808 comme enseigne et servit pour la pre-
mière l"i^ dans l'expédition eontra Waleheren, puis en
Sicile (1810-1811). Il n'assista pat a la bataille de Wa-
terloo, mais rejoignit son régiment à Paris en 181") ; il
resta en France jusqu'à l'évacuation (1818). Lieutenant-
colonel du 75" régiment (1825), il le conduisit au Cap
(lN:i;-i) et dirigea comme brigadier général les eampagaei
contre les Cafres, de 1836 et 18.J7. En 1841, il fatehtrgi
de secourir le général Nott. enfermé a handaliar : il l'a -
quitta assez mal de cette mission et subit plusieurs édita
partiels : Nott se plaignit amèrement de lui ; il fut, en
conséquence, laissé en disponibilité jusqu'en! Xi!). Toutefois,
sa conduite en Afghanistan était suffisamment oubliée au
moment de la guerre de Crimée pour qu'on lui confiât le
commandement de la troisième division en qualité de major
général. Il contribua beaucoup à la victoire d'Inkermann
et se distingua a l'attaque du Crand-Kedan. Il fut nommé
général le bjuil. 1863. Ch.-V. L.
ENGLANTÉ (lîlas.). Attribut du chêne représenté avec
des glands d'un émail particulier.
ENGLEBELMER. Corn, du dép. de la Somme, arr. de
Doullens, cant. d'Acheux ; '*45 hab.
ENGLEFIELD (Sir Henry-Charles), savant et littéra-
teur anglais, né en 1752, mort en 1822. Il joua un rôle
important comme vice-président et président de la Society
of Antiquaries, qui publia sous sa direction les cathé-
drales et églises d'Angleterre (1797-1813). Collectionneur
distingué, il possédait un choix précieux de vases antiques
qui ont été dessinés et gravés par H. Moses (Vases from
the collection of sir H. Englefield, 1820, in-i). Il s'oc-
cupait aussi de science pure, et envoya plusieurs mémoires
à la Royal et à la Linnean Society; on lui doit encore des
recherches intéressantes sur les couleurs (Discocery of a
Lake from Madder). Parmi ses principaux ouvrages, naos
citerons : Description of the Principal l'icturesipte
iieauties, Antiquities, and Geological Phenomena of
the Isle of Wight (1810) ; A Walk through Southamp-
ton (1801) et une traduction de Térence, The Andrian
(1814). B.-H. G.
ENGLEFONTAINE. Com. du dép. du Nord, arr. d'A-
vesnes, cant. (E.) du Uuesnoy; 1,899 hab.
ENGLEHEART(Erancis), graveur anglais, né à Londres
en 1775, mort à Londres le 15 févr. 1849. Neveu du minia-
turiste George Engleheart, il fut élève de Jos. Collyer, puis
collaborateur de James Heath. Il a gravé d'après des ar-
tistes contemporains de son pays, tels que Stothard, Cook,
Wilkie, etc., entre autres des portraits des poètes anglais,
et des illustrations pour un Don Quichotte, d'après Smirke.
ENGLER (Johann-Gottlieb-Benjamin), habile facteur
d'orgues allemand, né à Breslau le 28 sept. 1775, mort
à Breslau le ISavr. 1829. Son père, Théophile-Benjamin
et son grand-père Michel s'étaient déjà distingués dans la
même carrière et avaient construit de belle orgues à Olrautz,
Breslau, Brieg, Glogau, Posen, etc. Moins inventif qu'eux.
peut-être, et manquant de connaissances premières, il n'en
parvint pas moins à fabriquer des instruments extrêmement
remarquables, conçus et exécutés avec le soin le plus mi-
nutieux. 11 a imaginé divers perfectionnements pour l'har-
monie des jeux et pour la soufflerie. Sa vie se passa dans
la gène et presque l'indigence, car il travaillait très lente-
ment et n'admettait pas de collaborateurs. On trouve des
orgues de valeur dues à ce laborieux artiste dans les églises
de Schwartzau près deLùben, deSchweitsch, de Peterwitx
près de Schweidnitz, etc. Il a également construit l'orgue de
l'église du faubourg Ntcolaî à Breslau, et restauré, dans la
même ville, celui de l'église Sainte-Marie-Madeleine. A. E.
ENGLESQUEVILLE. Com. du dep. du Calvados, arr.
de Bayeux, cant. d'Isigny, à 2 kil. de la mer ; 35S hab.
— 1065 -
ENGLESQUEVILLE — ENGOULEVENT
Séeaanhore a la pointe de la Percée. Eglise de l'époque de
transition. Ancien château do lieauiuont, défigure par des
remaniements <hi \\ii* siècle, mais 00 subsistent des parties
do mi siècle et notaininent une chapelle romane.
ENGLESQUEVILLE. Com. du dep. du Calvados, arc
et eut de Pont-d'Kveqiie; 187 hab.
EN6LISH (Joins), graveur-amateur anglais, né à Mort-
lake (Surreviau wu* siéi le. mort a Mortlake en IT1S. Ce
tut un imitateur de NV. llollar, qu'il ne put toutefois égaler.
On cite de lui le Christ à t'.nunaiis, d'après le Titien, et
/<■ liuicur, d'après C.leyn 1 1 634).
ENGLISH (William), poète irlandais, né à Newcastle,
dans le comte de l.iuierick, mort en 177S. Après avoir été
Mitre d'école, il entra dans l'ordre des augustins. Ses poé-
nlloises, descriptives de la vie des basses classes en
Irlande et en Angleterre, ont une réputation méritée. On
trouvera dans les I.ays of the Western Cad, de sir Sa-
muel i'erguson (1865), la traduction en anglais de sa bal-
lade la plus célèbre. Cashcl of Munster. B.-ll. G.
ENGLISH HviaoïR. Mouillage de l'Ile anglaise d'Anii-
l'etites-Antilles), à PB. de la baie de Falmouth; c'est
une station navale très sure, bien abritée et défendue, où
\nglais ont des arsenaux et des magasins importants.
