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Full text of "La guirlande de Julie: augm. de pièces nouvelles, pub. sur le manuscrit original avec une notice ..."

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fiHlIt Ùibtiallii^K Surannée 



LA 

IRLANDE 

DE JULIE 

AUCMEnréB DB PlICES NOUVELLES 

ifalMa fin l« MinuKrli orl{[in«l avtc anc NoiFec 

d« Gilgalirc» (( de Butt it de* Note* 

pu A». «»N BEVER 

Portrait dé Jatit J'^ngrnati 




A l'-\filS 

I SANSOT. LibrntK, ruv Sftint-Andr^ 
de*-Ari«. ;i, pris le dipari 
du cnrrassK (TOrlriitna 
«1 7, rua di l't£p«ron 



I 



LA GUIRLANDE 



DE JULIE 



OUVRAGES PDBLIÉS PAR LE MÊME AUTEUR 



CONTES DE POUPÉES EpUÎ 

POÈTES d'aujourd'hui (En collab. avec P. Leautaud). 2 vc 

, OEUVRES GALANTES DES CONTEURS IT' LIENS (xiV, XV' Ct XVI' 

Traduction littérale, accompagnée de Notices biogr 
phiques et historiques ct d'une Bibliographie critiqu 
(En collaboration avec E. Sansot-Oilandj . . 1 vc 

LES GAILL RDISES DU SIEUR DE MONT GAILLARD DAUPHINOl 

publiées sur l'éd. or. de 1606 i vc 

ŒUVRES POÉTIQUES CHOISIES d'aGRIPPA d'aUBIGNÉ, pubHé 

sur les éd. orig. et les Ms. etc i vc 

MAURICE MAETERLINCK, etc. . I VC 

OEUVRES POÉTIQUES DU SIEUR DE DALIBRAY, publiéCS SUr 1 

éd. orig. de La Musette de 1647, ^^ ^®s Œuvres poél 
ques de 1653, etc i vc 

LA PLÉIADE FRANÇAISE. I. LES AMOURS ET AUTRES POÉSI 

d'estienne jodelle, etc i vc 

LE LIVRE DES RONDEAUX GALANTS ET SATYRIQUES DU XVIl' SlÈCL 

extr. des Ms. de Conrart, etc i vc 

LIVRET DE FOLASTRIES DE PIERRE DE RONSARD, publ. SUr l'é 

or. de 1553 et augm. d'un choix de pièces d'expre 
sion satyrique et gauloise, etc i v( 

EN PRÉPARATION : 

OEUVRES CHOISIES DE piETRO ARETiNO, précédées d'une Vie > 
l'auteur, publiées d'après les plus récents documen 

LA SATYRE DE MOEURS ET LES POÈTES SATYRIQUES DES XVI* 
XVII* SIÈCLES, ETC. 

LA PLÉIADE FRANÇAISE. II. OEUVRES POÉTIQUES DE REMY BELLEA 
III. OEUVRES POÉTIQUES CHOISIES DE JOaCHIM DU BELLAY, El 

LA VIE DES POÈTES FRANÇOIS, dc Guillaumc Colletct, etc. 



Petite Bibliothèque Surannée 



LA 

GUIRLANDE 

DE JULIE 

AUGMENTÉE DE PIÈCES NOUVELLES 

pid>]l£c *UT II MintKcrit original avec une Notice 

de Gaignicres et de Bure et des notes 

par AriTtAN^^BEVER ■' 7 f 
Portrait de Julie d'Angennti 




Chez SANSOT, Libraire, rue Saiot-André- 
des-Arts, ;3, près le déparc 
3 d'Orléans 
e de l'Eperon 



4 • 



» • 

t 



IL A ÉTÉ TIRÉ DU PRÉSENT OUVRAGE : 



Cinq exemplaires sur Japon Impérial^ numérotés 

de I ù, s et quinze exemplaires sur Hollande 

Van Gelder Zoonen numérotés de 6 à ij. 



TOUS DROITS RESERVES 










AVERTISSEMENT 



// est peu d'ouvrages imaginés par 
V amour qui aient été appréciés à légal 
de la GUIRLANDE DE JULIE. C est là le 
chef-d'œuvre de la galanterie. Le duc 
de Montausier^ homme grave mais peu 
dédaigneux de V entretien des Muses ^ 
l'offrit^ ornée de toutes les grâces de 
l'art, à celle qui devait un jour devenir 
sa femme, Julie d'Angennes, fille de 
cette marquise de Rambouillet dont la 
(( chambre bleue » retint tous les beaux 
esprits du siècle. On comprend qu'un 
tel livre, hommage délicat du plus 
fidèle et du plus respecteux des amants, 
ne dut pas être livré à la curiosité 
publique ; pourtant il provoqua tant 
d^ indiscrétion, son mérite lui valut une 



v^ 



26912 



AVERTISSEMENT 



si forte renommée^ quon en fit plu- 
sieurs copies. Le texte de la guirlande 
se vulgarisa^ et, comme il arrive pour 
les choses qu on dépouille de leur pa- 
rure, quelques esprits chagrins procla- 
mèrent que ces madrigaux n'autori- 
saient point tout le luxe quon avait 
prodigué à les enrichir et à les orner. 
Simple critique de poète, dira-t-on, 
tous les rimeurs de l'époque — même 
quelques-uns parmi ceux de l'hôtel de 
Rambouillet — n'ayant pas été conviés 
à prendre part au fameux recueil. De- 
puis, on est revenu de cette manière de 
sentir et la publication des poèmes de 
la GUIRLANDE DE JULIE scst perpétuée 
comme une tradition. Ce sont d'ailleurs, 
de jolies piécettes, fleurs écloses dans 
un siècle des plus galants qui fut 
jamais. Aussi leur charme suranné, 
auquel s'ajoute je ne sais quelle ten- 
dresse ingénue, quelle grâce poétique, 
leur assure-t'il une place dans notre 
collection. 



AVERTISSEMENT 



Nous les réimprimons intégrale- 
ment^ non sans les faire précéder d'une 
notice de Gaignières et de Bure — 
publiée déjà, mais qui leur est un 
complément indispensable — et en les 
accompagnant de pièces nouvelles et 
de commentaires propres à l'intelli- 
gence du lecteur. 

Conforme non seulement à la leçon 
originale, mais revue sur toutes les ver- 
sions fournies jusqu'à ce jour, cette 
édition, que nous avons enrichie d'un 
portrait peu connu dejulie d'Angennes, 
d'après une peinture appartenant à 
M. le Comte Arthur de Rougé, ne 
sera point indigne, croyons-nous, du 
grand nom qu'elle évoque ni des illus- 
tres écrivains qui, en 1641, apportèrent 
à la beauté le fervent témoignage de 
leur esprit, 

LES ÉDITEURS. 



La ThuiUrie, Galluis (S.-et-O.) 








NOTICE 




"^^^j E DESSEIN de cet ouvrage est un des plus 
ingénieux et des plus galants qu'on 
pût imaginer en ce genre. M. Huet l'a 
<^^-r appelé le chef-d'œuvre de la galanterie 
et a vanté la magnificence de son exécution (i): 
l'on peut dire qu'elle n'a été en rien inférieure 
au projet. 

Il a pour auteur feu M. de Montausier (2) 

(i) Huetiana, ou Pensées diverses de M. Huet, 
evesque d'Avranche. Paris, Jacques Estienne, 1722, 
in-i2,pp. 103-105. « Jamais, dit cet auteur, l'amour 
n'a inventé de galanterie plus ingénieuse, plus polie 
et plus nouvelle que la Guirlande de Julie, dont le 
duc de Montausier régala Julie d'Angcnnes, un pre- 
mier jour de l'an, lorsqu'il la recherchoit en ma- 
riage. » Dans cet article, Pierre-Daniel Huet fixe le 
don de la Guirlande à l'année 1633 ou 1634. Il y a 
certainement erreur, ainsi qu'on l'a observé, le ma- 
nuscrit original portant la date de 1641. 

(2)*Charles de Sainte-Maure, baron de Salles, né 
le 6 octobre 1610. Il était fils de Léon de Sainte- 
Maure, iii« du nom, chevalier, baron de Montausier 
et de Marguerite de Chateaubriani, tous deux issus 



10 NOTICE 



qui renvoya, le jour de la fête de Julie-Lucine 
d'Angennes de Rambouillet (i) à cette char- 
d'illustres maisons de Bretagne et de Touraine. 
Entré au service en i6'^o, il se distingua sous les 
armes en Italie et en Lorraine, obtint à 28 ans le 
grade de maréchal de camp, devint lieutenant 
général de la Haute et Basse Alsace, et, peu de temps 
après, gouverneur des provinces de Saintonge et 
d'Angoumois. Resté fidèle au parti de la Cour pen- 
dant les guerres de la Fronde, il remplaça en 1662, 
le duc de Longueville dans le gouvernement de la 
Normandie, fut nommé duc et pair en 1664 ^^ gou- 
verneur du Dauphin en 1668. « Il mourut à Paris, 
selon le Père Anselme (Histoire généalog., et chro- 
nol. de la maison royale de France, etc. Paris, 
C'* des Libraires, 1726, n. p. 427), le 17 mai 1690, 
âgé de 80 ans, dans la réputation d'une rare probité 
et d'une grande érudition et y lut enterré aux Car- 
mélites du faubourg Saint-Jacques. » Outre les 
Historiettes de Tallemant, qui nous le montrent 
comme un amateur de belles-lettres, ami de tous 
les beaux esprits de son temps, on consultera utile- 
ment sur cet attachant personnage les oraisons 
funèbres prononcées en son honneur par Fléchier, 
les abbés Anselme et du Jarry, ainsi que sa Vie 
écrite par Nicolas Petit, jésuite (Paris, 1729, 2 vol. 
in-12), par Puget de Saint-Pierre (Genève et Paris^ 
1784, in-4») et par Amédée Roux (Cf. Montausier^ 
sa vie et son temps, Paris, Didier, 1860, in-12). 

( I ) Julie-Lucine d'Angennes de Rambouillet, née à 
Paris, baptisée en la paroisse Saint-Germaii^ l'Au- 
xerrois, le 25 juin 1607. Elle était le sixième enfant, 
et l'aînée des filles, de Charles d'Angennes, marquis 
de Rambouillet et de Pisani, conseiller du Roi en 
ses Conseils d'Etat et privé, grand maître de la 



NOTICE It 



mante personne dont il devint enfin l'époux, 
après en avoir été longtemps l'amant (i). 

Comme cette fête arrivoit dans un temps où 
la terre ne produit pas assez de fleurs au gré 
des amants (2), celui-ci suppléa à la stérilité 
de la saison par cette Guirlande. 

Garde-Robe, etc., et de Catherine de Vivonne. La 
mort de ses frères la fit héritière de ces deux illus- 
tres maibons. On sait que par son goût, sa grâce, 
son esprit et sa beauté, elle fut rornement de la 
maison de sa mère, si connue sous le nom d'Hôtel 
de Rambouillet. Après son mariage avec Charles 
de Sainte-Maure, alors marquis de Montausier, elle 
devint gouvernante de Monseigeur le Dauphin et 
dame d'honneur de la reine Marie-Thérèse. Elle 
mourut à Paris, le 15 novembre 1671, dans la 
soixante-quatrième année de son âge. (Voyez : le 
Père Anselme : Hist. généal., etc., 11, p. 437 ; 
Fléchier : Oraison funèbre ds Madame la duchesse 
de Montausier ; Tallemant des Réaux : Historiette 
de Madame de Montausier ; M"* de Motteville : 
Mémoires; Ch.-L. Livet : Précieux et Précieuses» 
et les divers travaux consacrés par M. F. Lorin, à 
la Maison de Rambouillet). 

(i) Montausier n'épousa Julie d'Àngennes que le 
13 juillet 1645, c'est-à-dire quatre ans après l'envoi 
de la fameuse Guirlande. EWt avait alors trente-huit 
ans. « Elle s'étoit mariée — écrit M"»« de Motteville 
{Mémoires, éd. F. Riaux, Paris, i855, iv, p. 304) — 
n'étant plus jeune, au marquis de Montausier, qui 
l'avoit aimée quatorze ans; et en se donnant à lui, 
il sembla qu'elle étoit plus touchée des obligations 
qu'elle lui avoit, et de son mérite, que du désir de 
se marier. » 

(2) C'est-à-dire le 32 mai, jour de la Sainte-Julie. 



12 NOTICE 



Ce manuscrit commence par huit feuillets. 

Les trois premiers sont en blanc. On lit, au 
haut du recto du second, le billet que Tabbé 
de Rothelin (i) écrivit de sa main à M. de î 

Boze (2), en lui faisant présent de ce beau / 

livre : ^ 

« Je prie M. de Boze de vouloir bien accepter ""f 

« le présent livre, et le placer dans son magni- -■ 

a fique cabinet, comme une marque de ma y, 

a tendre amitié. 

« L'abbé de Rothelin. » 

(i) Charles d'Orléans de Rothelin, abbé de Cor- 
meilles, théologien célèbre et littérateur estimé, né 
à Paris, le 5 août 1691, mort le 17 juillet 1744. Il 
était membre de l'Académie française et de celle 
des Inscriptions et Belles-Lettres « Ce fut à lui, 
dit-on, que le cardinal de Polignac remit, en mou- 
rant, le manuscrit de V Anti-Lucréce en le priant 
de l'examiner et de le faire publier s'il lui en parais- 
sait digne. L'abbé de Rothelin, déjà atteint par la • 
maladie qui devait l'emporter, n'épargna ni soin ni 
veille pour mettre l'œuvre de son ami en état de « 
paraître. Il était devenu l'heureux acquéreur du 
manuscrit de la Guirlande, en 1726, à la vente du ^* 
chevalier de Bauche. Voir plus loin, p. 34, note a. 

(2) Claude Gros de Boze, savant numismate et ' 

historien, né à Lyon en 1680, mort à Paris en 1753. 
Il fut, en 1706, et malgré sa jeunesse, élu secré- 
taire perpétuel de l'Académie des Inscriptions. Peu 
de temps après il remplaça Fénelon à l'Académie 
française. On lui doit, outre les 15 premiers vo- 
lumes des Mémoires de l'Académie des Inscriptions, 
divers ouvrages sur les médailles et sur l'histoire 
des temps anciens. 



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NOTICE 13 



Le quatrième feuillet contient le titre. 
Sur le cinquième est peinte une guirlande 
superbe, au milieu de laquelle on lit ces mots : 

LA 

GUIRLANDE 

DE 

IVLIE 

Le sixième est encore en blanc. 

Il y a sur le septième une miniature où Ton 
voit Zéphire entouré d'un nuage, et représenté 
du côté gauche au côté droit du spectateur (i). 
Il tient dans sa main droite une rose, et dans 
sa gauche la guirlande de fleurs (2) au nombre 
de vingt-neuf, qu'il souffle légèrement sur la 
terre pour qu'on puisse les reconnoître aisé- 
ment (3). 

(i) Dans cette position la droite de Zéphire est à 
gauche du spectateur; il est d'ailleurs représenté 
de trois quart. 

(3) Cette seconde guirlande, ou plutôt cette 
seconde couronne peut avoir deux pouces au plus 
de diamètre tandis que la première occupe presque 
toute la page. Loin d'être une copie de la précé- 
dente, elle ne la rappelle que vaguement. 

(3) Ces fleurs que souffle Zéphire — a déjà 
observé M. Ch. Livet dans son édition de la Guir^ 
lande — ne sont pas aussi variées que la précédente, 
mais elles offrent aussi beaucoup d'agrément. 



14 NOTICE 



Le huitième contient un madrigal intitulé : 
Zéphir à Ivlie, 

Le corps de l'ouvrage vient ensuite. Il est de 
quatre-vingt-dix feuillets, dont le premier est 
coté 6, et le dernier 95. 

De ces quatre-vingt-dix feuillets, il y en a 
vingt-neuf qui contiennent chacun une fleur, 
et soixante-un qui contiennent chacun un 
madrigal. 

Ce volume est terminé par une table alpha- 
bétique qui n'est point du tout commode. Elle 
est dressée selon l'ordre des premières lettres de 
chaque madrigal ; de là vient que le nom de la 
même fleur y est répété plusieurs fois, et qu'on 
n'y voit pas d'un seul coup d'œil toutes les 
pièces qui ont été faites sur elle (i). 

Nous avons corrigé ce défaut, en substituant 
à cette table défectueuse celle qui a été faite 
par M. l'abbé Rive (2). 

( I ) Cette table a été reproduite dans la première 
édition de la Guirlande^ publiée à la suite de la Vie 
de M. le duc de Montausier, par Nicolas Petit. 
(Paris, Rollin et Genneau, 1729, 2 vol. in-12). 

(2) L'abbé Jean-Joseph Rive, savant bibliographe, 
né à Apt le 19 janvier 1730, mort à Aix en 1792. 
Ancien bibliothécaire du duc de la Vallière dont il 
enrichît les collections, il se rendit célèbre autant 
par son érudition que par ses démêlés avec ses 
contemporains, entre autres le libraire-bibliophile 
De Burt. La table citée ici se trouve imprimée à la 
suite de l'ouvrage suivant : Notices historiques et 
critiques de deux manuscrits uniques et très précieux 
de la bibliothèque de M, le duc de la. Vallière^ dont 



NOTICE 15 



Sans vouloir enrichir le passé aux dépens 
du présent, il faut avouer qu'il seroit difficile 
aujourd'hui d'assembler un aussi grand nom- 
bre de beaux esprits et de poètes célèbres qu'il 
s'en trouva alors pour immortaliser le nom de 
Julie. 

La table qui contient les noms de tous ces 
poètes, et que nous avons ajoutée à celle de 
l'abbé Rive, ne présente que les illustres fon- 
dateurs de l'Académie françoise, qui s'élevoit 
à l'hôtel de Rambouillet, en attendant qu'elle 
reçut et sa forme et sa gloire du cardinal de 
Richelieu. 

Mais, quand on n'auroit pas appris par là 
qui sont ceux qui aidèrent à M. de Montausier 
à célébrer mademoiselle de Rambouillet, il 
seroit toujours facile de juger, par tant de 
poésies diverses et ingénieuses, que des esprits 
d'un ordre supérieur y ont eu part. 