ENGLOS. Com. du dép. du Nord, arr. de Lille, cant.
d'Ilauboimlin ; »S-2 hab.
ENGLUEMENT (Arboric). Les engluements sont desti-
nes à favoriser la reprise des greffes, en mettant à l'abri
de l'air, du troid, de l'humidité, de la dessiccation, les sur-
faces en contact du greffon et du sujet. Ils doivent être
onctueux, faciles a étendre et sécher rapidement sur les
points gradés sans les comprimer. On emploie souvent la
pâte formée de terre glaise pure ou mélangée d'un tiers de
bouse de vache et dite alors onguent de Saint-Fiacre.
Ces engluements sont simplement étalés sur la greffe, mais,
le plus souvent, on les enserre d'un peu île filasse, et on lie
tout autour un chiffon de toile. On se sert encore de mas-
tics dont la résine, la térébenthine, le suif, la cire, etc.,
sont les principaux ingrédients. Les recettes données pour
leur préparation sont nombreuses. Les uns, mastics à
froid, demi-liquides à la température ordinaire, s'appliquent
avec un pinceau, ou bien solides à une basse température,
se ramollissent assez par la chaleur de la main pour être
étendus sur les greffes. Parmi ces derniers se recommande
le mastic de l'Homme-Lefort. Les autres, dits mastics à
chaud, trop durs à la température ordinaire pour être
employés directement, sont fondus sur le feu et appliqués
lorsqu'on juge au toucher que leur température n'est plus
assez élevée pour brûleries greffes. G. Boyer.
ENGOBE (Céram.) (V. Cérà*iqoe, t. IX, p 1188).
ENGOMER. Corn, du dép. de l'Ariège, arr. de Saint-
Girons, cant.de Castillon; 712 hab.
ENGOMMAGE (Céram.). Action de semer sous la base
des pièces, recouvertes d'émail pulvérulent, au moment de
les mettre au four sous des caxettes, du sable fin qui
empêche l'émail en se fondant d'adhérer aux rondeaux qui
supportent les pièces.
ENGONASIS(Astron.). Un des noms delà constellation
boréale plus connue sous le nom ï Hercule (V. ce mot).
ENGORGEMENT (Techn.). Obstruction d'un tuyau de
conduite, de descente ou de chausses d'aisances par quelque
dépôt qui gène l'écoulement. On dit aussi qu'une moulure
est engorgée lorsqu'elle a perdu une partie de sa forme par
la quantité de peinture dont on l'a recouverte.
ENGOULÉ (lîlas.). Attribut des pièces dont une ou les
extrémités entrent dans la gueule d'un animal : d'azur, à la
bande d'or, ennouk'e par deux têtes de lion du même .
ENGOULEVENT. I. Ornithologie. — Les Engoulevents
dont Linné ne faisait qu'un seul genre (Caprimulgus), mais
qui, pour les ornithologistes modernes, constituent une
famille naturelle (Caprimulgidés), offrent, sur la conforma-
tion du squelette, des affinités incontestables avec les Mar-
tinets et les Oiseaux-Mouches. En revanche, par leur
aspect extérieur, par leurs formesgénérales, par leurs dimen-
sions, par la nature et le mode do coloration de leur plumage
et par leur genre de vie, ils diffèrent considérablement de ces
derniers oiseaux. Les engoulevents sont, en effet, au moins
de la taille d'un Merle et quelques-uns d'entre eux attei-
gnent la grosseur d'un Faucon ; leur bec, fendu jusqu'aux
oreilles, est muni d'un crochet à la pointe de la mandibule
supérieure el de soies raides a la base ; leurs yeux sont gros
et saillants; leur tête, aplatie comme celle d'un Crapaud,
est enfoncée dans les épaules; leur corps élancé, porté sur
des pattes courtes et faibles, se prolonge en arriére par
une queue tantôt coupée carrément, tantôt disposée en lyre
ou ornée de longs filaments, et leur plumage, de couleurs
douces, varié de gris, de fauve, de brun et do noir, s'har-
monise avec les teintes du terrain ou de l'arbre sur lequel
ces oiseaux se tiennent accroupis. Par leur livrée et par la
Engoulevent d'Europe.
nature molle de leurs plumes, les Engoulevents rappellent
les Chouettes, dont ils ont les habitudes nocturnes. Ils vi-
vent isolés ou par couples, dans les bois ou au milieu des
steppes et, d'un vol silencieux, poursuivent dans les ténè-
bres les Coléoptères et les Papillons de nuit. Lorsqu'on
vient à les surprendre, ils se montrent tout ahuris et se con-
tentent, pour toute défense, d'ouvrir le bec et de souffler
avec colère. Sur le sol, leurs mouvements sont d'ailleurs
d'une certaine gaucherie. Les Engoulevents des contrées
tropicales sont les seuls qui séjournent pendant toute l'an-
née dans le même pays ; ceux des régions tempérées émi-
grent, au contraire, en bandes plus ou moins nombreuses,
à l'approche de la mauvaise saison, et ne reviennent qu'au
printemps suivant. Peu de temps après leur retour, ils
pondent, sur la terre nue, un ou deux œufs d'un blanc pur
ou maculés de brun. Les parents ont le plus grand soin do
leur progéniture et saventmettre leurs œufs ou leurs petits
à l'abri du danger en les transportant dans leur gueule
énorme.