Ces poésies ou madrigaux ont été imprimés 
à Paris en 1729 (i), à la suite de la Vie de 

Vun a pour titre : La Guirlande de Julie, et l'autre : 
Recueil de fleurs et insectes peints par Daniel Rabel 
en 1624^ par M. l'abbé Rive. A Paris, de l'impri- 
merie de Didot aîné, 1779, in-4*, 20 pp. C'est le 
premier texte bibliographique publié sur la Guir- 
lande de Julie. Gaignières, et ensuite de Bure, ne 
firent que le reproduire en le modifiant ei en le 
complétant. 

(i) Cf. La Vie de M. le duc de Montausier, etc., 
par N***. Paris, Rollin et Gcnneau, 1729, 2 vol. 
in-ï2 (Réimpr. en 1735 et en 1736, à Paris, chez 
RoUin fils). 



l6 NOTICE 



M- de Montausier, rédigée par Nicolas Petit, 
jésuite, qu'on a confondu avec d'autres auteurs 
du même nom, dont les ouvrages sont annoncés 
dans la France littéraire, t. I", p. 361 ; t. II, 
p. 92, et Supplément, part. I", p. 167 (i).L'on 
vient de réimprimer tout récemment ces ma- 
drigaux avec la Vie de M. le duc de Mon- 
tausier (2). 

L'on apercevra aisément, à la table des noms 
des auteurs, que M. de Montausier, comme 
amant, a composé un très grand nombre de 
ces madrigaux. On ignore les raisons pour 
lesquelles il s'est caché quelquefois sous ces 
lettres : M. le M. de M. (3), ainsi que le mar- 
quis de Racan, par celles de M. le M. de R. (4). 
M. Conrart, que l'on peut appeler le père de 
l'Académie françoise, n'y est désigné que par 

(i) Cf. La France littéraire, etc. Paris, Veuve 
Duchesne, 1778, 2 vol. in-ia. Supplém. à la France 
/z7/,, etc. Paris, Veuve Duchesne, 1778, 2 vol. in- 1 a. 

(2) Nous n'avons pu découvrir cette édition signalée 
par de Bure, mais on ne saurait, ainsi que Tont 
fait Ch.-L. Livet et Octave Uzannc, la confondre 
avec l'impression de la Guirlande de Julie, donnée 
par Didot en 1784. 

(3) Les noms des auteurs sont écrits de la main 
du calligraphe Nicolas Jarry, à Tangle gauche des 
pages ou commencent leurs madrigaux. Le nom de 
Montausier parait toujours en toutes lettres, sauf à 
la table. 

(4) Il faut lire ici « le marquis de Rambouillet ». 
Le marquis de Racan n'a jamais collaboré à la 
Guirlande de Julie, 



NOTICE 17 



M. C. (i). L'on a restitué tous ces noms dans 
cette édition... 

Comme la baronnie de Montausier ne fut 
érigée en marquisat qu'en 1644, trois ans 
après que la Guirlande djp Julie fut présentée 
à mademoiselle de Rambouillet, l'on sera sans 
doute étonné que M. de Montausier ait pris le 
nom de marquis avant de l'être effectivement ; 
mais on ne doit pas ignorer qu'il étoit très 
commun que les gens de qualité prissent dans 
le monde le titre de marquis avant que la terre 
de leur nom fût érigée en marquisat (2) Le 

(i) Bien que sur une indication douteuse, fournie 
par un des Recueils de Sercy (Cf. Poésies choisies 
de MM. Corneille, Benserade, de Scudéry, etc., 
seconde partie, 1662, in-12) où se trouvent repro- 
duits 26 madrigaux de la Guirlande^ on ait attribué 
à Pierre Corneille trois des pièces signées M. C. 
dans Toriginal, il est à peu près hors de doute que 
ces pièces sont de Conrart. Sans énumérer ici les 
raisons qui autorisent cette hypothèse, nous obser- 
verons que les 6 madrigaux portant ces initiales se 
retrouvent avec le nom de Conrart dans un manus- 
crit du temps, conservé à la Bibliothèque nationale 
(Fr. 19 142) et qui paraît être un des brouillons du 
célèbre ouvrage. Ce manuscrit, qui contient 69 pièces 
(soit 7 de plus que le manuscrit original) est resté 
ignoré jusqu'à ce jour non seulement des derniers 
éditeurs de la Guirlande^ mais encore des biblio- 
graphes et des érudits, qui assurèrent à Corneille la 
paternité des pièces du Recueil de Julie d'Angennes. 

(2) On lit dans V Histoire généalogique et chrono- 
logique du P. Anselme (v, pp. 19 et 20), que la 
baronnie de Montausier fut érigée en marquisat, en 



l8 ' NOTICE 



frère aîné de M. le duc de Montausier, qui 
mourut en 1633 (i), avoit aussi porté le titre 
de marquis de Montausier. 

Chapelain, fameux par l'attente de la Pu- 
celle, qui lui avoit* fait par avance un nom 
qu'elle n'a pu soutenir quand elle a été au 
grand jour (2), fut un de ceux qui brilla le 
plus en cette occasion. La fleur impériale dont 
il fit choix donna lieu à une allégorie fort 

1644, puis en duché-pairie, « par lettres patentes 
du mois d'août 1664, registrées au Parlement de 
Paris, le Roy séant, le 2 déc. 1665. » 

(i) Cette date est erronée. Hector de Sainte- 
Maure, baron de Montausier, fut atteint d'un coup 
de pierre à la tête au siège de Bornéo et mourut 
des suites de cette blessure le 20 juillet 1635. Il 
était âgé d'environ 27 ans. On avait longtemps 
parlé de le marier avec Julie d'Angennes. 

(2) Les douze premiers livres de la Pucelle ne 
parurent qu'en 1656 (à Leyden, chez Sambix,in-i2). 
Bien que cet ouvrage fut diverses fois réimprimé, 
il tomba si bas qu'il provoqua cette épigramme, 
citée par Tallemant : 

La France attend de Chapelain, 
Ce rare et fameux escrivain, 
Une merveilleuse pucelle : 
La caballe en dit force bien: 
Depuis vingt ans on parle d'elle 
Dans six mois on n*en dira rien. 

Cette prédiction fut si bien tenue que les douze 
derniers chants de la Pucelle ne virent le jour qu'en 
1882 (à Orléans, par les soins de M. Herluison),soit 
deux cent-huit années après la mort de l'auteur ! 



NOTICE 19 



spirituelle, sur laquelle roule toute la finesse 
de son madrigal. 

En voici l'explication en deux mots : 

Le grand Gustave étoit alors au plus haut 
période de sa gloire, et il en jouissoit sans 
rivaux, puisque personne ne pouvoit lui dis- 
puter celle d'être le plus fameux conquérant 
de son siècle. Mademoiselle de Rambouillet, 
juge très capable du vrai mérite, ne parloit 
d'ordinaire de ce prince qu'avec éloge; elle 
avoit même son portrait dans sa chambre, et 
disoit toujours qu'elle ne vouloit point d'autre 
amant que ce héros (i). 

Cela donna lieu à Chapelain de choisir pour 
sujet de son madrigal la fleur qu'on nomme 
impériale, qu'il suppose être Gustave ainsi 
métamorphosé, qui vient lui rendre hommage 
et lui offrir de la couronner. Voiture, à qui 
cette fiction avoit sans doute paru très noble, 
y fait allusion dans la lettre qu'il écrivit à 
mademoiselle de Rambouillet, au nom du Roi 
de Suède, et qui commence : Voici le lion du 
Nord, etc. (2). 

On a cru devoir cette explication en parti- 
culier à ceux qui verront ce livre, sans entrer 

(i) Ce paragraphe paraît avoir été emprunté à 
Daniel Huet {Huetiana^ p. 105). Ce dernier ajoute 
que « M. de Montausier étoit pourtant le galant fort 
ardent et fort déclaré de Julie d'Angenncs ». 

(2) Cf. Les Lettres de Voiture^ A Nimwege, André 
Hogenhuyse, i66o,in-i2. A Mademoiselle de Ram- 
bouillet, sous le nom du Roy de Suède (mars 1633). 



20 NOTICE 



dans le détail du reste, qui s'entend facilement, 
et l'on se contentera d'ajouter ici que Robert (i), 
célèbre peintre d'alors, fut chargé de peindre 
les fleurs dont il est enrichi, et que Nicolas 
Jarry (2), le plus fameux maître d'écriture de 
son temps, a écrit de sa main et les madrigaux 
et la table des auteurs. 

Afin que rien ne manquât à embellir cet 
ouvrage, il fut relié par Le Gascon (3;, qui 

(i) Nicolas Robert, peintre en miniature et gra- 
veur à la pointe, né à Langres en 1610, mort en 
1684. ^^^ talent, a-t-on dit, Tavait fait attacher à 
la maison de Gaston d'Orléans. Il excellait dans la 
peinture des fleurs, des plantes, des animaux et des 
insectes. Le cabinet des Estampes de la Bibliothèque 
nationale conserve de lui une magnifique collec- 
tion en ce genre. Il travailla aux 319 planches des 
Plantes de l'Académie des Sciences. 

(3) Nicolas Jarry, né à Paris avant 1620, mort 
vers 1674. Noteur de la musique du Roi dès 1637, 
il a porté très haut Part de la calligraphie. Tous 
les manuscrits qu'il a exécutés pour les plus illus- 
tres familles sont autant de chefs-d'œuvre qui lui 
valurent une renommée égale à celle des meilleurs 
peintres de son temps. M. le baron Roger de Por- 
talis a donné une excellente notice sur Jarry, suivie 
d'un Catalogue judicieux de ses ouvrages (Cf. 
Nicolas Jarry et la Calligraphie au XVII* siècle. 
Paris, Techener, Extr. du Bullet. du Bibliophile^ 
1897, in-S"). On y trouve la description de près de 
iio manuscrits de ce célèbre artiste. 

(3) On sait fort peu de chose sur cet artiste 
à qui l'on doit quelques-unes des plus riches re- 
liures du xvii« siècle. On a même douté parfois de 



NOTICE 21 



n'avoit point d'égal en son art, et enrichi par 
le dehors et le dedans des chiffres de Julie- 
Lucine, afin que Ton sçut d'abord à qui il 
étoit (i). 

Tant que madame de Montausier a vécu, 
elle a conservé précieusement ce gafee de la 
politesse et de l'amour de son mari'pour elle. 
Etant morte, M. de Montausier en devint le 
dépositaire et le montroit avec plaisir à ses 
amis. De ses mains, il passa en celles de 
madame la duchesse d'Uzès,sa fille, qui savoit 
trop ce qu'il valoit pour ne pas le garder avec 
soin (2). Aussi ce ne fut qu'après sa mort que 

son existence ou de son authenticité. Ernest Thoinan, 
dans son ouvrage : Les relieurs français (1500- 
1800). Paris, Em. Paul, L. Huard et Guillemin, 
1893, in~8o, a écrit à ce sujet : « Ce nom sous 
lequel Le Gascon se fit connaître ne fut point ima- 
ginaire ou n'appdrtint pas à plusieurs individus, 
comme on l'a supposé; ce ne fut qu'un simple sur- 
nom indiquant tout bonnement la province d'où 
celui qui le portait était originaire. » Quoi qu'il en 
soit de son origine, on a lieu de croire qu'attaché, 
comme Nicolas Robert, à la maison de Gaston 
d'Orléans, il avait été membre de la Confrérie des 
Libraires-Relieurs. 

(i) Ce manuscrit, est un petit in-folio de 31 cent, 
de haut sur 22 cent, de large, relié en maroquin 
rouge, doublé de même et parsemé à l'extérieur, à 
l'intérieur et sur le dos, du monogramme en or L. J. 
(Lucine-Julie) entrelacé. 

(2) Marie-Julie de Sainte-Maure, née vers 1646, 
morte le 14 avril 1695, Elle avait épousé, en 1664. 
Emmanuel de Crussol, duc d'Uzès (Cf. Tallemant 



22 NOTICE 



ce livre fut vendu par ses héritiers, comme 
une pièce qui ne méritoit pas leur attention. 
Un particulier l'acheta à l'intention de M.Mo- 
reau, premier valet de chambre de monseigneur 
le duc de Bourgogne (3), si connu par son 
mérite etyson bon goût, qui lui paya quinze 
louis d'or, valant alors deux cents livres; et 
depuis, il a eu l'honnêteté de m'en faire un 
présent, et de m'obliger à le prendre, croyant 
avec raison enrichir par là mon cabinet (4). 

Nicolas Jarry, écrivain inimitable du der- 
nier siècle, fit trois manuscrits de la Guirlande 
de Julie dans la même année, 1641, savoir : 

des Réaux : Historiettes). La vie du duc de Mon- 
tausier, par le P. Petit, jésuite, fut écrite sur les 
mémoires de la duchesse d'Uzès. 

(3) Il avait été premier valet de la garde-robe du 
Roi puis, dès le 19 mai 1683, premier valet de 
chambre de la Dauphlne. Denis Moreau passait 
pour un homme fort supérieur à son état ; il mourut 
à Versailles, le 7 décembre 1707. Voyez le beau 
portrait qu'a tracé de ce personnage Saint-Simon, 
dans ses Mémoires. 

(4) Il s'agit ici du cabinet de Robert de Gai- 
gnières, auteur de tout ce qu'on vient de lire sur la 
Guirlande de Julie (Cf. Supplément à la i'^ partie 
du Catalogue des livres de la bibliothèque de feu 
M. le duc de la Vallière, etc. Paris, G. de Bure, 
1783, in-8®, pp. 57 et ss.). Les pages qui suivent 
ont été ajoutées par de Bure à cette notice, qui, 
ainsi complétée, fut publiée en tête de l'édition de 
la Guirlande, donnée par Didot en 1784. 



NOTICE 2'i 



un in-folio, un in-quarto et un in-octavo (i). 
Le premier, annoncé dans le catalogue des 
livres de M. le président Crozat de Tugny(2), 
Paris, 175 1, p. 119, n** 1316, n'étoit pas im- 
primé. C^est une erreur de ne pas Tavoir 
annoncé manuscrit. Il est de la propre main 
de Jarry, sur papier in-quarto, à longues 
lignes, et contient cinquante-trois feuillets 
très bien écrits, en lettres bâtardes; il paroît 
avoir été l'esquisse et le modèle de l'in-folio 
présenté à mademoiselle de Rambouillet. M. le 
marquis de Courtanvaux en a été ensuite pos- 
sesseur (3). Il est passé, à sa vente, entre les 
mains de P. -F. Didot, imprimeur de Mon- 
sieur (4). 

(i) Dans sa notice sur Nicolas Jarry (éd. citée), 
le baron Roger de Portalis signale un quatrième 
manuscrit de la Guirlande de Julie. Ignoré non 
seulement de G. de Bure, mais aussi des plus ré- 
cents bibliographes, tels Ch. Livet et Octave 
Uzanne, il a figuré, en 1890, à la vente du baron 
Ach. Sellière. C'est un manuscrit de 187 ff. conte- 
nant, en outre, des sonnets, madrigaux, élégies de 
Voiture, Saint-Amant, Chapelain, Benserade, etc.. 

(2) C'est le second, de format in-4«', que G. de 
Bure veut désigner ici. Cf. Catal. de la bibliothèque 
de M. Crozat de Tugny^ Paris, Thiboust, 1751, in-8*; 
vendu 3 livres au marquis Letellier de Courtanvaux. 

(3) Vente Letellier de Courtanvaux, 3 livres 
15 sous (Ce manuscrit est relié en veau brun, 
tranches dorées). 

(4) C'est sur ce manuscrit que fut imprimée 
l'édition de la Guirlande de 1784. Nous ignorons 
ce qu'il est devenu de nos jours. 



24 NOTICE 



Le second (i), très précieux, sur vélin in- 
folio, qui a donné lieu à cette Notice, est 
supérieurement écrit en lettres rondes; les 
figures de toutes les fleurs, peintes par le 
fameux Robert, et la reliure magnifique, en 
maroquin rouge, de ce livre, orné en dehors et 
en dedans du chiffre entrelacé de J. L., ajou- 
tent au très grand mérite de cet ouvrage, 
unique en son genre. 

Il paroît qu'après M. de Gaignières ce ma- 
nuscrit passa entre les mains de M. le chevalier 
de B***; il fut acheté en 1726, à la vente de 
ses livres (2), par M. Tabbé de Rothelin, qui, 
comme on l'a vu plus haut, en fit présent 
quelque temps après à M. de Boze. M. de 
Cotte (3) l'acheta des héritiers de M. de Boze 
avec une partie de sa bibliothèque, et le céda 
à M. Gaignat (4), à la vente duquel il fut acheté 
par M. le duc de La Vallière. M. Peyne, 
libraire de Londres, Ta payé à la vente de ce 

(i) C'est-à-dire le premier, de format in-folio. 

(2) Cf. Catalogus librorum viri nobilis D. equitia 
D. B*** [Bauche]. Parisiis, 1726 (11° 785) 

(3) Jules-Robert de Cotte, architecte, né en 1683, 
mort en 1767, fils de Robert de Cotte et beau-frère 
de Mansart. Ce fut lui qui disposa Taménagement 
de la Bibliothèque du Roi (Cf. Pierre Marcel : 
Inventaire des papiers Ms, du Cabinet de Robert 
de Cotte, prem. architecte du Roi (765' 6- 7775) et 
de Jules-Robert de Cotte (lôS^-iyôy). Paris, 
H. Champion, 1906, in-8°. 

(4) Vente Gaignat, 780 livres. 



NOTICE 2Ç 



dernier (i) quatorze mille cinq cent dix livres. 
Nous ignorons entre les mains de qui il est 
passé (2). 

Le troisième et dernier manuscrit de la 
Guirlande contient quarante feuillets sur vélin 
in-octavo, écrits en lettres bâtardes. Il ne ren- 
ferme que les madrigaux seuls, sans aucune 
peinture. La reliure est la même que celle du 
manuscrit précédent, parce qu'ils furent pré- 
sentés tous les deux en même temps à made- 
moiselle de Rambouillet par M. le duc de 
Monlausier (3). L'on ignore absolument com- 
ment il est passé dans la bibliothèque de 

( 1 ) Cf. Catal, des Livres de la Bibl. de feu M. le 
Duc de La Vallière^ Prem.part. Paris, G. de Bure, 
1783, II, n«3247. 