La famille des Caprimulgidés, qui est répandue sur la
plus grande partie du globe, se partage en plusieurs tri-
bus, savoir : 1° les Podarginés comprenant les Uatrachos-
tomes et les Podarges (V. ces mots) des Moluques, des
lies de la Sonde, de la Malaisie, de la Papouasie et de
l'Australie; "2° les Stéatornithidés dont le Guacharo (V. ce
mot) de l'Amérique chaude est le seul représentant ; 3° les
Nyctibiinés qui se rencontrent également dans les régions
tropicales du Nouveau-Monde; 4° les Caprimulgidés ou
vrais Engoulevents qui sont presque cosmopolites; 5° les
Podargerinés qui se trouvent les uns dans l'Amérique méri-
dionale, les autres dans I'Indo-Chine, à Bornéo, aux Phi-
lippines, à Célèbes et en Australie. — L'Engoulevent d'Eu-
rope [Caprimulgus europeeus L.), qui, à l'âge adulte,
mesure environ 30 centim. de long et porte un costume
gris, tacheté et vermiculé de noir, de brun, de fauve et de
blanc, est connu dans nos campagnes sous les noms de
Crapaud volant et de Tette-Chèvre, parce qu'on l'accuse à
tort, cela va sans dire, de teter le lait des Chèvres. Ce pré-
jugé, auquel le nom latin de Caprimulgus fait également
allusion, tire sans doute son origine de l'habitude qu'a
l'Engoulevent de fréquenter les pâturages pour chercher
dans les bouses de petits Coléoptères coprophages.
Parmi les représentants les plus remarquables de la fa-
mille des Caprimulgidés nous citerons les Macrodipteryx
ENGOULEVENT - ENGRAIS
- I0(i6 -
africains qui se distinguent par la présence, ehet le mâle,
d'une longue plume terminée en palette, sortant do milieu
de l'aile, les nydropsalii <lu Brésil quiontlesdeui plumes
latérales de la queue démesurément allongées, les lliijaux
ou Nyctibius ionl une espèce, l'Ibijau géant (Nyetwiut
grandit 6m.) de la Guyane et du S.— F. du lirésil, mesure
plus de ">0 centim. de long et lm30 d'envergure, les Po-
darges aussi robustes que des oiseaux de proie et les Oua-
charos [Steatornis) qui s'écartent notablement des Engou-
levents ordinaires par leur aspect extérieur et par leur
genre de vie. F. Oostalet.
II. Aht culinaire. — La chair de l'engoulevent forme
un manger très apprécié de certains gourmets, malgré un
léger goût musqué de fourmi qu'on y trouve; on mange
l'engoulevent rôti ou préparé comme la bécasse (V. ce mot).
Bibl. : Ornithologie.— Cassin, c-it. ofthe Cnprimul-
gidm in the collection of the Acad. of Nal. Se; Philadel-
phie, 1851, et Notes and Examination of theBirda ofthe
family Ca.primulgidm, dans Proc. Acad. A'.-<(. Se. Philad.,
1851, t. V, p. 175. — Degland et Gehbe, Omith.. Europ.,
1867, t. I, p. ti03, 2« éd. — G.-P. Gray, Handlisl of Gênera
and Species of Birds, 1870, t. II, p. 53.
EN GRAIN (V. Blé).
ENGRAIS (Agric. et chim. agric). Rien ne vient de
rien; aussi les végétaux, tout comme les animaux, ont-ils
besoin, pour vivre, se développer et se multiplier, d'une
nourriture appropriée à leurs besoins. Ce sont ces aliments
des plantes qu'on nomme les engrais. De même que dans
les aliments des animaux tout n'est pas utile à l'organisme,
mais seulement une partie des principes immédiats qu'ils
renferment, de même dans les divers engrais mis à la
disposition des plantes tout n'est pas nécessaire à leur
subsistance. Les principes utiles des engrais sont : l'azote,
l'acide phosphorique, la potasse, la chaux et la magnésie.
Suivant qu'une matière fertilisante renferme une de ces
substances en excès sur les autres, l'engrais est dit azoté,
phosphaté, potassique, calcique ou magnésien.
Les plantes puisent leur nourriture à deux sources bien
différentes : d'abord dans l'atmosphère, où elles prennent,
à l'aide de leurs organes aériens, l'acide carbonique, source
du carbone des végétaux, ainsi qu'une partie de l'azote
dont elles ont besoin ; l'autre source est le sol. C'est dans
l'air, toutefois, que les végétaux prennent la plus grande
quantité de principes utiles, plus des deux tiers en poids
de leur masse. L'atmosphère constitue donc pour l'agri-
culteur une source d'engrais absolument gratuite et dont
il n'a pas à se préoccuper. Mais il n'en est pas de même
des matières fertilisantes du sol que les plantes puisent par
leurs racines à la faveur de leur dissolution dans l'eau ;
la réserve du sol s'épuise à la longue, même dans les terres
les plus fertiles, c.-à-d. les plus abondamment pourvues,
et il devient indispensable, les végétaux ne pouvant se dé-
placer, de remplacer ces engrais. Mais ces engrais, en
qualité et en quantité, doivent être appropriés aux besoins
des diverses plantes cultivées et c'est là ce qui constitue la
question des engrais, qui est aujourd'hui de beaucoup la
plus importante de tout le problème agricole. De ce qui
précède, on peut donc adopter la définition des engrais telle
que l'a donnée M. Dehérain : « L'engrais est la ma-
tière utile à la plante et qui manque au sol. » De toutes
les définitions qui ont été données, et elles sont nombreuses,
celle-ci est, croyons-nous, la plus exacte et la plus judi-
cieuse. Fn effet, elle comporte trois termes différents donl
il faut absolument tenir compte dans la pratique : 1° pré-
sence dans le sol d'un élémenl semblable à celui qu'on
ajoute et qui enlève toute utilité à ce dernier; 2" nature
du sol qui favorise ou non, dans l'engrais ajouté, des mé-
tamorphoses favorables à son utilisation par les plantes ;
3° nature de la plante elle-même, sur laquelle l'engrais es)
ajouté.