(2) Racheté par la duchesse de Chatillon, après la 
vente La Vallière, il passa à la mort de celle-ci 
dans la famille d'Uzès. C'est celui-là même que 
nous avons sommairement décrit dans notre noie i, 
de la page 21. M"» la duchesse douairière d'Uzès, 
qui le possède actuellement, a eu la bienveillance 
de nous le communiquer. 

(3) Ce manuscrit, admirablement relié par Le 
Gascon et enfermé dans un étui de maroquin vert, 
passa, on ne sait comment, des mains du duc d'Uzés 
(époux de Marie de Sainte-Maure, fille de M"» de 
Montausier), dans la bibliothèque de l'abbé de 
Rothelin, dont il porte les armes, gravées en taille 
douce, collées au verso du premier carton de la 
couverture. « Le Catalogue de l'abbé de Rothelin 
n'en faisant pas mention — écrit Octave Uzanne — 
il est probable qu'il aura été donné par celui-ci à 
M. de Boze, en même temps que l'in-folio. » 



20 NOTICE 



M. le duc de La Vallière (i). M. G. Debure 
fils aîné, chargé de la vente de cette bibliothè- 
que, l'a payé quatre cent six 'livres et en est 
actuellement le possesseur (1784). 

Ce manuscrit peut être regardé comme le 
chef-d'(3euvre de N. Jarry, parce qu'il excelloit 
encore plus dans les lettres bâtardes que dans 
les lettres rondes. 

Nous croyons ne pouvoir mieux finir cette 
Notice qu'en rapportant le sonnet de Gilles 
Ménage, imprimé dans ses Miscellanea, Pari- 
siis^ 1652, in-40, p. 124. 



SONNET 

SUR LA GUIRLANDE DE JULIE 

Sous ces ombrages verts, la Nvmphe que j'adore, 
Ce miracle d'amour, ce chef-d'œuvre des Dieux, 
Avecque tant d'éclat vient d'éblouir nos yeux, 
Que Zéphire amoureux Tauroit prise pour Flore. 

(i) Il partagea longtemps le destin du ms in-folio. 
A la vente La Vallière (tom. II du Catal , n" 3248), 
il fut acquis pour la somme de 406 livres. Ensuite, 
il passa entre les mains de divers bibliophiles dont 
on a retenu les noms. Savoir : Incourt d'Hangard 
(622 livres); Lefevre {250 fr.) ; J.-J. de Bure 
(2950 fr.); Marquis de Sainte-Maure-Montausier, 
i887, (i59ootr.j; Comte de Mosbourg (19000 fr.). 
Au dire de M. le baron Roger Portalis, Il est 
actuellement à Londres et fait partie de la collec- 
tion de M. le baron Ferdinand de Rothschild. 



Son teint éioii plus beau que le teîni de l'Aurore; 
Sesyeui éiotent plus vifs que le flambeau desCieui 
Et sous ses nobles pas on voj'oil en loua lieux 
Les roses, les jasmins et les ceillels Éclore. 

Vous, qui pour sa Guii-landc allant cueillant des (i 
Nourrissons d'Apollon, favoris des Neuf Sœurs, 
Ne les épargnez point pour un si bel Ouvrage, 








BIBLIOGRAPHIE 



Indépendamment des quatre manuscrits originaux 
décrits dans la présente notice, il existe cinq copies 
ou complètes ou partielles et huit éditions de la 
Guirlande de Julie. Nous signalons celles-ci et celles- 
là succinctement, mais non sans les faire suivre de 
quelques observations utiles à quiconque s'intéresse 
à la production littéraire du xvii' siècle. 

MANUSCRITS 

I. — Recueil de poésies de divers auteurs du 
xvii' siècle. Bibliothèque nationale, Ms. Fr. 1Ç142, 
fol. I à 17. La Guirlande de Julie pour Julie 
d'Angennes. 

Bien que signalé ici, ce manuscrit, qui provient 
de l'ancienne bibliothèque de Saint-Germain-des- 
Près (f. 1668) est loin d'être une copie ; il offre, au 
contraire, la matière d'une sorte de brouillon écrit, 
il est vrai, d'une seule main, en pure bâtarde, mais 
où s'essayèrent les poètes qui prirent part au Recueil 
de 1641. il contient 69 pièces, sur lesquelles 5 (3 ma- 



30 BIBLIOGRAPHIE 



drigaux, une épigramme et un sonnet) sont restées 
inédites. On trouvera ces nouveaux poèmes, sauf un, 
illisible, à la fin du présent volume, où ils figurent 
parmi les madrigaux qui, pour des raisons jusqu'ici 
ignorées, furent écartés de la rédaction définitive de 
la Guirlande. Chacune des pièces qui le composent 
est accompagnée du nom de son auteur et les madri- 
gaux signés des initiales M. de R. et M. C. dans 
l'in-folio de Jarry, et attribués à Racan et à Corneille, 
portent là en toutes lettres les noms de Marquis de 
Rambouillet et de Conrart. 

II. — Recueil de chansons, vaudevilles, sonnets, 

éPiGRAMMES et AUTRES VERS SATIRIQUES ET HISTO- 
RIQUES AVEC DES REMARQUES CURIEUSES DEPUIS I389 

jusqu'en 164... (Rec. Maurepas, vol, /, Biblio- 
thèque nationale, Ms. Fr. 12616, fol, 527 à $6$), 
La Guirlande de Julie, etc. 

Cette copie de 62 madrigaux débutepar une repro- 
duction écourtée de la notice écrite par Gaignières. 
Au premier feuillet on lit la note suivante : « Pris 
sur une copie en vélin relié en maroquin rouge 
in-80, appartenant à Monseigneur le duc d'Uzès, le 
24 octobre 17 15. » 

III. — Recueil de chansons, vaudevilles, sonnets, 
épiGRAMMES, ETC. (Rec, Clairambaut, vol. II, 
Bibliothèque nationale, Ms, Fr, 12687, ^" partie, 
fol, 40 à ss)* La Guirlande de Julie, etc. 

Copie identique à celle du Ms. Fr. 12616. En note, 
à gauche du i" feuillet, on lit : c Pris sur une copie 
en vélin relié en maroquin rouge in-S", appartenant 
à Monseigneur le duc d'Uzès, le 24 octobre 171 5. » 



BIBLIOGRAPHIE 31 



IV. — Mélange de vers et de prose, petit in-folio 
se rattachant à la collection des Ms. de Conrart. 
Bibliothèque de V Arsenal, Ms. n" ji^Si P- 1087 
et 5S. La Guirlande de Julie. 

Copie partielle contenant 48 pièces dont 10 ne 
figurant dans aucun manuscrit de la Guirlande, 
(Ces 10 pièces, qu'on retrouvera à la fin du présent 
ouvrage, ont été publiées déjà par Ch. Livet et 
Octave Uzanne dans leurs éditions). Ajoutons que 
primitivement ces madrigaux étaient anonymes. 
M. J. B. A. Soulié crut devoir transcrire les noms 
des auteurs et faire précéder le tout d'une table des 
pièces qui manquent à ce manuscrit. 

V. — Recueil de poésies du xvii* siècle, formé de 
1637 à 1645, pour Pierre des Noyers, secrétaire de 
Marie de Gonzague. Bibliothèque de Chantilly , 
Ms, ssSy fol. 35. 

Copie partielle contenant 10 pièces parmi lesquelles 
s'en trouvent quatre qu'on chercherait en vain dans 
les manuscrits originaux. L'une d'elles, La Fleur de 
Dorize, stances, a été reproduite dans la 4' partie du 
Recueil de Sercy (Paris, 1658, in- 18, p. 83). C'est un 
poème des plus piquants mais que la bienséance nous 
défend de reproduire ici. 

IMPRIMÉS 

I. — La Guirlande de Julie. Composée par divers 
AUTHEURS pour Mad. (sîc) DE RAMBOUILLET. Pre- 
mière édition partielle ; elle occupe les Pages 23^ 
à 242 (lire 2 $2, il y a erreur dans la pagination) 
du Recueil suivant : Poésies choisies de Messieurs 



32 BIBLIOGRAPHIE 



Corneille, Benserade, de Scudery, Sarrasin, Bois 
robert, Desmarest, Cotin, Malleville, de Lafemas, 
de Montereuil, Chevreau, Menard, Vignier, Petit, 
Maucroy, Perin, Le Bret, de Jussy et de plusieurs 
autres. Seconde partie, A Parts, chez Charles de 
Sercy, 1662, {71-12, 

Ce texte qui, ne donne que quarante pièces, offre 
quelques variantes et attribue à Pierre Corneille 
trois madrigaux, signés M. C. dans le Ms. in-folio. 

II. — La Guirlande de Julie, pour Mademoiselle 
DE Rambouillet, Julie-Lucine d'Angennes, depuis 
Duchesse de Montausier, première dame d'hon- 
neur DE LA Reine Marie-Thérèse d'Autriche 

ET GOUVERNANTE DES ENFANTS DE FrANCE. 

M DCC.XXIX, seconde édition. On la trouve à la 
suite de l'ouvrage suivant : La Vie de M. le Duc 
de Montausier, pair de France, gouverneur de 
Mgr Louis Dauphin, ayeul du Roy a présent 
régnant. Ecrite sur les Mémoires de Madame la 
Duchesse d'Uzès, sa fille, par N*** (Nicolas Petite 
jésuite). Paris. Roi lin et Genneau, 172^^ t. II, 
p. iys-212 (in-12). 

Cette édition, selon Octave Uzanne (Cf. Ed. de la 
Guirlande) fut réimprimée à Paris, chez RoUin fils 
en 1733, puis en 1796. Le même ouvrage parut 
anonyme k Rotterdam (Berlin en 173 1, in- 12) sous 
ce titre : Mémoires de M. le duc de Montausier. Le 
texte de la Guirlande de la Julie a été publié là sur 
l'original du Ms. in-folio. 

III. — La Guirlande de Julie, offerte à Af"« de 
Rambouillet, Julie-Lucine d'Angennes, par M. le 



BIBLIOGRAPHIE 33 



Murquis de Montausicr, Paris^ Imprimerie de 
Monsieur MDCC^LXXXIV, in-4^y xxii-82 p. 

Le texte de cette édition, copié sur le Ms. in-ij* de 
Nicolas Jarry, est précédé d'une notice de Gaignières 
complétée par Guillaume de Bure. (( Ce volume, écrit 
le bibliographe J. G. Brunet, n'a pas été tiré seule- 
ment à 90 exemplaires, comme le dit M. Renouard 
dans le Catalogue d'un Amateur^ mais à 250 au 
moins. » C'est un livre rare ; son prix est fort élevé 
dans les ventes. (Ex. vélin, 153 fr. vente d'Hangard ; 
100 fr, vente Le Febvre). 

IV. — La Guirlande de Julie, offerte a M"' de 
Rambouillet, Julie-Lucine d'Angennes, par 
M. le Marquis de Montausier, ornée de trente 
gravures dessinées et peintes par Ai"® Legendre. 
A Paris, chez M"* Adèle Prudhomme^ rue des 
Marais, n" /5, H, Nicole et Pe licier (Impr. de 
Didot le Jeune, 1818, in-i8 carré, vignettes. 

Cette édition conforme au texte donné en 1784, 
mais ornée de gravures pauvrement coloriées, est 
médiocre. Aussi est-il douteux, selon Charles Nodier, 
qu'elle passât jamais du boudoir des Dames dans le 
Cabinet du Bibliophile. 

V. — La Guirlande de Julie expliquée par de 
nouvelles annotations sur les madrigaux et 
sur les fleurs peintes qui la composent, par 
M. Amoreux D' M° . A Paris, chez Gabon et C'*, 
et à Mojitpellier, 1824, in'8°, 206 p. 

Edition publiée sur le texte des précédentes, avec 
des notes nombreuses et confuses tant sur la poésie 
de la Guirlande que sur la flore des madrigaux. 



34 BIBLIOGRAPHIE 



VI. — La Guirlande de Julie offert a Madi^vioi- 
SELLE de Rambouillet par M. de Montausier. 
Paris, V. Delangle, MDCCCXXVI. ( Collection 
des Petits Classiques /rançois. Imprimé à $00 
exempt., aux frais et par les soins de Charles 
Nodier et V. Delangle, avec les caractères de 
Jules Didot l'aîné). 

Edition conforme au texte de 1784, mais précédée 
d'un avant-propos de Charles Nodier et de la notice 
de Gaignières complétée par G. de Bure. 

VII. — La Guirlande de Jul.ie (pour Mademoiselle 
de Rambouillet, Julie- Lucine d^Angennes^ Escript 
par N. Jarry, 164 1). Appendice de Précieux et 
Précieuses, caractères et moeurs littéraires du 
xvii* siècle, par Ch.-L. Livet. Paris, Didier et C'', 
18 ^ç, in-8° (2* édition iSyo, in-'i2 ; 7' et 4' éditions^ 
Paris, H. Welter, i8g6, in- 18). 

Reproduction médiocre (l'orthographe du temps 
n'a pas souvent été respectée), du Manuscrit in-folio 
de Jarry, précédée de la notice de Gaignières et 
G. de Bure, et suivie de 14 pièces inédites extraites 
du Ms. 3135 de la Bibliothèque de l'Arsenal et de 
l'édition des œuvres de Malleville, de 1649. 

VIII. — La Guirlande de J ulie, augmentée de Docu' 
ments nouveaux, publiée avec notice, notes et 
variantes par Octave Uzanne et ornée d'un portrait 
inédit de Julie d'Angennes [gravé à l'eau forte par 
A, Lalauze], Frontispice et cul de lampe dessinés 
et gravés par A. Mongin, Paris, Librairie des 
Bibliophiles, MDCCCLXXV, in- 12 (Tiré à s 16 ex. 
savoir : $00 ex, sur papier de Hollande; /j ex, 
sur papier de Chine ; i ex, sur parchemin). 



BIBLIOGRAPHIE 35 



Publiée sur le texte donné par Didot (1784) et 
Ch. L. Livet (1870), c'est incontestablement la 
plus complète de toutes les éditions imprimées jus- 
qu'à ce jour. Elle est précédée d'une élégante notice 
à laquelle nous avons eu recours pour l'établissement 
de nos notes. L'éditeur l'a fait suivre d'un Appendice 
où sont contenus, avec les 14 madrigaux déjà publiés 
par Ch. Livet (et qui n'avaient point trouvé place 
dans les manuscrits du xvii* siècle) sept pièces nou- 
velles de Georges de Scudéry. 



Ad. B. 




LA GUIRLANDE 



DE 



JULIE 




ZÉPHIRE A JULIE 

MADRIGAL 

"necevez, ô Nymphe adorable 

' V Dont les cœurs reçoivent Us loix, 

Cette Couronne plus durable 
e celles que l'on met sur la teste des Roys. 

Les fleurs dont ma main la compose 
it honte à ces fleurs d'or qu'on voit au firmament ; 

L'eau dont Permesse les arrose 
ir donne une fraîcheur qui dure incessamment ; 

Et tous les jours ma belle Flore, 

Qui me chérit et que j'adore. 

Me reproche avecque courroux 



LA GUIRLANDE 

Que mes soupirs jamais pour elle 
N'onl fait naistre de Fleur si belle 
Que j'en ay fait naistre pour vous. 




LA COURONNE IMPÉRIALE 



J 



E suis ce Prince glorieux, 
De qui le bras victorieux 
A terracé l'orgueil d'un redoutable Empire. 
Au plus froid des Climats je me sentis brusler 
Par un nouveau Soleil que l'univers admire, 
Et que celuy des Cieux ne sçauroit égaler. 
Du rivage inconnu de l'aspre Corélie, 
Où la Mer sous la glace est toute ensevelie, 
Le flambeau de l'Amour mes voiles conduisant, 
Je vins pour rendre hommage à l'auguste Julie ; 
Mais jugeant ma Couronne un indigne présent, 
Je voulus conquérir le riche Diadème 
Dont jadis les Césars, en leur pompe suprême, 

Eurent le front si reluisant. 
Au comble d'un succès qui les Peuples étonne, 
Vainqueur des ennemis et vaincu du malheur, 
Je rencontray la mort dans le champ de Bellonne ; 
L'amour vid mon désastre, et) flattant ma douleur. 

Me convertit en une Illustre Fleur, 



42 LA GUIRLANDE 



Que DE l'empire il nomma la Couronne. 

Ainsi je fus le prix que cherchoit ma valeur ; 

Ainsi par mon trépas j'achevay ma conqueste ; 

En cet état, Julie, accorde ma requeste ; 
Soit pitoyable à ma langueur, 
Et si je n'ay place en. ton cœur, 
Que je Taye au moins sur la teste. 

M. CHAPELAIN. 

LA COURONNE IMPÉRIALE 

V^l ie:n que de la Rose et du Lys 

^^ Deux Roys d'Eternelle mémoire, 

Facent voir leurs fronts embellis, 

Ces Fleurs sont moindres que ta gloire ; 

Il faut un plus riche ornement 

Pour récompenser dignement 

Une vertu plus que Royale ; 

Et si l'on se veut acquitter. 

On ne peut moins te présenter 

Qu'une Couronne impériale. 

M. DK MALLEVILLE. 



LA COURONNE IMPÉRIALE 

QUELQUE diversité que le parterre étale, 
Je me treuve sans effroy : 
La Couronne impériale 
Est seule digne de toy ; 
Tant de Fleurs que la Nature 
Emaille de sa peinture. 
N'ont rien qu'on doive estimer ; 
Voy l'éclat qui m'environne ; 
Moi seule fays la Couronne 
Que tant d'autres ensemble ont peine de former. 

M. DE SCUDÉRT. 



4aii^Aè4^t^4UtlAJ 



LA ROSE 

A LORS que je me voy si belle et si brillante, 
''^ Dans ce teint dont l'éclat fait naistre tant de vœux ; 
L'excès de ma beauté moy-mesme me tourmente, 
Je languis pour moy-mesme et brusle de mes feux, 



44 LA GUIRLANDE 



D 



Et je crains qu'aujourd'hui la Rose ne finisse 
Par ce qui fit jadis commencer le Narcisse. 