Classification dks engrais. — On adonné un grand nom-
bre de classifications des matières fertilisantes, niais toutes
sont plus ou moins artificielles. On les avait d'abord par-
tagées en engrais organiques et en engrais minéraux: or
les premiers renferment piix aussi îles matières minérales,
l'ois, niivant la prédominance de tel on tel élément utile.
on a proposé la classilication suivante : I" engrais
2° engrais phosphatés; '■>" engrais potassiques; 4° .
calcaires; cette manière défaire ne vaut guère mieux que
la précédente, car une foule d'engrais renferment ces quatre
éléments ou tout an moins deux ou trois en qnantil
valente. MM. l'aven et lioussingaiilt le* ont classés d'après
leur richesse en azote et, plu> récemment, d'après un
teneur en acide phosphorique; appliquant même à l'étude
des engrais la notion d'équivalence qui présente une ~,\
grande importance en chimie, ils ont eS>avé d'établir
I équivalent des engrais en comparant la quantité d'azote
qu'ils renferment a celle que contient le fumier de ferme
qui est considéré comme le type des engrais. On conçoit,
en effet, fait remarquer à ce sujet M. Dehérain, que si
l'on représente par 100 l'équivalent du fumier de ferme
qui contient en moyenne 0,0 ■ „ d'azote, on pourra déter-
miner l'équivalent d'un engrais par un nombre obtenu par
400 a " . , ., „
la proportion : jr-„ = -, a étant le poids d azote contenu
dans 100 parties de l'engrais en question. On a fait un
raisonnement analogue pour déterminer l'équivalanl d'un
engrais phosphaté par rapport au fumier de ferme. M. Paven
avait ainsi adopté pour un grand nombre d'engrais, un
équivalent particulier dont nous donnons ci-dessous quel-
ques exemples :
Equivalent
pour 1 hect.
Engrais à l'état normal Azote "/«o
Râpures de cornes 143.6
Marcs de raisins 18.82
Fanes de betteraves vertes.. . 5.0
Tourteaux de colza 49.2
— de navette 40.4
Fumier de ferme 4 10.000
Urines humaines 7.-2 5.600
Colombine 83.0 500
Rognures de cuir 93.1 4-2!)
Chiffons de laine 159.9 250
280
2.195
8.000
gis
Ces équivalents ne peuvent être utiles que lorsqu'ils
s'établissent entre des engrais de même nature ; leur usage
est d'ailleurs tout à fait abandonné et la notion d'équiva-
lence des engrais n'a plus aujourd'hui qu'un intérêt histo-
rique. Nous adopterons une autre classilication qui est loin,
elle aussi, d'être parfaite, mais qui présente moins de chances
d'erreur que les précédentes. Nous diviserons les matières
fertilisantes en deux grands groupes : 1° les amendements,
qui agissent surtout sur les propriétés physiques de la
terre, rendant ainsi les engrais assimilables ; 2° les engrais
proprement dits, précédemment définis et comprenant :
a, engrais d'origine végétale; b, engrais d'origine animale;
c, engrais mixtes (végétaux et animaux) ; d. engrais chi-
miques ou minéraux.
Âkendements. — Les principaux sont : la chaux, la
marne et le plâtre (Y. ces mots et Amendement),
Engrais végétaux. — On trouvera dans le tableau de
la p. 1073 la composition chimique moyenne des principaux
engrais provenant du règne végétal : nous n'y reviendrons
donc pas. Le type de ces engrais est l'engrais vert incor-
pore au sol dans la pratique des enfouissements végétaux
(V. ce mot). Les plantes cultivées dans ce but comprennent :
les engrais verts d'été, tels que le lupin, le sarrazin, qu'on
sème en mai et qu'on enterre en aoiït-septembre ; la mou-
tarde blanche, la spergule. la navette, se sèment en juillet
et sont enfouies en octobre. Ces engrais servent de préfé-
rence a la fumure des céréales d'hiver. Quant aux engrais
de printemps, ce sont : le colza, le seigle, la vesce d'hiver.
la féverole d'hiver, qu'on sème de septembre à octobre et
qu'on enfouit en mars, avril et mai; ces plantes peuvent
donc servir de fumure aux cultures sarclées : pomme de
terre, betterave, maïs, etc., qui se sèment au printemps
(\ . Enfoi issehent).
— 1061 —
ENGRAIS
C'est en se basant sur cette putkww dos ouvrais verts
ne M. George Villo ■ édifié ce qu'il nomme la ridrf-
nition. Partait de ce tait ans los légumineuses, trèfle,
vesee, lupin, etc., puisont loue uote dans L'atmosphère,
il sullil alors de fournir au sol qu'on vont fertiliser de
l'acide phosphorique, <lo la potasse et de la chaux, d'y
■amer une dé ces pontes et d'enfouir la récolte lors de la
floraison, (in se procure ainsi do t'atete à un prix do rc-
viont aussi bas quo possible, puisqu'il ost puisé dans l'air,
ot on diminue, par cola même, notablement, La dépense
d'achat dea courais, puisque L'azote, le plus coûteux d'entre
eux, est fourni par l'engrais vert.
In autre engrais végétal qu'on ne doit pas négliger est
fourni par los résidus dos récoltes, tels que los feuilles de
betteraves a sucre et les fanes do pommes de terre. On
compte qu'une récolte de betteraves de 50,000 kilogr. par
hectare laisse 35,000 kilogr. de feuilles et de collets, qui
renferment 95 kilogr. d'azote, 63 kilogr. d'acide phos-
pborique et -270 kilogr. de potasse. On aurait donc grand
tort de donner ces feuilles au bétail, d'autant plus qu'elles
constituent un médiocre fourrage ; par contre, eu les en-
fouissant par les labours, on restitue au sol la presque
totalité dos éléments qui avaient été prolevés par les bet-
teraves, puisque les racines sojit surtout tonnées d'élé-
ments empruntés a L'atmosphère par l'intermédiaire des
feuilles.
Mantes marines. Les plantes marines, fucus, va-
rechs, etc., sont utilisées comme engrais dans les pays
voisins de la mer; on les incorpore au sol soit directement,
soit après les avoir brûlées (V. Gokmon).