M. HABERT, ABBE DE CERISY. 

LA ROSE 

EVANT ce teint d'un beau sang animé, 
Je ne parois que pour ne plus paroistre ; 
Je n'ay plus rien de ce lustre enflammé 
Que de Vénus le sang avoit fait naistre ; 
Le vif éclat de ce teint nompareil 
Me fait paslir, accuser le Soleil, 
Seicher d'envie et languir de tristesse : 
sort bizarre 1 ô rigoureux effet 1 
Ce qu'a produit le sang d'une Déesse, 
Le sang d'une autre aujourd'huy le défait. 

M. DE MALLEVILLE. 



LA ROSE 

A ssiSE en majesté sur un Trosne d'épines, 
^^^ Je porte le Sceptre des Fleurs 
Qui cèdent à Téclat de mes grâces divines, 
Quand l'Aurore au matin m'arrose de ses pleurs ; 



DE JULIE 45 



Mais, beauté que le monde adore, 

Et qui sçais doucement ravir, 
J'estime beaucoup plus l'honneur de vous servir 
Que celuy de régner dans l'Empire de Flore. 

M. LE M. DE MONTAUSIER. 

LA ROSE 

O I vous n'aviez banny l'ardeur desmesurée 
^^ Qui du cœur des Mortels fait triompher l'Amour, 
Ma beauté près de Vous seroit mal-asseurée ; 
Aux chaleurs de l'été, je ne dure qu'un jour ; 
Mais un sort plus heureux en ce lieu m'environne ; 
Le Temps, dont le pouvoir de toute chose ordonne, 
Par vos charmes puissans se trouve surmonté ; 
J'ay de vous obtenu la faveur désirée, 
Et sur vostre visage, où règne la Beauté, 
Je suis d'Eternelle durée. 

M. COLLETET. 



Q 



LA ROSE 

UOY que la Fable nous raconte, 
Jamais la Reyne d'Amathonte 



46 LA GUIRLANDE 



Ne changea ma couleur ni mon lustre ancien ; 
Si quelque trait de flamme à ma neige s'allie, 
C'est de honte que j'ay que le teint de Julie 
Est estimé plus frais, et plus beau que le mien. 

M. COLLETET. 

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LE NARCISSE 

JE consacre, Julie, un Narcisse à ta gloire, 
Luy-mesme des beautez te cède la victoire ; 
Estant jadis touché d'un amour sans pareil. 
Pour voir dedans l'eau son image, 
11 baissoît tousjours son visage, 
Qu'il estimoit plus beau que celuy du Soleil ; 
Ce n'est plus ce dessein qui tient sa teste basse ; 
C'est qu'en te regardant il a honte de voir 

Que les Dieux ont eu le pouvoir 
De faire une beauté qui la sienne surpasse. 

M. le m. de montausier. 

LE NARCISSE 

JE suis ce Narcisse fameux 
Pour qui jadis Écho répandit tant de larmes. 
Et de qui les appas ne cèdent qu'à vos charmes, 



DE JULife 47 

Qui viens pour vous offrir mes vœux. 

Qu'on m'accuse, Belle Julie, 
D'avoir en ce dessein plus de témérité 

Que je n'eus jamais de folie 

Adorant ma propre beauté ; 
Je ne puis m'empeschcr de commettre ce crime, 

Je le trouve trop glorieux ; 
Oyez donc ce discours que ma pasleur exprime, 

Et qui ne s'entend que des yeux : 

Si vous me voyez le teint blesme. 
Ce n'est plus moy, c'est vous que j'ayme. 

M. LE M. DE MONTAUSIER. 

LE NARCISSE 

PRIS de l'amour de moy-même, 
De berger que j'estois je devins une fleur ; 
Faites proffit de mon malheur, 
Vous que le Ciel orna d'une beauté supresme, 

Et pour en éviter les coups, 
Puisqu'il faut que tout ayme, aymez d'autres que vous. 

M. UABERT, C. DE l'aRTILLRRIR (i). 

(i) Lire : Commissaire de l'artillerie. 



E 



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LE NARCISSE 

QUAND je voy VOS beaux yeux si brillans et si doux 
Qui n'ont plus désormais rien à prendreque vous, 
Leur éclat m'est suspect, et pour vous j'appréhende. 
Souvent ce riche don est chèrement vendu ; 
Je sçay que ma beauté ne fut jamais si grande, 
Et pourtant chacun sçait comme elle m'a perdu. 

M. HABERT, ABBÉ DE CERISY. 

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L'AMARANTE 

JE suis la fleur d'Amour qu'AiwARANTE on appelle, 
Et qui vient de Julie adorer les beaux yeux. 
Rose, retirez-vous, j'ay le nom d'immortelle 1 
Il n'appartient qu'à moy de couronner les Dieux. 

M. DE GOMBAUD. 



R 



L'ANGÉLIQUE 

egevez mon service, adorable Julie, 
Seule que la nature a fait naistre accomplie ; 



bE JuLlË 4^ 

Ah ! que j'estimeray mon destin glorieux, 

Si votre belle main sur vos cheveux m'applique I 

Je suis favorite des Cieux, 

Je porte le nom d'ANOELiQUE ; 
Mais je n'ignore pas qu'au jugement de tous 

Je la suis beaucoup moins que vous. 

M. LE. M. DE MONTAUSIER. 

L'ANGÉLIQUE 

QUAND toutes les Fleurs pren[n]ent place 
Sur l'yvoire de votre front, 
11 faut, par raison, que je face 
Ce que, par audace, elle font. 
Et, certes^ si la voix publique 
Me nomme partout Angélique 
Et me donne tant de renom, 
Je respons mal à ses louanges. 
Et ne mérite plus mon nom 
Si je ne couronne les Anges. 

M. DE MALLEVILLE. 



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B 



L'ŒILLET 

lEN que dans l'Empire des Fleurs 
J'espcre emporter la couronne 

Dessus toutes mes autres sœurs, 

Au moins si la beauté la donne; 

Devant son teint vif et vermeil, 
De qui l'effet plus grand que celuy du Soleil 
Des coeurs les plus gelez fond la plus dure glace, 
Mon éclat se ternit et mon lustre s'efface ; 
Mais dessus tes cheveux je reprens ma beauté, 
Et j'emprunte de toy ce que tu m'as osté. 

M. LE M. DE MONTAUSIER. 

LA FLEUR DE THIN 

Ql ANS beauté, sans grandeur, sans éclat et sans grâce, 
^^ Je nays, par un arrest de mon injuste sort. 

Incapable d'un bel effort 

Pour acquérir l'illustre place 

Où mon ambition m'ose faire aspirrr ; 

Toutefois, ô belle Julie! 
Si de tes doux regards tu daignes m'éclairer, 



DE JULIE 51 



Je renaistray par eux de tant d'attraits remplie, 

Que j'auray sujet d'espérer 
De rendre ta Couronne et ma gloire accomplie. 

Sois donc favorable à mes vœux 
Embellis ma laideur, relevé ma bassesse, 

Des Destins montre-toy Maistresse, 
Mets-moy, malgré leur haine, en un estât heureux. 
La Nature, pour moy non moins barbare qu'eux, 

En vain t'oppose ses obstacles ; 
Tes beauxyeux chaque jour font de plusgrans miracles. 

M. d'andilly, le riLZ. 

LE JASMIN 

^^ause de tant de feux, source de tant de pleurs, 
^^ Julie, accorde ma requeste ; 

Comme à toutes ces autres Fleurs 

Donne-moy place sur ta teste ; 

Devant le lustre de mon teint ; 

L'éclat des plus beaux Lys s'éteint ; 

Partout ailleurs je leur fais honte. 
Seulement dans ton sein leur blancheur mesurmonte. 

M. le m. de montausier 





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J 



L'ANÉMONE 

E m'ofifre à vous, belle Julie; 
Mais ne refusez pas mes vœux : 
La Couronne qu'on met dessus vos beaux cheveux 

Sans moy ne peut estre accomplie. 
Je dois entre les fleurs tenir le premier rang; 
Cn ne sçauroit cueillir que parmy les espines 
Cette fleur que Vénus fit naistre de son sang, 
Et je n'en mesle point à mes beautez divines ; 

Mais l'éclat de vostre beauté 

M'accuse de témérité. 

Je céderai toujours aux Roses 
Tandis qu'elles seront sur vostre teint écloses. 

M. LE M. DE MONTAUSIER. 

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LA VIOLETTE 

^Tranche d'ambition je me cache sous l'herbe, 
^ Modeste en ma couleur, modeste en mon séjour ; 
Mais si sur vostre front je me puis voir un jour, 
La plus humble des Fleurs sera la plus superbe. 

M. DES MARESTZ. 



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LA VIOLETTE 

¥^E tant de fleurs par qui la France 
^^ Peut les yeux et l'ame ravir, 
Une seule ne me devance 
Au juste soin de te servir ; 
Que si la Rose en son partage 
Fait gloire de quelque avantage 
Que le Ciel daigne luy donner, 
Elle a tort d'en estre plus fiere : 
J'ay l'honneur d'cstre la première 
Qui naisse pour te couronner. 

M. DE MALLEVILLE. 

LES LYS 

1k if ERVEiLLE de nos jours, dont les charmes vainqueurs 
^ ^ ^ Ravissent les esprits et régnent dans les coeurs, 
Rare présent du Ciel, adorable Julie, 
Lorsque toutes les fleurs, d'un émail précieux, 
Viennent rendre à l'envy ta Couronne embellie. 
C'est sur moy que tu dois arrester tes beaux yeux. 
De la Reyne de l'air je suis la Fleur divine ; 



54 LA GUIRLANDE 



Ma blancheur de son lait tire son origine ; 
Il se fait voir encor sur mon teint sans pareil, 
Et le Dieu dont les Loix forment la destinée 
Veut que le plus grand Roy qu'éclaire le Soleil 
Ayt de moy seulement la teste couronnée. 
Au temple de Thémis je préside avec luy ; 
Son Trosne glorieux est mon illustre appuy ; 
La valeur de ce Mars fait pour moy des miracles, 
Et je dois espérer que par son bras puissant 
S'accompliront bien tost les célèbres oracles 
Qui me promettent place au-dessus du Croissant. 
Mais parmy ces grandeurs, le bruit de ton mérite 
A me donner à toy si fortement m'invite 
Que je veux de ma gloire enrichir ta beauté. 
En vain toutes les fleurs dans leur pompe suprême 
Se vantent de t'orncr d'un Royal Diadème 
Leur plus superbe éclat n'a point de majesté. 
Nulle autre que le Lys sans audace n'aspire 
A te rendre un honneur qui soit digne de toy ; 
Elles parent ton front, Et je t'offre un Empire, 
Puisqu'en te couronnant je t'égale à mon Roy. 

M. d'andillt. 



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L 



LES LYS 

E plus ardent de tous mes vœux 
Est de couronner tes cheveux ; 

Et je croy, si je ne me flatte, 
Que je puis aspirer à cet honneur nouveau ; 

Car par moy ton visage est beau, 
Et par moy de nos Roys le Diadème éclatte ; 

Mais^j'ay plus de gloire cent fois, 

Et je tire plus d'avantage 

D'éclater dessus ton visage 

Que dessus la teste des Roys. 

M. LE M. DE MONTAUSIER. 



R 



LES LYS 

EÇOY les Lys que je te donne 
Pour en former une Couronne 
Par qui ton pouvoir soit dépeint ; 
C'est l'ornement que je t'appreste : 
Pour rendre ce qu'on doit aux Lys de ton beau teint, 
Il t'en faut mettre sur la teste. 

M. DE MALLEVILLE. 






LE LYS 

¥^EVANT VOUS je pers la victoire 
^■^ Que ma blancheur me fit donner, 
Et ne préten[s] plus d'autre gloire 
Que celle de vous couronner. 

Le Ciel, par un honneur insigne, 
Fit choix de moy seul autrefois, 
Comme de la fleur la plus digne 
Pour faire un présent à nos Roys. 

Mais si j'obtenois ma requeste, 
Mon sort seroit plus glorieux 
D'estre monté sur vôtre teste 
Que d'estre descendu des Cieux. 

M. DES RÉAUX-TALLEMANT. 

LE LYS 

JE puis mettre entre les louanges 
Qui me rendent si glorieux 
D'avoir fleury dedans les Cieux, 
Cultivé de la main des Anges ; 



DE JULIE 57 

Mais certes c'est y retourner 
Que de vous pouvoir couronner. 

M. MARTIN (l). 

LE LYS 

QUE j'ay de gloire à cette fois, 
Que j'ombrage ces belles tresses ! 
Je ne couronnois que les Roys, 
Et je couronne les Déesses. 

M. MARTIN. 

LE LYS 

¥ J N Divin Oracle, autresfois, 

^^ A dit que ma pompe et ma gloire 

Sur celle du plus grand des Roys 

Pouvoi[ent] emporter la victoire ; 

Mais si j'obtiens, selon mes vœux, 

De pouvoir parer vos cheveux, 

Je dois, ô Julie adorable, 

( I ) Lire : Martin de Pinchesne, 



58 LA GUIRLANDE 



Toute autre gloire abandonner ; 

Car nul honneur n'est comparable 

A celuy de vous couronner. 

M. c, (i) 



B 



LES LYS 

ELLE, ces Lys que je vous donne 
Auront plus d'honneur mille fois 

De servir à votre Couronne 
Que d'estre couronnez aux armes de nos Roys. 

M. DES MARESTZ. 

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J 



LA TULIPE 

E fus un Berger autrefois, 
Qui, poussé d'une belle audace, 
Alla cueillir dessus Parnasse 
Des Lauriers plus fameux que les Lauriers des Roys. 
Ce généreux désir d'une éternelle gloire 
Ne m'empescha pas de servir 

(i) Dans l'original cette pièce est signée M. C. Elle est 
attribuée à Conrart dans le Manuscrit Fr. igi^2 de la 
Bibliothèque Nationale (voir notre Bibliographie), 



DE JULIE 59 

Avec les filles de Mémoire, 
Les mortelles Beautez qui me sçurent ravir. 

Mais mon âme fut si volage, 
A tant d'objets divers elle rendit hommage. 

Et les Bergères si souvent 

En me reprochant leurs caresses, 

Se plaignirent que mes promesses 
Se perdoient parmy l'air dessus l'aile du vent. 

Qu'Amour vint d'une main puissante, 

Me transformer en cette Fleur, 

Qui, comme j'eus l'âme inconstante, 

Est inconstante en sa couleur. 
Miracle de nos jours, si mes yeux t'eussent veuë, 
Avec tous ces appas dont le ciel t'a pourveuë, 

Mon cœur n'eût point esté léger ; 
Mais mon sort me console et pour ma gloire ordonne 
Depuis que j'ay l'honneur d'embellir ta Couronne, 
Que mes vives couleurs ne pourront plus changer. 

M. GODEAU. 



J 



LA TULIPE 

E suis le plus brillant ouvrage 
Dont le pinceau de Flore embellit les Estez, 



6o LA ôuirlAndé 



Et sur les autres fleurs j'ay le mesme avantage 

Qu'a le feu de tes yeux sur les autres clartez. 
Mais dans l'éclat qui m'environne, 

Et qui de cent couleurs relevé mes beautez, 
La gloire que le Ciel me donne 
D'estre une Fleur de ta Couronne. 
A pour moi de si doux appas 

Que, bien que de ma mort ma gloire soit suivie, 
Pour mourir d'une si beau trépas 
J'ayme mieux la mort que la vie. 

M. ARNAULD DE CORBEVILLE. 

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LA TULIPE AU SOLEIL 

1^1 e:l Astre à qui je dois mon estre et ma beauté, 

^^ Ajoute l'Immortalité 

A l'éclat nompareil dont je suis embellie ; 

Empêche que le Temps n'efface mes couleurs. 

Pour throsne donne-moy le beau front de Julie ; 

Et si cet heureux sort à ma gloire s'allie, 

Je seray la Reine des Fleurs. 

M. G. (i). 

(i) Dans l'original cette pièce est signée M. C. Le Recueil 
de Sercy l'attribue à Corneille, mais le manuscrit Fr. 1914a 
(Bibl. Nation.) la restitue à Conrart. 



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P 



LA TULIPE NOMMEE FLAMBOYANTE 

ERMETTEZ-MOY, belle JuLIE, 

De mesler mes vives couleurs 
A celles de ces rares Fleurs 

Dont votre teste est embellie : 

Je porte le nom glorieux 

Qu'on doit donner à vos beaux yeux. 

M. LE M. DE MONTAUSIER. 



D 



LA JONQUILLE 

ANS la Fable, ni dans l'Histoire, 
Il ne se parle point de moy ; 
Je ne me puis vanter de posséder la gloire 
De descendre du sang ni d'un Dieu ni d'un Roy ; 
Mais la passion véritable 
Que vous tesmoigne ma couleur, 
Plus qu'une plus illustre fleur 
Me doit rendre recommandable. 
Beauté qu'on doit adorer I 
Permettez-moy de vous parer, 
Et je m'estimeray cent fois plus glorieuse 
Que celle dont l'Histoire est cent fois plus fameuse. 

M. LE M. DE MONTAUS^EK. 



^s^iimt^^i^ 



L HYACINTHE 



JE n'ay plus de regret à ces Armes fameuses, 
Dont l'injuste refus précipita mon sort ; 
Si je n'ay possédé ces marques glorieuses, 
Un destin plus heureux m'accompagne à la mort ; 
Le sang que j'ay versé, d'une illustre folie, 
A fait naistre une fleur qui couronne Julie. 

M. LE M. DE R. (l) 

^naffili^m ^n ^fi* '^P ^fr ^fr < ™* ^fr iW» ^fr ^E* ^fr •m» •m» ^fr •m» <B» ^S> "SpH^V 41* ^fr ^fr 'ïrV iffift^ni <mi <Wi ^S> ^^P 



L HYACINTHE 

TXepuis mon changement, tout l'univers remarque 

^^ Que d'un triste et muet discours 

Je me plains qu'en mes plus beaux jours 
J'ay ressenty la rigueur de la Parque; 
Mais je cesse de murmurer ; 

Car l'extrême plaisir que j'ai de te parer 
Efface maintenant la pleinte 
Que mes feuilles portoient empreinte. 

M. le m. de MONIAUSIER. 

(i) Lire : Marquis de Rambouillet. 