Tourteaux. Les résidus laisses par les graines oléagi-
neuses, pressées en vue de l'extraction de l'huile, consti-
tuent les tourteaux. Ceux-ci ont deux emplois en agricul-
ture: on s'en sort pour l'alimentation du bétail (Y.TorRTKAu)
et comme engrais. Pour ce dernier usage, leur valeur fer-
tilisante dépend surtout de leur richesse en azote et en
acide phosphorique, qui varie avec la nature du tourteau;
de plus, les meilleurs sont ceux qui sont le mieux débar-
rassés d'huile. Les tourteaux ne conviennent pas également
à toutes les terres ; dans les sols froids et tenaces, leur
décomposition est très lente et les plantes n'en tireraient
que peu de profit ; il en est de même dans les terres
acides; dans toutes les autres, ils donnent généralement fie
bons résultats. Le plus souvent, on applique les tourteaux
en [ietits fragments gros comme une noisette; on les répand
en automne et on les enfouit par un labour, à la dose de
i>i m ,i soi) kilogr. par hectare. Quelquefois, on les répand
au commencement du printemps; dans ce cas, il est pré-
férable de les appliquer en poudre. En tout cas,' il faudra
se garder de les mettre en terre en mémo temps que los
semences, à cause de l'hoile qu'ils renferment et qui nuit
à la végétation. C'est pour avoir méconnu ce principe
qu'on a quelquefois vu les tourteaux produire des effets
nuisibles.
Km» de raisins et de pommes. Dans les pays vigno-
bles, les marcs de raisins épuisés sont appliqués comme
engrais au pied dos vignes ; ils donnent de bons eli'ets, mais
leur action est b-nle. Les marcs de pommes, provenant de
la fabrication du cidre, préalablement additionnés de chaux
pour neutraliser leur acidité, sont avantageusement enfouis
au pied des pommiers. Ces matières fertilisantes sont très
employées en Picardie, en Bretagne et surtout en Nor-
mandie.
Lnorais animaux. — Le règne animal fournit un grand
nombre de matières fertilisante, précieuses à bien des titres.
Nous étudierons bs principales.
Os. Les os employés dans l'industrie pour la confection
des manches de couteaux, boutons, dominos, etc., laissent
une foule de débris qui sont utilisés par los fabricants
d'engrais. Les os agissent surtout par l'acide phosphorique
qu'ils renferment ; il> sont employés a l'état irais ou bien
après avoir été dégraissés par l'eau bouillante; sous ce
dernier état, leur action est beaucoup plus rapide, f^cs os
broyés sont généralement employés a la doso de 800 à
1,200 kilogr. par hectare ; leur effet so prolonge pendant
trois, quatre el mémo six ans. En Angleterre, c'est surtout
sur Ion navets et les turneps qu'on on l'ait usage; on les
répand généralement avec la graine.
Noir animal. Le noir animal, employé comme engrais,
est le résidu obtenu après décoloration dos sirops dans les
sucreries et les raffineries. C'est un engrais fortement phos-
phaté qui roussit très bien dans les terrains acides et sur
les sols granitiques. On l'applique à la doso de i à -10 hec-
tol. par hectare. Son action ne dure guère plus d'une année.
C'est surtout en Angleterre et en Bretagne que l'emploi do
cette matière fertilisante est répandu.
Sang. Dans los fabriques d'engrais, on dessèche le sang
des abattoirs et on obtient, à la suite de diverses manipu-
lations, un engrais très sec, très concentré, riche en azote,
pulvérulent, brun noirâtre, dégageant une odeur repous-
sante, mais dont les propriétés fertilisantes sont manifestes.
Cet engrais, qui en raison de sa nature pulvérulente est
très facile à répandre, est appliqué à la dose de S0 à
150 kilogr. par hectare, au printemps, avant les pluies;
en raison de l'énergie de cet engrais, la dose de 150 kilogr.
ne doit pas être dépassée ; son action est très rapide.
Chair musculaire. Généralement les cadavres des ani-
maux morts dans la ferme sont mis dans des fosses avec
de la chaux et des matières terreuses; après quelques
mois, on obtient ainsi une masse pulvérulente, terreuse,
qu'on applique à la dose de 150 à 300 kilogr. par hectare.
Cet engrais est d'une action très rapide. En 1883, M. Aimé
Girard a préconisé un autre mode d'emploi de ces cadavres.
Ce procédé consiste à dissoudre complètement les animaux
morts en les immergeant à froid dans l'acide sulfurique
de concentration moyenne; l'acide, une fois la dissolution
opérée, est employé à la fabrication des superphosphates
de chaux dont il est question plus bas. On obtient ainsi
des superphosphates azotés très fertilisants.
Eni/rais de poissons. Les résidus des grandes pêches,
morue, sardine, hareng, cuits, puis pressés, enfin desséchés
et pulvérisés, donnent une poudre d'une grande richesse.
Ces engrais de poissons sont très employés dans les contrées
voisines de la mer ; leur action est rapide, mais cependant
persistante, ('/est surtout dans les terres sablonneuses que
les engrais de poissons donnent de bons résultats. On les
répand en automne le plus souvent, surtout sur les céréales
d'hiver, à la dose de 400 à 600 kilogr. par hectare. Les cul-
tivateurs de la Saxe en consomment annuellement près de
4 millions de kilogr., qu'ils appliquent surtout sur les bet-
teraves.
Déchets de laine et de cuir. On emploie depuis long-
temps comme engrais, fait remarquer M. Dehérain, dans
.diverses régions, particulièrement dans los pays vignobles,
les chiffons de laine. Dans l'Hérault, le prix des chiffons
varie suivant le prix du vin. En 18l>0, année de cherté, le
prix du chiffon a valu de 18 à 20 fr. ; en 1804, le prix
était tombé à 12 fr. Le chiffon de laine se consomme len-
tement dans le sol; son action dure plusieurs années et on
conçnit qu'on ait trouvé avantageux de hâter ses transfor-
mations ; c'est à quoi on a réussi par la fabrication de la
laine dite dissoute ; on l'obtient en soumettant la laine
soit à l'action de l'acide sulfurique, soit à celle de la va-
peur surchauffée, puis l'amenant à sec ; la laine dissoute
forme alors une poudre couleur brun foncé, presque noire,
assez hygroscopique, douée d'une odeur caramélée et pres-
que entièrement soluble dans l'eau. Les déchets et rognures
de cuirs, ainsi que les vieux cuirs hors d'usage, sont éga-
lement employés comme engrais, soit directement, soit après
désagrégation par L'action de la vapeur, suivie de la dessic-
cation et de la mouture, (les engrais sont on général d'une
décomposition lente; ils conviennent surtout aux cultures
arbustrves, telles que la vigne.
liuauo. Il y a une trentaine d'années, le guano du Pé-
rou a été employé sur une très grande échelle; aujourd'hui
cet engrais est quelque peu abandonné (V. Guano).
ENGRAIS
— 1068 —
Colombine et pouline. Les déjections dei oiseaux de
basse-cour constituent une excellente matière fertilisante,
d'une grande énergie h dont les effets on) beaucoup d'ana-
logie avec ceux du guano. Lee excréments de pigeons, ou
colombine, sont les plus estimes, parce qu'ils sont, en
général, plus concentrés. On estime qu'un pigeon peut
fournir par an une moyenne de 2k-'.'>00 d excréments.
Les déjections de poules, ou pouline, sont moins riches
en azote, mais ils renferment plus d'acide phosphorique.
Une poule donne par an environ 5 kilogr. de déjections.
Ces engrais, très chauds et d'une décomposition rapide,
conviennent surtout aux cultures maraîchères. La colom-
bine est très employée dans le N. de la France, où les
colombiers sont très nombreux.
Déjections île l'homme. Les déjections humaines sont
employées sous trois formes : 1° les urines des urinoirs
publics; 2° les excréments solides et liquides mélangés,
employés directement et constituant l'engrais flamand;
3° les excréments séchés sous forme de poudrette. Les
urines recueillies dans les grandes villes sont rarement
employées seules; le plus souvent on leur fait subir un
traitement chimique pour en extraire du sulfate d'ammo-
niaque. Les déjections solides et liquides réunies constituent
l'engrais flamand ; c'est un engrais très puissant, mais
dont l'emploi ne s'est pas généralisé comme on pouvait le
souhaiter ; il reste confiné dans les contrées où l'utilisation
des matières fécales remonte à la plus haute antiquité.
D'après les expériences de Barrai, la quantité moyenne
d'excréments solides et liquides émise par un seul individu
serait de lkfîr22i par jour, soit 440k-r760 par an, ce qui
fait 15,768,000 tonnes pour la population totale de la
France, quantité renfermant 209 millions de kilogr.
d'azote (13k«r3 par tonne) et 40,445,000 kilogr. d'acide
phosphorique (2k?r065 par tonne). Dans plusieurs con-
trées, surtout dans les Flandres, aux environs de Lille
notamment, on utilise depuis longtemps ces matières. Les
déjections amenées de la ville où les cultivateurs les achètent
à raison de 30 ou 50 cent, l'hectolitre, sont conservées
dans des citernes que l'on trouve dans le voisinage de tous
les domaines un peu étendus. Ces fosses, en maçonnerie,
présentent une capacité de "250 à 400 hectol. et sont munies
de deux ouvertures, l'une en haut pour l'introduction de
l'engrais, l'autre, disposée au N., permet l'accès de l'air
jugé nécessaire pour la fermentation. La valeur de l'engrais
flamand est assez variable; on la diminue souvent par
des additions d'eau considérables ; d'après M. Girardin, cet
engrais ne doit pas marquer au-dessous de 3° de l'aréo-
mètre B. Voici d'ailleurs, d'après ce chimiste, la composi-
tion comparée de cet engrais et de l'engrais fraudé par
addition d'eau :
Engrais additionné d'eau
De Lille DuQuesnoy
Engrais pur
Eau 950.89
Matières solides.
Azote total ....
Sous - phosphate
de chaux. . . .
Potasse
49. H
8.88
6.85
2.07
981.55
18. 4S
6.53
2.05
1.50
989.52
10.48
1.83
0.55
3.16
L'engrais flamand, très étendu d'eau, est quelquefois
mélangé à des tourteaux qui s'y décomposent assez rapide-
ment ; quelquefois aussi il est employé sans addition de
tourteaux. Les cultivateurs du Nord conduisent l'engrais
liquide sur leurs terres, dans des tonneaux qui sont vidés
peu à peu dans un baquet placé sur l'un des coins du
champ qu'il faut fumer ; l'engrais est alors lancé tout au-
tour du baquet à l'aide d'écopes munies de longs manches.
On transporte ensuite le baquet en un autre point et on
recommence la même opération. C'est principalement sur
le lin, l'o'illette et le tabac que cet engrais est le plus com-
munément appliqué. La quantité à employer par hectare
varie beaucoup ; elle oscille, suivant les cultures, entre 20
et 60 m. c. par hectare; l'action de cet engr.ii-, est très
rapide, mais <JI«- m- dure qu'aie innés. D'après Herastaed
et Schubler, un sol qui reproduit. sans aii'uu engrais,
:> (bis la semence qui lui a été confiée, donne, pour une
superficie égale, lorsqu'il est fumé avec des engrai
taux, S fois b semence; du fumier d'étable, 7 fois; de la
colombine, '•' fois; du ramier de ehevsJ, 10 Cois; des
excréments humains, 1 i lois. Uebig s'est livré à des
études comparatives des cendres des aliments de l'homme
et de ses excréments mixtes (solides et liquides). Voici les
résultats obtenus :
Dans
Jjans les
les alimente
excrément*
39.75
3.69
09
j . ; î
12.48
Magnésie
7.42
6.60
0.7;»
0.91
42.52
35.62
1.86
1.13
2.97
0.44
»
On voit qu'il y a d'assez grandes différences pour la
potasse, la chaux et l'acide sulfurique; elles tiennent pro-
bablement à ['influence des boissons dont les matières
salines n'ont pas été comptées dans l'analyse des aliments.