4?4?4? 4?4?fj!» 4?4?4? ^^($1 4?<$|i4?fJ|»^fJl»4747($i 

9^9^9^ 9^9^^ 9^9^^ ^^^ Sfi 7^ Sfi Tfi yfi yfi Sfi Sfi i!^ 

L'HYACINTHE 

T^'uN éternel bon-heur ma disgrâce est suivie ; 
*^ Je n'ay plus rien en moy qui marque mon ennuy. 
Autrefois un Soleil me fit perdre la vie ; 
Mais un autre Soleil me la rend aujourd'huy. 

M. c. (i). 

LÉLIOTROPE 

A ce coup les Destins ont exaucé mes vœux ; 
•'^ Leur bonté me permet de parer les cheveux 

De l'incomparable Julie; 

Pour elle, Apollon, je t'oublie, 

Je n'adore plus que ses yeux. 
C'est avecque leurs traits qu'Amour me fait la guerre ; 

Je quitte le Soleil des Cieux 

Pour suivre celui de la Terre. 

M. LE M. DR MONTAUSIER. 

(i) Signature du Ms. original. Le Ms. Fr. 19142, déjà 
cité, attribue ce madrigal à Conrart. 






S 



LE SOUCY 

I l'on vous donne un Lys, un OEillet, une Rose, 
Je vous veux présenter aussy 
Un triste et languissant Soucy ; 
Le sort ne me laisse autre chose. 
Je souffre d'une telle douleur 
De vous offrir la moindre fleur, 
Qu'on verra dans votre Couronne 
Que je deviens ce que je donne. 

M. LE M. DE MONTAUSIER. 



LE SOUCY 

TTaut-il donc que la Rose ayt sur moy l'avantage 
* D'étaler ses beautez dessus votre visage, 
D'y charmer tous les cœurs et d'y donner des loix } 
Luisez, Astre vivant, dessus ma dernière heure ; 
Une jalouse ardeur ordonne que je meure, 
Pour un second Soleil, une seconde fois. 

M. HABERT, G. DE l'aRTILLERIB (i). 

(i) Lire : Commissaire de l'artillerie. 



yft 9ft ^ yft ifi ^6 ^6 S^ ift 9fi 9fi ift ift ^i ^ ift ^ Sfi ^fi ift ift 

LE SOUCY 

l^f E pouvant vous donner ni Sceptre ni Couronne, 
* ^ Ni ce qui peut flatter les cœurs ambitieux. 
Recevez ce Soucy, qu'aujourd'huy je vous donne, 
Pour ceux que tous les jours me donnent vos beaux yeux 

M. HABERT, C. DE L^ARTILLERIE (l). 

LE SOUCY AU SOLEIL 

QuoYQUE tu sois pourveu d'un éclat nompareil, 
Ce n^est pas de ton feu que je suis embellie ; 
Si je suis la fleur du Soleil, 
C'est du Soleil qui luit dans les yeux de Julie. 

M. COLLETET (2). 

LE SOUCY 

JADIS les rigueur du Soleil 
Me coûtèrent la vie ; 
J'attends un accident pareil 
A cause que j'ay mesme envie ; 

(1) Lire : Commissaire de Vartillerie, 
(a) Guillaume Colletet, 



66 LA GUIRLANDE 



Mais il m'importe peu qu'elle me soit ravie, 
Puisque mesme après le trespas 
Je sçay l'art de suivre ses pas. 

M. DE SCUDÉRT. 

LE SOUCY SOUS LE NOM DE CLYTIE 



M 



ORTELS, qu on ne m accuse pas 
D'estre infidelle ni volage, 
Bien qu'un miracle de cet âge 
Ayt prix mon âme en ses appas ; 
Je puis, sans crime et sans folie. 
Chérir cet objet nompareil ; 
Aymer Apollon ou Julie, 
C'est toujours aymer le Soleil (i). 

M. DE MALLEVILLE. 

LE SOUCY SOUS LE NOM DE CLYTIE 



j 



E suis et l'Amante et l'Image 
De l'astre étincellant qui règne dans les Cieux, 



(i) Le texte imprimé des Poésies de Malleville (Paris, 
Courbé, 1649, in-4*>, p. 265), donne cette variante, pour 
^es deux derniers vers : 

Aymer la divine Julie 
N'est-ce pas aymer le Soleil ? 



DE JULIE 67 

Et je puis sans orgueil prétendre davantage 

De parer son front glorieux ; 

Mes Rivalles ont eu Taudace, 

Dans leur plus superbe appareil, 

De t'oser demander ma place. 

Mais, incomparable Soleil, 
Plus digne de mes vœux que celuy qu'on adore, 

Nulle dans Tempire de Flore 
Ne me peut disputer cet honneur sans pareil. 

Je n'exalte point ma naissance, 

Je ne vante point mes appas ; 

Pour concevoir cette espérance. 

J'ai ce que les autre n'ont pas ; 
De rayons éclatants je suis environnée ; 

Telle est ma destinée, 
Que tu ne peux qu'à moy cette gloire donner. 
Qui pourroit qu'un Soleil un Soleil couronner ? 

M. d'andilly, le filz. 



LA PENSÉE 

A /"ous qui suivez l'amour dont le feu vous égare, 

^ Ne jettez point les yeux sur un objet si rare ; 
C'est avecque respect qu'il ne faut approcher. 



68 LA GUIRLANDE 



Quoyque de ses beautez vostre âme soit blessée, 
Apprenez que les mains n'ont pas droit d'y toucher, 
Et que cet heur n'est dû qu'à la seule Pensée. 

M. COLLETET (l). 






LES SOUCIS ET LES PENSEES 

V ORSQUE pressé de mon devoir, 
^^ Je veux t'offrir une Guirlande, 
Ta beauté m'oste le pouvoir 
D'accomplir ce qu'il me commande ; 
Ce qui te l'a fait mériter 
Empesche que tu ne l'obtiennes : 
Ton beau teint ne peut supporter 
D'autres merveilles que les siennes ; 
Par luy la Rose est sans couleurs. 
Les OEillets ont perdu la leur, 
Les Tulipes sont effacées. 
Les Lys n'ont plus de pureté ; 
Et pour toy rien ne m'est resté 
Que des Soucis et des Pensées. 

M. DE MALLEVILLE. 

(i) Lire : Guillaume Colletet. 



iHttittutifttîittîîittîîttttil 



LA FLEUR D'ORANGE 

T^u Palais d'émeraude, où la riche Nature 
^^ M'a fait naistre et régner avecque majesté, 
Je viens pour adorer la divine Beauté 
Dont le Soleil n'est rien qu'une foible peinture. 
Si je n'ay point l'éclat ni les vives couleurs 

Qui font l'orgueil des autres Fleurs, 
Par mes douces odeurs je suis plus accomplie, 
Et par ma pureté plus digne de Julie. 
Je ne suis point sujette au fragile destin 

De ces belles infortunées, 

Qui meurent dès qu'elles sont nées, 
Et de qui les appas ne durent qu'un matin ; 
Mon sort est plus heureux, et le Ciel favorable 
Conserve ma fraîcheur et la rend plus durable. 
Ainsi, charmant Objet, rare présent des Cieux, 
Pour mériter l'honneur de plaire à vos beaux yeux, 

J'ay la pompe de ma naissance ; 
Je suis en bonne odeur, en tout temps, en tous lieux ; 

Mes beautez ont de la constance. 
Et ma pure blancheur marque mon innocence ; 
J'ose donc me vanter, en vous offrant mes vœux, 
De vous faire, moy seule, une riche couronne, 



70 LA GUIRLANDE 



Bien plus digne de vos cheveux 
Que les plus belles Fleurs que Zéphire vous donne, 
Mais si vous m'accusez de trop d'ambition 
Et d'aspirer plus haut que je ne devrois faire, 

Condamnez ma présomption 

Et me traittez en téméraire ; 
Punissez, j'y consens, mon superbe dessein 

Par une severe défense 

De m'élever plus haut que jusqu'à vostre sein, 

Et ma punition sera ma récompense. 

M. G. (i). 

LE SAFFRAN 

1 B. ^riens m'ofFrir à vous pour parer vos cheveux, 
*^ Divin objet de mille vœux, 

Par qui toute ame est enflammée ; 

La Nature, Mère des Fleurs, 

Pour me distinguer de mes sœurs, 

De langues m'a toute formée ; 
Mais, aymable Julie, il le faut avouer, 
Je n'en ay pas encore assez pour vous louer. 

M. LE M. DE MONTAUSIER. 

(i) Signature de ms. original. Cette pièce est attribuée 
à Conrart dans le Ms. Fr. 19,142 (Bibl. Nat.). 







LA FLAMBE 

JE ne crois pas que ces Guirlandes, 
Dont chacun vous fait des offrandes, 
Conservent toutes leurs couleurs ; 
Si vostre bel œil les éclaire, 
Je m'attens bien de luy voir faire 
Des Flambes de toutes les couleurs. 

M. DE MALLEVILLE. 

LA FLAMBE 

T\army toutes ces autres fleurs, 
^ Recevez cette Flambe, ô Julie adorable I 
C'est le vivant portrait des mortelles douleurs 
Que cause dans mon sein une playe incurable; 
Pour vous montrer Testât de mon cœur consumé. 
Je ne pouvois choisir qu'un objet enflammé ! 

M. LE M. DE MONTAUSIER. 



LE MUGUET 

'abandonne les bois dont les feuillages sombres. 
Malgré l'Astre brusiant qui raspand les clartez. 
Conservent ma fraîcheur sous leurs épaisses ombres 



j 



72 LA GUIRLANDE 



Pour venir rendre hommage à tes rares beautez ; 

Mais je crains, en voyant l'éclat qui t'environne, 
Que ton feu sans pareil 

Ne me soit plus fatal que celuy du Soleil. 

N'importe, toutefois, quoy que le Soleil ordonne, 
Ou j'embelliray ta Couronne, 
Ou, mourant au feu de tes yeux. 

Mon sort égalera le sort des Demy-Dieux. 

M. BRIOTE. 

LA FLEUR DE GRENADE 

T^ANS l'empire fameux de Flore et de Pomone. 
^^ Mon Père a mille enfans qui portent la couronne ; 
Mais, préférant mon sort au leur, 
J'ay mieux aymé demeurer Fleur, 
Avec le vif éclat dont je suis embellie. 
Afin de m'ofîrir vierge à la chaste Julie. 
perte favorable 1 ô change précieux ! 

Je quitte une gloire mortelle 
Pour l'immortel honneur de parer cette belle, 
Et le destin des Roys pour le destin des Dieux. 

M. G. (i). 

(i) Ms. original. Ce madrigal attribué à Corneille parle 
Recueil Sercy, est signé Conrart dans le Ms. Fr. 19,142 
Bibl. Nat.). 



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yft yfi yfi yft yft yft Vfr ift 9ft ^ 9^ ift S^ ^6 ift 9fr 9ft ift Sf» 9fi 9^ 

LA FLEUR DE GRENADE 

T^'un pinceau lumineux, l'Astre de la lumière 

*^ Anime mes vives couleurs, 

Et, régnant sur l'Olympe en sa vaste carrière. 

11 me fait régner sur les Fleurs ; 
Ma pourpre est l'ornement de l'empire de Flore ; 
Autresfois je brillay sur la teste des Roys, 
Et le rivage More 
Fut sujet à mes loix. 
Mais, méprisant l'éclat dont je suis embellie, 

Je renonce au flambeau des Cieux, 

Et viens, ô divine Julie ! 

Adorer tes beaux yeux. 
Pour vivre par leur feu d'une plus noble vie. 

Je viens, par une belle ardeur, 
A la honte du Ciel, achever ta grandeur ; 

11 te devoit une couronne. 
Et moy je te la donne. 

M. BRIOTE. 



S 



LA FLEUR D'ADONIS 

I quelque soin vous tient de vous rendre immortelle. 
Et de voir votre nom par le monde semé, 



74 LA GUIRLANDE 



Rendez-vous à l'Amour, ne soyez plus rebelle ; 
Si je fleuris encor, c'est pour avoir aymé. 

M. DE MALLEVILLE. 



LE PERCE-NEIGE 



F 



'iLLE du bel Astre du jour 
Je nays de sa seule lumière 
Alors que sans chaleur, à son nouveau retour, 

Des mois il ouvre la carrière. 

Je vis pure et dans la froideur^ 

Et mon teint, que la Neige efface, 
Conserve son éclat dans l'extrême rigueur 

De l'Hyver couronné de glace. 

Fleurs peintes d'un riche dessein 

Que le chaud Soleil fait naistre. 
Et qui, peu chastement, ouvrez vostre beau sein 

Au Père qui vous donna l'estre ; 

Vous qui, sans pudeur, aux Zéphirs 

Souffrez découvrir vos richesses, 
Et, vous laissant toucher à leurs foibles soupirs, 

Ployez sous leurs molles caresses ; 

Osez-vous, peu modestes Fleurs, 
Prétendre couronner cette Beauté sévère? 



DE JULIE 75 

Et ne craignez-vous point les cruelles froideurs 
Dont elle sçait punir une âme téméraire ? 

N'ayez plus cette vanité, 
Puisque seule je dois obtenir l'avantage 
D'orner de son beau chef l'auguste Majesté, 
Lorsque de tous les cœurs elle reçoit l'hommage 

Au trosne de la Pureté. 

M. DE MONTMOR-HABERT. 

LE PERCE-NEIGE 

Çt ous un voile d'argent la Terre ensevelie 
^^ Me produit malgré sa fraîcheur ; 

La Neige conserve ma vie, 
Et, me donnant son nom, me donne sa blancheur. 
Mais celle de ton sein, nompareille Julie, 

Me fait perdre aujourd'huy le prix 

Que je ne cède pas aux Lys. 

M. BRIOtE. 



A 



LE PAVOT 

CCORDEZ-MOI le privilège 



D'approcher de ce front de nége ; 
Et si je suis placé, comme il est à propos, 



76 LA GUIRLANDE 



Auprès de ces Soleils que le Soleil seconde, 
Je leur donneray le repos 
Qu'ils dérobbent à tout le monde. 

M. DE SCUDÉRY, 



F 



L IMMORTELLE 

'oiBLES Fleurs à qui le Destin 
Ne donne jamais qu'un matin, 
Reconnoissez votre folie ; 
Moy seule dois prétendre à couronner Julie. 
Digne objet des plus dignes vœux, 
Placez-moy dessus vos cheveux : 
J'aspire à cet honneur, faites que je l'obtienne ; 
Ainsi puisse le ciel vous combler de plaisirs, 
Faire que tout succède à vos justes désirs, 
Et que votre beauté dure autant que la mienne. 

M. DE SCUDÉRY. 

l'immortelle blanche 

DONNEz-MOY VOS coulcurs, TuUpcs, Anémones ; 
OEillets,Roses,Jasmins,donnez-moy vos odeurs; 
Des contraires saisons le froid ni les ardeurs 



DE JULIE 77 

Ne respectent que les Couronnes 
Que l'on compose de mes fleurs ; 
Ne vous vantez donc point d'estre ayniables ni belles ; 
On ne peut nommer beau ce qu'efface le Temps, 
Pour couronner les Beautez éternelles 
Et pour rendre leurs yeux contens, 
Il ne faut point estre mortelles. 
Si vous voulez affranchir du trépas 
Vos brillants, mais frêles appas, 
Souffrez que j'en sois embellie ; 
Et, si je leur fais part de mon éternité, 
Je les rendray pareils aux appas de Julie, 
Et dignes de parer sa divine beauté. 

M. c. (i) 

LE MÉLÉAGRE 

JE vay finir pour Julie : 
O que mon destin est beau ! 
La glorieuse folie I 
Dieux 1 Le superbe Tombeau 1 

(i) Ms. original. Le recueil de Sercy attribue cette pièce 
h. Corneille, mais on la trouve sous la signature Conrart, 
dans le Ms. Fr. 19143, delà Bibliothèque Nationale. 



78 LA GUIRLANDE 



Je suis Fleur et fus jadis homme ; 

Mon sort une autre fois se trouve au mesme point, 

Car un feu secret me consomme, 

Qui me brusie et ne paroist point. 

M. DE SCUDéRY. 



MADRIGAUX 
COMPOSÉS POUR LA GUIRLANDE 

ET QUI NE FIGURENT PAS 

DANS LE MANUSCRIT ORIGINAL 



PIECES EXTRAITES 



DES 



Manuscrits de Conrart 

-— — ■' »■ ■ ■■■■■!■ I ^^^■^» ■ Il I , — ^^^— ^ 

SUR LA FLAMBE (0 

GUSTAVE A JULIE 

¥^iviNE cause de mes pleurs, 
*-^ Object dont la gloire m'estonne, 
Adjouste à tant de belles fleurs 
Cette Flambe que je te donne. 

Tes yeux peuvent bien approuver 
Ce présent d'un cœur tributaire ; 
La Flambe qui te va trouver 
Est un feu qui tend à sa sphère. 

(i) Cette pièce, et les neuf suivantes, sont extraites d'un 
Recueil Conrart, conservé à la Bibliothèque de TArsenal, 
sous la cote 3135 (voir notre Bibliographie). Ces dix 
madrigaux anonymes, qui occupent les pages 1097 à 1 109 
du Ms., ont été insérés déjà dans les éditions de la Guir- 
lande de Julie, publiées par Ch. L. Livet et Octave Uzanne. 



82 LA GUIRLANDE 



Jette ton regard curieux 
Sur les merveilles qu'elle enserre ; 
Ce qu'est Iris dedans les Cieux, 
La Flambe Test dessus la terre. 

Ou sois favorable à mes vœux, 
Ou tu seras digne de blasme ; 
Je ne mets que sur tes cheveux 
Ce que tu mets dedans mon âme. 

Il faut que ton feu nompareil 
Cherche un objet à qui tout cède, 
Et que ce qui vient du Soleil 
Un autre Soleil le possède. 

A peine luit-elle en ces lieux, 
Où l'amour veut que je l'envoyé, 
Que. paroissant devant tes yeux, 
Elle s'espanouit de joye. 

Ses yeux en cest heureux séjour 
Raniment sa grâce première, 
Et c'est moins de l'Astre du jour 
Que d'eux qu'elle tient sa lumière. 

L'Arc-en-ciel n'a point de couleur 
Que le Soleil rende si belle 



DE JULIE 83 

Que le lustre de ceste fleur 
Quand tes yeux rayonnent sur elle. 