Poudrette. Les matières fécales, débarrassées de leurs
parties liquides et séchées, constituent la poudrette. Les
vidanges sont amenées dans des établissements appelés d<!-
potoirs, situés à peu de distance des grandes villes. Ce
sont de grands bassins, dans lesquels on déverse les ma-
tières qui ne tardent pas à fermenter ; il se forme alors
trois couches : 1° à la surface, une mousse épaisse, qu'on
enlève pour la sécher ; 2° au-dessous, une couche liquide
iH eaux vannes renfermant beaucoup de sels ammonia-
caux ; ces eaux sont décantées dans plusieurs bassins suc-
cessifs, puis on les traite industriellement pour en extraire
du sulfate d 'ammoniaque ; 3° enfin, un dépôt solide,
qu'on enlève avec des dragues et qui, après dessiccation,
constitue la poudrette. Cette poudrette a beaucoup perdu
de ses principes utiles. Cet engrais est beaucoup moins
employé aujourd'hui qu'il y a quelques années ; cependant
certains cultivateurs l'utilisent encore lorsqu'ils la trouvent
à un prix avantageux, correspondant à sa teneur en prin-
cipes utiles. On l'applique à la dose de 20 à 25 hectol. à
l'hectare. Son action ne dure qu'une année.
Engrais mixtes. — Les engrais mixtes sont formés par
l'association des matières animales et végétales. Les prin-
cipaux sont le fumier de ferme et les composts (Y. ces
mots) ; le premier surtout a une très grande importance.
Mode d'action des engrais organiques. — Presque tous
les engrais organiques dont il vient d'être question, et sur-
tout les engrais d'origine animale, doivent leur valeur fer-
tilisante principalement à l'azote qu'ils renferment. Aossi-
tôt incorporés au sol, ces engrais forment des matières
analogues à l'humus, mais dont l'azote n'est pas soluble;
ces substances renfermant ce qu'on est convenu d'appeler
l'azote organique, doivent, dans le sol, subir l'action du fer-
ment nitrique qui, oxydant la matière carbonée, transforme
en acide nitrique immédiatement assimilable l'azote qui y
était combiné. Cette nilrilication, ou plutôt cette solubili-
sation de l'azote s'effectue plus ou moins vite suivant la
nature des terres ; dans les terres de landes, terres tour-
beuses, argileuses pures et, en général, dans les terres non
calcaires, cette nitritication est fortement contrariée, ce
qui explique les résultais souvent négatifs obtenus par les
engrais organiques employés dans les terres dépourvues
de carbonate de chaux. Dans les terres légères, (huit la
perméabilité est très grande, la nitritication est, au con-
traire, liés rapide.
Engrais chimiqi es or minerai x. — Ce qui caractérise
essentiellement ces engrais, c'est l'absence de matière
- 10(i9 —
ENCRAIS
organique; ils fournissent aux plantes l'azote, l'acide phos-
phorique, la potassa et même la ehanz, sons une hume
plu> directement et plus rapidement utilisable; an un mot,
us subissent beaucoup moins de transformations dans le sol
que les engrais dont il rienl d'être question. Parmi les
ancrais chimiques, K-s uns sont fournis par le règne mine-
rai, tes autres, au contraire, constituent des produits de
l'industrie : ce sont généralement des sels chimiques, dont
on utilise suit la base, Soil l'acide, soit même l'un et
l'autre. On les divise en quatre groupes bien distincts :
l engrais atotés; î° engrais phosphatés; 3° engrais
potassiques; '■ " engrais magnésiens.
l Engrais chimiques azotés. Le rôle de l'azote dans
ration n'est pas à mettre en doute: cependant les
récoltes en prélèvent plus OU moins selon leur nature; c'est
ainsi que les céréales se trouvent fort bien de l'apport des
engrais azotés, tandis que les légumineuses s'j montrent
beaucoup moins sensibles, par ce fait même que ces plantes
puisent la plus grande quantité d'azote qui leur est néces-
saire dans l'air atmosphérique. Voici d'ailleurs quelques
chiffres qui montrent, pour les principales plantes cultivées,
les quantités d'azote enlevées au sol :
Récolte Rendement à l'hectare Azote
151e
Seigle
Avoine
i
Pommes de terre,
(vin)
15
40
20
25
25
30
18.000
10
hectol .
kilogr.
hectol.
38 kilogr.
102 —
40 —
31*8 :.
38 kilogr.
93 —
7sk- :.
31 k» 7
iiillres montrent les quantités d'azote qu'on doit
apporter au sol pour obtenir de bonnes récoltes. Dans les
engrais chimiques, l'azote est contenu sous deux formes :
1° forme nitrique ; 2° forme ammoniacale. — Les subs-
tances qui livrent l'azote sous ce premier état sont : le
nitrate de soude et le nitrate de potasse ; l'azote ammo-
niacal est principalement fourni par le sulfate d'am-
moniaque.