A Tesclat du feu véhément 
Dont toutes les feuilles sont pleines, 
Tu pourras juger aysément 
Celuy qui brusle dans mes veines. 

Ces feuilles qui, dans ce beau lieu, 
N'ont rien que de vif et de rare 
Sont autant de langues de feu 
Par qui mon amour se déclare. 

Je ne puis en la vive ardeur 
Que me cause ta renommée 
Exprimer Testât de mon coeur 
Que par une chose enflammée. 

Certes, mon courage est atteint 
D'autant de peines violentes 
Que Témail dont elle se peint 
Brille dfe couleurs différentes. 

Face l'astre qui luit aux Roys, 
Pour adoucir mon amertume, 
Que la Flambe que tu reçois 
Passe en ton cœur et te consume. 



LA TULIPE (i) 

^^URiEux enfans d'espérance, 
^^ Belle troupe de mes amans 
Ne vivez plus dans l'ignorance 
Du sujet de mes changemens. 
Je cherche à me rendre embelie 
D'un si grand nombre de couleurs 
Qu'il ne faille que de mes fleurs 
Pour la guirlande de Julie. 

^B>*^V*m* ^fr «^m k^fr ^Bp^Bp^B^ ^fr ^n»*B>^fr 4fr '^P^fr «b ^B> «ffii «ffi> «ffii ^B> ^H» ^m «ffi» «mi ^v <^b a^b ^fr ^B* 

MADRIGAL 

EN FAVEUR DE LA GUIRLANDE DE JULIE 

QUELLE est cette beauté que tout le monde adore? 
A voir son front orné de tant de vives fleurs, 
Et son teint surmonter l'esclat de leurs couleurs, 

(i) Cette pièce se peut lire encore, mais incomplète dans 
le Ms. fr. 19142 de la Bibliothèque nationale. Elle porte 
dans ce manuscrit la signature : Mauduit. On a fort peu 
de renseignements sur son auteur ; on apprend seulement 
par la lecture des Divertissemens, de Guillaume Colletet 
(Paris, R. Estienne, 1631, in-S") qu'il fut en relation avec 
celui-ci. Nous avons inséré dans notre Livre des Rondeaux 
galants et satyriques (Paris, E. Sansot, 1906, in-12), un 
rondeau de Mauduit. 



DE JULIE 85 



On la prendroit pour la Déesse Flore, 
Mais non ; Flore s'esmeut au doux vent des Zéphyrs, 
Et celle-cy résiste au vent de noz soupirs. 

LE NARCISSE d) 

1 ORSQUE la Nymphe Echo fut réduite en servage, 
^^ Et ressentit les traicts de ma vaine beauté, 

Si de Julie elle cust eu le visage. 
J'eusse banny de moy l'insensibilité. 
Jamais une fontaine en son cristal mobile 
Ne m'eust charmé les yeux d'un objet décevant ; 
Un autre plus divin m'eust pris auparavant, 
Et la nymphe eust trouvé ma conqueste facile. 
Je ne scrois pas fleur ; mais, ô doux changement, 
Alémorable destin d'un bienheureux amant ? 

Agréable folie 1 
Je triomphe en ma perte, et deviens glorieux 
De pouvoir vivre ainsi jusqu'au temps de Julie, 
D'embellir sa guirlande et de plaire à ses yeux. 

(i) On trouve celte pièce mais incomplète, et fort né- 
p^ligeamment copiée, dans le Ms. 538 de la Bibliothèque de 
Chantilly. 






L'ŒILLET A JULIE 

"1 A blancheur de ta main m'est un trosne d'yvoîre, 
^^ Et bien que par ton teint le mien soit surpassé, 
Je suis soubz ton empire au comble de la gloire, 
Et j'emprunte de toy ma plus grande beauté. 

^Bp ^Br jm* jfr jS? Jat jBrTjfr jBBL-JBfe^BC jmt ^Bt tBT 'B^^fr tBt ^fr ^B* mSt Tmt ^» ^^f T^PT^f ^^f ^^f iB^^ir ^» ^fr ^fr 



D 



L'ANGÉLIQUE 

E tant de fleurs que l'on vous donne 
Pour composer ceste Couronne, 
Celle que je vous viens offrir 
Vous sera la plus cherc. 
Le Ciel qui cognoissoit qu'elle devoit vous plaire, 
D'un amour non commun a daigné la chérir ; 
A ce que vous aymez ses dons il communique. 
Et vous aymez surtout la divine Angélique (i). 

(i) Allusion à la sœur de Julie, Angélique-Claire 
d'Angennes Elle épousa François-Adhémar de Monteil, 
comte de Grignan, et mourut le 22 décembre 1664. 







$ 






LA ROSE A JULIE 

T^AR la loy d'un nouveau Destin, 
^ Ma pourpre, qui jadis ne vivoit qu'un matin. 
Conserve son esclat dans ta riche Guirlande. 
Je naquis du beau sang de la mère d'Amour; 
Mais c'est une grâce plus grande 
De conserver que de donner le jour. 

LA ROSE 

"^ /"ÉNus qui voit les Cieux, ainsi que les Mortelz, 
^ Implorer sa clémence au pied de ses autelz, 

Se repent que son sang m'ayt donné la naissance, 
Et croit recevoir un affront 
Me voyant couronner le front 

De celle dont le cœur se rit de sa puissance. 



R 



LE NARCISSE (') 

lExN n'est esgal à ma douleur , 
Bien que je ne sois qu'une fleur. 



(i) Cette pièce, quoique anonyme, est de Godeau. On 
en trouvera plus loin (p. 96), sous cette signature, une 
autre version plus élégante. 



88 LA GUIRLANDE 



J'ayme la fille d'Artenicc (i). 
Aux flammes de ses yeux je me laisse esblouyr; 
Mais je suis sans espoir, car le sort de Narcibse 
Est d'aymer les objets dont il ne peut jouir. 



LHYACINTHE 



A LORS que d'un garçon je devins une fleur, 
*^ Le Dieu qui me perdoit voulut que sa douleur, 

Dessus mes feuilles fut tracée ; 

Mais te couronnant aujourd'huy, 
Qu'on ne s'estonne point de la voir efl'acée. 
Je gaigne plus en toy que je ne perds en luy (2) 

(i) Arfhénice, anagramme que Malherbe composa pour 
Madame de Rambouillet, mère de Julie d'Angcnnes. On 
sait qu'elle s'appelait Catherine de Vivonne 

(2) Le litre de cette pièce, et le mot en qui parait deux 
fois dans le dernier vers, ont été écrits de la main de 
Conrart. 




PIECES EXTRAITES 



DES 



Poésies de Mallevîlle ^'^ 

LE SOUCY sous LE NOM DE CLYTIE 

AU SOLEIL 

T^ERFiDE amant, je te déclare 

^ Que mon cœur n'est plus ton captif; 

C'est trop chercher un fugitif 

Et trop réclamer un barbare. 

Un plus admirable flambeau, 

Un Astre plus doux et plus beau 

Me vint guérir de ma folie. 

J'adore son feu nompareil, 

Et ne cognois plus de Soleil 

Que dans les beaux yeux de Julie. 

(i) Lrs quatre madrigaux qui suivent et qu'on cherche- 
rail en vain clans les Mss originaux de la Guit lande de Julie, 
sont tirés de l'édition des Poésies de Claude de Malleville^ 
publiée à Paris, chez Augustin Courbé, en 1649, ïn-^^. 
(On les retrouve aussi dans la seconde édition de cet 
ouvrage, à Paris, chez Nicolas Bessin, 1659, in-i2|. Ils 
ont été réimprimés déjà parCh. L. Livelet Octave Uzanne, 
en appendice à leurs éditions. 



LA FLEUR DE GRENADE 

X i| OY qui pouvois passer pour la Reine des Fleurs, 
^ ^ ^ Je seiche, je languis, je flétris et je meurs. 
Quand je voy ces beaux yeux, dont Tesclat me surmonte, 
Mon teint n'a plus ce feu qui brilloit vivement, 
Et s'il rougit encore, il rougit seulement 
De dépit et de honte. 



LE NARCISSE 

A PRES m'estre perdu dans une onde perfide, 
^^^ Je seiche au jeu des yeux d'une belle homicide, 
Quand je luy rends hommage et m'acquitte d'un vœu. 
Destin, qui me fais cette injure seconde 1 
N'estoit-ce pas assez d'avoir pery par l'onde 
Sans périr par le feu ? 

LA FLEUR D'ADONIS 

JE suis si fragile en mon estre 
Que je ne puis longtemps fleurir ; 
Le vent qui les Roses fait naistre 



DE JULIE gi 



Est si fort qu'il me fait mourir. 
Je dépens du moindre Zephire, 
Et dès le moment qu'il souspire 
Je tombe à terre et ne vis plus : 
Mais si je suis sur vostre teste, 
Ne seray-je pas au-dessus 
Et des vents et de la tempeste ? 




FLEURS DE M. DE SCUDERY 



DESTINÉES A LA 



Guirlande de la Princesse Julie (0 



LA PENSÉE 

J'esteins mes fiâmes insensées, 
Je reste au terme du devoir, 
Jugeant que voua voulez avoir 

De plus hautes pensées ; 
Je cède votre front à l'orgueil du Jasmin, 
11 suffira pour moy de parer le chemin 
(Sans pleurs et sans mélancholie) 
Que fouleront les pas de la belle Julie. 

(i) Les sept pièces que nous reproduisons ici — après 
M. Octave Ûzanne, dernier éditeur de la guirlande, — ont 
été publiées pour la première fois, avec cinq autres (qui 
figurent dans le Ms. in-folio de Nicolas jarry) à la suite 
du Vassal généreux, poème tragi-comique dédié par Geor- 
ges de Scudery à Mademoiselle de Rambouillet (Paris, ' 
Aug. Courbé, 1636, in-8"). Dans l'édition originale elles 
sont précédées de cet « Âdveriissement » qui nous dispen- 
sera de tout commentaire : 

« Tous les bons esprits de la Cour, ayant travaillé à la 
Guirlande de cette excellente personne à qui j'offre ce 
livre, pour y contribuer par quelque chose, j*ay voulu cueillir 



S^ IS^illé fe^ ^^ !5^ Si^ i^ 

L'IRIS 

Oi j'approche de vous avec le moindre orgueil 
^^ Celle qui me nourrit devienne mon cercueil, 
Que le froid Aquilon me déclare la guerre, . 
Que ma feuille se seiche et tombe sous vos pas. 
Et qu'on chasse de Tair ainsi que du parterre, 
(Afin de vanger vos appas) 
L'Iris du Ciel et de la terre. 



E 



LE NARCISSE 

NFiN je le confesse, auprès d'un œil si doux. 
Et dont le pouvoir [est] extresme 
Je fus plus amoureux de vous 
Que je ne le fus de moy mesme. 

ces fleurs au pied du Parnasse, où je n'ay pas le droict 
de monter comme eux. Leur forme, leur couleur, leur 
nature, ou les Fables qui s'en voyent, n'ont fourny, les 
pensées sur ce sujet : et je croy que c'estoit ainsy que je 
le devois traitter : Sois en juge comme du reste de mes 
ouvrages. De Scudery. » 

Ce qui donne une grande valeur à ce document, a-t-on 
observé, c'est qu'il parut cinq ans avant l'exécution du 
manuscrit de la guirlande. Les madrigaux destinés à Julie 
d'Angennes, ne furent donc point, ainsi qu'on l'a cru, 
improvisés, mais écrits longtemps avant que Jarry ne se 
mit à l'œuvre. 






L 



LA ROSE 

E bel oeil qui me surmonta, 
Ne voit rien qu'il ne dompte : 
Et celle qui m'ensanglanta 
Rougira comme moy de despit et de honte. 

«mt «Jp «Tp W|n ^Sp^SpHB* jSBM^C nn 1 mt ^Bp ^Bp ^tp *^y JsP ^mt TW* '^B* ^fr ^fr Tmt ^Bp ^B* 'Bt wB ^fr ^fr tBT ^^r ^fr ^^c 

LE SOUCY 

Oi parmy tant de fleurs, je puis estre choisie 
^^ J'auray bien de l'amour et de la jalousie : 
Mais pour rendre vos maux et les miens adoucis 
Escartez loing de vous tous les autres Soucis. 

LA FLEUR D'ORANGE 

O I pour vous couronner on me croit inutile, 
^^ Souffrez qu'en pleurs je me distile, 
Mes larmes vous plairont; et peut estre vos yeux, 
F]n auront par pitié, qui plairont beaucoup mieux. 
Ainsy nous ferons un meslange 
De Tcau de Nasse et de l'eau d'Ange. 



nnnnnnnntntntnnnn 

LŒILLET 

TXiviN object tousjours vainqueur, 
^^ Illautquejet'approche, îlfaut que jetecueilles: 
Deussé-je ressentir plus de pointes au cœur 
Qu'on n'en voit à tes feuilles. 




PIECES INEDITES 

EXTRAITES DES 

Manuscrits de la Bibliothèque nationale 



LE NARCISSE (0 

Qu'amour se plaist en mon malheur 
Dans le triste destin qui me fit une fleur 
Il ne borne pas mon supplice ; 
Julie à tes beaux yeux je me laisse éblouir 
Mais j'aime sans espoir, car le sort de Narcisse 
Est d'aimer des objets dont il ne peut jouir. 

M. GODEAu (2). 

(i) Ces madrigaux que nous publions ici pour la pre- 
mière fois, sont tirés du manuscrit fr. 19,143, de la Biblio- 
thèque nationale. (Pour la description de ce manuscrit 
voir notre Bibliographie). Nous les faisons suivre d'une 
épigramme de Carlincas, dont le texte figure déjà dans le 
Ms. 538 de la Bibl. de Chantilly et d'un sonnet signé 
M. Le Maistre oui contient l'éloge le plus vif qu'on ait fait 
des vertus de Mademoiselle de Rambouillet. En exhumant 
ces derniers vers, d'un de ceux qui devaient illustrer le 
jansénisme, nous croyons apporter un hommage posthume 
à celle qui fut la belle Julie d'Angennes. 

{?.) Ce madrigal porte la signature « de M. Godeau, 
depuis cvesque de Grasse ». On en trouve une version 
assez médiocre et anonyme dans le Ms. 3,135 de l'Arsenal. 
Voir la pièce intitulée : Le Narcisse, p. 87, du présent 
volume. 



yfi 9fi yfi yft yfi 7fi 7fi Tft 7fi 9ft Tft yfi 9ft «^9^^ 9^ 9^ 9^ 9^ ^9^ 

LE LYS 

T^ouR l'ornement de l'Empire François 

^ Je redescendis de l'Olympe autrefois, 

Mais quelques grands hommes qui semblassent m'attendre 

Sy l'on eust secondé mes vœux, 

On ne m'en auroit fait descendre 

Que pour couronner vos cheveux. 

M. DES REAUX. 

LE SOUVENEZ-VOUS DE MOY 

QuoY que l'ardeur dont je me sens brusler 
Me cause un extresme martyre 
Que me serviroit de parler ? 
Mon nom vous dit assez ce que je veux vous dire. 

M. DE FREMONÏ (l). " 

(i) Dans le manuscrit ce nom a été rayé à Tencre, mais 
on le lit encore assez bien. 

« Nicolas Fremont, a écrit Paulin Paris dans l'un de 
ses commentaires aux Historiettes de Tallemant des 
Heaux (Ed. in-S», iv, p. i lo) étoit par sa mère, neveu de 
Perrotd'Ablancourt. Il habitoitrenclos du Temple à Paris. » 




a;: 







ÉPI GRAMME 

T> ELLE Julie on me demande 

^^ Sy je n'ay point encore cherché 

Quelques fleurs pour vostre guirlande 

Mais en cela je suis bien empesché. 

Où trouverois-je une fleur, je vous prie, 

Sy je n'ay pas (dont je suis bien fasché) 

Ny champ, ny bois, ny jardin, ny prairie, (i) 

CARLINCAS. 

SONNET 

^^RNEMENT de ton sexe Illustre, sang d'Angennes 
^^ Rejetton des Romains, Race des Demy-dieux, 
J'adore en ton esprit le chef d'oeuvre des cieux, 
Et révère en ton corps des grâces plus qu'humaines. 

Si les sceptres suivoient les vertus souveraines 

Tu tiendrois en tes mains celuy de nos ayeux, 

Et ta sagesse esgalle aux charmes de tes yeux 

Terniroit la splendeur des plus augustes Reynes. 

(i) Cette pièce qu'on retrouve avec des variantes dans 
le recueil 538 de Chantilly, a été copiée deux fois dans notre 
Ms. (r'f leuill., verso, et feuill. 17, verso). Ajoutons que le 
texte du premier feuillet a été rayé à l'encre. La seconde 
copie offre l'aspect d'un autographe. 



LA GUIRLANDE QQ 



[.es Co[u]ronnes n'ont rien de si grand que ton cœur, 
Le beau feu des Héros éclattc en son ardeur 
Et la bonté d'un Ange en ta bonté supresme. 

Regarde toy, Julie, en ce vivant portrait 

On te donne des Fleurs, je te donne à toy mesme 

Et te fait le présent que le ciel nous a fait. 

M. LE MAISTRE. 




rajj=:«fQE] 




APPENDICE 



NOTES SUR LES AUTEURS 

de la Guirlande de Julie 



i 



Arnauld d'Andilly. — Robert Arnauld d'Andilly, 
né à Paris le 28 mai ifÔg, mort le 27 septembre 1674. 
Originaire d'une nome famille d'Auvergne, il était 
le fils aîné d'Antoine Arnauld, avocat au Parlement 
de Paris et d'Antoine qu'on a surnommé le Grand 
Arnauld. 

« Produit fort jeune à la Cour, il soutint, dit-on, 
avec beaucoup de réputation les emplois les plus 
importants qui lui furent confiés. » En 1644, il se 
retira à Port-Royal-des-Champs. On lui doit la 
traduction de nombreux ouvrages qui enrichirent 
l'Eglise, telles Les Confessions de Saint Augustin, 
les Œuvres de Sainte Thérèse^ Les Vies des Saints 
illustres, etc., et des poésies chrétiennes insérées 
dans les recueils du temps. Bien que sa vie ait été, 
selon quelques-uns, un modèle depiétéet de résigna- 
tion, il avait eu une jeunesse quelque peu mondaine, 



102 APPENDICE 



sinon galante. Le madrigal de la Guirlande de Julie, 
(ainsi que d^autres pièces), suffiraient pour en témoi- 
gner si nous n^avions déjà sur le passé de ce « saint 
homme » les piquantes historiettes de Tallemant 
des Réaux. « Ce M. d'Andilly s'est meslé de vers et 
de prose, écrit ce dernier, mais il n'a guères de génie ; 
il sçait et a de l'esprit ; il a esté dévot toute sa vie. 
Il espousa une grande femme brune qui n'estoit 
point mal faite ; on la vouloit faire passer pour une 
sainte. Cependant on conte une fort plaisante his- 
toire. On disoit qu'un des Arnaut (quelques-uns ont 
dit le mareschal de camp, d'autres un autre), estoit 
bien avec elle ; j'ay ouy dire à quelques personnes 
que c'estoit un cavalier qu'on ne nomme point. Mais 
voicy ce qu'on sçait qui ne peut venir que d'elle, et 
qu'apparemment elle ne sçaurait avoir dit qu'à un 
galant : c'est que cet homme estoit un des plus 
grands abatteurs de bois qu'on pust trouver, mais 
qu'il faisoit cela de la façon la plus incommode du 
monde, etc., etc. » 

Robert Arnauld d'Andilly avait eu de son mariage 
avec une demoiselle de la Bauderie six filles, dont 
l'une fut célèbre dans l'histoire de Port-Royai, sous 
le nom de sœur Angélique et quatre fils, Antoine, 
abbé de Chaumes, Simon, marquis de Pomponne, 
Charles-Henry, dit de Lusancy, et Jules-Armand, 
dit de Villeneuve. 



Arnauld d'Andilly fils. — Antoine Arnauld 
fils aîné du précédent, né en 1616, mort en -1698. Il 
suivit d'abord la carrière des armes, puis fut fait 






APPENDICE * ÎO3 



abbé de Chaumes et se retira auprès de son oncle, 
Henri Arnauld, évêque d'Angers. Outre des Mémoi- 
res, publiés en 1756 par P. Pingre (3 vol. in-S»), on 
ne connaît guère de lui que les deux madrigaux de 
la Guirlande. Encore écrivit-il ces piécettes avant 
d'avoir atteint l'âge de 25 ans. 

M. DE Briote. — Second fils de Robert Arnauld 
Simon, marquis de Pomponne naquit en 1618 et 
mourut à Fontainebleau le 26 avril 1699. Il prit dans 
sa jeunesse le nom de Briote d'une terre que possé- 
dait sa mère. La poésie put l'intéresser un instant, 
elle ne le retint pas. Il fut un des plus célèbres minis- 
tres de son temps. Employé dès l'âge de vingt-quatre 
ans, en qualité de négociateur, il conclut plusieurs 
traites en Italie, fut ensuite intendant des armées 
du Roi à Naples et en Catalogne, puis ambassadeur 
en Suède et après la mort de M. de Lionne, secrétaire 
d'Etat aux Affaires étrangères. C'est sous son minis- 
tère que fut conclue la glorieuse paix de Nimègues 
(Cf. Mémoires du marquis de Pomponne, Paris, 
1862, 2 vol, in-80). Son bagage littéraire est mince 
et Ton ne connaît de lui, outre les trois madrigaux 
insérés dans le manuscrit de Jarry, qu'un sonnet 
pour le Tombeau de M. le duc de Weymar et une 
belle Ode sur la Sagesse, publiés dans le Recueil 
des poésies diverses de La Fontaine (Paris, Pierre 
le Petit, 1671, t. II, pp. Ï13 et 114). 



Chapelain. — Jean Chapelain, « de l'Académie 
françoise », né le 4 décembre 1595, mort le 22 février 



104 APPENDICE 



1674. ^* Chapelain est filz d'un notaire de Paris, 
écrit Tallemant ; il fut précepteur-gouverneur de 
MM. de la Trousse, filz du Grand-prevost... Il fut 
introduit à Thostel de Rambouillet vers le siège de 
la Rochelle (1627). M"* de Rambouillet m'a dit qu'il 
avoit un habit comme on en portoit il y a dix ans ; 
il estoit de satin colombin, doublé «de panne verte, et 
passementé de petit passement colombin et vert, à 
œil de perdrix. 11 avoit toujours les plus ridicules 
bottes du monde et les plus ridicules bas à bottes ; il 
y avoit du rezeau au lieu de dentelle. Depuis, il ne 
laissa pas d'estre aussy basty en habit noir: je pense 
qu'il n'a jamais rien eu de neuf. Le marquis de 
Pisani en je ne says quels vers qu'on a perdus disoit : 

J'avois des bas de Vaugelas 
Et des bottes de Chapelain. 

Quelque vieille que soit sa perruque et son cha- 
peau, il en a pourtant encore une plus vieille pour 
la chambre, et un chapeau encore plus vieux. Je luy 
ay veu du crespe à la mort de sa mère, qui, à force 
d'estre porté, estoit devenu feuille morte. On luy a 
veu un justaucorps .de taffetas noir moucheté ; je 
pense que c'estoit un vieux cotillon de sa sœur avec 
qui il demeure. On meurt de froid en sa chambre ; 
il ne lait quasy point de feu... » 

Le bagage poétique de Chapelain, en dehors de son 
poème sur la Pucelle, consiste en cinq odes, en une 
Paraphrase du 4* psaume et en petits vers peu 
connus. On trouve néanmoins quelques-unes de 
ses pièces inédites dans le Recueil de Conrart, et la 
Bibliothèque Nationale conserve sous la cote n. a. 



APPENDICE 105 



fr. 1890, un recueil de ses poésies autographes Les 
lettres de Chapelain ont été publiées par feu Tami- 
zey de Larroque en 2 vol. gr. in-S® (Paris, Imprim. 
Nationale, 1880-1883). 

Faisant allusion à la « Couronne Impériale » insé- 
rée dans la Guirlande de Julie, Daniel Huet, 
évéque d'Avranches, a publié les lignes suivantes : 
« M. Chapelain m'avoit donné autrefois une copie 
de ce madrigal, et je le savois par cœur. Un jour, 
chez M. de Montausier, en assez bonne compagnie, 
on me pria de le réciter, je le fis, et après que tout 
le monde se fut épuisé en louanges, j'ajoutai que j'y 
avois remarqué une faute qu'il étoit malaisé d'excu- 
ser. Chacun voulut la découvrir et pour en venir 
mieux à bout, on me pria de l'écrire. Il passa par 
les mains de tout le monde, et personne ne s'aperçut 
de la faute. Je leur répétai enfin ces quatre vers, et 
les priai d'y faire réflexion : 

Du rivage inconnu de Taspre Corélie, 
Où la mer sous la glace est toute ensevelie, 
Le flambeau de Tamour mes voiles conduisant, 
Je vins pour rendre hommage à Tauguste Julie. 

Mais personne enfin ne donnant au but, je leur 
demandai comment des vaisseaux pouvoient avancer 
sur une mer toute ensevelie de glace ? » 



Guillaume Colletet. — Guillaume Colletet né à 
Paris le 12 mars 1598, mort le i i février 1659. ^^ 
était l'aîné de vingt-quatre enfants. Protégé de 
Richelieu, il fut l'un des premiers membres de l'Aca-* 



I06 APPENDICE 



demie française. On a de lui plusieurs recueils de 
poèmes, entre autres Les Divertissements (Paris, 
Robert Estienne, 163 1, in-S**) ; des Epigrammes 
(Paris, L. Champoudry, 1653, in-12), des Poésies 
diverses (Paris, Champoudry, 1656, in-12), etc., etc. 
Son meilleur ouvrage était sans aucun doute les 
Vies des Poètes français auxquels il consacra les 
meilleurs heures de son existence et dont le manus- 
crit original fut brûlé en 1871, dans Tincendie de la 
Bibliothèque du Louvre (i). Tallemant des Réaux 
qu'on ne saurait se lasser de citer, a laissé de curieu- 
ses notes sur cet écrivain du xvn* siècle qui garda la 
tradition des vieux maîtres français et le culte de 
Ronsard. On y lit ces lignes savoureuses : « Guil- 
laume Colletet, l'un de ces académiciens qu'on appe- 
loit autrefois les Enfans de la pitié de Bois-Robert, 
à qui pourtant il est eschappé par endroit de bonnes 
choses, se maria poétiquement avec la servante de 
son père qui estoit un procureur au Chastelet, et ce 
qui est de plus estrange, c'est que cette fille n'avoit 
rien de joly et lui n'estoit pas trop à son aise. » 

Ajoutons que lorsque celle-ci mourut, il en fut 
quitte pour épouser une autre servante. Cette der- 
nière s'appelait Claudine Le Nain. Elle était jolie, 
avait de l'esprit et passait, dit-on, pour faire des 
vers mieux que notre poète. Cette légende a couru 
longtemps mais on n'a point laissé de s'en moquer 
quand la mort du mari rendit l'épouse muette. 

(i) Nous avons annoncé dernièrement la restitution de 
212 Vies de Poètes de Guillaume Colletet. Celles-ci (anno- 
tées et mises au point selon les ressources de la critique 
contemporaine), paraîtront chez l'éditeur Honoré Cham- 
pion. 



APPENDICE 107 



Gilles Ménage faisant allusion à ces amours ancil- 
laires a laissé une épitaphe burlesque de Guillaume 
Colletet. La voici telle qu'on la peut lire dans Tou- 
vrage suivant : j^gidii Menagii^ Poemata, quinta 
editio. Parisiis^ Seb. Mabre-Cramoisy^ 1668, in-8", 
p. 250. 

La mort qui se plaist à la lute, 
Et qui les plus forts culebute 
Voyant Guillaume Colletet 
Qui sa Claudine colletoit ; 
D'une jalouse ardeur éprise 
Le Grand Colletet colleta 
Qui plus fort qu'un athlète a Pise 
Fièrement contre elle luta. 
Mais la Traistresse plus ingambe 
D'un tour d'adresse tout nouveau, 
En lui donnant le croc en jambe, 
Le fit tomber dans ce tombeau. 

M. G. — Valentin Conrart, et non Pierre Cor- 
neille, comme l'ont cru les derniers éditeurs de la 
Guirlande de Julie. Né à Paris en 1603, mort le 
23 septembre 1675. Secrétaire perpétuel de l'Acadé- 
mie française, il était cousin de Godeau, évêque 
de Grasse. On a peu de vers de ce personnage (à 
peine quelques pièces galantes) mais il a laissé des 
manuscrits considérables (21 vol. in-fol. et 28 vol. 
in-4% actuellement conservés à la Bibliothèque de 
l'Arsenal) qui oflfrent une matière inépuisable pour les 
curieux et les historiens de lettres. Il possédait, dit- 
on, une maison de campagne à Athis, dans les envi- 
rons de Paris. La fantaisie d'être bel esprit jointe à 



I08 APPENDICE 



la passion qu'il avait des livres et à la curiosité qu'il 
montrait des choses de son temps, ont fait de lui un 
bibliophile et un collectionneur d'anecdotes dont on 
peut tirer grand profit (On consultera utilement sur 
Valentin Conrart : Tallemant des Réaux : Histo- 
riettes ; Monmerqué : Notice sur Conrart (2" série 
des Mémoires relatifs à l'histoire de France, de 
Petitot) ; René Kerviler et Ed. de Barthélémy : 
Valentin Conrart, prem. Secret, de r Académie 
française ; Bourgoin : Valentin Conrart et son 
temps ^ etc...)^ 



CoRBEViLLE. — Pierre Arnauld de Corbeville, 
mestre de camp général des carabiniers, gouverneur 
de Dijon, mort en octobre 1651. Fils d'un intendant 
des finances nommé Isaac Arnaud, il eut de chaudes 
campagnes, ce qui ne l'empêcha, point d'être un 
galant fort assidu. 

Après des Barreaux il fut, dit-on, l'amant de Ma- 
rion de l'Orme. Tallemant a écrit à propos de ce 
personnage : « Les lettres de Voiture et ses vers 
parlent fort souvent d'Arnaud ; c'estoit au moins le 
Racan de Voiture, en poésie burlesque » ce qui revient 
à dire qu'il était à Voiture ce que Racan était à Mal- 
herbe. Nous ne connaissons guère de lui que l'épi- 
gramme de la Guirlande et une Relation de ce qui 
s'est passé en Flandre pendant la campagne de 1646^ 
Paris, 1647, in-4°. 

Ajoutons qu'Arnauld de Corbeville faisait partie 
de la grande famille Arnauld, originaire d'Auvergne 
déjà citée plus haut. 



APPENDICE lOÇ 



Des Marets — Jean Desmarets, sieur de Saint 
Sorlin, né à Paris en 1595, mort le 28 octobre 1676, 
Poète favori de Richelieu ; membre de l'Académie 
française depuis 1634. ^^ ^ laissé de nombreux ouvrages 
mais son seul titre sérieux, selon Frédéric Lachèvre 
(Cf. Bibliogr. des Recueils collectifs de i sçj à ijoOy 
I. p. 161), c'est d'avoir été le porte-parole d'esprits 
indépendants qui voulaient vivre sur leur propre 
fonds, sans rien demander à l'antiquité. Sans rap- 
peler ses tragédies, comédies et œuvres diverses 
assez médiocres dont la bibliographie a été dressée 
par Pellisson et d'Olivet (Hist, de l'Académie fran- 
çotse, Paris, Coignard, 1743) et par Niceron (Mé- 
moires, etc., tome xxxv, p. 140) nous signalerons ici 
parmi ses principaux recueils de prose et de vers : 
Les Promenades de Richelieu ou les vertus chré- 
tiennes, poème en huit chants, Paris, 1653, in-12 ; 
Clovis ou la France chrétienne^ poème héroïque, 
1654, in-40,et 1673, in-S** ; Esther, poème héroïque, 
Paris, T670, in-4'* ; Le Triomphe de Louis et de son 
siècle, poème lyrique, Paris, 1674, iii~4® î La 
Défense du poème héroïque, etc., Paris, 1674, in-4° ; 
La Défense de la Poésie et de la languefrançoise, etc.. 
Paris, 1675, in-S**, et enfin les Œuvres poétiques 
de Jean des Marets de Saint Sorlin, Conseiller du 
Roi et Contrôleur général de l'extraordinaire des 
guerres, etc., Paris, 1641 et 1647, in-4'. 



GoDEAu. — Antoine Godeau, surnommé le « Nain 
de Julie >. Il naquit à Dreux en 1605 ; nommé 



ttO APPENDICE 



évêque de Grasse en Provence, il fut contraint par 
son clergé de résigner cet évêché et passa à celui de 
Vence où il mourut le 21 avril 1672. Il avait eu 
une jeunesse des plus galante et Ton prétend que 
quoique laid et de taille médiocre, il était d'une com- 
plexion fort amoureuse. Ce fut par dépit de n'avoir 
pas été entendu d'une dame dont il était épris qu'il 
entra dans les ordres en 1635. Sur le tard, il oublia 
les vers légers qu'il avait écrit et ne fit imprimer 
que ses productions religieuses. On en a une édition 
assez correctement imprimée, mais d'une lecture 
assez peu divertissante : Poésies chrestiennes d'An- 
toine GodeaUy evesque de Grasse^ Paris, Pierre Le 
Petit, 1660, 3 vol. in-i2. Les manuscrits du xvii* siè- 
cle, entre autres le Ms. Fr. 19142 (Bibl. Nat.), con- 
tiennent de nombreuses pièces galantes d'Antoine 
Godeau parmi lesquelles il en est d'inédites. 

-^ 

GoMBAULD. — Jean Ogier de Gombauld, né vers 
1 500, à Saint-Just de Lussac, près de Brouage, d'une 
famille huguenote de Saintonge, mort en i666. 
Il vint à Paris de bonne heure et fut secrétaire du 
marquis d'Uxelles. On prétend qu'il fut amoureux 
de la reine Marie de Médicis et que celle-ci, pour 
ne point avoir des complaisances indignes de son 
rang, ne laissa pas néanmoins de lui montrer quel- 
que affection. C'était d'ailleurs un homme de belles 
manières, soigné et cérémonieux au plus haut 
point, ce qui fit dire à Tallemant : « Il est propre 
jusqu'à marcher proprement ; il veut choisir les 
pavez et aller seul. Madame de Rambouillet dit qu'il 



APPENDICE III 



n'y a rîen de plus plaisant que de voir son embar- 
ras quand quelque dame le saliie par la ville. Il veut 
la reconnoistre ; il veut faire la révérence de bonne 
grâce, et en mesme temps il veut prendre garde à 
ses piez ; tout cela ensemble luy lait faire une pos- 
ture assez plaisante. » On lui doit entre autres ouvra- 
ges, YEndymion^ Paris, 1624, in-S**, des Poésies 
diverses^ Paris, 1646, in-4°, des Lettres^ 1647, in-8 
et des Epigrammes fort spirituelles, divisées en trois 
livres, Paris, 1657, in-12. 



Habert, Commissaire de l'artillerie, — Philippe 
Habert, né à Paris vers 1605, membre de l'Académie 
française. Sa carrière fut brève. Créé commissaire 
de l'artillerie, il prit part à plusieurs expéditions 
militaires dans le Nord et mourut tragiquement en 
1637, au siège d'Emerick(Hainaut). Une mèche allu- 
mée tombant sur un baril de poudre renversa une 
muraille derrière laquelle il se trouvait. Il avait 
trente-deux ans. Il n'a laissé qu'un seul ouvrage : 
Le Temple de la mort^ Paris, 1637, in-S", mais ce 
poème d'environ 300 vers eut une telle vogue, et fut 
tant de fois réimprimé dans les Recueils collectifs, 
qu'il valut à son auteur une réputation posthume de 
longue durée. M. Frédéric Lachèvre a signalé, aux 
tomes II et III de sa Bibliographie des Recueils collée- 
ft/s, trois pièces à peu près ignorées, dues à cet auteur. 