nitrate de soude. Ce sel, encore appelé nitre cubique
ou salpclrc du Chili, forme de puissants gisements au
Pérou et au Chili; il s'y trouve presque à fleur déterre, en
dépots appelés caticlie (Y. ce mot). L'extraction du ni-
trate a lieu en soumettant d'abord le caliche au broyage,
puis on le pulvérise et on traite par l'eau qu'on concentre
et que l'on abandonne à la cristallisation. C'est un sel blanc,
cristallisé, très soluble et immédiatement assimilable. A l'état
de pureté absolue , il renferme 1(5,47 d'azote ; mais, dans le
commerce, cet engrais est toujours mélangé à certains sels
étrangers tels que sulfate de soude, de magnésie, de chlo-
rurede sodium, etc., matières terreuses et sable, qui dimi-
nuent ce degré de pureté ; il y en a environ 3 à(i °/0. De tous
les engrais chimiques azotés, le nitrate de soude est sans con-
tredit le plus important; c'est en 18-23 qu'il a été découvert
et aujourd'hui c'e^ par milliers de tonnes qu'il est importé
en France. En 1873, nous en avons reçu 42.670 tonnes et
70.000 tonnes en 1882; la lielgiquc, l'Angleterre et
l'Allemagne en reçoivent aussi d'énormes quantités, qui
d'ailleurs vont toujours en croissant. C'est ainsi qu'il a été
expédié des ports occidentaux de l'Amérique du Sud :
en 1830, 830 tonnes de nitrate de soude; en 1840,
10,250; en 1860, (il, 030; enl870, 132, '.30; en 1886,
530,01)0. Le nitrate de soude ne subit pas de transformation
dans le sol ; il est immédiatement assimilable ; par cela
même aussi ses effets sont-ils de peu de durée ; appliqué
aux récoltes, il pousse surtout au développement du sys-
tème foliacé ; aussi, sur les céréales, par exemple, doit-il
être appliqué avec parcimonie, autrement la paille prend
un trop grand développement aux dépens du grain qui reste
maigre et peu nourri; de plus, la récolte verse. Les doses
à appliquer varient entre 100 et 230 kilogr. par hectare;
il esl prudent de ne pas en mettre davantage. On répand
le nitrate de soude au printemps, en couverture, c.-a-d.
sur les plantes levées; indépendamment de son action
comme matière fertilisante, il agit aussi comme excitant
et stimulant de la végétation et convient particulièrement
aux blés et aux seigles qui ont eu à souffrir des rigueurs
de l'hiver.
Nitrate de potasse. Le nitrate de potasse, ou salpêtre,
est beaucoup inoins employé, d'abord à cause de son prix :
il) à '.3 lr. les 100 kilogr., soit le double du précédent,
et puis à cause de sa faible teneur en azote, qui, dans le
sel pur, s'élève à 13,80 °/0; par contre, il renferme
46,54 dépotasse: c'est donc bien plutôt un engrais potas-
sique qu'un engrais azoté. Il est assez souvent falsifié avec
du nitrate de soude. On a importé pendant quelques temps
en Europe, de la province de Tarapaca (Pérou), un nitrate
de soude potassique renfermant de 6 à 8 % de potasse,
mais ces dépôts ont été bien vite épuisés.
Sulfate d'ammoniaque. Le sulfate d'ammoniaque se
présente sous forme de cristaux blanchâtres, solublesdans
l'eau ; c'est le plus riche des engrais azotés, puisque, à
l'état de pureté, il dose 21,73 d'azote. Toutefois le sul-
fate d'ammoniaque du commerce renferme toujours des
impuretés, el sa richesse en azote est généralement com-
prise entre 20 et 21 %. Ce n'est pas un produit naturel
comme les nitrates de soude et de potasse, mais bien un
sel produit par l'industrie chimique. Quand le sulfate
d'ammoniaque est de bonne fabrication, il renferme, au
maximum, 3 à 4",0 de matières étrangères. On extrait cette
substance : 1° des eaux d'épuration des usines à gaz ; 2° des
eaux vannes provenant de la fabrication des poudrettes et
des urines humaines. Les gaz ammoniacaux renfermés dans
ces eaux sont traités par l'acide sulfurique qui neutralise
l'ammoniaque. Un grand nombre d'appareils sont employés
dans ce but : les principaux sont ceux de Mallet, de Mar-
guerite et Sourdeval, de Chevalet et enfin de Lair. Ce
dernier, qui est un des plus perfectionnés (tig. 1), se
compose essentiellement d'une colonne dislillatoire en fonte
C, de 3m30 de haut sur 90 centim. de diamètre, formés
de vingt-cinq plateaux, munis chacun d'une calotte sur-
baissée en fonte, dentelée sur les bords; un tuyau V permet
d'injecter de la vapeur dans le bas de la colonne, qui re-
çoit en a, au vingtième plateau, les eaux ammoniacales
à traiter. Ces eaux descendent dans la colonne, se dépouil-
lent d'abord de leur carbonate d'ammoniaque, puis reçoivent
par le tuyau B une certaine quantité de lait de chaux
injecté par une pompe. La chaux décompose les sels ammo-
niacaux, sulfate, phosphate, chlorhydrate, qui, n'étant pas
volatiles comme le carbonate, resteraient dans les eaux
épuisées, et le sulfhydrate, aussi volatil que le carbo-
nate, viendrait finalement, en se décomposant dans l'acide
sulfurique, dégager de l'acide sulfhydrique et déposer du
soufre. Arrivées au bas de la colonne, les eaux troubles,
chargées de chaux en excès, se rendent par un tuyau suc-
cessivement dans deux vases D et D' appelés débourbeurs,
où elles déposent les matières en suspension. Ces vases ont
2 m. de hauteur et lm80 de diamètre; ils portent à la
partie inférieure un tuyau, par lequel, au moyen de robi-
nets, on peut, au besoin, faire écouler la boue dans un
wagonnet. Les eaux épuisées, à la sortie du second débour-
beur, se rendent dans deux appareils d'échange de chaleurs
Mil' ou réchaufleurs, sortes de chaudières tubulaires ver-
ticales, autour des tubes desquelles circulent les eaux
vannes épuisées et bouillantes, tandis que les eaux vannes
neuves et froides injectées par la pompe P circulent en
sens inverse dans les tubes.
Après avoir traversé ces deux réchaufleurs, les eaux
épuisées, parfaitement claires et refroidies, s'écoulent par
un tuyau; pendant ce temps, les eaux vannes neuves sont
portées à 21° et sont dirigées vers la colonne où elles
arrivent en A. Les tuyaux gg' donnent issue aux gaz in-
fects qui se produisent. Les vapeurs de carbonate d'ammo-
niaque et d'ammoniaque libre, mélangées de vapeurs d'eau,
I M, HAIS
— 1070 —
Fig. 1. — Appareil Lair pour la fabrication du sulfate d'ammoniaque.
qui si' dégagent par le tuyau K, vont se rendre dana un
bac «'h boia doublé de plomb, renfermant de l'acide sulfu-
riquea ■■•>u •>