Habert, abbé de Cerisy, — Germain Habert de 
Cerisy, frère du précédent et de Pierre, aumônier 
du duc d'Orléans. Né vers 161 5, mort vers 1655. 



f 



113 APPENDICE 



L'un des premiers membres de l'Académie française. 
Il embrassa l'état ecclésiastique, fut abbé de Notre- 
Dame des Roches (diocèse de Paris), puis abbé com- 
mendataire de Saint-Vigor de Cerisy (diocèse de 
Bayeux). Il occupa ses loisirs à l'entretien des Belles* 
lettres. On lui doit, outre des poésies diverses semées 
dans les recueils du temps, La Métamorphose des 
yeux de Philis en astres^ Paris, 1639, in-8o; La Vie 
du cardinal de Bérulle, etc., Paris, veuve Camusat 
et Pierre Le Petit, 1646, in-S®, etc. 

Malleville. — Fils d'un officier de la maison de 
Retz, Claude de Malleville, naquit à Paris en 1597 
et mourut en 1647. Ce fut un bel esprit dans toute 
l'acception du terme. Il abusa peut-être un peu, 
a-t-on dit, de s^ facilité pour composerdes vers aux- 
quels il n'attachait pas une grande importance. Il 
avait été longtemps au service de M. de Bassom* 
pierre ; aussi ce dernier pour reconnaître les bons 
offices qu'il lui avait rendus au temps de sa disgrâce, 
lui fit-il donner, après la mort du cardinal de Riche- 
lieu, l'emploi de secrétaire des Suisses dont il était lui- 
même le colonel-général. Les poésies de Claude de 
Malleville, de l'Académie française, ne parurent 
qu'après la mort de leur auteur, en un volume ia-4* 
(Paris, A. Courbé, 1649). Réimprimées dix ans après 
par Nicolas Bessin, dans un format in-ia, elles ne 
contiennent point, avons-nous dit déjà (voyez Le 
Livre des Rondeaux fralants et satyriques^ Paris, 
E. Sansot et C",i9o6) toutes les pièces de cet auteur. 



APPENDICE 113 



Martin. — Etienne Martin, sieur de Pinchesne, né 
en ï6i6, contrôleur de la Maison du Roi. Il était le 
neveu de Voiture dont il réimprima les œuvres. On 
a de lui, divers ouvrages de vers et de prose parmi 
lesquelles nous signalerons : Poème sur la naissance 
de Jésus-Christ, trad. du latin de Morus, etc., Paris, 
1665, in-4*' ; Poésies héroïques du sieur de Pinchesne 
où se voyent les Eloges du Roy, des Princes et des 
Princesses de son sang et de toute sa cour. Paris, 
A. Cramoisy, 1670, in-4* ; Les sept pseaumes péni- 
tentiaux paraphrasés en vers, Paris, A. Cramoisy, 
1671, in-12; Poésies meslées du sieur de Pinchesne, 
Paris, A. Cramoisy, 1674, in"4* \ Amours et poésies 
chrestiennes, etc., Paris, A. Cramoisy, 1674, in-4°,etc. 



MoNTAusiER. — Voir sur ce personnage notre 
notice (page 9, note 3). Tallemant faisant allusion 
à l'inclination que Montausier avait depuis de lon- 
gues années pour Julie d'Angennes, a écrit : < M. de 
Montausier porta sa passion partout avec luy. Il fai- 
soit des vers, il en parloit ; tout cela ne servoit de 
rien. M"' de Rambouillet disoit qu'elle ne vouloit 
point se marier; luy, plus espris, ou plus opiniastre 
que jamais, persévéra toujours. Trois ou quatre ans 
avant que de l'espouser il luy envoya la Guirlande de 
Julie ; c'est une des plus illustres galanteries qui 
ayent jamais esté faites... » Le marquis de Montau- 
sier n'a point seulement collaboré à la Guirlande de 
Julie, on lui doit une traduction, en vers, des Sati- 
res de Perse et de la dixième Satire de Juvenal, 
ainsi que des sonnets, des chansons et autres petits 



114 APPENDICE 



poèmes inédits insérés dans un manuscrit de Con- 
rart (Bibl. de l'Arsenal) et dans quelques imprimés. 



Montmort-Habert. — Henri-Louis Habert sieur 
de Montmort, maître des requêtes et l'un des premiers 
membres de l'Académie française (il avait été élu 
le 2 janvier 1635), mort le 21 janvier 1679. Fils de 
Jean de Montmort, trésorier des guerres, on le disait 
cousin de Philippe et Germain Habert cités plus 
haut. Indépendamment du madrigal à Julie d'Angen- 
nes, on ne connaît qu'une poésie de Henri Habert. 

Elle est insérée sous ce titre : Sur le cheval de 
bronze, épigr., dans le tome m du Recueil de poésies 
diverses de La Fontaine. 



M. LE MARQUIS DE R. — Charles d'Augenues, mar- 
quis de Rambouillet et de Pisani (et non le marquis 
de Racan, comme l'ont écrit par erreur quelques 
bibliographes), père de Julie d'Angennes, né vers 
1577, mort à Paris le 26 février 1652. C'était un 
singulier personnage. « M. de Rambouillet, note 
Tallemant des Réaux, n'estoit point un homme ca- 
pable d'aucun ordre. Jamais il n'a eu de bienfaits de 
la Cour, et il a toujours dépensé beaucoup. Il vou- 
loit faire ses écritures luy-mesme et il abondoit 
furieusement en son sens. Des choses qui ne luy 
eussent cousté que deux mille escus, par son opinias- 
treté luy en ont cousté trente. Il disoit qu'il s'en 
rapporterait à qui on voudroit ; et quand c'estoit au 
fait et au prendre, il trouvoit toujours quelque 



APPENDICE 115 



échappatoire. Il avoit terriblement d'esprit, mais un 
peu frondeur, et qui estoit persuadé que TEstat 
n'iroit jamais s'il ne gouvernoit. » Le marquis de 
Rambouillet n'écrivit point uniquement le madrigal 
de la Guirlande, M. Frédéric Lachèvre a signalé 
dans sa Bibliogr, des Rec. collectifs deux autres 
petits poèmes de sa façon, contenus l'un, dans un 
recueil imprimé, et l'autre, dans un manuscrit du 
XVII* siècle. 

-^ 

Des Réaux (Tallemant). — Gédéon Tallemant des 
Réaux, le célèbre auteur des Historiettes, né à La 
Rochelle, le jeudi 7 novembre 1619, mort le 6 no- 
vembre 1692 (Voir sur cet auteur la notice de Mon- 
merqué insérée au tome vin des Historiettes^ éd. 
in-8°). Il a laissé quelques poésies éparses dans les 
recueils du xvii* siècle. 

-^ 

M. DE ScuDÉRY. — Georges de Scudéry né au 
Havre, en 1601, mort à Paris, le 14 mai 1667; 
successeur de Vaugetas à l'Académie française 
(1641). Il était, à ce qu'il dit, originaire de Sicile. 
Ses ancêtres passèrent en Provence, à la suite du 
parti des princes de la maison d'Anjou. Son père 
s'attacha à l'amiral de Villars et s'établit en Nor- 
mandie. Il suivit d'abord la carrière des armes. 
Madame de Rambouillet lui fît obtenir en 164Ô le 
gouvernement du Château de Notre-Dame de la 
Garde de Marseille. Ce fut un esprit brouillon plutôt 



Il6 APPENDICE 



qu'un bel esprit. Doué d'une imprudente jactance il 
ne réussit à rien. Comme il s'était fait graver en 
taille douce avec ces mots : 

Et poète et guerrier 
11 aura du laurier. 

Quelqu'un malicieusement changea ce distique et 
écrivit à la place : 

Et poète et gascon 
Il aura du bâton. 

11 fit encore une préface sur les œuvres de Théo- 
phile, son ami, et pour soutenir la réputation de son 
poète il alla jusqu'à s'écrier : « S'il y a quelqu'un 
qui croye que j'offense sa gloire imaginaire, pour lui 
monstrer que je le crains aussy peu que je l'estime, 
je veux qu'il sçache que je m'appelle de Scudéry. » 
Mais on ne tarirait point d'anecdotes sur son compte. 
11 a laissé, outre bon nombre de pièces de théâtre et 
de romans, quelques ouvrages poétiques aujourd'hui 
trop oubliés ; entre autres : Le Temple^ poème à la 
gloire du Roi et du cardinal Richelieu^ Paris, 
Targa, 163 1, in-12; Le Cabinet de M. de Scudéry, 
Paris, Courbé, 1646, in-4' ; Les Poésies diverses^ 
Paris, A. Courbé, 1649, *^~4*' » Poésies nouvelles^ 
etc., Amsterdam, Jean Nuoremberkz, 1661, in-12; 
Alaric ou Rome vaincue, Paris, Courbé, 1645, 
in-fol., etc. Indépendamment des fleurs de la Guir-^ 
lande ^ il écrivit encore pour Julie d'Angennes ce joli 
sixain où il décrit « le portrait de M"" de Montau- 



APPENDICE 



sier, peinte sur le marbre en habillement de Pallas, 
par Stella o (Cf. CabineideM. de Scudéry, p. 134) : 



Cette 


taille, 


, ce port et 


cette 


majesté 


Mieui 


t que 


rhabilleme 




□mrent la vérité 


De« 


! que le pinceau n 




voulu dépeindre. 




L-art 


icy n'a poi 




ulu feindre, 




Eisa 


ns dou.e, . 


yant 


tant d'appas 




Ou c 


■est Julie, 


.u c'e! 


Il Pallas. 




TABLE 

PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE 

DES FLEURS 

contenues dans la Guirlande de Julie 



Pages 

Adonis (La Fleur d'), madrigal 73 

Second madrigal 90 

Amarante (L'), madrigal 48 

Anémone (U), madrigal 52 

Angélique (L'), premier madrigal 48 

Second madrigal ^ 49 

Second madrigal 86 

Eliotrope (L'), madrigal 63 

Flambe (La), premier madrigal 71 

Second madrigal ^ . . . 71 

Troisième madrigal 81 

Grenade (La Fleur de), premier madrigal. . . 72 

Second madrigal 73 

Troisième madrigal 90 

Hyacinthe (L'), premier madrigal 62 

Second madrigal 62 

Troisième madrigal 63 

Troisième madrigal 88 

Immortelle (L*), madrigal 76 

Immortelle blanche (L'), madrigal 76 

Impériale (La Couronne), premier madrigal. 41 

Second madrigal 42 

Troisième madrigal 43 



130 TABLE ALPHABETIQUE DES FLEURS 



Iris (L*) madrigal. 93 

Jasmin (Le), madrigal 51 

Jonquille (La), madrigal 61 

Lys (Les), premier madrigal 53 

Second madrigal 5^ 

Troisième madrigal çç 

Quatrième madrigal %6 

Cinquième madrigal 56 

Sixième madrigal 57 

Septième madrigal 57 

Huitième madrigal 58 

Neuvième madrigal 97 

Méléagre (La Fleur de), madrigal 77 

Muguet (Le), madrigal 71 

Narcisse (Le), premier madrigal 46 

Second madrigal 46 

Troisième madrigal 47 

guatrième madrigal 48 

inquième madrigal 85 

Sixième madrigal 87 

Septième madrigal 90 

Huitième madrigal 93 

Neuvième madrigal 96 

OEillet (L'), madrigal 50 

Second madrigal 86 

Troisième madrigal 95 

Orange (La Fleur d'), madrigal 69 

Second madrigal 94 

Pavot (Le), madrigal 75 

Pensée (La), madrigal 67 

Second madrigal 9a 

Perce-Neige (La), premier madrigal 74 

Second madrigal 75 

Rose (La), premier madrigal 43 

Second madrigal 44 

Troisième madrigal 44 



TABLE ALPHABETIQUE DES FLEURS 121 



Quatrième madrigal 45 

Cinquième madrigal 45 

Sixième madrigal 87 

Septième madrigal 87 

Huitième madrigal 94 

Saffran (Le), madrigal 70 

SoucY (Le), premier madrigal 64 

Second madrigal 64 

Troisième madrigal 65 

Quatrième madrigal 65 

Cinquième madrigal 6ç 

Sixième madrigal 66 

Septième madrigal 66 

Huitième madrigal (i) 89 

Neuvième madrigal 94 

SoucYs ET LES PENSEES (Les), madrigal 68 

Souvenez-vous de moy (Le) madrigal 97 

Thin (La Fleur de), madrigal 50 

Tulipe (La), premier madrigal 58 

Second madrigal 59 

Troisième madrigal 60 

Quatrième madrigal 84 

Tulipe (La), nommée Flamboyante, madrigal 61 

Violette (La), premier madrigal 52 

Second madrigal 53 

Zéphire a Julie, madrigal 39 

(i) Ces trois derniers madrigaux sont intitulés : Le 
Soucy sous le nom de Clytie. 




TABLE ALPHABÉTIQUE 

DES AUTEURS 

avec l'indication du premier vers de leurs madrigaux 



Nota. — Les astérisques placées à la fin de certains vers 
désignent les pièces qui ne se trouvent point dans le 
Manuscrit original. — Nous n'avons pas fait figurer dans 
cette table Tépigramme de Carlincas et le sonnet de 
Le Maistre. 

Pages 

Andilly (M. d'). 

Merveille de nos jours^ dont les charmes vain- 
queurs 53 

Andilly (M. d') le fils. 

Sans beauté, sans grandeur, sans éclat et sans 

grâce SO 

Je suis et l'Amante et l'Image 66 

Anonyme. 

Divine cause de mes pleurs * 8i 

Curieux enfans d^ espérance * 84 

Quelle est cette beauté que tout le monde 

adore ?*....... 84 

Lorsque la Nymphe Echo fut réduite en ser- 
vage * 85 



TABLE ALPHABETIQUE DES AUTEURS 12^ 

La blancheur de ta main m* est un trosne 

d'yvoire * 86 

De tant de fleurs que Von vous donne 86 

Par la loy d^un nouveau Destin * 87 

Vénus qui voit les deux, ainsi que les Mor- 

telz * 87 

Rien n'est esgal à ma douleur * 87 

Alors que d'un garçon je devins une fleur *. 88 

Briote (M.). 

J'abandonne les bois dont les feuillages sombres 7 1 

D'un pinceau lumineux ^T Astre de la lumière, 73 

Sous un voile d'argent la terre ensevelie. ... 75 

Chapelain (M.). 

Je suis ce Prince glorieux 41 

Colletet (M.). 

Si vous n'aviez banny V ardeur démesurée,. 45 

Quoy que la Fable nous raconte 45 

Quoyque tu sois pourveu d'un éclat nompareil 65 

Vous qui suivez l'amour dont le feu vous égare 67 

M. C. [Conrart], 

Un divin oracle autresfois 57 

Bel Astre à qui je dois mon estre et ma beauté 60 

D'un éternel bonheur ma disgrâce est suivie. 63 

Du Palais d'émeraudcy où la riche Nature. . , 69 

Dans V empire fameux de Flore et de Pomone. 72 

Donnez-moi vos couleurs, Tulipes, Anémones. 76 

Corbeville (Arnauld de). 

Je suis le plus brillant ouvrage 5g 



124 TABLE ALPHABETIQUE DES AUTEURS 

Des Marets (M.). 

Franche d'ambition je me cache sous r herbe, 52 
Belle, ces Lys que je vous donne 58 

Des Réaux-Tallemant (M.). 

Devant vous je pers la victoire 56 

Pour V ornement de l'Empire François * 96 

Fremont (M. de). 
Quoy que r ardeur dont je me sens brusler *. . 96 

Godeau (M.). 

Je fus un berger autre/ois 58 

Qu^ Amour se plaist en mon malheur * 95 

GoMBAUD (M. de). 
Je suis la fleur d'amour qu Amarante on appelle 48 

Habert (M.), abbé de Cérisy. 

Alors que je me vois si belle et si brillante. . 43 
Quand je vois vos beaux yeux si brillans et 

si doux 48 

Habert (M.), comaiissaire de rartillerie. 

Epris de V amour de moy-méme 47 

Faut-il donc que la Rose ayt sur moi l'avan- 
tage 64 

Ne pouvant vous donner ni Sceptre ni Cou- 
ronne 65 

Malleville (M. de). 

Bien que de la Rose et du Lys 43 

Devant ce teint d'un beau sang animé 44 



TABLE ALPHABETIQUE DES AUTEURS 12^ 

td toutes les fleurs prennent place 49 

mt de fleurs par qui la France 53 

is les Lys que je te donne 55 

e/s, quon ne m'accuse pas 66 

ue pressé de mon devoir 68 

f croy pas que ces Guirlandes 71 

uelque soin vous tient de vous rendre 

mortelle 73 

Ide amante je te déclare * 89 

qui pouvois passer pour la Reine des 

eurs* 90 

?s m'estre perdu dans une onde perfide *. 90 

lis si fragile en mon estre * 90 

Martin de Pinchesne (M.). 

lis mettre entre les louanges 56 

j'ay de gloire à cette fois 57 

MoNTAusiER (M. le Marquis de). 

vez^ ô Nymphe adorable 39 

se en majesté sur un Trosne d'épines ... 45 

nsacre, Julie, un Narcisse à ta gloire., 46 

is ce Narcisse fameux 46 

vez mon service, adorable Julie 48 

que dans l'Empire des Fleurs 50 

e de tant de feux ^ source de tant de pleurs . 5 1 

offre à vous, belle Julie 52 

lus ardent de tous mes vœux 55 

lettez-moy, belle Julie 61 

; la Fable, ni dans l"* Histoire 61 

Us mon changement tout l'univers remar- 

? 62 

coup les Destins ont exaucé mes vœux, . 63 



120 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 



Si l'on VOUS donne un Lys^ un Œillet^ une Rose» 
Je viens m' offrir à vous pour parer vos cheveux 
Parmy toutes ces autres fleurs 

Montmort-Habert (M. de). 
Fille du bel Astre du jour 

Rambouillet (M. le Marquis de). 
Je nay plus de f egret à ces Armes fameuses • 

ScuDÉRY (M. de). 

Quelque diversité que le parterre étale 

Jadis les rigueurs du Soleil 

Accordez-moi le privilège 

Foibles fleurs à qui le Destin 

Je vay finir pour Julie 

J^esteins mes fiâmes insensées 

Si f approche de vous avec le moindre orgueil* 
Enfin, je le confesse, auprès d'un œil si doux* 

Le bel œil qui me surmonta * 

Si parmy tant defleurs,je puis estre choisie * 
Si pour vous couronner on me croit inutile*. 
Divin object tous jours vainqueur * 



AUG 7 



191B 




De rimprimeric Répessé-Crépel et Fils, Arras